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HN RTU de PCT LERA AA W L'EUVE Lu "hs FIFA Arr. MORT ET FUNÉRAILLES M. HENRI BOULEY PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE PRÉSIDENT DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES, MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE, PROFESSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, INSPECTEUR GÉNÉRAL DES ÉCOLES VÉTÉRINAIRES, COMMANDEUR DE LA LÉGION D'HONNEUR. 4° SÉRIE, t. Il. # Le 30 novembre 1885, la Société nationale d’Acclimata- tion a perdu son Président, M. Henri Bouley. Il est mort à l’âge de soixante-douze ans, après une vie bien remplie, laissant à ceux qui l’ont connu le souvenir de ses qualités brillantes, de son savoir étendu et de son éloquence familière. La Société nationale d’Acclimatation de France, dont M. Henri Bouley était le président depuis 1889, s’est associée aux regrets éprouvés par toutes les sociétés scientifiques et, dans un discours ému, M. le professeur de Quatrefages, vice-président, s’est fait l’inlerprète des regrets de notre Compagnie pour dire un suprême adieu au successeur d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et de Drouyn de Lhuys. Nous reproduisons ci-après les discours prononcés sur la tombe de notre regretté Président. Il n’y à rien à ajouter aux paroles inspirées par l'admiration, le respect et l’affec- tion qu'ont éprouvés pour M. Henri Bouley tous ceux qui ont connu ce savant aimable et bon. LIBRARN_2 % à MORT ET FUNÉRAILLES DE M. HENRI BOULEY. III DISCOURS DE M. DE QUATREFAGES AU NOM DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE MESSIEURS, Je ne vous arrêterai pas longtemps auprès de celte tombe, qui semble s'ouvrir pour aviver encore tant de douleurs récentes. Les orateurs qui ont pris la parole avant moi vous ont dit ce qu'était Bouley. Ils ont raconté cette vie si pleine; ils ont rappelé cette intelligence si active, si prête à accueillir toute idée nouvelle, se présentant au nom du progrès, et sachant ramener à une pratique utile les plus hautes spéculations scientifiques. Pas un n’a oublié ce caractère, à la fois sérieux et enjoué, qui gagnait si vite les cœurs ; cette loyauté parfaite, qui savait recon- naître et avouer, quand il y avait lieu, des entraînements toujours causés par Pamour du bon et du vrai. Cet ensemble de qualités rares, s’ajoutant à la spécialité de ses études, avait naturellement désigné Bouley aux suffrages de la Société d’Ac- climatation, lorsqu'elle eut à choisir son troisième président. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et Drouyn de Lhuys avaient disparu. Par suite de leurs mérites divers, le fondateur de la Société et son éminent conti- nuateur laissaient une place difficile à remplir. Le nouvel élu fut à la hauteur de sa tâche. Son entrée à la Société date de 1872. Moins d’une année après, il était membre du Conseil. Il fut nommé président en 1882. Je n’ai pas besoin de rappeler comment il remplit les fonctions qu'il avait acceptées. Dans une Société libre, du genre de la nôtre, la prési- dence a parfois des difficultés spéciales. En réalité, ces difficultés n’existaient pas pour Bouley. Ici, lés qualités aimables sont plus qu’un charme ; elles sont une force, et nul ne les posséda à un plus haut degré que lui. Je n’ai pas à insister sur ce point. À coup sûr vos cœurs vous en disent bien plus que ne le feraient mes paroles. Maïs je dois dire quelque chose de la part prise à nos travaux par celui qui vient de nous quitter. Laïissant d’ailleurs de côté tout le reste, je mentionnerai seulement les discours prononcés dans deux de nos séances publiques. À eux seuls, ils font comprendre tout ce qu'était Bouley. Dans le premier (1874), notre collègue raconte comment l’homme s’est assujetti les animaux domestiques et les a refaçonnés à son usage, Avec F. Cuvier, il trouve dans l'instinct de sociabilité de certaines espèces animales la condition première d’une véritable domestication. Puis, il fait intervenir l’homme qui modifie et métamorphose, non seulement les formes extérieures des serviteurs qu’il s’est acquis, non seulement leurs os, leur chair et tous leurs tissus, mais encore leurs instincts et jusqu’à la manière de dépenser le surcroît de force dont il les a doués. Enfin, Ju, “D " \P: g IV MORT ET FUNÉRAILLES il montre la science seule réalisant ce qu’il appelle ces créations de seconde main ; et alors il touche à toutes les principales questions qui relèvent de l’action des milieux, de la sélection, de l’hérédité. Jusque-là, l’orateur, dans un style toujours approprié au sujet qu’il traite ou qu'il effleure, a mêlé aux austères leçons de la science des rap- prochements ingénieux, des saillies de bon goût; il a placé à côté des plus doctes enseignements quelques vers de ses poètes favoris et jusqu'à des refrains populaires. Mais, avant de finir, il devient grave, presque tragique, et, en même temps, son langage s’élève et touche à l’élo- quence. C’est qu’il est conduit à parler du rôle immense joué par les animaux domestiques dans nos sociétés humaines; c’est qu’il se demande ce qu’elles deviendraient, si les animaux de la ferme et les oiseaux de la basse-cour venaient à nous manquer. Et alors, éclairé par son expé- rience personnelle, songeant aux millions que nous a coûté la peste bovine importée par les armées ennemies, il comprend mieux et fait comprendre les courts récits de nos vieux chroniqueurs parlant des ravages que laissait jadis après elle une épizootie. Il montre « les cam- pagnes dépeuplées de leur population animale; l'homme, dans son iso- lement, ne pouvant accomplir la tâche qu'il demandait à ses auxiliaires; les champs restant en friche et leur stérilité forcée ajoutant sa part de malheurs à ceux qu'avait produits la contagion. » « Terrible cercle vicieux, ajoute-t-il, où s’accumulaient toutes les misères et où couraient ces fortes haines, qui, plus d’une fois, ont poussé aux révoltes san- glantes ! » Les dernières pages de ce premier discours expliquent le choix du sujet et l’esprit général du second (1882). Onze années les séparent; et, dans cet intervalle, un miracle scientifique de plus était venu s’ajouter à tous ceux qu'avait déjà produits notre siècle. M. Pasteur avait trouvé, dans les éléments mêmes qui les engendrent, l’agent qui préviendra désormais ces désastreuses épizooties qui frappaient si vivement l’ima- gination de Bouley. Il avait transformé les virus en vaccins, les germes de mort en germes de vie. Déjà, il savait rendre les poules inaccessibles à leur choléra spécial; déjà les grandes expériences faites à Pouilly-le- Fort, à Toulouse, à Montpellier, à Nevers, etc., en France, comme à Pakick, en Prusse, avaient mis hors de doute l’infaillibilité de la vaccina- tion charbonneuse, régulièrement appliquée aux bœufs et aux moutons. Bouley accueillit ces merveilleuses découvertes avec un enthousiasme dont nous avons tous pu juger. Il voulut en faire comprendre la grandeur scientifique et la portée pratique au nombreux auditoire qu’attirent nos séances publiques. Ici, plus de jeux d’esprit, plus de plaisanteries, à peine quelques légers sarcasmes à l’adresse des derniers incrédules. Partout un exposé magistral des faits, de l’enchaînement des phénomènes et un sentiment profond d’admiration pour celui qu’il n’appelait plus que son maître. DE M. HENRI BOULEY. Y Ce sentiment grandissaït chaque jour chez Bouley, à mesure que se multipliaient les applications de la méthode nouvelle. On l’a bien vu dans cette mémorable séance de l’Académie à laquelle faisait allusion amiral Jurien, lorsque, brisé par l’émotion, il annonça officiellement la mort de notre président. Ce jour-là, on vit les yeux de Bouley briller comme autrefois au moment où des bravos unanimes saluèrent la nou- velle que la rage, elle aussi, allait avoir son vaccin. Ah! que c’était bien là notre Bouley, s’oubliant lui-même en présence d’une grande œuvre, ne songeant plus à sa fin qu'il savait être prochaine et jouissant, peut-être plus que M. Pasteur, d’une ovation si bien méritée !.… Adieu, Bouley !.… Adieu, toi qui fus un savant, un charmant esprit et un homme de cœur! DISCOURS DE M. HERVÉ-MANGON AU NOM DE L' ACADÉMIE DES SCIENCES MESSIEURS, L'Académie des sciences, si souvent et si cruellement atteinte depuis quelques mois, est frappée d’un nouveau deuil. Notre excellent confrère, M. Henri Bouley, a succombé à la maladie contre laquelle nous l’avons vu lutter si courageusement, pour occuper, jusqu’au dernier jour, pour ainsi dire, le fauteuil de la présidence au- quel l’avaient appelé notre estime et notre affection. Henri-Marie Bouley, né à Paris le 17 mai 1814, avait à peine vingt- trois ans lorsqu'il fut nommé chef de service des hôpitaux à l'École vé- térinaire d’Alfort. En 1839, il devint professeur suppléant, et en 1849 il fut nommé titulaire du cours de pathologie chirurgicale et de manuel opératoire. Il occupa cette chaire avec la plus grande distinction jus- qu’en 1866, date de sa promotion au grade élevé d’Inspecteur général des Écoles vétérinaires, dont l a conservé les fonctions jusqu’au jour de sa mort. L'importance des travaux de Bouley lui mérita l’honneur d’être élu, en 1868, membre de l’Académie des sciences, dans la section d’Écono- mie rurale, en remplacement de Rayer. 1l reçut la croix de comman- deur de la Légion d'honneur, en 1881, des mains de M. Devès, ministre de l’Agriculture du cabinet Gambetta. Enfin, à la mort de Claude Ber- nard, il fut nommé, au Muséum d'Histoire naturelle, professeur d’un cours de pathologie comparée. | Jamais carrière consacrée à la science vétérinaire et aux grandes vi MORT ET FUNÉRAILLES questions de l'hygiène des animaux, si importantes pour l’agriculture nationale, ne fut plus brillamment et mieux remplie que celle de notre regretté confrère. Ce n’est ni le lieu ni le moment de rappeler en détail les travaux et les nombreux écrits de Bouley, mais je ne saurais me dis penser de citer quelques-uns de ses titres à la reconnaissance des sa- vants, du corps vétérinaire tout entier et de l’agriculture française. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La péripneumonie du gros bétail est un des plus redoutables fléaux de l’agriculture. Nommé membre de la Commission chargée, en 1850, d'étudier cette maladie, Bouley donna, dans son rapport, la démonstra- tion certaine du caractère contagieux de cette affection et posa, dès celte époque, le principe des moyens administratifs qui permettent de la combattre aujourd’hui avec tant de succès. En 1865, une maladie inconnue sévissait avec violence, en Angleterre, sur le bétail. Bouley fut chargé d’aller étudier sur place la cause du mal. Le jour même de son arrivée sur le territoire britannique il recon- nut que cette maladie meurtrière n’était autre que le typhus contagieux des bêtes à cornes. Îl en informa, par le télégraphe, le Gouvernement français, signala l’imminence du danger, indiqua les mesures à prendre d'urgence pour l’éviter, et parvint, par sa perspicacité et son énergie, à préserver notre pays d’un fléau qui fit perdre à l'Angleterre et à Ja Hollande près de 500/000 têtes de gros bétail. . . . . . . . . . . . . . . . : . e . Û . ° . . . . . Préparé par ses études des maladies contagieuses et par ses nom- breuses missions, Bouley était l’un des principaux auteurs de la réforme de notre législation sur la police sanitaire des animaux. On lui doit un très grand nombre de rapports et de documents officiels sur cette ma- tière. Jamais la science appliquée n’a mieux éclairé les principes d’une législation nouvelle. L’expérience est aujourd’hui complète, et l’on peut affirmer que cette législation, due en grande partie aux travaux de Bouley, a diminué dans une énorme proportion et tend à réduire de plus en plus les pertes de bestiaux qui pesaient si lourdement autrefois sur notre agriculture. Pendant toutej{sa vie Bouley a été attaché à l’enseignement vétéri- uaire. Il avait pour ses collègues, presque tous ses anciens ‘élèves, un attachement et un dévoûment sans bornes. Il a puissamment aidé aux progrès que l’art vétérinaire a faits dans l’estime publique depuis un certain nombre d'années. « Nul, disait récemment notre illustre con- frère, M. Pasteur, n’a plus honoré que Bouley l’art vétérinaire. Par son talent, par son caractère, par son enthousiasme pour les choses de la science, il a triomphé de certains préjugés qui, sournoisement, empê- chaient la profession vétérinaire de prendre la place qui lui est due. » DE M. HENRI BOULEY. vil Ce n’est point, en effet, à des mesures législatives, comme le sup- posent certaines personnes, ce n’est point à ce que l’on appelle la pro- tection de l’État que l’on doit demander le relèvement d’une profession libérale : c'est par la valeur et la dignité personnelles de ses membres qu’elle obtient l’autorité qui fait sa force et sa grandeur. La profession vétérinaire, pour continuer à grandir et à s’élever, n’a besoin, comme l’a dit M. Pasteur, que de conserver à sa tête une élite de professeurs et de savants, élèves de Bouley et continuateurs de son œuvre. Bouley fut des premiers à comprendre les idées et les théories de M. Pasteur. 11 croyait fermement et avec raison qu’elles sont appelées à renouveler la médecine et l’hygiène. Ce sera son honneur de n’avoir jamais perdu une occasion d’exposer, de développer et de défendre les doctrines du Maître. Il mettait au service de cette grande cause sa pa- role élégante et facile, son éloquence aimable et persuasive, la grâce et le charme de sa personne : toutes ces qualités, en un mot, qui faisaient de lui, dans les discussions scientifiques, un conquérant par la parole. Depuis quelque temps déjà, Bouley ressentait les atteintes de la ma- ladie à laquelle il devait succomber: il en suivait les progrès sans se faire aucune illusion. Ses amis voyaient, avec douleur, cet homme, si robuste encore il y a quelques mois, lutter inutilement contre la mort avec un courage et une fermeté qui faisaient l’admiration des confidents de ses souffrances et de ses pensées intimes. Bouley était aimé de tous ceux qui le connaissaient et laissera un grand vide dans le sein des nombreuses Sociétés savantes auxquelles il appartenait. Ses travaux resteront dans la science, et l’agriculture ne cessera pas d’en profiter ; ses confrères ne l’oublieront jamais, et sa vie bien remplie par d’utiles labeurs servira longtemps de modèle à ceux qui viendront après lui. Adieu, cher confrère, puissent les hommages que nous rendons à ta mémoire adoucir pour ta famille l’amertume de ses regrets! DISCOURS DE M. A. MILNE-ED WARDS AU NOM DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE MESSIEURS, Au nom du Muséum d'Histoire naturelle, je viens dire un dernier adieu au confrère regretté et à l’homme de bien que nous aimions et que nous pleurons tous. Henri Bouley ne nous a appartenu que peu de temps; mais, avant sa nomination de professeur, il était déjà des nôtres par ses études, par les vil MORT ET FUNÉRAILLES tendances de son esprit, par ses amitiés. Ce n’est qu’à la fin de 1879, lorsque la mort de Claude Bernard laissa vacante la chaire de physio- logie générale, que le Muséum et l’Académie des sciences le désignèrent pour recueillir ce lourd héritage ; c’était une preuve éclatante de l’estime qu’il avait su inspirer. Ces présentations faites par les hommes les plus autorisés du pays sont d’ordinaire écoutées et confirmées ; il n’en fut pas ainsi. Le ministre donna la succession de Claude Bernard à un pro- fesseur éminent, mais dont les travaux fort appréciés avaient été conçus dans une direction différente; il créa en même temps au Muséum un enseignement nouveau, celui de la pathologie comparée, et il y appela Bouley. Notre ami avait alors soixante-six ans; après une carrière brillante et bien remplie, il aurait pu aspirer au repos, ou se borner à continuer une route facile, en suivant les voies tracées et aplanies par les efforts de ses devanciers. Cependant il n’hésita pas à accepter la tâche difficile qu’on lui confiait, parce qu’il comprit qu'il ferait là une œuvre utile et qu'il était de force à la mener à bien. Son but était de montrer que la médecine ne progresse qu’en s’ap- puyant sur l’expérimentation, que les hypothèses basées sur l’observa- tion seule sont trop souvent vaines et fausses, que les maladies des ani- maux peuvent et doivent éclairer la pathologie de l’homme, enfin que les manifestations de la vie, comme les troubles de l’organisme, sont gouvernées par des règles scientifiques dont l’expérience peut donner la signification. Il cherchait aussi à mettre en évidence l'application des belles découvertes qui venaient d’être faites sur la nature des maladies contagieuses, sur l'influence et le rôle des êtres infiniment petits que l'on appelle des microbes, sur les transformations successives que la culture leur a fait subir pour en atténuer l’action ou en réveiller la virulence. Les qualités de professeur que Bouley avait montrées à un si haut degré dans sa jeunesse, à l’époque où il enseignait la clinique des ani- maux aux élèves de l’École vétérinaire d’Alfort, il les retrouva intactes lorsqu'il monta dans sa chaire du Muséum. Son passage trop court lais- sera des traces durables, et ses auditeurs n’oublieront pas les leçons éloquentes qui, maintenant réunies en volumes, seront toujours consul- tées avec fruit. Il y apportait la chaleur de pensée, l'élégance de lan- gage, la conviction ardente qui donnaient tant de charme à sa parole. Il s’appliquait surtout à suivre l’enchaînement logique des expériences et des idées qui ont éclairé l’histoire de ces maladies terribles connues sous le nom de péripneumonie, de tuberculose et de rage. Il savait communiquer l’enthousiasme qui l’animait pour les nouvelles doctrines de M. Pasteur, dont il a été l’ami dévoué et l’admirateur fervent. C'était avec une impalience presque fiévreuse qu’il suivait les progrès de ses recherches, et avec un véritable bonheur qu’il en saluait le succès ; de DE M. HENRI BOULEY.- IX ce côté, il voyait poindre la lumière et il voulait qu’elle pût luire aux yeux de tous. Il se fit l’apôtre et le champion des doctrines de cet illustre physiologiste, et, toujours sur la brèche, dans son cours, dans ses con- férences, dans ses écrits, il s’efforça de faire partager sa conviction et de ramener les incrédules. Ce fut avec une émotion profonde et touchante qu’il présida cette séance mémorable de l’Académie, où celui qu’il aimait à appeler « le Maître » fit connaître les immenses résultats auxquels l'avait conduit une méthode expérimentale sévère, guidée par une merveilleuse saga- cité ; la rage, cette maladie affreuse, implacable, venait d’être domptée, et Bouley se rappelait que, dans ce combat livré par la science et dont elle sortait victorieuse, il avait aussi lutté pour la bonne cause, et il sentait que la gloire du Maître rayonnait sur lui. Pour ce cœur loyal, ce fut le triomphe le plus pur qu'il ait jamais souhaité, car si Bouley trai- tait parfois avec un scepticisme doucement railleur les croyances de notre vieille société, il avait le respect et l’amour de la science; il di- sait souvent que la mission de l’homme est d’arriver par le progrès in- cessant au règne de la vérité; dans cette voie, comme un pionnier infa- tigable, il a travaillé pour le bien de l’humanité. Il eut le rare privilège de ne compter que des amis, ses émules et ses contradicteurs n’ont jamais été ses ennemis. Son cœur s’ouvrait à tous, surtout aux faibles et aux jeunes; ceux-là étaient les bienvenus. Il les conseillait, les couvrait de sa protection et même les aïdait trop facile- ment de sa bourse; quelques-uns en abusaïent; sans se décourager, il se consolait par de nouveaux bienfaits, et ses élèves ont été plus d’une fois obligés de veiller autour de lui pour le soustraire à des sollicita- tions trop intéressées que sa bonté n’aurait pas su repousser. C’est au moment où les honneurs lui arrivaient de tous côtés, comme la consécration d’une vie de labeur, qu’il ressentit les atteintes du mal qui devait nous l'enlever. La netteté de son jugement, l'habitude qu'il avait de l’observation, ses connaissances médicales, ne lui laissèrent au- cune illusion ; il accepta sans faiblesse le coup qui le frappait, et, heu- reux de sentir que son intelligence survivrait à ses forces, il s’apprêta à lutter jusqu’au bout. Nous l’avons vu diriger les séances de l’Acadé- mie, s'associer à ses travaux, prendre part aux délibérations du Mu- séum jusqu’au moment où la maladie l’a terrassé. Il est mort au champ d'honneur, entouré d’amitiés fidèles; les souvenirs qu’il laisse assurent à sa mémoire la sympathie et les regrets de tous. x MORT ET FUNERAILLES PAROLES D’ADIEUX PRONONCÉES PAR M. FREMY AU NOM DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE MESSIEURS, Des voix éloquentes et autorisées viennent de faire ressortir toute l'étendue de la perte qui frappe la science aujourd’hui. Permettez à un des vieux amis de Bouley de lui adresser un dernier adieu. Vous connaissez tous la bonté et la bienveillance de notre cher con- frère ! Resté jeune de cœur et d'esprit, il aimait la jeunesse, il portait à ses élèves une affection paternelle. Il avait un enthousiasme véritableïpour toutes les découvertes. Vous savez avec quelle chaleur communicative il nous faisait admirer les beaux travaux de M. Pasteur; c'était avec une joie patriotique qu’il annonçait des résultats qui honorent le pays. Son esprit généreux le portait à s’effacer devant le mérite des autres savants. Dans une circonstance que je suis heureux de rappeler ici, l’'Aca- démie des sciences a eu la preuve touchante de sa modestie. Nous vou- lions le porter à la présidence de notre Compagnie; son élection était assurée : il était fier d’honorer, par sa nomination, la profession qu'il représentait si dignement. Au moment même de l’élection, je vins lui apprendre qu’un de nos éminents confrères, plus ancien que lui à l’Aca- démie, n'avait pas encore présidé nos séances. Bouley n’hésite pas, il prend la parole, déclare à l’Académie qu’il renonce à la présidence et prie ses confrères de voter pour celui qu’il désigne. En recevant nos féli- citations, Bouley nous disait : «J'ai fait mon devoir, mais lorsque mon tour viendra, il sera peut-être trop tard. Hélas! il avait raison : il ressentait déjà les atteintes d’une maladie qu'il connaissait et qui ne pardonne pas : vous le voyez, Messieurs, il n’est pas arrivé au terme de sa présidence. Tel était le savant éminent, l’homme de bien, Pami Pau ds que nous pleurons aujourd’hui. J'exprimerai, je n’en doute pas, le sentiment de tous ceux qui l'ont connu, c’est-à-dire de tous ceux qui l’aimaient, en disant que notre cher confrère laissera dans nos cœurs un souvenir qui ne s’effacera pas. Adieu, cher ami, adieu! DE M. HENRI BOULEY XI DISCOURS DE M. LEBLANC AU NOM DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE MESSIEURS, L'Académie de médecine m’a confié la douloureuse mission d’être l'interprète des regrets que lui IEEE la perte d'Henri Bouley, l’un de ses anciens présidents. u* Je fus son élève, et j'oserai dire son ami; sa bienveillance ne m’a jamais fait défaut, et je lui reporte en grande partie l’honneur de faire partie de la savante Compagnie dont je suis aujourd’hui l'organe. Fils de Bouley jeune, membre de l’Académie de médecine, allié de vétérinaires praticiens de Paris, notre regretté collègue n’a jamais ou- blié son origine, et le président de l’Académie des sciences s’est tou- jours honoré de son titre de vétérinaire. À l'exemple de son père et d’autres confrères ayant fait partie de notre section, il a contribué pour une large part au relèvement de notre profession; aussi son souvenir restera-t-il impérissable parmi nous. Depuis ma jeunesse jusqu'à ce jour néfaste, j'ai pu voir cet esprit distingué parcourir sa brillante carrière, brusquement interrompue par la mort, au moment où le savant était parvenu à la plus haute dignité scientifique. Ce n’est pas ici le moment de faire connaître ses nombreux travaux et d'énumérer tous les titres conquis en cinquante années d’un labeur incessant; je me bornerai à tracer en quelques mots cette vie si bien remplie. À peine sorti de l’École d’Alfort, où il était entré après avoir fait de brillantes études, H. Bouley fut nommé, le 18 octobre 1837, chef de ser- vice de clinique dans cette école, dont il avait été l’un des lauréats; bien- tôt, le 15 avril 1839, il devenait professeur adjoint et, le & octobre 1845, professeur titulaire à la place de Renault. Tous ceux qui furent ses élèves se souviendront toujours du jeune et éloquent professeur, qui les instruisait et qui les charmait en même temps; son talent de parole éclatait à l’égal de ses connaissances pra- tiques dans ces leçons cliniques, faites le plus souvent ex abrupto dès qu’un cas intéressant se présentait dans les hôpitaux ; la süreté de son diagnostic et son habileté opératoire étaient remarquables; aussi tant qu’il fut professeur, la clinique d’Alfort à joui d’une renommée incon- testée. Collaborateur du Recueil de médecine vétérinaire, le doyen de nos XII MORT ET FUNÉRAILLES journaux, et devenu en 1846 son rédacteur en chef, M. Bouley fut dès ce moment l’âme de cette publication. Chez lui, l'écrivain n’était pas infé- rieur à l’orateur ; polémiste parfois ardent, il a pu avoir des adversaires, jamais d’ennemis. Connaissant à fond toutes les questions vétérinaires, il a prodigué dans son journal les articles et les chroniques; en les clas- sant, on pourrait faire des volumes résumant l’histoire de nos progrès accomplis depuis quarante ans. Vulgarisateur hors ligne, il a tenu ses lecteurs au courant de toutes les découvertes faites dans toutes les branches de la science médicale. Cette œuvre est considérable, et par cela même on s’explique qu’il ait publié si peu de livres : son Traité de l'organisation du pied chez le cheval ne comprend que l’anatomie et la physiologie de cette région, et, malheureusement, la partie qui devait traiter de la pathologie n’a pas paru ; mais on pourrait la reconstituer en lisant les nombreuses mono- graphies publiées par notre collègue sur les maladies du pied. C’est en 1884 qu'a paru son Traité sur lanature vivante de la contagion; c’est un livre qui restera comme le programme d’une ère nouvelle dans l’histoire de la médecine. En 1856, notre regretté collègue entreprit la tâche ardue de publier un Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie vétérinaires qu’il ne put voir terminer : il y a inséré des articles nombreux, qui seront consultés avec fruit par les générations futures, quoique le cours du temps et les progrès de la science changent parfois les vérités du moment en erreurs. L’un des fondateurs de la Société centrale de médecine vétérinaire et le dernier survivant de tous, il en a été le Secrétaire général depuis trente-trois ans; plus qu'aucun de ses membres il a contribué à la main- tenir dans la voie purement scientifique qui fait son honneur. Après la mort de Renault et la retraite de Lecoq, H. Bouley fut nommé, le 8 janvier 1868, inspecteur général des Écoles vétérinaires, sans passer par la direction de l’une d'elles. Les éminents services qu’il venait de rendre lors de l'invasion de la peste bovine et sa haute position scientifique justifiaient cette excep- tion; tous les vétérinaires se félicitèrent de cette nomination, qui plaçait à leur tête l’illustre confrère que chacun d’eux aimait et esti- mait. Depuis 1855 il faisait partie de l’Académie de médecine; ést-il besoin de rappeler devant vous la part qu’il a prise à ses travaux? Dès son entrée il se fit remarquer lors de la discussion sur le séton, et il lutta non sans succès contre un redoutable adversaire, Malgaigne; depuis il prit la parole dans de nombreuses discussions ayant pour objet la mé- thode sous-cutanée, l’herpès tonsurant, la morve, la vaccine, la rage, la peste bovine, la tuberculose, etc. Ses collègues l'avaient apprécié à sa juste valeur, et en 1877 leurs suffrages presque unanimes l’appelèrent à la présidence, honneur d’au- DE M. HENRI BOULEY. XIII tant plus appréciable qu’il était plus rare; car M. Bouley était le second vétérinaire nommé président de la savante Compagnie; avant lui, Barthélemy avait occupé pendant un intérim de quelques mois le ire teuil présidentiel. Esprit ardent et ami du progrès, notre regretté collègue aimait à encourager les auteurs de découvertes ; il mettait tout son enthousiasme à défendre les opinions qu’il avait embrassées et chacun de nous hono- rait ses profondes convictions ; si parfois il a dû revenir sur des idées soutenues d’abord avec sa vigueur ordinaire, il le faisait avec tant de bonne grâce et de loyauté, qu’on s’inclinait dévant ce courage si rare, même parmi les savants. Dans ces dernières années, il avait adopté avec ardeur les doctrines de son illustre collègue, M. Pasteur, et il avait apporté à les défendre son double talent d’orateur et d’écrivain. Dans cette chaire du Muséum, consacrée à la pathologie comparée et qu’il était désigné pour occuper, il consacrait les heures de ses leçons à répandre les idées nouvelles, et son Hvre, qui en est le fidèle reflet, a contribué pour une large part à les faire connaître. La dernière fois qu'il prit la parole parmi nous, ce fut pour remplir le pieux devoir de rendre hommage à la mémoire de Magne, notre non moins regretté collègue. Ses nombreux travaux lui avaient ouvert la porte de l’Académie des sciences, où il reconquit la place un moment ravie à notre profession ; en 1885, il présidait cette illustre Compagnie. Ce suprême honneur fut pour lui le couronnement d’une carrière tout entière consacrée à l’étude et il devait succomber sans avoir fini cette année si bien commencée. Jusqu'à la fin de sa vie et malgré ses souffrances, il n’a pas cessé d'assister à nos séances et le 2 novembre nous l’avons vu arriver pres- que défaillant pour siéger au milieu de nous; on peut dire que ses der- niers moments ont été consacrés aux Sociétés savantes, dont il fut toujours l’un des membres les plus distingués et les plus assidus. Chez H. Bouley l’homme valait le savant ; sa bonté était extrême et personne n’a mieux que lui pratiqué le pardon des injures. Aimable et accueillant pour tous, même pour les plus humbles, il avait horreur de repousser une demande. Le nombre de ceux qui lui doivent une recon- naissance est bien grand; si parmi eux il a trouvé quelques ingrats, il les a plaints et jusqu’à la fin de sa vie il est toujours resté bon et bien- veillant. La foule qui se presse autour de sa tombe pour lui adresser un suprême adieu est la preuve la plus touchante de l'affection qu’il avait su inspirer. Aussi suis-je certain que tous vous direz avec moi : Repose en paix, cher maître, ton souvenir restera à jamais gravé dans le cœur de tes collègues et de tes élèves. XI MORT ET FUNÉRAILLES DISCOURS DE M. BROUARDEL AU NOM DU COMITÉ CONSULTATIF D'HYGIÈNE DE FRANCE. MESSIEURS, M. Henri Bouley a été un des membres les plus actifs du Comité consultatif d'hygiène dé France. Celui-ci a voulu qu’au moment de la séparation, son Président résumât le rôle que notre collègue a rempli avec tant de talent. Ce qui caractérise la nature propre de M. Bouley, ce qui constitue l’unité de sa vie scientifique, c’est son amour passionné, sa foi dans les progrès. Quand son intelligence apercevait une voie nouvelle, elle s’y précipitait avec une ardeur de néophyte, il semblait que la lumière que versait la découverte récente mettait dans l’ombre ies anciennes convic- tions de notre collègue ; ce n’était pas un sacrifice que faisait M. Bouley, quand il confessait ses erreurs passées, c’était un tribut qu’il apportait à la vérité, c'était un ornement dont il tenait à la parer. Il est juste d'ajouter que chacun de ses retours a été légitime, c’est à la cause de la vérité que s’est rallié définitivement M. Bouley. Que l’on se souyienne des discussions sur la morve, le vaccin, la rage, la fièvre aphteuse, etc. Pour défendre ses opinions, M. Bouley était admirablement doué. Il possédait, un talent oratoire auquel chacun a rendu justice, même ses adversaires. L’élocution était facile, élégante, ornée de souvenirs litté- raires finement choisis. Les arguments étaient bien présentés, attei- gnaient avec précision le point faible de la discussion adverse; dans toutes les Sociétés dont il était membre, il a été un des orateurs les plus appréciés, il charmait. Ce n’était pas seulement ces qualités maîtresses que nous aimions en M. Bouley, mais l’homme lui-même. Il était d’une bonté, d’une bien- veillance extrême. Ceux qui ont vécu dans son intimité auraient peine à évoquer de cet homme d’un esprit si fin, si malicieux, le souvenir de quelque médisance. Il ne connaissait pas les arrière-pensées rancunières. Il est souvent monté à la tribune de l’Académie pour défendre ceux qui, quelques jours avant, l'avaient attaqué avec le plus d’ardeur. Ses amis se sont parfois étonnés de lui voir accorder son patronage à des opinions fort hasardées. M. Bouley était simplement la victime de ses deux grandes qualités : son amour du progrès et son extrême indul- gence. Son accueil n’a jamais découragé quelqu'un, et, quand il croyait trouver dans les idées d’un inventeur la lueur même vacillante d’une DE M. HENRI BOULEY. XV vérité inconnue, notre collègue ne craignait pas de marcher seul au combat. . Ce rôle d’éclaireur l’a parfois engagé dans des chemins difficiles ; là encore son erreur passagère a eu sa source dans l’espoir de hâter l’essor d’une vérité nouvelle. M. Bouley à pris une large part aux conquêtes en hygiène depuis trente ans. Dans tous les débats qu’ont soulevés les origines des épi- démies et des épizooties, il a été au premier rang des combattants, il a été l’un des fondateurs et l’un des présidents de la Société de médecine publique; il a fait plus, ses livres sur la péripneumonie épizootique, sur les maladies contagieuses du bétail, n’ont pas seulement montré quels étaient les modes de la contagion, mais ceux de la préservation. Lls ont été le point de départ de la loi du 21 juillet 1881 sur la police sanitaire des animaux. Ses travaux sur les maladies contagieuses qui atteignent l’homme, ne seront pas moins utiles à consulter quand on voudra faire pour celui-ci une loi sanitaire analogue. | Dans cette vie si laborieuse, M. Bouley a plus dépensé pour propager les découvertes de ses collègues que pour défendre ses propres opi- nions. Il:a apporté dans cette lutte, dans cet apostolat, une abondance de preuves tirées de son expérience pratique et de son originalité per- sonnelle; les arguments qu'il a invoqués sont bien marqués à son em- preinte; on peut, en lappliquant à M. Bouley lui-même, accentuer la phrase qu'il inscrivait en 1882 presque en tête de ses leçons du Muséum : Inventa narrare non inglorium. Cette pensée est juste, ce sera une gloire pour notre collègue d’avoir un des premiers compris la portée des doctrines de celui que, jusqu’à son dernier jour, il a nommé son maître. L'influence de M. Bouley à eu une iarge part dans leur adoption par le Comité consultatif d'hygiène, celui-ci tenait à le dire et à en remercier le savant qui, dans une vie de lutte et de triomphe, a combattu sans que la vieillesse ait jamais refroidi son ardeur, augmen- tant chaque jour la somme de nos connaissances et le nombre de ses : amis. En vous adressant, mon cher collègue, le dernier salut du Comité, je vous apporte l’hommage de sa profonde douleur et de sa reconnais- sance. DISCOURS DE M. LOUIS PASSY AU NOM DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’AGRICULTURE. Les Sociétés savantes dont Bouley était l’un des membres les plus distingués, les plus actifs et les plus dévoués, s’empressent autour de XVI MORT ET KUNERAILLES cette tombe pour y jeter des éloges qui leur semblent des consolations. L'Académie des sciences, par une voix dans laquelle la Société nationale d'agriculture s’écoute et se reconnaît, vous a dit que, dans la section d'Économie rurale, Bouley représentait depuis 1868 la médecine vété- rinaire avec un talent qui avait relevé cette science elle-même. L'école d’Alfort n’avait qu’à se souvenir pour parler dignement de celui qui fut son élève couronné, son professeur émérite, son expérimentateur habile, son orateur applaudi. l’Académie de médecine devait être l'interprète de l'impression profonde que jetait dans les discussions les plus ani- mées, l'argumentation brillante de Bouley. La Société zoologique d’Ac- climatation et la Société nationale et centrale de médecine vétérinaire nous disputeraient l’honneur de louer leur président et notre confrère, si nous entendions relever ici la liste de ses titres scientifiques et décrire le cours de sa laborieuse carrière. Mais Bouley aujourd’hui ne doit pas être loué surtout par le récit de ses travaux, Bouley doit être publique- ment regretté, Bouley doit être pleuré par ses élèves et ses amis, les amis de la science et du progrès. Il est peu d'hommes qui aient été doués par Ja nature de qualités plus heureuses. L’agrément de sa personne et la bonne humeur étaient le reflet de sa bonne santé; sa physionomie était ouverte et franche, sa parole fine et enjouée, son abord séduisant. L’envie n’avait pas osé l’a- border. Les succès d’autrui le trouvaient toujours en éveil et en joie. On eût dit qu’il avait un secret plaisir à s’effacer pour protéger, sans en avoir l'air, ceux qui semblaient avoir raison ou qui paraissaient réussir, Il prenait le parti des jeunes et des timides à la place des maîtres trop occupés d'eux-mêmes, et le parti des maîtres contre la foule indifférente. . Il courait à la défense de tous ceux qui étaient attaqués et qu’il croyait dignes de son loyal concours. Ces grandes qualités du cœur animèrent toute sa conduite et furent la source toujours vive: de son talent, car il avait beaucoup de talent, et très naturellement. Quand il parlait, il faisait briller la vivacité de son-esprit; mais, quand il professait, il montrait l’ardeur et la sincérité de sa foi. On peut dire qu'il ne professait pas toujours, mais qu’il prêchait parfois ce qu'il re- gardait comme la vérité. Rien ne l’empêchait de se contredire s’il croyait avoir eu tort. Sa sincérité dans son ardeur était absolue ; il ne craignait pas de se compromettre pour les nouveautés, quand il les croyait propres à susciter un progrès. La plume à la main, il retrouvait les bonheurs de sa parole et les ressources de son esprit. Pendant quarante ans, il a été l’un des maîtres de la presse scientifique, mais il avait appris à ses dépens la fragilité d’un journal qui se déchire ou s’en- vole, et la force du livre qui se défend et demeure. Dans l’éloge d’Auguste Yvart, qu’il prononça devant notre Compagnie, Bouley s’était élevé contre la négligence de certains hommes qui, après avoir joui pendant leur vie d’une grande et juste renommée, laissaient DE M. HENRI BOULEY. XVII cette renommée s’affaiblir et s’éteindre parce qu'ils n'avaient pas pris soin d'imprimer dans des livres leurs idées et leurs opinions. Bouley ne voulut pas mériter le reproche qu’il faisait à d’autres. 1l pensait à l’a- venir. [l écrivit ses paroles et fut l'historien de ses idées. Les belles le- çons de pathologie comparée qu’il professa au Muséum d'Histoire natu- relle et qu’on vient de louer avec tant d'autorité, resteront le témoignage vivant des luttes qui se livrent depuis vingt ans autour de la médecine et de l’hygiène vétérinaires. Quand on songe que ses cours sur les progrès en médecine par l’ex- périmentation et sur la nature vivante de la contagion ont été professés et publiés dans ces dernières années; quand on songe qu’au commence- ment de cette glorieuse et fatale année de 1885, ses amis, ses élèves et ses admirateurs lui offraient une médaille d’honneur comme on en offrit une à Chevreul, à Becquerel, à Dumas, à Milne-Edwards; quand on songe qu'il est mort sur le fauteuil même du président de l’Académie des sciences, on ne peut s'empêcher de reconnaître qu’une suite de circon- stances heureuses est venue consacrer la renommée de Bouley au mo- ment même où la mort en devait interrompre le cours et en marquer la fin d’une manière aussi cruelle qu’inattendue. La mort nous l’a enlevé, mais ne l’a pas surpris. La Société nationale d'agriculture conservera toujours précieusement la mémoire de l’activité et du dévouement dont Bouley semblait cher- cher à multiplier les preuves. Quels souvenirs, par exemple, ne laissera- t-elle pas dans notre Compagnie cette séance du mois de mai dernier où vous avez bien voulu, cher et illustre confrère, me demander d’offrir en votre nom cette médaille d'honneur dont vous étiez si justement heu- reux et fier! Sur cette médaille étaient gravés autour de votre beau portrait ces mots: « Henri Bouley, président de l’Académie des scien- ces. » Et voici que les mots triomphants inscrits sur une médaille de fête en janvier 1885, sont inscrits sur un monument de deuil le 30 no- vembre 1885. hais: Que ne peut-on reproduire encore sur ce monument la petite scène gravée sur votre médaille et qui résume, par une devise à laquelle vous n’étiez peut-être pas étranger, l’effort suprême de votre enseignement et de votre vie: Arte nova; pastor pecorum, contagia vincit. En voyant la science inoculer sur un mouton la maladie préservatrice et méditant ensuite sur le sens allégorique de cette scène et de cette de- vise, le passant retrouverait associés dans l’avenir comme ils le sont dans le présent, les noms de Pasteur et de Bouley. Il comprendrait que sous cette froide pierre repose un homme qui soutint de ses plus éner- giques efforts le développement de découvertes précieuses et d’un art nouveau, et qui eut le mérite dans son temps de se consacrer à la nine de son ami pour la gloire de la science. Car c’est là, Messieurs, ne l’oublions pas, ce qui demeurera le c carac- 4° SÉRIE, T. II. se xvIn MORT ET FUNÉRAILLES tère particulier de Bouley et ce qui fera l’unité de sa vie scientifique, c'est qu'il reconnut les lois providentielles qui unissent l’homme aux animaux et qui, sans se confondre, se rapprochent dans le cadre d’une même physiologie et d’une même pathologie, c’est qu’il soutint résolu- ment et proclama pendant quarante ans la nécessité de plus en plus im- périeuse de rattacher l’art encore jeune de la médecine vétérinaire à la vieille science de la médecine humaine. Adieu, cher et illustre confrère; un jour la Société nationale d’agri- culture vous rendra un plus complet hommage, et vous décernera les honneurs dus à ceux qui ont mené les grandes batailles de la vie scien- tifique. Recevez en ce moment suprême les regrets unanimes de notre Com- pagnie et l'expression des sentiments les plus affectueux et les plus dou- loureux de tous vos confrères. DISCOURS DE M. ARMAND GOUBAUX, DIRECTEUR DE L'ÉCOLE D’ALFORT AU NOM DES ÉCOLES VÉTÉRINAIRES DE FRANCE MESSIEURS, Un homme considérable par sa science, son érudition, les travaux qu'il a publiés, les positions scientifiques qu’il a conquises, vient de s’é- teindre. | La profession vétérinaire dont j’exprime ici les sentiments se trouve, par sa mort, plongée dans un deuil profond. Permettez-moi, au moment où cette tombe va se fermer sur sa dé- pouille mortelle, de vous dire, en quelques mots, quel était celui que nous venons d'accompagner à sa dernière demeure et de lui adresser nos éternels adieux. Henri-Marie Bouley est né à Paris, le 17 mai 1814. Son père, vétéri-, naire, et sa mère, femme très distinguée, eurent pour leurs enfants tou- tes les prévoyances, en leur faisant donner une bonne éducation, qui devait un jour les mettre à même d'acquérir une situation élevée dans la carrière qu’ils embrasseraient. Des trois enfants de M. Bouley jeune, les deux garçons se livrèrent à. l'étude des sciences : l'aîné, Jean Bouley, fut un savant et remarquable médecin des hôpitaux de Paris, dont ses élèves ne parlent encore au- jourd’hui qu'avec respect et vénération. Henri Bouley, le plus jeune, entra comme élève à l’école d’Alfort le 16 octobre 1832. Pendant tout le cours de ses études, il se fit remarquer par son intel- DE M. HENRI BOULEY. . XIX 4 ligence et par une très grande aptitude à s’assimiler les idées de ses maîtres. Il obtint successivement les quatre premiers prix. Après avoir reçu le diplôme vétérinaire en 1836, il revint chez son père, et se livra, bien malgré ses goûts, à l'exercice de la clientèle. Un malheur survenu le 26 août 1837 établit une vacance de chef de service à la chaire de clinique, par la mort de l’infortuné Maillet, qui se noya accidentellement dans la Seine. Le 16 octobre suivant, M. Henri Bouley se présenta au concours, l’emporta sur ses divers concurrents, et fut nommé chef de service de troisième classe par arrêté ministériel du 1% novembre suivant. C'était là une position bien modeste, sous le rapport du traitement, mais elle ouvrait un avenir à celui sa avait du goût pour l’ensei- gnement. Tout en accomplissant dneisoheut son devoir, il se livra avec joie à l'étude et rédigea plusieurs mémoires qui furent imprimés soit dans l'Encyclopédie d'Agriculture pratique ou Maison rustique du XIXe siècle, soit dans le Recueil de médecine vétérinaire. Ces travaux firent bien présager l'avenir qui était réservé à leur auteur. Des changements survinrent quelques années plus tard dans le per- sonnel enseignant de l’École d’Alfort, après la mort de Huzard, inspec- teur général des Écoles vétérinaires ; M. Yvart lui succéda et M. Eugène Renault devint directeur. A cette époque, le directeur demeurait titulaire de la chaire à laquelle il avait été attaché, mais il était LMDIVE dans ses Done FE un pro- fesseur adjoint. Un concours s’ouvrit le 15 ail 1839, pour remplir cet emploi. M. Bouley s’y présenta et l’emporta de nouveau sur tous ses compéti- teurs. Il fut, dès lors, chargé de la clinique et des cours de chirurgie, de ferrure et de jurisprudence commerciale. Plus tard, par suite d’une organisation nouvelle de l’enseignement, il devint, sans concours, itilairel de cette chaire, à Fer du 1° octobre 1845, jusqu’au 1% janvier 1866. La passion qu'il montrait à s’occuper de la node faisait souvent dire en parlant de lui : « La lame usera le fourreau ». Ii ne se couchaïit jamais sans faire une visite de ses nombreux malades, et il lui est arrivé, plus d’une fois, de prévenir ainsi des complications ou des acci- dents qui auraient pu se produire dans le courant de la nuit. Tous ces travaux, accomplis chaque jour, pour lesquels il oubliait trop facilement l'heure des repas, lui ont causé plusieurs fois des maladies graves, que sa forte constitution et peut- être son énergie lui ont permis dé surmonter. M. Henri Bouley s’est acquis une notoriété universelle et:il la méri- tait bien. Cette notoriété devait le faire appeler à de plus hautes des- linées. xx MORT ET FUNÉRAILLES En 1865, une terrible maladie sévit en Angleterre et ensuite en France. M. Bouley, envoyé en Angleterre, constata le typhus contagieux des bêtes à cornes. Sur sa proposition, des mesures sanitaires énergiques furent mises en application et la maladie disparut, n'ayant, heureusement, fait périr qu’un petit nombre d'animaux, quand elle aurait pu causer la ruine des cultivateurs. Après cette mission, M. Bouley fut nommé directement Inspecteur général des Écoles vétérinaires par un décret du 6 janvier 1866. Sa nomination au grade le plus élevé de la hiérarchie vétérinaire était la juste récompense des services qu’il venait de rendre. Ce nouveau grade l’appelait à résider à Paris et le privait de son enseignement. Si ses occupations changèrent, son activité resta la même : il visita périodiquement les trois Écoles vétérinaires françaises, étudia leur mode d'enseignement, présida, tour à tour, les examens des élèves de ces Écoles, et s’occupa d’y introduire diverses améliorations. A Paris, il ajouta aux titres scientifiques qu'il possédait déjà, ceux de Membre de l’Académie des sciences, de Professeur de médecine comparée au Muséum d'Histoire naturelle, de Membre de la Société centrale d’a- uriculture de France et continua ses relations assidues avec l’Académie de médecine, la Société de biologie, la Société d’Acclimatation et la Société nationale et centrale de médecine vétérinaire. Je ne ferai que mentionner, et sans en nommer aucun, tous les travaux qu'il a publiés sur la Chirurgie, la Pathologie, la Thérapeutique, la Toxicologie, l’Anatomie, la Physiologie, la Jurisprudence commerciale, l'Organisation de l'Enseignement dans les Écoles vétérinaires et l’Exercice de la profession. Ils ont été imprimés, soit dans le Recueil de Médecine vétérinaire, soit dans les Bulletins de l'Acadèmie de médecine, soit dans le nouveau Dictionnaire de médecine, de Chirurgie et d'Hygiène vétérinaires, dont il était l’un des fondateurs, soit dans les Bulletins de la Socièté de biologie, soit dans les Mémoires de la Société natio- nale et centrale &'agriculture de France: ils témoignent tous de son activité prodigieuse et de ses aptitudes pour les différentes Parles de la science. Il s’occupa, toujours avec la même ardeur juvénile, de la rédaction du Recueil de Médecine vétérinaire, où, indépendamment de travaux originaux, il aimait à faire, dans une chronique, la revue de toutes les nouveautés médicales offrant de l'intérêt. Il publia deux volumes fort importants et fort bien écrits, qui sont la reproduction de ses leçons faites au Muséum; ce sont : Le progrès en médecine par l’expérimentation et La nature vivante de la contagion — contagiosité de la tuberculose. Je regrette, Messieurs, de ne pouvoir pousser plus loin lindication des travaux accomplis par M. Bouley; ces travaux sont considérables et DE M. HENRI BOULEY. XXI très divers; ils ont jeté de vives lumières sur beaucoup de questions intéressantes, et ils me permettent de dire que notre profession a été illustrée par lui. C’est un grand honneur pour elle de voir que les hautes positions qu’il a occupées dans le monde scientifique et les hautes récom- penses qu'il a obtenues lui ont été acquises, tout particulièrement, ce ses travaux vétérinaires. l Il m'est précieux de constater aussi que, aujourd’hui, la médecine vétérinaire et ceux qui l’exercent sont autrement considérés qu’autrefois et qu’on tend enfin à reconnaître les services qu’ils rendent à la science et aux citoyens qui ont besoin de leurs secours. C’est surtout à ce mort vénéré que ce résultat est dû. M. Henri Bouley avait une taille élevée. Sa figure distinguée décelait une vaste intelligence. Ses manières étaient élégantes, son abord sym- pathique et son accueil très bienveillant. D’une nature généreuse, on le trouvait toujours prêt à secourir ceux qui venaient réclamer son appui. Dans ses leçons, qui étaient claires, faciles à comprendre, il faisait preuve d’un grand savoir et d’un esprit observateur qu’il communiquait à son auditoire ; sa parole était vive, facile ; sa diction toujours pure; sa voix très agréable, et il aimait à y introduire quelquefois des citations littérairès qui témoignaient de la culture de son esprit et de sa grande mémoire. M. Bouley a toujours conservé ces mêmes qualités distinetives ; seu- lement, depuis cinq ou six mois, la maladie était venue assombrir par . moments son heureux caractère, et, dans l'intimité, il disait: « Je me sens fêlé ». Mais si on lui faisait observer que ses douleurs n’étaient que passagères, qu’il avait été autrefois bien plus malade, sa gaieté reve- nait, et volontiers il dirigeait la conversation sur des sujets plaisants. Un séjour de deux mois à la campagne, à Auteuil, parut annoncer une heureuse amélioration de son état, et tous ses amis espéraient que, cette fois encore, il reviendrait à la santé. Hélas ! il ne devait pas en être ainsi! Dès son retour à Paris, les symptômes inquiétants reparurent avec plus de gravité qu’autrefois. Peu à peu, il fut forcé de rester à la chambre, en proie à de cruelles souffrances sur lesquelles il ne se faisait pas illusion, et malheureuse- ment on ne dut bientôt plus avoir aucun espoir de sa guérison. Il s’affaiblit et enfin s’éteignit, dans la nuit du 29 au 30 novembre, entouré de sa famille éplorée. Quoique âgé de soixante et onze ans, il était si fort, si vigoureux, si actif, qu’on peut dire que sa mort frappe tous ceux qui l’ont connu et aimé, comme si elle avait eu lieu prématurément. Il était arrivé à l’apogée de sa gloire : il avait été président de l’Aca- démie de médecine; cette année, il était président de l’Académie des XXII MORT ET FUNÉRAILLES sciences, et depuis trois ans, Commandeur de l’Ordre national de la Légion d'honneur. Tel fut celui que nous pleurons, et sur la tombe duquel je n’ai pu relater que très imparfaitement les nombreuses qualités. Sa perte est immense! Au nom des Écoles vétérinaires françaises, des corps enseignants de ces Écoles, de tous les vétérinaires et de vos Élèves ; enfin, au nom de celui qui fut votre élève, votre collègue, et que vous appellez votre « vieil ami », recevez nos adieux, mon cher Bouley ! Nous n’oublierons jamais le rôle considérable que vous avez rempli dans votre longue carrière ! Votre souvenir restera gravé dans tous les cœurs, et votre nom sera inscrit en tête de ceux qui ont consacré leur vie à donner l’impulsion à la science et à la profession vétérinaires ! O mon cher ami !.. Encore une fois, adieu ! DISCOURS DE M. ANDRÉ SANSON AU NOM DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE VÉTÉRINAIRE MESSIEURS, Les discours que vous venez ‘d'entendre ne m’auraient rien laissé à dire au nom de la Société centrale de médecine vétérinaire, Si j'avais eu l'intention de parler devant cette tombe de la carrière du savant. Sans doute, nous sentons comme tout le monde la perte que la science a faite par la mort de M. Bouley. Nous étions fiers de notre chef et nous lui savions grand gré de s’être élevé jusqu'aux plus hauts sommets des honneurs scientifiques. Mais ce n’est point la perte du savant qui nous touche le plus. Pour nous, qui avons vécu dans son intimité, la mort de M. Bouley est un véritable deuil de famille. Ce que nous regrettons par- dessus tout en lui, c’est le maître aimé, c’est l’homme bon jusqu’à la faiblesse, généreux jusqu’à la prodigalité. Pour mon compte, je ne puis oublier qu’il fut toujours pour moi l'ami fidèle, dévoué, le soutien constant des jours difficiles de lutte contre l’adversité. Aussi, aux derniers adieux que mes confrères m’ont chargé de lui dire, je demande qu’il me soit permis d’ajouter l’expression pu- blique d’une gratitude qui ne s’effacera pas. DE. M. HENRI BOULEY. XXII DISCOURS DE M. DUMONTPALLIER AU NOM DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE C’est au nom de la Société de biologie que je prends la parole sur la tombe de notre maître regretté, le professeur Henri Bouley. Il serait téméraire de prétendre ajouter aux éloges qui ont été accordés au sayant et au professeur. Qu'il me,soit permis seulement de parler du caractère de l’homme qui inspira de solides affections et mérita l’estime de tous pendant une - longue carrière de travail et de dévouement. Henri Bouley avait conquis ses hautes positions scientifiques et admi- nistratives par des études sérieuses, un enseignement clinique remar- quable, une grande expérience dans l’art vétérinaire et un admirable talent d’orateur et d'écrivain. De plus, la qualité dominante de son caractère, la bienveillance, devait lui concilier bien des sympathies. Cette bienveillance lui était naturelle dès sa jeunesse ; cette qualité avait grandi chez lui sans dégénérer en faiblesse : attaqué parfois avec véhé- mence dans des luttes académiques, il combattait toujours avec cette courtoisie qui est .de bonne compagnie. Homme d'esprit, il négligeait sou vent de joindre, ce qui lui eût été facile, l’ironie à la force de ses arguments. Il était généreux et n’abusait jamais de ses succès d’orateur. C'était done chose juste que de lui rendre en sympathie un peu du bien qu’il faisait à tous ; tant de bienveillance devait un jour trouver une éclatante récompense, une bonne action de sa part en fut l’occasion. En 1865, Bouley était professeur à l’École vétérinaire d’Alfort ; un élève avait été renvoyé de l’École pour infraction à la discipline. Le père de ce jeune homme vint supplier M. Bouley de plaider les circonstances atténuantes près du ministre dont relevait l'École vétérinaire. Le pro- fesseur n’écoute que son cœur, il obtient une audience : est-il besoin de dire qu'il fut éloquent, que la cause fut gagnée et que l’élève fut cherie à rentrer à l’École ? Dans cette entrevue, le ministre avait été à même de juger la valeur de l’homme et du savant. Bientôt il prouva qu’il en avait gardé bon souvenir; la même année, en 1865, la peste bovine s’était répandue en Allemagne, en Hollande, en Belgique et en Angleterre; l’épizootie me- naçait nos frontières du Nord et de l’Est, elle pouvait être importée par vole maritime. — La maladie était contagieuse, il fallait le démontrer, et cela au plus vite, afin d’être autorisé à fermer toute porte d'entrée en France au bétail des pays infestés. Le ministre fait appeler le pro- XXIV MORT ET FUNÉRAILLES fesseur Bouley, et, rompant avec certaines traditions administratives, il lui confie directement la mission qui devait sauvegarder les intérêts de la France. Les mesures de protection nécessaires sont ordonnées, et la peste bovine n’envahit pas la France. Le professeur et le ministre s’é- taient unis pour faire une action utile au pays. Ne pas rappeler ici que le ministre était M. Béhic, ne serait-ce pas manquer aux sentiments de justice et de gratitude qui animaient M. Bouley? À partir de cette époque, commence l'élévation d'Henri Bouley aux grandes positions scientifiques et administratives. En 1866, il était nommé Inspecteur général des Écoles vétérinaires, et, en 1868, l’Académie des sciences lui donnait le fauteuil de Rayer. Dans ces hautes positions, Henri Bouley, par son esprit de justice et son amour pour la science, ne compte que des amis. Il était homme de progrès, et c'était toujours avec empressement qu’il accueillait les tra- vailleurs, les soutenait de ses conseils, et au besoin les défendait avec passion. Jusqu'à la fin de sa vie, il conserva l’enthousiasme de la jeu- nesse, rien de ce qui touchait à la science ne lui restait étranger. Grand admirateur de Claude Bernard, il lui était réservé de recueillir une part de l’héritage scientifique du grand physiologiste; en 1881, M. Bouley fut nommé professeur de pathologie comparée au Muséum d'Histoire naturelle, et dans cette chaire, créée par décision du Parle- ment, H. Bouley devait, avec un rare talent, exposer les découvertes de l'illustre Pasteur. Les succès oratoires d'Henri Bouley à la tribune de l’Académie de médecine sont encore présents à la mémoire de tous, et ses collègues des Compagnies savantes pourraient dire avec quelle attention il défen- dait dans les comités les travaux qui lui paraissaient un progrès. On raconte même que plus d’une fois, dans les Commissions, il fut le pre- mier à faire ressoriir le mérite de ses adversaires. Il rendait le bien pour le mal : c’était sa façon de pratiquer la vengeance. H. Bouley ne savait pas résister à un sentiment généreux; il voulait le bien, le juste, il y travaillait de grand cœur, et la froideur d’autrui ne l’arrétait pas dans ses nobles entreprises. Les vétérinaires de l’armée n’oublieront jamais que ce fut à l’intervention directe de H. Bouley près du ministre de la guerre, le général Campenon, qu’ils doivent l’assimi- lation de leurs grades à ceux de la hiérarchie militaire. Dans ces dernières années, H. Bouley accepta la vice-présidence de la Société de biologie, et là encore il se montra toujours prêt à soutenir de son expérience et de ses encouragements toutes les recherches qui pouvaient conduire au progrès scientifique. Pendant de longues années, H. Bouley avait possédé les grandes sa- tisfactions que donnent les hautes positions dignement acquises; mais de cruelles souffrances ne devaient pas lui être épargnées dans les der- nières années de sa vie; une maladie du cœur, dont il avait éprouvé les DE M. HENRI BOULEY.. XXV premières atteintes il y a quatre ans, lui fit courir un grand péril au mois de juillet dernier. Un matin, au réveil, il se crut perdu, il respi- rait difficilement ; il ne pouvait analyser ce qui se passait en lui. — « Ce que j’éprouve, disait-il, est étrange ; — où suis-je ? » Une syncope avait été la cause probable de ces troubles cérébraux passagers. Quelques instants après cette crise, le calme paraissait revenu. Tou- tefois, M. Bouley avait compris toute la gravité de, sa maladie ; il avait vu la mort prochaine, il ne la craignait pas pour lui; il ne pensait qu'à sa famille, à ses amis. Un séjour de deux mois à la campagne lui avait permis de reprendre des forces. L’espérance de vivre, si douce à ceux qui aiment, lui était revenue. Mais, vaine illusion ! la maladie faisait de nouveaux progrès, et l’homme que nous avons tous aimé vit sa fin venir avec résignation. Il resta ferme jusqu’à l'heure suprême; dans les derniers moments, il trouvait la force de sourire à ceux qui l’entouraient, et son visage, lorsque la mort fut venue, disait encore la bienveillante bonté de toute sa vie. PAROLES D’ADIEUX PRONONCÉES PAR M. BIZOT, VÉTÉRINAIRE PRINCIPAL AU NOM DES VÉTÉRINAIRES DE L'ARMÉE Je ne puis me défendre d’une émotion bien légitime, en prenant la parole après les maîtres qui viennent de retracer en termes si éloquents la brillante carrière scientifique et les grandes qualités d'Henri Bouley. Mais, dans cette circonstance douloureuse, la voix des vétérinaires mili- taires doit se faire entendre, et j'ai le devoir de déposer sur cette tombe le tribut de la reconnaissance et de l’admiration de mes confrères de l’armée. Nous devons le témoignage de notre reconnaissance à Henri Bouley, pour la part considérable qu’il a prise à la grande amélioration apportée à la situation du corps des vétérinaires militaires par le décret du 8 juillet 1884, qui nous a donné l’assimilation de grade. Nous devons l’hommage de notre admiration à l’homme éminent que l’Académie des sciences, par un vote unanime, avait appelé à l'honneur de la présider. La profession vétérinaire tout entière a tressailli d’un juste sentiment d’orgueil en voyant un de ses membres monter à ce fauteuil qu’ont oc- cupé les plus illustres savants dont s’honore notre pays. Aussi, le nom d'Henri Bouley brillera d’un éclat incomparable parmi ceux de ces hommes remarquables dont les travaux ont fait faire ce XXVI MORT ET FUNÉRAILLES progrès immense à notre médecine, à cette médecine qui, si près de son berceau, a su conquérir et occupe si dignement son rang à côlé de son aînée. | * Et lorsque l’histoire enregistrera l’étonnant mouvement scientifique qui marque la deuxième moitié de ce siècle et recule les hornes de l’im- possible, elle associera le nom d'Henri Bouley à ce nom retentissant, acclamé aujourd’hui dans l'univers entier, et qu’une récente et merveil- leuse découverte entoure d’une auréole de gloire impérissable. L'histoire dira qu'Henri Bouley prêta à la doctrine et aux expériences de M. Pasteur l’appui de l’autorité de son nom, le concours de sa plume vaillante et de sa parole éloquente; qu’il se voua avec un enthousiasme ardent à la vulgarisation et au triomphe des idées fécondes de l’immortel auteur des théories microbiennes. Elle dira que sa foi inébranlable dans la puissance prophylactique des vaccinations à l’aide des virus atténués, poussa les vétérinaires dans la voie sans limites ouverte par le génie de M. Pasteur, et dans laquelle plusieurs ont déjà acquis une grande notoriété et trouveront plus tard la célébrité. Henri Bouley, vous avez été un de ces vaillants dont l’humanité con- serve le souvenir. Au nom du corps des vétérinaires de l’armée dont je suis ici l’inter- prête, en mon nom personnel, je vous dis adieu. DISCOURS DE M. H. LEFEBVRE AU NOM DES VÉTÉRINAIRES CIVILS HENRI BOULEY, Au nom du grand Conseil des vétérinaires de France, au nom de toutes les Sociétés et associations, au nom de tous les praticiens, au nom de tous les anciens élèves que ta mort est venue surprendre et plonger dans la douleur, je viens, Maître, Ami, Confrère, saluer ta dépouille mor- telle. Je viens du fond de ma province, avant que cette tombe se ferme, te faire un linceul de nos larmes, de notre profonde affliction, de notre reconnaissance, de notre admiration. Je viens te dire, à toi qui as été, par ta belle intelligence, ton grand savoir, les qualités les plus exquises du cœur, le modèle accompli du maître et du savant, combien nous étions fiers de tes succès, jaloux de ta renommée. Du corps vétérinaire tout entier, de cette grande famille de travail- DE M. HENRI BOULEY. XXVIL leurs qui était la tienne, et que j'ai le grand honneur de représenter ici, reçois l’assurance que le noble exemple de ta vie professionnelle, faite d’honnéteté et de droiture, si féconde et si prodigue envers la science, sera le phare à la lumière éclatante qui, dans l’avenir, guidera nos pas, fortifiera nos cœurs et sollicitera notre esprit vers les grandes et belles actions. Oui, Maître, et tu en étais un, dans la plus haute acception du mot; nous avons tous gardé le souvenir, au temps de cette brillante phalange des Renault, des Delafond, des Rigot, des Lassaigne, des Magne, nous avons tous gardé le souvenir, dis-je, de ton aménité, de tes généreuses faiblesses pour nous, de tes attrayantes leçons, de ton éloquence facile et saisissante. C'était l’époque où l’avenir te souriant laissait deviner dans ses caresses ta belle carrière, ta glorieuse destinée. Oui, Ami, car tu étais le nôtre à tous, sous ce fin sourire, ce regard discrètement scrutateur et narquois, si bien saisi par l’habile graveur Roty, tu cachais tous- les trésors de l'amitié, toutes les indulgences, toutes les délicatesses du cœur. Je l'ai salué aussi du nom de Confrère, parce que c’est là ton grand titre à notre reconnaissance; parce que tu as toujours tenu haut, dé- ployé à tous les regards, le drapeau de la profession; parce que c’est comme savant et praticien que tu as franchi tous les degrés de ton élé- vation;, parce que c’est au vétérinaire que la Société nationale d’agricul- ture et l’Académie de médecine ont ouvert leurs portes; c’est encore à toi, au vétérinaire illustre, que l’Institut, insigne honneur, offrait le fau- teuil si envié de sa présidence, où, hélas! la mort est venue te frapper. Fidèle à ton origine, tu aimais ta profession, tu la voulais grande et honorée ; pour elle, par la plume, par la parole, tu as lutté et com- battu; tu as montré, par ton exemple, ce qu’elle était : laborieuse, digne, utile à son pays, à sa richesse, à sa défense. Merci, mille fois merci. Conseiller désintéressé et dévoué de tous, chef incontesté, tu as été et tu resteras notre orgueil. Henri Bouley, La corporation tout entière t’adresse son dernier adieu; elle conser- vera religieusement ta mémoire, le souvenir de ta belle âme; encore une fois adieu !.. adieu! “Ton Ts sort RATE LISTÉNCÉANGAALE DES MEMBRES DE LA Li) Société nationale d'Acclimatation de France AU D JUIN 1885 MEMBRES PROTECTEURS , EUROPE Belgique . M. Léopoup Il, Ror DES BELGES. (ep: Espagre S. M. Azpnonse XII, Ror D'EsPAGNE. Grande-Bretagne S. À. R. le PRINCE DE GALLES, à Londres. Grèce, S. M. GeorGes l” Ror pes HELLÈNES: Italie S. À. R. le PRINCE EUGÈNE DE SAvoiz-CARIGNAN, [Membre à vie]. S. A. S. le PRINCE DE Monaco, [membre à vie]. Pays-Bas S. M. GuiLLAUME III, Ror pes Pays-Bas. Portugal S. M. Dom Luis Il, Ror DE PoRTUGAL. Roumanie S. M. le Ror CHarzes I DE RouMANIE, [membre, à vie], à Bucarest. b. ASIE Cambodge . M. Sonpaca-PrÉéA-NôRÔDÔN-PREN-CHAN-CRUNG-CAMPUCHEA, [rembre à vie], Roi du Cambodge, à Phnom-Penh. Perse . M. Nasser-En-DiN, SCHAH DE PERSE. Siam . M. Para Bar SoMDpETcH PHRA: PARAMENDR MAHA CHULALONGKORN, Roi de Siam. AFRIQUE Égypte . À. IsmAïr-PAcHA, [nembre à vie], ancien khèdive, à Naples (Italie). États barbaresques . À. MOHAMMED ES SADOK, BEY DE Tunis. Zanzibar . À. SEtyp BarGxacH IBn SAïp, sultan de Zanzibar. AMÉRIQUE Brésii . M. Dom Pepro Il, EMPEREUR DU BRÉSIL. Salvador . Ecx. RAPHAEL ZALDIVAR, [membre à vie], Président de la République du Salvador. TISTE CGÉNÉRZLE DES MEMBRES DE LA Société nationale d’'Acclimatation de France MM. Abaquesné de Parfouru (Gaston), propriétaire, au château dénSermeny “par Valognese sed EN A dt ER Manche. Abaye (Léon), au château du Tremblay, par Montreuil-Largillé. Eure. Abbadie (Antoine d')}, membre de l'Institut, à Urugne, près Béhodereltuentdu, Bac De Lien es de nd Nu ne. P. Basses-Pyrénées. Abraham-Pacha (S. Exc. A. K.), [Membre à vie], à Beicos, préréonstantinople 45 28. Mess drone 8e ile a AE lier Turquie. Abrantés (le duc d’), au château de Bailleul, par Gorrans 12e" Mayenne. Abzac (le général marquis €’), [Membre à vie|, rue Beile- : DTA RO TE ET DEEE SE PRISE ENENRS D PRALS OR ER P, Acloque (André), rue de Lisbonne, 53............ ....,.,...... P. Aäam (Alexandre), ancien président du Conseil général du Pas-de- Calais, rue Victor-Hugo, 18, à Boulogne- sur-Mer........ :....:,. Pas-de-Calais. Adam (Hippolyte), banquier, rue Victor Hugo, 6, à Boulogne-sur- de DRE OO MMM ee D da ee es pal Pas-de-Calais. Adam (Louis-Gustave), Bo à vie], boulevard Hausmann, D MERE vs... boss tesesse.seis.se dote etss sense JE Adam fils (Achille) banquier, rue Ju Hugo, 6, à Boulogne- SAL- METRE tee DEEE AR LE En Phare eat NE Ve RM end 1e ae Pas-de-Calais. Adhémar de LEE LEE (le vicomte d'), à Saint-Maurice, AVE ZEN 0 DES ECTS CIN ERR ES TEESE e te Gard. Aguado (le vicomte), place Vésdbhie, RE ee sea Ma biere Dh De PAU FE: Agüirre-Miramon (Severo de), [membre à vie], ingénieur, à Soint-SéDastieni: sets du he MS RNR NN ATLAS "EE ER ESPAGNE. Aguirre-Montufar (Juan), [membre à vie], à Quito........... EquaTeur. Aguirre-Montufar (Carlos), [inembre à vie], à Quito......... EquarTeur. Albuquerque (Frédérico), [inembre à vie], propriétaire, Esta- cadobde SeBertando AS a0 0e aulo ER Eee RU BRÉSIL. Alexis, 63, avenue de Neuilly, à Neuilly....................... Seine. Allaïn (Gaston), rue Godot de Mauroy, 12....................... ièe Allaire (Emile), ancien notaire, 3, rue Jacques-Dulud, à Neuilly.. Seine. Allard (Jules), président de la chambre syndicale des ébéuistes, rue der ondrestov. NEA. RARES MARNE TEE SERIE RE E: Allemagne d'), rue des Mathurins, 30......... ......,........ le XII Allen (Le vicomte Alfred de Villar d'), propriétaire, à Porto....... PorTuGaL. Alligné (Ch.), propriétaire, à Vix............................... Vendée. Amaral (le docteur Antonio Joaquim Gomez do), [membre à vie], chirurgien-major, à Santarem (Amazone) ................. BRÉSIL. Ameuil (Pierre), négociant, cours de l'Intendance, 22, à Bordeaux. Gironde. Anatolie, rue des Mathurins, 51........,...................... ; APE Andigné (le général marquis d') ancien pair de France, sénateur, au | ; château de Monet, par Beaufort-en-Vallée, et rue de Lille, 77... P. Maine-et-Loire. Andigné (le comte Amédée d'), propriétaire, rue de la Chaise, 3.. P. PE André (Adrien), référendaire au sceau de France, rue Montaigne, 9. André (Edouard), [membre à vie |, architecte-paysagiste, rédacteur en chef de la Revue horticole, rue Chaptal, 30................. André (Edouard), [membre à vie], ancien député, propriétaire au château de Rentilly, par Lagny, et boulevard Haussmann, 158. Indre-et-Loire. P. Seine-et-Oise. André (Jean-Baptiste-Auguste), propriétaire, rue de la Pépinière, 21. P. André (le baron d'), rue de Marignan, 17....................... P. Aninat (Antoine), négociant, boulevard de Courcelles, 70........ 1 Arbib (Auge, R. de), [membre à vie], rue du Ponceau, 5....... IE Archiac (le comte d'), au château de Villiers-Saint-Paul, par Creil Oise. Arcos (Santiago), [inembre à vie|, rue Nitot, 14................ P> Armand [membre à vie|,directeur de l'administration péniten- cire A NAME UN D MORAL PRET RECE TE CE Guyane. Armand (le comte Ernest), ministre plénipotentiaire, au château d'Arcis-sur Aube errue Rortin LeC ER MRPREN CPRPRR RTE. P. Aube. Armet de Lisle, industriel, à Nogent-sur-Marne .............. Seine. Armieux (Barthélemy), [snembre à vie|, ingénieur, avenue d'An- Gin, 18:75 RARE. CEPRRE EMA A EREURR JORER. pEGANTS SN ARRET 12 Arnaud Bey (d'), |ñreinbre à vie], colonel du génie, ancien ingé- e nieur en chef des travaux maritimes et du barrage du Nil, à Chatou. Seine-et-Oise. Arnault (Louis), conseiller maître honoraire à la Cour des Comptes, rue du Refuge, 14, à Versailles, et rue Fontaine, 38 bis. P. Seine-et-Oise Aron (Eugène), boulevard Magenta, 84......................... P: Aron (Henri), rue de Grammont, 14............................. P: Aronssolhn (le docteur Paul), boulevard Haussmann, 130....... IP Aronssohn (Léon), à Lagny-ie-Sec............................. Oise, Arosa (Gustave), [membre à vie], rue Prony, 5..........,...... P: Artin-Bey (Joseph), [membre à vie]............................ Asselin (Alexandre), éditeur, place de l'Ecole-de-Médecine..... 12 Assézat de Boutèyre (Louis-Roger), propriétaire, ancien sous- préfet, aux Munots, par La Charité-sur-Loire...,.............. Nièvre. Astaix (Victor), avocat, propriétaire, à Romagnat, par Clermont- Ferrand. 7 Mere Rae Re EE RS IR U LA one Puy-de-Dôme. Auber de Peyrelongue (Joseph d'), [inembre à vie], au châ= eau de Fauche (par MATIN MRC cat roc Auberjonois (Gustave), propriétaire, à Lausanne, canton de Vaud. Suisse. Lot-et-Garonne. Aubet (Mathieu), propriétaire, à Mounet, par Eauze............, Gers. Aubier (Gaston), | membre à vie], propriétaire, rue d'Angoulême, : APP ARS LAN. 2. 24204 0x CORNE ET TR TE SU SL Dordosne. Aubigny (le baron Arthur d’) rue Barbet-de-Jouy, 17.......... Ps Aubry (Thomas), place de la Défense-de-Paris, à Courbevoie.... Seine. ÆAubusson (Louis Magaud d'}, au château de Pavlagnat, par Rochefort-Montagne, et, rue Lamennais, 3....,............... P. Puy-de-Dôme. Audap (Alfred), propriétaire, à la Terre de la Boulaie, commune Aenabte- COUARPR Enr eee o vo de DD UE TR Loire-Inférieure. Aude (Sextius), [membre à vie]|, trésorier payeur général, a Ajaccio. Corse. Audeville (André d'), au château d'Andecy, par Baye.......... Marne. XIII Audiffred (François-Joseph), [membre à vie|, avocat, ancien juge au Tribunal de commerce de la Seine, boulevard des Capucines,8 P. Augy (Guillaume d'), rue de l'Arquebuse, 45, à Chälons-sur-Marne. Marne. Aumale (le duc d'), [inembre à vie], membre de l’académie fran- case; domainerde Chantilly... Le RER MNT EEE Oise. Aumont (Paul), propriétaire, avenue de Messine, 4.............. P. Auréliano, directeur de l'Ecole centrale d'agriculture de Rou- manie a BucCAres nn mA Men RAR, A SR Er Pa 0e ROUMANIE. Auvrecher d’Angerville (le marquis Noé d'), [membre à vie], propriétaire, au château de Martinville, par Ussy.............. Calvados. Avène (le baron Gustave d'), propriétaire, au château de Brinche, pasDolpartretiue del'Arcade, Ana sn HET DE P. Seine-et-Marne. Aveniez (Jules), à la Chesnaye en Basse-Goulaine, par Vertoux. Loire-Inférieure. Avit (Octave), médecin-vétérinaire, MECOUeR 0 RUE TE Seine-et-Oise. Ayen (le duc d'), propriétaire, au château de Champlatreux, par Mareil-en-France, et boulevard Latour-Maubourg, 60........... P. Seine-et-Oise. Aymé (Léo), substitut du Procureur général, à Poitiers......... Vienne. Babault de Lépine, à Douvy, par Brézé...................... Maine-et-Loire. Babert de Juillé (Alcide), juge d'instruction à Niort....... ... Deux-Sêvres Bachelez (E. Victor), propriétaire, rue du Marché, 34, à Neuilly. Seine. Bachelier (Paul), rue des Mathurins, 64................,....... E: Bacquias (le docteur Eugène), à Troyes........................ Aube. Baïllargeau (Léopold), propriétaire, à Pontoise, et rue Saint- biens ADN 00e AE EL NE a ON EL ER AE Aer P. Seine-et-Oise. Baïllarger (le docteur), médecin des hôpitaux, membre de l'Aca- démie de médecine, rue de l'Université, 8............,.... AE UE Baillet (Victor), rue de Laborde, 40........................... IE Baïllet (Henri de), propriétaire, à Sireygeol, par Mouleydier.... Dordogne. Bailly (Louis-Joseph), chef d'escadron en retraite, avenue des TERESA) eee se AR ee D D A a A Std A A VE le Bailly (Joseph), avenue de Neuilly 85, à Neuilly................. Seine. Bain, pharmacien, rue de Londres, 15.........................:. P: Baïrd (le professeur Srencer F.), [membre honoraire], secrétaire de l'Institution Smitlsonienne, commissaire général des pêche- ries des Btats-Dnista, Washington. 000 MER MANN ETarTs-Unis. Balansa, botaniste-voyageur, à Toulouse ................,..... Haute-Garonne. Balmes [membre à vie], notaire, à Ginestas.................... Aude. - Balorre (le vicomte de),|membre à vie].......................... , Baloy (René de), [membre à vie], ministre plénipotentiaire de Hrances AlPONOLANE PANNE SRE ee se AA AI pie EN A LU RU PERSE. Balsan (Auguste), ancien député, manufacturier, au château du Parc, à Châteauroux, et rue de la Baume, 8 ................. P. Indre. Balsan (Charles), manufacturier,au château du Parc, à Châteauroux Indre. Baltet (Charles), horticulteur-pépiniériste, faubourg Croncels, 14, APTORES MANU SSD IS SUR NS PE een PANDA Ge RE Aube. Baraudiaran (G. de), [membre à vie], ancien ministre du Mexique: "arVeveyt.. ua ee RME ana SUISSE. Barba (Rafaël) [membre à vie], à Quito........................ EQUATEUR Barbeau (Louis-Adrier}, avenué Wagram, 145.................. FE: Barbey (A), de New-Vork, rue de la Gare, 90, à Niort...... ... Deux-Sèvres. XIV , Barbey (Théodore), [membre a vie], armateur, au château de Saulcy, par Saint-Dié, et rue Auber, 7........................ Barbier (Maxime), ancien magistrat, avenue de Paris, 25, à Ver- SALES. 2e Luis ir ar “RbldslU iLC PL tee 3:PF RC 0RE Barbieux (Jules), receveur des hospices, à Abbeville............. Barboza du Bocage. professeur à l'Ecole polytechnique et di- recteur du Muséum d'histoire naturelle, à Lisbonne ...,..,...,. Barenton (de), place du Palais-Bourbon, 9.............. Ars Barillet (F.), architecte-paysagiste, avenue du Perreux, 30, à Nogent-sur Manet cure ete 6e Men A eee es NE Barnsby (Robert-David), directeur du Jardin des plantes, profes- seur suppléant à l'Ecole de médecine, pharmacien en chef de l'hospice CERTA MONTS SR RE Peer ete rene teurs Baron (Raoul), professeur de zootechnie, à l’école vétérinaire d'Alfort, Villa des Fleurs, 3, à Charenton .....,.,.,.,..,...... Baron (Edgar), propriétaire, à Fontenay-le-Comte.......,,...,... Barrachin, [inembre à vie], rue Saint-Florentin, 4...,....,.... Barrat (Maurice), avenue Frizac, 14, à Toulouse.............,,.. Barratt (le Rév. A. À }, Glenwood Thames, Ditton, Surrey ..... Barrau de Muratel (Maurice de), [membre à vie], membre du conseil général du Tarn, propriétaire à Montagnet, par Ssrèze, et ruetderNarenne tale reccbeereres tetes PS PISE TEE: pe me Barros (Francisco Aguiar de), [membre à vie], à Säo Paulo... Barthélemy (le marquis de), ancien préfet, propriétaire, à Au- baghe, ét rüé Cambacéres, 192: RE NE Bary (Francois-Eléonore), notaire, à Boulogne-sur-Mer. ........, Rass' (WMA) motaire) aa) Haye 7 CRE teen Basset (le docteur), boulevard du Temple, 12.....,............ es (Salvador), [membre à vie], directeur des télégraphes, à (16 (03 LAS à EN ORE AES A EE PAG A PR ARE of fre Bastard (le baron de), au château de Saint-Denis, par Layrac.. Bastide (Scévola), au château d'Agnac, par Fabrègue.........., Baudoïn (Henry), rue Royale, 8.............................:.. Baudouin (Alexandre), propriétaire, place de la Madeleine, 9.. Baume-Pluvinel (le marquis de la), à Marcoussis et rue de Courcelles, 20 exe vie ol lee tels tulate te ee sa e ain eine ele slete sp 15 alive en eleia ie es qe Baye (le baron J. de), au château de Baye, à Baye et avenue de la Grand-Armée, 58.:! Sense ne ne ee stereo een eee eee ee es os» Baye (le baron Christian de), [membre à vie], au château de Baye, à Baye 29/18 810 le eee delete le ele lala) ie teltte piele/slerstes se ulsie sis sale sie etes Baylen (de), [membre fondateur], ancien chef de la division des haras au ministère de l'agriculture, rue de Vienne, 2... res Béarn (le prince Henri-Gaston de) [membre à vie], rue Saint- Dominique, 39...., PIS 0 vie ele s'ern;s/slelole p'oluie se eq D else ee sels se net, CC CRC ECC CT P. Vosges. Seine-et-Oise. Somme, PorTucaL. P. Seine. u Indre-et-Loire. Seine. Vendée, P: Haute-Garonne. ANGLETERRE. P. Tarn. BRÉSIL. P. Bouches-du-Rhône Pas-de-Calais. Pays-Bas. Pl: ESPAGNE. Lot-et-Garonne. Hérault. Fe 12 P. Seine-et-Oise. Beaumont (le vicomte F. de), [membre à vie], rue Galilée, 56.. Beaumont (Henri de), rue de la Faisanderie, 3 ter.....:...... Beaupréau (le comte de), au château de la Rive-du-Bois, par Neuville-aux-Bois, et place de l'Opéra, 6...................... Beaurecueil (le comte E. Philibert de), au château de La Bran- chotre spar Joue-les-DONrS PR Re RE ere LT Et Beavrepaire-Rohan (le maréchal Henrique de), rue de la Praia, 29) à /Nicterohy (Mio-Janeiro): d. 1... meet als tee , Beauvoir (le marquis de), rue de la Baume, 3.............,..., Bégin (Ch.), [membre à vie]. Le général commandant supérieur des troupes, ARENA EME EE MKEURE Ne EEE R er Béhague (le comte Octave de), [membre à vie], avenue Bos- Gt 22 cvs 68600 A PEN DOAE DA UEP INA ACNTRE bodanuntagé as Béhic (Armand), ancien ministre, président de la Compagnie des Messageries maritimes, rue Volney, 6....... NE EN Bélizal (le vicomte Louis de), propriétaire, au château des Cranees \presMoncontour, HE EEE EN MRC ROIC AN RIR. SCAN SN Bellanger (Charles), rue de la Victoire, 58....... AAA à Bellecourt (Pierre de), rue de Miromesnil, 15..:............... Bellegarde (marquis Henri de), chambellan de $. M. l’empereur d'Autriche, au Châteeu de Kiengenstein, près Gratz.......... Bellemer (Th.), propriétaire, quai des Chartrons, 52, à Bordeaux. Bellot (Emile), propriétaire, à Poitiers.........,.,....... arr Bellot de Busy (Adrien), propriétaire, boulevard de la Reine, 81, à Vermalless cresson oder errant ao nee nec Belmontet (Alfred), propriétaire, route Nationale, 15, à Saint- Cikonlés 20 PRE EE Een Re EE Pr Pr A CE re Ts ve Beltremieux (Edouard), directeur du Jardin des plantes, à La odioile.s basse ame Rene en Er ARE EN ONE Belvallette (Alfred), avenue Bugeaud, 2................... acte Bénardaky (LéonidasDémétrius), [membre à vie], propriétaire, au chateau de Chambourg, à Longjumeau......,.......,...... Beneck, propriétaire, au château de l'Abbaye, à Bièvre, et boule- vard St- Germaimse02 "at Re Pa de SC AN j Benedetti (V.), ancien ambassadeur de France, rue de Ia NAS Evéque Marne ME Ales elle lahele niet mrobite eine Cle ot e Beni-Barde (le docteur), avenue de Messine, ER PERS À Benoit (Constant), avoué, avenue de l'Opéra, 4.................. Benoïit-Champy (Gabriel), open au pavillon Thoureau, pond ef érvenmenNrel Ti. dE M ee ce Bérard (Edouard), ancien sous-préfet, propriétaire, boulevard ÉAUSSM NN, TOUS MER ESA ET E A TRRR UR RQ IN RAUQO Hdbrole Berckeiïm (le général baron de), rue de Berri, 22 .............. Berenger (le vicomte Marie-Camille-Frédéric-Ollivier ge [inembre à vie|, rue Christine, 29, à CHérbburg...1..1............... Berenger (0. Camille), à Monts-sur-Guesnes................... Berlandier (P.-B.), négociant, à Barbentane............,,..... Bernard (Emile), négociant, boulevard Strasbourg, 46........... Bernard (Salomon), négociant, avenue de Neuilly, 31, à Neuilly... Bernard-Talhandier (Henri), industriel, à Ambert............ Bernier (Emile), se à vie], juge d'instruction au tribunal de la Seine, boulevard Saint- Michel, BOL CRE ete de dope Bernon (le baron P. de), ancien maître des requêtes au Conseil d'Etat, ancien membre du Conseil Hé e de la Lie 3, rue des XV P. P. Loiret. Loir-et-Cher. BRésIz. BE: Cochinchine, \2 PE Côtes-du-Nord. P. P:: AUTRICHE. Gironde, Vienne. Seine-et-Oise. Seine-et-Oise. Charente-Inférieure. P, Seine-et-Oise. P. Seine-et-Oise. FR: P. P. P. Côte-d'Or. Fe P. Manche. Vienne. Bouches-du-Rhône. 12 Seine. Puy-de-Dôme. P. FF XVI Berthault, au chalet de Malgré-Tout, Pornichet, commune d'Es- coublac. NME transe noue or btiae Re RE Berthéol (Marius-Gabriel), industriel, rue du 4 Septembre, 24.. Berthois (le baron Alphonse de), conseiller référendaire à la Cour des Comptes, rue Saint-Lazare, 87............................. Berthoule (Amédée), avocat, à Besse, et rue de Seine, 87....... Berton (Théodore), ingénieur, rue Saint-Martin, 30, à Versailles. Bertoni (Moïse), rédacteur de la Revue scientifique suisse, à Lottigna (Tessin)................,......,..................... Bertosa (Félix), directeur des Forges d Allichamp............. Bertrand (Georges), propriétaire, rue de Labordère, 17, à Neuilly. & Bertrand (Julien), propriétaire, à Boukandoura, commune de l'Arbah, près Alger...:..:. 4140 ti eebettieseneese Bessette (le docteur Edmond), à Angoulême................... Béthune-Sully (le comte de), au château de Sully, à Sully...... Beurges (le comte de), propriétaire, boulevard Latour-Mau- bourg, 39..........................eessesceserereseerenene Beurges (le comte Gaston de), propriétaire, à Ville-sur-Saulx, par Saudrup.....4......... eee sen ve hhelesjoeins «pile oj8e steie Bezanson (Charles), [membre à vie], à Savigny............... Bezanson (Paul), à Breuches, près Luxeuil..................... Bibesco (le prince Georges), aux soins de M. Berge, rue de la Victoire GONE AMOR LME a A et REA er En MANN EE ee 2 ETS Bichelberger (Paul), directeur de la papeterie de Claire-Fon- tain es NB TNA en PNA D AAA RE A A A NO Qu ne RARE Bicknell, [membre à vie], Onslow Gardens, 23, à Londres... Bieler CS directeur de l’Institut des cours agronomiques du canton de Vaud, rue Agassiz, à Lausanne................. Bigeau (Edmond), [membre à vie], château de Boumois, com- mune de Saint-Martin-de-la-Place, par Les Rosiers...........,. Bignon St [membre à vie], agriculteur-propriétaire, à heneuille, par Cérilly, et avenue du Bois de Boulogne, 12... Bigot, ancien vice-président de la Société entomologique de France; rue Cambon en ERREUR she CITES EAN 8 A ES AUS Billaud (le baron Frédéric), rue Notre-Dame de Lorette, 39..... Billet, rue Rossini, 20...........,........... Lhn ss Billitzer (Joseph), rue Scribe, 11.............................. Binder, membre du conseil municipal de Paris, avenue des Chrmps-Hiÿs6es, 102 07e Ines Era PTE Binet, professeur de mathématiques au collége Chaptal, rue Béon'Cogniets. 00 rer HORS a AU Binoux, à la colonie de Condé-sur-Veyre, par Houdan ......... Biollay (Paul-Emile), [membre à vie], conseiller référendaire, à la Cour des Comptes, boulevard Malesherbes, 74............ Biré (le général de), rue de l'Université, 101...............,.... Blasuw (Joseph-N.), à Ryswyk, près La Haye.......,.......... Blacque (Alfred), [membre à vie], rue du Helder, 3............ Blain (Maurice), au château du Cyprès, à Saint-Rémy-en-Provence Blanche (le docteur), rue des Fontis, 15........,.............. Blanchetais (Ch. de la), à Cannes............................. Blanchon (A.-Henri), à Etoile CCE CRC RER CRC EC NOR RCE OC EE ET TC CC Blandin (Ferdinand), ingénieur civil, manufacturier, à Nevers: Loire-Inférieure. P. IE P. Puy-de-Dôme. Seine-et-Oise. SUISSE. Haute-Marne. Seine. Algérie. Charente. Loiret. > Meuse. Haute-Marne. Haute-Saône. P: Vosges. GRANDE-BRETAGNE. SUISSE. Maine-et-Loire . P. Allier. P. P° P: P. P. PB? Seine-et-Oise. PE: P- Pays-Bas. P. Bouches-du-Rhône. P°: Alpes-Maritimes. Drôme. Nièvre Blasco (Antonio), professeur à l’école d'agriculture, Calle de los Moriscos, 6, à Cordoba (Cordoue).........:................... Blazy (Léon), négociant, rue Furbigo, 15....................... Blay (Léon) propriétaire, à Nallières, arrondissement de Fontenay- le Comtiente nn le. Re SN PE Re Et Aer a ete ce Bligniéres (Célestin de), propriétaire, homme de lettres, rue de Longchamps, 38, à Neuilly.................. NAN SR MARIE NNEE Bloch (Emile), rue du Nord, 30, à Neuilly...................... Bloch (Lucien), négociant, boulevard Malesherbes, 81........... Bloch (Simon), rue Charles-Laffitte, 40, à Neuilly... ........... Bloeman (Henri), rue des Pyramides, 18.............,.,....... Blot (Alexandre), rue Charles-Laffite, 62, à Neuilly............... Blot (Hippolyte), professeur agrégé à la Faculté de Paris, membre de l'Académie de médecine, avenue de Messine 24....:......... Bocquet (Jules), avocät, propriétaire, rue de l'Université, 3..... . Boinviliiers, ancien sénateur, rue Caumartin, 3 ............... Boishébert (lemarquis Jean de), [membre à vie], au château de Sassetot, par Valmont-en-Caux, et rue du Bras-de-Fer, 7,à Rouen. Boissard (Yves), propriétaire, à Dijon..............,.......... Boissières (de), propriétaire, à Audenge....................... Boisson (Mathieu), représentant des frères trappistes du monas- tère de St-Paul-Trois-Fontaines, près Rome, boulevard Sébas- ODA EAN Is pu Na EN AE US RE Boiïttelle, [membre à vie], avenue de l'Opéra, 60........... Bom-Retiro (le vicomte de), sénateur, à Rio-Janeiro /.......... Bonand (Adolphe de), à Zaouia Sidi Medjar, oued-el-Halleug por Een RE RE ado Mens Reese rene Bonaparte (le prince Napoléon-Charles), à Rome ......... ES Bondy (le comte de), ancien pair de France, sénateur, rue Mon- NOM AREA RENERERR À oO MERS CARE EA RES DR LR BCE SERIES ENS Bonnarie (Joseph). rue de Rome, 69........................... Bonnefons (Edouard), président du Tribunal civil, à Aurillac... Bonnemaïn (L. Jules), avenue de Neuilly, 149, à Neuilly...... Bonnin, boulevard Malesherhes, 37............................. et il (Nosky), directeur des mines de Pontgibaud, à Pontai- ENT RARE MORE) DD CLASS De VIRE ge OPA JALUEE LT RUES CARE GUL TRNNN FES Bony (le vicomte Gaston de), au château de Bujaleuf............. Boppe-Hermite, propriétaire, à Nancy........................ Borde (Paul de), à Saint-Bonnet-de Joux........................ Bordé (Alphonse), à Saint-Gond, commune d'Oyes, par Baye... Bordier (Frédéric), juge d'instruction, à Partaenay ............. Bordier, (le docteur), avenue Marceau, 44...... UN rie Borelli (Georges), |membre & vie] au ehâteau de Vert-Pré, à Sainte-Marguerite, près Marseille et Cours Pierre Puget, 29, PAU ASE MIE MR CRUE SA EE AE nUR 3 (es ONE AR UE XVII ESPAGNE. je Vendée. Seine. Seine. PE Seine. P. Seine. pi BE É- Seine-Inférieure. Côte-d'Or. Gironde. P. P. BRÉSIL. Algérie. ITALIE. 1 152 Cantal. Seine. P. Puy-de-Dôme. Seine. | Haute-Vienne. Meurthe-et-Mose!le. Saône-et-Loire. Marne. Deux-Sèvres. P. Bouches-du-Rhône. 12, XVIII Borroméo (comte Giberto), [membre à vie], place Borroméo, 7 SMnTlan. . APM dense tte thin inen RM ERS REPRISE ONE 21:88 Bose (le comte Charies), [membre à vie|, propriétair2, président honoraire du Jardin zoologique de Franclort-sur-Mein, à Baden- Baden (grand-duché de Bade)................ PES IEEE ; Bosq (G. P. R.), [membre à vie], rue de la Fontaine, 9, à Chà- tillon-sous-Bagneux ............... NOR de RL ri ole Pet Bosquette (Albert), propriétaire-gérant de l'Echo Vouzinois, à NPA SR TS SG RE dE vd 200 dau do mono Bosquillon de Jenlis (Ernest), [membre à vie], attaché d'am- bassade, Villa d'Oxelaëre, par Cassel ......,.,,... etui Bossot (Benoit), négociant, à Ciry-le-Noble.................... Bossut-Plichon (J.), négociant, Grande-Rue, 3, à Roubaix...... Bottey’/(Louis) à 7ChaArTOUxE LEE ATEN RER Bouchardat (le docteur), professeur à la Faculté de médecine, rue du Cloitre-Notre-Dame, 8 ..... PT EN RE PE Bouchaud de Bussy (le comte Louis de), au château de Rous- San, pal St REMY... 00.0 D are eee le DONS Le 100 Diste eeE Bouchereaux (Altred), fabricant d'appareils d'élevage, 30, rue du Pont A Choisy-le-Ro1.72%.: 0.0 Cette Une re deeee Bouchez (Auguste), [membre à vie], propriétaire, à Seurre..... Boudent de la Godelinnière (Auguste), au château de la Gode- lrarére pardtalHaye-Pesnel PRE PRE EC ER El rte enr -ebeeccre Boudinhon (Adrien), [membre à vie], ingénieur, à Saint-Cha- HOMO EE ose nadebado ur 0na00dDue ne dou ann r 0 MA 0 à Sen = Bouet, (Hippolyte), rue des Pontets, 21, à Bordeaux ....... Acier Bouexic de la Driannays (Lionel du), [membre à wie], rue Monceau os, RNA Re A Ne ae ve oh eee ann Bougarel (Julien), propriétaire, au château du Parc, rue du Cherche-Midita Moulins Etre MEN EPL RER RP ERReE Bouguet (J ), negociant, à Huningue..............,....,... shit Bouis (C.), [membre à vie], au domaine de St-Julien, par Narbonne Boulard (l'abbé), économe à l'Ecole St-Joseph, à Reims Boulaye (Paul de la), ambassadeur de France, à Lisbonne ..... Bouley (Henm), membre de l'Institut et de l'Académie de médecine, professeur au Muséum d'histoire naturelle, inspecteur général des Ecoies vétérinaires, rue des Saints-Pères, 81......, Bouley (le docteur Paul), vétérinaire, rue des Saints-Pères, 61. Boullay-Lambert, négociant, boulevard Maillot, 40, à Neuilly. Bourakoff (Paul de), propriétaire-agriculteur, membre correspon- dant de l'Institut du ministère des domaines, délégué de la So- ciété nationale d'Acclimatation, rue de la Poste, 54, à Odessa.. Bourdais, curé de Beaumont-en-Véron, par Avoine Bourdel (Antoine), avenue du Roule, 60, à Neuilly.............. Bourg (le marquis Antonin du), au château de Prie, par Saint-Be- ss... unm-d'Azy, et rue Pierre-Charron, 45..............,.....,..... Bourgain (Gabriel), avocat, boulevard Saint-Germain, 106...... Bourgarel (Adrien), [membre à vie], vice-consul d'Espagne, à To NN Mona dou ob onda n0 dde na Ut a0 po Bourgaut (Henry), île de Puteaux.............. A TAN S& Bourijuge (A.), avocat, à Angers........:........... (OS DORE Bourran (A. Léonce de), ancien receveur principal des douanes, 15, rue Louis-Philippe, à Neuilly............. STADE due ; Boursier (Charles), aviculteur, à Houdan.............. NUE La Boussineau (Ollivier de), à Sucé, près Nantes................. Bouts (Alfred), rue Saint-James, 8 bis, à Neuilly............ er Bouvaist (Alfred), rue de 1a Chaussée d'Antin, 43.............. Bouvier (Aimé), [membre à vice], voyageur naturaliste, avenue tu Roule, 42% 4 MeuILT, et en ne mate Re ete etehie te Se te ARE ITALIE. ÂLLEMAGNE Seine. Ardennes. Nord. Saône-et-Loire. Nord. Vienne. P. Bouches-du-Rhône, Seine. Côte-d'Or. Manche. Loire. Gironde. P. Allier. ALSACE. Aude. Marne. PorTuGAL.. JE Je Seine, RUSSIE. Indre-et-Loire. Seine. P. Nièvre. P. Var. Seine. Maine-et-Loire. Seine. Seine-et-Oise. Loire-Inférieure. Seine. Bouvret (Eug.), chef du secrétariat dela compagnie des Chemins de fer du Midi, 11, passage Massena, à Newilly................ Bouygues (Louis-Eugène), receveur de l'enregistrement, à Nonan- CO es due » « Charente-Inferieuré, Fortin-Herrmann, ingénieur, boulevard Montparnasse, 138: Foubert (Alfred), sénateur, propriétaire, à Saint-Sauveur-le- Vicomte, et rue de Varenne, 44................................ Fouecaucourt (le baron de),[ membre à vie], propriétaire, à Belloy, près Péronne................................................. Fouquier d’Hérouël, propriétaire, maire de Foreste........... Fouquier de Maziéres, inspecteur des forêts de l'Etat, à Saint- Germain-en-Laye, et rue de Moscou, 3........................ Fourgous (Henri), 8, rue du Centre, à la Garennne-de-Colombes. Fourment (le baron Auguste de), propriétaire, au château Cer- camp, par Frévent et rue Pierre Charron, 51.................. Fournel, |membre à vie], négociant, à Vitry-le-Francois....... Fournés (le comte de), au château de Cambes, par Caen....... Fournier (Gaston), rue de Berlin, 21........................... Fournier (Henri), [membre à vie], ancien ambassadeur de France, au château des Pâtis, près Vouvray, et boulevard Mont- MAMAN 2eme: mec eeepc Fournier (P.-Félix), [membre à vie], propriétaire, à Eichbühl, prés Thoune (canton de Berne), et rue de l'Université, 119...... Fournier (G.-A.), apiculteur, AAISSOILEE LA - cie Cheat ete c Foy (le comte Fernand), faubourg Saint-Honoré, 85 ............. Fraiche (Félix), professeur au collège Stanisias, rue de Vau- in MODO EE ee né uoduboue GET. AR RRMOAANATE SR CANIN ‘Francquevile (le comte Roger de), capitaine d'état-major, rue des Parmestdold OA M Me nn eee ame ont à Dogs eee Fremont (Ch.), mécanicien, rue de Clignancourt, 124........... Frémy (L.), ancien gouverneur du Crédit Foncier de France, puede ISDONN ES 2 SN ARR LE ARE EE RTE RL, Frémy, membre de l'Institut, rue Cuvier, 33............ dia ts Frémy, avocat et propriétaire, rue des Ponts, 5, à Loches...... Frère, au château de la Barre, par Ouzouer-sur-Trézée......... Fresne (Eugène de), place de la Madeleine, 10................. Freté (Jules), bouievard de Sébastopol, 12, à Paris et boulevard ALTO TENUE DNS RE RDRE PE ee AO RS PA PR Dosssrsnsss essor eseosossessrseses Fumouze aîné (le docteur), faubourg St-Denis, 18...... ........ Funek, directeur du Jardin zoologique de Cologne, à Cologne... Furet (l'abbé), [membre honoraire], curé de Notre-Dame, à Laval... ET AN Canne | Contre et A re Fuzier-Herman, propriétaire, à la Houssière, par Ligueil...... Gadala (Ch.), à Saint-Prix, par Saint-Leu-Taverny............. étiboule tard oissonniere 2) Re RE Gadeau de Kerville (J.-V.), [membre à vie], manufacturier, rue du Passage-du-Pont, 7, à Rouen... ....................,,. Gage (le docteur Léon), rue de Grenelle, 9..............,...... Gaïllard (Alexandre), squarre du Roule, 2, faubourg Saint- Honoré} 2292.22... -mbsis NRC TRE CR Gaillard (Paul), à Menucourt, par Vaux, et rue Laferrière, 10... Gaillard de la Dionnerie (Henri), [membre à vie], ancien. conseiller à la cour d'appel de Poituers, à Poitiers... ... ANR Galard-Béarn (comte Roger de), à Mendeville, près Caen...... Gallaïis (F.), à Mamora, commune de Daouda, par Coléah, et au château de Ruffec : CC P. P. Manche. Somme. Aisne. P. Seine-et-Oise. Seine. P.. Pas-de-Calais. Marne. Calvados. JP. EX Indre-et-Loire. P. Suisse. Puy-de-Dôme. P: P. Calvados. 12 0 PE Indre-et-Loire. Loiret. Jeu P. Seinc. PA Ja Basses-Alpes. DANEMARK. PE ALLEMAGNE. Mayenne. Indre-et-Loire. Seine-et-Oise. P Seine-Inférieure. 1earni P. Seine-et-Oise. Vienne. Calvados. Algérie. Charente. XXXIV Galland (F.), vétérinaire à Mon-Idée-Saint-James.....,.....,.. Galle (le docteur), [membre à vie], médecin de la marine, à SISLOTOM SE A MNT Dee Mobiles sens esosreeverrsperee "URSS DIE Gallimard (Gustave), [membre à vie], rue Saint-Lazare, 79..... Gallo (Charles), sous-chef au ministère de l'intérieur, rue de DOUAI LD à ave te ee AU © de TS MERE On et Ce ete Gallotti (le commandeur), à Naples...............,............. Ganivet (A.), juge de paix, à Douvres-la-Delivrande......,.... Ganneval (Auguste), rue du faubourg St-Honoré, 47.....,...... Gardame (le comte), [membre à vie]..................,,..... Gardin (Auguste), ancien maire, chemin du Hallage, 6, à Margny- les-Compiègne RE EE) Gareau (Eugène), membre de la Société d'agriculture de France, ancien député, rue Duphot, 14 Garnier (Charles), propriétaire, au château d'Orainville, par Athis-Mons, et avenue de Messine, 15........................, Garnotel (A.), à Fremeuse, par Bonnières.,.....,...,......... Garnot (Emile), président de la Société d'agriculture de la Man- cbe, propriétaire, pavillon de Bellevue, près Avranches ,.,...... Gaspard (Félix), notaire, à Saint-Jean-de-Bournay........ SAS Gastinel-Bey, [membre à vie], professeur de physique et de chimie à l'Ecole de médecine et directeur du Jardir d'acclima- tation, au Caire ONCRCECEC EE ECC CCC torse reeeeeresenee ses seen sceesreseee Gattiker (J.-G.), boulevard Bonne-Nouvelle, 31............,..... Gaucher, docteur, à Arbal, canton d'Aïn-Temouchent.......... Gaudinot (Philibert), propriétaire, avenue de Neuilly, 63, à Neuilly torse see erereeversereseceseeeeresesvesesseseseste.e Gaudouin (François), rue du Nord, 30, à Neuilly............... Gautier (Jules), banquier, au prieuré de Baillon, par Viarmes, et rue d'A GueRsbaR 3... nee Ge luee ae adm aPc acute Gautier (Jules), avocat, à la Cour d'appel, rue de Trévise, 43... Gauttier-Faugères, [membre à vie], négociant à Issoire ..... Gavet (Emile), architecte, boulevard du Palais, 11 bis........... Gaviria (J.-A.), [membre à vie], rue Duban, 2................ ar Dssse (Albert-Joseph-Louis), propriétaire, avenue Fried- and, roro verers errors ee resserre rrerseeesosesr.sese see (Adrien), [membre à vie], propriétaire, à Plainfaing, par raize none en e ns e re eom eee nest rte se Gellée (J,-B.), boulevard des Sablons, 2, à Neuilly............, Gelot (Paul), notaire, à Saint-Cyr-des-Gatz...................., Gennadius, inspecteur de l'Agriculture, directeur du Jardin Dendrologique de l'Etat, à Athènes sanet (Albert), ancien secrétaire-général, à Fléac, près Angou- ème CCC CE Geoffroy (Jules). rue du Centre, 3, à Neuilly.................... Geoffroy-Château (Hippolyte), propriétaire, juge honoraire, à Bernay RC ] Geoffroy-Saint-Hilaire (Albert), [membre fondateur], direc- teur du Jardin zoologique d'acclimatation du Bois de Boulogne, à Neuilly CC CCC tt de Villeneuve (René), au château de Chartreuse, par JS D! s « » » bee MR Dire eu aient ea lea een 0 et PO a Gérard (Alfred), [membre à vie], industriel, à Bezannes........ Gérard (le baron Maurice), rue du Faubourg-Saint-Honoré, 85.. Manche. Basses-Alpes. FE. F. ITALIE, Calvados. Oise. P. Seine-et-Oise. Seine-et-Oise. Manche. Isère. Eayrre. P. Algérie. Seine. Seine. P. Seine-et-Oise. P: Puy-de-Dôme. P. EP: P. Vosges. Seine. Vendée. GRÈCE. Charente. Seine. Eure. Seine, XXXV Gérard (le baron), rue du Faubourg-Saint-Honoré, 85.,....,... P. Gérard (Charles), négociant, à Toulon.........,.,........,..... Var. Gérard (Louis), propriétaire, rue de Fleurus, 22................ P. Secaed (Albert rue Drouot 82e ERA ReNt P. Géré (Omer), propriétaire, parc de Montretout, à Saint-Cloud... Seine-et-Oise. Germaïn (Rodolphe), membre honoraire, à Rennes............. Ille-et-Vila Germain (Edouard), avenue du Roule, 40, à Neuilly........... Seine. Germann (le colonel), avenue de Neuilly, 4%, à Neuilly......... Seine. Germeau (Léon), à Chambon-sur-Voueize, et rue de Clichy, 71. P. Creuse. Gevelot (Jules), manufacturier, rue Notre-Dame-des-Victoires, 30 P. Gibert (Edouard), [membre à vie], boulevard Suchet, 55........ P. Gibert (Gustave), maire de Puissieux, et rue Maiïher, 20........ P. Seine-et-Marne Gibez (Eugène), négociant, à Sens..........,..2senessenns se e Yonne. Gignoux (Léon), avoué, avenue de la Grande-Armée, 64........ P. Gilbert Herdocteur AAA Grivete ne. ELLE SIREN Te MEME EAU Ardennes. Gildas (le R. P.), frère trappiste, au monastère de la Trappe de Saint-Paul-Trois-Fontaine, près Rome...................... ITALIE. Gillet-Rompard, propriotaire, à Vitry-le-Francais.......... .. Marne. Ginestous (le marquis Raymond de), rue de Madame, 54....... EP: Ginoux, [membre à vie], propriétaire, au chàäteau de Sucy-en- RE ns ee ces De ose de ea nus eee a Seine-et-Oise. Giot, propriétaire-agriculteur, à Chevry-Cossigny................ Seine-et-Marne, Giquel (P.), |membre à vie], rue du Faubourg-Saint-Honoré, 21. P. Girard (Maurice), docteur ès sciences naturelles, rue Gay- JUNE AS NAARQRS AE SALE APTIERSR EST ARE TAI NE QUE CE AN GES EAU P. Giraud (E.), avocat, à Alexandrie.............,...,............ Ecvypre. Giraudeau-Saint-Gervais (Abel), boulevard Hausmann, 174... P. Giraud-Ollivier (Savinien), rue Orbe, 39, à Libourne.......... Gironde. Girault de Prangey, à la villa Girault, par Prauthoy.......... Haute-Marne. Girer (Cyprien), rue des St-Pères, 11.............4l acer P. Girodon (Fernand), boulevard Haussmann, 137.............. .. La Gironde (le vicomte Bernard de), rue de Galilée, 37... LS P. Glatigny (Edouard de), rue Sainte-Anne, 14.................... pe: Gleize (François), rue Jacques-Dulud, 37, à Neutllps an te a Seine. Gnecchi (Joseph), [membre à vie], ingénieur, à Milan.......... ITALIE. Godart (Louis), ancien notaire, à Loches.......... eee. Indre-et-Loire. Godeaux (Ernest), [membre à vie], ancien consul de France, ruenderPhalSboue Toi Pa MAN enr | dés seane see : Godefroy-Lebeuf, horticulteur, à Argenteuil. ................. Seine-et-Oise. Godillot (Alexis), [membre à vie], rue Rochechouart, 52........ P: Godillot (Alfred), négociant, rue de Madrid, 23................. EL Godin (Paul), [membre à vie], à Huy, province de ièse. de BELGIQUE. Godin (Fernand), rue d'Orléans, 26, à Neuilly.,.......2........ Seine. Godin (Edouard), rue Layette, IL.....:...:.......... AR RER ME Fi Godineau (nes Brest. Et INRA er Charente-Inférieure . Godry (Edouard), au château de Galmanche, près Caen........ Calvados. Goll (Hermann) Diane... CM SUN me SUISSE. fombault (Charles), éleveur, à la terme de la Touche, près Saint-Denis-sur-Sarthon et rue Rouget de Lisle, 3............. P: XXXVI Gombauit (l: docteur), rue Rouget de l'Isle, 3................, Gombault-Darnaud (le baron Paul), rue Demours, 20.......... Gombert (vicomte Maxime de), boulevard de Clichy, 7......... Gomez (Juan-R.), propriétaire, à Malaga......................... Gommecourt (le baron L.de), propriétaire, au château de Gomme- court, par Franqueville, et boulevard St-Germain, 209.......... Gonzalez (le général don Ignacio Maria), [membre à vie |, ancien président de la République dominicaine..............,..,..... . Gorry-Bouteau, à Belleville, par Thouars.................,.... Goswin de Séverin, [membre à vie], à Sorinne-la-Longue, près Assesses, Dar NAMUr. RARE A ARR Ne nie SIN Goubeaux (Armand), [membre a vie], membre de l'Académie de Goubert (le docteur), rue Lafayette, 219...................... He médecine, professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, à Allort..... Goubie (Jean-Richard), [membre à vie], à Chatou, et aveaue de Wagram le RE. Le Cut Me ÉLIRE Lt TOR NET AA Goudehaux (E.), banquier, boulevard Maillot, 52, à Neuilly... Gouin, administrateur des Grands Magasins du Bon Marché, rue ua MER RME EE ee RSC EE Pr see Had Goujon (le docteur), place Daumesnil.......................... Goupil (Adolphe), rue Chaptal, 9.............................. Gourey-Serainchamps (le comte de), au château de Champotran, par Rozoy-en-Briot eme ML CÉRLECR eee CL Retro Gouxrdin (Delorme-Dominique), juge au tribunal civil, délégué de la Société nationale d'Acclimatation, à la Roche-sur-Yon. Le Gourraud (Charles-M.), aux Brouzils, par l'Herbergement....... Goury du Roslan (le baron C.), ancien ministre plénipotentiaire de France, avenue des Champs-Elysées, 27..................... Gowland (Raphael-Henri), au châtean de Kérien, à Quimper... Graëlls (Mariano de la Paz), [membre à vie], conseiller d’agri- culture et d'instruction publique et membre de la Commission centrale des Pêches au ministére de la marine, calle de la Bola, PANNE AL LENCO LA A TC A SP ER ARE PE Graffenried-Villars (le baron de), au château de Carlepont.... Grandidier (Alfred), [membre à vie], Rond point des Champs- Elysées} ONPERMREBE UE LES 0 PA APRIL RQ ANNEE EEE Grandin (Léon), rue Frémicourt, 10............................ Grandmaison (Georges de), aveaue Montaigne, 55.............. Granger (Albert), [membre à vie], architecte, boulevard Ma- Denta, Deere niet ee lets lee an eee ele Cie eee LG ee Gratiot (Ernest), à la Ferté-sous-Jouarre....................... Grazais (le docteur E.), à Guérande............................ Greffulhe (le vicomte Henri de), rue d'Astorg, 8................. Greffulhe (le comte Charles de), rue d’Astorg, 10............... Gréham (Laurent), avenue de Neuilly, 195, à Newlly.......... Grehan (Albert), consul général de S. M. le roi de Siam, rue Pierre- le-Grand, 8:22 He RS PRE ER TR le PRE RE ANNE Ua Grellou (Henri), propriétaire, à Verrières, près Sceaux, et rue Hrancois 1657 197, 2, ARR RSS EE Re Grisard (A.-V.Jules), agent général de la Société nationale d'Ac- climatation, gérant de ses publications, rue de Lille, 19, et rue du Pont A arChoisy=le Ro PEER ENTRE RER PES eRRERCE TE Gros(Fernand), ingénieur des Arts et Manufactures, à Wesserling. Gros-Hartmann (Edouard) délégué de la Sociéténvtionale d'Ac- chimataton am Wresserling: sas ..0e ee ERRe ee DRE CE ee «rottanelli-Ugurgieri (le comte), à Florence et Castello de Bel- lagais, presso Roscatrado grossette Gruèëre (le docteur Victor), à Dijon Guénot, rue Montinénsier, 92.4... ee. ere Guérie (Ferdand), [membre à wie|, percepteur des contributions directes , à Bacqueville nn mm mms CCC CCC nn mm mme P. ESPAGNE. P. Pas-de-Calais. Deux-Sèvres. BELGIQUE. P. Seine. P. Seine-et-Oise Seine. 15 P: 1Ee Seine-et-Marne. Vendée. Vendée. P. Finistère. EsPAGNeE. Oise. He P. P. 2. Seine-et-Marne Loire-Inférieure. P. P. Seine. PR P. Seine. P. Seine. ALSACE. ALSACE. ITALIE. Côte-d'Or. 18) Seiue-Inférieure. Guérin de Sossiondo (J.-Ch.-Paul), au château de Fonfrède, Ne JOUE RAR AIG RPERPRPERRRECRE PORC EME PE ERERNE MA te Guesnet (Louis), artiste-peintre, rue Bassano, 36............... Guibert, pharmacien, à Trévières.............................. Guichard (Jules), [membre à vie], avenue Le Messine, 10....... Guilhou (Ernest), propriétaire, à Laclau, par le Boucau......... Guillaume, directeur de l'École de jardinage, à Villepreux..... Guillaumet (Emile), rue Castellane, 8.................:........ Guillaumet (Léon), manufacturier, avenue du Bois de Bou- rene US AT EPP PR HD EE CRD CHP DE ARRETE EE Guillebert (Louis), propriétaire, rue des Fossés-Saint-Denis, 12, Fouad sb T bo HAL CE MERE AE OE oPRROPe Guillemaiïin (Paul), ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue TOMBER eo ARR Re CRE a late De ee RE re ONE Guillemet (Gaston), négociant, rue des Loges, à Fontenay...... Guillemin (Jean), avenue de Neuilly, 170, à Neuilly........... Guillemot (Léon), avenue Sainte-Foy, 4, à Neuilly............. Guillotaux CÉDROEe)e propriétaire, au chateau de la Cardomière, commune de Quéven, arrondissement de Lorient, et rue de CARTES NI AM OLIEN be ralentie oslerat re URI Me IN are NET EE Guinard, armurier, avenue-de l'Opéra, 8....................... Guiton (le vicomte de), au château de Bonnefontaine, par Antrain. Guitton (Henri-Ernest), notaire, à LA Roche-sur-Yon..........., Gury (Prosper), [membre à vie], vétérinaire militaire, rue Jouf- OV . Jële pé à 08 bo ETC MAR UE RIRE ec EE AAC PRET SL Guy aîné, [inembre à can propriétaire , ancien directeur de l'A quarium toulousain, rue Saint-Jérôme, h à Toulouse............ Guy (Joseph), [inembre à vie], propriétaire, à Aïgre............ Guyard (Léon), avocat, Aïn-Temouchent..................:.... Haber (le baron de), au château de Courances, par Milly, et rue Rabelais, 1 Hagembeek (Carl), [membre à vie], à Hambourg.............. nono sens ses sons. Hahn (Carlos) rue dupGirque, 0.24. -ee. eee etes su seee Halim-Pacha (S. À. le prince), [membre à vie], à Constantinople. Halphen (Constant), au château de Batailley, par Pauillac, et rue Tilsitt, 11 sonner ses ere ss seen eueseesesessssseeertecese Hamel (Casimir), négociant, rue de Paris, 139, au Havre......... Hamonville (le baron Louis d'), [membre à vie], propriétaire, au château Manonville, par À Ne -aux-Prés _….ssssssossss.ssese Harcourt (le marquis d'), au château de Saint-Eusoge, par Rogny, etirue desCrrenelle la PER Ne er An nn A Ut ne Harembert (baron d'), rue de Saint-Pétersbourg, 14........... Harding (Palmer), banquier, rue de la Chaussée-d'Antin, 15. Hardon (A.), conseiller général de Seine-et-Marne, ingénieur, avenue des Champs-Elysées, 122............... AA ah IAE Hardy (le docteur Ernest), chef des travaux chimiques de l’aca- démue de médecine, rue de Rennes, 90....................,... Hardy (Ch.-Gust.), manufacturier, rue du Rocher, 35............ Hardy (Léon), rue Galilée, 51.....................,...... AHETENTS Harel (Alfred) truetde Turin, 34... Re 0: M'A Harel (Emile), boulevard Haussmann, 146....................... Hatin (Eugène), notaire, rue Saint-Honoré, 231................. Hautpoul (le comte), à Trouville-sur-Mer, et place du Palais- Bourbon, 7 CCC XXKNVIT Charente. PR. Calvados. P. Basses-P yrénées. Seine-et-Oise. Fe Be Seine. FR: Vendée. Seine. Seine. Morbihan. P. Ille-et-Vilaine. Vendée 12: Haute-Garonne, Charente. Algérie. P. Seine-et-Oist, ALLEMAGNE. EP TURQUIE. P. Gironde. Fe Seine-Inférieure. Meurthe-et-Moselle. P. Yonne. P. P. 18 P, Calralos. XXXVII Hauvel (le comte du), au chäteau du Pin, par Moyaux, et ave- nue des: ChHatips-Elysées, 120.......4...céphes. Lente, P. Calvados. Hays, filateur, [membre à vie], à Saint-Maïxent............... . Deux-Sèvres. Hecht (Etienne), négociant, boulevard Haussmann, 140......... pe Hédiavd (Ferdinand), négociant, rue Notre-Dame-de-Lorette, 13. P. Heine (A.), [membre à vie], banquier, avenue Marceau, 85....... 5 Hély d’Oissel (Paul-Frédéric), [membre à vie], ingénieur civil des Mines, rue de Chalet 0 PR RE Re É. Henrionnet (Henri), à Charny, près Mouron, par Grandpré..... Ardennes. Henriques (J.), directeur du Jardin Botanique de Coimbra..... PorTuGAL, Henning (Ernest), avenue de Wagram, 129........ A ie ee P. Herbelin (Elie), rue des Graviers, 3, à Neuilly ................. Seine. Herelle (Paul), [membre à vie], rue Marignan, 21.............. Fe Héricourt (A. d'), rue de Berri, 17............................. Fe Héricourt (Edgard d'), au château de Théribus, par Fresneau- Montchevreuil, et rue de Berri, 17............................. P. Vise. Hernoux (Eug.), négociant, avenue de Neuilly, 211, à Neuilly... Seine. Heroguelle d'Amiens (Victor), à Saint-Pol.................. Pas-de-Calais. Herran (Jean-Victor), ministre plénipotentiaire de la République de Honduras, rue Decamps, 27.....,......,...............,... P. Hervey de Saïint-Denys (le marquis d'), (onerabree à vie], au château de Bréau, par Ablis, et rue du Bac, 1: P. Seine-et-Oise. Bouches-du-Rhône. Hesse (Ernest), à Marseille.......................... vsistats eee Heughebaert, avocat, à Pec-lez-Tournai...................... BELGIQUE. Heuzey-Deneirouse, ancien manufacturier, administrateur du Crédit foncier, place de la Borde, 6.:.....,..,.:....,...4,.... É- Hibert (Charles), [nembre à vie], rue Saint-Lazare, 62......... P. Hiélard (Charles-Léon), [membre à vie]. négociant, rue de Maille eue MR TR tn ae JE Hignet (E.), rue de Saint-Pétersbourg, 24.......,...,,,,,...... P: Hirigoyen (le docteur), rue de Cursal, 38, à Bordeaux........... Gironde. Hirsch (Isidore), négociant, rue Charles-Laffitte, 59, à Neuilly.. Seine. Hiss (Auguste), au château du Verger, à Vernon, commune de Beaugency ..... RS nn LÉ ALU ones 61 04 ‘..., Loiret. Hiver (A.), à Crouy-sur-Ourcq...... PROC MEN ERR EE SERRE ee Seine-et-Marne. Hocédé du Tremblay (Pierre), au château de Rubelles, par Melun. UM dis rest OSEO MR EE et 60 ie . Seine-et-Oise. Hoche (A:), 4, rue Mignérdi ir sent cumrats 61 alueme 2. 4 A ste à P: Hofële (Charles), [membre à vie |, avenue du Bois-de-Boulogne, 64. P. Hofer (Edouard), manufacturier, à Nieder-Morschwiller. ....... Arsaces. Hogg (Th.-P.), pharmacien, rue Castiglione, 2................... P. Hohenlohe (S. A. le prince), ambassadeur d'Allemagne, rue de Lille, TOR LRU os. dorées isoiisosesires ion ieisres.e Pi Homans, ayenue de l'Opéra, 19...:..:..:.:...,::..443:..:.448t P: Hooker (le docteur), [membre honoraire]; directeur du Jardin royal de Kew, près Londres: ::4:42ss2mu1 6eme Hôrnsby (Edouard), [inembre honoraire], secrétaire du Bureau des travaux publics et des pèchéries d'Irlande, à Dublin (Irlande). GRANDE-BRETAGNAR. GRANDE-BRETAGNE. Hosteins (Pierre), rue de Vigny, 14..:::..:.,:......:.......... ; A Hottinguer (Joseph); [membre à vie|; rue Laffitte, 14:.:.,..:... P. Hottinguer (Jean); [membre à vie]; rue Laffitte, 14..:,.:...... P. Hottinguer (Francois), [membre à vie], rue de Provence, 88... P. Seine Héudard (Alolphe), avenue de Neuilly, 136, à Neuilly..:........ XXXIX Houpin (Ernest), industriel, à Reims..................... DE Marne. Houzeau (Léon), éditeur, place de l'Ecole-de-Médecine........ P. Huard (Noël), rue du Port, à Mauves.............,............. Loire-Inférieure. Huber (Charles), de la maison Ch. Huber frères et Cie, horticul- ECS. CIS LE LES EE A PR NON RE RS Var. Hubert (Charles), à Sainte-Néomaye, par La Crèche............ Deux-Sèvres. Hubert-Brierre (A.), propriétaire, rue Moncey, 14............. JE Hubertde Sainte-Croix (Anastases-Charles-Emmanuel),| membre à vie], propriétaire, Grande-Rue, 151, à Sèvres et à Gastonville. S.-et-Oise. Algérie. Huchet (Ernest), négociant, boulevard Bonne-Nonvelle, 10...... P. Huet (Léonce), [membre à vie], propriétaire, à Etampes......... Seine-et-Oise, Huet, aide-naturaliste, rue Cuvier, 47........................... PE Hugues (Guillaume), rue des-Mathurins, 49............... CFA P, Hugues (Louis), à Etoile et rue Rollin, I8...................... P. Drôme. Hulot (Albert), rue Hafayette; MASON AN RENE VAR EAN DE 5 Humières (Fernand d'), au château de Conros, par Arpagon .. Cantal. Huot (Gustave), propriétaire-agriculteur, à Saint-Julien, par ADPONESE.. D AARRDNM SN Ne LA 0 GEAR IAE AM ie APE ENS Aube. Huret-Lagache, fabricant. au Pont-de-Briques, par Boulogne- SUR MER Re SAS CR LE Ldllhne CRU dant es EME EL Pas-de-Calais. Huyot (Ernest), ingénieur des mines, directeur du chemin de fer du Midi, rue du Cirque, 10..... RL A AN ME P: Huyot (Jules), graveur, rue des Saints-Pêres, 34................. je, Imbleval (Raymond d'), au château de Romesnil, par Blanzy-sur- ) JE ASIE RIRES EE PES CA Ro SE NA RE AR Seine-Inférieure. Jackson (James), [membre à viel, propriétaire, avenue GARE 0 Ed tte Taglotel qn epaerne Drde L pe RU P: Jacquemart (Frédéric), [membre fondateur], propriétaire, membre de la Société d'agriculture de France, ancien élève de l'Ecole polytechnique, à Quessy, par Tergnier et rue du Fau- HOUR EP OISSONMRIÈRE, BLEUES IRAN ERREnL ET et do Has P. Aisne Jacquemart (René), à Quessy, par Tergnier, et rue du Fau- bourg-Poissonnière, 58...:................ Are SRE chaos P, Aïsne. Jacquemart-Ponsin (Adolphe), place Godinot, 4, à Reims.... Marne, Jacques (Jules), propriétaire, au chateau de Bel-Eau, par Donzère er rue Dragon, 55, à Marseille........... Fa Te Drôme. Bouches-du-Rhône. Jadin (Emmanuel), rue Jadin, 5 bis...,......... LR ae PES Jaeger (Philippe), [membre à vie], négociant, à Versoix........ SUISSE. Jagerschmidt, ancien sous-directeur, au ministère des affaires ÉtMANS RES Tee PATES LME ed PAL pl: P. Jameson (Conrad), propriétaire, banquier, à Douai, et boulevard Malesherbes, 121, avenue de Valois, 5......................... P. Nord. Sanzé (le vicomte Frédéric de), propriétaire, rue de Marignan, 12, P. Janzé (le comte Albert de), [inembre à vie|, à Neufchâtel...... Seine-Inférieure. Jaucourt (le marquis de), rue de Varenne, 62.......,.......... P. Jaunez (Gustave), propriétaire, sous-lieutenant de réserve au 2e de ligne, à Mont-Jarry, par Avranches.......... 4.20: Manclie. Jaurand, propriétaire, ancien maire de Vichy, au château de Quantilly, canton de Saint-Martin-d'Auxigny........ DATE ET Cher, Jean (G.), propriétaire, rue Oudinot, 12.......... DRAM NP, Jeannel (le docteur), Villa Bleue, à Villefranche-sur-Mer....., Alpes-Maritimes Jobert, professeur à la Faculté des sciences, à Dijon...:,.,..:.. Côte-d'Or. Joffrion (Ludovic), rue Saint-François, 12, à Niort......... .... Deux-Sêvres. Joinville (le prince de), [inenbre à vie]....,.,..... GEL oNe re P: JOolv (Charles rue BoisyedAnelaseil PRO ELE LEe pe XL Joly(Eug.), propriétaire rue du Rond-Point, 13, au Grand-Mont- | PAUSE à à 00 Me Me Die ee 2 die 5 die Le 010 ee mue ia Bi fee RE cr SP Seine. Joly (Charles), [membre à vie], aucien notaire, rue de Seine, 34. P. Jonquoy (Ivan), propriétaire, au château de Mendeville, près Caën-etmue de Naples, AT EPA PE MERE ARE PRE P. Calvados Jordan (Samson), rue Viète, 5........,,....,,...........eesoes 5e Joret (Pierre), rue de la Michodière, 18....,.,.................. P. Joseph-Lafosse (Pierre), propriétaire, à Saint-Côme-du-Mont, près Carentan...........,..tssssssessseereneeee Manche. Jouanno (Ferdinand), rue du Marché, 51, à Neuilly............ Seine. Joubert (Edmond), rue de Balzac, 23.......................... P. Jouenne (Athanase), propriétaire, avenue de Neuilly, 170, à A ES AR D D OO En 29 LE 2 EL I I EM ARR Seine. Jouet (Georges), au château de la Tour-à-l'Oiseau, Chauvigny... Vienne. Jouffrault (Abel), propriétaire, à Argentan-Chateau....... LEA OMDEUTR-SEVrES Jourdain (Frédéric), boulevard Malesherbes, 50.............. in iPe Julien (Frédéric), receveur des douanes, à Chantonay, près \ Nantes. RM 2 PER Detail N'RNAQE Eu AR UNE Ron à AAA ES Se AUTRE SRE Loire-Inférieure, Jullien (Gabriel), [membre à vie], place Bellecourt, 17, à Lyon. Rhône. Jully (Eug. Alfred), boulevard Péreire, 227..................... 1 Jumel (Albert), avocat, à :Amiens...,............,....14....2,: Somme. Juncadella, [membre à vie], calle de Fernando, à Barcelone.. ÆEsPAane. Kaltenmeyer, lieutenant-colonel, à Bâie...................... SUISSE. Kann (Max), [membre à vie|, Faubourg Saint-Honoré, 223, squaredlu Rene 0 RSC RE NE El nuls ei es ee P. Karcher fils (Henri), à Ars-sur-Moselle.........,............... LORRAINE. Kawada Sagami no Hami (S. Exc.), [membre à vie], troi- sième ambassadeur du Taïcoun du Japon, à Tokio............. JAPON. Kawatzou Rioïi Sourou Gadai Kata Kugatio (S. Exc.), OA OU ANNE APCE Le N TL) O8 ALORS DER SERA AN MEET JAPON. Kerambrun (Denis), notaire à Belle-Isle-en-Terre.............. Côtes-du-Nord. Kern (E.), hauduier rue Serbe a mn ER. supers JP Kérouartz (le marquis Alb.-Jacques-Henri de), aux Salles, à GUIREATMPE LEE AMENER ER MS MEME En PR SLS NEC AR LAS ….. P. Côtes-du-Nord. Kersaint-Gilly de la Ville Colvé (comte de), villa Bignot, à Etablet: cena ee ee Re Re PRE EE El ER Côtes-du-Nord. Kervénoaël (Charles de), au château de Talhouet, près Pontivy ga RE ANR NS RER en MR PP RER Net Re Morbihan. Kegtner, ancien député, à Thann, et avenue Marceau, 81....... P. Arsace. Khérédine (S. Exc. le générai), [membre à vie], ancien ministre de "la marine Qu bé Ie RUES RE eme Ale der enr eRE TUNISIE. Kicner (Jean), à la Forge, par Wirh-au-Val.................... ALSACE. Killian (A.), [membre à vie], architecte-paysagiste, rue de Bris- BAC ATNDOTS à» meoges ee 0 DR ee me lo ae MTL 2 Ne le TEL Maine-et-Loire. Klipsch-Laffite (Edouard), négociant, rue de la Paix, 10, à Pa- ristet rue Boudet, 2l,.à Bordeaux Le nl ENNEMI Gironde. Kæœchlin (Charles), [membre à vie], négociant, à Mulhouse..... ALSAoE. Kralik (Louis), [membre à vie], à Tresserve, par Aix-les-Bains. Savoie. Kreuter (Franz), [inembre à vie|, architecte et ingénieur civil, Rasumons Kysasse29,1,à Vienne..:... 400 I NPA UE AUTRICHE. Kubler (Edouard), rue Bausset, 21..,..,...,,..,,... EURE P. Labarraque (le docteur Henri), boulevard de Strasbourg, 57.... P, Labélonye, pharmacien, rue d'Aboukir, 99...,......,.......... P: Laborde (vice-archiprètre), curé de Landiras......,....,.., ,... Gironde. XLI Labour, vice-président, au tribunal de première instance de la Sennesnue)deRivO ASS ete CURE TARN Le te Pi Labouret, boulevardHaussmann, 28........,................... ja Labourmène (le comt:Paul), propriétaire, au château de Saint- Pierre-de-Vouvray, et boulevard Malesherbes, 93............... P. Eure. Labrife (le comte Camille de), à Chapton, canton de Sézanne, emre de Université LLO RES ES eNNN EE Re A CA P. Marne. Labriffe (le marquis Arnaud de), lieutenant au 85° de ligne, au ? | château de Neuville, à Gambais ..... A AA PEL PO Bio Seine-et-Oise. Lacapère (Firmin), propriétaire, rue Taithout, 14............... jee La Chesnais (Edmond de), [membre à vie], au château de la ik SALON DA TAN CSS RPM A LE RATER te Saône-et-Loire. Laclaverie (Alfred), rue de Saint-Péterbourg, 2..:............ P. Lacroix (Léon), avenue de Neuilly, 56, à Neuilly................ Seine. Laferrière (Joseph), [membre à vie], ancien consul du Salvador, ne Sante oO LAMULLE LE A ARE me RS E? Lafon (le docteur J.-J.), à Sainte-Soulle......................... Charente-Inférieure. Lafont (le vice-amiral Jules), ancien gouverneur de la Cochin CAC MERE CARS AE RS RER D A RS AE Ce En et Finistère. Lafont (Emile-René), avocat, à la cour d'appel, rue de Bertin, 31. P. La Force (Gabriel de), propriétaire-agriculteur, membre du con- seil général, au château de Jourmiac, par Champs-de-Bort...... Cantal. MANS SNA SAR MENU UNE NRAIEUX RD FAR ER Re TR 2 a Ra Sarthe. Lagrange, [membre à vie], ingénieur, à la Croix-Verte-les-Autun. Saône-et-Loire, Lagrenée (Georges), à Beauvais ...................,.......... Oise. Lahaye (Eug.), notaire à Pontfaverger.............. DA NE ee Marne, Lainné, ancien capitaine de génie, à Sissonne.............. ..…. Aisne. Lainné, propriétaire, à Braisne.................., EP Mes NE Aïsne. Lair (Ernest), négociant, rue Saint-André-des-Arts, 60..... MEIOS BP, Laïr (le comte Charles), [membre à vie], propriétaire, au château k de Blou, par Longué, et rue Las-Cases, 18............ AR: Nat P. Maine-et-Loire Lalnnce (Auguste), manufacturier, à Pfastatt......... SPA PERS EL ALSACE. Lallemand (Henri), boulevard Haussmann, 110.2 ............... 12. Laloue (A.), négociant, rue Neuve-Bourg-l'Abbé, 4....,...:.,..: px Lamarcehe (Alfred), rue de Louvrec, 91, à Liège............... BELGIQUE. Lameth (le marquis Henri de), rue de l'Université, 113........ P: Lami (Réné), boulevard Malesherbes, 110....................... P. Lamy (David), avoué, boulevard de Strasbourg, 6............... F: Landrin (Alexandre), médecin-vétérinaire, rue des Vinaigriers,6. P. Lang (Gustave), 6, Uhlandstrasse, à Stuttgard .................. ALLEMAGNE. Langie (le marquis de), au château du Plessis, par le Sel, et rue 2h detOniversite IRON AC RSR AN RUE Ac, At ei, P. Ille-et-Vilaine. Languillat (Auguste), architecte, à Issy........... me vs «.... Seine. Lanjuinaïs (le comte Paul-Henri), au château de Kerguéhennec, é par Sant-Jean-de-Brévelay, et rue Cambon, 31................ P. Morbihan. Lanthiez (Auguste), propriétaire, à Noreuil, canton de Croisilles.. Pas-de-Calais. Laour (E), [membre à vie], rue de la Faisanderie, 61........... P. La Panouse (le vicomte Arthur de), rue Saint-Dominique, 33.:. P. La Perre de Roo (Victor), château de Villiers-sur-Morin, par SD RS PAM SL Se th MA er Seine-et-Mar:r: La Peyre (Fernand), à la Chaumière, à Périgueux............. Dordogne. Laporte, rue de la Cité, 9, à Périgueux...........,..... D Side ete . Dordogne. Larangeiras (le vicomte das), [membre avie], pair du royaume dérbortusal)a"Sant- Michele 2.2 ee PEN. 2. ACÇORES. Larcher (le docteur), grande rue de Passy, 97............... Geo dl XLII Lareinty (le baron de), sénateur, boulevard Saint-Germain, 191. P. Larguier des Bancels, directeur du musée de zoologie, rue du Bourg, 29, à Lausanne..................................... SUISSE. Larnage (vicomte Vincent de), [membre à vie|, au château de la Bretonnière, par St-Vallier, et rue Boulainvillier, 37........ P. Drôme. Laroche (Claude de), [membre à vie], consul de France, à La- rache, et à Grange-Neuve-Oluny..........,....,............... Maroc. Sadne-et-L. Larrieu (Ollivier), propriétaire, à Badech, par Villeneuve-sur- TRE PE NP 0 oo Nr OO 0 UE LL Lot-et-Garonne, Lassée (Edgard), propriétaire, à Ruffec....... 3 SEM He A NCRERE Charente. Lasserre (Georges), avocat, propriétaire, à Saint-Clar.......... Gers. Lataste (Fernand), [membre à vie], avenue des Gobelins, 7.... P. Laterrière (de), rentier, rue de Laval, 26........,.,............ pe: Latour (Gustave), négociant, à Corpeau, par Chassagne......... Côte-d'Or. Latute, régisseur, au château de Rocquencourt......,.,......... Seine-et-Oise. Laugier-Villars (le comte de), rue de l'Université, 24 ......... F Launay (le baron A }), rue Vignon, 20......................... À . Laval (Fernand), propriétaire, au château de Millassole, près Castres ie alain ae nie sie eee etes ei ce re alla ee Taru. Lavalley, propriétaire, au Manoir du Bois Thillard, par Pont- D'AVRIL Le ebesrre-- ee pececneemerece---Luerer eh .. Calvados.” Lavater (Charles), 29, avenue du Roule, a INPI... Reed Seine, Laverne, notaire, rue Taitbout, 13, et à Gonesse................ P, Seine-et-Oise Lavigerie (Mgr), archevêque d'Alger, à Alger........... Se Algérie. Lavigne (Henri), [membre à vie], ancien officier de marine, rue de l'Église, 17, à Neuilly...........:..........:.:............, Seine La Vrignais (de), sénateur, au château du Bois-Chevalier, par Légé, et rue Galilée, 44.................. LCD ER P. Loire-Inférieure. Lawrence (G.-N.), [membre à vie], naturaliste, 45, East, 21, SINew- York orchestre cace Hole at dieu tenais AA ErTaTs-Unis. Layens (Georges de), à l'Ermitage, par Bélabre...,.,.,.:...... Indre. Lebaudyÿ (Jules), boulevard Hatasnuine deu se ut, 122 Lebaudy, rue d'Amsterdam, 81,....... AN Corot n tre bontn Je Le Berre (Alfred), médecin-vétérinaire, à Lannion ..:..... s1::: Côtes-du-Nord. Lebeurier (E), [membre à vie], négociant, à Kérimou-Brest.. Finistère. Leblan (Edouard), à Couvonges.i.,41.3....444...,..,55,:..:4: Meuse: Leblanc (douar inspecteur général des ponts et chaussées, rue des Vignes, 14................. ST A AI Dasscer on DIRE Leblanc (E.-Camille), vétérinaire, avenue Malakoff, 68.....:..; P. Leblond (Ëdmond), avenue de Neuilly, 135, à Neuüly.:......:: Seine. Le Bœuf (le maréchal), au Moncel, par Trun,..ssssss4::::::1. Orne: Leboucher (Constant), [membre à vie], rue du Petit-Carreau, 27 P!, Le Bret (Paul), boulevard Haussmann, 148..,,................. P: Lebreton (A.), rue Notre-Dame-de-Lorette, 39,........,......,. P: Lebrun (B.-Anasthase), rue de l'Eglise, 4, à Neuilly ............ Seine. Lecaille (Jules), négociant, à Avranches .....,.,,,. NES RS AT Manche, Lecaron, propriétaire, rue de l'Est, 3, à Neuilly...........,.... Seine. Leclere (le docteur A.), [membre à vie], à Rowllac........... Charente. Leclere (P. L.), avenue de Neuilly, 182 ..........:............. Lecoiïntre (Louis), [membre à vie], propriétaire, rue Neuve-de- MO aime Non POITIERS. 5er ces TC sen da den an el Lecomte (Jules), membre du Conseil général de Seine-et-Oise, muette anist4l;:à Méulans 29e RUN LE NOR MAERATr Lecogq (Philippe), fabricant d'horlogerie, rue Turbigo, 51........ Lecogq (Henri), aux Chaumes-du-Puy, par Menat............ CE Lecoq (Joseph), propriétaire), au château de Hilgny, commune de Hostel St-Gernmine, Ce : Bed aan ca da Le Couteulx de Canteleu (le comte), au château de Saint- Martin, près) Rirenasny sf (an dit dé enbne et not usd Ecitne (A Shimdlautien ANS ANNE. seeds co dd ne Lee Esq. (Henry), [membre à vie], 43, Holland Street, Blackfriars Road Rondes Res 2er ci seue MUC Se Le Leenhardt (Roger), Cours des Casernes, 35, à Montpellier... Leenhardt-Pomier (Jules), au domaine de Verchant, près MOntbelMer eee 26... AN RS à oops FARM ea RO See a ae et VA à Lefébure (Edouard), [membre à vie], propriétaire, au Gland, par La Ferté-Vidame, et boulevard Saint-Germain, 211.......,..... Lefebvre (Auguste), avenue de Neuilly, 109, à Neuilly......... Lefebvre (Eufène), conseiller référendaire à la cour des comptes, mue Si PDAippe= du Roule Se ue der LA he 0 ne eme Lefebvre (Jacques), boulevard Pereire, 227...,....:.,.......,.. Lefebvre (Edouard), rue Rouelle, 43............,.. dE PDO EE Lefebvre de Behaïne (le comte Edmond), ministre de France, à Munich, (Bavière), et rue de Lille, 101, chez M. Baron....... Lefebvre-Mairesse (Ch.), au Cateau ....., ROC ES OPEN Lefebvre de Viefville (Paul), Hot à vie], président à la Cour d'appel, rue Boissy-d’'Anglas, 28..... Hhelsstaee este a Cia its Lefebvre de Viefville (Louis), [membre à vie], avocat, rue debiéivolr, 2401 re ati she nramrani A ans ns S. Lefevre (Claude), industriel, à Lariche-Extra, près Tours......, Lefevre (Joseph), avenue de Neuilly, 53, à Nelly. ............. Lefevre (Jules), négociant, rue Lambrescht, 16, à Courbevoie... Lefort (le docteur Léon), professeur à la Faculté de médecine, Tue na NICLOITeS DGA MERE I NAN ANR dE PR CR Le Fort, [membre à vie], négociant, 5, avenue de Labourdonnaye Lefort des Ylouses (Henri), propriétaires, à Cancale, et ave- nue de Madrid, 13, à Neuilly......,..... SIT ee Date os Edo etant Lefort des Ylouses (Arthur), avenue de Madrid, 13, à Neuilly. Le Gallays, rue Cassette, 14,:.,.:,,:...,,.........20... CE Le Gonidee (le comte Constantin), rue Henri IV, 4, à Pau, et avenue de Messine, 8...::,.,........, (ABLE ANNE POELE CR SENERIE UPS Ds Legrand (J.-G.), avenue de Neuilly, 122, à Neuilly............. Légrand (Charles-Honoré), rue Louis-Philippe, 11, à Neuilly... Légraänd (Léon), fabricant de tissus, aveuué de Villiers, 24...... Legrand (le docteur Jacques), avenue de Neuilly, 136, à Neuilly. Legras, avocat à la Cour d'appel, rue du Faubourg-Saint- HONOR RME ES SR RS ARR su hiale sat Legras de la Boïissière (le baron), rue de Berlin, 16........ Legrain (Charles), rue Jacques-Dulud, 70, à Neuilly... ....... Leguillier (Edouard), rue de Valois, 41........................ Le Guay, propriétaire, conseiller de préfecture bonoraire, au CluyouMprésiQuimpes LCR ERNUNNSNRRReMnR CRNR Lehee, aviculteur, rue du Sentier, 30, à Bois-de-Colombes...... XLHIT Vienne. Seine-et-Oise. pe: Puy-de-Dôme. Finistère. Eure. P. GRANDE-BRETAGNE. Hérault. Hérault. P. Eure-et-Loire. Seine. 124 P: 1 P. ALLEMAGNE. Nord. P: Pl: Indre-et-Loire Seine. Séine. Fe P. P. Seine. Seine. P. -P. Basses-Pyrénées Seine. Seine. P, Seine. Finistère Seiné. XLIV Lehman (Alfred), négociant, rue Raze, 14, à Bordeaux 0-0 Pere Gironde. Leisse (Auguste), rue Pergolès, 5.....:..::-................s.. P4 Lejars, comptable, à la Mairie de Neuilly, avenue du Roule 93, à Neuilly.........2................2400e eee nee Seine. Lejeune (Adolphe), [membre & vie |, professeur à Institut, à Ka- Dan ee LE eee à 0e o nsasroteleit De ARMES CAP RATE TES Russis. Lejeune (Auguste), à Plailly, par Senlise ss M net Ru tai tente Oise. Lelièvre (le docteur), [membre à vie], rue Geoffroy-Marie, 16... P. Lelong (Théodore), rue derCourcelles 095 MAL eee sosie P: Lelubez (Grégoire), constructeur, rue Condorcet, 59....,.,:...: PF: Lemaire (Auguste), passage Masséna, ?, à Neully............. Seine. Lemaitre, receveur général des finances, à Laon............... Aisne. | Lemaistre (A-), rue Miromesnil;: 756%. 2000 se ER P. Lemare, propriétaire, au château de Bréville, par Bréhal....... Manche Lematte, rue Jacques-Dulud, 25, à Neuilly..................... Seine. Lemercier (Hippoiyte), à Fontenay-le-Comte................... Vendée. Lemoine (A. Georges), avenue de Neuilly, 45, à Neuilly....... Seine. Le Moine (Edmvund-Gustave), propriétaire, au château de la Cha- pelle-Godefroy, près Nogent-sur-Seine, et rue de Condé, 29..... P. Aube. Le Moyne, ancien ministre plénipotentiaire, à Saint-Jean-le- ) Blanc, par Orléans ..................................,........ Loiret. Lemut (André), Ingénieur civil, rue Mondésir, 12 bis, a Nantes.. Loire-Inférieure. Le Myre de Vilers, [membre honoraire], ancien gouverneur de la Cochinchine, 5, rue Richepanse ......................... JE Leneveu (Z.-A.), avenue de Neuilly, 134, à Neuilly............. Seine. Lenglicr (Charles), proviseur au lycée Charlemagne, 120, rue, te onu aa dodo aude EC ECO P. Lennier (Gustave), directeur du Musée d'histoire naturelle, au Havre. 2 SRE RE re he A OIL AL RS RE PRES Seine-Inferieure. Le Paute, [membre à vie], inspecteur des forêts, conservateur du bois de Vincennes, à Saint-Mandé......:............,...... Seine. Le Pargneux (Albert), au château de Beauregard, près Caen.. Calvados. Le Pelletier (Maurice), au château de Salvert, près Saumur.... Maine-et-Loire. Lépine (Théophile), propriétaire, à La Haye Descarte.......... Indre-et-Loire. Le Pelletier de Glatigny, rue du Four, 8, à Bourges ........ Cher. Le Pelletier, propriétaire, avenue du Roule, au coin de l’Ave- nue Sainte-Foy aiNeiee eee rene TEE Seine. Leprevost-Bourgerel (Olivier), rue Duperré, 28.............. P. Leroux (Jules), au château de Treveneuc, commune de Donges, et rue Copernic, 10, a Nantes 2 Reset CRM ER CON Loire-Inférieure: Leroux (Benjamin), [membre à vie], propriétaire à Paimbeuf ... Loire-lnférieure. Leroux (Th.), Grande-Rue, 39, à La Flèche..................... Sarthe. Leroy (Pierre-Ernest-Ovide), receveur de l'enregistrement et des domaines, 4 Senlis EE Re VA ie RME nulles Det Oise. Leroy (Abel), [inembre à vie], rue d'Amsterdam, 74, et à Rous- sainville; près Tiers PP ELCEre ee CPE LD ce -Cee-c-eLN Ur. à P. Eure-et-Loir, Leroy (Ch -F.), horticulteur, à Foutha, par Coléah.,........... ALGÉRIE. Lesbaupin (Jean-Baptiste), à la Barre, à Paramé.............., Ille-et-Vilaine. Lescanne (André), avenue de Villiers, 87............... ....... 125 Lescuyer (Jean-Francois), naturaliste, à Saint-Dizier........... Haute-Marne. Leseble (Louis), rue Charles-Laffitte, 46, à Neuilly ........... . Peine. Le Sergeant de Bayenghem, [membre & vie], au château d'Upen, par Thérouanne..…... 4 "lame mur Qu rs NORME AE. PR Pas-de-Calais. Le Sergeant de Monnecove (Albert), [membre & vie], proprié- taire, rue de Dunkerque, 125, à Saint-Omer.........,.,....... Pas-de-Calais. Lesesne (F.), rue d'Orléans, 2, à Neuilly........,..,........... Seine. Lesouëf (Alexandre-Auguste), boulevard Beaumarchais, 109.... P. Le Sourd (le docteur), [membre à vie], rue de l’'Odéon, 4...... P. Lespiault (A.-Hippolyte), propriétaire, route de Versailles, 182, j à Billancourt, et rue de la Paix, 23..... Ad Re CES EEE US P. Seine. Lesseps (Ferdinand de), [membre honorairc]|, ministre plénipo- tentiaire, président du Conse:l d'administration de la Compagnie de l'isthme de Suez, 7 rue Saint-Florentin..................... P: Lesserteur (Jean-Pierre), [membre à vie|, rue Soufflot, 19.... P. Lessieux (Henri), manufacturier à Rethel...................... Ardennes. Lestiboudois (Jules), [membre à vie], rue d'Amsterdam, 41.. P. Letournel (Ernest), rue Turbigo, 28.........:........,........ 1 Peudet (Léon) truie/Ménars, 4 Ie Rene tel 1Ee Levardoïs (Paul), inspecteur d'assurances, rue de Géole, 52, En CRETE LE ROBE) POBDON ES RON APE PRSAES CRIER RER NE PIE UE Calvados. Levat (David), Ingénieur civil, à Arles, et rue Racine, 30......... P. Rhône Leybardie (L. de), propriétaire, au château de Saint-Clément, commune de Monferrand, près Bordeauux.......,............ Gironde. Levavasseur de Précourt (Octave), auditeur au Conseil d'Etat banteyardiHanssmann USER RER TR A nn ae eee FE” Levesque (Rogatien), domaine de Paimpont, par Plélan eplace Lafayette19; à Nantes, PE LRMESS CTA UE En een Ille-et-Vil. Loire-Inf Levy (Nathan), avenue de Neuilly, 109, à Neuilly............... Seine, Levy (Samuel), rue Perronnet, 77, à Neuilly.....:............... Seine. Lewis-Michel (Arthur), avocat, boulevard de Courcelles, 13.... P. TOGO A AUDE AE SE A AS A A A A AE e Haute-Vienne. Lezaud (Georges), avocat, à Chambon-sur-Voueize A à à LS Creuse. Lezzani (le marquis Maximilien), [membre à vie], palais Lezzani, place Barberine, à Rome................,............ RAS ARE ITALIE. Lherbodiére, boulevard Pereire, 141......................,... À Lhéritier (Lucien-Alexandre); au château, de Jutreau, près An- Rés nn A te Re SR ES RE RE RG One Vienne. Lhermitte, négociant, boulevard des Italiens.......... RARES P. Phomer rue Andrieux, lee nude ta sie in patte sl ce ufeelejetee P: Lhuillier (Victor), propriétaire, avenue Friedland, 30.......... P. Liedeerke (le comte Hadelin de), [membre à vie|, membre de la Chambre des représentants de Belgique, délégue de la Société nationale d'Acclimatation, à Bruxelles......,................ BELGIQUE. Liénard (Chéri), propriétaire, à Port-Louis, et rue Rossini, 3.. P. Ize Maurice. Ligney (Edouard), boulevard Magenta, 46...................... P. Lilford (lord), [membre à vie|, pair d'Angleterre, 9, Tenterden DDC DES MONURE See eds AT data a à 2e scan eue ee GRANDE-BRETAGNE. Lilliers (marquis de), [membre à vie], avenue Montaigne, 23 bis. P. Liotard (Emilien), [membre à vie], ancien magistrat, rue du BouteNeuts D a) AR AN ee A Ne on MES a AE Es Bouches-du-Rhône. Livonniére (cmte Scévole de), propriétaire, au château de À Chaviéné- Beaufort. 40e an dnenlisente Ne NEUTRE Maine-et-Loire. Lizarzaburu (Pedro), [membre à vie], agriculteur à Quito ..... EQUATEUR. Loder (Edniond-Giiles), [membre à vie], Floore, Weedon Nor- ta MD ONSNITeN Sa AN TR RTE e AUS GRANDE-BRETAGNE. Loew (Gustave), notaire, à Strasbourg........,...........1:...., ALSACE. Loiseau (Zacharie), notaire, à Cholet............:............. . Maine-et-Loire. Lonlay (de), au Portzou, près Concarneau..................... Finistère. XLVI Lonquéty aine (Pierre), négociant-armateur, rue de Boston, à Boulogne-sur-Mer.......................................,..... Lorgeril (le comte Victor), au château du Colombier en HÉRGPe près Moncontour de Bretagne .... ..............,........... À per le marquis de), propriétaire, directeur du chemim fe fer "1 Cd À Malaga, Calle del florin, 2 bis, à Madrid... Lorois (Léon), au château de Saint-Maurice, par Quimperlé, et avenue d'Antin, 31...,......,.. Ce REPARER CR NERF Ne» Loubat (J-F.), [membre à vie], propriétaire, rue Dumont-d'Ur- ..... ville, 41, Louis (Placide), régisseur, au château de Gouville, par Fontaine- le-Bours.... ere RO NS MN ee LIRE ae ee ee IIS le ete ele nie 1e 6 die Louradour-P onteil (Léon), à la Jugière, par la Trimouille... Loury (Charles-Fernand), au château de Marsay, près Thouars. Loussert, greffier au Tribunal de Commerce, à Issoire,,,..... Lowenstein (Georges), rue Louis-le-Grand, 28........... J06 3e Loydreau (Edouard), propriétaire, au château de Neuilly, par Arnay-le DUC te rer CRE ELEC RELRE RE EE SAC RNEN EE PR ARE ET Loyer (A.), rue de nn des ARE A MAP TA n 5 Loysel (le général), commandant la division d'Alger....... Luard (L -Désiré), rue des Acacias, 2........................... Luart (le marquis Louis du), rue de Varenne, 11 Luart (le comte Ph. du), rue de Varenne, 61 Lucesce (Nicolas), employé à la chancellerie métropolitaine, Cürtea, Métropolie, à Buccarest....,..................,...... Lugol (E.), propriétaire, rue de Tehéran, 11, Lugrin (Francois), pisciculteur, à Genève .., Lupel(le vicomte de), propriétaire, au château de Razat, par Thiviers......1,,.... sous sessssee.s serons... serre : torse resesve peser. veus. CICRCECECECECEE Luppé (le vicomte Olivier de), membre du Conseil général de Lot-et-Garonne, au château de Saint-Martin, par le Maz d'Age- nais, et rue Oudinot, 22...................... SPRL LRO EE TE REA 3 Luria (A.), négociant, boulevard Malesherbes, 122.....,... Se Lutman, rue Monge, 78....... ................ Ménate ee etes de Ye Luyt (Ch.), chef du contentieux Pain à la compagnie des che- se de fer du Midi, 18, rue du Nord, à Neuilly..........,.... Lyonne (le comte Henri de), [membre à vie], rue de Varenne, 28. Mac-Allister (William), propriétaire, au château de la Mauvoi- siniére, commune de Bouzille, par Ancenis.,.......,.......... Macéde-Costa (Monseigneur don Antonio de), [membre à vie], ÉvÉQUE OU PAT PE EE TRE RE CR D CRETE nn Las Le ne À Mackenzie-Shaw (W.), [membre à vie], propriétaire, au château de Méréville et faubourg Saint-Honore, 239 CCC ECC Mac-Mahon (le maréchal de),duc de Magenta, [membre à vie], ancien présidet de la République française, rue Bellechasse, 70. Magne (Georges), notaire, 8, rue de Maïlly..................... Magnüin (Emile), rue de Labruyère, 39...,.......,........... Mahieu-Peynaud, rue Daru, 14...........................4... Mahieux, avenue de Neuilly, 63, à Neuilly Maillard, propriétaire, maire au Croisic... esse. Maillard (Jules-André), rentier, rue Jacques-Dulud, 5, à Neuilly Maïllard (£.), rue de la Couronne, 29, à Chartres Maillé (comte Urban de), rue Marbœuf, 37...............:...... Mailles (Charles), horticulteur, rue St-Honoré, 84 Mailiet du Boullay (Charles-Léon), des Champs-Elysées, 84 CRCRCRCECECCECNC ECC ET [membre à vie], avenue Pas-de-Calais. Côtes-du- Nord. ESPAGNE. P. Finistère. P, Seine-lnférieure, Vienne. Deux-Sèvres. Puy-de-Dôme, P: Côte-d'Or Pr Algérie. : à P: P. ROUMANIE. PE SUISSE. Dordogne. P. Lot-et-Garonne Æ P. Seine. 12 Loire-Inférieure. BRÉSIL. P. Seine-et-Oise. e? BP: 1: PE Selne. Loire-Inférieure. Seine. Eure-et-Loire XLVII Maïngot (J.-Jacques), boulevard de la Seine, 45, à Neuilly... Seine. Maiïinier (Henri de), à Rodez........, CRM MS TES CO ot 2 O0 ci Aveyron. Maisonneuve (Eugène),[membre à vie, | pharmacien, à Challans Vendée Curtea Métropolie, à Buccarest................ CE .... ROUMANIE. Maistre (C. Edouard), à Villeneuvette, par Clermont-L'Hérault. Hérault. Malagoli (Guisepp), commandement territorial de l'artillerie à JO ER Eu A Ée eoE e Rs Rte ITALIE. Malapert père, professeur à l'école préparatoire de médecine de Poitiers, délégué de la Société nationale d'Acclimatation, rue des Halles, 15, à Poitiers............. PORN LT ot arte Lo Vienne. Malard (Auguste), négociant, à Commercy ..................... Meuse. Maleissye (le marquis de), propriétaire, Villa des Roses, avenue | du Chemin de fer, à Fontainebleau, et avenue d'Antin, 19..... P. Seine-e\-Marne. Malézieux, [membre à vie], propriétaire, au Petit-Fresnoy-Gri- court, près Saint-Quentin..................... Je: DRE GERS Aisne. Mallassagne (Pierre), Avenue de Neuilly, 139, à Neuilly....... Seine. Mallet (le baron Alphonse), rue d’Anjou-Saint-Honoré 31...... P. Mallet (Arthur), rue d'Anjou-Saint-Honoré, 37................. F, Mallet (Charles), rue d'Anjou-Saint-Honoré, 37................ P, Malmenayde (Joseph), rue de Bordeaux, 15, à Charenton... Seine. Mame (Alfred), [membre à vie], imprimeur-éditeur, à Tours... Indre-et-Loire. Manceau, 12, place de l'Eglise, à Clamart, rue du Cherche- SAINS AS AO ES LRU LE D au Or Et Re ne del ue LUE: Mandrot (Bernard), avenue Montaigne, 64......... dette UE 00e Manouk-bey (le colonel prince Grégoire), de Russie, rue Charles- Lattes EL en AR ERA ER RARE OEM SU . Seine, Maquaire (A.), négociant, boulevard de Strasbourg, 5.......... P: Marchand (Amédée), rue Lafayette, 108............,.......... P. Marcial (D. Soto), [membre à vie], délicias, 173, à Santiago de CARS M MA CMAAR Lei na s A AC EE re SE ed Cuir. Mare (de), ancien consul général des Pays-Bas, rue Beaujon, 7, ; ) et au château Belfontaine, par Juvisy ..................... ... P. Seine-et-Oise, Margat (Pierre), [membre à vie]. propriétaire d'un établissement d'horticulture et d’acclimatation, à Montevideo................. Uruauay. Mariani (le général, baron), [membre à vie], au Quesnoy-sur- ATEN ea ae e AR RE SR Re ARS EP A RE pr COR ASS A ne Somme. Marie, aviculteur, rue de Wattignies, 59........................ P. Marienval (Gustave), quai du Louvre, 30...................... Es Marigny (de), capitaine de vaisseau, en retraite, boulevard Ma- lesherbes, 64............ MANS LA SUR RARE ROUX DUT RE RES ANS 12e Marinoviteh [membre à vie], ancien président du Sénat de Serbie, ministre plénipotentiaire de Serbie, rue de Rivoli, 240. P. Markham (Cléments-Robert), [membre honoraire], Eccleston square 21, S. W. Pimlico, à Londres .….......,1:.:,:.42. «es. GRANDE-BRETAGNE. Marlin, fabricant de bronzes, rue du Chemin Vert, 3 et 5...... P, Marne (le vicomte de), avenue Marceau, 51, et au château de Éimancourt, par HCOURL 24502 a de Mets ss Red P. Pas-de-Calais. Maroïn (le docteur), directeur du service sanitaire, à Marseïlle Bouches-du-Rhône * Marois (le comte le), avenue d'Antin, 9..........,............. P: Marotte (Amédée), capitaine au 70° régiment territorial d'infan- lemedtavenneldel Villiers, 12200 20e EC PR RARE P Marozeau (Philippe), à Wesserling.......,.................,.. ALSACE. Marquis (Philibert), propriétaire, au château de Lillemanière, présAvranches, etwrues Vivienne, 44... 424408 Lente ur Lit P Manche. Marquiset (Léon), rue de Rennes, 87........................... P: Marre (Auguste de), administrateur de la Société des agricul- teurs d'Igny, commune d’Arcis-le-Ponsard, par: Fismes ....,.. .. Marne, XLVIII Margery (Pierre), industriel, chemin de la Caillé, 6, à Lyon-Cuire Rhône. Martel-Houzet (Ernest), propriétaire, au château de Tatinghem, Pas-de-Calais. par Saint-Omer, .......................4...se er. oc Ras Martial, propriétaire, à Paulhaguet.............,,,.,.,......... Haute-Loire Martin (André), rue Perdonnet, 1.....,......,........,........ Fe Martin (Odile), concessionnaire, au Jardin zoologique d'Acclima- : ation NUIT LEE CC TEE CeEC etre LE ARR aie de UE Seine, Martin (Albert), rue de Richelieu, 62.5... pe Martin (Blaise), horticulteur, rue la Chaussée, 11, à Nevers. ..... Nièvre, Martineau (P.), avoué, à Nantes ........,..................... Loire-Inférieure, Martineau (Jules), à Niort. .....1...,.,.,,,..4.....,...44.. Deux-Sèvres. Martinet (Emile), imprimeur, rue et hôtel Mignon, 2........... 15 Martins (Dionisio Gonçalves), [membre à vie], à Bahia........ BRÉSIL, Martray (le général Bonneau du), Impasse Jouvencel, 3, à Ver- ’ SEM Sa 0 re Der NME re Com 4 ra Seine-et-Oise, Marty (Félix), propriétaire, au château de Caiïllac, par Aurillac Cantal. Marty (Maxime), receveur des domaines, à Brantome............ Dordogne. Mary (Alfred), propriétaire, rue Jacques-Dulud 46, à Neuilly. Seine. Massias (Osmain), propriétaire, au château de Longueville, près Mara ee PUR EG Re SO EAMNOREt AT ete Lot-et-Garonne. Massias (Gabriel), négociant, rue Vivienne, 13.............,.... 12 Masson (Georges), libraire-éditeur, boulevard Saint-Germain, 120 P. Masson (Emile), officier de marine, rue du Couedic, 5, à Brest. Finistère. Masurel (Jules), manufa:turier, à Roubaix ..................... Nord. Masurel (Paul MIROUDAIR.. See de Coca nr Ve Ne Nord. Mathey (F.), greffier du tribunal delre instance, à Rochechouart Haute-Vienne, Mathey (Jules), pharmacien, à Neuchâtel...................... SUISSE. Mathias (Georges A), à Bourg-la-Reine ........................ Seine, Mathieu (Raoul), [membre à vie], boulevard St-Germain, 113... P. Mauban (René-Francçois), propriétaire, rue de Solferino, 5 bis.. P. Maupoint (le docteur C.), à Caen........ LS CGR ne Calvados. Maurice (Léon), conseiller à la Cour d'appel, délégué de la So- ciété nationale d'Acclimatation, à Douai..................... Nord Maxwell, substitut du procureur de la République, à Périgueux. Dordogne. May (Heury), rue Dieu, 19........ DORE CE MEET RE PE le P, May (Ernest), secrétaire général de la banque Franco-Egyptienne. avenue de Vallers pren nee ant Ua en A RAR ne PE De Mazuc (Emile), propriétaire, à Pézenas........................ Hérault, Medina (Crisanto), [membre à vie], ministre plénipotentiaire du Guatemala, rue Prierre-Charmon 06 MERE dun TT MUR Megnin, vétérinaire militaire en retraite, directeur du journal l'Eleveur, rue de l'Hôtel-de-Ville, 19, à Vincennes........ ‘.... Seine. Meignan (Charles), industriel, à Sablé-sur-Sarthe............. Sarthe. Meinadier (le docteur), à Htoile...................... POLE Drôme. Mellié (Albert), rue Vezelofs os feet ED TER SANTE RAP ARE Fe Mellis (Maxime de), propriétaire, à Bives, par Saint-Clar....... Gers. Menant (Louis-Marie-Léon), notaire, à Conches-les-Mines .,... Saône-et-Loire. Ménard (Saint-Yves), professeur à l'école centrale des arts et manûülaciures, sous-diretceur du Jardin zoologique d'Acclimata- tion) à Neil en een dr DONS NN ERSARNTSE .. Seine. Mène (le docteur Edouard), rue Oudinot, 20..................... 1 Mengin (Maurice), capitaine au 107e de ligne, à Angoulôme..... Charente. Mennechet (Eugène), conseiller à la Cour d'appel, rue Lemer- CHIEL, 68) d'AMIENSE Le as eee een ER once à See LU EMA Somme. Mennesson (Henry), négociant, Esplanade Cérès, à Reims..... Marne. Mérat (Léon), propriétaire, à Vaudes...................... ..... Aube. Merceron (Gustave), au château ae Sommières-du-Clain........ Vienne, Mercié (Paul), avoué, rue du Sentier, 33......................, LE Mercier (Léon), [membre à vie], au château de Beaurouve, canton d'Illiers, et avenue Friedland, 4....................... P. Eure-et-Loir. Mercier (Alfred), à Saint-Nazaire.............................. Loire-Inférieure. Mercier (Achille). avenue d'Eylau, 44.......................... PF Merland (Julien) juge suppléant, au tribunal civil, à Nantes... Loire-Inférieure. Merlato (Lucien), [membre à vie], à Ain-Marmora, par Coléah. Algérie. Messey (comte G. de), rue de Grenelle, 122.................... 12 Mestivier (J.B. E.), de pharmacien 1er classe, 275, rue St-Honoré. P. Métra père, boulevard d'Inkermann, 22, à Neuilly............. Seine. Métra fils (Claude), boulevard d'Inkermaun, 22, à Neuilly ..... Seine. Metschersky (André), passage Magasin Scheslandsky, à Moscou. Russie. Metternich-Vinneburg (S. Exc. le prince de), ancien ambassa- deur d'Autriche, rue de Varenne, 78......,.......,............ 1 Meunier (Emile), 142, avenue Daumesnil........................ P Meurand (Jean-Louis-Joachim), directeur honoraire des consulats et affaires commerciales au ministère des affaires étrangères, ruerDenter-RochereauMess nat PR ARR AR ere es ee PF Meuriot (docteur), [membre à vie], Maison-Blanche, rue Ber- ton tee Cr AU DE le DEN E ERA 2 SE A EE PR AN 15 Meyer (Nicolas), traducteur interprète juré, rue du Château, 9, à TESTER CE RME Denis ialetele dote sjaiere POP OO CAES A RE SR AE Seine. Meyer-Jacob, négociant, boulevard d’'Argenson, 14, à Neuilly... Seine. Meynard, propriétaire, au château de Montlau, par Pujols...... Gironde. Meynard de la Farge (baron F. de), au Chateau de Fey, par MALE AMIE TS ER RE RE PA cas alalal ele a à à Yonne. Michon (Joseph), docteur en médecine, licenciés ès-sciences, rue ÉRRADMLO NERO Mets see NS te elelerehetel ete) al fee te le te ere 18e Mignon (Alexis), propriétaire, à Saint-Germain-en-Laye......... Seine-et-Oise. Mignon (Edouard, [membre à vie|, propriétaire, rue de Flo- Mens en PR a le En data dd Unes sd da de SAS s P. Millereau (Pierre), avenue de Neuilly, 85, à Neuilly........... Seine. Millon (Claude), ancien député, au château des Merchines, par NÉE vue TELLE PDP GROSOE POMPES RER ETS Meuse. Milne Edwards (Henri), membre de l’Institut, doyen de la Fa- culté des sciences, professeur au Muséum d'histoire naturelle, Re ONCE AD AU CAE Me LE to a ERA ET 12. Milne Edwards (Alphonse), [membre à vie], membre de l'Ins- titut, professeur au AMluséum d'histoire naturelle et à l'Ecole supérieure de pharmacie, rue Cuvier, 51................,..... 12 Minoreti(Buséne) rue Murllos 6142 UN Re a e E° Mion (Georges), rue Rondelet, 11, à Montpellier........ dns Hérault. Miquel-Paris, rue Miromesnil, 99.......,..................... P. Mirabaud (Albert, banquier, rue Taitbout, 29.....,............ PR Mistral (Bernard), à Saint-Remy-en-Provence.............,.... Bouches-du-Rhône. Mitivié (Albert), à Chantambre, par Gironville et boulevard Saint-Germain, 260........,,....... DEMO AE À ER LS EE PE EN P. Seme-et-Oise,. L Mohammed-el-Zebdi (S: Exc. Sidi El-Adj), [membre à vie|, ambassadeur de $. M. l'empereur du Maroc.................. Moisset (Adolphe), boulevard Haussmann, 35.,......,....,.... Moitessier rue d'Anjou-Saint-Honoré, 42....,.........,....... Molembaix (le baron V. de), [membre à vie], au château de Bellignies, près Bavey......:......,.44kuaen. bu hr. 2 et Molinier (le comte Emile), à Mèze.............,............... Molinos (Léon), ingénieur civil, rue Flachat, 15................ Moller (Ed.), propriétaire, à Bourneau, par Lhermenault Mondain (Alexis), curé de La Breille, par Allonnes............ Mondion (le vicomte À, de), au château d'Artigny, par Loudun. Monnier (Edouard), notaire, à Douai.......................... Monod (L.), [membre à vie], propriétaire, 7, passage Louis- Thuillier a lCourbevo NE RE TER Pere re Re LPebeinrer ares Montaignae (le comte R. de), ancien officier d'ordonnance du ministre de la guerre, Pavillon de Gisors, par Lyons-la-Forêt . Montaigu (le comte de), [membre à vie], au château de la Bre- tèche, par Pont CHAtEAU .....,."...-...-..hereeshpehrle Serie Montalembert (comte Geoffroy de), rue de Grenelle, 52........ Montalembert d’Essé (le marquis de), au château de Vaudreuil, par Notre-Dame de Vaudreuil, et boulevard Haussmann, 133... Montalvo (J. de), rue Pierre-Charron, 51..........,,...,....... Montblane (le baron À de), [membre à vie], rue d'Athènes, 8... Montbron (le comte Robert de), au château de Forsac, par Masseret, et Il, rue des Halles, à Poitiers........,.,......,...,.. Montesquiou (le comte Thierry de), au château de Charnizay, par LOC ES ERP DR EMARNE CARRE N een Re EE ER ENT Montès (Edouard), journaliste, rue Charles-Lafitte, 90, à Neuilly. Montesquiou (le comte F. de), rue Pierre-Charron, 36......... Montesquiou-Laboulbène (le docteur Louis-Antoine de), au château de Lussac, par Villefranche-du-Queyran........ ta: 182: Montfleury (de), rue de l'Hermitage, à Versailles Monthiers (Jean-Victor), rue d'Amsterdam, 70................. Montlezun (le comte A. de), à Menville, par Lévignac-sur- Save Montlivaut (vicomte de), chalet des Bordes, par Saint-Ennemont Montmaur (Louis de), au château de la Rue, par Roc-à-Madour. Montmort (le marquis Jean de), au château de la Boulaye, par Toulon-sur-ATrOUXE. 2e. cerc-cceesenelee-seile 24442 ei Montpensier (le duc de), [membre à vie]..................... Montreuil (E. de), avenue d'Antin, 57.....,......,....,...,..: Montrol (Henri de), à Juzennecourt............................ Montrouge (Louis), Fete à vie], propriétaire, à Ver-sur- Mer, prés Courseuilles "7. .%2R 0.200 HAS TR A ARE à 2 Montsaulnin (le vicomte Louis de), à la Grande-Garenne, par Neuvy-sur-Barangeonet rue Cristophe-Colomb, 6............... Montulé (Victor Dubois de), négociant, trésorier de la Société qe chasses de la Braconne, faubourg Saint-Cybard, à Angou- CMOS »> + 0 0 ne 490 os ele LE RC ECOLE EN INEEDDE CREER EEE Moquin-Tandon (Olivier), [membre à vie], à Saigon...,...... Moraiïn, artiste peintre, à Cheffes...............,.............. Moreau (Alfred), notaire, boulevard Montmartre, 19............ Moreau (le docteur Henri), [membre à vie], aux Herbiers...... Moreau (J.-M.), notaire, à Couhé-Vérac....., MS Fe UE Moreau (Paul-Emile), conseiller à la cour d'appel de Poitiers, à DEP 1e RER Le OS TRES PS Er Se NS AA Moreau (le docteur-Emile), rue du 29 juillet, 7....:..,... Morel (Nicolas-Eugène), propriétaire, rue du Faubourg-Saint- Denis, 210 nn nn sn nn srssese nn none nm nes meme veus ererresrrerene Maroc. PB, P Nord. Hérault. Pi Vendée. Maine-et-Loire. Vienne. Nord. Seine. Eure. Loire-Inférieure, EF P. Eure. E: Re: Corrèze. Vienne. Indre-et-Loire. Seine. Je Lot-et-Garonne. Seine-et-Oise. 12 Haute-Garonne. Allier. Lot. Saône-et-Loire. P. Haute-Marne. Calvados. P. Cher. . Charente. Cochinchine. Maine-et-Loire, jo Vendée. Vienre. Vienne. P: Moreno (Antoine-Gonzalès), avenue Friedland, 68.............. PF; Moret (Jules), filateur, propriétaire, à Le Gard-d'Etreux........ Aisne. Moriceau jeune, faubourg St-Honoré, 240..............,....... je Morin (Eugène-Alexandre), propriétaire, rue Jacques-Dulud, 70, $ NEUTRE ee ee nem nec veto een sosie le ee Seine. Morisseau, propriétaire, rue Cambon, 45.,.................... dan Moritz, naturaliste, rue de l’'Arbre-Sec, 46..................... P: Mornay (le marquis de), [membre fondateur], avenue Mon- HONTE AS D Re enn NOMMEEUC OMERMEMOMPENERRESEERE EEE EPPRRE Pi Morogues (le baron Gonsalve de), rue des Fauchets, 16, à Orléans Loiret. Mosbourg (le comte de), quai Voltaire, 9...................... P. Mouehy (le duc de), au château de Mouchy, par Noailles....... Oise. Mousset (Pierre), avenue de Neuilly, 127, à Neuilly ............ Seine. Mueller» (le docteur baron Ferdinand Von), [membre honoraire], directeur du Jardin botanique et zoologique de Melbourne. ,..…. AUSTRALIE. Muizon (de); rue LastCases en M EC. Creer 0e P: . Mulot, à l'administration pénitentiaire, à Nouméa.............. Nouvelle-Calédonie. Mun (le comte de), avenue de l’Alma, 51...........,............ 152 Mumier, ancien notaire, maire, à Pont-à-Mousson...........,.. Meurthe-et-Moselle. Munster (Louis), propriétaire, rue des Ecuries-d'Artois, 16..... 1 Muntadas (Federico), [membre à vie], Piedra, par Alhama de PATTES OPA ANR LAC ARR AU NUE RE TS Si RQ ESPAGNE. Murard (le vicomte Henry de), au château de Bresse-sur-Grosne, } enmuedeslOniIvensiTtes An ER ANNE NEA EE RCE AR P. Saône-et-Loire, Murat (le prince Joachim), rue ia Boëtie, 58........ PAREIL F2 Muret (Henri), place du Théâtre-Français, 4......,.........., PENRE € Murray (G.), major en disponibilité dans l’armée des Indes, Portisliolo, par Cetti-Chiavari,, Ajaccio. 4. et pemees Corse. Murs (Œillet des), conseiller général, à Nogent-le-Rotrou ...…. Eure-et-Loir. Mussalli (le général Elias), [membre à vie], directeur au mi- nistère des affaires étrangères du bey de Tunis, à Tunis ..... TUNISIE. Narbonne-Lara (le marquis de), [membre à vie], rue de NP AD AE RD eco una ste eme Queen ea Ce. 1 Nareïllae (le comte Ernest de), au château de Germanie, à CES Dar Éloudan AN NME A se Seine-et-Oise. Nattes (le comte de), avenue Montaigne, 26.......,............ P: Naudin (Louis), rue des Bois, 13, à Fontainebleau.........,.... Seine-et-Marne. Navers (Emile), à l'Effougeard, par Azay-le-Ferron ............ Indre. Navoit (J.-M.), propriétaire, rue Morère, 17.................... ja Nazare-Aga (le général), [membre à vie], ministre plénipo- tentiaire de Perse avenue Carnot,.1L:..:.::.::::.1::::23:1:023 122 Nelson-Pautier (J.-A.), notaire, à Lisle...................... Dordogne. - Nétumières (le comte Réné de), au château de la Mayenne, par SAS AUDI PALIER. CET CAM RCE UE tee te qu Ille-et-Vilaine. Neumann (Louis), [membre à vie], ancien jardinier en chef des serres du Muséum, Palais de Compiègne ..................., .- Oise Neverlée (le comte Philippe de), rue Jean Goujon, 28..... MBA Qui Nicard (Pol), propriétaire, rue de Sèvres, 38................ ER PA Nicolas (Louis), propriétaire, rue Paradis-Poissonnière, 22..... A: Nicolas (Charles), [membre à vie], inspecteur général adjoint de l’agriculture, à Bou-Daroua, département de Constantine. Algérie. Nobillet (Auguste) [membre à vie]avenue Gabrielle, 10, à Courbe- NOTA NENPMMRRE. a Net ve ete NN EN EARNEMEROE EU Seine. Noblet, médecin, agriculteur, à Château-Renard............... Loiret. Nocard (Edmond), professeur à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, à MO EEE SU NE of He EL ES EL Ce Can Lie EU Seine. LI Noinville (le comte Paul de), au château de Bienfaite, à Saint- Martin-de-Bienfaite, par Orbec........,..01.,..,...,2..L0000 Noirmont (le baron de), rue Royale, 6..........., HAVRSNELREE Normand (Charles), propriétaire, rue du Bois, 51, à Levallois- PORT Rec veroeoe-penpe tes DO OUD AE MS OR Normand (Achille), boulevard Beaumarchais, 68............... Normand (Edouard), sénateur, quai des Constructions, 12, à OT ET M 1 es NT UM OU base SOON Noualhiér (Armand), ancien député, à Limoges................ Nonnez:{léon), arBayonne zen tee ee RL ER LED ECC LE Nouvel (Georges), [membre à vie], propiétaire, au château de la Ronce, commune de Fontaine-sous-Jeuy..................... Nozeiïlles (Ch. de), pharmacien de la marine, Palais de l’Indus- trie, porte SEA MR NO NA cmt RL Re ne Da ele te 2 ii Nubar-Pacha (S. Exc.), [membre à vie], à Alexandrie....... Nueros (Perez de), 22, 3e San Géromino, à San-Sébastien...... Nugent (le vicomte Pierre de), rue du Bac, 101................ Nye (Gédéon), res à vie], New-Bedford Public-Library, à New-BédiennMassachuselts):25e 2e ÉRIC RER ere Nypels (Paul), rue Rouvray, 3, à Neuilly...........,..,........ Oberthur (René), imprimeur, à Rennes........................ Odent (H.-F.-Xavier), négociant, boulevard Saint-Michel, 11.... Odent (Xavier), [membre à vie], négociant, boulevard Saint- MICHEL MS ARR EUR PE ce MEL MOREL A DAT de D ANNEE EM EC Ofoy ainé (Griffon d'), [membre à vie], propriétaire, ancien membre du conseil général de la Somme, à Mérelessart, près Airainep.. LEE EME ARENTE. Ste ARR e CCM ANUS RSS Ogier d'Evry (le comte), rue Raynouard, 48.................... Oldenbourg (S. À. le prince d’), [membre à vie], à Saint-Pé- tersboUr Ep PES AE SAR tE 2e rte ol Meter CNT Olivier (Ernest), aux Ramillons, près Moulins................. Ollivier, négociant, rue Richelieu, 41.......................... O’Neïll (John), villa de la Combe, à Cognac.......... SORPADENNES ER O'Neill de Tyrone (le vicomte Francois-Henri), avenue Ma- lakoff, 4994 FÉRIÉS RER RENE ASE Eds ee Orban (Albert), industriel à Quareux, par Aywailles ........... Orglandes (le comte d’), rue de Penthièvre, 2................. Ormières (le docteur), rue Bergère, 19........................ Ornano (le comte L. d'), au château de la Brauchoire, par Joué- les = Tours: CPR Me Nes RAR AE A Ornellas (le docteur Antonio-E. d'), rue Logelbach, 7......... Ospina (Pedro), [membre à vie], aux soins de MM. Prevost et Despualangues, rue des Petits-Hôtels, 28 ...................... Osuna (S. Exc. le duc d'), palais Osuna, à Madrid.......... Ottajano-Médicis (le pee d’), [membre à vie], palazzo Mi- rat Obiaja, 142, à Naples ERA ME NEC VEN EN RRER EE Oulry (Godchaux), propriétaire, avenue de Neuilly, 104, à Neuilly. Ounous (Léo d'), propriétaire, à Saverdun................ 5 2 be Qu:talet (E.), aide naturaliste, 20, rue Monsieur-le-Prince..... Pabot-Chatelard (Juste), sous-préfet à Saint-Nazaire........... Pacquetau (Charles), avoué, à Fontenay-le-Comte ............. Pagès (Léon), ancien attaché à la légation de Chine, rue du DAC AU EE, D 'NSRREME UNS rte chan cs 0 Se rer Paignard (Léopold), propriétaire, à Savigné-l'Evêque.......... Calvados. P: Seine, P: Loire-Inférieure. Haute-Vienne. Basses-Pyrénees Eure. je EcypTe. ESsPAGKNE. P. Erars-Uxis. Seine. Ille-et-Vilaine. P P. Somme. De Russie. Allier. P?: Charente, P. BELGIQUE. P. EP: Judre-et-Loire. P. FE: ESPAGNE. ITALIE. Seine, Ariège. PB: Loire-Inférieure. Vendée. P. Sarthe. Paillart (Louis-Stanislas), [inembre à vie], propriétaire-agri- culteur,au château d'Hymmeville, par Abbeville, et place de la Madeletne meer. 27. VRP Rte ete ta meet ae Le Paillieux (Auguste), faubourg Poissonnière, 21, et à Crosne, par Villeneuve-Saint-Georges............:.................... Pailloux (le docteur), maire de Saint-Ambreuil, près Sennecey- le-Grand, et rue du Faubourg-Poissonnière, 21................ Ban (Arenor), député, a Poitiers..." 40 Paiva (le baron du Castello de), [membre à vie], à la Biblio= théquemunICipalen A OPONNO CE CPT APE." PR NT Palaminy (marquis Gaston de), au château de Palaminy, par CArELeS EC d HD ESS d'A be SE PME AEN Palffy (le comte Jean), [membre à vie], avenue Montaigne, 18.. Palmer (Frédérick), de New-York, avenue de Paris, 17, à Ver- ANOMALIE DOTE Ve PT à RER PE LES PE CASE RL MER PAS ET RSS Palyart (Victor), rue du Faabovrg-Saint-Denis, 89............. Panhard (Félix), [membre à vie], rue Royale, 5..........,.... Paquier (Gustave), au château de la Barre, près Sainte-Hermine. Päris (le marquis de), [membre à vie], membre du conseil d'arrondissement de Seine-et-Marne, au château de la Brossse, par Montereau, et rue Marignan, 16.....................4..., Paris (le comte de), [membre à vie], au château d'Eu........... Parlier (Louis), [membre à vie], négociant, rue Edouard Adam 6 MOTO NERO T'OMANPP ONE VDO CHIENS EU PRÉ OU EEE Parodi (Domingo), [membre à vie], drogueria de A. Demarchi Calle Defensa, 179 à 185, à Buenos-Ayres .........,........... Parra-Bolivar (le docteur), consul de Venezuéla, au Havre... Partiot (Gaëtan), consul de France, à Barcelone 2 se Partridge (W. Daniel), directeur de l’Aquarium, au Havre . Paseaud (P.-E.), propriétaire, rue Porte-Jaune, a Bourges... Pasquet-Labroue (Edouard), juge de paix, à Charroux....... Passy (Frédéric), de l'Institut, rue Labordère, 8, à Neuilly... Passy (Edgar), secrétaire d'ambassade, avenue de Messine, 27. Paul (le docteur Constantin), rue Cambon, 45.................. Pauliau (Louis), rue Labordère, 9, à Neuilly ................,... Paultre (E.), boulevard Malesherbes, 93................... SERRE Paumelière (Maurice-Mabille de la), à Saint-Briac ssssursenss..e Paumier, [membre à viel, pasteur de l'Eglise réformée, rue de l'Université, 74 Pauthonnier (le colonel Sélim-Bey), [mænbre à vie], ancien ade-de-:amp de S. A. le vice-roi d'Egypte, rue du Grand- Pont, 3, au Vésinet..... LE NE PA LENS ECS RSS ES Cm PEL VERT RTE OS AN PEUT Pavie (Théodore), propriétaire, à Chazé-sur-Argos, par Segré... ne (Georges), à la Pataudière, par Champigny-sur- ÉD LE RE SA RS EE AE Re RAC NN Peck (Prosper), négociant, rue des Moulins, 2................. Peiriére (Léon), boulevard Saint-Germain, à Carcassonne ....... Pellan (le comte Albert de) [inembre à viel, propriétaire, au château de Seneffe, à Seneffe Ses os esse ses enr ere eos Pénabert (Georges), passage du Havre, 31 Peneau (Emile), rue de Rome, 5................ : sr prenons ssrenes CCC ET LIIT P. Somme, P. Seine-et-Oise. P. Saône-et-Loire. Vienne. PoRTUGAL. Haute-Garonne. 1e. Seine-et-Oise. EX P: Vendee. P. Seine-et-Marne Seine-Inférieure. Hérault. RÉPUBLIQUE ARGENT. Seine-Inférieure. ESPAGNE. Seine-Inférieure. Cher. Vienne. Seine. BP: Be Seine. P: 1lle-et-Vilaine. p: Seine-et-Oise. Maine-et-Loire. Indre-et-Loire, P. Aude. BELGIQUE. LIV Pépinster (Louis-Emile), rue du Marché, 10, à Neuilly......... Pérales (S. Exc. le marquis de), [membre à vie], à Madrid... Perez Arcas, [membre à vie], professeur à l'Université de Madrid, calle de las Huertas, 14, à Madrid.................... ; Perin (Marcel), conseiller général, au château de Loisy-sur- LE 0e CAR RS RAR RE ET tr NE ee eme Ut D : Perny (Paul), [membre honoraire], ancien-provicaire apostolique de Chine, rue Boromé, 11.:.4..2.2,:..44000% NE DETTE Ce st Perraudière (Joseph de la), au château de la Devansaye, par Segré. . .. « » o « » oo 0.0 » ae tele eioei alete Abies 087 D PLAN Vite LE Se Perrelle (Maurice de la), propriétaire, rue de Lancry, 17...... Perrelle (Marc de la), rue de Lancery, 17.................... Re Perrier (Edmond), professeur de zoologie au muséum d'histoire naturelle, mue CraELussac Me Et. A are Perrigny (le marquis de), château des Savonnières, par les Mon- LR Tel AE ER Cv ce En A HOT à ee 2 Perron, éleveur, à Goux, près Dole.............,.............. Perrot (Julien), [membre à vie], avenue de Déols, à Chateauroux. Persac (Ch.-Georges-Ernest), [membre à vie], juge au Tribnnal de la Seimeñmue:détRivol,tIG2 MM BERNIE MEN 3 Persin (Jules), président du comice agricole de Montier-en-Der, à Boulancourt, par Montier-en-Der............................ Petich (Louis), consul d'Italie, à Anvers...... Rice la e e Petin (H.), [membre à vie], ancien membre du conseil général de la Loire, à Rive-de-Gier..........,.,... Phi TR Aer tete rate Petit (Albert), conseiller référendaire à la cour des comptes, que du CITE BIEL. CAMAMEAUR SRNEORR A RME MARNE Petit (Auguste), négociant, rue de la Paix, 7................... Petitfrère (Jules), avenue de Neuilly, 94, à Neuilly...... CURE Pétot (Auguste), [meïnbre à vie], château de Thoirès, par Brion- sur-Ource, et place St-Martin, à Beaune..:,,.................. Peyramaure, pharmacien, à Civray........ EN SNS RARES stone e Pichon (le baron), ancien ministre plénipotentiaire, au château de Tournedos-sur-Seine, par Saint-Pierre-du-Vouvray, et rue du Vieux-Colombier, 20.:.:.::.:.:,..::...: dagie Die Sos. avai DR 1e Pichon, M. négociant, rue Fontaine-au-:Roi, I5............., # Pichot (Pierre-Amédée), [membre à vie]; directeur de la Revue Britannique, boulevard Haussmann, 132:.4:...........,,..:.1 Picquart (Anatole), ancien sous-préfet, villa italienne, à Cham- pigay-sur-Marne et rue deChaïllots 83/00 einen Pierre, [membre à vie], à Pont-Lesnay, par Mouchard......:.. Pigouche [membre à vie], commandant supérieur des batteries à cheval de Lunéville (Meurthe-et- Moselle), et au château de Vesperlles; prés Rivesaltes. :. "MEN Re SEUL DNS Piguet (François), rue Perronnet, 43, à Neuilly................ Pihoret, ancien préfet des Bouches-du-Rhône, rue Vaneau, 29. Pilastre (Edouard), avoué de première iustance, rue Notre- Dame-des-Victoires MG ee teen dia a sens 0 PORN RE Pillon (Abel) 4 OuedseEATEnM it I NME Seine, ESsPaGxe. EsPAGNE. Marne. P. Maine-et-Loire. P. PF: P. Loir-et-Cher. Jura. Indre. P3 Haute-Marne. BELGIQUE. Loire. Æ Fe Seine, Côte-d'Or. Vienne. P. Eure. P: P. P. Seine: Jura. Pyrénées-Orientales. Seine. Pinatel (A.), boulevard Malesherbes, 9, et à Ris-Orangis ..... Pinaud (H.), négoc., à Santiago, et rue Magenta, 14, à Asnières. Pinéyro (F.), propriétaire, boulevard Malesherbes, 75........... nr CMbert) a Libourne. MERE, CN LEUR ES MERE. Pisani (le comte Almoro IT Jean-Joseph), [membre à vie], pa- zosBarharo, à Venise: cms Antenne Rare LE ea TUREES Pitard (Francois-Charles), économe du Lycée, à Périgueux....... Planchat, ancien notaire, rue de Bondy, 54.................... Plantamour (Philippe), propriétaire, à Sécheron, près Genève. Plantevigne (Louis), ancien élève de l'Ecole polytechnique, pro- priétaire, maire de Marcillac-Lanville ...... Er Tien de Plaut (Julien), au château du Parc, commune de Saint-Pience, pres Avranches etrue Mozart, 187.4 .:200.2448.. sai laut à 4 Plessis (Gustave du), avenue d’Antin prolongée, 22.............. Plessis-Quinquis (Louis du), propriétaire, au château de Kergoff en Saint-Frégant, par Lesneven......,.......,....,.., Pleurre (le marquis de), au château de Pleurre................. Plezza (Jacques), [membre à vie], sénateur du royaume d'Ita- De. e INENnS SA NC ARE ER Ce CREER D ce PE AIR Podstatzky - -Lichtenstein (comte Léopold), chambellan de S. M. l'Empereur d'Autriche, à Vienne...................,.... Plœuc (le marquis de), sous-gouverneur de la Banque de France, mue desManenan, LOS A TN RENE EE SC 4 Pre ER Poinsignon (Auguste), au château de HORS près Celles- SUR AMOR US RE M Re Eh nds er RAT: REINE Pointelet, aviculteur, à Louveciennes...,.....,....,............ Poïrel (Auguste), [membre à vie], à St-Léonard, par Boulogne- COTES 5 SORT DES AE AR se RE Te RO ER enr Polack (Jules), avenue de Neuilly, 189, à Neuilly ............... Poli (vicomte de), au château du Rostay, par Romoratin, et rue ÊlES AGE EN ANNEE A ee IE en eRtE Polignae (le comte Guy de), au château de Kerbastié, commune de Gnidel, par Gestel, et rue de Lille, 72.....:.....:.....:... Pomereu (le marquis Armand de) nes & Lies rue de ILE, OÙ gore RATES TRE EE A PEN ON SCAE ICE RER QU SRE Pomereu (le comte Robert de); tuetde/ Lille étishialuuiane uu Ponmereul (baron de), propriétaire, au château de NÉE Par rome eh Nm rule aan fe la NEE ANNEE Pompe Van Meerdervoort (le docteur), Mo honoraire], rue Anais as otBerREén-CDe20ONMR. 2.400. 2 dé aneue da ee oo pRean (TRESSRE docteur-médecin, à Gohier, par Saint-Ma- COUELN ee eee ere re eee AI A PRE NES AE Ponsard, de agriculteur, président du comice agri- cole de la Marne, à Omey. AIS a atal at ave ele 8 SU Las à ae MR TME ÉUL Pons-Peyruc, [membre à FOR ingénieur civil, it Hauss- MO EAN CE ee d'cet RE ne à 542 icteuele LR 2e ie Pontet (Francois), propriétaire, allée du Barra, à Les CASA Pontoi (le marquis de), au es de Villebon, nee Courville, ethnie Montalivet,. 8: . 208. pitt 0 CE TUEUR Portalis (le baron), ancien trésorier-payeur général, à Versailles LUC ElPRE 2. den ae ÉD D D 0 co e CORNE Eee Portalis (A.), [membre à vie], sériciculteur et filateur de soie, Beyrouth (Syrie). dure couv RO. à Ne Er Porte (Arthur), secrétaire de l'administration du Jardin d'Accli- mataton du Bois de Boulogne, avenue de Neuilly, 106, à Neuilly. Porte (Etienne), directeur des Courses d'Enghien, et de Maisons- LEA, rue de la GhaueseeS d' ro 23 oser oeesees oo LV P. Seine-et-Oise. Seine. CHILt. 1e Gironde. ITALIE. Dordogne. pp: SUISSE. Charente. P. Manche. JR Finistère. Marne. IraLrE AUTRICHE, P. Deux-Sèvres. Seine-et-Oise, Pas-de-Calais. Seine, PB. P. Morbihan. P; Be . Ille-et-Vilaine. Pays-Bas. Maine-et-Loire. j2 Marne. P. Cantal. P. Eure-et-Loir, P: Turquie D'Agre, Seine. LVI Pothier (Francois), Ingénieur, rue de Penthievre, 6............. Potiche (vicomte Michel de), [membre à vie], à la Fère, et rue Duphot RO -Re Ses tr tenemocsc- Sohier (Léon), propriétaire, boulevard Malesherbes, 74.......... À Soller (Charles), explorateur, rue Nouvelle, 7......... SAP PE Solms (S. À. S. le prince Albert de), au château de Braunfelds, par Wetzlar, Prusse rhénane..:............ bd np ALLEMAGNE: Sommier (Eugène), propriétaire, à Flavy-le-Martel......,...... Aisne. Sonnay (F. de), au château de Sonnay, par l'Isle-Bouchard..... Indre-et-Loire. Souancé (Charles de), [membre fondateur], propriétaire, à : À PEN 0 RAA CO LE ART AONE Nr AE ES, BAT PES RO A Seine-et-Oise. Soubies (Henri), rue de la Victoire, I0 et à Manaud, par Beaumont-de-Lomagne................,...... ......,........ P. Lot-et-Garonne. Souchier (Paul), propriétaire, maire de Chantilly, et boulevard Monimartre, JON MS. O Re RE LR, ravie P. Oise. Souillier (Jules-Maurice), propriétaire, à Bazancourt ........... Marne. Sourdisse de la Valette (Charles), maire de Villiers-Charle- Poe nat oo dd a Ho oO MAS 2 MON BARRE RASE Mayenne. Sousa (Joseph-Augusto de), [membre à vie|, administrateur des royales propriétés de l'Alfeite, près Lisbonne......:.,......... PoRTUGAï. Sousa (le docteur Pedro Luiz Pereira de), [membre à vie], 12, rue San-Benito, à Rio-de-Janeiro.............................. BRÉSIL. Spinelli (Francois), des princes de Scalea, à Naples............. ITALIE. Stahmann (Gustave), rue Basse-de-Lonchamps, 3, à Neuilly .... Seine. Sturne (Gustave), vétérinaire, à Asnières...................... Seine. Subervielle (Aristide), faisanderie de Sénart, par Corbeil, et rue du Colisée OUEN RER TR Ne De Tee LME P. Seine-et-Oise. Sudrot, négociant, juge suppléant au tribunal de commerce, rue Papetre, 180 RE ne ee no ON 2 2 cu CE LIENS VA ER PB Surell (Al), rue du Parc de Clagny, 11, à Versailles........... Seine-et-Oise. Swann, pharmacien, rue Castiglione, 12.,...................... 15e Taïnturier (Henri), rentier,rue de Constantinople, #, et boule- vard de la Courterie, à Bar-sur-Aube.....................:... P. Aube. Tanaka-Yosiwo, [membre à vie], hotaniste, Caï-sei-dzjo, à Yeddo Jarox. Tanerède (Léon), boulevard SuChet, 272 Te. RENE Ce. 1: Tandeau de Mazxsae, notaire, place Dauphine, 23.,........... 18 Tansard, notaire, rue du Grenjer-Saint-Lazare, 5,,,,,.,...,.,, P. Tardieu (le docteur, V, S.), [meme à vie], à Arles,.,,,.,.... Bouches-du-Rhône, Tarin (Ch.), [membre à vie], pharmacien, place des Petit-Pères, 9, Tartenson (le docteur), rue du Génèral Foy, 39............... Tascher (Louis-Elie de), au château de Boissier, par Savigné- ETC RER ES RO OO bon Ale be cn 6e en cE Taule (Henri Pinel de la), propriétaire, au château de Truilhas, aRadlelles PAU" CR AENENAUNES ARR RE RRE ETS CRM ECS Taveau (Constant), propriétaire, rue de la Victoire, 71......... Taveira de Carvalho Pinto de Menezes (José), ingénieur civilet propriétaire, à AMarante. PA. AN AA EN ON Taverna (comte Joseph), [membre à vie], Bulciago, via Barzano, Mandamento di.Missaglia (province de Como).................. Tchihatcheff (Pierre de), conseiller d'Etat actuel de S. M. l'em- pereur de Russie, associé étranger de l'Académie des sciences de Berlin, membre de la Société royale de Londres, Piazza degli PATENTS UT CO AE OR EPA DIEPPE EPA ET EN AA ER ee RER Teil (le baron Xavier du), [membre à vie], à la propriété du Teil, ps tsenntia (Guatemala)r 45e Rent ES Teixera-Leite, [membre à vie], propriétaire, province de Minas- GONOSE MENT TES RO RER TE LL CUTLE AREA RSA ER Tenré (L.), [membre à vie|, banquier, consul de la République du Paraguay, avenue des Champs-Elysées, 121................. Terminarias (Justin), à Brantôme............................ Terrillon (Edmond), [membre à vie], qua de la Mégisserie, 12 Tertrais (Victor), maire de Vertou, près Nantes............... Texier (Ernest), [membre à vie], sculpteur, rue Gaudot-de- RDS ESEPREMERARORE PRE CRE LORS PATRICE DR RUE, Tezanos (Jorge de Pinto), [membre à vie], à Lima........... Tharel (Louis-Léon), négociant, rue de la Banque, 18.......... Thauvin notaire, MOrIÉANS. 2.1... eee souesscee dem e Thellier [membre à vie], banquier, avenne de Messine, 9... Theillier-Desiardins, propriétaire, délégué de la Société na- tionale d'Acclimatation, à Saint-Quentin ........... RTE Thellusson (le comte de). rue d'Aguesseau; Pie et au château de Mautien pan Chevreuse. LLC. oLeobt ee A PrU NU de Lee Théry (André), square de Jussieu, 33, à Lille................... Thierot (Charles), avenue du Roule, 63 bis, à Neuilly.......... Thierry (Edmond), propriétaire, rue des Mathurins, 39 ........ Tholozan (le docteur), [membre à vie], médecin conseiller du Shah de Perse, délégué de la Société nationale d'Acclimata- tions a léheéran.etirue TrOnChet, 2920 AEMIUENEAE rhomast (Léon), rue de la’ Tour; 119%:%...1...0........4...0. Thomas (Alcide), à Mèze............ SR An A De Thomas-Piétri (Eugène-Louis), propriétaire, au château de la Rouquette, commune de Mèze, par Villeyeyrac, et avenue Mar- Cet a PAT RS ER Re sos Se NT CRT tele Thomassin (le général A.), commandant le 4e corps d'armée, au NÉ RO en du ci fe cl eo laeite can le: = CE NT Thomassin (Cyprien), [membre à vie], boulevard Malesherbes, 7. Thomeguez (Albert), boulevard Haussmann, 106.............. Thory (Sosthène), rue des Vignes, 14.......................... Thuvien (docteur A.), avenue de Neuilly, 109, à Neuilly........ Tibiriça-Piratininga (Jo20), [membre à vie], propriétaire, 4 tu (provinceide San-Pauio), 4... 040, anse remise ne LXV P: P. Sarthe. Aude. EX PorTUGAL. ITALIE. ITALIE. AMÉRIQUE CENTRALE. BRÉSIL. P. Dordogne, 1? Loire-Inférieure. Aisne. P. Seine-et-Oise. Nord. Seine P. P. PERSE. PE Hérault, P. Hérault. Sarthe. P, Seine. _ BRÉSIL, LXVI Tinguy (Georges ‘de), au château du Plessis-Bergeret, par La RoChessur-MoneRe ne see. eseboeee sec oe bee PC CHERE NES [membre à vie], banquier, Grande-Rue, 20, à Montpel- TOP. ORNE D che eue de A A Es nina ET TO PE à © cie Titeux (François), 22, rue de la Bienfaisancey............... «- Tocqueville (vicomte René de), [membre à vie], membre du conseil général de la Manche, au château de Tourlaville, par Cherboure, ‘et rue .Viète,"19;, PS MORTE RAT ERA Todaro (Agostino), avocat près la cour de cassation, professeur et directeur du Jardin botanique royal de Palerme (Sicile) ..... Tolla (Camille), .ruesde OrereRe am RP ER PE EE Tondelier, rue Saint-Placide, 34... eos, à Tondreau-Loiïseau (Auguste), banquier, à Peruwelz, province du Hainaut CCC me (Louis), sénateur du royaume d'Italie, à Tirano en Val- teline CR Torres Caïeedo (J.-M.), ministre plénipotentiaire de la répu- blique ‘du Salvador, rue Fortuny, 204-456. en, eee Tortat (Gaston), |membre à vie. avocat à Saintes.............. Touchard (Arthur), propriétaire, à Courcelles, près Pontoise et rue Galilée so se er ER RE E UV TEE Touchardière (Emmanuel de la), au château de Chouteil, com- moumelde MÉTODO MERE PR EEE EE ERP SEE Touche (le comte Edouard de La), à Saint-Brieuc .......... Toulmon (de), propriétaire, au château de Mervilly, à ia Vespière, par Orbec-en-Auge, et rue des Saint-Pères, 7 bis..... g Ex «Us Ke Tour (le comte Edouard du), consul général de France, à Naples. Tournade (J.-A.), rue Louis-Philippe, 6, à Neuilly............. Trasbot (Léopold), professeur à l'Ecole vétérinaire d’Alfort.... Frébucien (Ernest), [membre à vie], manfacturier, avenue de VINCENT SARA a MN a MN ent EE ele PRE DA NE ee Tredern (le vicomte de), propriétaire, rue Montaigne, 21........ Æreilhard (comte), rue de Rivoli, 242, etau château de Marolles- Cn=HUTEPOIR PAPE A PME A 2 PRO EN ARE ES Trémeau (Maurice), rue Perronnet, 44, à Newilly.............. .Trempé, rue du Canal-St-Martin, 13..................,........ Treuille (Raoul), rue de Rivoli, 158, et au château de Chitré, par OUEN D NA A NO A de d'a or a Trévise (le duc Napoléon de), ancien attaché à la mission extraor- dinaire de Chine, avenue Friedland, 18........................ Trieste (Maso), [membre à vie], propriétaire, à Padoue (Vénitie). Triol (Louis), chef d'institution, rue Charles-Laffite, 39, à Neutlles.. RER AR SR EE RE PEER tb Riel en eve a in ane de Triponé fils (Adolphe), négociant, à Belfort .................... Triou (Paul), propriétaire, à la Châtaigneraie.................... Trotter (le major Henry), [membre à vie], attaché militaire de l'ambassade britannique, à Constantinople ..................... Troubetzkoy (prince Pierre), à Intra-la-Ville, Lac Majeur ..... Trouette (Emile), membre du Conseil privé du gouverneur de l'Ile de la Réunion, et à Paris, rue St-Antoine, 163-165........ Trouette (Edouard), ex interne des hôpitaux, pharmacien de lre classe, rue Saint-Antoine, 163-165............,,..,......... Trubert (E.), propriétaire, à Saint-Barthélemy, et rue de Miro- menil, SL. .:.5 0 Ne ERA LEA MIA RUN SERRE PARENTS Truchy (Emile), négociant, rue de Rivoli, 158.................. Trutat (Paul), propriétaire, rue La Boëtie, 110.................. Vendée. Hérault, Be P. Manche. IraALre. ee 152 BELGIQUE. ITALIE. pi Charente-Inférieure P, Seine-et-Oise, Mayenne, Côtes-du-Nord. P. Calvados. ITALIE. Seine. Seine. 18 1 P. Seine-et-Oise. Seine. mA: P. Vienne. BR: ITALIE. Seine. Haut-Rhin. Vendée. TURQUIE. ITALIE. P. Réunion. Tryon de Montalembert (comte de), au château de la Vielle- Ferté, par La Ferté-Loupière ..........................:....4. Tureune (le marquis de), [membre à vie], rue de Berry, 26.... Turpin (A.), propriétaire, au Sillats, commune de Lucbardez..…. Turquand (Ernest), Les Ecuries, commune de Saint-Pierre-de- MAS... et. He. MANN LR: ÉRROUS Tuzellet (Marcellin), aux Hameaux, près Thouars ............. Ugo delle Favare (le marquis Pietro), [membre à vie], Pa- 00 2 Palerme tr DS tune Uruguay (le vicomte de l’}, [membre à vie], ancien envoyé extraordinaire et ministre plénip )tentiaire de S. M. l'Empereur du Brésil en France eten Angleterre. à Rio-Janeiro............ Ussner (Alexandre), [membre à vie], 165, Great-Postland Street, TE LORS NAMUR RER PNEU ES Sd A AE Le en RS Vacher (Charles), farinier et pisciculteur à Evreux....... ras tte Waïllant (Léon), [membre à vie], répétiteur à l'Ecole pratique Heautes études quadElenei IV, OI PEER. ER en rnr Velazquez (le marquis de),|membre à vie| à Madrid, rue du Prado, 22, et à Paris, rue Daunou, 6............ RE MANS Valero de Urria (le marquis de), [membre à vie|, proprietaire à la Havane, (île Cuba), et boulevard Haussmann, 151 ......... Valliéres (des), receveur des finances à Meaux ...,............ Vallois (F.-V.), rue de Labordère, 5, à Neuilly................. Van Blarenberghe, ingénieur en chef des ponts et chaussées, puede la Bientaisance, 48:51. 0000 PA ARR Tee Vanderkemp (le docteur), [membre à vie], rue Jacques Dulud, IL AIN GmINTeL AU É Le de Se TOP TAROT ON RER PT ETC Van-der-Sluys, vice-consul de Suède et de Norvège, à la Pa- piaunerie, près la Caïllère.......,...., MA ATP 2 pl te LAC Van-Gorkom [membre honoraire], ancien inspecteur en chet des cultures de quinquina à Java, à Baarn...... SA dr À at dE LE Van Thuyll-Van-Seroos-Kerken (baron F,-W.-C.-H), à Velsen (NordHaland) eut ae di site Jet CPAS Varin (Jules), propriétaire, au Boulne, près la Ferté-Alais...... Varnier (Paul), rue d'Assas, 9 bis ...,,,,....,, te Pare Vasnier (Henry), maison Pommery, rue Vautier-le-Noir, à Reims. Vatel (Eugène), boulevard Malesherbes, 137...............,.... Vatimesnil (Henri de), au château de Vatimesnil, par Etrepagny, euboulevard batour-Maubours Me MEME PREMIERE CRE ete Vauguerin (Albert Rivière de), ancien directeur des contribu- tions indirectes, avenue du Roule, 26, à Neuilly.....,,,....... Vauguyon (le comte Félix de), au château de la Jupelière, près MOST Re PR M ta Te ce Vauguyon (Henri de),[membre à vie], place de Hercé, à Laval. Vauquelin de la Brosse (R.-A. de), [membre à mie ançien magistrat, au château de Drumare, à Surville, par Pont-l'Evêque. Vautier (Emile), ingénieur civil, à Larmeillière en Camergue, et rue Centrale, 46, à Lyon........... 0 soon nes gerer. LXVIT Yonnne. TP. Landes. Vienne. Deux-Sèvres. ITALIE. BRÉSIL, Grande-Bretagne. Eure. JP: P. ESPAGNE. P, ANTILLES. Marne, Seine. IE. Seine. Vendée. Pays-Bas, Pays-Bas. Seine-et-Oise. BA Marne. P° P. Eure. Seine. Mayenne. Mayenne. Calvados. LXVIIN Vavasseur (Adolphe, avenue de Neuilly, 109, à Neuilly......... Wazellle (lo doPEtr), à Tasy...,......:... 04... DER Vekemans (Jacques), [membre à vie], directeur du Jardin AOOIOPIQUEN SR ANVETS....., 0 + ct perte ce CCE TE Verdier (Eugène), horticulteur, rue de Clisson, 37 Verne (Victor du), propriétaire), au château de la Croix, com- mune de Varennes-les-Nevers CC Vernet-Lecomte (Horace), agent de change, rue de Saint- PéterShoure, 20.:....L 02 PR NE DER LOUE SIC CLER. Vernon (lord), [membre à vie], à Sudbury Park, Derby Veyrassat (J.-Jacques), boulevard de Clichy, 7................. Vezins (Jacques de), [membre à vie], au château du Bois-Saint- Louis, par Maulevrier nn nm mn mm Vianelli (Albert), avenue des Champs-Elysées, 84 Vidal (Léon), propriétaire rue Talma, 3 Vidal (le docteur A.), ancien médecin de l'arsenal impérial mari- time, de Yokoska, à Mazères sonne CCC Vieillot (Jules). avenue de Neuilly, 58, à Neuilly CCE EEE Vieira (Auguste), propriétaire, rue Lafayette, 43, et à Nogent- SUL- MARNE: See ei eme olenous e CPEEieCECC RC Soe Viette (Théodore), propriétaire, rue de Ponthieu, 63 sr... Viéville (Etienne), batteur d'or, président de la chambre syndi- cale; rue St Maur me DO ER ERREUR PRE eut Vigier, médecin vétérinaire, rue de Lille, 45 CCC Vigier (Lucien), avenue de Neuilly, 31, à Neuilly Vignaux (Alphonse), propriétaire, à Saint-Sauvy, par Gimont .. Vignes (Louis), [membre à vie], contre-amiral, avenue d'An- NS ONE ENORME CINE MOCRENPERE STE CARS VPN RE EMA MEURS Vigour (Jules), notaire, à Saint-Servan ........................ Viguier (Paul), quai Voltaire, AE: LE En Eee CLR E - J'atanentes.. Vilcoegq (Léon), au château de La Neuville, par Marle Villa-Franca (le baron de), [membre à vie], Fréguezia de Nossa- Signora do Desterro de Quissaman, province de Rio de Janeiro. Villanova y Piera (Don Juan), [membre à vel rofesseur de Re au Musée d'histoire naturelle de Madrid, calle de BELGIQUE. PE Nièvre. P: GRANDE-BRETAGNE. Seine-et-Marne, Maine-et-Loire. P: Ille-et-Vilaine Pl: Aisne. BRÉSIL. an’ Vicente; L2MAMauniIQE Art. MARCEL REA LERRe EsPAGNE. Villarnon (Comte Louis de), Châteaul Bruère, par Poully-sur- Boire. 45 RERO RTE RS CURE PERSAN RS & Nièvre. Villars (Gabriel), [membre à vie], propriétaire-agriculteur, rue derPans, à Mâcon. 2:20 ME ER ERREUR ENER ERC TUE Villaux (Adolphe), banquier, rue Drouot, T..................... Villebois-Mareuil (baron Godefroy de), au château de La Fer- rLére, PAlMSEBTEner LL eictee ess eeeete CPC PER CEULOUE Villebrune (le comte Raoul dela) Faufchäteau de Vilhoet, près Dolde=Bretapné mener rm een MM ERSENMERC EEE Er Villedon (le comte Léonce de), [membre à vie], au château dPANITE, Dress AROCREE EME Es te ee ER re Villegontier (Comte Gérard de la), au château de la Villegon- tier, près Fougères, et place du Palais-Bourbon, 5 sms. Saône-et-Loire. Maine-et-Loire. Ille-et-Villaine. Charente-luférieure. P. Ille-et-Vilaine. Villeneuve (le marquis Ludovic de), au château d'Hauterive, DRÉSICASITES ERREUR Eee aire Villey (P.), avocat, rue Bicoquet, 12, à Caen................... Vilmorin (Henry de), boulevard Saint-Germain, 149............ Vincendon-Dumoulin (Constant), à Chevrières, par Saint-Mar- ESTONIE ARTE CRUE DRE ARS CR EPA ESP 2e Les Vincent (Emile), au château de la Roche-Daim, par château la VONT AS RG et 2 ORDRE UD DEEE Viot (A.-Eug.), ancien notaire, rue Charles-Laffitte, 32, à Neuilly. Vogué (comte de A. de), rue Matignon, 18..................... Voisins (comte Georges des), [inembre à vie], allée des Capu- Cines a MES ele A PP ER A ANT AN ET AE Voitellier, fabricant d'appareils à incubation artificielie, à Mantes. Vougy (le vicomte de), ancien directeur général des télégraphes, à Chamarandes, par Saint-Germain-Lespinasse................ Vroil ur de), propriétaire, an château de Roquincourt et rue Ce DANSE SE TS ET eee ER En Vuillefroy de Silly (Georges de), rue Neuve-Saint-Augustin, 17. Vuillefroy de Silly (Henri de), rue Neuve-Saint-Augustin, 17. Wagner, propriétaire, à Courcelles, par Braisne ............... Wagner (Ladislas de), [membre à vie], professeur à l'Ecole royale polytechnique de Pesth, délégué de la Société nationale d'Acclimatation, Elisabeth platz, 10, à Pesth................. Wagram (Berthier, prince de), au château de Gros-Bois, et rue Saint-Lazare, 56 (avenue du Coq, 4)....................... Wagram (le prince A. de), rue Cristophe Colomb, 11.......... Wailly (Alfred), Tudor Villa, Tudor Road, Norbiton, Kingston OMBATAMESASULEEM RER EC ECC Lecce tree cecrecete Wailly (Gustave de), banquier, rue Taitbout, 20................ Wallon, imprimeur, NN RER enter CRE ee Re Wallut (Ch.), docteur en droit, rue de Rivoli, 210............... Waru (Pierre de), rue de Téhéran, 14, et à Vallery............. Wautier (J.), rue d'Hauteville, 30............ ER ARE AR APE : Weber (le .docteur), en directeur, au 5° corps d'armée à RON ere R A eleerae BARRE ME SECTE Weill (Léon), avenue de Neuilly, 189, à Neuilly................ Weil-Crémieux (Alfred), directeur du Jardin zooligique de Mans elle net Eu ne Men AN A ARE Werlé (Ch.-Barbe-Alfred), [inembre à vie], boulevard du Temple, DESIRE NRC A RAT 20 MES DE Be die à Westermann (G.-F.), directeur du Jardin zoologique ARS Re EU 2 A M CN NI de a de DRE E CE OEM PEL ONE Weytland, notaire, à La Haye......... RAM JE LÉO DE NOMEREE Wickhamm (le docteur Georges), rue de la Banque, 16 Williams (John), industriel, rue Piccini, 14:.:.:........,....... Wodianer (Maurice de), [membre à vie], ve directeur de la banque nationale d'Autriche, à Vienne.:..:.:..:............ LXIX Tarn. Calvados. 12. Isère. Indre et-Loire. Seine. P. Bouches-du-Rhône Seine-et-Oise. Loire. P. Marne. Aisne. AUTRICHE. P. Seine-et-Oise. P. GRANDE-BRETAGNE. P2 Allier. ps P. Yonne. P. Seine-Inférieure. Seine. Bouches-du-Rhône, Marne. Pays-Bas, Pays-Bas. F2 P. AUTRICHE : LXX Wolbock (le Vicomte Henri de), au château de Kerkado, par Carnac RE ut ue rehaL FRERE te CV PERRRE SRE Wuirion (Edmond), inspecteur au Jardin d'Acclimation du Bois de Boulogne, avenue de Neuilly, 173, à Neuilly................ Yela (le docteur Joaquim), professseur de botanique à l'Université de Guatemala, à GUAlÉMAIS. 6 CERCLE CE EEE Yver de la Vigne-Bernard (Léon), au château de Quesnot, Dar CAN... te rm Bet ne eee PE Lee Tee Yzac (Louis), avenue de Neuilly, 83, à Neuilly .................. Zaman (Félix), au château de Vasseyes, par Hannut ........... Zedde (Charles), propriétaire, rue de Chabrol, 71.............. Zenk (F), directeur de l'Association de Pisciculture de la Basse- Franconte NVIUDIz DOUTE RE PER RE PRET NEO RAEREEC Zeiller, [membre à vie], rue de Villers, 92, à Lunéville ........ Zéky-bey, [membre à vie], ancien attaché au secrétariat des commandements de S. A. le vice-roi d'Egypte................. Ziégler (Jean-Jacques), ingénieur, à Meggen (canton de Lucerne), et 91, place/Malesherbes.......,..:.,,:,,.s.sas dr BONE des Zurcher (Alphonse), manufacturier, délègué de la Société d’accli- MAO EACErRAV Nes ereec nr Lie EEE CO 0Ct Morbihan. Seine. AÂMÉRIQUE CENTRALE. Manche. Seine. BELGIQUE. PF; ALLEMAGNE. Meurthe-et-Moselie. P. Suisse. Alsace. SOCIETÉS AFFILIÉES ET COMITÉS RÉGIONAUX FRANCE ET COLONIES Société des sciences physiques naturelles et climatolo- giques et Comité régional d'Acclimatation,sà Alger..... Algérie La Société centrale d'agriculture, d’horticulture et d’accli- matation de Nice et des Alpes-Maritimes, à Nice....... Alpes-Maritimes La Société d’horticulture et d’acclimatation du Tarn-et Garonne, à Montauban MEMOIRE RU MOMRANTNT ] Tarn-et-Garonne. La Société d'horticulture et d'acclimatation du Var, à DOUAI ae re RAR Le eue Var. La Société d’horticulture et d’acclimatation du Cantal, à RS RULES.- 22 LRNRNENRNRIAReS. EE EPA nn TRS . Cantal. ÉTRANGER La Société d’acclimatation et d'agriculture de Sicile (Societa d'acclimazione e d'agricoltura in Sicilia), à Palerme.. ITALIE. La Société royale d'horticulture et d’acclimatation de Liège, à, HOME MSN LI 0 L< BNP MAO E ASE TS PRE A BELGIQUE, La Société d’acclimatation de l’île Maurice.............. MAURICE. La Société impériale d’acclimatation de Moscou.......... Russie. La Société royale zoologique d’acclimatation de La Haye.. Pays-Bas. SOCIÉTÉS AGRÈGEES fé FRANCE Le Comice agricole et Sociêté de viticulture de Brioude... Haute-lioire. Le Comice agricole de l'arrondissement d’Alais..... aboaraGerEl L'Ecole d'agriculture de Montpellier, à Montpellier. ...... Hérault. La Ligue du Reboïsement de l'Algérie, à Alger .....:.... Algérie. La Société d'agriculture de la province de Constantine, à Constantine. Cr EC NID ONE CANNES RUES Sa Algérie. La Société linnéenne du Nord de la France, à Amiens..... Somme. La Société d'agriculture de l'Ardèche, à Privas........... Ardèche. La Société d'agriculture des Bouches-du- di à Mar- LEUR RENE PRE RE a PRE AN RER Bouches-du-Rhône: La Société d'horticulture de la Côte-d'Or, à Dion ss... Côte=d'Or: La Société d'agriculture, sciences, arts et belles- au es de l'Eure, à D I NERO RE er Eure: La Société d'horticulture de la Gironde, à Bor nL ÉLUS Gironde: La Société d'agriculture de la Haute-Garonne, à Toulouse. Haute-Garonne. La Société d’horticulture et de botanique de Limoges... Haute-Vienne. La Société d’horticulture de Nantes. ::........:::::....: Loire-Inférieure: La Société d'agriculture, industrie, sciences et arts de la Porereirar lente RME QUT LR AN CANMeRPANENMNN AT Et Lozère; LXXII La Colonie agricole de Mettray, près Tours...........,...... La Société d agriculture de Verdun.:.................... La Société départementale d’horticulture de la Nièvre, à Nevers eee LU cotes ee RADAR AREMPRERRT ee La Société centrale d'agriculture du département du Pas- de-Culais,.à Arras... Rares ste de fotos La Société d'agriculture de Melun..."................... La Société d'agriculture et de l’industrie de Tonnerre. .... La Société d’horticulture des Vosges, à Epinal............ La Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire, à ChalDh=-sUT- SAONE CE RCE CEE LEE TL 0e ÉTRANGER L'Athénée louisianais, à la Nouvelle-Orléans. ......... Le Conseil impérial d'Aragon, [membre à vie], à Saab el (Junta del canal imperial de Aragon, Zarogosa) . ..... La section d'industrie et d'agriculture de l’Institut géne- vois, à Genêve...............................ts.... La Société des sciences naturelles de Neufchâtel... RS Le Jardin zoologique de Bâle..............:... let La Société d'agriculture de Ponta Delgada, [membre à die ile Saumenbenel ee. ee AIRE La Société de l’Union des chasseurs, à Saint-Denis... ..... La Société d'a griculture de Angra, do Heroismo [membre dois. MRC Lie MENU AT EE ER RRRTE Le commissariat d'agriculture de Bogata [membre à vie]. Indre-et-Loire. Meuse. Nièvre. ‘ Pas-de-Calais. Seine-et-Marne. Yonne. Vosges. € Saône-et-Loire. ErTats-Unrs. ESPAGNE. » SUISSE. SUISSE. SUISSE . AÇORES. LA REUNION. AÇORES. CoLoMBIE lmp. spéciale du Jardin d'Acclimatation, 52 bis, rue Jacques-Dulud, à Neuillv. VINGT-HUITIÈME SÉANCE PUBLIQUE. ANNUBLLE - DE DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE PROCÈS-VERBAL La Société nationale d’Acclimatation de France a tenu sa vingt-huitième séance publique annuelle de distribution des récompenses, de vendredi 5 juin 1885, dans la salle du théâtre du Vaudeville, sous la présidence de M. H. Bouley, membre de l’Institut, président de la Société. Au bureau siégeaient MM. Cosson et de (uatrefages, membres de l'Institut, vice-présidents de la Société : Levas- seur, membre de l'Institut; A. Geoffroy Saint-Hilaire, secré- taire général; Maurice Girard, secrétaire; Ménard, tréso- rier ; Berthoule, archiviste; D. L. Lefort, Paillieux, Pichot et L. Vaillant, membres du Conseil; Jules Grisard , agent gé- * néral, rapporteur de la Commission des récompenses. Sur-l’estrade avaient pris place les membres des bureaux des Sections, les membres de la Commission des récompenses, et un grand nombre de notabilités françaises et étrangères. Une très nombreuse et très brillante assemblée occupait la salle. | L'orchestre du Jardin zoologique d’Acclimatation, sous las direction de M. Mayeur (de l'Opéra), prétait son con- cours à cétte solennité. Après l’ouverture de la séance par M. PBouley, la parole a été donnée à M. Levasseur, qui a fait une conférence fré- quemment interrompue par les applaudissements de l’assem- blée sur le Progrès de la race européenne au dix-neuvième siècle par la colonisation. Enfin M. l’Agent général a présenté le rapport au nom de la Commission des récompenses. 4° SÉRIE, T. II. — Séance publique annuelle. ü LXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Il a été décerné cette année : 4° Une médaille d’or offerte par le Ministère de l’agricul- ture. Deux grandes médailles d’or de 300 francs (hors classe). 3 Deux grandes médailles d'argent, hors classe égale- ment, à l'effigie d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. 4 Un prix extraordinaire d’une valeur de cinq cents francs. | | 5° Une prime d’une valeur de trois cents francs. 6° Vingt médailles d'argent et un rappel. 7° Sept médailles de bronze. 8° Une mention honorable. 9% Deux récompenses pécuniaires d’une valeur de deux cent cinquante francs. 10° Les deux primes de 200 ét de 100 francs fondées pau feu Agron de Germigny. 41° Quatre primes de 400 francs, une de 75 francs ét une de 25 francs offertes par l'admidistration du Jardin d’Acclima- tation. Le Secrétaire des séances, C. RAVERET-WATTEL. PRIX EXTRAORDINAIRES ENCORE A DÉCERNER GÉNÉRALITÉS 1° — 1882. — Prix de 1000 francs fondé par feu M. BEREND, membre de la Société. Un prix de 1000 francs sera décerné à l’auteur du meilleur tra- vail faisint connaître, au point de vue historique et pratique, les: travaux relatifs à l’acclimatation et les résultats obtenus depuis 1854. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 2000 francs. do — 1863. — Prix pour les travaux théoriques relatifs à l'acclimatation. $ I. Les travaux théoriques sur des questions relatives à l’accli- matation, publiés pendant les cinq années qui précèdent, pourront être récompensés, chaque année, par des prix spéciaux de 500 franes- au moins La Société voudrait voir étudier particuliérement les causes qui peuvent S “opposer à l acclimatation, et les moyens qui peuvent servir à prévenir ou à combattre leurs effets. $ IT. Il pourra, en outre, être accordé dans chaque section des primes ou des médailles aux auteurs de travaux relatifs aux ques- tions dont s’occupe la Société. Ces travaux devront être de nature à servir de guide dans les ap- plications pratiqués où propres à les vulgariser. Les ouvrages (imprimés ou manuscrits) devront être remis à la Société- avant le 1° décembre de chaque année. 3° — 4867. — Prix pour les travaux de zoologie pure, pouvant servir de guide dans les applications. La Société, voulant encourager les travaux de zoologie pure (mo- nographies génériques, recherches d'anatomie comparée, études- embryogéniques, etc.), qui servent si souvent de guide dans les ap- plications utilitaires de cette science, et rendent facile l'introduction d'espèces nouvelles ou la multiplication ou le perfectionneinent d’es- pèces déjà importées, décernera annuellement, s’il y a lieu, un prix de 500 francs au moins à la meilleure monographie de cet ordre, publiée pendant les cinq années précédentes. Elle tiendra particulièrement compte, dans ses jugements, des. applications auxquelles les travaux de zoologie pure appelés à con- (1) Le chiffre qui précède l’énoncé des divers prix, indique l’année de la fon- dation de ces prix. Tous les prix qui ne portent pas l'indication d’une fondation particulière sont fondés par la Société: LXXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. courir auraient déjà conduit, que ces applications aient été faites par les auteurs de ces travaux ou par d’autres personnes. Un exemplaire devra être déposé avant le 1° décembre. 4e — 1875. — Des primes ou médailles pourront être accordées aux personnes qui auront démontré, pratiquement ou théoriquement, les procédés les plus favorables à la multiplication et à la conserva- tion des animaux essentiellement protecteurs des cultures. Concours prorogé jusqu’au 1° décernbre 1885. C4 5° — 1867. — Prix perpétuel fondé par feu M" GUÉRINEAU, née DELALANDE. Une grande médaille d’or, à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint- Hilaire, et destinée à continuer les fondations faites les années précédentes, dans l'intention d’honorer la mémoire de lillustre et intrépide naturaliste voyageur, Pierre Delalande, frère de M"° Gué- rineau. Ceite médaille sera décernée, en 1886, au voyageur qui, en Afrique ou en Amérique, aura rendu depuis huit années le plus de services dans l’ordre des travaux de la Société, principalement au point de vue de l'alimentation de l’homme. Les pièces relatives à ce concours devront parvenir, à la Société ayant le 1 décembre 1885. 6° — 1861. — Primes fondées par feu M. AGRON DE GERMIGNY. Deux primes, de 200 francs et de 100 francs, seront décernées, chaque année, pour les bons soins donnés aux animaux ou aux vé- gétaux, soit au Jardin d’acclimatation (200 francs), soit dans les établissements d’acelimatation se raltachant à la Société (prime de _ 100 francs), Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société ayant le 1°" décembre de chaque année. PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES 1° — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d’une valeur de 200 à 500 francs à toute - personne : ayant introduit quelque espèce nouvelle, utile ou ornementale, d’un réel intérêt. 2 -— 4885. Introduction d’une espèce nouvélle de Mammi- fère insectivore en France. | “PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXVII Les candidats devront justifierde la possession de dix sujets au moins nés chez eux et adultes. : Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1890. Prix : 500 francs. 3° 4870. — Introduction en France des belles races asines de l’Orient. On devra faire approuver par la Société d’Acclimatation les Anes éta- lons importés, et prouver que vingt saillies au moins ont été faites dans l’année par chacun d’eux. * Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885.— Prix : 1000 francs. 4 — 1868. — Domestication complète, application à l’agricul- ture ou emploi dans les villes de l’'Hémione PRES Hemionus) ou du Dauw (E. Burchelli). La domestication suppose la reproduction en captivité. . Concours prorogé jusqu'au 1° décembre 1885. — Prix : 100€ franes. 5° — 4867. — Métissage de l'Hémione ou de ses congénères (Dauw, Zèbre, Couagga) avec le Cheval. « On devra avoir obtenu un ou plusieurs métis âgés au moins d’un an. : Concours prorogé jusqu'au 1°" décembre 1885. — Prix : 1000 franes. 6° — 4867. — Propagation des métis de l’Hémione ou de ses Lee (Dauw, Zèbre, Couagga) avec l’Ane. Ce prix sera décerné à léleveur qui aura produit le plus de métis. (Il devra en présenter quatre individus au moins.) Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 1000 francs. 7 — 4885. Multiplication en France du Sanglier nain (Por- cula Salviani). On devra justifier de la possession de douze sujets au moins, nés chez le propriétaire et âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1890. — Prix : 500 francs. Le prix sera doublé si les sujets présentés sont nés d'individus ayant déjà reproduit en France. — Pkix : 2000 francs. 8° — 1867. — Élevage de l’Alpaca, de l’Alpa-Lama et du Lama. On devra présenter au concours douze sujets nés chez l’éleveur et âgés d’un an au moins. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 4500 francs. 9 — 1869. — Prix perpétuel fondé par feu M°° Ad. DUTRONE, née GALOT. Une somme annuelle de 100 francs sera, tous les trois ans, con- vertie en prime de 300 francs (ou médaille d’or de cette valeur), et décernée, par concours, au propriétaire ou au fermier qui, en France ou en Belgique, aura le mieux contribué à la propagation de la race bovine désarmée sARLABOT, créée par feu M. le conseiller Ad. Dutrône. Ce prix sera décerné en 1885 et 1888. LXXVII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 10° — 1873 ..— Chèvres laitières. On devra présenter 1 Bouc et8 Chèvres d’un type uniforme, et justifier .que trois mois après la parturition les Chèvres donnent 3 litres de lait par jour et par tête. Les concurrents devront présenter un compte des dépenses et recettes -occasionnées par l’entretien du troupeau, et faire connaître à quel usage le lait a été employé (lait en nature, beurre, fromage), Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — Prix : 509 franes. 11°— 4834. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Gerf Wapiti (Cerous -Canadensis), du Cerf d’Aristote (Gerous Aristotelis) ou d'une autre grande espèce. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885. — Prix : 4500 franes. 12% — 1874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf axis(Cervus ais), du Cerf des Moluques (Cervus Moluccensis) ou d'une autre espèce -de taille moyenne. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d'un an. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885.— PRIX : 4000 franes. 43° — 48734. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf-Cochon (Cervus .porcinus) ou d’une autre espèce analogue. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an, Concours ouvert jusqu’au de décembre 1885.— Prix : 500 francs. 44° — 4874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans -un grand parc clos de murs ou en forêt), du Cerf Pudu (Cervus _Pudu) ou d’une espèce analogue. ‘On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. .-Goncours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 500 francs. 15° — 4874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de l’Antilope Canna (Bos elaphus Oreas) où d’une autre grande espèce. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, més à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885.—- Prix : 4500 franes. 16° — 2874. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans -un grand pare clos de murs ou en forêt), de l’Antilope Nylgau (?or- -lax picta) où d’une autre espèce de taille moyenne. On devra faire constater la nrésence de dix individus au moins, nés à PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXIX l'état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — PRIX : 4000 franes. 47 — 48974. — Multiplication en France, à l'état sauvage (dans un grand parce clos de murs ouen moe d’Antilopes de petite taille. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu'au 14 décembre 1885. — Prix : 500 francs. 18°—4873.— Introduction en France de l’Hydropotes inermis (Ke ou Chang). On devra avoir introduit au moins trois couples de Ke ou Chang, et faire constater que trois mois après leur importation, ces animaux sont dans de bonnes conditions de santé. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIx : 500 franes. 19— 4878. — Multiplication en France de l’'Hydropotes inermis (Ke ou Chang). On deyra faire constater la présence de dix individus au moins âgés de plus d’un an et issus des reproducteurs importés. Concours prorogé jusqu’au 1°" décembre 1885. — PRIx : 1000 francs. 20° — 1865. — Domestication en France du Castor, soit du Ca- nada, soit des bords du Rhône. On devra présenter au moins quatre individus mâles et femelles, nès chez le propriétaire et âgés d’un an au moins. Concours prorogé jusqu'au 1° décembre 1885. — PRIX : 500 francs. — Le prix sera doublé si l’on présente des individus de seconde géné- ration. 21°— 4875. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de Kangurous de grande espèce. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux seront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Pix : 1000 franes. 22° — 4835. — Multiplication en France, à l’état sauvage (dans un grand parc clos de murs ou en forêt), de Kangurous de petite taille. On devra faire constater la présence de dix individus au moins, nés à l’état de liberté, parmi lesquels six animaux : eront âgés de plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — PRix : 500 franes. 23° — 4882. — Multiplication en France du Lapin géant des Flandres, à oreilles droites. On devra présenter 5 mâles et 5 femelles adultes, nés chez l’éleveur, du poids moyen de 8 kilogrammes. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 300 franes. 24° — 1882. — Alimentation du bétail pie le Téosinté (Reana luxœurians). LXXX SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. On devra présenter un compte établissant le rendement obtenu, en poids, d’une plantation de Téosinté couvrant au moins 25 ares et fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients -que présente ce mode d'alimentation pour le bétail. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — Prix : 300 franes. 25° — 4882. — Alimentation des animaux par le Soya. On devra fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients que présente ce mode d’alimentation pour les ani- maux soit à l’état vert, soit à l’état sec. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885. — PRIx : 300 francs. DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX 1° — 1864. — Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d’une valeur de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle utile ou ornementale d’un réel intérêt. 2° — 4875. — Un prix de 500 francs sera accordé à l’inventeur d'un genre de nourriture artificielle ou composition pouvant rem- placer partout et à un prix modéré les œufs de fourmi (nymphes et larves), pour l'élevage des Perdrix et des Faisans. On devra justifier du plein succès du procédé et livrer ce genre de nour- riture à un prix qui ne sera pas plus élevé que celui des œufs de . fourmi. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — PRIX : 500 franes. 3°— 41864. — Introduction et acelimatation d’un nouveau gibier pris dans la classe des Oiseaux. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. On devra présenter plusieurs sujets vivants de seconde génération. Concours prorogé jusqu'au 1% décembre 1885. — Prix : 5006 à 1000 francs. 4 — 4870. — Multiplication et propagation en France ou en Algérie du Serpentaire (Gypogeranus Serpentariu®. On devra présenter un couple de ces oiseaux de première génération, et justifier de là possession du couple producteur et des jeunes obtenus. : Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885.— Prix : 2000 franes. 5° — 4868. — Acclimatation du Martin triste (Acridotheres tristis) ou d’une espèce analogue, en Algérie ou dans le midi de la France. On devra présenter cinq paires de ces oiseaux, adultes, de seconde génération. Concours prorogé jusqu’au 14 décembre 1885. — PRIx : 500 franes. PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXXI 60 4830. — Multiplication en France, à l’état sauvage, de la Pintade ordinaire (Numida Meleagris). On devra faire constater l'existence, sur les terres du propriétaire, d'au moins quatre compagnies de Pintades de six individus chacune, vivant à l’état sauvage. Concours prorogé jusqu’au 1°" décembre 1885. — Prix : 250 franes. 1— 4875. — Multiplication en France, à l’état sauvage, du Faisan vénéré. On devra faire constater l’existence d’au moins dix jeunes sujets vivant en liberté et provenant du couple ou des couples lâchés. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 500 franes. 8° — 1870. — Création d'une race de Poules domestiques pondant de gros œufs. On devra présenter au moins douze Poules de 3° génération, constituant une race stable, et donnant régulièrement des œufs atteignant le poids de 715 grammes. Cette race, créée par la sélecton ou par croisement, devra pré- senter les caractères d’une variété de bonne qualité pour la consommation. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 500 franes. Prix fondés par M. Georges Mathias, membre de la Société. 9 — 1885. — Reproduction en captivité d’un oïseau quel- conque, de l’ordre des Gallinacés, qui jusqu’à ce jour ne s’est pas reproduit dans ces conditions. On devra présenter au moins quatre sujets nés chez le propriétaire. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1890. — Prix : 350 franes. 10° — 2885. — Monographie des Phasianidés (Faisan, Trago- pan, Lophophore, etc.) Les auteurs devront indiquer, dans un livre ou un mémoire étendu, les diverses espèces de cette famille, leur distribution géographique, leur description, mœurs, habitudes, instincts, leur mode de reproduc- tion, leur alimentation. En d’autres termes, les ouvrages présentés devront pouvoir servir de Guide pratique. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1890 — Prix: 25© francs. 11° — 4867. — Introduction et multiplication en France, en par- quets, du Tétras huppecol (Tetrao Cupido) de l'Amérique du Nord. O: devra présenter au moins douze sujets, complètement, adultes, nés et élevés chez le propriétaire. Concours prorogé jusqu’ au 1e décembre 1885. — PRIX : 250 franes. Le prix sera doublé si la multiplication du Tétras huppecol a été obtenue en liberté. LXXXII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. 12° — 4870. — Multiplication en France. à l’état sauvage, dela Perdrix de Chine (Galloperdix Sphenura) ou d'une autre Perdrix percheuse. On devra faire constater l’existence d’au moins six sujets vivant en liberté et provenant du ou des couples lächés. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885, — PRIX : 800 franes. 13° — 4827. — Importation des grosses espèces de Colins (ori- ginaires du Mexique et du Brésil) et des LS espèces de Tina- mous de l'Amérique méridionale, On devra avoir importé au moins six couples de ces oiseaux et justifier que trois mois après leur importation ils sont dans de bonnes conditions de santé. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885. — PRIX : 250 franes. 14 — 4873. — Multiplication en volière des grosses espèces de Colins originaires du Mexique et du Brésil, ou des petites espèces de Tinamous de l'Amérique méridionale. On devra présenter dix sujets vivants nés des oiseaux directement im- portés du pays d’origine Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 300 franes. 15° — ASS1,— Reproduction de la grande Outarde (Otis tarda) à l’état sauvage. On devra prouver que trois couples au moins de grandes Outardes ont couvé et élevé leurs jeunes en France, sur les terres du propriétaire, Concours ouvert jusqu’au 1 décembre 1885. — Prix : 300 franes. 16° — 4870. — Domestication en France ou en Algérie de l'Ibis sacré (lbis religiosa) ou de l’Ibis falcinelle (1bis falcinellus), ou d’un autre oiseau destructeur des Souris, Insectes et Mollusques nui- sibles dans les jardins. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. On devra faire constater l'existence de quatre sujets au moins de pre- mière génération, vivant en liberté autour d’une habitation et nés de parents libres eux-mêmes dans la propriété. - Concours ouvert jusqu'au 1% décembre 1885. — PRIX : 500 franes. 17 — 4867. — Domestication de l’Autruche d'Afrique (Stru- thio camelus) en Europe. On devra justifier de la possession d’au moins six Autruches nées chez le propriétaire et âgées d’un an au moins. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885.— PRIX : 1500 franes. 18° — 4879. — Création en Algérie d’une ferme d’Autruches. On devra être possesseur de dix couples, au moins, de reproducteurs, et avoir fait naître et élever dans les trois années précédentes cent jeunes autruchons. Les concurrents ne seront pas tenus d’entretenir chez eux tous les jeunes produits; mais ils devront fournir des documents authen- tiques justifiant de la destination qui leur a été donnée. PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXXII Les coneurrents devront présenter un compte des dépenses et recettes oecasionnées par l'entretien du troupeau; faire connaître la valeur des plumes livrées au commerce; les procédés à employer pour la multipli- cation.des jeunes (incubation paturelle ou hydro-incubateurs), et adresser à la Société un rapport circonstancié donnant tous les détails propres à l'éducation de l’Autruche en captivité. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885, — PRIX : 4000 francs. 14° — 4873,— Domestication d’un nouveau Palmipède utile. On devra présenter au moins dix sujets vivants de seconde génération produits en captivité. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix: 2000 franes. 20° — 1882. — Un prix de 300 francs sera décerné à l’auteur du meilleur travail sur les nichoirs artificiels pour la protection et la propagation des espèces d’oiseaux qui nichent dans les creux ou trous des arbres, des murailles ou des rochers. L'auteur devra produire des modèles de nichoirs en indiquant leur mode de construction et leur prix de revient, et justifier des résultats obtenus depuis cinq ans au moins. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1890. — Prix : 300 franes. 21° — 4882. — Un prix de 500 francs sera accordé à l’inven- teur d’un genre de nourriture artificielle ou composition pouvant remplacer les pâtées fraîches, pour les oiseaux insectivores entre- tenus en volières. On devra faire connaître la composition et le mode de préparation, justifier des avantages que présente l’emploi de cette composition au point de vue de sa conservation, de ses qualités nutritives et de son prix de revient. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885. — Pix : 300 franes. TROISIÈME SECTION. — POISSONS, MOLLUSQUES, ETC. CRUSTACÉS, ANNÉLIDES 1° — 1864, — Introduction d'espèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primes d’une valeur de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle, utile ou ornementale, d’un réel intérêt. 2° — 1882. — Recherches sur les propriétés physiques et chimiques des eaux douces au point de vue de l’aquiculture. L’auteur devra faire ressortir, par des observations et des analyses pratiques, les conditions favorables au développement des diverses espèces de Poissons, Crustacés, Mollusques et Végétaux. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 500 franes. 3° — 1883.— Recherches sur les propriétés physiques et chimi- ques des eaux de mer et saumâtres au point de vue de l’aquiculture. LXXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. L'auteur devra faire ressortir, par des observations et des analyses pratiques, les conditions favorables au développement des diverses espèces de Poissons, Crustacés, Mollusques et Végétaux. Concours ouvert jusqu’au 1 décembre 1885. — PRIX : 500 francs. 4 — 1884. — Alimentation du Poisson. Le prix sera accordé à la découverte d’un procédé véritablement pra- tique, peu coûteux et réellement industriel, pour la production rapide et en quantité illimitée d’une nourriture vivante (Daphnies, Cyclopes, etc.) propre à l’alimentation du poisson et en particulier de l’alevin de Sal- monide. On devra faire connaître en détail le mode de production employé et justifier du plein succès obtenu. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1890. — Prix : 500 franes. BATRACIENS 5° — 4870. — Introduction et multiplication en France de la Grenouille bœuf (Rana mugiens) de l'Amérique du Nord. On devra justifier de la possession de vingt-cinq sujets nés chez le pro- priétaire. _ Concours ouvert jusqu’au 1 décembre 1885. — Prix : 250 francs. POISSONS 6° — 4873. — Introduction dans les eaux douces de la France: d’un nouveau Poisson alimentaire. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins ; on devra justifier qu’ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885. — Prix : 500 francs. 1° — 1838. — Acclimatation dans les eaux douces de la France d’un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIx : 1000 franes. 8 — 1878. — Introduction dans les eaux douces de l’Algérie d’un nouveau Poisson alimentaire. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins; on devra justifier qu’ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — PRIX : 5300 franes. Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gourami (Osphrome- nus olfax). 9% — 1878. — Acclimatation dans les eaux douces de l’Algérie d’un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu’au 1 décembre 1885. — PRIX : 4000 franes. Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami (Osphrome- nus olfax). PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXXV 10°—4878. — Introduction dans les eaux douces de la Guade- loupe et de la Martinique d’un nouveau Poisson alimentaire. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins ; on devra justifier qu'ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885. — PRIX : 500 franes. Le prix sera doublé si le poisson introduit est le Gowrami (Osphrome- nus olfax). i 11° —42878.— Acclimatation dans les eaux douces de la Gua- deloupe et de la Martinique d’un nouveau Poisson alimentaire. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885. — PRIX : 1000 franes. Le prix sera doublé si le poisson acclimaté est le Gourami (Osphrome- nus olfax). 122— 4874. — Introduction en France du Coregonus otsego de Amérique du Nord. Les poissons introduits devront être au nombre de vingt au moins, et Von devra justifier qu’ils ont été importés depuis plus d’un an. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885. — PRIX : 500 franes. Si des multiplications du Goregonus otsego ont été obtenues en France, le prix sera doublé. 13° — 4839. — Multiplication en France du Saumon de Cali- fornie (Salmo quinnat) de l'Amérique du Nord. On devra présenter au moins 500 alevins, âgés d’un an, nés de parents existant dans les eaux du propriétaire depuis au moins dix-huit mois. L'état des reproducteurs devra être constaté au moment du frai par des pièces authentiques. On devra également faire constater l'époque de Péclosion des œufs cet faire connaître dans un rapport circonstancié les observations auxquelles donnerait lieu l’éducation de ces jeunes poissons. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885.— PRIX : 500 francs. 14° — 1879.— Propagation dans les eaux douces de Ja France de la grande Truite des lacs (Salmo Lemanus). . Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 500 franes. Ï 15° — 4879. — Propagation dans les eaux de la France du Corégone Lavaret. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885. — PRIX; 500 francs. 16° — 4SS1. — Protection des Poissons migrateurs. Un prix de 500 francs sera décerné à l’auteur du meilleur travail indi- quant, au point de vue pratique, les moyens les plus propres à assurer la reproduction des Poissons migrateurs dans les eaux douces: de la France. L'ouvrage devra particulièrement faire connaître les avantages et le mode de construction des appareils ou passages, dits échelles à saumons, permettant aux poissons migrateurs de franchir les - ROC -chutes d’eau et obstacles divers, dans les cours d’eau. : Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885. — Prix : 5300 franes. LXXXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. AT — 1882. — Établissement d’échelles pour les Poissons mi- grateurs, Un prix de 500 francs sera décerné aux usiniers ou propriétaires qui auront établi, dans des conditions pratiques, des échelles pour le passage des Poissons migrateurs. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — PRIX : 500 tranes. 48 — 1883. — Multiplication des Cyprinides. Il pourra être accordé des primes ou des médailles à toute personne qui aura obtenu, dans des eaux cleses, de l’alevin de Cyprinide, notam- ment la Carpe et la T'anche, et qui justifiera en avoir introduit en grand nombré dans les cours d’eau de larégion et aura ainsi contribué le plus efficacement à leur repeuplement. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — Prix : 500 francs. MOLLUSQUES 19° — 2867. — Acclimatation et propagation d’un Mollusqué utile d'espèce terrestre, fluviatile où mariné, resté jusqu’à ce jour étranger à notre pays. Cette acclimatation devra avoir donné lieu à une exploitation industrielle ; ses produits alimentaires où autres seront examinés par la Société. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. == Prix : 506 tranes. 90° — 1869. — Reproduction artificielle des Hüîtres. — Un prix de 1000 francs sera décerné pour le meilleur travail indiquant, au point de vue pratique, les méthodes les plus propres à assurer cette reproduction artificielle. L'ouvrage devra, en outre, faire connaître d’une manière précise les conditions à remplir pour obtenir les au- torisations de créer des établissements huîtriers, et énumérer les travaux que comportent les bancs d’Huitres naturels, aussi bien que les caractères auxquels on peut recotinaître qu’un banc est exploi- table ; enfin quelles sont les mesurès qu’il convient de prendre pour l'enlévement du coquillage. En un mot, ce travail devra constituer un véritable manuel d’ostréiculture. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix: 1606 rrancs. Mo — 4879. — Culture de la Moule sur les côtes méditerra- néennes. On devra justifier d’une superficie d’un hectare mis en culture, soit sur fond horizontal, soit sur bouchots, et ayant donné des produits alimen- taires au moins une année. Les concurrents devront joindre à l’appui de leur demande un mémoire indiquant, au point de vue pratique, les moyens les plus propres à assurer le succès de semblable industrie, et présenter un compte des dépenses occasionnées pour l'établissement de l’exploitation et des bénéfices qu’on peut en tirer. * Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — Prix : 1000 franes. PRIX EXTRAORDINAÏRES. EXXXVH CRUSTACÉS 29 — 4867. — Introduction et acclimatation d'un Crustacé alimentaire dans les eaux douces de la France, de l’Algérie, de la Martinique ou de la Guadeloupe. Concours prorogé jusqu’au 1°" décembre 1885. — PRIX : 500 franes. QUATRIÈME SECTION. — INSECTES 1° — 4864. — Introduction d’éspèces nouvelles. Il pourra être accordé, dans chaque section, des primés d’une valeur de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle, utile ou ornementale, d’un réel intérêt. 2° — 4865. — Acclimatation et multiplication soutenue pen- dant trois années au moins en Europe ou en Algérie d’un insecte producteur de cire, autre que l’Abeille ou les Mélipones. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX: 1660 franes. SÉRICICULTURE 3° — ASS1. — Acclimatation et multiplication soutenue pen- dant trois années au moins, en France ou en Algérie, d’une nouvelle espèce de Ver à soie produisant de la soie bonne à dévider ou à carder pour employer industriellément. Le prix ne séra accordé que sur preuve d’uné production annuélle de trois mille cocons au moins. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Pix : 1006 francs. 4 — 4881. — Application industriellé dé la soie de FPAt- tacus Cynth'a vera, Ver à soie de l’Aïlante. On devra présenter plusieurs coupes d’étoffe formant ensemble au moins 50 mètres, et fabriquées avec la soie dévidée en fils continus de l'Attacus Cynthia et sans aucun mélange d’autres matières. Les tissus de bourre de soie sont hors de concours. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — PRIx : 1000 ftranes. 9° — 1838. — Encouragement, en France, à un établissement industriel pouvant livrer à la consommation, et prêtes à être tissées, des soies grèges ou des filoselles des cocons d’une des espèces ei- après désignées : Attacus Yama-maï, Peérnyi, Cynthia, Ce opin, Polyphe- mus, elc., espèces qui ont déjà été l’objet d’éducations en France sur une échelle plus où moins étendue. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1885. — Prix : 2606 tranes. 6° = 1877. — Vers à soie du Mürier. — Études théoriques et LXXX VIII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. pratiques sur les diverses maladies qui les atteignent. Les auteurs devront, autant que possible, étudier monographiquement une ou plusieurs des maladies qui alteignent les Vers à soie, en préciser les symptômes, faire connaitre les allérations organiques qu’elles entraînent, étudier expérimentalement les causes qui leur donnent naissance et les meilleurs moyens à employer pour les combattre. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 1000 franes. 7—1870. — Vers à soie du Mürier. — Production dans Le nord de la France de la graine de Vers à soie de races européennes par de petites éducations. Considérant l'intérêt qu’il y aurait à encourager la production de la graine saine des Vers à soie du Mürier de races européennes, les prix sont institués pour récompenser dans les bassins de la Seine, de la Somme, de la Meuse, du Rhin, ainsi que dans Ja portion sep- tentrionale du bassin de la Loire, les petites éducations qui permet- tront de mettre au grainage des cocons provenant d’éducations dans lesquelles aucune maladie des Vers n'aura été constatée. La Société n’admettra au concours du grainage que les graines de Vers à soie de races européennes. Elle ne primera aucune éducation portant sur plus de 30 grammes de graine pour une même habitation. Mise au grainage de plus de 50 kilogrammes de cocons: Deux Prix de 500 franes chacun. Mise au grainage de 25 à 50 kilogrammes de cocons : Deux Prix de 250 frames chacun. Mise au grainage de 10 à 25 kilogrammes de cocons : Quarre Prix de 150 frames chacun. Mise au grainage de 5 à 10 kilogrammes de cocons : Dix Prix de 100 franes chacun. Ces primes seront distribuées chaque année, s’il y a lieu, jusqu’en 1885. Les concurrents devront (cette condition est de rigueur) se faire con- naître en temps utile, afin que la Société puisse faire suivre par ses dé- —légués la marche des éducations et en constater les résultats. APICULTURE & — 1830.— Études théoriques et pratiques sur les diverses maladies qui atteignent les Abeilles, et principalement sur la loque ou pourriture du couvain. Les auteurs devront, autant que possible, en préciser les sym- -ptômes, indiquer les altérations organiques qu’elle entraine, étudier expérimentalement les causes qui la produisent et les meilleurs moyens à employer pour la combattre. y) .. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIX : 500 franes. PRIX EXTRAORDINAIRES. LXXXIX 9 —1870. — Propagation en France de l’Abeille égyptienne (Apis fasciata). On devra justifier de la possession de six colonies vivant chez le pro- priétaire depuis au moins deux ans, en bon état, sans dégénérescence ni hybridation, et de six bons essaims de l’année parfaitement purs, prove- nant des ruches mères ci-dessus désignées. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Prix : 500 francs. 10° — 4870. — Introduction en France d’une Mélipone ou Tri- gone (Abeïlle sans aiguillon) américaine, australienne ou africaine. Présenter une colonie vivant depuis deux ans chez le propriétaire. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885. — PRIx : 500 francs. CINQUIÈME SECTION. — VÉGÉTAUX. 1° — 2864. — Introduction d'espèces nouvelles. Jl pourra être accordé, dans chaque section, des primes d’une valeur de 200 à 500 francs à toute personne ayant introduit quelque espèce nouvelle, utile ou ornementale, d’un réel intérêt. 2° — 4838. — Plantes de pleine terre utiles et d'ornement, in- troduites en Europe dans ces dix dernières années. Les auteurs devront indiquer dans un livre, ou dans un mémoire étendu, les usages divers de ces plantes, leur pays d'origine, la date de leur in- troduction, la manière de les cultiver; les décrire et désigner les diffé- rentes variétés obtenues depuis leur importation, ainsi ‘que les différents noms sous lesquels ces végétaux sont connus. En d’autres termes, les ouvrages présentés au concours devront pouvoir servir de guide pratique pour la Cale des plantes d’im portation nouvelle, les ouvrages (manuscrits ou imprimés) devront être remis à la Société avant le 1% décembre. | Concours prorogé jusqu’au 1% décembre 1885. — Pre 500 francs. 3 — 1866. — [Introduction en France et mise en grande cul-- ture d’une plante nouvelle pouvant être utilisée pour la nourriture des bestiaux. Concours prorogé jusqu’au 1° décembre 1885.— 1°" Prix : 500 Francs, — 2° SU 309 francs. 4 — 1880. — Prix de 200 francs, fondé par M. GODEFROY-LEBEUF. ‘Un prix de 200 francs sera décerné à la personne qui présentera un double décalitre de graines d’'Elæococca vernicia récoltées sur des plantes cultivées à l’air libre, en Europe ou en Algérie, sans autres abris que les rangées d’ arbres nécessaires à leur protection dans le jeune âge (comme au Se-tchuen). Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1890. — Prix : 200 francs. 4 SÉRIE, T. II. — Séance publique annuelle. g XNA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 5°—4870.— Utilisation industrielle du Lo-za (Rhamnus utilis) qui produit le vert de Chine. On devra fournir à la Société, sous réserve des droits de propriété, les documents relatifs aux méthodes et procédés emplovés. On devra également présenter des spécimens d’étoffes teintes en France avec les produits du Lo-za préparés en France. Concours ouvert jusqu'au 1°" décembre 1885. — PRIX : 500 franes. 6° — 48812. — Utilisation industrielle de l’Ortie de Chine, ré- coltée en France ou en Algérie (Bæhmeria utilis, tenacissima, etc.). On devra fournir à la Société, sous réserve des droits de propriété, les documents relatifs aux méthodes et procédés employés. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1865. — PRIX : 500 francs. 7 — A8S1H. — Introduction et culture en France du Noyer d'Amérique (Carya alba), connu aux Etats-Unis sous le nom de Hickory (bois employé dans la construction des voitures légères). On devra justifier de la plantation sur un demi-hectare de Noyers d’A- mérique ou de la possession de 500 arbres hauts de 1",50 au moins. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — Pix : 500 franes. 8 — 1881. — [Introduction et culture pendant deux années successives d’une Igname (Dioscorea) joignant à sa qualité supé- rieure un arrachage facile. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — 1°" Prix : 600 tranes. — 2e PRIX : 400 franes. 9 —_ 4870. — Culture du Bambou dans le centre et le nord de la France. Le prix sera accordé à celui qui aura : 1° Cultivé avec succès le Bambou pendant plus de cinq années, et dont les cultures couvriront au moins, pendant les dernières années, un demi- hectare; 2 Exploité industriellement ses cultures de Bambou. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. DEux PRIx de 4000 franes chacun. 10° — 4833. — Culture de l’Eucalyptus en Algérie. Le prix sera accordé à celui qui aura : ; 4° Cultivé avec succès l’Eucalyptus pendant plus de cinq années et dont les cultures couvriront au moins, pendant les dernières années, 8 hectares; 2 Exploité industriellement ses cultures d’Eucalyptus. