2921 }neniss A (érint D IUDELE Ci pe mi U LAURE H fi 4 so Man annRrte fl} en MAG HELEE #4 fl COUT wi Pt LACET perte sir 4 ventquil El Len He rue) A HET mi pr di TANT d 14 PIE [TI HA ED ENT A +4 RTE tion FA CIETEE Mr rite HE te ti Fr pre LUCILE CES Vi L ea RNHECT Le 140 Jos DANS HU M age 1/016757 Bean LUC PEN La Sans COMPTANT ice Qu tro Pope y : ft At HER Hi (i After Fohes are DE 21 DENT ANS AER LM LUIPTUT Aya HUB PROT on Did e41 4 nain Rat [404 DIR PETER 4 on # An À RAT Con PANNES SA dei RL NN DETTE DEN ; COOP ENEECRr EN Han wi ain fl! 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Hire es DE dippre # me 11e we 114 pe ARR RENE LE Hrtilt Pt Re tn Ta ere at féti “é RO HAE HA tes Eh RATE du digue? one 16 RAA LD Pl 1 ani Meier He CASH COTE TARIPETES il FH IU He x RE A 4 se 6fi ï ss dt NRNE DA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE. | BIO EE EN DE LA SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE QUATRIÈME SÉRIE TOME QUATRIÈME 19 © 269633 PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, Rue Serpente, VI 19O<+ BULLETIN = DE LA SOCIEÈTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE (CETTE SOCIÉTÉ, FONDÉE L£ 17 MARS 1830, À ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME ETABLISSEMENT D'UTILITE PUBLIQUE.PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832) QUATRIÈME SÉRIE TOME QUATRIÈME FASCICULE rx : Liste des Membres de la Société, etc. : pp. v-xzir. Prix et Fondations de [a Société : pp. xLiI-XLIV. Feuilles 1-7. — Planches I-II. tee de agen PARIS \ AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE. FH RANCE TR 28, rue SE re VI 1904 Le Bulletin paraît par livraisons mensuelles Mai 4904 ! EXTRAITS DU RÊGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE ‘Anr. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l'avancement de la Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France, tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et lagri= culture. É l LÉ AT E Arr. 3. — Le nombre des membres.de la Société est illimité Les Français et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n'existe aucune diss tinction entreles membres: M Arr. 4. — Pour faire partie de la Société, il faut s'être fait présenter ans.” une dé ses séances par deux membres qui auront signé la présentation; ‘avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président'et avoir reçu le" diplôme de membre de la Société. ” ‘ 6212 TORRES Arr. 6. — Le Trésorier né remet le diplôme qu'après l’acquittement du droit d'entrée. Ale INA MERS Don ART. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre à Juillet. SL EE * G ART. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le 1°* et lé 3* lundi. du mois). Per CNE ES ART 42 — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à las Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. ART. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun Re ouvrage déjà imprimé. | GARE ART. 48. — Aucune communication -ou discussion ne peut avoir lieu sur : des objets étrangers à la Géologie ou aux seiences qui s’y rattachent. ART. 50 — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement” . déterminé. : È ï + ur ART. 53 — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre. RAA ox ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la Société qu’au prix de la cotisation annuelle. LÉ ART. 58 — Les membrés m'ont droit de recevoir que les volumes des” années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les volumés correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société, leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un tarif déterminé. Arr 60. — Quelle que soit la longueur des notes où mémoires insérés au Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs fraïs uñ tirage à part. Art. 93. — Chaque membre paye : 1° un droit d'entrée; 2° une cotisation annuelle ?. S FRS Le droit d’entrée est fixé à la somme de 20 francs. Fa RS Ce droit pourra être augmenté par la suite, mais seulement pour les membres à élire Û . ; La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs. La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre; être remplacée par le versement en capital d'une somme fixée par la Société en assemblée. générale *, qui, à moins de décision spéciale du Conseil, devra être placée. ï 1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société ét qui ne connaîtraient. aucun membre qui püt les présenter, n’auront qu'à adresser une .(enrande. au Président, en exposant les titres qui justifient de leur admission. : : : on Pa 2. Le,Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement. dernouveaux membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes” ui désirent faire partie de la Société à n’acquitter, la première année, que eur droit d’intrée.en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaires des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement; mais ils ne recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la cott- sation de 30 francs: ls jouiront aussi des autres droits et privilèges des. membres de la Société. £ : Le Aie RE) 3. Cette somme est actuellement de 400 francs. SOCIÈTÉ GEOLOGIQUE DE FRANCE 1830 LISTE DES ANCIENS PRÉSIDENTS DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE (+ indique les Présidents décédés). MM. + Ami Bové. (+ De Roissy. 1831. 1832. 1833. 1834. 1835. 1836. 1837. 1838. 1839. 18/40. 1841. 18/42. 1843. 1844. 1845. 1846. 1847. 1848. 18/49. 1850. ISI. 1892. 1853. 1854. 1855. 1856. + CoRDIER. + BRONGNIART (Alex.). DE BONNARD. + CONSTANT PRÉVOST. f Amr Bout. + ÉLIE DE BEAUMONT. + DurFRÉNOY. + Corprer. T CONSTANT PRÉVOST. + BRoNGNIART (Alex.). T Passy. + CorRDIER. + »D'ORBIGNY (Alcide). T D’ARCHIAC. + ÉLte DE BEAUMONT. T DE VERNEUIL. + DurFRÉNo y. + MiceLix. D'ARCHIAC. + ÉLre DE BEAUMONT. + CONSTANT PRÉVOsT. + D'Omauius D'HALLOY. T DE VERNEUIL. T D'ARCHIAC. + ÉLIE DE BEAUMONT. + DEsnayes. 4 Février 1904. — T. IV. 1897. 1898. 1399. 1800. 1861. 1862. 1863. 1804. 1865. 18066. 18067. 1868. 1369. + Gervais (P.). 1872. 1873. 1874. 1875. 1376. 1877. 1878. 1879. 1880. 1881. 1882. 1983. 1870 1871 MM. + Damour. T VIQUESNEL. + HÉéBERT. T LEVALLOIS. Ÿ SAINTE - CLAIRE DE- VILLE (Ch.). Ÿ DELESSE. GauprYx (Albert). T DAUBRÉE. T GRUNER (L.). + LARTET (Edouard). T DE VERNEUIL. T BELGRAND. Ÿ DE BiLzy. T HÉBERT. + DE Roys (le marquis). COTTEAU. + JANNETTAZ (Ed.). PeLLaT (Ed.). T TourNouËr. GauprY (Albert). DAUBRÉE. DE LAPPARENT (Albert). Fiscxer. DouviLLé (Henri). T Lory (Ch.). Bull. Soc. Géol. Fr. — a | LA VI SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE MM. MM. 1884. + PARRAN. 1894. GOsSELET. 1885. + MALLARD. 1895. LIiNDER. 1886. + COTTEAU. 1896. Dorzrus (Gustave), 1887. Gaupry (Albert). 1897. Barrois (Charles). 1888. SCHLUMBERGER. 1898. BERGERON (Jules). 1889. 7 HÉBERT. 1899. DE MARGERIE (Emm..). 1890. BERTRAND (Marcel). 1900. . DELAPPARENT(Albert). 1891. ÿ MUuNIER-CHALMAS. 1901. CaRrEz (Léon). 1892. Micnez-Lévy (A.). 1902. HauG (Émile). 1893. ZEILLER. 1903. BouLe (Marcellin). LAURÉATS DU PRIX VIQUESNEL MM. MM. 1876. + Munier-CHALMAS. 1884. LEENHARDT. 1877. Barroïis (Ch.). 1887. Micue-Lévy. 1878. FABRE (G.). 1890. BERGERON (J.). 1879. + FONTANNES (F.). 1803. HAuG (Émile). 1880. + HERMITE. 1896. Cossmanx (M.). 1881. ŒHLERT. 1898. GLANGEAUD (Ph.). 1882. VAssEUR (G.). 1900. CHorFaAT (Paul). 1883. Dozrrus (G.). 1902. Roussez (Joseph). LAURÉATS DU PRIX FONTANNES MM. MM. : 1889. BERTRAND (Marcel). 18097. BouLe (Marcellin). 1891. Barrois (Ch.). 1899. FIcHEuR (E.). 1893. Krcran (W.). 1901. PAQUIER (V.-L.). 1895. DELAFOND (Fr.). 1903. GENTIL (L.). LAURÉAT DU PRIX PRESTWICH 1903. M. TERMIER (Pierre). ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE POUR L'ANNÉE 1904 BU EE 2 EN Président : M. Pierre TERMIER Vice-Présidents : MM. A. PERON. | MM. A. THEVENIN. J WELsCH. | Ph. GLANGEAUD. Secrétaires : Pour la France : | Pour l'Étranger : M. L. GENTIL. | M. P. LEMOINE. Vice-Secrétaires : M. Robert DouviLLé. | M. Le CoupPrEY DE LA FOREST Trésorier : Archiviste : M. A. BoisreL. | M. L. PERVINQUIÈRE. SONSETLE (Le Bureau fait essentiellement partie du Conseil [art. IV des statuts]) MM. L. Carez. MM. J. Brayac. L. JANET. A. BIOCHE. Stanislas MEUNIER. M. BouLe. G. RAMOND. Albert GAUDRY. Ém. Hauc. Ch. SCHLUMBERGER. A. Foucas. à M. CossMANN. VIII ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE COMMISSIONS Commission de publication du Bulletin MM. Borsrez, M. Boue, Carez, H. Douvizté, Albert Gaupery, GENTIL, HAUG, P. LEMOINE, PERVINQUIÈRE, TERMIER. Commission de publication des mémoires de Géologie MM. Borsrez, CAREzZ, GENTIL, HAUG, DE LAPPARENT, P. LEMOINE, PERVINQUIÈRE, TERMIER. Commission de publication des mémoires de Paléontologie MM. Borsrez, M. BouLe, CarEez, H. Douvizré, Albert GAUDRY, GENTIL, P. LEMOINE, ŒHLERT, PERVINQUIÈRE, SCHLUMBERGER, TER- MIER. Commission de Comptabilité MM. H. Douvizré, Léon JANET, TERMIER. Commission des Archives et de la Bibliothèque MM. BLayac, DE MARGERIE, THEVENIN. Les envois d'argent doivent être adressés à : M. LE TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Serpente, Paris, VI et les communications, demandes de renseignements, réclamations, etc., etc., à : M. LE SECRÉTAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 26, rue Serpente, Paris, VI. ! Le Secrétariat et la Bibliothèque sont ouverts tous les jours de 1 heure à 6 heures. MEMBRES A PERPÉTUITÉ : + BAROTTE (J.). + Bazizze (Louis). + CorTEAU (Gustave). + DAUBRÉE (A.). + Dorcrus-Ausser (Daniel). + FonTanNxes (Louis). + Jackson (James). + GrAD (Ch.). + LAGRANGE (le Docteur). + Lamorxe (de), Colonel d'artillerie. + LevaLLois (J.). T PARANDIER. + Presrwicx (Joseph). + Rogerrow (le Docteur). + TourNouËr. + VERNEUIL (Edouard de) T VIQUESNEL. + Vircer D'Aousr (Pierre-Théodore). BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ DE BALE (Suisse). COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE PARIS A LYON ET a LA MÉpr- TERRANÉE, 88, rue Saint-Lazare, Paris. CompAGniE DES FORGES DE CHATILLON-COMMENTRY, 19, rue de la Rochefoucauld, Paris. CoMPAGNIE DES MINERAIS .DE FER MAGNÉTIQUE DE MOKTA-EL- Hap1D, 26, avenue de l'Opéra, Paris. CoMPAGNiE DES MINES DE LA GRAND'COMBE, 17, rue Laffite, Paris. COMPAGNIE PARISIENNE D'ÉCLAIRAGE ET DE CHAUFFAGE PAR LE Gaz, 6, rue Condorcet, Paris. SOCIÉTÉ ANONYME DES HOUILLÈRES DE BESsèGEs Er RoBrac, 17, rue Jeanne-d’Arc, Nîmes (Gard). MEMBRE DONATEUR + Madame C. FONTANNES. 1. Sont membres à perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle (Décision du Conseil du 2 novembre 18/0). + Indique les membres à perpétuité décédés. LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE AU 1% JANVIER 1904 (Le signe [P] indique les membres à perpétuité et l’astérisque * les membres à vie). 1878 1904 1889 1867 1898 1878 1902 1899 1896 1895 1875 1857 1904 1896 1888* 10 MM. ADAN DE YARZA (R.), Ingénieur des Mines, Lequeitio (Vizcaya, Espagne). AGnus (Alexandre), Licencié ès sciences, Laboratoire de Paléontologie du Muséum d'Histoire Naturelle, 3, place Valhubert, Paris, V. AGUILERA (José-Guadalupe), Director del Instituto Geo- lôgico, 5, calle del Ciprès, Mexico [D. F.] (Mexique). AGUILLON, Inspecteur général des Mines, 91, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris, VIII. ALLARD (Joseph-Alexandre), Ingénieur des Arts et Manufactures, Voreppe (Isère). ALMERA (le Chanoïne Jaime), 1, 3%, calle Sagristiee Barcelone (Espagne). AMBAYRAC (J. Hippolyte), Professeur des Sciences physiques et naturelles au Lycée, 2, place Garibaldi, Nice (Alpes-Maritimes), Amior (Henri), Ingénieur en chef au Corps des Mines, adjoint à la Direction de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, 4, rue Weber, Paris, XVI. ANasrasiu (Victor), Docteur ès sciences, Professeur au Lycée Lazar, rue Virgiliu, Bucarest (Roumanie). Arcrowski(Henryk), Membre de l'Expédition Antarc- tique belge, 103, rue Royale, Bruxelles (Belgique). ARNAUD (F.), Notaire, Barcelonnette (Basses-Alpes). ARNAUD (H.), Avocat, 23, rue Froide, Angoulême (Charente). ARRAULT (René), Ingénieur civil, Entrepreneur de sondages, 69, rue de Rochechouart, Paris, IX. ARTHABER (D' Gustav A. Edler von), Privatdocent de Paléontologie à l’Université, 1, Bartensteing, 8, Vienne (Autriche). AUBERT (Francis), Ingénieur en chef au Corps des Mines, 38, rue Lamartine, Clermont-Ferrand (Puy- de-Dôme). 1898 1877 1889 TOOI 1900* 1903 1899 1875* I9O1 1880* 1873* 1899 1864* 1903 1385 1886 1903 1S8I IOO1 ‘1903 1878* 30 SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XI] AUBERT (Henri), Docteur en médecine, 50, rue de Moscou, Paris, VIII. AULT-DUMESNIL (d’), 1, rue de l’Eauette, Abbeville (Somme), et 228, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris, VIII. AZÉMA (Joseph), Licencié ès sciences, 14, rue de la Mairie, Pamiers (Ariège). AZzÉMA (Léon), Commandant au 102€ Régiment d’Infan- terie, 93, rue de Reverdy, Chartres (Eure-et-Loir). Baginer (Jacques-André), Ingénieur en chef des Ponts- et-Chaussées, 5, rue Washington, Paris, VIII. Bazz (John), Ph. D., Inspecteur en chef au Geolo- gical Survey, Le Caire (Egypte). BALsan (Charles), Manufacturier, Député de l'Indre, 8, rue de La Baume, Paris, VIII. BarDON (Paul), 16, rue Champfeuillard, Sens (Yonne). BARRE (le Commandant O.); 10, Avenue Henri-Martin, Paris, XVI. BARRET (l'abbé), Doyen de Formeries (Oise). Barrois (Charles), 37, rue Pascal, Lille (Nord), et 9, rue Chomel, Paris, VII. BARTHÉLEMY (François), 3, place Sully, Maisons - Laffitte (Seine-et-Oise). BarY (Émile de), Guebwiller (Alsace). Basser-BONNErONS (Raoul), Agent des Douanes et Régies de l’Indo-Chine, Haïphong (Tonkin). BayLe (Paul), Directeur des mines et usines de la Société lyonnaise des Schistes bitumineux, Autun (Saône-et-Loire). BEAUGEY, Ingénieur en chef au Corps des Mines, Pro- fesseur à l'Ecole des Mines, 38, rue Boileau, Paris- Auteuil, XVI. BÉDÉ (Paul), 7, impasse des Partants, Paris, XX. BEIGBEDER (David), Ingénieur, 125, avenue de Villiers, Paris, XVII. BEL (Jean-Marc), Ingénieur civil des Mines, 4, place Denfert-Rochereau, Paris, XIV. BELLIVIER (René), Etudiant en sciences naturelles, 16, rue de l'Hôtel-Dieu, Poitiers (Vienne). BERGERON (Jules), Docteur ès sciences, Professeur à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures, Directeur- adjoint du laboratoire des recherches de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences, Sorbonne), 157, boulevard Haussmann, Paris, VIII. 40 5o LISTE DES MEMBRES BERNARD (Augustin), Professeur de Faculté, 6r, rue Scheffer, Paris, XVI. BEerNarD (Charles-Em.), Ingénieur civil, 24, Avenue du Maine, Paris, XV. BÉroup (l'abbé J. M.), Mionnay (Ain). BERTHON (Paul), Lieutenant d'Infanterie, de la mission militaire du Pérou, Lima (Pérou). Berrranp (Léon), Chargé des Conférences à l’École normale supérieure, Collaborateur principal du Service de la Carte géologique de la France, 38, rue du Luxembourg, Paris, VI. BERTRAND (Marcel), Membre de l’Institut, Ingénieur en chef au Corps des Mines, Professeur à l’Ecole des Mines, 95, rue de Vaugirard, Paris, VI. BIBLIOTHÈQUE DE LA VILLE D'ANNECY (Haute-Savoie). BIBLIOTHÈQUE DE L’UNIVERSITÉ CATHOLIQUE de Lou- vain, 22, rue Neuve, Louvain (Belgique). BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ de Bâle (Suisse). BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Clermont - Ferrand (Puy-de-Dôme). BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Grenoble (Isère). BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Montpellier (Hérault). BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ de Strasbourg (Alsace- Lorraine). BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Médecine et Sciences, Allées Saint-Michel, Toulouse (Haute-Garonne). Bipou, Directeur-Gérant du Comptoir des Tôles et. Larges-Plats, 80, rue Taitbout, Paris, IX. Braor (A.), Professeur de Géologie et de Paléontologie à l’Université (Faculté des Sciences), 28, rue de Geôle, Caen (Calvados). Brocxe (Alphonse), 53, rue de Rennes, Paris, VI. BiscaorrsueiM (Louis-Raphaël), Banquier, 3, rue Taït- bout, Paris, IX. Bizarp (René), Avocat, Chargé de cours à la Faculté libre des Sciences, 23, rue des Arènes, Angers (Maine-et-Loire). Bcanrorp (W.-T.), Bedford gardens, 792, Campden Hill, W., Londres. BLayac (J.), Préparateur à l'Université (Faculté des Sciences, Sorbonne), 85, boulevard de Port-Royal, Paris, XIII. Boca, Licencié ès sciences, 3, rue du Regard, Paris, VI. Go 70 80 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XIII Borizz y Pocx (Arthuro), Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de Barcelone, calle de las Cortès, Barcelone (Espagne). BocpanowircxH (Ch.). Ingénieur des Mines, Louga (Gouvernement de Saint-Pétershourg, Russie). Borssrère (Albert), Ingénieur de la Compagnie pari- sienne du gaz, 124, boulevard de Magenta, Paris, X. Boistez (A.), Professeur à l'Université (Faculté de Droit), 28, rue Gay-Lussac, Paris, V. Bonaparte (le Prince Roland), 10, avenue d'Iéna, Paris, XVI. Bonxarpor (Léon), Varennes-le-Grand, par Châlon- sur-Saône (Saône-et-Loire). Bonwess (F.), Professeur de Géologie et de Minéralogie à l'Ecole des Mineurs, Alais (Gard). Boxer (Amédée), Préparateur à l’Université (Faculté des Sciences), 2, place Bellecour, Lyon (Rhône). Booxe (l'abbé René), Curé de Pouffonds, par Melle-sur- Béronne (Deux-Sèvres). BorEAu-LAJANADIE (Charles), 30, Pavé des Chartrons, Bordeaux (Gironde). BorNEMANN (L.-G.), Eisenach (Saxe-Weïmar). Borrt (U.), Reggio di Calabria (Italie). Bouge (Ernest), Naturaliste, 3, place Saint-André-des- Arts, Paris, VE. BouLAy (l'abbé), Professeur à l’Institut catholique, 80, rue Colbert, Lille (Nord). Boure (Marcellin), Professeur de Paléontologie au Muséum d'Histoire naturelle, 3, place Valhubert, Paris. V. Bourpon (Maxime), 95, rue de Prony, Paris, XVI. Bourpor (Jules), Ingénieur civil, 44, rue de Château- Landon, Paris, X. t BourGEaT (l'abbé), De la Faculté des Sciences de l’Institut catholique, 15, rue Charles-de-Muyssart, Lille (Nord). BourGErY, ancien Notaire, Nogent-le-Rotrou (Eure- et-Loir). BoursauLr (Henri), 12, rue Stephenson, Paris, XVIII. Boussac (Jean), Etudiant en sciences naturelles, 226, avenue du Maine, Paris, XIV. BouriLurer (Louis), Roncherolles-le-Vivier, par Dar- netal (Seine-Inférieure). BouzanQuET, Ingénieur des Arts et Manufactures, 37, rue d'Amsterdam, Paris, VIIT, XIV 1902 1892 1898 1877 1898 1865* 1893 1903 IOOI 1897 1859 1880* 1883 1882 1898 1895 1899* 1902 1882 90 LISTE DES MEMBRES Boyer (Joseph), Docteur en médecine, 13, place du Pont, Lyon (Rhône). BrALy (Adrien), Ingénieur des Mines, 30, rue Georges Sand, Paris, XVI BRANNER (John Caspar), Professeur de Géologie, Leland Stanford Junior University, Palo Alto (California, Etats-Unis). BrÉoN (René), Collaborateur au Service de la Carte géologique, Semur (Côte-d'Or). Bresson, Préparateur de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), Besançon (Doubs). Breton, Chef de section en retraite de la Compagnie des chemins de fer de l'Est, 3, boulevard Victor Hugo, Bar-sur-Aube (Aube). Brives (Abel), Docteur ès sciences, Collaborateur au Service géologique d'Algérie, Préparateur à l'Ecole supérieure des Sciences d'Alger, Mustapha (Alger). BRroNGNIART (Marcel), Licencié ès sciences, 1, rue de Villersexel, Paris, VII. BrouEr (G.), Chimiste de la station agronomique de Laon, avenue Brunehaut, Laon (gare) (Aïsne). BRuNHES (Jean), Professeur de Géographie à l’Univer- sité, 314, rue Saint-Pierre, Fribourg (Suisse). Bureau (Edouard), Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 24, quai de Béthune, Paris, IV. Bureau (Louis), Professeur à l'Ecole de Médecine, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Gresset, Nantes (Loire-Inférieure). Busquer (Horace), Chef des Services des mines du Creuzot, Collaborateur-adjoint à la Carte géologique de France, La Machine (Nièvre). CaLDER6N (Dr Salvador), Professeur de Minéralogie à l'Université, 9, Sagasta, Madrid (Espagne). CAMBESSEDÈS (Félix), Ingénieur, 63, avenue de la Grande-Armée, Paris, XVI. Canu (Ferdinand), 19, rue Campagne - Première, Paris, XIV. CAPELLINI (Giovanni), Sénateur, Professeur de Géologie à l’Université, Bologne (Italie). CAPITAN, Docteur en médecine, Professeur à l’École d’Anthropologie, 5, rue des Ursulines, Paris, V. 100 * CARALP, Professeur-adjoint de Géologie et de Minéra- logie à l’Université (Faculté des Sciences), 21, rue Rémusat, Toulouse (Haute-Garonne). 1870* 1879 1890 1891 1888 1879 1902 1902 1880 1869* 110 1880 1903 1898 1903 188/ 1883 1890 1875* 1880* 1854* 120 1880 1853* DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XV CarEz (Léon), Docteur ès sciences, Directeur de l'Annuaire géologique, licencié en droit, 18, rue Hamelin, Paris, XVI. CarnorT (Adolphe), Membre de l’Institut, Inspecteur général des Mines, Directeur de l'Ecole nationale des Mines, 60, boulevard Saint-Michel, Paris, VI. CARRIÈRE, 42, rue Agrippa, Nîmes (Gard). Cayeux (Lucien), Professeur à l’Institut national agro- nomique, Chef des travaux de Géologie à l’École des Mines, 6, place Denfert-Rochereau, Paris, XIV. Cazior, Chef d’escadron d’Artillerie, en retraite, 94, quai Lunel, Nice (Alpes-Maritimes). CHAIGNON (le vicomte de), 14, rue Guérin, Autun, (Saône-et-Loire). CHaLas (Adolphe), 22, rue de Tocqueville, Paris, XVII. CHANEL (Emile), Professeur au Lycée, Président de la Société des naturalistes de l’Aïn, Bourg (Ain). CHapuis (Albert), Juge au Tribunal de Commerce de la Seine, 45, rue de Maubeuge, Paris, IX. CHARREYRE (l'abbé), 17, rue Fénelon, Paris, X. CHARTRON (C.). 1, rue Sainte-Marguerite, Luçon (Vendée). CHARVILHAT, Docteur en médecine, 4, rue Blatin, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). CHATELET (Casimir), 1, rue Saint-Pierre, Avignon (Vaucluse). CHAUTARD (Jean), Attaché à l'Office Colonial, 2, rue des Trois Pommes, Bourges (Cher). CHauver, Notaire, Ruffec (Charente). CHeLor (Emile), Licencié ès sciences, 82, rue Monge, Paris, V. Caeux (Albert), Directeur de l'Observatoire de la Baumette, près Angers (Maine-et-Loire). CHorFAT (Paul), Collaborateur au Service de la Carte du Portugal, 113, rua do Arco a Jesu, Lisbonne (Portugal) ; et 21, rue Saint-Laurent, Bordeaux. CLoëz (Charles-Louis), Répétiteur à l'Ecole polytech- nique, 9, rue Guy-de-la-Brosse, Paris, V. Coccui (J. Igino), Professeur de Géologie à l'Institut des Hautes-éludes, 51, via Pinti, Florence (Italie). Cozzer (Pierre), Sainte-Menehould (Marne). CozLor (Louis), Professeur de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences), 4, rue du Tillot, Dijon (Côte-d'Or). XVI 1882 1879 [P] 1882 [P] 1879 [P] 1879 [P] 1882 |[P] 1902 1903 130 1900 1873 1883 1889 1904 1902 1894 1896 1902 1899 140 1879 1891 LISTE DES MEMBRES COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE L'EST (LE PRÉSIDENT DU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA), 21 et 23, rue d'Alsace, Paris, X. COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE Paris A LYON Er À LA MÉDITERRANÉE (LE PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMI- NISTRATION DE LA), 88, rue Saint-Lazare, Paris, IX. COMPAGNIE DES FORGES DE CHATILLON, COMMENTRY ET Neuves-Maisons, 19, rue de La Rochefoucauld, Paris, IX. COMPAGNIE DES MINERAIS DE FER MAGNÉTIQUE DE Moxra-EL-HADiD, 26, avenue de l'Opéra, Paris, I. CoMPAGNIE DEs MiNEs DE LA GRAND COMBE, 13, rue Saint-Lazare, Paris. IX. COMPAGNIE PARISIENNE D'ÉCLAIRAGE ET DE CHAUFFAGE PAR LE Gaz, 6, rue Condorcet, Paris, IX. Corzin (Paul), Usine de Chedde, par le Fayet-Saint- Gervais (Haute-Savoie). Corgin (Raymond), à Heybens (Isère). Corp (Ernest), Ingénieur-Agronome, 9, rue Claude- Bernard, Paris, V. CorrTizar (Daniel de), Ingénieur des Mines, Sous- Directeur du Service de la Carte géologique d’Espa- gne, 25, calle Isabel la Catolica, Madrid (Espagne). CossMann (Maurice), Ingénieur-chef des Services techniques de l’Exploitation du Chemin de fer du Nord, 95, rue de Maubeuge, Paris, X. Cosre, Ingénieur des Mines, Directeur des mines de Blanzy, Montceau les-Mines (Saône-et-Loire). CorrreAu (Jean), Etudiant en sciences naturelles, 167, rue Nationale, Lille (Nord). Corrron, Agrégé des sciences naturelles, Professeur au Lycée Ampère, à Lyon. Couperc, Aubenas (Ardèche). CouniLLon, Chef du Service géologique, Saïgon (Cochinchine). CourtyY (Georges), 35, rue Compans, Paris, XIX, et à Chauffour-lès-Etréchy (Seine-et-Oise). CREMA (Camillo), Ingénieur des Mines, Royal bureau géologique, 1, via Santa-Susanna, Rome (Italie). CRoISIERS DE LACGVIVIER (C.), Docteur ès sciences naturelles, villa du Chêne-Vert, Vernajoul, Foix (Ariège). Curer (Albin), Président du Tribunal civil, 48, rue Saint-Savournin, Marseille (Bouches-du-Rhône). 1897 1869* 1901 1901 1873 1899 1874* 1878 1873 1894 18370* 1896* 1903 1892* 1901 1902 1882 1881 1399 1887 1904 150 / 160 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XVII Dauxe (E. S. Eugenio), Ingénieur des Mines, Agencia das Minas Harqueadas, Porto-Alegre, Rio-Grande- do-Sul (Brésil). DaLe (T. Nelson), Professeur, U. S. Geological Survey, 26, Elizabeth street, Pittsfield (Massachusetts, Etats- Unis). DALLEMAGNE (Henry), Directeur de la Société métalli- fère de la Bidassoa, Yanci (Navarre, Espagne). Daxirorr (Eugène), 8, rue Cortambert, Paris, XVI. Daxrox, Ingénieur civil des Mines, 6, rue du Général Henrion-Berthier, Neuilly-sur-Seine (Seine). DAuTzENBERG (Ph.), 213, rue de l'Université, Paris, VII. DAvaL., ancien Greflier du Tribunal de Commerce, Saint-Dizier (Haute-Marne). Davy (Louis-Paul), Ingénieur chef de service des Forges de Trignac, Chateaubriant (Loire-Inférieure). DELAroND (Frédéric), Inspecteur général des Mines, 108, boulevard Montparnasse, Paris, XIV. DELAGE (A.), Professeur de Géologie et de Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences), Montpellier (Hérault). DELaire (AL.), Ingénieur civil, 238, boulevard Saint- Germain, Paris, VII. DELAMARRE (le comte Maurice), 10, rue Las Cases, Paris, VII, et Blois (Loir-et-Cher). DELAUNAY (l'abbé), Professeur au Petit Séminaire, Saint-Gaultier (Indre). DELEBECQUE (André), Ingénieur ds Ponts et Chaussées, 35, boulevard des Trononses, Genève (Suisse). DELÉPINE (l'abbé), aux Facultés catholiques, 41, rue du Port, Lille (Nord). DELEsse (André), Ingénieur-Agronome, 59, rue Madame, Paris, VI. DELGADO (J.-F.-N.), Directeur des Travaux géolo- giques du Portugal, 113, rua do Arcoa Jesu, Lisbonne (Portugal). Depérer (Ch.), Corr onda de l’Institut, Doyen de la Faculté des Sciences de l’Université de Lyon (Rhône). Deprar (Jacques), 41, quai d'Anjou, Paris, IV. Dereims, Docteur ès sciences, Laboratoire de Géo- -logie, Sorbonne, Paris, V. Desguissons (Léon), Chef du Service Géographique au Ministèredes Affaires Etrangères, 8, place de la Madeleine, Paris, VIII. LISTE DES MEMBRES DesPrez DE GÉéscourr, Inspecteur des Eaux et Forêts en retraite, 49, rue Albert Joly, Versailles (Seine-et- Oise). Drrroyar (Arnaud), Bayonne (Basses-P yrénées). Dzevaux (Alphonse), Chef de section au Chemin de fer de l'Etat, Loudun (Vienne). DewaLquEe (G.), Professeur émérite de Minéralogie, de Géologie et de Paléontologie stratigraphique à l'Université, 16, rue Simonon, Liège (Belgique). Devypier, Notaire, Cucuron (Vaucluse). Doré, Préparateur de Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences), Lille (Nord). Dozzrus (Adrien), Directeur de la Feuille des Jeunes Naturalistes, 35, rue Pierre-Charron, Paris, VIIT. Dorzrus (Gustave-F.), Collaborateur principal au Service de la Carte géologique de France, 45, rue de Chabrol, Paris, X. DozLor (Auguste), Ingénieur, Correspondant du Muséum d'Histoire Naturelle, 136, boulevard Saint- Germain, Paris, VI. Doxcreux, Docteur ès sciences, Préparateur-adjoint, Faculté des Sciences, 61, rue Victor-Hugo, Lyon (Rhône). DonngzAn (D: Albert), 5, rue Font-Froide, Perpignan (Pyrénées-Orientales). Dorcopor (M. le Chanoiïine H. de), Professeur de Paléon- tologie à l'Université libre, 44, rue de Bériot, Lou- vain (Belgique). Doumerc (Jean), Ingénieur civil des Mines, Expert près les tribunaux, 61, rue Alsace-Lorraine, Toulouse (Haute-Garonne) et, boulevard Blaise Doumere, Montauban (Tarn-et-Garonne). DoumEerGuE, Professeur au Lycée d'Oran, Collabo- rateur au Service de la Carte SFoloBlqRE de l'Algérie. Oran (Algérie). Douvizzé (Henri), Ingénieur en chef au Corps des Mines, Professeur à l'Ecole des Mines, 207, boule- vard Saint-Germain, Paris, VII. Douvizcé (Robert), 207, boulevard Saint-Germain, Paris, VIL. Douxami (Henri), Docteur ès sciences, Agrégé de l'Université, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Lille, 105, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris, VI. Dreyrus, Professeur au Lycée, Le Puy (Haute-Loire). E] 18609* 1877 1886 1389 1899 1902 1863 1399 1902 190 1880 1903* I90I 1878* 1899* 1808* 1866* 1880 1867* 1876 200 1887 1887 DÉ LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XIX Dru (Léon), Ingénieur civil, 28, boulevard Males- herbes, Paris, VIII. Dueiz (André), Aÿ (Marne). Dumas (Auguste), Inspecteur en retraite au Chemin de fer d'Orléans, 6, rue Sully, Nantes (Loire-Inférieure). Duparc (Louis), Professeur de Minéralogie à l'Univer- sité, Genève (Suisse). DU PAssAGE (le baron), 5, cité Vaneau, Paris, VIT. Durix (E.), Ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées, Aurillac (Cantal). Dupoxr, Directeur du Musée royal d'Histoire natu- relle de Bruxelles, 31, rue Vautier, Ixelles (Belgique). Duraxp (Charles), Conducteur principal des Ponts et Chaussées, 28, rue Carnot, Périgueux (Dordogne). Durerrre (E.), Docteur en médecine, 12, rue de la Coupe, Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). DuvERGIER DE HAURANNE (Emmanuel), château d'Herry (Cher). Erery, Docteur en médecine, Alise-Sainte-Reine, par Les Laumes (Côte-d'Or). Espinas (Pierre), Licencié ès sciences, 84, rue du Ranelagh, Paris, XVI. Evaxs (Sir Jobn), K. C. B., D. C. L., L. L. D., D. Sc., MR US HS AH LAS Er GAS Correspondant de l’Institut de France, Nash Mills, Hemel-Hemp- stead (Hertfordshire, Grande-Bretagne). Evrarp (Charles), Notaire, Varennes (Meuse). FaBrEe (Georges), ancien Élève de l'École polytech- nique, Conservateur des Eaux et Forêts, 28, rue Ménard, Nimes (Gard). FarrmAN (Edward Saint-John), 10, via Del Castellacio, Florence (Italie). FAzLor (Emmanuel), Professeur de Géologie à l'Uni- versité (Faculté des Sciences), 34, rue Castéja, Bordeaux (Gironde). Favre (Ernest), 6, rue des Granges, Genève (Suisse). Fayoz (Henri), Directeur général de la Société de Commentry - Fourchambault - Decazeville, 49, rue Bellechasse, Paris, VII. Fèvre (Lucien-Francis), Ingénieur en chef au Corps des Mines, 1, place Possoz, Paris, XVI. Ficaeur (Emile), Professeur de Géologie à l'Ecole des Sciences d'Alger, Directeur-adjoint du Service de la Carte géologique de l'Algérie, 77, rue Michelet, Mustapha (Alger). D* 210 220 LISTE DES MEMBRES Finer (Achille), 21, rue Treilhard, Paris, VIII. Frrxer (Adolphe), Inspecteur général des Mines, Chargé de cours à l’Université, 28, rue Dartois, Liège (Belgique). Fiscuer (Henri), Docteur ès sciences, 51, boulevard Saint-Michel, Paris, V. FLamaAnD (G. B. M.), Chargé de cours de Géographie physique du Sahara à l'Ecole supérieure des Sciences d'Alger, 6, rue Barbès, Mustapha (Alger). Fuicue (Paul), Professeur honoraire à l'Ecole fores- tière, 9, rue Saint-Dizier, Nancy (Meurthe-et-Moselle). For, Professeur au Lycée Charlemagne, 24, rue des Ecoles, Paris, V. Fortin (Raoul), Manufacturier, 24, rue du Pré, Rouen (Seine-[nférieure). FouquÉ (F.). Membre de l’Institut, Professeur au Collège de France, 23, rue Humboldt, Paris, XIV. Fouquet, 161, boulevard Haussmann, Paris, VIII. Fournier (A.), Docteur en médecine, Préparateur de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), 22, rue de Penthièvre, Poitiers (Vienne). Fournier (Eugène), Professeur de Géologie et de Minéralogie à l’Université (Faculté des Sciences), Besançon (Doubs). FourTAu (René), Ingénieur civil, faubourg de Chou- brah, Le Caire (Egypte). FREYDENBERG (Henri), Lieutenant d'Infanterie colo- niale, Licencié ès sciences, Paris. FRIREN (l'abbé A.), Chanoiïine honoraire, 41, rue de l'Evêché, Metz (Alsace-Lorraine). Frirscx (Dr Antoine), Professeur à l’Université, 66, Wenzels-Platz, Prague (Bohème). Frirscx (Carl von), Professeur à l'Université, 3, Mar- garetenstrasse, Halle-sur-Saale (Allemagne). FurTerErR (D' Karl), Professeur à la Technische Hochschule, Karlsruhe (Bade, Allemagne). GaizLaRrD (Claudius), Chef de Laboratoire au Muséum d'Histoire naturelle, 17, rue Cronstadt, Lyon (Rhône). GARDE (Gilbert), Préparateur de Géologie et de Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences), Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). GarriGoU, Docteur en médecine, 38, rue Valade, Toulouse (Haute-Garonne). GaucHEeRrY (Paul), Ingénieur-Architecte, Vierzon (Cher). 18/49* 1884 1902 1889 1883 1892 188/4 ‘1892 1889 1881 1899 1892 . 1902 1902 1897 1896 190/ 1874 1890* ‘1809 Février 1904. — TT: IV. 230 2/0 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXI Gaupry (Albert), Membre de l'Institut, Professeur honoraire au Muséum d'Histoire naturelle, 7 bis, rue des Saints-Pères, Paris, VI. Gaurnier (Victor), 5, rue des Orfèvres, Sens (Yonne). GaurTiEer (Emile-F.), Professeur à l'Ecole supérieure des Lettres, Alger. GaurTier (Paul), Directeur du Musée Lecocq, Clermont- Ferrand (Puy de-Dôme). GEANDEY (K.), 11, rue de Sèze, Lyon (Rhône). Gæixie (Sir Archibald), D. Sc., D. C. L., L. L. D., F. R. S., F. G. S., Correspondant de l’Institut de France, 28, Jermyn street, London S. W. (Grande- Bretagne). GENREAU, Inspecteur général des Mines, 22, rue Saint- Dominique, Paris, VII. GenTiz (Louis), Chargé de conférences à l’Université (Faculté des Sciences, Sorbonne), Paris, V. GEvREY (Frédéric-Charles-Alfred), Conseiller à la Cour d'Appel, 9, place des Alpes, Grenoble (Isère). GirArDoT, Docteur en médecine, 15, rue Saint-Vincent, Besançon (Doubs). GirauD (Jean), Agrégé, Docteur ès sciences, 9, place de la Nation, Paris, XI. GLANGEAUD (Ph.), Professeur-adjoint à l'Université (Faculté des Sciences), 46 bis, boulevard Lafayette, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). GoBy (Paul), 5, boulevard Victor-Hugo, Grasse (Alpes- Maritimes). GopBILLE (Paul), Inspecteur vétérinaire du Service sanitaire du département de la Seine, 9, boulevard Exelmans, Paris, XVI. Gozrier, Directeur au Collège Calvé, Pondichéry (Indes françaises). GozLiez (H.), Professeur à l’Université, Villa Bona- venture, Lausanne (Suisse). GonpiN (M.), Ingénieur à la Société du Puits artésien de Vincennes, 32, rue du Petit-Château, Charenton- le-Pont (Seine). Gorceix, Mont-sur-Vienne, par Bujaleuf(Haute-Vienne). GosseLer (J.), Correspondant de l’Institut, Doyen et Professeur honoraire de la Faculté des Sciences, 18, rue d’Antin, Lille (Nord). Gourgine (Charles-Alfred), 91, rue de l’Université, Paris, VIT. | Bull. Soc. Géol. Fr. — b XXII 1879 1903 1896 1880 1879 1877 1871* 290 1903 1895 1870 1887 1902 1891* 1309 1890 18062* 1894 1903 1897 260 LISTE DES MEMBRES GourDpon (Maurice-Marie), Vice-Présideni de la Société Ramond, 19,rue de Gigant, Nantes(Loire-Inférieure). Gouryx (Georges), Docteur en droit, Avocat, 5, rue des Tiercelins, Nancy (Meurthe-et-Moseile). Goux, Agrégé de l’Université, Professeur d'Histoire Naturelle au Lycée Voltaire, 100, avenue de la République, Paris, XI. GRAMoNT (le comte Antoine-Arnaud de), Docteur ès sciences physiques, 8r, rue de Lille, Paris, VIT, et Le Vignal, par Gelos (Basses-Pyrénées). GRAND, Receveur de l’Enregistrement, en retraite, 2, rue Courbet, Toulon (Var), GRanD’EURY (Cyrille), Correspondant de l’Institut, Ingénieur civil, Professeur à l'Ecole des Mines, 5, Cours Victor Hugo, Saint-Etienne (Loire). GRANDIDIER (Alfred), Membre de l’Institut, 6, rond- point des Champs-Elysées, Paris, VIIT. GRANDIDIER (Guillaume), 9, avenue Marceau, Paris, X VI. GRENIER (René), Ingénieur des Mines, Pocancy, par Vertus (Marne). GrossouvrE (A. de), Ingénieur en chef au Corps des Mines, Bourges (Cher). GRossouvRE (G. de), Chef de Bataillon au 69° régiment d'Infanterie, 6, rue de Rigny, Nancy (Meurthe-et- Moselle). GrouLr-DEYROLLE (Paul), 46, rue du Bac, Paris, VI. GUÉBHARD (Adrien), Agrégé de Physique des Facultés de Médecine, Saint-Vallier-de-Thiey (Alpes-Mari- times). GUILLERMOND, Licencié ès sciences, 1, place Raspail, Lyon (Rhône). Haas (Hippolyt), D' sc., Professeur à l’Université royale, 28, Moltkestrasse, Kiel(Holstein, Allemagne). Hagers, Ingénieur des Mines, Professeur à l’'Univer- sité, 4, rue Paul-Devaux. Liège (Belgique). HarLÉé (Edouard), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, 36, rue Emile - Fourcand, Bordeaux (Gironde). | HARMER (F.-W.), F. G.S., Oakland House, Cringle- ford, près Norwich (Norfolk, Grande-Bretagne). Harris (George-Frederick), F. G. S., Nithsdale, 97, Brigstock Road, Thornton Heath, (Surrey, Grande-: Bretagne). 1896 188/ 1885 1888 1896 1869 1896 1901 1902 1897* 1878 1903* 1899 1881 1892 I9OI 1894 1895 1899 280 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXII Harris (Gilbert-Denison), Professeur de Paléonto- logie, Cornell University, Ithaca (Etat de New-York, Etats-Unis). Hauc (Émile), Professeur-adjoint à l’Université (Faculté des Sciences), Laboratoire de géologie à la Sorbonne, Paris, V. Hexey, Docteur ès sciences, ancien Professeur à l'Ecole de Médecine, 37, rue du Clos, Besançon (Doubs). HENRY (Edmond), Inspecteur des Eaux et Forêts, Répétiteur à l'Ecole forestière, 5, rue Lepois, Nancy (Meurthe-et-Moselle). HERMANN, Libraire, 8, rue de la Sorbonne, Paris, V. HoLrANDE (D.), Directeur de l'Ecole préparatoire de l'Enseignement supérieur, 19, rue de Boigne, Cham- béry (Savoie). HozzaPrez (D' Eduard), Professeur de Géologie à la Technische Hochschule, 7, Templergraben, Aïx-la- Chapelle (Allemagne). Houpanr (Pierre-Ferdinand), Lagny (Seine-et-Marne). HouEz (Philippe), Ingénieur à Condé-sur-Noireau (Calvados). HuEzIN (Emilio), Ingénieur des Mines, 40, carrera de San-Geronimo, Madrid (Espagne). . HuGes (Thos. McKenny), F. R. S., F. G. S., Pro- fesseur de géologie, Woodwardian Museum, Trinity College, Cambridge (Grande-Bretagne). ILovaisky (David), Musée de Géologie de l'Université, Moscou (Russie). ImBEAUx (Edouard), Ingénieur des Ponts et Chaussées, Docteur en médecine, 17, rue du Montet, Nancy (Meurthe-et-Moselle). INsTITuT GÉOGNoOsTrICO-P ALÉONTOLOGIQUE de l'Univer- sité, Strasbourg (Alsace). INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE, 16, rue Claude- Bernard, Paris, V. JAcoB, Ingénieur en chef au Corps des Mines, Direc- teur du Service de la carte géologique de l’Algérie, ‘22, rue de Constantine, Alger. JACQUEMET (E.), Docteur en médecine, 24, boulevard Chave, Marseille (Bouches-du-Rhône). JAGQUINET, Agent comptable de la Marine, 10, avenue Colbert, Toulon (Var). JÂKEL (Dr Otto), Professeur à l’Université, 43, Invali- denstrasse, Berlin N. W. (Allemagne). XXIV 1890 1877* 1882* 1899 1899 1903 1900 1901 1897 290 1863 1873 1900 1869 1898 1899 1870 1899 1881 LISTE DES MEMBRES JANET (Armand), ancien Ingénieur de la Marine, 29, rue des Volontaires, Paris, XV. JANET (Charles), Ingénieur des Arts et Manufactures, Docteur ès sciences, ancien Président de la Société Zoologique de France, Beauvais (Oise). JANET (Léon), Ingénieur en chef au Corps des Mines, Député du Doubs, 87, boulevard Saint-Michel, Paris, V. JEAN (Joseph), Propriétaire, Castelbosc, commune d’Alairac, par Arzens (Aude). JOLEAUD, Sous-Intendant militaire, Avignon(Vaucluse). Jorx (Henri), Licencié ès sciences, Préparateur de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences), 8, rue des États, Nancy (Meurthe-et-Moselle). JoRDAN (Paul), Ingénieur au Corps des Mines, 48, rue de Varennes, Paris, VII. JoRissEN (Edward), Topographe, Post Office, box 55, Johannesburg (Transvaal). Joukxowsky (Etienne), Ingénieur civil des Mines, Pré- parateur de Géologie au Musée de Genève (Suisse). JoURDY (Général Em.), Commandant l’Artillerie du 2e Corps d'armée, La Fère (Aisne). JOUSSEAUME, Docteur en médecine, 29, rue de Ger- govie, Paris, XIV. JUDENNE (Léon), Dessinateur, 1, rue Louis- Borel, Beauvais (Oise). JULIEN (Pierre-Alphonse), Professeur de Géologie et de Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences), 40, place de Jaude, Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Kazkowsxy (D' Ernst), Professeur à l’Université, Directeur du Musée royal de Minéralogie et Géo- logie, 32, Franklinstrasse, Dresde (Allemagne). Karakascx (D' Nicolas Iwanowitsch)}, Privat-docent et Conservateur du Musée géologique de l’Université impériale, Saint-Pétersbourg (Russie). KEMPEN (Charles van), 12, rue Saint-Bertin, Saint- Omer (Pas-de-Calais). KERFORNE (Fernand), Docteur ès sciences, , Préparateur de Géologie et de Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences), 16, rue de Châteaudun, Rennes (Ille-et- Vilaine). KizraN (W.), Professeur de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), 2, rue Turenne, Grenoble (Isère). 1866 300 1876 1891 1903 1894 1902* 1886 1888 1903 1887 1872* 310 1875 1901 Topo 1879 1880 1890 1900 1864* 1987* 1897 320 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXV Kœnen (A. von), Geheimer-bergrath, Professeur de Géologie à l'Université, Gættingue (Allemagne). Lagar (A.), Docteur en médecine, 4, rue de Sèvres, Paris, VI. LABORATOIRE DE GÉOLOGIE de la Faculté des Sciences de Caen (Calvados). LABORATOIRE DE GÉOLOGIE de l'Ecole nationale d’Agri- culture de Grignon, par Plaisir (Seine-et-Oise). LABORATOIRE DE PALÉONTOLOGIE du Muséum d'Histoire naturelle, 3, place Valhubert, Paris, V. LaAcoin (Lucien), Lieutenant au 11° régiment d’Artil- lerie, 3, rue de l’Université, Paris, VIL. Lacroix (Alfred), Membre de l’Institut, Professeur -de Minéralogie au Muséum d'Histoire naturelle, 8, quai Henri IV, Paris, IV. Lacrorx (l'abbé E.), Aumônier de la Marine, en retraite, 159, avenue du Roule, Neuilly-sur-Seine (Seine). La Cruz (Emiliano de), Ingénieur des mines de Caralps, Ribas (province de Geroña, Espagne). Larzamme (Mgr. Joseph-Clovis R.), Recteur à l’Uni- versité Laval, Québec (Canada). Lamgerr (Jules-Mathieu), Président du Tribunal civil, 57, rue Saint-Martin, Troyes (Aube). Lamorue (le Général Léon de), Commandant l’Artil- lerie d'Algérie, Alger. Lamorue (René de), Licencié ès sciences, Licencié ès lettres, 20, rue de l’'Odéon, Paris, VI. Lanperer (José), 34, rue Caballeros, Valence (Espagne). LANDESQUE (l'abbé), Propriétaire à Majourès, par Saint- Etienne-de-Villeréal (Lot-et-Garonne). Lancrassé (René), 50, rue Jacques Dulud, Neuilly- sur-Seine (Seine). LanTenois, Ingénieur en chef au Corps des Mines, Hanoï (Tonkin). LaPoukiINE Demiporr (Le Prince), 35, avenue Victor Hugo, Paris, XVI. LapPARENT (Albert de), Membre de l'Institut, ancien Ingénieur au Corps des Mines, Professeur à l’Institut catholique, 3, rue de Tilsitt, Paris. VIII. Larasre, Sous-Directeur du Musée d'Histoire naturelle, Professeur de Zoologie à l'Ecole de Médecine, Casilla 803. à Santiago (Chili), et à Cadillac-sur- Garonne (Gironde). Larinis (Léon), Ingénieur, Seneffe, Hainaut (Belgique). XXVI 1886 1903 1894 1903 1872* 1903 188/4 1901 1869* 1868 330 1883 1885 5 1979 1899* 1890 1899 1903 1899 LISTE DES MEMBRES Launay (Louis de), Ingénieur en chef au Corps des Mines, Professeur à l'Ecole des Mines, 134, boulevard Hausmann, Paris, VIII. Laur (Francis), Ingénieur civil des Hlimes. 26, Brunel, Paris, XVII. LAuRrANS, Ingénieur en chef au Corps des Mines, 9, rue d’'Astorg, Paris, VIIT. LaurEeNT (Georges), Administrateur-adjoint de xr° classe des Colonies, 16, avenue de Montsouris, Paris, XIV. LEBESCONTE (P.), Pharmacien, 15, place du Bas-des- Lices, Rennes (Ille-et-Vilaine). LeBouTEUx, Ingénieur-Agronome, Propriétaire à Ver- neuil, par Migné (Vienne). Le Conte (Albert), Ingénieur des Ponts et Chaussées, Mayenne (Mayenne). Le Courrey DE LA Foresr (Max), Ingénieur-Agronome, Ingénieur des Améliorations agricoles, 60, rue Pierre- Charron, Paris, VIII. LEpoux (Charles), Ingénieur en chef au Corps des Mines, Professeur à l'Ecole des Mines, 250, boule- vard Saint-Germain, Paris, VII. LÉENHARDT (Franz). Professeur agrégé à la Faculté de Théologie, 12, faubourg du Moustier, Montauban (Tarn-et-Garonne). s LEGAY (Gustave), Receveur de l’Enregistrement et des Domaines, 22, rue de Klahaut, Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Leais (Stanislas), Professeur au Lycée Louis-le-Grand, 78, rue d'Assas, Paris, VI. Le MarcHAND (Auguste), Ingénieur civil, 2, rue Traversière, aux Chartreux, Petit-Quevilly (Seine- Inférieure). LEMOINE (Paul), 76, rue Notre-Dame des Champs, Paris, VE Lennier, Conservateur du Muséum d'Histoire natu- relle, Le Hâvre (Seine-Inférieure). LÉoN (Paul), Agrégé d'Histoire et de Géographie, Professeur au Collège Chaptal, 127, boulevard Haussmann, Paris, VIIL LERICHE, Préparateur à l’Université (Faculté des Sciences), 159, rue Brûle-Maison, Lille (Nord). Levar (Ed. David), Ingénieur civil des Mines, 174, bou- levard Malesherbes, Paris, XVII. 360 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXVII Le Vernier, Ingénieur en chef au Corps des Mines, Professeur au Conservatoire des Arts et Métiers, 70, rue Charles-Laflitte, Neuilly-sur-Seine (Seine). Lez (Achille), Conducteur des Ponts et Chaussées, en retraite, Lorrez-le-Bocage (Seine-et-Marne). L'Hore. 16, rue Chanoïnesse, Paris, IV. Li8BEy (William Jr), D. Sc., professeur de Géographie physique, Directeur du Muséum de Géologie et d'Archéologie : Collège de New-Jersey, Princeton (New-Jersey, Etats-Unis). Lima (Wenceslau de), Docteur ès sciences, Professeur de Géologie à l’Académie polytechnique de Porto, 245, rua Boavista, Porto (Portugal). Liber (Oscar), Inspecteur général des Mines, Vice- Président du Conseil supérieur des Mines, 38, rue du Luxembourg, Paris, VI. LiPPMANN, Ingénieur civil, 47, rue de Chabrol, Paris, X. LissAJoux, 11, quai des Marans, Mâcon(Saône-et-Loire). Locarp (Arnould), Ingénieur civil, 38, quai de la Charité, Lyon (Rhône). Lopin, Ingénieur en chef au Corps des Mines, 16, rue Desbordes-Valmore, Paris, XVI. LomBarp-Dumas, à Sommières (Gard). Lonczas (Emile-Edouard), Chef de gare, Gare de Marseille-Saint-Charles, petite vitesse, Marseille (Bouches-du-Rhône). LonxQuery (Maurice), Ingénieur civil des Mines, Outréau, près Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). LoRiÈRE (Gustave de), château de Chevillé, par Brülon (Sarthe). LortoL LE ForrT(P.de), Frontenex,près Genève(Suisse). Lory (Pierre-Charles), Chargé de Conférences de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), Grenoble (Isère). LuGrox (Maurice), Professeur à l’Université, 3 B, place Montbenon, Lausanne (Suisse). Lymax (Benjamin-Smith), 708, Locust street, Philadel- phie (Pensylvanie, Etats-Unis). MaxEu (J.), 60, rue Mouton-Duvernet, Paris, XIV. Marre (J.), aux forges de Morvillars (Territoire de Belfort). Mazzer (Jacques), Ingénieur civil des Mines, 23, rue de la République, Saint-Etienne (Loire). MANxËs (Pierre), Ingénieur-Métallurgiste, 3, rue Sala, Lyon (Rhône). XXVIII 18377 1369 1885 1390 1903 1897 1891 SSI 1900 370 380 LISTE DES MEMBRES MARrGERIE (Emmanuel de), 44, rue de Fleurus, Paris, VI. Marion (Eugène), 61, rue de la Préfecture, Dijon (Côte-d'Or). MarTez (Edouard-Alfred), Avocat, Secrétaire général de la Société de Spéléologie, 8, rue Ménars, Paris, IL. Marin (David), Conservateur du Musée, Gap (Hautes- Alpes). MarriN (Louis), Docteur en droit, Licencié ès lettres, Licencié ès sciences, 1, place Saint-Sulpice, Paris, VI. MARTONNE (Emmanuel de), Chargé de cours de Géogra- phie à l’Université (Faculté des Lettres). Rennes (Ille-et-Vilaine). Marry (Pierre), Château de Caillac, par Arpajon (Cantal). MATrIROLO (Ettore), Ingénieur au Co royal des Mines, 1, via Santa-Susanna, Rome (Italie). Maurice (Joseph), Ingénieur civil des Mines, Direc- _ teur des mines de Mansilla, par Nàjera (province de Logroño, Espagne). Maury, Préparateur de Physique au Lycée de Nice (Alpes-Maritimes). MaAyer-Eymar (Charles), Dr sc., Professeur de Paléon- tologie à l'Ecole polytechnique, 34, RU Zurich (Suisse). Mémi (Louis), 28, rue Serpente, Paris, VI. MEnGeL (O.), Professeur au Collège, 45 bis, quai Vauban, Perpignan (Pyrénées-Orientales). Mercgy (N. de), La Faloise (Somme). Mere, Contrôleur des Mines, 1, rue Sainte-Anne, Besançon (Doubs). : Mermier, Ingénieur au percement du Tunnel de Simplon, Brigue (Valais; Suisse). Meunier (E.), Crépy-en-Valois (Oise). Meunrer (Stanislas), Professeur de Géologie au Muséum d'Histoire naturelle, 7, boulevard Saint-Germain, Paris, V. Meyer (Lucien), Interprète assermenté près le Tribunal civil, 25, rue Denfert-Rochereau, Belfort. MicuaLer, Campagne Ramey (quartier de la Barre), Toulon (Var). Micxez (Léopold), Maître de conférences de Minéra- logie à l’Université (Faculté des sciences, Sorbonne), PR boulevard Maillot, Neuilly-sur-Seine (Seine). Micuez-Lévy (A.), Membre de l’Institut, Inspecteur général des Mines, Directeur du Service de la Carte géologique de la France, 26,rue Spontini: Paris, XVI. 390 00 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXIX Mrcuez-Lévy (A.), Garde général des Eaux et Forêts, 26, rue Spontini, Paris, XVI. Mec (Mathieu), 48, avenue de Modenheim, Mulhouse (Alsace-Lorraine). Miquez € Irizor (Manuel), Lieutenant-Colonel du Génie, 20, calle de la Cuna, Séville (Espagne). MiqueL (Jean), Propriétaire, Baroubio, par Aiïgues- Vives (Hérault). Mircea (C.-R.), Ingénieur des Mines, 31, rue Romul&s, Bucarest (Roumanie). Miremonr (J.-B. Alfred), Ancien industriel, 149, boule- vard Saint-Germain, Paris VI. MoLENGRAAFF (D: G. A. K.), Géologue, Post Office, box 149, Johannesburg (Transvaal). Moxop (Guillaume-H.), Chef-adjoint au Service géolo- gique de l’Indo-Chine, 8, boulevard Norodom, Saïgon (Indo-Chine). Mowraiers (Maurice), Ingénieur civil des Mines, 50, rue Ampère, Paris, XVII. Mor&ax (Jacques de), Ingénieur civil des Mines, Villa des Lilas, Croissy (Seine-et-Oise). MoureaAu (l'abbé), Doyen de la Faculté de Théologie, 15, rue Charles de Muyssart, Lille (Nord). Mourer(G.), Ingénieur en chefdes Ponts et Chaussées, 29, rue du Perron, Besançon (Doubs). MourGuEs, Préparateur de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences), Montpellier (Hérault). MourLzow (Miche :. Directeur du Service géologique de Belgique, Membre de l’Académie royale des: Sciences, 107, rue Belliard, et 2, rue Latérale,. Bruxelles (Belgique). . MourTter (François), Interne des Hôpitaux, 19, rue Linné, Paris, V. MrAzec (Louis), Professeur de Minéralogie et de Pétrographie à l'Université, 16, calea Dorobantilor, Bucarest (Roumanie). Munreanu-MurGocr (Georges), Assistant de Minéra- logie à l'Université, Bucarest (Roumanie). Musée NATIONAL GÉOLOGIQUE d’Agram (Croatie, Autriche). NickLÈs (René), Professeur-adjoint de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences), 41, rue des Tiercelins, Nancy (Meurthe-et-Moselle). Nivorr (Edmond). Inspecteur général des Mines, Pro- fesseur de Géologie à l'Ecole des Ponts et Chaussées, 4, rue de la Planche, Paris, VIL XXX 1886 18797* 1899 1892 1893 1893 1885 1867 1902 1893 1892 1888 1884 1856 1899 1863 1878 LISTE DES MEMBRES Nozan, Capitaine d'infanterie breveté, 5° régiment d'Infanterie, 5, rue Moutrozier, Neuilly-sur-Seine. Œurert (Daniel-P.), Correspondant de l’Institut, Con- servateur du Musée d'Histoire naturelle; 29, rue de Bretagne, Laval (Mayenne). OrFFRET (A.), Professeur de Minéralogie théorique et appliquée à l’Université (Faculté des Sciences), villa Sans-Souci, 53, chemin des Pins, Lyon (Rhône). O’GorMAN (Comte Gaëtan), 21, avenue de Barèges, Pau (Basses-P yrénées). OPPENHEIM (D' Paul), 158, Kantstrasse, Charlotten- bourg, près Berlin (Allemagne). OrDoNez (Ezequiel), Ingénieur de la Commission géologique du Mexique, Escuela de Ingenieros, Mexico, D. F. (Mexique). Oupri, Général de division, Commandant la 9° division d'Infanterie, à Orléans (Loiret), et à Durtal (Maine- et-Loire). OusraLer, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris, V. PacHunpaKI (D. E.), Post Office, box 316, Alexandrie (Egypte). Paquier (Victor-Lucien), Docteur ès sciences, Chargé du Cours de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), Toulouse (Haute-Garonne). PasquaL1 (Alfred), Chef de bureau du Secrétariat de la Daïra-Sanieh du Khédive d'Egypte, Le Caire Œgypte). Parris DE BreuIL, Docieur en droit, 18, rue de Rueil, Suresnes (Seine). Pavzow (Alexis-Petrowitch), Professeur de Géologie à l'Université de Moscou, Maison Cheremetiev, 34, Cheremetievski-pereoulok, Moscou (Russie). Pezcar (Edmond), Inspecteur général honoraire des Services administratifs du Ministère de l'Intérieur, 19, avenue du Maine, Paris, XV, et à la Tourette, par Tarascon-sur Rhône (Bouches-du-Rhône). PELLEGRIN, Ingénieur civil des Mines, 62, rue Gioffredo, Nice (Alpes-Maritimes). Perox (Alphonse), Correspondant de l’Institut, Inten- dant militaire au cadre de réserve, 11, avenue de Paris, Auxerre (Yonne). Perrier (Edmond), Membre de l’Institut, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, Paris, V. 1897 1878 1894 1851 1903 1902 1889 1881 1896 1902 1879 1869* 1884 1903 1891* I901I 1878 . 1893 1900 1837 420 430 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXXI PERVINQUIÈRE (Léon), Chef des travaux pratiques de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences, Sor- bonne), 39. rue de Vaugirard, Paris, VI. PeriTcLerc (Paul), 4, rue du Collège, Vesoul (Haute- Saône). PicarD (Théodore), Conducteur principal des Ponts et Chaussées, en retraite, 21, rue Catinat, Nîmes (Gard). PreTTE (Edouard), Juge honoraire, Rumigny (Ardennes). Pirourer (Maurice), Licencié ès sciences, Salins (Jura). Pissarro (G.), Licencié ès sciences, 85, avenue de Wagram, Paris, XVII. PorrAULT (Georges), Docteur ès sciences, Directeur du laboratoire d'Enseignement supérieur (Villa Thuret), Antibes (Alpes-Maritimes). Poncin (H. Athanase), propriétaire, Primarette, par Revel-Fourdon (Isère). Popovici-HATzEG (V.), Docteur ès sciences, Chef du Service géologique du Ministère des Domaines, 5, strada Sévastopol, Bucarest (Roumanie). Porrer (Victor), Ingénieur civil, 25, rue de la Quin- tinie, Paris, XV. Porris (Alessandro). Docteur ès sciences, Professeur de Géologie et de Paléontologie à l'Université, Rome (Italie). Porier, Membre de l’Institut, Inspecteur général des Mines en retraite, Professenr à l'Ecole des Mines, 89, boulevard Saint-Michel, Paris, V. PRIEM (Fernand), Agrégé de l'Université, Professeur au Lycée Henri IV, 135, boulevard Saint-Germain, Paris, VI. Puecx (Charles), Ingénieur de l'arrondissement, 18, boulevard du Pont-Rouge, Aurillac (Cantal). RacoviTzA (Emile G.), Docteur ès sciences, 2, boule- vard Saint-André, Paris, VI. RamBaup (Louis), Docteur en médecine, 16, boulevard Sébastopol, Paris, IV. RAmonD (Georges), Assistant de Géologie au Muséum d'Histoire naturelle, 18, rue Louis-Philippe, Neuilly- . sur-Seine (Seine). Ramsay (Wilhelm), Professeur à l'Université, Helsing- fors (Finlande). RaspaiL (Julien), 19, avenue Laplace, Arcueil-Cachan (Seine). RauLiN (Victor), Professeur honoraire de la Faculté des Sciences de Bordeaux, Montfaucon-d’Argonne (Meuse). XXXII 1881 1903 1875* 1878 450 1880 I9OI 1887 LISTE DES MEMBRES RAvENEAU (Louis), Agrégé d'Histoire et de Géographie, Secrétaire de la rédaction des Annales de Géogra- phie, 76, rue d’Assas, Paris, VI. REGNAULT (Edouard), 30, boulevard du Roi, Versailles (Seine-et-Oise). REGNAULT (Ernest), Président du Tribunal civil, Joigny (Yonne). REINACH (baron Albert von), Taunus-Anlage, Franc- fort-sur-le-Mein (Allemagne). ReJauDRY (Emile), Propriétaire, 14, rempart du Midi, Angoulême (Charente). RENEVIER (Eug.), Professeur de Géologie à l'Université, Lausanne (Suisse). | RePeziN (J.), Docteur ès sciences, Chargé de Cours à l'Université (Faculté des Sciences), 29, rue des Bons Enfants, Marseille (Bouches-du-Rhône). R£viz (Joseph), Pharmacien, Président de la Société des Sciences naturelles de Savoie, Chambéry (Savoie). ReyckAERT (Jules-Marie), Ancien agent de la Société Géologique de France, 85, rue du Cherche-Midi, Paris, VI. REyMonp (Ferdinand), Veyrin, par les Avenières (Isère). Rraz (de), Banquier, 10, quai de Retz, Lyon (Rhône). RicarD (Samuel), 2, rue Evrard-de-Foulloy, Amiens (Somme), et à Ault (Somme). RicHARD (A. de), Ingénieur des Mines, Membre de la Société des Sciences de Bucuresci, 5, strada Rigala, Bucarest (Roumanie). Ricxe (Attale), Docteur ès sciences, Chargé d’un cours complémentaire de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences), 56, avenue de Noailles, Lyon (Rhône). Ricaux (Edmond), 15, rue Simoneau, Boulogne-sur- Mer (Pas-de-Calais). RisLEeRr (Eug.). Directeur honoraire de l’Institut national agronomique, 106 bis, rue de Rennes, Paris, VI. Rirrer (Etienne), Post Oflice, box 1242, Colorado Springs (Colorado, Etats-Unis). ROBINEAU (Théophile), ancien Avoué, 4,avenue Carnot, Paris, XVII. ROCKWELL, Ingénieur des Mines, 87, Milk Street, Boston (Massachussetts, Etats-Unis). RoLLAND (Georges), Ingénieur en chef au Corps des Mines, 6o, rue Pierre-Charron, Paris, VIII. 1894 1902 1861* 1885 18/46 NX 1879* 1898* 1806 1877 1868 r885 1897 1890* 1903 1893 1868 1898 1892 460 470 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE SOU TI Roman (Frédéric), Docteur ès sciences, Préparateur à l'Université (Faculté des Sciences), 2, quai Saint- Clair, Lyon. Romeu (Albert de) Ingénieur de. Arts et Manufac- tures, 38, boulevard de Courcelles, Paris, XVII. RorHweLLz (R. P.), Ingénieur, Editeur du Mining Journal, 253, Broadway [27, P. O. box 1833], New- York city (Etats-Unis). RousseLz (Joseph); Docteur ès sciences, Professeur au Collège, 5, chemin de Velours, Meaux (Seine-et- Marne). RoUvVILLE (Paul-Gervais de), Doyen et Professeur honoraire de la Faculté des Sciences, 10, rue Henri- Garnier, Montpellier (Hérault). Roux (J.-L.), 13, rue Paul, Marseille (Bouches-du- Rhône). RouyEer (Camille), Docteur en droit, 10, rue Audra Dijon (Côte-d'Or). RusseLzLz-KiLLouGx (le comte H.), 14, rue Marca, Pau (Basses-Pyrénées). "Ruror (Aimé-Louis), Ingénieur honoraire des Mines, Conservateur au Musée Royal d'Histoire naturelle, 177, rue de la Loi, Bruxelles (Belgique). SABATIER-DESARNAUDS, 9, rue des Balances, Béziers (Hérault). SAcco (Dr Federico), Professeur de Géologie à l'Ecole des Ingénieurs, Professeur de Paléontologie à l’Université, Palazzo Carignano, Turin (Italie). SAGE (Henry), Licencié en droit, Que rue du Cloître- Notre-Dame, Paris, IV. SALLES, Inspecteur des Colonies, 23, rue Vaneau, Paris, VIT. SANDBERG (le baron C. G.S), Ancien officier de l’État- major de l'Armée Transvaalienne, 6, rue Toullier, Paris, V. SARASIN (Charles), Professeur de Géologie à l'Univer- sité, 22, rue de la Cité, Genève (Suisse). SAUVAGE (Emile), Dotteur en médecine, Directeur honoraire de la Station aquicole, Conservateur des Musées, 39 bis, rue de la Tour-Notre-Dame, Bou- logne-sur-Mer (Pas-de-Calais). SAUVAGET (F.), Ingénieur en chef de la Compagnie de l’Ouest-algérien, Blida (Algérie). SAvIN (Léon-Héli), Chef de bataillon au 97° régiment d'Infanterie, 4, rue Berthollet, Chambéry (Savoie). {80 490 [P] 500 LISTE DES MEMBRES SAVORNIN, Préparateur de Géologie à l'Ecole des Sciences d'Alger, Mustapha (Alger). SAayn (Gustave), à Montvendre, par Chabeuil (Drôme). ScHArDT (A. Hans), Professeur de Géologie à Neu- châtel, Veytaux, près Montreux (Vaud, Suisse). SCHLUMBERGER (Charles), Ingénieur de la Marine, en retraite, 16, rue Christophe-Colomb, Paris, VIIT. Scamipr (D' Carl), Professeur de Géologie à l'Univer- sité, 107, Hardistrasse, Bâle (Suisse). SEGRE (Claudio), Ingénieur des Chemins de fer du Réseau adriatique, Ancône (Italie). SEGuENZzA (Luigi), Assistant de Géologie et de Paléon- tologie, à l'Université, Messine (Italie). SELLE (le vicomte de), au château de Fontienne, par Forcalquier (Basses-Alpes). SENA (Joachim), Directeur de l’École des Mines d'Ouro-Preto (Minas-Geraes, Brésil). SExs, Ingénieur des Mines, ancien Député, Arras (Pas- de-Calais). SEUNES (Jean), Professeur de Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), 40, faubourg de Fougères, Rennes (Ille-et-Vilaine). SEevasros (Romulus), Docteur ès sciences, 50, rue Särärie, Jassy (Roumanie). Simon (Auguste), Ingénieur, Directeur des Mines de Liévin (Pas-de-Calais). ” Six (Achille), Professeur au Lycée, 22, rue d'Arras, Douai (Nord). SkiNner (le Lieutenant-Colonel B. M.), Royal Army Medical Corps, 68, Victoria street, Londres S.-W. (Angleterre). SkouPxos(Th.), Conservateur du Musée minéralogique et paléontologique de l’Université, Athènes (Grèce). SOCIÉTE ANONYME DES HouiILLÈRES de Bessèges et Robiac, 17, rue Jeanne d’Arc, Nîmes (Gard). Socréré D'ÉmuLarion de Montbéliard (Doubs). SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES de Béziers (Hérault). Socorro (le marquis del), Professeur de Géologie à l’'Uni- versité, 41, rua de Jacometrezzo, Madrid (Espagne). SorEIL (Gustave), Ingénieur, Maredret-Sosoye (Pro- vince de Namur, Belgique). Spiess, Capitaine du Génie, Chambéry (Savoie). SrEFANI (Carlo de), Istituto superiore, Piazza San Marco, Florence (Italie). 1861* 1894 1902 1886 1896 1903 1895 188/4 1396 1803* 1891 IS8S81I 1893 1902 1898 1833 1867 1884 1874 1972 1900 1894 520 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXXV STEFANESCU (Gregoriu), Professeur de Géologie à l'Université, 8, strada Verde, Bucarest (Roumanie). STEFANESCU (Sabba), Professeur d'Histoire naturelle, Directeur du Lycée Saint-Sabba, Bucarest(Roumanie). SrexLiN (A.), Conservateur du Musée, Bâle (Suisse). STEINMANN (Gustav), Professeur de Géologie à l'Uni- versité, 20, Mozaristrasse, Fribourg-en-Brisgau (Allemagne). SrôBER (D: K.), Chargé de Cours à l'Université de Gand, Laboratoire de Minéralogie, 45, boulevard Léopold, Gand (Belgique). STREMOOUKHOFF (D.), Procureur impérial, Smolensk (Russie). SruBBs, Directeur de Mines. STUER (Alexandre), Comptoir français Géologique et Minéralogique, 4, rue de Castellane, Paris, VIII. STÜRT1Z(B.), Comptoir Minéralogique et Paléontologique, >, Reisstrasse, Bonn-sur-le-Rhin (Allemagne). 510 TABARIES DE GRANSAIGNES, Avocat, 30, rue de Civry, Paris, XVI. TANQUEREL DES PLANCHES, Licencié ès Sciences, Doc- teur en médecine, 212, rue de Rivoli, Paris, I. TERMIER (Pierre), Ingénieur en chef au Corps des Mines, Professeur de Minéralogie à l'Ecole des Mines, 164, rue de Vaugirard, Paris, XV. THEVENIN (Armand), Assistant de Paléontologie au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Bara, Paris, VI. THiéBaup (Ed.), Licencié ès sciences, Paris. Tior, à Marissel, près Beauvais (Oise). Taomas (H.), Chef des travaux graphiques du Service de la Carte géologique de France, 62, boulevard Saint-Michel, Paris, VI. . Taomas (Philadelphe), Docteur en médecine, Gaillac, (Tarn). Tuomas (Philippe), Vétérinaire principal de 1"° classe de l'Armée, 62, rue de Bourgogne, Moulins (Allier). TorcaPeLz (Alfred), Ingénieur de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, en retraite, 36 bis, rue Joseph-Vernet, Avignon (Vaucluse). Toucas (Aristide), Lieutenant-Colonel en retraite, 72, rue Claude-Bernard, Paris, V. TournouËr (André), 43, rue de Lille, Paris, VIE. VAFrIER, Docteur en médecine, Docteur ès sciences, Châänes, par Crèches (Saône-et-Loire). 530 LISLE DES MEMBRES Varzcanr (Léon), Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 36, rue Geoffroy-Saini-Hilaire, Paris, V. VazLar (Jules de), ancien Maire du VI: arrondissement, 1, rue Madame, Paris, VI. VazLor (Joseph), Directeur de Observatoire météo- rologique du Mont-Blane, 114, avenue des Champs- Elysées, Paris, VIIT. VAN BLARENBERGHE, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, 48, rue de la Bienfaisance, Paris, VITE. Van DEN Brorcx (Ernest), Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle, Secrétaire général de la Société Belge de géologie, de paléontologie et d'hydrologie, 39, place de l'Industrie, Qr. LA., Bruxelles (Belgique). Vaquez (J.), Directeur de l’Ecole publique de garçons, rue Thiers, Pantin (Quatre-Chemins) (Seine). Vasseur (Gaston), Professeur de Géologie à l'Univer- ‘sité(Faculté des Sciences),110,boulevard Lonchamps, Marseille (Bouches-du-Rhône). VÉLAIN (Charles), Professeur de Géographie physique à l’Université (Faculté des Sciences, Sorbonne), 9, rue Thénard, Paris, V. VerMokEeL (Victor), Directeur de la Station viticole, Villefranche (Rhône). ViaLar (Baron de), à la Chiffa, près Blida (Algérie). ViaALay, Ingénieur de la Compagnie parisienne du gaz, 1, rue de la Chaise, Paris, VII. ViscanIAKOFr (Nicolas), Gagarinsky-péréoulok, Propre maison, Moscou (Russie). Vipaz (Luis Mariano), Ingénieur en chef des Mines, 382-r°, Diputacion, Barcelone (Espagne). VipAL DE LA BLACHE (Paul), Professeur de Géographie à l'Université (Faculté des Lettres, Sorbonne), 6, rue de Seine, Paris, VI. VrerrA (Gustave), Ingénieur des Mines, 20, rue Sainte- Anne, Toulouse (Haute-Garonne). Vince (Paul), Ingénieur-Agronome, Professeur dépar- temental d'Agriculture de la Seine, 80, boulevard Haussmann, Paris, VIII. Vincuon (Arthur), Avocat, 98, rue Notre-Dame-des- Champs, Paris, VI. 54o Voisin (Honoré), Ingénieur en chef des Mines, Ingé- nieur en chef de la Compagnie des Mines de la Roche-Molière et Firminy, Firminy (Loire). 1892* 1883 1873 1870 1887 1880 1883 DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE NN OX OVAI VuzpiAN (André), Licencié ès sciences naturelles, 51, avenue Montaigne, Paris, VIII. Wezscu (Jules), Professeur à l'Université (Faculté des Sciences), 5, rue Scheurer-Kestner, Poitiers (Vienne). Wumrer (Louis), Graveur, 4, rue de l’Abbé-de-l Épée, Paris, V. Zuircer (René), Membre de l’Institut, Inspecteur géné- ral des Mines, Professeur à l’Ecole des Mines, 8, rue du Vieux-Colombier, Paris, VI. ZLararsxi (Georg. N.), Professeur de géologie à l'Ecole des Hautes-Etudes, Sofia (Bulgarie). Zusovié (Jovan M.), Professeur à la Faculté des Sciences, 12, Kragujewaczka Ulica, Belgrade (Serbie). ZürcHER (Ph.), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, 14, allée des Fontainiers, Digne (Basses-Alpes). 4 Février 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — «€ LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ Ain. Béroud (l'abbé) Chanel. Aisne. Brouet. Jourdy (Général). Allier. Thomas (Philippe). Alpes (Basses-). Arnaud (F.). selle (de). Zürcher. Alpes (Hautes-). Martin (D.). Alpes-Maritimes. Ambayrac. Caziot. Goby. Guébhard (D'). Maury. Pellegrin. Poirault (Georges). Ardèche. Couderc. Ardennes. Piette. Ariège. Azéma. Croisiers de Lacvivier. Aube. Breton. Lambert. EUROPE France. Aude. ee. Belfort (Terr. de). Maitre. Meyer. Bouches-du-Rhône. Curet (Albin). Jacquemet. Lonclas. Pellat. Repelin. Roux. Vasseur. Calvados. Bigot. Houel. Laboratoire de Géologie de la Faculté des Scien- ces de Caen. Cantal. Boule. Dupin. Marty. Puech. Charente. Arnaud (H.). Chauvet. Rejaudry. Charente-Inférieure. DISTRIBUÉS GÉOGRAPHIQUEMENT Cher. Chautard. Duvergier de Hauranne Gauchery. Grossouvre (A. de). Corse. Côte-d'Or. Bréon. Collot Epery (D'). Marion (Eug.). Rouyer. Côtes-du- Nord. eee. se. eee Deux-Sèvres. Boone (l’abbé). Dordogne. Durand. Doubs. Bresson. Fournier (E.). Girardot. Henry. Merle. Mouret. ., Société d'Emulation de Montbéliard. Drôme. Sayn. DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE Eure-et-Loir. Azéma (Commandant). Bourgery. Finistère. : Gard. Bonnes (F.) Carrière. Compagnie des Mines de la Grand'Combe. Fabre (G.). Lombard-Dumas. Picard. Société des Houillères de Bessèges. Garonne (Haute-). Bibliothèque Universi- taire de Médecine et Sciences de Toulouse. Caralp. Doumerc. Garrigou. Paquier. Vieira. Hérault. Bibliothèque Universi- taire de Montpellier. Delage. Miquel. Mourgues. Rouville (de) Sabatier-Desarnauds. Société des Sciences na- turelles de Béziers. Ille-et-Vilaine. Kerforne. Lebesconte. Martonne (de). ‘Seunes. Indre. Balsan. Delaunay (l'abbé). Indre-et-Loire. ss Allard. Bibliothèque Universi- taire de Grenoble. Corbin (Raymond). Gevrey. Kilian. Lory (P.). Poncin. Reymond. Jura. Piroutet. Landes. sos... Loir-et-Cher. Delamarre. Loire. Grand’Eury. Mallet. Voisin. Loire (Haute-). Dreyfus. Loire-Inférieure Bureau (Louis). Davy. Dumas. Gourdon. Loiret. Oudri (Général). Lot. Lot et-Garonne. Landesque (l'abbé). Lozère. ee se “es e ee 6e XXXIX Maine-et-Loire. Bizard. Cheux. Manche Marne Collet. Dueil. Grenier. Marne (Haute-). Daval. Mayenne. Le Conte. Œhlert. Meurthe-et-Moselle. Fliche. Goury. Grossouvre (Comm! de). Henry (Edmond). - Imbeaux. Joly. Nicklès. Meuse. Évrard. Raulin. Morbihan. ss... Busquet. Nord. Barrois. Boulay (l'abbé). Bourgeat (l’abbé). Cottreau. Delépine (l’abbé). Dollé. Gosselet. Leriche. Moureau (l’abbé). Six. Oise. Barret (l'abbé). Janet (Ch.). Judenne. Meunier (E.). Thiot. XL Orne. Pas-de-Calais. Dutertre. Kempen (van). Legay. Lonquety. Rigaux. Sauvage. Sens. Simon. Puy-de-Dôme. Aubert (Francis). Bibliothèque Universi- taire de Clermont- Ferrand. Charvilhat (D'). Garde. Gautier (P.). Glangeaud. Julien. Pyrénées (Basses-). Détroyat. Gramont (Comte de). Russel-Killough (C!° H.). O’Gorman (Comte G.). Pyrénées (Hautes-). Pyrénées-Orientales. Donnezan (D' A) Mengel. Rhône. Bonnet. Boyer. Cottron. Depéret. Doncieux. Gaillard. Geandev. Guillermond. Locard. Manhés. Offret. Riaz (de). Riche. Roman. Vermorel. LISTE DES MEMBRES Saône (Haute). Petitclerc. Saône-et-Loire. Bayle. Bonnardot. Chaiïignon (de). Coste. Lissajoux. Vañffier. Sarthe. Lorière (de), Savoie. Hollande. Révil. Savin. Spiess. Savoie (Haute-). Bibliothèque d'Annecy. Corbin (Paul). Vallot (Joseph). Seine. Danton. Goudin. Lacroix (l'abbé). Langlassé. Le Verrier. Michel. Patris de Breuil. Ramond. Raspail (Julien). Vaquez. (Les membres résidant a Paris ne sont pas mentionnés). Seine-Inférieure. Boutillier . Fortin. Le Marchand. Lennier. Seine-et-Marne. Houdant. Lez. Roussel. Seine-et-Oise. Barthélemy. Courty. Desprez de Gésincourt. Laboratoire de géologie de Ecole de Grignon. Lasne. Morgan (de). Regnault (Edouard). Somme. Ault-Dumesnil (d’). Mercey (N. de). Ricard. Tarn. Thomas (D Ph.). Tarn-et-Garonne Léenhardt. Var. Grand. Jacquinet, Michalet. Vaucluse. Chatelet. Deydier. Joleaud. Vendée. Chartron. Vienne. Bellivier. Devaux. Fournier (A.). Lebouteux. Welsch. Vienne (Haute-). Gorceix. 0 OO 010 010 6 52 & 010 Bardon. Gauthier (V.). Peron. Regnault (E.). DE LA Alsace-Lorraine. Bary (Em. de). Bibliothèque de l'Univer- sité de Strasbourg. Friren (l'abbé). Institut géognostico-pa- léontologique deStras- bourg. Mieg (Mathieu). Allemagne. Bornemann (L. G.). Fritsch (C. von). Futterer. Haas (E.). Holzapfel. Jækel (Otto). Kalkowsky (E.). Kæœnen (Von). Oppenheim (P.). Reinach (Von). Steinmann. Stürtz (B.). Autriche-Hongrie. Arthaber (Von). Fritsch (Ant.). Musée national géolo- gique d’Agram. | Belgique. Arctowski. Bibliothèque de l’Uni- versité catholique de Louvain. Dewalque. Dorlodot (le chanoïne de) Dupont. Firket. Habets. Latinis (L). L Mourlon. Rutot. Soreil. Stôber (K.). Van den Broeck. Bulgarie. Zlatarski. Espagne. Adan de Yarza. Almera (le chanoine). Botill y Poch. Calderon. Cortazar (de). Dallemagne. Huelin. La Cruz (de). Landerer. Maurice. Miquel (Emmanuel). Socorro (M° del). Stubbs. Vidal (L. M.). Finlande. Ramsay (Wilhelm). Grande-Bretagne. Blanftord (W.-T.). Evans (Sir John). Geikie (Sir A.). Harmer (F.-W.). Harris (G. F.). Hughes. Skinner. Grèce. Skouphos. Italie. Botti. Capellini. Cocchi Crema. Fairman. Mattirolo. Portis. Sacco (Fed.). Segre. Seguenza (Luigi). Stefani (de). SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XLI Portugal. Choffat. Delgado. Lima (Wenceslau de). Roumanie. Anastasiu. Mircea. Mrazec. Munteanu-Murgoci. Popovici-Hatzeg. Richard (A. de). Sevastos (R.). Stefanescu (Gregoriu). Stetanescu (Sabba). Russie. Bogdanowitch. Karakasch (Nicolas). Ilovaïsky. Pavlow. Stremooukhoff. Vichniakoff. Serbie. Zujovié. Suisse. Bibliothèque de lUni- versité de Bâle. Brunhes (J.). Delebecque (A.). Duparc. Favre (Ern.). Golliez Joukowsky (E.). Loriol le Fort (de). Lugeon. Mayer-Eymar. Mermier. Renevier. Sarasin. Schardt (A. Hans). Schmidt (Carl). Stehlin. XLITI LISTE DES MEMBRES AFRIQUE Algérie. Brives. Compagnie des Minerais de fer de Mokta-el- Hadid. Doumergue. Ficheur. Flamand (G. B. M.). Brésil. Dahne (E.S. E.). Sena (J.). Canada. Laflamme (Mgr J. C. K.). Chili. Lataste. Indes françaises. Golfier. Gautier (E.-F.). Jacob. À Lamothe (L. dv). Sauvaget (F.). Savornin. Vialar (de). AMÉRIQUE États-Unis. Branner (J. C.). Dale (N.). Harris (G. D.).: Libbey. Lyman. Ritter. Rockwell . Rothwell. ASIE Cochinchine. Counillon. Monod (G.). Égypte. Ball (John). Fourtau.. Pachundaki. Pasquali. Transvaal Jorissen. Molengraaff. Mexique. Aguilera. Ordoñez. Pérou Berthon (Paul). Tonkin. Basset-Bonnefons. Lantenois. MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DÉCÉDÉS DEPUIS LE |° JANVIER 1903 . Authelin (Ch.). Caraven-Cachin. Dugniolle. Jacquot (E.). Jaunel (C.). | MM Juliany. Lasne (Henry). La Vallée Poussin (de) Munier-Chalmas. Parran (A.). | MM. Siegen. Skrodski. *Vaultrin. von Zittel. À PRIX ET FONDATIONS DE LA SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 1° PRIX VIQUESNEL Fondé en 1875, le Prix Viquesnel est biennal et est décerné alternative- ment avec le Prix Fontannes. Destiné à l’encouragement des études géologiques, il est décerné par une Commission spéciale. Le lauréat, sans distinction de nationalité, doit être Membre de la Société. La Commission se compose : 1° du Président et des Vice-Présidents de l’année courante et des deux années précédentes ; 2° des anciens Présidents de la Société ; 3° des anciens lauréats du Prix Viquesnel ; 4° de cinq Membres de province désignés par le Conseil, dans la dernière séance de l’année précédente. Elle se réunit dans le courant du mois de janvier. Le prix, distribué à la séancé générale annuelle, consiste en une médaille en argent conforme au modèle adopté par le Conseil de la Société et en une somme qui correspond à ce qui est disponible des arrérages du capital légué par Madame Viquesnel (environ 600 francs). Ce prix sera décerné en 1904, en 1906, etc. 2 PRIX FONTANNES Par suite du legs fait à la Société Géologique par Fontannes et conformé- ment aux volontés du testateur. ce prix est décerné tous les deux ans à l’auteur français du meilleur travail stratigraphique publié pendant les cinq dernières années. Il alterne avec le Prix Viquesnel. Le Prix Fontannes est décerné par une Commission ainsi composée : 1° les Présidents et Vice-Présidents de l’année courante et des deux années précédentes ; 2 les anciens Présidents de la Société ; 3 les anciens lauréats du Prix Fontannes ; 4° cinq Membres de province désignés par le Conseil dans la dernière séance de l’année précédente. Elle se réunit dans le courant du mois de janvier. Le prix consiste en une médaille d’or conforme au modèle adopté par le Conseil de la Société et d’une valeur d'environ 300 francs, et en une somme d'environ 1.000 francs. Le prix est décerné à la séance générale annuelle. La Commission charge un de ses Membres de faire sur le travail couronné un rapport destiné à être lu à cette séance. Ce prix sera décerné en 1905. XLIV PRIX ET FONDATIONS DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE n < 3° PRIX PRESTWICH Par suite du legs fait à la Société géologique par Sir Joseph Prestwich et conformément aux volontés du testateur, ce prix triennal doit être accordé à un ou plusieurs géologues, hommes ou femmes, de nationalité quelconque, membres ou non de la Société géologique de France, qui se sont signalés par leur zèle pour le progrès des sciences géologiques. Les lauréats sont choisis, autant que possible, de telle sorte que le prix puisse être considéré par eux comme un encouragement à de nouvelles recherches. Le Prix Prestwich est décerné par une Commission composée de la manière suivante : 1° les Présidents et Vice-Présidents de la Société de l’année courante et des deux années précédentes ; 2° les anciens Présidents de la Société ; 3° les anciens lauréats titulaires de la médaille du Prix Prestwich ; 4° les cinq Membres de province, désignés par le Conseil dans la dernière séance de l’année précédente, pour faire partie, suivant les années, soit de la Commission du Prix Fontannes, soit de la Commission du Prix Viquesnel. La Commission siège dans les 30 jours qui suivent la clôture des travaux de la Commission du Prix Fontannes ou du Prix Viquesnel. Le prix consiste en une médaille d’or conforme au modèle adopté par le Conseil de la Société et d’une valeur d’environ 250 francs et en une somme d'environ 600 francs. La médaille n’est pas nécessairement attribuée à la même personne que la somme d'argent; le titre de lauréat n’appartient qu'au titulaire de la médaille. Le prix est décerné à la séance générale annuelle. La Commission charge un de ses Membres de faire un rapport destiné à être lu à cette séance. En conformité avec les intentions du testateur « il est loïsible au Conseil de décider que les arrérages du legs seront accumulés, pendant une période n’excédant pas six années, pour être appliqués à quelque objet de recherche spéciale, portant sur la stratigraphie ou la géologie physique, la dite recherche devant être poursuivie, soit par une seule personne, soit par une commission. Faute d’un tel objet, les arrérages peuvent être accumulés pendant trois ou six ans, selon que le Conseil en décide et être employés à tel but spécial qu'il juge utile ». Ce prix sera décerné en 1906. 4° MISSIONS C. FONTANNES Madame Veuve Fontannes a légué à la Société un capital dont les arré- rages (environ 1000 francs) sont tous les ans mis à la disposition du Conseil de la Société, pour être affectés, sans aucune périodicité prévue, à des missions utiles aux progrès des sciences géologiques. Un rapport sur pi cune de ces missions est publié dans le bulletin de la Société. , 5 FONDATION BAROTTE Les sommes en provenant constituent une caisse de secours en faveur des géologues ou de leur famille. Elles sont distribuées par le Conseil, après enquête. SOCIÉTÉ GEOLOGIQUE DE FRANCE Séance du #4 Janvier 1904 PRÉSIDENCE DE M. M. BOULE, PRÉSIDENT M. P. Lemoine, Vice-Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président proclame membres de la Société : MM. Henri Joly, licencié ès sciences, préparateur de géologie à la Faculté des Sciences de Nancy, présenté par MM. Fliche et Nicklès. Arthur Vinchon, avocat, à Paris, présenté par MM. Stanislas Meunier et Marcellin Boule. Henri Freydenberg, lieutenant d'Infanterie coloniale, licencié ès sciences, à Paris, présenté par MM. Haug et L. Gentil. Deux nouvelles présentations sont annoncées. On procède ensuite, conformément aux dispositions du Règle- ment, à l'élection d’un Président pour l’année 1904. M. Pierre Termier, ayant obtenu 147 voix sur 184 votants, est élu Président de la Société en remplacement de M. Marcellin Boule. Il est ensuite pourvu au remplacement des membres du Bureau et du Conseil dont le mandat est expiré. Sont nommés successivement : Vice-Présidents : MM. A. PEroN, J. Wezscu, A. THEVENIN, Ph. GLANGEAUD. Secrétaires : MM. L. GENTIL, P. LEMoine. Vice-Secrétaires : MM. Robert Douviczzé, Max LE COUPPEY DE LA ForEsT. Membres du Conseil: MM. M. Boure, Albert GaupryY, Ch. ScHLUuM- BERGER, M. CossmaNN, À. Bioce, Stanislas MEUNIER. Séance du 18 Janvier 1904 PRÉSIDENCE DE M. M. BOULE, PUIS DE M. TERMIER M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. M. Marcellin Boule, Président sortant, prononce l’allocution suivante : « Messieurs et chers Confrères, « Depuis que l’an dernier, à pareille époque, vous m'avez appelé à occuper ce fauteuil, ma reconnaissance envers vous n’a fait que s’accroître, de sorte que je vous dois de nouveaux remerciements pour l'honneur que vous m'avez fait et pour la façon charmante dont vous avez facilité l’accomplissement de mes devoirs de Président. « La Société est actuellement dans une situation des plus satis- faisantes. Comme c’est grâce au dévouement des membres du bureau qui ont un rôle particulièrement actif, je veux parler surtout de M. le Trésorier et de MM. les Secrétaires, je puis bien me permettre de vous le dire. Les recettes ont été, en 1903, supé- rieures aux prévisions. Depuis trois ans, le chiffre annuel des recrues nouvelles atteint ou dépasse 30 unités. Le fait ne s'était pas vu depuis l’année 1880. Nous avons tout lieu d'espérer que ce mouvement progressif ne fera que s’accroître. « Nos réunions ont été, comme toujours, remplies par des communications aussi intéressantes que variées. Elles deviennent de jour en jour plus suivies. Nous avons tous constaté avec plaisir que la salle des séances s'est trouvée parfois trop petite et le Conseil a déjà dû se préoccuper des moyens de l’agrandir. N'est-ce pas la meilleure preuve d’une vitalité que nous avons eu l’occasion d'affirmer publiquement en ouvrant largement nos portes aux nombreux auditeurs de la conférence de M. Lacroix ? « L’Administration matérielle de la Société a subi elle aussi un changement. Notre agent fidèle et dévoué, M. Reyckaert, a emporté dans sa retraite notre sympathique reconnaissance. La gérance de nos affaires a été confiée à M. Mémin. Dans son passage au Secrétariat, notre confrère, M. Mémin, avait montré un esprit net et pratique ; il y avait acquis une grande expérience en matière d'impression. Nous avons tout lieu de croire que nos intérêts ne sauraient être en meilleures mains. SÉANCE DU I8 JANVIER 1904 3 « Enfin, mes chers confrères, je vous dois une dernière satis- faction : celle d’avoir à installer aujourd'hui un bureau dans lequel je compte de vives amitiés. Votre nouveau et votre ancien Président ont presque débuté ensemble sur les plateaux volca- niques du Velay. J'ai gardé, de ma collaboration avec M. Termier, un souvenir très agréable. À ma sympathie pour lui s’est ajoutée depuis une réelle admiration pour son intelligence des grands problèmes de tectonique et pour la façon tout à fait distinguée dont il aime à nous en parler. « C’est donc avec le plus grand plaisir que je prie M. Termier de bien vouloir venir prendre possession de la Présidence ». M. Pierre Termier prend la parole en ces termes : « Mes chers confrères, « C’est avec une grande reconnaissance pour vous, mais aussi avec un peu de confusion, que je prends possession de ce fauteuil, où tant de maîtres se sont succédé. Si, depuis bientôt vingt-trois années que j'appartiens à la Société géologique, je n'ai pas cessé un jour d'aimer passionnément la géologie, mes fonctions admi- nistratives m'ont tenu éloigné de vous pendant plus de dix ans, et trop souvent, depuis que je suis de retour à Pâris, mes devoirs de chef d’une famille nombreuse m'ont empêché d'assister à vos séances. Vous avez oublié cela, Messieurs, pour ne vous souvenir que du grand amour que j'ai voué à la science de la Terre; et vous avez également oublié la profonde ignorance où je suis resté, où je resterai toujours, de tout un vaste domaine de cette science, le domaine paléontologique. Je vous remercie de votre indulgente et flatteuse appréciation, et je vous demande pardon d'avance pour tout ce que j'apporterai, dans mes fonctions nouvelles, d’inex- périence et de gaucherie. J'y apporterai, du moins, une très grande bonne volonté et un absolu dévouement. « La première fois que j'ai entendu parler de la géologie, c'est en 1879, par près de 3.000 mètres d'altitude, au sommet du pic de Belledonne. J'étais alors un polytechnicien en vacances, et, pour l'instant, un simple alpiniste ; et j'aurais dit volontiers que trois choses seulement valent la peine de vivre : les beaux vers, les intégrales élégantes, et les rudes escalades. Il y avait avec moi, dans cette promenade alpestre, quelques étudiants de Lyon et de Grenoble, et, parmi eux, un bon élève de Charles Lory, qui est mort depuis, prématurément, après être devenu professeur à la Faculté de Médecine de Lyon. Didelot — c'était son nom — était, dès cette époque, membre de la Société géologique, et géologue A SÉANCE DU 18 JANVIER 1904 ardent. Et comme il savait son Lory par cœur, et qu'il parlait volontiers et bien, il nous fit, là-haut, toute une conférence. Je le verrai toujours, brandissant une dalle de micaschiste où:il y avait de gros cristaux de grenat; et je l’'entendrai toujours nous expliquer le métamorphisme, tandis que, d’un geste large de sa main restée libre, il nous montrait la place et nous esquissait l'allure de gigantesques failles. Cette conception des Alpes n'était pas très exacte ; mais elle était simple et grande. Du coup, je fus séduit et conquis. Dix-huit mois après, à peine entré à l'École des Mines, je sollicitais et j'obtenais l'honneur d'être admis dans votre Société. Mon rêve était de vivre parmi les beaux minéraux, dans les pays de roches cristallines, et de m'essayer à déméler le chaos des plissements et des effondrements dans les régions les plus âpres des Alpes. J'ai pu vivre ce rêve, et j'y ai goûté d'ineffables jouissances. J'ai pu constater la vérité de ce que nous disait Dide- lot, comme suite à sa conférence, et pendant que nous descendions de la montagne : les géologues sont parmi les heureux, les rares heureux du monde ; ils planent très haut dans le ciel, par-dessus les .cimes, par-dessus les âges ; ils voient la Terre changer, vieillir, se rider, et ses rides s’elfacer peu à peu, et sa vieillesse faire place à une jeunesse nouvelle; le temps, ce grand ennemi des autres hommes, est leur ami, à eux; dans les solitudes où ils marchent, leurs pas réveillent des échos indéfinis, et au son de leur voix ressuscitent des milliards d'êtres ; dix fois par jour, ils ont ce frisson, dont aucune langue humaine ne peut rendre le charme, et que l’on éprouve à chaque fois que l’on se heurte à l'Inconnaissable. « Laissez-moi, Messieurs, au commencement de cette année nouvelle, souhaiter à chacun de vous beaucoup de ces pures joies que donne le culte désintéressé de la science ; laissez-moi vous souhaiter de belles découvertes. C’est le meilleur vœu que je puisse former pour la Société géologique. Qu'elle soit, pendant cette année 1904, comme elle l’a été si souvent depuis 1830, non seulement un fraternel groupement de travailleurs, maïs un de ces laboratoires où les idées germent et éclosent, et où la grande Semeuse d'Idées, qu'est notre chère France, vient puiser, à pleines mains, les grains qu’elle jette sur le monde, à pleines mains encore et d’un geste inlassé. J'ai déjà voyagé, Messieurs, et je sais que l’on travaille beaucoup, et souvent très bien, hors de France. Et cependant, croyez-moi, de toutes les autres capitales, c'est surtout vers Paris que l’on regarde. C'est toujours vers vous que, de tous les laboratoires, les géologues tournent les yeux. Rien ne se dit ici qui ne fasse bientôt le tour du monde. Je souhaite n SÉANCE DU IS JANVIER 1904 . se que nous disions, en 1904, beaucoup de belles et fortes choses, et que les grains que nous mettrons dans le sac de la bonne Semeuse soient de ceux qui rapportent le centuple. « Je tiens à être votre interprète, Messieurs, en exprimant à M. Boule, notre savant président sortant, toute notre gratitude pour le zèle, et j'ajouterai pour l'éclat, avec lequel il a, pendant le cours de l’année dernière, dirigé la Société géologique. Grâce à lui nos séances ont été particulièrement animées et brillantes ; grâce à lui encore, une modification très importante dans l'organisme de la Société — je veux dire l'installation de notre nouveau gérant — a pu être réalisée, au mieux de nos intérêts. Je remercierai aussi M. Mémin, qui, pendant la moitié de l’année, a été notre secré- taire, qui est ensuite devenu notre gérant, et qui, aussi bien comme secrétaire que comme gérant, a montré le plus grand dévouement, et a assuré, d’une façon vraiment parfaite, la marche de nos publications. Enfin j'exprimerai, une fois de plus, notre reconnaissance à M. Boistel, l'habile trésorier que nous apprécions tous ; et je n'oublierai pas de remercier M. Gentil, qui a bien voulu remplir les fonctions de secrétaire à partir du jour où M. Mémin a pris la gérance de la Société. « Les collaborateurs que vous m'avez donnés sont tels que j’en- visage l’avenir avec confiance. Ils ne me laisseront pas commettre de lourdes fautes, et, avec leur concours, la tâche de votre nou- veau Président sera facile. « IIm'est agréable de commencer mon rôle en vous apprenant une bonne nouvelle : notre confrère, M. Alfred Lacroix, professeur de Minéralogie au Muséum, vient d'être élu membre de l'Académie des Sciences. Vous savez tous que, dans l'œuvre de M. Lacroix, et indépendamment des beaux résultats de sa mission scientifique à la Martinique, il y a une foule de découvertes qui intéressent grandement les géologues, Il me suffira de rappeler ici ses travaux sur les enclaves des roches volcaniques, et les études vraiment magistrales qu'il a consacrées aux lherzolites et aux granites pyré- néens et à leurs phénomènes de contact. L'entrée de M. Lacroix à l’Académie des Sciences est donc une fête pour la Société géolo- gique, et je suis sûr d’avoir votre approbation si je vous propose d’applaudir unanimement à un triomphe aussi mérité. « Dans la vie des Sociétés, comme dans celle des individus, les peines s'associent aux joies. La mort du grand paléontologiste de Munich, M. Carl von Zirrez, a mis en deuil toute la science paléon- tologique ; elle nous met en deuil, nous aussi, car M. von Zittel était notre confrère depuis 1869, et beaucoup d’entre nous l'ont 6 SÉANCE DU IS JANVIER 1904 intimement connu et l'ont eu pour ami. Mon intention est de demander à l’un de ceux-ci, pour notre séance générale annuelle de 1904, une notice de quelques pages, qui fera revivre dans notre Bulletin l’originale physionomie du grand savant bavarois ». Le Président transmet les remerciements des nouveaux Vice-Pré- sidents de la Société. Sont proclamés membres de la Société : MM. Bouzanquet, ingénieur des Arts et Manufactures, à Paris, pré- senté par MM. Dru et J. Bergeron. Jean Cottreau, étudiant en sciences naturelles, à Lille, présenté par MM. Albert de Lapparent et Stuer. Quatre nouveaux membres sont présentés. M. G. Dewalque offre à la Société un exemplaire de la seconde édition de sa Carte géologique de la Belgique et des provinces voisines, avec notice explicative ‘. Grâce au talent du dessinateur, M. Ch. Léonard, elle présente en raccourci la « Carte géologique détaillée » au 1/40.000, de ce pays; grâce à l’habileté du graveur, M. Wührer, on s'accorde à trouver qu'elle fait grand honneur à l’un et à l’autre. Pour la Belgique, l’auteur a généralement suivi les légendes et les limites de la carte oflicielle, ce qui ne veut pas dire qu'il les approuve toujours. Il s’en est écarté en quelques points. La divi- sion du Système dévonien a été modifiée : l’auteur rejette les expressions Dévonien inférieur, moyen et supérieur, et les rem- place par les termes univoques, semi-séculaires, de Rhénan, Eife- lien et Famennien, adoptés par le Congrès géologique international de Berlin. Pour le Famennien entendu dans ce sens, il réclame la priorité. , L'Éocène comprend huit teintes, l’'Oligocène quatre. Contrai- rement à la carte officielle, qui les réunit sous le nom de Bol- dérien, l’auteur sépare le Boldérien de Dumont de l'Anversien de MM. Van Ertborn et Cogels ; contrairement à l'avis de beaucoup de ses confrères, il maintient le premier dans l’Oligocène, le second représentant seul le Miocène. Pour le Poederlien, il a préféré le tracé de M. Van Erthorn à celui de la carte officielle. Le nombre de teintes, qui était de 44 pour les terrains neptuniens, est porté à 47. Pour la France, l’auteur a utilisé les feuilles du Service de la Carte géologique détaillée. Pour la Prusse, M. Beyschlag, direc- 1. Béranger, éditeur, 15, rue des Saïnts-Pères, Paris. SÉANCE DU I8 JANVIER 1904 7 teur du Service géologique, lui a obligeamment communiqué le tracé des sables tertiaires du cercle de Trèves ; ses recherches dans le cercle d’Aïx-la-Chapelle ont été obligeamment complétées par M. Holzapfel. Il en a été de même pour le Système cambrien. M. J. Lambert, en offrant à la Société géologique de France un exemplaire de son mémoire : Étude monographique sur le genre Echinocorys, qui forme le premier fascicule de la Description des Echinides crétacés de la PBeloique (Extr. Mém. Musée R. H. N. de Belgique), envoie les observations suivantes : La difficulté de l’étude des Echinocorys m'a obligé à l'examen de nombreux matériaux de comparaison, pris dans la Craie de Sens, de Reims, de Normandie, des Charentes et des Pyrénées, comme dans celle d'Angleterre, de la Westphalie et du Danemark ; en sorte que dans ce premier fascicule j'ai exceptionnellement cherché à fournir des renseignements généraux pour les géologues qui étudient les terrains crétaciques supérieurs. Les caractères du test ont été discutés dans un premier cha- pitre, où je donne des aperçus nouveaux sur la morphologie de l’'apex des Echinides ; plus loin, généralisant les observations de M. Jackson sur les Palæchinides, je constate qu'il ny a pas chez les Atélostomes de plaques doubles péristomiennes, comme l’avait cru Lovén, mais des plaques de la rangée primitive unique, der- rière lesquelles se sont ensuite développées celles de la rangée secondaire. Dans la partie descriptive, sont examinées les espèces des genres Offaster, Graleola et Echinocorys : l'observation de milliers d'individus de ces derniers m'a permis de dégager les caractères assez précis de diverses espèces et variétés. Je montre Z. Gravesi, limité au Coniacien, Æ. vulgaris caractéristique du Santonien. Dans le Campanien abondent Æ. gibbus avec ses 7 variétés, Æ. conicus qui en a 3, Æ£. ovatus qui en a 8. L'espèce belge. confondue par Goldfuss avec Æ. sulcatus. reçoit le nom de ÆZ. Dupont, en l'honneur du savant Directeur du Musée royal de Belgique. En résumé j admets 24 espèces et 20 variétés d’Zchinocorys, réparties dans le monde entier, au lieu des 167 noms proposés par les auteurs. La partie synonymique contient l'analyse de 193 ouvrages et cependant encore quelques omissions. C'est ainsi qu'il y aurait déjà lieu d'ajouter à mes espèces l'Æ. texana Cragin et deux formes nouvelles décrites par M. Arnaud. (6.0 SÉANCE DU 18 JANVIER 1904 M. Albert Gaudry communique une lettre du Professeur Pompeckj, le savant conservateur du Musée paléontologique de Munich, contenant des détails très circonstanciés sur la fin de Karl von Zittel. Il remet en même temps pour les archives de la Société un numéro des Münchner Neueste Nachrichten qui ren- ferme le discours de M. Pompeckj aux obsèques de notre illustre et regretté confrère, le 8 Janvier 1904. M. Albert Gaudry, en présentant à la Société un discours qu'il a prononcé à l’Académie des Sciences, en qualité de Président, s'exprime ainsi : J’ai l'honneur d'offrir à la Société géologique un exemplaire du discours que j'ai fait à l’Académie des Sciences, dans sa séance publique du 21 décembre. J'ai choisi pour sujet de ce discours, l'Exposé de l’état actuel de la paléontologie. J'ai cru pouvoir dire : « On n'aurait pas imaginé que des travaux de science pure, ayant « pour objet l’histoire de l’évolution, dussent avoir une application « pratique : cependant, comme chaque phase de développement « des êtres correspond à une époque déterminée, elle offre le « meilleur moyen pour fixer l’âge des terrains ; ainsi elle profite « à toutes les industries qui se basent sur les faits géologiques ». Cela est manifeste pour les Vertébrés et surtout pour les Mammifères fossiles. Vous le vérifierez en apportant des restes de Mammifères aux paléontologistes qui s'occupent de l’évolution des anciens êtres. Pour les Invertébrés, il faut bien l'avouer, c’est loin d’être aussi frappant : comme ils ont moins de complication, ils offrent moins de moyens de comparaison. Mais sans doute un jour viendra où les états d'évolution des Invertébrés aideront aussi à marquer les âges de la Terre. La paléontologie a suivi d'abord la méthode empirique ; il ne pouvait en être autrement. On disait que certains fossiles caracté- risent certains terrains, parce qu'on les y avait trouvés. Mais pour- quoi les y trouvait-on ? Nul ne le savait. Aujourd’hui nous tächons de faire de la paléontologie rationnelle, c’est-à-dire de saisir la raison de la présence de telles sortes de fossiles dans telle couche du globe. Nous commençons à connaître par quelles phases de développement plusieurs types ont passé, avant de prendre l'aspect qu'ils ont maintenant, et même nous marquons les époques géologiques auxquelles ces phases ont correspondu. Aïnsi, quand on nous présente des fossiles, nous pouvons, d'après leur degré d'évolution, présumer l’âge des terrains qui les renferment. IL nous plait d'espérer que, par la paléontologie rationnelle, nous augmenterons la somme des services que la paléontologie empirique a déjà rendus aux géologues. SÉANCE DU IS JANVIER 190/ 9 M. Cayeux présente, de la part de M. Nivoit, un exemplaire des Rapports sur les récompenses décernées par la Société Nationale d'Agriculture dans sa séance solennelle du 23 décembre 1903. En tête de cette brochure figure le rapport de M. Nivoit sur le Prix Barotte d'une valeur de 3.500 francs. Ce prix, qui n'avait été décerné que deux fois depuis son institution, à Pasteur en 1883, à Aimé Girard en 1893. à été attribué à l'unanimité à notre con- frère M. Paicrpre Tomas. La Société a voulu récompenser en M. Thomas, non seulement l'inventeur des phosphates de la Tunisie, mais encore l’homme modeste et désintéressé par excel- lence qu'est M. Thomas. ‘ M. Cayeux offre un exemplaire d’une note publiée dans les CR. de l'Académie des Sciences sur la présence de cristaux macrosco- piques d’albite dans les dolomies du Trias de la Crète. Les cris- taux en question se rencontrent dans des dolomies au voisinage d'une faille qui détermine un rejet d'un millier de mètres. Leur origine semble liée à l'existence de la faille et à la nature dolomi- tique de la roche englobante. NOTE SUR LES GROTTES DES BAOUSSÉ-ROUSSE, PRÈS DE MENTON par M. Marcellin BOULE Ces grottes sont bien connues depuis que M. Rivière y a décou- vert des squelettes d'Hommes préhistoriques. Toutefois il a régné, jusqu'à aujourd’hui, beaucoup d’incertitudes sur la chronologie de ces gisements. On s’est livré à de longues discussions sur l’âge des squelettes humains sans arriver à un résultat satisfaisant. Le Prince de Monaco, désireux de préparer la solution de cet intéressant problème, ordonna, il y a quelques années, des travaux d'exploration systématique. Ces fouilles, faites avec beaucoup de soin par M. le Chanoiïine de Villeneuve, aidé de M. Lorenzi, ont permis de recueillir une admirable collection : quatre squelettes humains, des milliers d’ossements d'animaux fossiles de toutes sortes, une quantité énorme d'objets travaillés en pierre et en os. J’ai fait, à plusieurs reprises, d'assez longs séjours à Monaco afin d'étudier les gisements et les objets recueillis dans ces gisements. Je voudrais résumer devant la Société les résultats les plus impor- tants de mes recherches, en me plaçant surtout au point de vue géologique. A cet égard, c'est la grotte dite du Prince qui est la plus inté- ressante ; car elle était à peu près intacte quand les fouilles ont commencé. Les dépôts de remplissage s'y superposent sur une épaisseur de plus de 20 mètres. Ils appartiennent à deux catégories très dilférentes : à la base des dépôts d'origine marine ; au-dessus des dépôts d’origine continentale. Ces derniers se divisent en un certain nombre de couches diffé- rant entre elles parleurs caractères physiques et par leur contenu paléontologique. Le fait le plus important c'est que les couches moyennes et supérieures renferment la faune froide du Quater- naire : le Rhinocéros à narines cloisonnées, le Bouquetin, la Marmotte, le Renne (qu'on n'avait jamais signalé dans cette région), tandis que les dépôts inférieurs renferment une faune toute différente, composée d'espèces chaudes et remontant au Quaternaire inférieur : l'Elephas antiquus, l'Hippopotame, le Rhi- noceros Mercki. Ces dépôts inférieurs reposent sur une ancienne plage marine qui se retrouve à l'extérieur de la grotte, le long des rochers du littoral à l'altitude moyenne de 7 m. Les coquilles qu'on y recueille SÉANCE DU 18 JANVIER 1904 II appartiennent presque toutes à la faune méditerranéenne actuelle ; pourtant j'y ai trouvé de beaux exemplaires de Strombus medi- terraneus que l'on considère comme caractéristique des plages quaternaires de la région méditerranéenne. Mais il y a, dans la grotte du Prince, des traces marines encore plus anciennes. Dans la partie supérieure, à une altitude de 28 m., règne un encorbellement calcaire dû à l’action des vagues, et au- dessous duquel la roche qui forme la paroi de la caverne est toute perforée par des Lithodomes. La mer a donc atteint cette altitude de 28 m. Elle s’est ensuite retirée peu à peu jusqu’à l'altitude de 7 à 8 m. Elle a déposé les sables coquilliers du fond de la caverne. Puis le mouvement de retrait, ou, si l’on veut, le mouvement d’exhaussement de la terre ferme, a continué. Il est difficile de dire quelle a été l'amplitude de ce mouvement. La présence, au large des Rochers rouges, et à une faible profondeur, d'une plate- forme sous-marine s'étendant assez loin, paraît être démontrée par les travaux océanographiques du Prince de Monaco. Il y aurait là une indication qu'après le dépôt des sables à Strombus mediter- raneus la mer se serait retirée fort loin, laissant, entre elle et les rochers escarpés du littoral, un espace assez vaste pour permettre à des animaux tels que les Eléphants, les Hippopotames et les Rhinocéros de se livrer à des évolutions auxquelles la topographie actuelle ne saurait se prêter. Ce qui est certain, c'est que cette plage de 7 m. d'altitude, signa- lée tout dernièrement par MM. Depéret et Caziot sur d'autres points du littoral des Alpes-Maritimes et regardée par eux comme du Quaternaire récent, remonte, au contraire, à une époque très reculée, puisqu'elle est antérieure à des dépôts d'origine subaé- rienne renfermant la faune du Quaternaire ancien. Ainsi nous avons les moyens de fixer l’âge de la dernière oscillation marine dans cette région. En terminant, l’auteur parle des fouilles faites dans des grottes voisines, notamment dans la grotte dite des Enfants. où trois nouveaux squelettes humains ont été découverts. Il entre dans quelques détails sur l’âge de ces divers squelettes. Le squelette, étudié par MM. Albert Gaudry et le Dr Verneau, et qui est tout à fait remarquable par ses caractères australoïdes, a été exhumé d’une couche renfermant l'Ursus spelæus, V H) “æna spelæa, le Felis spelæa, ete.. et reposant sur des dépôts où l'on a trouvé des molaires de Rhinoceros Mercki. Ce squelette remonte donc à un moment assez reculé des temps quaternaires. Le deuxième individu, situé à o m. 60 au-dessus de l’Australoïde, 12 SÉANCE DU 18 JANVIER 1904 etait accompagné des mêmes espèces de Mammifères. Quant au troisième, qui gisait beaucoup plus haut. à 6 mètres au-dessus du premier, on peut le considérer comme se rapportant à l’époque du Renne, c’est-à-dire à la fin du Quaternaire. Cette communication était accompagnée de l’exhibition d'objets et de photographies. M. Depéret fait observer que toute contradiction disparaît, entre les observations faites par M, Boule à la grotte du Prince et celles qu'il a publiées avec M. Caziot sur les lignes du rivage de la côte de Nice, si l’on fait l'hypothèse à la fois très simple et très rationnelle que les graviers à Strombus mediterraneus du fond de la grotte représentent les dépôts de fond d’une mer dont le niveau supérieur s'élevait jusqu'à la corniche littorale perforée par les Lithophages, signalée par M. Boule à la cote de 28 m..; les graviers marins de la base de la grotte deviennent alors la base du niveau de 25-30 m., c’est-à-dire qu'ils sont synchroniques de la plage de 25 m. à Sérombus de la baie de Villefranche et des sables à Tellina planata de Vaugrenier. Rien d'étonnant alors à ce que les dépôts terrestres à Elephas antiquus se soient déposés, lors d’une phase négative subséquente, dans la partie de la grotte restée libre de dépôts marins. | M. Boule ne saurait admettre cette interprétation qui, naturel- lement, lui est venue à l'esprit comme elle vient à l'esprit de tout le monde. D'abord il s’agit d'une véritable plage, formée dans la Méditerranée, c’est-à-dire dans une mer sans marée, et pour ainsi dire à fleur d’eau. Ensuite il ne faut pas oublier que cette plage se retrouve à l'extérieur de la grotte, en maiïnts endroits, le long du littoral, toujours à une altitude voisine de 7 mètres. Enfin, le fait précis, sans équivoque, c’est que les derniers dépôts marins de la région, considérés par MM. Depéret et Caziot comme du Quaternaire récent, supportent, sans aucune contestation possible, des formations continentales renfermant la faune quaternaire la plus ancienne que nous connaissions. M. Depéret n’est nullement convaincu de l'assimilation pro- posée par M. Boule entre le dépôt à Strombus de la grotte du Prince et les très basses plages (5 à 7 m.) de la côte méditerra- néenne française, telles que celles qu'il a décrites à l’anse de Pierre-Formigue : la faune de ces plages est très différente de celle des couches à Strombus; elle ne contient ni le Strombe, ni aucune SÉANCE DU IS JANVIER 1904 15 forme émigrée, mais seulement des espèces actuelles de la côte voisine. Il est obligé de faire toutes ses réserves, non pas, bien entendu, sur les observations de M. Boule, mais sur l'existence du Strombus mediterraneus dans ces très basses plages que lui-même et M. Caziot ont étudiées. M. G. Dollfus rappelle que M. A. Issel, dans un travail impor- tant sur les tremblements de terre de la Ligurie, a constaté, d’après les courbes des sondages du littoral, qu'il y existait des dépressions marines considérables dans le prolongement des vallées continen- tales. Il en a déduit qu'un grand affaissement de tout le littoral alpestre avait eu lieu pendant le Pliocène et qu'un relèvement avait succédé depuis. M. Cayeux fait observer à la suite de l'intéressante communica- tion de M. Boule quil a reconnu avec M. Ardaillon plusieurs niveaux d'érosion sur les côtes de Grèce et de l’île de Crète. Un niveau, placé à près de 7 m., présente une grande généralité ; il correspond au niveau inférieur de M. Boule. C'est en définitive l'existence de ce niveau qui a servi à accréditer l'opinion que la Crète fournit la preuve de mouvements négatifs de la mer à l’époque historique. Il est donc très important de dater ce niveau, c’est en cela que le travail de M. Boule présente un grand intérêt, non seulement pour le Sud de la France, mais encore pour la, Méditerranée orientale. NNOMRUE SUR LES RELATIONS STRATIGRAPHIQUES QUI PARAISSENT EXISTER ENTRE LES ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET CELLES SIGNALÉES SUR LA CÔTE NIÇOISE par M. de LAMOTHE. M. Depéret', en se basant sur un certain nombre de données recueillies dans les environs de Nice, a conclu que l'altitude de la ligne de rivage sur la côte nicoise, s'était abaissée progressivement depuis le Pliocène ancien jusqu'à l'époque actuelle, et se trouvait : Vers 180 m. pendant le Pliocène ancien ; Vers 60 m. pendant le Pliocène récent ; Vers 25 m. pendant le Quaternaire ancien ; Vers 4 à 5 m. pendant le Quaternaire récent. Ces conclusions ne concordant pas, sauf sur deux points, avec celles que j'ai déduites de l'étude des anciennes lignes de rivage de la côte algérienne et des terrasses fluviales de plusieurs bassins européens, je crois devoir présenter à leur sujet quelques obser- vations. Je rappellerai tout d’abord que, dès 1899 *, j'ai démontré l’exis- tence entre l'embouchure de l’'Isser et Oran, c’est-à-dire sur une notable partie de la côte algérienne, d’une série de lignes de rivage, postérieures à l’Astien, et situées à des altitudes de 200-209 m., 135-145 m., 100 m., 55 m., 30 m., 15 m. Depuis cette époque et grâce à un nouveau séjour en Algérie, j'ai pu vérifier sur un grand nombre de points, l'existence de la plupart de ces niveaux, depuis les environs de Djidjel jusqu'à Arzew, sur un développement de côtes de près de Goo km. *. 1. Ch. DepéReT. Sur les anciennes lignes de rivage pliocènes et quater- naires des côtes françaises de la Méditerranée. CR. Ac. Sc., t. CXXXVI, p. 1039. — Ch. Depérer et Cazior. Note sur les gisements pliocènes et quater- naires marins des environs de Nice. B. S. G. F., (4), IL, p. 32x. 2. DE LaAMotTue. Note sur les anciennes plages et terrasses du bassin de l'Isser. B. S. G. F., (3), XXVII, p. 263 et pp. 295-297, 1899. 3. Ces observations feront l’objet d’une note actuellement en préparation. ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE DE LA CÔTE ALGÉRIENNE 19 Dans le mémoire de 1899 et dans un mémoire ultérieur, j'ai cherché à établir que la régularité de ces lignes de rivage sur des étendues aussi considérables, et leur connexion avec des terrasses fluviales, la plupart d'une grande épaisseur, ne pouvaient s’expli- quer que par des mouvements eustatiques, alternativement positifs et négatifs, dont on devait par conséquent retrouver les traces dans le bassin de la Méditerranée et dans toutes les régions du globe, parlout où des mouvements propres de la lithosphère ou des causes locales ne les avaient pas effacées ou défigurées, par la superposition de leurs effets. Je concluais que le jour où l’on entreprendrait, en s'appuyant sur des données topographiques très précises, la recherche et l’étude des anciennes plages, on parviendrait, malgré les difficultés que j'ai signalées ?, à constater des résultats identiques à ceux obte- nus en Algérie, dans toutes les régions où des portions plus ou moins étendues de la lithosphère sont restées relativement fixes pendant le même intervalle de temps. L'important mémoire que viennent de publier MM. Depéret et Caziot est une tentative dans cette voie. Mais en raison du très petit nombre des observations recueillies sur la côte de Nice, particulièrement ingrate pour ce genre de recherches, et de la zone restreinte sur laquelle elles s'étendent, il serait, je crois, pré- maturé, d'en ürer des conclusions trop absolues au sujet de la concordance ou de la discordance des phénomènes qui se sont accomplis sur les deux rives de la Méditerranée depuis le Pliocène inférieur. Je me bornerai donc dans cette note à préciser les points sur lesquels il y a accord ou désaccord ; j'y ajouterai quelques obser- vations personnelles sur les côtes des Alpes-Maritimes. I. PLIOCÈNE ANCIEN Je ne crois pas qu’en Algérie on puisse actuellement utiliser les altitudes des affleurements du Pliocène ancien, pour retrouver celles des lignes de rivage correspondantes. Les dépôts de cet âge se montrent à des hauteurs trop différentes suivant les régions, et les actions tectoniques ou accidentelles qui les ont dénivelés, sont trop obscures, pour qu'il soit possible de déterminer avec quelque probabilité leurs positions relatives originelles,. 1. DE LAMOTHE. Étude comparée des systèmes de terrasses des vallées de lIsser, de la Moselle, du Rhin et du Rhône. B. S. G. F., (4), I, pp. 304-305 et 350-351, 1901. 2. DE LAMOTHE, pp. 305 et suivantes. 16 DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. À Alger, la couche glauconieuse du Plaisancien atteint 260 m. sur le plateau d'El Biar près de Châteauneuf ; au sud, près de Dély Ibrahim, la même couche qui est à une altitude à peu près égale renferme Pecten cristatus, dont la présence indiquerait d’après Marion une profondeur d’eau de 80 à 250 m., et par conséquent pour la ligne de rivage, une altitude de 340 à 510 m. L’Astien se montre aux mêmes altitudes. En marchant vers le sud ou le sud-ouest, on constate que l’alti- tude du Plaisancien diminue d’abord très lentement. À Douéra, situé à 10 kil. de Dély Ibrahim, elle est encore de 180 m., ce qui donne une pente de o m. 008, et au sud-ouest d’Ouled-Fayet, sous le plateau 204, elle est de 200 m. À partir de Douéra au contraire, ou plus exactement à partir de la ligne des crètes qui limitent le Sahel le long de la dépression de la Mitidja, cette altitude diminue très rapidement ; elle est seu- lement de 100 m. au bas du ravin de Bir Touta, à 3 kil. de Douéra, et à Haouch Khodja Berry au sud-ouest de Maelma. Dans la direction de l'est, l’abaissement n’est pas moins rapide : le Plai- sancien descend à 50 m. au moulin de Méraya au sud de Birkah- dem, à 60 m. dans le ravin de la Femme Sauvage en aval de Bir- mandreis, et il atteint le niveau de la mer près de Mustapha. L’Astien représenté par des mollasses et des calcaires gréseux ou marneux, a sensiblement la même allure. La seule conclusion logique que l’on pourrait tirer de ces faits c'est que dans la région d'Alger, le Pliocène inférieur devait, à l'origine, après avoir nivelé les ravinements du Sahélien, former un vaste plateau faiblement incliné vers le sud-ouest, le sud et l’est, et qu'à une époque ultérieure, il y a eu affaissement de toute la portion située au voisinage de l'emplacement actuel de la Mitidja, la portion restante conservant sa position relative par rapport au massif de Bouzaréah sur lequel elle s’appuyait. À Bellefontaine, près de Ménerville, à 4o kil. à l’est d'Alger, les marnes fossilifères rapportées au Plaisancien s'élèvent à 135 m.; comme elles sont adossées à des pentes rapides et dominées par des hauteurs de 500-600 m.., on doit admettre que la mer, au-dessus de ce point, devait être très profonde, et que la ligne de rivage devait s'élever au moins à 200-250 m. À Sidi Moussa, au pied du Chenoua, à l'est de Cherchell, le Plaisancien marneux s'élève à 150 m. et renferme Pecten cristatus. Pour le même motif qu'à Bellefontaine, le niveau de la mer plai- sancienne devait atteindre au moins 200 m., et si l’on admet la règle de Marion il devait même s’élever à 230-400 m. 1904 DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET DE LA CÔTE NIÇOÏSE 15 A Carnot (vallée du Chélif) le Pliocène ancien représenté par des grès à Ostrea lamellosa s'élève à 478 m. Plus à l’ouest entre Renault et Tadjena les mêmes grès se maintiennent à des altitudes comprises entre 500 et 570 m ‘. Dans la région de Bosquet à 4 kil. seulement de la côte, le Plio- cène ancien sableux s'élève à 400 m., et dépasse même cette alti- tude vers le sud-est (463 m. et 498 m. au Djebel Chaïf Dahma) ; enfin à 8o kil. au sud, près de Mascara, il atteint brusquement 910 m. au Chareb-er-Riha *. Les écarts qui existent entre ces divers nombres sont trop con- sidérables pour que l’on puisse songer à les expliquer par des différences de profondeur d’eau, et il semble que l’on doive en conclure qu'une partie du Pliocène a été postérieurement à sa for- mation déplacée de quantités très inégales suivant les régions et que les situations relatives des divers lambeaux ont été par suite complètement modifiées. On ne peut donc en déduire aucune con- clusion certaine relativement au niveau de la mer pliocène. On pourrait, il est vrai, supposer que l'inclinaison des couches de la mollasse pliocène est en majeure partie, sinon en totalité, attribuable à la dénudation du substratum marneux sur lequel elles reposent ; celte opinion a déjà été soutenue par M. Brives”, et les faits que j'ai observés dans la Mitidja et le Nador, me paraissent confirmer cette manière de voir. En éliminant alors tous les affleurements de la zone plissée, et le lambeau de Mascara dont la surélévation peut être attribuée à des causes locales, on n'aurait plus à considérer que les grands afileurements plus ou moins horizontaux d'Alger, de Rabelais et de Bosquet dont l’alti- tude est de 260 m. à Alger, de 500-570 m. à Rabelais, de près de 500 m. au sud-est de Bosquet. Ces nombres sont encore trop divergents pour qu'il soit possible d'en tirer une conclusion ; ils prouvent cependant déjà qu'en Algérie l’altitude de la ligne de rivage du Pliocène ancien a dû être très supérieure à celle trouvée sur la côte de Nice. Des observations récentes que j'ai faites dans le massif de Bouzaréah, confirment ce résultat. En cherchant à retrouver dans cette région les lignes de rivage de l’Isser, j'ai découvert deux pla- ges plus élevées que celle de 200-205 m., et formées dans des mers dont les altitudes respectives ont dû être très voisines de 260 m. et de 320 m. Il existe même sur un point, situé à près de 345 m., 1. Brives. Les terrains tertiaires du bassin du Chélif et du Dahra, p. 82. 2. Ce renseignement m'a été donné par M. Ficheur. 3. BRIVES. Op. cit., p. 83. Avril 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 2 18 DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. un amas de galets roulés dont l’origine marine, post-miocène, paraît très probable. Je décrirai ces plages dans le mémoire annoncé ; je me borneraï ici à faire remarquer que si la plage de 260 m. est nettement post- astienne, car elle ravine la mollasse astienne ou lui est super- posée, la plage de 320 m. et à fortiori les cailloutis de 345 m., ne peuvent s’expliquer qu’en les supposant plus anciens, et par con- séquent contemporains sinon de la totalité du Pliocène ancien, du moins de la partie supérieure (Astien). Comme d'autre part ces plages sont disposées parallèlement à la série des plages comprises entre le niveau de 200 m. et le niveau actuel, on est amené à formuler les deux conclusions ei- après : 1° Les lignes de rivage du Pliocène ancien, sont en Algérie (région d'Alger et département d'Oran) plus élevées de 100 à 200 m. que le niveau admis pour le rivage de la mer pliocène des environs de Nice et de la vallée du Rhône ; 2 À Alger, le déplacement négatif des lignes de rivage a été continu depuis le Pliocène inférieur (ou au moins à partir de l’Astien), avec ou sans intercalation de mouvements positifs‘. Comme conséquence, il faut admettre : ou bien que la portion de la lithosphère sur laquelle on les observe (Bouzaréah et Sahel d'Alger) n’a subi pendant l'intervalle qui s'étend entre le Pliocène inférieur et l’époque actuelle que des mouvements d'ensemble parallèles et verticaux ; ou bien que les déplacements successifs des lignes de rivage sont dûs à des mouvements éustatiques, ainsi que je l’ai admis dans mes mémoires précités. II. PLIOCÈNE SUPÉRIEUR ET PLÉISTOCÈNE JUSQU'AU NIVEAU DE 55 MÈTRES INCLUS. Comme je l’ai rappelé plus haut, on trouve en Algérie (indépen- damment des deux niveaux de 260 et 320 m., que jusqu’à preuve du contraire on doit considérer comme spéciaux à la région d'Alger), six lignes de rivages post-astiennes correspondant à des niveaux de la mer, voisins de 200-205 m., 140 m., 100 m., 55 m., 30 m., 15-17 m. La note de M. Depéret ne signalant près de Nice aucun des trois premiers niveaux, il faudrait au moins provisoirement en conclure 1. Je montrerai prochainement que dans la région de Staouéli la continuité des mouvements négatifs successifs a été interrompue par des mouvements positifs. 190/4 DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET DE LA CÔTE NIÇOISE 19 que la côte de Nice et la côte algérienne n’ont pas subi les mêmes mouvements relatifs pendant l'intervalle de temps qui s'étend entre l’Astien et le niveau de 55 m. À partir de ce niveau au contraire la concordance semble s'établir. Le niveau de 55 m. de la côte algérienne me paraît en effet cor- respondre exactement au niveau de 60 m. de M. Depéret. Pour le démontrer, il convient tout d’abord d’entrer dans quel- ques détails sur son extension en Algérie et de bien préciser son altitude. Je vais dans ce but passer en revue rapidement les diffé- rentes localités où je l’ai observé, en suivant la côte de l’ouest vers l’est. ARZEW ET MOSTAGANEM '. — À l’ouest d’Arzew, dans la direc- tion d'Oran, je n’ai pas recueilli jusqu’à présent d'observations suffisamment précises pour établir l'existence de ce niveau. Au sud d'Arzew, l’arète terminale de la vaste plateforme qui surmonte la falaise qui s'étend sur près de 6 kil. depuis la route d'Oran jusqu'à Saint-Leu marque le bord d’une ancienne plage marine doni l'altitude était comprise entre 52 et 58 m. Les légères surélévations qu'elle présente localement et qui en portent l’alti- à 58-62 m. sont dues à la présence de sables d’origine éolienne ou tude à l’action de l’homme (ruines romaines de Portus magnus). La falaise est formée en majeure partie par des grès et poudingues marins en couches horizontales, plaqués contre les marnes sahé- liennes. A 2 kil. 2 à l’ouest de Port-aux-Poules, on voit à l'altitude de 54 m. un lambeau de poudingue marin (Pectunculus pilosus, Car- dium, Ostrea), qui bute contre les marnes blanches du Sahélien, et jalonne dans la direction de l’est le prolongement de l’ancienne plage de Saint-Leu. Au sud de Port-aux-Poules et à la même alti- tude, notre confrère M. Doumergue a découvert sur un replat du Pliocène ancien, des sables et des poudingues, se rattachant topo- graphiquement au lambeau précédent. Près de La Stidia, et à Karouba au nord de Mostaganem, on retrouve des traces du même niveau, constitué soit par des plate- formes de sables agglutinés, soit par des cordons littoraux de galets à des altitudes comprises entre 48 et 55 m. TÉNÈS?. — Des poudingues et des grès marins forment une , 1. Cartes topographiques de l’Algérie : Arzew, 127; Saint-Louis, 154; Mos- taganem, 198. 2. Cartes topographiques : Cavaignac, 58 ; Ténès, 59. 20 DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. corniche saillante sur les marnes cartenniennes au-dessus du port, à 43-45 m. d'altitude : ils s’abaissent du sud au nord, de sorte que un peu au sud du point où ils bordent le chemin du phare, ils atteignent une cote un peu plus élevée et que j'évalue à 52-53 m. Ils correspondent aux cailloutis fluviatiles sur lesquels est bâtie la partie sud de la ville de Ténès, et dont l'altitude est d'environ 53-55 m. TipazA ‘. — 2 kil. 5 à l’est, on voit sur la route d'Alger, des poudingues très coquilliers en banes horizontaux avec Pectunculus, Cardium, Ostrea. Les dépôts marins s'élèvent à 50-55 m. environ : ils sont recouverts par des grès d'origine éolienne dont l'altitude atteint 61 m. Gore DE STAOUEL1*. — Entre l'embouchure du Mazafran et Guyotville, se trouve un ancien golfe où l’on observe une série de plages marines formées pendant le Pliocène supérieur et le Pléistocène, et qui correspondent exaclement à celles de l’Isser. Parmi ces plages, figurent quelques traces d'un niveau de 50-60 m. Malheureusement, ce niveau semble, dans cette région, être formé presque exclusivement de couches de sables, et comme d'autre part, les dunes anciennes et récentes ont recouvert une partie des dépôts marins, surtout les moins élevés, il est difficile de déterminer avec une plus grande précision l'altitude de la ligne de rivage correspondante. MaisoN-CARRÉE*. — Les anciens cailloutis fluviatiles de l'Harrach forment sur la rive gauche une terrasse qui se termine au-dessus de la station, à l’altitude de 50-60 m., par une plate- forme de poudingues où j'ai trouvé avec M. Ficheur des coquilles marines (Ostrea). Vis-à-vis, sur la droite, les poudingues fran- chement marins sont recouverts par des cailloutis probablement fluviatiles qui atteignent environ 51 à 52 m. Aïn TAyA. — Au sommet de la colline marneuse (Cartennien et Sahélien) qui s'étend au sud d’Aïn Taya, on trouve une série de replats dont l'altitude est comprise entre 53 et 6o m. : ce sont les débris d’une ancienne plateforme mariue littorale. Sur celui situé au sud, en bordure de la Mitidja, un peu au-dessus de la ferme Ben Dali Bey, à 53 m. d'altitude environ, il y a un affleurement de grès marins renfermant quelques petits galets de l'Atlas. L’affleu- rement qui n’a que 2-3 m. d'épaisseur, repose directement sur les 1. Carte topographique : Tipaza, 40. 2. Cartes topographiques : Cheraga, 20 ; Koléa, 4r. 3. Carte topographique : Alger, 2r. 1904 DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET DE LA CÔTE NIÇOISE 21 marnes jaunes, et est recouvert de sables d’origine en partie éolienne et de galets de l’Atlas apportés antérieurement au creu- sement de la Mitidja. PLAGE DE ManDourA' (sur la rive gauche de l’Isser). — J'ai déjà cité dans mon mémoire de 18992? cette belle plage dont l’alti- tude varie de 48 à 53 m. ; en tenant compte de sa pente légère vers le nord, des dunes qui la limitent au sud, on arrive à cette conclusion que le niveau de la mer correspondant devait être très voisin de 55 m. Dezzys. — M. Ficheur‘ a reconnu l'existence d’une plage de 53 m. à l’est de la ville ; ses lambeaux peuvent être suivis sur une longueur de près de 4 kil. Dyipsezi ‘. — Entre Djidjeli et Collo, j'ai récemment retrouvé plusieurs des niveaux de l’Isser et parmi eux des traces qui ne me paraissent pas douteuses d’une ancienne plage de 51 à 53 m. En résumé, sur une étendue de côtes de près de 600 kil., on retrouve des lambeaux souvent remarquablement conservés d’an- ciennes plages post-astiennes, formées à une époque où le niveau de la mer devait être certainement compris entre 50 et 60 m. et très probablement voisin de 55 m. Il est d'autant plus difficile de ne pas être frappé de l’analogie entre ce résultat et celui trouvé à Nice par M. Depéret, que notre confrère donne le nombre de 60 comme un maximum, et que dans l’une des deux localités rapportées par lui à ce niveau, l'altitude des traces laissées par la mer (trous de Pholades) est de 52 m. environ. Les observations ci-après que j'ai faites en 1901 près du Trayas, entre Fréjus et Cannes, confirment cette conclusion. Immédiatement à l’ouest de la station, le chemin de fer franchit dans une tranchée profonde de 15-18 m., un contrefort situé entre deux petits ravins. Au nord et au-dessus de la tranchée se trouve un chemin (non empierré à cette époque), qui mène au col des Lentisques et au col l'Évêque, en passant par dessus le contrefort. En suivant ce chemin, j'ai été assez heureux pour retrouver près du point culminant, les débris d’un cordon littoral de galets (fig. 1). Ce cordon de 7 à 8 m. de longueur, mesurée parallèlement à la mer, et de 60 à 7o cent. d'épaisseur, était formé de galets très 1. Carte géologique de l’Algérie : Ménerville, 22. 2. DE LAMOTHE. Op. cit., pp. 264-265, 1899. 3. Carte géologique : Dellys ; Tizi-Ouzou. Cartes topographiques : 8 et 23. 4. Carte topographique : El Milia, 29. 22 DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. frais, tous roulés d’une façon aussi parfaite que possible, et sans aucun mélange d'éléments anguleux : leur diamètre variait de 5 à 35 cent. Beaucoup étaient très aplatis comme les galets de la plage actuelle ; l’un d'eux notamment avait pour dimensions : 25 cent., 5 cent., 35 cent. ; tous les éléments provenaient du massif porphyrique de l’Estérel. Par dessus, des débris exclusivement anguleux descendus des pentes par ruissellement, ou représentant les débris de cônes de déjection en partie contemporains du cordon littoral, formaient une couverture de 30 cent. environ, qui a con- à. ES A Tranchée du ch? de fer 3 31m. Zur S3m 2007 CIDLROI r2 TX i 12 7 2. Tr 2 RTE C Niveau de la mer Fig. 1. — Coupe schématique au sud de la station du Trayas. A, Pentes s’élevant jusqu’à 492 m. ; a, Plage de galets roulés ; b, Éboulis des pentes; €, Plage de galets au bord de la falaise littorale ; x?, Por- phyre de l’Estérel. tribué à protéger ce dernier contre la dénudation et il a fallu l'intervention de l’homme, pour mettre au jour ce curieux dépôt. L'origine marine du cordon ne peut faire l’objet d'aucun doute. Les très rares galets roulés que l’on trouve dans les ravins qui descendent de l’Estérel sont toujours associés à une énorme pro- portion de débris anguleux de toutes grosseurs. Il suflit d’ailleurs pour se convaincre de l'impossibilité d’attribuer la formation du cordon à une action torrentielle, de visiter les puissants cônes de déjection du massif ancien de Bouzaréah près d'Alger, massif qui, au point de vue de l’altitude et des formes générales, rappelle celui de l’Estérel : on n’y trouve que très exceptionnellement des débris roulés, qui d’ailleurs proviennent sans aucun doute possible des plages anciennes situées à diverses altitudes jusqu’au voisinage du sommet. L'action de la mer peut seule expliquer la présence exclusive des galets roulés dans le dépôt du Trayas, au pied de pentes couvertes de débris anguleux, les formes aplaties des galets et leur position sur l’arête de déversement d’un contrefort. L’altitude de ce remarquable dépôt est de 53-54 m., ainsi qu'il résulte de trois mesures différentes faites avec un baromètre de grande dimension, et en partant de la station située à 22 m. seule- ment au-dessous. 1904 DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET DE LA CÔTE NIÇOISE 23 Ce nombre doit correspondre à très peu près à l'altitude de la mer qui a déposé les galets ; si en effet les galets correspondaient aux hautes mers, le dépôt serait mélangé de débris anguleux ; et d'autre part, la faible épaisseur du dépôt et la présence de quel- ques gros galets sont difficilement compatibles avec l'hypothèse d’une profondeur d’eau de plusieurs mètres. J'ajouterai qu’en suivant la côte dans la direction du sud, pen- dant 2 kil. environ à partir de l'hôtel du Trayas, le long de la nouvelle route de la Corniche qui, à cette époque, était seulement tracée, et pour laquelle aucun matériel d’empierrement n'avait été apporté, j'ai pu constater la présence sur les replats de nombreux galets et petits blocs roulés de porphyres de l'Estérel, jusqu’à une altitude d'au moins 50 m. Je rappellerai à cette occasion, que M. Léon Bertrand ' a signalé il y a quelques années l'existence de poudingues à une altitude qu'il évaluait à 6o m. environ au-dessus de la station de La Turbie. J'ai visité en 19017 cette localité et, malgré les diflicultés que pré- sentent les observations dans cette région très habitée, je consi- dère le nombre de 60 comme étant plutôt un maximum. Enfin (mais j'avance ce fait sous toutes réserves, n'ayant pu retourner à Antibes), il m'a semblé que le plateau de cailloutis situé à l’ouest de la ville et marqué p' sur la carte géologique, avait une altitude supérieure de quelques mètres à la cote 46, et comprise entre 50 et 60 m. Cet ensemble de données concorde d’une façon trop complète pour que l’on ne soit pas autorisé à admettre que le cordon littoral du Trayas, les cailloutis d'Antibes et de La Turbie, la brèche de Villefranche et les trous de Pholade de la pointe Cabuel, corres- pondent à un même niveau de la mer, qui devait être compris entre 50 et 60 m. et très voisin de 55 m. Il est diflicile dès lors de ne pas en conclure que leur formation est contemporaine des anciennes plages et lignes de rivage dont j'ai constaté l'existence au même niveau sur la côte algérienne. Le synchronisme de ces divers dépôts étant admis, il reste à en déterminer l’âge. M. Depéret, se basant sur diverses particularités présentées par la faune, place les dépôts de Nice dans le Pliocène supérieur (Sicilien). En Algérie les plages du niveau de 55 m., comme d’ailleurs toutes celles que l’on observe entre l'Astien et ce niveau, n’ont jusqu à 1. Léon BerTranD. CR. Ac. Sc.ut. CXXXII, p. 182, 1901 et Compte-rendu sommaire Soc. géol. de France, p. 167, 1902. 24 DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. présent fourni que des fossiles dont la détermination spécifique estle plus souvent impossible. Seul le petit dépôt découvert par M. Doumergue près de Port-aux-Poules paraît renfermer des fos- siles en très bon état de conservation ; maïs leur nombre est encore trop restreint pour permettre de tirer des conelusions. On est donc obligé, pour l'Algérie, de s'appuyer exclusivement sur la stratigraphie, et c’est en me basant sur des considérations de cet ordre que je suis arrivé à conclure que le niveau de 55 m. correspondait à la moyenne terrasse des grandes vallées du continent. Je me borne ici à cette simple observation et je reviendrai sur cette question un peu plus loin, à l’occasion du problème analogue soulevé par les deux plages de 15 et de 30 m. III. NIVEAUX POSTÉRIEURS A CELUI DE 5 MÈTRES. Si l'identification du niveau de 60 m. de Nice avec le niveau de 55 m. d'Algérie est exacte, il est évident qu’à partir de ce moment, les déplacements des lignes de rivage qui se sont accomplis sur les deux côtes opposées de la Méditerranée ont dû être rigoureu- sement les mêmes. Or, à Nice, M. Depéret n’a trouvé jusqu'à pré- sent que deux niveaux, l’un de 25 m. environ, l’autre de 4 à 5 m., tandis qu’en Algérie j’en ai indiqué deux situés respectivement aux altitudes de 29-32 m. et de 15 m. Il y a donc désaccord; mais ce désaccord est plus apparent que réel. Je ferai tout d’abord remarquer qu'il est indispensable dans la - recherche des anciennes lignes de rivage de ne pas perdre de vue qu'aucun des documents fournis par l’observation ne correspond exactement au niveau de la mer dont ils sont contemporains. Ce sont, ou des couches franchement marines qui ont été formées à une profondeur plus ou moins considérable, ou des débris de cor- dons littoraux dont l’altitude, suivant la nature et l’orientation du rivage, peut varier entre des limites assez étendues (8 à 10 m. au moins dans la Méditerranée, et davantage dans les océans à marées), ou des plages de sables généralement recouvertes sur leur bord externe par des sédiments d’origine éolienne. En outre la dénudation et le ruissellement ont modifié dans une mesure le plus souvent impossible à préciser les altitudes des traces laissées par la mer. Enfin, l'insuffisance de la cartographie permet rarement d'obtenir les altitudes des dépôts avec une erreur infé- rieure à 3 ou 4 mètres. Dans ces conditions, même sur les côtes où il n'y a eu aucun 1904 DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET DE LA CÔTE NIÇOISE 25 dérangement local des dépôts depuis la fin du Pliocène inférieur, la détermination des anciennes lignes de rivage n’est possible avec quelque précision que dans les régions où l’on possède, sur de grandes étendues, des documents se rapportant à une même ligne ; leur comparaison peut seule, en effet, permettre d'éliminer les causes d’erreur et de fixer avec une approximation suflisante, l’altitude du niveau de la mer à l’époque correspondante. C’est ainsi qu’en Algérie la comparaison des nombreux lambeaux d'anciennes lignes de rivage répartis entre Djidjeli et Arzew sur une étendue de côtes de près de Goo kil. m’a permis, pour trois des anciennes lignes de rivage découvertes par moi, de fixer les alti- tudes de la mer correspondante à 140 m., 100 m., 55 m. avec une erreur qui très vraisemblablement n’atteint pas 2 ou 3 mètres, En ce qui concerne les deux niveaux inférieurs, la détermina- tion de leur altitude réelle se heurte à des difficultés spéciales qu'il est d'autant plus utile de mettre en évidence que ces mêmes difficultés doivent très vraisemblablement se reproduire sur une partie du pourtour de la Méditerranée. Les deux plages de 15 et de 30 m. ne sont séparées l’une de l’autre et de la plage actuelle que par une différence de niveau peu considérable ; elles semblent n'avoir eu qu’un faible dévelop- pement transversal, comparativement surtout à celui des plages de 100 et de 55 m. ; enfin, comme l'indique la disposition emboîtée des terrasses fluviales correspondantes, elles doivent être souvent emboîtées l’une dans l’autre et dans la plage de 55 m. IL résulte de ces particularités, d’une part, que le niveau de 15 m. a été formé en partie aux dépens de celui de 30, qui a subi de ce fait d'importantes ablations, et a disparu sur un grand nombre de points ; d'autre part, que ce même niveau de 15 m. subissant tous les jours les assauts de la mer, a été démantelé, au point de n’être plus représenté que par des lambeaux discontinus. En outre, la partie supérieure des plages les plus récentes est souvent formée de sables plus ou moins agglutinés, tandis que la partie inférieure est formée de poudingues ou de grès très durs. La dénudation a sur certains points fait disparaître les couches les plus attaquables et n’a laissé subsister que les couches les plus 1. En 1899, j'avais donné pour l’altitude du 2° niveau sur lequel je ne pos- sédais que des documents très peu nombreux les limites 130-150, tout en admettant que ces limites étaient probablement comprises entre 135 et 145 m. Des observations ultérieures m’ont amené dès 1901 à considérer la ligne de rivage comme très voisine de 140-145 m., et je crois aujourd’hui que la cote 140 doit représenter à très peu près son allitude. 26 DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. résistantes. Comme les dépôts d’une plage se moulent sur le fond nécessairement très inégal de la mer contemporaine, il en résulte que les poudingues de la base, occupent à de très petites distances des altitudes très variables, qui conduiraient à admettre l'existence de plusieurs niveaux, si l’on n'avait pas la possibilité de les suivre sur de grandes étendues de côtes. C’est ainsi que dans la baïe d'Arzew, à Port-aux-Poules, à La Salamandre, à Ténés, à Cher- chell, à Tipaza, à Bérard, au cap Caxine, etc., on voit le poudin- gue à Pectoncles qui forme habituellement la base de la plage de 15 m., occuper des altitudes très variables depuis le niveau de la mer jusqu'à 10-12 m. ; au-dessus viennent des couches plus fria- bles (sables et calcaires faiblement agglutinés) dont la disparition laisse affleurer les couches de la base à des altitudes très diffé- rentes sur des points très voisins. Enfin, on remarque que les pentes et même la surface supérieure des plages de 15, 30, 55, 100 et même 140 m., sont couvertes de sables d’origine éolienne, plus ou moins consolidés et transformés en grès, soit par des sources calcaires, soit plutôt par les infiltra- tions des eaux de pluie, surchargées de calcaire, par la dissolution des coquilles des innombrables Gastéropodes qui ont dû vivre autrefois dans ces sables, comme leurs descendants vivent à la sur- face des dunes actuelles (Les Andalouses, baïe d'Alger, Staoueli, Hussein-Dey). Il nest pas étonnant qu’en présence des difficultés d’observa- tions qui sont la conséquence de ces diverses causes, des géolo- gues comme Pomel aient été amenés à considérer les deux plages de 15 et 30 m. comme n'en faisant qu'une, et la différence de niveau de leurs lambeaux comme le résultat de légers mouvements de la côte survenus postérieurement à leur dépôt. L'étude de détail à laquelle je me suis livré sur un grand nom- bre de points de la côte algérienne entre l’Isser et Arzew, m'a permis de constater l’indépendance de ces deux niveaux et le rôle relativement minime joué par les sédiments d'origine continen- tale ou éolienne ; j'ai reconnu en outre que les altitudes que j'avais données en 1899 et 1901 concordent partout avec l’ensemble des observations et que l’on pouvait continuer à les admettre comme représentant à très peu près le niveau des mers correspondantes. Pour ce qui est du niveau de 4-5 m., dont j'avais mentionné en 1599 l'existence dans la vallée de l’Isser', je persiste à penser pour les raisons que je viens d'indiquer que ce niveau n’a pas, en I. DE LAMOTHE. Op. cit., p. 266, 1899. 1904 DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET DE LA CÔTE NIÇOISE 27 Algérie, d’individualité propre et n'est que le résultat du déman- tèlement de la plage de 15 m. En résumé, l'existence de deux lignes de rivage de 30 m. et de 15 m. est incontestable en Algérie, et rien n’autorise à admettre qu'il y ait eu un niveau de 4 à 5 m. Sur la côte de Nice, comme je l’ai dit plus haut, M. Depéret ne signale qu’un niveau de 25 m. environ, et un niveau de 4 à 5 m. Mais le premier n'est déterminé que par deux observations, et par conséquent on ne peut pas dire a priori quil diffère du niveau de 30 m. d'Algérie; il faut attendre pour se prononcer que de nouveaux faits permettent de suivre ce niveau sur une certaine étendue des côtes de Provence. En ce qui concerne le niveau de 4-5 m., il me paraît d’autant plus prudent d’ajourner toute conclusion, qu’à Antibes, près du cimetière, il y a des traces d’un niveau de 14-15 m. Faune et âge des plages de 15 et de 30 mètres d'Algérie. Les données que l’on possède sur la faune de ces deux plages sont très incomplètes. Les Mollusques que l’on trouve dans les poudingues très durs de la base sont en général en très mauvais état, roulés, difficiles à extraire ; ils sont souvent à l’état de moules internes ou représentés par de simples cavités, et ce n'est qu'exceptionnellement qu'il est possible de les déterminer spécifi- quement. D'autre part, la plupart des documents anciens ne sont guère utilisables pour des raisons faciles à comprendre. Pomel, à qui nous les devons presque tous', considérait la plupart des lambeaux des anciens cordons littoraux signalés par lui ou par d'autres géologues le long de la côte algérienne, comme appartenant à un seul et même niveau; aussi n'a-t-il attaché aucune importance à la détermination précise des altitudes, et c’est pour ce motif que les fossiles extraits de ces anciennes plages et déposés à l'École des Sciences d'Alger portent simple- ment l'indication de la localité. Comme conclusion de ses observations, Pomel admettait que les plages soulevées renfermaient la faune actuelle de la Méditerranée et en outre quatre espèces remarquables disparues ou émigrées : 1. Pomez.. Le Sahara, p. 50, 1872. Description et carte géologique du massif de Milianah, p. 112, 18793. — Explication de la 2° édition de la carte géolo- gique de l'Algérie, pp. 195 et suivantes. 28 DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. le Strombus mediterraneus, un grand Cône, un Tugonia et la Nassa gibbosula. En outre, Pomel y signale la présence d'un Éléphant, qu'il a séparé de l’Elephas antiquus, sous le nom d’£. iolensis. Ces données pouvaient à la rigueur suflire aussi longtemps que l’on a admis que les plages soulevées correspondaient à un seul et même niveau. Il n’en est plus de même aujourd'hui ; l'existence de deux niveaux postérieurs à celui de 55 m., aux altitudes de 3o et de 15 m., est je crois incontestable en Algérie, aussi bien dans la région d'Arzew que dans celle d'Alger, et il est nécessaire par conséquent de préciser autant que possible les caractères de la faune de chacun de ces niveaux, et surtout la position exacte des couches à espèces éteintes ou émigrées. C’est le but que j'ai cherché à atteindre, en m'aidant des pré- cieux renseignements qu'ont bien voulu me communiquer nos confrères MM. Ficheur et Doumergue; je vais les résumer en les complétant par mes observations personnelles. 1° Il importe tout d’abord de faire remarquer qu'il n'existe actuellement aucun document précis sur le niveau de 30 m. ; les poudingues à Pectoncles et les grès fossilifères de ce niveau ne renferment que des coquilles à peu près indéterminables spécifi- quement. En tous cas, on peut dire que jusqu’à présent, on n'y a jamais trouvé de traces d’un grand Strombe ou d’un grand Cône. Toutes les sertie que je vais rapporter s pi nienr donc exclusivement au niveau de 15 m. 2 À Arzew, sous le fort du Nord, on voit les traces d’un cordon littoral de 5o cent. à 1 m. 50 d'épaisseur, constitué par des galets ‘anguleux ou roulés de schistes crétacés, noyés dans un sable argilo-calcaire rougeûtre. Il repose sur les tranches des schistes crétacés. | Bien qu’en partie détruit par les travaux du port, il se montre encore sur une longueur de 150 m., en se maintenant à une alti- tude de 8-10 m. ; cette altitude s’abaisse un peu vers le sud, et se relève de 2 à 3 mètres vers le nord, probablement par suite d’un léger dérangement local. C’est dans ce cordon qu'ont été trouvées les principales espèces citées par Pomel. Le Strombe y est fréquent et on en voit encore 1 Voir à ce sujet ma note de 1899, p. 283 et la note précitée de MM. Derérer et Cazior, pp. 331 et suivantes. 1904 DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET DE LA CÔTE NIÇOISE 29 plusieurs sur la paroi escarpée ; le grand Cône y est un peu plus rare ; enfin, il y a toute une faunule d'espèces souvent fragiles et néanmoins assez bien conservées. Notre confrère M. Ph. Dautzenberg a bien voulu déterminer les Mollusques recueillis par M. Doumergue et par moi; d’autre part j'ai pu, grâce à l'obligeance de M. Ficheur, relever la liste des espèces du même gisement, déposées dans la collection de l'École des Sciences d'Alger, espèces qui avaient été déterminées il y a quelques années par M. Joly, habile conchyliologiste connaissant particulièrement la faune actuelle de la Méditerranée. J'ai pu ainsi dresser la liste ci-dessous, qui comprend 137 espèces. Liste des Mollusques de la couche à Sirombus à l’anse du port d'Arzew '. * Siphonaria Algesiræ Q. et G. Gadinia Garnoti Payr. * Ringicula conformis Monteros. Conus sp. ? Conus sp. ? * Conus mediterraneus Hwass. Mangilia multilineolata Desh. — Vauquelini Payr. Raphitoma Ginnanii Philippi. Homotoma rudis Scacchi. Muarginella clandestina Brocc. — miliaria L. * Mitra (Pusia) tricolor Gm. Euthria cornea L. Nassa mutabilis L. — (Hinia) reticulata L. — (Telasco) Cuvieri Payr. Ferrusaci Payr — (Hima) incrassata Sirôm. Amycla corniculum Olivi. * Cyclonassa pellucida Risso. * Columbella rustica L. * Murex trunculus var.L. falcata Brusina. Pisania Orbignyi Payr. Ocinebra Edwardsi Payr. — corallina Scac. Donovania turritellata Desh. Donovania mammillata Risso. * Purpura hæmastoma L. Simpulum corrugatum Lk. Cassis Saburon (Adanson)Brug. Galeodea sp. ? * Cypræa pirum Gm. Strombus bubonius Lk. — medi- terraneus Duclos. * Chenopus pes-pelicani L. * Triforis perversa L. * Cerithium vulgatum L. — — var. {u- berculata Philippi. — rupestre Risso. var. pli- cata B. D. D. * Bittium reticulatum da Costa. — reticulatum da Costa var. jadertina Brus. — lacteum Philippi. Cerithiopsis Clarki Forbes et Hanley. * Vermetus ( Lemintina ) Cuvieri Risso — gigas Bivona. — (Bivorua)granulatus Gravenheust. Turritella triplicata Brocc. * Littorina neritoides L. 1. Les espèces précédées d’une astérisque ont été déterminées par M. Dautzenberg. 30 Rissoa costulata Alder. — Guerini Recluz — À. subcostulata Schwartz — ovariabiiis von Mühlfeldt var. brevis Monteros. Alvania Montagui Payr. — Lanciæ Calcara. — clathrata Philippi. + — cimex L. * Alvinia pag'odula B. D. D. — ? tessellata Schwartz. — Lanciæ Arad. et Benoit (non calcara). Schwartzia monodonta Biv. Massotia lactea Michaud. Peringiella glabrata von Mühilf. Barleeia rubra Adams. Rissoina Bruguierei Payr. Truncatella subcylindrica L. = truncatula Drap. * Calyptræa chinensis L. Natica Dillwyni Payr. — (Nacca)millepunctataLk. — (Naticina) Alderi Forbes. Guillemini Payr. * Adeorbis subcarinatus Montag. Eulima brevis Réquien. Turbonilla lactea L. Neritina (Smaragdia) viridis L. * Phasianella (Tricolia) tenuis Mich. pullus L. Astralium (Bolma) rugosum L. Trochocochlea articulata Lk. Gibbula ardens von Salis = G. Fermoni Payr. _ Adansoni Payr. — divaricata L. — rarilineata Mich. - purpurea Risso. — turbinoides Desh. — umbilicaris L. — varia L. — Philberti Recluz = oil- lica Philippi. — pygmæa Risso. — Rac- ketti Payr. DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. Calliostoma (Jujubinus) exaspe- ” ratum Penn. striatum L. Gravinæ Monteros. Clanculus (Clanculopsis) Jus- sieui Payr. var. glomus Philip. * FissurellaitalicaDefr.=costaria Desh. Fissurella græca L. — reticu- lata Donov. — gibberula Lk. + * Patella ferruginea Gm. — lusitanica Gm. — cærulea L, var. interme- dia B. D. D. var. subplana Potiez et Mich. Chiton olivaceus Spengl. * Dentalium vulgare da Costa. — inæquicostatum Dautz —alternans B. D. D. (non Desh). * Ostrea stentina Payr. , Spondylus gæderopus L. Radula inflata Ch. ‘ Chlamys commutata Monter. — flexuosa Poli. Pinna nobilis L. Arca Noe L. — (Barbatia) barbata L. — (Anadara) diluvii Lk. * Pectunculus insubricus Broc. = violacescens Lk. — pilosus L. Nucula nitida Sow. Leda (Lembulus) pella L. commutata Monteros. Cardita calyculata L. Astarte sulcata da Costa. Woodia digitaria L. Kellyia sebetia O. G. Costa — Bornia corbuloides Philippi. Cardium tuberculatum L. — (Parvicardium) papil- losum Poli. 1904 DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET DE LA CÔTE NIÇOISE 31 * Cardium (Parvicardium) exi- Diplodonta rotundata Montagu. guum Gmel. Donax anatinus Lk. — (Lævicardium) oblon- Mactra corallina L. gum Gmel. Lutraria oblonga Ch. * Chama gryphoides L. * Tugonia anatina Gm. * Callista Chione L. * Corbula gibba Olivi. — — var. brevior B.D D. * Divaricella divaricata L. * Venus verrucosa L. Jag'onia reticulata Poli. * — gallina L. “ Loripes lacteus L. * — (Timoclea) ovata Penn. SE fragilis Philip. * Dosinia lupinus L. * Tellina pulchella Lk. Venerupis irus L. Tellina donacina L. Petricola lithophaga Retzius. * Gastrana frag'ilis L. A l’ouest d’Arzew M. Doumergue a retrouvé le grand Strombe sur deux autres points. Le premier est situé sur le versant ouest de la montagne des Lions à 1800 m. à l'est de la Plâtrière ! ; le dépôt est à peine à 2 m. au-dessus de la mer ; c'est un conglomérat de galets et de sables dont l’épaisseur est de 2 à 3 m., M. Dou- mergue n'y a vu qu'un seul exemplaire de Sirombus bubonius, un grand Triton, et de nombreux Pectoncles. Le second se trouve sur la plage Saint-Gérôme entre Oran et: Mers-el-Kébir ; il est baigné par la mer et descend même au-des- sous de son niveau; mais il résulte pour moi de l'examen du terrain, que le dépôt n’occupe plus sa position originelle, et a glissé sur les marnes du Cartennien. Le Strombe y est rare ; on y a trouvé un grand Cône identique à celui d'Arzew : il a été déposé au musée d'Oran. Les gisements d’Arzew et d'Oran sont Jusqu'à présent les seuls de l'Algérie où l’on ait rencontré le grand Strombe et le grand Cône. A l'est d’Arzew et jusqu'en Tunisie, ces deux Mol- lusques semblent faire défaut dans les anciennes plages de la côte. Bien que cette constatation n'ait qu'une valeur provisoire en raison de son caractère négatif, elle mérite d'autant plus d’être signalée qu'il existe dans la baie de Mostaganem plusieurs autres localités très fossilifères du niveau de 15 m. Je citerai notamment les falaises de Port-aux-Poules, de La Salamandre et de la baie aux Pirates (Karouba). A Port-aux-Poules et à La Salamandre les couches fossilifères sont en général trop dures ou trop peu acces- sibles pour permettre la recherche ou l’extraction des fossiles. A la baie aux Pirates au contraire les fossiles sont empâtés dans des sables et cailloutis argileux peu agglutinés et il est facile de 1. Voir carte topographique à 1/50000 : Oran. 32 DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. les extraire : ils sont situés à des altitudes comprises entre 7 et 19 M. '. Voici une liste de ceux que j’ai recueillis, et que M. Dautzenberg a bien voulu examiner et déterminer : Conus mediterraneus Hwass. Mitra ebenus Lk. Euthria cornea L.. fassa Ferussaci Payr. — reticulata L. — incrassata Strôm. — circumcincta À. Ad. Amycla corniculum Olivi. var. elongata Monteros. Columbella rustica L. Murex brandaris L. var. rudis Michelotti — var. mutica Mon- terosato. Trivia europæa Montagu. Cerithium rupestre Risso, var. plicata B. D. D. Bittium lacteum Philippi. Phasianella pullus L. Trochocochlea turbinata Born. Fissurella græca L. — reticulata Donovan. Gibbula divaricata L. Patella safiana Lk. — ferruginea Gm. — lusitanica Gm. — cœrulea L. Chlamys flexuosa Poli. Arca lactea L. Pectunculus insubricus Brocc. — violacescens Lk. Nucula nucleus L. Mytilus afer Gm. Cardium tuberculatum L. Chama grrphoides L. Callista chione L. Venus gallina L. Tapes decussatus L. Mactra subtruncata da Costa, var. triang'ula Renier. Lucina borealis L. Loripes lacteus L. La fusion des listes d’Arzew et de Mostaganem donne un total de 1/49 espèces ; toutes sauf trois vivent encore dans la Méditer- ranée; ces trois espèces sont le Strombus. un grand Cône et le Tugonia. Le Sirombus mediterraneus est considéré par MM. Dautzenberg et G. Dollfus comme spécifiquement identique au Sétrombus bubo- nius du Sénégal et du Cap Vert: sur les côtes d'Algérie et de Tunisie, il atteignait de grandes dimensions : un exemplaire de Monastir mesure o m. 16 de longueur. Le grand Cône n'a pu encore être déterminé en raison du mau- vais état des spécimens. Celui de l’École des Sciences mesure 85 millimètres dont 15 pour la spire ; le diamètre à la base est de 5 centimètres. Un Cône beaucoup plus petit, également indéter- miné, lui est associé à Arzew. r. Les fossiles situés au dessus de 10 à 12 m. sont généralement roulés ou brisés ; ils appartiennent à un cordon littoral dont l'altitude au-dessus du niveau de la mer contemporaine du cordon peut atteindre 4 à 5 m. 1904 DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET DE LA CÔTE NIÇOISE 33 Le Tugonia anatina n’est représenté que par un débris ; c’est une espèce qui vit actuellement sur les côtes du Sénégal. On remarquera que la VNassa gibbosula ne figure pas sur les listes. L'espèce indiquée par Pomel est en réalité la Vassa cir- cumcincta qui a disparu comme l’autre de la Méditerranée oceci- dentale, maïs se retrouve encore dans la Méditerranée orientale, notamment à Sfax. J’ajouterai une dernière observation. Dans la collection de l'Ecole des Sciences figurent avec l'étiquette « Arzew » des Melanopsis qui ne paraissent par différer du M. maroccana, et des Mollusques terrestres qui semblent identiques aux formes actuelles. Je ne les ai pas portés sur ma liste. Les Mollusques terrestres proviennent comme l'indique la gangue qui les empâte des sables qui, près d'Arzew et notamment au pied de Saint-Leu, couvrent le niveau de 15 m. Quant aux Melanopsis je ne crois pas qu'ils aient été trouvés dans les couches marines : leur gangue est une vase argileuse bleuâtre ou blanchâtre, bien distincte des sables rouges de la plage ancienne d’Arzew. Ils ont vécu probablement dans un de ces anciens chotts qui ont joué un rôle important dans le golfe de Mostaganem pendant le Pliocène supérieur et le Pléistocène ; ils y étaient associés à Cardium edule. Cette association peut s’ob- server encore aujourd'hui à l'embouchure de la Macta. 3 A l’est de Mostaganem, jusqu’en Tunisie, les couches fossili- fères du niveau de 15 m. ne sont représentées que par des poudin- gues à Pectoncles, très durs, et dont les fossiles sont en général indéterminables spécifiquement. Cependant au-dessus de ces cou- ches j'ai observé sur quelques points (Ténès, Bérard, etc.) des sables rouges assez friables renfermant de beaux spécimens de Patella ferruginea, espèce qui vit encore sur un grand nombre de points de la Méditerranée notamment à Oran, en Corse, à Naples, etc. 4° En Tunisie, il semble résulter des renseignements très précis de Pomel', que l’on peut suivre d’ailleurs sur la carte topogra- phique à 1/50.000, que le Strombus mediterraneus y est également localisé dans des plages dont l'altitude ne dépasse pas 15 m., (10-12 m. à Monastir, 15 m. à Herguela); cette altitude s’abaisse même au niveau de la mer près du débouché de la Sebkha de Halk el Menzel. 1. PomeL. Une mission scientifique en Tunisie en 187 . 30 et 93. Jds 18 Avril 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 3. 34 DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. Comme je l’ai indiqué plus haut, Pomel a signalé la présence dans les plages soulevées d’ÆElephas iolensis ; les localités où ce Mammifère a été rencontré sont les suivantes : Mostaganem, la falaise des Larhat, l’oued Rha, Cherchell, la ferme Beauséjour, le Jardin d’Essai, Baba-Ali, l’oued Bou Merdès ‘. Voici les renseignements que j'ai pu recueillir sur ces gisements, grâce à l’obligeance de M. Ficheur. 1° Mostaganem. — Pomel cite une dent qui a été recueillie par les ouvriers de l'entrepreneur des travaux du Port, dans le terrain des plages marines quaternaires soulevées ; une deuxième dent a été trouvée dans les mêmes plages marines, un peu à l’ouest de la précédente, près de la Salamandre (petite pointe située à 3 kil. sud-ouest de Mostaganem). Or, le niveau de 15 m. existe seul dans les environs immédiats de Mostaganem ; en outre, c'est dans ce niveau que l’on a exploité les grès et poudingues employés dans la construction du port ; enfin, les intervalles des lames des deux dents sont encore remplis de sable rouge identique à celui qui couronne les grès et poudingues marins ; il semble donc qu'il ne puisse subsister aucun doute sur la contemporanéité d’Æl. iolensis et du niveau de 15 m. dans la région de Mostaganem. 2 Rocher des Larhat (35 kil. environ à l’ouest de Cherchell). — Le germe de molaire auquel Pomel fait allusion provient d’une fente de rocher ; il est d’ailleurs en mauvais état, et est encore par places imprégné d’argile rouge. IL n’y a évidemment pas lieu de tenir compte de ce fossile au point de vue qui nous occupe. 3 Oued Rha (à l’est de Gouraya). — Un fragment de défense a été trouvé dans la plage marine soulevée ; d’après les souvenirs de M. Ficheur elle était à quelques mètres à peine au-dessus du niveau actuel. 4° Cherchell. — Pomel a vu une molaire d'Elephas iolensis, encastrée dans un bloc de grès éboulé de la falaise de 15-17 m. sur laquelle est bâtie la ville de Cherchell. 5° Ferme Beauséjour, sous le tombeau de la Chrétienne (en arabe : Kobr er Roumia). — La dent trouvée à la ferme Beauséjour et que Pomel considère comme la pièce la plus importante et la plus caractéristique, ne peut provenir que de la plage de 15-17 m., qui est très développée dans la région et est constituée à sa partie supérieure par des sables et grès peu agglutinés, d’où la dent a pu facilement être extraite. 1. POMEL. Les Éléphants quaternaires, 1895, pp. 32 et suivantes. 1904 DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET DE LA CÔTE NIÇOISE 35 [2 G Jardin d’'Essai (Alger). — L’étiquette indique que la dent signalée par Pomel a été recueillie en creusant le bassin qui est près de la route de Kouba ; l'altitude était certainement inférieure à 12 m. ; la dent devait se trouver dans les graviers, car de nombreux petits grains de quartz roulés adhèrent encore à sa surface. 7° Baba Ali. — Lors des travaux d'établissement de la voie ferrée Alger-Oran, un gros fragment de molaire a été recueilli dans les terres rouges d’une tranchée près de la station de Baba Ali. L’étiquette est malheureusement en partie effacée ; les indications qui subsistent autorisent à conclure que la tranchée se trouvait vers le kil. 17, c’est-à- dire à moitié chemin de la station du Gué de Constantine et de celle de Baba-Ali ; l'altitude ne dépassait pas 20 m. ; comme le fait remarquer Pomel ce gisement continental devait par suite correspondre au niveau des plages émergées voisines. 8° Oued Bou Merdès.— Cet oued descend du col de Ménerville, station de la ligne Alger-Constantine. A 3 kil. environ à l’est de l'embouchure, au pied des rochers d’Ain Chrob ou Eurob, se trouve une plage basse, élevée de quelques mètres à peine au- dessus de la mer ; on y a extrait des poudingues et grès à Pecton- cles, un fragment de dent en mauvais état auquel adhèrent encore un grand nombre de petits grains roulés de quartz. Ce fragment n'est pas figuré dans la monographie des Eléphants, mais Pomel y a fait allusion dans l'explication de la Carte géologique ‘. Les observations qui précèdent conduisent aux conclusions suivantes : 1° La faune à Sfrombus bubonius, Conus sp., Tugonia anatina Nassa cireumcincta, Élephas iolensis, n'a été jusqu’à présent constatée en Algérie et probablement en Tunisie, que dans la plage de 15 m.; elle se trouve partout à des altitudes comprises entre o et 15 m. ?. 2° Il n’y a jusqu'à présent aucun indice que cette faune remonte dans la plage de 30 m. Ces données ne concordent pas avec les faits observés à Nice, où la faune à Strombus d’après MM. Depéret et Caziot s'élève à 1. Voir à ce sujet: Ficaeur. Description géologique de la Kabylie du Djurdjura, p. 398, 1890. 2. J'avais déjà développé cette conclusion dans mon mémoire de 1899. p. 287. 36 DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. l'altitude de 25 m. au moins et correspond par suite à un niveau plus élevé que celui du littoral algérien. Mais on peut faire remar- juer que jusqu’à présent on ne peut pas affirmer que le Strombe et le grand Cône n’aient pas existé en Algérie à l’époque de la plage de 30 m. ; cette plage est extrêmement morcelée, et sa faune n'est observable que sur un très petit nombre de points‘. D'ailleurs, en admettant que l’absence dans la plage de 30 m. de la faune à Strombus soit un jour nettement établie, cette constata- tion n’entraînerait pas nécessairement une discordance stratigra- phique et tectonique entre la côte algérienne et la côte niçoise, les deux espèces considérées ayant fort bien pu vivre à des époques différentes sur les deux rives opposées. Quoi qu'il en soit, on peut se demander maintenant si la pré- sence d’une faune dans laquelle se rencontrent trois formes de Mollusques éteintes ou émigrées, et un Ælephas du groupe de l’'antiquus, suflit pour justifier le classement des dépôts corres- pondants dans le Pleistocène ancien, solution qui a été admise pour le niveau de 25 m. de Nice par MM. Depéret et Caziot. Je ne méconnais pas la valeur des arguments invoqués ; maïs je dois faire remarquer cependant qu’en classant les deux plages basses du littoral algérien dans le Pléistocène supérieur, je me suis appuyé sur les données ci-après : 1° L'existence sur une grande partie des côtes algériennes d’une série de plages post-astiennes nettement définies par leurs alti- tudes qui se correspondent très exactement depuis le niveau de 200 m. jusqu’au niveau de 15 m. En ce qui concerne en particulier les environs d'Arzew, le remarquable développement du niveau de 55 m., les traces très nettes d’un niveau de 140-145 m., et enfin, la découverte récente faite par M. Ficheur d’une vaste plage de 95-100 m. au nord-ouest d'Arzew, prouvent avec évidence que la série des plages du golfe 1. L'observation suivante justifie cette réserve. Pendant l’impression de cette note j'ai eu l’occasion de visiter dans le ravin de Ras el Aïn près d'Oran, deux cordons littoraux découverts par M. Doumergue ; ils sont formés par des poudingues marins et se trouvent à des altitudes voisines de 140 m. Ces dépôts que je considère comme appartenant au Pliocène supé- rieur, renferment des Cônes dont les dimensions paraissent supérieures à celles des Cônes d’Arzew ; ils sont malheureusement à l’état de moules internes, et à peu près indéterminables. Quelles que soient les affinités spé- cifiques de ces Cônes avec ceux d’Arzew, leur présence semble indiquer que la région oranaise a été, depuis le Sahélien, habitée d’une façon probable- ment continue par de grands Cônes qui ont disparu seulement à une époque très récente. 1904 DE LA CÔTE ALGÉRIENNE ET DE LA CÔTE NIÇOISE 37 de Mostaganem et d'Arzew, est exactement superposable à celle de l’Isser et des environs d’Alger. Le niveau de 15 m. d’'Arzew, à Strombus bubonius et grand Cône est donc stratigraphiquement synchronique du niveau de 15m. de Cherchell, de Castiglione, de Guyotville, d’Aïn-Taya et de l’Isser. 2 Il existe des relations très nettes dans l’Isser entre les plages et les terrasses fluviales. 3° Le système des terrasses fluviales de l’Isser est superposable au système des terrasses des vallées du Rhône à Valence, du Rhin à Bâle et de la Haute-Moselle ; les terrasses se correspondent aussi exactement qu’on peut le souhaiter, et par conséquent les terrains de même altitude relative doivent être du même âge. Or dans ces trois dernières vallées les basses terrasses renfer- ment la faune à £lephas primigenius et Rhinoceros tichorinus ; il est donc logique d’en conclure que les plages algériennes corres- pondant à ce niveau, appartiennent à l’époque caractérisée par ces deux Mammifères. Je crois devoir ajouter ici que les faits observés par M. Sevastos dans la vallée du Sereth, et par M. Schaffer dans le Danube près de Vienne, ont apporté un sérieux argument en faveur de cette conclusion :. | On doit donc, au moins en Algérie, et malgré les objections tirées de la faune, objections qui ne me paraissent pas décisives, admettre que les deux plages basses de 15 et de 30 m, représentent le Pléistocène supérieur, et pour des raisons analogues que le niveau de 55 m. qui correspond à la moyenne terrasse des vallées du Rhin, du Rhône et de la Moselle, appartient au Pléistocène moyen. Je résume brièvement les résultats principaux de cette étude comparée des lignes de rivage de la côte algérienne et de celles des environs de Nice : 1° Jusqu'à la ligne de rivage de 55 m. qui se montre avec une grande netteté sur une notable partie de la côte d'Algérie et à Nice, il ne semble pas jusqu’à présent du moins, qu'il y ait concor- dance entre les phénomènes observés sur les deux rives opposées de la Méditerranée. Mais, si l’on fait abstraction du Pliocène ancien, pour lequel il me paraît prudent de faire des réserves, en raison des influences tectoniques qu'il a subies postérieurement à son dépôt, on peut dire que la discordance vient exclusivement de 1. SEVAsSTOs. Les Terrasses de læ vallée du Sereth (Roumanie). B.S.G.F., (4), ILE, pp. 30 et suiv. — DEPÉRET. B. S. G. F., (4), UI, p.‘631,1903. 38 DE LAMOTHE. — ANCIENNES LIGNES DE RIVAGE 18 Janv. ce que l’on n’a pu jusqu'à présent constater sur les côtes de Pro- vence et des Alpes-Maritimes, aucune trace nettement définie des lignes de rivage post-astiennes antérieures au niveau de 55 m. C’est simplement un résultat négatif et il est provisoirement permis de penser que des recherches ultérieures pourront combler cette lacune. > Le niveau de 55 m. semble pouvoir être identifié avec celui de 60 m. de la côte niçoise. Il est difficile d'admettre que cette remarquable coïncidence soit simplement le résultat du hasard. 3° Pour la période postérieure, il n’y a pas d’opposition irré- ductible entre les faits observés de part et d’autre de la Méditer- ranée : le niveau de 25 m. de Nice a été déterminé d’après un seul : dépôt, et il est fort probable qu'il est l’équivalent du niveau de 30 m. de l’Algérie. D'autre part, il semble qu’il y aït également sur la rive française des traces d’un niveau de 15 m. 4° La différence d'altitude de la faune à Strombus à Nice et à Arzew peut s'expliquer sans invoquer une discordance tectonique. 