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885.— PRIx : 100€ francs. 11° — 41878. — Culture de l’Eucalyptus en France et particu- lièrement en Corse. Le prix sera accordé à celui qui aura : 1° Cultivé avec succès l’Eucalyptus pendant plus de cinq années et dont les cultures couvriront au moins, pendant les dernières années, 2 hectares; 20 Exploité industriellement ses cultures d'Eucalyptus. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — PRIX : 100€ francs. PRIX EXTRAORDINAIRES. XCI 12 — 4876. — Guide théorique et pratique de la culture de l'Eucalyptus. Les auteurs devront surtout étudier, en s’appuyant sur des expériences, et comparativement, quelles sont les espèces d’Eucalyptus qui peuvent être cultivées sous les divers climats; faire connaître la nature du sol qui leur convient, les soins spéciaux de culture que chaque espèce exige, le degré de froid auquel elle résiste et leur valeur relative. Concours ouvert jusqu'au 1° décembre 1885. — Prix : 500 franes. 13 —4876. — Culture du Jaborandi (Pilocarpus pinnatus) en France ou en Algérie. Le prix sera décerné à celui qui aura : 1° Cultivé avec succès le Jaborandi pendant plus de cinq années et dont les cultures couvriront au moins, te les dernières années, un demi-hectare; 2% Exploité commercialement ses cultures de Jaborandi. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1885. — PRIx : 500 francs. 14 — 4839. — Reboisement des terrains en pente par l’Ailante. Considérant que l’Aïlante s’accommode facilement de tous les sols, que les troupeaux ne touchent ni à ses feuilles ni à son écorce, et qu'il serait par conséquent essentiellement propre au reboisement de certains terrains pauvres servant actuellement de pâture, la Société institue un prix de 1000 francs, qui sera décerné à la personne ou à la commune qui, en France ou en Algérie, justifiera de la plantation de 5 hectares de cette essence. Les concurrents devront établir que le reboisement est fait depuis plus de cinq ans. Concours ouvert jusqu’au 1°’ décembre 1890. — Prix : 41000 francs. 45° -— 48824. — Uiilisation, pour le reboisement en Algérie, d’essences étrangères à la colonie. On devra faire connaître les espèces employées, la date des planta- tions, la nature du sol et les précautions prises pour assurer le succès de la plantation, enfin l’étendue consacrée au reboisement. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1890. La Société décernera : Un prix de six cents (600)francs ; un prix de quatre cents (400) francs ; un prix de deux cents (200) francs. 16° — 4882. — Alimentation du bétail par le Téosinté (Reana luxurians). On devra présenter un compte établissant le rendement obtenu, en poids, d’une plantation de Téosinté couvrant aumoins 95 ares et fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages ou les inconvénients que présente ce mode d’alimentation pour le bétail. Concours ouvert jusqu’au 1°" décembre 1885. — Prix : 300 francs. 17° — 4882. — Alimentation des animaux par le Soya. On devra fournir des renseignements circonstanciés sur les avantages XCII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ou les inconvénients que présente ce mode d’alimentation pour les ani- maux, soit à l’état vert, soit à l’état sec. Concours ouvert jusqu’au 1* décembre 1885. — Prix : 300 franes. 18° — 1882. — Jardin fruitier exotique en Algérie ou sur le littoral méditerranéen français. On devra faire connaître les espèces et les variétés d'arbres fruitiers exotiques entretenues, indiquer la date des plantations, la nature du sol, et les précautions prises pour assurer le succès de la plantation. Ce travail devra faire connaître les variétés les plus recommandables pour la localité où l’expérience aura été faite. Concours ouvert jusqu’au 1° décembre 1895. — Prix : 500 franes. 19 — 2883. — Culture du Phaseolus radiatus. Le prix sera accordé à la personne qui aura cultivé avec succés le Haricot radié dans un champ d’un demi-hectare au moins. S'il se présentait plusieurs concurrents, la préférence serait donnée à celui qui produirait les plus beaux spécimens de préparations alimen- . taires, obtenues avec les graines du Phaseolus radiatus. Concours ouvert jusqu’au 1% décembre 1890. — PRIx : 300 franes, LE PROGRÈS DE LA RACE EUROPÉENNE AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE PAR LA COLONISATION Par M. LEVASSEUR. Membre de l'Institut. À Depuisla découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, en 1499, jusqu’à la paix de Versailles, qui, en 1783, a consacré l'indépendance de la République des États-Unis, l'Europe, dont le commerce maritime avait été concentré jusque-là sur les mers côtières et sur la Méditerranée, s’est répandue hors de ses anciennes frontières par la navigation lointaine, par la découverte, la conquête et la colonisation du Nouveau-Monde, par l'exploitation commerciale de l’Asie orientale et de la Ma- laisie. Elle a présenté, pendant le cours des seizième, dix- septième et dix-huitième siècles, le spectacle d'un développe- ment économique plus rapide que celui des siècles antérieurs, qui non seulement a changé l’état de richesse des particuliers, mais qui a déplacé aussi l'équilibre des États et donné la pré- pondérance aux grandes nations riveraines de l'Atlantique. Les contemporains ont été frappés de cette révolution; l’his- toire en a raconté les grandeurs et en a admiré les résultats : ce n’est pas sans raison que beaucoup d’historiens font dater les temps modernes de l’an 1499. Cependant, quelque considérables qu’aient été ces résul- tais, les progrès de la race européenne dans le monde, durant ces trois cents ans, sont bien moindres que ceux qu’elle a accomplis depuis 1800, dans une durée de moins d’un siècle. Cherchons à nous rendre compte de la différence, à l’aide XCIV SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. des renseignements numériques que la statistique nous four- nit. On peut regretter que ces renseignements ne soient pas plus complets et plus précis. Maïs la statistique de la popula- tion est de date relativement récente; on n’en faisait guère dans les siècles passés; de nos jours même, on est encore loin d’en faire partout d'une manière qui satisfasse à toutes les. exigences légitimes de la curiosité scientifique. Quand elle peut répondre aux questions qu’on lui pose, la statistique parle le langage des chiffres, qui est le sien; mais ceux qui l’écoutent se tromperaient s'ils attribuaient à toutes ses ré- ponses l’idée de précision absolue qui s’attache d’ordinaire aux nombres. Elle fait ce qu’elle peut, et elle est souvent condamnée à demeurer dans l’à peu près. Cependant le con- tingent qu’elle apporte aux sciences sociales leur est d’un précieux secours, même lorsqu'il ne se compose que d’éva- luations numériques, pourvu que le résultat, calculé avec conscience par le statisticien, représente la mesure la plus probable du phénomène qu'il étudie. II Au commencement du dix-neuvième siècle, l’Europe, moins peuplée qu'aujourd'hui, comptait environ 175 millions d’ha- bitants (1). Hors d'Europe, le nombre des représentants de la race européenne établis dans les autres parties du monde ne dé- passait pas une dizaine de millions, et la majorité de ces re- présentants étant de sang mêlé, ne représentait, en réalité, qu’imparfaitement la race civilisée. En Afrique, les côtes de la Méditerranée, placées sous la domination turque, étaient inhospitalières; les chrétiens y entretenaient bien quelques consuls et faisaient un trafic lucratif dans plusieurs ports; mais, quand on rencontrait des (4) Nous ne croyons pas utile de reproduire ici la population par États, telle que nous l’avions donnée dans notre cours du Collége de France et à l’École des sciences politiques. L’ÉMIGRATION EUROPÉENNE. XCV Européens dans les villes musulmanes, c’étaient plus souvent des esclaves amenés par les pirates que des marchands libre- ment établis. Sur les côtes des pays habités par les noirs, les Européens, Anglais, Portugais, Hollandais, Espagnols, pos- sédaient des comptoirs, dont quelques-uns prospéraient par Podieux commerce des esclaves, mais qui n’étaient, pas plus qu'aujourd'hui, des colonies de peuplement; ceux de la France venaient d’être ruinés par la guerre ou étaient tombés entre les mains des Anglais. Sur le continent africain, il n’y avait alors, pour ainsi dire, qu'un point où la race européenne eût véritablement fondé une colonie : c'était le Cap, dont le climat tempéré facilitait l’acelimatation et dont la situation à l’extrémité de l’ancien continent, au point de partage de deux océans, faisait un poste de premier ordre sur la route des Indes. Là vivaient environ dix mille Hollandais, qui ne constituaient pas encore une population équilibrée (1), et que la fortune des armes venait de rendre sujets de l'Angleterre. Les îles étaient plus favorisées; les Açores, Madère, les Canaries, les comptoirs insulaires du golfe de Guinée, dont la traite des noirs alimentait le commerce, l’île Bourbon et l’île de France, qui avaient prospéré au dix-huitième siècle, pos- sédaient une population espagnole, portugaise ou française qu’on peut évaluer hypothétiquement à près d'une centaine de mille âmes: dans ce nombre ne sont pas compris les. noirs et les mulâtres, qui étaient plus nombreux que les blancs. On trouvait peu d'Européens en Asie. La Russie avait bien poussé ses conquêtes et ses reconnaissances jusqu’à l’Amour et au détroit de Béring; mais les établissements de l’Oural oriental étaient peu nombreux et elle n’occupait l'immense surface de la Sibérie que par de rares postes de Cosaques, et par quelques colonies minières d’exilés ou de condamnés (2). : (4) En 1780, la population blanche du Cap était de 6600 hommes, de 1931 femmes et de 1287 enfants. : (2) L’Almanach de Gotha, de 1812, attribue 9 200 000 habitants dépendants de la Russie en Asie ; la géographie de Guthrie (1805), donne 6 millions. Mais- XCVI SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Le sort de l’Inde semblait fixé par la défaite et la mort de Tippou-Saëb; mais les Anglais, qui devenaient les maîtres de cette grande contrée, n’y étaient guère représentés que par les employés et les soldats de la Compagnie. La Chine était presque fermée aux étrangers ; le Japon l'était entière- ment, et faisait payer par des humiliations le droit de com- merce qu’il concédait aux Hollandais dans l’ilot de Decima. La Compagnie des Indes Orientales néerlandaises, qui ve- nait d’être supprimée en 1798, s'était préoccupée, comme la Compagnie anglaise des Indes, de maintenir son monopole commercial plus que de coloniser ; moins belliqueuse que sa rivale, elle avait, autant que possible, évité les conquêtes, et, non moins jalouse de la concurrence, elle n’avait guère admis en Malaisie que ses propres agents: des colons indépendants de ses agents lui auraient porté ombrage. Aussi les Hollan- dais avaient-ils toujours été très peu nombreux hors de Batavia et de trois ou quatre autres ports ; la conquête de ces colonies par les Anglais (1) avait forcé la plupart d’entre eux à quitter les îles. Les Philippines n'étaient pas non plus un centre important de population européenne, quoique Manille fût une grande ville; mais la réglementation, qui avait obligé son commerce à prendre la route du Mexique pour venir en Europe, el l’au- Lorité toute puissante du clergé, qui s’occupait à convertir les indigènes plus qu’à attirer des colons, sollicitaient peu l’im- migration. La colonieaustralienne venait de naître. L’Angleterre, après l'émancipation des États-Unis, avait voulu réparer sa perte en prenant possession du continent Austral, que les découvertes de Cook lui avaient récemment fait connaître, et, en 1788, elle y avait envoyé un premier convoi de condamnés. En 1801, on n’y comptait encore que 9947 individus, groupés sur un petit espace autour de Sydney. toute la partie à l’est du Volga était alors comptée comme asiatique et la région co Caucase figurait avec la Sibérie dans ces possessions. (1) Java resta encore plusieurs années aux Hollandais, sous l'administration énergique du général Daendels. L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. XCVII * L'Amérique était la seule partie du monde sur laquelle les Européens eussent alors de vastes domaines. Au nord se trouvait le Canada, terre française. Depuis la découverte de Jacques Cartier (1534) (1) jusqu’à la paix de Paris (1763), la France l'avait possédée pendant plus de deux siècles; mais elle n’avait commencé à la peupler d’une manière effective que depuis Champlain (1608), et le nombre des colons, très restreint au dix- sien rie était à peine de 70,000 lorsque les Anglais s’en rendirent maîtres (2). L’énergique population canadienne est le plus remarquable exemple des progrès que la race française peut faire dans certaines condi- tions de développement, même malgré la concurrence op- pressive d’une autre race. Durant la période de l’administra- tion française, elle s’étail déjà développée par un accroisse- ment naturel beaucoup plus que par les apports de la mère- patrie; l’historien du Canada, M. Garneau, n’évälue pas à plus de 3000, en tout, le nombre des Français qui sont venus se fixer dans le pays de 1675 à 1799 (4). L’Angleterre encourageait immigration britannique, afin de contrebalancer l’influence française, et, après la guerre de l'indépendance, elle recueillit ceux de ses partisans qui ne voulaient ou ne pouvaient plus rester aux États-Unis; elle leur donna des terres dans les provinces de Québec et d'On- (1) Les Français connaissaient cette côle avant cette date ; en 1518, le baron de Léry avait même fait un essai malheureux de colonisation dans ces parages, à l’île de Sable, (2) Voici les chiffres de la population du Canada, tels qu’ils ont été recueillis dans les documents du temps, par les soins du directeur de la statistique du Canada, et consignés dans les volumes du dénombrement de 4871. AGPS ST Rr 76 hivernants. AOC RME SENS 20,531 habitants. AOGOL SE ÉERRRE 3,215 habitants. AG EUMIE 30,063 — GSM EL 40,639 — AO ARE NU 69,810 — À ces chiffres il convient d’ajouter la population française de l’Acadie, qui avait été cédée à l’ Angleterre par le traité d’Utrecht (1713); elle était de 16 000 in- dividus en 1749 ; mais, cruellement persécutée par ses nouveaux maîtres, elle se trouvait réduite à 8442 en 1774. (3) M. Garneau fils, dans une réédition de l'ouvrage de son père, a donné le nombre des émigrants vivant au Canada en 4700 et nés en France ; il en trouve 4978. Ils étaient originaires de l'Ile-de-France, de la Normandie, du Poitou, de l’Aunis, de l’ Orléanais, de la Bourgogne, ete. XCVIII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. tario, et le haut Canada se peupla. Vers le commencement du dix-neuvième siècle, on comptait environ 400 000 habitants dans les possessions britanniques du nord de l’Amérique (1); le plus grand nombre était d’origine européenne. Les États-Unis venaient de faire, en 1800, leur second re- censement ; ils avaient trouvé un total de 5 308 483 habitants, el un accroissement de 35 pour 100 depuis le recensement de 1790. Plus des huit dixièmes de cette population (environ 4 400 000) appartenaient à la race blanche; le reste était de race noire. Les Antilles avaient été florissantes au dix-huitième siècle. Les Espagnols de Cuba, les Français de Saint-Domingue, de la Guadeloupe et de la Martinique, les Anglais de la Barbade et de la Jamaïque rivalisaient pour la production du sucre; mais la canne était cultivée par des esclaves africains, qui composaient assurément plus des trois quarts de la popula- tion. [l n’y avait peut-être pas en tout trois cent mille créoles d’origine européenne (2). Toute l'Amérique espagnole reconnaissait encore l'autorité: de la métropole, quoique les esprits fussent déjà agités par le contre-coup de l'émancipation des États-Unis et de la Révo- lution française. Humboldt évaluait à 15 millions, dont moitié pour l’Amérique du nord et moitié pour l'Amérique du sud, le nombre des habitants. Mais ce nombre était peut-être quelque peu exagéré (3); d’ailleurs les Européens de pur (1) Un document, trouvé au greffe des archives de Montréal, porte le chiffre des habitants du Canada (districts de Québec, des Trois-Rivières et de Mont- réal), à 161 311 individus. Les relevés de Bouchette (The British dominions) donnent, pour l’année 14806, un total de 455 899 habitants dans les colonies britanniques de l'Amérique du nord, y compris Terre-Neuve. Mais l’Alranach de Gotha de 1812 ne compte que 384000 habitants dans les possessions an- glaises du nord de l'Amérique. (2) Dans la 4€ édition de la géographie de Guthrie (dontles donnéesstatistiques, il est vrai, sont loin d’être irréprochables), je trouve 280 000 habitants pour la Jamaïque, dont 250 000 noirs, 520 000 pour la partie française de Saint-Domin- gue, dont 450 000 noirs esclaves, 88 000 habitants pour la Barbade, dont 70 000 noirs, 17 700 habitants pour la Trinité, dont 10 000 esclaves. Humbolt évaluait le nombre des Européens, dans les Antilles, à 440 000 ; mais il n’y com- prenait pas Cuba, qu’il comptait dans l'Amérique espagnole. (3) L’Almanach de Gotha de 1810 donne 8 076 000 habitants pour l’Améri- L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. XCIX sang et de sang mélangé y étaient en minorité (1), et l’on est probablement au-dessus de la vérité en portant le total à 3 millions et demi (2). La population du Brésil, sans compter les sauvages, était évaluée, en 1776, à 1 900 000 âmes, à 3 millions en 1807; Humboldt estimait pour ce pays à 950 000 le nombre des Européens et des personnes considérées comme ayant du sang européen dans les veines. On peut donc dire approximativement qu’au commence- ment de notre siècle la race européenne se composait en- viron de 1485 millions d’âmes, dont 175 en Europe et plus de 9 millions et demi hors d'Europe. Ces 9 millions et demi de représentants de la civilisation et du christianisme hors d'Europe n'étaient pas tous de race pure; beaucoup avaient que espagnole; celui de 14812 donne 41 350 000. Voici le détail, par provinces, pour l’année 1810. Superficie en Habitants milles carrés. (par milliers). Vice-royauté du Mexique ................... 90,000 (1) 3,300 (2) Gouvernement du nouveau Mexique ......:.. 55,000 (1) 390 — dela Rloride tete "° 0e 5,40 — de Puerto-Rico ........... 189 93 Vice-royauté de la Nouvelle-Grenade........ 46,500 4,128 — dub PÉrOUSAN Masse Éupees re 68,447 41,730 — du rio de la Plata............... 39,035 900 304,580 8,076 (3) (Almanach de Gotha, 1810, p. 29). (4) Humboldt disait qu'à Mexico même, il y avait une proportion de 2 espa- gnols d'Espagne, de A9 créoles, de 24 Indiens et de 25 métis par 100 habi- tants. Dans le Mexique, le Nouveau Mexique et le Guatemala, il comptait 3 700 000 Indiens. 4 230 000 blancs, 1 860 000 individus de races mélangées. D’après la statistique mexicaine de 14882, l’accroissement de la population au xIx° siècle aurait eu lieu presque exclusivement au profit des classes mélangées. On peut, d’une manière approximative, juger qu'il en était à peu près de même au Pérou, où le recensement de 1876 à compté pour 400 habitants 57 In- diens, 26 métis, 13 blancs, 2 nègres et 2 Chinois (il n’y avait pas de Chinois au Pérou en 1809). La proportion des blancs paraît avoir été, au xvill® siècle comme aujourd’hui, moindre dans la vice royauté de la Nouvelle-Grenade que dans celle du Pérou. (2) Humboldt évaluait à 3 276 000 le nombre des Européens de l'Amérique espagnole. (1) Pour le nouveau et vieux Mexique (à l'exception du royaume de Guatemala), Hum- boldt ne compte que 118 478 lieues carrées ou 42 660 milles carrés. (2) Humboldt donne 4 483 000 habitants pour 4794 et 6 800 000: pour 1824. (9) Humboldt donne en tout 13 millions d'habitants, dont 6 4[2 pour l'Amérique du nord. C SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. dans leurs veines du sang africain ou indien(1). Presque tous étaient établis en Amérique, et surtout dans l'Amérique du nord, où grandissait la jeune république des États-Unis (voir la carte n° 4, qui représente la population d’origine euro- péenne, hors d'Europe, au commencement du xix° siècle). Tel était l'héritage que les temps passés léguaient au dix- neuvième siècle. [IT Comment ce siècle l’a-t-il augmenté? Par quelles causes et par quelle suite d'événements les rejetons de la race euro- péenne ont-ils poussé avec tant de vigueur sur certains sols, dans lesquels ils avaient lentement développé leurs premières racines ? Pourquoi, pendant que cette race se pressait sur le sol natal avec une force de croissance qu’elle ne parait pas avoir eu au même degré dans le passé, et qu’elle gagnait en bien-être en même temps qu’en nombre, comme pour donner un démenti éclatant aux sombres prédictions que la théorie (4) NOMBRE APPROXIMATIF DES REPRÉSENTANTS DE LA RACE EUROPÉENNE AU COMMENCEMENT DU XIX® SIÈCLE. Population d'origine européenne (sang pur et sang mélangé) vers 1800: En Europe..... eee GO H00 175 millions. EnNA rique aber eut ce 110,000? HéCap défie LES eh de en 10,000 ? Iles de l’Atlantique. ....... 70,000? Iles de l'Océan Indien, ..... 30,000? 7 YA TT ANA ERP RTE au 2 EMOcÉaneR CR NE rte 10,000? Malaisie... .. AU DU dE RS % Australie en ro TL 5,547? Dans l'Amérique du nord. ..... 6,850,000? Ganadas ARR ne TE A00,000 ÉLUS EN tester 4,400,000 ARMES EE RS ne ete Ge 300,000? Amérique espagnole. ...... 1,750,000? Dans l'Amérique du sud....... 2,705,000? Amérique espagnole........ 1,750,000 ? Brésil. A MEN LE vd at 950,000? Guyanes 7 OR aRe ere, 5,000? 9,675,000? nu CL ri ; WW Re al ZA Re ER | | ne re POPULATION D'ORIGINE EUROPÉENNE | SANG BUR OU SANG MELE ) — Hors d Éurope EN 1800 Hat carré in erins 1o.atoliabitants, on à | ne a | PFOPUTLATION D'ORIGINE EUROPEENNE (SANG PUR VU SANG MELÉ) Hors d'Éurore EN 186 : — PP DD — _— —— ee | 12222 mes 4. FE ; 77; La 2 Ag eu _ pe a A 2 4 - ed, ce See es Ces "055 d _. LE DD LE _» a Or [est car-aReprésente 10.000 habitants. Le HT Er ï L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. CI de Malthus venait de jeter dans le monde, au commencement même de ce siècle (1), débordait-elle aussi hors des frontières de l’Europe, pour se répandre par l’émigration, en renforçant ses anciennes colonies ou en occupant des contrées nou- velles? C’est une longue histoire que nous n’entreprendrons pas de raconter aujourd’hui. Il nous suffit d’en voir les résultats en regardant sur la carte Les positions qu’occupe maintenant la race européenne. Commençons le tour du monde par l’Amérique. Dans le nord, la Puissance du Canada et Terre-Neuve ont recensé, en 4881, 4 millions 1/2 d'habitants, appartenant en majorité à la race blanche, et en très petite minorité à une race mé- langée de sang européen et de sang indien. Sur ce nombre, 1298 000 étaient des Canadiens français , rejetons des 80000 colons (avec les Acadiens) que la fortune des armes a sépa- rés de leur mère-patrie 1l y a cent vingt ans et plus; on peut dire qu’une période de trente ans suffit à leur doublement (9), et qu’ils ont justifié la progression géométrique de Malthus sans se trouver aux prises avec les difficultés de subsistance . dont le savant économiste menace les nations trop prolifiques. Ils ont grandi ainsi, sans recevoir, jusqu’à ces dernières an- nées du moins, aucun renfort de leur ancienne métropole. Cette métropole qui leur a donné dés regrets plutôt qu’une assistance efficace, ne doit cependant jamais oublier que, si les Canadiens sont devenus de loyaux sujets de la couronne d'Angleterre depuis qu’un pacte libéral leur a assuré le gou- vernement de leurs propres affaires, ils restent fidèles au sou- venir de la France, comme à leur langue et à leur religion, et que nos émigrants, nos capitaux, notre commerce, assurés de rencontrer sur les bords du Saint-Laurent un accueil (4) Nous ne voulons pas condamner d’une manière absolue la théorie de. Mal- thus ; elle mérite d’être examinée et discutée par le détail; nous l'avons fait ailleurs. Progression, @}4Population initiales 34e tes 2 80,000 4 Fin de la première période trentenaire... . 440,000 … 2 Fin de la deuxième période trentenaire... . . 280,000 h Fin de la troisième période trentenaire. . . . 560,000 8, Fin de la quatrième période trentenaire ... 1,120,000 16 Cil SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. sympathique, peuvent y exercer une action profitable à nos intérêts matériels et à notre influence morale. Les Canadiens français sont même plus nombreux que le recensement ne le porte; ils ont continué à multiplier depuis 1881, et il y avait alors longtemps déjà qu'à leur tour ils avaient commencé à émigrer : ils vivent au nombre de plus de 100000 dans le nord des États-Unis; on les rencontre à Lowell, à Salem, dans toutes les grandes villes manufactu- rières de la Nouvelle-Angleterre et dans les fermes de l’ouest. Des écrivains portent à plus d’un million et demi le nombre total des Canadiens de langue française. Les États-Unis ont, dans leur dixième recensement, exé- cuté en 1880, compté 50 155 783 habitants. En retranchant 5580 793 noirs et gens de couleur, il reste environ 44 mil- lions 1/2 de blancs ou de métis de blancs et d’Indiens qui constituent la population de sang européen, et qui, d’après le taux d’accroissement de cette population, doit s’élever au- jourd’hui à peu près à 50 millions. Les Antilles, malgré les révolutions, les guerres, la sup- pression de l'esclavage, ont une population plus considérable aujourd'hui qu’au siècle dernier, et il n’y a peut-être pas d’exagération à considérer la moitié de cette population, soit environ 2 millions de personnes, comme se rattachant par son origine à la race européenne (1). * Dans le Mexique et l'Amérique centrale, on peut aussi attri- buer à la race européenne ie tiers de la population, soit en- viron 4 millions sur un total de 12 millions. Cette attribution est d’ailleurs hypothétique; la statistique ne fait pas partout la distinction des races, et, quand elle tente de le faire, elle s'expose à de graves erreurs dans des pays dont les habitants tiennent à honneur de dire qu’ils ont du sang blanc dans les (1) En 1877, Cuba, sur 1 521 000 habitants, comptait 998 000 Espagnols et 10632 blancs étrangers. Cependant le nombre des blancs de race pure est très faible et semble diminuer dans certaines îles. Le contre-amiral Aube écrivait, en 1862, que sur 176 100 habitants de la Martinique (non compris les fonc- tionnaires, marins et soldats), il n’y avait pas plus de 8000 RUE pouvant revendiquer une filiation pure de tout croisement, L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. CIIT veines. Nous avons constaté cependant qu’au Mexique, entre Vestimation de Humboldt et la statistique officielle de 1889, le progrès de la population était principalement attribué aux métis. L'Amérique du sud a aujourd’hui une population d’envi- ron 28 millions d’âmes. Sur ce total, le Brésil compte pour environ 13 millions ou pour 19, si l’on défalque les Indiens sauvages; le sang mélangé domine dans ce pays, et Les noirs, libérés ou encore esclaves, constituent un groupe considé- rable (1). Cependant, comme les Indiens étaient là moins nombreux et moins civilisés que sur les hauts plateaux de la Cordillère, le développement des deux races nouvelles, la blanche et la noire, a rencontré moins d’obstacles qu’au Pé- rou, et on trouve une plus grande majorité de blancs ou de métis ayant une forte proportion de sang blanc dans les veines (2). Aussi n’exagère-t-on propablement pas en suppo- sant que cette double catégorie de personnes représente à peu près la moitié de la population brésilienne, soit 6 mil- lions d’âmes (3). Les républiques espagnoles de la zone tropicale sont moins bien partagées à cet égard. Les Indiens, soumis ou sauvages, purs ou métis, chrétiens ou païens, y sont en majorité; la colonisation ne les a pas absorbés. Ils étaient nombreux et organisés en États ou en tribus avant la conquête. Il y a même un État, le Paraguay, qui est encore presque entière- ment peuplé d’Indiens ; on y comptait cependant, en 1879, 7000 étrangers. Dans les autres républiques, Pérou (4), Bo- (4) En 4872, le recensement du Brésil a relevé, par 400 habitants, 82.5 nationaux, 45. 9 esclaves et 2.3 étrangers. (2) La statistique officielle du Brésil (recensement de 1872), accuse) pan 100 habitants, 38 blancs, 38 mulâtres, 20 nègres, 4 Indiens. : (3) Le nombre des blancs et des mulâtres indiquerait même une proportion plus considérable (76 pour 400); mais il ne faut jamais oublier que, dans ces pays, les individus aiment à passer pour blancs ou à se rapprocher des blancs, et que les déclarations inexactes tendent à fausser le résultat statistique. IL y a d’ailleurs beaucoup de métis qui, par leur éducation et leur tree ne soient pas être classés parmi les européens. (4) Nous avons déjà dit que le recensement de 4876 donne, : {par 100 habi- tants, 57 Indiens, 26 métis ou cholos, 43 blancs, 2 nègres et ‘9 chinois. £ CIV SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. livie (4), Équateur (2), Colombie (3), Venezuela (4), dont la population est d'environ 10 900 000 âmes, on évalue au plus à un tiers la proportion des gehs pouvant être classés comme descendants d'Européens, soit environ 3 millions 1/2. Il s’en faut de beaucoup que les habitants du Chili et de La Plata soient tous de sang pur. Mais, d’une part, les Indiens de ces contrées, belliqueux et sauvages, ont moins facilement accepté le partage de leur sol que ceux de l'empire des Incas, et ils ont dû être en grande partie exterminés; d'autre part, ‘le climat tempéré convenait davantage aux colons européens qui se sont multipliés. C’est pourquoi on peut compter toute la population des États de la zone tempérée (le Paraguay ex- cepté) comme se rattachant, directement ou indirectement, à la famille européenne: ce sont 2 285 000 habitants pour le Chili, et 2648000 pour là République Argentine et l’Uru- guay. L'Océanie a été le théâtre d’un développement de la race européenne non moins remarquable que celui dont le Canada et les États-Unis ont donné le spectacle. L'Australie, la Tas- manie et la Nouvelle-Zélande, que l’on désigne sous le nom de colonies australasiennes, n’avaient pas un seul habitant européen en Qu IL y en avait 5547 en 1801 ; il y en a au- jourd’hui environ $ millions (5). Les îles de la Polynésie sont fréquentées par les marines, européennes, et les principales nations d'Europe et d’Amé- rique y envoient des négociants et des missionnaires; leur nombre cependant ne paraît guère dépasser une dixaine de mille (6). (1) Cependant une statistique de la Bolivie, datant de 1844, indique que la population se composait par moitié de blancs et de métis, par moitié d’Indiens ; mais la proportion des blancs paraît avoir été exagérée, (2) On pense qu’il n'y a guère plus de 50 000 créoles dans l’Equateur, sur: une population d'environ 4 million d’âmes. (3) Une évaluation de 1858 porte aux 3/5° de la population totale le nombre des blancs et des cholos. (4) Les créoles paraissent ne former qu’un pr de la population. (5) Les Chinois et les indigènes sont trop peu nombreux pour modifier le résultat général de la statistique. À (6) Dans les îles Hawaïi, en 1878, on comptait 4561 Américains et Euro- péens. L'Annuaire statistique de la Fr ance (1884), donne un chiffre de 7 299, L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. CV Dans la Malaisie, la population indigène est nombreuse ; mais les Hollandais et les Espagnols, qui gouvernent ces îles, ne figurent, dans le total d’une population de plus de 32 mil- lions, que comme une très petite minorité, qu’on ne peut guère évaluer à plus de 60000 âmes (1). L'Europe s’est emparée en quelque sorte d'assaut de l'Asie orientale ; elle y a fait pénétrer, de gré ou de force, son com- merce; elle 4 pris position, par la conquête et la colonisa- tion, sur les points les plus favorables à ses intérêts ou les plus accessibles à ses flottes. Le Japon, fermé jusqu’en 1854, s’est ouvert non seulement aux marchandises, mais aux idées et aux institutions européennes : 6187 Européens ou Améri- cains y résidaient en 1882. La Chine, plus réfractaire, a cepen- dant devancé le Japon en ouvrant aussi ses ports sur les côtes et sur son plus grand fleuve; on y comptait, en 1889, 489% étrangers d'Europe.ou d'Amérique. Dans l’Indo-Chine, la France joue aujourd’hui le rôle prépondérant; mais, si l’on ne.comple pas ses troupes, on ne trouve guère que quelques milliers d'Européens (2); il n’y en a peut-être pas plus de 3000 dans cette région. L'empire des Indes appartient à l'Angleterre. Elle y compte plus de 250 millions de sujets ou de vassaux. Mais elle n’y est représentée, comme les Hollandais en Malaisie, que par un nombre très restreint d'Anglais : 89798 au recensement de 1881; le nombre total des Européens n’y dépassait pas 191 000. Sous le climat tropical, Européen fonde des comptoirs, fait le commerce, gouverne les indigènes; mais il ne saurait cultiver la terre et, par conséquent, il ne fonde pas de colonies de peuplement : dans l'Asie occidentale, on ren- contre des commerçants européens et surtout des Grecs ; ils français pour les établissements français de l’Océanie, chiffre qui paraît exa. géré ; un article de la Revue maritime, d'avrit 1883, cité par M. Lagneau, n’en porte que 1045. (4) 42 619 Européens dans les colonies néerlandaises (dont 35 565 à Java et 7 054 dans les possessions extérieures). (2) En Cochinchine, le nombre des Européens n’était que de 1964 en 41881. 4e SÉRIE, T. [I. — Séance publique annuelle. h CNI SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. sont dans tous les grands ports, comme à Smyrne et à Sa- mos (1), mais ils n’ont pas d'importantes colonies. Les Russes dominent sur la région caucasique, sur tout le nord de l'Asie, et poussent leurs conquêtes jusque dans les vallées septentrionales de l'Iran et du Grand Massif central. Ils règnent sur 14 millions 1/2 de sujets. Combien, sur ce nombre, y a-t-il de rejetons de la race européenne? La ré- ponse n’est pas aisée; car une partie des peuples si divers du Caucase a la même origine que les peuples européens, sans cependant descendre d'eux, et dans les villes de Sibénie, les émigrants, les transportés, les métis vivent confondus avec des asiatiques; dans l’Asie centrale, les Russes sont rares et le fonds de la population se compose de Turcomans. C’est donc par hypothèse que nous donnons 3 millions pour le con- tingent de la race européenne (2). La race européenne s’est fortement implantée aux deux extrémités de l'Afrique. Dans le centre, sous le soleil des tropiques, ‘elle n’occupe aujourd’hui, comme dans le passé, que des comptoirs, situés pour la plupart sur les côtes, et elle est peu nombreuse. Il ne faudrait pas en conclure que Îles efforts faits par tant de cou- rageux voyageurs pour pénétrer dans le noïr continent et pour en dévoiler le mystère soient restés infructueux; la science a appris à connaître l’intérieur de cette partie du monde jusqu'ici fermée à ses investigations et le commerce en profitera. Cette découverte, qui a illustré tant d’explora- teurs et qui a coûté la santé ou la vie à beaucoup d’entre eux, restera comme un des faitsles plus considérables de l’histoire de la géographie au dix-neuvième siècle. L'Europe pourra trouver des routes de commerce, surtout des routes d’eau par le Congo ou par le Niger, que la France devraït se hâter de relier au Sénégal par une voie ferrée; elle ne trouvera pas place pour des colonies de peuplement. Elle en a trouvé, au contraire, au sud et au nord, dans la * zone tempérée qui convenait mieux à sa constitution phy- (4) À Samos, il y avait 605 étrangers en 4880. (2) La Sibérie, où ce contingent est plus considérable, a ‘3 741 000 habitants. L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. CVIE sique. Dans le sud, la Colonie du Cap (1), qui s’est développée par l’accroissement naturel de la population plus que par l'immigration, Natal et les deux républiques d'Orange (2) et du Transvaal (3), comptent en tout environ 360000 habitants de race blanche. Dans le nord, l’Algérie est devenue plus qu’une colonie; c’est une France d’outre-mer, où, à côté de 2885 000 indigènes (4), le recensement de 1881 a constaté la présence de 425,000 Européens : la moitié étaient des Fran- çais (5). Avec la Tunisie, qui est aujourd’hui une annexe de l'Algérie, le Maroc, où les étrangers sont en petit nombre, l'Écypte, où le recensement de 1882 en a compté 90886, on atteint un total d'environ 520000 Européens établis dans la région méditerranéenne de l'Afrique. Dans les iles du sud-est (Réunion, Maurice, etc.) et du nord-ouest (Canaries, Açores, Madère, etc.), qui sont situées aussi vers les extrémités et dont la population totale est d'environ 1245000 âmes (6), on peut compter approximati- vement le quart (7) des habitants comme des créoles ou des mulâtres tenant, de près ou de loin, à la race européenne. La somme pour les quatre parties du monde est de 87 mil- lions, dont près de 80 pour l'Amérique (voir la carte n° 2 qui représente la population d’origine européenne, hors d'Europe, vers 1885). L'exactitude de ce nombre peut être (4) En 1875, sur les 720 980 habitants de la Colonie du Cap on comptait 236 783 blancs. | (2) Sur les 433 000 habitants de l'Etat libre d'Orange, n 4880, il y avait 61906 blancs, dont 42 000 environ nés dans l’État, 45 000 dans la Colonie du Cap, le reste hors d’Afrique. (3) Le Transvaal renferme 700 000 à 760 000 indigènes et une population. blanche de 50 000 âmes, dont 40 000 sont d’origine hollandaise. (4) 2850866 musulmans et 35 665 israélites naturalisés. (5) 233 937. (6) Iles anglaises de l’Océan indien, Maurice, etc.. 368,000 Réunion ét autres îles françaises .......... ne 205,000 Canaries Re Ne ne STE CE 281,000 Açores et Madère ............... 394,000 (7) Surles 360 000 habitants de Maurice, il y avait, en 1881, 247 625 In-- diens et 112 700 habitants, de race française pour la plupart, sur lesquels on. comptait 20 000 blancs. La proportion des blancs est regardée comme plus forte dans Maurice que dans la plupart des autres colonies tropicales. A Ja Réuniou, on estimait, il y a une vingtaine d'années, le nombre des blancs à 34 000 (y- compris les fonctionnaires), sur un total de 493 000, ;soit-environ 4/6. CVIIT SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. contestée, car nous ne l’avons obtenu qu’en suppléant, dans plusieurs cas, par des évaluations hypothétiques au défaut de renseignements. Nous avons peut-être donné un taux trop élevé à la proportion du sang européen dans certaines races mélangées; mais, d'autre part, nous avons négligé les grou- pes d'importance minime. Qu'on diminue le total ou qu’on l’augmente de quelques millions, le fait que nous voulons mettre en lumière n’en est pas moins certain et évident : la race européenne, qui ne comptait pas 10 millions de repré- sentants hors d'Europe au commencement du siècle, en compte aujourd’hui plus de 85, et l’Europe, loin de s’ap- pauvrir d'hommes, a vu sa population presque doubler dans le même temps (1). (1) NOMBRE APPROXIMATIF DES REPRÉSENTANIS ACTUELS DE LA RACE EUROPÉENNE Population d'origine européenne (sang pur et sang mélangé) en 1885. En Europe terre tte RER AS . 339 millions. Hors d'Europe : PRAGUE RER NERO OR RE MOSS 1,193,886 Alvérie etAluisiehee data he 430,000 ? ANDRE EU NOR A DE Lee EDR 90,886 Afrique tropicale (moins les îles). .... ? Afniquefaustraleser Ame ent 360,000 TNesded/Atlantiquen ns rs rte 170,000? Îles de l'Océan indien............. 143,000 ? HARASIC NS MERE PEER CAETRE rire Asietoccidentales ce: -cccte # Empire des Indes. ................ 121,000 LT RUNTENRMRS PENE INR EEE CEE 3,000? Chine et Japon ..::..1, 444, 4... 44: 000 Possessions russes................ 3,000; 000? . En Océanie MTS IA SERRE PRREPANEES h 3,070,000 HMalaister 23 SnERRAQU, COL JE 5 90 60, 000 . Australasie...... ut ARTE 6 Linie GR 3,000,000 : Polynésie, . ......: DAS SE ER UE F 10,000? | Dans l'Amérique du Re . 60,500,000 Puissance du Canada et Ternes Neuves 4,500,000 | États UPS AUTO sus... + 50,000,000 Antilles tetes Mtenatetotero red te 2,000,000 ? Mexique et Amérique centrale...,... 4,000,000? Dans l'Amérique du sud............., 14,460,000 Br MR ARTE RER ERENNRN CRE 6,000,0007? Guyanesoi Siren, PNR AR EN 20,000? Républiques de la zone tropicale... …, 3,507,000 Chili. 2, LOIS ns sn RE 6 2,285,000 République Argentine et Uruguay. 2,648,000 L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. CIX Voilà le fait. Il est considérable par lui-même ; il ne l’est pas moins par les conséquences qu'il a eues. IV Permettez-moi de vous indiquer d’abord brièvement les trois causes principales de ce progrès. 4° La première est l'accroissement naturel des populations qui ont devant elles l’espace. Dans les pays où il y a plus de terre à cultiver que de bras pour les mettre en valeur, les enfants sont une richesse et les brastrouvent aisément à s’em- ployer. Deux nations, différentes à plusieurs égards, four- nissent des exemples remarquables de cet accroissement par la fécondité ; les Hollandais de l’Afrique australe, qui étaient 40000 il y a un siècle et qui sont plus de 300 000, quoiqu'ils n’aient reçu, depuis la conquête anglaise, que très peu de renforts de la mère-patrie, et les Canadiens français que nous avons perdus au nombre de 80000 (avec les Acadiens) ilya -cent vingt ans et plus, et dans lesquels nous retrouvons aujourd'hui un million et den d’âmes conservant le culte de notre langue et de nos souvenirs. Les populations qui reçoivent un contingent régulier d’'immigrants sont caractérisées aussi, souvent même à un plus haut degré, par un accroissement rapide résullant de l'excédent des naissances sur les décès. La statistique des colonies australasiennes en fournit une preuve, el il est aisé d’en voir les causes : la mortalité générale et particulière- ment la mortalité enfantine sont faibles dans des pays où le travail, largement rémunéré, laisse peu de place à la misère ; elle est d'autant plus faible que les immigrants, étant pour la plupart adolescents ou adultes lorsqu'ils arriven!, se trou- vent dans l’à âge où l’homme est le ue exposé à mourir ; ils sont en même temps à peu près à l’âge du mariage et ils contribuent à accroître la proportion _. naissances. 2° La seconde est le perfectionnement des moyens de communication. Dans les siècles passés, quitter l’Europe équivalait souvent à renoncer pour toujours au monde dans CX SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. lequel on laissait ses affections de famille et ses souvenirs d’enfance. Le spirituel écrivain, dont les romans ont popula- risé la géographie, a rendu célèbre « le tour du monde en quatre-vingts jours »; on pourrait même le faire aujourd'hui en moins de temps. Or, le premier qui l’a accompli, Magellan était parti de Séville le 10 août 1519 et le seul des cinq na- vires de son escadre qui revint en Espagne après avoir ac- compli cette mémorable cireumnavigation, aborda à San Lucar de Barrameda le 7 septembre 15922 ; le voyage avait duré trois ans et vingt-huit jours. Beaucoup plus tard, à la fin du dix-huitième siècle, sir Arthur Phillip, qui conduisit en Australie le premier convoi de convicts, n’entra dans Botany bay que huit mois et sept jours après son départ d’An- gleterre (1). Aujourd'hui les paquebots mettent communément qua- rante jours pour faire la traversée de Londres à Sydney. On peut aller aux antipodes sans se croire exilé; les services postaux sont fréquents, rapides, et le télégraphe fournit, au besoin, une communication instantanée. La vapeur a boule- versé les rapports qui élaient fondés sur la distance. On va dans l’Inde en moins de jours que n’en mettait M"° de Sévi- -gné pour rejoindre sa fille en Provence, et, sous Louis XV, il fallait le même temps pour se rendre par la diligence de Paris à Strasbourg que pour se rendre aujourd’hui, par le chemin de fer et par le paquebot, de Paris à New-York. Les chemins de fer conduisent maintenant de tous les points de l’Europe à tous les grands ports dans lesquels on est toujours assuré de trouver, à bref délai, des bateaux en partance. Quand on arrive dans les pays d'immigration, tels que le Canada, les États-Unis, le Brésil, la Plata, l'Australie, on trouve, dans presque tous les ports, des chemins qui rendent facilement accessible l'intérieur de ces vastes con- trées ; ces chemins leur ont donné par là une valeur com- merciale qu’elles n’avaient pas, en procurant des débouchés économiques aux personnes et aux produits, et en sollicitant (4) Parti le 43 mai 1787 d'Angleterre, il jeta l’ancre dans Botany bay le “20 janvier 1788. L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. CXI ainsi les premières à créer les secondes par leur travail. La vapeur, appliquée aux transports par eau et par terre, a été le plus puissant agent de la révolution économique qui s’o- père dans notre sièele et dont beaucoup de nos contempo- rains voient avec chagrin certains effets, parce qu’ils se ren- dent imparfaitement compte de l’ensemble de ce grand mou- vement, de même que la plupart des hommes du seizième siècle dans le nombre desquels il ne faut pas confondre _ Bodin — comprenaient mal la révolution du même genre, mais d’une bien moindre importance, qui s’accomplissait de leur temps. 3° La troisième cause est lémigration. L’émigration elle- même est une conséquence du progrès des voies de commu- nication qui l’a rendue possible, et qui là sollicite en abré- geant la durée et en diminuant la dépense des voyages. Je sortirais des limites assignées à cette conférence si j’entre- prenais de vous mettre sous les yeux le tableau complet de l'émigration européenne et de l'immigration des européens dans les contrées situées hors d'Europe, qui leur promettent du travail ou de la terre : je l'ai essayé ailleurs. Il suffitici de vous faire comprendre l'importance croissante de ee déplace- ment d'hommes. Je prends pour exemple les îles Britan- niques, c’est-à-dire le pays d’où l’émigration est le plus con- sidérable : de 1815 à 1883, le nombre des émigrants sugets de la Grande-Bretagne ou étrangers, qui se sont embarqués dans ses ports, s’est élevé à 10 millions et demi et, par une progression irrégulière et subordonnée aux crises irlandaises ou anglaises et aux perspectives de fortune que faisaient miroiter les pays nouveaux, il a monté de 19400, moyenne annuelle de la première période (1815-1819), à 384000, moyenne de la dernière période (1880-1884). A côté du courant britannique, d’autres courants se sont formés peu à peu dans les grands ports d'Allemagne, de Bel- _ gique, de France, d’ltalie. Ea statistique italienne, dans un important travail qu’elle a publié sur nn porte : à 659000 le nombre des Européens qui ont, d’après l’enre- gistrement fait dans neuf États seulement, quitté l'Europe CXII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ‘durant l’année 1882 pour se rendre dans une autre partie du monde. C’est tout une armée de travailleurs, plus nom- breuse que les plus nombreuses armées que les nations mettent aujourd’hui en mouvement dans leurs guerres. En- core la statistique est-elle incomplète; elle donne bien 279000 Anglais, Écossais ou Irlandais, 193000 Allemands, 67 000 Italiens, 44000 Suédois, 29 000 Norvégiens. Ce sont les gros contingents. Mais elle en omet, faute de renseigne- ments, quelques-uns parmi les petits ; elle ne dit pas notam- ment ce qu'est l’émigration française. La statistique des pays d'immigration accuse d’ailleurs un mouvement plus considérable, puisqu’en 1889 les États-Unis ont enregistré 730000 arrivées, le Canada 112000, le Bré- sil 25000, la République Argentine 67000, les colonies Australasiennes 173 000. Il est vrai que le nombre des déplacements dépasse celui de l’immigration réelle. Des voyageurs se trouvent confondus dans la catégorie des émigrants. Des émigrants viennent et ne se fixent pas; d’autres, après un certain temps de séjour, partent pour rentrer dans leur patrie ou pour chercher sur une autre terre une fortune meilleure (1). Ceux qui restent, pendant un certain temps au moins, constituent seuls l’ap- port de travail et le gain réel du pays dans lequel l’immigra- tion a eu lieu. La figure ci-jointe (voir figure n° 1) montre ce mouvement aux États-Unis depuis l’année 1820. La colonne dans toute sa hauteur, représente le nombre des passagers de nationa- lité étrangère arrivés aux États-Unis ; la partie de la colonne non ombrée représente le nombre des étrangers (depuis 1867 (4) La statistique des États-Unis désigne aujourd’hui le nombre total des passagers arrivés aux États-Unis (Exemple : 322 971 en 4879); 2° le nombre total des passagers partis des États-Unis (109 872 ; d’où excédent des arrivées, 213 099); 3° les citoyens des États-Unis qui, parmi les arrivés, sont rentrés aux États- Unis (50 484); 4° les étrangers venus aux États-Unis sans intention de s’y fixer (21 922); 50 l’arrivée des étrangers (272 487) qu ‘on obtient en retran- Chant le n° 4 du n° 1; 6° l'immigration nette (250 565) qu'on obtient en retran- chant du n° 4 les n°5 n et 5; l’émigration nette (37466); 8° l'excédent de l'immigration nette sur l’ émigration nette, qui représente l'accroissement de la population. D ANT EEE CE KKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKTTT7T D NN SR NS NR NN EE ee —— ei NN ET Ed es AE | {IN IRKKKKKK el SN IN É=. : " ! NS KK SR EE NN RS NS NS NN 0787 | NN RS EE | BEN NN : frs . — RRKKKKKKKKKK CR HUE RKkKKKKKKK PE RATIO! | 117420 -146 ERSRARERNERE _ PNG RESES CL ET CS TA pe je nm mm NN el . NE ET CEE —_—. DES sonore NN NS EE K NE SR me «EN RS ES NX RSS ENS RAA AN ni - RSS EE PENSER NS KR A Si a RS NN NE AA S een PEU CAM LUN EL GER rep pa ES Eu NS LT NT a _ AN A EEE un Es sn PR Er DUR EN EE — D en mn me [RS visu] RE RES Een | N Scenes RDS DNS Eomee 0 NS Ron CT A 29 13 ne no \ M SAR EE 1 pen B AA LT neo CXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. seulement} qui sont venus sans intention de se fixer, et celui des émigrants ; la partie ombrée est donc l’excédent, c’est-à- dire l’accroissement annuel de la population des États-Unis par l'immigration. En jetant les yeux sur cette figure, on aperçoit les princi- pales influences qui agissent sur ces mouvements de la race humaine. Ils étaient faibles avant 1830 et ils n’ont commencé à devenir importants que depuis 1840 : dates qui corres- pondent à peu près aux progrès de la navigation et surtout de la navigation à vapeur. La découverte de l'or en Cali- fornie imprime à ce mouvement un essor subit et considé- rable en 1848 ; on se rue vers les mines où chacun, en partant, rêve de trouver une fortune et où beaucoup ne ren- contrent que déception et misère : mais le pays se peuple et la terre est fécondée par les bras qui la cultivent. Cependant, depuis 1854, le découragement se manifeste ; l'immigration se ralentit et la guerre de sécession la fait tomber à un niveau où elle n’était pas descendue depuis 1845. Cepen- dant l'espoir renaît bientôt; le Nord triomphant multiplie les chemins de fer, traverse tout le continent par la ligne de San-Francisco, bâtit des usines et le mouvement d’immigra- tion reçoit une impulsion nouvelle; l'immigration totale (voyageurs et émigrés non défalqués) s'élève à 449000 en 1872 (1). Mais l’exagération des entreprises et l’abus du cré- dit produisent une crise commerciale qui, pendant plusieurs années, paralyse les affaires aux États-Unis et immigration diminue. Depuis que la crise est terminée, le eourant a re- (1) MOUVEMENT DE. L'IMMIGRATION AUX ÉTATS-UNIS (par périodes décennales) Années. Nombre d’immigrants. 2920-4830. ou eorratruet : 443,439 HSOL-ÉOMD SL. 4. Re ee 599,125 n LC 6 61 PRE POSER M © 4,713,254 LOS GE. luaiahei eo aioseratastthe 2,598,214 AS ARTO ereenetane 2,494,209 LOL 107 Re t FT 2.351,06 LORD RSS amis eme 2,044,097 Fotah.…. (4820-89) ec: roms 14,940,351 L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. EXY pris une plus grande intensité : en 188%, on a compté, 730 000 immigrants. De 1820, date des premières stalistiques, jus- qu’en 1889, les États-Unis ont reçu ainsi près de 12 millions d'étrangers, représentant à peu près, défaleation faite des émigrants, 10 millions d’immigrants qui ont augmenté la population de cette contrée et qui ont apporté leurs bras, leur intelligence et même des capitaux à leur patrie d’adop- tion. Aucune contrée n’est à cet égard aussi favorisée que les États-Unis. Mais au second rang, le Canada a eu, de 1871 à 1889, des arrivages annuels qui ont varié de 35 000 à 112 000 et sur lesquels un tiers environ passait de là dans les États- Unis, les deux autres Liers restant dans le pays (1) ; la Répu- blique Argentine a eu, durant la même période, un excé- dent de l'immigration sur l’émigration variant de 10000 (en 1871) à 58 000 (en 1873), suivant les années (2), les colonies d’Australasie un excédent de 20 000 à 65000. La figure (voir figure n° 2) ci-jointe montre, d’après le même procédé (1) Canada Différences Différences entre l'immigration entre l'immigration et l’émigration et l'émigration Années, ou immigration Années. ou immigration réelle. réelle. OA nd LME ATS 1877..... CPCOC Mer 4872......... 36,578 1878... umo 29,807 AIT nmmnue ss 30,050 1879... .. ss... 10,192 MAT ee 39,373 ASRO PE Se eee F 1979 seine e 27,382 1881-82. ..... ° 59,939 LP 25,633 1882-83....... 72,281 (2) République Argentine Différences Différences entre l'inmigration entre l'immigration ; et l’'émigration et l’émigration Années. ou immigration Années. ou immigration réelle. réelle. LL RSR 10,244 4877..... …..e 41,913 14872.......... 27,884 ASE... . 24,009 AT ne ee. 58,096 DORE ER 29,012 FE LL OR En 46.937 1880. ..... Sece 26,340 4875... .... 20,488 1881.......... 25,115 4876:......... 17,478 CXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. que pour les États-Unis, quel a été l'importance annuelle de ces mouvements de migration en Austrasie (1). L’émigration n’est pas un voyage d'agrément ; il serait dangereux de la farder ; 1] convient de la montrer telle qu’elle est. C’est le plus souvent la misère ou tout au moins la diffi- culté de vivre qui pousse l’émigrant à quitter son pays. Il part le cœur gros, quoique soutenu par l'espérance d’une D ot a ts cos ps | en] Aushaldsid | | | ÉHHMTEE ARE ban RARE condition meilleure. Malgré le soin que prennent les admi- , nistrations publiques ou privées de veiller au transport, la traversée est souvent pénible, quelquefois mortelle (2). Ce- (1) Australasie Différences Différences entre l’immigration entre l'immigration et l’émigration et l'émigration Années. ou immigration Années. ou immigration réelle. réelle. AO CCE RER 20,039 ASE. tee 50,450 1072 Reese 17,563 so added 413,827 1873 eee 29,666 KA M stioise 55,304 ASTLCENCREETE 65,777 TASER. ANSE 43,200 1975:.:easmert 55,678 EL ec 43,085 OT... 0e 47,937 it ou 52,976 (2) Sur 476 086 émigrants qui sont arrivés en 1882 en rade de New York, L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. CXWII pendant, à mesure que la durée du voyage s’abrège, elle de- vient plüs tolérable ; à mesure que les émigrants trouvent plus de groupes déjà formés de concitoyens ou de parents pour les accueillir, que les pays d'immigration, comprenant l'intérêt qu’ils ont à attirer des travailleurs, protègent plus efficacement les immigrants, les débuts sont moins difficiles. D'autre part, à mesure que les ressources de ces pays nou- veaux sont mieux appréciées en Europe, on compte un plus grand nombre d'émigrants qui arrivent pour faire valoir leurs capitaux et former une entreprise agricole, industrielle ou commerciale. Quoi qu’il en soit, l'émigration, comme le progrès de la race européenne hors d’ Erope dont elle est la cause principale, est un fait considérable dans l’histoire de l'humanité au dix- neuvième siècle..Il faudrait un volume pour la décrire; nous wavons voulu, en quelques pages, qu’en indiquer l’impor- tance et en marquer le rôle dans le peuplement du globe. v Nous nous contenterons de signaler aussi brièvement les conséquences de l'expansion de notre race sur les autres parties du monde. Il est incontestable que cette expansion, considérée dans ses résultats les plus généraux, est un bien. La terre est le do- maine de l’homme ; mais ce domaine n’a de valeur qu’autant que l’homme l’exploite. Les quatre-vingt-sept millions d’Eu- ropéens que nous avons comptés ont enrichi des contrées qui étaient, les unes entièrement improductives et désertes, les autres habitées par des sauvages se contentant de consom- mer les fruits dela terre, ou médiocrement exploitées par des peuples à demi civilisés, comme ceux du Mexique, du Pérou, de Java, et ils se sont eux-mêmes enrichis par le travail à destination de l'office de Castle Garden, 213 sont morts en rade sur les navi- res, 75 sont morts en entrant à l'hôpital et sur 6079 autres que l'hôpital de l’ile Ward a reçus, 532 sont morts des suites de la maladie ; en tout 820 déces, sans compter les décès qui ont pu avoir lieupendant la trérée: CXWII SOCIÉTÉ NATIONALE B’ACCLAMATATION. qu'ils ont appliqué à l'exploitation des ressources naturelles de ces contrées. fl y a quatre-vingt-sept millions d'hommes civilisés dans le monde qui n’existeraient pas sans l’expan- sion de la race européenne, et il y a des milliards de francs de richesses produites chaque année par ces quatre-vingt- sept millions d'hommes. Ils ont contribué à cette grande œuvre à laquelle la Société d’Acclimatation s’est dévouée. L'homme civilisé emporte avec lui, dans ses migrations, ses céréales et son bétail, qui consti- tuent le fonds ordinaire de sa subsistance. Partout où il s’é- tablit et où le climat n’est pas trop désagréable, il plante son blé et il fait paître ses chevaux, ses bœufs, ses moutons et ses porcs. L'Amérique et l’Australasie invitaient l'Européen à venir, en lui offrant d'immenses étendues de terres à cultiver ; l'Européen est venu et il a offert à son tour, comme présent de noce, son blé et ses animaux domestiques à ces terres vierges. L'union a été féconde. Les États-Unis regorgent de blé qu’ils envoient pour nourrir l’Europe; l'Australasie, la Plata, les États-Unis, le Cap possèdent; plus de moutons que l'Europe entière et sans l'importation de leur laine, les ma- nufacturiers européens seraient reduits à fermer la moitié de leurs fabriques. Il y a là encore un grand fait économique et un changement dans les conditions de la production et de la circulation des richesses. Les pays d'immigration fournissent à l’Europe des vivres et des matières premières ; l'Europe leur vend des produits ma- nufacturés. L’échange est profitable aux uns et aux autres, et les courants commerciaux augmentent d'intensité. Chacun des groupes importants qui se forment ainsi sur quelque point du globe est intéressant, non seulement au point de vue particulier de la création de la richesse et du commerce, mais au point de vue général de la civilisation; ce sont autant de foyers nouveaux d'activité intellectuelle. On y envisage la nature, la vie, la société à des points de vue qui ne sont pas absolument les mêmes que ceux où les Européens sont placés; la pensée humaine s’y empreint d’une certaine originalité et les colons peuvent rendre à la civilisation, par L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. CXIX leurs travaux intellectuels, quelque chose de ce qu’ils tiennent d’elle, comme ils fournissent à l’Europe un utile supplément de richesse, après avoir reçu d’elle les éléments de la pro- duction. Sans doute, ces sociétés naissantes sont et seront peut-être longtemps encore préoccupées surtout de leurs intérêts matériels. Elles cultivent cependant les lettres et surtout les sciences. L'Amérique du nord a prouvé qu'elle pouvait, comme l’Europe, contribuer à leurs progrès ; l'Amé- rique du sud et l’Australasie le prouveront aussi quelque jour. Déjà ces sociétés ont déplacé l'équilibre des races et des nations dans le monde. Les États-Unis sont devenus une grande puissance avec laquelle les États européens doivent compter dans la politique comme dans le commerce. L’im- portance de la race anglaise a certainement augmenté par le peuplement du Canada et de l’Australasie, comme par la con- quête de l’Inde. Nous ne sommes pas parvenus au terme de ce développe- ment. La terre n’est pas encore, comme le disait Jules Duval, saturée d'hommes, il reste de très vastes espaces inoccupés et les parties habitées de ces contrées neuves sont loin de renfermer toute la population qu’elles pourraient nourrir. Nous assistons à une période de croissance du genre humain, qui durera plus que notre siècle. Toute croissance est d’ordi- naire accompagnée de douleurs. Ïl y a dans celle du genre humain des temps d’arrêt, des intérêts froissés, des misères individuelles et sociales. 11 faut s'appliquer à soulager ceux qui souffrent, sans perdre de vue la grandeur bienfaisante du phénomène qui s’accomplit autour de nous. La France doit d'autant moins détourner ses yeux de ce spectacle qu’elle doit en tirer une leçon. Elle a un commerce très important et une haute situation morale dans le monde; elle doit vouloir et elle veut les maintenir. Mais les conditions du commerce ne sont plus les mêmes aujourd’hui qu’il y a cinquante ans; la vapeur, le télégraphe, l’émigration les ont modifiées. Il faut être de son temps. La France ne s’est pas assez accommodée aux circonstances 7 #7 7 A À ZA DLL NL OIL) 7 1% 4 7 FE v © al s «| L’ÉMIGRATION EUROPÉENNE. CXXI nouvelles. Elle n’a pas un nombre suffisant de représentants à l'étranger. Je ne voudrais pas cependant être taxé d’exagération. Elle en a. À défaut de la statistique officielle qui ne fournit pas de renseignements ou n’en fournit que de fort incomplets, deux statisticiens ont évalué l’un à 20 000, l’autre à 15500 envi- ron le nombre des Français qui quittent chaque année la France pour s'établir dans nos colonies ou dans les pays d'outre-mer ; et le second évalue hypothétiquement à plus de 672000 le nombre des citoyens français fixés hors de France (1). Indépendamment des 227 000 individus recensés en Algérie en 1881 comme nés de parents français et des 1298 000 Canadiens d’origine française recensés la même année au Canada, nous comptons 107 000 concitoyens aux États-Unis, plus de 80 000 dans l'Amérique du sud, 14000 en Égypte, à peine quelques milliers en Australasie, et, par ses possessions coloniales (Algérie comprise), elle gouverne, hors d'Europe, environ 30 millions d'hommes, dont une petite minorité seulement, il est vrai, est de race française. Mais elle n’a pas assez de représentants, parce que d’autres nations, deux nations surtout, les Anglais et les Allemands (voir plus loin les tableaux représentant le total des Fran- çais, des Anglais, des Allemands et des Italiens établis à l'étranger), en ont sur certains points davantage et qu’ils accroissent sans cesse leurs relations, leur commerce, leur influence avec le nombre sans cesse croissant de leurs émi- (1) M. le D' Bertillon (Dict. encyclop. des Sciences médicales, art. migra- tion) et M. le D' Cagneau (l’émigration de France, lecture faite à l’Académie des sciences morales et politiques en 1884). Voir aussi la Démographie figurée de l'Algérie, par le D' Ricoux, et les Mouvements de l’émigration, publiés par le ministre de l’Intérieur. De 1854 à 1860, le ministre de l'Intérieur a constaté sous le régime du passeport obligatoire, de 19957 (1855) à 12 297 (1860) individus ayant pris leur passeport pour s’établir à l'étranger, et depuis que le passeport n’est pas obligatoire, le nombre constaté n'a élé en moyenne que de 4000 environ par an. Mais les départs pour l’Algérie et les colonies n’y sont pas compris, non plus que certaines catégories de passeports. M. Ricoux estime que le nombre des français qui se fixent en Algérie a été de 1 200 environ par an, en moyenne, de 1866 à 1872, et de 5 230, de 1872 à 1876. Ces émigrants “partent principalement des départements du sud et de l’est (Basses-Pyrénées, Gironde, Hautes-Pyrénées, au premier rang) et de la Seine. 4° SÉRIE, T. II. — Séance publique annuelle. 0 CRE. | - SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION- grants. Ainsi, tandis qu'aux États-Unis, en 1880, on comptait 107 000 personnes nées en France, on en comptait 1 966 000 nées en Allemagne ; tandis qu'il y a 55 000 français dans la République Argentine, il y a 123 000 Italiens. Chaque indi- vidu est porté à défendre de préférence les intérêts, matériels ou moraux, de sa nation : les absents ont tort. Le commerce français commence à se rendre compte de cette situation et à en comprendre les inconvénients. Est-il facile d’y appliquer le remède et de déterminer beaucoup de Français à aller soutenir le drapeau du commerce national partout où le flot montant de la concurrence menace de le renverser ? C’est un courage qui ne serait pas moins utile à la patrie que celui du soldat défendant son drapeau sur un champ de bataille, et qui peut faire la fortune de celui qui saurait en faire preuve à propos. En tout cas, ilest bon de le dire pour susciter ou pour fortifier les bonnes résolutions. Je finis, Messieurs, sur cette conclusion. Si j'ai abusé de votre patience, soyez indulgents en considérant le motif qui m'inspirait. Vous qui avez fait de si persévérants et de si heureux efforts pour acclimater en France des plantes et des ammaux utiles, vous me pardonnerez d’avoir exposé, un peu longuement peut-être, le tableau, très abrégé cependant, de lacclimatation de la race européenne dans le monde, et vous m’aiderez, avec tous ceux qui comprennent la gravité du pro- blême, à conseiller à nos concitoyens ce genre d’acclimatation, qu’un intérêt patriotique recommande. L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. EXXIIT Essai de statistique des Français, Anglais, Allemands et Italiens, établis dans les principaux pays étrangers AFRIQUE Total FRANÇAIS | ANGLAIS [ALLEMANDS] 1TaLtENS [05 étrangers de toutes les nations 4,204| 33,693 ? 11,249 ? ? ? ? 948| 16,302 Cap et Afrique du sud. 1 ! ? SUN ‘2: Sénégal Cap Vert, Canaries et ? Angola et Benguela.. Mozambique Zanzibar Maurice Madagascar, îles vois. Autres pays D 49 D 509 D 9 10 0 29 D 9 ON D D #9 0 09 9 9 49 29 D 9 D D 9 D D CSS ASIE ER EE EE Total FRANÇAIS | ANGLAIS |ALLEMANDS| 1rALIENS |ÜS étrangers de toutes IS nations Turquie d’Asie.......| (1725) (1) 1,999 13 2,622 605 Perses seen ss (51) (1) 1010? D 9 ATADIE. dre eee eee ? 7 7 T 7 LD TG FOR Mes Re DRE (2,604) (1) 75,134 1,207 1,301! 121,150 CniMmes hs Pr PARSEE 335 2,352 474 ? 9 Indo-Chine........... 8,162 ? % 2 9? JAPON Te Ce cvee.e (43) (1) 4,105 % n 6,190 SIMS rene eee aie (16) (1) 99 ñ ? 9 SIDÉPIE es rer rae ? 9 ? de 3,000,000 ÉRPRAENS Le 2 ? (1) Nombres donnés par les consuls, en 1861. CXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. OCÉANIE Total FRANÇAIS | ANGLAIS [ALLEMANDS | 1ragiens [dS étrangers de toutes les nations Colonies françaises...| 124,195 663 Australasie britanni- 12,500?,677,082(1) 42,129 2,546 [les Hawaïi .......... 81 883 ? d Autres pays 70? AMÉRIQUE DU NORD FRANÇAIS Total ou ANGLAIS [ALLEMANDS | 1rALIENS [d®S étrangers d’origine de toutes française. lgs nations États-Unis. .......... 106,976| 2,772,170| 1,966,740| 170,000! 6,849,950 Puissance du Canada... | 1,299,161|882,894(3)| 252,848 1,849 k Mexique............. #4 ? ? 6,100 ? Amérique centrale ...| 604 (2) 1,552 291 ? ? Panamahe..e..--cre 7e 410 ? ? é Ames Reere terre (1417) (2) 3,160 "4 2,400 ? Colonies françaises... 97,418 ? ? ? à AMÉRIQUE DU SUD RASE EI Total FRANGAIS | ANGLAIS [ALLEMANDS| ITALIENS | étrangers de toutes les nations Venezuela..::...,... 2,186 4,041 ET 3,237| 37,160 Colombie et Équateur ? ? ? 1,122 ñ Pérou et Bolivie...... 2,647 à .898| 70,000| 78,170 Brésil Ar -cCe-cnve 6,108 825| 44,087| 82,196] 325,680 Guyane....... ...... 3,801 1,566 9 9 ? Uoneuay.. te 14,375 22 2,125 40,000! 180,430 Paraguay............ 106 (2) ? ? 3,000| 10,000 République Argentine. 05,400 17,900 4,997| 4123,600| 673,400 (initio uses dan 3,314 4,267 4,033 3,078| 29,720 Autres pays dans les deux Amériques... ? ? ? 4,360 9 (1) Personnes nées dans lestIles britanniques. (2) Nombres donnés par les consuls, en 1861. ; À (3) Personnes d’origine anglaise, sans compter les. Ecossais (699863) et les Irlandais (957 403). ; … tutti / L'ÉMIGRATION EUROPÉENNE. CXXV EUROPE RE TE EE IE Total FRANÇAIS | ANGLAIS |ALLEMANDS| sraciens |dS étrangers de toutes les nations ETaAnCe ste dede ? 36,447 81,988! 240,733] 1,104,840 Royaume-Uni........ 1,129 (1) LT 40,371 1,189] 139,445 Belgique #0 51,089 3,189 34,196 1,153 91,700 Pays has ne (2) 1,614 42,026 7? 68,971 Luxembourg...'..... 1,085 20 8,412 219 9 Empire allemand..... 17,273 10,465 7 1,115] 982,949 QUE LR PRO MAUTEEURE 53,653 9,812 95,262 41,645] 211,035 MATE ES CCR 10,781 7,230 5,291 ? 59,956 Monico ee ins on 3,914 338 288 3,437 7,905 Espagne..........,.. 17,657 4,111 952 8,825| 46,881 JUNE PIR USERS (2) 1,798 ? ? ? Autriche-Hongric..... (2) 2,229 98,510 43,819] 92592.690 Roumanie ........... RUN 506 39,000 1,762] 772,700 Serbie et Bulgarie... 4 ? 698 Ë a UTC D) CRCROORPAEEREE (2) 1,518 2 12,268 ? Grèce spin sc 534 566 314 3,273 31,969 RUSSIE Re ne de (2) 5,007| 400,000 2,938| 450,000 Danemark........... 138 454 33,158 ? 64,289 SUBAE. PA Mis ei 163 506 953 33| 18,587 MNOMVESE Anueeceoie à 918 1,471 ? 37,390 Autres pays (S. Marin, Montenegro)....... ? ? ÿ 6,158 ? (1) Nombre assurément bien inférieur à la réalité. Une enquête faite par les consuls français à propos du recensement de 1861, a constaté à cette date, 15959 français dans les îles britanniques et dans les iles anglo-normandes. (2) En 1861, les consuls enregistraient 1546 Français fixés ‘aux Pays-Bas, 1877 en Por- tugal, 2814 en Autriche-Hongrie, 594 en Turquie, 2479 en Russie. RAPPORT ANNUEL SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION DE FRANCE EN 1884 Par M. €. RAVERET-WATTEL Secrétaire des séances. MESSIEURS, D’après l’usage adopté dans notre Compagnie, votre Secré- taire des séances doit présenter à la fin de chaque session annuelle un rapport sur les travaux de la Société. Appelé par votre bienveillance à remplir aujourd’hui cette tâche pour la treizième fois, je tiens à vous remercier tout d’abord de l’hon- neur qui m'est fait, et dont je suis profondément reconnais- sant. J'aborderai ensuite mon sujet sans préambule, allant droit au but, pour vous fatiguer le moins possible, mais ne me dissimulant pas que j'ai deux écueils à éviter : si, d’une part, je ne dois pas abuser de votre temps et de votre patience par de trop longs développements, d’autre part J'ai à craindre qu’une sèche énumération, qu'une simple table des matières, ne donne qu’une idée très imparfaite des {ravaux accomplis. Je tâcherai donc de me tenir à égale distance de ces deux écueils, comptant d’ailleurs sur votre indulgence habituelle pour m'y aider. Comme les années précédentes, M. Joseph Cornély vous a fait parvenir le relevé intéressant des multiplications d’ani- maux rares obtenues dans son domaine de Beaujardin, à Tours (1). Tout dévoué à l’acclimatation, notre zélé collègue a fait de son superbe parc un véritable jardin zoologique, où les élevages les plus difficiles menés à bien ne se comptent plus, car le succès y est, depuis longtemps, chose habituelle, et les résultats obtenus en 1884 n’ont pas été moins remar- quables que ceux précédemment communiqués à la Société. (1) Joseph Cornély, Reproductions obtenues au parc de Beaujardin (Bulle- tin, 1884, p. 925). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXXVII Un travail analogue vous a été transmis par M. Huet, aide- naturaliste chargé de la ménagerie au Muséum d’histoire naturelle, qui, dans quatre notes successives, vous à fait con- naître les naissances de Mammifères et d’Oiseaux obtenues dans notre grand et bel établissement national (1). Plusieurs de ces naissances présentent un réel intérêt, non seulement en raison de la rareté de certaines espèces, mais aussi au point de vue de l’acclimatation. Les notes fournies par M. Huet renferment, en outre, des observations utiles à enregistrer sur les mœurs de plusieurs animaux et sur leur aptitude à supporter, sans abri, la froide température de nos hivers. Vous devez à M. Durand, ancien directeur de la Bergerie de Ben-Chicao, une communication du plus grand intérêt sur l'introduction de la Chèvre d’Angora en Algérie (2). M. Du- rand nous a fait connaître que cette race est aujourd’hui par- faitement acclimatée dans la colonie, où elle supporte fort bien les grandes chaleurs de l'été, tout en résistant beaucoup mieux que la Chèvre arabe aux intempéries du climat des régions du Tell, car son épaisse toison lui permet de braver impunément les froids de l’hiver. Cette toison représente une sérieuse valeur, et l’animal est, de plus, une excellente bête de boucherie. Il est done vivement regrettable que, dans la crainte de nuire aux intérêts forestiers, l'administration n’ait pas cru, jusqu’à présent, devoir encourager l'élève de la Chèvre d’Angora en Algérie. Cette Chèvre, fort différente de l'espèce ordinaire, n’est ni vagabonde ni destructive au même degré que sa congénère. D’ailleurs, la population caprine est fort nombreuse en Algérie (elle compte plus de trois muil- lions de têtes), et, quoi qu’on fasse, elle le sera toujours, au moins en territoire arabe; mieux vaudrait donc avoir des: animaux d’un rendement certain qu'une race qui ne présente: pour elle aucun avantage. Aussi la Société d’Acclimatation. a-t-elle toujours ae l'introduction de la Chèvre d’An-- gora comme présentant la plus grande importance, et, dès. (1) Huet, Notes sur les naissances, dons et acquisitions du Muséum d'histoire nalurelle (Bulletin, 1884, p. 126, 441, 914, 995). (2) Durand, La Chèvre en Algérie (Bulletin, 1884, p. 113). CXXVII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. 1897, c’est-à-dire au début de ses travaux, adressait-elle à M. le maréchal comte Randon, gouverneur général de l’Al- gérie, un petit troupeau de celte belle et précieuse espèce. C’est de ce premier troupeau que proviennent toutes les Chè- vres d’Angora qui existent actuellement dans la colonie. Pour faire ressortir la valeur du présent ainsi fait à l'Algérie par notre Société, et les services qu’on pourrait tirer de cette acclimatation, il suffit de rappeler les résultats obtenus ail- leurs. Quand eurent lieu, sur l'initiative de notre Société, les premières importations de Chèvres d’Angora, cette race précieuse n’existait qu’en Asie Mineure. Mais ces importa- tions ne tardèrent pas à attirer l'attention. Dans la colonie du Cap, plusieurs personnes eurent l’idée, à leur tour, d’es- sayer l'élevage de la Chèvre d’Angora, et cette industrie prit rapidement une importance si considérable, qu'aujourd'hui le marché de Bradford tire presque exclusivement du Cap de Bonne-Espérance la matière première de ces étoffes si em- ployées, connues sous le nom de mohair. Il serait temps que notre colonie d'Afrique voulût enfin profiter, elle aussi, des ressources que la Société d’Acclimatation a mises à sa disposi- tion, depuis de longues années déjà, en lui donnant la Chèvre d’Angora. Notre collègue M. Tony Conte, qui vous a fait connaître l’arrivée en France des étalons et des juments ramenés du Turkestan par MM. le baron Benoist-Méchin et le vicomte de Maïlly-Chalon, vous a rendu compte des difficultés de toute sorte que présentait l'acquisition de ces chevaux, remarqua- bles spécimens de a race Tekkis, recherchée dans toute l’Asie centrale pour ses qualités de fond, de vitesse et de beauté (1). Grâce à un concours heureux de circonstances, MM. Benoist- Méchin et de Mailly-Chalon ont pu mener à bien l'importation de ces précieux animaux, les premiers échantillons de race turkmène introduits en France. Des faits intéressants d’acclimatation vous ont été signalés par M. Pierre-Amédée Pichot, qui vous a entretenus notam- (1) Tony Conte, Introduction de chevaux du Turkestan (Bulletin, 1884, p. 209). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXXIX ment de l'introduction en Irlande du charmant petit Cerf Sika (Cervus Sika), du Japon, par les soins de lord Powerscourt. Notre collègue vous a en même temps rendu compte de l’ac- climatation du Chameau aux États-Unis, où cet animal à re- conquis sa liberté et vit aujourd’hui en troupes nombreuses tout le long de la côte du golfe de Californie (1). Du reste, ainsi que la même communication vous l’a aussi fait con- naître, l'existence du Chameau redevenu sauvage a été récem- ment constatée, d’une façon encore plus curieuse, dans une autre partie du globe, presque à notre porte, sur la côte sud de l'Espagne, dans les maremmes du Guadalquivir, en Anda- lousie. La domestication de la plupart des animaux soumis par l’homme remonte à des temps si reculés, que nous en avons perdu toute trace; il est donc intéressant d'enregistrer comment quelques-unes de nos races domestiques regagnent parfois leur indépendance. L’infatigable propagateur de l’usage de la Nour de cheval, notre sympathique et dévoué confrère M. Decroix, vous a présenté un compte rendu très satisfaisant des progrès de l’hippophagie (2). Toutes les grandes villes ont aujourd’hui des boucheries où se débite la viande de cheval ; Paris en compte à lui seul plus de quatre-vingts, qui ont détaillé, pen- dant l’année 1883, 13 234 animaux (Chevaux, Anes et Mulets), représentant un poids total net de 2528 635 kilogrammes. La viande est vendue environ moitié prix de la viande de bœuf, par morceaux correspondants. Ces résultats profitent à la fois aux classes laborieuses, en augmentant les ressources alimen- taires du pays, et aux classes riches, en donnant aux chevaux une plus-value considérable, en contribuant, dans une no- table mesure, à l'amélioration de la race chevaline, et en four- nissant aux éleveurs de nouveaux débouchés. Non content de se consacrer avec un zèle fort méritoire à la destruction de préjugés regrettables qui privaient l’ali- (1) Picrre-Amédée Pichot, Acclimatation du Chameau aux États-Unis et du Cerf Sika en Angleterre (Bulletin, 1884, p. 521). (2) Decroix, Influence de l’hippophagie sur la population chevaline (Bulle- tin, 1884, p. 617). CXXX SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. mentation publique d’une ressource particulièrement impor- tante à une époque où la population nécessiteuse a tant à souffrir du renchérissement général des denrées, M, Decroix a tenu à réfluter toutes les objections, en se livrant, sur les viandes dites insalubres, à des essais dont les résultats sont à noter. Il a ingéré, sans éprouver aucune incommodité, de la chair d'animaux charbonneux, enragés, morveux, trichinés. Sa conclusion est que, dans des circonstances difficiles, il ne faut pas craindre de faire entrer dans l'alimentation les viandes réputées jusque-là insalubres, sous cette condition, toutefois, qu’elles seront soumises à une cuisson très complète (1). Votre attention a été appelée par M. le général du Martray sur l'intérêt qui s’attacherait à l'introduction chez nous de certaines races de Chèvres de la Suisse, qui sont particulière- ment recommandables, notamment celle du Haut-Valais (2). Cette race donnerait en moyenne environ 900 litres de lait par an, tandis qu’une bonne Ghèvre de France, à quelque région qu’elle appartienne, n’en donne que 500 litres. Le prix moyen du litre de lait de Chèvre en France étant de 15 centimes, le produit d’une Chèvre du Haut-Valais se- rait de 135 francs, alors que celui d’une Chèvre française n’atteindrait que 79 francs. Si chaque bête vaut 30 francs, l’une rapporte deux fois et demie, et l’autre quatre fois et demie sa valeur. On voit donc le sérieux avantage qu’il y au- rait à acclimater en France les Chèvres du Haut-Valais. Les qualités d’une autre espèce de Chèvres, celle du Séné- gal, vous ont été signalées par nos confrères M. Le Guay (3), du Cluyon (Finistère), et M. Mathey (4), de Rochechouart (Haute-Vienne), qui, tous deux, ont pu constater la fécondité de cette race et son aptitude à supporter les intempéries de notre climat. M. Olivier Leprevost-Bourgerel, de Nantes, qui possède une paire de Pacas (Cœælogenas Paca) de l'Amérique du Sud, (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 102). (2) Ibidem, p. 418, 994. (3) Ibidem, p. 297, 608. (4) Ibidem, p. 101. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXXXI importés de la Trinitad en 1883, a obtenu la reproduction de ces animaux, sur les mœurs et les habitudes desquels notre confrère nous a fait parvenir des renseignements (1). La chair du Paca est très estimée, et le naturel très doux de ces ani- maux permettrait d’en tenter avec succès l’acclimatation. Notre Société ne s’occupant pas seulement de l’introduc- tion et de la domestication d'espèces nouvelles, mais aussi de la propagation d'espèces qui, plus ou moins anciennement acquises, mériteraient d'être plus répandues qu’elles ne le sont encore, vous avez, déjà depuis plusieurs années, com- pris parmi les animaux que vous distribuez en cheptels dif- férentes races porcines, et notamment la race siamoise, re- marquable par la qualité de sa chair et la précocité de son développement. Malheureusement, 1l faut compter avec l’es- prit de routine dont certaines de nos populations rurales donnent encore de trop fréquentes preuves, et vous avez pu constater tout récemment qu’on a souvent de la peine à faire accepter sur les marchés des animaux qui ne sont pas encore bien connus (2). C'est, en effet, ce qui s’est produit pour le Porc siamois; et cependant, ainsi que notre secrétaire géné- ral vous l’a fait remarquer (3), outre les qualités signalées ci- dessus, cette espèce présente aussi sur les grandes races fran- caises, et sur la race craonaise en particulier, l'avantage d’être d’un petit volume, et, par conséquent, d’être d'une alimen- tation relativement économique ; elle peut donc convenir surtout aux petits ménages, aux petites ressources, ce qui n’est pas le cas des grandes races du Poitou et de la Nor- mandie. Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que le Porc siamois est l’ancêtre du Cochon Yorkshire, qui jouit d’une réputation absolument générale et que tout le monde sait apprécier. Dans la classe des oiseaux, vous avez, comme les années précédentes, compté de nombreux élevages couronnés de succès, parmi lesquels il convient de rappeler, en première (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 751). (2) Ibidem, p. 514. (3) Ibidem, p. 515. CXXXII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ligne, ceux : de M. Pays-Mellier (1) et de M. O.-Camille Bé- renger (2), qui, tous deux, ont oblenu la reproduction du Nandou ou Autruche d'Amérique, et qui ont recueilli d’inté- ressantes observations sur les mœurs et les habitudes de cette espèce; de M. Courtois, qui, depuis longtemps déjà, s'occupe tout particulièrement des oiseaux d’eau (Canards, Sarcelles, Bernaches, etc.), et qui est devenu, dans cette spécialité, un éducateur tout à fait émérite (3); de M. Ed. Barrachin, qui a mené à bien l'élevage de Crossoptilons issus du croisement des Crossoptilon cœærulescens et C. auritum (4); de M. G. Mathias, qui a pu vous présenter cette année six Lophophores (Lophophorus refulgens) obtenus d’une seule ponte, gagnant ainsi le prix fondé par la Société pour la reproduction en captivité de ce splendide oiseau (5); de M. Delaurier, qui a obtenu de nouveau, cette année, la multiplication de nom- breuses espèces de Perruches (6); de M. Henri Gadeau de Kerville, auquel vous devez la première reproduction obtenue en France de la jolie Perruche Soleil (Conurus solstitialis) du Brésil (7), etc. Vous avez aussi applaudi aux succès de M. Leroy, dans la multiplication de la Perdrix du Boutan (8), de M. Delaurier, dans l’obtention d'hybrides de Tragopans Hasting-Blyth (9), de M. Alfred Rousse (10), dans la reproduc- tion de la Perruche discolore (Lathamus discolor), etc. M. Gabriel Rogeron a rendu compte à la Société de croise- ments curieux qu’il a obtenus entre plusieurs espèces de Ca- nards, et d’après lesquels il croit possible d’arriver à la créa- tion d’une véritable race hybride (11). (1) Pays-Mellier, Reproduction du Nandou (Bulletin, 1884, p. 111). (2) 0. Camille Bérenger, Éducation de Nandous (Bulletin, 1884, p. 916). (3) E. Courtois, Élevage d'Oiseaux aquatiques (Bulletin, 1884, p. 318). (4) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 194). (5) 1bidem, p. 298. (6) Delaurier, Éducations d’ Oiseaux exotiques faites à Angoulème (Bulletin, 1884, p. 212). (7) Henri Gadeau de Kerville, De la reproduction de la Perruche soleil en France (Bulletin, 1884, p. 615). (8) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 511). (9) Ibidem, p. 743. (10) Jbidem, p. 970. (11) Rogeron, Croisements de Canards (Bulletin, 1884, p. 861). . RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXXXIII De son côté, M. le comte de Montlezun a enrichi le Bulle- tin de deux notes intéressantes, l’une (1) sur le Canard sif- fleur du Chili (Wareca Chiloënsis), l’autre (2) sur le genre Cygne. Cette dernière note surtout, où se trouvent groupés de nombreux faits et qu’accompagnent des dessins d’une pré- cision parfaite, est un excellent travail que vous avez été heu- reux de récompenser, en formulant le désir de voir l’auteur entreprendre, pour d’autres groupes, une étude semblable. M. Pichot, qui vous a depuis longtemps habitués à d’inté- ressantes communications sur les curiosités de l’histoire na- turelle, vous a fourni, cette année, des renseignements nou- veaux sur le Seupousiang ou Cerf à queue de Bison, des parcs impériaux de Pékin (3), et des détails pleins de pittoresque sur les oiseaux de sport dans le Céleste-Empire (4), où l’on a poussé l’art de dresser les oiseaux à un degré vraiment ex- traordinaire et tout à fait inconnu en Europe. Or, comme l’a si bien dit notre collègue, « l’Oiseau est certainement une des plus merveilleuses conquêtes de l’homme sur les animaux. JL nous est facile de concevoir la domestication des quadru- pèdes, des gros animaux, sur lesquels nous avons prise soit par la force, soit par la douceur ; notre puissance, notre au- torité s’exercent dans ce cas sur quelque chose de solide, de tangible ; mais en peut-il être de même avec l’Oiseau, cette créature délicate, fugitive, presque insaisissable, qui tient des fleurs par ses couleurs et son plumage, et que son chant et son vol rendent encore plus éthérée! Quels seront les le- viers assez délicats pour peser sur ses muscles sans briser tout son organisme ? Par quels moyens lui faire comprendre notre pensée souvent grossière, notre commandement souvent brutal? Comment réduire ces indépendants par excellence à vivre de notre vie el à abandonner l'infini de l’espace pour ac- cepter les chaînes de la servitude et les barreaux de la domes- (1) Comte de Montlezun, Note sur le Canard siffleur du Chili (Bulletin, 1884, p. 678). (2) Note sur les Palmipèdes lamellirostres (Bulletin, 1884, p. 685). (3) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, 979). (4) Pierre-Amédée Pichot, Sur les Oiseaux de sport de la Chine (Bulletin, 1884, p. 627). CXXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. tication? L'homme est cependant arrivé à résoudre ce pro- blème », et les faits racontés par M. Pichot en sont des exemples frappants. Dans un travail communiqué à la Société en 1883, M. le D' Camille Dareste nous avait fait connaître les premiers ré- sultats de ses belles recherches expérimentales sur l’incuba- tion, et montré quelles sont les diverses influences qui peuvent agir sur les œufs pendant la période qui sépare la ponte de la mise en incubation. Poursuivant ces travaux, notre savant confrère vous a entrenus cette année des conditions physiques de l’incubation, de l’action qu’exercent sur l'embryon la tem- pérature, la ventilation, l’état hygrométrique de l'air où sont placés les œufs, ete. (1). De semblables études ont une impor- tance considérable au point de vue de l'élevage, et vous ne pouviez manquer de les accueillir avec toute la faveur qu’elles méritent. Des notes que vous avez enregistrées avec intérêt vous ont été fournies par M. le comte d’Esterno sur des habitudes et des détails de mœurs peu connus de la Buse et de la Créce- relle (2); par M. Fernand Lataste, sur l’alimentation des Ra- _ paces nocturnes (3), et par M. Sœhnlin, sur les dommages que les oiseaux et quelques autres animaux peuvent causer aux ruchers (4). Il ressort de ces deux dernières communica- tions que beaucoup de jugements portés sur l'utilité ou la nocuité des espèces animales ne doivent être acceptés qu'avec une grande circonspection, et qu’il y a lieu, en outre, de nous montrer parfois indulgents à l'égard de certaines de ces es- pèces qui ont peut-être été inscrites, sans raisons suffisantes, sur nos listes de proscription. N'oublions pas, en outre, que beaucoup d’espèces, considérées comme inutiles, ont un rôle à accomplir dans la nature, el qu’elles ont, par suite, des droits à notre protection, ne serail-ce que parce que, suivant (1) D Camille Dareste, Études expérimentales sur l’incubation, 2° partie (Bul- letin, 1884, p. 1). (2) Procès-ver baux (Bulletin, 1884, p. 749). a: Lataste, Sur l’alimentation des Rapaces nocturnes. (Bulletin, 1884, P- (4) Sœhnlin, Ennemis des ruchers (Bulletin, 1884, p. 681). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXXXV l’heureuse expression d’un de nos confrères, « elles sont l’or- nement naturel des campagnes, comme les fleurs qui parent les prairies et qui égayent la bordure monotone du che- min (1). » Du reste, le congrès ornithologique tenu à Vienne au mois d'avril 1884, en vue de l'élaboration d’une loi internationale de protection des espèces utiles à l’agriculture, à été pour vous une nouvelle occasion de vous préoccuper de la rareté croissante de presque tous les Oiseaux et de la protection à accorder à ces utiles auxiliaires. Je dois rappeler particu- lièrement les communications faites à ce sujet par MM. Ro- geron (2), de Barrau de Muratel (3), de Confévron (4), G Mathias (5), Maurice Trémeau (6), de même que celles de MM. Oustalet (7), Geoffroy Saint-Hilaire (8), Camille Da- reste (9), Deforge (10) et marquis de Sinéty (11), relativement aux migrations des Oiseaux et aux dispositions à prendre pour arriver à une étude sérieuse des époques et des diver- ses conditions de ces migrations. Tout ce qui à trait à l’alimentation pr ésente une sérieuse importance en matière d'élevage; aussi avez-vous accueilli avec intérêt les communications : de M. Gustave Conte; sur la nourriture qu’il utilise pour ses élevages de Faïsans (12), et celles de M. l'abbé Betin (13) et de M. Dautreville (14) sur (1) Maurice Girard, Catalogue raisonné des animaux utiles et nuisibles, J, p. 9. (2) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 410). (3) Zbidem, p. 415, 428, 609, 764. (4) Ibidem, p. 495. (5) 1bidem, p. 701. (6) Ibidem, p. 420. (7) Ibidem, p. 428. (8) Zbidem, p. 416, 428. (9) Zbidem, p. 429. (10) Zbidem, p. 979. (11) Ibidem, p. 428. (12) Zbidem, p. 600. (13) bidem, p. 298. (14) M. Dautreville a mis dans le commerce, sous le nom de poudre toni-nu- tritive, un produit qui apporte un véritable progrès dans l'alimentation des oiseaux de basse-cour et de volière, et qui lui a valu de nombreuses et favora- bles attestations d’éleveurs expérimentés. A plusieurs reprises, notre collègue à mis à la disposition de la Société d'importants échantillons de ce produit CXXXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. l'emploi des produits de leur invention pour le remplacement des œufs de Fourmis dans l’alimentation des Faisandeaux et pour la nourriture de toute espèce de volailles. . M. E. Leroy, de Fismes, a rédigé pour le Bulletin une in- struction des plus complètes sur la construction et l’aména- sement des volières (1). Avec son talent habituel et son savoir de praticien consommé, M. Leroy a condensé dans cet inté- ressant et très utile travail une multidude de renseignements de grande valeur pour les éducateurs débutants, qui y trou- veront un guide précieux, de nature à leur éviter bien des mé- comptes. On ne peut que remercier notre collègue d’avoir bien voulu nous faire profiter de sa longue expérience et de fournir ainsi aux nombreux amateurs d’élevage la possibilité de réaliser à peu de frais, pour leurs pensionnaires emplu- més, des installations parfaitement hygiéniques. L'exploitation des eaux, avec toutes les industries qui s’y rattachent (2), a, comme de coutume, été de votre part l’objet d’une sérieuse attention et vous avez suivi d’un regard atten- til les progrès accomplis par la pisciculture, tant en France (3) qu’à l'étranger (4). Des exemples frappants de ce que peuvent produire des opérations d'empoissonnement bien conduites vous ont été soumis de divers côtés (5), et beaucoup de nos confrères vous ont rendu compte des essais qu’ils ont entrepris pour le repeuplement des eaux. Nous devons rappeler parti- culièrement les communications de MM. Ch. Renouard (6), Berthoule (7), Rivoiron (8), Vacher (9), Dubard (10), Abel Le- pour qu’il puisse être mis en essai et jugé, Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 101, 421, 609, 970, 981). (1) E. Leroy, Les volières : hygiène, dimensions, etc. (Bulletin, 1884, p. 789). (2) Bouchon-Brandely, Ostréiculture. De la sexualité de l’Huître (Bulletin, 1884, p. 963). (3) Proces-verbaux (Bullelin, 1884, p. 103, 188, 301, 308, 600, 611, 758,972, 973). 4 Ibidem, p. 513, 601, 757, 158, 972. (5) Raveret-Wattel, Propagation du Saumon dans le Sacramento (Bullelin, 1884, p. 998). (6) Proces-verbaux (Bulletin, 1874, p. 102). (7) Ibidem, p. 195. (8) Zbidem, p. 196. (9) bidem, p. 196. (10) Zbidem, p. 290, 972. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXXX VII roy (1), Rathelot (2), d'Halloy (3), Ad. Jacquemart (4), d’Augy (5), etc. Il convient de mentionner également d’une facon toute spéciale les travaux d’empoissonnement, entière- ment désintéressés, que M. Focet poursuit depuis plusieurs années dans le département de l'Eure (6), et ceux que l’on doit à M. René de Semallé, dans le département du Puy-de- Dôme.Notre confrère estime avec beaucoup de raison qu'avant d'enrichir les rivières de poissons de choix, pour la plupart très voraces, comme la Truite, par exemple, 1l convient d’as- surer d’abord l'alimentation de ces espèces ichtyophages, en répandant partout en abondance des poissons qui se nour- rissent de végétaux. Aussi M. de Semallé a-t-il fait généreuse- ment lâcher dans les cours d’eau du Puy-de-Dôme voisins de sa résidence un grand nombre de jeunes Carpes (7). Il serait fort à désirer qu’un pareil exemple trouvât de nombreux imitateurs. M. Garnier, président de la Société linnéenne du nord de la France, vous a transmis un intéressant rapport de M. Le- fèvre sur des essais de croisements entrepris sur diverses espèces de Salmonides (8). La question de la protection à accorder aux poissons mi- grateurs vous préoccupe à bon droit depuis longtemps; il vous à paru nécessaire de rechercher les moyens de faciliter dans tous nos cours d’eau la circulation de ces poissons, trop souvent entravée par les barrages, les chûtes d’eau et une foule d'obstacles divers. Un travail (9), rédigé soit d’après des renseignements pris sur place, soit d’après des docu- ments sérieux et pour la plupart officiels, vous a fait connai- tre les différentes types d’échelles à poissons utilisés à l’étran- (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 316, 410). (2) Ibidem, p. 309. (3) 1bidem, p. 600, 971. (4) Ibidem, p. 972. (5) Ibidem, p. 399. (6) Zbidem, p. 300, 983. (7) Zbidem, p. 197, 432, 495). (8) Zbidem, p. 306. (9) Raveret-Wattel, Les Poissons migrateurs et les échelles à Saumons (Bul- detin, 1884, p. 14, 321, 516, 636). 4 SÉRIE, T. IL. — Séance publique annuelle. j CXXX VIII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ger, leur mode de construction, les avantages qu’ils présentent et les heureux résultats qu’on retire de leur emploi. Les in- formations consignées dans ce travail ont, d’ailleurs, été complétées par de précieux envois de plans et autres docu- ments que vous avez reçus de différents pays et parmi lesquels il convient de mentionner tout particulièrement ceux de M. le colonel Marshall Mac-Donald (1), "commissaire des pêcheries de l’État de Virginie, inventeur d’un modèle d'échelle à pois- sons, qui paraît être, sous tous les rapports, de beaucoup supérieur à tous ceux proposés jusqu’à ce jour. Cette année encore, de précieux envois d’œufs de diverses espèces de Salmonides nous ont été faits, tant par M. le pro- fesseur Spencer F. Baird, commissaire général des pêcheries des États-Unis, que par la Société allemande de pisciculture, dont la générosité à notre égard se montre inépuisable. Trois mille œufs de Salmo iridea, ou Truite Arc-en-ciel (Rainbow Trout) de la Californie, nous ont été adressés de l’établisse- ment de Northville (Michigan), d’après les bienveillantes in- structions de M. Spencer F. Baird (2). Je n’ai pas à rappeler ici les qualités remarquables de la Truite arc-en-ciel, dont la beauté, la vigueur extraordinaire et la grande rapidité de croissance font de cette espèce une des plus précieuses acquisitions que nous puissions réaliser. Grâce aux envois que nous devons à la libéralité de l’administration améri- caine et aux importations faites en même temps par l’un de nos collègues (3), la Truite des rivières de Californie paraît être aujourd'hui en pleine voie d’acclimatation chez nous. Une autre espèce de Truite également fort intéressante est le Salmo carpio, du lac de Garde, à chair très saumonée et d’un goût exquis. Avec cette bienveillance dont il nous a déjà donné tant de preuves, M. de Bebr, l’éminent président de la Société allemande de pisciculture, a tenu à nous mettre à même d’essayer l'introduction dans nos eaux de cet excel- (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 600). (2) Zbidem, p. 503. (3) Zbidem, p. 971. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXXXIX lent poisson, par l’envoi de deux mille œufs (1), qui nous sont arrivés en parfait état, et qui ont donné naissance à des ale- vins d’une vigueur remarquable, sur lesquels il est permis de concevoir d'excellentes espérances. Ge gracieux présent avait été précédé de deux autres en- vois non moins intéressants (2), ceux de lots importants d'œufs embryonnés de Corégones (Coregonus maræna et C. albula), poissons qui prennent rang parmi les meilleures espèces ali- mentaires et dont l’introduction dans nos lacs de l’Auvergne présenterait un intérêt particulier. La mortalité qui sévit depuis plusieurs années sur les Écre- visses de nos rivières ne pouvait manquer d'attirer votre attention et de provoquer une étude spéciale de votre part. Un questionnaire, établi par les soins de la troisième sec- tion (3), a été répandu à un très grand nombre d’exemplaires et de tous les points de la France vous sont parvenues des réponses qui forment aujourd'hui un volumineux dossier. Les renseignements fournis par vos nombreux et obligeants correspondants (4) apporteront sans doute quelque lumière sur cette singulière épidémie, qui a déjà fait disparaître à peu près complètement l’Écrevisse dans plus des deux tiers de nos départements. Des nouvelles très satisfaisantes vous sont parvenues con-- cernant l’acclimatation du Saumon de Californie (Salmo- quinnat). D’après les renseignements transmis par M. le D' Maslieurat-Lagémard, conseiller général de la Creuse, ce Sau- - mon paraîtrait avoir déjà frayé dans l’un de nos cours d’eau, , la Gartempe (5) et, d'autre part, M. Valéry-Mayet, professeur : à l'École d’agriculture de Montpellier, nous a fait connaître: que des sujets de cette même espèce ont été pêchés dans l’Aude: et dans l'Hérault (6), où le Saumon ordinaire est complète- ment absent. Il y a là un fait extrêmement intéressant à en- (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 290) (2) Ibidem, p. 195, 972. (3) Ibidem, p. 303. (4) Ibidem, p. 295, 418, 496, 504, 506, 513. 602, 748, 758, 974. (5) Ibidem, p. 103. (6) Ibidem, p. 158. a SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. regisirer et tout à fait encourageant au point de vue des essais d’'empoissonnement entrepris par la Société. En ce qui concerne la classe des Insectes, les communica- tions intéressantes n’ont pas fait défaut. Vous continuez à vous occuper activement de l’acclimatation et de l’utilisation des différentes espèces de Vers à soie exotiques, dont les produits commencent à se faire accepter par notre industrie. Avec le soin, la conscience qui caractérisent tous ses travaux, M. Alfred Wailly nous a rendu compte des éducations d’At- taciens séricigènes faites par ses soins à Norbiton (Angleterre) pendant l’année 1883 (1). Des observations recuillies par M. Waiïlly au cours de ces éducations, sur des hybrides d’Af- tacus Royler et Pernyi, sont venues démontrer une fois de plus la constance de la Loi de retour à laquelle obéissent tous les hybrides ; toujours, au bout d’un certain nombre de gé- nérations, on voit ces produits d’unions croisées reprendre le type de l’une des deux souches parentes, ou se partager pour ainsi dire entre les deux. | Aux notes adressées par notre confrère sur les résultats qu'il a obtenus dans la dernière campagne, se trouve annexée la description du système auquel il croit devoir donner la préférence pour le transport des œufs de certaines espèces de Lépidoptères à éclosion rapide et difficiles par suite à ex- pédier au loin. M. Fallou, qui compte depuis longtemps au nombre de nos plus zelés éducateurs de Bombyciens séricigènes, a con- tinué cette année à vous faire part des résultats de ses tra- vaux, conduits toujours avec soin, méthode et persévérance (2). M. Hignet, directeur de la magnanerie de Sieltze, près Varsovie, poursuit en Pologne l’éducation de plusieurs Vers à soie sauvages (3) et les résultats qu’il obtient, malgré la rigueur du climat, lui donnent la conviction qu’il yaurait pour tous les pays tempérés un intérêt des plus sérieux à généra- (1) Alfred Wailly, Éducations d’Attaciens séricigènes 1e en Angleterre (Bulletin, 1884, p. 929). (2) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 188, 304, 767). (3) Ibidem. p. 291. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXLI liser la culture des Vers à soie du Chêne, moins coûteux à élever que le Ver à soie du mûrier, plus à l’abri que ce dernier des maladies qui affligent les magnaneries, et producteurs, enfin, d’une soie brillante, nerveuse et plus abondante que celle du Bombyx mori. M. Hignet à insisté, en même temps, dans ses noles, sur l'importance qui s’attacherait au point de vue des intérêts de l’industrie séricicole, à la création d’un certain nombre de stations où l’on s’occuperait uniquement de la production de graine saine, vraiment propre à régénérer nos races de Vers à soie, si maltrailées depuis tant d'années par la maladie. Des mesures dans ce sens paraissent d’autant plus s'imposer que, déjà réduite depuis longtemps à payer à l'étranger un lourd tribut pour l'achat et l'importation de graine saine, notre industrie se voil actuellemeut à la veille de perdre même cette onéreuse ressource. La Chine et le Ja- pon, demeurés indemnes pendant une longue période, sont aujourd’hui gravement atteints, à leur tour, par la maladie (1), et, dans un avenir prochain, ne pourront plus nous fournir, ni la graine que leur empruntait nos magnaneries, ni la soie qui contribuait à alimenter nos manufactures. Cette situation inquiétante donne plus d'intérêt que jamais aux efforts tendant à faire réellement entrer dans le domaine de l’industrie l'exploitation des différents Lépidoptères auxi- liaires du Ver à soie. Aussi avez-vous accueilli avec grand intérêt les communications par lesquelles M”° veuve Simon, née de Fuisseaux, vous a fait connaître la création d’une filature de cocons sauvages (2), qui lui donne de très beaux résultats comme rendement, beauté de soie, qualité supé- rieure et rapidité de filage à la vapeur. L'installation a natu- rellement été coûteuse ; mais il y a tout lieu d’espérer que ce sont là des capitaux bien employés, qui ne resteront pas improductifs. Bien convaincu, du reste, que l’industrie ne manquera pas de s'emparer de la soie du Ver du Chêne, dès que la production se chiffrera en Europe par des millions de kilogrammes de cocons, M”° Simon ne néglige rien pour pro- (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 310). (2) Zbidem, p. 104, 411, 975. CXLII SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. pager le plus possible la culture de l’Attacus Pernyi (1); c’est ainsi qu'elle a bien voulu mettre gratuitement de la graine de cette précieuse espèce à la disposition des institu- teurs français, qui pourront certainement faire une utile propagande en initiant d'une manière pratique les enfants des écoles à l’élevage du Ver à soie du Chène. Aussi bien que la sériciculture, l’exploitation des ruchers, cette autre branche d’entomologie appliquée, a fait l’objet de plusieurs communications (2). Vous estimez, non sans rai- son, qu’on pourrait doubler en France la production de l’Abeille par des soins plus vigilants et par une éducation plus intelligente, et votre attention s’est portée sur lPintérêt qui s’attacherait à la propagation des plantes mellifères. Comme l’a fort justement fait remarquer M. Ch. Naudin, il y a là un desideratum pour les apiculteurs (3). Il faudrait trouver quelques plantes richement fleurissantes et bonnes productrices de miel, assez rustiques pour résister à tous nos hivers, même en pays de montagnes. Il en existe certaine- ment dans la nature, et c’est dans les pays tempérés ou tempérés-froids qu’il faudrait les chercher, par exemple, dans le centre et le nord de la Chine, en Mongolie, en Sibérie, dans l'Himalaya, etc. Les voyageurs qui parcourent ces diffé- rentes régions, ou les missionnaires qui y sont établis, pour- raient faire d’utiles recherches à ce point de vue, et nous savons que leur concours ous est acquis à l’avance. Si les insectes dont l’homme a su tirer parti sont très peu nombreux, c’est, au contraire, par milliers que se comptent les espèces nuisibles, et, trop souvent, nous sommes impuis- sante à combattre efficacement ces infiniment petits qui nous ruinent. Leurs ravages augmentent ets’aggravent à mesure que les cultures s'étendent et se perfectionnent, et constamment quelque nouvelle espèce vient, par une pullulation inat- tendue, compromettre nos récoltes ou en détériorer les pro- duits. Les procès-verbaux de nos séances ont eu à enregistrer (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 504). (2) Zbidem, p. 515. (3) 1bidem, p. 413. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXLIII _ à ce sujet de nombreuses communications, parmi lesquelles il convient de rappeler en particulier èelles de MM. G. We- mens (1), de Barrau de Muratel (9) et Maurice Girard (3). Je ne dois pas oublier de mentionner également ici, d’une façon toute spéciale, la description que nous a donnée M. De- croix, du procédé à la fois simple et pratique mis en usage en * Algérie par M. Félix Durand pour la destruction du terrible Criquet voyageur (4), ce fléau dont notre colonie nord-afri- caine a parfois si gravement à souffrir. Vous devez à M. Ch. Naudin une note sur les ressources que pourrait sans doute offrir, au point de vue de l’élevage des Attacus Pernyi et Yama-mai, une espèce de Chêne propre à l'Algérie, le Chêne Zéen ou Chêne de Mirbeck (Quer- cus Mirbecku), dont la végétation est sensiblement plus précoce que celle de ses congénères (5). On sait que les per- sonnes qui s'occupent de l’éducation du Vers à soie du chêne sont embarrassées, dès le début, pour procurer à leur élèves les feuilles dont ils se nourrissent, et cela parce que les Vers _ éclosent presquetoujours bien avant que nos Chênes indigènes aient développé leurs bourgeons. Il serait donc utile de pos- séder un Chêne dont la végétalion soit assez précoce pour être en parfait synchronisme avec l’éclosion des larves et leur développement. Le Chêne de Mirbeck semble répondre com- plètement à ce desideratum, car sa végétation est de plus d’un mois en avance sur celle de nos Chênes ordinaires. M. Félix de la Rochemacé, qui, par un procédé bien simple dont il vous a donné le détail, obtient la préservation hiver- nale de plusieurs espèces d’'Eucalyptus dans le département dela Loire-[nférieure, soit par le 47° degré de latitude nord(6), vous a entretenus de l’utilisation en thérapeutique des feuilles de ces végétaux australiens. Les effets assainissants de cette (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 197). (2) Ibidem, p. 198. (3) Ibidem, p. 435, 167, 113. (4) Decroix, Sur la destruction des Sauterelles, procédé de M. Dur and (Bul- letin, 1884, p. 551). (5) Ch: Naudin, Le Chéne Zéen ou de Mirbeck (Bulletin, 1884, p. 856). (6) F. de la Rochemacé, De la préservation hivernale de l'Eucalyptus par le 41° degré de latitude nord (Bulletin, 1884, p. 711). CXLIV SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. même essence d'arbres ont aussi fait l’objet de communica- tions de la part de M. le docteur Michon (1) et de M. de Barrau de Muratel (2), comme l’utilisation de son bois par l’industrie française vous a été signalée par M. Geoffroy Saint-Hilaire (3). Les Bambous, ces robustes végétaux qui sont certainement appelés à prendre un jour une place importante dans nos cultures, commencent déjà à donner en France des produits utilisables, ainsi que vous l’ont fait connaître les renseigne- ments fournis par plusieurs de nos confrères et notamment par M. le docteur Lecler (4) et par M. le comte L. de Bouchaud de Bussy (5). . De nombreux mémoires vous ont été adressés sur des végé- taux provenant de diverses régions du globe, ou sur des cul- tures particulières, et je dois mentionner particulièrement les notes de M. Emile de Lafon sur les vignes de l'Amérique centrale (6); de M. Godefroy Mollinger sur le Pawpaw (Asi- mia triloba) des États-Unis (7); de M. Ch. Naudin, sur le Quebracho colorado (Loxopterygium Lorentzii) du Paraguay et sur l’emploi, dans l’industrie, du bois et de l’écorce de cet arbre encore peu connu des botanistes (8); de M. Godefroy Lebeuf, sur le Xummara (Convolvulus chrysorhizus), de la Nouvelle-Zélande (9); de M. Hédiard, sur les Goyaves de l’Al- gérie, et sur l'intérêt sérieux qui s’attacherait au développe- ment de la culture fruitière dans notre colonie Africaine (10) ; de M. Doumet, sur une variété d’'Igname à rhizome très volu- . mineux, qu’il cultive dans son domaine de Baleine (Allier) et dont il a bien voulu offrir des bulbilles à la Société (11); de M. Joseph Clarté (12), sur le Goumi (Elæagnus longipes) du (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 295). (2) Ibidem, p. 295. (3) Ibidem, p. 192. (4) Ibidem, p. 293. (5) Ibidem, p. 602. (6) Zbidem, p. 104. (7) Ibidem, p. 310. (8) Ibidem, p. 413. (9) Zbidem, p. 105, 435. (10) Zbidem, p. 199. (11) lbidem, p. 197, 446. (12) bidem, p. 505, 978, 989. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXLV Japon et sur l’utilisation des fruits de cet arbuste pour la pré- paration de divers produits alimentaires, et surtout d’une eau-de-vie de première qualité pouvant rivaliser avec la meil- leure eau-de-vie de cerises (1); enfin, de M Jules Poisson, attaché au Muséum, sur le Cœsalpinia melanocarpa, bel arbre du Paraguay dont notre correspondant nous affait parvenir une certaine quantité de graines rapportées par M. Balansa (2). M. Paillieux, qui, depuis une dizaine d’années, cultive un grand nombre de plantes comestibles exotiques, a rédigé avec la collaboration de M. D. Bois, préparateur de bota- nique au muséum, un mémoire très Intéressant sur ces végé- taux (3). Le soin, la précision, la conscience apportés dans ce travail font du Potager d’un curieux un guide pratique fort utile à consulter pour la culture des plantes d'introduction nouvelle, et l’on doit remercier les auteurs d’avoir enrichi le Bulletin de cette excellente étude, qui ne peut que contri- buer à l'extension du domaine de l’horticulture potagère. M. le docteur E. Mène a poursuivi son étude si remarquable sur les productions végétales du Japon (4). On reste étonné devant l’énorme quantité de matériaux réunis par notre savant etzélé confrère dans ce beau travail, qui, rédigé avec une rare conscience, a exigé une somme considérable de recherches et présente une grande valeur scientifique. Parmi les rapports adressés en grand nombre par les mem- bres de la Société auxquels des plantes ont été confiées, il convient de rappeler principalement ceux de MM. Mathey (5), Giuseppe Gnecchi (6), Guy aîné (7), Fleury (8), Igino Cocchi (9), Fallou (10), Leroy (11), Ludovic Joffrion (12), Le- (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 978). (2) Ibidem, p. 975. (3) A. Paillieux et D. Bois, Le potager d'un curieux (Bulletin, 1884, p. 44, 181, 259, 363, 465, 570, 653, 728, 824, 896, 945). (à) Ed. Mène Des pr oductionsi végétales du Japon (Bull., 1884, p.219, 445, se (5) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 104, 986, 989). (6) Zbidem, p. 105. (1) Ibidem, p. 106. (8) Zbidem, p. 189. (9) Ibidem, p. 189. (10) Zbidem, p. 190. (11) Zbidem, p. 307. (12) /bidem. p. 412. CXLVI SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. cointre, (1), Rogeron (2), Hubert (3), d’Imbleval (4), Paul Dunac (5), Durousseau-Dugontier (6), Duplantier (7), docteur Lafon (8) et docteur Jeannel (9). M. Paillieux nous a, comme toujours, fourni de nombreuses et intéressantes notes sur des plantes potagères nouvelles mises en essai par ses soins (10); M. le marquis de Pruns vous a rendu compte des ressources qu’il a pu trouver dans l’em- ploi de la graine de l’Ortie pour l'alimentation des oiseaux de volière à défaut d'autre nourriture fraîche (11), et M. Mailles vous a entretenus du parti qui lui semble pouvoir être tiré, dans certains cas, de la culture des végétaux dans la mousse, en prenant quelques précautions bien simples (19). N'oublions pas non plus de mentionner les notes adressées par M. Romanet du Caillaud sur l'emploi fait en Chine du Saxi- fraga sarmentosa pour le traitement de certains cas de sur- dité (13); par M. le docteur Jeannel, sur le climat de la Nou- velle-Calédonie et sur les végétaux à emprunter à cette colomie, ou susceptibles d’y réussir (14) ; par M. le docteur Laburthe, directeur du pénitencier agricole de Chiavari, sur les planta- tions d’Eucalyptus en Corse (15), etc. M. Joseph-Lafosse, auquel revient l'honneur d’avoir le pre- mier introduit et cultivé en plein air en Normandie le Cha- mærops Fortunei, du nord de la Chine, vous a fait connaître la rusticité remarquable de ce magnifique palmier, qui sup- (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 497). } Ibidem, p. 976. ) Ibidem, p. 976. ) Ibidem, p. 977. ) Ibidem, p. 971. 6) Zbidem, p. 987. (7) Ibidem, p. 987. (8) Zbidem, p. 987. (9) Ibidem, p. 602. (10) Zbidem, p."614, 768, 771, 174). (11) Zbidem, p. 195. (12) Ch. Mailles, Essais de culture dans la mousse (Bulletin, 1884, p. 519). (13) F. Romanet du Caillaud, De la guérison empirique de certains cas de sur- dité par les paysans des environs de Péking (Bulletin, 1884, p. 920). (14) D° Jeannel, Note sur le climat de la Nouvelle-Calédonie (Bulletin, 1884, p. 851). (15) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 758). PR Re Qt à CO 19 . RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXLVII porte sans souffrir un froid de 15 degrés et qui paraît acquis à tout le littoral de la Normandie et de la Bretagne (1). À côté de cette superbe acquisition de notre horticulture se place celle de l’Araucaria imbricala, arbre dont le degré de résistance au froid, signalé par notre confrère M. Roul- land (2), est, en effet, des plus remarquables. L'envoi si intéressant fait à la Société par le R. P. Gautier, missionnaire apostolique, d’une quantité importante de se- mence de Riz sec de la Chine (3), vous a permis de faire mettre en essai, sur de nombreux points, cetLe précieuse céréale, pour la culture de laquelle M. Ch. Naudin (4) et MF Dubail, évèque de Bolina, vicaire apostolique de Mandchourie, vous ont donné d’utiles renseignements. Un très important travail, rédigé par le Bureau division- naire des affaires indigènes d’Alger, concernant le reboise- ment dans le territewe du commandement de la division d’Al- ser, vous a été communiqué par M. le général Loysel (5), qui porte l'intérêt le plus éclairé à la question du reboisement de l'Algérie, soit au moyen des essences du pays, soit au moyen d’essences exotiques, et dont la haute intervention dans cette question ne pourra que contribuer puissamment à une œuvre si capitale pour notre colonie. J'ai enfin à rappeler les envois nombreux de plantes et de. graines faits à la Société par de généreux donateurs, parmi lesquels doivent être cités en particulier MM. le docteur Jean- nel (6), Boll (7), Nordenskiold (8), F. Romanet du Caillaud (9), Godefroy Mollinger (10), vicomte de Poli (11), Sanford (12), (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 508), (2) Ibidem, p. 752. (3) Tbidem, p. 190. (4) Ibidem, p. 497. (5) Bureau divisionnaire des affaires indigènes d'Alger. Note sur la question de reboisement dans le territoire du commandement de la division d'Alger (Bulletin, 1884, p. 76, 157, 392). (6) Proces-verbaux (Bulletin, 1884, p. 190, 197). (7) Ibidem, p. 294. (8) Ibidem, p. 416. (9) Zbidem, p. 513. (10) TZbidem, p. 752. (11) Zbidem, p. 976. (12) Zbidem, p. 977. CXLVIII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ainsi que M”° veuve Turpin, de Sillats (Landes) (1), M"° Sam- son, de Chinon (Indre-et-Loire) (2), etc. Quelque long que soit ce compte rendu, je répondrais mal à vos sentiments, messieurs, si après avoir exposé les travaux de la Société, je ne rappelais aussi avec honneur la mémoire de ceux qui ont bien mérité d’elle et que la mort lui a ravis pendant le cours de notre dernière session. Nous avons eu la douleur de perdre cette année M. Bérend, qui portait le plus grand intérêt à notre œuvre et qui lui avait fait don d’une somme importante destinée à la fondation d’un prix, acte de générosité dans lequel il avait été guidé surtout par le désir de consacrer la mémoire de notre éminent et re- gretté président, M. Drouyn de Lhuys. Dans le Conseil, une place est restée vide: celle de M. Alph. Lavallée, frappé subitement dans son beau domaine de Segrez, au milieu des riches colleetsons végétales qu’il avait réunies. Président de la Société nationale d’horticulture de France, et trésorier perpétuel de la Société nationale d’a- griculture, M. Lavallée appartenait à la Société nationale d’Acclimatation depuis 1859, et, en 1882, il avait été nommé membre du Conseil. Animé d’un zèle ardent, M. Lavallée avait consacré toute son intelligence à la création d’un arboretum unique au monde, réunissant tous les végétaux susceptibles de venir en plein air sous le climat de Paris. Au moment où la mort l’a surpris, notre collègue commençait la publication d’un ouvrage d’une haute importance et d’un intérêl considé- rable sur les plantes qu’il cultivait à Segrez. Le non-achève- ment de ce travail est vivement regrettable au point de vue de la science. : Une autre perte vivement sentie a été celle de M. Millet, dont le nom évoque en nous le souvenir de tous les services rendus à notre association par ce regretté collègue. M. Millet, qui appartenait à la Société depuis sa fondation, laissera parmi nous un souvenir qui ne s’effacera pas. 1l fut un des ouvriers de la première heure, et, jusqu’à la fin de sa carrière, (1) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 504). (2) Zbidem, p. 513. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. CXLIX il n’a cessé de se rendre utile en travaillant à la pisciculture et dans toutes les branches de l’histoire naturelle appliquée. La mort nous a aussi enlevé M. le marquis René de Gines- tous, président du comité agricole du Vigan (Gard). Pendant sa longue carrière, M. le marquis de Ginestous s’est préoc- cupé constamment des intérêts agricoles et en particulier de ceux de la sériciculture. Enfin, messieurs, j'ai encore à rappeler à vos souvenirs, à vos regrets, MM. le docteur Court, Linant Bey de Bellefond, amiral Roze, Ferdinand Barrot, marquis de Talhouet et baron Thénard. La Société n’oubliera pas les services qui lui ont été rendus par ceux que la mort a séparés de nous, et j'avais le devoir de rappeler ici le nom de ces collègues regrettés, pour rendre de nouveau à leur mémoire un hommage de reconnaissance et de respect. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES Par M. JULES GRISARD Agent général de la Société. MESDAMES, MESSIEURS, Nous sommes ici réunis pour proclamer les noms de ceux qui, par leurs persistants efforts, sont parvenus à doter nos climats d'espèces nouvelles, empruntées, soit à la faune, soit à la flore d’autres régions, ou de ceux qui, par leurs écrits, ont aidé à la vulgarisation de nos désirs, de nos expériences et de nos progrès. , À ces collaborateurs dévoués de l’Acclimatation, la Société doit tous ses remerciements; je suis heureux et fier de l’hon- neur que m'a fait cette année votre Conseil d'administration, en me chargeant de leur exprimer toute notre gratitude. Je regrette de ne pas avoir à votre bienveillance les titres si bien mérités de notre Secrétaire général, que vous êtes habitués à entendre tous les ans dans cette enceinte; car, aux éloges dont je ne suis que le faible interprète, je vais me per- mettre de joindre quelques observations, auxquelles sa parole autorisée eût donné plus de poids, et pour lesquelles je solli- cite toute votre indulgence. La Société d’Acclimatation poursuit un but élevé; elle veut arriver, à une époque où la lutte pour l'existence a atteint son paroxysme, à créer pour l’agriculture, pour l’alimenta- tion, pour l’industrie, des ressources que les théories éco- nomiques, si avancées qu’elles soient, ne sauraient procurer. (1) La Commission des récompenses était ainsi composée : Membres de droit : MM. le Président et le Secrétaire général. Membres délégués du Conseil : MM. Berthoule, Maurice Girard, A. Paillieux et le marquis de Sinéty, Membres délégués des sections: MM. Saint-Yves Ménard, Georges Mathias, Raveret-Wattel, J. Fallou, le docteur E. Mène. Rapporteur de la Commission : M. Jules Grisard. RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CLI Etrangère à la politique, à ses luttes et à ses divisions, elle s'adresse à la nature et cherche à s'emparer de ses secrets, à s'approprier ses richesses. Pour l’accomplissement de cette œuvre, tous les concours lui sont précieux; elle est heureuse de toutes les adhésions qui lui parviennent et accueille avec empressement toutes les communications qu'on veut bien lui adresser. Celles-ci ne sont jamais, à notre avis, assez fréquentes, ja- mais trop nombreuses, et les membres de nos diverses sec- tions, dont le zèle égale le savoir, ne se plaignent jamais d’avoir trop de mémoires ou de notes à étudier. Cette année, comme les précédentes, les dévouements à la cause que nous servons n’ont pas fait défaut, el les récom- penses qui vont être décernées en sont la meilleure preuve ; mais combien aussi d’essais et de travaux intéressants sont restés inconnus ! Beaucoup de nos collègues, en effet, par modestie sans doute, s’abstiennent de nous faire part du succès de leurs tentatives, et surtout de leurs insuccès. La réussite est certes un exemple précieux, puisqu'elle montre que le but poursuivi peut être atteint, et enseigne le moyen d’y parvenir ; mais les échecs subis ne fournissent- ils pas, eux aussi, des documents d’une incomparable utilité ? Leur connaissance n’aurait-elle pour effet que d’éviter à ceux qui se livrent à des expériences analogues des tâtonnements fâcheux, des pertes de temps et PRES des déceptions qui parfois découragent ? Nous ne saurions donc prier avec trop d’instance les mem- bres de notre Société de nous tenir au courant des résultats positifs ou négatifs de leurs tentatives, convaincus que l’é- change plus complet et plus fréquent qe communications aura pour tous de grands avantages. Peu de sociétaires pourraient, il est vrai, à l'exemple de lord Powerscourt, affecter à leur élevage des parcs de 40 hec- tares; mais ce serait une grave erreur de croire que pour faire utilement de l’acclimatation il faut posséder une grande fortune, avoir des parcs immenses, des pièces d’eau étendues. CLII SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Beaucoup possèdent un jardin, une basse-cour, une volière, un simple bassin, et pourraient aider à la reproduction d’es- pèces végétales et animales apies à entrer dans l’alimenta- tion ou à satisfaire à moindres frais aux exigences du luxe ; de leurs expériences faites dans des conditions différentes et centralisées, on aurait à tirer des conclusions pratiques. Tous peuvent donc devenir des auxiliaires utiles, des colla- borateurs dévoués. Nous ne serons jamais assez nombreux, assez puissants, assez riches, pour tout le bien que nous vou- lons faire. PREMIÈRE SECTION. — MAMMIFÈRES. Médaille d’or (Hors classe). Depuis 1859, lord PowerscourT s’efforce de muitiplier en Irlande, dans ses vastes propriétés, divers grands Mammifères utiles ou simplement d'ornement. Déjà deux fois lauréat de la Société, nous décernons encore celle année à cet infatigable acclimatateur l’une de nos plus hautes récompenses, pour les succès remarquables qu’il a obtenus dans la reproduction du Cerf Sika du Japon. Un mâle et trois femelles, placés dans le parc de Powers- court en 1860, ont tellement multiplié que, actuellement, il y existe encore plus de cent sujets, quoiqu’on en ait tué, donné ou vendu un grand nombre. Beaucoup plus petite que celle de nos forêts, cette espèce est très rustique et fournit une excellente venaison. Par sa taille, la beauté de son pelage et la grâce de ses allures, elle est appelée à faire l’ornement de nos parcs. La Société décerne à M. le vicomte de Powerscourt une grande médaille d’or hors classe. Grande médaille d'argent (Hors classe) À l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. | _ M. le D' A. Jousser, ancien médecin de la marine, a re- cueilli avec soin, pendant qu’il exerçait ses fonctions dans les RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CLIIT régions tropicales, des observations d’un grand intérêt scien- tifique, qui font aujourd’hui AE d’une publication d’une réelle valeur. Bien que le livre du D' Jousset Re trait à l’homme et non aux animaux, votre Commission des récompenses a jugé qu’il intéressait hautement notre Société. Le plan seul de. l'ouvrage peut’ être donné comme guide d’une semblable étude, appliquée à l’acclimatement et à l’ac- climatation des animaux. L'auteur a suivi dans ses études les méthodes d'observation les plus nouvelles, et a mis à profit les instruments de recher- ches berfectionnés dont la science dispose depuis quelques années. La Société décerne à M. le D' Jousset une grande médaille d'argent à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Médailles d'argent. Chasseur depuis sa jeunesse, ne ménageant ni dépenses ni peines pour perfectionner ses Setters, sir Edward LAvERACK a mis à profit les loisirs forcés de l’âge mür pour écrire la mo- nographie des admirables animaux qui firent l’objet favori des études de toute sa vie. Cette race de Chiens possède des qualités remarquables, qui la font vivement apprécier : elle ne pouvait trouver un historien mieux renseigné, possédant une meilleure expérience que sir Laverack. Son travail pratique, instructif et concis, sera favorablement accueilli des disciples de saint Hubert. La Société lui décerne une médaille de première classe. M. P.-L. Simmonps est l’auteur de nombreux travaux d’his- toire naturelle appliquée, très appréciés de l’autre côté du détroit, et l'attention de la Société a été vivement sollicitée par ses deux dernières publications : la Nourriture animale chez les différents peuples et les Produits commerciaux de la mer. Ges ouvrages, pleins de faits, de renseignements utiles, ne 4° SÉRIE, T. II. — Séance publique annuelle. k CLIV SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. sauraient être en cette séance l’objet d’une analyse ; disons seulement qu'il est vivement à souhaiter de les voir traduits en français. : Ces remarquables travaux méritaient de prendre part aux encouragements de la Société, qui décerne à leur auteur une médaille de première classe. Médaille de bronze. \ Le Paca est un rongeur originaire de l'Amérique du Sud, appartenant à la même famille que le Cobaye ou Cochon d'Inde, qui en est le type le plus connu. Sa chair, très délicate, est fort recherchée des chasseurs dans les régions où il vit à l’état sauvage. D'un caractère doux, s’apprivoisant facilement, peu difficile sur le choix des aliments, cet animal pourra être domestiqué aisément et deviendra un intéressant adjuvant de nos basses- cours. La reproduction obtenue par M. LEPRÉVOST-BOURGEREL nous en est un gage certain. Notre confrère s’est également occupé avec succès de croi- sements entre Canards Spinicaudes et Pilets; les observations qu'il a recueillies à ce sujet sont consignées dans notre Bul- letin. La Société décerne à M. Leprévost-Bourgerel une médaille de deuxième classe. DEUXIÈME SECTION. — OISEAUX. Prix de 300 francs. Fondé par la Société pour la reproduction du Lophophore en eaptivité. La Société a institué en 1879 un prix pour la reproduction en captivité, en France, du Lophophore (Lophophorus reful- gens). Ce magnifique oiseau, dont le nom indique la splendeur et l'éclat, est une conquête précieuse pour nos parcs et nos vo- lières, et quand, grâce à l’exemple donné par M. MaTHIAS, sa multiplication l’aura rendu moins coûteux, nous ne doutons RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CLV pas que les industries’ élégantes ne lui empruntent Le nou- velles ressources. C’est après plusieurs tentatives infructueuses que M. Ma- thias a réussi enfin à obtenir dix Lophophores vivants, quatre mâles et six femelles, qui assurent la propagation de l'espèce. Dans la lettre que M. Mathias a adressée à la Société, il déclare qu’il sera satisfait si l’on veut bien constater le succès obtenu ; mais en même temps il insiste sur son intention for- melle de ne point bénéficier personnellement de la récom- pense promise. _ La somme de 500 francs affectée au prix par lui mérité est offerte par ce généreux lauréat à la Société, pour la création de deux prix de 250 francs chacun, destinés : L'un à l’éleveur qui aura obtenu la reproduction en capti- vilé d’une espèce quelconque de l’ordre des Gallinacés, qui n’a pas encore multiplié en France dans ces conditions. L'autre, à l’auteur de la meilleure monographie des genres Faisan, Lophophore et Tragopan. Le Conseil, d'accord avec la Commission des récompenses, a dû se conformer aux volontés pleines de délicatesse et de désintéressement de M. Mathias ; mais il le prie au moins, au risque d’alarmer sa modestie, d'accepter ici publiquement l'expression de ses vifs sentiments de gratitude. Médailles de première classe. M. BaRRACHIN est un amateur distingué, qui ne compte plus ses succès. [l a obtenu l’année dernière une intéressante re- production de Crossoptilons os de l'Auritum et du Cœrulescens. Ce succès mérite à M. Barrachin une médaille de première ciasse M. le baron Henri de BussiÈèrE fait connaître à la Société le résultat de ses tentatives pour acclimater sur un terrain de chasse (duché de Bade) le Colin de Virginie et le Faisan de Mongolie. Ces tentatives ont été couronnées du succès le plus CLVI SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. complet. Sur neuf couples de Colins achetés au Jardin d’ac- climatation, sept au moins ont reproduit, et M. de Bussière s’est assuré qu'ils ont dû faire successivement deux pontes et deux couvées. | Le Faisan de Mongolie n’a pas moins bien réussi; sept couples ont tellement produit en cinq ans, qu’en 1884 les chasseurs tuaient 484 Coqs. On comprend l’importance d’un tel résultat au point de vue du repeuplement des chasses. Nous félicitons M. de Bussière, et la Société lui décerne une médaille de première classe. M. Leroy, le fécond écrivain aviculteur, a publié cette an- née un volume intitulé : la Poule pratique. L'auteur de ce nouvel ouvrage vous est bien connu, et je n’ai pas besoin de vous le présenter. Chaque volume est un nouveau succès; il en sera de même de ce dernier, dont la troisième édition est annoncée, si elle n’est parue déjà. Pour M. Leroy, la vraie Poule pratique est la Poule com- mune, reconstituée, quand elle a dégénéré, par la Poule de combat ; il nous donne en passant la monographie de cette dernière race. L'ouvrage de M. Leroy renferme d’intéressants détails sur les installations pratiques, l'hygiène, la nourriture des vo- lailles, etc. Il sera toujours utile à consulter par lés amateurs, et même par les aviculteurs de profession. La Société décerne à M. Leroy une médaille de première classe. M. LESCUYER se consacre particulièrement à l’étude des oiseaux de la vallée de la Marne. Il a fait paraître récemment un tableau synoptique des oi- seaux sauvages de cetle contrée, qui a vivement intéressé la Sociélé. Cet important et consciencieux travail sera ulile non seule- ment aux cultivateurs de la région indiquée, mais encore à la science ornithologique... Une médaille dè première classe est attribuée à M. Les- cuyer. | : RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CLVII M. E. Ronicas, directeur du Jardin zoologique de Gand, a adressé à la Société une note sur les diverses reproductions qu’il a obtenues, depuis 1879, de la Grue bleue couronnée du Cap. Dans cette note, l’auteur donne des détails intéressants sur les mœurs et l’élevage de ces oiseaux. La Société décerne à M. Rodigas une médaille de première classe. M. Gabriel RoGERON continue avec persévérance ses études sur divers Canards. Dans un mémoire fort bien écrit, il nous rend compte celte année de ses expériences sur le Canard Casarka. | On connaît la férocité de ce Palmipède et la crainte qu'il inspire aux autres volatiles. M. Rogeron raconte avec beaucoup d'humour les relations sentimentales qui se sont établies entre l’un de ses Casarkas et un Cygne de Bewick d’une part, et d'autre part entre ce même Canard et une paire de Casarkas roux, el surtout l’é- itrange jalousie du mâle quand la femelle témoignait quelque amapilité au Cygne de Bewick. Ce mémoire est plein de remarques intéressantes, et dé- montre de la part de son auteur un rare esprit d'observation et une grande sagacité. La Société lui décerne une médaille de première classe. M. Alfred Rousse s'occupe avec succès de la reproduction de diverses espèces de Perruches, et le succès a le plus sou- vent récompensé sa persévérance. Depuis 1889, il obtient chaque année des produits de la Perruche discolore. Ce bel oiseau, très rustique, très facile à élever, est donc acquisdéfinitivementà nos volières, et nousfélicitons M. Rousse des beaux résultats qu’il a obtenus. La Société lui décerne une médaille de première classe. CLVIII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Rappel de médaille de première classe. M. DAUTREVILLE a fait connaître à la Société les excellents résultats que divers éleveurs ont obtenus de l’emploi de sa poudre toni-nutrilive à base de sang, pour la nourriture des Gallinacés. Grâce à un mode de. préparation largement amélioré, cette nourriture paraît répondre aujourd’hui absolument au but que s’est proposé l'inventeur, et les nombreux témoignages qui nous ont été soumis ont vivement frappé votre Cornmis- sion des récompenses. Un rappel de médaille de première classe est attribué à M. Dautreville. Médailles de setonde classe. M. Duzrrz est parvenu à obtenir la reproduction en volière du grand Cacatoës à huppe jaune (Psittacus galeritus). Le fait est rare et très digne de remarque; ce n’est qu'après de longues tentatives poursuivies pendant une dizaine d’an- nées que M. Dulitz est parvenu à obtenir ce résultat. Le récit qu'il a donné est plein d’intérêt et encouragera, nous l’espé- rons, ceux qui se livrent à ce genre d'élevage. La Société décerne à M. Dulitz une médaille de deuxième classe. M. MAIRET nous a envoyé, sur la reproduction du Pigeon Nicobar, d’intéressants détails qui démontrent la difficulté de cet élevage. D’après M. Mairet, en plaçant ces oiseaux dans des volières chauffées et bien installées, on arriverait facilement à trois pontes par an. (Il est bon de savoir que la ponte du Pigeon Nicobar n’a été jusqu’à présent que d'un œuf.) Nous croyons le résultat obtenu par M. Mairet digne d’in- térêt, et la Société lui décerne une médaille de deuxième elasse. RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CLIX TROISIÈME SECTION. — POISSONS, CRUSTACÉS, ETC. Médaille d’or. Quelques années après les douloureux évènements qui ont enlevé à la France l'important établissement d’Huningue, M. le comte de GERMIGNY créait dans la Seine-[nférieure, à Gouville, un laboratoire-modèle présentant les proportions d’une véritable entreprise industrielle. Mettant à profit les expérimentations de la science, il arrivait non seulement à contribuer dans une large mesure à l’approvisionnement des marchés en multipliant les espèces indigènes, mais aussi à augmenter les ressources da l’alimentation publique, par l'introduction d'espèces empruntées à des climats similaires des autres parties du monde. C’est ainsi que cet habile pisciculteur est parvenu à doter nos cours d'eau d’un poisson exquis, la Truite arc-en-ciel, dont il s’est fait le premier expédier de Californie des œufs fécondés. Par sa rapidité de croissance, par la qualité de sa chair très saumonée, fort délicate et d’une grande finesse de goût, la Truite arc-en-ciel est une précieuse acquisition pour nos eaux douces, et l’on ne saurait trop encourager la propagation de cette excellente espèce. La Société décerne à M. le comte de Germigny une grande médaille d’or. Grande médaille d'argent (Hors classe) A l'effigie d’'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. : M. P. Broccxi, maître de conférences à l’Institut. agrono- mique, à publié un traité d’ostréiculture important. Cet ouvrage, fort bien fait, est plein de renseignements. historiques, physiologiques, géographiques et autres. La partie scientifique y est traitée d’une façon très étendue, et en dehors des travaux propres à l’auteur, les renseigne- CLX SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ments donnés ont été puisés aux sources les plus récentes et les plus autorisées. Notre Commission a regretté de ne pouvoir donner à M. Brocchi le prix fondé pour un manuel pratique d’ostréi- culture, son ouvrage ne répondant pas complètement aux conditions du programme ; mais nous sommes heureux de lui offrir à titre d'encouragement une grande médaille d’argent à l’effigie d’'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Médailles de première classe. M. Max von dem Borne s'est occupé avec succès de la mul- tiplication du Black bass, poisson des eaux douces des États- Unis. Les qualités qui distinguent ce poisson, apte à vivre indif- féremment dans les eaux courantes ou stagnantes, limpides ou bourbeuses, la rapidité de sa production, sont autant de motifs pour en recommander la culture. Nous devons toutefois faire quelques réserves. Ce poisson étant d’une très grande voracité, il serait dangereux de l’in- troduire dans certaines eaux. C’est donc dans des régions aquatiques closes qu’il enrichirait, sans exposer, d’autre part, à une perte équivalente, qu’on devra le multiplier. La Société décerne à M. Max von dem Borne une médaille de première classe. Vous savez, Messieurs, quel intérêt présente l’alimentation première des jeunes Salmonides ; c’est une des sérieuses dif- ficultés de la pisciculture. Par un procédé ingénieux et pratique, M. Rivorron, de Servagette (Isère), est parvenu à produire par quantités con- sidérables un petit crustacé aquatique nommé Daphnie, que les alevins de Salmonides recherchent beaucoup. Un alevin de six mois, nourri par ce procédé, pèse en moyenne 6 grammes et atteint une longueur de 6 centi- mètres. La Société, désireuse d'encourager les recherches de M. Rivoiron, lui décerne une médaille de première classe. RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CLXI M. le D' SAuvAGE est l’auteur d’un long et intéressant rap- port sur la pêche en Hollande. M. Sauvage nous initie d’abord aux décisions officielles en vertu desquelles s’exerce actuellement la pêche en Hollande, puis il étudie successivement la pêche en général, les viviers (que nos pêcheurs français devraient bien installer à bord de leurs bateaux pour la marée fraîche), la pêche côtière, le tannage des filets, le transport du poisson, etc. Le travail de M. le D’ Sauvage est de ceux dont la lecture et l'étude s'imposent à quiconque chez nous est désireux de connaître à fond, pour y puiser d’utiles informations, l’indus- trie de la pêche chez un peuple aussi expérimenté en pareïlle matière. La Société décerne à M. Sauvage une médaille de première classe. Le mémoire de M. Sullivan THomas sur la pêche des perles renferme des détails d’un grand intérêt. Les nombreuses indications qu'il contient au sujet des Huiîtres perlières, de leur physiologie, de la formation de la perle sont des plus instructives. La Société récompense cet imporlant et consciencieux tra- vail par une médaille de première classe. Médaille de seconde classe. M. Antoine Prerscx est l'inventeur d’un ingénieux système d'échelle pour faciliter la remonte des poissons migrateurs. Cet appareil se démonte et peut n'être mis en placé qu’à l’époque de la remonte du Saumon; il est, en outre, con- struit de facon à suivre les variations de niveau du cours d’éau. Les frais de construction, d'installation, d'enlèvement sont peu considérables, et les résultats obenus sont des plus satisfaisants. La Société témoigne de son intérêt aux travaux de M. Pietch en lui offrant une médaille de seconde classe. CEXII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. QUATRIÈME SECTION. — INSECTES. Prime de 300 francs. M. Way, de Londres, est un récidiviste de nos concours, aussi la Société le cite-t-elle, chaque année, à comparaître au banc. au banc d'honneur de ses lauréats. Nous ne saurions nous fatiguer de récompenser le mérite là où nous le trouvons. Doué d’une activité dévorante, en correspondance avec tous les pays du monde, notre lauréat est le pourvoyeur infa- tigable de tous les amateurs et éducateurs de Séricigènes de l’Europe. La Société décerne à M. Waïlly une prime de 300 francs. Médaille d'argent. M. Victor RoLLAT a adressé à la Sociéte plusieurs mémoires sur la maladie des Vers à soie, dans lesquels il préconise, pour la production des graines saines, un procédé qui con- siste surtout à conserver les œufs à une température élevée l'été et l’automne, et à les exposer au froid pendant l’hiver. Plusieurs attestations favorables sont venues confirmer l'excellence de ce procédé. Les graines de M. Rollat ont donné de bons résultats; cette méthode est donc digne d’être recommandée. La Société décerne à M. Rollat une médaille de première classe. Médaille de bronze. M"° V'e Turpin, de Lucbardez (Landes), s'occupe avec pèr- sévérance de l’éducation de divers Bombyciens séricigènes. L’Attacus Pernyi lui a donné des résultats encourageants, et M"° Turpin se propose de cultiver cette espèce sur une plus grande échelle; dans ce but, elle a fait faire une planta- tion assez considérable de chênes destinés à la nourriture des RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CLXIII vers. Ses efforts sont dignes de tous les éloges, et la Société lui décerne une médaille de seconde classe. CINQUIÈME SECTION.— VÉGÉTAUX. , Médaille d’or offcrte par le Ministre de l’Agriculture. Dès les premières années de sa fondation, la Société, re- connaissante d'importants services rendus, décerna à M. le baron von MueLLer le titre de membre honoraire. Depuis cette époque, M. Mueller s’est tenu en rapport constant avec notre association, et chaque année des envois d'ouvrages sur la flore australienne ou de graines de plantes intéressantes de ce pays nous ont été faits par le savant directeur du jar- din botanique de Melbourne. Parmi les publications reçues dans ces derniers temps, nous signalerons un ouvrage considérable et d’une très grande valeur : l£ucalyplographia. Nul mieux que M. Muel- ler n’était plus en mesure de mener à bien un semblable travail et nous pouvons dire qu’il a pleinement réussi dans cette difficile entreprise. La Société décerne à M. le baron von Mueller la médaille d’or offerte par le Ministre de l'Agriculture. Médailles de première classe. Dans un mémoire étendu et plein d'intérêt, M. GALLAIS, de Ruffec, nous a fait connaître que, sur sa demande, pendant les années 1882, 1883 et 1884, M. BRUNET, de Thérésopolis, près Rio Janeiro, lui avait fait des envois importants de végé- taux du Brésil, consistant surtout en Orchidées, Bromélia- cées, Amaryllis, Fougères, etc. Grâce au concours obligeant de M. le lieutenant de vais- seau MARCANCETTI, ces plantes ont reçu en route les soins né- cessaires, et sont arrivées en France, pour la plupart, en fort bon état. | CLXIV .SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. La Société décerne à chacun de ces messieurs une mé- daille de première classe. Sous le titre de: Végétaux d'ornement à feuilles persis- tantes du littoral méditerranéen, M. JANSSEN, secrétaire de la Société d'agriculture et d’acclimatation des Alpes mari- times, a publié un ouvrage tout à fait recommandable. Sobre de détails inutiles, ce volume sera consulté avec fruit par les amateurs de la région pour laquelle il est écrit. La Société décerne à M. Janssen une médaille de première classe. La culture des Bambous a toujours vivement intéressé notre Société. Ces beaux végétaux, par leurs nombreux emplois et leur richesse ornementale, méritent certainement de fixer l’at- tention. | M. PinËpe, de Bayonne, est arrivé à un résultat très inté- ressant ; 1l possède dans ses cultures des sujets qui ont atteint 32 centimètres de circonférence et 12 mètres de hauteur. La Société félicite M. Pinède de son intelligente initiative et lui décerne une médaille de première classe. M. F. VÉROT, déjà lauréat de la Société pour ses travaux sur l’arboriculture forestière en Algérie, vient de publier un nouvel ouvrage intitulé : Le Potager algérien. Cette publication, résumé des cours professés à l’École pratique d'agriculture à Rouïba, est très bien comprise. Les meilleures méthodes de culture y sont indiquées avec soin; les différents légumes les plus répandus et ceux dont l’intro- duction est désirable en Algérie font chacun l’objet d’un chapitre spécial. La Société décerne à M. Vérot une médaille de première classe. | Médailles de seconde classe. ny Depuis plusieurs années M. CLARTÉ, de Baccarat, s'occupe de la propagation du Goumi du Japon (Elæagnus longipes). RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CLXV Ce charmant arbrisseau, qui joint l’utile à l’agréable, mé- riterait d’être plus connu. D’une rusticité parfaite, réussis- sant à peu près dans tous les sols, il fera l’ornement de nos jardins, et ses jolis fruits nous donneront des confitures et de l’eau-de-vie fort agréables. La Société décerne à M. Clarté une médaille de seconde classe. M. Marey s'occupe avec un grand zèle de la culture des plantes recommandées par la Société d’Acclimatation. Il rend compte avec un soin méticuleux des résultats qu’il obtient, et remet exactement une part des produits récoltés. La Société, désiréuse d'encourager les essais de M. Mathey, - lui décerne une médaille de seconde classe. Mention honorable. M. de Norer, directeur de l’Institut agricole de Tipaza, dans un mémoire étendu, a appelé notre attention sur les végétaux exotiques qu'il conviendrait d'introduire et de cul- tiver en Algérie. | Ce catalogue raisonné des richesses végétales que notre belle colonie pourrait acquérir méritait d’être accueilli avec faveur par la Société, qui décerne à son auteur une mention honorable. RÉCOMPENSES PÉCUNIAIRES C’est aux efforts persévérants de M. VACHÉ que l’Aquarium du Trocadéro doit d'avoir conservé après l'Exposition de 1878, et au moment du départ imprévu de M. Carbonnier, une partie des poissons qui s’y trouvaient alors, et notam- ment les Saumons de la Californie nés des œufs que la Société d'Acclimatation avait distribués à l’Aquarium. Le mérite de M. Vaché est d'autant plus grand qu’à cette époque il n'était que simple cantonnier, nullement préparé à ces sortes de travaux. La Société lui décerne une prime de 200 francs. CLXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. M. Nicolas TurBousr est gardien de la ménagerie des Reptiles du Muséum d'histoire naturelle depuis 1876; il a toujours fait preuve d’un grand zèle et dé véritables apti- tudes pour soigner les animaux qui lui sont confiés. La Société lui décerne la prime de 50 francs, offerte par Me Cantrelle au nom de feu M. Cantrelle, son père, membre de la Société. Primes fondées par feu Agron de Germigny Pour récompenser les bons soins donnés aux animaux ou aux plantes. M. Achille FAUQUE, faisandier chef au Jardin zoologique d’Acclimaltation, se faitremarquer par sa connaissance parfaite des oiseaux et par les soins éclairés qu’il leur prodigue. La Société décerne à M. Fauque une prime de 200 francs. M. Alfred AurorT, employé à la ménagerie du Muséum, est chargé depuis quinze ans du service de la faisanderie, où il se fait remarquer par le zèle avec lequel il soigne les oiseaux confiés à ses soins. Non seulement il a su con- server pendant fort longtemps des espèces rares et délicates, mais il a obtenu la reproduction régulière d’un grand nom- bre de palmipèdes intéressants. La Société décerne à M. Aufort une prime de 100 francs. Primes offertes par l’administration du Jardin zoologique d’Acclimatation à ses employés. M"° DELAHAYE, chargée du soin des animaux de collec- tion (Volailles, Lapins, Chiens) réunis à la succursale de Meulan, montre un zèle et une altention dignes d’éloges. Prime de 100 francs. M. GrrARD, gardien des Oiseaux, vient d'obtenir, comme les années précédentes, une magnifique couvée de Casoars et en outre une couvée de Cigognes. Prime de 100 francs. M. HÉRELLE, gardien des Mammifères, ne néglige rien RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. CLXVII pour assurer la reproduction des Dauws ou Zèbres de Bur- chell qui sont confiés à ses soins. Il a obtenu trois Jeunes cette année. Prime de 100 francs. M. RoBerT, gardien du dépôt où les Chiennes vont mettre bas, se signale dans ce service délicat par sa douceur et sa vigilance très favorables au bien-être des mères et à l'avenir des petits. Prime de 100 francs. M. PrEeRRE, gardien des Oiseaux, entré tout jeune dans son service, a su acquérir déjà une grande expérience. Prime de 75 francs. M. HALLÉ, nouveau venu dans le quartier des volières, se montre soigneux, attentif et désireux d'apprendre. Prime de 25 francs. RAPPORT AU NOM DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ SUR L’EXERCICE 188% Par M. le D' SAINT-YVES MÉNARD Trésorier. MESSIEURS, Au nom de votre Commission de comptabilité, j'ai l'honneur de vous rendre compte des recettes et des dépenses de notre Société pendant l'exercice 1884, et de vous présenter notre bilan au 31 décembre dernier. Pour vous faire suivre notre marche financière, je vous donnerai com- parativement les chiffres de l’année 1885 et de l’année 1884. RECETTES. Les recettes sont toujours divisées en recettes DRE et recettes extraordinaires. Vous connaissez cette distinction. Recettes ordinaires. Cotisations annuelles. Après déduction des membres démissionnaires décédés ou supprimés dans le courant de l’année, nous avions au 31 dé- cembre dernier : 1,813 membres ou sociétés agrégées payant cotisation à 25 fr... 45,325 fr. 10 membres » » da Or. 90 fr. Total des cotisations annuelles............ 45,415 fr. 15 membres honoraires. 480 membres à vie. 10 sociétés affiliées. ———— 2,328 au total. C’est 37 de moins que l’an passé. Les droits d'entrée indiquent en effet un recrutement moins actif. Nous avons eu : En ABS #0. Ae 191 membres nouveaux. En 1884............. 133 _— Les revenus des valeurs de la Société n’ont pas varié sensiblement d’une année à l’autre. SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. CLXIX La subvention du ministère de l’agriculture nous a été maintenue. Les tirages à part, les abonnements et annonces du Bulletin et de la Chronique ont produit un peu plus que l’année dernière. Il en est de même de la location de la salle des séances. Au total, les recettes ordinaires de l’année 1884 sont équivalentes à celles de 1883, à 578 fr. près. Recettes extraordinaires. Le chiffre des cotisations définitives s’est élevé un peu. Nous avons eu 3 membres à vie de plus que l’année précédente. Par contre, le bénéfice de nos obligations remboursées s’est trouvé moindre. DÉPENSES. Les dépenses ont excédé celles de l’année dernière ; vous allez voir quels en sont les motifs. Le Bulletin a coûté 4357 fr. 70 de plus; cela tient à l’abondance des matières : votre Commission de publication n’a pas voulu, sous pré- texte d'économie, vous priver de la lecture des mémoires intéressants qui lui étaient présentés, vous l’avez approuvée par avance. Mais ce supplément de frais ne doit pas se représenter sans doute à l'avenir. La Chronique a coûté aussi davantage (553 fr. 95 de plus), ce qui indique le besoin auquel répond cette publication. Les cotisations et droits d'entrée perdus figurent pour une faible somme, comme je vous l’avais fait prévoir dans mon dernier rapport. Vous vous rappelez quelle est la nature de cette dépense : Les cotisa- tions arriérées à la fin de chaque exercice sont inscrites à notre actif, puis, au fur et à mesure qu’elles paraissent être irrécouvrables, elles sont passées par profits et pertes. Or, depuis deux ans, nous avons cher- ché à assurer le recouvrement régulier des cotisations annuelles et à diminuer l’arriéré. Il en est résulté une réduction sensible des pertes. Les impressions diverses ont coûté 1755 fr. 05 de plus en 1884 qu’en 1883. Cela tient à une dépense exceptionnelle occasionnée par la réim- pression de la liste des membres de la Société, qui n’avait pas été faite depuis longtemps. Les autres chapitres présentent à peu près les mêmes chiffres en 1884 et 1883. C’est donc seulement sur le Bulletin, la Chronique et la Liste des membres de la Société que porte l'excédent de dépenses de l’année dernière. Tout porte à croire que cet excédent n’aura pas lieu dans Pavenir et que nous obtiendrons l’équilibre entre les recettes et les dépenses. 4° SÉRIE, T. II. — Séance publique annuelle, l CLXX SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. BILAN AU 1884 Valeurs disponibles CASSER AR ere Mn ee Es dec L 3.245 75 1.387 50 Banque de {Francesco .| 11.386 05 7.087 05 “Obligations de chemins de fer et autres..| 140.733 80 | 146.546! 75! Titre de rente Dutrône. lon sure abs 2.100 » 2.700 » Cotisations à recouvrer. .. . aus RARE 818 » 4,300, » Droits d'entrée à recouvrer. ........... 20 » » nr Crédit Lyonnais. ...... TES ELA 6 30 2 30 Valeurs réalisables Bibliothèque............,.,....,.:.... 4.505 40 5,294 65 Mobilier Lente ue | 4.806 10 4.911 90 Valeur des animaux chez les chepteliers. 5.730 85 6.820 90 Divers 100 actions du Jardin de Paris.,....... 25.000 » .25.000 » 499.002 95 201.050 35 SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ, CLXXI 31 DÉCEMBRE 1884. SRE EE EE EE ER CP LEE PASSE 1883 1884 Divexenayernt. 4 AMM,8. ire 7.185 50 11.639 30 Jardin d’acclimatation de Paris. ........ 1.521 40 1.716 85 Recettes faites pour l’exercice suivant. . 16 » 392» DanRérend.. ,E.:28 420... 0L ra 1.000 » 1.000 » 9.722 90 14,748 15 Excédent de l'actif. .................. 189,279 35 186.302 20 199.002 95 201.050 35 CLXXII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. RECETTES ET DÉPENSES COMPARÉES Recettes ordinaires 41883 1884 Cotisations annuelles.................. 46.122 » 45.415 » Droits d’entrée........................ 1.910 » 1.330 » Revenus des valeurs de la Société...... 6.967 60 6.703 60 Subvention du Ministère. .......,,...... 2.000 » 2.000 » Tirages à part........:.. AA PS RE 173 15 506 75 Ventes diverses................,...... 30 » 20 » Bulletin (abonnemt‘, annonces et ventes). 934 35 880 60 Chronique (abonnements et annonces)... 1.118 50 1.518 50 Location de la salle à la Société centrale de médecine vétérinaire... 151 50 1.000 » Id. à la Société contre la vivisection. ..... 90 » 400 » 60.063 10 59.484 45 Excédent des dépenses. ............... 1,007 50: A6 27m 61.064 60 65.761 60 Recettes extraordinaires {° Don de M. Raphaël Zaldivar. ...…. AAA » 240 » 2 Cotisations définitives. ............. 2,250 » 3.000 » 3° Différence en notre faveur entre le prix d’achat et le prix de rembour- sement d'obligations. ..,..,......, 578 80 60 » | —_—Ù— 2.828 80 3.300 » SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. CLXIII DES EXERCICES 1883 ET 1884. Dépenses ordinaires Bulletin ......... LOCATED L CAS Chronique. ......sssse...s..se..er. Chauffage et éclairage................. Cotisations et droits d'entrée perdus... Frais généraux....................... Frais de bureaux... ................... Impositions diverses...... ........... Frais de correspondance. ............. Frais de recouvrements. .............. Impressions. . ...... sata Aie. Personnel (traitement et gratifications). Sténographie......................... Séance publique..................... Redevance au Jardin pour cotisations ENCAÏSSÉES. . ses ee 0 CRE LT CR AN À Cheptels (perte)...................... CLXXIV SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Bilan au 31 décembre 1884. Notre situation financière reste bonne. Vous allez en juger, Messieurs, en examinant notre actif et notre passif. Actif. L'encaisse (1387 fr. 50) et l'argent déposé à la Banque de France (7067 fr. 05) sont toujours suffisants pour faire face à nos besoins. Nos valeurs mobilières (obligations des chemins de fer, obligations foncières et autres) ont été portées à 146 546 fr. 75 par un nouvel achat. Elles sont toujours comptées au prix que nous les avons payées; c’est moins qu’elles ne valent en réalité. Si les cours ne sont pas aussi favo- rables au 31 décembre 1884 qu’au 31 décembre 1883, nous n’en pouvons pas moins compter encore sur une plus-value certaine. Les cotisations arriérées à recouvrer sont restées, comme je vous le disais, en petit nombre, et leur examen individuel est très rassurant. La bibliothèque, le mobilier, les animaux en cheptel changent peu de valeur. Enfin, les 100 actions du Jardin d’acclimatation, souscrites à sa fondation, peuvent figurer encore au prix d'émission. Passif. . Notre passif n’est jamais bien lourd; il comprend les factures de diverses sortes qui n’ont pas pu être payées avant la clôture des écri- tures du dernier exercice. L’actif excède ce passif de 186 302 fr. 20. Il est donc vrai que la situa- tion de la Société d’acclimatation reste bonne. Cependant, dussé-je me répéter d’une année à l’autre, je vous deman- derai, Messieurs, de coopérer tous au recrutement de nouveaux membres. Nos frais généraux sont couverts (permettez-moi cette expression commerciale) ; les cotisations nouvelles seront presque entièrement dis- ponibles et vous aideront à multiplier vos encouragements, vos prix, vos médailles. JARDIN D'ACCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE ‘ RAPPORT PRÉSENTÉ AU NOM DU CONSEIL D'ADMINISTRATION Par M. A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE DIRECTEUR DU JARDIN À l’Assemblée générale ordinaire des Actionnaires du 19 mars 1885. PRÉSIDENCE DE M. PIERRE RODOCANACHI, Vice-Président du Conseil d'administration. MESSIEURS, Au nom du Conseil d’administration, nous avons l'honneur de vous présenter les comptes de l’année 1884. Vous trouverez ci-dessous les chiffres du bilan arrêté au 31 dé- cembre dernier. Bilan au 31 décemhre 1884. ACTIF, Valeurs immobilisees. LE Le tm EP ae Et 1,024,110 50 Travaux neufs et appropriations divérses Jour 18 exécutés depuis la création du Jardin.. 692,336 68 Le capital employé (1,716,447 fr. 18) fera retour à la Ville à la fin de la concession. Vuleurs réalisables. Animaux. 266ft 8 20h aimait hp e 403,466 25 Approvisionnements....................... 194,683 65 Cautionnements.22..:Cta eee ets 10,000 » 819,879 45 MODINEN: ne Meet mie lrle ur 211,729 55 Valeurs disponibles. CAISSE ER ED en eee cet alclose ele ee sl 3,986 75 Effets à recevoir.......................... 4,116 40 68,539 40 Débiteurs divers............... ae RE. 60,236 25 Execdent du passif..." 0. eee 11,602 45 TOTAL RE eRecE 2,616,468 48 CLXXVI SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. PASSIF. Capital immobilisé. Sommes employées en immobilisation (voy. ci-contre)......... boost 716,447, 18 Engagements sociaux. . Capital-Actions (2000 actions à 500 fr. 1,000,000 » 1,716,447 18 Engagements envers les tiers (à terme). Dette consolidée : 751 obligations à 470 fr. (Solde des 1060 obligs émises sur l'emprunt autorisé de 1200.).. 392,970 » (Exigibles.) Service de l’emprunt : obligations sor- ties aux tirages et intérêts des cou- HOT 200 000 Labo bd a 25,912 50 Créanciers divers....... 515,732 » 541,644 50 894,614 50 Réserve. 5 °/, du bénéfice de l'exploitation en 1883 (108,155 85).. 5,406 80 TOTAL Eee rene ce CEE 2,616,468 48 Passif Vous voyez figurer au passif du bilan : 4° Le capital immobilisé en travaux neufs depuis la création du Jardin d’Acclimatation, 716 447 fr. 18. 2 Le capital fourni initialement par les actionnaires, soit un million de francs. 3° Ce qui reste dû sur l'emprunt émis en 1876, déduction faite des obligations amorties jusqu’au tirage du 15 Décembre dernier (1884) inclusivement, soit 352970 fr. Au 1° Janvier 1885, trois cent neuf (309) obligations avaient été successivement extraites de la roue et rem- boursées. 4° Dans le passif que nous soumettons à votre examen, les engage- ments exigibles comptent pour 515732 fr., c’est-à-dire que dans le cours de cet exercice, l'importance de notre dette s’est augmentée. Vous ne sauriez vous en étonner, l’exploitation ayant été onéreuse. Actif L’actif porté au bilan qui vous est soumis, comprend : 1° Les valeurs immobilisées. La création du Jardin a coûté SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. CLXXVII 1024 110 fr. 50. — Les appropriations diverses, les travaux neufs exé- cutés depuis l’origine de la Société ont employé une somme de 692336 fr. 68. C'est-à-dire que la création et les développements ulté- rieurs de l’établissement que vous avez fondé sur la concession muni- cipale ont occasionné, à la date du 31 Décembre 1884, une dépense totale de 1 716 447 fr. 18. ! Ce capital immobilisé figure à votre actif pour représenter le capital initial qui a été fourni par les actionnaires et aussi pour établir l'emploi des bénéfices réalisés successivement par l’exploitation (1). Mais nous ne devons pas oublier que nous avons seulement la jouis- sance (pour un long temps il est vrai) de l’établissement créé, puisqu’en 1938 il fera retour à la ville avec tous les aménagements divers qu'il contiendra. Pour expliquer clairement cette situation, nous avons fait figurer au passif, comme de coutume, un chiffre exactement égal aux sommes employées aux immobilisations et qui sont inscrites à l’actif. Dans le courant de l’exercice 1884, le compte des travaux neufs s’est encore un peu augmenté. Il a été chargé de l’amortissement de la con- struction du manège et de la maison du Chenil, des dépenses nécessi- tées par l’établissement du montoir des Éléphants et de la cabane des Casoars. — L’ensemble de ces travaux a coûté 30 959 fr. 95. (1) Résultats annuels de l'exploitation du Jardin zoologique d’acclimatation de 1860 à 1883. Insuffisance Excédent. des Recettes. des Recettes. 1860 (3 mois).............. 4,982 40 SORTIE. ANRT RUES ar 39,941 54 ASC APT PE LN Der PAU 90,186 17 TS RO RE AO tr LU Rte Et 18,461 59 1864 ........ deals ne SE 02,967 88 HD ne nen ces le mie 15,053 05 » » ASOGRPDE EUR Rp en stat nue 25,217 65 A OT BRU MR TER pa Le 45,243 70 ABGSN ALAN. EE DOME 40,145 64 » » ASC amer. da hier 19,608 » OO RM an enr 51,799 85 ù » CU it de M RP Era ER À 41,551 16 ) » RARE EE 21 à SAUT ETS 22,356 » A IE JE ae ARE A PCA 31,250 05 AS SA TE ARRETE De 40,382 40 ATOS AE MERE lue Dis 27,151 60 » » DÉTIO RAT RE PAPETERIE 47,004 75 BOL re oo ne Re 83,852 05 ASTB ON PAU TAN RARE 96,049: 90 LÉO HE SA REPARER 91,734 88 » » EE M 4" à 46,829 80 j HAE 18815)..8 EUR AUTMAMOERS 102,746 20 ASIA NE. RE re a 146,225 65 TS RÉ Re Pen A 108,135 85 1884" EL SE IN MEL REEn Ke 27,063 80 » » TOTAD RS ee 341,935 78 1,010,011 71 CLXX VIII SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Constructions nouvelles faites en 1884. Amortissement du manège....... ent fe. pete 9,129; 29 — de la maison du chenil.....,..,..,.... + 4,593 50 Montoirdes eléphants "EE ÉEECEeEEE "rec Eee 3,315 79 Maison des caso Etre eenereneteeee eee reer rc 2,000 » Divers : Station du lac, lapinière (4997 fr. 80) et cabinet d’aisances (2,100 fr), etc..........,.. AB IA 2 € A A0 à 11,261 50 TOTAT..6,. Rd 30,959 95 2° Les valeurs réalisables comptent pour 819 879 fr. 45 dans le bilan que nous vous présentons. Le tableau suivant vous fera connaître les éléments constituant ce chiffre important. 1879 1880 1881 1882 1883 1884 A. Collection des animaux. 363,835 35 368,591 85 341,878 65 366,763 15 414,938 55 403,466 95 B. Plantes diverses dispo- nibleSe 24e. 34,504 40 55,385 55 96,614 » 116.458 35 193,043 55 127,222 C. Mobilier et Outillage... 71,042 10 91,402 90 99,058 90 102,937 45 126,390 25° 140.329 75 D. Approvisionnements di- vers, chauffage, nour- » riture, librairie, etc. 32,923 45 41,841 75 40,870 10 50,093 05 57,194 95 67,461 G5 E. Tramwayextérieur, voie et matériel......... » » » » 65,062 80 69,992 40 65,421 95 63,975 10 F. Cautionnement déposé dans les caisses de la L ville de Paris....... 5,000 » 5,000 » 5,000 » 5,000 » 10,000 » 10,000 G. Outillage et Matériel à » —— Meulan............. 579 25 4,408 90 4,518 » 5,604 » 3,105 55 7,424 70 819,819 45 3° Les valeurs disponibles figurant à l'actif représentent 68 539 fr. 40. Dépenses Le total des dépenses pour l’année 1884 s’est élevé à 592641 fr. 55. Ce chiffre est inférieur de 134 816 fr. aux dépenses de l’année précé- dente. Nos charges dans cet exercice ont été beaucoup moins lourdes que dans les années précédentes, car nous n’avons présenté au public aucune exhibition, aucune attraction nouvelle. Recettes Mais si nos dépenses sont restées inférieures à celles des précédentes années, il en a été de même pour les recettes. Nous ne croyons pas inutile de rappeler ici que l’épidémie cholérique qui a désolé pendant l'été le midi de la France, a suspendu, pour ainsi dire, toute circulation du public. On n’a pas voyagé en 1884. Les étrangers, les habitants des départements se sont abstenus de venir à Paris dans la crainte de voir SITUATION FINANCIÈRE DU JARDIN. CLXXIX l'épidémie s’y développer. Elle nous est venue à l’arrière saison et à ce moment encore, elle a paralysé nos recettes. Les entrées ont donné 354 771 fr. 05, il n’est pas exagéré d'évaluer à plus de cent mille francs les pertes résultant pour nous de l'absence des étrangers. Dans ces circonstances, on ne saurait s'étonner que lexploitation ait été onéreuse en 1884. Il résulte en effet, du compte d'exploitation que nous vous présentons, que les dépenses ont excédé les recettes de 27 063 fr. 80. Ce résultat, Messieurs, est sans doute regrettable, mais vous nous permettez de vous faire remarquer qu'il est dû à des causes absolument impossibles à combattre. Nous devons espérer que l’exploi- tation, en 1885, sera pour votre entreprise la source de bénéfices qui nous permettront de compenser la perte que nous subissons cette année. Compte d’exploitation de l’exereice 1884, Recettes. Dépenses. % Subvention du Ministère de lPersonnel.4i..:5.8 ut 178,391 55 l'Agriculture ........... 5,000 » | Uniformes................ 13,686 40 Participation sur cotisations Nourriture des animaux... 167,306 20 des membres de la Société AQU AU NO A SN AUTRE RES 3,943 95 d’Acclimatation.:....:.. 5,330 » | Entretien des bâtiments. .. 34,072 30 Entrées du Jardin ....... 354,711 0s | Entretien des clôtures... 14,552 05 Abonnements............. 6,295 » | Entretien du Jardin...,... 6,397 85 Bremenades- 2.2... 41,512 25 | Abonnement des eaux... 3,264 25 Location des chaises ...... 11,395 80 | Chauffage et éclairage... 14,221 20 Exposition permanente.... 4,503 45 | Mobilier industriel et outil- Loyer du buffet........... 19,530 40 fige Learn En 35,367 70 MAneDe Re ee sea 15,286 60 | Outils de jardinage ....... . 195 15 Dons d'animaux sir: 7727" FR TICOnCer IS ane ne LR 29,073 90 Bénéfice ducompt°animaux, | Frais de bureaux......... 7,921 20 mortalité déduite....... 29,518 15 | Frais de correspondance... 4,588 55 Saillies- 120. fes 9,220) [PUDIICITÉS EE messe 11,800 30 Ventes des œufs.......... 1,504 05 | Loyers.........:......... 4,631 45 Bénéfice du compte graines Assurances............... 3,061 65 etiplantes Re re. 11,889 95 | Impositions.........,.... 4,941 70 Pré Gatelan. ............. 2,904 25 | Timbre et impôt des ac- Succursale de Meulan..... 2,053 90 tions et obligations .. ..…. 2,488 25 RRAMWA VS Eee ere . 36,926 65 | Assemblée générale....... 891 » Panorama eee Cerieee 5,131 25 | Frais généraux........... 30,677 50 ToTAL des recettes de |Rucher.... ............. 1,300 » l'exercice 1884... ..... 565,577 75 | Librairie... SOSSPHETEUS 142 45 EXCÉDENT des dépenses de Intérêts des obligations 19,725 » l'exercice 1884.. ...... 27,063 80 TOTAL SE 599,641 55 TOTAL eee 592,641 55 | Nous devons, en terminant, Messieurs, vous demander l’approbation CLXXX * SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. des comptes présentés et le renouvellement du mandat des administra- teurs sortants. La parole est donnée à M. GASTON BURON, commissaire des comptes, pour lire son rapport sur les opérations de l’exercice 1884. Ce rapport conclut à l’approbation des comptes présentés dans le rapport lu par M. le Directeur du Jardin zoologique d’acclimatation, au nom du Conseil d'administration. Après avoir consulté l’Assemblée, M. le Président met aux voix l’ap- probation des comptes : Ils sont approuvés à l’unanimité. Il est ensuite procédé au renouvellement des membres du Conseil d'administration sortants. MM. Edward BLOUNT, FLurY-HÉRARD, Octave MAGGIAR, Duc de LAROCHEFOUCAULD, P. RODOCANACHI, administrateurs sortants, sont réélus à l’unanimité. M. le Président, d’accord avec les membres du Conseil d’aministra- tion, propose à l’Assemblée de renouveler, pour une année, le mandat de M. Gaston Buron, commissaire des comptes. La réélection de M. Buron est prononcée à l’unanimité. Le Gérant: JULES GRISARD. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris BULLETIN MENSUEL DE LA re NATIONALE D'ACCLIMATATION DE FRANCE FONDÉE LE 410 FÉVRIER 1854 RECONNUE ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 26 FÉVRIER 1855 l. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (1): LES MALADIES DES ÉLÉPHANTS DE SERVICE () 3 2 Par M. PIERRE-AMÉEDEE PICHOT Commençons par constater que ces gigantesques Pachy- dermes paraissent jouir d’une excellente santé. C'est à ce point que l’on se demande si les Éléphants, grâce à leur ro- buste constitution, ne sont pas immortels. La queslion ne fait pas l'ombre d’un doute pour certains indigènes de l'Inde, comme par exemple la tribu des Sholagas des montagnes de Billiga-Rungoon. I est de fait que naturels et voyageurs (1) La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son Bulletin. (2) Sources à consulter : The Highlands of central India, by Got J. Forsyth, Londres, 1872. Thirteen years among the wild beasts of India, by G. D. Sanderson, Officer in charge of the government Elephant catching Establishment in Mysore. London, 1878. à 4 SÉRIE, T. IL. — Janvier 1885. 1 9 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. n’ont pu manquer d’être vivement impressionnés par cette circonstance, que l’on ne rencontre jamais de dépouille nide cadavre d’Éléphant dans les forêts. Pendant de longues années de voyages à travers l'Inde, M. Sanderson n’a rencontré que deux cadayres d'Éléphants ; l'un était celui d’une femelle morte en donnant le jour à un jeune Éléphant, l’autre était celui d’un mâle noyé par la crue subite d’un torrent. Jamais M. Sanderson n’a rencontré d’indi- gène ou de chasseur d’Éléphants qui eût trouvé dans ses excur- sions le cadavre d’un de ces Pachydermes mort de mort naturelle; bien plus, il n’a ramassé pendant tout le temps qu'ont duré ses voyages dans le Mysore qu'un seul fragment de défense : c'était en janvier 1876 et l’ivoire avait été com- plètement détérioré par les intempéries de l’air. Sir Emmerson Tenent, qui a longtemps occupé le poste de gouverneur de Ceylan, a remarqué chez les habitants de cette ile l'existence de la même croyance à l’immortalité des Élé- phants que chez les indigènes du Mysore. Là encore, comme dans l’Inde continentale, on ne trouve de cadavres d’Éléphants que dans les cas d’épidémie. M. Cripps, chassant un jour dans la forêt d’Anaragapoura, fut averti par un Singalais qui l’accompagnait qu’il se trouvait tout près de l’endroit où se retirent les Éléphants pour mourir ; il fit des recherches, mais, pas plus que ses devanciers, il ne puten relever la situation exacte ni y pénétrer. Dans une autre circonstance sir Emmerson Tenent apprit d’un chef Kandgen que lorsque les Éléphants se sentent sur le point de mourir, ils se rendent dans la vallée de Saffragam en passant par un étroit défilé qui donne accès dans les monia- gnes qui entourent le pic d'Adam. Là, au dire du chef, les Éléphants se couchent sur les bords d’un lac limpide pour s ' endormir du dernier sommeil. Dans la DANUEE de Mysore la jungle est tellement line en tous sens, qu’une nécropole centrale d'Éléphants eût été depuis longtemps découverte si vraiment elle existait, On se demande done avec étonnement où meurent les Élé- phants; mais cette question se pose également chez nous MALADIES DES ÉLÉPHANTS. 3 pour la plupart dés habitants sauvages de nos bois et de nos plaines. Si l’on songe combien il est rare de rencontrer, en dehors des victimes de la chasse, un oiseau mort, un quadru- pède gros ou petit défunt, on avouera que la façon dont nos animaux sauvages sortent de ce monde n’est pas moins bizarre que celle des Éléphants. On dit bien que les animaux vont se cacher pour mourir; mais, si une feuille peut dissimuler un oiseau, si le pétale d’une fleur peut cacher un insecte, com- bien ne doit-il pas être plus difficile à un Éléphant d'échapper à tous les regards ? Or, chaque fois qu’une de ces gigantesques carcasses tombe en décomposition, il est difficile de ne point s’en apercevoir à dix lieues à la ronde, Les voyageurs ont sou- vent décrit d’une façon pittoresque le grand concours d’oi- seaux de proie et de fauves qui, à la suite de quelque combat, de quelque chasse, s’assemblent de partout pour attendre le moment où ils pourront entamer le cuir résistant des gros Pachydermes; une puanteur atroce se répand à distance, et lorsque les chairs sont réduites en poussière, 1l reste encore les ossements gigantesques pour signaler aux passants, comme les épaves d’un navire, l’endroit où ces colosses ont fait nau- frage. Il est donc bien étonnant que les Éléphants qui meurent de mort naturelle échappent ainsi à toutes les investigations, et ce n’est pas sur l'animal sauvage que l’on a pu consiater les effets de la maladie. Il faut pour cela étudier les Éléphants domestiques, ou du moins capturés et apprivoisés. Les Éléphants sont peut-être les plus utiles auxiliaires de l’homme aux Indes. Ils ne se reproduisent pas cependant en captivité, on du moins on ne se donne pas la peine de les élever, puisqu'il est plus simple d’aller les capturer dans leurs forêts natales. La grande foire annuelle de Sonepour sur le Gange est le principal marché de l’Inde pour le commerce des Éléphants. Cette foire se tient pendant la pleine lune d'octobre, à l'époque d’un important pèlerinage au sanctuaire de Shiva, alors que plusieurs milliers de pèlerins se baignent dans le fleuve sacré. et l’on peut voir réunis alors des milliers de Chevaux et des centaines d’Éléphants. 4 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. C’est à Sonepour que les marchands d’Éléphants viennent se défaire de leurs animaux, et ce n’est qu'après cette foire qu’ils vont offrir aux princes et aux riches particuliers les su- jets dont ils n’ont pu se défaire. M. Sanderson raconte les jérémiades d’un vieux marchand d'EÉléphants, embarrassé d’un animal faible et en mauvais état, qu’il regrettait de ne pouvoir vendre à sa grand'mère. La pauvre femme était morte depuis plusieurs années déjà ! Le prix des Éléphants a beaucoup augmenté dans l’Inde pendant ces dernières années, au point que le gouvernement a dû renoncer à faire ses achats aux foires et se décider à faire prendre pour son compte les animaux dont il a besoin. En 1835, le prix moyen d’un Éléphant était de 1195 francs ; en 1855, ce prix est monté à 1875 francs et en 1874 le gouver- nement du Bengale dut acheter à Sonepour vingt Éléphants à raison de 3300 francs la pièce. Enfin en 1875, c'est-à-dire un an plus tard, le même gouvernement du Bengale ayant donné commission à Sonepour pour l'achat de 70 animaux à raison de 3500 francs par tête, 1l lui fut impossible de se procurer un seul Pachyderme à ce prix. De jeunes animaux, des femelles principalement, incom- plètement dressés, se vendent 3750 francs en prix moyen; de bonnes femelles de travail atteignent facilement le prix de 8000 à 12 000 francs ; quant aux beaux mâles, on en a vu payer jusqu’à 0 000 francs et 20 000 francs n’est pas un prix exagéré, puisque, en 1879, l'établissement de remonte de Dacca paya 40 000 francs deux animaux mâles qui venaient d’être capturés. Les Éléphants que le gouvernement fait maintenant prendre lui reviennent à 1000 francs environ. Cinquante-neuf ani- maux ont été en moyenne capturés par an pendant la décade 1865-1876. On comprend tout l'intérêt qu'ont les maquignons.en Élé- phants à dissimuler les défauts et les infirmités d’une aussi précieuse marchandise, et cela nous amène à considérer les affections dont ils sont parfois atteints et qui les rendent im- propres au service. MALADIES: DES. ÉLÉPHANTS. 5 On s’est peu occupé jusqu’à présent des maladies auxquelles sont sujets les Éléphants. Ils sont en général livrés à l’empi- risme de leurs cornacs dont l'ignorance dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Pour ne citer qu’un exemple, les cornacs font souvent avaler aux Éléphants qui leur sont confiés un morceau de foie de tigre dans le but de les rendre courageux, ou encore les forcentà manger les yeux fraîchement arrachés d’un grand hibou indigène, pour leur donnerune vision plus perçante pendant la nuit. D'ailleurs les cornacs ne différent pas de nos maquignons, comme eux ils n’ont que deux mobi- les: ils cherchent à s’éviter toute peine, et à tirer de l’animal qui leur est confié le plus d’argent possible ; on peut dire que l’Éléphant est leur grande vache à lait. Naturellement le maître subit, en même temps que l'animal, les conséquences fâcheuses de ce système. Ainsi l'Éléphant n'aime pas à travailler au soleil quand la température est élevée, et un cornac intelligent doit avoir soin de mettre ses bêtes à l'abri pendant les heures chaudes de la journée. Il est malheureusement peu de serviteurs consciencieux, et les cornacs ne se gênent pas pour sortir leurs Éléphants en plein midi ou pour les laisser sans abri et sans ombre parce que: cela leur est plus commode quand ils s’absentent pour déjeu- ner. Que si, pour seprotéger des ardeurs du soleil, un Éléphant se couvre à l’aide de sa trompe de tout ce qu’il peut ramasser de détritus et de poussière, le cornac l’accable de coups et de sottises! Il est une épidémie qui sévit parfois sur les Éléphants tant sauvages qu’apprivoisés et qui correspond assez exactement à la gourme du bétail. Il y a trente ans, les équipages d’Éléphants du Gouvernement à Dacca, ‘dans le Bengale, perdirent 50 pour 100 de leur effectif, ces équipages étaient forts alors de 300 animaux. Pendant dix années il fallut combattre le mal, mais sans le moindre succès: c’étaient surtout les sujets les plus ro- bustes qui succombaient à la maladie, dont les caractères principaux sont la formation d’amas de pus au cou et aux jambes, la naissance de plaques sur la langue et un suinte- ment considérable d'humeur aux yeux. L'écoulement des yeux 6 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. s'arrêtait subitement et en deux jours tout sujet atteint mourait. En 1869, cette même épidémie dévasta la forêt de Chittagong et sévit plus tard dans les jungles de Kakankoté dans le Mysore, avec moins d'intensité cependant. Il va sans dire qu’à cette époque, les indigènes trouvèrent des cadavres d’Éléphants. Les Éléphants adultes — un Éléphant n’est adulte qu’à vinet- cinq ou trente ans — sont sujels à certains paroxysmes qui font dire qu'ils sont must ou fous. Ces accès durent plusieurs se- maines, parfois même quatre ou cinq mois ; pendant ce temps les Éléphants ne sont pas nécessairement emportés et mé- chants, ils sont au contraire souvent atteints d’engourdisse- ment et de somnolence. L'Éléphant mâle et l’Éléphant femelle ont dans les tempes des glandes qui communiquent avec l'extérieur par un orifice ; leurs tempes se gonflent à l'approche de la folie et une sub- stance huileuse s'échappe d’une façon souvent abondante par ce méal. Dès que les premiers symptômes de la folie se ma- nifestent, on attache solidement l'Éléphant, et, s’il devient dan- sereux, on ne l’approche plus; on lui jette de loin sa nour- riture, car il peut devenir excessivement redoutable, et l’on cite plus d’un accident dû à la fureur d'Éléphants en folie qui avaient rompu leurs liens. Ils n'épargnent dans ce cas rien de ce qu’ils rencontrent sur leur passage et tuent hom- mes, femmes, enfants, animaux; la présence de leurs fe- melles ne les apaise pas. Un des Éléphants de M. Sanderson, atteint d’un commen- cement de must, s’échappa un jour portant son cornac sur le cou et rencontra une femelle sur laquelle il se précipita aus- sitôt et qu’il eût infailhiblement tuée s’il n’avait eu les défenses coupées et si on ne lui avait lardé la trompe à coups delance. Il se mit alors à courir à travers la plaine, son cornac sur le cou, en quête d’un adversaire à qui livrer bataille. On put enfin l’approcher et lui lier solidement les pattes à un arbre. Ce fut avec une joie indicible et en répétant mille fois : Allah ! Allah ! Allah ! que le malheureux cornac se laissa glisser à bas de sa dangereuse monture. MALADIES DES ÉLÉPHANTS. 7 L’écoulement du must est assez rare chez les femelles ; M. Sanderson ne l’a observé que deux fois chez des femelles récemment captur ées et en très bon état, mais jamais chez les sujets apprivoisés. La plus commune des maladies auxquelles sont sujets les Éléphants est le Zerbad, qui existe sous deux formes : l’As? et le Sukha. L’Asl affecte la forme d'engorgements hydropiques au Cou, à la poitrine et à l’estomac ; le changement de régime en est une des causes les plus fréquentes et le capitaine Forsyth cite le cas d’un Éléphant qui en fut atteint parce qu’on lui donna du riz au lieu d'orge dans une province où l’orge était ina- bordable. L’A si passe souvent au Sukha, si toutefois le Sukha n’est pas spontané. C’est un dépérissement général de l’animal qui se ratatine et s’atrophie rapidement; de plus il se produit sur le corps des excoriations dont on a du mal à venir à bout. : Pour combattre le Zerbad, il est absolument nécessaire de réduire la nourriture de l'animal atteint : quatre livres d’orge et six livres de riz cuit suffisent. On le prive totalement de verdure et on le purge au moyen d’une mixture d’huile de croton, de calomel et d’aloës (1). Dans le cas où l’hydropisie est très prononcée, il faut ponctionner l’abdomen. Le liquide qui s'écoule de la ponction peut, dit-on, communiquer la maladie aux Éléphants qui se trouvent dans le voisinage au moment de l’opération. Les cornacs donnent aux sujets malades de ia racine de Calotropis gigantea ; la dose est de une drachme par jour, et est administrée en deux fois. Cette plante est aussi le remède usuel lorsque le Zerbad passe à l’état de Sukha, mais on y ajoute alors de la verdure, de la canne à sucre et on fait prendre à l’animal nladé des bains en même temps qe beaucoup d'exercice. Les pieds des Éléphants sont souvent affectés de inaladies analogues à celles des pieds des Chevaux. (1) Croton, 1 once (319,25) ; calomel, 1 1/2 drachme; aloës, 6 drachmes. 8 SOCIÉTÉ NATIONALE D’A@@LIMATATION. Le Kandi est un chancre de la plante du pied qui gagne en profondeur et vient percer au-dessus des ongles. Les cor- nacs et marchands bouchent ces trous avec des chevilles, mais ilest toujours facile de découvrir le mal en percutant la plante du pied avec un bâtonnet. Pour traiter cette affection, il faut dégager à fond les méats par des incisions, laver à l’eau chaude, mastiquer la plaie avec dela poix, des feuilles de Welia À zadi- rachta (lilas des Indes) et de la gomme de Boswellia thuri- feras puis recouvrir le tout au moyen d’une rondelle de cuir qu’on fixe par des clous ou des ligatures. Le Sajhan correspond aux bleimes des Chevaux; la suppu- ration s’élablit aux points de jonction de la plante cornée et de la peau des pieds. Cette maladie, souvent constitutionnelle, est surtout causée par l'humidité et rend inutilisables pendant la saison des pluies les individus qui en sont affectés. Le lrai- tement consiste en lotions faites avec une décoction de tabac et d’eau de chaux. On emploie avec succès pour la guérison des pieds À Re et usés par la fatigue et le travail te lotions bouillantes de pré- parations résineuses provenant du Saltree, Shorea robusta. na ‘exposition au soleil ou à la grande lumière altère faci- lement la vision de l’Éléphant, et une nourriture échauffante, celle que donnent particulièrement les feuilles du Peepul ou Ficus religiosa, amène une opacité de la cornée, qu'il faut combattre par des lotions de nitrate d'argent et en insufflant dans l’œil, une ou deux fois par jour, de la poudre de verre très finement triturée. | | .… Lorsqu'il est affecté par des vers intestinaux, l’Éléphant se purge lui-même en avalant trois ou quatre livres d’une terre rouge dans laquelle il reconnait instinctivement la présence de carbonate de soude natif. Enfin, lorsque le harnachement de l’animal domestique produit des meurtrissures au garrot, il en résulte souvent des plaies très longues et difficiles à guérir, à cause de la grande épaisseur de la peau. On voit alors des fusées puru- lentes filer entre cuir et chair, et il faut hardiment jouer du bistouri pour mettre ces foyers d'infection à nu et les traiter MALADIES: DES ÉLÉPHANTS. 9 par ‘des cautérisations ou des emplâtres aromatiques que fournissent les herbes du pays, telles que le Win (Melia Aza- dirachta). Comme pour les Chevaux, les plaies.du garrot. condamnent les Éléphants à une inaction forcée, et les cor- nacs, qui en profitent pour ne rien faire, non seulement entretiennent ces incapacités de travail, mais les provoquent parfois Les propriétaires d'Éléphants doivent donc aux Indes surveiller de près leurs hommes d’écurie, comme nous faisons des nôtres. | Nous terminerons en citant une singulière opération de chirurgie dentaire, dont nous avons trouvé le récit dans le courant de ces recherches. Un Éléphant avait sur la face ex- terne d’une de ses grosses molaires une excroissance de la taille d’une orange, qui provoquait des abcès de la gencive et de la joue el mettait la pauvre bête dans l’impossibilité de prendre aucune nourriture. Son cornac imagine de lui tenir la bouche ouverte au moyen d’un mors fait avec une bûche de bois dur hérissée de clous. Un trou était percé dans cette bûche de façon à laisser passer le bras. Par cette ouverture et la main armée d’une scie, l’ingénieux dentiste put aller atta- quer dans son antre la fâcheuse exostose, et, après plusieurs heures de travail, put en débarrasser son client, que l’on n'avait point fait asseoir dans un grand fauteuil de cuir, mais simplement renversé sur le flanc et maintenu par des aides. OBSERVATIONS Présentées par M. MÉNARD A L'OCCASION DE LA COMMUNICATION PRÉCÉDENTE (Extrait du compte rendu sténographique.) M. Saint-Yves Ménard. Je demanderai la parole pour con- firmer quelques-uns des faits présentés par M. Pichot. Les Éléphants sont rarement atteints de maladies. J'ai observé depuis dix ans les deux Éléphants du Jardin d’Accli- matation, et je n'ai constaté que très rarement des affections, 10 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. même légères. Le mâle « Roméo » est mort il y a quelques mois seulement sans maladie sérieuse et, pour ainsi dire, d’une façon indirecte, par suite d’un arthrite du genou gauche. La douleur l’a obligé à rester couché dans sa loge, assez restreinte comme vous le savez, et il n’a pas pu vivre ainsi. On conçoit qu’un animal de ce poids ne peut pas vivre longtemps étendu sur une litière qui ne le protège pas d’une manière suffisante, et qu’il est impossible de renouveler. Il a succombé au bout de dix à douze jours après avoir mangé de moins en moins et après avoir subi de nombreuses contusions et excoriations sur le côté qui reposait sur le sol. Comme on vous l’a dit, la décomposition d’une bête pareille estun phénomène de grosse importance. Il a fallu dépecer le cadavre sur place pour le retirer de la loge. L'opération a été faite quarante-huit heures après la mort et déjà il y avait une odeur infecte, à ce point qu’en allant simplement visiter les travailleurs, sans être moi-même occupé à la besogne, j'ai eu mes vêtements impréynés de cette odeur. Ils n’ont pu en être débarrassés qu'après avoir été exposés à l’air pendant dix à douze jours. Il y a donc une infection considérable par suite de cette masse énorme de chairs et de viscères en décomposi- tion. J’ai pratiqué de nombreuses autopsies d’autres animaux sans éprouver le même inconvénient. Une maladie bénigne de la femelle « Juliette » a été de nature chirurgicale. | Dans un de ces moments de folie dont vous a parlé M. Pichot, elle a été tourmentée par le mâle et a reçu de lui des coups de défense. Il s’est produit, au niveau du flanc gauche, une immense tuméfaction dont la nature a été assez difficile à déter- miner tout d’abord en raison de l’épaisseur de la peau. Au bout de quatre à cinq semaines, peut-être plus, la tumeur devint tellement grosse que j’ai pu percevoir de la fluctuation très manifeste. J'avais affaire à un abcès. Je me suis décidé à l'ouvrir en prenant, comme bien vous pensez, toutes précau- tions pour ne pas irriter l'animal et pour éviter des réactions dangereuses. Avec l’aide du cornac, on peut faire beaucoup d'opérations aux Éléphants, bien qu’on n’ait pas de moyens de MALADIES DES ÉLÉPHANTS. 41 contention efficaces. J'ai fait une ponction et un assez grand débridement de la peau, et j'ai recueilli quarante litres de pus, quatre seaux comme ceux dont on se sert dans les écu- ries. Ce pus était très liquide, sanguinolent, pas trop fétide ; il présentait des flocons de matière albumineuse à moitié con- crétée. À part cela, nous n'avons nl constaté de maladies, pas même d’indispositions légères, ou autres indigestions. M. le Président : Cet abcès s’est-1l guéri ? M. Saint- Yves Ménard : I] s’est guér1 assez vite. IL est resté toutefois une petite tumeur ridée à la suite d’une résorption incomplète de la poche purulente. Il faut signaler aussi le ramollissement de la cornée dont parlait M. Pichot, et qui s’est présenté sur les Éléphants du Jardin d'Acclimatation. Le pied de l’Éléphant présente une résistance assez grande ; au Jardin d’Acclimatation nos animaux marchent sur un sol dur, empierré, pendant plusieurs heures chaque jour, sans que nous constations jamais d’usure excessive. Le pied des Chameaux ne résiste pas aussi bien. Il supporte en effet moins bien les aspérités des routes ; cependant il présente aussi une résistance suffisante pour le travail relativement restreint que nous demandons, pendant quatre ou cinq heures chaque jour. ESSAIS D’UNE VÉGÉTATION ASSAINISSANTE AU GABON Par M. Charles RIVIÈRE Directeur du Jardin d'essai du Hamma (Alger). L'administration supérieure a eu l'excellente idée de re- chercher l'expérience acquise en culture dans nos contrées al- gériennes, pour éviter ou atténuer dans les colonies françaises l'effet fâcheux des écoles successives et des tâtonnements de toutes sortes, assurément inévitables dès qu’on aborde les différentes branches de cette grande question culturale, de cette science toute particulière, « l’acclimatation », ou, en d’autres termes, la transportation des végétaux en dehors de leur pays d’origine. C’est pour concourir à ce but que nous avons adressé à M. le Gouverneur général de l'Algérie, en réponse à sa de- mande, et pour être transmise à M. le Ministre de la Marine el des Colonies, la conclusion de quelques-uns de nos essais algériens, espérant qu’ils seront appelés à jouer un rôle utili- taire dans la réalisation des projets d'assainissement de notre très intéressante colonie du Gabon. Notre possession du Gabon, par sa position sous l'équateur comprise entre l'Océan et les grandes savanes du Soudan, est soumise à l'influence d’un climat chaud, sans grande varia- bilité thermique (24 à 30 degrés), présentant deux périodes bien marquées, dont l’une est signalée par des précipitations pluviales. La chaleur humide y entretient ces vastes forêts riches en végétation équatoriale qui s’avancent vers les savanes de l’intérieur. Le sol est composé de mamelons séparés entre eux par des dépressions sans issues pour l’écoulement des eaux, dont la stagnation détermine dans ces bas-fonds, sous l'effet des rayons ardents et directs d’un soleil vertical, des VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 13 décompositions de matières organiques, véritables foyers d'infection presque permanents, auxquels on attribue l’ori- gine des fièvres du Gabon. Le Ministère de la Marine pensé que, si l’on pouvait planter des Eucalyptus dans ces terrains bas, le Gabon serait assaini. Il estime que des plantations de cette essence peuvent se faire facilement dans un certain rayon autour de Libreville ; les essais tentés sembleraient le démontrer, puisque les oraines semées en février 1881 ont donné des sujets qui ont déjà plus de 6 mètres de haut. Mais deux points préoccupent le Ministère de la Marine. 1° Les essais ont été tentés avec de la graine de l'Eucalyp- tus globulus, et peut-être n’est-ce pas celui des Eucalyptus qui convienne le mieux au Gabon. 2° Ces Eucalyptus ont été obtenus par semis, car on ne connaît pas d’autres méthodes pour les multiplier; mais ne pourrait-on pas les reproduire par le bouturage, qui aurait, pense-t-on, l’avantage de faire gagner un temps précieux, et ensuite dispenserait du nettoyage de la végétation luxuriante et spontanée des terrains que l’on se propose de planter en Eucalyptus”? On éviterait ainsi, croit-on encore, en supprimant ce défrichement préalable, une opération dangereuse pour ceux qui l’exécutent et pour les habitants des régions en- vironnantes. I Sur le premier point, les renseignements sont lout à fait in- suffisants pour déterminer d’une manière précise la nature des variétés d’Eucalyptus qu’il conviendrait d'employer. Il faudrait savoir si ces bas-fonds inondés pendant la saison plu- viale sont, à certains moments, entièrement desséchés, comme nos Dayas du sud de l'Algérie, ou s'ils conservent quelque humidité et même des eaux stagnantes pendant toute la saison privée de pluies. S1 le sol est constamment humide, les Eucalyptus globulus, aïmygdalina, terelicornis, colossea, obliqua, mais notamment 14 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. les Eucalyptus globulus, prospèrent dans ces conditions ; leur végétation sera rapide, leur feuillage abondant, et par consé- quent le desséchement de ces marais s’opérera avec la plus orande rapidité sous l’action éminemment asséchante de ces arbres. Mais, au contraire, si ces cuvettes souvent inondées sont bordées de terrains secs, ensoleillés, si en un mot l’eau, mal- oré son voisinage, ne peut être utilisée par les racines des arbres qu’on doit planter dans les environs de ces marécages, il convient alors de recourir à toutes les espèces reconnues les plus résistantes dans les terrains secs, tel qu'est en parlie le groupe des Red-gum, parmi lesquels il faut citer en pre- mière ligne les Eucalyptus resinifera, Stuartiana, stricla ; mais les E. resinifera d'Algérie et le Fold-bay, sorte de Ros- trata pleureur, se recommandent principalement. On pourrait ajouter à cette liste quelques espèces qui au- raient quelques chances de réussite, ou du moins qu'il y au- rait intérêt à essayer : Eucalyptus Abergiana, et surtout Æ. alba, deux plantes inconnues dans les collections, la première originaire de la côte orientale de l’Australie du Nord, la deuxième de Timor ; Eucalyptus saligna et robusta, qui se plaisent dans les terres profondes, au voisinage des cours d’eau ; Eucalyptus rostrata, assez rustique à Bourbon, où il résiste mieux aux ouragans que la plupart des autres arbres ; Eucalyptus citriodora, arbre de petite dimension dans les cultures algériennes, mais qui, d’après renseignements, ré- sisterait assez bien à la côte d’Ajan ; on sait que cette espèce répand une forte odeur de citronnelle. Une espèce d’Eucalyptus très recommandée par Mueller, directeur du Jardin botanique de Melbourne, un des auteurs de la flore australienne, c’est l’Eucalyptus resinifera vrai, orande essence arborescente qui, suivant cet auteur, est une des meilleures pour les pays tropicaux humides. Malheureu- sement, jusqu’à ce jour, il a été impossible de se procurer le véritable £. resinifera, et.il résulte des observations qui ont été faites dernièrement en Algérie par un savant botaniste, | VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 15 M. Naudin, membre de l’Institut, que j'ai eu l'honneur de consulter sur ce sujet, que foutes nos plantations du resini- fera, vulgairement appelé Red-gum, appartiennent à plusieurs espèces autres, mais notamment au rostrata. Quoi qu'il en soit, cette espèce, tout en se plaisant dans les terres humides, est encore la plus résistante aux sécheresses et aux chaleurs des plaines littoraliennes de la province d'Oran. Inutile de parler des espèces du groupe des plantes alpines et des buissonnantes : les unes ne s’adapteraient.pas à de basses et chaudes altitudes, les autres ne rempliraient nulle- ment le but qui fait rechercher les Eucalyptus dans le cas déterminé. IL Le deuxième point est celui auquel on semble attacher une grande importance : c’est le mode de multiplication rapide autre que le semis. La réponse est on ne peut plus affirma- tive : il n’y a aucune autre méthode de multiplier les Euca- lyptus en dehors du semis. Dans nos expériences au Jardin d'essai et dans nos boise- ments sur toute la surface de l'Algérie, nous n’avons pas eu recours à d'autre procédé que celui du semis. Ensuite il est utile de signaler que, même au point de vue scientifique et avec toutes les ressources de l’art horticole, nous n'avons jamais obtenu la multiplication de n’importe quel Eucalyptus par le bouturage, soit avec du bois déjà fait, à plusieurs âges, soit à l’état herbacé, dans des serres, sous des cloches, avec des chaleurs de fond, etc., etc. Il est dit que le marcottage, mais alors avec des soins spé- ciaux, donnait quelques rares résultats ; c’est alors un mode de reproduction bien inférieur au semis. On se demande d’ailleurs quel réel avantage offrirait le bouturage sur place de l’Eucalyptus, ou pour mieux dire de son mode de multiplication semblable à celui employé pour le Peuplier ou le Saule à l’état de plançon ou sorte de pieu aiguisé. L’enracinement ne se produirait évidemment pas sans 16 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. culture au milieu de cette végétation touffue, enchevètrée, assez luxuriante pour rappeler celle des îles de larchipel indien ; il faudrait, pour faciliter cet enracinement, une sorte. de défrichement provisoire, el, pendant un certain temps au moins, quelques pratiques culturales, si simples qu’elles soient. Dans ce cas, la plantation d’un petit Eucalyptus, élevé de semis, en motte, d’une reprise plus assurée, ne présente- rait pas des difficultés plus grandes que le bouturage, même s’il pouvait être obtenu dans ces conditions. On le voit, dans un cas comme dans l’autre, il serait im- possible d'éviter le défrichement préalable, si nuisible à la santé de ceux qui l’entreprennent; mais le bouturage serait nul, tandis que la plantation de l’Eucalyptus issu de semis serait efficace. S'il y a réellement danger, et cela doit être, nous le savons par l'expérience chèrement acquise dans nos débuts d’assai- nissement du lac Fetzara, à pénétrer au milieu des végéta- tions rulilantes de ces bords marécageux, ne conviendrait-il pas de circonscrire sculement la périphérie de ces régions malsaines par plusieurs lignes d’'Eucalyptus, et d'avancer suc- cessivement vers les centres, au fur et à mesure que la végé- tation spontanée disparaitrait par l'effet de l'ombre des ar- borescents? Mais alors il y aurait lutte, et il faudrait, dans les premières années, défendre ces arbres nouvellement implan- tés contre l’envahissement des plantes spontanées, si vivaces sous ces climats équatoriaux. Le semis direct sur place est alors impossible. Le seul pro- cédé en usage dans nos grands boisements reste seul à appli- quer : c’est le semis en caisse, en terrine, en pot, lerre légère, séparage en godels quand lé jeune plant est assez bien con- stitué, sans quoi il périt inévitablement. Séjour peu prolongé en vase, qui imprime au système radiculaire une spiralité dangereuse pour l'avenir de la plante. Plantation à demeure quand le plant a atteint une hauteur d’une trentaine de cen- timètres, et quand la petite motte est bien pourvue de racines. Deux modes de préparation du sol sont alors en présence : ou un simple trou de dimensions variables au milieu des VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 17. herbes, ou un labour général et profond. Ce dernier travail, quoique dispendieux, est préférable, mais il peut prendre LS proportions d’un véritable et pénible défrichement. | Telles sont, très résumées, les grandes lignes culturales à suivre dans le cas présent. III Avant de terminer ce paragraphe relatif aux Eucalyptus, nous croyons devoir appeler l'attention du Ministère de la Marine sur quelques exagérations dont on s’est plu à revêtir les qualités de cet arbre australien, surtout au point de vue hygiénique. Bien des légendes publiées sur cette Myrtacée arborescente ne reposent encore sur aucun fait scientifique bien prouvé, confirmé par l'expérience ; il importe au plus haut degré de dire enfin la vérité sur cette question, ou du moins de jeter un doute utile en cette circonstance principa- lement, puisqu'il s’agit ici du développement et de la prospé- rité de notre colonie du Gabon. M. le D' Tommasi-Crudeli, membre du parlement, un des hommes les plus autorisés par sa science et sa pratique pour traiter cette thèse, vient, dans son rapport à M. le Ministre de l'Agriculture d'Italie, de faire connaître que les plantations d’Eucalyptus entreprises à la Ferme des Trois-Fontaines, dans la campagne de Rome, ont offert ce singulier spectacle que, pendant l’année 1889, les fièvres pernicieuses ont été juste- ment limitées à cette localité, que l’on croyait assainie depuis longtemps. On dut en retirer les forçats employés dans les établissements. M. Liversidge, professeur à l’université de Sydney, en Australie, avait fait remarquer, depuis plusieurs années déjà, que les fièvres régnaient avec une grande intensité dans les forêts d'Eucalyptus de cette contrée, leur patrie. Enfin le D Tommasi-Crudeli donne un même avis sur le résultat des plantations en Algérie. Nous laisserons de côté son opinion pour produire la nôtre, qui la confirme malheu- reusement. Nous avons nous-même dirigé de très grands 4 SÉRIE, T. II. — Janvier 1885. F) 18 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. boisements d’'Eucalyptus en Algérie, de la Tunisie au Maroc ; plusieurs ont environ quatorze ans d'âge; leur réussite comme végétation est moyennement satisfaisante ; plusieurs grands bosquets d'arbres remplacent maintenant les dépres- sions autrefois marécageuses, cela est incontestable; mais il nous serait impossible d'affirmer, malgré nos recherches, l’existence d’une action fébrifuge. On a beaucoup cité l’exem- ple du lac Fetzara, dont les miasmes paludéens infectaient la grande exploitation minière de Mokta-el-Hadid, décimaient le personnel, rendaient insupportable Le séjour de cette localité, et qui, maintenant, grâce à des futaies très développées d’Eu- calyptus, présente toutes les conditions d’une hygiène assez favorable. Il nous sera bien permis, à nous qui avons le pre- mier planté ces berges malsaines et avons concouru pour une large part au développement de ces quelques centaines de milliers d'arbres, de dire combien l'erreur serait manifeste si l’on devait attribuer entièrement aux Eucalyptus des effets indirectement sanitaires, dont la cause est ailleurs et simple à exposer en deux mots : les Eucalyptus, comme tous les arbres, ont constitué des ombrages; isolé d’un rideau de verdure le lac des exploitations. La prospérité matérielle de l'administration de la mine s’est étendue sur le personnel ; les moyens d'existence ont élé plus faciles, les services médicaux bien assurés, et, point le plus important qui édifiera l’hygié- niste, juge en cette question, la plus grande partie du per- sonnel est amenée à la mine tous les matins et ramenée le soir par les premiers et derniers trains à Bône, à 36 kilomètres plus loin, c’est-à-dire dans une ville littorale battue constam- ment par les brises de mer. L'action prophylactique même de l’Eucalyptus est donc loin d’être démontrée dans ces contrées essentiellement fébrigènes; et peut-on d’ailleurs croire à cette action directe, quand on connaît la résistance extrême de tous ces bactériens aux agents aseptiques les plus violents ! Que pourrait faire alors en pleine atmosphère sur ces microphytes l’odeur balsamique répandue par l’'Eucalyptus globulus seulement, et encore pendant un certain temps? VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 19 Maintenant, il reste à connaître si les Eucalyptus se plairont dans le climat équatorial du Gabon, ou tout au moins s’ils y vivront un temps suffisant. La plupart des Eucalyptus ont pour centre de végétation prospère la partie sud de l'Australie, c’est-à-dire une région très tempérée; l'E. globulus est de la Tasmanie, où la chaleur est modérée. Les Eucalyptus ne résistent pas dans les terrains salés ou en contact avec des eaux saumâtres. Leur végétation dans les pays intratropicaux, à climat sec, a été misérable, et elle a été très médiocre dans ceux à climat humide. Ces arbres ne veulent ni des exagérations thermiques ni hygrométriques. Dans leur ensemble, ils demandent des pays très tempérés, où le froid, même accidentel, ne s’accentue pas trop. Une période de repos leur est nécessaire, provoquée soit par l’abaissement de la température, soit par une séche- resse trop prolongée. Les climats chauds, RE Da hu- mides, leur sont donc défavorables. Le gouvernement hollandais constate officiellement, en 4877, que dans ses dépendances de Java on a voulu utiliser les documents venus de l’Algérie, contenant les récits sur l'amélioration des conditions hygiéniques de ce pays, due à la présence des Eucalyptus. De nombreuses plantations ont donc été faites dans les possessions javanaises, dans les ter- rains bas et marécageux, le long des côtes, et à plusieurs en- droits où le climat est malsain. Le D'Scheffer, directeur du jardin botanique de Buitenzorg, chargé de ces essais, tout en ne contestant pas l'amélioration du climat en Algérie dans les lieux plantés en Eucalyptus, fait observer Cependant, très judicieusement, qu’on ne doit pas attribuer exclusivement aux qualités de cet arbre les bons résultals signalés. L'expérience à démontré à cet habile ob- - servateur, ce qui était probable à priori, que les Eucalyptus, etnolamment l’Eucalyptus globulus, n'étaient pas propres au climat chaud des plaines des régions basses, parce que, la chaleur étant un obstacle insurmontable à l'éducation des jeunes plants, on constatait rapidement là mort des survivants dans la première année. Aussi, pour répondre aux demandes 90 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. de graines d'Eucalyptus qui lui étaient adressées dans le but d'obtenir des modifications climatériques avantageuses de certaines régions, le D' Scheffer a eu recours à une autre es- pèce, tout à fait inconnue dans nos cultures algériennes, et dont on n’a jamais parlé : c’est l’Eucalyptus alba, originaire de l’île de Timor, où le climat est analogue à celui des côtes de l’ile de Java. En effet, l’Eucalyptus alba est un grand arbre, une des rares espèces en dehors du continent austra- lien, celle se rapprochant le plus de l’équateur et vivant sous le climat insulaire de Timor, cette grande ile de la Malaïsie appartenant aux Hollandais. L'état de notre eucalyptographie algérienne ne nous permet pas de donner des indications bien utiles sur le rôle des es- pèces dont le centre de végétation naturelle se rapprocherait Je plus des climats équatoriaux, notamment en ce qui con- cerne les Eucalyptus alba et Abergiana ; on sait — et c’est déjà un pas — que notre nomenclature est très défectueuse, et nous exposerait à des erreurs regretlables si certaines es- pèces avaient à produire leurs résultats actifs et économiques dans nos cultures d'Algérie. Cependant ces deux plantes précitées, en raison de leur origine, présenteraient le plus grand intérêt dans les essais à tenter au Gabon; il conviendrait de se les procurer avec cer- titude d'identité du végétal. Une dissertation à ce sujet ne serait pas sans utilité. … L'Eucalyptus Abergiana semble être une plante bien nou- vellement dénommée, puisqu'elle a été dédiée à M. Ernest Aberg, auteur de travaux forestiers dans la République Argen- tine (1874) ; dans tous les cas, elle n’est pas encore parvenue dans nos cultures. On sait que c’est un arbre de très grandes dimensions, à écorce persistante, à branches très dévelop- pées, à feuilles fortes, de consistance épaisse ; le cœur du bois est très dense, dur, serré, de couleur rouge. Il croît dans une station très chaude, sur les coteaux des environs de Rockingham-Bay. Cette localité, il faut le rap- peler, est située vers la pointe nord de Queensland, sur la côte orientale, à la base de la péninsule, sous le 18° degré VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 21 latitude sud, c’est-à-dire dans une région soumise à toutes les influences du climat marin engendrées par l’action des cou- rants humides venus du Pacifique. L'Eucalyptus alba, déjà cité dans cette étude comme la seule espèce d'Eucalyptus d’origine presque équatoriale, est bien rare pour nous, et ses synonymies nous exposent à de graves erreurs. De l'observation de quelques échantillons portant cette dénomination, il résultevait que nous ne possé- dons pas la véritable plante de Timor, mais des espèces voi- sines par leurs caractères botaniques. | : Parmi ces espèces, variétés ou formes voisines, on remarque VE. tectifica, dont l’écorce est rugueuse aussi bien sur les branches que sur les tiges; E. Decaisneana, peut-être une Lib variété du type E. alba, suivant Mueller; E. platyphylla, qui à une grande Set d'aspect général avec l'Eucal. alba, mais cependant des petites diffé- rences dans quelques caractères, notamment un feuillage presque caduc. Cette dernière forme serait-elle représentée dans nos cul- tures ? Nous avons eu au Jardin d’essai une plante possédant bien quelques-uns de ces caractèresgénéraux : feuilles épaisses, à longs et fins pétioles, lancéolées ou rhomboïdes-ovales, se rélrécissant souvent assez étroitement vers l’extrémité, cou- leur vert pâle sous les deux faces, non luisantes, points rési- neux peu apparents, nervures latérales plutôt nombreuses, marquées, la nervure circonférentiale plus ou moins distante du bord; floraison axillaire ou latérale, etc., etc. Notre plante du Jardin d'essai se distinguait dans le jeune âge par l'ampleur de sa feuille; M. P. Cordier nous confirme ce fait en nous citant des dimensions que nous n’avons jamais constatées, qui seraient de 15 à 20 centimètres. Ce zélé euca- lyptophile a encore dans sa collection en pleine terre trois arbres de ce nom, datant de 1875, et qui ont à peu près 10 mètres de hauteur et 0",40 de circonférence ; ils sont bran- chus dès la base. On ne peutse prononcer sur leur végétation, car, malgré de bonnes conditions de sol.et de soins, ils pa- 929 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. raissent gênés par le voisinage d’autres FRtaNpi de crois- sance plus rapide. Leur écorce se rapproche beaucoup de celle des dé elle est épaisse, d’un gris plus clair, cendré par place, et se détache également par plaques. Celte écorce est lisse, d'un gris très cendré sur les Jeunes branches. En Lerbier, les jeunes rameaux prennent une teinte rouge foncé très prononcée ; les branches restent gris cendré. Aucunement renseigné sur l'E. Moluccana. En PARENE" il est difficile de se prononcer sur l'identité de ces espèces : E. alba, Moluccana, Decaisneana, etc., etc., qui semblent être d’origine extra-australienne, avec une autre du sud de la Nouvelle-Guinée, dont on ne connaît que les feuilles fort semblables à celle de l'E. alba. Mais cet E. alba aurait encore une curieuse-synonymie de nature à expliquer la confusion qui se serait produite à propos du Niaouli, que certains voyageurs et quelques-uns de nos eucalyptologues pratiques prétendaient être, à première vue; un Eucalyptus. Nous avons essayé de démontrer dans le Bul- letin de la Société d’Acclimatation (n° 10, octobre 1882 et suivants) quelle pouvait être la véritable nomenclature du Niaouli Melaleuca viridiflora Gaertner, et les rapports de cette espèce avec un groupe de Melaleuca, le M. leucaden- dron, pris pour type. Or le D'Scheffer dit qu’en raison de son écorce blanche, les Malais appellent aussi Caju-puti cet Eucalyptus alba, auquel ils reconnaissent les mêmes pro- priétés médicinales que celles attribuées aux Melaleuca leu- cadendron, Caju-puti, etc., etc.; de là une dénomination autre, mais synonymique, Bucolypius io (Rein- wardt). Cet ensemble de faits, d'observations, ar bien qu’on se trouve en présence d’un groupe d’Eucalyptus dont le centre d’existence naturelle paraît être, par exception, con- centré dans les terres à végétation luxuriante de l’archipel de la Sonde, de la mer de Java, des Moluques, etc., etc. De ià l'intérêt de les implanter au Gabon. Mais, si les observations que nous avons présentées sur le VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 93 rôle très incertain joué par les Eucalyptus, au point de vue salubréfiant, étaient prises en considération, nous ajouterions alors qu’il serait plus logique d'emprunter pour le Gabon, à la flore des régions soudaniennes du Sud-Ouest, les grands arborescents originaires de ces pays. Ges arbres rempliraient sûrement dans l’atmosphère les qualités attribuées à tous les grands végétaux, et ils donneraient en plus, avec toutes les qualités hygiéniques reconnues aux arbres, l'assurance d’un avenir bien certain. | la : Quoiqu'il résulte des expériences du professeur Tommasi Crudeli que les causes des malarias sont encore bien incon- nues, s’il fallait cependant circonscrire ces cuvettes, ces bas-fonds marécageux du Gabon par une ceinture de végéta- tion, qui aurait pour double effet d’entraver l’action directe du soleil sur ces eaux stagnantes, et ensuite de les absorber, ce ne serait certes pas aux Myrtacées, comme l’Eucalyptus, que nous aurions recours tout d'abord, surtout sous ces lati- ‘tudes et dans ces conditions particulières de sol et de climat. Ce serait aux régions basses de l’Asie orientale, aux marais de l’Inde, au Bengale, aux grandes îles de l’archipel indien et de l'Atlantique équatorial, aux plaines chaudes du Brésil, etc., que nous demanderions .ces gigantesques végétaux qu’on nomme les Bambous, dont les hautes tiges, de 30 à 40 mètres de haut, chargées d’un abondant feuillage, se balancent dans l'atmosphère en formant d'immenses dômes de verdure. Comme moyen de dessèchement, il n’est pas de végétaux doués d’un pouvoir plus absorbant que les Bambusées ; cela est dû à leur végétation rapide, la plus accentuée sans doute * que lon ait constatée jusqu’à ce jour, car il ressort de nos expériences du Jardin d'essai d'Alger que le Bambusa ma- croculmis, au moment de son élongation, pousse à raison de 0",27 par vingt-quatre heures. La dimension en diamètre est acquise en même temps, et elle atteint souvent de 0",18 à 0",25 de diamètre. 24 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Dans les Bambusées, le genre Bambusa fournit donc ces énormes touffes cespiteuses qui émettent les chaumes ligneux dont nous venons de donner les dimensions extraordinaires ; mais à côté de ce genre, dans la même famille, figure une autre série de Bambous, appartenant au genre Phyllostachys, dont les espèces nombreuses ont pour caractère principal un rhizome traçant ou tige souterraine souvent très ramifée, et qui s’étend dans les eaux, dans les vases, les boues, au milieu des autres végétations, en produisant sur tout son parcours de très fortes tiges dont la pousse est tellement accusée, qu’elle atteint plus de 0°,50 par vingi-quatre heures (Phyllostachys mitis). On trouverait sûrement dans toutes ces Phyllostachyées du sud de la Chine, du Japon et de la Cochinchine, des végé- taux précieux. | Mais ces grandes divisions que nous venons de tracer ne suffisent pas à déterminer la nature des,essais de Bambusées qui devraient être entrepris sur les.bords marécageux de ces grandes dépressions du Gabon; il convient donc de préciser, en les maintenant dans leur classification botanique, les es- pèces dont l’importation des lieux d’origine que nous allons citer formerait un ensemble de végétaux appelés à des résul- tats peut-être très pratiques. Le choix doit se porter naturellement sur les grandes es- pèces, à rapides végétations, utiles au point de vue écono- mique, et, par ces raisons mêmes, laisser de côté toute cette série de Bambusées intéressantes qui, quoique originaires de climatures fort analogues à celles du Gabon, ont des carac- tères particuliers les faisant écarter dans le cas actuel; telles sont les nombreuses espèces flexueuses ou grimpantes, crois- sant ordinairement avec luxuriance dans les bas-fonds chauds et humides. Cette simple énumération comprend la SE scientifique, cependant sans sa synonymie malheureusement trop complexe, très souvent la hauteur de développement de l'espèce, le pays d’origine. VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. ! 95 GENRE. ARUNDINARIA.. . AEUA ia verticillata Nees. Hauteur, 3 à 4 mètres. Brésil. A. Kookeriana Munro. Hauteur, 3 à 4 mètres. Sikkim. GENRE ARTHROSTYLIDIUM. Arthrostylidium Schomburgkii Munuro. Hauteur, 15 à 18 mètres. Guyane. A. pubescens Rupreche Iles Caraïbes, la Trinitad, Vénézuela. A. Cubense, Ruprecht. Cuba, la Havane. GENRE MEROSTACHYS. Merostachys ternata Nees. Hauteur, 6 mètres. Brésil, province Saint- Paul, Rio de Janeiro, Minas-Geraes. GENRE CHUSQUEA. Chusquea uniflora Steud. Hauteur, 6 mètres. Nouvelle-Grenade, Équateur, Quito, les Andes. GENRE NASTUS.. Nastus Borbonicus Gmel. Hauteur, 15 mètres. lle Bourbon, Mada- gascar, Sumatra. GENRE GUADUA. Guadua Tagoara Kunth. Hauteur, 6 à 7 mètres. Brésil. — latifolia Kunth. Hauteur, 7 mètres. Brésil (Rio HET Tri- nitad, Vénézuela. = Mmacrostachya, Rupr. Hauteur, 6 à 7 mètres. Guyane française, Brésil (Para, Santarem). — angustifolia Kunth. Hauteur, 9 à 10 mètres. Nouvelle-Grenade (Andes), Équateur (Quito), Pérou (Lima). — refracta Munro. Hauteur, 3 à 9 mètres. Brésil tropical (Goyaz). — paniculata Munro. Hauteur, 6 à 9 mètres. Brésil tropical (Goyaz, Pernambuco). GENRE BAMBUSA. Bambusa Tulda Roxb. Hauteur, 6 à 21 mètres. Indes orientales (Ben- gale). — pallida Munro: Hauteur, 15 mètres. Indes orientales (Bengale), — polymorpha Munro. Hauteur, 18 à 24 mètres. Indes orien- tales (Martaban, Pegu, Rangoon). . — balcooa Roxb. Hauteur, 15 à 21 mèêtres: Indes orientales (Bengale). — | spinosa Roxb. Hauteur, 9, 15, 30 mètres: Indes orientales (Bengale, Calcutta, Assam, .etc.).!! 26 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Bambusa vulgaris Wendl. Hauteur, 6, 9, 15 mètres. Indes, Java, îles Maurice, Bourbon, Sainte-Hélène, Madagascar, Jamaïque, Trinitad, Saint-Domingue, Bermudes, Guyane française, Pérou, Mexique, Brésil. | L'& — Brandisii Munro. Hauteur, 36 mètres. Indes orientales. — Regia Thomson. Hauteur, 12 mètres. Indes orientales (Te- nasserim). . — fera Miq. Hauteur, 9 mètres. Amboine. — _maxima Poir. Hauteur, 24 à 30 mètres. Amboine, Java. — vasaria Munro. Hauteur, 15 mètres. Amboine, Moluques, Java. GENRE GIGANTOCHLOA. Gigantochloa verticillata Munro. Hauteur, 24 à 30 mètres. Java (Bui- tenzorg). = ater Kurtz. Hauteur, 12 mètres. Java (Buitenzorg). — heterostachya Munro.-Hauteur, 9 mètres. Malacca. GENRE OXYTENANTHERA. Oxytenanthera nigro-ciliata Munro. Hauteur, 9 à 12 mètres. Indes - orientales (Tenasserim, Martaban, Madras, Sumatra, Java). GENRE MELOCANNA. Melocanna bambusoides Trin. Hauteur, 15 à 21 mêtres. Indes orien- tales (Chittagong), îles Bourbon, Maurice, etc. GENRE CEPHALOSTACHYUM. Cephalostachyum capitatum Munro. Hauteur, 3 à 9 mêtres. [Indes orientales. n — pergracile Munro. Hauteur, 12",20. Indes orientales (Tenasserim, Rangoon). GENRE BEESHA. Beesha capitata Munro. Hauteur, 15 mètres. Madagascar, île Nossi-bé, Nossi-Camba. GENRE DENDROCALAMUS. Dendrocalamus strictus Nees. Hauteur, 2 à 3 mètres Indes orientales, en grand nombre de localités. — … giganteus Munro. Tige très élevée, Pulo, Penang, Te- nasserim. — Hamiltonii Nees et Arnott. Hauteur, 12 à°18 mètres. Indes orientales, en grand nombre de localités. (Voyez, pour plus de détails, les articles des Bullelins de 1878, Les BAMBOUS, par A. et Ch. Rivière.) : NÉGÉTATION ASSAINISSANTE. : 97 * Dès’ les premières tentatives, on déterminerait bien vite, au milieu d’une quarantaine d’espèces ci-dessus indiquées, quelles seraient celles destinées à jouer un rôle prépondérant dans cette grande œuvre d’assainissement; mais auparavant, il conviendrait de créer un champ de multiplication ou de propagation, car il est certain que les plantes importées ne réussiraient pas si elles étaient mises en place fixe dès leur arrivée, et livrées à elles-mêmes après un voyage qui altère ordinairement les facultés vitales des végétaux. Nous avons constaté bon nombre de fois, dans nos applica- tions pratiques, le pouvoir asséchant des Bambous, dans dif- férentes plantations qui, peu de temps après d’abondantes irrigations, ne présentaient, au milieu d’un véritable tissu de racines, qu’une terre sèche et poudreuse. Par cet assèchement du sol, par ce feutrage de racines, on en change entièrement le‘caractère palustre, et, suivant les conclusions du professeur Tommasi Crudeli, on élimine en partie les principales causes favorables au développement des ferments dangereux, c’est-à-dire l'humidité et l’action directe du soleil et souvent de l’air sur un sol chargé de principes morbides. | Toute la théorie de l’assainissement est là. Avec les Bambusées, on éviterait peut-être le défrichement préalable: elles peuvent se planter en fortes touffes, par sec- tionnement de rhizomes, et sous les climats chauds et humides, tel est le cas, la bouture par fronçonnement du chaume ra- mifié est une opération dont la réussite est aussi certaine que celle du Saule, de l'Osier, du Peuplier, etc., et autres végé- taux reconnus faciles à l’enracinement dans nos contrées tempérées, et que, bien à tort, dans un envoi de renseigne- ments sur la même question, on a cru devoir préconiser pour le Gabon, oubliant sûrement la position géographique et le climat particulier à cette côte équatoriale de l'Atlantique. La multiplication du Bambou par éclat de souches, quelle que soit la dimension de cet éclat, mais surtout si elle est volumineuse, réussirait encore parfaitement en plantation directe, sous de telles latitudes; elle seraitmême de nature à 28 SOCIÉTÉ : NATIONALE D'ACCLIMATATION. s'imposer, à se faire une place au milieu de la végétation spontanée si vivace sur ces bords marécageux. | Le Ministère de la Marine, qui peut si facilement emprunter aux contrées signalées les végétaux dont il est ici question, ne reculera certainement pas devant toutes les tentatives ayant pour but l'amélioration des conditions hygiéniques du Gabon, un de ces avant-postes de notre action future ec ces immenses régions de l'Afrique FRRIES OBSERVATIONS SUR L'INTÉRÊT QUE PRÉSENTERAIT L'ACCLIMATATION DE L'EUCALYPTUS GLOBULUS AU GABON Par M. E. COSSON M. Rivière a, vous le savez, fait paraître dans le Bulletin de la Société un travail important sur les Bambusées, mais je crois que M. Rivière sacrifie un peu trop à l’amour-propre d'auteur en faisant intervenir les Bambusées dans une ques- tion où elles ne me paraissent pas devoirtrouver place, et en niant les avantages que présenteraient les plantations d'Euca- lyptus pour se des terrains Ho au Gabon. - L'Eucalyptus, et sous ce nom je désigne, avec tout le monde, spécialement l’'Eucalyptus globulus, dont l’in- fluence sur l'assainissement des localités humides où maré- ‘cageuses a été des mieux constatée, est la seule espèce du ‘grand genre Eucalyplus qui soit plantée par milliers d’im- dividus, dans le midi de la France, en Corse, en Espagne, en Portugal, en Algérie, en Égypte, au Sénégal, à Madagas- ar, à Mayotte, à la Réunion, au Cap, dans l’Inde, dans la Nouvelle-Calédonie, à Taïti, à la Guadeloupe, dans la Guyane, etc. M. Ramel, qui en a été l’importateur, et qui a . NÉGÉTATION ASSAINISSANTE.: 929 été un véritable bienfaiteur de l’humanité par l'impulsion qu’il a donnée au développement de la culture de cet arbre précieux,-s’exagérait peut-être l'influence directe de ses éma- nations balsamiques sur la salubrité des pays où sa planta- tion a été faite en grand ; mais il est impossible de nier l’action puissante pour l'assainissement des lieux humides de cet arbre merveilleux qui, entre la quinzième et la vingtième année, si le sol lui convient, atteint de 20 à 25 mètres de hauteur sur 2" 50 à 3 mètres de circonférence et fournit des produits forestiers trois fois plus abondants que des Chènes du même âge. L'Eucalyptus, qui, par la rapidité de sa croissance, riva- lise avec le Saule et le Peuplier, bien que son bois soit plus dur que celui du Chêne, par sa végétation continue pendant toute l’année, par l’abondance et les dimensions de son feuil- lage persistant, par le développement de sa cime, offre le con- cours des conditions les plus favorables, par l’assèchement qu’il produit même en hiver, pour empêcher la stagnation deseaux dans les dépressions, dont le desséchement pendant la saison chaude est au Gabon une cause redoutable d’insalu- brité. Il n’ya pas d’arbre à feuilles caduques qui puisse exer- cer uneinfluence aussi active sur l’assainissement du sol. C’est en grande partie à l'importance qu’a prise sa plantation dans la région méditerranéenne de l'Algérie qu'est due l’heureuse modification au point de vue de la salubrité, de nombreuses localités marécageuses et autrefois malsaines. Boufarik, pour me borner à cet exemple bien connu, était un véritable foyer de pestilence ; plusieurs immigrations successives de co- lons y avaient succombé avant que la population püût s’y éta- blir. Maintenant, grâce aux plantations, dans lesquelles l’Eu- calyptus lient une large place, cette ville, dont le séjour était presque mortel, est devenue un centre important de popula- tion, les enfants s’y élèvent à merveille et l’état sanitaire y est plus satisfaisant que dans nombre de villes de la France. Les plantations d’arbres sont, je le répète, un des moyens d'assainissement les plus puissants surtout lorsque ces arbres joignent à l’incontestable avantage d’une rapide croissance, celui d’une végétation continue; aussi, loin de détourner le 90 SOCIÉTÉ. NATIONALE D’ACCLIMATATION. gouvernement de l'introduction de l'Eucalyptus au Gabon, faut-il, au contraire, exprimer le vœu que son acclimatation y soit tentée, et, si.elle réussit, comme cela est plus que pro- bable, elle ne peut y exercer que l'influence la plus utile. En plantant en Bambous, comme le propose M. Rivière, les terrains, marécageux. d’une contrée aussi chaude que le Gabon, ces Bambous, qu'ils appartiennent à à des espèces naines ou on donneraient naissance à un lacis de racines, à un véritable feutrage qui, en s’imprégnant d’eau, serait une source de décomposition presque incessante. Les marécages qui, au Gabon, se dessèchent assez rapidement pour atiénuer le danger de leur voisinage, deviendraient dans les conditions nouvelles qu’y créeraient les Bambous, comme nos marais tourbeux qui se dessèchent lentement, des causes d'infection paludéenne, par la décomposition des matières végétales et animales qu’y produiraient les moin- dres variations du niveau de l’eau. Je ne nie pas, toute- fois, que les Bambous puissent être avantageusement intro- duits au Gabon sur quelques points, mais, en y donnant une grande extension à leur plantation dans les lieux marécageux, loin d’assainir le pays, on y créerait des causes nouvelles d'infection. Les marécages couverts de Bambous seraient aussi insalubres que le sont lesrizières dans le nord de l'Italie et dans les autres contrées où le Riz est cultivé en grand, et qui toules, en raison des alternatives de submersion et de desséchement du sol, sont exposées à des fièvres pans redoutables. NÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 31. OBSERVATIONS DE M. MICHON AU SUJET DU MÉMOIRE DE M. RIVIÈRE M. Michon: Je demande la parole.à propos du procès- verbal. Messieurs, vous avez entendu avec beaucoup d'intérêt à la dernière séance la lecture du mémoire de M. Rivière : les renseignements qu’il donne sur la multiplication, sur la planta- tion et sur l’acclimatation de l’Eucalyptus ont une valeur d’au- tant plus grande, qu’ils l'empruntent à la haute compétence de.M Rivière. Mais vous avez entendu aussi avec non moins d'intérêt les réserves faites par M. Cosson sur la partie du mémoire qui, concerne l'assainissement par l’Eucalyptus. Je ne veux pas revenir sur les réserves qui ont été présentées d'une façon si autorisée par M. Cosson. Je crois que, dans ces questions, il importe surtout de donner des faits précis pour répondre à des faits ou erronés, ou mal étudiés, et, par con- séquent, je vous demanderai la permission de, signaler quel- ques expériences dont j’ai été témoin.et dont j'ai pu constater les résultats. Je vous signalerai d’abord, dans le mémoire de M. Rivière, je ne voudrais pas dire une inconséquence, mais peut-être un manque de rigueur scientifique. Ainsi M. Ri- vière nie le rôle assainissant de l'Eucalyptus; puis ensuite 1l conclut que, puisque l'Eucalyptus assainit par sa végétation rapide, il faut planter d’autres espèces à végétation non moins rapide; et il propose de substituer aux Myrtacées les Bambusées. Le raisonnement ne me parait pas absolument rigoureux, et si l’Eucalyptus, comme je le crois et comme beaucoup d'exemples tendent à le démontrer, a une action assainissante, il est certes bon de rechercher comment cette action se produit, mais il est encore plus urgent, après avoir constaté qu’elle se produit, de s’en servir, M. Rivières’appuie, 32 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. dans la partie de son mémoire sur l'hygiène, pour constater les effets d'assainissement de l’Eucalyptus, sur l’opinion d’un membre du parlement italien. Je crois qu’absolument absorbé par le point de vue scientifique, M: Rivière ne s’est pas douté qu'il y avait là une question politique. Le gouvernement italien, frappé des résultats véritablement extraordinaires oh- tenus aux Trois-Fontaines par les Chartreux, dans l’assainis- sement de la plaine romaine par les plantations d'Eucalyptus, a présenté une loi, et je dirai une loi draconnienne, qui oblige les propriétaires à assainir, même malgré eux, et qui décréte- rait volontiers l’expropriation « d'utilité hygiénique ». M .Tom- masi Crudeli a voulu combattre cette loi, et alors, pour la combattre plus efficacement, il a déclaré que l’Eucalyptus n’assainissait pas, et, se fondant sur des observations faites en Australie même où des fièvres se sont développées dans une région plantée d'Eucalyptus, il a voulu entraîner l’assenti- ment de la Chambre en disant que l’Eucalyptus était une des causes de fièvre. Voilà comme la question a été posée par un membre du parlement italien. Il a été réfuté par un savant aujourd’hui ministre de l'instruction publique, M. Baccelli qui a suivi longtemps en France les cours de nos maîtres tels que Claude Bernard, M. Pasteur. M. Tommasi Crudeli, dans son attaque contre l’Eucalyptus, dit qu’il y a eu des fièvres en 1881 et 1882 dans la propriété des Trois-Fontaines, et que c’est la condamnation de l'Eucalvptus. Ce n’est pas une démonstration bien rigoureuse, puisque personne n’a jamais dit que l’Eucalyptus était un préservatif infaillible de la fièvre. Peut-être s'est-il produit, dans la localité, certaines causes passagères qui ont pu développer une épidémie. Il n’y a pas là un argument scientifique contre la propriété assai- nissante de l’Eucalyptus. Après avoir contribué aux grandes plantations d’Euca- lyptus qui ont été faites dans la province de Bône aux mines de Mokta, M. Rivière vient confesser que, malgré tous les travaux qui ont été faits dans ce sens, l’Eucalyptus n’a pas assaini les mines de Mokta. J'avoue que j'ai été très surpris de cette asserlion, parce qu’il y a deux ans j'ai visité avec VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 39 l'ingénieur les mines de Mokta. Celui-ci m’a montré toutes ces rues bordées d’Eucalyptus de douze, quinze ans, qui sont hauts comme les platanes de la grande avenue du Luxem- bourg, et il m'a dit : « Depuis que nous avons fait ces plan- tations, il n’y a presque plus de fièvres. » Il n’a pas dit : Il n°y a plus de fièvres, il a dit : Il n’y a presque plus de fièvres. Je lui ai posé la question : «Même cette année? » Il m'a répondu: « Même cette année. » Or on avait commencé le desséchement du lac Fetzara; par conséquent, il y avait là une cause tou- jours puissante de production de fièvre. En relisant attentive- ment la communication de M. Rivière, je me suis aperçu qu'il ne niait pas que les fièvres eussent beaucoup diminué à Mokta, mais qu’il attribuait l’assainissement du pays à une autre cause, à savoir qu'une partie des ouvriers s’en allaient Je soir à Bône et en revenaient le matin. Bône est à 18 kilo- mètres, par le chemin de fer, de Mokta. Mais cette prome- nade avant et après le coucher du soleil, dans un pays où existe la fièvre serait plutôl une cause de production de fièvre qu'une bonne mesure hygiénique. M. Rivière à omis de rap- peler que le chemin de fer que prenaient ces ouvriers pour aller à Bône, était bordé de trois rangs d’Eucalyptus. Un ancien ingénieur de Bône que j'ai retrouvé en Corse ingé- nieur en chef, M. Dubois, était tellement persuadé que l'Eucalyptus avait assaini Mokta et ses environs, que, lorsqu'il était chargé des chemins de fer de la Corse, il avait proposé d’exproprier suffisamment de terrain pour border toute la ligne ferrée d’une triple rangée d’Eucalyptus. Cette opinion de M. Dubois, qui était compétent puisqu'il avait été long- temps à Bône, m’amène à vous parler naturellement de ce que j'ai vu en Corse. Voici les deux exemples que j’ai con- statés à mon premier voyage, il y a deux ans, que j'ai revus cette année. Dans une grande propriété sur la côte orientale dans l’en- droit réputé le plus malsain, près d’Aléria et du pénitencier de Casabianca, le général Stefani possède une grande pro- priété où il a commencédes plantations de Vigne. Il à com- mencé aussi à semer des prairies dans une grande vallée qui 4e SÉRIE, T, II. — Janvier 1885. 