5° [1 y a désaccord au sujet de l'interprétation à tirer de la pré- sence de cette faune pour fixer l’âge du niveau correspondant. Les recherches ultérieures pourront seules trancher le différend. M. Depéret se félicite de voir sa note sur les lignes de rivage de Nice susciter des recherches parallèles aussi intéressantes de la part de son savant ami M. de Lamothe sur les côtes de l'Algérie. Pour le Pliocène ancien, la recherche précise des lignes de rivage est rendue très difficile par suite de la fréquence des plis- sements locaux ; il a relevé la cote de 180 m. sur le bord du Plateau Central, de Lyon aux Pyrénées, le long d’un rivage qui paraît avoir joui d’une immobilité assez remarquable à cette époque. L'accord entre les plages de 55 m. d'Algérie et le niveau de 60 m. du Pliocène supérieur de Villefranche est trop remarquable pour être l'effet du hasard. Pour les niveaux plus bas, il y a encore accord pour les plages de 25-30 m.; mais le niveau de 15 m. manque jusqu'ici sur la côte française. SÉANCE DU 18 JANVIER 190/ 39 L'un des résultats les plus intéressants de ces travaux est de montrer que le Strombus mediterraneus a vécu fort longtemps à l’époque quaternaire et qu'il se trouve à la fois dans le niveau de 30 m. en France et dans celui de 15 m. en Algérie. Il serait impor- tant de poursuivre cette distinction des deux horizons à Strombus sur tout le littoral de la Méditerranée. M. Boule fait l'observation suivante : Je suis heureux de voir confirmer, par les observations nou- velles de M. de Lamothe, l’existence de dépôts marins, d'altitude extrêmement basse, avec Strombus mediterraneus, ailleurs que sur la côte française des Alpes-Maritimes. Je ferai remarquer, en outre, que les documents nouveaux que j’apporte au point de vue chronologique, ne s'accordent pas avec la théorie des mouve- ments eustatiques. On ne voit plus en effet à quoi correspondent, sur les rivages maritimes, les terrasses inférieures des grandes vallées françaises dont j'ai, à plusieurs reprises, fixé l’âge et qui sont caractérisées par les grands Mammifères de la faune froide, c’est-à-dire de la faune supérieure du Quaternaire : le Mammouth, le Rhinoceros tichorhinus, etc. Il est clair que si la mer avait eu un nouveau retour offensif dans l’intérieur des terres, après la grande oscillation négative de l’époque de l’Zlephas antiquus et de l’Hippopotame, elle n'aurait pas manqué de faire disparaître très rapidement les dépôts meubles de remplissage de la grotte du Prince. - M. Léon Bertrand croit utile, à propos de la terrasse de 180 m., de rappeler à la Société la disposition actuelle des poudingues, avec lits sableux et argileux, qui constituent l’ancien « delta plio- cène du Var ». Ces dépôts sont très fortement entamés par l’éro- sion de vallons à peu près parallèles, dont quelques-uns descendent directement à la mer: mais les croupes intermédiaires montrent une remarquable uniformité d'altitude, paraissant bien indiquer qu’en les raccordant par une surface continue, celle-ci doit repré- senter approximativement l'allure de la surface supérieure de ces dépôts après les mouvements du sol qui les a relevés. Or, si l’on suit l’une des croupes qui part ainsi de la mer, on trouve d'abord une pente très rapide, correspondant sensiblement à l’inclinaison des strates obliques qui forment cet ensemble: cette forte pente cesse à une altitude érès poisine de 180 m. et variant seulement de quelques mètres d’une croupe à l’autre, puis la surface de cette énorme masse de poudingues, toujours formée de strates très inclinées, s'élève très doucement en s’éloignant du rivage, jusqu'à 4o SÉANCE DU 18 JANVIER 1904 près de 500 m., au voisinage d’Aspremont. Il existe même, en dehors de l’affleurement principal, de petits lambeaux des mêmes poudingues conservés à une altitude dépassant 500 m., auprès de Levens et au nord-est du Mont Cima. M. Dautzenberg ajoute les observations suivantes : M. de Lamothe vient de nous parler du Strombus mediterra- neus qui a été rencontré dans la terrasse de 15 mètres à Arzew. J'ai examiné dernièrement avec notre collègue, M. G. Dollfus, des spécimens de ce Strombe provenant d'Arzew et de Monastir et nous les avons comparé au Strombus bubonius Lamk. (— Kalan Adam), qui vit actuellement au Sénégal et dans l'archipel du Cap Vert. Cet examen nous a convaincu qu'il s’agit là d’une seule espèce de Strombe. La forme du Miocène de la Touraine, men- tionnée tantôt sous le nom de S. coronatus Def., tantôt sous celui de S. Mercati, appartient aussi à la même espèce. M. de Lamothe vous a également parlé d’un grand Conus et d'un Tugonia provenant du même niveau d’'Arzew et qui se trou- vent représentés chacun par un spécimen unique dans la collec- tion de l'Ecole des Sciences d'Alger. Il y aurait un grand intérêt à comparer ces deux espèces à celles des mêmes genres qui vivent encore aujourd'hui sur la côte occidentale d'Afrique et M. de Lamothe a bien voulu nous laisser espérer qu’il pourrait nous en faire obtenir la communication. L’échantillon conservé à l’École des Mines à Paris nous paraît devoir se rapporter à une espèce également fossile en Touraine. M. G. Dollfus signale que M. Bédé, notre jeune et nouveau confrère, a étudié récemment dans le sud de la Tunisie, à Sfax et Dijerbah, des plages soulevées, à une altitude de 2 à 6 m., sur une très grande étendue. Il en a rapporté de nombreux spécimens de Strombus bubonius, cette espèce était accompagnée d’un grand Mactra, inconnu vivant actuellement dans la Méditerranée, et qu'il faut rapporter au Mactra Largillierti du Sénégal et du Gabon, c'est-à-dire à une espèce ayant le même habitat actuel que le grand Strombe. A propos de cette dernière espèce, il convient de remar- quer qu'elle a été décrite par Duclos dans samonographie du genre Strombus, dans les Illustrations conchyliologiques de Chenu, sous le nom de Strombus mediterraneus Lamarck d’après une étiquette manuscrite de cet auteur. Cette espèce, identique au Strombus bubonius du Sénégal, est une des coquilles les plus ancienne- ment décrites et figurées, car elle a été étudiée par Rondelet dès 1555. SÉANCE DU 18 JANVIER 1904 4x M. Pervinquière fait observer que Pomel et Munier-Chalmas ont depuis longtemps noté la très grande ressemblance du Sérom- bus mediterraneus des plages soulevées d'Algérie et de Tunisie avec le Strombus actuellement vivant au Sénégal et qui, d'après M. G. Dollfus, doit porter le nom de S. bubonius. M. G. Dollfus pense que la constatation d’un abaissement du niveau marin sur le pourtour de la Méditerranée est un phénomène général incontestable, mais que les oscillations périodiques, itéra- tives, de relèvement et d'abaissement signalées par M. de Lamothe peuvent s’accorder avec une autre explication; il est disposé à admettre un abaissement continu, dont les détails s'expliquent par une préparation des rivages avec mouvements littoraux de la mer qui se font sentir jusqu’à une vingtaine de mètres de profon- deur, et par des arrêts plus ou moins longs dans la période d’affais- sement permettant de comprendre le dépôt de terrasses d'épaisseur fort inégale. La généralité du phénomène ne lui semble guère compatible avec un mouvement côtier si étendu, il pense qu'il convient plutôt d'y voir un mouvement d’abaissement général de l’eau dans la Méditerranée, cette mer ayant pu former un immense lac intérieur à une époque peu ancienne, ce qui permettrait de comprendre également l’envahissement de la flore et de la faune africaine dans le sud de l'Espagne pendant une partie du Quaternaire. SUR LES POISSONS DU BARTONIEN ET LES SILURIDÉS ET ACIPENSÉRIDÉS DE L'ÉOCÈNE DU BASSIN DE PARIS par M. F. PRIEM, SOMMAIRE. — Poissons du Bartonien du bassin de Paris. — Arius Bonneti n. Sp. — Siluridés et Acipenséridés de l’Eocène du bassin de Paris. POISSONS DU BARTONIEN DU BASSIN DE PARIS Jusqu'ici les Poissons du Bartonien du bassin de Paris ont été peu étudiés. J’ai eu l’occasion dans ces derniers temps d’en exa- miner un certain nombre. Elasmobranches. — Aux différents niveaux du Bartonien on trouve des dents de Squales appartenant à des espèces qui se mon- trent d'ailleurs dans toutes les couches de lEocène : Odontaspis elegans Agassiz sp. Lamna macrota Ag. sp. J'ai déterminé des dents de ces espèces provenant du Bartonien inférieur d’Auvers (Seine-et-Oise) [collection de M. André Bonnet] et du Fayel (Oise) [collection du commandant Morlet conservée au Muséum] ‘. La même collection du Fayel m'a fourni : Oxyrhina Desori Ag., Carcharodon auriculatus Blainy sp., que l’on rencontre dans toute l'étendue de l’Eocène. Je dois signaler aussi au Fayel deux petites dents obliques à base large, avec talon postérieur, et dont la cou- ronne est dépourvue de crénelures. Je les désigne sous le nom de Carcharias (sous-genre Scoliodon) sp. J'en figure une ici (fig. r) pour attirer l’attention sur ces petites dents qui paraissent se trouver aussi dans le Bartonien d'Angle- Lerres 1. Dans la collection Bonnet j'ai vu aussi une dent antérieure d'Odontaspis provenant du Bartonien de Marines (Seine-et-Oise). Cette dent incomplète, dont la partie supérieure manque, a des rapports à la fois avec O. elegans Ag. sp. (face interne striée) et avec O. Rutoti Winkler sp. (denticule latéral accessoire en dehors du denticule latéral principal). Il s’agit peut-être d’une espèce nouvelle. 2. M. A. Smith Woodward signale (Catalogue of the fossil Fishes in the British Museum, I, 1889, p. 436) de petites dents du Barton Clay de High Cliff, Hampshire, qui pourraient appartenir à ce sous-genre. 1904 POISSONS DU BARTONIEN, ETC. 13 Il y a des Myliobatidés. Ainsi parmi des fossiles du Bartonien supérieur du Ruel (Seine-et-Marne) recueillis par M. Paul Fritel j'ai trouvé un chevron incomplet qui me paraît devoir être rapporté à la dentition inférieure de Mylio- batis striatus Buckland, espèce du Lutétien et du Bartonien d'Angleterre (Bracklesham beds et Barton Clay). J’y ai trouvé aussi un long chevron très étroit dans le sens antéro-postérieur et qui paraît appartenir à la dentition inférieure de Mylio- batis latidens À. S. Woodward, espèce des Bracklesham beds. Citons encore un fragment supérieur de piquant de Myliobatidé (Marines, collection André Bonnet) et un fragment de chevron d'Aetobatis irregularis Agassiz, espèce répan- due dans tout l'Eocène. Fig.1.— Carcharias (Scoliodon) sp. Dent vue par la face interne, au double de la gran- deur. Bartonien inférieur du Fayel (collection Morlet conservée au Mu- séum). Enfin, il y a des vertèbres de Squales (Le Ruel, Marines). Téléostomes. -— P. Gervais a signalé dans les sables d’Auvers un fragment de mâchoire de Sciaena ? trouvé par Hébert. Il a figuré ce fragment qui est roulé ‘. Il y a également des débris de dentition de Chrysophrys sp. (fragments de maxillaire supérieur avec dents triturantes et dents anté- rieures) provenant de Marines [collection André Bonnet]. Signalons des vertèbres de Téléostéens trouvées au Ruel, à Montmirail (Marne), à Marines et des fragments indéterminables de mâchoires et de rayons épineux de nageoires de cette dernière localité (collection A. Bon- net). J'ai figuré ici (fig. 2) un piquant assez bien conservé «provenant de Marines et que je considère comme un rayon épineux de Poisson Acanthoptérygien. IL accompagne des piquants de Siluridé qui vont maintenant nous occuper. Fig. 2. — Rayon épi- neux de Poisson Acanthoptérygien du Bartonien de Marines. Vue pos- térieure, au dou- ble de la grandeur (collection A. Bon- net). 1. P. Gervais. Zoologie et Paléontologie françaises. 1'° édition, 1852. Expl. Poiss. foss. p. 5, pl. LX VII, fig. 32. h4 F. PRIEM. — POISSONS DU BARTONIEN, ETC. 18 janv. ARIUS BONNETI n. Sp. M. André Bonnet a bien voulu me communiquer des piquants de Siluridé provenant du Bartonien supérieur de Marines (sablière du chemin de fer). Le mieux conservé est un piquant pectoral, comme l'indique la dissymétrie de sa base. Sa longueur est de 30 millim. Je le repré- sente ici (fig. 3-4). Il est légèrement courbé et fortement comprimé. Le bord antérieur présente jusqu'à sa pointe toute une sé- | rie de petits tuber- cules. Le bord posté- rieur offre à la base un sillon assez lar- ge, puis plus haut, jusque dans le voisi- nage de l'extrémité distale, une série de denticules assez forts et pointus dont iles plus grands sont ceux du milieu;leur Fig.5. Fig. 6. pointe s'incline lé- Fig. 5-6. — Arius Bonneti n. sp. gèrement vers la Fragment de pi- base du piquant. Les Fig. 4. Fig. 3-4. — Arius Bonneti n. sp. Piquant pectoral. Fig. 3, vue postérieure ; fig. 4, vue de profil. Au double de la grandeur. Bartonien supérieur de Marines (collection Bon- net). faces latérales sont finement striées. Le piquant de Ma- rines doit être rap- porté à une espèce nouvelle du genre Arius' que j'appel- quant pectoral. Fig. 5, vue posté- rieure ; fig. 6, vue de profil. Au dou- ble dela grandeur. Bartonien supé- rieur de Marines (collection Bon - net). lerai Arius Bonneti. Des fragments de piquants pectoraux moins bien conservés tel que celui des fig. 5 et 6 doivent être rapportés à la même espèce. J'y rapporterai aussi un fragment de piquant dorsal dont la pointe manque (fig. 7 et 8). On doit le regarder comme piquant dorsal à cause de sa base symétrique. Les faces latérales sont couvertes de fines stries longitudinales comme celles des piquants pectoraux. 1. Le genre Arius comprend un très grand nombre d’espèces actuelles répandues dans les eaux douces des régions tropicales, mais certaines espèces vivent dans la mer, au voisinage des côtes. 1904 DE L'ÉOCÈNE DU BASSIN DE PARIS 45 Sur le bord antérieur on voit la trace de denticules mais ils sont peu distincts. La face postérieure porte un sillon net au fond duquel on voit une série de petites dépressions arrondies séparées par des parties plus saillantes. M. A. Smith Woodward a décrit' sous le nom d’Arius ? bar- tonensis un piquant dorsal trouvé à Barton, Hampshire. Il est remarquable par la courbure de sa pointe qui se dirige légèrement en avant. L'auteur rap- porte à la même espèce des piquants pectoraux incomplets qu’il dit être fortement courbes. Arius Bonneti ressemble assez à Arius ? bar- tonensis par son mode d’ornementation, mais en diffère par la faible courbure de ses pi- quants pectoraux et par la forme du piquant dorsal dont la pointe ne se recourbe pas en avant. On ne peut pas confondre non plus Arius Bonneti avec Arius Egertoni Dixon sp. de Fig. 7-8. — Arius l’Eocène moyen d’Angleterre (couches de Brac- Bonnetinsp RE A 2 uant dorsal. Fig. klesham) et peut-être également des couches 2 ne 7, vue postérieure ; Fig. 8. de Barton. Cette espèce se trouve aussi dans fig. 8, vue de pro- l'Eocène moyen de Belgique‘. Ses piquanits fill Au double de pectoraux de forte taille, sont faiblement la grandeur. Bar- courbes, les deux bords portent des denticules Sie net e Marines (col- bien développés, les faces latérales sont cou- lection Bonnet). vertes de sillonst longitudinaux portant des nodosités très marquées. Les piquants dorsaux ont le même mode d’ornementation et sont remarquablement droits. D’après cette description on voit qu'Arius Bonneti est bien distinct de cette espèce. 1. A. SMirH WoopwaARD. On some remains of Siluroid Fishes from british eocene formations. Geol. Mag., dec. III, vol. IV, 1887, p. 306-307, fig. 3. — Catalogue, t. IV, 1907, p. 333. ‘ 2. F. Dixox. The Geology and Fossils of the tertiary and cretaceous for- mations of Sussex, 1850, p. 112 et 204, pl. XI, fig. 11-13. — A. S. WooDWARD. Geol. Mag., dec. IX, vol. IV, 1889, p. 304-306, fig. 1-2. — E.-T. NEwTON. À contribution to the history of eocene Siluroid Fishes. Proc. Zool. Soc. Lon- don, 1889, p. 206. 3. H. Le Hox. Préliminaires d'un mémoire sur les Poissons tertiaires de Belgique, 1891, p. 15. — L. DocLo. Première note sur les Téléostéens du Bruxellien (Eocène moyen) de la Belgique. Bull. Soc. belge géol., t. IL, 1889, pp. 218-226. 46 F. PRIEM. — POISSONS DU BARTONIEN, ETC. 18 Janv. SILURIDÉS ET ACIPENSÉRIDÉS DE L'ÉOCÈNE DU BASSIN DE PARIS Outre Arius Bonneti n. sp. du Bartonien l’Eocène du bassin de Paris a fourni d’autres traces de Siluridés. Aïnsi dans le calcaire grossier (Lutétien) de Vauxbuin (Aisne) Watelet avait recueilli un fragment de piquant que notre confrère M. Leriche a reconnu être un piquant de Siluridé. Il l’a désigné sous le nom d’Arius sp. D’après la taille et le mode d'ornementation de ce piquant dont les faces latérales sont couvertes de côtes épineuses, il semble qu’on puisse le rapprocher d’Arius Egertoni Dixon sp. Dans les sables à Unios et Térédines des environs d’Epernay (Marne), appartenant à l'Eocène inférieur (étage sparnacien supé- rieur) M. Leriche a signalé des piquants de Siluridé qu’il a appelés Arius Dutemplet*. D'autres piquants de la même assise ont été rapportés par lui à un Siluridé d’abord sous le nom de Silurus ? Gaudryi, puis sous celui de Pimelodus Gaudryi *. Plus récemment M. Leriche a été amené à considérer ces épines comme des rayons de nageoires d'Acanthoptérygien ‘. J'ai rapporté à un Siluridé décrit sous le nom d’Arius? Lemoinei* un fragment de piquant pectoral recueilli par le D' Lemoine et provenant aussi du Sparnacien supérieur (Agéien du Dr Lemoine). À cause du mauvais état de la partie basilaire du piquant on pou- vait en effet le comparer à ceux des Siluridés, mais M. A. Smith Woodward a bien voulu m’avertir qu'il avait décrit comme appar- tenant à un Esturgeon (Acipenser) un piquant semblable prove- nant des Hempstead beds (Oligocène de l’ile de Wight) ‘. J’ai com- paré le piquant de la collection Lemoine au grand piquant 1. M. Lerice. Contribution à l’étude des Siluridés fossiles. Ann. Soc. géol. du Nord, t. XXX, 1901, p. 166, pl. V, fig. 21. 2. M. Lericne. Faune ichthyologique de sables à Unios et Térédines des environs d’Epernay (Marne). Ann. Soc. géol. Nord, t. XXIX, 1900, pp. 18r- 183, pl. L, fig. 13-15. 3. M. LEeRICHE, loc. cit., pp. 181-183, pl. I, fig. 5-12. — Contribution à l’étude des Siluridés fossiles. Ann. Soc. géol. Nord, t. XXX, 1901, pp. 165-166. 4. M. Lericue. Les Poissons paléocènes de la Belgique. Mém. Musée Foy d’Hist. Nat. Belgique, t. IL, 1902, p. 46. 5. F. PriEm. Sur les Poissons de l’Socène inférieur des environs de Reims. B..S. G. (4), 1, 1901. pp. 492-493, pl. XI, fig. 9-rr. 6. A.S. Woopwarp. On the Palaeontology of Sturgeons. Proced. geol. Ass., vol. XE, 1889, p. 28, pl. IL. fig. 3-3a. 1904 DE L'ÉOCÈNE DU BASSIN DE PARIS 47 pectoral de l’Esturgeon commun actuel (A. sturio Linné) et j'ai constaté qu'il y avait entre eux les plus grandes ressemblances. On doit donc rapporter le piquant de l'Agéien au genre Acipenser sous le nom d’Acipenser Lemoinei. Le genre Acipenser' déjà signalé en Angleterre dans l’Eocène inférieur (London celay de Sheppey: À. foliapicus Agassiz)? se rencontre donc également dans l'Eocène inférieur du nord de la France, où jusqu'ici on ne l'avait pas indiqué. ORIGINE MÉCANIQUE DES CANCELLOPHYCUS par M. David MARTIN. Tout corps oscillant finit par tracer, sur la surface qu'il frôle, des figures en relation avec sa forme et avec la nature du mouve- ment qu'il subit. Ces figures rappellent plus ou moins celles qui seraient obtenues avec un rabot ou une toupie à moulures. Aïnsi la corde qui pend d'un campanile le long d'une muraille, le buisson qui symbolise les auberges dans certaines régions, les enseignes qui se balancent sur une tringle, tracent, sur les murailles qu'ils frottent, sous la poussée du vent, des cercles concentriques. Les rameaux sarmenteux de la Vigne, de la Clématite, du Rosier, du Jasmin, etc., qui s'élèvent jusqu'au faîte des murs de clôture et retombent de l’autre côté, dessinent souvent sur ces murs exté- rieurs, pendant leurs oscillations, une série de circonférences con- centriques que séparent des espaces à profil plus adouci. Les mêmes effets sont produits par les branches d'arbre ou par les tiges herbacées qui s’inclinent vers le sol, surtout quand celui- ci est recouvert de neige ou de sable fin. Nous avons vu souvent des empreintes analogues se produire sur les limons ou les sables des rives des cours d’eau sous l’action du courant de la rivière qui imprime incessamment un balance- ment aux branches d'arbre qui s’inclinent jusqu'à sa surface. Mais c’est sur les plages marines que se rencontrent les meil- 1. On sait que les Esturgeons occupent actuellement les mers ou les eaux douces des régions tempérées de l'hémisphère boréal. 2. À. S. WoowaARD. Catalogue t. LIL, 1895, p. 43. 48 D. MARTIN. — ORIGINE MÉCANIQUE DES CANCELLOPHYCUS I8 janv. leures conditions pour la formation et la conservation de ces empreintes mécaniques qui rappellent parfaitement les Cancello- phycus. Nous avions eu fréquemment l’occasion d'en observer de nom- breux exemples sur les plages de l'Océan et surtout de la Méditer- ranée ; mais les traces du phénomène étaient si vagues que nous n'avions su en apprécier la raison. Et ce ne fut que vers la fin de novembre 1903 qu’il nous a été donné d'assister à la production de ces curieux accidents. À ce moment, nous nous étions rendu à Fos-sur-Mer pour y étudier, du 25 au 27 de ce mois, les multiples problèmes que pré- sente sa plage. Le mistral, qui, depuis une semaine, soufilait en tempête, avait, ces jours-là encore, une rare violence. La mer, repoussée au large parle mistral, était maintenue à 2 mètres en contre-bas de son niveau moyen. Sous la violence du vent, les tamaris, les joncs, les plantes sali- coles de La Marronède et du Galéjon eflectuaient d'incessantes et folles oscillations et décrivaient, sur le sable, de grosses rides concentriques dont l’arc dépassait souvent un demi-cercle. C'est sur les parties découvertes et formées de sable fin que le phénomène des Cancellophycus se présente avec la plus grande netteté et avec le plus de fréquence, mais sous deux aspects un peu différents suivant les accidents du terrain : 1° Sur les parties de l'immense plage du Galéjon qui sont bien à découvert et où nul obstacle ne gêne la libre circulation du vent, ces figures sont réduites à une série d'ares concentriques n'ayant parfois que 20 ou 30 degrés, parfois 40 ou 60. On dirait des éventails peu ouverts ou des rudiments de quadrants solaires exactement orientés dans le même sens (N.S.). 2° Dans les creux et dépressions du sol, dans les parties proté- gées contre le vent par une saillie, une motte de terre ou de varech, une touffe d'herbe, une barque, un corps échoué, ou même une petite dune, ces accidents déterminent un remous grâce auquel les Cancellophycus affectent la forme de cercles concentriques parfaits séparés par des surfaces en couronne avec un modelé spécial en creux ou en saillie. Ces figures de 10 à 65 centimètres de diamètres extrêmes, sont parfois si rapprochées qu’elles empiètent l’une sur l’autre : quel- quefois même plusieurs Cancellophycus de dimensions réduites se sont formées à l'intérieur d'un plus grand. Sur les sables fins et secs, ces figures sont très nettes et très accentuées parce que leur modelé présente des parties en &reux ou 1904 D. MARTIN. — ORIGINE MÉCANIQUE DES CANCELLOPHYCUS 49 en saillie avec des différences de près de deux centimètres de niveau. Mais c'est sur les sables limoneux, et surtout sur les parties de la plage récemment émergées (par le retrait de la mer sous l’action du mistral) et par suite encore humides, comme au fond de la minuscule baie de Saint-Gervais, que ces figures accidentelles présentent un fini si parfait qu'on les dirait produites par une toupie de tourneur et revêtues ensuite d’une encaustique. Ces délicates et nettes empreintes se comptent souvent par vingtaine sans que l’on ait besoin de changer de place ; et on les voit se répéter à l'infini sur toute l'étendue des plages. L'agent qui a produit ces Cancellophycus des plages du golfe de Lion n’est ni la vague marine, ni un Ver, ni un Insecte ; ce n'est pas non plus l'empreinte d’une feuille. Sur les mille et mille cas où nous l'avons vu en action, il est toujours le même, sauf dans quelques exceptions dont nous parlerons ; c’est la fronde en ruban du varech, la Naïadée Zostera marina que les grosses mers accumulent au fond de certaines criques et que l’on utilise ensuite soit comme litière, soit pour l'emballage, etc. Dans les sables des plages se trouvent également emballés quelques-uns de ces rubans de varech. La partie libre de ces brin- dilles, tortillées par la dessiccation et parle froissement des vagues, est agitée par le vent et tourne, autour de l’autre extrémité fixée dans le sable, avec une volubilité proportionnée à la puissance du mistral. Dans ces mouvements de rotation ‘, chaque partie du ruban : les coudes, les déchirures ou contournements qui frangent les bords, les parties unies ou lisses, chaque détail enfin, trace sur le sable un modelé spécial, ce qui produit des cercles concentriques, soit en creux, soit en arête, que séparent toute une gamme de courbes plus adoucies, de filets, de baguettes, de doucines, etc. D'ailleurs. sous la poussée irrégulière du vent, ces rubans se replient, se tortillent ou se déroulent, et, en changeant ainsi de forme, modifient d'un moment à l’autre l'aspect du Cancellophycus. À la longue, cependant, le ruban de varech finit par casser sous l'effort du vent; mais on peut voir, quelques moments encore, vers le centre de la figure, soit le moignon, soit la cavité que la fronde de Fucus y a laissé. Tous les objets similaires, en forme de lanière, peuvent décrire, 1. Dans le premier cas signalé ci-dessus, la direction du vent est si constante que le brin de varech n’oscille guère plus que le balancier d’une pendule. 9 Mai 1904. — T,. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 4 50 D. MARTIN.— ORIGINE MÉCANIQUE DES CANCELLOPHYCUS 18 janv. dans ces mêmes conditions, des figures analogues. Aïnsi nous avons vu des bouts de ficelle, de cordelette, des filaments d’étoffe que la mer avait rejetés, tracer, en tournant, sous la poussée du vent, des cercles concentriques. Sur les parties de la plage où les sables sont mobiles et peu tassés, on voit fréquemment ces fugitives figures disparaître sous le courant d’une rafale plus violente qui les ravine et les enlève en quelques instants, ou qui les recouvre sous une ride de sables mouvants. Au contraire, les Cancellophy:cus qui se trouvent sur des sables limoneux ou humides sont plus stables et résistent plus longtemps à l’action éolienne ; mais ils peuvent disparaître, aussi rapidement que les autres, sous les sables emportés par le vent. Or, ces impressions ainsi mises à l'abri, d'abord sous une pre. mière couche de sable fin, puis sous des apports marins, peuvent être ensuite cimentées par les eaux d'infiltration et conservées intactes. Ainsi ont pu se produire ces impressions appelées Cancello- phycus scoparius que l’on observe sur la surface d'assises de for- mation ancienne comme celles entre autres, qui se font remarquer en nombre sur les calcaires marneux du Bajocien des environs de Gap. Nous avons été heureux de pouvoir montrer ces intéressantes impressions de la plage de Fos, à notre excellent confrère et ami, M. le Dr Gerber, professeur à la Faculté de Marseille, qui voulut bien le 27 novembre venir assister à nos explorations. IMPRESSIONS PRODUITES PAR DES BULLES D'AIR SUR DE LA VASE par M. David MARTIN. Des circonstances favorables nous ont permis de suivre toutes les phases du phénomène de la formation, sur du limon vaseux, d'impressions mécaniques produites par des bulles d'air et rappe- lant tout-à-fait les empreintes qu'on avait attribuées à des gouttes de pluie. Au mois d'avril 1905, s'achevait la rectilication de la route de 1904 IMPRESSIONS DES BULLES D’AIR SUR DE LA VASE 51 Gap à Sainte-Marguerite. Le tronçon de cette route situé devant le Moulin-Neuf où se trouvent provisoirement les collections départementales, est établi en tranchée, avec un talus de un mètre de hauteur, à travers un champ à blé. Ce tronçon forme une rampe de 2 °/, sur une longueur de 120 mètres et aboutit, au sud, à un point culminant. Au bas du talus se trouve un fossé de o m. 20 de profondeur bien dressé et bien rectifié. La route empierrée n'attendait plus que le travail du rouleau compresseur. A cet effet, un tombereau de sable marneux était vidé dans la rigole, vers le bas de la rampe, pour servir comme matière d'agrégation. Mais, vers ce moment, survinrent deux jours de pluie légère et continue. Ces pluies entraînèrent dans le fossé de fins limons pro- venant de la lévigation du champ et du talus et formèrent, en amont du tas de sable, une flaque d’eau qui persista quelques jours malgré un beau soleil et un fort mistral. Sous l'influence du soleil la vase du fond de la rigole, riche en détritus organiques, s'échauffait et dégageait des bulles de gaz qui demeuraient sous l'eau adhérentes à la surface de la vase. Ces bulles étaient nombreuses et l’on pouvait en compter de 12 à 90 sur un décimètre carré. Les unes étaient de la grosseur d'une tête d'épingle, les autres plus grandes atteignaient la taille d’un pois et même d’une noisette, surtout dans la partie médiane et la plus profonde du fossé. Or, sous la violence du mistral dont la direction était justement celle de la rigole, on voyait la surface de l’eau de la flaque serider de petites vagues, tandis que les bulles d’air fixées sur la vase du fond oscillaient dans le même sens, mais avec beaucoup plus de lenteur. Nous ne primes d’abord pas garde aux suites que devaient pro- duire ces elfets que nous voyions s’accomplir chaque jour en nous rendant au Musée. Mais au bout de quatre jours l’eau ayant dis. paru sur une grande partie de la flaque, nous ne fûmes pas peu surpris de voir la surface de la vase criblée de petites et curieuses cavités. Ces cavités avaient la forme de minuscules godets avec des dia- mètres compris entre 4 et 12 millimètres et une profondeur en général moitié moindre. L'ouverture des unes était circulaire, tandis que d'autres, assez nombreuses, l'avaient ovalaire avec leur grand diamètre orienté du nord au sud, c’est-à-dire suivant la direction du mistral. Vers les bords du fond de la mgole, ces cavités avaient sensible- 52 D. MARTIN. — IMPRESSIONS PRODUITES 18 janv. ment la forme de la cupule du gland de chêne ; maïs, surtout vers la partie médiane du fond de la rigole, là où l’eau avait un peu plus de profondeur et où les cavités étaient en général plus gran- des, le fond de la cupule avait souvent la forme d'un. plan en continuité avec la surface du fond de la rigole, mais du côté du vent seulement, tandis que ce plan s’inclinait le plus souvent d’une manière très sensible et même accentuée du côté opposé. De ce côté les cupules étaient donc en général plus profondes et oblique- ment creusées, si bien que la paroi qui surmontait cette partie se trouvait en surplomb au-dessus de la cupule et présentait en outre un modelé de délicates moulures ayant tout-à-fait l'apparence d'une série de pas de vis un peu inégaux. Au-dessus du rebord de ces cupules profondes et à paroi mode- lée, c’est-à-dire à l’opposé du vent, se faisait remarquer un léger bourrelet dont la saillie était en rapport avec la profondeur de la cavité, sans dépasser cependant 2 à 3 millimètres. En outre de tous ces détails la surface générale de la vase, et celle des cupules et de toutes leurs parties, même les plus délicates, offrait l'aspect d'un modelé parfait comme comprimé dans un moule et semblait comme lustré. L'aspect de ces impressions si nettes rappela à mes souvenirs une plaquette de grès vosgien sur laquelle se montrait le moulage de cavités analogues et que le Collège de Gap avait reçue en 1881 du Ministère avec une collection classique de minéraux et de fos- siles. Cette plaquette portait la mention : « Empreintes de gouttes de pluie ». Les empreintes en mamelons de cet échantillon, quelquefois plus inclinées d’un côté, présentaient un modelé spécial fort sem- blable aux accidents laissés, sur les paroïs des cupules, par les bulles d'air, dans l'exemple cité plus haut. Depuis cette époque (1881) nous avons inutilement cherché à observer si les grosses gouttes de pluie qui tombent, parfois très espacées pendant l'été, pouvaient produire de pareils accidents sur des surfaces meubles, sablonneuses ou limoneuses. Et toujours nous avons constaté des trous irréguliers à parois déchiquetées, avec, tout autour, des éclaboussures de boue ou de sable, mais jamais, tant s’en faut, cette netteté, ce fini du modelé que donnent les bulles d'air. , Par suite de la nature absolument incohérente et mobile de la vase, les bulles d’air, — sous la pression violente, capricieuse et intermittente du vent, — devaient réagir sur la vase demi-fluide et 1904 PAR DES BULLES D’AIR SUR DE LA VASE 53 y déterminer les diverses et délicates impressions que nous y avons décrites. Après la disparition complète de l’eau de la flaque, soit par infiltration à travers le tas de sable marneux qui la retenait, soit par évaporation, et malgré les manifestes apparences de compres- sion et de solide modelé de sa surface, cette vase était pourtant encore si molle, si liquide, qu'il nous fut impossible d’en prélever une section pour la conserver au Musée. Et il nous fallut ajourner cette prise d'échantillon après dessiccation suffisante. Malheureu- sement nous dûmes partir le lendemain pour un voyage urgent, pendant lequel survint une grosse averse. Aussi nous trouvâmes, au retour, notre belle surface à impressions, déchiquetée par la pluie et couverte de petits trous irréguliers et de granulation; provenant des éclaboussures produites par les gouttes de pluie, Il nous semble résulter de ces faits que le phénomène des empreintes que l'on a observées sur des roches anciennes est le résultat produit par des bulles d'air plutôt que par des gouttes de pluie. Ce phénomène de la formation de cupules sur des limons vaseux sous l’action de bulles gazeuses comprimées par l’eau aidée du vent, a certainement été constaté déjà. Toutefois les faits que nous avons observés sont si caractéristiques qu'il nous paraît utile de les consigner au risque de redire une chose connue. OBSERVATIONS RELATIVES A LA STRUCTURE DE LA HAUTE VALLÉE DE LA JALOMITA (ROUMANIE) ET DES CARPATHES ROUMAINES par M. J. BERGERON. I. Situation géographique; constitution géologique de la haute vallée de la Jalomita et des régions avoisinantes. — II. Distribution des terrains et allure des couches. Nappe de recouvrement. — III. Étude spéciale des klippes. — IV. Sens du mouvement de charriage. — V. Étude de l'allure du Tertiaire. Époque du charriage. — VI. Remarques sur les Carpathes roumaines. — VII. La chaîne carpathique présente des vestiges de nappes périphériques provenant de la dépression hongroise. Pendant les vacances dernières, nous avons eu occasion, M. Mrazec, Professeur de Minéralogie à l'Université de Bucarest * et moi, d'étudier la géologie de la haute vallée de la Jalomita. Cette région se trouve à l'extrémité orientale des Alpes de Tran- sylvanie ou Carpathes méridionales, près du point où elles s inflé- chissent vers le nord pour former l’arc qui les relie aux Carpathes de la Bukovine, de la Galicie et enfin aux Carpathes septen- trionales. La Jalomita prend sa source au Mont Omu, sur le versant rou- main ; elle coule tout d’abord suivant une direction sensiblement nord-sud ; puis en amont de Moroieni, elle s’infléchit vers l’est. C’est la région qu'elle traverse en suivant la première de ces direc- tions que nous avons explorée ; elle n'avait fait encore l’objet 1. Toutes les observations sur le terrain ont été faites avec M. Mrazec, dont la très grande connaissance de la géologie du pays a singulièrement facilité notre étude. J'aurais été très heureux de publier le présent travail en collaboration avec lui; malheureusement nous sommes en désaccord sur l'interprétation des faits. C’est donc en mon nom personnel que j’expose les idées que l’on trouvera plus loin, relatives à la tectonique de la région en question et d'une partie des Carpathes roumaines. STRUCTURE DE LA HAUTE VALLÉE DE LA JALOMITA 59 d'aucune étude spéciale ; cependant M. Popovici-Hatzeg, chef du Laboratoire de Géologie au service des Mines de Roumanie, dans un mémoire ! paru en 1895, en a décrit tous les terrains, sans d’ailleurs s'occuper de la structure de la région. M. Mrazec et moi avons constaté à maintes reprises que nous pouvions nous en rapporter en toute confiance à l'opinion de cet auteur, bien que, sur quelques très rares points, il y ait divergence de vue entre nous. Le massif montagneux que traverse la haute Jalomita est cons- titué par un axe formé de schistes à séricite, affectant l'allure d’un anticlinal, sur lequel reposent directement des terrains secon- daires. Les assises secondaires les plus anciennes sont en discordance de stratification sur les schistes à séricite. Ce sont des grès sou- vent grossiers, associés à des schistes argileux et dans lesquels se rencontrent parfois des dépôts charbonneux qui ont été l’objet de nombreuses mais inutiles recherches. Nous n’y avons ren- contré aucun fossile nous permettant une détermination d'âge. M. Popovici-Hatzeg * range cette série à la base du Dogger parce qu’elle passe insensiblement à une autre qui lui est supérieure et dans laquelle se rencontrent des fossiles caractéristiques de ce dernier étage. M. Mrazec assimile ces assises inférieures à celles du Lias du Banat et de la Transylvanie méridionale. C'était égale- ment l'opinion de Reddlich* pour les couches charbonneuses de Tataru près de Strunga (frontière de Roumanie et de Transylva- nie), gîte qui appartient d’ailleurs à la région que nous avons parcourue. L'épaisseur de ce Lias est toujours très-faible ; elle est réduite encore en certains points par suite du laminage des couches, comme je l’expliquerai plus loin. Les dépôts de charbon sont de forme lenticulaire, et leurs dimensions sont généralement trop faibles pour justifier une exploitation industrielle. Il n’y a qu'un seul gisement, celui de Brandus, sur lequel je reviendrai plus loin, qui ait fourni quelques centaines de tonnes. Le Dogger comprend également des grès et des marnes, mais en plus, des calcaires dont la faune, très riche en Brachiopodes, a permis à M. Herbich “ d'en déterminer l'âge, dans la région qui 1. Porpovrcr-Harzec. Étude géologique des environs de Campulung et de Sinaïa. 1898. In-8°, 220 p.. 1 carte géologique en couleurs. Thèse de Doctorat. 2 Op: cil., p. 62. 3. Reppuicn. Geologische Studien in Rumanien. 1896. Verh. d. K. K. Geol. Reichsanstalt., p. 78. — in Popovicr-HATZEG. 4. Hergicn. Geologischer Ausflug auf den Buesecs, 1865, Verh. und Mittheil. d. Siebenb. Ver., T. XVI, p. 194 et 220. Hermannstadt — in Popovicr- HATzEG. 56 J. BERGERON. — STRUCTURE DÉ LA HAUTE VALLÉE 18 janv. longe la frontière transylvaine. M. M. Mrazec et Alimanesteanu ‘ l'ont retrouvé sur le versant nord-ouest du Mont Zanoaga et du Mont Lespesile. Enfin M. Popovici-Hatzeg * l’a signalé plus au sud, au Mont Ratei, toujours dans la région de la haute Jalomita. C'est le seul étage jurassique dans lequel la faune soit abondante; la liste des fossiles trouvés à Strunga par différents géologues donne une cinquantaine d'espèces. On y a signalé dans la région qui nous occupe deux niveaux particulièrement fossilifères : l’infé- rieur très riche en Brachiopodes, que nous avons reconnu en plusieurs points dans la bande jurassique qui s’étend de Strunga à Ratheiï ; et le supérieur renfermant des Ammonites du Dogger. D’après Les faunes, le Bajocien et le Bathonien seraient représentés ; il y aurait même dans les couches supérieures des fossiles du Cal- lovien inférieur. Le Jurassique supérieur se distingue à première vue des étages précédents : il est formé de calcaires compacts, cristallins, rou- geâtres à la base, puis blancs. On a reconnu de nombreux Céphalo- podes et Brachiopodes de l'Oxfordien à la partie inférieure. Les calcaires blancs cristallins de la partie supérieure constituent un ensemble que les géologues du pays désignent sous le nom de Tithonique, mais c’est en réalité tout le Jurassique supérieur à partir de l’Oxfordien. Il y a quelques points en dehors de la région que nous avons parcourue où ont été trouvés, dans cette même série calcaire, des fossiles appartenant à la faune de Stramberg. Le plus souvent à la partie supérieure de cette masse de calcaires dont les caractères lithologiques restent les mêmes, apparaissent les faunes berriasienne puis néocomienne. Cet ensemble de calcaires compacts, dans lesquels il est très difficile d'établir des niveaux par suite du mauvais état de conser- vation des fossiles, forme un tout dont le rôle tectonique est bien spécial ; je le désignerai dans la suite, sous le nom de calcaires du Malm-Néocomien. Le Barrêmien, entre la vallée de la Jalomita et celle de la Prahova, est constitué par des alternances de bancs de calcaires blanchâtres et de marnes grises; parfois les marnes sont sableuses. Cet étage, grâce à ses caractères lithologiques, se distingue nette- ment de tous ceux qui lui sont inférieurs ou supérieurs. Nous n'y avons trouvé aucun fossile ; mais dans la vallée de la Dimbovita, 1. MRAZEC et ALIMANESTEANU. O escursiune geologica in jud. Dambovita. Bul. Soc. Ingen. si industriasilor de Mine din Romania. Annul. E., t. 1, fase. I, p. 46-66. — in Popovicr-HATzEG. 2. Porovicr-HATzEG. Op. cit., p. 74. 1904 DE LA JALOMITA ET DES CARPATHES ROUMAINES 57 à l’ouest de celle de la Jalomita, les fossiles sont assez abondants et leur âge a pu être précisé par MM. Kilian, Cobalcescu, Uhlig, Simionescu et Popovici-Hatzeg. Ce serait à tort qu'une partie de ces marnes et calcaires aurait été rangée dans l’Albien. Le Cénomanien, au point de vue lithologique, est caractérisé par ses conglomérats qui atteignent une épaisseur de plusieurs centaines de mètres; mais ils ne le constituent pas uniquement. Les grès y jouent un rôle important, surtout à la base. Parfois dans les grès il y a des débris de végétaux, en particulier des feuilles de Sequoia Reichenbachi Gein. sp., M. Mrazec en a recueilli de très beaux exemplaires aux recherches de Piscu-cu-Bradi. Quelquefois ces végétaux ont donné de minces feuillets de charbon, d’ailleurs inexploitables vu leurs faibles dimensions. Les conglomérats ont été formés aux dépens de toutes les roches plus anciennes. C’est ainsi que l’on trouve associés des galets de schistes cristallins, de charbon du Lias et de calcaires jurassiques. Suivant les points, ce sont les calcaires ou les roches cristallines qui prédominent. Au nord de la région parcourue, les blocs de calcaire du Malm-Néocomien sont les plus abondants et ils attei- gnent des dimensions très grandes ; d'autres fois ce seront les calcaires du Dogger avec leurs fossiles caractéristiques; enfin, également au nord, se rencontrent, d'après M. Mrazec, des blocs de roches cristallines exotiques, dont on ne connaît pas de gise- ment dans la région; je n'ai pu les voir, malheureusement, car ils sont particulièrement intéressants à cause des problèmes que leur présence soulève. Les éléments de ce conglomérat n'ont pas toujours la même forme. Tantôt ils sont anguleux ou à angles faiblement émoussés : ils forment alors une brèche qui indique un transport à une faible distance ; ou bien ils sont arrondis et forment un poudingue. Il ne semble pas qu'il y ait de différence au point de vue lithologique entre les brèches et les poudingues. C’est avec le Cénomanien que commence la série désignée par les géologues autrichiens et roumains sous le nom de flysch car- pathique ; elle comprend le Crétacé supérieur et l'Éogène. Jusqu'à présent le Turonien n’a pas été reconnu et c’est le Séno- nien qui semble succéder au Cénomanien. Il est facile à reconnaitre à ses marnes rouges, parfois grises, parfois brunâtres ; par places, on y trouve des Pelemnitella Hæœferi Schl. qui ont permis à M. Popovici-Hatzeg d'en déterminer l'âge ‘; jusqu'en 1898 on 1. Popovicr-HATZzEG. Op. cit., p. 121. 58 J. BERGERON. — STRUCTURE DE LA HAUTE VALLÉE 18 Janv. rattachait ces imarnes au Tertiaire qui les recouvre généralement. Nous n'avons fait que traverser ce Sénonien dans les environs de Petrosita, sans nous y arrêter. Faute de temps, je n’ai pu étudier la série tertiaire ; cependant, | ainsi que cela ressortira de ce que je dirai plus loin, son étude serait de beaucoup la plus intéressante, surtout au point de vue de la tectonique. Pour l'intelligence de ce qui va suivre (voir page 68), je crois nécessaire d’énumérer les termes qui la composent d’après MM. S. Stefanascu ', Mrazec et Teisseyre ?. L'Éogène, dans la Moldavie, l'Arc carpathique et la Mounténie orientale, présente le faciès gréseux et argileux dit du flysch. Il débute par des grès micacés grossiers ou fins, avec des intercalations de schistes argileux et de grès en plaquettes. Dans les grès grossiers se rencontrent de grandes Nummulites. Cette première division appartiendrait à l'Éocène supérieur. Puis viennent des argiles bariolées avec intercalations de grès durs en plaquettes, avec vermiculures à la surface des bancs (hiéroglyphes) et de conglomérat vert, formé de débris de serpen- tine, d’amphibolite, de pyroxénite, de cornéenne, etc., toutes roches métamorphiques de la partie supérieure de la série cristal- lophyllienne. Dans les conglomérats, les fossiles sont nombreux mais ils n’ont pas été déterminés, ou du moins leur détermination spécifique n'a pas été publiée. Cet ensemble représenterait l'Oli- gocène inférieur. Au-dessus repose un complexe de grès et de schistes, parfois bitumineux. Il renferme toujours des accidents siliceux (couches ou nodules); et il porte le nom d'étage des schistes ménilitiques, bien que la silice qu'on y rencontre ne puisse être rapportée à la variété dite silex ménilite *. L'Oligocène se termine par des grès blancs en bancs épais dits grès de Tisesti. Ils seraient l'équivalent, comme niveau, des grès de Kliwa en Galicie. Dans l'Éogène ainsi constitué il y a parfois des lentilles de sel gemme, surtout dans l'Oligocène inférieur et dans les schistes ménilitiques. 1. SABBA STEFANESCU. Étude sur les terrains tertiaires de Roumanie. Contribution à l’étude stratigraphique, in-4°, 1897. >. Mrazec et TrIssEYRE. Aperçu géologique sur les formations salifères et les gisements de sel en Roumanie. Extr. Moniteur des intérêts pétroli- fères roumains. Janvier-juin 1902, p. 4. 3. S. STEFANESCOU. Op. cit., p. 69. 1904 DE LA JALOMITA ET DES CARPATHES ROUMAINES 29 Les couches de passage de l'Éocène à l’Oligocène constituent ce qu'on appelle les schistes de Tirgu Ocna. Le Miocène semble débuter par la formation salifère subcarpa- thique ou Helvétien;, le Burdigalien manquerait. Le faciès de l’'Helvétien est celui que les Allemands désignent sous le nom de schlier. Ce sont des marnes salifères et gypsifères, avec grès en plaquettes, rappelant beaucoup le flysch éogène. Aussi peut-on admettre avec MM. Mrazec et Teisseyre ' que ces deux dépôts se sont formés dans les mêmes conditions, au voisinage de conti- nents dont les roches cristallines anciennes auraient constitué le noyau. La série miocène comprend encore l'étage tortonien d’après M. S. Stefanescu?; mais MM. Mrazec et Teisseyre * mentionnent immédiatement sur l'Helvétien les étages sarmatique, méotique et pontique. Pour M. S. Stefanescu ‘ le Méotique correspondrait à la partie supérieure du Sarmatique. Au Pontique fait suite le Levantin ou Plaisancien. Le Pléistocène recouvre une grande partie de ces derniers étages. Il Les terrains secondaires que je viens d'énumérer tirent leur grand intérêt de leur allure. D'une manière générale ils ne sont pas en superposition normale les uns sur les autres; de plus ils présentent tous des traces de glissement et d’étirement. Je vais les reprendre au point de vue de leur allure. Le Lias et le Dogger s’accompagnent le plus souvent l’un l’autre. Ils reposent toujours sur les schistes à séricite et ils forment une grande bande orientée suivant une direction nord-sud. Elle est discontinue et jalonnée par une série d'ilots qui s'étendent de Strunga au nord jusqu'au Mont Ratei au sud, à l’ouest de la vallée de la Jalomita. Entre ces îlots, afileurent les schistes à séricite, ou les conglomérats cénomaniens reposant sur ces derniers. Les lambeaux deJurassique inférieur et moyen sont disposés sur une ligne de faîte de schistes à séricite et ils ne se voient plus à l’est de cette ligne, sauf dans le gite charbonneux de Brandus, sur la rive gauche de la Jalomita. Tous les affleurements de Lias renfermant des traces de char- 1. MraAzec et TEissEYrE. — Ueber aligocän Klippen am Bande der Karpa- then bei Bacau (Moldau). Jahrb. d. K. K. geol. Reichsanst., 1907. t. 51, p. 23. 2. S. STEFANESOU. S, Op. cit., p. 104. 3. Mrazec et Trisseyre. Aperçu géologique, etc., p. 47. 4. S. SIEFANESCU. Op. cit., p. 193. 60 J. BERGERON. — STRUCTURE DE LA HAUTE VALLÉE 18 Janv. bon, on y a ouvert des galeries de recherches qui d’ailleurs ont été abandonnées le plus souvent à une faible profondeur, par suite de la disparition du charbon. Nous avons visité ces galeries qui nous ont donné des renseignements fort précis sur l'allure des premières assises secondaires. Le lambeau le plus important, le seul exploité et par suite le mieux connu, est celui de Brandus. Il y a en cette localité un amas d’un charbon absolument comparable à de la houille carbonifère ; il affecte une forme telle qu à première vue, on peut aflirmer qu'il y a en te point un accident tectonique. Il est impossible en effet que le charbon se soit déposé avec l'allure que laissent voir les coupes des figures r et 2. Fe IB Fig. 1. — Coupe de l’amas de charbon de Brandus F suivant une direction S.O.-N.E. M. Toula’ avait cherché à l'expliquer en supposant que l’on avait aflaire à une lentille de charbon qui s'était disloquée suivant un certain nombre de failles plus ou moins convergentes. Mais rien ne justifie cette manière de voir, aucune cassure n'étant visible, ni dans la masse de charbon, ni dans les couches qui l’accompagnent. Ce ne sont Fig. 2°. — Coupe du pas non plus de simples plissements qui même amas suivant pourraient la produire. Les parties renflées une direction N.O.- : x So PAGE correspondent certainement à des refoule- ligne AB de la coupe Ments, tandis que les parties terminales, précédente. généralement en biseaux, sembleni être dues à des laminages, à des étirements. La masse charbonneuse est entourée d’une sorte de chemise d'argile, résul- tant de la décomposition et du broyage d’une brèche de schistes à séricite, au milieu de laquelle elle se trouve. A une faible distance de l’affleurement, la lentille acquiert rapidement son maximum d’épais- seur qui est de deux mètres environ. Dans sa plus grande dimen- 1. TouLa. Eine geologische Reïse in die transylvanischen Alpen Ruma- niens. M. Jahrb. d. Min. Geol. und Palæ., 1897, T. I, p. 184. 2. Ces croquis m'ont été fournis par la compagnie minière qui exploitait le gîte de Brandus. 1904 DE LA JALOMITA ET DES CARPATHES ROUMAINES Gt sion, c’est-à-dire suivant une direction N.E.-S.0., elle atteint 90 à 80 m.; son petit axe, qui est orienté normalement à la direction précédente a une longueur de 4o m. Elle plonge vers le sud-est. Les contacts du charbon avec la brèche qui l'entoure sont nets; ce sont de vraies surfaces de glissement, qui donnent l'impression qu'il y a eu frottement des deux roches l’une contre l’autre. Une galerie qui a été prolongée au delà de la lentille de charbon, à travers la brèche de schistes à séricite, est passée directement de cette dernière dans le Cénomanien. Au contact des deux roches, il y à un miroir de glissement, affectant l'aspect d’une surface gauche, qui indique un mouvement du Cénomanien par rapport au Lias. Ces glissements se reconnaissent encore dans les autres gîtes de Lias et de Dogger. Nous allons les passer en revue en allant du nord au sud. Près de Strunga, à la frontière de la Roumanie et de la Transylvanie, se voit une série d’affleurements qui s'étendent de Coteanu à Tataru. Ce sont encore des lentilles de charbon, disposées en chapelet et dont l’ensemble plonge vers l’est. Sur les assises que nous rapportons au Lias reposent, en concordance de stratifi- cation, le Dogger et sur lui la masse de calcaire blane du Malm- Néocomien. Mais l’ensemble du Lias et du Dogger doit s’effiler vers l’est, puisque plus à l’est, au niveau du monastère de Pesterea, les calcaires du Malm-Néocomien reposent directement sur les schistes à séricite. À Coteanu, au fond de la galerie Aurelianu, le Dogger se trouve en contact anormal avec le Lias : il apparaît brusquement avec un plongement de 70° vers le N.E.N., tandis que le Lias n'aurait qu'un plongement de 35° dans la même direction. Au jour, Jes couches de Dogger sont très réduites d'épaisseur, et eflilées sous les calcaires du Malm-Néocomien dont le plongement vers l’est et le nord-est est très faible. À la base des massifs de calcaires blancs de Zanoaga et de Lespezi, qui formaient primitivement un massif unique, mais qui ont été isolés l’un de l’autre par érosion, il y a plusieurs affleure- ments charbonneux qui correspondent à des synclinaux dans les schistes à séricite. Dans les galeries qui ont été ouvertes sur le versant ouest du massif de Zanoaga, les traces de laminage sont nombreuses ; de plus les assises du Lias plongent vers l’est et disparaissent dans cette direction, en diminuant d'épaisseur, sous les calcaires du Malm-Néocomien. Dans les affleurements de Lespezi on reconnaît encore des traces de laminage à la surface du sol ; mais nous n’avons pu, comme à Zanoaga, étudier les cou- 62 J. BERGERON. — STRUCTURE DE LA HAUTE VALLÉE 18 Janv. ches dans les galeries. Il n’y a pas de doute cependant Que l'allure du Lias et du Dogger ne soit la même qu'à Zanoaga. Dans le massif de Rateiï, situé au sud du précédent, et compris entre les torrents de Bratei et de Rateï, le Lias et le Dogger s’enfon- cent encore sous les calcaires du Malm-Néocomien, en plongeant vers l’est. Les travaux de recherche ont permis de reconnaître que les dépôts charbonneux étaient étirés, laminés avec des intercala- tions de brèches de schistes à séricite, entre des lentilles de charbon qui ne sont, sans doute, que des débris d'une lentille plus impor- tante, mais déchirée par suite du mouvement de translation. On a parfois l'impression que toutes ces couches ont été écrasées entre les schistes à séricite et la masse de calcaire blanc. En quelques points la galerie de recherche passe du Lias aux schistes à séricite; ces changements se font brusquement par de petits ressauts, qui correspondent à des ridements à pentes inégales, dus à un rabotage. En résumé la bande de Lias et de Dogger porte partout des traces d’étirement, de laminage. de morcellement, de refoulement. De plus, il semble que sous l’action de la force qui la refoulait, elle n'ait pu franchir une ligne de faîte formée de schistes à séricite. . La manière d'être des calcaires du Malm-Néocomien est plus curieuse encore. Ils reposent tantôt directement sur les schistes à séricite, tantôt sur la série précédente. Le plus souvent ils se pré- sentent avec l'aspect d’ilots ou klippes à parois plus ou moins abruptes, formant falaises. Parfois ils sont recouverts par les con- glomérats cénomaniens ; parfois aussi 1ls sont entourés par eux. Généralement, ces calcaires forment des masses compactes dans lesquelles on ne peut distinguer ni strates, ni plis. Si leur allure semble régulière et si le plongement général des couches paraît faible, cependant la surface de contact des calcaires et des couches sous-jacentes est irrégulière ; elle accuse encore des frottements énergiques. Par suite de glissements dans la masse calcaire, il s’y est produit, au contact des couches sous-jacentes, une série de cassures amenant des plongements brusques toujours vers l'est, et des contacts anormaux entre les différentes couches. C’est ce qui ressort de l'examen des galeries de recherche du Mont Rateï: commencées dans le Lias ou le Dogger, elles ont été poussées jusque dans ces calcaires du Malm-Néocomien, ce qui à permis de suivre l'allure des couches de base de ces derniers. A coup sûr il doit en être ainsi pour le massif de Zanoaga. 1904 DE LA JALOMITA ET DES CARPATHES ROUMAINES 63 Ces klippes sont développées surtout suivant la bande juras- sique dont j'ai parlé plus haut et qui s'étend de Strunga à Ratei. Dans cette région, elles reposent sur le Lias et le Dogger; mais, plus à l’est, par suite du laminage et de la disparition de la série jurassique inférieure, les calcaires du Malm-Néocomien reposent directement sur les schistes à séricite ; leur aspect est le même que celui signalé plus haut; ils ne renferment pas davantage de débris de schistes et leur contact avec les roches du substratum est très net. Il en est ainsi dans la haute vallée de la Jalomita, au monastère de Pesterea et sur la rive droite de cette rivière, en particulier vis-à-vis du gîte de charbon de Brandus. Ces mêmes calcaires forment encore des klippes au nord de Sinaïa entre le Cénomanien et le Barrêmien ; elles surgissent au point de contact de ces deux terrains. M. Popovici-Hatzeg en a signalé encore plusieurs autres, dans ces mêmes conditions ‘. Etant donnée l'allure des couches inférieures des calcaires du Malm-Néocomien,là où des galeries ont permis de les étudier, étant donnée la façon dont ces mêmes calcaires se présentent en superposition aux schistes à séricite, on peut admettre que par- tout où on rencontre des klippes de calcaires du Malm-Néocomien, celles-ci ont été charriées, comme dans la région du Mont Ratei. Le Barrêmien n'apparaît dans la haute vallée de la Jalomita qu'au niveau de Moroieni, au point où débouche la vallée de la Jalomitiora; il ne joue dans la région que nous avons parcourue qu'un rôle secondaire et ne se voit pas à sa place entre le Néoco- mien et le Cénomanien; je parlerai plus loin de son allure quand j aurai dit quelle est celle du Cénomanien. Le terrain qui dans la haute vallée de la Jalomita fait suite au jurassique supérieur est le Cénomanien. Son extension est consi- dérable et il recouvre presque toute la région comme ferait un manteau. Il repose indifféremment sur les schistes à séricite, sur le Lias, sur le Malm-Néocomien et sur le Barrêmien, en dehors de la région en question. Ainsi que je l'ai dit plus haut, ce sont les conglomérats dont l'épaisseur peut atteindre plusieurs centaines de mètres qui prédo- minent, et de beaucoup, sur les autres sédiments de même âge. Il est impossible de se rendre compte, à la simple vue, de l'allure de ces brèches ou poudingues. Maïs on se souvient qu'à la base il y a des niveaux charbonneux au milieu des grès. Des galeries de recherche; ouvertes dans les affleurements présentant quelque trace 1 Porovicr-Harzec. Op. cit., p. 9 et Carte géologique. 64 J. BERGERON. — STRUCTURE DE LA HAUTE VALLÉE 18 Janv. de charbon, ont permis de reconnaître quelle était la véritable allure du Cénomanien. A Piscu-cu-Bradi on rencontre de minces lits d'argile au milieu des conglomérats; ils ont été laminés par suite d'un mouvement relatif des deux masses entre lesquelles ils se trouvent. Il en est de même dans les recherches de la vallée du Glodul. Mais il y a plus : à Galgoiu, en face de Piscu-cu-Bradi, une galerie a permis de voir combien les couches inférieures étaient tourmentées ; dans la même recherche, une autre galerie montre des alternances de zones gréseuses et argileuses, fortement laminées, brisées, disloquées. Les assises cénomaniennes présentent donc elles aussi des traces de charriages ; de plus, elles plongent également vers l’est. De tous ces faits, on peut conclure que tous les terrains secon- daires de la haute vallée de la Jalomita ont été charriés et font partie d’une nappe de recouvrement; si, comme l’admettent quelques géologues, il y avait eu un simple glissement des sédi- ments sous l’action de la pesanteur vers une dépression faisant le tour des Carpathes, il n'y aurait pas, au contact des différents terrains, des traces de brisures, d’arrachement et de refoulement ; l'ensemble aurait glissé et il n'y auraït que les assises de base de la série secondaire qui présenteraient des traces d’étirement. L'allure du Barrémien, en dehors de la vallée de la Jalomita, vient encore à l'appui de l'hypothèse qu’il. y a eu refoulement. IL forme pour ainsi dire bordure aux conglomérats cénomaniens. Fig. 3. — Coupe schématique passant par Zanoaga et Brandus. 1, Schistes à séricite; 2, Lias et Dogger; 3, Malm-Néocomien; 4, Barrêmien; 5, Cénomanien. On le voit sortir de dessous ces derniers, présentant des volutes et des plis aigus se pénétrant les uns les autres (fig. 3) ; il semble que l’on ait affaire à une masse pâteuse qui se serait écoulée entre deux corps plus durs, chassée sous l’action d’une force venant du nord et de l'ouest puisque ces volutes et ces plis se sont produits vers le sud et vers l’est. | Un fait particulièrement important consiste en la présence, au milieu du Barrêmien, de blocs énormes de calcaire blanc du 190/4 DE LA JALOMITA ET DES CARPATHES ROUMAINES 65 Malm-Néocomien. Leur volume peut atteindre plusieurs mètres cubes ; ils sont toujours arrondis ou bien leurs arêtes sont émous- sées, parce qu'ils ont été roulés avec les marnes barrêmiennes. Plusieurs de ces blocs se trouvent dégagés. en partie, de la marne qui les entourait, sur la route de Moroïeni à Sinaïa. La nappe que j'ai reconnue dans la haute vallée de la Jalomita. devait avoir une extension plus grande et comprendre d’autres terrains que ceux que j'ai énumérés plus haut. En effet, à l’exté- rieur de la zone occupée par le Cénomanien, s’en trouve une autre formée par le Sénonien et le Tertiaire. Les marnes roses de ce Sénonien sont percées, comme nous l’avons observé près de Petrosita et comme l’a indiqué M. Popovici-Hatzeg près de Buneu, par des klippes de calcaires du Malm-Néocomien ou de brèches formées aux dépens de ces mêmes calcaires, brèches qui pour- raient être cénomaniennes. Étant donnée l’origine exotique des klippes que j'ai étudiées, je serais porté à voir dans l’existence de pareilles klippes au milieu du Sénonien, la preuve d’un charriage de ce dernier terrain. En ce qui concerne le Tertiaire, des faits bien plus probants en faveur d'un charriage me sont fournis par les coupes qu'ont données MM. Mrazec et Teisseyre dans leurs nombreux mémoires. Pour ne pas me répéter, J'exposerai, en parlant de l’âge probable de la formation de la nappe de recouvrement (voir page 68) quels sont ces faits et ma manière de les interpréter. IT Avant de rechercher quel a pu être le sens du mouvement de charriage, je voudrais revenir sur certains faits que j'ai déjà signalés plus haut, parce qu'ils sont particulièrement intéressants. Tels sont les contacts du Cénomanien et des différents étages sous-jacents. Théoriquement la nappe charriée devrait comprendre en superposition normale tous les terrains depuis.le Lias jusqu’au Cénomanien et même d’autres plus récents comme je le dirai plus loin. Le charriage explique la disparition, par places et sans cause apparente, de certains étages qui ont été laminés entre les couches sus- et sous-jacentes. La composition lithologique est le principal facteur dans de pareils accidents. Nous en avons une preuve dans la facon dont le Lias et le Dogger de la haute vallée de ia Jalomita se comportent: leur 1. Op. cit. p. 86. M. Popovici-Hatzeg a signalé également la klippe de Petrosita. 13 Mai 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 5 66 3. BERGERON. — STRUCTURE DE LA HAUTE VALLÉE IS Janv. constitution lithologique (schistes avec charbon, grès peu épais et peu compacts) les prédisposait au laminage et à la disparition par étirement. Pour le Barrêmien, dans lequel il y a des alternan- ces de bancs calcaires peu épais et de marnes, les refoulements avec plis, étirements, laminages, s'expliquent aisément. Mais si l’assise entraînée et comprimée est dure, et ne se prête pas au laminage, elle se brisera en morceaux qui se disjoindront facilement et seront entraînés par les couches encaissantes. Pour peu que celles-ci soient argileuses, c'est-à-dire fluantes, ces mor- ceaux pourront être transportés très loin, comme s'ils flottaient sur un liquide; mais dans leur transport ils seront frottés, usés, et formeront des blocs arrondis comme ceux des calcaires du Malm-Néocomien dans le Barrêmien. Si toutes les assises sont dures, elles se casseront sûrement dans leur mouvement de progression ; par suite de ces cassures et des dislocations qui se produiront forcément dans la partie supé- rieure de la nappe, les fragments inférieurs pourront se faire jour au milieu des débris des couches supérieures ; ils les traver- seront pour ainsi dire. C’est ce qui s’est produit pour les klippes de Malm-Néocomien qui apparaissent au milieu du Cénomanien : conformément à la théorie de M. Lugeon‘ elles appartiennent bien à la nappe et représentent des débris d’une assise inférieure, qui apparaissent au jour par suite de déchirures dans le manteau cénomanien. Les cassures se produisant dans les calcaires suivant des plans verticaux, ces klippes ont des parois abruptes qui semblent cons- tituer de véritables falaises, pour peu que les érosions aient enlevé une partie des conglomérats qui les entouraient. C'est de cet aspect qu'est née l'opinion, très répandue en Allemagne, que les klippes sont des îlots, restes de continents attaqués par les vagues de la mer cénomanienne ; tout autour de ces soi-disant falaises se retrouveraient des galets calcaires provenant de leur démantèlement. Cette interprétation ne peut plus être admise, du moins en ce qui concerne les klippes en question, maintenant que nous savons par ce qui précède que leur base présente des traces incontestables de charriage. Ces contacts à parois verticales ont été pris souvent pour des failles ; c’est ainsi que la Jalomita en suivrait une qui mettrait en contact les calcaires du Malm-Néocomien et les conglomérats 1. M. Lucxow. Les nappes de recouvrement de la Tatra et l’origine des klippes des Carpathes. Bull. des Lab. de Géol., Géogr. phys., Min. et Paléont. de l’Université de Lausanne, n° 4, p. 43. 1904 DE LA JALOMITA ET DES CARPATHES ROUMAINES 67 cénomaniens, dans la région de Brandus par exemple. En réalité, cette rivière a creusé son lit au contact de deux terrains de nature différente, amenés mécaniquement en juxtaposition. IV En général il est diflicile de préciser le sens des mouvements de charriage, en ne se guidant que sur l'allure des couches. I faut encore tenir très grand compte du faciès des assises entrant dans la compositon de la nappe, et chercher les régions dans lesquelles les mêmes assises présentent le même faciès ; il faut voir ensuite de laquelle de ces régions il est le plus vraisemblable que la nappe soit venue. J’ai eu quelque difliculté à suivre cette méthode, car les rensei- gnements que j'ai pu me procurer sur la géologie des régions avoisinant celle que j'ai parcourue sont assez vagues. Le Lias serait le même, d’après M. Mrazec, que celui du Banat et et de la Hongrie méridionale. C'est également l'opinion de M. Nopesa*. Le Dogger d’après M. Popovici-Hatzeg * présenterait de très grandes analogies avec celui de Klaus près de Hallstadt; c’est dans les deux régions un mélange de faunes bajocienne, batho- nienne et callovienne. Cependant on y rencontrerait quelques Céphalopodes spéciaux et nouveaux. Les calcaires groupés sous le nom de Tithonique se rapprochent beaucoup, d'après leurs caractères lithologiques, de calcaires cris- tallins blancs qui. dans toute la Transylvanie, représentent les étages du Malm au Néocomien inelusivement *. La même compa- raison peut se faire avec les calcaires que l'on désigne sous le nom de Klippenkalk, sur le versant septentrional des Carpathes du Nord. Le faciès du Barrêmien, que l’on assimile sans hésitation à celui des couches de Ropianka en Silésie, est connu au nord, en Tran- sylvanie, dans les environs de Kronstadt *. Il en est de même pour le Cénomanien * et le Sénonien ‘ qui se retrouvent identiques dans la partie orientale de la Hongrie; mais par contre, ces mêmes 1. Renseignements verbaux. 2. Popovicr-Harzec. Op. cit., p.64. Cette opinion est basée sur les travaux de MM. Radlich, Suess et Herbich. Nopcsa. Renseignements verbaux. Popovicr-HATzEG. Op. cil., p. 105. . Popovicr-HaArzEG. Op. cit., p. 112. Porovicr-HArzeG. Op. cit., p. 126. Se OL E CS 68 J. BERGERON. — STRUCTURE DE LA HAUTE VALLÉE 18 Janv. terrains diffèrent beaucoup dans la partie occidentale de la Transylvanie ‘. En résumé, la plupart des assises secondaires que j'ai étudiées dans la haute vallée de la Jalomita, c’est-à-dire à l'extrémité orien- tale des Carpathes méridionales peuvent se rattacher à d’autres de même âge et de même faciès qui se trouvent en Transylvanie et même parfois encore plus au nord. Il semble donc naturel d’admet- tre que la nappe vient du nord. Cependant, on pourrait objecter qu’au sud des Alpes de Tran- sylvanie, les assises secondaires sont cachées sous des dépôts tertiaires et pléistocènes et que par suite. nous ne savons ce qu’elles sont; elles pourraient être identiques aux précédentes et dans ce cas il y aurait doute si la nappe n’est pas venue du sud. Mais l’allure des couches ne se prête pas à un mouvement dans ce sens. Nous avons vu qu'il y avait eu dans les différentes assises où nous avons constaté des traces de charriage, des étirements, des laminages vers l'est. Dans le Lias et le Dogger, nous avons même vu les couches venant de l’ouest, ne pouvoir franchir la ligne de faîte Strunga-Ratei, rester sur le flanc occidental, et se laminer vers l’est sous l’action du reste de la nappe qui continuait son mouvement suivant cette direction. Mais c’est surtout l'allure du Barrêmien qui parle en faveur d’un mouvement venant à la fois du nord et de l’ouest, car le refoulement des calcaires et des marnes s’est produit vers le sud et vers l’est. Il se peut que le relief et la nature du substratum aient influé sur la direction prise par la nappe. Ce que l’on est en droit d'aflirmer c’est que les racines de la nappe se trouvent en Transylvanie et que la nappe a débordé l'extrémité orientale des Carpathes méridionales. y Nous avons vu que tous les terrains secondaires, y compris le Sénonien, avaient été charriés. Examinons maintenant comment se comporte le Tertiaire, d’après ceux qui l'ont le mieux étudié au point de vue de son ailure. MM. Mrazec et Teisseyre qui ont publié les travaux les plus récents sur le Tertiaire des Carpathes roumaines, ont donné des coupes très nombreuses et qui paraissent très exactes. Or ces coupes me paraissent pouvoir être interprétées autrement quil a été fait. Les nombreux contacts anormaux qui y sont figurés sont attribués à des failles; mais les coupes sont très explicites par 1. NorcsA. Renseignements verbaux. 1904 DE LA JALOMITA ET DES CARPATHES ROUMAINES 69 elles-mêmes ; elles sont faciles à interpréter et à défaut d’obser- vations personnelles faites sur le terrain, elles m'ont permis d'arriver à des conclusions intéressantes. Dans son étude sur la géologie des Carpathes de Bacau, c'est-à- dire de l’are qui réunit les Carpathes du Nord aux Alpes de Tran- sylvanie, M. Teisseyre ‘ a étudié spécialement le contact de ce qu'il appelle la zone du flysch * avec la zone de la formation salifère du Miocène. Ce contact se ferait par une faille inverse qui ramènerait le flysch sur le Miocène ; il en serait ainsi tout le long de l'arc carpathique, le flysch étant toujours situé dans la partie concave de l'arc et constituant parfois de très hautes montagnes. Les coupes que donne M. Teisseyre nous montrent des accidents tecto- niques caractéristiques par leur association des nappes de recou- vrement. Tantôt ce sont de simples ondulations * : ailleurs les plis se sont accusés davantage : la nappe est formée par des anticli- naux renversés, charriés avec disparition d’un certain nombre d'assises *; d’autres fois elle présente la structure imbriquée ‘ ; il peut y avoir simultanément des plis et des écailles’. Tous ces accidents sont bien connus dans les nappes des Alpes. La coupe passant par les monts Magura et Virful Chichilau publiée par MM. Mrazec et Teisseyre ‘ et que je reproduis plus loin (fig. 4, p. Jo), donne une idée de l'allure de la nappe carpa- thique. Dans ces coupes, il n'est fait mention que des assises les plus extérieures du massif de flysch, celles qui appartiennent au Ter- taire; mais elles se relient aux assises les plus anciennes du même massif qui se trouvent plus à l’ouest et qui appartiennent au Crétacé. Tout le complexe, désigné sous le nom de flysch, a dû être charrié en même temps que ce Tertiaire, et par conséquent la aappe reconnue dans la haute vallée de la Jalomita a dû subir uu mouvement de refoulement à la même époque que l'Éogène. 1. TEISSEYRE. Zur Geologie der Bacauer Karpathen. Jahrb. d. K. K. geol. Reichsans. T. 47, 1897, p. 567. 2. Je rappellerai que l’on désigne, dans la région carpathique, sous le nom de flysch, toute la série gréseuse et marneuse qui s'étend du Cénomanien à l’Oligocène inclusivement. 3. TESSEYRE. Op. cit.; Fig. 21, p. 655; fig. 22, p. 657. 4- Ip., id.; Fig. 17, p. 639; fig. 18, p. 643; fig. 19, p. 645. 5. In., id.; Fig. 3, p. 588; fig. 4, p. 589; fig. 24, p. 661; fig. 25, p. 670: fig. 26, p. 684. Du PI XVI fig Tiet 2: PI) XVIL fig. 1, 21et 3. 7. Mrazec et TEISSEVRE. Aperçu géologique sur les formations salifères et les gisements de sel en Roumanie. Moniteur des intérêts pétrolifères rou- mains. Janvier-Juin 1902. Extr., fig., p. 2. Cetle coupe est la reproduction d’une des figures précédemment citées. Voir Tersseyre, Op. cit., pl. XVI, fig. 2. ÉE 18 Janv. LA HAUTE VALLEE — STRUCTURE DE BERGERON. J. 7O "2XA9SS19 7, ‘AA 19 29284 ‘TT Said, — ‘Soyonoo sop oanpe,[ Juogaadaoqui sinoqne S9] Juowuuwuoo onbrpur eqmuiod wo qe og ‘ou2soqsrotq ‘d ‘onbneuues ‘s ‘(erwo8uos) eusoonmx oxagpes 08814 ‘y ‘(s918 ‘osdé8 ‘ourew) QU9IONU 949Ji[es 26874 ‘y : au200810 oddux ‘0 * (mjuojos 9p said euronue queuuoy}) au9908110 ‘0 {ou200f ‘2 — ‘r/h : Sinonsuo] xne Sinopne Sp Oddey — ‘PIN 9p UT E] JUESIDABIY U9 ‘YJOaIS np 291[eA e[ enbsnl (nyuoyog 9p uoitAu»9) uoSÂY np 9INPIOG ET 9P SOI E 190,1 9P PU9IYS OH NvOU 9p JsIp 01 suep onbiqjedivoqns augooru ou0z e] SA2A8AY & odno7n — *c ‘814 F2 . 72 ; S LILAS REMOPE: ; aus up R91911)94 2P AUIEuN yosÂy; np | 29I[UA “onbrqyedivoqns augooru euoz 91NpIOY soyyeduer) . 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La multiplicité des plis au contact du flysch prouve son action immédiate sur l’Helvétien par suite du charriage. La nappe est donc d’âge postérieur au dépôt de l'Helvétien. I1 semble, d’après une figure publiée par MM. Mrazec et Teis- seyre * et que je reproduis (fig. 5, p. 70) que l’époque du charriage soit encore plus récente. En effet, elle donne l'impression que l'Helvétien de la zone subcarpathique appartient lui-même à une nappe. Vers l’est, sous la formation salifère se voit, en concor- dance avec elle, un lambeau d'Oligocène (c’est ce que les auteurs appellent une klippe) qui paraît passer sur le Sarmatique; de plus, dans un arrière-plan, le même Helvétien serait superposé aux couches sarmatiques. Dans la coupe, il n’y a pas superposi- tion immédiate, mais d’après l'allure des couches, il y aurait plongement du Sarmatique sous l'Helvétien, ce qui correspondraïit à un charriage postérieur au Sarmatique. Une autre coupe donnée par les mêmes auteurs me confirme dans cette manière de voir; elle passe par la vallée de la Cleja * ; les couches helvétiennes plongent vers l’ouest (avec une intercala- tion d'assises oligocènes) et ont une allure telle qu'elles doivent passer sur des couches sarmatiques sensiblement horizontales. Il y a encore dans la figure une lacune entre les assises helvétiennes et sarmatiques; mais par la pensée, il est facile de rétablir les contacts tels que je‘les ai indiqués. Si MM. Mrazec et Teisseyre ne parlent pas de la superposition de l'Helvétien au Sarmatique. du moinsils insistent * sur ce fait qu'au niveau de l'arc carpathique il y a contact par faille entre ces deux étages à l’est de la zone helvétienne subcarpathique. C'est 1. Uxzic. Bau und Bild der Karpaten, p. 259. 2, Mrazec et Trisseyre. Ueber oligocäne Klippen am Rande der Karpa- then bei Bacau (Moldau). Jahrb. d. K. K. Geol. Reich., 1901, Bd. 51, H. 2, PS5 IS 0 D 2/9 3. Ibid., fig. 2, p. 24r. 4. Ueber oligocäne Klippen, etc., p. 235. — Aperçu géologique sur les for- mation salifères, etc., p. 44. 72 J. BERGERON. — STRUCTURE DE LA HAUTE VALLÉE 18 Janv. précisément le long de cette faille que se rencontrent les ilots oligocènes tels que celui dont je viens de parler à propos de la coupe entre Solontu et la vallée du Sireth (fig. 5). Le contact entre l'Helvétien et le Sarmatique se ferait donc, dans la région en question, de l’aveu même de ces observateurs, d’une façon anormale, comme vers l’ouest, celui du flysch et de l'Helvétien. Il y a encore, selon moi, à invoquer en faveur du charriage de l'Helvétien, la présence, au toit des masses de sel, d’un conglo- mérat dont les éléments sont formés des mêmes roches que celles qui entrent dans la constitution des conglomérats du flysch. Ce sont des blocs de granite, de roches vertes, de calcaires du Malm- Néocomien ‘. Leurs dimensions, parfois énormes, les ont fait pren- dre par plusieurs auteurs pour des roches en place *. Un charriage dans une nappe peut seul expliquer leur présence si loin des régions où afileurent les mêmes roches soit en place, soit à l’état de klippes dans le flysch. Je reconnais que les preuves en faveur d’une nappe intéressant l'Helvétien sont moins bien établies que celles relatives au char- riage du flysch; elles auraient besoin d’être plus nombreuses et surtout de reposer sur des faits bien constatés par une observation directe. Néanmoins je considère comme très-probable la formation post-sarmatique de la nappe. Je n'ai pu trouver l'indication des niveaux sarmatiques qui seraient recouverts par l'Helvétien ; mais comme les dernières dislocations importantes des Carpathes auraient eu lieu, paraît-il, avant le Sarmatique supérieur, je suis porté à placer le charriage en question entre le Sarmatique inférieur et le Sarmatique supé- rieur. Peut-être le charriage s’est-il produit en plusieurs temps ; peuit- être y a-t-il eu des relais dans la nappe. prise dans son ensemble ; il m'est impossible de le dire ;: en tous cas le dernier charriage daterait de l’époque que je viens d’indiquer. Postérieurement à celui-ci se sont produits de nouveaux plissements, d’ailleurs bien moins importants, dont quelques-uns ont intéressé jusqu'au Plio- cène. VI Je n'ai pu étudier de la nappe de recouvrement dont je viens de parler, qu'une partie relativement peu intéressante : en effet, 1. Aperçu géologique sur les formations salifères, ete., p. 20. 2. MM. Mrazec et Teisseyre citent à Podenu Noi, district de Prahova, un bloc calcaire de 950 mètres cubes. 1904 DE LA JALOMITA ET DES CARPATHES ROUMAINES 73 elle a été morcelée par des érosions qui ont, en outre, fait dispa- raître les assises supérieures. De plus, je n'ai pas visité la région tertiaire qui certainement fournirait les faits les plus importants au point de vue de la tectonique. Dans ces conditions, j'attendrai pour comparer les Carpathes roumaines aux Alpes et aux Car- pathes septentrionales que l’on commence à bien connaître, d’avoir complété mes études sur le terrain. Mais il est quelques remarques que je crois bon de faire dès à présent. D'abord, comment les faits que j'ai exposés plus haut ont-ils été interprétés ? Dans la partie septentrionale de la Moldavie l'allure des couches est encore mal connue !. A partir des districts de Neamtz et de Bacau. l'Helvétien formerait un synclinal bordé vers l’ouest par le flysch et vers l’est par le Sarmatique (fig. 5, p. 70; le faciès lagunaire de cet étage, dans lequel il y a des marnes et des conglomérats, se serait déposé très sensiblement dans la même région que le flysch éogène, mais avec une faible régression ; d'ailleurs la chaîne carpathique aurait été déjà soule- vée au commencement du Miocène. Il y aurait eu effondrement de la zone helvétienne qui se trouve limitée maintenant par deux failles postérieurement au Sarmatique. La faille occidentale serait inverse et ramènerait le flysch sur l'Helvétien ; comme je l'ai dit plus haut, elle correspondrait pour moi au contact de la nappe de flysch avec l'Helvétien. Quant à la faille orientale, qui est jalonnée par des îlots éogènes comme près de Bacau, elle corres- pondrait au contact de la nappe helvétienne avec le Sarmatique. La bande helvétienne se rétrécirait vers le sud-ouest, en même temps que les failles s'infléchiraient suivant cette même direction. Celles-ci disparaîtraient dans la Mounténie occidentale, et toutes les couches tertiaires reprendraient une allure normale en se rap- prochant des Alpes de Transylvanie. C’est donc au niveau del'are carpathique que le Tertiaire présente cette allure disloquée ; c’est précisément la région où les phénomènes de charriage offrent, selon moi, leur maximum d'intensité. L'effondrement de la zone helvétienne aurait joué un rôle prin- cipal dans la tectonique des Alpes de Transylvanie, Conformé- ment à l'opinion du Professeur Uhlig, sur la formation des klippes des Carpathes septentrionales ?, les assises secondaires auraient recouvert les roches cristallines à la manière d’un bouclier. Puis 1. Mnrazec et TrisseyrE. Aperçu géologique sur les formations salifères, eiC., p- II. 2. Uuzre. Bau und Bild der Karpaten, p. 255. 74 J. BERGERON 18 Janv. les lambeaux de ce bouclier, au moment de l'effondrement de la zone helvétienne, seraient descendus, sous l’action de la pesan- teur, vers la dépression résultant de cet effondrement. Voici quelle aurait été, selon moi, la succession des phases de formation des Carpathes roumaines. Il est très vraisemblable que les deux anticlinaux cristallins des Carpathes orientales et méri- dionales se sont formés en même temps que les chaînes hercy- niennes (fig. 6, I et IL, p. 75). J'ignore quel fut leur rôle durant la première partie du Secondaire ; mais à la fin de l’époque crétacée et durant l’époque éogène, ils formaient sans doute les noyaux de continents d'où proviennent les éléments du flysch qui les entoure. Il y avait probablement alors communication entre la région hon- groise et la région moldave. En tous cas cette communication existait à l’époque helvétienne. Ce n'est pas l'identité du faciès lagunaire de la région orientale de la Transylvanie et de la région occidentale de la Moldavie, qui m'amène à cette conclusion, car les mêmes dépôts lagunaires auraient pu se former de chaque côté d'un isthme ; mais je m'appuie sur la présence dans l'Helvétien de Transylvanie (couches de Mezoseg) d’un tuf dacitique désigné sous le nom de palla, qui se retrouve en Roumanie au niveau de l'arc carpathique et du côté de Slanic ‘ dans des couches identiques. Postérieurement au dépôt de cet Helvétien et peut-être du Sarmatique, il s’est produit un ridement qui a abouti à la forma- tion d’une nappe qui s’est répandue vers l’est, en débordant sur les massifs anciens des Carpathes orientales et méridionales. Mais ceux-ci se sont comportés comme les mâchoires d’une filière: au niveau de l'arc carpathique, les plis qui affectent la nappe sont orientés suivant une direction ouest-est?. Il a dû d’ailleurs se pro- duire dans la nappe même bien des mouvements de torsion qui expliquent comment le flysch a une allure si bizarre, incompréhen- sible même, si l’on n’admet pas l’existence d’une nappe. En Mounténie occidentale et en Olténie, l’allure générale serait plus régulière. Néanmoins MM. Mrazec et Teisseyre citent des îlots éogènes émergeant de l'Helvétien. Étant donné que plusieurs de ces îlots se trouvent au voisinage de la nappe tertiaire, on peut se demander s'ils ont une racine et s'ils ne sont pas des lambeaux de la nappe de recouvrement, isolés par érosion, ainsi que j'ai observé le fait plusieurs fois dans l'Hérault. Tels sont les îlots de 1. MeAZEC et TEissEYRE. Aperçu géologique sur les formations salifères, etc., p, 9. L 2. MrAzec. Considérations sur la zone centrale des Carpathes roumaines. Extr. Bull. Soc. Sc. phys. de Bucarest, n° 5-6, 1895, p. 12. *OIULIS 2p O49JI[NS 9U9901J{ NP AR — * ‘(nvoeg) o1PLafvA j9 JUS 9) SAUQ90SI[0 SJOI] — "[EA LIN) 0P 209909 UISSEY — : ‘HSQULBLI( CAN“) 9p 2U9809 JO — * “290, 9D 009809 JO] — : *BUTLUSON)-TAPU -2]Sng-1JuV/JO 9P 2U9509 JO] — * ‘0[998S 9D 909009 JO] — * *VALOIJLIS 9P 9U9209 JO[[ — ‘ “aJUNQ op IUO[LA 9P 9U9509 appubsoig — * ‘TJSOSI[, Nozo1q XI ITA IA 9p 9U9207 19 92UJ)O UISSEY — ‘AI SÂÇ Up 9007 — ‘III ‘SO[BUOIPHIQUU SU} due”) 05 UIISHO [EWIIUY — II ‘SO[EJUOIIO So] “due Sop UfRJSHO [RUIQUE — ‘I 9 SI © - [e] Cu po) O n (pu > W Jeu\ 7 e2z ed 10 n$oye ‘ En eoue)|: Q nxe7799 Geses'7 Vezepun 1K NS —_— EE AIO L Nr S27DS S9D7 Ce? onbnyypdmoqns 212fyps ou07 FF 4Sh4 [III SUPPISLD SUD] == PNR re tes euAossi8] AA72987E NW saudp p 3INVNNOE SP eueyes uoiÿeu er op oqJ8) 76 J. BERGERON. — STRUCTURE DE LA HAUTE VALLÉE 18 Janv. Doftaneti, Bustenari, Cosmina (fig. 6, IX), de Telega (fig. 6, X), de Gura, Draganesei (fig. 6, XI). De même la presqu'île éogène de Valeni de Munte (fig. 6, V) ne fait-elle pas partie d’une nappe où les érosions auraient enlevé un lambeau du manteau de flysch pour mettre à nu l'Helvétien sous-jacent de la soi-disant baïe de Slanic (fig. 6, XIV). La coupe que MM. Mrazec et Teisseyre don- nent de cette baie’, n’est pas assez claire pour que l’on puisse en tirer une conclusion dans un sens ou dans l’autre. Cependant il semble que sur le bord septentrional, le flysch soit ramené au contact de l’Helvétien par une faille inverse qui, probablement, correspondrait au contact de la nappe. Je n’oserais émettre la même hypothèse pour les lambeaux éogènes situés plus à l’ouest. Cependant M. Mrazec m'a dit con- naître, vers l’ouest, sur le massif des Alpes de Transylvanie, des lambeaux de terrains cristallins et jurassiques non en place. Y aurait-il eu charriage des lambeaux crétacé et éocène de Brezoiu Tisesti (fig. 6, IV), des lambeaux éocènes de Slatioara (fig. 6, VD. de Sacele (fig. 6, VID) et de Gura Val (fig. 6, XII). La réponse à cette question ne pourrait être donnée qu'à la suite d'une étude sur place. 2 VII Du mémoire publié par M. Lugeon sur la Tatra du Nord ?, comme des faits que je viens d'exposer concernant la tectonique de l'arc carpathique et de l'extrémité orientale des Alpes de Transylvanie, on est en droit de conclure que les Carpathes présentent, en plu- sieurs points de leur pourtour, des preuves de charriage de l'inté- rieur de la chaîne vers l'extérieur. Aïnsi se trouve confirmée et étendue la belle observation de M. Suess relative au plongement des plaines de la Galicie sous les Carpathes *. Comme pour les Alpes, le mouvement de refoulement ne s’est pas produit suivant une seule direction ; mais suivant des direc- tions radiales. Qu'il y ait eu charriage tout le long des Alpes de Transylvanie ou seulement vers leur extrémité orientale et dans l'arc carpathique, il est certain que la nappe est venue de la Tran- sylvanie, c'est-à-dire d’une région qui durant le Miocène a été occupée par les eaux marines ou saumâtres, aussi bien avant la 1. MraAzec et Trissxyre. Coupe de Sotrile à Doftana. Aperçu géologique des formations salifères, etc. Figure, p. 14. 2. Lucron. Les nappes de recouvrement de la Tatra et l’origine des klippes des Carpathes. Bull. des Labor. de Géol., ete., Lausanne, 1903. 3. Suess. La face de la Terre. T. I, p. 244. Ed. française. 1904 DE LA JALOMITA ET DES CARPATHES ROUMAINES 3]5] formation de la nappe qu'après ; on y connaît l'Helvétien, comme le Sarmatique et le Pontique. La nappe a donc eu un mouvement de progression d'une région basse, ou dépression, vers une région relativement haute. formant bordure à cette dépression. Il en a été de même pour la nappe de la Tatra du Nord. On peut donc dire que la chaîne carpathique est caractérisée par l'existence de nappes périphériques provenant de la dépression hongroise. SUR LA CAUSE DE LA PRÉSENCE DU CRÉTACÉ SUPÉRIEUR A DE GRANDES ALTITUDES SUR LES FEUILLES DE LUZ ET D'URDOS par M: L. CAREZ :,. (PLANCHE ll) La présence du Crétacé supérieur à des altitudes considérables et dans une position anormale, aussi bien aux environs de Gavarnie qu'au Balaïtous, au pie de Ger près Eaux-Bonnes et en divers points de la feuille d'Urdos, a été signalée depuis fort long- temps et par de nombreux géologues. Mais la plupart d’entre eux se sont bornés à exprimer l’étonnement que leur avait causé la constatation de ce fait sans chercher à l'expliquer. Parmi ceux qui ont tenté de connaître la raison de cette surélé- vation, les uns ont pensé qu'elle était due à un empilement de plis couchés (M. de Margerie), d'autres l’ont attribuée à une discordance de dépôt (MM. Seunes, Bresson), ou à une faille oblique ayant fait glisser le versant méridional sur l’axe de la chaîne (M. Stuart- Menteath et moi-même). Je persiste à croire que l'opinion que j'ai émise très suceincte- ment dès 1900 * est fondée et que la présence du Crétacé supérieur 1. Communication faite à la séance du 18 mai 1905. 2. Les Pyrénées, terrains sédimentaires (Livret-guide publié par le Comité d'organisation du VII Congrès géologique international, XIX), 1900. 78 L. CAREZ. — PRÉSENCE DU CRÉTACÉ SUPÉRIEUR 18 Janv. à Gavarnie et Eaux-Bonnes est le résultat d’un vaste charriage venu du Sud, d’une écaille gigantesque. Je vais donner rapidement les raisons qui m'ont conduit à cette conclusion, et qui seront développées plus longuement dans le deuxième fascicule de ma Géologie des Pyrénées françaises. I. ENviroNs DE GAVARNIE. — Les flancs de la vallée entre Gavarnie et le cirque sont formés à la base par des schistes grani- tisés appartenant au Primaire (Silurien moyen d’après M. Bresson). Au-dessus se trouve une bande calcaire très mince au nord, mais s’épaississant notablement aux abords de la frontière, où elle peut atteindre en certains points une centaine de mètres d'épaisseur ; ce calcaire, de couleur blanche, renferme de très nombreux sphéru- lites et des Hippurites qui ont pu être déterminées et indiquent nettement le Campanien. NE. DRE so ÿ Ÿ © du Pimené Û Frontière | Estazqu 29300 Crète de Sany on 2478\ ce en à i HA Ô eOUrdesa 1 Aberlla É Ë : ù Plateau de L qe Coumely (Es 5 RE BERTTE ZITE HT E EE =. = = _ Silurien Dévonien Carbonif. Campanien Danien Nummulit. moyen supér. infér. supér. Fig. 1. — Coupe du flanc oriental de la vallée de Gavarnie. Echelles : longueurs, 1/160000; hauteurs, 1/80000. Au Piméné, comme à Mourgat, ce Crétacé est surmonté par une masse considérable de couches primaires, où M. Bresson a dis- tingué de bas en haut, Silurien supérieur, Dévonien supérieur, Dévonien inférieur, Carbonifère ‘. Le contact entre le Silurien granitisé et le calcaire campanien se fait par une plateforme absolument unie, rabotée, polie même, très légèrement et régulièrement inclinée vers le nord. Quant aux bandes de Silurien supérieur et de Dévonien qui surmontent le 1. Pour tout ce qui concerne les divisions du Primaire, je m'en rapporte entièrement aux indications de M. Bresson, n'ayant pas fait une étude spé- ciale de ces terrains. 1904 SUR LES FEUILLES DE LUZ ET D'URDOS 79 Campanien, elles suivent celui-ci avec une épaisseur à peu près constante, de sorte que l’on croirait au premier abord se trouver en présence d’une succession normale et régulière. Enfin le Campanien est recouvert par une masse imposante de caleaires gréseux jaunes appartenant au Danien et formant toutes les parois du cirque de Gavarnie; entre ces deux étages se voit une surface de contact anormal bien nette s’abaissant vers le sud: le Campanien est incliné fortement au nord, tandis que le Danien plonge en sens inverse. Tous ces faits sont indiqués sur la coupe (fig. 1) et sur la planche r; cette dernière est la reproduction d'une photographie de la montagne d’Astazou (paroi orientale de l'entrée du cirque de Gavarnie). Dans la vallée de Héas, on reconnaît des faits analogues même succession, même nature des contacts. Il y a identité abso- lue dans la constitution des flancs des deux vallées. I. Massir D'Eaux-Bonnes-EAux-CHAuUDEs. — Le Crétacé supé- rieur de ce massif, dont le point culminant est le pic de Ger, est composé d'une puissante série de calcaires compacts blancs, qui paraissent représenter à la fois le Turonien et le Sénonien; ils reposent comme à Gavarnie sur une plateforme arasée à incl- naison faible, formée de granite ou de Primaire ; cette plateforme est bien visible dans la vallée du Sousoueou et dans celle d'Eaux- Chaudes. Du côté du nord, le Crétacé supérieur vient buter contre les assises primaires qui le recouvrent en certains points. Pas plus que dans la première région, il n'existe à la base du Crétacé ni cordon littoral ni cailloux roulés ; les couches qui for- ment le contact même du granite sont constituées, sur deux ou trois centimètres, par une sorte de bouillie de granite où dominent les petits grains de quartz, toujours anguleux ; puis immédiate- ment au-dessus viennent des couches de calcaires schisteux noi- râtres très fins. IL est impossible de voir dans tout cela l'indication de dépôts de rivage. Parfois on constate, au contact même, la présence de blocs plus ou moins volumineux de granite : ils ne sont jamais à l’état de galets, mais seulement de blocs à angles émoussés. En un mot, ce qui se présente au massif d'Eaux-Bonnes est la répétition absolue de ce que nous avons constaté aux environs de Gavarnie. Il. Massir pu pic BAzës. — Un troisième afileurement de calcaire à Hippurites et Sphérulites s’étend du pic Bazès au pic de Gès, à l'ouest d'Argelès. C’est une lame peu épaisse inclinée au 80 L. CAREZ. — PRÉSENCE DU CRÉTACÉ SUPÉRIEUR 18 Janv. nord, reposant sur le Dévonien et recouverte soit par le Dévonien soit par le Carbonifère. Là encore, aucun caillou roulé. Je ne parlerai pas du petit lambeau du Balaïtous que je n'ai pas visité et je passerai de suite à l’exposé des principales raisons qui me font penser que le Crétacé supérieur ne s’est pas déposé là où nous le trouvons aujourd'hui. Ces raisons sont les suivantes : 1. L'existence d’une plateforme polie à la base. 2. L'absence absolue de cordon littoral et même de cailloux isolés à la partie inférieure du Crétacé. 3. La régularité et la quasi-horizontalité du calcaire campanien. 4. La différence de faciès du Crétacé de Gavarnie et des Eaux- Bonnes d’une part, de celui du versant septentrional d’autre part. 5. L'absence du Jurassique et du Crétacé inférieur entre le Primaire et le Crétacé supérieur. 6. Le contraste entre les plissements intenses du substratum primaire et l'allure régulière de la base du Crétacé supérieur. 7. Les plissements intenses du Crétacé supérieur. Existence d'une plateforme polie à la base. — Nous avons vu ci-dessus que le calcaire crétacé repose sur une surface plane. for- mée par le Silurien à Gavarnie, par le granite et diverses couches primaires au massif de Ger. Cette surface, polie, à inclinaison régulière, a tous les caractères du substratum d'une masse char- riée ; au contraire, son origine me paraît incompréhensible dans l'hypothèse d'une transgression marine. Je ne connais aucun exemple d’un phénomène semblable résultant de l’action de l’eau : celle-ci produit des falaises, ravine des couches préexistantes, c’est-à-dire qu'elle fait précisément l'inverse de ce qui s’est passé aux points que nous étudions. Elle ne façonne pas de larges sur- faces planes. Absence absolue de cordon littoral et même de cailloux roulés à la partie inférieure du Crétacé. — L'étude détaillée et répétée des contacts à Gavarnie, au Coumély, à Troumouse, aussi bien que dans la vallée du Sousoueou et aux Eaux-Chaudes m'amène à formuler cette proposition qui est en contradiction absolue avec la manière de voir de M. Bresson. Je n'ai vu, en aucun point, de conglomérat ni même de cailloux isolés ; parfois il existe au contact du Silurien ou du granite quelques blocs arrachés au substratum, mais ces blocs, de dimension très variable, émoussés et non roulés, appartenant toujours aux rochés voisines du lieu où on les rencontre, s'expliquent très bien dans l'hypothèse d’un charriage. Ils ont été arrachés par la masse en mouvement aux couches que 1904 SUR LES KEUILLES DE LUZ ET D URDOS gi celle-ci rencontrait sur sa route et transportés à une petite dis- tance ; mais, je le répète, is ne sont jamais roulés. Les premières assises qui reposent sur le Silurien sont formées de sédiments très fins ; elles renferment de place en place quelques grains de quartz, mais ceux-ci sont absolument insuffisants pour leur donner un caractère littoral; on en trouve de semblables dans le Crétacé supérieur de toute la chaîne pyrénéenne et notam- ment dans des points qui ne sont certainement pas d'anciens rivages. Régularité et quasi-horizontalité du calcaire campanien. — La position presque horizontale et si régulière du calcaire campanien paraît, au premier abord et pour celui qui ne connaît pas la région, un argument en faveur de son dépôt sur place ; c’est au contraire, suivant moi, la meilleure raison à opposer à cette hypothèse. IL n'est pas douteux en effet que des mouvements très énergiques se sont produits à la fin de la période éocène; je n'en donnerai comme preuve que l’empilement de plis couchés qui affecte le Danien du Cylindre et du Marboré, et le renversement très fré- quent des assises éocènes, vers la limite septentrionale de la zone pyrénéenne. j Or comment expliquer que le Campanien n'ait pas été intéressé par ces mouvements ? Par quelle bizarrerie incompréhensible ce terrain aurait-il traversé cette période de plissements intenses en conservant sa régularité et sa quasi-horizontalité primitives? Dans l'hypothèse du dépôt sur place, il n’y a pas de réponse possible à ces questions. J'ajouterai que les couches du calcaire campanien ne sont pas disposées parallèlement à la surface de contact du Silurien grani- tisé, comme cela devrait être dans le cas du dépôt sur place. Cela se voit de la façon la plus nette sur la photographie reproduite par la planche I. Différence de faciès du Crétacé de Gavarnie et des Eaux- Bonnes d'une part. de celui du versant septentrional d'autre part. — Les lambeaux de Gavarnie, des Eaux-Bonnes et du Pic Bazès présentent tous le faciès des calcaires à Rudistes, lequel est absolument inconnu dans la série régulière du versant septen- trional. Or si l’on veut bien remarquer que le lambeau du Pic Bazès n'est séparé que par un intervalle de quinze cents mètres environ du Secondaire du versant septentrional., on reconnaitra que ce changement brusque de faciès, tout-à-fait improbable dans le cas du dépôt sur place, s'explique très bien si le calcaire à Rudistes a été amené mécaniquement d’une grande distance. 13 Mai 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 6. 82 L. CAREZ. — PRÉSENCE DU CRÉTACÉ SUPÉRIEUR 18 Janv. Absence du Jurassique et du Crétacé inférieur entre le Pri- maire et le Crétacé supérieur. En aucun point, il n’a été constaté de couches du Jurassique, ni du Crétacé inférieur entre le Primaire et le Crétacé supérieur. Dans l'hypothèse du dépôt sur place de ce dernier, l'absence du Jurassique et du Crétacé infé- rieur ne pourrait s'expliquer que de deux manières : par le fait qu'ils ne se seraient jamais déposés en ces points ou par une colossale dénudation qui les aurait fait disparaître. Si l’on remarque que ces deux terrains se présentent avec une épaisseur considérable et avec des caractères nullement littoraux à une très faible distance des lambeaux de Crétacé supérieur, on considérera qu'il est impossible de croire qu'ils ne se soient pas déposés au moins au pic Bazès et au pic de Ger. Je pense d’ailleurs qu'à ces époques, la mer couvrait entièrement l'emplacement actuel de la chaîne pyrénéenne. La dénudation n’est pas plus probable que l'absence de dépôt, en présence de la succession régulière de toutes les assises depuis le Trias jusqu’à l’Eocène, dans la région comprise entre Eaux- Bonnes et Pau. On n'y peut reconnaître aucune trace des gigan- tesques phénomènes qui auraient été nécessaires pour enlever de pareilles masses de sédiments ; le Cénomanien lui-même, si fré- quemment à l’état de conglomérat grossier dans la partie orientale des Pyrénées, se montre ici avec un faciès de dépôt très calme. Contraste entre les plissements intenses du substratum pri- maire et l'allure régulière du Crétacé supérieur. — Un fait qui frappe à première vue tous ceux qui visitent la feuille de Luz, et en particulier la région de Gavarnie, c'est la différence d’allure du Crétacé supérieur dont la ligne de base est si régulière et du Silurien très plissé sur lequel il repose. Cette différence ne peut se comprendre dans l'hypothèse du dépôt sur place que si les mouvements qui ont affecté le Silurien se sont produits avant le Crétacé supérieur. Or, malgré l'opinion contraire de nombreux géologues, je cherche vainement un argument quelconque en faveur de l'existence de mouvements importants dans les Pyrénées avant l'Éocène et je ne crois pas que les plis qui ont redressé le Silurien de Gavarnie soient antérieurs au Crétacé. Plissements intenses du Crétacé supérieur. — Mais il y a plus. Ce n’est pas seulement le substratum qui est plissé, c'est aussi la masse elle-même du Crétacé qui est affectée de plis couchés très remarquables aussi bien au Marboré et au Cylindre, qu'au Pic de Ger (fig. 2), à l’Arcizette (fig. 3) et au Goupey. Les mouvements 1904 SUR LES FEUILLES DE LUZ ET D'URDOS 83 qui ont produit ces plis, et qui sont forcément post-crétacés. ont respecté la ligne de contact du Crétacé et de son substratum, laquelle est restée plane et régulière. Je ne conçois pas une expli- cation de ce fait dans l'hypothèse du dépôt sur place. Enfin l'un des principaux arguments mis en avant par M. Bresson est que les couches cré- tacées supérieures ren- 2 ferment une faune lit- torale. Certes s'il avait trouvé des perforations de Lithodomes ou d'Oursins, des coquilles attachées au substra- tum, sa thèse serait dé- CES nnien Fig. 2. — Pic de Ger, vu du nord-ouest. est rien, et l'existence de fossiles tels que Huïîtres, Oursins. etc., prouve simplement que la profondeur n'était pas très grande au moment du dépôt des couches qui les contiennent: elle ne démontre pas autre chose. Je crois donc pouvoir conclure de mes observations que le Cré- tacé supérieur de Gavarnie, Pic de \. PA S. Ger, Pic Bazès ap- partient à une vaste nappe de charriage venue du sud et qui a recouvert et dé- passé vers le nord l’axe de la chaîne. Sur le versant méridional, en Espagne, le Cré- tacé a conservé Fig. 3. — Coupe de l’Arcizette. — Échelles: longueurs une grande régu- : et hauteurs, 1/50000. larité d’allures, mais vers le front de la masse charriée, il s’est replié plusieurs fois sur lui-même, de sorte que la grande altitude qu'il atteint, est causée à la fois par son glissement sur un plan incliné vers le sud et par l'empilement de plusieurs plis couchés. - Les environs de Gavarnie présentent par suite une très grande complication ; on n'y voit pas moins de six écailles distinctes qui sont de haut en bas : Gave de Sousoueot DES ES 5 ’ 25 x a a 4 ET; E\retace supérieur en) Grarute 84 L. CAREZ. — PRÉSENCE DU CRÉTACÉ SUPÉRIEUR 18 Janv. Écaille de Carbonifère: Écaille de Dévonien inférieur ; Écaille de Dévonien supérieur ; Écaille de Silurien supérieur ; Écaille de Danien ; NA . Écaille de Campanien. CHPENOUE À . Les deux écailles crétacées proviennent du sud et elles ont été .charriées sur une grande distance; les quatre autres sont venues du nord, maïs ne paraissent avoir parcouru qu'un assez court trajet. Leur âge relatif est celui du tableau ci-dessus pour cinq d’entre elles qui sont en superposition directe; quant à la deuxième qui n’est en relations qu'avec la première, il est difficile de savoir si elle est antérieure ou postérieure aux écailles primaires. IXPLICATION DE LA PLANCHE I La planche I montre deux surfaces de contact anormal : L’inférieure entre le Silurien granitisé et le Campanien (écaille 1); la supérieure entre le Campanien (écaille r) et le Danien (écaille 2). Elle fait voir, en outre, les plissements du Danien. Nore be M. L. Carez Bull. Soc. Géol. de France 4me Série: T. IV: PI I (Séance du 18 Mai 1903) Phot, G, Pissarro, Paris, La montagne d'Astazou Partie orientale de l'entrée du cirque de Gavarnie q Séance du 1% Février 1904 PRÉSIDENCE DE M. P. TERMIER, PRÉSIDENT M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président proclame membres de la Société : MM. Dollé, Préparateur de Minéralogie à la Faculté des Sciences de Lille, présenté par MM. Fabre et Barrois. Ernest Regnault, président du Tribunal civil, à IS (Yonne), présenté par MM. Termier et Gentil. M. Gondin, ingénieur à la Société du Puits artésien de Vincennes, présenté par MM. Fortin et G. Dollfus. René Arrault, ingénieur civil, entrepreneur de sondages, à Paris, présenté par MM. Dru et Bergeron. Deux nouveaux membres sont présentés Le Président informe la Société de l’inhumation de M. Munier- Chalmas et donne, à ce sujet, la parole à M. Gentil qui s'exprime en ces termes : « L'inhumation de notre très regretté confrère a eu lieu le 22 janvier dernier à Aix-les-Bains. M. Émile Haug était tout naturel- lement désigné pour aller représenter la Faculté des Sciences de l'Université de Paris à cette cérémonie funèbre ; mais mon collègue empêché, j'ai été délégué par M. le Doyen. « Ma mission a été considérablement facilitée par l'extrême bienveillance du maire, M. Mottet. La tombe de M. Munmier- Chalmas est très bien placée à l'extrémité d’une grande allée du cimetière. J’ai pu voir la maison de campagne, située à Saint- Simon, en dehors de la ville, où est mort mon éminent maître. « J'ai éprouvé à la fois une satisfaction et un soulagement, dans cette douloureuse mission, par suite de l'accueil des autorités locales. « J’ai été assisté non seulement par le maire mais encore par son conseil municipal et quelques fonctionnaires qu'il avait convoqués pour m'accompagner. Un cousin du défunt, M. Clemenso. de Lyon, représentait la famille. « La ville d’Aix-les-Bains, m'a dit M. Mottet, s’honore de la présence des restes d'un aussi grand maître de la science française et, pour témoigner de sa haute considération, elle abandonne à la Faculté des Sciences de l’Université de Paris une partie des droits relatifs à l'inhumation de M. Munier-Chalmas ». 86 SÉANCE DU 1° FÉVRIER 1904 M. M. Boule offre à la Société, de la part de M. Bigot, un exem- plaire d’un travail que notre confrère vient de publier dans le Bulletin de la Société des amis des Sciences naturelles de Rouen sur les anciennes terrasses de Feug'uerolles (Orne). M. Bigot établit d’abord l'existence, dans la vallée de l'Orne, aux environs de Caen, de quatre niveaux distincts d’alluvions anciennes. Le premier est situé à 80 m. d'altitude ; le deuxième à 20 : le troisième à 5 et le quatrième s'enfonce sous le niveau de la mer jusqu'à une profondeur de 35 m. (à Ouistreham). La terrasse supérieure paraît fort ancienne sans qu'on puisse préciser son âge. La terrasse de 20 m. et celle de 8 m. supportent des limons renfermant sur de nombreux points de la Normandie la faune à Elephas primigenius et des silex taillés présentant à la fois les formes de Saint-Acheul et les formes du Moustier. Ces ter- rasses ont été formées dans une phase de rajeunissement du cours d’eau déterminée par un abaïssement de niveau de base.et carac- térisée par un régime torrentiel. « Depuis cette époque la mer a tendu à reprendre son niveau et ses contours primitifs. à M. Thevenin fait hommage à la Société d’un mémoire qu'il vient de présenter comme thèse de doctorat ès sciences : Ætude géolo- logique de la bordure Sud-Ouest du Massif central, où il a retracé l'histoire du Rouergue occidental et d’une partie du Querey; cette région avait été déjà l'objet de nombreux travaux, les principales observations nouvelles sont relatives aux roches éruptives des environs de Figeac, à l’âge du bassin houiller de Puech-Mignon et Najac, à la persistance du détroit de Rodez mettant en commu- nication l’Aquitaine et le golfe des Causses, au moins jusqu'au Bathonien, aux changements de facies du Jurassique et à l’origine des calcaires dolomitiques, à l'importance des phénomènes de dénudation après que la région a été exondée, à l'identité du rem- plissage des poches à phosphorite du Quercy et du remplissage des puits à ossements des cavernes, à l’origine de ces phosphorites. Au point de vue tectonique, l’auteur à montré que la faille de Villefranche de Rouergue qui, presque rectiligne sur une longueur de cinquante kilomètres, met en contact les terrains cristallins et sédimentaires, correspond à une zone de moindre résistance où se sont fait sentir les mouvements hercyniens, pyrénéens et alpins ; il s’est efforcé de mettre en évidence l'importance des forces ver- ticales par rapport aux forces tangentielles et d'indiquer avec détails la série de brachyanticlinaux et le réseau de failles de la bordure du Massif central. GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE EXISTENCE DU JURASSIQUE SUPÉRIEUR ET DE L'INFRACRÉTACÉ EN ARGOLIDE (GRÈCE) par M. L. CAYEUX. SoMMaIRE. — Introduction. Coupe de Boblaye. Coupe de M. Philippson. Coupe détaillée du promontoire de Nauplie et de la montagne de Palamede. Conclusions. INTRODUCTION Les deux campagnes que j’ai faites en Orient avec M. Ardaillon, pour remplir la mission qui nous a été confiée par M. le Ministre de l’Instruction publique, ont été principalement consacrées à l'île de Crète. Quelques excursions dans la Grèce continentale m'ont paru nécessaires, avant d'aborder l'exploration détaillée de cette île. Il n’est pas inutile d'exposer au début de ce travail, les raisons qui m'ont conduit en Argolide. Au premier regard jeté sur la carte géologique du Péloponèse de M. Philippson, on est frappé par l’individualité de cette pro- vince. Deux profondes échancrures — golfes de Nauplie et d'Égine — la détachent du continent sur plus des quatre cinquièmes de son pourtour. Sa constitution géologique la sépare plus complète- ment encore du reste de la grande presqu'île, si l’on en juge par les travaux de M. Philippson. En effet, les roches métamorphi- ques qui pointent au cœur des hautes chaînes du Péloponèse ne sont nulle part représentées dans l’Argolide ; les formations sédi- mentaires antérieures au Pliocène sont différentes de part et d'autre. Celles de l’Argolide comprennent, suivant M. Philippson, un grand massif calcaire (montagne du Cheli), figuré avec-doute comme tithonique, et un système puissant de calcaires et de schistes avec serpentine, considéré comme du Crétacé d'âge indé- terminé. Cette région est donc formée de terrains, paraissant lui appartenir en propre. À ce titre elle se recommandait déjà à notre T1. A. Pxicrppson. Der Peloponnes. Berlin, 1892. 88 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 1° Fév. attention. J'ajoute que son étude s’imposait. A la vérité, différents problèmes relatifs à la stratigraphie de l’'Argolide attendaient une solution dont la géologie de la Crète semblait devoir bénéficier : 1) Boblaye' avait fait connaître en 18353, le seul gisement de fossiles jurassiques observé dans toute la Grèce ; ce gisement n'ayant pas été retrouvé par M. Philippson, il importait d'en démontrer l’existence ; 2) Une Ammonite rapportée de Mycène (Argolide) en 1896, par un élève de l’École des Mines, avait permis à M. Douvillé? d’an- noncer la découverte du Trias en Grèce ; le gisement de ce fossile restait à déterminer : 3) L'âge des terrains crétacés de l’Argolide était inconnu ; 4) Enfin M. Philippson avait signalé un mélange de Rudistes et de Nummulites dans deux localités du Péloponèse ; l'un des deux gisements mentionnés se trouve sur le bord occidental de l'Argo- lide ; je me suis proposé d’en faire l'étude. L'importance des problèmes à résoudre légitime la place réservée à l’Argolide dans mon programme de recherches en Orient. Les observations que j'ai faites sur la question du Trias * aussi bien que sur la limite du Crétacé et du Tertiaire ne figureront point dans cette note. Le présent travail est exclusivement consacré à la géologie des environs immédiats de Nauplie; ses prineïpales conclusions ont été exposées dans une note préliminaire publiée en 1903‘. J'ai visité cette contrée en 1901, en compagmie de M. Ardaillon, professeur de Géographie à la Faculté des Lettres de Lille, et de M. Granger, membre de l'École francaise d'Athènes. Je l’ai revue une seconde fois au mois de septembre 1902. La grande plaine d’Argos qui prolonge le golfe de Nauplie à l'intérieur des terres est en partie barrée vers le sud-est, par un massif calcaire, élevé de quelques centaines de mètres. Ce massif commence à Nauplie avec un petit promontoire rocheux qui domine la ville au sud, et se poursuit vers l’est par la montagne de Pala- 1. PUILLON DE BoBLAYE et Théodore VirLer. Expédition scientifique de Morée. Géologie et Minéralogie. Paris, 1835. 2. DouvizLé. Sur une ammonite triasique recueillie en Grèce, B. S. G. F. (3), XXIV. pp. 799-800, 1896. 3. L. CaAyeux et E. ARDAILLON. Preuve de l'existence du Trias en Grèce. Position stratigraphique du calcaire du Cheli, C. R. Ac. Sc., t. CXXXIII (1902), PP. 1294-1256. 4. L. Cayeux. Existence du Cré’acé inférieur en Argolide (Grèce). C. R. Ac. Sce.. CXXXVI (1903), pp. 165-166. 1904 L. GAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE mede, haute de 235 mè- tres. Sa constitution géologique a été lon- guement décrite par Bo- blaye en 1535, puis étu- diée par M. Philippson en 1887. Ces deux sa- vants ont donné des coupes fort dissembla- bles du rocher de Nau- plie et de la montagne de Palamede. bien qu'ils aient forcément suivi les mêmes escar- pements et que les ter- rains figurés soient par- tout complètement à nu. et dans des condi- tions d'observation re- lativement faciles. Il me paraît intéressant de reproduire ces cou- pes et d'en souligner rapidement les traits essentiels, avant d’a- border moi-même l'étu- de du rocher de Nau- plie, de la montagne de Palamede et du col qui les sépare. Coupe de Boblaye :. — La coupe de Boblaye (fig. 1) comprend 24 niveaux différents ré- partis en deux systè- mes, l'inférieur formant la «série des calcaires hthographiques» CII", 1. PUILLON DE BOBLAYE et Théodore VirLer. Op. cit., PI. I, fig. 2. Palamide © LI NS ) Ps Æ | \ EP _ 39 , Calcaire v , Brèche ter- ete.; C, Calcaire ème que D en sens inverse. acte et Grès vert », par Boblaye (légèrement réduite).— A : D. Calcaire lithographique et calcaire violet, jaspe, etc.; I , 3 te] Ï Sn L ès vert (du n° r au n°6); B, Conglomérat ophiolitique à Dicerates, le même syst Palamide. Calcaire comp ‘ris de fumée et calcaire marneux vert (du n°5 au n°18 vert avec fragments de Diorite, de Dolomie, etc.; F, 1.— «Coupe de la montagne de Uaire à grands fragments; B, Terrain du gr o Le] o D Fio. 90 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 1° Fév. le supérieur désigné sous le nom de « Terres marneuses et aréna- cées (Grès verts) et craie compacte » B1_6. Boblaye considérait les roches du col (n° r) comme les plus anciennes, et admettait en conséquence l’existence d’un anticlinal renversé vers l'ouest. La majeure partie des niveaux qu'il a distingués ont été séparés d’une facon arbitraire, mais les plus importants ont été caractérisés dans sa description avec une précision que je ne saurais trop louer. Ce qui donnait une grande valeur scientifique à cette coupe, c’est la découverte à la base du système supérieur, en B, dans un con- glomérat serpentineux, d’une faune de Nérinées, Diceras, etc., rapportée par Deshayes au «Coral-Rag». Cette faune n'a été rencontrée par Boblaye qu'aux environs de Nauplie. Coupe de M. Philippson‘. Le profil des mêmes terrains donné par M. Philippson, plus d’un demi siècle après l'Expédition de Morée, ne rappelle guère la coupe de Boblaye, ainsi qu’on peut en juger par la comparaison des fig. 1 et 2. Palamidi Las NOTES Fig. 2. — Coupe de M. Philippson (réduite ;de 1/4). K, Calcaire; Ks, Schistes calcaires ; S, Grès et schistes argileux. Les 24 horizons de Boblaye font place dans la coupe de M. Phi- lippson à trois termes d’une valeur purement lithologique : cal- caires, schistes calcaires et schistes argileux, teintés sur la carte comme les calcaires jurassiques à Ellipsactinies du Cheli. Ces terrains dessinent des plis hypothétiques pour l’auteur lui-même, et notamment un anticlinal renversé vers l’ouest, correspondant à celui de Boblaye.. En ce qui concerne l'importante découverte paléontologique de Boblaye, M. Philippson déclare qu'il a fait de multiples recherches au point où le gisement a été signalé et dans tous les environs de Palamede, et qu'il n’a pas retrouvé les fossiles mentionnés par Boblaye. Il admet la possibilité d’une confusion de localité dans les matériaux de l'Expédition ; dans cette hypothèse la faune €eoral- lienne » des environs de Nauplie aurait une origine indéterminée, et l'intérêt de la découverte de Boblaye serait considérablement 1. À. PricippsoN, Op. cit., p. 60. 1904 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE OI amoindri, puisque les terrains caractérisés par cette faune seraient inconnus. COUPE DÉTAILLÉE DU PROMONTOIRE DE NAUPLIE ET DE LA MONTAGNE DE PALAMEDE La coupe que je vais décrire longuement représente le flanc sud du rocher de Nauplie, vu en suivant le sentier qui longe la falaise sur le bord du golfe, et le flanc nord de la montagne de Palamede, étudié de la route de Nauplie au village de Pronia; elle est pro- longée jusqu'au ravin de La Goumia qui débouche à Pronia : sa longueur est d'environ 2 km. C'est la coupe levée par Boblaye et M. Philippson. Elle montre les niveaux suivants : A. Calcaire blanc, à la partie inférieure, sur le bord ouest du rocher de Nauplie; blanc grisâtre, puis franchement gris cendré dans les bancs supérieurs ; cassure très irrégulière avec un aspect finement cristallin. La stratification est le plus souvent invisible, ou marquée par des bancs très épais traversés par de nombreuses veinules spathiques. Ce calcaire donne naissance à l’ouest et au sud de la citadelle de Nauplie (généralement désignée sous le nom d'Itschkaleh) à une falaise très escarpée, parcourue par des divi- sions verticales, irrégulières, avec perforations de Lithophages à plusieurs niveaux; les plus élevés s’observent à environ vingt- huit mètres au-dessus de la mer. En. étudiant l’escarpement dans toutes ses parties accessibles, au-dessus du petit sentier qui contourne la citadelle à l’ouest et au sud, j'ai observé à proximité du petit monastère de Panaïa, un filon serpentineux décomposé (5) visible dans une excavation large de quelques mètres; ce filon pénètre dans le calcaire et ne reparaît pas au sommet de la colliné. Le niveau A forme la majeure partie du rocher de Nauplie; par ses calcaires blancs, il rappelle exactement l'Urgonien du Bassin du Rhône. B. Calcaire gris de fumée, à cassure inégale, entrecoupé de veinules de calcite, et mieux stratifié que le précédent, avec bancs inclinés d'environ 30°. En un point de l’escarpement d'un accès assez difficile, j'ai pu détacher des échantillons renfermant des Nerinea très abondantes et d'autres Gastéropodes de petite taille, avec des fossiles rapportés par M. H. Douvillé, au genre Toucasia, ou à une forme urgonienne voisine. A sa partie supérieure, le calcaire redevient gris clair et ren- 92 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 1° Fév. “ è QUE 2 ne ferme des rognons de silex cor- $ | à né, littéralement hachés en tous ce ZE & sens par des veinules de caleite. È ET Ce calcaire est interrompu à è 5 l’est par une faille dont la trace 7 4 est marquée à la surface du sol par une ligne très brisée, traver- sant l'escalier de la citadelle d'Itschkaleh et déterminant une pénétration du niveau C dans B. Cette faille, ainsi qu'on peut s'en assurer, ne modifie en rien la succession normale des difté- rentes assises. silex; G, Calcaire compact et gris Ï à O, Schistes versicolores ; P, Calcaires 1/10.020 env. — A, Calcaire blanc à faciès , Calcaire à fossiles urgoniens; C. Calcaire rouge, schiste, conglomérat serpentineux; D, Calcaire violacé, schiste et conglomérats serpentineux ; E Calcaires et silex à Radiolaires; F, Calcaires « gris à } ées; 1 Citadelle de Palamede » lypiers; J, Calcaire marneux et marne , Calcaires gris; L. Conglomérat serpentineux à Nérin C. Je groupe sous cette lettre une série d'horizons qui s’éten- dent entre l'escalier de la cita- delle d’Itschkaleh et le pied de la montagne de Palamede. Les divisions établies dans cette as- sise sont les suivantes : » gne de Palamede.— Echelle : C, (= 1 de Boblaye) 50 mètres. Calcaire rouge brique ou vio- 40 lacé incliné d'environ 60°, avec BE nombreuses taches et veinules ES D 0 b © 1e de calcite et nodules de silex de FN 8 3 la même couleur. S Ce calcaire renferme de petits Foraminifères assez fréquents, à Calcaire gris et calcaire marneux à Bélemnites: I, C lcaires bréchoïdes à po mo) = © = £ £ £ ce) Ê 2 £ = a = ci & e - Æ Er GE à due : test mince, parmi lesquels jai E à : à ; … observé quelques Textularia et = = ® c 5 o J5 Botalina et une notable propor- ea CD) e Lo 0 . . à © 5 tion d'individus monoloculai- % £ CS © = 3; res; quelques spicules complè- a, LE , à. 5 4) 5 ‘ S & < tent la faune microscopique. La DT : à : 2 2 à T > = roche est très fine et imprégnée D = Ù à M SES d'oxyde de fer. Par sa structure © [= D (+ 2 La Si > ce etparses organismes, elle évo- 4 | 5 «.- que l'idée de certaines craies L . ©n , Fe . . St v À S = fines du Bassin de Paris; son 2 D ep = © Sn $ = cachet crétacé est très frappant. 1904 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 93 C, Schistes rouges violacés et verts. Ils se montrent très calcaires au microscope. avec une forte proportion d'oxyde de fer et une faune de Foraminifères très intéressante. Ces organismes représentent en moyenne au moins la moitié de la roche. La très grande majorité des individus sont des Globigérines d'assez grande taille à test relativement épais et un peu épineux; leurs loges sont remplies de calcite pure. finement grenue, et figurent des taches blanches nettement isolées sur le tond brun ferrugineux de la roche. Les minéraux sont représentés par quelques petits grains de glauconie; je n’ai observé aucun élément détritique. Ces schistes rouges dérivent d'une anciènne boue à Globigérines. souvent plus typique et plus pure que la plupart des boues à Globigérines de nos océans. C, Calcaire gris à cassure grenue, chargé de grains de quartz et un peu glauconieux ; il passe graduellement à l'horizon suivant. GC, Schistes argileux altérés. rouges et surtout verts. C, (x m. 50) Cet lardés de veinules de calcite. avec nom- remase surfaces de glissement striées. C, (2 m. 50) Schistes verts très altérés. C, (1 m. 50) Série de calcaires. schistes calcarifères, grès psam- mitiques. à plans de division tapissés de mica, et calcaires terreux. C, {20 m.) Schistes jaune verdâtre, renfermant du calcaire à la base, puis essentiellement argileux. C'est dans ce terrain que se trouve creusée la dépression qui sépare la citadelle d'Itschkaleh de la montagne de Palamede. C, (2 m.) Conglomérat à ciment de schiste très prédominant, renfermant surtout des morceaux généralement anguleux de calcaire gris et blanc, de silex, de serpentine et dom les plus volumineux mesurent quelques centimètres. C,, (2 m.) Schistes verts passant graduellement à des schistes rouge violet ; leur direction est nord 36° E,. — 650. Ces schistes rouges sont en réalité des calcaires marneux à structure schisteuse, chargés d'oxyde de fer, montrant au micros- cope des organismes assez clairsemés, notamment plusieurs Radiolaires calcifiés et des Foraminifères. Ce dernier groupe comprend des individus généralement morcelés se rapportant pour la plupart aux Gains et des formes beaucoup plus petites, monoloculaires et Ho ec Les minéraux de transport font complètement défaut. L'ensemble de ces couches de composition lithologique très variée forme le niveau 1 de la coupe de Boblaye, représentant 94 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 1° Fév. suivant lui l'horizon le plus ancien de toute la série, le centre de l’anticlinal renversé. C'est par suite de la présence de quelques éléments de serpentine dans le conglomérat C, et de la position stratigraphique assignée à son niveau 1 qu'il le désignait sous le nom de premier grès vert. D. Ce niveau est essentiellement composé de calcaire rouge lie de vin. nuancé de violet et de rose. de couleur plus claire et rosée quand il a été exposé à l’air pendant longtemps, et pourvu ou non de silex. La cassure est fine; le calcaire est parfois sublithogra- phique. La roche n’est jamais homogène sur une grande épaisseur ; elle montre sur la tranche, de petites veinules ou lits d'un violet sombre qui se ramifient. s'anastomosent irrégulièrement et don- nent toujours au calcaire le plus compact un aspect plus ou moins schisteux. Une série de bancs ont été exploités par les Vénitiens pour la construction d'une partie des fortifications de Nauplie. Ce calcaire dessine un talus assez doux au pied de l’escarpement de Palamede. On peut l’observer dans d'excellentes conditions en suivant la tranchée qui longe l'escalier couvert de la citadelle; la succession suivante se voit sur une épaisseur de 70 mètres : D, Calcaire violacé renfermant des silex à sa partie supérieure. . D, Conglomérat serpentineux mesurant 15 à 20 em. nettement interstratifié, passant par degrés insensibles au calcaire encais- sant; il est visible en deux points du talus etse coince latéralement. La roche de couleur brunâtre est formée de petits grains détri- tiques mesurant 1 à 3mm., mal agrégés et se séparant sous la pression des doigts. Au microscope, on n'y distingue que des minéraux anguleux ou arrondis avec fragments de roches érup- tives ; ce sont par ordre de fréquence : Serpentine à des degrés d’altération très divers, toujours ferru- gineuse et passant progressivement à des grains d'oxyde de fer ; Quartz en grains simples ou en agrégats ; Morceaux arrondis de porphyrite à grands microlites de felds- path plagioclase, alignés, et plongés dans un ciment amorphe d'importance accessoire ; Calcite primordiale et secondaire ; Epidote. etc. Ce niveau serpentineux se trouve exactement à l’aplomb du premier ressaut du mur protecteur de l'escalier. D, Schistes et calcaires finement stratifiés en couches sinueuses. D, Calcaire d’un rouge lie de vin, nuancé de violet, avec silex, passant au niveau suivant. Le niveau D correspond au n° 2 de la coupe de Boblaye. 1904 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 95 E. Calcaire compact, sublithographique, violacé très clair, rosé ou jaunâtre, en bancs très minces. très riche en silex. Ceux- ci forment des nodules, d'innombrables veinules ou petits lits peu épais, discontinus, très irréguliers et renfermant quelquefois du calcaire. Ces silex sont très fendillés, fréquemment lardés de filonnets de calcite perpendiculaires à la stratification ; grâce à leur couleur rouge, violacée ou grenat, ils tranchent fortement sur le fond clair du calcaire. Les préparations faites dans ce calcaire montrent des Radiolaires nombreux et dominants et des Foraminifères. Des sections, inté- ressant à la fois les silex et le calcaire qui les enveloppe, accusent la même composition organique dans les deux roches ; mais tandis que les Radiolaires sont réunis en grand nombre dans les silex. ils sont très peu répandus dans les parties calcaires. Ces orga- nismes sont partout remplis de calcédoine ; leur structure est effacée et leur détermination impossible. Quant aux Foraminifères, ils sont généralement petits avec Textulaires prédominants, et leurs loges sont fréquemment oblitérées par la silice. Les silex correspondent à des plages calcaires silicifiées, formées de calcédoine très fine, imprégnée d’opale avec une trame calcaire. La roche procède d'une boue à Radiolaires dominants et à Foraminifères. Les parties siliceuses sont en réalité des cherts, intimement soudés au calcaire et qui se sont développés de préfé- rence aux points où les dépouilles de Radiolaires étaient les plus nombreuses. Les Spongiaires, représentés par de très rares spicules caleifiés, ne sont intervenus que pour une part négli- geable dans la genèse des nodules siliceux. L'accumulation des coquilles de Radiolaires dans les cherts, permet de conclure que la plus grande partie de la silice de ces nodules préexistait sur place. Le calcaire du niveau E est découpé par des veinules de calcite grossièrement parallèles et perpendiculaires à la stratification ; la roche en est littéralement hachée par places. Ces veinules, de même que le fendillement des silex sont le résultat d'efforts de pression dont j'indiquerai la cause dans une note ultérieure. Le calcaire E correspond au n° 3 de Boblaye. . F. Calcaire gris faiblement jaunâtre ou bleuté, compaet et presque lithographique, divisé en bancs très minces remplis de nodules et de lits de silex. C’est à ce niveau que Boblaye a signalé de petites couches de silex bleu qu'il est facile de retrouver. Les bancs, vus par la tranche du côté nord de la citadelle de Palamede, ont une structure schisteuse avec feuillets ondulés. Ce sont les 96 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 1° Fév. calcaires en « couches multipliées, minces et contournées » du n° 4 de Boblaye. Le calcaire F est très riche en Foraminifères. On trouve à côté de nombreux individus de grande taille à sections anguleuses se rapportant au genre Pulvinulina (?) des coquilles beaucoup plus petites et très prédominantes, parmi lesquelles le genre Textularia très abondant, des Rotalina, ete. La roche est un calcaire très fin, d'une grande pureté sans trace d'éléments clastiques ; ses coupes minces, comme celles du calcaire C, ont une physionomie crétacée des plus frappantes. L'escalier de la citadelle de Palamede se trouve principalement sur les niveaux E et K. G. Aux calcaires finement lités. sublithographiques et remplis de silex. succèdent des calcaires obscurément stratifiés, sans silex, qui s'élèvent comme un rempart escarpé sur le talus assez doux formé par les niveaux D, E. et F. On trouve notamment sur les flancs ouest et sud-ouest de Palamede des calcaires gris. à cassure très inégale. moins fins que les précédents, avec quelques restes de Pinnigena. Les coupes de ce calcaire ne montrent que de très rares Fora- minifères, quelques plaques d'Échinodermes, des morceaux de Pinnig'ena et des restes de Pryozoaires très rares. À partir de ce niveau, la coupe se poursuit sur le flanc nord de la montagne, le long de la route de Nauplie à Pronia, et dans ce village même avec une inflexion des couches très prononcée, notée par Boblaye ; leur direction était N. 36° E. au col; elles accusent de ce côté N. 35° 0. On observe d’abord plusieurs centaines de mètres de calcaires. supérieurs aux calcaires à Pinnigena, teintés en gris de plus en plus foncé, sans silex, souvent en très gros bancs et même avec stratification incertaine à la base. Les seuls fossiles observés sont des sections de baguettes d'Oursins. Des perforations de Litho- phages existent à deux niveaux différents dans les calcaires com- pacts qui bordent la route ; elles sont en partie masquées par un aqueduc en ruines. . Boblaye a distingué à partir du numéro 5 de son profil une série d'horizons, mal définis, que je ne puis conserver, malgré tout mon désir de laisser à la coupe de Palamede la physionomie que lui a donnée mon illustre compatriote. Le niveau G corres- pond sensiblement à 5, 6 et 5. H. L'ensemble G est recouvert par des calcaires gris coim- 1904 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 97 pacts, bien stratifiés, alternant avec des calcaires marneux, verts, violacés. Des débris fossilifères s’observent à deux niveaux, l'inférieur formé par un calcaire gris et brun foncé, chargé d'oxyde de fer avec des délits de calcaire schisteux m'a fourni une Belemnite complète, plusieurs tronçons engagés dans la roche et des sections de nombreuses petites baguettes d’Oursins; je n’ai trouvé qu'un Polypier dans le supérieur. Un de ces calcaires étudiés au microscope renferme des plaques d'Oursins, plusieurs fragments de Bryozoaires par préparation, quelques Foraminifères de très grande taille à test massif et arénacé, sans aucun débris clastique. La cristallisation du calcaire est large par places; elle est consécutive de la genèse de pseu- doolithes nombreuses en certaines plages. Le terme H représente peut-être le numéro 8 dans lequel Boblaye a reconnu des traces de fossiles, et notamment des «Entroques et une Bélemnite ». I. La grande masse des calcaires G et H qui forment à eux seuls la plus grande partie de la montagne de Palamede est sur- montée par un niveau très facile à reconnaitre; c’est un calcaire gris plus foncé que les précédents et nettement bréchiforme. Les éléments qui produisent cette apparence sont parfois très gros, à contours irréguliers, anguleux et constitués par du calcaire de couleur plus foncée que le ciment. On y trouve comme fossiles, des Polypiers de récif assez fréquents, quelquefois de grande taille, et de nombreuses sections de grosses radioles d'Oursins. J’ai recueilli un petit Oursin régulier indéterminable à la base de cet horizon, dans un calcaire gris de fumée. Au microscope les plaques d'Oursins sont fréquentes et les Foraminifères rares ; les débris clastiques font encore défaut ; la structure pseudoolithique est généralisée. La tendance de ce niveau à affecter un faciès récifal est à souligner. Boblaye a mentionné cet horizon fossilifère, dans lequel il avait reconnu des «indices de Madrépores et de grosses baguettes d'Oursins ». | J. Alternances de calcaires marneux et de marnes gris verdâtre, ou jaunâtre, suivant le degré d’altération, avec intercalations de calcaires grumeleux, rappelant ceux des niveaux à Spongiaires du Jurassique. et plus particulièrement les calcaires argoviens du Bassin du Rhône. Cet horizon d’une épaisseur de 80 à 100 m. est un des meilleurs repères de la coupe ; il correspond à une dépres- 22 Mai 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 7 9 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 1° Fév. sion et se distingue nettement, même à distance, par l'aspect moins rocheux et moins aride du sol, déterminé par la faible dureté des matériaux qui le forment ; il est suivi par le chemin en lacets qui monte de Pronia à Palamede. Cette route le recoupe plusieurs fois ; elle entame notamment des calcaires marneux avec sphéroïdes, sortes de miches qui se dégagent facilement des marnes. Au microscope, le calcaire marneux est très fin, pourvu de petits grains de quartz anguleux avec quelques éléments de phos- phate de chaux ; il ne renferme que de rares Foraminiferes. J'ai trouvé des fossiles à ce niveau, et après plus d’une demi- journée de recherches, j'ai réuni onze individus dont quelques-uns sont de conservation défectueuse. Tous les fossiles, à l'exception de deux, sont des Céphalopodes. Ils proviennent de bancs diffé- rents ; les seules formes reconnaissables sont : Phylloceras infundibulum d’Orb. Desmoceras, identifié par M. Haug au Desmoceras Neumayri Haug (= Pachydiscus Neumayri Haug) qu'il a trouvé dans l’Infracrétacé du Tyrol méridional:. Cette forme est représentée par un individu adulte et plusieurs jeunes. Heteroceras sp. Ammoniles sp. Un Oursin indéterminable et un Spongiaire. Cette faune est hauterivienne. K (4o m.). Calcaire très fin, avec plages sublithographiques, de couleur gris cendré foncé, en gros bancs à veinules cristallines. L. Sur ces calcaires s'appuie en discordance un conglomérat serpentineux qui plonge fortement vers un petit ravin qui débouche au village de Pronia (ravin de la Goumia). C'est le second grès vert de Boblaye. Ce conglomérat revêt des aspects variés. À sa partie inférieure, il est brun avec de nombreux grains de ser- pentine; à sa partie moyenne, il est gris blane, feuilleté, léger, tendre, sans consistance, ressemblant à des produits éruptifs décomposés et dépouillés de leur fer. Vers le fond du ravin, il est verdâtre et renferme des intercalations de schistes avec écailles de calcite. Ce dépôt est tantôt très riche en galets, tantôt pour ainsi dire réduit en ciment. Le calcaire ne figure dans cette masse qu'à la base sous forme de blocs parfois volumineux. Les autres roches 1. E. Hauc. Beitrag zur Kenntniss der Oberneocomen Ammonitenfauna der Puezalpe bei Corvara (Südtirol) in Beiträge zur Paläont. Osterreich- Ungarns, Bd. 7 (1889), pp. 204-205, pl. X, fig. 2-4. 1904 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 99 observées sont la serpentine qui forme la principale caractéris- tique du gisement, diverses roches éruptives dont il sera question ultérieurement, le jaspe, etc.; elles abondent surtout dans les couches inférieures et sont déjà plus clairsemées dans les moyennes. Ces roches se trouvent toujours en galets parfaitement arrondis, le plus souvent dégagés de la gangue friable, et mesurant excep- tionnellement jusqu'à 2 décimètres. Elles sont parfois intactes et le plus souvent altérées au point que des galets se désagrègent sous la pression des doigts. Le ciment de couleur plus claire que les éléments qu'il agglutine renferme d'innombrables grains de ser- pentine, des lamelles de diallage, etc. ; il est grossier et friable. Boblaye a figuré ce conglomérat en concordance sur les calcaires qui le supportent. Le profil de M. Philippson suppose également une stratification concordante entre les deux horizons. C'est dans le conglomérat du ravin de La Goumia que Boblaye a fait la découverte importante d’une faune nettement jurassique. Voici comment il s'exprime à ce sujet : « Malgré le mauvais état de conservation des fossiles de l’agglo- mérat ophiolithique, nous étions si convaincu de l'importance de notre découverte, dans une contrée presque entièrement dépourvue de fossiles que nous recueillimes avec soin les débris les plus imparfaits. M. Deshayes est parvenu à y reconnaître les espèces suivantes : Diceras arietina,se trouve à Saint- MWerinea simplex; Mihiel. Nerinea nodulosa ; Dentalium quadrangulare ; Nerinea imbricata ; Tornatella prisca ; Turbo costarius à Saint-Mihiel; Turritella antiqua : Madrépores : Caryophillia, indé- Natica neritiformis ; terminable. Nerinea Defrancii à Saint-Mihiel ; Une autre espèce, grande, aplatie, onduleuse, se trouvant à Saint- Mihiel : Astrea. » J'ai retrouvé la faune signalée par Boblaye. On peut au choix recueillir les fossiles en place, au sein du conglomérat, à toutes les hauteurs, et principalement dans les couches voisines du fond du ravin où ils ont été rassemblés en grand nombre par les eaux pluviales. J’en ai réuni au total plus d’un cent, sans me livrer à des recherches particulièrement persévérantes, et je suis loin d’avoir épuisé le gisement tel qu'il était dans ces deux dernières années. La plupart sont brisés, mais quelques-uns pourvus d’une coquille solide et massive sont intacts. Ces fossiles sont identiques 1. BOBLAYE. Loc. cit., p. 165. 100 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 1° Fév. aux formes découvertes par Boblaye et conservées dans les collec- tions de paléontologie de l'École des Mines. Tous sont caractérisés par des teintes sombres, et surtout par de nombreuses incrusta- tions de grains verts de serpentine, et dans tous on reconnaît les caractères du conglomérat serpentineux. : L’authenticité du gisement signalé par Boblaye est donc démon- trée de la manière la plus concluante. J'ai également retrouvé le second gisement de Nérinées décou- vert par ce savant, sur le prolongement des couches de conglo- mérat à l’est, près du monastère d'Hagia-Moni. En outre, j'ai recueilli un échantillon calcaire, incrusté de serpentine, rempli de grosses Nérinées, parmi des blocs roulés d'âge tertiaire et d'origine locale, sur la route de Lygurio et d'Epidaure. Ce calcaire à Nérinées témoigne de l'existence d’un troisième gîte fossilifère du même âge, inconnu en place. Je rappelle que M. Philippson a recherché plusieurs fois les fossiles du conglomérat serpentineux sans les retrouver. Il résulte de mes observations qu'il n'y a pas eu d'erreur de localité dans les matériaux de Boblaye, comme M. Philippson l'avait supposé à la suite de ses recherches infructueuses. Cette méprise était d’ailleurs invraisemblable à priori. Boblaye s'était rendu compte sur le terrain de l'importance de sa découverte — il le dit lui- même, p. 105 —, etil avait certainement conservé un souvenir assez précis de l'unique gisement de fossiles jurassiques qu'il eût observé en Grèce, pour rectifier une erreur de localité si elle s'était réellement produite. Boblaye a reconnu que les fossiles du conglomérat sont roulés. M. Philippson en a conclu qu'ils ne sont pas dans leur gisement primitif, c’est-à-dire qu'ils sont remaniés. Mais des fossiles roulés ne sont pas nécessairement remaniés. La plupart de ceux du con- glomérat sont incontestablement roulés. Différentes raisons m'em- pêchent d'admettre qu’ils soient remaniés : 1) Les nombreux individus recueillis font tous partie de la même faune, bien qu'ils soient répartis dans toute l'épaisseur du dépôt. IL s’agit donc d’un ensemble de fossiles, parfaitement homogène, sans introduction d’une seule forme d’âge différent ; c’est une donnée qui ne peut s’harmoniser avec l’idée d'un remaniement. 2) Maintes Nérinées, ornées de tubercules, ne montrent pas de traces d'usure ; les Diceras de ma collection ont leurs valves isolées avec les dents absolument intactes. 1904 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE IOI 3) Boblaye, puis M. Douvillé' ont reconnu que la gangue serpentineuse pénètre jusqu'au fond de toutes les cavités des fossiles recueillis par Boblaye : ce qui exclut toute probabilité de remaniement. J'ai noté plus haut l'existence de nombreux fossiles brisés ; cet état de conservation s'explique aisément pour la plupart de mes échantillons sans faire intervenir l’action mécanique de l’eau. Les fossiles sont devenus friables après une longue exposition à l'air ou sous l'influence des eaux de la nappe d'infiltration. C’est ainsi que l’on voit en place des Nérinées complètes qui se brisent et s’émiettent dès qu'on essaie de les dégager ; il ne faut donc pas s'étonner que les individus extraits du conglomérat et entraînés par les eaux soient rarement complets. La seule explication rationnelle du gisement est à mon avis la suivante : Une partie des fossiles ont vécu sur place; d’autres contemporains des précédents ont été déplacés, roulés sur une plage, et sont pour cette raison plus ou moins usés. Il n'y a pas eu remaniement au sens vrai du mot, et la faune découverte par Boblaye doit être attribuée sans la moindre hésitation au conglo- mérat serpentineux. Suivant M. H. Douvillé * cette faune ne caractérise pas le Raura- cien, mais le Kimméridien ; il a en effet reconnu un Heterodiceras très voisin d’une forme de Salève, figurée par Bayle sous le nom de Diceras Luc. Les couches qui sont orientées N. 36° E. au col qui sépare les citadelles d'Itschkaleh et de Palamede, s'infléchissent de plus en plus vers l’est, de sorte que les bancs de conglomérat et les niveaux qui les surmontent se mettent sensiblement dans la direction de la dépression de Lygurio et sont grossièrement orientées ouest-est. Les niveaux supérieurs aux conglomérats sont formés de roches le plus souvent dépourvues de consistance et dont voici la succession : M. Schistes violets épais de quelques mètres. N. Schistes gris bleuâtre. avec grès verts très riche en quartz, serpentine et renfermant quelques lamelles de mica blanc. O. Schistes argileux, grossiers, verdâtres, relevés jusqu'à 75°, délités en une sorte de sable argileux, très grossier avec grains de quartz. Ces trois horizons réunis mesurent environ 100 m. 1. H. DouvicLzé. Op. cit., p. 799-800. 2. H. Douvizcé. Op. cit., p. 799. 102 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 1° Fév. P. Calcaire gris clair, compact, à cassure très inégale, formantun ressaut très brusque sur la rive droite du ravin. Il est confusément stratifié, pourvu d'un très faible plongement, tandis que les schistes qui le supportent sont fortement inclinés. Le contact se fait par une discordance des mieux marquées, et le calcaire ravine profondément les schistes. En un point, il surmonte dans les mêmes conditions un peu de calcaire violacé et verdâtre. Le calcaire P est très développé dans la direction de l’est; on le retrouve jusqu'au-delà d'Hagia Moni où il repose près du monas- tère sur le conglomérat à Nérinées. En contournant par l’est cette masse calcaire supérieure, on gagne un petit chemin qui descend à Pronia, parallèlement à un second ravin, situé au nord du précédent. Ce ravin entame des schistes verts ou rouges, avec petites lentilles calcaires, quelques bancs de psammites, des calcaires violets très fins, le tout faisant partie du système des schistes rouges, calcaires violets, etc., décrits plus haut. ConNcLUsIONS Des différentes conclusions qui s'imposent à la suite de cette étude, il en est une qui ne sera mise en pleine valeur qu'après la publication d'observations qui ne peuvent figurer dans la présente note : je me bornerai donc à développer celles qui peuvent être formulées sans inconvénient dès aujourd'hui. 1° Malgré l'extrême rareté des fossiles dans les formations antétertiaires de la Grèce continentale, on peut distinguer aux environs de Nauplie les éléments de trois faunes différentes : Une faune kimméridienne découverte par Boblaye. attribuée par Deshayes au Rauracien; Une faune hauterivienne à Céphalopodes (niveau J); Une faune probablement barrémienne , à faciès urgonien (niveau B). Le Crétacé inférieur existe donc aux environs de Nauplie, et il embrasse une série de dépôts dont l'épaisseur totale est de 800 à 1.000 m., bien que la formation soit vraisemblablement incom- plète aussi bien à la base qu’au sommet. Les couches à Céphalo- podes n'occupent qu'une petite place dans ce terrain qui est essentiellement formé de calcaires compacts, les uns d’origine pélagique, les autres construits à Rudistes et à Nérinées (Barré- mien). L'existence de formations coralligènes dans l'Infracrétacé 1904 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 103 de l’Argolide est attestée par des calcaires bréchoïdes à Polypiers du niveau I. Quant aux sédiments franchement détritiques, ils attirent l'attention plus qu'il ne convient parce qu'ils déterminent une grande coupure dans la grande masse calcaire; ils ne repré- sentent en somme qu'un épisode très court dans l'histoire de ce terrain. 2 La succession des faunes que j'ai observées se fait suivant un ordre renversé, avec le Kimméridien au sommet de la série, et l'Urgonien à la base. Il est probable que toute la série étudiée fait partie d’un synclinal renversé vers l’ouest. L'anticlinal supposé par Boblaye entre les citadelles de Pala- mede et d'Itschkaleh, et figuré avec doute par M. Philippson n'existe pas ; la série des terrains est continue, sans la répétition symétrique des mêmes horizons que Boblaye a indiquée sur son profil, et que M. Philippson a admise implicitement en dessinant un anticlinal renversé. 3 Au point de vue de la genèse des dépôts étudiés, il me paraît utile de mettre en relief quelques sédiments dont la faune micros- copique jette un jour très vif sur leurs conditions de formation. Ce sont : Les roches calcaréo-siliceuses qui dérivent d’une véritable boue à Radiolaires et à Foraminifères (niveau E); Les calcaires qui procèdent d’une vase à Globigérines plus typique et plus pure que la plupart des boues à Globigérines de nos océans (niveau C,) ; Les calcaires à Foraminifères qui revêtent le faciès de roches crétacées de l’Europe occidentale (niveau C,) ; Et enfin l'abondance de silex formés aux dépens d'innombrables dépouilles de Radiolaires (niveau E). La composition organique d’une partie des sédiments infracré- tacés de l’Argolide, témoigne d’un régime pélagique des mieux définis. 4° La coupe de Nauplie fournit également d’intéressants docu- ments sur les phénomènes éruptifs de la région. Elle met en évi- dence l'existence de plusieurs venues de serpentine, ou plutôt de roches ayant fourni de la serpentine par altération : l’une qui est probablement jurassique est représentée par les galets de serpen- tine du conglomérat à Nérinées et à Diceras, et peut-être par les grains de serpentine des niveaux D, et C,, compris entre les faunes hauterivienne et urgonienne; l’autre par le filon serpentineux qui entame les calcaires urgoniens"de Nauplie, et dont on peut dire 10/4 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 1° Fév. seulement qu’elle est au moins infracrétacée. Quant aux débris de porphyrite du conglomérat D,, je ne puis leur assigner qu’une seule limite d’âge ; il est clair que la roche éruptive dont ils déri- vent appartient tout au plus au Crétacé inférieur. Ce groupe infracrétacé, considéré en bloc et au point de vue lithologique, présente des caractères qui lui créent une place à part dans l’Argolide et qui en font un système à physionomie parti- culière, reconriaissable à première vue. On ne saurait trop admirer la sagacité de Boblaye qui, en 1833, a reconnu ce groupe sans le secours de fossiles et l’a isolé de tous les autres terrains de l’Argolide, sous le nom de Série des calcaires lithographiques. Ce système qui n'avait pour Boblaye qu'une valeur purement lithologique correspond rigoureusement à l’Infra- crétacé des environs de Nauplie. M. Philippson l’a figuré sur sa carte comme du Jurassique. Il comprend à partir des niveaux les plus anciens, les terrains étant supposés redressés : 1° Une importante série de calcaires compacts, sans silex, avec couches marneuses à Céphalopodes, vers la base; 2° Des calcaires subli- thographiques violacés, lie de vin, etc., riches en silex aux cou- leurs vives, avec niveaux schisteux et arénacés vers la partie supérieure; 3 Des calcaires à Rudistes rappelant tout-à-fait l’Ur- gonien de France. Tous ces terrains sont d’une grande pauvreté en fossiles; ce n’est qu’en prolongeant mon séjour à Nauplie, et après de longues recherches dans lesquelles MM. Ardaillon et Granger m'ont prêté leur concours, que j'ai pu réunir un nombre fort restreint d'individus de conservation souvent défectueuse. Le Crétacé inférieur des environs de Nauplie était le seul connu de toute la Méditerranée orientale au moment où je l’ai signalé. On sait depuis les recherches de M. Deprat qu’il est représenté par le Barrémien en Eubée*. Il serait prématuré de rechercher dès maintenant les analogies ou différences qu'il peut présenter avec celui d’autres régions. La pénurie de sa faune semble d’ail- leurs limiter très étroitement les essais de comparaison; de plus j'aborderai dans une note ultérieure le problème de l'extension possible de ce terrain dans le Péloponèse et principalement en Crète. L'étude de cette question viendra ensuite avee plus d’oppor- tunité. Pourtant je voudrais noter en terminant ce travail, l’ana- 1. L. CaAyeux. Existence du Crétacé inférieur en Argolide (Grèce), C. R. Ac. Sce., vol. CXXXVI (1903), pp. 165-166. 2. J: Deprar. Note préliminaire sur la Géologie de l’ile d'Eubée. B. S. G. F. (1°), IL, 1903, p. 237. 1904 L. CAYEUX. — GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE NAUPLIE 10) logie extrêmement frappante que présente une partie de l’Infra- crétacé de l’Argolide avec celui du Tyrol méridional dont M. Haug a publié une excellente étude en 1887. Dans l’Argolide, comme dans les Alpes dé Puez, il y a des couches à nodules calcaires fossilifères, des calcaires et marnes rouges lie de vin, des silex à Radiolaires, etc. Les rapports paléontologiques ne sont pas moins étroits que les analogies lithologiques : la faune à Desmoceras et à Céphalopodes déroulés de l’Hauterivien de Nauplie est compa- rable dans ses quelques termes à celle qui a été reconnue par M. Haug ‘. La parenté intime des dépôts infracrétacés du Sud du Tyrol et du Péloponèse méritait d’être signalée sans plus tarder. Cette étude des environs de Nauplie introduit à titre définitif deux termes importants dans l'échelle stratigraphique de la Grèce, l'Infracrétacé, inconnu dans le Péloponèse, et le Jurassique supé- rieur, représenté sur la carte de M. Philippson par le calcaire du Cheli que je rattache au Trias *. 1. E. Hauc. Die geologischen Verhältnisse der Neocomablagerungen der Puezalpe, bei Corvara, in Südtirol, Jahr. d. k. k. geol. Reich., Bd. 37 (1885), pp. 245-280. 2. L. CAyEux et Ed. ARDAILLON, op. cil., pp. 1254-1256. M. Haug pense que les fossiles du Crétacé inférieur cités par M. Cayeux indiquent la présence à Nauplie à la fois de l'Haute- rivien et du Barrémien. IL insiste sur le très grand intérêt que présente l'identité du faciès des dépôts néocomiens dans le Tyrol méridional et dans le Péloponèse. M. Douvillé fait ressortir toute l'importance des résultats obte- nus par l'étude microscopique des roches sédimentaires. SUR LA COUPE DU JURASSIQUE MOYEN DE LA PLAGE DE VILLERS-SUR-MER (CALVADOS) par M. Robert DOUVILLÉ (PLANCHE I). M. Raspail a publié récemment dans la « Feuille des Jeunes Naturalistes » (n°° 365-369, 31° année), une coupe fort exacte des couches jurassiques qui forment le promontoire d'Auberville entre Houlgate et Villers-sur-Mer (Calvados). Nous désirons revenir avee un peu plus de détails sur la partie inférieure de cette coupe. Les couches les plus anciennes que l’on ait vues à Villers appar- tiennent au Callovien inférieur, probablement à la zone à Macro- cephalites macrocephalus, autant qu'on peut en juger d’après la liste des fossiles trouvés par MM. Schlumberger, G. Dollfus et Postel et que mon père a publiée dans la «Feuille des Jeunes Naturalistes ». Je rappellerai ici cette liste : Ammonites subbakeriæ Orb.; Trigonia cf. elongata Sow.; Pholadomya inornata Sow.; Rhynchonella spathica Lmk.: Zeilleria umbonella Emk.: Dysaster ellipticus Agassiz. D'après les renseignements de M. Postel, j'ai pu déterminer exactement la place de cet affleurement de Callovien inférieur. On sait que depuis Houlgate jusqu'à Villers les couches plongent légerement vers l'est. À Villers même un accident tectonique se manifeste par la disparition de la falaise qui fait place à la plaine humide du Marais, qui est au niveau de la mer. Cet accident con- siste en un relèvement brusque des couches ramenant au jour les couches calloviennes inférieures ; il est également très visible près du cimetière pour les couches de l’Oolithe blanche à Nucleolites scutatus. Il est marqué sur la carte sous la forme d’une faille jalonnée par la gare et la rue de la Mer. C'est un peu à l’est de l'endroit où cette rue débouche sur la digue, juste devant l'établissement de photographie de M. Postel, que se trouvait l’affleurement de Callovien inférieur. Il était formé par deux bandes parallèles de 20 à 30 mètres de largeur chacune, dirigées à 45° de la digue dans la direction de Trouville; l’une rencontrait la digue à peu près devant la rue de la Mer, l'autre devant l'établissement de M. Postel. En face de cet établissement se trouve un escalier permettant de descendre à la plage et la 1904 SUR LA COUPE DU JURASSIQUE MOYEN : 107 surface de la couche était exactement à 1 m. 10 au-dessous de la dernière marche, qui est à peu près à la hauteur de la tête des pieux qui défendent la digue et qui ont été exceptionnellement découverts en 1903. Ces deux affleurements étaient constitués par un calcaire jaunâtre analogue à celui qu'on trouve à Troarn au même niveau. Au-dessus de ces couches calloviennes inférieures se trouve une grande lacune. Tout le Callovien moyen à Stephanoceras corona- {um manque. La coupe recommence avec la base du Callovien supérieur formé par les couches à Peltoceras athleta du Mauvais- Pas à Dives. Ces couches ont été masquées par les travaux du chemin de fer entre Houlgate et Cabourg. Elles sont surmontées par un ensemble assez important de couches marneuses où les fossiles sont très peu pyritisés et qui ne renferment presque que des Liogryphæa alimena Orb. et des Pecten fibrosus Sow. en très grande abondance. Ces dernières couches forment une falaise d'environ 8 m. à gauche de la route de Cabourg, en sortant d'Houlgate. H. LL, = BANC DE MARNE GLISSANTE DURCIE AU SOMMET. FAUNE PRESQUE UNIQUEMENT COMPOSÉE DE L. ALIMENA. On les retrouve sur la plage à l’est d'Houlgate formant un banc qui découvrait largement en 1903. Entre la surface de ce bane et la base de la falaise, du reste masquée par les éboulis argileux, il y avait, mesurée au niveau d'eau, une dénivellation de 1 m. 80. Le banc est formé par une argile fine et glissante dont la couche supérieure est un peu plus calcaire et plus dure. Il est peu fossi- lifère et sa faune ne comprend, comme au-dessus du Mauvais-Pas, que de très nombreuses Z. alimena, _et quelques fragments indé- terminables et très rares de grandes Ammonites mal pyritisées. H. o, — BANC DE MARNE FINE. MAxIMUM DE HORIOCERAS BAUGIERI ET DE DISTICHOCERAS. BIPARTITUM. Les couches qui font suite à celle-ci étaient en grande partie ensablées en 1903, mais j'ai eu souvent l'occasion de les voir et de les fouiller avec mon père. Elles étaient surtout riches au second cap à partir de Villers (promontoire d'Auberville). Elles étaient en 1903 à environ 3 m. 50 au-dessous du pied de la falaise formé par les couches à Cosmoceras Duncani. Elles sont formées par une marne fine peu calcaire où les fossiles sont tous très bien pyritisés. 108 ROBERT DOUVILLÉ. — JURASSIQUE MOYEN 1er Fév. Cependant la plupart des Ammonites qu’on y rencontre sont petites et comme elles n’ont généralement pas leur ouverture, il semble que le centre seul des échantillons ait été pyritisé. L'espèce qui atteint ici son maximum de développement, Horioceras Baugieri, ne dépasse jamais un diamètre d'environ 6 à 7 centimètres. Cette espèce est accompagnée d’un nombre énorme de petits Aulaco- thyris bernardina et de nombreuses formes d’Oppelia sp. H. 1, 2, 3, — BANC DE MARNE COMPRIS ENTRE DEUX BANCS DE GRÈS TENDRE. MAXIMUM DE COSMOCERAS DUNCANI. Le banc H. o est immédiatement recouvert par les couches où C. Duncani Sow. et C. ornatum Schloth. atteignent leur maximum de développement. Le banc de marne 2, surtout, est riche en échantillons d’Ammonites bien plus grands que dans le banc H. o. La pyritisation semble donc s'être mieux effectuée à ce niveau. Ces couches sont bien visibles au bas de la falaise un peu avant le deuxième cap à partir de Villers, à l'endroit dont nous donnons la photographie. En allant vers Villers elles disparaissent assez vite sous les éboulis, mais elles reparaissent en deux endroits: r°) un peu à l’ouest du premier cap où elles se distinguent aisément des couches IH. 0 sous-jacentes par leur texture plus calcaire et plus dure ; 20) au lieu dit «La Grande-Moulière », [actuellement ensa- blée ou en partie disparue, mais qui était située il y a quelques années à la hauteur des villas Speranza et des Landiers]. Cet affleu- rement est découvert aux basses marées. On y trouve en abon- dance de grosses Ammonites renflées qui sont des adultes de Quenstedticeras et de Pachyceras. Ces formes n'ont jamais été décrites. Elles sont accompagnées sur toute la hauteur de H. 1, 2,3 par Quenstedticeras Lamberti. On trouve dans ce banc Phylloceras Puschi. Les couches o, 1, 2, 3, forment la zone à Q. Lamberti d'Orb. des auteurs. H. 4, — Maures coMPACTEs. CoucHEs À OPPELIA VILLERSENSIS ET MAXIMUM DES HECTICOCERAS ET DES OPPELIA. Les couches suivantes, caractérisées par une forme assez rare : Opp. Villersensis Orb., sontbien visibles à la base de la falaise du deuxième cap. Elles n’affleurent sur la plage qu'avant le premier cap et c'est l'endroit où leur position permet de se rendre le mieux compte de leur richesse en fossiles. Elles sont formées par une 1904: DE LA PLAGE DE VILLERS-SUR-MER (CALVADOS) 109 argile, assez compacte, tendre, peu glissante. Elles renferment comme principales formes de Céphalopodes Cosm. Duncani Sow., Perisph. Bakeriæ Sow., P. sulcifer Opp., Aspidoceras faustum Bayle, toute une série de Cardioceras dont les formes extrêmes sont difliciles à séparer les unes des autres; ce sont Q. Mariæ Orb., C. Sutherlandiæ Murch , Q. cf. Lamberti et enfin un grand nombre d’Oppelia sp. et des Hecticoceras dont certains peuvent être rapportés à À. punctatum Stahl. La couche 4 est la zone à Q. Mariæ des auteurs. H. 4bis, — BANC DE MARNE FINE ET GLISSANTE. H. 4 est surmonté à sa partie supérieure par un banc de marne tres fine, glissante, peu fossilifère. Il ne contient plus la faune à H. punctaium, mais seulement Q. Mariæ. H. 5, — BANC DE GRÈS TENDRE A CTENOSTREON PROBOSCIDEUM. FAUNE PRINCIPALEMENT COMPOSÉE DE QUENSTEDTICERAS ET DE C'ARDIOCERAS. L'assise H. 4h à ©. Mariæ est couronnée par un banc épais de 1 m. 80 et renfermant un nombre énorme de Ctenostreon probos- cideum et quelques grandes formes adultes de Cardioceras, de Quenstedticeras et d’'Aspidoceras encore indéterminés spécifique- ment. Ce banc est visible sans interruption sur la plage, de 100m. environ à partir de l'extrémité de la digue jusqu’au premier cap, et dans la falaise il reparaït nettement un peu avant le deuxième cap. Il est formé de deux bancs très durs formant corniche séparés par de la marne tendre. Il constitue sur toute la plage un excel. lent point de repère. H. 6-33, — PARTIE SUPÉRIEURE DE LA COUPE. Entre le banc gréseux H. 5 et l’oolithe ferrugineuse à C. Cor- datum H. 15 viennent des couches argileuses d’une épaisseur considérable et très peu fossilifères dans leur ensemble. Cepen- dant, immédiatement au-dessus de H. 5 ces couches sont légère- ment bleuâtres et renferment une faune assez pauvre de petites Ammonites pyriteuses, la même, au point de vue des genres, que dans H. 5. Parmi ces Ammonites on ne trouve plus Q. Mariæ type mais une de ses mutations que nous pensons pouvoir rapporter au Card. Suessi Siemeradzki, qu’on retrouve également dans tout Ï10 ROBERT DOUVILLÉ. — JURASSIQUE MOYEN 1er Fév. l’est du bassin parisien' et notamment à Palente. Nous croyons qu'on à encore trouvé à cet horizon de rares exemplaires de Q. Lamberti, mais nous ne pouvons l'aflirmer. D’après la coupe de M. de Grossouvre, c’est cet horizon qui correspondraïit au niveau à Creniceras Renggeri du Jura. Cette dernière forme n’a jamais été trouvée en Normandie. — Nous n'avons pas fait d’ob- servations nouvelles sur la partie de la coupe comprise entre I. 6 et H. 33, car tous les sentiers montant directement de la plage ont à peu près disparu et la partie supérieure de la coupe est diffi- cilement accessible aujourd’hui. LimMiTE ENTRE LE CALLOVIEN ET L'OXFORDIEN. On a l'habitude de faire commencer l'Oxfordien avec les couches à Card. cordatum. Ces couches sont calcaires, pétries: d’oolithes ferrugineuses et forment corniche dans la falaise. De plus elles sont séparées des premières couches calloviennes par environ 25 mètres de couches argileuses qui ne renferment guère que quelques Liogryphæa dilatata. On a done, au moins locale- ment, un horizon bien net pour marquer la base de l'Oxfordien. Malheureusement cet horizon à Card. cordatum est mal carac- térisé au point de vue des genres d'Ammonites. Ceux qu'on y rencontre sont exactement les mêmes que dans les couches sous- jacentes. La faune, dans les deux cas, se compose principalement de Cardioceras, Perisphinctes, Stephanoceras, Peltoceras. On trouve dans la couche à C. cordatum : Pelt. arduennense Orb., Pelt. Constantii Orb. ; Steph. goliathum Orb. Or, on trouve déjà dans les couches calloviennes sous-jacentes à Oppelia Villersensis le Pelt. caprinum Quenstedt, qui est très voisin du Pelt. arduen- nense ; d'autre part le Steph. goliathum est très répandu dans les couches à Cosm. Duncani. Il reste uniquement, pour caractériser la base de l'Oxfordien, le Card. cordatum qui. en vérité, peut fournir, au point de voue pratique, un bon niveau stratigraphique mais ne diffère pas plus du Quenst. Mariæ que celui-ci ne diffère du Quenst. Lamberti. Donc faire commencer l’'Oxfordien avee les couches à Card. cordatum revient à ne pas donner plus de valeur à la limite entre l'Oxfordien et le Callovien qu'à celle entre deux zones du Callovien. : Il semble au contraire que la présence ou l'absence de genres I. À. DE Grossouvre. Oxfordien et Rauracien de l’est et du sud-ouest. B. Serv. Cart. géol. de Fr., n° 58. 1904 DE LA PLAGE DE VILLERS-SUR-MER (CALVADOS) CAT très communs puisse fournir un bon moyen de différencier deux étages, puisqu'on fait intervenir en ce cas l'aspect tout entier de la faune. A Villers, dans la couche à Opp. Villersensis la faune est caractérisée par un grand nombre de Cosmoceras, d'Oppelia et d’Hecticoceras, tandis qu'à partir de la couche immédiatement supérieure à Ctenostreon proboscideum, y compris le petit banc de marne glissante sous-jacent H. 42, ces genres ont totalement disparu. En faisant commencer l’Oxfordien avec ce banc marneux, on obtient une séparation d'étages correspondant à une différence de faune assez considérable au point de vue des genres. Par con- tre, la séparation entre la dernière couche callovienne et cette première couche oxfordienne est presque insensible sur le terrain au point de vue pétrographique ; mais 1l semble que l'argument paléontologique doive l'emporter. OBSERVATIONS SUR LA NOTE DE M. RAsPaIL M. Raspail a, dans une note récente, cité l'Opp. Henrici dans les couches de Villers à Opp. Villersensis. en omettant cette der- nière espèce qui est cependant très caractéristique. Nous croyons qu’il y a eu erreur de détermination. L'Oppelia Villersensis est une espèce faite par d'Orbigny dans le Prodrome et non figurée, mais la diagnose, quoique brève, est fort nette, et de plus les types de d'Orbigny se trouvent au Muséum ! et dans la collection Puzos à l'Ecole des Mines. Ils sont identiques à ceux que l’on trouve à Villers. Cette espèce n’est citée par d'Orbigny que dans le Callovien. D'autre part l'Opp. Henrici est une espèce figurée dans la Paléon- tologie française. Elle ne peut être confondue avec la précédente, elle a trois carènes alors que l'Opp. Villersensis n’en a qu'une. De plus elle est citée par d’Orbigny dans l'Oxfordien et nous en connaissons un exemplaire à l'Ecole des Mines, provenant de Trouville et qui est incrusté de petites oolithes ferrugineuses. Il provient, par suite, de la couche à Card. cordatum. Nous sommes donc sûrs que la forme callovienne de Villers doit être rapportée à l’Opp. Villersensis et non à l'Opp. Henrici, comme le fait M. Raspail. Le même auteur assimile la couche « que l’on retrouve près de la gare de Villers » à la couclie à Cosm. Duncani qui « affleure à peine à la pointe d’Auberville». Cette dernière est sans nul 1. M. Œnrerr a bien voulu nous charger de faire la fiche d’Oppelia Vil- lersensis dans Palæontologia Universalis. Cette fiche paraîtra dans le 3: fas- cicule de cette publication. I12 ROBERT DOUVILLÉ. 1er Fév. ° doute la couche à très nombreuses petites Ammonites dont }. Baugieri qui est notre couche H.0. On y rencontre encore la Liogryphæa alimena, mais associée par conséquent à une très nombreuse faune de Céphalopodes. Au contraire la couche à L. alimena qui affleure près de la gare de Villers à une faune presque exclusivement composée de Z. alimena, de P. fibrosus et nous ne croyons pas qu'on y ait jamais rencontré d Ammonites. Elle est donc, non pas en continuité, mais juste au-dessous de la couche qui forme la base (ensablée en 1903) du promontoire d'Auberville et correspond à notre couche H. 1, que nous signalons bien découverte au mois de septembre 1903 à l’est d'Houlgate. EXPLICATION DE LA PLANCHE II Cr. — Crétacé. Cénomanien moyen à Acanthoceras cf. laticlavium. Obl. — Oolithe à Perisphinctes Martelli et Nucleolites scutatus. 15, — Couche à Cardioceras cordatum : 2 m. 50. 10, — Couche d’argile grise à Gryphæa dilatata : 4 m. 9, — Lit de calcaire gris marneux formant cordon : © m. 19. 6, — Lit d'argile rougeâtre avec petites Ammonites pyriteuses. Zone à Card. Suessi et équivalent de celle à Creniceras Renggeri. 5, — Couches de grès tendre à Ctenostreon proboscideum. 4bis, — Couche de marne glissante. Base de l’Oxfordien. Mème faune que la couche H. 4, mêmes Hecticoceras, Oppelia, Cosmoceras. . 4, — Couche à Opp. Villersensis. Sommet du Callovien. Abondance de Quenst. Mariæ. Zone à Quenst. Mariæ des auteurs. . 1, 2, 3, — Couches où les Cosmoceras de grande taille prédominent ainsi que Quenst. Lamberti (forme figurée par d’Orbigny dans la Paléontologie française). Zone à Quenst.Lambertides auteurs: H. 0, — Couche à petites Ammonites pyriteuses (actuellement ensablée) où prédominaient Horioceras Baugieri et Distichoceras bipartitum. H EE nous N.B. — Les numéros précédés de la lettre H correspondent à ceux des couches dans les notes de MM. Hébert (1860) et Henri Douvillé (188r). SIC PEL 6067 U® (SOPBAIBO) eJJlAdeqny,p extoqmuowoid np sdno9 SIL LRRLCE, 7 OS) ‘1044 A à + DT > er mm mme om 1472 sourd D ‘1099 ‘009 -JIng (YO61 19UA94 1) II ‘Id ‘ AI ‘LL ‘8U8S 7 2IITANOG JAOQOU ‘JU MA MELON PT 1 antsé Da scie à BULLETIN : ÿ ne SOCIÉTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830, À ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE comme ne ETABLISSEMENT D'UTILITE PUBLIQUE,;PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832) à QUATRIÈME SÉRIE e TOME QUATRIÈME ; FASCICULE 2 :. Ÿ 4 Feuilles 8-15. — Planches IIL- VII. . a a PARIS 4 PL | AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE ns 28, rue Serpente, VI A 1904 Le Bulletin paraît par livraisons mensuelles Août 1904 « ontan ln: } tb, FR 19 22 ES 4718 AmT. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l'avancement de la Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France, tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l'agri= culture. ART. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Français et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n’existe aucune dis- tinction entre les membres. | ART. 4. — Pour faire partie de la Société, il faut s'être fait présenter dans une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation #, avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président et avoir recule diplôme de membre de la Société. ART. 6. — Le Trésorier ne remet le diplôme qu'après l’acquittement du droit d'entrée. ART. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre à Juillet. ART. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le 1°’ et le 3° lundi du mois). ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. ART. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun. ouvrage déjà imprimé. ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent. ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendraune ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement déterminé. é ART. 3. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre. ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la” Société qu'au prix de la cotisation annuelle. ART. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les volumes des années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société, leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil.et conformément à un tarif déterminé. ART. 60. — Quelle que soit là longueur des notes ou mémoires insérés au Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part. ART. 93. — Chaque membre paye : 1° un droit d’entrée ; 2 une cotisation annuelle ?. ère Le droit d’entrée est fixé à la somme de 20 francs. Ce droit pourra être augmenté par la suite, mais seulement pour les membres à élire. La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs. La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée générale *, qui, à moins de décision spéciale du Conseil, devra être placée. 1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne connaïîtraient aucun membre qui püût les présenter, n’auront qu’à adresser une demande au Président, en exposant les titres qui justifient de leur admission. ÿ 2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes ui désirent faire partie de la Société à n’acquitter, la première année, que. eur droit d'entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement ; mais ils ne recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti- sation de 50 francs. Ils jouiront aussi des autres droits et privilèges des. membres de la Société. - 3. Cette somme est actuellement de 400 francs. LES CALCAIRES ET SABLES TERTIAIRES DU BASSIN DE LA LOIRE par M. Gustave F. DOLLFUS, Paléontologie. — J'ai l'avantage de présenter à la Société géolo- gique, comme jen avais fait la promesse, une série de grands Planorbes de nos terrains tertiaires pour lui permettre d'apprécier la détermination que j'ai acceptée pour le Planorbe de La Bussière. Laissant de côté les faunes de l'Éocène inférieur, voici le Planorbis pseudo-ammonius (P. Leymeriei Desh.) du Lutécien supérieur qui se distingue par ses tours nombreux et serrés. Le P. goniobasis (P. rotundatus Brard non Poiret) du calcaire de Saint-Ouen, caractérisé du côté ombilical par la pente rapide de ses tours. Le P. cornu Brong. du calcaire de Beauce, forme épaisse qui appartient au groupe de P. corneus vivant. Enfin le ?. solidus Thomæ des calcaires de l'Orléanais avec sa variété Mantelli Dunker, de taille un peu plus grande et d’épais- seur un peu moindre. C'est à cette dernière espèce que je rapporte les échantillons de La Bussière, acceptant parfaitement la détermi- nation faite par M. Vasseur et signalée par M. Rolland (Feuille de Châtellerault). Je ne vois dans la série tertiaire aucune espèce avec laquelle elle puisse être confondue, et, jamais elle n’a été citée à un autre niveau que l’Aquitanien ; nous allons voir qu'elle est étrangère à la faune à Nystia Du Chasteli qui occupe un niveau sensiblement plus ancien. . J'ai beaucoup étudié et depuis longtemps ce Nystia Du Chasteli Nyst, créé d'abord comme une Paludina et qui a été balotté successivement dans les genres Æissoa par F. Edwards, Littorinella par Sandberger, Bithinia par Deshayes, Forbesia par Nyst (non Frauenfeld), Euchilus par Sandberger en 1891, avant d'arriver au nom spécial, créé par Tournouër MWystia, 1866. Dans le bassin de Paris jai, avec M. Vasseur, montré sa position strati- graphique en 1878 dans la coupe de Méry-sur-Oise ; il règne dans la marne à Cyrènes, dans l'argile verte et dans le calcaire de Brie, jen ai reparlé plus tard en considérant le seul gisement de ce bassin, à Fleurines, où il se trouve bien conservé. 