34 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. était marécageuse et qui passait pour très malsaine. Le fait est que le garde de sa propriété refusait d'y rester l'été, et que, quand il avait trouvé quelque homme plus courageux, celui-là était comme les autres obligé de partir bientôt à cause de la fièvre. Le général Stefani ayant entendu parler de l’effet assainissant de l’Eucalyptus, fit planter devant la mai- son du garde un petit bosquet de 200 à 300 Eucalyptus qui existent toujours. Il a trouvé un garde qui reste depuis quatre ou cinq ans; le garde n’a pas eu la fièvre; jusqu’à l’année dernière, aucun de ses enfants n’a pris la fièvre, cependant je dois dire, parce que l’expérience doit être donnée sous toutes ses faces, que, cette année, la femme du garde a eu quelques atteintes de fièvre. Mais enfin, d’un côté, il y a une maison qui était absolument inhabitable, de l’autre, la possi- bilité de l’habiter pendant plusieurs années, sans que la fièvre décimât, comme elle le faisait auparavant, la popula- tion sédentaire. Le long du ruisseau, le général Stefani a fait également une plantation de 4 à 500 Eucalyptus; cette année, il a été obligé, au mois de juillet, de faire venir des ouvriers de la montagne, non acclimatés, pour donner une façon à ses vignes; il a eu, pendant quinze jours, 20 à 30 ouvriers, aucun n’a pris la fièvre. Est-ce à dire qu’il n’y a plus de fièvre ni possibilité de fièvre dans le pays? Non. Au moment de la vendange, personne n’a été atteint, excepté une ordonnance du général. J’ai été assez heureux pour couper cette fièvre du premier coup, il y a deux mois, avec du bon sulfate de quinine. Voilà le premier exemple. Le second vient d’un des pays les plus malsains de la côte orientale. [1 y a une petite localité, Solenzara, où l’on avait établi une grande usine pour les aciers Martin. Au début de l'établissement de l’usine, toute la population du voisinage de Solenzara avait l'habitude, pendant les quatre mois d'été, de la fin de juillet au mois de novembre, de quitter le pays. Jl y avait, à l'embouchure de la rivière, un petit marais où il y avait mélange des eaux douces et des eaux salées. Ce marais LE] VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 39 a été acheté par un des actionnaires importants de l’industrie des aciers, qui y a planté des Eucalyptus. Il y a aujourd'hui 60 ares plantés d’Eucalyptus de 15, 19, 9, 5 et 4 ans, qui viennent bien : mais le fait principal, c’est qu'il n’y a plus de fièvre à Solenzara, que toute la population et les enfants ont une mine de prospérité, et que personne ne songe plus à émigrer, que même, me disait un des représentants de M. Lutcher, qui a fait cette expérience d'hygiène, on venait des endroits infestés pour respirer le bon air à Solenzara. Maintenant comment l’Eucalyptus assainit-il? Il y a là une question très importante. M. Rivière ne veut pas croire que l'odeur de cette Myrtacée et les émanations qu’elle répand dans l’atmosphère puissent détruire toutes les bactéries ou même les bacilles (je suis de son avis); mais il croit que c’est en détruisant l'humidité. C’est possible. Quoi qu’il en soit, voilà des faits qui méritent d’être inscrits à côté des négations de M. Rivière. Dans le discours de M. Tommasi Crudeli ces négations ne sont qu’une arme politique pour la discussion du parlement italien. M. le Secrélaire Geoffroy Saint-Hilaire: Pendant que J'écoutais la communication de M. Michon, M. l’Agent général me remettait une lettre qui est justement du Révérend Frère Gildas de Saint-Paul-Trois-Fontaines à Rome, qui nous donne des renseignements que j'ai à peine lus, mais qui me paraissent absolument concordants avec ceux que M. Michon vient de donner; si M. Michon veut compléter son affirmation en lisant la lettre et les déclarations du frère Gildas ?.… M. Michon : Je suis heureux de trouver une telle confirma- tion de ce que je vous disais. Voici la lettre du frère Gildas. « Saint-Paul-Trois-Fontaines, près Rome, le 12 février 1884. » MONSIEUR LE PRÉSIDENT, » Il paraît, d’après votre très honorée lettre du 95 janvier. que l’auteur du Mémoire adressé à la Société d’Acclimatation, et qui s’est fait l'écho d’une allégation de l’honorable député Tommasi Crudeli, n’y fait aucune mention de la réfutation 36 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. victorieuse qui en a été faite sur-le-champ, en pleine Chambre, par S. Exc. M. le Président des ministres pti. par me le ministre Baccelli et M. Bonacci. » M. le député Tommasi Crudeli s’est fait le dti du parti qui combat les mesures prises par le gouvernement ila- lien pour l’assainissement de l’Agro Romano, et, bien qu’il soit très instruit, les préventions l’ont, je crois, un peu aveu- olé. Il a aussi été très préoccupé de notre qualité de religieux et surtout de Français, bien que nous ayons, comme il le dit, un sujet italien très distingué pour abbé. » Pour vous mettre mieux à même de juger l’état de la ques- tion, je vous envoie par la poste les documents authentiques (1); je me contenterai d’y ajouter une remarque très importante qui a été oubliée dans la réfutation, et un fait qui a été inséré dans les journaux, principalement dans le Popolo Romano. » D'abord la terre qui nous a été concédée en emphytéose perpétuelle a une étendue plus considérable en longueur qu’en largeur. Notre établissement, dont une portion est occupée par une partie des forçats, se trouve presque sur la limite la plus rapprochée de Rome, et le bagne nouveau de Ponte Buttero se trouve presque à l’autre extrémité. La partie qui avoisine nos bâtiments est cultivée depuis plusieurs années et couverte d'Eucalyptus; c’est naturellement la partie .la plus saine et c’est celle-là que l'on a en vue ordinairement quand on parle de l'assainissement des Trois-Fontaines. Au Ponte Buttero on a fait depuis deux ans de grands mouve- ments.de terre et c’est là qu’il y a eu plus de fièvres; c’est ce qui devait nécessairement avoir lieu. » Ensuite le fait que je veux vous citer est la visite d’un médecin envoyé exprès par le syndic de Rome, que les allé- ogations de M. Tommasi Crudeli avaient un peu ému et qui voulait s’assurer de la vérité des faits. Le médecin arrive un dimanche à huit heures à l’improviste et fait le tour du dor- toir, pas un malade; il demande à voir l’infirmerie, même déception, si toutefois déception il y avait. Il va visiter ensuite (1) Ces documents sont déposés dans les Archives de la Société. VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. ou les condamnés qui habitent dans le monastère, il n’y a pas un malade non plus. Je ne me rappelle pas s’il est allé à Ponte Buttero. | » Voilà, Monsieur le Président, les deux remarques que je désirais vous faire pour vous mettre mieux à même de con- naître exactement les faits en question; vous penserez ce que vous jugerez à propos sur les allégations de M. Tommasi Crudeli; je voudrais qu’elles fussent toutes vraies, à l'excep- tion toutefois de cette fameuse concentration des fièvres sur un point unique, en 1882, les Trois-Fontaines, et tout juste- ment parce que nous sommes religieux, Français surtout, et parce que nous y avons fait des plantations d’Eucalyptus qui réussissent trop bien au gré de certains esprits. » Je vous prie d’agréer, Monsieur et très honoré Président, cette réponse comme un témoignage de mon respect pour . votre personne, de mon attachement pour la Société d’Accli- matation et aussi de mon dévouement à la cause de l’assainis- sement de l’Agro Romano. » J'ai l'honneur d’être, etc. » FR. GILDAS. » M. le Président : Nous remercions M. Michon de sa très intéressante communication. Je crois que cela attirera l’atten- tion encore davantage sur les avantages plus ou moins reconnus déjà des Eucalyptus, etce sera nécessairement une bonne chose. M. Barrau de Muratel : Je demande à ajouter un exemple à ceux qu'a donnés M. Michon tout à l'heure. Je ne m’en porte pas garant parce que je ne l'ai pas vérifié par moi-même. Ce serait facile. Entre Narbonne et Perpignan, sur le chemin de fer du Midi, 1l y avait des stations infestées par la fièvre, à tel point que les chefs de gare et les cantonniers ne pouvaient y séjourner plus de quinze jours, trois semaines. Un ingénieur de la Compagnie m'a dit que, depuis plusieurs années, on avait fait des plantations d’Eucalyptus, et que maintenant les chefs de gare et les cantonniers y séjournaient parfaitement et que la fièvre avait disparu. M. le Président: C’est un fait à ajouter à ceux qui ont été signalés. 38 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ANNEXES AU MÉMOIRE SUR LES ESSAIS DE VÉGÉTATION ASSAINISSANTE AU GABON. Par M. Ch. RIVIÈRE, Quand j'ai adressé mon mémoire sur des essais d’assainis- sement au Gabon, j'avais pensé que cette étude, bien que n'étant pas d’abord destinée à notre Société, devait cepen- dant rentrer dans le cadre de ses publications. J'avais pres- senti aussi que mes doutes et mes recherches, et non des négations au sujet de certain rôle attribué aux Eucalyptus, pourraient porter atteinte à quelques illusions respectables ;. aussi avais-je prié M. l’Agent général de me retourner ce travail s’il n’était pas à la convenance du Comité de ré- daction. | J'accepte d’abord l'honneur qu'a bien voulu me faire la Société d’Acclimatation en prêtant à cette simple étude une aussi sérieuse attention, en provoquant une sorte d’enquête et les réponses de deux des membres les plus autorisés de notre associalion, puis, même après tant d’argumentation, je demande l’humble permission, non pas de retrancher une ligne de ce que j'ai avancé, mais de fournir des explications complémentaires. AU SUJET DES OBSERVATIONS DE M. LE DOCTEUR COSSON. Dans sa Note, M. le docteur Cosson manifeste une tendance bien accusée à produire une argumentation en opposition complète avec toutes nos conclusions. La haute autorité de notre honorable Vice-Président ne saurait cependant me soustraire à l'obligation absolue qui m’est faite de combattre l’ordre d’idées générales qu’il émet sur des questions rele- vant maintenant du domaine de la climatologie pratique. VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 39 Sur le premier paragraphe, je reconnais avec lui que j'ai publié, grâce au concours et à la largesse de la Société d’Ac- climatation à mon égard, un travail sur les Bambusées, mais que ni l’amour-propre d'auteur, ni un autre mobile ne m'ont détourné des études consciencieuses que dans ma situation de praticien je dois appliquer. Je regrette donc cette phrase acceptée par la Société d’Ac- climatation, et je la regrette surtout venant de M. le docteur Cosson. Ne cultivant pas le terrain des personnalités, je passe rapidement outre. En faisant intervenir les Bambusées dans cette question d'assainissement au Gabon, où M. Cosson pense qu’elles ne peuvent trouver place, je n’ai fait que d'émettre une opinion personnelle et basée que je défends opiniâtrément, comme je me défends énergiquement d’avoir nié l'intérêt qu'il y aurait de planter des Eucalyptus au Gabon, surtout après avoir même dressé la nomenclature de certaines espèces intéres- santes à yessayer. Mais dans le grand groupe des Eucalyptuis, il n'y a pour mon honorable contradicteur qu’une espèce, l'E. globulus, la personnification ou mieux la plus haute spécification du genre. C’est de l’avis de beaucoup une erreur très gravé, qui était fortement accréditée il y a dix-huit ou vingt ans, et ce serait encore la propager, malgré l’expérience et la pratique, que de conseiller d’une manière générale, la plantation de cet arbre sous toutes les latitudes, dans tous les climats et dans” tous les milieux. Il ressort de la série de nos expériences, en contradiction complète avec les hypothèses de M. Cosson, qu’on peut ad- mettre à priori, ce principe de climatologie appliquée, que j'appuie de beaucoup d’exemples, que l'E. globulus notam- ment et en général tout le genre Eucalyptus, craint le chmat équatorial constamment chaud et humide; de là le doute péel sur le rôle utilitaire de ces arbres au Gabon Aux assertions de M. Cosson, j’oppose les opinions con- traires nettement formulées de M. Naudin, notre savant col- & 40 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. lègue, botaniste renforcé de connaissances climatologiques des plus étendues, qui s'exprime en ces termes dans un im- portant Mémoire sur le genre Eucalyptus : «Considérés dans leur ensemble, les Eucalyptus sont des arbres de climats tempérés, chauds, où l’hiver est doux... Très peu d’entre eux s’accommodent du climat tropical, surtout s’il est hu- mide (1). » | L'Eucalyptus globulus, considéré pendant longtemps comme la panacée universelle dans les boisements, a produit par cet exclusivisme absolu, bien des mécomptes et des dé- boires, et, actuellement, en Algérie, cette espèce peut-être à tort trop délaissée dans certains cas, est sur le point de tom- ber dans l’oubli le plus profond. Pas trop de mots, mais beaucoup de faits, telest le système de discussion à employer en pareille occurrence. L'E. globulus, originaire des contrées faiblement tempé- rées de la Tasmanie, ne devait donner dans toute l'Algérie in- différemment et surtout dans toutes les parties intra-lropi- cales chaudes et humides où il a été essayé, que des demi- succès et des insuccès complets. En Égypte, sa végétation laisse beaucoup à désirer sous l'effet du Rhamsin et par la sécheresse du sous-sol. Au Sénégal, notre agent Pain, détaché de notre administra- tion et mort à la peine, me signalait toujours l'éducation dif- ficile de cette espèce, et comme en Égypte, une mortalité ‘instantanée sur des sujets à peine adultes. Pour nous rapprocher davantage d’une zone équatoriale qui offre, comme elimature, une grande analogie avec le Ga- bon, j'ai cilé les insuccès très réels de l'E. globulus dans les essais tentés à Java, dans les plaines des régions basses, par le docteur Scheffer, directeur du Jardin Botanique de Bui- tenzorg. Cet habile expérimentateur, reconnaissant bien vite que celle espèce n’était pas dans son centre de végétalion, eut l’ex- (1) Annales des sciences nalurelles, 1883. : NÉGÉTATION ASSAINISSANTE. A4 cellente idée de la remplacer par l'E. alba, plante de Timor, l'espèce d’Eucalyptus exceptionnellement originaire d’une contrée autre que l'Australie et paraissant être la seule s’avan- çant naturellement vers les climats chauds et humides. Voilà une véritable application de la science climatologique. C’est donc cette dernière espèce, £. alba, qu'après disser- tation assez étendue, je recherchai dans mon étude, en concluant ainsi à cause deses qualités : De là l'intérêt à l’'im- planter au Gabon. L'Algérie nous a offert un vaste champ d’expériences, et c’est certainement là qu’existent les plus grands boisements _par l’Eucalyptus, peut-être à cause de l’analogie climatologi- que, qu'à tort ou à raison on prétend reconnaitre entre ce pays et l'Australie. L'espèce £. globulus domine ‘sans doute encore dans les vieilles plantations ; elle est tout à fait écartée, on pourrait dire oubliée dans les nouvelles, en Algérie, où elle est remplacée avec succès par l'E. rostrala. . Comme Directeur du Jardin d'essai du Hamma, j'ai dû prendre une plus large part à la diffusion des Eucalyptus et au moins une tout aussi grande comme planteur direct de- puis dix-huit ans; peut-être en raison de ces titres, me sera- t-1l permis de donner ici très brièvement le résultat des prin- cipales conclusions, prises d’après nature, pour répondre à des assertions tout hypothétiques qui pouvaient être admissi- bles à une autre époque. L'E.globulus, pris à tort par M. Cosson, et suivant lui par tout le monde, comme le type du genre, est une espèce éxi- geante comme climat, craignant les extrêmes de chaleur, le moindre froid dans le jeune âge, aimantles bonnes terres profondes, nisèches, ni trop humides, et périssant aussi ra- pidement dans les sols constamment marécageux que dans ceux secs, quoique de bonne qualité. 1° Dans les essais du Hamma, l’éducation du jeune plant est très difficile dans les carrés chauds et humides, surtout si le premier printemps est ensoleillé ; le plant périt lentement. Le docteur Scheffer a observé le même fait dans les bas-fonds 42 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. de Java. On obtient, en Algérie, un bon résultat dans les cul- tures plus aérées. % En 1872, j'ai procédé à une plantation de 12 Hévitags d'Eucalyptus globulus sur nos terres de l’oued Sly, situées dans une petite vallée très chaude de Chélif, près d’Orléans- ville; cette plantation pouvait être arrosée. Terre profonde, bonne qualité, mais très sèche naturellement. J'avais déjà des doutes sérieux sur la résistance de l'E. glo- bulus dans ces contrées, el malgré une opposition assez vive queje rencontrai, on planta quelques grandes lignes de Red- gum déterminés sous les noms de Æ. rostrata et Stuartiana. Par une culture: soignée, des arrosements à l’eau courante de printemps et d'automne, la plantation lutta avantageuse- ment contre la chaleur exagérée de celte région pendant les premiers temps, et l’on obtint une végétation remarquable jusqu’à l’âge de quatre ans. Alors arrêt, lutte momentanée contre le climat, puis enfin, depuis quelques années, dépé- rissement complet malgré toutes les mesures culturales em- ployées. Ce massif d'Æ. globulus est destiné à disparaître de lui-même. Par contre, les lignes dE. Stuartiana et rostrata, sont d’une vigueur remarquable ainsi que les massifs Soie, voi- sins de la Smala, plantés quelques années après. La fièvre reste à l'état endémique à la Smala. : 8° Je passe à un autre exemple plus important, de nature à intéresser vivement la Société d’Acclimatation. Je regrette d’avoir encore à citer mes travaux et à sorlir ainsi de ma ré- serve habituelle, mais la révélation de ces vastes opérations sylvicoles s'impose dans le cas présent. La plantation des plaines chaudes de l’Habra a été faite en 1871-1872. Sur l’ordre du gros capitaliste Debrousse, je dus créer instantanément, au milieu des plaines presque maréca- geuses de l’Habra et de la Macta, un massif de 120 000 £. glo- bulus. L’assainissement était un prétexte, mais le but réel était la production rapide de bois propres aux traverses du chemin de fer qu’il projetait dans les Hauts-Plateaux pour l’exploitation de l’Alfa. M. Debrousse partageait cette idée, VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 43 “encore exprimée par M. Cosson, que ces arbres devaient at- teindre en peu de temps des dimensions considérables ; ce qui est vrai pour un arbre: isolé, ce qui ne l’est plus pour la plantation en massif. On voulut, exclusivement, l'E. globulus. Par nos méthodes très précises de culture les 190 000 arbres furent prêts en peu ‘de mois et expédiés du Hamma, dans des wagons à étagères, et déposés au centre de la plaine, après un trajet de 350 kilo- mètres, puis transportés dans des chariots spéciaux, à travers marais et broussailles, sur les lieux de plantations. Cette plante prouva dès le début son peu de résistance. Malgré mon opinion contraire, on planta les terres recouvertes de Salsolacées, dans la direction d’Arzew. Dix jours après, quarante mille avaient périsous l’action du sodium et du ma- -gnésium qui avaient envahi, par capillarité, les terres re- muées. En résumé, après douze ans de plantation, les globulus se comportent très mal sous ce climat trop chaud, et si dans le centre de la plaine, ils résistent encore, grâce à l’humidité du sous-sol, dans les parties hautes voisines de Pérégaux, où la couche d’alluvion est profonde et sèche, tous les gros mas- sifs de globulus ont disparu en totalité et sans exception, mal- gré des essais répétés avec entêtement. Par contre encore, les formes du Red-gum, et notamment de l'E. rostrata, présentent des développements gigantesques et une rusticité des plus remarquables. Je dois'ajouter que les agents, toujours soumis à l'influence du paludisme, ont maintenant comme au Mokta, la facilité de se rendre rapidemen! au bord dela mer, à AE par la voie ferrée. | 4 Un autre exemple est celui des pris dé la Mina. Py ai planté en 1873, un massif de 10 000 arbres; les pertes ont été nombreuses dans la période du jeune âge, et actuellement l’état général n’est pas florissant. 5° On pourrait multiplier ces exemples, en citant encore notre plantation de l’oueds Beshès, les quelques essais du lac Tonga près de la Calle, etc. 44 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 6° Les mêmes observations s'appliquent au lac Fetzara, sur les berges duquel le globulus se plail certainement, mais il cesse de vivre quand on s’approche des bords marécageux. L’'E. rostrata résiste beaucoup mieux dans ces conditions, pour ne citer que cette espèce. Inutile d'étendre ces exemples. On peut en conclure qu’il y a, en pratique, une erreur absolue de maintenir, encore à cette époque, une priorité exclusive à l'espèce globulus, qui, à l'épreuve, se signale par des exigences culturales d'éduca- tion et de milieu de nature à la supprimer entièrement des boisements utiles et économiques, du moins dans nos pays à chaleur accentuée. Je n’en parle pas comme plante de jardins et de parcs. Actuellement, cette espèce est abandonnée dans nos pépi- nières et dans celles du service forestier. Dans le dernier rap- port du Conservateur des forêts, en réponse à l'enquête gou- vernementale sur le boisement de l'Algérie, le globulus n’y joue même pas un rôle effacé, mais on signale l’opportunité d’avoir recours à d’autres espèces du genre Eucalyptus. Et c’est logique, en présence des résultats heureux donnés par la série des Red-gum, parmi lesquels se remarquent d’a- bord les E. rostrata, la variété à forme érigée, puis les £. colossea, viminalis, Stuartiana, etc. La plantation des gares de la voie ferrée de l’Est-Algérien, les routes de notre vignoble d’Amourah, dans le Haut-Chélif, la voie ferrée traversant la Medjerda en Tunisie, etc., etc., tous ces points à climat chaud, à terre sèche,se signalent par des exubérantes végétations de l'E. rostrata. Le globulus en est définitivement exclu. J’ai cru devoir signaler ces nouvelles expériences et ces in- téressants résultats acquis, non pas seulement pour répon- dre à M. Cosson, mais pour en informer notre Société d’Accli- malation, qui ne semble pas au courant de cette nouvelle évolution. Le rôle assainissant, en général, attribué à l'Eucalyptus, n'a jamais été nié par moi : je mels en doute un des termes VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 45 de l'assainissement, la suppression de l’action fébrigène par la seule présence de cet arbre. Et l’on a vu dans ma réponse à M. Michon que je n'étais pas seul à émettre cette idée. M: Cosson, pour faire appel, dit-il, à un exemple bien connu de moi, me cite Boufarick, autrefois foyer de pestilence, dé- cimant des immigrations successives de colons et actuellement localité très saine, grâce à des plantations où l'Eucalyptus tient une large place. Mon honorable collègue me permettra de lui dire bien res- pectueusement qu’il est mal servi par sa mémoire, en émet- tant un tel anachronisme dans l’histoire de ce centre de la Mitidja. Boufarick était assaini quand l’Eucalyptus, même globulus, n’était pas encore né en Algérie. - Sans avoir recours aux auteurs, je consulte de suite notre vénérable Président du Comice agricole d'Alger, le doyen de notre agriculture de la Mitidja, M. Chabasse, le premier mé- decin de l'administration civile à Boufarick, de 1849 à 1846, etdeses dires ilrésulte que, dès 1846, l'assainissement de Bou- farick était complet à l’aide de canaux de desséchement, de la culture du sol, de la connaissance de l’hygiène de ces con- trées, elc., etc. En 1850, l’état sanitaire était tout à fait assuré et n’avaitrien à envier à la situation actuelle. Voici, de plus, une observation personnelle. En 1868, aux premiers Jours de Janvier, on ne remarquait pas d'Eucalyptus à Boufarick, ni même dans les environs. Une petite exception pour M. Marès, à 8 ou 10 kilomètres de cette ville, possesseur de quelques pelits pieds à l'étude. Actuellement encore, le centre de Boufarick contient peu d'Eucalyptus. Les importantes plantations de cet arbre sont postérieures à 1870 et sont situées à des distances assez éloi- gnées. Mes doutes sur l’action particulièrement fébrifuge de ces arbres datent d’une visite à une de ces fermes entièrement entourées d’épais rideaux de ces grandes Myrtacées. Est-ce bien une hérésie culturale et climatologique de faire intervenir les Bambusées dans les plantations à exécuter sur les bords marécageux et malsains des dépressions du Gabon ? A6 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Comme M. Cosson, j'ai pensé que les puissantes végétations, les croissances rapides, les feuillages abondants, toujours verts et sans cesse renouvelés, étaient certainement des élé- ments d'action qui contribuaient à la modification avanta- veuse de l'état sanitaire, et c’est dans cet ordre d'idées que les Bambusées se sont fortement imposées d’elles-mêmes, surtoutdevant l'impossibilité matérielle d'introduire de prime abord des arbres quels qu’ils soient dans un tel milieu. La puissance massive des souches rhizomateuses des Bam- bous ou le caractère lrès traçant des rhizomes, et les déve- loppements extraordinaires de ces gros chaumes qui attei- gnent en quelques semaines 20 et 40 mètres de hauteur, ensuite les ramifications chargées de larges feuilles qui s’éta- lent dans l'atmosphère, en un mot cet ensemble de vitalité souterraine et aérienne, qui n’a pas n’égale, m'avait forcé, surtout après de nombreux essais, à utiliser les grands genres Bambusa, Gigantochloa et Dendrocalamus, parmi les Bambu- sées de haute taille et originaires de climats chauds et hu- mides. On ne peut assimiler, ainsi que le prétend M. Cosson, un marécage enserré par une ceinture dense et touffue de Bam- busées à une rizière du nord de l'Italie où les abaissements périodiques du niveau des eaux sur des surfaces entièrement découvertes paraissent être l’origine d’une insalubrité redou- table. J’ai herborisé assez de fois dans ces intéressants marais des bords de l’Adriatique pour connaître la question. On peut ajouter que même les plantations d'Eucalyptus sur les bords extrêmes de la rizière n’atténueraient que faiblement les effets de l’impaludisme. Le lac Fetzara, que j'ai cité, est un exemple bien concluant. C’est pour combattre ces effets fâcheux des alternances de niveau des eaux qui laissent exposées à toutes les influences météorologiques de si grandes surfaces morbigènes, que j'ai indiqué d’abord, et en première ligne, l’enserrement de la cuvette vaseuse par ces végétaux dont la nature particulière convient à ces milieux aqueux à température humide et au degré thermique accentué, VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 47 Loin de craindre le feutrage produit par le nombre infini de radicelles issues des souches massives de quelques Bambu- sées, ou les lacis inextricables des rhizomes des espèces cou- rantes, on doit au contraire reconnaître que ces milliers de bouches aspiratrices aux fonctions physiologiques complexes, modifieraient avantageusement la composition du sol malari- que, en lui enlevant progressivement les facteurs principaux du paludisme, le contact de l'air et l'humidité. La puissance d'absorption des Bambusées est telle que pen- dant l'hiver 1883, après de fortes pluies, des sondages exécu- tés au milieu de touffes de Bambusa macroculmis, une espèce céante, n’ont présenté, dans notre marais du Hamma, qu’une terre sèche et poudreuse. Pendant l'été, il convient de le rap- peler, une plantation de Bambous ne conserve guère la trace de l'irrigation quelques jours aprèsune submersion prolongée. À mon avis, c’est la plante à mettre en premier contact avec la nappe aqueuse ou boueuse; elle l’envahira en procédant de la circonférence au centre, la limitera d’abord, la réduira ensuite, s’opposera au déplacement des eaux par l’accumula- tion successive de ces agglomérations de rhizomes et de bases de chaumes qui forment des masses élevées, berges artifi- cielles sur lesquelles se développent en louffes compactes ces immenses végétations, véritables murailles de verdure. Alors, età ce moment seulement, Les grands arbres, les Eucalyptus alba, À bergiana, rostrata, elc., trouveront leur emploi, mais encore une fois, conseiller uniquement le globulus dans une contrée équatoriale, constamment baignée par la vapeur d’eau, en plein marécage, c’est un errement peut-être inconsidéré et imprudent, si l’on doit, au début, en attendre des résultats JOUE et entièrement bienfaisants, qu’une sérieuse expérience n’a encore confirmés nulle part. ‘ AU SUJET DES OBSERVATIONS DE M. LE DOCTEUR MICHON. Les observations présentées en termes si courtois et si bien- veillants par l’honorable M. Michon portent sur l’ensemble de mon travail, et aident dans certains cas à la recherche de la 48 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. vérité. Cependant je ne peux accepter l'étrange conclusion qu'au début il extrait de mon étude, et qu’il traduit non par une inconséquence, mais par un manque de rigueur scienti- fique. À mon avis, si J’avais écrit ce qu'il veut bien prétendre, mon mémoire serait simplement obscur et incompréhensible. Je recherche vainement, même par l’interversion de mes cha- pitres, l'explication de sa conclusion ainsi conçue : (M. Rivière nie le rôle assainissant de l’Eucalyptus, ensuite il conclut qu’il assainit par sa végétation rapide; qu’il faut planter d’autres espèces à végétation non moins rapide, et qu'il faut préférer les Bambusées aux Myrtacées. » Je renie de telles obscurités. Quand l’Autorilé supérieure m'a demandé une étude sur les plantations à tenter sur les bords des dépressions maréca- geuses au Gabon, elle pensait opérer avec des Eucalyptus, mais avec juste raison elle semblait reconnaîlre que l’Euca- lyptus globulus n’était peut-être pas l'espèce qui convenait à cette région. | Deux questions préoccupaient principalement : 1° La nature des espèces à planter; 2 Un autre mode de multiplication que celui en usage. Sur le premier point, ne discutant jamais avec parti pris à l'avance, il était logique que je restasse tout d’abord dans le cadre de la question posée. Il fallait rechercher les espèces d'Eucalyptus qui pouvaient s’adapter aux conditions difficiles inhérentes à l'emplacement désigné. De là deux termes à élucider : La nomenclature des espèces qui résisteraient sur des bords constamment humides; Ensuite celles dont la nature rustique supporterait des sé- cheresses prolongées si elles devaient border la périphérie souvent très aride, mais quelquefois inondée, de ces cuveltes. Cette double nomenclature, basée sur l’expérience, se trouve dressée dans mon mémoire. Le second point est une question toute de pratique et d’une importance capitale. L’Autorilé supérieure, dans sa sage pré- voyance, sait qu'on ne peut pénétrer sans danger au milieu de VNÉGÉTATION. ASSAINISSANTE. A9 celte. végétation très herbacée el luxuriante qui forme l’épaisse bordure de ces marais. Ce serait consacrer, peut-être en vain, des sommes considérables et sacrifier bien des existences que d'entreprendre le défrichement préalable de cette végétation spontanée pour la remplacer si chèrement par une importa- tion de végétaux nouveaux dont les résultats de toutes sortes sont encore incertains. Étant établi que le peut Eucalyptus de semis, à l’état de fil, de 0",30 à 0",40, puisqu'on ne peut Le planter plus fort, serait bientôt étouffé dans l’enchevêtrement inextricable de ces herbes, on avait cherché à tourner la difficulté et l’on avait pensé que la multiplication par boutures en forts plançons permettrait d'introduire un organisme déjà assez puissant pour lutter avantageusement contre cetle végétation naturelle si vi- vace et si rutilante. On voulait ainsi éviter les efforts très sé- rieux que nous avions dû faire au bord du lac Fetzara pour nous défendre contre l’envahissement des plantes palustres pourtant moins redoutables 1c1 qu’au Gabon. J’ai exposé en détail que le bouturage de l Eucalyptus traité comme un Saule ou un Peuplier était une impossibilité. Telle est la conclusion de mes chapitres Let IT. Mais ces points de détermination botanique des espèces à planter et de principes culturaux à appliquer une fois établis, il restait à émettre des considérations générales sur le choix même du genre. Le genre Eucalyptus, du moins dans l’ensemble des espèces connues, originaire de zones véritablement tempérées, pour- rait-il vivre, prospérer, donner économiquement des résultats utiles dans les contrées équatoriales chaudes et humides? Il est à craindre que non; mais l’étude fait découvrir quelques rares espèces, qui exceplionnellement ne paraissent pas ori- ginaires du continent australien et qui se plaisent à Java. Une certaine analogie de climat impose à priori l’essai bien -sérieux des espèces que j'ai signalées et qui ont déjà été l’objet de remarques intéressantes et pratiques dans les bas-fonds de l'ile de Java, alors que les autres espèces avaient succombé, notamment l’Eucalyptus globulus. 4 SÉRIE, T. Il. — Janvier 1885. 4 50 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Telle est encore la conclusion d’une partie de mon chapitre III ; il démontre mon désir de trouver dans ces grands arbres à puissante végétation les moyens, les éléments réels pour obtenir une action utile-et bienfaisante, maïs sans exclusivisme absolu, et prêt à prendre au Gabon les grands arborescents soudaniens, qui sont presque chez eux, s'ils doivent remplir le but recherché. Quant à l'exposé de l’autre partie de ce chapitre, il traite de ce rôle prêté à l'Eucalyptus d’être particulièrement assainis- sant, Ou, pour mieux préciser, fébrifuge et antimorbifique, rôle au sujet duquel, pour reprendre mon texte même, je n’émets, du moïns pour le mornent, aucune négation for- melle, maïs des doutes que je croïs utiles de faire naître, doutes basés sur des études personnelles, locales et perma- nentes, et non sur des racontars de bonne foi où l’on fait intervenir à tort la politique et la religion. Mon mémoire se trouve, en ce passage, singulièrement dé- naturé par les erreurs d'appréciation propres à M. Michon et au révérend frère Gildas. En citant les excellents travaux de M. le D' Tommasi Crudeli, professeur d’hygiène à Rome, je n’ai pas eu recours aux arguments invoqués au parlement italien de part et d'autre, par le D'Crudeli, député, et le minis- tre qui lui a répondu. On a tort d'introduire dans ce débat, commetopique absolu, des considérations étrangères qui n’ex- pliquent rien. Mais ceux qui voudront consulter les Archives italiennes de biologie (t. TE, fascicules 1 et 4), iront avec profit lés très intéressantes recherches et expériences du D' Tommasi Crudeli sur la provenance des ferments mala- riques et sur les théories probables et raisonnées de l’assai- nissement ; ils verront encore qu’il y a pour nous, appelés à combattre dans nos colonies tant de causes d'impaludisme, des déductions sensées à mettre en pratique. Les faits rapportés par l'honorable M. Michon relatant l’ac- tion fébrifuge imputée aux Eucalyptus en Corse, comme les ‘60 ‘ares rendant salubre toute nne région palustre, les ‘300 arbres modifiant entièrement. les conditions hygiéniques d’une habitation, etc., etc., et tous les nombreux racontages - VÉGÉTATION . ASSAINISSANTE... 01 analogues que nous possédons, ont besoin d’un contrôle sé- rieux. M. le D' Crudeli les réfute sur le territoire italien et ailleurs, et malheureusement j'ai dû, depuis longtemps, faire les mêmes constatations dans beaucoup de stations en Algérie. Comme lui, J'ai cité P’impaludisme permanent de l’exploi- tation minière du Mokta, sur le lac Fetzara, et pris cet exemple à cause de mon rôle actif dans les premières plantations de ces bords malsains. Mon mémoire très résumé maïs très expli- cite sur cette question proyoque la surprise de M. Michon, qui, .de sa visite, m'a pas rapporté les mêmes renseignements : : de ne peux lui dire publiquement pourquoi. … La meilleure hygiène des ouvriers du Mokta réside, je:le répète, dans leur déplacement nocturne y compris leur voyage d'aller et retour sur une ligne ferrée bordée par trois rangées d’Eucalyptus, dernier petit détail qu'on me reproche d’avoir omis. Mais en fait d’omission, faut-il rappeler à mon hono- rable collègue, sur le même sujet, et pour mémoire seule- ment, que dans l'enquête ignorée par moi qui se produisait à l’encontre de quelques lignes de mon étude en discus- sion, figure cependant une pièce d’une importance capitale dont il n’est nulle trace dans les critiques auxquelles je dois répondre. Cette pièce confirme nettement et. officiellement mes appréciations sur l’état insalubre et fébrigène du Mokta : elle émane de M. le D'Badour, médecin en chef de l'hôpital militaire de Bône ; elle est, insérée au procès-verbal de la séance du 29 février 1884 (p. 309). Les plantations d’Aïin-Mokra et du Mokta réunis qui sont contiguës, constituent les plus vastes boisements d'Eucalyptus . qui aient jamais été créés, c’est indéniable. Cependant ces deux localités, perdues dans les ombrages de ces grands ar- borescents, sont, d’après les expressions mêmes de M. le D: Badour, d’une insalubrité permanente et trop manifeste. Il cite les données précises qu'il a sur ce point. Les gendarmes sont tous malades et à chaque nouvelle inspection il les rem- place; les détenus militaires employés au Mokta et les zouaves qui les surveillent fournissent seuls les fiévreux de l'hôpital; enfin l’été dernier (1883) la proportion des ma- 92 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. lades était si grande, que le commandant a dû M le travail. La population civile d’Aïin-Mokra et nos agents, sur les vastes territoires qui sont, dans cette région, la propriété de notre administration, n’échappent pas à ces épreuves : je ne veux ni ne peux faire le pendant de la constatation de M. le D' Badour. On le reconnaîtra, débarrassées de politique, de religion, de gallophobie, il y a là une singulière coïncidence entre les observations du docteur italien pour la ferme des Trois-Fon- taines, et celles plus affirmativement officielles encore de M. le médecin en chef de l'hôpital de Bône au sujet de Mokta. De toutes mes explications il résulte, comme conclusion wénérale, que tout en reconnaissant le rôle utilitaire des ra- pides végétations, Eucalyptus ou autres grands arbres, dans cette question complexe de l’assainissement, je ne provoque des doutes que sur l’action véritablement fébrifuge attribuée à l'influence mystérieuse de ces Myrtacées et non sur leur action asséchante dans les marais. Mais il résulte aussi de ces déduc- tions toutes pratiques, qu’on assigne à tort aux Eucalyptus des stations de végétation et d'existence auxquelles leur na- ture ne peut se plier. Ces Myrtacées ne sont ni aqualiques, ni palustres, ni halophytes. Prenons toujours le même exemple : nous avons planté les berges du Fetzara, mais la plantation a dù se tenir à une certaine distance de la limite maxima des eaux qui arrivent par crues subites causées par le déversement torrentiel des Oued-Zid et El-Aout dans l’immense cuvette. Les eaux recouvrent alors plus de 14000 hectares et se dé- placent par certains vents. Mais les écoulements naturels et la perte produite par de rapides évaporations font que par ces alternatives de crues successives et de retraits assez brusques de la nappe liquide, d'immenses surfaces miasmogènes sont ainsi mises à découvert, produisant, sous l’effet d’une insola- tion absolument directe et de l'élévation du degré thermique, des éléments morbigènes contre lesquels la végétation loin- taine des rives reste sans influence. VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 93 Dans ces cas, l'opération importante, essentielle, primor- diale, consiste donc à circonscrire, à réduire progressivement la cuvette centrale par une ceinture de végétation qui absorbe et encore emprisonne les eaux entre des berges artificielles constamment formées par les dépôts successifs retenus entre des végétaux dont le choix raisonné a assuré l’existence et la propagation dans de tels milieux. L’Eucalyptus n’y vivrait pas et ce n’est pas à lui tout d’abord, je rappelle mes expressions, qu’on devrait demander la moindre résistance à ce contact constant dans l’eau, dans la vase, au milieu de flux et de reflux boueux de toutes natures. Ce n’est donc que dans les Bambusées, je le répète, et dans la section des espèces originaires des contrées marécageuses principalement, qu'il faut rechercher ces puissants et pre- miers auxiliaires de desséchement. Ils sont doués d’organes souterrains et rhizomateux qui lancent dans la vase, les dé- tritus de toutes sortes, de nombreuses bouches d’absorption et donnent naissance à ces gigantesques chaumes ligneux et feuillés qui couvrent le sol et l’eau de verdure et d'ombre, réduisant ainsi les émanations miasmatiques par l’opposition produite par elles à l’action directe de l'atmosphère. Voilà pourquoi, comme je lai toujours dit, je voulais, au lac Fetzara, planter d'abord une première ceinture de Bam- bous s’avançant d'elle-même dans les eaux, puis derrière et progressivement des lignes d'Eucalyptus (1) : on aurait eu d’autres résultats ! Et c’est pourquoi encore, sous un climat chaud et humide comme le Gabon, et dans des conditions d'exécution difficile, les Bambusées ont d’abord une place marquée. Eux seuls d’ailleurs peuvent éviter le défrichement préalable et s'implanter au milieu de la végétation naturelle, car s’il est impossible d'y livrer un Eucalyptus embryonnaire, il est facile d’y abandonner, mieux qu’un plançon de Saule et de Peuplier, un immense chaume de Bambusée muni d’une forte portion de sa grosse souche rhizomateuse. \ (1) Les Bambous, p. 175, année 1879. 54 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCÉIMATATION. Cette question de plantation directe ést un des points ardus du problème posé par l’administration supérieure. | RÉPONSE De M. le docteur Ern. COSSON. Je n’ai pas à modifier la Note que j'ai présentée au sujet de la communication de M. Rivière qui conclut à ce que, au Gabon, au lieu de tenter l’assainissement des sols humides par des plantations d’Eucalyptus, on y plante surtout des Bam- busées ; aussi me bornerai-je à quelqués courtes observations. Je n'ai pas dit que l'introduction au Gabon d'Eucalyptus autres que l'E. globulus soit sans intérêt; mais J'ai, et avec raison, insisté sur ce fait que jusqu'ici VE. globulus est l’es- pècequi a donné les plus importants résultats, et celle dont la culture à été expérimentée avec succès dans le plus grand nombre de stations. nid : Je n'ai pas dit non plus que les plantations de VE. globulus sont la seule cause de la salubrité absolue ou relative des lo- calités qui étaient jadis des foyers de pestilence. Mais, si cette amélioration des conditions de salubrité n’est pas due exclu- sivement à la présence des Eucalyptus, on ne saurait contes- ter l’importance de l'influence qu'ils y ont exercée. Il n’est pas douteux, et M. Rivière le reconnaît maintenant, que, si les Eucalyptus réussissent au Gabon, ils y seront un puissant moyen d'assainissement. Au contraire les Bambusées ne paraissent pas appelées à y présenter les mêmes avantages, : si toutefois elles ne créent pas de nouvelles causes d'infection paludéenne par l'humidité qui pénétrera le lacis de leurs rhi- zomes et de leurs racines eten amènera la décomposition sous l'influence d’une température élevée. VÉGÉTATION ASSAINISSANTE.. 99 RÉPONSE De M. le docteur MICHON. … M. Michon : Messieurs, lorsque, à la dernière séance, M. le Président à mis à l’ordre du jour la lecture de la réponse de M. Rivière, j'ai demandé, à cause de l'heure avancée et aussi à cause d'un peu de fatigue personnelle, à remettre à aujourd'hui la discussion que devait provoquer cette ré- ponse.. J’ai seulement dit alors, et je tiens à le répéter, que, dans cette discussion, nous ne pouvions avoir qu'un. but: la re- cherche de la vérité ; et que, pour ma part, je m’abstiendrais autant. que possible de tout ce qui pourrait paraître une question personnelle; je veux d’abord.en. donner une. preuve en corrigeant ce que j'ai pu dire de trop absolu sur le manque de rigueur scientifique des conclusions de M. Rivière. .… La: note explicative qu’on vient de lire me. fait comprendre quelle a été mon erreur, et, qu’il me permette de le lui dire, quelle a été la sienne. Lorsque j'ai avancé que. M. Rivière nait l’action prophylactique de l’Eucalyptus, j’avais:eru trou- ver cette affirmation dans la phrase suivante de son mé- moire : € L'action prophylactique même de l’Eucalyptus est donc loin d’être démontrée dans cette contrée. excessivement, etc. jusqu'à :. Les plus violents, etc... » IL paraït d’après les explications fournies par M. Rivière, qu’il entend par action prophylactique, une action spécifique, _action spécifique déterminée que nous ne connaissons pas, et sur laquelle je n’ai jamais insisté. … J'avais cru comprendre que M. Rivière n’admettait pas que l’Eucalyptus assainit, soit par action balsamique, soit par ac- eo 0 e 0 ei Cu CI 0 e 410) SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. tion de desséchement ; alors j'avais dit que si cette plante à végétation rapide n’assainissait pas en Algérie, je ne compre- nais pas qu’une autre plante à végétation rapide également püt assainir au Gabon; par conséquent, il me paraissait peut- être plus logique et plus sage de dire au Ministre de ne pas chercher à mettre, au milieu de cette végétation si luxuriante des tropiques et de lé URL des plantes qui probablement ne réussiraient pas. Mais c’est là, Messieurs, une question toute secondaire. Je souhaite que les Bambusées recomman- dées par M. Rivière soient une première étape dans l’assai- nissement du Gabon et qu’ensuite il soit possible d’y cultiver quelques-unes de ces variétés d'Eucalyptus qu’il étudie si bien, et sur les qualités comme sur les déterminations des- quelles il est plus compétent que personne. J'arrive aux exemples que j'ai cités, et, je tiens encore à le dire, ces exemples que j'ai donnés, je vous les ai apportés uniquement comme quelques matériaux pour la constitution d’une opinion vraiment scientifique. Je n’ai pas eu la prétention de démontrer d’une façon cer- taine la vertu de l’Eucalyptus en Corse, j'ai seulément cité deux localités où la plantation de l’Eucalyptus avait coïncidé avec l’assainissement manifeste, quitte à ceux qui pousseront la question plus avant à tirer des conclusions. Je reviens sur ces deux exemples que M. Rivière veut bien qualifier de racontars. Je prends le premier exemple de Solenzara. J’ai dit, je ré- pète et je maintiens que, il y a vingt ans, lorsque l’usine de métallurgie de Solenzara s’est fondée, le pays était tout aussi insalubre que le sont maintenant beaucoup d’autres contrées analogues de la côte orientale. Aujourd’hui, la petite ville de Solenzara est parfaitement s salubre; on n’y rencontre pas de fièvres paludéennes, ou, si on en denses elles ne sont que des exceptions. J'ai dit qu'il y avait à l'embouchure de la petite rivière ap- pelée Solenzara, un marais d'environ 60 à 80 ares, qui, par les soins d’un des propriétaires de l’usine, a élé depuis vingt ans, planté en Eucalyptns. Que ce‘soient d’autres assai- A : VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. | 57 nissements que je n’ai pu constater dans la contrée, que ce soit la plantation des Eucalyptus qui ait assaini le pays, le fait est qu'il y a ‘eu assainissement. L’étonnement de M. Rivière se comprend lorsqu'il dbaire la côte orientale de la Corse une région palustre. S'il con- naiïssait la Corse aussi bien qu’il connaît l'Algérie, il saurait que la côte orientale n’est pas du tout une région palustré. Ce sont des terrains tertiaires et quaternaires légèrement on- dulés, où les marais sont comme des taches, comme certains étangs de Sologne. Eh bien, à Solenzara je ne vois pas, je ne connais pas d’au- tres marais que celui qui à été planté. On sait parfaitement ; lorsqu'on étudie l’étiologie des fièvres paludéennes (on a sou- vent l’occasion de le faire, même en France), que souvent linsalubrité tient à un foyer de production miasmatique li- mité ; ce foyer disparaissant, l’insalubrité disparaît. Par con- séquent je crois que le fait de Solenzara qui a besoin d’être confirmé par des faits analogues, peut prendre place autre part qu’au milieu des racontars. M. le Président : Parfaitement ! M. Michon : J'arrive au second fait que j'ai cité : le fait de la propriété du général Stefani, également située sur la côte orientale. Au début, le général ne pouvait conserver aucun garde pendant la mauvaise saison, parce que tous y prenaient la fièvre et étaient obligés de se réfugier dans la montagne. On a planté des Eucalyptus, comme je le disais, presque devant la porte de la maison du garde, et depuis cinq ou six ans, le garde et sa famille, les gardes qui se sont succédé y ont passé la mauvaise saison. Je n’ai pas dit que, grâce à cette plantation d'Eucalyptus, la fièvre paludéenne était absolument inconnue dans cette région de la plaine -orientale. Non. J'ajouterai même que, d’après les renseignements que j'ai reçus cette année, il y a eu plus de fièvre cette année que les précédentes. Toutes ont guéri, aucune n’a présenté un caractère pernicieux. Je vois qu’un des points qui n’ont pas été bien compris dans 58 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ma communication, c'est que M. Rivière a semblé croire que je.me faisais le champion d'une vertu spécifique fébrifuge de l'Eucalyptus, tandis que j'ai seulement appelé l'attention des savants et des expérimentateurs sur la coïncidence de l’assai- nissement avec certaines plantations d’'Eucalyptus. . M. Rivière, dans sa réponse, revient avec détail sur la ques- tion des mines de Mokta. Il m'oblige, par conséquent, à répé- ter, en lui donnant des explications, ce que jai raconté, à la Société d’Acclimatation de ma visite à cette mine. Lorsque j'ai parcouru l’Algérie, la direction des mines de Mokta, dont M. Rivière est, d’après sa communication, — ce que j'ignorais — un des agents importants, la direction de la mine de Mokta a bien voulu prier M. l'ingénieur de me faire voir la mine et de me donner les renseignements qui pour- raient, m'intéresser. En remarquant ces rues coupées à angle droit et toutes bordées d'Eucalyptus, de dix, douze, quinze, dix-huit ans, j'ai immédiatement demandé si cette plantation d'Eucalyptus avait apporté une amélioration dans l’état hy- giénique de la population qui y habitait. L'ingénieur m'a ré- pondu qu’il y avait encore des cas de fièvre, mais qu'il n'y avait aucune comparaison à établir avec l’étal primitif au mo- ment où l’exploilation de la mine avait commencé, et qu'il croyait que les plantations ajoutées à de bonnes conditions d'hygiène, étaient pour beaucoup dans l’état de salubrité de la ville. C'était. le moment où l’on commençait le desséchement du lac Fetzara. Pai assisté en Corse à d’autres expériences de desséche- ment. C’est peul-être uue excellente opération agricole, une excellente opération économique, mais, jusqu’à ce que le desséchement ait produit des terres fertiles et. cultivables, j'ai, par expérience, élé habitué à considérer cette cultuve-là comme la culture intensive de la fièvre. Eh bien, lorsqu'ona commencé à dessécher le lac Fetzara, s’il n’y avait pas eu recrudescence de fièvre paludéenne, il faudrait proclamer que l’Eucalyptus est un spécifique merveilleux. H y a donc eu, depuis. la visite que j'ai faite il y a deux ans, une recru- OTMÉGÉTATIONT ASSAINISSANTE 11° 0? 39 descence! de fièvre quiest constatée te les pp et la com- munication de M:l6 D' Badour. 19 G | - M. Rivière ne tire pas des communications de M. le D' Ba- débat cette explication qui serait nécessaire : à savoir si j'ai été induit en erreur il y à deux ans, ou si les-fièvres se sont déve- loppées en’ plus grande quantité depuis mon passage. Ce serait une question intéressante; au contraire, M. Rivière se garde bien del’aborder. Il parle de faits que j'ai passés sous silence, et il répare une toute petite omission qu’il avait faite : celle de parler des magnifiques plantations d'Eucalyptus qui bordent, sur environ 12 kilomètres, la voie ferrée qui relie les mines de Mokta à Bône. V1 Eh bien, sans étudier l’étiologie de la fièvre paludéenne dans les travaux de M. Thommasi Crudeli, je crois qu’il est gé- néralement admis qu'une des plus mauvaises conditions dans les pays insalubres, c'est de les traverser avant le lever :et après le coucher du soleil. Si donc, si ce que M: Rivière ne nie pas, ce qu'il m'est même permis de lire entre les lignes de son mémoire, les employés, les meilleurs ouvriers de la mine rentrant le soir à Bône, se soustraient à la fièvre palu- déenne, j'avoue que c’est l'argument le plus probant qu'il puisse donner en faveur de l’Eucalyptus. Si l’on peut, sur le bord du lac Fetzara que l’on dessèche et qui se remet en eau par les pluies, si l’on peut impunément trois cents jours par an faire 42 kilomètres d'aller et 12 kilomètres de retour, avant le lever et après le coucher du soleil, je ne sais pas ce qui met les voyageurs à l'abri de la fièvre, si ce n’est cette plantation d’'Eucalyptus. (Applaudissements.) M. Rivière, avec une grande compétence sans doute, rend hommage aux travaux scientifiques de M. Thommasi Crudeli et il revient encore sur la question de la ferme des Trois- Fontaines. Il ne veut aucun rapprochement entre les travaux de M. Thommasi Crudeli insérés dans les Bulletins scientifi- ques el l'opposition que M. Thommasi Crudeli a: faite à la loi présentée par le ministère pour l'assainissement presque par expropriation d'utilité publique de la Campagne romaine. Je ne comprends pas celte distinction. Je veux être absolu - 60 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ment convaincu que M. Thommasi Crudeli a combattu la loi présentée par le ministère dont il n’était pas l’ami, unique- ment parce que ses expériences et ses études scientifiques l'avaient amené à croire qu’il n’y avait aucun assainissement possible de la Campagne romaine. J’ai seulement fait observer, et je fais observer encore, qu’il y avait justement dans le ministère qui présentait cette loi un savant de mérite, un des médecins les plus distingués de l’Italie, qui étudie depuis longtemps à sa clinique les fiè- vres paludéennes, M. Baccelli, et qui avait bien lui aussi sur ce point une certaine compétence. Mais en dehors de la ques- tion politique que M. Rivière a bien raison d’écarter, j'ai, à la négation d’un membre du parlement, à opposer l’affirmation du directeur même de la ferme. Vous avez entendu, et vous avez dans vos Bulletins la lettre du frère Gildas, qui développe, qui explique comment, après quelques années d’une insalubrité très souvent mortelle pour les chartreux et pour ceux qu’ils emploient, on est arrivé à un état de salubrité relative très satisfaisant. Le frère Gildas ne dit pas que, parce qu’il y a eu des plan- tations d'Eucalyptus sur une partie du domaine, il ne peut pas se trouver un autre point où des terrassements dévelop- pent des fièvres intermittentes, des fièvres paludéennes, et, par conséquent, comme je l’ai dit, et comme le disent tous les hommes de bonne foi, il n’affirme pas que, grâce à ce qu’on a fait des plantations d’Eucalyptus sur une propriété, il n'y a plus jamais de fièvres ; il dit simplement que l’état général de la propriété est devenu bon, et que la ferme est devenue habitable. Eh bien, j'avoue qu'entre ces deux affirmations : celle du membre du parlement italien et celle du directeur même de la ferme, je ne puis pas de parti pris donner tort à celui qui est religieux et Français. (A pplaudissements.) Eu résumé, Messieurs, la controverse qu’a soulevée la com- municalion de M. Rivière, ne peut être que profitable à la Société et à la vérité scientifique. Dans des questions aussi difficiles que celles de l’assainis- VÉGÉTATION ASSAINISSANTE. 61 sement de ces contrées que la civilisation moderne dispute à la nature sauvage, les expériences sont très difficiles, elles ne peuvent pas se faire avec la rigueur et la précision des essais de laboratoire ; il faut, pour conclure, comme disait Claude Bernard, un grand nombre de faits tendant tous dans le même sens. ( J'ai voulu, en citant quelques exemples, apporter mon humble contingent à cette grande enquête. D’autres feront comme moi, et, j'espère, feront mieux que moi. En voyant un homme de la haute compétence de M. Ri- vière, je ne dirai pas : brûler ce qu’il a adoré, mais enfin arra- cher ce qu'il a planté, personne ne peut plus s’obstiner dans des idées préconçues. Les faits, les faits seuls rigoureusement constatés peuvent élucider cette question d'hygiène, une des plus importantes qui puisse faire l’objet des études de la So- ciété d’Acclimatation. (Applaudissements.) I EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE GÉNÉRALE DU. 9 JANVIER 1885. Présidence de M. BouLEY, Président. : ‘ Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président proclame les noms, de membres nouvellement pré- sentés : 4 Mio rs t tcerti MM. IÔ0nt: xHai :"" PRÉSENTATEURS. À. Geoffroy Saint-Hilaire. DeurscH (Henry), industriel, 14, avenue de Ven MES Messine, à Paris. GUN TU Marty (Maxime), receveur de ha as Ve ’ Las Brantome (Dordogne). ASE NE MÉGNIN (J. ps ), vétérinaire en 15 au 19 ré- ( (pe giment d'artillerie, à Vincennes (Seine). '} A td Maurice Girard. Jules Grisard. Raveret-Wattel. O’Nezz (John), propriétaire, villa de la Combe, à Cognac (Charente). — M. le Président fait part à l’assemblée de la perte regrettable que la Société vient de faire dans la personne de M. Sentis, consul général en retraite. — M. le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts adresse la lettre suivante : « Monsieur le Président, » Vous n’ignorez pas que le Comité des travaux historiques comprend, depuis l'arrêté du 42 mars 1885, : une section des sciences économiques et sociales. » Cette section, tenant à provoquer l’envoi de communications qui pourraient être insérées ou analysées dans son Bulletin a résolu de soumettre à l'attention des travailleurs plusieurs sujets d’étude que j'ai l’honneur de vous transmettre. » Je désire vivement, Monsieur le Président, que la publicité la plus grande soit donnée à ce document, et je vous serai reconnaissant de le faire connaître à votre Société, non seulement dans sa prochaine séance, mais par tous les moyens en votre pouvoir. » Recevez, Monsieur le Président, l'assurance de ma considération très distinguée. » Signé: A. FALLIÈRES. » PROCÈS-VERBAUX. 63 À la lettre de M. le Ministre sont annexés deux exemplaires du pro- gramme détaillé des questions mises à l'étude dr qui ont pour titre : «1° Histoire d’un domaine rural ; _» 2 L'état et la valeur de la Ru à bâtie; » 3° Effets économiques d’une nouvelle voie de communication ; : » 4 Étudier, pour une région déterminée, les modifications qui se sont introduites dans la pratique des régimes matrimoniaux depuis le Code civil. » Ces programmes peuvent être consultés au siège de la Société, de midi à quatre heures. — Des demandes de cheptels sont Here par MM. J. O’Neill, de Dion, Proyart, Viéville, Godry, Martineau, docteur J.-J. Lafon, Dupouet, docteur Jeannel, marquis de Palaminy, comte Calvet-Rogniat, C. de Kervenoaël, Delaurier, Bourjuge, Cocchi, Pitard, Benjamin Leroux, Bordé, Loydreau, Fuzier-Herman, Egal, de Muizon, Henning, Tertrais, Maistre, Menant et Th. Leroux. — M. le Directeur de la Bergerie nationale de Moudjebeur (Algérie) adresse des renseignements sur la situation du troupeau de Chèvres d’Angora entretenu dans cet établissement. (Voy. au Bulletin.) _— M. P. L. Simmonds adresse de Londres une note donnant dés ren- seignements sfatistiques sur l'emploi du Chameau comme animal domes- tique. (Voy. au Bulletin.) — M. Merlato écrit d’Ain Marmora (Algérie), à la date du 4 décembre 1884 : « L’acclimatation, — je dis acclimatation et non élevage, — de lAutruche en Algérie (versant méditerranéen) est une question tout aussi importante pour cette colonie que l’est la culture de la Vigne. Réalisée et rendue pratique, elle peut en très peu d’années acquérir une exten- sion et un développement tout à fail inespéré, — et ceci parce qu'on peut, en toute saison et par toute année, nourrir à très bon compte une Autruche, et lui faire convertir en belles plumes tous LE détritus vé- gétaux. » On me demandera comment il se fait que cet élevage soit resté com- plètement en embryon quoique l’on s’en occupe depuis bien vingt ans. La remarque est juste et mérite une réponse. En fait d’Autruche en Algérie, l'erreur, puisqu'il y a erreur, a été de la considérer comme acclimatée, et en conséquence on n’a considéré que le simple élevage, en d’autres termes et sans examen préalable, on a cru qu'il suffirait d’enclore des couples et de les nourrir pour en avoir le maximum du produit. » Or, s’il est vrai que l’Autruche prospère et se reproduit en Algérie, il n’est pas du tout vrai qu’elle y prospère et s’ y reproduise comme sous d’autres climats. » [ n’y a qu’une seule zone où le pur et simple élevage soit possible, 64 SOCIÉTÉ NATYy/NALE D'ACCLIMATATION. c’est entre le 30° degré nord et sud, soit une zone de 60 degrés. Au delà, on ne peut plus simplement élever ; il y a de l’acclimatation à faire, » Il est évident que la première solution du problème qui se pré- sente à l'esprit est celle de reléguer à ces latitudes cette industrie. — Mais alors les difficultés locales et matérielles surgissent. — La nature elle-même, sous cette zone féconde, a déjà partiellement modifié son œuvre, et nous trouvons, au Somali aussi bien qu’au Sénégal, la dé- générescence de la race. — Ge n’est pas là certainement qu’on cher- chera à introduire les bonnes races qui ne pourraient elles-mêmes que dégénérer. Et l’amélioration, par sélection, de cette race par elle-même et pour un animal qui n’est adulte qu’à quatre ans, serait, dans ces con- trées, pour le moment du moins, une véritable folie. » D’autres points sous la même zone s’y prêteraient mieux, mais se- raient remplis d’autres difficultés. Manque ou pénurie de nourriture, manque de communication, de sécurité, d’eau, etc. » Or, puisqu'il y a un pays aux portes de la mère patrie, sûr, facile, bien approvisionné et qui permet la vie et la reproduction de l’Autruche, quoi de plus naturel que de chercher à surmonter cette faible inconnue qui a empêché jusqu’à ce jour la véritable prospérité de cette in- dustrie ? | » Et pourquoi n’est-on pas arrivé à un résultat jusqu’à ce jour? La réponse est bien simple. On laura compris déjà, et je le proclame ici ouvertement : l’Autruche en Algérie est déplacée, elle n’est pas dans son entier et complet milieu. -— Or toutes les personnes qui se sont occupées de cet animal en Algérie n’ont, en conséquence même de cet état de choses, jamais vu ni connu BE Re à son état normal. — Combien de faits, qui ne sont que des anomalies, ont été pris pour des lois naturelles qui régissent l’Autruche! Quelle confusion n’a pas portée dans l’esprit de l’observateur cet ensemble de phénomènes contradic- toires dont il était forcé de gratifier la nature de l’Autruche, mais qui, au fond, n'étaient que la conséquence d’influences locales, d'états pa- thologiques spéciaux et pas naturels! » L’Autruche, une fois six mois d’âge passés, nest plus sujette à des maladies spéciales ici, et s’il y a des parcs qui se sont trouvés avoir des animaux en mauvaises conditions ou souffrants, c'était plutôt une ques- tion e’hygiène que de médecine. Le fait est que, sous un régime con- venable, la mortalité des adultes est nulle. » La ponte et l’incubation aussi se passent assez normalement et don- nent assez de produits pour encourager à poursuivre l’œuvre en Algérie. » L’écueil, le grand écueil contre lequel tout a échoué jusqu’à ce jour, c’est l’élevage des jeunes Autruchons nés viables. » C’est le troisième hiver que je passe en Algérie. Au premier, la ponte commença dès mon arrivée, et il me fut impossible de faire autre chose que de diagnostiquer le mal, mais sans pouvoir y apporter re- PROCÈS-VERBAUX.. : : 65 mède, car je ne pouvais examiner les animaux qu'après mort, tout signe extérieur de pe 1e se révélant me na le mal était déii sans remède. : aur OUR ) » Je: m'enquis, mais inutilement, auprès d’autres éleveurs. L'un attribuait le mal à la gloutonnerie de l’Autruchon qui mangeait trop.et mourait d’indigestion, d’autres accusaient des vers, d’autres enfin, une disproportion entre le poids du corps et la résistance des membres. lo- comoteurs et attribuaient à cette cause la moitié des insuccés. Tous : una- nimes à déclarer le mal sans remède. | » Je vis dès lors toute l’étendue du: champ qui restait ouvert aux recherches ; je vis que tout était à faire et me mis à l’œuvre. » La première chose à faire, ce que je fis l'hiver de 1882-1883, fut la dé- termination de la nature des affections et des organes intéressés. — Cette étude préparatoire m’amena à reconnaître qu'il n’y avait, par le fait, que deux affections bien distinctes et bien déterminées, et en conséquence, qu'il n’y avait que deux causes à combattre, ou mieux, à prévenir. » Une de ces afections semanifeste pendant la première période d’âge, -entre la naissance et; les deux mois. La seconde se manifeste entre trois et cinq mois d’àge. Sur une mortalités donnée, la moitié est due à à la première, l’autre moitié à la seconde maladie. » Fixé.sur ces points, je me mis en devoir de prévenir l’apparition de la première affection. - .» Il fallait prévenir et non guérir, car un Le ne doit pas être changé en amhulance. »: Un joli succès vint couronner cetté tentative. La mortälité, par la première cause, entre la naissance et les deux mois d'âge cessa presque complètement, elle ne fut que de cinq sujets sur soixante-dix pendant -l’hiver 1883-84. »:1l s'agissait de faire de même pour la maladie de la seconde pé- ut — Mais tandis que la solution, même théorique, était hérissée de difficultés, car l'affection est mal connue même en médecine humaine, pendant que je recherchais toujours, mes élèves, sauvés de la première, montaient en âge et dans un grand nombre, les mauvais symptômes commençaient à paraître sans avoir pu encore y remédier. J’entrepris une nouvelle recherche et cette fois avec plus de succès. — Malheureu- sement ceci date à peine d’un mois et je ne puis plus agir préventive- ment sur le plus grand nombre. Toutefois, je mis au régime six sujets des plus jeunes chez lesquels les trois premiers symptômes venaient à peine de paraître. Or, tandis que, entre l’apparition des premiers sym- ptômes et la mort, il se passe de quinze jours à un mois au plus avec aggravation journalière, — il m'est impossible de constater un progrès quelconque du mal chez mes six sujets, qui pourtant et dans les condi- tions ordinaires devraient être déjà morts ou mourants, — car c’est le vingt-cinquième jour aujourd’hui. Tout me fait espérer, bien que je sois 4° SÉRIE, T. II. — Janvier 1885. 5 66 SOCIETÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. très près d ‘atteindre le bu si UNE penis, eve à bien les poussins. | » Mais je ne me prononcerai d’une manière définitive que otéqi un succès tout à fait complet’ et indiscutable aura couronné mes efforts, et lorsque la pratique m’aura complètement fixé sur toutes les questions de détail qui iseules. ile permettre au colon EVER fructueuse- ment la méthode... M. Merlato sn sa lettre en offrant de prier au siège de " So- ciété un pli cacheté renfermant une note succincte sur les deux maladies qu'il a étudiées, et sur les moyens préventifs auxquels il a recours Ce pli cacheté ne serait ouvert que sur la demande de M. Merlato, c’est-à- dire après les résultats de la prochaine ponte. 4 Si Dans sa séance du 24 décembre dernier, le Goireil a CERTES à ce dépôt, qui a été effectué le 30 du même mois. = M. le comte de Coubert écrit du château de Regnault dnäresot- Loire) : « Je serais très heureux de savoir quelle est l’espèce de poisson qui pourrait le mieux réussir dans plusieurs bassins et une petiterivière ariglaise alimentés par une source très froide donnant (60 litres part mi- nute. Ces bassins el cette rivière sont très ombragés. J’y avais mis mille alevins de Truite. Au bout de quelque temps je mai retrouvé vs seul de ces poissons, qui était arrivé à la taille d’une petite Sardine. : » J'y ai mis aussi cent Écrevisses, les bassins et Ja rivière: Ant leurs ‘parois formées par un mur de pierres sèches et derrière un mur ci- menté; mais je n’ai trouvé que la carapace de quelques-uneset le reste ‘a disparu. Est-ce causé par les Rats d’eau ou par les Anguilles? Les ale- ‘vins de Truite ont-ils pu être détruits par les Cygnes et les Canards? » (Le manque de nourriture paraît être la principale cause de la perte des alevins dont il est question dans cette lettre; mais il est certain que les Cygnes, les Ganards et les Anguilles doivent avoir aussi beaucoup “contribué à la disparition de ces RTS ainsi qu’à celle des. Écre- -visses.) | \ RTE + M. Max von dem Borne, de er ‘annonce l'envoi qu vil doit efaire prochainement à la Société, au nom ds l'Association allemande de pisciculture; de cent mille œufs de:Coregonus albula. | CHE - M: Raveret-Wattel rappelle, à cette occasion, que le Coregonus -albula, poisson des lacs du nord de l’Europe, qui peut atteindre: jusqu’à - 0,30: et même 0,35 de longueur, appartient au même genre queila ‘Féra et le Lavaret. La chair de cette espèce, soit fraîche, soit famée;-est -excellente. En Russie et en Allemagne, on la mange surtout fumée et, dans ce cas, on se dispense très souvent de la faire cuire. « Pour ma part, ajoute M: Raveret:Wattel, je trouve qu “elle ne perd rien à être ‘légèrement. grillée ou’cuite dans le beurre. » pti :— M. Wagner, régisseur de l'établissement de dire de Bouzey : (Vosges), écrit à la date du 5 décembre: « J'ai l'honneur de vous infor- PROCÈS-VERBAUX: ++ 67 «Mer. que j’ai eu la grande satisfaction de pouvoir féconder au mois de no- -vembre dernier mille œufs de Salmo fontinalis, dont Les reproducteurs, âgés de près de deux ans, proviennent des œufs que vous avez eu la -bonté de nous envoyer au mois de janvier 1882. Les alevins dé Salmo «fontinalis se sont développés rapidement; nous possédons des sujéts de -0%,20. à 0®,25 de longueur. Les alevins de Salmo Namaycush et de Land. locked Salinon viennent bien, quoique leur croissance soit moins ‘rapide. Nous possédons encore une:vingtaine de Saumons de Californie -âgés de trois ans, mais qui n’ont pas donné d'œufs. » Je vous serais:reconnaissant d’avoir la bonté de nous expédier cette campagne-ci comme les années précédentes des œufs des espèces indi- quées ci-dessus et notamment de Saimo. fontinalis, espèce dont je dési- rerais tenter l’acclimätation dans la Moselle. » Nous avons constaté cette automne-ci la réussite des Éceéganss ma- ræna dans le réservoir de Bouzey, dont les essais de peuplement datent de deux,ans ; nous y avons pris des sujets de 0,30 de longueur HER -250 grammes. » 2 M. Rieffel adresse une note renfermant des renseignements qui np de Ja rusticité du Saumon de Californie élevé en eau close. — En sollicitant un envoi d'œufs de Saumon de Californie, M. Rivoi- .ron annonce qu'il:adressera prochainement un rapport détaillé sur les -résultats obtenus de l’emploi de la nourriture vivante qu’il donne à ses alevins : @Ma production de mars à septembre, écrit: M. Rivoiron, s'élève en moyenne, à 2 kilogrammes de Daphnies par jour, élevées naturelle- ment à l’aide de nombreux bassins préparés à cet effet. » L —M. Rathelot adresse les renseignements suivants, en réponse au questionnaire sur la maladie des Écrevisses: « Dans le Serein, petite “ivière de la Côte-d'Or, dont l’eau à Bourbilly est argileuse, et dans son “parcours, à quelques kilomètres plus loin, devient calcaire, les Écre- -visses sont devenues très rares) depuis que Pon y'a jeté, il y a environ quatre:ans, une quantité de montées d’Anguilles; les riverains que j'ai consultés attribuent éette disparition aux Anguilles qui détruisirent les petiles Écrevisses, ret à la pécherqui se faisait Sur une grande échelle à -cette époque. Ils n’ont:pas remarqué de taches sur ce Crustacé, et n’ont -Jamais ew Connaissance de maladies, pas plus que degrandes mortalités. » Pour l’'Armançon, petite rivière qui se trouve aussi dans la Côte- -d'Or, les rénseignements que j'ai recueillis à Semur, sont'à peu près les mêmes. On a mis à la même époque dans cette rivière une grande ‘quantité de jeunés Angüilles;et depuis cemoment lÉcrevisse’a disparu. »-J’ai appris par dés pêcheurs qu'on avait trouvé, 11 y à ‘environ :deux -ans, dans un petit ruisseauw quisse jeté dans l'Yonne (prés dubarrage de -Gurgy), une grande quantité. d’Écrevisses mortes; ces pêcheurs n’ont pas remarqué.de taches: sur les N ou etl: Li n’ont: pat eu: connais- Sançce-d'épidémie: 56 0 RÈ Hg HBasteluiser ii 68 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. » Depuis nombre d’années la chaux joue un grand rôle dans la culture des terres de la Nièvre et de la Côte-d'Or, et pourrait bien être une des causes de la disparition des Écrevisses. » — M. Cornély écrit du château de Beaujardin, près Pons c Je vous expédie une Ecrevisse de Sibérie, qui me semble offrir de l'intérêt pour la Société. Cette Écrevisse m’a été envoyée par M. Sircoulon, ingénieur français, dirigeant le domaine d’Alapaewsk, en Sibérie. Elle représente, en grosseur, une bonne moyenne; au goût, ces Écrevisses me semblent un peu molles ; mais cela pourrait bien tenir à une mauvaise prépara- tion. Voilà les seuls ns de que M. Sircoulon m'adresse sur ces Crustacés. » — M. Raveret-Wattel donne, à l’occasion de lenvoi fait par M. Cor- nély, les détails ci-après : « Bien que déjà de belle taille, l’Écrevisse qui nous est adressée ne présente toutefois rien d’absolument extraor- dinaire sous ce rapport. On voyait à l'exposition de pisciculture de Berlin des Écrevisses d’une grosseur double, au moins, qui provenaient de la Bohême. Mais je dois dire que leur qualité ne répondait proba- blement pas à leur beauté, car elles avaient a carapace d’une couleur bleue très accentuée : ce qui semble indiquer qu’elles avaient vécu sur _des fonds tourbeux, et dans ces conditions les Écrevisses sont rarement bonnes. Quant à l'Écrevisse que vous avez sous les yeux, elle appartient, Messieurs, à une autre espèce que celles que nous trouvons dans nos ri- vières. C’est une Écrevisse de l'Asie et du Nord-Est de l’Europe, l’Asta- cus leptodactylus, qui se distingue, comme vous le voyez, par la forme remarquablement mince et allongée de ses pinces ou pattes ravis- seuses, par une conformation particulière du rostre, et par quelques autres caractères. Cette espèce n’habite pas uniquement les eaux douces; on la trouve dans les eaux saumâtres des estuaires des affluents de la mer Noire et de la mer d’Azov, aussi bien que dans les eaux plus salées de la partie sud de la mer Caspienne, où elle vit à des profondeurs con- sidérables. Elle passe généralement pour être moins bonne que notre Écrevisse de rivière (Astacus nobilis); mais sa fécondité est beaucoup plus grande. D’après M. le professeur Kessler, qui a donné, dans le Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, d’inté- ressants détails sur cette espèce (Die Russischen Flusskrebse), l'Asta- cus leptodactylus chasse partout l’Écrevisse ordinaire et l'emporte sur elle dans la lutte pour l’existence, probablement en vertu de sa multi- plication plus rapide. » Un remarquable travail de M. Malakhoff, d’Ekaterinenbourg, publié dans le Bulletin de la Socièté ouralienne d'amateurs des sciences na- turelles, nous fait connaître que l’Écrevisse (4. leptodactylus), autrefois inconnue à l’est des monts Ourals, s’est peu à peu propagée dans les cours d’eau du versant oriental de cette chaîne de montagnes, et qu’elle existe maintenant en grande abondance sur beaucoup de points de la PROCÈS-VERBAUX 69 Sibérie. Elle pullule tellement dans certaines rivières qu’elle devient une gêne pour la pêche : il est impossible de se servir de nasses, car, dès qu’un poisson est pris, des myriades d'Écrevisses arrivent pour le dévorer et détruisent le filet. Dans quelques localités, l’intervention de l’homme a beaucoup contribué à la propagation des Écrevisses. Les in- génieurs, venus d'Europe pour diriger les établissements miniers, se sont souvent occupés de cette acelimatation. Des Écrevisses chargées d'œufs étaient mises en rivière dans des caisses à claire-voie, où l’éclosion des œufs se faisait en sûreté et où les jeunes Écrevisses pouvaient prendre un certain développement, à l’abri de tout danger, avant d’être aban- données à elles-mêmes. L’espèce s’est ainsi rapidement multipliée et se répand encore aujourd'hui de plus en plus. » Un fait curieux à signaler, c’est qu’un petit mammifère carnassier, qui vit surtout d’Écrevisses et qui, autrefois, était uniquement euro- péen, a suivi en Sibérie l’Astacus leptodactylus. Le Nison, ou Mæœnk des Russes, connu aussi sous les noms de petite Loutre et de Martre d'eau (Mustela lutreola), n'habitait que le nord de l’Europe, et parti- culièrement la Finlande (1). Depuis que l’Écrevisse, franchissant la chaîne de l’Oural, s’est répandue dans le vaste territoire sibérien, on a vu s’étendre de même lhabitat du Vison, et chaque jour cette Martre gagne du terrain de plus en plus à l’est, en même temps que l’Écrevisse, dont elle fait sa principale nourriture. » — M. Gustave Pinède écrit de Bayonne : « J’ai l’honneur de soumettre à votre examen un spécimen de Bambous cultivés dans ma propriété de Harriet, située à Saint-Elienne, section rurale de Bayonne. » J'ai, un des premiers, introduit la culture des Bambous dans notre région, en 1865 et, depuis cette époque, je n’ai cessé de travailler à la propagation de cette plante intéressante. » Dans les premières années de la plantation et jusqu’en 1884, les Bambous n’ont prospéré que très faiblement, gagnant à peine 2 à 3 cen- timètres de circonférence; mais, à partir de cette époque, et par suite des améliorations apportées à leur culture, on a vu se produire des jets d'une puissance telle, qu'aujourd'hui certains Bambous de la présente récolte de 1884 atteignent 32 centimètres de circonférence sur une lon- gueur de 12 mètres (ce développement s’effectue dans l’espace de qua- rante jours). En présence d’un pareil résultat, on est porté à croire que cette magnifique plante trouvera sa place en France, non seulement à titre de plante d'ornement, mais encore comme une essence forestière appelée à rendre, dans un temps plus ou moins rapproché, les plus grands services. nfé ; » En terminant, je crois bien faire de reproduire ici l'opinion du di- (1) Une espèce particulière à lPAmérique (Vison Americanus) est très com- mune aux États-Unis et au Canada. (Rédac.) 70ù = SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. recteur du Jardin botanique de Varsovie, M. A: Fischer, qui s'exprime en ces termes dans son rapport au Président de là Société impériale des naturalistes de Moscou à la suite d'un voyage dans les Pyrénées en 1879 : » Les Bambous de Chine à tronc d’un jaune verdâtre se présentent aux yeux du visiteur. Cette espèce de Bambous végète aux environs de Bayonne d’une manière prodigieuse. A Sainte-Croix, il y en a de beaux exemplaires. Mais on la trouve en forme d’une vraie forêt et à dimen- sion de tronc étonnante dans une autre propriété prés de Bayonne, celle de M. Pinède, à Harriet, qui a bien voulu me confier un des plus gros troncs pour le musée que j'ai fondé au Jardin RES de Varsovie. » La grosseur de ces troncs est de 10 centimètres en diamètre près Je la base, et leur hauteur atteint 10 mètres à peu près. » — M. le docteur Lecler, de Rouillac (Charente), annonce qu’il adresse à nos confrères MM. Léo d’Ounous et Barrat, une touffe de chacune des trois variétés de Bambous qu'il cultive (Bambusa mitis, viridi-glau- cescens et Quilioi). M. Lecler demande en même temps si la Société pourrait lui procurer une touffe de Bambou à tige carrée, ainsi qu'un pied d ‘Igname à fleurs femelles. Un essai de culture de Riz de montagne fait par notre confrère n’a donné qu’un résultat négatif. — M. Willist, de Poix (Nord), fait également connaître ds non-réus- site de la tentative de culture qu’il a faite du Riz sec: — En sollicitant, à titre de cheptel, l’envoi de divers végétaux, M. Burky, de Long-Praz-sur-Vevey (Suisse), adresse les renseignements suivants : « Je viens rendre compte du résultat obtenu des graines de Melon (devant se conserver jusqu’en janvier) que vous m’avez envoyées. Semés sur couche au commencement d'avril, ces melons ont assez bien levé; mis en place plus tard sur butte d'engrais et couverts de cloches ils n’ont pas montré une rusticité satisfaisante, les fruits obtenus n’ont pas eu la longue conservation indiquée et ont été jugés inférieurs comme qualité aux Cantaloups. » — M. Simmonds adresse un exemplaire du numéro du 19 décembre 1884 du Journal de la Société des Arts, de Londres, dans lequel il a publié un travail sur la production en bois d'œuvre de presque toutes les contrées du globe, sous le titre : € Past, present and future Sources of the Timber Supplies of Great Britain. » CHEPTELS. — M. le baron d’Avène et M. Mérat demandent à faire, dès maintenant, le renvoi des cheptels qui leur ont été confiés. — M. Fuzier-Herman adresse un rapport sur la situation de son cheptel de Moutons Ong-ty, et donne, à cette occasion, les renseigne- ments ci-après : « Les Moutons Ong-ty me semblent très robustes, peu difficiles pour la nourriture, de taille supérieure à celle des Moutons de cette région (Indre-et-Loire), et je suis convaincu qu'à l'aide de croi- tra 72 M PROGÈS-VERBAUX, » di qe! sements prudents, on.arriverait facilement à augmenter, dans de nota- bles proportions, la fécondité de nos races indigènes, Pa: — M. Raveret-Waitel signale diverses ses prises en Danemark pour l'amélioration de Ja situation des pêcheries. Même en Islande, la pisciculture est l’objet d’une sérieuse attention. Deux établissements d’éclosion ont été, depuis peu, créés dans l’île : l’un: à Saxa, pour le Saumon (Salmo.salar), l’autre pour la Truite de mer (Salmo trutta). Ces deux établissements sont placés sous la direction supérieure de M. le lieutenant Feddersen, de Copenhague, dont les nombreux et importants travaux relatifs à.la pisciculture sont, depuis longtemps, bien connus de la Société d’Acclimatation. M. Rayeret-Wattel donne ensuité quelques détails sur l’importance de la pêche dans le, lac de Constance, où la Truite est devenue très abondante. Le Sandre (Lucioperca sandra), autrefois complètement inconnu dans le lac, paraît y être aujourd’hui tout à fait acclimaté, par suite des dépôts d’alevins qui y ont été successivement faits depuis quel- ques années. Un poisson de cette espèce a été tout récemment pêché près d’Unterseen ; il pesait 750 grammes; c’est dans un filet fixe, calé à 30 mètres de profondeur environ, qu’on l’a trouvé pris. — Au sujet de la lettre de M. le Directeur de la Bergerie de Moudije- heur (Algérie), concernant l'élève de la Chèvre d’Angora, M. Decroix fait remarquer que certaines erreurs de dates relevéés par cette lettre dans le travail de M. Durand sur le même sujet, ne sont qu’apparentes ; elles tiennent uniquement à ce que l’auteur dé la lettre Supposait que la note de M. Durand était toute récente, tandis que, publiée dans le numéro de février 1884 du Bulletin, cette note datait, en réalité, du mois de décembre 1882. AREA GU M. Decroix constate que le directeur actuél de la Bergerie nationale est d'avis qu'il y a lieu de propager la Chèvre d’Angora. Notre confrère rappelle que, dans une séance précédente, la Société s’est déjà préoc- cupée de cette question, qu’il serait regrettable de négliger. . Sur: la proposition de M. Decroix, l’assemblée décide à l’unanimité qu'il sera fait auprès de M. le Ministre de l'Agriculture une démarche tendant à obtenir que des mesures soient prises en vue d'encourager la propagation de la Chèvre d’Angora en Algérie et la substitution de cette espèce à la Chèvre indigène. — M. Grisard donne lecture d’une note de M, Ch. Rhicte relative. aux observations faites par M. le docteur Michon, concernant le travail de M. le directeur du Jardin, du Hamma ayant pour titre : « Essai d’une vé- gétation assainissante au Gabon. » (Voy.au Bulletin.) — M. Michon présente sa réponse à la nouvelle note de M. Ch. Rivière. (Noy. au Bulletin). | — M. Raveret-Wattel donne lecture dune note sur la Truite arc-en- ciel de Californie. (Voy. au Bulletin.) 72 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. SÉANCE GÉNÉRALE DU 23 JANVIER 1885. Présidence de M. SAINT-YVES-MÉNARD, Trésorier. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis paf; le Conseil, savoir : MM. . | | PRÉSENTATEURS. CHAUVIN, prêtre, établissement de Saint-Mar- | sien ner ue tin de Beaupréau (Maine-et-Loire). | Hé DEA Dupin. Maurice Girard. Jules Grisard. Dupin. Lefort. Raveret-Wattel. É = | CLERC (Louis, propriétaire, conseiller d’ar- rondissement à Lavoncourt (Haute-Saône). GRANGER (Albert), architecte, 8, boulevard Magenta, à Paris. LEGRAIN (Charles), négociant, 70, rue Jacques Dulud, à Neuilly (Seine). Morin. Ch. Quyo. Dupin. Maurice Girard. Raveret-Wattel. E. Dupis. Maurice Girard. Raveret-Wattel. / Dupin. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. | A. Porte. Lucesco (Nicolas), Gurtea Métropolie, à Buc- carest (Roumanie). MesrivieR (J.-B. Emmanuel), pharmacien de {re classe, 275, rue Saint-Honoré, à Paris. MEYNARD DE LA FARGE (Baron de), au château du Fey, par Villevaliers (Yonne). VAvassEUR (Adolphe), 109, avenue de Neuilly, \ à Neuilly (Seine). — M. Balcarce, Ministre de la République Argentine à Paris, membre de la Société, adresse à M. le Président la lettre suivante : « La Société rurale Argentine ayant décidé d’ouvrir à Buenos-Ayres, en 1886, une Exposition rurale internationale, avec l'appui officiel du gouvernement, et ayant, dans son programme, dont plusieurs exem- plaires accompagnent cette lettre, admis à y concourir avec les produits similaires du pays, le bétail, les cuirs, les machines et les instruments d'agriculture de toutes les nations, j'ai l’honneur de porter ce fait à votre connaissance, certain que vous voudrez bien appeler en France ‘!PROCÈS-VERBAUX. 7 °°" à: 7% l'attention des agriculteurs et des agronomes sur cette Exposition, dans laquelle ils pourront occuper une place brillante et prphiple à leurs intérêts. » — MM. Salmon- Coubard et Viéville adressent des remerciements au sujets des cheptels qui viennent de leur être accordés. — M: Narcisse Masson adresse un travail sur le Rossignol. — M. le Directeur du Jardin d’Acclimatation communique les rensei- gnements suivants : « M. le baron Henri de Bussière a acquis, au prin- temps de 1884, au Jardin zoologique d'Acclimatation, neuf couples de Colins de Virginie (Ortyx Virginiana), c’est-à-dire des Colins Houï. » Ces oiseaux, transportés dans le grand-duché de Baden, sur le ter- rain de chasse de M. le baron Henri de Bussière, ont été lâchés. » Sept au moins de ces neuf couples ont reproduit. À l’ouverture de la chasse (1884) il existait six pps de ces oiseaux, composées de 12 à 18 Colins. » À l’heure actuelle trois de ces compagnies restent taste » M. le baron Henri de Bussière a tué 32 Colins Houï en chassant au chien d’arrêt. . » D’autres oiseaux de la même espèce ont été tués en battue. L’un d’entre eux est tombé sous le fusil de M. le comte de Pourtalés. » M. le baron Henri de Bussière a remarqué qu’à l’arrière-saison on voyait simultanément des compagnies de Colins gros comme les parents et d’autres composées de petits pouillards. Il en conclut que ce gibier américain a fait successivement deux pontes et deux couvées. À l'appui de cette hypothèse on a remarqué que les jeunes les plus avancés, ceux qui avaient atteint tout leur développement, étaient escortés du mâle adulte seul ; la femelle, au contraire, accompagnait les jeunes. » Pendant les temps de neige, M. le baron Henri de Bussière nourrit son gibier. Grâce à cette précaution on peut être assuré qu’au prin- temps de 1885 les Colins Houi se reproduiront abondamment sur le terrain de chasse dont il s’agit. Cette localité accidentée, couverte de boqueteaux, est d’ailleurs éminemment favorable à l'essai d’acclimata- tion tenté par M. le baron Henri de Bussière. » Une autre expérience intéressante a été faite dans les mêmes lieux avec le Faisan de Mongolie (Phasianus À a paint ou torqualus, Î la Chine). » Dans une localité où és Péivsins n’existaient pas, M. le baron Henri de Bussière a lâché, il y a cinq ans, 80 Poules de Bohême importées d'Autriche et 7 Coqs de Mongolie importés de Chine par le Jardin d’Acclimatation de Paris. » Le succès à été complet. Sans parler des résultats obtenus dans ces dernières années, en 1884 le nombre des Coqs tués par les chas- seurs s’est élevé à 484 pièces. » Le Faisan de Mongolie a fait preuve, dans le terrain de chasse dont 74 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCHIMATATION. il s’agit, d’une extraordinaire fécondité et d’une incomparable rusticité. ll se défend bien et s'élève franchement devant le traqueur. sans tâton- ner, comme fait trop souvent le Faisan ordinaire. On ne saurait trop recommander cette espèce chinoise pour le repeuplement. ». — M. Valéry-Mayet, professeur à l'École. d'agriculture de Montpel- lier, écrit à M. l’Agent général : « Par votre lettre du 8 du courant, vous me demandez de vous indiquer, sur les bords de l'Aude, une per- sonne qui voudrait bien se charger de faire éclore les œufs de Saumon que la Société pourrait lui envoyer. Je ne connais personne de sûr.à cet égard; mais je m'offre, comme par le passé, à faire éclore les œufs. et à aller les jeter dans l’Aude, à Carcassonne ou à Quillan. Nous avons une ligne ferrée qui va jusqu’à Quillan, au cœur des gorges pyrénéennes, que je considère comme plus favorables aux jeunes Saumons que nos montagnes chaudes de l’Hérault. Je puis quitter Montpellier à 7 heures 30 du matin, être à Carcassonne à midi et à Quillan à 4 heures 50 du soir. De cette facon les Saumons ne passeront pas la nuit dans le récipient. Je: les aurai emprisonnés le matin du départ. A Cettetet à Carcassonne on change de wagon, je fais le transhordement moi-même et je donne de J’air en même temps. Pour les Saumons que j'ai.jetés à Ganges, dans l'Hérault, j'ai eu plus de difficultés. Le train. partant à quatre heures du matin, j'ai dû conduire, la veille au soir, mon récipient à la gare, et je n’ai pas eu pourtant, à l’arrivée à Ganges, une mortalité de plus de 1 pour 100. Je suis donc tout à votre disposition. ». . — M le vicomte de Causans adresse une note sur l’établissement de pisciculture du Jac de Saint-Front (Haute-Loire). (Voy. au Bulletin.) — M. Zenkcet M. Schuster font connaître qu'ils: sont en mesure de fournir les œufs de Saumon (Salmo salar) destinés aux essais d'empois- sonnement de l’Aude entrepris par la Société. | — M. Wagner, conducteur des Ponts et Chaussées, régisseur de Pts blissement de pisciculture de Bouzey (Vosges), écrit, d'Épinal : « J'ai l’honneur de vous accuser réception de votre, envoi d'œufs de Corego- nus albula, qui est arrivé à l'établissement le 13 du courant. » Les œufs sont magnifiques et on n’a constaté que: très peu de perte. » Après leur avoir fait prendrela température de l'atelier et de l’eau, on les a mis en incubation sur des claies, à côté de deux autres espèces de Corégones : Coregonus fera et C. marœæna. » Les œufs de Salmo fontinalis que nous avons fécondés à l'établis- sement sont aujourd’hui embryonnés ; ils ont :été recueillis sur des sujets provenant des œufs que vous nous avez expédiés il ya deux ans. : HA RÉCITS 5 » Je vous remercie de l'envoi que vous venez de nous faire et vous serais très reconnaissant de nous adresser encore des œufs d’autres espèces de Salmonides. » . — M. Berthoule accuse réception et remercie de eu d'œufs de PROCÈS-VERBAUX. ‘ 19 Corégone qui lui a été fait. « Les alevins, écrit M: Berthoule, seront déposés dans le lac Chauvet, dune étendue de cinquante-deux Fe avec une profondeur qui va jusqu’à soixante-quinze mêtres: » , — M. Delgrange fait connaître l’arrivée à bon port des œufs de Coregonus albula qui lui ont été expédiés. *— M: Rivoiron, de Servagette (Isère), annonce que son. procédé de multiplication des Daphnies pour la nourriture du poisson a été l’objet. d’un rapport qui sera Épno be dans le Bulletin de la Société nationale d'agriculture. — M:Thauvin, d'Orléans, prie la Société de vouloir bien di procurer : des boutures de Got (Elæagnus edulis). *— M: Léo d’Ounous, de Saverdun (Ariège), accuse réception des. Bambous qui lui ont été adressés, et rend compte de ses élevages de. Pintades. :— M. Barrat, de Toulouse, remercie de l’envoi de Bambous qui lui a été fait. © — M: de Noter, directeur de l'institut agronomique de Hire près Marengo (Algérie), annonce l’envoi prochain d’un travail sur la culture des Eucalyptus. — M. le D' Pallas écrit de Sabres (Landes) : « Dans le sud des États: Unis d'Amérique, l'espèce de Pins employés pour la production de la résme, est le Pinus australis. Le Pin maritime y'est bien cultivé aussi ; seulement, la quantité de résine qu’il donne n’est pas rémunératrice, et il n’est pas, pour ce motif, employé à cet usage. » Daris les Landes et la Gironde, c’est précisément le Pin maritime qui est employé exclusivement pour le résinage ; mais, puisque le Pin aus- tralis a dans sa nature de donner beaucoup plus de résine que son con- génère le maritime, il y aurait avantage, pour nos contrées des Landes, dans le but du résinage, d’essayer l'espèce australis. » Je me propose de faire l’essai. d’un semis de cette variété; seule- ment la graine est rare et probablement chère ; la maison Vilmorin n’en parle pas dans son catalogue. — Le renseignement que je désire serait donc celui-ci : 1° Où pourrais-je trouver de la graine de Pin australis ? — 2 Combien coûte-t-elle le kilogramme ? » — M. Paillieux adresse trois notes sur le Daïkon ou Radis du Japon, sur le Kiri-imo, igname à racine courte qui paraît être le Dioscorea Japonica, et sur le Lou-tsou-sze, produit alimentaire préparé en Chine avec la graine du Phaseolus radiatus, dont le nom chinois, Lou-tsou, signifie Pois vert. CHEPTELS. — M. Reynal, de Plancheix (Dordogne), fait connaître que ses Faisans versicolores ne lui ont encore donné cette année que des œufs clairs. — M. Meignan, de Sablé, annonce le renvoi de son cheptel de Faisans de lady Amherst. 76 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. — M. Pitard, de Périgueux, rend compte de la di du mâle de son cheptel de Colombes poignardées. — M. de Sevin de Segongnac fait connaître qu il vient de perdre l’un des deux Cygnes à col noir de son cheptel. — M. Raveret-Wattel signale un rapport récemment adressé à la Société par M. Sullivan Thomas, membre de la Société linnéenne et de la Société zoologique de Londres et membre du Conseil législatif de Cal- cutta. Chargé par l’administration anglaise d’une sorte d'enquête sur la situation de l’industrie perlière à Ceylan, M: Thomas a résumé les ré- sultats de cette mission dans un travail des plus intéressants, que con- sulteront avec fruit toutes les personnes qui s’occupent de la question, actuellement à l’ordre du jour, de l’exploitation de la nacre et de l’Huître à perles. (Cet ouvrage est renvoyé à l’examen de la Commission des récompenses.) M. le Secrétaire des séances présente ensuite des œufs de Truite (Salmo fario) envoyés par M. Courvoisier et recueillis sur un sujet de 600 grammes environ, qui a été pêché, le 7 juillet dernier, dans le ruisseau du Boulou (Loir-et-Cher). M. Raveret-Wattel signale la singu- larité du fait et donne, à ce sujet, quelques détails sur le frai des Truites. Enfin M. Raveret- Wattel informe l'assemblée des essais actuellement entrepris par le (Conseil, sur la demande de la troisième section, pour l'introduction du Saumon dans les eaux de l’Aude. — M. Maurice Girard communique à l'assemblée un rapport adressé par M. Wailly, de Norbiton (Angleterre), sur ses éducations de Bomby- ciens séricigènes exotiques. - — M. Grisard donne lecture d’une note très intéressante adressée par M. Gallais, de Ruffec, sur des envois de végétaux du Brésil faits par M. Brunet. Le Secrétaire des séances, RAVERET-WATTEL. III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE Pullulation du Lapin en Australie. | D'après des renseignements envoyés de Melbourne par M. le consul général Spencer, le Lapin continue à se multiplier en Australie d’une façon ruineuse pour les cultures. Quelques couples, importés en vue de fournir un nouveau gibier, ont suffi pour devenir la souche de millions d'individus. Sur divers points, des colons ont été obligés de déplacer leurs établissements, les pacages des moutons se trouvant dévastés par d'innombrables Lapins. Traversant les cours d’eau, franchissant les chaînes de montagne, le terrible rangeur gagne chaque jour du terrain, avec la même persistance que le Phylloxera, et il est à craindre qu'avant -peu il soit répandu partout, infligeant aux agriculteurs des pertes énormes et les obligeant à dépenser des millions de livres sterling pour tâcher de restreindre sa multiplication. Tous les moyens d’extermination ont été employés, sans autre résultat jusqu’à présent que d’enrayer légèrement la marche de l’invasion. Les pièges, le poison, les armes à feu, les gaz délétères, les Chiens, les Dingos, les Mangoustes ont été mis à contribution, mais seulement avec des succès partiels. L’aide du gou- vernement ayant été sollicitée, le parlement de Victoria, de l'Australie méridionale et de la Nouvelle-Galles du Sud a déjà voté une somme de 210 000 livres sterling (5 250 000 francs) pour la destruction du Lapin, “et il est probable que des crédits bien plus considérables encore seront nécessaires, uniquement pour maintenir dans certaines limites la mul- tiplication du prolifique rongeur. Si l’on ajoutait aux dépenses faites par le gouvernement celles des simples particuliers, qui ont dû faire, dans plusieurs districts, des sacrifices très lourds, on arriverait à des sommes énormes, et cela non seulement pour l’Australie, mais aussi pour la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande, où la situation est à peu près la même. D’après le rapport de l’inspecteur en chef de l’agriculture de la Nou- velle-Galles, il y a dans la colonie plus de 700 000 acres (350 000 hectares) ruinés par les Lapins. Plus d'une centaine d'hommes ont été employés, dans ces derniers temps, sous la direction d’inspecteurs, à la chasse des Lapins et, par les pièges et le poison, ils en ont détruit des quantités considérables. Le sulfure de carbone et l’avoine empoisonnée sont em- ployés avec assez de succès. Récemment, des Mangoustes importées de - Colombo ont été utilisées aussi avec avantage dans la colonie de Victoria et dans la Nouvelle-Galles. Le consul général, M. Spencer, fait remar- quer que cette pullulation des Lapins crée de nouvelles branches d’in- -dustrie et de commerce. Rien que de la colonie de Victoria il a été ex- porté, en 1882, 4929432 peaux de Lapins; la Nouvelle-Zélande en a exporté 9198837, ce qui représente une somme totale de 132 000 livres sterling (3300000 francs). : | R.-W. IV. BIBLIOGRAPHIE Traité de l'Acclimatement et de l'Acclimatation, par le D' A. Jousset, ancien médecin de la marine (Paris, Doin, 1884, in-8°, 16 planches, 220 tableaux dans le texte). Un courant d’émigration grossissant de jour en jour, menace, de déci- mer la vieille Europe ; poussés d’un côté par les exigences croissantes -de la vie, par l’appréhension du service militaire, par l’état de langueur de l’agriculture ; attirés de l’autre par les séduisants mirages du soleil des tropiques, les émigrants quittent chaque année par centaines de mille le sol natal, emportant leurs dieux Lares dans des contrées étran- gères. Ge n’est plus seulement, vers les immenses territoires du Far- West ou de l’Amérique du Sud qu'ils se dirigent ; la vapeur a fait dévier ce flot humain vers des régions plus lointaines encore, et il n’est pas jusqu'aux derniers îlots de l'Océanie qui n'aient leur part de ce grand essaimage. Enfin, quelques-uns plus hardis semblent prêts à serisquer dans les solitudes à peine connues de l’Afrique équatoriale, à la suite de vaillants explorateurs. Les gouvernements eux-mêmes, entraînés par ce mouvement et comme atteints d'une fièvre contagieuse de colonisation, soucieux d’ailleurs de la fortune de leurs nationaux, jettent à l’envi les fondements de colonies nouvelles. La plupart des émigrants s’en vont dans les zones tropicales, et'bien peu se préoccupent, ‘avant le départ, des conditions de leur nouvelle “existence, des difficultés avec lesquelles ils seront aux prises dès le début, pas plus que des dangérs de toute nature qu’ils courront fatale- ment dans un milieu si différent de celui où ils ont vécu jusqu'alors. -Comment vont-ils supporter! ces hautes températures, cette lumière éclatante, cette alimentation nouvelle, ces travaux si pénibles sous un soleil de feu ? Telles sont les questions si complexes et si dignes d'intérêt qui ont fait l’objet des savantes études du docteur Jousset, et lui ont fourni ma- tière à un ouvrage de tous points remarquable. Ce qu’il appelle modes- tement de simples notes de son carnet médical constitue un en- semble de travaux et d'observations d’un grand prix pour la science, soit par les résultats acquis, soit comme réunion de matériaux pour des travaux ultérieurs. Avant de s'occuper du colon, le docteur Jousset étu- die d’abord l’homme des races tropicales, par cétte excellente raison que pour bien comprendre la nature de l’homme malade, il ‘faut bien connaître celle de l’homme sain, dans son état normal; il observe :d’ail- Jeurs l’un et l’autre dans chacune des fonctions de la vie, dans tous leurs organes, comme dans toutes les situatione sociales. L'ouvrage est divisé en deux parties distinctes : dans la première, l’auteur traite de l’acclimatement, c’est-à-dire du fait même de l’accom- BIBLIOGRAPHIE. 79 modation spontanée et naturelle à des conditions climatériques nou- velles'; dans là seconde, il s occupe de l’acclimatation proprement dite, * wude la connaissance des conditions et des moyens les plus propres à assurer cette accommodation. L'une conduit à l’autre, on peut le dire: ilest bien certain, en effet, qu'après avoir minutieusement étudié la climatologie des pays chauds, la physiologie des indigènes, et celle de l'Européen qui a transporté son habitat parmi eux, on doit se rendre compte des dangers qu’aura à affronter l’émigrant suivant sa propre constitution et le genre de travaux auxquels il va se livrer; connaître par conséquent les précautions qu’il devra prendre, soit au moment de son départ, soit dans le choix d’un ‘habitat, soit enfin dans l’ensemble de l’organisation de son existence nouvelle. Le climat, a dit Broca, est la résultante d'éléments divers dont les principaux sont l'altitude, la latitude, le chaud et le froid, le sec ou l’humide, la nature du sol, la végétation, la direction des vents, le voi- sinage ou l'éloignement de la mer... autant d'étapes faites par le doc- teur Jousset dans ses observations. | 11 Passant ensuite à l’étude des individus, il examine successivement et Pindigène des régions chaudes, et l’Européen qui s'y est implanté, dans ‘chacune des’ parties et dans le fonctionnement de l’organisme humain, ‘pour terminer cette première partie de son ouvrage par un intéressant ‘parallèlé entre les deux individus. l’espace nous est trop compté pour nous permettre, comme nous -l’aurions souhaité, de suivre pas à pas ces observations si instructives. Bornons-nôus à constatèr que leur résultat est à l'avantage des pays tempérés qui paraissent plus favorables au développement de la force et de l'intelligence. Ils seraient aussi, d’après l’auteur, ceux où la différen- ciation entre les individus atteint son maximum ; l’uniformité paraissant être au contraire l’apanage des races tropicales. Peut-être cependant l'existence de divers types européens qui ne nous apparait pas à nous- mêmes, frapperait-elle un observateur de race étrangère ; — peut-être aussi y a-t-il lieu de reconnaître que la fusion des peuples d'Europe s'est opérée de longue date, alors que la plupart des races tropicales, arabe, hindoue, chinoise, malaise, etc... ont constamment vécu et vivent encore dans un isolement à peu près absolu, proscrivent toute alliance “entre elles et ferment rigoureusement l’accès de leur foyer à l'étranger: ce qui pourrait conduire à admettre que l'uniformité des caractères physiques tient moins à la latitude, qu’à la constitution même du foyer domestique. Sortant du domaine des observations scientifiques pures, le docteur Jousset aborde le problème de l’acclimatation. Cette dernière partie de son travail renferme les conseils les plus pratiques et les plus précieux pour l’émigrant ; rien n’est plus grave en effet, et n’exigerait une plus grande circonspection que le changement de climat; « nihil magis sani- 80 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. tati insidias struit quam subita rerum consuetarum mutatio », selon le mot de Celse. Avant de se décider à accomplir cette révolution dans son existence, l’'émigrant ne devrait-il pas s’enquérir des attributs du climat sous lequel il veut aller vivre? Certaines terres sont insalubres, quelques- unes absolument inhospitalières ; celles-ci conviennent mieux aux Slaves du Nord, celles-là aux hommes des races latines du sud de l’Europe. Ne devrait-il pas avant tout s’assurer s’il possède une constitution qui lui permette le changement d’habitat et prendre les précautions capables de lui assurer la santé, cette clé de la fortune? Quelle ne devrait pas être aussi la sollicitude des gouvernements à ce sujet ? Chacune de ces questions est soigneusement traitée dans cet ouvrage : rien n’yest superflu; tout-y est prévu, depuis le choix de l’habitat jusqu’à la nature des travaux auxquels le colon pourra se livrer ; de l'installation de la maison, jusqu'aux moindres soins du vêtement et de l'alimentation. Pour être complet, il nous faudrait en énumérer tous les détails. | | Cependant la loi providentielle qui attache le Lapon à ses neiges, comme l’Arabe aux sables du désert, a conservé vivant le souvenir de la patrie dans le cœur de l’émigrant, et même au milieu des enchan- tements d’une existence plantureuse, il rêve souvent au sol natal et brûle d’y revenir. C’est par l’hypothèse même de ce retour au pays que se termine judicieusement cet ouvrage, dont nous n'avons pu donner qu’une très incomplète analyse. Qu'il nous soit permis d’applaudir à ce travail, qui rentre si complè- tement dans la sphère d’action de notre Société, et montre bien ce que peut un médecin de la marine qui veut donner à l’étude les quelques loisirs de sa vie nomade. | Amédée BERTHOULE. Le Gerant : JULES GRISARD. BOURLOTON: — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris, t. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. LA TRUITE ARC-EN-CIEL (SALMO IRIDEUS, Gibbons.) Par M. RAVERET-WATTEL. L’intéressante communication récemment faite à la So- ciété (1), concernant l'introduction et l'élevage de la Truite arc-en-ciel à l’établissement de pisciculture de Gouville, près -Clères (Seine-[nférieure), m'a fait penser qu’il y aurait un certain intérêt à réunir quelques renseignements sur cette espèce qui, encore à peine connue chez nous, est très appré- ciée aux États-Unis et paraît mériter, en effet, une attention toute spéciale. | La Truite arc-en-ciel (en anglais, Rainbow Trout), qui doit son nom aux reflets irisés, ou mieux chatoyants, de son dos et de ses flancs, est une espèce propre aux cours d’eau de la côte nord-ouest de la Californie. La région montagneuse qu’elle habite lui a valu aussi le nom de California moun- tain Trout (2).C’est danslarivière M’Cloud, un des principaux affluents du Sacramento, qu’elle se montre particulièrement abondante. et c’est dans ce cours d’eau que la Commission des pêcheries des États-Unis a fait recueillir des sujets adultes pour se procurer les œufs nécessaires aux premiers essais d’acclimatation entrepris sur cette’ espèce dans les États de PEst. : Une aptitude toute spéciale à résister aux fortes chaleurs, une très grande vigueur à l’état d’alevin, enfin une rapidité de croissance remarquable, telles étaient les qualités signa- lées chez la Truite arc-en-ciel, et Le résultat des élevages faits sur un grand nombre de points a prouvé le bien-fondé de l'opinion qu’on avait de cette espèce. En dépit de son nom, qui éveille l’idée de nuances bril- (1) Procès-verbaux, 1884, p. 974. (2) On la désigne également parfois sous le nom de Pacific brook Trout. 4° SÉRIE, T. II. — Février 1885. 6 82 SOCIÉTÉ NATIONAE ‘D'A COLIMATNMON. lantes, la Truite arc-en-ciel, d'après certains auteurs, ne serait pas plus élégamment parée que beaucoup d’autres Sal- monides; mais tous ne.sont pas de cet avis, et an à vantent même l’élégance de ses couleurs. Voici la description qu'én à donnée, dans une intéres- sante étude sur les Salmonidesde l° Amérique du Nord(1), feu le docteur Georges Suckley, chirurgien de l’armée des États- Unis, qui fut, pendant plusieurs années, attaché comme natu- rte te l'inspection du chemin de fer du Pacifique : « Dos brun olivâtre, avec de brillants reflets argentés. Parties infé- rieures blanc argenté. Nageoïres oranges ou rouges. Tête et opercule profusément tachetés ‘de points noïrs ronds, nom- breux surtout à l'extrémité du museau, au sommet de lattête.et au-dessus des yeux. Dos et flancs copieusement mouchetés de points noirs, irréguliers, les uns en fonme d'étoile, les’autres en forme d’X ; ces points sont surtout plus nombreux et plus irréguliers vers la queue. Dorsale, ’adipeuse et caudale pro- fusément marquées de ‘taches. Écailies fortement ‘adhé- rentes » (2). À cette description, il convient an btées comme le fait très justement remarquer M. Livingston Stone (3), que la Truite de la rivière M'Cloud, quand elle est adulte, porte, de chaque côté de la ligne ARR une large bande rouge, qui s'étend depuis la tête jusqu’à la nageoïre caudale. À l'époque du frai, ces bandes sont d’un rouge plus foncé, et les parties argentées du corps deviennent moins blanches((4). (1) .D' Georges SU. On the North American Species. of Salmon and Trou, Washington, 1864. : (€) D’après le même auteur, les principauxitrails caractéristiques de l'espèce sont les suivants : € Tête large, sa plus grande longueur, mesurée au bord de- l'opereule, étant contenue quatre fois et demie seulement dans la longueur totale. D’ordinaire, une double-rangée de, dents au vomer. Ligne dorsale : :très. légèrement arquée. Queue très fourchue. » (3) Livingston Stone, Report of operations at the ‘United ‘States ponds on the M'Cloud River, Cal., during tthe.season of 1889 . (4) D'après M. Fred Mather, surintendant de l'établissement de pisciculture de Cold Spring Harbor (Long-Island), le Sazmo irideus serait une espèce ‘ana- drome;, se rendant, comme le Saumon, périodiquement à la mer. Ses caractères extérieurs et ses habitudes migratrices %e rapprocheraient beaucoup de la Truite saumonée.des,côtes du Pacifique;ile. Sadmo Gairdneri, si même les deux espèces Es RS Sens "Y > S se Se 2 S+ Se = ts ee RSS à CR ES ibbons..) rideus G Î 1 (Salmo ) Rob. Brown in Aiton, Hortus Kewensis, éd. 2, vol. II, p. 256. (6) Phonzo-Zoufou, vol. XXVIL, fol. 8, verso. (7) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 227. (8) Franchet et Savatier, vol. I, p. 137, n° 554. (9) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXVII, fol. 19, verso. . (10) Franchet et Savatier, vol. IL, pars 2, p. 347 (551) FER PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 107 autre variété à fleurs doubles porte le nom de Sansio bara, d’après le Phonzo-Zoufou (LD) : Quant au Rosa T'ugos&, Mai kwai et Hama nassou, d' après les livres Kwa wi (2), il a été signalé par Thunberg (3), par Siebold et Zuccarini (4), par Miquel (5), par Franchel et Sa- vatier (6). Il pousse à l’état sauvage dans les terrains sablon- neux, le long du bord de la mer, dans la partie septentrionale de l’île de Nippon,:et dans l’île de Yeso, où il fleurit de mai à juin. Les Japonais et les Chinois se servent souvent des fleurs du Rosa rugosa pour parfumer les mets. Le Rosa rugosa a été introduit en Europe par Tubes en 1845. Il était représenté à l'Exposition de Nancy (7) en HF ex- posé par MM. Lavallée et Gallé. Il est cultivé à Segrez avec var. flore albo, ainsi que le Rosa Zuccariniana, qui est le Rosa Sosa var. flore pleno de Siebold. On trouve aussi au Japon le Rosa acicularis Lindl. , Mar- qué par MM. Franchet et Savatier (8) comme dans l'ile de Nippon par Tschonoski (9). Le Rosa acicularis est introduit en France. PYRUS (10). Pyrus communis, var. sinensis Nashi. An ran.— Le jardin du Trocadéro contenait plusieurs pieds de Pyrus communis, var. sinensis, désigné au Japon sous les noms de VNashi et de An ran. (1) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXVII, fol. 21, recto. (2) Kwa-wi, Arb., IN vol., p. 118-119, n° 17. (3) Thunberg, Flor. Japon., p. 213. (4) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., . 66, tabl. 28. () Miquel, Prolusio foræ Japonicæ, p bre (6) Franchet et Savatier, vol. I, p. 127. n° 556. + (1) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 48, n° 580. (8) Franchet et Savatier, vol. 1, p. 137, n° 557 et vol IL, pars 2, p. 346. (9) Crépin (Prim. Mon. Ros., fasc. 3, p. 301) le distingue provisoirement sous le nom de Rosa Nipponensis: (10) Lindley a désigné sous le nom de Pyrus, les Pyrus et les Malus de Tour- nefort et les Sorbus de Tournefort et de Linné. 108 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Dans la collection des bois de la galerie des machines, on remarquait un échantillon de bois de Nashi. Le Pyrus communis, var. sinensis LindI., relaté par Thun- berg (1), par Miquel (2), par Franchet et Savatier (3), vient à l’état sauvage dans les boïs et les forêts. IL est abondant dans les provinces de Yamato, de Kodzuke, d’[waki et d'Idzu. Il'est cultivé dans les jardins comme arbre fruitier. Le bois du Nashi est usité dans l’industrie japonaise et recher- ché en ébénisterie pour les meubles de petites dimensions : les cabinets, les boîtes, les coffrets, les plateaux, pour les planches d'impression et pour les peignes. | Les fruits du Nashi sont usités dans la médecine japonaise comme remède diurétique. L’écorce est ordonnée en décoc- lion pour combattre la dysenterie. Le Pyrus sinensis Lindl. est introduit en France et cultivé avec nombreuses variétés horticoles. PYRUS CALLERYANA. — M. Maximowicz (4) et le botxtiiids ja- ponais Keiske indiquent aussi, sans marquer le lieu de pr'ove- nance, sous la dénomination de Pyr.jacquemontiana, le Py- rus calleryana de Decaisne (5) et de Franchet et Savatier (6). Pyrus mazus Rikiu. — On rencontre aussi dans les jar- dins, dans la province de Shimotsdzuke, d’après les D° Vidal et Savatier (7), le Pyrus malus, var. glabra, de Koch (8), avec var. tomentosa Koch et Maximowicz, qui est le Pyrus præcox de Miquel (9), qui est cultivé dans toute l’étendue du Japon, depuis l’île de Kiousiou jusqu’à celle de Yeso. Pyrus sPEcTABILIS. Kwarin. — Le Japon produit aussi le Pyrus spectabilis d’Aiton (10) et de Miquel (11), Pyrus bac- (1) Thunberg, Flora Japonica, p. 207. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 228. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 138, n° 558 et vol. Il, pars 2, p. 348 (558) (4) Maximowicz, Mélanges biologiques, vol. IX, p. 169. (5) Decaisne, Jard. fruit. intr., t. VIII. (6) Franchet et Savatier, vol. II, pars 2, p. 348, n° 2592 (558:). (7) Id., ibid., p. 349 (559). (8) Koch, Synops., édit. 3, p. 204. (9) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 228. (10) Aïton, Hortus Kewensis, 2, p. 175. (11) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 228. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU: JAPON. : 109 cata de Thunbers (1), Malus spectabilis Desf. [M. Decaisne (2) rapporte le Pyrus toringo en synonyme au Pyr. malus spec- tabilis|. D'après MM: Franchet et Savatier (3), les pommes du Pyr. spectabilis sont quatre fois plus grosses et sont cou- ronnées par le calice persistant ; les feuilles sont simplement dentées et jamais incisées lobées. Le Pyrus spectabilis fleurit d'avril à mai et est cultivé dans les jardins dans l’île de Nippon et dans l’île de Yeso. Le Pyrus spectabilis est introduit en France. Il était repré- senté à l'Exposition de Nancy en 1880, exposé par MM. Simon Louis frères. : Il est cultivé à Segrez, avec var. loringo, qui est le Pz CH toringo de Siebold et le P. Sieboldi de Regel ; avec var. {oringo Major ; avec var. kaido ; avec var. flore roseo-pleno ; avec var. Riversii. Pyrus TscHonosktr. — MM. Maximowicz (4), Franchet et Savatier (5) marquent aussi le Pyr. Tschonoskii, qui fructifie en novembre au pied du volcan Fudsi Yama. Pyrus Torino. Toringo. — Quant au Pyrus Toringo, qui fleurit en mai et fructifie en août, dont les pommes sont sub- olobuleuses. et non ovales (6), on le rencontre au JE avec variétés lypica, incisa et integrifolia. . Pyrus Japonrca. No boke. — I] croît sur les montagnes et a été relaté par Thunberg (7), par Miquel (8), par Franchet et Savatier (9). Il porte le nom de No boke. D’après M. Du- pont, le Pyrus Japonica produit des fruits acerbes qu’on fait cuire et qui sont ordonnés contre les diarrhées et dans les cas d’insolation. (1) Thunberg, Flora Japonica, p: 207. (2) Nouv. Arch. du Mus., t: X, p. 154, 1873... (3) Franchet et Savatier, vol. Il, pars 2, p. 349 (560). (4) Maximowicz, Mélanges biologiques, vol: IX; p. 165. (5) Franchet et Savatier, vol. II, pars 9, p. 349, n° 2593 (560), (6) Zd., vol. I, p. 139, n° 564 et vol. IL, pars 2, p. 390. (7) Thunberg, Flor. Japon., p. 2017. | (8) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 228. (9) Franchet et Savatier, vol. I, p. 138-139, n°563. 110 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Pyrus ARIA. Ouradziro noki. — Le Japon produit aussi le Pyrus aria Ehrhart, var. kamaonensis Wallich (1); c’est l'Aria Japonica de Decaisne (2) et le Sorbus J'aponica de Siebold (3), auquel le botaniste japonais Tanaka assigne le nom de Ouradziro noki, dont les feuilles atteignent 15 centi- mètres de long sur 8 centimètres de large, et qui croît dans les forêts montagneuses du Nippon. Pyrus AucuPARIA. Nana kamado. — On trouve aussi dans les jardins, d’aprèsleslivres Kwa wi (4),le Pyrus aucuparia, connu sous le nom de Nana kamado. C’est le Pyr. gracilis de Siebold (5) et de Franchet et Savatier (6), à feuilles sem- blables à celles du Rosier à cent feuilles, à nombreuses et petites fleurs blanches qui se montrent en juin et qui donnent en septembre de jolis petits fruits rouges. Pyrus samBuciroLiaA. Nana kamado.— Sous le même nom de Nana kamado, les Japonais désignent le Pyrus sambuci- folia de Maximowicz (7), qui produit un bois qui ressemble à celui du Poirier et de l’Alizier, mais qui est inférieur en qualité. Pyrus MICRANTHA. — MM. Franchet et Savatier (8) indiquent aussi le Pyrus micrantha, espèce nouvelle, remarquable par la petitesse de ses fleurs, qui viennent dans le courant du mois de mai. M. le D' Savatier a observé le Pyr. Ms, dans la ville de Tokio. PyruS cYDONIA. Maroumerou. — Quant au Pyrus cydonia de Thunberg (9), de Miquel (10), de Franchet et Savatier (11); Chœnomeles Japonica de Lindley (12), qui porte au Japon le (1) Franchet et Savatier, vol. 1, p.139, n° 565 et vol. Il, pars 2, p. 350 (565). (2) Decaisne, Nouv. Arch. du Mus., I, e., p. 164. (3) Siebold, Synops., n° 355. (4) Kwa-wi, Arb., IN vol., p. 123, n° 25. (5) Siebold et Zuccarini, Famil. natur., n° 72: (6) Franchet et Savatier, vol. I, p. 139-140, n° 566 et vol. II, pars 2, p. 351 (566). (7) Maximawicz, Print Flor. Amur., p. 103. (8) Franchet et Savatier, vol. Il; pars 2, p. 351, n° 2594 (568). (9) Thunberg, Flora Japonica, p. 208. (10) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 224. (11) Franchet et Savatier, vol. E, p. 138, n° 561. (12) Lindley, Transact. of the Linn. Societ., 13, p. 108. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 111 nom de Maroumerou d’après le botaniste japonais Tanaka, on le rencontre à l’état sauvage, suivant M. le D° Savatier et M. Dupont, dans les sables du littoral, dans l’île de Nippon, dans les environs des villes de Re et de Yokoska. Il est aussi cultivé dans les jardins et il donne de jolies fleurs rouges et de très gros fruits. Ces fruits, qu’on fait bouillir avec du miel et du gingembre, sont conseillés par les médecins japonais comme remède stomachique, astringent et sédatif. Souvent on en fait des sortes de cataplasmes employés comme résolutifs. Le Cognassier du Japon a été introduit en France en 1851. Il a été décrit par M. Carrière (1) comme étant d’une nature buissonneuse, gardant ses feuilles presque jusqu’au retour des nouvelles, et três souvent fleurissant en plein hiver sous notre climat. Il est cultivé avec variétés Bugeauti, fastigiata, flore roseo, gigantea, Maillardi, macrocarpa, Maulei et umbilicata. Il était représenté à DR de Nancy en 1880, exposé par M. Gallé (2). CRATÆGUS SANGUINEA. Jao kiouchi. — De la famille des Rosacées on observe au Japon : le Cratæqus sanguinea de Pallas (3), de Franchet etSavatier (4), que les livres Kwa wi (5) marquent sous le nom de Jao kiouchi, espèce iinine de Chine au Japon suivant Siebold. CRATÆGUS CUNEATA. Sandzachi.— Le Cratægus cuneata de Siebold (6), de Miquel (7), de Franchet et Savatier (8), relaté dans les livres Xwa wi (9) sous le nom de Sandzachi, qu’on rencontre à l’état sauvage, d’après Siebold, sur les montagnes de l’île de Kiusiu, principalement sur le mont Tarngawa, dans (1) Revue horticole, n° 4, 16 février 1878. (2) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 98, n° 1633. (3) Pallas, Flor. Ross., I, tabl. 11. (4) Franchet et Savatier, vol. FE, p. 140, n° 569. (5) Kwa-wi, Arb., II vol., p. 99, norte (6) Siebold et Zuccarini, Famil. natur., n° 61. (7) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 228. (8) Franchet et Savatier, vol. I,p. 140, n° 570. (9) Awa-wi, Arb., 1 vol., p. 94, n° 18. 124 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. la province de Figo, et, d’après M. Maximowicz, dans l’île de Nippon, non loin de Yokohama. Il est cultivé dans les jardins et. atteint 1°,50. Ses petites feuilles dentées rougissent à l’automne; ses fleurs blanches et rougeâtres en font une jolie plante d'ornement. Ses fruits, ordonnés par les médecins japonais et chinois en décoction, passent pour stomachiques et dépuratifs ; on les prend aussi secs ou écrasés pour combattre les mauvaises digestions. Le Cratæqus cuneata est introduit en France. .: CRATÆGUS ALNIFOLIA. Adshouki nashi. — Siebold. (1), Miquel (2), Franchet et Savatier (3) ont rencontré au Japon le Cratægus alnifolia, auquel le botaniste japonais Tanaka assigne le nom de Adshouki nashi. I croît dans l’île de Yeso et dans la partie centrale de l’île de Nippon. PHOTINIA SERRULATA. Kaname motsi. — Le Japon produit aussi plusieurs espèces de Photinia : le Photinia serru- lata de Lindley (4), Photinia glabra de Franchet et Sava- tier (9), Cratægus glabra de Thunberg (6), auquel le bota- niste japonais Tanaka donne le nom de Kaname motsi, à beau feuillage persistant, qui fleurit en mai et qu’on trouve cul- tivé dans le voisinage des temples et des pagodes dans la partie centrale de l’île de Nippon. Le Photinia serrulata se rencontre aussi en Chine. Il a été observé à Isé-ki, près de Ning Po, par le R. P. David. Il a été introduit en Europe en 1804. La plante japonaise est très voisine de l’espèce chinoise. Le Ph. serrulata était représenté à l'Exposition de Nancy en 1880, exposé par M. Alix (7). Il est cultivé à Segrez avec variétés rotundifolia et rubra. PHOTINIA VILLOSA. Kamatsou boushi. — Le Photinia vil- e (1) Siebold et Zuccarini, Famil. natur., n° 62. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 228. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 141, n° 571. (4) Lindley, Transact. of the Linn. Societ., 13, p.103. (5) Franchet et Savatier, vol. I, p. 141, n° 572. (6) Thunberg, Flora Japonica, p. 205. (7) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 42, n° 1546. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 11% losa de de Candolle (1), Kumatsow boushi d’après le bota- niste japonais Tanaka, qui croît dans les îles de Kiousiou, de Nippon et de Veso, qui fleurit en mai et donne en septembre des fruits comestibles (drupes) que les Japonais consomment à l’état frais. 130 \ 718 Le bois du Photinia villosa, nommé Ouchi kanoshi, est employé pour faire des manches d'outils, principalement les manches des marteaux des tailleurs de pierre, d’après M. Du- pont (2). PHOTINIA JAPONICA. Biwa. — Le Photinia Japonica de Franchet et Savatier (3), Mespilus Japonica de Thunberg (4), Eriobotrya Japonica de Lindley (5), de Siebold et Zucca- rini (6), qui, d’après la Commission japonaise (7),se nomme: Biwa, est commun dans les provinces de Suruga, de Hida et de Musashi ; très abondant dans les environs de la ville de: Tokio. Arbre à grandes feuilles lancéolées, cotonneuses; il donne des fleurs blineheés odorantes, venant en panicules termi- nales, et ses jolis petits fruits jaunes, arrondis, comestibles, | té mblent aux prunes Mirabelle. Le Néflier du Japon ou Bibacier a plusieurs variétés, entre autres une variété à fruits ovales qui porte le nom de Naga biwa. Le bois du Piwa, à grain serré, dur, est recherché en ébé- nisterie pour les petits meubles et pour fabriquer les violons nommés chamissen. On s’en sert aussi pour confectionner des manches d'outils. Suivant M. Dupont (8), les feuilles amères du Biwa sont ordonnées par les médecins japonais pour couper les accès de fièvre et contre les nausées. On les donne aussi pour apaiser la soif el pour tonifier l’estomac. Avec les fruits, on fait une (1) De Candolle, Prodromus, LU, p. 631. (2) Dupont, Les Essences forestièr es du Japon, p. 134. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 142, n° 574. (4) Thunberg, Flora Japonica, p. 206. (5) Lindley, Botanical register, tabl. 365. : (6) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon. I, p. 183, tabl. 97. (7) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. IL, p. 141. (8) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 110. 4° SÉRIE, T. II, — Février 1885. 8 114 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. décoction usitée contre les maladies inflammatoires des voies respiratoires. Le Néflier du Japon est cultivé en Algérie et dans le midi de la France, où il est naturalisé. Il est cultivé à Segrez avec var. latifolia. Dans les envois d’ Aniobbtrye Japonica expédiés du Japon, M. Carrière a vu une fois un pied d’Eriobotrya à feuilles panachées, qui est, dit-il, une plante rare dans les cultures. On trouve aussi au Japon (1) plusieurs autres P hotinia, auxquels M. Decaisne a donné le nom de Pourthiæa: le P. co- ræana à fleurs en corymbes qui croît dans l’île Tsu-sima. Le P. oldhami, qui vient dans l’île de Nippon, près de la ville de Yokohama. Le P.Thunbergii, dans l’île de Kiousiou, aux environs de Nagasaki ; le P. Zollingeri et le P. cotoneaster (2). RAPHIOLEPIS JAPONICA. — On observe au Japon le Raphio- lepis Japonica, d'après Siebold et Zuccarini (3), Miquel (4), Franchet et Savatier (5), c’est le Rhapiolepis ovata Hort., qui fleurit en juillet sur les versants des montagnes peu élevées et des collines dans les îles de Kiousiou et de Nippon. Il est introduit en France et cultivé au Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne comme plante ornementale de plein air. AMELANCHIER CANADENSIS. T'sa sakura. — On rencontre au Japon l’Amelanchier Canadensis (6) Torr. et Gray, var. Ja- ponica, relaté par Miquel (7), par Franchet et Savatier (8); Aronia asiatica de Siebold et Zuccarini (9), qui est connu sous le nom de Tsa sakura. Siebold le dit originaire de Chine. Miquel pense qu’il est indigène dans les vallées du mont Kawara Yama (île de Nippon). L'Amelanchier Canadensis, var. Japonica, est introduit (1) Franchet et Savatier, vol. IT, pars 2, p. 392, observ. (2) Decaisne, I, c., p. 148-149. {3) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., [, p. 162, tabl. 83. (4) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 229. (5) Franchet et Savatier, vol. [, p. 149, n° 575. (6) Torr. et Gray, Flor. of north. Amer., p. 473. (7) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 229. (8) Franchet et Savatier, vol. I, p. 149, n° 57 - (9) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., I, p. 87, tabl. 42. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 4115 en France. Il est cultivé dans la belle collection du pare de Segrez. RUBIACÉES. GARDENIA FLORIDA. Kutsi nashi. — Sous l’auvent de la petite maison japonaise du jardin du Trocadéro, il y avait plusieurs pieds de Gardenia florida en pots. Le tableau des productions utiles enregistrait au n° 171 le Kutsi nashi avec des spécimens de fruits desséchés, d’un. jaune brunâtre, ovales. Dans la vitrine des matières colo- rantes, on voyait un certain nombre de fruits de Gardenia florida. Le Gardenia florida relaté par Thunberg (1), par Miquel(2), par Franchet et Savatier (3), inscrit dans les livres Xwa wi (4) sous le nom de Æoutsi nashi, est commun dans les forêts montagneuses des îles de Kiusiu et de Nippon, où il croît à l’état sauvage, d’après le botaniste japonais Yonan-si. Cet arbrisseau est cultivé aussi dans les jardins comme plante d'ornement, souvent sous forme de haies, dont les plus élevées ont 3 mètres. Le Gardenia florida donne en juin des fleurs solitaires, terminales, blanches, passant ensuite au jaunâtre, odorantes, soit simples, soit doubles, avec var. grandiflora (5), qui, d'après Siebold, est cultivé près du temple de Sawa. Les fruits du Gardenia florida sont de couleur jaune orangé. Les fleurs du Gardenia florida sont usitées dans la nour- riture japonaise comme condiment après avoir été salées. Les fruits sont employés dans l’industrie pour teindre en jaune les étoffes de soie, de coton et d’ortie blanche. Cette teinture, qu’on obtient en faisant bouillir dans l’eau les fruits du Gardenia florida, a beaucoup d'éclat et de solidité. C’est “dans la ville de Kioto que se trouvent les fabriques les plus importantes de teinture de Gardenia. (1) Thunberg, Flora Japonica, p. 108. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 278. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 207, n° 776, (4) Kwa-wi, Arb., IV vol., p. 121, n° 32. o) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, p. 604. ( 416 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. On colore souvent les meubles avec la solution de fruits de Gardenia bouillis dans l’eau avec de la colle. Dans la préparation des qualités supérieures de la laque appelée Sunkei nuri, la coloration jaune qui revêt les sur- faces qui doivent être laquées s’obtient avec la teinture du Gardenia. Quand on ne se sert pas de la teinture de Garde- nia, on emploie la Gomme-gutte. e n’est pas seulement au Japon, mais aussi en Chine, que les fruits du Gardenia sont usités pour la teinture en jaune, qui n’est altérée ni par les alcalis, mi par les acides. D’après M. Natalis Rondot (1) et d’après M. le D'Bretschnei- der (2), le savant auteur des remarquables recherches sur la flore de la Chine et sur les ouvrages chinois, le Gardema flo- rida se nomme en chinois Chy-tsio et (à Shanghaï) Hoang- ichi. M. Rondot indique trois espèces de fruits de Gardenia : Le Tchi-tse, fruit très allongé, Le Chan-tchi, fruit ovoide moins gros, Et un troisième fruit, plus petit et presque rond. D’après de Candolle, le Tchi-ise est le Gardenia florida Lin., et le Chan-tchi est le Gardenia radicans Thunb. Actuellement on pense que le Tchi-tse est le Gardenia grandiflora. Le Chan-ichi serait le Gardenia florida et la troisième espèce serait le Gardenia radicans (3). Le Gardenia est commun dans les provinces du Honan et du Tchekiang ; à Tientsin et dans les provinces du centre de l'empire chinois, 1l se fait un commerce considérable de fruits de Gardenia pour la teinture. Les fruits qu’on trouve à Can- ton sont allongés, ceux de Shanghaï et de Ningpô sont ovoïdes. Les fruits les plus allongés sont les plus répandus et les plus employés. Les fruits ovales et les fruits ronds sont les plus rares et les plus estimés. On rencontre de grandes cultures de Gardenia aux environs des villes de Canton, de Shanghaï et de Ningpô, où l’on s’occupe de la teinture des étoffes. Il est (1) Natalis Rondot, Notice du Vert de Chine, p. 86. (2) D' Bretschneider, Early European researches into the Flora of China, p. 66 et 156. (3) Natalis Rondot, Notice du Vert de Chine, p. 88. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 117 difficile de savoir si c’est la teinture de Gardenia qui est employée pour teindre en jaune les vêtements et les étoffes destinés à la famille impériale. Suivant M. Dupont (1), il est probable qu’au Japon les vêtements du mikado étaient teints avec l'Hadjinoki (matière colorante usitée en teinture), ou avec le Dzoumi (Pyrus sp.), qui croît dans les provinces de Shimodzuke, de Sinano et de Kai, et dont l'écorce, bouillie dans l’eau, donne une belle couleur jaune. On s’en sert, d’après M. Rondot (2), « pour les verts sur coton el pour donner un pied de jaune aux tissus de soie, d'Urtica nivea, de coton, qu'on veut teindre en écarlate, en cerise, en cramoisi avec le carthame, il augmente la solidité et l'intensité de la couleur ». On s’est occupé en Europe de l'importance du Gardenia. D’après M. Natalis Rondot (3), en 1849, le professeur W. Stein (de Dresde) a fait des travaux et des analyses sur les fruits du Gardenia, et ses recherches ont été publiées dans le Chemisch-pharmaceutisches Centralblait (4). En 1851, la Compagnie des Indes a exposé à l'Exposition universelle des fruits de Gardenia, destinés à faire une tein- ture pour la coloration des meubles en jaune. En 1855, M. von Orth a publié à Munich un mémoire sur le Gardenia dans le Neues Repertorium für Pharmacie (5). Dans le courant de la même année, le professeur J. Roch- leder a fait paraître sur la même question un travail inséré dans le Neues Repertorium für Pharmacie (6). M. le D' Th. Martius (d’Erlangen) s’est occupé aussi de l'analyse chimique des fruits du Hoang-tchi. En 1857, M. de Montigny et le P. Aymeri ont envoyé en France des fruits ovales de Gardenia sous le nom de Hoang- tchi-tse. En 1858, M. Natalis Rondot, dans son intéressant ouvrage Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 122. Natalis Rondot, Notice du Vert de Chine, p. 89. Chemisch-pharmaceutisches Gentralblatt, 1850, n° 9, p. 140, Leipsig. 5) Band IV, heft 1, s. 12 à 17, 1855, Munich. 6) Band IV, h. 8 et 9, s. 365 à 367, 1855, Munich. K< 118 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. sur le vert de Chine, a consacré un chapitre aux matières tinctoriales jaunes et s’est surtout occupé du Gardenia, dont il a fait venir des fruits par l'intermédiaire du D' Martius (d'Erlangen) et directement de Chine par l'entremise de MM. Remi et Schmidt (de Shanghaï). À la même époque, M. Persoz a fait une série d'analyses chimiques des fruits de Gardenia, qui ont été publiées dans le livre de M. Rondot. Le Gardenia florida introduit en France est cultivé au Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne comme plante ornementale de serre chaude. GARDENIA RADIGANS. Misoki jinasi. — On rencontre aussi au Japon, d’après Thunberg (1), Miquel (2), Franchet et Sa vatier (3), le Gardenia radicans, qui vient à l’état spontané dans les bois et les forêts de l'ile de Kiousiou. D’après M. le D' Savatier, on cultive beaucoup, surtout à Tokio, une variété du Gardenia radicans à fleurs doubles, sous le nom de W1- soki jinasi. Le Phonzo-Zoufou (4) marque une variété à fleurs semi-doubles, bordées de jaune, sous le nom de Ko- koutsi nasi. Les fleurs du Gardenia radicans sont souvent mélangées au thé pour lui donner une odeur parfumée. Siebold (5), Miquel (6), Franchet et Savatier (7) relatent aussi, comme cultivé au Japon, le Gardenia maruba à feuilles rondes, connu sous le nom de Maruba d'après le Phonzo- Zoufou (8). Les fruits du Gardenia florida sont employés par les mé- decins japonais et chinois. Ils agissent comme remède émé- tique et surtout comme diurétique, et sont prescrits contre les affections du foie. Quant aux fruits du Gardenia radicans, ils sont usités comme cataplasmes sur les blessures et les abcès. (1) Thunberg, Flora Japonica, p. 273, tabl. 20. a Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 213. (3) Franchet et Savatier, vol. L, p. 208, n° 777. (4) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXVII, fol. 12, verso. (5) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, n° 603. (6) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 273. (7) Franchet et Savatier, vol. I, p. 208, n° 778. (8) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXVIT, fol. 11, verso. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 119 RUBIA CORDIFOLIA, var. munjista. — Akane. La famille des Rubiacées au Japon fournit aussi, parmi les plantes utilisées dans l’industrie, plusieurs espèces de Garance, dont on re- marquait des échantillons dans la vitrine des matières colo- rantes du Japon (Classe 44. Produits des exploitations et in- dustries forestières), n° 2. Matières premières des teintures végétales exposées par Kanno-Kiokou (bureau agricole du ministère de l’intérieur). L'espèce la plus employée est le Rubia cordifolia, var. munjista de Miquel (1), de Franchet et Savatier (2), Rubia cordata de Thunberg (3), Rubia munjista de Roxburg, à feuilles rondes, odorantes, à fleurs d’un jaune verdâtre, que les Japonais désignent sous le nom de Akané (4) et de Marba akane (5), et aussi sous celui de Beni kadzura d’après M. Dupont (6), qu’on rencontre à l’état sauvage dans les mon- tagnes et les lieux ombragés, mais qui esl souvent cultivé et qui fleurit en août dans les îles de Kiousiou et de Nippon, principalement dans la province de Yamato. La plante sau- vage est la plus estimée; ses racines, d’un jaune rougeûtre, fournissent une belle couleur rouge employée pour la tein- ture des étoffes de soie. Le Phonzo-Zoufou (7) et le Somoku-Dusets (8) indiquent aussi le O-kinuta-so, Rubia chinensis de Regel, qui croît à l’état sauvage dans les montagnes de Yamato, province de l’île de Nippon. M. Maximowicz a trouvé de plus, dans les prés voisins du bord de la mer, dans l’île de Veso, près des villes d'Hakodate et de Sawara, le Rubia tatarica, var. grandis (9). (1) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p.215. (2) Franchet et Savatier, vol. I, p. 212, n° 792. (3) Thunberg, Flora Japonica, p. 60. (4) Kwa-wi, Herb., IN vol., p. 65-66, n° 23. (5) Somoku-Dusets, vol. If, p. 17, n° 63 et 64. (6) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 122. (7) Phonzo-Zoufou, vol. XXIX, fol. 19, verso. (8) Somoku-Dusets, vol. II, p. 47, n° 67. (9) Franchet et Savatier, vol. I, p. 212, n° 794. (A suivre.) Il. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. AU SUJET DES CHÈVRES ANGORAS EN ALGÉRIE Par M. COUPUT, directeur de la Bergeric nationale de Moudjebeur (Algérie). Lettre adressée à M. le Président de la Société nationale d’Acclimatation. J'avais lu, il y a quelque iemps déjà, dans un journal de la colonie, une étude sur la Chèvre Angora en Algérie, étude que je croyais extraite d’un travail fait par mon honorable prédécesseur, et publié par les soins de la Société d'Acclima- tation en juin 1870. Je retrouve dans un Bulletin de la Société d’Acclimatation cette même et très intéressante communication. Je vois qu’elle a été faite à nouveau cette année par M. Durand, mais j’x trouve en même temps toute une série d'’affirmations et de chiffres. La question change donc complètement de face et je crois de mon devoir de relever certaines inexactitudes, de mettre en lumière quelques faits qui pourront vous prouver que l'élevage de la Chèvre Angora n’est en aucune façon aban- donné à Moudjebeur. Comme M. Geoffroy Saint-Hilaire, je pense, Monsieur le Président, qu’il y aurait lieu d’être absolument désolé si une expérience qui a déjà duré de longues années venait à être subitement abandonnée ou même négligée avant aiqie donné un enseignement positif. Je ne puis qu'approuver le sentiment qui, devant les affir- mations qui ont été faites, a poussé la Société d’Acclimatalion à appeler l’attention de M. le Ministre sur la Chèvre Angora et sur sa propagation en Algérie. Mais permetlez-moi, pour vous tranquilliser à cet égard, de vous donner une série de documents officiels qui prouveront de la façon la plus complète que le troupeau d’Angoras est loin d’avoir périclité depuis que j'ai la direction de Moudje- beur, que jamais il n’a donné de résultals aussi satisfaisants que ceux qui ont été obtenus ces deux dernières années. CHÈVRES ANGORAS EN ALGÉRIE. 491 _ J'ai fait le relevé des différents effectifs du troupeau depuis 1859 jusqu’au 10 décembre 1884. Il faut laisser de côté les années 1859-1860 où, ainsi que le disait en 1878 mon honorable prédécesseur, le troupeau n’était pas au complet. Dans cette longue série d'années, 1871 et 1872 me manquent malheureusement. J'ai pris comme base d'appréciation, au point de vue de l'augmentation du troupeau, la relation entre le chiffre des naissances et celui des Chèvres adultes; pour la mortalité, la proportion a été établie sur le tolal des exis- tences. Ce relevé prouve que jamais la proportion des naissances au nombre des Chèvres mères n’a été aussi considérable que pendant les deux années où il a été soumis à mes expériences. Cette proportion s’est élevée en effet à 156,02 pour 100 en 1883, à 100,06 pour 100 durant les dix premiers mois de 1884; pendant les vingt années précédentes elle n’avait été au contraire que 78,06 pour 100 depuis 1861 jusqu’à 1870, et 75,61 pour 100 de 1873 à 1882. Une autre donnée, très importante aussi, la relation entre les bêtes mortes et les animaux existants, est tout en faveur des années 1883-1884, où elle s’élève à 12,12 pour 100 en 1883 et à 11 pour 100 en 1884, alors qu’elle avait été de 13,83 pour 100 de 1861 à 1870 et de 23,98 pour 100 depuis 1873 jusqu’à 1882. L’effectif actuel qui monte à 64 bêtes et non pas 40 comme il a été dit, est enfin un des plus élevés qui se soit vu depuis dix ans. Depuis 1873, en effet, la moyenne annuelle a été, tout compris, Boucs, Chèvres, Chevreaux et Chevrettes, de 39,80 têtes seulement : une seule fois le chiffre actuel a été atteint en 1881, époque à laquelle le troupeau a compté 67 têtes. C’est alors, en février 1889, et non pas cette année, qu'il a été vendu les deux tiers du troupeau et cela non pas sur un ordre ministériel et dans le but de cesser les études entreprises, mais sur la demande de mon honorable prédé- cesseur, qui ne pouvait plus, faute de récolte, nourrir les troupeaux qu'il avait à Moudjebeur. | SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 122 811/S'08L| LI6| 91796861) 9STIGLIT| 9LT 1S| YG| YE7| 91| GI] 861] 06] YS| G6T| XAVIOZ — LE Y6 9 | OF |YFr | GI CG GL | GE |SGE | FC 66 97 | 98 |6ST | 96 9e | & |67r | Sr 68°8F | 0G 1907 8078 TT |967 99°9T : 6F (TITI G6 DE | TE (C6 60° 66 | LG |66 ©G6 I | OF 29 «C « OLS8T 6987 8987 L98T 9987 G98T Y98T 6987 G987 F98T 0987 6G8/ RON = © © © GI = © © = GI CD GI — 1 GI CD © GI = © À CO = HE SE « ((( | | , "] xd SIOUBSSTEU 9D 21QUUON "911180 ‘21HEHON. 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Et pourtant ces expériences doivent être continuées, car les résultats obtenus par mon honorable prédécesseur sont tels que, si l’on devait en tirer dès à présent une conclusion, il fau- drait purement et simplement abandonner l’élevage de la Chèvre Angora en Algérie. Quel bénéfice espérer, en effet, d’une race qui, soignée comme devait l’être le troupeau de la Bergerie nationale, a donné des rendements aussi faibles que ceux obtenus jusqu’en 1882; d'un troupeau où le chiffre des naissances n’atteint, pendant ies dix dernières années, que 75,61 pour 100 du nombre des Chèvres portières, tandis que le chiffre des décès s'élève jusqu’à 23,98, soit 24 pour 100. Il faudrait devant de pareils résultats renoncer à toute idée d’acclimatation, surtout lorsqu'on voit le chiffre des nais- sances descendre progressivement dans l’espace de cinq ans, de 104 à 31 pour 100. Les années 1883 et 1884 sont heureu- sement là pour montrer que l’on peut obtenir mieux, mais il faut que ces bons rendements se continuent quelque temps encore avant de pouvoir donner une affirmation absolue. Je suis convaincu du reste qu’avec une bonne nourriture, surtout en employant l’ensilage qui m'a donné d’excellents résultats cetle année, les promesses d'aujourd'hui seront bientôt changées en certitude. Les nouveaux essais faits à Moudjebeur auront, à un autre point de vue, une importance capitale. Placé dans un climat absolument saharien, dans un pays où de vastes espaces inculles attendent d’être mis en valeur, où le seul mode d'exploitation culturale possible sera l'élevage du bétail, les résultats obtenus pourront être considérés comme décisifs. CHÈVRES ANGORAS EN ALGÉRIE. 195 Si l’Arabe, avec ses habitudes invétérées de négligence et de malpropreté, ne peut retirer de cet élevage un résultat avantageux, l’Européen pourra, sans nuire aux forêts algé- riennes, qui doivent être l’objet des préoccupations de tous, s’adonner, lui aussi, à l'élevage de la Chèvre, resté jusqu'ici l’apanage exclusif de la race indigène. Il suffira, pour l’encourager dans cette voie, de lui prouver que non seulement l'élevage de la Chèvre Angora est facile dans le Sud, mais encore que le prix de la toison de cette Chèvre est assez élevé pour donner un bénéfice raisonnable. Il est une dernière question très importante que vous avez soulevée avec votre haute compétence et qui est bien digne d'attirer l’attention aussi bien au point de vue agricole qu’au point de vue de l’acclimatation. Le poil de la Chèvre Angora est-il dégénéré ? Il me serait difficile à Moudjebeur de faire une réponse à cette question, mais je vous envoie quelques échantillons pris sur trois Boucs et trois Chèvres de différents âges, vous pour- rez ainsi juger de leur valeur (1). Une chose quine manquera pas de vous frapper, c’est que ces toisons sont loin d’avoir toutes la même beauté, l’homogénéité de la race n’existe plus; cela est encore plus apparent quand on voit les animaux vivants. Mais ces différences, quoique parfaitement accusées, ne doivent en rien préjuger la question; 1l est fort possible qu’elles soient dues au hasard qui a présidé aux accouple- ments, à ce fatalisme indigène qui engendre forcément, lorsqu'il n’est pas énergiquement combattu, le laisser-aller avec lequel le troupeau a été si longtemps mené. Aussi faudra-t-il opérer une rigoureuse sélection, écarter tout ce qui n’est pas parfaitement pur, autrement on arriverait bientôt à être contraint de faire pour les Chèvres ce qui vient d’être fait pour les Moutons mérinos, il faudrait finir par réformer le troupeau tout entier. (1) Ces échantillons ne sont pas parvenus à la Société. I. EXTRAIT DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 6 FÉVRIER 1885. Présidence de M. HENRI BOULEY, Président. ! Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. | PRÉSENTATEURS. : À. Berthoule. A. Goubaux.. alto: , Saint-Yves LA à Maurice Girard. si Larguier des Bancels. A. Paillieux. Maurice Girard. Jules Grisard.… : Marquis de Selve. . A. Berthoule. A. Goubaux. | Saint-Yves Menard. ASSELIN (Alexandre), libraire-éditeur, place de l’École de médecine, à Paris.” Cours agricoles à Vaud (Suisse). CARVALHO-MOoNTEIRO(Augusto de), 72, ruo da Alecrim Largode Barao de Quintella, à Lis- ( BIELER (Samuel), directeur de l’Institut des | bonne. HouzEau (Léon), libraire-éditeur, place de l'Ecole de médecine, à Paris. — M. le Président fait part à l’assemblée de la perte regrettable que la Société vient de faire dans la personne de M. Vavin, qui, l’un des membres les plus anciens et les plus actifs de notre compagnie, s’était toujours occupé avec zèle de la propagation des végétaux utiles, et qui n'avait pas abandonné ses travaux alors que l’âge eût pu lui PATES le repos. — M. Granger adresse des remerciements au sujet de sa récente se mission dans la Société. — M. le comte de La Touche, de Saint-Brieuc, adresse un mémoire sur l’élève du Cheval dans le département des Côtes-du-Nord. — Des remerciements pour les cheptels qui leur ont été accordés sont adressés par MM. Alfred Rousse, Leblan, Gardin, Proyart, Martineau, Galland, O'Neill, Gauttier-Faugères, C. de Kervénoaël, Ed. Godry, mar- quis de Brisay, Garnotel, Henning, O. de Boussineau. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Hugues, de Montrol, Delaurier, de Montessus, de Feydeau, Saury, V. Fleury, le comte de Kersaint-Gilly et Martel-Houzet. — MM. Martial et le vicomte de Causans accusent réception et remer- cient des envois d'œufs de Coregonus albula qui leur ont été faits. PROCÈS-VERBAUX. 197 Ces œufs sont arrivés en bon état, et l’éclosion s’en est effectuée d’une façon très satisfaisante. —— M. Buttin, régisseur du domaine de Dampierre (Seine-et-Oise), adresse une demande d’œufs de Truite. - — M. Raveret-Wattel fait connaître que quelques Saumons ont été récemment pêchés dans les eaux de la rivière Yarra-Yarra, près de Mel- bourne. Ces poissons proviennent, sans nul doute, des alevins de Saumon de Californie (Salmo quinnat), placés dans ce cours d’eau, il y a déjà plusieurs années, par les soins de sir Samuel Wilson, dont on connaît les généreux et persévérants efforts pour l’acclimatation du Saumon eu Australie. — En exprimant sa satisfaction d'apprendre l’arrivée en bon état des œufs de Coregonus albula, qu'il a récemment adressés à la Société, M. Max von dem Borne écrit de Berneuchen: « J’ai reçu des États-Unis, il y a deux ans, cinquante-quatre Black-Bass. Treize de ces poissons ont survécu au voyage, savoir : trois de l’espèce à large bouche et dix de l'espèce à bouche étroite Les premiers, mis séparément dans un petit étang, ont frayé au printemps dernier et m'ont donné environ treize cents alevins, qui mesurent actuellement de 5 à 7 centimètres de longueur. J'espère obtenir cette année une multiplication plus abondante. Je gar- derai mes élèves dans un bassin spécial, à l’abri d’autres poissons dépré- dateurs, jasqu’à ce qu’ils soient de taille à pouvoir être mis en liberté, sans que l’on ait à craindre de les voir détruire par les Brochets ou autres espèces voraces. C’est la méthode suivie dans l'Amérique du Nord, et j'espère qu’elle me réussira. » À mon avis, le Black-Bass est le meilleur emprunt que nous puissions faire aux eaux douces des États-Unis. Je tiens à rappeler, toutefois, que cette opinion n’est pas entièrement partagée par M. de Behr-Schmoldow, qui redoute la voracité de ce poisson. J’ajouterai que M. le professeur Spencer F. Baird recommande en effet de ne pas introduire le Black-Bass dans des cours d’eau à Truites, qui pourraient être dépeuplés rapide- ment. » Le Black-Bass se recommande surtout par son aptitude à vivre à peu près dans toutes les eaux : froides ou chaudes, courantes ou stagnantes, limpides ou bourbeuses. Il résiste bien dans les rivières souillées par les eaux d’égouts où par les déjections des’ usines, et il sepropage avec la plus grande rapidité. On le trouve aujourd’hui depuis le bassin du Mississipi jusqu’au Canada, aussi bien dans les étangs à fond tourbeux que dans les lacs profonds, ou les cours d’eau à fond de sable et de gra- vier. Quelque cinquante ou cent Black-Bass d’un demi-kilogramme, placés dans une rivière, ont suffi bien souvent pour peupler en peu de temps toutce cours d’eau. L'ouvrage donnant les renseignements les plus complets sur ce poisson est celui ayant pour titre : « Book of the Black-Bass:», de James Henshall, publié à Cincinnati en 1881. » 198 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. —— M. le général comte de La Croix de Vaubois écrit à M.,le Secrétaire général : « Dans un des numéros du Bulletin, paru dans le courant de l’année dernière, se trouvait un article des plus intéressants de M. De- croix sur la destruction des Sauterelles. Jé laisse à de plus compétents le soin de traiter encore les questions qui peuvent les concerner. Je dirai seulement, en ce qui touche l’alimentation qu’elles peuvent fournir, que je n’ai jamais remarqué que la volaille, à l’époque de leur passage, s’en dégoutât, et que je crois qu’elle s’en nourrirait très bien ultérieurement si on avait le soin de les conserver convenablement; d’autant plus que dans le désert les indigènes les gardent pour leur nourriture particu- lière. Ils en font des conserves à l’huile, après avoir préalablement ar- raché la tête, les pattes et les ailes. Etant à Ouargla à la fin de 1871, je fis acheter sur le marché quelques Sauterelles de conserve et je m'im- posai d’en manger une douzaine. Le régal fut loin d’être excellent. Les Sauterelles conservées avaient un goût de noisette. Je crois qu’elles au- raient été agréables à manger si l’huile avec laquelle elles avaient été préparées n’eût pas été noire, épaisse et des plus rances, et si en outre le vent ne les avait pas assaisonnées de beaucoup de sable. » — M. le comte de Bouchaud de Bussy demande l’envoi de la liste des végétaux distribués en cheptels par la Société. — M. Vincendon-Dumoulin écrit de Chevrières (Isère): « Vous avez bien voulu me confier, au printemps dernier, des graines de Melon à chair verte, don de M. le docteur Jeannel. Je les ai fait semer en pleine terre le 5 avril, comme nous le faisons pour nos Melons du pays, qui, dans les mêmes conditions, sont ordinairement délicieux. Ils ont poussé beaucoup en feuilles, et il n’y en a eu de formés que très tardivement. Deux ont atteint la grosseur de Melons ordinaires; ils avaient l'écorce jaune, lisse et la chair verte ; ils ont müûri très tardivement, vers le mois de décembre, et étaient plus que médiocres. D’autres, une douzaine en- viron, qui ont atteint le volume d’une très grosse orange, se sont égale- ment conservés très tardivement, mais ils n’ont pas atteint leur maturité et se sont gâtés. » Cheptels. — M. Fuzier-Herman écrit de Loches que la seconde Brebis de son cheptel de Moutons Ong-ti a mis bas, le 27 décembre dernier, un seul produit bien constitué (femelle). | — M. François Pontet écrit d’Aurillac : « Bien qu’ils se soient tenus cachés, mes Canards Casarkas n’ont donné aucun produit, c’est-à-dire que la femelle n’a pas pondu. La femelle de Bahama a pondu dix œufs dans une touffe d’arbustes, au milieu des rochers. Ce n’est qu'après plus de trois semaines que j’ai pu découvrir son nid. Lorsqu'elle le quittait pour prendre sa nourriture, elle prenait de grandes précautions pour revenir à ses œufs. Cinq œufs sont éclos, et les petits ont vécu une ving- taine de jours. Je n’ai pu en conserver aucun. La mortalité a également frappé tous mes jeunes Canards Carolins et Mandarins. Je n’ai pu en PROCÈS-VERBAUX. 199 connaître la cause. J’avais pris cependant les mêmes précautions que les années précédentes, et suivi le même système d'élevage. Les deux cou- ples que j'ai en cheptel jouissent d’une santé parfaite, malgré les froids rigoureux et les neiges de cet hiver. » — M. Martel-Houzet rend compte de la perte de la femelle de son cheptel de Canards siffleurs du Chili. — M. F, Mathey fait également connaître qu’il vient de perdre le mâle du couple de Canards Mandarins qu’il avait en cheptel. — M. Raveret-Wattel dépose sur le bureau un rapport de M: Leconte, député de l’Indre, sur une pétition adressée à la Chambre des députés, pétition dans laquelle M. le docteur Trolard, d’Alger, soumet, au nom de la Ligue du reboisement, un ensemble de considérations sur la ques- tion forestière de l’Algérie. On remarque dans ce rapport le passage : suivant : « Le développement des plantations serait, pour l'Algérie, au point de vue de la salubrité, de l'abondance des eaux, de la fécondité du pays, d’une importance extrême. Les montagnes dénudées de l’Aurès ont perdu tout le terrain végétal qu’elles contenaient, et ces terrains, dans certaines plaines, comme celles d’El-Outaïa, par exemple, ont produit des accumulations de terre végétale d’une profondeur surprenante. L’in- génieur chargé du forage des puits artésiens nous affirmait qu'il avait trouvé là plus de 150 mètres de terre végétale de première qualité, et que les vingt premiers mètres étaient formés de couches d’une richesse inépuisable. Par contre, toutes les montagnes qui entourent ces riches plaines sont arides et dénudées. C’est le sort qui est réservé aux coteaux et aux montagnes incomplètement boisées. » Et pourtant, des plantations de diverses essences ont donné des résultats merveilleux. Ainsi les Robiniers peuvent venir partout; les Eucalyptus croissent avec une rapidité surprenante. Nous avons vu, à exposition de Bône, des Eucalyptus de quatre ans de semis former des arbres assez gros pour être employés comme poteaux télégraphiques. Nous avons pu constater aux environs de Philippeville des bois d'Euca- lyptus pleins de vigueur et d'avenir. » Ce n’est pas en quelques lignes qu’on peut développer lin des avantages immenses que procurerait l’encouragement des plantations. Mais un résultat immédiat, c’est la multiplication des eaux et des cours d’eau et la salubrité de lair. Ces faits sont constatés par l’étude la plus de de l’action robe du règne végétal sur le règne animal. A ae de cette communication, M. le docteur Michon fait re- marquer que si l’Eucalyptus vient très bien dans certaines parties de l’AI- gérie, et notamment dans les environs de Bône et de Philippeville, il ne faut pas en conclure que cet arbre doit être employé partout et pourrait servir, par exemple, à boiser les montagnes de PAurès, absolument dégarnies faute de terre végétale. « Peut-être, dit M. Michon, certaines 4 SÉRIE, T. II. — Février 1885. 9 130 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. essences pourraient-elles, avec beaucoup de soins, y réussir; mais il serait absolument impossible d’y faire venir un pied d’Eucalyptus. » — M. Raveret-Wattel appelle l’attention de l’assemblée sur le dernier volume paru (année 1884) du Bulletin de la Commission des pêcheries des États-Unis, dans lequel se trouvent publiés de nombreux extraits du Bulletin de la Société d’Acclimatation relatifs à la pisciculture. Le même volume renferme, entre autres articles très intéressants, une note de M. Charles Smiley, montrant les résultats extrêmement avantageux que l’on peut obtenir de travaux d’empoissonnement bien conduits (voy. au Bulletin). — M. Moleyre présente la seconde partie de son mémoire sur les In- sectes et les Crustacés comestibles, et donne lecture de quelques pas- sages de cet intéressant travail (voy. au Bulletin). — M. le Secrétaire général met sous les yeux de l’assemblée un dessin colorié, envoyé par M. Henri de la Cuisine, et représentant des animaux de la race canine, qui offrent la plus grande ressemblance avec des Loups et pourraient être pris volontiers pour des métis de Loup et de Chien. D’après les renseignements fournis sur leur compte, ces ani- maux seraient des Chiens de Brie, du meilleur sang, ayant été, comme leurs parents, employés à la garde des troupeaux. Le service fait par ces Chiens ne permet pas de supposer qu’ils soient issus d’une Chienne de berger et d’un Loup, car il est certain que l’éducation domestique n'aurait pas suffi pour les assouplir à ce service et faire disparaître chez eux l'instinct du Loup leur père. On peut être amené, par suite, à sup- poser que l’aspect si remarquable de ces animaux serait dû à un rappel d'atavisme. — M. le Président dit qu’il y a une trentaine d’années un Loup tout jeune, encore à la mamelle, qui lui avait été envoyé de la forêt d’Or- léans, fut élevé à Alfort par les élèves de l’École vétérinaire. Quand cet animal, qui élait cependant d’une douceur extrême et qu’on laissait courir en toute liberté dans le parc, eut atteint l’âge de huit ou neuf mois, on craignit qu'à un moment donné les instincts du Loup ne re- prissent chez lui le dessus et qu’il devint dangereux pour de jeunes enfants qui l’approchaient journellement. On le donna donc au Muséum d'histoire naturelle, qui crut devoir le faire emmener dans une cage. A peine ainsi enfermé, l’animal devint furieux ; il faisait craquer ses dents sur les barreaux de sa cage. Un instant avait suffi pour que chez ce Loup, si doux jusque-là, se révélât toute la férocité propre à sa race. — M. le Secrétaire général dépose sur le bureau une note de M. Lais- nel de La Salle sur la Grenouille-bœuf (voy. au Bulletin). — M. Geoffroy Saint-Hilaire entretient la Société des progrès que fait en divers pays l’industrie des fermes à Autruches. En Australie, les ré- sultats sont déjà intéressants, comme le constate l’article ci-dessous, . PROCÈS-VERBAUX. 131 extrait du numéro du 16 janvier 1885 du journal Anglo New-Zelander and Australian Times : « La ferme à Autruches de Malcolm, à Port Augusta (Australie méridio- nale), a expédié cette année plus d’un quintal de plumes d’Autruches » de première qualité. » Ces plumes sont égales en mérite aux meilleures du Cap de Bonne- » Espérance. » Les Autruches se reproduisent régulièrement dans la colonie ; aussi peut-on considérer cette nouvelle industrie comme solidement établie aujourd’hui dans ce pays. » « Il est question, dit M. Geoffroy Saint-Hilaire, d'établir des fermes à Autruches dans la Floride ; enfin nous avons appris qu’il a été débarqué il y a peu de temps soixante Autruches à la Nouvelle-Orléans; elles ont été envoyées immédiatement en Californie, où il a été fondé un établis- sement pour l’éducation de ces animaux dans la province de Los Angelos. Nous espérons avoir bientôt des détails plus complets sur cet établisse- ment. » M. Geoffroy Saint-Hilaire entretient ensuite l’assemblée des diffi- cultés particulières que l'élève de l’Autruche présente sur le littoral de notre colonie algérienne, où, dès qu'ils ont une quinzaine de jours, les Autruchons sont sujets à une affection des os, qui, jusqu'à l’âge de six mois, les fait périr en grand nombre. — M. le Président rappelle, à cette occasion, l’influence de la nourri- ture sur la formation des os. M. Bouley fils a vu que de jeunes Chiens élevés exclusivement avec un lait artificiel (lait de poule) ne trouvent . pas dans cette nourriture les éléments de la formation des os, le calcaire y faisant défaut. Par suite, les membres sont faibles et se cassent aisé- ment. Il est probable que, chez les jeunes Autruches, quelque chose d'analogue se produit, et par la même cause. — M. le Secrétaire général dit qu’on a essayé, pour les Autruches, d’une nourriture extrêmement riche en phosphates et en calcaire ; mais que jusqu'à présent le résultat est resté négatif. — M. Geoffroy Saint-Hilaire rend compte des démarches qu'il a fait faire auprès du roi du Chao, en vue de se procurer certains animaux intéressants de cette région peu connue, et il ajoute qu'il croit pouvoir espérer que ces démarches ne resteront pas infructueuses. LA Y v% 1391 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. SÉANCE GÉNÉRALE DU 20 FÉVRIER 1885. Présidence de M. HENRI BOULEY, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. à ne À. Geoffroy Saint-Hilaire B 4 z k $ y ONNEMAIN (Louis-Jules), bijoutier, 149, les” CE avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). Apte CHANDÈZE (Gabriel), chef du Bureau de la { A. Berthoule. législation des douanes, 29, rue de Tour- ; H. Bouley. nou, à Paris. E. Roger. — M. le Président fait part à l'assemblée de la perte regrettable que la Société vient de faire dans la personne de M. Vauvert de Méan, ancien consul général de France à San-Francisco, qui était un des membres les plus anciens de la Société, et qui avait souvent enrichi le Bulletin de communications intéressantes. M. le Président donne en même temps lecture d’une lettre par laquelle M. Dosseur, notaire à Paris, l’informe que M. Vauvert de Méan a légué à la Société une somme de 15 000 francs. « Vous voyez, Messieurs, ajoute M. le Président, que, malgré son éloignement, notre honorable et re- gretté confrère vivait en esprit avec nous, et qu’à son heure dernière 1l a pensé à doter la Société d’Acclimatation d’une somme relativement importante. Le nom de M. Vauvert de Méan se trouve désormais inscrit parmi les noms de nos donateurs. » — M. le Président dépose sur le Bureau une thèse pour le doctorat en médecine, présentée.et soutenue le 12 février dernier, devant la Faculté de Paris, par M. Saint-Yves Ménard, sous-diresteur du Jardin zoologique d’acclimatation, professeur à l’École centrale des arts et manufactures. M. le Président fait en quelques mots l’éloge de cette thèse, qui a pour titre: Contribution à l'étude de la croissance chez l’homme et les ani- maux, et qui à été soutenue avec une grande distinction par son auteur. « C’est, ajoute M. Bouley, un travail d’une importance considérable, mon seulement au point de vue de la physiologie générale, mais aussi au point de vue de la physiologie chez l’homme et des indications rela- tives à l’homme, à sa croissance, à son développement et à son hy- giène. » PROCÈS-VERBAUX. 135 + Des remerciements sur sa récente admission sont adressés par M. Nicolas Lucesco. — M. Antonio A. de Carvalho Monteiro adresse également des remer- ciements pour sa récente admission, et joint à sa lettre divers documents concernant la Société du Jardin zoologique d’acclimatation de Lisbonne, dont il est un des membres fondateurs en même temps que membre du Conseil. — Des demandes de RER sont adressées par MM. Mennesson et Saury. — MM. Bourjuge, Din et Lefebvre remercient la Société des cheptels qui viennent de leur être accordés. — MM. le docteur 1.-J. Lafon, Alfred Rousse et Salmon-Coubard ac- cusent réception et remercient des envois d'animaux qui leur ont été faits. — En remerciant également du cheptel de Tourterelles qui vient de lui être adressé, M. le marquis de Pruns, de Brassac-les-Mines, exprime de nouveau le désir de voir la Société faire des démarches en vue d’ob- tenir l’admission de la Chèvre dans les concours régionaux. « Il y a là, dit M. le marquis de Pruns, une question digne de l’intérêt d’une aussi grande et aussi utile Société que la nôtre. Voilà déjà deux ans que la question est à l'étude, et elle ne semble pas avoir encore fait un pas en avant. » | — M. Mathey, de Rochechouart, annonce le renvoi de la femelle de son cheptel de Canards mandarins. — M. Pays-Mellier, de La Pataudière, par Champigny-sur-Vende (Indre-et-Loire), écrit en date du 8 février, à M. le Secrétaire général, qu'un groupe de Porcs-épics, achetés par lui au Jardin zoologique de Marseille, lui a donné de nombreuses reproductions. Les dates des nais- sances sont les suivantes : 23 février 1883, la femelle mit bas un jeune ; 21 août 1883, naissance d’un second jeune ; 4 février 1884, naissance de deux jeunes ; 98 juillet 1884, naissance de deux jeunes ; Enfin, 24 novembre 1884, dernière naissance d’un jeune. La régularité de ces reproductions mérite d’être signalée. — M. Leroy adresse deux exemplaires de son ouvrage ayant pour titre : La Poule pratique. — Remerciements. — M. Rogeron fait parvenir de nouveaux renseignements sur ses : croisements de Canards (voy. au Bulletin.) — M. Valéry-Mayet, professeur à l'École d’agriculture de Montpellier, annonce l’arrivée en bon état des œufs de Saumon qui lui ont été en- voyés et qu’il veut bien se charger de faire éclore, pour les essais entre- pris par la Société, en vue de lempoissonnement de l'Aude. — M. des Vallières fait connaître que l’éclosion des œufs de Truite 134 SOCIÉTÉ NATIONALE D 'ACCLIMATATION. des lacs qu'il a reçus à mal réussi ; ces œufs paraissent avoir souffert de la gelée pendant le transport. Les alevins obtenus avaient été mis dans un petit ruisseau d’où, malheureusement, une crue de la Marne les a fait disparaître. — M. Delgrange, de Valenciennes, demande des renseignements sur les soins à donner aux Truites et aux Corégones qu’il élève dans sa pro- priété d’Isle-le-Pré, près Bastogne (Luxembourg belge). — NM. de Féligonde rend compte du résultat de ses élevages de Saumon de Californie et de Salmo fontinalis. — M. Frédéric Zenk, propriétaire de l’établissement de pisciculture de Seewiese (Bavière), fait connaître que les Sandres (Lucioperca sandra), qu'il conserve depuis deux ans dans un étang spécial, n'ont pas encore frayé. Cette circonstance a empêché M. Zenk d’envoyer à la Société les alevins qu’il lui avait promis. Notre confrère ne désespère pas, toutefois, d'obtenir là multiplication de ces poissons, qui mangent considérablement et sont en excellent état. — M. Victor Rolat écrit de Collioure : « J'ai l'honneur d'adresser à la Société nationale d’Acclimatation un travail sur la sériciculture, que vient de publier le Moniteur des soies, de Lyon, et qui est l’expression exacte de mes idées et de mes recherches. J’ai fait ce travail en réponse à un article du journal italien 1} Bacologo italiano, du 30 novembre 1884, dont je vous envoie un exemplaire par le même courrier. L'année dernière, M. le Secrétaire général me demandait des attestations prou- vant que mes idées sont justes. L’article du très important journal italien peut en servir parfaitement. » — M. Natalis Rondot, délégué de la Chambre de commerce de Lyon, écrit à M. le Président : « Un savant anglais, M. Frédéric Moore, qui donne à la Chambre de commerce de Lyon son concours pour la déter- minalion des Vers à soie sauvages que nous faisons chercher, depuis un temps déjà assez long, dans les différents pays, nous a signalé un Ver à soie provenant de la Cochinchine, reçu par la Société, et qui aurait été reconnu être l’Antheræa Frithi. M. Moore nous a informé que des spé- cimens de cette espèce se trouvaient dans votre collection. » Il serait intéressant de savoir si cette espèce est bien lAntheræa Frithii, dont la soie a été déjà l'objet d'essais, et j’attacherais beaucoup de prix à avoir communication de spécimens. » Vous connaissez, Monsieur, le mémoire sur les Vers à soie sauvages de la Chine, que le père Cibot a fait d’après un travail plus important du père d’Incarville. Le mémoire du père Cibot a été publié dans les mémoires concernant les Chinois. » Un mémoire original, avec des dessins chinois d'insectes et de plantes, attribué suivant les uns au père Cibot, suivant les autres au père d’Incarville, a appartenu d’abord à Latreille, et ensuite à M. Huzard. PROCÈS-VERBAUX. 1395 » On ignore dans quelles mains ce précieux manuscrit a passé lors de la vente de la bibliothèque de M. Huzard. » Je me suis assuré qu’il n’est pas à la bibliothèque du Muséum d’his- toire naturelle. La famille de Lasteyrie, qui, disait-on, l’avait acheté, ne le possède pas. » M. Desnoyers, bibliothécaire du Muséum, incline à penser que ce mémoire appartient aujourd’hui à la Société d’Acclimatation. » Comme un des Vers à soie décrits par le père d'Incarville n’a plus été retrouvé en Chine, comme on continue à lui attribuer un nom qui n'a peut-être jamais été le Sien, il serait très intéressant de voir le dessin que les Chinois en ont donné dans le mémoire, et comme nous faisons faire des recherches dans le Chan-toung, nous désirons vive- ment avoir quelque idée d’une espèce qui paraît perdue. : » Je vous serais très reconnaissant de vouloir bien me dire si le ma- nuscrit dont il s’agit est en effet dans la bibliothèque de la Société et, dans le cas de l’affirmative, si je pourrais le consulter. » Le Conseil s’est empressé de répondre à M. Natalis Rondot que la Société ne possède malheureusement pas le manuscrit en question, mais qu’elle était heureuse de pouvoir mettre à sa disposition quelques co- cons d’Antheræa Früithit, provenant de l’envoi de M. Moquin-Tandon. Il a été joint à cet envoi les rapports publiés en 1883 et en 1884 dans le Bulletin, sur les éducations de M. Fallou. — M. Babert de Juillé demande à prendre part aux distributions de graines faites par la Société. — M. Carvallo, de Tortose, sollicite un envoi de semence de Riz sec. — M. Bastide adresse des exemplaires de sa notice sur les Vignes américaines, travail dont il demande l’envoi à la Commission des récom- penses. — M. E. Jacqueau demande des renseignements sur le prix de l’Orge du Japon. — M. Marchais adresse deux exemplaires de son opuscule : Les jardins dans la région de l’Oranger, travail dont il demande l’envoi à la Commission des récompenses. | — M. le docteur Jeannel adresse un extrait de la conférence sur l’en- grais chimique horticole qu’il a récemment faite à l’Athénée de Nice. — M. François Borelli, vice-consul de France à Bordighera, désireux de faire quelques essais de cultures de Thé, de Caféier et de Cacaoyer, prie la Société de lui indiquer les ouvrages où il pourrait trouver des renseignements sur la culture des arbres des pays chauds. — M. le Président annonce l’ouverture du scrutin pour l'élection du Bureau et d’une partie des membres du Conseil, et il désigne pour faire le dépouillement des votes une Commission composée de MM. Berthoule, Dybowski, Grisard, Jolly, Mailles et Rathelot. — M. O'Neill fait une communication sur la destruction des Criquets 136 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. dans l’île de Chypre, et rend compte des excellents.résultats obtenus par l'emploi du procédé décrit il y a quelque temps dans le Bulletin par M. Decroix. Ce procédé, dont l’invention, dit M. O'Neill, a été attribuée à tort au pacha gouverneur de l’île, est dû en réalité à un Italien fixé dans le pays, M. Mattei, qui a rendu d'immenses services à l’agriculture. L'année dernière, les dépenses entraînées par la destruction des terri- bles Criquets ne s’est pas élevée à moins d’une centaine de mille francs. On a renoncé dans l’île à la recherche des œufs, qui présentait trop de difficultés, et l’on se borne à chasser et à détruire l’insecte parfait. — M. Huet donne lecture d’un mémoire très intéressant sur la re- production, obtenue au Muséum, de l’Antilope Kob, du Sénégal (voy. au Bulletin). — M. d’Aubusson communique à l'assemblée quelques extraits d’un catalogue sur les espèces d’oiseaux qu’il y aurait intérêt à acclimater en France (voy. au Bulletin). — M. Laisnel de La Salle donne lecture d’une note sur son élevage de Grenouilles-bœufs (voy. au Bulletin). — M. le Président fait connaître le résultat du scrutin. Le nombre des votants était de 492 (Outre les billets de vote déposés par les mem- bres présents, beaucoup de bulletins avaient été envoyés sous pli cacheté et contresigné). Les votes ont été répartis de la manière suivante : Président : MM HENTIAB OUEN. -----------ee 483 Vice-Présidents : D'ÆTH CUSSUN- Ce. SC TEE 486 Comte d'Éprémesnil............ 486 De’ Ouatretases. 20.40.2200 486 Marquis. de SINELY.E-2-22. 00 489 Secrétaire général : À. Geoffroy Saint-Hilaire... ..... 4T3 Secrétaires : E. DUBIR ec ere UE 491 Maurice GIFArd...--. pe ceee 491 Raveret-Wattel................ 492 FUN SHETAT 2 ee ect 489 Trésorier : D' Saint-Yves Ménard.......... 488 Membres du Conseil : D'Léon Le Dont... 2002 .. 485 D" Édouard Mène.............. 487 Alph. Milne-Edwards........... 488 PAS ICO 00 CURE 484 Marquis de Selve.e -CECPRREERE 482 En conséquence, sont élus pour l’année 1884 : President : MM. Henri Bouley. Vice-Présidents : D' Ernest Cosson. Comte d'Éprémesnil. De Quatrefages. Marquis de Sinéty. PROCÈS-VERBAUX. Secrétaire général : Secrétaires : Trésorier : Membres du Conseil : MM. 137 À. Geoffroy Saint-Hilaire. E. Dupin. Maurice Girard. Raveret-Wattel. Flury-Hérard. D' Saint-Yves Ménard. D' Léon Le Fort. D' Édouard Mëne. Alph. Milne-Edwards. P. A. Pichot. Marquis de Selve. Le Secrétaire des séances, RAVERET-WATTEL. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Sur divers végétaux économiques. Extraits de diverses leltres adressées par M. Ch. Naudin, de l’Institut, à M. le Président. « Je viens de recevoir les graines de Thé et de Cæsalpinia mela- nocarpa que la Société d’Acclimatation a bien voulu m'adresser et à laquelle j’envoie mes sincères remerciements. Je crains que les graines de Thé qui, en général, rancissent promptement, n’aient perdu Ja faculté de germer. Néanmoins, elles seront semées et peut-être en ob- tiendrons-nous quelques plants. » Permettez-moi, puisque nous parlons d’un arbrisseau dont la cul- ture a été tentée plusieurs fois sous nos climats, d'exprimer des doutes sur la réussite dans quelque localité de la France que ce soit. Il lui faut, au minimum, pour végéter passablement, une température moyenne annuelle de 16 degrés centigrades, ce qui est celle du midi de l’Europe et du nord de l’Afrique; mais ce qui lui est encore plus nécessaire, c’est une grande humidité atmosphérique entretenue par des pluies fré- quentes pendant la période estivale, et c’est là précisément ce qui nous manque le plus. On a fait cette remarque, d’ailleurs fort juste, que là où la Vigne donne de ‘bon vin, le Thé ne réussit pas, et réciproque- ment. Au surplus, j'ai déjà eu, à la Villa Thuret, de jeunes sujets d'arbres à Thé, que je n’ai jamais pu conserver une année entière. D’autres, sans doute, pourraient être plus heureux avec une meilleure orientation que celle de notre Jardin. » Dans ces dernières années il a été souvent question du Koudzou, ou Pueraria Thunbergiana, Légumineuse vivace de la Chine et du Japon, où on extrait une sorte de fécule de ses racines, et des fibres textiles de ses tiges. La plante vient bien ici, sans soins particuliers, et elle résiste passablement aux longues sécheresses de notre climat. En bonne terre profonde, un peu humide, elle devient énorme, poussant de tous côtés des sarments à demi volubiles, de 8 à 10 mètres de longueur, ce qui en fait une plante un peu embarrassante dans un jardin. Ces sar- ments, semblables à de petites cordes et très tenaces, s'enchevêtrent dans les arbres et les buissons qui sont à leur portée, ou traînent à terre s’ils ne trouvent rien qui puisse les soutenir. Pour la première fois, depuis quatre ans, j'ai vu fleurir un des échantillons que je cultive, ct J'espérais en obtenir des graines, mais aucune gousse ne s’est formée. Les fleurs, un peu plus petites que celles de nos haricots, sont en grappes assez fournies et d’une jolie couleur pourpre violet. Sur aucune de mes plantes je n’ai trouvé de racines tubériformes comme je m’y attendais après avoir lu ce qu’on dit du Koudzou comme producteur de FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 139 fécule. La racine principale, plus ou moins grosse et dure, se divise promptement en racines secondaires qui s'étendent fort loin dans le sol et rendent l’arrachage de la plante difficile. Il ne semble donc pas qu’il y ait pour nous le moindre bénéfice à en attendre comme plante alimen- taire; mais ses longs et nombreux sarments, qui poussent presque à vue d'œil, pourraient évidemment servir à quelque chose, ne füt-ce qu’à faire de la pâte à papier. Reste à savoir si ce produit payerait les frais de la culture et de la récolte, ce qui est douteux. Le meilleur moyen de s’en assurer serait peut-être de la planter à la lisière des bois, dans les landes et autres terres trop pauvres pour se prêter à une culture plus rémunératrice. » Beaucoup de plantes dites économiques et de légumes qui nous ar- rivent de l'extrême Orient sont au-dessous de la réputation qu’on leur fait et, dans tous les cas, sont fort inférieures à leurs similaires d’'Eu- rope. Ce n’est donc point là qu'il faut, selon moi, aller chercher de quoi enrichir nos potagers. La question est tout autre s’il s’agit d'arbres fo- restiers ou de plantes d'ornement, et, sous ce rapport, il y a encore de bonnes acquisitions à y faire, par exemple en Orchidées terrestres, en Fougères rustiques, plantes bulbeuses, plantes aquatiques, etc. C’est de ce côté que les voyageurs et les collecteurs pour le commerce horticole devraient dorénavant porter leur attention. » » Dans le numéro de mars du Bulletin, p.310, je lis que M. Godefroy- Mollinger, de Wageningen, en annonçant à la Société un envoi de graines d’Asimina triloba, paraît croire que cet arbre fruitier des Etats-Unis est inconnu en France, et il ajoute qu’il ne réussira que tout à fait dans le midi de l’Europe. M. Godefroy-Mollinger n’était sans doute pas suffisamment renseigné sur cette Anonacée. Elle existe à la Villa Thuret et y fructifie tous les ans. Pour preuve de mon dire, je vous expédie une pelite boîte de ses fruits, arrivés à maturité. Ils ont un parfum agréable, et leur goût rappelle celui de la Banane. Je ne leur vois qu’un défaut : c’est d’avoir trop de graines et des graines trop grosses. Si, par la culture et la sélection, on parvenait à obtenir des variétés sans pépins, ou à peu près sans pépins, ces fruits seraient par- faits et se présenteraient avec honneur sur les tables, » Je vous en envoie en outre des graines toutes fraîches, que la So- ciété d’Acclimatation pourra distribuer aux amateurs. L’Asimina tri- loba est un simple arbrisseau de 2 à 3 mètres. Il passe à peu près l’hiver à Paris, sans y fleurir, mais je crois qu’il pourrait être cultivé avec succès dans toute la région de l'Olivier, peut-être même jusqu’à Bordeaux et au delà, au voisinage de l'Océan. » Parlons maintenant du Riz de Montagne ou Riz sec, de la Chine, introduit en France par le P. Gauthier. » Conformément au désir que m’a exprimé la Société d’Acclimatation 140 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. en m'envoyant des graines de ce Riz, j'en ai distribué à diverses per- sonnes, tant en France qu'ailleurs. Je ne sais pas encore quels résultats elles ont obtenus, maïs je puis rendre compte de la culture que j'en ai faite à Antibes, et qui a été couronnée d’un certain succès, malgré la chaleur et la sécheresse tout à fait excessives de l’été qui vient de finir. Il est vrai que ce succès n’a été obtenu qu’à force d’arrosages, renou- velés tous les jours, car si la plante n’a pas besoin d’avoir constamment le pied dans l’eau, comme le Riz ordinaire, elle n’en demande pas moins un sol très humide. Semé le 10 mai, le Riz de montagne a levé dans les huit jours, sa végétation a bien marché ; il a commencé à épier, autre- ment dit à montrer ses panicules, dans la première quinzaine d'août, et il les mürit en ce moment. Soit par le fait du climat, soit parce que cela est dans sa nature, ses tiges n'ont guère dépassé 0,50 de hauteur, mais les panicules sont bien fournies de grains, et de grains parfaite- ment développés. - » Une expérience isolée ne permet pas de préjuger l’avenir de cette céréale dans nos pays; tout ce que j'en puis dire, c’est que, en Provence du moins, elle trouve assez de chaleur pour former son grain et le müû- rir, mais il lui faut des irrigations en été pour suppléer à l'insuffisance de la pluie. Il faut d’ailleurs remarquer que le jardin où l’expérience a été faite est, par .sa situation sur un coteau, extrêmement sec, et que dans les fonds humides de la plaine environnante le résultat aurait pu être tout différent. » Parmi les graines de Riz arrivées de Chine, il s’en trouvait quel- ques-unes d’une espèce de Millet, ou Panis (Panicum), qui ont levé en même temps que celles du Riz, et qui ont fourni de très fortes plantes, d'un mètre de hauteur, extrêmement fourrageuses. Ce sera peut-être une bonne acquisition à un autre point de vue que la production du grain, qui pourrait d’ailleurs être utilisé de son côté. Les panicules de cette graminée sont cylindriques et contiennent chacune plusieurs cen- taines de grains de la grosseur d’une forte tête d’épingle. Quoique la plante soit encore très verte en ce moment, son grain est arrivé à ma- turité complète et se détache de la panicule. Elle pourrait donc fournir deux récoltes à la fois, celle du grain et celle du fourrage. En consé- quence, je crois qu'il est utile de la signaler aux agriculteurs. Jusqu'ici elle me paraît annuelle, et elle a parcouru tout le cycle de sa végéta- tion dans l’espace de quatre mois et quelques jours. Elle est manifeste- ment plus rustique que le Riz au milieu duquel elle s’est développée, et probablement exige moins d’arrosages. » Quand on s’occupe d’acclimatation, il convient de faire flèche de tout bois. Voici à propos de quoi je fais cette remarque. Il existe dans le midi de la Chine, à Canton, Hong-Kong et autres lieux, un Liquidam- bar (L. Formosana), sur lequel les Chinois élèvent un ver à soie (Bom- byx ?) d’une espèce particulière, qui n’a peut-être pas encore été intro- FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 141 duite en Europe. Les missionnaires qui habitent cette partie de la Chine, le P. Gauthier, entre autres, ne pourraient-ils pas nous procurer le ver et l’arbre qui le nourrit? À défaut de l’arbre nous pourrions utiliser pour l'élevage du ver, le Liquidambar d'Orient, qui est déjà connu en France, ou celui d'Amérique, qui n’y est pas rare non plus et qui est rustique dans toutes nos provinces. Je crois que ceci serait à considérer. » Une autre acquisition qui serait plus facile, et qui aurait au moins un intérêt de curiosité à défaut d’autre, serait l’introduction en Pro- vence du Dattier Es-Sifia, signalé par le général Loysel comme excep- tionnellement précoce. Ses dattes sont de moyenne grosseur, rouges, sèches et néanmoins très bonnes. En Algérie elles mûrissent en septembre, c’est-à-dire avec une somme de chaleur notablement moindre que celle qu’il faut aux autres variétés de Dattier. Mettons qu’en Provence il lui faille un mois, ou même deux de plus, pour parfaire sa maturité, ce n’en serait pas moins une utile et agréable nouveauté. On plante à Hyères des centaines de Dattiers, très beaux sans doute, mais tous trop tardifs pour donner des fruits mangeables. Pourquoi ne pas y essayer la culture du Dattier Es-Sifia et de quelques autres presque aussi hâtifs ? Ils orne- raient les parcs et les jardins tout aussi bien que ceux qu’on y plante aujourd’hui, et, de plus, ils donneraient de véritables dattes dans les bonnes années. — Notons à ce sujet que les variélés de Dattiers ne se conservent pas par le semis des graines, mais par le bouturage, des pousses du pied. Il faudrait donc faire venir d'Algérie de Jeunes sujets enracinés par ce moyen, et surtout ne pas oublier qu'il faut les: deux sexes pour obtenir des dattes. » Puisque vous vous intéressez comme moi aux Eucalyptus, je vous dirai que ma collection de la Villa Thuret en contient aujourd'hui bien près de cent espèces, si ce n’est même plus. Il y en a une, dans le nombre, malheureusement représentée par un seul sujet, et que provisoirement j'ai nommée E. ambigens, qui est étonnante par la rapidité de son développement. Cet Eucalyptus, qui achève sa cin- quième année, à partir du semis, est déjà haut d’une douzaine de mètres, sur un tronc dont la circonférence, à la base, est de 0,60. Il va nota- blement plus vite que le globulus, qui est pourtant légendaire sous ce rapport. J'attends avec nnpatience qu'il fleurisse et produise des graines. » V. BIBLIOGRAPHIE Bulletin du Ministère de l'Agriculture. Troisième année, n° 8. Paris, Impr. nationale, 1884. Dans la dernière partie de son rapport sur la récente exposition de pisciculture de Londres, M. Sauvage, directeur de la station agricole de Boulogne, donne d’intéressants détails sur l’organisation et sur les tra- vaux de la Commission des pêches des États-Unis. Cette Commission, créée en 1871 sous les auspices du gouvernement, avec un capital de un million de dollars, a déjà fondé treize stations de pisciculture, sans parler d’un nombre considérable d'établissements secondaires répandus sur différents points du territoire de l’Union ; et partout les travaux sont poussés avec l’ampleur de conception et l’activité dévorante qui mar- quent les grandes entreprises américaines. C’est ainsi que dans une seule campagne la station de Northville (Michigan) a traité 70 950 000 œufs de Salmonides et 500 000 000 d’œufs de Corégones. L'établissement de Baird (Californie), quoique moins important, ré- colte annuellement plusieurs millions d'œufs de Saumons ou de Truites, qu’il répand après éclosion dans les divers cours d’eau des États ; notre Société elle-même a reçu plusieurs fois une part généreuse de ces dis- tributions; ces envois ont eu notamment pour objet des œufs de Saumon de Californie, variété précieuse pour nous, si, comme nous avons lieu de l’espérer, nous réussissons à l’acclimater dans le bassin de la Mé- diterranée, où le Salmo salar n’a jamais réussi. Le crédit annuel de un million de francs qui lui est alloué a permis à la Commission de s’or- ganiser d’une façon puissante et d'obtenir dans le repeuplement des eaux des succès considérables. Les travaux de la Commission se sont étendus des poissons d’eau douce aux espèces marines, Alose, Hareng, Morue, Esturgeon, Éperlan, Églefin, qui ont été utilement traitées comme les autres, au moyen du dévidoir dé Mac-Donald et des appareils Ricardo, Seth-green, Bracbett, Fer- gusson.. Enfin, la Commission à fait aménager le Fish-Hawk, vapeur de 500 tonneaux, sur lequel se fait l’incubation de un milliard d'œufs environ, et qui sert ensuite au transport et à la distribution des alevins. En un mot, la Commission des pêcheries a étendu ses travaux à plus de trente espèces différentes de Poissons ou de Mollusques, et le plus souvent avec un succès déjà affirmé et qui a dépassé toute attente. L’Angleterre, quoique moins vivement entraînée, a néanmoins obtenu des résultats très curieux à noter dans ses essais de transport des œufs et des alevins à d'immenses distances. Ainsi a-t-elle introduit la Tanche, le Loch-leven-Trout. dans les Indes. Le Saumon et la Truite, la Carpe et la Tanche, sont aujourd’hui définitivement acclimatés dans les eaux BIBLIOGRAPHIE. 4143 des îles Sandwich, de la Nouvelle-Zélande, de l’Australie et de la Tas- manie, où l’on en fait déjà des pêches productives. L'Océanie était jusqu’à nos jours zoologiquement caractérisée par l’absence de ces dèux groupes de poissons. L'exposition de Londres contenait également la collection complète des diverses échelles à Saumons actuellement en usage. Notre savant collègue et ami, M. Raveret-Wattel, nous les à, d’autre part, soigneuse- ment décrites dans un travail considérable récemment paru au Bulletin. Nous aurons donc garde d’y revenir dans cette rapide analyse. Enfin, si nous passons à l’ostréiculture, c’est encore l’Union améri- caine qui occupe le premier rang. Nous avons cependant en France, sur les côtes de Bretagne ou dans le bassin d'Arcachon, près de mille parcs privés, couvrant 400 hectares et produisant, avec les bancs et parcs du domaine publie, plus de 600 000 000 d’Huîtres d’une valeur de 17 000 000 de francs. | Mais aux États-Unis, le produit total des pêches dépasse 45 000 000 de dollars, dans lequel la valeur de la pêche des Huiîtres a été, pour l’anuée 1880, de 72 000 000 de francs. Le Soft-clam (Mya arenaria) et le Round-clam (Venus mercenaria) donnent également des produits considérables. Ces résultats si considérables, dus pour la plus grande part aux tra- vaux de la Commission des pêches, ne devraient-ils pas nous entraîner à suivre cet exemple, en présence surtout de l’appauvrissement inquiétant des eaux de notre pays? L4 La Nature. 15° année, 10-17 janvier 1883. G. Masson, éditeur. Comme préambule à une étude des phénomènes de la suspension de la vie, M. de Rochas expose une série de faits se rattachant à cet ordre d'idées et observés à tous les degrés de l’échelle animale. Déjà au seizième siècle, Agricola avait mentionné ce fait étrange de Grenouilles trouvées au milieu de pierres dures et enfermées herméti- quement dans une gangue sans aucune ouverture apparente; après lui Fulgone, Paré, Aldrovandi, Richardson, relatent des découvertes analo- gues ; Bradley (Acta eruditorum, 1721) rendit à la lumière un Crapaud enfermé dans le cœur d’un vieux chêne. Enfin, plus récemment, le 23 juin 1851, des ouvriers travaillaient au creusement d’un puits près de la gare de Blois, lorsque, à à une profondeur de 20 mètres, sous un banc épais de calcaire, ils furent arrêtés par la présence d’un énorme silex, qu’il fallut briser pour le dégager. Entre les fragments de ce roc, qui s’était fractionné en deux parties, au milieu même de cette pâte homogène et sans vide se trouvait, rapporte M. de Rochas, une sorte de géode incrustée de matière calcaire. Dans cette cavité était un gros Crapaud, parfaitement vivant, et qui, aussitôt dé- 144 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. gagé, chercha à fuir. Le pauvre animal fut présenté successivement à la Sociéte des sciences de Blois et à l’Académie des sciences de Paris ; on nomma des commissions; de longs rapports furent dressés; mais, malgré tant d'honneurs, l'innocente bête périt bientôt, moins d’un mois après avoir revu le jour, sans avoir trahi le secret de sa mystérieuse existence pendant celte incarcération plusieurs fois séculaire ; il appar- tenait, parait-il, à la variété du Bufo viridis. M. Balbiani, le savant professeur d'embryogénie au Collège de France, a pu ranimer, après plusieurs jours de submersion, des Hannetons noyés, puis desséchés au soleil. Doyère fit renaître des Tardigrades desséchés à la température de 150 degrés, et tenus quatre semaines dans le vide. Von Hasselt a vu des Salamandres empoisonnées par le curare, revenir à la vie après plusieurs jours de mort apparente. Et chez l'homme ! que d'exemples vraiment terrifiants de léthargies prolongées ! On sait que les habitants des régions polaires transportent souvent à des distances considérables le produit de leur pêche, et que hon nombre de poissons, après avoir subi pendant quinze jours et plus les congéla- tions les plus intenses, reviennent à la vie sans paraître avoir beaucoup souffert de ce régime rigoureux. C’est assurément un mode de transport facile du poisson vivant; mais peut-être ne serait-il pas très sage de le recommander beaucoup à la Société d’Acclimatation pour les envois d’alevins destinés au repeuplement de nos cours d’eau. Dans un ordre d’idées tout différent, M. Regnard passe en revue les grands travaux exécutés ou en cours d'exécution à la Réunion. Un chemin de fer circulaire est en construction autour de l’île, et le creusement du port de la pointe des Galets est sur le point d’être complètement achevé. Ces travaux gigantesques imprimeront sans aucun doute une impulsion considérable au développement et à la prospérité de notre colonie, et la mettront en état de rivaliser avec sa riche voisine, notre regrettée Ile de France. Nous trouvons aussi dans la même publication le rapide et intéressant exposé que fait M. Richon, ingénieur des arts et manufactures, de quel- ques-uns des systèmes adoptés en Amérique pour la construction des pon- tons mobiles destinés au passage des trains de chemin de fer sur des rivières de deux kilomètres et plus de largeur. On ne sait en vérité ce qu'il y a de plus surprenant, ou de la hardiesse des ingénieurs chargés de l’exécution de ces fantastiques œuvres d’art, ou de l’insouciance des voyageurs qui se risquent bravement sur ces jetées chancelantes. Am. BERTHOULE. Le Gérant : JULES GRISARD. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris. l. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. SUR L’ANTILOPE KOB DU SÉNÉGAL Par M. HUET Aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle. Je crois devoir attirer l'attention de la Société sur une espèce qui me paraît être appelée, si l’on veut bien s’en occu- per sérieusement, à grossir le nombre de nos animaux acquis à la domestication ; je veux parler de cette belle Antilope que l’on connaît au Sénégal sous le nom dé petite Vache brune, et dans les nomenclatures scientifiques sous celui de Kob, Ko- bus sing sing de Bennett, ou de Kobus unctuosus de Lau- rillard. Les observations que j'ai pu faire sur ces animaux, depuis quatre années qu’ils sont à la ménagerie du Muséum d’his- toire naturelle, m'ont persuadé qu’ils vivraient très bien sous notre climat, surtout en Touraine ou dans le midi de la France, puisque, à Paris, sous notre ciel gris et froid, et pen- dant nos hivers si longs, ils résistent parfaitement à toutes les intempéries; c’est qu’en effet, ce sont des animaux robustes qui se reproduisent très bien et dont les jeunes s’élèvent faci- lement, sans que l’on ait besoin de prendre des soins parti- culiers. Dans nos cabanes à l’air libre, sans chauffage, nous avons eu en {rois ans six Jeunes et nous n’en n’avons pas perdu un seul; cependant, hiver comme été, les portes à coulisses des cabanes sont levées à six heures du matin et ne sont bais- sées qu'à la nuit; c’est donc vous dire que ces animaux, adultes comme jeunes, passent uné partie de leur journée à l'air, n'importe par quelle température, supportant parfaitement des froids de 4 à 6 degrés au-dessous de zéro; j’ajouterai qu'ils sont d’une grande sobriété; un tiers de botte de luzerne, trois litres de son, un peu d’avoine èt de maïs, quelques mor- ceaux de pain et de carottes par jour et par tête, cela suffit 4 SÉRIE, T. Il. — Mars 1885. 10 446 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ‘amplement à leur alimentation, dont la dépense n’excède pas :60 à 70 centimes. Comme installation, il suffirait d’une étable confortable- ment installée, assez grande pour y loger plusieurs femelles, en réservant un compartiment pour le mâle qui doit être sé- paré, afin de pouvoir faire le service; deux parcs extérieurs -sont aussi nécessaires, agencés de façon à pouvoir sans diffi- culté réunir le mâle aux femelles pour les saillies; dans ces -conditions, la réussite serait assurée sans aucun doute. C’est en 1880, au mois de juin, que M. Brière de l'Isle, alors gouverneur du Sénégal, envoya en cadeau, à la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle, un mâle et une femelle de ces ‘Kobs, puis une autre femelle au mois de mai de l’année sui- ‘vante. De la paire importée en 1880, nous avons eu les naissances suivantes : 1 mâle né le 21 avril 1881, 10 mois après leur arrivée à Paris ; À femelle née le 6 mars 1882, à peine 11 mois après ce premier ; À femelle née le 8 août 1884. De la femelle arrivée en 1881, nous avons eu avec le mâle, reçu en 1880 : 4 mâle né le 1° novembre 1889, 4 femelle née le 12 juillet 1883, {Et 1 femelle née le 13 février 1885. ‘Ces six jeunes sont tous dans un état de santé parfaite, ils n’ont jamais eu la moindre indisposition, et cependant, deux d’entre eux sont nés dans de mauvaises conditions, l’un, le mâle, né le 1” novembre, a eu de suite à supporter un hiver tout entier, sans avoir eu le temps de s’habituer à notre cli- mat, si peu clément de novembre, décembre et janvier; l’autre, la femelle, née le 8 août 1884, était encore bien _jeune et faible, lorsque les grands froids du mois de décembre -et du commencement de cette année sont arrivés : elle n’a pas aparu en souffrir un seul instant, quoique tremblant sous le «went glacé ; par mesure de précaution cependant, lors de ces SUR L’ANTILOPE KOB DU SÉNÉGAL. 147 derniers jours de neige ‘et de gelée, on la tenait renfermée une partie de la matinée; mais après dix heures, on lui ren- dait la liberté jusqu’à quatre heures, moment auquel on dis- tribue la ration du soir. Comme conclusion, nous dirons que nous avons là une espèce qu’il est facile de se procurer, nos relations journa- lières avec le Sénégal permettant, sans beaucoup de frais, l’importation d’un certain nombre de ces animaux; je mets en fait qu'avec un mâle et trois ou quatre femelles, en trois années, on pourrait avoir un troupeau de douze ou quatorze têtes, puisqu’en moins de quatre ans, avec un mâle et deux femelles, nous avons eu six jeunes que nous avons pu con- server, malgré des installations qui sont loin d’être conforta- blement agencées et aussi, malgré le peu de temps dont on dispose pour les soins à donner, dans une ménagerie où se trouvent réunies un grand nombre de bêtes, sur lesquelles il faut veiller pour que rien ne souffre. Je ne saurais donc trop insister, pour que des essais soient faits, à l’effet d'introduire en France cette magnifique espèce, qui me paraît remplir toutes les conditions pour en tenter la domestication, laquelle me paraît assurée dès à présent. En terminant, qu'il me soit permis d’espérer qu’à côté des Cerfs-Cochons, des cerfs Sikas et des Muntjacs qui, dans un avenir prochain, peupleront nos forêts et nous fourniront un excellent gibier, les Kobs prendront place dans nos étables au milieu de nos vaches et de nos moutons, avec lesquels ils s’accorderont très bien. € ÉTABLISSEMENT DE PISCICULTURE DU LAC DE SAINT-FRONT (HAUTE-LOIRE) par M. le vicomte DE CAUSANS. L'établissement de pisciculture de Saint-Front, fondé en 1859, est situé au bord du lac de ce nom, à une altitude de 1250 mètres. La superficie du lac est de 35 hectares. Ses eaux ont reçu chaque année 20 000 alevins en moyenne éclos dans l'établissement, provenant d'œufs fécondés sur place ou empruntés à Huningue et ailleurs. En 1859, le produit de la pêche ne payait pas le garde. Depuis 1860, la vente des Truites n’a jamais été inférieure à 3000 francs et s’est élevée jusqu’à 8000 francs. Depuis 1880 l'établissement de Saint-Front est arrivé à jeter en moyenne dans le lac 100 000 alevins provenant des fécondations opérées sur place. Ces alevins sont transportés chaque année dans neuf bassins d’une superficie variant pour chacun entre 150 et 400 mètres. Les Truitons y grandissent à l'abri de tout ennemi, d’avril jusqu’en octobre, et sont à celte époque dirigés sur le lac par de petites rigoles sinueuses qu'ils affectionnent et ne quittent qu'au bout de plusieurs mois. Deux sources très abondantes reconnues à la suite d’expé- riences comme les plus favorables à l’éclosion des œufs de Truite alimentent aujourd'hui tous les appareils de pisci- culture. La salle destinée aux éclosions a 17 mètres de longueur sur 4 de largeur. Tout autour sont disposés en rayons d’éta- gère des bacs en ciment dont la largeur varie entre 0",60 et 4% 10. Un pavillon sert de logement au gardien. Des réser- voirs couverts d'une superficie d'environ 60 mètres commu- niquen!' avec la salle d’éclosion, dont ils sont une dépendance indispensable. Devant ces bâtiments on a creusé un bassin d’une super- PISCICULTURE DU LAC DE SAINT-FRONT. 149 ficie de 120 mètres, divisé en quatre compartiments. Le niveau de l’eau en est réglé de l’intérieur. Les divers compar- timenis en sont vidés ou remplis séparément avec la plus grande rapidité, afin de pouvoir prendre et reprendre les Truites pour opérer celles qui sont prêtes à pondre, et rejeter celles qui ne le sont pas. Alimenté par des sources abondantes, ce bassin ne gèle Jamais, même par les plus grands froids. Un mur de clôture se reliant avec les bâtiments le met à l’abri de toute insulte. Tous ces réservoirs sont destinés à recevoir les Truites au moment du frai, et ne sont pas de trop. La pêche des Truites pour la vente, commence vers le 1* avril et cesse le 1°” octobre. Elle recommence vers le . 45 octobre pour la récolte des œufs. À cette époque les Truites sont prises soit à l’aide de rigoles frayères du genre de celles dont M. Raveret-Wattel a donné le plan dans son rapport si intéressant sur la situation de la pisciculture à l'étranger (Bulletin de la Société d’Acclima- tation, n°11, novembre 1883, p. 638), soit avec des filets. En 1882, du 20 octobre au 15 novembre, il a été pris 500 Truites, dont un quart de femelles, qui ont donné 120 000 œufs embryonnés. En 1883, du 20 octobre au 15 novembre, la pêche a fourni 1500 Truites, dont un tiers de femelles, qui ont produit 390 000 œufs embryonnés. Sur ces 1500 Truites 112 ont péri des suites de l’opération de l'extraction des œufs ou des blessures faites par les filets; les autres ont été rejetées dans le lac. On peut juger par ces chiffres de la quantité de Truites nécessaire pour obtenir un grand nombre d'œufs. Notons ici que plusieurs femelles sont infécondes ou semblent ne pas se mettre aux œufs tous les ans. Il parait même que les Truites élevées en captivité sont trop souvent infécondes ou retardées pour la reproduction. Ces considérations ne viendraient-elles pas à lappui de cette opinion : qu'un grand établissement de pisciculture ne peut exister qu'au bord d’un lac? Des ateliers de pisciculture peuvent réussir partout où il y aura des Truites et des eaux -» 150 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. de source; mais tant que les réservoirs ne seront que des pièces d’eau ou des bassins, le nombre d'œufs qu’ils produi- ront sera très limité. On a l’espoir à Saint-Front, en 1884, d'arriver à la produc- tion d’un million d'œufs embryonnés. Nos locaux, réservoirs, filets, elc., sont largement suffisants pour cela. 100 000 œufs seront gardés pour le lac, 900 000 seront livrés au commerce. La question du nombre des Truites à opérer, qui est l’écueil de la plupart des établissements de pisciculture, n’est pas une difficulté à Saint-Front. Le 20 novembre 1883, la pêche d’une seule matinée a donnée 118 Truites, pesant ensemble 100 livres. La produc- tion d'œufs n'aura de limites que celles des commandes qui pourront être faites. Il suffira de commencer la pêche pour les œufs quelques jours plus tôt, ou, lors des dernières expé- ditions de Truites aux marchands de comestibles, de garder les femelles pour les déposer dans des bassins jusqu’au mo- ment du frai. L'établissement sera donc en mesure de répondre de la manière la plus satisfaisante et la plus com- plète à toutes les demandes d'œufs qui lui seront adressées. LE CASARKA DE PARADIS (TADORNA VARIEGATA) Par M. Gabriel ROGERON. Pour les oiseaux qui ne sont encore que peu répandus, in- suffisamment connus et acclimatés, il y aurait, ce me semble, un intérêt véritable à ce que chaque amateur qui les possède: ne gardât pas pour lui seul le résultat de ses observations, mais en fit publiquement part, et dît ce qu’il a appris de leurs: mœurs, manières d'être, habitudes, et surtout racontât au long, car ici les détails sont précieux, simplement et sans faux amour-propre, ses réussites en même temps que ses insuccès dans leur élevage. Quitte à tomber parfois dans des redites, je crois que, si cet usage s’introduisait, ou du moins se généralisait beaucoup plus parmi les membres de notre Société, l’acclimatation en acquérrait un vrai, un sérieux. avantage. Quels tâtonnements , en effet, quel gaspillage de temps et de sujets rares et précieux on éviterait en profitant des essais précédents, puisque chacun d’ordinaire livré à ses propres moyens el inspirations est à peu près obligé de faire son éducation à ses dépens, et en somme à ceux de l’acclima- tation en général, dont par inexpérience on retarde le déve- loppement et souvent on stérilise et même on anéantit les. ressources. On pourrait connaître ainsi le plus souvent par avance, ou du moins avec plus de sûreté, à quelle sorte d’oiseaux on a affaire; si votre installation est bonne, suffisante, vous permet de prétendre à tels nouveaux hôtes, si ceux-ci ne seront pasune cause de trouble, et même de périls, d'accidents lamentables parmi le personnel de vos volières, de vos pièces d’eau, de non-réussite pour vos couvées ; s’il faut absolument renoncer à telle espèce, ou si dans celle-ci on peut espérer y rencon- trer des individus remplissant mieux les conditions désirées ;. 152 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. car souvent une espèce n’est insociable et dangereuse que dans certains sujets, dans certaines circonstances, vis-à-vis de cer- tains individus, et sa prospérité, sa fécondité peuvent égale- ment dépendre d’une foule de causes individuelles ou locales. # Avec cette variété perpétuelle de mœurs, d’instincts, de besoins, il semble donc qu’il devra rester encore longtemps quelque chose à dire sur tel ou tel oiseau d’introduction ré- cente, bien qu'il ait pu déjà en être parlé et qu'il se soit même succédé à son sujet plus d’une notice; d'autant plus que chacun observe à sa façon, à son point de vue et qu’une observation précieuse sera souvent saisie par l’un, tandis qu'elle aura complètement échappé à tous les autres. Et cela sans parler de l'intérêt de simple curiosité résultant naturel- ment entre amateurs de recherches identiques, de situations analogues, de ces alternatives de bonheur et de vicissitude, de ces espérances déçues, de ces pertes cruelles ainsi que de ces grandes joies éprouvées, d’aulant mieux senties, compri- ses que le lecteur se trouve souvent dans le même cas, ou avoir passé par là plus d’un: fois. Ce seraient autant de sources de rivalné, d’émulation, d'encouragement, tenant les amateurs en haleine au grand avantage de l’acclimatation en général. C’est d’après ces différentes considérations que j'ai songé à apporter à mon tour mon faible contingent d'observations sur les Canards Casarkas de Paradis, mes hôtes depuis trois années, sur leur manière d’être, leurs façons plus ou moins aimables de se conduire vis-à-vis du reste de mon personnel aquatique etenfin sur leur reproduction et leur élevage, bien que mes résultats sur ce dernier point soient loin d’avoir été ort brillants. Peut-être les amateurs mes confrères pourront- ils rencontrer encore dans ces faits quelques renseignements nouveaux et utiles. Ï d C’est au mois de décembre 1881 que j'acquis le premier couple de ces superbes Canards. Malgré leur prix un peu élevé, c’élait un simple essai que je voulais faire. Je possède d'assez vastes pièces d’eau que mon ambition est de peupler, LE CASARKA DE PARADIS. 153 ainsi que le jardin où elles se trouvent, de jolis oiseaux aqua- tiques, principalement de Canards, la race qui à la variété, à l'agrément du plumage, joint le plus de gaieté, d'originalité, de sociabilité. Les beaux oiseaux pour les jardins sont, en effet, ce me semble, des ornements tout aussi indispensables que les belles fleurs, et la nature sauvage que l’on cherche toujours à imiter en petit dans nos parcs et jardins anglais au moyen de mouvements de terrain et de plantes, n’est fidè- lement rendue que si l’on Joint le règne animal aux deux autres. . Mais les parquets fort laids par eux-mêmes et rompant l’har- monie des jardins viendraient tout gâter; ce ne sont pas des ménageries qu’on trouve dans la nature et de pauvres prison- niers derrière des grillages n’ont rien de bien réjouissant. Aussi mon désir avant tout est de me persuader et de persua- der à mes hôtes qu’ils sont libres. Les espèces les plus rares sont simplement privées d’une de leurs ailes, les autres comme les Canards et Canes sauvages, quelques Mandarins et Ca- rolins auxquels pour une cause quelconque je tiens moins qu'aux autres, les mâles Pilets, Siffleurs, quand je les crois suffisamment attachés à leurs femelles éjointées, ont l’absolue disposition de leurs mouvements et de leur vol; et tout ce monde aquatique, pas très éloigné de la centaine, est chaque jour lâché pêle-mêle dans mon jardin (car la nuit il est en grande partie sous clef); je ne m’en occupe plus, à lui-même de trouver sa nourriture pour le reste de la journée; chacun est dès lors livré à ses inspirations. La plupart restent sur une pièce d’eau ousur ses bords, d’autres s’en vont tranquillement à pied en quête d'insectes, de limaces dans le jardin ou les vignes; plusieurs, qui jouissent de leurs:ailes par mesure d'hygiène, ressentantle besoin d’un exercice plus violent, font d'immenses rendonnées dans les airs, pour revenir tomber dans mes douves, où 1ls passent ensuite de longues heures sur les bords, la tête sous l’aile, près de leur femelle. Enfin, un cer- tain nombre d’autres parmi les Canards sauvages prennent leur vol vers Les champs, voire même vers la Maine ou la Loire, pour ne revenir souvent que le soir, et quelquefois hélas! pas 154 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. du tout; mais ces accidents de la part des chasseurs, relative- ment assez rares, sont d’ailleurs bien compensés par le pitto- resque et la vie qu'apporte dans une campagne ce va-et- vient d'oiseaux d’eau, paraissant tous, par ce mélange de ceux ayant leurs ailes, jouir d’une liberté complète. Mais le Casarka de Paradis a une terrible réputation de fé- rocité, qui n’a rien de céleste, comme son nom semblerait l'indiquer. Tous les amateurs, le regardant comme un animal dangereux, ont grand soin de le séparer rigoureusement de leurs autres oiseaux. Au Jardin des Plantes de Paris, où l’on s’est départi une fois de ces mesures de prudence à leur égard, le: mâle a commis un véritable carnage en mettant à mort six grands Goélands à manteau noir en deux jours, oiseaux ce- pendant de forte taille et formidablement armés (1). Même sans connaître ces faits, la simple vue de ces oiseaux, l'air maussade, renfrogné du mâle toujours grognant, baïssant la tête, regardant Sournoisement de côté de son petit œil noir, Joints à leur grosseur, à leur force supérieure, étaient peu engageants pour co de pareils hôtes parmi mon pai- sible personnel. Cependant ne se trouve-t-il pas d’heureuses exceptions dans une mauvaise famille et souvent même les gens ne valent-ils pas infiniment mieux que leur mine et leur réputation? Aussi tentai-je résolument l'expérience, et J'ac- quis un couple de ces Canards, bien décidé, s'ils se compor- taient par trop mal vis-à-vis des autres, à ne pas même bor- ner là mon essai et à les remplacer par d’autres, qui seraient peut-être cette fois d’une nature plus conciliante. Comme on savait que je tenais surtout à ce que le ‘couple demandé fût bon reproducteur, on y mit au Jardin d’Acclima- tation toute la complaisance ordinaire; on m’enenvoya un dont on était absolument sûr sous ce rapport, ayant repro- duit précédemment dans létablissement même. Du reste, il ne pouvait être plus beau, la fraîcheur de son plumage ré- pondait de sa vigueur et de sa santé. Quant au côté moral, c'était l'inconnu et l’inquiétant pour moi, mes recommanda- (1) Bulletin de la Socièlé d’Acclimatation (1882, p. 552). LE CASARKA DE PARADIS. 455: tions n’ayant pas porté jusque-là. Demander des Casarkas de cette espèce aimables et doux de caractère, eût pu faire pen- ser que je me trompais d'oiseau. De plus, il y avait tout à craindre qu’un vieux couple comme celui-ci, ne fût d’une hu- meur moins endurante encore. Il fallut néanmoins procéder à son installation et dans des conditions fort défavorables pour le but que je me proposais. La gelée sévissait alors assez fortement, et le petit réservoir entouré de murs où j’enferme les nouveaux venus, était alors. chez moi le seul endroit qui ne fût pas glacé. Aussi tous mes Canards, Canards sauvages, Mandarins, Sarcelles, etc., s’y étaient-iis rassemblés ou plutôt entassés au nombre de plus d’une soixantaine dans un espace de cinqousix mètres de lon- eueur sur autant de largeur. Ce fut au milieu de cette nom- breuse réunion que directement, mais non sans une certaine appréhension, j’introduisis mes nouveaux hôtes. Cette première entrevue fut froide, mais convenable de part et d'autre. Mes Canards, qui d'ordinaire font payer la bienve- nue assez chèrement aux arrivants, se tinrent cette fois dans une prudente réserve. Les deux Casarkas de leur côté parais- saient peu se préoccuper de tout ce monde, on eût dit qu'ils eussent été seuls au milieu de cette cohue. Ils allaient droit où ils désiraient aller, chacun se dérangeant respectueuse- ment sur leur passage; mais de leur part pas la moindre mar- que d’hostilité, pas le plus petit mouvement d’impatience vis-à-vis de ceux qui dans l’encombrement venaient par ha- sard les heurter par mégarde, pas le moindre coup de bec. On voyait du reste que leur esprit était ailleurs, que c'était loin d’être un voyage d'agrément qu’ils venaient d'accomplir; des gémissements et grognements incessamment répétés, ainsi que leur abstinence systématique, après un jeûne forcé de près de vingt-quatre heures, trahissaient surabondamment leur mauvaise humeur. Néanmoins ce fut pour moi un grand sou- lagement de constater qu’au moins à leur arrivée, il n’y avait rien d'hostile dans leurs allures. Lés jourssuivants ils furent aussi pacifiques. Enfin le dégel survint, et je pus les mettre plus au large. Bien que je n’épar- 156 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. enasse rien pour leur bien-être, ils paraissaient toujours chez moi également tristes et ennuyés, ne mangeant guère pendant plusieurs semaines que pour ne pas se laisser mourir de faim. Fréquemment, mais vainement, ils essayaient de prendre leur vol de leurs ailes amputées, accompagnant ces efforts de cris lamentables; cependant, jugeant leurs jambes un trop faible moyen de locomotion pour l'exécution de leurs projets, ils ne s'écartaient jamais loin de ma pièce d’eau, bien qu'ils eussent. toute facilité pour fuir à travers les champs s'ils eussent voulu. La société des autres Canards leur était absolument indif- férente, ils n’en tenaient nul compte et ne se mêlaient à eux qu’accidentellement. Seulmon Cygne de Bewick eut la malen- contreuse chance de faire exception à cette indifférence gé- nérale et conquit bientôt leur sympathie, et une sympathie si entière qu'ils ne le quittèrent plus un instant. Pour lui, fort gêné et ennuyé de tant d’instances, il ne chercha d’abord qu’à se soustraire à ces fâcheux, allant et venant, changeant d’en- droit; mais ses tenaces compagnons se mettaient en route avec lui et du même pas, de sorte qu'il n’y gagnait absolument rien. Quand il s’arrêtait et se couchail quelque part sur les pelou- ses, ils en faisaient autant à ses côtés et presque toujours l'un à sa droite, l’autre à sa gauche, sans doute pour être plus sûrs qu'il ne s'échapperait pas pendant leur léger somme. Dans cette situation comique, à son air malheureux et contrit, on eût dit un grand coupable surveillé par deux gendarmes. Cependant, bien que cette affection fût loin de devoir ja- mais devenir réciproque, il finit à la longue par subir avec résignation cette situation et même, je crois, à s’y habituer, vaquant à ses occupations sans plus s’en tourmenter ni faire attention à ses importuns compagnons. Je fis à quelque temps de là l'acquisition d’une paire de Casarkas roux et d’un Tadorne. Je pensais que l’affinité des races pourrait produire quelque liaison entre ces deux cou- ples; qu’ils se fréquenteraient comme le font entre eux Caro- lins et Mandarins, et autres Canards de races rapprochées, que par là même mon Cygne serait délivré de ses deux LE CASARKA DE PARADIS. 457 gardiens ; mais il n’en fut rien, et pendant dix-huit mois que je les possédai avec ces nouveaux Canards, ils leur demeurè- rent aussi étrangers qu'à tous les autres. Un fait était donc acquis et le plus important pour moi, c’est que, malgré leur air maussadeet leur réputation de féro- cité, ces oiseaux, ou du moins ce couple en particulier, étaient absolument inoffensifs pour leurs compagnons de captivité. En outre, beaucoup plus terrestres que les autres Canards, ils servaient presque constamment d'ornement à ma pelouse et ne la quittaient guère que forcés, quand leurs devoirs envers le compagnon dont ils avaient assumé la garde, les contrai- gnaient de le suivre à l’eau. Je pouvais donc sans crainte, malgré mes primitives appréhensions, joindre cette belle espèce à celles que je possédais déjà. Outre cette assiduité gênante, ce véritable manque de tact à l’égard de mon Bewick, mais qui en somme élaient bien in- offensifs et avaient même souvent leur côté réjouissant, j'avais néanmoins deux griefs plus graves à reprocher à ce couple. D'abord son insubordination. Au bout de quelques jours j'entrepris de les faire rentrer le soir avec mes autres Canards dans mes locaux renfermés. Je réussis une première fois, non sans peine, mais le second jour ils savaient où je voulais en venir et il n’y eut plus moyen. Il fallut se borner à les renfer- mer dans le petit réservoir entouré de murs où je les avais déposés en arrivant; ils y revenaient du reste, chaque soir, d'eux-mêmes, sachant bien que leur repas y était servi. Mais ce bassin n’est malheureusement pas à l’abri des voleurs ni des chiens étrangers pouvant franchir les parapets, et c'était pour moi un grave ennui de penser que des oiseaux aussi pré- cieux pouvaient être à leur merci. . Ensuite, dès lespremiers jours, j'avais remarqué, avec peine, que le mâle manquait absolument des égards voulus vis-à-vis de sa femelle. 11 ne la quittait pas, il est vrai, même si par hasard il lui arrivait d’en être séparé, il eu paraissait fort dé- solé et poussait des gémissements affreux (1), jusqu’à ce qw’il h Gi) Ces oiseaux ont une voix très forte, la femelle autant, et Ds en sont mal- heureusement un peu trop prodigues. | 158 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. l'eût retrouvée; mais de temps ä autre, sans motifs apparents, il lui envoyait maussadement un coup de bec, et même pris de mauvaise humeur subite et non justifiée, la pourchassait assez rudement quelquefois ; il ne permettait jamais qu’elle mangeât avec lui, mais seulement quand il était rassasié. Je ne m'inquiétai pas beaucoup d’abord de ces défauts de caractère et de cette maussaderie, les voyant fort unis et même inséparables au fond; je les attribuais à l'ennui extrême qu’il semblait éprouver chez moi, lui ayant sans doute aigri le caractère. Je pensais que le temps, l'habitude et surtout le printemps raccommoderaient toul; mais cesespérances furent vaines : non seulement il continua, par instants, à être aussi brutal, mais, en dehors de ces moments de brusquerie, bien que l’époque de la ponte fût arrivée, jamais je ne pus sur- prendre de sa part le moindre signe de tendresse vis-à-vis de sa femelle; tout le printemps se passa de la sorte, et bien ‘entendu mon espoir de progéniture fut entièrement déçu, la femelle ne pondit même pas. Voyant donc que près de deux tiers d’année de séjour chez moi n'avaient pas produit la moindre modification heureuse dans leurs habitudes, qu'ils paraissaient toujours aussi ennuyés, pensant qu’il était fort à craindre qu’il continuât indéfiniment à en être ainsi, Je me déterminai à écrire au Jardin d’acclimatation pour demander qu’on voulût bien reprendre ce couple que je désespérais de pouvoir habi- tuer chez moi et qui vraisemblablement n’y reproduirait jamais. On me répondit obligeamment qu’on était tout prêt à me le changer pour m'être agréable, mais que cependant on ne me le conseillait pas, que ces palmipèdes étaient fort lents à s’habituer, et que le temps relativement déjà assez long depuis lequel je les possédais, était autant d'avantage sur le couple qui les remplacerait, que d’ailleurs mes Casarkas avaient l'avantage exceptionnel d’avoir fait leurs preuves en ce que je désirais, puisqu'ils avaient reproduit au Jardin d’acclimatation, et que vraisemblablement ils en feraient autant le printemps suivant. J'en acceptai le présage et je gardai mes Canards. LE CASARKA DE PARADIS. 159 La fin de l’année et le commencement de l’autre se passè- rent sans le moindre changement appréciable de la part du mâle, toujours aussi peu habitué, remplissant l'air journelle- ment de ses cris fastidieux, toujours brutal. vis-à-vis de sa femme et la battant sans raison, toujours aussi peu gracieux pour elle dans les moments où il n’était pas en colère ; malgré cela, ne la quittant pas d’une toise. Quant à la femelle, il y avail eu, depuis quelque temps, du changement chezelle,’et beaucoup de changement; elle semblait s’être passablement habituée à son nouveau séjour et d'autant plus qu’elle avait été chercher au dehors des consolations non rencontrées dans son intérieur. À mesure que le printemps approchait, sa première admiration pour mon Cygne de Bewick s'était chan- gée en un sentiment plus tendre. Elle ne se bornait plus à le suivre, à l'accompagner partout où il portait ses pas, elle joignait à cela les agaceries les plus provocantes, usant de toutes les ressources de sa coquetterie de Cane pour s’attirer ses bonnes grâces. Mais je dois dire, à l'honneur de mon Bewick, qué jamais il ne songea à se prêter à de telles ouvertures; tout au con- traire, il semblait fort contrarié de cette nouvelle compli- cation à ses relations forcées avec ce couple déjà si fastidieux, et ce n’était qu'avec le plus visible ennui qu'il subissait les assiduités, les amabilités, les discours sans fin de celte Cane “tMace et bavarde. ” Cependant, bien que le Gygne ne donnât jamais prise à la moindre critique, le mâle, qui avait bien des torts de son côté, dont les étranges procédés vis-à-vis de sa moitié avaient sans nul doute été la cause de cette liaison, qui, depuis qu’il était chez moi, ne lui avait jamais témoigné la moindre marque d'amour, prit au plus mal la chose, et devint jaloux furieux. Mais le croirait-on, ce ne fut point contre sa femelle, la seule coupable, qu’il tourna sa rage, mais contre le malheureux Cygne, si parfaitement innocent de tout cela. Chaque fois que la femelle Casarka cherchait ainsi à faire l’aimable, et la chose se renouvelait fréquemment, le mâle, toujours l'œil sur elle, se précipitait contre le Cygne, lequel, 160 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. en cette circonstance, vu son amour naturel de la paix et la douceur de son caractère, n'avait de recours que dans la fuite. Et c'était alors une course à fond de train et ridicule de ces trois personnages à travers allées, carrés et massifs: du Bewick s’enfuyant à toutes jambes, de la coupable l’accom- pagnant et ne se relâchant pas un instant pendant cette fuite de ses obsessions et cris amoureux, et enfin du mari, d’au- tant plus furieux que, quoi qu’il fit, il se voyait ainsi insulter sous ses propres yeux. | Notre premier sentiment fut, je l’avoue, de nous amuser un peu de ce grotesque surcroît d'infortune chez mon mal- heureux et trop pacifique Bewick; nous ne pouvions, en effet, beaucoup le plaindre, puisqu'il eût pu parfaitement tenir ces gens à distance et se faire mieux respecter. Au lieu de fuir ainsi éperdument, il n’eût eu qu’à se retourner pour changer aussitôt les rôles et remettre chacun à sa place, tant le mari que sa femme, lui trois fois plus grand et plus fort. De plus, il fuyait avec une telle vitesse (vitesse à peine croyable de la part de cet oiseau, bien que moins lourd, il est vrai, d’allure que ses congénères), que jamais il n’était rattrapé, et que, par conséquent, jamais il ne recevait la moindre atteinte. Je crois même que le Casarka, par un excès de prudence bien superflue, il est vrai, vis-à-vis de son ennemi, se con- tentait de l’effet produit, ne se souciant pas beaucoup de l'atteindre. oquiab. Cependant, depuis le printemps arrivé, ces courses folles étaient de plus en plus rapprochées et menaçaient même de devenir perpétuelles; à chaque instant, vingt fois par jour, dans les mêmes allées, ces trois bêtes passaient du même pas, poussant les même cris. Les ‘charges les mieux réussies et les plus comiques perdent beaucoup et finissent même par devenir fastidieuses pour être trop souvent répétées. Après six semaines d’un tel exercice, nous en avions assez et com- mencions même à être passablement agacés, d'autant plus que rien n’en faisait prévoir la fin tant que le printemps dure- rait. Mais, ce qui était plus grave, c’est que je finis par craindre pour la santé de mon Cygne ainsi surmené. Je tenais fort à cet LE CASARKA DE PARADIS. 161 oiseau superbe et d’une grande rareté; je trouvais qu'il sem- -blaït fatigué, perdant de sa belle apparence de fraîcheur et de vigueur Il n’y avait plus à hésiter, et je me hâtai de me défaire de ce couple ridicule et insupportable. | Comme la première année, la femelle n'avait pas pondu et vuses manières désordonnées et surtout lapparence beaucoup trop svelte de sa personne pour la saison, vraisemblablement elle ne l’eût pas fait davantage si je l’eusse gardée le reste du printemps. Peut-être ces oiseaux, renfermés à part dans un parquet, hien clôturés entre quatre planches, se fussent com- portés autrement ; ne voyant pas l'horizon comme chez moi ils eussent moins songé à fuir , eussent plus vite oublié leur sé- jour primitif, dans tous les cas ils n’eussent pas fait la connais- sance de mon Cygne, dont l’influence a dû certainement être funeste pour leurs chances de reproduction, et, ayant moins de distractions du dehors, leur intérieur y eût peut-être vagné et il se fût tourné davantage vers les joies du ménage et de la famille. ,» IT Débarrassé de ces Casarkas, je me procurai un nouveau couple, jeune de l’année précédente, que le Jardin d’acclima- tation voulut bien me fournir. J’installai, comme d’habi- tude, les nouveaux arrivants dans mon petit bassin entouré de murs, lequel élus alors désert à cette heure de la: Journée ; mais le soir venu, uand on y fit rentrer les Canards et Sar- celles du pays, que j'y renferme la nuit, je constatai qu'ils étaient, vis-à-vis d'eux, d’une humeur tout aussi pacifique que les précédents. Bien plus, je pus remarquer, par la suite, avec une égale satisfaction, que le mâle avait des facons toutes différentes à l’égard de sa femelle, vis-à-vis de laquelle il paraissait fort doux, ne laissant jamais paraître la moindre mauvaise humeur et partageant avec elle fort amicalement ses repas. Les jours suivants, quand je les fis sortir, et qu’ils se rencontrèrent avec le Cygne, ils n’y firent nulle attention. Ils étaient également beaucoup plus sociables vis-à-vis des 4 SÉRIE, T. IL. — Mars 1885. 11 162 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. personnes que leurs prédécesseurs, et ils semblèrent immé- diatement habitués chez moi, nous le faisant voir de suite par leur bon appétit et en venant chercher leur nourriture pres- que dans la main. J'avais eu de telles difficultés avec les prétédents pour les rentrer le soir, et il me semblait si certain que leur entêtement et leur antipathie pour ce genre d’exercice tenait de l'espèce, que l’idée ne me vint même pas d’abord d’en venir là. Mais il me fut vite facile de constater qu'ils n’avaient nullement le même penchant pour rester dans l’eau la nuit; ils la pas- saient au dehors, en haut de l'escalier et près de la petite orille servant de clôture, comme s'ils n’eussent été là que de force et se fussent mieux plu ailleurs. J'en fus contrarié d’abord, parce que dans un tel endroit, hors de l’eau, ils étaient encore plus exposés aux bêtes et aux voleurs; mais, ayant tenté un soir de les emmener avec ma bande d’exo- tiques, ils se laissèrent faire sans protester. Et chaque soir, depuis lors, c’est-à-dire depuis plus d’une année, je les renferme dans une pièce de 3",50 de côté sur 5 mètres de profondeur, pêle-mêle et mangeant à la même gamelle avec trente et quelques Canards, tous de taille et de force bien inférieure : Mandarins, Carolins, Siffleurs du Chili, Bahama et Sarcelles du Brésil, sans le moindre incon- vénient, sans que jamais ils aient songé, bien que fort gènés par leurs voisins réunis dans un si petit espace, à leur faire le moindre mal, et cela même au printemps, époque où les oiseaux sont d'ordinaire d’une bien plus grande irascibilité. J'ajouterai de plus que, sans. doute autant par amour de la tranquillité que par bonté d’âme, ces gros oiseaux, semblables en cela, d’ailleurs, à la plupart des autres Canards, subissaient, sans mot dire, les volontés et les coups de bec des plus petits, mais en même temps des plus malins et taquins de la cham- brée, du couple de Sarcelles du Brésil, lesquelles, le prin- temps venu, à force de persistance et d’audace, s'étaient, pour elles seules, attribué un coin qu’elles défendaient envers el contre tous avec la plus grande énergie. De même, le Jour, ces malicieux petits oiseaux avaient conquis et se réservaient, au LE CASARKA DE PARADIS. 163 moyen des mêmes procédés, une notable portion de ma pièce d’eau, où nul n’avait le droit de pénétrer, les Casarkas pas plus que les autres. Mais si, du moins, pour les deux couples que j'ai eu en ma possession, J'ai pu constater que ces oiseaux sont parfai- tement inoffensifs pour leurs compagnons, cela n’a lieu qu’à la condition qu’ils n’y voient ni des rivaux dans leurs amours, ni dans le domaine dont ïls se sentent possesseurs. Ces oiseaux tiennent à être seuls, absolument seuls, surtout dans la saison du printemps. Pour eux, d’ordinaire, les autres Canards ne comptent pas, ils n’y aperçoivent sans doute nul- lement des êtres se rattachant à leur espèce; ils n°y prennent pas plus garde qu’à des Poules ou des Pigeons, ou plutôt qu’à des objets matériels se trouvant sur leur route, obstacles génants quelquefois, pour lesquels ils se dérangent s’il y a désagrément à en passer trop près, comme par exemple les Sarcelles du Brésil, sinon qu'ils écartent eux-mêmes d’un coup de bec distrait, mais sans y mettre jamais de passion. Dans le cas contraire, il en est tout autrement ; et, s’ils étaient parfailement inoffensifs dans ma chambre aux Canards, c’est, il faut le dire, parce que, dés qu’ils y avaient été admis, j'avais pris soin d'en retirer le seul couple que, : parmi tous mes palmipèdes, ils avaient toujours regardé d’un fort mauvais œil; je veux parler de mes Casarkas roux. L'hos- tilité n’était pas, il est vrai, encore déclarée par des actes; j'espérais au moins, par une absence de rapports aussi intimes, les maintenir dans la délicate situation présente. Je croyais donc avoir écarté tout danger en renfermant à part, la nuit, mes Casarkas roux, pensant que le jour, ayant une étendue indéfinie à leur libre disposition et plusieurs. pièces d’eau, l’espace serait assez vaste à partager entre ces. deux couples. Il n’en fut rien et, le printemps venu, les coups succédèrent aux menaces. Les pauvres roux se faisaient cependant aussi peu gênants que possible, s’écartant à une. grande distance, mais, d'aussi loin que les Casarkas de: Paradis les apercevaient, c’étaient dés poursuites dans les- quelles ils étaient la plupart du temps rattrapés et, dans ev- 164 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. dernier cas, toujours plumés, abimés à coups de bec, tant par le mâle que par la femelle, qui se réunissaient sur un seul pour le battre ou pour essayer de le noyer s’il était dans l’eau, et plus d’une fois, je crois, mon intervention leur a sauvé la vie dans cette dernière-circonstance. Si bien que, voyant cela, les malheureux oiseaux se cachèrent d’abord dans les buissons où les Paradis trouvaient encore moyen de les découvrir, puis, en dernier lieu, ils passaient leurs journées blottis dans mes nids de Carolins et de Mandarins, sans même oser venir boire au bassin, jusqu’à ce que, n’y pouvant plus tenir, ils prirent le parti de fuir. L'un me fut rapporté par un fermier des environs, l’autre par un habitant d'Angers, qui l’avait trouvé à une assez grande distance de mon habitation. TITI Mes deux Casarkas de Paradis semblaient s’être trop vite accoutumés chez moi et étaient ensemble en trop bons termes pour que je n’eusse pas à espérer des produits pour le prin- temps. Dès les premiers jours de mars, je constatai, en effet, que la femelle passait une partie de son temps à visiter les . nids de mes Mandarins. Trop petits pour elle, c'était avec les plus grands efforts qu’elle parvenait à y pénétrer, les soule- vant quelquefois sur son dos. Elle finit cependant, dans le plus fourré d’un buisson, par faire la découverte d’une terrine renversée destinée au même usage, qui sembla dès lors avoir conquis toutes ses préférences. Pendant plus d’une quinzaine, elle y revint constamment, y faisant des stations assez longues. Enfin, le 24 mars, je trouvai un premier œuf; quatre jours après, le 28, un second au même endroit, etle 30, en ouvrant la porte, le matin, de la chambre aux Canards, un troisième pondu à même au milieu. Puis, la ponte semblant terminée, je donnai ces trois œufs à une poule. A quelques jours de là, la femelle se remit à fréquenter un autre nid au bord de l’eau, le 12 avril elle y pondit un œuf, mais, paraît-il, n’ayant pas trouvé toutes ses aises dans ce nouveau nid, elle revint à sa terrine, où elle pondit encore LE CASARKA DE PARADIS. 