31 Août 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 8 114 G. DOLLFUS. — CALCAIRES ET SABLES TERTIAIRES 1% Fév. J'ai étudié la faune à Wystia Du Chasteli aux environs de Tongres en Belgique, dans l’île de Wight, dans le Cotentin. Nulle part on n'a signalé à ce niveau de grands Planorbes, il n’y a non Fig. 1. — Planorbis solidus Thomæ var. Mantelli Dunk. Pontournois, près Orléans (coll. de l'École des Mines). Fig. 2. — Planorbis solidus Th. La Bussière (Vienne). (Coll. G. Dollfus). plus ni Cyclostomes, ni Hélix, ni Bulimes, ni Achatines, ni aucun de ces beaux Mollusques terrestres qu’on trouve dans les horizons inférieurs ou supérieurs ; la faune sannoiïisienne est maigre, c'est une faune froide très réduite; le calcaire de Brie qui occupe une si grande étendue dans le bassin de Paris n’a fourni que cinq espèces : trois Limnées, un tout petit Planorbe, un ou deux Nystia. La faune saumâtre qui l’accompagne est bien faible aussi, je signalerai à ce propos la découverte que j'ai faite dans les marnes vertes sannoïsiennes de Bagneux d'un petit Mélanien : Strigilla Nysti Forbes, qui était connu au même niveau en Belgique, en Angleterre, et qui a été retrouvé par MM. Michel Lévy et Munier- 1904 DU BASSIN DE LA LOIRE 115 Chalmas dans les calcaires de la Haute-Limagne et, par Fontannes, dans le bassin du Rhône; c’est une forme très intéressante d’une réelle importance stratigraphique pour le bassin de Paris. Dans tous ces gisements pas de grands Planorbes, pas de grandes Lymnées, rien à confondre, pour le présent du moins, avec la faune de La Bussière. Inversement, si je consulte les gisements du ?. solidus depuis les environs de Rambouillet jusqu’à Orléans, je le vois toujours confiné dans le calcaire Aquitanien, accompagné de Limnées de grande taille et sans aucune trace de Vystia. Je me crois donc fondé à dire : que la faune de La Bussière diffère de celle de Cham- pagné-Saint-Hilaire, que la première est celle du calcaire de Beauce et que la seconde est celle du calcaire de Brie. Stratigraphie. — On sait que depuis bien des années je poursuis la question de l’origine et de l’âge des sables granitiques qui cou- ronnent les plateaux de l’ouest du bassin de Paris; j'ai cherché leur extension vers le sud et j'ai montré leur identité avec les sables de la Sologne qui sont, comme on sait, circonscrits à la base par le calcaire supérieur de Beauce et ravinés au sommet par les Faluns fossilifères. Plus au sud, je les ai suivis dans la vallée de la Loire et dans celle de l'Allier et je les ai retrouvés surmontant le calcaire à Helix Ramondi dans le Bourbonnaiïs. Dans une autre direction J'ai été amené à les identifier avec les sables et arkoses de la Brenne où ils surmontent un calcaire lacustre jusqu'ici sans fossiles ; c’est en suivant ce calcaire lacustre que je me suis avancé jusque sur les bords de la Gardempe et jusqu’à La Bussière où des fossiles avaient été signalés et où j'ai trouvé la faune aquitanienne à P. solidus sous les sables granitiques. Ce sont ces extensions et ces conclusions que M. A. de Gros- souvre conteste. Notre confrère me reproche d’avoir écrit : «M. de Grossouvre signale à La Bussière un calcaire lacustre contenant la faune du calcaire de Brie comme superposée aux couches de Brenne ». Il oublie qu'il écrivait lui-même dans notre Bulletin, le 3 décembre 1900 : « Les grès de Brenne se relient latéralement aux grès et arkoses étudiés dans le Poitou par MM. de Longuemar et Rolland, de ce côté ils sont recouverts par des calcaires lacustres dont l’âge est déterminé d'une manière précise par les fossiles qu'ils renferment : Planorbis solidus, Nystia Duchasteli et une Limnée voisine du Z. longiscata identique à une espèce du calcaire de Brie ». Il ne cite pas. en effet, la localité même de La 116 G. DOLLFUS. — CALCAIRES ET SABLES TERTIAIRES 1°’ Fév. Bussière, mais si on se reporte à la notice de la Feuille de Cha- tellerault, publiée par M. Rolland, à laquelle il emprunte ces renseignements, on trouve que le P. solidus est cité exclusivement de cette localité et que Nystia Du Chasteli n’y est pas indiqué. Je ne vois donc pas ce que j'aurais à rectifier : M. de Grossouvre ne considère-t-il pas encore aujourd’hui le calcaire de La Bussière comme de l’âge du calcaire de Brie, quelle que soit sa faune, et les sables granitiques comme appartenant à l'Oligocène ? J'ai suivi le calcaire d’eau douce sur la rive gauche de la Gar- dempe, de Maillé à Saint-Savin,sur une douzaine de kilomètres, et je me suis arrêté plus longtemps à La Bussière comme étant la seule localité fossilifère, et j'ai vu constamment les sables grani- tiques sur le calcaire lacustre, jamais au-dessous. Je n'ai vu sous le calcaire lacustre aucun dépôt de transport, mais des résidus d'altération du Jurassique et des traces de marnes du Crétacé. Je sépare absolument Les sables et grès de Brenne des dépôts sidé- rolithiques qui sont un résidu chimique de l altération du Juras- sique SOUS een sans éléments transportés. Il importe qu'on ne se méprenne pas sur ma pensée, je suis loin de nier que le Plateau central aït pu fournir des alluvions grani- tiques étendues en auréoles à sa périphérie à des époques bien différentes. J'ai depuis longtemps étudié dans le bassin de Paris les sables granitiques du Breuillet qui appartiennent au Spar- nacien et qui sont liés à l'argile plastique, comme aussi les sables granitiques de Lozère surmontant les calcaires de Beauce qui appartiennent à l’Aquitanien. Je sais que ces sables du Breuillet sur lesquels M. Léon Janet est revenu tout récemment, prennent une grande extension dans le Pays Chartrain par exemple, et lorsque les couches intermédiaires viennent à manquer, on est fort embarrassé pour donner un âge aux paquets granitiques effon- drés dans la craie, et pour dire s’ils sont Sparnaciens ou Burdi- galiens. Dans la région de l’Allier j'ai étudié aussi des sables et arkoses intérieurs aux dépôts sannoisiens et qui sont peut-être très anciens ; M. J. Giraud en a donné une description soigneuse. Je n'ai donc aucun parti-pris et je ne vois que des faits que je classe suivant les relations qu'ils ont entre eux. Si je découvrais que les dépôts de la Brenne, au débouché de la Creuse, sont inférieurs au calcaire de Brie,je n'hésiterais pas à les classer avec les arkoses de la Limagne, mais jusqu'ici toutes mes explorations m'ont montré les sables granitiques surmontant les calcaires lacustres entre l'Allier et la Vienne, et c'est pourquoi je les remonte au niveau des sables de la Sologne. Pour les calcaires, j'en examine 1904 DU BASSIN DE LA LOIRE 117 la faune sans préjugé, et c’est ainsi que j'ai été conduit, dans la récente excursion de la Société géologique à Poitiers, au classement des calcaires lacustres de La Mothe-Saint-Héraye dans le Sannoiïsien au lieu du Lutécien, par suite de la constatation du Nystia Du Chasteli. Puisque M. Rolland intervient aux débats, j'examinerai très brièvement comment il a compris les terrains tertiaires sur la Feuille de Chatellerault. Il distingue sous la lettre P deux choses : 1° Des couches de transport régnant sur le plateau, formées de limon sableux avec petits galets roulés de quartz; 2° Un terrain de transport plus spécialement formé aux dépens du terrain sidérolithique sous-jacent et présentant de gros sables rouges argi- leux avec galets de quartz et de silex. Ces dépôts sont à classer, pour moi, avec les couches de Sologne, mais il est possible qu’une partie des galets soient marins et témoignent d’une ancienne grande extension de la mer des faluns, comme le prouvent les dépôts isolés si inattendus de Charnizay et de Mirebeau. Les lettres e°° désignent les marnes et meulières d’eau douce, ce sont généralement des calcaires sans fossiles, ils renferment par exception à La Bussière Planorbis solidus ; e%? désigne les sables et argiles sidérolithiques,argiles rouges avec sables à grains de quartz et minerai de fer, formation complexe découverte à toutes les altitudes; vers l’est, on trouve en Brenne une formation de grès reposant sur des argiles sidérolithiques. La mention e%* n’est pas employée. L'argile à silex e, forme une nappe étendue et des massifs isolés au-dessous et parfois même au milieu du Sidéroli- thique. La distinction de ces formations est souvent incertaine. M. Rolland considère les marnes blanches qu'on voit en Brenne sous l’arkose comme étant un calcaire à Nerinées métamorphisé au contact du Sidérolithique ! Ce sont des marnes tertiaires qui ont été parfaitement mises en évidence par les travaux du chemin de fer du Blanc et qui sont à placer, pour moi, au niveau de celle de La Bussière. On voit, qu’en somme, il a mis dans le Pliocène les sables granitiques partout où ils surmontaient nettement le calcaire lacustre, et qu'il a placé dans l'Oligocène inférieur ces mêmes sables lorsque le calcaire lacustre manque. Sous cette rubrique de Sidérolithique on trouve des argiles à minerai de fer sur le Bajocien, des argiles à chaïlles sur le Bathonien et le Callovien, des dépôts d’altération de tous genres qu'il a eu peine à distinguer de l'argile à silex du Crétacé: c'est un complexe dans lequel les dépôts produits sur place sont réunis à des dépôts de transport qui n'ont avec eux aucune analogie. J'ai signalé les mêmes faits sur la Feuille de Poitiers. 118 G. DOLLEUS. 1er Fév. Mes explorations de 1903 m'ont conduit à étudier l’origine des sables granitiques en amont immédiat de la Sologne. Dans la vallée de l’Auron mes recherches ne m'ont pas donné de résultat positif. Dans la vallée du Cher on observe, sur les deux rives, de Châteauneuf-sur-Cher à Drevant, près Saint-Amand, de nombreux paquets de sables granitiques ; dans les communes de Grouttes, La Cellette-en-Berri, Faverdiennes, on les voit à une altitude culmi- nante (232 m.) surmontant un calcaire d’eau douce d’âge sannoi- sien. Dans la vallée de l’Arnon j'ai vu avec M. Gauchery, des sables granitiques au Châtelet et jusqu’à Lignières. Dans la vallée de l'Indre les sables granitiques sont superposés au calcaire lacustre du Berri à Jeu-les-Boiïs et au Lys-Saint-Georges. Dans la vallée de la Bouzanne, affluent de la Creuse, il y a des sables et arkoses granitiques avec chaiïlles roulées et bois fossiles comme dans le Bourbonnais ; ces dépôts touchent ceux de la Brenne, et la suite des îlots conservés dans une série de synclinaux que j'ai relevés et conduit de la Brenne au Bourbonnais, place au même niveau les vastes amas de sables détritiques de la Brenne, de la Sologne et du Bourbonnaïs. Dans les anciennes cartes, partout où le calcaire manque, on a confondu les sables granitiques avec le terrain sidérolithique, là où le calcaire est existant on les a classés dans le Pliocène. Je ne vois rien dans tout cela qui vienne modifier les idées générales que j'ai exposées au Congrès international de 1900. M. H. Douvillé ne considère pas comme certain le rapprochement fait par M. Dollfus des Planorbes de La Bussière avec des espèces du Calcaire de Beauce. Il rappelle que des fossiles d’eau douce de grande taille, Limnées et Planorbes, ont été signalés dans le Cal- caire de Brie du bassin de Paris à Château-Landon et dans les environs de Melun (M. Vasseur). Il a constaté en outre, comme l’a fait de son côté M. A. de Gros- souvre, que dans le voisinage des dépôts sidérolithiques le eal- caire jurassique sous-jacent se transforme souvent par altération en marnes farineuses ou noduleuses qu'il est facile de confondre avec des marnes tertiaires. QUATRIÈME NOTE SUR LES ORBITOÏDES par M. Ch. SCHLUMBERGER. (PLancues HI-VD. Pour compléter l'étude des Orthophragmina de l'Eocène il me restait à décrire les jolies espèces qui se distinguent par leurs ornements extérieurs ou par leur forme étoilée. C’est l’objet de la quatrième note que je présente à la Société. Elle comprend l’énu- mération de douze espèces dont une grande partie avaient déjà été signalées par Gümbel. Mais avant de passer à leur description je voudrais dire quelques mots sur des faits nouveaux relatifs aux Orbitoïdes décrits dans mes notes précédentes. D'une part j'ai reçu de notre confrère M. Philippe Thomas plusieurs lots d’Orbitoïdes qu’il a récoltés en Tunisie pendant ses fructueuses explorations. Dans deux de ces lots provenant du Crétacé supérieur de Chebika sur le versant sud de la chaîne de Gafsa et du Djebel Semsi j'ai retrouvé des Orbitoides Tissoti Schlumberger qui n'étaient encore connus que de l'Oued-el-Arba en Algérie :.. D'autre part notre regretté confrère, l’illustre professeur de Munich von Zittel, avait eu l’obligeance, à la demande de M. H. Douvillé, de nous envoyer peu de jours avant sa mort une caisse de Nummulites et d'Orbitoïdes du gisement bien connu du Kres- senberg et des environs. Le dépouillement de cet envoi m'a permis d'identifier bien plus exactement nos espèces françaises avec celles décrites par Gümbel et dont les figures laissent parfois à désirer. J'ai signalé l’erreur de Gumbel relative à l’Orbitophage qui envahit les loges des Orbitoïdes et en détruit les cloisons *. Ce parasite se présente presque toujours sous l'aspect d’un dépôt d'oxyde de fer plus ou moins fortement coloré en brun. Or en faisant une section dans un des ©. Pratti envoyé par von Zittel et provenant de Hôllgraben (près Kressenberg) j'ai retrouvé l’Orbitophage, mais sous un aspect tout particulier. Une partie des 1. Cu. SCHLUMBERGER. Deuxième note sur les Orbitoïdes. B. S. G. F. (4), IL, p. 259, pl. VIII. 2. Cu. ScHLumBEerGER. Troisième note sur les Orbitoïdes. B. S. G. F. (4), IL, p. 276, pl. IX. 120 CH. SCHLUMBERGER. 1e Fév. loges équatoriales, mais surtout les loges latérales et les petits canaux fins qui les relient entre elles sont remplis d'un amas de petits grains blancs. Ces granules ne peuvent être attribués à un effet de la fossilisation car on ne les retrouve pas dans les autres parties de l'Orbitoïde : ils sont exclusivement cantonnés dans les loges envahies par l'Orbitophage. J'ai consulté à ce sujet mon ami M. Giard, le savant professeur de la Sorbonne, qui pense que l’Orbitophage est très probablement un Protozoaire perforant. Les Orthophragmina costulés et étoilés présentent de grandes différences de taille, pour mieux les faire ressortir je les ai fait figurer tous au même grossissement. Les vues extérieures ont été photographiées à un grossissement de 4 diamètres, les sections à celui de 10 diamètres. DESCRIPTION DES ESPÈCES ORTHOPHRAGMINA PATELLARIS Schlottheim (PL. IL, fig. 6; pl. IV, fig. 13 et 14) Synon. Asteriaciles patellaris Schlottheim ‘, 1820. 9 Orbitulites furcata Rutimeyer ?, 1850. — patellaris Gümbel ?, 186r. Orbitoides (Actinocyclina) patellaris Gümbel * 1868. Dans un supplément à sa « Petrefaktenkunde », Schlottheim a publié en 1820 son Asteriacites patellaris, et en a donné la figure ci-jointe que j'ai fait photographier telle qu’elle se trouve dans l'ouvrage mais en supprimant les contours de la roche (fig. 1); l’auteur n'indique pas le grossissement du dessin. L'échantillon qui a servi de type est engagé sur une roche et a probablement été déformé par la fossilisation ainsi que le suppose Schlottheim qui le prenait pour une Étoile de mer. Le contour est épineux, les côtes sont flexueuses. Malgré ces différences, Gümbel n’a pas hésité, en 1861, à l'identifier avec son Orbitulites patellaris dont le contour est circulaire et les côtes droites. Rutimeyer avait cependant décrit et figuré cette espèce, en 1850, sous le nom d'Orbitulites furcata, mais sans en reconnaître les caractères internes. En 1868, Gümbel l’a reconnue pour un Orbitoïde et l’a 1. SCHLOTTHEIM. Petrefactenkunde Nachtr. p. 76, pl. XII, fig. 6, 1820. 2. RUTIMEYER. Ueber das Schweiz. Nummulitenterrain, pl. V, fig. 96-77, 1850. 3. GùMBEL. Geogn. Beschr. d. Bayer. Alpen, p. 596 (1861) et Foraminife- renfauna d. Nordalp. Eôcangebilde, p. 139, pl. II et IV, 1863. 1904 SUR LES ORBITOÏDES 121 décrite et figurée dans son grand travail en adoptant toujours le nom spécifique de Schlottheim. L'Orthophragmina (Actinocyclina) patellaris (pl. HN fig.6) a un plasmostracum discoïdal relativement mince. Sur chaque face, au centre, s'élève un bouton saillant duquel partent neuf à dix côtes rayonnantes assez fortes, à surface arrondie ; elles se bifurquent à la moitié et une seconde fois aux trois quarts du rayon, ce qui pro- duit environ trente-six côtes qui s’atténuent tout au bord du disque. Parfois on remar- que une trifurcation de l’une des côtes. Toute la surface Fig. r. Asteriacites patellaris Schlott. est couverte de fines protubé- (Bergen, près Kressenberg). rances. Une section plane de la forme A (pl. IV, fig. 14), montre au cen- tre, comme dans une des espèces suivante (fig. 3), une loge embryon- naire sphérique, à demi enveloppée d’une loge deux fois plus grande ; mais les loges équatoriales des trois premiers cycles sont très courtes alors que celles des cycles suivants sont deux fois plus longues. Après ces trois cycles, on remarque dans la direction des côtes principales, des assemblages en éventail de loges équato- riales très longues et étroites dont le nombre va en augmentant et qui occasionnent sur leur pourtour des ondulations convexes de la cloison qui limite les cycles. Ces ondulations s’atténuent vers le bord du disque qui devient circulaire. Dans l'intervalle de ces éventails les loges équatoriales sont presque carrées vers le centre et augmentent peu à peu de longueur pour devenir sem- blables aux loges terminales des éventails. C’est là un caractère que l’on retrouve dans beaucoup d’autres Orthophragmina étoilés. Dans aucune des sections transversales que j'ai effectuées je n'ai pu trouver les loges embryonnaires très nettes. La figure 13, pl. IV représente une de ces sections ; on y remarque bien la loge embryonnaire, mais la cloison est détruite. Les loges équatoriales vont en grandissant en longueur vers le bord du disque et les dernières sont trois fois plus hautes que celles du centre. Là, une trentaine de loges latérales, régulièrement empilées, à ouverture double de leur cloison forment le bouton central ; leur nombre va rapidement en décroissant et l’on n en compte plus que cinq ou six 122 CH. SCHLUMBERGER. | 1er Fév. de chaque côté ; elles sont plus allongées et moins régulièrement. superposées qu'au centre et plus irrégulièrement empilées. Les plus grands individus ont 15 millimètres de diamètre. Habitat. — Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), assez abon- dants et bien conservés. Aveza, près Vérone (coll. Munier- Chalmas). Rutimeyer l’a signalée à Stierendungel et Platti, près Lauenen ; Gümbel au Kressenberg. ORTHOPHRAGMINA GüMBELr Schlumberger n. sp. Gümbel a accompagné la description de l'O. patellaris de trois figures ’. Dans les deux premières, le dessinateur a bien indiqué la première bifurcation des côtes de la moitié du rayon et, seu- lement à deux ou trois endroits, la seconde bifurcation qui, au contraire, dans les nombreux échantillons que j'ai eu à ma dispo- sition est beaucoup plus générale. Quant à la troisième figure que je reproduis ici par la photographie (fig. 2), n'ayant pas rencontré d'individu semblable dans mes recherches j'estime que Gümbel a eu tort de l'identifier à ©. patel- laris. En effet, si le dessin est exact, les côtes sont bien plus grêles, la bifurcation simple ne s'opère qu'aux deux tiers du Fee 2. _. rayon pris du centre à l'extrémité des côtes Orth. Gümbeli Schlumb. à . ressent. et celles-ci, au nombre de vingt seulement, n’atteignent pas le bord du disque. Ces caractères excluent la supposition que ces individus représente- raient l’état adulte d’O. patellaris. Je propose de dédier cette jolie espèce au savant observateur allemand sous le nom d’Orthophragmina Gümbeli. ORTHOPHRAGMINA RADIANS d'Archiac. (P1. IL, fig. 7 et 9, pl. IV, fig. 15-17) Synon. Orbitolites radians d’Archiac ?, 1850. Orbitoides (Actinocyclina) radians d’Archiac in Gümbel ?, 1868. — tenuicosta Gümbel ?, 1868. Orbitolites patellaris Brunner in Rutimeyer *, 1850. L’Orthophragmina radians (pl. IL, fig. 9) a un plasmostracum 1. GümMBEL. Loc. cit. PI. IV, fig. 29, 30, 31. 2. D'ArCHrAC. Description des fossiles du groupe nummulitique. Mém. Soc. Géol. Fr., (2) II, p. 400, pl. VIIL, fig. 15, 1850. 3. GÜMBEL, loc. cit., 1868. 4. RurTIMEYER, Ueber das Schweiz. Nummulitenterrain, pl. V, fig. 76-77, 1850. 1904 SUR LES ORBITOÏDES 123 discoïdal très mince; sur chaque face, au centre, s'élève un bouton saillant duquel partent un nombre variable (6 à 8) de côtes rayonnantes principales ; ces côtes se bifurquent souvent et entre elles viennent se loger les côtes intercalaires qui n’atteignent pas le bouton central, de sorte qu’au bord du disque on compte 28 à 30 côtes. Lorsque l'individu que l’on examine est bien conservé on voit que toute la surface est couverte de nombreuses petites granulations disposées en cercles concentriques. Elles sont un peu plus fortes sur le bouton et sur les côtes à l'extrémité desquelles on en compte jusqu à six juxtaposées. A l’état jeune le bord du disque n'est pas toujours circulaire (pl. IL, fig. 9) et les extrémités des côtes sont réunies par des courbes concaves. Gümbel en a donné du reste une bonne figure HEIN ie (ir): Dans la section plane passant par la loge initiale (pl. IV, fig. 15-17), on constate que la partie embryonnaire nest pas, comme le dit Gümbel, composée de loges spiralées. La loge initiale de la forme A (fig. 3) est sphérique avec un diamètre d'environ 0,2 millim., elle est à moitié enveloppée d’une seconde loge sphérique beaucoup plus grande de 0,4 millim. de diamètre; autour de cet embryon se développe le premier cycle de loges équatoriales de forme presque carrée. A la suite, on voit deux ou trois cycles réguliers, Fig. 3. circulaires, puis leurs parois extérieures se Loges embryonnai- gondolent, s'arrêtent parfois brusquement res de l'O. radians, sans faire un tour complet, d’autres viennent grossies 30 fois”. se superposer, il se forme de petits secteurs qui s'intercalent ct, il en résulte un ensemble, souvent irès confus, de loges de toutes dimensions. J’ai constaté ce caractère dans tous les nombreux individus que j'ai sectionnés et qui provenaient de beaucoup de localités différentes. Comme chez tous les Orbitoïdes, la forme B présente au centre une petite loge presque imperceptible enveloppée de nombreux cycles très étroits. Dans la section transversale perpendiculaire au disque (pl. IV, fig. 19) on retrouve au milieu une loge embryonnaire allongée partagée en deux parties inégales. Elle est surmontée, en dessus et en dessous, par des séries de loges latérales surbaissées (au nombre 1. Cette partie embryonnaire de l'O. radians est presque identiquement la même que celle de l'O. Pratti, Ch. SCHLUMBERGER, loc. cit., B.S. G.F. (4), HI, P: 279. 124 CH. SCHLUMBERGER. 1 Fév. de 15 à 20 au milieu) qui ont une ouverture de même hauteur que l'épaisseur de leur paroï. Après avoir constitué le bouton central leur nombre se réduit rapidement et sur le reste du disque on n'en compte plus que 4 ou 5 de chaque côté des loges équatoriales. En section horizontale ces loges ont un contour irrégulièrement polygonal. Dimensions. — On rencontre ces O. radians de toutes dimen- sions, mais les plus nombreux ont environ un centimètre de diame- tre. Dans les récoltes de Munier-Chalmas dans le Vicentin et dans la série des Ralligstôcke que je dois à mon ami M.H. Douvillé j'ai trouvé deux individus d’un diamètre de 6 centimètres ; mais alors le bouton central et les côtes se sont presque effacés et ne sont plus apparents que si on les examine obliquement. Habitat. — Biarritz (Côte des Basques); La Colle, Villeneuve- Loubet (Alpes-Maritimes) ; Brendola et Aveza (Italie) ; Mokkatam (Égypte) ; Ralligstôcke, près Interlaken (O0. patellaris Rutim.); Kressenberg et Granella (Italie), d'après Gümbel. Observations. — D'Archiac a créé et figuré cette espèce en 1850 sous le nom d’'Orbitulites radians pour ses fossiles de Biarritz. La même année Rutimeyer a décrit et figuré un Orbitolites patellaris (ce nom spécifique déjà employé antérieurement par Schlottheim ne peut être conservé). Gümbel a repris l’espèce de d’Archiac dans son important travail et en a donné une description plus complète et plus exacte : il y a ajouté deux nouvelles espèces, O. tenuicostata et O. variecostata, provenant des couches éocènes d'Italie et leur donne comme synonyme, ©. patellaris Rutimeyer part.). Or, toutes ces espèces présentent les mêmes caractères : mêmes loges embryonnaires, même enchevêtrement des eyeles équato- riaux, même disposition des loges latérales. Elles ne diffèrent extérieurement que par un nombre plus ou moins grand de côtes rayonnantes et l’on constate la même différence entre les séries d'individus d'un même gisement. Je pense donc qu'elles doivent toutes être réunies sous la même appellation de Orthophragmina radians. ORTHOPHRAGMINA DECORATA Schlumberger n. sp. (PL. IT, fig. 11). La figure 11, de la planche III, représente un individu malheu- reusement unique et un peu fruste qui provient de l’Eocène de la Ferme-Sainte-Colombe dans les Landes. Le plateau très proba- > 1904 SUR LES ORBITOÏDES : 129 blement discoïdal de cette espèce est excessivement mince; il porte au centre une étoile à cinq branches se terminant en pointe. De chacune des pointes partent en éventail trois ou quatre côtes très fines et d’autres à peine perceptibles sont intercalées entre les branches de l’étoile. L'étoile elle-même est très saillante et couverte de fortes granulations, tandis que le reste du test paraît presque lisse. La dimension approximative est de 14 à 15 millim. de diamètre. ORTHOPHRAGMINA Muniert Schlumberger n. sp. (PI, I, fig. 12). Un autre individu, unique aussi, très fruste et provenant de la même localité, est représenté par la figure 12 de la planche III. Cette espèce diflère de toutes les autres par ses ornements exté- rieurs. Au centre d'un disque mince s'élève un assez gros bouton saillant couvert de fortes granulations. De ce bouton partent assez irrégulièrement 6 à 7 côtes grêles qui se bifurquent en partie alors que d’autres côtes plus petites viennent s'intercaler sans suivre toujours la direction d'un rayon. Les côtes portent des granulations plus faibles que celles du bouton et sur le reste du plateau elles sont à peine perceptibles. Dimension approximative, 12 millimètres. Observations. — Ces deux espèces font partie de la collection de mon regretté collaborateur et ami Munier-Chalmas : je lui ai dédié la seconde. Il est très désirable que des recherches ulté- rieures dans cette localité nous procurent des individus plus com- plets de ces jolies espèces. ORTHOPHRAGMINA MULTIPLICATA Gümbel. (PI. IL, fig. 10 et pl. IV, fig. 18 et 20). Synon. Orbitoides (Rhipidocyclina multiplicata Gümb.). Dans la diagnose que Gümbel donne de cette espèce, qu'il a créée en 1865, il en décrit en détail les principaux caractères, mais l'épaisseur du disque n'est pas aussi uniforme qu'il le dit (pl. IV, fig. 20) et des granulations assez fortes couvrent la surface surtout vers le centre. Mais, il est curieux de constater que Gümbel passe sous silence le caractère le plus saillant auquel l'espèce doit sans doute son nom et que sa figure reproduit (pl. IV, fig. 20). En effet, le bord 126 CH. SCHLUMBERGER. 1% Fév. du disque est fortement relevé par quatre ou cinq plis, assez courts, mais accentués. Dans la section horizontale (fig. 4; pl. IV, fig. 18) on trouve une loge initiale sphérique assez grande, 210 u, enveloppée complètement par une seconde loge ovalaire. Les loges équatoriales qui les entou- rent sont carrées à l'exception de celles qui se He. à trouvent dans la direction des plis qui sont plus Loges embryonnai- longues que larges. res de l'O. multipli- Diane la section sépendionioire (pl. IV, cata, grossieS fig. 90), on voit les loges équatoriales croître 30 fois. . : assez vite en hauteur vers le bord, mais leur subdivision horizontale, que signale Gümbel n’est pas toujours bien visible. Entre les piliers fortement coniques qui vont former les protubérances de la surface, les loges latérales s’étagent régu- lièrement sur un seul rang en augmentant de largeur vers l'exté- rieur ; leur ouverture est égale à l'épaisseur de leur paroi. Le plus grand individu de Spilecco (collection Munier-Chalmas) a 7,5 millim. de diamètre. Habitat. — Sainte-Marie-de-Josse (Landes) ; Monte Spilecco (Italie). Gümbel signale cette espèce à Hammer et Kressenberg. L'étude des Orthophragmina étoilés suivants soulève une ques- tion de nomenclature assez délicate que je ne pourrai utilement exposer qu'après la description des espèces que j'ai pu examiner. ORTHOPHRAGMINA STELLATA d'Archiac :. (1. V, fig. 31-36; pl. VI, fig. 37-40). Synon. Calcarina stellata d’Archiac, 1846. Orbitolites stellaris Brunner in Rutimeyer, 1850?. Orbitoides asteriscus Kaufmann, 1867 *. Orbitoides (Asterocyclina) priabonensis Gümbel, 1868 “. L'Orthophragmina stellata d’Archiac affecte des formes exté- rieures très variables. La disposition générale du plasmostracum est celle d’un plateau mince au centre duquel s'élève de chaque côté un bouton central d’où partent un certain nombre de rayons sous forme de côtes peu saillantes, d'épaisseur égale jusque près du bord. Ces côtes sont en nombre variable, tantôt quatre (pl. V, D'ARCHIAC. Mém. Soc. Géol. de France, (2), I, 1846. RurImMEyER. Ueber das Schwei. Nummulitenterrain, 1850. KAurMANN. Geolog. Beschr. des Pilatus, 1867. GümMBEL. Loc. cit., 1868. EH © ED 1904 SUR LES ORBITOÏDES 127 fig. 31; pl. VI, fig. 35), tantôt cinq (pl. V, fig. 32) ou même six (pl. V, fig. 33). Elles se correspondent sur les deux faces du plateau et s’élargissent un peu au bord où elles se terminent par un bou- ton caractéristique. Leurs extrémités sont reliées entre elles, soit par des lignes droites, ce qui donne au plasmostracum un contour pentagonal ou hexagonal (pl. V, fig. 32 et 33), soit, dans d’autres individus, par des courbes rentrantes (pl, V, fig. 31) ou enfin par des courbes convexes, et alors le disque devient circulaire (pl. V, fig. 34). Ces deux dernières formes sont plus rares. Les surfaces extérieures sont couvertes de fines granulations. Quelle que soit la variabilité de tous ces individus dans leur forme extérieure ils ont tous les mêmes caractères internes. On trouve en effet, au centre d’une section horizontale (pl. V, fig. 35, 36; pl. VI, fig. 38) une loge embryonnaire sphérique d’envi- ron 135 & de diamètre (fig. 5) enveloppée à moitié d'une seconde loge plus grande (219 u). Des deux côtés de la première, et au- dessus de la seconde, se forment d'assez fortes loges semilunaires, entre lesquelles se place une série de loges semilunaires plus petites et de différentes dimensions. Immé- Fig. 3. diatement après ce premier cycle, on remar- Loges embryonnaires de que, dans la direction de chaque rayon, un lO-stellata d'Archiae, faisceau en éventail de loges équatoriales A assez longues qui augmentent peu à peu en nombre jusqu'au bout du rayon. L'ensemble de chaque cycle de ces loges est limité extérieurement par des cloisons demi-circulaires qui se raccor- dent avec celles des cycles des autres loges équatoriales beau- coup plus petites et presque carrées. Cette disposition montre que dans le jeune âge les extrémités des rayons étaient raccor- dées par des courbes fortement concaves vers le centre et ce dispositif a parfois persisté jusqu'à l’âge adulte (pl. V, fig. 31). Une section perpendiculaire au disque, menée entre deux côtes, telle que la montre la figure 4o de la planche VI, porte en son milieu les deux loges embryonnaires enveloppées de nombreuses loges latérales empilées régulièrement entre les piliers. Elles diminuent rapidement en nombre au-dessus et au-dessous de la ligne des loges équatoriales. Aux deux tiers du rayon on ne voit plus jusqu’au bord qu’une simple couche de loges latérales. Mais si on mène la section perpendiculaire par le milieu d’une des côtes l'aspect de la coupe change complètement (fig. 39, pl. VD); les loges équatoriales grandissent en hauteur, vers le milieu du rayon 128 CH. SCHLUMBERGER. 1 Fév. elles commencent à se subdiviser et cela de plus en plus, elles augmentent en même temps en longueur, leur cloison externe devient demi-circulaire comme dans la section plane, et leur ensemble se termine en forme de massue. D'autre part les loges latérales après avoir formé le bouton central restent assez nom- breuses jusque près du bout du rayon, constituant ainsi la saillie de la côte. On voit donc que l’extrémité d'un rayon est consti- tuée par un cône renversé formé par la superposition de nom- breuses calottes hémisphériques subdivisées en petites loges. La section transversale que j'ai faite à l'extrémité d’un rayon n’a pas été figurée : toutes les logettes étant coupées obliquement la pho- tographie ne montrait qu’une plaque ovale spongieuse. Si je me suis étendu un peu longuement sur ce caractère de l'O. stellata, c'est qu'il servira toujours à distinguer cette espèce de la suivante à laquelle elle ressemble beaucoup par l'aspect extérieur. Dimensions. — L/O. stellata peut atteindre un diamètre de 10 millimètres. Habitat. — Rocher de La Goureppe (Rocher du Goulet des anciens auteurs), Villa Lady Bruce, près Biarritz ; Villeneuve- Loubet, Ferme de Sainte-Colombe (Landes); Alpes-Maritimes ; Ralligstôcke près Interlaken ; Brendola, Priabona (Vicentin). ORTHOPHRAGMINA LANCEOLATA Schlumberger n. sp. (PI. V, fig. 25-30) Synon. Orbiloides (Asterocyclina) stellata Gümbel non d'Archiac. Cette espèce, très voisine de la précédente, se présente aussi sous la forme d’un plateau étoilé à cinq ou six pointes presque toujours reliées entre elles par des courbes rentrantes ; mais on peut déjà les différencier par la vue extérieure. O. stellata a des côtes qui s’élargissent à leur extrémité tandis que celles de O. lanceolata sont plutôt lancéolées et se terminent en pointe; en outre, dans cette dernière, le bouton, les côtes ét le reste du plateau sont couverts de granulations beaucoup plus fortes. La section horizontale donne à peu près la même figure (pl. V, fig. 28) que celle d'O. stellata, si ce n’est que, dans la direction des rayons, lès loges équatoriales s'étalent beaucoup moins en éventail. Par contre, la disposition de ces loges est toute différente dans la section perpendiculaire menée par le milieu d'une des côtes. La figure 30 (pl. V) reproduit une de ces sections. Si on la 1904 SUR LES ORBITOÏDES 129 ‘compare à la fig. 39 (pl. VD on voit que les loges équatoriales sont en nombre beaucoup plus restreint et que les loges latérales les recouvrent jusqu'au bout mais s’y terminent en pointe. La figure 29 (pl. V) représente la section transversale de l’un des rayons très près de son extrémité. En résumé, si l’on fait abstraction des pla- teaux intercalaires, on voit que les côtes de l'O. stellata se termi- nent en massue et celles de l'O. lanceolata en fer de lance. Dimensions. — À peu de chose près les mêmes que celles de l'espèce précédente. Habitat. — Villa Marbella près Biarritz, Ferme de Sainte- Colombe (Landes); Allons (Basses-Alpes) ; Hollgraben, près Kressenberg ; Priabona (Italie). Observations. — Les figures demi schématiques A et B ci-des- sous feront encore mieux ressortir que les photographies des plan- ches V et VI (fig. 30 et 39), les différences caractéristiques de ces deux espèces. Elles reproduisent les sections verticales dans la direction d’un des rayons. La fig. À appartient à l'Orthophrag mina stellata, la fig. B à l'O. lanceo- lata et on voit au centre de ces figures la disposition des loges équatoriales alors que les par- ties blanches des deux côtés sont occupées par les loges latérales. En 1846, d'Archiac : a décrit très sommairement, un organis- me représenté par un disque étoilé à bord mince et tran- chant, à surface rugueuse, dont il donne la figure et qu’il nomme Calcarina stellata ; il en indi- que le gisement précis, le rocher du Goulet près Biarritz (rocher Fig. A.—Section verticale de l'O. que l’on nomme actuellement La stellata dans la direction d’un “TEE E are ee ed verticale de l'O, rocher ont été explorées par M. lanceolata dans la direction d’un Zeiller, ingénieur en chef des des rayons. Mines, qui m'a remis les résul- tats de ses récoltes. On n’y rencontre, en abondance, qu’une seule espèce d'Orbitoïde, c’est celle que représente la photographie 1. D'ArcHIAC. Mém. Soc. Géol. de France, (2), I, 1846. 31 Août 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 9 130 | CH. SCHLUMBERGER rer Fév. de la planche V (fig. 33) et que je viens de décrire sous le nom d’'Orthophragmina stellata. Je n'ai pu malheureusement retrou- ver dans les collections de Paris le type qui a servi à d’Archiae, mais quoique la figure de sa Calcarina laisse à désirer, on reconnaît bien l’'Orthophragmina de La Goureppe. C’est donc incontesta- blement à ce fossile qu'appartient le nom spécifique stellata. D’Archiac s’est trompé dans l'attribution générique; il s'en est en partie aperçu en 1848’, quand il a décrit et figuré un nouvel individu qu'il jugeait mieux conservé, qu'il identifiait au précé- dent et classait comme Orbitolites stellata. mais alors sans en indiquer la provenance. Cr, M. H. Douvillé a retrouvé dans les collections de l'Ecole des Mines, le type de l'individu figuré par d’Archiac en 1848 et je l'ai fait photographier (pl. V, fig. 24). L’étiquette de d’Archiac porte simplement : Orbitolites stellata, sans localité. L’individu, comme on le voit, est très fruste; un seul de ses rayons a conservé une certaine longueur, mais on reconnaît que le bouton central, assez volumineux, et les côtes portent de fortes granulations. Il est impossible de l'identifier avec l'O. stellata ni à O. lanceolata dont il diffère par ses dimensions beaucoup plus fortes, mais peut-être, faudrait-il le rapprocher d’une espèce provenant de Sainte-Marie de Josse dont je n’ai qu’un individu unique dont je parlerai plus bas (pl. IL, fig. 8). D'autre part Gümbel, en 1868?, a établi aussi un Orbitoides stel- lata pour un fossile des Alpes bavaroises et, dans son texte, il mentionne € que n'ayant pu voir le type de d'Archiac il lui a com- muniqué ses échantillons et que celui-ci lui a répondu qu'ils con- cordaient avec son Orbitolites stellata » (seconde figure de 1868). Gümbel, rassuré par cette affirmation erronée de d'Archiac, a décrit ensuite le véritable O. stellata sous le nom d’Orbitoides priabonensis. Le récent envoi de von Zittel m'a permis de constater que l’on ne rencontre dans l'Éocène de Bavière que l'O. lanceolata et aucun individu de ©. stellata d'Archiac ?. Il résulte de tous ces quiproquos que le qualificatif priabonensis doit être abandonné et qu’il était nécessaire de donner un nom nouveau à l'O. stellata de Gümbel. . D’Arcnrac. Mém. Soc. Géol. de France, (2), I, p. 405, pl. VILLE, fig. 14. . GümBEL. Loc. cit. . Il est d’ailleurs à remarquer que GümMBELz (loc cit. p.137) ne cite son O. priabonensis que de provenance italienne. ©Q2 D æ 1904 SUR LES ORBITOÏDES 131 ORTHOPHRAGMINA TARAMELLIT Munier-Chalmas n. sp. (PL. VI. fig. 41-46, 51 et 57). Plasmostracum étoilé présentant de cinq à huit pointes bien détachées. Centre surélevé auquel se relient intimement des côtes tectiformes séparées par de légères dépressions, il n'y a pas comme dans les espèces précédentes un bouton central bien déli- mité. Surface rugueuse par la présence de nombreuses petites granulations. Dans la section mince équatoriale (pl. VI, fig. 51) on retrouve la loge sphérique embryonnaire enveloppée à demi par une seconde loge, toutes deux entourées de cycles de loges carrées. Dans la direction des pointes des faisceaux de loges équatoriales à peine plus allongées que les autres indiquent la présence des côtes par la courbure plus prononcée de leur cloison extérieure et aussi, comme dans tous les Orthophragmina étoilés, par une coloration plus foncée que le reste de la section. La figure 57, pl. VI. est une section transversale menée par le centre et l'extré- mité d'une des pointes. Elle montre qu'à la suite des loges embryonnaires, les loges équatoriales conservent jusqu’à la fin la même hauteur et ne se subdivisent pas, ce qui différencie cette espèce des deux précédentes. Les loges latérales très serrées, interrompues par quelques gros piliers, ne délimitent pas de bouton central et leur ensemble s'abaisse régulièrement vers l'extrémité de la pointe. Dimensions. — Cette jolie espèce n'atteint guère que 2,5 à 3 mil- lim. entre le bout des pointes opposées. Habitat. — Villa Lady Bruce, (Biarritz); Monte Spilecco (Vicen- tin, où elle est très abondante); Schônegg, près Kressenberg. ORTHOPHRAGMINA BAYANI Munier-Chalmas n. sp. 1. V, fig. 23; pl. IV, fig. 21 et 22). Plasmostracum vaguement pentagonal à contour ondulé et à angles très arrondis. Ces angles correspondent à cinq renflements triangulaires très peu saillants de la surface. Ils se réunissent au centre et sont séparés par de faibles dépressions. Surface rugueuse. La section mince horizontale (pl. IV, fig. 22) montre au centre les deux loges embryonnaires, mais n’a pas passé exactement par le milieu, car on peut reconnaître sur la section transversale (pl. IV, fig. 27) que ces loges sont relativement grandes. Les cycles A 132 CH. SCHLUMBERGER 1 Fév. de loges équatoriales presque carrées sont nombreux et leurs cloisons extérieures très ondulées. Elles sont subdivisées vers le centre par de faibles faisceaux qui marquent la direction des renflements. Dans la section transversale, il n'y a guère à signaler que la grandeur exceptionnelle de la seconde loge embryonnaire. Dimensions. — L'O. Payant ne dépasse pas 6 millimètres de diamètre. Habitat. — Monte Spilecco (Vicentin), coll. Munier-Chalmas. ORTHOPHRAGMINA STELLA Gümbel. (PL. VI, fig. 47-50, 52-56). Synon. Orbitoides (Asterocyclina) stella Gümbel, 1868. La figure que donne Gümbel de son ©. stella (pl. IE, fig. 119) ?, représente un disque exactement circulaire bien limité, couvert de fortes granulations, autour duquel on voit cinq pointes régu- lièrement distribuées. J'avais hésité à assimiler à cette espèce les individus représen- tés par les figures 47-50 de la planche VI. Mais l'envoi de von Zittel comprenait des roches et marnes provenant de Hammer, Schô- negg et autres localités des environs de Kressenberg, citées par Gümbel, et j'ai pu m’assurer que son Orbitoides stella est la même que celle de nos gisements. Son dessinateur a mal interprété ses fossiles. Le plasmostracum est presque toujours irrégulièrement penta- gonal ou hexagonal et le plus souvent l’une des pointes s’allonge beaucoup plus que les autres : elles sont reliées entre elles par des bords presque droits. Le centre est surélevé, couvert de grosses granulations irrégulièrement distribuées qui vont en diminuant de taille vers les bords. Parfois on voit de légères côtes qui relient le centre aux angles (pl. VL, fig. 47), mais généralement elles disparaissent avec l’âge. Les figures 52, 54 et 58 (pl. VD) sont des sections horizontales et on peut remarquer, figure 54, que les deux loges embryon- naires sont accotées par des loges semilunaires plus grandes que les loges équatoriales des cycles suivants. C’est une disposition analogue à celle que j'ai signalée pour l'O. stellata (fig. 5). On retrouve l'indication de ce caractère dans la section perpendicu- laire (pl. VI, fig. 53) des deux côtés des loges primordiales. Les loges latérales ont une large ouverture en comparaison des cioi- sons qui les limitent. 1, GüMBEL. Loc. cit. 1904 SUR LES ORBITOÏDES 133 Dimensions. — Le plus grand individu rencontré n’a que 2,5 millim. de diamètre. Habitat. — Daguerre, Halchou (Basses-Pyrénées), où il est très abondant ; Villeneuve - Loubet (Basses - Alpes) ; Gôützreut, Schôünegg, environs de Kressenberg. ORTHOPHRAGMINA Sp. (PL. IL, fig. 8). Ce n'est que pour mémoire et pour le signaler aux chercheurs que j'ai fait figurer cet individu. Il est unique et très fruste, mais paraît appartenir à une espèce de grande taille. Peut-être est-il à rapprocher de l'O. Munieri (pl. I, fig. 12) et probablement du type figuré par d'Archiac (pl. V, fig. 24). De nouvelles trouvailles nous l’apprendront. Cet échantillon provient de Sainte-Marie-de-Josse et a été com- muniqué par M. Joly. Note. Pour terminer l'étude des Orbitoïdes il me restait à exa- miner et à décrire la série des Lepidocyclina qui caractérisent les terrains tertiaires supérieurs, après la disparition des Ortho- phragmina de l'Éocène. Le travail a été entrepris par deux jeunes géologues pleins d'avenir. MM. Robert Douvillé et Paul Lemoine ont réuni les récoltes qu'ils ont faites, l’un en Espagne et l’autre à Madagascar ; ils y ont ajouté l'étude des Lepidocyclina de nos terrains de France et des Lepidocyclina de l'Amérique et le résultat de leur collaboration va paraître dans les Mémoires de la Société Géologique de France « Paléontologie », t. XII, fascicule 2 (1904). 134 CH. SCHLUMBERGER 1°" Fév. EXPLICATION DES PLANCHES : PLANCHE III Fig. 6. — Orthophragmina patellaris Schlottheim. — Vue extérieure. Ville- | neuve-Loubet (Basses-Alpes). Fig. ur. — — radians d’Archiac. — Vue extérieure. Mille- neuve-Loubet. Fig. 8. — — Sp. — Vue extérieure. Sainte-Marie-de Josse. Fig. 9. — — radians d’Archiac. — Vue extérieure d’un jeune individu. Villeneuve-Loubet: Fig. 10. — — multiplicata Gümbel. — Vue extérieure. Monte Spilecco. Fig. 11. — — decorata Schlumberger. — Vue extérieure. Ferme de Sainte-Colombe. Fig. 12. — — Munieri Schlumberger. — VMue extérieure. Ferme de Sainte-Colombe. PLANCHE IV Fig. 13. — Orthophragmina patellaris Schlottheim. — Section transversale. Brendola (Italie). Fig. 14. — — — Schlottheim. — Portion de la section horizontale. Villeneuve-Loubet. Fig. 15. — — radians d’Archiac. — Portion de la section horizontale. Ralligstôcke. Fig. 16. — ee — d’Archiac. — Portion de la section horizontale. Biarritz. Fig. 17. — — — d’Archiac. — Portion de la section horizontale. Brendola. Fig. 18. — — multiplicata. Gümbel. — Section horizontale. Monte Spilecco. Fig. 19. — — radians d’'Archiac. — Section transv. Brendola, Fig. 20. — — multiplicata. Gümbel. — Section transversale. Monte Spilecco. Fig. 21. — — Bayani Munier-Chalmas. — Section transver- sale. Monte Spilecco. Fig. 22. — — — Munier-Chalmas. — Section horizon- tale. Monte Spilecco. PLANCHE V Fig. 23. — Orthophragmina Bayani Munier-Chalmas. — Vue extérieure. | Monte Spilecco. Fig. 24. — — sp. — Vue extérieure du type figuré par. d’Archiac pour ©. stellata. Fig. 25-27. — — lanceolata Schlumberger. — Vues extérieu- res, [fig.25et 26 provenant de la Villa Marbella et fig. 27 de la Villa Lady Bruce (Biarritz) |. 1. À moins d'indication contraire toutes les vues extérieures ont été pho- tographiées au grossissement de 4 diamètres et les sections au grossissement de 10 diamètres. A l'exception de ceux qui appartiennent à des collections particulières tous les Orbitoïdes et leurs sections figurés dans cette Note et dans mes Notes précédentes ont été déposés à l'École des Mines. Notre pe M. Ch. Schlumberger Bull. Soc. Géol. de France 4me Série; T. IV; PI. III Phototypie Sohier et Cie Champigny-sur-Marne Orthophragmina Note DE M. Ch. Schlumberger Bull. Soc. Géol. de France Ame Série; T IV; PI. IV 21 Photolypie Sohier et Cie Champigny-sur-Marne Orthophragmina Nore DE M. Ch. Schlumberger Bull. Soc. Géol. de France 4me Série; T. IV; PI. RER VRP A RS Es Rs Phototypie Suhier et Cie Champigny-sur-Marne Orthophragmina Nore DE M. Ch. Schlumberger Bull. Soc. Géol. de France 4me Série; T. IV; PI. VI 56 LOT 55 Champigny-sur-Marne Phototypie Sohier ot Cie Orthophragmina w 1904 SUR LES ORBITOÏDES 135 Fig. 28. — Orthophragmina lanceolata Schlumberger. — Section horizon- tale (fragment). Allons (Basses- Alpes). Fig. 29. — — — Schlumberger — Section trans- versale par l'extrémité d’un rayon. Allons (Basses-Alpes). Fig. 39. — = — Schlumberger. — Section trans- versale par un rayon. Fig, 31-34. — = stellata d'Archiac. — Vues extérieures [fig. 31, de Priabona, fig. 32 et 34, de Brendola, fig. 33 du rocher de La Goureppe, près Biarritz]. NE SEOUNSS — — d'Archiac. — Section horizontale d’un individu de la Villa Mar- bella, près Biarritz. Fig. 36. — — — d'Archiac. — Section horizontale d’un individu du Ralligstôcke, près Interlaken. PLaANcue VI Fig. 37. — Orthophragmina stellata d’Archiac. — Vue extérieure d’un individu à 4 rayons. Brendola. Fig. 38. — — — d’'Archiac. — Section horizontale (fragment). Villeneuve-Loubet. Fig. 39. — — — d’Archiac — Section verticale par un rayon. Priabona. Fig. 40. — — — d’Archiac. — Section verticale entre deux rayons. La Goureppe. Fig. 41-46. — — Taramellii Munier-Chalmas. — Vues exté- rieures. Monte Spilecco. Fig. 47-50. — — stella Gümbel. — Vues extérieures, grossies 10 fois. Daguerre. Fig. 51. — — Taramellii Munier-Chalmas.— Section hori- zontale. Monte Spilecco. Fig. 52-53. — — stella Gümbel. — Sections horizontale et ver- ticale au grossissement de 10 diam. Daguerre. Fig. 54.2: — — — Gümbel. — Section horizontale. Villa Marbella. Fig. 55-56. — — — Gümbel. — Sections horizontale et ver- ticale. Halchou (Basses-P yrénées). Fig. 57 — — Taramellii Munier-Chalmas.—Section trans- versale. Monte Spilecco. Fig. 58. — = stella Gümbel.— Section horizontale de la fig. 52, au grossissement de 17-diam. M. Cayeux fait remarquer que les perforations signalées par M. Schlumberger dans les Orthophragmina peuvent être attribuées à des Algues perforantes microscopiques. Ces Algues ont laissé des traces de leur existence dans tous les terrains calcaires depuis 136 SÉANCE DU I‘ FÉVRIER 1904 les temps paléozoïques ; leurs perforations sont remplies de calcite, d'oxyde de fer et exceptionnellement de carbonate de fer. M. H. Douvillé a déjà insisté plusieurs fois sur l’importance des recherches poursuivies par M. Schlumberger. Notre confrère vient de terminer l’étude des Orthophragmina et on peut dès maintenant se rendre compte de leur répartition. Dans le bassin de l’Aquitaine les Discocyclina (formes discoïdes) commencent seulement dans le Lutécien inférieur par des espèces épaisses et fortement granuleuses, elles diminuent ensuite progressivement d'épaisseur et se terminent dans le Bartonien où pullulent les formes extrêmement minces (Orthophragmina Pratti, mutation Fortisi). Les Actinocy clina (formes étoilées) présentent des trans- formations analogues : elles débutent par des formes épaisses dans un niveau voisin du Lutécien moyen ; les formes moyennes sont abondantes dans le Lutécien supérieur et les formes minces (0. radians) dans le Bartonien, puis elles disparaissent brusquement. La même succession de formes s’observe dans la fosse préalpine, depuis Nice jusqu’à Interlaken et au Kressenberg. Dans le Vicentin, les géologues ne sont pas encore d'accord sur l’âge exact des différents gisements fossilifères : l'étage de Spilecco souvent considéré comme infra-yprésien est placé par Oppenheim sur le niveau du Lutécien inférieur ; la faune des Actinocyclina, abondants dans ces couches et étudiée par M. Schlumberger, a un caractère nettement Lutécien. Quant aux couches à Orbitoïdes de Priabona, elles forment peut-être un complexe hétérogène : les Orbitoïdes se rapportent à des espèces d’'Orthophragmina bar- toniennes ; tandis que M. Oppenheim cite dans le même étage le Nummulites intermedius et d’autres formes sannoiïisiennes. Il est vrai qu'il indique en même temps’ la présence de certaines variétés ou mutations de cette dernière espèce qui ne se rencon- trent pas dans les couches du sud-ouest de la France, notamment des formes renflées et granuleuses, rappelant, dit-il, « de petits individus du N. perforatus ». M. Douvillé a pu examiner une série d'échantillons qui lui ont été obligeamment communiqués par M. Oppenheim, et parmi ceux-ci des formes renflées qui appartiennent bien au groupe des Nummulites réticulées. Si ces formes coexistent réellement dans les mêmes bancs avec les Orthophragmina, ïl faudrait en conclure que les Nummulites réticulées ont apparu dans le Vicentin un peu plus tôt que dans l’Aquitaine, 1. Paleontographica, vol. 45, p. 38. STRUCTURE DU DJEBEL MAADID ET DU TALEMTAGA par M. J. SAVORNIN. (Pzance VID. SOMMAIRE. — Préliminaires. — 1. Orographie. — x. Stratigraphie : Terrains crétaciques; Terrains tertiaires. — 1. Tectonique : Plis et failles; continuité de quelques unités tectoniques; terminaison d’autres unités. — 1v. Résumé et conclusions : Croquis tectonique d'ensemble; transgressions du Sénonien supérieur; âge des plissements. La dépression si remarquable du Chott el Hodna, qui termine à l’est la zone des Hauts-Plateaux algériens, est presque complè- tement entourée de montagnes élevées. À la bordure nord, en particulier, se dresse une longue chaîne constituée par des articles autonomes. Les chaînons, de l’ouest à l’est, sont d’abord de simples arêtes isolées : le Djebel Tarf (1.040 m.) et le Djebel Djedoug (1.243 m.) d’une part : le Djebel Gourine (1.038 m.) et le Kef Matrek d'autre part. Puis viennent les Monts du Hodna. puissante barrière dont les passages se maintiennent à plus de 1.500 m. On y distingue : le Djebel Maädid, massif compact dont les points culminants dépassent 1.850 m. ; le Talemtaga (1554) au sud duquel se trouve une série linéaire de hautes pyramides (Sidi Sh’am, 1.830 m.):; les monts des Ouled Hannèche ; puis, empié- tant vers le sud, le massif des Ouled Tebben et enfin le Djebel Bou-Taleb, massif complexe dans lequel la chaîne atteint son plus haut relief (1.932 m. au Sour Afghan). Sur ce dernier, un impor- tant travail descriptif a déjà été publié dans le Bulletin ‘. Je viens présenter ici une étude tectonique de deux autres chaînons des monts hodnéens. J'y consignerai quelques résultats de mes recherches effectuées pour le Service de la Carte géologique d'Algérie, M. Jacob, directeur du Service, et M. Ficheur, ayant bien voulu me confier l’étude du bassin entier du Hodna. Les terrains que l’on rencontre dans ces montagnes sont bien classés depuis les études générales de Brossard sur les « régions méridionales de la subdivision de Sétif’ ». De longues listes de 1. E. Ficneur. Terrains crétacés du massif du Bou Taleb., B. S. G, F, (3), IL, p. 395. 2. Brossarp, Mém. Soc. Géol. de France (2), VII, p. 177 et suiv. 138 J. SAVORNIN. — STRUCTURE DU DJ. MAÂDID 1° Fév. fossiles, ordinairement dues à Coquand, accusent la grande richesse des gisements fossilifères, très nombreux dans les divers étages. Les abondantes récoltes de M. Peron, particulièrement à Medjez el Foukani', ont d’ailleurs complété et mieux fixé nos connaissances paléontologiques sur ces terrains. On peut dire qu'il reste, à ce point de vue, fort peu à glaner dans la région qui nous occupe. Je ne saurais passer sous silence les remaniements considérables que doivent recevoir les anciennes listes de fossiles, par le fait des nombreuses synonymies introduites par M. Peron dans des ouvrages consacrés à des régions voisines ?. Mais les études stratigraphiques ont, jusqu'ici, été moins com- plètes. La carte de Brossard dressée à une époque déjà ancienne (1864) où les documents topographiques n'étaient que rudimen- taires, exige des retouches. La seule coupe jusqu'ici donnée de cette région montagneuse * est schématique et doit être complétée par quelques autres pour fixer la structure de ces chaînons. OROGRAPHIE I. MAÂD1D. — L'oued Ksob et la route de Bordj-bou-Arreridj à M'sila suivent une dépression très accusée, parfois même un véri- table défilé, entre Medjez-el-Foukani et El Hammam. Cette vallée transversale limite à l’ouest le Djebel Maädid. Les premiers contreforts se dressent en puissantes arêtes cons- tituées par des barres calcaires que séparent des dépressions mar- neuses. Une sorte de plateau incliné couronne ces piliers obliques et sert de gradin élevé (1.400 m.) pour accéder à la crête. Le Maädid s'élève ainsi, assez rapidement, de 600 m. (oued Ksob, près Medjez) à 1.600 m. (Kef el Khreloua). La même disposition se retrouve au flanc nord. Mais les plus internes des écailles rocheuses atteignent ici jusqu'aux points culminants; les plus externes s’enfoncent au nord sous un grand plateau calcaire doucement incliné de 1.500 à 1.200 m. : c’est comme un socle au pied d’un monument. On pourrait appeler ce plateau : avant-pays du Maädid. À la bordure opposée de ce grand plan incliné, d’ailleurs coupé de gorges profondes, com- mencent les séries de collines qui forment la zone de faibles ondu- 1. A. PERON, Essai d’une description géologique de l’Algérie, Paris, 1883. 2 A. PERON, Description des Mollusques crétacés recueillis par M. Thomas Explor. scient. de la Tunisie, 1890-91. — In., Les Ammonites du Crétacé supérieur de l'Algérie Mém. Soc. Géol. de France, Paléontol., VI et VIT. 3. L. BrossARp, loc. cit., pl. XIX, fig. 1. PTE er lt RP PT OT PET 1904 ET DU TALEMTAGA 139 lations des plateaux de Bordj-bou-Arreridj. Ces collines ne dépas- sent guère 1.000 m. et les dépressions qui serpentent autour d'elles sont toujours voisines de 900 m. Ce versant du massif est d'accès relativement facile’ Il constitue un paysage géologique remar- quable par ses alternances de grandes barres calcaires se détachant en relief vigoureux entre des dépressions argileuses ou marneuses. On peut suivre d’un coup d'œil, parfois à grande distance, les différents horizons. La topographie de ce flanc de montagne est aussi des mieux caractérisées, et offre une régularité pour ainsi dire schématique. Une forêt, ou plutôt le reste d’une magnifique forêt, couvre ces pentes, et les crêtes portent encore de beaux cèdres. Tout autre est le versant méridional, qui regarde le lointain Hodna : c’est un ancien plateau en ruines. Des crètes déchiquetées, des ravins profonds, capricieux, infranchissables, des strates contournées où dominent non plus les calcaires, mais des grès de teinte sombre, parfois très puissants, en larges bandes, d’autres fois en petits bancs alternés de marnes argileuses et de calcaires ordinairement marneux : tel est le paysage, d'apparence chaotique. Les lignes directrices, que cherche l’œil du géologue, ne font cependant pas défaut ; mais elles se courbent, se mêlent, semblent vouloir échapper à l'observation. Au lieu de la belle ordonnance du flanc nord, cest ici une topographie presque incohérente. La végétation arborescente est encore plus rare que sur la pente opposée; mais on ne peut douter qu'il y ait, là aussi, l’emplace- ment d'une ancienne belle forêt. La nudité actuelle de ces esear- pements accentue encore l'aspect rude que j'ai essayé de décrire. L'accès de ce versant est difficile, la pente moyenne étant plus que double de celle du flanc opposé. Toute cette confusion s'arrête pourtant à la ceinture déprimée qui passe par Sidi bel Fadel, comme un fossé au pied d’une forte- resse. Une série bien régulière de longues arêtes, séparées par des dépressions continues, vient ensuite. Les lignes saillantes y sont constituées d’abord par des calcaires compacts, ou subcristallins (Sénonien supérieur), puis par l’Eocène à silex ; puis enfin par des poudingues et grès durs miocènes, surmontés de marnes vertes qui s’abaissent lentement vers la plaine immense. Le Maädid se continue à l'est, presque sans interruption, par les chaînons voisins. La ligne de crête, oblique sur le méridien, et formant une large courbure convexe au nord, s’abaisse à peine vers le Teniet er Rih’ (col du Vent). Les points culminants : Chouf Setif et Ktef el Behl, ne dépassent guère 1.850 m. Au col, on est , 140 J. SAVORNIN. — STRUCTURE DU DJ. MAÂDID 1e Fév. encore à 1.800 m. Ici pourtant finit le Djebel Maâdid. Le ressaut qui vient ensuite, la nouvelle ligne de crête, courbe, mais à con- vexité opposée à la précédente, est le bord d’une cuvette trans- verse, large de 2 km. environ dont le fond atteint 1.500 m. Cette dépression n’est qu'une dépendance du grand plateau calcaire, avant-pays du Maädid, qui s’est élevé jusqu'aux crêtes et vient ainsi isoler, à l’est comme au nord, la montagne proprement dite. IT. TALEMTAGA. — Au-delà de cette dépression, dans le prolon- gement direct de la ligne de faîte du Mañdid, se dresse une nou- velle arête atteignant 1.774 m. C’est l’ossature d’un autre chaïînon, qui n'est qu'une image réduite du précédent : c’est le Talemtaga. Le flanc nord est identique à celui du Maâdid — en petit — et possède le même avant-pays calcaire. Toutefois ce large plateau n'est pas entièrement dénudé comme devant le Maâdid : il est couvert en quelques points, surtout à l’est, de bois de pins. Le flanc sud vient buter au nord d’un autre plateau plus élevé (Meläb), dépendance lui-même de la cuvette dont il vient d’être question. Mais ici la barrière nord du Hodna est plus exactement formée par une autre série de hauteurs. À {4 ou 5 kil. au sud du Talemtaga, se trouve un alignement de pyramides tronquées atteignant 1.700 m. (Kourkeub) et même 1.830 m. (Sidi Sh’am). La chaîne se trouve donc dédoublée. Cette structure se maintient plus à l’est, où deux crêtes principales parallèles, existent encore (au sud du Mzeïta). Enfin dans les monts des Ouled Hannèche et des Ouled Tebben l'orographie se complique davantage. Mais il n’en sera pas question dans cette note. k STRATIGRAPHIE Afin de ne pas répéter ce qui a déjà été excellemment écrit, je renvoie au travail de Brossard pour la description détaillée des terrains crétacés et de leurs richesses paléontologiques. J'ai adopté à peu près exactement les limites d’étages définies par mon devan- cier, de même que par M. Peron. Voici toutefois un résumé très succinct, pour la justification de la carte et des coupes qui vont suivre. SYSTÈME ÉOCRÉTACIQUE. — 1. Le groupe Urgo-Aptien est repré- senté par une puissante série de sédiments où dominent les grès siliceux, séparés par des lits marneux ou argileux fréquemment versicolores. Dans la partie supérieure surtout existent des calcaires marneux ou des calcaires compacts et des grès en banes 1904 | ET DU TALEMTAGA 141 assez minces, alternés de lits argileux. De cette constitution résulte une topographie très caractéristique : sur les pentes escar- pées du revers sud du Maädid, les couches souvent verticales affleurent en écailles très nombreuses, empilant leurs arcs de teintes alternativement plus claires et plus foncées. C’est un paysage typique et qui fait reconnaitre à distance l'étage Aptien. 2. Dans l’Albien je comprends, au nord, des calcaires gréseux, des marnes, et un horizon spécial très nettement défini par sa constitution lithologique (calcaire marneux à nodules phosphatés et à grains de glauconie très abondants), et par la riche faune qu'il contient. Je noterai seulement ici Schlotheimia inflata comme la plus caractéristique '. Un peu au-dessous, dans un calcaire gréseux noirâtre se trouve un Æpiaster très abondant : Ep. cf. incisus. La même forme se rencontre à Sidi bel Fadel, où j'admets pour cette raison l'existence du Gault, contrairement à l'opinion de Brossard. Je rattache même à cet étage des calcaires durs, compacts ou subcristallins, subordonnés à cette zone à Epiaster et ne me paraissant pas devoir appartenir encore à la série urgo- aptienne. Je n’y ai pas remarqué de fossiles, et peut-être cette assise représente-t-elle l’Aptien supérieur du Bou-Taleb (calcaires durs gris à Requienia Lonsdalei d'après M. Peron), ce qui modi- ficerait légèrement mes contours. Ces calcaires se montrent à la tour d’Hamadi (Kalaà m'ta beni Ahmed) et forment à l’est de beaux escarpements entaillés par l’oued Ouled Kradj. On les retrouve au sommet du Kourkeub et du Sidi Sh’am. MÉSocRÉTACIQUE. — 3. Le Cénomanien est un élage surtout marneux ou argileux, rarement calcaire (quelques bancs inter- calés). Il est extrêmement riche en fossiles d’une belle conserva- tion. On le rencontre toujours dans des zones déprimées, sous des escarpements rocheux formés par le Turonien ou le Sénonien supérieur. 4. Le Turonien, par contre, est éminemment calcaire, parfois dolomitique, et pauvre en fossiles; j'en ai pourtant recueilli en quelques points, C’est par excellence l'étage des crêtes. Il cons- titue les arètes vives du Maädid, entourant à l’ouest, au nord et à l'est le noyau .de la montagne qui apparaît ainsi au fond d’une sorte de boutonnière ou de cratère. A Medjez, où ce même étage se montre dans la vallée de l’oued Ksob, il donne lieu à des gorges profondes que l’on a justement comparées à celles du Roummel autour de Constantine. Dans le Talemtaga c'est encore le Turonien qui forme l'arête la plus saillante. 1. Cet horizon est exactement représenté au Bou-Taleb (Voir : | ERON, loc. cil., et E. Ficeur, loc. cit.), où M. Le MESsLe a été le premier à l’observer. 1/42 J. SAVORNIN. — STRUCTURE DU DJ. MAADID rer Fév. Néocréracique. — Les étages Sénonien et Danien, qui ne semblent pas pouvoir être séparés, comprennent une série d'assises dans lesquelles on peut distinguer lithologiquement trois groupes. 5. D'abord le Sénonien inférieur : alternances de calcaires (ordinairement marneux) et de marnes. Les bancs calcaires sont le plus souvent réunis en grosses barres qui donnent à la topo- graphie des flancs nord et ouest du Maâdid son cachet si parti- culier. Les fossiles y sont innombrables, quoique d’espèces relati- vement peu variées. 6. Le Sénonien moyen est en majeure partie formé d’argiles ou de marnes, avec quelques bancs de calcaires marneux le plus souvent noduleux : il ressemble assez au Cénomanien. Ces assises renferment aussi une faune très riche, qui ne le cède en rien à la précédente. 7. Le Sénonien supérieur-Danien présente des faciès un peu différents au nord et au sud du Maädid. Au sud, ce groupe supé- rieur est en grande partie calcaire (roches compactes ou subcris- tallines, formant quelques puissantes barres); mais avec encore des assises marreuses où les fossiles sont le plus abondants. Au nord, le faciès calcaire est à peu près exclusif; les fossiles s’y montrent beaucoup plus fares, mais ne font cependant jamais complètement défaut. Une particularité qui n’a pas encore été signalée, c’est l'existence à la base de cet étage supérieur de conglomérats, d'ailleurs loca- lisés. Ce sont des poudingues à éléments parfaitement roulés ou des grès grossiers, calcaires. Parfois même la roche est simple- ment un calcaire compact qui englobe des galets clairsemés. Ces dépôts clastiques se montrent sur le flanc nord du Mañädid (Gorthet el Maïz, Es Sera Houet) ; mais ils sont mieux développés à l’ouest de l’oued Ksob, particulièrement à la base du grand plateau calcaire qu'on voit au sud de Tihamamine. Je reviendrai plus loin sur leur signification. Les étages tertiaires ont été moins bien étudiés. Sans vouloir en donner ici une description bien détaillée, je crois devoir les définir moins brièvement que je n’ai fait pour ceux du Crétacique. Éocène. — 8. On trouve d’abord, sur le Crétacique le plus supérieur (caractérisé par Ostrea Overwegi et Roudaireia aures- sensis [Coq. sp.]) une assise d’argiles noires qui ne m'a fourni jusqu’à présent aucun fossile. : 190/4 ET DU TALEMTAGA 143 9. Puis viennent les calcaires marneux à silex, bien connus : et si étendus en Algérie, avec des lits ou même de véritables bancs de phosphates (du type des phosphates noirs et durs exploités à Tocqueville). Je n’y ai rencontré que de rares dents de Squales et des fragments d'os de Reptiles. Ce groupe d'assises (8 et 9) est attribué logiquement à l'Éocène inférieur (Suessonien). 10. Au-dessus des couches à phosphates il existe ordinairement une série de dépôts, plus ou moins respectés par les érosions, et différents sur les deux flancs du Maädid. Au sud, dans la bande d'El Hammam, ce sont des calcaires marneux et marnes de teinte claire (blanc ou jaunâtre); parfois les calcaires sont un peu magné- siens. Au nord se présentent des grès fins siliceux blancs, quel- quefois piquetés de glauconie. Les Mollusques, Bivalves et Gastropodes, y sont assez abondants dans les calcaires et les marnes ; mais on les trouve rarement en bon état. L'Ostrea bogharensis et les curieux Thersitea y sont les formes les plus caractéristiques et les plus fréquentes. A peu près au même niveau que ces fossiles se trouve un horizon très riche en Acéphales, parmi lesquels le plus typique est assurément Carolia placunoides (oued Hamada). Dans les bancs supérieurs enfin on rencontre cette grande Huiître rappelant O. crassissima que M. Pervinquière et M. Blayac ont récemment signalée en Tunisie et à l’est de Constantine comme une forme caractéristique de l'Éocène moyen. Par comparaison avec ces régions on serait donc amené à classer dans ce même étage les assises du groupe 10, d’ailleurs toujours concordantes sur l Éocène inférieur ?. L'Éocène supérieur ne se montre pas dans la région. OLIGOCÈNE. — 11. Une longue bande d’argiles vertes à gypse surmonte l'Éocène moyen au nord de M'Sila. Ces nouvelles assises paraissent suivre exactement l'allure de leur substratum ; mais on peut les voir en quelques points discordantes sur les bancs éocènes ravinés. Une importante lacune sépare les étages 10 et 11, car on ne peut rattacher ce dernier au système éocénique. Nulle part, en effet, où 1. Cf. J. Brayac : Terrains à phosphate de chaux du versant sud du Maädid (Ann. des Mines, septembre 1895). 2. Sauf peut-être à l’ouest du Melàb, dans le petit synelinal qui termine ce plateau. En ce point, en effet, il m’a paru que les grès fins siliceux (très glauconieux mème dans un horizon de la base) reposaient directement sur le Sénonien supérieur, sans interposition d’argiles noires ni de calcaires à silex. 144 J. SAVORNIN. — STRUCTURE DU DJ. MAÂDID 1er Fév. la série éocène se complète, on n’y rencontre d’argiles à gypse d’un faciès si particulier. Le gypse est en lames ou en plaquettes, et alors fibreux perpendiculairement aux surfaces de stratification. Il se mêle intimement à l'argile qu'il emprisonne parfois dans un véritable réseau de lames enchevêlrées. Aucun fossile ne semble exister dans ces assises, classées par les géologues algériens dans l’Oligocène. Elles sont constamment subordonnées à d’autres couches, dont la coloration rouge, parfois très vive, tranche abso- lument sur elles. | 12. Ces couches rouges comprennent encore des argiles à gypse, mais surtout des sables siliceux et des grès quartzeux à grain fin. La couleur des sables et des argiles est toujours vive ; celle des grès est parfois d’un rose pâle. Iei non plus je n’ai pas rencontré de fossiles. Malgré la concordance habituelle de ces assises sur les précédentes, elles sont un peu transgressives à quelques kilomètres à l'ouest de l'oued Ksob. Peut-être s'agit-il là d'Oligocène supérieur (Aquitanien). Quoi qu'il en soit, ces dépôts si faciles à reconnaître par leurs faciès et leurs couleurs n'existent que sur le flanc sud du Maädid, où Brossard les a parfaitement délimités. MIOCÈNE INFÉRIEUR. — Les fossiles réapparaissent, très abon- dants mais étroitement localisés, dans les couches qui viennent ensuite. Aussi l'attribution d'âge peut-elle être faile avec certitude pour ces dernières. Brossard a bien indiqué le Miocène (Falunien), mais seulement sur le flanc sud du Maâdid. Au nord, cet auteur reconnaît seulement de « l'Éocène nummulitique ». Ses autres déterminations sont si exactes que j'ai d'abord méconnu le syn- chronisme de ces assises prétendues éocènes avec celles, de faciès un peu différent qui surmontent les sables rouges oligocènes. Mais la comparaison des fossiles que j'ai rencontrés de part et d'autre du Mañdid ne me laisse plus aucun doute : le Miocène inférieur existe au nord, comme au sud. Voici du reste sa constitution : 1° Au sud. Les assises sont en concordance apparente sur l’Oligocène, mais deviennent fortement transgressives à l'ouest (Djebel Tarf). 13. À la base on trouve ordinairement un poudingue littoral, à ciment calcaire très dur, à éléments locaux empruntés aux affleurements des pentes méridionales du Maädid. Des grès gros- siers, puis fins, viennent ensuite, avec des sables argileux ordi- nairement rouges ou versicolores. Cette série est couronnée par des calcaires grossiers ou gréseux alternés de marnes. Deux 1904 ET DU TALEMTAGA 145 barres de ces calcaires sont surtout riches en fossiles. Elles ren- ferment de nombreux Pectinidés : Pecten burdigalensis, P. brchnulus, P. præscabriusculus, P. Fuchsi (?); des Ostrea ordi- nairement en débris, parmi lesquels O. crassissima forme un banc entier près de la route, au sud du Hammam; divers Gastro- podes (Zurritella, etc.), des Schizaster. Cet ensemble constitue un groupe habituellement rocheux et jouant un rôle topographique bien défini : il forme une longue crête sensiblement parallèle à celle des calcaires à silex. Ce groupe d’assises appartient certaine- ment au PBurdigalien : 14. Une assise de marnes sableuses, immédiatement au-dessus des derniers calcaires renferme encore quelques Pecten. Elle est surmontée de marnes et grès quartzeux alternants; ces derniers parfois en gros bancs et formant alors une nouvelle barre topogra- phique. Les grès sont habituellement ferrugineux, de teinte jaune ou rouille et se brisent en blocs épars sur les marnes qui les accompagnent. La série se termine par de puissantes marnes argilo-sableuses, de teinte verdâtre bien prononcée, renfermant ‘ encore des grès siliceux jaunes en minces lits. Ce sont les der- nières couches marines du Hodna. Peut-être correspondent elles déjà à l’Helvétien. 2° Au nord, les assises que j'attribue également au Miocène inférieur comprennent : 13. Un poudingue littoral, à ciment calcaire, ordinairement très dur, à éléments locaux empruntés aux afileurements des pentes voisines. Ce poudingue n’est pas aussi continu que l’assise corres- pondante du flanc sud. Lorsqu'il fait défaut il est remplacé par des roches analogues à celles qui le surmontent et qui sont des marnes et des grès calcaires, plus ou moins grossiers, parfois mème des calcaires gréseux ou subcristallins. Ces roches sont intimement soudées à leur substratum, ordinairement formé par les calcaires du Sénonien supérieur, et présentent un mimétisme assez prononcé avec ces derniers. Elles renferment de nombreux Pectinidés : Pecten burdigalensis, P. Lchnulus, etc., des Schi- zasler, des Gastropodes et des fragments d'Huiîtres. Les banes à Pecten forment partout une sorte de glacis peu incliné sur le revers des premiers contreforts du Maädid. 14. Au-dessus de cette assise fossilifère très constante viennent des marnes argileuses noires, contenant quelques lits ou lentilles gréseuses où le Pecten burdigalensis se montre encore. Mais, lithologiquement, ces couches se rattachent plutôt aux suivantes : des marnes argileuses noires avec bancs (à la base), puis simples 6 Sept. 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 10 146 J. SAVORNIN. — STRUCTURE DU DJ. MAADID 1° Fév. lits de grès siliceux ferrugineux qui se brisent en fragments épars sur le sol. Ces couches forment nettement un synclinal entre Rabta et le village français de Lecourbe : : c’est le pays qui porte le nom de Er Reguib. J’ajouterai enfin que, dans une sorte de petit golfe, probable- ment dans une crique abritée de cet ancien littoral, les argiles noires surmontant immédiatement les couches fossilifères, sup- - portent une puissante masse de calcaires à Lithothamnium. Le petit tableau suivant montrera le parallélisme des assises miocènes des deux côtés du Maädid. NORD Marnes, ordinairement. argileu- ses, noires, avec lits de grès sili- ceux jaunes, ferrugineux, qui se fragmentent en débris épars sur le sol. (A la base ces grès sont en bancs assez épais). Marnes noires, avec lentilles gréso-marneuses contenant de rares Pecten. (Vers la base : faciès localisé de calcaire à Lithothamnium). Grès calcaires, ordinairement fins, d’un gris noirâtre, ou calcaires gréseux. Couches très fossilifères : Pecten burdigalensis, etc. Schizaster. Marne noire sableuse et surtout grès grossier et poudingue à ci- ment calcaire (ce dernier très dis- continu). SUD Marnes, ordinairement sableu- ses, verdätres, avec lits de grès siliceux, ferrugineux, qui se frag- mentent en débris épars sur le sol. (A la base les grès forment quel- ques bancs puissants : barre topo- graphique supérieure). Marnes sableuses, grises ou ver- dâtres à Pecten. (Le faciès à Litho- thamnium ne se montre pas au sud du Maâdid, mais est très déve- loppé à l’ouest (Djebel Tarf) dans le prolongement de la bande mio- cène, qui se continue sans inter- ruption. Calcaires grossiers, calcaires gréseux et marnes avec sables argileux colorés. Les bancs ro- cheux sont très fossilifères : Pecten burdigalensis, etc. Schizaster. Grès grossiers calcaires, sables rouges, et poudingque à ciment cal- caire (ce dernier horizon discou- tinu). On ne peut manquer d’être frappé d’une si évidente concor- dance. La constitution des différentes assises est absolument symétrique sur les deux versants. Seule, la couleur des sédiments 1. Ouled Aglat sur les anciennes cartes. 1904 ET DU TALEMTAGA 147 est différente. Cette circonstance est évidemment fâcheuse et sufli- sante pour avoir induit en erreur, dans une région où plusieurs étages sont si nettement caractérisés par leur coloration bien tranchée. PLIOCÈNE. — Le régime continental semble avoir définitivement succédé au dépôt de ces marnes et grès supérieurs du Burdigalien (ou peut-être même de l'Helvétien). Après une période d'’érosion, probablement fort longue, le comblement de la dépression du Hodna s'est effectué. Les plateaux de Bordj bou Arreridj, en par- ticulier, y ont déversé leurs eaux par la vallée de l’oued Ksob, à l'entrée et à La sortie de laquelle on trouve : 15. Des poudingues, à ciment de calcaire sableux, ordinaire- ment mal agglutinés. Des limons argilo-marneux, de coloration souvent verdâtre ou blanchâtre s’y intercalent. Parfois une sorte de croûte calcaire ou même de tuf poreux à végétaux ', forme la table supérieure de ces dépôts qui se montrent absolument trans- gressifs. Ce sont pourtant toujours des couches sub-horizontales et qui ne dépassent pas 900 m. d'altitude (au nord). _ 16. Je ne parlerai que pour mémoiredes alluvions qu’on trouve dans la vallée de l'oued Ksob et de quelques ravins. 17. Les dernières pentes miocènes sont constamment recou- vertes en outre par un cailloutis superficiel, qui paraît n'être qu'un remaniement du Pliocène et, vers le débouché des ravins, se confond avec l’alluvion. C'est un dépôt éminemment récent, et qui se continue du reste. TECTONIQUE La netteté des affleurements dans un pays presque entièrement découvert, les colorations parfois vives des différentes assises, leurs contrastes topographiques selon leurs duretés diverses, sont autant de conditions favorables qui facilitent la tâche du tectoni- cien. Aussi, cette région est d'une étude facile, et je crois pouvoir en donner une description suflisamment exacte et suffisamment détaillée. I. MaApip. — La coupe la plus typique du Maâdid est assuré- ment celle qu'a choisie Brossard et qui suit à peu près le méridien de Sidi bel Fadel. J’ai moi-même relevé en détail toutes les assises visibles depuis les dernières pentes miocènes du sud, jusqu'aux plateaux de Bordj bou Arreridj, sur un arc méridien de 35 kilo- 1. Devant le Gorthet el Maïz. 148 J. SAVORNIN. — STRUCTURE DU DJ. MAÂDID re" Fév. mètres. La figure 1 de la planche VIT reproduit et résume la moitié de cette coupe complète : elle comprend toute la partie monta- gneuse proprement dite. On y remarque plusieurs flexures et plusieurs failles. Ces acci- dents tectoniques sont d'importances diverses, mais se continuent presque tous assez loin de part et d'autre du profil. Les anticlinaux sont notés : 1, 11, III, IV, les synclinaux : 1', 11°, ir. & a) Pris. — 1: Anticlinal du Guerboussa. — Le premier anti- clinal est peu important et localisé au flanc sud du Maädid pro- prement dit. Son rôle orographique s’est borné à la constitution d’une partie de ce plateau déchiqueté, uniquement formé d'Éocré- tacique, qui donne au versant méridional de la montagne sa phy- sionomie un peu sauvage. La dissymétrie de ce pli est très accen- tuée : c'est presque une flexure monoclinale. Il en résulte que le plateau domine, par un puissant abrupt, la dépression de Sidi bel Fadel. L’allure des couches demeure sur plusieurs kilomètres identique à celle qui se voit sur la coupe. Sur le flanc sud, les strates sont souvent verticales ou subverticales. Ce sont de véri- tables murailles paraissant soutenir le plateau, qu'on pourrait assez exactement comparer à une haute terrasse, n'étaient les pro- fonds ravinements qui le déchirent. 1 : Anticiünal du Maädid. — Le plus important des plis que révèle la coupe est, sans contredit, le deuxième. C'est celui qui joue le plus grand rôle orographique sur toute la longueur du chaînon montagneux, de part et d'autre duquel il se poursuit d'ailleurs. Son axe est remarquablement ondulé, aussi bien dans le sens vertical que dans le sens horizontal. Cette particularité fait que le Maädid se dresse à l'est de Medjez, comme si l’anticlinal commençait en ce point précis. En réalité, le pli se continue à l’ouest, quoique moins accusé, et il y a seulement un abaissement d’axe d’où est résultée la vallée de l’oued Ksob. Cette vallée transverse est cependant un peu comparable à une cluse : les couches du Sénonien supérieur et du Tertiaire y gardent, vers le sud, uue inclinaison assez forte. Mais les autres : Turonien, Séno- nien inférieur et moyen, y dessinent un bombement à très grand rayon de courbure. Grâce à cette disposition, les affleurements du Sénonien inférieur et du Sénonien moyen, acquièrent dans cette vallée leur plus grande extension : le développement de chacun de ces deux étages dépasse 5 kilomètres. Malgré la profondeur de la coupure l’abaissement de l’axe ne permet pas aux couches infé- rieures au Turonien d'y arriver au jour. 1. Voir du reste l’excellent diagramme de M. PERON pour l'allure des couches aux environs de Medjez (Essai de descr. géol. de l’'Alg., p. 124). 1904 ET DU TALEMTAGA 149 Vers l’est ce pli conserve longtemps toute l'ampleur qu'on lui voit sur la coupe. ant : Anticlinal du Talemtaga. — La troisième ondulation, à peine indiquée sur le profil de la figure 1 (planche VIT), acquiert une grande importance à l’est, comme le montrent les autres coupes. iv : Anticlinal de Rabta. — Le 4° pli se continue assez loin de part et d'autre de la coupe. A l’ouest, j'ai noté sa présence dans le petit lambeau du Sénonien supérieur qui forme le Gorthet el Maïz. Le pli se trouve là parfois très accentué, presque angulaire ; ailleurs il s'ouvre assez largement. IL est très net près du village de Rabta. À partir de cette localité sa voûte est ordinairement bien arrondie et les flancs symétriques. Mais la faille f, le dénivelle sur plusieurs kilomètres. Quant aux plis concaves, ils suivent assez fidèlement les anti- clinaux. 1 : Synclinal du Guerboussa. — Le premier est peu étendu : il est bien visible sur la table du Guerboussa, et demeure empri- sonné entre les anticlinaux : et 1 qui convergent à l’est. 1°: Synelinal de Meläb. — Le pli suivant est exactement la contre-partie de l’anticlinal du Maädid. Son axe est aussi ondulé. Dans le plateau du Sera Houet le Sénonien supérieur est proba- blement conservé à la faveur de ce pli. Un peu plus à l’est la courbure qu'il donne aux strates semble s’effacer (élévation de l'axe). La cuvette est le mieux accusée précisément au point où passe la coupe (pl. VIT, fig. 1). À quelque distance à l’est ce pli joue un rôle important dans le plateau de Meläb et jusque dans les monts des ouled Hannèche. 1”: Synclinal du Gorthet el Maïz. — Le troisième synclinal, bien marqué dans la colline du Gorthet el Maïz, va border cons- tamment au sud l’anticlinal de Rabta. Il ne se manifeste dans tout l'avant-pays du Maädid que par une faible ondulation des couches du Sénonien supérieur, sans avoir conservé d’assise plus récente. Il n’en est pas de même dans l’avant-pays du Talemtaga. b) Faizzes. — Les cassures n'offrent pas moins d'intérêt que les plis. F : Grande faille du Maädid. — Le plus méridionale : F, qui accompagne l’anticlinal du Maädid, est aussi la plus importante. Ce n'est pourtant en aucun point une faille orographique : elle ne se révèle jamais par une dénivellation superficielle des deux lèvres. Maïs on peut la jalonner par les contacts latéraux du Céno- manien ou de l’Albien, contre l’Aptien ou le Barrémien. Comme l’anticlinal qu’elle suit, elle offre un tracé flexueux (en S allongé), 150 J. SAVORNIN. — STRUCTURE DU DJ. MAADID 1er Fév. et se poursuit à l’est bien au-delà du Teniet er Rihe. J’ajouterai que, malgré cette allure, on ne peut la considérer que comme un accident vertical ou subvertical et non comme une cassure par mouvement tangentiel. Il semble que les plis 1 et r ne soient que la conséquence de cet effondrement. Lors de la descente de la lèvre nord, une poussée latérale par coincement s’est nécessairemeut produite : les couches de la lèvre opposée ont dû céder à cette pression exercée sur leurs tranches et ont pris la forme ondulée qu'on voit si bien en suivant le ravin des Ouled Fradj. On pourrait dire, d’une manière quelque peu imagée, que ces assises sont comme cabrées devant la lèvre affaissée de la grande faille. Cette cassure est la seule qu’'ait indiquée Brossard. Des deux autres que j'ai dessinées sur la figure 1 (pl. VID), l’une : f, (faille du Chouf Chouichet) demeure localisée autour de ce profil et ne s'étend pas sur plus de 2 kilomètres. Elle fait acciden- tellement buter le synclinal 11, des calcaires à Heterolampas Maresi (Sénonien supérieur), contre le Sénonien inférieur. Mais à l’ouest de ce point on trouve constamment la superposition nor- male des étages sénoniens. Il en est de même à peu de distance à l’est. f. : Faille de Rabta. La troisième faille offre plus d'intérêt : sa longueur est de 7 kilomètres. Elle est déjà bien visible à Rabta. Un peu plus à l’est : à Bouregane, elle apparaît avec une incom- parable netteté. J'ai pu suivre cet accident sur toute son étendue : sa trace est rigoureusement rectiligne. A la limite des feuilles au 200000° de M’Sila et de Bou Taleb (point 1.400) la cassure se perd dans les calcaires du Sénonien supérieur qui, du reste, présentent sur son passage des froissements caractéristiques. Plus à l'est, vers le sommet 1489, ces mêmes calcaires montrent une courbure anticlinale (m1) bien régulière : exactement comme à petite dis- tance à l’ouest de Rabta. Il n’y a donc pas de doute : la faiile de Rabta représente l’effon- drement d'un flanc d'anticlinal. C’est exactement la définition qu'il faut appliquer à la grande faille du Maädid. On peut donc dire que cette disposition caractérise l’architecture de cette montagne. II. TALEMTAGA. — Les directions de coupes les plus propres à donner une idée exacte des plissements doivent être normales aux axes de ces derniers. Tous les plis que nous venons de suivre dans le Maädid et son avant-pays s’infléchissent en arc dont le centre de courbure est vers Sidi bel Fadel. C’est donc de ce point 1904 ET DU TALEMTAGA 151 que partira un deuxième profil, s’écartant du précédent pour ren- contrer le Talemtaga (pl. VII, fig. 2). ‘ Cette nouvelle coupe montre d’abord les mêmes ondulations que tout à l'heure (anticlinal et synclinal du Guerboussa, anticlinal du Maâdid), conservant à peu près la même importance relative, quoique sensiblement réduits. La grande faille subsiste aussi. Mais les ondulations plus septentrionales vont jouer désormais un rôle prépondérant. 1": Synclinal du Meläb. Le synclinal 1’, tout à l'heure à peine ébauché, s'étale pour former la cuvette transverse que j'ai men- tionnée. On n’y voit encore que du Sénonien supérieur. Mais le pli est désormais large et profond. ut: Anticlinal du Talemtaga. Le pli suivant s’accuse aussi fortement et permet aux couches profondes du Sénonien de res- sortir. Sur le profil même de la coupe, le Turonien commence à apparaître. ir‘: Synclinal du Gorthet el Maï:. Nous retrouvons aussi le faible sillon qui borde au sud l’anticlinal de Rabta. Mais tandis que dans tout l’avant-pays du Maädid il ne conservait que les calcaires du Sénonien supérieur, dans la figure 2 (pl. VID on le voit garder un lambeau d'Éocène inférieur (argiles noires et cal- caires à silex). Ce témoin de l’extension du Suessonien se présente en crête synclinale, à sommet arrondi, près du marabout de Sidi Saïd. 1v : Anticlinal de Rabta. L’anticlinal suivant apparaît à peine ici, au bord de la plaine de l’oued Redir. Il est de nouveau faillé d'une manière très nette. Cette cassure est en tout point compa- rable à celle de Rabta, mais moins étendue. C’est la faille de Sidi Said (f,). Près du marabout de ce nom on la voit admirablement, car c’est une faille orographique. Toutes les directions s’infléchissent suivant une courbe concave au nord-est. Les profils des figures 3 et 4 (pl. VID auront, avec celui de la figure 2, une origine commune : près de Bordj Redir (centre de courbure). La figure 3 montre le synclinal du Meläb momentanément dédoublé (7° et 11,'). Le flanc nord est ramené sur lui-même. On voit en effet, vers ce point, les barres de grès de l’Éocène moyen s’enfoncer sous un mince affleurement de marnes cénomaniennes. C’est un pli-faille : F, où les axes des rides 11,', et 11 se rappro- chent considérablement. L'anticlinal du Talemtaga est donc momentanément un pli couché. Mais, comme si cette structure était condamnée à ne pas 152 J. SAVORNIN. — STRUCTURE DU DJ. MAÂDID 1e" Fév. se réaliser dans les chaînons qui nous occupent, ce pli-faille et ces plis couchés ne tardent pas à se perdre dans une simple faille d’effondrement : F, (pl. VIL fig. 4). C’est de nouveau le triomphe. du mouvement vertical sur les mouvements tangentiels. La structure caractéristique, énoncée plus haut, en anticlinaux faillés est donc applicable au Talemtaga comme au Maâdid. Il ne saurait y avoir de doute, car les dispositions figurées dans les coupes 3 et {4 sont visibles sur le terrain : il n’y a pas place pour l'interprétation. La figure 3 montre de plus que la faille de Sidi Saïd diminue d'amplitude, mais que le synclinal éocène et l’anticlinal de Rabta sont encore nettement indiqués de part et d'autre. Dans la coupe (pl. VIT) de la figure 4 qui passe par le Kour- keub et s’écarte assez peu du méridien, ces mêmes accidents ne se montrent plus. Une cuvette nouvelle : 1v', se dessine. C’est le synclinal de Bordj Redir. Ce dernier pli est d’ailleurs complète- ment transverse et la coupe rencontre obliquement son axe. Je noterai ici que l’on peut voir, au nord-ouest de Bordj Redir, dans les calcaires du Sénonien supérieur, une ondulation creuse suivie d’un nouveau bombement (v de la carte de la page 153). Ce synelinal est le prolongement de la cuvette de Bordj Redir : il a conservé des lambeaux de Miocène inférieur (calcaire gréseux à Pectinidés). Quant à l’anticlinal, traversé par les gorges de l’oued Redir, peut-être va-t-il à l’est se continuer dans le Djebel Mzeïta. Une dernière coupe achèvera de fixer la structure du Talemtaga, qui présente, sur un petit espace, plus de complications que le Maädid. Tous les étages y sont du reste fort réduits en épaisseur. Le maximum d’étirement est visible au fond de la vallée de l’oued Redir, près Mechtat Sator (pl. VII fig. 5). Malgré l'extrême réduc- tion des assises, tous les étages y sont parfaitement représentés et reconnaissables. On revoit le synclinal du Meläb (1), ne conservant même plus de Sénonien supérieur, mais formé uniquement de Cénomanien. Toutefois, à peu de distance à l’est de ce profil, le Turonien repa- raissant, va constituer une cuvette calcaire, aux bords escarpés, exactement comparable à celle du Sénonien supérieur qui lui fait face (extrémité orientale du Meläb). L’anticlinal du Talemtaga paraît dédoublé. Peut-être faut-il voir dans la voûte nr, le prolongement de l’anticlinal de Rabta qui s’est effacé dans l'intervalle. Le flanc nord se dresse brusque- ment à Mechtat Sator; et l’on voit, dans le défilé qui le coupe, la grande barre du Turonien se replier en S debout. Un peu plus au LS ®, :0 uondy- 0817 FFE) | -remofin ou2007 KW ueg1p (MEN) Ua RoUT 210007 uermrizonr) Mi 217800 6xf) cnarsfinueruous (INA | 7212270 uvooyr ER + -uohorm1rmuou2ç [RAI au8207/] FX = > NP ANS $ suoranpy | G ] FX n LPTUIOUD 72 UITUD [] = ! ï sadn02 sp [404 ( ÿ xXTEU/jouÂS Sp Ë ut 2XE P de ssnsossosee B AU SR | | | PeESSIeqE 8/19: sage, ER | [HR O XnEUIpuAÇ ++ +++ é, a FÉRRE | cd XTEUIJIQU *XXXXX H —— 000'007 T :ememx ebequeje] np3e pipeen 1eqef0 np 3101901039 3149 | 194 J. SAVORNIN. — STRUCTURE DU DJ. MAÂDID 3er Fév. sud la voûte principale a conservé un îlot subhorizontal du Turo- nien, faisant face au noyau éocrétacique du Talemtaga. Les couches inférieures au Cénomanien n'arrivent plus au jour dans cet anticlinal. , La faille du Talemtaga s'est perdue après deux changements brusques de direction découpant comme à l'emporte-pièce le noyau éocrétacique demeuré là comme un véritable horst. La topographie des montagnes des Ouled Hannèche montre que les plis 11, 11° et r11 se poursuivent à l’est en demeurant parallèles et rectilignes (au sud du Mzeïta). RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS J'ai relevé presque sur tout leur parcours les axes de tous les plis qui viennent d’être décrits. Figurés sur la carte de la page 153, les tracés de ces axes et des failles qui accompagnent quelques- uns d’entre eux, mettent parfaitement en lumière la structure de la région étudiée. On y voit trois directions principales : N.O.-S.E., O.S.0.- E.N.E., et enfin O.-E. La direction moyenne de la poussée est nord-sud. On ne peut manquer d'être frappé de ce fait que ce ne sont point là les direc- tions habituelles dans les chaînons voisins qui constituent les monts du Hodna. Les cartes topographiques détaillées, et la carte géologique au 800000°, montrent en effet que dans le massif des Ouled Tebben et dans le Bou Taleb, les axes orographiques et les plis se dirigent ordinairement du sud-ouest au nord-est. C’est la direction générale de l'Atlas saharien, jalonnée par les monts des Ouled Naïl et de Bou Saâda et — de l’autre côté du Hodna — le Bou Taleb. Le Maâdid constitue donc une anomalie dans la chaîne du Hodna. Mais sa structure actuelle semble lui avoir été donnée tardivement. Une première ébauche de ridement a dû se dessiner aux temps crétaciques. Les figures r et 2 (pl. VID montrent en effet la transgression du Sénonien supérieur s'étendant jusque sur le Cénomanien (au sud). Les figures 2, 3 et { montrent ce même étage transgressif au nord : d’abord sur le Turonien, puis, de nouveau, jusque sur le Cénomanien. Or, si l’on examine la carte, on peut voir que la lünite septentrionale de cette transgression est donnée par une ligne qui, prenant en écharpe le Maädid, est précisément parallèle aux axes orographiques de l'Atlas saharien. Ce fait est significatif. | 4Série;T.IV; PLVIL. (Secrce cz 1 LEvrrer 1904.) Madjen - Amran : Fig nid 5; NE Que Orzssejié 7 = HR Le, _ 2 SR ——— 15 Tr Cole 750 NE. Bord; Redir | Oued Rer Door Cote 750 Bord) _Redir Que air Store Co£e 000 N.NE:; IV | Bord] Redir Plaine ! ' ae Bord; fedir s 5 o Co£e 1000 7! Fig dr À Echelles : DID LR ee JUS 1 7 ZE OC) ‘| Note de M.J.SAVORNIN 4*Série;T.IV; PLNIL. (Seerce ce 1 vrier 4908.) de la Société Géologique de France. Bulletin Dyebe/ Maadid 1820 Se 11’ III IL IV Madjen - Amran É Fig miles É Chouf Chouichet à 1 CN IL IT | Ouecl Mekimen Chouf kb. Gueurn à 1780 Kalaà m'ta beni Ahmed (Æune) N. Oued Orusverié £1 Guerboussa 41410 mn Ouedes Solar’ Sidi bel Fadel : 1 S.0. Benia el Mena (Auwrne) ; r' 11 11 11” II” IV IV’ Sidi bel Fadel Oued Oulea Fradj RE Sidi Saïd Bord) Redir Oued Recdir DELLA 22 Cote 750 SrR: Ta/emtaga Fe ÈS h ! Q ë : S.0. { z 4 DS ! Légende $ il Te 11\ (72 ons S I” IV IV | NE: \ à _Redir 1, Urgo -Aptrern ; 2, Albrerr ; 3, Cenorrarter; Q € SE “ Oued Redèr Fig.3. 4, Turoncrer,; D, S'erorcerr uférceur ; Coëe 4000 : 6, S'erzorrzerr rrroyert ; 7, S'éronterrz superieur Plateau, de Mel/ab etDanzrer ; 8 «9, ocère trférieur 3 S.S.0. F Se L ANNE) ; MCE Te Re. Il Îr III NK IV 10, Zocere 7royert j 13 et 14 , Miocere veferieur 5 : : c Aourkeub Ë Gourbis Li Bordi), Redir | Plaïne de Bordj Redir Quect Rat F18 Ë 4 Q 15, Püocene ; 16, Allzvroras RE Le Af) Cote 1000 S. Coupes _ 7 RE 1v/ Echelles : a travers le Djebel Maaëdid | 3 3 Fig il à 4 b ECG Fig ous ET RL LPO et le Talemtaëa à Lespireze, del. 4, R.S'Séverire, Parts * 1904 ET DU TALEMTAGA 155 C'est ici le lieu de reparler des poudingues qu'on rencontre quelquefois à la base du Sénonien supérieur. Ils témoignent évi- demment de l’émersion momentanée d’un îlot vers l'emplacement du Maädid actuel. D’après ce que nous venons de voir cet îlot devait s’allonger parallèlement à ceux, dès longtemps apparus, du Bou Taleb'. La situation du Sénonien supérieur dans le Meläb témoigne en outre de l'existence d’une aire synclinale transverse limitant à l’est ce Maädid archaïque. La structure que nous voyons aujourd'hui serait donc le résultat d'efforts orogéniques produits à longs intervalles et discordants. Telle est vraisemblablement la cause des inflexions que subissent les plis et du manque de parallélisme des failles. Il est évident que le relief et la structure du chaïînon étaient définitivement acquis dès l’époque oligocène. L'absence d’'Eocène supérieur témoigne d’une émersion probable vers cette époque. La constitution de l’Oligocène nous révèle aussi que le Maâdid formait barrière au nord d’un bassin saumâtre ou continental. Enfin le Burdigalien se montre indifférent aux plis et aux failles et ses sédiments de base sont absolument littoraux. Les chaînons étudiés formaient certainement à cette dernière époque une terre émergée dont le relief n’a pas cessé depuis de s’affaiblir, sous l'érosion continue des agents atmosphériques. DICLE. FIcuEUR, loc. cit. EXPLICATION DE LA PLANCHE VII Fig. 1 — Coupe générale du Djebel Maàdid. passant par Sidi bel Fadel et Madjen Amran (direction voisine du Méridien). Fig. 2. — Coupe générale passant à l'est du Teniet er Rihe : de Sidi bel Fadel à Bordj Redir (direction S O.-N.E.). Fig. 3. — Coupe un peu oblique à la précédente, passant par le point eul- minant du Talemtaga et Bordj Redir (direction voisine du S.O.-N.E.). li;. 4. — Coupe du Kourkeub à Bordj Redir, passant vers le milieu du plateau de Meläb (direction S.S.O.-N.N.E.). Fig. 5. — Coupe méridienne par le défilé de Mechtat Sator (origine de la _ plaine de Bordj Redir). Les fig. 1 à 4 sont à l'échelle du r750000, la fig. 5 au r/25000. La projection de ces coupes est indiquée, sur la earte au 1/200000 de la page 153, par des traits pleins fins. ÉTUDE CONCERNANT LA DERNIÈRE RÉGRESSION DE LA MER par M. Ph. NÉGRIS Au sud du golfe de Corinthe existe un conglomérat horizontal avec coquilles marines, reposant en discordance sur les marnes levantines jusqu’à l'altitude de 350 m. Philippson le considère comme synchronique du Pliocène marin de l’isthme de Corinthe :. À un niveau un peu plus bas, à 300-305 m., j'ai observé moi- même sur le Mont Rigani, au-dessus de Naupacte, des cavités de Mollusques perforants. On sait d'autre part que des trous de Pholades ont été observés dans la vallée du Tibre, en amont de Rome à 268-274 m. ?. On reconnaît aussi dans l'atlas de l'Expédition scientifique de Morée * une trace d’ancien rivage à 250 m. environ, et M. de Lamothe vient d'annoncer“ la découverte de deux plages, en Algérie, formées dans des mers dont les altitudes respectives ont dû être très voisines de 260 et 320 m. Il en existerait peut-être encore une à 355 m. On ne saurait donc s'étonner de voir à Reggio les couches du Saharien supérieur atteindre l'altitude de 250 m. *. Mais comme ces couches renferment des fossiles aussi bien des côtes occidentales que des côtes orientales de l'Afrique, elles nous montrent que la communication de la Méditerranée avec l'Océan Indien est com- temporaine de leur dépôt, que, par conséquent, la mer du Saharien supérieur est aussi contemporaine des grands effondrements de l’est de l'Afrique, de la Judée, de l'Egeïde. Cependant au lieu de trouver ce niveau d'anciens rivages en Egypte à 250 m., nous ne trouvons qu'un niveau à 70 m., ce qui nous avait fait rapporter dans un autre travail ces efflondrements considérables à la mer de 1. À. PuirippsoN. Der Peloponnes. Berlin, 1892, p. 138 et 412. 2. En. Suess. Das Antlitz der Erde, édit. franc., t. IL, p. 612. 3. PuizLon DE BoBLAYE et Théodore VircerT. Expédition scientifique de Morée. 2° série, pl. VI, fig. 4 Paris, 1833. 4. Voir ante, B.S.G. F., (4), IV, 1904, p. 14 et suivantes. 5. Ep. Suess. Loc. cil., t. I, p. 436. 1904 DERNIÈRE RÉGRESSION DE LA MER 197 70 m. Mais nous verrons plus loin que tout le nord de l'Afrique s’est aussi effondré à une époque plus récente, et que par consé- quent les traces du niveau de 70 m., pourraient bien n'être pas à leur altitude originelle, mais appartenir à une mer d’un niveau supérieur. : Si nous continuons notre enquête sur les traces d'anciens rivages nous trouverons le niveau de 200 m. atteint dans l’île d'Elbe par la « panchina » des géologues italiens, qui bien qu’on la rencontre aussi à des niveaux beaucoup plus bas, se présente aussi plaquée sur les pentes à des niveaux élevés : ce qui fait dire à M. Ed. Suess que le niveau correspondant de la mer devait être un niveau élevé '. A Gibraltar, on trouve une plage à 210 m.*; en Algérie à 200-205 m.”°; en Grèce on trouve des trous de Mollusques perfo- rants aux environs de 200 m. dans la Messénie et sur le Mont Glokova dans le golfe de Patras, en face de cette ville, où je les ai observés moi-même. Toutes ces données nous montrent la grande extension d’une mer au niveau de 200 m. environ. Après cela on est conduit à admettre que la plage de 203-208 m.., que M. Brogger a observé à Christiana, appartient à cette mer de niveau élevé, contrairement à l'opi- nion de ce savant distingué, qui la considère comme une plage soulevée ‘. On sait d’ailleurs qu'en Écosse aussi apparaissent, après le recul des glaces, des dépôts de coquilles à 161 m., qui d'après M. Ed. Suess répondraient à une mer de niveau voisin de 200 M. *. À la suite de la mer du niveau de 200 m. environ, nous trouvons les dépôts de la mer de Champlain en Amérique à 149 m. dans la baie de Fundy ‘. Il est vrai que les dépôts de cette mer, plus au sud, se retrouvent à des niveaux de plus en plus bas, tels que 99 m. sur les rives du lac Champlain, 26 m. à Nantucket, 12 à 15 m. sur les côtes méridionales de la Nouvelle-Angleterre. Mais cette cir- constance peut s'expliquer facilement; l'Amérique du Nord avant l'époque glaciaire était émergée ; pour avoir été occupée par la mer de Champlain, elle a dû s'affaisser. Un premier affaissement Ep. Suess. 1bid., t. Il, p. 599. Ep. Suess. Loc. cit., t. II, p. 703. DE LAMOTHE. B. S. G. F., (4), I, p. 3or. Emize Hauc. Rev. gén. des Sc., 14° année, p. 825. Ep. Suess. Loc. cit., t. IT, p. 769. Ep. Surss. Loc. cit., t. Il, p. 761. Oo © D = (or 198 PH. NÉGRIS 1e Fév. aurait eu lieu avant la mer de Champlain: d’autres affaissements auraient suivi et auraient abaïssé les dépôts de cette même mer. L’abaissement paraît d'autant plus grand que l’on se rapproche davantage de la grande fosse d’effondrement située à l’est des Etats-Unis. Cette explication se trouve confirmée par la disposition même des couches tertiaires le long de la côte orientale des mêmes Etats ; les étages les plus anciens dominent vers le nord, les plus récents vers le sud : le Pliocène même n'apparaît que sur la zone extérieure des Antilles et dans le sud de la Floride (étage flori- dien) ‘. Cela indiquerait bien que le continent nord-américain se serait incliné vers les effondrements Atlantiques. L’affaissement est encore prouvé par les considérations suivantes : on sait que depuis la latitude de Philadelphie environ, à travers la Floride, les Antilles, jusqu’à l'Orénoque, l'Amérique depuis l’époque cré- tacée est une région côtière et que le rivage a reculé progressi- vement. Or tandis que le niveau de la mer du deuxième étage méditerranéen d'après Suess devait être de 440-450 m.?, ici les couches tertiaires qui comprennent aussi cet étage et sont hori- tales s'élèvent peu au-dessus de la mer‘. Il se pourrait done que peut-être le niveau même de 149 m., des dépôts coquilliers les plus supérieurs de la mer de Champlain, ne fut pas le niveau supérieur originel de cette mer. mais un niveau abaissé. Quoiqu'il en soit nous trouverons un niveau voisin à Cuba marqué par des terrasses à 152 m., aux îles Kouriles avec terrasse à 150 m.*, en Algérie avec plage à 14b m.°’, en Grèce avec cavités de Lithodomes dans la Messénie à 150 m., au col entre Pylos et Modon. Les glaces reculant de plus en plus vers le nord avec la fin de l'époque glaciaire, les dépôts arctiques se retrouvent à Trondhjem à 119 m. ° ; puis lorsque les glaces eurent complète- ment disparu en Europe et en Asie, nous trouvons le niveau de 100 m., indiqué en Sibérie par la présence d'amas de bois flottés dont sont garnies les côtes à cette hauteur ’, par des dépôts de coquilles à 95 m. à la Nouvelle-Zemble, et par la présence de Mya truncata, à 200 pieds au-dessus du fleuve Taimyr. En même temps le climat s’adoucissait dans ces régions. On trouve, En. Susss. Loc. cil., I, 369 et II, 512. Ep. Suess. 1bid, 1, 413. Ep. Suuss. 1bid., 1, 368. Ev. Suess. 1bid., Il, p. 526 note et II, 773. DE LAMOTHE. lbid., 301. Ep. Suess. Zbid., Il, 766. DE LAPPARENT. Traité de Géologie, p. 359. Œ D VI © tr HE 1904 DERNIÈRE RÉGRESSION DE LA MER 199 au Spitzherg, Mytilus edulis avec ses couleurs naturelles et ses ligaments bien conservés, prouvant qu'il s’agit là d’une époque bien peu éloignée de nous. C’est aussi le moment où le climat de la Sibérie est assez doux pour permettre à cette contrée d'héber- ger les Mammouths et les autres grands herbivores. J'ai expliqué dans un autre travail", que ces circonstances étaient dues aux courants équatoriaux, qui après le recul définitif des glaces et grâce au niveau relativement élevé des mers, circulaient libre- ment le long des côtes du nord de l'Europe et de l'Asie et même de la terre d’Alaska, où vivaient aussi alors les mêmes animaux. Plus tard un nouveau recul de la mer ne permit plus aux courants d'atteindre aussi loin. Le froid s’abattit brusquement dans ces régions ; les animaux surpris par les neiges furent enfouis et con- servés sous un manteau de glace où on les retrouve aujourd'hui intacts. Nouvelle preuve que l’époque où ces phénomènes se pas- saient n'est pas très éloignée de nous. On retrouve encore le niveau de 100 m., dans l’extrême sud de la Patagonie. Ici encore depuis l’époque oligocène le continent sud-américain était exondé: un affaissement aura amené la mer querandinienne, dont on trouve aujourd'hui les dépôts avec coquilles de plus en plus haut, à mesure que l’on se dirige vers le sud, jusqu'au delà du détroit de Magellan, où ils atteignent 100 m., tandis qu à l'embouchure du Rio de la Plata, ils n’atteignent que 20 à 30 m. *. Nous avons ici la répétition de ce qui s’est pro- duit pour les dépôts de la mer de Champlain dans l'Amérique du nord. Le continent sud-américain s’est, lui aussi, affaissé, pro- bablement aussi à plusieurs reprises, et inégalement, vers les fosses Atlantiques du sud, les parties les plus rapprochées des grandes effondrements s'affaissant davantage. Il se peut qu'ici encore le niveau de 100 m. ne soit pasle niveau originel de la mer qui a laissé les dépôts querandiniens, mais un niveau abaïssé. Après ce niveau de 100 m., qui se trouve aussi en Algérie ”, la mer paraît faire une étape bien marquée au niveau de 70 à 55 m. M. Ed. Suess a relevé la grande extension d’un rivage à ce niveau dans la mer du Nord, avec effacement du cachet arctique et appa- rition même de deux formes méditerranéennes, qui se sont retirées plus tard de ces régions. C’est encore là une preuve “ que les cou- rants équatoriaux étaient plus puissants à cette époque qu'aujour- Rev. Univ. des Mines de Liège, sept. 1903, p. 274. Evo. Suess. 1bid., II, 793. DE LAMOTHE. 1bid., p. 301. Ep. Suess. 1bid., IL, pp. 769 et 970. F5 œ D »” 160 PH. NÉGRIS 1er Fév. d'hui. Ce même niveau est marqué par une deuxième terrasse à Cuba. On le trouve en Egypte et dans la mer Rouge avec faune récente Érythréenne *, qui apparaît ici pour la première fois, ce qui conduit à admettre que l'apparition de cette faune est contemporaine ici de l’irruption de l'Océan Indien dans la Méditerranée, à travers la fosse d’effondrement de la mer Rouge. Mais, comme il a été dit et comme nous expliquerons plus bas, la mer qui déposait cette faune érythréenne, qui apparaît aujourd'hui à 70 m. d'altitude, avait probablement un niveau plus élevé. Cependant de nouveaux effondrements amènent encore des niveaux plus bas de la mer. Citons, en particulier, la terrasse de 4o m. sur les couches pliocènes, à Elika, dans la presqu'île du cap Malée *. On trouve des traces de rivage à ce niveau à Oran et aux îles Kouriles il existe encore une terrasse au même niveau qui se retrouve aussi sur la côte orientale de l'Afrique *. M. L. Cayeux a observé des perforations de Lithophages à 28 m. sur le rocher de Nauplie et M. de Lamothe une ligne de rivage en Algérie, correspondant à un niveau de mer de 30 m. *. Dans la plaine d'Argos, en Grèce, de Boblaye et Virlet ont considéré les cavernes qui la bordent à l’ouest à cette même hauteur environ, comme des cavernes littorales, et ont cru recon- naître d'anciennes plages de sable dans l’Élide et la Messénie à 20-25 m. ‘. Mais un des niveaux qui a laissé le plus de traces sur le globe, est sans contredit, le niveau aux environs de 15 m. On trouve le niveau de cette mer sur les rives de l'Hellespont, peut-être sur celles de la mer Noire, tandis qu'on ne trouve pas trace de dépôts méditerranéens au-dessus des dépôts pontiques à un niveau supé- rieur". Ce qui conduit à admettre que depuis l’époque pontique, la région du Pont-Euxin ne communiquait pas avec la Méditerra- née, et que cette mer n'aurait pénétré ici, qu'avec le niveau de 15 m., à la suite d’effondrements considérables, représentés par les fosses mêmes de la mer Noire et de la mer de Marmara. 1. Jbid., t. Il, p. 526, note. 2, Ep. Suess. Zbid., p. 728. 3. Purcxppson. Der Peloponnes, p. 179 et PuIzzoN DE BoBLAYE et Tu. Vrrzer. Expéd. scient. de Morée. Géologie. p. 360. 4. Ep. Suess. 1bid., II, pp. 702, 773, 796 et 800. 5. Voir ante, B. S. G. F.,(4), IV, 1904. pp. 18 et 91. 6. Expéd. scient. de Morée. Géologie, pp. 323, 348, 354. 7. Ep. Suess. 1bid., I, pp. 441, 444 et IE, p. 696. 1904 DERNIÈRE RÉGRESSION DE LA MER 161 On trouve le niveau de:15 m. à Tarente ',.au seuil de Gabès*, en Algérie *, au Maroc, et aux îles du Cap Vert‘, dans la mer Rouge”, dans l'Océan Indien *. A l’époque de cette mer, eut lieu probablement dans l'isthme de Suez, la séparation des faunes méditerranéenne et érythréenne, car le seuil le plus élevé de l’isthme n’a que 18 m. de hauteur. Mais fait curieux, la faune du: Nil, qui n'apparaît pas en Egypte dans les dépôts du niveau supérieur aux environs de 70 m., appa- raît maintenant dans l'isthme à l'altitude de 8 m., mélangée à la faune érythréenne, dans laquelle se sont conservés encore quelques types Méditerranéens'. Cela conduit à admettre que le Nil n’au- rait commencé à couler en Egypte qu'à cette époque. Mais l'appari- tion du Nil en Egypte n’est pas un phénomène isolé : ilse rattache à un phénomène d’effondrements et d’'affaissements des régions nord de l'Afrique depuis l’Atlas oriental, jusqu'en Egypte, suivant une direction O.N.O., parallèle aux plissements Pyrénéens, suivant laquelle en Grèce on a aussi les effondrements du golfe de Corinthe et du canal d’Atalanti, effondrements dont le premier est de date très-ancienne, puisqu'il a recu les dépôts pliocènes. Un coup d'œil sur une carte d'Afrique, montre que les chotts de l'Atlas oriental, à l’ouest, et les fosses de Fayoum et de Rayan à l’est, sont sur une ligne O.N.O., et que les côtes, au nord, sont découpées, suivant des tronçons parallèles à la même direc- tion. Une failie de même direction au sud de Malte, la faille de Malak ‘, dans le prolongement de la côte du désert Libyque, indiquerait que cette île aussi aurait été séparée à cette époque du continent africain, auquel elle appartient par sa structure. D’ail- leurs l’absence dans les chotts de dépôts marins, lorsqu'ils ne sont séparés de la mer que par le seuil de Gabès de 47-37 m., montre bien que l'effondrement ici est postérieur aux mers de niveau élevé. On tire la même conclusion de l'examen des fosses de Fayoum et Rayan, où la mer qui a laissé ses dépôts en Egypte à 70 m., na pas pénétré ‘. Ainsi donc le nord de l'Afrique, à l’est de l'Atlas, se serait . Ep. Suess. 1bid., I, p. 435. . Ep. Fuous. CR. Ac. Sc., 1874, p. 354. . DE LaMorue. 1bid., p. 301. . . Ep. Suess. 1bid., IL, pp. 794 et 795. . Ibid., p. 799. . [bid., p. 809. . Ep. Suess. 1bid., I, 488. . Ep. Suess. 1bid., 1, p. 445. . Ep. Suess. /bid., Il, p. 731. DAUI © Ot-A D mm ce 6 Sept. 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 11 162 : PH. NÉGRIS 1er Fév. affaissé à une époque récente et cet affaissement aurait eu pour résultat d'amener les eaux du Nil en Egypte pour la première fois, par la rupture de la barrière naturelle de Syène, formée de roches cristallines et d'épanchement, et aurait occupé toute la vallée, préparée elle-même par les dislocations antérieures, si bien que le Niln’eut qu’à combler une dépression probablement préexis- tante, avec des alluvions d'abord caïllouteuses, puis sableuses, puis limoneuses. Comme preuve de l’affaissement du nord de l'Afrique nous avons encore à signaler le fait que les dépôts du deuxième étage méditerranéen constituent un plateau dans la Cyrénaïque et l'Oasis de Siouah à 100 m. d'altitude, tandis que la mer de cet étage aurait atteint d'après Suess un niveau de 440 à 450 m., comme il a été dit plus haut. Dans un autre travail nous avons insisté sur le peu de temps qui nous sépare du recul des glaciers, temps qui serait de dix mille ans environ’. La mer apparaît, d’ailleurs, après ce recul, à des niveaux élevés. La mer du niveau de 15 m. doit être encore plus récente. Il est donc naturel de penser que la tradition aura con- servé le souvenir des grandes convulsions contemporaines de cette mer. C’est en eflet ce qui arrive ; car voici ce que raconte Diodore de Sicile (Lib. I. ch. 19). « On raconte que le Nil, brisant son lit, inonda une grande partie de l'Egypte... qu'Hercule répara la brèche, et ramena le fleuve dans son cours originel... Le fleuve se serait appelé anciennement Océane ». L'inondation qui fit périr la plus’ grande partie des habitants, se rapporterait à l’irruption soudaine du Nil après qu’il eût brisé sa barrière de Syène. Le nom Océanè ou Océan remonterait à l’époque où la mer couvrait une grande partie de l'Egypte en remontant bien avant vers le sud, Peut-être même les eaux dès cette époque fil- traient-elles à Syène à travers les rochers qui formaient la barrière ancienne, et formaient-elles quelque ruisseau auquel ferait allu- sion la tradition. La faune du Nil n'aurait cependant apparu qu'avec la rupture de la barrière. Mais ce n’est pas la seule tradition que nous ayons de ces épo- ques si peu éloignées de nous. Platon (Timée 22), fait dire aux prêtres de Saïs que le mythe des Grecs de l’embrasement de la terre par la maladresse de Phaéton, qui ne sut pas conduire le char de son père le Soleil, tout légendaire qu'il était, avait été inspiré, parce qu'il était survenu dans un passé lointain, de grands changements dans les choses de la terre et du ciel et une catas- trophe par un feu dévorant... et dans cette circonstance encore le 1. Rev. Univ. des Mines de Liège, septembre 1903, p. 275. 1904 DERNIÈRE RÉGRESSION DE LA MER 163 Nil sauva les habitants de l'Egypte. Or nous savons que les déserts de l'Afrique possédaient autrefois des sources abondantes avec une riche végétation. La régression de la mer d’un côté, l’affaisse- ment de la région nord de l'Afrique de l’autre, les dislocations qui accompagnèrent cet affaissement, ouvrirent des issues par lesquelles les sources s'échappèrent, et la surface privée d'humidité et expo- sée aux ardeurs d'un soleil brülant, fût transformée en désert, sauf dans la vallée du Nil, ct autour du lac Tritonis, représenté aujourd'hui par les chotts El-Djerid et El-Fedjedj, qui ne furent probablement vidés que plus tard, comme nous l'avons exposé dans le même mémoire *. Après le niveau de 15 m., la mer garda assez longtemps un niveau encore plus bas, aux environs de 5 m., pour laisser des traces de rivage sur les côtes de France” ; en Grèce ‘ ; dans la mer Rouge “; dans le golfe Persique*; sur la presqu'ile de l’Hin- doustan ‘ ;: sur les côtes est de la Floride et dans les Antilles”. Enfin le niveau actuel des mers n’est pas le niveau le plus bas qui ait été atteint dans le mouvement de régression. Dans un mémoire que j'ai adressé à l’Académie des Sciences *, j'ai montré, en me basant sur les surfaces d'abrasion de la Messénie, et les môles antiques de Leucade, que la mer a atteint une profondeur maximum de —5 m. environ, il y a à peu près {000 ans, et qu'elle est montée de 3 m. depuis 2500-2550 années, époque probable de la construction des môles de Leucade. Dans un mémoire complé- mentaire *, jai passé en revue un certain nombre d’effondrements qui ont marqué cette époque limite. Ce sont la séparation de Leu- cate d'avec le continent, l’affaissement de la presqu'île de Messé- nie, etc., et j'ai montré que ces dislocations avaient eu lieu suivant des directions N.S. et E.0. La presqu'ile du Ténare paraît avoir participé à ce mouvement, car, là aussi, nous reconnaissons une échancrure E.0. du Taygète, s'étendant d’Aréopolis à Karyopolis et nous voyons les surfaces d’abrasion miocènes qui au nord attei- Ibid., p. 269. Cx. Depérer et Cazror. B. S. G. F., (4), IL, 1903, p. 345. Purzcox pe BosLAyE et Vircer. Expéd. scient. de Morée. Géologie, p. 358. Expéd. d'Égypte. Géographie et Minéralogie et En. Suess, ibid. II, p. 799. 1bid., I, p. 80r. Ibid., II, pp. 804, 805 et 808. Ep. Suess 1bid., IL., 526. CR. Ac. Sc., 20 juillet 1903. Rev. Univ. des Mines de Liège, ibid., p. 266 et suivantes. © DU SR OR 64 k PH. NÉGRIS rer Fév. gnent 5oo m. (et peut-être 600 m. , probablement à à la suite de la sur- rection générale du plissement nirocème du Ténare, que j'ai décrit dans mon ouvrage sur les plissements et dislocations de l'écorce terrestre en Grèce), s’abaisser au sud de l’échancrure à 100 m. ‘ et, les côtes de la presqu'île du Ténare, taillées comme au couteau suivant la direction N.S., répondent sans doute à des fractures de cette époque. | Peut-être aussi une échancrure E.O. de la presqu'île du cap Malée à travers le Mont Kurkula? , serait à rattacher à ces phéno- mènes. Elle serait peut-être connexe des failles N.S. observées par les géologues de l'Expédition scientifique de Morée et qui ont affecté le Pliocène aussi bien à l’ouest qu’à l’est de la vallée de l’Eurotas : Le rejet. à l’est a atteint 400-450 m., le long de la presqu'île de Xyli et du Mont Kurkula. C'est à la même époque qu'on doit rapporter l'effondrement de la région de l’Adriatique au nord de la ligne des îles Tremiti- Pelagosa-Lagosta, où l’on ne retrouve aucune trace de mer récente ‘. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que cet effon- drement commence juste au nord de Lagosta, c’est-à-dire, là où les îles Dalmates prennent la direction E.0., aux environs du paral- lèle qui longe la grande fracture E.O. des Balkans, où existent encore aujourd'hui un grand nombre de sources thermales à 31° et 500. Faudrait-il rapporter cette fracture à la même époque ? . Mais si les directions N.S$. et E.O. ont été suivies de préférence par ces grandes dislocations récentes, la direction N.N.O., qui est la direction moyenne de l'effondrement de l’Adriatique, se retrouve encore en Grèce à l’est du Péloponnèse, le long des côtes de la Kynurie. Ici nous avons un mur calcaire taillé encore, comme au couteau, sur plusieurs centaines de mètres de hauteur, “et, cependant, on n'a jusqu'à présent observé aucune trace de rivages anciens sur ce mur, quoique pourtant de Boblaye et Virlet, citent des traces de rivage plus au nord, sur les Monts à l’ouest de la plaine d’Argos, et sur le chemin de Nauplie à Tolon *. Il faut donc admettre que la côte de la Kynurie présente une fracture toute récente N.N.O. C’est à la mème époque qu'il faut aussi, sans doute, faire remonter les fractures N.N.O. du cap Grosso, sur la presqu'ile du Ténare, fractures le long desquelles . PxiztpPson. Der Peloponnes, pp. 237 et 240. 2. PuiLLon DE BoBLAYE et Vircer. Expéd. scient. de Morée, ibid. pp. 105 et 117 et 226-997. 3. Ep. Suess. Jbid., I, p. 346. 4. Purccon DE BoBLAYE et ViRLET. Expéd. secient. de Morée, ibid., 353. 190/ DERNIÈRE RÉGRESSION DE LA MER 165 le terrain s’est affaissé à l’est et à l’ouest, en laissantle cap Grosso, comme un éperon proéminent entre la mer d'un côté et une dépres- sion profonde de l’autre. 4000 ans nous séparent de ces de dislocations de l'écorce, Il ne faut donc pas s'étonner que presque tous les endroits que nous venons de passer en revue soient encore le siège, non seule- ment de sources thermales, mais aussi de tremblements de terre considérables. C’est ce qui arrive sur les côtes Dalmates, sur les îles Ioniennes, sur les côtes occidentales du Péloponnèse et sur le Taygète dont un sommet, en {69 avant notre ère, s’écroula dans la plaine vers Sparte. Il reste maintenant à examiner si cette grande régression que nous venons d'étudier depuis un niveau probablement supérieur à 350 m. qui est le niveau des conglomérats du golfe de Corinthe, jusqu'à la cote 5, des surfaces d’abrasion des côtes de la Messénie a été interrompue par des trangressions de quelque importance. J'avoue n'avoir pu moi-même en reconnaître aucune, sauf la dernière à laquelle nous assistons et qui a fait le sujet de mon mémoire à l'Académie des Sciences. : La théorie si ingénieuse de M. de Lamothe pour la formation des terrasses fluviales, si elle vient à être confirmée par l'expé- rience, peut exister sans que l’on soit obligé d'admettre des mou- vements positifs de la mer pour la formation des cailloutis. Les vallées miocènes et pliocènes aussitôt formées nous appa- raissent comblées par les cailloutis. Il semble done qu'il faille admettre qu’elles doivent leur formation moins au creusement par l'érosion, qu'aux mouvements du sol, dus aux plissements Alpins pendant l’époque miocène, aux bombements pliocènes ou du Ténare pendant l’époque pliocène, bombements qui par la surrec- ton de l’écorce amenèrent la formation des glaciers, à la fin de cette époque, comme je l’ai montré ailleurs :. C’est aux dépens de ces caïlloutis ainsi déposés, dès la forma- tion des vallées, que ce seraient formées les terrasses fluviales des _ divers niveaux, à la suite de la régression marine. Les terrasses supérieures les plus anciennes ne présenteront que la faune ancienne ; les terrasses inférieures présenteront bien, à la partie supérieure remaniée, une faune plus récente, mais au dessous elles présenteront aussi la faune ancienne. C'est ce qui arrive à Paris où l’Elephas antiquus arrive jusqu’à 7 m. de la surface, 1. Plissements et Dislocations de l'écorce terrestre en Grèce, chap. VIII, P. 101. 166 PH. NÉGRIS 1er Fév. tandis que l’Hippopotame arrive jusqu'à 5 m. et le Mammouth jusqu'à 3 m.'. Avec cette interprétation des faits, on n’a plus besoin de la longue durée qu'exigeraient les mouvements positifs de M. de Lamothe. Cela explique aussi pourquoi le Nil qui n’a fait irruption en Egypte qu'avec le niveau de la mer de 15 m., ne présente pas le phénomène des terrasses des hauts-niveaux. Les résultats que nous venons d'exposer ne sont pas d'accord avec ceux auxquels sont arrivés MM. Depéret et Caziot *. Bien que ces savants distingués constatent que le Pliocène ancien aux environs de Nice se rencontre à 350 m., et que les poudingues du Var sans fossiles atteignent 450 m., ils concluent à un niveau de la mer pliocène de 170 à 175 m. Je ne saurais méconnaître la valeur des raisons qu'ils donnent à l'appui de leur opinion ; on trouverait les traces de la mer plio- cène sur les rochers, tout le long de la rive droite du Rhône à 170 m. Cet argument n’est cependant pas à l’abri de toute objec- tion. Nous venons de voir le continent africain s’affaisser vers les effondrements de la Méditerranée. Nous avons vu plus haut l’'Amé- rique du Nord s’affaisser vers les effondrements Atlantiques du nord, la Patagonie s’affaisser vers les effondrements Atlantiques du sud. Il est donc probable qu'au moment des grands efflondre- ments Atlantiques, le continent Européen s’est aussi affaissé vers ces effondrements. Dans ce cas les traces de rivage pliocène à l’ouest du Rhône ne doivent pas se trouver à leur altitude origi- nelle. C’est ce qui expliquerait aussi pourquoi Buccinum groen- landium (qui appartient à la faune arctique de la mer de 200 m., de Christiania et de l'Écosse) se trouve en France, à Saint-Aubin- sur-Mer, au niveau de 2 m. Cela montrerait un affaissement des côtes considérable. La présence du deuxième étage méditerranéen en divers points des Côtes-du-Nord et de l’Ille-et-Vilaine à 95 m.’, conduit au même résultat, si l’on se rappelle que la mer qui dépo- sait cet étage atteignait 440-450 m. De même MM. Depéret et Caziot attribuent à la mer du Pliocène récent un niveau de 60 m., à la suite de la découverte de traces de cette mer à ce niveau à Nice, et parce que les couches du Plio- cène récent atteignent ce niveau à Palerme. Mais iei encore nous sommes en présence de l'effondrement de la Tyrrhénide, effondre- ment qui aurait peut-être commencé avant les dépôts de Palerme, 1. DE LAPPARENT. Géologie, p. 1605. 2. DEPÉRET et Cazior. Sur les gisements pliocènes et quaternaïires marins des environs de Nice. B. S. G. F., (4), IL, 1903, p. 321. 3. DE LAPPARENT. Géologie, p. 1527. 1904 DERNIÈRE RÉGRESSION DE LA MER 167 lors de l’arrivée dans la Méditerranée des espèces septentrionales, mais qui aurait continué, sans doute, jusqu'à l’arrivée des espèces chaudes du Cap Vert à Reggio, ou peut-être encore, jusqu'aux effondrements du nord de l'Afrique, qui séparèrent Malte de ce continent. Les régions voisines de l'effondrement ne peuvent que s'être aussi affaissées ; c’est ce qui sera arrivé à Nice et à Palerme, durant le Quaternaire moyen ou récent. J'en dirai autant pour le Quaternaire ancien que MM. Depéret et Caziot ont rencontré à Nice à 25 m. La même mer avec dépôts à Strombus méditerraneus et Conus Mercati a formé dans l’île de Chypre un cordon littoral, que M. Albert Gaudry a étudié avec un soin tout particulier. Les couches de ce cordon quaternaire se rencontrent depuis le niveau de la mer, jusqu’au niveau de 40 m. Il est impossible que Chypre au moment des effondrements consi- dérables, de toute la région est du continent africain, de la Judée et de l'Egéïde, n'ait pas pris part à ces effondrements. Les disloca- tions mêmes que présente ici le Quaternaire sont dirigées N.0. et N.N.O., c’est-à-dire parallèlement à la grande fosse Éry- thréenne. On se rappelle que j'ai placé ces effondrements à l’épo- que de la mer de 250 m. du Saharien supérieur de Reggio. M. Albert Gaudry, il y a plus de quarante ans, concluait déjà, de ses observations si précises à Chypre, à un abaissement général du niveau de la mer, accompagné de mouvements du sol. Neumayr d'autre part donne à Kos pour l'altitude des dépôts quaternaires anciens sans fossiles et horizontaux 500 à 600 pieds :. Les effondrements subséquents de l’Egéïde ont pu abaïis- ser ce niveau, mais n’ont pu l’élever. 1. Geologische stüdien in den Küstenlandern des Griechischen Archipels, pp. 253, 267 et 280. 168 SÉANCE DU 1° FÉVRIER 1904 SUR L'ALTITUDE DES POUDINGUES DU DELTA DU VAR par M. A. GUÉBHARD. M. A. Guébhard, à propos des observations présentées par M. Léon Bertrand, fait remarquer que, si les coïncidences d’alti- tudes et l’uniformité d’allures des poudingues du delta du Var peuvent avoir, sur la rive gauche, la signification qui leur est attribuée, il y a lieu de tenir compte, sur la rive droite, de périta- bles plissements, comme ayant fourni à l’oro-hydrographie ses principales directrices, grossièrement nord-sud. On peut voir, par places. au dessus des argiles à Amphistégines, de véritables voûtes de poudingue, comme celle qui supporte la ville de Saint-Paul-du- Var, et dont la continuation se voit dans le vallon du Malvan, au coude des Vallières, ou celle qui domine, à l’est, la route de Cagnes à Vence, au km. 7, ou encore celle que baigne, au sud de Villeneuve-Loubet, la rive gauche du Loup. Une étude détaillée des variations de pendages à l’intérieur du golfe pliocène de La Colle montre la corrélation intime de ces mouvements, non seule- ment avec les déchiquetures du massif éruptif ou de la bordure jurassique la plus voisine, mais encore par delà le bassin miocène de Vence, avec le découpage en baous du front méridional de la grande barre des hauts plateaux. Sur le front oriental, la base du Pliocène est formée par d'im- menses bancs très compacts d’une brèche de pied de falaise, avec intercalations argileuses, dont les fossiles prouvent l’équivalence avec les argiles du diverticulum de La Colle, ou plutôt avec la panchina coquillière qui, souvent, se trouve en dessous. Or la pente très raide de ces bancs qui, depuis plus de 450 m:. (au dessus de La Clapière entre Gattières et Carros où ils touchent au Crétacé) jusqu’au niveau du Var où ils avoisinent la Mollasse, forment, là où ils ne sont pas recouverts par le poudingue, une cuirasse au dessus des argiles helvétiennes, est vers l’est et ne saurait être attribuée, ainsi que l'avait bien constaté M. Zürcher”, qu'à un mouvement tectonique, mais postérieur à l’Astien et point seulement au Miocène. 1. Voir ante: B. S. G. F., (&), IV, 1904, page 39. 2. Légende de la Feuille de Nice de la Carte géologique au 1/80000. Séance du 22 Février 1904 PRÉSIDENCE DE M. P. TERMIER, PRÉSIDENT M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président proclame membres de la Société : MM. Léon Desbuissons, chef du Service géographique au Ministère des Affaires Étrangères, présenté par MM. Vidal de la Blache et Termier. Ch. Négris, ingénieur, ancien Ministre des Finances de Grèce, à Athènes, présenté par MM. Albert Gaudry et Marcellin Boule. Quatré nouveaux membres sont présentés. Le Président annonce le décès, à l’âge de 78 ans, de M. A.-M.-C. Grand-Badère, receveur de l’Enregistrement en retraite à Toulon, membre de la Société depuis 1875. Le Président dépose sur le bureau, au nom de M. Zeiller, une brochure intitulée : « Revue des travaux de Paléontologie végétale publiés dans le cours des années 1897-1900 » (Extr. Revue générale de Botanique) et un extrait des CA. de l'Académie des Sciences : « Découverte de strobiles de Sequoia et de Pin dans le Portlandien des environs de Boulogne-sur-Mer », par MM. R. Zeiïller et P. Fliche. M. de Launay offre à la Société géologique la collection complète de ses ouvrages, notamment ses livres sur la « Recherche et le captage des sources thermo-minérales », sur «les Diamants du Cap », sur «les Richesses minérales de l'Afrique », sur «l’Argent », sur la « Géologie de la mer Egée », etc, Il demande la permission de signaler spécialement le dernier paru sur l'Afrique, qui constitue un essai nouveau pour rattacher les gites métallifères d'un grand continent à sa tectonique et à sa paléogéographie, en même temps qu'une première application de la notion de profondeur originelle, sur laquelle M. de Launay a insisté dans diverses communications. Cet ouvrage contient, en. outre, la description méthodique et détaillée des richesses minérales reconnues dans nos possessions françaises, en Algérie, Tunisie, Soudan, Congo et Madagascar. M. L. de Launay fait hommage à la Société d’un mémoire récem- ment paru dans les Annales des Mines sur « l'Origine et les 150 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1904 caractères des gisements de fer scandinaves ». Ce travail, écrit à la suite de deux voyages successifs en Scandinavie, donne la des- cription méthodique des gisements et essaye d’en expliquer l’ori- gine, en les rattachant à deux groupes principaux à amas de ségrégation directe en relation avec des roches basiques et amas lenticulaires d’origine sédimentaire. Il traite spécialement des minerais de fer phosphoreux de Laponie et des conditions dans lesquelles s’y présente l'association du fer et du phosphore, ainsi que des minerais où le fer est associé au titane. M. Paul Lemoine offre à la Société un exemplaire d’une note parue aux CR. de l’Académie des Sciences : « Sur la présence de l'Oligocène à Madagascar ». L’Oligocène était jusqu'ici absolument inconnu à Madagascar ; or il existe, dans la presqu'île de Bobaomby, au nord de Diégo Suarez, des couches à Lepidocyclina, donc d’âge oligocène. Ce sont des calcaires, alternant avec des tufs basaltiques, déposés très près d’un rivage, à une faible pro- fondeur. La faune a une grande analogie avec celles de Birmanie et des îles de la Sonde. Ces couches de l’Oligocène supérieur sont en transgression sur les sédiments antérieurs. L'Éocène moyen (Lutétien, Bartonien) est également trangressif. Ces deux transgressions ont un grand caractère de généralité sur les bords de l'Océan Indien. dans des régions qui se compor- tent comme des géosynclinaux; ainsi se confirme dans l’hémis- phère sud, la théorie émise par M. Haug, qui, en ce qui concerne le Tertiaire, s’appuyait principalement sur des faits relevés dans l'hémisphère nord. M. de Lapparent présente, au nom de MM. Jean Brunhes, Ber- nard Brunhes et L. Gobet, deux brochures relatives, l’une à l'influence exercée par les tourbillons dans la déviation orientale des rivières de notre hémisphère, l’autre à l’exposé des faits con- statés au cours de l’excursion dirigée par M. Penck, à travers les formations glaciaires des Alpes orientales. M. de Lapparent fait hommage d’un exemplaire de sa lecture sur € la science et le paysage » à la séance annuelle des cinq aca- démies. Il offre également un exemplaire de sa note à l’Académie des Sciences sur les anomalies de la gravité, et ajoute quelques détails sur l’appui que donnent les observations faites dans la Mer Rouge à la thèse qui rattache les anomalies de la pesanteur aux dislocations de l’écorce terrestre, SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1904 | 171 M. Francis Laur fait une communication sur les bauxites, et en particulier sur la bauxite du Var et du bassin de Brignoles et fait passer sous les yeux de ses confrères un certain nombre de coupes géologiques et de photographies. M. Francis Laur établit que dans toutes ces coupes, la bauxite occupe régulièrement la position géologique de l'Aptien qu'elle remplace intégralement. Cette remarque peut être d’une certaine importance pour la recherche de la bauxite, d'autant plus que le toit de ces gisements est constant. Cette identité dans la formation bauxitifère se poursuit sur soixante kilomètres dans le Var et dans d’autres départements. La bauxite serait donc crétacéo- jurassique. M. G. Dollfus rappelle que notre confrère M. Collot a étudié avec grand soin l’âge de la bauxite (B. S. G. F., [3], XV, p. 337, 1887) et que sa conclusion est qu'elle occupe dans le sud-ouest de la France le niveau de l’Aptien. Elle peut du reste occuper bien d'autres niveaux, les vues actuelles la considèrent comme un pro- duit d’altération sur place des calcaires ; elle joue dans le midi le rôle de l'argile à silex dans le bassin de Paris, de l'argile à chailles et du Sidérolithique dans le bassin de la Loire ; les divers faciès de la bauxite correspondent à la composition résiduelle des divers calcaires sur lesquels elle repose. M. Thevenin, dans sa récente thèse, indique la mème origine pour les dépôts à phosphorite du Quercy avec intervention de matière organique animale. Parfois ces dépôts chimiques sont remaniés et mêélés avec des sables et des cailloux, il s'opère alors un classement qui en modifie les carac- tères tout en maintenant la nature continentale du dépôt. Il n'existe aucune preuve d’origine interne pour toutes ces formations. M. Toucas cite également l'opinion de M. Collot (B. S. G. F., [3], XV, p. 33r, 1887). «Toutes les bauxites lui paraissent contem- poraines. L'examen de très nombreux gisements l’ont conduit à admettre que leur âge uniforme était compris entre l'Urgonien et le Cénomanien, soit dans l’espace qui comprend l’Aptien et le Gault. Partout où elles sont en rapport avec des couches d'âge plus ancien ou plus récent, elles sont indépendantes de ces couches et sont séparées de leur toit aussi bien que de leur mur par des lacunes stratigraphiques plus ou moins importantes ». La même année (B. S. G. F., p. 650), M. Marcel Bertrand a fait remarquer que, dans le bassin du Beausset, partout où l’Aptien fait défaut, on rencontre une couche de bauxite entre l’'Urgonien et le Cénomanien, notamment dans la jrégion nord-est, aux envi- 172. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1904 rons de La Baralière et de Turben, où M. Toucas avait signalé lui- même cette lacune de l’Aptien, alors que cet étage est si bien représenté sur tous les autres points du bassin. Le fait a été con- firmé lors de la Réunion extraordinaire de la Société en 1891. M. de Lapparent rappelle que les auteurs allemands ont signalé, au Wurtemberg, des gisements d’une bauxite miocène. De même, M. Bauer à publié, sur la formation actuelle de la bauxite aux Seychelles, un mémoire important, où il établit que la formation de l'hydrate d’alumine paraît être un mode d’altération des roches cristallophylliennes ou granitiques, essentiellement propre aux régions tropicales. | M. Paul Lemoine, à l'appui de ce que vient de dire M. de Lappa- rent, rappelle que M. Holland a établi que, dans l'Inde, la latérite ne se forme qu’au-dessous d’une altitude donnée et a confirmé ainsi les idées de M. Bauer. M. M. Boule fait une communication Sur de nouveaux fossiles de la côte orientale de Madagascar. Je viens de recevoir de M. le D' Lacaze, administrateur du Betsileo, par l'intermédiaire de notre confrère M. Émile Gautier, de nouveaux fossiles secondaires de la côte orientale de Mada- gascar. Ils ont été recueillis en place, dans un banc calcaire, à un endroit où l’on avait installé un four à chaux qui a fait faillite. Le gisement, m’écrit M. Gautier, se trouve sur le bord occidental du lac côtier de Ranobe, à 20 kilomètres environ du sud du Mananjary et à ro kilomètres dans l’intérieur des terres, non loin du village de Marohita. La plupart de ces fossiles sont des moules internes de Gastro- podes et de Lamellibranches. Ils ne sauraient être déterminés avec sécurité. Mais le petit lot comprenait aussi un Oursin admi- rablement conservé. Après l'avoir nettoyé avec soin, je l’ai commu- niqué à M. Lambert qui a reconnu une espèce probablement inédite du genre Noetlingia, dont les seules formes connues sont du Crétacé supérieur du Balouchistan et du Sahara. L’échantillon de Madagascar permettra à M. Lambert de compléter la diagnose du genre; car on ne connaissait pas encore la face inférieure des Oursins qui le composent. La découverte que je signale aujourd’hui à la Société géologique vient confirmer celle que j'ai publiée, il y a quelques années, sur la localité de Fanivelona, située à 100 kilomètres environ au nord SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1904 173 du lac de Ranobe et qui avait, il faut bien le dire, rencontré quel- ques sceptiques. Elle me permet d'affirmer de nouveau, contrairement à ce qu'on croyait, que Madagascar était déjà une île pendant le Crétacé supé- rieur. S'il a vraiment existé, le continent indo-malgache devait se réduire, à cette époque, à une longue péninsule indienne ou à une suite d'îles. J’ajouterai que la roche renfermant ces fossiles est un véritable grès fin à ciment calcaire. Elle a donc un cachet fortement détri- tique. C’ést le cas de toutes les roches secondaires et d'origine sédimentaire que j'ai pu examiner de Madagascar. Pour cette rai- son, je ne crois pas que l’île tout entière ait été ensevelie sous les flots des mers mésozoïques. Je pense que la masse cristalline cen- trale de l’île a été de bonne heure émergée définitivement. M. Ch. Barrois signale la découverte, faite par M. Escot, d'un nouveau gisement de Graptolites, dans la Montagne Noire, à Saint- Nazaire de Ladarez. Les échantillons, qui lui ont été communiqués, appartiennent au genre Phyllograptus, et à une seule espèce, qui lui paraît identique au Phyllograptus angustifolius (Hall) de la Pointe-Lévis au Canada. La présence de cette espèce en France présente un intérêt particulier, en raison de la place précise qu’elle occupe dans la série scandinave : elle y est limitée au sommet de l'étage 30 de M. Brôgger et serait par analogie immédiatement supérieure à l'étage des Schistes de Boutoury à Tetragraptus, Didymograptus, Holograptus, où M. Escot avait déjà recueilli diverses formes de la base de l’étage 30 de Norwège. Au dessus des schistes à Phyllograpius de Saint-Nazaire, on trouve des schistes à Trilobites, où à côté des Symphysurus, Megalaspides, Asaphellus, pps ie comme dans l'étage 3c de Norwège, des précurseurs : Trinucleus, Dalmanites, Ampyx>, Dionide, Acidaspis et des Syÿnhomalonotus voisins de $. Tristani et de $S. Arago de Bretagne. {ls appartiennent à une faune de pas- sage nouvelle, intermédiaire entre celle à EZuloma-Niobe et celle d'Angers, et sur laquelle M. Bergeron a déjà appelé l'attention de la Société. 174 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1904 SUR LES BIRADIOLITIDÉS PRIMITIFS par M. H. DOUVILLÉ. M. H. Douvillé a étudié les Piradiolitidés primitifs, caractérisés par la présence de deux bandes cannelées ; son étude a été facilitée par les nombreux échantillons qui lui ont été communiqués à diverses reprises par MM. Arnaud, Blayac, Choffat, le commandant Flick, Fourtau, le colonel Jullien, Peron, Pervinquière, Welsch. On peut distinguer dans ce groupe les espèces suivantes : A. Genre SAUVAGESIA, présentant une arête ligamentaire. 1° S. texana Rœmer, du Vraconnien du Texas, orné de 12 très grosses côtes ; la position des bandes estun peu incertaine, elles paraissent occuper dans la région postéro-ventrale deux inter- valles de côtes un peu arrondis et séparés par un intervalle anguleux. 2° S. Nicaisei Coquand : nombreuses côtes assez grosses et cos- tulées ; bandes cannelées larges et souvent concaves séparées par une interbande déprimée, anguleuse et souvent costulée. Cénoma- nien inférieur et moyen d'Algérie, de Tunisie et des Charentes (race Villei, dans les couches inférieures à Ichthyosarcolithes). Le Spherulites Schweinfurthi Zitiel paraît être une variété de celte espèce. 3 S. Sharpei Bayle : ornementation formée de côtes fines et peu différentes des cannelures des bandes ; interbande à peu près plane et costulée comme le reste de la surface de la coquille. Céno- manien supérieur de la région pyrénéenne, de la Provence et de l'Algérie (?) ; cette espèce continue à vivre en Portugal pendant le Turonien inférieur. B. Genre BIRADIOLITES : l’arête ligamentaire disparaît. 4° Bir. Mortoni Mantell, dérive de S. Micaisei par la dispari- tion de l’arête ligamentaire, se rencontre dans le Cénomanien supérieur en Algérie avec Ammonites cf. Mantelli et Turrilites costatus, dans les Charentes (couche supérieure à Ichthyosarco- lithes) et dans le bassin de Paris où son niveau principal est un peu plus haut dans la zone à Belemnites plenus ; l’interbande est concape. 5° Bir. Arnaudi Choffat, dans le Turonien inférieur du Portugal où il dérive de S. Sharpei; il présente dans l’interbande une très SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1904 179 grosse côte anguleuse et saillante, ordinairement costulée; per- siste en France dans le Turonien supérieur. G Bir. cornupastoris Desm., apparaît dans le Turonien supé- rieur comme une transformation de l'espèce précédente ; il est caractérisé par plusieurs côtes saillantes subégales dans l'inter- bande. Provence, Charentes, Saumur, Algérie, Egypte. 7° Bir.runaensis Choffat, du Turonien supérieur du Portugal, considéré par M. Choffat comme une simple variété du n° 5, mais se distinguant par l’atténuation ou même la disparition des canne- lures des bandes ; analogie signalée avec le Bir. angulosus ; c’est la souche des Biradiolites à bandes lisses. 8 Une forme analogue mais à surface ornée de grosses côtes anguleuses a été trouvée en Algérie (Tissot), et en Tunisie ; la bande S présente souvent quelques cannelures, tandis que la bande E est lisse. Une espèce voisine a été décrite en Egypte par M. Dacqué comme Radiolites ga’ensis. Son analogie avec l'espèce précédente doit la faire attribuer au Turonien moyen ou supérieur. g° Toutes ces espèces s’enchaînent d’une manière évidente et leurs transformations se suivent très facilement. Aussi n'est-ce pas sans étonnement que l'on voit reparaître dans le Sénonien une forme qu'il paraît souvent impossible de distinguer du Bir. Mor- toni; c'est le Bir. austinensis du Texas qui se retrouve en Angle- terre, en Algérie, en Tunisie, à Gosau, en Perse. Certains échan- tillons (Dra Halloufa) reproduisent même l’ornementation si particulière du $. texana ; on pourrait croire que nous assistons à une nouvelle invasion de la forme américaine primitive qui aurait continué à vivre dans son pays d’origine sans modification notable et en perdant seulement son arête ligamentaire. Séance du 7 Mars 1904 PRÉSIDENCE DE M. P. TERMIER, PRÉSIDENT M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. £ Le président prend la parole en ces termes : « Messieurs et chers confrères, «J'ai un bien pénible devoir à remplir, celui de vous annoncer la mort soudaine de notre éminent confrère et maître, M. Fouqué, membre de l’Institut, professeur au Collège de France. Il est passé brusquement, ce matin, du sommeil à la mort. Rien ne faisait pré- voir cette fin subite. Il paraissait être en bonne santé. Vous savez tous quelle vigueur intellectuelle et quelle verdeur physique il avait gardées sous ses soixante-quinze ans. Samedi dernier, avant- hier, il avait fait son cours au Collège de France, avec le même entrain que d'habitude. Hier soir encore, dans son salon, il causait pétrographie avec son gendre, M. Lacroix, et sa conversation ne dénotait aucune fatigue. « Au nom de la Société géologique de France, dont M. Fouqué était membre à vie depuis 1865, j'exprime à la famille de ce bon “maître, et particulièrement à M. Lacroix, notre profonde émotion et notre respectueuse sympathie. « Cette mort ouvre un grand vide, Messieurs, et c’est, pour la science, une perte cruelle que la disparition d'un tel homme. L'œuvre de M. Fouqué est considérable. Il faudra qu'elle nous soit rappelée dans notre séance annuelle de 1905, et qu’une notice nécrologique assure pour toujours, dans notre Bulletin, la survie de l’un des créateurs de la Minéralogie micrographique et du premier chef de l’École française de pétrographie. Nous demande- rons au plusillustre élève de M. Fouqué, à celui qui a silongtemps collaboré avec lui, et qui est devenu, après lui, le maître incon- testé des pétrographes français, à M. Michel-Lévy, de vouloir bien remplir ce pieux devoir : et nous ne doutons point qu'il ne défère au désirunanime de tous les membres de la Société géologique. « Les premières études de M. Fouqué ont eu pour objet le volca- nisme et les tremblements de terre. Sa mission scientifique à SÉANCE DU 7 MARS 1904 177 Santorin, en 1866, le rend immédiatement célèbre. Le beau mémoire qu'il publie, douze ans plus tard, sur les résultats de cette mission, devient classique, aussitôt qu'il est paru. Maïs tout en étudiant l’Etna, les anciens volcans de la Grèce, ou Santorin, le jeune professeur se préoccupe de donner à la connaissance minéralogique et chimique des roches volcaniques une base solide, et à la science nouvelle qui vient, sous le nom de pétrographie, de prendre essor, une méthode précise. En 1859, avec la collaboration de M. Michel-Lévy, il publie cette « Minéralogie micrographique » qui a été, pour toute une génération de pétrographes, le catéchisme doctrinal et le livre de chevet. Et vous savez sans doute que, si l'on a été plus avant, en suivant d’ailleurs la voie tracée par les deux illustres auteurs de la «Minéralogie micrographique », on n’a pas fait mieux, et que nombre de pages de ce livre resteront toujours vraies et toujours jeunes. « En même temps qu'il faisait ainsi, de l’ancienne lithologie, si vague et si incertaine, une science exacte et positive, M. Fouqué appliquait la nouvelle méthode à l'étude des roches éruptives et des roches cristallophylliennes du Massif central de la France. Il nous faisait connaître, en publiant une série de feuilles de la Carte géologique détaillée, la véritable nature et l’ordre de succession des éruptions volcaniques du Cantal, et, sous les anciens volcans tertiaires, l'allure des gneiss et des micaschistes. «Mais l’œuvre principale de M. Fouqué, celle qu'il a chérie parti- culièrement, et à laquelle il a consacré le plus de temps et d'effort, c’est la détermination des propriétés optiques des feldspaths pla- gioclases. Le problème, à peine attaqué par Des Cloizeaux, était hérissé de diflicultés : et il y fallait une patience extraordinaire, en même temps qu'une connaissance profonde de la Minéralogie et de la Chimie. M. Fouqué y a travaillé pendant douze ans. En 1894, le problème était résolu, et, depuis lors, toutes les études, si nom- breuses, qui ont été publiées sur la diagnose des feldspaths dans les plaques minces, se sont appuyées sur les données de M. Fouqué, et ont montré, directement ou indirectement, la parfaite exactitude de ses déterminations. « Depuis longtemps, M. Fouqué ne venait plus à nos séances, parce qu'il craignait de sortir le soir. Est-ce par cette même raison qu'il a repoussé, plusieurs fois, les avances de nos confrères qui désiraient, pour l'honneur de la Société géologique, le voir arriver à la présidence ? N'est-ce pas plutôt par une exagération de cette modestie qui était l’un des traits les plus marqués, et l'un des plus 16 Sept. 1904. — T. IV. Bull Soc Géol Fr. 712 178 SÉANCE DU 7 MARS 1904 attachants, de son caractère ? En tout cas, s’il ne nous a jamais présidés, et si sa présence même manquait à nos séances, il était de ceux que l’on n'oublie point, et dont l'influence est toujours présente et toujours vivante. Et maintenant qu'il est mort, cette influence survivra. Nous tous qui l’avons connu et admiré, nous garderons pieusement sa mémoire, comme celle du savant le plus consciencieux, le plus scrupuleux, le plus jaloux de la précision de sa science et de la perfection de son travail, qui fut jamais; comme celle, aussi, d’un véritable homme de bien, doux, modeste, simple, ennemi du bruit et des honneurs, adoré de ses proches et de ses élèves ; comme celle, enfin, d’un chef d'école justement apprécié dans le monde entier, et de l’un des hommes qui ont le plus contribué au bon renom des géologues et des minéralogistes français ». M. John A. Rockwell écrit à la Société pour annoncer la mort de son frère le Général Alfred Perkins Rockwell, décédé à New- Haven, le 24 décembre dernier. Le Général Rockwell était membre à vie de la Société depuis 1859. Une notice retraçant la vie seien- üfique et la vie militaire de notre confrère est déposée sur le bureau; elle est rédigée par son ami le Colonel T. L. Livermoor. Le Président annonce la nomination de M. Émile Haug à la chaire de géologie de la Faculté des Sciences de l’Université de Paris, et se fait l’interprète des sentiments des membres de la Société pour le féliciter. Le Président proclame membres de la Société : MM. Francisco Eugenio de Moscoso, docteur en médecine, professeur d'Histoire naturelle à | « Instituto de senñoritas » de San Pedro de Macoris, République Dominicaine, présenté par MM. L. Gentil et L. Mémin. À. Lauby, licencié ès-sciences, à Clermont-Ferrand, présenté par MM. Marcellin Boule et Ph. Glangeaud. Le baron Franz Nopcsa, à Hâtszeg Szacsal, Hongrie, présenté par MM. Albert Gaudry et Marcellin Boule. Mademoiselle Véra de Dervies, géologue, à Genève, présentée par MM. L. Duparc et L. Gentil. Un nouveau membre est présenté. M. Stanislas Meunier offre la deuxième édition, revue et entière- ment remaniée de sa € Géologie expérimentale ‘ ». 1. 1 Vol. 8°, 322 p., 06 fige., Félix Alcan, Paris, 1904. SÉANCE DU 7 MARS 1904 179 M. Haug dépose sur le bureau : 1° le n° 54 de la Revue générale des sciences du 30 décembre 1903, renfermant un article dont il est l’auteur, intitulé : « Les grands charriages de l’'Embrunais et de l’'Ubaye », 2° une Notice sur ses travaux scientifiques. M. Termier fait don à la bibliothèque du travail qu'il vient de publier dans les Mémoires de la Carte Géologique de la France : « Les Montagnes entre Briançon et Vallouise, Terrains cristallins de l'Eychauda, massif de Pierre-Eyrautz, etc. » ‘. M. Marcellin Boule présente, de la part de M.Eastman,d'Harward College (États-Unis), le manuscrit d'un mémoire intitulé : « Les types de Poissons fossiles du Monte-Bolca conservés au Muséum d'Histoire naturelle ». La célèbre collection de Poissons du Monte-Bolca, comprenant plus de 400 spécimens, fut constituée au XVIII: siècle par le comte Gazzola de Vérone. Décrite à cette même époque par Volta, elle fut rapportée en France par Bonaparte premier Consul. Plus tard elle a servi aux études d'Agassiz. Enfin, M. Eastman vient de l’examiner de nouveau au Laboratoire de Paléontologie du Muséum ; dans le travail qu'il présente aujourd’hui à la Société il décrit et figure un certain nombre d'échantillons qui avaient été simplementnommés par Agassiz. Il a découvert quelques espèces nouvelles dont il donne également la description. Enfin ila dressé le catalogue de tous les types en donnant la synonymie de chacun dieux. 1. x vol. 4°, 188 p., 25 fig. XIII, planches, 1 carte en couleur au 50.000° et 19 coupes. Imprimerie Nationale, Paris, 1903. 2. Ce mémoire sera publié dans le tome XIII des Mémoires de la Société géologique de France « Paléontologie » (190b). ! NOTE SUR LES NAPPES DE RECOUVREMENT DU VERSANT MÉRIDIONAL DE LA MONTAGNE NOIRE ET DES CÉVENNES AUX ENVIRONS DU VIGAN par M. J. BERGERON. A la simple vue d’une carte géologique de la Montagne Noire, on est frappé de la facon dont les terrains primaires y sont distri- bués. La région axiale est constituée uniquement par le Cambrien, en grande partie métamorphique', et traversé par des roches éruptives appartenant surtout aux types granulitique et diabasique. Les étages géorgien, acadien et potsdamien y forment des bandes correspondant alternativement à des anticlinaux et à des syncli- naux ; elles sont parallèles entre elles et orientées suivant une direction N.E.-S.O. C’est sur les deux versants de ce massif que se voient les termes plus récents de la série primaire, formant également des bandes sensiblement parallèles entre elles et aux précédentes, et corres- pondant encore à des plis anticlinaux et synclinaux. Mais au point de vue de leur constitution géologique, ces deux versants diile- rent sensiblement l’un de l’autre : sur celui du nord, c’est le Cam- brien et l'Ordovicien, auquel le Gothlandien peut être associé, qui entrent seuls dans la formation des bandes ; sur celui du sud, tous les terrains primaires, depuis le Cambrien jusqu’au Carbonifère inférieur sont représentés par tous leurs étages et même toutes leurs zones. Mais ils ne se succèdent pas dans leur ordre de dépôt, et forment trois groupes que, conformément à ce que j ai fait dans une communication précédente *, je désignerai sous le nom de bandes pour tenir compte de leur allure le long du massif axial de la Montagne Noire. Ces bandes occupent des surfaces très inégales en étendue ; elles sont disposées en retrait les unes par rapport aux autres. Vers le nord elles sont limitées par le massif axial cambrien, tandis que, vers le sud et vers l’est, elles disparaissent sous les sédiments secondaires et tertiaires. 1. J, BERGERON. B. S. G. F. (3), XXVII, p. Grs. 2. CR. Ac. Sc., CXXX VIII, p. 394. J. BERGERON 181 La bande la plus occidentale s'étend depuis Villeneuve-Miner- vois (Aude) jusqu'au hameau de Saint-André (Hérault), en passant par Caunes (Aude). Du point où elle sort de dessous le Tertiaire au sud, jusqu'à Notre-Dame-du-Cros à l’est de Caunes, elle suit une direction nord-est ; puis elle se redresse peu à peu et finit par prendre la direction nord-sud. Elle présente une longueur appa- rente de quatorze kilomètres. Cette première bande s'appuie contre un anticlinal très redressé de calcaires géorgiens. Elle débute par des schistes ordoviciens ayant une épaisseur relativement faible et qui varie peu. Ces schistes, quand ils renferment des fossiles, présentent la faune de l'étage de Trémadoc; mais il semble bien qu'ils appartiennent aussi à d’autres niveaux ordoviciens. Quant aux horizons gréseux, ils font défaut. Tous ces schistes sont froissés, avec des traces d’étirement. Ils sont fortement redressés avec plongement vers le sud, et ils semblent plaqués contre le Cambrien. Sur les schistes ordoviciens reposent des calcaires non fossi- lifères, qui, par leurs colorations, rappellent ceux du Dévonien inférieur et moyen de Cabrières ; d’ailleurs ils passent à d’autres calcaires qui appartiennent sûrement au Dévonien supérieur. Ces derniers sont compacts, subcristallins, colorés de teintes vives et sont exploités en plusieurs points comme marbres d'ornements : incarnat, campan, griotte rouge, etc. Cette dernière variété a fourni de nombreux exemplaires de Goniatites, de Clyménies et d'Orthocères caractéristiques du Famennien. Parfois, ces marbres, de couleurs généralement dans les tons rouges, sont recouverts par des calcaires gris avec parties schisteuses ; ces derniers ren- ferment de grands Orthocères, et de rares Céphalopodes enroulés, tous d’ailleurs mal conservés; c’est l'équivalent du niveau à Cypridines du Hartz. Ils terminent la série dévonienne ‘. Immédiatement contre les calcaires du Dévonien supérieur s'appuient des schistes ordoviciens semblables, comme composition et comme allure, à ceux qui constituaient la base de la première bande ; ils forment également la base de la deuxième bande et, renferment aussi, par places, les fossiles caractéristiques de l'étage de Trémadoc. Lorsqu'ils ont été creusés à une profondeur suflisante par les eaux des ruisseaux, on voit apparaître sur les berges, en dessous d’eux, des schistes qui appartiennent au Car- bonifère inférieur (Tournaisien supérieur). Ces schistes ont une teinte gris-noirâtre ; ils renferment de nombreuses paillettes de 1. J. BERGERON. PB. S. G. F. (3), XXVIL, p. 654. 182 J. BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 7 Mars mica ; ils sont secs, cassants, fibreux ; c’est le type des schistes carbonifères si développés dans la région de Faugères et de Cabrières et qui ont été désignés par M. de Rouville sous le nom de schistes xyloïdes. Ils font suite immédiatement aux calcaires du Dévonien supérieur de la première bande; réguliè- rement, entre les calcaires et ces schistes, devraient se rencontrer les lydiennes et adinoles du Tournaisien inférieur ; mais cet hori- zon semble faire défaut dans la première bande, très vraisembla- blement par suite d’un refoulement des schistes par-dessus les lydiennes. En quelques points, par suite d’érosions, les schistes carbonifères affleurent dans les champs, au milieu des schistes ordoviciens de la base de la deuxième bande : tel est le cas, près des mines de manganèse, situées à l’ouest de Caunes. Il en est de même des calcaires viséens qui se montrent dans le lit du ruis- seau du Féos. À partir de Notre-Dame-du-Cros les calcaires dévoniens aug- mentent de largeur ; ils empiètent vers le nord sur les schistes ordoviciens qu'ils finissent par recouvrir et même par déborder de manière à venir reposer sur les calcaires géorgiens du massif axial. À mesure que la première bande se redresse vers le nord, elle diminue de largeur. Finalement elle disparaît après avoir pris la direction nord-sud en se coinçant entre le massif axial et la base ordovicienne de la seconde nappe, au niveau du hameau de Saint-André. Avant de disparaître, elle s’interrompt sur quel- ques centaines de mètres au niveau d'un col situé entre les hameaux d’'Abeuradou et d’Argentières ; cette interruption semble être due à une érosion. | Grâce à cette érosion, il est possible de se rendre compte de la structure de la première bande au niveau de ce col. Les schistes ordoviciens de la base qui avaient disparu sous les calcaires dévo- niens sont de nouveau visibles ; ils viennent buter avec ces derniers contre un anticlinal de calcaire géorgien faisant partie du massif axial. Les calcaires dévoniens diminuent d'épaisseur en profon- deur, tandis que la puissance des schistes augmente (fig. x). Il en résulte que le Dévonien n’a pas de racine, qu'il constitue une sorte de noyau enrobé pour ainsi dire entre les schistes ordoviciens des deux bandes. IL n’est pas possible d'interpréter cette allure par l'existence d’un pli synclinal couché, par suite duquel les schistes siluriens reviendraient sur le Dévonien : il n’y a pas de double- ment de la série dévonienne, mais superposition de deux séries ; les schistes supérieurs reposent directement sur le dernier terme de la série dévonienne qui est parfaitement régulière. Par contre, DU VERSANT MÉRIDIONAL DE LA MONTAGNE NOIRE 183 1904 cette allure est connue dans les nappes de recouvrement, dont une partie, par suite d’une déchirure, peut s’isoler et être recouverte ensuite par le reste de la même nappe. D’autres caractères des nappes se retrouvent ici : c’est l'allure froissée des schistes de base, et la disparition, par lami- nage dû au mouvement de pro- gression, d’un certain nombre d'horizons, dans le Silurien. Dans ces conditions, la pre- mière bande ne serait pas autre chose qu'une première nappe de recouvrement et l’on pour- rait expliquer de la manière suivante les faits que j'ai signa- lés précédemment. Les schistes Fig. 1. Coupe passant par le col situé entre les hameaux d’Abeuradou et d’Argentières. 1, Calcaires géorgiens; 2, Schistes ordoviciens; 3, Dévonien inférieur et moyen; 4, Dévonien supérieur; I, Première nappe; Il, Deuxième nappe. ordoviciens de la base ont servi de matière lubréfiante à la nappe; de plus ils l’ont accompagnée dans son mouvement de progression ; les calcaires supérieurs constituent une masse homo- gène qui s’est avancée en bloc contre le massif cambrien axial. Généralement, les schistes et les calcaires sont restés associés ; mais parfois la masse calcaire s’est avancée plus loin, jusque sur le Géorgien, sous l’action de la poussée qui venait du sud-est. Les lydiennes, les schistes et les calcaires carbonifères ont dû accom- pagner le Dévonien ; mais ils ont pu être rabotés, enlevés en tota- lité ou en partie ou même recouverts par la seconde bande qui n'est en réalité qu'une seconde nappe, lors de son refoulement vers la montagne. Je rapporte encore à cette première nappe, un lambeau de ter- rains paléozoïques fossilifères formant une bande orientée N.E.- S.O. qui s'étend sur une longueur de neuf kilomètres environ, entre Saint-Pons au nord et le col des Usclats au sud. Sa consti- tution géologique est identique à celle de la bande de Caunes que je viens de décrire. Contre le Cambrien du massif axial s’appli- quent des schistes ordoviciens également peu épais, très plissés, très froissés ; ils sont recouverts par les mêmes calcaires sans fossiles du Dévonien inférieur et moyen sur lesquels reposent des marbres aux couleurs vives qui appartiennent au Dévonien supé- rieur. Ce dernier n'est bien développé qu'entre les vallées du ruis- seau de Sales et du ruisseau de Fonclare. Le Dévonien d’ailleurs disparaît vers le sud, sous une bande de schistes ordoviciens très 18/4 J. BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 7 Mars froissés qui représentent la base de la deuxième nappe. Le Car- bonifère m'a paru faire défaut. Toute cette série est redressée et plonge fortement vers le sud. : Vers l’est, au niveau de la vallée du ruisseau de Fonclare, les schistes ordoviciens inférieurs aux calcaires dévoniens vont rejoindre les schistes ordoviciens qui les bordent vers le sud et qui leur sont supérieurs (base de la deuxième nappe). Vers le sud- ouest, du côté du col des Usclats, il en est de même; de plus, la largeur de la bande diminue progressivement à mesure que l’on se rapproche du col. Ce lambeau de Saint-Pons est distant de celui de Caunes de près de dix kilomètres ; de plus, ils ne sont pas dans le prolonge- ment direct l’un de l’autre ; ils sont séparés par un massif cam- brien, en partie métamorphisé, et affecté de plis qui ne se raccor- dent pas avec ceux des lambeaux en question. En prolongeant ces derniers par la pensée, il semble que celui de Saint-Pons passerait au nord de celui de Caunes. Cependant je crois devoir les réunir pour les raisons suivantes : J’ai signalé plus haut le changement d’allure de la première bande à partir de Notre-Dame-du-Cros : elle se redresse vers le nord et prend finalement une direction sensiblement nord-sud avant de disparaître entre le massif axial et la seconde nappe. Les assises qui constituent cette dernière présentent, elles aussi, ce changement d'allure ; une partie des plis qui les affectent dans la région située au sud-ouest et à l’ouest de Cassagnolles, s’orientent également suivant la direction nord-sud. Il semble qu'à l'époque où le charriage s’est produit, le massif axial de la Montagne Noire présentait sur son bord méridional une structure en redan. Les nappes refoulées contre ce massif en épousaient approximative- ment les contours. Après avoir suivi le bord orienté S.O.-N.E., elles se redressaient vers le nord en suivant approximativement une direction sud-nord, puis reprenaient la direction S.O.