1465 trois œufs; cette fois-ci ces quatre œufs régulièrement espa- cés de quarante-huit heures. Puis elle se mit éperdument à couver ces œufs qu’elle était sensée avoir pondus, mais rem- placés au fur et mesure par des œufs de Poule. Elle couvait avec une telle ardeur, qu’elle se serait laissée prendre sur son nid sans bouger. Le soir je l’enlevais de force pour la rentrer et dès le matin elle y était retournée pour toute la journée, jusqu’à ce que, voyant, au bout de quelques jours qu’elle n'avait plus à pondre, je supprimai le nid. Bien qu’on ne füt alors qu’au 20 avril, et que tout le reste du printemps ce couple continuât à être fort amoureux et des plus méchants vis-à-vis des Casarkas roux, la femelle ne fit pas de nouvelle ponte. Ces quatre œufs, je les donnai également à une Poule. Des trois premiers œufs, mis à couver le 5 avril, deux étaient clairs, mais, le 3 mai au matin, ayant mis le troisième à mon oreille, j’entendis le petit qui semblait fortement se démener à l’intérieur. Le soir, la coque élait percée dans un endroit, et on entendait des piaulements ; le lendemain, 4 mai, la coque l'était un peu davantage, le soir elle était exactement dans le même état. s’enlevai une petite écaille; -on apercevait le bout du bec de l'oiseau qui semblait faire beaucoup d'efforts pour sortir. J'avais bien envie de l’aider, mais presque chaque fois que j'avais pris ce pari, Je m'en étais si mal trouvé que je préférai laisser agir la nature; en cas d'accident ma responsabilité, et par là même mes regrets seraient moins grands. Le 5 mai au matin, Je m'at- tendais à trouver le Canard éclos ou mort dans sa coque, car -c'était le temps le plus long que j'eusse observé pour une éclosion après la coque brisée; il n’en était rien, l'œuf tou- -jours dans le même état; à midi, pas de changement pour l'œuf, mais le petit ne criait presque plus, ni ne faisait de mouvements. Je n’hésitai pas davantage et me mis résolument -&écailler l'œuf, à en faire sortir le petit Casarka qui attendait sans doute cette opération depuis longtemps; il semblait épuisé et avoir à peine de la vie, la vésicule du vitellus était entièrement résorbée et vraisemblablement de longue date. 166 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Quant aux quatre autres œufs, je les mis à couver le 93 avril; deux seulement étaient fécondés., Au bout de trois semaines, je vis l’un de ces derniers prendre une mauvaise couleur m’annonçant que le petit venait d’y périr; le second. le 21 mai au matin, était craquelé et on entendait le petit piauler à l’intérieur; le 22 au matin, il était percé, on voyait le bec du petit; le soir du même jour l’œuf était toujours dans le même état et le petit bien vivant; j'attendais le len- demain pour pratiquer la grande opération de son frère aîné si toutefois il n’était pas éclos, mais le 23, je le trouvai mort dans la coque. Il est probable que je l’eusse sauvé en m'y prenant douze heures plus tôt. Ainsi sur sept œufs, trois seulement de fécondés, et sur ces trois, une éclosion, encore après y avoir aidé beaucoup. | IV Mais il s’agissait au moins d'élever cet unique rejeton, qui une fois séché sous la poule et après avoir repris des forces, était devenu fort gentil de tournure et de couleur, entière- ment couvert de fin et léger duvet blanc coupé de plusieurs raies et taches noires d’un fort joli effet. Fréquemment il sor- tait de dessous la poule renfermée dans un coin pour courir éperdument et sans motifs comme un petit fou à travers son parquet, d’une allure d’abord indécise et fort peu solide, tom- bant parfois en place droite ou se buttant étourdiment contre les obstacles. | Malgré la profusion de plats et de mets de toutes sortes que je lui avais prodiguéss il ne semblait s’apercevoir nulle- ment qu'ils étaient à son usage, bien que néanmoins son appétit parüt évident par sa constante recherche de nourri- ture partout ailleurs qu’elle était, el en particulier sa persis- tance à vouloir dévorer la crête et les babines de sa maman Poule. J'avais lu quelque part que pour ces jeunes oiseaux il faut non seulement leur donner une pâtée de pain et de viande hachée, mais encore y ajouter des vers de vase et de {erre, sans quoi tout en mangeant beaucoup ils dépérissent 7 LE CASARKA DE PARADIS. : 167 et ne tardent pas à mourir. Je n’avais donc négligé aucun de ces mets recommandés, j'en avais même ajouté quelques-uns de ma façon, parmi lesquels du pain égrené dans du lait, lequel finit par avoir l’heureux effet de le décider à manger, et ce fut avec une vraie satisfaction, en entrant le second jour dans la pièce où se trouvait son parquet, de l’y apercevoir enfin, barbotant à mème et _ . appétit dans son assiette de lait. LED Depuis lors, jusqu’à crue complète, à part mr peu le grain (1) et la lentille d’eau dont il était cependant très friand, mais plutôt à titre de dessert et de rafraichissement, sa nourriture à peu près exclusive fut le pain trempé dans du lait, dont au bout de quelques semaines, vu sa crue rapide et la capacité de son estomac, il finit par faire une grande consommation. Quant au régime plus délicat desjeunes Man- darins et Carolins, il lui fut constamment antipathique, el malgré mes instances réitérées, jamais il ne voulut même goûter ni à la viande, ni aux œufs durs hachés, ni aux œufs de fourmi secs. Les vers de terre eussent été mieux reçus; mais ils étaient tellement rares par la sécheresse du prin- temps dernier, et il semblait si bien prospérer sans eux, que nous ne nous donnions pas la peine de lui en chercher. Et à présent encore qu’il'est devenu gros et superbe Canard, son -goûlpour le lait ne s’est pas démenti, et si nous tenons à le régaler, c’est de lui donner ce mets préféré de son enfance. On voit donc que, quand on a pu obtenir l’éclosion de ces oiseaux, leuréducation est de laplus grande simplicité etdesplusfaciles. Le pelit parquet, d’un mètre et demi carré, où je l’élevai d’abord, était placé dans la pièce même où je renfermais mes Canards le ‘soir. Dès que le père et la mère l’aperçurent, ils reconnurent parfaitement en lui leur espèce, lui faisant, la mère surtout, ätravers la claire-voie du grillage, maints signes d'intelligence et de sympathie accompagnés de cris particu- liers que le jeune Casarka comprenait très bien, leur répon- ‘dant de:ses praulements et cherchant de tous ses efforts à se LB nb el genre one 19 di ihont 468 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. réunir à eux. Je ne sais même si, au cas où on l’eût laissé alors avec la femelle, celle-ci ne l’eût pas accueilli, ne se fût pas volontiers chargée des soins de son éducation. Et quand, au bout d’une quinzaine de jours, je l’enlevai de là, pour l’y remplacer par une couvée de Mandarins, le soir en rentrant ne l’apercevant plus, ils montrèrent le plus vif désespoir, la femelle principalement, poussant de sa voix sonore des cris qu’on entendait d’une grande distance, qui se prolongèrent longtemps dans la nuit, pour recommencer le matin et ne ces- ser qu’une fois sortis de la chambre en l’apercevant derrière un grillage dans un autre local donnant sur ma basse-cour. Ils passaient là une partie de leurs journées, allant et venant de ma pièce d’eau située à assez bonne distance, jusqu’à ce qu'ayant encore besoin de cet endroit pour une nouvelle couvée, je le transportai dans une autre pièce complètement renfermée et hors de leur portée. Je le mis en liberté avec sa mère adoptive dans cette nouvelle résidence occupée d'avance par six ou sept Poules couveuses. | Tout alla bien d’abord et il croissait à vue d’œil. I semblait d'autant plus grand pour l’âge qu’il paraissait avoir, que les plumes chez cette espèce viennent fort tard, et ce gros Canard, tout couvert encore de long et fin duvet blanc, semblait un jeune géant auprès des Canetons des différentes espèces. Jusque-là il avait toujours été fort joli, de la plus grande pro- preté el fraîcheur, n’ayant jamais cessé de jouir d’une santé parfaite, et cette grosse masse de duvet faisait plaisir à voir. Mais tout à coup, quand les plumes noires commencèrent à percer le duvet blanc et s’y mélanger, jusqu’à ce que cel- les-ci eussent repris le dessus, il devint pendant quelque temps par ce barbouillage de blanc et de noir, par ces plumes courtes mêlées à ce grand poil follet, absolument abominable, si bien que les Poules couveuses en furent effrayées, et pri- rent en telle horreur cette sorte de monstre, qu’elles ne vou- lurent plus le supporter. Abandonnant constamment leurs œufs pour courir sur lui, elles le pourchassaient à coups de bec et lui arrachaient maintes grosses becquées de sa toison, jusqu’à ce qu’il se fût réfugié et caché dans quelque coin. LE' CASARKA DE’ PARADIS. : 169 Cette antipathie commença d’abord: par une première Poule que je congédiai en répartissant ses œufs sous les autres; mais bientôt toutes étaient prises de la même fureur contre lui. Sa mère adoptive, petite Poule naine, alors plus petite que lui et qui le trouvait sans doute trop grand pour s’en occuper, ne le défendait plus; mais, si quelqu'un appa- raissait alors pour remettre les couveuses à l’ordre, le pauvre oiseau arrivait aussitôt comme pour demander aide et pro- teclion, se réfugiant dans les jambes des survenants. La vie du jeune Casarka était compromise et mes couvées se trouvaient fort mal de ce perpétuel dérangement des Poules, seulement il y avait la grave difficulté de trouver un autre local pour loger mon oiseau. Me rappelant la sympathie bien marquée de ses parents dans son premier âge, Je son- geai, alors qu'il était aux deux Liers venu, à le laisser aller avec eux: Cependant par prudence, je ne voulus point leur confier immédiatement leur enfant dans ma pièce d’eau; je désirai auparavant assister à une première entrevue dans ma basse- cour, afin de pouvoir constater leurs sentiments de part et d'autre, et bien m’en prit. Le jeune Canard, quand je l’apportai en présence de ses parents, n’hésita pas un instant, et dès que je le lâchai, cou- rut immédiatement vers eux, plein de joie et de confiance. Mais malheureusement de leur côté il fut loin d'y avoir la même réciprocité de ces bons sentiments naturels. Soit qu'ils ne le reconnussent plus sous son nouveau plumage, soit qu'ils vissent déjà en lui un rival, sila mère se contenta de le regarder d’un fort mauvais œil en grognant, lepère se pré- cipita aussitôt sur lui furieux et il fallut me hâter de le leur enlever au plus tôt. | | La position d’amateur éleveur n’est pas toujours enviable, on se trouve parfois dans des situations difficiles et semblant d’abord inextricables, qu'on finit néanmoins par résoudre à ‘force de se torturer l'esprit à chercher de nouvelles combi- naisons. Je ne pouvais, en effet, ni laisser tuer cet oiseau par les Poules couveuses, en continuant de le :renfermer avec elles, ni par ses parents en le laissant en liberté dans mon 170 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. jardin. Cependanten y réfléchissant davantage, je pensai qu’à l’aide de quelques nouveaux grillages, toujours d’une grande ressource en pareil cas, et tout mon monde, mes jeunes Man- darins en particulier, s'y prêtant et se gênant un peu, je pourrais cependant lui trouver un local à son usage, jusqu’à ce qu’il fût d'âge d’être expédié, ce qui, vu sa croissance ra- pide, ne devait pas tarder. C'était une petite pièce de 5 ou 6 mètres carrés, séparée du dehors par une porte grillée où je le déposai avec sa mère adoptive pour société, car il l’ai- mait toujours tendrement, bien que, hélas! sans réciprocité de la part de cette ééémibre, Ayant recommencé à pondre, elle n’en faisait plus aucun cas, et même à quelie temps de là étant devenue fort maussade pour lui, jusqu’à le battre, je is contraint de la éxhe et de.le laisser seul. Jamais, si ce n’est dans les circonstances que je viens de relater, je ne m'étais occupé plus de lui que de mes autres Canards, et je n’en attendais pas non plus davantage de reconnaissance. Après l’avoir rapidement soigné plusieurs fois chaque jour, je passais à ses voisins. J'avais bien remarqué qu’il me faisait de grandes démonstrations quand j'entrais -dans sa chambre, mais j'avais attribué cela simplement à l’aise qu’il éprouvait de voir ainsi pénétrer sous son toit, lait nou- veau et salade fraiche. Cependant, un jour, ayant laissé par mégarde sa porte ouverte, et le jeune Casarka étant sorti, je m’aperçus qu'il me suivait: partout dans le jardin à mes ta- lons. Prenant plaisir à éprouver cette fidélité, je poursuivis -ma promenade assez Et et il ne me quitta pas un instant. | Les jours suivants il renouvela ces ma avec moi de la même sorte. Bien plus, si au bout d’un certain temps je finissais par m'arrêter et m’asseyais sur l’herbe, il venait aussitôt se serrer, se ramasser contre moi le plus possible; il serait même fort volontiers venu sur moi, si je l’eusse per- mis, fouillant dans mes habits, dans mes poches, me palpant amicalement les mains, me caressant de son bec, s’appuyant la tête, le cou sur mes genoux, restant ainsi immobile dans LE CASARKA DE PARADIS. 171 cette situation, comme s’il y éprouvait une indicible jouis- sance, cherchant à se faire caresser, et accompagnant comme les chats ces câlineries d’un petit grognement significatif de bien-être. Seul avec ma petite fille, qui touchée de ses pré- coces infortunes lui avait également prodigué ses soins dans son enfance, nous jouissions ainsi de son entière sympathie, seuls il nous suivait à l’exclusion de tous autres. Néanmoins, bien qu’il sût parfaitement distinguer les étrangers des per- sonnes de la maison, sa première défiance passée, je dirais même sa première frayeur, il savait vite se rendre aimable.et accepter les caresses de toute main amie. Et à présent que sa crue est faite depuis longtemps, qu’il est devenu un grand et superbe oiseau, ses manières aimables et affectueuses ne se sont nullement démenties, eL il continue à tenir plus de place à lui seul dans la maison ainsi que dans l'estime et la curiosité des personnes de notre connaissance que tous mes autres palmipèdes. Ce n’est plus un Canard, Asar (c’est le petit nom qu’il porte) (1), est un ami dont on s’informe, dont on prend les nouvelles à l’égal d’un membre très proche de la famille ; c’est bien ainsi que nous le consi- dérons nous-mêmes, et c’est à ce titre que, si nous avons quelques invités, il fait toujours partie de notre société, de nos promenades dans le jardin et quelquefois fort loin dans les champs, ne manquant jamais de recevoir une large part des prévenances et politesses de nos hôtes. Il n’y a absolu- ment que dans l’intérieur de la maison, au salon, où quant à lui il se trouverait, j'en suis convaincu, parfaitement à l'aise, trop à l'aise même, qu’il ne soit pas admis. Mais aussi il a/sa chambre à lui, pour lui seul, et non plus provisoirement comme il en avait été décidé d’abord et seulement en atten- dant qu’il soil d'âge d’être vendu et expédié, mais bien à titre définitif. Pour mes jeunes Mandarins qui lui avaient cédé en attendant leur local, on leur en fera construire un autre. Il ne peut, en effet, être question de l’envoyer de chez moi, et Je (1) Ce nom lui vient d’une dame éloignée de nous par la distance, bien que très proche par la parenté et l’affection, qui s'étant, paraît-il, imparfaitement rappelé le nom-de famille de notre ami, s’informait, dans une lettre qu’elle nous écrivait, des nouvelles du jeune Asarka, d’où le nom d’Asar qui lui est resté. ” 172 SOCIÉFÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. le voudrais, que je ne le pourrais pas, j’exciterais contre moi la réprobation générale. IL est vrai que la situation chez moi de ce sie Canard est toute particulière ; absence de frères, une mère adoptive qui s’est chargée de la façon la plus tendre de sa première éduca- lion, qui, tout à coup et au moment où il est à peine moitié élevé, ne s’en occupe plus, même le bat, un père qui veut le tuer, enfin nulle sympathie pour tous mes autres Canards de différentes espèces, par conséquent aucune relation possible avec eux; toutes ces circonstances réunies n’ont dû qu’aug- menter ses instincts sociables et son amitié pour nous dont les soins ne se sont jamais démentis. De plus, ne sortant qu'avec nous, il n’a de distractions que par nous; car, en dehors de nos promenades et dans l’intérêt de sa conserva- tion, il est tenu rigoureusement renfermé, ne sortant seul que le soir après la rentrée des autres Canards, sans quoi nous risquerions de le voir tuer par son père. | À sa première velléité d’aller à l’eau, en effet, bien qu'il eût atteint sa grosseur complète, le mâle avait fondu sur lui et après une poursuite furieuse et plusieurs plongeons de part et d’autre, l’avait atteint et essayait, en montant dessus, de l’enfoncer sous l’eau et de l’asphyxier, la femelle était même venue l’aider dans cette triste besogne ; heureusement nous étions là pour lui porter secours. Mais une autre fois -qu’il nous avait échappé et s’était rendu seul à ma pièce d’eau à notre insu, Je le trouvai moitié noyé, le plumage inondé et en désordre, convulsivement cramponné à un des bords es- carpés qu'il n'avait pas eu la force de remonter; évidem- _ment, 1l s'était passé un drame dont je n’avais pas été témoin, mais qui avait failli lui être funeste. Et cependant ces Casarkas de Paradis ne sont plus à l’époque du printemps, ils ont dû être considérablement calmés par la mue survenue depuis, et si bien que les Casar- kas roux, contre lesquels, comme on l’a vu, ils ont été si acharnés précédemment, jouissent pour l'instant d’une tran- quillité relative, et peuvent vivre à peu près en paix avec eux dans ma pièce d’eau. LE CASARKA DE PARADIS. 173 On voit donc, du moins par ces deux couples observés chez moi tout à loisir, que ces oiseaux ne sont méchants pour leurs compagnons que seulement quand ils aperçoïivent en eux des rivaux, soit naturellement quand ils sont de leur espèce ou s’en rapprochent beaucoup, les Casarkas roux par exemple, soit que par suite des circonstances, ainsi que pour mon Cygne de Bewick, ils aient pu les considérer comme tels. Quelquefois même ils peuvent vivre en paix parfaite avec ces Casarkas roux, la chose s'étant produite pour le premier couple que j'ai possédé. Mais il me semble plus difficile de pouvoir rencontrer deux couples de Paradis pouvant vivre ensemble, à voir l’animosité extrême des miens à l’égard d’un jeune de leur espèce encore entièrement inoffensif, et cela à une époque de l’année où les oiseaux sont le moins agres- sifs. Quant aux palmipèdes inférieurs de taille et plus éloignés de leur race, depuis les Canards sauvages jusqu'aux plus pe- tites Sarcelles, s’il n’y a pas grands rapprochements, pas grande sympathie à attendre de leur part, ils sont au moins à leur égard parfaitement inoffensifs, on ne doit nullement craindre de les mélanger même lorsqu'ils se trouvent à vivre avec eux dans les espaces les plus restreints. De plus cette espèce, au moins dans le cas qui me concerne, est suscep- tible d’un attachement singulier pour les personnes, atta- chement que je n’avais jamais encore observé à un degré égal parmi les autres Canards. | I. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE GÉNÉRALE DU 6 MARS 1885. Présidence de M. Henri BOULEY, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. * — M. le Président fait connaître les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. ss { A. Berthoule. RaynauD (Jean-Joseph), propriétaire, 109, | Let AE ts avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). Lévy- Nathan. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Rousseau (Jules), propriétaire, 195, avenue D CN LES Mn de Neuilly, à Neuilly (Seine). TauvieN (le D' Adolphe), 109, avenue de Neuilly, à Neuilly (Seine). Millereau. | | \ (: Bailly. Saint-Yves Ménard. — M. le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts annonce que l’ouverture du Congrès des Sociétés savantes aura lieu à la Sorbonne le mardi 7 avril, à midi et demi; il prie M. le Président de lui faire - connaître, avant le 15 mars, les noms des délégués de la Société. MM. Maurice Girard et Raveret-Wattel ont été désignés par le Conseil. . — M. le Ministre de la Marine et des Colonies fait connaître qu'il souscrit pour vingt-cinq exemplaires au travail récemment publié par la Société sous le titre : « Les poissons migrateurs et les échelles à Saumons. » PTE — M. le baron Halna du Fretay demande qu'il lui soit envoyé une liste des prix institués par la Société. — M. Lescuyer écrit de Saint-Dizier à M. le Secrétaire général : « Je publie en ce moment un nouvel opuscule et vous en adresse deux exemplaires. J'avais cru devoir expliquer la publication trop tardive de mes Mélanges ; or il en est résulté des recherches, et la constatation de faits du même genre à Vienne et à Paris. J’ai reçu les vives félicitations du Comité permanent international des Congrès. On m’a même demandé la permission de faire traduire en langue allemande mes Mélanges, et de les laisser vendre au profit de l’œuvre des Congrès. J’ai accédé bien volontiers à ce désir. Dernièrement on m’a fait l'honneur de me nommer membre honoraire de la Société ornithologique de Vienne et membre du Comité permanent international des Congrès, nomination que j'ai accep- tée, mais avec les réserves que m’impose ma santé. » PA) PROCÈS-VERBAUX: ,: 2:14 175. — MM. de Boussineau, Maistre et de Muizon accusent FéÉp AO, et remercient des cheptels qui leur ont été adressés. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Bsoin, Menesson et Puyo. — Renvoi à la Commission spéciale. — M. Maxwell écrit de Périgueux : « Je vous envoie Fe ni de Poule pesant de 80 à 100 grammes l’un. Ils proviennent de Poules qui appartiennent à une paysanne des environs de Périgueux. Cette femme a deux ou trois Poules qui pondent de pareils œufs, dont le poids dé- passe toujours 75 grammes. Les Poules sont très fortes, couvent très bien et sont très bonnes à manger. Le Coq pèse près de 13 livres. Il est jeune et actuellement maigre. Je vous tiendrai au courant des résultats que donneront les a de ces Poules au HA de vue du poids des œufs. » Les œufs envoyés Hull M. Maxwell ont été remis à M. le docteur Lefort, qui veut bien se charger de les faire mettre en incubation. — M. le conducteur des Ponts et Chaussées de Thiers (Puy-de-Dôme) adresse la lettre suivante : « J'ai l'honneur de vous informer que, d’après les ordres de M. René de Sémallé, il m’a été remis ce jour, pour l’em- poissonnement de la rivière de Dore, 52 kilogrammes d’alevins, repré- sentant 2300 sujets dont 2000 Carpes, 150 tanches et 150 Perches pro- venant de ses étangs situés sur le territoire de la commune de Saint- Jean-d’Heurs. Ces Poissons ont été mis en rivière au lieu dit le barrage de Martignat, situé à 2000 mètres en amont du pont de Peschadoires. » — M. Mailles adresse la note suivante : « Nous possédons en France des représentants de deux groupes distincts du genre Rana : 1° la Rana esculenta ou Grenouille verte, appartenant au premier groupe; 2° les R. fusca et agilis, plus une ou deux formes ou RHDÈGES très voisines de celles-ci, offrant des mœurs semblables, et toutes à tempes noires et à coloration noire ou grise. » Toutes ces espèces sont péchées ou chassées pr Lo elles constituent un aliment délicat et de facile digestion. La grenouille verte est la plus aquatique de toutes; elle ne s'éloigne pas des mares ou des rivières à faible courant. On entend son coassement durant toute la belle saison. La ponte a lieu vers la fin du printemps ou le commencement de l’été. C’est un Batracien vorace, qui détruit beaucoup de larves et d'insectes aquatiques ow recherchant le voisinage de l’eau, générale- ment peu ou pas nuisibles ; il en résulte que cette Grenouille ne peut pas être considérée comme auxiliaire de l’agriculture. Les espèces rousses, au contraire, ne vont guère à l’eau que pour la reproduction. La ponte a lieu en février-mars, après quoi la plupart d’entre elles se répandent dans les prés, les bois et les jardins. Seuls, quelques individus restent à l’eau tout l’été, surtout dans les ruisseaux ou les mares à l'ombre des arbres, tail que la Grenouille verte recherche le grand soleil. Toutes ces espèces à tempes noires ont un coassement faible, 176 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. qu’elles ne font entendre qu'aux premiers beaux jours. Pendant toute la belle saison, elles débarrassent nos jardins et nos cultures d’une foule . d'insectes, de crustacés, d’arachnides et de vers, parmi lesquels bon nombre sont nuisibles à nos cultures. Il résulte de la connaissance de ces faits que, tout en devant chercher la multiplication de ces divers Batraciens alimentaires au même titre, il y aurait lieu, à mon avis, d'accorder une protection plus étendue aux Grenouilles rousses qu’à la . verte. » Pour obtenir ce résultat, il faut employer des moyens pratiques, agissant utilement malgré l'ignorance générale à l'égard de la distinc- tion des espèces en question. » Une loi qui interdirait la pêche, la chasse et le colportage des di- verses Grenouilles, du 1° novembre au 1° juillet, remplirait parfaite- ment ce but, je pense. Je dis, dès le 1° novembre, parce que beaucoup de ces Anoures hiverrent dans la vase des mares, où on les prend en très grand nombre et d’une façon vraiment abusive. » Par cette réglementation, toutes nos Grenouilles accompliraient leur ponte tranquillement; les espèces à tempes noires seraient à peu près épargnées, puisque c’est à l’eau qu'on en prend le plus, et que, lors de l'ouverture de leur pêche, elles n’y seraient plus, pour la plupart du moins. La verte, qui y reste tout l'été, serait seule capturée, mais, au moins, la reproduction en serait protégée. Enfin, la chair de ces animaux étant bien meilleure en été et en automne qu’en hiver ou au printemps, où ils sont amaigris par le jeûne, le consommateur se trouverait bien, lui aussi, de cette loi, dont j'ai l'honneur de soumettre po hui le projet à l'examen de la Société d’Acclimatation. » Si mon plan est approuvé, notre Société pourra faire des démarches en ce sens auprès du ministère. » Protégeons nos espèces indigènes de Raniformes alimentaires, en attendant de pouvoir étendre notre sollicitude sur la Rana mugiens, la Grenouille-Bœuf, malheureusement confinée, pour longtemps encore, dans quelques contrées de l'Amérique du Nord. » — À l’occasion de cette note, M. Maurice Girard fait remarquer que les Arachnides, qui sont signalés comme entrant dans l’alimentation des Grenouilles, ne sauraient être classés parmi les animaux nuisibles à l’agriculture. Une seule exception peut être faite concernant la grande Araignée des jardins, l’Epeire diadème, qui détruit des Abeilles. — M. le Président de la Société messine de pisciculture écrit à M. le Président : « En réponse à la lettre du 13 de ce mois, j’ai l'honneur de vous informer que notre Société accepte avec plaisir d’entrer en relations avec la Société d’Acclimatation et d'échanger les rapports et documents divers relatifs à la pisciculture, afin d’aider à son développement rationnel par la communication des expériences faites sur ce domaine. » En vous accusant réception des rapports que vous avez bien voulu PROCÈS-VERBAUX. 177 me faire parvenir, et pour lesquels je vous prie de recevoir mes meilleurs remerciements, j'ai l'honneur de vous adresser les statuts de notre Société, ainsi que les rapports des trois dernières années et deux autres brochures. Je regrette de ne pouvoir vous adresser les rapports publiés les années précédentes, vu que ces derniers sont complètement épuisés. Le rapport qui sera publié sur la gestion de l’année écoulée vous sera adressé dès sa publication. » — M. le docteur Adrien Sicard (de Marseille) adresse des renseigne- ments sur l’éclosion des œufs de Salmo fontinalis qui lui ont été confiés en 1884. — M. Edouard Villey sollicite un envoi d’alevins de Truite ou de Saumon. — M. Godillot adresse la lettre suivante : « Un de mes parents, agri- culteur en Algérie, désirerait savoir si, comme on le lui a affirmé, la cul- ture de la Coca du Pérou y est possible, et comment il faut procéder à sa plantation; j’ai immédiatement pensé que la Société d’Accclimatation pourrait me renseigner à ce sujet, ainsi que sur les soins à donner à la plante et la manière d’en recueillir le feuillage. Plusieurs docteurs disent la Coca appelée à un grand avenir; il serait donc utile, puisque le Pérou, dès à présent, n’en produit que très insuffisamment, d’en faire au moins l’essai dans notre colonie, dont le sol, au dire de plusieurs, se prêterait très bien à cette culture. Mais est-ce vrai? C’est dans celte incertitude que je m'adresse à vous, pensant que peut-être déjà quelque membre de la Société ou quelque correspondant en à fait l’essai en Algérie. » — M. Gourdin écrit de la Roche-sur-Yon : « Les graines de Chame- rops excelsa qui m’avaient été envoyées, il y a plusieurs années, par la Société, ont produit des palmiers d’une très belle végétation, en pleine terre. L’année dernière, deux palmiers ont fleuri, et l’un d’eux m'a donné deux grappes pareilles à celle que j'ai honneur de vous envoyer. Je distribuerai les graines de l’autre grappe aux amateurs de notre pays. J'ai obtenu aussi un magnifique Araucaria imbricata, qui a une hau- teur de plus de 8 mètres, et autres arbustes provenant des He de la Société d’Acclimatation. » — M. Thévenin adresse la lettre suivante : « Dans un bois planté d’essences forestières, Chênes, Bouleaux, Charmes, cerlaines pentes consistant en terrains pierreux et crayeux, exposées au midi et très sèches, sont absolument dénudées. Leur étendue est d'environ dix ou je hectares. Je désirerais les reboiser, mais les essences ordinaires n’y pousseraient probablement pas facilement, et je songe à y semer de la graine d’Ailante, recommandée par un rapport de M. Vavin à la séance générale de la Société d’Acclimatation du 13 juin 1879. Avant de prendre ce parti, je désirerais savoir : 1° à quel âge le bois de l’Ailante est uti- lisable ; 2 si l’Ailante, qui drageonne beaucoup, ne parviendra pas, soit par ses drageons, soit par ses graines, à envahir et à étouffer, dans un 4° SÉRIE, T. II. — Mars 1885. 12 178 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. avenir plus ou moins rapproché, les bois environnants plantés d’essences forestières ; 3° si les propriétaires de bois voisins ne pourraient pas se plaindre et intenter même des actions en dommages- intérêts à raison de l’envahissement de l'Ailante, transportée par les graines dans leurs bois; 4 enfin, à quelle époque la graine doit être semée, quelle quantité se- rait nécessaire pour une étendue de dix hectares environ, où je pourrais m'en procurer, et à quelles conditions; si le Lapin mange l’Ailante.» — M. Sarazin adresse de Tokio (Japon) des graines de Rhus vernici- fera et de Nelumbo japonais (Hasu) des variétés rose et blanche. « Ce Nélumbo, écrit M. Sarazin, est la plus belle plante aquatique du climat de Tokio, qui ne diffère de celui de Paris qu’en ce qu’il est un peu plus chaud, mais très humide l’été, et un peu moins froid, mais plus sec l'hiver. » Étant donnée la figure de la graine de ce | Nélumbo, j'ai été averti qu’il était bon, afin qu’elle lève plus facilement, de la planter la pointe en bas, le germe sortant du côté opposé, et d'enlever l’écorce de la partie supérieure. J'avoue que cette dernière recommandation m'étonne, et que pour celles que je planterai moi-même, je ne m’y conformerai que pour quelques-unes seulement, cette graine devant, comme toute autre graine, avoir la faculié de s'ouvrir d'elle-même en temps pro- pice ; et puis une ouverture prématurée ne risque-t-elle pas de la gâter? Cette graine doit être plantée à l'abri du froid et peu profoudément dans la bourbe recouverte de quelques millimètres d’eau, qu’on aug- mente au fur et à mesure que la plante se développe. Quand elle a de fortes racines, elle se montre très bien au-dessus de 50 ou 60 centi- ‘mètres d’eau. » P. S.— Au moment de fermer ma lettre, mon domestique, qui ferme Je sac, prétend savoir qu’il vaut mieux semer les graines du Nélumbo dans la terre fraîche, sur le bord de l’eau, que sous l’eau même, et ne les transplanter sous l’eau que lorsqu'elles ont levé. Il me fait remarquer que de toutes les graines qui tombent dans l’eau au moment de la matu- rité, aucune ne lève, tandis que sur le bord des étangs, et tout près de l’eau, on en voit lever. 11 dit aussi qu’il vaut mieux rompre un peu l’é- corce. Je crois donc qu’il pourrait être utile d'essayer ainsi pour une partie de ces graines, et qu'on ne saurait prendre trop de précautions ‘pour la graine d’une plante qui se reproduit le plus ordinairement et “avec bien plus de facilité par ses racines, qu’il ne serait pas facile de -faire parvenir en bon état à une si grande distance. » — M. Turpin remercie de l'envoi qui lui a été fait de semence de Riz de montagne. — M. Jules Cloquet adresse une notice relative à la culture des Cèdres sous le climat de Paris. CuepTELs. — M. Maisitre rend compte de la situation de son cheptel -d’Agoutis. PROCÈS-VERBAUX. 179 — M. Martel-Houzet annonce le renvoi du mâle de son cheptel de Canards du Chili. — M. Raveret-Wattel signale à l'assemblée : 1° Un numéro du journal de la Société des Arts de Londres, qui ren- ferme un mémoire dans lequel notre confrère M. Alfred Wailly, de Nor- biton, rend compte de ses éducations de différents Lépidoptères exo- tiques pendant l’année 1884 ; 2° Un article du Field, mentionnant l’envoi d'Angleterre à la Nouvelle- Zélande d’un nombre considérable de Belettes pour la destruction des Lapins ; 3° Une note publiée dans le Land and Water, rendant compte de la capture de plusieurs Saumons dans le Yarra-Yarra, aux environs de Melbourne. M. le Secrétaire donne, à ce sujet, quelques renseignements sur l’acclimatation du Saumon en Australie et de la Truite à la Nou- velle-Zélande. — M. le Président appelle l'attention de la Société sur la Frane envoyée par M. Leseuyer, de Saint-Dizier, qui fournit d’utiles renseigne- ments au point de vue des services rendus à l’agriculture par les oiseaux insectivores. — Renvoi à la Commission des récompenses. — M. Hédiard dépose sur le bureau et fait distribuer à l’assemblée des oranges de Blidah, dont il signale l’excellente qualité et le prix peu élevé. Ces oranges, supérieures aux oranges d'Espagne, peuvent être livrées à raison de 7 francs le cent. M. Hédiard fait remarquer l'intérêt qui s’attacherait à l’importation sur une grande échelle, en France, de l’orange d’Algérie, qu'en peut tirer d’un grand nombre de points de la colonie. Mais il serait à désirer que des facilités fussent obtenues pour le transport, par une réduction des tarifs de chemins de fer. Aujourd’hui, des conditions avantageuses ne sont faites que pour des envois de 2000 kilogrammes au moins; de sorte que le petit producteur est obligé de payer des frais de transport très élevés ou de livrer ses produits à des commissionnaires, qui prélèvent la plus grosse part des bénéfices et revendent parfois très cher au consommateur. M. Hédiard exprime le vœu que la bienveillante attention de M. le ministre des travaux publics soit appelée sur cette question. — Renvoi à l’examen du Conseil. — M. le docteur Brocchi fait une intéressante communication sur le parti qui peut être tiré des étangs de la Camargue pour la production du Poisson (voy. au Bulletin). — M. Jules Grisard donne lecture d’un mémoire de M. Gabriel Ro- geron sur le Canard Casarka de Paradis (voy. au Bulletin). — M. Hédiard demande que le compte-rendu qui a été présenté par M. le Secrétaire général, dans la séance du 16 mai 1884, sur le banquet organisé par la Société, soit publié dans le Bulletin le ie prochaine- ment possible. — Renvoi au Conseil et. à la. Commission de publica- tion. 180 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. SÉANCE GÉNÉRALE DU 20 MARS 1885 Présidence de M. Henri BOULEY, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M, le Président fait connaître que le Conseil a, dans sa dernière séance, prononcé RE de: M. | | PRÉSENTATEURS. Boisson (Mathieu), représentant pour la Du SZICIUTIE France des RR. PP. trappistes de l'Abbaye \ pi. HOT AR : z le P. Gildas. des Trois-Fontaines, près Rome, 123, bou- | a levard de Sébastopol, à Paris. NES — M. le Président donne lecture de la lettre suivante, qui lui est adressée par M. de Quatrefages : « Mon cher Confrère et Président, » Je trouve, dans le dernier Bulletin de la Société d’Acclimatation, une note de M. Alfred Waïlly relative à l’éducation d’Attaciens sérici- gènes, et renfermant l'exposé d’un fait qui semble avoir fort surpris notre honorable collègue. A la troisième génération, son hybride Roylei- Pernyi s’est trouvé métamorphosé en Pernyi pur sang. » Il n’y a là rien que de très naturel, rien qui ne se passe habhituelle- ment dans le règne végétal, aussi bien que dans le règne animal, lors- que l’on croise deux espèces différentes. Toujours, au bout d’un nombre plus ou moins considérable de générations, les hybrides obéissent à la loi de relour et reprennent le type pur de l’une des souches parentes ou se partagent pour ainsi dire entre les deux. » Seulement, lorsque, par suite de la nature des deux espèces croisées, le nombre de générations intermédiaires est un peu considérahle, on sent apparaître le phénomène de la variation désordonnée si bien étu- dié par M. Naudin. Au lieu de se fixer de plus en plus, les caractères des hybrides vont se diversifiant parfois de la façon la plus singulière C’est ce qui est arrivé aux hybrides des Bombyx cynthia et arrindia, qui, au Muséum, ont duré assez longtemps pour atteindre la huitième génération. En même temps, de nombreux retours avaient lieu ; et, à la dernière éducation, tous les descendants du premier croisement étaient retournés au type du B. arrindia. » L'observation de M. Waiïlly n’en est pas moins intéressante. Elle montre une fois de plus comment les lois physiologiques maintiennent PROCÈS-VERBAUX. 181 l’isolement des espèces dans le monde organique, isolement d’où dé- pend la durée du grand tableau que présentent les deux règnes. » Je vous adresse ces courtes observations, mon cher confrère et Pré- sident, en vous priant de les communiquer à nos collècues. Ils voudront bien, j'espère, conclure de ce modeste envoi que, quoique retenu par diverses circonstances loin des séanceside la Société, je n’en suis pas moins ses travaux avec un intérêt réel, et que je serai prêt à répondre à l’appel de mes collègues, quand je pourrai être réellement utile. » Recevez, etc. » À. DE QUATREFAGES. » M. le Président signale l'intérêt, que présente cette lettre, qui est, dit-il, la confirmation de ce que nous savons en histoire naturelle. Ce n’est pas seulement pour les croisements entre les espèces que le fait se produit, c’est aussi dans les croisements de races ; et quelles que soient les prétentions des facteurs de races, il ÿ a une chose certaine, c’est que, quand ils ne veillent pas avec un soin scrupuleux à la conservation de la race qu'ils ont constituée, peu à peu l'effort naturel se produit, et la divergence arrive dans les descendants, par un retour vers l’une ou l’autre des races, vers la plus ancienne. — M. le Ministre de l'Agriculture annonce qu’il souscrit pour cent exemplaires au travail sur, les Poissons migrateurs et les échelles à Sau- mons, récemment publié dans le Bulletin de la Société. — MM. Henning, Victor Tertrais et Zeiïller adressent des remercie- ments au sujet des cheptels qui viennent de leur être accordés. — M. Benjamin Leroux fait connaître: qu’il renonce au ‘cheptel de Faisans de Mongolie qui lui avait été attribué. d — M.Maxwell écrit de Périgueux : « J'ai obtenu cette année, après plu- sieurs insuccés, la reproduction de la Tourterelle maiïllée du Sénégal. J’ignore si cet oiseau a déjà reproduit en France. Mon couple reproduc- teur a beaucoup pondu d'œufs clairs ; les derniers étaient fécondés, mais les parents abandonnaient les jeunes vers le quinzième jour. J’ai dû continuer l’éducation de ma ienpe Tourterelle à la main, afin de pouvoir la sauver. » — M. Ancillon, en # la Société départementale de reeiene du Cher, demande où et à quelles conditions il serait possible de se pro- curer de la montée d’Anguilles. Il sollicite, en même temps, l’envoi d’œufs et d’alevins de Salmonides ou autres espèces intéressantes à pro- pager dans les rivières du centre de la France. | — M. Courvoisier remercie. des indications qui lui ont été fournies pour l'achat d’Écrevisses destinées au repeuplement d’un cours d’eau. — M. Delgrange écrit de Valenciennes : « J'ai. l'honneur .de vous informer que les œufs de Corégone que la Société a eu l’obligeance de m'envoyer ne m'ont donné aucun résultat; pas un n’est venu; il est pro- 182 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. bable que les œufs n’étaient pas embryonnés, car dans une caisse voisiné j'avais des œufs de Corégones venant de chez M. Schuster; ils ont par: faitement réussi. » J'ai en ce moment environ 30000 œufs de Truite des lacs et d’Omble-Chevalier qui sont éclos ; mais la vésicule ombilicale n’est pas encore résorbée. J'espère arriver à un bon résultat. Je compte l’année prochaine en faire beaucoup plus. Je me recommande à la en pour ce dont elle pourra disposer en ma faveur... » — M. A. Delaurier aîné écrit d'Angoulême : « J'ai recours à votre obligeance pour savoir s’il est encore temps de faire des demandes d'œufs de Truite ou Saumon. M. P. Sazerac de Forge, un nouveau membre de la Société, a demandé à y être admis pour s’occuper de pisciculture. Il possède dans sa propriété de Forge des sources où la rivière la Bohême prend naissance, qui sont considérées comme les eaux les plus belles et les plus froides de la région. Il n’y existe plus, à peu près, que des Écre- visses et des Brochets qui ont détruit la Truite. On se propose de dé- truire et d’empoisonner le Brochet pour peupler ces sources de Truites et de Saumons. M. Sazerac de Forge à pris un domestique qui a fait de la pisciculture ailleurs, il n’hésitera pas à faire toutes les EEE né- cessaires pour empoissonner ses eaux. » — M. Joly adresse la lettre suivante : « Dans notre aliète séance, M. Maurice Girard, répondant à M. Mailles, qui demandait une loi de protection pour les Grenouilles, a cru devoir prendre la défense des Arachnides qui, nous a-t-il dit, sont des animaux de première utilité, et cependant les Grenouilles leur font une guerre acharnée et en détruisent un grand nombre. M. Maurice Girard me permettra d'émettre un avis un peu différent. Lui-même, d’ailleurs, avoue que les Araïgnéés causent de grands dommages aux apiculteurs, leurs toiles sont souvent le tombeau de beaucoup d’Abeilles. Pas un horticulteur ne songera à les protéger, quoiqu’elles soient considérées avec raison comme un moyen de défense contre les insectes. Les cultivateurs aussi cherchent à se débarrasser des Araignées à cause de ces mêmes toiles, qui peuvent être nuisibles en s’introduisant dans la nourriture des bestiaux. » Enfin, on peut considérer les toiles d’araignée comme la source de beaucoup de maladies épidémiques. Partout, l’Araignée est l’objet d’une répulsion instinctive et une cause de malpropreté; je n’ai pas besoin de rappeler à notre confrère le Scorpion et là Tarentule, qui ont la réputa- tion d’être très venimeux, ni cette Araignée monstre de PARCS qui prend dans ses lacs jusqu’à des oiseaux. » Passons maintenant aux qualités des Grénotilles: Outre jéur quali- tés alimentaires, elles détruisent une grande quantité d'insectes, et sur ce point elles sont très certainement plus utiles à lagriculture que V’Araignée. Tout au plus pourrait-on reprocher à la Grenouille verte, qui vit exclusivement dans l’eau, de détruire le frai des poissons, mais PROCÈS-VERBAUX. 183 n'est-ce pas la loi de la nature de se détruire les uns les autres? Il ne faut pas oublier non plus que les Grenouilles, séjournant surtout dans les mares où le poisson ne peut vivre, n’occasionnent que peu de dommage. Il ne faut donc pas leur refuser toute protection, surtout à la fin de FPhi- ver, à un moment où elles sont fort maigres, cette époque coïneidant avec celle du frai. Or une loï analogue à la loi sur la pêche assurerait la conservation de nos Grenouilles indigènes, qui présentent quelque inté- rêt au point de vue de l’alimentation, bien qu’elles soient inférieures à une espèce de Grenouille de l’Amérique, la Grenouille Bœuf, dont notre Société aura l’honneur, je l’espère, de doter prochainement notre pays.» — Le R. P. Camboué, missionnaire apostolique, écrit de Tamatave- (Madagascar) : « J’ai l'honneur de vous accuser réception et de vous re- mercier de votre gracieuse et honorée réponse du 22 novembre 1884. Dès qu’il me sera possible de regagner l'intérieur de notre grande île africaine, je ne manquerai pas d'étudier plus à fond le Digitigrade- dont je vous ai parié, et, s’il y a lieu, je vous ferai parvenir deux sujets. vivants, ou, à défaut, la peau et le crâne. » J'ai l’honneur de vous adresser, en même temps que cette lettre, le petit mémoire que je vous avais annoncé, relatif à nos Bombyciens sé- ricigènes malgaches: J’y joins quelques échantillons des cocons. Ceux. du paquet n° 4 appartiennent au Borocera Madagascariensis, trois à la femelle, un, le plus petit, au mâle. Ceux qui ne sont point enveloppés. appartiennent aux divers Saturnia ou Attacus dont parle mon mémoire. (En prenant les cocons du Borocera [paquet n° 1], ilifaut prendre garde aux piquants qui les couvrent et qui pourraient être dangereux en péné-- trant dans les chairs.) » Dans un envoi subséquent, je mettrai, s’il y a lieu, un plus grand: nombre de cocons et quelques-uns vivants. » Les Bombyx Diego et Radama (Coq) ne sont pas exploités, que je sache. Quant aux autres Bombyciens et insectes à l’état parfait, je me- propose de les envoyer à la Société avec d’autres insectes d'ornement que j’expédierai prochainement, dès que je pourrai y joindre un bel exemplaire de l’Urania Riphœus. Comme j'ai eu l’honneur de vous le faire déjà observer, ma bonne volonté, relativement aux envois, est con-- sidérablement entravée par la continuation des hostilités qui me ferment laccès de la campagne. Je tâcherai d’y suppléer par diverses communi-- cations, en attendant des jours meilleurs. » | — M. F. Albuquerque écrit de Saint-Paul (Brésil) : «€ J’ai reçu vos. deux honorées lettres des 24 octobre et 9 novembre dernier, quand il était déjà trop tard pour expédier des tubercules d’Igname, déjà en vé- gétation, mais le jour même de la réception de vos lettres, je vous ai envoyé ceux de Mangarito branco, qui étaient encore en repos. » Je ne connais pas le Mangarito roxo, mais on m’a dit qu’il est aussi 184 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. cultivé dans cette province, et on m’en a promis des tubercules que je m ’empresserai de vous expédier. » Je ne sais pas quelle est la plus hâtive des variétés dise e qu’on cultive au Brésil : j'en possède deux ou trois que je vous enverrai dès qu’elles seront en repos. » Il faut vous dire auparavant qu’au Brésil on appelle Carà toutes les variétés et.espèces de Dioscorea, une seule exceptée (D. aculeata ?), à qui on donne le nom d’Igname, qu'on applique génér sement à diverses Aroïdées cultivées ou sauvages. » Je possède aussi deux Aroïdées cultivées ici, si je suis bien ren- seigné, sous le nom, l’une de Tayoba, l’autre de Tayà; celle-ci, on la dit très délicate, je n’en sais rien encore ; l’autre me paraît plutôt propre à l’alimentation des animaux. » J’ai oublié de faire part à notre Société que Cheb maintenant une terre à 18 kilomètres de la ville de Saint-Paul, où je m'occupe d'essais de viticulture avec des cépages américains, et aussi d'essais d’acclimata- tion de plantes potagères; c’est pourquoi je demande à être compris dans toute distribution de Er et de végétaux qu pourrait être de quelque utilité chez nous. — M. le Secrétaire sen communique la lettre suivante, qui lui est adressée par M. Jaille, de Mérignac (Gironde) : « En 1880, je recus du Jardin d’acclimatation d’Hyères quatre Fucalyptus amygdalina et plu- sieurs E. coriacea, que je plantai en même temps que quatre ou cinq autres espèces (parmi lesquelles l'E. coccifera), reçues de M. Mazel, .d’Anduze (Gard). Le 16 janvier 1881, la température s’abaissa subite- ment à plus de — 15 degrés centigrades et tous mes Eucalyptlus furent gelés; mais, selon mon habitude, j'avais eu soin de faire un peu relever la terre autour des tiges, et lorsque, au commencement de mars, je fis . déchausser le pied de mes plantes, les E. amygdalina, coriacea et .coccifera donnèrent des jets vigoureux. Depuis cette époque, l’amyg- dalina et le coccifera n’ont pas souffert du froid. Le coriacea a souf- fert plus ou moins tous les hivers. » En 1882, je reçus un autre envoi d'Hyères : E. Stuartiana, Resdoni, obliqua, longifolia, polyanthemos, amygdalina (du prince Troubetz- koï). Pour avoir un terme de comparaison connu, je plantai deux glo- bulus. Dès le premier hiver, les E. Resdoni et Stuartiana périrent. Le longifolia et le polyanthemos suivirent le sort des E. globulus et co- riacea ; ils eurent deux fois leurs tiges gelées et repoussèrent du pied, et finalement ils moururent cet hiver, ainsi que les globulus et les co- riacea. » Les E. amygdalina (1880), mnt (1880), obliqua (1882), amyg- dalina du prince Troubetzkoï (1882), n’ont nullement souffert de ce der- nier hiver. » Ges derniers, à trois ans, ont environ 45 centimètres de circonférence PROCÈS-VERBAUX: 185 à 1 mètre au-dessus du sol, et 7 à 8 mètres de hauteur. Un des Amyg- dalina de 1880 à cinq ans a atteint 8 à 9 mètres de: hauteur et 70 cen- timètres de circonférence. Un autre, mort accidentellement cet automne, a été abattu et. mesurait plus de 10 mètres. Sa circonférence à 1 mètre du sol était de 55 centimètres. Mais il ne faut pas oublier que ces deux arbres avaient été recépés en 1881. Le coccifera pousse lentement et forme buisson. L’obliqua s'élève, mais se développe beaucoup moins que l’amygdalina: » En somme, ces Eucalyptus ont supporté plusieurs fois environ 9 à 10 degrés-de froid et ont bien résisté là où les Eucalyptus globulus ont été gelés. » Je crois qu'en protégeant le pied de ces arbres par quelques centi- mètres de terre, on pourrait les conserver indéfiniment dans notre ré- gion. Les hivers un.peu rudes ne se renouvellent ici que tous les huit ou dix ans; on en serait quitte pour un recépage lorsque les tiges se- raient gelées. En attendant, par des semis successifs et une bonne sélec- tion, on pourrait trouver des sujets encore plus résistants. » À — M. le comte de Bouchaud de Bussy met à la disposition de la So- ciété des graines de Chamærops excelsa provenant de sa récolte. :— M. Thomas-Mignot, régisseur du domaine de Fleurac (Charente- Inférieure), sollicite un envoi de semence de Riz'sec. — M. Faudrin, chargé de l’enseignement agricole dans le départe- ment des Bouches-du-Rhône, écrit d'Aix : « J’ai l’honneur de vous rendre compte des résultats obtenus avec les graines de Riz de montagne que vous avez daigné m'adresser. Les expériences ont été faites, dans Vau- cluse, à Châteauneuf-de-Gadagne, et au Jardin de l’Ecole normale d’in- stituteurs, à Aix-en-Provence. En terrain de coteau et même de plaine, sec et non irrigué, les graines ont levé difficilement et n’ont donné que des tiges faibles et infertiles; mais en sol frais ou irrigué, les plantes sont arrivées à bien. Au printemps prochain, je me propose d’en semer les produits pour continuer l’étude de cette intéressante graminée. Si, la présente année, vous offrez d’autres. semences, je vous serais très reconnaissant de vouloir bien me compter parmi les personnes qui auront droit à cette faveur. » | — M. Bruandet, vice-consul de France à Tortose, adresse la lettre sui- vante : «Il y a quelques années, les propriétaires riverains de l’embou- chure de l’Ebre possédaient de vastes rizières d’un rapport très pro- ductif. Cette culture ayant été interdite par ordre du gouvernement espagnol pour motif de.pêche ou d’hygiène, les: propriétés restèrent incultes et abandonnées pour la plupart. » Dernièrement quelques-uns de ces propriétaires ayant vu dans un journal scientifique de Madrid une note annonçant que la Société d’Ac- elimatation de France possédait de la semence de Riz d’une qualité toute particulière, et qui n’avait pas besoin d’être dans un terrain inondé pour 186 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. croître et se développer, vinrent me trouver et me prièrent de vouloir bien vous en demander une quantité suffisante pour faire quelques essais. | » J'ai l'honneur de vous envoyer ci-joint la note du journal qui a pro- voqué cette demande, et je serais très heureux que vous puissiez lui donner une solution favorable. En effet, depuis que je suis à Tortose, je nai eu qu'à me louer de mes relations avec les Espagnols, et chaque fois que j'ai eu à demander un service pour un de nos compatriotes, soit aux autorités espagnoles, soit aux particuliers, on me la toujours ac- cordé de la façon la plus gracieuse. Je voudrais done pouvoir être à même de satisfaire à la première demande qui m'est adressée, et j’es- père que, si cela vous est possible, vous n’hésiterez pas à prendre une mesure qui ne peut qu'être utile aux intérêts de nos compatriotes, si nombreux en Espagne, et qui malheureusement ont nie besoin de l'appui des gens du pays. » J’ajouterai que ces Messieurs m'ont dit qu ‘ils payeraient tous les frais résultant de cet envoi. -» Si vous désiriez avoir quelques plantes où quelques arbustes, ou même quelque animal qu’on puisse se procurer dans les environs de Tortose, je vous serai très obligé de me le faire savoir, car ces proprié- taires m'ont manifesté le vif désir qu’ils avaient de trouver une occasion pour vous prouver toute leur reconnaissance. » — M. Duchastel écrit de Vernantes (Maine-et-Loire) : « La Société avait eu l’obligeance de m’envoyer l’année dernière des graines de Me- lon dit de conserve, la plupart de ces Melons ont brûlé pendant une absence; j’en aï cependant récolté trois, mais ils ne se sont pas conser- ._vés, je pense qu’ils avaient été cueillis trop mûrs. J’en ai encore quelques graines et je peux en envoyer à la Société si elle le désire. » — M. Godefroy-Lebeuf, d'Argenteuil, exprime ses regrets de ne pou- voir faire parvenir, quant à présent, à la Société les tubercules de Kummara qu’il avait offerts. CnepTeLs. — M. Proyart rend compte de la perte du mâle de son cheptel de Cygnes à col noir. — M. Maurice Le Pelletier écrit du château de Salvert, près Saumur : « L'une des Biches de mon cheptel de Cerfs-Cochons avait mis bas di- manche, 8 mars, une jeune femelle, qui malheureusement à été trouvée morte le lendemain soir. J'attribue cette mort aux temps froid et plu- vieux que nous traversons, car c'était un peu trop tôt en saison. » — M. Raveret-Wattel fait, au nom de l’auteur, hommage à la Société de deux rapports adressés à M. le Ministre de l’Agriculture par M. le docteur Henri Sauvage, directeur de la station agricole de Boulogne- suür-Mer, l’un sur l’exposition des produits et engins de pêche de: Riva: en 1883, l’autre sur l’industrie des pêches en Hollande. M. Raveret- Wattel fait ressortir l'intérêt que présentent ces deux rap- PROCÈS-VERBAUX. ir 187 ports, dont il propose le renvoi à la commission des Men RITeUSEs — Adopté. — M. Raveret-Wattel signale un tuméro du Journal d la Sdvisté des arts de Londres, renfermant un mémoire de M. Simmonds sur l’exploitation des forêts de Tek, dans l'Inde ; communication qui a donné lieu, dans le sein de ladite Société, à une intéressante discussion sur la valeur relative de différentes essences forestières exotiques, Mbits ticulier de l'Eucalyptus. (Voy. au Bulletin.) — M. Saint-Yves Ménard rappelle, à cette occasion, le Mate qui re vient à notre confrère M. Bouchereaux d’avoir démontré la possibilité de VPutilisation du bois d'Eucalyptus non seulement pour des travaux tels que les grosses charpentes, mais encore-pour la fabrication des meubles. On a cru pendant longtemps que l'Eucalyptus ne pouvait être employé en ébénisterie parce que les fibres de ce hois se tordaient, M. Bouche- reaux a constaté qu’en lui faisant subir un certain séjour dans l’eau, ce même bois perd complètement le défaut qu’on lui reprochait et peut recevoir une foule d'applications. Des meubles en Eucalyptus ont été confectionnés pour l'aménagement des nouveaux bureaux du Jardin d’ac- climatation, en utilisant le bois d'arbres (E. globulus) provenant de la succursale du Jardin à Hyères. M. Bouchereaux a également essayé l'emploi de VE. rostrata, qui fournit un bois de placage excellent, et plus élégant que celui de l’acajou moucheté. | — M. Maurice Girard réfute quelques-unes des astertions contenues dans la lettre de M. Joly relative aux Araignées et aux Grenouilles. Il ne s'explique pas les accusations portées contre les Araignées au sujet du rôle qu’elles jouéraient dans la propagation des maladies épidé- miques, du danger que présenterait l'introduction de leurs toiles dans la nourriture des bestiaux, de leur malpropreté, etc. Les Araignées, dit M. Maurice Girard, sont au contraire, excessivement propres; elles net- toient soigneusement leurs toïles et ce sont seulement les toiles aban- données qu’on peut voir couvertes de poussière. Quant aux Tarentules et aux Scorpions, les premières sont parfaitement inoffensives et les seconds, au moins ceux d'Afrique et du midi de la France, n’ont qu’une piqüre très peu dangereuse. Enfin, là monstrueuse Migale aviculaire de l'Amérique ne fait pas de toile et se jette sur sa proie comme le font chez nous les Lycoses, qui sont des Araignées errantes. | — M. le Président estime qu’il serait intéressant de faire, à l'aide du microscope, une étude des poussières qui se déposent sur les toiles d'araignées. « Une multitude d’êtres infiniment petits, dit M..le Prési- dent, remplissent, dans ordonnance générale de notre monde, un rôle d’une excessive importance; ce sont les microbes qui, tantôt sont nui- sibles et tantôt sont, au contraire, des agents, extrêmement utiles, des fonctions diverses de l'organisme vivant et de l’organisation générale de l’univers. Les microbes, en effet, sont les agents; par exemple, qui 188 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. font passer la matière morte à l’état de matière minérale susceptible de passer ensuite dans le grand circulus et de devenir aptes à l’alimenta- tion des végétaux et des animaux. Il serait intéressant de voir dans les étables ce qui.est déposé, en fait d’infiniment petits, sur la toile et de voir s’il ya dans ce préjugé quelque point qui ait un fondement, à savoir que, l’ingestion d’une toile d’Araignée couverte de ces microbes pour- rait être nuisible. » — M. Joly pense qu’il n’y a pas de parallèle à faire entre les Arai- gnées et les Grenouilles au point de vue de l’utilité. Une loi qui proté- gerait les Grenouilles à l’époque de la reproduction serait parfaitement justifiée. : — M. Raveret-Wattel signale qu'aux États-Unis la .Grenouille est, dans certains établissements de pisciculture, l’objet d’un élevage indus- triel. En France, aux termes de l’article 2 du décret du 10 août 1875, les préfets peuvent, par des arrêtés rendus après avoir pris l’avis des conseils généraux, fixer une période d'interdiction pour la pêche de la Grenouille. : — M: Maurice Girard croit qu’on a souvent exagéré la gravité de la piqûre du Scorpion. D’après plusieurs personnes, et notamment d’après M. Lucas, naturaliste: au Muséum, qui, dans ses voyages, a plusieurs fois été piqué par des Scorpions, cette piqüre ne serait pas plus dange- reuse que celle d’une Abeille. La morsure des grandes Scolopendres serait beaucoup plus à craindre. — M. Lataste ne partage pas complètement l'opinion de M. Maurice Girard sur l’innocuité des Scorpions. Il a été, en Algérie, témoin d’un accident, dont un de ses muletiers fut victime et qui prouve que la piqûre du Scorpion, extrêmement douloureuse, présente quelquefois une certaine gravité. — M. de Sémallé fait remarquer qu’il doit en être de la piqûre du Scorpion comme de la morsure de la plupart des animaux venimeux. Quand le'temps est chaud et quand l’animal ne s’est pas servi récem- ment de son arme, sa morsure est plus dangereuse. — M. Dareste communique les résultats de ses nouvelles recherches sur le rôle physiologique du retournement des œufs pendant l’incuba- tion, recherches qui lui ont permis de constater que l’immobilité des œuf exerce une influence nuisible sur l'embryon et le, fait générale- ment périr à une époque plus ou moins éloignée de la mise en incuba- tion. Par contre, le retournement quotidien des œufs a pour résultat ordinaire d'empêcher les adhérences de l’allantoïde et du jaune, adhé- rences qui font obstacle à l’éclosion. M. Dareste estime que.le retour- nement produit très probablement ces effets en activant les mouvements de l’embryon et les contractions de l’allantoïde, et en empêchant, par conséquent, le contact prolongé des mêmes parties de l’allantoïde et du jaune. (Voy. au Bulletin.) PROCÈÉSIVERBAUX!:" : 189 — M. le Président demande si la Poule couveuse remue ses œufs. — M. Dareste répond que, dès le siècle dernier, des observations, dues à Réaumur, ont fait connaître que la Poule a soin de remuer ses œufs chaque jour. : — M. le Secrétaire général appelle l'attention de l’assemblée sur les belles dimensions d’une tige de Bambusa mitis exposée dans la salle, et provenant des cultures de M. Pinéde, près Bayonne. M. Geoffroy Saint-Hilaire entre, à cette occasion, dans quelques détails sur la cul- ture et l’utilisation des Bambous en France; il mentionne notamment le Bambou de l'Himalaya (Bambusa Himalayensis), espèce moins ré- pandue dans notre jMidi que le B. mitis, mais d’une végétation plus vigoureuse, car elle fournit chaque année des tiges de 12 à 14 mètres de hauteur et d’un diamètre de 5 à 6 centimètres. Cette espèce, mal- heureusement un peu délicate, ne prospère pas en dehors de la région de l’Oranger, tandis que le B. mitis végète fort bien au nord de la Loire et jusque dans le bassin de Paris. —M. Geoffroy Saint-Hilaire donne ensuite lecture de la lettre suivante, dans laquelle M. Courtois rend compte de ses élevages de Canard de Paradis (Casarka variegata) et du produit qu’il en a retiré : « Je vois sur une lettre de convocation que j'ai reçue pour vendredi, que M. Ro- geron doit faire une lecture sur le Canard de Paradis. » Je crois vous être agréable en vous donnant les résultats que j'ai obtenus avec une Cane de cette espèce, que vous m'avez cédée le 7 fé- vrier 1875 au prix de 400 francs la paire. » Je vous ai livré : En 1876..., 4 mâles à 80 francs............... 320 | — 2 paires à 250 francs............. 500 $ 4095 — 4 paire à M. Cronau.............. 275 En, 1874:;14.11 10ppaires;à:250 francs... ....L....… 2500 2500 En 1878.... 3 mâles à 75 francs............... 295 ; = 8 femelles à 75 francs............. 600 825 En 1879.... 10 mâles et femelles à 45 francs... 450 ‘450: En 1880.... 8 mâles et femelles.............., 320 / 500 = A des étrangers 2 paires à 90 francs. 180 | » En 1881, tous les œufs étaient clairs. » En 1882, sans mâle ma Cane a pondu 8 œufs. » En 1883, sans mâle elle a pondu 7 œufs. : » Je lui ai donné un mâle en 1884. ; » J'ai obtenu 7 œufs dont 6 bons, la Cane a couvé et élevé ses jeunes, 2 sont morts d'accidents, elle en a mené 4 à bien, dont 3 mâles. J'ai vendu ces 4 oiseaux 100 francs. Sauf cette dernière année, les œufs ont été couvés et les jeunes élevés par des poules. » En résumé, cet oiseau remarquable a produit : 190 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. En 1970022520 DÉS PRES TN) + 1095 francs. 1877:080.60iz SL LT AU 2500 — ARTE AE er A IT A 825 — ART EE a trees AM RER PTE 450 — LARO eR e à LS VE Pa 500 — 48812; MUELIHNNE EF MARNE RL yNEUEES A8R29 81 tu MINÉRAL 5% » — LORD LR aff RE 2 ES NII ET PR RES SEE ns En ne 100 — Pntal. 0" 5470 francs. » En dehors de cet élevage, j'ai possédé une seconde paire qui ne m’a donné en 4 ans que 25 jeunes placés, un peu chez vous et chez divers amateurs. » À l’occasion de cette lettre, M. le Secrétaire général fait ressortir les bénéfices que l’éducation d'oiseaux de luxe peut donner entre les mains d’éleveurs véritablement entendus et bien installés, et il signale les succès obtenus dans la multiplication de nombreuses espèces étrangères qui, autrefois rares et fort chères, sont aujourdhui répandues partout et d’un prix relativement peu élevé. En terminant, M. Geoffroy Saint- Hilaire fait remarquer l’intérêt qui s’attacherait à ce que la Société pour- suivit l’étude d’un certain nombre de questions, concernant l’acclimata- tion ou l’utilisation de plantes et d'animaux, sur lesquelles on n’est pas encore fixé d’une manière suffisante. — M. le Secrétaire dépose sur le bureau un numéro de l’Album de Thiers, qui renferme l’article suivant : « M. de Sémailé vient de faire déposer encore dans la rivière de Dore, 72 kilogrammes d’alevins de Carpe, faisant 2300 têtes. Nous consta- tons avec plaisir que grâce à M. de Sémallé la rivière pourra se repeu- pler de cet excellent poisson, et que l'alimentation publique retrouvera bientôt dans la Dore un formidable contingent qui n’aurait jamais dû lui faire défaut. En effet, les 10 000 petits poissons qu’il y a versés les dernières années ont profité admirablement, aucun d’eux n’a péri qu’a- près avoir été capturé par les pêcheurs, et les pièces ainsi sorties des eaux pesaient déjà plus d’un kilogramme. Il serait à désirer que les fermiers de la Dore fussent aussi soucieux du repeuplement du cours d’eau. Eux seuls ou à peu près, profitent des efforts de M. de Sémallé, qui, n’ayant pas le droit de pêche dans cette rivière. ne sera jamais admis à profiter de la récolte, bien qu’il ait fourni la semence. » Le Secrétaire des séances, C. RAYERET- WATTEL. Li HI. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SECTIONS DE LA SOCIÉTÉ DEUXIÈME SECTION SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1884 Présidence de M. le baron d’AVÈNE. Au début de la séance, il est procédé à l’élection du Bureau. Sont élus : Président, M. le baron d’Avéne. Vice-président, M. N. Masson. Secretaire, M. E. Joly. Vice-secrétaire, M. le comte d’Esterno. Déléqué dans la Commission des récompenses, M. Mathias. M. le baron d’Avène donne des renseignements sur la complète réussite de la poudre toni-nutritive de M. Dautreville pour l'élevage des Canards Mandarins, en l’employant dans la proportion d’un tiers, mêlée à de la farine d'orge. M. Dautreville pense que la proportion est encore un peu forte. M. Lataste donne l’analyse des pelotes de quelques Rapaces nocturnes et diurnes, et promet des renseignements plus complets à une prochaine séance. | Le Secrétaire, E. Jouy. QUATRIÈME SECTION SÉANCE DU 30 DÉCEMBRE 1884 Présidence de M. MAURICE (GIRARD, Président. Il est procédé à la nomination du Bureau et d’un délégué près la Commission des récompenses. President, M. Maurice Girard. Vice-president, M. J. Fallou. Secretaire, M. Ch. Mailles. Vice-secrétaire, M. Sœhnlin. Délegue près la Commission des récompenses, M.J. Fallou. M. Grisard présente : 1° Une brochure, en russe, de M. le prince Ana- tole Bodganoff, ayant trait à la sériciculture en Russie. 2 Une note sur les éducations d’Attacus Pernyi, faites à Bruxelles, par M®e Simon, et des échantillons de soie. 3° Une note sur les éducations d’Attacus Pernyi, et d’hybrides Per- 192 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. nyi-Rolei, par Me Turpin. Cette dernière note est renvoyée à l’examen de M. Fallou. M. J. Fallou offre à la Société d’Acclimatation le Bulletin FR logie, n° 5, mai 1884, lequel bulletin contient une note de notre con- frère relative à l’éducation du Ver à soie du Chêne du nord de la Chine (Attacus Pernyi, Guérin-Mén.).. Cette note comprend surtout les soins à donner à tous ses états à ce précieux producteur de soie, et les moyens les plus connus pour réussir à l’élever, soit en magnanerie, soit à l’air libre, ainsi que l’explication d’abris qu’il a fait construire pour garantir les Vers de leurs nombreux ennemis. Ces renseignements pourront être trés utiles aux personnes qui s'intéressent à ce sujet et qui désirent entreprendre l’éducation du Ver à soie du Chêne qui a déjà produit des résultats du plus haut intérêt. M. le Président met sous les yeux de la Section les bons points instructifs d'Entomologie (sixième et septième séries), édités par la librairie Hachette et Cie. M. Fallou présente diverses notices ayant pour titre: Insectes nouveaux ou rares dans les environs de Metz. Notice sur Gustave Warion. Insectes vivant sur les Tilleuls de l'Esplanade de Metz, par Ad. Bel- levoye (Metz, typ. Verronnais, 1876). M. Fallou veut bien chercher dans ce dernier ouvrage, s’il est fait ANS de l’insecte qui s'attaque aux Tilleuls à Saintes (Bull., 1884, . 114). Fu offrant à la Société un mémoire de MM. les professeurs Charles Robin et Alexandre Laboulbène, dont l’un deux, le docteur Laboulbène, a bien voulu faire hommage à notre Société, M. Fallou fait la communi- cation suivante : « Les membres de la Section m'ont engagé à donner pour le Bulletin une analyse succincte de ce mémoire. Je viens, Mes- sieurs, vous soumettre ces quelques lignes qui offriront peu d’intérèt auprès de celui. que présente l’ouvrage de nos savants professeurs. » Dans ce mémoire, les auteurs désirent appeler l'attention sur les dégâts causés par un insecte Lépidoptère, le Botys nubilalis (Hubner), dont la chenille attaque et détruit le Maïs et le Chanvre; dans le midi de la France ce sont surtout les plantations de Maïs (Zea maïs) qui ont le plus souffert. » M. Charles Robin l’a observée à Jasseron et dans les environs de Ceyzeriat (département de l'Ain); M. A. Laboulbène dans le Lot-et-Ga- ronne, dans les tiges de Chanvre. » Au mois de septembre 1879, M. Robin m’envoya une quantité de tiges de Maïs attaquées ; après deux années d'observations, nous avons obtenu un grand nombre d'insectes parfaits, et ainsi constaté rigoureu- sement l’espèce. » Dans cet intéressant mémoire, les auteurs citent les auteurs qui or PROCÈS-VERBAUX. | 193 écrit sur le Botys nubilalis, et ils font connaître avec détails la biologie de la chenille, la description du Lépidoptère qui en provient, la rectifi- cation de sa synonymie, et les moyens d’en arrêter la multiplication. » Le procédé consiste à ramasser les tiges des plantes envahies, de les réunir en tas et de les brüler pendant la fin de l’automne. Cette pra- tique rationnelle, indiquée par les auteurs aux cultivateurs des départe- ments de l’Ain et du Lot-et-Garonne, a produit de bons résultats. » Une magnifique planche accompagne le mémoire; les dessins sont dus au pinceau si vrai de notre collègue ei ami, M. G. Poujade. Les n°5 1 et 2 représentent le papillon Botys nubilalis mâle et femelle; » Le n° 3, sa chenille placée dans une tige de Maïs perforée par elle; » Le n° 4, sa chrysalide, également dans une tige de Chanvre. » La deuxième partie de l’ouvrage est une Note descriptive et anato- mique Sur | Ho dt aurigera (Egger), par M. le professeur A. Laboul- bène. » Dans cette note, l’auteur donne sur cet insecte des détails de mœurs peu connus d’un baut intérêt; il a, par la dissection de ce curieux Diptère, fixé la science, en établissant les différences entre les deux sexes, sujet resté des plus confus. » Il indique aussi les plantes sur lesquelles il se pose, et donne la description détaillée de tous ses organes, puis il en éclaire la synonymie. » La troisième partie a pour titre : Observations de Myiasis due à la Sarcophaga magnifica (Schiner), avec réflexions, par M. le professeur . A. Laboulbène. » Ici l’auteur rapporte des faits depuis longtemps signalés ou récem- ment acquis à la science sur les larves des Mucides, particulièrement sur celle de la Sarcophaga magnifica, il cite les auteurs qui ont étudié cette espèce qui a des mœurs dignes d’être détaillées. Un fait remarquable observé par M. le docteur Prunac, médecin à Mèze (Hérault), a bieu voulu communiquer celui qui suit à M. le docteur Laboulbène. » Au mois de juin 1880, M. le docteur Prunac à vu sortir des narines d’un malade un nombre considérable de larves de Mucides; elles se sont transformées en pupes; l’éclosion a eu lieu à Paris, ce qui a permis à M. Laboulbène d’en déterminer sûrement l’espèce. » Viennent à l’appui de cette intéressante communicatioù, le nom du malade et les détails de la médication qu’il a subie. » Bien d’autres cas analogues à celui-ci sont développés dans ce mémoire. » En le terminant, l’auteur résume ainsi : « Il résulte de l'exposé qui précède que la Sarcophaga ou Sarcophila magnifica, déjà observée en France chez les animaux, existe aussi chez l’homme ; le fait que je fais connaître, grâce à M. le docteur Prunac, ne peut laisser aucun doute à cet égard. » » Les attaques des larves de la Sarcophaga magnifica sont fréquentes 4 SÉRI£, T. 11. — Mars 1885. 13 194 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. en Russie, ainsi qu’en Allemagne, et heureusement plus rares dans notre pays. » M. Fallou signale une brochure : Recherches sur la soie que les anciens tiraient de l’île de Cos, par M. L. Demaison. Enfin, M. Fallou soumet à la Section des spécimens de Lasiocampa otus de la Turquie, de la Hongrie et de la Sicile. Ce Lépidoptère, qui produit un beau cocon soyeux, mériterait qu’on en essayât l’acclima- tation en Algérie. Le Secrétaire, Ch. MaiLLes. CINQUIÈME SECTION SÉANCE DU 6 JANVIER 1885 Présidence de M. DE VILMORIN, Président. La Section procède à la nomination de son Bureau et du délégué dans la Commission des récompenses. Sont élus : President, M. H. de Vilmorin. Vice-président, M. A. Païllieux. Secrétaire, M. Jules Grisard. Vice-secrétaire, M. J. Dybowski. Délégue dans la Commission des récompenses, M. le docteur Ed. Mène. M. Paillieux donne lecture d’un note sur une Igname à racine courte nommée au Japon Kiri imo et botaniquement Dioscorea Decaisneana ; il distribue des bulbilles de cette plante. On sait que la difficulté de l’arrachage ne permet pas de cultiver utile- ment l’Igname de Chine ou D. batatas. L’Igname à courtes racines, absolument rustique et d’excellente qualité, se récolte au contraire à fleur de terre, mais on est obligé de planter les bulbilles en pépinière et de les cultiver pendant deux années. La récolte de tubercules mar- chands n’a lieu qu’à la troisième année. La pépinière tient peu de place et le roulement s'établit en plantant chaque année les bulbilies. A partir de la troisième année, on récolte tous les ans, au mois de novembre. M. le Président remercie l’auteur de cette intéressante communication et lui demande s'il considère le Dioscorea batatas comme synonyme du D. Japonica. Pour M. Paillieux, le nom spécifique à conserver serait D. Japonica dont le batatas ne serait qu’une forme. PROCÈS-VERBAUX. - 495 Notre collègue fait ensuite une communication sur le Daïkon, espèce de radis du Japon qui, dans son pays, joue un très grand rôle dans l’alimentation. — Des racines sont remises aux membres présents. M. Paillieux dépose sur le bureau un numéro du Bulletin du Comice agricole de Vienne, qui renferme un article de M. Lampertico sur le même sujet. M. le Président fait remarquer que cette plante vient très vite, mais que tous les terrains ne sauraient lui convenir, de là son intérêt pour l'Italie où la Betterave ne peut donner de bons produits, et où le Daïkon commence à se répandre. M. Paillieux présente enfin quelques échantillons de vermicelle de Lou teou ou Phaseolus radiatus et donne quelques renseignements sur ce produit dont l’examen est confié à M. Lhermite, qui en rendra compte dans la prochaine réunion. M. Fallou présente une Courge de Chine provenant de ses cultures. La forme très altérée de ce fruit laisse croire qu’il y a eu un croisement avec une autre variété. M. Grisard, en soumettant à la Section un échantillon d’eau-de-vie et un pot de confitures de Goumi, envoyées par M. Clarté (de Baccarat), appelle l'attention sur l'intérêt que présente la propagation de cet arbrisseau à la fois utile et ornemental. D’une très grande rusticité, il est d’une culture facile, s’accommodant de terrains siliceux, presque pauvres, et ne redoutant pas néanmoins une terre argileuse et même humide, :il est digne à tous égards d’être cultivé dans les jardins, où il fait l'admiration de chacun, surtout lorsqu'il est chargé de ses innombrables fruits. On le multiplie aisément de boutures et de marcottes. M. le Président dit qu'il possède le Goumi à Verrières, où il s’est montré en effet très rustique ; il produit abondamment et avec constance de nombreux petits fruits rouges, qui müûrissent au commencement de juin ; chaque arbre peut donner 5 à 6 kilogrammes de fruits. Les confitures de Goumi, dégustées par la Section, sont acidulées, agréables et peuvent être assimilées à celles qu’on obtient des fruits du Cornouiller. L’eau-de-vie est bonne et sa saveur est voisine de celle de l’eau-de-vie de grain et de celle de kirsch. M. Marquiset rend compte de ses cultures de divers végétaux. M. le Secrétaire dépose sur le bureau un mémoire de M. Simmonds (de Londres), sur l'Eucalyptus. M. de Vilmorin veut bien se charger d’examiner ce travail et d’en rendre compte dans la prochaine séance. Le Secrétaire, JULES GRISARD. 196 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. PREMIÈRE SECTION. SÉANCE DU 13 JANVIER 1885. Présidence de M. DECROIX, Président. Il est procédé au renouvellement du bureau, qui est ainsi définitive- ment constitué : Président, M. Decroix. Vict-Président, M. Mégnin. Secrétaire, M. Dautreville. Vice-Secrétaire, M. Mailles. Délégué dans la Commission des récompenses, M. Saint-Yves Ménard. M. Decroix revient sur une question que la Section n’a fait qu’effleurer antérieurement, et pour laquelle il demande une solution définitive ; c’est celle qui est relative à importation en Algérie de la Chèvre angora. Plusieurs paroles échangées entre MM. Lataste, Huet, Mailles et De- croix, peuvent se résumer ainsi : Puisque les troupeaux de Chèvres existent dans notre colonie, malgré les dégâts qu’ils peuvent causer aux arbustes, il est en tout préférable d'élever des animaux qui par la toison soyeuse qu'ils produisent, procureront aux éleveurs un nouveau revenu. La Section décide que, pour arriver au but désiré, la Société d’Accli-. matation devra d’abord adresser au Ministre de l'Agriculture une de- mande tendant à obtenir l’admission de la race caprine au concours général de Paris et dans les concours régionaux de France. Cette admission obtenue, il est certain que les HARDIÉAUEE choisiront les espèces primées, et il nous est permis de croire qu’en dehors des questions de poids, de graisse et de forme, les jurés tiendront compte de l'avantage qu'il y aura pour l'élevage à donner la préférence aux animaux dont la toison sera certainement une source de bénéfices. La fin de la séance est consacrée à la lecture d’une note de M. le vicomte de Powerscourt, relative aux résultats qu'il a obtenus dans ses essais d’acclimatation en Irlande, d’Antilopes, de Cerfs de différentes variétés, et notamment du Cerf Sika du Japon. Alors que les essais ont été malheureux sur le Cerf Sambur, les Wa- pitis, les Axis, les Mouflons, etc., lord Powescourt est arrivé, dans l’es- pace de vingt-quatre ans, à posséder dans ses parcs une centaine de Cerfs Sika du Japon, tout en ayant tué, donné ou vendu une certaine quantité toutes les années. Le troupeau de lord Powescourt a pour origine un mâle et trois fe melles, achetés dans l'établissement Jamrach en 1860. PROCÈS-VERBAUX. KE 497 Il résulte de cette note que les Cerfs japonais s’acclimatent très faci- lement, et qu’ils représentent un gibier de bonne qualité, de toute beauté, pouvant faire l’ornement d’un parc, et, quoique de petite taille, trouver leur place à côté des espèces plus robustes. Le Secrétaire, DAUTREVILLE. CINQUIÈME SECTION. SÉANCE DU 3 FÉVRIER 1885. Présidence de M. Henry de VILMORIN, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Secrétaire présente diverses publications renfermant des articles intéressant la Section. M. Paillieux donne lecture d’une note sur le Stachys affinis et remet à chacun des membres présents un litre de tubercules. Ce Stachys est rustique et sa production est énorme. Il a bien passé sans protection l’hiver 1882-83 et celui qui s’achève en ce moment. Il résistera probablement aux plus fortes gelées, car il n’appartient pas seulement au Japon, mais aussi à la Chine septentrionale. On le laissera donc en place pendant les mois de novembre, décembre, janvier et fé- vrier, et,s1 l’on a soin de couvrir de feuilles ou de litière tout ou partie de la plantation, ce sera seulement pour que l’arrachage soit facile pen- dant tout l’hiver au fur et à mesure de la consommation. Ses tubercules se confisent au Japon dans du vinaigre de prunes, et, chez nos vinaigriers, leur place est marquée dans la Hopper des Pickles.’ Les tubercules du Stachys d'un blanc nacré, de très petit volume, d'une jolie forme n’ont qu’une saveur à peine sensible de Salsifis. IIS cuisent très vite, sont légèrement féculents et extraordinairement tendres. IIS se prêtent à des préparations culinaires dont la plus simple et la meilleure peut-être consiste à Les Po une ne comme les Hrenls flageolets frais avec persil haché. PE AR - ‘A'ce propos M. Fallou ait connaître pi cette plante” a par fn réussi chez lui: © ‘# M. de Vilmorin présente és rameaux fleuris d’une vingtaine d’Euca- lyptus coupés sur‘ des’ sujets qu’il possède dans sa propriété d'Antibes, qui, quoique ayant trois années de plantation seulement, atteignent au- jourd” hui pour la plupart 6à10 mètres de hauteur, I A sur Dane espèce des détails du plus vif intérêt. Et 25 MeLhermitte qui avait bien’ voulu se charger de Ja et TT ver- micelle: de :Lou téou,: présénte’à la Section trois hoîtés! de potage qu'il . 198 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. suffit de chauffer au bain-marie pour la dégustation; MM. de Vilmorin, Souchier et Paillieux veulent bien se charger de ce soin. A ce propos des doutes sont exprimés sur Ja possibilité de fabriquer ce vermicelle avec la farine pure du Lou téou, et l’on est disposé à croire qu’une autre substance entre dans sa composition. Dès qu’on le pourra, on fera analyser le haricot et le vermicelle et la question sera résolue. M. Mailles entretient la Section des qualités de la Morelle noire, que quelques personnes considèrent comme vénéneuse. M. Harel dit qu’il lui a été assuré que cette plante consommée en guise d’épinards, était excellente. M. le Président reconnaît dans la Morelle noire deux variétés très dif- férentes par l’aspect général, mais qui botaniquement appartiennent à la même espèce. Une race cultivée à l’île de France sous le nom de Brède, ne diffère de notre Morelle noire commune que par sa vigueur et l'ampleur plus grande de toutes ses parties. Le Secrétaire, JULES GRISARD. QUATRIÈME SECTION. SÉANCE DU 27 JANVIER 1885. {Présidence de M. Maurice GIRARD, Président. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le Président soumet à la section une larve trouvée dans un livre, envoyée par M. Albin Humbert, instituteur à Raddon (Haute-Saône). Après examen, la Section déclare que cette larve est trop petite pour PouS voir être déterminée séance tenante. 11 fait à ce sujet la communication suivante : : «de viens de rappeler à la Section que dans la séance du 20 mai 1884, Maurice Girard a fait connaître qu’il avait reçu de M. Xanbeu, de Sain- tes, des feuilles de Tilleul provenant des promenades de la ville; ces feuilles avaient été détruites par un insecte qui n’a pu être retrouvé dans l'envoi. Le parenchyme avait été dévoré entre les deux épidermes. Maurice Girard suppose que ces dégâts sont dus à une espèce de Micro- épidoptères. » Sachant que notre collègue, M. Bellevoye, avait étudié les insectes nuisibles aux Tilleuls des promenades de la ville de Metz, je le priai de vouloir bien m'envoyer sa notice détaillée au sujet de ces insectes, ce que M. Bellevoye a eu l’obligeance de faire; layant communiquée à la PROCÈS-VERBAUX. 199 séance du 30 décembre 1884, la quatrième Section m'a engagé à donner une note succincte sur les insectes qui ont été trouvés sur les Tilleuls, à Metz. Je viens vous en soumettre la liste générique qui ne contient pas moins de soixante-quatre espèces. » Tout d’abord l’auteur qui les a étudiées fait remarquer que les plus anciens Tilleuls de Metz sont au jardin de Boufflers, et datant de 1687, et que ces vétérans des arbres sont attaqués par un certain nombre d'insectes ; il cite particulièrement l’ordre des Coléoptères qui lui en a fourni quarante-deux espèces dont une grande partie perfore le bois ou vit en commun sous les écorces; d’autres se trouvent dans le terreau au pied des arbres. » Il n’a remarqué qu’une seule espèce de Névroptères, Hemorobius perla Latr., commun dans l’intérieur des arbres; ces larves font la guerre aux pucerons. » Sont signalées huit espèces HE mémoptérés, les neutres de Lasius brunneus Latr., très communs dans tous les arbres creux; les sept autres espèces peu nombreuses en sujets, figurent seulement trois espèces de Lépidoptères, le Liparis dispar Latr. et Liparis chrysorrhæa Latr., la troisième espèce, Amphidasys betularie, beaucoup moins préjudiciable que les deux précédentes. » Les Hémiptères sont représentés par dix espèces dont sept. assez communes sur le feuillage de Tilleuls, particulièrement le Phytochoris Tiliæ Fabr.; cette espèce serait-elle celle qui détruit les feuilles des Til- leuls des promenades de la ville de Saintes? » Un seul Diptère, Sciari Morio Fabr. » Une Arachnide, Chelifer Scorpioides Herm., commune, sous les écorces. » Un Crustacé, Platyarthrus Hoffmanseggi Brandt. » Il faut sans doute ajouter à cet ennemi des Tilleuls des Cécidomyies (Diptères). » M. Bellevoye ne > signalant aucune espèce de Microlépidoptères, j Je crois devoir en mentionner ici une vivant aux dépens des feuilles de cet arbre. » Cette espèce est la Nepticula Zeller Tiliæ Freyer, décrite dans les Annales de Stettin, en 1860, signalée d'Allemagne, d'Angleterre et de la Suisse. Dans le catalogue raisonné des Lépidoptères de la France centrale publié en 1879 par M. Sand, l’auteur cite sa présence dans les parcs et jardins à Nohant (Indre); en 1883, notre collègue et ami M. Camille Jour- dheuille, dans son catalogue des Lépidoptères de l’Aube, a aussi souvent observé les taches brunes de cette Nepticula produites par les galeries de la chenille qui vit en septembre et octobre sur les feuilles de Tilleuls» le papillon en mai, d’après M.'Sand, » ARE Le Secretaire, CH. MAILLES. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Conférence sur l'application de l’engrais chimique à l’'horticulture Faite à l’Athénée de Nice le 16 janvier 4885, par le D' JEANNEL. Depuis ma conférence publique faite au Jardin d’acclimatation en juil- let 1872, l'usage de l’engrais chimique horticole et floral dont j'ai donné la formule s’est vulgarisé parmi les horticulteurs. Tout le monde sait que les fumiers, les détritus organiques de toute nature, ne nourrissent les plantes qu'après avoir été décomposés par la fermentation, et qu’ils peuvent être remplacés, le plus souvent avec avan- tage, par des produits chimiques dissous à doses très minimes dans l’eau d’arrosage. Je ne m’arrêterai pas à démontrer des vérités scientifiques aujourd'hui reconnues par tous les horticulteurs éclairés, je me bornerai à appeler Vattention sur les résultats qu’il est facile d’obtenir par l’emploi rai- sonné de l’engrais chimique horticole et florai au point de vue de la culture intensive des plantes régulièrement arrosées. Le principe que je proclame est celui-ci: L’arrosage de toute plante en végétation doit être Ci) S'il ne l’est pas ou s’il l’est trop peu, la plante retardée dans son développement ne donne pas le revenu qu’on est en droit d’espérer d’elle, en raison de l’espace qu’elle occupe et du temps qu’on lui consacre. Les exceptions ne se rencontrent guère que pour les plantes qui tirent leur nourriture de l'atmosphère par les feuilles manga du sol par les racines. J'ai fait au Jardin du Luxembourg, en 1874, avec le concours de M. Rivière et de M. Jolibois, une grande expérience dans le but de me- surer les avantages des arrosages nutritifs; voici les dispositions que nous avions prises : Au commencement du mois de mars, ayant choisi vingt-deux plantes de diverses familles, chacune en double échantillon exactement de même force, nous les avons rempotées dans le compost le plus favorable à une bonne végétation, puis le 15 mars toutes les plantes ont été esii- mées par un horticulteur expert. Ces plantes ont été rangées en deux séries : A et B. Les plantes de la série À ont reçu tous les soins d’une bonne culture “ordinaire. Les plantes de la série B, cultivées de la même façon, ont reçu en outre des arrosages nutritifs, savoir : deux fois par semaine la solution d'engrais chimique horticole. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 201 Au bout de six mois, le 15 octobre, les plantes ont été estimées de nouveau. La plus-value des plantes de la série A indiquait les résultats de la culture ordinaire. La plus-value des plantes de la série B permettait de comparer les résultats de la culture favorisée par l’engrais. Le tableau suivant fait ressortir les résultats de l’expérience : TABLEAU SYNOPTIQUE INDIQUANT LES RÉSULTATS DE LA CULTURE ORDINAIRE ET CEUX DE LA CULTURE FAVORISÉE PAR LES ARROSAGES NUTRITIFS NOMS DES ESPÈCES VALEUR DES PLANTES selon l’estimation PA DRE ET A CN RAD PAUSE MT D FAMILLE mises au 45 mars au 45 octobre |: au 45 octobre RE Fe bonne eullure |eultureavecarro-| des Plantes GOMCSPENENCES Li ordinaire sages nutritifs : rempotage A nn: | | Adianthum capillus ve- fn ce fr. c. fr. c. OS AT de » 20 » 25 » 40 | Fougères. Anthurium magnificum. 8 » 10 » 14 » | Aroïdées. Aloe ensifolia.......... 1 50 2 » 3 » | Liliacées. Begonia castanæfolia... » 40 » 90 1 50 | Bégoniacées, — longipila... .. 1 1 50 6 1) Id. — ricinifolia..... 5 » 8 » 10 » Id. Bilbergia pyramidalis... 2 » 3 » 8 » | Broméliacées. Caladium odorum...... 12 » 15 » 925 » Aroïdécs. Cinchona succirubra... 6 » 10 » 20 » | Rubiacées. Crinum americanum . .. 10 » 12 » 20 » Liliacées. Cureuligo sumatrana. .. 1 » 4 » 3 ». | Hypoxidées. Datura arborea. ....... » oÙ 1) PE) Solanées. Dracæna brasiliensis ..…. 4 » 1 50 3 ) Liliacces. — fruticosa. .. 1 1 50 2h26 Id. Epiphyllum truncatum... 2,» 3 ) 4 » Cactées. Gymnogramma hybrida. PES) 4 » 5 90 | Fougères. Maranta zebrina....... 9, 50 4, » 6 » | Marantacées. Latania borbonica..... D, 6 » On) Palmiers. Phylodendron pertusum. 10 » 15 30 » | Aroïdées. Phrynium spicatum..... 1240) 3 0) 40 :» Palmiers. Rodea japonica.. ..... 2 50 3 o0 4 50 | Liliacées. Yucca aloefolia. ....... DD) > )» 8 » Id. Valeur totale... TE GO) MAOISMAPE AE 15, |'DE AS ECS | Gfr. pour la Gain total. ....|. JE SI 8315 | ‘113 65* | valeur de l’en- Srals, ce qui - réduit le gain Gain moyen par plante.|.......... 1,60 4 89 total à107f.65. D'après ce tableau, on voit que, dans l’espace de six mois, le capital 202 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. primitif, 78 fr. 60 (valeur des vingt-deux plantes au 15 mars), s’est augmenté de 33 fr. 15, soit de 42 fr. 15 pour 100, par l’effet de la bonne culture ordinaire. Tandis que, moyennant la culture favorisée par les arrosages nutri- tifs, ce même capital de 78 fr. 60 s’est augmenté de 107 fr. 65, soit de 136 fr. 90 pour 100. Ce n’est pas tout. Certains horticulteurs obtiennent, par l’emploi rai- sonné de l’engrais chimique horticole, des plantes d’une vigueur et d’un développement vraiment extraordinaires, et qui, pour certaines espèces, dépassent de beaucoup tout ce qu’il a été possible d’obtenir jusqu'ici par les méthodes de culture les plus perfectionnées (1). C’est à l’engrais chimique que sont le plus souvent dues ces plantes phénoménales qui excitent l'admiration du public et qui obtiennent par acclamation toutes les récompenses dans les expositions. Voici la liste des familles dont les plantes, d’après les expériences faites jusqu’à ce jour, ont paru le plus avantageusement favorisées par les arrosages nutritifs : . Acanthacées (Acanthe). *Ombellifères. *Aroïdées (Arum). *Composées (Aster, Chrysanthème). *Asparaginées (Dracæna). Convolvulacées (Liseron). *Aurantiacées. Crucifères (Giroflée, etc.). *Bégoniacées. Dianthées. *Borraginées (Héliotrope, Myosotis). Euphorbiacées. *Broméliacées. *Figuiers (Ficus). *Cactées. *Onagraires (Fuchsia). *Crassulacées (Etcheveria). Personnées (Muflier, Véronique, etc.). “Fougères. *Palmiers. *Fragariées. : Papavéracées (Pavot). *Fumariées (Corydalis). *Polygonées. *Géraniacées (Pelargonium). Primulacées. *Graminées. Résédacées. *Hédéracées (Hedera, Aralia). Renonculacées (Anémone). Labiées (Menthe). Rosacées. Linacées (Lin). *Solanées (Petunia, Datura). Liliacées (Jacinthe, Narcisse, Aloe). *Tradescantiées. *Malvacées (Mauve). *Ternstræmiacées (Camellia). Nora. — Les doses d'engrais les plus fortes peuvent être données aux plantes marquées d’un astérisque. INSTRUCTIONS POUR L'EMPLOI Le mode d'emploi le plus simple et le plus pratique consiste à faire dissoudre l’engrais dans la proportion de 1 gramme par litre d’eau, soit deux cuillerées à café pour un arrosoir de 10 litres, et à se servir de (1) Un certain nombre de spécimens ont été montrés au public à l’appui de cette assertfon ; FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 203 cette solution pour donner aux plantes un mouillage complet une ou deux fois par semaine. " Si la plante en pleine végétation paraît bien assimiler l’engrais, ce qu’on reconnaît à son développement rapide et à la couleur d’un vert foncé et presque bleuâtre de ses feuilles, on peut augmenter les doses en déposant sur la terre, avant l’arrosage, une pincée (1 à 4 décigrammes) d'engrais pur. Avec un peu d'habitude et ae chacun saura bien vite se guider pour l’emploi QE ou moins abondant à faire de l’engrais. Les plantes n'auront besoin d’être rempotées que très rarement, car moyennant l’engrais, elles végètent aussi bien dans le sable ou dans la terre épuisée que dans le meilleur terreau. N. B. — Il faut éviter de mouiller les feuilles avec la solution ue grais. Les conditions de lumière, de chaleur et d'humidité doivent être soi- gneusement. observées comme à l’ordinaire, selon le tempérament des plantes, car l’engrais ne saurait remplacer ni la lumière, ni la chaleur, ni l'humidité. Il faut s’abstenir de donner l’engrais pendant la saison du repos natu- rel des plantes. | Après le rempotage ou la transplantation, il faut attendre la reprise complète avant de donner l’engrais. L’engrais nuit à la germination, la plante n’en a pas besoin lors de son premier développement ; elle vit alors aux dépens de ses cotylédons. Il ne faut pas oublier que beaucoup de plantes ne peuvent supporter ni une trop vive lumière, ni une température trop élevée, ni un excès d'humidité. V. BIBLIOGRAPHIE Le Setter, par Edward Laverack. Traduit de l’anglais par E. Faure (édité par E. de Wael, directeur de l’Acclimatation illustrée,! à Bruxelles). En vente à la direction de Vie champêtre illustrée, 10, rue Nouvelle-Boissière, à Paris. Un grand chasseur dans Albiou, non moins célèbre dans les High- lands d'Ecosse que dans les Moors d'Irlande, sir Edward Laverack, trop modeste cependant pour chanter lui-même ses propres exploits, a, dans les loisirs forcés de l’âge mûr, élevé un autel à ces magnifiques setters, les dieux de leur espèce, qui ont fait l’objet d’un culte de toute sa vie; il est chargé d’ans lorsqu'il entreprend cette tâche, mais la plume est assurée dans sa main comme l'était son fusil à l’épaule; et, si l’œuvre se ressent de son grand, mais légitime enthousiasme pour ses favoris, elle a été édifiée à l’aide d’une longue expérience qui lui donne une réelle valeur. C’est, en effet, un animal incomparable que le setter de grande race, avec son port superbe, sa robe soyeuse, sa robuste constitution qui lui permet de résister aux plus rudes fatigues, et sa brillante aptitude à chasser le bois ou la bruyère, la plaine, la montagne ou le marais. On a pu dire, avec quelque raison sans doute, qu’il avait l'épagneul parmi ses ancêtres; il reste, il est vrai, quelques traits communs entre les deux types; mais combien l’aïeul n’a-t-il pas lieu d’être fier de son petit-fils ! et avec quelle justesse ne pourrait-on pas lui appliquer ce mot du poète : « Quantum mutatus ab illo..» — Heureusement pour lui, à la différence du guerrier antique, le setter a changé tout à son avantage, remplaçant par de la soie la bure de ses ancêtres. La tête est fine et légère, l’œil doux et intelligent, l'oreille souple et longue ; l’encolure, élégamment arquée, est entourée d’une collerette de fourrure ; le fouet à légère courbure est orné de longues soies; le poil est généralement ondulé et soyeux; le pied sec est protégé par un épais manchon, — voilà pour la coquetterie; mais la solidité et l'harmonie de la charpente ne sont pas pour cela négligées : voyez plutôt ces narines ouvertes, cette épaule oblique et longue, ce dos horizontal, ces côtes arrondies et saillantes, cet avant-bras musculeux, ces.canons courts et droits. N'est-ce point là le plus séduisant assemblage des formes les mieux faites pour lui assurer à la fois beauté, vitesse et endurance ? L’Angleterre possède d’assez nombreuses branches de cette noble famille, dont le pedigree est soigneusement conservé dans une sorte BIBLIOGRAPHIE. 205 d’armorial. Laverack en fait une monographie assez complète, dans laquelle nous glanons autant que peut le permettre la concision obligée d’un simple compte rendu. Citons-en quelques-unes parmi les plus célèbres. The Featherstone-Castle (liver and white, foie et blanc), remar- quable par la puissance de l’avant-train, la finesse et l’abondance du poil, la sûreté du nez et l'humeur la plus douce; souvent déparé mal- heureusement par un peu trop de corpulence. The Seafeld (black, white and tan, or lemon and white : noir, blanc et tan, ou jaune-clair et blanc). Tête courte et légère, yeux très bruns, robe fournie, taille moyenne mais épaules un peu droites, arrière-train peu développé et corps maigre. Excellents chasseurs, d’un dressage très facile. Somme toute, des plus beaux de l’espèce. Setter gordon (black and tan), une variété en très grand honneur, dont quelques individus ontété payés jusqu’à 2000 francs. Peut-être cependant manquent-ils de fond'et d'endurance, et pèchent-ils par une structure massive et pesante. On les dit de plus, indociles et d’un dressage long et laborieux. Setter anglais, de Laverack (black-greys, or flints, blue or lemon and white). Ce sont, sans contredit, les plus jolis des setters anglais; depuis près d’un siècle la lignée en est gardée pure de toute mésalliance. Nous en empruntons le portrait à Laverack lui-niême : La robe noire ou bleue et blanc tiqueté; le poil long, et d’une texture soyeuse; les yeux doux et intelligent, les oreilles placées bas et serrées contre la tête, ce qui donne au crâne une forme arrondie ; la tête longue et légère, non pas la tête de serpent, ou à gueule large, mais suffisamment de babines; avant-train très fort ; coffre profond, côtes saillantes, reins extrêmement puissants ; épaules très inclinées; dos court ; queue bien attachée, sur la ligne du rein, plutôt pendante, en forme de cimeterre, avec un panache fourni: Main très courte, pieds serrés ; cuisses particulièrement fléchies -et ramenées sous le corps de l'animal. … Cette race possède les qualités les plus précieuses : grande rapidité, sûreté de l’odorat, inépuisable ardeur, énergie indomptable. Pour ce qui est de la pureté et de la conservation de la race, nul plus .que Laverack n’y a veillé avec des soins plus je nul ne s’est moins soucié de la consanguinité; mais aussi nul autre n’a attaché plus de prix dans le choix des reproducteurs, à la perfection des formes, à la force -du tempérament et à l’uniformité de race, c’est-à-dire à la certitude absolue du pedigree. | Après cela, la question du dressage, qui, chez nous, est si importante -et,si difficile, préoccupait au contraire très peu ce célèbre veneur. Cela -Uent aux conditions si favorables dans lesquelles il s “est toujours trouvé. S'ilest vrai de dire, en effet, qu’un bon chien chasse, de race, le: dressage 206 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. devait lui demander peu d’efforts, à lui dont les chenils Jouissaient d’une si incontestée réputation. Et si l’on songe, d’autre part, que ses territoires de chasse étaient ces fameux Moors, encore aujourd’hui ja terre classique des grandes chasses, sur lesquéls, pour ne citer qu’un fait, quatre tireurs ont pu, en quatre jours, ensacher 1654 têtes de grouses, on comprend aisément qu'il ait pu dire de ses chiens qu'ls chassaient, quêtaient et arrêtaient instinctivement à six mois, et qu'ils n’exigeaient que peu ou pas de dressage. Laverack dit quelques mots des Fields-trials qui, d’après lui, seraient très utiles, s’ils étaient plus fréquents et permettaient des épreuves d’une plus longue durée. C’est là, en résumé, une étude qui, encore bien que restreinte à une seule noble race, ne peut manquer d’intéresser la nombreuse légion qui marche sous l’oriflamme de saint Hubert. IL. — JourNAUX ET REVUES. (Analyse des principaux articles se rattachant aux travaux de la Société.) Bulletin du Ministère de l'Agriculture, 4° année, n° 1. Paris, Imp. nationale, 1885. La crise agricole qui sévit avec une intensité de plus en plus alarmante en France, et on peut dire dans la majeure partie du territoire de la vieille Europe, a jusqu'à présent épargné quelques rares contrées, pri- vilégiées entre toutes. De ce nombre est l’îlot de Jersey, perdu au loin dans la vaste mer comme une oasis au milieu des sables, et baigné sur toutes ses rives par un bienfaisant courant de mer dont la haute tem- pérature le protège contre les rigueurs du ciel du Nord. Il est habité par une population laborieuse, qui cultive son sol avec autant d'énergie que d'intelligence, encouragée d’ailleurs par la fécondité de cette terre incomparablement généreuse. Pour ne parler que d’un seul de ses pro- duits, l'exportation des Pommes de terre atteint, année moyenne, huit millions de francs, somme à laquelle il faut joindre une valeur de plus de un million à laquelle s'élève Ja quantité consommée dans le pays même , chiffre important, si on considère qu’il doit être attribué à moins de trois mille cultivateurs. Nous empruntons au Bulletin de l'agriculture quelques détails née d'intérêt dans cette instructive statistique, bien faite pour exciter l’envie et stimuler le zèle de nos populations agricoles. En 1878, le produit total avait été de 30 millions de kilogrammes du précieux tubercule ; il a suivi depuis, une progression constante, pour s’élever, en 1884, à 2 702 000 cabots (plus de 52 millions de kilogram- mes), d’une valeur de près de 10 millions de francs. Ce rendement BIBLIOGRAPHIE. 207 s'applique à 2419 hectares affectés à cette culture, soit le cinquième de la superficie totale de l’île ; ce qui porte le produit d’un hectare à environ 24 000 kilogrammes, chiffre de beaucoup supérieur à celui obtenu en France, où l’on arrive à peine à 21 000 kilogrammes dans les meilleures années. Si nous ajoutons que la main-d'œuvre y est à un-prix que nous ne connaissons plus depuis longtemps, le salaire des hommes n’étant encore que de 3 francs sans nourriture, ou de 1 fr. 60 avec nourriture, on comprendra dans quelles conditions avantageuses doit se trouver l’agriculture sur cette terre privilégiée. La constitution même du sol de l’île, où l’on ne trouve pas les phos- phates en quantité suffisante, exige d’abondantes fumures, qui consistent, outre le fumier de ferme, en varech et en guano. Le varech, surtout celui de mai, est très riche en principes fécondants ; on calcule qu’à raison de 10 000 kilogrammes à l’hectare, il donne au sol 73 kilogrammes d’azote, 173 de chaux, 32 d’acide phosphorique et 1924 de sels alcalins ; il coûte de 5 à 10-schellings la tonne. Mais le guano enrichit le sol dans une proportion presque invraisem- blable , à ce point que, de deux champs voisins ensemencés de Pommes de terre Fluke, l’un ayant reçu d’excellent fumier de ferme, l’autre de ce même fumier additionné de guano (300 livres par vergée), celui-ci donne une récolte supérieure de 50 pour 100 à celle du premier. Comme rendement général, le fermage moyen est de 625 francs à l’hectare; les frais divers de culture on à 2300 francs, ce qui, d’après les calculs, laisse encore au cultivateur un bénéfice de plus de 1400 francs, auquel il faut joindre le produit d’une seconde récolte sur le même fonds, composée généralement de navets ou de carottes pour le gros bétail, et pouvant être évaluée à 400 francs; d’où il ressort une moyenne de revenu net de 1800 francs à l’hectare. Comme nous sommes loin de là, en France, où les mêmes cultures ne laissent guère qu’un produit net de 250 francs! Les produits de l’élevage ne sont pas moins brillants. L'île possède une race, la plus précieuse assurément des races aujourd’hui connues, non moins remarquable par la beauté de ses formes que par l’ensemble de ses qualités. Une Vache d’Alderney donne par jour, pendant la bonne saison, environ 15 litres de lait, pouvant fournir 1 kilogramme de beurre. Il faut près du double du lait de nos meilleures Vaches pour produire la même quantité de beurre, et elles n’en donnent pas plus de 2500 litres par an. La race hollandaise donne à peu près autant de:lait que la jer- siaise, mais il faut 38 litres de lait pour faire 1 kilogramme de beurre. Le gouvernement de l’île est justement jaloux de sa race d”’ Alderney, etil en assure la conservation par des lois draconiennes. C’est ainsi que limportation de tout bétail étranger est rigoureusement interdite ; les animaux introduits pour les besoins de la consommation doivent être directement conduits, aussitôt leur. arrivée, dans des abattoirs établis 208 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. sur le port. Les fourrages étrangers eux-mêmes ne sont admis qu'avec de grandes difficultés. Les plus beaux produits de l'élevage sont inscrits au Herd-Book, et les animaux qui ont ainsi leur pedigree acquièrent une énorme valeur, Un Taureau a été vendu récemment 1000 livres sterling (25 000 francs), et le fait n’est pas rare. C’est surtout l'Amérique du Nord qui recherche cette race; dans une exportation évaluée à 1 160 000 francs, elle entre, en effet, pour 1 161 000. On pourrait citer encore bien d’autres chiffres ; mais ceux qui précè- dent ne sont-ils pas déjà trop éloquents, et ne suffisent-ils pas pour faire rêver nos infortunés agriculteurs de France ? A. BERTHOULE. Le gérant : JULES GRISARD. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, ?, Paris. l. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ NOTE SUR L'ÉCLOSION DES ŒUFS DE POULE Par M. DARESTE J'ai fait, depuis trois ans, une série de communications à la Société, sur les conditions physiologiques et physiques de l’évolution normale du Poulet dans l’œuf en me servant, dans ce but, de l’incubation artificielle. Dans la séance générale de l’année dernière, la Société m’a décerné, pour ces travaux, une de ses plus hautes récompenses, dont je suis justement fier. Mais, en faisant connaître les résultats de mes recherches expérimentales, j'avais signalé une lacune. Si j'avais pu con- duire mes embryons jusqu’au terme de l’incubation, je n’avais obtenu cependant qu’un nombre très restreint d’éclosions, un tiers tout au plus. J'ai cherché la cause de cet insuccès. Il y avait d’abord un certain nombre de Poulets qui périssaient pendant l’éclosion, soit qu'ils fussent mal placés dans la coquille, soit que, s’étant collés à la coquille, ils aïent été plus ou moins gènés dans leurs mouvements. Mais ces faits étaient rares. Le plus sou- vent, le Poulet n’éclosait pas parce que, quoique bien con- Pois il avait péri dans la coquille un Ju ou deux avant la fin de l’incubation. À Pourquoi l'embryon périssait-il? J’ai constaté dubai le défaut de pénétration du jaune dans la cavité abdominale. Puis, en y regardant de plus près, j'ai reconnu que:le jaune ne pénétrait pas dans la cavité abdominale parce qu’il avait contracté des adhérences avec l’allantoïde, et que ces adhé- rences le maintenaient en dehors du corps de l'embryon. Ces adhérences étaient souvent assez fortes pour avoir produit . des brides qui exerçaient une constriction sur la membrane 49 SÉRIE, T. II. — Avril 1885. 14 210 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. du jaune, constriction qui, dans beaucoup de cas, allait jusqu’à la rupture de ses parois. Les déchirures ainsi pro- duites, tantôt restaient béantes, et tantôt s'étaient cicatrisées. Mais il y avait dans ces deux cas un fait qui ne peut laisser jeun doute sur Pexistence antérieure d’une rupture; c'était l'existence parfaitement reconnaissable des éléments du jaune dans les restes de l’albumine. Il y avait donc, dans mes expériences, une condition qui produisait des adhérences entre l’allantoïde et le jaune. Mais quelle était cette condition? En y réfléchissant, je me suis rappelé que ces événements s'étaient produits dans une série d'expériences sur l’évolution des œufs dans l’air confiné, et que j'avais placé mes œufs dans des couveuses fermées pen- dant toute la durée de l’incubation. Les œufs avaient donc été, pendant trois semaines, dans une immobilité complète. Or nous savons que la Poule couveuse remue fréquemment ses œufs, que la pratique de retournement quotiäien des œufs est généralement adoptée par toutes les personnes qui s’occu- pent d’incubation artificielle, qu’enfin, tout récemment, on a imaginé des appareils pour pratiquer le retournement des œufs par des procédés mécaniques. L’immobilité de l’œuf pendant toute la durée de l’incuba- tion est-elle donc un obstacle à l’éclosion? Je me suis posé la question, etje l’ai résolue par une expérience comparative. J'ai mis en expérience seize œufs placés dans deux cou- veuses dont l’air se renouvelait constamment, et qui présen- taient des conditions physiques absolument semblabies. Dans l'une des couveuses, les œufs restèrent parfaitement immo- biles ; dans l’autre, les œufs furent retournés deux fois par jour. Tous les Poulets de la première couveuse ont péri, avant l’éclosion, par le mécanisme que je viens de faire connaitre. Les huit œufs retournés deux fois par jour m'ont donné six poulets éclos au vingt et unième jour. Les deux œufs qui restaient furent ouverts. Dans lun j'ai trouvé un Poulet vi- -vant et parfaitement conformé, qui serait certainement éclos si je l’avais laissé quelques heures encore dans la couveuse. SUR L'ÉCLOSION DES ŒUFS DE POULE. 911 Dans l’autre, le huitième, il y avait un Poulet mort, dont le jaüne m’avail pas pénétré dans l’abdomen. à | Cette expérience est décisive. Elle montre de la manière la plus nette que l’immobilité de l'œuf pendant l’incubatior fait adhérer lallantoïde au jaune, et amène ainsi la mort « l'embryon. La pratique du retournement quotidien des œufs se trouve ainsi complètement justifiée. Comment expliquer ces faits? L’embryon est doué de mo- bilité dès le sixième ou septième jour de l’évolution ; l’allan- toïde est également un organe très contractile. Or, ‘quand on retourne un œuf, on change la position de l'embryon dans l'intérieur de la coquille, et on active par conséquent les mouvements qu'il exécute. Dans l'œuf immobile, les mouve- ments de l'embryon sont très ralentis. Or, pour qu’il y ait adhérence entre certaines parties de l’allantoïde et du jaune, il faut évidemment que ces parties restent en contact pendant un certain temps. Ainsi donc plus l'embryon et plus l’allan- toide exécuteront de mouvements, et moins on aura de chances pour la production des adhérences. On comprend d’ailleurs que l’immobilité complète ne soit pas un obstacle à l’éclosion, puisque même alors les mouve- ments de l'embryon peuvent empêcher le contact prolongé de l’allantoïde et du jaune. On comprend également que le retournement quotidien des œufs n'empêche pas toujours ce contact prolongé, et que, comme cela est arrivé dans mon expérience, un embryon périsse, par l'effet des adhérences, un jour avant l’éclosion. Mais ce sont là des faits exceplion- nels et qui ne peuvent en rien modifier . faits généraux que je déduis de mes recherches. En terminant cette communication, je dois rappeler à la Société une autre communication que je lui ai faite l’année dernière, et dans laquelle j'étais arrivé à une conclusion en apparence toute contraire. J'avais cru pouvoir déduire d’une expérience l’inutilité du retournement quotidien des œufs. Mais l’expérience de l’année dernière et l’expérience actuelle sont entièrement différentes. Dans l’expérience de l'année dernière, je m'étais proposé de voir si l’évolution normale 912 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. du Poulet était modifiée par l’immobilité de l’œuf, comme MM. Fol et Warynski avaient cru pouvoir l’admettre. Il s’agis- sait de savoir si des œufs immobiles présenteraient des embryons monstrueux. Comme les monstruosités apparais- sent de très bonne heure dans l’embryon d'oiseau, j'ai arrêté l’expérience au bout de huit jours. Tous mes embryons étaient normaux. Ainsi donc l’immobilité ne modifie pas l’évolution embryonnaire, mais elle détermine, dans le plus grand nombre des cas, un état pathologique des annexes de l'œuf qui fait périr lembryon très peu de temps avant l’époque de l’éclosion. Il n’y a donc entre le travail actuel et celui de l’année dernière qu’une contradiction apparente, puisqu'ils s'occupent de deux ordres de faits entièrement différents. Ces recherches expérimentales sur l’éclosion, sont le terme d’une très longue série de recherches sur la détermination des conditions qui produisent l’évolution embryonnaire nor- male. Je les ai entreprises dans un but tout scientifique : elles étaient le point de départ de recherches sur les conditions de l’évolution anormale ou de la production des monstruosités. Mais elles ont une utilité pratique bien évidente puisqu'elles rendent compte des différentes conditions qui font réussir l'in- cubation artificielle. L'importance de l’incubation artificielle comme procédé industriel s'accroît tous les jours. En substi- tuant des notions scientifiques aux notions purement empi- riques dont on s’élait contenté jusqu’à présent, je crois avoir rendu service à tous ceux qui s'occupent de l'élève des oiseaux. C’est ce qui m’a engagé à faire connaître mes recherches à la Société d’Acclimatation. Je dois cependant ajouter que le pro- blème de l’incubation artificielle contient un nombre indéter- miné d’inconnues, que je n’ai pas la prétention de les avoir dégagées toutes, et que je ne puis espérer qu’une chose, c’est d’avoir donné les moyens de diminuer, dans une pro- portion considérable, le nombre des insuccès. | HISTOIRE DE GRENOUILLES-BŒUFS (RANA MUGIENS ACCLIMATÉES) Par M. A. LAISNEL DE LA SALLE I 1876. — Dans les derniers jours du mois d’août 1876, je suivais avec un ami les bords du lac Saint-James, au Bois de Boulogne. Nous cherchions des plantes aquatiques pour orner un tout petit cours d’eau qui arrose un modeste jar- dinet de 300 mètres, que je possède à Neuilly. À plusieurs reprises nous aperçûmes, d’abord immobiles et dormant au soleil, puis à notre approche fuyant en zigzag et disparais- sant dans les herbes, de magnifiques Têtards de Grenouilles, plus gros que le pouce, et d’une longueur d’au moins 10 cen- limètres. | | Je m’expliquai facilement ce phénomène. Je savais par Alexandre, le préposé à l'aquarium du Jardin d’acclimatation, que, assez souvent, des Grenouilles-Bœufs s’élaient échap- pées de leur enclos et avaient gagné le Bois. C'était, à n’en pas douter, le témoignage de leur satisfaction d’avoir conquis la liberté et le résultat de leurs amours, que nous avions sous les yeux. | Sans perdre de temps, nous façonnâmes en engin de pêche, le filet qui retenait nos plantes, et nous nous mîmes avec ardeur à poursuivre les Têtards. Nos efforts furent inutiles. Les rusés Batraciens gagnaient tous la pleine eau, glissant l’un après l’autre, entre notre épuisette improvisée et trop flexible, et les bords inégaux du lac. Nous nous avouions vaincus et allions quitter la partie, lorsque, non loin de nous, s’arrêta un brillant équipage. Il en descendit un vieux monsieur à l'air martial, une belle et puissante dame, un jeune abbé décoré et porteur d’un filet vert à papillons, et-enfin un valet tenant à la main 914 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. un bocal. Tout.ce monde semblait parti pour un but bien déterminé, et marcha droit au lac. é Et quelle ne fut pas notre surprise! Soudain lPabbé jeta vivement son filet et retira un splendide Têtard-Bœuf. Cinq fois encore et à peu d'intervalle, il exécuta son irrésistible mouvement; et bientôt, six de nos ennemis frétillaient cap- tifs, dans le bocal rempli d’eau que portait le domestique. Je n’y tins plus. Je me précipitai vers le groupe. « Monsieur l’abbé, m'écriai-je, laissez-moi vous féliciter de votre adresse. En peu de temps, vous avez obtenu un résultat que nous poursuivons en vain, mon ami et moi, depuis plus d’une heure. Vraiment, à vous voir, c’est à croire que vous avez le don de charmer les Têtards. » Ces derniers mots mirent en grande joie la belle dame. Ce fut en riant bien fort, qu’elle les répéta, disant : € Ah! ah! c’est ravissant ! monsieur l'abbé qui charme les Tétards ! — Monsieur l'abbé, repris-je, un peu confus, pour lui, du succès de la phrase que m'avait dictée mon enthousiasme, connaissez-vous l'importance de la capture que vous avez faite ? . — Ge que je sais, répondit-il, c'est que, me promenant seul sur les bords du lac, j'ai été frappé de la grosseur de ces monstrueux Têtards. J’en ai parlé, à table, en déjeunant chez le général. Madame la générale avant témoigné le désir de les voir et d’en posséder dans son aquarium, nous avons, séance tenante, organisé cette pêche qui vous semble mira- culeuse. » | Jexpliquai l’origine des Têtards, et la révélation pro- duisit beaucoup d'effet. Un conseil se tint entre le général, la générale et l’abbé. Puis ce dernier, se tournant vers moi, m'offrit gracieusement un Têtard. J’acceptai en remerciant. Mais je ne fus qu’à demi satisfait. Après d'aussi beaux compli- ments, je m'attendais à mieux. Je comptais sur la paire. Je retournai seul, le lendemain, au lac Saint-James. J'avais un bon filet de pêche et, non sans beaucoup de temps et de peine, je capturai cinq Têtards. Est-il besoin de dire qu’ils : HISTOIRE DE. GRENOUILLES- BŒUFS. 915 allèrent aussitôt rejoindre celui que, dès cs veille, Jay mis à l’eau dans mon jardin? Puis je fis üne absence d’un mois. À mon retour, dans les premiers Jours d'octobre; Je m’empressai curieusement d'aller revoir mes prisonniers. [ls avaient subi une transformalion complète. Au lieu d’em- bryons informes, je trouvai tapies dans le gazon, sur le bord de l’eau, six élégantes Grenouilles au corsage vert-éme- raude, et aux gros yeux couleur d’or à fleur de tête. Je ne fis du reste que les entrevoir cette première fois, car à mon approche toutes piquèrent une tête dans le bassin. Deux d’entre elles, non moins alertes que leur sœurs, possédaient encore la queue, ornement principal de leur premier état. Tant que la saison demeura suffisamment clémente, je les vis très souvent et toujours aussi sauvages. Dès que le mér- cure du thermomètre se rapprocha de. zéro, elles Hisps- rurent sous les pierres et dans la vase du ruisseau, etje n’en eus pas de HoUHEURE de l? hiver. IT 1877. — Je les revis au printemps au nombre de cinq. Une d’elles manquait à l’appel. Je les avais pour ainsi dire continuellement sous les yeux, et rien ne me fut plus Roue que de les observer. Le mince filet d’eau de Seine qui coule continuellement du haut en bas de mon jardinet, remplit deux bassins que réunit un petit ruisseau. Dès l’origine, quatre de mes Gre- nouilles, semblant former deux couples bien distincts, prirent possession du bassin le plus rapproché de la maison. La cinquième alla vivre solitairement à l’autre extrémité. Jamais cette dernière ne se rapprochait des autres. S'il pre- nait fantaisie à celles-ci de faire une excursion dans le do- maine de celle-là, elle leur cédait aussitôt sa place, prenait la leur, et revenait chez elle dès qu’elle pou trouver la solitude... | L'existence de mes pensionnaires était assez monotone € 96 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. leur royaume des plus restreints. Pourtant elles paraissaient satisfaites de leur sort, grossissaient à vue d'œil et sem- blaient vouloir s’apprivoiser. Le matin et le soir elles se tenaient volontiers à la surface de l’eau, se logeant parfois sur une feuille de Nénuphar ; ou bien elles nageaient nonchalamment, et avec leurs longues pattes de derrière pendantes, prenaient toutes sortes de poses les plus invraisemblables. Dans la journée, elles restaient des heures entières à la même place, sur le bord du bassin, faisant le gros dos et absorbant avec volupté la chaleur du soleil. Qu'’elles fussent sur terre, qu’elles fussent dans l’eau, il leur arrivait souvent, en signe de bien-être sans doute, d'émettre de leur gosier contracté pour la circonstance, une série de noles graves et retenlissantes. Ces appels ou chants ne manquaient pas d’un cerlain charme. Ils n'avaient abso- lument rien d’un coassement quelconque, et ressemblaient à s’y méprendre, au mugissement du taureau. Les choses allèrent ainsi jusqu’à l’approche de la mau- vaise saison. Mes Grenouilles alors firent des stations de plus en plus longues dans le bassin, que bientôt elles ne quittèrent plus. Puis leurs yeux se ternirent et se voilèrent ; leur peau devint noirâtre ‘et visqueuse; tout leur corps se ratatina; et, pour la seconde fois, elles disparurent au fond de l’eau. | IT 1878-1879. — Pendant ces deux années, mes élèves vé- curent de la même façon que durant 1877. Seulement elles se montrérent tout à fait familières, tandis que leur corps prit un développement considérable, et que leurs mugisse- ments devinrent plus forts et plus fréquents. Mais, où mes Grenouilles étaient vraiment splendides à voir, c'était lorsque, par les temps très chauds, l'électricité régnait dans l’air, et surtout par les grandes pluies d’orage. Leurs formes alors s’épanouissaient de telle sorte, qu’elles “HISTOIRE DE GRENOUILLES-BŒUFS. 247 eroissaient véritablement en volume. Leur corps avait des tons frais et transparents de jaune ambré ou de vert-éme- raude à ravir un coloriste. Une vigueur sans pareille les envahissait et elles ne restaient pas en place. Par sauts inces- sants elles suivaient les allées, arpentaient les gazons, les massifs ; elles sillonnaïent en tous sens la rivière et erim- paient dans les lierres jusqu’au chaperon des murs du jardin. Elles venaient jusque dans la cour et là, prenant des aititudes sculplurales, et fixant leurs gros yeux saillants et d’or sur les croisées, semblaient décidées à emporter d’as- saut les appartements. Il faut bien tout raconter, puisqu’ici nous faisons de l’histoire. Eh bien, par un soir d’orage, une ‘locataire du rez-de-chaussée, dame espagnole ayant en pro- fonde horreur les reptiles de toute espèce, se trouvant d’a- venture plonger son regard dans les yeux fascinateurs d’une de mes pensionnaires en arrêl sous sa fenêtre, tomba de frayeur sur le parquet et donna congé. ‘Il est à croire que pendant les nuits ordinaires, mes Gre- nouilles se promenaient ainsi, avec une furiosa moins vive sans doute, et qu’elles faisaient une ample consommation de vers et de limaces chassés de leurs retraites par l'humidité et la fraîcheur. Autrement étant donnés, d’une part le far- niente dans lequel elles se complaisaient à vivre durant le jour, et de l’autre leur puissant appétit et leur voracité natu- relle, quand et comment auraient-elles pu se nourrir ? Dans ma sollicitude pour elles, il m’arrivait souvent d’être inquiet sur les ressources de leur garde-manger, et de leur apporter des provisions du dehors. Je ne tardai pas à acqué- rir la certitude que toute provende morte était de leur part l’objet d’un profond dédain, tandis que toute proie vivante'et remuanle était la bienvenue. C’était merveille de les voir saisir la victime qu’on leur présentait. Rapides comme l'éclair, elles se jetaient sur elle et l’engloutissaient tout en se ramassant sur elles-mêmes et en s’aidant au besoin de leurs deux pattes de devant ; tandis que successivement chacun de leur gros yeux se fermait, puis semblait vouloir jaillir de son orbite. Tout leur était bon. 218 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Ainsi, un gros ver jeté frétillant devant elles; était saisi avant de toucher terre. Plusieurs Golimaçons, fussent-ils de la plus belle taille et alignés dévant elles, jouissaient d’une sécurité parfaite, tant qu’ils avaient la prudence de rester immobiles, Remuaient-ils? c’était fait. d'eux. Ils disparaissaient dans le ventre de mes élèves, comme la muscade dans le gobelet du prestidigitateur. De grosses Grenouilles de France, prises au Bois el lancées ‘devant elles, étaient avalées. sans avoir. le temps de se reconnaitre. On les cherchait encore, que déjà elles palpitaient dans les flancs élastiques de leurs steuis d’origine étrangère. ent hi Plusieurs fois il arriva à mes Grenouilles ‘de s'offrir. en régal de gros Moineaux. Comment s’y prenaient-elles pour les saisir ? Les attiraient-elles par la puissance de leurs yeux fascinateurs ? Ou bien immobiles et aplaties à fleur des pierres du gué qui traversait le ruisseau, sautaient-elles sur leur victime, quand celle-ci venait boire? Je n’ai rien vu et ne saurais rien dire. Toujours est-il que le fait n’élait pas rare. Bien entendu elles n’avalaient pas leur proie d’un seul coup. La tête de l’Oiseau se logeait dans l’œæsophage du Batracien, tandis que replié sur lui-même le corps remplissait sa gorge et son énorme bouche. Presque toujours, un plumet révéla- teur, bout de l’aile du volatile, flottait au dehors. | La Grenouille alors était exactement dans la situation du Boa absorbant un Bœuf. Ainsi que lui elle restait engourdie et sans défense, tant que durait sa laborieuse digestion. Celle-ci faite, on trouvait quelque part sur le gazon, l’enve- loppe de l’Oiseau presque intacte; c’est-à-dire encore parée de toutes ses plumes et nettoyée comme si elle sortait des mains d’un praticien du Muséum. IV 1880. — L'hiver 1879-1880 — on s’en souvient encore — fut excessivement rude. Le ruisseau eut son cours inter- rompu par la gelée et, pendant des semaines, il disparut sous une couche profonde de glace, recouverte elle-même HISTOIRE DE GRENOUILLES-BŒUFS: : 919 d’un épais manteau de neige. Jé considérai comme RAS les membres de mon intéressante colonie. if D I n’en fut rien. Ils reparurent, décharnés et no sans vie, mais au complet. Sous l'influence du renouveau, ils eurent bientôt repris avec leur vigueur et leur beauté pre- mières, leur place accoutumée sur le:bord du bassin. : : Tout se passa en l’an 1880 comme en 1879. Mes pension- naires continuèrent à se porter à hate et HP considérablement. $ Je crois à propos nl que. ce que j'ai wanonbé jusqu'ici et pourrai dire encore, concerne uniquement les deux couples fortunés qui avaient élu domicile dans le voisi: nage de la maison, et pas du tout la cinquième de mes Gre- nouilles. Celle-ci, reléguée dans le fond du jardin, avail une existence à part. Pau moi, elle ne comptait pas. Triste et sauvage à FAN elle ne quittait pour ainsi dire jamais le bassin et ses bords, et je ne sais comment elle pou- _vait vivre. Avec le temps, la charpente de son corps s'était développée, mais telle était sa maigreur que, prenant pour point central l'extrémité de ses vertèbres et pour sommet et base sa large bouche et la fin de ses pattes allongées, elle offrait l'image d’un long Y. Évidemment l’infortunée était.en proie à de profondes souffrances physiques ou morales. Je crois que, dans son coin, elle desséchait de chagrin d’être seule, et se consumait de jalousie au spectacle du bonheur dont jouissaient ses compagnes. Cela dit, je jette un voile sur l'hiver 1880- 1881, ‘qui res- sembla à tous Les autres, et je saute à l’été dé 1881. M 1881. -— Tout allait à souhait, et mes Grenouilles étaient splendides. Dune belle couleur, verte surle dos, blanche sous la gorge, et jaune orange sous le ventre; elles semblaient prêtes à faire craquer leur peau lisse, fine, et luisante, tant elles avaient de force et de santé. Mise sur le plateau d’une balance, la plus forte pesait 450 grammes, etles autres sui: 290 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. vaient de près. Elles étaient devenues si peu sauvages, qu'elles se laissaient caresser, se raidissant alors sur leurs quatre membres et arrondissant le dos. Quand le jardinier labourait les massifs dans leur voisinage, elles se tournaient de son côté, allaient même à lui, et attrapaient à la volée les vers qu’il leur jetait. Vers la fin du mois de mai, je remarquai que les deux Grenouilles qui formaient mon plus beau couple, prenaient des allures nouvelles et étranges. Elles devenaient agitées, inquiètes. Par les pluies d'orage surtout, elles ne butinaient plus à l’aventure comme autrefois ; c'était avec une obstina- tion constante qu’elles grimpaient de préférence dans le lierre des murs de clôture, du haut desquels elles scrutaient visiblement du regard les environs. Leur manège était clair. Elles préméditaient une évasion. . Comment cette idée de fuite germait-elle avec tant de fixité dans leur cervelle? Serais-je seul de mon avis, que je croirais encore que les bêtes, indépendamment de l'instinct que personne.ne leur conteste, réfléchissent et raisonnent. Les deux miennes se disaient, sans doute : « Nous sommes cinq ici; c’est trop pour ce pelit enclos dont nous avons, en partie, épuisé les ressources. Trois de nous y vivront encore à l'aise. À nous toutes nous y mourrions cerlainement de faim. Nous sommes les plus robustes; c’est à nous de nous dévouer et de.partir. » Sur ce, elles sautèrent résolument de l’autre côté du muret disparurent dans un jardin de 5000 mètres, qui servait de lieu de récréation aux jeunes filles de l’École normale. Le concierge de la pension me rapporta les fugitives. Elles se sauvèrent une seconde fois; on me les ramena encore. Elles partirent derechef, et je ne les revis plus. Les deux Grenouilles restant ne se préoccupèrent pas, du moins en apparence, de la disparition des autres. Elles ne parurent nullement disposées à les imiter. Getle diminution de bouches leur fut même favorable, car elles grossirent avec une rapidité surprenante. L’une d’elles surtout, d’un vert glauque tirant sur le jaune ambré, vit son ventre prendre - HISTOIRE DE GRENOUILLES-BŒUFS. 991 de telles proportions, que je me persuadai qu’elle était pleine et qu'elle allait pondre. À cette perspective aussi neuve qu’originale, d’être bientôt éleveur de Têtards, se joignit, je l’avoue, une pensée de lucre. Je palpais en espérance, la prime de 250 francs, promise par les statuts de la Société. La fable de Perrette et de son pot au lait, sera toujours de circonstance. Par une belle soirée de juillet, quelqu'un, par mégarde, laissa ouverte la porte du fond du jardin. Il plut abondamment pendant la nuit, et mes Grenouilles s’abandon- nèrent à leurs ébats accoutumés. Le lendemain, celle sur le dos de laquelle j'avais échalaudé honneurs et profit, avait disparu. | Je restai donc avec deux sujets dépareillés : celui qui ve- nait de perdre sa compagne, et la malade du fond du jardin. On dit que le malheur rend égoïste, et parfois cruel, surtout quand on espère profiter de bin fortune ot ui. J’en eus, Sans tarder, la preuve. Ma Grenouille étique avait assisté avec autant d'intérêt que de satisfaction aux scènes dramatiques qui venaient de s’ac- complir à ses côtés. Aussi — quelque surprenant que le fait paraisse — je la vis quitter contre toute habitude sa re- traite, et accourir fraterniser avec l'époux abandonné. Seu- lement, au lieu d’être accueillie à patles ouvertes, ainsi qu’elle l’espérait, elle fut reçue à coup de griffes et recon- duite de celte façon jusqu’à son bassin, au fond duquel elle se précipita. Elle dut bien des fois renouveler sa tentative, car quelque temps après je m’aperçus que la malheureuse était borgne. Où avait-elle perdu l'œil, sinon dans l’une de ces luttes désespérées, qu’elle livrait pour conquérir un cœur qui ne voulait pas du sien? Pour la morale de l’histoire, je voudrais bien savoir si dans ses énergiques refus l’objet d’une aussi vive tendresse était guidé par les regrets et les souvenirs qu'il conservait de son infidèle, ou par une invin- cible répulsion à la vue du squelette Apte qui se cram- ‘ponnait à lui. 9299 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. VI 1882, 1883, 1884. — À dater de cet instant, je ne me préoccupai pour ainsi dire plus des deux:tristes débris de ma collection, jadis si prospère. Je laissai lun et Pautre vivre chacun à sa guise et de son côté. Ils passèrent ainsi les années 1889, 1883 et une partie de 1884. Je les aurais sans doute encore, sans l'incident que voici. Au mois mai 1884, une épidémie m ’enleva subitement une soixantaine de gros poissons rouges, qui faisaient l’orne- ment de mon ruisseau. Je les remplaçai aussitôt par une cen- taine de poissons également rouges, mais de petite taille. Je ne tardai pas à m’apercevoir que ces derniers diminuaient journellement en nombre, d’une façon inquiétante. Un ma- tin que près du bassin, je réfléchissais aux causes de ce fait anormal, je vis ma grosse Grenouille qui semblait som- meiller béatement au soleil, au bord de l’eau, bondir:sur un poisson nageant devant elle et l’avaler. Puis elle regagna tranquillement sa place. En moins de vingt minutes, le saut se renouvela cinq fois. Or, à 50 centimes la pièce, prix mar- chand du fretin, ce déjeuner pris chez moi, sans ma per- mission, me coûtait 2 fr. 50. Je n’en voulus pas voir davantage. Furieux, je: saisis la cou- pable, que j’enfermai dans une boîte. Par la même occasion, . j'y fourrai la Grenouille borgne ; elle ne m'avait rien fait; mais elle payait pour l’autre. Puis je ficelai le colis, que Je portai sans tarder à Garnoi, le préposé actuel à l'aquarium du Jardin zoologique d’acclimatation. Et, c’est ainsi que, au lieu de soutirer à M. Geoffroy Saint- Hilaire des cheptels, je l'ai, sans qu’il s’en doutât, gratifié de deux sujets remarquables, qu’il possède encore. VII 1885. — Je ne puis terminer ce récit qui, à défaut d'autre mérite, a celui d’être vrai en touts points, sans signaler un “HISTOIRE DE GRENOUILLES-BŒUFS, : 293 si que je crois être aussi ignoré qu le En 1879, un employé du Bois, sachant l'intérêt que je portais aux Ba- traciens, m’apporta dans un seau une douzaine de magni- fiques Têtards-Bœufs. Ces Têtards, soit que leur transforma- tion ne fût pas alors assez avancée et qu’ils n’alent pas trouvé chez moi la qualité de nourriture et la quantité de chaleur nécessaires, soit pour tout autre motif que j'ignore, n’ont jamais pu devenir Grenouilles et sont restés tels qu’ils étaient à l’origine. Tous les ans j’en perdais quelques-uns. En 1884, — peut-être les retrouverai-je en 1885, — il m'en restait encore trois; gros; gras et bien portants. Ils avaient par conséquent cinq ans, et avaient. Supporté le fameux hiver 1879-1880. En relatant le fait, je laisse à plus compé- tent que moi le soin d'en apprécier la ROUNEIE et l’im- porlance. DES PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON Par le docteur Édouard MÈNE $ | (Suite) SAPINDACÉES. KŒLREUTERIA PANIGULATA. Ramboku. — Le jardin du Trocadéro contenait un pied de Kælreuteria paniculala de Laxmann (1), de Miquel (2), de Franchet et Savatier (3) : K&lreuteria japonica de Siebold, Kælreuteria paniculata, var. japonica Hort., désigné au Japon, d’après leslivres Kwa- wi (4), sous les noms de Ramboku et de Bodaïdjiou. Le Kœlreuteria paniculala, haut de 3 mètres et plus, à grandes feuilles imparipennées, à fleurs jaunes mélangées de rouge vers le centre, en larges panicules terminales, à graines noires, croil à l’état sauvage dans les forêts de l’île de Nippon, prin- cipalement le long des rives du fleuve Matsia-gawa, d’après : Buerger. Il est aussi cultivé dans les jardins japonais et se rencontre fréquemment autour des temples, des pagodes et des bonzeries. Ses graines servent à faire des chapelets. Le Xœlreuteria paniculala est usité dans la médecine des Japonais et des Chinois, qui emploient ses graines (qui ren- ferment un principe savonneux) pour combattre les maladies de la peau. | : Le Kœlreuleria paniculata, Savonnier paniculé, se ren- contre aussi en Chine, où il se nomme Ou houan tze et Mu houan xu (5). IL est marqué dans le Pen t‘sao kang mu (Arbres, (1) Laxmann, Nov. Com. Acad. Petrop., 16, p. 561. $ (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 226. (3) Franchet et Savatier, Enumeralio, voi. 1, p. 85, n° 351. (4) Kwa-wi, Arb., 4 vol., p. 120, f. n° 21. (>) D’après M. le D' Bretschneider dans son très intéressant ouvrage sur la Flore de la Chine (Early European researches into the flora of China, p. 144), le nom de Mu houan zu s'applique à Canton, au Sapindus mukorosi. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 995 chap. 11), parmi lessoixante espèces d'arbres remarquables (1). M. le D" Bretschneider (2), le savant médecin de la légation russe à Péking, le cite comme ayant été observé pour la pre- mière fois dans les endroits sauvages des environs de Péking par le botaniste russe Laxmann, en 1772. Il relate aussi que cet arbrisseau, qui fleurit pour la première fois en 1772 au Jardin botanique de Saint-Pétersbourg, était cultivé depuis vingt ans dans les serres chaudes de cet établissement. Il fut introduit en Angleterre en 1763, en France en 1802. I'est cultivé dans la belle collection du pare.de Segrez. I était représenté à l'Exposition de Nancy, en 1880, exposé par M. Gallé (3). C’est aussi de la Chine, des provinces septentrionales, prin- cipalément du Pe-tchi-li, où il est commun à l’état spontané, dans les endroits sauvages, dans les fourrés et le long des sentiers, que vient le Xanthoceras sorbifolia observé par Bunge, que les Chinois connaissent sous le nom de Ouen kouangchu. Ge charmant arbuste, à feuilles de Sorbier, donne au printemps des fleurs blanches qui garnissent le sommet de ses rameaux ; ses fruits contiennent des graines noires et dures. Il est cultivé fréquemment, comme plante d'ornement, dans les jardins chinois, surtout à Péking. Les feuilles du Xanthoceras sorbifoliæ sont employées en décoction comme remède astringent. Le Xanthoceras sorbifolia a été introduit en France par l’abbé David, missionnaire lazariste en Chine, qui, en 1866, l’a envoyé au Muséum d'histoire naturellé de Paris Il est cultivé au Jardin d’acclimatation du Bois dé Boulogne comme plante ornementale de plein air. Il fait partie de la belle collection du parc de Segrez. Il figurait à l'Exposition de Nancy en 1880, ayant passé l'hiver de 1879-1880 à Nancy, ayant fleuri, mais n’ayant pas donné de graines, exposé par M. Lemoine (4). (1) D' Bretschneïder, Botanicon sinicum, p. 61. (2) Id., Early European researches, p: 121, 122. (3) Catalogue de l'Exposition de: Nancy, p. 41, n°1538} 1880. (4) Ibid, p. 36, n° 1504 (1880). 4e SÉRIE, T. II. — Avril 1885. 15 996 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ÆscuLus TURBINATA (1). Tochi-noki. — Dans la classe 44 (Produits des exploitations et industries forestières), on re- marquail dans le tableau des plantes utiles exposé par Hakou- Boutsou-Kiokou, au n° 209, le Tochi-noki (Æsculus turbi- nala BI.), avec un échantillon de bois à grain dur et serré. La collection des bois de la galerie des machines contenait un échantillon de bois de Tochi-noki de 0",42 de diamètre, avec 10 millimètres d'épaisseur d’écorce, bois dur, à fibres irrégulières, de couleur blanc rosâtre. L’Æsculus turbinata de Blume (2), de Franchet et Sava- tier (3), Æsculus pavia de Thunberg (4), est indiqué dans les livres Kwa-wi (5) sous le nom de Totsi-noki. Il atteint 10 à 12 mètres de haut. Il se rencontre à l’état spontané dans les forêts des montagnes d’Hakone. On l’observe surtout dans les provinces de Kaï, de Shimodzuke et de Sinano, dans l’île de Nippon et dans Les régions montagneuses de l'ile de Yeso (6). L'Æsculus turbinala est aussi cultivé, comme arbre d’or- nement, dans les jardins, mais surlout autour des pagodes et des temples, où on en trouve de dimensions énormes, et dont les marrons sont utilisés dans la nourrilure japonaise. D’a- près M. Dupont (7), les marrons de l'Æsculus turbinalta for- ment la base de la nourriture d'hiver pour les habitants des hautes montagnes des provinces de Hida et de Shinano; mais, comme les marrons de l'Æsculus turbinata ont une saveur très âpre, les Japonais les épluchent, les écrasent, les font bouillir, les réduisent en farine, qu'ils exposent en couches minces pendant quarante-huit heures à l’action de l’eau, puis font sécher cette farine. Ils la mélangent ensuite à la farine de millet ou de sarrasin et l’emploient sous forme de bouillie ou de sortes de galettes. (1) L’Æsculus turbinata a donné son nom à la famille des. Hippocastanées d’un certain nombre d'auteurs. (2) Blume, Rhumph., II, p. 195. . (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 86, n° 353. (4) Thunberg, Flora Japonica, p. 1:4. (5) Kwa-wi, Arb., 1® vol., p. 81, n° 21. (6) Pour M. Maximowicz, l'Æsculus qu'on rencontre dans les environs de la ville d’Hakodaté est identique à l'Æsculus chinensis de Bunge. (7) Dupont, Les Essences furestieres du Japon, p: 76. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 997 Le bois de l’Æsculus turbinata est usité en menuiserie. Une variélé connue sous le nom de Chiiredoki a un bois à veines ondulées, qui est recherché en ébénisterie pour les meubles de prix, les coffrets et les boîtes fines. En Chine, les marrons de lÆsculus turbinata sont pres- crits contre la contracture des muscles consécutive à la Le ralysie et contre les rhumatismes. SAPINDUS MUKOROSI. Mukorosi. — Plusieurs pieds de Sa- pindus mukorosi avaient été plantés dans le jardin du Tro- cadéro. Le tableau des productions utiles indiquait au n° 119 le Mukorosi, avec un spécimen de bois blanchâtre et avec plu- sieurs petits fruits brunâtres ratatinés, de la grosseur de grosses cerises. Dans la collection des bois de la galerie des machines était exposé un spécimen de bois de Mukorosi de couleur blanc jaunâtre. Le Sapindus mukorosi de Gærtner (1), de Miquel (2), de Franchet et Savatier (5), est connu au Japon sous le nom de Mukorosi. Il atteint une hauteur de 9 mètres. On le rencontre dans l’ile de Kiusiu, mais il est plus commun dans l'ile de Nippon, principalement dans la province de Musashi. * Le bois du Mukorosi est employé en menuiserie. Les fleurs du. Sapindus mukorosi sont prescrites en infu- sion contre les PRARRR RAS et les inflammations des pau- pières. Le Sapindus mukorosi est introduit en France et est cul- tivé à Segrez. Acer (4). Momidzi. — Dans le jardin du Trocadéro, deux plates-bandes étaient spécialement consacrées aux différentes espèces et variétés d'Érables (5) japonais, presque toutes (1) Gærtner, De fructibus et seminibus plantarum, I, p. 342, tabl. 70. (2) Miquel, Prolusio floræ el p. 256. (3) Franchet et Savatier, vol. E, p- 86, n° 355. (4) Les Érables Acérées, série v la famulle des Sapindacées, d'après M. Bail lon, sont considérés par un certain nombre d’auteurs, comme famille distincte sous le nom d’Acérinées. (5) La collection des Érables japonais a été donnée D le Dee de Japon au Muséum d’histoire naturelle de Paris. 9298 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. dérivées de l'Acer polymorphum Sieb. et Zue., qui est l’es- pèce la plus remarquable par la variété de la forme et de la couleur des feuilles. , Ces Érables formaient de petits massifs du plus gracieux effet, avec leurs feuilles finement découpées et,de teintes verles, rouges, pourpres, roses, panachées, qui devinrent plus foncées à l’automne. Dans la collection des bois de la galerie des machines (classe 44, Produits des exploitations et industries forestières) se trouvaient plusieurs échantillons de bois grisâtre d’Acer polymorphum, de 0,20 de diamètre avec 5 millimètres d’é- paisseur d’écorce, étiqueté Momidu, et un échantillon de bois blanchâtre d’Acer japonicum, de mêmes dimensions. | L’Acer polymorphum de Siebold et Zuccarini (1), de Mi- quel (2), Acer palmatum de Thunberg (5), de Franchet et Savatier (4), appelé par les Japonais Momisi et Tsirimimgn momaisi, se encontre dans les forêts, où il atteint une hau- teur de 6 mètres, d’après la Commission japonaise (5); et, suivant M. Dupont (6), 1l s'élève jusqu'à 12 mètres de haut, avec 1,80 de: circonférence au pied. Il croît dans l’île de Kiusiu et dans l’île. de Nippon, princi- palement dans les provinces de Kaï, de Shinano;, d’Idsu et de Nambu. On le trouve aussi dans l’île de. Yeso. Il s'accommode des températures chaudes et froides de tout. le.Japon:. Son bois à grain serré, lourd, homogène, qui prend de belles nuances par le vernis, est utilisé en éhénisterie et en menuiserie. L'Acer polymorphum. est surtout recherché par les Japo- nais comme arbre d'ornement dans leurs jardins, et.les, jardi- niers japonais en ont, obtenu de nombreuses variétés. Les principales variétés qu’on observe sont : (1) Siehold et Zuccarini, Floræ Japonica, HW, p.,83, tabl., 145-1461, (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 20: (3) Thunberg, Flora Japonica,, tab]. 43. (4) Franchet et Savatier, vol. I, p. 88, n° 364. (B): Le Japon à l'Exposition universelle de 1818, vol. IL, pa 147, n° 69. (6) Dupont, Les Essences forestières du Japon, pr 61: PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 299 Var. palmata, qui est l’Acer palmatum de Thunberg (1), à feuilles à 5-7 lobes, étroites, vertes au centre, d’un vert jaunûtre sur les bords, à nervures d’un vert foncé, à pélioles verts. | Var. palmata foliis rubris (2), qui est l’Acer polymorphum atropurpureun Hort., à feuilles finement dentées, de couleur pourpre foncé, uniforme ou lie de vin en dessus et d’un rouge tomate en dessous, à nervures vertes, à pétioles d’un rouge clair. | Var. atropurpureum laciniatum, à feuilles étroites, d’un rouge lie de vin sur les bords et vert foncé au centre. Var. palmata folirs sanguineis (3), à belles feuilles d’un rouge umiforme. | Var. foliis crispis (4), à feuilles crispées. Var. palmatifidum, qui est l’Acer palmatifidum de Sie- bold, à feuilles d’un vert tendre, de même forme que celles de l’Acer dissectum et de l’Acer ornatum. Var. ornata (5), qui est l’Acer ornatum de Carrière (6). Var. dissecta, qui est l’Acer dissectum de Thunberg (7), à feuilles multipartites, à laciniures linéaires, de jolie couleur vert-émeraude, souvent lisérées de rose ou temtées de carmin vers les pointes des dentelures. | Var. roseo-dissectum, à feuilles de largeur moyenne, vertes lisérées de rose ou de carmin aux pointes des dentelures. Var. roseo-marginatum, à petites feuilles vertes bordées de rose. | Var. septemlobum, à feuilles à 7-9 lobes, de moyenne grandeur, à dentelures assez larges, de couleur vert foncé au centre, vert jaunâtre tacheté de rouge sur les bords et aux pointes, à pétioles verts. Var. septemlobuin elegans purpureum, à pétioles rouges, (1) Thunberg, Flora Japonica, tabl. 43. (2) Flore des Serres, 12, tabl. 173. (3) Illustration horticole, XIV, tabl. 156. (4) Ibid., XVII, tabl. 43. (5) 1bid., XVI, tabl. 46. (6) Revue horticole, 1867, cum icon. (7) Thunberg, Flora Japonica, tabl. 45. 230 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. à feuilles d’un rouge foncé ainsi que les jeunes rameaux, de- venant d’un rouge et vert foncé à l’automne. Var. incisum, à feuilles assez largement dentées, vertes, jaunâtres sur les bords, lisérées de rouge ou de carmin aux pointes, à nervures de couleur vert foncé, à pa d'un vert rougeâlre. Var. incisum variegatum, à feuilles très aétére d’un vert jaune clair sur les bords, d’un vert foncé au centre, quelque- fois teintées de rouge, à nervures de couleur vert foncé, à pétioles rougeâtres. Var. linearifolium de Miquel, à feuilles étroites, peu den- tées, d’un vert clair uniforme, terminées à la pointe par une teinte rougeûtre, à pétioles d’un vert clair, quelquefois rou- geâtres. Var. carneum, à feuilles étroites, à dentelures nombreuses et profondes, soit d’un rouge foncé uniforme, soit d’un rouge clair sur les bords, vertes au centre. Var. tricolor, à feuilles étroites, marbrées de vert, de rose et de blanc jaunâtre, à pétlioles de couleur vert clair. Var. reliculatum et var. decompositum, dont les jeunes rameaux ont l'écorce d’un rouge clair, les feuilles à 5 lobes, de longueur inégale et d’un vert jaune clair. Les Japonais représentent souventles feuilles des différentes variétés de l’Acer polymorphum sur les porcelaines, les émaux cloisonnés, les laques et les sculptures sur ivoire et sur bois. ACER JAPONICUM. Kajede. — Dans la classe 44 (Produits des exploitations et industries forestières), on remarquait, dans les spécimens de bois, un échantillon de bois d’Acer japonicum, blanchâtre, de 0,20 de diamètre, avec 5 milli- mètres d'épaisseur d’écorce. Dans la classe 66 (Matériel des travaux publics), dans la série des bois de construction exposés par Kannô-Kiokou, était un spécimen d’Acer japonicum. L’Acer japonicum, à grandes et larges feuilles vertes, à pétioles de couleur vert rougeâtre, observé par Thunberg (1), (1) Thunberg, Flora Japonica, p. 161, Icon. Jap. Decas, I, tabl. 10. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 931 par Miquel (1), par MM. Franchet et Savatier (2), porte au Japon le nom de Kajede ; il vient à l’état spontané sur les montagnes d'Hakone, sur le volcan Fudsi-Yama, ainsi que dans les forêts montagneuses de l’ile de Yeso. Une variété, l’Acer japonicum Thunb. var., a des feuilles moitié moins grandes, vertes, légèrement teintées de jaune sur les bords, qui sont souvent d’une nuance carmin, des nervures d’un vert foncé et des pétioles de couleur vert rou- geûtre. Un autre Acer, l'A. micranthum, connu sous le même nom de Kajede, relaté par Siebold (3), par Miquel (4), par MM. Fran- chet et Savatier (5), par M. Dupont (6), se rencontre dans les montagnes des îles de Kiusiu et de Nippon. Le bois des Acer japonicum et micranthum, à grain fin, résistant, est utilisé en ébénisterie et en menuiserie. Quant à l’Acer Sieboldianum de Miquel (7), qui croît sur les montagnes des parties centrales de l’île de Nippon, près de Sagami, et sur le volcan Fudsi-Yama, il semble, d’après MM. Franchet et Savatier (8), n'être qu’une variété de l’Acer japonicum, dont il ne diffère que par une villosité plus per- sistante et par les lobes des feuilles moins nombreux (7-9 au lieu de 9-13). ACER PICTUM. Loki. — L’Acer pictum de Siebold (9), de Thunberg (10), de Miquel (11), désigné par les Japonais sous le nom de Loki, se rencontre dans les montagnes des îles de Nippon et de Yeso (12). D'après M. Koch (13), il serait identique à l’Acer cultratum de Wallich, à lAcer lœætum de (1) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 18. (2) Franchet et Savatier, vol. I, p. 87, n° 356. (3) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., Il, p. 80, tabl. aie (4) Miquel, Prolusio flore Japonicæ, p. 90. (5) Franchet et Savatier, vol. I, p. 88, n° 368. (6) Dupont, Les Essences forestièr es du Japon, p. 61. (7) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 19. (8) Franchet et Savatier, vol. If, pars 2, p. 317, n° 357. (9) Siebold et Zuccarini, Flor. Jap. familiæ naturales. (10) Thunberg, Flor. Japon. Decas, V, tabl.3. (11) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 18. (12) Fr. Schmidt, F1. Sach., p. 119. (13) G. Koch, Dendr., 1, p. 531. Li 9232 SOGLÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. C. A. Mey, à l’Acer truncalum de Bunge (1) et à l'Acer mono de M. Maximowicz (2), répandu en 1867 par le Musée de Saint-Pétershbourg. | D'après MM. Franchet et Savatier (3), il «est probable que la plante récoltée dans l’île de Yeso, près.de la ville d’Hako- daté, dans l’île de Nippon, à Sagami, dans la province de Shinano et dans les montagnes d’'Hakone, se rapporte à l’A cer mono. ACER TRIFIDUM. Kodjiou : Kara momidzi. — L’Acer tri- fidum, auquel des livres Kwa-wi (4) attribuent les noms de Kodjiouet de Kara momidzi, et qui se nomme aussi Tsiocho Koutchio, à feuilles de couleur jaune clair au printemps, lisses en dessus, glauques en dessous, :qui rougissent à l’au- tomne, à longs et grêles pétioles rougeâtres, très commun dans toute l’étenduede l’ile de Kiusiu, a été relaté par Thun- berg (5), par Siebold (6), par Miquel (7) (qui le donne comme importé de Chine), par MM. Franchet et Savatier (8). En Chine, à Wuhu, les tisseurs .de soie boivent pendant l’été de l’infusion de feuilles d’Acer trifidum, dans la pensée que cetLle boisson empêche leur sueur de tacher la soie. ACER DIABOLICUM. Oni momidzi. — L'Acer diabolicum, à fleurs jaunâtres, désigné au Japon sous le nom d’Oni mno- midzi, observé par Miquel (9), par le D' Savatier (40), «a été recueilli par le botaniste Tschonoski dans la province de Shi- nano. Îl se rencontre aussi dans les montagnes d’Hakone et dans celles de la province d'Owani. ACER PURPURASCENS. — Un autre Acer qui se rapproche.de (1) Mémoires des savants étrangers de l’Ac. de Saint-Pétersbourg, vol. IH, Fi HR Primitiæfloræ Amurensis, p. 68. | (3) Franchet et Savatier, vol. Lf, pars 2, p. 348. (4) Kwa-wi, Arb., IV vol., p. 112-143, n° 4. La figure des livres ÆXwa-wi se rapporte probablement, d’après MM. Franchet et, Savatier, à l’Acer Buergeria- " Thunberg, Flora Japonica, p. 163. (6) Siebold et Zuccarini, Ælor.Jqp., tabl. 153, (7) Miquel, Prolusio floræ-Japonicæ, p. 19. (8) Franchet et Savatier, vol. I, p. 87, n° 360 et vol. I, pars 2, p.320 (360). (9) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 20. (10) Franchet et Savatier, vol. I, p. 87, n°361 et vol. df, pars 2, p. 320 (361)e : PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. DATE l’Acer diabolicum, et qui s’en distingue par ses fleurs de couleur pourpre foncé, est l'A cer purpuraseens (espèce nou- velle), trouvé par M. le D' Savatier à l’état sauvage ‘dans Les forêts des alpes de Niko, «et rencontré par lui cultivé et en fleurs dans le milieu d'avril, dans les jardins de la ville de Tokio (1). ACER RUFINERVE. Kusi noki. — L’Aver rufinerve de Sie- bold (2), de Miquel (3), de Franchet et Savatier (4), quelles Japonais appellent Kusi noki, Érable à mervures rousses, très voisin de l’Érable sstnié (espèce américaine), dont les jeunes rameaux sont d’un vert bleuâtre, dont les feuilles à cmqlobes, dentées, sont variables, et qui ressemble au Sycomore, croît dans l’île de Kiusiu, dansles forêts qui ‘couvrent le volcan Wunzen et dans l’île de Nippon, sur les montagnes d'Hakone. ACER PARVIFLORUM. Te sou Kæde.— Un Acer qui se rap- proche de l'A. rufinenve est l'Acer iparviflorum, Te tsou Kœde, espèce nouvelle à feuilles d’un vert jaunâtre, qui se distingue de l'A. rufinerve, suivant MM. Franchet et Sava- tier (9), par la consistance des feuilles et la brièveté des pé- dicelles. ACER CRATÆGIFOLUM. Hana noki-et Kara kogi. — L’Acer craiæigfolium de Siebold et Zuccarini (6), de Miquel (7), de Franchet et Savatier (8), qui, d’après le botaniste japonais Keiske, porte le nom de Hana noki et de Yama siba, à feuilles de 3 pouces de long, à 3-5 lobes, d’un vert foncé, à pétioles rouges ainsi que l'écorce des jeunes rameaux, se rencontre dans les montagnesides îles de Kiusiu et de Nippon. Il se nomme aussi Kara ‘kogi. Les Japonais font avec les feuilles:de l’Acer cratægifolium une infusion analogue à celle du thé, et qui porte le nom de Maira cha. (1) Franchet et Savatier, vol. II, pars 2, p. 320, n° 2573. (2) Siebold et Zuccarini, F1. Jap., p. 85, tabl. 148. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 20. (4) Franchet et Savatier, vol. 1, p.189, n°369et vol. IL, pars 2, p. 321. (5) [d., vol. IT, pars 2, p. 321, n° 2574. (6) Siebold et Succarini, F1. Jap., tabl. 457. (7) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 21. (8) Franchet et Savatier, vol. I, p. 89, n° 371. 234 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ACER CARPINIFOLIUM. Mei geto momisi. — L’Acer carpini- folium, à nervures des feuilles disposées comme les barbes d’une plume, a été observé par Siebold (1), par Miquel (2), par Franchet et Savatier (3), sur les collines et dans les forêts montagneuses des provinces de Sagami et de Musashi, dans l’île de Nippon et dans la province de Hizen (ile de Kiusiu). Les autres espèces d’Acer qu’on rencontre au Japon sont, d’après MM. Franchet et Savatier (4) : L’Acer tataricum, à feuilles en cœur, à peine lobées, à fleurs blanches lavées de rose, en grappes courtes, qui croît dans les forêts montagneuses de la partie centrale de Pile de Nippon. L’Acer lataricum est originaire de la Tartarie et de la Mandchourie. L’Acer cireumlobatum, qui a été observé par M. Maximo- Wiez (5) dans les forêts de la province de Sinano (ile de Nippon). L’Acer Buergerianum, décrit par Miquel (6) comme exis- tant dans les montagnes de la province d’Owari et sur les montagnes d’'Hakone (ile de Nippon). L’A cer callipes, qui, d’après M. Maximowicz (7), croit dans les montagnes de la province de Sinano, ainsi qu’une autre espèce, l’Acer spicalum ou Ukurunduense (8). L’Acer dystilum, décrit par Siebold et Zuccarini (9), ainsi que par Miquel (10). L’Acer arqutum de Maximowiez (11), ali se rencontre dans les forêts montagneuses des provinces de Sinano et de Nambu. L’Acer pycnanthum, que les Japonais désignent sous le (1) Siebold et Zuccarini, F1. Jap., :tabl. 158. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 21. (3) Franchet et Savatier, vol. [, p. 89, n° 371. (4) Id., ibid., p. 88, n° 362, 363, 365 et p. 89, n* 372, 373, 374, 319, 316, 371. (5) Maximowicz, Mélanges biologiques, vol. NI, p. 368. (6) Miquel, Prolusio floræ Japonice, p. de (7) Maximowiez, Mél. biolog., vol. VI, p. 367. (8) Id., Primitiæ floræ Amurensis, p. 65. (9) Siebold et Zuccarini, Famil. natur., n° 172. (10) Miquel, Prolusio floræ Japonice, p. 21. (11) Maximowicz, Mél. biolog., vol. VI, p. 368. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 933 nom de Okara hana, et qui croît sur les montagnes de Niko, dans l’île de Nippon, d’après C. Koch (1) et Miquel (2). L’Acer cissifolium de GC. Koch (3) : Negundo cissifolium de Siebold et Zuccarini (4) et de Miquel (5), appelé âu Japon Maisde momi, à larges feuilles d'un beau vert, qui se ren- contre à l’élat spontané dans les forêts des montagnes d'Ha- kone, et qui, d’après Siebold, est cultivé dans les jardins de Das L’Acer sessilifolium Fe Siebold (6) : Negundo sessilifolium de Miquel (7), qui existe au Japon. L’Acer nikoense relaté par M. Maximowiez (8) : Negundo nikoense de Miquel (9), qui porte au Japon le nom de Weg suri noki, et qu’on rencontre principalement sur les monta- ones de Niko, dans l’île de Nippon, et qui croît aussi sur le mont Higo, dans l’île de Kiusiu. M. Geoffroy Saint-Hilaire a reçu du Japon, il y a trois ans, une collection d’aquarelles très remarquables, représentant les feuilles des différents Érables japonais. Ces aquarelles ont été exposées à une des séances de la Société d’Acclimatation. Ces feuilles sont les suivantes (en suivant les numéros d'ordre des aquarelles) : N° 1. Large feuille, à 13 lobes profonds, à petites den- telures, ayant 9 centimètres sur 11 centimètres, de couleur vert-émeraude foncé, uniforme, à nervures foncées, à péliole de couleur vert clair. UV N° 2. Feuille étroite à 7 lobes profonds, à petites dente- lures, ayant 6 centimètres sur 8 centimètres, de couleur rouge vif el lie de vin par plaques, à nervures d’un rouge clair, à pétiole d'un rouge vif. N°3. Feuille de mêmes dimensions, de couleur lie de vin (1) G. Koch., in Ann. mus., L. Bat., t. I, p. 250. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 21. (3) C. Koch, in Ann. mus., L. Bat., t. I, p. 252 (4) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, n° 184. (») Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 22. (6) Siebold et Zuccarini, Famil. natur., n° 181. (7) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 21. (8) Maximowicz, Mél. biolog., vol. NI, p. 376. (9) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 22. 236 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. uniforme, à nervures d’un rouge clair, à pétiole lie de vin. N° 4. Feuille à 7 lobes profonds, à petites dents, ayant 7 centimètres sur 9 centimètres, de couleur jaune clair, à bordure d’un vert-émeraude, à nervures foncées, à pétiole d’un vert clair. | N°5. Feuille à 7 lobes profonds, non dentés, ayant 6 cen- timètres sur 7 centimètres, de couleur vert-émeraude à bor- dure rouge vif, à nervures de couleur lie de vin, à pétiole d’un rouge lie de vin. N° 6. Large feuille à 12 lobes très peu profonds, à petites dents, ayant 10 centimètres sur 12 centimètres, de couleur jaune clair, à teinte grisâtre le long des dentelures, à nervures d'un vert foncé, à pétiole d’un vert-émeraude. N° 7. Feuille palmatifide très étroite, à dents assez pro- fondes, de 6 centimètres sur 7 centimètres, d’un rouge (te de vin uniforme, à nervures d’un rouge clair, à pétiole de couleur rouge lie de vin. N°8. Feuille de 6 centimètres sur 9 centimètres, à 7 lobes assez profonds, non dentée, mais crispée, panachée vert-éme- raude, vert et blanc, avec de larges plaques vertes, à nervures d’un vert noirâtre, à pétiole d’un vert-émeraude. N°9. Feuille de 6 centimètres sur 8 centimètres, à 7 lobes profonds, finement dentée, jaunâtre ävec des panachures vert foncé au centre, à nervures d’un vert foncé, à pétiole d'un vert-émeraude. N° 10. Feuille palmatifide de8 centimètres, très étroite, à dents profondes, marbrée de vert, de rouge vif'et de blanc, la partie centrale étant verte, les extrémités sont panachées de rouge et de blanc, à péliole d’un vert clair. N° 11. Feuille des centimètres sur 7 centimètres, profon- dément lobée à 7 divisions, à petites dents, d’un rouge pourpre uniforme, à nervures d’un rouge clair, avec pétiole d’un rouge lie de vin. N° 12. Feuille de 5 centimètres sur 7 centimètres, à 5 lobes peu dentés, d’un vert velouté foncé, panachée de blanc, à nervures fées à péliole d’un vert clair. N° 15. Feuille de 6 centimètres sur 7 centimètres à 6 lobes PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 937 contournés, profonds, à petites dents, panachée de rouge pourpre, de vert foncé et de blanc jaunâtre. N° 14. Feuille de 6.centimètres sur 7'centimètres, à7 lobes profonds, à petites dents, d’un vert foncé, bordée de rose, surtout le long des dentelures, nervures foncées, pétiole d’un vert elair. N° 15. Feuille de 6 centimètres sur 8 centimètres, à 7 lobes profonds, finement dentée, de couleur vert. uniforme, ner- vures foncées, pétiole d’un vert clair. N° 16. Feuille de 6 centimètres sur 7 centimètres, à 7 lobes profonds, non dentée, de couleur vert foncé, bordée de vert clair, à nervures. foncées, à pétiole d’un vert-émeraude. N° 17. Feuille de 6 centimètres sur 7 centimètres, à 7 lobes profonds, à petites dents rapprochées,. de couleur lie de vin uniforme, nervures d’un rouge foncé, pétiole de couleur lie de vin. N° 18. Feuille très étroite, palmaüfide, de 7 centimètres . sur 8 centimètres, à dents rapprochées et peu. profondes, d’un -beau vert-émeraude, nervures foncées, pétiole d'un jaune verdâlre. N° 19. Feuille de 6 centimètres sur 7 centimètres, à 7 lobes profonds, finement dentée, d’un beau rouge tomate uniforme, nervures, d’un rouge foncé, pétiole de couleur lie: de vin. N° 20. Feuille de 7 centimètres sur 8 centimètres, palma- tifide, étroite, non dentée, légèrement ondulée, de couleur vert foncé, à nervures foncées, à pétiole de couleur vert clair. N° 21. Feuille de 7 centimètres sur 8 centimètres, palma- tifide, non dentée, étroite, de: couleur lie de vin foncé, ner- vures de couleur lie de vin, pétiole d’un rouge clair. N° 22. Large fewille de 10 centimètres sur 13 centimètres, à 7 lobes peu profonds, non dentée, ondulée,, de couleur vert foncé, maculée de blanc sur les bords et. de taches d’un: vert très foncé au centre, nervures foncées, pétiole vert clair. N° 23. Feuille de 5 centimètres sur 6 centimètres, à 51lobes, non dentée, contournée, de couleur vert foncé au centre, vert clair sur les bords, maculée et ponctuée de vert plus foncé au centre, nervures foncées, pétiole vert clair. 238 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. N° 24. Feuille à 11 lobes peu profonds, finement dentée, de couleur vert-émeraude uniforme, à pétiole d’un vert clair. N° 25. Feuille à 7 lobes, finement dentée, de couleur vert- émeraude, bordée de pourpre, nervures d’un vert très foncé, pétiole verdätre. N° 26. Petite feuille d’un vert uniforme, pétiole rougeûtre. N° 27. Feuille à o lobes profonds, finement dentée, d’un vert foncé au centre, bordée de rouge violacé, nervures fon- cées, péliole vert clair. N° 98. Feuille de 5 centimètres, à 7 lobes, contournée, non dentée, maculée de vert foncé, de beau rouge et de jaune clair, nervures foncées, pétiole d’un vert clair. N° 29. Feuille très petite, à 5 lobes, finement dentée, verte, lisérée de pourpre, nervures d’un vert clair, pétiole vert. N° 30. Feuille de 7 centimètres sur 8 centimètres, à 7 lobes profonds, finement dentée, de couleur rouge tomate, nervures d’un rouge clair, pétiole d’un rouge orange. N° 31. Feuille de 7 centimètres sur 8 centimètres, à 7 lobes profonds à petites dents, marbrée de plaques d’un beau vert et de rouge-tomate, nervures vertes, pétiole vert. N° 32. Feuille à 7 lobes étroits, de couleur lie de vin uni- forme, nervures foncées, pétiole de couleur lie de vin. On s’est beaucoup préoccupé de l’introduction et de l’accli- matalion en Europe des Érables du Japon. Ces Érables, qui doivent être cultivés dans la terre de bruyère, sont, pour la plupart, délicats sous notre climat. D'après Lavallée (1) et M. Ballet (2), la culture de l’Acer japonicum, de l’Acer micranthum, de l’Acer polymorphum et de l’Acer rufinerve n’est possible qu’à mi-ombre, et ils ne forment dans nos contrées que des arbrisseaux dont les va- riélés ne sont guère plus rustiques que le type. L’Acer cralægifolium S. et Zuc. forme un arbre de moyenne grandeur el est vigoureux, ainsi que le Negundo cissifolium S.'et Zucc: (1) Lavallée, Conférences de l'Association scientifique à la Sorbonne : Les arbres el arbustes récemment introduits en France. Juillet 1878. (2) Baltet, De l'action du froid sur les végétaux, p. 318. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 939 J. G. Veitch a introduit en 1861 plusieurs variétés distinctes -de l’Acer polymorphuim, dont la première introduction re- monte à l’année 1822, et l’Acer japonicum. En 1879, M. James Veitch a fait venir du Japon par l’in- termédiaire de M. Maries, et il a introduit et cultivé depuis cette époque les Acer rufinerve, cratægifolium, tite carpinifolium, argutum et diabolicum. L’Acer polymorphum, avec variétés ampelopsifolium, atropurpureum, decomposilum, dissectum (ornatum), fla- vescens, involutum, latifolium, linearilobum, linearilobum atropurpureum, palmatifidum, roseo-marginatum, rufes- cens, sanguineum, septemlobum, septemlobum-elegans pur- pureum, laciniatum. A l'Exposition de Nancy (1), en 1880, on trouvait : L’Acer palmalum rubrum Sieb., présenté par M. Alix ; L’Acer palmatifidum Sieb., présenté par M. Muller, d'introduction récente. Très délicat dans les cultures. Le Negundo cissifolium. Érable negundo, à feuilles de _cissus, très vigoureux, résislant au froid, exposé par M. Gallé. L’Acer tataricum, exposé par M. Gallé, avec var. Ginnala, par MM. Simon Louis frères, avec var. Ginnala spec. nova Kiakhta (v. Houtte, 1875), Et spec. Nova sairo (v. Houtte, 1875), exposés par MM. Si- mon Louis frères. À l'Exposition de la Société centrale d’horticulture de France, aux Champs-Élysées, en 1882, on pouvait admirer la collection d'Érables japonais présentée par le Muséum d'his- toire naturelle, et qui comprenait : L’Acer japonicum, L’Acer palmatum Thunb. var. airopurpureum, var. linearifolium Miq., var. septemlobum Hort.,: var. tricolor, var. éncisum Hort., var. carneum, var. incisum variegatumHort., var. dissectum. (1) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 50, n* 1588-1589, p. 71, n° 1590, p. 89-90, n° 1842-1843-1844-1845 (1880) 240 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. A cette même Exposition, MM. Croux père. et fils, pépinié- ristes à la vallée d’Aulnay, avaient exposé des. spécimens ne- marquables d’Acer polymonphum atropurpureum, de 12,50 et de 2 mètres de haut, à feuilles d’un, beau rouge: foncé, uniforme en dessus, rouge-tomate en dessous, à pétioles d’un rouge clair, du plus bel effet ornemental.et très vigoureux. MM. Croux cultivent aussi l’Acer palmatun, avec vaviétés crispum, ornatum, palmatifidum, roseo-dissecium, roseo- marginatum. el sanguineum. Ainsi que le Negundo cissifolrum. On trouve cultivés à Segrez, comme Érables j japonais : L’Acer polymorphum, var. dissecla, var. palmata foliis sanguineis, var. palmata, var. septemloba (versicolor. V. var. palmata foliis rubris; Houtte), var. palmata foliis crispis, var. ornat«. L’Acer japonicum, L’Acer cratægifolium, L’Acer trifidum, L’Acer micranthum, L’Acer pulchrum, L’'Acer rufinerve, L’Acer pictum, Le Negundo cissifolium. M. Moser cultive dans son établissement, à Versailles, l'Acer japonieum, ainsi que l’Acer polymonphum el ses va- riétés principales. Le Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne renferme : L'Acer japonicum, L’Acer polymorphum. var. dlropurpureum,, var. roseo-dissectums, var. sanguineum., var. r0se0-marginatum, var. dissectum,, var. laciniatum... MM. Thibaut et Kételeer, dans leur remarquable établis- sement de Sceaux, cultivent : PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 941 L’A cer argutum, L’A cer japonicum œureum. var. microphyllum, | var. vitifolium, L’A cer palmatum (polymorphum), var. ampelopsifolium, var. palmatifidum, var. atropurpureum, var. reticulatum, var. Cratægifolium, var. ribesiæfolium, var. CTISPUM, var. T'ufescens, var. decomposilum, var. T0se0-dissectum, var. inCiSUM, Var. ro$e0-marginatumn, var. involuium, var. Sanguineum, var. laciniatum, var. sanguineum tricolor, var. linearifolium, var. septemlobum, var. linearifolium atropurpu- var. septemlobum elegans pur- reum, pureum. Var. ONnaluM, M. Cornély, dans son beau domaine de Beaujardin, près de Tours, a réuni une remarquable collection d'Érables qu’il à fait venir du Japon. En visitant le pare de M. Cornély, j'ai examiné les Érables étiquetés : Aho-ba, à feuilles d’un vert clair, les jeunes pousses de couleur bronze ; Beni shidare, à feuilles de Fougère, de couleur rouge ou d’un vert foncé, quelques-unes marbrées de rouge lie de vin; Chishio, à feuilles dentelées, de couleur rose ciair ; Hatsu yulki, à larges feuilles vertes tachetées de blanc; Tiaya, à petites feuilles d’un vert émeraude, lisérées de vert ou de jaune clair ; Kagirr, à petites feuilles d’un vert pâle frangées de rouge ; Kakuri gasa, à feuilles de couleur crème veinées de vert ; Homura, à feuilles petites, étroites, dentées, cramoisies, à veines écarlates, quelques-unes d’un beau rouge uniforme ; les feuilles supérieures nuancées de vert et de rouge lie de Vin ; 4 SÉRIE, T. II. — Avril 1889. | 16 249 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Shigi latsu, à larges feuilles veinées de vert et de blanc, quelques-unes panachées de rouge lie de vin; Taimen nishiki, à feuilles vertes à taches rouges ; Aho shidare, à feuilles très étroites, allongées, finement dentées, d’un jaune clair tournant au vert, quelques-unes d’un vert foncé uniforme, d’autres bordées de rose, à pétioles d’un rouge clair; Kakasu yama, à feuilles vertes et violacées, quelques-unes d’un vert clair lisérées de rose; Togama nishiki, à feuilles d’un rouge clair et d’un blanc jaunâtre ; Kio nishiki, à feuilles vertes mouchetées de rouge. Oridora nishiki, à feuilles étroites, dentées, lés unes d’un beau vert-émeraude, les autres rouges, vertes et Jaunâtres ; pétioles d’un rouge vif, ainsi qu’une partie des branches. Les différentes espèces et variétés d’Érables du Japon sont extrêmement ornementales et forment par leur réunion des massifs du plus joli aspect, avec leurs feuilles si finement dé- coupées et si admirablement nuancées, lisérées, bordées, marbrées de ver’, de rouge, d'orange, de jaune, de rose, dont les teintes varient à l'infini et s’accentuent vers l'automne. Ce sont donc des plantes dont on doit favoriser l'acclima- tation. (A suivre.) I. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE GÉNÉRALE DU 10 AVRIL 1885. Présidence de M. HENRI BOULEY, Président, puis de M. Amédée BERTHOULE, Archiviste. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. :— M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. A. Berthoule. CaLLOT (Arsène), banquier, 123, avenue Mala- | Man tep koff, à Paris. , Stahmann. ne A. Berthoule. COURET DE VILLENEUVE (Claude), propriétaire, Re Nr 1, rue Largillière, à Paris. re | ie L. Vigier. H. Lecoq. BRUN (Paul), 91, avenue de Neuilly, à Neuilly | A. Paillieux. (Seine). Roussel. et A. Berthoule. Bonvar.Ler (Jules), propriétaire, 28, rue du | A Sentier, à Bois-Colombes (Seine). | E Ro } \ E. Roger. LEGuILLIER (Édouard), 41, rue de Valois, à Laisnel de la Salle. Paris, et 89, avenue de Neuilly, à Neuilly : A. Porte. (Set RU Ce ? , : A. Berthoule. spa Lecoq. . Roussel. { A. Berthoule. WALLON, imprimeur, à Vichy (Allier). Jules Grisard. | Paillieux. SINTIER (Édouard), 91, avenue de Neuilly, Neuilly (Seine). — M. le Ministre de l'Agriculture annonce qu’il veut bien mettre à la disposition de la Société, pour sa bibliothèque, un certain nombre d’ou- vrages concernant l’agriculture. — M. le Ministre des Travaux publics remercie de la communication qui lui a été faite d’une délibération de la section de pisciculture, ayant pour objet d'appeler l’attention de l'administration sur l’utilité de faci- liter la remonte des poissons migrateurs à travers les barrages et sur les avantages que présentent certains systèmes d’échelles en usage à l'étranger. 244 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. __ Des remerciements au sujet de leur récente admission sont adressés par MM. Boisson et Wallon. — M. Braun et M. le comte de Buisseret remercient des cheptels qui viennent de leur être accordés. — Des demandes de cheptels sont adressées par MM. d’Imbleval, Treuille et Puyo. — Renvoi à la Commission spéciale. — M. l'abbé Daviau rend compte de la situation de son cheptel de Tragopans. — M. Mathias écrit de Bourg-la-Reine : « Au mois de janvier 1881, je fis l'acquisition au Jardin d’Acclimatation d’une paire de Lophophores que j'installai dans un de mes parquets. Ces parquets ont 11 mètres de profondeur (dont 3 mêtres recouverts en zinc et 8 mètres en grillage) sur 4 de largeur. » Jusqu'au mois d'avril, époque de la ponte, ces oiseaux paraissaient bien se porter, mais le 20 de ce mois, le mâle atteint d’une espèce de diphtérie, quoique soigné avec soin, mourut. Je le regrettai doublement, car à cette époque la femelle se mit à pondre; je savais que les œufs seraient mauvais, ce qui arriva du reste. » Espérant une seconde ponte, je fis de nouveau l'acquisition au Jar- din d’un Lophophore mâle le 4 mai 1881. La femelle se mit à pondre de nouveau quatre œufs et j’eus la satisfaction d'élever une femelle. En 1882, la paire d'adultes produisit deux fois ; une première fois cinq œufs que je fis couver par une Poule et une seconde fois 3 œufs que j'eus le tort de laisser couver par la femelle elle-même. » Dans l’année 1882, j'élevai trois Lophophores, deux mâles et une femelle, mais dans l’hiver 1882-1883 je perdis la femelle qui ne .s’était jamais bien remise depuis que je l’avais laissée couver. » Avec la paire adulte qui me restait, j’obtins en 1883 un magnifique résultat : onze œufs en 2 pontes, dix jeunes naquirent et j’eus la satis- faction d’en élever six. » L'année dernière, 1884, j'espérais avoir une reproduction superbe, mais plusieurs deuils de famille m’empêchèrent de m'occuper moi- même de ces oiseaux, et, quoique la ponte se fil bien et fût abondante, le résultat fut de deux jeunes seulement. » Bref, cette année, jai dans mes parquets prêts à reproduire : » Dix Lophophores en tout, quatre mâles, six femelles, ayant eu au printemps de cette année l’occasion d’en céder quelques-uns. » Tous mes Lophophores ont été élevés sans œufs de fourmi et mes parquets d'élevage sont plus petits que mes parquets de reproduction. » — M. Narcisse Masson adresse une note sur l’élevage des Serins. —— M. Bastide, Président du comice agricole de Sidi-bel-Abbès (Algé- rie), adresse la lettre ci-après : «On me pose quelquefois les questions suivantes, et je viens vous prier de me rendre le service de me commu- niquer les renseignements de nature à y répondre, puisqu'il s’agit d’in- PROCÈS-VERBAUX. | 245 térêt général et de sujets dont s’occupe plus particulièrement notre Société : » 1° Dans le but d'obtenir des races plus précoces et meilleures pon- deuses, quelle est celle qu’il faudrait adopter de préférence pour l’Al- gérie entre la Crèvecœur ou la Houdan, eu égard au climat de notre colonie et aux aptitudes recherchées ; » 2° Pour le même pays quelles sont les races de Canards et d'Oies à préférer ? » 3° La Société d’Acclimatation pourrait-elle céder divers sujets mâles ou feinelles de chaque espèce recommandée, et à quel prix pour chacune d’elles ? Il s’agit évidemment de sujets adultes et beaux; » 4° Dans l’affirmative, pourrait-on expédier ces animaux sans per- sonne pour les accompagner, en ayant un commissionnairé à Marseille et un autre à Oran prévenus de cet envoi ? » 5° Une personne en rapport avec la Société d’Acclimatation me dit qu'en mettant un peu de poudre de gentiane dans le son des volailles on les préserve de certaines épidémies; qu'en utilisant l’eau de Vichy on empêche les Poules de devenir trop grasses. Existe-t-il des règles suivies au Jardin d’Acclimatation qui soient reproduites dans le Bulletin de la Société ou dans un ouvrage à recommander, au point de vue de l'hygiène de la basse-cour ? » -— M. Brierre écrit de Saint-Hilaire-de-Riez (Vendée) : « À mon arri- vée ici, j'ai eu l’honneur de signaler à la Société que deux Poules nées en 1860 à la caserne des Douanes, à la Pège, sur le bord de l'Océan et vivant d'insectes parmi les tas de varechs destinés à la fumure des terres de la commune de Saint-Hilaire-de-Rjez, pondaient chacune deux gros œufs par jour, un le matin et un le soir, alors que d’autres n’en pon- daient qu’un seul, mais avec deux jaunes, ce qui est assez commun dans la contrée; même chez moi, une Poule avait des œufs à deux jaunes sé- parés. Mais cette semaine l’un des jaunes formait dans l’albumine du gros bout un autre œuf de la grosseur d’un œuf ordinaire de Pigeon ayant aussi blanc et jaune. » Les cultivateurs d’ici appellent ces petits œufs des cocquatries ou œufs de serpents et luent les Poules qui les pondent. » —. M. le comte de Lorgeril adresse une note sur la diminution de cer- taines espèces de Poissons de mer ou d’eau douce. (Voy. au Bulletin.) — M. Valéry-Mayet, professeur à l’École d'agriculture de Montpellier, écrit à M. l'Agent général: «Je me disposais à vous écrire pour vous annoncer une mauvaise nouvelle quand m'est venue votre lettre du 31 mars. » Mon éducation de Saumons, qui avait si bien débuté, s’est malheu- reusement terminée par un échec complet. Je vous écrivais le 14 février que les œufs étaient arrivés à bon port. Vers le 25, les éclosions com- mençaient et étaient achevées à la fin du mois. Les prémiers jours de 946 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. mars tout marchait bien; mais, vers le 10, une mortalité considérah.e s’est déclarée tout à coup et rien n’a pu arrêter l'épidémie qui, je crois, a eu pour cause un champignon aquatique de la famille des Saprolé- gniées ; bref, le 30 mars, les derniers survivants mouraient de la même maladie. Les filaments blancs du champignon ont dû envahir les bran- chies. J’ai remarqué que le point de départ du mal était dans cette ré- gion et tous les Poissons morts en avaient les ouïes garnies. » À quoi devons-nous attribuer cet échec? Afin d'éviter la tempéra- ture élevée de mon local ordinaire (une serre qui avait au milieu du jour entre 25 et 30 degrés), j’ai mis mes terrines à alevins dans une cave où le thermomètre oscillait entre 10 et 12 degrés ; l’eau n’a jamais dé- passé 12. Cette cave était-elle trop sombre, malgré son soupirail de grande dimension ? C’est possible; les champignons se développent plus vite dans un local mal éclairé. D’un autre côté, je ne pouvais songer à mettre mes terrines en plein air. Ma cave, assez éclairée pour un local de cette nature, avait un écoulement régulier dans un égout passant à proximité. L'eau a toujours coulé d’une façon convenable et c’était pour moi, je le croyais du moins, une garantie suffisante, » Je dois ajouter que c’était la première fois que je faisais une éduca- tion en mars. Celles que vous m’aviez confiées il y a quelques années et qui avaient réussi, avaient été faites en décembre et janvier par des temps très froids. Mars est un peu tard pour un pays où la végétation -part toujours en février, parfois avant. » — M. Raveret- Wattel fait remarquer combien est regrettable la perte des alevins de Saumon que la Société se proposait de faire déposer dans l’Aude, l'expérience projetée présentant un grand intérêt. Selon toute probabilité, la mortalité qui a fait successivement disparaitre tous ces alevins est due à la température trop élevée de l’eau dans laquelle ils ont été élevés. e — M. Barker Duncan, secrétaire honoraire de l’Association pour le développement des pêcheries d'Écosse (Scotch Fisheries improvement Association), écrit d'Édimbourg à M. le Président : « J’ai.eu l'honneur de recevoir, avec votre lettre du 13 février dernier, un premier envoi de documents sur la pisciculture publiés par la Société nationale d’Ac- climatation de France. Le tout a été présenté au Conseil, qui me charge de vous remercier de cette communication et de vous faire connaître qu’il accepte avec empressement l’oflre faite d’un échange de publica- tions. » J’ai, en conséquence, l’avantage de vous faire parvenir, en même temps que la présente lettre, la série des rapports déjà publiés par notre association depuis sa fondation; les rapports subséquents vous seront adressés au fur et à mesure de leur publication. » — M. L. Pfyffer Coraggioni, inspecteur des pêches à Lucerne, adresse Ja lettre suivante: « Le Bulletin mensuel de la Société d’Acclimatation de ©‘ PROCÈS-VERBAUX. 947 France renferme, dans son numéro du mois d’août 1882, un intéressant article sur la culture du Whitefish ou Coregonus albus, de l'Amérique du Nord. Ce poisson étant introduit depuis deux ans dans plusieurs lacs de la Suisse, le travail publié par la Société présente pour moi un inté- rêt particulier. Je vous serais donc fort obligé de vouloir bien, s’il est possible, disposer en ma faveur, d’un exemplaire de ce numéro. » — M. Ch. Mailles fait parvenir la lettre suivante : « Je vous adresse ci-dessous quelques renseignements au sujet des fameuses Rana mu- giens du Jardin d’acclimatation; peut-être jetteront-ils quelque lumière sur les non moins fameuses Grenouilles-bœufs nées au bois de Boulogne. Hier donc, je vis deux de ces Batraciens échappés de leur enclos spécial, dont une partie du grillage est défoncée, et qui se chauffaient aux rayons du soleil près d’un ruisseau du parc aux Pingouins. » Or, cet enclos est entouré d'un grillage peu élevé; pour les Gre- nouilles en question, c’est une fermeture morale, très facile à franchir et, à deux pas de là, finit le jardin, fermé seulement pour la forme. Ces Rana mugiens n’auront pas, cette fois, la peine d’escalader des murs, comme elles en ont, nous dit-on souvent, la regrettable manie. ». Une fois dans le bois, elles seront capturées fac'lement, étant très peu sauvages; on viendra les offrir au Jardin pour les lui vendre (ii serait plaisant qu’elles eussent été achetées plusieurs fois), et la Société d’Acelimatation entendra affirmer, à nouveau, que l’on continue à pren- dre des Grenouilles-bæufs au bois de Boulogne et que la naturalisation de l’espèce peut être considérée comme un fait accompli. » I! est fâcheux qu'on prenne si peu de soins de cet intéressant Batra- cien. Ce n’est pas en les parquant, même en supposant qu'ils le soient autrement que pour la forme, ce n’est pas, dis-je, en les enfermant à Pétroit sur un ruisseau peu profond que l’on peut espérer en obtenir la ponte ; on ne l’obtiendrait pas ainsi avec notre Grenouille verte. Il faut établir ces Rana mugiens dans un grand parc, muni d’une grande et profonde pièce d’eau, très peu ombragée par les arbres ; posséder plu- sieurs couples de ces animaux et les nourrir tous les jours, durant toute la belle saison ; enfin, essayer avec des sujets venus directement et ra- pidement des États-Unis, à la fin de l'hiver, de préférence, ceci pour éviter, autant que faire se peut, l’atrophie des organes de Îa reproduc- tion. » — LeR.P. Camboué, missionnaire apostolique à Tamatave (Madagas- car), écrit à M. le Président : « Dans la séance de la quatrième section, - au mois de janvier 1884, vous avez bien voulu accepter mes humbles offres de service, et notre honorable vice-président, M. Fallou, signalait quelques Bombyciens à mes recherches. Les hostilités entre la France et la cour d’Imerina, qui durent toujours, restreignent considérablement mon champ d’exploration. Aussi n’ai-je pu faire jusqu'ici de bien inté- ressantes trouvailles. Cependant j'ai envoyé, par la dernière malle d’'Eu- 248 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. rope, un mémoire succinct sur quelques-uns de nos Bombyciens séri- cigènes, accompagné d’un petit envoi de cocons vides. Dans le cas où quelqu'un de ces Bombyciens présenterait quelque intérêt au point’ de vue de J’acclimatation, je tâcherais, par la suite, de vous envoyer d’autres cocons, et, si vous le désirez, les insectes à l’état parfait. » À la suite du cyclone qui est venu fondre sur la côte est de Mada- gascar, les 24 et 25 février dernier, la plage de Tamatave a été envahie par une quantité assez considérable de pierres ponces ou pumites pro- venant des éruptions de Krakatoa. Lors de la première apparition de ces ponces sur notre rade, au commencement de septembre 1884, j'avais eu l'honneur de vous en envoyer quelques échantillons. Ces ponces élaient simplement recouvertes d’Amphitrites, tandis que les dernières venues sont recouvertes d’une végétation verdâtre et de co- quillages Lamellibranches et Cirrhopodes. Dans le cas où elles auraient quelque intérêt, je vous en envoie quelques-unes. » Parmi les plantes qui se sont le mieux comportées pendant les vingt- quatre heures de la tourmente, je signalerai les Paimiers et les végétaux à bulbes. Le « Fotabe » (Barringtonia speciosa) et le « Foraha » (Ga- lophyllum) ont aussi assez bien tenu. » Dans le petit mémoire sur les Bombyciens séricigènes que j'ai eu l’honneur de vous envoyer par la dernière malle d'Europe, j'ai omis de signaler le Saule pleureur (Saliæ Bubylonica), acclimaté en Imérina, comme un des végétaux dont se nourrit bien la chenille du Bibindandy ou Borocera, Ver à soie malgache. Au point de vue de l’acclimatation l’observation peut avoir son importance. » — M. Jacques écrit de Choloy (Meurthe-et-Moselle) : « Je réponds à la lettre par laquelle vous me demandez des nouvelles des Vers à soie Pernyi que la Société a bien voulu m'envoyer. J'ai très bien réussi d’abord, mais, entre la deuxième et Ja troisième mue, un accident est arrivé. Je les avais placés dans la chambre de la machine à vapeur de mon moulin, une fuite de vapeur s’est déclarée pendant la nuit et le len- demain matin j’en ai trouvé beaucoup de morts. Depuis, je n’en ai pas perdu un seul. Les quarante qui me restent se portent très bien. J'en ai un qui pèse 26 grammes. Je n’en ai pas au-dessous de 20 grammes. J’ai eu un cocon le 26 juillet. » — La Société des agriculteurs d’Espagne sollicite l'envoi de 40 gram- mes de Vers à soie d’une race saine, les magnaneries espagnoles étant rayagées par la maladie. (Le Conseil a donné satisfaction à cette demande par l’envoi de graine provenant de la station séricicole de Montpellier.) — MM. Adenot et Le Clerc demandent à prendre part aux distribu- tions de graines faites par la Société. — M. Duboul, de Toulouse, s'adresse à la Société en vue de se pro- curer quelques pieds de Chamærops Fortune. PROCÈS-VERBAUX. 949 — M. Aristide Rouband, de Marseille, adresse une demande de Riz sec et fait parvenir la copie d’un article publié par le Journal des Voyages sur le Cotonnier hybride. — M. Ulderico Gamba, de Venise, sollicite un envoi de semence de Riz sec. , — M. le vice-consul de France à Tortose écrit à M. l’Agent général : « J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre du 15 courant m’annonçant l’envoi de 15 kilogrammes de Riz de montagne. » Je vous remercie beaucoup d’avoir accédé à ma demande dans une aussi large mesure et je ne manquerai pas de vous envoyer les noms des propriétaires auxquels j'aurai distribué de cette semence. Je vous tien- drai aussi au courant des résultats obtenus, et je suis sûr que, s'ils sont concluants, le gouvernement espagnol vous fera connaître toute sa satis- faction. » Comme j'ai déjà eu l’occasion de vous le dire, les propriétaires espagnols qui m'ont demandé de ce Riz sont toujours à votre disposition pour vous faire parvenir ce que vous désireriez à Tortose ou dans ses environs. » — M. Maurice Girard donne lecture d’une note du R. P. Camboué sur les Séricigènes de Madagascar (voy. au Bulletin) et signale à ce sujet la persistance de la maladie qui sévit sur nos magnaneries. — M. le Président demande si la vulgarisation de la méthode de grai- nage cellulaire n’a pas permis d’obtenir une diminution de la maladie. La reconnaissance témoignée à M. Pasteur en différentes circonstances par l’industrie séricicole semble indiquer que l’emploi de cette méthode de grainage a donné de sérieux résultats. — M. Maurice Girard fait remarquer que la maladie dont la sérici- culture subit surtout actuellement les conséquences est la flacherie, contre laquelle on n’a malheureusement pas encore trouvé de remède. Quant à la pébrine, ou maladie des corpuscules, la méthode de grai- nage cellulaire a permis d'en restreindre considérablement l’action; d'excellents résultats ont été obtenus, non seulement en France, mais encore à l'étranger, ainsi qu’en témoigne notamment une récompense de 5000 florins accordée, il y a une douzaine d’années, à M. Pasteur par le gouvernement autrichien. — M. Maurice Girard présente à l’assemblée, de la part de M. Fallou, plusieurs papillons d’Attacus Pernyi, offrant des exemples de mons- truosités, par échancrures des ailes. Ces monstruosités sont dues à certains troubles apportés à la chrysalidation. M. Fallou a constaté que lorsqu'on laisse le cocon suspendu naturellement par l’extrémité, l’éclo - sion se fait dans de bonnes conditions ; le papillon est toujours normal et bien constitué. Mais il n’en est pas de même quand on conserve le cocon ‘horizontalement; lors de l’éclosion, il n’a pas le même point d'appui et les ailes se déforment. Cest également ce qui se produit 250 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. quand les chrysalides sont soumises à des chocs ou à des compressions qui blessent l’insecte à l’intérieur. Des observations analogues avaient déjà été faites il y a une vingtaine d’années, sur les Vers à soie du Mü- rier, par M. Barthélemy, professeur. à la Faculté des sciences de Tou- louse. — M. Raveret-Wattel donne lecture d’une note sur la pisciculture au Japon. (Voy. au Bulletin.) SÉANCE GÉNÉRALE DU 24 AVRIL 1885 Présidence de M. Henri BouLEY, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des Membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. H. Bouley. BoëLaRp (l’abbé), à Reims (Marne). : Raveret-Wattel. Saint-Yves Ménard. Omer Géré. Pre CHANDELIER (L. Auguste), 132, rue de Long- \ PR NU” champs, à Paris. ) | Saint-Yves Ménard. ‘ A. Berthoule. GAUDOUIN (François), rue du Nord, à Neuilly. \ E. Bloch. Millereau. A. Berthoule. SaAvaRD (Ernest), 35 bis, rue Juge, à Paris. ? H. Bouley. Saint-Yves Ménard. 2 nn. — M. le Ministre de l'instruction publique et des beaux-arts annonce qu’il veut bien mettre à la disposition de la Société la Revue des tra- vaux scientifiques. — M. le Ministre du commerce fait connaître qu’il vient d'accorder à la bibliothèque de la Société les ouvrages suivants, publiés par son dé- partement : Rapports sur les Expositions de Londres, en 1871, 1872 et 1874; de Vienne en 1883, et de Philadelphie en 1878, ainsi que les Rap- ports sur les opérations des caisses d'épargne en 1880 et 1881 ; en tout, seize volumes. : — Le Comité organisateur de l'Exposition internationale qui doit avoir lieu à Saragosse du 1* septembre au 31 octobre prochain, adresse un programme de cette Exposition, dont l'initiative est due à la Société royale économique aragonaise, et qui comprendra les six grandes divi- PROCÈS-VERBAUX. 951 sions ci-après . sciences, arts libéraux, agriculture, industries mécani- ques, industries chimiques, industries extractives. — MM. Couret de Villeneuve et E. Savard adressent des remerciements au sujet de leur récente admission dans la Société. — M. de Kersaint-Gilly accuse réception du couple de Pigeons romains qui vient de lui être expédié. — M. d'Imbleval remercie également de l'envoi qui lui a été fait d’un couple de Faïsans de Swinhoë. — M. Goll fait hommage à la Société d’un exemplaire d’un travail qu’il vient de publier sur la Gélinotte. — Remerciements. — M. Mairet adresse de la faisanderie d’Andilly une note sur le Pigeon Nicobar. (Voy. au Bulletin.) — M. Huet, aide-naturaliste au Muséum, fait parvenir une note sur la rusticité de différentes espèces de Cervidés exotiques.(Voy. au Bulletin.) — M. de Confévron signale les ressources que pourrait offrir, pour la pisciculture et pour l'élevage des oiseaux d’eau, le bassin créé près de Langres par la Compagnie du canal de la Marne à la Saône. M. de Con- févron se met à la disposition de la Société pour recueillir auprès des ingénieurs du canal tous les renseignements dont on pourrait avoir besoin en vue de l’exploitation de ce bassin. — M. le marquis de Scey de Brun fait connaître que les œufs de Truite des lacs qu’il tenait de la Société ont presque tous parfaitement réussi. « J’ai, dit-il, lâché hier (16 avril) les petites Truites, déjà longues de plus de deux centimètres. » — M. l’Ingénieur en chef des ponts et chaussées du département de la Manche sollicite la mise à sa disposition de cinq exemplaires du tra- vail sur les échelles à Saumons, récemment publié dans le Bulletin de la Société. Ces exemplaires sont destinés aux ingénieurs chargés de l'étude des projets d’échelles à Saumons, dont l'installation est réclamée par le Conseil général de la Manche. — M. le Président de la Société des agriculteurs d’Espagne, à Madrid, transmet les remerciements de cette Société pour l’envoi qui lui a été fait, sur sa demande, de 40 grammes de graine de Vers à soie du Müûrier. — Me veuve Médous, de Mozamet, demande si la Société pourrait lui procurer de la graine de Vers à soie du Mürier. — M. C. Broemse, du Havre, sollicite l’envoi d’une petite quantité de Vers à soie du Chêne (Attacus Yama-mai). — M.Albert de Guilhermier demande à prendre part aux distributions de graines et. de plantes faites par la Société. — M. Ulderico Gamba, de Brugine, près Padoue, adresse des remer- ciements pour la semence de Riz sec qui lui a été adressée, et demande quelques renseignements sur la culture de; cette céréale. — En accusant réception de l’envoi de graine d Eucalyptus qui lui a été fait, M. Kreuter, de Vienne (Autriche), sollicite l’envoi de graine de 252 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Chamærops et de plants de Bambous, de Phormium tenax et de Gre- villea robusta. — M. Pichot fait une communication sur les Tortues mangeuses de coquilles, de la Chine. (Voy. au Bulletin.) -—- M. Moleyre entretient l'assemblée de lutilisation des “Hsectes dans la parure et de leur emploi dans la bijouterie. (Voy. au Bulletin.) — M. le Président demande si l’emploi d’Insectes pour la confection de certains bijoux, tels que des colliers et des boucles d'oreilles, par exemple, ne présenterait pas quelque danger. Le contact, avec la peau, de matières organiques susceptibles d’altération ne pourrait-il pas donnerlieu à des accidents septicémiques ? — M. Moleyre répond que ce danger ne paraît pas à craindre, attendu que les matières organiques susceptibles de s’altérer devraient être enlevées pour le montage des bijoux. — M. Grisard donne lecture d’une note de M. Rogeron, relative à l’in- fluence de l’éjointage sur la ponte. (Voy. au Bulletin.) — M.le docteur Michon donne à l’assemblée d'intéressants détails sur la culture de l’Eucalyptus en Corse et signale l’assainisséement con- staté à Solenzara, depuis l’existence de plantations d’une certaine im- portance ; il fait également connaître la réussite remarquable d’Euca- lyptus qui, plantés dans la montagne, en plein makis, dans des térrains rocheux (gneiss), ont pris, en une douzaine d’années, un développement remarquable et mesurent actuellement douze à quinze mètres d’éléva- tion. En terminant, M. Michon mentionne le parti qui lui semblerait pouvoir être tiré, dans l’industrie, de l’écorce qui se détache abondam- ment chaque année du tronc des Eucalyptus; il y aurait probablement dans cette écorce, très riche en tanin, un produit sérieux à exploiter. (Voy. au Bulletin.) , — M. Geoffroy Saint-Hilaire demande si les plantations très impor- tantes de végétaux australiens qui existent actuellement en Corse com- prennent des Acacias, arbres qui se développent avec une rapidité ex- traordinaire et dont l'écorce est très riche en tanin. M. le Secrétaire général ajoute qu'il a obtenu, aux environs d’Hyères, dans un terrain de sables et de dunes, des résultats fort remarquables avec ces Acacias. — M. le docteur Michon répond qu'il n'a remarqué, au moins sur la côte orientale de la Corse, aucune plantation importante de cette essence. En ce qui concerne la production du tanin, il convient de re- marquer que l’écorce des Acacias ne peut sans doute être exploitée qu’au moment où l’on abat l'arbre, tandis qu'avec les Eucalyptus, qui perdent chaque année une partie de leur écorce, on peut procéder à de fréquentes récoltes. — M. Geoffroy Saint-Hilaire fait remarquer que l'écorce des Acacias étant très épaisse et subéreuse, il serait peut-être possible de l'exploiter comme celle du Chêne-liège. PROCÈS-VERBAUX. 953 — M. Raveret-Wattel rappelle que M. Hoffmann a fait autrefois, au la- boratoire de chimie végétale annexé au jardin botanique de Melbourne, des recherches très complètes sur la richesse en tanin d’un grand nombre d'Eucalyptus. Le résultat de ces recherches a été consigné dans un mémoire qui, publié à l’occasion de l'Exposition intercoloniale de Melbourne (1867-1868), a été adressé à la Société et figure dans la bibliothèque. M. Raveret-Wattel ajoute que, d’après des renseignements qui lui ont été donnés, l’écorce d’Eucalyptus serait déjà très largement employée en Portugal pour le tannage des peaux. — M. Raveret-Wattel profite de la présence de M. Michon à la séance pour prier notre confrère, qui connaît si bien la Corse, de vou- -oir bien faire connaître si, comme l’affirment certaines personnes, la Carpe n’existe nulle part dans l’ile. — M. Michon pense qu’en effet ce poisson ne doit pas exister en Corse, où l’on ne trouve de lacs que sur les montagnes, tout près des neiges ; les eaux seraient trop froides pour la Carpe. Partout ailleurs es eaux forment des torrents très rapides, très variables dans leur débit, puisqu'ils sont parfois complètement à sec en été. A un ou deux kilomètres de la mer, leur rapidité s’arrête, leur eau devient stagnante e constitue l’une des causes d’insalubrité du pays. Cette eau, qui se mélange avec celle des étangs marins, ne semble pas pouvoir convenir à Ja Carpe. 6 — M. Raveret-Wattel fait observer que si le degré de salure ne dépas- sait pas une certaine limite, le mélange d’eau de mer ne serait pas un obstacle à l’existence de la Carpe, car ce poisson se développe très . rapidement dans des eaux légèrement saumâtres. — M. Michon répond que la salure doit être très forte, attendu que a faune de ces étangs est à peu près celle de la mer; e’est ainsi qu’on pêche des Mulets, des Dorades, des Bars et des Huîtres excellentes. Le Secrétaire des séances, C. RAVERET-WATTEL. HI. FAITS DIVERS ET. EXTRAITS DE CORRESPONDANCE ! « Acclimatation en Irlande, du Cerf Sika, du Japon. En 1858 et 1859 j’eus l'idée d’essayer l’acclimatation de divers ani- maux que je pensais pouvoir servir à l’ornement des parcs, tout en pré- sentant un côté ulile. Cette pensée m'avait été suggéréc par la collection formée à Knoswley, par lord Derby. J'achetai, principalement de la maison Jamrach, différentes espèces de Cerfs et d’Antilopes. Je plaçai à la fois, dans un même parc, créé à cet effet à Powerscourt dans une partie du lieu dit le Champ de courses, d’une centaine d’acres (40 hectares environ), dont les deux tiers en pâturage et le réste en bois : le Cerf ordinaire, le Cerf Sambur (Cervus equinus), des Nylgaus (Portax picta), des Axis (Cervus ais), des Lamas, des Elans, des Wapitis et des Mouflons ou Moutons sauvages. Les Cerfs ordinaires et les Wapitis multiplièrent ; mais un matin les Nylgaus, qui la veille paraissaient en très bonne santé, furent tous deux trouvés morts. Les Cerfs Sambur vécurent deux ou trois ans, mais ne se portérent jamais bien, les Axis non plus. Les Elans étaient aussi trop délicats pour le climat de l'Irlande, et bientôt je fus obligé de m'en défaire, car ils n'auraient pas vécu. J’en avais seulement un couple, qui fut vendu au jardin zoologique d'Anvers. Je m'étais procuré d’abord trois Wapitis; malheureusement il n’y avait qu’une seule femelle. Je cherchaï à en avoir une seconde, mais, à cette époque, c'était presque impossible. La femelle que je possédais eut la jambe brisée accidentellement. Elle n’en produisit pas moins un faon quelques mois après. L’année précédente, elle avait donné un faon femelle ; de sorte que mon troupeau s’élevait à cinq têtes, mais les seuls mâles étaient le père de la jeune femelle et un autre jeune faon qui mourut. Trouvant alors le petit parce où ils étaient trop restreints, je transportai tous les Cerfs dans le grand parc aux Daims, contenant environ mille acres (400 hectares). Au bout d’une année passée dans leur nouveau séjour, une améliora- tion considérable se manifesta dans la santé des animaux par suite de l'étendue du terrain et de la variété de nourriture qu’ils y trouvaient. Les Wapitis et les Cerfs Sambur notamment étaient très bien portants. Malheureusement l’un des Cerfs ordinaires se battit un jour avec un Wapiti, et, étant plus agile, lui brisa une jambe de derrière, juste au- dessous du jarret. On s’empressa de mettre le blessé en sûreté et de réduire la fracture. Mais si l’os reprit, et si l'animal put de nouveau se FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 933 servir de sa jambe, jamais il ne se rétablit. Peu à peu il dépérit et finit par mourir. Je vendis alors le reste du lot de Wapitis à un agent du roi Victor-Emmanuel. Les Cerfs Sämbur vécurent trois ou quatre ans, et, comme il n’y avait pas de mâle (un seul, que j'avais eu de la collection royale de Windsor, étant mort) il naquit plusieurs hybrides, sans aucun doute du Cerf or- dinaire et des faons Sambur. Mais les sujets de race pure et les hybrides moururent un à un jusqu'au dernier. Le climat était évidemment trop humide pour ces animaux. Un détail curieux à mentionner concernant les cerfs Sambur, parce qu'il fut, sans aucun doute, la cause de leur mort, c’est que ces animaux ne voulaient jamais sortir des buissons pendant le jour. Leur instinct, paraît-il, ne leur indiquait pas que le climat de l'Irlande n’est nulle- ment tropical et ils conservaient l’habitude, qu’ils ont dans leur habitat naturel, de fuir le soleil et de se cacher tout le jour sous le couvert le plus épais qu’ils pouvaient trouver. Ils n’en sortaient pour paître qu’à la nuit, comme s'ils eussent été dans les jungles de Mysore, où je les ai vus montrer la même habitude: Par suite de cette précaution bien inutile en Irlande, où nous voudrions voir le soleil plus souvent qu’il ne se montre d'ordinaire, mes Cerfs s’engourdissaient et mouraient. Vers la même époque, en faisant une visite à l’établissement Jamrach, je remarquai quelques Cerfs japonais (Cervus Sika) et je pensai que le climat du Japon étant assez rude en hiver, ces animaux réussiraient mieux que d’autres espèces. J’achetai donc un mâle et trois femelles, et ce sont les seuls sujets d’une espèce nouvellement introduite qui aient réellement bien réussi. Les Lamas et les autres animaux sont tous morts, et ces jolis petits Cerfs se sont seuls multipliés, sans avoir jamais eu besoin d’un abri quel- conque ni d'autre nourriture d'hiver que celle que l’on donne habituel- lement aux Cerfs ordinaires et aux Danns, telle que du foin, etc. J'ai trouvé qu'après le foin le maïs est la meilleure nourriture pour les Cervidés. Il est facile à distribuer et rien ne se perd, car les animaux ramassent jusqu’au dernier grain. J’ai essayé des fruits du caroubier, qui sont bons mais coûteux, et différentes espèces de tourteaux; e’est une nour- riture bien moins recherchée que le maïs. Il faut toujours donner du sel gemme aux Cerfs. On le met sous un abri quelconque pour qu'il ne soit pas exposé à l'humidité. Mes Cerfs japonais ont été mis dans le parc à Powerscourt vers l’année 1860, et actuellement (1884) j'en ai plus de 100, bien que j'en aie tué deux ou trois par an, que j'en aie donné et que j'en aie vendu beaucoup. Des sujets tirés de mon troupeau se trouvent aujourd’hui dans les endroits suivants, et je crois qu’ils prospèrent dans toutes les localités, de sorte qu’on peut considérer l’espèce comme acquise à nos parcs an- glais : à Killarney, dans les bois de Mackross; à Glewstall, chez Sir Cro- 256 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ker Barringston, près Limerick; à Castlewellan chez lord Annesley, dans le comté de Down, à Coolebrocke chez Sir Victor Broocke, comté de Fermanagh, chez Lord Ilchester, à Melbury, Dorsetshire, et chez le baron Ferdinand de Rothschild, à Waddesdon Manor, Aylesbury. Les GCerfs japonais se sontici, sans aucun doute, croisés avec les Cerfs du pays. Il y à trois ou quatre têtes dans le pare qui sont certainement des hybrides, et tous produits d’une Biche ordinaire et d’un mâle Sika. Les Cerfs japonais sont de très jolis animaux, leur venaison une fois pré- parée est de la taille d’un mouton gallois et a beaucoup de saveur. Ces petits Cerfs avec leur pelage noir et leur cou épais ont l’air de Cerfs Sambur en miniature, et peuvent faire l’ornement d’un parc. Je pense qu'ils sont une heureuse addition à nos espèces robustes, On peut con- stamment en voir quelques spécimens dans les jardins de la Société Zoo- logique; mais ils ne sauraient donner une idée de la beauté de ces animaux à l’état de complète liberté dans un parc. A l’époque du rut, ils ont un cri tout particulier : une sorte de sifflement, dégénérant en cri d’effroi. Les personnes désirant avoir un gibier de petite taille et de bonne qualité trouveront, je crois, ces Cerfs très convenables sous ce rapport, Vicomte POWERSCOURT, F. Z. S. (Proceedings of the Zoological Society, Londres.) —————_—_——————————————— Le gérant : JULES GRISARD. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris. De 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ : CERFS À ACCLIMATER Par M. HUET Aïde-naturaliste au Muséum. À la fin de la communication que j'ai eu l'honneur de faire à la Société sur les Antilopes Kobs, qui pourraient vivre dans nos étables, au milieu de nos vaches et de nos moutons, j'émettais l’espoir qu’un jour, à côté d'eux, on verraitles Cerfs Sikas, les Cerfs Cochons et les Muntjacs peupler nos forêts. En effet, tous ces animaux sont certainement aptes à vivre sous notre climat et les résultats obtenus ne laissent aucun doute à cet égard. Les Cerfs Cochons se reproduisent à la ménagerie du Muséum, depuis de longues années, d’une façon régulière et en toutes saisons, aussi bien en été qu’en hiver; cependant la cabane qui abrite ces animaux est toujours ouverte; malgré cela, jamais nous n’avons eu de maladies provoquées par la température. Les femelles mettent bas deux fois par an, sou- “vent elles font deux petits qu’elles allaitent parfaitement : ( sont donc desanimaux qui, s'ils étaient mis en liberté dans un grand parc ou au milieu des forêts, y vivraient encore bien mieux que dans un parquet restreint. Les Cerfs Sikas sont au moins aussi résistants que les Cerfs Cochons, les intempéries ne paraissent pas les incommoder le moins du monde et, comme j'ai eu l’occasion de le dire dans les comptes rendus de la Ménagerie, parus dans notre Bul- letin, ces Cerfs n’ont qu’une cabane de 1 mètre carré, dans laquelle ils n’entrent jamais, aimant mieux coucher sur Ja neige ou à la pluie que d’entrer dans cette écurie, qui, du reste, ne pourrait pas les contenir tous; malgré cette instal- lation aussi défavorable que possible, tous les ans, au mois de mai ou juin, les femelles mettent bas, les jeunes sont toujours élevés et jamais nous n’avons de mortalité. 4° SÉRIE, T. II. — Mai 1885. 17 958 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Du reste, pour ces derniers, le résultat est obtenu, car, dans une très intéressante communication de M. Pichot, faite à la Société, dans sa séance du 18 avril 1884, vous pouvez lire déjà que lord Powescourt, en Irlande, est parvenu à mettre en coupes réglées un troupeau de-cent têtes de ces Cerfs, obtenu en peu d'années d’une paire de ces ruminants et qu’un cer- tain nombre ont été vendus sur les marchés. Voilà donc un fait accompli, pour lequei il n’y a plus d’essais à faire. Il ne s’agit plus que de pourvoir à une installation où ces animaux seront protégés pendant quelque temps pour que la du duction puisse s’'accomplir en sécurité. : Enfin je signalerai encore de charmantes espèces, ce sont les Muntjacs larmoyants et de Reeves qui vivent à la Ména- gerie à l'air libre, les mâles et les femelles tous ensemble, dans un espace restreint, en compagnie d’une paire de Nyl- gauts ; ils se reproduisent en toutes saisons, même en hiver, et les jeunes s'élèvent malgré des froids assez rigoureux : ce sont donc des animaux très résistants qui seraient parfaite- ment dans de grands parcs clos. Nous avons donc là trois ou quatre espèces qui pourraient être acquises sans beaucoup de difficultés; ne serait-il pas utile, devant les plaintes justifiées de la diminution du gibier dans nos chasses, de prendre des mesures énergiques pour le repeuplement de nos forêts, en y introduisant ces char- mants animaux, dont l’acclimatation est autant dire certaine”? Deux moyens peuvent être employés pour obtenir une prompte reproduction de ces Cerfs : ou bien ce serait d’en mettre en liberté dans de grands parcs clos ou, mieux encore, ce serait d'installer des enclos en treillage dans nos grandes forêts telles que Fontainebleau, Rambouillet ou autres; lorsque les troupeaux seraient trop nombreux, alors, étant bien habitués au milieu où ils seraient nés, on pourrait faire des ouvertures dans les enclos et les laisser prendre possession d’un espace plus large et se répandre dans les bois, où ils trouveraient la liberté et une nourriture mieux appropriée à leurs besoins que celle qu’on leur donne en captivité. Une paire de Cerfs Cochons vaut à peu près 300 francs. CERFS À ACCLIMATER. 959 Une paire de Cerfs Sikas vaut à peu près 350 francs. Une paire de Muntjacs vaut à peu près 150 francs. Comme on peut s’en rendre compte par ces chiffres, 1l ne faudrait pas une forte mise de fonds, pour constituer en peu de Lemps des troupeaux assez importants : avec six paires de : chacune de ces espèces, ce qui donnerait à peu près 4800 francs de dépense, on aurait certainement, au bout de six ou sept années, un nombre assez grand de ces animaux, pour pouvoir au moins en vendre quelques-uns en choisissant les mâles. RAPPORT SUR LES EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE D'ÉDIMBOURG ET DE LONDRES (1882-1883) Par M. C. RAVERET-WATTEL Secrétaire des séances. (Suite.) On a longtemps cru à l'impossibilité de faire voyager les œufs d’Alose sans eau; aussi, pour les opérations d’empois- sonnement, n’expédiait-on jamais que des alevins. Mais de nombreux essais ont établi que les œufs de cette espèce peu- vent être emballés à peu près comme ceux des Salmonides, c’est-à-dire dans une étoffe humide. Ce mode d'emballage, essayé pour la première fois par M. S.-G. Worth, commissaire des pêcheries de la Caroline du Nord, est aujourd’hui le seul employé pour les envois faits des stations de pêche sur le Potomac, aux laboratoires d’éclosion, à Washington. On se sert généralement d’une sorte de caisse à claire-voie très simple, imaginée par M. Mac-Donald. Cette caisse renferme dix-huit cadres ou châssis en bois mince, garnis de toile mé- tallique «en forme de tamis, sur lesquels est étendu un mol- leton de coton, entretenu humide, où l’on étale les œufs. Chaque tamis reçoit de 10 000 à 15 000 œufs. Les tamis, placés les uns au-dessus des autres, sont enveloppés d’une étoffe mouillée et assujettis ensemble au moyen de lanières de cuir, pour éviter tout ballottement. Le colis, qui peut contenir plus de 250 000 œufs, mesure 0",40 de long, 0",35 de large et 0",30 de hauteur. Si l'emballage est bien fait, les œufs peuvent supporter sans inconvénient un assez long voyage. Pour le transport de l’alevin d’Alose, les vases générale- EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 9261 ment employés par la Commission des pêcheries des États- Unis consistent en de grands bidons en fer-blanc de 0",35 de diamètre et hauts de 0",60, contenant environ 50 litres. Ces bidons se rétrécissent vers le sommet pour éviter la trop forte agitation de l’eau pendant le voyage. Différents appareils employés par la Commission des pé- cheries des États- Unis, pour le transport de l’alevin de Carpe, figuraient aussi à l’Exposition de Londres. Le plus économique est le suivant, qui peut être utilisé aussi pour d’autres poissons : une caisse à claire-voie de Ô",80 de long sur 0",45 de longueur et 0°,35 de profondeur, contient seize petits seaux en fer-blanc, d’une contenance de deux litres et demi environ, qui sont rangés sur deux lignes séparées par une mince Fe en bois. Cet appareil est préférable aux grands bidons précédemment employés, parce qu’il est moins - encombrant et moins coûteux. Dans les envois de peu d’im- portance, destinés à différentes personnes, chaque seau reçoit une étiquette portant le nom et l’adresse du destinataire. En route, le préposé aux distributions d’alevins, ou tout simple- ment un employé du chemin de fer, ouvre la caisse aux sta- tions s’il y a lieu, en tire les seaux qui sont arrivés à destina- tion et les fait parvenir aux intéressés. CULTURE DU SAUMON. Stormontfield, Newmaill, etc. Il serait difficile de parler de l'Écosse et de la culture du Saumon sans dire quelques mots de Stormontfeld, le plus ancien des établissements de pisciculture de la Grande-Breta- gne. Ce n’est pas que cet établissement, qui fit tant de bruilil y à quelque vingt-cinq ou trente ans, puisse être aujourd’hui cité comme un modèle du genre. À l’époque où fut créé Stormontfield, on ignorait encore bien des détails fort im- portants pour l’élevage du poisson. Il n’est donc pas éton- nant qu'au point de vue de l'installation cet établissement se trouve présenter de sérieux défauts, expliquant la médio- 262 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. crité des résultats obtenus (1). Les espérances qu’on avait tout d’abord conçues ne se sont pas réalisées ; d’où la défa- veur complète dans laquelle avait fini par tomber la piscicul- Lure chez nos voisins d’outre-Manche, quand des esprits mieux éclairés ont compris qu’il ne fallait pas condamner les pro- cédés, mais seulement la façon dont ils avaient été appliqués. C'est donc en raison même de ses imperfections que Stor- monifield mérite encore aujourd’hui d’être étudié; il est instructif, en eflet, d'analyser les causes qui ont en partie stérilisé l'œuvre entreprise. Le système suivi à Stormontfield repose essentiellement sur l'emploi combiné de frayères artificielles (2) et de bassins d'élevage. Or la première condition du succès — une eau pure et suffisamment abondante — fait complètement défaut. L'eau, empruntée à un canal usinier dérivé du Tay, est très insuffisamment filtrée, et peut, en outre, manquer en hiver si des travaux de curage ou de réparation obligent à mettrele bief à sec. Le filtrage s'effectue au moyen d’une couche de gravier que l’eau traverse au sortir du bief, et d’où plusieurs conduits l’amènent dans un petit canal situé en amont des frayères artificielles. Celles-ci consistent en des caisses en bois remplies de gros gravier, et disposées, au nombre de plus de trois cents, en rangées parallèles, qui s’étagent en pente douce pour donner à l’eau le courant nécessaire. Chaque caisse reçoit environ mille œufs. En aval de la dernière rangée de caisses se trouve un second canal pour recevoir les alevins qui descendent des frayères après leur éclosion. Ce canal communique, par une vanne située à chacune de ses extré- mités, avec les deux bassins d'élevage qui sont employés al- ternalivement. 3 : L'impossibilité de surveiller les œufs en incubation sur ces frayères artificielles est une cause de déchets beaucoup plus (1) Depuis sa création, l’établissement de Stormontfeld a versé annnellement dans le Tay plus de 300 000 alevins, qui auraient dù rendre cette rivière infi- niment plus productive qu’elle ne l’est: aujourd’hui. . (2) Les œufs mis en incubation sur ces frayères proviennent surtout de Sau- mons pêchés a l'embouchure de l’Almond, un des affluents du Tay. C'est vers la mi-novembre que commence la pêche des sujets reproducteurs. EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 263 considérables qu'avec l'emploi d'appareils d’éclosion. Malgré le filtrage préalable qu’on lui faitsubir, l’eau recouvre presque toujours les œufs d’une couche de sédiments qui, au bout de cinq ou six semaines d’incubation, finit souvent par acquérir une épaisseur nuisible, et cela précisément au moment où les œufs auraient le plus besoin d'oxygène. Il arrive fréquem- ment aussi que les frayères sont complètement prises sous la solace, ce qui entrave la régularité du courant d’eau nécessaire aux œufs. | | Malgré ce qu’elles ont de défectueux, les frayères artifi- cielles de Stormonfield auraient très certainement contribué plus efficacement qu’elles ne l’ônt fait au repeuplement des eaux du Tay, si les deux bassins d’alevinage qui y sont annexés avaient été convenablement établis. L’alevin de Saumon, en effet, s'élève très bien en captivité, pourvu qu'il soit placé dans des conditions favorables, c’est-à-dire dans un bassin où le niveau de l’eau puisse être réglé à volonté, où la profon- deur et le courant soient suffisants pour que l'eau s’échauffe peu en été, où l’on n'ait pas à craindre de voir la nourriture artificielle distribuée au poisson et non consommée, tomber au fond, s’y accumuler peu à peu et corrompre l’eau; où la surveillance soit assez facile pour que pas un recoïin n’é- chappe à l'œil du gardien. Très creux au milieu, ce bassin doit n’avoir que peu de profondeur du côté où l’eau s’échappe. Enfin il doit pouvoir être mis à sec en l’espace de quelques heures. A Stormontfeld, toutes ces conditions sont absentes. On parail, de plus, y avoir perdu de vue que tel bassin, qui est de dimensions suffisantes pour des alevins, devient beaucoup trop exigu quand les poissons atteignent l’âge de dix-huit mois. | Comme espace nécessaire, — la profondeur de l’eau étant d’ailleurs appropriée à la taille du poisson, — le strict mini- mum est que chaque individu puisse se retourner sans tou- cher ses voisins. Ainsi, par exemple, un poisson de Ü",30 de longueur doit disposer d’une surface équivalant à un rectangle de 0,30 de côté, landis qu'un poisson de 0",15 de longueur 264 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. n'aurait besoin que du quart de cette surface. Il: convient d’ajouter toutefois que si la température de l’eau était presque constamment supérieure à + 15 degrés centigrades, l’es- pace devrait être au moins doublé. Quand les Saumons quittent les bassins de Stormontfield pour descendre à la mer, ils ont en moyenne de 15 à 20 centimètres de longueur et se trouvent, par suite, depuis longtemps beaucoup trop à l’étroit. Les deux bassins ou étangs (l’un de 17 ares, l’autre de 30 ares) ne peuvent, en effet, servir qu'alternativement, car chacun d’eux est occupé pendant plus d’une année par un même lot d’alevins. Or les deux réunis ne représenteraient pas encore l’espace nécessaire pour loger convenablement latotalité despoissonsélevéschaqueannée (1). S'ils sont insuffisants sous le rapport de la contenance, ces bassins ne le sont pas moins au point de vue de la nourriture qu'y trouve le poisson. C’est ce que mettent en évidence les chiffres suivants : À un an, ia consommation journalière du Saumon est d’un cinquantième environ de son poids de nourriture. Or le poids moyen de Saumoneaux d’une longueur de 15 à 20 centimè- tres peut être estimé, au bas mot, à 50 grammes. En le sup- posant de 45 grammes seulement, pour éviter toute erreur, on arrive à un poids total de 12500 kilogrammes pour 300000 Saumoneaux, chiffre moyen de l'élevage d’une année, ce qui représente une consommation journalière de 270 kilo- grammes. Par rapport à ce chiffre, la quantité de nourriture que les Saumoneaux trouvent dans les bassins est absolument insignifiante. Il est vrai qu’on leur distribue un peu de nour- riture arüficielle, mais pas, à beaucoup près, de façon à compenser l'insuffisance de la nourriture naturelle. La ration distribuée quotidiennement ne dépasse pas, m'’a-t-il été dit, 4 ou 5 livres de foie, coûtant 6 ou 8 pences, c’est-à-dire 60 ou 80 centimes (2). (4) Pour des sujets de 20 centimètres, un espace d’au moins 40 mètres carrés est nécessaire par mille individus, et la même surface est bien juste suf- fisante pour 1 500 sujets de 15 centimètres. (2) Bien différente serait la dépense si la ration correspondait aux besoins EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 965 . Pourrait-on faire mieux? Probablement non. Par suite de la forme et de l'étendue des bassins, qui rendent très difficile la distribution de la nourriture, des rations plus abondantes ne pourraient être entièrement saisies au passage par les jeunes. poissons ; elles iraient s’accumuler au fond de l’eau, où elles constitueraient avec le temps un véritable foyer d’infec- tion. à Il paraît donc certain que le médiocre succès de la tentative faite pour le repeuplement du Tay est à peu près uniquement la conséquence du mode défectueux d’incubation et d'élevage adopté à Stormontfeld. Du reste, en présence de la pauvreté des résultats obtenus, l'entretien de l'établissement a été peu à peu négligé. Lors de mon voyage en Écosse à l’occasion de l'Exposition de pisciculture d’Édimbourg (1882), l’établisse- ment était dans un véritable état de délabrement ; les caisses- frayères menacaient ruine, aussi bien que le grillage destiné à retenir Le poisson captif dans les étangs. IL était d’ailleurs question d’un abandon complet, par suite de la création, alors en cours, d’un nouvel établissement installé à peu de dis- tance, d’après un système tout différent. Han depuis plusieurs années, le bureau des pêcheries du Tay se préoccupait de la nécessité, soit d'agrandir, en les améliorant, les installations du Stormontfield, soit de fonder, sur un autre point, un établissement conforme au type le plus généralement adopté aujourd hui. Renonçant finalement à l'emploi de bassins d'élevage, on se, décida pour la construction d’un laboratoire d’éclosion à Newmill, près Dupplin, sur un terrain offert par lord Kin- noull. Une installation en sous-sol est toujours avantageuse afin d’avoir une température aussi uniforme que possible. Aussi, le laboratoire de Newmill a-t-il été construit dans une tran- chée ouverte sur la pente escarpée d’une éminence qui do- mine le cours inférieur de l’Earne. Quatre murs épais, en bois réels : 270 kilogrammes de viande, ne serait-ce que du foie (seule viande, du reste, employée pour cet usage dans l'établissement), représenteraient, au prix minimum de 30 centimes le kilogramme, une dépense de 80 francs par jour. 266 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. et'en béton, supportent un toit plafonné, aux deux extrémi- tés duquel ont été disposées des lucarnes vitrées, qui donnent à l’intérieur un éclairage suffisant. L’aération nécessaire est assurée au moyen d’évents ménagés dans le haut des murs, et grillés avec soin, dans la crainte des rats et des souris. Le laboratoire mesure 13",50 de longueur, sur 4",50 de large. Vingt bacs d’éclosion y sont disposés sur quatre rangées : deux au milieu et un de chaque côté. Ces bacs, en bois, longs de 2 mètres, larges de 50 centimètres et profonds de 15 centi- mètres, sont légèrement carbonisés à l’intérieur pour éviter le développement des byssus, et les œufs y sont mis en incu- bation sur des claies en baguettes de verre. Une eau soigneu- sement filtrée les alimente (1). Cette eau est empruntée à deux sources voisines tant que dure l’incubation. Mais, quand les éclosions sont terminées, on se sert de l’eau d’un lac voisin (le Loch Dupplin), qui convient mieux aux alevins. Un courant modéré, mais très régulier, est constamment entre- tenu, avec une profondeur d’eau de 10 centimètres et une épaisseur de 3 centimètres sur les œufs (2). Chaque bac peut recevoir au moins 15 000 œufs, ce qui représente un total de 300000 œufs pour l’ensemble des appareils, soit juste la même quantité que dans les frayères artificielles de Stormont- field ; mais les éclosions s’y font beaucoup mieux, et le déchet ne s'élève pas à plus de 10 pour 100 du nombre des œufsmis en incubation (3). Aussitôt après la complète résorption de la vésicule ombi- licale, c’est-à-dire cinq ou six semaines après l’éclosion, les (1) L’eau subit d’abord un premier filtrage au dehors, en traversant une couche de gravier ; puis elle est de nouveau filtrée à l’intérieur du laboratoire dans uu grand bac, où elle traverse successivement un grand nombre de .dia- phragmes eu flanelle épaisse. C’est de ce filtre, placé immédiatement sous le toit de la salle, que l’eau descend, par des tuyaux verticaux, dans les appareils d’éclo- sion, en s’aérant dans sa chute. Levant l'orifice inferieur de chaque tuyau, une pianchette disposee verticalement ralentit limpétuosité du courant et répartit également la vitesse de la nappe d’eau sur tous les œufs. (2) La température moyenne de l’eau étant de 7 degrés centigrades environ, l’incubation dure de quatre-vingts à cent jours. (3) IL m'a été dit qu’à Stormontfield les pertes étaient parfois considérables et que, dans certaines années, on n’obtenait Buoé plus d’un Saumoneau pour dix œufs mis en incubation. EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÉCHE. 267 alevins sont mis en rivière (1) sans qu’on ait eu à sé préoc- cuper de les nourrir. L'opération a généralement lieu dans le courant de mars; elle s'effectue à l’aide de grands bidons de transport qui contiennent chacun de 8000 à 10 000 alevins. Il y à tout lieu de croire que le nouveau système adopté contribuera plus efficacement au repeuplement du Tay que _ ne pouvait le faire l'établissement de Stormontfield. Pour être juste à l’étard de ce dernier établissement, il convient de dire toutefois que, s’il n’a pas donné tous les ré- sultais qu’on en attendait au point de vue du rempoissonne- ment, il a du moins permis d’élucider certains points intéres- sants de l’histoire naturelle du Saumon. Ce sont, en effet, les observations recueillies à Stormontfield par MM. Buist et Brown, qui ont beaucoup contribué à fournir des données exactes sur la croissance de ce poisson, sur ses habitudes à divers âges, sur son mode de reproduction, etc. Croissance du Saumon. De tous les animaux qui servent à la nourriture de l’homme, le Saumon est certainement celui qui croît le plus rapide- ment et qui coûte le moins à élever. À sa sortie de l’œuf, l'embryon mesure à peine 15 millimètres de longueur et pèse tout au plus 10 à 12 centigrammes; au bout de six mois, l’ale- vin atteint déjà une vingtaine de grammes en moyenne, soit deux cents fois son poids primitif. En mai ou juin de l’année suivante (c’est-à-dire à F'ANAIOrAE ou quinze mois), quand ses écailles commencent à s’argenter et que le jeune poissou, pas- sant ainsi de l’état de Parr (2) à celui de Smolt, se dispose à descendre à la mer (3), il mesure de 15 à 20 centimètres de longueur, et son poids, ainsi qu’il a été dit plus haut, peut être évalué à 50 grammes en moyenne. (4) Dans le Tay ou divers de ses affluents. (2) On sait que les Anglais ontun nom spécial pour désigner le Saumon dans chacune de ses phases successives de développement (3) C’est surtout en mai qu'a lieu l'émigration, avec les crues du printemps, qui facilitent la descente des jeunes poissons ; d’où ce dicton des pêcheurs anglais : «The first flood in May Carry the smolts away. » 9268 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Des marques faites aux Saumoneaux ou Smolts, au moment où ils quittaient les bassins de Stormontfield, ont permis.de vérifier exactement la croissance de ces poissons pendant leur premier séjour à la mer, où ils trouvent une nourriture abon- dante. Quand ils remontent en rivière, au bout de trois ou quatre mois (en juillet et août), ils sont devenus des Grilses du poids de 2 à 3 kilogrammes (1), ayant ainsi augmenté d'environ soixante fois leur poids das ce court espace de temps (2). À la migration suivante, la croissance, bien que moins rapide, est encore toutefois des plus remarquables. Pour beaucoup de sujets, le séjour à la mer ne dépasse pas trois mois, temps après lequel les Grilses, qui remontent à l’état de Saumons, ont environ triplé de poids. Au delà de cet âge, les données qu’on possède sur leur croissance sont moins certaines. Tout ce que l’on sait, c’est que, à chaque voyage qu’il fait à la mer, le Saumon y prend un nouvel accroissement el en revient avec une augmentation de poids qui peut aller jusqu’à trois kilogrammes et plus. En fait, les Saumons d’une quinzaine de kilogrammes sont très communs (3), et moins (1) Les premières observations faites à ce sujet datent de 1855. Le 49 mai, les vannes des bassins de Stormontfield furent ouvertes pour donner la liberté aux Saumoneaux, mais ce fut seulement le 24 que les sujets les plus gros commen- cèrent à descendre. Peu à peu, d’autres suivirent jusqu’à ce que la moitié environ de la population des bassins eût ainsi gagné le Tay pour descendre à la mer. On eu avait marqué à peu près un sur cent, par une entaille faite à la nageoire adipeuse. Au bout de quelques semaines, beaucoup de ces poissons & mmen- çaient à remonter, et, en l’espace de deux mois, on en repêcha vingt-de ux por- teurs des marques faites à la nageoire. Les premiers capturés pesaient se nlement 2k9,500 ; mais, au fur et à mesure, le poids alla en augmentant : 3 kilogi ammes, 3k1,500, 4 kilogrammes. Le 31 juillet, on en prit un de 4,700. (2) Quelques personnes ont hésité à admettre la possibilité d’une pareille croissance. Des observations plusieurs fois répétées ne laissent toutefc is aucun doute à cet égard. Mais, ainsi que M. Francis Day l’a fait remarquer (7e fishes of Great Britain and Ireland), il est probable que tous les Smo/fs ne remontent pas ainsi à l’état de Grilses dès la même année, après un séjour de deux ou trois mois seulement dans la mer, pas plus que tous les Parrs ne se transfor- ment en Smolts au bout d’un an pour gagner les eaux salées. C’est ce qui paraît d’ailleurs résulter des observations faites à Stormontfield. (3) Ce poids est très fréquemment dépassé, et de beaucoup. Un Saumon pêché en Irlande et exposé à Manchester en 1881 pesait 84 livres 3/4 (livre anglaise : 4539,5). Il existe à Londres, au musée de pisciculture créé à South Kensington par feu le docteur Frank Buckland, une collection de moulages, pris sur nature, de Saumons de 20, 25, 30 et 35 kilogrammes. Le plus grand de ces monstrueux poissons mesure 1",30 de longueur. On doit à MM. Eaton et Deller le tableau suivant du poids moyen du Saumon EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 269 de quatre années peuvent suifire à certains sujets pour at- teindre ce poids, qui représente cent cinquante mille fois le poids du jeune Saumon au sortir de l'œuf. | Pendant le premier âge, c’est-à-dire tant qu’il n’a pas encore été à la mer, comme plus tard pendant les séjours qu'il fait successivement dans les eaux salées, le Saumon croît d’autant plus vite qu’il est plus abondamment nourri. Des Saumoneaux qui, dans un bassin ou un cours d’eau peu riche en aliments de leur choix, ont, après*onze ou douze mois d’existence, une longueur de 9 à 10 centimètres à peine, auraient acquis des dimensions doubles dans des conditions meilleures (1). Une et de la Truite par rapport à la longueur du poisson, mesuré de l’extrémité du museau à la naissance de la nageoire caudale : Me Poids. d Poids. Re non Truite FPE Sn | Truite. mètres. kilogr. kilogr. mètres. : kilogr. .kilogr. 0,22 » 0,145 0,76 3,900 A,090 0,25 » 0,210 0,72 4,325 4,530 0,27 » 0,280 0,75 4,780 4,995 0,30 » 0,350 0,77 5,285 . » 0,32 » 0,450 0,80 0,825 » 0,35 : » 0,500 0,82 6,340 » 0,37 » 0,640 0,85 7,000 » 0,40 » 0,780 0,87 7,620 » 1,42 » 0,940 0,90 8,250 » 0,45 » 4,080 0,92 8,930 » * 0,47 » 1,180 0,95 9,700 » 0,50 » 1,480 0,97 40,180 » 0,52 » 17830 1,00 11,350 » 0,55 » 4,975 1,02 12,210 D 0,57 » 2,280 1,05 44,125 » 0,60 2,469 2,580 4,07 414,043 » 0,62 2,765 3,895 1,10 14,950 » 0,65 3,145 3,290 4,12 15,670 » 0,67 3,900 3,625 4,15 16,328 » On voit, par les chiffres qui précèdent, qu’à longueur égale, la Truite est plus lourde que le Saumon. C’est que le: corps est, par rapport à la longueur, beau- coup plus volumineux chez le premier de ces deux poissons que chez le second. Il me souvient d’avoir vu, chez un marchand de poisson de Genève, une Truite de 25 livres qui était sensiblement plus grosse qu’un Saumon de 30 livres figurant au même étalage. (1) La température de l’eau exerce aussi une grande influence sur la rapidité de croissance du poisson. M. Seth Green a constaté que les alevins de Saumon de Californie se développent: beaucoup plus rapidement si on les met dans une eau à 45 ou 16 degrés centigrades, que si on continue à les-élever dans l’eau qui sert à alimenter les appareils d’éclosion; ils deviennent quatre ou cinq fois 270 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. alimentation plus ou moins abondante est donc eertainement une des principales causes de l'accroissement plus ou moins rapide des jeunes Saumons (1). Toutefois il en est de ceux-ci comme à peu près de tous les animaux : à égalité d'âge, tous les individus sont loin de présenter une taille égale. On voit fréquemment, dans les bassins de Stormontfield, des Saumons éclos le même jour, vivant ensemble dans des conditions absolument identiques, présenter, au bout d’une année d’exis- tence, des différences surprenantes de grosseur et de poids: tandis que les uns dépassent 16 centimètres de longueur et un poids de 40 grammes, d’autres n’atteignent guère que 10 centimètres de longueur et un poids de 8 à 9 grammes. D’autres enfin, en petit nombre à la vérité, exceptionnelle- ment chélifs, mesurent à peine 5 centimètres et ne pèsent guère que ? grammes environ. En voyant ces poissons à côté les uns des autres, on peut véritablement hésiter à croire qu’ils sont absolument de même âge. C’est encore à Stormontfield qu’on a constaté pour la pre- mière fois d’une manière certaine que les jeunes Saumons, les Parrs, ne se changent pas tous en Smolts (c’est-à-dire ne prennent pas tous la livrée du second âge) au bout d’un an: plus de la moitié paraissent conserver cette livrée et séjourner dans les eaux douces pendant deux et même trois ans (2). Ils n’ont donc subi encore aucune transformation, quand déjà d’autres sujets, absolument de même âge, ont accompli plus gros en l’e-pace de cinq mois, et présentent toutes les apparences d’une parfaite santé, c’est-à-dire un robuste appétit et des couleurs très brillantes. (1) On peut en dire autant de tous les poissons. Mais, à égale consommation de nourriture, certaines espèces croissent beaucmup plus vite que d’autres, ou, ce qui revient au même, pour prendre un accroissement donné, certaines espèces d'ivent consommer beaucoup plus de nourriture que d’autres. C’est ainsi que, pour «ugmenter d’une livre, un Brochet doit, en moyenne, Consommer 20 livres de nourriture; une Perche, 45; une Truite, 10 livres seulement. Du reste; vhez ce dernier poisson, il est des variétés ou espèces qui profitent mieux que d'autres ét qui sont ainsi plus avantageuses au point de vue de l’élevage. Je remendrai sur cette question au sujet de la Truite du Loch Lævea. (2) Un pisciculteur érossais, M. Dunbar, qui fait éclore chaque année: plus de 500 000 œufs de Saumon pour l’empoissonnement de, la Thurso, dans le comté de Caithuess, affirme qu’il n’y aurait guère que 8 a 40 pour 100 des Parrs qui se trausformeraient en Smolis et ‘escendraient à la mer dès la première année; 60 pour 100 se transformeraient seulement au bout de deux ans, et les 32 pour 400 restant, à la fin de la troisième année. EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 971 leur premier ou même leur second voyage à l'Océan, et en sont revenus pour frayer, soit à l’état de Grülses, soit à celui de véritables Saumons (1). . Un fait également bien observé, c’est que, même à l’état de Parr, le Saumoneau mâle peut déjà avoir de la laitance et être apte à féconder les œufs des Grilses et des Saumons. Sous la livrée du premier âge, les femelles, au contraire, ne portent jamais d’œufs (2). Si tous les Saumoneaux ou Parrs ne se rendent pas à la (1) Les mâles étant, au AU de vue du: frai, toujours plus précoces que les femelles, M. Thaddeus Norris a, dans une Comuuuiearton faite en 1872 à l’Aca- démie des sciences naturelles de Philadelphie, émis l'opinion que les Saumo- neaux qui se transforment les premiers pourraient bien être surtout des mâles (Proceedings of the Academy of natural Sciences of Philadelphra, 1872, p.163). Cette opinion ne paraît pas confirnée par les observations faites à Stormonttield, où l’on a constaté, au contraire, que les mâles et les femelles se trouvent en quantité à peu près égale varmi les sujets qui attendent la deuxième ou la troi- sième année pour descendre à la mer. On avait supposé aussitque les sujets les plus précoces pourraient bien provenir d'œufs pondus et fécondes par des Saumons complètement adultes, tandis que ceux qui ne deviennent des S:’o/fs qu’au bout de deux ou trois ans seraient le proiuit de Grêlses, c’est-1-dire de Sauwons n’ayant encore été qu’une seule fois à la «er. L'observation a fait voir que cette supposition n'était pas plus fondée que la pré’édente. (2) La même observation a été faite plus ccnnont à l'établissement d'Howie- touu, près Stirling Des Saumous éclos en mars 1881 et conservés dans un des bassins de l’établissement étaient, au mois de juillet 1883 (au moment de l’Expo- sition de produits et engins de pêche, de Londres), les uns encore à l’état de Parrs, les autres déjà revètus des écailles argentées des Smnolts prêtes à descen- dre à la mer. Ces derniers étaient généralement plus gros; néanmoins c'était parmi ceux qui conservaient les teintes dorées du Parr qu'on trouvait les sujets les plus beaux. Le développement en grosseur ne fait donc rien quant à l’apti- tude à passer plus ou mois tôt de l’état de Purr à celui de Smolt. Vers la fin du mois de novembre suivant, on put récolter de la laitance sur plusieurs de ces Parrs. Les femelles, au contraire, bien que généralement plus grosses et presque toutes dejà revêtues de la livrée du second âge, ne conte- naient que des œufs non encore parvenus à maturité. Un détail à noter, c est que tandis que certains de ces poissons, tous absolument de même âge, “etes dans un même bassin et traités de la mêune façon, mesuraient à pee 10 centimètres de longueur, d’autres atteixnaient presque 25 centimètres Ceci confirme ce qui a été dit plus haut: que la rapidité de croissance chez le poisson varie considé- rablement d’individu à individu, même chez ies sujets placés, sus tous les rap- ports, dans des conditions absolume:it identiques. A Stormontfield, on a élevé en même temps des alevius obtenus : 1° de Sau- mons adultes ; 2 de Griles et de Saumons ; 3° de Gyilses seulement; 4° enfin, de Saumons et de Parrs (mâies). Jamais le plus minutieux examen n’a pu faire constater la moinire différence entre ces «livers alevins Mais, chez les uns comme chez les autres, la rapidité de croissance s’est montrée très variable d’in- dividu à individu. 