-N.E. C’est ainsi que la première nappe se serait trouvée reportée plus au nord dans sa partie orientale. Quant au massif cambrien qui sépare les lambeaux de Caunes et de Saint-Pons, il est vraisem- blable qu'il est formé par des assises cambriennes de la seconde nappe refoulées sur le massif cambrien axial et elles paraîtraient faire corps avec lui. Dans ce cas, le métamorphisme dont elles sont atteintes (on y observe des schistes à séricite et des schistes mâclifères) serait postérieur au charriage. Je dirai plus loin (p. 194) comment la chose est possible. La deuxième bande, ou plutôt la deuxième nappe puisque nous 1904 DU VERSANT MÉRIDIONAL DE LA MONTAGNE NOIRE 185 avons vu que sa base repose sur le Carbonifère de la première nappe, sort de dessous le Tertiaire, un peu à l’ouest de Caunes au niveau des mines de manganèse. C’est elle qui, des trois bandes, occupe la plus grande surface. Elle s'étend vers le nord-est jusque dans les environs de Cabrières sur une longueur approximative de quatre-vingts kilomètres ; maïs à partir de Laurens, elle est recouverte en grande partie par la troisième bande ou troisième nappe. On peut y distinguer deux régions d’après la constitution géologique, comme d’après l'allure des couches. Elles sont situées respectivement de chaque côté d’une ligne fictive orientée nord- sud et passant par Tarassac et Pierrerue, suivant l'orientation générale de la vallée de l'Orb. La région occidentale est constituée presque exclusivement par le Cambrien, qu'accompagne parfois l'Ordovicien, tandis que dans la région orientale tous les terrains primaires à partir de l’'Ordo- vicien ont été reconnus. C’est dans la première de ces régions que les schistes ordovi- ciens du substratum de la seconde nappe forment bordure méri- dionale aux lambeaux de la première nappe. Du côté de Caunes, ils affleurent sur une faible largeur et dépassent un peu vers le nord le lambeau de la première nappe, Par places, notamment au voisinage de Notre-Dame-du-Cros, on y rencontre des fossiles de ‘étage de Trémadoc, comme dans les schistes du substratum de la première nappe. Ces schistes diminuent rapidement de puis- sance vers le nord et finalement ils disparaissent entre deux massifs cambriens qui paraissent n’en faire qu'un, comme je l'ai dit plus haut. Mais au niveau du lambeau de Saint-Pons les schistes ordoviciens réapparaissent sous le Cambrien de la deuxième nappe et forment de nouveau bordure méridionale à la première; il se prolongent vers l’est jusqu'au niveau de Riols. À partir de ce point on ne peut plus les retrouver et, par suite, la base de la seconde écaille disparaît. Les assises cam- briennes de la seconde nappe et du massif axial ne peuvent plus se distinguer dans la vallée du Jaur et plus à l’est dans celle de l'Orb. Je serais très porté à admettre cependant que la limite septentrionale de la deuxième nappe, c’est-à-dire sa ligne de contact avec le massif axial, correspond à la dépression qu'occupe le thalweg de ces deux cours d’eau, car elle a dû constituer une région plus facilement attaquable aux érosions. A partir du Poujol, dans la vallée de l'Orb, jusqu'à Villeneuvette, limite extrême des terrains paléozoïques vers l’est, rien ne permet plus de soupconner par où passe le bord de la nappe. Peut-être cepen- 180 J. BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 7 Mars dant la faille qui met en contact le Secondaire avec le Primaire dans la région de Bédarieux et qui se trouve dans le prolonge- ment du Jaur et de l’'Orb correspond-elle à cette limite ? IL est impossible de rien affirmer à cet égard. Au point de vue de l'allure, toute la partie occidentale de la deuxième nappe est affectée de nombreux plis. Les anticlinaux se reconnaissent aux calcaires géorgiens qui apparaissent grâce aux érosions des schistes potsdamiens et acadiens. Ces derniers forment parfois auréole autour des calcaires ; parfois, vu leur peu d'épaisseur, ils ont été laminés entre les calcaires géorgiens et les schistes potsdamiens et ont disparu. Tous les plis d’ailleurs ont été renversés vers le nord et par suite toutes les couches sem- blent être en superposition avec un plongement sud ainsi que je l’ai signalé depuis longtemps. Suivant les points, ces plis ont un aspect différent. Sur le bord de la dépression occupée par le Tertiaire et par le Secondaire, les couches sont parfois redressées jusqu'à la verticale et même pré- sentent un déversement vers le sud ; de telle sorte que l’allure du Cambrien au voisinage de la plaine de l'Aude est celle d’un éven- tail’. Parfois l'allure est plus compliquée en ce que les couches redressées sont affectées elles-mêmes de plis en chevrons. En remontant vers le nord, l'allure devient plus régulière, les plis ont plus de tendance à être isoclinaux. Tous ces plis sont d’ailleurs très serrés les uns contre les autres et leurs charnières ont dû atteindre de grandes altitudes à en juger par celles des crêtes actuelles. Dans les synclinaux se trouvent parfois des schistes qui d’après leur faune appartiennent à l’étage de Tremadoc. Quoiqu'ils paraïis- sent former des îlots au milieu du Cambrien, comme pourraient faire des lambeaux d’une nappe, ils se relient si bien aux schistes potsdamiens qui les entourent, qu'il est naturel de les rapporter à la même nappe qu'eux. L'Ordovicien prend un très grand développement sur le bord méridional de la nappe, à partir du hameau de Saint-Jean au sud- ouest de Saint-Chinian. Il forme une bande qui borde pour ainsi dire la partie occidentale de la deuxième nappe et qui remonte vers le nord jusqu'à la vallée du Jaur ; l'Orb s’y est creusé en grande partie son cours depuis Tarassac jusque près de Cessenon. Le plongement général des couches se fait d’abord vers le sud- est, puis progressivement vers le nord-ouest, 1. J. BERGERON. B. S. G. F., (G), XX VII, p. 683. Pour ce qui concerne cette structure en éventail, voir plus loin : p. 188. 1904 DU VERSANT MÉRIDIONAL DE LA MONTAGNE NOIRE 187 Dans les parties hautes de cette bande, non loin des régions où apparaît le Cambrien, il y a des lambeaux de calcaire dévonien qui sont pris dans des synclinaux de schistes ordoviciens. Ces lambeaux jalonnent en réalité un grand synelinal orienté nord-sud dont les éléments sont renversés vers l'est, avec un plongement vers l’ouest. Cette bande ordovicienne disparaît vers l’est, sous des assises paléozoïques moins anciennes et alors commence la région orien- tale de la seconde nappe. Dans cette région orientale les couches sont affectées de trois plis principaux, orientés N. E.-S. O. En allant du sud vers le nord, c’est d’abord un anticlinal long de 7 kilomètres, dont le versant septentrional passe par Roquebrun et Saint-Nazaire. Puis vient un synclinal s'étendant au nord de l’anticlinal précédent ; il se prolonge sur 75 kilomètres jusqu’à Villeneuvette au N. E. Au nord il y a un nouvel anticlinal, dans lequel se reconnaissent d'autres plis ; il a la même longueur que le synclinal précédent et il correspond à la bordure septentrionale de la deuxième nappe. Les assises ordoviciennes qui, par suite d’érosions, apparaissent dans l’axe du premier anticlinal, se rattachent à celles de la région occidentale ; mais les horizons y sont plus nombreux : les grès à Lingules sont, en particulier, très développés au sud de Roque- brun. Il semble qu'ils aient fait corps avec la masse d'assises paléozoïques qui les recouvre et qu'ils aient été entraînés avec elle. Le Dévonien qui repose sur l'Ordovicien, sans interposition connue de Gothlandien, est complet. Les étages inférieur et moyen sont représentés par des calcaires de même faciès que ceux de Cabrières qui datent des mêmes époques, mais qui renferment les faunes caractéristiques. Quant au Dévonien supérieur aucune de ses zones ne fait défaut. C’est de cette région, des environs de Roquebrun, que j'ai donné la coupe la plus complète du Dévonien du Languedoc. J'ai signalé dans la même région le passage du Dévonien au Carbonifère, aussi bien que la composition de ce dernier terrain ’. Je ne reviendrai pas sur ces faits, mais je rap- pellerai l'allure des couches dans l’anticlinal en question. Sur son versant méridional comme sur une partie de son versant oriental, les plis sont très nombreux ; le Dévonien supérieur forme des anticlinaux qui percent le Carbonifère inférieur, au voisinage de la région tertiaire, alors que plus au nord c’est le Carbonifère qui occupe des synclinaux dans le Dévonien supérieur. Ces plis ne sont pas réguliers ; il y a des chevauchements, des failles ainsi 1. J. BERGERON. B. S. G. F., (3), XX VIL, p. 526. PI. XVIII. 188 J. BERGERON, — NAPPES DE RECOUVREMENT 7 Mars que des étirements. Sur le versant septentrional les couches sont renversées vers le nord avec un plongement vers le sud. Il y a encore une légère tendance à la formation d’un éventail, mais le déversement du versant méridional vers le sud est relativement peu sensible ï. Le synclinal qui lui fait suite constitue une sorte d’anse occupée par le Carbonifère inférieur (Tournaïsien) : elle s'ouvre largement vers l’est; elle est bordée encore au nord et à l’ouest, par lo Dévo- nien et le Carbonifère tout-à-fait inférieur, redressés presque à la verticale et présentant un déversement vers le sud et vers l’est; ici encore la structure est en éventail. On peut reconnaître dans ce synclinal des plis à la façon dont les différents niveaux (poudin- gues, grès, schistes) s’enchevêtrent les uns dans les autres. Dans sa partie orientale des synelinaux sont jalonnés par des lambeaux de calcaire viséen. Mais en même temps apparaissent sur plusieurs d’entre eux des schistes ordoviciens qui appartiennent à la base de la troisième nappe. IL est à remarquer que dans cette seconde nappe, plusieurs anti- clinaux présentent la structure en éventail *. Le fait que les assises sont couchées vers le nord et ont un plongement vers le sud s’ex- plique aisément si l’on tient compte du sens de la poussée des nappes. Quant au déversement vers le sud et vers l’est, il serait dû à la poussée au vide”. Aïnsi que je l’ai déjà dit, je ne crois pas que celle-ci puisse suflire à expliquer le déplacement relatif ainsi que le laminage de certaines assises cambriennes, comme au niveau de Poussarou, ni le renversement des assises dévoniennes dans la région occidentale de la deuxième nappe (voir page 186). Si l’on ne tenait compte que de la façon régulière dont les assi- ses paraissent distribuées dans la seconde bande, on pourrait douter qu’eile correspondiît à une nappe. Mais il faut considérer la disposition des couches sur son bord septentrional : l'Ordovicien repose sur le Carbonifère, de plus il est recouvert par un anticlinal cambrien renversé, sur lequel s'appuient d’autres plis également renversés ; le détail de ces plis, que j'ai donné précédemment, 1. DS Gr, (O8) XXVIE p.727: 2. Présentées sous la forme synthétique que vient de leur donner M. Kilian, ses conclusions relatives à la structure en éventail des Alpes françaises (B. S. G. F. (4), IX, p. 671) sont applicables en partie aux nappes de la Mon- tagne Noire. À mesure que j'étudie ces dernières les analogies entre les nap- pes des deux régions m’apparaissent plus grandes, ainsi que je compte le mettre en évidence lorsque j'aurai terminé mes études sur la tectonique du massif ancien du Languedoc. (Note insérée pendant l'impression). 32 4B. SAGE), XXVIL p.530: 1904 DU VERSANT MÉRIDIONAL DE LA MONTAGNE NOIRE 199 témoigne d’un puissant effort de refoulement par suite duquel une série d'assises plus anciennes a été refoulée, tout en se plissant, sur des assises plus récentes. Si cette deuxième nappe est restée si homogène dans son ensem- ble, cela tient sans doute à ce que ses assises sont venues buter contre le môle du massif axial; elles n’ont pu se dissocier sous l'effet de la poussée et elles ont été comprimées de manière à former bloc. Des érosions postérieures au charriage ont modifié celui-ci comme aspect; elles en ont fait disparaître une grande partie, tout en laissant subsister cependant l'impression que l’on a affaire à un massif homogène. La troisième nappe s'étend de Laurens au sud, jusqu'à Cabrières au nord-est sur une longueur de vingt kilomètres. Elle a dû occu- per une surface plus grande, et s'étendre davantage vers le nord et surtout vers l’ouest ; c’est elle sans doute qui a protégé contre l'érosion les calcaires viséens de la partie orientale de la deuxième nappe, tant qu’elle les a recouverts ; mais les érosions qui l’ont morcelée en ont fait disparaître une grande partie. J'ai déjà signalé l'existence de cette troisième nappe et je l’ai décrite en détail' sous le nom de nappe de Cabrières; je n’en reprendrai pas l'étude ; cependant il est quelques faits sur lesquels je crois devoir revenir, parce qu'ils acquièrent une certaine impor- tance, si on les rapproche de ceux dont je viens de parler. D'abord le substratum de cette nappe n’est pas en place comme je le croyais ; il appartient à la deuxième nappe, et on peut remar- quer que le soulèvement du Pic de Bissous est comparable à celui que j'ai signalé sur la bordure septentrionale de cette même nappe ; il en est très vraisemblablement le prolongement vers l'est. Quant au massif du Caragnas il correspondrait à un dôme dans la seconde nappe. L’allure de la troisième nappe est tout-à-fait différente de celle des autres : elle est pour ainsi dire bossuée, fragmentée et les débris en ont chevauché les uns sur les autres. Il semble qu'il en soit ainsi par suite de ce fait que la nappe rencontrant, comme des heurtoirs, la bordure septentrionale de la deuxième nappe et le dôme de Caragnas, n’a pu s'étendre; elle s’est brisée avec chevau- chement des fragments les uns sur les autres, sous l’action de la poussée qui l'avait engendrée et qui continuait à se faire sentir. Le nombre des horizons ordoviciens y est plus grand que dans les autres nappes; les horizons gréseux et calcaires y sont à leur 1. J. BERGERON. B. S. G. F., (3), XX VII, p. 666. 190 J. BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 7 Mars place dans la série. Le Gothlandien, le Dévonien et le Dinantien y sont complets. Cependant tous les fragments de cette nappe ne renferment pas également tous les horizons paléozoïques; si quelques-uns sont dans ce cas, surtout dans la partie méridionale, au voisinage de la bordure tertiaire, par contre, d’autres ne pré- sentent que des séries incomplètes. Ce sont des accidents locaux en relation sans doute avec l'allure et la composition lithologique du substratum, les laminages s'étant produits plus ou moins faci- lement sous l’action des frottements subis par la face inférieure de la nappe. Peut-être celle-ci, qui, étant la dernière, dôit venir d'une région plus méridionale que les précédentes, amène-t-elle des sédiments qui s'y seraient déposés en séries plus complètes ? Il est impos- sible de trancher la question, les charriages étant souvent accom- pagnés de la disparition de certains horizons. Je ne connais qu'un seul point dans cette troisième nappe, à Roquessels, au nord de Gabian, où le Cambrien, représenté par des schistes jaunes acadiens à Conocephalus Leoyi, fasse partie des terrains entraînés. Il forme un petit lambeau plaqué sur le versant méridional d’un dôme de la deuxième nappe. Il ne peut d'ailleurs se rattacher qu’à cette troisième nappe dont les schistes ordoviciens apparaissent à quelque centaine de mètres plus au sud, le tout reposant sur le Carbonifère de la deuxième nappe. Si l’on compare entre elles ces trois nappes, il est facile de leur trouver des caractères communs : 1° Toutes débutent par des schistes ordoviciens et en particu- lier par des schistes du niveau de Trémadoc, d’après la faune qui ya été trouvée ; ils servent pour ainsi dire de matière lubré- fiante comme de base aux:nappes :. 29 Pour les mêmes horizons, les faciès sont les mêmes dans les trois nappes. En réalité, il n’y a qu'une nappe fragmentée en trois vastes écailles. Sous l'effort continu de la poussée, lorsque des résistances se sont présentées, soit par la rencontre d’un relief, soit par simple rabotage sur le substratum qui était fixe, il y a eu rupture, déchi- rure de la masse, chaque fragment montant, le cas échéant, sur le précédent. 1. C’est un fait qui a été signalé déjà pour d’autres nappes, qu’un niveau géologique, toujours le même, remplisse le rôle de matière lubréfiante. En Provence, par exemple, c’est le Trias supérieur qui se retrouve toujours à la base. 1904 DU VERSANT MÉRIDIONAL DE LA MONTAGNE NOIRE 191 Les calcaires viséens se rencontrant dans les trois écailles de la nappe, il n’est pas douteux que sa formation ne soit postérieure au Carbonifère inférieur. D'autre part les dépôts stéphaniens de Nefliez, recouverts par les assises permiennes de Gabian, reposent à la fois sur les deux dernières écailles. L'âge post-viséen et anté- stéphanien de ce charriage est donc certain. Le sens du mouvement n'est pas douteux. La nappe vient du sud-est; elle s’est produite sous un effort continu qui antérieure- ment avait déjà plissé le massif axial, sans qu'il soit possible de préciser l’époque de ce premier ridement. En réalité, au lieu d'admettre comme je l'avais fait autrefois que tout le massif s’est plissé postérieurement au viséen, il faut distinguer deux mouve- ments successifs dont le premier seul est encore indéterminé comme âge. Il est impossible de dire où se trouve la racine de la nappe; certainement, elle doit être recouverte par les sédiments secon- daires et tertiaires; mais on sait que les refoulements se sont produits suivant une direction S.E.-N.0. De plus le faciès est sensiblement le même, pour les mêmes étages paléozoïques dans la Montagne Noire et dans les Pyrénées ; il est encore le même dans la chaîne paléozoïque catalane. On peut donc dire que, durant la période primaire, il y avait entre le Languedoc et la Catalogne, une vaste dépression occupée par la mer et d’où est venue la nappe du versant méridional de la Montagne Noire. Peut-être étant donnée la direction qu’elle a suivie venait-elle de la région effondrée comprise entre l'extrémité orientale des Pyré- nées et le massif des Maures et de l’Esterel ; mais cette région ne correspond qu'à une partie de la dépression dont je viens de parler. Ce n'est pas seulement sur le versant méridional de la Montagne Noire que j'ai reconnu l'existence de nappes de recouvrement ; il en existe également plus au nord dans la région des Cévennes avoisinant l’Aigoual. La position de ces nappes par rapport à celle que je viens de décrire est la suivante. Au nord du massif de Bissous qui forme la bordure septentrionale de la deuxième écaille, apparaît par faille la série secondaire. Celle-ci se relève vers le nord de telle sorte qu'au nord de Lodève, les assises cambriennes reviennent au jour à une altitude bien supérieure à celle qu'elles devraient avoir à Cabrières, puis ces assises paléozoïques disparaissent de nouveau, vers le nord, sous la série secondaire qui est presque 192 J. BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 1) Mars horizontale avec un faible plongement vers le sud. C’est alors la région des Causses que traversent de grandes failles dirigées sen- siblement est-ouest. | L'une d’elles passant par Sauclières, Le Vigan et Sumène ramène les terrains primaires en contact vertical avec le Trias et le Juras- sique inférieur. C’est dans les environs du Vigan que les assises primaires offrent le plus d'intérêt parce qu'elles sont le plus variées et permettent par suite plus facilement de reconnaître la nature des accidents qui les affectent. Là où il y a le plus de niveaux on reconnaît de haut en bas, des calcaires dolomitiques passant à des calcschistes qui passent eux- mêmes à des schistes luisants. Dans les calcaires comme dans les schistes les plis sont nombreux surtout dans les schistes des parties profondes’. Les calcaires sont ceux du Géorgien tels qu'ils existent dans le massif axial de la Montagne Noire; de même pour les calcschistes et les schistes qui cor- respondent res- pectivement aux calcschistes du Géorgien supé- rieur et de l'Aca- dien inférieur, et I, Calcaire géorgien ; 2, Calcschistes du Géorgien aux schistes de supérieur et de l’Acadien inférieur; 3, Schistes de l’Acadien supé- l'Acadien supérieur et du Potsdamien; £, Schistes rieur et du Pots- gneissifiés au contact du granite ; 5, Granite; 6,Micro- Aamien. Les calc- granite ; 1, Nappe inférieure ; II, Nappe supérieure. SA Cap de Moures N. Fig. 2. — Coupe du niveau du cap de Mourès. schistes et les schistes ont un faciès en relation avec les accidents tectoniques qu'ils présentent; ils sont luisants, et leur aspect résulte du glis- sement des feuillets les uns sur les autres. En effet ils ont été charriés, ainsi qu'il résulte pour moi des faits suivants. Si les calcaires géorgiens reposent sur les caleschistes du Géor- gien supérieur et de l’Acadien inférieur, reposant à leur tour sur les schistes acadiens et potsdamiens, c’est par suite d’un renver- sement de la série cambrienne. Sur les calcaires géorgiens, à l’ouest du Col de Mourès ou Cap de Mourès (fig. 2), se voient des schistes identiques aux schistes potsdamiens et sans interposition de calcschistes ; il y a là un contact mécanique qui correspond à 1. Bull. Serv. Garte Géol. de Fr., XII, p. 577, 1902. 1904 DU VERSANT MÉRIDIONAL DE LA MONTAGNE NOIRE 193 un glissement du Potsdamien sur la série renversée et qui indique un charriage. Je considère donc ce retour du Cambrien supérieur comme l'indice de l'existence d’une nappe. Les calcaires et les calcschistes sous-jacents ayant la même allure, je serais porté à y voir une seconde nappe; cette allure correspond à des plis de grande amplitude, tandis qu’en-dessous les schistes présentent un très grand nombre de petits plis, avec changements brusques d'allure accompagnés du broyage ou du laminage des éléments. Ces derniers plis semblent s'être développés sous l'action du passage des masses supérieures ; ce serait des plis profonds". L'époque à laquelle se sont formées ces nappes ne nous est pas connue d’une façon précise. En effet, elles sont distinctes de celles dont j'ai parlé tout d’abord et qui semblent rester cantonnées sur le versant méridional de la Montagne Noire. Elles sont antérieures au Stéphanien puisque dans la région de Sumène, les assises houil- lères de cet étage reposent sur elles. J’ai dit précédemment que les nappes de la Montagne Noire étaient antérieures au Stépha- nien, et postérieures au Dinantien. Il me paraît bien vraisemblable que celles du Vigan datent de la même époque. D'une manière générale, la poussée venait du sud; elle s’est fait sentir très loin dans le massif ancien du Gard, bien au nord de l’Aiïgoual, la série ancienne y est toute plissée, le calcaire formant parfois des sortes de nodules plus ou moins métamor- phisés, enrobés dans les schistes. Tout le Cambrien de cette région des Cévennes présente le même faciès que celui du massif axial de la Montagne Noire ; il semble que l’on ait affaire dans les nappes à des parties détachées de cet axe. Si l’on se reporte aux cartes géologiques de Saint-Affrique et du Vigan, on voit que le massif axial doit passer au sud du massif de l'Aigoual. On peut se demander si des nappes n’en proviendraient pas et ne seraient pas dues à un refoulement par des nappes plus méridionales. Il y aurait eu relai dans les nappes. Malheureusement les assises secondaires et tertiaires recouvrent toute la région où l’on pourrait se rendre compte de ces faits. La région du Vigan présente encore un autre fait intéressant : un massif granitique, dit du Saint-Guiral, du nom de son sommet le plus élevé, apparaît entre les deux lèvres d’une grande faille. Il a métamorphisé les schistes au voisinage ; il les a même gneis- 1. Bull. Sereo. Carte Géol. Fr., XI, p. 559. D] 16 Sept. 1904. — T IV. Bull: Soc. Géol. Er. — 13. 194 J. BERGERON sifiés au contact. Il est donc postérieur à la formation des nappes. De plus il est anté-stéphanien puisque près du village de Saint- Romans-de-Codières on trouve dans le Houiller des débris de granite et surtout de schistes qu'il a métamorphisés. Ce granite serait donc post-dinantien et anté-stéphanien, c’est-à-dire carboni- fère. M. Bresson était arrivé à la même conclusion pour le granite des régions de Cauterets et de Néouvielle dans les Hautes-Pyré- nées ‘. Peut-être en est-il ainsi pour le granite de la Montagne Noire et alors la gneiïssification d’une partie du Cambrien du massif axial qui paraît bien être en relation avec les venues granitiques, date- rait également du Carbonifère. On en pourrait tirer cette consé- quence que le métamorphisme de la Montagne Noire serait postérieur à la formation des nappes, ce qui expliquerait com- ment il existe entre les deux lambeaux de Caunes et de Saiïnt- Pons de la première nappe ou mieux de la première écaille, une zone de schistes micacés. Ils appartiendraient peut-être à l’une des deux premières écailles ou à toutes deux. Si l’on cherche à se rendre compte de l’état de la région d’où est venue la nappe du versant méridional de la Montagne Noire, on voit que plus au sud, il y avait une dépression avant comme après le charriage : avant, toute la série primaire s’y est déposée ; après, elle a été occupée par les eaux en totalité ou en partie, durant la fin du Carbonifère, le Permien, le Trias et une partie du Secondaire. Pour les nappes des Cévennes, il est impossible d'arriver à se faire une idée de ce qu'était leur région d’origine. Ce qu’on sait, c’est que celle ci a été recouverte par la mer triasique, c'est-à-dire qu’elle formait une dépression au début des temps secondaires. Je retrouve encore ici le fait, que j'ai déjà signalé pour les: nappes des Carpathes, à savoir que les nappes ont progressé de l’intérieur des bassins vers leurs bords, qu’elles ont pu d’ailleurs franchir. M. Léon Bertrand, à la suite de l’intéressante communication de M. Bergeron, rappelle que le Primaire des Pyrénées ariégeoises présente de longs contacts anormaux avec rejet ou chevauchement vers le sud, qu'il a déjà signalés sommairement dans le Bulletin du Service de la Carte géologique (t. XIIE, n° 97, p. 100). 1. Sur l’âge des massifs granitiques de Cauterets et du Néouvielle (Hautes- Pyrénées) et d’une partie des formations anciennes qui les bordent. CR. Ac. Se., CXXXI, séance du 24 décembre 1900. SUR LES PLAGES SOULEVÉES DE MONASTIR ET DE SFAX (TUNISIE) par MM. FLICK et PERVINQUIÈRE Les plages soulevées de la Tunisie ont été signalées pour la pre- mière fois par Pomel, à la suite de son voyage sur la côte orientale de la Régence. II reconnut à Bir Loubeïta, à Huergla, à Monastir, la présence de ces plages quaternaires, caractérisées par le Sirombus medilerraneus et un grand Cône'. Un peu après, Doûmet- Adanson ? indiqua que les îles Kerkenna étaient formées en tota- lité par un calcaire friable, mêlé de gypse, et un grès calcaire blanc, contenant ce même S{rombus. Il ajoutait que des forma- tions semblables se retrouvent à Houmt-Souk (Djerba), où le Strombus est accompagné par des Mactra, Arca, Cardita, à un niveau à peine supérieur à celui de la mer. D'après cet auteur, ces deux îles, après avoir subi un exhaussement à l’époque quater- naire, paraissent être maintenant en voie d’affaissement. M. Aubert * fit connaître quelques autres points de la côte, où ce cordon littoral peut s’observer. Enfin, tout récemment, M. Bédé ‘ apporta quelques détails sur les plages de Sfax. En somme, ces dépôts se suivent sans difficulté depuis le Cap Bon jusqu'à Zarzis ; nous savons en outre qu'ils se prolongent d'une part en Tripoli- taine, et d'autre part en Algérie, où ils sont connus depuis long- temps. Ainsi la plupart des gisements tunisiens du Quaternaire marin ont été signalés, mais on peut dire qu'aucun d'eux n’a été l’objet de recherches détaillées. Les auteurs se sont bornés à citer les quelques espèces les plus communes, ce qui ne permet pas de se 1. À. POMEL : Une mission scientifique en Tunisie en 1877. Géologie de la côte orientale de la Tunisie. Bull. Ecole sup. sc. Alger, n° 1, Alger, 1884, p. 24, 29; 92. . 2. DoùMET-ADANSON : Rapport sur une mission botanique, exécutée en 1584 dans la région saharienne, au nord des grands chotts et dans les iles de la côte orientale de la Tunisie. Paris, 1888, p. 7, 14, 104. 3. F. Aurerr : Explication de la carte géologique provisoire de la Tunisie, Paris, 1892, p. 83. 4. P. Bépé : Observations sur les couches quaternaires de Sfax (Tunisie), Bull. Museum Hist. Nat. Paris, 1903, p. 422-425. 196 FLICK ET PERVINQUIÈRE. — PLAGES SOULEVÉES 7 Mars rendre compte de l’ensemble de la faune. Celle-ci est cependant d’une extrême richesse, comme le prouve l’importante collection formée par le Commandant Flick, il y a déjà une dizaine d’années. Cette collection, dont une partie est actuellement à la Sorbonne, devait être étudiée par Munier-Chalmas, mais les nombreuses occupations de ce savant ont retardé l'exécution de son projet et la mort l’a surpris avant qu'il ait eu le temps de le réaliser. Nous nous bornerons à donner aujourd'hui quelques indications géolo- giques, ainsi qu'une liste des principaux fossiles. Cette liste aura évidemment besoin d'être complétée, mais elle suflira à montrer la grande richesse de la faune. Il n’est pas douteux d’ailleurs que des recherches plus prolongées amèneraient la découverte de diverses espèces signalées dans des dépôts analogues, et qui n’ont pas encore été trouvées en Tunisie. À Le gisement le plus remarquable que nous connaissions en Tunisie est assurément celui de Monastir. Monastir est bâti sur un promontoire triangulaire, ayant environ {4 km. de côté, doucement incliné vers le sud-est. Ce promontoire est iimité vers l’ouest par la sebkha de Monastir, qu'il domine par des pentes abruptes, déchiquetées par l'érosion, et vers le nord par la mer, sur laquelle il tombe en falaises assez raides entre Chekaness et La Karaia. Trois terrains contribuent à former ce plateau : le Miocène, le Pliocène et le Pleistocène. Le Miocène afileure dans la falaise de l’ouest, qui domine la sebkha de Monastir ; il est formé d’argiles, parfois un peu gréseuses, contenant une grande quantité de gypse. En dehors de débris d'Huîtres peu déterminables, nous n’y avons trouvé que quelques Turritelles, se rapportant à Turritella subangulata Brocchi, var. spirata Brocchi. Ces fossiles ne permettraient pas d'affirmer qu'il s’agit du Miocène, mais M. Aubert en a cité d’autres plus caractéris- tiques. Cet auteur rapporte aussi au Miocène les grès, sables, argiles grises ou verdâtres, gypseuses, qui affleurent au nord du promontoire, sous la tuilerie. Nous ne possédons pas de fossiles suffisants pour confirmer cette attribution, qui est cependant rendue vraisemblable par le fait d’une discordance très nette avec les couches suivantes. Les premières plongent en effet de 30-35° vers le nord-est, tandis que les molasses pliocènes sont inclinées de 30° environ vers le sud-sud-est. La particularité intéressante de cette formation, rapportée au Miocène, est la présence de bancs de lignites intercalés au milieu d’argiles plus ou moins sableuses. Le plus souvent, les filets ligniteux n'ont que 4-5 em. ; cependant 1904 DE MONASTIR ET DE SFAX (TUNISIE) 197 à 300 m. environ de la tuilerie, un banc atteint 3 m. d'épaisseur. Il est du reste exploité par les indigènes, mais ne paraît succep- tible d'aucune utilisation industrielle. Les falaises qui bordent le promontoire au nord-est sont formées par des dépôts molassiques pliocènes, en discordance avec les couches précédentes. Sous le bordj Messaoud, la formation est constituée de la manière suivante : 1) Grès molassiques blanchâtres ou rouillés, mêlés d'argiles grises ou verdâtres. Ils affleurent au niveau de la mer et consti- tuent d'autre part l’ilot de Sidi el Rhedamsi, plus connu sous le nom de La Thonara. On y trouve des Brachiopodes, de nombreux Pectens et Balanes ; d’ailleurs, la plupart des fossiles cités plus bas proviennent de ce niveau. 2) À 3 ou { mètres au-dessus de la mer, se voit un calcaire assez tendre, carié, sableux par places, contenant de nombreux Vermets. 3) Dans la couche suivante, les Vermets sont plus rares, mais les grosses Térébratules sont encore fréquentes. 4) Un petit lit grisâtre, plus dur, fait une légère saillie sur la falaise. 5) La molasse est ensuite plus blanche, plus tendre et mêlée d'argile grise. 6-7) Après un petit cordon semblable à (4), revient la molasse blanche, contenant de nombreux Pectens et Balanes. L'ensemble: de ces dépôts s’élève seulement à une dizaine de mètres au-dessus de la mer, mais il n’est pas douteux qu'ils se prolongent en mer beaucoup plus bas, puisque les mêmes couches inclinées vont former l’ilot de La Thonara. Les fossiles suivants paraissent distribués indistinctement dans l'épaisseur, du reste assez faible, que la coupe intéresse : Terebratula ampulla Brocchi (quelques exemplaires se rapprochent considérablement de 7. sinuosa Brocchi. Très commune, une centaine d'exemplaires). Megerlea truncata L., var. orbicularis Meneghini (5) ‘. Terebratulina caput serpentis L. (4). Rhynchonella sp. (1). Turbo (Bolma) rugosus L. (1 ex. et opercules). Scalaria lamellosa Brocchi (1). Vermetus. Pecten jacobæus L. (3). 1. Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre d'exemplaires, et par suite, la fréquence relative. Les espèces dont le nom est précédé d'un * se trouvent seulement dans la collection particulière du commandant Flick. 198 FLICK ET PERVINQUIÈRE. — PLAGES SOULEVÉES 7 Mars Pecten (Æquipecten) scabrellus Lamk. (bo). Pecten (Æquipecten) scabrellus Lamk., var. bollenensis Mayer (650). Pecten (Chlamys) multistriatus Poli (= P. pusio auct.) (3). Pecten (Chlamys) varius L. (2). Pecten (Manupecten) pes felis L. (à). Pecten (Flabellipecten) flabelliformis Brocchi (25). Osirea edulis L., var. lameilosa Brocchi et diverses autres Huîtres peu déterminables. Pholas dactylus L. (6). Argonauta cf. Sismondæ Bellardi (1). Balanus nombreux, voisins, les uns de B. concavus Bronn, les autres de B. sulcatus Bronn. Cette faune est donc nettement d'âge pliocène et même probable- ment plaisancien. C’est du reste l'hypothèse proposée par Pomel (p. 95), lequel raisonnait par analogie et n’apportait pas de preuve bien décisive en faveur de son opinion. Au surplus cette faune n'offre rien de très particulier, aussi me bornerai-je à attirer l’attention sur la présence d’un Argonaute, genre dont les repré- sentants sont toujours rares. Ce terrain s'étend assez loin vers le sud et forme en particulier le fond de la sebkha de Moknine. Faït remarquable et qui semble encore ignoré, cette sebkha de 60 kmq. de superficie est à 10 m. au-dessous du niveau de la mer, dont elle n’est séparée que par une langue de terre basse n'ayant guère plus d’un ou deux km. de largeur. À La Karaia et au bordj Messaoud, les molasses pliocènes sont surmontées par un banc de calcaire grossier, bien distinct, quoique moins net qu'à la tuilerie (nord du plateau), où il couronne la: falaise. Il repose alors directement sur les grès avec argiles et lignites, rapportés au Miocène. Ce calcaire jaune ou grisâtre, assez irrégulier de texture et parfois un peu sableux, est formé en partie de débris de Mollusques et de Bryozoaires, mêlés de grains de quartz. Son épaisseur moyenne est de 1 m., 10. La roche est en général plus dure et les fossiles plus abondants sur les 50 em. inférieurs, mais on recueille les mêmes fossiles dans les 60 em. supérieurs, où le calcaire est plus tendre. Ce banc est surmonté par une croûte calcaire à Helix, recouverte elle-même par du sable ou de la terre arable. Le calcaire coquillier forme une sorte de terrasse, en apparence plane et horizontale. On le retrouve sur tout le plateau avec quelques faibles interruptions en des points où une couche de sable plus épaisse a permis aux oliviers de s'implanter. 1904 DE MONASTIR ET DE SFAX (TUNISIE) 199 Le fait remarquable est que cette terrasse ne paraît horizontale que par suite d’une insuflisance d'observation. Les levés précis, exécutés par l’un de nous pour l'établissement de la carte au 1/50.000 (Feuille de Sousse), ont établi que cette terrasse s’incline vers l’est-sud-est. Tandis qu’à la tuilerie, elle est à 19-20 m., elle n’est plus, à La Karaïa, qu'à 9 ou 10 m.; elle s’abaisse donc sen- siblement de 10 m. pour 3 km. environ. Ce calcaire coquillier possède une faune très riche. Voici d'après la collection de la Sorbonne et d’après les renseignements fournis par le Commandant Flick, quels en sont les principaux représen- tants : Nombreux Zoanthaires et Bryozoaires, restés interminés. Serpula. Emarginula elongata Da Costa (1 exemplaire). Emarginulu cancellata Philippi (2). Fissurella italica Defrance (2). Fissurella græca L. (8). Fissurella gibberula Lamk. (2). Haliotis lamellosa Lamk. (5). Trochus (Zizyphinus) dubius Philippi (commun). Trochus (Zizyphinus) Gualftieri Philippi. Trochus (Gibbula) turbinoides Deshayes (4). Trochus (Gibbula) varius L. (très commun). Trochus (Gibbula) umbilicaris L. (très commun). Trochus (Trochocochlea) turbinatus Born (20). Trochus (Forskalia) fanulum Gmelin (3). Turbo (Bolma) rugosus L. (très nombreux; opercules). Clanculus (Clanculopsis) cruciatus L., var. rosea Monterosato (30). Clanculus (Clanculopsis) Jussieui Payraudeau, var. glomus Ph. (40). Phasianella (Tricolia) speciosa von Mühlfeld (très commun). Neritina viridis L. (6). Patella cœrulea L. (17). * Gadinia Garnoti Payraudeau (1). * Rissoa variabilis von Mühlfeld (commun). * Rissoa oblongr Desmarets (commun). Rissoa (Alvania) cimex L. (très commun). Rissoa (Alvania) Montagui Payraudeau (très commun). Rissoa (Schwarzia) monodontu Bivona (1). * Rissoa (Manzonia) costata Adams (commun). * Rissoa (Acinopsis) cancellata Da Costa (commun). Rissoina Brugieri Payraudeau (1). Truncatella subcylindrica L., var. lævigata Risso (5). Cerithium vulg'atum Brugière (extrêmement abondant ; var. diverses). Cerithium rupestre Risso (= C. mediterraneum Deshayes) (1). 200 FLICK ET PERVINQUIÈRE. — PLAGES SOULEVÉES 7 Mars Cerithium (Pirenella) conicum Blainville (5). Bittium reticulatum Da Costa (35). Triforis (Biforina) perversus L. (x). Strombus mediterraneus Duclos (150 ; variétés diverses). Vermetus glomeratus L. (commun). Natica (Neverita) Josephinia Risso, var. Philippiana Reeve (très commun). Natica (Nacca) hebræa Martyn (15). Natica (Payraudeautia) intricata Donovan (12). Natica (Mammilla) (rare). Cypræa pirum L. (6). Cypræa lurida L. (4). Cypræa coccinella Lamk. (1). Turbonilla gradata Monterosato (ro). Cassis undulata Gmelin (3, dont un exemplaire de très grande taille) Triton nodiferus Lamk. (12). Triton (Simpulum) olearium L. (15). Triton (Epidromus) reticulatus Blainville (8). Ranella sp. Fusus rostratus Olivi (1). Fusus (Fasciolaria) lignarius L. (4). Fusus (Pusionella) scalarinus Lamk. (4). Le Nifat d'Adanson. Euthria cornea L. (25). Nassa mutabillis L. (3). * Nassa (Tritonella) prgmæa Lamk. (commun). Nassa (Hinia) reticulata L., var. nitida Jeffreys (12). Nassa (Telasco) costulata Renieri, var. Ferrussaci Payraudeau (une cinquantaine). Nassa (Telasco) costulata Renieri, var. costata Monierosato (1). Nassa (Telasco) costulata Renieri, var. lanceolata B. D. D. (8). Nassa (Arcularia) gibbosula L. (2). Pisania Orbignyi Payraudeau (2). Columbella rustica L. (très abondante, particulièrement la var. spungiarum Duclos). Columbella scripta L. var. elongata B. D. D. (commun). Purpura (Stramonita) hæmatostoma L. (30, quelques échantillons voisins du type, les autres plus grands et munis de tubercules très accusés). Le Sakem d'Adanson. Murex brandaris L. (rare). Murex (Chicoreus) truneulus L. (extrêmement abondant et varié). * Murex (Muricopsis) Blainvillei Payraudeau (2). Murex (Ocenebra) erinaceus L. (1). * Murex (Corallinia) aciculatus Lamk. (x). Canceliaria cancellata L. (9). * Marginella miliacea. Lamk. (20). * Marg'inella triticea Kiener (8). x 1904 DE MONASTIR ET DE SFAX (TUNISIE) 201 Mitra ebenus Lamk. (15). * Mitra cornicula L. (3). Donovania minima Montagu (r2). Raphitoma attenuata Montagu (5). Clathurella purpurea Montagu (8). Clathurella concinna Scacchi (1). Conus mediterraneus Brugière. (Plusieurs centaines d’exemplaires, offrant des variétés multiples, difficiles à caractériser; plusieurs se rapprochent du Conus betulinus, ainsi que du jeune Conus Mercati figuré par Sacco (Moll. terz. del Piemonte, Conidae, pl. Il, fig. 1 bis). Conus Mercati Brocchi. Ringicula sp. * Actæon tornatilis L. (1). Dentalium vulgare Da Costa (10). Dentalium alternans B.D.D. (40). Nucula nucleus L: (16). Arca Noe L. (plusieurs centaines). Arca tetragona Poli (1). Arca (Barbatia) barbata L. (une centaine). Arca (Fossularca) lactea L. (30). Arca (Acar) pulchella Reeve (50). Pectunculus (Axinea) glycimeris L. (commun). Pectunculus (Axinea) pilosus L. (une centaine). Pectunculus (Axinea) violacescens Lamk. (8). Mytilus galloprovincialis Lamk. (8). Modiola barbata L. (6). Lithodomus lithophaga L. (Go). Pecten (Æquipecten) glaber L. (10). * Pecten (Æquipecten) flexuosus Poli (60). Pecten (Æquipecten) scabrellus var. bollenensis Mayer (20). Pecten (Chlamys) varius Bolten (10). ? Pecten (Chlamys) multistriatus Poli (4). Radula lima L. (— Lima squamosa Lamk.) (22). Radula hians Gmelin (1). * Radula inflata Chemnitz (4). Spondylus gæderopus L. (extrêmement abondant). Ostrea edulis L. (1). Anomia ephippium L. (5). Cardita (Glans) trapezia L. (une centaine). Cardita (Mytilieardia) senegalensis Reeve (5) (Le Jéson d'Adanson ; très voisin de C. elongata Bronn, var. semivarians Fontannes). Venericardia antiquata L. (70). Kellya (Bornia) complanata ? Philippi (1). Lucina (Jagonia) reticulata Poli (= L. pecten auct.) (Go). Loripes lacteus L. (plus d’une centaine). Cardium tuberculatum L. (= C.rusticum L.),var mutica B.D.D. (60). * Cardium papillosum Poli (12). 202 FLICK ET PERVINQUIÈRE. — PLAGES SOULEVÉES 7 Mars Cardium (Cerastoderma) eduleL. (plusieurs centaines d'exemplaires, dont peu sont conformes au type; les uns se rapportent à la var. umbo- nata Wood, d'autres sont intermédiaires entre les var. umbonata et qua- drata B.D.D., d’autres enfin entre les var. umbonata et altior B.D_.D.). Cardium (Lavicardium) norvegicum Spengler, var. mediterranea B.D.D. (1). Cytherea Chione L., var. elongata B.D.D. (14). Venus (Chamelæa) rien L., var. triangularis Jeffreys (50). Venus (Ventricola) verrucosa L. (50). * Venus (Clausinella) fasciata Da Costa (2). Dosinia exoleta L. (3). Dosinia lupinus L. (1). * Venerupis irus L. (6). * Petricola lithophaga Retzius (1). * Tapes (Pullastra) pullastra Montagu, var. geographica Gmelin (1). Tapes (Pullastra) aureus Gmelin, var. elongata Dautz. (3). Tapes (Pullastra) decussatus L. (4). Gastrana fragillis L. (50). Tellina (Peronæa) planata L. (une centaine). Tellina (Peronæa) nitida Poli (2). Tellina (Moerella) donacina ? L,. (2). * Tellina (Arcopagia) sp. (1). Syndesmya ovata Philippi (4). * Syndesmya alba Wood (1). Donax trunculus L. (35). Donax semistriatus Poli, var. rostrata Fischer (20). Donax venustus Poli, var. elongata Monterosato (10). Donax (Capsella) variegatus ? Gmelin (r). Solen, nombreux fragments. Solenocurtus strigilatus L. (2). Donacilla cornea Poli (commun). Mactra corallina L. (5). Mactra (Spisula) truncata da Costa, var. Conemenosi B. D. D. (2). Æstonia rugosa Chemnitz (7). | Corbula gibba Olivi (1). Tugonia sp. indet. (9). Pholas dactylus L. (30). Chama gryphoides L. (20). Chama gryphina Lamk. (to). x # # Ca je « Aux environs de Sfax, on retrouve un dépôt tout à fait ana- logue à celui de Monastir, mais qui est actuellement à 8 mètres seulement au-dessus de la mer. Voici la liste des espèces recueil- lies en ce point : Turbo rug'osus L. (3 opercules). Neritula neritea L. (1). 1904 DE MONASTIR ET DE SFAX (TUNISIE) 203 Cerithium vulgatum Brugière (1) et var. minuta M. de Serres (3). Cerithium (Pirenella) conicum Blainville (40). Strombus mediterraneus Duclos (1). Vermetus. Natica (Neverita) Josephinia Risso, var. Philippiana Reeve (50). Natica (Nacca) hebræa Martyn (2). Tritonium (Simpulum) olearium L. (x). Euthria cornea L. (1). Nassa mutabilis L. (25). Nassa (Hinia) reticulata L., var. nitida Jeffreys (20). Nassa (T'elasco) costulata Renieri, var. lanceolata B. D. D. (10). Columbella rustica L., var. spungiarum Duclos (50). Columbella rustica L., var. elongata Philippi (10). Purpura (Stramonita) hæmatostoma L. (8). Murex trunculus L. (70). . Conus mediterraneus Brugière (12). Dentalium vulgare Da Costa (1). Arca Noe L. (une centaine). Arca (Acar) pulchella Reeve (1). Pectunculus glycimeris ? L. (5). Pinna sp. Pecten (Æquipecten) glaber L. (à). Pecten (Æquipecten) scabrellus Lamk., var. bollenensis Mayer (3). Pecten (Chlamys) varius L. (3). Sondylus gæderopus L. (2). Cardita (Glans) trapezia L. (1). * Cardita (Mytilicardia) seneg'alensis Reeve (13). Venericardia antiquata L. (8). Loripes lacteus L. (6). Cardium tuberculatum L. (25). Cardium (Cerastoderma) edule L. (4o). Venus (Chamelæa) gallina L. (3). Venus ( Ventricola) verrucosa L. (2). Dosinia lupinus L. (1). Tapes (Amy gdala) decussatus ? L. (8). Gastrana fragilis L. (3). Tellina (Peronæa) planata L. (6). Mactra subtruncata da Costa (1). Mactra sp. indét. (3). Æstonia rugosa ? Chemnitz (2). Chama gryphoides L. (5). Chama gryphinà Lamk. (3). Les dépôts de Monastir et de Sfax contiennent donc exactement la même faune ; le gisement de Sfax est seulement moins riche que celui de Monastir. On constate en outre quelques différences dans 20/ FLICK ET PERVINQUIÈRE. — PLAGES SOULEVÉES 7 Mars la fréquence des espèces: À Monastir, le Strombus mediterraneus est très abondant; c’est même probablement le plus beau gisement de cette intéressante espèce, qui paraît relativement rare à Sfax. De mème le Cerithium voulgatum, qui pullule à Monastir, paraît peu fréquent à Sfax. Par contre, quelques espèces ont été recueil- lies à Sfax, qui ne figurent pas dans la collection venant de Monastir. En somme les deux listes se complètent l’une l’autre. Il s’agit donc dans les deux cas, d'une seule et même faune, manifestant un caractère littoral bien net. Si diverses formes citées précédemment se rencontrent généralement à une certaine profondeur, toutes sont susceptibles de vivre sur le littoral et y ont été recueillies (exception faite naturellement pour les espèces émigrées ou éteintes). Certaines d’entre elles sont plutôt lagu- naires, mais elles ont pu facilement être entraînées en mer. Enfin nous n'avons pas constaté dans ces dépôts la présence de coquilles terrestres. Les Helix que l’on ramasse en surface sont, soit actuels, soit arrachés au banc de calcaire travertineux rougeâtre, parfois très dur, qui recouvre çà et là les dépôts de la plage. Ces Helix sont de détermination diflicile, d'autant que leur conservation laisse généralement à désirer. A Monastir, on trouve des formes voisines d'Helix elegans, à Ksour es Sef d'A. variabilis, tandis que le calcaire rouge de Sfax contient des Helix du groupe de H. semperiana ou subsemperiana, associés à Leuchochroa candi- dissima. En somme, nous avons affaire à d'anciennes plages soulevées par des mouvements récents du sol, dont nous ne pouvons d’ail- leurs indiquer l’âge exact. On peut seulement dire qu'ils datent de l’époque pleistocène et même probablement de son début. En effet la plupart des coquilles provenant de ces dépôts existent encore dans la Méditerranée. Cependant quelques-unes sont géné- ralement considérés comme éteintes actuellement ; tel est le cas pour le Sirombus mediterraneus, espèce apparentée d’une part à Strombus coronatus Defrance, d'autre part à St. bubonius Lamk. du Sénégal, comme divers auteurs l’ont indiqué depuis longtemps; peut-être ne s'agit-il là que de variétés d'une même espèce. Celle- ci, au lieu d’être éteinte, serait seulement émigrée. Quoi qu'il en soit cette belle espèce mérite bien d’être considérée comme carac- téristique de ces dépôts, de même que le Conus Mercati; mais il faut noter que ce dernier est beaucoup plus rare, du moins à Monastir. D’autres espèces ont émigré de la Méditerranée, et c’est parti- culièrement sur les côtes du Sénégal qu’il faut aller les chercher 1904 DE MONASTIR ET DE SFAX (TUNISIE) 205 aujourd'hui. Nous avons rappelé les relations du S{rombus medi- terraneus et du St. bubonius. Pomel a également fait mention, dans l'Explication de la carte géologique de l'Algérie du genre Tugonia, dont nous avons retrouvé en Tunisie des représentants fort voisins du Tus'on d'Adanson. Nous relèverons encore la présence dans ces couches du Jéson d'Adanson, du Dosin, du Cotan, du Nifat, du Sakem. Enfin il peut être intéressant de faire observer que bon nombre d'espèces, recueillies sur les plages soulevées de Tunisie, et qui d’ailleurs vivent encore dans les eaux de la Méditerranée, ont de nombreux représentants sur les côtes orientales de l'Afrique. Pour terminer, nous nous bornerons à dire quelques mots de la sebkha de Monastir. Cette vaste dépression, qui limite à l’ouest le plateau de Monastir, est située très sensiblement au niveau de la mer, avec laquelle elle peut même parfois communiquer. La plu- part du temps, elle est entièrement à sec, ce qui permet de cons- tater que son fond est formé par un sable argileux grisâtre. On y trouve fréquemment des fossiles, parmi lesquels on peut citer: Trochus (Gibbula) divaricatus L. (1). Neritula neritea L. (2). Cerithium vulgatum Brugière (une centaine). Cerithium (Pirenella) conicum Blainville (30). Natica (Neverita) Josephinia Risso (6). Nassa mutabilis L. (8). Nassa (Hinia) reticulata L., var. nitida Jeffreys (1). Murex (Chicoreus) trunculus L. (2). Conus mediterraneus Brugière (6). Cardium edule L. (une centaine, se rapportant surtout à la var. Lamarcki Reeve). Loripes lacteus L. (40). Tapes pullastra Montagu (1). Tapes aureus Gmelin, var. elongata Dautz. (tv). Gastrana fragilis L. (5). Syndesmya alba Wood, var. apesa Gregorio (3). Toutes ces espèces vivent encore sur la côte voisine. Par contre, on ne constate plus la présence du grand Strombe. Enfin un certain nombre de coquilles ont encore conservé leurs couleurs et ont un aspect plus jeune que celles des gisements examinés précédemment. Il y a donc lieu de penser qu'il s’agit d'un dépôt bien plus récent, quelques-uns de ces Mollusques ayant même pu ètre apportés à une date très rapprochée par une incursion de la mer dans la lagune. 206 FLICK ET PERVINQUIÈRE Au point de vue général, le fait le plus important qui découle de cette étude est le suivant : La terrasse de Monastir n'est pas horizon- tale, elle plonge à l’est et accuse des différences d'altitude comprises entre 20 m. et 10 m. ; la plage soulevée de Sfax, tout à fait sem- blable à la précédente et contenant les mêmes espèces, se trouve à 8 m. au-dessus de la mer. Ce seul fait d’une dénivellation sur un espace aussi restreint démontre qu’il ne peut s'agir ici de mouve- ments eustatiques, mais de ce que les anciens auteurs appelaient les mouvements lents de l'écorce terrestre, dont la réalité est démontrée une fois de plus. M. H. Douvillé ne pense pas que les différences de niveau signalées indiquent nécessairement un mouvement local du sol ; quand la mer recule lentement, les dépôts littoraux se déplacent en même temps et donnent naissance à une couche qui n'est pas horizontale, mais inclinée suivant la pente du rivage. M. Léon Bertrand fait remarquer que l'observation qu'il a faite dans la séance du 18 janvier ’ relativement à la disposition des poudingues pliocènes des environs de Nice, n’est nullement en contradiction avec les faits indiqués par M. Guébhard dans sa note du 1e février *, où il rappelle l'existence d'un mouvement tectonique postérieur à l’Astien. Le relèvement des poudingues pliocènes à une cote variant de 180 m. sur le littoral, jusqu’à 500 m. et davantage dans l’intérieur ne peut naturellement être dû qu'à un mouvement propre du sol, comme cela était d’ailleurs indiqué dans l’observa- tion précitée; mais ces mouvements, nécessairement postérieurs au dépôt des poudingues en question, s'ils ont donné naissance à de véritables plissements à l'ouest du Var, ne paraissent s'être traduits, sur la rive gauche de celui-ci, que par une ascension d'importance graduellement croissante en allant du littoral vers l’intérieur du continent. > CUUR, (Ov D me 80. 18: À B. S. G. F. (4), IV, p. 168. I. 2. SUR QUELQUES FOSSILES DE MADAGASCAR par M. H. DOUVILLÉ. PLANCHE VIII. SOMMAIRE : À, Région occidentale, partie nord. — B, Région occidentale, partie sud. — C, Région orientale. — Conclusions. A. Région occidentale, partie nord. M. le capitaine Mouneyres, directeur du service des Mines à Madagascar, et le Révérend Baron bien connu par les nombreuses explorations qu’il a précédemment exécutées, viennent de parcou- rir la région occidentale de l’île et ont recueilli un grand nombre de fossiles qu'ils nous ont communiqués. L’itinéraire suivi par les explorateurs part de Tananarive et suit d'abord la vallée du Mabajilo, jusqu'au pied du Bemara ; il remonte au nord vers la vallée de Manambolo et franchit le Bemara un peu au sud de: cette rivière. Il continue à remonter au nord entre le Bemara et la mer, jusqu'à l'embouchure du Manambao; il se dirige alors vers le nord-est en coupant le massif de l'Ambongo pour aller rejoindre la mer à Soalala. Les explorateurs ont ensuite fait un détour à l’est jusqu’au lac Kinkony puis, se dirigeant droit au sud, ils remontent sur le plateau de Kahavo et redescendent à Ankilahila, d'où ils rega- gnent Tananarive. Cette exploration a duré deux mois, du 29 septembre au 29 novembre 1902, et un compte-rendu sommaire en a été publié dans le Journal officiel de la colonie (numéro du 16 mai 1903). Nous croyons intéressant d’en résumer tout d’abord les passages les plus importants : EXTRAIT DU JOURNAL DE VOYAGE DE MM. BaAroN Er MOUNEYRES « Les grès inférieurs apparaissent près de Miandrivazo, où ils recouvrent les schistes amphiboliques. De là, nous avons remonté au nord pour rejoindre le Manambolo à Bekopaka, en contournant au nord le piton curieux de Tsitondroina ; le profil de ce piton montre par ses différences de pente les diverses assises stratifiées 208 H. DOUVILLÉ 7 Mars qui le constituent ; les grès de la base sont surmontés au sommet par des calcaires formant le prolongement de ceux du Bemara, dont on aperçoit la longue ligne continue très rectiligné et hori- zontale à l’ouest. Ce piton est donc un témoin de l’ancienne exten- sion vers l’est de ces calcaires. « Pour franchir le Bemara, il est impossible de suivre le Manambolo dont la vallée très encaissée et à bords escarpés est en bien des points inaccessible ; il faut faire un crochet vers le sud et s'élever de 400 m. environ sur des pentes raides en partie boisées. Le sommet est constitué par un grand plateau où les roches calcaires très découpées sont hérissées de pointes (mara), ce qui rend la marche très diflicile. Nous avons pu recueillir d’assez nombreux fossiles sur un talus d’éboulis au pied d’une haute falaise (Gisement A) ; la roche calcaire elle-même ressemble quelquefois au calcaire lithographique. | « Sur le flanc ouest du Bemara (Gis. B) nous avons rejoint le Manambolo à Bekopaka, poste qui se trouve joliment perché sur un petit mamelon de grès; la roche rouge extérieurement, bleue jaunâtre ou grisâtre à l’intérieur est pauvre en fossiles, mais il nous a paru probable au point de vue stratigraphique que ce grès était superposé au calcaire du Bemara. Ce serait donc un grès d'âge postérieur au Jurassique et non pas la réapparition des grès triasiques que nous avons laissés plus à l’est plongeant sous le calcaire. « Remontant au nord de Bekopaka, en restant à peu près toujours dans les grès (Gis. C) : vus à Bekopaka, on longe parfois de très près le pied du Bemara, qui forme une longue falaise de faible hauteur, où les calcaires sont souvent découpés d’une manière tout à fait pittoresque. « Après avoir quitté Antsalova on traverse une grande étendue de terrain volcanique présentant par places des géodes de quartz cristallisé.…. « À 2 heures au delà de Bemena, dans la basse vallée du Manambao on retrouve des grès rougeâtres à l'extérieur, mais plus clairs ou même blanes à l’intérieur. Ces roches sont azoïques, mais nous rencontrons quelques fossiles dans des calcaires inter- calés (Gis. D et E) ; ces roches sont probablement crétaciques ?. « À partir de Bemoka, le basalte reparaît; nous rencontrons r. Calcaire glauconieux avec fossiles appartenant au Jurassique supé- rieur. H. D. 2. Elles appartiennent les unes (D) à l’Albien, les autres (E) au Jurassique supérieur. H. D. 1904 FOSSILES DE MADAGASCAR 209 ensuite de nouveau des grès, puis les calcaires constituant une chaîne de collines dénommée Ambohipitsaka ; ces calcaires tout à fait semblables à ceux du Bemara, dont ils doivent représenter le prolongement vers le nord, forment de hautes falaises découpées. « Peu après Bepia, en se dirigeant sur Ampoza, on quitte les calcaires, qui n’ont ici qu'une faible largeur, et on retrouve le grès probablement triasique. Près du village de Mahajemby (ou Mahajeba) les grès sont semés à la surface de nombreux fragments de troncs d'arbres silicifiés (Gis. F). L'aspect en esttrès curieux, car l'apparence du bois est fort bien conservée et ce n’est qu'un examen attentif qui en fait connaître la vraie nature. « Au delà et de part et d'autre du village de Bekinona, les grès sont coupés de roches volcaniques. Quelques kilomètres avant d'attendre le poste d’Ampoza on trouve une roche oolithique de nature siliceuse, probablement d’origine geysérienne. « Au delà d’Ampoza, sur la rive droite du Ranobe, on retrouve les grës sans fossiles, formant de grands plateaux marécageux dominés par quelques sommets gréseux ; c’est ainsi qu'après le village de Tsaronala, la ligne de crête du Potipoty est constituée par des grès présentant des reliefs ruiniformes et dessinant les silhouettes les plus pittoresques. « Une demi-journée au delà se montrent des quartzites et la latérite rouge indiquant probablement la présence des gneiss, d'où émergent des dykes de pegmatite et de granite. Ces mêmes terrains avec traces de basalte se prolongent jusqu'à Bekodoka. Cette roche est très développée avant le village de Manitsokomby, et l’on rencontre des géodes de quartz et des amygdales de calcé- doine verte avec mouches de cuivre natif. De là, vers Tsitanandro, le chemin reste toujours sur les grès; en un point seulement nous avons trouvé un pointement de calcaire semblable d'aspect à celui de Bepia et du Bemara. Tout autour de Tsitanandro abondent les bois fossiles, surtout au nord (après la traversée d’un petit ruis- seau), où ils ont l’air de constituer les restes sur place d’une ancienne forêt. « Après la traversée du Manombo, avant d'arriver à la petite rivière Bevoay, le chemin franchit une falaise, sur laquelle on passe au calcaire ; on reste sur ces calcaires jusque près de Soalala ; ils se présentent en assises à peu près horizontales, parfois curieu- sement découpées et nous fournissent d'assez nombreux fossiles, entre Namoroka et Marosampana (Gis. G)'et près de ce dernier village (Gis. H) *. On rencontre quelques traces de basalte. 1 et2. C’est déjà l’oolithe jaune du Callovien. H. D. 17 Octobre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 14 210 H. DOUVILLÉ 7 Mars « De là en se dirigeant vers le lac Kinkony le terrain est parsemé de fragments de roche éruptive, et de petites masses de silex, calcédoine, opale, etc. « Près du village de Manobatoba (ou Manombatromba), à peu de distance au sud du lac, nous franchissons un plateau de grès avec bois silicifié (Gis. D)’ qui se termine par une falaise, sur le bord de la vallée de la rivière Bekiady. Les calcaires très fossilifères (Gis. J)° reparaissent à 2 kilomètres de Komihevitsy; ils sont piquetés de petits points noirs... « En nous dirigeant sur Audranomavo, le terrain présente une alternance de grès et de calcaires (Gis. K) * ; ce dernier poste est situé sur un plateau calcaire; au delà après avoir traversé la rivière Amboromihanto nous trouvons un gisement de fossiles d'une richesse extraordinaire et nous y faisons une abondante récolte (Gis. L) *. « Nous effectuons ensuite en 3 jours et demi la traversée des plateaux ou causses du Tamponketsa et du Kahavo, complètement inhabités. Le basalte recouvre souvent le calcaire, mais quand celui ci reparaît à la surface, il prend l'aspect particulier des cal- caires des grands plateaux, comme au Bemara et se présente sous 3 faciès : 1° grandes dalles plates, souvent placées en porte à faux et basculant sous les pieds du voyageur, en rendant un son ; 2° des blocs à surfaces arrondies, soit en relief, soit en creux ; 3° des pointes hérissées (mara). D'autre part on voit parfois sur le plateau, de curieuses dépressions, à contours souvent arrondis, quelquefois cependant irréguliers, dont le fond paraît humide et est couvert d'herbes, tandis que les parois raides montrent le calcaire à nu : cela semble résulter d’effondrements consécutifs à des vides souterrains causés par les eaux. « Dans la dernière demi-journée de traversée du causse Kahavo, les petits ruisseaux sont relativement nombreux, sur le flanc de la vallée de l’un d’eux, l'Ankarongana, nous pouvons faire une bonne récolte de fossiles (Gis. M) *. « Le Kahavo est tranché au sud, au-dessus de la rivière Ambodi- riana, par une falaise haute de 400 mètres ; elle comprend en haut 1. M. Fliche ÿ a reconnu un bois de Myrtacé, ce grès est donc crétacé. H. D. 2. Albien avec Ammonites mamillaris. H. D. 3. Quelques Bélemnites indéterminables, partiellement silicifiées dans un grès à gros grains de quartz (l’une d’elles rappelant les Duvalia) et une Ostrea également indéterminable. D'après la gangue, ce gisement appar- tiendrait soit au Jurassique supérieur soit au Crétacé inférieur. H. D. 4. C’estle Callovien qui reparaît. H. D. 5. Petits fossiles silicifiés du Bajocien avec Sonninia. H. D. 1904 FOSSILES DE MADAGASCAR or environ 250 mètres de calcaires assez fossilifères (Gis. N) et au-dessous les grès inférieurs toujours de même apparence et aussi stériles en fossiles ". « Ces grès se continuent jusqu’au village d’Ankilahila ; au delà sur la rive gauche du Makambaho, le chemin suit à peu près la limite des grès et des terrains archéens qui constituent le Bongo Lava dont nous longeons le pied. ÉTUDE DES FOSSILES RECUEILLIS par M. H. DOUVILLÉ. On sait d’après les cartes géologiques publiées par M. M. Boule et par M. Gautier que le cap Saint-André correspond à une apo- physe du massif central, sur les deux flancs de laquelle les dépôts de la période secondaire se développent en bordure ; les couches gréseuses de la base de ces dépôts s'étendent même d'un versant à l’autre et recouvrent en grande partie les terrains anciens. L'exploration qui vient d'être faite a eu surtout pour objet l'étude de ces deux bandes de terrain secondaires du sud-ouest et du nord-est et du plateau qui les sépare. Sur les deux versants, le Jurassique est principalement représenté par des calcaires com- pacts de couleur claire qui constituent la chaîne du Bemara et le causse de Kahavo et dont les caractères sont identiques. Lias. — A la base, on observe des grès souvent très développés et dans lesquels on ne rencontre guère que des bois silicifiés (Araucarioxy lon, Cedroxylon). A la suite de la première explora- tion de M. Villiaume dans la vallée de Morondava *?, nous avions considéré ces grès comme pouvant représenter le Trias ; plus tard les nouvelles explorations de M. Villiaume dans la région de Nossi Bé * ont montré que les premières couches fossilifères intercalées à la partie supérieure de la formation gréseuse appartenaient en réalité au Lias supérieur ; ces observations ont été confirmées par celles que M. Gautier a faites à Ankilahila ; il en résulte que ces grès eux-mêmes, ou tout au moins leur partie supérieure, repré- 1. Rappelons que c'est dans cette région près d’Ankilahila que M. Gautier a découvert des fossiles appartenant au Lias supérieur vers la limite des grès et des calcaires. 2. B: S. G. F. G), XXVII, p. 385. 3. H.DouviLcLé : Sur les fossiles recuëillis par M.Villiaume dans Les couches charbonneuses des environs de Nossi-Bé.C.R. Acad. Se., CXXX, p.1568, 1900. 219 H. DOUVILLÉ 5 Mars sentent le Lias moyen et le Lias inférieur et qu'il faut les consi- dérer par suite plutôt comme liasiques que comme triasiques. L’exploration de MM. Mouneyres et Baron n'apporte pas de docu- ments nouveaux sur cette question. Les récoltes de fossiles ne commencent que dans les calcaires du Jurassique moyen. Bajocien et Bathonien. — M. Gautier avait déjà insisté sur les Caractères d’uniformité remarquable que présentent les massifs calcaires en couches presque horizontales de la région d’Ankila- hila, et sur leur analogie avec les causses. Les mêmes caractères se retrouvent dans la chaîne du Bemara : M. le capitaine Faucon nous a communiqué une série de photographies prises par lui en 1899 dans les gorges du Manambolo et qui mettent bien en évidence la constitution de cette chaîne; nous en avons fait reproduire quel- ques-unes ci-après (PL. VII). C'est un plateau étroit formé d'un puissant massif de calcaire, épais de 400 mètres environ dont les couches sont nettement stratifiées et très peu inclinées ; elles plon- gent très légèrement vers l’ouest et leurs premiers affleurements à l’est viennent se montrer au sommet des collines gréseuses. Ces calcaires de couleur claire et un peu jaunûtre, sont peu fossilifères ; MM. Baron et Mouneyres y ont recueilli (Gis. A et B) : Belemnopsis sulcata, Nerinea bathonica, Nerinea du groupe Ptygma- tis, Eopecten, Plagiostoma cordiforme, Pholadomya ovulum, Ph. ang'us- tata, Gresslya, Ceromyu plicata, Terebratula fimbria, Rhynchonella cf. obsoleta, Rh. versatilis ? Kitchen, Polypiers de grande taille. Ces mêmes calcaires constituent au nord-est le causse de Kahavo déjà étudié par M. Gautier. Les couches fossilifères du Lias supérieur ne sont pas signalées, mais un peu au nord d’Anki- lahila, sur les flancs de la vallée d’Angarongana, les explorateurs ont découvert un gisement très riche en fossiles siliceux de petite taille, parmi lesquels nous citerons (Gis. M): Sonninia decora Bukmann, Natica, Pseudomelania, Trigonia costata, Lopha costata et nombreux bivalves. C’est une faune intéressante parce qu'elle indique bien certaine- ment le Bajocien inférieur. Un peu plus au sud à la descente de la grande falaise, les cal- caires blanchâtres ont fourni, en haut, une jolie petite faune de Lamellibranches de faciès bathonien (Gis. N :) : Natica, Cardium consobrinum, Corbula, Pholadomya ovulum, Trigonia costata, Lopha costata, Arca,,Nucula nucleus, Rhynchonella. Plus bas la zone moyenne renferme des Rhynchonelles, le plus 1904 FOSSILES DE MADAGASCAR 219 souvent écrasées et des lumachelles de Nucula et de Corbula (Gis.N°). Vers la base, la faune est encore presque la même(Gis.N"): Corbula, Gressla, Trigonia costata, Rhynchonella. Callovien. — Au dessus du Bathonien on retrouve l’oolithe jaune identique à celle qui a été plusieurs fois signalée au sud près de Malaimbandy; c’est un niveau qui est presque toujours très fossilifère. MM. Baron et Mouneyres ont recoupé ces couches à plusieurs reprises, mais seulement sur la bande nord-est : 1° Au nord près de Soalala. Gis. G. Flabeliothyris dichotoma Kitchen, Rhynchonella enryptycha Kitchen, Rh. concinna, Cidaris cf. sublævis. Gis. H. Trigonia costata, Lopha costata, Terebratula bradfordiensis (race aurata Kitchen). 2° Au sud du lac Kinkony. Gis. L, très remarquable par sa richesse et la belle conservation de ses fossiles : Macrocephalites macrocephalus (plusieurs variétés), Cado- ceras Herveyi, Phylloceras vicarium Waagen, Perisphinctes Orion, Oppelia conjungens, O. subcostaria, Belemnopsis hastata, Littorina, Sphæra madagascariensis, Ctenostreon proboscideum, Lopha gregarea, Leda, Polypiers, Terebratula intermed'a, Flabellothyris dichotoma Kitchen, Rhynchonella Orbignyi, Rh. decorata (variété avec 2 plis au bourrelet de la valve dorsale). On voit que cette faune présente plusieurs des fossiles signalés dans l’Inde par Waagen et Kitchen ; non seulement il y a identité au point de vue de la faune avec le groupe de Chart, dans la province de Cutch, mais c'est encore la même nature de couches (golden oolite) : le rapprochement est frappant. Jurassique supérieur. — Un nouvel horizon fossilifère a été découvert par MM. Baron et Mouneyres et il présente également un grand intérêt par son analogie avec les faunes de l'Inde : il se trouve au pied du Bemara du côté de l’ouest; il succède immé- diatement aux calcaires clairs du Bathonien et l'absence des couches si constantes du Callovien semble bien indiquer que la falaise qui limite ici le Bemara correspond à une faille. Les explo- rateurs ont rapporté de cette région (Gis. CO) : Lissoceras cf. Staszyci, Oppelia Kobelli (dans un calcaire jaunâtre piqueté de glauconie) et Belemnites claviger. Ces deux dernières formes n'ont été rencontrées jusqu'à présent que dans la région de Cutch où elles caractérisent les grès de Katrol. De la même région proviennent également un Apiocrinus et des 214 H. DOUVILLÉ 7 Mars Aptchus très bien conservés du groupe des ZLamellosi analogues à ceux que l’on rencontre si fréquemment en Europe dans le Jura supérieur, et qui pourraient être attribués à la grande espèce de Lissoceras qu'ils accompagnent. ; Plus au nord et sur le même versant (Gis. E), toujours au pied de la falaise calcaire qui prolonge celle du Bemara, les explora: teurs ont recueilli le même Aptychus, un fragment bien carac- térisé du Lytoceras rex, un Perisphinctes (ces deux espèces se retrouvant dans le grès de Katrol), une Liogryphea voisine de L. lamellosa (sub Exogyra) de la formation de Uitenhage, dans l'Afrique australe, et des Serpules de forme assez particulière qui paraissent nouvelles. Ces dépôts représentent probablement les argiles à septaria du nord-ouest (Ampandramahala). Terrain crétacé. — Les couches inférieures de cette formation ont été rencontrées à la fois sur les deux versants : Gisement J, près de Komihevitsy. — Acanthoceras mamillare, bien caractérisé, Ac. sp., (grosse forme ressemblant à Ac. Stobieskyi, mais qui n'est peut-être que l’adulte de l’espèce précédente), Phylloceras Adelæ, Puzosia diphylloides, Forbes, P. Charrierei, Pseudobelus semi- canaliculatus, Nautilus neocomiensis, Cerithium cf. Lallieri, Campanile cf. trimonile, Plicatula, Neithea tricostata, Exogyra arduennensis, Alectryonia ct. macroptera, Terebratula Dutemplei, Kingena, Rhyn- chonella sulcata, Epiaster, Peltastes,n. sp., Polypiers. | Un autre gisement voisin, près du village de Mariarano, a fourni Puzosia Emerici, Exogyra arduennensis, Rhynchonella sulcata. Enfin nous rappellerons que les grès situés un peu plus à l’est (Gis. I) ont fourni un bois silicifié de Myrtacé. Sur le versant occidental le gisement D, près de l'embouchure du Manambao indique un niveau encore Albien : Turrilites Mayori, Neithea quadricostata, Hemiaster Phrynus. Il en résulte que la Craie s’étendait de ce côté beaucoup plus au nord que ne l'indique la carte de M. Gautier et qu’elle succédait : régulièrement au Jurassique supérieur. B. Région occidentale, partie sud Le massif Bara nous paraît devoir attirer tout particulièrement l'attention des explorateurs. Son altitude dépasse 1.000 mètres, les couches paraissent y être peu inclinées ; il est donc probable qu'on 1904 FOSSILES DE MADAGASCAR 215 y rencontrera des coupes plus complètes que dans le Bemara et qui permettront d'établir le parallélisme des formations de Mada- gascar avec celles de l'Afrique australe. Dès maintenant, on sait que le plateau de l’Isalo qui s'élève à l’ouest est formé par les grès inférieurs. Au sud dans la vallée de l'Isakondry divers explorateurs ont recueilli des fossiles apparte- nant au Bajocien (Stomechinus bigranularis), au Bathonien et au Callovien (Macrocephalites et lumachelle de Leda et de Corbula, tout à fait identique aux échantillons du causse de Kahavo,recueillie par le lieutenant Boutonnet dans la vallée de Fiheranga). Nous avons déjà signalé d’autres fossiles trouvés par ce dernier explo- rateur et que nous avons considérés comme crétacés : la roche est un grès à grain grossier ! et la grande espèce de Trigonia du groupe de la T. longa qu’elle renferme, fait penser aux grandes Trigonies qui caractérisent les couches d’'Umia dans l'Inde et le haut du système d’Uitenhage dans le sud de l'Afrique. Cette espèce est en outre associée a un grand Pycnodonta paraïssant voisin de P. imbricata, Krauss (sub Exogyra) de ces dernières couches. M. Boule nous a fait connaître la présence dans la région de l’Isakondry de l’Albien (Ammonites du groupe du nodosocostatus) et du Cénomanien (A. rothomagense). Enfin l’Eocène y existe également et s'élève à l'est de Tullear jusqu'à la cote 100 environ (M. Gautier). La plus grande partie des formations connues jusqu’à présent à Madagascar paraît donc représentée dans cette région, etson étude fournira certainement des résultats d’un grand intérêt. C. Région orientale. Nous avons reçu également par l’entremise du capitaine Mou- neyres, une série d'échantillons de la localité de Marohita, que M. Boule nous a fait connaitre tout dernièrement. Les Ostréidés paraissent être abondantes dans ce gisement : nous avons reconnu le Pycnodonta vesicularis, et l’Alectryonia unguluta déjà signalé par M. Boule à Fanivelona. Les autres fossiles sont à l’état de moules ; nous avons pu déterminer Turritella breantiana*® d’Or- bigny in Stoliczka, Trigonia cf. scabra et Cyprina cordialis. En réunissant les différents fragments envoyés et qui paraissent pro- 1. Cette roche rappelle beaucoup celle du gisement K de MM. Baron et Mouneyres. 2. Le type est de Pondichéry. 216 H. DOUVILLÉ 7 Mars venir d'un même bloc il nous a été possible de reconstituer la charnière de cette dernière espèce qui présente un intérêt tout particulier. Elle a été décrite par Stoliczka en 1871 dans « Paléonto- logia indica » (Cret. Fauna of South India, vol. IIT, p. 192) et celui- ci a proposé de la prendre pour type d’une subdivision de Cyprina qu'il nommait Cicatrea, et qui était caractérisée surtout par l'exis- tence d'une carène limitant un corselet postérieur analogue à celui des Trigonies ; en même temps il figurait la charnière de cette espèce; mais soit que l'échantillon eut été insuflisamment préparé, soit que le dessin ait été mal fait, cette charnière était incompréhensible ; nous avons pu la reconstituer en contremoulant l'échantillon de Marohita. On sait que la charnière des Cyprines est caractérisée par le développement de la latérale AT qui en s'allongeant vers Le centre de la charnière, vient buter contre la cardinale 2 et s’infléchit dans le prolongement de 3a; il en résulte que sur l’autre valve l'extrémité de la latérale AIT commence déjà à s’individualiser mais sans donner encore une vraie cardinale. Cette disposition est très nettement marquée sur le moulage que nous avons fait de la charnière de l'échantillon de Madagascar. Mais nous connaissons dans le nord de l'Afrique une forme bien voisine de celle de l'Inde, c'est le genre Roudaireia proposé par Munier-Chalmas, ici encore c’est la même ornementation rappelant celle des Trigonies, et la charnière a également les caractères de celle des Cyprina. Il en résulte que Cicatrea et Rou- daireia sont synonymes, mais le premier a été mal défini, sa char- nière a élé représentée d'une manière inexacte, de telle sorte que l’auteur de Roudaireia a pu dire avec raison que son genre se distinguait de Cicatrea par une charnière toute différente; ce der- nier genre doit donc être rejeté comme mal défini. En réalité les 3 espèces de l'Inde, cordialis et Forbesi du groupe de Trichinopoly, cristata de celui d’Arrialoor, appartiennent bien au genre Rou- daireia, et la présence de l’Alectryonia ungulata avec la première de ces deux espèces indique que son niveau est en tout cas bien voisin du Campanien. Conclusions Les divers groupes de fossiles que nous venons d’étudier met- tent une fois de plus en relief les analogies extrêmes que présen- tent les faunes fossiles de Madagascar avec celles de l’Inde ; mais elles montrent en outre un parallélisme de position très curieux entre ces formations : (uoone4 eureudeg np soiydeuSojoug) (IB9SBSBPEJN) O[oqUEUB np se8410 (Y061 Sue L np eouves) IIIA ‘Id ‘AI ‘L ‘‘19S 07 oouBiH 2 ‘099 ‘20S ‘Ing QI[TANOG LUOH ‘JÙ HA ALON 1904 FOSSILES DE MADAGASCAR 217 Le Crétacé supérieur de la côte orientale de Madagascar repro- duit le Crétacé supérieur de la côte orientale du sud de la presqu’ile de l'Hindoustan, tandis que le Jurassique de l’ouest ou des pays Sakalaves, présente de très grandes analogies avec celui de la presqu'’ile de Cutch. Les dépôts gréseux de la base manquent seuls dans l'Inde, mais ils se retrouvent en Perse. Le groupe de Patcham avec ses calcaires gris clair et ses marnes reproduit les calcaires du Bemara et du Kahavo. Nous avons déjà signalé l'identité des oolithes jaunes à Macrocephalites avec le golden oolite du groupe du Chart ; au-dessus les schistes à nodules ferrugineux avec Amm. punctatus reproduisent les marnes à fossiles pyriteux et Æectico- ceras de la région de Suberbieville. Le groupe de Xatrol corres- pond nettement aux argiles à septaria d’Ampandramahala dans le bassin du nord-ouest et aux couches à Aptychus découvertes par MM. Baron et Mouneyres à l’ouest du Bemara. Enfin les grès grossiers à grandes Trigonies du pays Bara rappellent les forma- tions du groupe d'Umia. Ces rapprochements sont tellement frappants que des deux côtés, à l'ouest et à l’est, les formations de Madagascar parais- sent être le prolongement direct de celles de l'Inde. le haut pays de Madagascar jouant le même rôle que le massif central de l'Hin- doustan. EXPLICATION DE LA PLANCHE VIII Photographies des gorges du Manambolo prises par le capitaine Faucon pendant l’expédition de 1889; la première, en haut à gauche, représente probablement le Tsitondroina avec son chapeau calcaire et ses pentes gréseuses. SUR DES CONCRÉTIONS QUARTZEUSES RENFERMÉES DANS LA CRAIE BLANCHE DE MARGNY (OISE) par M. Stanislas MEUNIER. Dans la plupart de ses gisements, la craie blanche renferme, comme tout le monde le sait, des concrétions siliceuses, des rognons de silex dans la masse de la roche ou des plaques de silex dans ses fissures, pouvant présenter en certaines de leurs régions, soit des mamelons de calcédoine soit même dés géodes de quartz parfaitement cristallisé. Aussi n’y aurait il pas à mentionner les productions quartzeuses de la craie de Margny si celles-ci ne se présentaient sous une forme tout à fait particulière. Ce sont de très élégants agrégats de grains de quartz d’une parfaite régularité cristallographique et qui, avec des apparences de confiseries, sont souvent comme celles-ci, éminemment friables. À cette occasion, il est intéressant de remarquer que. Graves, dans sa célèbre Topographie géognostique de l'Oise, qu’on estime à si Juste titre comme un modèle du genre, ne mentionne nulle part les curieuses productions minérales que nous avons en vue et l’on doit d'autant plus être assuré qu'il les ignorait que, depuis trente ans que je visite la région de temps en temps, c’est seule- ment l’année dernière que, sur l’aimable avis que m'en donna notre confrère M. le D' Rambaud, je les ai remarquées. On doit en conclure que ces objets sont très strictement localisés dans une région spéciale et c’est là une nouvelle distinction très nette avec les rognons siliceux qui, eux, se retrouvent d'ordinaire aussi loin que les couches qu'ils caractérisent. IL est d’ailleurs encore une autre particularité distinctive qui ne saurait être omise. C’est que, tandis que les silex sont très exac- tement empâtés dans la craie qui en moule tous les contours, les concrétions de Margny sont logées dans des cavités plus ou moins sphéroïdales, plus grandes qu’elles et dont les parois sont très nettement délimitées. | Ces parois, enduites d’une très mince couche argileuse faible- ment jaunâtre, sont très accidentées et présentent des protubé- rances qui se dirigent en général vers le centre de la cavité. On remarque que celles-ci, plus ou moins coniques, sont réunies en séries linéaires par des sortes de crêtes très grossièrement orien 1904 CONCRÉTIONS DE LA CRAIE 219 tées comme les méridiens du sphéroïde creux. Perpendiculaire- ment à ces crêtes sont des bourrelets bien plus fins et bien plus nombreux, qui s’infléchissent à la base des protubérances coniques et sur leurs flancs. L'impression première est que les singulières cavités de la craie de Margny ont conservé des traces plus ou moins vagues d'objets maintenant dissous et dont les productions quartzeuses que nous décrivons pourraient représenter un résidu partiel. Ce point une fois acquis, il y avait lieu de rechercher si, malgré leur première irrégularité apparente, les concrétions ne provien- draient pas de quelques corps mieux définis et c'est pour cela que je me suis attaché à en réunir un grand nombre. Il a été facile alors de s’apercevoir que beaucoup des concrétions se ressemblent entre elles fort étroitement et manifestent une symétrie évidente. Ce sont des masses plus ou moins sphéroïdales, traversées selon un de leurs diamètres par une espèce d’axe cylin- droïde en silex et présentant des côtes méridiennes qui leur donnent une allure rayonnée. La coexistence du silex axial et du quartz granuleux périphé- rique a de quoi surprendre à première vue ; après examen, elle se montre très instructive quant aux causes d’où dérive la concré- tion tout entière. Tout de suite en effet, elle prouve que les infil- trations siliceuses génératrices de ces masses minérales et qui sans doute étaient alimentées par de la silice organique provenant de Diatomées, de Spongiaires ou de Radiolaires, etc., ont ren- contré des conditions bien distinctes de milieu dans l’axe et autour de lui. Dans la recherche de ce problème, je me suis trouvé singulière- ment renseigné par les observations que j'ai faites antérieurement et qui ont été consignées dans le Compte Rendu du Congrès géolo- gique international tenu à Paris en 1900. Elles ont trait à la production de cristallisations quartzeuses dans l’épaisseur du test calcaire de certaines coquilles fossilisées de la craie. A cet égard, j'ai étudié spécialement les débris d’Inocérames et les Ananchytes, dont la dissolution par les acides laisse un abon- dant résidu de grains quartzeux, souvent admirablement cristallisé et parfois aussi à l’état de calcédoine concrétionnée. En suivant pas à pas la dissolution, on reconnaît que ces pro- ductions minérales se déclarent d'abord dans certains points qui sont déterminés d'avance par l’anatomie du fossile. Ainsi, pour les Ananchytes, les cristaux se groupent volontiers en files paral- lèles aux zones ambulacraires et aussi le long des bords de beau- 220 S. MEUNIER. — CONCRÉTIONS QUARTZEUSES 7 Mars coup de plaques du test : disposition surtout sensible quand la quartzification est peu avancée et qui s’efface progressivement par la multiplication des grains quartzeux. Les Ananchytes de Le craie de Meudon une fois attaqués complè- tement par l'acide, nous procurent des échantillons pareils à ceux qu'on extrait de bien des chailles de la Franche-Comté et qui, malgré de très grandes différences de forme, présentent une ressemblance générale bien remarquable avec les corps probléma- tiques de Margny. On y voit, en effet, comme dans ceux-ci, un noyau siliceux enveloppé d'une croûte cristælline constituée par l'agglomération de grains quartzeux. Et l’on peut saisir cette fois la différence des conditions de milieu offerte aux infiltrations siliceuses par l'épaisseur du test de l'Oursin et par la large cavité de sa coquille. Tandis que la boue crayeuse qui remplissait le fossile s’est laissée remplacer par la matière d’abord gélatineuse qui a pris la structure du silex avec production ultérieure possible de géodes de quartz ou de mamelons de calcédoine, le spath calcaire, dont le test s'était constitué par la disparition de ses éléments organiques et l’arrangement cristallin de sa portion minérale, n’a cédé la place que par points devant la constitution de petites gouttelettes ou de petites orbicules de calcédonite qui ont pris plus tard la forme de cristaux quartzeux distincts les uns des autres. C’est comme s'il y avait eu dans ces localités comme une contagion de l’état cristallin de la calcite initiale au quartz consé- cutif. | Comme complément j'ajouterais qu'on rencontre parfois des Spongiaires digitiformes lardant certains rognons siliceux dont ils sont séparés d'ordinaire par un intervalle très étroit, on reconnaît encore que ces organismes sont en quartz grenu de sorte -que la situation relative de celui-ci et du silex est sensiblement inverse de ce qu’elle est à Margny. Ces remarques conduisent à penser que les corps problémati- ques de Margny devaient être perforés d'un canal diamétral et cylindrique, correspondant à la cavité de l’Oursin. et dans laquelle, -comme dans celle-ci, le silex a pris naissance. Au contraire, dans le tissu même du fossile, les mêmes conditions se sont trouvées réalisées, que nous avons indiquées pour l'épaisseur du test de l'Ananchyte. Il est utile d'ajouter que certains spécimens permettent de sup- poser avec beaucoup de vraisemblance que ce tissu a été d’abord amené à la même structure que la coquille de l'Échinoïde, car plusieurs spécimens de Margny montrent en association avec le 1904 DANS LA CRAIE BLANCHE DE MARGNY 221 cristal de roche des rhomboëdres parfaitement visibles de calcite. Seulement, à un certain moment, il s’est produit la même circons- tance qui s'est déclarée dans les chailles et que nous reproduisions tout à l'heure à l’aide d’un acide surles fossiles de Meudon : les matières périphériques partiellement quartzifiées ont été dissoutes de façon que presque tout le calcaire en a été soustrait en laissant vide la place que ce minéral occupait dans la craie entre les portions silicifiées et les parois des cavités que nous observons aujourd'hui. La seule difliculté est de concevoir un dissolvant capable de pénétrer au travers de la masse de la craie sans l’altérer et d'extraire en même temps tout le calcaire spathique du fossile empâté. Chimi- quement cela paraît contradictoire et, cependant, il faut bien reconnaître que la nature dispose de ressources analytiques insoupconnées par les chimistes et que n’expliqueraient certaine- ment pas les propriétés comparatives, cependant invoquées quel- quefois, de l’aragonite et de la calcite. En somme, le fait dont la craie de Margny nous donne le spectacle ne fait que reproduire celui qui se renouvelle à chaque instant dans toute la masse du calcaire grossier inférieur de Vaugirard et des régions voisines, où la roche a conservé avec la plus extrême délicatesse et la plus complète précision, l'empreinte interne et l'empreinte externe de coquilles, calcaires comme elle est calcaire elle-même. Aussi ne paraît-il pas y avoir de raison pour refuser aux concré- üons de Margny une origine paléontologique. Il ne reste qu’à rechercher à quelle catégorie de fossiles il convient de les rap- porter. Dans cette voie la conclusion ne saurait être formelle, mais les probabilités paraissent intéressantes. Elles sont pour que la constitution de l'axe siliceux et la cristallisation des concrétions quartzeuses aient eu pour théâtre l'organisme d’une Éponge large- ment perforée en son milieu et pourvue de nombreux lobes rayonnant régulièrement. A ce titre, la comparaison s'impose avec certains Spongiaires fort abondants au sein du terrain crétacé supérieur'où l’on rencontre les Jerea et, parmi elles, des formes singulièrement ressemblantes aux formes que nous avons en vue comme l’Hallirhoa costata de Lamouroux, qui, ailleurs et sans doute par suite de circonstances locales, s’est silicifiée dans toute sa masse. Quel que soit d’ailleurs l'organisme intervenu dans la craïe de Margny, il m’a paru intéressant d’insister sur les facilités toutes particulières que l'épaisseur des fossiles spathifiés, procure à la 299 STANISLAS MEUNIER 7 Mars substance siliceuse qui circule dans les roches à l’état de solution aqueuses colloïdale, pour revêtir, directement et à froid, l’état de quartz cristallisé. M. H. Douvillé partage la manière de voir de M. Stanislas Meunier au sujet de l’origine des concrétions quartzeuses et des vides qu'il vient de signaler : il pense aussi qu'ils résultent de la présence d'un corps organisé, vraisemblablement d’une Éponge siliceuse. Les concrétions proviendraient alors de la dissolution et de la cristallisation sur place des spicules siliceux ; tandis que dans les silex proprement dits il y a toujours {ransport de silice et fréquem- ment concentration de celle-ci sur des corps organisés qui peuvent n'être pas siliceux (Oursins). M. Léon Janet, sans contester aucunement l’origine organique des concrétions quartzeuses de la craie présentées par M. Stanislas Meunier, fait remarquer qu'on trouve dans certaines couches de gypse des concrétions très analogues comme aspect et dont l'origine est inorganique. SUR L’EXISTENCE DE PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE par M. René NICKLÈS. De circonstances indépendantes de ma volonté m'ont empêché jusqu’à présent de publier les observations que j'ai faites en 1892 et 1893 dans la zone subbétique et particulièrement dans les pro- vinces de Murcie, d'Almeria et dans le nord de la province de Grenade :. Le Secondaire et le Tertiaire antérieur au Miocène y sont forte- ment ridés : on le sait par les travaux de MM. Marcel Bertrand et Kilian. D’après les remarquables mémoires de ces savants, les plis en Andalousie sont généralement orientés parallèlement à la grande faille du Guadalquivir qui limite au sud la meseta espa- gnole. Cette direction se poursuit à l'est jusqu’à l'extrémité orientale des provinces d’Alicante et de Valence, et semble de là gagner les îles Baléares. Jusqu'à présent aucun phénomène de charriage n’a été signalé dans cette zone ; et cependant, si on lit attentivement les notes de Collomb et de Verneuil on est surpris d'y voir cette remarque * : « rien n'est moins régulier que la succession des terrains dans cette contrée; des dénudations fréquentes ou des oscillations du sol survenues à toutes les époques ont mis souvent en contact des dépôts fort éloignés dans l'échelle géologique. Ainsi le Trias est recouvert par les couches jurassiques près d’Hellin, par la Craie au pied du Carche près de Jumilla.