9279 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. mer dès la première année qui suit leur naissance, de même tous les Smolts ne paraissent pas regagner les eaux douces à l’état de Grilses après un séjour dans la mer de trois ou quatre mois seulement. On s’est assuré que beaucoup d’entre eux ne remontent en rivière qu'au printemps suivant ; leur aspect est alors presque celui de Saumons adultes, dont ils diffèrent toutefois principalement par la forme de la 41e qui est moins fourchue. Enfin, en marquant un grand nombre de sujets adulles avec un fil de métal passé dans la nageoire caudale ou dans l'adipeuse. on a pu constater à Stormontfield que tous les Saumons ne se reproduisent pas chaque année et que, chez les individus parvenus à un certain âge, le frai n’a lieu que tous les deux ans (1). Un établissement créé bien plutôt dans un but dé spé- culation qu'en vue de recherches scientifiques, l’aquarium de Brighton, à aussi permis de recueillir sur le Saumon, comme sur beaucoup d’autres poissons, aussi bien que sur les Crustacés et les Mollusques, des observations intéres- santes (2). C’esi ainsi, par exemple, qu'on a constaté qu’en substituant peu à peu de l’eau de mer à l’eau douce alimen- tant les bacs dans lesquels se trouvaient des Smolts, ces pois- sons se transformaient en Grilses, comme ils l’eussent fait en liberté dans la mer. Traités de la même façon, les Saumo- neaux portant encore la livrée du premier âge, les Parrs, se sont comportés de différentes façons, selon leur âge. Dans une expérience faite vers le mois de mai, c’est-à-dire à l’époque où la moitié environ des Parrs se transforment en Smolis, les jeunes poissons résistèrent parfaitement au changement (4) Cette observation a été pleinement confirmée par celles plus récemment faites aux États-Unis, dans l’établissement de Bucksport-Orland (Maine). Pendant plusieurs années, des centaines de Saumons adultes furent marquées avec de minces étiquettes de platine portant des numéros d'ordre qui correspondaient avec les cases d’un registre pour l'inscription des renseignements recueillis sur chaque individu. Chaque fois, on ne vit reparaître la plupart de ces Saumons dans le Penobscot qu'après un intervalle de deux ans. Tous, pendant cette absence, avaient augmenté de 3 à 5 kilogrammes. (2) On peut citer notamment les observations de M. Henri Lee sur la ponte des Roussettes (ScyZZium catulus et canicula), de plusieurs espèces de Gades, des Langoustes, des Octopus, etc. EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 973 de milieu ct prirent presque instantanément la livrée des Smolts. [ls montraient une activité et un appétit insatiables, mangeant cinq fois plus qu'auparavant et se développant avec une. its extraordinaire. Les sujets plus jeunes n’ont jamais pu, au contraire, sup- porter le changement de milieu. Dès que la salure de l'eau atteignait un certain degré, on les voyait faire de visibles efforts pour sortir des bacs, où ils ne tardaient pas à périr. C’est donc seulement quand il est arrivé à un certain état de: Ar de que le Saumon peut impunément passer de l'eau douce dans l’eau salée et vice versd. Parcage des sujets reproducteurs. Tous les pisciculteurs de la Grande-Bretagne sont unanimes à reconnaître que l'opération la plus difficile, en même temps que la plus pénible de l'élevage du Saumon, c’est la récolte des œufs à féconder. Cette récolte, en effet, a lieu pendant la mauvaise saison, c’est-à-dire souvent par un froid des plus vifs, parfois au milieu de la neige, ou bien encore sous une: pluie torrentielle et glaciale, comme il en fait en no- vembre et en décembre. Au bord d'un cours d'eau, sous une bise mordante, les mains s’engourdissent à manier les Saumons froids comme la glace, et difficiles à contenir, car ces poissons, qui atteignent fréquemment un poids d’une vingtaine de livres, luttent vigoureusement; et cependant l’opérateur, courbé en deux ou un genou à terre, les vête- ments inondés, doit s’elforcer de ne point blesser ses cap: tifs s’il veut en assurer la conservation. Il faul'aussi compter avec les hasards de là pêche : fréquemment le filet n’anène que des femelles quand on aurait besoin de mâles, ou vice versé, ou bien encore il n’apporte que des sujets qui'ne sont pas encore Ne aa prêts à frayer et du ‘il faut remettre à l’eau. - C’est pour éviter une partie de ces difficultés qu'on a géné- ralement recours, au Canada et: aux États-Unis, à une:sorté de parcage préalable des sujets reproducteurs,'système qui donne des résultats satisfaisants et sur lequel il me: parait; 'en 4° SÉRIE, T. II. — Mai 1885 18 274 SOCIÉTÉ NATIONALE: D'ACCLIMATATION. conséquence, ulile de donner quelques renseignements em- pruntés en grande partie à une notice sur Le grand établisse- ment de pisciculture de Bucksport-Orland (Maine), notice établie à l’occasion de l'Exposition de Londres par ordre a commissaire des pêcheries des États-Unis. L'établissement de Bucksport, créé en 1879, est installé près de l'embouchure du Penobscot. Le choix de l’emplace- ment fut dicté par la nécessité de se procurer aisément des sujets reproducteurs. Près des sources du fleuve, où frayent les Saumons, le pays est inhabité et n’offrait pas de ressources pour la création d’un semblable établissement; mieux valait s'installer dans le voisinage immédiat d'importantes pêche- ries. Mais, pour profiter de cette ressource, comme la saison de la pêche est en mai, juin et juillet, il fallait aviser au moyen de conserver les poissons en captivité jusqu'à la fin d'octobre ou le commencement de novembre, époque habi- tuelle du frai. Le Saumon passant généralement cette par; tie de l’année en rivière, il parut convenable de parquer en eau douce les sujets captifs. Des expériences récemment faites au Canada ont prouvé que le parcage en eau de mer est au moins aussi bon, sinon même préférable; les poissons resteraient, dit-on, plus vigoureux, et donneraient de meilleurs œufs. Mais la création et l'entretien de bassins sur des points où le mouvement de la marée se fait sentir présentent tou- jours une certaine difliculté. De plus, il est souvent assez dif- ficile de s’y procurer l’eau douce nécessaire à l’incubation des œufs. On se décida, en conséquence, pour le parcage en eau douce, et l’on essaya successivement divers systèmes. Un premier bassin ou étang, créé au moyen d’un barrage qui coupait un ruisseau, donna des résultats désastreux. Placés dans ce réservoir, d'une superficie de 40 verges (verge an- glaise — 25 mètres carrés) et d’une profondeur maximum de 2 mètres, les Saumons étaient, au boul d’un jour vu deux, alleints de végélations cryptogamiques qui les faisaient périr très rapidement. Sur cinquante-neuf poissons qu’on y en- ferma, pas un n’échappa à la maladie. et l’on sauva unique- ment ceux qui purent être transportés:ailleurs. L'eau :était EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 975 cependant d’une limpidité, d’une transparence telles, qu’on apercevait une épingle au fond du bassin, sous 2 mètres d’eau. Mais cette eau provenait au moins autant de sources voisines, très abondantes, que du ruisseäu barré ; or l'eau de:source paraît ne convenir nullement pour le parcage du Saumon. Des parcs, établis au moyen de palissades ou de barrières en filet, furent ensuite essayés dans deux lacs voisins. Bien que donnant de bons résultats au point de vue de la conser- vation du poisson, ils durent être abandorinés comme étant d’un entretien trop coûteux. : Depuis 1879, on s’est définitivement arrêté à Hilaiien d’une rivière dans laquelle les Saumons sont parqués au moyen de deux clayonnages qui coupent le cours d’eau dans toule sa largeur, à un intervalle d'environ 600 mètres. Les eaux de cette rivière, qui proviennent de deux petits lacs, sont plus limpides que celles de beaucoup de cours d’eau du Maine, sans être toutefois d’une purelé exceptionnelle. Le fond, moitié sablonneux, moitié vaseux, est couvert d’une abondante végétation aquatique. Dans les endroits les plus creux, la profondeur d’eau. atteint 2,50, mais elle n’est guère, en moyenne, que de 1 mètre ou 1",50. Ce pare, qui mesure un peu plus d’un hectare de superficie, peut recevoir “environ un millier de Saumons reproducteurs. : e La mortalité des Lis captifs y est parfois assez élevée, car elle atteint jusqu’à 25 pour 100 au moins du nombre des sujets qu’on y enferme chaque année. Mais, bien que ces Sau- mons soient amenés avec toutes les précautions possibles, dans des réservoirs flottants, la mortalité qui sévit sur eux semble résulter bien plus des fatigues du voyage que de la captivité, toute relative d’ailleurs, qu’on leur impose. C’est, en effet, pendant les premières semaines qui suivent leur arrivée dans le parc qu’on en voit périr le plus, et la mortalité cesse généralement vers la fin de juillet; tandis qu’elle devrait, au ‘contraire, aller en augmentant et se montrer avec!le, plus d’intensilé pendant les fortes chaleurs du mois d’août si elle tenait au milieu dans lequel Le poisson est HAE Des différents parcs successivement essayés, c’est celui de 976 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ce cours d’eau qui, en raison de son peu de largeur, offre le plus de facilité pour la capture des sujets reproductéurs au moment du frai; point n’est besoin pour cette pêche de seines immenses. D'ailleurs, le courant assez vif incite le pois- son à remonter quand arrive le moment de la ponte, et beau- coup de ces Saumons vont d'eux-mêmes se faire prendre dans des pièges habilement disposés vers le haut du parc, c'est-à-dire près du clayonnage d'amont. Le fond de sable présente quelques inconvénients, en ce que le poisson pourrait être tenté d’y déposer ses œufs. Mais, avec un peu de surveillance et une manœuvre des filets en temps opportun, cet inconvénient peut être évité. Presque chaque coup de seine amène plusieurs sujets prêts à frayer, et la récolte des œufs ou de la laitance devient facile. Quant à la pêche du mois de juin, celle destinée à peupler le pare de ses habitants (1), elle a lieu, comme il a été dit plus haut, à l'embouchure du Penobscot, au moyen de « weirs » ou filets fixes, tendus sur des terrains émergents. Ce sont de véritables labyrinthes dans lesquels le poisson s'engage sans pouvoir en sortir. Tout en cherchant une issue, il. pénètre dans un étroit espace, limité par un réseau à mailles assez petites pour qu'il ne puisse y engager la tête en tâchant de s'échapper. La marée se retirant, le poisson captif resterait à sec. Mais, sans attendre ce moment, on l’enlève avec une épuisette, pour le mettre dans des bateaux-viviers, qui servent à le transporter. Ce sont des réservoirs flottants, recouverts d’un filet destiné à empêcher les Saumons de s'échapper en sautant. Aux parois, sont ménagées quatre ouvertures grillées, deux à l’avant et deux à l'arrière, pour le renouvellement de l’eau, qui cireule librement et qui forme même, pendant la marche, un courant assez vif à l’intérieur du réservoir. Un semblable bateau-vivier, de 5 mètres de long, peut recevoir de dix à quinze Saumons pour un voyage d'une dizaine de kilomètres. Quand l’eau ést froide, cenombre (1) Cette pêche commence généralement dans les dix premiers jours de juin, pour se terminer vers. le commencement de juillet. FE EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÈCHE. 977 peut être au besoin doublé, pourvu que le D is ne soit pas de longue durée (1). Ces viviers sont remorqués, quelquefois au nombre de trois ou quatre à la file, par un bateau que manœuvrent deux ou trois rameurs. D'abord, on navigue en eau saumâtre. Mais, aprés 8 kilomètres de route, on rencontre un barrage avec écluse, où l’on entre dans des eaux complètement douces. Ce changement brusque de milieu ne parait nullement affecter le poisson, sauf quand, le temps étant très chaud, la tempé- rature de l’eau douce est un peu élevée. | Trois kilomètres plus loin, on arrive au parc, dans lequel pénètrent les bateaux par des portes ménagées dans le clayon- nage d’aval. Ces portes manœuvrant facilement, se referment immédiatement après le passage des bateaux. Aussitôt, les poissons sont mis en liberté. Pendant les premières semaines de leur séjour dans le pare, ils se montrent très agités, nageant de tous côlés et bondissant fréquemment hors de Peau. Mais ils deviennent ensuite très calmes, se tiennent dans les endroits les plus creux, etse font rarement voir. De bonne heure, en octobre, ils reprennent de l’activité, excilés évi- déemment par le besoin de la reproduction. C’est alors qu’ils se font prendre dans les pièges préparés à leur intention près du elayonnage d’amont. Quelques-uns seulement s’attardent dans les endroits profonds et doivent être capturés à la seine. En général, tous ceux qui ont survécu jusqu’à l'automne sont en parfaite condition et chargés d’œufs ou de laitance. Vers le 26 octobre, la récolte du frai commence et, à partir de cette date, presque tous les sujets que l’on trouve dans les pièges sont prêts à frayer. Au bout de trois semaines ou un mois, Ja récolte de frai est à peu près terminée. Bien que, au prin- temps, les Saumons soient achetés aux pêcheurs tels que le hasard les fournit, c’est-à-dire sans triage préalable pour dis- tüinguer les mâles des femelles, ce qui serait, d’ailleurs, abso- 1 {1) Pour certains transports par terre, on s’est servi de bacs en bois de 4 mètre de long sur 60 centimètres de large et autant de profondeur, qui recevaient jusqu’à six Saumons dans le cas de très courtes distances (soit de 2 à 3 Ilométres tout au plus) à parcourir. 978 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. lument impossible à cette époque de l’année, ilarrive toujours qu’à l'automne, au moment du frai, les femelles sont plus nombreuses que les mâles, et tele uns la proportion des deux tiers au moins (1). Le fait est très avantageux au point de vue de la production, attendu que la laitance d’un seul mâle suffit pour féconder les œufs de plusieurs femelles; quant à la cause, elle reste encore à découvrir (2). Si les résultats obtenus à Bucksport prouvent la possibilité de parquer de bonne heure en eau douce les Saumons desti- nés à la reproduction, d’un autre côté, des essais faits au Canada par M. Samuel Wilmot, surintendant des pêcheries, ont montré qu’on peut aussi bien garder les sujets repro- ducteurs en eau salée jusqu’à l’époque du frai et que, contrai- rement à l'opinion admise par beaucoup d'auteurs, il est inu- tile au Saumon de faire un séjour plus ou moins long en eau douce pour que ses œufs ou sa laitance acquièrent leur com- plète maturité. Une soixantaine de Saumons parqués jusqu’au moment de la ponte dans un étang d’eau de mer, ont permis la récolte d'œufs et de laitance en parfait état. M. Wilmot croit même que les alevins qui furent obtenus étaient plus vigoureux que ceux provenant d'œufs recueillis sur des pois- sons pêchés en rivière. Incubation des œufs. J'ai déjà signalé ailleurs (3) l'importance qu'attachent tous les bons praticiens à l'emploi d’une eau à basse température pour l’incubation des œufs de Salmonides chez lesquels l’évo- (4) On a constaté que, plus les Saumons ont été achetés de bonne heure en saison, plus la proportion des femelles est considérable. (2) Peut- être trouverait on en partie l'explication de ce fait dans une obser- vation recueillie en Europe par les direvteurs de plusieurs établissements de piscicul'ure, qui ont vu des Siumons élevés en eau close être sujets à une mor- _ talité qui sévissait particuliè ement sur les mâles. Ceux-ci peuvent donc, au bout d’un certain temps, se trouver moins nombreux que les femelles. C’est notam- ment ce qui s’est produit chez les Saumons de Californie élevés à l'aquarium du Trocadéro. (3) Rapport sur la situation de la pisciculture à l'étranger, etc. (Bull. Soc. Accl.). EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 279 lution embryonnaire doit s'effectuer lentement (1), et j'ai de même insisté sur la nécessité non moins grande d'employer une eau le plus aérée possible. Ce sont là deux conditions absolument indispensables pour obtenir des alevins réelle- ment vigoureux. Il n’existe, aujourd’hui, sur ce point aucun doute pour personne. Mais, ce qui est moins généralement connu, c'est la façon dont se traduit sur l'embryon l’action d’une eau manquant de fraicheur ou insuffisamment aérée. D'après les observations faites à l'établissement de pisciculture d’Howieloun (Ecosse), cet action se porte principalement sur le réseau vasculaire qui, chez le Saumon, la Truite, elc., enveloppe en quelque sorte la vésicule ombilicale, et qui joue un si grand rôle dans la résorption de cette vésicule et, par suite, dans le premier développement du jeune poisson. Chez l’embryon qui s’est développé trop rapidement, ou dans un milieu pauvre en oxygène, ce réseau ne se forme que très imparfaitement. Avec la loupe, un œil tant soit peu exercé peut, à ce caractère, distinguer aisément un embryon venu dans de mauvaises conditions, d’un embryon qui s’est déve- loppé dans un milieu favorable (2). Mal conformés, les vais- Seaux fonctionnent mal, la circulation y est gênée, l'absorption de la matière protoplasmique accumulée dans la vésicule vitelline pour la nutrition de l’embryon s’effectue difficile- mént, et le développemeut de lalevin se trouve sérieuse- ment atteint. (1) L’accélération du développement de l'embryon par l’emploi d’une eau peu fraîche ne s’obtient jamais qu’au détriment de la vigueur de l’alevin. Aux États Unis, l'établissement de pisciculture de Grand Lake Stream (Maine) est chargé, presque tous les ans, d'embryonner des quantités importantes d’œuts de Saumon destinés aux États du Sud où, la belle saison étant précoce, il est pussible de mettre les alevins de bonne heure en rivière. Afin d avan-er l’époque des envois, on eut l’iiée de mettre quelques lots d'œufs en incubation dans une eau moins froide que celle habituellement employée dans l'établissement. Après quelques essais, on dut y renoncer, des plaintes parvenant sur la qualité des œufs, qui donnarent naissance à des alevins chétifs, sur lesquels sévissait une mortalité consideräble. (2) Un alevin (de Saumon) bien constitué se reconnaît, du reste, à première vue, à la longueur de son corps, à sa couieur foncée et à sa vésicule ombihicale pointue en arrière, piriftorme, et non arrondie, ballonnée, comme cela se pro- duit généralement quaud l’embryon est mal développé. L’aluvin robuste com- mence souvent à manger avant que la résorption de la ésicule vitelline soit complète, ce qui indique le développement précoce des organes de la nutrition. 280 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 21 Quand on examine la vésicule ombilicale d’un alevin de Truite ou de Saumon, on reconnait aisément que cette vési- cule présente deux enveloppes superposées: l’une intérieure, qui supporte le réseau vasculaire mentionné ci-dessus, l’autre extérieure, dont le rôle semble être uniquement celui d’un tégument protecteur. Celte enveloppe extérieure doit être à peu près insensible, car on peut l’entailler sans que le poisson paraisse en souffrir; tandis qu’il paraît, au contraire, visible- ment incommodé dès qu’on vient seulement à toucher l’enve- loppe intérieure. Il arrive parfois qu'entre les deux enveloppes se produit un épanchement abondant d’un liquide séreux, qui distend d’une façon considérable l'enveloppe extérieure. Celle-ci forme alors une poche relativement énorme sous le ventre du jeune poisson, et c’est cette maladie singulière que la plupart des pisciculteurs désignent sous le nom d’« hydropisie de l’alevin ». En examinant le liquide séreux ainsi épanché, il n’est pas rare d'y apercevoir des globules du sang, provenant des vais- seaux vitellins qui ont été déchirés, lésion qui, en détermi- nant un arrêt complet ou simplement partiel de la cireula- tion vitelline, peut amener la mort de l'embryon. En même temps que l’hydropisie, on voit souvent appa- raître une autre affection qui fait périr beaucoup d'alevins. C’est une maladie du foie, dans laquelle ce viscère prend une couleur blanchâtre qui résulte d’un désordre dans la circula- tion du sang. Les deux maladies, dont l’une existe rarement sans l’autre, paraissent être généralement la conséquence de : -condilions hygiéniques défavorables, notamment d’une trop grande agglomération des jeunes poissons, ou de leur séjour -dans une eau de mauvaise qualité, insuffisamment renouvelée -ou chargée de principes nuisibles, comme cela peut se pro- -duire, par exemple, quand on “bite soit des récipients métalliques fraîchement vernis, soit des bacs faits d’an bois æésineux ou trop nouvellement travaillé. Un pisciculteur dis- dingué des États-Unis, M. Fréd. Mather, ayant été obligé de amettre environ 15 000 alevins de Truite dans un bac en bois de sapin qui n'avait pas été suffisamment goudronné, vit EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 281 bientôt ces alevins atteints d’hydropisie et de la maladie du foie. Il en perdit un grand nombre, et la mortalité ne cessa que quand les jeunes poissons purent être transférés dans un bac plus anciennement établi, où un lavage de longue durée à l’eau courante avait enlevé toute odeur de résine. Le même pisciculteur perdit tout un lot d’alevins de Saumons de Cali- fornie, qui avaient élé placés dans un bac en bois de chêne. fraîchement travaillé, lequel donnait à l’eau un léger goût de tanin (1). Un détail à noter, c’est qu’on réussit quelquefois à guérir l’alevin atteint d’« hydropisie », en perçant avec soin la poche abdominale pour faire écouler le liquide séreux qui la rem- plit. Inutile d’ajouter que la moindre blessure faite à la se- conde enveloppe de la vésicule ombilicale entrainerait à peu près infailliblement la mort du jeune poisson. Grand nombre d’alevins périssent des suites de blessures faites à cette vési- cule pendant la durée de sa résorption, ou bien encore de compressions ou de chocs subis par l’œufpendant l’incubation. Malgré la solidité relative et la force de résistance de la coque de l'œuf (2), 1l arrive généralement que, sur les points où quelque choc rude s’est produit, la matière protoplasmique contenue dars la vésicule ombilicale présente une sorte-de coagulation, et quand vient le moment où celte partie coagulée devrait être puisée par Les vaisseaux absorbants, la résorption ne pouvant continuer à s'effectuer, l'embryon ne tarde pas à périr. Il est donc toujours important de manier les œufs avec précaution ; autrement on s'expose à de grosses pertes d’ale- vins pendant le premier âge. On conçoit que les chances d’accidents pourront être d’autant plus facilement écartées (1) M. Mather pense que c’est à une cause analogue qu'il faut attribuer la ‘disparition des Truites dans les cours d’eau où les scieries ont la fâcheuse habi- tude de jeter la sciure des bois qu’elles débitent. Les pêcheurs admettent géné- ralement que l’eau, en se chargeant du tannia de cette sciure, agit d’une façon nuisible sur les branchies du poisson, qui périt ou est obligé de fuir. D’après M. Mather, la disparition de la Truite en aval des scieries tiendrait plutôt à ce que l’alevin est détruit par la sciure, qui l’étouffe en recouvrant les frayères, et qui l’empoisonne en viciant l’eau par la térébenthine du sapin ou le tanin du chêne, (2) M. Frank Buckland a vu qu’un œuf de Truite résiste à l’écrasement sous un poids de plus de deux kilogrammes (Fish Haïtching, p. 29). 282 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATAITION. que la coque de l’œuf présentera plus de solidité. Or il à été constaté que chez la Truite, les sujets habitant une ‘eau très chargée de calcaire produisent des œufs dont la coqne est particulièrement résistante. Ces œufs ne réclament pas autant de soins et supportent beaucoup mieux que d’autres les chocs et les secousses, ce qui permet de les manier et de les transporter plus facilement. Pour le Saumon, plus encore peut-être que pour tous les autres Salmonides, une eau très aérée est absolument néces- saire pour l’incubation des œufs; il importe done de ne pas accumuler ces œufs en trop grand nombre dans les appareils d’éclosion, où ils manqueraient promptement d'oxygène, à moins d’être placés dans un fort courant. A la température de 7 ou 8 degrés centigrades, un litre d’eau par minute suffit pour deux ou trois mille œufs; mais c’est un minimum. Si Jon augmente le nombre des œufs, qu’on le porte, par exemple, à quatre ou cinq milliers, l’eau sort des appareils très sensiblement viciée par la respiration de ces œuls; la plus grande partie de l’oxygène qu’elle tenait en dissolution a disparu et se trouve remplacée par de l'acide carbonique. Si le courant est insuffisant, ou si, en cas de dépôts vaseux, les netioyages ne sont pas assez prompts, les œufs soulfrent du manque d’air, et, d’après les observations faites à l’éta- blissement d'Howietoun, tout lot d'œufs dont l’incubation a lieu dans ces conditions défavorables ne donne guère que des alevins fatalement condamnés à périr après la résorption de la vésicule ombilicale. Il en est à peu près de même si l'eau présente de trop grandes inégalités de température. Ainsi qu’il a été dit plus haut, la vigueur, la vitalité de l’aluvin dé- pendent surtout de la constitution et du bon fonctionnement du réseau vasculaire vitellin, et, à son tour, ce réseau ne prend un développement complet que si, pendant l’incuba- tion, l'embryon reçoit, à travers la coque de l’œuf, la somme d'air, la quantité d’ oxygène qui lui est nécessaire, et si, en outre, il n’est pas exposé à de funestes variations dans la tem- pérature de l’eau. C’est un point auquel on n’a généralement pas accordé assez d'attention jusqu’à présent. De là ces mor- EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÊCHE. 283 talités considérables fréquemment constatées chez les alevins, mortalités qui contribuent à expliquer le peu de succès de la plupart des tentatives faites pour le repeuplement des cours d’eau. On à fréquemment insisté, et avec raison, sur la nécessité de mettre les œufs en incubalion dans une obscurité plus ou moins complète. C’est, en effet, une précaution indispensable: un rayon de soleil, frappant pendant quelques instants sur ces œufs, peut faire périr les embryons; la lumière diffuse elle-même suffit, si elle est un peu vive, pour empêcher l’évo- lution embryonnaire. Bien qu’encore assez mal expliqué, le fait n'en est pas moins très bien connu. [l est donc à peine nécessaire de mentionner la précaution qu'ont, en général, les pisciculteurs de la Grande-Bretagne d’éclairer très peu leurs laboratoires d’éclosion, ou de recouvrir les appareils d’incu- bation. Mais je dois signaler une observation curieuse, qui appellerait de nouveaux essais. M. Silk, l'habile praticien qui dirige le laboratoire de pisciculture du marquis d’Exeter, à Burleisgh-House, a remarqué qu'il obtenait des alevins plus vigoureux en plaçant sur ses appareils, au lieu de volets en bois complètement opaques, des couvercles faits de calicot bleu tendu sur de légers cadres. Il serait intéressant de s'assurer, par quelques expériences, si la lumière colorée exerce réellement une action particulière, favorable ou non, sur le développement de l'embryon (1). Je dois enfin mentionner une précaution en usage dans plusieurs établissements de pisciculture de la Grande-Bre- tagne, pour préserver des atlaques du Saprolegnia ferax et de l’Achlya prolifera les alevins déjà débarrassés de la vési- cule ombilicale. Cette précaution consiste à mettre de temps en temps un peu de sel dans le bac renfermant les jeunes poissons, lesquels, sous l'influence de cette légère salure de (1) Il convient de meutionrer aussi cette observation curieuse, faite en An- gleterre, que des œufs récoltés sur une femelle morte déjà depuis plusieurs heures sont souvent encor: aptes à être fécondés et à donner des éclosions, La -laitance du mâle peut de même être employée quelque temps après que le poisson a cessé de vivre ; elle se conserve toutefois moins longtemps que les œufs, la vitalité des spermatozoïdes disparaissant assez promptement. 284 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION: l’eau, mème toute momentanée, se montrent plus vigoureux, mangent davantage et prospèrent mieux. J'ajouterai qu’un moyen non moins efficace d'éviter les maladies, c’est de donner toujours à l’eau des bacs un courant suffisant, c’est-à-dire sensiblement plus rapide que celui qui baïgnait les œufs en incubation (1). Si une eau copieusement aérée est indispensable aux œufs, elle l’est encore plus aux Jeunes alevins, qui font une consommation très grande d’oxy- gène. Quand on examine de près un jeune poisson, on re- marque que les nageoires peclorales ont une agitation conti- nuelle; on dirait une sorte de vibration qui dure jour et nuit, sans s'arrêter un seul instant. Ce mouvement des nageoires n’a d'autre but que de renouveler constamment l’eau autour des branchies du jeune poisson, en chassant le liquide ap- pauvri d'air par la respiration, pour le remplacer par une eau plus riche:en oxygène. Mise en liberté des alevins. Les avis ont souvent été lrès partagés sur la question de savoir s’il convient de meltre les alevins en rivière aussitôt après la complèle résorption de la vésicule ombilicale, ou, au contraire, de les tenir captifs pendant un temps plus ou moins long. Dans la Grande-Bretagne, la plupart des ‘piser- culteurs estiment qu'il est préférable de ne pas conserver ainsi les alevins, — au moins ceux de Saumon, — parce que : 1° il devient nécessaire de les nourrir artificiellement, ce qui est presque toujours difficile el coûteux; 2° la mortalité est souvent grande parmi eux, quelques soins qu’on leur donne; 3° ils profitent beaucoup moins bien qu’en liberté; 4 enfin, quand on se décide à les mettre en rivière, l'habitude qu'ils avaient d'être nourris artificiellement leur a-enlevé une partie de leur instinct. Maladroits à pourvoir eux-mêmes à léurs ‘(4) 3 faut attendre toutefois que la vésicule ombilicalé soit résorbée!; sans -quoi, les alevins, encore faibles et délicats, sont entraînés par le courant, et, pressés contre les grilles en toile métallique qui ferment les appareils d’éclosion, “ils-se font des blessures presque toujours mortelles. Pour éviter ces accidents, il estimême quelquefois prudent 1de diminuer légèrement la force du courant pendant les premiers jours qui suivent l’éclosion des œufs. EXPOSITIONS INTERNATIONALES DE PÈÊCHE. 289 besoins, ils connaissent aussi moins le danger, savent mal se soustraire aux poursuites des ennemis de toute sorte qui les assaillent, et deviennent victimes d’une foule de causes de destruction. L'expérience en a été faite maintes fois. Si des alevins de même âge, commençant à manger, sont, les uns conservés dans les appareils d’éclosion et nourris artificielle- ment avec toutes les précautions imaginables, les autres mis en rivière dans des conditions convenables, moins d’une se- maine après, on peut déjà constater une différence de déve- loppement considérable entre ces jeunes poissons ; ceux qui ont été abandonnés à eux-mêmes en pleine eau dépassent quelquefois de moitié, comme grosseur, les sujets restés captifs, qu’on a cependant cherché à nourrir abondamment. L'alimentation artificielle est particulièrement difficile pour les jeunes Saumons, qui ne prennent la nourriture qu’on leur jette que tant que celle-ci est en suspension dans l’eau ; dès qu’elle est arrivée au fond, ils n'y touchent plus. Les alevins de Truite, même quand ils sont encore très jeunes, se montrent généralement moins difficiles, et plus tard, par- venus à lPétat de Truitelles, il leur arrive fréquemment de fouiller le sable de leur bassin pour y chercher des proies vi- vantes (Vers, Crevettes d’eau douce, etc.), ou pour ramasser les parcelles de viande hachée qu’on leur distribue; jamais, au contraire, les Saumoneaux ne prennent de nourriture au fond de l’eau (1). La mise de l’alevin en rivière comporte certaines précau- tions que l’on ne néglige jamais impunément, et dont toute- (1) L’alevin de Saumon se distingue également de l’alevin de Truite par l’ha- bitude qu’il a de se tenir tranquille au fond des bassins, dans une attitude parti- culière. Relevant sa nageoire caudale, qu’il ne laisse pas porter, il repose uni- quement sur l'extrémité des nageoires pectorales, beaucoup plus longues et plus fortes que chez les Truites. Chez l’alevin qui vient de naître, la forme différente de la vésicule ne permet pas de confondre les deux espèces et fait aisément reconnaître l’alevin de Tr uite des lacs, souvent à peine plus petit que celui de Saumon. Chez ce dernier, la vésicule est nettement piriforme, tandis qu’elle est arrondie, plus où moins ballonnée chez la Truite. Plus tard, il existe un autre caractère également facile à saisir ; c’est la couleur de la nageoire adipeuse. Chez les Saumons migrateurs, cette nageoire est inco- lore ou légèrement noirâtre, tandis que chez la Truite, espèce sédentaire, le bord en est toujours plus ou moins rouge. | JLOE, 286 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. fois on ne paraît pas s’être généralement beaucoup préoccupé chez nous, ce qui est une des raisons de l’insuccès de bien des travaux d’empoissonnement. Qué de milliérs — on pour- rait dire de millions — d’alevins ont été versés dans nos cours d’eau sans la moindre préoccupation deplacer ces jeunès poissons dans des conditions véritablement favorables à leur développement, sans qu’on ait veillé à les soustraire aux nombreux ennemis, aux causes de destruction de toute es- pèce qui en font souvent disparaître plus des neuf dixièmes! Et l'on s'étonne que les dépenses faites pour le FOpENRIS ment soient demeurées stériles ! | Jamais dans la Grande-Bretagne, — et je pourrais ajouter dans aucun pays étranger, — on ne verse les alevins en rivière en quelque sorte au hasard. L'emplacement est toujours choisi avec le plus grand soin. Il en est de même de l’époque des opéralions: trop tôt en saison, les jeunes poissonstne trouveraient dans les eaux presque aucune nourriture à leur convenance ; d’où l’utilité des éclosions aussi tardives que possible. Comme emplacement, le meilleur est celui que les Saumons auraient eux-mêmes choisi pour frayer : eau lim- pide et pure; fond non vaseux, offrant de nombreux refuges pour les minuscules poissons, qui doivent, en outre, par le peu de profondeur de l’eau, être placés Huré de l'atteinte des poissons assez gros pour en faire leur proie. Dans le même ordre d'idées. 1l convient de ne jamais agglomérer les alevins sur un même point, mais de les éparpiller le plus possible, pour mieux assurer leur subsistance et leurs chances de salut. Les jeunes Saumons, d’ailleurs, vivent isolément, et c’est seulement quand vient pour eux le moment de descendre à la mer qu’ils se réunissent en bandes. Déjà à cette époque le nombre en a considérablement diminué. La Truite, qui peuple les rivières à Saumon, ne le cède pas toujours beaucoup au Brochet, ou au moins à la Perche, sous le rapport de la vora- cilé, et elle contribue à éclaircir les rangs des alevins. On a souvent accusé les Saumons adultes qui, après le frai, re- descendent à la mer tout épuisés par l’acte de la reproduc- tion et dans un état d’émacialion extrême, de dévorer beau- EXPOSITIONS! INTERNATIONALES DE PÊGHE. : ::: 287 coup d’alevins de leur propre.espèce. L’accusation paraît peu fondée, car la descente de ces Saumons a lieu d'ordinaire en février ou mars, et, à cetie époque, les alevins se tiennent encore cachés sous les pierres ou dans les anfractuosités des rives. J'ai indiqué ailleurs (1) les soins qu’on prend en Angleterre pour protéger les Saumoneaux à l’époque où ils effectuent eux aussi leur voyage vers les eaux salées; je ne reviendraï pas sur ce sujet. Qu'il me suffise de dire que ces précautions sont considérées comme indispensables à l'entretien de la richesse des rivières, et que, du réste, nos voisins d’outre-Manche at- tachent, non sans raison, au moins autant d'importance aux mesures protectrices du poisson qu’à la pisciculture elle- même (2), fatalement condamnée à rester stérile si, d’un côlé, on délruit ou laisse détruire avant le temps ce qu’on sème de l’autre. e | | (A suivre.) (4) Les poissons migrateurs et les échelles à Saumons (Bull. Soc. nat, Accl., 1884). 1 Cette manière de voir est corroborée par les renseignements stalistiques suivants, fournis par les commissiires des pêcheries : Quand intervint la loi du 6 août 1861 sur la pêche du Saumon en Angleterre et dans le pays de Galles, le proiuil atviue de cetie pêche s'élevait à peine à 18 000 livres sterling (450 OUU francs). Après sept années seulement de ce système : protecteur. (en 1868). le rendement atteiguait déjà 30 000 livres (750 000 francs) et, sous l’einpire des lois p'us Séveres de 1865 et de 1873, il a continué à augmenter ra- piderhent/ Aujourd’hui, 1l n’est pasiinférieur à 450 000 livres (3 750 000 frangs}s ces chiffres ont leur loquence, DES PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON Par le docteur Édouard MÈNE. | (Suite.) SAXIFRAGÉES. HYDRANGEA HORTENSIA. Temari-hana. — Dans le jardin du Trocadéro, on observait plusieurs pieds d'Hydrangex horlensia. Le tableau des productions utiles enregistrait au n° 111 l'Hydrangea hortensia, avec un échantillon de racine grisâtre. L'Hydrangea hortensis de Smith (1), de Franchet et Sava- lier (2) : Hydrangea hortensia de Siebold (3), de M. Maximo- wicz (4) : Hortensia opuloides de Lamarck (5),arbuste de 1 à 8 mètres, à larges feuilles ovales, persistantes, à fleurs roses, rouges, passant au violet ou au bleuâtre, au blanc, offre au Japon un grand nombre de variétés spontanées et cultivées. D’après MM. Franchet et Savatier (6), ses variétés de forêts sont : : Var. acuminata, qui est l’Hydr. acuminata nr Siebold et Zuccarini (7), fleurissant de juillet à août le long des ruisseaux, dans les bois, sur Les montagnes de la province de Higo, dans l'île de Kiusiu, dans les environs des villes d'Osaka,de Yokoha- ma et de Simoda, dans l'ile de Nippon, et qui, suivant M. Maxi- mowiez (8), est commun dans l’île de Yeso, près de la ville d'Hakodaté, etsur les montagnes quiavoisinent le lac Konoma. Var. pubescens, qui croît dans les endroits humides et ombragés des montagnes d’Hakone. Var. angustata, qui se trouve près de la ville d’Alami. Var. japonica, qui est l’Hydrangea japonica de Siebold (4) Smith, Ze. pict. pl. rar., 1, tabl. 12. (2) Franchet et Savatier, vol. 1, p. 150, n° 602. (3) Siebold, Syn. Hydr., p. 683 (1826). (4) Maximowiez, Revisio hydrangearum, p. 11. .(5) Lamarck, Encyclop. meth., T1, p. 136 (1789). (6) Franchet et Savatier, vol. i, P. 150-153, n° 602. (7) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon. p. 111. (8) Maximowicz, Revisio hydrangearum, p. 13. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 289 et Zuccarini (1); variété souvent cultivée dans les jardins sous le nom de Gazuko, à fleurs soit bleuâtres, soit roses. Var. azizui d’'Asa Gray (2) et de Maximowiez (3), qui est l'Hydrangea azizai de Siebold et Zuccarini (4), auquel les Japonais donnent le nom d’Azizai, et qui croît dans l’île de Yeso, non loin de la ville d'Hakodaté. MM. Franchet et Savatier (5) citent comme formes horti- coles : Var. otaksa d’Asa Gray (6) et de Maximowicz (7); c’est l’'Hydrangea otaksa de Siebold et Zuccarini (8), désigné au Japon sous le nom d’Otaksa, à fleurs bleues rayonnantes, introduit de Chine, suivant Seboit! , Var. hortensia de Maximowiez (9); c’est l Hortensia cultivé dans les jardins japonais, à fleurs roses rayonnantes, et que les Japonais nomment Temari hana. Var. stellata de Maximowiez (10), qui est l’'Hydrangea stellata de Siebold (11), qu'on appelle Sitsidan kwa. D’après MM. Franchet et Savatier (19), les fleurs sont bleuà- tres ; M. Maximowicz les donne comme roses. HYDRANGEA PANIGULATA. Nori koki. — On rencontre aussi au Japon l’Hydrangea paniculata, observé par Siebold (15), par Maximowicz (14), par Miquel (15) et par M. le D' Sava- lier (16), à qui les Japonais assignent le nom de Nori koki. L’Hydr. paniculata fleurit en mai dans les forêts de toute l'étendue ue apon, depuis l’île de Kiusiu jusqu’à l’île de Veso. (1) Siebold et Zuccarini, F1. Japon., 1, p. 106, tabl. 53. (2) Asa Gray, F1. Japon., p. 312. (3) Maximowicz, Revis. hydrang:, p. 14. (4) Siebold et Zuccarini, F1. Japon., 1, p. 104, tabl. 51. (5) Franchet et Savatier, vol. I, p. 152, n° 602. (6) Asa Gray, F1. Jap., p. 312. (7) Maximowicz, Revis. hydrang., p. 14. (8) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., I, p. 104, tabl. 52. (9) Maximowicz, Revis lu ydrang., p. 14. (10) Id., ibid., p. 14. (41) Siebold et Zuccarini, vol. [, p. 119, tabl. 59. (12) Franchet et Savatier, vol. I, p. 152. (13) Siebold et Zuccarini, E, p. 115, tabl. 51. (14) Maximowiez, Revis hydr ang’, p. 9. (15) Miquel, Prolusio flore Japonicæ, p. 262. (16) Franchetiet Savatier, vol. I, p. 150, n° 600, 4e SÉRIE, T. Il. — Mai 1885. 19 9290 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. M. Maximowiez (1) a rencontré une variété horlensis, cul- tivée dans les jardins de la ville de Tokio, et une variété minor, spontanée, fleurissant en juin, au pied du volcan Wunzen, dans l’île de Kiusiu. HypRANGEA VIRENS. Kana utsuki. — Le Japon produit aussi l’'Hydrangea virens de Siebold (2), de Maximowicz (3), de Franchet et Savatier (4); Viburnum virens de Thunberg (5), Hydrangea scandens de Miquel (6), connu au Japon sous le nom de Kana utsuki, qui fleurit en maïet croît à l’état sau- vage sur les monts Higosan, Kiposan et sur le volcan Wunzen dans l’île de Kiusiu, sur les montagnes de l’île de Nippon, et que les Japonais cultivent dans leurs jardins (7). HYDRANGEA THUNBERGII. Hama tsja. — Les Japonais culti- vent aussi dans leursjardins l'Hydrangea Thunbergii, quia été relaté par Siebold (8), par M. Maximowiez (9), par MM. Fran- chet et Savatier (10); Viburnum serratum de Thunberg (11) et de Miquel (12). HYDRANGEA PETIOLARIS. — (Quant à l’Hydrangea petholaris de Siebold et Zuccarini (13), de Miquel (14), de Franchet et Savatier (15), que M. Maximowicz (16) a décrit sous le nom d'Hydrangea scandens, il se rencontre dans les forêts montagneuses, où il fleurit dans la deuxième parlie du mois de juin, et il offre, suivant MM. Franchet et Savatier (17), trois variétés : ovalifolia, cordifolia et bracleata. (1) Maximowicz, Revisio hydrangeurum, p. 9. (2) Siebold, Synops. hydr. in act. Lop., XIV, 2, p. 690. F1. Japon., 1, p. 114, tabl. 60. (3) Maximowicz, Rev. hydr., p. 6. (4) Franchet et Savatier, vol. I, p. 149, n° 599. (5) Thunberg, Flor. Japon., p. 123. (6) Miquel, Prolusio floræ Jdaponicæ, p. 262. (7) Franchet et Savatier, vol. I, p. 149, n° 599, (8) Siebold et Zuccarini, F1. Jap., I, p. 3, tabl. 58. (9) Maximowicz, Revisio hydrangearum, p. 15. (10) Franchet et Savatier, vol. I, p. 153, n° 603. (11) Thunberg, Flor, Japon., vol. I, p. 124. (12) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 262. (13) Siebold et Zuccarini, Flor. Jap., L, p. 106, tabl. 54. (14) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 262, (15) Franchet et Savatier, vol. I, p. 153, n° 604. (16) Maximowicz, Revisio hydrangearum, p. 16. (17) Franchet et Savatier, vol. I, p. 153, n° 604. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. ". 99 HYDRANGEA INVOLUCRATA. Kin bai soo. — On rencontre aussi l’Hydrangea involucrata d’après Siebold (1), Maxi- mowicz (2), Miquel (3), Franchet et Savatier (4), dans les bois humides de plusieurs provinces de l'ile de Nippon. Cet Hy- drangea, qui porte le nom de Æin bai s00, a une variété à fleurs doubles, que Siebold (5) a trouvée cultivée dans les jardins. HYDRANGEA HIRTA. Vama azisai. — L’'Hydrangea hirta, que les Japonais désignent sous le nom de Yama azisai, a été mentionné par Siebold (6), par MM. Maximowicz (7), Franchet et Savatier (8), comme croissant à l’état sauvage et fleurissant en mai dans l’île de Nippon. Un certain nombre d'Hydrangea ont été introduits du Japon en Europe. L'Hydrangea japonica a été introduit en 1840. La variété blanche Thomas Hogg a été introduite en 1876 par les horti- culteurs américains. Elle était exposée à Nancy, en 1880, par M. Blaise, ainsi que la variété rose exposée par M"° Harmand. L’Hydrangea paniculata était représentée à cette même Exposition, avec var. grandiflora, exposée par M. Gallé, ainsi que l’Hydrangea latifolia, var. albo-marginata. L’Hydrangea scandens, ou Hortensia grimpant, introduit récemment, ainsi que l’Hydrangea Thunbergii, étaient aussi exposés à Nancy par M. Lemoine. La belle collection de Segrez contient : L’Hydrangea japonica $S. et Zuc., avec variétés macro- phylla, elegans-maculata, latifolia albo-variegata, cœru- lescens, floribus albis, floribus roseis, floribunda, rosalba, versicolor, azizai, qui est l'Hyd. azizai de Siebold, azizai foliis variegatis, hortensia, hortensia foliis variegatis, hor- lensia variabilis. (1) Siebold et Zuccarini, Flor. Jap, KE, p. 118, tabl. 65. (2) Maximowicz, Revisio hydrangearum, p. 10. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 262. (4) Franchet et Savatier, vol. I, p. 150, n° 601. (3) Siebold et Zuccarini, FL. Jap., tabl. 64. (6) Id., ibid., tabl. 62. (7) Maximowicz, Rev. hydrang., p. 10. (8) Franchet et Savatier, vol. [, p. 149, n° 598. 299 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. + L'Hydrangea otaksa (1). L'Hydrangea paniculata, avec var. a (2). L’Hydrangea Thunbergi. L’'Hydrangea acuminata . L'Hydrangea involucrata. L’'Hydrangea pubescens. L'Hydrangea stellata, avec var. prolifera (flore pleno) (5). PLATYCRATER ARGUTA. Baikwa amatsja. — - La famille des Saxifragées au Japon produit aussi : Le Platycrater arquta relaté par Siebold et Zuccarini (4), par Maximowiez (9), par Miquel (6), par Franchet et Sava- tier (7), qui fleurit en Juillet le long des torrents, dans les iles de Kiusiu et de Nippon, où il vient à l’état sauvage, mais qu’on trouve cultivé dans les jardins japonais sous le nom de Baikwa amatsja et de Ginbai so. Le Platycrater arguta introduit en France et décrit dans l'Horticulture française (8), est cultivé notamment à Segrez. ASTILBE JAPONICA. Awa moriso. — L’Astilbe japonica observé par Miquel'(9), par Franchet et Savatier (10), Hoteia japonica de Morren et Decaisne (11), plante vivace, à fleurs blanchâtres qui viennent en juin, que le Somoku-Dusets (12) donne sous les noms d’Awa moriso et de Awa mori-shoma. ASTILBE THUNBERGIT. Yama buki-shoma.—L’'Astilbe Thun- bergii ou Hoteia Thunbergi, que le Somoku-Dusets marque sous la dénomination de Yamabuki-shoma, avec var. rubra, sous le nom de Aka-shoma . M. le D’ Vidal, dans son étude intéressante sur les animaux et plantes utiles du Japon, cite les Hoteia japonica et Thun- (1) Flore des Serres, XVIII, tabl. 1732-1738. (2) Zbid , XVI, tabl. 1665. (3) 1bid., XNILL, tabl. 1890. (4) Sicbold et Zuccarini, Flor. Jap., E, p. 64, tabl. 27. (5) Maximowiez, Revisio hydrangearum, p. 5. (6) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 263. (7) Franchet et Savatier, vol. [, p. 157, n° 611. (8) Horticulture française, tabl. T (1870). (9) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 218. (10) Franchet et Savatier, vol. I, p. 143, n° 578. (11) Ann. sc. natur., 2 sér., vol. LE, p. 316, tabl, 11. (12) Somoku-Dusets, vol. X, p. 95, n° 18. + PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 293 bergii comme plantes japonaises de culture ornementale. L’Hoteia japonica est introduit en France et se trouve cul- tivé dans le Midi et près de Paris, chez M. Croux et chez: d’au- tres horticulteurs. | SCITAMINÉES. CurcuMA LonGA. Ukon. — De la famille des Scitaminées, le tableau des productions utiles (classe 44, Produits des ex- ploitations et industries forestières) enregistrait au n° 13 le Curcuma longa sous la dénomination de Ukon, avec un échantillon de racine jaure de grosseur moyenne. Dans la collection des matières colorantes (classe 44, Pro- duits des exploitations et industries forestières), on remar- quait des spécimens de racines de Curcuma longa. On cultive au Japon Le Curcuma longa vivace, à rhizomes tubéreux, noueux, d’un gris verdâtre à l’extérieur, de cou- leur rouge foncé ou jaunâtre à l’intérieur, à odeur se rap- prochant de celle du Gingembre, à saveur aromatique, à tige de 0*,90 à 1",20 de haut, à fleurs jaunes. Le Phonzo-Zoufou (1) donne le Curcuma longa sous le nom de Kiho ou Kiyo-who. Ge nom de Kiho serait applicable, d’après le Somoku-Du- sets (2), à une variété de Curcuma. Sous le nom de Ukon, le Somoku-Dusets (3) marque. le Curcuma. longa, var. macrophylla. de Miquel, auquel le Phonzo-Zoufou (4) assigne le nom de Kizoume gouza. Quant aux livres Kwa-wi (5), ils enregistrent le Curcuma longa sous les deux noms. Les Japonais, de même que les Chinois, mêlent le Curcuma au riz, et souvent en aromatisent et en colorent. leurs mets. Dans l’industrie japonaise, le principe colorant du Curcuma est employé pour teindre en jaune les étoffes, et on s’en sert sans l'addition d’aucun mordant. Les tissus de soie et de laine (1) Phonzo-Zoufou, vol. X, fol. 16, recto. (2) Somoku-Dusets, vol. I, p. 1, n° 4. (3) Ibid., n° 3 (4) Phonzo-Zoufou, vol. X, fol. 17, recto. (5) Kwa-wi, Herb., 4° vol. p. 54, n° 2. 994 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. prennent mieux la coloration jaune fournie par le Curcuma que les étoffes de coton. Du reste, la teinture jaune obtenue avec le Curcuma est peu solide. Quand ils veulent avoir une couleur plus belle et plus fixe, ils y ajoutent de la gomme gutte. Ils s’en servent aussi pour teindre le bois, le papier et le papier-cuir. En médecine, les Japonais, de même que les Chinois, pré- conisent le Curcuma mélangé à l’eau-de-vie de riz (sotchiou), pour pratiquer des frictions dans les cas de rhumatisme et pour rappeler la chaleur à la peau. Les Chinois emploient souvent la poudre de Curcuma comme sternutatoire. [ls l’administrent aussi comme tonique, pour relever les fonctions de l’estomac et activer la digestion. Us s’en servent aussi dans les cas de fièvre intermittente. Les graines de Curcuma sont employées contre les coli- ques. Avec la décoction de racine de Curcuma, ils font des lotions pour combattre les inflammations des paupières. AMOMUM MI0GA. Miyo-ga. — Le tableau des Productions utiles indiquait au n° 156 l’'Amomum mioga. Le Zingiber mioga de Roscoe (1), de Franchet et Sava- tier (2), Amomum mioga de Kæmpfer (3), de Thunberg (4) et de Miquel (5), porte au Japon le nom de Miyo-ga, d’après le Somoku-Dusets (6). Il est cultivé dans les terrains humides, où il fleurit en septembre dansles îles de Kiusiu et de Nippon. L’Amomum mioga, vivace, à rhizomes écailleux, est usité dans la nourriture des Japonais, qui mangent les inflores- cences avant l’épanouissement des fleurs, soit cuites, soit salées. MM. Paillieux et Bois, dans leur remarquable travail inti- tulé : le Potager d’un curieux (7), consacrent dans la famille des Zingibéracées un chapitre au Mioga, qu'ils cultivent près (1) Roscoe, in Linn. transact., 8, p. 348. . (2) Franchet et Savatier, vol. II, pars 1, p. 20, n° 1757. (3) Kæmpfer, Amænit. exotic., p. 826. (4) Thunberg, Flor. Japon., p. 14. (5) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 304. (6) Somoku-Dusets, vol. I, p. 2, n° 8. (7) Bulletin de la Société d’Acclimatation, n. 595-598 (1884). PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 9295 de Paris, et dont ils préconisent l’usage, cuit, à la sauce, au jus, comme le Céleri. M. Paillieux en a fait des pickles, en le * mélangeant aux Anguries des Antilles, aux bulbes de l’Oignon calawissa et aux Piments doux d’Espagne MM. Paillieux et Bois recommandent le Zingiber mioga comme plante rustique et d’une rapide multiplication. AMOMUM ZINGIBER. Shoga. — Quant au Gingembre, Amo- mum Zingiber L., Zingiber officinale Rosc., on en trouvait des spécimens dans la classe 73 (Légumes et Fruits. Condi- ments), sous les noms de : Shoga, Gingembre, gris blanchâtre, à saveur piquante, à odeur aromatique. Mume zuke Shoga, Gingembre conservé, blanc rosâtre. Missozuke Shoga, Gingembre conservé, de couleur gri- sâtre, provenant de la ville de Tokio. On cultive au Japon le Shoga, vivace, à rhizome rameux, à feuilles oblongues, lancéolées, à fleurs d’un jaune rougeâtre maculées de pourpre, venant en long épi terminal. Le Gingembre du Japon est sous deux formes : gris et blanc. Le Gingembre gris est jaunâtre à l’intérieur ; il est ue lourd que le Gingembre blanc. Le Gingembre dépouillé de son écorce forme le Gingembre blanc, qui est blanchâtre à l’intérieur et à l’extérieur ; il est plus léger, l’odeur est moins aromatique, mais la saveur est plus brûlante. Le Gingembre est employé au Japon frais ou conservé, salé ou confit dans le vinaigre de prunes (mumé-su), et aussi en poudre. Les Japonais, de même que les Chinois, préconisent le Gingembre comme stimulant de l’estomac et facilitant la di- gestion ainsi que les fonctions du foie et des intestins. Ils le regardent aussi comme sudorifique. KÆMPFERIA CALANGA. Ban Ukon. — Le Somoku-Dusets (1) marque aussi comme cultivé au Japon, sous le nom de Ban Ukon, le Kæmwpferia galanga, plante vivace, à rhizome tubé- (1) Somoku-Dusets, vol. I, p. 1, n° 5. 9296 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. reux, à fleurs blanchâtres en panicule terminale, et dont les racines, brunâtres à l'extérieur, rougeâtres à l’intérieur, à odeur aromatique, à saveur piquante, sontemployées (surtout en Chine), de même que le Gingembre, comme médicament stimulant pour exciter les fonctions de l'estomac et faciliter la digestion. SCROPHULARINÉES. PAULOWNIA IMPERIALIS. Kiri. — Une des plates-bandes du jardin du Trocadéro renfermait un beau pied de Paulownia imperialis. Le tableau des Productions utiles marquait au n° 495 le Kiri, avec un échantillon de bois blanc jaunâtre. La collection des bois de la galerie des machines (classe 44, Produits des exploitations et industries forestières) contenait un spécimen de bois de Kiri de couleur gris blanchâtre, de 0",29 de diamètre avec 2 millimètres d'épaisseur d’écorce. La série des bois avec écorce, branches et feuilles, conte- nait aussi un échantillon de bois de Kiri. Dans la classe 46 (Produits agricoles), parmi les huiles végétales présentées par Kanno-Kiokou, était exposé un flacon d'huile roussâtre, peu consistante, de Paulownia imperialis, sous la dénomination de Kesha kiri abra. Le Paulownia imperialis relaté par Kæmpfer (1), par Siebold et Zuccarini (2), par Franchet et Savatier (3), Bi- gnonia tomentosa de Thunberg (4) et de Miquel (5), est nommé au Japon Küri, suivant le Phonzo-Zoufou (6). Il croit à l’état spontané dans les forêts montagneuses des îles de Kiusiu et de Nippon. Il est très fréquemment cultivé, et sa croissance est rapide, car il atteint, en dix ans, de 9à 12 mètres. Ses jolies fleurs, d’un bleu violacé, en panicules terminales, odorantes, venant avant les feuilles, sont très re- (1) Kæmpfer, Amænitatum exoticarum, p. 859, cum icon. (2) Siebold et Zuccarini, For. Japon., 1, p. 27, tabl. 10. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 342, n° 1239. (4) Thunberg, Flora Japonica, p. 252. (5) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 41. (6) Phonzo-Zoufou, vol. LXXXIIT, fol. 2, recto. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 297 cherchées des Japonais. Elles font partie des armoiries du Mikado (1). On rencontre, dans les îles de la province d’Idsu, une va- riété de Kiri qui s'appelle Shimagiri et dont le boïs, très dur, est recherché en ébénisterie. Les feuilles du Kiri sont utilisées dans la nourriture. Les Japonais les font cuire et les mangent en soupe. Quant au bois du Ari, léger, qui subit peu l’action de l'humidité, il est employé en menuiserie; on en fabrique les boîtes qui doivent servir à transporter le thé ; on en fait des malles et des coffres à vêtements. Ces coffres sont souvent garnis de soie à l’intérieur et sont enrichis extérieurement de dessins laqués d’un très joli effet. Les petits meubles pour fumeurs ou pour servir le sotchiou (eau-de-vie de riz), les boîtes, les plateaux, ornés de dessins laqués et fréquemment incrustés de nacre ou de pierres sculptées, se font souvent en bois de Kiri. Les instruments de musique désignés au Japon sous le nom de goto sont con- fectionnés en Æiri. Suivant M. Dupont (2), dans son remar- quable ouvrage sur les essences forestières au Japon, le bois de Paulownia imperialis sert aussi pour les gueltas, sortes de planchettes en bois que les Japonais portent aux pieds pour se garantir de la boue. Ces guettas sont composés d’une planchette horizontale en bois de Kiri, supportée par deux planchettes verticales en bois dur de Akakachi (Quercus Buergerii). | SÉSAMÉES. SESAMUM INDICUM. Goma. — Sous un auvent, dans le jardin du Trocadéro, était exposée une collection de graines, parmi (1) Les armoiries du Mikado sont : trois feuilles de Paulowma imperialis surmontées de sept fleurs au centre et de cinq fleurs de chaque côté, et une fleur de chrysanthème à 16 pétales, vue de face. Le Mikado seul porte sur ses armoiries la fleur de chrysanthème de face. Les princes, de la famille impé- riale ont le chrysanthème vu en arrière avec le calice. Le chrysanthème orne le centre du drapeau violet du Mikado. (2) Dupont, Les Essences forestières du Japon. p. 133. 9298 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. lesquelles on rémarquait des spécimens de Sésame blanc (Shiro goma), de Sésame blanc jaunâtre (Cha goma) et de Sésame noir (Kuro goma). Un certain nombre & pieds de Sé- same existaient dans le jardin. Dans la classe 46 (Produits agricoles), on observait parmi les huiles végétales exposées par Kannô-Kiokou plusieurs fla- cons d'huile de Sésame. En dehors des usages alimentaires des graines de Sésame, qui, au Japon, se mangent grillées, ces graines servent à fabri- quer une huile comestible que les Japonais consomment en grande quantité, souvent aussi mélangées avec du sucre et de l'huile (surtout les graines de Sésame noir). Les résidus de la fabrication de l huile de Sésame sont uti- lisés comme engrais. Le Sesamuin indicum qui, au Japon, est désigné sous le nom de Goma, est cultivé dans presque toutes les provinces des iles de Kiusiu et de Nippon. L'huile de Sésame est employée surtout pour la fabrication de l’encre dite de Chine, mais qui se prépare aussi au Japon. L’Exposition japonaise (Classe 10, Papeterie; matériel de la peinture et du dessin) renfermait des échantillons d'encre de Kyauto ; Des spécimens d’encre provenant du département de Sakaï (province de Idsumi) ; Des encres du département d’Isikawa (province de Kaga); Des encres provenant de la ville de Tokio. Au Japon, l'encre dite de Chine se prépare de la manière suivante (1) : on fait brüler au moyen de mèches de l’huile de Sésame dans un certain nombre de petits vases plats, qu’on recouvre avec des couvercles coniques destinés à recueillir le noir de fumée. Ces couvercles sont raclés fréquemment afin de mettre de côté le noir obtenu. Dans certains cas, au lieu d'huile de Sésame, on emploie l’huile de Colza, ou bien encore on brüle des branches de Pin dont on recueille la fumée. Le noir obtenu est mélangé à de l’eau et à de la colle; on (1) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. II. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 9299 _pétrit le mélange et on le place dans des moules qu’on soumet à la presse. Puis on laisse le mélange pendant quatre à cimq heures dans de la cendre mouillée, puis pendant trois jours dans de la cendre sèche. On lave ensuite les morceaux dans de l’eau froide et on les polit ensuite. Plus l’encre est vieille, plus elle a de prix, plus elle est ancienne, moins elle devient gluante quand on la délaye dans l’eau. On fabrique au Japon plusieurs qualités d'encre. La meilleure se nomme Takesa ; elle provient de la pro- vince d'Omi. À Nara, se fabrique une encre de première qualité. La province de Tamba fournit l'encre appelée Kaibara. Quant à celle qui est connue sous le nom de Taihebuku, elle vient de la province de Yamashiro. Les Japonais écrivent comme les Chinois, non avec des plumes, mais avec de petits pinceaux. L’encre a été importée de la Chine au Japon à une époque très reculée. En Chine, l'encre se prépare avec l'huile de Sésame, que les Chinois nomment Mo chi ou Ma chi. D'après M. le D' Bretschneider (1), le savant auteur des remarquables recher- ches sur la botanique chinoise, le Sesamum indicum a été introduit en Chine en l'an 196 par Chang-Kien, ministre de l’empereur Wou-ti, qui resta pendant dix ans prisonnier du khan de Hinng mu. On fabrique aussi en Chine l’encre avec les branches du Pin que l’on fait brüler dans des fours spéciaux où on recueille le noir de fumée. On mélange le noir à de l’eau de riz et à de la gélatine, à de la colle forte ou de la colle de poisson; on y ajoute de l’ambre, du musc et du camphre; on bat le mélange, on le malaxe et on le met dans des moules; on enveloppe les pains dans du papier fin et on les fait sécher dans de la cendre de bois et dans de la chaux ou bien dans une étuve. Les pains sont petits, à reflets brunâtres, d'autant plus AE que l’encre est plus vieille. (1) D' Bretschneider, Botanicum sinicum, p. 24-25. 300 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATAITION. Les fabriques chinoises d’enere les plus importantes sont. dans la province d’Anhwei à Hweichowfu; à Hankow et à Shanghaï on fabrique une qualité ordinaire d’encre en brû- lant des huiles communes ou de la graisse de porc. L'exposition chinoise renfermait dans la classe 10 (Pape- terie, matériel des arts, de la peinture et du dessin) des spé- cimens des différentes qualités d’encre de Chine. Dans la classe 47 (Produits chimiques et pharmaceutiques) se trouvaient aussi des échantillons de noir de fumée pour la fabrication de l'encre de Chine n° 2027, provenant des douanes de Hankow. Les Japonais, de même que les Chinois, se servent sou- vent des gâteaux de graines de Sésame pour falsifier l’opium. SMILACÉES. SMILAX JAPONICA. Sankirai. — On trouvait indiqué au n° 28 des productions utiles le Smilax japonica sous le nom de Sankiraï, avec un spécimen de souche de couleur brun rougeâtre. Dans presque toutes les provinces de l'empire du Soleil levant on cultive le Smilax japonica, originaire de Chine, qui est désigné, d’après les livres Kwa-wi (1), sous les noms de Bokoutscou rei et de Sankirai. I] vient aussi à l’état spontané dans les lieux incultes, dans les îles de Kiusiu, de Nippon et de Yeso, où il a été observé par Kæmpfer, par Thunbere, par Miquel, par Asa Gray, par Wright et par M. le docteur Savatier. Le Sankirai est un sous-arbrisseau à rhizome tubéreux, de couleur brun rougeâtre, à saveur astringente, à tiges sar- menteuses, ligneuses, grimpantes, à feuilles alternes, rondes, à petites fleurs dioiques d’un jaune verdâtre, venant en pani- cules axillaires dans le courant d'avril et de mai, à petites baies rouges. Les livres Kwa-wi indiquent aussi une variété (1) Kwa-wi, Arb., 3° vol., p. 105, n° 9. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 901 à feuilles étroites et allongées, ressemblant à celles du Bam- bou, et à baies blanches. Les jeunes pousses du Sankirai et Les racines fraiches sont employées cuites et bouillies dans l'alimentation. Les Japonais regardent la Squine comme un remède spéci- fique de la syphilis (1) et ils la prennent en décoction de feuilles, de tige et de rhizome. | En Chine, le Smilax china est indiqué dans le Pen ts’ao Kang'mu dans le chapitre Wan ts’ao (Plantes grimpantes) parmi les cent treize espèces utilisées en médecine (2). Les Chinois cultivent aussi beaucoup la Squine, à laquelle ils donnent le nom de Fouling et à laquelle ils attribuent les mêmes vertus. On en trouvait des spécimens dans l'exposition chinoise, dans la classe 47 (Produits chimiques et pharmaceu- tiques). N°9110. Smilaz china et Smilax lanceæfolia, provenant du Honan. N° 2906. Smilax china et Smilax lanceæfolia, provenant des douanes de Wuhu. N° 9386. Smilax china et Smilax lanceæfolia, provenant des douanes de Ning-po. La Squine, introduite dans la matière médicale en France depuis 1955, fait partie, avec la Salsepareille, le Sassafras et le Gaïac, des quatre bois sudorifiques. SOLANÉES. NICOTIANA CHINENSIS. T'abako. — NICOTIANA TABAGUM. Ma- ruba tabaco. — NicoTIANA RUSTICA. Tabaco kwa. — Le jardin du Trocadéro renfermait un certain nombre de pieds de Tabac. Dans le courant d’octobre, les sommités furent coupées et suspendues sous un auvent en bambou pour être séchées. Dans une des salles de l'Exposition, on observait dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires) : (4) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 114. (2) D' Bretschneider, Botanicon sinicum, p. 58. 302 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Des vitrines remplies de belles feuilles de Tabac, les unes de couleur marron, les autres de couleur jaune clair; Des paquets de feuilles de Tabac d’Aunichi; Des feuilles de Tabac du département de Kochi (province de Tosa) ; Des feuilles de Tabac du département de Tochigi (province de Shimotsuke) ; Des feuilles de Tabac du département de Yamaguchi (pr'o- vince de Suwo); Des feuilles de Tabac du département de Iwaté GARE de Rikuchiu) ; Des boîtes de cigares et de cigarettes du département de Koumamoto (province de Higo); Des boîtes de cigares et de cigarettes du département de [waté (province de Rikuchiu) : Des boîtes de cigares et de cigarettes du département de Nagasaki (province de Hizen); Des boîtes de cigares et de cigarettes de la ville de Tokio. Suivant le Somoku Dusets (1), on cultive au Japon : Le Nicotiana chinensis, à feuilles rondes, sous le nom de Tabako ; Le Nicotiana tabacum, à feuilles longues, sous le nom de Maruba tabako ; Le Nicotiana rustica, sous le nom de Tabako kwa. D’après les livres Awa-wi (2), le Nicotiana chinensis fut apporté au Japon en 1605 par les Portugais. Les premières graines furent semées à Nagasaki (province de Hizen), dans l’île de Kiusiu. La culture s’étendit rapidement et actuelle- ment le Tabac est cultivé partout sur une grande échelle. Une partie de la récolte esl consommée sur place, le reste est vendu pour l’exportation. Les provinces où la culture du Tabac est considérable sont Satsuma, Hiuga, lo, Awa, Setsu, Tamba, Kai, Sinano, Kod- zuke et Kadzuza. Les Japonais sèment les graines de Tabac de février à (1) Somoku-Dusets, vol. IL, p. 22, n° 14-15-16. (2) Kwa-wi, Herb., vol. I, p. 18, n° 19. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 303 mars (1) dans des champs au sud, labourés et recouverts de litière d’écurie hachée. Ils arrosent avec de l’engrais humain étendu d’eau. La plante apparaît au bout de vingt jours; on enlève la couche de paille. En avril, on transporte les pieds de Tabac dans un autre champ qu’on fume trois fois en trois semaines. On Ôte les fleurs dès qu’elles apparaissent ; quand les feuilles commencent à jaunir, en juillet, et qu’elles pen- chent vers la terre, par un temps très sec, quand le soleil a pompé la rosée du matin, on enlève les feuilles les plus infé- rieures ; on les nomme Moioba : elles donnent une qualité . moyenne de Tabac. Douze jours après, on cueille les feuilles intermédiaires qui s'appellent Nakaba ; ce sont elles qui fournissent le meilleur Tabac; puis on casse le haut de la tige avec les feuilles qui restent et on les fait sécher à l’ombre. Ces feuilles, qu’on dé- signe sous le nom de Eda ori tabako, sont de qualité infé- rieure. Les feuilles sont entassées sur le sol et recouvertes de nattes pendant deux jours. Elles jaunissent; on les suspend alors pendant quinze jours dans des habitations bien aérées, puis on les fait sécher au soleil pendant deux à trois jours. Puis on les laisse pendant deux nuits dehors pour qu’elles deviennent humides; on les prend alors une à une, on les étire, on les lie ensuite par les pétioles; on les comprime entre deux planches pendant trois jours, puis on les nice dans des boîtes LETTRE fermées. Autrefois, et jusqu’à ces derniers temps, on fumait, au Japon, le tabac dans de petites pipes en métal soit de bronze, soit d'argent, uni ou ciselé, formées d’un fourneau et d’un tuyau réunis par une mince tige de bambou. Le fourneau, très petit, ne contenait qu'une boulette de tabac coupé très fin. Actuellement on fume, au Japon, des cigares et des ciga- rettes, el les Japonais ont des fabriques de cigares et de ciga- rettes dans le genre de ceux de Manille à Nagasaki (province de Hizen) et surtout dans la province de Higo. (1) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, p. 150. 304 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Le Tabac est considéré par les Japonais comme funeste pour les vers à soie, aussi les traités Japonais de séricicul- ture (1) recommandent-ils d'éviter la culture du Tabac dans les environs des magnaneries et surtout de ne pas fumer dans les endroits où on élève des vers à soie. En Chine, le Tabac est cultivé principalement dans Les pro- vinces du Nord. On y trouve le Nicotiana chinensis, connu sous le nom de Tobacco, le Nicotiana fructicosa, nommé Yen ye et le Nicotiana rustica, qu’on appelle Tabac hou. Le Tabac fourni par la province de Chantong est le plus estimé, mais il est cultivé aussi sur une grande échelle dans les pro- vinces du Shansi, du Shensi, du Se-tchouen et du Fokien. Dans un grand nombre de districts, les habitations sont en- tourées de pieds de Tabac qui est cultivé pour les besoins de la famille. Les Chinois font sécher les feuilles; ils les réunissent en paquets, qu’ils compriment sous des presses en bois; 1ls cou- pent ensuite le Tabac par brins très minces. Afin de faire sécher rapidement le Tabac dans le climat sec des provinces du nord de l'empire, ils y ajoutent souvent de l’huile de chou qui l'empêche de tomber en poussière. Le tabac à fumer se nomme Yen-ihip; il se fume souvent dans des pipes à eau; dans ce cas, les Chinois Yÿ ajoutent un peu d’arsenic. Le tabac est fréquemment mélangé avec une petite quan- tité d’opium. Quant au tabac à priser, on le pulvérise dans des mortiers et on y mêle souvent des fleurs de Jasminum sambac (moli- hoa) pour l’aromatiser. La population chinoise est adonnée tout entière à l’usage du tabac : hommes, femmes, enfants fument continuelle- ment. L'usage du tabac à priser est aussi général ; les Chinois se servent de petits flacons en porcelaine, en jade, en cristal de roche, en onyx ou en autres matières dans lesquels ils pui- (1) Trailé de l'éducation des vers à soie, au Japon, par Sira-Kawa de Sen- daï, traduit du japonais, par M. Léon de Rosny, p. 48 et 58 (1868). : PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 305 sent la poudre de tabac au moyen d’une mince spatule, en ivoire, en os et en écaille et ils prisent en plaçant la pincée de tabac sur le dos de la main, entre le pouce et l'index. De la famille des Solanées on trouve aussi, au Japon: Le Solanum nigrum, qui fleurit d'août à octobre dans les îles de Kiusiu et de Nippon et qui, d’après le Somoku-Du- sels (1), se nomme Znou hodzouki. Le Solanum duülcamara, var. ovatum, arbrisseau à tige sarmenteuse à fleurs violacées en petites grappes à baies ovales, que le Somoku-Dusets (2) donne sous le nom de Wa- rouba-Horosho, qui fleurit dans le courant d’août sur les montagnes d'Hakone, avec var. macrocarpum que M. Maxi- mowicz a rencontré Ft l’île de Yéso, aux environs de la ville d'Hakodaté (3). . Le Physalis A lkekengi : Hodzouki d’après le Phonzo-Zou- fou (4) et le Somoku-Dusels (5), plante vivace, à tige her- bacée, rameuse, à larges feuilles ondulées, à deu d’un bleu jaunâtre venant en juin, à baies rouges de la grosseur d’une cerise, renfermées dans le calice persistant qui les enveloppe. L’ Hoasuls est commun dans la province de Hizen (île de Kiusiu). D’après M. le D' Savatier (6), « il y a au Japon une forme monstrueuse dans laquelle la fleur est remplacée à l’aisselle des feuilles par une longue grappe pendante de bractées vertes ou colorées en rouge, lancéolées, veinées, éparses ou réunies dans un faux verticille. » _ Cette forme est marquée dans le Somoku-Dusets (7) sous le nom de Yoraku Hodzouki. Les fruits du Physalis Alkekengi sont emplovés comme diu- rétiques dans les maladies du foie et des reins, contre l’hy- dropisie el l’æœdème des membres inférieurs. L’infusion et la (1) Somoku-Dusets, vol. IL, p. 26, n°46. (2) Zbid., n° 50. (3) Pranchet et Savatier, SE I, p.339, n° 1231. (4) Phonzo-Zoufou, vol. XVII, fol. 24, recto. (5) Somoku-Dusets, vol. LI, p. 25, n° 41. (6) Franchet et Savatier, vol. I, p. 340, n° 1235. (7) Somoku-Dusets, vol. LI, p.35, n° 42. AR ORAN (14) 4° SÉRIE, T. II. — Mai 1885. 20 306 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. poudre de la tige et des feuilles sont prescrites comme fébri- fuge dans les fièvres intermittentes. Le Datura stramonium relaté par Thunberg Gb, par. Mi- quel (2), par Franchet et Savatier (3), que le Phonzo-Zoufou (4) classe sous le nom de Mandara rouge et que le Somoku-Du- sels (5) indique sous la dénomination de Chosen-asagao, plante annuelle, rameuse, à larges feuilles sinuées, à grandes fleurs blanches qui se montrent de juin à octobre, et qui est très souvent cultivé dans les jardins dans plusieurs provinces des îles de Kiusiu et de Nippon. STERCULIACÉES. STERCULIA PLATANIFOLIA. Awo giri. — Dans la classe 44 (Produits des exploitations et industries forestières) le tableau des productions utiles indiquait au n° 133 le Sterculia plata- nifolia sous le nom de Awo giri avec un morceau de bois blanchâtre et un paquet de longues fibres blanches et soyeu- ses. La collection des bois de la galerie des machines contenait un spécimen d’Awo giri, bois blanchâtre de 0",20 de diamètre. Le Sterculia platanifolia relaté par Thunberg (6), par Franchet et Savatier (7); Firmiana platanifolia de Robert Brown et de Miquel (8), désigné dans le Phonzo-Zoufou (9) sous le nom de Aokiri et dans les livres Kwa wi (10) sous les noms de Fekigo et de Awo guiri, se trouve à l’état spontané, d’après M. Dupont (11), à une altitude de 800 mètres, dans les régions sablonneuses et les montagnes, principalement dans les vallées du volcan Wunzen et dans la province de (1) Thunberg, Flor. Japon., p. 91. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 281. (3) Franchet et Savatier, vol. [, p. 341, n° 1236. (4) Phonzo-Zoufou, vol. XXIII, fol. 20, recto. (5) Somoku-Dusets, vol. III, p. 27, n° 55. (6) Thunberg, Jcon. fl. Japon., Decas., 4, tabl. 8. (7) Franchet et Savatier, Enumerat., vol. I, p. 65, n° 267. (8) Miquel, Prolusio flor. Japon., p. 256. io Phonzo-Zoufou, vol. LXXXIIT, fol. 6, recto. (10) Kwa-wi, Arb., vol. IV, p. 117, n° 15. (11) Dupont, Les Essences forestières du! Japon, p. 70-71. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 307 Hizen (île de Kiusiu). On le rencontre aussi, d'après M. le D° Savatier, aux environs de la ville de Yokoska (île.de Nippon). L’Awo giri est un arbre de 8 à 10 mètres de haut, à tige très droite, à écorce unie, d’un vert clair ainsi que les rameaux, à grandes feuilles palmées, lobées, à nombreuses et petites fleurs d’un jaune verdâtre, à graines jaunes. Ces graines sont usitées dans la nourriture japonaise et se mangent grillées. Le bois blanchâtre de l'Awo giri est employé en menui- serie. [BE OT | Le Sterculia platanifolia est recherché par les Japonais comme arbre d'ornement et on le trouve cultivé dans leurs jardins. PENTAPES PHŒNICEA. Gogi kwa. — De la famille des Ster- culiacées on doit noter aussi: le Pentapes phœænicea. Gogi kwa, d'après le Somoku-Dusets (1) et les livrés Awa wi (2), relaté par Thunberg (3), par Miquel (4), par Franchet et Sa- vatier (5), plante annuelle à tige de 0",60 à 1*,20 de haut, à longues feuilles alternes, d’un vert foncé, à grandes fleurs penchées, écarlates, qu’on rencontre à l’état spontané dans la province d'Owari (ile de Nippon), et que les Japonais cul- tivent dans leurs jardins comme plante d'ornement. Le Pentapes phœænicea est introduit en France. STYRACINÉES. STYRAX JAPONICUM. Egno. — Dans la collection des bois de la galerie des machines (classe 44, Produits des exploita- tions et industries forestières) on remarquait un échantillon de bois blanchâtre de Egno (Styrax japonicum S. et Z.), de 8 centimètres de diamètre, avec un demi-millimètre d’épais- seur d’écorce. (1) Somoku-Dusets, vol. XIE, p. 12, n° 51. (2) Kwa-wi, Herb., vol. IV, p. 62, n° 16. } (3) Thunberg, Flora Japonica, p. 268. (4) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 206. (5) Franchet et Savatier, vol. [, p. 65, n° 268. 308 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Le Styraæ japonicum de Siebold et Zuccarini (1), de Mi- quel (2), de Franchet et Savatier (5), en japonais Egno, d’après la Commission japonaise (4) et aussi Tsima noki. arbrisseau de 3 à 4 mètres de haut, qui donne en mai des fleurs blanches, odorantes, en grappes, est commun, à l’état sau- vage, dans les forêts qui couvrent le volcan Wunzen dans l’île de Kiusiu et dans les provinces de Musashiet d’Idzu, dans l’île de Nippon. On le cultive autour des pagodes, près des temples et dans le voisinage des habitations. Le bois de l'Egno, blanchâtre, dur, à grain serré, est employé par les tourneurs pour confectionner de petits objets. Les craines fournissent, d’après M. Dupont (5), une huile à laquelle on mélange souvent de la cire et qui est usitée pour la coiffure, afin de donner de la consistance aux cheveux. STyRAX OBASSIA. T'akoun bokf. — On rencontre au Japon le Styrax obassia de Siebold et Zuccarini (6), de Miquel (7), de Franchet et Savatier (8), que le botaniste japonais Keiske donne sous le nom de Takoun bokf, qui fleurit en mai et que M. le D' Savatier a trouvé cultivé dans la ville de Tokio. PTEROSTYRAX CORYMBOSUM. Obatsya. — Le Japon produit aussi le Pterostyrax corymbosum observé par Siebold (9), par Miquel (10), par le D' Savatier (11), qui porte le nom d'Obatsya et qui croît dans les montagnes où il fleurit en mai, dans la province de Higo (île de Kiusiu) et sur le mont Satatoge, dans l’île de Nippon, suivant M. le D' Savatier. PTEROSTYRAX HISPIDUM. Asagara. — Quand au Pterosty- raz hispidum de Siebold (12), de Miquel (13), de Franchet et -(1) Siebold et Zuccarini, Flor. Jap., p. 53, tabl. 28. (2) Miquel, Prolusio flor. Japon., p. 265. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 309, n° 1132. (4).Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. I, p. 119, n° 83. (5) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 89. (6) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon. I, p. 93, tabl. 46. (7) Miquel, Prolusio floræ Japonice, p. 265. (8) Franchet et Savatier, vol. I, p. 309, n° 1131. (9) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., I, p: 92, tabl. 47. (10) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 265. (11) Franchet et Savatier, vol. I, p. 309, n° 1133. (12) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, n° 449. (13) Miquel, Prolusio flore Japonicæ, p. 265. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 309 Savatier (1), que les Japonais nomment Asa gara, on le trouve à l’état spontané dans la province de Cho kiou. Le Styrax obassia a été introduit en Angleterre, en 1879, par M. Veitch, avec le concours de M. Maries. Il est introduit en France et cultivé à Segrez ainsi que le Styrax japonicumetle Plerostyrax hispidum à fruits naius, joli arbuste d'ornement, introduit en 1874. Le Pterostyrax hispidum était représenté à l'Exposition de Nancy, en 1880, exposé par M. Gallé (2). (A suivre.) (1) Franchet et Savatier, vol. I, p. 310, n° 1135. (2) Catalogue de l'Exposition de Nancy, p. 47, n° 1574. IL. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE GÉNÉRALE DU 8 MAI 1885. Présidence de M. Henri BouLEY, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. BELLEGARDE (le marquis Henri de), cham- bellan de S. M. l’empereur d'Autriche, au château de Klingenstein, près Gratz (Autriche). BELLEMER (Théodore), propriétaire viti- { culteur, maire de Bruges, 52, quai des Chartrone, à Bordeaux (Gironde). H. Bouley. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Oustalet. Jules Grisard. D: L. Le Fort. Paillieux. ; A. Geoffroy Saint-Hilaire. BELVALLETTE (Alfred), 2, avenue Bugeaud, à Magaud d’Aubusson. Paris. Huret-Lagache. Ch. Blot. Gleize. Viot. ; H. Bouley. Saint-Yves Ménard. : A. Paillieux. CHARPENTIER (Augustin), 41, rue Jacques- Dulud, à Neuilly (Seine). DELAvAULT, 15, rue Garnier, à Neuilly (Seine). PoDsTATZKY - LIECHTENSTEIN (le comte Léo- { H. Bouley. pold), chambellan de S. M. l’empereur d’Au- : A. GeoffroySaint-Hilaire. triche, à Vienne (Autriche). Oustalet. — M. le marquis de Brisay adresse une note sur ses éducations de Perruches érythroptères. — M. Victor du Verne sollicite un cheptel de Poule Dorking. -— M. Courteville, sous-directeur au Ministère de la Marine, transmet la demande faite par M. le commissaire Le Beau, chef du service de la Marine à Saint-Servan, d'un exemplaire du travail de M. Raveret-Wat- tel publié dans le Bulletin de la Société, en 1873, sous le titre: Quel- ques considérations sur les causes du dépeuplement de nos rivières. Cette demande est faite en vue d’une étude pratique que le chef du service à Saint-Servan désirerait entreprendre. — M. Wagner, régisseur de l’Etablissement de pisciculture de Bou- + PROCÈS-VERBAUX. . DO E 911 zey (Vosges), rend compte du résultat satisfaisant obtenu des œufs de Coregonus albula qui lui ont été adressés. Les alevins ont été versés dans le lac de Gérardmer et dans le réservoir de Bouzey, qui est ali- menté par le ruisseau de lAvière, ainsi que par les eaux de la ne et dont la profondeur atteint quinze mètres. — M. Berthoule fait également connaître la réussite des œufs de même espèce qu'il avait reçus. Les alevins ont été mis dans le lac Chauvet. — M. Berthéol prie la Société de vouloir bien le comprendre dans les distributions de Poissons, Mollusques, Crustacés, etc., qu’elle pourrait avoir à faire. ; — M. l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du département de la Manche remercie de l’envoi qui lui a été fait, sur sa demande, de cinq exemplaires du travail récemment publié par la Société sur les échelles à Saumons. — M veuve Turpin écrit de Sillats: « Jai kotidetie d’offrir à la Société d’Acclimatation, un lot d'œufs d’Attacus Pernyi provenant de cocons dont la cueillette n’a été faite que le 1° avril, jour où le premier papillon a fait son apoarition au milieu de nos chênes plantés depuis trois et quatre ans. Cet hivernage, essayé également sur un grand chêne, n’a nullement été nuisible à la chrysalide, malgré la durée et la rigueur du froid. Au contraire, les papillons sont d’une grande vigueur et ils ont produit une quantité d'œufs de forme satisfaisante comme ceux que je vous adresse aujourd’hui à titre d’échantillon. Les cocons sont restés tout l'hiver aux branches de leur chêne. » — M. Zambany, ingénieur civil à Ludonibin (Bohême), sollicite un envoi de graine d’Attacus Yama-mai. — M. D. Lamarle écrit de Caracas (Vénézuéla) à M. le Président : «Nous avous l’honneur de vous accuser réception de votre lettre du 13 février et à laquelle nous n’avons pas répondu immédiatement parce qu’elle n’était pas accompagnée des brochures, lesquelles nous sont parvenues par un autre paquebot, Nous vous remercions vivement de l’intéressante com- munication de la découverte de M. Durand. Nous avons soumis cette brochure au Ministre, avec lequel nous avons les meilleures relations, le général Barret de Mazaris (d’origine française, ainsi que le général Mor- ton de Kératry), et ces Messieurs nous ont chargés de remercier tout particuliérement la Société nationale d’Acclimatation de France, et plus particulièrement son Président, de sa bienveillante communication. Ces Messieurs ne comprennent pas très bien l'application de ce système, et, pour pouvoir en faire l’essai ici, il faudrait connaître le prix de chaque appareil, car, sion en commandait quelques centaines pour les municipa- lités de l'intérieur où les sauterelles font le plus de ravages, il pourrait se faire que la dépense fût assez considérable. » En tous cas, nous ne manquerons pas de vous tenir au courant des résultats qui pourront être obtenus. ? Ÿ 342 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. ‘» De temps en temps, nous voyons toute la belle vallée de Caracas envahie par ces insectes, qui presque toujours ont l’air de venir de l’est et d’aller à l’ouest. Quelques jours après chaque grand passage (géné- ralement trois à quatre jours) une nuée, probablement la même, revient de l’ouest à l’est. Cette différence dans les habitudes ou instincts de ces Sauterelles peut s'expliquer d’abord par notre position géographique 12 degrés nord, et par la grande quantité de montagnes existant dans toute la partie nord du Vénézuéla formant les côtes de la mer Caribe. Caracas se trouve à 922 mètres au-dessus du niveau de la mer et nous sommes environnés de montagnes dont l’une a 2685 mètres d'altitude. :» Nous regrettons de ne pas avoir plus de connaissances en botanique, en géologie, etc., car nous aurions de très intéressantes communica- tions à vous faire. Nous pouvons vous assurer que ce pays est un des plus curieux à étudier à toutes sortes de points de vue et dans tout ce qu’il contient et produit, à commencer par lesindigènes, le mélange des races, la race indienne pure, dont quelques tribus n’ont pu encore être soumises et vivent reléguées dans la péninsule de Goïgira, touchant à la frontière est de la Colombie, à l’ouest de la ville de Maracaïho. » C’est dans ces tribus indiennes, au milieu desquelles on pénètre difficilement et dont on n’est pas sûr de sortir, que se conserve les plus vieilles traditions de ces fameux remèdes indiens dont quelques-uns sont des plus héroïques, et composés exclusivement avec des plantes ou leur sève. Ce sont ces Indiens qui fabriquent ce fameux poison végétal si subtil appelé curare, avec lequel ils empoisonnent leurs flèches et leurs poignards, ils ont des préparations avec lesquelles ils narcotisent les serpents les plus venimeux qui foisonnent ici, de telle façon qu’ils les prennent à la main et jouent avec; ils les mangent. À Maracaïbo, aujour- d’hui encore, on peut trouver à acheter une petite Indienne ou un Indien pour une pièce de calicot ou du rhum; bien que ce trafic soit défendu par le Gouvernement, il se fait très bien, et les meilleurs et plus fidèles domestiques sont des Indiens et beaucoup de personnes en font venir. Les nègres, métis et autres mélanges de races, ne servent plus depuis qu’on a supprimé l'esclavage en 1856 ; ils auraient la plus grande honte d’être domestiques et préfèrent se passer de manger. » Nulle part les fleurs n’ont de plus vives couleurs et d’arome qu'ici, et les plantes médicinales que renferme le pays suffiraient à rendre presque millionnaire le dernier des nègres s’il n’avait la paresse d’aller les chercher ; aussi rien n’est exploité sauf la Salsepareille, la Fève de Tonka et le Caoutchouc. Nous aurions à vous écrire plusieurs volumes sur tout le Vénézuéla, et pour aujourd’hui nous nous bornons à la présente, sauf à continuer si vous pensez que notre expérience peut servir à la Société. » 5 + — M. Frédéric Romanet du Caillaud écrit à M. le Président : « Jai ‘honneur de vous adresser par le présent courrier quelques graines de: ©: PROCÈS-VERBAUX. 313 Vitis Chiaïsi, vigne cultivée très vigoureuse, originaire de Si-Ngan Fou (Ghensi-Si — Chine). Je crois vous avoir donné, il y a deux ans, quelques renseignements sur cette vigne. De même que pour les graines des autres Vignes chinoises, il est utile de semer sur couche et sous châssis, et de ne pas transplanter la première année, afin de ménager les graines, qui ne poussent que la seconde année du semis. » — M. Ulderico Gamba écrit de Brugine : « J’ai le plaisir de vous expé- dier par la poste 1/2 kilogramme de Café mexicain (Astragalus boeticus) avec lequel vous pourrez faire faire un essai dès cette année. Le mois du semis est avril; mais j’en ai planté aussi en mai et j'ai eu de bons résultats. Les graines doivent d’abord être mises dans l’eau jusqu’à ce qu’elles soient gonflées ; on les sème ensuite, à la distance de 3-4 centi- mètres les unes des autres, dans des sillons peu profonds, espacés de 30 centimètres entre eux. » Ces graines doivent être très peu couvertes : 2-3 centimètres de terre suffisent. Lorsque la plante est devenue grande, il convient de la butter. » Cette plante se plaît en terrain gras. » Le Café mexicain est déclaré par tous très hygiénique; si en goût et en qualité il n’est pas comparable au véritable Café, il n’en est pas moins bien supérieur à tous les succédanés qui se trouvent aujourd’hui dans le commerce et dont plusieurs sont nuisibles à la santé. L’agricul- teur qui voudrait cultiver ce Café gagnerait beaucoup plus qu’en culti- vant du Blé. » — M°° veuve Turpin, de Sillats, fait connaître que ses semis de Riz de montagne commencent à lever. CHEPTELS. — M. Émile Riom, de Nantes, rend compte de la perte, par accident, de la femelle de son cheptel de Canard mandarin. | — M. Coignard, de Sablé, fait connaître qu’il n’a pas encore obtenu de ponte de ses Cygnes noirs, malgré les conditions favorables dans les- quelles ces oiseaux se trouvent placés. — M. Roulland, de Geste (Maine-et-Loire), demande des renseigne- ments pour la mise en incubation des œufs provenant de son cheptel de Canards. fl | - — M. Dupouet écrit de Mauves, près Nantes : « Ma femelle Swinhoë semble avoir terminé sa ponte, après treize œufs; deux œufs ont'été brisés par la Faisane, pourtant très douce. Cinq œufs, confiés à une Poule, m'ont donné, il y a deux jours, cinq petits très robustes. Les six autres œufs sont en incubation depuis six jours. Mes Versicolores ne semblent pas disposés à pondre ; ils sont cependant en parfait état de santé. » — M. Raveret-Wattel appelle l’attention de la Société sur l'intérêt qui s’attacherait à l’acclimatation de deux espèces de Siluroïdes de l’Amé- rique du Nord, les Amiurus catus et albidus, poissons dont il a été fait récemment plusieurs importations en Belgique et qui présentent l’avan- 314 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. tage de se contenter de presque toutes les eaux. Ils paraîtraient pouvoir être avantageusement placés dans les fosses de tourbières, où peu d’es- pèces, parmi nos poissons indigènes, réussiraient de façon à donner un produit sérieux. M. Raveret-Wattel donne lecture d’une lettre qui Jui est adressée à ce sujet par M. le professeur Spencer F. Baird, commis- saire des pêcheries des États-Unis, et il signale une note sur les Amiu- rus, publiée dans le Bulletin de l'Agriculture par M. Henry Grosjean, inspecteur de l’enseignement agricole, qui avait été chargé, re le Mi- nistre de l'Agriculture, d’une mission aux États-Unis. — M. Mégnin donne lecture d’une note sur un Acarien utile, le Sphæ- rogyna ventricosa (voy.au Bulletin). — M. Hédiard présente à l’Assemblée différents échantillons d’Ignames (Dioscorea alata et bulbifera) provenant de la Martinique, ainsi que des racines de Safran indien, qui fournissent une belle couleur jaune pou- vant être utilisée pour la coloration de certains produits alimentaires. — M. Paillieux rappelle que le Dioscorea alata exige un climat chaud, et ne peut être cultivé chez nous qu’en serre chaude. — M. Maurice Girard fait une communication sur les dégâts que com- mettent deux espèces de Charançons : l’une, l’Antonomus pomorum Linn., qui détruit les boutons à fruits des Poiriers et des Pommiers; l’autre, Oliorhynchus ligustici Linn., qui s'attaque à un grand nombre de cultures, notamment les Luzernes, les Vesces, etc. — M. Saint-Yves Ménard donne des détails curieux sur un fat de blessure occasionnée par un Porc-épic. IL y a trois ans, un des agents du Jardin d’Acelimatation ayant été piqué à la main par un Porc-épic, cette blessure détermina un abcès, après la guérison duquel une enflure per- sistante laissa au blessé une gêne dans l’usage de sa main. Dix-huit mois après, on vit apparaître sous la peau la pointe d’un piquant de Porc-épic, qu’une légère incision permit de retirer et qui mesurait 6 centimètres de longueur. Tout récemment, après une nouvelle période de dix-huit mois, un nouveau piquant, long d’environ 3 centimètres, vient d’être retiré. Ces deux corps étrangers s’élaient logés dans l’intervalle des os. La main est aujourd’hui complètement guérie. — M. Raveret-Wattel donne lecture de l’analyse d’une note publiée par le D' Schwaah dans le Recueil de l'Association allemande de pisci- culture, et relative à l’utilisation des larves de Cousins (Culex pipiens). pour la nourriture de l’alevin de Truite (voy. au Bulletin). Le Secrétaire des séances, C. RAVERET-WATTEL. Il. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SECTIONS DE LA SOCIÉTÉ TROISIÈME SECTION SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1884 Présidence de M. AUG. PAILLIEUX. Dès l'ouverture de la séance, il est procédé à l’élection du bureau de la Section pour l'exercice 1884-1885. Sont nommés à la majorité des voix : Président : M. Léon Vaillant. Vice-Président : M. de Barrau de Muratel. Secrétaire : M. Léon Vidal. Vice-Secrétaire : M. Berthoule. Deélegué à la Commission des récompenses : M. Léon Vidal. Il est donné lecture : 1° d’une lettre de M. Vaillant, s’excusant de ne pouvoir assister à la réunion; 2° D’une lettre de M. Rivoiron, disant qu’il ne cache pas ses procédés d’alevinage; il offre de montrer son établissement à qui voudra le visiter. M. Grisard dit que M. Lugrin ne prend pas part au concours, attendu qu'il tient secrète sa méthode d’alevinage. : M. Raveret-Waltel croit que M. Rivoiron purine son eau, et il est d'avis qu’il ne serait prudent de donner le prix qu’à bon escient. Il con- viendrait, de plus, de savoir bien exactement quel est le caractère de régularité du procédé de M. Rivoiron. Avec le purin, le succès a été variable, et d’ailleurs ce procédé n’est pas neuf. Il y a donc lieu d'examiner, au point de vue pratique, si les assertions de M. Rivoiron se trouvent justifiées. 3° Lettre de M. Wagner, indiquant les résultats de ses essais de re- production du Salmo fontinalis. 4° Lettre de M. Rieffel, indiquant qu’il a réussi en.jetant en pleine eau l’alevin de ses éclosions de Saumons et sans les nourrir préalable- ment. Est déposé sur le bureau de la Section un rapport de M. L. Gallicher, sur l'enquête faite sur les eaux du Cher par la Société départementale de pisciculture du Cher. M. Gallicher espère que le concours de la Société nationale d’Acclima- tation est acquis à la Société de pisciculture du Cher. Cela ne saurait faire doute, et la Section décide que la Société natio- nale d’Acclimatation fera tout ce qui lui sera possible pour encourager cette association locale et lui donner des témoignages de sa bienveil- lante sympathie. 316 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. M. Raveret-Wattel donne connaissance à la Section des tentatives faites par M. Valéry Mayet pour peupler l'Hérault avec des Saumons de Ca- lifornie. Les sujets qu’il y a déposés ont gagné la Méditerranée. Il n’en était plus question, et il paraissait probable qu’ils n'avaient pu remonter l'Hérault à cause de nombreux barrages, mais on en a trouvé à plusieurs reprises dans l’Aude. Les essais tentés antérieurement avec des Saumons ordinaires n’avaient donné lieu à aucun résultat. Faut-il en conclure que le Saumon de Ca- lifornie serait plus vaillant, et qu’il y aurait mieux à espérer en poursui- vant des essais avec cette espèce ? M. Valéry Mayet a offert son concours à la Société d’Acclimatation pour faire ces essais. Malheureusement il ne faut plus compter sur des envois d'œufs de Saumon de Californie, et c'est avec des Saumons ordi- dinaires qu’il faudra procéder à de nouvelles tentatives. La difficulté à résoudre est celle-ci : qui se chargera de veiller à l’incubation de ces œufs dans un lieu voisin de l’Aude ? La Section est d'avis qu’il y a lieu de prendre des informations à ce sujet, soit auprès de M. Valéry Mayet, soit auprès de l’administration locale des ponts et chaussées, de demander un devis des dépenses que coûterait cet essai, et d’en saisir le Conseil d'administration de la So- ciété en vue de l’obtention du crédit nécessaire. M. Mailles signale la découverte qui aurait été faite de Grenouilles-Bœufs dans le Bois de Boulogne. Sans doute ce sont des sujets échappés du jardin qui se seraient reproduits dans les eaux du bois. A ce propos, il est rappelé qu’un prix fut proposé, mais sans résultat, pour la reproduction de la Grenouille-Bœuf. Le fait indiqué paraît bizarre, et il y aurait lieu d’en vérifier l’exacti- tude, car rien de semblable n’a été constaté ni au Muséum ni ailleurs. Plus rien n’étant à délibérer, la séance est levée. Le Secrétaire, LÉON VIDAL. PREMIÈRE SECTION. SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1885. Présidence de M. DECRoIx, Président. . Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le Président donne lecture d’une lettre de M. Mégnin, qui accepte la vice-présidence. _ M. Simmonds adresse à la Société une note sur le Chameau, qui nous fait connaître que le nombre de ces animaux, réduits à l’état de domes- PROCÈS-VERBAUX. : |! 317. ticilé, n’est pas connu, et qu'il est très difficile de le fixer. Des chiffres donnés dans cette note il résulte que les qualités du Chameau sont large- ment exploitées dans un grand nombre de contrées, ce que nous savons tous par les récits des voyageurs qui les ont parcourues. M. Simmonds nous apprend, pour terminer, que la chair du Chameau ne peut en aucune façon faire la joie des gourmets, ce qui est loin de nous surprendre, mais que la bosse de cet animal remplace (en quelque sorte, ajoute très justement l’auteur) le beurre et le lait. En résumé, et sans parler des langues fumées et séchées de ce ruminant, le Chameau est surtout un élément de transaction par le poil qu’il fournit. De quelques paroles échangées entre M. Decroix et M. Mailles, il ré- sulte que nous devons regretter que l’auteur de cette communication n’ait pas insisté surtout sur la question de la force de résistance que pré- sentent les Chameaux à une ou deux bosses, entre lesquels il ne fait aucune distinction. | M. Huet appelle ensuite l’attention de la Société sur les résultats d’acclimatation obtenus à la ménagerie du Muséum avec l’Antilope Koh, (voy. au Bulletin). - Comme conclusion à cette très intéressante communication, on peut affirmer que les Kobs constituent une espèce qu’il est facile de se pro- curer, nos relations avec le Sénégal étant fréquentes, et dont l'acclima- tation sera certainement productive. * Sur le désir exprimé par M. Huet, que des essais soient faits en France à l’effet de répandre cette magnifique espèce, qui atteint la grosseur de nos Vaches bretonnes, la Section décide à l’unanimité qu’une demande motivée et rédigée par M. Huet sera lue à la prochaine séance générale et adressée au gouverneur du Sénégal par l’entremise du ministère de la Marine, demande tendant à obtenir l'importation gratuite de quelques mâles et femelles que la Société d’Acclimatation se chargera de distribuer aux membres bien placés pour se charger de ces essais. Si notre démarche aboutit, M. Rathelot demande qu’un mâle et deux femelles lui soient confiés. Ces animaux, placés sous la garde intelligente de son fermier, seront l’objet de soins spéciaux, et les résultats bien constatés feront connaître quelle est la quantité comparative de viande produite par un poids déterminé de fourrages ; car, comme le fait remar- quer M. Decroix, il faut pratiquement traiter la question économique et considérer les animaux de boucherie. comme de véritables appareils à. produire, et dans les essais, déterminer expérimentalement ce que 100 kilogrammes de fourrages, par exemple, donneront de viande chez. différentes variétés. l , Le Secrétaire, : DAUTREVILLE.. 318 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. DEUXIÈME SECTION. SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1885. Présidence de M. Masson, Vice-Président. Après l’adoption du procès-verbal, il est donné lecture d’une lettre de M. le baron d’Avène, s’excusant de ne pouvoir assister à la séance. La Section remercie M. Dupré des renseignements qu’il a bien voulu envoyer sur la précocité de reproduction de Poulets cochinchinois. . M. le Secrétaire donne lecture d’une lettre de M. Deforge sur les Oi- seaux de passage. M. Mathias fait observer que cette question a été traitée au Fongeès ornithologique de Vienne. M. Masson demande que le rapport de ce congrès soit lu à la Sec- tion. Il est ensuite donné lecture d’une communication de M. Blanchon, sur les nichoirs artificiels, pour la protection des Rapaces nocturnes. M. le Président dépose un travail sur la nourriture des Rossignols et des Becs fins en général, puis un ouvrage traitant du dressage, de l'élevage et des maladies du Pigeon voyageur ; il en sera donné connais- sance à une prochaine séance. Le Secrétaire, E. Jozy. TROISIÈME SECTION. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1885. Présidence de M. PAILLIEUX. Il est donné communication d’une lettre de M. Berthoule, qui exprime ses regrets de ne pouvoir accepter les fonctions de vice-secrétaire. M. le Président met aux voix la candidature de M. Rathelot, qui est nommé vice-secrétaire à l’unanimité. “M. le Président donne la parole à M. Raveret-Wattel, qui nous rap- pelle un envoi de dix mille œufs de Salmo Salar fait à M. Valéry Mayet, et la mise en rivière des alevins. L'Assemblée décide qu’à ce sur un pro- cès-verbal sera demandé à M. Valéry Mayet, M. le D' Brocchi ne croit pas possible la réussite du Saumon dans la Méditerranée. M. Raveret-Wattel nous donne communication d’une lettre de M. Ri- PROCÈS-VERBAUX. 319 voiron sur la multiplication des Daphnies, et nous dépose ensuite un rapport de la Société de pisciculture du Cher, sur les eaux de cette con- trée, puis nous fait une assez longue et intéressante communication sur les échelles à Saumons, dont il nous dépose le rapport. Un membre en demande la transmission à M. le Ministre des Travaux publics ; plusieurs membres émettent leur avis à ce sujet; mais il n’y a pas de décision prise. Dépôt par M. Raveret-Wattel, d’une lettre de M. Cornély, concernant les Ecrevisses de Sibérie; uotre confrère nous donne des détails dont voici à peu près le résumé. Ces Ecrevisses sont très fécondes, mais ex- cessivement voraces, et se nourrissent principalement de poisson. M. Rathelot pense que nous avons assez de dévorants dans nes rivières sans y amener ce crustacé. M. Paillieux dépose sur le bureau un rapport de M. Laisnel de la Salle au sujet de la Grenouille-Bœuf. La parole est ensuite donnée à M. Mailles, qui nous dit que M. Laisnel de la Salle a bien pu se tromper, et prendre des Téêtards de Pélobate, pour des Têtards de Grenouille-Bœuf ; il affirme que les Grenouilles n’ont le sac vocal qu'à l’âge de puberté, soit à la troisième ou quatrième année, et que par ce fait elles ne peuvent coasser qu’à cette époque. M. Laisnel de la Salle prétend que ses Grenouilles-Bœufs transfor- mées en 1877, mugissaient en 1878, soit huit ou neuf mois après être arrivées à l’état parfait. M. Mailles pense que notre confrère a été trompé dans ses observ va- tions par un concours de circonstances bizarres, et que les Têtards qu’il possédait étaient tout simplement le Pélobate. Il dit ensuite que la Grenouille perd ses qualités reproductives dès qu'elle est capturée. M. Joly croit que même remise en liberté la Grenouille ne Boul plus r eproduire. M. le D' Brocchi est de l'avis contraire. M. Rathelot demande que la prime ne soit accordée que dans le cas où le programme serait rempli et que l’on nous présenterait vingt-cinq sujets vivants. M. Paillieux dit que M. Laisnel de la Salle ne réclame pas la prime, ce- pendant sa lettre dit que la fuite de ses batraciens a fait envoler la prime de 250 francs. MM. Raveret-Wattel, le D' Brocchi, et Joly prennent en à la discus- sion. Le Secrétaire, RATHELOT. 320 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. QUATRIÈME SECTION. SÉANCE DU 3 MARS 1885. Présidence de M. Maurice GIRARD, Président. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. À propos des Insectes qui s'attaquent aux feuilles des Tilleuls (voir le procès-verbal de la précédente séance), M. Fallou montre à la Section une boîte contenant plusieurs Microlépidoptères. M. le Président dit que les différents Bombyciens séricigènes sauva- ges, dont l'élevage a été essayé en France, n’ont donné que des résultats plus ou moins négatifs, à l’exception de l’Attacus Pernyi élevé par M. Fallou. On peut donc conserver l'espoir de voir cette espèce réussir en France; mais, en Pologne, où le climat est plus froid et l'hiver plus long que chez nous, toutes les tentatives faites en ce sens ont échoué. M. Fallou présente à la Section un échantillon d’étoffe non teinte, tissée dans le nord de la Chine, avec la soie d’un Bombyx dont il ne sait pas le nom. Notre collègue annonce qu’il attend divers renseigne- ments à ce sujet, qui lui apprendront, sans doute, le nom de la province où cette étoffe a été faite, et le nom de Ja maison qui la vend à Paris, à raison de 19 francs la pièce de 18 mètres de long sur 0",49 de large. M. Paillieux déclare qu’il est en relation avec une maison de Paris, qui vend divers produits chinois ; il s’informera auprès d’elle à ce sujet, supposant qu’elle peut bien être la débitrice de ce produit. M. le Président fait observer que certains magasins de Paris vendent des étoffes de soie à raison de 1 franc le mètre, et provenant évidem- ment de Chenilles autres que celle du Sericaria Mori. M. Fallou soumet à l’examen de la Section des cocons d’Attacus Yama-maï, Frithii et Pernyi. À l’unanimité les membres présents croient reconnaître, dans la soie de l’Attacus Pernyi, l’origine de l’étoffe présentée par M. Fallou. M. M. Girard dit, à propos de la larve qu’il avait RL dans la dernière séance, que d’après l’examen qu’il en a fait au laboratoire du Muséum, avec le concours de plusieurs personnes, elle a été reconnue appartenir au genre Anobium, et très probablement à l'espèce pani- ceum. M. Paillieux demande si les Termites, vulgairement appelés Fourmis blanches, offrent quelque analogie avec les véritables Fourmis. M. M. Girard répond à notre collègue que les Termites, appartenant à l’ordre des Névroptères, sont absolument différents des Fourmis, qui sont des Hyménoptères. Il ajoute que nous en possédons deux espèces PROCÈS-VERBAUX. 321 en France, dans le Sud-Est et le Sud-Ouest, et que, jadis, il en existait à Paris, où ils auront disparu à la suite d’un hiver très rigoureux. Il a pu constater les dégâts que ces Insectes produisent dans la Charente- Inférieure ; jamais ces lucifuges n’apparaissent à l’extérieur; ils ne pé- nêtrent d’un corps dans un autre que par le point de contact des deux surfaces. | M. Bigot pense que l'emploi du sulfate de cuivre éloignerait ces Insectes. À ce propos, il raconte qu'’étant en Tunisie il a vu des arbres fruitiers mis à l’abri des ravages des Escargots par l’emploi de bourre- lets trempés dans ce sulfate liquide, et placés à la base des troncs de ces arbres. Le Secrétaire, Ch. MAIïLLES. CINQUIÈME SECTION. SÉANCE DU 10 mars 1885. Présidence de M. Henry de VILMORIN, Président. Le procès de la séance précédente est lu et adopté. M. le baron d’Avène fait connaître les résultats qu’il a obtenus de la culture de l’Orge au Japon. Cette variété a donné un rendement peu sa- tisfaisant, 40 pour 100 seulement; quant à sa précocité, elle a été d’une huitaine de jours en avance sur les Orges du pays. M. le Secrétaire présente, au nom de M. le baron F. von Mueller, la dixième décade de son ouvrage intitulé : Eucalyptographia. M. Godefroy Lebœuf fait connaître à la Section qu’il a le regret de ne pouvoir mettre à sa disposition, ainsi qu’il l’espérait, des tubercules de Kummara (Convolvulus chrysorrhizus), ses essais de culture n'ayant pas réussi. Un membre fait remarquer que quelques. amateurs anglais se sont également occupés de cette plante et que le résultat a été négatif. M. le Président rend compte de la dégustation qu'il a faite du Lou téou. Cette pâte a une saveur peu prononcée, assez semblable à celle du macaroni bien cuit, avec cette particularité qu’elle est complètement translucide, tandis que nos pâtes sont opaques. Il est probable que la farine de Lou téou a dû subir des modifications importantes pour don- ner ce produit. Le bouillon qui avait servi à la préparation était trop. salé. M. Souchier, qui : a goûté de ce potage, l’a trouvé très bon. 4 SÉRIE, T. Il. — Mai 1885. 91 329 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. M. Paillieux donne lecture des deux notes suivantes : Le Shoyu.— En 1880, j'ai publié dans notre Bulletin un mémoire étendu qui faisait connaître la composition chimique, les variétés, la culture et les usages du Soya. Les Membres nouveaux de la Société pourront, si l'envie leur en prend, se procurer ce mémoire, qui à été mis en vente par la Librairie agricole. Je me propose simplement aujourd'hui d'appeler de nouveau votre attention sur le Shoyu, cette sauce précieuse sans laquelle un Ja- ponais ne saurait vivre, et de fournir à chacun de vous le moyen de la déguster en vous distribuant des flacons qui en contiennent une quantité suffisante. Vous n’avez pas à me remercier de ma libéralité ; ces flacons m'ont été donnés par MM. J. de Vigan et Ci*, grande maison d'importation de tous les articles du Japon et de la Chine; 1l n’est pas besoin de vous dire combien j'ai été sensible à ce cadeau, dont vous allez profiter. Je vous prie de ne pas confondre le Shoyu du Japon avec l’India-Soy, qui se vend à Londres, et même à Paris, et qui n’en est qu'une mauvaise imitation. Le Shoyu n’est pas un condiment dans le sens que nous attachons d'ordinaire à ce mot; il n’a pas une saveur relevée, échauffante, comme le poivre, la moutarde, le piment, etc.; il est au contraire rafraîchis- sant. MM. de Vigan en peuvent parler en connaissance de cause, car ils en consomment une bouteille par semaine, autant pour leurs enfants que pour eux-mêmes. Les Japonais mettent du Skoyu dans tout ce qu'ils mangent, et, selon toute apparence, nous serons tentés d’en faire en France un usage im- modéré lorsque nous aurons commencé à l'employer. . Je ne vous parlerai pas de la cuisine japonaise qui m’est fort sus- pecte, mais je vous dirai que pour moi le Shoyu peut, dans bien des cas, remplacer le jus de viande, chose assez singulière, mais qui s’ex- plique peut-être par la notable proportion de matière grasse que con- tient le Soya. Une cuillerée à café de Shoyu, dans un bouillon ordinaire, rend ce. bouillon beaucoup meilleur. | Il fait merveille dans le court-bouillon pour la cuisson du poisson. 11 s'ajoute avec avantage au jus de beefsteak. Dans la salade, avec viande froide, il est d’un très bon effet. Enfin ilest incomparable dans les œufs brouillés. La maison Potel et Chabot, dont notre confrère M. Lhermitte est le chef, a servi la table de la mission japonaise, en 1878 Il m’assure que le Shoyu est excellent dans les salades de légumes et inestimable avec les œufs, quel qu’en soit le mode de préparation. Vous voyez qu'il n’est pas nécessaire d’être Japonais pour multiplier: les usages du Shoyu. Lorsqu'un cordon-bleu le possède, sa cuisine se PROCÈS-VERBAUX. | 393 transforme et devient beaucoup meilleure, sans qu’on s’aperçoive de l'emploi qu’il fait, à dose modérée, de la célèbre sauce. Voici, Messieurs, pour la fabrication du Shoyu, une recette pratiquée en Free par mon excellent Eee RO M. le D" Hénon, qui Pavait apprise au Japon : « On prend en volume deux parties d'orge nue ou de blé et trois par- ties de Daïdzu (Soya). On fait ensuite macérer pendant un jour et une nuit dans l’eau non calcaire ; puis on fait cuire à la vapeur jusqu’à cuisson complète. Il ne faut pas que les grains se défassent, mais qu’ils soient tendres. On mélange les deux grains, puis on les étend en cou- ches de 2 à 3 centimètres de hauteur dans des caisses qu’on tient dans un endroit un peu chaud, ni trop sec ni trop humide. Les grains moisis- sent en douze ou quinze jours, suivant la saison. Le meilleur temps est le printemps ou l'automne. Il faut que la moisissure soit d’un bleu ver- dâtre, épaisse et ressemblant à du velours. » Les grandes moisissures blanches ou noires ne valent rien, et il faut les enlever dès qu’on s’aperçoit de leur apparition. Quand les grains sont complètement couverts de moisissures et forment une seule masse, on les expose au soleil. Quand ils sont secs, on les frotte entre les mains, puis on les vanne pour les débarrasser de la poussière produite par les débris des moisissures. A ce moment, on prend, toujours en volume, deux parties de sel pour trois parties de grains moisis; on les met dans des tonneaux ou des vases de terre avec une quantité d’eau suffisante pour recouvrir le tout de trois ou quatre doigts de liquide. » On n’a plus qu’à remuer de temps en temps le mélange et à attendre de trois à six mois, après lesquels on n’a plus qu’à écouler la sauce en la passant à travers un tamis. Elle peut se conserver en tonneaux ou en bouteilles pendant plusieurs années et, à mon goût, remplace ‘assez bien, dans les apprêts, Le bouillon ou le jus de viande rôtie. » J’ignore, ajoute mon correspondant, quelle est l’exportation du Shoyu et je ne sais aucun chiffre relatif à la consommation intérieure; mais c’est le fond de la cuisine japonaise. Cela y remplace le beurre, lhuile, la graisse et le jus de viande. Tout, légumes, poissons, pâtes, sont accommodés ordinairement avec le Shoyu. Il n’y a pas de village, si petit qu'il soit, qui n'en ait des fabricants; il s’en fait en outre beau : coup dans les maisons particulières. » Pendant mon séjour au Japon le prix du Shoyu variait, suivant sa qualité, de 8 à 12 sen (40 à 60 centimes) le mas, c’est-à-dire 11t,80. » J'ai publié deux autres procédés, pratiqués dans l’industrie, qui pré- sentent de notables différences avec la recette dé ménage que jé viens de vous communiquer. Dans l’une il est dit que les grains doivent fermenter dans des cham- bres hermétiquement closes, à la seule exception de deux vitres placées à hauteur d'homme, qui permettent de surveiller l’opération. 324 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Dans l’autre, on prescrit une préparation particulière du sel destiné à la fabrication du Shoyu. Je ne vous donne pas lecture de ces documents. Ils sont assez Hole et se trouvent dans le mémoire que j'ai publié sur le Soya. Je ne veux pas abuser de votre bienveillante attention. Le Haricot radié. — Il existe de nombreuses variétés du Haricot radié, et vous pouvez lire dans le Potager d’un curieux ce que je sais de cette plante généralement cultivée au Japon et en Chine. Dans nos premières séances de cette année, nous nous sommes oc- cupés de la variété à petits grains verts, Lou téou de Chine, Yaye nari du Japon, dont on fait du vermicelle à Pékin, et au Japon des pâtisse- ries et des confiseries. Ce Haricot minuscule est d’ailleurs en usage dans tout l'Orient. On l’emploie à Pondichéry, et le Muséum l’a récem- ment reçu du Turkestan. _Je vous en distribue aujourd’hui une sous-variété, que je ne connais- sais pas encore, et que je dois à l’obligeance de MM. J. de Vigan et C®. Le Lou téou est vert, etles graines que je vous apporte sont blanches; je ne distingue aucune différence entre les deux sortes, et je suis per- suadé que toutes les deux servent aux mêmes usages. … J'ai fait préparer de deux façons les graines de MM. de Vigan. Je les ai fait tremper dans l’eau pendant vingt-quatre heures, puis accom- moder comme les Haricots blancs ordinaires. Le plat qui m’a été servi n'avait absolument aucun goût. Il n’y a pas lieu d’y revenir. Après une immersion d’égale durée, j'ai fait de ces mêmes graines une purée avec laquelle a été confectionné un gâteau qui m’a paru fort hon. Ce Haricot se prêtera parfaitement à la préparation de Puddings et de toute sorte d’entremets sucrés, Sweet des Anglais ou Mehl speise des Allemands. Je désire beaucoup que sa culture réussisse chez vous et chez moi; mais je ne dois pas vous dissimuler mon inquiétude. Dans mon jardin, le Lou téou lève toujours bien; mais au bout de quelques jours, il fond et il n’en reste rien. Je n’ai obtenu quelque ré- sultat, d’ailleurs insignifiant, qu’en le semant avec une variété plus grosse, qui l’ombrage à sa sortie du sol, et dont la protection semble 1 être nécessaire. J’en sèmerai cette année à mi-ombre en pleine terre, et aussi sous cloche ombrée. Je serais heureux qipprenlne J’an pro- chain que vous avez réussi là où j'ai échoué jusqu'ici. Je vous conseille de ne pas semer avant le 20 mai. Le Lou téou est un peu moins tardif que les autres variétés de Haricot radié. Il est ensuite procédé à la distribution de sauce Shoyu. A cette occa- sion, M. le Président dit qu’il a eu l’occasion, en 1878, de déguster plu- sieurs plats relevés au Shoyu; la première impression estagréable, mais la répétition de cette sauce finit par répugner. PROCÈS-VERBAUX. 395 M. Meyer fait connaître qu'il y a trois ans il a reçu de la Société d’Acclimatation des graines de Pois hâtifs de Géorgie. Is ont très bien réussi, étaient très bons et rendaient beaucoup. L’année suivante, il a trouvé ceux qu'il avait gardés pour graine mangés par les souris. N'ayant pu retrouver de la semence, il demande aux membres de la Section si quelques-uns pourraient lui en procurer. M. Paillieux, qui a cultivé cette variété, offre obligeamment . mettre des graines à la disposition de notre collègue. Le Secrétaire, JULES GRISARD. PREMIÈRE SECTION. SÉANCE DU 17 MARS 1885. Présidence de M. DECROIX, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu, puis adopté. Dans l’avant-dernière réunion, à propos d'animaux divers dont on a tenté l’acclimatation en France, M. Huet, après avoir parlé de la petite Vache brune du Sénégal, appelée Kob, à manifesté le désir de voir réu- nis dans un travail d'ensemble les noms des espèces qui ont donné les meilleurs résultats tant au point de vue de la domestication et de la re- production que des avantages que chacun présente. M. Huet a surtout insisté sur l’intérêt qu’il y aurait à faire connaître les noms des variétés de Cerfs sur lesquelles on peut déjà appeler l’attention des intéressés. Pour arriver à bien, la Section décide, sur la proposition de M. De- croix, qu'un rapport sera rédigé par les soins de M. Huet, et que, pour donner à ce travail toute l'importance qu’il exige, un questionnaire sera établi ensuite et adressé, par la voie de la Chronique, à tous les membres de la Société. M. Mailles entretient ensuite ses collègues de l'utilité des Hérissons en général. Ces insectivores se nourrissent principalement de Mollusques, tels que les Limaces, les Limaçons, les Escargots, qui ravagent les cul- tures familières de nos jardins; ils prennent sous terre les Testacelles, Mollusques qui coupent surtout les turions d’Asperge, et les larves des Hannetons, dont les dégâts sont bien et trop connus. Ils sentent les Vers blancs absolument comme la Truie sent la Truffe, et, de leur boutoir, ils pratiquent un trou conique juste à l'endroit où se trouve cette larve, et la saisissent sans déraciner la plante attaquée. On peut conserver, ajoute notre collègue, les Hérissons dans les jardins clos de murs. Ils ne commettent aucun dégât, et, grâce à leur armure, sont à labri des attaques des Chiens et des Chats. 326 SOCIÉTÉ NATIONALE. D'ACCLIMATATION. M. Mailles nous fait connaître ensuite qu’il existe en Algérie deux.es- pèces de Hérissons: l’une, semblable à la nôtre par la taille et son aspect général, habite le Tell; l’autre, bien plus petite, à longues oreilles, se trouve dans le Sud algérien. Cette dernière espèce est la plus douce, la plus domesticable. M. Mailles pense qu’il y aurait intérêt à essayer l’ac- climatation en France de ces deux espèces algériennes, et propose à Ja Section de demander à notre collègue le général Loysel, commandant la division d'Alger, de vouloir bien en envoyer quelques sujets à la So- ciété. M. Grisard fait observer que les Hérissons détruisent les nids des Perdrix dans les champs. M. Bigot déclare que ces insectivores mangent les œufs et même les jeunes volailles dans les basses-cours ; qu’ils grimpent après les treil- lages des murs et s’échappent en se laissant tomber de l’autre côté. M. Mathias appuie ces assertions. M. Mailles répond que ces méfaits, pour la plupart imputés aux Héris- sons, sont souvent causés par d’autres animaux destructeurs, qu'il ne nie pourtant pas absolument qu'on puisse parfois les attribuer juste- ment aux Hérissons, mais que, en tous cas, les Chats en commettent bien d’autres sans produire aucun bien dans les jardins, et que, somme toute, il préfère ceux-là à ceux-ci. M. Lataste prend la parole et appuie la proposition de M. Mailles. Il dit que, voyageant en Algérie et en Tunisie, il a capturé, vivants, des Hérissons du Tell et du désert, que cette dernière espèce est très douce, paraît sensible aux caresses et vit bien en captivité. Malheureusement il sera plus difficile de se la procurer que l’autre, qui, quoique moins intéressante que l’espèce à longues oreilles, serait pourtant préférable à notre espèce indigène. M. Lataste ajoute qu’il connaît un correspondant en Algérie qui pour- rait envoyer à la Société le Hérisson du littoral. Il propose d'en faire la demande au nom de la Société. La Section décide qu’il y a lieu d'écrire au Conseil, à l’effet d’obtenir l’envoi des deux Hérissons en question, en s'adressant à M. le général Loysel. Le Secrétaire rédigera la lettre et, de son côté, M. Lataste écrira au correspondant dont il a parlé. À propos de la pétition adressée au Ministre de l'Agriculture, pétition ayant pour but d'obtenir l'admission dans les concours agricoles de les- pèce caprine, M. d’Esterno demande la parole et fait remarquer que notre pétition a toutes les chances voulues pour n’être pas prise en con- sidération, car la Chèvre, dit-il, est considérée par bon nombre d’agri- culteurs comme un animal nuisible, en raison seulement des dégâts qu’elle produit dans les forêts en détruisant les jeunes pousses et les arbustes. Comme le fait remarquer M. Decroix, l’observation de M. d'Esterno a PROCÈS-VERBAUX. 397 L été formulée, puis discutée dans les séances antérieures, et, des échanges d'opinions exprimées, il est résulté finalement que la pétition serait adressée et que les choses suivraient leur cours, pendant que la Section qui a pris l'initiative de cette proposition en attendrait le résultat avec confiance et aussi avec la satisfaction que donne l’accomplissement d’une action utile. Car, il faut bien le reconnaître, à côté des inconvénients signalés que présente l'élevage de la Chèvre, cette Vache du pauvre, se trouvent des avantages sérieux qui expliquent la bienveillante sollicitude de notre Section pour cet intéressant ruminant. Le Secrétaire, . E. DAUTREVILLE DEUXIÈME SECTION. SÉANCE DU 17 MARS 1885. Présidence de M. le baron d'AVÈNE. M. Lataste rappelle les notes qu'il a communiquées à la Section, et certifie de nouveau que les Rapaces nocturnes sont nuisibles et qu’il n’y a pas lieu de leur accorder une protection à Paide de nichoirs artificiels, du reste très difficiles à établir. M. Paillieux émet le vœu, ratifié par la Section, Qué l’on communique aux journaux spéciaux les extraits des séances Fe Sections. M. Decroix pense que le Secrétaire est naturellement chargé de ce travail. M. Joly accepte et dit qu’il ne manquera pas à ce devoir chaque fois ‘qu'il se produira un fait capable d’intéresser le public. M. Mathias présente une brochure de M. Lescuyer concernant les noms et la classification des Oiseaux de la vallée de la Marne. < M: Masson dit un travail sur les hybridations. Une discussion a lieu au sujet de l’application des mots métis et hÿ- bride, question que la Section, du reste, n’a pas tranchée, malgré l’aide d’un dictionnaire. : si Le Secrétaire, s E. Jozy. 328 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. TROISIÈME SECTION. SÉANCE DU 25 MARS 1885. Présidence de M. L. VAILLANT, Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après une observation de M. Mailles relativement aux conditions du programme en ce qui concerne la reproduction de la Grenouille-Bœuf. M. Mailles demande que la Grenouille rousse soit protégée au moment du frai, de février en juillet. M. Raveret-Wattel dit que dans idifférents pays cette protection existe, et après un court débat la proposition de M. Mailles, mise aux voix, est prise en considération. M. le Secrétaire nous lit une partie d’un très Jong rapport de M. le comte de Lorgeril sur les Anguilles, dans lequel il dit que tous les ans à la fin de l’année les Anguilles s’entassent entre elles et se iaissent em- porter au cours de l’eau pour aller reproduire à la mer. M. Rathelot croit que l’Anguille est due à l’accouplement de deux es- pèces différentes. M. le Président est de l’avis de M. le comte de Lorgeril, et dit que J’Anguille va à la mer pour reproduire. M. le Dr Brocchi dit avoir remarqué dans des Anguilles, au moment du frai, le développement de certains organes qui pourrait faire suppo- ser que l’Anguille reproduit. M. Raveret-Wattel a la parole pour la lecture d’un rapport sur la protection de la pisciculture au Japon. M. le Dr Brocchi dit à ce sujet que plusieurs conseils municipaux de Ja Haute-Vienne avaient demandé Ja destruction du Saumon. M. Raveret-Wattel dit que malheureusement il n’y a pas de règle ad- ministrative à ce sujet et que le préfet de la Creuse a pris un arrêté pour la protection. | M. Raveret-Wattel nous dit que l’on a pêché des Saumons dans l'Yonne, près de la Cure. Le Vice-Secrétaire, F. RATHELOT. PROCÈS-VERBAUX. 329 QUATRIÈME SECTION. SÉANCE DU 31 MARS 1885. Présidence de M. Maurice GIRARD, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le R. P. Camhoué envoie, de Madagascar, un travail très intéressant sur les Bombyciens séricigènes de cette île. Il joint à cet envoi une boîte renfermant des cocons de Borocera Madagascariensis. M. Fallou présente à la Section un cocon portant la même dénomi- nation. Mais sur une observation de M. le Président, notre collègue répond que ce cocon lui a été donné comme appartenant bien à l’espèce en question et qu'il ne peut autrement garantir l'exactitude de cette détermination. M. Maurice Girard fait observer que les spécimens envoyés de Ma- dagascar paraissent être différents de celui présenté par M. Fallou. Il ajoute que plusieurs espèces du genre Borocera se nourrissent des feuilles de Cytise et qu'il peut y avoir eu, de part ou d’autre, erreur de détermination. M. le Président donne lecture d’un passage de son ouvrage: Traité élémentaire d’entomologie (t. LUI, p. 438 et suivantes), où la plu- part des faits relevés par le P. Camboué sont consignés. M. Girard exprime à nouveau l'opinion que le Sericaria mori et d’autres espèces du même genre, de l’île de Java, offrent à peu près seuls des chances de réussite en Europe, à l'exception, peut-être, de l’Attacus Pernyi, que l’on peut encore espérer voir réussir dans l’Europe méridionale et centrale. M. Fallou remet à M. le Secrétaire, pour qu’il en soit donné lecture, un article paru dans le Petit Moniteur universel du 20 mars dernier, ayant pour titre: La sériciculture, et signé: comte de Retz. Dans ce travail qui présente un réel intérêt, la décadence de notre sériciculture indigène est dépeinte en sombres couleurs; peut-être même peut-on reprocher à l’ensemble de l’article un pessimisme exagéré. Quoi qu’il en soit, voici quelques chiffres comparatifs intéressants : En 1852-53-54, la moyenne du rendement en cocons était de 23 000 000 de kilogrammes vendus 105 500 000 francs environ (Rapport de M. J.-B. Dumas, en 1857, à l’Académie des sciences). En 1882-83-84, le rendement n’est plus que de 7851920 kilo- grammes de cocons, vendus 29 837 296 francs. En terminant, M. le comte de Retz réclame des lois protectrices. 330 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. M. Paillieux demande la parole et exprime l’avis que la Société ne doit pas s’associer aux idées protectionnistes de M. le comte de Retz. La | Section, à l'unanimité, approuve l’observation de notre collègue. M. Grisard offre, au nom de M. Wailly, plusieurs exemplaires intitu- lés: Notes on Silk-producing bombyces reared in 1884, by Alfred Wailly (Extrait du The Journal of the Sociely of Arts). M. le Président donne lecture d’une lettre qui lui est adressée par M. de Larclause ; l’auteur de cette lettre annonce l’envoi d’une boîte contenant des larves et des Mouches recueillies sur des tiges d’avoine d’hiver, seule céréale attaquée par ces diptères. Ce ne peut donc être, dit M. Larclause, la Cécidonie du froment. En terminant, il prie M. Mau- rice Girard de vouloir bien lui déterminer les insectes dont il annonce l’envoi. . | Cette lettre, parvenue en mauvais état, en partie brisée, ne contient que quelques tiges d'avoine et un peu d'herbe sèche. A cette occasion, M. le Président déclare qu’il reçoit fréquemment des échantillons d’in- sectes plus ou moins détériorés, ou consistant en de trop peu nombreux exemplaires. Souvent aussi la récolte préparatoire de ces envois est confiée à des personnes par trop étrangères à l’entomologie; c’est ainsi qu’il a reçu des Manta religiosa, avec prière de les déterminer et an- noncées comme « Insectes ravageant les vignobles». Le Secrétaire, Cu. MAILLES. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE L'alevinage des Salmones par la nourriture vivante. €... . La nourriture des jeunes poissons, aussitôt la résorption de la vésicule ombilicale, étant la plus grande difficulté de la pisciculture artificielle, voici comment M. Rivoiron vient de la résoudre à Servagette. » Il est prouvé que les jeunes Salmones ne prennent leur nourriture, ne se précipitent sur leur proie qu’alors qu’elle ésten mouvement dans l’eau ; sur le sol ils n’y touchent plus. » Sans des soins de propreté et une vigilance pas toujours facile à exercer sur de grandes surfaces d’eau, il y a là un élément d’insuccès certain par la décomposition de la matière organique avec laquelle on a essayé de les nourrir : viande, foie, cervelle, sang, poisson haché, sau- cisse animalisée, etc. ; il n’y a nulle exception. » Vous voyez, M les conséquences de cette nouvelle alimen- tation, aux deux points de vue de la santé et de la qualité des poissons, toute nourriture organique morte enlevant à la chair ferme et succu- lente de cette précieuse famille les qualités qui la font surtout re- chercher en 08. » Voici à quoi on s’est arrêté : » M. Rivoiron s’aperçut vite que les travaux bétonnés faits à grands frais, là encore ne convenaient pas. » Creuser tout simplement dans le pré, sur le bord de ruisseau, deux, quatre, six bassins de 10 à 12 mètres de long sur 2 mètres de large et 1°,50 de profondeur, selon la quantité de daphnies à produire pour nourrir les alevins, était, non seulement le plus simple, mais le meilleur. » Un sol argileux sera préféré, afin que l’eau dont on remplira les bassins ne diminue que par l’évaporation. » Dans ces réservoirs ainsi préparés, on déposera à la partie nord, car ils doivent autant que possible être creusés du nord au sud,on y dépo- sera en mars un mètre cube de fumier frais (vache et cheval mélangé). » Tous les jours l’eau devra être agitée jusqu’à ce qu’elle prenne une teinte légèrement bistrée, sans se corrompre surtout ! » L’appoint de cette teinte n’est point indifférent à la réussite des microscopiques êtres que, dans les premiers jours d'avril, on doit y déposer. » À la température de + 25 degrés, chaque être donnera naissance tous les cinq jours à huit sujets, lesquels, au bout de quelques semaines. seront milliards de milliards. » Pullulant à ce point que l’eau des bassins ressemblera à une véri- table bouillie grouillante. » Se multipliant jusqu’à + 32 degrés, ils résistent à des abaissements de température de — 6 degrés. 339 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. » Se réfugiant au fond des bassins, qu’ils tapissent alors à plusieurs centimètres d'épaisseur d’un vrai feutre vivant. » Si leur rusticité est immense en repos parfait, leur délicatesse est en revanche extrême. » Le moindre choc ou agitation de l’eau les tue par masse. Sous au- cun prétexte on ne devra donc remuer le liquide, et leur récolte ne peut se faire qu'avec les plus minutieuses précautions. » Cette récolte, espèce d’écrémage commençant fin avril, se prolon- gera jusqu’à la fin de septembre. Elle se fera au moyen d’un tamis que l’on promènera bien doucement à la surface. » Dans cinq ou six coups nous en vimes prendre environ 500 grammes, que l’on déposait aussitôt, avec les mêmes précautions, dans un baquet d’eau fraîche et propre. Les daphnies ne devront jamais être données aux alevins sans avoir été soigneusement débarrassées de l’odeur dont elles sont imprégnées. » Il y a là un fait que je m’empresse de signaler à mes savants con- frères. Non seulement les vigoureux alevins qui se précipitent sur cette proie favorite avec toute la voracité qui caractérise ce premier âge de leur existence, pour en dévorer de vingt à vingt-cinq en quelques se- condes, en sont incommodés, mais ils en sont parfois comme foudroyés. » La daphnie odorante, en un mot, c’est la mort ! L’ammoniaque de cette eau purinée n’en serait-elle pas la cause ? » Un bassin ne devra jamais être pêché à fond, et ce ne sera que huit ou dix jours après, et selon que l'élévation de la température aura plus ou moins favorisé la multiplication du petit crustacé, qu’on devra la recommencer. » D’avril à septembre, un tel bassin pourra donner environ 2 kilo- grammes de daphnies à chaque pêche; la quantité n’a donc là pour li- mite que l’étendue des surfaces ensemencées. » Lorsqu'on donne les daphnies aux alevins, et cela soit dans les ri- goles d’incubation où ils sont éclos, soit dans les bassins consacrés à leur premier âge, on devra prendre les mêmes précautions que pour leur récolte. » Il importe essentiellement de déposer très lentement cette véritable poussière vivante, qui disparaît aussitôt sous les pointer rapides de leurs voraces sacrificateurs. | » La construction et la préparation d’un bassin aux dimensions don- nées ci-dessus revient à 35 francs, et peut fournir d'avril à septembre de 170 à 180 kilogrammes de daphnies. » Un alevin de six mois ainsi nourri pèse en moyenne 6 grammes, avec une longueur de 6 centimètres. . . . .» (Extrait du Rapport présenté à la Société nationale d'agriculture de France par M. Chabot-Karlen.) V. BIBLIOGRAPHIE Traité des Baux à ferme, précédé d’un historique de la propriété rurale en France, par P.-A.-M. Gouraincourt. Paris, 1885, in-8. Arthur Rousseau, éditeur. Lorsque le fondateur de l’ancienne Rome fit entre les sauvages guer- riers, ses compagnons d’armes, le partage des dépouilles du vaincu et du territoire conquis, il marqua une heure mémorable dans l’histoire des nations. Car, en même temps qu’il jetait les fondements de l’em- pire des Césars, il créait une aristocratie puissante et constituait sur sa tête un vrai droit de propriété, droit nouveau aulant que précieux, dont jusqu'alors l’idée était demeurée si confuse. Ces premiers possesseurs du sol, ancêtres des Patriciens, tinrent longtemps sous un joug rigou- reux une plèbe nombreuse, déshéritée et vouée par eux aux plus rudes labeurs, presque à l’égal des esclaves. Plus tard cependant, après de longues et sanglantes luttes, les Plébéiens finirent par s'affranchir de cette oppression et par conquérir le droit de posséder, en même temps qu'ils obtenaient l’accès aux différentes charges publiques; et à ce mo- ment on voil.la culture du sol passer aux mains des colons, colons libres attachés à la glèbe et écrasés par une lourde capitation, colons: esclaves plus malheureux encore. Cet état de choses que nous retrou- verons bien des siècles plus tard, ne fut pas modifié sensiblement, du moins dès le début, par l’invasion des Barbares. Les nouveaux conqué- rants, pleins de mépris pour tout ce qui ne touchait pas au métier des armes, ne traitèrent pas avec une moindre rigueur les infortunées popu-: lations rurales. Leur sort n’est d’ailleurs pas beaucoup changé au moyen âge; elles sont divisées en trois grandes classes inégalement traitées, quoique chacune d'elles ait à supporter des charges écrasantes qui rendent l’agriculture impopulaire autant que jamais. Ce sont d’abord les roturiers qui ne possèdent pas encore la terre, mais la détiennent simplement comme fermiers à la charge de payer une redevance annuelle, la taille ou impôt personnel, et nombre d’autres droits seigneuriaux et de justice, qui, joints à la corvée, rendent leur! situation très précaire. Le roturier, d’ailleurs, est libre de sa personne et peut déjà porter la qualification d’homme franc. — Mais, à côté de: lui, nous voyons subsister encore une forme, atténuée, il est vrai, de l'esclavage ancien sous la désignation de sorfs de corps, sur lesquels le: seigneur à droit de vie et de mort, et qu’il peut condamner aux travaux les plus durs, comme aux traitements les plus rigoureux. Et enfin les serfs de la glèbe qui jouissent d’une demi-liberté, peuvent percevoir pour eux les fruits du sol, en posséder même certaines fractions, mais sont accablés de nombreuses redevances, ne peuvent rien aliéner sans le: 3934 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. consentement du seigneur, et n’ont même pas le droit de quitter l’im- meuble auquel ils sont attachés. Dès cette époque cependant, un mouvement se dessine dans cette société encore un peu barbare, qui doit conduire l’homme à son éman- cipation définitive, — les anneaux de cette pesante chaîne se détachent successivement, — au commencement du dix-huitième siècle, il n’est déjà plus question du servage de corps; le serf de la glèbe est lui- même affranchi un peu plus tard par un édit de Louis XVI, et c’est ainsi qu'on arrive par étapes à cetle nuit mémorable du 4 août 89, qui consacre solennellement, et d’une manière irrévocable, avec l'égalité de tous, la liberté des personnes et la liberté de la terre. De là date, on peut le dire, une ère toute nouvelle dans l’histoire de l’agriculture en France. L’habitant des campagnes délivré d’une longue oppression, vivement intéressé à la culture du sol, puisque désormais ses produits lui appartiennent sans conteste, que le fruit de ses épargnes va lui permettre d'acquérir la pleine propriété du champ quil arrose de ses sueurs, se livrera à cette culture avec un courage indomptable, et tirera de la terre féconde les richesses qui y demeuraient ensevelies. La propriété change de mains, se morcelle à l'infini, si bien que, de nos jours, au lieu des quelques milliers de seigneurs qui jadis détenaient à eux seuls le territoire de la France, on compte environ quatre millions de paysans, chefs de famille, propriétaires du champ qui les nourrit, eux et les leurs. Ce morcellement de la terre, croissant de jour en jour, a rendu de plus en plus fréquents les contrats dont elle peut faire l’objet dans les relations entre individus, et malheureusement aussi des litiges qui en sont la conséquence inévitable. Dans un ouvrage d’un sérieux intérêb pratique, M. Gouraincourt, président du tribunal civil de Nogent-le- Rotrou, a cherché à porter remède à ce mal social, au moins dans une de ses mamfestations les plus fréquentes, nous! voulons parler des con- testations relatives aux baux à ferme. 11 l'a fait avec son expérience de magistrat, et avec l'autorité que lui donnent ses éminentes fonctions judiciaires. L’ouvrage qu’il vient de publier et qu’il qualifie sans autre préten- tion, de Code du propriétaire et du fermier, constitue en effet une ana- lyse si rapide, mais en même temps si complète et si claire de notre législation à ce sujet, qu’il peut être compris de tous et prévenir, comme c’est le but de son auteur, un grand nombre de litiges, en mon- trant à chacun l’ensemble de ses droits et de ses devoirs, — et, s’il est vrai de dire que nombre de procès naissent de l’ignorance du plaideur à cet égard, il est manifeste que la publication dont il s’agit est appelée à rendre d’autant plus de services qu’elle sera plus répandue. Nous avons suivi avec l’auteur le développement progressif du droit de propriété dans les temps anciens; l’étude de ce même droit d’après: ’ BIBLIOGRAPHIE. 999. la législation aujourd’hui en vigueur nous entraînerait trop loin; disons, seulement que l’auteur l’a poursuivie avec la plus grande méthode, éta- blissant dès le début la ligne de démarcation entre le bail à ferme et le bail à loyer, pour examiner ensuite une à une les conditions essentielles à la validité du contrat, son objet, l’accord et la manifestation des volontés, la preuve des conventions, les devoirs et les obligations qui en résultent pour chacune des parties contractantes, et enfin les, voies desiinées à assurer l’exécution de ces engagements réciproques. Un chapitre relatif aux différentes sortes de cheptels eût donné à ce traité un intérêt spécial pour notre société qui en fait un si fréquent usage; mais ce n’eût été là qu’un intérêt purement spéculatif, car les relations qu’elle entretient avec ses membres sont telles qu’il ne saurait jamais en résulter aucune contestation regrettabie, Get ouvrage remplit, en définitive, un cadre déjà bien considérable, et nous ne doutons pas qu'il ne trouve sa place non seulement dans la bibliothèque du jurisconsulte, mais encore dans celle du simple pro- priétaire, ce qui fera son plus juste éloge. | Am, BERTHOULE. La nourriture animale chez les différents peuples (The Animal food Resources of different Nations), par P.-L. Simmonds. Un vol. in-12 de 461 pages. Londres, chez E. et F.-N. Spon, 125, Strand, 1885. L'homme est essentiellement omnivore. Il s'éloigne, sous ce rapport, de la grande majorité des animaux, qui sont, pour la plupart, franche- ment caruivores ou herbivores. Chacune de ces deux catégories pré- sente d’ailleurs des subdivisions nombreuses; certaines espèces sont positivement carnassières, d’autres uniquement insectivores, d’autres ichtyophages, comme il y en a de granivores, de frugivores, etc. La spécialisation est fréquemment poussée si loin que, chez beaucoup d’in- sectes, par exemple, telle espèce ne vit qu'aux dépens de tel végétal ou de telle matière animale. Aïnsi la Teigne des pelleteries n’attaque pas la laine, et réciproquement celle de la laine ne touche pas aux pelle- teries. Chez l’espèce humaine, au contraire, dans tous les temps et dans tous les lieux, on constate l’usage d’une nourriture aussi variée que possible. L’homme fait servir à son alimentation tout ce qui peut être mangé, et il se trouve, pour sa nourriture, en une sorte de concurrence avec tous les animaux. C’est ainsi que, comme le Loup, il abat et dévore l’Agneau ; comme le Faucon, il s'empare de l’Oiseau qui fend les airs; comme le Cormoran, il capture le Poisson sous les eaux. Il partage avec l’Abeille le miel que celle-ci recueille, dispute au Sanglier les racines de la terre, se délecte avec les fruits dont se nourrissent les plus humbles Insectes 336 (SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. et ne dédaigne pas les feuilles que la nature a données pour aliment x la Chenille. Ce grand mangeur satisfait parfois sa gourmandise en se coentit de l’animal vivant : il gobe avec délices l’Huître encore en vie. D'autres fois, au contraire, la décomposition a pour lui de l'attrait: ne donne-t-il pas souvent la préférence à la venaison faisandée, et ne va-t-il pas recueillir le Champignon sur la couche de fumier pourri! Mais si l’homme vit ainsi à peu près de tout, la nourriture animale n’en répond pas moins chez lui à un besoin naturel, impérieux, puisque c’est la privation complète de cette nourriture qui seule paraît avoir engendré le cannibalisme. Il ne faut donc pass ’étonner de voir l’homme mettre à contribution pour son alimentation une multitude d'espèces, prises dans presque toutes les classes du règne animal. C’est l'inventaire descriptif de toutes ces espèces qu'a entrepris M. P.-L. Simmonds dans le très intéressant volume qu’il vient de publier, volume où se trouvent condensés, en un peu moins de 500 pages, une prodigieuse quantité de matériaux puisés aux meilleures sources, et représentant une somme de recherches et un labeur considérables. M. Simmonds promène son lecteur dans toutes les parties du monde et l’initie à toutes les ressources utilisées, à toutes les industries se ratta- chant à l’alimentation puisée dans le rêgne animal. Bien que présenté sous une forme attrayante, le travail de M. Sim- monds, comme tous ceux déjà sortis de la plume du même auteur, est une œuvre sérieuse, où la partie utile n’a pas été négligée pour le côté curieux. L’économiste et le statisticien y trouveront, aussi bien que le commerçant, le naturaliste ou le chasseur, des informations précieuses. Nous ne doutons pas que le volume de M. Simmonds ne trouve prochai- nement un traducteur en France, et nous nous féliciterions vivement de voir cet excellent ouvrage mis ainsi chez nous à la portée d’un plus grand nombre de lecteurs. RAVERET-WATTEL: Le gérant : JULES GRISARD. .Erratum. Un alinéa oublié dans la mise en pages rend incompréhensible le: commencement du procès-verbal de la séance du 27 janvier, page 198. Avant : IL fail à ce sujet la communication suivante, il y a lieu de rétablir les lignes suivantes : au M. Jules Fallou annonce qu’il a lu la note de M. Bellevoye, mais qu'il n'y a rien trouvé concernant l’insecte qui s'attaque aux tilleuls de la ville de Saintes, BOURLOTON. — Imiprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris. LA ii DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. REPRODUCTIONS DE MAMMIFÈRES OBTENUES A LA PATAUDIÈRE (INDRE-ET-LOIRE) Par M. PAYS MELLIER. Lettre adressée à M. le Secrétaire général en février 1885. J'ai reçu le Bulletin de décembre 1884, et je lis un article sur les Cerfs-Cochons de M. Le Pelletier, château de Salvert, près Saumur. Notre confrère écrit que ces animaux sont « très frileux, craignant en même temps la chaleur, surtout les mouches, la pluie et le froid, et que, de plus, la Biche- Cochon ne reproduit dans nos elimats que tous les deux ans. » M. Le Pelletier ajoute que son Cerf-Cochon est devenu très méchant. : Je ne suis pas d’ accord avec notre honorable confrère, car je dois avouer que, de tous mes animaux, les Cerfs-Cochons sont les plus rustiques ; ils n’ont pour abri, à la Pataudière, qu’une cabane en bois ouverte à tous les vents, et ils n’ont jamais paru souffrir du froid ou de la chaleur, pas plus que des mouches. Pour nourriture, ils mangent tout simplement de la luzerne sèche, souvent même les restes des Antilopes ou autres plus délicats ; jamais de carottes, ni son, ni avoine, et ils sont cependant toujours trop gras et très bien portants. Comme toutes les espèces de Cer1s, le Cerf-Cochon devient en effet quelquefois très méchant. Mais je crois un peu que cela tient bien souvent à la façon dont on se conduit avec eux, soit en les excitant, en les HE soit en les caressant et en jouant avec eux. : Je possède depuis longtemps des cru Tai un mâle venu du Jardin d’acclimatation de Paris, le 4 juin 1879 : il est très doux. d : J'ai encore un Cerf de Virginie de quatre ans, un Cerf ais A âgé de sept ou huit ans; une Antilope mâle Cervicapra de six La 4° SÉRIE, T. LE. — Juin 1885. 29 338 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ans ; un vieux mâle Mouflon à manchettes ; des Leucoryx, des Gazelles, tous réputés, animaux très méchants, et tous, ici, sont doux, bons, familiers. Mais l’homme qui les soigne ne plaisante jamais avec eux et on ne laisse pas les visiteurs les caresser n1 les tracasser. Nous n'avons eu et nous n’avons encore aujourd’hui de stu- pidement bêtes et méchants que les mâles des Gazelles sub- gutlurosa et les brocarts. Quant à la reproduction des Biches-Cochons, vous allez juger qu’elle est régulière tous les ans, car bien que peu nombreuses, je veux vous faire connaître les naissances de mammifères obtenues à la Pataudière l’année dernière. Je commencerai donc par les CERFS-CocHons (Cervus por- cinus). Voici les dates précises des reproductions d’une seule Biche depuis plusieurs années : | Première reproduction, 3 juillet 1880, une femelle; Deuxième — 6 avril 1881 — Troisième — 20 mars 1882 —- Quatrième — 45 février 1883, un mâle; Cinquième — 2 mars 1884, une femelle; Sixième . — 29 janvier 1885 — Les Biches-Cochons reproduisent parfaitement à l’âge de deux ans. En voici la preuve : Celle qui est née le 6 avril 1881, et que j'ai conservée m'a donné : Une jeune femelle le 1° mai 1883 ; Une seconde jeune le 13 mai 1884 ; Une troisième jeune le 2 février 1885. Une jeune femelle née d’une jeune Biche-Cochon à sa pre- mière mise bas, dans la nuit du 7 au 8 janvier dernier, a été trouvée mourante et glacée le matin dans l’enclos; réchauffée el rappelée à la vie, elle a été remise avec la mère, qui n’a jamais voulu la voir, ni la laisser approcher d’elle. Élevée alors au biberon avec du lait de vache coupé d’eau panée, cette pauvre petite bête est parfaitement venue. REPRODUCTIONS DE MAMMIFÈRES. 339 Au bout de quelques semaines, ellé demandait son biberon en faisant entendre un petit cri plaintif et suivant partout la femme qui la nourrissait ainsi. Aujourd’hui elle est restée libre dans la maison, se prome- nant partout et revenant se coucher dans un petit coin de la cuisine, sans crainte des personnes étrangères ou des chiens. CERFS AxIS.— Nous avons eu, d’une seule mère, une jeune Biche, née le 20 février 1884, et un jun” br né le 10 fé- vrier 1885. Les axis sont très rustiques et reproduisent, ici, très régu- lièrement chaque année. CERFS DE VIRGINIE (Cervus Mexicanus). — Deux jeunes Biches de Virginie sont nées d’une seule mise bas. Ces animaux ont presque RUE deux jeunes à chaque fois. CERFS DE REEVES (Cervulus Reevesii).— Reproduisent, en effet, tous les six mois, comme l'écrit notre ami M. J. Cor- nély. Ce sont bien les plus charmants animaux qu’on puisse rê- er. Très rustiques, jamais malades, ils sont doux, familiers et vivent en famille, sans jamais se chercher querelle. Nous avons obtenu trois naissances de ces jolis animaux, depuis le 27 mars 1884 jusqu’au 26 octobre dernier ; ; ce Sont deux jeunes mâles et une femelle. Les CERFS MUNTJAC qui se trouvent à la Pataudière sont, m’a-t-on assuré, les seuls exemplaires connus, car ce ne sont pas les muntjacs larmoyants (Cervulus lacrymans) qui se voient au Jardin des Plantes de Paris, mais bien le Cervulus auralus où CERFS MUNTJAC DES ILES DE LA SONDE. Ces animaux, très fragiles dans les premières années de leur arrivée ici, paraissent bien acclimatés aujourd'hui et leurs reproductions sont parfaitement régulières. Quatre jeunes sont nés, pendant l’année 1884, ‘un mâle et trois femelles. GAZELLES.— Je possède la Gazelle (subguiturosa) de Perse et la Gazelle (corinne) du Sénégal. La première de ces deux variétés supporte bien notre cli- 340 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. nat et n’est jamais rentrée pendant l'hiver; elle enrrdnit en outre facilement. Une jeune femelle subgutturosa est née le 20 juillet 1884 et nous savons la mère pleine de nouveau et avancée. Quant aux, Gazelles (corinnes) du Sénégal, elles sont fri- leuses et sont rentrées pendant tout l'hiver dans les écuries chaudes. Elles vivent depuis plusieurs années, mais il leur faut de grands soins. J'espère pouvoir vous annoncer très prochainement la re- production de ces charmants animaux, car deux femelles sont pleines d’un mâle subgutturosa. Et les produits devront être, assurément, bien jolis et bien intéressants. ANTILOPES DE L'INDE (Cervicapra). — J'ai quatre femelles et un mâle de ces animaux; une seule femelle m’a donné une jeune cette année ; c’est une femelle née le 9 juin 1884. La cabane des Antilopes de l'Inde est en plein nord et les animaux ne paraissent jamais souffrir du froid. ANTILOPES LEUCORYX. — Je fais rentrer ces beaux animaux dans une étable à bœufs pendant toute la saison froide ; ils sont très vigoureux et j'ai tout lieu de croire que ce ménage ne restera pas stérile. Lamas. — Depuis plusieurs années, ces animaux repro- duisent bien à la Pataudière ; nous avons, depuis le 24 dé- cembre dernier, deux naissances ; ce sont deux femelles. MOUFLONS A MANCHETTES (Ovis tragelaphus). — Le 2 avril nous avons eu la naissance d’une jeune femelle. MOUTONS A TÈTE NOIRE D’ABYSSINIE OU DU SOUDAN. — C’est une variété très décorative, dont la chair est exquise. Cinq jeunes sont nés depuis le 5 janvier 1884; ce sont quatre femelles et un mâle. ( CHÈVRES Du THiBer. — Nous avons enregistré trois nais- . Sances : deux chèvres d’une seule mère et un bouc né d’uge autre mère. CHÈVRES NAINES DU SÉNÉGAL. — Une seule Chèvre de celte variété nous a donné trois produits pour une seule mise bas: un Bouc et deux Chèvres. PécARIS À COLLIER (Dicotyles lorquatus). REPRODUCTIONS DE MAMMIFÈRES. 341 Pacas (Cælogenas). — Depuis plusieurs années, nous pos- sédons ces deux espèces d'animaux qui ne font rien jusqu’à présent. R Porcs-Épics (Histriæ cristata). — La reproduction de ces animaux est merveilleuse. Voici les dates de naissance exactes d’un seul couple acheté à Marseille le 17 mai 1882: 93 février 1883, naissance d’un mâle; 20 août 1883 — d'un mâle; 4 janvier 1884 — de deux jeunes; 28 juillet 1884 — de deux jeunes; 2% novembre 1884 — d'un jeune mâle. Acouris (Dassiprocta aguti).— Deux jeunes mâles nés le 8 juin 1884, d'une seule femelle. MyoProTAMEs coypous. — Ces animaux reproduisent abon- damment ; ils sont rustiques et ne demandent pas beaucoup d’eau ; un simple petit bassin leur suffit. D'un seul couple nous avons eu: Deux jeunes nés le 25 février 1884 ; Trois jeunes nés en août 1884; Cinq jeunes nés le 2 janvier 1885. Kançourous DE BENNETT (Halmaturus Bennettii).—Tout le monde aujourd’hui connaît ces curieux animaux. Le Bennett est certainement le plus rustique et le plus facile à conserver. Nous n’avons eu qu'une seule naissance, en mai 1884, d’une jeune femelle. PHascoLoME WomBarT (Phascolomys ursinus). — J'ai tou- jours entendu dire et j'ai lu dans tous les livres d’histoire naturelle que les Phascolomes étaient des animaux absolu- ment nocturnes, lourds, dormeurs, sans intelhgence. Or je possède un Wombat depuis plusieurs années et je vous affirme bien que celui-là ne mérite pas toutes ces attri- butions. Son grand chagrin, en effet, est d’être renfermé, et, dès qu'il entend quelqu’un passer auprès de sa cabane, il sort bien vite dans sa pelite cour, et se dressant sur ses pattes de derrière le long de son grillage, il paraît fort heureux d’être caressé. Mais son grand bonheur, c’est lorsqu’on ouvre la porte de son 349 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. enclos ; parfois, alors, il court de toute sa vitesse, en faisant des culbutes et des cabrioles, tout à fait cocasses, revenant nous mordiller les jambes, comme un jeune chien, en faisant l’aimable de la façon la plus comique; parfois, x va droit à la maison, cherche une porte ouverte, et, s’il peut pénétrer dans un appartement, après avoir fureté partout, il se couche près de la cheminée et s'endort comme un bienheureux, en faisant entendre un. puissant ronflement. Il suit comme un chien, mais il suit tout le monde; on l’'emmène au loin dans la campagne, et rien n’est plus drôle que de voir la joie de ce gai compagnon. | Il est facile à nourrir ; il mange toutes sortes de légumes et du pain; sur une pelouse il aime beaucoup le gazon et sur- tout le chiendent. Il résiste parfaitement au froid et ne paraît pas en souffrir, et souvent, lorsque le soleil brille à cette sai- son, il vient se coucher et se réchauffer à ses rayons. Vous voyez donc que mon aimable Paéru (c'est le nom que mes gens ont donné à ce Wombat) estun animal fort intéres- sant et pas du tout nocturne. Tout le pays connaît Piéru,;. il reçoit nombre de visites et je pourrais nommer des visiteurs peu rieurs qui, en le voyant faire ses grotesques gentillesses, ne peuvent conserver leur sérieux et qui reviennent Le se dérider avec l’ami Piéru. ADDENDA (Juin 1885) 1° Depuis cette époque (lévrier 1889), 1 jeune mâle, de Reeves est encore né le 31 mai 1885, et une jeune femelle le 5 juin dernier. 2 Un jeune Muntjac, né le); juin 1885. 3° Naissance d’un jeune mâle subgutturosu, le 3 mai 1885. 4° Une jeune femelle, Corinne, est née le 1* juin 1885, et c’est bien la plus jolie et la plus gracieuse petite bête qu’on puisse imaginer. REPRODUCTIONS DE MAMMIFÈRES: 243 5 Une femelle Cervicapra est avortée le 20 mai 1885, les trois autres femelles sont pleines, très avancées. 6° La femelle leucoryx est, en effet, pleine et nous atten- dons une naissance au premier jour. 7° M. Geoffroy Saint-Hilaire & bien voulu me procurer une toute jeune femelle de Wombat; elle aussi, est très familière, très drôle et point nocturne. Malheureusement le brave Piéru ne s’est pas montré galant, car il est entré dans une fureur comique en voyant la compagne qu'on lui destinait. Aujourd’hui encore, il n'y a pas moyen de le raisonner et de la lui faire adopter ! Peut-être, avec le temps, réussirons- nous à le convaincre et à le voir renoncer à son célibat ! ! | NOTE | SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DE LA MÉNAGERIE DU MUSËUM D'HISTOIRE NATURELLE Pendant les mois de janvier, février, mars et avril 1885. l : Par M. HUET Aide-naturaliste, chargé de la ménagerie. Il est né 25 Mammifères pendant ces quatre premiers mois de l’année. Ce sont : | : | À Guib (Tragelaphus scriptus) mâle; 1 Kob (Kobus unctuosus) femelle ; 1 Eléotrague (Eleotragus reduncus) femelle. Ces trois Mammifères sont nés des individus envoyés du Sénégal par M. le général Brière de l'Isle, lorsqu'il était gou- verneur de nos possessions françaises sur la côte occidentale d'Afrique, et dont il fit présent au Muséum, ainsi que d’un orand nombre d’autres Mammifères et d’Oiseaux de la même localité. Tous, ou presque tous ces animaux, vivent encore à la Mé- nagerie, où ils sont arrivés en 1880 ; beaucoup s’y sont repro- duits, ce qui tend à démontrer que cette faune mammologique aurait quelques chances de s’acclimater en France; du reste, bientôt nous aurons occasion sans doute de parler d’une autre espèce d’Antilope (l’Oryx leucoryx), dont nous avons eu des reproductions, et dont les Jeunes, malgré des installations insuffisantes pour des élevages d’animaux délicats, sont arrivés à être adultes sans paraître souffrir de notre climat. Nous avons eu aussi : | 2 Antilopes Cervicapra, de l’Inde; 8 Cerfs cochons (Cervus porcinus), de l'Inde ; 1 Zébu de Madagascar (Bos Madagascariensis) ; 3 Lions de Perse (Felis leo); 5 Mouflons à manchettes (Ovis tragelaphus), d'Afrique: 3 Chèvres d'Islande ; 2 Chèvres naines; NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 349 2 Chèvres angora; \ 1 Maki noir (Lemur niger) UE, L'année dernière, nous avions eu la naissance d’un jeune mâle de ce Je ménage de Makis ; aussi est-on mainte- nant bien fixé sur ces Lémuriens, pour lesquels les auteurs avaient formé deux espèces, l’une sous le nom de Lemurniger et l’autre sous celui de Lemur leucomyslax, qui ne sont qu’une seule et même forme spécifique. En effet, le jeune mâle qui est né l’année passée, et ns est adulte maintenant, était, en venant au monde, déjà couvert de poils noirs; au contraire, la Jeune femelle, qui est née voilà six semaines, est revêtue de poils roux et le tour des oreilles est garni de poils blancs; 1ln°y a donc plus aucun doute à l'égard de la variation de couleur qui existe entre le mâle et la femelle du Lemur niger. La Ménagerie s’est enrichie de 20 Mammifères et de 10 Oi- seaux reçus en dons : ‘2 Guépards (Felis jubata), de pe Tripolitaine, don de M. Féraldi ; 1 Patas (Cercopithecus r'ubero), du Sénégal, don de M. En- geler ; 1 Macaque bonnet He (Macacus sinicus), de l'Inde, don de M. Nagel; 4 Macaque bonnet chinois (Macacus sinicus), de l’Inde, don de M. Rossi; Fa | 1 Macaque bonnet chinois (Macacus sinicus), de l'Inde, don de M. Fleuriot ; LES 1 Macaque ordinaire (Macacus cynomolgus), de l’Inde, don de M. Fleuriot; 1 Ane blanc, d'Égypte, don de M. Fleuriot ; 1 Macaque ordinaire (Macacus cynomolgqus), de l'Inde, don de M. Piet; 2 Buifles de l'Inde (Bubalus buffelus), don de M. Faure, sous-secrélaire d’État au Ministère de la Marine; 2 Bœufs des Stiens, du même donateur; 2 Ponneys de Cochinchine, du même donateur; 1 Panthère (Felis pardus), du même donateur ; 546 1 [ 1 il > 1 SOCLËTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Gibbon cendré (Hylobates leuciscus), de Sumatra, don de M. Maindron; Ocelot (Felis pardulis), du Brésil, don de M. Santa-Anna Nery; Macaque à face noire (Macacus carbonnarius), don de M" de Jaër'; Ouistiti (Hapüle jacchus), du Brésil, don de M. Mirablon, Amazone à front jaune (Chrysotis ocrocephalus), don de M. Deville; Crescerelle (Falco tinunculus), de France, don de M. Meuzeret; | FN Colombes à collier, don de M. Lapert; Pigeon bizet, don de M. Billerat ; Colombe à colliér, don du même ; métis de Pigeon He) et de Colombe à collier, don du même ; Loris à tête pourpre (Lorius domicella), des Moluques, don de M. Axel d’Adelsward : Chouette hulotte (Strix alucco), de France, don de M. Auclerc ; Chouette brachyote (Strix brachyotos), de France, don de M. Fleuriot. | ACQUISITIONS. 4 Tatous velus (Dasypus villosus), de la Plata ; 00 paires de Sénégalis variés. [Il est né 22 oiseaux : 10 Cygnes noirs (Cygnus atratus), de la Nouvelle- Hol- lande; S Casarcas rouges (Tadorna rutila), d'Europe; 4 Cygnes tuberculés (Cygnus olor), d'Europe. DES PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON Par le docteur Édouard MÈNE. (Suite.) TAMARISCINÉES. TAMARIX CHINENSIS. Guioriou.. — On trouve au Japon le Tamarix chinensis Loureir., d’après Siebold et Zuccarini (1) et MM. Franchet et Savatier (2): c’est le Tamarix japonica de Thunberg. (5) et de Miquel (4), désigné au Japon, d'après les livres Awa-wi (5), sous le nom de Guioriou. Il est origi- naire de.Chine,. où il est connu sous le nom de Cuon phant law, et il est fréquent dans les environs de Canton, mais sur- tout se rencontre. dans le nord de la Chine, d’après M. le D' Bretschneïder (6). C’est un arbrisseau de: 5 à 4 mètres de haut, à rameaux pendants, rougeâtres, à feuilles linéaires, imbriquées, donnant en mai et à l’automne de nombreuses et petites fleurs roses en épis. Plante ornementale fréquem- ment cultivée dans les jardins japonais, dans l’île de Nippon, surtout dans les environs de la ville de Tokio. Les Japonais placent souvent le Guioriou dans des vases pour orner l’in- térieur des habitations. | Le Tamarix japonica, introduit en France, où il est connu sous le nom de Tamarix plumosa Hort., est cultivé dans les jardins. On le irouve au Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne comme plante ornementale de plein air. Il fait partie de la belle collection du parc de Segrez. D’après M. Baltet (7), le Tamarix pote de la Chine et Siebold et pénale Flora Japonica, tabl. 71. Franchet el Savatier, vol. I, p. 54, n° 293. Thunbers, Flora Japonica, P. 196: te Prolusio floræ Japonicæ, p. 212. (1) (2) (3) (4) (5) Kwa-wi, Arb., IE vol., p. 104, n° 11. Ô 46. (7) ! 2 3 1 | 6) Dr Bretschneider, Early European researches into. the Flora of China, Baltet, De l'action du froitl sur les végétaux pendant l'hiver de 1879- 1880, p. 311. 348 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. du Japon a résisté, à Lille, dans le parc Vauban, pendant le rigoureux hiver de 1879-1880. TÉRÉBENTHACÉES. RHuS VERNICIFERA. Urusi. — Dans la classe 44 (Produits des exploitations et industries forestières), le tableau des productions utiles, exposé par Hakou-Boutsou-Kiokou, indi- quait au n° 107, sous le nom d’Urusi, le Rhus vernicifera par un morceau de bois jaunâtre à écorce grisâtre. La collection des bois de la galerie des machines contenait un échantillon de bois jaune clair d'Urusi, de 0",25 de dia- mètre, avec ? millimètres d’épaisseur d’écorce. Dans les spécimens des bois avec tiges, branches et feuilles, était placé le Rhus vernicifera, bois jaunâtre à moitié verni. Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires), on remarquait des échantillons de laque d’Iwaté (province de Rikuchiu) ; Une collection des diverses espèces de laques du Japon; Un tableau des laques de Tokio, noir, aventuriné en or; aventuriné en argent, ponctué d’or, ponctué d'argent, bronzé, verdâtre, vert foncé, jaune pâle, jaune foncé, rouge pourpre, vert, vert clair, violet; Des spécimens de laque rouge ciselé, ressemblant au laque de Pékin; Des bois laqués, des bambous laqués. Dans la classe 29 (Maroquinerie, tabletterie, vannerie) étaient exposés des laques anciens, provenant du musée de Tokio; des objets en écaïlle, 3 ivoire et bois avec des dessins en laque. à Des spécimens de Wakassanuri (espèce de laque) de Siga (province d’Omi) : de Shunkei nuri (espèce de laque) d'A- kita (province de Ugo); de Tin kiu nuri (laque incrusté d’or) d'Ischikawa (province de Kaga); de Kin-dei-sou-kashi (bois doré d’abord, laqué ensuite, de manière que la couche de laque laisse voir l'or), provenant de la ville de Tokio ; Des laques incrustés de nacre, des paravents laqués, avec PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 349 . fleurs de glycine en nacre sculptée en relief, des petits meu- bles en écaille laquée d’or, eten ivoire laqué d’or, avec in- crustations de pierres dures. Le Rhus vernicifera D. C., ou Rhus vernix Lamk, relaté par Kæmpfer (1), par Thunberg (2), par Miquel (3), par Franchet et Savatier (4), que les Japonais désignent sous le nom d'Urusi, se rencontre, à l’état spontané, dans les forêts des montagnes des îles de Kiusiu ét de Nippon, principale- ment aux environs de Yokohama et de Kamakoura. Il est fré- quemment cultivé dans les provinces de Yetsizen (Nippon central), à Voshimo, dans la province de Yamato (Nippon méridional): à Aidzu et à Fukushima, dans la province de Yamasiro (Nippon méridional), dans les provinces de Riku- chiu, de Shimotsuke (Nippon central), de Nambu, de Mutsu et 46 Dewa (Nippon septentrional). On le trouve aussi cultivé à Vonesawa, à Mogami et à Ya- magata (province de Hizen), dans l’île de Pr) Suivant M. Dupont (5), le Rhus vernicifera, plus commun dans le nord que dans le sud du Japon, offre à vingt ans une hauteur de 7°,50, avec 0",75 de circonférence au pied. D'après la Commission japonaise (6), le bois du Rhus verni- cifera, jaune, à grain serré, est très recherché en ébénisterie pour les pelits meubles et la marquetterie ; on en fait aussi les navettes des tisserands et Les flotteurs des filets de pêche. Les fruits de lUrusi, ronds, jaunâtres, à noyau dur, con- tiennent de la cire, qu'on extrait en les faisant bouillir dans l'eau après les avoir concassés. La cire la plus estimée provient d’Aidzu, dans la province de Yamasiro. Le Rhus vernicifera est surtout utilisé dans l’industrie pour la gomme-résine qu’on en retire, et qui sert à préparer le vernis connu sous le nom de Laque, avec lequel les Japo- nais recouvrent les objets en bois, en ivoire, en écaille, en (l) Kæmpfer, Amænitalum exolicarum, p. 791- 792, cum icon. {2) Thunberg, Flora Japonica, p. 121. a Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 16. (4) Franchet et Savatier, vol. I, p. Ga, n° 388. 5) Dupont, Les Essènces forestières du Japon, p. 116. ) (5 (6) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. I, p. 115, n° 56. 390 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. métal ou en porcelaine, et qui constitue les Pages si esti- més du Japon. | LL ant! En Chine, où le Rhus vernicifer& est commun surtout dans les provinces du Setchouen, du Kiangsi, du Tchekiang et du Ho-nan, on fabrique aussi beaucoup de laques, mais M sont inférieurs à ceux du Japon: JC L On extrait la gomme-résine de l'Urusi en pratiquant sur l’arbre âgé de cinq à huit ans, d’après la Commission japo- naise (1), de trois à quatre ans, suivant M. Dupont (2), des in- cisions horizontales dans l’écorce du tronc, au moyen d’un couteau spécial. Ces incisions se répètent deux à trois fois par mois, de juin à novembre; la meilleure qualité s'obtient de juillet à septembre; la qualité moyenne, en juin, et la qualité inférieure, de la fin dé septembre au mois de novembre. On recueille la résine dans des petits vases enfer; souvent, au mois de novembre, on coupe les branches, qu’on laisse ma- cérer dans l’eau pendant huit à dix Jours, et on en extrait encore de la résine en pratiquant le long des DORE une série de petites incisions. Les Japonais fabriquent avec la gomme-résine de PUÜrusi plusieurs vernis,.qui sont employés dans la préparation des objets qui doivent être laqués, et ils y ajoutent différentes ma-. tières colorantes, de la poudre d’or et d'argent, des feuilles d’or, d'argent et d’étain, et de la nacre en incrustations. Les vernis sont les suivants, d’ RRETES la : ne Japo- naise (3) : 1° Kuro me urusi. Sève du Rhus ver micifora: évaporée au soleil dans un vase en bois et remuée avec une spatule. 2 Seshi me urusi. Vernis analogue au précédent, dont il ne diffère que parce qu’il à été tamisé. On ES pour vernir la superficie des objets laqués. 9° Kuro urusi. Vernis qui se prépare en mélant le Xuro me urusi avec du sulfate de fer et du Toshiru (eau trouble provenant du repassage sur une pierre à aiguiser des Couteaux (1) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. II, p. 80. (2) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 116. (3j Le Japon à l'Exposilion universelle de 1878, vol. I, p. 67-08. PRODUCTIONS, VÉGÉTALES DU JAPON. 991 qui ont servi à couper le tabac). Cette espèce de vernis a plu- sieurs qualités : une qualité supérieure appelée Roiro, et une autre qualiténommée Hakushita. Ces deux vernis s’emploient sans êlre délayés avec de l'huile. D'autres qualités secondaires et inférieures, désignées sous lesnoms de Hon huro, Johana, Chin hana et Gehiana, s’em- ploient délayées avec de l'huile. 4 Su urusi. Mélange de vernis Kuro me urusi avec du vermillon; 11 y en a plusieurs qualités ; la qualité supérieure s'emploie sans huile, les qualités secondaires ont besoin d’ad- jonction d'huile. Dans la qualité inférieure, le vermillon est remplacé par de l’oxyde de fer (Benigara). 9° Awo urusi. Vernis composé de Æuro me urusi avec de l’orpiment (Shiwo) et de l'indigo (Aéro) délayés avec de l'huile. | 6° Ki wrusi. Vernis fait de Kuro me urusi et d’ orpiment. 7° Nashiji urusi. Analogue au précédent, S° Shunkei urusi. Vernis fait avec du Kuro me urusi pur. SE Akahaya urusi. Vernis sans huile, usité pour les cou- ches intermédiaires. . 10° Tamo nuri urusi. Fabriqué avec le N nn urust. 11° Nashiji keski urusi. Vernis analogue au Nashiji urusi. Ces vernis sont employés soit purs, soit mélangés à des matières colorantes, dans la préparation des laques de difié- rentes qualités, laques d’or, laques aventurines laqués d’or et d’argent, laques noirs, laques rouges, à ornements en laque d’or, laques jaunes, laques verts, laques violets, etc. Les laques d’or sont les plus fins, les plus recherchés, les plus chers; ils sont, soit à dessins unis sur fond d’or, soit à dessins en relief sur fond d’or ou de bois naturel (Shitan, sorte de palissandre rouge); Sakura (cerisier), Kurogaki (Diospyros kaki). Les ornements des laques d’or anciens sont de beaucoup plus fins et plus brillants que ceux des laques modernes, car leur fabrication était faite avec plus de soin et de temps. Les objets en laque d’or sont presque toujours des petits meubles à nombreux tiroirs, des petits nécessaires de toilette de femmes, des meubles à l'usage des fumeurs, des 592 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. encriers, des boîtes à papier, des boîtes, des in-16 (boîtes à médecines et à parfums). : Les laques d’or se fabriquent de la manière suivante : D'après la Commission japonaise (1), pour les laques d’or à dessins unis, après avoir plané la surface de l’objet ct bien rempli les interstices d'assemblage avec de l’étoupe fine qu’on recouvre de soie ou de papier, on trace sur le recto d’une feuille de papier spécial, dit Kin yosha, les dessins qu’on veut représenter, puis, sur l’autre côté, on suit les contours et les traits avec un pinceau trempé dans un mélange de vermillon et de vernis Jsé wrusi; puis on applique ce côté enduit du mélange sur l’objet sur lequel on veut reproduire les dessins, et on frotte avec une lame de bambou ; ensuite on frappe lé- vèrement avec un petit sac en soie rempli de poudre très fine de pierre à aiguiser, de manière à bien faire ressortir le dessin. On aplanit les reliefs en polissant avec du charbon de bois de Honoki (Magnolia hypoleuca), on passe alors une couche de vernis En urusi, puis on applique la poudre d’or, soit avec un pinceau, soit avec un petit tube en tige de bambou, au moyen duquel on sème la poudre d’or. On fait ensuite sécher l’objet pendant un jour dans une armoire, puis on passe une couche de vernis, qui, une fois sec, est poli à la main avec de la poudre fine de pierre à aiguiser. On applique quatre à cinq couches de vernis et on polit entre chaque couche de vernis. Après avoir passé la dernière couche de vernis, on termine en polissant avec de la poudre de corne de cerf, qu’on essuie avec une étoffe de coton. Quand les dessins doivent être en relief, on obtient l’em- preinte comme dans les dessins unis, puis on couvre de vernis Shi urusi, qu’on saupoudre de charbon de bois et d’or- piment. On fait sécher et on polit à deux reprises; puis, avec un morceau de charbon de bois très fin, tenu verticalement, on polit soigneusement les contours des dessins et les dessins eux-mêmes. On applique alors une couche d’un vernis spécial appelé Shita maki urusi, qui ne se fendille pas; on laisse (1) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. If, p 7o-80. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 393 alors sécher déux jours et une nuit dans un séchoir ni trop sec, ni trop humide ; on passe ensuite une couche de vernis Nuri tate urusi, qui | donne du brillant, eton polit alors à la main avec de la poudre de corne de cerf: on couvre d’une couche de vernis Ki wrusi très vieux, on fait sécher, puis, avant la dessiccation, on sème de la ue d’or et d'areent ou on la pose au pinceau. On fait sécher et on polit avec de la poudre de charbon. On couvre l’objet d’une couche d’un vernis très vieux. On laisse sécher trois jours, et on polit de nouveau avec du charbon de bois de Tsubaki (Camellia j japo- nica), qu'on tient verticalement, et dont l’extrémité seule doit toucher l’objet pour le na On passe alors une couche de vernis Ji kaki urusi, et on sème de la poudre d’or. On recouvre l'objet de plusieurs couches successives de vernis très vieux, qui a trois ans environ, et on polit entre chaque couche. Les laques sont fréquemment ornés de feuilles d’or ou d'argent assez épaisses et qui servent à représenter les ro- chers, les montagnes, les feuilles, les fleurs, les animaux ou les personnages ; souvent des petites parties de nacre blanche ou colorée sont mélangées aux ornements. Dans certains Cas, les dessins en relief en or sont formés par la feuille de mé- d’autres fois en laque d’or sur fond d’or. Souvent une partie de l’objet est en laque aventuriné et tous les dessins sont en laque d’or, soit sans relief, soitavec relief, et toujours d’une très remarquable exécution et d’un grand fini de tra- vail. Les laques d’or proviennent surtout . Tokyau, de Kyauto et d’'Ohosaka. Les laques aventurinés de couleur Jaune, parsemés de fine poussière d’or ou d’argent, sont désignés sous le nom de Nashidi ; tantôt ces laques sont un semis régulier de pail- lettes d’or, tantôt ces paillettes sont en agglomérations irré- sulières avec un fond jaune ou noir, plus ou moins uni. Les laques aventurinés sont fréquemment ornés, sur les parties supérieures, latérales et intérieures, d’ornements en laque d’or qui varient de finesse et de brillant, suivant la qualité 4° SÉRIE, T. II. — Juin 1885. 99 394 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. du laque. On fabrique le laque aventuriné en coloriant d’a- bord l’objet, suivant la qualité, avec de la gomme-gutte, ou la couleur jaune extraite du Gardenia florida ou de l'Evodix glauca, ou avec l’orpiment, puis en recouvrant l’objet (1) d’une couche de Seshi me urusi mélangé à de l’ocre jaune, puis d’une couche de Nashiji urusi. Avant que la surface ne soit sèche (2), on projette de la poudre d’or ou d’argent, au moyen d’un petit tube en bambou. On fait sécher et on sou- met ensuite l’objet à quatre polissages successifs avec du charbon de bois de Hô (Magnolia hypoleuca), ou de Tsubaki (Gamellia japonica), puis avec de la soie trempée dans de la poudre de charbon de bois, puis avec du papier soyeux et enfin, après une dernière couche de vernis, on polit avec de la poudre de corne de cerf et de l'huile de sésame. Quant aux laques noirs, on en fabrique plusieurs qualités, depuis le laque commun nommé Hana nuri jusqu’au laque de premier choix connu sous le nom de Katasji roiro nuri, dont les Makihé (ornements) en laque d’or d’une remarquable exécution et d’une extrême finesse, sont sans relief ou avec un léger relief, Ces laques, surtout les anciens, sont d’un noir magnifique, quelquefois avec une teinte légèrement roussâtre, quand on es examine de côté; ils sont brillants, dans certains cas ils sont d’un noir mat et portent alors le nom de Tsugakechi. Le fond est quelquefois semé de poudre d'or ou d'argent. Les laques noirs sont fréquemment agrémentés de feuilles d’or, d'argent, d’étain et de nacre souvent sculptée et d’un joli effet décoratif. | Les laques noirs sont généralement des meubles à tiroirs, des panneaux, des coffrets, des plateaux, des boîtes, des écri- toires, des boîtes à papier, des bonbonuières, des boîtes à parfums ou à médecines. Les laques noirs se fabriquent de la manière suivante : Dans les laques de qualité ordinaire, l’objet est d’abord re- couvert d’une couche de Nikawa sabi (mélange de poudre très (1) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. IT, p: 78. (2) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p: 120. ‘PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 399 fine de pierre à aiguiser avec de la colle forte); quand il'est sec, on le polit avec du bois de Hô (Magnolia hypoleuca) ; puis on colore avec de l’encre de Chine ; on fait sécher et on passe une couche de vernis Seshi me urusi. Dans les laques de qualité supérieure, on passe plusieurs couches de vernis, qu’on fait suivre de plusieurs polissages successifs. D’après M. Dupont (1), les dessins en laque d’or qui ornent les laques noirs s’obtiennent comme il suit: On dessine le sujet avec un pinceau trempé dans un mélange de vernis Seshi me wrusi, de camphre et de colle forte ; on passe de suite après, uñ second pinceau imbibé d’une décoction de prunes M'mé vertes; on projette alors de la poudre d’or ou d'argent, puis on applique une couche de vernis Seshi me urusi et on polit avec le charbon. Si les dessins doivent être en relief, on applique sur les dessins une composition d’ocre pâle et de Seshi me urusi, avec laquelle on forme le relief. On recouvre alors avec une couche d'infusion de prunes M'mé, puis on projette la poudre d’or ou d’argent et on passe une couche de vernis qu'on laisse sécher et qu'on polit avec de la corne de GER | | | Quant aux laques rouges désignés sous le nom de Shunkei nuri, on en trouve d’un beau rouge avec de fins ornements en laque d'or, avec ou sans relief; une sorte de laque est d’un beau rouge cramoisi, souvent agrémenté d’ornements en ar- sent, sans relief, prenant en vieillissant une coloration noi- râtre. Les laques rouges de qualité inférieure sent d’un rouge jaunâtre avec ornements jaunâtres, avec ou sans relief. Les laques rouges se préparent en recouvrant les objets à laquer avec une solution de vermillon ou d'oxyde rouge de fer, qu'on recouvre d’une solution tannique obtenue, d’après M. Dupont (2), en pilant les fruits de Kaki encore verts et désignés sous le nom de Shibukaki ; on passe ensuite une couche de vernis Shunkei urusi qu’on laisse sécher et qu’on polit ensuite à plusieurs reprises, suivant la qualité du laque. (L\ Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 119. (2) Ibid., p. 120. | 300 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Les laques verts sont connus sous le nom de Seichissu. On les prépare en mélangeant la matière colorante verte, obténue avec de l’orpiment et de l’indigo, avec du vernis Ki urusi, pré- paré avec du vernis Kuro me urusi et de l’orpiment. On passe plusieurs couches de vernis qu’on fait suivre de polis- sages successifs, dont le nombre varie suivant la qualité. Les laques violets sont obtenus par le mélange dans le vernis d’une pierre violette nommée tsé-ché, très finement pulvérisée. On passe plusieurs couches de vernis, qu’on fait suivre de plusieurs polissages. Les laques sont un des produits les plus remarquables de l’industrie japonaise, principalement les laques d’ancienne fabrication qui, dans les qualités supérieures, ont une cou- leur très vive, très franche, et des ornements d’une finesse et d'une exécution remarquable. Parmi les laques modernes on en trouve cependant qui sont très soignés et qui ne le cèdent en rien aux vieux laques. Le Rhus vernicifera est vénéneux ; son écorce et ses feuilles pulvérisées déterminent des vomissements et de la diarrhée à faible dose {0%,25). RHus SUCCEDANEA. Haji. — On observait dans le jardin du Trocadéro un pied de Rhus succedanea, étiqueté Haji. Le tableau des productions utiles indiquait au n° 106 le Rhus succedanea sous le nom de Haji, avec un spécimen de petits fruits brunâtres et un échantillon de cire blanche. La collection des bois de la galerie des machines contenait un échantillon de bois jaune de Haji de 0",16 de diamètre avec 4 millimètres d'épaisseur d’écorce. Le Rhus succedanea de Thunberg (1), de Miquel (2), de Franchet et Savatier (3), marqué dans les livres Xwa-wi (4) sous les noms de ARroukiou Haji et de Satsouma haji, dé- signé par Kæmpfer (5) sous la dénomination de Farinoki, (1) Thunberg, Flora Japonica, p. 122. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 16. (3) Franchet et Savatier, vol. [, p. 92, n° 386. {4) Kwa-wi, Arb., I vol, p. 76, n°11. (5) Kæmpfer, Amænitatum exolicarum, p. 794, cum icon. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. DV Haji, d’après la Commission japonaise (1) et M. Dupont (2), vient à l’état sauvage dans les provinces du sud de l'empire, suriout dans les îles de Kiusiu et de Sikok ; on le rencontre aussi dans la partie centrale de l’île de Nippon. Le Rhus succedanea est principalement cultivé dans les provinces de Fizen et de Higo. Les petites feuilles du Haji, d’un vert tendre, prennent à l’automne une teinte rougeâtre. Ses fleurs sont jaunâtres ; ses fruits verdâtres brunissent à la maturité. Le Rhus succedanea est l'arbre à cire, dont les graines ré- coltées pendant l’hiver sont usitées dans l’industrie japonaise pour la cire qu’elles contiennent et qu’on extrait, d’après M. Dupont (3), de la manière suivante: Les graines battues et décortiquées sont soumisés à l’action de la vapeur d’eau bouillante, puis enfermées dans une sorte de sac de chanvre qu’on place dans une pile d'anneaux en bambous superposés. On soumet alors à l’action d’une presse. On obtient ainsi de la. cire vierge. Après celte première opé- ration on pulvérise le tourteau, on le crible pour en séparer le son et on le soumet de nouveau à la vapeur d’eau bouillante et par une nouvelle pression on recueille encore une certaine quantilé de cire. La cire est jaunâtre, on la blanchit en la faisant fondre et en l’exposant au soleil par couches très peu épaisses. La cire du Haji sert à fabriquer les bougies, qui se font aussi avec le suif végétal obtenu avec les graines concassées du Stillingia sebifera (Euphorbiacées), soumises à l’action de l’eau bouillante. Le Stillingia sebifera se rencontre à l’état sauvage dans l’île de Kiusiu, près de Nagasaki, et est commun dans certaines parties de l’île de Nippon. C’est avec le suif végétal du Stillingia sebifera que se font en Chine les chandelles qu’on colore en rouge avec l’orcanetlte (A nchusa tinctoria), dont la racine fournit une matière colorante rouge soluble dans les corps gras. L’orcanette, qui croît dans les provinces centrales et méridionales de la Chine, abonde dans (1) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. II, p. 145, (2) Les Essences forestières du Japon, p. 90. (3) Ibid., p. 90-91. 308 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. le Chantoné, le Yunnan et le Kouïcitcheou. Quant au bois de couleur jaune du Haji, il est recherché en ébémisterie pour les petits meubles, les coffrets, les boites, les plateaux. Ruus SEMIALATA. Nurude et Kadziki: — Le tableau des productions utiles marquait au n°152 le Rhus semialata sous le nom de Kadziki, avec des spécimens de Branches : avec feuilles couvertes de allés: Dans la classe 44 (Produits des exploitations et industries forestières), on remarquait dans la collection des matières premières des teintures végétales exposées par Kan-no- kiokou (Bureau agricole du ministère de l’intérieur) un'flacon de galles provenant du Rhus semialata, étiqueté Kifushi. Le Rhus semialata de Murray, var. Osbeckii de de Can- dolle (1) et dé Franchiet et Savatier (2): Rhus javanicum de Thunberg (3) et de Miquel (4), marqué dans les livres Kwa- wi (5) sous les noms de Jambosiouet de Foudzinoki et'aussi sous celui de Katziki, est indiqué dans le Phon:o-Zoufou(6) sous la dénomination de Nurude. Le Rhus semialatæ vient à l’état sauvage dans les montagnes des îles de Kiusiu, de Nipponet de Yezo. Ses feuilles dentées rougissent à l’au- tomne, ses fleurs sont blanches, ses fruits sont brunâtres:On trouve sur les feuilles des galles dues à la piqûre d’un insecte. D’après la Commission japonaise (7), ces galles, nommées Kifushi, sont usitées comme matière tinctoriale mélangées à du sulfate de fer pour produire une teinture noire. Le bois blanchâtre du Rhus semialata est dep en date: nisterie. Les médecins japonais administrent les galles du Rhus se- mialala comme remède astringent dans la ysenterie et pour combattre la diarrhée chronique. : OLLL Les fruits du Rhus semialata contiennent sé ka cire, Mais, (1) De Candolle, Pr odromus, IT, p. 67. (2) Franchet et Savatier, vol. {, p. 92-93, n° 385. (3) Thunberg, Flora Japonica, p. 121. (4) Miquel, Prolusio floræ due p. 16. (5) Kwa-wi, Arb., 1° vol., p. 92-93, n° 15. (6) Phonzo-Zoufou, vol. iXX, fol. 14, verso. (7) Le Japon à l'Exposition uridertellé de 1878, vol. IL, p. 116, n° 58 et p. 146, PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 359 d'après M. Dupont (1), ils ne sont pas employés pour cet usage. Ces fruits servent, d’après le même auteur (2), pour obtenir une couleur fer. & En Chine, surtout dans les provinces du Centre ét du Sud et principalement dans le Setchouen, les galles du Rhus se- mialata désignées sous le nom de Wu pei tsze, d’après M. le D' Bretschneider (3), sont utilisées en teinture et sont l’objet d’un commerce important. On trouvait dans l'exposition chinoise (classe 46, Produits agricoles non alimentaires) un échantillon de ces galles pro- venant des douanes de Canton. Ruus syLVESTRIS. Yama uwrusi. — On rencontre aussi au Japon le Rhus sylvestris désigné sous le nom de Yama urusi. Le tableau des productions utiles indiquait au n° 108 le Rlrus sylvestris sous le nom de Yama urusi, avec un échan- tillon d’écorce grisätre et de fruits brunâtres desséchés. Le Rhus sylvestris observé, dans les forêts du Japon, à l’état sauvage, dans la partie centrale de l’île de Nippon, par Sie- bold (4), par Franchet et Savatier (5), par M. Le D' Vidal (6), est utilisé au Japon, d’après la Commission japonaise (7), pour la cire qu’on extrait de ses baies. Suivant M. Dupont (8), les Japonais n’utilisent pas les baies du Rhus sylvestris. Les Rhus vernicifera, succedanea, osbechkii et sylvestris sont cultivés en France, principalement dans la belle collec- tion de Segrez. On trouve au Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne le Rhus semialata. ; D’après M. Baltet, dans son remarquable mémoire sur l’ac- tion du froid sur les végétaux pendant l'hiver de 4879-1880, les Rhus osbeckii, sylvestris et vernicifera souffrent du froid et ont besoin d’être rentrés pendant l'hiver en orangerie. (1) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 91. (2) Ibid, p. 123. (3) D' Bretschneider, Æarly European researches, p. 36. (4) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, sect. 1, p. 32. (5) Franchet et Savatier, vol. I, p. 93, n° 387. (6) Bulletin de la Société d’Acclimatation, p. 524, 1875. (7) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. IE, p. 145. (8) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 91. 960 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Le .Rhus succedanea, qui avait figuré à l'Exposition de 1878 au jardin du Trocadéro et que possédait depuis cette époque M. Baltet, a péri pendant l’hiver de 1879-1880. A l'Exposition de Nancy, en 1880, on trouvait le Rhus suc- cedanea, exposé par Lavallée, et le Rhus osbeckii, exposé par MM. Simon Louis frères. TERNSTRŒMIACÉES. CAMELLIA JAPONICA. Tsubaki. — Le tableau des produc- tions utiles (classe 44, Produits des exploitations et indus- tries forestières) marquait au n° 93 le Tsubaki (Camellia japonica) avec un échantillon de graines brunâtres. La collection des bois de la galerie des machines (classe 66. Matériel des travaux publics) contenait un spécimen de bois de Tsubaki de 0",29 de diamètre, avec 2 millimètres d’épais- seur d'écorce : bois à grain serré, homogène, de couleur Jaune rosâtre à la périphérie et brunâtre vers le centre. La série des bois avec écorce, tiges et feuilles, renfermait un bel exemplaire de bois jaunâtre de Camellia japonica. Parmi les huiles (classe 46, Produits agricoles) on distin- guait un flacon d'huile roussâtre et peu consistante, extraite des graines de Camellia japonica, étiqueté Tsubaki abra. Le Camellia japonica L., relaté par Kæmpfer (1), Sie- bold (2), par Miquel (3), par Franchet et Savatier (4), est marqué dans le Phonzo-Zoufou (5) et dans les livres Kwa- wi (6), sous le nom de Jcé is’ baki. La Commission japo- naise (7) et M. Dupont (8) le donnent.sous la dénomination de Tsubaki. Il vient à l’état spontané dans les bois, le long des chemins où il fleurit en février et souvent, d’après M. le docteur Sa- (1) Kæmpfer, Amænit., p. 851. (2) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., tabl. 82. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 204. (4) Franchet et Savatier, vol. I, p. 60, n° 248, (5) Phonzo-Zoufou, vol. 91. (6) Kwa-wi, Arb., Il° vol., p. 91-99, n° 13. (7) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. II, p. 144. (8) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 89 et 92. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 901 vatier (1), les fleurs de ces Camélias sauvages sont semi-dou- bles. On leur assigne alors le nom de Fodjoutsia. Le Camellia japonica est commun dans les îles de Kiusiu, principalement dans la province de Hizen et dans lile de Nippon, surtout dans les provinces méridionales. Il est très abondant dans la province d’Idsu. Il est cultivé, d’après M. Dupont (2), sur le littoral, en bordure des champs, à l'ombre des Laurinées. Il s’élève à 3 ou 4 mètres, d’après les livres Awa-wi (3); on en trouve, suivant M. Dupont, ayant 2 mètres de circonférence au pied et 12 mètres de hauteur totale. On le rencontre fréquemment cultivé dans les jardins japonais, avec de nombreuses variétés simples et doubles, uniformes ou panachées, offrant toutes les nuances claires et foncées, du rouge pourpre au blanc. Toutes ces variétés sont figurées dans le Phonzo-Zoufou (4). Le bois jaunâtre, dur et résistant du Tsubakr est employé en ébénisterie et en tournerie. On en fait des cachets et des ne-tu-ke, sortes de boutons qui servent à retenir les en-rû (boîtes à médecines). Le charbon de bois de Tsubaki sert au polissage des la- ques, principalement des laques d’or. Quant aux graines, elles renferment beaucoup d'huile, surtout une variété à petites fleurs qui est connue sous le nom de Shima-tsubaki. Cette huile est usitée comme comes- tible. La plus renommée est celle qui est fabriquée dans la province d’Idsu. D’après M. Dupont (5) cette huile est non seulement em-. ployée dans l’alimentation, mais elle est aussi utilisée poux les soins de la coiffure. Les résidus de la fabrication de l’huile sont recherchés comme engrais. 1) Franchet et Savatier, vol. I, p. 60, n° 248, observ. 2) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 66. (3) Kwa-wi, Arb., vol. II, p. 91-92, n° 13. (4) Phonzo-Zoufou, vol. 91. (5) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 89 et 92. ( (2) 302 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Les bourgeons du Tsubaki servent à préparer une infusion légèrement amère analogue à celle du thé. En Chine le Camellia japonica appelé Fo kai, en dehors de son usage ornemental, est utilisé pour l’huile douce qu’on en retire et qui est employée non seulement pour l’alimen- tation, mais pour léclairage, spécialement pour les phares des côtes. Le Camellia japonica qui fait l'ornement des serres a été introduit en Europe, en 1739, par le R. P. Camelli, jésuite. - Il est cultivé en serre sous le climat de Paris, mais on le piante en pleine terre sur le littoral à l'Ouest. D’après M. Ti- son (1), le Camellia japonica croisé avec les C. reticulata et sasanqua, a fourni plus de 1500 variétés dont 4 à 500 sont l’objet d’une culture importante. - CAMELLIA SASANQUA. Sasankwa. — On trouve au Japon le Camellia sasankwa relaté par Thunberg (2), par Siebold et Zuccarini (3), par Miquel (4), par MM. Franchet et Sava- er (5), par M. Dupont (6), marqué dans les livres Kwa- wi (7) sous les noms de Tchiaba i kwa et de Sasankww. Le Sasankwa se rencontre à l’état sauvage dans les forêts de l’île Kiusiu. Il'est moins élevé que le Camellia japonica, ses feuilles sont plus petites ; ses fleurs nombreuses, qui vien- nent à l’automne, sont moins grandes, elles sont rouges ou blanches tachetées de rouge, et d’une odeur agréable, quoique peu forte. On extrait des graines du Camellia sasankwa une huile supérieure à celle qui se tire du Camellia japonica; celle qui vient de la province de Hizén est la plus éstimée. Cette huile, qui se fabrique aussi en Chine où le Camellia sasanhkwa porte le nom de Tcha yeou, est connue sous le nom (1) Baïllon, in Payer, Fam. nat., 266, Hist. des pl., 4, 229, fig. 167, B. H. Gen., 1.187, n° 24. (2) Thunberg, Flora Japonica, p. 273, tabl. 30. (3) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., p. 273, tabl. 83. (4) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 204. (5) Franchet et Savatier, vol. I, p. 60, n° 249. (6) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 66. (7) Kwa-wi, Arb., IN° vol., p. 119, f. n° 3. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 303 d'huile de thé, par les Européens, d’après M: le docteur Bretschneider (). | Le Camellia sasankwa est fréquemment cultivé ‘dans Jes jardins japonais, ainsi que les variétés suivantes indiquées par M. le docteur Savalier (2). Var. latifolia, connue sous les noms de Sont et de Tsia baikwa. QUE Var. angustifolia, ne longifolia (Hosobo), lanceo- latæ (Nokokivi) et obtusifolia (Hime sasankwa) TERNSTRŒMIA JAPONICA. Mokukoku.— De la famille des Ternstræmiacées au Japon, on doit aussi citer : Le Ternstræmia japonica indiqué par Thunberg (3), par Siebold (4), par MM. Franchet et Savatier (5) et Dupont (6), nommé aussi Cleyera japonica, par. Thunberg (7) et par Miquel (8), que la Commission japonaise (9) donne sous la dénomination de Mokukoku. Le Ternstræœmia japonica se rencontre dans les régions De Lo des îles de Kiusiu et de Nippon, surtout nus les provinces du Musasi et de Shimotsuke. | I fleurit de mai à juin. | IL est cultivé te autour des node et Fe tern- ples. Le bois fin, dur, rougeâtre du Mokukoku est usité pour . fabriquer des peignes, des baguettes à manger et des petits objets d’ébénisterie. | Le Ternstræmia japonica est cultivé dans les jardins japo- nais. Ses feuilles, dont certaines ont une coloralion rougeä- tre, lui donnent un aspect agréable. DYATEMCTEE Le Ternstræmia japonica, introduit en France, fait partie (1) D’ Bretschneider, Early european researches, p. 34. (2) Franchet et Savatier, vol. I, p. 60, n° 249. (3) Thunberg, Linn. Trans:, I, 335. (4) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., p.148, fol. 80. (5) Franchet et Savatier, vol. I, p. 57, n° 234. (6 (7 (8 (9 ) ) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 64... ) Thunberg, Flora Japonica, p. 224. ) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 202. ) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. 11, p: 118, n° 73. 304 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. de la belle collection de Segrez, où il est cultivé avec var. variegala. CLEYERA JAPONICA. Saikaki. — Le Cleyera CR de Siebold et Zuccarini (1), de Miquel (2), de MM. Franchet et Savatier (3) et Dupont (4), que les Japonais appellent Sai- kaki, croît, à l’état sauvage, dans les forêts de l’île de Kiusiu ; ou le rencontre fréquemment cultivé auprès des pagodes et des temples; il fleurit en juillet. Le bois dur, à grain serré du Saikaki, est recherché par les tourneurs. Les graines sont prescrites par les médecins japonais contre les affections intestinales, dans les cas de diarrhée el de dysenterie et pour combattre les maladies du cerveau. Le Cleyera japonica, introduit en Europe en 1861, par J. G. Veitch, est cultivé au Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne, comme plante ornementale d’orangerie. Il est cultivé à Segrez, avec var. longifolia et variegata. [l était représenté à l'Exposition de Nancy, en 1880, ex- posé par le regretté Lavallée. EURYA JAPONICA. Siraki. — L'Eurya japonica, indiqué par. Thunberg (5), par Miquel (6), par Franchet et Sava- tier (7), se rencontre dans les terrains sablonneux des îles de Niusiu, de Nippon et de Yeso. Il fleurit de mars à avril. D’après M. le D' Savatier, c’est un arbrisseau nain, très rameux, à feuilles vertes sur les deux faces, quelquefois jaunâtres en dessous, et dont les feuilles sont linéaires dans la forme des jardins. On cultive souvent l'Eurya japonica autour des habita- tions. L'Eurya japonica, introduit en France, est cultivé au Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne, avec var. latifo- lia, comme plante ornementale de serre tempérée. (1) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., 1, p. 153, tabl. 81. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 202. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 75, n° 235. ) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 65. ) Thunberg, Flora Japonica, p. 191, fol. 25. ) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 202. ) ( ( (7) Franchet et Savatier, vol. f, p. 57, n° 236. 4 5) 6 7 PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 30 I] fait partie de la collection de Segrez, avec var. latifolia variegata et angustifolia marginata. . A l'Exposition de Nancy, en 1880, on trouvait exposés l’Eu- rya japonica, var. variegata, exposé par Lavallée, et l'Eurya japonica, exposé par MM. Simon Louis frères. ACTINIDIA POLYGAMA. Matabi. — On rencontre aussi au Japon l’Actinidia polygama, de Planchon, relaté par M. le D' Savatier (1), Trochostigma polygama, de Siebold et Zuc- carini (2) et de Miquel (5), que les livres Kwa-wi(4) classent sous les noms de Matabi et de Maisu mumé, à tige longue et grimpante, à feuilles couvertes de duvet blanchâtre, qui donne en mai des fleurs blanches et qu’on trouve à l’état sauvage dans les rochers. . Les Japonais cultivent dans leurs jardins l’Actinidia poly- gama, dont les fleurs, qui ont de la ressemblance avec celles du Prunus Mumé, leur servent à orner les vases placés dans l'intérieur des habitations. Les fruits de l’Actinidia polygama se mangent salés. ACTINIDIA VOLUBILIS. Siro kousti. — Un autre Actinidia, que Siebold a trouvé cultivé dans les jardins de la ville d'Ohosaka, est l’Actinidia volubilis, de Planchon, relaté par MM. Franchet et Savatier (5) et que le Phonzo- or (6) marque sous le nom de Siro hkoutsi. Le Japon produit aussi, d’après MM. Franchet et Sava- tier (7), les Actinidia cordifolia, platyphylla, rufa et arguta. L’Actinidia kolomichta, jolie liane à fleurs blanches, in- troduite en Europe, en 1879, par MM. Veitch et Mariès, est cultivé en France. STACHYURUS PRÆCOX. Mame fusi. — Quant au Stachyurus præcox, décrit par Siebold (8), par Miquel (9), par Franchet (1) Franchet et Savatier, vol. I, p. 59, n° 242. (2) Siebold et Zuccarini, Abhandlungen, T, tabl. 2, fig. 2, Munich, 1843. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 203. (4) Kwa-wi, Arb., IL vol., p. 87, n° 4. (5) Franchet et Savatier, vol. I, p. 59, n° 243. (6) Phonzo-Zoufou, vol. LXXI, fol. 15, vérso. (7) Franchet et Savatier, vol. [, p. 58, n°° 238, 239, 240. (8) Siebold et Zuccarini, Flor. “Jap. I, p. 43, tabl. 18. (9) Miquel, Prolusio flore Japonicæ, p. 204. 306 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. et Savatier (1), connu au Japon sous le nom de Mume fusi, il croît sur les montagnes à une altitude de 4800 mètres, dans les forèts des îles de Kiusiu, dE SpphLe et de DApEUe où il fleurit en mai. | | | Le Stachyurus præcoæ, introduit en his en +670, est cultivé à Segrez, avec var.-gracolis. Il était représenté à l'Exposition de Nancy, en 1380, exposé par M. soon @). | ‘(4 suivre.) in sk (1) Franchet et Savatier, vol. I, p. 59, n° 244. + (2) Catalogue de l'Exposition de Nancy; p. 4, n° 1569. Il. TRAVAUX. ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS. FAITES A LA SOCIÉTÉ. BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES DE MADAGASCAR Par le R. P. CAMBOUÉ Missionnaire catholique. Madagascar, la grande île africaine sur laquelle la France revendique actuellement ses droits, est devenue l’objet de l'attention et de l’intérêt du moment. Aussi s’est-on plu, au sujet de ses productions naturelles, de sa faune et de sa flore, à répéter ce que Commerson écrivait à son savant ami Lalande : « Quel admirable pays que Madagascar ! C’est à Madagascar que je puis annoncer aux naturalistes qu'est la terre de promission pour eux. » Dans ces derniers temps, il a été donné à un savant fran- çais, M. Alfred Grandidier, d'explorer cette terre de promis- sion, et le souvenir du zèle et du courage déployés par l’intrépide voyageur naturaliste durant les cinq années de ses courses et voyages à. travers la grande île africaine est encore vivant chez ceux qui ont eu le bonheur de se rencontrer avec lui sur le sol de Madagascar. À sa suite, qu’il me soit permis de venir apporter ma petite part de lumière par quelques communications que je me propose de faire à la Société, surtout au point de vue de l’acclimatation, relativement à cette grande île dont plusieurs points déjà occupés par nos troupes ont commencé à constituer les premiers jalons de la France orientale. Je commencerai dès aujourd’hui par quelques mots sur les Bombyciens séricigènes. Parmi les richesses originales de la faune malgache, l’ordre des Lépidoptères en particulier présente des espèces nom- breuses, remarquables, chez les Rhopalocères par leur forme et leur coloris, par leur utilité pratique chez les Hétéro- cères. Ces derniers fournissent aux Malgaches un vêtement et une nourriture l’un. et l’autre fort appréciés : une nourriture dans les chrysalides que les indigènes mangent orillées à Ia 368 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. graisse (sic), un vêtement dans la soie fournie par certaines espèces. Dans l’insecte à l’état parfait, la superstition malgache voit une métamorphose des ancêtres, comme l'indique le nom qui désigne les papillons en langue du pays: Lolo signifiant en effet esprit ou revenant. Sans parler aujourd’hui des Lépi- doptères diurnes et crépusculaires parmi lesquels on trouve à Madagascar l’un des plus brillants que l’on connaisse, l’'Ura- nia Riphœus, je me bornerai à dire quelques mots sur les Sombyciens dont la soie est exploitée par les Malgaches. L’insecte que les Malgaches nomment tout particulièrement Bibindandy (ver à soie) et dont ils tirent la soie pour la con-. fection de leurs magnifiques étoffes dites Lamba-landy, a été placé par Boisduval dans son genre Borocera. Il le décrit ainsi en partie dans sa Faune entomologique des Lépidop- tères de Bourbon, Maurice et Madagascar. « Le mâle de l’insecte à l’état parfait ressemble, pour la teinte, au Bombyx Franconia d'Europe. Ses ailes sont un peu dolabriformes, comme celles du mâle du Megasoma re- pandum. Elles sont d’un roux cannelle foncé, sans aucun des- sin. Le corselet, la tête et l'abdomen sont de la même cou- leur. La femelle est très différente du mâle; elle a le port du Bombyx trifolii. Ses ailes sont tantôt d’un roux cannelle et tantôt d’un brun tanné très clair. Les supérieures sont tra- versées, près de la base, par une raie sinuée plus obscure que le fond, et au-delà du milieu, par une autre raie de la même couleur qui coupe laile obliquement. La partie renfermée entre ces deux raies est quelque ois plus obscure que le reste de la surface et est marquée dans son centre d’une lunule brune. Les ailes inférieures offrent une légère ombre bru- nâtre qui traverse leur milieu. Le corps et le corselet parti- cipent de la couleur des ailes. Les antennes sont brunes; le dessous des quatre ailes est d’un jaunâtre traversé au milieu par une bande plus obscure peu marquée. » La femelle est trois fois plus grande que le mâle. Elle at- teint environ 0",08 d'envergure. Ses œufs sont de forme sphé- roïdale, blancs avec cannelures grises bien marquées sur la “ BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES DE MADAGASCAR. 9309 coque. Leur diamètre est d’environ 0",0015. J’en ai compté dans une seule ponte près de cinq cents déposés par petits groupes, et chaque année il y a plusieurs pontes. Ils éclosent au bout d’une dizaine de jours, quand la température est chaude (vers + 25° du thermomètre centigrade), et donnent naissance à une chenille de 0",01 environ de longueur, fausse arpenteuse, poilue, noire, sauf deux segments d’un blanc sale, à tête grosse, noire et brillante. Cette chenille, avant de se transformer en chrysalides, atteint la taille de 0",10 envi- ron chez la femelle. La chenille du mâle est plus petite. Avant la transformation, elle atteint environ 0",08 de lon- gueur sur 0,008 de grosseur au milieu du corps. La chenille du Borocera Madagascariensis est grisâtre; sa lête est large et velue ; ses pattes sont au nombre de seize, dont dix membraneuses. De longs poils grisâtres longent les stigmales de chaque côté du corps, et sur le deuxième et le troisième segment, elle est pourvue de quatre fascicules de piquants rougeâtres rétractiles, très proéminents quand l’ani- mal est tourmenté. Cette chenille se transforme en une chry- salide brunâtre, dans un cocon feutré, garni à l’extérieur des piquants rougeâtres de ses deuxième et troisième segments. Le cocon, de couleur grisâtre, est beaucoup plus petit chez le mâle que chez la femelle: Il mesure chez cette dernière environ 0,05 en axe de longueur sur 0",03 de plus grand diamètre, tandis que chez le premieril n’a que environ 0",03 en axe de longueur sur 0",015 de plus grand diamètre. L'insecte à l’état parfait sort après une trentaine de jours. Le Bibindandy est plus polyphage; mais les Malgaches l’élèvent de préférence sur l’Embrevaitier (Cytisus cajanus) et sur le Tapia (Tapia edulis) qui viennent bien dans les pro- vinces de l’intérieur de l’île. [l mange aussi fort bien la feuille du Goyavier.et du Bibacier et du Saule pleureur; et sur la côte est, j'en ai trouvé des cocons sur l’Oranger, le Badamier et le Fotabé (Barringtonia speciosa). A la côte ouesl, on en trouve beaucoup sur les Palétuviers et autres arbres crois- sant aux bords de la mer. Le Bibindandy vit d’ailleurs parfaitement en plein air, 4 SÉRIE, T. IL. — Juin 1885. 24 370 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. même sur les hauteurs de l’intérieur de l'île où cependant la température descend parfois jusqu’à + 3° et + 4° du thermo- mètre centigrade, et où les pluies sont très abondantes de no- vembre à mars (1). Moins estimé, beaucoup plus petit, et pour cela ayant reçu les noms de Bibindandynamboa (Ver à soie des Chiens) et Bibindandy madinika (petit Ver à soie), un autre Bombycien se rapprochant du Borocera Madagascariensis, sert d’auxi- liaire au Bibindandy Malgache. Enfin la soie grossière d’un autre Bombycien, le Saturnia suraka, est aussi utilisée par les Malgaches, mais beaucoup moins incontestablement que celle du Borocera. Ils la mêlent au coton pour la confection d’une étolffe appréciée qu'ils nomment Lambarano. Le Saturnia suraka est ainsi décrit en partie par Boisdu- val dans l’ouvrage précité : « L’insecte à l’état parfait est de la taille du Capensis et il a le port du Cecropia. Les ailes su- périeures sont d’un roux cannelle vif, avec la côte piquée de orisaire, depuis la base jusqu’au milieu de l’extrémité apicale lavée de rouge violätre. Elles sont traversées par deux raies d'un gris violâtre brun, blanchâtres près de la côte. Entre ces deux raies transversales, on remarque un œil légèrement pupillé de blanc sur son côté interne, dans la partie qui re- garde la base. Les ailes inférieures sont d'un rouge un peu violet, avec l'extrémité d’un roux cannelle. Sur le milieu, elles ont une grande tache annulaire plus intense que le fond, la- quelle renferme un œil roux à iris noir, bordé intérieure- ment par un croissant blanchâtre. Dans cette même tache annulaire on voit près du bord abdominal une éclaircie rous- sâtre. Le corselet est de la couleur des ailes supérieures avec le collier d’un blanc grisâtre. Le dessous des quatre aïles est d’un ton violâtre, avec œil des supérieures beaucoup plus prononcé qu’en dessus et celui des inférieures tout à fait nul. » (1) On sait qu’à Madagascar la température moyenne sur le littoral est d’en- ‘viron + 25° au thermomètre centigrade. Pour l’Imérina voir à la fiu de ce mémoire un tableau des moyennes relevées par le R.P. Delbose à l’observa- toire de « Tananarivo » durant l’année 1882, qui a précédé celle de l’expulsion des Français du royaume Hova. BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES DE MADAGASCAR. 911 L’abdomen est ovale allongé, de couleur correspondant en dessus et en dessous à celle des ailes. La partie supérieure du thorax est recouverte de ptérygodes de poils épais sem- blables en couleur au dessus des ailes. Chez la femelle, les raies lransversales des ailes supérieures sont blanchâtres, ion seulement près de la côte, mais encore sur toute leur longueur. À Tamatave j’en ai observé une variété un peu dif- férente. Les œufs du Suraka sont de forme sphéroïdale, mesurant environ 0",0015 en diamètre, de couleur gris jaunâtre sale. Is éclosent après une dizaine de jours quand la température est chaude, vers + 25° du thermomètre centigrade. Ils don- nent naissance à une chenille, fausse arpenteuse, de 0",005 environ en longueur, garnie d’une rangée de quatre épines Jaunes sur ses onze segments, à grosse tête noire brillante. Cette chenille, avant de se transformer en chrysalide, atteint la taille d'environ 0",10 en longueur sur 0",015 de plus grand diamètre ; celle du mâle différant peu de celle de la femelle. Elle est alors de couleur verte, avec plaques noires verdâtres sur les segments entourés de proéminences épineuses tirant sur le rose. Cette chenille est polyphage; elle se nourrit très bien de la feuille du Laurier rose (Nerium oleander). Elle se transforme en une chrysalide brune enfermée dans un co- con à tissu double en treillis, très fort, de couleur jaunâtre, mesurant environ 0",06 en axe de longueur sur 0",03 de plus grand diamètre. L’insecte à l’état parfait sort après une trentaine de jours. J'ai observé sur le littoral est à Tamatave une autre espèce de Saturnia se rapprochant assez du Suraka. La chenille, fausse arpenteuse, est d’un beau noir, garnie sur ses seo- ments de proéminences épineuses, jaunes sur les huit der- niers, rosées sur les premiers. Le corps est parsemé de taches jaunes de la même couleur que les proéminences épineuses. Les stigmates sont noirs bordés de jaune; les fausses pattes, d’un beau noir luisant. Avant de se transformer, cette che- nille atteint la taille d'environ 0",09 de longueur sur 0",019 de plus grand diamètre. Elle est aussi polyphage et se nourrit 372 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. bien de la feuille du Laurier rose, comme la chenille du Su- raka. Elle se transforme en chrysalide brune dans un cocon à peu près semblable à celui du Suraka, mais plus petit, à fil plus délié et de couleur plus sombre. L'insecte à l'état par- fait, au contraire, est de couleur plus claire que le Suraka.et la raie transversale des ailes, entre autres différences, est beaucoup plus rapprochée de la tache oculaire que chez ce dernier. La chrysalide met aussi, ce semble, plus de temps à éclore que chez le Suraka. C’est done, comme Je l'ai déjà dit, le Borocera ou Bibin- dandy qui est le Bombycien principalement exploité par les Malgaches pour la production de leur soie indigène. Les co- cons recueillis, ils les font bouillir dans l’eau mêlée de cen- dres. Après les avoir ainsi débarrassés de leur matière gom- meuse et de leurs piquants qui ne sont pas sans offrir quelque danger pour la mise en œuvre, ces cocons sont piqués aux parois de cases exposées au soleil et servant ainsi de séchoirs. On procède ensuite au filage et au tissage d’une façon tout à fait simple. Les PP. de La Vaissière et Abinal, dans leur ré- cent ouvrage : Vingt ans à Madagascar, décrivent ainsi ces procédés primitifs : « Quand la soie a été desséchée, commence le travail de la fileuse. De la main gauche, entre le pouce et l’index, elle tient la soie; de la droite, elle tire et tord le fil qui va ensuite s’enrouler dans un léger roseau adapté à son petit doigt. Le fil recevra diverses couleurs en rapport avec celle du tissu qu’on se propose de faire. Pour le tissage, le métier est on ne peut plus élémentaire : qu’on se figure six petits pieux de 20 centimètres de haut plantés en terre et disposés en rec- tangle ; ils servent à tendre les fils. Une navette passant sue- cessivement d’un côté à l’autre, ainsi qu'une règle faisant fonction de peigne et destinée en même temps à serrer le tissu, c’est là tout l'appareil. Aussi.la pièce qui sort d’un pa- reil métier n’a-t-elle guère plus de 50 centimètres de large et 3 mètres au plus de long. » Néanmoins les do. de soie ou Lembas obtenues par ces procédés élémentaires sont encore bien appréciées, même BOMBYCIENS SÉRICIGÈNES DE MADAGASCAR. 313 par les Européens. Si elles n’ont pas tout le brillant de nos soieries de Lyon, elles se font surtout remarquer par leur durée et leur solidité. On a vu de ces étoffes usitées par les Malgaches pour envelopper leurs morts dans les tombeaux de famille, encore bien conservées après de nombreuses années. Serait-il utile et opportun de tenter, dans notre région mé- diterranéenne ou dans nos colonies, l’acclimatation des Bom- byciens séricigènes exploités par les Malgaches? Je laisse à plus compétent le soin d’en décider après examen des cocons que j'envoie en même temps que cette note à la Société. | Ce que je puis dire, c’est qu'ici même, à Madagascar, les indigènes préfèrent bien à leur soie, celle du Sericaria Mori, qui s’acclimate parfaitement dans la grande îie afri- caine. Jusqu'ici, il est vrai, les Malgaches n’ont pas élevé en grand ce ver à soie, mais leurs petits essais ont très bien réussi. On a eu jusqu'ici quatre pontes à l’année. Le Mürier, d’ailleurs, vient bien tant sur la côte que dans l’intérieur, et reste à peu près toute l’année en feuillage. On peut voir de ces arbres déjà gros sur la côte est à Tamatave, à quelques pas seulement de la plage. Pour les faire venir, il suffit d’en ficher des branches dans le sable, même tout au bord de la mer; j'en ai fait moi-même l’expérience. Dans l’intérieur de l’île, au poste de Ambohibeloma, à 50 kilo- mètres environ à l’ouest de la capitale des Hovas, Tanana- rive, au sommet d’une montagne exposée à tous les vents, notre petit Jardin d’Acclimatation avait de forts jolis Müriers venus sans plus de soins. On pourrait presque dire que le Müûrier pousse à Madagascar comme la mauvaise herbe. D'ailleurs une plante qui vient très bien sur les hauteurs de l'intérieur de Pile, le Voafotsy (Aphloia), appartenant aux Bixinées, peut aussi servir de nourriture au Sericaria. Si cela n’a été déjà fait, l'introduction et l’acclimatation de cette plante dans notre région méditerranéenne ou dans nos colonies ne seraient pas sans intérêt, sous plusieurs r'ap- ports. J’y reviendrai, s’il plaît à Dieu, dus nos communica- tions au sujet des végétaux. Les Vers à soie du Mürier élevés dans l’Imérina n’ont 374 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. jamais été malades, que je sache. Cela tient sans doute à l’édu- cation semi-sauvage et presque en plein air qn’on leur donne. Je connais un. éleveur qui en faisait régulièrement quatre éducalions par an! Que la France s’établisse solidement à Madagascar, et entre autres ressources que l’île pourra fournir aux colons qui viendront s’y fixer, je crois pouvoir dire que l’industrie séri- * cicole ne sera pas Ja moindre. La quantité de soie consommée annuellement par nos fa- briques françaises se chiffre par 250 millions de francs enwi- ron; or la moitié de cette soie nous vient de la Chine par l’Angleterre. Du jour où la grande île africaine sera vraiment et de fait la France orientale, nous pourrons y trouver, entre autres avantages, celui d’y prendre la matière première que nous sommes obligés, comme je viens de le dire, de de- mander à l'étranger. Fasse donc le ciel que dans un avenir prochain nous puissions voir sur la grande île africaine de Madagascar triompher avec les droits de la France, les intérêts de la vraie civilisation ! PLUVIO- MÈTRE (Quantité totale de pluie tombée) PSYCHROMÈTRE D. CO THERMOMÈTRE PR. 0 GR. | BAROMÈTRE a © Le TEMPÉRATURE maxima minima humide Janvier : 19,70 | 22°,68| 21°,61| 18°,23| 0,66105 | 0,3280 Février 16,90 | 20,99 | 19,37 | 17,61 | 0,65814 | 0,2055 16,86 | 20,48 | 19,04 | 17,86 | 0,65863 | 0,1199 15,36 | 19,72 | 19,01 | 16,64 | 0,66066 | 0,0253 13,90 | 18,04 | 18,22 | 14,62 | 0,66075 | 0,0158 9,61 | 15,88 | 12,55 | 10,58 | 0,66257 | 0,0032 10,39 | 14,29 | 13,10 | 11,15 | 0,56349 | 0,0046 9,81 | 14,57 | 13,49 | 10,86 | 0,66228 | 0,0722 Septembre . .… 11,56 | 16,19 | 15,20 | 12,07 | 0,66106 | 0,0812 Octobre À 14,42 | 19,08 | 14,71 | 14,38 | 0,66047 | 0,0420 Novembre... 46,59 | 21,75 | 20,59 | 18,37 | 0,65923 | 0,0995 Décembre. ... Ë 17,03 | 21,70 | 20,32 | 17,72 | 0,65935 Moyennes de | | l'année 23,30 1h 3à| 18,78 | 17°,27| 14°,85| 0,66064 ll. EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE GÉNÉRALE DU 22 MAI 1855. Présidence de M. ERNEST CossoN, Vice-Président. En ouvrant la séance, M. le Président donne un compte rendu succinct des travaux de la Société pendant la présente session; il fait ressortir l’importance de ces travaux et signale le zèle qu’apportent à l’œuvre commune de nombreux et dévoués collaborateurs. M. Cosson saisit cette occasion pour rendre hommage à l’heureuse impulsion donnée aux efforts de la Société par son éminent Président, qui apporte dans ses fonctions la plus grande exactitude, et que d’impérieuses obligations ont seules empêché de venir siéger à cette séance. — Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvellement admis par le Conseil, savoir : MM. PRÉSENTATEURS. ! À. Berthoule. C CHALLANDON, château de la Grand’erange s LR omte d’Esterno. à | PÉRAEUX, (AM. P. de Sainte-Croix. A. Geoffroy Saint-Hilaire. P.-A. Pichot. Marquis de Selve. l CÔTE (Marcel), propriétaire au château de | Vancia par Sathonay (Ain). l Corte, 38, rue de l’Hôtel-de- dre à Lyon Dupin. C (Rhône). / omte d’Esterno. | P. de Sainte-Croix. Dupuy (Léopold), commandant du génie en Dupin. retraite, à Garries, commune de Mérignac { J. Grisard. (Gironde). | Marquis de Selve. ( Dupin. J. Grisard. ( Marquis de Selve. MarçerY (P.), 6, chemin de la Caille, à Lyon (Rhône). — M. Th. Bellemer adresse des remerciements au sujet de sa récente admission dans la Société. — M. Jean Kiener écrit de La Forge (Haute-Alsace) : « Jai été té- moin, il y à une trentaine d’années, d’un fait identique à celui qui vient d'être cité récemment, et relatif au Crapaud. Feu mon père, au cours de constructions qu’il faisait exécuter, ordonna de séparer en deux par- ties uu bloc prismatique en grès rouge des Vosges. Quel ne fut pas son « étounement d’avoir à constater, à l’endroit de la rupture, un corps 1 310 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. étranger de couleur sombre? Du bout de sa canne il toucha l’objet, qui tomba aussitôt sur le sol. Quelques instants après, un énorme Crapaud se fit connaître par ses sauts comme l’habitant de cette secrète demeure. Celle-ci était de forme ovoïde. Je me rappelle encore combien la cavité était lisse ; le polisseur le plus adroit n'aurait pu faire mieux. J'ajoute que le Crapaud observé ici manifesta beaucoup de vie dès qu'il fut re- venu de sa léthargie ou de son engourdissement. Quoi qu’il en soit, la longévité du Crapaud semble considérable. Cette partie de la question n’est pas la moins intéressante. » Le fait de la fécondité du produit de la Truie et du Sanglier est fort connu des chasseurs alsaciens ; il y a quarante ans que nos forêts renfer- maient des Sangliers pie-noir. C’étaient les produits de première géné- ration. Ce pelage disparut peu à peu. Un garde m’a affirmé avoir vu, une dizaine d’années plus tard, des Marcassins marqués de blanc av nombre des petits d’une même portée. Ce fait vient corroborer celu récemment publié sur la fécondité des métis de Sanglier et de Por D'où il résulte qu’il y a identité dans lespèce. » — M. de Carpentier écrit du château de Juvigny, par Soissons (Aisne) : « Je continue à être heureux avec les Cerfs nains que m’a confiés la So- ciété; ces animaux sont dans un parfait état de santé, et la Biche vient de mettre bas un jeune Faon très vigoureux. Les Cerfs de Chine me pa- raissent un précieux appoint pour repeupler les chasses. Ce sont des animaux très rustiques, ne causant pas de dommages aux bois. Si je continue à réussir, mon intention est de Jàcher quelques-uns de ces animaux dans un grand parc, puis ensuite en forêt. Le Cerf, qui m'est arrivé daguet, est toujours daguet, et n’a même pas encore dépouillé ses bois. » — M. l'abbé Daviau rend compte de. la perte de la femelle de son cheptel de Tragopan Satyre. — M. Viéville écrit d'Ermont: « Je viens vous adresser mon rapport semestriel sur les Bernaches qui m'ont été confiées l’an dernier par la Société. Malheureusement, cette première année m’a donné un mauvais résultat. Au lieu de faire leur nid dans la cabane qui leur est destinée, ces oiseaux se sont établis dans un coin de jardin, où j'ai dû les abriter d’une manière sommaire, dans la crainte de les déranger, et leur ponte, commencée le 21 février, fut sans doute contrariée par les froids, car aucun des cinq œufs pondus ne vint à point. Quatre avaient été fécondés et les petits étaient déjà formés; le cinquième était clair. La femelle les avait couvés très régulièrement et ne quittait ses œufs que pour prendre sa nourriture. Il est donc certain que, saus les circonstances que je viens d'indiquer, j'aurais obtenu un bon résultat. A part cela, je n'ai que de bonnes nouvelles à vous donner de ces oiseaux, qui se portent à merveille. 1 » J'ai également de bonnes nouvelles à vous donner du couple de l'ROCÈS-VERBAUX. ù ST Cervules de Reeves que j'ai reçu cette année. fe mâle cependant a semblé quelque peu souffrir des froids que nous avons eus en février et mars. Îl était taciturne, mangeait peu et maigrissait; mais il:a repris son état normal et se porle bien maintenant. En revanche, la femelle a toujours joui d’une excellente santé. Ces animaux sont très familiers et viennent manger dans la main; mais ils fuient sitôt qu’on veut les pren- dre. Le mâle a perdu ses bois ces jours derniers. » — M. le comte de Montlezun écrit de Gimont (Gers): « J’ai le regret de vous informer que le mâle des Bernaches de Magellan que la Société avait bien voulu me confier lan dernier, est mort le 1°" mai, après plu- sieurs jours d’une maladie de la gorge, qui a fini par provoquer l’étouf- fement. Celte perte est d'autant plus regrettable que j’espérais vous adresser très prochainement un rapport détaillé sur la reproduction de cette espèce. La femelle survivante couve six œufs depuis le 18 avril ; je ne sais si la perte du mâle ne sera pas un obstacle à la bonne réus- site de l’incubation, qui est déjà 1rès avancée. Je prie la Société de vou- Joir bien me laisser la femelle encore quelque temps, afin de ne ses compromettre la nichée. » — M. le capitaine Mengin écrit d'Angoulême : « Vous m’aviez autorisé à échanger la femelle du couple de Colombes poignardées, composant mon cheptel, contre une jeune femelle prise parmi mes quatre élèves de l’année 1883. M. Delaurier ayant obtenu l’autorisation d’acquérir le couple destiné à la Société, je lui ai livré ces oiseaux vers la fin de l’année. N'ayant acheté que l’un des deux oiseaux en question, il m'a remis en échange une jeune femelle née en octobre et provenant de son élevage, par conséquent beaucoup moins avancée que les jeunes qui lui avaient été livrés. Cette jeune Colombe, en ce moment dans mes volières, sera bientôt en état de reproduire. Je désirerais donc faire l’échange que vous aviez déjà autorisé contre la vieille femelle, qui me paraît presque complètement usée et avoir peu de valeur pour la reproduction. » Suivant l’exemple de M. Delaurier, j'ai réuni la femelle au mâle en février; l’accouplement s’est produit aussitôt, et la ponte a commencé, mais saus donner de résultat. M. Delaurier lui-même n’a pu réussir une seule couvée jusqu’à ce jour, quoique possédant des reproducteurs irré- prochables ; il est donc moins heureux que moi. À son avis, l'élevage de mars et d'avril ne réussit pas; les jeunes périssent de froid; je ne réunirai donc le couple l’an prochain qu’au commencement d'avril. Je compte bien réussir cet élevage dès que l'échange aura été fait, la saison paraissant s'améliorer. » — M. lefébure adresse la lettre suivante : « Puisque M. Dautreville veut bien, cette année encore, mettre à la disposition des membres de Ja Société une certaine quantité de sa poudre toni-nutritive, destinée à l’élevage des Faisans, Perdreaux, etc., je serais heureux d’en profiter et de renouveler l'expérience tentée par moi l’an dernier, et dont j'ai 318 ‘ SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. rendu compte en octobre. Cette expérience, dont le résultat avait été bon, n'avait été faite par moi que sur une très petite échelle, faute de confiance. Je suis prêt, si M. Dautreville veut bien me donner une quan- tité de poudre suffisante, à essayer cette fois sur des bases plus larges, et partant plus concluantes. J'aurai le mois prochain une centaine de Perdreaux et une cinquantaine de Faisandeaux. J'offre d’en élever la moitié avec la poudre Dautreville. En conséquence, je vous serai recon- naissant de vouloir bien me faire remettre le plus tôt possible la quantité de poudre dont vous croirez pouvoir disposer en ma faveur. » — Des demandes de poudre toni-nutritive Dautreville sont adressées par MM. L. Mercier, vicomte de Poli et Bellemer. : — M. Delgrange rend compte des difficultés qu’il éprouve à se pro- curer des Daphnies pour la nourriture de ses alevins de Truite. — M. le vicomte de Causans demande s’il existe des appareils d’un emploi facile pour la production de l’oxygène, et si ces appareils pour- raient servir à oxygéner l’eau des récipients servant au transport du poisson vivant. y — M. Julien (de Chantenay) écrit en date du 11 mai : « J’ai reçu une lettre dernièrement de mon ami M. de Mauduit, avec lequel j'ai fait éclore les œufs de Saumon que la Société d’Acclimatation avait bien voulu m'envoyer il y a deux ou trois ans. Il m’affirme que les poissons ont admirablement réussi et que les rivières dans lesquelles ils ont été mis en sont abondamment pourvues. J’espère que les œufs de Truite donneront un aussi bon résultat et si cette année encore je pouvais, sans indiscrétion, demander un nouvel envoi des uns ou des autres, je ferais mon possible pour obtenir de nouvelles éclosions. » —- M. le docteur Gilbert écrit de Givet : « J’ai reçu de M. Decrox-Donau la graine de Pernyi expédiée par la Société. Comme on m'avait fait craindre de ne m’en pouvoir livrer, je m’en suis fait envoyer par Me Turpin, de Luchardez, et je me proposede faire de ces deux envois des éducations séparées, dont je vous adresserai le compte rendu aussi détaillé que possible. » Vous m'avez fait l'honneur de m'adresser une lettre il y à quelques jours, au sujet de graines de Pernyt déjà reçues par moi. Il s’agit sans doute de quelques cocons (quinze) qui me furent remis l'an dernier. Malheureusement, je tombai gravement malade au moment de la sortie des papillons, et voici les détails fort incomplets que je reçus du ser- viteur incapable auquel j'avais dû remettre la surveillance de cette éclo- sion : des quinze cocons, il ne sortit que sept papillons, dont deux seu- lement avec les ailes bien déployées. Deux accouplements eurent lieu; . une femelle mourut pendant l’un des deux, et de tous les œufs que je recueillis, je n’obtins aucune chenille. Si j'ai négligé de transmettre ces résultats, c’est que je n’en avais même pu contrôler l’exactitude. » — M. le comte Léon de Danne adresse la lettre suivante : « J’ai reçu PROCÈS-VERBAUX. 3179 l'envoi de graines d’Attacus Pernyi que la Société d’Acclimatation à bien voulu me faire. J’ai immédiatement expédié ces graines en Maine- et-Loire, dans une forêt où je tente, pour la première fois, l'élevage de cette espèce, dont je me suis procuré des cocons ailleurs. Je tiendrai la Société au courant du résultat, bon ou mauvais, de ces deux: éduca- tions. » — M. le docteur Jeannel accuse réception et remercie de l’envoi qui lui a été fait d’un cheptel de Bégonias tubéreux. — M. James Jackson, bibliothécaire de la Société de géographie, écrit à M: le Président : « J’ai recu il y a quelque temps de M. Charles-Napier Bell, vice-président de la Manitoba Historical and Scientific Society, Mu , Manitoba, Canada, une collection d'objets d'histoire naturelle, dont une partie, la partie œinéralogique, a été adressée à l’École ae mines. M. G.-N. Bell m'ayant permis de disposer du reste de la collec-. tion, j'ai pensé que les quelques échantillons de plantes, etc., que ren- fermait son envoi pourraient avoir quelque intérêt pour la Société d’Ac- climatation, et j'ai l'honneur de vous adresser lesdits échantillons dans un petit paquet qui accompagne cette lettre. Dans le paquet se trouvent réunis aux objets les détails dont M. C.-N. Bell les avait accompagnés, soit écrits de sa main, soit recopiés par moi sur le texte de sa lettre. » J’ai la persuasion que M. C.-N. Bell s’estimerait heureux d’entrer en relations avec la Société d’Acclimatation, si celle-ci désirait obtenir de lui soit des renseignements sur le pays qu'il habite et sur ses produc- tions, ou des détails plus complets sur les objets que je joins à ces lignes, soit des échantillons provenant du Canada occidental. » — M. le docteur Vidal écrit de Mazères (Ariège) : « Je viens de lire dans le dernier Bulletin de la Société d’Acclimatation (mars) que M. Sa- razin vous avait adressé de Tokio (Japon) des graines de Rhus vernici- fera et de Nelumbo nucifera. I y a longtemps que j'avais demandé l'envoi de cèés mêmes graines à un de mes bons amis, le R. P. Évrard, missionnaire et secrélaire-interprète de la légation française à Tokio. Or j'ai reçu il y a quinze jours, du P. Évrard, une lettre m’annoncçant qu’il mettait à la poste, à mon adresse, un paquet de ces graines. Mais j'ai attendu en vain jusqu’à ce jour, et je n’ai rien reçu; de telle sorte que je crains fort que ce paquet n'ait été égaré, car le P. Évrard prend les soins nécessaires ; c’est lui-même qui a recu de la Société, l’an der- nier, une médaille pour son-envoi d’une collection d'Érables du Japon. Or je tiendrais beaucoup à posséder quelques graines de Rhus vernici- fera et de Nelumbo, que je me propose de cultiver avec soin. L'idée d'essayer la culture du Rhus en France m'est venue il y à plusieurs années, en traversant au Japon les cultures du pays de Wakamates, pla- _teau élevé, dont la température doit correspondre à celle de notre ré- gion de l’Ariège; et c’est justement dans ce pays de Wakamates que le P. Évrard avait pris les graines qui m’étaient destinées. Je viens vous 380 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. demander s’il ne serait pas possible d'obtenir quelques-unes des graines envoyées par M. Sarazin, ce qui me permettrait de réparer par ce moyen le manque de celles que j'attendais de Tokio. La saison serait encore convenable pour les mettre en terre ; et comme j'ai habité plusieurs an- nées le Japon et que j'ai été témoin de la culture de ces deux espèces (Rhus vernicifera et Nelumbo), j'espère que je pourrai la mener à bonne fin dans notre région. » — M. Ch. Naudin écrit de la Villa Thuret (Antibes) : « J'ai reçu les graines de Rhus vernicifera et de Nelumbo du Japon que vous avez bien Joylhuadresser. Une partie de ces graines a été semée dès leur arrivée ; le reste va être distribué à des personnes que je sais en mesure de les utiliser et de s’y intéresser. » Le Rhus vernicifera est une importante acquisition, et on ne saurait top le propager en France, d'autant plus qu’il est très rustique et qu'il peut réussir dans toutes nos provinces. J’en ai déjà deux jeunes sujets ici, qui marchent on ne peut mieux. » Le Nelumbo du Japon ne manque pas non plus d'intérêt, surtout si c’est la variété blanche dont parle M. Sarazin. Il n’est pas nécessaire d'entamer la coque des graines pour les faire germer. Il suffit de les semer dans de la bourbe couverte de quelques centimètres d’eau et de les tenir au grand soleil, du moins pour notre climat d'Antibes. A Paris, il faudrait employer la chaleur artificielle d’une couche ou de la serre chaude. » — M. Félix de la Rochemacé écrit du château de la Roche, par Coufté (Loire-Inférieure) : « J’ai l'honneur de remercier la Société d’Acclimata- tion du cheptel de plantes qu’elle m’a adressé. Tout est arrivé en parfait état. Puisque je n’ai pu obtenir de Kangourous de Bennet à cette distri- bution, je demande à être inscrit pour la prochaine. » Le traitement hivernal des Eucalyptus, tel que je le pratique et qu'il a paru dans le Bulletin de la Société, m’a donné cet hiver d’excellents résultats ; nous avons eu 8 degrés, avec givre persistant sur les arbres ; mes Globulus ont eu des feuilles grillées, mais leur tige terminale est intacte; à cinq ans de plantation, ils ont 8",50 de hauteur. L’Amygda- lina vera du prince Troubetzkoï a aussi poussé sous le givre; il n’en a pas subi la plus légère atteinte, et, à même date de plantation, ilatteint mème taille, avec 0",49 de tour à 1 mètre du sol; je le regarde donc comme acquis à l’acclimatation par 47 degrés de latitude Nord, climat maritime Ouest, à condition toutefois qu’il soit à 30 mètres d'altitude absolue. » J'en puis dire autant du Viminalis que je tiens de la Société ; sa ré- sistance est égale. » Le plus ornemental est l'Amygdalina. » Cet hiver, j'ai fait établir un réservoir d’une surface de 4 ares 42, cubant 600 mètres d’eau, avec profondeur de 2",26, alimenté par des PROCÈS-VERBAUX. 381 sources donnant 15 litres à la minute quand elles ne sont pas sous pres- sion, et 4 litres dans ce dernier cas pour les derniers 0",20 ; il recoit en outre, accidentellement, environ 20 mètres cubes par vingt-quatre heures d’eau filtrée à travers les prairies adjacentes, et les Carpes y viennent fort bien d’ancienne date. N'y aurait-il pas lieu d'essayer, daus les con- ditions précitées, la Truite arc-en-ciel ou le Black-Bass? En cas d'avis favorable, je demanderai à la Société soit des alevins, soit le moven de m'en procurer. » Puisque je trouve à la page 206 du n° 3 (mars 1885) un compte rendu de l'Agriculture de Jersey, j'envoie à la Société, par ce même courrier, celui adressé par moi au jury d'examen de l'Exposition inter- ‘ nationale d'Amsterdam, concernant un mode cultural basé sur l’applica- tion de la météorologie à l’agriculture, l'aménagement théorique et pra- tique des eaux pluviales, la physiologie végétale et l’emploi des engrais chimiques, avec tableaux des résultats obtenus. Mes études ont été pri- mées, bien que je fusse au jury de la cour d'assises au lieu de répondre à la Commission néerlandaise. Je joins à ce travail un mémoire sur l’enquête des quarante-quatre, aux conclusions duquel le Pouvoir légis- latif a donné gain de cause; ce qui prouve que, depuis dix ans, j'avais dix fois raison. » Les Bambous qui m'ont été fournis par la Société ont prospéré et multiplié, je compte cette année en planter un massif de 60 mètres, sans compter deux autres moindres. » — M. Raveret-Wattel signale à l’Assemblée : 1° Des essais intéressants faits à Hall par M. le professeur Kühn, sur le croisement du Bœuf d'Europe avec le Gayal de l’Inde (Bibos frontalis); 2 Une remarquable étude récemment publiée dans le Journal of the Society of Arts, de Londres, par M. Thomas Wardle, sur la soie de diverses races de Bombyx du Mürier et de plusieurs Lépidoptères sau- vages, dont les produits commencent à être l’objet d’une sérieuse atten- tion de la part de l’industrie ; 3° Des renseignements fournis par le Forest and stream, de New- York, sur l'élevage, le commerce et la consommation des Grenouilles aux États-Unis ; 4° Enfin, un article du Land and Water, donnant quelques détails sur l’acclimatation de la Grenouille ‘verte (Rana esculenta) en Angle- terre, où cette espèce a été importée de France et de Belgique. — À l’occasion des renseignements donnés par M. Raveret-Wattel sur les métis de Bœuf et de Gayal, métis qui sont inféconds lorsqu'ils appartiennent au sexe mâle, et féconds lorsqu'ils appartiennent au sexe femelle, M. le Secrétaire général rappelle que semblable fait a été oh- servé à Paris, dans le croisement de l’Yack et la Vache ordinaire. — M. Saint-Yves Ménard fait remarquer que, dans le même ordre d’idées, l’exemple de la fécondité de la Mule qui existe au Jardin d’ac- 382 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. climatation mérite aussi d’être rappelé. « Les Mulets, dit M. le Tréso- rier, n’ont jamais pu, que je sache, féconder une seule Mule, ni une Jument, ni une Anesse, tandis que, exceptionnellement, on a vu des Mules fécondées le plus souvent avorter; et, plus exceptionnellement encore, nous avons une Mule qui a été fécondée cinq fois et qui n’a avorté qu'une seule fois, ce qui fait six fécondations. Nous avons d'elle cinq produits vivants : deux produits d’un Cheval, trois produits d’un Ane ; et, chose intéressante, la fécondité a reparu chez des produits hybrides, produits féminins encore, tandis qu’elle n’a pas reparu chez des produits masculins. Ainsi, la Mule a donné des produits trois quarts de sang avec un Cheval, des produits femelles ; une de ces femelles, qui a été pleine deux fois, deux fois a mené son produit presque à terme (elle a avorté immédiatement avant terme), tandis qu’un produit de l’Ane, très ardent, qui a été accouplé plusieurs fois avec une Jument, n’a jamais donné de produit. Il est vrai que la constatation de non fécondité serait difficile et demanderait une série d’accouplements reconnus inféconds; mais nous avons du moins la certitude de fécondité possible chez un produit - trois quarts de sang femelle, tandis que nous n’avons pas encore d’appa- rence de fécondité possible chez un produit trois quarts de sang mâle. » M. de Quatrefages. — «Je demande à ajouter quelques mots pour faire remarquer que ces faits constatés chez les Mammifères se sont également présentés chez les Oiseaux. Lorsqu'on à étudié les produits du croisement entre espèces très voisines, en particulier ce croisement que l’on pratique si souvent du Canari avec le Serin de nos climats ou avec le Chardonneret, les femelles se montraient aussi beaucoup plus ‘facilement fécondes, et des observations microscopiques en ont facilement rendu compte ; soit chez les Mammifères, soit chez les Oiseaux, on a montré que les éléments d’où résulte la fécondation, les spermatozoïdes, n'existent pas chez le mâle; ils sont remplacés par de petits corps ar- rondis, brillants, mais ils n’arrivent pas à la forme définitive qui paraît caractériser leur état parfait. » Au contraire, chez les Mules, on a depuis longtemps montré aussi, par l'examen microscopique, qu'il existe des corps jaunes, c’est-à-dire indiquant que la Mule pouvait être fécondée, qu’elle produit des œufs qui arrivent plus ou moins complètement à terme. Et chez les Oi- seaux on a trouvé les mêmes faits, de telle sorte que ce fait de la con- servation de la fécondité, possible chez des hybrides, plus prononcé chez la femelle que chez le mâle, paraît être un cas général; et je de- manderai à mon éminent confrère, M. Cosson, si l’on a essayé des croi- sements entre végétaux chez lesquels les sexes sont séparés, et si, dans le règne végétal, on a constaté des faits plus ou moins analogues à ceux que nous venons de rappeler. » M. le President Ern. Cosson. — « Je ne crois pas qu’il ait été fait d'expériences à ce sujet. PROCÈS-VERBAUX. 389 » J'aurais deux mots à dire à l’occasion du croisement des Sangliers avec les Laies, ou l'inverse, car les deux faits se produisent. Dans la forêt de Troyes, les riverains ont un droit d'usage, qui leur permet de lâcher des Truies privées dans la forêt pour manger des glands, et le croisement se produit là en pleine liberté ; nombre de Sangliers choisis- sent les Laies domestiques, de préférence aux Laies sauvages. » Dans la forêt de Villers-Cotterets, ces faits de croisement ne se pro- duisent pas, parce que les mèmes droits d'usage n’existent pas, mais on constate chez le Sanglier des races très prononcées. Ainsi, 1l y a des Sangliers qui, bien que très jeunes, ont plus de poils blancs que de noirs ; d’autres sont d’un noir absolu : ce sont les plus communs ; d’au- tres enfin présentent un poil roussâtre, qui les distingue absolument. Le sabot de l’animal présente aussi cette même couleur. Cette race était assez abondante il y a une dizaine d'années. Ne serait-ce pas là un cas d’hybridation qui se serait produit anciennement, et qui aurait laissé ses traces pendant un certain temps dans la population cynégétique de Ja forêt de Villers-Cotterets ? Ce serait un point intéressant à éclaircir, et je ne sache pas qu'ailleurs on ait vu des Sangliers rouges. Le fait paraîtrait particulier à la forêt de Villers-Cotterets. » M. de Quatrefages. — « Au sujet des races de Sangliers ou plutôt de Porcs (car c'est la même chose; il est bien démontré que nos Porcs do- mestiques ne sont autre chose que les frères des Sangliers, qui sont le Porc sauvage, la souche sauvage de nos Porcs domestiques), je rappel- lerai que, transporté dans des climats divers, et par conséquent placé dans des conditions d'existence différentes, le Porc est une des espèces qui se modifient le plus facilement, qui donnent naissance à des races tout à fait exceptionnelles. Ainsi, nos Porcs transportés en Amérique ont donné naissance à des races fort curieuses. Il y en a une, sur les plateaux des Cordillères, qui a pris une espèce de laine grossière, fort différente du pelage ordinaire. Il en a été signalé à Cuba dont les pinces, singulièrement allongées, ont une palme de long. Et enfin, d'après des renseignements fournis tout récemment, dans la partie espagnole d'Haïti, il s’est formé une race chez laquelle les deux pinces sont réunies en un seul sabot : ce sont les Porcs solipèdes. Ces derniers étaient connus déjà des anciens ; le même fait s'est présenté souvent en Pologne, dans le nord de l’Europe; mais seulement, paraît-il, d’une manière errati- tique. À Haïti, au contraire, la forme qui ne s'est montrée chez nous qu’à l’état de variété, s’est constituée à l’état de race occupant tout un quartier de l'ile. Ainsi l’espèce Porc (Sus porca) est une des espèces qui semblent le plus facilement subir les influences du milieu, de ma- nière à donner naissance à des races extrêmement distinctes les unes des autres. » M. Maurice Girard. — «Dans la très intéressante communication qui vient de nous être faite par nos deux éminents collègues, il est 384 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. question d'une race de Sangliers qui paraitrait spéciale à la forêt de Villers-Cotterets. Cette même forêt, et aussi la forêt de Compiègne, nous présentent une race de Lapins entièrement noirs, qüi sont parfaitement des Lapins de garenne, par la forme busquée du front, la petitesse des oreilles et les autres caractères. Cette race, bien connue des gens du pays, se croise avec les Lapins de garenne ordinaires et donne des Lapins noirâtres. J'ai vu fréquemment de ces Lapins noirs, et j'en ai même fait mettre un exemplaire empaillé dans la collection du Collège Rollin. » M. Mailles. — « J'ai entendu parler de ces Lapins, mais je ne les ai pas vus; on m’a dit que c’étaient simplement des Lapins domestiques revenus à l’état sauvage. » M. Maurice Girard. — « J'ai pris soin de mettre en garde contre l'opinion que vous émettez. Le type est bien celui du Lapin de garenne par la forme du front et des oreilles. » — À propos de la communication de M. le Secrétaire des séances sur l’insuceès des tentatives faites aux États-Unis, pour l'élevage des Gre- nouilles à l’état domestique, M. Mailles dit qu'il considère l’élevage des Grenouilles comme à peu près impraticable en grand. « L'alimentation, dit-il, est impossible ; et dans le projet que j'avais l'honneur de présenter, je demandais simplement une protection pour les Grenouilles à l’état sauvage, alin d’en assurer la reproduction. » — M. Raveret-Wattel présente uu résumé des réponses au question- naire sur la maladie des Écrevisses. (Voy. au Bulletin.) — M. de Quatrefages demande quels sont les résultats des recherches qui ont été faites en Allemagne sur cette même maladie. — M. Raveret-Waitel répond que les études entreprises n’ont pas abouti à des résultats très concluants. L’incertitude subsiste encore sur la cause réelle de la maladie, que l’on a successivement attribuée à un Distome (Distoma cirrigerum), à des Grégarines, à une Saprolégnée. Cette dernière opinion est celle de M. le docteur Leuckart, de Leipzig ; elle a été aussi émise par M. le professeur Harz, de Munich, qui a donné à cette maladie le nom de Mycosis astacina. Quoiqu'il en soit le mal tend heureusement, à disparaître. L’expérience a démontré que, dix-huit mois ou deux ans après que l'épidémie s’y est fait sentir, les rivières peuvent être repeuplées au moyen d’Écrevisses tirées de ré- gions non contaminées. Non seulement ces Écrevisses ne périssent pas dans les eaux où on les place, mais, de plus, elles paraissent s’y multi- plier rapidement. Aussi, dans beaucoup de localités, des opérations de repeuplement sont-elles entreprises sur une large échelle, tant par l’ad- ministration que par des particuliers et par les sociétés de pêche. — M. le Trésorier présente le rapport de la Commission de compta- bilité. (Voy. au Bulletin.) — M. Decroix rappelle qu’à la suite d’une communication qu’il avait faite en 1878, la Société a fait venir d'Amérique des Noix de Pacanier, PROCÈS-VERBAUX. $ 389 en vue de provoquer des essais de culture de cet arbre. Malheureuse- ment, les Noix qui nous furent envoyées n’étant pas suffisamment frai- ches, ne donnèrent, comme semis, que des résultats médiocres. Il pa- raitrait donc utile de recommencer cette expérience, car le Noyer Pacanier est un arbre intéressant, dont les fruits, qui se conservent beaucoup plus longtemps que ceux du Noyer ordinaire, ont aussi un goût plus agréable. M. Decroix ajoute que, dans le cas où la Société croirait devoir se pro- curer un lot de ces Noix exotiques, M. le docteur Bertherand, qui a des parents à la Louisiane, se chargerait très volontiers de nous faire cet envoi; on serait certain de n'avoir ainsi que des fruits de bonne qualité et provenant de la dernière récolte. — Renvoi à l’examen du Conseil. —- M. le Président rappelle que la Société tiendra sa séance publique annuelle le vendredi 5 juin, à deux heures précises, dans la salle du Vaudeville. Le Secrétaire des séances, C. RAVERET-WATTEL. 4e SÉRIE, T. II. — Juin 1885. 25 IV. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS CINQUIÈME SECTION. SÉANCE DU 14 AVRIL 1885. Présidence de M. PAILLIEUX, Vice-Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. de Vilmorin s’excuse de ne pouvoir assister à la réunion de ce jour. À propos du procès-verbal, M. Mailles fait remarquer que les Souris ne mangent pas les Haricots et Pois secs, quoiqu’elles dévorent quelque- fois ceux en germination. Ge serait donc à une autre cause que M. Meyer devrait attribuer la disparition de ses Pois de Géorgie. M. Mamoz présente à la Section le vin d'Orange qu’il reçoit d'Espagne, et donne des renseignements sur ce produit. C’est principalement dans l’Andalousie que l’on fait le vin d'Orange. On emploie pour cette fabrication le raisin blanc de la seconde cueille que l’on met en cuve, auquel on ajoute un cinquième environ d’Oranges écrasées. On peut se servir, paraît-il, de toutes sortes de raisins blancs, mais le vin que l’on obtient avec des raisins muscats est plus parfumé, plus moelleux et se vend mieux. C’est ce dernier que M. Mamoz offre à la dégustation. On fait aussi, dit-on, du vin d'Orange en Portugal et en Sicile. Il se consomme généralement sur place. Cependant le présentateur a appris de son correspondant que deux maisons de Malaga en expédient à l’é- tranger, notamment aux États-Unis. Ce correspondant se ferait fort d’en fournir deux mille hectolitres par an, et plus encore dans l’avenir, s’il en trouvait le placement. A Paris, quelques personnes en font déjà circuler dans leurs salons comme rafraîchissement, aux jours de réception. Il sera facile de faire du vin d'Orange en Algérie, si on lui trouve un débouché. Il est ensuite procédé à la dégustation de ce produit, qui est trouvé très agréable par tous les membres présents ; il rappelle un curaçao très léger. Ê M. Paillieux distribue à la Section des graines de diverses plantes, et donne sur elles les renseignements suivants : Haricot-cerise du Japon. — Si je ne me trompe, dit notre confrère, celte variété a été introduite par M. Sisley, et présentée aux lecteurs de la Revue horticole par M. E.-A. Carrière. Elle n’est donc pas nou- PROCÈS-VERBAUX. 987 velle ; si j’y reviens aujourd’hui, c’est que plusieurs années de culture et d'usage m'ont démontré qu’elle était productive et d’excellente qualité. Melon vert à rames. — C’est déjà une vieille plante. Elle a été introduite dans les cultures des environs de Paris par M. le marquis de Selve, membre du conseil de notre Société. Jusqu'en 1883, je l’ai dressée sur un treillage à larges mailles; mais pendant la saison der- mère, à l'exemple de M. de Selve, je l’ai laissée à plat sur le sol, en maintenant seulement des cloches sur les pieds. J’ai reconnu qu'il y avait plus d’inconvénients que d'avantages à l’élever sur un treillage ou à l’at- tacher à des rames. Vous pourrez profiter de cette observation si vous cultivez ce Melon, que recommande la parfaite régularité de sa qualité ; il est toujours bon. On le cultive généralement pour la consommation de septembre et d'octobre. Il se conserve assez bien sur la planche, et j'en ai souvent mangé en novembre. à Angourie des Antilles (Bull., 1884, p. 54). — Si je vous remets au- jourd'hui des graines d'Angourie, c’est pour vous rappeler que ses fruits entrent dans la composition de Pickles que je vous ai proposés. Je n’ai d’ailleurs qu’à vous renvoyer au Potager d’un curieux, page 54 de notre Bulletin de 1884. Je profite toutefois de cette occasion pour vous recommander, si vous cultivez l’Angourie sous châssis, d'enlever, à tout risque, les panneaux vitrés et les coffres dès que la plante emplit ces derniers, et de la laisser s’étendre au loin. Autrement, elle étoufle, devient malade et ne produit rien. Daïkon (Bull., 1884, p. 213). — Je vous remets des graines de deux variétés de Daïkon, le Marunerima et le Ninengu. Elles sont bonnes pour la table. J’espère vous présenter l’an prochain une variété à ra- cines plus courtes, à laquelle suffira le labour ordinaire, et qui, semée le 1% août, pourra alimenter le bétail dès la fin d'octobre (voy. le Bul- letin, 1884, p. 273). Motsiji (Bull., 188%, p. 664). — Le Motsÿi, plante nouvelle pour nous, est employé dans le Transvaal comme les Épinards. J’indique sur les sachets la page du Bulletin de 1884 à laquelle vous pourrez recou- rir, s'il vous plaît de la cultiver comme Épinard d’été. Petite Tomate de Salta. — La petite Tomate de Salta est une variété pour nous de la Morelle de Balbis. Voir le Bulletin de 1884, p. 960. Haricot du Tonkin (Bull., 1884, p. 958). — Le Haricot du Tonkin, généralement cultivé en Cochinchine sous le nom de Haricot de Baria, serait d’une extrême importance s'il pouvait être cultivé sous notre climat. Je prierai notre Président de vouloir bien en essayer la culture sur le littoral de la Méditerranée, et je lui remettrai les graines que je vous présente aujourd’hui et que j'ai récoltées au mois d’octobre dernier. M. Hédiard fait connaître qu’il cultive à Asnières, depuis cinq ans, le 388 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Haricot-cerise Cette variété, à rames, sans parchemin, est très produc- tive; le grain mangé en vert est excellent. M. Fallou fait également l'éloge de ce Haricot, qu’il cultive depuis 1883. Sec, il est fort bon; mais il convient de le faire tremper dans Peau au moins pendant une demi-journée; sans cela, il serait coriace. M. Mailles donne communication de la note suivante : « L'année dernière, j'ai eu l’honneur de vous donner lecture d’une communication sur mes observations concernant les végétaux cultivés dans de la mousse pure. Ce travail à paru dans le Bulletin. » de vous ai présenté aussi des spécimens : Grande Éclaire, Scutellaire et Carex. » Depuis, j’ai soumis à ce traitement diverses plantes, qui toutes ont donné d'excellents résultats. » En voiei la liste : » Plantes herbacgées : Cabaret (Azarum), Chélidoine, Scutellaire bleue,Carex muricata, Pelargonium hybride, Ageratum bleu, Hélio- trope du Pérou, Menthes (plusieurs), Lamium jaune (Galeobdolon). » Fougères : Scolopendre officinale. » Bulbeuses et Rhizomateuses : Iris d'Allemagne, Iris pallida, lis lutea (jaune), Boussingaultia baselloides, Ficaire à grandes fleurs, Elanthis hyemalis. » Ligneuses et sous-ligneuses: Cerisier de Sainte-Lucie, Groseillier doré, Groseillier stérile, Germandrée petit chêne. » Vous voyez, Messieurs, que j'ai expérimenté sur des plantes à végé- tations diverses, afin que l'essai fût décisif. » Je crois devoir renouveler ici mon désir de voir plusieurs de mes collègues continuer avec moi cette tentative de culture dans la mousse ; les résultats que j'ai obtenus me paraissent des plus encourageants. » M. Sœhnlin rend compte de la culture des graines qu'il a reçues en 1884. Courge de Naples améliorée. À bien végété ; très bonne, mais pas très productive. , Haricot du Mexique. Bien levé, bonne production, ne pousse pas plus fort que le Haricot noir Hollande. Laitue frisée de Californie. Excellente. Les Dolique bulbeux de Saïgon (Gu lang); Dolique annamite (Daï lang) ; Haricot de Baria (Cochinchine); Carabassette du Pérou n’ont pas levé, Ail odorant. A levé, mais ne s’est pas développé, ni en tiges, ni en tubercules. Moutarde tubéreuse porte-graines. Ont pourri en terre, bien qu’en terrain sec. Camassie. Les tubercules sont restés jusqu'à l’automne sans pousser ni pourrir, tels qu’à la plantation. PROCÈS-VERBAUX. + 389 Mioga du Japon. À poussé à environ 50 centimètres, mais n’a pas produit de rhizomes ni de turions. Melon vert. Mûrissant en novembre ; vigoureux, assez productif, sucré, mais odeur de concombre. Le tout cultivé en bon terrain maraîcher, argilo-calcaire, exposition sud. M. Mailles a éprouvé le même échec que M. Sœhnlin pour les Mioga, qui ont été détruits par les larves du petit Hanneton de la Saint-Jean. M. Hédiard présente à la Section des fruits de Piment « Chilpotle » de Mexico. M. J. Grisard présente, au nom de M. Naudin, des graines d’Asimina triloba, petit arbrisseau des États-Unis, qui donne un fruit comestible dont le parfum se rapproche de celui de la Banane; il est à peu près rustique sous le climat de Paris, mais il n’y fructifie pas. Le Secrétaire, JULES GRISARD. PREMIÈRE SECTION. SÉANCE DU 21 AVRIL 1885. Présidence de M. DECROIx, Président. M. Dautreville, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. (Adopté.) M. le Secrétaire donne aussi lecture d'un travail de M. Huet sur di- verses espèces de Ruminants, dont la reproduction à été obtenue en France et, notamment, au Muséum de Paris. Ce mémoire, dont la Sec- tion a demandé linsertion au Bulletin, donne de nombreux et intéres- sants renseignements sur certains Cerfs et plusieurs Antilopes qui se sont montrés rustiques sous notre climat. M. le Président exprime le désir que M. Huet veuille bien rédiger un questionnaire qui paraîtrait dans la Chronique. Dans ce questionnaire, il serait demandé aux personnes qui reçoivent ce journal divers renseignements concernant les Mammifères herbivores qui y seraient lésignés. M. le Secrétaire veut bien faire part à notre collègue du désir ex- primé par M. Decroix et appuyé par la Section. M. le comte d’Esterno donne lecture d’un article de journal, où il est dit que plus de vingt mille personnes sont tuées annuellement dans les Indes anglaises par les fauves et les reptiles. Notre collègue s’étonne que, dans un pays qu’il croyait civilisé, de pareïls faits puissent se pro- duire aussi nombreux. 390 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. M. Lataste fait observer que, très probablement, les Indiens et les Nègres forment le plus nombreux contingent de cette liste funèbre. M. le Président entretient la Section au sujet du transport des Che- vaux, Mulets et Anes sur les vaisseaux. Il fait connaître que ces animaux placés dans des boxes étroites, souffrent, dans les longues traversées, ne pouvant ni remuer, ni se coucher, et sont meurtris par des frottements réitérés contre les parois de ces boxes, lorsque la mer est grosse. Peut- être, ajoute-t-il, certaines améliorations, pour le transport de ces ani- maux, ont-elles été introduites depuis l’époque dont il parle, et qui est celle de la guerre de Crimée ; mais il ne pense pas qu'elles soient sa- tisfaisantes, vu la proportion considérable des pertes éprouvées actuel- lement, par mi les Chevaux envoyés au Tonkin. M. Decroix voudrait que l’on établit sur les navires des petits pr'omenoirs pour les animaux en question ; on les y mènerait par groupes, à tour de rôle, et le délasse- ment qu'ils en éprouveraient contribuerait à les maintenir en bonne santé. M. le Vice-Président dit que, même débarqués au Tonkin, les Chevaux, Mulets et Anes périssent en grand nombre. La cause doit en être attri- buée à la mauvaise qualité des eaux qu'ils boivent. M. Lataste fait remarquer qu’en Afrique les mêmes faits se produisent. Il pense que, outre le motif indiqué par M. Mégnin, les mauvais traite- ments qu'ils suhissent de la part des Arabes sont pour beaucoup dans ces pertes. M. le comte d’Esterno communique un extrait d’un journal. Il y est fait mention d’un combat entre un Crapaud et une Araïignée; cette Araignée mordait le Batracien sur le dos; celui-ci, pour combattre l'effet fâcheux de cette morsure, mâchait de temps en temps des feuilles de Plantain, ce qui lui rendait toute sa vigueur. M. Decroix raconte qu’il a lu quelque chose d’analogue dans le Jowr- nal de médecine dosimétrique. 1 s’agit d’une bataille entre une Vipère et un Lézard vert. Ce dernier combattait l'effet du poison en se roulant dans des feuilles de Molène. Dès qué cette plante lui fut retirée, le Lé- zard, privé de ce contre-poison nouveau, mourut. M. le Président fait remarquer l’analogie de ces deux histoires, qu'il croit peu dignes de foi. MM. Joly, Mailles et Lataste pensent, avec M. Decroix, que ces deux récits sont purement imaginaires. En outre, M. Lataste fait observer que le Crapaud, étant dépourvu de dents, serait bien empêché de màcher des feuilles de Plantain et, de plus, que possé- dant un principe venimeux, actif pour les petits animaux, et répandu dans les pustules du dos et surtout aux carotides, l’Araignée eût plutôt souffert que le Crapaud. À cette occasion, il rapporte que, si l’on fait mordre ces carotides par un Lézard, ce dernier meurt quelques instants après. M. Joly remercie M. le comte d’Esterno de lui fournir, par son récit, PROCÈS-VERBAUX. 391 l’occasion de rappeler que M. Maurice Girard n’a pas eru devoir tenir compte des expériences que M. Lataste a faites sur lui-même et sur un Arabe, expériences relatives au venin sécrété par les Scorpions et les Araignées. M. Joly rappelle que M. Bouley, Président des séances gé- nérales, a fait remarquer l'intérêt que présenterait l'examen, au micro- scope, des matières déposées, avec la poussière, sur les toiles d’Arai- gnées, qui pourraient bien être de véritables nids à microbes. M. Lataste fait observer qu’il n’a pas fait d'expériences sur un Arabe et sur lui-même, mais que ce sont le Scorpion et l’Araignée qui les lui ont fait faire, bien malgré lui. Le Vice-Secrétaire, CH. MAILLES. DEUXIÈME SECTION. SÉANCE DU 21 AVRIL 1885. . Présidence de M. le baron d'AVÈNE. Lecture du procès-verbal. A propos de la discussion sur les mots métis et hybride, M. Lataste donne lecture d’un livre de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, traitant ce sujet et confirmant son opinion qui est aussi celle de la majorité de la Section, c’est-à-dire que les hybrides sont les produits issus de parents appartenant à des espèces différentes, tandis que les métis proviennent de père et de mère de même espèce, mais de variétés différentes. M. Lataste présente le contenu osseux total, classé par espèces, de nouvelles pelotes de réjections de Rapaces nocturnes. Ces pelotes, au nombre de vingt et une, recueillies aux environs de Besançon par M. E. Olivier, comprennent, comme d'habitude, un bien plus grand nombre d’Insectivores que de Rongeurs, soit : Insectivores....... (62 Rongeurs ......... 20 Totale 1082 M. Cretté de Palluel dit que, contrairement aux conclusions de M. La- taste, il a toujours trouvé un plus grand nombre de Rongeurs que d’In- sectivores dans les pelotes des Rapaces nocturnes. Il suppose que M. La- taste a observé un cas exceptionnel. M. Lataste répond que la première fois qu’il a entretenu la Section de ce sujet, le regretté M. Millet, alors président de la Section, lui a fait la même observation; mais que, depuis lors, il a pu examiner un assez 399 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. grand nombre de pelotes provenant de diverses localités de Franceet e. l'étranger. Le cas particulier, dont il entretient aujourd’hui la Section, est conforme à l’ensemble des autres cas. Du reste, M. Lataste réunira prochainement toutes ses observations sur ce sujet en un mémoire qu'il présentera à la Société. Le Secrétaire donne lecture d’une note concernant l'influence de la privation des ailes sur la ponte, par M. Gabriel Bergeron, dans laquelle l’auteur dit qu'il a constaté, avec étonnement; que les Canards n’avaient fait qu’une mue dans l’année. M. Cretté de Palluel dit, à ce sujet, que si l’auteur de cette note a observé ce fait sur les Canards, il eût pu tenter l'expérience sur d’autres oiseaux; en effet, c’est une croyance générale, mais fausse, qu'il se pro- duit deux mues dans l’année, chaque plume ne tombe qu’une fois par an. M. Cretté de Palluel dit aussi que le changement de couleur des Canards se fait sans que la plume tombe, et cela d’une façon assez cu- rieuse : c’est par l’extrémité que les couleurs naissent et envahissent peu à peu toute la plume. M. de Barau de Muratel cite la précocité des Hirondelles et des Ros- signols cette année. Le Secrétaire, E. Joy. V. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE Le Chameau. De tous les animaux que l’homme a réduits à l’état de domesticité. celui dont le nombre est probablement le moins exactement connu est le Chameau, rencontré seulement dans un petit nombre de contrées, pour la plupart sauvages et désertes, et n’offrant par conséquent aucune statistique sérieuse comme base de recensement. | Jusqu'à ce jour, les tentatives faites pour introduire et acclimater cet animal dans d’autres régions que celles de l’Afrique et de l'Asie (ses régions naturelles) n’ont pas réussi; et la vérité est qu’en Europe, en Amérique et en Australie, le Chameau est plutôt une curiosité qu’un animal domestique. Vouloir déterminer le nombre exact de ces animaux qui, chaque année, formés en caravanes, franchissent les immenses déserts de l'Afrique septentrionale pour se rendre à Tombouctou, est une tâche presque im- possible, attendu qu’il n'existe aucune information précise pour établir un pareil dénombrement. Mais, ce qui est incontestable, c’est que quel- ques-unes de ces caravanes comprennent jusqu’à 5000 Chameaux. Ce que nous savons mieux, c’est que l’armée anglaise, pour sa marche sur Kartoum, à travers le désert, a fait l'acquisition de 2000 Chameaux; que l’Algérie en possède environ 180 000, et qu’en Tunisie on en compte 100 000 en chiffre rond, dont 30 000 sont la propriété du bey. En Egypte et dans l’empire du Maroc, leur nombre est inconnu. l'Espagne en possède environ 4000, qui se trouvent répartis principale- ment dans les îles Canaries. Le Chameau est un auxiliaire précieux aux tribus errantes de l’Asie centrale, qui voyagent des bords du golfe Persique au Thibet, en Chine et en Sibérie. ; On rencontre encore cet animal au nord de l’Arabie, sur les confins de la mer Caspienne, où il est élevé à l’état domestique par les Kirghiz et les Cosaques, qui s’en servent pour leurs transactions commerciales ; 6000 Chameaux environ sont utilisés par les caravanes qui vont de Bo- khara en Russie. Dans ceite dernière contrée, leur nombre est estimé de 60 à 70 000. Il résulte d'un recensement fait aux Indes anglaises en 1879, que 125 584 Chameaux se trouvaient à cette époque dans la province de Punjab; 8367 dans la Présidence de Bombay; 110 dans la Présidence de Madras, et 328 dans les districts d’Aymer et de Mhairwarra. Au point de vue alimentaire, la chair du Chameau est ferme, dure même; aussi est-elle très peu estimée et très peu consommée, même dans les contrées où‘tet animal est le plus abondant. 394 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Cependant il convient de dire que la bosse de cet animal, divisée en tranches et dissoute dans du thé, remplace (en quelque sorte) le beurre et le lait. Une grande quantité de langues de Chameau, salées et fumées, sont expédiées annuellement des États barbaresques en Italie, et constituent une branche de commerce d’une certaine importance ; mais, sans con- tredit, le principal élément de transaction fourni par cet animal est son poil, si universellement apprécié. P.-L. SIMMONDS. Dépeuplement des eaux. Lettre adressée à M. le Président de la Société. « Ce 23 mars 1885. » Monsieur le Président, » Il y a deux ans vous avez bien voulu insérer dans les annales de la Société d’Acclimatation dont je fais partie, une notice relative à mes tentatives infructueuses pour peupler Les petits cours d’eau de mon voi- sinage. J'y avais mis une certaine quantité de Truites, elles y avaient prospéré, puis elles avaient disparu par le fait du braconnage des eaux. Je terminais en disant que l'initiative particulière ne pourrait jamais rien, et que le gouvernement seul arriverait à un résultat, en faisant appliquer sérieusement les lois existantes. » À cette époque je vous parlais de la Truite. Aujourd’hui, nouveau Cassandre, je viens vous dire que si l’on ne prend pas de mesures sé- vères, l’Anguille qui se trouvait autrefois partout en France, n’existera bientôt plus qu’en quantité très minime ; je m'explique. » Je ne vous apprendrai pas, Monsieur le Président, que l’Anguille ne se reproduit pas en eau douce; jamais un pêcheur n’a trouvé d’An- guilles ayant des œufs, de la laitance, ou des embryons d'aucune nature. » Vers la fin de septembre, lorsqu'elle a atteint une certaine taille, et par de fortes pluies d’orage qui troublent les eaux, l’Anguille sort des lacs, des étangs et des réservoirs, elle se laisse entraîner par le cou- rant et continue sa pérégrination, heureuse si elle peut arriver à la mer, terme de son voyage. Chaque moulin, chaque usine, chaque dé- versoir, est muni de filets spéciaux que l’on relève chaque matin, même plusieurs fois pendant la nuit, et qui retiennent une grande partie ‘des voyageurs qui se rendaient au lieu de lenr reproduction. » Comment se fait cette reproduction? nul ne le sait, et dans mon FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 999 ouvrage d'histoire naturelle, je n’ai trouvé autre chose que des conjec- tures. Cette reproduction se fait en mer, c’est certain, mais J'ai inter- rogé nombre de fois les pêcheurs de la côte avec lesquels je vis deux mois par année, et je n'ai pu obtenir aucun renseignement. On croit généralement que l’Anguille d’eau douce rendue en mer se retire dans les bas fonds, reste engourdie pendant l'hiver, et pond au printemps des œufs qui éclosent rapidement. » C’est à ce moment que des quantités innombrables de petites An- guilles remontent les fleuves, les rivières et les moindres cours d’eau aboutissant à la mer. Chaque affluent de ces cours d’eau reçoit une petite colonie qui remonte, en se séparant, jusqu'à une limite extrême, j'en ai vu même voyageant sur l’herbe mouillée, et se suivant comme des Fourmis sur les chemins tracés d’une fourmilière. » Ces petites Anguilles, grosses à peine comme un verre de terre et d’une couleur un peu blanchâtre, suivent le bord des fleuves ou des rivières, ne pouvant, vu leur faiblesse, remonter le fort courant du mi- lieu, et voyageant en bandes. C’est là que les riverains viennent les pêcher avec des filets de canevas. Il en faut plus d’une cinquantaine pour faire une bouchée ; c’est détestable, mais peu importe. » Allez à Nantes vers le mois d'août, vous verrez des femmes portant dans des paniers, des sortes de pelotes blanches saupoudrées de petites herbes : c’est le frai d’ Anguille, c’est la Civelle, comme cela s’appelle dans le pays nantais. Elles l’ont recueilli sur le bord de la Loire; elles l'ont fait bouillir, et en ont composé une sorte de pâte où l’on voit en- core des myriades de petits yeux, et des rudiments de queues et d’arêtes. Combien de malheureuses bestioles sont ainsi détruites, et comment voulez-vous que l’Anguille ne diminue pas ? » Si j'ai parlé de la Loire, c’est que c’est le fleuve de France dont le parcours est le plus étendu, et qui reçoit le plus d’affluents. Si une pro- tection un peu efficace était exercée, tout le bassin bénéficierait de cette montée d’Anguilles. Dans les autres rivières de Bretagne, sem- blable destruction est exercée; je citerai entre autres la Rance. Aussi les propriétaires d’étangs constatent-ils une diminution qu’ils évaluent aux trois quarts au moins. » Je suis pêcheur, et depuis plus de judtahise cinq ans j'ai pêché en eau douce, en mer, un peu partout; j'ai toujours été passionné pour l’histoire naturelle, j'ai beaucoup vu, j'ai beaucoup observé, et je con- state chaque année une diminution de poisson effrayante pour un avenir que je ne verrai pas. » Dans les rivières, dans les étangs, si le gouvernement voulait s’en occuper, le remède serait facile avec les établissements de pisciculture; c’est une question de dépense, avec protection d’agents salariés, et fai- sant leur devoir; en mer c’est bien différent et il y a des questions de nationalités difficiles à résoudre. 390 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. » Voulez-vous me permettre de vous communiquer ici une observa- tion sur mes impressions relatives au triste état de la pêche maritime sur nos côtes de France ; à d’autres d’y trouver un remède; signaler un mal n’est pas, malheureusement, le guérir. » 1] faut bien dire en premier licu, que les poissons migrateurs, Harengs, Maquereaux et même Sardines qui venaient sur les côtes de france par la Manche, et les mers d'Irlande, sont arrêtés dans les mers du Nord par des engins de pêche tellement puissants, que peu d'individus échappent à la destruction. Des ports de Hollande, de Bel- oique, d'Angleterre, d'Allemagne, de Suède, de Norvège, et aussi de nos ports du nord de la France, partent des flottilles entières de bateaux de pêche jaugeant de 30 à 60 tonneaux. La mer est peu profonde dans ces parages; un banc de poissons est-il signalé, il est enserré dans des filets qui mesurent quelquefois 2 à 3000 mètres, parqué pour ainsi dire dans un réservoir improvisé, et le bateau peut faire quelquefois plu- sieurs chargements. Dans cette pêche, la vapeur vient en aide et per- met de tendre et de relever les filets. » Au moment de leur capture ces poissons étaient chargés d'œufs et de laitance, et il faut que ceux qui résistent à cette destruction com- blent le déficit; c’est difficile avec Les nombreux ennemis qu’ils trouvent dans Ja mer. Aussi ces poissons qui longeaient nos côtes de Normandie et de Bretagne, pour de là se rendre sur les côtes des Charentes ef le golfe de Gascogne, deviennent-ils plus rares de jour en jour. C’est forcé, je ne puis que le constater ; il y a une question de nationalité difficile à résoudre. » Pour les poissons sédentaires et que l’on trouve sur nos côtes, c’est différent, et je parlerai ici principalement du poisson plat, Turbots, Barbues, Soles, Limandes, Raies, etc. » Quand on visite les halles centrales de Paris, on s’apercoit peu de la diminution en mer de ces espèces: les trains rapides viennent y accu- muler chaque matin le produit presque total de la pêche sur toutes les côtes de France; mais, visitez nos côtes autrefois si poissonneuses, par- lez aux pêcheurs, jeunes ou vieux, et tous vous diront que ces poissons plats tendent à disparaître ; pourquoi cela ? » Autrefois les bateaux qui pêchaient au chalut, autrement dit à la drague, ne pouvaient s’approcher de la côte à moins de trois milles; c'était à cette distance seulement qu'ils pouvaient jeter leur filet à la mer et le traîner à la voile. Cette mesure était sage, les poissons dont ils font la pêche ne frayent pas dans les eaux profondes, ils s’approchent des bords pour que leur progéniture y trouve une eau plus chaude, de petits varechs protecteurs, et moins de gros poissons voraces. Ce règle- ment est-il tombé en désuétude, ou bien ferme-t-on les yeux? je l’ignore, mais maintenant les bateaux viennent draguer sur les côtes jusqu’à la dernière limite de leur tirant d’eau. Qu’arrive-t-il ? c’est qu'ils prennent FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 997 ces poissons beaucoup trop petits et que leur structure plate empêche de sortir des filets, houleversent le sable des plages et anéantissent les œufs qui y étaient déposés. » Une autre cause de la diminution de ces poissons est encore cele- ci. Lorsque le commerce maritime était florissant, lorsque de nombreux petits caboteurs allaient, de port en port, porter des denrées, lorsque des navires partaient en grand nombre pour Terre-Neuve et l'Islande, pour y faire la grande pêche, les marins des côtes trouvaient des embarque- ments faciles. » Aujourd'hui, des chemins de fer côtiers, la construction de grands bateaux à vapeur qui nécessitent un personnel peu nombreux eu égard à leur tonnage, la stagnation des affaires, ont anéanti le petit cabotage. Que peuvent faire les marins lorsqu'ils ont fini leur temps au service de l'État? Frétér un petit bateau de pêche lorsqu'ils en ont le moyen, ou s’enrôler sur d’autres bateaux pêcheurs comme matelots, pour arriver aux mois de mer et de navigation qui leur assurent une pension de l'État. Alors ils pêchent les gros comme les petits poissons, et de toute manière, n’attendez pas qu'ils en rejettent un seul, ils sont comme Îles sauvages, peu soucieux de l’avenir, et mettent en pratique les conseils du bon La Fontaine. » Ainsi donc, il y a en ce moment plus de pêcheurs, moins de poisson, des instruments de pêche plus perfectionnés, et abandon de certains règlements qui favorisaient le repeuplement de la mer. Elle est immense, je le sais; mais que l’on n'oublie pas que c’est sur ses bords seulement que les poissons déposent leur frai, protégeons-le. » Le remède au dépeuplement que je signale est malheureusement bien difficile à trouver. On ne peut supprimer nos chemins de fer côtiers, empêcher de grandes compagnies de construire de puissants navires à vapeur, rendre plus prospères nos pêcheries lointaines, donner la vie qui lui manque au petit cabotage ; mais au moins et dans leur intérêt, empéchons nos pêcheurs de détruire un fretin qui ferait plus tard leur richesse. » Comte V. DE LORGERIL. » VI. BIBLIOGRAPHIE Annuaire statistique des États-Unis de Vénézuéla, publié par ordre de M. le président de la République, l’illustre Américain géné- ral Guzman Blanco. Caracas, 1884, in-40. La Société a recu de M. le docteur Parra Bolivar, consul du Vénézuéla au Havre, plusieurs exemplaires en langue française de l'Annuaire sta- tistique publié en 1884 par son gouvernement. Cette publication est due à l'initiative du général Guzman Blanco, ancien président de la République du Vénézuéla, qui est, à juste titre, considéré comme le régénérateur de sa patrie. En effet, tant qu’il fut au pouvoir, son esprit éclairé, guidé par un dévouement sans bornes aux intérêts de ses concitoyens, s’est appliqué à mettre en valeur les ri- chesses naturelles de ces admirables contrées. Le commerce, comme l’industrie et l’agriculture ont été l’objet de sa constante sollicitude et ont pu, grâce à lui, bénéficier de toutes les conquêtes du génie moderne. Le président actuel, S. E. le général Crespo, a tenu à honneur de suivre son prédécesseur dans la voie que celui-ci avait si largement ouverte. Comprenant que le moyen le plus sûr de développer les relations du Vénézuéla avec les autres États était de signaler l'importance et la nature de ses productions, il a fait traduire en plusieurs langues la statistique dont M. le général Guzman Blanco avait recueilli les éléments, et en a envoyé des exemplaires dans tous les centres commerciaux du monde entier. La Société doit le remercier de l’avoir comprise dans la répartition des-exemplaires adressés à la France. Laissant de côté les renseignements qui concernent l'organisation politique et administrative du Vénézuéla, nous nous bornerons à appeler l'attention de nos lecteurs sur les indications qui se rapportent aux questions dont l’étude intéresse plus particulièrement notre Société. Située dans la zone torride, la République vénézuélienne jouit néan- moins d’un climat tempéré, grâce au voisinage de la mer, grâce aussi aux cours d’eau qui partout la sillonnent. La chaleur, en effet, n’y atteint en moyenne que 27 degrés et ne dépasse pas au maximum 32 degrés. Très salubre, elle ne connaît pas les terribles épidémies qui ravagent les Antilles. La mortalité y est moindre que dans les États européens, et les cas de longévité n’y sont pas rares. Au dernier recensement, on comptait 198 centenaires, dont plusieurs arrivés à l’âge de cent vingt- cinq ans. Le territoire a une étendue double de celui de la France, mais la po- pulation, malgré son constant accroissement, ne dépasse pas le chiffre de deux millions d'habitants. Peu de pays présentent donc des conditions aussi favorables à l’émigration, que le gouvernement accueille du reste volontiers et encourage de tout son pouvoir. BIBLIOGRAPHIE. 399 Ces vastes contrées, considérées dans leur ensemble, se divisent en trois zones bien distinctes. L'une, couverte d'immenses forêts encore en partie inexplorées, oc- cupe la moitié de la surface du sol, 890 000 kilomètres carrés. Elle fournit en abondance des bois de construction et d’ébénisterie. Aux Expositions de 1867 et de 1818, on comptait de nombreux échantil- lons d'espèces différentes. Citons entre autres le Gateado, le Roble, le Trompillo, le Laurel, le Totumillo, le Pardillo, l'Apumata, le Javillo, etc. N'oublions pas parmi les curiosités végétales du Vénézuéla le fameux Arbre à la vache (Galactodendron utile) qui fournit par incision un . lait qui possède tous les caractères du véritable lait de vache. Les ha- bitants le recueillent avec soin pour s’en nourrir. La quantité de palmiers et de plantes textiles que renferme cette zone est innombrable. Des groupes d’Hevea, venus naturellement, donnent le caoutchouc, et partout on y récolte la Vanille, la Fève de Tonka, le Copahu, la Yubia, la Piasava, le Quinquina. Tous ces produits spontanés sont l’objet d’une active exploitation ; leur richesse est inépuisable et suffirait à elle seule à assurer pendant des siècles l’existence et la fortune de plusieurs milliers d'hommes. Si des régions montagneuses on redescend vers la plaine, on entre dans la zone agricole, qui occupe 350 000 kilomètres carrés. Là sont de riches exploitations où l’on cultive avec succès le Café, le Cacao, la Canne à sucre, le Coco, la Banane, le Coton, le Tabac, le Manioc, le Blé, le Maïs et différents légumes. On y recueille aussi l’Indigo, le Sang- dragon, la Salsepareille. La récolte du café, aux plantations duquel sont affectés 138 300 hec- tares, représente à elle seule un rendement annuel de 50 millions de francs en moyenne, et cette précieuse denrée, grâce aux soins du gou- vernement et de ses agents, a aujourd’hui conquis une légitime faveur sur les marchés européens. Le café du Vénézuéla, par la grosseur de sa fève comme par sa sa- veur, mérite en effet d’être classé au premier rang. Nos confrères ont pu du reste en apprécier les excellentes qualités au banquet du trentenaire de la Société. M. Parra Bolivar avait en effet envoyé à l'Hôtel continental, une cer- taine quantité des cafés dont il est, tant à Paris qu’au Havre, le princi- pal entrepositaire, et il avait poussé la complaisance jusqu’à en sur- veiller en personne la préparation, faite suivant la méthode du pays producteur. Le Cacao du Vénézuéla s’est acquis aussi une réputation justement méritée et sa culture a pris dans ces dernières années une certaine im- portance; elle n’occupe pas moins de 24 596 hectares. 400 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. La troisième zone est celle des pâturages bordant les fleuves et les rivières couvertes de graminées gigantesques ; son étendue est évaluée à 400 000 kilomètres carrés. On y élève de nombreux troupeaux; le Bœuf, le Mouton, la Chèvre, la Mule, l’Ane, le Porc, y prospèrent à merveille. On y trouve aussi quelques cultures. La pêche, tant fluviale que maritime, fournit encore à l’alimentation et à l’industrie de précieuses ressources; elle occupe à elle seule plus de cinquante mille bras, et son produit est estimé à 22 500 000 francs. Enfin la vente et la consommation du gibier donnent environ 23 mil- lions. | Il serait intéressant pour la Société de posséder des renseignements détaillés sur les espèces de poissons et d'animaux dont le Vénézuéla est la patrie naturelle. Plusieurs pourraient sans doute être acclimatées facilement en France, au moins dans les régions méridionales. Une demande dans ce sens serait peut-être favorablement accueillie, et nous pourrions sans doute compter sur le bienveillant concours de M. Parra Bolivar, dont l’obligeance ne nous a jamais fait défaut. JULES GRISARD. Le Gérant : JULES GRISARD. BOURLOTON. — Imprimeries réunies, À, rue Mignon, 2, Paris. 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. us CROISEMENTS DE CANARDS INFLUENCE DE LA PRIVATION DES AILES SUR LA*PONTE Par M. Gabriel ROGERON.. L'élevage est pour l'amateur plein d'imprévu, de péripé- ties, de surprises et, par là même, d'intérêt; l’art et le hasard y viennent l’un et l’autre prendre part, ce dernier parfois d’une singulière façon. Le plus souvent les résultats n°y sont obtenus qu’au prix d’études et de soins minutieux, d’autres fois ces précautions mêmes vont à l’encontre de ce qu’on s'était proposé; en laissant agir la nature, on y fût parvenu bien plus sûrement; je viens malheureusement de m’en aper- cevoir pour mes métis de Canards dont il à été plusieurs fois question dans ce Bulletin. Lorsque je fis part l'hiver dernier à M. le Président de l'élevage de ces produits singuliers, je comptais bien redou- bler de soins le printemps suivant pour en continuer la série, et multiplier ces hybrides dont je ne désespérais pas de for- mer une nouvelle race. Mais voulant faire mieux et être plus sûr du résultat, j’ai très mal fait, paraît-il, puisque j'ai perdu cette fois mon année et n’ai rien élevé du tout. On se rappelle peut-être que ma cane métisse Chipeau-sau- vage, à cause de son entêtement et de son extrême obstina- tion à ne pas se laisser rentrer le soir avec mes autres canards, vivait à l’état absolument libre sur ma pièce d’eau. La pre- mière année elle pondit dans une luzerne près de mon habi- tation; c'était fort bien; mais la seconde elle alla nicher au loin dans les champs. Je perdis ainsi une première couvée, et ce fut par hasard que je pus découvrir son deuxième nid, où les œufs et la mère couraïent les plus grands'risques. Aussi 4 SÉRIE, T. Il. == Août 1885, 26 402 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. me promis-je bien qu’à l’avenir il n’en serait plus de même, et au printemps suivant, malgré son extrême défiance, à force de persévérance et après maints essais variés et infructueux, je parvins cependant un beau jour à la prendre et à la priver de ses ailes. L'année précédente, ellé avait fait deux couvées dont une seule avait réussi; bien sûr cette fois, sous ma direc- lion immédiate, soignée et nourrie comme je me proposais de le faire, et ne la laissant pas couver elle-même, elle en ferait trois que j'espérais bien élever, car tous ses œufs d’or- dinaire sont fécondés et les petits viennent à merveille. On voit quel succès! Mais javais compté sans ma cane, et, bien que jouissant d’une santé parfaite, bien que mise au régime de.mes Caro- lins et Mandarins, ayant de l’eau, de l'herbe et de l’espace à discrétion, gorgée de pain et de toutes sortes de friandises, elle ne voulut jamais pondre un: seul œuf cette fois. [l'est vrai que le printemps d'avant, presque toujours:absente de chez moi, elle avait dû pâturer dans:les douves et fossés du voisinage une nourriture sinon plus abondante; du moins plus variée de plantes et d'insectes marécageux. Mais par ailleurs elle n’avait mené cette vie vagabonde quéle second printemps; le premier, elle ne 's’était jamais absentée de chez moi et elle avait néanmoins pondu. En outre, si elle paraissait jouir du, plus grand bien-être matériel, elle semblait en même temps fort heureuse; prenant très, bien avec les autres canes et canards; ils n’avaient jamais avec elle de querelles sérieuses, et son gros Milouin, qui ne la quit- tait pas, était toujours plein de tendresse et d’affection pour elle. 9 | Que lui manquait-il donc de plus que d'habitude pour qu'il se produisit chez elle-un tel.et si fâcheux changement, pour qu’elle interrompît sa ponte précisément la troisième année où ces sortes d'oiseaux jouissent généralement de leur pleine fécondité? | | Il lui manquait ses ailes. Si la première année elle ne s’absentait pas et revenait toujours tomber sur ma pièce d’eau, plusieurs fois dans la journée elle faisait de grandes CROISEMENTS DE CANARDS. 403 rendonnées en volant, exercice, paraît-il, indispensable pour certains oiseaux qui ne peuvent reproduire qu’à cette, con- dition. Et peut-être même cet exercice n’a-t-1l pas besoin d’être aussi complet chez certaines espèces et chez certains indivi- dus. Le simple sentiment, le bien-être qu’ils éprouvent de posséder leurs ailes même en ne s’en servant que peu ou point, leur suffit parfois, ainsi que j'ai pu le remarquer; tandis que l’état contraire est évidemment chez eux une cause de gêne, d’agacement, d'irritation perpétuelle, sans doute fort nuisible à la reproduction. Car l'oiseau, pour reproduire, a besoin d’une tranquillité parfaite au physique et au moral, ainsi que le prouvent certains oiseaux en volière ou en par- quet, qui, s’ils ne sont absolument, seuls, s’ils sont tant soit peu troublés par la présence de voisins, d’un autre couple, s’abstiennent de nicher. Et c’est ainsi encore que des oiseaux pris à l’état sauvage, les canards par exemple, ne repro- duisent qu'après nombre d'années et le plus souvent jamais, parce que le sentiment de la liberté les tourmente sans doute bien longtemps après qu'ils sont devenus fort apprivoisés, et qu'ils semblent même avoir.entièrement pris leur parti de la captivité. On voit donc que la faculté de reproduction tient à fort peu de chose, et qu'il n’est pas étonnant que la privation de l'usage des ailes puisse exercer une fâcheuse influence sur la ponte. M. Touchard, dans son Guide sur l'élevage, est de cet avis pour les Carolins et Mandarins qui, prétend-il, non éjointés produisent mieux même en volière (1), et. je l’ai expérimenté également pour ces mêmes oiseaux en leur laissant leurs ailes, non en volière, mais en pleine liberté; malheureusement des chasseurs :maladroits sont venus à plusieurs reprises me prouver que j'avais encore de l’avantage à couper les ailes de mes reproducteurs. Cependant comme avec ma femelle mé- Usse il y à à choisir entre une bonne reproduction et une absence complète de reproduction, je suis bien décidé pour (1) Guide pour élever les Faisans.…, Canards Mandarins et de la Caroline, p. 86. | 404 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. le printemps prochain à en courir les risques et à lui laisser, comme les deux premières années, son entière liberté. Quant aux produits de cetle métisse et du Milouin, je n’en ai encore obtenu aucun résultat, bien que deux de ces femelles eussent atteint ce printemps leur deuxième année el fussent par là même absolument adultes. Seulement le motif qui à influé sur la fécondité de la mère a bien pu avoir chez elles le même résultat; toutes, le printemps dernier, étaient en effet privées de leurs ailes. Depuis ma précédente notice sur ces hybrides, c’est-à-dire depuis l’autre hiver (1), je n'ai que peu à y ajouter. Leur plu- mage, suivant l'habitude, même des oiseaux prenant leurs couleurs dès la première année, est devenu un peu plus bril- lant en vieillissant. Ainsi, depuis la mue de cet automne, le miroir de l'aile, entièrement cendré et terne l’année dernière et absolument semblable à celui du Milouin, a pris chez la plupart d’entre eux, même chez les femelles, des teintes d’un vert bronzé avec reflets. Le fait le plus singulier s’est produit dans la mue d’élé. On sait que les canards subissent deux mues chaque année : la grande mue, celle d’été, où toutes les plumes sans exception sont remplacées par des nouvelles, et, trois mois plus tard, la mue d'automne, où ils changent seulement leurs petites plumes à l’exelusion des grandes ou rémiges. À la mue d'été, quelques genres de canards, tels que les Tadornes, les Casar- kas, certains Fuligules, reprennent le même plumage, tandis que la plupart des canards proprement dits, Pilets, Carolins, Mandarins, etc., perdent entièrement à cette époque leurs brillantes couleurs, pour revêtir la modeste livrée des jeunes et des femelles ; on dirait de nouveaux oiseaux tant leur cos- tume est devenu différent. Le canard sauvage et le Chipeau sont de ce nombre, ils revêtent un plumage fauve et terne, tandis que le Milouin, au contraire, est de ceux qui ne modi- fient pas sensiblement le leur; il conserve pendant l’été le (1) Janvier 1884. CROISEMENTS DE CANARDS. 405 beau roux vif et brillant de sa: tête et de son cou, ainsi que son plastron noir et son manteau d’un gris argenté richement rayé de fins zigzags. | Comment mes mâles métis, issus de parents ayant des usages si différents dans le port de leurs habits d’été, allaient- ils procéder dans cette mue”? Le cas pour eux semblait assez embarrassant. Emprunteraient-ils aux traditions de leurs différentes familles, faisant une sorte de mélange des costu- mes, où la belle livrée serait, comme chez leur père Milouin, conservée pendant la saison d’élé, mais teintée et lavée du gris des mâles des deux autres espèces à pareille époque? Ou bien, chose plus vraisemblable, étant donnée la contexture de leur plumage court et serré, brun et uni chez les jeunes mâles et les femelles, se rapportant à peu près exclusivement à celui du Milouin, ne conserveraient-ils pas comme lui leurs belles couleurs dans toute leur pureté et leur brillant pendant cette saison? Il n’en fut rien; et cet usage paternel de porter ses beaux habits toute l’année a été entièrement abandonné pour en revenir à la tradition plus simple de leurs aïeux Chipeau et sauvage; depuis la fin de juin jusqu’en octobre, ces métis sont devenus complètement gris, à les confondre avec les femelles. Quant à leurs mœurs, elles sont restées les mêmes; leur instinct de sociabilité gênante ne s’est nullement démenti, et chaque soir nous les rentrons avec autant de facilité. Un d’entre eux cependant, un mâle sans motif explicable, est devenu tout à coup absolument rebelle, et depuis le milieu de l’été dernier, 1l vit à l’état de liberté complète, sillonnant fréquemment l'air de ses ailes rapides, mais sans jamais, jusqu’à ce jour, s’abattre ailleurs que chez moi. Un autre, une femelle, a également sa liberté entière de- puis la mue; mais pour celle-là de mon plein gré, car je la connais, ainsi que ses instincts soumis et absolument ‘tranquilles; je lui ai laissé ses ailes, présumant qu’elle n’en abuserait pas et surtout pour le plaisir de lui voir déployer avec plus de facilité et de grâce ses talents de société, c’est-à- dive de venir chercher dans la main en volant le pain qu’on 406 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. lui présente. En effet, jusqu'à présent, jamais encore elle ne s’est écartée de ma pièce d’eau, si ce m’est pour venir mendier quelques bouchées à la porte de la salle à manger et, le soir, pour rentrer docilement se coucher dans la basse- cour avec ses Compagnons. Si le printemps, ce qui est à craindre, ne vient pas jeter un peu trop de dissipation dans ses mœurs et habitudes, si elle veut continuer à rester aussi raisonnable et sédentaire que par le passé, je l'en récompenserai en lui laissant ses ailes, et peut-être de son côté me fera-t-elle l’agréable surprise de quelque jolie: couvée: SUR LES ÉTANGS DE LA BASSE-CAMARGUE Par M. Paul BROCCHI. Je désirerais entretenir la Société de quelques observations faites sur les étangs de la Basse-Camargue. | Comme chacun sait, cette région de la Provence a été for- mée par les alluvions du Rhône, et est comprise entre les deux bras de ce fleuve (grand et petit Rhône). Les nombreux étangs de la Basse-Camargue communi- quaient autrefois librement avec la mer. Depuis, ils en ont été séparés par une digue qui, partant de Faraman, s’étend jusqu'aux Saintes-Maries, près du petit Rhône. Cependant cette digue présente plusieurs ouvertures tou graus, qui permettent à l’eau de mer de pénétrer dans les étangs. On a depuis longtemps attiré l'attention sur la grande si- militude existant entre le Delta du Rhônetet celui du Pô. On avait donc naturellement pensé que les lagunes du Rhône pouvaient être exploitées comme le sont celles du fleuve ita- lien à Commacchio. | Malheureusement, cette exploitation serait difficile, tous ces étangs appartenant à des propriétaires différents et ne s’accordant pas toujours entre eux. Cependant, il n’en faut pas conclure que l’on ne peuttirer aucun parti de ces étangs. Aussi ai-je été très heureux quand, assez récemment, les propriétaires de plusieurs de ces lagunes ont bien voulu me prier de me rendre en Ca- margue pour voir ce que l’on pourrait espérer au de vue de la mise en culture de ces étangs. La propriélé que J'ai été appelé à visiter comprend une vaste surface d’eau, qui peut se subdiviser en deux groupes bien distincts. Le premier comprend l’étang de Faraman, le vieux Rhône, etc. ; le second est formé par le NS et mel ques autres En Les étangs formant le premier groupe sont dès à présent 1408 SOCIËTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. . parfaitement exploitables comme pêcheries. Ils peuvent, en effet, recevoir à volonté de l’eau douce ou de l’eau salée. Ceux d’entre eux qui se trouvent les plus éloignés de la mer ont vu leur degré de salure s’amoindrir considérablement, et cependant les Muges y pénètrent chaque année en nombre considérable. On sait en effet que ces poissons remontent vo- lontiers dans les eaux douces, et peuvent même s’y multi- plier. L'eau de ces étangs saumâtres possède une faune assez restreinte en espèces, mais suffisante pour alimenter les pois- sons. On y trouve quelques petits Crustacés, quelques Mol- lusques (Cardium édule, etc.). Comme je l’ai déjà dit, il serait d’ailleurs très facile d’aug- menter la salure de ces eaux, tout en gardant, bien entendu, une certaine mesure. On a, en effet, observé que lorsque les eaux marquent environ 6 degrés à l’aréomètre de Baumé, les Muges et les Anguilles périssent rapidement. En résumé, l'élevage des Muges et des Anguilles me semble parfaitement possible dans ces étangs. Il faudra seulement empêcher les Muges d’obéir à leur instinct, qui les porte à regagner la mer dès l’approche des premiers froids, par des moyens analogues à ceux employés dans le bassin d'Arcachon. Il sera également nécessaire de leur créer des abris contre le froid et la trop grande chaleur. Mais nous savons que cela est possible, depuis les intéressantes tentatives faites à Port- de-Bouc par notre collègue M. Vidal. On pourra, je crois, utiliser aussi ces étangs pour l'élevage de quelques Mollusques comestibles, et en particulier des Huitres et des Moules. A diverses reprises, l’élevage des Huîtres a été essayé dans les étangs de la Camargue. Ces essais n’ont pas été couronnés de succès. Suivant moi, il est parfaitement possible de réussir en ne plaçant pas les Huîtres directement sur le sol, mais en les déposant dans des paniers, suivant la méthode employée dans le golfe de Tarente. Je puis dire d’ailleurs que des essais faits à mon insligation, et d’après ce procédé, ont parfaitement réussi dans l’étang de Berne. LES ÉTANGS DE LA BASSE CAMARGUE. A409 En terminant, je signalerai aussi la présence dans ces étangs saumâtres de la Crevette grise, ou Crango vulgaris. Jusqu'à présent, ce Crustacé n’a pas été considéré comme alimen- . taire dans cette région de la France. Je crois qu’il serait possible d’en tirer parti. Tels sont les faits sur lesquels je désirais attirer l’ättention de la Société. J’ai pensé qu’il n’était pas sans quelque intérêt d'attirer l’attention de nos collègues sur une expérience qui va être faite sur une grande échelle, et dont les diverses phases mériteront d’être suivies avec allention. ÉDUCATIONS D’ATTACIENS SÉRICIGÈNES FAITES À, NORBITON-SURREY (ANGLETERRE) EN 1884 Par M. Alfred WAILLY. Travaillant depuis quelque temps à la rédaction d’un cata- logue raisonné des Allaciens asiatiques et américains, je ne puis vous envoyer qu’un rapport très succinct des éducations de l’année 1884. Comme les années précédentes, j'ai fait ou tenté l'éducation de plusieurs des principales espèces sérici- gènes : Telea polyphemus, Platysamia cecropia, P. ceanothi (Californica), Callosamia promethea et Actias luna, de V’'A- mérique du Nord; Attacus Cynthia, Aniheræa Pernyi, À. Roylei-Pernyi, A. mylitta, Altacus atlas et Cricula tri- fenestrata, d’origine asiatique. Je vais maintenant suivre ces espèces dans l’ordre donné ci-dessus, et indiquer le plus brièvement possible les résultats obtenus. Telea polyphemus. — Éclosions des Papillons du 18 avril au 18 mai; en 1883, elles avaient eu lieu du 24 mai au 25 juin ; une vingtaine de Papillons en tout; aucun accouple- ment. Les cocons étaient tous petits et de mauvaise qualité. Platysamia cecropia. — Éclosion des Papillons du 13 avril à la fin de juin. Nombreux accouplements. Élevage de quel- ques Chenilles, seulement dans le but de les comparer avec celles de Plalysamia ceanothi. Platysamia ceanothi (Californica). — Dans mon rapport pour l’année 1880 se trouve une courte description de cette espèce, provenant de la Californie, et qui est très rapprochée de Cecropia et de Gloveri. En 1880, j'obtins deux accouple- ments et élevai les Chenilles sur le Saule jusqu’au troisième âge; mais elles périrent quelques jours avant d’avoir atteint le quatrième âge. En 1884, avec une vinglaine de cocons qui me donnèrent de magnifiques Papillons, éclos du 22 mai au 15 juillet, il me fut impossible d'obtenir un seul accouple- ment; mais une femelle Ceanothi et un mâle Cecropra s’ac- ÉDUCATIONS D’ATTACIENS SÉRICIGÈNES. A1 couplèrent le 5 juin, et un autre accouplement, également entre une femelle Ceanothi et un mâle Cecropia, eut lieu le 22 juin. La première femelle pondit 229 œufs, la seconde 298. Ces œufs, tous bien fécondés, commencèrent à éclore, ceux du premier accouplement, le 26 juin, ceux du second, lé 6 juillet. Un troisième accouplement avait eu lieu le 8 juin, entre un mâle Ceanothi et une femelle Cecropia, mais il n°y eut pas d’éclosions de larves. Lorsque les accouplements de Ceanothi et de Cecropia eurent lieu, il y avail dans les cages des mâles et des femelles Ceanothi. Les cages élaient dans une chambre. D’après ce que j'ai observé plus tard, je suis porté à croire que des ac- couplements de Ceanothi entre eux auraient eu lieu si j'avais placé les cages à l’air libre. Ceanothi, comme certaines autres espèces, s’accouple difficilement en chambre. Le Cecropia est une espèce robuste et moins difficile sous le rapport du local. Il'est, je crois, préférable de toujours placer les cages à l'air libre, à moins que le temps ne soit par trop froid. Il ya des difficultés à surmonter pour arriver à un parfait succès. Cer- tains éducateurs affirment que, lorsque les accoupléments ont lieu à une tempéralure au-dessous de 16 degrés centigrades, lès œufs ne sont pas fécondés, ou le sont mal, ou en partie seulement. En chambre, les Papillons de la plupart des es- pèces, par suite du manque d’air ou de la trop grande cha- leur, voltigent continuellement et se brisent les ailes contre les parois de la cage, d'où ils cherchent à s’échapper, et ils refusent de s’accoupler. A l'air libre, il y à à craindre des accidents pour les cages et les Papillons, à moins qu'on r’ait un local spécial ; les Chats peuvent renverser les cages ou en déchirer les parois: Enfin, il y a à se garer des accidents. Une fois un accouplement accompli à air libre, 1l serait, je erois, préférable de rentrer la cage, si la froidure de la nuit est à craindre. Mes Papillons Mylitta se sont très bien accouplés à l’air libre, tard dans la soirée, et les œufs étaient tous par- faitement fécondés, les Papillons étant restés toute la nuit dehors. L’éclosion des œufs provenant du premier accouplement, 419 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. celui du 5 juin, eut lieu à partir du 26 juin, et celle des œufs provenant de l’accouplement du 22 juin eut lieu à partir du 6 juillet. La différence principale qui existe entre les Chenilles de l’hybride Ceanothi-Cecropia et celles de Cecropia, c’est qu'au troisième et au quatrième âge, celles de l'hybride ont dix tubercules rouges sur le dos, tandis que les Chenilles de Cecropia n’en ont que quatre. Une partie des Chenilles de l’hybride avaient, au quatrième âge, tous les tubercules dor- saux de la même couleur, comme les Chenilles de Platysamia Gloveri. * Ces Chenilles d’hybride, élevées d’abord en chambre jus- que vers la fin du deuxième âge, furent ensuite placées sur des branches de Pommier et sur un Saule dans le jardin, et recouvertes d’un manchon de mousseline. Malheureusement, elles furent toutes détruites par des Perce-oreilles qui s’intro- duisirent dans les manchons. Plusieurs de mes correspon- dants ont réussi à élever cet hybride, et ils m'ont envoyé quelques cocons. Le cocon de ce nouvel hybride a la forme de celui de Ceanothi; mais il est un peu plus gros et d’une couleur moins foncée. Le Papillon de cet hybride ressemblera-t:1l à Gloveri, qui tient le milieu entre Ceanothi et Cecropia? Sa naissance, que j'attends au mois de mai ou de juin, sera pour moi du plus grand intérêt. J'espère que ceux de nos collègues qui ont élevé l’hybride nous feront connaître le résultat de leurs éducations. | Callosamia promethea.— Comme les années précédentes, je reçus en 1884 une grande quantité de cocons de cette es- pèce, dont les éclosions de Papillons commencèrent le 23 mai et se terminèrent le 17 juillet. J’eus un très grand nombre d’accouplements et élevai les Vers en plein air, sur les Lilas, avec la plus grande facilité. Les Vers commencèrent à filer leurs cocons à partir du 25 septembre. Aclias luna. —- Avec une grande quantité de cocons, Je n’obtins qu’un seul accouplement, qui eut lieu le 14 juin. La plupart des œufs de cette ponte étaient mauvais, et les quel- ÉDUCATIONS D'ATTACIENS SÉRICIGÈNES. 413 ques Chenilles écloses périrent en quelques jours. Les cocons, au nombre de quatre-vingis à peu près, étaient tous petits et faibles, et provenaient évidemment d’une éducation en capti- vité mal dirigée ou négligée. Le 1” août, je reçus de Brooklyn vingt-trois magnifiques cocons Luna de la seconde génération ; treize Papillons avaient éclos et péri pendant la traversée et deux cocons étaient morts. Des huit cocons restants, j'obtins de robustes Papillons et trois accouplements, un mâle s'étant accouplé: deux fois. L’éclosion dés Papillons eut lieu dès le jour même de l’arrivée des cocons, le 1* août, et elle se termina le 6 du même mois. Le premier accouplement eut lieu le 3, le deuxième le 5 et le troisième le 7 août. Les Chenilles provenant du premier accouplement, écloses le 13 et le 14 août, commencèrent à filer ie 28 septembre, et le 18 octobre l'éducation fut terminée. Les Chenilles élevées dans la maison, sous cloches et sur des feuilles de Noyer, profitèrent remarquablement bien, et'il n’y eut aucun accident ni aucun cas de maladie. J’obtins une quarantaine de cocons avec soixante œufs à peu près que je m'étais réservés pour cette éducation. Les cocons sont beaucoup plus gros que ceux que J'ai reçus en premier lieu d'Amérique. Ailacus cynthia (Ver à soie de l’Aïlante). — En 1884, je ne reçus qu'une vingtaine de ces cocons, qui me furent envoyés des États-Unis. L’éclosion des Papillons eut lieu du 98 juin au 6 juillet. Avec vingt papillons, j'obtins onze ac: couplements, quelques-uns des mâles s'étant accouplés deux fois. | L'éducation d’un certain nombre de Chenilles eut lieu, en 1884, exclusivement sur le Lilas, et elle réussit parfaitement bien ; les premières commencèrent à filer le 21 septembre. Antheræa Pernyi. — Le 20 mars 1884, je reçus une cin- quantaine de beaux cocons Pernyi de M"° Turpin, dont les éducations de séricigènes, bien dirigées, ont eu un grand suc- cès. M* Turpin seule a réussi à conserver mon hybride de Roylei-Pernyi, et celte année-ci (1885) un nouvel envoi m'a été fait de cocons des deux espèces. En 1884, je reçus en 414 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. outre des œufs et des:cocons Pernyi d'Espagne. Les cocons envoyés par M*° Turpin arrivèrent chez moi en partie éclos, par suite des chaleurs anormales survenues à cette époque, et les éclosions continuèrent jusqu’au 25 mai. J’eus un grand nombre d’accoupléments, et les œufs que je m'étais réservés pour l'éducation de ce précieux séricigène, éclos vers le 15 mai, me donnèrent une quântilé de magnifiques cocons dans la dernière quinzaine de juillet. Les Vers furent élevés sur branches de Chêne coupées et en chambre. Hybride de Roylei-Pernyi. — En se reportant à mon rap- port de décembre 1884 du Bulletin de la Société, on verra que je parle de la dégénérescence, due à diverses causes, de cet hybride, et enfin de son extinction. Mais, grâce aux soins de M"° Turpin, il avait tous les ans été élevé avec le plus grand succès dans le département des Landes. En 1884, comme je l'ai dit, je reçus avec des Pernyi un certain nombre de cocons de mon hybride Roylei-Pernyi, grâce à l’obligeance de M"*° Turpin. Ces cocons, dépourvus, ainsi que je le men- tionne dans mon rapport précédent, de, l'enveloppe remar- quable qui les caractérise, furent mélangés par moi avec les cocons Pernyi, les ayant prispour ces derniers. Je ne re- marquai pas alors de différence, mais cette année-ci (1885), je Lrouve que les cocons de l’hybride sont blancs, ceux de Pernyi étant, comme l’on sait, de couleur brune. Les Papil- lons, en 1884, avaient aussi maintenu leur nuance de cou- leur, qui est plus légère que celle du Pernyi. L’éclosion des Papillons hybrides eut lieu en même temps que celle des Papillons Pernyi, el il y eut des croisements entre les deux espèces. Les croisements avaient-ils déjà eu lieu l’année précédente, et avaient-ils ainsi rapproché l’hy+ bride du type Pernyi? C’est ce qu’il me reste à savoir. Le premier accouplement que je remarquai entre deux Papillons hybrides (que je reconnaissais à leur couleur plus légère) eut lieu le 26 avril, et j’élevai les Vers provenant de cet accouplement. L’éclosion des œufs eut lieu le 22 mai, et J'obtins les premiers cocons le 24 juillet. Ces cocons, placés à la cave, se sont parfaitement bien conservés, et il n’y eut ÉDUCATIONS D’ATTACIENS SÉRICIGÈNES. 415 aucune éclosion pendant l’automne; ilen a été de même de mes cocons de Pernyi. Les Chenilles furent élevées sur les petits Chênes de mon jardin aussitôt après leur éclosion ; mais plus tard, au quatrième et surtout au cinquième âge, je fus obligé de les élever, sur branches coupées, dans la maison. Je n'en laissai que quelques-unes sur les petits Chênes, qui fu- rent presque entièrement dépouillés de leur feuillage. L’édu- cation fut des plus heureuses ; les cocons sont de même gros- seur que ceux de Pernyi, mais la soie est plus blanche. En mars dernier (1885), je remarquai à la cime d’un Poi- rier une agglomération de feuilles sèches, les seules qui fussent restées sur l'arbre. Au moyen d’une échelle et d’un râteau, j’amenai la branche à moi et trouvai au milieu de ce tas de feuilles un énorme cocon blanc, un cocon de mon hy- bride. Le Poirier sur lequel se trouvait ce cocon est à côté des petits Chênes; c’est un des arbres recouverts du grand châssis que j'ai dans mon jardin. Il est à présumer que la Chenille hybride qui a formé ce cocon a vécu sur le Poirier ; qu'après être tombée ou après avoir quitté le petit Chêne sur lequel elle se trouvait, elle a grimpé jusqu’à la cime du Poirier quelque temps avant de se transformer, et qu’elle s’est fort bien accommodée des feuilles du Poirier. | Il est probable qu’on découvrira que certaines espèces, considérées jusqu’à présent comme «MONOPHAGES », sont en réalité « polyphages »,.ou du moins peuvent le. devenir. L’Attacus cynthia, Ver à soie de l’Ailante, qui avait été, je crois, considéré comme vivant exclusivement sur l’Ailante, vit parfaitement bien sur le Cytise, le Lilas, le Cerisier, etc. Élevé sur le Ricin à l’état de captivité, dans J’Assam et autres pays, il prend le nom d’Attacus ricini. Mis en liberté, l’At- tacus ricini redevient l’Atlacus cynthia, selon l'opinion de certains sériciculteurs de l’Assam. M. Clément a déjà cité le fait que le Pernyi pourrait s'élever sur le Prunier. Un autre fait, si toutefois le résultat définitif est satisfai- sant, qu’il sera utile, de connaître, c’est que le Yama-mai, Ver à soie du Chêne du Japon, considéré comme essentielle- ment ( MONOPHAGE », peut se nourrir de feuilles d’Aubépine td 21" 416 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. aussitôt après son éclosion. Un de mes correspondants de Londres, M. Weniger, m'écrit en date du 14 avril 1885 : «Mes Chenilles de Yama-mai sont écloses ; je les nourris sur l’Aubépine, qu’elles mangent bien. » Mes Chenilles Yama- mai, écloses à partir du 21 avril, après quelques journées de orande chaleur et alors que je ne pouvais trouver des bour- geons de Chêne assez développés, mangent aussi de l’Aubé- pine, mais elles préfèrent le Charme, que je leur ai donné avec l’Aubépine, par prudence, avant de me mettre à la re- cherche des bourgeons de Chêne précoces. J’ai actuellement (25 avril) des bourgeons de Chêne bien développés, et ai discontinué l’Aubépine, ayant laissé pendant deux jours le Charme, que les Chenilles m'ont semblé attaquer aussi bien que le Chêne; mais on ne peut rien affirmer sans connaîlre le résultat définitif. Si M. Weniger réussit à bien élever ses Yama-mai jusqu'à ce qu'il puisse trouver des feuilles de Chêne, si l'éducation continuée plus tard sur feuilles de Chêne a un succès complet, alors une des difficultés dans l’éducation de cette espèce aura été surmontée, celle de l’éclosion des Vers avant le dévelop- pement des bourgeons de Chêne, dont beaucoup d’éducateurs se sont plaint. Ayant de nouveau écrit à M. Weniger au sujet de son édu- cation de Yama-maïi sur l’Aubépine, j'ai reçu, en date du 90avril 1885, la communication suivante : «Mes Yama-mai se portent à merveille. Je les nourris toujours sur l’Aubépine, et je me garderai bien de les changer de nourriture. Aujour- d’hui 30 avril, les Chenilles sont dans le sommeil, pour passer demain à leur cinquième âge. Elles ont deux pouces de long sur un demi-pouce d'épaisseur. L'éducation a eu lieu comme suit : éclosion des Chenilles, le 43 avril, en plein air. » Ren- trées et élevées dans la petite serre chaude dont je parle dans cet article, il donne le résultat obtenu jusqu’au 30 avril, et qui est remarquable. « Première mue, du 18 au 19 avril, vingt-deux heures de sommeil; deuxième mue, du 22 au 23, vingt-trois heures de sommeil; troisième mue, du 25 au 26, vingt-quatre ÉDUCATIONS D’ATTACIENS SÉRICIGÈNES. 417 : heures et demie de sommeil; quatrième mue, le 30 avril. » M. Weniger a obtenu en mai de lourds et beaux cocons de ses Chenilles Yama-Maï, élevées exclusivement sur l’Au bépine. M. Weniger parle des éducations des autres espèces de Lé- pidoptères dans sa petite serre chauffée au pétrole, qui sem- blerait être salutaire aux Chenilles, car il n’a jamais eu aucun cas de maladie, et c’est ce qui me semble le plus extraordi- naire. : Dans mon rapport anglais, récemment publié dans le Journal de la Société des Arts, de Londres, je donne quel- ques détails sur le curieux système adopté par M. Weniger pour ses éducations de Lépidoptères, et la réussite extraordi- naire qu’il a obtenue. Il élève ses Chenilles dans une grande caisse en verre, une serre en miniature, chauffée avec une lampe à pétrole sur laquelle repose une soucoupe remplie d’eau. Les Chenilles, maintenues à une température uniforme de 25 degrés centigrades à peu près, vivent dans une atmo- sphère chargée de vapeurs d’eau et de pétrole, et là, au lieu de périr de maladie, elles profitent avec une rapidité extraor- dinaire. J’y ai vu les Chenilles de l’Antheræa mylitta, écloses sept jours après la ponte des œufs, arrivées à leur dernier âge au bout d’un mois. L’A flacus atlas a été élevé de même, et, qualorze jours après la formation des cocons, eut lieu l’éclosion des Papillons; mais il n’obtint aucun accouplement. Plusieurs espèces délicates et difficiles ont été élevées de cette manière avec le plus grand succès. Il y a ici un fait qui, je crois, mérite d’être relaté. Les Chenilles d’Antheræa mylitlta et de Ceratocampa imperialis, espèces considérées comme ayant six âges, et qui ont en r'éa- lité six âges lorsqu'elles sont élevées dans des conditions normales, n’ont eu que cinq âges élevées dans cette almo- sphère chaude et humide. Il n’y a eu, m’a affirmé M. Weniger, aucune erreur de sa part sur le nombre des âges ; aucun n’a été oublié. Mon correspondant de l’île de Ceylan, qui élève depuis plusieurs années lAntheræa mylitta, affirme également, 4° SÉRIE, T. II. — Août 1885. 27 AS SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. dans un article qu’il a publié dans un journal de Colombo, et que j'ai lu dernièrement, que la race mylitla qu'il élève n’a que cinq âges; et là aussi, dans l'ile de Ceylan, c'est une atmosphère chaude et humide. Platysamia cecropia, lui aussi, a six âges, mais ne pour- rait-il pas n’en avoir que cinq seulement élevé dans les mêmes conditions? Ne pourrait-on conclure de ces faits que cer- taines espèces de Lépidopières peuvent avoir plus ou moins d’âges selon les circonstances ou selon le milieu où elles sont élevées? De nouvelles expériences seront faites à ce sujet, que je soumettrai à la Société. Antheræa mylitta. — L'éclosion des Papillons de cette espèce commença le 20 juin et se termina le 21 octobre. J’eus une grande quantité de gros et magnifiques Papillons, qui lous cette année refusèrent de s’accoupler en chambre. Enfin, le 19 août, je plaçai le soir une cage contenant un couple de Papillons sous un arbuste dans un massif du jardin, malgré les accidents à craindre pour la cage et les Papillons; l’accou- plement eut lieu; un deuxième eut lieu le 22, un troisième le 93 août, enfin un quatrième eut lieu le 14 septembre toujours dans les mêmes conditions. Je reconnus alors la véritable cause de l’insuccès que j'avais eu, préalablement; c'était d’avoir laissé les cages dans une chambre au lieu de les meitre à l’air libre. L'air frais, au lieu de les affaiblir, leur donnait au contraire. de la vigueur et ils s'accouplaient sans se dé- battre. La saison étant alors trop avancée pour avoir chance d'élever cette espèce sans chaleur artificielle, j’envoyai les œufs, à l'exception de quelques-uns, en Amérique et en Es- pagne. Le 23 août, J'en envoyai jusqu’en Géorgie et l’éclosion des larves eut lieu le 6 septembre, le lendemain de l’arrivée des œufs. Mon correspondant réussit à élever les larves sans aucun accident ; mais ayant été obligé de s’absenter pendant quinze jours, il les laissa à la charge d’une personne qui les négligea, et à son arrivée mon correspondant les trouva toutes mortes. Chez moi, les œufs pondus le 20 août commencèrent à éclore le 10 septembre, et ceux de la ponte du 23 août com- ÉDUCATIONS D’ATTACIENS SÉRICIGÈNES. A9 mencèrent à éclore le 13 septembre ; je n’en tentai nullement l'éducation, e’eût été peine perdue. Un de mes correspondants d'Espagne, M. Gabriel Seg:in, vice-consul britannique, m’a envoyé un rapport très détaillé de ses travaux, que j'ai inséré in exlenso dans mon rapport anglais. Le succès relatif qu’il a obtenu fait espérer qu'il réussira à acclimater ce séricigène en Espagne. Avec 30 co- cons que je lui envoyai, 1l obtint 29 Papillons, du commen- cement du mois de juin jusqu’au 3 septembre. Il eut 3 accou- plements, un le 31 juillet, un autre le 15 août, un troisième le 14 août. M. Segin a obtenu 32 cocons de l'éducation des Vers pro- venant du premier accouplement, à l'air libre sur le Chêne, succès remarquable si l’on considère le nombre de Vers qui périssent au premier âge, et par suile des attaques de leurs nombreux ennemis. Par suite d’un grand changement de température, les Vers, provenant des deux derniers accouplements, périrent tous au dernier âge au moment où ils auraient dû filer leurs cocons, le 14 et le 15 novembre. Hybride Mylitta-Pernyi. — Outre les 3 pl tuente de Mylitta, M. Segin obtint l’accouplement d’un mâle Mylitta avec une femelle Pernyt, el accouplement d’un mâle Pernyi avec une femelle Mylilta. Les œufs de l’accouplement Mylitta mâle et Pernyi femelle furent parfaitement bien fécondés ; ceux du second n’eurent aucun succès, les quelques Chenilles qu’il obtint ayant péri quelques jours après l’éclosion. Les Chenilles de l'hybride Mylilta-Pernyi élevées, comme celles de Pernyi et de Mylitta, à l'air libre sur le Chêne four- nirent de magnifiques cocons ressemblant à ceux de Pernyi, mais à soie plus blanche. M: Segin a obtenu 100 cocons de ce nouvel hybride, et il m'en a envoyé 30. J’attends dej jour en jour l’éclosion de ces nouveaux Papillons. Je reçois, en date du 18 avril 1885, une nouvelle commu- nicalion de mon correspondant d'Espagne, M. Segin, qui m'annonce l’éclosion de 3 Papillons de l’'hybride Mylitta- Pernyi:un mâle éclos Le 10 avril d’un rouge foncé, mais 490 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. différant d’une manière sensible des Papillons Mylitta ; le 14 a lieu l’éclosion d’un Papillon femelle différant d’une ma- nière encore plus sensible dès deux types producteurs. L'é- closion du troisième Papillon, qui est encore une femelle, eut lieu le 15 avril; cette femelle ressemble à la première. Ces éclosions régulières donnent chance à mon correspondant et à moi aussi d'obtenir un certain nombre d’accouplements. Attacus atlas. — En 1884, il m’a encore été impossible d'élever ou de faire élever cette espèce, n'ayant Jamais eu chance d'obtenir un seul accouplement. De quelques cocons de la grande race de l'Himalaya qui me restaient de l’année 1883, j'obtins deux Papillons femelles, un le 6 juillet, le se- cond le 21 juillet. Avec un grand nombre de cocons de la race de Ceylan je n’obtins que trois Papillons : une femelle le 4 septembre, un mâle le 9 et un autre mâle le 20 sep- tembre. Dans mon rapport anglais je reproduis la lettre très intéres- sante de mon correspondant de l’île de Ceylan, qui, après plusieurs tentatives infructueuses, a réussi en 1884 à dissoudre la gomme et à carder ou plutôt à filer à la main les cocons de l'Atlas. J'en ai reçu un fort échantillon, le produit de 4 co- cons seulement. La soie est très fine et mon correspondant la considère comme étant supérieure à celle de Mylilta. D’après les échantillons de soie que j'ai eu le plaisir d'envoyer à la Société, on pourra juger de la qualité des diverses espèces de soie et les comparer à la soie de Sericaria mori. Circula trifenestrata. — Pour la première fois, en 1884, j'ai réussi à élever et à faire élever cette curieuse espèce séri- cigène qui n'avait pas encore été élevée en Europe, et cela avec 18 ou 20 cocons seulement qui m’avaient été envoyés par colis postal des montagnes ou collines Shervaroy (Sher- varoy Hills) à une distance de 150 milles à peu près de Ma- dras. L’éclosion des Papillons commença le 20 juin et se termina le 5 juillet. J’obtins 2 acconplements : le premier eut lieu le 29 juin un peu après minuit, et j'en obtins 221 œufs. Le second accou- plement eut lieu le 7 juillet et le produit fut de 211 œufs. Les ÉDUCATIONS D'ATTACIENS SÉRICIGÈNES. A91 œufs du premier accouplement commencèrent à éclore le 13 juillet et ceux du second le 93 juillet. Les Chenilles furent élevées sous cloches dans la maison et avec la plus grande facilité. Comme je l’ai déjà mentionné dans un rapport précédent, ces Chenilles vivent en famille et forment leurs cocons en masses plus ou moins fortes; mais en caplivité élevées en petites quantités, elles formèrent leurs cocons séparément, ou à deux, à trois, à quatre et à six au plus. Une espèce de poche légère entoure les cocons qui sont d’un beau jaune d’or et à réseau, ce qui permet de voir la chrysalide à travers le cocon qui est peu soyeux. Les Chenilles écloses du 13 juillet opérèrent leurs change- ments comme suit: deuxième âge le 95 juillet, troisième le 3 août, quatrième le 10, cinquième et dernier âge le 16 août. Elles se mirent à filer le 22 août et terminèrent dans l’espace d’une semaine. L’éclosion complète des Papillons eut lieu du 3 au 12 octobre et il ne resta aucun cocon pour l’année 1885 ; mais en janvier 1885 je reçus une petite boîte de cocons de la même locatité que ceux envoyés en 1884 et en parfait état; une autre boîte reçue le 24 avril a été entièrement perdue, les Papillons ayant éclos pendant le voyage ou avant péri dans le cocon. L’éclosion des Papillons ayant lieu peu de temps après la formation de.la chrysalide, il est très difficile d'obtenir les cocons vivants, quoiqu’ils soient envoyés par le colis postal. Dans mon rapport du journal de la Société des Arts, j'ai donné une courte description de la Chenille à tous ses âges, suivie d’une description détaillée de M. F. Moore, du Bethnal green Museum, et d’une autre par M. W. F. Kirby, du Musée britannique. Cette Chenille aux couleurs variées est très velue et elle est couverte de tubercules charnus rouges; elle est très polyphage. Après avoir été élevée dès son éclosion sur le Prunier, le Pommier, le Poirier et le Saule, elle fut élevée exclusivement sur le Prumier, qu’elle sembla préférer. Vers à soie de l'Assam. — Mon rapport anglais se termine par un article extrait du rapport de M. E. Stack, directeur d'Agriculture, sur la sériciculture dans l’Assam. 429 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Dans la première partie de son rapport, M. Stack décrit 3 espèces de vers domestiques qui sont cultivées dans l’Assam : le Ver à soie du müûrier, dont il y a deux espèces, l’une uni- voltine (Bombyx tleælor) et l’autre polyvoltine (Bombyx cræsi). La deuxième espèce est l’£ri (Ver à soie du ricin) (Atlacus ricini), élevée comme le Ver du müûrier dans les maisons. La troisième espèce est le Ver muga, ou Antheræa Assamensis, espèce multivoltine, élevée à l'air libre sur les arbres, et dont on obtient cinq récoltes dans quelques parties de la vallée de l’Assam. Les Vers de cette dernière espèce sont surveillés pendant toute la durée de leur éducation, afin de les protéger contre leurs nombreux ennemis. Le Ver est élevé sur le Sum (Machilus odoralissima) qui est sa nourri- ture favorite, et aussi sur le Sualu (Tetranthera monopetala). Elevé sur d’autres arbres,le Ver produit une soie inférieure. La meilleure soie s’obtient du Ver élevé sur le Sum. La dernière partie de l’ouvrage de M. Stack traite des Vers à soie sauvages dont il cite neuf espèces, parmi lesquelles se trouvent l’Attacus cynthia qui est considéré comme étant l’Attacus ricini à l’élat sauvage, l’Altacus atlas, Cricula tri- fenestrata, plusieurs espèces d'Antheræa mylitla, Actias, Selene, etc. Toutes ces espèces prendront place dans mon catalogue des espèces asiatiques, où la nourriture sera indiquée pour cha- cune d'elles. DES PRODUCTIONS. VÉGÉTALES DU JAPON Par le docteur Édouard MÈNE. (Suite et fin.) THYMELÉES. EDGEWORTHIA PAPYRIFERA. Mits mata. — Dans la classe 44 (Produits des exploitations et industries forestières), le tableau des productions utiles indiquait au n° 131 l’Edge- worthia papyrifera sous le nom de Mits mata avec un spé- cimen d’écorce et un paquet de larges fibres blanches. Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires), parmi les matières premières pour fabriquer le papier était exposée une vitrine remplie de fibres blanches d’Edgewor- thia papyrifera. - Dans la classe 10 (Papeterie), étaient placés un certain nombre d'échantillons de papier d'Edgeworthia papyrifera. L’'Edgeworthia papyrifera de Siebold et Zuccarini (1), de Miquel (2), de MM. Franchet et Savatier (3), et Dupont (4), que les livres Kwa-wi (5) et le Hon-2au-20-fu (6) donnent sous le nom de Mits mala, se rencontre, à l'état sauvage, au pied du volcan Fudzi Yama dans l’île de Nippon : Arbuste de 4%,20 à 1,50 de haut, à branches et rameaux flexibles, qui donne en hiver des fleurs blanches à l'extérieur, jaunâtres à l’intérieur, recouvertes de duvet, venant en capitules très: serrés et se montrant avant les feuilles. L'Edgeworthia papyrifera est fréquemment cultivé. (1) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, n° 694. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 299: (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 405, n° 1450. (4) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 102. (5) Kwa-wi, Arb., IT° vol., p. 90-91, n° 11. (6) Hon-zau-30-fu, vol. IX, folio 3, recto. 42% SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. D’après la Commission japonaise (1) on coupe les tiges au niveau du sol, au bout de trois ans, quand elles ont ! mètre de haut, de la fin novembre au milieu de février ; c’est sur- tout pendant le froid qu’on pratique ces coupes. L’écorce de l'Edgeworthia papyrifera sert à fabriquer un papier com- mun, très solide et très employé au Japon. L'Edgeworthia papyrifera introduit en France fait partie de la collection de Segrez. WIKSTRŒMIA CANESCENS. Gampi. — Le tableau des produc- lions utiles marquait au n° 132 le Wikstræmia canescens sous le nom de Gampi, avec un spécimen de fibres blanches. Dans la classe 10 (Papeterie), étaient exposés des échantillons de papier fin et souple fait avec le Gampi el provenant de Sid- suoka (province de Suruga). - Le Wikstræmia canescens de Miquel (2), de Franchet et ce (3) : Passerina Gampi de Siebold et Zuccarini (4), croit, à l’état sauvage, dans les îles de Kiu-siu et de Nippon, principalement dans la province d'Idsu; plante vivace qui fleurit de juillet à août. L’écorce du Wäikstræmia canescens est utilisée pour fa- briquer un papier fin, solide, souple, inattaquable aux vers. D’après la Commission japonaise (5), on coupe les tiges comme celles de l’'Edgeworthia papyrifera ; on les soumet à l’action de la vapeur d’eau bouillante pendant un quart d'heure; on sépare alors facilement l’écorce qu’on fait sécher à l'ombre, puis on fabrique le papier avec cette écorce par les procédés ordinaires. Le papier de Gampi se fabrique surtout à Atami dans la province d’Idsu. Une variété du Wikstræmia canescens considérée d’abord par M. le docteur Savatier comme une espèce nouvelle sous le nom de W. pauciflora, puis seulement par lui comme une variété sous la dénomination de W. canescens, var. pauci- (1) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. LI, p. 185-186. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 298. (3) Franchet et Savatier, vol. 1, p. 405, n° 1452. (4) Siebold et Zucearini, Familiæ nalurales, n° 696. (5) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. I, p. 186. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 495 flora (4), se trouve dans la province de Sinano et dans les montagnes d'Hakone (île de Nippon). D’après MM. Franchet et Savatier (2) le Japon produit aussi : Le Waiksitræmia japonica (Ki-gampi), qu'on observe sur les montagnes dans les îles de Kiu-siu et de Nippon, et le Waikstræmia Sikokiana (espèce nouvelle), trouvé par M. le docteur Rein dans l’île de Si-kok. DAPHNE GENKWA. Tchodzi Zakura. — De la famille des Thymelées au Japon, on doit noter aussi : Le Daphne Genkwa de Siebold et Zuccarini e, de Mi- quel (4), de Franchet et Savatier (5), qui est indiqué dans les livres Kwa-wi (6) sous les noms de Chignendji, de Fudzi modoki et de Tchodzi Zakura. Le Daphne Genkwa a 0",75 à 1 mètre de haut ; il donne dans le courant d'avril des fleurs d’un violet verdâtre ; il y en a des variétés à fleurs rouges ou jaunes. On le rencontre dans les régions montagneuses des iles de Kiu-siu, de Si-kok et de Nippon. Le Daphne Genkwa introduit en France se trouve dans la collection de Segrez avec var. Fortunei (7). DAPHNE opoRA. Kin tiake. — Un autre Daphne à feuilles bordées de blanc, à fleurs blanches qui se montrent en février, irès fréquemment cultivé dans les jardins, est le | Daphne odora, relaté par Thunberg (8), par Miquel (9), par Franchet et Savalier (10), que le Hon-zau-10-fu (11) donne sous le nom de Kin tiake. Le Daphne odora introduit en France est cultivé à Segrez avec var. foliis aureo-marginalis. DAPHNE PSEUDO-MEZEREUM. Oni Sibari. — On cultive aussi (1) Franchet et Savatier, vol. I, p. 405, n° 406 et vol. IN, pars 2, p. 487. (2) Hd, vol. I, p. 405-405, ne 2 (3) Siebold et Zuccarini, Flor. Japon., I, p. 137, tabl. 75. (4) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 207. (5) Franchet et Savatier, vol. I, p. 404, n° 1446. (6) Kwa-wi, Arb., vol. I, p. 89, n° 17. (7) A. Lavallée, Arboretum, p. 186. (8) Thunberg, Flora Japonica, p. 159. (9) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 297. (10) Franchet et Savatier, vol. I,ep. 404, n° 1447. (11) Hon-zau-30-fu, vol. IT, folio 2, recto. 426 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. dans les jardins japonais le Daphne pseudo-mezereum connu sous le nom de Onisibari (1), qui fleurit de janvier à février et qui a été observé par Asa Gray (2), Miquel (3), et MM. Fran- chet et Savatier (4). Les autres Daphne japonais sont, d’après MM: Franchet et Savalier (9) : Le Daphne Yesœnsis, trouvé près d'Hakodate dans l’île de Yeso par M. Maximowicz ; Le Daphne kiusiana, auquel le botaniste japonais Tanaka assigne le nom de Kosjo noki, qui fleurit en juin, sur les hautes montagnes de l’île de Kiu-siu ; Le Dhphnël japonica, qui, sitivant Miquel, est probable- ment une forme du Daphne odora. Le Jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne possède le Dauphine Japonica Maxeli, comme plante ornementale de plein air. TILIACÉES. CORCHORUS CAPSULARIS. Kana Kibio. — Le tableau des productions utiles indiquait au n° 126 le Corchorus capsula- ris sous le nom de Kana Kibio, avec un paquet de fibres blanc brunâtre. Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires), on remarquait parmi les fibres végétales, des fibres de Kana Kibio (Corchorus capsularis) et des échan- tillons d’écorce. On rencontre au Japon, dans les îles de Kiu-siu et de Nip- pon, d’après Miquel (6), MM. Franchet et Savatier (7) et Du- pont (8), le Corchorus capsularis que le Somoku Ducets (9) marque sous le nom de Kana Kibio et de Tsunaso. (1) Hon-zau-z0-fu, fol. 3, verso. (2) Asa Gray, Botan. Japon., p. 404. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 297. (4) Franchet et Savatier, vol. [, p. 403-404, n° 1414. (5) 1bid., p. 404. n° 1445 et p. 405, n°° 1449 et 41448. (6) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 206. (7) Franchet et Savatier, vol. I, p. 66, n° 270. (8) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 47-48. (9) Somoku-Dusets, vol. X, p. 93-94, n° 6. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 497 La Commission japonaise (1) et M. Dupont (2) luiassignent le nom de Jtsibi; plante annuelle qu’on sème en juin, etqui, deux mois après, à Ja fin de juillet, donne de petites fleurs jaunes. Avant ou après la maturité des graines on coupe les tiges presque au ras du soi ; elles ont 1°,50 à 1*,75 de haut. D’après M. Dupont (3) on place ces tiges dans des nattes mouillées où on les laisse pendant deux à trois jours, puis on sépare l’écorce à la main; on fait alors sécher et on emma- gasine dans un endroit sec et on divise les fibres avec les doigts..M: Dupont estime que, dans les bonnes années, le rendement à l’hectare est de 3000 kilogrammes d’écorce et de 4800 kilogrammes dans les mauvaises années. Dans cer- laines localités, on fait des paquets de tiges de grandeur égale, on les fait rouir dans l’eau courante pendant huit à dix jours, en ayant soin de les retourner de temps à autre. Si le rouissage dure quinze jours, les fibres sont plus blan- ches, mais moins solides et moins durables ; quand le rouis- sage est.plus court, les fibres sont moins blanches, mais elles durent plus longtemps. Après le rouissage on opère le décorticage à la main, on lave les fibres à plusieurs reprises, puis on les étend au soleil sur des tiges de bambou pour les faire sécher. Suivant M. Renouard (4), dans son remarquable travail sur les Lextiles des pays tropicaux, les fibres du J'ute sont d'un blanc perlé et d’un brillant caractéristique quand elles vien- nent d’être rouies; elles prennent des nuances fauves et finissent par rt brunâtres quand elles sont longtemps exposées à l'air. M. Vétillart (5), l’auteur des importantes études sur les fibres végétales textiles employées dans l'in- dustrie, formule la même opinion. Le J'ute est usité au Japon pour faire des cordages, des (1) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. 11, p. 152. (2) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 47-48. (3) lbid., p. 47-48. (4) A. Renouard fils, Études sur les fibres textiles des pays tropicaux, p. u. Lille. (5) Vétillart, Études sur les fibres végétales textiles employées dans rindus- trie, p. 161. 1876. 428 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. cordes, des toiles, des sacs et des étoffes. Dans la province de Bingo on se sert des fibres de Corchorus capsularis dans la fabrication des nattes faites avec le Xohige (Scirpus Erio- phorum) dont la trame est en fil de Corchorus capsularis. M. Dupont (1) relate que la chaîne des nattes fines fabriquées avec le Tochingoussa (Juncus effusus) se fait avec le Cor- chorus capsularis qu'on cullive exprès pour cet usage et que ses tiges sèches remplacent l’amadou. Dans l’Inde ces tiges sont utilisées pour faire un charbon pour la poudre. Elles servent aussi pour flamber les embarcations de manière à faire périr les vers et les insectes perforants (2). On en fait aussi des palissades pour entourer les champs de bétel. Le Corchorus capsularis est voisin du Corchorus olitorius, Corèle comestible ou Mauve des Juifs, dont les feuilles sont comes- tibles et dont l’écorce produit le J'ute, qui s’exporte chaque année des Indes pour plus de 120 millions de francs et forme avec le coton le textile le plus usité dans cette partie de l’ex- trême Orient. En Chine, le Corchorus capsularis nommé San lim ma est cultivé principalement dans les environs de Canton, d’après Loureiro (3) et M. le docteur Bretschneïder (4). L'exposition chinoise, dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires), renfermait des échantillons de J'ute. N° 1696. Jule provenant des douanes de Tientsin. N° 1672 — 1673 — 1674 N° 1651. Jule provenant des douanes de Chefoo. La poudre des fleurs est prescrite, d’après MM. Soubeiran et Dabry de Thiersant (5), comme remède astringent contre les hémorragies nasales et les hémorroïdes. | Jute pour toiles grossières et cordages des \ douanes de Hankow. (1) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 47-18. (2) Vétillart, Etudes sur les fibres végélales textiles employées dans l'indus- trie, p. 163. (3) Loureiro, Flor. Hgk., p. 40. . (4) D' Bretschneider, £arly European researches, p. 63 et 140, n° 74. (5) Soubeiran et Dabry de Thiersant, La malière médicale chez les Chinois, p. 229. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 499 Le J'ute a été introduit en Europe par la Compagnie an- glaise des Indes orientales en 17992, par l'entremise du doc- teur Boxburg, qui avait été envoyé à Calcutta et qui signala les avantages de la plante qu’il cultiva dans le jardin de Sibjur et qui fit parvenir en Europe des graines et des fibres de la plante qui fut appelée J'ute. Eu 1857, M. Eason fit à Dundée des essais infructueux. En 1867, M. fie (1) sema à Montpellier des graines de Corcho- rus qu'il avail rapportées de Chine et il envoya en Algérie des graines qui furent semées au jardin du Hamma et pro- duisirent des tiges de 1",50 de haut. La filasse qu’on en retira fut filée en Picardie. Le J'ule est employé pour faire des toiles d'emballage et des sacs. Il entre dans la composition des toiles cirées. On le mélange souvent au chanvre, au lin et au coton. Pour lefiler, on l’ensime avec de l'huile de poisson qui lui communique une odeur désagréable. Il supporte peu l'humidité et encore moins les lessives alcalines (2). Mélangé au colon, on en fait des étoffes destinées aux tentures d'appartements, des tapis moquétte qu’on teint en couleurs vives, mais peu durables. Mèlé à la bourre de coco, on en fait des tapis d’escalier. Mé- langé au lin, on en fait des velours de couleur. C'est un des textiles les plus employés et d’un très bon marché. TILIA CORDATA var. JAPONICA. Sima nohi. — Le tableau des productions utiles marquait au n° 142 le Tilia cordatæ sous le nom de Sima nohi, avec un spécimen d’écorce de couleur gris rosé. Dans la collection des bois de la galerie des machines on observait un échantillon de bois rosâtre de Sima nohi de 0*,26 de diamètre avec 5 millimètres. d'épaisseur d’écorce. Le Tilia cordata, relaté par Miquel (3), par Franchet et Sa- valier (4), croît dans les forêts montagneuses de la province (1) Renouard fils, Études sur les fibres textiles des pays tr Opicaux, p. ol: (2) Ibid., p. 62. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 207. (4) Franchet et Savatier, vol. I, p. 66, n° 272. 130 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. de Higo dans l’île de Kiu-siu et sur les montagnes d'Hakone dans l'ile de Nippon. L’écorce du Tilia cordata est utilisée pour ses fibres avec lesquelles on fabrique des cordes et des étoffes. TiLiA MANDSHURICA, Bodaidjiu. — On rencontre dans l’île de Yeso le Tilia Mandshurica relaté par Maximowiez (1), par Miquel (2), par Franchetl et Savatier (3) auquel les livres Kwa-wi (4) assignentlesnoms deSeïdo djiziuet de Bodaidjiu, à feuilles rondes, dentées, blanches en dessous. Les fruits du Bodaidjiu sont très durs, on les emploie pour faire des cha- pelets. Le Tilia mandshurica est cultivé surtout autour des pa- godes et des temples. D’après la Commission japonaise (5), les Ainos fabriquent leurs vêtements appelés atsushi avec l’étoffe nommée shinafu qu’on confectionne avec les fibres du Bodaidjiu. Après avoir enlevé et divisé l'écorce, on la fait sécher au soleil pendant trois jours, on la fait ensuite bouillir dans l’eau, puis on la lave à plusieurs reprises dans l’eau courante ; on la blanchit dans l’eau de riz pendant deux jours, on fait sécher et on opère ensuite comme pour le chanvre. TYPHACÉES. TYPHA LATIFOLIA. Gama. — Le tableau des productions utiles marquait au n° 149 le Typha latifolia sous le nom de Gama avec un spécimen de lige jaunâtre de la grosseur d'une plume, et un paquet de fibres. Le Typha latifolia, observé au Japon par Miquel (6), par Franchet et Savalier (7), est indiqué dans le Hon-zau-zu-fu (8) sous le nom de Gama. Il croît dans les endroits marécageux, (1) Maximowicz, Primitiæ floræ Amurensis, p. 62. (2) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ. p: 206. (3) Franchet et Savatier, vol. I, p. 67, n° 273. (4) Kwa-wi, Arb., vol. I, p. 79, n° 16. (5) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. IN, p. 152. (6) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 324. (7) Franchet et Savalier, vol. H, p. 11, n° 1798. (8) Hon-zau-20-fu, vol. XXXILL, fol. 19 et 20, verso. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 431 dans les rizières inondées, dans les îles de Kiu-siu et de Nippon. Commun dans les environs de la ville de Tokyau. Les Japonais mangent les jeunes pousses du Typha latifolia. Les tiges et les feuilles sont utilisées pour faire des paillas- sons et des naltes. Le Typha latifolia estappelé en Chine du nom de Puy hoam. Il est fréquent dans le nord de la Chine, d’après Loureiro (1) et d'après M. le docteur Bretschneider (2). Suivant MM. Soubeiran et Dabry de Thiersant (3), le Pu hoam(Typha Bungeana) est usité dans la nourriture chi- noise, on mange les jeunes pousses et les feuilles. Les Chi- nois tirent des souches une fécule avec laquelle ils font des gâteaux et ils attribuent à ces souches des vertus galactologues et toniques. Le Typha latifolia est cité dans le Kiu huang pents’ao & parmi les plantes alimentaires et dans le Pen ts'ao Kang mu (5) parmi les plantes aquatiques usuelles. Les Chinois recueillent le pollen du Typha latifolia et ils l’emploient comme remède asiringent et desséchant en guise de poudre de Lycopode. SPARGANIUM LONGIFOLIUM. Aaba.— Une autre plante de la famille des Typhacées commune au Japon estle Sparga- nium longifolium de Turczaninow: (6) relaté par Miquel (7), -par MM. Franchet et Savatier (8), que le Hon-zau-10-fu (9) et la Commission japonaise (10) donnent sous le nom de Kaba et qui est classé dans le Somoku Ducets (11) sous la dénomi- nation de Mikuri. | Le Sparganium longifolium. est une plante vivace qui (1) Loureiro, FE. Hgk., p, 67. (2) Dr Bretschneider, Early European researches, p. 181, n° 621. (3) Soubeiran et Dabry de Thiersant, La matière médicale chez les Chinois, p. 133. (4) D’ Bretschneider, Botanicon sinicum, p. o1. (5) lbid., p. 58. (6) Turczaninow, Cat., n° 1180, fl. Baic. Dah., p. 170. (7) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 325. (8) Franchet et Savatier, vol. IT, pars L, p. 11, n° 1729. (9; Hon-zau-10-fu, vol. X, fol. 20, recto. (10) Le Japon à l'Exposilion universelle de 18178, vol. II, p. 157. (11) Somoko-Dusets, vol. XX, p. 190, n° 30. 439 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. pousse, à l’état sauvage, dans les lacs, les étangs, les ruis- seaux, les endroits marécageux, les fossés et les eaux sta- gnantes. Les tiges et les feuilles du Xaba servent à fabriquer les nattes connues sous le nom de kabamushiro. URTICÉES. CANNABIS SATIVA (1). Asa. — Le tableau des productions utiles enregistrait au n° 122 le Cannabis saliva sous le nom d’Asa, avec des spécimens de fibres et des échantillons de cordes. Dans la classe 46 (Produits agricoles non alimentaires) on remarquait des vitrines de chanvre de Tochigi (province de Simotsuke); de chanvre de Yamaguchi (province de Suwo) et des spécimens de chanvre de Tokyau. Dans la classe 31 (Fils et tissus de lin, de chanvre, etc.), on observait des casiers remplis de fibres, de fils, de cordes et des échantillons de toiles de chanvre blanches et grises étiquetées O assa-fu, provenant de Tokyau et de Sakaï (pro- vince de Idsumi). Dans la classe 68 (Matériel et procédés de l’art militaire), parmi les objets exposés par l'arsenal de Yokoska, était une série de cordes et de câbles fabriqués avec le chanvre de la province de Simotsuke : plusieurs espèces de lignes gou- dronnées, des gros cäbles blancs, des gros câbles goudronnés, du bitord goudronné, des spécimens d’étoupe de chanvre et une collection de belles fibres de chanvre. Le Cannabis sativa L., relaté par Thunberg (2), par Miquel (3), par Franchet et Savatier (4), qui le donnent comme fréquemment cultivé au Japon, est désigné sous le nom d’Asa d’après le Somoku Dusets (5) et la Commis- sion japonaise (6). Il se sème à la fin d'avril et atteint (1) Le Cannabis sativa (famille des Cannabinées de différents auteurs). (2) Thunberg, Flora Japonica, p. 173. (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 65. (4) Franchet et Savatier, vol. 1, p. 430, n° 1451. (5) Somoku-Dusets, vol. XXI, p. 193, n° 49. : (6) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. If, p. 151. . PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 1433 2",40 de hauteur au mois d'octobre ; on arrache les plantes . qu'on fait sécher au soleil, on enlève les feuilles et on fait rouir pendant quatre jours ; on le lave ensuite pour enlever la vase et les matières gélatineuses ; on sépare alors la filasse qui conslitue l’écorce et on divise les fibres qu’on fait sécher au soleil et qu'on emmagasine ensuite. Le chanvre est utilisé au Japon pour fabriquer des fils, des cordages, des toiles, de la même manière qu’en Europe. Les graines, qui contiennent 15 à 95 pour 100 d’huile sic- cative, bonne pour l'éclairage, ne sont pas utilisées pour cet usage. On s’en sert seulement pour les semis. ÜRTICA THUNBERGIANA. Jrakusa. — Le tableau des produc- tions utiles marquait au n° 124 l’Urtica Thunbergiana sous lenom d’Zrakusa avec un paquet de longues fibres blanches et soyeuses. Dans la classe 31 (Fils et tissus de lin, chanvre, etc.), se trouvait une vitrine à deux compartiments, dont l’un contenait des parties de tiges avec feuilles, et des fibres blan- ches, et dont le deuxième compartiment était rempli d’étoffes blanches étiquetées Zchikusa ori. Dans la collection des fibres végétales employées pour la fabrication des étoffes, on remarquait des spécimens de fibres brutes et de fibres blanches d’Urtica Thunbergiana, avec des tiges entières et des petits casiers de graines. L'Urtica Thunbergiana observé par Siebold (1), par M. le docteur Savatier (2) : Urtica dioica de Thunberg (3) et de Miquel (4), classé dans le Somoku-Dusets (5), sous le nom d’'Irakusa, croit, à l’état sauvage, dans plusieurs provinces des îles de Kiu-siu et de Nippon. Les fibres de l’Urtica Thun- bergiana, longues, souples, résistantes, d’un beau blanc, sont employées pour faire des cordes et des étoffes appelées Tchikusa ori. Urrica prorca L. var. ANGUSTIFOLIA. Fotobano irakusa. — Le Japon produit aussi l'Urtica dioica L. var. angusti- (1) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, n° 758. (2) Franchet et Savatier, vol. I, p. 437, n° 1564. (3) Thunberg, Flora Japonica, p. 69. (4) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 294. (5) Somoku-Dusets, vol. XX, p. 186. 4° SÉRIE, T. II. — Août 1885. 28 434 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. folia, relaté par Miquel (1), par MM. Franchet et Savatier (2), qu’on rencontre à l’état sauvage, dans les îles de Kiu-siu, de Si-kok et de Nippon et qui, d’après le botaniste japonais Keiske, est connu sous le nom de Fotobano irakusa. Les fibres de l’Urtica Thunbergiana, après avoir été rouies, sont utilisées pour fabriquer des ficelles, des cordes et des toiles. UrTica NIVEA L. Kara musi. — Le tableau des produc- tions utiles classait au n°193 le Bæœhmeria nivea sous le nom de Kara musi avec un échantillon de belles fibres blanches, longues et soyeuses. La classe 31 (Fils et tissus de lin, de chanvre, etc.) renfer- mait une vitrine remplie de fibres réunies par paquets, ainsi que les spécimens d’étoffes brutes d’un brun verdâtre et des étoffes fines d'un très beau blanc provenant du B. nivea. On rencontre au Japon l’Urtica nivea L., observé par Kæmpfer (3), par Thunberg (4), par Miquel (5), par MM. Franchet et Savatier (6) : Bœhmeria nivea de Gau- dichaud, Bœhmeria sanguinea de Hasskarll, que le Hon- zau-10-fu (7) et la Commission japonaise (8) marquent sous le nom de Kara must. Le Somoku-Dusets (9) le classe sous le nom de Mao. L'Urtica nivea croit, à l’état sauvage, dans certaines par- ties de l’île de Kiu-siu, principalement dans la province de Hi-zen et dans plusieurs provinces de l'ile de Nippon, no- tamment à Siwo awa, à Tokaisi, et à Kosendai dans la pro- vince de Yetsi-go et à Yone sawa dans la province de De-wa, dans la partie septentrionale de l’île de Nippon où on le cul- tive sur une grande échelle. L'Ortie blanche ou Ortie sans dards, vivace, monoïque d’a- (1) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 294. (2) Franchet et Savatier, vol. I, p. 437, n° 1563. (3) Kæmpfer, Amænitatum exolicarum, p. 791. (4) Thunberg, Flora Japonica, p. 71. (5) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 295. (6) Franchet et Savatier, vol. [, p. 439, n° 1575. (7) Hon-zau-z0-fu, vol. XV, fol. 25, verso. (8) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. IT, p. 151-152. (9) Somoku-Dusets, vol. XX, p. 186, n° 3. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 435 près M. Audoynaud, de Nice (qui a envoyé à ce sujet une note à la Société des lettres, sciences et arts de Nice) et d’après M. Hooker (Journal of Botan., 1851) quand la plante est cultivée dans les jardins, forme des touffes de tiges ligneuses de 1,50 à 4 mètres de haut, velues, d’un rougeâtre brun foncé. Ses feuilles alternes, ovales, à dents terminées par une pointe acuminée, sont vertes et sombres en dessus, to- menteuses et blanches en dessous. Les fibres du Xara musi servent à ab qéert des étoffes d’un magnifique blanc, qu'on désigne sous le nom de Yetsi- go sijimi, Yetsi-go djofu, Yone sawa sijimi, suivant qu’elles proviennent de la province de Yetsi-go ou de Vone sawa dans la province de De-wa. Dans l’exposition japonaise on remar- quait des spécimens de ces différents tissus, ainsi que des étoffes faites de soie et de Kara musi et teintes de nuances diverses. On en fait aussi des cordages, des cordes et des filets de pêche. Outre l’Urtica nivea, on rencontre au Japon, dans le genre Bœhmeria (qui, parmi ses caractères, a la pubescence inerte au lieu des poils irritants des vraies Orties), d’après MM. Fran- chet et Savatier (1), l’Urtica (Bœhmeria) spicata de Thun- berg (2), marqué dans le Hon-zau-70-fu (3) et dans le Somoku- Dusets (4) sous le nom de Akaso, qui croît dans les régions montagneuses des îles de Kiu-siu et de Nippon. L’Urtica (Bæhmeria) longispica de Steudel (5) ou B. ma- crophylla de Siebold (6), classé dans le Hon-zau-0-fu (7) et dans le Somoku-Dusets (8) sous le nom de No mao et de Yabu mao, qui fleurit en septembre, le long des chemins, dans les îles de Kiu-siu et de Nippon. L'Urtica (Bæœhmeria) Holosericea de Dos (9), observé (1) Franchet et Savatier, vol. I, p. 440, n® 1576-1577-1578-1579-1580-1584. (2) Thunberg, in Transact. Lin. Soc., vol. IT, p. 330 ; Flora Japonica, p. 69. (3) Hon-zau-z0-fu, vol. XV, fol. 28, verso. (4) Somoku-Dusets, XX, p. 187, n°7. (5) Steudel, Bot. Zeit., 33, p. 260. (6) Siebold et Zuccarini, Famil. natur., n° 762. (7) Hon-zau-30-fu, vol. XV, fol: 27, recto. (8) Somoku-Dusets, vol. XX, p. 186, n® 5 et 6. (9) Blume, Mus. Lugd. Bat., p: 221. 436 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. par Buerger, Siebold et M. le D'Savatier aux environs de la ville de Yokoska. | L'Urtica (Bæhmeria) hispidula de Blume (1). L'Urtica (Bæhmeria) biloba de Weddell (2), noté dans le Hon-zau-20-fu (3) et le Somoku-Dusels (4) sous le nom de Rasei-ta-so, qui fleurit en juillet dans les montagnes des iles de Nippon et de Yeso. L'Urtica (Bæœhmeria) platanifolia, espèce nouvelle, qui, d’après M. le D'Savatier, fleurit en août sur les montagnes d'Hakone et qui, d’après le botaniste japonais Tanaka, se nomme Ÿama-s0. Cest surtout en Chine que se rencontre l’Urtica (Bæhme- ria) nivea, connu sous les noms de Tchou-mé et de Lo-md, ainsi qu'une autre espèce, l’Urlica (Bæœhmeria) utilis de Blume : Urtica tenacissima. de Roxburg : Ramium majus de Rumphius, que les Chinois désignent sous les noms de Yuen-mû et de Tsing-mà : c’est cette dernière espèce si 1m- portante, à feuilles plus grandes, plus minces, plus pointues, grisâtres en dessous, à pétioles plus longs que dans l’'Urtica nivea, qu’on trouve aux Indes, dans le royaume de Siam, à Sumatra, dans l’Assam, à Amboine, aux Célèbes et qui, dans la Malaisie, porte le nom de Rami ou Ramieh. L'Urtica (Bæœhmeria) nivea et l'Urtica (Bæœhmeria) utilis se rencontrent, à l’état sauvage, dans presque toute l’étendue de la Chine et en Corée, mais on les cultive principalement dans les provinces de Sse-tchouen, du Ho-nan, du Kiang si, du Tche Kiang, du Kouang-tong et du Fo kien. Les Chinois les cultivent pour leur usage personnel, par plates- bandes, aux environs de leurs habitations, dans les endroits humides, peu éloignés des rivières, dans les ter- rains sablonneux, dans les terres légères, abritées des vents du nord. Suivant Stanislas Julien (3), d’après sa traduction du Traité (1) Blume, Mus. Eugd. Bat., p. 223. (2) Weddell, Ann. sc. natur., sér. 4, vol. I, p. 199. (3) Hon-zau-x0-fu, vol. XV, fol. 27, verso. : (4) Somoko-Dusets, vol. XX, p. 187, n° 8. (5) Bulletin de la Société d’Acclimatation, p. 186-189, 1857. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 437 impérial d'agriculture chinoise (livre LXXIID), la culture de l'Urtica nivea (Tchou-mé) et de l’Urtica wtilis (Yuen-mû) se fait de la manière suivante : quand on veut semer le Tchou-mé ou le Yuen-md, on prépare d’abord des plates- bandes longues de 4 pieds et larges de 1 pied, on bêche à plu- sieurs reprises, on ratisse et on arrose pendant la nuit; puis on mélange un hô (52 centilitres de graines) avec un demi- ching (260 centilitres) de terre humide qui servent à ense- mencer six à sept plates-bandes; on recouvre les parties en- semencées avec une natte soutenue par quatre piquets à la hauteur de 2 à 3 pieds; vers le cinquième ou sixième mois, quand la chaleur est très forte, on ajoute à la natte un pail- lasson épais. Dès que les plantes commencent à paraître, on arrose la natte pour maintenir la terre humide et pendant la nuit on enlève la nalte, qu’on Ôte définitivement quand les plantes ont 3 doigts de hauteur. Puis on les transporte dans un autre terrain préparé; on arrose à plusieurs reprises. Après le dixième mois on met une couche de fumier de porc, de bœuf ou de cheval. Quand les touffes sont trop fournies, on enlève une partie des pieds qu’on replante ailleurs. Le plus souvent les Chinois ne sèment pas le Tchou-m, ni le Yuen-md, ils les multiplient par éclats de racines de 3 à 4 doigts de long, qu’ils placent dans des trous qu’ils recou- vrent de terre et qu’ils arrosent à plusieurs reprises. Quand ils transplantent les jeunes plants, ils entourent les racines avec des feuilles de roseau. On fait une récolte la première et la seconde année. Les années suivantes on fait trois récoltes. D’après le Traité chi- nois d'agriculture, les tiges doivent être coupées avant la floraison, quand elles deviennent brunâtres à leur partie in- férieure, vers le commencement du cinquième mois. On attend que les rejetons aient un demi-pouce de haut. Quand les tiges ont été coupées, les rejetons poussent avec plus de vigueur. On fait une deuxième récolte dans le courant ou à la fin du sixième mois. La troisième récolte a lieu au milieu du huitième mois ou au commencement du neuvième. La 438 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. deuxième récolte donne la meilleure qualité de fibres. Dans certaines provinces, entre autres le Sse-tchouen, on coupe les tiges avec un couteau, un peu au-dessus des racines, puis on sépare l’écorce de la partie ligneuse, en prenant l’écorce d’une main el Ja tige de l’autre main, et en écartant violem- ment de manière à dépouiller toute la tige. Cette récolte se fait le matin, jusqu’à huit ou neuf heures, quand lestiges sont humides de rosée (1). Les feuilles sont laissées sur place pour servir d'engrais. Les tiges décortiquées sont utilisées comme chauffage. Suivant M. Dabry (2), dans son Mémoire sur la culture du Tchou-mä, on opère différemment dans le Kiang- siet dans le Ho-nan, on ne coupe pas la tige, on la saisit dans son milieu et, par une sorte de torsion, on sépare l'écorce de la partie ligneuse et on achève de la séparer en passant les doigts entre l'écorce et la tige. Puis des femmes passent les fibres sur un instrument spécial en fer, elles enlèvent la pellicule extérieure brune et séparent les fibres : elles ont soin d'enlever les fibres les plus intérieures, qui sont les plus fines, et elles les mettent à part, car elles doivent être em- ployées pour les étoffes de qualité supérieure; souvent aussi elles séparent les fibres moyennes des fibres les plus eéxté- rieures et font ainsi trois qualités de fibres; puis elles les mettent sécher au soleil. Elles unissent les fibres les unes au bout des autres par une sorte de gomme dont les Européens ne connaissent pas la composition, elles en font une pelote et Lordent les fils au rouet. Ces opérations successives se font de suite après que les tiges ont été coupées, car vingt-quatre heures plus tard la décortication devient impossible. Les Chinois ne font rouir ni le Tchou-mû, ni le Yuen-md, dont les fibres ont une résistance plus grande que celles du Chanvre et du Lin, parce que le rouissage altère les fibres, leur fait perdre leur résistance au point qu’elles se cassent alors très facilement. Dans certains districts, cependant, ils trempent l'écorce dans l’eau pendant deux ou trois heures. (1) Bulletin de la Société d'Acclimatation, t. VII, p. 263. (2) Note sur la culture du Tchou-rn&, par M. Dabry, consul de France, à Han-Keou. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 439 D’après M. Caillard, le rendement de l’Urtica utilis est de beaucoup plus considérable que celui de l'Urtica nivea (80 à 90 pour 100 de plus). Dix tiges d’Urtica utilis lui ont donné 39 grammes de beaux filaments, tandis que dix tiges d’Urtica nivea n’ont produit que 18 grammes de fibres. M. Gaillard (1) a, en outre, constaté dans le développement des deux espèces cultivées au Muséum d'histoire naturelle de Paris, une diffé- rence sensible. La croissance de l’Uriica utilis est beaucoup plus vigoureuse que celle de l’'Urtica nivea. Les tiges sortent en plus grand nombre et prennent une étendue plus consi- dérable. La filasse de l’Ortie blanche est verdâtre, un peu raide, celle de la Ramie est blanche et douce au toucher. M. Decaisne (2) a établi que les fibres de l’Urtica nivea avaient cette couleur blanc verdâtre et que celles du Ramié étaient d’un blanc na- cré. Les fibres de l’Urtica nivea et de l'Urlica utilis sont agolomérées par une grande quantité de pectose qui les agolutine. Gette pectose se transforme, d’après Kolb, qui en a déterminé la nature, en pectine soluble et en acide pec- tique insoluble par la fermentation. Comme l’a si justement fait remarquer M. Ramon de la Sagra (3), « les fibres blan- chies de l’Ortie de la Chine sont, non seulement par leur beauté apparente mais aussi par leurs qualités réelles, très supérieures à celles du Coton, du Chanvre et du Lin; par leur longueur, leur blancheur, leur brillant nacré, leur finesse et leur résistance, elles sont comparables à la soie. » Les fibres, dans certaines provinces de la Chine, sont blan- chies par une ébullition prolongée dans une solution de po- tasse suivie d’une exposition sur le pré avec plusieurs arro- sages par Jour. Dans certains districts on soumet les fibres à l’action de la vapeur de soufre, puis on les expose sur le pré. Les éloffes fines, de qualité supérieure, non seulement sont fabriquées avec les fibres de l’Urtica utilis, mais surtout (1) Ramon de la Sagra, Description et culture de l'Ortie de Chine, p. 17. (2) Journal d'agriculture pratique, n° d'avril 1845. (3) Ramon de la Sagra, Description et culture de l’Ortie de Chine, p. 59. 440 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. avec les fibres les plus intérieures qui avoisinent a partie ligneuse. Les fibres extérieures sont utilisées pour les tis- sus de qualité ordinaire. Les étoffes fabriquées soit avec le Yuen-m&, soit avec le Tchou-mä, sont très légères, très fraîches, les plus fines res- semblent à des étoffes de soie. Les Chinois désignent ces étoffes sous les noms de hia-pou (issu d'été) et de mdâ-pou (tissu de mé); les Anglais donnent à ces étoffes la désignation de grass-cloth (toile d'herbe), les Français les appellent ba- listes de Canton. Suivant M. Ramon de la Sagra (1), on trouve à Canton seize qualités de hia-pou blanchi. Les étoffes fines proviennent surtout du Yuen-mû cultivé de 120 à 160 kilo- mètres de Canton : on fabrique dans cette ville des tissus qui sont faits avec le Bæhmeria seul, ainsi que des étoffes mé- langées de Bœhmeria et de coton, d’autres qui sont faites avec le Bæhmeria et la soie (2). Les différents mélanges de Bœhmeria et de colon sont utilisés pour serviettes et pour couvertures de lit. Avec l’Ortie blanche se font les vêtements de deuil et d’été, les moustiquaires et les mouchoirs ; les sacs à grains et à marchandises sont souvent confectionnés avec les fibres les plus grosses. Les Cantonnais teignent ces étoffes en bleu avec l’indigo, en rose avec le carthame et en jaune avec le curcuma. Les étoffes de Bæhmeria proviennent surtout de Canton, de Hankow, de Kiukiang, de Wuhu, de Foochow, de Shang- haï, de Tamsui et de Swatow. L'exposition chinoise, dans la classe 31 (Fils et tissus de lin, de chanvre, etc.), contenait des spécimens de fibres de Bæh- meria nivea et ulilis et des échantillons d’étoffes provenant des douanes des villes ci-dessus indiquées. D’après M. Favier, de Villefranche (3), dès l’année 1863, (1) Ramon de la Sagra, Description et culture de l'Ortie de Chine, p. 9. (2) Ce mélange *des fibres d’Ortie avec la soie pour tissus est très ancien, car Kæmpfer et Pallas relatent dans leurs écrits que les Chinois mélangeaient les fibres de l’Ortie dans les étoffes qu’ils vendaient aux Russes (Kæmpfer, Amœni- tatum exoticarum. Pallas, vol. [, p. 436). (3) Favier (de Villefranche), Nouvelle industrie de la Ramie, p. 2. 2° édition. Avignon, 1882. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 441 l'importation pour l’Angleterre des fibres de Ramie, en pro- venance de Shanghaï et de Hankow, était de 33265 piculs (2011634 kilogrammes); en 1864, de 49485 piculs (2992506 kilogrammes) ; en 1865 la quantité s'élève à 54 475 piculs (3 475 986 kilogrammes). Depuis cette époque l'accroissement s’est fait dans des proportions considérables. IL est peu de plantes dont on se soit autant occupé que de l’'Urtica (Bæhmeria) nivea et de l'Urtica (Bæhmeria) utilis; leur importance, au point de vue industriel, est telle que tous les auteurs (1) en ont préconisé l'introduction et la culture. | __ Dès le seizième siècle, les Hollandais ont introduit directe- ment, des pays d’origine, les étoffes et les fibres brutes d’Or- ties, ils en ont fabriqué des tissus très fins, auxquels ils ont donné le nom de Netel dæk (Netel, Ortie; dæk, étoffe) d’après les écrits de Lobel (2), et qu’on a appelés mousseline. Kæmpfer (3) et Pallas (4) relatent dans leurs ouvrages que les Japonais et les Chinois cultivent des Orties textiles dont ils mélangent les fibres dans les étoffes qu’ils vendent aux Russes. En 1690, Rumphius (5) donna à l’Urtica utilis le nom de Ramium majus et l’introduisit de l’île de Banoa à Amboine. D’après M. Dupuis (6), l'Urtica nivea existe dans les jar- dins botaniques d'Europe depuis 1733. En 1803, Roxburg, directeur du jardin botanique de Cal- cutta, donna à l’Urtica utilis le nom de fenacissima pour le distinguer de l’Urtica niveu, et il en préconisa la culture. En 1809, Bartholoni (de Sienne) le recommanda en Tos- cane pour ses avantages textiles. En 1814, le D° Buchanan envoya de Calcutta en rs des fibres d’Urtica ulilis. (1) Je dois à l’obligeance de mon sympathique collègue, M. Grisard, une partie des renseignements concernant la bibliographie de la Ramie, qu’il a bien voulu me communiquer. (2) Lobel, Xrindbock. Antwerpen, p. 617. 1581. (3) Kæmpfer, Amænilatum exoticarum. (4) Pallas, vol. 1, p. 436. (5) Rumphius, Herbarum Amboinense, vol. Y. (6) Bulletin de la Soc. d'Acclimat., p. 224. 1860. 442 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. En 1815, André Thouin en conseilla la culture dans le midi de la France. Déjà à cette époque, M. Farel cultivait à Montpellier des pieds d’Ortie de Chine, et sa culture avait bien réussi. En 1836, M. Hébert, en mission en Chine pour le gouver- nement français, envoya à M. Pépin des graines d’Urtica ni- vea sous le nom d’A-poo. En 1837, M. Gaudichaud expédia au Muséum d'histoire naturelle de Paris une certaine quantité de graines qui furent distribuées à différents cultivateurs. Dans le courant de la même année, M. Itier rapporta de Chine des étoffes d'Urtica nivea. En 1840, Brongniart (1) fit à l’Académie des sciences une: communication sur les qualités des fibres de l’Ortie de Chine et sur sa résistance, en pleine terre, à l’occasion d’une pré- sentation par Stanislas Julien, professeur de chinois au Col- lèce de France (2), d'échantillons de tissu fabriqué en Chine avec les fibres de l’Urtica nivea. En 1842 et 1843, M. Pépin rendit compte de la culture d’'Urtica nivea au Muséum, où les tiges acquirent une hau- teur de 2 mètres, et à Ris-Orangis. En 1844 (3), il publia un mémoire sur l’Ortie de Chine, dont il recommanda la culture en grand. En 1845, M. Decaisne, le savant professeur au Muséum d'histoire naturelle, reçut, par l’intermédiaire de M. Leclan- cher, des pieds d’Orties récoltées à 190 kilomètres de la ri- vière de Nankin; il publia alors, dans le journal l’Agriculture pratique (4) et dans la Revue horticole (5), un remarquable mémoire dans lequel il établit les différences de l'Urtica ni- vea d'avec l’Urtica utilis, qui est le Ramié de Java. Il établit que les feuilles de l’Urtica utilis sont plus longuement acu- minées que celles de l’Urtica nivea, et qu’elles sont grisâtres (1) Comptes rendus de l’Académie des sciences, X, p. 373, 1840. (2) Ibid, X, p. 371. 1840. | (3) Pépin, Note sur la culture et les avantages qu'on peut tirer des tiges de l'Urtica nivea. 1844. (4) Journal d'agriculture pratique, n° d'avril 1845. (5) Revue horticole, 1845. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 443 en dessous, tandis que celles de l’Urtica nivea sont d’un blanc nacré. Il montra aussi que les fibres de l’'Urtica utilis sont d’un beau blanc, tandis que celles de l’Urtica nivea sont d’un blanc verdâtre ; et que l'Urlica utilis est une plante des régions équatoriales, tandis que l’Ortie blanche est une plante des climats tempérés. rie L’Exposition universelle de Londres, en 1851, renfermait une belle collection de fils d’Ortie, désignée sous le nom de China-grass, exposée par M. Marschall, qui s’est beaucoup occupé pratiquement de l’utilisation industrielle de la Ramie. [l avait aussi exposé des éloffes, soit en fil de China-grass, soit en mélange avec le coton, la laine et la soie, surtout des draps moitié laine et moitié China-grass, et très remar- quables. En 1854, on admirait, à l'Exposition des produits de VAI- gérie à Paris, de beaux échantillons provenant des cultures algériennes d’Urtica. En 1855, M. le D' Forbes Royle (1) écrivait, dans son rap- port sur les plantes textiles de l’Inde, que les fibres de l'Ur- tica utilis' sont plus résistantes que le meilleur chanvre russe. Lite À Dans le courant de la même année, M. Weddell (2), dans son ouvrage sur les Ürticées, se rangeait à l’opinion du D: Forbes Royle et décrivait l’Urtica nivea et l'Urthica utilhis comme identiques. | En 1856, M. Tastet adressa à la Société d’Acclimatation (3) des notes sur l’Ortie de Chine et des graines de la part de M. l'abbé Guirery, missionnaire lazariste en Chine. En 1856, M. Stanislas Julien (4) envoya à la Société d’Ac- climatation sa traduction du Traité impérial d'agriculture chinoise, concernant la culture et la récolte du Tchou-mà, ainsi que des spécimens de tissus chinois fabriqués avec cette plante. (1) D° Forbes Royle, The fibrous plants of India. (2) Archives du Muséum d'histoire naturelle, vol. IX. (3) Bulletin de la Soc. d'Acclimat., séance du 11 avril 1856. (4) 1bid., p. 186-189. 1856. 4h SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Pendant la même année, M. l’abbé Bertrand fit part à la Société, le 12 et le 14 septembre, de renseignements sur l'Ortie de Chine. En 1857, M. de Saint-Julien donna à la Société, dans sa séance du 29 mai, des échantillons de fibres et des tissus fa- briqués avec la même plante qu’il cultivait dans le canton de Vaud (en Suisse). En 1858, M. Léon de Rosny, le savant professeur de japonais à l’École des langues orientales, publia sur l’agriculture algé- rienne une brochure dans laquelle il exposa la méthode de culture de l’Ortie en Chine et dans l’Assam. En 1858, M. Jacquemard rendit compte à la Société d’Ac- climatation de ses essais de culture d’Ortie de Chine depuis l’année 1856 à Quessy (Aisne). À cette époque, M. de Montigny fit parvenir de Chine à la Société des graines d’Ortie blanche. À la même époque, M. Terwangne (de Lille) indiqua un moyen de désagrégation et de blanchiment des fibres. En 1859, M. le marquis de Vibraye, à Cheverny (Loir-et- Cher), fit part à la Société de ses cultures, et présenta des spécimens de filasse. Pendant cette même année et jusqu’en 1863, M. Feray d’Essonnes s’occupa de la filature des produits obtenus par M. le marquis de Vibraye. En 1859, M. Hooker (William-Jackson) (1) fit paraître un travail sur le Bœhmeria nivea. En 1860, la Ramie fut cultivée en Belgique chez les frères Josephistes, et à Melle-lès-Gand chez M. Bernardin. En 1860, M. Dupuis (2) lut à une des séances de la Société d’Acclimatation une note intéressante sur l’Ortie blanche. Dans le courant de la même année, le R. P. Bertrand (3), missionnaire dans la province du Sse-tchouen en Chine, en- voya à la Société (séance du 20 janvier) une note qui fut insé- (1) Hooker (William Jackson), On Bæœhmeria nivea or chinese Gaas plant, and on Bœhmeria Pinga (Pharmaceutical journal, 1859). (2) Bulletin de La Soc. d’Acclimat., p. 205. 1860. (3) 1bid., p. 263-267. 1860. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 445 rée dans le Bulletin. Cette note décrivait les procédés de culture de l’Urtica nivea (Tchou-mé) et de l’Urtica utilis (Yuen-md) dans la province du Sse-tchouen. Il dit que l’Ur- hica nivea donne trois récoltes par an, tandis que lUrtica utilis produit quatre récoltes. | | C’est aussi en 1860 que Ms" Chauveau (1) donna à la Société quelques renseignements sur l’Ortie de Chine. | Vers la fin de la même année, M. le D' Sacc, qui avait planté en Alsace des pieds de Ramie provenant de M. Hardy, direc- teur du jardin du Hamma en Algérie, adressa à la Société le résultat de ses essais, et recommanda en même temps un ou- vrage chinois usuel à Canton, traitant de la culture des Orties textiles. En 1860 parut dans le Journal of the Society of Arts (2) un article sur l’Ortie de Chine et sur ses avantages comme plante textile. En 1863, M. Dickson Ghbs Hill) (3) publia en Angleterre | un ouvrage sur les plantes textiles de l'Inde, de l'Afrique et des An es avec un traité de la culture de la Ramie, du Jute, etc. Dans la même année, M. Cordier (4) fit paraître un rapport sur la Ramie comme substitut du coton. | À la même époque, M. l'abbé Voisin publia une notice in- téressante sur l’Ortie de Chine, et Mgr Guillemin (5) fit parve- nir à la Société d’Acclimatation des graines, des fibres et des spécimens d’étoffes d’Ortie de Chine. C’est aussi en 1863 que MM. Mallard et Bonneau inven- térent un HoueLE de désagrégation et de blanchiment des fibres. En 1864, M. Bertel présenta à la Chambre de commerce de Rouen des spécimens d’étoffes fabriquées avec le China- grass mélangé au coton jumel. (1) Bulletin de la Soc. d'Acclimat., p. 343-345. 1860. (2) Journal of the Society of Arts, p. 448. 1860. (3) Dickson (James Hill), The fibres plants of India, Africa and our colonies ; a treatise of Rhea Fi Rp Jute, etc. London, 1863. (4) Archives de la Chambre de commerce de Rouen, 1863. (5) Bulletin de la Soc. d’Acclimat., p. 626. 1863. 446 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. En 1864 et en 1865, M. Dalloz publia dans le Moniteur universel une série d’articles intéressants sur cette question et sur les avantages de cette plante, dans laquelle on cher- chait un succédané du coton. En 1866, M. Dabry (1) publia dans le Bulletin de la So- ciété d'Acclimalation une note sur la culture du Tchou-mû. Dans la même année, M. Alexandre Thibault (2), de Nimes, fit paraître un travail sur les textiles propres à un emploi in- dustriel. Il fonda, pour la préparation des fibres par procédé chimique, une usine qui cessa de fonctionner après un cer- tain temps. En 1866, M. Paul Champion soumit à la Société d’Acclima- tation, dans la séance du 18 mai, des spécimens d’Ortie de la province de Kiang-si, el entretint les membres de la culture de la plante dans cette province. En 1867, M. Nicolle, de Jersey, publia sur la Ramie une note dans laquelle il rappela qu’en 1815 M. Farel cultivait cette plante à Montpellier, et qu’elle avait résisté aux sécheresses de l’été et au froid de l’hiver. M. Nicolle appela l'attention sur la réussite de ses cultures, sur les trois coupes qu’il obte- nait et sur le rendement considérable à l’hectare. En 1868, MM. Hugon et C*°, de Londres, distribuèrent 10000 plants de Ramie qu’ils avaient reçus directement d'Amérique. Dans la même année, la Société centrale d'agriculture de Nice s’occupa de l'importance de la culture des Orties tex- tiles. | Vers la même époque, M. Gaillard publia un travail sur la. désagrégation de toutes les matières textiles et sur la néces- sité de machines spéciales pour les fibres du China-grass. Il constata aussi la vigueur plus grande de l’Urtica utilis que celle de l’Urtica nivea, et son rendement beaucoup plus con- sidérable. (1) Bulletin de la Soc. d’Acclimat., p. 283-284. 1866. (2) Thibault (Alexandre), Le China grass. Étude raisonnée de ce nouveau tex- tile au point de vue de son acclimatation, de sa culture et de son emploi indus- triel. Du Jute, du Lin et autres textiles propres à un emploi industriel. Nîmes, 1866. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 2447 Dans le courant de l’année 1868, M. Childers adressa de Nice à la Société d’Acclimatation des échantillons de très belles passementeries confectionnées avec cette plante. M. Audisio, de Nice, fabriqua aussi avec les fibres de Ramie des passementeries très remarquables. A l'Exposition de Nice, en 1868, la Société des lettres, sciences et arts de Nice exposa une série de spécimens de fibres ét de tissus d’Ortie de Chine. En 1869, M. Ramon de la Sagra (1), membre correspon- dant de l’Institut, fit paraître une brochure très remarquable sur la description et la culture de l’Ortie de Chine. Le même auteur (2) envoya aussi à l’Académie des sciences une note sur les tissus fabriqués avec les fibres des plantes du genre Bæhmeria. Il'adressa aussi à la Société d’Acclimatation (3) une notice sur l’Urtica utilis. Dans le courant de la même année, la Gazelte des cam- pagnes s'occupa de la culture et des avantages des Orties textiles. | L'Économiste français lraita aussi cette question dans son numéro du 20 janvier 1869. En 1870, M. Ch: Dennet fit paraître un travail sur la Ramie. Dans le courant de la même année, une Commission fut nommée par M. Louvet, ministre de l’agriculture, pour étu- dier l’utilisation industrielle de la Ramie. En 1871, M. Alfred Dudouy (4) publia un article sur cette question dans le Journal d'agriculture pratique. | En 1871, M. Th. Moërman-Laububhr (5) fit paraître en Bel-: gique un'travail remarquable sur la Ramie, et il indiqua les procédés de plantation et recommanda de ne pas couper les tiges trop près des racines. (1) Ramon de la Sagra, Description et culture de l'Ortie de Chine. Paris, 1869. (2) Comptes rendus de l’Acad. des sc., XXXIX, p. 885. (3) Bulletin de la Soc. d’Acclimat., p. 196-204 et 305-316. 1869. (4) Journal d'agriculture pratique, 23 novembre 1871. (5) Th. Moërman-Laubuhr, La Ramie ou Ortie blanche sans dards. Gand, 1871. 448 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. En 1871, M. de Malartic (1), qui s’est occupé depuis long- temps de la culture en grand de la Ramie dans le départe- ment des Bouches-du-Rhône, fit paraître dans le Journal d'agriculture pratique un article sur la Ramie. Il envoya à ce même journal une notice sur ses cultures en 1872 (2). Dans cette même année, M. A. Bouchaud (3) adressa à ce journal un article sur la culture du Ramié. A la même époque, M. Naudin (4) donna à la Société d’Ac- climatation une note sur l’Urtica nivea et sur sa culture de- puis 1868. M. Henri Rozy (5) écrivit de Rancasbetong une lettre sur le Ramieh ou Ramie. C’est aussi en 1872 que M. de Vernejoul de la Roque (6) publia un article sur le Ramié à feuilles vertes et le Ramié à feuilles blanchâtres, ainsi qu’une notice sur les trois sortes de Ramié ou Oruies textiles. À la fin de la même année, M. Victor Rendu (7) publia dans le Journal d'agriculture pratique une note sur cette question. En 1872, le gouvernement anglais des Indes institua à Saharumpore un concours pour la meilleure machine à dé- cortiquer la Ramie à l’état vert avec une prime de 125 000fr., sans que le prix fût gagné. Sept concurrents y prirent part: M. Vander Plæg, M. Nagoua, M. le D: Collyer, la Compagnie française « la Ramie » avec la machine Berthet et Laberie, M. Cameron et M. Blechynden. En septembre 1879 eut lieu un deuxième concours à Saha- rumpore avec les mêmes concurrents et M. F. Amoy. Deux prix de 12500 francs furent accordés à M. Nagoua et à M. Van- der Plæg, et un prix de 2500 francs à M. Cameron. En 1873, M. le baron Jean de Bray publia un travail sur la Ramie, son origine, son nom, sa culture et ses avantages. (1) Journal d'agriculture pratique, 7 décembre 1871. (2) Ibid, 1% août 1872. (3) Ibid., 28 novembre 1872. (4) Bulletin de la Soc. d’Acclimat., p. 139. 1872. (5) 1bid., p. 220. 1872. (6) Journal d'agriculture pratique, 18 juillet 1872. (7) Victor Rendu, Encore la Ramie (Journ. d'agricult. prat., 12 déc. 1872). PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 449 En 1875, M. Ch. Dennet (1) publia une brochure sur les fibres végétales de la Ramie et du Jute. A l'Exposition du Palais de l’Industrie, en 1875, M. le D: Léonce Graugnard exposa des fibres et des tissus de Ramie, qui lui valurent une médaille d'argent. Il obtint aussi une récompense de même nature à l'Exposition universelle de 1878, pour des produits semblables. A cette époque, il publia une notice sur la Ramie. Dans le courant de la même année, M. John Forbes Wat- son (2) fit paraître une brochure sur la préparation et les usages des fibres de la Ramie. En 1876, M. Numa Brothier publia à Alger une étude sur la Ramie. À la même époque, M. Renouard fils, de Lille, exposa ses remarquables études sur les textiles des pays tropicaux suc- cédanés du Lin. En 1876 parut sur la Ramie un article de M. Lombard, ingénieur, dans le Bulletin de la Sociélé scientifique indus- trielle, de Marseille. En 1876, M. Vétillart publia ses importantes recherches sur les fibres végétales. Dans son livre, M. Vétillart consacre un chapitre instructif à l’Ortie de Chine, avec des détails sur la composition et les dimensions des fibres. En 1877, M. Régulus Carlotti relata dans un mémoire l’im- portance et l’utilité de la culture de la Ramie en Corse. Dans la même année, M. Goncet de Mas (3) fit paraîlre un article sur la culture de la Ramie, et donna dans une bro- chure intéressante des détails sur la culture de la Ramie près de Padoue. M. Goncet de Mas obtint à l’hectare, à la troisième année de plantalion, en deux coupes, 80 900 kilogrammes de tiges vertes avec leurs feuilles, ce qui correspond à 40 430 kilogrammes de tiges effeuillées, 8000 kilogrammes de tiges (1) Charles Dennet, Vegetable fibres, with special reference Lo the textile fibres Rhea or Ramie, Jute, New-Zealand flux. Their use and abuse. Brigh- ton, 1875. (2) Watson (John Forbes), The preparation and uses (D Rhea fiore, (Journal of the Sociely of Arts, 1875). (3) Journal: d'agriculture pratique, 1877. 4° SÉRIE, T. II. — Août 1885. 99 450 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. sèches et 1600 kilogrammes de filasse. D’après cet auteur, le rendement de l’Ortie blanche est inférieur d’un tiers au ren- dement de la Ramie, M. Hardy, l’ancien directeur du jardin du Hamma, en Algérie, estime que deux coupes porteraient le rendement de l’hectare à 12250 kilogrammes de tiges sèches et à 3500 kilogrammes de fibres utilisables (1). En 1878, M. Bastin (2) entretint la Société d’Acclimatation de l'importance du Bœhmeria niveau. A l'Exposition universelle de 1878, outre les produits de M. le D'Graugnard, on observait dans la section américaine les spécimens d’éloffe de Ramie, genre mousseline, exposés par M. Cogin, de la Nouvelle-Orléans, ainsi que la machine à décortiquer de MM. Berthet et Labèrie, de la Nouvelle-Or- léans. On remarquait dans la section anglaise : La maison Marck Dawson et Sons, de Bradfort, qui avait exposé des fils de Ramie teints en nuances claires de toutes sortes. M. Bonsor, de Wackefield, avait présenté aussi une belle collection de fils de Ramie teints de couleurs différentes. L’Exposition de Marseille, en 1879, renfermait une collec- tion de tissus de Ramie teints en noir et en gris, exposés par MM. Olivier et Boden. A l'Exposition industrielle d'Avignon, M. Favier, de Ville- franche, avait présenté tout un ameublement en étoffe soie et Ramie, des robes, des draps, doublures, velours, mouchoirs, toiles et linge de table en Ramie. A l'Exposition de Nancy, en 1880, M. Geoffroy Saint-Hi- laire, directeur du Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne, et M. Monnier, directeur du Jardin de botanique de Nancy, avaient exposé le Bæhmeria nivea, le Bæhmeria utilis et le Bœhmeria candicans. En 1880, M. le D'J. Forbes Watson (3) fit paraitre une (1) A. Favier, Les Orties textiles, p. 50-51. 1881. P (2) Bulletin de la Soc. d’Acclimat., p. 208. 1878. (3) D° Forbes Watson, Rhea fibre and D' Collyer's patent rhea machine, with extracts on mode of cultivation. Calcutta, 1880. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 451 notice sur les fibres de Ramie, sur la culture de la plante et sur la machine du D' Collyer. y En 1880 et 1881, M. A. Favier, ancien élève de l’École Polytechnique, fit paraître une brochure sur les Orties textiles (Ramie, Ortie de Chine), dans laquelle, après avoir donné des chapitres intéressants sur l’histoire, la culture et la dé- cortication des. Urtica nivea et utilis, il indique son procédé pour favoriser la décortication ; ce procédé consiste à placer les tiges dans une caisse en bois, dans laquelle. on:fait arriver un courant de vapeur d’eau pendant vingt minutes; l’action de la vapeur d'eau facilite la séparation de l'écorce et sépare l'enveloppe corticale en deux parties, une partie formée par l’épiderme et une eouche assez grande de parenchyme, et une seconde partie qui renferme la totalité des fibres utili- sables. En 1880, une commission fut nommée par M. le ministre de la Marine, sous la présidence de M. Schœlcher, pour étu- dier la culture de la Ramie. En 1881, M. A. Léger fit paraître à Lyon une notice sur la Ramie et son exploitation industrielle. En 1881, M. Mouchel fils (1) publia un rapport sur l'emploi dela Ramie dans la fabrication Elbeuvienne. Dans le courant de la même année et en 1889, M. P.-A. Favier, de Villefranche (2), publia une très remarquable bro- chure sur la nouvelle industrie de la Ramie, avec la descrip- tion de son appareil de décortication à l’état sec, qui lui per- met, dit-il, d'obtenir un rendement en fibres de 50 pour 100 plus: élevé qu'à l'état vert, et lui donne 20 pour 100 de filasse (3). | D’après les renseignements puisés dans l'ouvrage de M. Fa- vier (de Villefranche), on doit noter aussi parmi les personnes qui s’occupent de la Ramie (4) : MM. Wibaut-Florin, à Roubaix; Huret-Lagache, à Pont-de- (1) Bulletin de la Soc. industrielle d'Elbeuf, p. 161. 1881. (2) P. A. Favier (de Villefranche), Nouvelle industrie de la Ramie, 2° édition. Avignon, 1882. (3) bid., p.38. (4) Ibid., p. 68 459 SOCIÉTÉ NATIONALE. D’'ACCLIMATATION. Briques; Boski, à Montreuil-sous-Bois; Lepage et Ci*, à Lou- viers; Delattre, à Roubaix (nombreuses et intéressantes expé- riences sur le peignage et la filature de la Ramie). MM. Dequoy, à Lille; Leblan frères, à Lille ; Thiriez père et fils, à Lille; la Compagnie la Roubaisienne, à Roubaix; Dutreck, Vannoy, à Lille; E. Laissac, à Mazamet; Gentelet, à Souvance (étoffes teintes en jaune paille magnifique) ; Gery et C*, à Voiron ; Bertrand Boulla, à Nimes; Florimond Watel, à Roubaix; Houpiart-Dupré, à Marseille ; Abram, banquier à Marseille; Parazols, Pams-Bohé, à Port-Vendres; Melan, à Hyères ; Xambeu, à Saintes, Dugommier, à Roubaix; Def- frenne-Duplouy fées, à Lannoy; Closset, à Elbeuf; Bailly, à Nay; Panel, à Nice ; M. Kreamer, à Bons M. Fais dique comme éLHbD ES etiente en plein fonction-: nement (1) : Feray et C*, à Essonnes (Seine-et-Oise); Bailly et Ci, à Nay (Basses-Pyrénées); Boski, à Malaunay (Seine- Inférieure) ; Lepage et C°, à Louviers (Eure); Bonsor et C*, à Wackefield (Angleterre); Marck-Dawson et Sons, à Brad- fort; Seydel et C*°, à Zittau-in-Sacksen (Allemagne). M. Favier (2) énumère aussi comme machines à décorti- quer la Ramie les machines françaises : Cardon fils et Huret-Lagache; Félix Rolland ; Parazol et Alquié, de Montpellier; David et Delbès, de Montpellier ; Bertin, de Marseille; Threlfall; machine dite Roquet, inventée par M. de Landtshier; Sauvadon, et une e nouvelle machine de M. Berthet. La machine belge Th. Moerman, de Gand. Les machines anglaises John Grey, d'Édimbourg ; Brazier et Collyer ; Thomas Lawson. Les machines américaines Rœssel; Lefranc et Nagoua, de la Nouvelle-Orléans ; Labèrie et Berthet, de la Nouvelle-Or-: léans; Blais, de Boston; Bouchard, de th Nouvelle- Orléans ; D' Novel, de la Nouvelle: Orléans. En 1882 parut une publication bimensuelle : la Ramie {1) Favier (de Villefranche), Nouvelle industrie de la Ramie, DATE (2) 1bid., p. 31 et 34. = PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 453 agricole et industrielle, publiée à Avignon, et qui se continua en 1883 et 1884 sous les inspirations de M. P.-A. Favier, de Villefranche, organe de la société la Ramie française, ayant un établissement de peignage et de filature à Valobre, près Entraigues (Vaucluse), et 30 hectares de pépinières dans les départements de Vaucluse, Var, Bouches-du-Rhône, Gard et Pyrénées-Orientales. À En 1881, M. J.-M. Reynaud publia un travail sur la Ramie, sa culture et son exploitation à l’île de la Réunion. Dans la même année, M. Blondel (1) donna une notice sur diverses modifications du China-grass en teinture. En 1889, la Société d’Acclimatation, qui depuis un grand nombre d'années s'occupe activement de l’acclimatation, de _la propagalion et de la culture des Orties textiles, qui a fondé un prix pour l’ulilisation industrielle de l'Ortie de Chine, a décerné une de ses grandes médailles d’or à M. Berthet, pour sa machine à décortiquer la Ramie à l’état vert, sur place. La Société a, en même temps, décerné des médailles de première classe à un certain nombre de propriélaires qui cultivent la Ramie sur des étendues de 2 à 10 hectares ; à M. le comte d’Abbadie de Barrau, dans le Gers; 3 à M. de La Tour, dans la Lt à M. Jules ao Maisons-Laffite, près Paris ; à M. Joseph Tramier, dans le département de Vaucluse ; à M... Ch. Rivière, directeur du jardin du Hamma, en Al- gérie. LANTHOXYLÉES. Zanthoæylon piperitum. San-syo. — Dans la collection des bois de la galerie des machines et dans la série des bois avec tiges, branches et feuilles, on observait des échantil- lons de Zanthoxylon piperitum, éliquelés San-syo. (1) Bulletin de la Société industrielle de Rouen, p. 457. 1881. 454 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Le Zanth piperitum DC., relaté par Kæmpfer (4), par Thun- berg (2) sous le nom de Fagara piperila, par Miquel (3), par Franchet et Savatier (4), connu au Japon sous le nom de San-syo d'après le Hon-zau-10-fu (5) et d’après la Commis- sion japonaise (6), se rencontre dans les bois montagneux des îles de Kiu-siu, de Nippon, surtout dans les montagnes de Niko, dans la province de Simotsuke et dans l’île de Yeso. Son bois est employé en menuiserie pour les objets de pelites dimensions. D'après M. Dupont (7), les Japonais retirent des fruits du Zanthoxylon piperilum une substance huileuse qui, appli- quée sur la peau, a une action vésicante. Ils attribuent à l’odeur du San-syo une action funeste sur les Vers à soie, et ils on” soin d’éloigner cet arbre des ma- gnaneries. Le Zanthoxylon piperitum, introduit en France, est cul- tivé à Segrez, ainsi qu’un autre Zanthoxylon japonais, le Zan- thoæylon schinnifolium, observé au Japon par Siebold et Zuccarini (8), par Miquel (9), par Franchet et Savatier (10), qui fleurit en juin dans les îles de Kiu-siu et de Nippon, où il croît à l’état sauvage. Les capsules du Zanthoxylon schinnifolium sont regar- dées comme remède aromatique, diurétique et sudorifique. On trouve aussi au Japon le Zanthoxylon planispinum, petit arbre ‘épineux à feuilles persistantes, à graines rouges, que Siebold (11) et Miquel (12) ont observé au Japon, et que M. le D' Savatier (13) a rencontré dans les montagnes, près de (1) Kæmpfer, Amanitatum exoticarum, p: 892, cum icon. (2) Thunberg, Flora Japonica, p. 62. ; (3) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 210. (4) Franchet et Savatier, vol. 1, p. 72, n° 293. (5) Hon-zau-x0-fu, vol. LXX, fol. 2, recto. (6) Le Japon à l'Exposition universelle de 1878, vol. II, p.115, n° 55. (7) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 110. (8) Sitbold et Zuccarini, Familiæ nalurales, n°113. (9) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 210. (10) Franchet et Savatier, vol. I, p. 72, n° 294. (11) Siebold et Zuccarini, Familiæ naturales, n° 115. (12) Miquel, Prolusio floræ Japonicæ, p. 210. (13) Franchet et Savatier, vol. I, p. 73, n° 296. PRODUCTIONS VÉGÉTALES DU JAPON. 455 Nagasaki, dans l'ile de Kiu-siu et dans les environs de Yoko- hama et de Simoda, dans l’île de Nippon. Les livres Kwa-wi (1) et le Hon-vau-zo-fu (2) le donnent sous le nom de Fuyu San- Syo. Les capsules aromatiques du Zanthoxylon planispinum sont usitées au Japon comme remède sudorifique. Le Zanthozylon planispinum, introduit en France, était représenté à l'Exposition de Nancy, en 1880, exposé par La- vallée. On rencontre aussi au RAD d'après MM. Franchet et Savatier (3) : Le Zanthoæylon ailanthoides, désigné dans les livres Xwa- wi (4) sous le nom de Karasno San-syo, arbre épineux, qui croît sur les montagnes et donne au quatrième mois des fleurs d’un blanc jaunûtre. Le Zanthoæylon emarginellum, d'après Siebold et Miquel, qui le donnent comme existant au Japon, sans indication de lieu. PHELLODENDRON AMURENSE. Kiwada. — Le tableau des productions utiles marquait au n°170 le Phellodendron Amu- rense, sous le nom de Kiwada, avec un échantillon d’écorce de couleur brun jaunâtre. La vitrine des matières premières pour teinture, dans la classe 44 (Produits des exploitations et industries forestières), contenail un casier d’écorce de P hellodendron Amurense. Le P hellodendron Amurense de Ruprecht, observé au Japon par MM. Maximowicz (5), Franchet et Savatier (6), croît à l’état sauvage dans les montagnes des iles de Nippon et de Yeso. C’est le liège de la région de l'Amour. Les Japonais lui donnent le nom de Aiwada, qu'ils assignent aussi à l’E- vodia glauca (7). (1) Kwa-wi, Arb., HI° vol., p. 110, n° 24. (2) Hon- xau-x0-fu, vol. LXX, fol. 2, verso. (3) Franchet et Savatier, vol. 1 p. 79, n° 295, et p. 13, n° 297. (4) ÆAwa-wi, Arb., IN° vol. ., p. 116, n°11. (5) Maximowicz, Dh floræ Amurensis, 12, tabl. 4. (6) Franchet et Savatier, vols, p. 73, n° 300. (7) Dupont, Les Essences forestières du Japon, p. 122 456 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION: Le Phellodendron Amurense contient une matière colo- lorante jaune, utilisée dans l’industrie pour la teinture des étoffes en jaune; mais, suivant M. Dupont, le vrai Kiwada, qui donne la meilleure teinture, est |’ Evodia glaucu, dont la couleur est préférable à celle qu’on obtient avec le Phello- dendron Amurense. Le Phellodendron Amurense, qui se rencontre surtout dans la Chine septentrionale et dans la région de l'Amour, a été introduit en Europe en 1865, par M. Maximowiez. Il est rus- tique, résiste bien au froid; il est cultivé au Muséum d’his- toire naturelle de Paris et à Segrez. Il était représenté à lEx- position de Nancy, en 1880, exposé par Lavallée. On trouve aussi au Japon le Phellodendron Japonicum, relaté par MM. Maximowicz (1), Franchet et Savatier (2), qui croit dans les parties centrale et septentrionale de l’ile de Nippon, principalement dans les forêts qui couvrent le volcan Fudsi-yama. Le Phellodendron Japonicum, arbre rustique, est intro- duit en France et cultivé au Muséum d'histoire naturelle et à Segrez, dans la belle collection Lavallée. (1) Maximowiez, Mélanges biologiques, NII, p. 4. (2) Franchet et Savatier, vol. I, p. 73, n° 299. Il. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Pisciculture en Espagne. Établissement de Piedra (Aragon). , Extrait d’une lettre adressée à M. l’Agent général de la Société : «€... Une douleur rhumatismale, qui me prit dernièrement à Madrid, me força de chercher des eaux salutaires ; et, comme j'avais l’intention de me rendre à Paris, je choisis les fameux bains d’Alhama, sur la ligne de Madrid à Saragosse, dans le but de ne pas rebrousser chemin. Me rappelant que létablissement de pisciculture de Piedra était prés de cette ville, et que la Société d’Acclimatation lui avait décerné la grande médaille d'or, j'ai voulu profiter du premier jour où je me suis trouvé un peu soulagé de ma maladie pour y faire une excursion dans la journée, et je m'en félicite. » L'établissement mérite bien l'honneur que la Société lui accorda! Que l'emplacement de la grande ferme aquicole est bien choisi! Que les travaux d'installation sont bien conçus et exécutés! » D'abord le propriétaire, dans la crainte que la rivière pût menacer sérieusement son établissement à venir, la divisa en deux bras, en ac- cordant la largeur d’une prairie aux inondations, et en même temps il-éleva les berges d’une moyenne de deux mètres au-dessus des plus fortes crues, puis il chercha le moyen d'établir ses rigoles, ses bassins, ses réservoirs et ses grands lacs, en empruntant l’eau froide, claire et abondante d’une source qui jaillit dans un lac naturel appelé le Rocher du Diable, lequel, soit dit en passant, est l'endroit le plus pittoresque et le plus original que j’aie visité dans mes longs voyages; dans ce lac rési- dent la plupart des reproducteurs dont on tire les œufs et la laitance à l’époque du frai. » En descendant le long du lac, on trouve le ruisseau, et à droite les viviers destinésa ux alevins de Truite et aux Écrevisses, etc., puis deux autres grands lacs où se développent les Truites de première et seconde année; car, ordinairement, onne vend les sujets qu’à l’âge de trente mois. » Le nombre des bassins n’est pas moindre de vingt-deux; les cinq d’amont sont les seuls alimentés par l’eau de la rivière, l’eau de la source ne pouvant monter à celte hauteur. Le propriétaire pisciculteur fit bâtir un laboratoire agencé d’une façon toute moderne et yinstalla des appareils Coste et des récipients à courant factice, qu'il avait vus en Suisse chez le D' Vouga; maïs, ayant essayé la boîte Jacobi dans le ruisseau, et ayant reconnu pendant deux campagnes que, dans ces boîtes, les œufs se gâtaient moins que dans les autres appareils, ét sur- tout que l’éclosion devançait de trois à quatre jours (28 contre 32), il 458 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. établit une succession de ces boîtes le long du ruisseau, et il s’en trouva parfaitement. | » Dans cette dernière campagne, l’excellence de l'emplacement et de l’eau du ruisseau du Rocher s’est manifestée d’une façon indéniable. L'eau de la rivière a toujours été trouble; les crues se sont succédé depuis le mois de décembre, et sur les vingt-deux bassins, les dix-sept alimentés par la source ont conservé la plus parfaite limpidité, l’eau se renouvelant partout, le débit du ruisseau étant considérable. » Pendant le temps de l’incubation, les œufs n’ont pas souffert la moin- dre avarie, et cetle année, comme toujours, l’eau a coulé dans les boîtes sans passer à travers des filtres, si nécessaires dans la plupart des pisci- factures que nous connaissons. » Sous ce rapport, l'établissement de Piedra est inappréciable. Il se trouve également dans des conditions exceptionnelles au point de vue de la production naturelle d’un nombre prodigieux d’animalcules servant à l’alimentation du poisson, et nous avons été à même de constater l’exis- tence de cette nourriture naturelle, qui fourmille dans le ruisseau et se déverse dans toutes les pièces d’eau, en sorte que le pisciculteur ne s'inquiète pas le moins du monde du développement de ses alevins et de ses grandes Truites. Dans les premières années, on suivit les con- seils des maîtres en pisciculture (le sang caillé, le foie, etc.); mais on s’aperçut que les alevins méprisaient cette nourriture et qu’ils happaient de préférence les corpuscules mouvants qui passaient à leur portée ; on poussa plus loin les investigations, et le propriétaire, à sa grande satis- faction, trouva dans tous les fucus, conferves et dans les recoins une masse fabuleuse de Gammarus, précisément l'aliment naturel de la Truite ; ceci pour le premier âge ; les Truites adultes trouvent des pois- sons blancs, des Tétards et des Écrevisses, dont elles sont très friandes. » Nous n'avons vu nulle part réunis de meilleurs éléments pour la réussite d’une piscifacture ; ni les soins ni la persévérance n’ont manqué. Les dépenses d’appropriation et d’exploitation n’ont pas été ménagées, car, il faut le dire, l'établissement de pisciculture de Piedra n’a jamais reçu Ja moindre subvention de l’État, de la province ni de la com- mune ; il n’a eu d’autres encouragements que trois médailles, dont une est la grande médaille d’or de la Société nationale d’Acclimatation. » Je ne sais pas si, un jour, l'Espagne voudra entrer dans le mouve- ment qui pousse tous les gouvernements à l’exploitation des eaux; mais, dans l’affirmative, personne ne pourra disputer à M. Muntadas la gloire d’avoir créé un établissement auquel on doit appliquer aujourd’hui, à plus forte raison, ce que M. Geoffroy Saint-Hilaire disait dans la séance tenue à Paris en 1873, et que je copie au Bulletin mensuel de la Societé d’Acclimatation, 2° série, t. X, n° 4 : € M. Muntadas, à Piedra, a reçu déjà plusieurs récompenses de la » Société d’Acclimatation pour ses travaux de pisciculture pratique. L’é- FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 499 » tablissement de M. Muntadas est aujourd’hui des plus prospères, et c’est par milliers que les Truites y sont élevées chaque année dans ses bassins et réservoirs créés à cet effet. L’établissement de Piedra est » une œuvre achevée, qui peut servir de modèle et sera imitée ; c’est en » quelque sorte une Es aquicole. » US » La Société décernait, dans cette séance, une de ses grandes médailles d’or à M. Muntadas. » Dans ma visite, j’ai vu partout des alevins en masse, des milliers de Truites de un et deux ans, et des Écrevisses d’excellente qualité, dont une grande partie étaient pattes rouges, variété si estimée des gour- mets. Le propriétaire, l’année dernière, fit une demande de Truites des lacs à l'établissement de M. Zenk, de Seewiese; elles sont devenues superbes et ne se nourrissent que de ce qu’elles trouvent dans les cours d’eau. M. Muntadas tâche à présent d’acclimater le Salmo fontinalis d'Amérique, et il est certain que, s’il réussit à s’en procurer, l’accli- matation sera rapide et heureuse. » M. Muntadas m'a parlé avec le plus vif regret de notre ancien pré- sident, l’illustre M. Drouyn de Lhuys, et avec amitié de M. Geoffroy Saint-Hilaire, de M. le marquis de Selve, du regretté M. Carbonnier et d’autres dévoués collègues. Dans sa charmante résidence, il n’oublie.pas les égards dont il a été l’objet dans notre chère France; il se nomme toujours notre élève et notre ami. » BRIANT VILLARS. » Note sur un Acarien utile. (Le Sphærogyna ventricosa Newp.) Il est un groupe d’êtres microscopiques, que l’on regarde générale- ment comme étant tous malveillants, et dont le nom seul éveille une sensation de prurit, de démangeaison : nous voulons parler des Aca- riens, dont le plus connu est l’Acarus de la gale, le Sarcoptes scabiei. Nous avons pourtant déjà montré, dans divers travaux et dans un ouvrage spécial (4), que les Acariens sont loin d’être tous dangereux et que, sur trois ou quatre cents espèces actuellement connues, il n’y en a guère qu'une dizaine qui peuvent, par l’inoculation d’une salive venimeuse spéciale, provoquer le développement d’affections cutanées psoriques, soit chez l'homme, soit chez les animaux. Tous les autres sont des Aca- riens indifférents et inoffensifs, vivant, soit sur des végélaux, soit dans (1) Les parasites et les maladies parasitaires, 1 vol. avec atlas. Paris, 1880. : 460 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. les détritus de matières organiques en état de décomposition lente, soit enfin au fond des poils des petits mammifères ou dans les plumes des oiseaux, mais sans leur faire aucun mal, au contraire, car ils les débar- rassent des produits de la sécrétion cutanée dont ils vivent. Certains de ces Acariens faux parasites, qui habitent au fond des poils ou des plumes, sont cependant carnassiers, mais c’est aux dépens d’autres Acariens avec lesquels ils cohabitent et à qui ils font la chasse : témoin celui que nous avons nommé le Cheyletus parasitivorax, qui vit au fond des poils des Lapins, où il chasse à courre le Listrophorus gibbus, autre parasite inoffensif du même rongeur. Ce sont donc, à certains égards, des Aca- riens utiles; aussi en avons-nous fait une nouvelle catégorie sous le nom de parasites auxiliaires. On a signalé à différentes reprises des Acariens vivant à côté du Phyl- loxera, sur les vignes malades, en les regardant comme des envoyés providentiels chargés, pour obéir à une loi d’harmonie, de la destruc- tion du terrible parasite de la vigne. Malheureusement rien n’est venu encore confirmer cette hypothèse, et nos études spéciales nous ont per- mis de reconnaître que ces prétendus parasites du Phylloxera sont sim- plement ses commensaux, vivant des sucs altérés de la vigne, tuée ou rendue malade par le néfaste puceron souterrain. Il existe cependant un Acarien qui pourrait remplir ce rôle, indûment attribué aux Gamases et aux Tyroglyphes que l’on trouve sur les racines des vignes phylloxérées, car c’est un ennemi-né d'un grand nombre d'insectes nuisibles, et surtout de leurs nymphes et de leurs larves. Nous venous de l’étudier avec M. le professeur Laboulbène (1), et il est vrai- ment aussi intéressant par ses mœurs et sa manière de vivre que par les services qu'il rend. Voici dans quelle circonstance il nous a été donné de faire l'étude de cet Acarien. Le chêne vert, dans le Midi, est attaqué par un coléoptère du groupe des Buprestides, le Coræbus bifasciatus, dont la larve perfore le bois en tous sens et finit par amener la mort du végétal. A différentes re- prises on avait trouvé des nymphes de cet insecte nuisible, mortes dans leurs galeries et portant à la surface du corps de petites productions sphériques jaune orangé, et on les avait prises pour des œufs de Co- ræbus. M. le professeur Laboulbène ayant reçu de ces nymphes mortes, portant de ces corpuscules, prit d’abord ceux-ci pour des Champignons dont ils avaient en effet toute l’apparence ; mais un examen plus attentif, aidé du microscope, lui fit reconnaître que ces corpuscules possédaient, sur un point de leur surface, une tête, un thorax et des pattes, par les- quels ils adhéraient à la nymphe du Coræbus; c’était, en un mot, une espèce d’Acarien qu’il me demanda d’étudier avec lui, et cette étude (1) Journal de l’Anatomie, fase. 1. Paris, 1885. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 461 nous montra que les corpuscules en forme de Champignon n'étaient en réalité que l’abdomen extraordinairement dilaté en vésicule, et rempli d'œufs ou d’embryons dudit Acarien, fixé par son rostre sur la nymphe de l’insecte, aux dépens de laquelle il vit et dont il détermine la mort par épuisement. Dans le cours de notre étude et en faisant des recherches bibliogra- phiques pour savoir si cet Acarien était ou non connu, nous avons appris. qu'il avait déjà été vu en Angleterre, en Amérique et même en France, mais peu ou très incomplètement étudié. Newport, en Angleterre, en faisant ses belles recherches sur les Mel- lifères (1850), avait rencontré cet Acarien sur une larve de Monodonto- merus, parasite elle-même de l’Antophora relusa : il rendait à cette Abeille le service de la débarrasser d’un ennemi, ou tout au moins d’un commensal gênant. Frappé du développement extraordinaire de l’abdo- men de cet Acarien, Newport l’avail nommé Heteropus ventricosus ; mais il en fit une description très incomplète, se demandant s’il n’était pas parthéuogénétique, n’ayant pas vu de mâle parmi les nombreux spé- cimens de femelles qu’il avait sous les yeux, et dont l’abdomen était bourré de jeunes prêts à naître, comme chez les femelles aptères des pucerons. M. Lichtenstein, à dans avait vu, en 1868, cet Acarien extraor- dinaire envahir ses boîtes d'élevage d’insectes, faire avorter toutes ses éducations, et, pendant six mois, apporter la plus grande perturbation dans ses études entomologiques en lui tuant tous ses sujets. Sans le dé- crire et croyant à une espèce nouvelle, M. Lichtenstein avait nommé provisoirement cet ennemi des insectes Physogaster larvarum. Enfin Webster, en Amérique, en 1882, reconnaissait les grands ser- vices que rend cet Acarien aux Blés envahis par les Teignes, en faisant un véritable carnage des larves de ces nuisibles micro-lépidoptères. Si cet Acarien rend à nos greniers le service de les débarrasser des larves de la Teigne des Blés, il a cependant quelquefois des inconvé- uients : quand il n’a plus de proie à dévorer, il se jette parfois sur les hommes occupés à manipuler le Blé qui a été teigneux et cause par ses morsures des démangeaisons très vives et insupportables; ce fait s’est produit à Bordeaux et à Moissac, près Montauban, en 1850 ; heureuse- ment qu’un simple bain de rivière suffit pour calmer ces démangeaisons. Dans l’étude complète que nous avons faite de cet Acarien, nous avons reconnu que c'était par suite d'une erreur d'observation que Newport lui avait attribué le nom d'Heteropus. Ce nom, du reste, ne pouvait être conservé, non plus que celui de Physogaster, parce qu'ils ont déjà été donnés à un grand nombre d'insectes. Nous avons pensé, M. Laboulbène et moi, à créer pour lui le genre Sphærogyna, caractérisant le point le plus saillant de l’organisation de cet Acarien, el nous lui avons conservé le nom spécifique donné par Newport, en sorte qu'il porte actuellement 462 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACGLIMATATION, le nom de Sphærogyna ventrycosa ; quant à sa description, nous l'avons donnée complète dans le Journal d'Anatomie de M. le professeur Ro- bin (1885). Nous terminerons cette note en disant que, par l’organisation du rostre, qui comprend des mandibules styliformes et des palpes maxil- laires à trois articles, dont le terminal est muni d’un crochet ravisseur, et par ses pattes réparties en deux groupes, composées chacune de cinq articles, terminées par des crochets, simples dans la première paire et doubles dans les autres, où ils sont accompagnés d’une caroncule spatu- liforme, il doit être rangé dans la tribu des Cheylétides et au voisinage du genre Picobia de Haller. Cet Acarien est remarquable par la rapidité avec laquelle il se déve- loppe et se multiplie : la femelle a son abdomen énorme, qui a centuplé de volume, bourré d’œufs et d’embryons qui sont nourris el se déve- loppent au moyen des sucs des victimes aspirés par leur mère; ces em- bryons deviennent, les uns des mâles, les autres des femelles, qui sont adultes en sortant de leur gynécée et qui se fécondent immédiatement, sans passer par les phases larvaires et nymphéales que présentent les autres Acariens. Ainsi s’explique la multiplication rapide de ce parasite quand la nourriture abonde. Reste à trouver le moyen d’arriver à le mettre en contact avec le Phylloxera, dont il deviendrait un agent de destruction des plus efli- caces. P. MEGNIN, LA Rédacteur en chef de l’£leveur. L'Eucalyptus dans l'Inde. Un mémoire substantiel, récemment présenté à la Société des Arts de Londres par M. P. L. Simmonds, sur l'exploitation des forêts de Tek (Tectona grandis de l'Inde (1), a donné lieu, dans le sein de la Société, à une intéressante discussion concernant la valeur relative de différentes essences forestières exotiques, et en particulier de l’Eucalyptus. Nous extrayons du Journal de Ja Société le passage suivant : M. le colonel Beddome. « .... Dans le Nilgherries, l'administration des forêts a planté l’Eucalyptus ibbutis presque à l'exclusion des autres espèces, et considère cette essence comme l'arbre de l'avenir. Get arbre croit environ quatre fois plus vite que le Tek ; il atteint une hauteur de 100 pieds en cinq ou six ans. Aussi le major Campbell, ingénieur des constructions militairés, en a-t-il planté de nombreux acres à Wellington (1) The Teak forests in India and the East, and our British imports of Teal:, 27 février 1885. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 40% 4 station, sur le plateau de Mysore, à 7000 ou 8000 pieds au-dessus de la mer, où le climat est assez tempéré et le sol favorable. On ne peut en- core aujourd’hui se prononcer sur l’usage auquel le bois conviendra le mieux; mais il est évident qu’il serait très utile pour faire des traverses, si un chemin de fer était établi dans la région. Les arbres les plus âgés n’ont que de vingt à trente ans. Or, en Australie, on n’emploie guère le bois que quand il est vieux; il est alors de qualité presque égale à celle du Tek. | M. Martin Wood croit savoir qu'après essai on a renoncé à l'emploi du bois d’'Eucalyptus pour les traverses de chemin de fer dans l’Inde, principalement parce que ce bois est attaqué par les Termites. M. Simpson rappelle qu'il y a du bois d'Eucalyptus de différentes qualités, dont plusieurs sont, en effet; attaquées par les Termites. On connaît, du reste, quatre-vingt-trois espèces d’Eucalyptus. Le Jarrah de l'Australie occidentale, ou Eucalyptus rostrata, est, non seulement à l'abri des attaques de ces insectes, mais même positivement inusable. M. Simpson a fait de nombreuses plantations de Jarrah. Lorsque cet arbre est jeune, il croît d’un pouce par jour. Quant. au Red-Gum (Euca- lyptus amygdalina), 1l est précieux dans les terrains marécageux, car il dessèche promptement le sol. «J'ai vu, ajoute M. Simpson, dans » l'Australie occidentale, des terrains’ où l’on avait abattu des arbres de » celle espèce, devenir bientôt sans valeur; le sol, n’étant plus drainé par » les Eucalyptus, se transformait promptement en véritable marécage. » M. Andrew Bell désirerait savoir si les feuilles des Eucalyptus ont réellement une action assainissante dans les régions où sévissent les fièvres paludéennes. M. le colonel Beddome répond que cette opinion, primitivement ad- mise, est aujourd'hui abandonnée. Ce n’est pas l'odeur répandue dans l'atmosphère par l’Eucalyptus qui fait disparaître la fièvre ; l’assainis- sement de la région est uniquement dû au dessèchement du sol par la végétalion de l'arbre. Le bois de Jarrah, tiré de l’Australie, est très employé dans l’Inde pour les traverses de chemins de fer; mais, bien que ce bois, utilisé aussi pour les constructions maritimes, ne soit pas attaqué par les Tarets, il ne paraît pas être complètement à l’abri des ravages des Termites, auxquels, du reste, rien ne peut résister. Sir Joseph Fayrer estime, avec M.le colonel Beddome, que les éma- nations de l’Eucalyptus n’ont pas de propriétés assainissantes ; mais, comme il s’agit d'un arbre de rapide croissance, les plantations peuvent servir à former des rideaux protecteurs contre les miasmes paludéens. Ces plantations, faites dans le voisinage des marais, servent à isoler de la fièvre les établissements qui étaient exposés aux dangereux effluves ; elles opèrent, en outre, un précieux drainage du sol, dont elles absorbent complètement l'humidité, en exerçant d’ailleurs sur l’atmosphère l’in- fluence utile qu’on accorde à toute végétation. R.-W. HI. BIBLIOGRAPHIE La Poule pratique, par E. LEROY. 1 vol. in- -18, fig. Paris, 1885, libr. de Firmin Didot et Cie. M. E. Leroy vient de publier chez Firmin Didot la 2° édition d’un livre intitulé : La Poule pratique, par un praticien. L'auteur s’est proposé pour but de rechercher quelle est la Poule qui réunit les conditions requises pour être proclamée Poule pratique, quelle est la méthode d'exploitation la plus pratique et l'outillage également le plus pratique et le moins dispendieux. Il a du reste parfaitement rempli son programme ; son ouvrage est divisé en quatre chapitres. Chap. 1°". La Poule pratique : Races de parquet.— Races de la ferme. Chapitre 11. Installations pratiques : Habitation des Poules. — Mobilier des Poules. — Engins d'élevage. Chapitre 111. Hygiène, nourriture : Hygiène des basses-cours. — Nourriture des volailles. Chapitre 1v. Exploitation de la volaille : Ponte. — Couveuses. — In- cubation. — Éclosion. — Éducation des poulets. M. Leroy fait un grand éloge des races de parquet de Houdan, de Hambourg et de la monumentale Langshan; mais, à son avis, ce n’est pas parmi les races de parquet qu’on trouvera la vraie Poule pratique. Parmi les races de ferme, il fait grand cas de l’Espagnole et la défend contre certains reproches, par exemple celui de ne pouvoir soutenir les grands froids. Ses expériences personnelles lui ont prouvé le contraire, et c’est un fait qui mérite d’être retenu. Mais, selon lui, la vraie Poule pratique, c’est la Poule commune, reconstituée, quand elle a dégénéré, par la Poule de combat. Il nous donne, en passant, une curieuse mono- graphie de cette dernière race. Suivent d'intéressants détails sur les installations pratiques. L'auteur proscrit comme trop dispendieuses les installations construites en fer ; il se contente de bois peint et de grillages; des figures simples et bien faites complètent ses explications. La partie relative à l'hygiène et à la nourriture des volailles est éga- lement bien traitée. Mais la plus importante est celle qui a trait à l’ex- ploitation, notamment aux moyens d'activer la ponte, aux couveuses et à l'installation des poussins. Nous en recommandons la lecture aux personnes qui ont besoin de se renseigner sur la matière et à celles’qui répugnent, par esprit de routine, à tout perfectionnement. | L'ouvrage de M. E. Leroy est substantiel, plein de faits, et digne en tous points des travaux du même auteur, toujours agréable et utile à consulter par les amateurs et les aviculteurs de profession. G. MATHIAS. Le Gerant : JULES GRISARD. 4520. — BoURLOTON. — Imprimeries réunics, A, rue Mignon, 2, Paris. 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DE LA MÉNAGERIE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE Pendant les mois de mai, juin, juillet et août 1885. Par M. HUET Aide-naturaliste, chargé de la ménagerie. Pendant cette période de quatre mois, il est né à la ména- serie du Muséum d'histoire naturelle dix -sept mammifères et cent oiseaux; tels sont : 1 Melle mâle (Oryx leucoryx), du Sénégal. C’est le qua- trième jeune que nous obtenons, d’un mâle et d’une femelle envoyés du Sénégal par M. Brière de PIsle, dans le commencement de 1880; Cerf Wapiti (Cervus Canadensis) ; Biche Wapiti; Biches Sika (Cervus sika), du Japon: Macaque ordinaire (Macacus cynomolgus), de l'Inde ; Mouflon à manchettes (Ovis tragelaphus), d'Afrique ; . Rénne femelle (Cervus tarandus), de la Laponie ; Hémione mâle (Equus hemionus), du Thibet: 9 Hybrides de Cervulus lacrymans et de Cervulus Ree- vesit. Nous avons en ce moment un troupeau de ces jolis petits Cervules, composé de 14 têtes; jusqu’à ce jour les mâles et les femelles vivent ensemble, sans que ja nous ayons eu d'accidents, et depuis trois ans nous n’en avons pas perdu un seul, pas même de jeunes qui, pour quelques- -uns, sont nés en Hiver 4 Cerf maral (Cervus maral), de Perse ; 1 Mouton à tête noire, d’Abyssinie ; 4 femelle d’Axis (Cervus Axis), de l'Inde; 4 Buflle du Cap (Bubalus Cafjer); 8 Casarcas ordinaires (Tadorna rutila), d’ Europe ; 91 Faisans à colliers (P hasianus torquatus) : 4° SERIE, T. II. — Septembre 1885, 30 CG} = LÀ À À 19 = 266 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 23 Faisans Amherst (Thaumalea Amherstiæ) ; 14 = 1 dorés at —— picla) ; 10 Euplocomes du Népaul (Euplocomus leucomelanus) ; 6 Éperonniers Germain (Polyplectron Germaini), de Co- chinchine; 11 Hybrides de Faisan argenté mâle et d’Euplocome du Népaul, femelle ; 1 Hybride de Coq Nangasaki et d'Euplocome du Népaul; 6 produits d'Hybride de Faisan argenté et d'Euplocome du Népaul. La facilité avec laquelle on obtient le croisement des espèces du groupe des Gallinacés est vraiment surprenante; ainsi, l’année dernière, nous avons eu le croisement du Faisan vé- néré mâle avec le Faisan à col ier femelle. Cette année, nous avons encore eu celui de Faisan argenté et d’Euplocome, mais encore la reproduction des hybrides de ces mèmes oi- seaux nés l’année dernière, puis enfin le croisement de Coq et d'Euplocome. Après ces résultats, on peut bien espérer pouvoir tout es- sayer, et l’année prochaine nous nous proposons de faire des tentatives avec toutes les espèces dont nous pourrons dispo- ser et tenter toules les combinaisons possibles à cet effet. En terminant ce qui est relauif aux éducations de Faisans, je dois dire un mot de la nourriture des jeunes, dont M. Dau- treville a bien voulu nous donner une certaine quantité, qui mous à servi à faire des expériences comparatives avec la mourrilure que nous avions déjà indiquée les années passées. Nous avons donc pris un groupe de Faisans, ceux à col- dier, que nous avons nourris avec la poudre nutritive mélan- -gée avec la pâlée de pain et d’œufs; lous ces jeunes, sauf deux, sont parfaitement venus et maintenant ils sont tout à fait hors de danger, je dirai même qu’ils ont atteint une taille peu ordinaire : ce sont des oiseaux très forts, très robustes, el qui bien certainement feront de beaux élèves. Voilà donc les amateurs à l’abri des ennuis de l'élevage au moven des œufs de Fourmi, puisque l’on peut être certain que, soit avec la nourriture dont j'ai parlé, soit avec la poudre NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 407 de M. Dautreville, moyen encore plus simple puisqu'il n°y a rien à préparer, on pourra sans plus de frais élever aussi bien tous les jeunes, sans avoir lous les inconvénients qui résultent de l’élevage avec les œufs de Fourmi. Nous avons reçu vingt et un mammifères et quarante-huit oiseaux offerts en cadeau à la ménagerie. Ce sont : Il ES —— = Agouti (Dasyprocta acuti), de Cayenne, don de M. Har- mois ; Agouti (Dasyprocta acuti), du Brésil, don de M. Bar- nouin ; Mangouste grise (Herpesies griseus), de l’Inde, don de M. Donaldson ; Ocelot (Felis pardalis), don de M. Alberto Castellanos ; Macaques bonnet chinois (Macacus sinicus), don de M. Marniovalet; Macaque bonnet chinois (Macacus sinicus), don de M. Durand ; Chiens comestibles du Tonkin, don de M. Brau de Saint- Pol Lias ; 1 Fourmilier tamanoir (Myrmecophaga jubata), du Haut- on Orénoque, rapporté par M. Chaffangeon ; ROg PEUaues A PE qe SE | de Cochinchine, — viverrien (Felis viverrinus), | e Porc-épic (Hystriæ cristata), don de M°Pane ; Dasyure Maugé (Dasyurus Maugei), d'Australie, don de M. Diguet; Phoque commun (Phoca vitulina), de la baie de Somme, don de M. Léon; Chat servalin (Felis servalina), du Sénégal, don de M. Rost; Kinkajou (Cercoleples caudivolvutus), don de M Su- zanne Boulay. OISEAUX 1 Corbeau (Corvus frugilequs), France, don de M. Schenck ; 1 Cresserelle (Falco tinnunculus), France, don de M. Dar- riet; Au en Le 1O > bn SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Cresserelle (Falco tinnunculus), France, don de M. le Tallec ; Aigle Jean le blanc (Falco bachydati ylus), don de M. Richet; Aigle Jean le blanc, don de M. Verdol; Grand Corbeau (Corvus corax), don de M. Redant; Aigles fauves (Aquila fulva), des Pyrénées, don de M. Cazin; Pénélopes (Pipile Cumanensis), Cumana, don de M. Rousseau, sous-secrélaire d’État au ministère de la marine; Kagou (Rhynochelos jubatus), Nouvelle - Calédonie, don de M. Bert; Vautour papa (Sarcoramphus papa), don de M. Clos- madeuc ; Cormorans (Carbo cormoranus), don de M. Belvalette ; Chouettes Effraie (Strix flammea), don de M. Grappin; — — — — don de M. DEEE Éperviers (Falco nisus), don de M. Felumb; Buses (Falco buteo), don de M. Pichot; Paons (Pawo cristata), don de M. lune Colombes à collier (Columba risoria), don de M. Verrier ; Chouette chevêche (Strix passerina), don de M. Four- nier; Chouette hulotte (Striæ aluco), don de M. Nareiller ; — — — — don de M" Marion; Colombes à tête grise (Streptopelia erythrophrys), de Koncoa, dont de M. le capitaine Bloyet ; Colombes Levaillant (Streptopelia Levaillanti), du même donateur ; Colombes d'Afrique (Chalcopelia afra), du même donateur. MAMMIFÈRES ACQUIS Tatous (Dasypus villosus), Brésil; Rhinocéros de Sumatra (Rhinoceros Sumatrensis) ; NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSÉUM. 469 ‘2 Guenons blanc nez (Cercopithecus cephus), d'Afrique ; 2 —— Diane ( — Diana), _ 1 Bonnet chinois (Macacus sinicus), de l'Inde ; OISEAUX ACQUIS 75 Mouettes et Goélands (Larus maritimus, Larus fuscus, Larus canus, Larus ridibundus) ; 3 Aras (2 Macrocercus chloropterus, 1 M. macao) ; 1 Ménure lyre (Menura suberba), d'Australie. C’est avec plaisir que nous enregistrons cette dernière ac- quisilion, qui va nous permettre de bien étudier cet oiseau, l’un des types les plus curieux de l’ordre des Passereaux. Ce Ménure Iyre a été pris tout jeune et élevé par la per- sonne qui l’a vendu; malheureusement la femelle, qui était apportée vivante avec le mâle que nous possédons, est morte dans la traversée de la mer Rouge. Cela est d’autant plus re- grettable que cet oiseau vient rarement en Europe, et que c’est la première fois que nous le voyons vivant à la ménage- rie du Muséum d'histoire naturelle. Par le port, la démarche et ses allures vives, cet oiseau se rapproche des Pies ; comme ces dernières, il est Loujours à la recherche des insectes ou des larves qui se trouvent dans la terre, qu’il remue continuellement avec une grande dexté- rilé; pour cela, il se sert de ses trois doigts de devant, qu'il réunit de façon à former une véritable pioche, dont il se sert pour enlever en gros des mottes de terre, qu’il émiette ensuite très délicatement d’une manière très adroite et Lrès gra- cieuse avec son doigt médian; jamais le bec n’est employé pour ce grossier travail, ce n’est que pour ramasser les in- sectes qu’il utilise, et au bout de quelques instants on le voit. aller le laver avec grand soin. Ses habitudes sont très familières : bien que cet oiseau ait été élevé dès son jeune âge, on voit que son caractère est doux et qu’il aime l’approche de l’homme, car il donne, lorsque l’on entre près de lui, des signes d’une satisfaction très grande; jamais non plus il ne fait paraître, envers les oiseaux 470 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ses voisins, l'irascibilité que l’on observe chez les Gallinacés en général, surtout chez les Faisans. La voix chez cel oiseau est très remarquable, et les sons qu'il entire, quoique très aigus, sont très agréables à l'oreille : ils sont formés d’une suite de modulalions qui rappellent un peu celles que fait entendre le Rossignol, dans les notes hau- tes; bien certainement, avec une éducalion suivie, on arri- verait à lui faire siffler des aïrs, comme cela peut se faire pour les Pies; il a aussi un cri pour marquer sa satisfaction, mais ce cri est d’une seule note, toujours la même; aussi long- temps que l’on reste près de lui, il ne cesse de le jeter en orattant le sol de ses longs ongles, et en même temps, son grand œil intelligent semble vous inviter à faire comme lui, ou bien à l’aider à trouver quelque insecte qu’il ne Hole pas. Somme toute, c’est un oiseau gracieux, doux, aimable eten même temps très intelligent, qui pourrait rendre de grands services dans nos jardins pour la destruction des insectes, à la chasse desquels il est occupé tout le jour; reste à savoir si son acclimatation est facile et surtout si la reproduction réus- sirait ; là est Le doute, qui ne pourra être soulevé que lorsque Von aura pu réunir une paire de ces jolis oiseaux et que l’on aura trouvé le moyen de les mettre dans de bonnes conditions pour la reproduction. | IL y aurait sans doute une grande difficulié à faire repro- duire ce Ménure, car il parait, à part le temps qu'il passe à terre, à la recherche de sa nourriture, essentiellement ar- boricole, et cértainement il doit faire son nid sur les arbres, condition difficile, mais non impossible; la difficulté serait donc de posséder une paire de ces oiseaux et de les habituer à la captivité, les installations pourraient se trouver. Nous continuerons nos observalions à ce sujet el, au prin- temps prochain, nous en ferons connaître le résultat, si, comme nous l’espérons, nous avons le bonheur de conserver cet oiseau pendant l'hiver. | CATALOGUE RAISONNÉ PAR RÉGIONS DES ESPÈCES D’OISEAUX QU’'IL Y AURAIT LIEU D’ACCLIMATER ET DOMESTIQUER EN FRANCE Par L. MAGAUD D'AUBUSSON INTRODUCTION. € Nous devrions, dès longtemps, posséder pour chaque- » région, dit Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, dans son livre » sur l’Acclimatation el la domesticalion des animaux: » uliles, la liste des espèces que nous avons à lui demander, » avec ous les documents qui peuvent ser vir de points de: » départ à des essais rationnels (1). » Nous allons tenter de réaliser, pour la partie qui concerne les Oiseaux, le vœu exprimé il y à trente ans par l’illustre : fondateur de notre Société. Il serait peut-être téméraire de prétendre donner aujour- d’hui la liste exacte et complète des espèces qui pourront un jour être utilisées, mais nous pouvons au moins, dès main- tenant, comme le conseillait Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, « dresser celle des espèces dont la domestication déjà pré- - parée par quelques études préliminaires, par des observa- tions failes dans le pays, ou même déjà par des expériences sous noire climat, est assez manifestement utile et possible pour que tous les auteurs s'accordent à cet éyard (2) ». | C’est en prenant pour guide ces judicieuses réflexions que - nous avons élabli les bases de notre travail; mais, dans ses développements, nous avons dû compter avec les progrès ob- tenus à l'heure actuelle pour prévoir ceux que l'avenir tient en réserve, ne perdant Jamais de vue que l’homme possède : (1) P. 40. (2) P. 48. 479 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. un pouvoir presque illimité de de les espèces et de les plier à ses besoins. Notre catalogue sera donc assez élendu et très ouvert. Nous ne le bornerons pas aux espèces dont l’utilité et la pos- sibilité de l’acclimatation et de la domestlication sont devenues incontestables; nous l’étendrons également à celles que des présomptions Fine de possibilité el d'utilité signalent à notre sollicitude et à nos efforts. À la vérité, l'utilité que peuvent nous procurer les oiseaux est de plus d’un genre et d'importance fort inégale, selon les espèces. En première ligne, nous devons placer celles qui nous offrent des ressources au point de vue de l’alimentation. Puis les espèces qui représentent une certaine valeur industrielle par la production de plumes plus ou moins recherchées pour divers usages. Dans ce nombre, il en est qui nous apporte- raient, en outre, un accroissement notable dans la quantité, toujours insuffisante, de la viande produite sur notre sol, ainsi qu’un grand nombre de ces œufs, « dont un seul suflit pour le repas d’une famille (1) ». En troisième lieu viennent les oiseaux d'ornement, dont plusieurs sont suscepubles de devenir alimentaires par la suite. Ainsi, trois catégories principales : 1° Espèces alimentaires, oiseaux de basse-cour et gibier, oiseaux de boucherie ; 2° Espèces industrielles, qui peuvent être aussi alimen- taires ; oiseaux producteurs de plumes, et parmi eux les grands oiseaux inailés, qu’Isidore Geoffroy a nommés des « oiseaux de boucherie », terme heureux, faisant ressortir d’une ma- nière topique les avantages que nous offriraient ces animaux; 3° Espèces accessoires ou d’agrément, dont plusieurs de- viendront alimentaires avec le temps, oiseaux de volière et d'appartement, oiseaux servant à la décoration des parcs et des jardins. On pourrait ajouter les espèces auxiliaires, qui offrent chez (1) Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, op. cit., p. 82. OISEAUX À ACCLIMATER. 473 les oiseaux des genres et des degrés d'utilité très différents, mais toujours d’une valeur secondaire. Nous ne parlons pas ici, bien entendu, des services de premier ordre que nous rendent ces animaux à l’état sauvage, particulièrement les oiseaux inseclivores, dont on ne saurait lrop recommander Ja conservalion. Le but que nous devons nous proposer dans cette étude n’est pas de rédiger un aride inventaire des richesses futures que peuvent nous procurer l’acclimatation et la domestication de certains oiseaux, mais de faire connaître, aussi exactement que le permettent les documents recueillis jusqu’à ce jour par la science, leur histoire naturelle, c’est-à-dire leurs mœurs, leurs habitudes, leur distribution géographique, leur habitat, leur régime, et enfin l’ulililé que nous pouvons en relirer. Si nous ne nous adressions qu’à des naturalistes de pro- fession, nous ferions une plus large part à la zoologie pure, à la diagnose, à la synonymie et aux subtilités de la nomen- clature; mais nous estimons qu’il est indifférent aux lecteurs ordinaires de notre Bulletin que nous nous étendions sur ces matières comme dans un traité d’ornithologie. Il leurimporte, au contraire, d'être renseignés sur la vie d'animaux qui font l’objet de communications fréquentes à la Société, et dont ils sont appelés eux-mêmes à favoriser l’acclimatation. Nous n’accorderons à la description des espèces que les _ détails indispensables et véritablement intéressants, et à l’é- rudition synonymique que la place nécessaire aux indications bibliographiques qui permettront aux lecteurs d’aller aux renseignements et de recueillir un supplément d’informa-. tions. Le plan que nous allons suivre repose sur les grandes déli- mitations géographiques, subdivisées à leur tour en régions proprement dites. Nous passerons en revue, par ordre d'importance, les di- vers groupes qu’elles renferment. 474 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ASIE. Nous commencerons par l’Asie, le berceau de notre race, d’où nous sont venus, avec le flot humain, la plupart des’ ani- maux domestiques qui nous entourent, el dont la fécondité, pour ainsi dire inépuisable, semble vouloir, par une sorte de sollicitude maternelle, ajouter encore aux libéralités qu’elle nous a faites. De ce vaste continent, une portion reste négligeable au point de vue spécial qui nous occupe. Les terres glacées du Nord, solitaires et désolées, sont pauvres en espèces utiles à intro- duire ; mais, en revanche, les parties occidentales, le plateau central, la région hymilayenne, la Chine, le Japon, l'Inde, l’Indo-Chine et les îles qui en dépendent, offrent un champ d’invesligations d’une richesse incomparable. Un ordre domine la faune or nithologique de ces contrées, non seulement par le nombre et la variété des espèces, mais aussi par l'intérêt qui s’y attache pour l’homme : c’est celui des Gallinacés, et, en Lête de cet ordre, une famille, celle des Phasianides, qui lous sont originaires de l'Asie et caracléri- sent en quelque sorte l’ornithologie de celle partie du monde. VERSANT ORIENTAL: CHINE. Corée. — Mandchourie. — Mongolie. — Turkestan oriental. — Chine proprement dite. — Chine thibetaine. PHASIANIDES. Avant d'aborder l’histoire de chaque espèce prise dans l’aire géographique qui lui est propre, el à raison de l'intérêt que présente pour nous ce groupe des Phasianides, nous croyons entrer dans l'esprit du prourammie que nous avons adopté en exposant quelques points de l’histoire naturelle générale de ces animaux, points sur lesquels 1l importe de fixer dès le début l’altention du lecteur. Les Phasianides, ces oiseaux que l’on recherche pour la OISEAUX A ACCLIMATER. 475 brillante variété de leurs couleurs et la délicatesse de leur chair, vivent à peu près entre le 25° et le 40° degré de lati- tude nord, c’est-à-dire dans des climats qui diffèrent peu de ceux du midi de l’Europe. Ils sont répandus dans l’Asie orien- tale ou méridionale, à l'exception peut-être d’un seul, qui paraît spécial aux contrées occidentales de ce même continent et aux parties orientales de l'Europe qui le touchent. Bien qu'ils fréquentent les bois d’une certaine étendue, les Phasianides préfèrent aux grandes forêts les buissons, les bruyères, les taillis qu’entourent des champs et des prairies. Certaines espèces habitent la plaine; d’autres, au contraire, s’établissent dans les montagnes et ne descendent pas au-des- sous d’une certaine allitude, même par les froids les plus ri- goureux. En général, ces oiseaux +ontsédentaires, et lorsqu'ils ont adopté une demeure, ils ne la quitteut plus. Toutefois, leurs cantonnements sont assez vastes; car, hors la saison des amours, ils aiment à errer dans la contrée sur un rayon de plusieurs kilomètres Ges excursions cependant ne peuvent pas être assimilées à de véritables voyages, que ne permet- traient pas d’ailleurs à ces oiseaux les moyens de locomotion dont ils peuvent disposer. Les Phasianides, en effet, courent bien, comme les autres Gallinacés, mais volent mal. Pour pro- gresser dans l'air, ils sont obligés de battre précipitamment des ailes, qu’ils ont courtes et arrondies, ce qui rend leur vol pénible et très bruyant, surtout au départ; car, lorsqu'ils ont atteint une certaine hauteur, 1ls agilent moins fréquemment les ailes et peuvent glisser dans l'air avec rapidité. Mais, gé- néralement, ils ne se décident à prendre leur essor que lors- qu'ils y sont contraints, par celle raison que, ne pouvant donner de repos aux muscles qui font mouvoir les ailes, 1ls se fatiguent bientôt. Quand ils perchent, ils Liennent le corps droit, la queue presque verticalement pendante. À terre, leurs pattes fortes et hautes leur permettent de courir longtemps et vite. Dans ce cas, ils courbent la tète, relèvent la queue et s’aident même de leurs ailes pour se maintenir en équilibre. D’ordinaire, ils marchent lentement, la tête penchée ou ren- trée dans les épaules, la queue assez relevée pour qu’elle ne 476 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. traîne pas. Leur voix est désagréable, surtout celle du die, du Coq, qui pousse des cris bruyants et répélés. Les Paasianides sont Lrop beaux pour être très ntblisedis 3 aussi le développement de leurs facullés intellectuelles éstil médiocre. Ils semblent justifier le préjugé que beaucoup de personnes nourrissent contre la surabondance des agréments extérieurs; car, quoiqu'on ne puisse leur refuser un certain degréd’intelligence, ona remarqué que leur activité psychique se borne à des manifestations d’un ordre assez inférieur. Ils sont méfiants, mais d’une méfiance aveugle, et manquent sur- tout de cette aptitude que l’on rencontre chez certains ani- maux, de distinguer un danger sérieux de ce qui n’en a que l'apparence. Ils ne sauraient pas, comme le Corbeau, par exemple, la Corneille ou la Pie, faire la différence de l’homme dangereux et du passant inoffensif. Doués d’une certaine dose de mémoire, mais d’un pelil jugement, ils ne lirent presque aucun profit des rudes leçons de l’expérience, qui les rendent plus craintifs sans accroître leur prudence. Les Phasianides vont par troupes plusou moins nombreuses, mais ne se réunissent jamais en très grandes bandes, ou, s’il leur arrive d en former, elles ont une cause fortuite et une existence éphémère. Ces compagnies se composent ordinai- rement d'un mâle et de plusieurs femelles, quelquefois de plusieurs mâles et d’un certain nombre de femelles. Ils cher- chent ensemble jes graines, les baies, les bourgeons, les sub- stances végétales de toute espèce qui forment leur principale nourriture. Ils y ajoutent des insectes, des larves, des mol- lusques et même de pelits vertébrés, tels que Grenouilles, Lézards, Serpents. Les mâles sont polygames, du moins dans presque toutes les espèces connues, et, à l’exemple de nos Coqs de basse- cour, ne s'occupent point de l’éducation des jeunes. Les fe- melles restent seules chargées de ce soin. Quant aux mâles, après l’accouplement, ils vont dans les bois se réunir à d’au- tres individus du même sexe. En vrais Gallinacés, les Phasia- nides nichent à terre el jamais sur les arbres, comme le font les Hoccos et les Pénélopes. La mère creuse dans le-sol une OISEAUX À ACCLIMATER. 477 faible dépression, sous un buisson, dans de hautes herbes, et en tapisse la cavité avec quelques brindilles et des feuilles. Elle y pond, suivant les espèces, de six à douze, quatorze, quinze et jusqu’à une vingtaine d'œufs, qu'elle couve seule. L’incubation dure vingt-trois à vingt-cinq jours. Les jeunes sont précoces, marchent en sortant de la coquille, se montrent vifs, agiles etcroissent rapidement. Un duvet bigarré les couvre au moment de leur naissance, mais ne tarde pas à faire place à de véritables plumes. R Les mâles, à l’âge adulte, se font remarquer par l'éclat des couleurs qui décorent leur livrée. Les jeunes ressemblent aux femelles, qui sont loin d’être aussi magnifiquement vêtues. Leur plumage est même, Le plus souvent, de couleur terne, brun, varié de gris ou de jaunâtre. Mais il arrive parfois qu'en cessant de pondre, l’excès des humeurs qui facilitaient la pro- duclion des œufs porte son activité sur le système tégumen- taire, qui prend alors toute l’ampleur, tout le luxe de celui du mâle, comme si la nature eût voulu compenser par la ri- chesse de la parure les joies disparues de la maternité. Ce fait curieux, signalé par Viceq-d’Azir et Mauduit, attira l’atten- tion des naturalistes, et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire publia dans les Mémoires du Museum deux exemples intéressants de femelles de Phasianides ayant revêtu le plumage des mâles. L'un se rapportait au Faisan commun, l’autre au Faisan ar- genté. Depuis, des faits nombreux de ce genre sont venus confirmer ces observations. Le changement dont nous parlons ne s'opère pas seulement à un âge avancé. Un naturaliste anglais, Varell, remarqua que ce phénomène peut se produire à toutes les époques de la vie, et même être provoqué artificiellement. Dans tous les cas | observés, il trouva les organes sexuels plus ou moins altérés, suivant l’étendue de la transformation que le plumage avait éprouvée. L'ovaire était atrophié, rouge et dur. Ayant ouvert une vieille Poule dont le plumage était normal, afin d’établir une comparaison, il trouva cet organe dans le même état d’a- trophie, ce qui prouve que la maladie peut exister quelque temps avant que le changement de plumage qui en dépend 178 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. s'opère. Il n’est pas rare, du reste, de rencontrer parmi les nombreuses couvées de Faisans élevés en domesticité quelques femelles qui, à l’âge seulement de quatre ou cinq mois, pren- nent le plumage brillant des mâles. La voix des femelles qui revêtent la livrée des mâles s’altère en même temps que leur coloration el devient également sem- blable à celle de ces derniers, particularité que l’on constate fréquemment à l’égard des Poules domestiques. Le célèbre chirurgien et anatomiste anglais Hunter mentionne aussi des Paonnes qui auraient pris quelques-uns des caractères du mâle, et Bechstein a fait les mêmes remarques sur des Poules- dindes. Cette transformation du costume de la femelle n’est pas cependant spécial aux Gallinacés ; elle a été observée sur des oiseaux des autres ordres. Les femelles de Cotingas, par exemple, prennent quelquefois les couleurs des mâles et on a vu le changement de plumage s’effectuer chez plusieurs fe- melles de Pinsons, de Rouges-queues, d'Étourneaux, de Becs- croisés. Le Canard domestique a présenté aussi celte singu- larité. ll en est de même pour des animaux d’une classe tout à fait différente, et même dans l’espèce humaine. Revenons à nos Phasianides. La possibilité qu’ont ces ani- maux de pouvoir exister sous des latitudes assez différentes, et l'habitude de vivre en société, ont puissamment contribué à faciliter leur domestication et leur adaptalion aux climats européens. Aujourd'hui plusieurs espèces vivent au sein de nos fermes et même au milieu de nos forêts, sans paraître souffrir des vicissitudes de la température, et il est probable que d’autres ne tarderont pas à passèr de nos volières dans nos basses-cours, nos parcs et nos tirés. La maniabilité de cette famille si homogène et si naturelle augmente encore son aptitude à la domestication. Les espèces se marient volontiers entre elles et produisent des hybrides qui participent dans uue plus ou moins grande proportion des caractères de chacun de leurs auteurs, et qui peuvent de- venir la souche de nouvelles races. On peut voir actuellement, par exemple, dans les parquets du Jardinzoologique du Bois de : OISEAUX A ACCLIMATER. 479 Boulogne, des hybrides du Faisan d’Amherst et du Faisan doré, du Faisan leucomèle et du Faisan noble, du Faisan vénéré et du Faisan versicolore, du Faisan arsenté et du Faisan prélat, d’un Coq Faisan argenté et d’une femelle de Faisan de Wal- lich; à la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle, un hybride du Faisan de Swinhoë mâle et du Faisan argenté fe- melle, un autre de Faisan argenté mâle et d’une femelle de Faisan leucomèle. Enfin, le Faisan ordinaire se croise égale- ment avec la Poule commune. Ces hybrides portent vulgaire- ment le nom de Coquards. La famille des Phasianides n’a pas dans les méthodes des limites bien déterminées. En général, les ornithologistes lui ont donné une grande extension, et, par conséquent, ont dû y faire entrer des éléments assez disparates, qui ont nécessité l’établissement de plusieurs sous-familles. Nous avons réduit le nombre des genres que nous rangeons sous Pétiquette de Phasianides, non pas que nous préteéndions nier certaines affi- nités naturelles qui existent entre les groupes qu’on y a admis avant nous, mais afin de mieux préci-er, dans une œuvre essentiellement de vulgarisation, les caractères que rappelle, pour le plus grand nombre, ce nom de Phasianide, et d'éviter ainsi le trouble que l'introduction de coupes trop étendues pourrait jeter dans l'esprit des lecteurs peu familiarisés avec les études zooloviques. FAISAN DE SCHAW (Phasianus Schawii Elliot). Phasianus Schawü, Elliot, Proc. Zool. Soc. (1870), p. 403. — Monogr. of Phas. (1871), pl. Nous plaçons cet oiseau en têle du genre Faisan, parce que si l’on admet, en s'appuyant sur la doctrine de Darwin, que tous les vrais Faisans ont une origine commune, on peut soupçouner celui dont il s’agit dans cet article d’être cette souche. Il représenterait du moins, selon quelques ornitho- logistes, la forme la plus rapprochée du type primitif aujour- d’hui probablement éteint. Il offre une très grande analogie avec le Faisan de Colchide, 480 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. si grande que M. Schaw, qui le découvrit dans le Turkestan chinois, le confondit avec cette dernière espèce, dont les re- présentants se seraient avancés fort loin dans l'Orient. La 7 mx Faisan de Schaw (Phasianus Schawii Elliot). situation même de son habitat pourrait le faire considérer comme le chaînon qui relie les formes orientales à la forme occidentale. Malheureusement, l’absence à peu près complète de ren- seignements précis ne permet pas de nous étendre comme sue fustiitt OISEAUX A ACCLIMATER. : A8 nous l’aurions désiré sur ce sujet. Nous profiterons seulement de l’occasion pour faire remarquer, aü début de cette étude sur les représentants du genre Faisan en Chine, que les soi- disant espèces dont nous allons parler se tiennent par des liens tellement étroits que, pour la plupart, nous ne pouvons les considérer que comme des races locales ou variétés résul- tant de l’évolution d’un (ype unique, et qui, par suite d’une adaptation au milieu et aux circonstances, ont revêtu des ca- ractères distinctifs. | Le Faisan de Schaw paraît être commun rs le Varkd, province du Turkestan oriental. M. Elliot le décrivit pour la première fois en 1870 et lui donna le nom de son inventeur. Il serait à désirer que cette espèce vienne s'ajouter à celles qui vivent déjà dans nos jardins zoologiques, pour être mieux étudiée et finalement acclimatée en Europe, où elle peut rendre les mêmes services que le Faisan commun. FAISAN REMARQUABLE (Phasianus insignis Elliot). RISIRrAS insignis, Elliot, Proc. Zool. Soc. (1870), p. 404 — Monogr. of Phas. (1871), pl On possède des renseignements très incomplets sur cet oiseau, que M. Elliot décrit sous le nom de Phasianus insig- nis, d’après deux exemplaires mutilés rapportés du Yarkand par M. Schaw. Ces deux sujets, le mâle et la femelle, étaient privés de leur tête. M. Elliot suppose que ce Faisan doit res- sembler beaucoup, par la tête et le cou, au Faisan de Mongo- lie, mais que probablement il n’a pas de collier blanc, car les plumes du cou, qui subsistaient dans le mâle qu’il a eu entre les mains, montraient bien le commencement des teintes bleues et vertes, à reflets métalliques, qui dominent chez les vrais Faisans, mais aucune trace de blanc. Ce Faisan serait d'assez grande taille, comme celui de Mon- golie, mais différerait de ce dernier non seulement par l’ab- sence de collier, mais aussi par la disposition des couleurs et surtout par la vivacité de leurs nuances,qui resplendissent des 4° SÉRIE, T. Il. — Septembre 1885. 31 482 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. plus brillants reflets métalliques, principalement à la poitrine et aux flancs. | M. Elliot s’est demandé, tout d’abord, si on ne se trouvait pas en présence d’un hybride du Faisan de Schaw et du Faï- san de Mongolie, mais la situation même de l’habitat de cet oiseau sur les versants est de l’Altaï, tandis que le Faisan de Mongolie habite les versants ouest, éloigne celte supposition. Les passages de celte chaîne de montagnes, même les plus bas, se trouvent à une élévation trop considérable pour qu'un Faisan puisse les traverser. Cette variété, par la beauté de son plumage, pourrait four- nir un nouvel oiseau d'ornement en attendant qu’elle soit ac- -climatée comme gibier. FaISAN DE STRAUCH (Phasianus Strauchi Preyevalski). Phasianus Strauchi, Preyevalski, Birds of Mongolia ……. in Ornithological Miscellany, by G. Dawson Rowley (1877), t. IN, p. 417. Peñdant le voyage qu’il exécula en Mongolie, dans le Tan- sout et le Thibet septentrional, en 1874, le colonel russe Preyevalski découvrit deux formes nouvelles de Faisans. Il baptisa la première du nom de l’ambassadeur de Russie en Chine, M. Vlangal, dont le zèle assura, en grande partie, le succès de l’expédition, et dédia la seconde à un membre de l’Académie de Saint-Pétersbourg, M. Strauch. Ces oiseaux offrent un intérêt tout particulier parce qu’ils semblent marquer le passage des races sans collier à celles qui en sont pourvues. Îls ont, en effet, l’un et l’autre, sur le ‘derrière du cou, une ligne blanche qui en est comme le timide essai. La nature ne procède jamais par bonds, et elle s’est servie de ces formes de transition, comme d’une étape, avant d'arriver au complet achèvement de la parure que nous voyons dans toute sa perfection chez le Faisan de Mongolie, avec une légère modification chez le Faisan à collier ordinaire, dimi- nuer très sensiblement dans la race de l’île Formose et disparaître à nouveau dans une variété très voisine, le Faisan sans collier. OISEAUX A ACCLIMATER. 485 Le Faisan de Strauch est celui chez qui la ligne blanche est le plus légèrement tracée. Il représente, par conséquent, la : forme la plus rapprochée des races sans collier. Comme ces oiseaux, certainement inconnus de la majorité de nos lecteurs, n’ont été signalés, jusqu’à présent, que dans un très petit nombre d'ouvrages, nous nous départirons, en leur faveur, de la sobriété que nous avons promis d'apporter dans nos descriptions. | Voici, d’après M. Preyevalski, la diagnose du Faisan de Strauch. Le mâle‘a la tête et le cou d’un vert métallique avec une teinte d’un bleu sombre sur la nuque. La ligne blanche du cou est à peine indiquée. La poitrine est colorée en rouge doré avec l’extrémité des plumes bordée de nacre ou de bleu sombre; une ligne noire avec des reflets verts suit le milieu de la partie inférieure, et des raies de même couleur se des- sinent sur les côtés, qui sont fuligimeux. Les plumes des flancs sont d’un violet métallique; celles des côtés de l’abdomen d’un brun doré clair avec des taches bleu foncé. Les côtés du dos sont dorés, marqués de taches triangulaires vertes à l'extrémité des plumes, le milieu porte des bandes violettes à reflets mélalliques, couleur de rouille et noire ; sur la partie inférieure règne une teinte d’un gris cendré avec des reflets d’un vert brillant. Les ailes sont brunes, les rémiges primaires barrées transversalement de gris, les secondaires lachetées avec une bordure blanchâtre. La queue est d’un brun de rouille, barréeobliquement denoir etlargementbordéedelilas. La femelle ressemble beaucoup à celle du Faisan de Col- chide, mais son plumage est plus sombre, principalement sur les parties inférieures. Le Faisan de Strauch habite les monts Kan-Su, où on le rencontre communément à toutes les altitudes de la zone des bois. Ces montagnes forment la limite de son aire de disper- sion au nord. de Cet oiseau s’accouple dans les mois de mars et d'avril. La femelle pond de six à dix et quelquefois douze œufs. M. Preyevalski prétend que le père s'occupe de l'éducation LAVra 484 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. des jeunes avec autant de sollicitude que la mère, et qu’il défend sa progéniture plus courageusement encore que cette dernière. Le fait serait digne de remarque, car nous savons que si le coq Faisan se montre un sultan passionné, il est, en revanche, comme tous les possesseurs de harem, un très mé- diocre père de famille. FAISAN DE VLANGAL (Phasianus Vlangalii Preyevalski). Phasianus Vlangalii, Preyevalski, Birds of Mongolia …. in Ornithological Miscellany, by G. Dawson Rowley (1877), t. II, p. 389. M. Preyevalski trouva le Faisan de Vlangal dans le Tsai- dam, où il habite les bouquets de bois et les buissons épais. D’après le rapport des indigènes, 1l s’étendrait vers l’ouest jusqu’à la limite des marais. On ignore où s’arrête son aire de dispersion à l’est, mais au nord elle ne dépasserait pas la chaîne du Kokonoor. Dans son pays d’origine, ce Faisan se reproduit de bonne heure; la femelle commence à pondre vérs le milieu du mois de février. Mâle. — Tête et cou comme dans l’espèce précédente, mais avec la teinte bleue de la nuque plus claire. Occiput gris-oli- vâtre. Sur la partie postérieure du cou, une ligne blanche indiquant le commencement d’un collier. Face et joues nues, recouvertes d’une peau rouge très rude. En arrière et sous les yeux, une petite place bleue. Dos et épaules d’un brun doré pâle, chaque plume d’un noir brun à la base, portant une bordure d’or. Partie antérieure du dos marquée à l’ex- trémité des plumes de larges taches triangulaires d’un vert sombre. Croupion sans taches, brun sur les côtés. Milieu de la poitrine d’un vert brillant, avec les côtés d’un rouge brun à reflets métalliques et légèrement relevés de vert. Abdomen fuligineux, marqué sur les côtés de traits verts parlant de la poitrine. Flancs brun clair, avec l'extrémité des plumes teintée de bleu. Rémiges primaires brunes, tachées de jau- nâtre sur les barbes externes, de la base aux deux tiers de la longueur. Rémiges secondaires bordées de brun pâle. Queue OISEAUX À ACCLIMATER. 485 roussâtre, barrée transversalement de noir et largement bor- dée de Fe clair. Sous-caudales brunes. Femelle. — Teinte générale du plumage très pâle. Sommet de la tête marqué de noir, une ligne sous les yeux et sourcils très étroits blancs. Un espace de la même couleur derrière les oreilles. Gorge d’un blanc jaunâtre. Cou nuancé de rose, mar- qué d’étroites bandes obliques brunes qui prennent la forme de fer à cheval sur le jabot. Poitrine et abdomen jaune pâle sans taches. Klancs de la même couleur, mais marqués de lignes obliques brunes. Grandes rémiges jaune pâle, avec des traits noirâtres, plus foncés vers l’extrémité. Si l’on compare, d’après les descriptions que nous venons de donner, le Faisan de Strauch et le Faisan de Vlangal, on s'aperçoit qu’ils varient d’une forme à l’autre dans des limites très restreintes. Ils ont, d'autre part, de grandes analogies avec les formes plus occidentales « Schawii » et « Insignis », qui se relient elles-mêmes au Faisan de Colchide, le seul re- présentant, jusqu'ici connu, des Phasianides dans l'extrême occident du continent asiatique. Le rôle d’intermédiaires que nous leur attribuons entre les races occidentales sans collier et les races orientales à collier dont ils sont les précurseurs, nous paraît marquer exactement la place qu'ils doivent occu- per dans la série. Dans tous les cas, ces deux formes méritent d’attirer, au point de vue documentaire, l’attention des théo- riciens de l’école transformiste, car elles montrent une fois de plus combien sont incertaines les limites que l’on peut assi- gner aux espèces. | FAISAN DE MonGoLtE (Phasiunus Mongolicus Brandt). Phasianus Colchicus, var. Mongolicus, Pallas, Zoogr. Rosso-Asi (1811), t. I, p. 84 — Phasianus Mongolicus, Brandt, Bull. Acad. Scwen. Saint-Péters- bourg, t. I, p. 54. — Elliot, Monogr. of Phas. (1871), pl. — Phasianus Col- -chicus, Meyendorff, Voyage d'Orenbourg à Bokhara (1826), p. 248. Nous regardons ce Faisan comme Île type des races à col- lier. Brandt est le premier qui le fit connaître et le décrivit comme une espèce distincte. Il est remarquable par sa taille: 486 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. plus forte que celle du Faisan à collier ordmaire, la tache blanche qui existe sur l'aile et son large collier blanc. La tête et le haut du cou sont d’un vert bronzé changeant, les côlés bleu d'acier. La poitrine a des plumes d’un marron roux brillant et bronzées sur leurs bords. Le ventre offre des nuances plus chaudes et d’un roux un peu sanguin. La femelle, modestement vêtue, porte une livrée où domine le brun rous- sâtre, barrée et mélangée de noirâtre. Faisan de Mongolie (Phasianus Mongolicus Brandt). Il habite la Mongolie et la Tartarie chinoise. Meyendorff en parle dans son Voyage d'Orenbourg à Bokhara, mais sous le nom de Faisan de Colchide. Il l’observa dans le désert de Gobi, en Mongolie et plus à l’ouest dans le Turkestan. Cette espèce, qui n’est pas encore très répandue, serait excellente à introduire dans nos chasses à cause de sa taille, de la finesse de sa chair et de son adaptation facile à des cli- mats analogues. On la dit aussi d’une sauvagerie plus grande que ses congénères et par conséquent plus apte à se défendre contre le braconnier et les animaux dé rapine, ce qui est un avantage précieux au point de vue de la chasse. OISEAUX A ACCLIMATER. 487 FaISAN A COLLIER (Phasianus torquatus Gmelin). Phasianus torquatus, Gmelin, Syst. Nat. (1788), t. 1, p. 742. — Swinhoë, Mis (1861), p. 4) et 341. — Lamprev, Proc. Zool. Soc. (1862), p. 221. — Saurin, ibid. (1866), p. 436. — Elliot, Monogr. of Phas. (1871), pl. — Phasianus albo- torquatus, Bonnaterre, Ornith. (1823), p. 184. Ce Faisan est connu depuis longtemps des ornithologistes. Dès 1788, Gmelin l'avait signalé comme une simple variété du Faisan de Colchide, dont l’abbé Bonnaterre le sépara spé- cifiquement en 1893 dans son Ornithologie. Il a le sommet de la tête fauve, nuancé de vert. Deux traits blancs s’arrondissent en forme de sourcils au-dessus des yeux, dont l'iris est d’un jaune éclatant. La partie supérieure du cou, la gorge et les plumes qui s’allongent en manière de houppes de chaque côté de la tête sont d’un beau vert foncé, à reflets violets. Au tiers du cou se dessine un collier d’un blanc éclatant, étroit en arrière et en avant, plus largc sur les côtés. Le reste du plumage ressemble à peu près à celui du Faisan commun. Les premiers qui parurent en France furent appelés par les marchands « Faisans-Paons » à cause des taches du dos, plus larges, plus régulières et ayant de loin lapparence grossière des yeux de la queue des Paons. Cest le plus abondamment répandu en Chine. Le D° Lam- prey rapporte qu’on le rencontre sur les marchés de Tien- Tsin en quatre fois plus grand nombre que les autres espèces, et que la quantité de ces oiseaux vendus chaque hiver est étonnante. 11 remarqua que parmi les individus, apparem- ment du même âge, il y avait fréquemment une grande diffé- rence de taille, donnant presque l’idée de deux espèces, bien que ces différences ne puissent être attribuées qu’à la diver- sité de nourriture et de pays. D'autre part, M. Saurin, dans une communication faite à la Société zoologique de Londres, dit qu’on trouve ce Faisan partout dans le nord de la Chine, et que les Mongols des rives de l’Amour en apportent des milliers, conservés dans la glace, sur le marché de Pékin. On en voit aussi des quantités considérables dans le port de Possiet, sur les frontières de la 188 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Corée et de la Sibérie. Le voyageur anglais les observa lui- même, à l’état sauvage, dans les chasses impériales au nord de Jéhol et dans les montagnes voisines de Ku-peh-kow. Il est probable que les individus dont la taille plus forte atüra l'attention du D' Lamprey étaient des Faisans de Mon- solie, de même que la plupart de ceux qui sont apportés à Pékin par les Mongols. MM. David et Oustalet, dans le bel ouvrage qu’ils ont pu- blié sur les oiseaux de la Chine et auquel nous aurons à faire plus d'un emprunt, tout en constatant certaines différences entre la forme mongolique et la forme chinoise, n’ont pas précisé cette distinction. Ils ont réuni les deux formes sous le nom de Phasianus torquatus, et lui ont donné par consé- quent, comme aire géographique, presque tout l'empire chi- nois, le Chensi, le Fokien, le Kiangsi, la Corée, la Mantchou- rie, la Mongolie, l’'Amourland. D'après M. Swinhoë, on rencontre cet oiseau de Canton à Pékin. [Il est commun aux environs de Hankow et également dans tous les endroits visités par les Européens au nord du fleuve Bleu (Yang-ze-kiang). Cependant il serait assez rare dans les montagnes des environs de Pékin. M. Swinhoë ajoute que dans la plus grande partie de la Chine ces Faisans ha- bitent sur les montagnes boisées et dans les taillis des coteaux, mais qu'aux environs de Sanghaï ils fréquentent les planta- tions de cotonniers, où on les rencontre par bandes et où ils font l’objet d’une chasse des plus attrayantes. C’est le gibier le plus apprécié des chasseurs. On en tue beaucoup et on voit, presque chaque jour, des Chinois colporter des Faisans à collier dans les rues. Ils les vendent 9 schellings la pièce (2 fr. 50). Ce Faisan, introduit depuis longtemps en Angleterre, s’est croisé avec le Faisan commun el a donné naissance à une race de métis très répandue dans le pays. M. Elliot fait même remarquer à ce sujet que les croisements sont devenus si gé- néraux entre les trois espèces de Colchide à collier et versico- lore, acclimatées en Angleterre, qu'il est très difficile de trou- ver maintenant des individus de sang pur. OISEAUX A ACCLIMATER. 489 Il en sera probablement de même dans un avenir prochain en Nouvelle-Zélande. Vers 1856, n y transporta des Faisans communs et des Faisans à collier qui s’y sont multipliés. Dans les endroits où les deux espèces se rencontrent, elles se mélangent et produisent des hybrides. Avec le temps, il ré- sultera de ces unions une race spéciale participant des carac- tères des deux espèces primitives et qui les remplacera (1). Le Faisan à collier fut également importé dans l’île de Sainte-Hélène, où il multiplia rapidement. Aujourd’hui les descendants des premiers couples diffèrent assez de leurs ancêtres pour qu’on puisse les considérer comme formant une nouvelle race. L'influence du milieu agissant sur de nom- breuses générations a suffi pour modifier le type primitif, et ce n’est pas un des exemples les moins frappants de la faculté d'évolution et de la variabilité dont peuvent être sus- ceptibles les espèces animales. FaIsAN DE Formose (Phasianus Formosanus Elliot). Phasianus Formosanus, Elliot, Proc. Zool. Soc. (1810), p. 406. — Monogr. of Phas. (1871), pl. — David et Oustalet, Ois. de la Chine (1871), p. 410. C’est une race de Faisan à collier particulière à l'ile Formose. M. Elliot en donna, le premier, la description d’après des exemplaires rapportés par M. Swinhoë. Cet oiseau ressemble naturellement beaucoup à celui de la Chine, mais il s’en distingue cependant par des caractères qui le rendent facilement reconnaissable. Ainsi, pour ne par- ler que des plus apparents, il a le collier plus étroit, les flancs d’un jaune d’ocre, beaucoup plus pâle, presque blan- châtre, les barres de la queue plus larges, les sourcils plus marqués, le croupion d’un vert plus vif, l'iris blanc. La femelle, de son côté, par un plumage d’une teinte sombre ürant sur le noirâtre, peut être aisément distinguée de celle de la race chinoise. | (1) Captain W. F. Hutton, in the Transactions of the New-Zeland Institute for 1870. s 490 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Il est évident que ces deux formes ont une origine com mune, mais ici encore des causes physiques particulières au pays sont venues imprimer, dans le cours des temps, les dif férences que l’on constate aujourd’hui. Ce Faisan est commun à Formose, où il fréquente de pré- férence les champs de cannes à sucre qui abondent dans le nord de l’île. FAISAN SANS COLLIER (Phasianus decollatus Swinhoë). Phasianus decollatus, Swinhoë, Proc. Zool. Soc. (1870), p. 135. — Elliot, ibid. (1870), p. 408, et Monogr. of Phas. (1871), pl. — Swinhoë, Proc. Zool. Soc. (1871), p. 398. — David et Oustalet, Ois. de la Chine (1877), p. 411. On doit aussi ce Faisan à M. Swinhoë, qui se le procura pendant son voyage sur le fleuve Bleu, à Chingkingfoo, dans le Setchuan. Le jour même de son arrivée dans cette ville, son domestique le lui rapporta du marché. L’absence de col- lier frappa M. Swinhoë et il essaya d'obtenir d’autres exem- plaires, mais sans succès. Il trouvait avec raison cette décou- verte fort intéressante, car les Faisans qu’il avait jusqu'alors rencontrés en Chine avaient tous un collier, et, d'autre part, en raison de son habitat, il n’était guère permis de supposer que cet oiseau fût un hybride du Faisan de Golchide et d'un Faisan à collier. ! De son côté, le père David trouva ce Faisan à Moupin, sur les confins du Thibet, et envoya plusieurs individus au Jardin des Plantes de Paris. Cet oiseau n’est encore qu’une forme dérivée de la race à collier dont il diffère peu, si l’on en excepte l'absence de l’or- nement du cou et qu’il remplace complètement dans certaines parties de la Chine, telles que le Kokonoor oriental, le Set- chuan, une partie du Yunan et du Kouytchéou. Nous signale- rons cependant quelques autres caractères distinclifs, par exemple les reflets d’un violet foncé du sommet de la tête, la nuance roux doré des flancs, les taches vertes occupant l’ex- trémité des premières plumes dorsales, la bordure verte, large et bien marquée, qui orne les plumes de la poitrine. OISEAUX A ACCLIMATER. 491 Le Faisan sans collier habite le centre et l’ouest de l'empire Faisan sans collier (Phasianus decollatus Swinhoë). chinois. Dans la chaîne du Tsinling et dans la Chine méri- dionale, il est aussi commun que le Faisan à collier, auquel il se mêle assez fréquemment. 199 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. FAISAN DE SLADEN (Phasianus Sladeni Anderson). Phasianus Sladeni, Anderson, mss. — Proc. Zool. Soc. (1871), p. 214. — David et Oustalet, Ois. de la Chine (1871), p. 411. — Phasianus elegans, Elliot, Ann. et Mag. Nat. Hist. (1870), t. VI, p. 312, et Monogr. of Phas. (1871), pl. Ce Faisan, signalé pour la première fois par Anderson, Faisan de Sladen (Phasianus Sladeni Anderson). conservateur de l'Indian Museum de Calcutta, dans ses notes manuscrites et décrit par lui, en 1871, dans les Pro- ceedings of zoological Sociely, ne nous paraît pas diflérer OISEAUX A ACCLIMATER 493 de celui que M. Elliot, dans sa monographie des Phasianides, décrit sous le nom de Phasianus elegans. Nous croyons donc devoir respecter la priorité du nom dont le baptisa son imventeur. Ce bel oiseau a la tête et le cou d’un vert bleuâtre à reflets métalliques, le dos d’une couleur de cuivre rouge relevé de verl, la poitrine d’un rouge pourpre éclatant, passant au ver- dâtre sur les côtés de l’abdomen. Les flancs et les côtés de la poitrine sont d’un brun marron vif, avec l’extrémité des plumes d’un bleu foncé. La queue est d’un rouge marron avec de larges bandes noires. Anderson avait trouvé ce Faisan dans le sud de la province de Yunan et les individus rapportés par M. Stone provenaient également du sud de la Chine. D'autre part, le père David nous apprend que cette belle espèce vit dans l’ouest du Setchuan et du Yunan à une altitude de 1500 mètres. Faisan D’Eccior (Phasianus Ellioti Swinhoë). Phasianus Ellioti Swinhoë, Proc. Zool. Soc. (1872), p. 550. — David et Oustalet, Ois. de la Chine (1871), p. 412. — Calophasis Ellioti, Elliot, Monogr. of Phas. (1873), pl. Ce Faisan a été découvert, en 187%, dans les parties mon- tagneuses de la province de Tche-Kiang par M. Swinhoë, qui lui donna le nom de l’auteur de la belle Monographie des Phasianides. L’année suivante, le père David le rencontra sur les montagnes boisées du Fokien occidental. Dans cette région toutefois, nous dit le zélé missionnaire, ce Faisan est loin d’être commun et se transporte souvent d’ur canton à l’autre ; quelquefois il resle des années entières avant de revenir à sa première demeure. « C’est un oiseau d’un naturel sauvage, ajoute-t-il, et le jeune mâle que j'ai rapporté vivant au Jardin des Plantes, après l’avoir conservé pendant huit mois en captivité, ne s’est habitué que très difficilement à prendre sa nourriture de ma main. Je ne doute pas cepen- dant qu’on ne parvienne, à force de soins, à acclimater en Europe, aussi bien que les autres Faisans, cette magnifique 49% SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. espèce si remarquable par les teintes cuivrées de son plu- mage, et que les Shine désignent sous le nom de Han-ky (Poule des lieux secs). » Le Faisan d’Elliot est, en effet, un très bel oiseau. Il a le sommet de la tête d’un brun olivâtre, moucheté de brun foncé, avec une raie blanche au-dessus et en arrière des veux, la nuque d’un gris foncé, passant au blanc pur sur les a 2 ÉS À NI x ii és EN oi Ne 3 Al Vi L Faisan d’Elliot (Phasianus Elliotti Swinhoë). côtés du cou. Le menton et la gorge sont d’un noir profond, avec des reflets bleus sur le devant du cou. Toute la partie antérieure du dos et de la poitrine est d’un rouge cuivreux à reflets dorés, avec un trait noir versle bord de chaque plume. Sur les couvertures des ailes règne une teinte analogue, mais un peu plus foncée, limitée au-dessus par une large raie blanche, et relevée sur l’épaule par une plaque d’un bleu métallique. L/abdomen est blanc, avec des taches marron et noires sur les plumes des flancs et sur celles des cuisses. La queue est ornée de bandes alternatives d’un brun marron et OISEAUX A ACCLIMATER. 495 d’un gris délicatement rayé de blanc. La femelle offre des ruances ternes où se mélangent le brun, le noir et le marron. Au moment où j'écris, on peut voir dans les parquets du Jardin zoologique du Bois de Boulogne un beau mâle élevé en 1880 chez M. Rodocanachi à la faisanderie du château d'Andilly. FAISAN DE REEVES ou FAISAN VÉNÉRÉ (Phasianus Reevesii Gray et Hardwicke). Phasianus Reevesii, Gray et Hardwicke, Z!l. Ind. Zool. (1830-34), pl. 39. — David et Oustalet, Ois. de la Chine (1877), p. 413. — Syrmaticus Reevesü, Wagler, Isis, {. I, p. 227. — Phasianus veneratus, Temminck, PI. color. (1830-39), p. 485. Le Faisan de Reeves ou Faisan vénéré est un oiseau fort remarquable, non pas tant par l'éclat des couleurs que revêt son plumage que par l’heureux agencement qui préside à leur distribution, et surtout par les dimensions des plumes mé- dianes de la queue, qui mesurent jusqu’à 1",60. Ces plumes, dont la longueur est même disproportionnée avec la taille de l'animal, sont d’un blanc grisâtre, nuancées par demi-teinte de roux doré el transversalement barrées de noir et de brun. Aussi les Anglais donnent-ils communément à cet oiseau le nom de Barred-tailed Pheasant, c'est-à-dire Faisan à queue rayée. Son plumage est jaune relevé de blanc et de noir et, par sa coloration tranchée, produit sur le manteau, le dos et le croupion l'effet d’écailles d’or terminées par un croissant d’ébène. La poitrine et les flancs sont enjolivés d’élégants losanges noirs sur un fond d’une blancheur éclatante que fait ressortir une bordure mordorée. La tête, qui n’est déco- rée par aucune huppe ou parure accessoire, porte une calotte blanche descendant sur l’occiput et que borde, sur les côtés, une bande noire étroite, mais qui se dilate vers l'oreille et entoure la partie blanche de la tête. Un large collier orne le cou. Le corps est plus gros que celui de nos Faisans ordi- naires, mais ses formes s’en rapprochent beaucoup, ainsi que ses allures. | 496 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Les Chinois le nomment Djeu-ky ou Poule-flèche, parce que, quand il vole, traînant son énorme queue qu’il tient exactement horizontale, on dirait une flèche qui fend les airs. | On a cru pendant longtemps que les indigènes rendaient à cet oiseau des honneurs religieux, d'où le nom de vénéré, Faisan de Reeves ou Faisan vénéré (Phasianus Reevesi Gray et Hardwicke) (1). veneralus, qui lui fut donné. Il n’en est rien cependant, et les voyageurs qui visitèrent la Chine se laissèrent sans doute égarer par un préjugé populaire qui subsiste encore sur cer- Lains points de ce vaste Lerritoire. Beaucoup de gens, en effet, sont persuadés que le sang de cet oiseau possède des pro- priétés toxiques, et qu’il suffit d’en absorber quelques gouttes (1) La queue démesurée de ce Faisan, dont les plumes médianes peuvent atteindre environ deux mètres de longueur, a obligé nolre dessinateur, limité par l’espace, de donner à cet appendice une disposition qu'il ne présente pas à Pétat naturel. Le lecteur rétablira aisément la direction normale, qui est celle de la queu2 des autres espèces du genre Faisan. OISEAUX : A: ACCLIMATER. 497 pour tomber instantanément. foudroyé. [ls prétendent même. que, en prévision d’un ordre de l’empereur, ou comme der- nier remède conire les coups du sort, les mandarins en con-. servent sur un mouchoir, qu’ils n’ont qu’à rapprocher de leurs lèvres pour mourir aussitôt. Le sang du superbe Phasianide remplacerait, dans ce cas, le sabre à l’aide duquel les digni-, taires japonais ont coutume de s'ouvrir le ventre lorsque le. dégoût de la vie ou la volonté du souverain les condamne à cette extrémité. L'homme, par une pente naturelle, s’age-, nouille volontiers devant ce qu’il redoute et la crainte super- stitieuse inspirée par l'oiseau fatidique a pu facilement être confondue avec la manifestation d’un véritable culte. Le nom de Faisan de Reeves. est plus légitime. C’est, en effet, M. John Reeves qui, en 1831, apporta en Angleterre le, premier oiseau vivant de cétte espèce que MM. Gray et Hard- wicke baptisèrent.de son. nom. C'était un magnifique mâle que l'on put admirer au Jardin zoologique de Londres. En 1838, M! Reeves, envoya de nouveau plusieurs exemplaires, qui vécurent parfaitement au Jardin, mais qui, peu à peu, dispa- rurent par suite d'accidents inévitables et ne furent pas rem- P placés. Tous ces individus venaient de Canton, où ils avaient: été sans doute apportés, selon M. Swinhoë, des districts à thé du lac de Tungting, le trafic entre les indigènes du centre de la Chine $e faisant, à cette époque, tout entier à Canton. Plus . tard, lorsque le port. de Hankow fut ouvert aux étrangers, et qu’ils purent pénétrer jusqu’à près de 800 milles sur le Fleuve Bleu, les Européens arrivèrent à HOT des contrées habi- - lées par ce méenitique oiseau et s’en procurèrent plus facile- ment. En 1869, le docteur "NE, en GbbRt plusieurs couples qu'il envoya de Sanghaï en Angleterre. Il les avait achetés à un indigène qui lui, assura les avoir’pris dans l’intérieur des :: terres qui s'étendent au nord de Pékin. Malgré cette affirma- tion, Lamprey pensait que ces exemplaires venaient de Tung- lings district montagneux situé au nord-ouest de la capitale de l’empire, où se trouve la sépulture des empereurs. Dans . les vastes terrains de ces cimetières impériaux : que protège 4 SÉRIE, T. IL. — Septembre 1885. 32 498 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. une enceinte de murailles, on a l’habitude de lâcher toute espèce de gibier et on l’y conserve avec soin. Îl est défendu sous les peines les plus sévères de s’yintroduire pour chasser, mais les mandarins qui en ont la garde prennent soin d’ar- rêter la trop grande multiplication de ces animaux en préle- vant, chaque année, une sorte de dime sur les richesses cyné- gétiques de l’empereur. Ils se créent ainsi une source de pro- fits illicites mais certains, car l'écoulement de ce gibier pris en fraude s'opère avec facilité. “Le! premier individu vivant que l’on vit en France fut envoyé en 1866 avec d’autres oiseaux au Jardin zoologique du Bois de Boulogne par M. Dabry, notre consul à Hankow. C'était encore, à cette époque, un oiseau fort rare non seule- ment dans les volières, mais même dans les vitrines des musées et des collections. Le Muséum d'histoire naturelle de Paris. n’en possédait que les plumes de la queue et il fallait aller à Londres, au British Museum, pour voir l'oiseau dans son entier. Il a été, du reste, pendant longtemps, assez difficile de se procurer sur les marchés de la Chine ce superbe Faisan dans toute la plénitude de ses atours. Les plus longues plumes de la queue étaient enlevées avant de mettre l'oiseau en vente, car elles sont fort recherchées, paraît-il, pour rehausser l'éclat de la tenue des chefs militaires et servir de parure aux acteurs des théâtres chinois. Comme le remarquait M. Albert Geoffroy Saint-Hilaire dans la séance où il fit ressortir l'importance de l'envoi de M. Dabry, malgré la fréquence des relations qui mettaient en rapport la Chine et les contrées de l'Europe, le Faisan de Revves était encore un des plus vifs desiderat des conser- vateurs d: musées. Heureusement, le sujet vivant envoyé par le consul de France à Hankow fut bientôt suivi d’autres individus rapportés par M. Champion. D’un autre côté, des exemplaires nombreux ne tardèrent pas à être importés en Angliterre et sur le continent. Aujourd’hui on peut voir ce bel oiseau dans tous les jardins zoologiques et chez beau- coup d'amateurs. Le Faisan de Reeves est originaire des parties septen- OISEAUX A ACOLIMATER. 499 trionales de la Chine. Il habite dans les motions qui sont situées au nord et à l’ouest de Pékin et dans celles qui sépa- rent le Chensi du Honan et le Houpé du Setchuan. Cependant _on ne le rencontre pas dans les parties occidentales de cette dernière province et il n’a pas été signalé, jusqu’à présent, au sud du Fleuve Bleu. Au Tung-ling, d’après le Père David, il se tient sur les montagnes escarpées, au milieu de thuyas et de pins, parmi lesquels il trouve, même en hiver, une nourri- ture suffisante. Cette magnifique espèce serait une précieuse acquisition pour nos chasses. Sa taille, excellence de sa chair, qui est fine au goût et moins sèche que celle du Faisan commun, le pla- ceraient au premier rang de nos gibiers à plume. Son vol plus haut et plus rapide ajouterait la difficulté du tir à l'effet superbe que cet oiseau produirait dans nos campagnes, avee sa longue queue et sa livrée brillante. Ce serait donc, à tous les points de vue, un splendide coup de fusil. Joignons à ces qualités que l’espèce est robuste, qu’elle supporte ién notre climat, analogue à celui de son pays d'origine, et que les jeunes s'élèvent facilement. Il faut donc espérer que les efforts qui ont été déjà faits pour répandre ce beau Phasia- nide seront poursuivis avec persévérance sur une plus vaste échelle. Sa mise en liberté dans les chasses, par exemple dans la forêt de Saint-Germain par M. Fouquier de Mazières, à Sivry, chez M. Aguado, et à Ferrières, chez M. de Rothschild, a eu un succès suffisant pour que les résultats ORNE soient une garantie de l’avenir. b ASE D, (4 suivre.) ll. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES Par L. MOLEYRE Préparateur au Museum: INTRODUCTION. À celui qui voudrait faire l’histoire philosophique des préjugés, histoire que personne n’a encore écrite d’une ma- nière complète et vraiment scientifique, lés préjugés concer- nant l’alimentation fourmiraient certainement la matière d’un chapitre plein d'intérêt. Dans ce chapitre, il: serait souvent question des animaux articulés, objet du présent mémoire, où nous nous proposons d'étudier à un point de vue très gé- néral leur rôle. dans l’alimentation de l’espèce humaine. Comme à lui seul ce groupe d'animaux peut donner tous les éléments d'une thèse dont les conclusions sont susceptibles d’une généralisation assez étendue, nous n’avons pas le droit de négliger ce côté philosophique de notre sujet, et c’est dans cette Introduction que nous cr oYons à propos d'exposer la plupart des considérations qui s’y rapportent. Les Insectes et les Crustacés, qui forment avec les Méro- stomes, les Arachnides et les Myriapodes (1), une division du règne animal appelée dans les classifications modernes Sous- embranchement des Articulés, ont le corps divisé par des annulations, comme tous les animaux de l’embranchement des Annelés ; mais, de plus, comme l’indique eur nom, ils sont pourvus, au moins à une certaine période de leur exis- tence, de membres et d’appendices articulés. Nous n'avons (1) La classe des Mérostomes n’est représentée actuellement que par le genre Limulus. Les Limules, appelés aussi Crabes des Moluques, poissons-casseroles, sont tout en carapace et en appendices cuirassés; il n’y a donc guère moyen d'en tirer parti pour l'alimentation. On dit seulement que les Chinois les em- ploient pour la nourriture des porcs. Quant aux Myriapodes et aux Arachnides, nous ne négligerons pas les occasions d'en parler, bien qu'ils ne figurent pas dans le titre de cette étude. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 501 pas à insister ici sur les caractères zoologiques qui ont permis de répartir les animaux articulés dans cinq classes distinctes ; bien au contraire, nous devons faire remarquer qu’aû point de vue de leur valeur comme comestibles, ces cinq classes ne présentent à priori aucune différence essentielle. Tous sont enveloppés d’une peau ou d’une carapace en chitine, enveloppe qui présente ordinairement la consistance et l’apparence de la corne, mince et délicate chez les uns, épaisse et coriace chez les autres, ou même renforcée chez beaucoup de Crustacés par des incrustations de matières minérales, qui lui commu- niquent une grande dureté. Pour la question qui nous occupe, le degré de dureté de l'enveloppe chitineuse a évidemment une grande importance; mais, sous ce rapport, il est impos- sible d’opposer les Insectes aux Crustacés, puisque ces der- niers, qui sont ordinairement les mieux cuirassés, jouissent dans l’alimentation de nos pays d’une préférence exclusive. On ne saurait davantage mettre en opposition ces deux classes, en comparant l'abondance relative et la distribution anato- mique des masses musculaires, c’est-à-dire de la chair qui constitue dans tout animal la partie éminemment comestible, car cette répartition n’est pas toujours identique chez les divers types d’une même famille; et d’ailleurs, chez les In- sectes à métamorphoses complètes, elle peut présenter des varialions considérables, suivant les progrès du développe- ment et les transformations qu'ils occasionnent. De plus, dans les deux classes, la structure histologique des muscles est très uniforme, et si l’on trouve plus tard, dans la composition chimique des muscles des Insectes comparés à ceux des Crus- tacés, des différences appréciables, il est permis de prévoir qu’elles n'auront rien de véritablement essentiel. On peut donc dire d’une manière générale que les Insectes sont co- mestibles tout autant que les Crustacés. Sans doute, parmi les innombrables espèces de la classe des Insectes, 1l y a un choix à faire : les unes ont une taille presque microscopique ; d’au- tres sont cuirassés de téguments prodigieusement durs; quel- ques-unes enfin ont, comme moyen de défense, la faculté de sécréter des liquides infeets ou corrosifs; mais il n’en manque 902 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. pas qui n'offrent point ces inconvénients ; et d’ailleurs, dans bien des pays, on consomme journellement, et souvent en grande quantité, plusieurs espèces d’Insectes. Cependant les peuples d'Europe, qui mangent volontiers des Crustacés de plusieurs sortes, et font même grand cas de quelques-unes d’entre elles, semblent éprou:er pour les {n- sectes une répugnance presque instinctive. Bien loin de re- chercher si certaines espèces de cette classe pourraient être utilisées comme aliment, ils considèrent ordinairement tout Insecte comme un animal malpropre, qu’il est même dange- reux de toucher. Certes on pourrait voir là, au premier abord, l’inconséquence qui est le caractère principal de tout préjugé. Mais cette inconséquence n’est qu’apparente, et ce préjugé n’en est peut-être pas un. En effet, l'exposé des faits qui con- stitue le corps de ce mémoire démontrera, je pense, que parmi toutes les espèces d’Insectes comestibles existant chez nous, il n’en est aucune qu’on puisse employer avec avantage pour l’alimentation. Et, d'autre part, on n’est pas autorisé à voir un obstacle sérieux à l'emploi des Insectes alimentaires dans cette frayeur ou ce dégoût que les Insectes inspirent à beaucoup de personnes. Ce sentiment de répulsion se justifie très bien par les désagréments sérieux résultant du contact d’une foule d’Insectes, étant donnée la difficulté de distinguer parmi les vingt-cinq ou trente mille espèces de cette classe vivant en France (1), celles qu’on peut toucher sans inconvé- nient. Quand il s’agit d'espèces bien connues, comme le Ver à soie, le Hanneton, tout le monde sait combien les scrupules s’affaiblissent; ils peuvent même disparaitre complètement, Ilest donc permis de lrouver bien sévères ceux qui attri- buent l'absence des Insectes sur nos tables à un préjugé absurde, à un ridicule raffinement. 11 n’est peut-être pas im- possible de savoir pourquoinosancêtres, exposés à des famines comme celles dont l’histoire nous fait connaître l’époque et les circonstances, n’ont pas eu l’idée de chercher dans les Insectes une source d'alimentation aussi saine qu’abondante, (1) Hyena peut-être cinquante mille ou davantage. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 003 aussi agréable qu’économique. ILest facile, dans tous les cas, de savoir si de nos jours ce genre d'alimentation, possible. en principe, peut devenir utile dans la pratique. Mais, quand même le mépris de nos ancêtres ou tout au moins leur indif- férence pour ce genre de nourriture ne reposerail sur aucun motif raisonnable ; quand même un tel motif, sérieux de leur temps, aurait cessé d’être valable aujourd’hui, il resterait au moins, pour expliquer leur préjugé actuel, une habitude de plusieurs siècles. Or l'habitude est une puissance avec laquelle il faut compter ; c’est une seconde nature, une sorte d’instinct acquis, souvent plus fort que des instincts naturels ; des or- ganesinconscients lui obéissent, et les plus belles TER ne savent pas toujours lui résister. Soyons donc indulgents pour des habitudes séculaires et pour.ainsi dire endémiques. De notre temps, la guerre aux préjugés est fort à la mode; maisil est fâcheux qu'on perde tant de forces et de temps à attaquer des préjugés inoffensifs, lorsqu'on n'a pas trop de toutes ses ressources pour combattre lés seules roulines vrai- ment déplorables. Est-ce l'influence d’un préjugé de cette dernière catégorie qui a empêché jusqu'ici les entomologistes français de s'oc- cuper sérieusement des Insectes comestibles? On serait tenté delle croire en comptant les mémoires détachés et les cha- pitres spéciaux que plusieurs naturalistes étrangers ont. con- sacrés à cette branche de l’entomologie appliquée.La plupart de ces naturalistes semblent même tenir beaucoupà l’intro- duction des {Insectes dans notre alimentation, au point qu'après. avoir lu leurs ouvrages, les personnes délicates qu’ils invite-- raient à dîner pourraient redouter quelque ménu insolite, emprunté aux peuples étranges. Crainte bien peu fondée, je: dois le dire en passant; on verra plus loin les difficultés que présenterait l’exécution d’un menu entomologique. Chez nous, au contraire, on semble craindre d'aborder franchement. ce sujet. CRE Je connais bien des personnes habituées dès 'enfiice à. regarder une Chenille comme un être malpropre, une Arai-- ‘204 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. -gnée comme un animal dangereux. Leur parler à table de dlarves grillées, de Saulerelles en salaison, de Punaises d'eau broyées et converties en galette, suffirait pour leur ôter com: plètement l'appétit. Peut-être s’est-il trouvé de ces tempéra- ments parmi les naturalistes français, que la direction de ‘leurs études aurait mis à même d'exécuter un travail d’en- semble sur les Insectes comestibles. Aussin'avons-nous guère; en France, sur cette question, que des notices isolés ou des mentions éparses dans les ouvrages généraux. L'explication que je viens de risquer pour expliquer ce ‘fait n'étant, bien entendu, qu’une simple hypothèse, j'aurais pu tout aussi bien faire intervenir le hasard ; mais je tiens à faire observer qu'on ne saurait voir, dans l'indifférence de nos naturalistes -pour l'étude des Insectes comestibles, quelque chose: qui permelte de considérer cette uestion comme une simple curiosité scientifique. Il suffit, pour s’en RD EE miner la liste des auteurs qui l’ont abordée. Citer les noms de Hope (1) et d’Illiger (2), c’est rdbpbler aux entomologistes des travaux descriplifs souvent cités et depuis longtemps devenus classiques. Ces deux naturalistes, le premier anglais, le second allemand, ont écrit sur les In- sectes comestibles des mémoires remarquables. Nous trou- vons un long article sur le même sujel dans le savant ouvrage de Kirby et Spence, quia pour titre : Introduction to Ento- mology(3). Le même article, spirituellement résumé et cepen- dant augmenté de plusieurs faits nouveaux, forme un chapitre ntéressant dans l’œuvre d’un naturaliste américain, vulgarisa- teur aimable et ingénieux, M. Packard (4). Je pourrais citer à la rigueur, pour couronner glorieusement cette liste, le nom illustre de Wallace, l’'émule de Darwin, l’auteur de tant d'ou- vrages d’une si haute portée, qui n’a pas dédaigné pourtant de publier une notice sur les Insectes employés comme co- (1) F. -w. Hope, ie DR various Insects which at different times have afforded Food to Man. (Transact. Ent. Soc., London, 1842, t. IE, p. 129-150). (2) Liliger, Essbare .Insecten. (3) Kirby and Spence, An Introduction to A otne Letter sp (4) A. S. Packard, Half hours with Insects, ch. v. INSECTES: ET; CRUSTACÉS |COMESTIBLES. ‘505 méstibles par les Indiens de l’'Amazone. Mais celte notice n’a _.pasle caractère de généralité des études citées-plus haut, qui suffisent d’ailleurs pleinement à ma démonstration. Elle me conduirait, par une transition insensible, à énumérer les notes peu étendues qu’on trouve dans:les ouvrages français des naturalistes ou des voyageurs: Ces citations faites ici m'’entraineraient bien au delà des limites d’un simple mé- moire; mais, dans ce qui suit, les plus importants de ces ren- seignéments seront indiqués, et on pourra remarquer parmi leurs auteurs assez de noms connus pour se pérsuader qu’en étudiant les Insectes comestibles, on ne risque pas de setrou- ver en Lrop mauvaise compagnie. | Ence qui concerne les Crustacés comestibles, dont l'examen doit former la deuxième partie de cette étude, nous n'avons malheureusement pas à invoquer l'exemple d'illustres pré- décesseurs. Et cela n’a rien qui doive surprendre. On peut se demander en effet en quui pourrait bien consistér, à quel point de vue devrait être rédigée, pour présenter une espèce d'intérêt, une étude sur les Crustacés comestibles. Ilne règne chez nous à leur sujet aucun de ces préjugés ou soi-disant préjugés dont en commençant nous avons dit quelques mots. Cela diminue considérablement le domaine des dissertations philosophiques, et il en résulte en même temps que les cita- tions de Crustacés comestibles employés par des peuples pri- mitifs ne peuvent avoir, pour le simple amateur de curio- sités zoologiques, ce caractère d’étrangeté parfois répugnante, mais en somme toujours émouvante, qu'on rencontre à chaque pas dans l’histoire des Insectes comestibles. D'un autre côté, quand on considère que les diverses espèces de Crustacés comestibles vivant Sur nos côtes, où elles donnent lieu à une pêche active, sont-expédiées en grand nombre sur nos mar- chés et tiennent une place importante parmi les sources de revenus qui constituent la richesse nationale, on peut suppo- ser que ces animaux sont suffisamment ou à peu près connus, je ne dirai pas de tous ceux qui ont l’occasion d’en voir journellement, mais au moins des gens éclairés qui. croient 506 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. posséder en matière de zoologie des connaissances usuelles. Voici sur ce dernier point, quelques faits qu’il est bon de rappeler. Un écrivain distingué, on peut même dire célèbre, ignorant que cette belle couleur rouge du Homard servi dans les solennités gastronomiques, qui sont en quelque sorte ses honneurs funèbres, est un résultat de la cuisson, voyant par la pensée l’animal promener majestueusement au fond des abîimes un éclatant costume de cinabre, lui décerna le sur- nom glorieux de Cardinal des mers. Et combien est-il de gens qui ne connaissent au Homard d’autre épouse que la Lan- gouste ? Il serait à souhaiter que tous ceux-là soient, même au prix de cette ignorance, des écrivains distingués. Maisl y a mieux encore. En France, dans un de nos départements où les petites Écrevisses des eaux crues sont fort abondantes, je connais bien des personnes qui prennent la tête de l’animal pour la queue, sans doute à cause de la démarche prover- biale de l’Écrevisse. Par suite de cette bizarre conception de l'anatomie, elles appellent « cou » ce qu’on désigne ici, en commettant une autre erreur un peu moins ridicule, sous le nom de queue, et considèrent les antennes comme des appen- dices caudaux. À côté de telles méprises, impardonnables parce qu'avec un peu de réflexion il est donné à tout le monde de les éviter, on ne tarirait pas si l’on voulait énumérer toutes les erreurs qu’on peut excuser. Car on peut excuser, par exemple, ceux qui regardent les Pagures comme de jeunes Homards, en se rappelant que les Zoës, ou larves de Crabes, et les Phyllosomes, larves de Langoustes, ont été longtemps considérés comme des animaux parfaitement distinets des Crabes et des Langoustes, et même rangés par les naturalistes dans des familles spéciales. Up Nous trouverions dans les faits qui précèdent un prétexte suffisant pour entreprendre de vulgariser certaines notions sur l’organisation, le développement et les mœurs des Crus- tacés comestibles. De plus, on peut concevoir qu’en étudiant à certains points de vue des animaux jouant un rôle aussi important dans l'alimentation de nos pays, aussi bien que de l'humanité tout entière, il est facile de soulever, de discuter, INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 507 sinon de résoudre plus d’un problème intéressant pour ‘les. économistes, les commerçants et même certains industriels. Mais, dans cette dernière voie, nous avons bien des‘raisons pour ne marcher qu’avec la plus extrême circonspection: En effet, de nombreux amateurs de collections se sont ‘occupés. de:la récolte et de l’étude des Insectes; d'innombrables ‘ou- vrages ont vulgarisé les notions les plus intéressantes trela: tives à leurs mœurs parfois singulières, à leurs instincts si souvent merveilleux. Si ces animaux ne sont pas utilisés di- rectement dans notre alimentation, certaines espèces nous. rendent cependant d'importants services ; d’autres s'imposent à notre attention en nous causant d’effrayants dommages. Les Crustacés, au contraire, ne sont guère employés que comme ressource alimentaire:et pour l’étude de leurs mœurs, rendue déjà bien difficile par l'existence aquatique de ces. animaux, les naturalistes n’ont pas eu le puissant concours des amateurs de collections zoologiques. De là la nécessité pour nous d'employer deux procédés dif-. férents pour rédiger les deux parties de ce.mémoire. Nous. avons la ressource, en parlant des Insectes, de pouvoir ren- voyer le lecteur à des ouvrages très répandus; mais au sujet des Crustacés comestibles, nous serons obligés de donner souvent des détails purement zoologiques. Ce sont là d’ail- leurs les notions qu'un: naturaliste tient le plus à répandre, celles aussi qu’il est le mieux en élat de vulgariser. C’est done en s’y arrêtant de préférence qu’il approchera le plus de ce. double résultat : pour l’auteur, la plus grande ie ere He le lepièt, le plus grand eus INSECTES COMESTIBLES. Dans nos pays, où l’on ne mange pas d’Insectes, on ne peut. guère se faire une idée du rôle important de ces animaux dans l'alimentation de certains peuples. Sans doute, comme ani-- maux utiles à l’homme, on ne saurait comparer les Insectes, 008 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. même en tenant compte de tous les avantages qu’on en peut tirer, aux Mammifères ou aux Oiseaux. Quand il s’agit d'In- sectes nuisibles, la fécondité prodigieuse de certaines espèces compense malheureusement lexiguité de leur taille; mais pour les Insectes qu’on pourrait utiliser, particulièrement comme comestibles, la multiplicité des individus n’est pas toujours une compensation. Si les animaux de cette classe avaient la dineneise du Ho- mard ou de certains Crabes, presque tous pourraient s’em- ployer comme aliment, parce qu’alors il serait facile de les décortiquer, de les dépouiller de leur carapace chitineuse, enveloppe souvent très épaisse et très dure, dont la substance fondamentale, la chitine, résiste aux acides et aux alcalis les plus énergiques, et doit par conséquent se montrer tout à fait réfractaire à l’action chimique des liquides digestifs. Mais les gros Insectes ne sont pas abondants ; ils n’habitent en général que les plus chaudes régions du globe ; encore chaque espèce est-elle presque toujours cantonnée dans un « district » de peu d’étendue;. presque toujours aussi des individus peu nombreux la représentent. | Il s’en faut de beaucoup d’ailleurs que ces grands Insectes des Tropiques, lorsqu'ils sont arrivés à l’état adulte, puissent rivaliser avec les moins estimés de nos Crustacés comestibles. Ce n’est guère que sous la forme de larves qu’il peut y avoir quelque avantage à les employer comme aliments. Dans cet état larvaire, nombre d’Insectes de petite ou de moyenne taille pourraient servir au même usage. Bien des espèces qui, à l’état adulte, sont revêtues d’une cuirasse à l’épreuve des meilleures épingles, comme certains Charançons, que les amateurs d’Insectes ont de la peine à perforer avec une ai- guille d'acier trempé, n’ont souvent à l’état de larve qu'une peau molle et flexible, à travers laquelle on aperçoit même quelques détails de l’organisation interne. Mais, parmi les Insectes adultes à téguments mous, parmi les larves qui pourraient en général fournir un excellent co- mestible, il est bien peu d’espèces qu’on puisse récolter, sans des peines infinies, en quantité suffisante pour leur faire INSECTES ‘ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 509. jouer un rôle utile dans l'alimentation ; c’est même là le prin- cipal obstacle qui empêche ‘une foule d'Insectes absolument comestibles de devenir une source d'alimentation régulière et usuelle, susceptible d’être adoptée par un peuple. Rappe- lons toutefois que les conditions habituelles de lexistence humaine sont loin d’être les mêmes dans tous les pays où l’on mange des Insectes, et doivent nécessairement influer sur le choix des espèces comestibles. Ce choix sera done plus ou moins large, plus où moins ‘exclusif, des populations misé- rables ne s'arrêtant pas toujours à certains inconvénients, absolument incompatibles avec les mœurs ro nations plus raffinées et surtout plus riches. vRS Les considérations qui précèdent résument pour les In- sectes, à un point de vue purement théorique, les conditions principales de la comestibilité, et, en s'appuyant sur ces don- nées, celui qui connaît suffisamment la Faune entomologique d’un pays quelconque doit être en état de déterminer presque à coup sûr quels Insectes de ce pays peuvent être employés: eomme aliment. Malheureusement, il s’en faut de beaucoup que nous possédions des informations précises:et complètes: sur les premiers étais des Insectes exotiques, sur l'abondance de certaines espèces et la rareté des autres ; il n’est donc pas toujours possible d'affirmer que toutes les espèces non utili- sées pour l'alimentation sont rejetées faute de réunir les qua- lités nécessaires et suffisantes pour être comeslibles.: Maïs nous trouverons presque toujours ces conditions réunies dans les espèces alimentaires dont des peuples très divers font usage. Aussi, à côté de détails souvent curieux à divers points de vue, un examen quelque peu approfondi deces Insectes nous fournira l’occasion de vérifications intéressantes. Après un tel examen, malgré l'insuffisance des renseignements qu’il faut recueillir sur ‘place, malgré des lacunes scientifiques qui seront comblées un jour, on sera forcé de restreindre beau- coup l'influence attribuée à certains! préjugés ; on devrare- connaître une fois de plus que le bon sens vulgairelet la sa-’ gesse des nations! sont souvent en parfaite harmonie avec les® données de la science, que des habitudes regardées comme : 510 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION ; des préjugés absurdes donnent généralement la juste mesure des services qu'on peut attendre des Insectes, Dre comme cornestibles. | C’est dans l’ordre des Orthoptères qu’on doit s'attendre à trouver la plus forte proportion d'espèces comestibles. Même dans notre pays, où les espèces de cet ordre sont très peu nombreuses, el où d’ailleurs les Insectes en général n’atteignent jamais de bien grandes dimensions, on trouve cependant un certain nombre de gros Orthoptères. Tout le monde sait que la Sauterelle verte et le Grillon des champs ont le corps assez volumineux; d’autres moins connus, la Courtilière, qui creuse des galeries dans les jardins à la façon des Taupes, le Dectique verrucivore, qui ressemble beaucoup à la Sauterelle, et les Éphippigères ventrues, qu’on réncontre dans les vignes au mois d'octobre, ont à peu près les mêmes proportions. Ces cinq espèces, sur une centaine qu’on peut rencontrer dans nos environs, et dont quelques-unes seule- ment sont réellement petites, suffisent pour élever notable- ment la moyenne de la taille chez les Orthoptères. En même temps, ces Insectes ont des téguments flexibles et peu épais, qui rappellent par leur consistance l’enveloppe té- gumentaire des Crustacés de petite taille, des Crevettes, par exemple. Chez quelques espèces seulement on trouve comme moyen de défense des sécrétions déplaisantes. Dans toutes lesautres, il pourrait, il.est vrai, exister à notre insu certaines substan- ces sans action sur notre odorat, mais capables cependant de communiquer aux tissus de l’Insecte un goût désagréable et répugnant, mais diverses considérations que nous allons dé- velopper nous portent à croire qu’il n’en est rien. En effet, dans un ordre tout différent, celui des Lépido- ptères, nous voyons une foule de chenilles d’assez forte taille, vivant à découvert et dans les meilleures conditions pour de- venir la proie de tous les animaux insectivores, revêtir des couleurs brillantes qui semblent faites pour attirer l'attention. Presque toujours ces couleurs vives sont, comme l’a montré INSECTES :ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. SU Wallace (1), un véritable avertissement adressé aux ennemis des chenilles; il indique la présence chez l’Insecte ainsi vêtu, de liquides d’un goût âcre ou fétide, et l’Oiseau qui en a. goûté une fois, n’y trouvant qu'un mets détestable, laisse dès lors ces chenilles étaler insolemment leur parure. Il ne risque plus de s’y tromper; il sait désormais, par une expérience chèrement acquise, que ces dessins variés, ces couleurs atti- rantes, sont l'apanage d’Insectes très bien protégés, ms leur apparence débile et inoffensive. C’est par des procédés tout autres que les Orthoptères sont protégés contre une foule d’ennemis. Ces gros Insectes ,qu’il serait si facile d’apercevoir de loin, ont très souvent la colo- ration des objets qui les environnent. C’est ainsi qu'il est souvent difficile de distinguer au milieu des plantes notre orande Sauterelle verte, bien qu’elle ait une nuance assez différente de celle des orties ou même des chardons sur les- quels elle aime à se poser. Chez d’autres espèces, qui vivent dans les prairies, la couleur verte est souvent mêlée à des leintes jaunâtres d'herbe desséchée. Les Criquets à ailes bleues ou rouges, qu’on voit voler sur les routes, ne montrent que des couleurs terreuses lorsque, au repos, leurs ailes pliées en éventail sont recouvertes par les élytres. Enfin nous sa- vons par les voyageurs que certains Orthoplères des déserts ont une couleur tellement pareille à celle du sable, qu’il est presque impossible de les voir lorsqu'ils restent immobiles. D'ailleurs ce n’est pas seulement grâce ‘à leur coloration qu’une foule d'Orthoptères des contrées équatoriales peuvent être confondus avec les plantes et échapper ainsi à la pour- suite de leurs voraces ennemis. La forme extérieure de ces Insectes se plie souvent avec une élasticité singulière à des mo- difications ayant pour résultat une ressemblance trompeuse, quelquefois poussée très loin, et cette ressemblance se montre avec une constance particulièrement remarquable chez des Orthoptères à démarche lente, dont les pattes ne sont pas con- (1) A. R. Wallace. La coloration des animauxret. des, plantes (Revue inter- nationale des sciences, t. IV, 1879, p. 12-13- -21) et autres OUXAEES du même auteur. : m2 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. formées pour le saut. Beaucoup de Phasmides, par exemple, ont l'apparence d’un fragment de graminée ; certaines espèces de la même famille, comme les Phyllium, ont les élytres pourvues de côtes saillantes disposées comme les nervures d’une feuille, l’abdomen et même les pattes garnies d’expan- sions foliacées, de ‘sorte que l’Insecte ressemble étonnamment à un paquet de feuilles, et:doit être bien difficile à araperce- voir, lorsqu'il se tient immobile au milieu de débris végé- taux et de feuilles véritables. Or tous ces Insectes qui ressem- blent à des objets inanimés ont l'instinct de rester en repos, tant qu’ils se croient menacés d'un danger quelconque. - La nature de tous ces procédés défensifs, qui permettent si souvent aux Orthoptères: d'échapper aux poursuites de leurs ennemis mortels, démontre évidemment que les ani- maux insectivores considèrent ces Insectes comme une proie des plus succulentes. S'il leur était possible de les découvrir facilement, ils en feraient sans doute une consommation énorme, capable d’anéantir en peu de temps la plupart des espèces. Mais nous savons que ie Insectes peu abondants ne peu- vent, quoique parfaitement comestibles, intervenir utilement dans l'alimentation de l’homme. Il nous reste donc à examiner si, dans l’ordre des Orthoptères, certaines espèces sont douées d’une fécondité suffisante et peuvent se montrer. en assez grand nombre pour qu’il y ait quelque avantage à les récolter en vue d’un usage alimentaire. L'Histoire nous répondra qu’on a vu, dès la plus haute an- tiquité, certains Orthoptères, ne trouvant plus à se nourrir dans leur pays d’origine, prendre leur essor. et, aidés par le vent, venir s’abattre en nombre plus qu'immense sur d’autres contrées. Plus d’une fois, le soleil fut obscurci par leurs nuées, et celles qui apportent la grêle sont moins terribles, car ces myriades d'Insectes voraces, affamés encore par un long voyage aérien, peuvent ravager et presque anéantir toute la végétation d’une vaste contrée. « Ils couvrirent la surface de tout le pays, nous dit un rer de l'Exode (1) où (1) Exode, X, v. 15. T 4 INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 913 ces Insectes sont cités comme des fléaux destinés à fléchir l'orgueil de Pharaon, ils broutèrent toute, l'herbe de la terre et tout le fruit des arbres que la grèle avait laissés, et il ne < | Fie. 2 Acridiens voyageurs (Pachytylus migratorius et Acridium peregrinum). demeura aucune verdure aux arbres ni aux herbes des champs dans tout le pays d'Égypte. » Ces Insectes, qui ont mérité de prendre place parmi les fléaux que l'humanité redoute le plus, sont connus générale- ment en France sous le nom de Sauterelles (1). Elles appar- (1) Les naturalistes ont voulu imposer aux Acridides le nom français de Cri- quet, en réservant le nom de Sauterelles pour des Orthoptères d'une autre famille, les Locustides, qui n’ont que trois articles aux tarses, tandis que les vrais Criquets en ont quatre. Mais le nom de Sauterelles est tellement passé dans l'usage, on le confond si souvent avec le mot Criquet, qu’il est impossible 4 SÉRIE, T. LI. — Septembre 1885. 32 514 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. tiennent (du moins celles de l'Ancien Monde) à deux espèces bien distinctes de la famille des Acridides, le Pachytylus mi- gralorius et l’Acridium peregrinum ; mais c’est la dernière qui est la plus désastreuse. D'ailleurs elles sont souvent mê- lées et quand on veut se rendre comple, en consultant des documents historiques ou scientifiques, de la marche des Sauterelles dans leurs diverses invasions, de leur point de dé- part, il est même impossible de savoir de laquelle des deux espèces il s’agit, et l’on ne trouve que contradictions et incer- titude. Déjà, aux époques les plus anciennes, on s'était préoccupé de la provenance des Acridiens voyageurs. « L’Éternel, dit lExode, fit passer sur tout le pays un vent oriental, et le ma- tin le vent oriental avait amené des Sauterelles (1). » Déjà aussi on tirait parti de ces Insectes pour suppléer aux récoltes qu’ils avaient anéanties, et parmi les animaux purs que la loi de Moïse permettait de manger, on voit figurer quatre espè- ces (arbe, solham, hargol, habag) qui sont évidemment des Orthoptères et dont une au moins est une Sauterelle (2). Les Grecs, comme le prouve une comédie d’Aristophane (3), les Parthes, suivant le témoignage de Pline (4), les Éthiopiens, suivant Strabon (9), ont fait un usage alimentaire des Sautc- relles et mérité par là le nom d’Acridophages. Les peuples qui habitent aujourd’hui les mêmes contrées, et qu'on désigne sous le nom un peu vague d'Orientaux, ont été souvent obli- oés de se nourrir de ces Insectes, et en sont vite arrivés à les regarder comme une friandise, qui jouit, dans les années où la denrée est rare, d’une vérilable faveur. Dans les années d’abondance « on en trafique à pleins tonneaux ». Il en est ainsi dans tout l'Orient, en Syrie, en Arabie, en Égypte, de remonter ce courant. Un vulgarisateur très connu va même plus loin. Il en- séigne aux gens qui étudient les Sciences dans ses ouvrages que la Sauterelle est en même temps un Criquet et une Locuste! (Jules Verne, Aventures de trois Russes et de trois Anglais). (1) Exode, X, v. 13. (2) Lévitique, XI, v. 22. (3) Aristophane, Les Acharniens, v. 1115. (4) Pline, Hist. Nat. liv. XI, xxxV, 29. (5) Strabon, Géogr., 1, XVI etc. 19 d'après les témoignages recueillis par le voyageur Hassel- quist. À la Mecque, on fabrique avec des Sauterelles une sorte de pain, mais dans les années d’abondance où l’on mange ces Insectes par gourmandise, on les met en fri- cassée (1). A l’autre extrémité des pays méditerranéens, on a signalé depuis iongtemps au Maroc des coutumes analogues, et le voyageur qui les a observées le premier assure que les Maro- cains préfèrent les Sauterelles aux Pigeons (2). Les observa- tions de M. Lucas sont encore plus précises. Il paraitrait, suivant cet auteur, que les Maures n’aiment pas beaucoup les Sauterelles; ce sont plutôt les Bédouins et les Kabyles qui s’en font un régal. Ils leur coupent la tête en prononçant la for- mule suivante : Bism Allah, allah akbar (du nom d'Allah, du grand Allah), enlèvent les ailes et les grandes pattes, puis salent le corps et le mangent au bout de quelque temps (3). _. Mais il est des populations misérables, habitant des con- trées où le gibier est rare, qui n’altendraient pas pour sc nourrir de Sauterelles que des nuées de ces [nsectes aient ra- vagé leurs cultures. Dans une région dont il est souvent ques- tion depuis quelques années, vers le cours de l'Ogooué, les nègres Balékés, poussés par le besoin instinctif de faire inter- venir dans leur alimentation une certaine proportion de nourriture animale, doivent, pour la satisfaire, tirer parti de tout ce qui a vie et considérer comme gibier le Reptiles et les Insectes les plus variés. Je suis heureux de pouvoir citer tex- tuellement, à raison de leur concision, les détails donnés sur ce sujet dans une étude publiée récemment par M. Léon Gui- ral, voyageur naturaliste qui a fait un assez long séjour dans ce pays. « Chez les Batékés, dit M. Guiral (4), le mot viande a un sens infiniment plus général que chez nous; les Crapauds et les Sauterelles sont considérés par eux comme un excellent INSECTES. ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. Qt (1) Frédéric Hasselquist, Voyages dans le Levant pendant les années 1749- 1752. Deuxième partie, 1769. (2) Jackson, Travels in Marocco, 53 (cité d’après Kirby). (3) H. Lucas, Ann. Soc. Ent. de France, 1845, Bullet ., p. xxxrr. (4) Léon Guiral, Les Baléliés (Progses français, n° 64 G5), à: 516 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. oibier; on ne s’étonnera donc pas que la chasse de ces ani- maux ait ses procédés et ses Nemrods. » Les Sauterelles sont abondantes chez les Batékés. Il y en a d'espèces variées : les plus estimées sont les plus grosses, qui ont environ dix centimètres de longueur, et qui pour voler déploient comme un éventail des ailes d’une belle cou- leur rouge ; mais cette espèce n’est pas très commune et son vol soutenu la rend difficile à capturer. Les Batékés prennent les Sauterelles au moyen de pièges, qui sont des trous pro- fonds et évasés d’en haut et terminés par un compartiment étroit. J'ai rencontré plusieurs fois de ces trous, remplis de prisonnières qui sautaient sans relâche. Ce sont ordinaire- ment les enfants qui visitent ces pièges; penché sur le bord du trou, et armé d’une espèce de cuiller faite de lianes tres- sées, l'enfant puise les Sauterelles une à une, les tue en leur tordant la tête, et en forme des paquets qu’il enveloppe de feuilles. Quand on brûle les prairies, les femmes peuvent ainsi ramasser de nombreuses Sauterelles (toutes rôlies », ou pous- sées par l'incendie dans les filets qui servent à prendre les Rats. » Ces détails curieux rappellent, en les complétant, les ren- seignements donnés par Sparrman (1) et par Anderson (2) au sujet des Sauterelles qui servent d’aliment chez les Hottentots. La colonie du Cap est souvent ravagée par ces Insectes, qui l’envahissent tous les cinq ans. Mais les « Bushmen » parais- sent s’en inquiéter beaucoup moins que les fermiers. Sur le passage des nuées ils allument de grands feux où les Insectes se grillent les ailes et tombent pour ne plus se relever. On les ramasse ensuite à pleins chariots. Ce qui n’est pas consommé sur place est desséché et mis en magasin, pour être employé à mesure du besoin. On les prépare de diverses manières, mais le plus souvent on les réduit en poudre, et on en forme avec de l’eau une sorte de purée. L'auteur de ces observations (1) Sparrman, 1, 367. (L'ouvrage de Sparrman a eu plusieurs éditions fran- çaises; je préfère citer le livre original d’après Kirby.) (2) Anderson, Cité ici d’après Packard, Half hour of recreation wit hinsects, Edible insects. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 17 a goûté de ces produits culinaires, mais ne les a pas trouvés exquis ; il pense toutefois que ces mets bizarres ont un grand pouvoir nutritif, car les pauvres gens qui s’en nourrissent engraissent à vue d'œil! D’après Sparrmann, les Hottentots se serviralent aussi des œufs d’Acridiens pour composer une _ sorte de potage ayant à peu près la couleur du café. Les Hottentots attribuent, dit-on, la venue des Sauterelles à un Génie bienfaisant (!) du Nord qui ouvre une profonde caverne, d’où les Sauterelles s’échappent pour venir les ali- menter. On n’est pas plus philosophe. Ces braves gens pour lesquels le proverbe « A quelque chose malheur est bon » semble avoir été spécialement inventé voient dans la venue des Sauterelles « un grand mal pour un grand bien ». Un poête a exprimé ce sentiment dans la strophe suivante, dont une traduction rendrait difficilement l’accent d’ironique rési- gnation : Yea, even the wasting locust-swarm Which mighly nations dread To me nor terror brings nor harm I make of them my bread (1). Mais ce n’est pas seulement dans l'Ancien Monde que les Acridiens exercent des ravages. L'Australie et les deux Amé- riques ne sont pas à l'abri de leurs incursions. Les naturalistes des États-Unis ont publié des ouvrages très considérables sur les Acridiens qui s’y montrent cerlaines années en quantités innombrables. En 1871, suivant M. Packard, le Caloptenus femur-rubrum ravagea les herbes dans le Maine, et les récoltes de foin furent considérablement diminuées. A d’autres épo- ques la même espèce envahit plusieurs fois la nouvelle An- gleterre et dévora toute la verdure. Mais ces espèces de l'Amérique du Nord nuisent surtout aux prairies; elles sont petites comme nos Criquets des prés, et il ne paraît pas que (1) Traduction libre : De puissantes nations ne voient pas sans terreur L’essaim des Locustes fatales. Il ne me cause à moi ni crainte ni malheur: Je m'en régale. 518 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. les Indiens en fassent pour leur nourriture un usage bien fréquent. En fait de comestibilité pour ces Orthoptères, je n'ai à citer que l'expérience d’un ami de M. Packard. [la goûté des Criquets rôtis et les trouve préférables aux Gre- nouilles. Cette comparaison peut sembler à bon droit singulière. Maïs les Européens ont formulé bien d’autres opinions sur la sa- veur des Criquets. Pour pouvoir donner à ce sujet une appré- ciation personnelle, j'aurais rencontré des difficultés immen- ses. Il m’aurait été très difficile de me procurer des Pachytylus ou des Acridium convenablement préparés et conservés, et je n'aurais eu aucun moyen de vérifier le bon état, la qualité de ces denrées inconnues sur nos marchés les mieux fournis. Or, les uns trouvent que les Sauterelles sont préférables aux Grenouilles, tandis que les Maures les préfèrent aux Pigeons; les autres déclarent que ces Insectes « ne sont pas excellents », tandis que M. Lucas avoue que « la chair n’en est pas très désagréable ». Mais ce n’est pas tout: diverses personnes, citées par Hope, comparent les Sauterelles tantôt aux Agarics fumés (!) qu’on mange dans le Holstein, tantôt aux Écrevisses, aux Harengs frais. Enfin, tout dernièrement, quelqu'un m’as- surait que les Sauterelles ont absolument le goût du jaune d'œuf. En présence d'opinions aussi divergentes, j’ai pensé que mes expériences ne trancheraient nullement cette question, une de ces affaires de goût sur lesquelles, comme chacun sait, il ne convient guère de disputer ; mais à défaut de ces expé- riences, je compléterai mes citations, avant de passer aux Or- thoptères comestibles qui ne sont plus que des Acridides, par une anecdote édifiante. Un président de la Société entomolo- gique de France dégusta un jour avec une certaine solennité des Acridiens préparés sous forme de conserve alimentaire. Pour ne pas désobliger l'étranger (un Américain, je crois) qui était venu les présenter, il déclara cette préparation déli- cieuse; mais quelque temps après il affirma en ma présence que le mets en question était absolument détestable. En dehors des Acridides, l’ordre des Orthoptères renferme évidemment une foule d'espèces comestibles. On a bien si- Re INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 519 gnalé des Mantides (1) et même des Phasmides, comme ces singuliers Eurycanthus de la Nouvelle-Guinée et de Wood- _ lark que les naturels du pays, suivant le père Montrouzier, mangent en guise d'Écrevisses; mais pour beaucoup d’Ortho- ptères, et surtout pour les Locustides, qui sont pour les natu- ralistes les vraies Sauterelles, les récits des voyageurs, des explorateurs de contrées lointaines n’ont pas assez de préci- sion pour qu'il y ait quelque intérêt à les citer en détail. Quand il s’agit d’Insectes dévastateurs, dont on peut faire une grande consommation, on peut être assuré que le narrateur désigne des Criquets plutôt que de véritables Sauterelles. Celles-là sont moins abondantes; cependant, grâce à leur taille parfois extraordinaire, elles doivent être souvent re- cueillies et mangées par les Indfens ou les nègres, dans les moments où la chasse n’est pas fructueuse, dans les pays où le gibier n’est jamais abondant. Il est évident que les procédés de capture employés par les Batékés pour les Criquets doi- vent leur procurer en même temps plus d’une Sauterelle, et les récits du voyageur ne nous laisseraient à cet égard aucune incertitude, quand même nous n’aurions pas vu les collections d’Insectes recueillies par M. Guiral. Dans l’ordre des Lépidoptères, on rencontre un certain nombre d'espèces comestibles, et plusieurs même ont un rôle assez important dans l’alimentation de quelques peuples. Malgré les causes que nous avons indiquées comme capables de restreindre l’emploi des chenilles comme aliment, on peut en effet concevoir que dans un ordre où les Insectes de forte taille sont assez nombreux, où les téguments, même chez l'adulte, n’ont pas en général une grande résistance, il y ait un certain nombre d'espèces ulilisables. « Si les chenilles pouvaient augmenter la somme de nos ressources alimentaires dans les temps de disette, disent, avec Réaumur (2), Kirby et Spence (3), cela atténuerait la misère publique et en même temps les ravages que nous causent ces ) Illiger, Die essbare Inseklen (Magazin für lasektenkunde, v, p. 207). (1 (2) Réaumur, t. IL. p. 341. (3) Kirby et Spence, op. cit. 5920 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Insectes. » Il y aurait là évidemment un double avantage, mais, en montant sur des « Si », on obtient en théorie des résultats magnifiques, que la pratique ne permet pas toujours de réaliser. En effet, ces chenilles dévastatrices n’apparaissent qu'à certaines saisons qui coincident rarement avec !les époques de disette. C’est ordinairement pendant l'hiver que les famines se produisent, et c’est au contraire dans la saison chaude que les chenilles se développent. Le remède à la fa- mine fourni par les chenilles (du moins en ce qui nous con- cerne, nous autres Européens) est donc à peu près aussi effi- cace que le quinquina, plante américaine, pouvait l'être pour les fièvres d'Europe avant la découverte dë l'Amérique. Nous devons en outre faire remarquer que les [Insectes les plus communs, ceux dont la fécondité et la résistance aux chances de destruction sont les plus développées, ne sont réellement abondants qu’en certaines années. Aussi des espèces actuelle- ment très nuisibles cesseront-elles de l’être un jour, et nos cultures seront alors ravagées par des Insectes trop peu abon- dants aujourd’hui pour que les agriculteurs leur accordent quelque attention. Ajoutons d'autre part que, parmi les che- nilles de Lépidoptères qu'on rencontre le plus fréquemment chez nous, il s’en trouverait sans doute plus d’une pourvue de ces moyens de défense spéciaux auxquels nous avons déjà fait plusieurs fois allusion. Il est pourtant une espèce de Lépidoptère, le Ver à soie (Sericaria mort), dont on pourrait manger les chrysalides, ex- traites des cocons dévidés. Mais cette espèce est importée; comme chacun sait, elle est originaire de la Chine, et pour s’en procurer en nombre, il faut de grandes dépenses et toute l’habileté de nos magnaniers. Aussi j'ai peine à croire que l'emploi de la chrysalide comme aliment permette de réaliser une économie de quelque importance, et je suppose que si les populations du Midi de l’Europe où le Ver à soie s'élève en grand y trouvaient quelque avantage, elles n’hésiteraient pas à se nourrir de chrysalides. En Chine, pays originaire de l’Insecte, l'éducation en est sans doute moins coûteuse, et doit donner lieu à de moins INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 591 fréquentes déceptions. Comme les Chinois ont l’habitude de ne rien négliger dans les productions de leur pays, et d’en exlraire jusqu’au dernier marc tout ce qui peut servir à aug- menter leurs ressources, ils n’ont garde de laisser perdre les chrysalides du Ver à soie. Il paraît qu’ils mangent aussi la chenille d’une espèce de Sphinx. À Madagascar, il existe un Bombyx séricigène vivant sur un Gytise appelé Ambrevate. Les cocons de ce Papillon sont assez fournis en soie, et les Hovas se servent de cette soie pour envelopper leurs morts. Ils se servent également des chrysalides, qu’ils mangent frites ou bouillies. Le D' Vinson, qui faisait partie d’une ambassade française envoyée au cou- ronnement de Radama Il, rapporte avoir vu le fils du roi manger de ces chrysalides comme de véritables friandises pen- dant l'audience de réception (1). Dans cet immense continent africain, où bien des gens voient un futur grenier pour l’Europe, il ne manque pas de régions sablonneuses, pauvres de végétation et, par suite, de gibier. Un peu plus loin que Franceviile, dans le Haut-Ogooué, M. Guiral a vu souvent les Batékés récolter d'énormes che- nilles jaunes, qui doivent être des chenilles d’Attacus, et lors- que le voyageur demandait à acheter de la viande, ces peuples lui apportaient souvent, empaquetés dans des feuilles, tantôt de ces chenilles, tantôt des Crapauds (2). De telles habitudes doivent se retrouver en bien des endroits chez les populations nèores de l’Alrique. Tous les mémoires sur les Insectes co- mestibles rappellent que Sparrman a vu les « Boshie-men » manger des chenilles qu’ils regardent comme une « deli- cacy », c’est-à-dire une gourmandise. En Australie, autre pays qui n’est riche que par places et seulement à certains points de vue, il n’est pas étonnant que les peuples indigènes mangent des chenilles de plusieurs sortes. « Les pauvres naturels de cette terre déshéritée pour les substances alimentaires, dit M. le professeur Blanchard (3), (1) Vinson, Voyage au couronnement de Radama. (2) Léon Guiral, loc. cit. (3) Émile Blanchard, Mélamorphoses des Insectes, p. 261. 522 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. recherchent les larves de la Grande-Hépiale (Hepialus gran- dis) et les mangent toutes vivantes avec une voracité digne de véritables sauvages. Ils se plaisent, nous a rapporté M. J. Verreaux, à humer l’intérieur de ces larves comme s'il s'agissait d’un fruit très mûr. » On a signalé aussi en Australie comme comestibles les che- nilles d’un genre appelé Nycterobius parce que ces chenilles ne sortent que la nuit. Mais il est un exemple de Lépidoptère comestible bien plus intéressant que tous les précédents pour FiG. 3. — Agrotis spina. nos études de philosophie entomophagique. Plusieurs navi- gateurs, et entre autres l’illustre capitaine Cook, avaient eu l’occasion de remarquer en Australie, à certaines époques, d'immenses agglomérations de Papillons appartenant tous à la même espèce. C’est une de ces espèces que le voya- geur Bennett (1) nous a fait connaître. Cette espèce vil par troupes sur les ilots granitiques d’un district particulier, qu’il (1) George Bennett, Wandering in New South Wales (being the Journa of a natluralist), t. 1, p. 273. Les passages les plus intéressants sur les Insectes comestibles ont élé reproduits dans l'Entomological Magazine, t. LI, p. 211-214. Dans les Transactions of the Entomological Society of London, 1868, t. IV, M. Smith donne quelques renseignements sur le « Bugong », qui n'est autre que l’Agrotis spina, Guénée, décrite antérieurement par Boisduval. sous Je nom d’Agrolis infusa décrite aussi sous le nom d’A. vastator par Scott. Le mémoire de Scott, reproduit dans les Transactions, donne de très longs détails sur la chasse et l'emploi alimentaire du « Bugong ». Nous en extrayons le passage suivant : M. Wyner tells me that on this occasion he ate, properly cooked by old Wellington, about a quart of moth (!) and found them exceedingly nice and sweet, with a flavour of walnut.…. Voyez aussi, sur le même Insecte, les Bulletins de La Société entomologique de Londres des années 1839, 1840 et 1865. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 536 visita pendant les mois de novembre, décembre et janvier, en myriades tellement innombrables que les gens du pays, qui les appellent Bugong, s’assemblent de près et de loin pour les colliger. Après leur avoir arraché les ailes, ils en- tassent les Insectes sur un endroit échauffé préalablement par un grand feu, puis les épluchent et mangent le corps ou le gardent comme provision après l’avoir pilé ou fumé. Le corps de ces Papillons renferme une forte proportion d’une huile qui a goût de noix, quand on en mange pour la première fois, elle produit des vomissements violents ou d’autres effets débilitants. Mais ces effets cessent après quelques jours d'usage, et alors les naturels se trouvent très bien de ce ré- gime, qui les engraisse merveilleusement. [ls ont souvent à disputer cette pâture à une sorle de Corneille noire, qui est aussi attirée en foule par le Bugong, mais ils tuent les Cor- neilles à coups de massue et les ajoutent à leur menu. Ces faits sont vraiment curieux; il y a là quelque chose de tout à fait pareil à ce que nous avons vu chez les Orthoptères de la famille des Acridides, une seule espèce d’Insecte four- nissant à l’homme de prodigieuses quantités de nourriture et arrivant à former, au moins pendant quelque temps, la base de son alimentation. Dans les ordres qui nous restent à exa- miner, nous ne rencontrerons plus un seul exemple qui puisse être comparé à celui-là. (A suivre.) III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTE. SÉANCE DU CONSEIL DU 8 JUILLET 1885. Présidence de M. HENRI Boucey, de l’Institut, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : MM. PRÉSENTATEURS. CAsTEL (Pierre), Président de la Société | EPP ALETS mo , ; : E. Cosson. d'Agriculture de l’Aude, à Carcassonne. . :. qe . Léon Peirière. . Geoffroy Saint-Hilaire. Faunepus(Henn. Bdu Centres la Gaec ee UD ur J sard. renne de Colombes (Seine). ules Grisar D' Mène. GPA. . ( H. Bouley. HER propriétaire, rue de Babylone, à A. Geoffroy Saint-Hilaire. ses | Saint-Yves Ménard. ‘ H. Bouley. GUINARD (Arthur), armurier, 8, avenue de à RES) (A r)) ; 4e es Grisard. l'Opéra, à Paris. \ P. A. Pichot. : , A H. Bouley. GUYARD (Léon), avocat, à Aïn-Temouchent \ À Geoffroy Sn Hiatre (AIS me) \ Jules Grisard. : qi s intelet. LATUTE (Louis), régisseur du château de | POI ne ‘ É ; Saint-Yves Ménard. Rocquencourt (Seine-et-Oise). 15 Wuirion. LEMOINE (Auguste-Georges), 45, avenue de | Gent Neuilly, à Neuilly (Seine). PAPER H. Bouley. MAILLÉ (comte Urbain de), 39, rue Marbeuf, | A. Geoffroy Saint-Hilaire Ro , Saint-Yves Ménard. TERMINARIAS (Justin), à Brantome (Dor- { He Paule. dogne) Marquis de Selve, ui \ E. Roger. — Des remerciements au sujet de leur récente admissivn sont adressés par MM. A. G. Lemoine et P. Castel. — MM. les Ministres de la Guerre, de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes, de l’intérieur, des Postes et Télégraphes, de Suisse et du Japon, accusent réception et remercient de l'invitation qui leur a été adressée pour la séance de distribution des récompenses. — Des remerciements pour les récompenses qui leur ont été accordées PROCÈS-VERBAUX. 595 sont adressés par MM. le D' Sauvage, de Noter, A. Rousse, Rogeron, Rodigas, le vicomte Powerscourt, Vve Turpin, Max Von dem Borne, Vaché, Turboust, Leroy, Barrachin, Wailly, F. Vérot, Simmonds, Rol- lat, Rivoiron, Pinède, F. Mathey, Lescuyer, Jousset, Clarté, Dulitz et Brocchi. — MM. le vicomte de Villar d’Allen et B. Clémot demandent des ren- seignements sur la composition de l’engrais chimique Jeannel dont il a été question dans l’un des derniers Bulletins. — MM. Henri Henrionnet et Blanchon demandent à recevoir de la Poudre toni-nutritive mise à la disposition de la Société par M. Dau- treville. — M. Arbillot, instituteur, à Chalindrey (Haute-Marne), adresse le résultat de ses observations sur les brouillards de mars et les gelées de mai. — Remerciements. — M. Pays Mellier écrit de la Pataudière (Indre-et-Loire), en date du 4 juin, à M. le Directeur du Jardin d’acclimatation : « Jai obtenu une intéressante reproduction, la première bien sûre- ment obtenue en France. » Une Gazelle Corinne à mis bas il y a cinq jours une charmante fe- melle qui se porte bien. Jai deux autres Corinnes pleines. » Je possède ces animaux depuis bientôt ne ans et on prétend qu’ils ne vivent pas en captivité. » La femelle Antilope leucoryx est pleine. » — M. le baron de Sachs écrit du château de Ville-aux-Bois (Marne), à M. le Secrétaire général : « Il s’est passé à la fin de 1884, dans la Beauce, un phénomène qui, je n’en doute pas, vous intéressera. » Depuis deux ou trois ans les terres étaient ravagées par les Souris des champs, les Campagnols. Ils y étaient en telle quantité que mon fermier désolé voulait abandonner la culture, Tout ce qu'il avait semé était mangé, surtout les luzernes, sainfoins, etc.; plus de récolte, plus de nourriture pour les animaux. Fin d’octobre et commencement de novembre a commencé une migration complète, plus une Souris wvi- vante ni morte. On se mit vivement à lahourer et à ensemencer, et au- jourd’hui il y a une récolte superbe. Seuls les cultivateurs qui ont semé trop tôt ont encore eu leurs blés mangés par les Souris avanileur départ. » En quinze jours la migration a été terminée, et les Souris se sont toutes dirigées vers le Nord. Il est regrettable qu’on ne se soit pas aperçu de cela au premier moment pour les suivre. Elles doivent être allées loin, car dans tous les villages autour de moi, il n’y en a plus. » En labourant on trouve les nids, mais pas une Souris morle. » ._— M. À. Laguesse écrit de Saint-Hilaire à M. le Directeur du Jardin d’acclimatation : « J’ai eu l'honneur de vous entretenir du croisement obtenu entre un Mouflon femelle corse et un Bélier Southdown de race pure. 526 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. » Ce produit, qui avait tous les caractères de la race ovine et une toison de laine blanche frisée, vient à son tour, avec un bélier de même race, de nous donner un véritable Mouflon. » Question d’atavisme qu'il m’a paru intéressant de vous signaler. » — M. J. O'Neill écrit de Villa de la Combe (Charente), à M. le Prési dent : « La communication de M. Brierre, qui a paru dans le Bulletin du mois d'avril dernier (p. 245), et dans laquelle il constate que des Poules vivant d'insectes sur les bords de l'Océan ont pondu deux œufs par jour, me suggère l’idée de vous signaler un fait quelque peu ana logue. » Une de mes Poules de Barbézieux, qui sont parquées au bord d’un cours d’eau de la Charente, et qui sont toujours à patauger et à pêcher toutes espèces de choses dans l’eau même — une de ces Poules, dis-je, a pondu dernièrement deux gros œufs dans la même journée, à deux re- prises différentes ; et dans la même semaine elle à pondu un œuf qui pesait 90 grammes. Une Poule Houdan, à côté, a pondu le jour après un œuf qui pesait 108 grammes. Tous les deux œufs étaient à deux jaunes et infertiles, comme j'ai pu le constater en les mettant à couver. » — M. le professeur Spencer F. Baird, commissaire des pêcheries des États-Unis, écrit de Washington : « Grâce au bienveillant concours de M. Blackford, je puis vous expédier par le steamer Amérique, à l’a- dresse de MM. Draper et Wood, commissionnaires, 19, rue d'Orléans, au Havre, cinquante Poissons-Chats américains (Amiurus nebulosus), dont vous croirez peut-être devoir essayer l’acclimatation. Je considère ce poisson comme ayant une grande valeur; c’est le seul de ce pays qui vive et se plaise dans des eaux stagnantes et vaseuses. On ne le croit pas nuisible aux autres espèces. Il se nourrit de vers, de larves, etc., et ne dédaigne peut-être pas la chair des animaux morts. Très estimé comme poisson alimentaire, il est, en outre, très robuste et doué d’une grande fécondité. Il protège ses œufs et.ses petits. Généralement, on voit le mâle accompagné de nombreux alevins, qui le suivent partout. Sa chair, tout à fait délicate, ne renferme que très peu d’arètes. À Philadelphie, on la préfère à celle de presque tous nos autres pois- sons. » (Les poissons annoncés par M. Spencer F. Baird sont arrivés en bon état au Havre : deux seulement avaient péri pendant la traversée; sept autres ont succombhé à la suite du voyage.) — M.J. Barker Duncan, Secrétaire de la Scotch Fisheries improve- ment Association, adresse d'Édimbourg un exemplaire du cinquième rapport annuel sur les travaux de cette Société. Ge rapport présente un exposé très intéressant des efforts entrepris, sur un grand nombre de points de l'Écosse, pour l’amélioration des pêcheries, dans les eaux douces comme dans les eaux salées. Parmi les annexes de ce rapport figurent plusieurs documents sur la pisciculture à l'étranger, et notam- PROCÈS-VERBAUX. 527 ment un extrait de Ja note récemment publiée dans le Bulletin de la Société nationale d’acclimatation de France, sur l'établissement de pisciculture d’Ettelbrüek (Grand-Duché de Luxembourg). — M. de Souancé écrit de Lardy à M. le Secrétaire général : _ «Autrefois les Chevennes ou Chaboisseaux abondaïent dans la rivière la Juine, nous en avions tout l’été de 4 à 6 livres, aujourd’hui ils sont plus rares, on en voit encore de petits, mais pas un gros. Race qui tend à disparaître, mais qui n’a pas encore disparu. Le fait que je veux vous signaler, c’est l'apparition soudaine d’une autre espèce de poisson qui n’existait pas quand je pêchais, que personne n'avait pris et que mes neveux ont pris pour la première fois il y a trois ans. Des Brêmes grosses de 2, 3, 4 ou 6 livres. Il y en a maintenant des bandes nombreuses. On en a pêché une vingtaine cette année, elles ont mul- tiplié et on trouve des quantités de jeunes. » Comment expliquer la disparition des Chevennes et l'abondance des Brêmes ? » — Sous letitre: Appendice à l'histoire de Tétards-Bœufs, M. Laisnel de la Salle adresse la note suivante : « Dans la séance générale du 10 avril 1885, M. le Secrétaire a donné lecture d’une letre de M. Charles Mailles qui nie que des Grenouilles- Bœufs se soient multipliées dans les eaux du Bois de Boulogne. Cette lettre venant à la suite d’un article où je raconte l’histoire de Têtards- Bœufs capturés dans le lac de Saint-James, m’impose le devoir de ré- pondre; ne serait-ce que pour prouver à la Société nationale d’Accli- natation que je ne lui ai pas adressé un récit de fantaisie. » On conçoit qu’il puisse y avoir doute et matière à discussion, quant à l’étendue du pouvoir assainissant des Eucalyptus, ou sur la nature des arbres à planter pour neutraliser les effets délétères des terrains maré- cageux du Gabon. En peut-il être ainsi, lorsque l’un de nous constate la présence dans un lieu déterminé, de sujets parfaitement reconnaissables el qui, sans doute, ne sont pas le produit d’une génération spontanée ? » Quoi qu’il en soit, pour peu que cela semble nécessaire, je suis prêt à déposer sur le bureau des séances une attestation nettement formulée par MM. Bréan, Riquet et Guilhermain, gardes de la partie du Bois com- prise entre les portes des Sablons, de Saint-James et de Madrid ; et par MM. Lambert et Martin, préposés au nettoyage de la mare, du lac et des rivières de la même région. Ces estimables agents affirment avec moi que, depuis plus de dix années, ils’ ont constamment vu dans le lac Saint-James, pendant tous les étés, de nombreuses Grenouilles-Bœufs de divers âges, et durant chaque mois de juillet et d'août un nombre considérable de Tétards-Bœufs. » Ainsi le fait est indéniable. Soûs le climat de Paris et avec les res sources d'existence qu'elles ont trouvées dans le lac Saint-James, les Grenouilles-Bœufs, primitivement échappées du Jardin d’acclimatation, 5928 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ont vécu et se sont reproduites absolument comme dans leur pays d’origine. En sera-t-il toujours ainsi? Je n'ose l’espérer, tant, sur Ja terre comme dans l’onde, nos Batraciens rencontrent d’implacables ennemis. » Sur la terre, où les Grenouilles errent et se reposent tour à tour si volontiers, elles sont, dès que découvertes, soltement traquées et mises à mort par les nombreux habitués des bords du lac. Dans l’eau, Gre- nouilles et Têtards ont sans cesse à disputer leur innocente vie contre la Perche et le Brochet aux dents cruelles. Rien ne surpasse la férocité de ces deux brigands d’eau douce. Ainsi, dans ce même lac de. Saint-James, j'ai vu une Perche de forte taille fondre sur une énorme Brème au repos près de larive, et, la coupant en deux, fuir avec la moitié. » Le reste de la lettre de M. Charles Mailles prend à partie l’adminis- tration du Jardin zoologique d’acclimatation, que je n’ai pas qualité pour défendre. Je ne signalerai qu’un détail erroné. N’en déplaise à M. Mailles, les deux Grenouilles qu’il a vues se chauffant au soleil, dans l’endroit qu’il dénomme Parc aux Pingouins, n'étaient pas en rupture de ban. Elles étaient bien chez elles, et dans l’enclos qui de tout temps a été dévolu aux Batraciens. Le grillage défoncé auquel il est fait allusion était une construction provisoire qui n'a duré qu’un an, et a depuis lors dis- paru. » — De son côté, M. J. Cornély écrit du pare de Beaujardin, à Tours, sur le même sujet : « Veuillez me permettre quelques mots en réponse à l’observation de M. Mailles, sur les Grenouilles-Bœufs, Grenouilles-Taureaux ou Rana mugiens- » Depuis quelques années des douzaines de ces Grenouilles ont été mises en liberté à plusieurs reprises dans mon parc, où il y a une grande mare, de 26 X 95 mètres environ. Cette mare sert. en même temps d'habitation à des Tortues américaines de plusieurs espèces, à des Tortues d'Europe et du Japon. Elle était peuplée depuis longtemps de Poissons rouges, qui se sont multipliés au point de faire craindre an encombre- ment, et de Grenouilles du parc. La surveillance de ces animauxest fort difficile, car la plupart d’entre eux sont très farouches, et à l’approche d’un être humain ou même d’un animal, tout disparaît: Je dois cependant ajouter que, parfois, on peut observer (en s’approchant avec précaution) des Grenouilles énormes, et quelquefois des Tortues. Cette année a été remarquable par l’apparition d’une énorme quantité de grands Têtards, que jamais nous n’avons pu observer en si grand nombre. Les Grenouilles- Bœufs ont parfois passé les murs (hauts de 2",50) en s’aidant des lierres, et des personnes dignes de confiance m'ont appris avoir entendu leurs voix dans les prés du Cher, avoisinant le parc. D’autres ont été vues dans les bassins destinés aux Canards et Cygnes, et situés à l’autre bout du parc. Je dois ajouter que malgré le grand nombre de Grenouilles PROCÈS-VERBAUX. | 529 et Tortues mises dans la mare en question, on ne peut noter de diminu- tion dans les bandes de Poissons rouges. « Trois espèces bien distinctes me semblent pouvoir être établies pour les Grenouilles géantes reçues à Beaujardin. Il y en a de vertes, de noi- râtres, et d’autres d’une couleur brunâtre. Toutes de taille énorme. » Au commencement de juin om a revu quelques Lézards ocellés, mis dans le parc en août 1884. Ils semblent avoir grandi considérablement. » — M. Wailly, de Londres, écrit à M. PAgent général : « Je vous envoie pour la Société des échantillons de soie cardée et filée de quelques espèces de séricigènes. En plaçant ces échantillons dans un cadre, il sera facile d'apprécier les différentes qualités qui pourront se comparer avec les échantillons de soie Mori, que je. vous envoie en même temps. » Vous trouverez 16 échantillons de soies sauvages que j’ai fait carder à Macclesfeld, par un de mes correspondants. Plusieurs espèces se ressem- blent et toutes me semblent fort belles lorsqu'elles sont bien travaillées, même celle de notre Pyri, dont on n’a jamais pu rien tirer, d’après ce que j'ai entendu dire. Je vous serais obligé de les soumettre à l’appré- ciation des membres compétents de la Société. f » L’échantillon de soie dévidée de mon hybride Roylei-Pernyi, a main- tenant un peu la teinte du Pernyi. » —.Mre veuve Turpin écrit de Sillat (Landes) : « Je suis à la fin du coconage de mes Attacus Pernyi, dont les succès d’acclimatation ne sont plus douteux. » Désireuse que je suis de voir croître cette industrie, je vais à nou- veau offrir, dans mon département surtout, des graines ou cocons à cheptel, afin d'en propager l'espèce. » J'ai depuis une dizaine de jours des chenilles de Cecropia, dont les graines m'ont été fournies l’an passé par M. Wailly. » Quant à mes coçons Mylilta, je n’ai pas eu de chance jusqu’à ce jour. » J'ai reçu le 4 juin douze cocons de la Société et vingt demandés à M. Wailly, en Angleterre ; de ces trente-deux cocons, il est né cinq fe- melles. Leur ponte a été nulle, n’ayant pas été fécondées ; puis ensuite trois autres femelles, dont deux ont été accouplées à deux mâles nés à même date, et de plus, la troisième femelle a éte accouplée à un Cecro- pia dans l'espoir d’en obtenir un hybride. Réusirais-je ? Je l'espère ! Hier matin, j'ai recueilli mes œufs des deux pontes Mylitta fécondées, l’une m'a produit cent soixante œufs et l’autre deux cents. Voici pour mes Lépidoptères. » Quant à mon Riz de montagne, sa croissance et sa verdeur sem- blent me promettre récolte à bonne fin. » — M. Arthur Noël, ancien élève de l'Ecole polytechnique demande à prendre connaissance des documents que la Société pourrait posséder sur la culture du Thé. 4e SÉRIE, T. Il. — Septembre 1885. 34 530 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. — M. de Confevron écrit de Flugez (Haute-Marne), à M. lAgent gé - néral : « Le goût pour les Orchidées de pleine terre, ces plantes si jolies et si intéressantes, s’élant à juste litre répandu parmi les horticulteurs et les amateurs, il ne me paraît pas indifférent de communiquer une remar- que que je crois positive. » D’après mes observations, les Orchidées de pleine terre ne suppor- teraient pas d’être cueillies ou d’avoir leur tige coupée avant maturité de la graine, et si semblable mutilation se produit, la plante meurt ou ne fleurit pas l’année suivante. » Exemple, un coteau en nature de pelouse, et qui tient à mon habita- tion, avait, jusqu’à l’été dernier, été pâturé par des vaches qui respec- taient les Orchidées y fleurissant en assez grande quantité, surtout les trois variétés désignées ci-après: Aceras pyramidalis et antropophora et Ophrys bombiliflora. » Au mois de juin 1884, le coteau en question où j'ai planté des arbres fruitiers a été fauché ct les Orchis ont été coupés en pleine floraison, sauf quelques exceptions qui avaient été de ma part l’objet d’un jalon- nement particulier. » Or, cette année, aucun des Orchis fauchés non seulement n’a fleuri, mais même n'a repoussé. » Ce fait est, je crois, assez concluant, surtout venant corroborer des observations analogues faites dans des parages où l’année précédente on s’était livré à des moissons d’Orchis des espèces purpurea et purpu- rea-militaris. »: . — MM. Mathey et Blanchon demandent à recevoir les graines mises en distribution en ce moment à la Société. — Envoyé. = M. Maxime Cornu, professeur de culture au Muséum, accuse réception et remercie des bulbilles de Dioscorea bulbifera qui lui ont été envoyées par la Société. — M. Roulland adresse quelques fruits d’'Araucaria provenant des cul- tures de M. Grandin, notaire à Gesté (Maine-et-Loire). —Remerciements. — M. Léo d'Ounous adresse une note sur ses diverses cultures de vé- gétaux exotiques dans l’Ariège et la Haute-Garonne. — Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. Ed. Maistre, G. Feuilloy, Blanchon, La Peyre, A. Bravard, Charlot, Bourjuge, Frémy, Dupouet et Aug. Lejeune. Pour le secrétaire du Conseil : “2 Agent général de la Société, JULES GRISARD. IV. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DES SECTIONS QUATRIÈME SECTION. SÉANCE DU 5 MAI 1885. Présidence: de M, MÉGNIN, puis de M. MAURICE GIRARD, président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Alfred Waïlly envoie des notes sur les éducations d’Attaciens séri- cigènes qu’il a faites à Norbiton (Surrey), Angleterre, en 1884. Il joint à cet envoi des échantillons de soie des Attacus Atlas, Antheræa Mylitta, Hybride Roylei-Pernyi et Sericaria Mori. | M. Mégnin offre à la Société un travail intitulé : Mémoire sur la Sphærogyna ventricosa (Newport), par MM. A: Laboulbène (professeur à la Faculté de médecine de Paris, membre de l’Académie de médecine), et P. Mégnin (membre de la Société de biologie, lauréat de l'Institut). M..le Président, au nom de la Société, remercie M. Mégnin, et fait ressortir l’importance des travaux de notre collègue, et des découvertes qu’il a faites, concernant les Acariens. ; M. Maurice Girard présente à la Section une boîte contenant des Cocci- nella, Adalia (Mulsant), bipunctata (Linn.), 6 pustuluta (Linn.) (Cette dernière, noire avec six taches rouges, est une variété bizarre de la Coccinelle à six pustules, normalement rouge, avec six taches noires), Harmonia (Mulsant), impustulata (Linn.). M. le Président présente ensuite quelques spécimens d’une espèce de Charançon (Anthonomus pomarum Linné) qui s’attaque aux bourgeons des Pommiers et des Poiriers. Enfin, M. le Président met sous les yeux de la Section une boîte ren- fermant d’autres Charançons (Otiorhynchus ligustici Linné) de taille assez forte. Cette espèce ravage les Légumineuses, et notamment les Vesces. M. Maurice Girard dit que, récemment, il a vu, à l’école d’agri- culture de Grignon, un champ de ces dernières plantes à peu près dé- truit par ce Charançon. M. Grisard dit que, dans la dernière séance générale, il a été ques- tion d’un Termite qui commet de grands dégâts dans le Massachussetts (États-Unis), mais qu’il n’a pas été dit à quelle espèce elle appartient. M. le Président fait observer que ce pays possède d’éminents Entomo- logistes qui, très probablement, ont déterminé l’insecte en question. A ce propos, M. Maurice Girard entretient la Section des mœurs des Termites français et d’une espèce africaine, le Termite belliqueux. Celui-ci construit des habitations assez considérables pour faire croire 532 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. à distance, à la présence de huttes humaines. Ces sociétés se composent de mâles, de femelles, et de deux sortes de neutres, ouvriers et soldats. Ces soldats défendent la communauté et dirigent les escouades de tra- vailleurs, qu’ils conduisent, non au son du clairon, mais bien à coups de sifflet. Il ne faut pas voir dans ces faits, ainsi que tant d’auteurs l’ont écrit, une organisation militaire quelconque, mais bien une suite d’actes naturels et spontanés chez ces Névroptères, parce que ces actes sont in- dispensables au bon fonctionnement de leurs sociétés, qui sont unique- ment de reproduction. Il en est de même, ajoute M. Maurice Girard, pour les prétendues Reines des Abeilles et les Républiques des Fourmis. Il faut avoir un grand amour du merveilleux pour trouver, dans les associations des animaux, une forme quelconque de gouvernement; ce seraient donc des Royautés et des Républiques éternelles, sans révolutions ? Egalement, les fameuses esclaves des Fourmis, de l’Amazone en par- ticulier, sont tout simplement des nourrices sur place... prises dans les fourmilières à l’état de nymphes pour qu’elles ne puissent retrouver leur chemin et se sauver. Ce sont donc des enfants volés, mais bien traités par leurs ravisseuses. M. Mailles dit avoir lu dans l’ouvrage intitulé : les Métamorphoses des Insectes, de M. Maurice Girard, que les ouvriers et soldats Termites sont aveugles et demande si ce fait est bien certain. M. le Président répond que la cécité attribuée à ces insectes est le ré- sultat d'observations mal faites; en réalité, les Termites ont des yeux. Seulement, dans les ouvriers et soldats, ces yeux sont des ocelles ou yeux simples; chez les mâles et femelles seuls il y a des yeux composés. Le Secrétaire, Cu. MAILLES. CINQUIÈME SECTION. SÉANCE DU 12 mar 1885. Présidence de M. Henry de VILMORIN, Président. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le Secrétaire donne communication : 1° d'une lettre de M. J. Jack- son, transmettant diverses graines de végétaux utiles de Winnipeg (Manitoba) Canada (envoi de M. Ch.-N. Bell); 2° d’une lettre de M. Ulde- rico Gamba, de Brugini (Italie), annonçant l’envoi de semences fraîches de café mexicain. M. J. Grisard rappelle à cette occasion la présentation faite à la Sec- PROCÈS-VERBAUX. 533 tion, il y a quelques années, par M. Chauvin, de Dijon, sur cette même plante, qui n’est autre que l’Astragalus bocticus. Cette légumineuse, qui vient spontanément sur le littoral méditerra- néen, est cultivée spécialement en Italie et en Autriche pour la produc- üon de la graine qui, torréfiée, est en effet un bon succédané du café. M. le D" Ed. Mène donne lecture du rapport suivant, sur le Chuñ de Liuto : | « Le Chuño est une fécule d’un blanc mat, pulvérulente, inodore,; in- sapide, qu’on extrait des tubercules des racines fasciculées, arrondies, brunâtres, d’une plante de la famille des Amaryllidées, l’A/stræmere Liuto (Alstræmeria Ligtu L.), qui croît le long des ruisseaux au Pérou et dans certaines provinces du Chili (les provinces de Canquenes et de Concepcion, d’après Claudio Gay), où on la désigne sous le nom de Liuto. » D’après les renseignements puisés dans l’intéressant travail de MM. Paillieux et Bois, le Potager d'un curieux (Bulletin de la Société d'acclimatation, janvier 1884, p. 51-52), le Chuño, quoique peu exporté, est d’une consommation considérable dans les lieux de production, où la fabrication n’a pas lieu dans des usines, mais simplement par les femmes, qui recueillent les racines arrachées par de pauvres gens. Elles ex- traient la fécule de la même manière que la fécule de Pommes de terre, et elles portent au marché le produit de leur travail au fur et à mesure qu’elles l’ont obtenu. » Au Chili, le Chuño est usité pour la nourriture des malades et des personnes qui ont l’estomac délicat. MM. Paillieux et Bois citent l’opinion de M. le D' Thévenot, qui a exercé la médecine au Chili pendant de longues années, et qui assure « que le Chuño est un excellent aliment, » moins riche peut-être que certaines autres fécules, mais léger, de » digestion facile et très utile aux enfants et aux convalescents, et qu’on » en fait des pâtisseries estimées ». » La petite quantité de Chuño que j'ai reçue, et qui provient d’un don de M. Paillieux à la Société d’Acclimatation, ne m’a pas permis de faire de nombreuses expériences, et je ne puis donner des conclusions com- plètes sur la valeur de ce produit; mais les résultats que j'ai obtenus sont très bons. » Comme aliment, le Chuño est excellent en potage, soit au gras, soit au lait; une cuillerée à bouche pour un bol de bouillon ou de lait; on délaye à froid et on verse pendant l'ébullition; on laisse bouillir pen- dant quatre à cinq minutes. Le Chuño épaissit peu par la cuisson et forme un polage sans grumeaux, laissant apercevoir quelques petits grains transparents comme du tapioca, et donnant seulement au bouillon ou au lait une consistance un peu plus épaisse. » Très agréable au goût, 11 forme un potage vraiment délicat, très facile à digérer. 534 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. » Je l’ai fait prendre à des convalescents, qui l’ont digéré sans aucune peine et m’en ont redemandé comme feux ayant été agréable au goût et les ayant bien soutenus, | l » J'en ai donné à des enfants de six à dix mois, dans du lait; es pie reuts ont été très satisfaits et m'ont demandé s'il était: possible de s’en procurer de nouveau, les enfants prenant ce potage avec plaisir. » Chez deux malades atteints de gastralgie et digérant très difficile- ment, le Chuño a été bien toléré, sans occasionner les renvois et les gonflements d'estomac auxquels ils étaient sujets après l’ingestion de presque tous les aliments. » Administré à l’extérieur sous forme de cataplasme, dans un cas de commencement d’inflammation phlegmoneuse du dos du pied et dans un orgelet de la paupière supérieure, il a produit un soulagement marqué. | » Employé en lotions avec l’eau tiède (une cuillerée à bouche pour les deux tiers d’un bol d’eau), suivi d’une application de Chuño en poudre, il a amené un prompt soulagement dans un cas d’érythème de la jambe. .» Il peut aussi remplacer la poudre de riz pour atténuer le feu du rasoir, quand Ja barbe a été rasée. | » Les résultats obtenus ont été excellents, eu égard à la petite quan- tité de Chuño expérimentée. Il est à désirer que de nouveaux essais soient faits sur une plus grande échelle, et on doit souhaiter de voir des efforts sérieux être tentés en vue d’acclimater en France l’Alstræmeria Ligtu, vulgairement désigné au Chili sous le nom de Liuto. » À propos de celte intéressante communication, M. le Président fait remarquer que, d’une façon générale, les plantes du Chili viennent assez mal sous le climat de Paris; mais il est à croire que l’A/stræmeria Ligtu pourrait réussir en Bretagne, sur les côtes de la Manche, ete. M. de Barrau de Muratel rend compte en ces termes des résultats qu’il a obtenus des plantes ou graines reçues en 1884 : « Dans l'hiver de 1884, M. Hédiard m'avait confié des plants de Patates sauvages de Cochinchine, rouges et grises, des tubercules de Taro, es: pèce de Caladium comestible, et des graines de Dolic de Saïgon, destiné à être mangé en vert. » Les deux espèces de Patates, essayées en pleine terre, le long d'un mur, au midi, sont mortes sans émettre la moindre végétation. .» Les Taros ont parfaitement végété, mais les racines ont à peine poussé; je les ai fait relever l’hiver et replanter au printemps de 1885; ils sont donc encore en expérience. L’apparence de la plante est tout à fait celle d’un Caladium à feuilles ne dépassant pas 20 centimètres de long, du moins la première année. » Le Dolic de Saïgon a vigoureusement poussé, mais n’a fleuri qu’au mois d’octobre, de sorte que les pousses n’ont pas eu le temps de se former avant les froids, qui ont été très précoces. Cette plante doit ce Te tif CT rt, PROCÈS-VERBAUX. dr 539 exiger beaucoup plus de chaleur que ne peut en donner notre climat. *» M. Paillieux m’avait donné à essayer : deux pieds de Mioga du Ja- pon; des bulbes d’Allium odorum à fleur comestible ; 25 bulbes de Camassia esculenta des montagnes Rocheuses. » Les deux pieds de Mioga ont parfaitement réussi, et au commence- ment d’avril dernier, après avoir passé tout l'hiver en terre sans aucune précaution, ayant eu à supporter à plusieurs reprises de. la neige et 1 à 8 degrés au-dessous de zéro, ils commençaient à montrer de petites pointes blanches. J’espère pouvoir commencer à cueillir quelques inflo- rescences dès cette année. » L’Allium odorum a bien poussé, mais n’a pas fleuri l’année der- nière. » Les Camassia esculenta étant originaires des montagnes Rocheuses, j'ai tâché de les rapprocher le plus possible des conditions climatériques de leur habitat, en les plantant dans un potager de montagne à 630 mètres daltitude. Sur 25 bulbes, 19 ont très bien végété et fleuri l’année der- nière. Je les ai laissés en place, ils ont été, dans l'hiver qui vient de s’écouler, recouverts d’une épaisse couche &e neige et ont subi des froids de 13 à 14 degrés au-dessous de zéro. Au commencement d'avril dernier, 18 bulbes étaient sorties de terre et annonçaient une bonne végétation. En cas de réussite, quel emploi peut-on faire de ces bulbes ? M. Paillieux voudra bien, j'espère, répondre à cette question et me mettre à même de faire de cette plante un essai complet. » Je continue à cultiver avec succès le Physalis Peruvianu qui four- nit des confitures et des sirops très agréables, ainsi que l’Oignon ca- tawissa dont les bulbilles sont d’une grande utilité pour la confection des pickles auxquels ils donnent une saveur très marquée. » J’ai cultivé aussi la Bardane comestible du Japon (Lappa edulis) dont les graines m'ont été données par M. Dybowski : semée dans un potager à terre forte argilo-calcaire, dans laquelle la Bardane commune pousse très vigoureusement, cette plante m'a donné des racines assez grosses, mais courtes, branchues, garnies d’un abondant chevelu et pas très ten- dres. Au contraire, dans mon potager de montagne, en terre très légère, j'ai obtenu de magnifiques racines de 50 centimètres.de long sur 12 cen- timètres de circonférence, parfaitement régulières. Ges racines, semées le 12 juin, avaient acquis tout leur développement en octobre, quatre mois environ. Elles exigent une cuisson un peu prolongée et demandent à être parfaitement blanchies. Elles sont alors très tendres, mais conser- vent un goût aromatique qui ne plaît pas à tout le monde. Un cuisinier habile saura faire disparaître cet inconvénient, et la Bardane comestible doit prendre place dans nos potagers, comme une très bonne plante dont la culture est des plus faciles. » J'ai essayé à plusieurs reprises diverses espèces de Gourges d’Amé- rique ou autres, je n’en ai trouvé aucune qui valût comme facilité de Da0 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. culture, abondance de production et qualité, la Courge pleine de Naples ou Porte manteau qui, cultivée depuis longues années dans mon dépar- tement, s’est modifiée, a acquis des proportions considérables et s’est montrée très supérieure à toutes les autres en qualité et surtout comme longue conservation. Il n’est pas rare d’en voir rester parfaitement sai- nes pendant une année entière, d’une récolte à l’autre. J'en ai encore une chez moi de la récolte de 1883 et qui, à mon départ, au mois d'avril, n’offrait pas la moindre trace de décomposition. » A l’occasion de cette lecture, M. Paillieux donne d’intéressants détails sur l’emploi'de la Camassie et fait connaître qu'il se propose de présenter à la Section, lors de la reprise de ses travaux, diverses préparations faites avec cette plante. Notre confrère, en parlant de la Bardane, dit qu'il ne faut pas trop s’attacher à la grosseur de la racine. Notre Bar dane commune dont celle du Japon n’est qu’une variété, se mange en Écosse au dire de Duchesne. M. de Vilmorin présente à la Section un rameau fleuri d'Elæagnus longipes et met en distribution des graines de divers légumes nouveaux. En déclarant close la session, M. le Président exprime à M. Paillieux tous ses remerciements pour les communications si nombreuses et si attachantes qu’il a bien voulu faire dans diverses réunions. La Section tout entière s'associe aux paroles exprimées par M. de Vii- morin. Le Secrétaire, JuLES GRISARD. PREMIÈRE SECTION SÉANCE DU 2 JUIN 188% Présidence de M. DEcroIx, Président. M. le Vice-Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté, avec addition d’un renseignement. | M. Dautreville s'excuse de ne pouvoir assister à la réunion. M. Mailles demande la parole et fait une communication sur la ma- nière de piéger les Surmulots et parle incidemment d’un nouveau piège, dit nasse à rats. M. Huet, à ce propos, déclare que ces nasses sont employées avec succès au Muséum d'Histoire naturelle, où elles rendent de grands ser- vices. Il suffit de les amorcer avec du grain ou de la pâtée, pour captu- rer plusieurs Surmulots en une nuit, parfois autant qu’en peut contenir le piège. | M. le Président dit qu’il serait désirable que la Section connût quel- ques adresses de maisons vendant ce produit; M. Decroix ajoute qu’il ‘5 £a db US PROCÈS-VERBAUX. HOT entre dans les attributions de la Société d’Acclimatation de faire con- naître et de vulgariser tous les produits recommandables et rentrant dans son programme. M. Huet appuie la proposition de M. le Président, et dit qu’il ne suffit pas de signaler un objet utile, mais qu'il est bon d'indiquer en même temps où l’on peut se le procurer. Il entretient, à cette occasion, la Sec- tion de la poudre toni-nutritive de M. Dautreville et en fait l'éloge; cette préparation a rendu de grands services pour l'élevage des jeunes Gallinacés, au Muséum, et M. Huet promet un rapport détaillé à ce sujet. Devant le désir exprimé par la Section tout entière, M. Mailles dit qu’à la prochaine réunion de la Section, il fera connaître où la nasse à rats est vendue, et donnera, en même temps, une descrip ion du piège. M. Joly Had si nous possédons en France plusieurs RPRES de Rats. M. Mailles répond que, outre le Mulot, la Souris et le Rat nain, deux grosses espèces du genre Mus sont répandues dans notre pays. Ce sont le Rat noir (Mus rattus) dont il existe une variété grise (var. Alexan- drinus) et le Surmulot (Mus decumanus) dont il existe une variété noire ; cette variété à pelage foncé se répand de plus en plus; elle est très commune au Muséum de Paris et ne doit pas être confondue avec le vrai Rat noir, qui a disparu entièrement de la capitale et se trouve encore dans quelques villages, dans les campagnes, où il habite les granges, les greniers, et même les maisons, là où ne pullulent pas les Surmulots. Ces derniers recherchent les endroits bas et humides, les caves, les égouts, les canaux; ils nagent et plongent avec facilité, tandis que le Rat noir craint l’eau et l’humidité. En terminant, M. Mailles dit que le Surmulot a envahi nos contrées à la fin du siècle dernier et que, très rapidement, il a remplacé dans nos grandes villes, l’ancien Rat, le Mus rattus, sans que cette substitution ait été expliquée d’une façon satisfaisante, car ces deux espèces, habitant des endroits différents, l’une le bas des maisons, l’autre les étages supé- rieurs, ne devaient guère se rencontrer, et le Surmulot n'a peut-être pas chassé le Rat noir, comme la plupart des auteurs le prétendent. Ce dernier, qui devient de jour en jour plus rare, ne subit-1l pas une influence destructive inconnue, comme cela s’observe chez certains peuples primitifs, notamment chez les Maories? Quoi qu'il en soit, du temps de La Fontaine, ce Rat était le seul connu en France, et il est souvent cité dans les fables du célèbre écrivain. Avant de se séparer, la Section décide, à l’unanimité, de se réunir le mardi 7 juillet prochain. Le Vice-Secrétaire, Ch. MAILLES. V. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. La pisciculture au Japon. On à souvent attribué aux Chinois l’invention de la pisciculture, ou, tout du moins, le mérite d’avoir trouvé, bien des siècles avant les Euro- péens, la véritable formule de l’élevage industriel du poisson. La vérité est que, de temps immémorial, les habitants du Céleste-Empire savent récolter, à l’époque du frai, les œufs tout fécondés de certaines espèces de poissons, pour les soustraire aux chances de destruction auxquelles ils seraient exposés, les placer dans des conditions favorables à leur éclosion et obtenir un alevin abondant, qui sert à l’empoissonnement des rivières, canaux et étangs. Les espèces ainsi cultivées sont, en général, des Cyprinides (Leucis- cus idellus, L. Æthiops, Hypophthalmichthys Dabryi, H. Simoni), inférieures en qualité à la Carpe commune. D’après des renseignements que je tiens de M. le Commissaire de la section chinoise, à l'Exposition de pisciculture de Berlin, en 1880, les Hypophthalmichthys (en chinois Lien-yü), servent spécialement d’offrandes aux idoles pour les gens qui désirent avoir des enfants. La chair de ces poissons est insipide; mais elle est mangée par les gens du peuple, après avoir été offerte aux dieux. Quant aux procédés de fécondation artificielle, qui font en Europe la base de la pisciculture, les Chinois ne les connaissent que très impar- faitement el les regardent comme ne pouvant donner que des sujets prédisposés à une prompte dégénérescence. Il n’en est pas de même au Japon, où la pisciculture, aujourd’hui très en honneur, est l’objet d’une sollicitude toute particulière de la part du gouver1ement. Nous devons quelques renseignements à ce sujet à M. Sekizawa Akekio, attaché au bureau de l'Agriculture du ministère de l'Intérieur, à Tokio, qui, délégué du gouvernement japonais, à l’Ex- position uuiverselle de Philadelphie, en 1876, a profité de son séjour aux États-Unis pour faire une étude toute spéciale de la piscicultureret a, depuis, contribué pour une large part au développement de cette in- dustrie au Japon. Un service officiel de pisciculture a été organisé par l’administration Japonaise et sur divers points de l’empire ont été créés des labora toires d’éclosion, qui fournissent annuellement des milliers d’alevins FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 999 destinés au rempoissonnement des rivières les plus dépeuplées. Les premiers établissements installés furent ceux de Yuki (Knagawa Ken) et de Shirako (Saitamo Ken), qui datent de 1877. Chacun de ces deux éta- blissements peut élever environ 30000 poissons. La contrée est mal- heureusement peu fournie en eaux de sources. Ces eaux, nulle part abondantes, sont en outre sujettes à de grandes variations de tempéra- ture. Depuis 1879, cinq autres établissements ont été créés. En outre, quatre stations temporaires fonctionnent successivement sur les différents cours d’eau qu'il s’agit de repeupler. Elles sont chargées de la production de J’alevin de Saumon à verser dans ces cours d’eau. La récolte et la mise en incubation des œufs commencent vers la fin de décembre. Dans le courant d'avril, l’alevin est arrivé au degré de développement conve- uable pour être mis en liberté. L'établissement le plus important est celui de Shiga Ken, qui, ali- menté par une eau abondante, d’une température de + 12° degrés cen- tigrades en été, peut élever des quautités presque illimitées ‘de pois- sons. C’est de la production de la Truite surtout dont on s’y occupe, et les bassins renferment généralement de 250 à 300 000 sujets, pour la plupart remarquables par leur belle apparence. Un point à remarquer, c’est qu’au Japon les eaux de source et de rivière sont presque toujours extrêmement douces; elles contiennent fort peu de calcaire et sont plus généralement siliceuses. Par suite de la cherté de la viande au Japon, on a dû renoncer dans les établissements à nourrir les poissons avec du foie haché et autres issues (rate, poumons, etc.), comme on le fait dans d’autres pays. Après quelques tàtounements on est arrivé à composer une nourriture qui réussit parfaitement au poisson et qui est tout simplement un mé- lange de chrysalides de vers à soie et de farine de blé. Les chrysalides sont réduites en poudre dans un appareil en forme de moulin à café, puis on y ajoute un même poids de farine et l’on fait bouillir le tout pendant un quart d'heure. Quand la masse est refroidie, on la fait passer à travers un crible pour obtenir une sorte de semoule qui, fraiche ou sèche, est parfaitement acceptée par la Truite. Depuis plu- sieurs années, M. Sekizawa Akekio n’emploie pas d'autre nourriture _ pour ses élèves, et s’en trouve fort bien; c’est une alimentation infini- ment plus économique et plus facile à se procurer au Japon que toute autre nourriture animale. M. Edward Kinch, professeur au collège uos DE d'agriculture de Tokio, a fait rue chimique des chrysalides des deux espèces de vers à soie, ainsi que du mélange de farine de blé et de poudre de chrysalides ; les résultats ont été les suivants : A. Chrysalides de vers à soie du Murier (Bombyx mori); B. Chrysalides de vers à soie du Chêne (Attacus Pernyi); 40 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. C. Mélange de farine et de poudre de chrysalides. COMPOSITION. (A) (B) (C) dE PP AD fe it 2 DR RE à 10.99 9.928 12.93 CERTES (PSE 3.24 2,54 3.30 Huiles. 42 -ANOTRNE AE 14.83 23.57 7.16 Matières albuminoïdes, ... 47.98 49,75 25.95 Matières non azotées...... 23.96 14.86 52.06 100.00 100.00 100.00 On voit que la composition ne diffère pas beaucoup de celle de la viande, La proportion de matières azotées est très forte; il y a aussi beaucoup de graisse ou d’huile. S'ils ont recours à la multiplication artificielle du poisson, les Japo- nais ne négligent pas la précaution si importante de protéger les frayë- res naturelles, lesquelles sont, à la pêcherie de saumon de Tamgawa, l’objet d’un aménagement tout particulier qui mérite une mention spé- ciale. Le Miomotegawa (Gawa, ou Kawa, signifie rivière) est un petit fleuve de la province d’Echigo, aux eaux peu profondes, mais rapides, coulant sur un fond de sable et de gravier. Le Salmo orientalis et surtout le S. Perryi, qui y sont très abondants, donnent lieu à une pêche des plus actives. Environ sept cent cinquante familles de pêcheurs vivent de cette industrie, et sont relativement dans l'aisance, bien que payant une redevance assez élevée à l’État et tout en ayant, de plus, à leur charge l'entretien des rives du fleuve, ce qui représente une dépense annuelle de 5000 yen. Non loin de son embouchure, à Murakami, le Miomotegawa forme un petit bras connu sous le nom de Tamgawa (en Japonais, rivière à frayer), parce qu’il est, en effet, au moment du frai, le rendez-vous général des Saumons, qui y trouvent une eau claire, limpide, et un fond de gravier parfaitement uni et propre, très favorable à la ponte. Ce bras de fleuve de quarante-cinq mètres de large sur une longueur d’un kilomètre environ, est barré en amont par un clayonnage solide. Un autre clayonnage semblable, mais pré- sentant une ouverture, est établi à l'extrémité aval. A l’époque de la remonte, les Saumons s’engagent entre ces deux barrières et s’y accu- mulent, ne pouvant aller plus loin. Quand on les juge assez nombreux, on ferme l'ouverture du clayonnage d’aval et les poissons se trouvent captifs. On les laisse ainsi parqués pendant une semaine environ, temps nécessaire pour que tous ou à peu près puissent frayer sur place. Leur (1) CONTENANT : (A) (B) SIBESE sance e Re 2.12 83 CHAUSSEE 4.19 1.29 Acide phosphorique........ 38.90 34.30 Potassescns Ati lie dk 17.87 17.88 FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 941 ponte terminée, on les capture jusqu’au dernier, à l’aide de grandes séines, puis on en laisse entrer d’autres, pour lesquels on procède comme pour les premiers, et ainsi de suite jusqu’à la fin de novembre. Les Saumons remontent parfois en bancs tellement serrés qu’on les prendrait presque à la main. Aussi plusieurs gardes-pêche sont-ils em- ployés à une surveillance de jour et de nuit, car le braconnage devien- drait extrêmemeut facile et lucratif. Les œufs déposés en nombre considérable sur les frayères s’y trou- vent dans des conditions très favorables. Presque tous viennent à bien, et, dès les premiers jours du printemps, on voit les alevins fourmiller de tous côtés. En mai de l’année suivante, ces jeunes poissons effectuent leur pre- mier Voyage à la mer, et c’est alors que la surveillance redouble pour qu’il ne leur arrive pas d’accidents, car ils sont la promesse de l’ave- nir. Sur les deux rives du fleuve des guérites sont installées de dis- tance en distance pour les gardiens, qui n’ont pas seulement à pré- venir le braconnage, mais qui doivent aussi chercher à protéger les Saumoneaux contre les causes de destruction. Devant toutes ces pré- cautions, on s'explique aisément que la pêche du Saumon soit d’une abondance extrême dans les eaux du Miomotegawa. Ce système de protection des frayères et de surveillance spéciale n’est du reste pas nouveau. Il fut, paraît-il, imaginé il y a deux siècles par un nommé Aoto, et appliqué avec succès d'après les ordres d’un Daï- mio du nom de Naito. Les règlements locaux sur la pêche et la pro- tection du Poisson sont encore aujourd’hui ceux qu’on adopta à cette époque, et, en fait, rien n’était à y changer, puisque l’abondance du Saumon est restée la même. Dans les cours d’eau, au contraire, où des abus de pêche ont eu lieu, le dépeuplement se fait beaucoup sentir, et c’est pour ces cours d’eau que l’intervention des établissements de pis- ciculture est aujourd’hui devenue nécessaire. RAVERET- WATTEL. Le Poisson-Chat (Cat-Fish) des États-Unis. Lettre adressée à M. Raveret-Wattel, Secrétaire des séances, par M. le pro- fesseur Spencer F, Baird, Commissaire général des pêcheries des États-Unis. « Washington, le 14 avril 1885. » CHER MONSIEUR, » Je reçois votre lettre du 30 mars dernier et m’empresse de vous faire connaître que dans les volumes ci-dessous indiqués du Bulletin DR SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACGLIMATATION. de la Commission des Pêcheries (1), lesquels sont sans doute entre vos mains, se trouvent tous les renseignements qu’il nousest, quant à présent, possible de donner sur les qualités et les avantages du Poisson- Chat. L'automne dernier, nous avons expédié trois cents sujets de cette espèce au gouvernement belge, et nous préparons en ce moment un en- voi d’une centaine environ pour M. W. Coleman-Burns, de Paris. » Je suis disposé à croire que ce serait une acquisition bien plus pré- cieuse à faire pour vos eaux douces que celle du Black-Bass, attendu que le Poisson-Chat n’est pas considéré comme une espèce vorace et carnassière. Il vit surtout de vers, de têtards, d'insectes d’eau et pro- bablement, à l’occasion, d’un peu de poisson. Sa chair est réputée ex- cellente par beaucoup de personnes. C’est, du reste, le poisson favori des habitants de Philadelphie;' dans les tables d'hôte et les restaurants il figure presque à tous les repas, où on le sert frit, comme premier mets. Ce poisson vivrait et prospérerait, sans le moindre doute, dans les trous de tourbières, à la seule condition de ne pas y trouver une eau par trop astringente. » Bien à vous, » SPENCER F. BAIRD. » Essai d'élevage et d'acclimatation DU VER A SOIE DU CHÊNE DE CHINE (Attacus Pernyi), Fait en 1884, à l'Orphelinat agricole de Laforêt, commune de Calvinet (Cantal). SI. Élevage. — Le 19 mai 1884, je recevais de la Société d’Acclima- tation de France, par l'entremise d’un de ses membres, M. Pontet, président de la Société HO MERE et d’acclimatation d’Aurillac, une boîte renfermant environ de cinq à six cents œufs du Ver à soie du chêne, l’Attacus Pernyi. Cette boîte, adressée d’abord à Aurillac et ensuite à Calvinet, est restée plus de quatre jours en route. À son ouverture, j'ai constaté que les trois quarts des œufs étaient éclos et que les petites chenilles y avaient beaucoup souffert ; près de cent étaient mortes dans la boîte de faim ou de manque d’air. Enfermant un bouquet de branches de chêne chargées de feuilles dans un cornet de fort papier plissé comme les filtres des pharmaciens, et faisant tremper les branches daus une bou- teille d’eau, je versai œufs et chenilles dans le fond de ce cornet. Les chenilles ne tardèrent point à se répandre sur les feuilles et à y prendre leur nourriture. J’arrosai légèrement le feuillage deux fois par jour, ce (1) Bulletin U.S. Fish Commission, vol. IT, p. 76-79; vol. IV, p. 292; vol. V, p. 3-04. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 943 que j'ai continué pendant toute l’éducation. Les chenilles se sont mon- trées très avides d’eau, recherchant et absorbant les gouttelettes qui tombaient sur les feuilles. L’éclosion s’est continuée le 20 et le 21. Cent ou cent cinquante œufs mauvais n’ont pas éclos. L’éclosion avait duré de cinq à six jours; ce qui rend une éducation plus difficile, surtout si elle est faite en grand. Commencé dans ma chambre à coucher, cet essai d'élevage s’y est continué pendant la première et la deuxième période; mais ensuite, la nécessité d'augmenter le nombre des bouteilles et le bruit produit par les chenilles ont obligé de chercher un autre local. La pauvreté de la maison m'a forcé de prendre un grenier où la chaleur était excessive et l’aération difficile. L'éducation s’est donc faite dans de très mauvaises conditions ; aussi le résultat n’a-t-il pas été ce que j'étais en droit d’at- tendre, d’après plusieurs autres éducations, plus restreintes il est vrai, mais où la mortalité était restée bien au-dessous de 10 pour 100. La première mue a eu lieule 26 mai et a duré trois jours ; la deuxième, le 6 juin et a duré six jours; la troisième, le 26 juin et a duré trois jours; et enfin la quatrième, le 5 juillet et a duré trois jours. Le premier cocon a été filé le 25 juillet, et le dernier le 9 août. L’édu- cation entière a donc eu une durée de quatre-vingt-cinq jours. J’ai ob- tenu en tout deux cent trente-trois cocons. Les pluies glaciales et les gelées survenues du 30 mai au 15 juin ont contribué à. prolonger la deuxième mue; les chenilles semblaient en- gourdies. Au 15 juillet, la mortalité a commencé avec les chaleurs de faire de grands ravages. Elle s’est prolongée jusqu'à la fin de l’éducation. La perte a été de cent chenilles. J’en ai longtemps cherché la cause. Jai fini par reconnaître que l’excessive chaleur de la pièce où se faisait l’é- ducation, et la difficulté de l’aérer convenablement, faisait corrompre l’eau des bouteilles en deux jours, tandis que dans de précédentes éduca- tion j'étais resté jusqu’à six jours sans renouveler l’eau. L'eau corrompue portait la corruption dans les feuilles, et de là dans les chenilles qui s'en nourrissaient. Il peut se faire aussi que les petits champignons, qui se trouvaient en abondance sur le revers de beaucoup de feuilles, aient contribué à rendre les chenilles malades. _ SIL. Dévidage des cocons. — Au commencement de février 1885, les 233 cocons obtenus par cette éducation furent envoyés à Lyon, où, grâce à l’obligeance et aux nombreuses démarches de M. P. Barrel, courtier pour la soie et expert au magasin général des soies, on put en faire le dévidage vers la fin de mars. 195 cocons frais, pesant 960 grammes, ont donné 68 grammes de soie et 70 grammes de frisons. Ces 68 grammes de soie ont formé cinq petits écheveaux, dont le pre- 544 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION: mier a été offert avec quelques cocons à la Chambre de commerce de Lyon, le deuxième à la Société d'agriculture du Cantal, le troisième à la Société nationale d’Acclimatation de France, le quatrième à la Société d’horticulture et d’acclimatation d’Aurillac; le dernier a été conservé à l'Orphelinat. $ IT. Appréciations diverses et encouragements reçus. — M. P. Bar-. rel, à qui je dois le dévidage de ces cocons, a bien voulu adresser à Ja Chambre de commerce de Lyon un rapport sur cet essai d'élevage. J’en extrais ce qui suit : o « Bien que la semence fût parvenue dans des conditions défavorables, une partie des Vers ayant éclos en route, l’éducation n’en donna pas moins un résultat satisfaisant. L » Les cocons récoltés sont de helle fre d’une nuance claire, bien fournis de soie dévidable. » J’en ai offert des échantillons au laboratoire de la soie de notre condition. M. Dusuzeau les a trouvés très beaux. » Jui fait filer une petite quantité de ces cocons. La soie obtenue ést d’un ton gris clair, d’une bonne Pie AN suffisamment nerveuse, régu- lière et fine. FAR AA | » Filée à trois cocons, la grège donne quinze deniers environ, avec de très faibles écarts dans la régularité. » Dans de pareilles: conditions, cette matière trouverait un do qu'on peut estimer important’ dans la fabrication des soieries courantes et des tissus mélangés. » Étant donnée la possibilité de Pacclimatation de cette race, le bas prix de revient de l’éducation, le parti que l’agriculture pourrait en tirer d’abord et ensuite l'industrie, les tentatives faites pour arriver à ce ré- sultat méritent encouragement. » M. J. Dusuzeau, directeur du laboratoire d’études de la soie à la con- dition des soies, m’écrivait : n « Votre premier essai est très encourageant au point de vue du ‘cocon qui, comparé au cocon originaire, au cocon de Mongolie, est de beau- coup supérieur en De et en us Je ne doute pas de votre plein succès dans le Cantal. $ IV. Conclusion. — ‘Devant de si précieux encouragements, je n’hé- site pas, cette année, à tenter un nouvel essai sur une plus grande échelle. Cet élevage va commencer vers le 16 de ce mois. Je tiendrai bonné note de toutes les phases de cette éducation, pour en informer toutes les personnes qui ont bien voulu prendre intérêt à ce premier essai. Ma | 13 ed E. CHARRIN. >. Le Gérant : JULES GRISARD. 4570. — BoURLOTON. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. Pr CHEPTELS DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION ‘DE FRANCE RÈGLEMENT ET LISTE DES ANIMAUX ET DES PLANTES QUI POURRONT ÊTRE DONNÉS EN CHEPTEL AUX MEMBRES DE] LA SOCIÉTÉ EN 1886 RÈGLEMENT Dans le bu de multiplier plus rapidement les espèces utiles ou simplement d'ornement, la Société distribue chaque année des. cheptels d'animaux et de plantes. Une Commission nom- mée par le Conseil est chargée de la répartition de ces chep- tels entre les membres qui se sont fait inscrire. Pour assurer le succès de ces expériences, un inspecteur spécial sera chargé, s’il y a lieu, de les suivre et d’en rendre compte à la Société. C’est en multipliant les essais dans les différentes zones de notre pays, que nous pourrons hâter les conquêtes que nous poursuivons, et la vulgarisation des espèces déjà conquises que nous voulons répandre. Pour obtenir des cheptels, il faut : 1° Être membre de la Société; 2° Justifier qu’on est en mesure de loger et de soigner con- venablement les animaux, et de cultiver les plantes avec dis- cernement. à Les membres auront soin d'indiquer les conditions favo- rables et les avantages particuliers qui les mettent en mesure de contribuer utilement à l’acclimatation et à la propagation des espèces dont ils demandent le dépôt. Les demandes qui ne seraient pas accompagnées de rensei- gnements suffisants ne pourraient être press en considération par la Commission; 4° SÉRIE, T. II. — Octobre 1885. 39 546 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 3° S’engager à rendre compte, deux fois par an au moins, des résultats bons ou mauvais obtenus. On devra donner tous les détails pouvant servir à l’éduca- tion et à la multiplication des animaux à l’état domestique ou sauvage (mœurs, nourriture, reproduction, soins donnés aux jeunes, etc.; pour les oiseaux : époque de la ponte et de l’éclo- sion, durée de l’incubation, etc.) ; 4 S'engager à partager avec la Société les produits ob- tenus. Les conditions du partage et la durée des baux à cheptel ne sauraient être les mêmes pour toutes Les espèces d'animaux et de plantes. Aussi chacun des engagements passés avec les chepteliers stipulera-t-il quelle sera la part de la Société dans les produits et la durée des baux. Dans le cas où le nombre des jeunes obtenus serait impair, le partage des sujets ne pouvant se faire par nombre égal, une estimation serait faite par les soins de la Société, avec réserve pour elle du droit de préemption au prix fixé. LES L'âge auquel les jeunes devront être renvoyés à la Société sera également indiqué dans les baux. | Le bail part du jour de la réception des animaux. 9° Si les chepteliers ne se conformaient pas aux conditions ci-dessus proposées, ou si leur négligence compromettait le succès des expériences qui leur auraient été confiées, les ani- maux ou les végétaux pourraient être retirés par la Société, sur la décision du Conseil. 6° Les membres de la Société qui solliciteront une remise de plantes ou d'animaux, devront adresser leur demande par lettre à M. le Président. Ces demandes seront soumises à la Commission des cheptels, qui statuera sur la suite qui pourrait y être donnée. 7° Le port des objets envoyés par la Société à ses chepte- liers sera à la charge desdits chepteliers, ainsi que les frais de nourriture, de soins, de culture, ec. Réciproquement, le port des objets expédiés par les chep- teliers à la Société sera à la charge de la Société. Toutefois la remise en gare devra être faite franco. CHEPTELS. 547 Les frais d'emballage resteront à la charge de celle (LE par- ties qui fera l’expédition. Pour le partage des produits ou le renvoi des jeunes, les frais de capture des animaux seront à la charge du cheptelier. 8° La Société se réserve le droit de faire visiter, chez les chepteliers, les animaux et les plantes remis en cheptel. 9 Les chepteliers ne pourront disposer des étalons à eux confiés ou faire des croisements sans en avoir obtenu préala- blement l'autorisation du Conseil. 10° Le Conseil pourra également autoriser les chepteliers à exposer les animaux de la Société dans les concours ré- gionaux ou autres, à leurs risques et périls. 11° Le cheptelier devra employer tous les moyens en son pouvoir et prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter les croisements et assurer ainsi la pureté de la race des animaux qui lui sont confiés, la Société ne pou- vant accepter comme produit que des espèces absolument pures. | _12° Un même cheptelier ne pourra être détenteur de plus de deux espèces d'animaux en même temps. 13° Pour éviter les difficultés de partage, il ne sera pas confié à un sociétaire des animaux qu’il posséderait déjà. 1% Les chepteliers pourront recevoir, en même temps que les animaux qui leur seront confiés, un programme d’obser- vations à faire, qu’ils seront tenus de remplir et d’annexer à leur compte rendu semestriel. 15° En cas de mort d’un animal confié à un membre, ce membre en informe sur-le-champ le Conseil en donnant, autant que possible, les détails sur les causes qui ont amené la mort. 16° Tout cheptel décomplété devra être restitué. Le cheptelier ne sera déclaré non responsable en cas de perte des animaux à lui confiés que s’il y a eu maladie con- statée ou cas de force majeure. 17 Le Conseil décide, s’il y a lieu, de la destination à donner aux restes des animaux HIDE appartenant à la Société. 548 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Nora. — Les Sociétaires qui auraient des raisons particu- lières pour s'occuper de l’acclimatation de certaines espèces non portées sur la liste insérée chaque année au Bulletin, pourront faire connaître leurs desiderata, en les appuyant des motifs qui les engagent à persévérer ldans leurs essais. ANIMAUX ET VÉGÉTAUX QUI POURRONT ÊTRE DONNÉS EN CHEPTEL EN 1886 1° SECTION. — MAMMIFÈRES. Agoutis. 1 couple Agoutis du Brésil (Dasyprocta aguti). Cerfs. 1 mâle et 1 femelle Gerfs nains de la Chine (Cervulus Reevesii). Boucs et Chèvres. 1 mâle et 2 femelles Chèvres naines du Sénégal (Capra depressa). Chats. 1 couple Chats de Siam (Felis Catus). Cochons d'Inde. 2 couples Cochons d'Inde à long poil. Kangurous. 1 mâle et 1 femelle Kangurous de Bennett (Halmaturus Bennettii). RO CHEPTELS. "1908 549 Lapins, 2 couples Lapins géants des Flandres. 2 — — béliers gris. 2 — -— angoras blancs. 2 — — argentés. 2 — — de Sibérie. Képorides. couples Léporides. 2° SECTION. — OISEAUX. Bernaches. 1 couple Bernaches mariées (Bernicla jubata). 4 —- — (grandes) du Magellan (Chloephaga Magellanica). Canards, 1 couple Canards bec de lait (Anas pœcilorhyncha). 1 — spinicaudes (Dafila spinicauda). 1 — — casarkas ordinaires (Casarka rutila). 1 — — de Paradis (Casarka variegata). 1 — — de Bahama (Dafila Bahamensis). 3 — — de Pékin (domestiques). 2 — — de Yeddo — 3 — — Carolins (Aix sponsa). 3 — — mandarins (Aix galericulata). 2, — _ de Rouen (domestiques). DE — d'Aylesbury — 3 © — — du Labrador — 4 — — siffleurs du Chili (Mareca Cluloensis). — — Sarcelles du Brésil (Querquedula Brasiliensis). 1 — — du Cap (Anas xanthoryncha). Colins. 5 couples Colins de Californie (Callipepla Californica). Colombes. 5 couples Colombes Longhups (Ocyphaphs lophotes). : 2 — — grivelées (Leucosarcia picata). 990 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. l l couple Colombes de l'Himalaya (Columba leuconota). _— — lumachelles (Phaps chalcoptera). Cogs et Poules. 2 lots de 1 coq et 2 poules. Volailles de Houdan. Eh Er 22% — de Crèvecœur. se: us #7 — de Bréda, bleus. a is 2 — … de Bréda, coucous. — — — — — noirs. — — — — de Campine. — — — — espagnoles. — — -— — de Dorking. — — — — nègres. — — — — de Nangasaki. Cygnes. couple Cygnes noirs, jeunes (Cygnus atratus). _ — blancs, nés blancs (Cygnus olor, var. immutabilis). Faisans. 2 couples Faisans de Mongolie (Phasianus torquatus). — — versicolores (Phasianus versicolor). — — vénérés, nés en 1885 (Phasianus Reevesi). — dorés en couleur (Thaumalea picta). — lady Amherst, nés en 1885 (Thauwmalea Amherstiæ). — de Swinhoë, nés en 1885 (Euplocomus Swinhoei). — argentés, en couleur (Euplocomus nycthemerus). Éperonniers chinquis (Polyplectron chinquis). — de Germain (Polyplectron Germain). Olcs. le Oies de Toulouse (domestiques). du Danube — de Guinée (Anser cygnoides). — blanche dite Oie de Siam. du Canada (Anser Canadensis). barrées de l’Inde (Anser Inidius). d'Égypte (Anser Ægyptiacus). de Siam (Anser cygnoides, var.). hyperboréenne. CHEPTELS. 591 Perruches. 3 couples Perruches calopsittes (Calopsitta Novæ-Hollandiæ). + 3 — — ondulées (Melopsittacus undulatus). 1 couple Perruches omnicolores (Platycercus eximius). doi — de Pennant (Platycercus Pennanti). 1 — — palliceps (Platycercus palliceps). 1 — — Jendaya (Conurus jendaya). 1 — — à front pourpre (Platycercus Novæ-Zelandiæ). 1 — — à oreillons blancs (Conurus leucotis). Pigeons. 1 couple romains, bleus. 1 couple Montauban, blancs. 1 — -— chamois. 1 — — noirs. 1 — — fauves. 1 — grands Boulants. 1 — — noirs. 1 — Boulants lillois. 1 — — rouges. 1 — tamboursde Boukharie. 1 — brésiliens. 1 — pies. 1 — bouvreuils. 1 — queue de paon. 1 — cravatés à manteau. 1 — polonais. 1 — frisés. 1 — russes. 1 — hirondelles. 1 — sapajous. 4 — hongrois. 1 — satins. 3° SECTION. — POISSONS, CRUSTACÉS, etc. Axolotls du Mexique. Œufs et alevins de Saumon. Grenouilles-bœufs. — — de Truite. 4° SECTION. — INSECTES. Vers.à soie de l’Ailante. Vers à soie du Chêne de Chine. — du Mürier. — — du Japon. Vers à soie des États-Unis et de l’Inde. 559 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. 5° SECTION. — VÉGÉTAUX . Pommes de terre Joseph Rigault (potager) et Institut de Beauvais grande culture), Chou non pareil, Moutarde tubéreuse, Stachys affinis, Carotte rouge demi-courte de Guérande, Melon vert grimpant à rames) Laitues frisée de Californie, Merveille des’ quatre saisons et Romaine ballon, Haricot flageolet Merveille de France, Glaciale, Tétragone, Pois téléphone, Radis rose d’hiver de Chine, Elæagnus edulis (longipes), Citrus triptera, Bambous, Eucalyptus, Ortie de Chine, Diospyros kaki, etc., etc. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LE LIÈVRE PATAGON, OU MARA DOLICHOTIS PATACHONICA (SHAW) Par M. Joseph CORNÉLY C’est d’Azara qui le premier donne une bonne description de notre animal et de ses mœurs, dans son excellent ouvrage Essais sur l’histoire naturelle de la province du Paraguay. « Cet animal, dit-il, n'existe point au Paraguay, mais j'en ai pris beaucoup entre le 34° et le 35° degré latitude méridio- nale; son domicile s’étend sur toute la terre des Patagons. On le nomme Lièvre, mais il est plus charnu et bien plus grand que celui d'Espagne. On trouve presque toujours deux Lièvres Patagons réunis, un mâle et une femelle, qui courent ensemble avec une grande vélocité; mais ils ne tardent pas à se fatiguer, et un chasseur à cheval bien monté les prend assez facilement au lasso ou avec les bolas. » Pris jeunes, ces Lièvres s’apprivoisent beaucoup, se lais- sent sratter, mangent de tout, sortent librement de la maison et y reviennent de même. » Leur longueur est de 82 centimètres ; la queue grosse et dure comme un morceau de bois, un peu courbe vers le haut, est longue de 4 centimètres; hauteur antérieure, 45 centi- mètres; celle du train de derrière, 53 à 94 centimètres. La tête ressemble à celle du Lièvre; la mâchoire supérieure est plus haute que large et porte des moustaches noires très lon- gues. L’oreille est élevée de 9 centimètres au-dessus de la tête. Le pelage est remarquable par un ruban blanc et étroit, qui, commençant à une de ses hanches, va gâ®ner l’autre par le haut de la queue; mais cette couleur s’introduit entre les jambes et occupe toute la partie inférieure du corps, jusque sous la poitrine inclusivement. Entre les jambes de devant, f 54 SOCIÉTÉ NATIONALE. D’ACCLIMATATION. elle est cannelle claire et s’étend sur la gorge. Le côté de la tête est également couleur cannelle, de même que l'extérieur des jambes de devant, la partie inférieure des flancs, la partie postérieure des fesses et celle du tarse. Tout le reste de la livrée est d’un poil brun à petites pointes blanches, sauf celui de la croupe, dans le voisinage du ruban blanc, où le poil devient plus foncé. » D’Azara ajoute que le 28 mars il a trouvé deux petits, sans poil encore, dans le ventre d’une femelle. Après d’Azara, nous ne trouvons plus que Darwin qui s’oc- cupe de notre animal. D’après lui, le Mara ne dépasse pas, vers le Nord, le 37° degré. Il habite les déserts stériles de la Patagonie et disparaît là où le terrain devient fertile. Vers l'Ouest, son habitat arrive jusqu’à Mendoza. [l y a un siècle, l'animal était très fréquemment rencontré; se contentant de plantes que les autres animaux dédaignaient, mais ne dédai- gnant pas les luzernes ou autres cultures. On comprend donc aisément que l'animal ait été détruit à mesure que l’homme avançait. Waterhouse (Rodents), 1848, donne quelques détails sur le Mara, ainsi que le D° Burmeister, qui, dans ses Reise durch die La Plata staaten, nous présente tous les détails anato- miques de l’animal, qu’il a eu en sa possession. Il est fort étrange que ce savant, professeur à l’université de Halle, se trompe si étrangement en disant que la femelle n’a que deux têtines (p. 424), tandis qu’elle en a quatre, qui sont pour- tant bien visibles! Feu le D' Weyenbergh, professeur à l’université de Cordoya, découvrit une seconde espèce, de taille beaucoup plus petite, qu’il nomma Dolichotis centralis. | Depuis bientôt vingt ans que je m'occupe d’acclimatation, j'ai fait tous les efforts possibles pour me procurer ces jolis animaux, ayant d'avance presque la certitude de réussir leur propagation. Plusieurs fois on m'en offrit. J’eus même des envois annoncés (1). Mais, tandis que plusieurs jardins z00- logiques en reçurent (le jardin de Londres en acquit huit de (1) Un de ces envois fut intercepté en mer par un riche passager, qui voulut goûter la chair des Maras. LE LIÈVRE PATAGON. 559 1864 à 1874, le Jardin d’Acclimatation en a possédé plu- sieurs), je ne pus m'en procurer. Les jardins zoologiques ne paraissent pas les avoir tenus longtemps en vie. Soit que les Maras (comme tant d’autres animaux) supportent mal la cap- tivité étroite, soit que les climats trop humides (comme celui de Londres) leur soient contraires, les Maras ne vécurent pas longtemps, et nulle part on ne put se flatter de reproduction. Au Jardin d’Acclimatation, à Paris, des Maras résistèrent plus longtemps, mais ils vivaient dans un enclos herbeux, assez vaste. Au mois de mai 1884, je reçus, par Pentremise du Jardin zoologique d'Anvers, un couple de Lièvres Patagons; la fe- meile en fort bon état; le mâle, mort quelques jours après son arrivée, put être remplacé par un bel exemplaire du Jar- din d’Acclimatation. Après avoir tenu le couple de Maras (qui firent bien vite connaissance) enfermé pendant six jours dans un enclos sé- paré, je le fis mettre en pleine liberté dans le parc. Les deux animaux se montraient très familiers ; la femelle surtout ne ma- - nifestait aucune crainte des autres animaux lâchés dans mon parc, tels que Antilopes, Kangourous, Lamas, etc., n’excluant pas même de leur confiance les Chiens dogues qui venaient les flairer. Les Maras arrivaient à qui les appelait, prenaient le mor- ceau de pain qu’on leur offrait à la main, montaient même sur .les genoux des personnes assises. Lorsqu'un Chien ou une Gazelle les approchaït par derrière, ils usaient d’un moyen de défense bien bizarre. Un petit jet d'urine lâché à la face du gêneur suffisait à mettre obstacle à toute approche indis- crète. La liqueur, n'étant ni corrosive, ni d'une odeur répu- gnante, n’est pas une arme bien dangereuse. Les Maras montrent un grand attachement l’un pour l'autre. Le mâle surtout est d’une tendresse exemplaire pour sa com- pagne. Dès que celle-ci s’écarte de quelques mètres, il accourt, et, s’il la perd de vue un moment, se met à courir, affolé, à droite et à gauche, faisant entendre de petits sifflements d’appel. Pendant toute la journée, ils parcourent le parc, brou- LA 556 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. tant le sommet des herbes, et arrivent au moindre appel chercher un morceau de pain ou de carotte, qu'ils aiment beaucoup. Presque tous les auteurs (peut-être se copiant) disent que les Maras creusent des terriers ou profitent de ceux que les Viscaches ont creusés. Nous n’avons vu à Beaujardin que deux Les Maras du Parc de Beaujardin. essais de tanières; chaque fois, après avoir creusé à 0,50 de profondeur, les Maras les ont abandonnées, et les terriers artificiels que j'avais fait construire à leur intention n'ont ja- mais été même visités. Une pluie ordinaire ne semble pas les gèner; ce n’est que par une averse très forte qu’on les voit chercher un refuge sous un buisson. Ils ne paraissent pas choisir d'autre abri pour la nuit. Ce fut le 1* septembre, vers sept heures du matin, que mon faisandier chef assista à la venue au monde des premiers Maras. L'accouchement fut peu laborieux. L'endroit choisi LE LIÈVRE PATAGON. 557 était un hangar, où sont remisées les caisses d'emballage des animaux. Peu d’instants après leur naissance, les jeunes se mirent à marcher et se réfugièrent dans un terrier creusé par un Lapin et profond à peine de 0",50, dont l'entrée était abritée par une caisse ayant contenu des Antilopes. La mère s'était contentée de creuser une légère dépression dans le sable, pareille à celle que fait le Nandou mâle ; et dès qu’elle vit sa progéniture à l'abri, elle s’en alla, suivie du mâle, qui avait assisté à la cérémonie, assis à 2 ou 3 mètres. Pendant toute cette journée, la mère ne fut pas vue auprès des petits, ce qui commença à donner de l'inquiétude à mes gardiens; mais le lendemain (2 septembre) on la vit à plusieurs reprises allaitant sa progéniture, le mâle arrivant le premier et appe- lant les jeunes. Le 13 septembre, les Lièvres Patagons ou pour la première fois les pelits sur les pelouses, où ils commencent à brouter l'herbe. La mère les quitte parfois pour venir men- dier du pain; le mâle, contre toute habitude, la laisse partir pour veiller sur les jeunes, qu’il ne quitte pas. Au bout de quelques heures, les parents reconduisent ceux-ci sous le hangar, où ils se réfugient sous les caisses. Tousles jours la même scène se renouvelle ; les petits crois- sent visiblement. Ils ont atteint la taille d’un fort Lièvre (26 septembre) et paraissent en excellente santé. Ils ne mon- trent que peu de crainte lorsqu'on s'approche d’eux. Un mou- vement brusque, par exemple celui qu’on fait pour jeter du pain, leur fait exécuter quelques bonds, maïs la quiétude de leurs parents les rassure, et ils continuent bientôt à brouter l'herbe ou à jouer entre eux. Il m'était arrivé encore trois Maras, malheureusement tous mâles. Un de ceux-ci PRÉSane adulte, est toléré par la famille, à condition de ne pas s’ap- ROGRER trop près. Un des autres mâles, de taille énorme, par contre n'ose se montrer. Dès que le père de famille le voit de loin, ses dents s’entre-choquent ; 1l se précipite vers l’intrus avec la plus grande fureur et le met en fuite. SUR LA PERRUCHE -ÉRYTHROPTÈRE Par M. le Marquis De BRISAY. La Société d’Acclimatation recevra peut-être avec intérêt des nouvelles du couple de Perruches Erythroptères, au sujet duquel elle m’a honoré d’une médaille en 1883. Je me fais un plaisir de lui en donner, car il n’est pas sans utilité de suivre ces oiseaux dans leurs faits et gestes depuis lors jus- qu'à aujourd’hui. En 1883, elles n’ont pas donné de Rey et pourtant rien n'avait été changé à leur habitation et à leur ordinaire; on avait même laissé dans la volière la planche derrière la- quelle la femelle avait pondu et couvé en 1882 dans une boîte à Faisans; mais le printemps avait été froid, humide et ven- teux. Les oiseaux ne s’accouplèrent pas. En 1884, l'hiver ayant été doux et le printemps beau, les Erythroptères pondirent en avril. Cette fois, elles ne fréquen- tèrent plus la boîte à Faisans posée à terre, mais elles ne se dé- cidèrent point à pénétrer dans l’arbre creux; il fallut, sur le sommet du tronc d’arbre, accroché au mur à 1 mètre 1/2 de hauteur, placer une petite boîte assez plate, remplie à moitié de sciure de bois. La femelle y pondit trois œufs fécondés, et elle fit éclore trois petits oiseaux au vingt-troisième jour d’in- cubation, comme précédemment. Ainsi elle démentait la tendance, constatée jusqu'alors chez ces oiseaux, de nicher à terre. [l est constant, comme je l’ai su depuis par un amateur qui avait observé ces oiseaux en Australie, que les Erythroptères nichent dans les arbres creux, comme tous les autres Psittacidés ; mais elles donnent la préférence aux troncs creusés près du sol, d’où leurs pe- tits, assez faibles et lourds en sortant du nid, ne se blessent pas mortellement en tombant à terre. Je fis, pour mon compte, une triste expérience de l’incon- vénient d’un nid trop élevé. Les trois jeunes, nés en 1884, se SUR LA PERRUCHE ÉRYTHROPTÈRE. 599 tuèrent en voulant s’échapper trop tôt de leur berceau, et la reproduction fut perdue pour celte année-là. Ayant résolu de tenter l’élevage des Colombes exotiques, je me débarrassai de la plus grande partie de mes Perruches, et notamment des Erythroptères, en septembre 1884. Le couple lauréat de la Société me fut acheté par un amateur de Laigle, M. A. Hurel, à qui je fis connaître les soins qu’exi- geaient ces oiseaux, et possédait déjà, d’ailleurs, une suffi- sante expérience des Perroquets. Il parut très satisfait de mon envoi, et installa ses nouveaux pensionnaires dans « une grande volière avec demi-abri et perchoirs d’angle non abri- tés », comme il me l’écrivit après. Dans cette volière spacieuse, mais sans abri fermé, douée seulement d’un hangar à face béante, comme il en existe de très bonnes et bien disposées au Parc d’acclimatation de Beaujardin, près Tours, les Erythroptères passèrent l’hiver assez rude que nous venons de subir, etelles couchèrent toutes les nuits en plein air et par tous les temps, comme ils le faisaient du reste chez moi, mais ici sous des abris en zinc qui les protégeaient contre la pluie et le vent. M. Hurel m’informe que fin janvier il avait remarqué déjà des accouplements; il mit alors sur le sol une bûche creuse de grande dimension et une boîte carrée, couverte, avec entrée sur le côté, à 10 centimètres de hauteur, selon le système préconisé par M. Rousse. La femelle fréquentait les deux logis sans s'arrêter à aucun. « Le 15 février, dit M. Hurel, je plaçai sous l'abri, le long du mur, à 1°,70 du sol, une grande boîte système Rousse, et dix jours après la femelle couchaiït dans ce nid. Hier (3 mai 1885) un petit en sortit tout à fait de plein vol; ce matin, un second magnifique, et un troisième moins vif, bien en plume, mais sans vol. » Ainsi voilà donc de sérieuses améliorations constatées dans ce couple de Perruches. En 1882, elles avaient niché à terre en avril, et les petits, sortant du nid au cinquante-deuxième jour après leur naissance, étaient encore faibles et ne vo- laient pas. Cette fois, en 1885, après deux années d'inter- 560 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. valle, dont l’une a été stérile et l’autre improductive par suite d'accident résultant de la faiblesse des petits, les oiseaux nichent en février, avec deux mois d’avance, pendant un hiver froid ; ils installent leur couvée dans un nid en hauteur, — vous remarquerez, toutefois, que ce n'était pas un arbre creux, — et vers le cinquante-huitième jour après leur nais- sance, les petits sortent de plein vol, sauf le plus jeune, qui n’a pas voulu rester seul au nid et s’est risqué dehors, se croyant bien aussi valeureux que ses aînés. Ces améliorations, amenant l’avantage de permettre aux reproducteurs de donner avant la mue une seconde couvée, sont-elles dues à l’acclimatation des oiseaux qui se seraient faits de plus en plus à notre climat? Je le crois; mais je pense aussi que l’atmosphère nouvelle où ils ont été implantés y est pour quelque chose. Les bords de la mer, où la température est très variable, où la pluie et les vents font rage, où le temps est rarement calme et chaud, ne sont pas favorables à l’aceli- matement des Perroquets nés dans un pays où l'air est tou- jours calme et la température élevée. Il est certain qu’à Laigle, en bon et beau pays normand, boisé, arrosé, ver- doyant et tiède, le pays de l'élevage par excellence, les Ery- throptères devaient réussir beaucoup mieux que sur la terre de granit; j'en ai fait l’expérience, puisque le décourage- ment que m'ont causé les Perruches s’est étendu même à celles-là, qui s'étaient pourtant montrées les meilleures. M. Hurel, au contraire, a profité du milieu dans lequel il a placé ses nouveaux pensionnaires, et le succès a élé pour lui plus complet. | Ïl faut bien dire aussi que M. Hurel, en amateur conscien- cieux, n’a rien négligé pour assurer le bien-être de ses oiseaux. Il m’apprend qu’outre la nourriture ordinaire, con- sistant en Froment, Millet, Alpiste et pâtée au lait, il leur servait des graines de Soleil, pour lesquelles ils témoignaient une grande préférence, un peu de Chènevis et des Pommes douces. Ceci est à remarquer que, chez moi, les Erythrop- tères n’ont jamais voulu toucher aux Pommes, Poires, Fraises et Cerises que je leur prodiguais ; probablement elles aiment SUR LA PERRUCHE ÉRYTHROPTÈRE. 961 les fruits normands mieux que les fruits bretons : cela est leur affaire, elles n’ont peut-être pas tort. Quoi qu’il en soit, le régime auquel elles ont été soumises leur a plu entière- ment, et c’est là tout ce qu'il fallait obtenir; je suis heureux d'adresser mes compliments à M. Hurel, qui a continué sur ces Perruches, et avec plus de bonheur, l'expérience que J'avais commencée, et des faits contenus dans sa lettre du 4 mai 1885, je tirerai celte conséquence que les amateurs se sont dégoûtés et découragés trop tôt des Perruches Ery- throptères, espèce qui parait au contraire, plus que toute autre, digne d’étude et d'intérêt. L'expérience sera complète lorsqu'on aura pu obtenir la reproduction de cette espèce à la seconde génération; c’est ce que je compte essayer moi-même, avec des jeunes nés chez M. Hurel, si leur propriétaire y consent. Je replacerai dans la même volière et dans les mêmes conditions données aux parents le couple de jeunes que je pourrai obtenir, et j'y ob- serverai de nouveau ces petits oiseaux français issus d’austra- liens. Les résultats se feront attendre, car les Erythroptères, adultes seulement la seconde année, ne reproduisent qu’à la troisième. Mais avec de la patience on arrive à tout. M. Hurel m'informe, en date du 11 juin, que les Érythrop- tères viennent de donner une nouvelle famille. La ponte a été faite cette fois en un très gros tronc d'arbre. Sur quatre œufs, quatre petits. Le père couvait avec la mère une bonne partie de la journée, et il déploie des talents nourriciers tout exceptionnels. Je crois que c’est un fait unique chez les amateurs, cette reproduction de Perruches Erythroptères dans la même année. 4 SÉRIE, T. IL. — Octobre 1885. î ‘86 11. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES Par L. MOLEYRE Préparateur au Muséum. (Suile.) A l’état adulte, les Coléoptères sont en général plus solide- ment cuirassés que les papillons ou les Orthoptères : on ne peut donc espérer rencontrer dans cet ordre beaucoup d’es- pèces comestibles sous leur dernière forme. Les Scarabæides des genres Dynastes et Megasoma, les gros Coléoptères de la famille des Prionides, comme les T'itanus ou les Macrodon- tia qu’on trouve à Cayenne, les Goliath, Cétoines cornues et géantes de l'Afrique occidentale, ne sont pas faciles à dé- pouiller de leur armure, dont les pièces les plus résistantes correspondent précisément aux régions du corps où l’on pourrait trouver les plus succulents morceaux. Malgré cet in- convénient, ces insectes ne sont pas absolument dédaignés ; mais il faut avoir l'estomac robuste et le famélique appétit d’un nègre ou d’un Indien pour s’accommoder d’une pareille nourriture, sans une préparation convenable qui ne serait pas aulre chose qu’une longue dissection. Les larves du même ordre offrent plus de ressources. Celles des gros Lamellicornes (Cétoines, Scarabées, Hannetons), des Buprestides, mais surtout celles des gros Prionides que j'ai cités, ont vraiment des proportions maJestueuses et un aspect tout à fait appétissant, leur peau molle et transparente lais- sant apercevoir des tissus délicats qui rappellent, par ieur couleur d’un blanc jaunâtre, les dehors d’une volaille conve- nablement engraissée; de telles qualités, étant donné que ces larves ne vivent pas à découvert et ne sont jamais très bondantes, doivent les faire considérer comme une excel- INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. _ 563 lente aubaine par les Indiens qui ont la chance d’en rencon- trer quelqu’une; j'ajouterai même que si j'étais un gourmet en quête de nouveautés gastronomiques, c’est sur des larves analogues que je tenterais mes premiers essais (1). D'ailleurs, à la Jamaïque, à l’île Maurice, les Européens comme les indi- gènes mangent des larves de Prioniens, connues sous les noms de Moutac et de Macauco. Par contre, il ne semble pas qu’un Européen ait jamais mangé des larves de Lamellicornes, moins succulentes probablement, bien que les auteurs citent plu- sieurs espèces employées à l’état de larve. IL y a, par exemple, le Lepidiota hypoleuca, sorte de Hanneton qui se multiplie prodigieusement à Java, un Anoplognathus (genre austra- lien) qui est probablement l'A. viridiæneus; enfin divers Scarabées des genres Oryctes et Xylotrupes, mais les Euro- péens laissent aux gens du pays ce genre de régal. Il est encore plus difficile de se procurer les larves de Coléop- tères de proportions moindres. Les espèces les plus avanta- geuses seraient celles dont les téguments sont mous et inco- lores, et, dans l’ordre immense des Coléoptères, il n’en manque pas qui présentent ce caractère ; mais cette apparence extérieure de la larve est en rapport avec ses conditions d’exis- tence; on ne la rencontrera pas chez des insectes vivant à dé- couvert pendant la première phase de leur vie. La plupart des larves des Coléoptères doivent donc vivre à l’abri de la lumière, et, pour s’en emparer, il faut détruire ou écarter leur abri. C’est pour cette raison qu’un si grand nombre de ces insectes sont si mal connus en ce qui concerne leurs pre- miers états, beaucoup d’entre eux creusant des galeries dans les arbres qui doivent leur fournir la nourriture et le loge- ment, d’autres accomplissant les diverses phases de leur dé- veloppement dans la terre, souvent à une grande profondeur, De toutes les larves de Coléoptères, celle qui joue le plus grand rôle dans l’alimentation de l’homme est incontestable- (1) Réaumur trouve que ces larves ont un aspect repoussant. Affaire de goût. Maisje pense que cet auteur s’avance trop en déclarant 'que « si l’on condam- nait quelqu'un à manger une chenille rase ou un de ces vers de bois, il se dé- terminerait apparemment pour la chenille ». Je suis persuadé du contraire. 564 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ment la larve de la Calandre du Palmier (1). Cela [tient à l'abondance de l’insecte qu’on voit toujours représenté par de nombreux échantillons dans toutes les collections en- voyées en Europe par les explorateurs des contrées équa- Fi. 4. F1. 5. Calandre du Palmier et sa larve. toriales. Les larves de Calandre vivent dans la tige des Pal- miers si abondants, comme chacun sait, dans les flores inter- tropicales; elles atteignent 7 à 8 centimètres de longueur, et, grâce à leur forme renflée, présentent, vers le terme de leur développement, un volume assez considérable. Le P. Labat les compare à une pelote de graisse de chapon enfermée sous une légère membrane, et, en effet, elles ont la même appa- (1) On confond généralement sous ce nom plusieurs espèces de Calandres, c’est-à-dire de Rhynchophorus. La vraie Calandre du Palmier (Rhynchophorus palmarum) est ue espèce américaine. Dans l'Afrique occidentale, on trouve le Rhynchophorus phænicis. Enfin dans l'Inde, l’Indo-Chine, à Malacca et en Malaisie, c’est le Rhynchophorus ferrugineus qui remplace les espèces précé- dentes. Ces trois espèces ont la même forme, la même taille; elles ne diffèrent guère que par la coloration. Toutes trois paraissent également abondantes; leurs! larves doivent présenter, par conséquent, au point de vue de l’alimenta- tion, des avantages équivalents. J'ai essayé sans succès de savoir dans quelles espèces de Palmiers vivent les Calandres. Cependant, d’après M. A. Sallé, le R. phœnicis vivrait dans le Chou palmiste où Areca oleracea. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 565 rence dodue et succulente que les larves de Prionides. Les voyageurs nous apprennent qu’on mange ces larves rôties sur le gril, et qu’on en fait un très grand cas; il paraît aussi qu’on en tire, en les exposant au soleil, une huile médicinale avan- tageuse pour combattre les rhumatismes. Les espèces de Ca- landre vivant dans les Palmiers sont répandues dans les ré- gions chaudes des deux continents, et l’on.en mange les larves avec plaisir aussi bien à Surinam que dans l’Inde. Dans ce dernier pays, Kirby nous signale même un gourmet anglais, Sir John Laforey, qui aimait beaucoup, cuites à point, ces larves de Calandres, appelées par les Indiens grugru. Est-ce bien de ces larves qu’il s’agit dans le récit d’Elien (1), où il est question d’un roi indien faisant servir à des Grecs, ses hôtes, qui trouvèrent ce mets délicieux, des vers récoltés sur une plante et rôtis à souhait? Cela nous importe peu, non plus que de:savoir si le fameux Cossus, tant recherché des Romains, est la larve du Lucane Cerf-volant, du Capricorne héros ou du Prione corroyeur. Certainement ce n’est pas la famille du papillon appelé Cossus ligniperda, et il suffit, pour s’en convaincre, de voir l’aspect repoussant de celte chenille; F1G. 6. — Larve d’un Prionien d'Europe (£rgates Faber). d’ailleurs elle vit ordinairement dans le Saule ou dans l’Orme, et c’est toujours dans le Chêne que vit le Cossus signalé par Pline. Je ne suis pas seul à penser que les différences recon- nues par nos naturalistes entre les diverses larves de forte taille qui vivent dans le Chêne ne devaient pas inquiéter outre mesure les cuisiniers romains, ni ceux qui les pourvoyaient de ce gibier sans emploi aujourd’hui. (1) Elien, Hist. des anim. liv. XIV, chap. xuI (Tiva Tüa émidoprua Éoôler 6 Toy ’Ivo&y Baorkeuc). 566 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Pour une raison analogue, je regarde comme très incom- plète et impossible d’ailleurs à compléter l’énumération que font divers auteurs des grands Coléoptères exotiques emplo yés dans l’alimentation. Quand on me dit que les larves du Prio- nus où Macrodontia cervicornis, qui atteignent 15 centi- mètres de longueur, se mangent rôties, j'ai peine à croire que ceux qui en trouvent, etencore moins ceux qui s’en régalent, puissent les distinguer d'espèces Lrès voisines, comme les larves de Macrodontia crenata, et même d’autres larves des Cérambycides ou des Lamiides qu’on réunissait autrefois aux Prionides pour en former la famille des Longicornes. Toutes ces larves de Longicornes qui vivent dans le bois ont, en effet, la même physionomie, et d’ailleurs si les chasseurs, en les supposant capables de distinguer ces larves spécifiquement, s’astreignaient à ne récolter que telle ou telle espèce à l’ex- clusion de touies les autres, ils compromettraient souvent l'existence des Vatels de leur pays. De même, on nous indique dans l’Asie méridionale, à Gey- lan, le Batocera rubus (1) comme une espèce comestible. Mais ce genre Batocère renferme une foule d'espèces tout aussi grandes, tout aussi comestibles et souvent aussi abon- dantes que le B. rubus. D'ailleurs est-on bien sûr que la larve mangée par les Cinghalais soit même une larve de Batocère ? Le seul moyen-‘de connaître la véritable identité d’une larve, c’est de l’élever et d’en suivre les métamorphoses, et non de la regarder rôtir ou bouillir. En Afrique, c’est également une espèce de Lamiides qu’on nous signale comme employée dans l’alimentation (à l’état de larvée, bien entendu, car l’insecte parfait, qu’on appelle An- cylonatus tribulus, est armé en divers points du corps de redoutables épines). Cette espèce, d’après les récoltes de voya- geurs entomologistes reçues'en Europe, doit être fort com- mune dans toute l'Afrique occidentale ; mais, en cherchant les larves de ces Longicornes, on trouve bien d’autres larves de la même famille appartenant aux genres les plus variés. (1) Cette espèce se trouve également à la Réunion. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 567 Les grands Priones du genre Tithoes, le Petrognatha gigas du Gabon ont, en effet, des dimensions comparables à celles des Priones américains, et les larves des Mallodon, des Cero- plesis, des Sternotomis, etc., ont au moins la même taille que celle de l’Ancylonotus tribulus. Encore pourrions-nous faire intervenir les Buprestides, et même pour les nègres, qui n’y regardent pas de si près, des larves de toutes sortes de familles, pourvu qu’elles soient d’as- sez forte taille. Pour les Coléoptères employés comme aliment à l’état par- fait, il n’y a plus la même incertitude, mais rares sont les peuplades réduites à manger des Coléoptères. Nous n’en cite- rons pour le moment qu’un exemple, emprunté aux récits de M. Guiral. « À côté des espèces (d’insectes) que les Batékés peuvent se procurer assez facilement, dit ce voyageur, et qui sont pour eux une ressource alimentaire à peu près assurée, il en est d’autres plus rares qu’ils sont loin de dédaigner. Par exemple, il y a chez eux de gros Coléoptères de la famille des Cétoines, magnifiques insectes dont les amateurs européens donne- raient un prix très élevé. Dépouillés des parties dures de leur carapace et cuits sous la cendre, ces insectes constituent une nourriture exquise, ce que nous appellerions un extra que les gourmets du pays tiennent en haute estime. » Un repas de cette sorte peut très bien valoir plusieurs cen- taines de francs ; cependant je doute fort qu’un estomac déli- cat, ayant à digérer « les plus belles Cétoines », puisse ratifier le jugement que M. Guiral attribue aux Batékés. Mais l’auteur de l'étude dont je viens de citer un fragment a eu soin d’em- ployer les mots d’« extra » et de « gourmets ». Or on sait que les extra, quelle que soit leur valeur « intrinsèque », sont toujours bien venus des raffinés en gourmandise, et cela dans tous les pays. Dans les ordres qui nous restent à examiner, les conditions de comestibilité nécessaires pour donner aux Insectes quelque valeur au point de vue de l'alimentation se rencontrent rare- ment réunies. 568 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Ainsi les Hyménoptères nous présentent sous ce rapport des avantages tout au plus équivalents à ceux que nous avons rencontrés parmi les Coléoptères de moyenne dimension. Ce- pendant les mœurs spéciales de plusieurs Hyménoptères so- claux permettent d’en rencontrer un grand nombre d'individus réunis dans le même lieu, ce qui peut servir de compensation à l’exiguité de leur taille. Aussi voyons-nous que les Cingha- lais et d’autres peuples mangent des Abeilles, sans doute après les avoir asphyxiées pour s'emparer de leur miel (1). Chez quelques peuples de l'Amérique du Sud et de l'Afrique équatoriale, on mange des Fourmis de plusieurs espèces, el d’après Kirby, auteur digne de toute confiance, qui a fait per- sonnellement des expériences de dégustation sur des Fourmis d'Europe, ces insectes ont une saveur acide des plus agréables. Il paraît même que l'abdomen n’a pas le même goût que le reste du corps. Dans la même famille d'Hyménoptères, celle des Formicides, il est un insecte tout à fait extraordinaire, le Myrmecocystus F16. 7. — Fourmi à miel (WMyrmecocystus melliger, grossi). m elliger. Les Myrmécocystes sont remarquables à première vue par le volume de leur abdomen dilaté, qui présente la forme d’une sphère à peu près grosse comme un pois. De distance en distance, on remarque sur cette sphère des écus- (1) Philalethes, R. Knox, Hislory of Ceylon, 2% partie, par Knox, p. 48. Lon- don, 1819. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 569 sons brunâlres et consistants qui représentent les arceaux de l'abdomen, tandis que la paroi, mince et incolore, est formée par les ligaments interannulaires distendus à l'excès. A lin- térieur, l'appareil digestif est prodigieusement dilaté et rem- pli d’une matière sucrée servant au même usage biologique que le miel des Abeilles ; seulement ici le miel est emmagasiné dans le corps même de l’insecte au lieu d’être accumulé dans des cellules de cire. Les gens du pays où l’on rencontre ces curieux insectes, c’est-à-dire les habitants de quelques loca- lités du Mexique, du Nouveau-Mexique et du Colorado, les mangent comme des bonbons, et l’on voit même figurer sur les meilleures tables des abdomens de Myrmecocystus melli- ger soigneusement débarrassés de la tête et du thorax (1). Les Fourmis nous conduisent tout naturellement à parler des Névroptères comestibles, qui se réduisent à un seul genre, très connu du reste à raison de ses mœurs, le genre Termite. Il y a, en effet, dans les termitières comme dans les fourmi- lières, des individus asexués et dépourvus d’ailes. Gesindivi- dus aptères rappellent quelque peu les Fourmis par leur facies, et, comme l’a fait observer M. Maurice Girard, les voyageurs ont dû souvent citer des Termites comestibles sous le nom de Fourmis. Mais il y a entre les Fourmis et les Termites un trait de réssemblance encore plus important. C’est la présence, chez ces derniers, d’une sécrétion acide que des naturalistes ont signalée tout récemment. Est-ce aussi de l’acide formique, ou bien la classe des Insectes peut-elle nous fournir un nouveau composé, l’acide termitique? On le saura plus tard; mais, dans tous les cas, cette observation montre que les Termites sont pourvus d’un assaisonnement naturel : ils auraient ce piquant, cette pointe d’acidité si agréable que M. Kirby a re- connus chez les Fourmis. On n’a donc pas le droit de s’éton- ner du concert d’éloges qui s'élève de divers points du monde (1) Voy. pour plus de détails sur ces curieux insectes, les mémoires du Rév. Henry Mac Cock, The honey-ants of the Garden of the Gods (Philadel- phie, 1882). Ce mémoire est reproduit dans la Vie des animaux, de Brehm - (Insectes, par Jules Künckel d’'Herculais). 570 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. pour célébrer les mérites alimentaires des Termites. Il y a même des voix européennes dans ce concert. Suivant Kônig, les Indous récoltent, par d’ingénieux procédés de chasse, de grandes quantités de Termites, et en font avec de la farine des sortes de gâteaux (1). Les Hottentots, que Smeathman et Sparrman ont visités, sont moins habiles à capturer les Ter- miles, mais ne sont pas moins empressés à s’en nourrir. ls les font griller dans des marmites sur un feu modéré, à peu près « comme on opère chez nous pour la torréfaction du café ». Smeathman a mangé plusieurs fois de ces Termites grillés, qui sont pour lui une nourriture « délicate, saine et substantielle ». Ils ont le goût d’une crème sucrée, d’une sa- voureuse pâte d'amandes. Les larves de Calandres si vantées sont fades en comparaison. Smeathman trouve d’ailleurs ces larves beaucoup trop grasses, bien que, de son propre aveu, on les serve, dans l’Amérique du Sud, «sur les tables des épicuriens les plus raffinés, particulièrement des Français (!), comme un des plus fins morceaux qu’on puisse trouver dans le Nouveau-Monde (2) ». Pour que des Européens estiment à ce point la saveur d'insectes qu’on à appelés Fourmis blan- ches, mais quelquefois aussi.« Poux de bois », il faut évidem- ment que ces animaux aient un goût tout à fait exquis. Il est permis d’en penser tout autant au sujet des Cigales, qui appartiennent à un ordre bien différent, celui des Hé- miptères. On comprend, en effet, que les misérables peuplades de l'Australie mangent «toutes crues » ces espèces de Ci- gales qu’elles appellent Galang galang. On comprend même que les Indiens du Texas, dans un moment de disette, cher- chent une ressource dans cette curieuse Cigale de l'Amérique du Nord qu’on a.appelée Cigale de dix-sept ans (Cicada sep- temdecim), parce qu’il lui faut, paraît-il, dix-sept ans pour arriver à l’élatadulte. Cette Cigale a peut-être un chant rauque (1) L'auteur attribue, il est vrai, à l’usage trop prolongé de cet aliment une dysenterie « qui vous tue un homme en deux ou trois heures », mais cela ne se montre que dans les années où la denrée est très abondante, ce qui facilite les excès. Pour d’autres, les Termites seraient un excellent reconstituant ct employés comme tels par les plus grands personnages. (2) Smeathman, Some account of the Termites, ete., 1781, p. 31-32. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 971 et désagréable, les Indiens n’ont sans doute pas l'oreille très musicale, et d’ailleurs ventre affamé n’a pas d'oreilles du tout. Mais chez les Grecs d'autrefois, les Cigales jouissaient, à cause de leur chant, d’une véritable faveur; c'était même une sorte de culle dont on peut rencontrer bien des traces dans les auteurs grecs, sous forme d’allusions flatteuses, de curieuses légendes où les Cigales jouent un rôle intéressant, et même de gracieuses poésies, comme cette Ode à la Ciguie, attribuée à Anacréon. Et pourtant ces Grecs, si superstitieux et si mélomanes, ne balançaient pas à commettre le double crime de sacrilège et de vandalisme en tuant leurs musiciens ailés pour les manger ! La gourmandise peut donc quelquefois être aussi mauvaise conseillère que la faim. Car les Grecs, la plupart du temps, ne mangeaient de Cigales que par gour- mandise. On le voit suffisamment aux détails donnés par les auteurs du temps sur la manière de choisir les individus les plus savoureux, sur les époques auxquelles il convient le mieux de récolter, soit les mâles, soit les femelles (1). En dehors des Cigales, l’ordre des Hémiptères n’a plus à nous offrir qu'un exemple d’Insecte comestible, mais celui- là est bien remarquable. En effet, nous avons vu jusqu’à présent des [Insectes comestibles à l’état dé larve, à l’état de nymphe ou à l’état adulte. De l'espèce ici en question, espèce qui habite les environs de Mexico; on ne mange que les œufs. Voici à peu près comment les voyageurs racontent la manière dont on se procure ces œufs : Les Mexicains vont cueillir dans la lagune dite Toule des jones d’une espèce nommé chalco qu’ils réunissent en petites fascines. Puis ils portent ces fascines au lac Texcuco. Au bout de quelques jours d'immersion, les Punaises d’eau du genre Corisa, qui pullulent dans ce lac marécageux, ont recouvert les joncs de leurs pontes. Il ne reste plus qu’à retirer les pa- quets dont on détache assez facilement les œufs. Ges œufs, (1) Bennett, Wandering in N.:S. Wales (le passage relatif aux Cigales/comes- tibles est reproduit dans Entomological Magazine, I, 211). — Aristote, His- toire: des animaux, livre V,! chap. xxiv (25 de Scaliger). — Pline; [Histoire naturelle, livre X[, chap. xxx, p. 26. 572 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. infiniment plus petits qu’un grain de mil, sont produits prin- cipalement par deux espèces du genre Corisa, lesC. femorata et mercenaria; mais il va sans dire que ce procédé de récolte procure en même temps un certain nombre d’œufs apparte- nant à d’autres genres, par exemple les œufs de Notonectes. Quoi qu’il en soit, ces œufs, connus sous les noms de autle, de aguaulle, servent, réduits en farine, à fabriquer des galettes qui jouissent, paraît-il, d'une bonne réputation sur le marché de Mexico. On tire aussi un certain parti des Insectes adultes, mais c’est pour nourrir les oiseaux en cage ; on les vend dans les rues, comme chez nous le mouron, sous le nom de Mosquitos (1). IL existe des Corises dans bien des pays, quelques espèces même sont très communes en France, mais nous ne croyons pas que nulle part elles montrent une faculté de pullulation comparable à celle de leurs congénères mexicains. Or c’est uniquement celte prodigieuse abondance qui permet d’utili- ser les œufs de ces Insectes (2). Avec les développements que nous avons donnés à cette étude sur les Insectes comestibles, nous ne pouvons faire moins que de rappeler en terminant, ne serait-ce qu’à titre de curiosité, quelques exemples mentionnés par les auteurs, bien que ces exemples ne puissent avoir au point de vue qui nous préoccupe spécialement aucune espèce d'importance. Dans l’ordre des Diptères, par exemple, nous trouvons à signaler la Mouche du fromage (Tyrophaga casei), dont la larve, connue de tout le monde, exécute de si merveilleux sauts, quand on la tourmente au moyen d’une pincée de sel. Celte larve pénètre parfois dans l'estomac humain, mais la (1) Voy. pour plus de détails sur ces curieux insectes : Gaceta de Litteratura de Mexico, 1794, n° 26, p. 201. — Extrait d’un mémoire par Guérin-Mèneville et Virlet d’Aoust, Ann. de la Soc. entom. de France, 1857, t. V. Bull., CXLVIII-CLI. Revue et Mag. de Zoologie, 1857, t. IX, p. 522-527. Ann. and Mag. of Nat. Hist., 1858, sér. 3, 1. I, pp. 79-80. (2) Voici cependant un passage d’un livre de Humboldt, que je crois utile de reproduire, d’après Kirby: « Quels sont ces vers (soul en arabe) que le cap. Lyon... trouva dans les étangs du désert Fezzan, que les Arabes mangent et qui ont un goût de caviar? Ne sont-ils pas des œufs d'insectes ressemblant aux aguautle que je vis vendre dans les marchés de Mexico ? INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 973 plupart du temps cette ingestion n’est qu’un fait d’entomo- phagie involontaire; on peut avaler de la même façon une foule de larves qui vivent dans les fruits et même des che- nilles de Piérides dans une soupe préparée par une cuisi- nière négligente. Cependant on ne saurait nier que certains amateurs ne soient très sincèrement réjouis en apercevant des larves de Tyrophaga qui, suivant eux, équivalent pour tout fromage à un diplôme de maturité ; aussi préfèrent-ils ceux qui recèlent dans leurs flancs une population nom- breuse, D’autres voient dans la propriété qu'ont certaines mortadelles bolonaises de marcher toutes seules une garan- tie d'authenticité. Mais je n’ai pas à faire la critique de ces manières de voir dans un mémoire qui a simplement pour but de rechercher si les Insectes peuvent fournir à l’homme une alimentation saine et économique. La Mite du fromage (Tyroglyphus siro) donne lieu aussi à des cas fréquents d’entomophagie inconsciente. Cet animal- cule n’est pas un Insecte, mais un Acarien, c’est-à-dire qu'il fait partie de la classe des Arachnides. Tout au plus digne par lui-même d’une courte mention, il nous sert de transition pour dire quelques mots des Araignées comestibles. Suivant le voyageur Sparrman, on mange des Araignées dans le sud de l'Afrique, chez les Boshies-men ; on en mange en Nouvelle- Calédonie, suivant le voyageur français Houton-Labillar- dière (1); et même en Europe (chose extraordinaire et vrai- ment exceptionnelle), on cite plusieurs personnes qui ont mangé des Araignées avec plaisir. Ainsi l’astronome Lalande avait toujours sur lui un drageoir plein de grosses Araignées, et de temps en temps il en avalait quelqu’une à la grande: stupéfaction, souvent mêlée d'horreur, des personnes pré- sentes (2). Je cite ce savant illustre, parce qu’il s’est acquis des titres de célébrité autrement sérieux, mais je me garde- rais bien de nommer, comme l'ont fait plusieurs auteurs, quelques jeunes filles qui se faisaient un plaisir d’avaler des Araignées, sous prétexte que ces animaux ont un goût de noi- (1) Voyage à la recherche de La Peyrouse, par le citoyen Labillardière, II, 240 (2) Latreille, Hist. nat. des Crustacés et des Insectes, NAT, 93. ON :' Sy: 074 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. selte. De tels exploits me semblent d'autant moins mériter une pareille publicité que les Araignées peuvent être considé- rées comme des animaux utiles; 1l serait donc fâcheux que l'habitude d’en manger en guise de noisettes se généralisât chez nous, quand même elle se répandrait seulement parmi les demoiselles. Pour en revenir aux Insectes, nous devons citer les Poux, de l’ordre des Anoplures, que mangent avec plaisir, dit-on, les Hottentots. En considérant la taille vraiment exiguë de ces parasites, on est bien forcé d'attribuer une telle habitude à une sorte (toute particulière) de gourmandise plutôt qu’à la faim. Des êtres qui mangent leurs parasites, c’est là une chose qui mérite bien d’être signalée, mais nous devons faire remarquer en même temps que ce fait n'est guère favorable à la théorie de Réaumur, d’après laquelle on pourrait atté- nuer sérieusement les ravages des Insectes nuisibles en les . faisant intervenir dans l'alimentation. Les Hottentots mangent leurs Poux, ils n’en restent pas moins pouilleux. Viennent ensuite des Insectes employés à divers usages qui permettent de leur accorder ici une courte citation. Les In- diens du Mexique, suivant quelques voyageurs dignes de foi, préparent une sorte de liqueur stimulante en faisant infuser une espèce de Cicindèle dans l’eau ou dans l'alcool (1). Cela me donne l’idée que notre Aromia moschata, imprégnée d’un parfum pénétrant, tout à fait identique à celui de l’essence de roses, pourrait servir à aromatiser des liqueurs. D’ailleurs, dans certaines parties de la Suède, il paraît qu’on se sert quel- quefois de Fourmis pour donner une sorte de bouquet à des eaux-de-vie de basse qualité (2); mais ce procédé rappelle trop les habitudes de quelques commerçants qui mettent de l'acide sulfurique dans leur vinaigre, ou font infuser du poi- vre dans leur eau-de-vie. | Nous n’avons plus à citer qu’un genre d’Insecte, et vraiment ceux qui le connaissent se feront difficilement à l’idée qu'il (1) Chevrolat, Observations sur les mœurs de plusieurs Coléoptères du Mexi- que (Revue entom. de Silbermann, 1, p. 238). (2) Consett, Travels in Sweden, 118 (d’après Kirby). INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 979 puisse être employé dans l'alimentation. 11 l’est cependant et voici dans quelles circonstances : Chacun sait qu’en Orient Pembonpoint, même un peu ex- cessif, est regardé comme un des signes les plus caractéris- tiques de la beauté féminine ; mais on sait moins le moyen employé par les dames pour acquérir ces formes pleines, ces contours voluptueux si recherchés des Orientaux et par suite des Orientales. Ce moyen, le voici: toutes les fois que vous rencontrerez un Blaps, c’est-à-dire un de ces insectes noirs qu’on voit se traîner gauchement, sur des pattes qui semblent trop longues, au pied des murs, dans les caves et dans toutes sortes d’endroits obscurs et malpropres, saisissez-le (avec précaution pour éviter de recevoir sur les doigts un liquide infect qu’il a la mauvaise habitude de lancer toutes les fois qu’on l’inquiète), et conservez-le dans un bocal quelconque, ce qui n’est pas difficile, attendu qu’il peut vivre pendant plu- sieurs mois aux dépens de la provision de graisse qu’il a em- magasinée dans son tissu adipeux. Lorsque vous aurez réuni de la sorte un certain nombre de Blaps, faites-les cuire dans du beurre et vous aurez (sauf peut-être un tour de main culi- naire que les auteurs dont j’invoque le témoignage ont né- gligé de préciser) le remède contre la maigreur employé chez les Turcs (1). | En disséquant des Blaps, j’ai pu constater que les tissus de ces insectes, dépouillés de leur écorce noire, sont loin d’avoir un aspect répugnant ; mais j'ai trouvé aussi dans la dernière portion de l’abdomen deux glandes réniformes d’un certain volume remplies de ce liquide huileux et infect que l'animal peut projeter à une grande distance, pour mettre en fuite ses ennemis. Maloré cette particularité répugnante, s’il est vrai, comme des auteurs très sérieux l’affirment, que les Orientales mangent des fritures de Blaps, c’est qu’elles pratiquent à tout prix la maxime : « Il faut souffrir pour être beau. » Ce dernier exemple semble n’être plus du domaine de l’entomophagie. Les uns pourront m'objecter que cette mé- (1) La dose est de trois Blaps tous les matins. 576 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. thode d’engraissement par les Blaps est une recette de parfu- meur,un Lait Mamilla quelconque. Mais la toilette n’a-t-elle pas déjà été appelée la cuisine de la beauté? Si l’on préten- dait maintenant que cette formule contre la maigreur serait mieux à sa place dans une étude sur les Insectes pharma- ceutiques, j'invoquerais un témoignage prépondérant, celui de Brillat-Savarin. Pour cet illustre gastronome consultant, il y a trois genres de cuisine, comme il y a pour certains mé- caniciens trois genres de ie La pharmacie est une cuisine du troisième genre, la cuisine de réparation. IT CRUSTACÉS COMESTIBLES Si l’on mettait un cuisinier expert en son art (par exemple un lauréat du récent concours culinaire) en présence d’une collection complète des Crustacés qui vivent à la surface de notre planète, et qu’on demandäât à ce taxonomiste d’un nou- veau genre de classer tous ces animaux d’une manière judi- cieuse, en tenant seulement compte des caractères capables d’influer sur la comestibilité, les seuls d’ailleurs qu’un cuisi- nier soit à même d'apprécier convenablement, il commence- rait évidemment par diviser la classe des Crustacés «en deux sous-classes, la première renfermant les espèces réellement comestibles, la seconde celles que le développement excessif de leur système appendiculaire, leur taille ordinairement res- treinte rendent tout à fait désavantageuses pour l’alimenta- tion. Cette classification extra-scientifique différerait bien peu de celle des naturalistes, la première division établie par noire cuisinier ne comprenant que des Décapodes et quel- ques Slomatopodes, la seconde se composant de Crustacés d’aspects très divers, presque tous de dimension restreinte, désignés en bloc autrefois sous le nom de Crustacés infé- rieurs. Mais ce qui est plus curieux, c’est qu’en poursuivant ses études taxonomiques, le savant à calotte blanche que J'ai mis en scène arriverait à formuler, de subdivisions en sub- INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. Er divisions, une classification presque entièrement d’accord avec celle des naturalistes les plus éminents. Laissant de côté bien entendu tous les Crustacés dits infé- rieurs, prenons l’ordre des DécapodesGeux-là sont pourvus d’yeux composés portés sur un pédicule mobile : ce sont des Podophthalmaires. Leurs anneaux céphaliques et thoraciques sont soudés et confondus, de manière à former une vaste ca- rapace ; enfin ils ont des pattes ambulatoires au nombre de dix paires, ce que le mot Décapode sert à rappeler. Il en est parmi eux qui présentent à première vue, pour l’alimentation, une immense supériorité sur les autres par suite du développement extraordinaire de leurs muscles ab- dominaux, muscles volumineux et faciles à extraire en une seule masse. Notre cuisinier séparera donc sans hésiter tous les Crustacés qui présentent ce précieux avantage pour en former une famille spéciale. Il leur donnera peut-être un nom mal justifié, celui de Crustacés à grosse queue, parce qu'il a, depuis de longues années, l'habitude d'appeler queue l’abdo- men des Homards, des Ecrevisses et des Crevettes qui font partie de ce groupe ; mais il ne faut pas lui en faire un crime: les naturalistes ont donné aux mêmes Crustacés le nom de Macroures, composé de deux mots grecs qui signifient exacte- ment la même chose. Il ne manquera pas de grouper dans une deuxième famille les Décapodes à courte queue ou Brachyures, c’est-à-dire les Crabes. Chez ceux-là, l'abdomen réduit et replié sur le tho- rax ne pouvant rendre à la locomotion les mêmes services que la « queue » des Macroures, les pattes acquièrent un dé- veloppement etune puissance particulières; aussi les muscles qui les actionnent peuvent-ils fournir encore, quand on choi- sit de grosses espèces, une ressource alimentaire qui n’est pas à dédaigner. En passant de la famille précédente à celle-ci, notre classificateur aura dû éprouver un grand embarras en présence de certains types, comme les Birgus, les Hippa dont l'abdomen est considérablement réduit, et les Notopodes qui ont encore quelques pattes insérées sur le dos, parce que les premiers de ces Crustacés ne sont pas tout à fait des Bra- 4° SÉRIE, T. Il. — Octobre 1885. 97 578 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. chyures, et que les autres sont presque des Macroures, mais plus d’un naturaliste a éprouvé la même incertitude. On me dira maintenant qu’en matière de cuisine, de zoolo- sie, comme en toutes sortes de matières, entre deux hommes d'étude, si également doués qu'ils puissent être, il doit se produire, aussitôt qu'on passe aux questions de détail, des divergences d'opinion d’autant plus prononcées qu’on s’é- loigne davantage des généralités. Prenons donc un second cuisinier, comme le premier expert en son art aussi utile qu'agréable, comme lui lauréat de concours. Celui-là trouvera peut-être que son confrère a eu tort de diviser simplement les Crustacés décapodes en Macroures et en Brachyures, at- tendu que les Crevettes, par suite de la flexibilité de leurs téguments, peuvent être mangées sans qu’il soit nécessaire de les décortiquer complètement, attendu que la taille des Cre- vettes ne permet pas de les préparer, comme on fait du Ho- mard, de la Langouste etmème, dans bien des cas, de l’Ecre- visse. Il pourra même déclarer qu’à ses yeux les Crabes, malgré la rareté de leurs apparitions dans les maisons où officient les grands maitres de la cuisine, devraient être rapprochés des Homards, des Langoustes, etc., en un mot des Crustacés ma- croures à carapace pierreuse. Je suis heureux de pouvoir mettre en regard de ces proposilions une classification des Décapodes imaginée tout récemment par un naturaliste (1). L'auteur en question divise ces Crustacés en Natantiaet en Reptantia. | Les Natantia, ce sont ces animaux pélagiens, nageurs entre deux eaux, dont les téguments flexibles rendent possibles des mouvements gracieux et véloces ; tout le monde les connait, ce sont les Crevettes. Les Reptantia, au contraire, ce sont ces Décapodes si éminemment crustacés, enveloppés d’une cara- pace pierreuse qui les rend en général gauches et lourds. La marche ou la course, quand ce n’est pas une sorte de repta- üon, sont leurs modes de locomotion les plus habituels. (1) 3. Boas, Zool. Anseitung, IE, p. 257. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 579 Renvoyons maintenant nos cuisiniers à leurs fourneaux, non sans les avoir chaleureusement remerciés, car nous de- vons à leur obligeanee d’avoir pu résumer sous une forme nouvelle des notions indispensables à connaitre sur un sujet quelque peu aride, la classification des Crustacés comestibles, et passons à quelques considérations théoriques. ren Il est évident que toutes les conditions de coméstibilité, formulées et esquissées précédemment à propos des Insectes comestibles, s'appliquent absolument à la classe des Crustacés. Ici, toutefois, ces conditions péuvent se trouver réunies à un très haut degré dans une même espèce, et, lorsqu'une seule existe, elle est souvent assez bien réalisée pour compenser largement le défaut des autres. Seule, pourtant, abondance extrème de l’espèce ne peuten compenser la petite dimension Jorsqu’il s'agit d’un Crustacé à téguments tout à fait durs et pierreux ; sans quoi tous les Décapodes sans exception seraient de très avantageux comestibles. Mais il est un point de comparaison à établir entre les Crus- tacés et les Insectes, sur lequel nous croyons d'autant plus essentiel d’insister, que la plupart des auteurs (peut-être même tous) qui se sont occupés de ces questions, ont absolument négligé d’en tenir compte. La vie des Crustacés a une certaine durée et peut récolter la plupart des espèces en toute saison. Au contraire, la vie des Insectes, déjà si courte, est encore entrecoupée de transformations modifiant presque toujours complètement leur aspect. On pourrait rapprocher des Crus- tacés les divers Mollusques comestibles, particulièrement les Gastéropodes du genre Hélix, qui doivent la faveur dont ils jouissent à un avantage analogue. Mais il n’est pas permis, comme l’ont fait tant d’apôtres d’entomophagie, de nous ac- cuser de préjugé en mettant Les Insectes en parallèle avec les Crustacés, Les Moules ou les Escargots. | Les Crustacés décapodes, qui semblent conformés spéciale- ment en vue de servir à notre alimentation, méritent bien que nous nous arrêtions un instant à examiner les particularités les plus saillantes de leur organisation. 580 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. A l’état adulte leur corps présente au premier aspect deux parties bien distinctes. La première, composée réellement de plusieurs pièces soudées ensemble de manière à former une sorte de cuirasse, correspond à la tête et aux anneaux du thorax. Les annelations de la deuxième partie restent au con- traire indépendantes; leur ensemble constitue l'enveloppe té- gumentaire de l'abdomen. En suivant de l’extrémité céphalique à l'extrémité caudale les nombreux appendices qui donnent à tant de Crustacés un aspect si différent de celui des Insectes, nous trouverons comme dépendances de la tête: 1° les pédoncules mobiles qui supportent les yeux; 2° au-dessous, les antennes internes, composées de plusieurs filets multiarticulés portés sur un socle de trois articles; 3° les antennes externes, les plus grandes, souvent accompagnées à la base d’un appendice la- melleux qui a servi de caractère pour établir de nombreux genres; 4° une paire de mandibules et deux paires de mâ- choires, ces dernières très petites, aplaties, pourvues de pal- pes de formes diverses. La portion de la carapace correspondant au thorax, résul- tant de la soudure de huit anneaux, porte naturellement huit paires d’appendices ; mais les trois premières paires, dirigées en avant, pourvues de palpes très développées et conformées à peu près comme les mâchoires, fonctionnent comme de véri- tables pièces buccales, et ont reçu pour cette raison le nom de pattes-mâchoires. Les cinq autres restent des pattes servant à la locomotion, bien que souvent une ou plusieurs des paires antérieures soient terminées par une sorte de pince didac- tyle, servant autant comme organe de préhension que comme appendice ambulatoire. Quant aux appendices de l'abdomen, leur importance et leur nombre varient beaucoup suivant le développement. Chez les Macroures, l'abdomen plus long que la carapace en porte cinq paires appelées souvent fausses-pattes ; 1l se termine par une nageoire à plusieurs lamelles qui constituent la queue proprement dite. Les Brachyures ont l’abdomen bien plus petit, replié sur la région sternale de la carapace et muni au INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 581 plus de quatre paires de fausses-pattes. Ces appendices servent aux femelles pour retenir le résultat de leur ponte; ceux des mâles (qui n’en ont souvent qu’une paire) doivent jouer un rôle dans la copulation. Cette complication du système appendiculaire, que nous venons de décrire très sommairement, ne se montre que chez les adultes. Mais, avant d'arriver à cet état, la plupart des Décapodes doivent subir des métamorphoses variées. Au sortir de l’œuf, leurs appendices antérieurs existent déjà, mais dépourvus de palpes, el ceux qui doivent fournir plus tard les pattes-mâchoires sont des organes locomoteurs. À mesure que ces derniers se transforment pour « passer dans la bouche », on voit apparaître et prendre leur forme défini- tive les vraies pattes ambulatoires et les appendices de lab- domen. Parmi les Décapodes éminemment comestibles que nous aurons à mentionner, les espèces les plus remarquables font précisément exception; leur développement s’effectuesans métamorphoses. Mais cette exception n’est sans doute qu’ap- parente, les phases de transformation pouvant très bien s’ac- complir dans l’œuf. Au delà la croissance n’est marquée, chez ces Crustacés sans métamorphoses apparentes, que par une série de mues ou changement de carapace dont nous dirons quelques mots plus tard. Enfin, rappelons pour terminer la faculté curieuse qu'ont ces animaux de renouveler leurs membres brisés ou arra- chés. Comme cette formation d’un membre neuf ne peut se produire que si la section a eu lieu au niveau d’une articu- lation, ils savent très bien se couper eux-mêmes la partie gênante, si la fracture s’est produite au milieu d’un article. Ils peuvent ainsi renouveler toutes sortes d’appendices, et même les yeux. Si cependant on leur enlevait ces organes plusieurs fois de suite, il finirait par se former des yeux très imparfaits et incapables de tout service. Nous avons dit qu’en dehors des Décapodes il y avait aussi quelques Crustacés comestibles parmi les Stomatopodes; c’est ici qu'il convient d’en dire quelques mots. Les Stomatopodes sont eux aussi des Podophthalmaires; 582 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. mais ce qui les distingue surtout, c’est que leur carapace, au lieu d’englober en même temps que la tête tous les anneaux du thorax, laisse les trois ou quatre derniers libres et indé- pendants comme ceux de l'abdomen. De plus, et c’est de là que vient leur nom, les Stomatopodes ont cinq paires de pattes-mâchoires, ce qui fait qu’il reste seulement trois paires de pattes servant uniquement à la locomotion; mais il faut dire aussi que chez ces animaux les appendices de l’abdomen ont un développement remarquable; ce sont de véritables pattes natatoires (1). Le seul genre important pour nous, dans ce groupe d’ail- leurs peu nombreux, est le genre Squilla, pris iei bien en- tendu dans un sens très général, c’est-à-dire en y comprenant plusieurs autres genres créés à ses dépens. Ces animaux doivent à la forme spéciale de certains de leurs appendices, non moins qu’à celle de leur abdomen, beaucoup plus gros à leur extrémité qu’à la base, une physionomie singulière. La deuxième paire de pattes-mâchoires, extrêmement déve- loppée, est une sorte de grappin articulé dont l’animal peut replier brusquement la dernière partie sur l’avant-dernière. Or le dernier article, en forme de faux, est reçu dans une rainure de l’avant-dernier, armé de dents d’un côté et d’épi- nes de l’autre. Ce redoutable instrument de préhension doit faciliter singulièrement aux Squilles la capture de leur proie; elles en ont besoin, car ce sont des animaux très voraces et très carnassiers. Et pourtant, si l’on s’en rapportait à leurs gracieuses allures et à leur élégant aspect, les Squilles pour- raient passer pour des êtres de mœurs fort paisibles. Il sem- ble qu’ils se soient laissés tromper par ces apparences, ces pêcheurs de nos côtes méditerranéennes qui, voyant les Squilles au repos replier leurs serres à peu près comme les bras d’une personne qui prie les mains jointes, les ont nom- mées prega-Dieou (prie-Dieu). Des Insectes orthoptères (2) (1) Les touffes composées de lamelles très finement divisées qu’on remarque sur ces pattes sont des dépendances de l'appareil respiratoire; ce sont des branchies. (2) Ces Orthoptères sont les Mantes. Aussi donne-t-on quelquefois aux Squilles le nom de Mantes de mer. INSECTES: ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 583 pour la même raison ont reçu également ce surnom dont ils ne sont pas moins indignes. Tous ces prega-Dieou ne sont pas au repos, mais à l’affût; ils ne songent pas à des palenô- tres, mais ils méditent leurs mauvais coups. On trouve assez abondamment dans la Méditerranée deux espèces de Squilles, toutes deux recherchées à l’égal des meilleurs Crustacés. Elles ne laissent d’ailleurs rien à désirer au point de vue de l’alimentation, ayant un abdomen volumi- neux et charnu comme les gros Décapodes, et des téguments minces comme les petits. La première est la Squilla mantis, qui a ordinairement la taille d’un petit homard (1). C’est probablement cette espèce que le trop fameux Apicius mangeait à Minturnes. Ayant en- tendu dire que les Squilles étaient plus grosses sur la côte africaine, il fit équiper un, vaisseau tout exprès pour aller vérifier le fait. Mais s'étant assuré que les Squilles africaines avaient la même taille que les autres, il ne débarqua même pas et fitimmédiatement virer de bord : il savait à quoi s’entenir! L'autre, Squilla Desmaresti, est beaucoup plus petite, mais n’est cependant pas à dédaigner; elle a la taille d’une petile écrevisse. On trouve, dans les mers chaudes, des Squilla, ou si l’on aime mieux, des Squillides qui atteignent des dimensions re- marquables. Je n’ai à citer parmi elles aucune espèce comes- ble, mais je suis tout à fait persuadé que dans aucun pays les pêcheurs qui en prennent ne les rejettent à la mer. Karis est le mot par lequel les Grecs (Aristote et Elien nous l’apprennent) désignaient les Crevettes, et peut-être aussi les Squilles dont il vient d’être question. C’est de là que vient le nom donné par les naturalistes à la famille des Caridides (2). (1) Nous appelons petit homard un homard de 20 centimètres, mesurés entre les’yeux et la base de la nageoire caudale. (2) Élien raconte, au sujet des Crevettes, l’histoire suivante. Il dit que le poisson appelé Labrax fait la chasse aux Karis, mais ces dernières savent se venger : en mourant, elles enfoncent la pointe de leur front dans la gorge du bourreau. Cette anecdote a servi à établir que le mot Karis désigne bien les Crevettes, | 584 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Cette famille est une des plus importantes au point de vue de l’alimentation, à cause du nombre considérable d'espèces qui la composent. À première vue, les Caridides se distinguent des autres Décapodes à la forme générale de leur corps, comprimé latéralement, à l’absence de sillon transversal sur la cuirasse céphalothoracique, à la flexibilité de leurs tégu- ments; enfin, quand on les observe vivants, à leurs habitudes essentiellement pélagiennes et à l'extrême vivacité de leurs allures. Tout le monde connaît d’ailleurs les Crevettes, et la plupart de mes lecteurs n’ont eu qu’à observer un instant quelqu'une des espèces si abondantes sur nos côtes, pour ad- mirer la grâce et la vélocité de leurs mouvements. Les Caridides ont été divisées en plusieurs tribus, mais tous ces Crustacés ont une physionomie uniforme, le facies bien connu des Crevettes. Quoiqu'’ils soient tous comestibles, nous ne pouvons penser à énumérer ici toutes les espèces. Cette nomenclature, sans intérêt réel, nous mënerait beaucoup trop loin, quand même nous supprimerions les espèces peu répandues, et par suite n’intervenant dans l’alimentation que mêlées et confondues avec les espèces usuelles. Parmi les Pénéines nous trouvons à signaler une magnifi- que espèce, bien digne de commencer la présente série, c’est le Pénée caramote (Penœus caramote) qu’on trouve quelque- fois en Angleterre, mais qui est assez abondant dans la Médi- terranée. Cette espèce atteint et même dépasse souvent vingt- cinq centimètres en longueur, sans perdre la délicatesse de chair des Crevettes plus petites, ce qui explique suffisamment la faveur dont elle jouit sur toutes les rives de la Méditer- ranée. Après les Pénéines, dont les six pattes antérieures, aug- mentant de longueur d'avant en arrière, sont toutes munies d’une pince didactyle, viennent les Palémonines, dont les quatre pattes antérieures seulement sont terminées en pince. Le type de la tribu est le genre Palémon, composé de nom- breuses espèces, principalement reconnaissable au long ros- tre pointu et denté en scie qui s’avance entre ses yeux. Parmi ces espèces on rencontre la Crevette la plus estimée de nos INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. D89 pays, la Crevette rose ou Palémon à dents de scie (Palæmon serratus). Ce crustacé est abondant sur nos côtes el en An- gleterre ; il donne lieu à un commerce important, et son prix, quoique très variable, se maintient toujours à une respectable hauteur. Le Palæmon squilla ou salicoque se trouve égale- ment sur nos côtes, il diffère du premier par un rostre plus court, plus droit, moins épineux en dessous. Il est d’ailleurs beaucoup plus petit. D’après M. H. Lucas, ces deux espèces de Palémons sont communes sur les côtes d’Algérié et très recherchées pour l’alimentation. (A suivre.) III, EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE DU CONSEIL DU 28 AOÛT 1885. Présidence de M. PAILLIEUX, membre du Conseil. Le procès-verbal de la séance précédente’est lu et adopté. — Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : MM. PRÉSENTATEURS. À. Geoffroy Saint-Hilaire. D' Jeannel, Saint-Yves Ménard. BARNEAUD (l'abbé Ch.) 'aumônier du lycée ; CHARRIN (Eugène), directeur de l’Orphelinat | Jules Grisard. de Nice (Alpes-Maritimes). de Laforêt, à Calvinet, par Montsalvy | Ponté. (Cantal). Raveret-Wattel. DarTcuLEsCu (Constantin C.), propriétaire cul- { Maurice Girard. tivateur, directeur de la Gazeta Satea- | Jules Grisard. nuli, à Rômnicu-Sarat (Roumanie). Raveret-Waittel. Lin (le baron Charles du), propriétaire, in- | À. Geoffroy Saint-Hilaire. génieur civil, rue de Bellechasse, 44, à : Saint-Yves Ménard. Paris. Raveret-Wattel. D’Aubusson. A. Geoffroy Saint-Hilaire. Raveret-Wattel. ( À. Geoffroy Saint-Hilaire. Lesserteur. l Saint-Yves Ménard. ( À. Geoffroy Saint-Hilaire. PALLISAUX DE TALLOBRE (H. de), rue de Courcelles, 175, à Paris. Foyor (Nicolas), propriétaire, à Igny, par Bièvres (Seine-et-Oise). Miquer (Louis-Pierre), fournisseur militaire, faubourg Saint-Denis, 10, à Paris. SCENE Raveret-Wattel. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. A. Paillieux. | À.GeoffroySaint-Hilaire. ORSINI (César), membre de la Chambre des députés du royaume d'Italie, via Laurina, à Rome. ROUFFIGNAC (Pierre Zoë Arthur), avocat, à Saint-Gervais les Trois-Cloches (Vienne). Sein es MÉDIUE De Quatrefages. Jules Grisard. THUMARA, Passage du Mont Cenis,9, à Paris. ! E. Joly. | Ch. Mailles. — Des remerciements pour les récompenses qui leur ont été décer- nées sont adressés par MM. le baron von Müller (de Melbourne) et H. S. Thomas (de Madras). PROCÈS-VERBAUX. 587 — MM. l’abbé Barneaud, Rouffignac et Datculescu remercient de leur récente admission. —M. le D: Clos, directeur du Jardin des Plantes de la ville de Toulouse, écrit à M. le Secrétaire général : « Nos Nandous, réduits cet hiver à trois couples, sont en ce moment au nombre de huit. La ponte a commencé vers le 25 avril, mais les deux premiers œufs ont été mangés par ces animaux ; de nouveaux œufs ont été pondus, et le nombre s’est élevé à trente-six, distribués en deux tas tout voisins, et que deux mâles se sont mis à couver avec la constance habituelle à cette espèce. J'ai constaté ce fait curieux que, lorsque l’un des mâles abandonnait momentanément son tas pour prendre quelque nourriture, l’autre ramenait avec son bec quelques-uns des œufs de ce tas vers le sien. Toutefois, sur ces trente- six œufs quatre seulement sont éclos, les 12 et 13 juin; un des deux mâles à continué à couver, mais il n’y a plus eu d’éclosion. » Les quatre petits ont été laissés avec les adultes et paraissaient s'en trouver très bien; mais l’un d’eux a été étouffé par un des mâles sur les œufs, et un second a été écrasé par mégarde par l’un des adultes; les deux autres prospèrent, soumis au régime commun. » J'ai lu avec intérêt dans le Bulletin les renseignements communi- qués, à deux reprises différentes, à la Société par M. Mathey, au sujet des Chèvres du Sénégal. Un couple de ces animaux a été donné en no- vembre 1883 au Jardin des plantes de Toulouse par M. le député Ger- main, et a très bien réussi, traversant l’hiver sans encombre, moyennant certaines précautions prises quand la température a été trop basse. » Comme l’a bien reconnu M. Mathey, cette espèce est essentiellement prolifique. La femelle adulte fait deux portées par an; la femelle jeune se borne à une. | » La première portée a donné deux petits, un mâle et une femelle; celle-ci est morte au bout d’un jour. La deuxième portée a produit deux femelles, qui aujourd’hui sont pleines l’une et l’autre, et la mère l’est aussi. L’une de ces jeunes femelles a déjà donné un produit du mêmé sexe qui, né en hiver, n’a pas tardé à mourir. » — M. Gabriel Rogeron adresse la rectification suivante : « Je lis dans le procès-verbal de la séance du 21 avril 1885, deuxième section, Bulletin de juin, p. 392: » Le secrétaire donne lecture d’une note par M. Gabriel Bergeron (lisez » Rogeron) dans laquelle l’auteur dit qu'il a constaté avec étonnement » que les Canards n’avaient fait qu'une mue dans l’année. » » Je n’ai rien dit, ni rien pu dire de semblable ou d’approchant. On a mal interprété ma pensée. J'ai dit simplement que dans certaines es- pèces de Canards les mâles reprenaient leur même plumage après la mue d'été, tandis que d’autres le modifient complètement, en prenant celui de la femelle jusqu’à la mue d'automne. Il peut arriver par excep- tion, comme j'en ai eu des exemples, que certains individus ne fassent 588 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. qu’une seule mue où même n’en fassent pas du tout ; mais cela n’a lieu que par accident dans des cas très rares et sous l'influence sans doute de maladies plus ou moins apparentes. J'ai possédé, en effet, un mâle Sarcelle d'hiver qui a conservé ses couleurs toute une année, et jai pu observer le même fait, chez un de mes amis, pour un Canard mandarin qui, lui aussi, avait entièrement oublié de muer. J’ai possédé également un Canard sauvage qui, après avoir fait sa mue d'été, n’a pas fait celle d'automne et par conséquent n’a subi qu’une mue et est resté gris (cou- leur de la femelle) toute une année. Mais, je le répète, ce sont des faits tout accidentels, car ces oiseaux, qui vivent encore, ont repris, les années suivantes, leurs habitudes normales. » Quant à la double mue pour les Canards, j’en suis bien fâché pour mon honorable contradicteur, M. Cretté de Palluel, mais la chose n’est pas contestable. Ce qui m'étonne, c’est qu’un fait aussi normal, aussi constant, et surtout aussi facile à vérifier, puisqu'il se passe chaque année devant nous pour les simples Canards domestiques, puisse même être l’objet ici d’une contestation. » Oui, un grand nombre d’oiseaux ne font qu’une mue, c’est-à-dire ne perdent qu’une fois leurs plumes chaque année. Chez certains, je le sais bien, le plumage change, revêt de belles couleurs au printemps sans que les plumes soient remplacées par d’autres et cela au moyen d’un ébarbement de l'extrémité des plumes à cette époque. Les plumes perdent une frange grise qu’elles portaient jusqu'alors et qui cachait leurs belles couleurs. C’est ainsi que procèdent certains Traquets, Bruants, Pinsons, etc., etc. ,qui, après avoir été grisâtres tout l'hiver, quittent leur léger voile et apparaissent tout à coup dans leur frais et gracieux plumage de noce. D’autres, tout en subissant cet ébarbement, voient de plus, comme le dit M. Cretté de Palluel, leurs plumes, de sombres et ternes qu’elles étaient, se colorer des nuances les plus vives; chez le Linot, par exemple, non seulement les plumes de la poitrine ‘s’ébarbent, mais celles-ci, qui sous leurs franges étaient simplement violacées au mois de décembre, deviennent d’un rouge cramoisi en avril et mai. » Mais les Canards ne procèdent nullement ainsi; ils subissent bel et bien deux mues, deux vraies mues, la première (fin de juin, commence- ment de juillet), où ils perdent toutes leurs plumes, petites et grandes, au point d’être pendant un mois complètement hors d’état de voler; la seconde en octobre et novembre, et, pour une espèce, la Sarcelle d’éte, en février, où ils remplacent également toutes leurs plumes, hormis celles qui leur servent pour voler. Pour les femelles et les mâles, espèces dont les mâles modifient peu ou point leurs couleurs, comme les Tadornes, Casarkas, Milouins, etc., ces mues pourraient passer inaperçues, n'é- taient les plumes tombées qui envahissent les poulaillers, les pelouses, les pièces d’eau à ces deux époques ; mais pour les Carolins, Mandarins, PROCÈS-VERBAUX. 69 Pilets, Canards sauvages, etc., il faut une grande dose de distraction pour croire que ces oiseaux puissent passer du plumage modeste et gris de la femelle, qu’ils portent à peu près complètement l’été, au plumage riche et brillant qu’on leur connaît le reste de l’année, au moyen d’un simple changement de couleur des plumes. Il faudrait au moins ad- mettre que les huppes, les aigrettes, les plumes retroussées qui appa- raissent à l’automne, ne sont pas simplement un produit de la coloration des plumes. Mais pour ceux qui douteraient encore de cette seconde mue, ils n’auront qu’à se saisir d’un mâle mandarin ou même d’un simple Canard domestique au-moment où le changement de couleur se produit à l'automne, et ils pourront voir de près et par eux-mêmes que les plumes grises poussées en juillet n’ont aucune tendance à changer de couleur, mais simplement à se détacher et à tomber dans la main, et qu’elles sont remplacées par une infinité de nouvelles plumes de bril- lantes couleurs qui percent la peau à cette époque. » — M. S.-A. Forbes, professeur à l’Université commerciale de l’état d’Illinois, adresse la collection des volumes déjà parus du Bulletin que publie le Laboratoire d'histoire naturelle de l’état, à Normal. Ces vo- lumes renferment les comptes rendus détaillés de toute une série d’é- tudes extrêmement intéressantes, entreprises par M. Forbes sur le ré- gime alimentaire d’un grand nombre d’oiseaux, de poissons et d'insectes. Le savant professeur s’est notamment occupé de rechercher la corréla- tion qui peut exister entre la prédominance de certaines espèces d’oi- seaux inseçtivores et la diminution de telles ou telles espèces d'insectes nuisibles. En ce qui concerne la classe des poissons, les observations faites par M. Forbes portent, pour chaque espèce étudiée, sur la nour- riture à l’état d’aleyin et à l’état adulte, et elles font ressortir, par suite, les modifications successives qui se produisent dans le régime suivant l’âge du poisson. Chez la généralité des espèces, les Entomostracés (Gladocères, Copépodes, Ostracodes), puis les larves de certains Diptères (Chironomus), forment la base de l’alimentation pendant le premier âge. Plus tard, les insectes sont plus ou moins largement mis à contribution par les poissons carnassiers, qui, peu à peu, leur substituent finalement, en tout ou en partie, les crustacés, les mollusques et les poissons, même ceux de leur propre espèce. Les observations recueillies au laboratoire de Normal présentent, on le voit, un intérêt des plus sérieux au point de vue de l’agriculture et de la pisciculture. M. Forbes, qui est entomologiste de l'État (State Entomologist), a fait parvenir également à notre Société une collection de ses rapports annuels sur les insectes utiles et Les insectes nuisibles. Ces rapports, illustrés de nombreuses planches, renferment des renseignements très détaillés sur les caractères, les mœurs, les habitudes d’une foule d’in- sectes nuisibles aux cultures, sur leurs dégâts, sur les divers procédés employés pour les détruire et le,degré d'efficacité de ces procédés, sur 590 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. les animaux (oiseaux, insectes, etc.) qui vivent aux dépens desdites es- pèces, et sur le concours qu’on peut attendre de ces auxiliaires pour la protection des cultures. Il serait superflu d’insister sur l'utilité de pareils travaux, et sur l’intérêt qui s’attacherait à ce que de semblables études fussent faites chez nous d’une manière aussi complète et aussi suivie. — M. H. de la Brosse, ingénieur des ponts et chaussées à Agen, écrit à M. le Secrétaire des séances : « J'ai lu avec un grand intérêt votre brochure, intitulée : Les poissons migrateurs et les échelles à Sau- mons, et je compte mettre à profit les enseignements qu’elle renferme en vue de l’installation d’échelles à poissons sur la rivière du Lot. Je me permets, à ce titre, de faire appel à votre complaisance en vous priant de vouloir bien m'indiquer le nom et l’adresse de la Société qui exploite le brevet de M. Mac-Donald ; je désirerais me mettre en rap- port avec cette Société, ou son représentant, pour voir s’il serait pos- sible d'établir dans de bonnes conditions des échelles du type Mac-Do- nald sur les barrages du Lot. » Dans une autre lettre, M. de la Brosse remercie des renseignements qui viennent de lui être adressés en réponse à sa demande. — M. Raveret-Wattel communique lextrait suivant d’une lettre qui lui est adréssée par M. de Behr-Schmoldow, Président de la Société al- lemande de pisciculture : « ...Votre récent article sur la pisciculture en Écosse (numéro de mai du Bulletin) mentionne le remplacement de V’ancien établissement de Stormontfield, sur le Tay, par celui de New- mill. Pourriez-vous nous dire quand ce dernier établissement a com- mencé à fonctionner et à fournir des alevins pour le repeuplement du fleuve ? Peut-être trouverait-on là l'explication de la pêche miraculeuse faite cette année dans le Tay. Je désirerais avoir promptement votre avis à ce sujet, car M. Max von dem Borne doit très prochainement don- ner un compte rendu des pêcheries du Tay dans notre Jahresbericht, et il y aurait grand intérêt à savoir ce que l’on doit vraiment penser du rôle de l’établissement de Newmill dans le repeuplement en Sau- mons... » — De son côté, M. Max von dem Borne écrit de Berneuchen à M. le Secrétaire des séances : « Dans le numéro de mai du Bulletin de la So- cièté d’'Acclimatation, en parlant de l’élevage du Saumon à Stormont- field et à Newmill, vous faites connaître que 300000 alevins environ sont versés chaque année dans les eaux du Tay. Or je lis dans Ja Fishing Gazette du 15 août, p. 61, qu’on vient de pêcher, en trois jours, dans l'estuaire du Tay, 20 000 Saumons, ce qui ne s’était pas vu depuis plus de cinquante ans. Cette pêche splendide ne serait-elle pas la consé- quence de la création de l'établissement de Newmill? Il importerait de savoir à quoi s’en tenir à ce sujet; car, si je ne me trompe, on aurait là une preuve de ce qu’il est possible de faire pour le rempoissonne- ment d’un cours d’eau présentant d’ailleurs des conditions favorables. » NP UNS PU Eee ee PROCÈS-VERBAUX. 591 + — M. James Hall, directeur du Muséum d'histoire naturelle de New- York, adresse un exemplaire du trente-cinquième Rapport annuel des Régents de l’Université sur la situation de cet établissement (1881). Ce rapport est accompagné de plusieurs annexes, et notamment d’une étude extrêmement intéressante de M. George-B. Simpson sur l’anatomie et la physiologie de la Moule d’eau douce (Anodonta fluviatilis), tra- vail illustré de nombreuses planches hors texte. — M. Raveret-Wattel signale l’attention dont la pisciculture est au- jourd’hui l’objet, de la part de l'administration, dans plusieurs pays étrangers. En Espagne, un enseignement pratique de pisciculture a été récemment institué à l'École d'agriculture de San-Sebastian, province d'Aranjuez. En Italie, le ministère de l'Agriculture à créé des prix qui seront décernés aux municipalités et aux Sociétés qui auront le plus contribué à l’empoissonnement des cours d’eau. D’importants achats d’œufs et d’alevins ont été faits pour le repeuplement du P6, de l'Adige, de l’Arno, du Tessin, des lacs de Côme, d'Orta, de Santa-Croce, de Pé- rouse, etc.; 450000 œufs de Truite ont été fournis par l’établissement de pisciculture de Tabole, sur le lac de Garde, et 100000 par l’établisse- ment d'Huningue; des fournitures considérables ont été aussi deman- dées à l’établissement de Selzenhof (près Fribourg-en-Brisgau), appar- tenant à M. Carl Schuster. En Allemagne, de nombreux dépôts d’alevins ont été faits au printemps dernier dans le Weser, à Hameln, à Mun- den, etc., ainsi que dans plusieurs cours d’eau tributaires de ce fleuve, dans l’Eder, le Diemel, ete. La pêche du Saumon dans le Weser se montre cette année plus productive qu’on ne l'avait vue depuis fort longtemps. Aux environs de Brême, le rendement de la pêche a aug- menté du double. Dans une seule station de pêche, les captures s’élèvent à quarante ou soixante Saumons par jour, et les poissons varient de 6 à 9 kilogrammes. Cette abondance extraordinaire du Saumon est unique- ment attribuée aux importants dépôts d’alevins faits depuis quelques années dans le Weser. Le même fait se produit pour l’Elbe. Dans le Mecklembourg, l’établissement de Schwerin a fait éclore plus de 400 000 alevins, dont 90000 Saumons, 30000 Truites saumonées, 20000 Truites des lacs, 10000 Truites de rivière, 206000 Corégones du lac Schol, 25000 Coregonus albus du lac Erié, etc. Ges alevins ont été versés dans les lacs et les cours d’eau du Mecklembourg, du Brandebourg, de la Poméranie, etc. Le Club de pêche de Toudern a distribué, à lui seul, 87000 Saumoneaux dans le Südern, le Grœnau, la Breda, le Windar et leurs affluents. On comprend aisément toute l'efficacité d’opérations d’empoissonnement entreprises sur une aussi large échelle. — M. de Confevron (de Flagey, Marne) écrit à M. l’Agent général : « La inaladie qui, dans beaucoup de rivières, sévit sur les Écrevisses, vient de faire son apparition dans le petit ruisseau de Flagey, affluent de la Vingeanne, rive droite, qui jusqu'alors avait été indemne. 599 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. » Dès son début, Lépidétie s'annonce comme devant être brusque- ment meurtrière, et j'ai déjà constaté bon nombre de victimes. Les plus grosses Écrevisses paraissent être les premières atteintes. » Voici les symptômes que présentaient tous les corps que j’ai trou- vés : carapace molle, flasque, avec taches rouges entourées d’un cercle blanc, comme s’il y avait eu un commencement de cuisson. Quelques- unes portaient encore des petits sous la queue. » Du reste, l'invasion de la maladie, que certaines personnes appellent le choléra des Écrevisses, ne semble pas, cetle année, avoir empêché le repeuplement; car, sous les pierres, dans le lit du ruisseau très peu profond, partout on voit de petites Écrevisses en grande quantité. » J'ai voulu vous communiquer ces remarques, pensant qu’elles pou- vaient être de quelque utilité à la Commission de notre Société chargée de suivre la marche de cette épidémie pour tâcher d’en déterminer la nature, les causes, et trouver les moyens de la combattre. » Est-il besoin d’ajouter que je suis à la disposition de la Société, si elle le désire, pour de plus amples renseignements dans la mesure de mon possible. » — M. Hippolyte Prévost remercie des renseignements qui lui ont été adressés, Sur sa demande, concernant la culture de l’Eucalyptus, et annonce l’intention de faire en Corse des plantations de cette essence d'arbre. — Mre veuve Turpin, de Sillats (Landes), fait don à la Société de 1500 œufs d’Attacus Pernyi. — Remerciements. — MM. Jules Fallou et E. Charrin accusent réception et remercient des œufs de Bombyciens séricigènes qui leur ont été adressés. — M. R. de Noter adresse un manuscrit at pour titre : Traité pratique de la culture de l’Eucalyptus. — M. de la Rochemacé rend compte de ses essais fe culture du Riz de Mandchourie. | — M. P. Zeiïller fait parvenir une note sur les Orchidées de serre froide. — M. Gourraud, aux Brouzils (Vendée), adresse le rapport suivant sur son cheptel de Canards Bahama : « Ces oiseaux me sont arrivés du mois de février ou mars 1884; dans mes précédents rapports, vous avez été informé que je n’avais chtect aucun résultat, sous le rapport de la reproduction en 1884. L'espoir que je formulais pour la présente année s’est réalisé au gré de tous mes souhaits. » Mais cette année, comme la précédente, il m'a fallu séparer le couple Bahama des autres couples, Mandarins et Carolins, le Canard Ba- hama empêchant tout mariage entre les couples de ces derniers. J'avais, comme l’année dernière, séquestré le couple Bahama dans le petit en- clos, construit exprès pour eux, à la seule fin de protéger mes autres couples de Canards de la jalousie rageuse du mâle Bahama. PROCÈS-VERBAUX. 593 » Dans le petit réduit qui leur était consacré, un are environ de ter- rain, avec un bassin de 6 ou 7 mètres de superficie, ils avaient du gazon et de l’ombrage. De plus, ce terrain, à l’angle d’un grand jardin pota- ger, me donnait la facilité d'envoyer le jour ces oiseaux dans le potager, où ils trouvaient une abondante nourriture. Ils sont très friands de vers de terre, et étant aussi très familiers, chaque fois que le jardinier la- bourait, ils ne manquaient pas de le suivre sur le carré et de venir cher- cher les vers jusque sur la pelle ; il fallait même prendre des précautions pour ne pas les blesser. Une fois rassasiés, ils s’en retournaient d’eux- mêmes en leur enclos faire leur sieste. » À la fin de mai, alors que les Canes Mandarins et Carolins étaient, les unes encore sur leur couvée et les autres conduisant leurs petits, je jugeai à propos de mettre le couple Bahama dans un plus grand espace de terrain et surtout d’eau (le bassin de ce terrain a environ 140 mètres de superficie et le terrain de 7 à 8 ares; j'avais obtenu deux couvées, une de Carolin, l’autre de Mandarin). Vers le 10 du mois de juin, je me suis aperçu de la disparition de la Cane Bahama; supposant qu’elle pon- dait, je fis et fis faire toutes recherches, en ces 7 ou 8 ares, sans trouver le lieu où la Cane pouvait se retirer ; tous les jours elle reverait sur le bassin, et chaque jour ses absences étaient plus longues. Ver$ le 20 du mois de juin, elle ne paraissait que d’une heure à deux ou trois du soir, puis disparaissait. » Nous supposions que cette Cane passait par-dessus le grillage en un côté où il est peu élevé (80 centimètres), el de là se rendait à son nid, en pleine campagne; un champ de froment n’était qu’à 15 ou 20 mètres de l’endroit où la Cane était supposée sortir ; y chercher là son nid était impossible. » Enfin le 26 juin, un jour où je la surveillais, ma surprise fut grande de voir la Cane, après avoir pris sa nourriture, se rendre et disparaître dans une très vieille souche d’osier, à 1 mètre environ du bassin, seul endroit du parquet où personne n’avait eu l’idée de regarder. » Le lendemain, en profitant du moment où la Cane était hors de son nid, j'ai été le vérifier; il contenait neuf œufs, un peu plus petits que ceux de Mandarin et plus ronds; quant au nid, construit par la Cane seule, il était assez artistement fait pour une Cane; le bas était tapissé de brindilles entremêlées des plumes de l’oiseau, formant une sorte de gros tapis. Ce même tapis garnissait les côtés et débordait assez pour que la Cane, en quittant ses œufs, pût le rabattre par-dessus. 11 avait seulement le défaut de recevoir la pluie, la vieille souche ne formant pas toiture. » Le 23 de ce mois, c’est-à-dire jeudi dernier, la Cane est sortie de son nid suivie de neuf Canetons, autant qu’elle avait pondu d'œufs. Ce qui est un très beau résultat. » Jusqu'ici les neuf Canetons se portent bien, et j’espère en élever la 4° SÉRIE, T. II. — Octobre 1885. 38 594 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. plus grande partie. La Cane en a le plus grand soin, et le Canard se montre bon père vis-à-vis d’eux. » Dans quelques mois, j'espère vous annoncer de bons résultats Sur l'élevage de ces intéressants oiseaux. » — D’autres comptes rendus de cheptels sont adressés par MM. Brucker, Bourjuge, A. Laverne, marquis de Brisay, Bouchez, E. Henning, Vié- ville, Braun, O. de Boussineau, comte de Montlezun, Desroches, Du- pouet, marquis de Pruns et Nelson-Pautier. Pour le Secrétaire du Conseil, L’'Agent général de la Société, JULES GRISARD. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. L'Ornithorynque. Les zoologistes qui ont jusqu’à présent toujours été d'accord pour caractériser la classe des Mammifères par la viviparité qu’ils considé- raient comme en étant la marque essentielle, n'étaient pourtant pas sans quelque embarras relativement aux Monotrèmes chez lesquels on n'avait pas! reconnu de lien organique entre la mère et le fœtus, et que pour cette raison d’aucuns qualifiaient Mammifères aplaceataires. Ce type étrange, très voisin, par certains côtés de l'organisme, de celui des Marsupiaux, devait-il être considéré comme en représentant une forme plus ancienne qui lui aurait servi de souche ? Fallait-il, au con- traire, tenir les Monotrèmes comme des Marsupiaux dégénérés qui, par une adaptation spéciale, seraient retournés vers une conformation infé- rieure? Devait-on même, sans hésitation, les classer dans la grande famille des Mammifères? : La discussion ne pouvait que rester très incertaine, la paléontologie et l’ontologie de ces animaux étant à peu près inconnues, lorsque les investigalions de savants anglais lui ont fait faire un pas presque décisif par la découverte toute récente dans les eaux du continent australien de quelques individus de cette famille presque éteinte et dont l’histoire est si mystérieuse. L’Ornithorynque (Ornithoryncus paradoæus) capturé en Australie semble être le point de soudure dans l'échelle animale entre les Oiseaux, les Reptiles et les Mammifères. Si, en effet, il tient à ceux-ci par la conformation générale du squelette, par la nature de sa peau pilifère, par la présence des glandes mammaires dont il est pourvu, il ne se rap- proche pas moins des Oiseaux et des Reptiles par les caractères les plus distinctifs. La tête est armée de longues mâchoires sans dents, et pro- jetées en avant sous la forme d’un large bec, le labyrinthe auditif est sans oreille externe, le cerveau est lisse, les clavicules soudées entre elles et avec le sternum forment la fourchette, l’utérus ne constitue qu’un simple renflement de l’oviducte, et enfin le placenta fait totalement défaut. La femelle pond deux œufs entourés d’une masse vitelline et enveloppés par une coque blanche, forte et flexible, qui sont couvés dans une poche ab- dominale sans relation directe avec l’organisme intérieur. Les observations de cet étrange animal n’ont été jusqu'ici, ni assez nombreuses, n1 assez complètes pour être absolument concluantes ; mais elles fortifient singulièrement les théories de Huxley et de Haeckel qui font descendre les Monotrèmes directement du prototype des Mammi- fères. On voit, dans ious les cas, combien la découverte et l’exploration de 596 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. continents nouveaux, en ouvrant incessamment à la science des horizons inconnus, peuvent aider à la solution de problèmes considérés jusqu'alors comme insolubles. AM. BERTHOULE. Le Commerce des plumes. La mode de porter des plumes d'oiseaux règne depuis plus de temps, et avec plus dé succès, auprès des dames, que les autres modes. Aussi, ce commerce atteint actuellement des proportions énormes. Rien que pour ce qui concerne l'Angleterre, la valeur des importations excède deux millions de livres sterling. Donc, la préparation, l'application, et la vente au détail doivent encore offrir 2 beaux bénéfices aux com- merçants. La majeure partie des plumes nous vient des Indes, de diverses con- trées asiatiques, de PAfrique, et, en moins grande quantité, de l’Amé- nue Dans cet article, je parle seulement des oiseaux terrestres, sans m ass des espèces aquatiques. L'impontation annuelle chez nous et en France, de petits oiseaux exo- tiques à plumage brillant, atteint le nombre de un million et demi d’in- dividus. Ils arrivent d’abord en Angleterre, d’où on les réexpédie. Nous recevons, chaque année, environ deux cent cinquante mille Golibris. À une vente publique, l'automne dernier, outre les plumes détachées, 147 386 oiseaux en peaux furent exposés durant les deux jours de vente; parmi eux il n’y avait pas moins de 44381 Perroquets verts ou Amazones (Chrysotis amazonica) et d’autres espèces. Le tableau suivant montre l’importance de ce trafic en Angleterre, par importations annuelles depuis neuf ans. Oiseaux en peaux. Plumes. ASE ALIMENT € 126,177 £ 713,199 ASS 109,045 178,477 TOR NS A ARE 109,041 813,192 TOR NE 91,679 1,002,902 TOO MTS 80,238 1,146,211 4880lxtel AL. Le 107,554 1,367,128 PRISE ENRERE 127,374 1,322,255 ERA OR REEAIC ER 144,694 1,957,840 A a qu 155,240 2,011,926 Nous réexpédions environ la moitié des plumes, comme il suit : TE PTE En OR EN £ 491,140 Se ane Can 660,931 AOL Pr Mdnnel. 723,187 RD La de 1,003,278 FAËTS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 997 La France et les États-Unis prennent la moitié de ces exportations. Dans une note que j'ai lue à la Société, en février 1876, sur le com- merce des plumes d'Autruche (Bulletin, vol. XXIV, p. 225), j'ai fait connaître les statistiques de nos importations jusqu’à 1874, et il est intéressant d'établir, en parallèle, l'augmentation rapide obtenue de- puis cette époque, par l'élevage et la domestication de l’Autruche dans l'Afrique méridionale ; enfin, je place à côté ce que nous fournissent les diverses contrées de l’Afrique septentrionale : Malte, l'Égypte, la Tri- politaine et le Maroc. Afrique Afrique méridionale. septentrionale. Ai ssl ts £ 293,866 € 94,164 AE EN Lie 360,572 67,481 ME BEeR Les .20 400,926 61,180 HONTE Eee 590,372 33,102 LOTO MEME ZT. 117,056 45,949 ASSUME La 959,079 47,651 ASS EUR ir. 973,714 28,183 LOBAÉRE PS. DUT 1,421,337 49,268 ASSET PER C Te 1,425,781 86,943 Aden est un entrepôt pour les plumes d’Autruche; il en reçoit an- nuellement de 7000 Ibs. à 8000 lbs. La moitié proviennent de Berbera. M. R.-H. Elliott, dans une note lue peu de temps avant la formation de l’Association indienne de l’Est, appelait l'attention sur les envois considérables de petits oiseaux expédiés de Madras, et qui sont expé- diés principalement pour Hong-Kong et Singapore; l’auteur prévoyait une extermingtion prochaine des oiseaux à plumage éclatant. Voici les chiffres, pour les trois dernières années, des. chargements d'oiseaux expédiés de Madras : Plumes. Valeur. OST AIN EE RE lbs. 122,175 £ 1,662 SPAS BA STI ED QE 105,515 1,998 TROT CARE 167,750 2,666 Oiseaux en peaux. ARRET NE quantité 82,400 £ 1,998 ASODEES s era) te RSA te 98,300 2,098 ADS As ES os de ee 11,275 166 Le tableau ci-dessous des envois provenant des différents ports in- - diens, montre des chiffres bien plus considérables : 598 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Enfin, le tableau des exportations de plumes de toutes les Indes an- glaises prouvera l'importance de ce commerce. Les années commencent et finissent en mars : leMorteustdeau - Ibs. 65,483 .:£ 96,944 LORD ARS ET 67,164 28,966 ASS Let rtat) a ee 89,839 30,425 MODE eh Ce sde ee 104,621 47,639 1884 (six mois). ...... 46,487 41,352 (six mois). Des Indes, nous recevons principalement des Geais bleus, des Coqs de jungles, des Orioles, des Tragopans, des Martins-Pêcheurs (A/cedo Bengalensis) et autres; et les plumes de Paon et de Pélican. Ces derniers sont chassés à outrance en Cambadie, durant l’époque de la mue. On les prend dans de grands pièges, et, pendant une semaine, de mille à deux mille individus sont iués chaque nuit. Les plumes gri- sâtres des ailes et les plumes noires des extrémités sont arrachées, liées en bottes, et, dans l'Est, s’emploient surtout pour la confection des éven- tails. Ces plumes sont estimées en Europe où on les teint généralement. Le petit Héron à aigrette etle Ardea alba sont très recherchés pour leurs plumes. Pour donner une idée de l'usage considérable qu'il est fait de ces plumes, je dirai que, dans une vente de ce genre, en janvier 1876, les plumes vendues, au nombre de vingt par Héron, représentaient le massacre de 9700 Oiseaux, tous des Indes. Nous employons aussi les plumes fournies par les Marabouts et les Cigognes-Adjudants. Les premiers habitent de grands espaces compris entre le Sénégal et Angola. Les Adjudants fournissent des plumes pres- que aussi estimées que celles des Marabouts. Les Cigognes-Adjudants sont très répandues dans les Indes septentrionales, et surtout au Ben- gale, où elles sont bien connues dans les grandes villes comme rendant. des services en dévorant lesimmondices. : Les plumes de Paon, aussi bien celles du corps que celles de la queue, sont fort recherchées pour la parure. Dans une vente publique au mois d’août, environ soixante-quinze caisses furent vendues, contenant, non seulement les peaux complètes du corps de ces oiseaux, mais aussi les plumes et la peau bleues du cou, les ailes, les plumes du corps et de la queue, classées sous les noms de.« yeux, sabres, queues de poisson », selon qu’elles proviennent des côtés de la queue (plumes vertes bril- lantes), ou du milieu, où elles sont marquées d’un œil bleu. Dans les Indes, on les emploie beaucoup pour la confection des éven- tails, parures diverses, vendues dans le pays de 6 pence à 1 schilling pièce. | ù Des dix-huit espèces de Paradisiers connues, quatorze habitent la Nouvelle-Guinée etiles îles environnantes; trois l’Australie, et une seule les Moluques. Les quatre espèces bien caractérisées comme types des TT Se. 1... FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 999 groupes vivent dans la Nouvelle-Guinée et dans quelques îles rappro- chées. Les autres espèces sont plus rares. Les plus connus sont : le le Grand Paradisier (Paradisea apoda, Lin.), découvert depuis le mi- lieu du seizième siècle, dans les îles Aru, et le Peur-Émeraude (P. pa- puana Bechst), dont le plumage sert à orner la tête des Rajahs de l'Est et des dames riches de l'Ouest. Le Paradisier rouge a les plumes longues des côtés d’un brillant cramoisi, au lieu d’être jaunes; le Paradisier Royal semble être un flo- con de plumes, ayant deux minces filets d'environ six pouces anglais de long, naissant à la queue et se terminant en une large spirale vert- émeraude. Ces oiseaux semblent avoir été découverts par les Portugais, lors de la conquête de Malacca, en 1511, où les Paradisiers étaient amenés par les Malais et les Javanais, qui les envoyaient en Chine. Quoi qu’il en soit, les Portugais les auraient remarqués dès leurarrivée ou au commen- cement de l’année suivante. Cependant le premier récit à ce sujet nous vient de Pigafetta, qui alla aux Moluques dix aus après les Portugais. Cette description, prise sur le manuscrit original publié en 1800, est comme il suit : « Ils nous donnèrent aussi, pour le roi d'Espagne, deux splendides oiseaux morts. Ces oiseaux étaient à peu près de la taille des Grives. Ils avaient une petite tête et un long bec, des jambes fines comme des plumes d’oie, des pieds longs; ils n’avaient pas d’ailes, mais, à leur .… place, de longues plumes de couleurs variées. La queue était semblable . à celle des Grives. Toutes les plumes, à l'exception de celles remplaçant les aïles, étaient de teinte sombre. Ces oiseaux ne volent que lorsque le vent souffle. Les indigènes nous dirent que ces volatiles viennent du Paradis terrestre, et ils les nomment « Burung diwata » (Oiseau de Dieu). » ; D’après ce récit, il est probable que les Paradisiers envoyés par le roi de Tidor,sune des cinq Moluques, au roi Charles V, n’appartenaient pas ‘ à l’espèce du Grand-Émeraude, que nous connaissons le mieux, mais bien à l’une de celles qui habitent les Moluques. Actuellement, les entrepôts principaux pour ces oiseaux, en Orient, sont les îles Aru, et, en Occident, Batavia et Singapore ; ils .sont envoyés des Célèbes. Les Hollandais nous en fournissent aussi et le prix de pre- mière main est de. 20 à.25 shillings, suivant qualité. En 1872, 3000 de ces oiseaux en peaux furent apportés, par bâtiments, du port de Dabo aux iles Aru. Les plumes délicates du Fauçcon-Pécheur (Paridion haliætus), d’un brun jaunâtre ou blanc de neige, sont,très recherchées pour la confec- tion d’aigrettes. Des quantités prodigieuses de plumes d’Argus et de différents Fai- sans indiens sont aussi.recues. Même au marché de Leaden-hall, les 600 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION, plumassiers achètent les plus beaux Faisans communs pour leur plu- mage. Ils sont préparés pour être placés sur les chapeaux de dames, et la chair de ces Faisans est vendue bon marché. Dans l'Amérique du Sud, on recherche les plumes du Nandou (Rhea americana); elles sont connues dans le commerce sous le nom de « plumes de Vautour ». En 1863, il en fut expédié, de Buenos-Ayres, 153 330 Ibs. de la valeur de 38 498 livres sterling, Voici le tableau des quantités de plumes de Nandou chargées à Buenos-Ayres, de 1871 à 1874 : { Kilvs de 21/3 1bs. AT CR 31,177 ASTON LT MEME 13,139 HORDE LS Ne LR 69,202 Joe PUR AR LUE 9 59,454 La plupart de ces envois vont en France, mais l'Angleterre en reçut pour la valeur de £ 8422 en 1875, £ 10 735 en 1876 et £ 4520 en 1877. Actuellement, l’Angleterre ne reçoit guère que la moitié de ce qu’elle recevait alors. Les plumes du mâle Nandou sont vendues plus cher que celles de la femelle. Les plumes de la queue de lAiïgle doré (Aquila canadensis) sont employées par les Indiens de l'Amérique du Nord pour orner leurs coiffures. Le Jaune-Voltigeur (Colaptes auratus) et autres oiseaux coquette- ment vêtus fournissent un plumage servant à orner les robes. Les plumes de l'Emeu d’Australie sont de teinte brune, jolies, mais cas- santes. Néanmoins, celles qui se trouvent près de la queue sont longues et gracieuses. On les teint de diverses nuances, et, à présent, on les utilise beaucoup pour l’ornement de la toilette. De Victoria, en 1883, on expédia, principalement en Angleterre, pour la valeur de 3187 livres sterling. à La quantité des plumes récoltées dans l'Uruguay, en 1875, fut de 92 400 Ibs., mais en 1877 elle tomba à 44000 Ibs., estimées d’une va- leur de £ 20 000. Plusieurs motifs sont la cause de cette décadence : d’abord, la chasse à outrance, non seulement des oiseaux, mais aussi de leurs œufs et des jeunes; ensuite l’extension de l’élevage du bétail; enfin, un décret du gouvernement, en 1877, défendant la chasse de ces oiseaux sous des peines sévères, et offrant une prime à la première personne qui pro- duira un certain nombre de ces Autruches élevées en domesticité. Ce décret a eu pour effet de réduire le produit des chasses des deux tiers. Beaucoup de fermiers ont, depuis quelque temps, entrepris l’élevage de ces animaux et tentent de les domestiquer dans lespoir d’en obtenir w soi Tr . Æ PR PRES je D le V0 DES FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 601 les plumes à époques fixes. Il y a lieu de croire que bientôt on obtien- dra ainsi un produit plus considérable et de meilleure qualité, les plumes arrachées à la main étant réputées plus fines et plus duve- teuses. Les belles plumes, en paquets, préparées pour les marchés européens, sont vendues environ 12 shillings la livre. La plupart sont expédiées pour le Havre, quelques-unes vont directement à New-York. Cayenne reçoit pour une valeur de £ 500 de plumes et d’oiseaux en peaux, comprenant diverses espèces, telles que les Hérons, les Rapapa, ou Dindons sultans, et une foule de Colibris au brillant plumage. De l'Amérique du Sud également, viennent les Cardinaux rouges et plu- sieurs autres espèces propres à être employées pour la toilette. C’est avec les plumes du Trogon splendens et autres Trogons, que les mosaïques mexicaines ont été faites. L’une d’elles, la plus délicate et la mieux exécutée, contenant plusieurs figures, est exposée mainte- nant au musée Ashmolean, à Oxford, et on affirme qu’elle est faite de plumes d’Oiseaux-Mouches. Le sujet représente « le Christ succombant sous la croix ». Toute la mosaïque est de la grandeur de la paume de la main, et les figures ont un demi-pouce (anglais) de long. Les faits cités ci-dessus suffiront à donner une idée de l'importance du commerce des plumes et des peaux d'oiseaux employées principale- ment pour l’ornement de la toilette. P.-L. Simmonps, Journal of the Society of arts (traduit par M. MAILLES). Sur l'abondance du Saumon dans le Tay (Ecosse). Lettre adressée à M. Raveret-Waitel, secrétaire des séances, par M. Guy, chargé de la direction de l’établissement de pisciculture d'Howietoun, appartenant à M. le comte de Lauderdale. Howietoun Fishery, Stirling, 12 septembre 1885. Cher Monsieur, J'ai tardé jusqu’à ce jour à répondre à votre lettre du 30 août, parce que la réponse à la seconde des questions qu’elle renferme demande réflexion. Le laboratoire d’éclosion de Dupplin (Newmill) fut terminé en dé- cembre 1882, époque où il reçut environ 250 000 œufs de Saumon L'alevin fut conservé dans les bacs d’éclosion jusqu’à la complète ré- sorption de la vésicule ombilicale, puis mis en liberté. Le déchet fut très peu considérable, de sorte qu’on peut évaluer à 240 000 le nombre des , jeunes poissons versés en rivière au printemps de 1883. Quelques-uns 602 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. des parrs provenant de ces alevins devinrent des:smolts et descendirent à la mer au printemps et au commencement de l’été de 1884. Le reste n’a pris. la livrée des smolts et ne s’est rendu à la mer.que dans la pre- mière partie du printemps de 1885. Le temps que les jeunes Saumons passent à la mer avant de remonter à l’état de grülse est variable; mais il est: probable que la période de grilse est:maintenant terminée pour tous les poissons provenant des œufs mis en incubalion au mois de dé- cembre 1882, et quelques-uns des sujets provenant des 300 000 œufs reçus par les appareils en 1883 sont aussi arrivés à l’état de grolse. En ce qui concerne votre seconde question, nous estimons qu’il y a de sérieuses raisons de croire que l’abondance du Saumon dans le Tay et sur quelques autres points de l’Ecosse, cette année, est due aux travaux de pisciculture. Malheureusement, il est impossible d’avoir des ren- seignements exacts sur le rendement de la pêche du Saumon dans les différents districts, attendu que les fermiers de pêche craignent de voir leurs fermages augmentés, par suite de la concurrence, s’ils ont une pêche MC ou leur crédit détruit, s'ils sont connus pour avoir fait une mauvaise nn | Il est à remarquer que, cette année, les résultats n’ont pas été partout les mêmes. Dans la Tweed, les filets ont donné un rendement moyen. Dans le Forth, la pêche a été au-dessus de la moyenne, partiçulièrement vers la fin de la saison. Nous ne possédons rien de, positif en ce quicon- cerne la pêche au nord du Tay; mais. nousavons lieu de croire que, dans le nord et le nord-ouest de l’Ecosse, la pêche s’est montrée au- dessous de la moyenne. Elle passe pour avoir été assez bonne dans quelques parties de l’Argyll-shire. Dans l’Ayr-shire, ou au moins près de la baie d’Ayr, le rendement a été bon, et la rivière d’Ayr est, as- sure-t-on, plus riche en Saumons qu’elle ne l’a été depuis beaucoup d'années. Dans le Dumfries-shire, les captures ont été si pauvres, pendant la dernière période de la pêche aux filets, que le taksman a dû faire venir du poisson de.ses autres pêcheries (du Tay et du Forth) pour pouvoir satisfaire à ses engagements. Je dois signaler un fait assez curieux: il y a sur la Doon (rivière qui se jette dans la baie d’Ayr) un laboratoire d’éclosion dans lequel, depuis longtemps (dix ans au moins), le marquis d’Alisa met en incubation, chaque année, environ 100000 œufs. L’embouchure de l’Ayr est seule- ment à un mille de celle de la Doon. Au commencement d’août, il y.eut de fortes pluies ; mais, comme l’élé s’était montré exceptionnellement sec, la consommation de la ville d’Ayr avait fait baisser beaucoup plus que . d'habitude, à -pareïlle époque, le niveau des eaux dans le Loch Doon, quialimente en grande partie la Doon. Par suite, la çrue se manifesta dans l’Ayr,un certain nombre d'heures plusitôt que. dans la Doon, et,tout le Saumon qui setrauvait dans la baie se mit précipitamment à remon- ter l’Ayr, bien que ce poisson fût incontestablement né.surtout dans la FAITS DIVERS ET EXTRAITS DÉ CORRESPONDANCE. 003 Doon. De sorte que quand, à son tour, ce dernier cours d’eau commença à grossir, il ne restait plus dans la baie un seul Saumon prêt à remon- ter et que l’Ayr est actuellement plus poissonneuse qu’on ne l’avait vue depuis bien des années. Il y a un petit établissement pour le Saumon à Fashnacloich (Argyll- shire) qui est un peu plus ancien que eelui de Dupplin et qui peut con- tribuer, pour sa part, à l’augmentation du poisson dans le voisinage; mais äl n’y en a pas un seul actuellement en opération sur toute la côte nord de l'Écosse. Le plus rapproché d'ici est celui de Glen Tana, sur la Dee; il est peu important et ne fonctionne pas depuis plus de cinq ans. On s’y occupe principalement de l’éclosion des œufs de Saumon, dans des appareils à claies en baguettes de verre, et les résultats sont, pa- * raît-il, satisfaisants. [’alevin est mis en rivière avant la complète ré- sorption de la vésicule ombilicale. Il y a ensuite Pétablissement de Dup- plin (Newmill); puis Howietoun, pour le Forth; mais le nombre des œufs de Saumon mis en incubation à Howietoun est insignifiant et dé- passe rarement 40 000 par saison. Notre affaire principale est, en effet, l'élevage de la Truite et spécialement de sujets reproducteurs de choix, afin d'obtenir toujours des œufs aussi gros que possible. Il n’y a pas d'autre établissement sur la côte est de l'Écosse, au sud d’Howietoun. La raison (de l'augmentation de la pêche du Saumon) donnée, la se- maine dernière; par la Fishing Gazette est absurde. Les étangs de Stor- montfeld ne sont pas empoissonnés chaque année par l’établissement “et, dans ces derniers temps, les rigoles d’éclosion ont été si mal tenues qu'il est douteux que l’alevin ait pu réussir. Rien de bon n’a été obtenu non plus d’étangs analogues établis, sur les conseïls de feu M. Buckland, * à Luss, au bord du Lock Lhomond, Les appareïls d'éclosion de Dupplin ont été faits par nous, à Howie- toun, d’après le modèle dont nous nous servons, c’est-à-dire, des auges avec claies en baguettes de verre. Le même système est adopté à Glen Tana et aussi au Loch Leven, autre établissement aussi important que celui de Dupplin, mais où l’on s'occupe seulement de la Truite. À Fash- nacloich, les œufs sont placés dans des vases en porcelaine émaillée. Chez le marquis d’Alisa on les répand tout simplement sur du gravier; mais l’eau est très pure. Dans notre opinion, l'abondance marquée de grilses dans le Tay et quelques autres parties de l'Écosse est due, en grande partie, sinon uni- quement, à l'empoissonnement fait avec un alevin fort et vigoureux. Veuillez agréer, etc. James R. Guy, Secrétaire. 604 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Montée d’Anguilles. Renseignements pratiques. M. l'Ingénieur en chef des ponts et chaussées du Calvados, auquel des renseignements ont été demandés concernant la montée d’Anguilles, adresse les informations ci-après : « On peut se procurer ce produit à Caen au prix de 1 fr. 25 à 1 fr. 50 le litre, pendant une période qui est généralement comprise entre le 15 février et le 15 mai de chaque année. La montée est pêchée dans la par- tie maritime de la rivière d’Orne, en vives eaux seulement, à partir de deux ou trois marées avant jusqu’à deux ou trois marées après la pleine ou la nouvelle lune. Le produit, pêché de nuit, est expédié à destination par chemin de fer, aussitôt que possible le matin. » Les personnes qui me paraissent pouvoir fournir et expédier de la montée dans de bonnes conditions sont les sieurs Arthur Félix (24, rue de Falaise) et Lemullois, chef barragiste (rue du Puits de Jacob). Ce dernier, qui appartient au service des ponts et chaussées, expédie de la montée depuis plusieurs années dans des conditions de succès assez constantes, jusqu’à Laval d’un côté et Chartres de l’autre. Le trajet en chemin de fer de Caen à Laval dure six heures, et celui de Caen à Char- tres, neuf heures environ ; de Caen à Paris, on aurait un trajet de sept heures pour les trains pouvant transporter la montée. » Les envois à destination de Paris, faits avec les précautions habi- tuelles (petits paniers garnis de toile fine et tapissés de mousse ou cresson bien frais), devraient réussir comme ceux à destination de Laval ou Chartres..» — De son côté, M. l'Ingénieur en chef du service de la Loire, à Nantes, adresse, sur le même sujet, les renseignements suivants : « Les particu- liers peuvent s'adresser à M" veuve Bernard, au Pellerin (Loire-lnfé- rieure) ; cette dame se charge de faire pêcher la montée, de fournir les paniers et de les expédier ; chaque panier contient environ cinq mille sujets et coûte 10 francs. Les frais d'avis et de port sont en outre à la charge du destinataire. » La pêche se fait dans les mois de janvier, février et mars ;, la montée d’Anguilles se présente, du reste, dans des conditions assez irrégulières, et il n’est pas possible de préciser à l’avance à quelle date exacte se feront les envois. » Il est prudent d’adresser les demandes vers la fin de janvier au plus tard. Les destinataires doivent faire connaître très exactement leur Dhs, nn FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 609 adresse, la ligne de chemin de fer et la gare à laquelle les expéditions doivent être adressées. Le pêcheur leur annonce par dépèche télégra- phique le moment où les paniers doivent être déposés à la gare de dé- part, et ils doivent veiller à les faire retirer à la gare d’arrivée et à jeter à l’eau les petites Anguilles aussi rapidement que possible. » Le service de la Loire expédie directement de la montée d’Anguilles aux services publics, en prenant à sa charge les frais de pêche, de paniers et d'avis télégraphiques, et en laissant seulement à la charge du desti- nataire les frais de port. » — Enfin, M. l’Ingénieur en chef du département de la Gironde fournit les renseignements ci-après : «1° La montée d’Anguilles est fournie dans toute la région du Sud-Ouest par M. Clavel, ingénieur du service maritime à Bordeaux. Il existe très probablement pour les autres régions des ingénieurs des services des rivières où la marée se fait sentir, qui en sont chargés également. » 2 La montée est donnée gratuitement, le port seul étant à la charge du destinataire. » 3° Les envois sont faits autant que possible par chemin de fer; l’em- ballage est fait par les soins et aux frais du service qui fournit la montée. » 4° Les demandes pour l’année prochaine doivent être adressées le plus tôt possible, pour qu’on inscrive les personnes qui désirent des Anguilles; vers le mois de janvier, c’est-à-dire deux mois environ avant la montée, l'ingénieur écrit aux personnes inscrites pour leur demander la quantité qu’elles désirent. Pour plus de régularité, il vaut mieux, sans que cela soit absolument indispensable, que les demandes soient transmises par l'intermédiaire [de l'ingénieur en chef du département où réside le de- mandeur. » V. BIBLIOGRAPHIE Le Tonkin industriel ét commercial, par Galixte Imbert. 1 vol. in-12. Challamel, éditeur, 1885. L’accroissement progressif des populations européennes, en rendant la vie de plus en plus difficile sur le sol natal, les pousse à la colonisa- tion des contrées lointaines, encore peu habitées, de même que les pro- grès de l’industrie moderne, en développant presque, sans limites ses productions par l’emploi des forces mécaniques, obligent le commerce à rechercher avidement des débouchés nouveaux. Telles sont, croyons- nous, les deux causes principales qui, en dehors des visées politiques et des calculs stratégiques, expliquent et justifient dans une certaine me-. sure l’entraînement des nations de notre vieux continent à d’incessantes extensions coloniales. Ce n’est pas vraisemblablement le premier de ces mobiles qui aurait pu nous conduire au Tonkin ; et, en effet, le sol de ce pays est loin d’être désert et d'appeler l'immigration; d’après les données mêmes contenues dans l’ouvrage de. M. Calixte Imbert, les plus récents dénombrements porteraient sa population à 12 millions d'habitants pour une superficie de 145000 kilomètres carrés, soit une densité kilométrique de 83 habi- tants, proportion supérieure de plus d’un dixième à celle de la France. De plus, le climat y est tellement différent du nôtre que ce séjour n’est pas sans offrir de graves dangers pour l’Européen; la saison chaude (avril à septembre) est marquée par des pluies torrentielles et par des chaleurs accablantes, tandis que la saison sèche voit se produire de brus- ques abaissements de température, d'autant plus à redouter qu’ils suc- cèdent presque sans transition à de plus fortes chaleurs. Le sol, maré- cageux dans la partie basse, ne se prête guère qu’à la culture du riz; les régions élevées, au contraire, où l’on serait dans de meilleures condi- tions au point de vue de la salubrité, sont couvertes de forêts peu acces- sibles et pour longtemps encore au pouvoir des pirates. Est-ce donc un intérêt commercial qui a pu servir de prétexte à cette désastreuse entreprise ? Pour M. Calixte Imbert, l’avenir offrirait à ce point de vue les plus séduisantes perspectives, et la navigation du fleuve Rouge rendrait bien vite sa prospérité passée à notre commerce lan- guissant. L'auteur jette un coup d’œil sommaire sur le pays même, et traverse rapidement ses principales villes, pour aborder ensuite l’examen des produits de cette nouvelle colonie, qu’il voit déjà si florissante. Cette étude est, pour employer la qualification qu’il lui donne lui-même, un BIBLIOGRAPHIE. 607 simple mémorandum dé renséignéments destinés aux futurs colons. Nous ne le suivrons pas dans les détails dans lesquels il a éru devoir éntrer sur chacun d’eux, et qui nous ont paru manquer un peu de précision; mais, qu’il mous soit permis de le dire, il faudra encore bien des plai- doiries, et des plus entraînantes, pour nous enthousiasmer à ce sujet. Le sol du Tonkin est déjà bien peuplé, nous le répétons, pour se prêter facilement à un nouvel accroissement de population par l’immigration,; son climat est loin d’être séduisant ; les populations indigènes nous sont trop profondément hostiles pour que l’'Éuropéen puisse sans danger se risquer au milieu d'elles, hors de la portée du canon; et enfin, le dé- veloppement du commerce y sera longtemps entravé par des obstacles difficilement surmontables. M. Calixte Imbert nous fait bien connaître les diverses productions du Tonkin; mais il aurait complété son travail de la manière la plus utile en nous apprenant aussi celles des nôtres que nous pourrions espérer y introduire. Serait-ce du vin? mais les in- digènes n’en boivent pas ; du blé? mais ils ne vivent guère que de riz, et, du reste, nous n’en produisons même pas assez pour notre propre consommation ; y importerons-nous des étoffes? mais ils se couvrent à peine de méchantes cotonnades fabriquées chez eux ou provenant -de pays. qui produisent à meilleur marché que nous. Les frais de transport sont très élevés : 875 francs pour un passager de troisième classe; de 75 à 100 francs par tonne pour le fret des mar- chandises. Ef les frais obligés de la vie y sont-ils moins lourds? Üne mé- chante chambre garnie, nous dit M. Imbert, se paye de 40 à 60 francs par mois; le moindre petit logement non meublé, 100 franes ; un bon domestique, 60 francs; la viande de mouton, 1 fr. 50, et le pain, 1 franc le kilogramme... Combien ces conditions ne sont-elles pas différentes de celles où se trouvait l'Algérie au début de l'occupation? Et pourtant il n’a pas fallu moins de cinquante années pous assurer cette précieuse conquête, qui entre à peine encore dans une première période de pros- périté. L'auteur termine son ouvrage par un relevé qui n’en est pas la partie la moins instructive, le relevé des douanes d'Haï-phong, le seul grand port commercial du Tonkin, pour le troisième trimestre de l’année 1884. Les importations se composent surtout de produits chinois et anglais, à côté de quelques rares produits français ; et encore, en les réunissant tous, n’arrive-t-on qu’à un total de 1910 000 francs, dans lequel sombrent les rêves d’or, lorsqu'on voit les médecines y entrer pour près d’un dixième ! Pendant cette même période, les exportations se sont élevées au chiffre fantastique de 43 000 francs environ. Souhaitons donc que le temps atténue les antipathies de races, et mo- difie heureusement notre situation, qui, dans son ensemble, se présente aujourd’hui sous un aspect si peu favorable, et d’ailleurs, avant de son- 608 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ger à coloniser, peut-être conviendrait-il d’attendre que la conquête fût réellement achevée. Traité de culture potagère, par J. Dybowski. 1 vol. in-12. Masson, éditeur, 1885. Beaucoup d'ouvrages ont été écrits sur ce sujet avant celui que vient de publier M. Dybowski; mais bien peu, il faut l’avouer, ont complète- ment atteint leur but ; tandis que quelques-uns, restreints à un sujet dé- terminé, ne s’adressaient qu'au petit nombre, d’autres, en voulant em- brasser ce vaste cadre, ne faisaient que l’effleurer au détriment de la netteté, et sans caractère pratique. Cette lacune, s’il y en avait une en effet, vient d’être utilement comblée. M. Dybowski, maître de conférences à l’École nationale d'agriculture de Grignon, a su unir la théorie à la pratique, en s’aidant des publica- tions qui ont précédé la sienne, et surtout en s’éclairant de l'expérience acquise et des précieuses observations faites par les diverses sociétés d’horticulture ou d’agriculture de France, rassemblant ainsi, comme il le dit, tout ce qui a été réalisé jusqu'ici, et divulguant les progrès ac- complis. Le jardinier de profession, non moins que le simple amateur, trouveront dans ce travail les plus utiles instructions. L'ordre alphahé- tique adopté par l’auteur, de préférence aux classifications trop savantes, la désignation de chaque plante par le nom sous lequel elle est le plus vulgairement connue, les nombreuses figures insérées dans le texte en rendent l’usage extrêmement facile. Ce livre a sa place dans toutes les mains; il intéressera tous ceux qui aiment la terre, et nous sommes d’autant plus heureux de le signaler à nos collègues, que M. Dybowski compte lui-même au nombre des mem- bres de notre Société, et parmi les plus travailleurs. AM. BERTHOULE. ERRATUM au Bulletin de septembre 1885, page 532, ligne 15. Commencer l'alinéa comme il suit : .…. les esclaves des Fourmis, capturées par les espèces d'Europe appelées Fourmis amazones par Huber..…. Le Gérant : JULES GRISARD. 4664. — BOURLOTON. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. Éd I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. SUR LA BERNACHE DE MAGELLAN Par M. le comte A. de MONTLEZUN Lettre adressée à M. le Président de la Société Les Bernaches de Magellan, que la Société d’Acclimatation voulut bien me confier, me furent adressées par l’administra- tion du Jardin zoologique, le 28 février 1883 ; elles m'arrivè- rent avec le plumage en si mauvais état qu'une sorte de mue se produisit presque dès leur arrivée ; du 15 mars au 15 avril, leur plumage fut presque entièrement transformé. Ne con- naissant pas l’âge des sujets qui m’élaient confiés, je ne pus me rendre compte de cette transformation inaccoutumée. La première année fut sans résultat; elles ne pondirent pas ; cet insuccès me surprit peu, car ayant eu l’occasion de comparer les résultats obtenus avec différents couples de palmipèdes d'espèces variées, j'avais toujours constaté que les oiseaux qui m'étaient expédiés au printemps ne se reproduisaient jamais avant le printemps suivant, alors que ceux que je recevais vers la fin de l'hiver pondaient presque toujours quelques mois après leur arrivée. Après la mue annuelle qui commença vers le 15 juillet, mes Bernaches reprirent insensiblement leur plumage d'hiver; leur] état de santé ne laissant rien à désirer, j'attendais avec impatience le retour du printemps, espérant que je serais plus heureux en 1884, que je ne l’avais été la première année. Dès le mois de février, j’observai journellement les allures de mes oi- seaux, qui vivaient en parfaite harmonie, passant les journées entières l’un à côté de l’autre, broutant l'herbe de leur prairie. À partir du mois de mars, le mâle se montra de plus en plus jaloux, il se précipitait avec fureur sur tout ce qui se présentait à lui; les pigeons eux-mêmes qui franchissaient la clôture du mur étaient impitoyablement poursuivis et chassés. 4e SÉRIE, T. IL. — Novembre 1885. 39 610 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Dès le mois d’avril, la femelle se rendit compte de toutes les retraites qui se trouvaient dans les buissons environnants. Ayant remarqué qu’elle entrait dans une cabane que j'avais fait construire pour servir d’abri à mes canards, je fis placer dans le fond une porte qui, en appuyant sur le mur, formait . une sorte de réduit entièrement caché. Je ne tardai pas à m’apercevoir que cet endroit lui plaisait plus que tout autre. Le 99 avril, je trouvai un commencement de nid dans la paille que j'y avais mise. La Bernache le visitait régulière- ment et y passait souvent une heure entière; néanmoins, Je ne trouvai pas la moindre trace d'œuf, ce qui me parut on ne peut plus surprenant, et je dus encore perdre tout espoir de reproduction pour la seconde année. Je me disposais à demander à la Société de vouloir bien reprendre le cheptel, lorsque la personne qui est chargée de soigner mes oiseaux m'engagea à les garder encore un an pour tenter une dernière épreuve. Le conseil fut bon. Dès le mois de février, le mâle se montra de plus en plus prévenant pour sa compagne; il ne la quittait plus, sa jalou- sie toujours croissante le rendait inabordable. Il attaquait tout ce qui se présentait à lui, même les personnes qui avaient l'habitude de le soigner. Lorsque j’entrais dans son parc, je ne pouvais le perdre de vue un seul instant, sans m’exposer à recevoir un formidable coup d’aile que je ne saurais mieux comparer qu’à un coup de cravache vigoureu- sement appliqué. Je n'aurais jamais cru qu'un oiseau de cette taille fût capable de déployer autant d'énergie. Dans le courant du mois de mars, je surpris de loin deux ou trois accouplements; ils avaient lieu dans l’eau et ne différaient guère de ceux de l’oie domestique. La femelle ne tarda pas à visiter de nouveau la cabane où je l’avais rencontrée l’année précédente, elle y établit son nid au même endroit et pondit le premier œuf le 10 avril; il était de couleur blanc roussä- tre, de la forme d’un œuf d’oie; il mesurait 0*,092 de long sur 0",056 de large. La ponte avait lieu vers les sept heures ‘du matin, elle continua les 19, 14, 16, 18 et 20 avril, et tous les œufs furent marqués. A partir du 18, jour de la ponte de TT nan ht 2 DRE CR US ES SUR LA BERNACHE DE MAGELLAN. 611 l’avant-dernier œuf, la femelle ne quitta plus son nid; elle ne se levait que pour aller manger précipitamment et revenait en toute hâte sur ses œufs. Elle ne sortait jamais du nid sans le recouvrir avec le du- vet qu’elle s’élait arraché, ce qui maïintenait toujours les œufs à une température suffisante. Tout le temps qu'a duré l’incubation, la Bernache se levait deux ou trois fois par jour pour prendre ses repas; elle ne revenait jamais au nid sans s'être baignée et sans avoir fait sa toilette. Pendant les pre- miers Jours, c’est à peine si elle se donnait le temps de man- ger et elle courait vite sur ses œufs; plus tard ses absences furent plus prolongées, mais les œufs n’en souffraient point, car le duvet les empêchait de se refroidir. Le 28 avril, une fouine ou tout autre carnassier, profitant de l’absence de la couveuse, fit disparaître l’œuf qui portait la date du 12 avril; craignant de perdre toute la couvée, je pris, non sans crainte de la contrarier, la résolution de fermer tous les soirs la porte de la cabane. Cette mesure de précaution fut acceptée sans difficulté ; le mâle continua de faire le guet, à quelques pas de distance, signalant par ses cris le passage soit des ani- maux, soit des personnes qui se trouvaient dans les environs. Toutes mes appréhensions se trouvaient ainsi dissipées, lors- qu’un nouveau malheur vint inopinément m’inspirer de nou- velles craintes sur le sort de la couvée : le mâle fut atteint par un mal de gorge qui prit en peu de jours des caractères alar- mants; il mourut le 1” mai, exténué par le manque de respi- ration. Par bonheur l’amour maternel l’emporta sur l'amour conjugal et la couveuse fut aussi assidue que par le passé ; elle ne parut pas s’apercevoir de la disparition du mâle. La durée de l’incubation a été de trente jours à compter du moment où la femelle avait pris le nid. Il me fut loisible de constater un fait que j'avais déjà pu apprécier, lors de la reproduction de mes canards Casarka, c’est que l’œuf pondu quarante-huit heures après que la femelle avait commencé de couver naissait en même temps que les autres, ce qui me donna à penser que l’œuf qui étaitencore dans le corps de la cou- veuse subissait au même titre que les autres les lois de l’incu- 6 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. bation. Le 17 mai au matin, ayant visité le nid, je trouvai tous les œufs piqués, ils ne l’étaient encore que sur un seul point. Le lendemain, à la même heure, la piqüre faisait tout le tour de la coque, et, quelques instants après, l’éclosion avait lieu. La femelle était entrée au nid le 18 avril au matin, et l’éclosion ayant eu lieu sous mes yeux, le 18 mai dans la matinée, j'avais des données positives sur la durée de l’incu- bation. Les petits ne sortirent du nid que vingt-quatre heures après leur naissance. Le duvet qui les recouvrait était de couleur gris brunâtre sur la tête, sur le contour supérieur du cou et sur tout le dessus du corps, en y comprenant les flancs; celui des joues et de tout le dessous du corps, à partir de la gorge jusqu’à la queue, était de nuance beaucoup plus claire, gris presque blanc. Une sorte de bande de la même teinte que le dessous du corps partait de l’attache des ailes, et se prolongeait de chaque côté du croupion, séparant le duvet foncé du dos de celui des flancs; l’aile était intérieure- ment bordée de nuance plus claire; les pattes et le bec étaient gris foncé, presque noir. Contrairement à ce que j'avais observé lors de la naissance de mes canards Casarka et de la Caroline qui quittaient le nid après leur naissance pour ne plus v revenir, mes Berna- ches revinrent régulièrement tous les soirs avec leur mère, pour passer la nuit sur le duvet qui les avait vues naître, et elles ont conservé cette habitude, même après que la litière:a été renouvelée. Pendant les premiers jours, suivant en cela les conseils qui m’avaient été donnés par M. Huet, aide-na- turaliste chargé de la ménagerie du Muséum, j'ai nourri mes cinq jeunes Bernaches avec une pâtée composée de laitue hachée, de jaunes d’œufs écrasés, de farine de maïs et de petit millet mélangés ensemble. Cette nourriture leur a par- faitement convenu et elles se sont développées très rapide- ment. J'ai supprimé le jaune d'œuf à partir du dixième jour et ai continué de donner beaucoup de verdure, laitue, choux avec farine de maïs et petit millet. Le 9 juin, je dus enregistrer un décès ; une de mes jeunes Bernaches ayant passé la tête par une maille du treillis, fut tuée par les canards Casarka. SUR LA BERNACHE DE MAGELLAN. 613 Vers le quinzième jour j'avais remarqué que les paites de trois de mes oiseaux avaient pris une teinte jaunâtre qui de- venait de jour en jour plus apparente, alors que celle du quatrième prenait, au contraire, une nuance plus noire; cette différence de coloration ne tarda pas à me donner la cerlitude que j'avais trois femelles et un mâle. Cette remarque sur la transformation de la couleur des pattes aurait certai- nement pu se faire avant le quinzième Jour, et Je suis per- suadé qu'avec un peu d'habitude on pourrait déterminer les sexes des jeunes Bernaches de Magellan dès le dixième jour à compter de leur naissance. A l’âge d’un mois les premières plumes commencèrent à apparaître au-dessus de l’articula- tion de l’aile ; deux ou trois jours après, on apercevait à tra- vers le duvet celles de la queue; à quarante jours, Le tour du bec se garnissait de plumes, les plumes des flancs étaient déjà apparentes ainsi que celles du haut du scapulaire el du tour du pavillon ; de soixante à soixante-dix jours, les jeunes Ber- naches eurent leur plumage complet, elles étaient néanmoins encore un peu plus petites que leur mère. La différence entre le plumage des jeunes et des adultes n’est pas très apprécia- ble lorsque l’on regarde les oiseaux à certaine distance ; au contraire, en les examinant de près, on remarque que les rayures blanches qui se trouvent sur les plumes, sont plus étroites chez les jeunes, la teinte noire qui les sépare est aussi moins vive; enfin l’ensemble du plumage revêt une teinte grisâtre qui rend toutes les nuances moins accusées. Les pattes des femelles sont d’un jaune plus terne, celles du mâle sont moins noires. La livrée n’est complète que lorsque l'oiseau a revêtu son plumage d’hiver. Telles sont, Monsieur le Président, les observations qu'il m'a été possible de recueillir sur les sujets que la Sociéié a bien voulu me confier. Je tiens à la disposition de M. le Directeur du Jardin zoologique la femelle Bernache et la moitié des produits obtenus. 4 SÉRIE, T. II. — Novembre 1885. 40 RÉSUMÉ DES RÉPONSES AU QUESTIONNAIRE SUR LA MALADIE DES ÉCREVISSES Par M. C. RAVERET-WATTEL Secrétaire des séances. Depuis huit ou dix ans, une mortalité considérable sévit. sur les Écrevisses de nos rivières. Sur plusieurs points, la destruction se montre absolument complète, paracheyant ainsi de ruiner nos cours d’eau, déjà si dépeuplés en fait de poisson. Or si, au point de vue de l'alimentation publique, l'Écrevisse ne présente qu’une importance secondaire, elle n’en occupe pas moins dans la consommation une place plus considérable qu’on ne le croit généralement. Pour la pro- vince, les renseignements statistiques font naturellement défaut d’une manière absolue; mais, pour Paris, où tout se compte, se pèse et s’inventorie, nous savons, par les registres des Halles, que la quantité d'Écrevisses vendues annuelle ment et entrant dans la consommation parisienne s'élève au chiffre de huit à dix millions, représentant une valeur d’un million de francs environ (1). Sur cette quantité, la part de la production française est nulle, ou tout à fait insignifiante, depuis déjà longtemps (2). On peut dire qu'aujourd'hui tout (1) La vente a néanmoins beaucoup diminué depuis douze ou quinze ans. Avant les événements de guerre, les Halles recevaient, par jour, de 500 à 600 paniers, contenant chacun de 30 à 100 Écrevisses, selon la grosseur. Par suite de la maladie et du dépeuplement général des rivières, causé par une pêche à outrance, la vente a baissé d’un tiers environ. La grosseur des Écrévisses livrées à la consommation a considérablement diminué aussi. Aujourd’hui, l’Écrevisse. vendue sous la dénomination de grosse, correspond à peine à la belle moyenne d’autrefois. (2) Dans les départements, le produit de la pêche est, en effet, consommé sur place, et aucune expédition ne se fait sur Paris. Le rendement n’en était pas moins, naguère encore, assez élevé dans beaucoup de localités, principale= ment dans notre région nord-est. Aussi, dans le rapport qu’il a fait parvenir à la Société, M. l'Ingénieur en chef du canal de l'Est, à Nancy, n’hésite-t-il pas à déclarer que « l'épidémie a été désastreuse dans cette région, où l’Écrevisse était SUR LA MALADIE DES ÉCREVISSES. 615 est tiré de l’étranger, principalement de la Prusse et de la Pologne (1). Une seule maison allemande, la maison Micha, de Berlin et de Cologne, en envoie pour plus de 300000 fr. (2). La plupart de ces Écrevisses proviennent directement de pêches faites en rivière ; mais il en est aussi qui sont expédiées par des établissements se livrant à l’élevage et à l’engraisse- ment de l’Écrevisse, et opérant sur une très vaste due Je compte donner, dans un autre travail, quelques renseigne- ments sur cette industrie, qui présente certainement de l’in- térêt. Aujourd’hui, je me borneraïi à constater ce fait, que si, depuis longtemps, nous étions déjà tributaires de Pc pour l’approvisionnement de nos marchés (3), la mortalité signalée dans nos cours d’eau ne fait qu'aggraver encore la situation (4). C'était donc une question très intéressante à étudier que celle de cette maladie des Écrevisses, et notre Société ne pou- vait négliger de s’en occuper. Par les soins de la troisième abondante et de bonne qualité, et où elle procurait un revena important aux pêcheurs ». (1) Naguère encore, on tirait beaucoup d'Écrevisses de la Hollande, du Schleswig-Holstein, de la Bohême, de la Styrie, etc. ; mais ces pays sont actuel- lement épuisés, et le commerce est obligé de chercher d’autres régions non exploitées. La Pologne prussienne et la Pologne russe fournissent maintenant, à peu près à elles seules, toutes les Écrevisses qui se vendent à Paris. L’exploita- tion s’étend au fur et à mesure de la création de nouveaux chemins de fer. Il existe encore beaucoup d’Écrevisses dans la Pologne autrichienne, mais les moyens de transport rapide font défaut, et c’est précisément à cette circonstance qu'est dù le maintien de l’abondance du Crustacé. Presque partout ailleurs le dépeuplement se fait rapidement, et, si l’on continue à exploiter ainsi d’une manière abusive, il est à présumer que dans dix ans le rendement aura dimi- nué de moitié. (2) Je dois la plupart des renseignements qui précèdent, à M. de Ribeau- court, facteur à la Halle, qui a mis à me les fournir une obligeance pour la- quelle je suis heureux de lui renouveler ici tous més remerciements. (3) On compte une dizaine d’expéditeurs, presque. tous de la Prusse : de Berlin et des environs, de la région de l’Oder, etc. (4) Les prix moyen de la vente en gros, à la Halle, sont actuellement les suivants : Écrevisse grosse, de 30 à 40 fr. le cent. — moyenne, de 15à2% — Les droits d'octroi, primitivement fixés à 10 pour 100 du produit de la vente, sont aujourd’hui de 40 fr. 30 (décimes compris) par j100 kilogrammes. Le re- tour à l’ancien état de choses, c’est-à-dire lapplication d’un droit ad valorem, nous paraîtrait beaucoup plus rationnel et plus équitable. 616 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Section, un questionnaire a été rédigé (1). Ce questionnaire, tiré à un très grand nombre d'exemplaires, a été envoyé à toutes les personnes le mieux en situation de fournir des ren- seignements, et de tous les points de la France nous sont parvenues des réponses qui constituent aujourd’hui un volu- mineux dossier (2). Nous devons particulièrement des re-. merciements à MM. les ingénieurs des ponts et chaussées, qui ont bien voulu, à peu près tous, répondre à notre appel. J’ajouterai qu un fonctionnaire de ce service, M. Jean de Pul- ligny, ingénieur à Auxerre, qui avait lui-même commencé, de son côté, une sorte d'enquête sur la maladie des Écrevisses, mais que ses occupations empêchaient de poursuivre ce tra- vail, a eu l’obligeance de mettre à notre disposition les ren- seignements qu'il avait déjà recueillis, fournissant ainsi un précieux appoint à la somme de matériaux réunis AURONT par la Société. Chargé par la troisième section de faire l’analyse de ces divers matériaux, je viens aujourd’hui présenter un résumé de mon travail, qui a demandé un temps assez long, car nous n'avons pas reçu moins de cent quatre-vingt-cinq réponses, provenant de soixante-dix départements différents. Mais je dois dire tout d’abord que, si lés réponses sont nombreuses, elles se bornent malheureusement, pour la plu- part, à constater l'existence de la maladie, à en faire connaître la marche, le degré d'intensité, parfois les symptômes et les principaux phénomènes ; mais, quant à l’origine de la mala- die, à ses causes, aux moyens d'y porter remède, ces réponses nous apprennent peu de chose. On en est encore, chez nous, aux suppositions, aucune observation vraiment scientifique n’a été faite, et personne ne paraît avoir cherché à contrôler les résultats des recherches entreprises sur cette question à l'étranger (3). (4) Procès-verbaux (Bulletin, 1884, p. 610). (2) Parmi ceux de nos confrères qui ont bien voulu nous faire part de leurs propres observations ou nous transmettre des renseignements utiles, il convient de mentionner tout particulièrement MM. Chapuset, de Confévron, Courvoisier, Dauphinot, Gédéon Feuilloy, Focet, Geoffroy-Saint Hilaire, B. Leroux et Léon. Menant. HR (3) Nombreuses sont les causes auxquelles, en Allemagne, on a cru successi= SUR LA MALADIE DES ÉCREVISSES. 617 Notre questionnaire portait sur quatorze points particuliè- rement intéressants à étudier. C’est l’ordre de ces questions que je suivrai, pour donner l’analyse succincte des rensei- gnements qui ont été adressés à la Société. Et d’abord : 1° À quelles régions du pays la maladie s'est-elle étendue ? Ainsi que je viens de le dire, les informations que nous possédons concernent soixante-dix départements. [Il reste dix-sept départements pour lesquels aucun renseignement n’a pu être recueilli. Sur les soixante-dix départements dont la situation nous est connue, trente et un seulement sont restés complètement indemnes; dix-sept sont légèrement atteints par la maladie ; vingt-deux sont sérieusement conta- minés, et, sur toute l'étendue de leur territoire, la destruc- tion des Écrevisses est plus ou moins complète. vement pouvoir attribuer la maladie. Tandis que certains observateurs ont cher- ché à expliquer la mortalité par les attaques de quelque Branchiobdella, d’au- tres, et notamment M. le docteur Harz, de Munich, l’ont imputée à à l'invasion d’un Distome (Distoma cirrigerum) vivant libre ou enkysté dans les muscles'du Crustacé’. D’autres encore ont cherché la cause du mal dans la présence, soit de Protozoaires, soit de productions cryptogamiques. C’est ainsi que M. le Dr von Linstow, d’'Hameln, attribue la maladie au parasitisme d'organismes mi- croscopiques appartenant au groupe des Grégarines et revêtant la forme de corpuscules de,15 à 20 micromillimètres, répandus dans toutes les parties du corps de l'Écrevisse*. Le docteur Zopf a, de même, annoncé la découverte,sur les Écrevisses malades, de Protozoaires pouvant être rangés parmi.les Gréga- rines ou les Psorospermies. Quant à M. le docteur Leuckart, il n’hésite pas à considérer la maladie comme étant produite par le parasitisme d’une produc- tion végétale, appartenant sans doute à la famille des Saprolégniées. Cette opi- nion est du reste partagée, jusqu'à un certain point, par M. le docteur Harz lui-même, qui, après avoir tout d’abord attribué exclusivement à la distomatose la destruction des Écrevisses, a admis ensuite que le parasitisme d’un Sapro- legnia produit également une maladie. C’est ainsi qu’il parle, dans plusieurs de ses écrits, d’un Mycosis astacina, qu’il considère comme une des formes de la maladie des Écrevisses. L'opinion du docteur Leuckart, admettant le Saprolegnia comme le principe du mal, est celle qui prévaut généralement aujourd’hui en Allemagne. Toute- fois, ainsi que l’a fait remarquer notre confrère M. le docteur Brocchi!, un en- vahissement du Crustacé par le mycelium du Saprolegnia; pas plus que le’pa- rasitisme du Distome, ne semble donner l'explication de la mortalité si rapide qui est un des caractères de la maladie des) Écrevisses. 4. Die sogenannte Krebspest, ihre Ursache und Verhütung, Vienne, 1881. 2° ee über die sogenannte Krebspest (Circulare des Deutschen Fischerei- Verecin, 1883, n° 5). 3. Voy. Max von dem Borne, Die Fischæucht, Berlin, 1885, p. 153. 4. Bull. Soc. Acclim., 1884, p. 508. 618 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. Voici le classement des départements, d’après leur situa- tion au point de vue de la maladie : : DÉPARTEMENTS RESTÉS INDEMNES (1), Allier Côtes-du-Nord Lot Rhône Alpes-Maritimes . | Dordogne Haute-Loire | Savoie Ariège Drôme Morbihan _ | Haute-Savoie Bouches-du-Rhône | Finistère Nord [Tarn Calvados Haute-Garonne - Orne Tarn-et-Garonne Cantal Ille-et-Vilaine Pas-de-Calais | Vendée Corrèze Indre. | Puy-de-Dôme Haute-Vienne Corse Landes Basses-Pyrénées DÉPARTEMENTS LÉGÈREMENT ATTEINTS Aude Loire Hautes-Pyrénées | Vaucluse Charente-Infér. Lot-et-Garonne Seine-inférieure Vienne Creuse Manche . | Seine-et-Marne Eure-et-Loir Nièvre Seine-et-Oise Gard Oise Deux-Sèvres DÉPARTEMENTS GRAVEMENT ATTEINTS Ardennes Eure Marne [fort) | Saône-et-Loire -Aube Jura H.-Rhin(T'°de Bel- | Yonne DÉPARTEMENTS TRÈS GRAVEMENT ATTEINTS Ain Doubs Haute-Marne Somme Aisne Loir-et-Cher Meurthe-et-Mosel. | Vosges Cher Loiret Meuse Côte-d'Or Maine-et-Loire Haute-Saône DÉPARTEMENTS POUR LESQUELS LES RENSEIGNEMENTS FONT DÉFAUT Basses-Alpes Gers Loire-Inférieure Sarthe Hautes-Alpes Gironde Lozère Seine Ardèche Hérault Mayenne Var Aveyron Indre-et-Loire Pyrénées-Orienta- Charente Isère les: IL ressort des listes qui précèdent que ce sont surtout nos départements de l’Est qui ont été le plus gravement atteints. Ce sont eux aussi qui furent les premiers éprouvés. (1) Parmi ces départements, il en est plusieurs, tels que les Côtes-du-Nord, le Finistère, la Vendée, etc., où les Écrevisses sont à peu près inconnues, par suite de la nature du terrain. SUR LA MALADIE DES ÉCREVISSES. 619 Voici la situation'des départements sur lesquels des ren- seignements nous ont été adressés : Ain. — En 1878, la maladie faisait son apparition dans le Séran, la Veyle et l’un de ses affluents, l’Etre. L’année suivante, elle se montrait dans le Furans; puis, en 1880 et 1881, elle envahissait la Sereine et le Cotey, ainsi que le Gland et divers autres cours d’eau de l’arrondisse- ment de Belley. En 1882, elle ravageait presque tous ceux de l’arron- dissement de Nantua. Finalement, le mal s’est étendu à tous les cours d’eau peuplés d’Écrevisses, sauf l’Albarine, la Charleronne et quelques petits cours d’eau des arrondissements de Belley et de Trévoux, qui n’ont aucune communication directe avec les rivières contaminées (1). Aisne. — C’est en 1877 que la maladie commença à se faire sentir. Après une marche assez lente jusqu’au mois d’aût 1879, elle sévit avec violence pendant quelques mois. A la fin de l’année 1879, tous les cours d’eau du département étaient ruinés (2). Aube. — L'apparition de la maladie date de 1876, pour la partie Est du département. En 1878, elle se manifestait dans la Seiné et dans pres- que tous ses affluents, d’où les Écrevisses ont complètement disparu. Dans les affluents de l’Yonne, au contraire, dans la Vannes, l’Armance et leurs affluents, elles n’ont jamais été atteintes; la pêche pratiquée dans la Vannes tend seulement à en diminuer le nombre. Le Laudion, affluent de l’Aube, et la Brevonne, affluent de la Voire, ont aussi échappé à l'épidémie (3). Aude. — La maladie ne s’est encore étendue qu’aux cours d’eau de l’arrondissement de Castelnaudary, dont les parties supérieures seules, du reste, renfermaient des Écrevisses. Dans l’arrondissement de Limoux, _ un seul cours d’eau est peuplé d’Écrevisses; c’est le ruisseau de Ri- moges. L’épidémie y est inconnue; mais, tous les ans, à la fin: de juin, il y sévit une grande mortalité causée par le lavage des laines impré- gnées de suint (4). | Charente-Inférieure.— Le braconnage a, depuis longtemps déjà, fait presque partout disparaître les Écrevisses. « Toutefois, dans la Bou- tonne non navigable, où il en existe encore quelques-unes, la maladie s’est fait sentir en 1880 et 1881 (5). » Cher. — La maladie, qui a commencé en 1879, s’est généralisée pendant les années 1881 et 1882. Elle a particulièrement sévi sur l’Ar- (1) Rapport de l'Ingénieur en chef du département. (2) Ibid. (3) Tbid. (4) Ibid. (5) Ibid. 620 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. cueil, l’Auron, l’Yèvre entre Bourges et Mehun, l’Arnou et ses affluents entre Mareuil et Reuilly (1). Mais, comme presque partout, « elle n’est pas la seule cause de la disparition du crustacé; il faut y ajouter le braconnage et aussi le curage des cours d’eau. Cette opération fait dis- paraître les herbes du lit des rivières, ainsi que les arbres des berges . sous les racines desquelles les Écrevisses trouvent leur gîte, et sont pro- tégées contre les Loutres, les Rats d’eau et même les braconniers (2). » Côte-d'Or. — «Les premiers symptômes de la maladie remontent à une dizaine d'années. Ils ont apparu dans les parties basses des cours d’eau avoisinant les départements de la Haute-Marne et de l’Aube, et, chaque année, elle s’est étendue progressivement en remontant les rivières. Aujourd’hui, les Écrevisses ont complètement disparu dans l'Aube; dans l’Aubette, affluent de l’Aube, on n’en rencontre qu’en amont de Lesgoules. Dans l’Ource, elles n’apparaissent qu’en amont de Voulaines, tels que la Digenne et la Grouamme. Dans la Seine, la ma- ladie s’est propagée jusqu’à Saint-Marc. Toutefois, le Brevon, la Co- quille et le Revinson, qui sont des affluents de la Seine, ne paraissent pas encore atteints. La Laigues inférieure est complètement privée d'Écrevisses, tandis que la Laïgues supérieure en est abondamment pourvue. Nous ferons remarquer que la Laigues supérieure ne commu- nique avec aucune autre rivière, attendu qu’elle se perd dans un gouffre au hameau de Vauginois, et que c’est, sans doute, en raison de cette circonstance que les Écrevisses n’y ont pas été atteintes par la maladie - qui les décime ailleurs (3). » Tous les cours d’eau des arrondissements de Dijon, Semur et Ton- nerre sont atteints; la partie supérieure des versants a été épargnée, mais les Écrevisses y disparaissent par suite d’une pêche trop active. Dans l’arrondissement de Semur, la région de Crécy et de Saulieu, où les cours d’eau coulent sur des terrains granitiques, semble épar- gnée (4). Creuse. — L’épidémie, qui a fait son invasion en 1879, s’est étendue à quatre affluents de la grande Creuse, à l’ouest du département, et à un affluent du Cher à l’est. La destruction des Écrevisses n’a été que partielle (5). Doubs. — C’est au commencement (mars-avril) de 1879 que la ma- ladie s’est déclarée. Au printemps de 1880, on constatait que l’Écrevisse avait presque complètement disparu dans la plupart des cours d’eau (1) Rapp. de l’Ing. en chef du département, (2) Rapp. de l’Ing. ordinaire à Bourges. (3) Rapp. de l’Ing. ord. à Châtillon-sur-Seine. e RoER de l’Ing. en chef du département. id. SUR LA MALADIE DES ÉCREVISSES. 621 ” du département. Dans plusieurs d’entre eux, tels que la Loue etleLizon, où les Écrevisses abondaient, il n’a fallu pour ainsi dire que quelques jours — de la.fin de mars au commencement d’avril 1879 — pour dé- truire tous ces crustacés. Dans d’autres cours d’eau, le dépeuplement n’a été complet que huit ou neuf mois plus tard (1). Eure. — L’invasion de l’épidémie a eu lieu dans le courant de 1880, et s’est étendue surtout à la région sud-ouest du département. Quelques jours ont suffi pour faire disparaître la presque totalité des EÉcrevisses, Eure-et-Loir. — La maladie s’est déclarée en 1881 dans le Loir, Elle commence à se propager dans lAigre. Jura. — L’invasion s’est produite en 1876, 1877 et 1878 dans l’arron- dissement de Dôle ; de 1879 à 1881 dans ceux de Poligny, Lons-le-Saul- nier et Saint-Claude. La maladie s’est étendue à tous les cours d’eau, dans les bassins du Doubs et de la Loue, aux parties basses de l’Ain et de la Bienne. Mais la Serpentine, le Surand en amont de Saint-Julien, l’Angillon en amont de Chapois, y ont échappé (2). Loir-et-Cher. — L’épidémie s’est déclarée il y à une dizaine d’années dans l’arrondissement de Blois. On l'aurait observée pour la première fois dans les environs de Vendôme, en 1875, dans le ruisseau de Sas- nière, affluent du Loir. Le mal s’est étendu à tout le bassin de ce der- nier cours d’eau, et à quelques affluents de la Loire et du Cher, dans les arrondissements de Vendôme et de Blois. Jusqu'à ce jour, elle ne paraît pas avoir été remarquée dans l'arrondissement de Romorantin, qui est d’ailleurs la partie du département la moins peuplée d'Écrevisses (3). Loiret. — La destruction date du mois de septembre 1882. En quel- ques semaines, elle s’est montrée presque complète. Maine-et-Loire. — La maladie s’est déclarée, en 1881, dans les en- virons de Baugé. Le Couesnon, affluent de J’Authion, et quelques ruis- seaux qui se jettent dans le Couesnon, furent atteints subitement. Sur le Couesnon, l'épidémie ne s’est montrée que dans un bief de 10 kilo- mètres, entre deux moulins. En aval, il n’y avait pas d’Écrevisses; en amont, aucune mortalité ne s’est déclarée. Manche. — Les Écrevisses sont peu abondantes dans le département, où elles ne se rencontrent que dans quelques ruisseaux. L’angle sud- est de l’arrondissement de Mortain faisait toutefois exception; on y trou- vait, dans plusieurs cours d’eau, des Écrevisses en assez grande quan- (1) Rapp. de l’Ing. en chef du département. (2) bid. (3) Ibid. 699 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. tité. C’est là que la maladie s’est montrée en 1881 et qu’elle a tout dé” truit en l’espace de dix-huit mois environ. Haute-Marne.— La maladie, qui avait envahi tout l’ouest et le nord- o uest du département dès 1877, ne s’est montrée qu’en 1880 dans l’est et le sud-est. Elle s’est étendue, pour le versant de la Seine, à la Marne et à quelques-uns de ses affluents, à la Blaise et au Blaiseron, à l’Aube et à ses affluents; pour le versant de la Meuse, à cette rivière et au Mouzon, .son affluent; enfin pour le versant de la Saône, à la Vingeanne et à ses affluents (1). Meurthe-et-Moselle. — Les premières atteintes de l’épidémie ont été constatées, en 1876, dans l’Ornain, aux environs de Bar-le-Duc. En juin 1877, elle se déclarait entre Gondrecourt et Noix, et elle n’a commencé “à sévir dans: l'arrondissement de Vitry-le-Français qu’au printemps de 4878. Finalement, elle s’est étendue à tous les cours d’eau de la vallée: l’Ornain, la Saulx, la Marne, la Chée, la Vière, la Bruxenelle, la Gue- ‘nelle, le ruisseau de Remennecourt, le canal de la Marne au Rhin, etc. (2). Meuse. — La maladie s’est déclarée dans l'hiver de 1877 à 1878; elle s’est étendue à peu près à tous les cours d’eau du département, où la destruction a été complète. Deux ruisseaux seulement, la Vinte et le Loivon, ont été complètement épargnés. C’est de ces deux ruisseaux que l’on a tiré les Écrevisses employées aux essais de repeuplement de la Meuse (3). Nièvre. — L’épidémie ne paraît avoir sévi que dans l'Yonne et ses affluents en aval. de Chaumard. C’est en 1876 qu’elle se manifesta et, dans l’espace de huit ou dix jours, toutes les Écrevisses furent dé- truites (4). Oise. — C’est principalement dans le bassin du Thérain qu'a sévila -maladie, laquelle s’est déclarée en 1879. Huit jours suffirent pour faire disparaître toutes les Écrevisses de cette petite rivière. Dans.les autres cours d’eau du département la destruction semble devoir être attribuée plutôt à l’existence d'usines (sucreries, distilleries, féculeries, etc.) qui empoisonnent les eaux. Ainsi, dans la Divette et le ru de Vondy (arron- dissement de Compiègne), par exemple, sur les bords desquels il n’existe pas de fabriques, les Écrevisses sont relativement abondantes. Hautes-Pyrénées. — L’invasion remonte à 1880 ; elle ne paraît s’être étendue qu'aux communes arrosées par l’Echez. 11 est vrai que les autres cours d’eau du département. possèdent fort peu d’Ecrevisses.) , (1) Rapp. de l’Ing. en chef du département. (2) Ibid. (3) Ibid. (4) Rapp. du sous-Ingén. de Chäteau-Chinon. sbimitt > Sflit ont SUR LA MALADIE DES ÉCREVISSES. 693 Haute-Saône. — La maladie, qui a fait irruption dans le département en 1876, s’est étendue à toute la Saône et à ses divers affluents. Seine-Inferieure. — L’épidémie s’est déclarée subitement et avec violence, en 1878, dans la partie Est du département, sur les deux ri- vières de la Bresle et de l’Andelle; les Écrevisses y ont été complètement détruites. Seine-et-Marne. — L’apparition de la maladie date de 1878. Le Loing, le Fusin et le Lunain sont les trois cours d’eau qui paraissent avoir le plus souffert. Seine-et-Oise. — Plusieurs points du département ont été envahis par la maladie; mais le braconnage semble avoir été la principale cause de la disparition des Écrevisses. Deux-Sèvres. — La Boutonne et la Béronne, dans sa partie infé- rieure, comprise entre la Berlande et son confluent avec la Boutonne, ont seules été atteintes. La maladie s’est manifestée au mois d'octobre 1879, et en quelques jours la destruction était complète. Somme. — La Somme et tous ses affluents ont été atteints en 1879. Vaucluse. — Les Sorgues, qui forment les diverses branches dérivées de la fontaine de Vaucluse, ont été atteintes en décembre 1884 par 2 maladie, qu y a exercé de grands ravages (1). Vienne. — Le début de la maladie remonte à 1879. C’est surtout la partie inférieure des cours d’eau qui a été dépeuplée. Vosges. — Tous les cours d’eau un peu importants ont été attaqués. Exceptionnellement, les Écrevisses de quelques petits ruisseaux, ou des parties supérieures de certains cours d’eau, n’ont pas été atteintes. La maladie paraît s’être déclarée : en 1876, dans les bassins de la Meuse, du Mouzon et du Madon; en 1877, dans le bassin du Vair ; en 1878, dans les bassins de la Meurthe et de la Moselle; en 1879, dans le bassin de Coney ; et en 1881 seulement dans le bassin de la Saône (2). 2° À quelle époque la maladie s’est-elle déclarée ? À Ce n’est guère qu’en 1876 qu’on commence à signaler l’ap- parition de la maladie sur quelques points. D’après plusieurs des lettres qui nous sont parvenues, l’invasion remonterait, il est vrai, à une date plus ancienne pour certaines localités ; mais le fait ne parait pas démontré, et il se pourrait qu’on } (1) Rapp. de l’Ingén. en chef du département. (2) Ibid. 624 SOCIÉTÉ NATIONALE: D'ACCLIMATATION. ait attribué, après coup, à la maladie un dépeuplement qui n'avait en réalité d'autre cause, au début, que la pêche à ou- trance pratiquée sur la plupart des cours d’eau, et presque suffisante, à elle seule, pour faire disparaître plus ou moins complètement le Crustacé (1). Dans beaucoup de départements, c’est surtout au com- mencent de 1880 que le mal s’est révélé avec le plus d’inten- sité, et c’est précisément ce qui a fait attribuer la mortalité aux grands froids de l’hiver 1879-1880, ainsi qu’à l’action de (1) Presque tous les rapports adressés à la Société signalent le tort considé- rable causé par des abus de pêche, et font ressortir la nécessité de réprimer énergiquement le braconnage. Partout on se plaint d’une surveillance insuffi- sante des cours d’eau. « Les agents commis pour la :garde de la pêche-sont généralement des cantonniers qui ne font que de rares tournées. Cette surveil- lance n’est donc pas assez active peur empêcher le braconnage ; elle serait plus efficacement faite par les gardes champêtres des communes que traversent les cours d’eau. » (Rapport de l'Ingénieur en chef de l’Aisne.) Des plaintes analogues nous parviennent d’une foule de départements, no- tamment du Cher, de l’Oise, de la Côte-d'Or, du Puy-de-Dôme, du Pas-de-Calais, des Hautes-Pyrénées, de la Haute-Saône, du Jura, « où la surveillance s’exerce, à la rigueur, sur les grands cours d’eau », mais où « elle est nulle sur les pe- tits»; de l'Indre, où «la maladie est inconnue, mais où le braconnage suffit, à lui seul, pour expliquer le dépeuplement » ; du Lot, où « une pêche effrénée et un braconnage continuel font tout disparaître », et où « les gardes, en très pe- tit nombre, sont absolument impuissants à réprimer. le maraudage »; de la Manche, où « le braconnage, qui s'effectue sur une grande échelle et que l’or- ganisation actuelle de la police de la pêche fluviale ne permet pas de combattre avec quelque efficacité, paraît avoir été une cause tout aussi grande de la-des- truction que la maladie elle-même ». Dans l'Ariège, où la maladie ne s’est pas manifestée jusqu’à présent, « l’Écre- visse n'en tend pas moins à disparaitre par suite du braconnage qui s'exerce surtout la nuit et contre lequel, faute d’un personnel suffisant, il n’est pas possible d'agir. » (Rapport de l’Ingénieur en chef du département). Dans l’Aude, département encore peu maltraité par l’épidémie, « le bracon- nage se fait de nuit sur une grande échelle.Pour les poissons, il se pratique en temps de frai comme en temps ordinaire. La chaux et la dynamite, le barrage et les dessèchements sont d’un usage commun .et très souvent répété ». (1bid.) Il en est de même dans la Corrèze : « La surveillance est impuissante sur les cours d’eau qui coulent dans des ravins resserrés, dans des localités absolument désertes, où les gardes ne peuvent s’aventurer la nuit. » (/bid.) * Partout les garde-pêches spéciaux sont plus qu’insuffisants comme nombre; «les gardes champêtres ne font rien, les gendarmes très peu. Les préposés d'oc- troi, qui pourraient rendre de grands services, laissent tout passer, même en temps prohibé. » Presque partout aussi, le colportage d’Écrevisses n’ayant pas atteint les di- mensions, visées dans la loise fait presque librement, sous l'œil indifférent de la police. Or, comme le fait très justement remarquer M. l'Ingénieur en chef de l’arrondissement de Saint-Claude, « la répression n’aura d'effet que lorsque le colportage sera poursuivi sur les marchés et dans les hôtels, restaurants et auberges ». DEEE SUR LA MALADIE DES ÉCREVISSES. 695 l’eau provenant de la fonte des neiges. Mais cette opinion pa- raît mal fondée, si l'on considère : 1° que les Écrevisses ont résisté dans certaines localités qui ont éprouvé cependant autant et plus que d’autres les rigueurs de cet hiver excep- tionnel; 2 que ces Crustacés sont très abo ndants dans des régions où, tous les ans, les hivers sont très rigoureux, et où les cours d’eau sont, chaque printemps, grossis par la fonte des neiges. 3° L'invasion a-t-elle été subite, et le mal s'est-il immé- diatement déclaré dans toute sa violence, ou a-t-il, au con- taire, augmenté peu à peu d'intensité ? Dans certains cours d’eau, l'invasion a été brusque et s’est manifestée immédiatement dans toute son intensité. Dans d’autres, la marche de la maladie a été moins rapide, mais l'épidémie s’est néanmoins propagée dans un délai assez court. Du reste, presque partout la destruction s’est produite en l’espace de quelques jours, à partir du moment où l’on a constaté l’apparition de la maladie. Généralement, les Écre- visses atteintes semblaient se réunir el périssaient en masse; on en trouvait des quantités considérables sur un même point. Dans la Nièvre, des localités ont été dépeuplées en huit ou dix jours; ailleurs, la mortalité se serait, paraît-il, montrée plus rapide encore, puisque dans les Deux-Sèvres, par exem- ple, toute la population de certains cours d’eau aurait dis- paru en trois jours. À Remennecourt (Meurthe-et-Moselle), un propriétaire, qui possédait environ vingt mille Écrevisses dans des réservoirs alimentés par de l’eau de fontaine très pure, a vu périr tous ces Crustacés en une quinzaine de jours. Un fait analogue s’est produit à Contre, dans la Somme: des Écrevisses parquées én grand nombre dans des bassins ont péri presque subitement ; pas une n’a résisté. 4 La maladie a-t-elle gagné de proche en proche? Dans ce cas, quelle a été la rapidité de sa marche envahissante ? Pour la première partie de cette question, toutes les ré- ponses sont affirmatives; partout on a vu la maladie, après 626 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. s'être déclarée sur un point, se propager en gagnant du ter- rain, soit progressivement, soit par à-coup. Quant à la marche envahissante de l’épidémie, assez lente sur certains points, elle s’est, au contraire, montrée extrêmement rapide dans d’autres localités. Dans le Doubs, pour presque tous les cours d’eau, la destruction s’est accomplie en un an (de 1879 à 1880). Dans la Saône, la maladie s’est manifestée pour ainsi dire en même temps dans toute la longueur de ce cours d’eau, et 1l serait impossible de dire où elle a débuté. Ail- leurs, on cite des cours d’eau où, comme dans plusieurs ri- vières des Vosges notamment, la marche de la maladie n’était que de 2 kilomètres par an. Dans le département de Loir-et- Cher, on lui a vu franchir 4, 6, 8 kilomètres par an; dans Maine-et-Loire, 8, 10 et 12 kilomètres ; dans la Haute-Marne, 60 kilomètres en deux ans (1). 9° A-t-on remarqué que l'épidémie se propageät en remon- tant les cours d'eau, c’est-à-dire en se here de plus en plus des sources dés rivières ? À de très rares exceptions près, exceptions qui pourraient bien tenir à des erreurs d'observation, les réponses nous représentent la maladie comme s'étant propagée d’aval en amont, c’est-à-dire comme ayant suivi dans les cours d’eau une marche en sens contraire au courant. C’estainsi que, dans les Deux-Sèvres, par exemple, où l’épidémie a pourtant sévi avec violence et détruit tout sur sa route, elle ne s’est fait sentir que dans la partie inférieure des cours d’eau. Dans les départements du Jura, de la Côte-d'Or, de la Haute-Marne, de Meurthe-et-Moselle, de Loir-et-Cher, de Maine-et-Loire, etc., on voit des rivières être atteintes sur presque tout leur par- cours, et certains de leurs affluents rester indemnes. Dans tous les cas, les premiers atteints sont toujours les plus éloi- gnés de la source. Généralement, on voit le mal perdre de (1) Ces faits sont entièrement conformes aux observations recueillies en “Allemagne sur la même question. Certaines rivières ont été dévastées en très peu de temps sur tout leur parcours. Dans d’autres cours d’eau, au contraire, le mal ne s’est propagé qu'assez lentement. En un mot, la rapidité de sa marche envahissante s’est montrée très irrégulière. SUR LA MALADIE DES ÉCREVISSES. 627 son intensité en remontant, et marcher aussi avec moins de vitesse (1). Souvent même il s'arrête en approchant de la source du cours d’eau envahi et, dans les pays de montagnes, comme les Vosges, le Jura, par exemple, les hautes régions seulement ont été complètement respectées. - 6° La destruction a-t-elle été complète, ou reste-t-il encore quelques Ecrevisses? 7 Les Écrevisses qui restent paraissent-elles saines et bien portantes? Sur presque tous les points où la maladie a sévi, elle a tout fait disparaître. On trouve, il est vrai, parfois aujourd’hui quelques Écrevisses adultes dans les cours d’eau que l’épi- démie a visités. Mais ce sont, suivant toute probabilité, des immigrantes provenant d’affluents qui n’ont pas été conta- minés. Ces Écrevisses sont, en conséquence, parfaitement saines et ne présentent aucun symptôme de maladie. 8 La maladie a-t-elle sévi aussi bien sur les Écrevisses à pieds blancs que sur celles à pieds rouges ? L’épidémie n’a pas fait d’exceptions. Quelques-uns de nos correspondants (dans Meurthe-et-Moselle notamment) assu- rent que les Écrevisses à pieds rouges (Astacus nobilis) ont un peu mieux résisté que les autres, attendu qu’on en trouve encore quelques-unes, tandis que les Écrevisses à pieds blancs (Astacus torrentium) ont complètement disparu. Mais il est à remarquer que l’opinion contraire est émise dans des réponses provenant des Vosges, de la Côte-d'Or, de Loir-et-Cher, etc. Toujours est-il que la destruction a été absolument aussi complète dans le Doubs et la Manche, par exemple, où il y avait uniquement des Écrevisses à pieds (1) De très nombreuses observations de ce genre ont été consignées, dans leurs rapports, par MM. les Ingénieurs des Ponts et Chaussées, notamment. par M. l'Ingénieur en chef du département de Maine-et-Loire, qui a bien voulu nous adresser à l'appui de son travail des calques de la carte d’État-major indiquant les cours d’eau, ou parties de cours d’eau contaminés et les rivières restées in- demnes. 628 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. blancs, que dans Maine-et-Loire, où l’espèce à pieds rouges était seule connue. 9° Quels sont les symptômes de la maladie? Quelle en est la durée? La terminaison est-elle toujours mortelle ? Ces points sont ceux sur lesquels les renseignements font le plus défaut, la mortalité n'ayant été généralement remar- quée que quand ses effets étaient déjà produits. Presque par- tout cependant où quelques observations ont été faites à ce sujet, on s'accorde à dire que les Écrevisses malades mon- traient une activilé inaccoutumée; abandonnant leurs re- traites, elles se retiraient sur les bas-fonds, sortaient même souvent de l’eau qu'elles semblaient fuir, et venaient mourir sur les berges. Presque toujours, elles se réunis- saient en grand nombre, et c’est par centaines qu'en cer- tains endroits on les trouvait mortes ou mourantes (1). (1) Ces observations sont entièrement conformes à celles qui ont été failes en. Allemagne et que rapportent tous les auteurs qui se sont occupés de la maladie des Écrevisses. M. Max von dem Borne, de Berneuchen, qui a suivi la marche de l’épidémie dans la Mietzel (un des affluents de l’Oder), rapporte que, dans la première quinzaine de septembre 1883, on commença à voir quelques Écrevisses sortir de l’eau et s’écarter sur les rives à plusieurs toises de distance. Le 10, on put encore faire une belle pêche. Mais bientôt une sorte d’émigration se pro- duisit; les Écrevisses semblaient fuir, abandonner la Mietzel. Chaque jour, on en trouvait en quantité, des petites et des grosses, mortes ou mourantes, sur un treillis métallique horizontal placé à l'embouchure d’un ruisseau à Truites. La plupart étaient mutilées, ayant perdu un ou plusieurs membres. Le 14 Sep- tembre, une soixantaine de ces Crustacés, conservés dans une boufique, en pleine rivière, mouraient en bloc et, le 16 et le 17, en procédant à la pêche de la ri- vière, on constatait qu'il ne restait plus une seule Écrevisse vivante. On doit à M. Max von dem Borne, des expériences qui semblent démontrer à la fois : 1° que la maladie à une durée très courte ; 2° que le principe de la maladie se trouve, sinon dans l’eau, du moins dans la vase de la rivière. « Je me faisais, dit-il, envoyer par un maître-pêcheur de Soldin (localité en amont de Berneuchen et non encore contaminée) des Écrevisses parfaitement saines, que je plaçais dans un bac cimenté de mon établissement de pisciculture. Ce bac était traversé par. un fort courant d’eau venant de la Mietzel, et le fond'en était garni d’une cou- che de vase tirée de la même rivière ; aucun débris d’Écrevisse malade ou morte n’était placé dans ce réservoir. Néanmoins, régulièrement au bout de neuf jours, toutes les Écrevisses bien portantes que j'y avais placées commençaient à donner des signes de maladie ; un jour ou: deux après, tout était mort. J'ai toujours observé les symptômes suivants : l'Écrevisse se contracte de côté ; elle se frotte constamment la tête et les yeux avec les pattes ambulatoires; la cou- leur blanchâtre de la partie inférieure de l’abdomen devient rouge ; l’animal se couche sur le dos et meurt. » (Circulare des Deutschen fischerei- Verein, 1883, n° 5.) SUR LA MALADIE DES ÉCREVISSES. 629 Presque toujours aussi on dit avoir remarqué que de cara- paces portaient des taches blanches. 10° À quelle cause croit-on devoir attribuer l'épidémie? Il n’est pas de question sur laquelle les avis soient aussi partagés. Les uns attribuent la mortalité à une maladie para- sitaire ; d’autres, aux froids rigoureux de l'hiver de 1879- 1880 et à une action nocive de l’eau provenant de la fonte des neiges; d’autres, au contraire, aux sécheresses prolongées qui ont régné pendant plusieurs années de suite, et durant lesquelles en été, les rivières étant basses, il se produisait un échauffement rapide des eaux. Dans les régions industrielles, on a volontiers attribué une grande influence au déversement des eaux résiduelles de certaines industries, de la sciure de bois provenant des scieries mécaniques, etc.; mais c’est à peine si l’on pourrait, pour certains cours d’eau, établir une augmentalion d'importance de ces déversements; et d’ail- leurs, beaucoup de cours d’eau sur lesquels il n’existe aucune usine ont été dévastés comme les autres. En somme, aucune étude réelle n'ayant été faite, il n’y a là que des hypothèses absolument gratuites (1). On doit toutefois signaler que, dans toutes les rivières visitées par la maladie, c’est princi- palement en aval dés usines, dans les endroits où la pureté de l’eau était altérée, que la mortalité s’est le plus fait sentir. 11° Certaines circonstances, telles que les variations de température, la sécheresse, les pluies, les basses eaux, les crues, etc., ont-elles paru causer une influence sur le déve- loppement de la maladie et sur son degré d'intensité ? Un certain nombre de nos correspondants n’hésitent pas à considérer ces différentes circonstances non seulement comme (1) Dans quelques départements, et particulièrement dans la Haute-Marne ct la Côte-d'Or, on signale une abondance inaccoutumée de l’Anguille, de granücs quantités de montée ayant été jetées depuis plusieurs années dans divers cours d’eau, et l’on estime, peut-être non sans quelque raison, que la disparition de l'Écrevisse est due en partie à ce fait. Les Anguilles, extrêmement voraces, détruisent en effet beaucoup de jeunes Écrevisses, et il ne serait pas surpre- nant que l'augmentation du nombre de ces. poissons ait contribué, sur certains points, à faire disparaître le Crustacé. 4e SÉRIE, T. II. — Novembre 1885. 41 630 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ayant exercé une influence sur la maladie, mais comme étant la seule cause déterminante du mal. D’autres font, au con- traire, observer, et sans doute avec beaucoup de raison, que, dans un très grand nombre de localités envahies par la ma- ladie, aucun fait hydrologique ou climatologique d’une na- ture exceptionnelle n’a précédé l'apparition de l'épidémie. On s’expliquerait donc difficilement que cette épidémie ait été causée par un ensemble de phénomènes qui s'est maintes fois produit, dans des conditions analogues à celles obser- vées HEnéos ces dernières années, sans que l'Écrevisse ait paru s’en ressentir. 1% L'apparition de la maladie a-t-elle coïncidé avec l'a- doption de nouveaux engrais ou amendements (chaulages, engrais chimiques, elc.)? Avec la souillure des rivières par le rouissage, par les eaux provenant des usines ? Avec l’im- portation d'Écrevisses tirées d’autres localités? Il ne parait pas qu’on puisse attribuer la maladie à l'adop- tion de nouveaux engrais, bien qu’on ait remarqué que, dans les rivières traversant des terrains sur lesquels on avait répandu de la chaux ou des phosphates, des quantités de petits poissons ont été empoisonnés par les eaux qui, de ces terrains, s’égouttent dans les cours d’eau. : Mais, comme l'épidémie s’est montrée d’une manière su- bite el ans presque toutes les rivières d’une région, alors que les nouveaux engrais ne sont pas d’un emploi général ; que, de plus, ces engrais ont été utilisés dans beaucoup d’au- tres localités où la maladie ne s’est pas déclarée, il semble que l’on doive écarter toute supposition d’une influence quel- conque de ces engrais sur l'apparition de la maladie. 13 Les rivières épargm%es sont-elles, sous le rapport de la pureté des eaux, de la nature du fond, de la formation géologique du sol, elc., dans des conditions différentes de celles des rivières contaminées ? | Aucune différence ne paraît exister entre les cours d’eau atteints par la maladie et ceux qui on! été épargnés. Des ri- SUR LA MALADIE DES ÉCREVISSES. 631 vières parcourant les mêmes terrains, formés par les mêmes eaux, ont été, les unes complètement dévastées, les autres totalement respectées (1). Un seul détail, déjà signalé. ci- dessus, mérite d’être enregistré : c’est que les régions élevées ont. été généralement peu maltraitées par l'épidémie; on a vu presque partout rester indemnes les ruisseaux situés en montagne et ne communiquant pas directement avec les grands cours d’eau dont ils sont tribulaires. 14 Des mesures administratives ont-elles été prises en vue d'assurer le repeuplement? Quel en a été le résultat? Depuis quelques années, des arrêtés préfectoraux ont in- terdit d’une manière absolue la pêche et le colportage des Ecrevisses dans sept de nos départements de l’Est (Ain, Doubs, Jura, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Haute-Saône et Vosges), les plus maltraités par la maladie. Cette interdiction a pour but de favoriser la multiplication des sujets échappés à l’é- pidémie. Tout en produisant de bons effets, elle serait cer- tainement insuffisante pour assurer le repeuplement. Aussi, plusieurs Conseils généraux ont-ils alloué des crédits au ser- vice des ponts et chaussées pour qu’il puisse se procurer, en dehors des régions contaminées, des sujets propres à repeu- pler les rivières dévastées. Dans plusieurs cours d’eau, le résultat s’est montré absolument négatif; les nouveaux sujets importés ont eux-même disparu. Il est évident que la cause de l'épidémie existait encore. Mais, ailleurs, les essais ont parfaitement réussi. Dans la Meuse, la Meurthe, la Moselle, les Ecrevisses introduites par l’administration des pontsel chaussées semblent prospérer. « Si les tentatives de repeuple- (1) M. l'Ingénieur en chef du canal de l'Est, qui s’est particulièrement occupé de cette question, signale dans son rapport que «la maladie à sévi exactement de la même manière dans des eaux claires et limpides, comme celles de la Moselle, dans celles de la Meurthe qui traversent les marnés irisées occupées par les salines de l'Est, et dans celles de l’Ornain et de la Saulx, qui sont for- tement calcaires. » Plus loin, il ajoute, au sujet de l’origine de Ja maladie: « Le rouissage du chanvre n’existe pour ainsi dire pas dans la région. Aucune usine ne jette de déjections dans la Moselle. Enfin les années 1876 et 1877 (celles de l'apparition de la maladie) n’ont été marquées par aucun phénomène météorologique spécial. Je me vois donc absolument impuissant à indiquer une cause probable à cette épidémie. » 632 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. ment, dit dans son rapport M. l'Ingénieur en chef du canal de l'Est, à Nancy, n’ont pas encore donné de résultats appré- ciables, il est permis de constater que l’Écrevisse vit et se reproduit aujourd’hui dans des cours d’eau d’où elle avait entièrement disparu. » Plusieurs propriétaires ont, depuis deux ans, fait jeter dans l’'Ornain quelques centaines d’Écre- visses qui, d’après une constatation faite récemment, sont très bien portantes et se propagent rapidement. C’est égale- ment, d'après M. X. Binder, professeur à l’École pratique d'agriculture de Saint-Remy (Haute-Saône), ce qui s’est pro- duit pour un petit ruisseau, la Superbe, qui longe les murs de l’école. Un pêcheur de la localité, M. Chibert, eut l’idée de placer dans ce ruisseau (qui avait élé complètement dé- peuplé par l'épidémie quatre ans auparavant), un certain nombre d’Écrevisses femelles munies d'œufs; il prit soin de les mettre dans un réservoir flottant, où elles étaient à l'abri de tout danger, et bientôt des milliers de jeunes Écrevisses se répandirent de ce réservoir dans les eaux dépeuplées. Elles s’y développèrent rapidement, et l’on commencerait même à en pêcher (1). Enfin, dans la Vienne et dans quelques autres cours d’eau pour lesquels aucune mesure administra- tive n’a été prise, on constate déjà la réapparition de très petites Écrevisses, qui proviennent sans doute de la repro- duction de quelques sujets ayant échappé à la mortalité (9). (1) Journal de l’Agriculture, 1884, t. III, p.110. 94 | (2) Il se pourrait toutefois qu’elles eussent une autre origine. D’après des ob- servations communiquées à la Société allemande de pisciculture par M. Oscar Micha (Circulare des Deutschen: Fischerei-Verein, 1883, n° 5), on commence- rait aussi, en Allemagne, à revoir quelques Écrevisses extrêmement jeunes, dans plusieurs cours d’eau où l’extermination avait été complète et dans les- quels auèun essai de repeuplement n’a encore été fait. Or, comme dans ces ‘cours d’eau aucune Écrevisse adulte n’a été épargnée, que, d’un autre côté, immigration d'individus provenant de localités non contaminées ne semble pas vraisemblable, et que, d’ailleurs, on ne rencontre aucun sujet d’âge à se re- produire, on est amené à penser que les jeunes Écrevisses qui apparaissent étaient nées avant l'invasion de l’épidémie, à laquelle elles ont été seules à ré- sister. Dans ce cas, l'immunité dont elles auraient joui tiendrait à ce que les très jeunes Écrevisses ont l'habitude de se terrer et de passer la première partie de leur existence à une très grande profondeur dans le lit des rivières. Dans leurs terriers, où elles se trouvent souvent à plus d’un mètre de l'eau, elles doivent sans doute échapper à l’action de certains principes de maladie charriés par les eaux. Ainsi s’expliquerait comment l'épidémie, qui semblait SUR LA MALADIE DES ÉCREVISSES. 633 Tout ne paraît donc pas perdu en ce qui concerne l'Écre- visse. Sans doute, il est regrettable qu’on n’ait pas encore, du moins chez nous, trouvé la cause de la maladie, car peut- être alors saurait-on l’éviter ou y porter remède. Mais, puisque les résultats obtenus dans nos cours d’eau, d'accord, du reste, avec les observations faites en Allemagne et en Alsace-Lor- raine (1), démontrent que, dix-huit mois ou deux ans après le passage de l'épidémie, un cours d’eau n’est plus infecté et peut être repeuplé d’Écrevisses au moyen d’importations bien dirigées, c’est de ce côté surtout que doivent se porter au- jourd’hui les efforts, et il semble qu’on soit en droit d’espérer qu'avec un peu d'intelligence et d'initiative, on pourra faire de nouveau prospérer dans nos cours d’eau ce Grustacé, qui semblait être sur le point de disparaitre. avoir fait disparaître toutes les Écrevisses d’une rivière, a pu néanmoins épar- gner ceux de ces Crustacés qui se sont trouvés hors de sa portée, sous la pro- tection d’une épaisse couche de terre. (1) La Société messine de pisciculture a fait placer dans la Moselle et la Sarre environ 50 000 Écrevisses. En mars et en avril 1884, on a retrouvé de ces Écrevisses, ainsi que des sujets tout jeunes, dans la Moselle et dans la Sarre; mais c’est surtout dans les affluents de la Moselle, près de Thionville, dans la Bi- biche et la Caunet, que l’on a remarqué un grand nombre de jeunes Écrevisses. Il semblerait, en effet, d’après ces observations, qu’une grande partie des Écre- visses introduites dans les cours d’eau principaux se seraient retirées dans leurs affluents. (Compte rendu de la sixième assemblée générale de la Société messine de pisciculture, 1884.) QUELQUES PLANTES ALIMENTAIRES NOUVELLES Par M. A. PAILLIEUX. | Notes communiquées à la cinquième Section, dans sa séance du 24 novembre 1885. Matambala. Coleus tuberosus 9 J'ai trouvé à la bibliothèque du Muséum un ouvrage intitulé : Histoire de la grande Isle de Madagascar, com- posée par le sieur de Flacourt, directeur général de la Com- pagnie française de l'Orient, et commandant pour Sa Majesté dans ladite isle et ès isles adjacentes. Paris, 1661. L'auteur y parle des Houmimes ou Voamitsa : ce sont, dit- il, « petites racines grosses comme le poulce, qui multiplient extrêmement, car d’une plante il en viendra plus de deux cents». | Le 15 juillet 1884, mon correspondant dans le Transvaal, M. Mingard, m'écrivait : « Avec cette lettre, je vous expédie quelques tubercules de la Pomme de terre fade ou sauvage, appelée par les Magwamba, Matambala. C’est la même cul- ture que la Pomme de terre ordinaire, et s'emploie comme telle. Les natifs l’apprécient beaucoup et la préfèrent à tout autre tubercule. Ils conservent les semences (1) dans le sable ou suspendues dans leurs huttes. Ils la plantent au moment de la semaille du Maïs. » M. Mingard m'écrivait encore le 20 octobre 1884 : « Je remets à la poste un petit sachet de Matambala. Ce seront les dernières que je pourrai vous expédier. Les natifs les ont plantées depuis quinze jours. Elle aime les terrains légers, a la même durée de végétation que la Pomme de terre, mais les tiges sont sensiblement différentes ; elles s’élargissent dès (1) Lisez : tubercules. PLANTES ALIMENTAIRES NOUVELLES. 639 la naissance. La fleur est petite, de couleur jaune ou bleue. Un tubercule planté en entier donne de dix à vingt pour un. La Matambala s'apprête comme la Pomme de terre. Pas de saveur. rs fa _» Jai remis la lettre et le paquet à la poste le 29 octobre courant. Les tubercules commencent de germer. J'ai choisi, selon votre conseil, les plus mûrs et les plus durs. » Les tubercules de ce dernier envoi ont cependant pourri en route ; maïs, fort heureusement, ceux qui m’avaient été adressés au mois de juillet précédent se sont bien conservés dans le sable, et j'ai pu en planter quatre, sur couche et sous verre, le 15 mars dernier. Trois pieds ont végété admirable- ment; un seul est demeuré chétif et est mort à la fin de juin, Je l'ai arraché lé 1* juillet, et j'ai trouvé, à ma grande sur- prise, une douzaine de petits tubercules formant un groupe serré immédiatement au-dessous du collet de la plante. Ces tubercules paraissent être mûrs et se sont jusqu'ici bien con- servés dans le sable. Les trois autres pieds ont végété igéuténiheun, ont étalé sur le sol leurs nombreuses tiges, qui s’y sont marcottées spontanément et ont empli le coffre dans lequel ils étaient plantés. | Un seul pied m’a donné; le 29 juin, cent cinquante bou- tures, . ont repris avec facilité. Je n’ai-conservé cet au- tomne qu’une douzaine de ces boutures, dontles inflorescences se laissaient déjà voir. J’en ai donné une au Muséum et une autre à mon ami, M. Chargueraud, chef du jardin botanique d’Alfort. Celui-ci a pu faire déjà d’autres boutures et donner une Lige fleurie à l’Herbier du Muséum. Il me reste à confesser que pe ma faute,’ si je ne me trompe, les trois beaux pieds que j'ai conservés jusqu’à l’au- tomne ne m'ont à peu près rien Do Je les ai arrosés trop longtemps; j'ai prolongé outre me- sure leur végétation ; il aurait fallu l’arrêter, au contraire, pour aider à la formation des tubercules. L’an prochain, je ferai des boutures dès le mois d’avril, et je mettrai en pleine terre, le 1° juin, le plus grand nombre des pieds ainsi obte- 636 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. nus. J'aurai, je crois, en septembre une récolte satisfaisante. Vous avez remarqué que M. de Flacourt annonce un ren- dement de 200 pour 1, et M. Mingard de 10 à 20 seulement. Cette énorme différence ne peut s’expliquer que par le mar- cottage des tiges. Sous le climat de Madagascar, tous les pieds que donne le marcottage spontané produisent sans doute des tubercules, dont le nombre, en ce cas, peut s’élever à 200 et plus. Je suis surpris cependant que M. Mingard ne m'’ait pas signalé ce fait, qui ne se présente pas apparemment à Elim- Waterfall. Et maintenant, mes chers confrères, vous allez sans doute partager mon étonnement. La plante qui nous occupe en ce moment a été signalée il y a deux cent vingt ans; elle est usuelle dans le Transvaal, usuelle à Madagascar et à Maurice. Pendant tout ce temps, nous ne l’avons pas reçue, et voilà qu'en quinze mois je la reçois deux fois. Je vous communiquerai tout à l’heure la lettre que j'ai reçue de M. Daruty, président de la Société d’acclimatation de Maurice, affiliée à la nôtre ; mais je ne résiste pas à l'envie de vous lire d’abord l’épigraphe de cette lettre, épigraphe qui pourrait servir de devise à notre Section : € Le don d’une plante utile me paraît plus précieux que la découverte d’une mine d’or, et un monument plus durable qu’une pyramide. » (Signé : BERNARDIN DE SAINT-PIERRE.) Voici ce que m’écrivait M. Daruty, en date de Port-Louis, 3 septembre dernier : « J’ai lu avec beaucoup d'intérêt, dans le Bulletin de la Société d’Acclimatation de Paris, vos notes sur le Potager d’un curieux. Je n’y ai pas vu mentionner une plante à laquelle je m'intéresse, en raison de ses qualités alimentaires : je veux parler du Plectranthus Madagasca- riensis Bentham in D. C., XII, 68, que nous appelons ici Oumime. | | re A » L’Oumime donne un tubercule que nous consommons absolument de la même façon que la Pomme de terre, quoi- qu’elle possède un petit goût particulier qui peut-être ne conviendra pas au premier abord à des palais européens. Cependant je suis sûr qu’il serait facile par Ja culture d’ar- PLANTES : ALIMENTAIRES NOUVELLES. 637 river à retirer complètement ce goût particulier, en même temps qu’on parviendrait à en augmenter le volume. » Je vous adresse donc par la poste quelques tubercules d’Oumime, afin que vous puissiez en tenter la culture en France. » Je fais le même envoi à M. Heckel, de Marseille, et à la Société d’Acclimatation de Paris. » Je viens maintenant vous faire une prière : Pourriez-vous nous adresser des graines des différentes plantes utiles dont vous avez tenté la culture? Je serais très disposé à en essayer à Maurice et à vous tenir au courant de mes tentatives. Telle plante qui ne convient pas à eh ou n’y est pas appré- ciée, Le bien l’être ici. Je n’ai pas manqué dns des ETES à notre obligeant confrère, et je continuerai à le faire. Nous voici, grâce à M. Mingard et à M. Daruty, en posses- sion d’une plante alimentaire très intéressante, et je vous proposerai de voter des remerciements à ces donateurs. Dans la note que je viens de vous lire sur le Matambala et l’Oumime, ces deux labiées sont considérées comme Le _une seule et même plante. | Je dois tenir pour exact le nom que M. Daruty donne à l’'Oumime, que je n’ai pas encore cultivée. : Quant à la Matambala, dont M. Bois a reçu une tige fleurie obtenue à Alfort par M. Chargueraud, voici ce que m’écrit à ce sujet mon collaborateur : « La Matambala appartient cer- tainement au genre Coleus; c’est, selon ce que j’ai pu voir jusqu’à présent, une espèce nouvelle, voisine du C. tuberosus, si ce n’en est pas simplement une variété. En attendant une détermination certaine, vous pourriez ci sr Coleus $pe- cies ou Coleus tuberosus? » Au point de vue de la culture et de l’usage, je suppose que les deux plantes que j'ai reçues sont identiques. Cependant, j'observe que M. Mingard dit que les tubercules de la Matam- bala sont fades, tandis que M. Daruty leur attribue un goût “particulier. ILest donc entendu que l’identité des deux PERS est de ma part une simple supposition, 638 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION, Mangaride blanche. Mangareto branco. Brésil. Le Bulletin de la Société d’A cclimatation, t. VIE, p. 14; indique sous le nom de Mangarita une Aroïdée cultivée au Brésil, dans la colonie du Mucury. Vigneron-Jousserandier cite, sous le nom Fa Mangaride, une plante cultivée au Brésil et donnant de vingt à trente Re tits tubercules. " | Enfin, V. L. Baril, comte dela Hure, den un ouvrage in+ titulé : Empire du Brésil, que l’on peut consulter à la bi- bliothèque du Muséum, s'exprime ainsi: « L’Aroïdée, appelée Mangareto branco, croît en petites touffes. Le tubercule principal est de la grosseur d’une Pomme. Il est entouré de plusieurs autres petits tubercules gros comme des noix et souvent moins. Ce sont ces petits tubercules qui sont comes- tibles. Le goût en estassez agréable et ils sont ET. moins pourtant que la Pomme de terre. » Il y en a une espèce violette qu’on nomme Mangareto TOO. À la demande de notre Société, dont j'avais réclamé l’in- tervention, notre confrère, M. D. Albuquerque; a eu la bonté de nous adresser des tubercules du Mangareto branco, avec promesse de rechercher la variété violette à notre intention. L'envoi est arrivé en très bon état et la culture . la plante m'aété confiée. +419 M. Albuquerque demandait une collection de semences que je me suis chargé de lui envoyer. Le colis a été expédié Fa la maison Vilmorin et recommandé à la poste. À mongrand regret, notre confrère auquel j'ai écrit pour le remercier et me mettre à sa disposition, ne m'a accusé ré- ception, ni de ma lettre, ni de mon envoi. Dans les premiers jours d'avril, j'ai planté quelques tuber: cules de Mangaride sur couche chaude et sous verre. Les plantes ont vigoureusement végété, ont élé abondamment ar- rosées pendant loute la saison qui:a été assez chaude et n’ont été arrachées que le 6 octobre, après une forte gelée blanche. PLANTES ALIMENTAIRES NOUVELLES. 639: Je n’ai trouvé que des tubercules en petit nombre et gros comme des Pois. La culture de l’Aroïdée brésilienne semble donc impossible sous notre climat, même avec le secours des couches et des châssis, et j’ai échoué de même avec tous les. Taros de la Nouvelle-Calédonie, du Japon et de la Cochin- chine. Cependant il semble aussi que les tubercules de la Mangaride, que j'ai récoltés à l’état naissant, auraient atteint, comme au Brésil, la grosseur d’une noix sous l'influence d’un mois de chaleur de plus. ‘ Je prierai donc notre Président d'essayer à Antibes la cul- ture du Mangarelo roxo, si M. Albuquerque nous l'envoie. Il va sans dire qu’en Algérie la chaleur serait suffisante pour assurer le complet développement de la plante. Pipengaille. Luffa acutangula. La plante est habituellement eultivée dans les — bota- niques. J'en ai reçu des graines de notre confrère, M. E. Hores et de M. le docteur de Cordemoy. : J'ai semé le 15 mars sur couche et sous châssis et n’ai con- servé qu’un pied dans un coffre d’un seul panneau. La planté a bientôt empli ce coffre et ses tiges se sont étendues au de- hors. Je les ai alors élevées sur de grandes perches et je crois qu’elles auraient atteint aisément. une hauteur de 4 mètres, si j'avais pu leur fournir des soutiens de cette dimension. Le premier fruit s’est formé le 18 juillet, à quatre mois de date du semis, et beaucoup d’autres sont venus ensuite jus- qu’au 10 septembre, où un vent violent a tout détruit. Je pense qu’il suffirait de quatre pieds de Pipengaille, aux- quels seraient donnés les soins d’usage, pour fournir chaque semaine un plat à la table d’une famille. J'ai eu quelque peine à faire préparer convenablement le légume de la Réunion, quoique M. le docteur de Cordemoy m’eût fait obligeamment remettre la recette suivante : -€ Peler les fruits. 640 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. » Laisser ou enlever les graines suivant qu’ elles sont plus ou moins dures. » Faire rissoler un demi- -0ignon, puis fricasser le tout en- semble. » Au besoin, ajouter à la fin un filet de vinaigre. » Trois fois, en me conformant à cette recette, J'ai trouvé que la cuisinière avait mis trop d’oignon et trop de beurre. Ce n’est qu’en réduisant successivement la quantité de ces deux ingrédients que je suis arrivé à un résultat satisfaisant. J'ai recueilli les fruits à demi-grosseur et je les ai coupés en rondelles d’un pouce d'épaisseur. J'ai omis le filet de vi- naigre. ati La Pipengaille est un légume très rechierché à la Réunion et serait fort utile dans notre Midi et dans celles de nos colo- nies qui ne la possèdent pas encore. Il est bon, délicat, mais de faible saveur. Il voyagerait, sans s’altérer, entre la Pro- vence et Paris. On pourrait peut-être même l’expédier de notre colonie africaine. Je vous présente des fruits à l’état sec, et . remettrai des graines aux membres de la cinquième Section qui m’en de- manderont. On confond souvent le Luff a acutangula avec le Luffa cy- lindrica. Les deux plantes servent aux mêmes usages, soit pour la table, soit dans le ménage. Voici ce que dit M. Naudin à propos du genre Luffa: « Dans deux espèces, les L. cylindrica et acutangula, le fruit est comestible lorsqu'il est jeune et que les fibres n’ont pas encore eu le temps de se dureir. Le L. cylindrica porte dans nos colonies le nom indien de Petole, tandis que le L. acutangula est nommé Papengaye. » Ces deux espèces sont fort distinctes bien qu'affines. » Thiéka. Sous le nom de Thiéka, j'ai reçu de mon correspondant du Transvaal, M. Mingard, des graines d’une variété nouvelle d'Amerante, qui n’existe pas à l'Herbier du Muséum. Elle PLANTES ALIMENTAIRES NOUVELLES. 641 ressemble beaucoup à l’Amarantus silvestris qu’on rencontre souvent dans les jardins. Le 41 mai 1884, M. Mingard m'écrivait : « Je vous envoie des graines de Thiéka, sorte d'Épinard qui se mange jeune au printemps. Les noirs le mélangent ordinairement au metsiji et le cuisent de la même manière. » Le Thiéka est surtout employé par les natifs en mélange avec leur tabac à priser. Ils font sécher la plante au soleil, la torréfient, la pilent, el la mélangent ensuite à leur tabac. Tout en augmentant le volume de celui-ci, ils prétendent qu’il en augmente la force. J’ai cultivé cette année le Thiéka et j'ai mangé ses feuilles et les extrémités de ses tiges. C’est un légume insignifiant qui ne vaut ni plus ni moins que la plupart des succédanés de l'Épinard. Je ne prise pas et je n’ai pas expérimenté la plante comme un adjuvant du tabac, mais je vous apporte quelques graines qui vous permeltront d'en faire l'essai, si l'envie vous en prend. | Il. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMU ICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ SUR L'UTILISATION INDUSTRIELLE DES POILS DE LAPINS ANGORAS DE GRANDE RACE. Lettre adressée à M. le Secrétaire général Par M” G. LAGRENÉE. L'élevage du Lapin angora blanc de la grande race ét l'exploitation dé ses soies me donnent des résultats si satis- faisants, que l’on ne saurait trop favoriser cette industrie à la fois très agréable et facile. J’achetai au Jardin d’Acclimata- tion, il y a trois ans, quelques sujets de ces charmants ani- maux pour tondre les pelouses de mes volières; je ne les regardais alors que comme un objet de luxe, sans pressentir le parti que l’on peut en tirer. J’observais d’abord que les Lapins qui jouissaient d’une liberté relative étaient plus vigoureux et que leur toison était plus fine, plus abondante, quand on avait soin de les en débarrasser régulièrement toutes les six semaines. C’est le temps nécessaire au développement maximum des soies. Grâce à l’excessive fécondité de ces Lapins, je me trouve avoir actuellement quatre-vingts femelles et dix-huit mâles pour la reproduction et deux cents mâles castrés. Je compte porter à six cents le nombre de ces derniers. Il me sera facile d'atteindre ce chiffre dès l’année prochaine, et voici comment : étant convaincu dorénavant que cet élevage serait une source de revenus, j'ai voulu, dans un but tout philan- thropique, le mettre à la portée de tous, même des plus pau- vres. Dans ce but j'ai annoncé que je donnerais des jeunes Lapins à toute personne honorable qui en ferait la demande, pourvu que cette personne eût sa résidence dans le départe- ment de l’Oise ou dans les départements limitrophes. La DES POILS DE LAPINS ANGORAS: 643 seule condition que j’impose consiste à me rendre deux jeu- nes mâles par chaque Lapin et une fois pour toutes, m’enga- geant à mon tour à prendre les soies à un prix rémunérateur pourvu que ces soies m'’arrivent parfaitement propres et sans pelotes (exemptes de feutrage). Depuis le mois de juin dernier, j’ai donné à ces conditions deux cent cinquante Lapins; deux cents demandes sont en- core inscrites et seront satisfaites au fur et à mesure de la production. L'expérience m'a _ que l’on peut sevrer les jeunes Lapins à six semaines ou deux mois; il faut à cet âge com- mencer par les peigner; c’est une précaution indispensable pour empêcher le feutrage. À trois mois on peut les plumer. Si je me sers du terme plumer, c’esl que je n’en connais pas de plus exact pour exprimer l’opération par laquelle on en- lève aux Lapins leurs soies. Ces animaux sont d’une douceur extrême. Quand une fois ils sont pris, ils ne cherchent plus à s'échapper et sé laissent débarrasser de leurs poils sans opposer aucune résistance; on dirait même qu'ils en éprouvent du bien-être. Il est certain que les poils se détachant naturellement forment des pelotes qui adhèrent plus ou moins au: corps et empêchent le fonc- tionnement normal de la peau. Les Lapins de cette race, même ceux qui se terrent, n’ont jamais de vermine comme le Clapier ou le Lapin de garenne. : Pour plumer un lapin, on le pose sur ses genoux, on passe légèrement un peigne dans les soies pour les démêler, et, tan- dis que l’on tient la peau de la main gauche à l'endroit que l’on veut plumer, de la main droite on détache les poils, en ayant soin de les tirer dans le sens régulier comme quand on plume une volaille. | Le poil enlevé sur un jeune Lapin de trois mois ne donne qu'un rendement insignifiant; mais un lapin adulte, soigné el bien nourri, peut fournir à chaque plumée une pu de 60 grammes. La meilleure méthode serait d'enlever les soies au Lapin à deux mois, de renouveler l'opération à ‘trois mois pour la 644 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. faire ensuite régulièrement toutes les six semaines à parti de quatre mois. | Les Lapins angoras blancs sont rustiques, faciles à nourrir et grossissent très vite. À quatre mois ils ont généralement atteint leur grosseur naturelle. À cinq mois ils peuvent re- produire; ils sont très prolifiques; aussi m’est-l pas rare de voir des portées de huit ou même dix petits. Je laisse les adultes à l’air libre toute l’année, ne les rentrant que dans les cas de fortes gelées, de neige abondante et lorsqu'on vient de les plumer. Quant aux femelles reproductrices, il faut avoir soin de les plumer deux ou trois jours avant de les accoupler, parce que le pail a le temps de repousser pendant les trente jours que dure la gestation, et qu'au moment de faonner elles peuvent s’arracher les poils dont elles garnissent leur nid. On ne doit les plumer de nouveau qu’au moment du sevrage de leurs petits. Les mâles ont le poil dur et fortement adhérent. Il est un moyen de corriger cet inconvénient, c'est de castrer ceux qui ne sont pas destinés à la reproduction. Cette opération se fait sans danger pour la vie de l'animal, pourvu qu’il soit laissé à jéun douze heures avant de l’opérer, et, comme après il perd ses poils, il est bon de le plumer deux ou'trois jours avant. Pour avoir un rapport bien régulier, Mains qu'il ne faudrait pas garder les animaux en exploitation au delà de quatre ans. Pour en arriver à cette organisation, J'ai l’inten- tion de renouveler partiellement chaque année mon petit troupeau, en élevant cent cinquante mâles qu’il sera facile de reconnaître à un signe conventionnel quelconque. Au mois de novembre je ferai plumer pour la dernière fois les cent cinquante bêtes destinées à être tuées, afin que le poil re- pousse complétement avant le mois de j janvier, époque fixée pour la vente. Les fourreurs achètent les peaux de 1 fr. 50 à 9 francs pièce suivant le poids et en bonne saison. Le Lapin tout dé- pouillé pèse en moyenne de quatre à cinq livres.'A plusieurs DES POILS DE LAPINS ANGORAS. 645 reprises j'ai vérifié ce poids. Gette viande est envoyée aux halles de Paris ou à Londres et on obtient par tête environ 3 francs, suivant les cours. La chair du Lapin angora est blanche, serrée et très bonne, surtout celle des mâles hongres. Il ne faudrait pas confondre cette belle race avec celle des petits angoras blancs élevés aux environs d’Aix-les-Pains, en Savoie. Ceë Lapins de Savoie se peignent, ceux de Frocourt se plument. Pour en venir à la question pratique j'ajouterai : à la cam- pagne tout le monde élève des Lapins dont la nourriture ne coûte presque rien, ét le seul parti qu’on entire c’est de les faire servir à l'alimentation. Que l’on remplace par le Lapin _angora les races ordinaires de nos pays, et au profit de la chair s ’ajoutera celui des soies et de la fourrure. Je vous envoie un spécimen des laines que j'ai fait filer pour la bonneterie et des étoffes tissées, vous pourrez juger de la légèreté et de la solidité du tissu. Le véritable emploi du poil d’Angoras est de servir en mélange pour assouplir et donner du moelleux aux différentes laines dites Roses ou vigognes de l’Inde. . Jusqu'à présent on n’avait presque pas élevé cette race: de Lapins. On considérait ces animaux seulement comme ani- maux de luxe ; mais désormais on peut être sûr d’un débou- ché des Er eu puisque je les prends à un prix rémunéra- teur. Vous pouvez conseiller cet élevage et affirmer qu'un Lapin adulte ne rapportera pas moins de six à huit francs de soies. Pour conserver ce poil, à l’abri de l'humidité et des mites, il faut le mettre dans des caisses en bois ou mieux dans des pois en grès, parce que mis en sac le déplacement ou le trans- port suffit pour le faire feutrer. Et pour le faire voyager il faut avoir soin de l’emballer dans une caisse légère ou dans un panier doublé de toile. 4 SÉRIE, T. II. — Novembre 1885. 42 II, EXTRAITS DES PROCÉS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE DU CONSEIL DU 16 OCTOBRE 1885. Présidence de M. DE QUATREFAGES, Vice-Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des nouveaux membres : MM. PRÉSENTATEURS. BLANQUET DE FULDE (le baron), proprié- { Tony Comte. taire, au château de Chenay, par Lamotte- { Saint-Yves Ménard. . Beuvron (Loir-et-Cher). A. Porte. À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. A. Porte. 4 BRESSON (Stanislas de), capitaine au 7° cui- | CROZES (Albert), administrateur des contri- | Maurice Girard. rassiers, 26, avenue du Trocadéro, à Paris. butions indirectes, 8, rue Castiglione, à ! Jules Grisard. Paris. Albert Loyer. GREDY (Paul), propriétaire du Clos Balgue- rie, commune de Thenon, par Labastide, et 106, quai des Chartrons, à Bordeaux (Gironde). À. Geoffroy Saint-Hilaire. Saint-Yves Ménard. A. Porte. LOMBARD DU CASTELLES (le marquis Henri / A. Geoffroy Saint-Hilaire. . de), au château de Laborde, par Issigeac { Saint-Yves Ménard. . (Dordogne). | A. Porte. RoGeT DE MaupaAs (le vicomte), au château | A. GeoffroySaint-Hilaire. de la Guérinière, par Dame-Marie (Indre- | Lesèble. et-Loire). Saint-Yves Ménard. — M. Ernest Leroy demande à prendre part aux concours de la So- ciété. — Renvoi à la Commission des récompenses. . — M. O0. des Murs, de Nogent-le-Rotrou, adresse une note ayant pour titre : Proposition d’un système unique de classification en zoologie, spécialement pour l’ornithologie. — Renvoi à la seconde Section. — M. Merlato écrit d’Aïn Marmora, près Coléah (Algérie) : ‘ « Jai atteint mon but, celui d’enrayer ou plutôt d'éviter celte prover- biale maladie des pattes des Autruchons. Sur 55 naissances je laïsse, en partant, 36 poussins vivants, parmi lesquels 16 artificiels et bientôt âgés de six mois. Naissances, décès et existence ont été constatés officiel- lement. PROCÈS-VERBAUX. 647 » Je vous be de Trieste et le plus tôt pssrns après mon arrivée : » 1° La constatation officielle des résultats; » 2° Une note complémentaire aux énoncés contenus dans mon pli cacheté déposé dans vos archives ; » Et 3° la demande de rendre uttes le contenu du pli cacheté. » Je laurais fait dès maintenant, mais le temps matériel de rédiger une note complémentaire (devenue indispensable) me fait complètement défaut. » Je serais bien heureux si, par l’ultérieure approbation de mes col- lègues, je pouvais constater de ne pas avoir complètement perdu mon temps en Algérie. » — M. Th. Leroux, de La Flèche, adresse la note suivante : . € Dans les premiers jours de février de l’année dernière, je remar- quai qu’un mâle Perruche omnicolore était au mieux avec sa voisine, une jeune femelle Pennant habitant la volière contiguë. » Je résolus de tenter ce croisement et réunis mes deux amoureux; les bons rapports continuèrent et vers la fin de mars je fus témoin d’accouplements, en même temps la visite au nid commença; cette pé- riode dura tout le mois d’avril et je commençais à désespérer, lorsque la femelle disparut ; j'en conclus qu’elle couvait, et en effet le 15 mai je trouvais cinq œufs, qui donnèrent naissance à cinq petits, que les pa- rents élevêrent avec sollicitude. Ils sortirent du nid au bout de quarante jours ayant à peu près la livrée du père, à l'exception des moustaches violettes lavées d’un peu de blanc; mais ces teintes se sont modifiées à la dernière mue de juillet, elles sont actuellement : tête et cou rouges, moustaches violettes lavées de blanc, les plumes du dos noires frangées d’un beau rouge pourpre, ventre jaune lavé de rouge vif, ailes noires et bleues ; ces oiseaux sont très vifs et rustiques. » Désirant essayer la reproduction de ces charmants Oiseaux, j'en ai conservé une paire, que j'ai installée dans une volière spéciale: je suis heureux de vous annoncer que mes efforts sont couronnés. de succès. J'ai obtenu quatre œufs et trois petits; un est mort au bout de quelques jours et les deux autres sont sortis du nid le 16 juillét; ils ont la livrée des parents; je crois pouvoir affirmer qu’il y a mâle et femelle. » Je terminerai. ce long récit par vous signaler un .cas assez: hi- : zarre. » J'ai marié ce printemps la femelle Pennant avec un beau mâle de son espèce : j'ai obtenu cinq pelits qui se sont parfaitement élevés, mais quatre sont sortis du nid ayant la livrée de Pennant adultes, et le cons celle ordinaire de jeunes Pennant. » Je n’ai jamais entendu parler de cas semblables et c’est le motif qui m'a décidé à vous en faire part. » — M. Raveret-Wattel fait connaître les nouvelles A d'u ARM re= 048 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. cueillies cette année au laboratoire de pisciculture de Dupplin (Écosse), sur l’importance de l'emploi d’une eau très fraiche pour l’incubation des œufs de Salmonides. Pendant deux ans, le laboratoire a été alimenté par de l’eau de source, d’une température à peu près constante de + 7 degrés centigrades, dans laquelle les œufs de Saumon arrivaient à éclosion en soixante-quatre jours à peu près. Quarante jours plus tard, les alevins étaient déjà débarrassés de leur vésicule ombilicale et devaient être mis en liberté à une époque où l’eau des rivières était encore beau- coup plus froide que celle des bacs d’alevinage et totalement dépourvue de nourriture appropriée aux besoins des jeunes poissons. Cette année, on s’est servi de l’eau du Loch Dupplin, dont la température moyenne était de +'4°,5 environ (elle oscillait entre 3 et 7 degrés), et qui n’a donné d’éclosions qu’en cent huit jours, en moyenne. Aussi les alevins n’ont- ils été versés en rivière qu’à une époque beaucoup plus favorable, c’est- à-dire dans le courant de mai. Sur 315000 œufs mis en incubation, le déchet n’a été que de 1 pour 100. Quelques milliers d’alevins ont été conservés dans les bacs pour servir à des essais d'élevage à l’aide d’une nourriture artificielle. — M. le comte de Danne rend compte en ces termes de ses éducations d’Attacus Pernyi faites à Angers : | « Je viens vous rendre compte, comme je vous l'avais promis, du ré- sultat de mon élevage en 1885. Ne sachant si la Société pourrait me procurer des graines cette année, j'avais acheté cent cocons à. M" Tur- pin, à Luchardez. Dès l’arrivée de ces cocons je les fis suspendre dans une grande boîte faite ad hoc, composée d’un bâti en bois blanc entiè- rement garni de mousseline. J'avais fait suspendre la boîte dans une grande pièce très aérée dont les fenêtres étaient constamment tenues ouvertes. Dès l’éclosion du premier Papillon, je fis suspendre la boîte en plein air sous des arbres. L’éclosion des soixante-dix Papillons qui sortirent des cocons se fit assez rapidement ; les Papillons, qui étaient toujours assez nombreux à la fois dans la boîte, étaient généralement bien conformés et avaient l’air vigoureux. Jamais l’homme qui s'en occu- pait ne pul constater d’accouplement. La ponte se fit cependant, mais peu nombreuse (de 1500 à 2000 œufs) ; depuis lors les œufs se sont tous desséchés les uns après les autres, et je n’ai eu aucune éclosion. De ce côté le résultat est donc absolument nul. Je ne puis m’expliquer cette non-réussite qu’en supposant que les cocons étaient de mauvaise qualité ;- car pendant tout le temps de l’éclosion des Papillons le temps a toujours été très beau. Il me reste trente cocons qui n'ont pas produit de Papil- lons et qui n’en produiront probablement pas. Pendant ce temps, j'avais fait mettre les graines que la Société m’avait envoyées dans un manchon de mousséline qui restait toute la journée dehors et que l’on rentrait la nuit. Au bout de très peu de jours les petites Chenilles commencèrent à éclore : on les transportait au fur et à mesure de leur éclosion sur des PROCÈS-VERBAUX. 649 touffes de taillis que j'avais fait entourer de treillages en fil de fer pour les préserver des ciseaux. Dès lors les Chenilles ont été abandonnées à elles-mêmes, en ce sens que jamais on ne les a abritées ni du vent, ni de la pluie, ni du soleil : on ne les a même pas, je crois, arrosées pen- dant la grande sécheresse qui a régné cet été sur toute la région. Je dis, je crois, car ayant fait un voyage de deux mois et demi à l’étranger, je n’ai pu suivre de très près l'élevage des Chenilles. » Je donnerai cependant à la Société tous les renseignements qu’elle désirera, car l’homme à qui j'ai confié l'élevage de ces petites bêtes est très intelligent et avait des instructions écrites par moi et très détail- lées. Les Chenilles se sont admirablement élevées, et, le 20 juillet, mon homme rentrait dans la boîte en mousseline 147 cocons produits par les graines de la Société d’Acclimatation. » Le 8 août, les Papillons commençaient à sortir des cocons, et, le 11, la ponte commençait. Le 25 août, 80 Papillons étaient sortis et avaient pondu environ 9000 œufs, qui étaient placés au fur et à mesure dans des manchons de mousseline. Le 4 septembre, il restait 64 cocons n’ayant pas produit de Papillons : en revanche, des milliers de petites Chenilles étaient écloses et grossissaient à vue d’œil sur le taillis. Les renseigne- ments que je puis vous donner s'arrêtent à cette époque; mais dès la fin de mes vingt-huit jours, que je suis en train de faire, j'irai voir par moi-même ce que deviennent mes Chenilles. Si l’expérience de deux ou trois années vient confirmer celle-ci, je pourrai affirmer ce que je crois déjà fermement, c’est que notre climat chaud et un peu humide de l’ouest de la France convient à merveille à l’Attacus Pernyi, qui s’y élève aussi facilement que les Chenilles sauvages de nos pays. De plus, ce Ver à soie, qui est bi-voltif dans son pays d’origine, peut très bien accomplir ‘chez nous ses deux transformations, dans des années ordinaires bien entendu. J'informerai du reste la Société du résultat obtenu à la fin de cette édu- cation, qui arrivera à bon terme, je l’espère bien. Je remercie encore une fois la Société d’Acclimatation de l’envoi d'œufs d’Attacus Pernyi qu’elle a bien voulu me faire, car, sans ces œufs qui jusqu'ici m'ont donné des résultats excellents, mes expériences auraient été retardées d’un an. » — M. Max von dem Borne écrit de Bermenchen : « C’est avec un grand plaisir que je vous ferai un envoi de Black Bass. Il y en a de deux espèces. Je vous enverrai de chacune d'elles cinquante sujets, à titre d'essai, et pour voir comment ils supporteront le voyage. Le meilleur moment sera octobre et novembre, quand la température aura repris de la fraicheur. Il demeure entendu que je mets ces poissons gratuitement à la disposition de la Société, qui n’aura à supporter que les frais de transport. J’ai obtenu, ce printemps, plus de 20000 Blak-Bass, que j'ai placés dans des viviers ne renfermant pas d’autres poissons. » — M. Ch. Naudin (de l’Institut) écrit de la villa Thuret, à Antibes : « Je lis dans le dernier Bulletin de la Société d’Acclimatation que les 650 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. personnes qui s'occupent d'élever les Vers à soie du Chêne (Bombyx Pernyi, etc.) sont toujours embarrassées pour se procurer des feuilles au moment de l’éclosion de leurs Vers. J’ai déjà annoncé, dans le Bul- letin, je crois, qu’on surmonterait probablement cette difficulté à l’aide du Quercus Mirbeckii, d'Algérie, que je vois pousser par feuilles dès le milieu de mars, plus d’un mois avant les Chênes du pays. Pourquoi n’essaye-t-on pas de planter quelques arbres de cette espèce, ne füt-ce que pour se renseigner sur les services qu’il pourrait rendre aux expé- rimentateurs? C’est un très bel arbre, à feuilles demi-persistantes, et dont il ne se dépouille qu’au moment où les nouvelles commencent à se développer. Il est très ombreux et ferait de superbes avenues. _» Si vous le voulez, je vous en expédierai quatre jeunes sujets de semis, que vous ferez planter au jardin de la Société d’Acclimatation du Bois de Boulogne, soit tout de suite, soit au printemps prochain, après leur avoir fait passer l’hiver en pots et un peu abrités. » Ma collection d'Eucalyptus continue à grossir; ‘je dirais volontiers qu’elle est déjà énorme; je crains même que la place ne nous manque pour loger une si grande quantité de jeunes arbres. J’en ai certainement plus de cent espèces . » ‘€ P. S. Il y a quelques jours, j'ai fait une excursion à Saint-Martin Lantosque, localité subalpine du département. J'ai été étonné d’y voir la quantité d’Aïlantes qui se trouvént dans ce pays. Ils y sont on ne peut plus florissants et ils s’y ressèment d’eux-mêmes. L'endroit serait bien choisi pour se livrer à l’éducation du Ver de l’Ailante ; mais personne n’y songe, tant la routine a de puissance. » — Le Laboratoire d'histoire naturelle de l’État d’Illinois adresse le dernier fascicule paru de son Bulletin. Ce fascicule renferme la première partie d’une étude extrêmement intéressante de M. T.-J. Burrill, pro- fesseur de botanique à l’Université industrielle de l'Illinois, concernant les Champignons parasites: « Parasitic Fungi of Illinois. » °— M. le D' Mueller, botaniste du gouvernement à Melbourne, écrit à M. le Secrétaire des séances : « Permettez-moi de vous adresser quel- ques graines fraîches de Melaleuca Leucadendron, un des rares arbres de grande taille, de rapide croissance et de réelle valeur comme bois, qui se plaisent dans les terrains marécageux, légèrement salés, où les Eucalyptus ne pourraient réussir. Si ces graines étaient confiées à des membres de la Société nationale d’Acclimatation habitant le sud-ouest de la France, où les hivers sont peu rigoureux et où l’on trouve dans beaucoup d’endroits un sous-sol mouillé et salé, il serait possible de doter le pays d’une nouvelle essence d’arbre fournissant du bois de construction et jouissant de propriétés assainissantes. Il conviendrait que les graines fussent semées sous abri, et que le plant ne fût repiqué qu’à l'âge d’un ar, après la saison froide. Si les premiers essais réussis- saient, il serait possible de recueillir une plus grande quantité de graines PROCÈS-VERBAUX. | 651 ‘et de vous en faire l'envoi. » — M. le D' Mueller profite de cette lettre pour renouveler ses remerciements au sujet de la HEART qui lui a été récemment décernée par la Société. __ M. Félix de la Rochemacé écrit du château de la Roche, par Couffé (Loire-Inférieure) : « Puisque vous avez fait à ma notice sur l'Eucaly- ptus l'honneur d’une citation au Compte rendu annuel des travaux dé la Société, je crois devoir vous adresser quelques renseignements com- plémentaires sur le même sujet. » Un Amygdalina vera, à quatre ans et demi de plantation, mesure 10%,50 de hauteur, 0,53 de circonférence, a 1 mètre au-dessus du s0- et s’est couvert de fleurs dans les premiers jours d’août. Je vous envoie brindille et fruits tels qu’ils sont aujourd’hui. J'espère qu'ils müûriront leurs graines, et, dans ce cas, j’en mettrai à la disposition de la Société. L'arbre est très ornemental; brindilles pourpres, écorce rougeàtre se dépouillant annuellement comme celle du Platane, et laissant apparaître une nouvelle écorce blanche. Sa moyenne de croissance annuelle atteint ici 2,30, c’est-à-dire quatre fois et demie celle du Laricio de Corse. » Terme de COMparaison - » Un Laricio, situé à 16 mètres de l'Eucalyptus, mêmes conditions de sol, climat, par altitude absolue, exposition, mesure 23 mètres de hauteur, ce qui donne 0",51 de croissance annuelle. » L’Amygdalina atteindra même taille en moins de dix ans. ‘» Conclusion : il est donc exploitable de dix à quinze ans. » — M. Daruty, président de la Société d’acclimatation de Maurice, écrit à M. le Secrétaire général : «Je vous expédie par la poste un sachet contenant des tubercules d'Oumime, Plectranthus Madagasca- riensis Bentham in D. C., XII, 68. Je suis persuadé que la culture amé- liorerait beaucoup ce tubercule, qui cependant est apprécié ici et à Madagascar pour ses qualités alimentaires. » — M. Gardrat adresse une demande de graines de divers végétaux. -— M. le D: A. Lecler fait connaître que, comme l’année dernière, 1l met à la disposition de la Société des touffes de Bambusa Quilioi, mitis et viridi-glaucescens. — Remerciements. — M. E. Delloye écrit de Hauchis (Belgique) : « Je suis heureux d’avoir à vous annoncer que les espérances dont je vous faisais part en février dernier se sont réalisées, en ce qui concerne mon cheptel de Cerfs nains de la Chine. » La femelle a mis bas, il y a une dizaine jgan un rejeton qui est.en excellente santé aujourd’hui. Il est vif et gai, et sa mère paraît en avoir le plus grand soin. » Il se dissimule, pendant une bonne partie du jour, dans les fourrés de l’enclos, et il vient rejoindre sa mère, quand la faim se fait sentir. » Ge petit animal semble très rustique et d’un élevage facile, pourvu que la mise bas se fasse à des époques où la température est assez à 652 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. douce ; c’est ainsi.que j’attribue la mort des deux autres jeunes ob- tenus précédemment à la rigueur de la tempérapue, au moment de leur naissance. » Je ne doute donc pas que ces petits cervides ne se reproduiront avec grande facilité dans nos forêts, dès que, par des reproductions succes- sives, les époques du rut et de la mise bas seront en concordance avec nos saisons. » Cette espèce semble très prolifique, car la femelle reçoit les avances du mâle aussitôt la mise bas et à toute époque de l’année. C’est ainsi que, cette fois, le mâle a poussé les cris qui caractérisent l’époque du rut peu de jours après la naissance, et qu’il poursuivait déjà la femelle de ses assiduités. » Il est difficile de préciser, d’après mes dernières observations, l’époque et la durée de la gestation ; en tout cas celle-ci ne paraît pas dépasser six mois. -» J'ai été moins heureuxavec mon cheptel de Cygnes noirs; ils ne m'ont “encore rien donné cette année. ; » Cependant ce couple me donnait beaucoup d’espérances, car son ca- ractère, de débonnaire qu’il était les années précédentes, élait de- venu très batailleur, même avec les personnes AI SAP RSR ES de leur pièce d’eau. » Je suis d'autant plus surpris de cet insuccès, que tous mes: canards exotiques, qui vivent sur la même eau, ont donné de grandes quantités d'œufs cette année. » — M. Delaurier aîné écrit d'Angoulême : « Comme cheptelier de la Société pour les Colombes grivelées qu’elle a bien voulu me confier, je viens vous rendre compte des résultats que m'ont donnés ces oiseaux. ET » J'avais placé ces Colombes, à leur arrivée chez moi en février dernier, dans une volière de 15 mètres carrés, dans laquelle étaient installés des nids artificiels de dimensions différentes, à des hauteurs diverses. Cetté volière contenait déjà de jeunes Lumachelles que j'ai dû enlever à cause de la frayeur qu’elles occasionnaient aux nouvelles venues. Elles ont été remplacées par une paire de Perruches Cyanoremphus ayec lesquelles les grivelées, malgré leur timidité excessive, ont enfin vécu en bonne intelligence. » Dans les premiers jours de mai dernier, le mâle a commencé à faire entendre son chant d’appel le matin et plus tard pendant la journée en- tière ; la femelle, juchée sur un perchoir, sur lequel étaient fixés deux nids à colombes, s’est enfin décidée à lui répondre, et en juillet, du haut de ce perchoir, près d’un des nids dans lequel le mâle avait transporté des brindilles, elle pondait son premier œuf, que je trouvai brisé à terre; deux jours après elle en pondait un second, qui, malgré la paille mise sous le perchoir, avait une légère fissure. Cet œuf raccommodé avec du PROCÈS-VERBAUX.. | 653 papier gommé, et placé sous des Colombes ordinaires, donnait naissance, après quatorze à quinze jours d’incubation, à un jeune que les parents nourriciers abandonnaïient quatre à cinq jours après sa naissance. La jeune Colombe, retirée du nid, fut placée sur une sorte de petite-mère artificielle que je fis construire à cette occasion ; nourri aux œufs de Fourmi, mie de pain alpiste et millet mouillé, le jeune oiseau profita -à merveille ; il prenait ses plumes, quand un matin je le trouvai mort dans le nid, et je m’aperçus qu’il avait une forte tumeur sous le ventre. » Le mois suivant, c’est-à-dire en août, la femelle s'installa enfin sur le nid réparé par son mâle : deux nouveaux œufs furent pondus, puis aban- donnés après quatre à cinq jours d’incubation. Ces œufs, placés sous des Colombes blanches, donnaient naissance à deux jeunes dont la croissance fut rapide; huit jours après l’éclosion les parents ne peuvent plus cou- vrir leurs deux gros nourrissons et je fus obligé d’en déposer un chaque nuit dans la mère artificielle ; à l’âge de quinze jours ils étaient suffisam- ment plumés pour se dispenser de la chaleur des parents, qui cessèrent de les couvrir même la nuit. Actuellement ces jeunes Colombes âgées d’un mois sont sorties du nid depuis deux jours. Elles sont grasses et vigoureuses, familières, et je les considère comme élevées; siles parents ‘les abandonnent, nous les nourrirons à la main comme les marquetées dont la connaissance est lente et dont nous terminons toujours l’édu- cation. =» J'attends en ce moment une nouvelle ponte dont je pourrai, je l’es- père, faire l’éducation avant les premiers froids. » Cette espèce de Colombe est très rustique, son élevage est aussi ra- pide que facile, elle demande moins de chaleur pendant le premier âge que la poignardée et la marquetée surtout. Les jeunes nées en vo- lière, familières et acclimatées, seront certainement comme tous les oiseaux que j'ai eus, bien plus fécondes que les importées ; elles le de- -viendront certainement autant que les poignardées, marquetées, luma- chelles que je possède, dont j ’obuiens des pontes continuelles en les sou- mettant à un régime spécial. » — D'autres comptes rendus de cheptels sont adressés par MM. Vigour, A. Gardin, A. Bouchereaux, 0. de Boussineau, Lagrange, D' J. J. Lafon, “Jean Kiener, Salmon Coubard, M. Périn, A. Gilbert et par le comice ‘agricole de Brioude. À ‘654 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. SÉANCE DU CONSEIL DU 20 NOVEMBRE 1885. Présidence de M. DE QUATREFAGES, Vice-Président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des nouveaux membres : MM. _ PRÉSENTATEURS. BRuZzON (0. Paul-Louis), 35, rue de la Ro- Ans state sière, à Nantes (Loire-Inférieure) ten 3 3 M. Moreau. Le CORNE (Paul), propriétaire, au château du | D Ep Le M ‘Parc, près Moulins (Allier). Se AUCUNE E. Garnot. HOME (Gustave du), château de Chassilly, Sn DR ne) À. GeoffroySaint-Hilaire. Jules Grisard. Maunoury, député d’Indre-et-Loire, à Lui- /{ D’Arnaud-Bey. sant, près Chartres, et 10, rue Copenhague, ; A. Geoffroy Saint-Hilaire. °< à Paris. T. Simon. _—Des demandes de cheptels sont adressées par MM. Fery d’ ES _Lemut et le comte de Buisseret. — M. Max von dem Borne écrit de Rene «Je vous expédie aujourd’hui 100 Black-Bass, tous d’une même espèce. Dans le cas où il vous:serait agréable d’en recevoir de l’autre espèce que je possède éga- lement, je me ferais un plaisir de vous les adresser. Les premiers me paraissent être d’une croissance plus rapide. .> Hier, j'ai fait préparer pour ma table quelques Black- Bass d’un an et demi, au bleu, comme des Truites ; je les ai trouvés aussi bons que la Truite, et bien supérieurs à la borcle ordinaire ou au Sandre. Je pour- rais également, si vous le désirez, vous envoyer de ce dernier poisson. » À mon avis, la crainte que l’on a du Black-Bass comme poisson destructeur est peu fondée. Dans toute la région qu’arrose le Saint- Laurent, et dans les grands lacs du Nord de l'Amérique, où le Black- Bass est une espèce indigène, les eaux sont très poissonneuses, riches en belles Truites, Saumons des lacs, Corégones (White fish) et autres espèces, et, en aval des chutes du Niagara, le Saumon ordinaire abonde dans le Saint-Laurent. » Il est à remarquer qu’on trouve dans les pays non encore civilisés PROCÈS-VERBAUX. è 655 une abondance de poissons de toutes espèces, parmi lesquelles il en est beaucoup de voraces et carnassières, qui cependant ne font pas dispa- raître les autres. Leur rôle se borne à maintenir parmi celles-ci, douées souvent d’une très grande fécondité, un équilibre qui pourrait être dé- truit par une pulluiation surabondante, et à empêcher que tous ces poissons n’arrivent à s’affamer mutuellement. » — Dans une autre lettre, M. Max von dem Borne s'exprime ainsi! « J'apprends avec grand plaisir l’arrivée à bon port des Black-Bass que je vous ai expédiés. Tous ces poissons sont nés en juin dernier. Sur les 14 sujets à large bouche et 45 à bouche étroite, qui m’avaient été ame- nés d'Amérique, il ne m’est resté que 3 des premiers et 10 des seconds. J'ai donc lieu de croire, d’après les reproductions obtenues, que l'envoi que je viens de vous faire est formé d’alevins appartenant à l’espèce à bouche étroite. Toutefois les caractères, assez peu distincts, ne me per- mettent pas encore de me prononcer d’une manière formelle à cet égard. Comme je n’ai qu’un très pelit nombre de sujets adultes, il ne m’est pas possible d’en sacrifier pour les déterminer exactement. Mais j'en pos- sède actuellement 316 de dix-huit mois, qui vont me mettre à même de faire des observations plus complètes, dont je ne Dee pas de vous communiquer les résultats. » En ce qui concerne l’autre variété, dont je veux aussi vous faire un envoi, mon élevage a été moins important; il ne me sera donc guère possible de vous en expédier plus d’une cinquantaine. Je serai prochai- nement fixé sur ce point, car je vais procéder à un recensement de la population de l’étang, qui doit s’élever à peu ne à 6400 sujets de cette année. » J'en ai de dix-huit mois appartenant à la même espèce, que j'ai fait goûter à différentes personnes. Tout le monde s’accorde à déclarer la chair de ce poisson absolument aussi bonne que celle de la Truite, et infini- ment plus délicate que celle de la Perche ou du Sandre. » Je compte vous envoyer quelques sujets de cette’ dernière espèce, en même temps que Les Black-Bass. Ils sont âgés de six mois. Un véri- ‘table intérêt me paraîtrait s'attacher à la réussite de cet envoi. | » Il me serait utile de savoir quel est celui des deux modèles d’appa- reils employés pour le transport (bacs en bois et bidons en fer-blanc) qui paraît avoir donné les meilleurs résultats. » at Dans une seconde lettre, M. Max von dem Borne fait connaître que, selon lui, les sujets composant son premier envoi appartiendraient à l'espèce dite à large bouche, le « Large-mouthed Black-Bass » (Microp- terus salmoides Lacépède) des Américains; ceux du second envoi-an- noncé seraient de l’espèce à bouche étroite ou « Small-mouthed Black- Bass » (Micropterus dolomieu Lacép.). | — M. le D' Sauvage, directeur de la station aquicole de Boulogne- sur-Mer, écrit à M. le Secrétaire des séances : « Nous avons l'intention r 656 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. de faire des essais de pisciculture dans la Liane, petite rivière qui se jette à la mer à Boulogne. » Ces essais porteraient sur des Salmonides, autant que possible n’al- lant pas à la mer. » Vous connaissez si bien toutes les questions qui ont trait à la pisci- culture, que je me permets de venir vous demander votre avis et de me faire savoir quelle est l’espèce qui conviendrait le mieux. Les eaux de la Liane, peu profondes et à fond calcaréo-argileux, étaient autrefois assez peuplées de Truites, que le braconnage a fait presque entièrement disparaître. Pensez-vous qu’un Salmonide de Californie ou le Sebago pourraient être introduits utilement chez nous, et dans l’affirmative je vous serais fort obligé de vouloir bien me faire savoir si la Société d’Acelimatation pourrait céder à la station des œufs embryonnés de ces espèces ; dans le cas contraire, à qui devrions-nous nous adresser ? » Des essais de repeuplement au moyen de la Truite des lacs de France ont été tentés, mais ils n’ont pas donné de résultats, sans doute à cause des conditions tout à fait désavantageuses dans lesquelles ces essais ont été entrepris. » — M. Raveret-Wattel signale un travail très intéressant relatif à l’éle- vage artificiel de l’Alose, récemment lu devant la Société biologique de Washington, par M. le colonel Marshall Mc Donald. Il ressort de ce tra- vail que, grâce aux travaux d’empoissonnement entrepris, abondance de l’Alose augmente dans un grand nombre de cours d’eau des États- Unis. Le rendement de la pêche qui, dans le Connecticut, l'Hudson, la Delaware, la Chesapeake et ses affluents avait été de 3870 136 livres d’Aloses en 1880, s’est élevé, en 1885, à 4145 290 livres, soit une aug- mentation de 965 229 livres, représentant une plus-value de 69580 dol- Jlars (337 900 francs), laquelle correspond à plus de dix fois la somme -Consacrée annuellement par l'Administration à la propagation de l’Alose. La dépense est donc très productive. D’après les observations communi- quées par M. Mc Donald, l’Alose adulte ne remonterait pas toujours exactement dans le cours d’eau où elle est née; son affluence dans telle ou telle rivière varie avec les circonstances atmosphériques. On a remar- qué que, quand elle est très abondante dans la Delaware, elle se montre, au contraire, en légions peu nombreuses dans la Chesapeake et vice versa. Lorsque le printemps est froid, les Aloses évitent les rivières ayant un long cours et provenant des régions montagneuses; elles re- cherchent les eaux plus chaudes des petites rivières où se fait sentir la marée. — M. Rondot écrit du château de Chamblon, près d’Yverdon (Suisse), -à M. l’Agent général : « M. Alfred Wailly vient de m’informer quil à envoyé, il y a quelque temps, à la Société d’Acclimatation une collection d'échantillons des soies peignées obtenues des cocons d’une vingtaine d'espèces de Vers à soie sauvages. ‘PROCÈS-VERBAUX. 657 » M. Wailly m’a exprimé le désir de voir ces soies étudiées au point de vue de leurs applications industrielles. » Je serai dans une quinzaine de jours à Paris. » Mais dès à présent je vous prie d'informer M. le président de la Société que je lui offre de faire examiner tous ces échantillons tant à la Chambre de commerce de Lyon qu’au laboratoire d’étude des Vers à soie et des soies, fondé par la Chambre de commerce à Lyon. » Un compte rendu de cet examen et des épreuves auxquelles les échantillons auront été soumis serait fait et serait adressé à M. le prési- dent de la Société. » de regrette que M. Wailly ait fait peigner les cocons de ces Vers sauvages, car l'étude de la bave ou soie des cocons aurait été plus ins- tructive et plus intéressante, et l’on aurait mieux jugé par comparaison de la valeur de la soie. » Toutefois j'incline à penser qu ’on pourra procéder avec ces bourres peignées à des essais suffisants pour se QUE une idée de la nature des brins primitifs. » Si vous pensez, Monsieur, que ma mo bafé sera accueillie, je vous prie de m’en informer au plus tôt. » Le Conseil accepte avec reconnaissance l’offre aimable de M. Rondot, et décide que les soies reçues de M. Wailly lui seront adressées sans retard. — M. le Secrétaire des séances dépose sur le bureau, de la part de M. le baron von Mueller, botaniste du gouvernement à Melbourne : 1° plusieurs notes concernant des végétaux australiens; 2° des graines des végétaux ci-après : Eucalyptus leucoxylon, Brachychiton carpen- tarica, Panicum spectabile, P. decompositum, Atriplex halimoides, A. spongiosum, toutes plantes très intéressantes à essayer, les unes en Algérie, les autres dans la région Sud-Ouest de la France. M. Raveret-Wattel saisit cette occasion pour signaler l’intérêt que M. le baron von Mueller ne cesse de porter à notre œuvre, et le zèle généreux avec lequel ce savant botaniste s’emploie à la propagation des végétaux utiles. On peut affirmer que c’est en grande partie aux efforts persévérants de M. von Mueller qu'est due l’acclimatation d’un grand nombre de végétaux australiens dans beaucoup de pays pour lesquels l'acquisition de ces essences étrangères est d’une haute valeur. — Des comptes rendus de leurs cheptels sont adressés par MM. Blan- din, Guérin, le comte de Buisseret, Le Pelletier, le docteur Camus, le marquis de Pomereu, le marquis d’Hervey de Saint-Denys, O’Neill et Poinsignon. Pour le secrétaire du Conseil : Jules GRISARD, Agent général de la Société. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Notes sur Madagascar. Extraits de diverses lettres adressées à M. le Président de la Société par le R. P. Paul Camboué, missionnaire apostolique. « Tamatave, 31 mai 1885. » J’ai l'honneur de vous remercier du bienveillant accueil que vous voulez bien faire à mès modestes envois et communications. Je regrette de ne pouvoir faire davantage; mais les hostilités me ferment pour le moment l’intérieur de l’île, où se trouvent «surtout les trésors bota- niques et entomologiques. Je ne vous en suis que plus reconnaissant de vouloir bien accepter l’obole‘du pauvre. » J'ai appris que la Commission de publication avait bien voulu accueillir favorablement mon petit mémoire sur les Bombyciens de Ma- dagascar. Bientôt j'espère pouvoir vous faire un envoi accompagné de quelques documents assez intéressants, je crois, sur ce même sujet, que j'étudie tout spécialement en ce moment. » Aujourd’hui je vous envoie quelques échantillons des graines de végétaux de nos îles de Madagascar, Maurice et Bourbon, j'en joins la liste sous ce pli. » Excusez-moi si je ne vous donne pas des renseignements plus com- plets pour le moment sur ces graines, j'y reviendrai plus tard. Je n'ai l'intention, en effet, d'entretenir la Société de nos végétaux utiles qu’a- près mes communications sur les Insectes. D'ailleurs l’envoi actuel est composé de graines de végétaux connus pour la plus grande partie. Je pourrais sans doute me procurer quelques graines de Riz sec malgache, et aussi quelques ‘pieds d’Orchidées, surtout Angræcum sesquipedale. » Les communications de M: Decroix et de M: le général comte de . La Croix de Vaubois au sujet des. Sauterelles m’engagent à vous com: muniquer un petit travail sur les Acridiens à Madagascar, auquel je travaille actuellement; j'espère l’envoyer bientôt à la Société. » Graines de végétaux des îles Madagascar, Maurice et La Réunion, envoyées par le R. P.: Camboué. N° 1. Pandanus; Vakoa. Croît dans les sables de Tamatave ; très résistant; les usages en sont nombreux; la feuille surtout employée pour. les enve- loppes de marchandises, etc. N° 2. Urania speciosa ; Ravinala; Arbre du voyageur. Croît jusque près de FAITS DIVERS ET EXTRAITS DÉ CORRESPONDANCE. 699 la mer, dans les sables, et aussi loin dans l’intérieur; les usages en sont encore plus nombreux. Utilisé pour les constructions des indigènes (toute la plante à peu près est utilisable). La graine donne une huile à manger prisée des indigènes. N° 3. Areca ; Lafasa. La graine est comestible. Très commune; vient bien dans les sables de Tamatave. N° 4. Copalier (Hymenæa verrucosa?). Croît très hien dans les sables de Tamatave, où il donne de jolis arbres. La feuille, nourriture d’un Bombycien séricigène ou ver à soie Borocera. Gomme copale. N° 5. Foraha (Calophyllum?). Croît dans les sables du bord de la mer à Tamatave; très vivace. Les indigènes font avec la graine une pommade pour la chevelure. N° 6. Palma GChristi; Voantanantanana; Ricin. Pousse comme la mauvaise herbe, à Tamatave, jusqu'aux bords de la mer. N° 7. Jatropha curcas; Voantanantanana; Vazaha; Pignon d'Inde. Même observation que pour le Palma Gkristi. Les indigènes emploient l'embryon des graines comme purgatif et À. Pendant mon séjour en « Imérina », au poste d’Ambohibeloma, à environ 40 kilomètres ouest de la capitale « Tarfnarive », j'ai pu constater, sur plu- sieurs indigènes, les bons effets de ce médicament à la dose de cinq à sept graines. Nota. Quant au Palma Christi, les Malgaches en exploitent l'huile comme médicament purgatif passé dans le commerce. | N° 8. Pinus Sinensis; Pin de Chine. Introduit à l'ile Maurice par Son Ex- cellence le Gouverneur actuel. Introduit à Madagascar par les missionnaires catholiques, j’en étudie actuellement la venue. À Tamatave, de jeunes plants ont levé de graines; l'avenir nous montrera comment ils se comportent dans ces parages; bonne venue sur les côtes. N° 9. Voanpena. Croît dans les sables de Tamatave; donnant un arbré assez joli; la graine mise dans la bouche présente un sEpus agréable, par- fumé et persistant assez longtemps. N° 10. Voavonkata. Nombreux dans les sables de Tamatave et jusqu'à une assez grande distance dans l’intérieur de l’île; donne un fruit RE PIERRE très bon mêlé de sucre et rhum ou cau- Pr N° 11. Voasefaka. Liane à beau fruit rouge. Croît dans les sables'de Ta- matave. Les indigènes «Betsimisaraka » se servent de la graine comme poison. N° 12. Cinchona succirubra. Bien connu. N° 13. Cinchona Bomplandii. Bien connu. N° 14. Cinchona officinalis. Bien connu. N° 15. Hingitra; Indigotier sauvage. Très abondant dans les sables de Tamatave. Les indigènes « Betsimisaraka » se servent de la feuille pour la teinture de leurs rabanes. (Le paquet en contient deux espèces.) N° 16. Diospyros meladina; Ebénier. Connu. N° 17. Diospyros reticulaba ; Ébénier veiné. Connu. Nota. Les sept ou huit graines sans numéro sont de Fœtidia Mauritiana ou Bois puant, inattaquable aux insectes. 660 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. « Tamatave, 2 juillet 1885. » J'ai l'honneur de vous envoyer, en même temps que cette lettre, le petit mémoire sur les Sauterelles de passage à Madagascar, que je vous ai promis. J’y joins un petit envoi de graines de Riz sec ou de montagne malgache, dont la culture pourrait peut-être intéresser la Société. » Quelques notes sur les Araignées de Madagascar, et particulière- ment sur la grande Epeira Madagascariensis et le Latrodectus Mena- vody, pourraient-elles être de quelque intérêt pour la Société? En ce moment j’étudie cette dernière Araignée, dont la morsure est, dit-on, si dangereuse. | » Bientôt, j'espère, je pourrai vous envoyer avec le résultat de mes éducations de Bombyciens séricigènes, quelques,cocons et Lépidoptères. » * ® « Tamatave, 24 août 1885. e® de: ri i» En même temps que cette lettre, j’ai l'honneur de vous expédier les graines de Riz dont je vous ai déjà parlé. Elles sont de provenance d’ « Amboanio », l’un des postes récemment conquis par nos braves soldats dans la partie Nord-Est du littoral de la grande île africaine. Ces graines me sont envoyées par mon correspondant comme étant de Riz sec.ou de montagne. ..» J’ai demandé encore d’autres échantillons de graines de ce même Riz sur différents points de l’ile. Je me ferai un plaisir de les FRE à ia Société en temps opportun, si je puis me les procurer. » Je joins aux graines de Riz, trois petits {ubercules qui me par- viennent de la petite île de « Mamoko » ou « Ambariotelo », située dans la baie de « Passandava ». Mon correspondant de cette petite île saka-. lave ne m’a dohné aucun renseignement à leur sujet en me les en- voyant. » P. S. — Je venais de terminer ces quelques mots quand on m'a remis une lettre de mon correspondant d’ « Amboanio » et quelques: graines de végétaux de cette même provenance. J'aurai Le plaisir de les envoyer à la Société par la malle prochaine. » Au sujet des Cycas, je signalerai ce végétal à la Société comme étant celui qui, à ma connaissance, a le mieux résisté à la brûlante at- mosphère du dernier cyclone qui a si terriblement ravagé notre côte au mois de février dernier. » vi Le Gérant: JULES GRISARD. : 4820. — BOURLOTON. — Imprimeries réunies, A, rue Mignon, 2, Paris. 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. NOTE SUR LES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DE LA MÉNAGERIE DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE Pendant les mois de septembre, octobre, novembre et décembre 1885. Par M. HUET « Aide-naturaliste, chargé de la ménagerie. Malgré la mauvaise saison et pendant les quatre derniers mois de l’année, nous avons encore eu à la ménagerie lesnais- sances de treize mammifères ; quelques-unes de ces naissances ont un grand intérêt par rapport à l’époque à laquelle elles sont arrivées ; cela peut donner, en effet, une idée de la ré- sistance des jeunes, issus cependant d'espèces provenant de contrées plus chaudes et plus ensoleillées que notre climat sombre et froid pendant les mois d'automne ; nous citerons : 1 Kob mâle, né le 18 septembre, et qui, jusqu’à présent, n’a pas paru souffrir, dont le développement ne s’est pas arrêté, quoiqu'il ait eu à supporter les intempéries du mois. de décembre, courant dans la neige ou restant à la gelée toute la journée, sans même se réfugier dans la cabane dans laquelle sa mère l’invitait à rentrer. Le 6 décembre, en pleins jours de froid, il est né une . femelle de Bless Bock (Alcelaphus albifrons), que nous n’es- périons pas garder vivante; mais, grâce aux soins que nous. avons pris de tenir ce jeune animal enfermé avec sa mère- lorsque la température était trop froide, et l’habituant petit à petit à l’air extérieur, nous espérons maintenant qu’il ré-- sistera au reste de l’ Hu Il est né aussi deux Muntjacs hybrides de Cervulus lacry-- mans mâle et de GC. Reevesi femelle, ces charmants petits: ruminants dont nous avons déjà parlé, qui se reproduisent en foutes Saisons, - sans autre abri qu’une cabane ouverte- 4e SÉRIE, T. Il. — Décembre 1885. 43 662 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. où tous, mâles et femelles, se réfugient pendant la nuit, sans que jamais, jusqu’à ce jour, nous ayons eu d'accidents; ce sont donc des animaux qui non seulement sont très résistants, mais encore qui vivent parfaitement en famille, quoique l’espace soit restreint relativement au nombre dont se com- pose ce petit troupeau, qui est formé : dix-huit individus. Signalons encore : 2 Antilopes de l’Inde (Antilope cervicapra) ; 2 Cerfs-cochons (Cervus porcinus), de l'Inde ; 3 Nylgauts (Antilope picta), de la même mère ; mais nous devons dire qu'aucun d’eux n’a vécu; sans doute ils étaient trop à l’étroit dans le ventre de la mère, car un seul est né vivant et n’a pas tardé à mourir; les deux autres n'étaient pas à terme, ils étaient même déjà en décomposition. Nous avons souvent vu les femelles de Nylgaut mettre bas deux jeunes ; mais trois, c’est, croyons-nous, la première fois que ce fait se présente, ou bien il n’aura pas été signalé. Enfin, nous signalerons encore parmi les naissances un Ane blanc et une femelle de Bison ; ce dernier jeune se trouve en cette saison dans des conditions tout à fait favorables aussi le voyons-nous grandir, on pourrait dire à vue d'œil. Plusieurs dons importants ont été faits à la ménagerie : à Tigres de Cochinchine (Felis tigris); 1 Orang-outang (Simia Satyrus), don de M. Brau de Saint- Pol Lias; 3 9 Genettes de l’Inde (Genetta Indica), don du même; 2 Paradoxures types (Paradoæurustypus), don du même; 4 Antilope de montagne (Scopophorus montanus), du Sé- … négal, don de M. Arbey; À Cerf roux (Cervus rufus), du Brésil, don de M. Croos; 4 Renard de l'Himalaya (Vulpes Himalaica), don du même ; 1 Renard argenté (Vulpes argentatus), de l’Amérique du Nord, don de M. Beaussart ; 6 Gerbilles à grosse queue (Pachyuromys Duprasi), d'AI- gérie, don de M. Lechatellier ; sai sul RS = = = ==> ES NAISSANCES, DONS ET ACQUISITIONS DU MUSEUM. 663 Cerf du Mexique (Cervus Mexicanus), d'Algérie, don de M. Martin; Genette d'Afrique (Genetta Afritand), don de M. le) : comte Marois ; Phoque ordinaire (Phoca vitulina), de la baie de Somme, don de M. Tysau ; Papions (Cynocephalus papio), du Sénégal, don de MM. Lenoir et Pereira; Macaque (Macacus cHROMENS à de l'Inde, don de M"° Ziemorha ; Macaque (Maraous cynomolqus), de l'Inde, don de M. Go- dard ; Mie bonnet chinois (Macacus sinicus), de l'Inde, don de M. Héritier Guyot; Callitriche (Cercopithecus sabœæus), d'Afrique, don de M. Saint-Loup ; Mône (Cercopithecus mona), d'Afrique, don de M. Potier Prohon ; Cercocèbe enfumé (Cercocebus fuliginosus), d'Afrique, don de M. Collet, vice-consul de Suède ; Goélands à manteau bleu (Larus argentatus); d'Europe, don de M: d’Aly; Faucon hobereau (Falco subuteo), de France, don de M. Bichet; Cresserelle (Falco tinunculus), de France, don de M. Goutorbe ; Buzard de marais (Circus æruginosus), de France, don de M. Martin; Chouette effraie (Strix flammea), de France, don de M. Gentil; Choquard des Alpes (Pyrrhocorax Alpinus), de France, don de M. Cazin; Geai (Garrulus glandarius), de France, don du même ; Merle à plastron (Turdus torquatus), de France, don du:mémert 41! 664 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. MAMMIFÈRES ET OISEAUX ACQUIS. 2 Ours noirs (Ursus Americanus); Muntjac (Cervulus Muntjac), de l'Inde; Cerf du Mexique (Cervus Mexicanus); Mône de Wilfield (Cercopithecus Wilfieldii), d'Afrique ; Antilope de l’Inde (A ntilope cervicapra); Antilopes Beïsa (Oryx Beïsa), d’Abyssinie; Macaque ordinaire (Macacus cynomolqus), de l’Inde ; Ara rouge et bleu (Macrocercus macao), d'Amérique ; Cacatoës à huppe rose (Cacatua Moluccensis) ; Tragopans de Cabot (Ceriornis Cabotii), de Chine ; Faucon de Barbarie (Falco Barbarus), d'Afrique ; Aigle fauve (Aquila fulva), d'Europe. > HR NO D PR RO 2 + à La ménagerie s’est donc enrichie, pendant l’année 1885, de 528 mammifères et oiseaux, nés, donnés ou acquis. Nés. Donnés. Acquis. | Total. . Mammifères. .... ‘60 74 21 155 Oiseaux 2048 125 51) 193 373 185 1991 1 VISTA INMENERE FERME D’AUTRUCHES DE ZÉRALDA (ALGÉRIE) Extrait d’une lettre adressée à M. le Secrétaire général Cl Par M. A. LALOUE. J'ai le plaisir de vous apprendre que nous avons enfin un premier résultat satisfaisant à notre ferme de Zéralda. Deux de nos couples couvaient, l’un 12 œufs, l’autre 15. Sur ces 27 œufs, 25 petits Autruchons sont éclos; 1 de ces Autruchons a été écrasé par les parents et les 24 autres sont tous bien portants. Nous espérons encore d’autres éclosions, mais nous redou- tons toujours pour l'élevage les pertes qui résultent du cli- mat, du sol ou de notre inexpérience. | Nous nous sommes inspirés de toutes les notions existant sur ce sujet. Nous avons fait bien des expériences, et malgré cela nous avons encore perdu, l’année dernière, tous nos élèves. Toutefois nous avions déjà obtenu un résultat supérieur à l’année précédente, grâce, je crois, à une dose suffisante de phosphate de chaux mêlé à une nourriture très variée. Bien que l’âge critique soit de trois mois pour les Autru- chons, nous les avons conservés jusqu’à l’âge de six mois. Ils étaient même devenus très beaux et très forts. Nous les croyions sauvés; plusieurs d’entre eux avaient déjà atteint la hauteur de plus de À mètre. À partir du sixièmefmois, nos oiseaux ont commencé à éprouver leur maladie habituelle, et ils se sont tous, les uns après les autres, cassé les jambes. Désirant connaître, s’il élait possible, la cause du mal qui enlevait ainsi nos malheureux Autruchons, je me suis fait ex- . pédier les membres de plusieurs de ces oiseaux. M. le D' Valtat a bien voulu nous rendre Le service de faire quelques recherches sur diverses parties des membres cas- sés, et nous a communiqué les renseignements suivants : 666 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION, Recherches ayant porté sur les échantillons d’os d’Autruche (NS 5, 6, 8, 9). Le procédé employé a été la décalcification des os par immersion pro- longée dans l’acide nitrique étendu d’eau. l Une pesée faite avant et après l’opération indique de façon assez exacte le rapport proportionnel, dans chaque échantillon, entre la ma- tière organique et les sels calcaires. N°5. Autruchon de 6 mois envi- | Échantillon du poids de.... 59,50 ron. Fracture spontanée. Mort. Pesant après décalcification. 19,90 N° 6. Autruchon de 6 mois. Fracture probablement sponta- née. Mort, Échantillon du poids de... 179,50 Pesant après décalcification. 65,25 Échantillon de... .. 49,025 N° 8. Autruche du Cap. 18 mois | S’est réduit pendant l'opération environ. | à une petite masse informe qui n’a pu être utilisée. N°9. Autruche de 18 mois en- viron. Fracture produite à Paris | Échantillon du poids de... 119,70 et soignée sans résultat pendant } Pesantaprésdécalcification. 45,00 6 mois. ; En ramenant les chiffres ci-dessus indiqués à la proportion centési- male, on voit que lesdits échantillons donneront : | N° 5. Matière organique...... 34,20 pour 100 — Matière calcaire ....... (64,80 dito N° 6. Matière organique...... 36,00 dito — Matière calcaire ...... . 63,00 dito N°9. Matière organique...... 34,00 dito — Matière calcaire ....... 65,45 dito Orces chiffres sont, à très peu près, ceux que donnent les analyses classiques sur la composition des os en général, et en particulier sur la composition des os des oiseaux. En eftet, composition normale de | Matière organique....... . 34,72 l'os (Diseaux)e ne Matière inorganique....... 65,28 Il semble donc, d’après cette analyse, forcément imparfaite, mais très approximative cependant, que les os examinés ne présentent pas d’alté- ration au point de vue de leur composition chimique. Peut-être en se- rait-il autrement si, au lieu de rechercher la proportion des sels cal- caires et de la matière organique, on étudiait les os au point de vue de leur volume, de leur densité, de leur porosité plus ou moins grande. Mais on comprend que cette étude ne pourrait être faite que sur les lieux, par l’examen attentif d’un certain nombre de sujets du même âge, de la FERME D’AUTRUCHES DE ZÉRALDA. 667 même taille, etc., non seulement pendant la vie, mais après autopsie. J'ai cru bien faire en joignant à cette courte analyse le résumé d’ex- périences faites autrefois par Chossat et Panus, aujourd’hui à l’état de document classique, presque bänal : Chossat, étudiant l'influence des sels calcaires sur la nutrition des oiseaux, a vu que ceux-ci, soumis à un régime alimentaire privé de sels calcaires, ne tardaient pas à dépé- rir, puis à succomber. Le fait, répété depuis par nombre d’observateurs, a constamment donné les mêmes résultats; ce qui ne surprend guère, d’ailleurs ; mais l’analyse des os, pratiquée dans ces circonstances, a donné des résultats assez inattendus et montré que, quel que soit le ré- gime alimentaire imposé à l’animal, la composition de l’os ne variait que peu ou pas, tandis que son volume seul subissait une réduction r0- table en rapport avec la durée de l’expérience. Ainsi trois pigeons, ABC, privés de sels calcaires, donnaient à l’analyse du squelette : À. Matière organique... 35,63 Matière calcaire. 64,31 B. —. 34,14 — 65,26 C. _— OS — 66,27 Soit en moyenne........ DAMON PACE Le D, 20 Or nous avons vu que sur des Pigeons, pris dans des conditions nor- malès, l’analyse du squelette donne, en tant que composition chimique, des chiffres presque identiques, soit : 34,72, 65,28. Il semble ressortir de ce travail intéressant que le manque de sels calcaires aurait pu produire des accidents du genre de ceux que nous regrettons. Mais étant donné le soin que nous avons mis à fournir à nos oiseaux : des pierres, des co- quillages et du phosphate de chaux, il est bien probable qu'il faut chercher ailleurs les causes de notre insuccès. Doit-on l’attribuer au climat, à la nature du sol ou à la nourriture ? Si l’on considère la bonne santé des Autruches adultes, ainsi que les résultats de pontes et éclosions que je signale: plus haut, il est bien difficile de croire que le climat n’est pas favorable. Îlest bien probable que la cause réside plutôt dans + nour- riture et le manque d’espace. Cette année, nous allons conti- nuer nos expériences et donner à nos Autruchons un espace relativement grand, où ils pourront eux-mêmes chercher et. choisir la plus grande partie de leur nourriture. Peut-être trouverons-nous enfin le moyen d'obtenir un meilleur ré- sultat. 11. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNICATIDNS FAÎTES A LA SOCIÉTÉ. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES Par L. MOLEYRE Préparateur au Muséum. (Fin.) Avec la Crevette grise ou Crangon vulgaris, celle qu’on pourrait appeler aussi la Crevette du pauvre, nous entrons dans un troisième groupe, celui des Alphéines qui ont comme les Palémonines quatre pattes en pince didactyle, mais ici c’est la première paire qui est la plus robuste. Quoi- que bien plus petite que la Crevette rose sa triomphante rivale, celle-ci fournit une plus grande somme de ressources à l'alimentation, et rend par conséquent plus de services, grâce à sa multiplication prodigieuse. Vivante, elle est pres- que transparente, sauf quelques points verdâlres qui passent au rouge dans certains individus. Une fois cuite, elle est d’un gris à peine rosé. Mais il est toujours facile de la distinguer du Palémon en ce que son roslre est tout petit et réduit à un tubercule pointu dépourvu de dentelures. Une autre espèce du même groupe est la Nika edulis, à état vivant d'un rose vif, ornée de taches et de points jaunâ- tres. On la pêche abondamment dans la Méditerranée, et toute l’année les villes du littoral, aussi bien en Algérie qu’en France, en ont leurs marchés approvisionnés (1). Dans les mers chaudes (2) la famille des Caridides n’est pas moins bien représentée qu’en Europe, et il serait, nous l’avons dit, sans intérêt de mentionner toutes espèces em- ployées comme aliment. On comprend que tous les peuples primitifs qui mangent des Termites ou des chenilles n’ont garde de dédaigner une nourriture aussi délicate que la chair des Crevettes, et tout au plus pourrait-on citer spé- (1) Le genre. Nika: est! remarquable par l'inégalité de développement des deux premières pattes, une seule est terminée en pince didactyle. (2) Il est utile de savoir que tous les Caridides ne sont pas des animaux marins. {1 y a des Palémons fluviatiles et on en trouve même en Europe. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 669 cialement les espèces pêchées en assez grande quantité pour donner lieu à un commerce régulier. Malheureusement, sur ce point, les ouvrages descriptifs ne fournissent en général aucun renseignement, et, d'autre part, les récits des voya- FIG. 8. Têtes de Caridides, — 1. Palémon. — 2. Crangon. — 3. Nika. geurs, si difficiles à traduire scientifiquement lorsqu'il s’agit * d’Insectes, permettent encore moins de donner, pour des Crustacés, des noms spécifiques exacts. Et c’est assurément bien fâcheux, car parmi les Caridides des mers chaudes il est certainement des espèces nombreuses et en même temps abondantes à peu près perdues pour l’homme. Il est hors de doute que beaucoup d’entre elles pourraient être mises en « coupe réglée » au moins pour préparer des conserves et augmenter ainsi nos ressources. Cela se fera peut-être un jour, lorsque moins de gens iront dans les contrées lointaines pour chercher des aventures ou trouver des émeraudes gros ses comme des rochers. ru 670 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Il nous reste maintenant à développer, pour terminer cet article sur les Crevettés, quelques considérations importantes sur la biologie des: espèces qui vivent sur nos côtes. Il est facile de constater à certaines saisons que les Crevettes (Cran- gons ou Palémons) peuvent pondre un très grand nombre d'œufs. Depuis que ces espèces existent, si tous les œufs ainsi pondus avaient donné naissance à à des Crevettes, et si toutes ces Crevettes étaient arrivées à l’état adulte de manière à effectuer au moins une ponte, la mer ne suffirait plus à con- tenir ces Crustacés. Mais, avant d'arriver à l’état adulte, les Crevettes doivent subir des métamorphoses, pendant les- quelles leurs organes encore incomplets les mettent dans un certain état d’infériorité, et augmentent de beaucoup les chances de destruction qu’elles ont à courir de la part de tous les animaux voraces qui peuplent les mers. C’est seulement grâce à la fécondité des Crevettes que ces chances de destruction sont contre-balancées et que tant d’es- pèces peuvent se montrer encore en très grande abondance. Cependant diverses circonstances peuvent occasionner dans certaines années une destruction plus grande de quelques espèces; une foule de causes presque impossibles à préciser peuvent empêcher l’éclosion d’un grand nombre d’œufs, et il peut arriver aussi que certains ennemis, par suile de condi- tions favorables à leur multiplication, soient en état de faire aux Crevettes dont ils se nourrissent une guerre exception- nellement meurtrière. Mais dans presque tous les groupes du règne animal on voit dés événements du même genre, et où a pu constater qu'il existe toujours une sorte d'équilibre numérique entre les espèces carnassières et celles qui. leur servent de nourriture habituelle. C’est, suivant les années, tantôt l’une et tantôt l'autre qui se multiplie excessivement. Aussi, lorsque nous voyons des journaux annoncer de temps en temps que les Crevettes deviennent de plus en plus rares sur nos côtes, ét que ces animaux finiront dans un temps rapproché par disparaître complètement, cette information ne nous émeut guère. On a répété cette histoire en 1884. Or les chiffres officiels de la statistique relative à la pêche des INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 671 Crevettes pendant les années 1882 et 1883 accusent pour celte dernière année une certaine augmentation. Ceux qui n’ont aucune idée de la biologie en concluront certainement qu'une pêche excessive en 1883 a déterminé l’année suivante une décroissance assez notable pour que les PRET s’en soient aperçus. ) Mais, quelque haute idée que nous ayons de la Durs de l’homme, nous ne pensons pas qu’il puisse influer d’une manière sérieuse sur la disparition des Crevettes, seulement par le tribut annuel qu’il prélève sur leur population. Il existe dans les mers du Nord plusieurs espèces de Crustacés infé- rieurs excessivement abondantes, qui ne sont d'aucune utilité pour l'alimentation de l’homme, au moins d’une manière directe, car ces Ostracodes, ces Copépodes peuvent être re- gardés comme des animaux utiles, parce qu’ils servent à nourrir les morues et d’autres poissons (1). Or il ne paraît pas que les pêcheurs de morues ou d’autres poissons, malgré tous leurs efforts, soient des alliés bien avantageux pour ces malheureux Copépodes; les journaux n’annonceront jamais qu’ils menacent de faire déborder l'Océan. Nous rendons d’ailleurs avec beaucoup de persévérance des services du même genre aux Crevettes; nous les avons même complé- tement débarrassées des Baleines qui fréquentaient autrefois nos côtes océaniques et très certainement ne dédaignaient pas, au moins de temps à autre, d’engloutir des fournées de Caridides (2). Enfin, on sait que la pêche des Crevettes ° n’est pas en ce moment le meilleur moyen de faire rapide- ment une fortune considérable ; mais, si le nombre et l’activité de nos pêcheurs (ou pêcheuses) venaient à augmenter tout à coup dans d'énormes proportions, il est évident que cette industrie cesserait bientôt d’être rémunératrice, et devrait être abandonnée bien avant qu'une seule espèce ait tout à fait disparu. (1) P. Hyat, Boston Soc., XXI, p. 83-90, 1882. | (2) Dans l’estomac des Baleines monstrueuses recueillies en Laponie. par M. le professeur Pouchet, on a trouvé exclusivement des milliards de Crusta- cés;appartenant à une espèce beaucoup plus petite quelnotre Crangon vulgaris 672 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Le Homard et l’Écrevisse sont les représentants les plus connus d’une nombreuse famille, les Astacides, qui com- mence ici la série des Crustacés comestibles à carapace pier- reuse. Nous n'avons pas à insister sur les services que nous rend comme ressource alimentaire le Homard, servi sur toutes les tables, constituant sous forme de conserve un aliment substantiel et peu coûteux à la portée des classes peu aisées, et d'autre part capable de supporter les préparations culi- naires les plus raffinées. Ces services variés et importants sont connus de tous mes lecteurs. L Une raison analogue nous dispense de décrire l'animal: cependant il est un point de description utile à noter parce qu’il permet de reconnaître facilement et à coup sûr le sexe d’un Homard. En effet, chez la femelle, les organes génitaux s'ouvrent au dehors par deux petits orifices situés sur Îles hanches de la troisième paire de pattes, tandis que les orifices du mâle se voient sur les hanches de la cinquième paire. Il suffit donc d'examiner la face inférieure du Homard en portant son attention sur les hanches, c’est-à-dire sur les articles qui servent immédiatement de base à chaque patte, et l’on apercevra facilement sur la troisième ou sur la cin- quième paire les orifices en question. Le Homard ordinaire (Homarus vulgaris) se rencontre FIG. 9, Jeune homard (après la première mue). assez communément dans toutes les mers qui baignent nos côtes, mais il se tient exclusivement dans certaines stations qu’il affectionne, et en dehors desquelles on n’en trouverait pas un seul. C’est là qu’il vit, à une profondeur médiocre, INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 073 faisant la chasse aux Astéries dont il est très friand, aimant à se tapir dans les rochers creux, et beaucoup moins vagabond que la Langouste (1). Au printemps il se rapproche des côtes, mais sans dépasser pourtant la limite des grandes marées. Le Homard effectue sa ponte à une époque assez variable, mais rarement en dehors des trois derniers mois de l’année. Cette ponte ne dure qu’un jour, bien que le nombre moyen des œufs soit de 20 000 (2). Aussitôt sortis ces œufs se trouvent englués d’une sécrétion visqueuse qui les attache aux fausses pattes en grappes volumineuses, et restent ainsi fixés au corps de la mère pendant toute la durée de l’incubation, c’est-à-dire pendant six mois. C'est donc vers le mois d'avril que les jeunes Homards doivent sortir de l'œuf et quitter leur abri. Alors mille dan- F6, 10 et 11, Rostres de Homards. — a. Homarus vulgaris. — b. Homarus Americanus. gers les assaillent, et bien qu'ils soient, comme nous le ver- rons plus loin, beaucoup mieux protégés que les Langoustes, leur petitesse les expose aux attaques d’une foule d’ennemis. Aussi après, cinq ans, temps qu’il leur faut pour atteindre (1) 11 faut remarquer que le poids et le volume de ses pinces doivent con- tribuer à ralentir son allure. (2) C’est une moyenne fixée par Coste, l’auteur de tant de beaux ouvrages surle développement. 674 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. seulement la minime taille de 20: centimètres, après avoir subi plus de vingt mues, si l’on pouvait compter ce qui reste d’une ponte dé 20000 œufs, on trouverait bien des vides creusés par la voracité d'animaux marins les plus variés. Longtemps on à confondu avec le Homard commun ou Homard d'Europe, une espèce très voisine du resté, qui ha- bite les côtes du Labrador, l'embouchure du Saint-Laurent et quelques autres localités de l’Amérique septentrionale. C’est M. H. Milne-Edwards qui l’a distingué sous le nom de Homarus americanus, en montrant que son rostre est pourvu d’épines inférieures absentes chez notre espèce. On remarque dans les galeries du Muséum deux de ces Homards d’une taille gigantesque : ils n’ont pas moins de 1 mètre de lon- gueur (en les mesurant de l’extrémité antérieure des pinces jusqu’à l’extrémité de la queue). Quand on songe à la crois- sance si lente de ces animaux, obligés pendant leurs pre- mières années de se débarrasser si souvent de leur carapace devenue trop étroite, ce qui les expose momentanément à de plus grands risques jusqu’à ce que leurs téguments neufs se soient consolidés, quand on songe ensuite que plus tard ces Crustacés ne peuvent plus muer qu’une fois par an, ce qui est évidemment un obstacle à une croissance rapide, on se de- mande quel âge biblique ont pu atteindre ces géants Déca- podes, et on reste persuadé que le nombre des individus arri- vant à ces dimensions est peut-être plus faible que celui des centenaires chez nous. Après les Homards on peut étudier les Nephrops, Astacides marins aussi remarquables que peu connus, représentés dans nos mers par une belle espèce, le Nephrops norvegicus. C’est une sorte de grande Écrevisse de forme très allongée, armée de longues pinces garnies d’épines et de fortes côtes longitu- dinales. Elle a de gros yeux réniformes et les écailles qui recouvrent la base de ses antennes externes sont remarqua- bles par leur largeur. Sa couleur, à l’état de vie, est ordinai- rement d'un rouge pâle. couleur de chair. Hâtons-nous de dire que le nom spécifique de norvegicus attribué à cette espèce est des plus mal choisis, attendu que cmt INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 675 ce Nephrops ne se trouve pas seulement sur les côtes de Nor- vège. On le rencontre sur les côtes d'Angleterre et il paraît même qu'il est si abondant dans le détroit de Forth qu’on le prend souvent à la ligne comme le. poisson (1). On le trouve aussi sur les côtes de la Manche et de l'Océan. Enfin il existe également dans la Méditerranée, et c’est même là, sur les bords de l’Adriatique, qu’on en pêche et qu'on en consomme le plus. | On dit que les Nephrops sont unexcellent comestible. Ce serait donc une bonne fortune que de se trouver dans un én- droit où l’on vient de pêcher de ces Crustacés, car ils parais- sent nese montrer sur nos côtes que d’unemanière fort peu régulière. Pour moi, j’en connais les mérites alimentaires par les éloges que m’en a faits M. Maurice Girard. Se trouvant au Havre, ce naturaliste a eu l’heureuse chance de voir pêcher des Nephrops et d'en manger plusieurs fois. Il serait plus facile à mes lecteurs, si par hasard cela leur était nécessaire, d'apprécier par eux-mêmes la valeur gastro- nomique de l’Écrevisse, qu'on peut se procurer en tout: temps. J'espère qu'ils ont fait depuis longtemps cette expé- rience, et qu’ils connaissent à fond toutes les qualités utiles et agréables de l’Écrevisse, qualités que personne n’oserait discuter. Mais il y a aussi dans l’histoire naturelle de ce Crus- tacé bien des particularités curieuses, moins connues certai- nement que l’animal lui-même et l'emploi qu’on en fait. Nous devons rappeler les plus intéressantes, en évitant le plus _possible de faire double emploi avec les ouvrages spéciaux, auxquels nous renverrons nos lecteurs. Les œufs de l’Écrevisse, pondus vers le commencement de décembre, restent, comme d’ailleurs ceux; des autres Dé- capodes, attachés aux lamelles abdominales de la mère, qui leur procure ainsi un abri précieux, d'autant plus précieux que ces œufs, au nombre d'environ deux cent cinquante, ne doivent éclore que six mois plus tard, c’est-à-dire vers la fin du mois de mai. Quelques semaines avant cette époque, les (1) Leach, Brit. Mæacostr. 676 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. œufs, qui étaient d’abord d’un noir violacé, sont envahis d’une couleur rougeâtre ; c’est l'indice d'un progrès plus rapide dans le développement; mais ils ne tardent pas à changer encore de couleur, ou plutôt à devenir transparents, et on peut alors apercevoir à l’intérieur les mouvements de l'Écrevisse prête à éclore. Il ya évidemment pour cette dernière, quand on la com- pare au Homard, un degré de plus dans l'absence de méta- morphoses. La j jeune Écrevisse sort de l'œuf beaucoup plus développée que le jeune Homard. Elle est armée de pied'en cap et ressemble entièrement à une Écrevisse adulte, sauf bien entendu la taille, sauf les proportions de quelques ap- pendices, ainsi que la coloration. Elle est aussi beaucoup plus agile. Aussi se met-elle en chasse dès qu’elle a dévoré la coque de son œuf, et par-c1 par-là quelqu’une de ses sœurs faibles ou mal venues, qui ne produiraient que des êtres dis- gracieux. Tout cela nous explique fort bien pourquoi l’Écre- visse ne pond qu'un nombre d'œufs insignifiant comparé à celui des œufs de Homard, et surtout des œufs de Langouste. C’est que les deux derniers sont exposés à plus de dangers. Aussi l'exemple de ces trois Crustacés est-il un des meilleurs qu’on puisse donner pour démontrer qué la fécondité d’une espèce est en raison direcle des risques qu’elle doit courir dans son jeune âge. Toutefois, si l’Écrevisse jouit de grandes immunités, elle n’est pas pour cela à l'abri de toute espèce de risques. Avant d’éclore, les œufs sont guettés par plusieurs sortes d’enne- mis, qui réussissent quelquefois à les détacher du ventre de la mère. Ensuite, à l’époque des mues, l'Écrevisse est tout aussi exposée que les autres Décapodes, et jusqu’à l’âge adulte, il faut qu’elle en accomplisse un très grand nombre. Nous les-indiquons ici, d’après les observations de M: Chan- tran, faites au Collège de France, dans les appareils de Coste. La première mue a lieu dix jours après la naissance, et porte de 15 à 21 millimètres la taille de l’Écrevisse. Il s’en produit quatre autres à des intrevalles de vingt ou vingt-cinq jours, jusqu’au mois de septembre. Au printemps suivant, l'Écre- INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 677 visse recommence une nouvelle série de cinq mues, de même la troisième année (1). À partir de l’âge adulte. les mâles n’ont plus que deux mues par an et les femelles une seule, ce qui explique pourquoi de deux Écrevisses du même âge, mais de sexe différent, la femelle est toujours plus petite. A chacune dé ces mues, l’Écrevisse éprouve un notable accroissement, ces changements de carapace n’ayant pas d’autre objet que de permettre à l'animal de grossir. On a suivi autant que possible, année par année, les progrès de cette croissance; mais les observateurs qui se sont occupés de cette question sont loin d’être d'accord, ce qui s’explique très bien par la difficulté qu'il y aurait à conserver des Écre- visses pendant quinze ou vingt ans. Personne n’a pu réussir une aussi longue expérience, et on ne sait même pas avec cer- titude s’il faut dix ans ou seulement huit ans pour qu’une Écrevisse devienne marchande, c’est-à-dire pèse au moins 50 grammes. Quant à celles qui atteignent Le poids prodigieux de 150 grammes, il faudra encore bien des années avant que leur âge puisse être calculé avec exactitude. Les Écrevisses, une fois sorties de la période des mues fré- 1 quentes, n’ont pour ainsi dire plus d’ennemis à redouter, mais elles sont sujettes à diverses maladies. encore mal con- nues. On connait mieux les nombreux parasites qui les tour- mentent. Ce sont d’abord les Branchiobdelles (ou Astacob- della), sortes le sangsues, dont une espèce, la B. parasita, se fixe par sa ventouse anale au ventre de l’Écrevisse, et quel- quefois aussi à la base des antennes. L'autre, B. astaci, en- core plus commune et plus dangereuse, s’attache aux bran- chies du Crustacé. Quelquefois se développent dans l'abdomen de l’Écrevisse des Annélides d’un autre groupe, celui des Helminthes, ils finissent par en remplacer presque toute la chair. Enfin, deux espèces de Mollusques peuvent nuire sérieusement à l'Écrevisse. L'une, Dreyssena polymorpha, commune surtout en Allemagne, se fixe en grand nombre sur l'abdomen du Crustacé, ce qui peut l’incommoder (1) Le nombre des mues annuelles s'élève quelquefois à six dans les années chaudes. 4e SÉRIE, T. II. — Décembre 1885. A4 678 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. beaucoup. Car, lorsque ces Mollusques sont nombreux, comme ils s’attachent aux deux faces de l'abdomen, l’Écre- visse ne peut plus replier cette partie. M. Maurice Girard a appelé l'attention des naturalistes sur un Mollusque encore plus singulier par ses habitudes (1). C’est aussi un bivalve, et il en profite pour pincer le bout de la patte de l° Écrevisse et s’y fixer solidement. On voit des Écrevisses qui portent ainsi, comme un petit sabot, une coquille à chaque patte. M. Girard s’est assuré que ces Mollusques, appelés Cyclas fontinalis, pratiquent en très peu de temps une érosion circulaire sur les pattes du Crustacé, sans doute pour en tirer le sang. Jetons maintenant un coup d'œil, pour en finir avec les Astacides, sur l’ensemble des Crustacés de tous pays, qu’on peut réunir sous la désignation commune d’Écrevisses, bien que le genre Astacus qui lui correspond ait été Sibnee en genres nombreux. On sait que la plupart des Écrevisses con- sommées à Paris nous viennent des derniers confins de l’AI- lemagne. Lorsque cette région sera épuisée, comme d’autres l'ont été en si peu de temps, on s’adressera sans doute à la Russie; mais ensuite ? Ensuite, si l’on n’a pas trouvé moyen de multiplier Les éducations ou de repeupler nos cours d’eau, on se heurtera à l’Oural, au delà duquel il n’y a plus d’Écre- visses. Il est donc intéressant de passer en revue les diffé- rentes espèces, en suivant autant que possible leur répartition géographique. Il est naturel de commencer par l'Écrevisse dite « pieds- rouges » (Astacus fluviatilis), celle dont il a été question jusqu'ici. Elle se trouve dans toute la France, où elle habite les grands fleuves et les rivières d’une certaine profondeur; elle était autrefois très abondante, mais une pêche excessive a fini par en dépeupler nos cours d’eau. Cette espèce ne se trouve pas en Angleterre; elle ne se trouve pas davantage dans la plus grande partie de la Russie. La petite Écrevisse, dite « pieds-blancs » (Astacus torren- tium ou fontinalis), se distingue de la première par la forme (1) Maurice Girard, Remarques sur l’Astacus fluviatilis (Ann. Soc. Ent. de France, 1858, p. 138-142). INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 679 différente de son rostre, par la couleur de ses pattes, et enfin par des mœurs tout autres. [l faut à celle-ci des eaux vives et peu profondes. Elle est bien plus répandue que l’autre, mais on l’estime beaucoup moins, bien qu'il n’y ait à vrai dire pas grande différence de goût entre les deux, et que certaines personnes donnent mème la préférence à l’Écrevisse pieds- blancs. Le principal motif de la préférence accordée à l’Écre- visse pieds-rouges, c’est, selon moi, que cette espèce peut devenir beaucoup plus grosse, et par suite plus présentable. L’Astacus fontinalis présente de nombreuses variétés, dont plusieurs naturalistes ont fait des espèces sous les noms de saæatilis, tristis, etc. C’est la seule Écrevisse qu’on trouve dans les Iles Britanniques, mais elle n’existe pas en Russie. Ce dernier pays paraît être le domaine d’une bien curieuse espèce, l’Astacus leptodactylus, grande Écrevisse à pinces longues et grêles. Très robuste et plus féconde que nos espèces, elle paraît avoir en outre une étonnante facilité pour s’accommoder aux conditions d’existence les plus va- riées ; on la rencontre dans des eaux très saumâtres, et même, ce qui est encore plus étonnant, elle vit très bien dans la mer Caspienne, à une assez grande profondeur. Avec de tels avan- tages, il est tout naturel qu’elle ait fait disparaître l’Astacus fluviatilis toutes les fois que des percements de canaux les ont mises en présence. Il faut maintenant franchir toute l'Asie et atteindre le bassin du fleuve Amour pour rencontrer des Écrevisses. Il paraît qu’au Japon on en trouve aussi une espèce. Enfin, si l’on franchit le Pacifique, on retrouvera dans la région califor- nienne, à l’ouest des montagnes Rocheuses, des Écrevisses qui diffèrent à peine des nôtres. Mais il n’en est plus de même de l’autre côté, c’est-à-dire dans la plus grande partie des États-Unis. Là les Écrevisses possèdent quelques caractères assez importants pour qu’on ait cru pouvoir en former un genre spécial sous le nom de Cambarus. Ce sont de curieuses Écrevisses que ces Cambarus, dont une monographie récente de Hagen nous fait connaître une trentaine d'espèces. Dans le nombre est naturellement 680 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. compris le fameux Cambarus pellucidus, Écrevisse aveugle, qui vit dans les cavernes du Kentucky, et aussi, je crois, une deuxième espèce également aveugle et vivant de même dans des grottes absolument obscures. Les Cambarus sortent plus volontiers de l’eau que nos Astacus. M. A. Sallé, voyageur naturaliste bien connu dans les deux mondes, m’a raconté qu’il avait vu souvent dans les prés submergés des nuées de Cambarus attablés autour des déjections d'animaux herbi- vores, qu'ils fouillaient à l’envi. Est-ce pour y chercher des insectes coprophages ou se nourrir de ces matières? Peut- être l’un et l’autre. Ces animaux doivent être au moins aussi omnivores que nos Écrevisses; on a même signalé, il y a fort longtemps, des Cambarus commettant des ravages dans les rizières. Toujours est-il que depuis cette époque M. Sallé ne peut voir des Écrevisses sans se rappeler avec dégoût les mœurs évidemment malpropres des Cambarus. Hélas! nos Crustacés les plus exquis, et même nos plus délicates Écre- visses, n’ont pourtant rien à reprocher sur ce point aux Asta- cides fluviatiles de l'Amérique du Nord. Elles ne tiennent pas absolument, nos Écrevisses, à la fraîcheur des viandes qu’elles consomment, et ne dédaignent point les poissons à moilié pourris. Il esi vrai que nos Crustacés ne commettent guère ces infamies que dans la demi-obscurité des eaux, et non au grand jour. Toutes les Écrevisses dont nous avons parlé jusqu'ici habi- tent l'hémisphère boréal. Dans l’autre hémisphère, on en trouve aussi plusieurs espèces, réparties même dans plusieurs genres. Les plus remarquables de toutes sont les espèces australiennes, robustes Écrevisses, dont quelques-unes attei- gnent la taille d’un Homard. L’île de Madagascar renferme aussi une espèce de forte taille, l’Astacoides Madagasca- riensis. Mais une chose tout à fait digne de remarque, c’est que, dans tout le continent africain, on n’ait pas encore ren- contré une seule Écrevisse. En Asie, nous l'avons dit, on n’en voit que dans une partie du bassin de l'Amour. Avec les Palinurides, dont le représentant le plus connu est INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 681 la Langouste commune ou Palinurus vulgaris, nousrentrons dans les Crustacés à développement régulier, c’est-à-dire subissant des métamorphoses après l’éclosion. Leur corps épineux, leurs pattes antérieures monodactyles, dépourvues par conséquent de ces pinces vigoureuses que possèdent les Astacides, enfin, un caractère encore plus im- portant pour les zoologistes, l’absence d’écaille à la base des antennes externes, différencient à première vue les Palinu- rides des Astacides. Mais ces deux familles, qui ont en somme une structure générale assez analogue, paraissent s'éloigner bien davantage l’une de l’autre, si l’on étudie le développement de la Lan- gouste et toutes les conséquences qu’il entraîne. Déjà avant l’éclosion on peut constater combien les œufs de la Langouste sont petits comparés à ceux du Homard, ou, si l’on veut une comparaison plus saisissante, à ceux de l'Écrevisse. Il est vrai que ces petits œufs sont pondus en nombre immense. D’après les calculs de M. Coste, un des na- turalistes qui ont le plus fait pour éclairer cette difficile question du développement des Crustacés, la Langouste pon- drait en moyenne cent mille œufs en une seule année, c’est- à-dire cinq fois plus que le Homard (1). On s'explique diffici- lement cette inégalité quand on voit la Langouste si bien cui- rassée, privée, il est vrai, de ces pinces menaçantes qui sont pour le Homard des armes offensives redoutables, mais, avec les épines solides et aiguës qui la recouvrent, bien mieux pourvue au point de vue défensif. À l’état adulte, sans doute; mais il n’en est pas de même au moment de l'éclosion. Il faut être prévenu pour recon- naître une jeune Langouste dans ce qu’on a appelé si long- temps un Phyllosome. C’est alors une espèce de Crabe rudi- mentaire, de forme aplatie, à longues pattes, mince comme du papier et transparent comme du verre. Et dans cet état, ‘sous cette forme débile, la Langouste doit gagner la haute mer et vivre de mœurs exclusivement pélagiennes. C’est alors (1) Une Langouste de forte taille, conservée dans l'alcool au Muséum, a certai- nement beaucoup plus de cent mille œufs accrochés à ses lames abdominales. 682 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. qu’elle est facile à happer par tous les ogres de la mer; sa transparence est le seul moyen de défense qui lui permette quelquefois d'échapper. Il faut qu’elle échappe ainsi pendant quarante jours. Celles qui y réussissent sont à peu près sauvées, car à cette époque s'effectue leur quatrième mue ; elles perdent alors leur forme de Phyllosome, revêtent leur première carapace et se rap- NQ À / ASS LÉNONU Re NE L7 NE SD à im de, A L = FiG. 12. Larve d’une Langouste (Phyllosome). prochent des côtes pour vivre sur les fonds, vie bien moins dangereuse pour elles que la vie entre deux eaux, parce qu’elles ont la possibilité de se blottir dans des retraites. D'ailleurs leurs épines, quoique petites, éloignent déjà certaines caté- gories d’ennemis. Les chances de destruction qu’elles ont à courir continuent de diminuer, parce que les mues, périodes critiques qui les laissent un moment sans défense, jusqu’à ce que leur nou- velle carapace soit consolidée, deviennent de moins en moins nombreuses, et cela dure jusqu’à l’état adulte. La durée de l’incubation. étant très considérable, la Langouste adulte ne peut plus muer qu’une fois par an, sans quoi les femelles perdraient leurs œufs avec leur ancienne enveloppe. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 683 N’ayant pas à donner ici d'appréciation sur la saveur et la valeur alimentaire des Langoustes, parce que mes lecteurs savent parfaitement à quoi s’en tenir sur ce sujet, je dois dire cependant qu’il faut être tout à fait reconnaissant au genre Palinurus d’avoir égaré une de ses espèces dans nos mers tempérées. En effet, la Langouste commune remonte loin dans le Nord; elle est commune sur les côtes occidentales d'Angleterre. Ge n’est pas qu’on la rencontre partout, elle n’a qu’un certain nombre de stalions où elle paraît remplacer le Homard. Mais les Langoustes aiment surtout les mers chaudes situées entre les Tropiques ; là le genre Palinurus est repré- senté par un nombre considérable d'espèces, de tailles très variées (1), presque toutes ornées de vives couleurs dispo- sées en curieux dessins. D'ailleurs, notre espèce de Langouste semble se trouver mieux à l’aise dans la Méditerranée que sur nos côtes océaniques ou dans la Manche; elle y est beau- coup plus commune que le Homard. | La Langouste commune était connue des Grecs sous le nom de Käpaéoc, et Aristote (2) en donne une assez bonne description. Chez les Romaïns, on l’appelait Locusla,et, bien que Pline ne l’ait pas décrite, il ne peut guère rester de doute sur ce que les Romains désignaïent ainsi (3). En effet, Suétone nous apprend, dans son Histoire des Césars, que le féroce Tibère fit un jour déchirer la figure d’un pêcheur en la frot- tant avec le dos d’une Locusta. Le pauvre diable de pêcheur n’eût pas mieux demandé sans doute que la Locusta fût un Homard, mais la barbarie du César n’y eût pas trouvé son compte. | À côté des Langoustes se placent les Scyllares, Crustacés des plus remarquables par leur forme. Il semble que toute la partie antérieure de leur corps ait subi une compression crois- . (1) Le Muséum possède deux énormes Langoustes provenant de l’île Maurice. Ce sont des Palinurus ornatus. Ces deux magnifiques pièces servent de pendant aux Homarus americanus dont nous avons parlé. La même collection renferme des exemplaires tout aussi gros du Palinurus americanus des Antilles et du P. Verreauxi, espèce australienne. (2) Aristote, Alist., livre IV, chap. vu. (3) Pline, Hist. nat., livre IX. 684 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. sant d’arrière en avant, de sorte que les appendices anté- rieurs, et même les antennes, sont nefinmnés en larges lamelles. On trouve communément dans la Méditerranée " Scyllare ours (Scyllarus arctus), mais non dans les mêmes conditions que la Langouste. Il faut aux Scyllares un terrain meuble où ils puissent se fouir des retraites, d’où ils ne sortent guère qu’à la fin du jour. La chair des Scyllares ne le cède en rien à celle des Langoustes ; malheureusement l'espèce n’atteint jamais une taille bien considérable. Ilest vrai qu’il en existe dans la Méditerranée une deuxième espèce beaucoup plus grosse, le Scyllare large (S. latus), mais onne la pêche que rarement; ce qui est évidemment fâcheux,;car.si l’on en croit M. H. Lucas, « cette espèce est fort recherchée, sa chair étant délicate et d’une digestion: facile (1) ». - Malgré leur nom gracieux, on ne peut faire le même éloge des Galathées, dont une espèce (Galathea strigosa) se trouve à la fois dans la Manche et la Méditerranée, où elle vit à une assez grande profondeur, dans des retraites d’où elle ne sort que la nuit. La pêche de ce Crustacé.est.donc,assez difficile, et nous ne conseillerons pas à nos lecteurs d’y employer leurs loisirs : le nom provençal de punaiso donné à celte espèce indique assez clairement qu’elle est pourvue d’une odeur dé- plaisante, et malheureusement cette odeur persiste après la cuisson. Avant d'abandonner les Décapodes Macroures pour passer aux Brachyures, nous devons au moins citer les Pagures ou Bernard l’Ermite. On sait que ces animaux, ayant l’abdomen mou.en forme de sac contourné et complètement dépourvu de carapace, sont obligés de loger cette partie fragile de leur individu dans des coquilles univalves, d’où ils déménagent quand ils commencent à s’y sentir à l’étroit. Les gros Pagures qu’on trouve dans les mers chaudes sont à coup sûr un excel- lent comestible, et doivent être souvent employés comme tels. D'ailleurs deux espèces, de proportions modestes, qu’on (1) H Lucas, Explor. scient. de l'Algérie, 1840-1842. Crustacés. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 685 trouve dans la Méditerranée, les Pagurus striatus et calidus, se vendent sur les marchés dans le Nord de l'Afrique. Les Brachyures ont généralement une forme courte:et mas- sive, parce que leur abdomen est replié en dessous de leur carapace céphalothoracique, et que celle-ci est souvent plus large que longue. La forme de l'abdomen, qui n’a jamais, Fi. 43. Zoé. — Larves du Cuncer pagurus. comme nous l'avons dit, plus de quatre paires de fausses pattes et se trouve dépourvu de nageoire terminale, permet de distinguer aisément les mâles des femelles. Chez ces der: nières, qui ont à retenir leurs œufs pendant toute la durée de l’incubation, il est beaucoup plus arrondi et plus large, tandis que l’abdomen des mâles, muni au plus de deux paires de fausses pattes, est souvent triangulaire et assez étroit. Tout le monde connaît les Brachyures sous le nom de 686 SOCIÉTÉ NATIONALE D’'ACCLIMATATION. Crabes; mais on ne les reconnaîtrait guère, ces Crabes, si on les voyait au sortir de l’œuf. Ce sont alors des animaux bizarres: que les naturalistes avaient décrits sous le nom de Zoés. Nom un peu trop gracieux, à coup sûr, pour des êtres qui nous paraitraient particulièrement hideux et effrayants s’ils avaient de grandes dimensions. La Zoé se compose en effet : 1° d’une vaste carapace presque globuleuse, pourvue de deux gros yeux à facettes sans pédoncule et par conséquent sans mobi- Fic. 14. Carcinus mœnas (forme mégalope). lité, entre lesquels s'ouvre un troisième œil, un petit œil de Cyclope, armé en même temps d’un rostre et de trois aiguil- lons parfois gigantesques, c’est-à-dire tout à fait hors de pro- portion avec la taille de l’animal; 2° d’un mince abdomen caudiforme divisé par des annulations. Le système appendi- culaire des Zoés se réduit, la plupart du temps, à sept paires d'organes; ce sont les pattes-mâchoires du Crabe futur qui servent à la locomotion. Les progrès du développement aug- mentent peu à peu le nombre des appendices ; mais, avant de devenir un vrai Crabe, la Zoé doit prendre une autre forme intermédiaire, celle de Mégalope. Elle possède alors toutes ses pattes, et son abdomen est pourvu de tous les appendices qui doivent définitivement l’oruer. En raison de ces métamorphoses, les Crabe sont obligés de passer dans l’eau les premières phases de leur existence; INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 687 mais, une fois à l’état adulte, ils jouissent d’une plus grande liberté, et, pour quelques espèces, cette liberté devient même une licence. Il est, en effet, des Crabes nageurs (Neptunus, Lupa), au corps déprimé, aux pattes larges et aplaties comme des rames, pouvant vivre en mer à une grande distance des côtes, bien qu’un séjour à terre, pas trop prolongé, n’ait sur leur santé aucune influence fâcheuse. D’autres espèces vivent sur les côtes, et semblent tenir en égaie estime la vie sous- marine et les promenades au grand air. Enfin quelquesCrabes, remarquables par la forme voûtée de leur carapace et les taches de couleur vive qui la décorent, sont presque exclusi- vement «terriens ». Ge sont les Gécarcinides que les voya- geurs ont si bien nommés Crabes peints ou Crabes de terre. Mais jusqu'ici nous n'avons parlé que de conditions d’exis- tence en quelque sorte normales. Certains Crabes (Raninæ), jaloux sans doute des exploits des Birgus, ces singuliers Pa- guriens, qui grimpent sur les Cocotiers et s’y perchent comme des oiseaux, escaladent les maisons'et se promènent sur les toits, tandis que les petits Pinnothères, gros tout au plus comme un Pois, bien loin de s’exposer à de pareilles aven- tures, se blottissent prudemment dans la coquille des Moules assez complaisantes pour les loger, on ne sait à quel prix (4). De tous les Crustacés, les Crabes sont les plus élevés en or- ganisation, ceux dont le système nerveux est le plus centra- lisé; mais, au point de vue de notre alimentation, ils sont évidemment bien inférieurs aux autres Décapodes, aux Ma- croures. Si le développement remarquable de leurs pattes ainbulatoires compense avantageusement pour eux les ten- dances à l’atrophiement de leur abdomen, puisque certains Ocypodes, pouvant courir, dil-on, aussi vite qu’un cheval (2), (1) a. Dans l'antiquité, on supposait que les Pinnothères rendent aux Moutes et autres mollusques bivalves qui les logent une foule de services. b. « Hasselquist prétend que le Pinnothère va à la provision et que, lorsqu'il revient, il pousse un cri pour se faire ouvrir. Le cri d’un Crabe doit être cu= rieux. » (G. Cuvier.) c. Bien des gens atiribuent aujourd’hui, sans aucune raisou du resie, à la présence du Pinnotheres pisum les accidents qui suivent quelquefois l’ingestion des Moules. (2) Cette assertion a évidemment quelque chose d’exagéré. 688 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. ont mérité le nom de cavaliers, ce résultat si utile aux Crabes pour échapper à leurs ennemis par une prompte fuite, atté- nue en même temps, dans une certaine proportion, les dan- gers qu’ils auraient à redouter de notre part si les muscles, moins éparpillés, étaient aussi moins protégés par une ar- mure compliquée et une foule de cloisons internes. Ces désavantages nous paraissent réalisés à un louable de- gré par notreCrabe araignée (Waia squinado) (1). Il a, deplus, une physionomie peu engageante avec ses longues pattes d’araignée, sa carapace épineuse et hirsute, recouverte sou- vent d'algues touffues ou de parasites qui augmentent encore sa laideur. Aussi malgré sa taille, qui en fait un des plus gros Crustacés de nos côtes, ce Crabe jouit d’une médiocre estime, et j’ai pu voir souvent des pêcheurs normands écra- ser à coups de talon des Maias malencontreux qui avaient mordu à leurs appâts, destinés à une capture plus distinguée. Les Maias ont des pattes grêles, une carapace pointue en avant et couverte de tubercules épineux; les pinces de leurs pattes antérieures sont très petites. Au contraire, les Tour- teaux ont une carapace unie, plus large que longue, et des pinces énormes. Ils jouissent encore d’une certaine faveur, même à Paris, où l’on peut trouver quelques amateurs du Tourteau commun sur nos côtes (Cancer pagurus). C'est, bien entendu, dans la classe moyenne qu’il faut chercher ces ama- teurs. Autre part, comme on préfère le Homard ou la Lan- gouste, on ne se sert du Tourteau que pour lui emprunter son foie. Ce viscère, très volumineux, connu des cuisiniers sous le nom de farce, est utile pour faire certains coulis, le Homard n’ayant jamais le foie assez développé pour se four- nir à lui-même une sauce abondante. Après ces deux espèces, Les géants de nos Crabe nous ar- rivons sans transilion à des Brachyures bien inerte comme taille, et par conséquent bien moins avantageux encore pour (1) C’est sans doute à cause de cette laideur que les Grecs, se souvenant de Socrate, attribuaient, dit-on, au Maia une intelligence très développée, une es- pèce de sagesse et même, chose plus extraordinaire, un goût très prononcé pour la musique. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 089 l'alimentation. Ce sont d’abord les Portunes, remarquables par leurs pattes postérieures aplaties, qui leur permettent de nager assez facilement. On trouve assez abondamment chez nous une espèce de ce genre, le Portunus puber ou Crabe étrille, dont le nom scientifique fait allusion au fin duvet qui recouvre sa carapace. On fait un certain cas des gros indivi- dus de cette espèce. Les Arabes, moins difficiles, se régalent d’une espèce beaucoup plus petite, le Portunus Rondeletti. Le Crabe enragé (Carcinus mœnas) appartient à la même famille, bien qu’il ait les pattes postérieures moins aplaties et soit par conséquent assez mauvais nageur. Beaucoup d’au- teurs, je ne sais pourquoi, assurent que la chair de ce Crus- tacé est excessivement coriace, et vont même jusqu’à dire qu’elle est dédaignée des plus pauvres gens. Les pauvres gens en question en font au contraire une consommation très grande, parce que cetle espèce, excessivement commune, coûte très bon marché. Il en est de même en Algérie, car l’es- pèce est également très abondante dans la Méditerranée; on la trouve jusqu’en Égypte. Les Thelphuses sont des Crabes d’eau douce. On en ren- contre quelques espèces en Europe. La plus curieuse est celle qu’on voit reproduite sur des monnaies antiques : c’est la Thelphusa fluviatilis répandue dans tous les environs de la Méditerranée, et qu’on trouve même dans les lacs occupant le fond d’anciens cratères. Il paraît que les moines mangent ce Crabe sans le faire cuire. Les Italiens en mangent aussi, mais simplement pendant le carême. Par contre, les Arabes le dédaignent absolument. M. Lucas, qui nous apprend ce fait singulier, a pourtant constaté que l'espèce était fort com- mune dans toute Algérie. Enfin, pour clore cette série des Crabes comestibles d’Eu- rope, il me reste une espèce fort curieuse du genre Calappa, genre remarquable par sa carapace large et bombée, et ses énormes pinces comprimées (1). L'espèce en question, qu’on (1) Les Calappes au repos rappelant quelque peu l'attitude d’une personne qui se cache le visage avec ses bras, on leur a donné les noms vulgaires de Crabes ours et Crabes honteux. 690 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. trouve assez abondamment dans là Méditerranée, est la Ca- lappe granulée ou Migrane (Calappa granulata). Cest le Gallo (Coq) des Italiens, le Gaow de mar des pêcheurs pro- vençaux. Elle vit dans des endroits rocailleux, à une assez grande profondeur ; cé qui fait qu’elle est assez difficile à pé- cher. Et si l’on en croyait le vieux Rondelet ou même Bosc(1), elle ne mériterait pas qu’on se donne la peine de la prendre, parce que sa chair sent mauvais, qu’elle est molle et de mau- vais goût. Mais des auteurs plus modernes, bien placés pour savoir par eux-mêmes à quoi s’en tenir, n’ont pas ralifié cette condamnation. D’après Polydore Roux (2), la chair de la Calappe granulée est assez bonne et n’a aucune mauvaise odeur ; d’après M. Lucas (3), elle est délicate, d’une saveur agréable et d’une digestion facile. En passant aux Brachyures exotiques, nous rencontrerions un nombre considérable d'espèces employées dans l’alimen- tation, surtout chez les peuples de mœurs primitives. L'ordre des Brachyures est, en effet, immensément nombreux et une foule d’espèces sont au moins de moyenne taille. Quand il s’agit des espèces très petites, alors seulement la dureté de leurs téguments devient un inconvénient sérieux, mais on ne peut diviser les Brachyures en comestibles et non comestibles, car entre les plus gros, qui sont les plus avantageux, et les plus petits, qu’on ne peut guère utiliser, on trouve naturel- lement une foule de transitions. Dans l'échelle des Crustacés, rangés par.ordre de grandeur, les peuples mangent des es- pèces de plus en plus petites, suivant qu’ils habitent des con- trées de plus en plus pauvres, de sorte que le degré de pros- -périté d’une nation peut, à la rigueur, se mesurer d’après la grosseur des Crabes qu’elle consomme. Nous savons que dans le voisinage du cap Horn on mange la Lithodes antarctica, espèce aranéiforme qui rappelle notre Maia, bien qu'appartenant à une famille différente. Ge Crabe a, en effet, les pattes bien plus longues et plus fortes, son ab- (1) Bosc, Hist. nat. des Crustacés (Man. Roret). (2) Polydore Roux, Crustacés de la Méditerranée. (3) H. Lucas, Expl sc. de l’Alg., Crustacés, p. 27. INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 691 domen est terminé par une nageoire caudale ; enfin il appar- tient au groupe des Notopodes, dont les pattes postérieures, réduites il est vrai, sont insérées à la face dorsale. Mais il est certain, étant données les maigres ressources alimentaires dont disposent les Fuégiens, que bien d’autres espèces plus petites interviennent dans leur alimentation. De même, les nègres de l'Afrique équatoriale emploient comme comestibles une foule de Crabes fluviatiles que les descriptions des voyageurs ne permettent pas de déterminer scientifiquement. Sans quoi nous serions heureux de nommer, par exemple, les Crabes que les Obambas font intervenir dans la composition d’une espèce de fromage appelé Ntongo en -les broyant avec des amandes de Cucurbitacées (1). Quelle est aussi cette espèce de Crabe d’eau douce que les Chinois pêchent dans des lacs et transportent vivants à Sé- Chuan au prix de mille peines. Le voyage dure, en effet, quatre ou cinq jours, et tous les jours il faut renouveler l’eau des aquariums et donner aux prisonniers une certaine ration de viande crue. Or tout cela n'est pas facile, parce que les Chi- -nois appliquent à leurs Crabes le régime cellulaire dans toute sa rigueur. Les aquariums sont tout petits, et chacun d’eux ne contient qu’un seul pensionnaire. Il paraît, du reste, que ce système est excellent, puisque la mortalité ne dépasserait pas 1 pour 100 pour toute la durée du voyage. Mais n’im- porte, ces fins gourmets de Sé-Chuan, auxquels il faut des Crabes nourris à la brochette, doivent payer cher les soins minutieux donnés à ces Crustacés, pendant cinq jours de transport dans un bateau aménagé toutspécialement et PAR d'un matériel coûteux. On n'aurait pas besoin de tant de précautions pour trans- porter les Gécarcins, ces singuliers Crabes de terre dont nous avons déjà dit quelques mots. Ils peuvent, en effet, effectuer à sec de très longs voyages. Après avoir subi leur mue, ils ont naturellement les téguments très mous, et dans cette con- dition il paraît que leur chair est excellente. Toujours est-il (1) D’après M. Guiral. 692 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. qu’on en fait grand cas, bien que cés Crabes aient la mauvaise réputation d'aller déterrer et dévorer les cadavres dans les cimetières, et même de s’intoxiquer la chair en es les fruits du redoutable Mancenillier. 9 CONCLUSION. Les affinités zoologiques des deux classes les plus considé- rables d'animaux articulés nous ont servi de prétexte pour étudier dans un mémoire unique ceux qui jouent un rôle dans l’alimentation. Gommé nous l’avons vu, les différences zoolo- giques qui ont conduit les naturalistes à répartir ces animaux dans deux classes bien distinctes n’ont pas une influence es- sentielle sur le degré. de comestbilité. Mais, d'autre part, certaines particularités biologiques, auxquelles nous avons fait plusieurs fois allusion, sont cause que chez les peuples d'Europe les Insectes sont à peu près exclus de l'alimentation. Cela nous autorise à suivre pour cette conclusion Le système que nous avons adopté dans le corps de.ce travail, en expo- sant séparément ce qui nous reste à dire sur les Insectes co- mestibles et les Crustacés comestibles. Nous pensons avoir démontré qu'un Tséoie. a Fr plus de valeur comme comestible qu’il est plus gros, qu’il a des téguments plus minces, enfin que l’espèce dont il fait partie est plus abondante. Les exemples cités précédemment, el presque toujours avec commentaires, nous dispensent de discuter la valeur comparative de ces trois qualités, qu’on ne trouve jamais réunies à un égal degré dans une seule espèce. Mais quand même un Insecte présenterait à un degré suffisant tous ces caractères avantageux, il pourrait néanmoins n'être pas comestible, s’il était imprégné de sécrétions d’un goût désagréable, comme on en rencontre dans certains groupes de la classe des Insectes. Enfin et surtout, il faut tenir compte des difficultés que présente la récolte de ces animaux. Beau- coup d’espèces vivent cachées (ou bien ne se montrent à dé- couvert qu’à certaines époques de l’année). Et, ce qui est bien plus grave, la plupart des Insectes ont une existence très INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 693 courte, ce qui est, en regard de la longévité des Crustacés et des Mollusquées comestibles, un immense désavantage. Après ce résumé historique, il est bon de résumer aussi les renseignements que nous avons donnés sur les peuples vraiment dignes du nom d’Entomophages. L'exemple des Batékés, emprunté aux récits de M. Léon Guiral, est d'autant plus intéressant à rappeler, que le voya- geur nous donne des détails très précis Sur la nature du pays habité par ces nègres et sur les conditions de leur exis- tence. Nous voyons, par exemple, que le pays de ces Batékés est très sablonneux, couvert d’une herbe courte et clairsemée ; les forêts, de peu d’étendue, sont rares et isolées comme de petites oasis. Il est facile de comprendre qu'un tel pays ne peut nourrir de nombreux mammifères. Aussi, quand une Antilope est signalée à proximité d’un village, tous les habi- tants se mettent en chasse, et, lorsque l’animal est tué, la part qui revient à chacun est bien menue, quoique les entrailles ne soient jamais exclues du partage. Les Batékés ont bien des cultures soignées, mais le besoin instinctif de nourriture ani- male, qui en a fait déjà des anthropophages, les a portés très naturellement à se nourrir de tous les animaux qui peuvent leur tomber sous la main. D’autres peuples, habitants des contrées plus riches, mais exposés cependant, par suite de diverses causes extérieures ou par suite de leur imprévoyance, à des alternatives d’abon- dance et de disette, sont obligés, en bien des circonstances, ‘ de se nourrir aussi de toutes sortes d'animaux. Voyez, par exemple, dansles notes de voyage de l’infortuné Henri Mouhot, ce qui se passe chez les Stiëngs, peuple de l’Indo-Chine, qui habite un peu au nord de la Cochinchine française : « Géné- ralement, deux mois avant la récolte, la misère et la disette se font sentir. Tant qu’on a quelque chose sous la main, on fait bombance, on trafique, on partage sans jamais songer au lendemain, et, quand arrive la famine, on est réduit à manger des serpents, des crapauds et des chauves-souris. » Je sup- pose qu'on ne dédaigne pas non plus les fnsectes, et cette supposition n’est pas sans fondement, car M. le D' Harmand 4 SÉRIE, T. II. — Décembre 1885, 45 694 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. m'a raconté que les Laotiens mangent volontiers plusieurs sortes d’Insectes. Entre autres espèces citées par lui, je me rappelle les Gybister, gros insectes d’eau, dont il existe une espèce en France, et les Copris de forte taille qui vivent dans les déjections des grands Pachydermes. Ce ne sont pas le désordre et l’imprévoyance qui obligent les À cridophages à se nourrir de Criquets. Exposés à de brus- ques invasions, qui se renouvellent avec une certaine pério- dicité et sont inévitablement suivies d’une famine effroyable, les Orientaux, pour ne rappeler qu’un exemple parmi tous ceux que nous avons cités, se sont habitués à ce genre de nourriture, et en sont arrivés promptement, dans les années où les Criquets sont rares, à les estimer autant que des pri- meurs. Chez tous ces peuples entomophages, comme nous l’avons montré, les données fournies par la théorie scientifique règlent absolument le choix des espèces comestibles. Il nous reste maintenant à dire quelques mots des pays où les Insectes sont absolument rejetés de l'alimentation. En France, par exemple, il paraîtrait qu’on laisse perdre tous les ans une ressource précieuse, et ce serait d’autant plus déplorable que cette ressource intéresse l’alimentation, c’est-à-dire le plus grand écueil des extincteurs du paupé- risme. Il existe, il est vrai, en France plusieurs milliers d’es- pèces appartenant à la classe des Insectes; mais, si l’on éli- mine toutes les espèces de petite taille et toutes celles dont les entomologistes les plus zélés ne rencontrent pas plus de deux ou trois individus dans toute leur carrière, et si l’on cherche, dans ce qui restera, à choisir une liste de toutes les espèces analogues à celles qu’on emploie comme aliment dans les pays les plus misérables, on n’obtiendra certainement pas une liste bien longue. D’ailleurs, la plupart des Insectes qui la composeront n’ont qu’une période d'apparition fort courte, et ne sont réellement abondants qu’en certaines an- nées. Voici, par exemple, notre Sauterelle verte (Locusta viridissima). Le Révérend Sheppard en a fait cuire.dans le beurre et les a trouvées excellentes. Cette espèce est consi- INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 695 dérée comme une des plus communes parmi nos Orthoptères de France. Or, pendant plusieurs années, j'eus besoin de men procurer un certain nombre pour diverses recherches anatomiques. Habitué à ce genre de chasse, j'ai rarement réussi pourtant, dans mes plus heureuses expéditions, à m’en procurer plus de deux douzaines. Et pour un déjeuner de ces Marocains, dont M. Sheppard a voulu appliquer la recette, il faut deux ou trois cents Criquets! En dehors des Orthoptères, c’est seulement parmi les larves qu'on pourrait trouver quelque ressource. Mais, la plupart du temps, les larves vivent cachées, et le temps qu’il faudrait pour en recueillir un grand nombre leur donnerait certaine- ment un prix très élevé, si ces animaux figuraient un jour, comme M. Packard semble l’espérer, sur nos marchés et sur les cartes de nos restaurateurs. Il est vrai que beaucoup de chenilles vivent à découvert; mais, même parmi les chenilles rares, bien rares seraient les espèces avantageuses. On voudra bien m'accorder, parce qu’il serait difficile de le démontrer en peu de mots, que les oi- seaux, êtres gloutons et'péu sensuels, comme tous les animaux qui ne mâchent pas leurs aliments, n’ont en fait de nourri- ture aucune espèce de préjugés. Cela n'empêche pas qu’ils refusent absolument de manger certaines chenilles très com- munes et faciles à découvrir, probablement parce que ces chenilles sont pourvues d’une sécrétion particulière dont le goût déplaît aux oiseaux. En résumé, nous pensons que le conseil de Réaumur, pro- posant de rechercher dans le « fumier » les larves de l’Oryctes . nasicornis (proposition vraiment peu engageante et d'autant. plus maladroite que les larves d’Oryctes vivent dans la vieille tannée de chêne et non dans le fumier), ne sera pas de sitôt: suivi, et nous renonçons formellement à voir dans l'avenir les « boucheries entomologiques », les « foires à Hannetons » et les « concours de chenilles grasses » rêvés par M. Packard. Réaumur avoue d’ailleurs, en terminant ses réflexions quelque: peu diffuses. et,contradictoires. sur les Insectes co= mestibles, que le meilleur emploi à en faire chez nous serait 696 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. de les faire intervenir dans l’alimentation des animaux domes- tiques. Un emploi de ce genre a fait donner dans quelques endroits à la larve du Hanneton le nom d’engraisse-poule. M. Packard conseille d'employer un appareil spécial pour récolter les Criquets, afin d’en préparer pour les Porcs un aliment substantiel et lout à fait économique. Enfin, tout le monde sait l’utilité des nymphes de Fourmi, improprement appelées œufs de Fourmi, pour la nourriture des Faisans, qu’il serait vraiment cruel de priver d’un mets qui leur con- vient si fort. Nous concluons de tout cela que la disparition complète des Faisans, des Poules et des Porcs, et l’anéantis- sement de tous nos animaux domestiques pourraient seuls assurer chez nous le triomphe de l’entomophagie. En attendant ce triomphe, on aurait peut-être le droit de considérer certains Insectes comme une source de jouissances gastronomiques, et quelque Lucullus moderne pourrait être tenté de remettre à la mode le fameux Gossus des Romains. Nous ne le souhaitons pas (1). 1l existe malheureusement assez de causes de déboisement sans qu’on aille encore abattre des arbres pour satisfaire des palais blasés ; et d’ailleurs, ce n’est pas aux Romains de la décadence qu’on doit emprunter des exemples de conduite. Nous sommes heureux de posséder un Monselet, nous verrions avec inquiétude se multiplier les Apicius. | Les Crustacés de notre pays nous fournissent des ressources vraiment importantes, mais il est incontestable qu’on pour- rait tirer de ces animaux des avantages encore plus grands. En ce qui concerne les Crustacés marins, il y a peu de chose à faire. Nous ne pensons pas qu’il y ait lieu de tenter chez nous l’acclimatation de Crustacés exotiques, par exemple du genre Langouste, qui renferme tant d'espèces. On ne peut faire l'éducation proprement dite d'animaux marins vivant à une assez grande distance des côtes, à une assez grande (1) Ici encore, j'ai le malheur d’être en complet désaccord avec Réaumur. Il dit en etfet : « Loin de déclamer avec Pline :contre le luxe de la table, qui avait conduit les Romains à engraisser les Vers du chêne, il me paraît très à souhaiter qu’un pareil goût pût nous venir, que nous devinssions aussi friands de ces Vers que l’étaient les Romains. » Pourquoi ? INSECTES ET CRUSTACÉS COMESTIBLES. 697 profondeur. Tout au plus peut-on les mettre en réserve, les cantonner dans des sortes de parcs, de manière à en avoir toujours sous la main. | Les Écrevisses se prêtent mieux à subir notre influence, et l'éducation de ces animaux peut donner d’excellents résultats. Mais ici les études à faire, les essais à tenter seraient très nombreux. Nous avons dit, en effet, que là où certains natu- ralistes voient quatre ou cinq espèces d’Écrevisses bien dis- tinctes, d’autres ne voient que des variétés locales d’une même espèce, susceptible de se modifier suivant les milieux où se passe son existence. Quoi qu’il en soit, nous retien- drons seulement qu'il existe des Écrevisses vivant dans des conditions très diverses. Connaissant bien ces conditions pour toutes ces variétés ou espèces, il sera possible de trouver pour chacune d’elles un lieu d'éducation qui lui convienne. Peut-être n’y a-t-il pas en France un seul cours d’eau, une seule mare, où une espèce au moins ne puisse prospérer. Il faudrait sans doute beaucoup moins d’études pour acclimater la grande Écrevisse russe, l’Astacus leptodactylus; nous avons dit qu’elle a beaucoup plus de résistance que notre Astacus fluviatilis. Enfin, dans ces essais, on pourrait sans doute faire intervenir avantageusement les curieux Cambarus, dont les espèces si variées habitent un climat assez analogue au nôtre, et paraissent douées d’un robuste tempérament. C’est à notre grand regret que nous ne donnons sur ces intéressantes questions que des indications générales. Pour traiter ce sujet plus complètement, il nous faudrait de nom- breux documents, une base scientifique, et actuellement cette base manque. On connait depuis les temps historiques la métamorphose du Papillon; on connaît depuis cinquante ans à peine les transformations de la Langouste et des Crabes les plus communs. Cette découverie n’a été faite qu’à une époque où la science avait déjà de riches annales, postérieurement aux travaux de Cuvier, postérieurement au seul ouvrage gé- néral que nous possédons actuellement encore sur les Crus- tacés, celui de M. Milne-Edwards. Les Insectes sont donc beaucoup mieux connus que les Crustacés, et nous devons 698 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. rappeler la principale cause, de cette inégalité, parce qu’elle nous indique le seul moyen capable de remédier à l'insuffi- sance fâcheuse de nos connaissances, biologiques sur ces derniers animaux; c'est que l’étude des Crustacés n’est pas à la portée de tout le monde, comme celle des Insectes. Aussi, pour cette branche des sciences naturelles comme pour toutes celles où l'initiative et le bon vouloir des parti- culiers ne peuvent s exercer, faudrait-il que l'État intervienne d’une manière efficace. Une somme assez faible, spéciale- ment consacrée tous les ans à encourager l’étude des Crusta- cés comestibles, c’est-à-dire d'animaux donnant lieu à un mouvement de fonds considérable. et susceptible de s’ac- croître, ne serait pas trop.mal. employée. Quant à la manière de la répartir, quant aux autres modes d'intervention offi- cielle qui pourraient être efficaces, des voix plus autorisées que la mienne renseigneront sur ces divers points ceux qui ont la responsabilité de la fortune publique, et doivent par conséquent en avoir le plus de souci. II, EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ SÉANCE GÉNÉRALE DU 4 DÉCEMBRE 1885. Présidence de M. DE QUATREFAGES, Vice-Président. En déclarant ouverte la session 1885-1886, M. le Président rappelle que, conformément à l’article 51 du règlement, le procès-verbal de la -dernière séance de la session précédente ayant été approuvé par le Conseil, il n’y a pas lieu d’en donner lecture. — M. le Président annonce ensuite à l'assemblée la perte doulou- reuse que la Société vient de faire dans la personne de son illustre Pré- sident, M. Henri Bouley. Il rappelle en termes émus les services rendus à notre œuvre par M. Bouley, l'impulsion qu’il imprimait à nos travaux, l'attrait qu’il savait donner à nos séances par la vivacité de son esprit, le charme de sa parole et sa bienveillance extrême, qui le rendait sym- pathique à tous. Puis M. le Président communique à l’assemblée le discours suivant, qu’il a prononcé, au nom de la Société nationale d’Acclimatation, aux obsèques de M. Bouley : « MESSIEURS, » Je ne vous arrêterai pas longtemps auprès de cette tombe, qui semble s'ouvrir pour aviver encore tant de douleurs récentes. Les orateurs qui ont pris la parole avant moi vous ont dit ce qu'était Bouley. Ils ont raconté cette vie si pleine ; ils ont rappelé cette intelligence si active, si prête à accueillir toute idée nouvelle se présentant au nom du progrès, et sachant ramener à une pratique utile les plus hautes spéculations scientifiques. Pas un n’a oublié ce caractère, à la fois sérieux et enjoué, qui gagnait si vite les cœurs ; cette loyauté parfaite, qui savait recon- naître et avouer, quand il y avait lieu, des entraînements toujours causés par lPamour du bon et du vrai. » Cet ensemble de qualités rares, s’ajoutant à la spécialité de ses études, avait naturellement désigné Bouley aux suffrages de la Société d’Ac- climatation, lorsqu'elle eut à choisir son troisième président. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et Drouyn de Lhuys avaient disparu. Par suite de leurs mérites divers, le fondateur de la Société et son éminent conti- nuateur laissaient une place difficile à remplir. Le nouvel élu fut à la hauteur de sa tâche. Son entrée à la Société date de 1872. Moins d’une année après, il était membre du Conseil. Il fut nommé président en 1882. » Je n’ai pas besoin de rappeler comment il remplit les fonctions qu'il avait acceptées. Dans une Société libre, du genre de la nôtre, la prési- 700 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. dence a parfois des difficultés spéciales. En réalité, ces difficultés n’existaient pas pour Bouley. Ici, les qualités aimables sont plus qu’un charme; elles sont une force, et nul ne les posséda à un plus haut degré que lui. Je n’ai pas à insister sur ce point. A coup sûr vos cœurs vous en disent bien plus que ne le feraient mes paroles. Mais je dois dire quelque chose de la part prise à nos travaux par celui qui vient de nous quitter. Laissant d’ailleurs de côté tout le reste, je mentionnerai seulement les discours prononcés dans deux de nos séances publiques. À eux seuls, ils font comprendre tout ce qu'était Bouley. » Dans le premier (1874), notre collègue raconte comment l’homme s’est assujetti les animaux domestiques et les a refaçonnés à son usage. Avec F. Cuvier, il trouve dans l'instinct de sociabilité de certaines espè- ces animales la condition première d’une véritable domestication: Puis, il faitintervenir l’homme quimodifie et métamorphose, non seulement les ormes extérieures des serviteurs qu’il s’est acquis, non seulement leurs os, ‘leur chair et‘tous leurs tissus, mais'encore leurs instincts et jusqu’à Ja manière de dépenser le surcroît de force dont il les a doués. Enfin, il montre la science seule réalisant ce qu’il appelle ses créations de -seconde main; et alors il touche à toutes les principales questions qui relèvent de l’action des milieux, de la sélection, de l’hérédité. » Jusque-là, l’orateur, dans un style toujours approprié au sujet qu’il traite ou qu’il effleure, a mêlé aux austères leçons de la science des rap- prochements ingénieux, des saïllies de bon goût; il a placé à côté des plus doctes enseignements quelques vers de ses poëtes favoris et jusqu’à des refrains populaires. Mais, avant de finir, il devient grave, presque tragique, et, en même temps, son langage s’élève et touche à lélo- quence. C’est qu’il est conduit à parler du rôle immense joué par les animaux domestiques dans nos sociétés humaines; c’est qu’il se demande ce qu’elles deviendraïient, si les animaux de la ferme et les oiseaux de la basse-cour venaient à nous manquer. Et alors, éclairé par son expé- rience personnelle, songeant aux millions que nous à coûté la peste bovine importée par les armées ennemies, il comprend mieux et fait comprendre les courts récits de nos vieux chroniqueurs parlant des ravages que laissait jadis après elle une épizootie. Il montre « les cam- pagnes dépeuplées de leur population animale ; l’homme, dans son iso- lement, ne pouvant accomplir la tâche qu’il demandait à ses auxiliaires; les champs restant en friche et leur stérilité forcée ajoutant sa part de malheurs à ceux qu'avait produits la:contagion. » « Terrible cercle vicieux, ajoute-t-il, où s’accumulaient toutes les misères et où couraient ces fortes haines, qui, plus d’une fois, ont poussé aux révoltes san- glantes! » | » Les dernières pages de ce premier discours expliquent le choix d sujet et l’esprit général du second (1882). Onze années les séparent; et, dans cet intervalle, un miracle scientifique de plus était venu s’ajouter à PROCÈS-VERBAUX. 701 tous ceux qu'avait déjà produits notre siècle. M. Pasteur avait trouvé, dans les éléments mêmes qui les engendrent, l’agent qui préviendra désormais ces désastreuses épizooties qui frappaient si vivement l’ima- gination de Bouley. Il avait transformé les virus en vaccins, les germes de mort en germes de vie. Déjà, il savait rendre les poules inaccessibles à leur choléra spécial ; déjà les grandes expériences faites à Pouilly-le- Fort, à Toulouse, à Montpellier, à Nevers, etc., en France, comme à Pakick, en Prusse, avaient mis hors de doute l’infaillibilité de la vaccina- tion charbonneuse, régulièrement appliquée aux bœufs et aux moutons. Bouley accueillit ces merveilleuses découvertes avec un enthousiasme dont nous avons tous pu juger. Il voulut en faire comprendre la grandeur scientifique et la portée pratique au nombreux auditoire qu’attirent nos séances publiques. Ici, plus de jeux d'esprit, plus de plaisanteries, à peine quelques légers sarcasmes à l’adresse des derniers incrédules. Partout un exposé magistral des faits, de l’enchaînement des phénomènes et un sentiment profond d'almivation pour celui qu’il n FR ele plus que son maître.: » Ce sentiment grandissait chaque jour de Hole à mesure que se multipliaient les applications de la méthode nouvelle. On l’a bien vu dans cette mémorable séance de l’Académie à laquelle faisait allusion l'amiral Jurien, lorsque, brisé par l'émotion, il annonça officiellement la mort de notre président. Ce jour-là, on vit les yeux de Bouley briller comme autrefois au moment où des bravos unanimes saluèrent la nou- velle:que la rage, elle aussi, allait avoir son vaccin. Ah! que c’était bien là- notre Bouley, s’oubliant lui-même en présence d’une grande œuvre, ne songeant plus à sa fin qu'il savait. être prochaine et jouissant, peut-être plus que M. Pasteur, d’une ovation si bien méritée !… ss » Adieu, Bouley !.… Adieu, toi qui fus un savant, un charmant esprit et un homme de cœur ! » - À la suite de ce discours, M. le Président propose de lever la séance comme un dernier hommage rendu à la mémoire du savant éminent que la Société avait l'honneur de posséder à sa tête. La séance est levée immédiatement. SÉANCE GÉNÉRALE DU . PÉCEMBRE 1885. Didi de M, le marquis DE Erhique Vice-Président. Le procès-verbal de la séance préc‘dente est lu et adopté. — M. le Président RAA les noms des membres nouse#emnnt _admis par le Conseil, savoir il 702 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. MM. : 11107: PRÉSENTATEURS.. , Goyon DE BEAucORPs (le vicomte de), à ne Nantes (Loire-Inférieure). Saïit-VvésoMériard Norer (Raphaël de), directeur de l'Institut agronomique de Tipaza (Algérie). Jules Grisard. Maurice Girard. ! | Raveret-Wattel. wy il ‘ J. Grisard. Okecxi (le comte), 13, rue Maublanc, à Paris. | E. Joly. : . Ch. Mailles. A. Geoffroy Saint-Hilaire, Saint-Yves Ménard. A. Porte, « THËvENOT. (D' A.), 44, rue de Londres, à . Paris. -- Il est ensuite procédé au dépouillement de la correspondance: = M. le Ministre du commerce adresse, pour la bibliothèque de la Société, un exemplaire de l'Annuaire statistique de France, que son administration vient de publier. — Remerciements. — M. Paul Gredy fait parvenir des remerciements au sujet de sa ré- cente admission dans la Société, et saisit cette occasion pour deman- der des renseignements sur les animaux qui pourraient lui être confiés en cheptel. . — La Société de Zoologie et d’Acclimatation de la colonie de Victoria adresse un exemplaire du rapport annuel sur ses travaux, pour l’an- née 1884. D’après les renseignements fournis par ce rapport, la Société s'occupe tout spécialement en ce moment de la propagation des Faisans et de quelques autres Oiseaux-gibier dans les environs de Gembrook. Plusieurs espèces sont déjà répandues sur une assez grande surface; mais les sujets sont encore peu nombreux, et ne se multiplient pas très rapidement, à cause de la rareté, dans le pays, d’arbustes baccifères, pouvant fournir aux oiseaux une nourriture convenable. A la Nouvelle- Zélande, au contraire, où de semblables arbustes sont très abondants, le gibier se multiplie beaucoup plus rapidement. La Société continue à se préoccuper de l’acclimatation du Hareng. Elle est secondée dans ses essais par M. Howard Spensley, qui, avec le concours de M. Lalor, ré- gisseur de l'aquarium de Brighton, s’est occupé d'expériences tendant à retarder, au moyen du froid, le développement des œufs, afin de pou- voir les transporter sans que l’éclosion se produise pendant le voyage. Malheureusement, ces essais n’ont jusqu’à présent donné aucun résultat satisfaisant. is] 5 — Le R. P. Camboué, missionnaire apostolique à Madagascar, adresse deux exemplaires d’une carte de Madagascar, de la Réunion, de Mayotte et de Nossi-Bé, dressée pour le service des missions de la Compagnie de Jésus. Cette carte fait connaître qu’il existe à Ambohipo, près Tana- PROCÈS-VERBAUX. | 703 narive, un vaste jardin d’acclimatation créé par les missionnaires. — M. Victor:de Verne adresse une demande de cheptel. — M.John O’Neill écrit de la Villa de la Combe, à Cognac (Charente) : « Dans le numéro de’septembre (p. 537) du Bulletin, se trouvent des remarques très intéressantes faites par M. Ch. Mailles sur le Rat noir, et sur la persécution qu’il a subie de la Part du Surmulot. Voudriez-vous me permettre de signaler les notes qu’a données le naturaliste DIU connu Waterton, dans ses nombreux ouvrages ? ‘» Waterton ne cessait pas d’y revenir à tout propos, et pour cause. Il De le Rat noir et il était en même temps partisan zélé des Stuarts d’Angleterre. Victrix causa deis placuit, sed victa CGatoni (Luc.). » Ayant donc constaté le fait signalé par M. Charles Mailles — l’ex- termination de ses favoris par le Surmulot — Waterton maintenait contretout venant, avec infiniment d'esprit, que ce dernier, «le Rat gris », était venu pour la première fois en Angleterre avec la maison royale u Hanovre; c’est pourquoi il le surnommait le Rat hano- vrien.. | on une seconde lettre M. O’Neill adresse les renseignements ci- après : « En feuilletant aujourd’hui le dictionnaire de Littré, j'ai trouvé ce qui suit (t. I, p. 1245, col. 3) : »'Poule huppée. Sorte de Poules introduites en France par Stanislas, » roi de Pologne, et dites d’abord Pompadour ou Pandoure, et par cor- + ruption Poules de Padoue; on les nommes aussi Poules polonaises. » -. » Etice dernier ‘est:le nom que leur donnent les fanciers anglais. Il y ‘a près d'Angoulême un: fermier qui a des Padoue doré de race assez pure; mais il ne les connaît que sous le nom de Pompadour, qui a sur- vécu dans cette partie de la France. Littré ne cite pas d'autorité à appui de ce qu’il dit; peut-être quelqu'un de nos confrères LED il élaircir cette! petite question. » Le mot: « pandoure » indiquerait une origine hongroise, et doit être - tout-à fait indépendant de pompadour, qui pourrait s'expliquer par le fait que ces volailles étaient à la mode sous M de Pompadour, ou que le plumage singeait de près les dessins de quelques étoffes pompadour. La corruption Padoue doit descendre de pandoure, et non pas de pom- -padour. » S'il était peritilé de toucher à deux sujets dans la même communi- cation, je dirais que j'ai trouvé dernièrement dans un vieux livre de cuisine, les Dons de Gomus, 1739 (par un cuisinier nommé Marin), la mention de « gros Pigeons Romains », dans un menu du printemps. Autre part il est parlé du'« gros Pigeon de volière venant de Reims, aussi bon que ceux venant de Rome et de Venise ». Je ne sais pas si on parle encore de ces Pigeons de Reims. Le même vieil « Officier de ‘bouche >» — comme il s’appelle lui-même — parle aussi du « Pigeon 704 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. Cochois »; ce sont, sans nul doute, les « Pigeons Cauchoïis’» dont parle Boileau dans sa II satire, mais le nom paraît être perdu aussi. » — A l’occasion de cette lettre, M. Camille Dareste rappelle que, dans l’une des premières années de l’existence de la Société, une communi- cation très intéressante fut faite par Me Antoine Passy sur l’origine de la race des Poules de Padoue. D’après les documents communiqués par Mr: Passy, cette race est originaire de Pologne et elle fut introduite en France, au commencement da siècle dernier, par le roi Stanislas de Lorraine. Ces Poules plurent beaucoup à M° de Pompadour, qui les propagea dans les jardins royaux, et c’est à cette époque qu’elles prirent le nom de Poules Pompadour, devenu, plus tard, par corruption, Poules Padoures, puis enfin Poules de Padoue. — M. Gabriel Rogeron adresse une nouvelle note sur les croisements de différentes espèces de Canards (voy. au Bulletin). :— M. de Behr, président de la Société allemande de tisoicokiure offre d'adresser encore cette année à la Société des œufs de Coregonus maræna et de C. albula. — Remerciements. Dans une autre lettre, relative à l’acclimatation du Cat-Fish et du Black-Bass d'Amérique, M. de Behr émet l’avis qu’une grande prudence doit être apportée dans l'introduction de ces poissons exotiques, dont la voracité lui paraît à redouter pour les espèces indigènes. — M. Tryon de Montalembert prie la Société de vouloir bien mettre à sa disposition des'alevins de Black-Bass. — En sollicitant un envoi d’œufs de Saumon de Californie et d’alevins de Black-Bass, M. Ad. Jacquemart, de Reims, adresse les renseigne- ments suivants : « Je comptais cette année pouvoir réussir à féconder artificiellement une partie de mes Saumons de Californie, dont quelques sujets, quoiq1e en eau fermée, pèsent 3 et 4 livres ; mais je m’y suis mal -pris pour la pêche, et les rusés poissons ont trouvé le moyen de s’échap- per par-dessous le filet, quand les herbes le soulevaient un peu. Je n’ai pu m’emparer que d’une seule femelle et j'ai vu, à son ventre flasque, qu’elle venait de rendre ses œufs, dont il ne restait qu’une demi-dou- zaine. C’est donc, pour cette année du moins, un échec complet. » — M. Maurice Richard accuse réception et remercie de l'envoi qui lui a été fait des jeunes Sandres offerts à la Société par M. Max von dem Borne. Ces Poissons, qui lui sont parvenus en très bon état, ont été pla- cés dans une des pièces d’eau du domaine de Millemont SEE Oise). — M. Vacher, d'Évreux, fait connaître qu’un nouvel aménagement de son établissement de pisciculture lui permet de mettre en incubation des quantités importantes d'œufs de Salmonides, et il demande à être compris dans les distributions faites par la Société. : — Eu sollicitant un envoi d'œufs de Truite des lacs, Mile marquis de Scey de Brun adresse les renseignements ci-après : « Je possède un PROCÈS-VERBAUX. oé 705 ruisseau. depuis sa source jusqu’à son embouchure, où se trouve un bar- rage. Ce ruisseau'a une étendue d'environ 4 kilomètres ; sa largeur est en moyenne de 1,50 à 2 mètres ; il contient déjà naturellement quel- ques Truites; j’ai à son embouchure une petite usine que j'ai supprimée et que j'ai remplacée par une installation de pisciculture où, au prin- temps dernier, des œufs de Truite commune provenant de la Loue ont remarquablement bien réussi au nombre de 12000, ce qui a été constaté par une Commission du conseil général du Doubs. Elle est organisée maintenant pour l’incubation de plus de 100000 œufs et c’est mon garde qui en est chargé avec le concours de mon pêcheur, comme cela a eu lieu au printemps dernier. J’ose donc compter que la Société d’Ac- climatation, dont je suis membre, voudra bien me faire participer à sa distribution. d'œufs. » — M. Henri Bernard-Talhandier, d'Ambert (Puy-de-Dôme), annonce qu’il va installer chez lui des appareils d’éclosion du modèle californien modifié par M. Berthéol, et il prie la Société de vouloir bien le com- prendre dans ses distributions d’œufs de Truite des lacs. — M. Delgrange, de Valenciennes, rend compte des améliorations qu’il vient d’apporter dans son établissement de pisciculture d’Isle-le- Pré, près Bastogne (Luxembourg belge). Notre confrère possède actuel- lement neuf étangs, d’une superficie totale de 11 hectares et plus de trente-cinq bassins ou réservoirs. — M. Beaurin-Gressier, chef de la Division de la navigation au mi- nistère des Travaux publics, écrit à M. le secrétaire des séances: « Vous m'avez fait l’honneur de m'adresser une note relative aux essais de re- peuplement de l’Aude en Salmonides, que la Société nationale d’Accli- matation se propose de tenter. » Je suis heureux de vous arinoncer que M. Bouffet, us en chef du département de l’Aude, à Carcassonne, se déclare tout disposé à seconder les vues de la Société, dès qu’on lui aura fait connaître le nom de celui de ses membres avec lequel il devra entrer en relations. - » M. Bouffet ajoute que l’Aude qui, sans sortir du département, ni des lieux facilement accessibles, remonte à une altitude de 1200 mètres, se prêterait facilement aux essais projetés. Une station d’incubation pourrait dès à présent être confiée au conducteur en résidence à Quillan, à l’altitude de 285 mètres. Une deuxième station serait établie, en cas de besoin, aux bains d’Escouloubre, à 36 kilomètres plus avant dans la montagne, à l'altitude de 920 mètres. » — M. le D' Jousset de Bellesme, directeur de l'aquarium du Troca- déro, remercie de l’envoi qui lui été fait de quelques spécimens de Black-Bass. . — M. Bouvier, ingénieur en chef de Vaucluse, écrit à M. le Président : « Ainsi qu'il résulte de la demande de renseignements que vous m’avéz fait l'honneur de m'adresser au mois d'avril 1884, la Société. d’Accli- 706 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. matation s’est préoccupée de la maladie qui a sévi sur léS! Écrevisses, dans un grand nombre de localités, et a ouvert une enquête sur les causes probables de cette maladie et sur les CPE d'en arrêter les progrès. er | » Les Sorgues, qui forment les diverses branches dériéés de la Fon: taine de la Vaucluse, ont été atteintes, à leur tour, en décémbré 1884, par la maladie dont il s’agit et elle y a exercé de grands ravages. Comme membre d’une commission du Conseil d'hygiène chargée d’étudier les causes de ce véritable désastre et d’en rechercher le remède, et comme ingénieur en chef du département, je désirerais connaître quels sont les résultats obtenus par l'enquête dont il s’agit. 2 £ » Permettez-moi de recourir à votre obligéance pour ‘obtenir cé ren seignement;, je vous serai également reconnaissant de vouloir ‘bien m'indiquer les travaux ou publications susceptibles de ‘fournir des ren- seignements utiles sur cette question et les mes dé me les’ PACE rer. » — M. Raveret-Wattel signale un article du Land and Water d’après lequel il se pêcherait annuellement, dans la baie de Chesapeake, pour 1500000 dollars de Tortues dé l’espèce connué aux États: Unis sous le nom de « diamond-back terrapin », c’est-à-dire Tortue dos de diamant (Malacoclemmys palustris). À raison de 30 dollars la douzaine, cette! somme représente six cent mille Tortues. Pendant la saison de la pêche, plus de cinq cents personnes sont occupées à cette industrie qui, s’exerce tant dans la baie proprement dite que dans les estuaires des nombreux cours d’eau qui s’y jettent. Comme le Canard dos de toile (Fuligula val= lisneria), la Tortue dos de diamant vit surtout de céleri d’eau; tous les endroits où cette plante croît en abondance sont fréquentés par de nom- breuses Tortues. Or l’on sait que nulle part le céleri d’eau n’estaussi abondant que dans la baie de Chesapeake ; ainsi s'explique l'abondance des Tortues et des Canards dans cette baie. L'élevage dés Tortues n’est pas encore une industrie très répandue dans le Maryland, quoique bien conduite elle soit assez lucrative. Le premier établissement d'élevage fut créé, dans le comté de Somerset, par M. Dennis, membre du sénat des États-Unis. Aujourd’hui, l'établissement le plus important est situé dans le comté de Calvert, sur la rivière Patuxent ; il consiste ‘en un grand sans salé, suffisant pour l’entretien de milliers de Tortues, les+ quelles s’y multiplient rapidement. De grandes caisses remplies de sable sont disposées pour recevoir les produits de la ponte et favoriser l’in= cubation des œufs. Ces caisses sont construites de telle facon que les Tortues femelles peuvent y entrer facilement pour pondre, mais qu'il leur est impossible d’en sortir d’elles-mêmes. Les jeunes Tortues sont gardées dans des parcs spéciaux ; on ne les met en liberté complète qu'à l’âge de dix ou douze mois; plus jeunes, elles seraient exposées à! la vo- racité des mâles adultes qui en détruiraient un grand nombre: Il existe PROCÈS-VERBAUX. 707 dans le comté de Talbot un autre établissement.très important qui pos- sède une plage de sable spécialement disposée pour la ponte des fe- melles et qui est entourée d’une solide clôture, pour éviter les incur- sions des Rats musqués, grands destructeurs d’œufs de Tortue. — M. le comte de Danne adresse le rapport suivant sur une éduca- tion d'Attacus Pernyi faite en 1885: « Comme je vous l'ai déjà écrit, javais acheté cent cocons à M” Turpin; sur ces cent cocons, trente ne m'ont donné aucune éclosion et. se sont desséchés, les autres ont donné naissance à des Papillons qui ont pondu des œufs stériles. De ce côté donc, aucun résultat. Par contre, les, cent quatre-vingts œufs envoyés par la Société d’Acclimatation ont produit un nombre égal de Chenilles se portant admirablement bien et mangeant non moins bien. J’en ohtins cent cinquante et un cocons superbes comme volume et comme soie. » Le 19 mai, les Vers commencèrent à éclore. Le 31 mai, les premiers Vers commencèrent à muer. La seconde mue.commença le 12 juin et la troisième le 22 juin. Le 6 juillet, les Vers commencèrent à filer leurs co- cons. Le 22 juillet, tout était fini. | » L'éducation de mes Vers à soie s’est donc effectuée en deux mois, jour pour jour. J'avais fait mettre mes cocons dans une grande cage ten- due de mousseline et placée dans une pièce très aérée dont les fenêtres étaient toujours ouvertes. Dès l’apparition du premier Papillon annonçant le commencement de la seconde: éducation, la cage fut portée en plein air sous des arbres, où elle restait nuit et jour ; on ne la rentrait que lorsqu'il pleuvait par trop, faute d’un abri suffisant. Je sais qu’en sui- vant cette méthode, je vais à l’encontre de l’idée de bien des personnes qui, prétextant de l'extrême fragilité de ces petites bêtes, veulent les faire produire et les élever dans des chambres bien closes, où elles s’étiolent infailliblement, et, lorsqu'on veut les transporter ensuite en plein air, les Chenilles souffrent de ce changement d’existence et donnent de .mau- vais résultats. J’ai donc essayé de les élever dans un état se rapprochant le plus possible de leur état de nature. Le 8 août, les Papillons com- mencèrent à, éclore et à s’accoupler. Le 11 août, la ponte commençait, et, le 27. août, les Chenilles commençaient à éclore. _ » Quatre-vingt-seize Papillons sont éclos.à cette seconde éducation et ont produit une quantité énorme d'œufs que j'estime à dix mille. » Les éclosions de ces œufs, placés en plein air dans des sébiles de bois suspendues à même le taillis, ont eu lieu successivement et sans interruption jusqu’à la fin de septembre. Malheureusement nous avons eu à la fin de septembre, chose que nous n’avons presque jamais, deux jours de gelée très forte, tellement qu'il y avait de la glace dans cer- tains endroits. Les feuilles de Chêne, saisies par ce froid violent, se sont desséchées et ont jauni en deux jours. Mes malheureuses Chenilles, dont une centaine étaient arrivées à leur dernière mue, ont langui tout en cherchant leur nourriture comme elles pouvaient, puis sont mortes les 708 SOCIÉTÉ NATIONALE D'ACCLIMATATION. unes après les autres sans pouvoir filer leur cocon. Une lettre de mon garde, datée du 3 novembre, me dit, en m’annonçant ces mauvaises nou- velles, qu’il y a encore pas mal de Chenilles vivantes, qui certainement n’arriveront à aucun résultat. J'étais chez moi à la fin de septembre, au moment de ce froid très vif que nous avons eu ds plus de huit jours en même temps que de violentes pote j'ai donc pu observer l'effet du froid sur l'Attacus Pernyi, qui m’a l’air d’une rusticité admi- rable. Quelques Chenilles engourdies par le froid de la nuit et violem- ment secouées par la tempête se laissaient tomber sur le sol; mais dès que le soleil les avait un peu réchauffées, elles grimpaient lestement sur les tiges de Chênes et se mettaient à manger avec la même voracité que les autres. Le froid n’a pas l’air non plus d’avoir une action immédiate sur les œufs, car j'ai constaté plusieurs éclosions pendant les jours les plus froids et les plus mauvais. Ce n’est donc pas le froid qui a tué mes Chenilles, car pendant toute cette période froide et pluvieuse, je n’ai pas constaté de mortalité plus grande que la moyenne ordinaire sur une masse de Chenilles où il y avait certainement plus de cinq mille indi- vidus à tous les âges de leur existence. Et cela sans prendre aucune précautionautre que d’entourer les cépées destinées à mon élevage d’un treillage à mailles assez petites pour empêcher les oiseaux de détruire mes élèves. C’est la nourriture qui a fait défaut au moment où les Che- nilles én auraient eu le plus grand besoin pour prendre les forces né- cessaires à la confection de leur maison de soie. Les gelées précoces sont rarement aussi fortes en Anjou, et les feuilles ne commencent guère à être jaunes et dures que vers le 15 octobre, époque à laquelle bon nombre de mes Chenilles seraient arrivées à terme sans cette fâcheuse gelée. De plus, si j'avais eu des œufs plus tôt que ne me sont parvenus ceux de la Société d’Acclimatation, j'aurais certainement gagné plus de quinze jours sur la première éducation. Dès le 1° mai, les feuilles étaient bien assez poussées pour permettre aux Chenilles de vivre gras- sement à leurs dépens. Il me reste actuellement cinquante-cinq cocons intacts qui me donneront, je l'espère bien, d'excellents résultats le prin- temps prochain. J’accepterais néanmoins avec reconnaissance un nouvel envoi d'œufs, si la Société pouvait m’en fournir de nouveaux au commen- cement du printemps prochain. Je suis de plus en plus persuadé, d'après des résultats obtenus cette année, que non seulement l'élevage de l’Atta- cus Pernyi est chose facile, mais qu’on peut très bien avoir deux ré- coltes dans la même année. Je serais très heureux si ces quelques ren- seignements peuvent être utiles à la Société d’Acclimatation, et j'espère pouvoir vous annoncer, l’année prochaine, une réussite complète. » — M. Alfred Wailly, de Londres, annonce qu’il se rendra prochaine- ment à Paris et qu’il compte remettre à la Société un catalogue complet des Lépidoptères séricigènes asiatiques et américains. Par la même lettre, M. Waiïlly, qui a récemment adressé à la Société une collection PROCÈS-VERBAUX. 709 d'échantillons de soies exotiques, fait connaître le désir qu’aurait M: Na- talis Rondot, délégué de la Chambre de commerce de Lyon, de voir ces échantillons et de les soumettre à ladite Chambre de commerce. *_— En remerciant de la communication qui lui a été faite des échan-" tillons de soies présentés par M. Wailly, M. Natalis Rondot veut bien promettre l’envoi d’une note sur la valeur industrielle de ces produits! ‘Par une autre lettre, M. Natalis Rondot fait hommage à la Société d’un exemplaire du premier volume de l'ouvrage qu'il publie en ce môment, sur l’art de la soie. Ce volume est consacré aux Vers à soie domestiques ; le second volume sera réservé aux Vers à soie à demi domestiques ou sauvages. — Remerciements. = M. Dusuzeau, directeur du laboratoire d’études de la soie créé par la Chambre de commerce de Lyon, demande des renseignements sur les ! éducations d’Attacus Pernyi faites par M° veuve Simon, née de Fuis- seaux. Dans une autre lettre, M. Dusuzeau remercie des Péréeighéments qui lui ont été adressés en réponse à sa demande, et se met gracieusement : à la disposition de la Société paur l’analyse et les épreuves séricimé- triques de tous les échantillons de cocons et de soiïes qu’on désirerait lui envoyer. — Remerciements. — M le maire de la commune du Plan-de-la-Tour (arrondissement de Draguignan), membre du Conseil général du Var, fait connaître son dé-! sir de s’occuper de l’élevage du Ver à soie du Chêne, et prie la Société: dé vouloir bien lui donner divers renseignements concernant les éduca-? tions d’Attacus Pernyi faites par M° veuve Simon. —— M. Faivre, professeur d’apiculture au Jardin d’Acclimatation, de mande à soumettre un travail $ur la maladie des S DEEE connue sous ! le nom de Loque ou pourriture du couvain. — M.E. Brace adresse, pour être soumis à la Commission des ré! compenses, un mémoire théorique et pratique sur la culture des Euca- lyptus. : HA ° — M. Pataillot demande à prendre part aux distributions de graines faites par la Société. 1} — M. Sanford annonce le nouvel envoi qu’il veut bien ait figé à à la Société d’une barrique de noix de Pacanier fraîchement récoltées, pouri servir à des semis. € Je suis sûr, écrit M. Sanford, que dans le sud'de la France cet arbre magnifique r'éussira parfaitement. L'arbre sur lequel: ces noix ont été récoltées a produit, cette année, pour le moins 3 hecto+ litres de beaux fruits. J'ai également introduit le Pacanier en Belgique, au moyen de noix distribuées il y a une douzaine d'années. Il y à déjà de jolis arbres, mais je ne crois pas qu’ils puissent produire de fruits > tandis que je ne doute nullement de leur parfaite réussite dans le midi de la France, comme arbre de rapport et comme arbre d'agrément. » = M. Raveret-Wattel signale le développement de plus en plus ‘con- 4 SÉRIE, T. Il. — Décembre 1885. 46 710 SOCIÉTÉ NATIONALE D’ACCLIMATATION. sidérable que‘prend la culture du Quinquina à Ceylan. D’après une note publiée dans le Pharmaceutical Journal du 21 novembre 1885, l’ex- portation s’est élevée, l’année dernière, à 11 678 360 livres d’écorce, dont 1 143 140 livres d’écorce de rameaux et 10535 220 livres d’écorce de troncs, ce qui représente un excédent de 185 143 livres sur la quan- tité exportée l’année précédente. — M. Adenot écrit de Montchanin-les-Mines (Saône-et-Loire) : « Au printemps de cette année, vous avez bien voulu m'envoyer, pour en essayer l’acclimatation, des graines de Riz de Chine et de Chamærops excelsa. Le Riz a été semé le 1%, mai : 1° dans un champ; 2° dans mon jardin potager. Celui confié à la terre ordinaire n’est pas venu; celui du jardin a commencé par germer; puis, sans çause connue, la plus grande partie a disparu. En ayant sauvé cent vingt-cinq pieds, je les ai trans- plantés comme les Ghinois et les ai purinés. Cette plantation a poussé vigoureusement; le tallage s'est effectué très bien, huit et dix branches par pied; mais, arrivée à une hauteur de 30 centimètres, la végétation est restée stagnante, et: il n’a pu se mettre en épis. Au mois d’octobre, redoutant l'influence des gelées blanches, j’en avais transporté quelques pieds dans ma serre; mais ils périclitèrent, et je commence à voir que 4e Riz en question ne peut réussir dans ma circonscription. » Les Chamærops se sont comportés différemment. N'ayant pas reçu d'instructions les concernant, j'ai cru devoir stratifier une partie de la graine et semer l’autre sur couche. Après six semaines d’attente, j’ai vu ceux de couche commencer à pousser. Peu après, le pot dans lequel j'avais mis ma graine stratifié était couvert de, jeunes plants. C'est donc vous dire que je peux disposer d’un certain nombre de jeunes pour des personnes qui en désireraient. J’en ai rentré la plus grande partie en serre; je vais couvrir les autres de feuilles, afin de savoir, quelle est leur rusticité au froid. » — M. Fleury, de. Mauves (Loire-Inférieure), rend compte, à la date du 25 novembre, du résultat de son semis de Riz de montagne; une seule touffe a réussi et a produit une douzaine d’épis, dont quelques- uns fort beaux paraissent devoir donner de bonnes graines. — M. M. Mathey écrit de Rochechouart : « J'avais l’honneur de vous informer l'année dernière que j'avais, de même que l’année précédente, semé des Vignes de Chine, qui cette fois avaient parfaitement levé, et que les jeunes plants avaient été détruits par suite d’une cause acciden- telle (Bulletin de décembre 1884, p. 986). » Ayant conservé de la graine, cette année je renouvelai lessai; comme précédemment, je semai sous châssis, sur du terreau au-dessous duquel avait été placé du fumier sortant de l’écurie; malgré tous ces Soins et des :arrosages suflisants pour entretenir constamment une certaine humidité dans le. sol, arrosages indispensables, le châssis étant placé dans un endroit très sec et très chaud, aucune,graine n’a PROCÈS-VERBAUX. Ï 711 levé. Je dois dire'que le châssis avait élé-envalii: par des’ insectes, et notamment par des Fourmis, qui avaient bouleversé!la! légèrelcouéhe: de sable dont j'avais, à défaut de terrain assez légers ÉEUC _. graines. » Grand' fut mon étonnement, ed à la ‘fin! du rie d'octobre: dernier, je m’aperçus qu'au milieu d’un: carré où se trouvarent des Ci- trouilles, il existait un plant de Vigne chinoise très vigoureux, couvért de feuilles et mesurant 90 centimètres de hauteur. | » Le terrain dans lequel quelques graines avaient été ÿjétées à titre: d’essai, et sans compter sur aucun résultat, est fort, mais de très bonne qualité ; depuis plusieurs années, l’engrais y a été mis en abondance. Ce terrain est abrité des vents du nord par un bâtiment dont le ‘pignon- reflète les rayons du soleil, qui y répand tout le jour une! chalèur très: vive;! les quelques arbres fruitiers existant sur ce pointin’étant ni agsez- nombreux ni assez touffus pour procurer ‘de l'ombre, à ducun moment de la journée. » Je dois ajouter que; bien que cette année Pété aït été: étebptiothet- lement chaud et que lalsécheresse ait'duré fort longtemps; l'endroit où le pied de Vigne a dre n’aété que peu arrosé, et à d’ assez nt in- valles. » Cette espèce de Vigne paraît, d’après ce que je viens hais devoir venir avec une (certaine facilité, la graine ayant germé et levé sans qu'il lui ait été donné aucun soin} et que le même résultät ss êtré obtenu, à la condition qüie la semence soit:corifiée &tun us . bonne qualité et exposé à une:température assez élevée. »1: Cheptels. — Des: comptes readus sur la situation deleurs chepels sont adressés par MM. Bossot, Fleury, Gardin, Garnotel}:de Kervétivaôl,. de La Brosse, D: J.-J: Lafon, 22 Le y T4 h) D DER ESS À 0 1270 ù RTE SES en un VW > > te Fe V U re V LS VW V ÿ VV UVY CV VV “ SI 54 ÿ y J VV y 19) WW june ai | ù LV L AL VU DETUV Jouue v Fine JE À | ANS YU C4 CM 4, du Ne vu us Las V 1 7 j F 6)! |. A À Q > W UV j vu AA 4 uv Ü ü RC VOD VOA VEN Le tr ZE 7 y ca | nn 3 9088 01316 265