… » Cette remarque dont j'avais pu observer l'exactitude en divers points de la zone subbétique, jointe à ce fait que le Jurassique et les divers étages du Crétacé viennent fréquemment reposer sur le Trias à de faibles distances les uns des autres m'avait toujours poussé à rejeter l'explication de ce phénomène par la fréquence 1. J'en ai signalé les principaux résultats en 1902: Sur l’existence de phé- nomènes de recouvrement dans la zone subbétique. C. R. Ac. Sc., CXXXIV, P. 493. 2. B.S. G.F., (2), XIII, pp. 674-328. 29/ R. NICKLÈS. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars ‘possible d’oscillations. Mais je n’avais pas songé à chercher dans des phénomènes de charriage une solution de ce problème, avant d'en trouver un exemple en étudiant spécialement le massif de la Peña Rubia. I. LA PENA Rugra La Peña Rubia s'élève à r kilomètre environ au sud de Cehegin (province de Murcie) et domine de 100 à 150 mètres la rive sud du Rio Caravaca. Elle doit son nom (rocher rouge) à la couleur <— Czravaca Nord Cehe gin ee MR nn —-—- Synchinraux ++++ /nticlinaux Contact anormal Fig. 1. — Esquisse géologique de la Peña Rubia. Échelle : 1/60000 env. a, Alluvions modernes ; M, Miocène ; C, Crétacé ; N, Néocomien et Infra crétacé ; J, Tithonique et couches de Berrias ; T, Trias. rouge brique de certaines couches du Jurassique supérieur qui affleurent sur ses flancs. J'ai donné d’ailleurs en 1896 : la déserip- tion stratigraphique sommaire de ce massif. NickLés : Sur les terrains secondaires des provinces de Murcie, Almeria, nonacte et Alicante. C. R. Ac. Sc., CXXILI, p. 550, 1896. : 1904 EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 205 Elle est constituée dans son ensemble par un plateau ayant environ 4 kilomètres du nord au sud et de l’est à l’ouest une lar- geur plus grande, dont je n’ai pu repérer la limite occidentale. Les couches qui présentent d’assez fréquents accidents de détail offrent dans leur ensemble une allure normale, et se trouvent presque toujours dans leur ordre de superposition, sauf vers la partie méridionale et le front septentrional, AR d comme on le verra TE Mas IR g. 2. lus loin. OR j Eu J PR hr ke La partie supérieure de ce plateau est cons- tituée par les marno- calcaires blancs qu'on doit rattacher au Néo- comien inférieur (Ber- riasien Compris). Partie septentrionale de la Peña Rubia. — Ce plateau se présente sous une forme poly- gonale : à l’est la bor- dure presque rectiligne forme escarpement de- puis le Rio Quipar jus- qu'à Cehegin ; puis cette paroi souvent abrupte prend brusquement avec quelques sinuosi- tés la direction est- ouest, dominant la rive Fig. 2, 3 et 4. — Front nord de la Peña Rubia. méridionale du Rio Ca- Echelle approximative : 1/20000. ravaca jusqu'à la jonc- N, Néocomien ; B, Berriasien ; J, Jurassique Pnnldee routes de Ca. ps Le Ni Nu es OTYL; Ji. Jut assique Iinieérieur aux Cou lasparra et de Cehegin : ches à Rh. Loryi: K, Marnes irisées du Trias. à Caravaca. Au pied de cet escarpement se trouve, affaissé et séparé de la masse principale de la Peña Rubia, un synclinal néocomien plon- geant au sud, synclinal qui sur la bordure nord est même renversé et repose ainsi que quelques débris jurassiques sur le Trias (marnes bariolées gypsifères). Les coupes ci-jointes montrent cette disposition (fig. +, 3, 4). Ces coupes sont prises au sud de Cehegin, sur le front septentrional de la Peña Rubia. HAOCtebre 7904. — TT. IV: Bull Soc-Géol. Fr "15 220 R. NICKLES. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars Le Néocomien qui forme ce synclinal est donc dans une situa- tion absolument anormale, surmontant le Keuper, et surmonté par le Jurassique ; il plonge au sud et partout il paraît s’enfoncer sous la masse jurassique de la Peña Rubia, en reposant toujours sur le Trias. Non seulement il y a pli couché, mais il y a eu aussi charriage puisque le flanc normal inférieur du pli a été usé au point que, à courte distance, le Jurassique et le Néocomien de ce flanc reposent par leur tranche sur les marnes bariolées du Keuper (fig. 4). Une telle disposition ne semble devoir son origine qu’à un phénomène de charriage dont il peut être intéressant de recher- cher l'extension en étudiant les points où l'érosion est assez avan- cée pour le reconnaître à la périphérie du massif. ne £Eboulis J . “Ed oulis Fig. 5. — Croquis de la Peña Rubia en face de Cehegin, montrant le Néocomien pincé entre le Keuper et le Jurassique. Même légende. — (Calqué sur une photographie). La figure 3 et le croquis fig. 5 montrent ce synclinal reposant directement sur les marnes bariolées gypsifères du Trias : la figure 4 donne l’aspect de l’allure couchée du pli, aspect exagéré toutefois par l'orientation oblique du plan d’affleurement par rap- port à la direction de la charnière synelinale du pli. Cette disposition facile à observer dans ses détails pour la figure 3, se voit aussi très nettement un peu à l’est du point où cette coupe a été relevée : elle affecte également le Jurassique et le Néocomien ; maïs dans cette partie de la Peña Rubia la super- position de l’ensemble sur le Trias est masquée par des éboulis. 1909 EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 227 A l’ouest, le synelinal diminue d'importance dans son ensemble, il a été fortement entamé par l'érosion, par suite sans doute du relèvement de son axe ; et après avoir encore mis alternativement le Néocomien et le Jurassique en contact avec les marnes bario- lées du Trias, il disparaît un peu avant la bifurcation des routes : dès lors le Trias paraît venir en contact, sous des éboulis, avec le flanc normal supérieur du pli, c’est-à-dire avec le Jurassique. Le temps m'a fait défaut pour pousser cette étude plus à l’ouest ; mais d'une façon générale la nappe charriée paraît continuer, constituée encore par le Jurassique et par le Crétacé au sud de la Huerta de Caravaca dont le sol, abstraction faite des alluvions et des éboulis de surface, appartient aux marnes bariolées du Trias où percent çà et là des pointements de roches ophitiques. Partie méridionale. — Les coupes qui précèdent pourraient suflire, à la rigueur, pour montrer que la Peña Rubia présente des] phénomènes de charriage ; mais les détails que l’on observe en se S. intervalle de J kilomètres \ environ + Fa be Æio Quipar de / 27 ! ! a V4 B ie “Loma dela Sclana ON B o : Fig. 6. — Coupe du Rio Quipar à la Peñna Rubia. Echelle approximative : 1/20000 pour les longueurs ; hauteurs exagérées. À, Limons pléistocènes ; M, Helvétien ; N,Néocomien ; B, Berriasien ; J, Juras- sique (les bancs couverts de hachures indiquent les couches rouges à Rhacophyllites Loryi) ; K, Marnes bariolées du Trias. dirigeant au sud le confirment encore et montrent que ces phéno- mènes ne sont pas locaux. Si en eflet, après avoir franchi l’escarpement nord de la Peña Rubia, on se dirige vers la Loma de la Solana et qu'on la traverse pour descendre ensuite sur le Rio Quipar, on observe les accidents suivants d'autant plus nets que le sol est très dénudé dans cette partie, et fréquemment raviné. Sur le flanc est de la Peña Rubia on voit, à une altitude infé- rieure de 150 mètres environ à celle qu'il occupe sur le plateau, le Néocomien reposer sur le Trias : mais ne s’agirait-il pas ici de masses détachées et ayant glissé sur la pente jusqu'au Trias ? J'ai toutes raisons de croire plutôt à la première hypothèse ; les éboulis qui les séparent de la masse principale du lambeau ne m'ont pas permis d'éclaircir ce point de doute. 220 R. NICKLÈS. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars Il est bien probable qu'on est ici en présence de l’affleurement du contact anormal qui repère la surface de charriage : les couches présentent en effet, sur le plateau, à quelque distance au-dessus, un anticlinal orienté N.E.-S.O. et se déversant même par places vers l’ouest aux environs de Cehegin. — Les couches plongeant fortement dans la vallée y amènent le Jurassique et le Néocomien en succession normale, l’un et l’autre étant à faible distance en contact avec les marnes bariolées du Trias. Mais cet anticlinal ne conserve pas longtemps une allure régu- lière ; un peu plus au sud, en se rapprochant de la descente sur le Rio Quipar, il se disloque ; cette partie présente plusieurs plans de rupture, failles inverses, concordant avec le sens général de la poussée du sud au nord. Si l’on suit cette coupe du sud au nord en partant (fig. 6) du Rio Quipar, on voit les couches berriasiennes s'élever lentement en recouvrant les couches rouges à Aspidoceras Acanthicum en succession normale ; — vers le sommet une faille inverse les fait surplomber le Néocomien en couches horizontales qui viennent buter contre un nouvel affleurement vertical de ces couches rouges ; puis vient une nouvelle série horizontale qui malgré l'absence de fossiles paraît être du Valanginien : elle ne pourrait être confondue qu'avec les couches de Berrias et s’il y avait erreur en ce point cela n’entraînerait aucune modification importante au point de vue tectonique. Cette série de marno- calcaires horizontaux s'arrête brusquement contre des couches verticales blanches où j'ai recueilli Pygope janitor contre les- quelles butent de l’autre côté des calcaires rouges supportant des marno-calcaires berriasiens. Cette dernière série surplombe un anticlinal déversé vers le nord et constitué par le Jurassique supérieur et le Berriasien en succession normale, les couches rouges au centre, et le Berriasien à l'extérieur. Puis survient un changement brusque dans le pendage, et les couches plongeant vers le sud continuent jusqu au front nord du plateau à 4 ou 5 kilomètres avec une allure plus calme qu'on pour- rait considérer comme horizontale dans son ensemble, abstraction faite de quelques ondulations de détail : cette dernière partie constitue la masse même du lambeau charrié et présente en face de Cehegin l’aspect que j'ai décrit plus haut (fig. 2, 5 et 4). Partie occidentale. — Les détails que j'ai relevés en étudiant la région occidentale la Peña Rubia n’apportent aucun argument de plus à la question ; le temps m'a d’ailleurs fait défaut pour prolon- ger suflisamment à l'ouest l'étude de ce lambeau et pour entre- prendre celle de la chaîne située au nord-ouest de Caravaca. 1904 EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 220 En se dirigeant vers Caravaca les couches plongent, momenta- nément sans doute, vers l’ouest et présentent par suite de cette ondulation une série stratigraphique plus complète puisqu'elle a mieux échappé à l’érosion. C'est un des rares points de la région de Cehegin où j'ai rencon- tré le Crétacé supérieur. Bien que ne pouvant indiquer l'extension que peut prendre à l’ouest le lambeau de charriage de la Peña Rubia, j'ai cependant tout lieu de croire qu'il doit se prolonger au-delà: mais je ne possède aucun fait assez précis pour pouvoir émettre une aflirma- tion à ce sujet. Seul, l’aspect du massif montagneux situé au N. O. de Caravaca (fig. 7), constitué par des calcaires probablement S.0. Caravaca NE. Û Contact i | anormal 1 NS > ln &. ZT Fig. 7. — Croquis d'ensemble du massif montagneux situé au nord-ouest de Caravaca (calqué sur une photographie). K, Keuper; J.C, Jurassique et Crétacé ; B, Couches berriasiennes. jurassiques reposant sur le Trias permet de croire qu'il présente des analogies de structure avec le lambeau que je viens de décrire, et quil en est probablement le prolongement. Ridements transversaux. — 11 y a cependant quelques ridements transversaux : ils sont loin d’avoir l'importance des plissements qui viennent d'être décrits; mais l’examen seul du croquis du front nord de la Peña Rubia (fig. 8), en face de la route qui va de Cehegin à Caravaca montre qu'ils ne peuvent être passés sous silence : ils sont assez intenses pour présenter deux chevauche- ments de peu d'importance, mais cependant nettement visibles. Ces chevauchements ont pour effet à l’est de faire surplomber les couches de Berrias par le Jurassique supérieur (couches rouges et calcaires blanc rose qui les surmontent) : ici on est en présence 230 R. NICKLÈS. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars d'un petit pli couché avec flanc médian fortement étiré, mais [e) _ Keuper. I 1 & “ig. 8. — Vue du front septentrional de la Peña Rubia. — N, Néocomien; J, Jurassique; I respecté ; — le deuxième, vers le milieu de la figure, présente un chevauchement des couches rouges sur les calcaires blanc rosé qui leur sont postérieurs, mais ces deux petits plis couchés semblent s’être localisés sur la bordure et n'avoir pas de prolonge- ment important au sud dans le lambeau de la Peña Rubia : leur existence tient proba- blement à une légère inégalité dans la pro- gression du lambeau, progression qui aurait été un peu plus grande à l’est qu'à l’ouest. Des faits analogues se retrouvent à l’est, dans la province d’Alicante : c’est du reste un phénomène qu'il n’est pas rare de ren- contrer dans des régions de plis couchés : j'ai eu l’occasion d'en signaler un exemple sur le versant méridional de la Montagne noire près de Cazouls-lez-Béziers. Résumé. — En résumé on voit qu'il y a au moins trois chevauchements successifs, à plans de rupture de plus en plus inclinés et précédant le massif s'étendant de la Loma de la Solana à la Peña Rubia qui forme à Ini seul un lambeau de charriage de dimensions importantes; ces divers accidents tous orientés dans le même sens, de l’est à l'ouest, montrent qu’en général dans la Peña Rubia la poussée s’est effec- tuée dans le même sens, c’est-à-dire du sud au nord, ou peut-être avec une légère dévia- tion vers le N.N.O. c'est-à-dire normale- ment à la direction générale de la zone subbétique, ou de la bordure méridionale de la meseta. Û Par suite sans doute de la progression inégale du lambeau il s’est produit quel- ques accidents transversaux, anticlinaux et synclinaux de faible amplitude présentant un déversement très accusé vers l’ouest. Ce lambeau semble faire partie d’une nappe de charriage dont Qi = 190/ EN ESPAGNE J'ANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 2 on pourra retrouver la suite au N.0. de Caravaca, et qui paraît se prolonger assez loin à l’ouest. L'exemple de la Peña Rubia paraît démontrer suflisamment l'existence de phénomènes de charriage dans la zone subbétique. Aussi je crois bien faire en signalant ici les massifs et les régions qui me paraissent par leur structure se rapporter à ce genre de dislocations. Certainement les détails que je donnerai sont trop incomplets pour pouvoir souvent conclure avec certitude ; mais voyant de plus en plus s'éloigner la perspective de compléter par de nouveaux voyages les observations que j'avais faites de 1887 à 1893, je considère comme un devoir de faire connaître les docu- ments que je possède, espérant qu'ils pourront être utiles aux géologues qui reprendront ces études, et en particulier aux savants distingués qui travaillent avec tant de dévouement à la Carte géologique de l'Espagne. Je vais donc, en procédant de l’ouest à l’est, indiquer les faits qui me paraissent de quelque utilité pour la connaissance des ridements de la zone subbétique. I. ENvirons DE MANCHA REAL (PROVINCE DE JAEN). La ville de Mancha Real est dominée au sud et à l’est par um massif montagneux assez important présentant deux sommets principaux, la Magina (2200 m.environ)à l’est et l’Almaden(2000 m. environ) à l’ouest. Ce massif est désigné dans son ensemble sous le nom de Sierra Magina. La base du flanc nord est constituée vers Mancha Real par le Crétacé supérieur, par le Sénonien à /noceramus cf. Cripsi Mant. sous la forme de calcaires blancs, par conséquent avec le faciès qu'il présente si fréquemment dans la zone subbétique. Lorsqu'on s'élève dans la montagne en se dirigeant au sud, on atteint les couches inférieures du Crétacé, le Cénomanien avec Discoidea cylindrica. Ces couches sont presque horizontales et paraissent reposer sur le Sénonien ; peut-être y a-t-il là un syncli- nal couché. Quant aux sommets principaux qui dominent cet ensemble crétacé, ils sont constitués par des calcaires assez durs, ayant l'aspect de calcaires jurassiques, dans lesquels, sur les flanes de la Sierra Magina, à 3 ou 400 mètres au-dessous du som- met, jai rencontré Hildoceras bifrons : ils appartiennent au Toarcien. J'ai donc tout lieu de croire que les pics de l'Almaden et de la Magina sont constitués par des calcaires du Lias, et qu'ils 239 R. NICKLÈS. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars reposent sur le Crétacé soit en série renversée soit plutôt sous forme d’un lambeau de recouvrement : au-dessus et à l’est du Corral de l’Almajar, vers 1500 mètres d'altitude, le Jurassique reposerait donc sur des calcaires blancs du Crétacé. L'aspect seul d’un des pieds voisins de la Sierra Magina dénote bien les plissements intenses de cette région : les couches attri- buées au Lias, horizontales d’abord, se rebroussent brusquement en angle aigu et se relèvent en prenant un pendage d'environ 50°. Cette région très compliquée est celle sur laquelle j'ai le moins de détails; cependant je crois devoir la mentionner. L'interpré- tation que je propose est encore très problématique : de tous les points dont je parle c’est certainement celui sur lequel j'ai le plus de doutes. III. La SiErRA SAGRA. La Sierra Sagra s'élève à son point culminant à 2400 mètres au-dessus du niveau de la mer. Sa masse imposante est formée à la partie supérieure par les terrains du Jurassique inférieur. De Verneuil qui les a attribués au Lias, y cite « Ammonites Turneri et une espèce voisine de l'Amm. Conybeari » . Immédiatement à l’est, à une altitude d’environ 8 ou 900 mètres, aux environs du Molino del Batan et de la Ermita située près de ce moulin affleurent — très disloquées ou tout au moins ayant un pen- dage N.S. très marqué, — les assises du Crétacé et de l’'Éocène avec Nummulites. On n’y recueille pour ainsi dire pas de fossiles ; néanmoins les assises blanches crayeuses du Crétacé situées au sud-ouest de la Ermita me les font assimiler aux couches à Znoce- ramus Cripsi fréquentes dans la zone subbétique et ayant ce caractère de calcaires blancs crayeux, à l’ouest de la Sagra (Mancha Real) comme à l’est. De Verneuil y cite des Micraster voisins de M. brevis et O. carinata ? Cette bande crétacée et tertiaire se prolonge au pied nord de la Sagra à une altitude de 1000 à 1200 d'altitude au plus. Or, sur le versant nord, au pied de la Sagra, au-dessus de ces couches crétacées ou tertiaires, existent d’après l'affirmation de mes guides des dépôts de gypse exploité pour la fabrication du plâtre. D'autre part, sur le versant sud, au pied de la Sagra, au sud-est du Cortijo Herrario, se trouve également une carrière de gypse, 1. B.S.G. F., G), XIV, 1886, p. 694. 1904 EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 233 à la Loma del Medio : ce gypse appartient vraisemblablement au Trias supérieur (Marnes irisées) comme dans toute la région. De plus, lorsqu'on gagne le Cortijo Herrario depuis Puebla de SE Sierra Sagra N. Collado de la Vibora Fig. 9. — Vue de la Sierra Sagra. Don Fadrique, après avoir franchi le Crétacé qui forme les flanes de la vallée où coule la rivière qui fait marcher le moulin de Batan, et qu'on remonte les pentes ouest de cette vallée on trouve à une 231 R. NICKLÈS. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars altitude supérieure au Crétacé des affleurements de marnes bario- lées que l’on doit attribuer au Keuper ; au-dessus vient le Lias. Il y a là évidemment un contact anormal qui ne me semble pouvoir être expliqué que par une nappe de recouvrement qui constituerait la grande masse de la Sagra. La figure 9 montre l'aspect et l'emplacement de ces étages dans la partie sud-est du massif de la Sagra : la ligne de contact anor- mal que je ne soupçonnais pas alors et à laquelle je ne me suis pas par suite attaché à ce moment doit passer, si comme je le crois elle existe réellement, au pied de l'abrupt à l’ouest de la rivière; revenir en arrière à l'ouest au nord-est du Cortijo Herrario : se diriger de là vers le nord-est au-dessons du Collado de la Vibora et au-dessus du Molino del Batan, puis retourner franchement à l’ouest vers la base du ftanc nord de la Sagra. S. Co/lado de la Vibora N. Molino del Batan { Sierra Sagra [l | 2£0om. Cortijo Herrario _ Contact 7 anormal >, DR —- Le RG fee Fig. 10.— Croquis pris à l’est de la Sierra Sagra (d’après une photographie). Le croquis ci-joint (fig. 10), calqué comme tous les croquis de cette note sur une photographie, montre le passage approximatif de la ligne de contact anormal: les couches inférieures crétacées ou éocènes plongent au sud comme le Lias, au-dessous du Lias, et en sont séparées par un mince lambeau de Keuper. La conti- nuité de ce lambeau de Keuper seule est problématique et reste- rait à vérifier. Le lambeau de recouvrement aurait progressé du sud au nord passant ainsi sur des étages bien postérieurs : Crélacé et Nummu- litique ; au sud de ce lambeau, on voit se développer à une altitude bien inférieure à celle du massif de la Sagra (Cortijo Giron, Cor- tijo Monja) le Lias etle Bajocien fossilifères; puis plus au sud, surtout au sud-est, les étages du Jurassique supérieur surmontés par le Néocomien et le Barrémien (?) puis des calcaires dolomi- tiques qui paraissent se rattacher à l'Albien et au Cénomanien. Les failles et plissements fréquents sur ce versant sud de la 1904 EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 239 Sagra sont orientés est-ouest, c'est-à-dire perpendiculairement au sens de la progression du lambeau. La structure géologique de la Sierra Sagra pourrait donc se résumer ainsi : un épais lambeau de recouvrement constitué par le Lias, reposant sur les couches ridées du Crétacé et de l’Éocène et séparé d'elles par une mince couche de Keuper. Ce serait très pro- bablement le prolongement latéral à l’ouest des phénomènes de charriage de la Peña Rubia. IV. SierRA MarrA. Au sud de Huescar s'étend le détroit bétique occupé par le Miocène presque jusqu'au pied septentrional de la Sierra Maria : celte région serait au point de vue stratigraphique du plus haut intérêt puisqu'elle permettrait de connaître le moment précis où s’est fermé le détroit bétique et quelles sont les circonstances qui ont précédé cette fermeture : mais cetle importante surface mio- cène a le défaut de nous masquer la nature des plissements qui ont affecté les terrains plus anciens. La Sierra Maria, assez loin à 25 ou 30 kilomètres au sud, est située sur la bordure méridionale de la zone subbétique : elle est limitée eïle-même au sud par la chaine primaire de la Sierra Estancias, prolongement de la Sierra Nevada. La Sierra Maria est cependant fortement plissée ; et parmi ses plis l’un est assez intéressant pour s'y arrêter un instant: il s’agit d'un synclinal orienté E.O. légèrement, mais nettement déversé vers le nord: il est particulièrement abordable à la Hoya del Bancal, entre la Casa Blanca et Chirivel. Ce synclinal constitué par le Néocomien est enclavé de part et d'autre dans des couches Jurassiques. À 6 ou 9 kilomètres au sud, des accidents de même genre peuvent s'observer dans le Trias sous la forme de petits plis couchés vers le nord (ayant une centaine de mètres d'amplitude transversale). Entre Velez Rubio et Velez Blanco les actions dyna- miques ont dû être plus intenses. Le Maïmon constitué par des calcaires probablement jurassiques semble reposer par la tranche de ses couches sur les marnes du Trias : il s’agit ici d’un massif de 1100 mètres de hauteur. Entre Velez Blanco et Maria, le Jurassique, le Lias probablement, est froissé et émietté au dernier degré : on sent qu'il y a eu là des actions dynamiques intenses. Ÿ a-t-il déjà eu charriage dans cette région ? le fait est possible, mais j'ai trop peu parcouru la Sierra Maria pour pouvoir donner aucune certitude à cet égard. L'orien- 236 R. NICKLÈS. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars tation est-ouest des plis se retrouve aussi dans l’Éocène et dans le Primaire près de Velez Rubio (chemin de la Fuente del Gato). Je n'ai pas suflisamment exploré la Sierra Maria pour résumer sa structure ; mais il est pour moi hors de doute que sa direction prédominante de plissement est bien orientée est-ouest avec déversement vers le nord. V. PRrovINCE DE MURCGIE A l'est de la Sagra se trouve la région de Caravaca et de Cehegin et en particulier le massif de la Peña Rubia que j'ai décrit plus haut. Si l'on continue vers l'est, on voit fréquemment, d’après de Verneuil, des îlots appartenant soit au Jurassique soit aux divers étages crétacés et reposant toujours ou presque toujours sur les marnes bariolées gypsifères du Trias. Il est probable que la plu- part d'entre eux sont constitués, comme la Peña Rubia, par des lambeaux charriés. Mais je ne puis donner à ce sujet aucune aflirmation, n'ayant que très peu parcouru cette région. Le seul point sur lequel je possède quelques données est le Puerto de la Mala Mujer, situé au nord de Cieza dans la Sierra de las Cabras. Cette petite chaîne pré- sente un déversement très net vers le nord ; les cal- caires blancs crayeux du Sénonien plongent sous les dolomies et sous plu- sieurs assises de couches Fig. 11.— La Sierra de Las Cabras au Puerto sans fossiles mais présen- de la Mala Mujer, près Cieza. Sierra de las Cabras S: = IX) LE es tent de très grandes ana- logies avec les étages de la province d’Alicante an- térieurs au Sénonien et postérieurs à l’Albien. Ce Sénonien est bordé au nord par des grès blancs bariolés de rouge et ferrugineux par places et dans lesquels on recueille quelques empreintes de plantes indéterminables : ces couches sont très disloquées mais paraissent plonger sous le Sénonien dont elles _ sont séparées par des bancs de poudingues à l’ouest du Puerto de la Mala Mujer. Un peu plus au nord ces bancs deviennent hori- zontaux, mais dans les couches qui les surmontent je n’ai plus retrouvé les calcaires blancs crayeux du Sénonien. Ces grès micacés, à empreintes de plantes, avec marnes bario- lées, avec bancs ferrugineux rappellent la description donnée par MM. Marcel Bertrand et Kilian de certaines couches éocènes de Échelle approximative : 1/15000 ; hauteurs doublées. 1904 EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 237 l'Andalousie: ; les sources saumâtres qui en émergent complètent l’analogie : je crois devoir les rattacher à l'Éocène. Il y aurait donc ici un pli d'assez grande amplitude, couché vers le nord et qui s’enracinerait dans la Sierra de las Cabras aux environs du Puerto de la Mala Mujer. Je suis resté trop peu de temps dans la région pour préciser : ce que je puis seulement ajouter c'est que la Sierra de las Cabras présente cette structure pendant plusieurs kilometres. Je n'ai pas exploré non plus la zone qui sépare Cieza de la pro- vince d'Alicante : mais dans cette province, au contraire, j'ai pu observer un certain nombre de faits qui me semblent mériter l'attention. Au sud, entre Murcie et Alicante, la chaîne jurassique de Cre- villente, tout en conservant une orientation sensible est-ouest, ne m'a donné aucun indice de charriage ; à Monôvar les assises sont beaucoup plus disloquées ; et entre cette localité et El Pinoso il est très probable qu'on retrouverait les contacts anormaux si fréquents dans la province d’Alicante. VI. PARTIE ORIENTALE DE LA PROVINCE D’ALICANTE Dans toute la partie orientale de la province d’Alicante avoisi- nant la mer et désignée dans le pays sous le nom de « Za Marina » nous retrouvons certainement des débris de lambeaux charriés, mais extrêmement disloqués, et isolés d’ailleurs les uns des autres par l'érosion qui a été poussée très loin en certains points. Je n’y ai pas observé de lambeau de recouvrement se présentant d’une façon nette et imposante comme à la Peña Rubia ; mais dans la région de Callosa de Ensarria, à chaque instant on rencontre de petits lambeaux isolés, reposant fous sur les marnes bariolées gyp- sifères du Trias, et ayant pour base les uns l'Éocène moyen ?, les autres le Sénonien ; d’autres dans la région d’Alfàz ont pour base le Cénomanien ou le Gault; {ous à faibles distances les uns des autres ; dans ces derniers, fortement disloqués, les calcaires sont froissés et fracturés ; les parties plus marneuses intercalées sont plissées en tous sens ; toutefois dans presque tous ces lambeaux 1. Mission d’Andalousie p. 469. 2. Par endroits ce sont presque des klippes; mais d'une façon générale ils se tiennent encore trop pour qu’on puisse leur appliquer ce nom. MM. Marcel Bertrand et Kilian ont décrit des phénomènes analogues en Andalousie dans la Sierra de Abdalajis (Mission d’Andalousie, p. 452). 230 R. NICKLÈS. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars l’oricntation générale des plissements, abstraction faite des détails de second ordre, est alignée sensiblement de l’est à l’ouest ; à ce fait général viennent s'ajouter quelques rares ridements trans- versaux orientés approximativement nord-sud. De Verneuil insiste d’ailleurs sur le caractère extrêmement disloqué et la position des “couches du Nummulitique qui « dans certains lieux entre Peña- guila et Altea rappelle celle des terrains les plus bouleversés des Alpes ». C'est précisément la région au sujet de laquelle je vais donner quelques coupes que j'avais renoncé à publier dans ma thèse, n'ayant pu à ce moment trouver une interprétation qui me parût suffisante à leur explication. ENVIRONS DE CALLOsA DE EnsARRrIA. — Ca Ilosade Ensarria, à 8 kilomètres de la baie d’Altea, est construit en grande partie sur l'Éocène moyen qui repose horizontalement ou presque sur les marnes bariolées du Keuper. À l'ouest, de l’autre côté du Rio Guadalest s'élève le Collado Gulatchar et la Peña del Contador : De Verneuil les a reconnues comme apparte- nant au Nummulitique (1852, p. 85). Entre les grands es- carpements et le Rio Guada- lest, les pentes accessibles sont constituées par l’Éocène Fig. 12. — Coupe entre Caltosa moyen et le Crétacé supérieur K) nn Hé r extrêmement disloqués ; plus bas l’Éocène affleure d’une façon presque continue, puis- les marnes bariolées du Trias au-dessous de lui, au voisi- nage du Rio Guadalest. Mes observations ont porté surtout sur les pentes acces- sibles où se trouvent les gise- Fig. 13. — Coupe prise sur le chemin® ments de Farines et de Gua- de Callosa de Ensarria à Farines. dalest, si riches en Echinides 1.2, Marnes à Nummulites et à Échinides; qe l'Éocène moyen. Je m'y 3, Calcaires éocènes. ; , : ; suis trouvé en présence d’un état extrême de dislocation que l’on ne saurait en aucun cas attri- buer à des glissements sur les pentes. Tantôt, comme dans les figures 12, 13 et 14, on peut observer 1904 EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 239 des lambeaux soit ridés, : soit inclinés, soit redres- sés à la verticale, consti- tués par l'Éocène moyen et reposant le plus sou- vent horizontalement sur le Trias:; tantôt on voit Farines des lambeaux renversés, Fig. 14. — Coupe prise à Farines. a Farines par exemple 1 ME KEUDETS EE, Éocène moyen ; 1, Marnes à où la craie à Ananchytes Nummulites complanatu: 2, Marnes à tenuiluberculatus Leym Conoclypeus Vilanoræ; 3, Couches : : marneuses à Ditremaster nux. recouvre les calcaires d Nummulites de l'Éocène moyen (fig. 15), tantôt les calcaires blancs du Cré- tacé viennent émerger du Trias, cessent brusque- ment, et à une faible dis- tance (fig. 16) apparais- Fig. 15. — Coupe prise aux environs sent, plongeant en sens de Ë Ms inverse sur le même Trias. m, Maëstrichtien. les calcaires bleu-noirs identiques à ceux de la Peña del Alguilef, calcai- res que J'avais attribués Im au Trias parce qu'on les y trouve fréquemment noyés dans les marnes bariolées, mais qui peu- E. OX Callosa de Ensarria vent très bien appartenir ) à un tout autre système ; Fig. 16. — Coupe prise à l'est de Callosa tantôt enfin (fig. 17) un deHpsarre lambeau éocène horizon- 7%; Marbre noir triasique (?) ; c, Crétacé. tal compris entre deux murailles verticales de Maëstrichtien à ÆHemip- neustes africanus et Ananchytes semiglobus. Ce dernier accident rap- pelle trait pour trait un détail de la Peña Rubia aux environs de Rio Quipar Fig. 17. — Coupe d’Albateres. N. S. RACE 240 R. NICKLÈS. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars (voir précédemment). Tantôt enfin l'Eocène semble même plonger sous les marnes bariolées (Sierra de Bernia), mais il n’y a peut-être là qu’une apparence locale ne se prolongeant pas en profondeur. Environs D’ALFÀAz. — Dirigeons-nous au sud, à 7 ou 8 kilo- mètres à vol d'oiseau, entre Altea et Alfàaz. Dans les nombreux ravins (barrancos) qui ont entamé les éboulis de sur- face, et sur le pourtour de quelques collines qui émer- gent nous trouvons de nou- veaux documents. | = C'est d'abord la Sierra TI à Almujara au nord d'Alfàz (fig. 18). Elle est constituée par des calcaires miocènes reposant en transgression sur l'Éocène au sud, sur le Crétacé au nord et ailleurs sur le Trias : les couches en sont horizontales et n’ont pas été éprouvées comme le substratum par des plissements violents, ce qui était à prévoir. C’est le seul point où le Miocène nous masquera la zone plissée étudiée 1e. Un peu plus au sud, une série de lambeaux dont le front nord repose sur le Trias s'étend depuis Altea jusqu’au nord de Beni- E° 0. S'erra Almujara va Fig. 18. -— Sierra Almujara. K, Keuper; e, Éocène moyen ; h, Helvétien. Tosal de Vives Fig. 19. — Tosal de Vives. K, Keuper ; c, Sénonien ; e, Eocène moyen. dorm. Les coupes successives (fig. 19, 20 et 21) indiquent la dis- position des couches plongeant presque toujours au sud, au moins depuis Altea jusqu'au nord d’Alfàz. Au Tosal de Rotes on ne voit que l'Éocène moyen ; ce petit lambeau est séparé des Foyes Blan- ques par une petite vallée keupérienne, et le massif des Foyes Blanques qui reprend avec la même allure est constitué par du Crétacé supérieur plongeant au sud sous l'Éocène moyen fossili- fère. En approchant d’Alfàz les plissements de détail se mult- plient ; les couches sont extraordinairement ridées en certains points; au barranco Devesa, au Tosal de la Caseta Vieja les exem- ples de ridements compliqués sont typiques (fig. 58 et 59 de ma DE FRANCE (CETTE SOCIÉTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830, A ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME de … ETABLISSEMENT D'UTILITE PUBLIQUE.PAR. ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832) He CRE: QUATRIÈME SÉRIE TOME QUATRIÈME FASCIGULE 3 : eue GS Planche IX. + | PARIS a. || AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE PER 28, rue Serpente, VI 1904 Le Bulletin paraît par livraisons mensuelles *? Octobre 1904 - Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la F: anc tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l'ag Arr. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l'avance culture. AS ART. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Français _ et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n’existe aucune dis- sation de 30 francs. Ils jouiront aussi des autres droits et privilèges des tinction entre les membres. ART. 4. — Pour faire partie de la Société, il faut s'être fait présenter dans une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation !, … avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président et avoir reçu le diplôme de membre de la Société. FLAN Arr. 6. — Le Trésorier ne remet le diplôme qu'après l’acquittement du. droit d'entrée. ES Arr. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre … à Juillet. EE Les ART. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le 1° et le 3° lundi du mois). D ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la . Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. se ART. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun ouvrage déjà ifprimé. ; ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent. ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement déterminé. | ART. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre. ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la Société qu’au prix de la cotisation annuelle. A ART. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les volumes”des années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société, leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un tarif déterminé. ART. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part: ART. 93. — Chaque membre paye : 1° un droit d'entrée ; 2° une cotisation annuelle ?. | Le droit d’entrée est fixé à la somme de 20 francs. Ce droit pourra être augmenté par la suite, mais seulement pour les membres à élire. La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs. La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée par le versement en capital d’une somme fixée par-la Société en assemblée générale ?, qui, à moins de décision spéciale du Conseil, devra être placée: 1. Les personnes qui désireraiïent faire partie de la Société et quine connaîtraient aucun membre qui püt les présenter, n’auront qu’à adresser une demande au Président, en exposant les titres qui justifient de leur admission. 5 2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes ui désirent faire partie de la Société à n’acquilter, la première année, que eur droit d'entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement ; mais ils ne… recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti- membres de la Société. 3. Cette somme est actuellement de 400 francs, 1904 EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 241 thèse, p. 195); à Devesa le Cénomanien et le Gault apparaissent. La complication des ridements de détail augmente encore à l’ouest d’Alfaz ; les couches au nord de ce village y sont contournées en tous sens et lorsqu'on remonte les barrancos sur les berges des- quels on les observe facilement, le barranco Hondo par exemple, on voit à une altitude supérieure à eux et remontant plus haut dans la montagne les marnes bariolées du Trias se développer largement et séparer ainsi par une bande ininterrompue de Trias la haute masse nummulitique du Puig Campana (1100 m.) des calcaires infracrétacés, crétacés et éocènes qui s'élèvent à peine du niveau de la mer à 200 S: N. ou 250 mètres au plus = no Ë oo d'altitude. 4" C’est à se demander si cette bande inférieu- 1 re qui s'étend d'Altea à K, Keuper ; e, Eocène moyen; 1, Marnes gris Ë : verdâtres ; 2, Marnes noduleuses à ÆEchino- Benidorm n'est pas un lampas silensis; 3, Marnes; 7%, Calcaires lambeau inférieur sur dolomitiques avec veines de spath. lequel a passé la grande masse du Puig Cam- pana avant d'occuper sa situation actuelle, et qui aurait formé ainsi Re SOPOREURe K, Keuper; c. Sénonien; d, Danien; de recouvrement. Sans e, Éocène moyen. doute, il faudrait un nouvel examen sur le terrain pour conclure avec certitude ; mais ce qui me donne la conviction que ce nouvel examen confirmerait l’idée que j'émets, c'est outre la différence d'altitude, surtout la différence profonde dans l’état de plissement et de froissement intime des couches Dans le lambeau le plus élevé, les plis ont une allure plus large ; les couches sont fréquemment horizontales et semblent parfois dans leur situation stratigraphique naturelle ; au contraire dans le lambeau inférieur tout est froissé et écrasé ; les plissements dans les roches les moins plastiques sont très courts ; Les actions dyna- miques semblent y avoir eu une intensité incomparablement plus grande que dans les régions hautes. Ce qui augmenterait encore ma conviction, c’est le fait d’avoir retrouvé en France dans la région de Clermont-l'Hérault, ces différences se reproduisant trait Fig. 20. — Tosal de Rotes. Fig. 21. — Foyes Blanques près Alfàz. 6 Octobre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 16. 242 R. NICELÉS. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars pour trait lorsqu'on y compare l’écaille supérieure avec celle qui est au-dessous et qui en a supporté le poids : l’avant-dernière toujours plus disloquée, plus froissée dans les détails ; la dernière régulière et calme d’allure, présentant des ondulations larges et peu de dislocations de détail ; ces deux écailles séparées par un mince lambeau de Keuper qui ici serait beaucoup plus puissant ; mais cette différence pourrait-elle constituer une objection, si l’on tient compte de l’ensemble incontestablement plus grandiose des phénomènes qui se sont passés dans la province d’Alicante ? Je le répète, avant de conclure avec certitude il serait utile d'observer à nouveau cette région : mais parmi mes documents et mes souvenirs, aucun n'est encore venu contredire ma conviction. Peut-être cette hypothèse paraîtra-t-elle quelque peu téméraire : sans doute, comme toujours lorsqu'il s’agit de lambeaux de recou- vrements très disloqués, on pourra tenter d'expliquer par des failles et des diaclases multiples les contours polygonaux des îlots : j'ai cherché moi-même pendant longtemps à le faire, et cela vainement. À la vérité ce sont des fractures provenant de l’écra- sement de la nappe inférieure qui ont déterminé la forme de ces ilots ; sous l’énorme pression qu’ils supportaient quand la nappe supérieure de charriage a passé sur l’assise continue que ces îlots réunis formaient entre eux, des fractures, failles et diaclases mul- tiples se sont formées ; certaines parties se sont enfoncées davan- tage et ont eu leur base ennoyée dans le Keuper; le Keuper si plastique a pénétré dans les fissures ouvertes ; puis l'érosion a enlevé les parties supérieures, laissant ainsi comme témoins une série de petits lambeaux polygonaux, — ceux qui étaient les plus enfoncés, et dont la base apparaîtrait reposant sur le Trias si l’éro- sion avait été poussée plus loin. Et cette assise elle-même a été probablement charriée puisqu'elle présente elle aussi cette inconstance dans son contact de base avec le Trias. D'autre part il serait illusoire de chercher dans des mouvements de rivages les causes de cette inconstance ; aucun ou presque aucun des dépôts n'ayant les caractères des dépôts littoraux. L’inconstance du contact semble bien plus facilement s'expliquer par l’usure progressive et inégale de la face inférieure de la nappe pendant le charriage qu'elle a subi. Tous ces îlots qui étaient reliés les uns aux autres ont donc dû faire partie de plusieurs nappes qui ont été charriées vraisembla- blement vers le nord, et qui s’étendaient au moins de la Sierra de Bernia à Benidorm et peut-être plus loin car la limite à l’ouest 1904 EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 243 reste à établir ; peut-être même des études ultérieures montreront- elles le raccordement avec les phénomènes analogues de la pro- vince de Murcie. Tous les accidents de quelque importance indiquent un ridement orienté E.0. ou O.S.O.-E.N.E. Le sens de la progression des nap- pes aurait donc été du sud au nord avec une légère déviation vers l'ouest, ce qui était à prévoir. Toutes les coupes ci-jointes mon- trent bien d'ailleurs cette orientation; on peut y joindre égale- ment le pli de Guadalest (fig. 22) et le petit pli couché du Barranco de Ronda, accident de détail que j'ai figuré dans une des planches de ma thèse et qui présente aussi une orientation sensiblement E.O. ou plus exactement N. 80° O. Son déversement de 8 à 10 mètres seulement vers le sud ne saurait infirmer l’idée de la progression du sud au nord. Bien des problèmes cependant restent encore à résoudre. J'ai dit que les calcaires éocènes de la Sierra de Bernia semblaient plonger à l’ouest sous le Trias : si ce fait était vrai, la Sierra for- merait le flanc inférieur d’un immense pli couché dont la nappe d'Alfàaz étudiée plus haut e serait le flanc supérieur ; | mais il est possible qu'il n’en soit pas ainsi et que la Sierra de Bernia après avoir plongé momentané- ment sous le Trias aux Fig. 22. — Pli au sud-est de Guadalest. affleurements repose en- 1, Marnes à Amblypygus dilatatus et Cono- suite sur lui par sa tranche clypeus Vilanovæ; 2, Marnes à Ditremaster ARE à nux et Prenaster alpinus (Eocène moyen). comme certains îlots, celui de Farines par exemple (fig. 14) et par suite qu'avant l'érosion qui a mis à jour le Trias elle se soit raccordée directement à la nappe d'Alfàz. La région de Finestrat, difficilement accessible à l’époque de mes voyages, dans cette partie de l'Espagne, fournira peut-être de meilleurs renseignements, en raison de son degré d’érosion, quoi- que les couches redressées à la verticale sur les flancs ouest du Puig Campana semblent peu propices à l'établissement de coupes concluantes. On peut se demander aussi à quelle nappe se rattache le massif aptien de la Sierra Helada. Cette petite chaîne forme au-dessus de la mer un abrupt considérable : son point culminant atteint près de 500 mètres d'altitude : l’épaisseur de ses couches, néocomien et aptien, est de plus de 250 mètres ; à quelques kilomètres au nord, 24/4 R. NICKLÈS. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars près d’Alfàz, on ne retrouve (barranco de Soler), qu'un petit lambeau d’Aptien à Orbitolines n'ayant qu'une dizaine de mètres environ d'épaisseur : ce lambeau est entièrement disloqué. A la Sierra Helada les couches au contraire plongent au nord- ouest avec une régularité remarquable et ne sont ni plissées ni froissées comme à Alfàaz. Ne serait-on pas en présence d’un pro- longement de la nappe supérieure affaissé postérieurement ? Il ne faut pas oublier que la Méditerranée s'étend au sud et que Suess en considère cette partie, à juste titre, comme une surface effondrée. Mais dans ce cas le Keuper devrait affleurer dans la dépression linéaire qui s’étend de l'emplacement de l'ancienne ville romaine d’Albir (Albatera) à Benidorm. et que suit la route d’Alicante à Altea. Nulle part sur cette dépression je ne me rappelle avoir vu affleurer les terrains sous-jacents : il est vrai de dire qu'alors je ne me rendais pas compte de l’importance qu'il y aurait à les connaître : je n’ai que le souvenir des éboulis de surface ; mais l'uniformité, l'absence d’ondulation rend parfaitement vraisem- blable l'hypothèse de l'existence du Keuper dans cette zone, cette existence restant encore à vérifier. S'il en était ainsi, la Sierra Helada reposerait sur le Keuper et ferait partie de la nappe supérieure. Maïs là encore un examen sur place serait nécessaire. L'exécution d'une carte détaillée à grande échelle pourra seule permettre de conclure avec certitude au sujet de la nature et de l'importance des dislocations qui ont affecté cette région. J'ai pour ma part la conviction qu’on y trouvera la confirmation de l’exis- tence des phénomènes de recouvrement qui m'ont échappé en 1887 et 1888, c’est-à-dire à l’époque où les plis couchés et les phénomènes de charriage alors peu connus, allaient être l’objet en Provence des travaux classiques de M. Marcel Bertrand. Accidents transversaux. — Autant le ridement général E. O. de la zone subbétique est parfois difficile à saisir, surtout lorsqu'il est accompagné de mouvements tangentiels ayant une certaine amplitude, autant les accidents transversaux, en rides plus courtes, sont faciles à voir et à comprendre au premier coup d'œil. Ces derniers sont assez fréquents et orientés généralement S.N. ou plutôt S.S.E.-N.N.O. Bien que leur importance me paraisse secondaire il me semble utile de signaler les principaux exemples que j'ai rencontrés. Je rappellerai seulement pour mémoire le ridement qui a donné naissance à la Sierra.de Foncalent près d’Alicante. J'en ai donné Si 1904 EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 245 la description détaillée dans ma thèse : le plissement a été accusé au point de provoquer un déversement vers l'est avec charriage de proportions restreintes, 3 ou {oo mètres de longueur au col de la Serreta Negra : c’est l'exemple le plus frappant que j'aie ren- contré parmi les plissements transversaux. A l’est d’Alicante il convient aussi de signaler l’anticlinal de Busot orienté sensible- ment N.S.; plus à l’ouest l’anticlinal sénonien d’Orcheta présen- tant un léger déversement vers l’ouest et non plus vers l’est comme les précédents. Entre ces deux anticlinaux un dôme anticlinal qui, érodé en son milieu, laisse voir un cirque remarquable pour ’étude du Cénomanien, le Reco de Cortes; entre Orcheta et Villajoyosa plusieurs petits anticlinaux couchés doivent égale- ment rentrer dans ce ridement par l'orientation nord-sud de leur charnière. . Fig. 23. — Ridement nord-sud de la Sierra de Callosa de Segura (terrains primaires). Ces accidents doivent se prolonger ou reparaître assez fréquem- ment dans la région septentrionale de la province d’Alicante et dans la province de Valence : un bel exemple est celui de la vallée anticlinale du « Pantano » (réservoir) d'Onteniente qui présente encore sensiblement cette orientation N. S. Il y aurait donc, d’une facon générale, dans la zone subbétique deux directions de plissement presque perpendiculaires l’une à l’autre et présentant par suite quelque analogie avec le réseau orthogonal que M. Marcel Bertrand a indiqué en France. La deuxième direction N.S. se manifesterait plus fréquemment à l'est, au delà de l'extrémité orientale de la Meseta, ce qui semble rationnel puisque ces plis rencontreraient un obstacle de moins à leur développement én longueur. Ces deux directions de ridement se retrouvent en divers points dans les terrains primaires : 246 R. NICKLÈS. — PHÉNOMÈNES DE CHARRIAGE 7 Mars La première direction de ridement (E. O.) affecte ces terrains dans la région de Velez Rubio : la seconde direction ne m'a fourni dans les terrains primaires qu’un exemple à Callosa de Segura (province d’Alicante) entre Alicante et Murcie. La montagne qui domine la gare est constituée par un anticlinal à flancs parallèles, déversé vers l’est et dont le plan axial est sensiblement dirigé du sud au nord: je n’ai pu, à défaut de fossiles déterminables, en reconnaître l’âge exactement, mais il appartient certainement au Primaire ; la figure 23 en donne l’aspect. Résumé Les faits qui précèdent nous montrent que quelle que soit la région que l’on explore dans la zone subbétique on y observe depuis Jaen jusqu’au cap de la Nao des couches fortement ridées ; que ces rides sont le plus fréquemment orientées O.S.O.-E.N.E.; et que lorsqu'elles ont cette orientation leur amplitude est plus grande que celle des plis transversaux. Plus rarement elles présen- tent une orientation perpendiculaire ou presque perpendiculaire à la précédente: alors les plis, le plus souvent très brusques et très accusés, ont une amplitude bien moindre. Ces deux directions de ridement ne sont pas d’ailleurs spéciales aux terrains secondaires ou éocènes : on les retrouve dans les afileurements primaires se rattachant à l’axe ancien de la chaîne bétique. Pour les terrains secondaires et éocènes le premier ridement donne lieu en certains points à des lambeaux importants de recou- vrement devant appartenir à une ou plusieurs nappes de charriage de grande allure. Si, comme j'en ai la conviction, des observations ultérieures viennent confirmer les interprétations que j'ai proposées pour la Sierra Magina, la Sagra et la région de Callosa de Ensarria, des phénomènes de charriage auraient existé de l’ouest à l’est depuis Jaen au moins, jusqu'à Altea; on en trouverait les traces dans la Sierra Magina, peut-être dans les Sierras del Pozo et de Cazorla ; à la Sagra ; entre la Sagra et Caravaca ; très probable- ment au nord de Caravaca, en tous cas entre Caravaca et Gehegin (Peña Rubia). Les indications données par de Verneuil sur la région de Yecla et Jumilla font penser qu'ils s’y poursuivent : de là ils gagneraient Callosa de Ensarria en passant entre Alicante et Alc6y. RES 1904 EN ESPAGNE DANS LA ZONE SUBBÉTIQUE 247 Les circonstances ne m'ont pas permis de reconnaître leur limite au sud; cependant les quelques points que j'ai étudiés (Sierra Maria, Sierra de Crevillente) semblent indiquer un ride- ment intense mais à rides plus courtes que dans la région dont je viens de parler. Au nord de cette zone on doit s’attendre à trouver jusqu’à la Meseta des nappes de recouvrement d'amplitude au moins égale, sinon plus. L'aspect seul des groupe montagneux au nord de Cara- vaca permet de le pressentir. S’il en était ainsi on serait en pré- sence d'un exemple remarquable d’une zone plissée, s'étendant au moins sur 350 kilomètres de longueur et près de 100 kilomètres de largeur et dont la moitié au moins présenterait des traces d’un charriage intense dirigé du sud au nord. NOTE SUR UNE DIABASE OPHITIQUE D'ÉPIDAURE (PÉLOPONNÈSE) par M. J. DEPRAT. En sortant du village de Ligurio situé sur la route de Nauplie à Épidaure (actuellement Épidavros), la route descend en lacets vers une vallée profonde au fond de laquelle affleure, remplissant tout le fond de la dépression, une roche que Philippson a figurée sur sa carte géologique avec la dénomination de serpentine'. Les différents auteurs qui ont étudié la Grèce ont groupé sous cette rubrique assez vague une infinité de roches très différentes par leur composition et par leur mode de gisement (péridotites, norites, gabbros, diabases, porphyrites andésitiques et labrado- riques). | La roche d'Épidaure est en réalité une diabase à structure ophi- tique, passant en certains points à une ophite des plus typiques, et de nombreux échantillons examinés en lames minces, présen- tent un aspect absolument identique à celui des ophites pyré- néennes les plus connues. Cette diabase ophitique apparaît (fig. 1) au fond d’une bouton- 1. Parcrppson. Der Peloponnes. Berlin, 1891. 248 J. DEPRAT 7 Mars nière dans des calcaires marbres indiqués par Philippson comme crétacés. Les calcaires plongent avec une inclinaison assez faible de part et d'autre de l’affleurement diabasique, indiquant une voûte anticlinale rompue à la clef. Si l’on s'élève sur l’un des versants de la dépression à peu près circulaire au fond de laquelle affleu- re la roche, on voit (fig. 1) appa- raître des bancs de calcaires mar- bres sans fossiles, au - dessus des- à quels la roche ap- Fig. 1. — Echelle : 1/15.000. paraît de nou- 1, Diabase ophitique ; 2, Filons-couches ; veau, mais avec 3, Calcaires marbres. ; 19 Ruines d'Epidaure Sh£e mn MAVAT TRY Ce JnerJe0ns SEI7 2 g = =, A PrEREr > =, = GIL 2— 27/U/// 2/22J9|\X|e = = SA à 2 À (£ S241129/2210 SUITE) À PTT : UNeMednS 19110}, MIEL S sanbissein/s21u0/07 |[N] 2 SJ8/I/ISSOLUOU suande-0Ën "3,87 NNE SaU2/708/ 2 SAONE RS gl er 7 [ZA | 59709091 SU0IAT/]} FE ou Sd UijJe NE *I ont 8] ans soonbrpur suorooarp se] queAms sodnon — *& ‘Sr TS. “PTT SE/U/ LED Ç sanbisseunf S2/1/0/0/ Es L Suede Xneuseuw SaJie/e7 TT 1 ll ve EU cou LE uyeres (ÉEe cos I à tie (HT EST not $ nn à CHER 6 BUP9OY/ PA LEE NS! 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L’un va former vers le nord-est le soubassement de l’abrupt, qui limite à l’ouest le plateau de Latour; il renferme une lentille de gypse fibreux, à rares cristaux de quartz. Ce gypse est en contact par faille (fig. 2, coupe IL, 3) avec les schistes albiens; ceux-ci sont ici verti- caux, mais un peu plus bas ils plongent sous le Trias qui s’étire de plus en plus et finit par disparaître, au bas du ravin où serpente le sentier du cortal Azaïs au cortal Gironne. Le deuxième affleurement, orienté N. S., est dirigé vers le ravin de Trémoine ; il se présente sous l'aspect d’argiles jaunes ou bariolées. De l’autre côté du ravin il disparaît momentanément, par étirement sans doute, entre les plaquettes gréseuses à Encrines dévoniennes et les calcaires noirs en plaquettes de l’Infralias, pour reparaître au pied de la tour de Trémoine, au fond du ravin, sous l’aspect de schistes, couleur lie de vin, tachetés de vert, avec intercalation de plaquettes jaunes gréseuses à grain fin, revêtant ici un faciès identique à celui que M. Léon Bertrand et moi avons rencontré dans le Trias d'Amélie-les-Baïns ’. Cette bande versi- colore passe au nord de la tour sous une petite épaisseur de calcaires en plaquettes, surmontés eux-mêmes de cargneules grises scoriacées infraliasiques ou liasiques, sur lesquelles la tour est construite; elle oblique ensuite à angle droit vers l’ouest dans la direction de Lansac. À l’est de la plaine d’Estagel je n'ai pas rencontré de témoin certain de la nappe triasique. Cependant dans une anse que forme le ruisseau de La Grave, à son premier contact avec les calcaires, j ai remarqué, entre des schistes noirs siluriens et des calcaires en plaquettes, à strates subverticales, des alternances assez confuses de calcaires pyriteux, de marnes versicolores, et de grès blancs renfermant de très nombreux cristaux de quartz blancs ou rosés bipyramidés. Or l’abondance de ces cristaux bipyramidés est un des traits caractéristiques de certains gîtes gypsifères triasiques des Pyrénées et des Corbières : tels sont ceux d’'Amélie-les-Bains, au sud, et ceux de Durban, au nord de la région qui m'occupe. Ici l'accumulation de ces cristaux, au même point, me porte à voir dans cette bande étroite de marnes et de grès, les sédiments prove- 1. LÉON BERTRAND et O. MenGer. C. R. Ac. Sc. CXXXIII, page 1266. 1904 SUR LA PARTIE SUD-EST DES CORBIÈRES 265 nant du démantèlement d’une nappe triasique préexistante ; ce serait donc le terme tout à fait inférieur d’un Infralias dont la partie supérieure serait constituée par les calcaires en plaquettes non fossilifères qui lui sont superposés, au nord. A l’est d’Estagel, ce serait d’ailleurs le seul affleurement de cet étage. A l’ouest, l’Infralias est mieux représenté. C’est à cet horizon, je crois, si l’on s’en rapporte au faciès lithologique ainsi qu’à la position stratigraphique, qu’il faut attribuer les calcaires en plaquettes noirâtres que j'ai signalés dans le ravin de Trémoine. D'ailleurs en remontant le ravin, on les voit devenir jaunâtres et rosés et se relier, vers la partie supérieure de l’affleurement triasique du versant oriental de la Cuma-del-Rey, à des calcaires en plaquettes un peu gréseuses que M. Carez :, guidé également par une analogie de faciès et de position, a rangé dans l’Infralias ; or dans ces calcaires, au voisinage d'’intercalations nettement gréseuses, j'ai recueilli une lumachelle de bivalves à côtes et d'Avicules. Ces fossiles sont malheureusement indéterminables ; néanmoins cette lumachelle offre les plus grandes ressemblances lithologiques avec une lumachelle à Avicula contorta très nettes, qu’au cours d’une excursion, M. Léon Bertrand m'a fait observer ‘à Leichert (Ariège). Je ne crois donc pas trop m'avancer en aflir- mant l’existence de l’Infralias sur fout le pourtour de l'extrémité occidental du plateau de Latour, de la tour de Trémoine à l’escar- pement dominant le mas Azaïs. Calcaires liasiques. — Je désigne sous le nom de calcaires liasiques les calcaires compris entre l'horizon des calcaires en plaquettes infraliasiques et les marnes ou calcaires marneux, en plaquettes aussi, du Lias supérieur. I. A l’est d'Estagel, en amont de l’anse où j'ai signalé l’Infralias, le ruisseau de La Grave, dont le lit est actuellement creusé dans les schistes primaires, a tranché un promontoire calcaire dont les strates, plongeant au sud, reposent en discordance sur les schistes primaires, qui sont là à peu près horizontaux. La tranchée de la route montre un lambeau de ce promontoire adossé au monticule coté 169 ; il est formé de calcaires blancs, jaunâtres, cloisonnés, affectant le faciès « cargneules ». À mi-chemin, à vol d'oiseau, de ce point à Estagel, j'ai rencontré une avancée de ces mêmes cal- caires dolomitiques. Plus à l’est, dans la direction de Calce, ces calcaires caverneux passent à des dolomies noires ou à des cal- caires compacts ; un lambeau de ceux-ci, à strates plongeant 1. L. Carez. B. S. G. Fr. (3), XX, page 480. 1892 266 O. MENGEL. — OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES 21 Mars fortement au sud, recouvre les schistes siluriens du sommet coté 240. Le déversement général des plis étant ici très accusé vers le nord, il en résulte que les promontoires ou lambeaux calcaires que je viens de signaler et qui s’avancent au sud sur l’Infralias et le Silurien seraient dus à une transgression plutôt qu’à toute autre cause tectonique. Cette transgression serait vraisemblablement contemporaine du changement de régime qui caractérise le début de l’époque liasique ; il y aurait donc lieu de placer ces calcaires dolomitiques à la base du Lias et d’en faire du Sinémurien. M. Doncieux ! qui a signalé des formations analogues dans les Corbières orientales, les attribue au Lias inférieur et même à l’Hettangien ; M. Depéret* est amené aux mêmes conclusions pour les dolomies et les calcaires de Calce; or il est facile de constater que la formation que je décris est la prolongation vers l’ouest de celle dont parle M. Depéret. A l’ouest d’Estagel, la bande calcaréo-dolomitique est moins continue; je rapporte à cette formation les dolomies grises et les cargneules grises et rosées, scoriacées, que dans le voisinage de la tour de Trémoine, et sous la tour même, on remarque entre des calcaires en plaquettes et des calcaires bréchoïdes à Bélemnites. Je range également au même niveau les calcaires dolomitiques à belles aiguilles ruiniformes qui, un peu à l’ouest du point coté 335, sur le bord septentrional du plateau de Latour, forment couver- ture à la voûte de calcaires infraliasiques sous laquelle disparaît le Trias. De là au col de Pourteil je n’ai pas rencontré de traces du Sinémurien : mais au nord du château de Quiribus j’ai retrouvé, sous des calcaires à Bélemnites, les cargneules du ravin de Tré- moine. IT. Revenant maintenant à l’est d'Estagel je signalerai, comme succédant aux calcaires dolomitiques, une épaisseur de trente mètres au maximum de calcaires en plaquettes et de dolomies grises à ÆEncrines rondes à sections longitudinales non scalari- formes ; c’est l’extrémité occidentale d’une bande continue qui présente un assez grand développement dans la région de Calce. Les dolomies mêmes renferment des tiges qui atteignent jusqu'à deux centimètres de diamètre ; les calcaires roses ou gris en sont absolument criblés. Ces derniers affectent souvent le faciès calc- 1. Doncreux. Monographie géologique et paléontologique des Corbières orientales, p. 31, thèse, 1903. 2. DEPÉRET. Aperçu géologique sur les montagnes de Calce, p. 9. Perpi- gnan, 1903. L nu ne 1904 SUR LA PARTIE SUD-EST DES CORBIÈRES 267 schistes, aussi présentent-ils la plus grande analogie avec les calcaires dévoniens à Encrines de Thuir, et il semble qu'il y ait quelque témérité à en faire des calcaires secondaires. M. Depéret a cependant été conduit à leur assigner un âge plus récent que celui des calcaires de la région de Thuir : il eut en effet la bonne fortune, dans une course à laquelle je participais, de constater que les calcaires à Encrines rondes de la région de Calce renfermaient quelques rares spécimens de tiges pentagonales se rapportant au genre Pentacrinus et affirmant ainsi l’âge liasique de ces calcaires. Il pense : que les tiges rondes appartiennent au genre Millecrinus ou au genre Cyclocrinus du Lias moyen. Nous rencontrâmes également dans ces mêmes calcaires des sections de calice de Polypier qui se rapportent probablement au genre Thecocyathus. Je n'ai pas découvert d'articles de Pentacrines dans la région que j'étudie; je n'ai recueilli qu'un calice de Thecocyathus : néanmoins, vu la continuité indiscutable de mes calcaires à Enceri- nes avec ceux qu'a étudiés M. Depéret, je les rangerai également à la base du Lias moyen (fig. 2, coupe IV, 5 a, page 263). Je n’ai rencontré rien de semblable sur la rive gauche de l’Agly. II. Sur ces calcaires à Encrines ainsi que partout ailleurs sur les calcaires dolomitiques sinémuriens, s’observent des calcaires compacts ou bréchoïdes fossilifères renfermant en particulier Belemnites tripartitus Schlot., Waldheimia Jauberti Deslon., ._Pentacrinus cf. basaltiformis. A l'est d’Estagel ces calcaires renferment des cristaux de dipyre ; ils se relient, en passant sous la plaine d’Estagel, avec les calcaires zonés cristallins de même niveau que l’on observe à la hauteur de Latour, en contact direct avec les schistes siluriens. De là on peut les suivre sur tout le pourtour du plateau de Latour en passant par le ravin de Trémoine, la Cuma-del-Rey et revenant parallèlement à la route de Maury dans la région du cortal Gironne où ils disparaissent sous les calcaires marneux du Lias supérieur. Il est bon d'observer toutefois que le métamorphisme de ces calcaires est d'autant moins accusé, et les fossiles d’autant plus nombreux qu’ils s’éloignent davantage des schistes primaires. J'ai retrouvé ces calcaires à Bélemnites au nord du chaînon de Quiribus ; ils sont là plus fossilifères que partout ailleurs et renfer- ment en particulier des tronçons d’Ammonites de grande taille. Lias supérieur. — C'est au point de vue paléontologique l'étage 1. CH. DEPÉRET. Aperçu géologique sur les montagnes de Calce, p. 8. Perpignan, 1903. 268 O. MENGEL. — OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES 21 Mars le plus caractéristique que j'ai eu à étudier; c’est un horizon précieux qui m'a fourni en plusieurs points un repère des plus utile. IL est ici, comme dans presque toutes les Pyrénées, formé de marnes très fissiles, généralement rosées, quelquefois noirâtres ; ainsi que de plaquettes calcaires, marneuses jaunâtres, ordinaire- ment très fossilifères. Malheureusement les fossiles, et tout parti- culièrement les Ammonites, en raison de l’étirement des couches, sont déformés et par suite d’une détermination assez difficile. Néanmoins, grâce à l’obligeance de M. Depéret, qui a bien voulu déterminer les spécimens que j'ai recueillis en différents points, j'ai la satisfaction de pouvoir signaler : 1. Dans les marnes rosées ou violacées de la région du cortal Gironne : Hildoceras bifrons Brug, Hildoceras sp., Dactylioceras com- mune Sow., Belemnites tripartitus Schlot., Pentacrinus jurensis Quenstedt ; en outre des Astartes, très petites et très nombreuses, des Rynchonelles et des Térébratules. 2. Dans les schistes marneux noirâtres de la région de la Cuma- del-Rey et du ravin de Trémoine, outre Belemnites tripartitus et les petites Astartes : Pecten pumilus Sow. var., Pecten Hehli d'Orb., Avicula Münsteri Goldf. 3. Dans les calcaires marneux noirâtres pyriteux et micacés, que l’on rencontre à l’est d'Estagel, au sud du pic coté 305 (fig. 2, coupe IV, 5 b, page 263) : Hammatoceras cf. insigne, Belemnites tripartitus Schlot., associée à une variété très effilée et atteignant jusqu'à 15 centi- mètres de longueur; Pecten æquivalvis Sow., Pecten textorius Schlot.; en outre: des Posidonomies et des Térébratules nom- breuses mais indéterminables, ainsi que de nombreux articles de Pentacrines. La découverte de ces fossiles caractéristiques de la base du Toarcien vint heureusement me dégager de la perplexité que m'avait causé le faciès noirâtre et micacé de ces marnes terreuses ou très dures par places, qui leur donne la plus grande analogie avec les calcaires marneux aptiens à Terebratula sella que l’on rencontre, dans la vallée de l’Agly, au nord du pic 303. . J'ai retrouvé un témoin de ce niveau dans une boutonnière formée par un méandre du Verdouble, en amont de la cluse appelée la Porta-d’en-Roland. Là on peut, de l’ouest à l’est, relever la succession suivante : brèche-limite du Crétacé ; dolomies juras- siques ; marnes noires schisteuses du Toarcien; calcaires à Penta- 1904 SUR LA PARTIE SUD-EST DES CORBIÈRES 269 crines et à Bélemnites, criblés de cristaux de couzéranite et reposant, par suite de faille, sur la brèche-limite du Crétacé (fig. 2, coupe IV, 8 a). Sur la rive gauche de la rivière, correspondant à la convexité du méandre, les calcaires à Pentacrines font défaut ; et il semble que, par suite d’un plongement très accentué des strates vers le sud, les termes supérieurs de la série disparaissent succes- sivement, de sorte que dans le voisinage du confluent du Verdouble avec l’Agly on ne voit plus trace de faille. J’ai retrouvé également, sur le versant septentrional du chaînon de Quiribus, les mêmes marnes noires, superposées à des calcaires charmoutiens très fossilifères, mais ici elles ne sont pas métamor- phiques. Si je les signale en ce point, c'est simplement pour marquer leur présence normale sur le flanc nord du synclinal constituant la vallée de Maury. Mais j'attirerai tout particulièrement l'attention sur la conti- nuité de l’affleurement de la nappe toarcienne le long de la bor- dure méridionale, occidentale et septentrionale du plateau de Latour ; ainsi que sur sa réapparition, au delà de la dépression d'Estagel, soit à l’est du ruisseau de La Grave, soit au nord-est d’Estagel dans la région du Verdouble. On voit par elle se dessi- ner les deux flancs d’un synclinal que j’appellerai dorénavant le synclinal d'Estagel. Dolomies Jurassiques. — Dans toute la région, aux marnes liasiques sont superposées des dolomies, le plus souvent noirâtres et fétides sous le choc du marteau. Ce sont Les dolomies qui, pour les géologues pyrénéens, représentent la série médio-jurassique (Bajocien et Bathonien) : elles passent latéralement, assez souvent, à des calcaires noirs ou gris. Autour du plateau de Latour elles forment une bande très continue qui, à part quelques plissotements, ne présente rien de particulier. La partie méridionale de cette bande plonge sous la vallée d’'Estagel pour reparaître à l'est, sur le bord du ruisseau de La Grave, au bas d’une carrière de marbre bréchoïde; elle se dirige de là vers le pic coté 303, en prenant avant d'y arriver un développement considérable. Entre ces deux derniers points elle se présente sous la forme d’alternances plusieurs fois répétées de dolomies blanches ou grises et de calcaires noirs à couzéranite dans lesquels on rencontre quelques filonnets de calcite entremèêlée de trémolite en cristaux filamenteux. La partie septentrionale de la bande dolomitique disparait, derrière le mas Camps, sous les poudingues oligocènes et les allu- vions récentes de la vallée, pour reparaître, sur la rive gauche de 270 O. MENGEL. — OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES 21 Mars la rivière de Maury, un peu au-dessus du chemin de fer ; mais elle ne tarde pas à dispaître sous un manteau de calcaires compacts ou bréchoïdes renfermant quelques traces de couzéranite. Cependant, grâce à une succession de ravins tranchant le pli anticlinal qui succède au synclinal d’Estagel, et qui constitue le versant occiden- tal de la chaîne de Tautavel, on peut suivre les dolomies jusqu’au delà de la Porta-d’en-Roland ; là on les voit, sous un manteau de brèches, former couverture au Toarcien que j'ai signalé en ce point. Au nord du château de Quiribus, sur les marnes toarciennes j'ai retrouvé une bande de dolomies jurassiques. CRÉTACÉ INFÉRIEUR. Brèche-limite. — En plusieurs points, notamment au sud-est et au nord-ouest d’'Estagel, aux dolomies jurassiques est superposée une épaisseur de 1 mètre à plus de 10 mètres, d’une brèche poly- génique, à ciment compact, qui forme deux bandes affleurant sur les deux flancs de la vallée synclinale d'Estagel. La bande méridionale, très redressée, semble émerger à peu près là où est ouverte, sur la route d’Estagel à Calce, une carrière de marbre rose bréchoïde; elle passe au sommet du pic coté 303 et se continue dans la direction de Baixas où elle donne lieu à l'exploitation de marbre d'ornement, ici plutôt grisätre que rosé. L'étude que nous avons faite de cette brèche, M. Ch. Depéret et moi, nous a amenés à la considérer comme le.premier terme du Crétacé inférieur dans toute la bande méridionale monoclinale de la vallée de l’Agly (GC. R. Ac. Sc. CXXX VII, p. 1220, 1903). Je me suis assuré que l’on pouvait formuler les mêmes conclu- sions pour la bande septentrionale ; moins redressée que la précé- dente, elle couvre l’extrémité méridionale de la chaîne de Tautavel d’une nappe ondulée dont les plis synclinaux sont remplis par des calcaires urgo-aptiens. Dans cette région les éléments à couzéra- nite sont plus rares que sur la rive droite de l’Agly. La retombée du pli anticlinal le plus occidental de cette nappe se présente, comme on peut le remarquer au voisinage d’une carrière située entre le chemin de fer et la route de Tautavel, sous la forme d'une lame verticale, de 2 à 3 mètres d'épaisseur, pincée entre les dolomies jurassiques à l’est et les calcaires marneux à Orbitolines du synclinal de Maury à l’ouest. Il semble y avoir eu là un étire- ment très prononcé ; au sud du mas Camps les marnes jaunâtres aptiennes viennent même en contact avec les dolomies jurassiques ; et pour retrouver la brèche-limite, qu'il ne faut pas confondre ici 1904 SUR LA PARTIE SUD-EST DES CORBIÈRES 271 avec une brèche pliocène, également polygénique, dont je parlerai plus loin, il faut passer sur le revers méridional du promontoire calcaréo-dolomitique du mas Camps. Là on constatera la présence de la brèche crétacée entre les calcaires dolomitiques jurassiques et Les calcaires urgo-aptiens du centre du plateau de Latour ; on est ici sur le flanc nord du synclinal d’Estagel. En se dirigeant vers l'extrémité occidentale du plateau on voit disparaître peu à peu cette brèche-limite ; et dans les régions du mas Capitoul et du col de Pourteil elle manque complètement ’. Urgo-Aptien. — I. A la brèche-limite et, à défaut, à la dolomie jurassique succède, partout, un calcaire blanc saccharoïde ou grenu non fossilifère qui alterne parfois, notamment au Mont- Estagel, avec un calcaire gris-bleu renfermant de très nombreux cristaux de couzéranite. C’est ce calcaire blanc qui constitue la couverture du plateau de Latour ; il prend là, et principalement sur le bord méridional de ce plateau un très bel aspect saccharoïde qui permet de l'utiliser comme marbre statuaire. En raison de la proximité de calcaires à couzé- ranite, on peut se demander si la texture saccharoïde ne serait pas due également au métamorphisme qui a affecté les calcaires à couzéranite ; je ne le pense pas, car je n'ai observé aucune trace de dipyre dans les calcaires cristallins liasiques et crétacés du plateau de Latour ; je crois plutôt que cette cristallinité doit être la consé- quence d’un dynamométamorphisme local consécutif à un plisse- ment qui se serait produit antérieurement au dépôt des calcaires à Réquiénies. Quoi qu'il en soit ce calcaire présente les plus grandes analogies pétrographiques avec le calcaire, dit calcaire primitif, que M. Léon Bertrand m'a fait observer au sud de Beleaire (Aude); et bien que là les relations stratigraphiques ne paraissent pas être les mêmes qu’à Latour, je pense néanmoins qu’on peut considérer le calcaire blanc d’Estagel comme le représentant urgonien du calcaire primitif de Charpentier. IT. De la Cuma-del-Rey au col de Pourteil les affleurements des calcaires non fossilifères semblent faire défaut ; on voit succéder en effet, immédiatement au granite, au Primaire ou au Trias, des calcaires très fossilifères à Réquiénies. Ce sont eux qui constituent 1. Dans une course récente j'ai constaté que l’admirable cluse de Saint- Antoine-de-Galamus, au nord de Saint-Pol-de-Fenouillet, est taillée, dans sa partie médiane, à travers une épaisseur de 100 à 150 mètres de calcaire bréchoïde grisâtre, comprise entre les calcaires urgo-aptiens et la dolomie jurassique ; c’est bien là, sur l'aile septentrionale du synclinal de Maury, un témoin très important de notre brèche-limite. 2792 O. MENGEL. —— OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES o1 Mars les hautes falaises qui dominent Maury au sud et qui reparaissent,, au nord de ce village, dans la haute muraille de Quiribus. Sur le bord septentrional du plateau de Latour (fig. 2, coupe HE, 10 b), on retrouve une lame verticale de ces calcaires à Réquiénies, pincée entre les calcaires charmouthiens, les marnes toarciennes, au sud et les calcaires marneux à Ostrea aquila au nord. A la hauteur du mas Camps ces calcaires à Réquiénies dispa- raissent pour ne réapparaître, sur la bordure de la chaîne de Tautavel, que dans la région de la dépression cotée 99. Un fait digne de remarque, c’est que dans toute cette région du synclinal de Maury la partie supérieure des calcaires à Réquiénies se présente sous l’aspect d’une lumachelle à Polypiers et à débris de Réquiénies. Dans lesynclinal d’Estagel on ne rencontre les calcaires à Réquié- nies qu'à l’est d’Estagel ; ils sont là, dans l’axe même de la vallée, superposés aux calcaires blancs non fossilifères (fig. 2, coupe IV) et ils affleurent suivant une bande à convexité occidentale. Ces calcaires renferment en abondance des cristaux de dipyre (couzé- ranite) ; c'est cette particularité qui nous a conduits, M. Depéret et moi, à admettre pour la formation des calcaires à couzéranite, une deuxième époque, postérieure à l’Aptien (C. À. Ac. Se. CXXX VIT, P- 1220, 1903). MARNES APTIENNES (APTIEN SUPÉRIEUR). I. Marnes et calcaires marneux aptiens du synclinal de Maury. — Sur tout le pourtour septentrional et oriental du massif calcaire compris entre le col de Pourteil et la Cuma-del-Rey, #s super- posée aux calcaires à Réquiénies une épaisseur de 0,50 à 5 mètres de calcaires bleus, se délitant à l'air, pétris d’'Orbitolines (O. conot- dea et. O. discoidea) et de grosses Nérinées. A ces calcaires succè- dent d’abord des-calcaires jaunâtres marneux à Orbitolines égale- ment, et renfermant en abondance : Ostrea aquila d'Orb., Serpula calcarea Leym., des Polypiers etquelques rares débris d’Oursins ; viennent ensuite des calcaires roux gréseux renfermant quelques rares Orbitolines, mais sans Ostrea ; enfin pour terminer la série, notamment dans la région de Maury, une bande de calcaires gru- meleux, injectée de calcite blanche et suivie elle-même de schistes, noirâtres à Belemnites semicanaliculatus. Sur ie versant septentrional du signal Albèze les strates sont très redressées et souvent même, principalement à l'ouest, elles plongent sous les calcaires à Réquiénies ; on peut s’en assurer au gouffre creusé dans les marnes, derrière le cortal Estève. HUE The 1904 SUR LA PARTIE SÜD-ÈST DES CORBIÈRES 273 En longeant le massif, à flanc de coteau, de Maury au cortal Pons, on constate que les assises sont de moins en moins relevées et entre ce dernier cortal, le cortal Azaïs et le mas delMenut dans la Cuma-del-Rey, elles se superposent en nappes à terminaison péri- clinale (fig.2, coupelIl, 11 c)qui constituent le promontoire oriental du massif. Ici, surtout dans les assises supérieures, le caractère littoral s'accentue: les strates calcaires un peu gréseuses, plon- geant au sud-est, laissent voir sur leurs dalles une quantité d’em- preintes de Fucoïdes. En remontant de l'extrémité du promontoire vers le sommet du massif on rencontre une succession de calcaires gréseux à Orbi- tolines, de grès, de calcaires et de marnes dans lesquels j'ai constaté la présence de Polyconites Verneuili Bayle, Plicatula placunea Lmk., Mytilus sp. et des Polypiers. Sur le flanc sud du massif du signal Albèze, en face le pic dévo- nien 436, existent, plongeant au sud, des calcaires jaunâtres à Orbitolines, superposés aux calcaires de même aspect à Ostrea aquila ; ils renferment en abondance des Bélemnites, malheureu- sement indégageables, et quelques Ammonites de petite taille en assez mauvais état. L'une d'elles cependant m'a paru se rappro- cher beaucoup du type auquel Leymerie donne le nom d’'Ammo- nites saleæ-terræ et qu’il place dans le grès vert inférieur; je crois y reconnaître un Acanthoceras du groupe Martini. Les calcaires marneux à Ostrea aquila se rencontrent aussi au pied de l'escarpement nord du plateau de Latour; mais ici les Ostrea aquila sont de la variété dilatée. A ces calcaires est super-- posée une bande de marnes calcaires à Orbitolines que l’on peut suivre jusqu'au mas Camps où on la voit s’infléchir vers le nord- est et disparaître momentanément entre les points cotés 153 et 155 sous une formation tertiaire. Je l'ai suivie jusqu’au sud de Tau- tavel ; là j'ai retrouvé, superposés à des calcaires à Ostrea aquila, pétris d'Orbitolines, les calcaires à Bélemnites de la région du mas del Menut. Ceux-ci sont ici subordonnés à des calcaires marneux d’abord gris, puis noirâtres, renfermant de nombreux Oursins du genre Echinospatagus et une quantité d'articles de Pentacrines. C'est ce dernier niveau, qui tout le long du flanc nord du syn- clinal de Maury, forme les talus marneux au dessus desquels se dressent les falaises de calcaires à Réquiénies de la chaîne de Quiribus et de Saint-Paul (fig. 2, coupes I, IL, IL, IV). Dansla région de Maury j'y ai recueilli de gros Oursins malheureusement très écrasés, des fragments de Trigonies et de Limes ; jy ai constaté 1e Octobre 1904. — T. IV. Bull. oc CÉDUMNENES 274 O. MENGEL. — OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES 21 Mars également la présence de Spongiaires. Je considère ces schistes calcaires noirâtres comme appartenant à la zone de calcaires gru- meleux à Terebratella Delbosiü, à Oursins et à Trigonies que M. Léon Bertand m'a fait observer un peu plus à l’ouest, dans la région de Saint-Antoine-de-Galamus, et qu'il considère comme une zone située à la limite de l’Aptien et de l’Albien. Il. Aptien supérieur du synclinal d'Estagel. — Je n’ai rencon- tré l’Aptien supérieur de ce synclinal qu’à l’est d'Estagel, sur le bord même de la feuille que j'ai pris comme limite de mon tra- vail, et encore n'ai-je retrouvé que les termes tout-à-fait supérieurs de l’Aptien. Aux calcaires à Réquiénies succèdent en effet des calcaires marneux noirâtres, très micacés, pauvres en fossiles, mais présentant cependant au bas du pic coté 503 de nombreuses radioles de Cidaris ; j y ai recueilli quelques Lima et un fragment d'Oursin régulier que je crois devoir être rapproché du type Pseu- dodiadema. A cette zone fait suite une bande de ealcaires gris, un peu grumeleux, renfermant en grand nombre Terebratula sella Sow. On passe ensuite à des schistes noirs sans fossiles qui, jusqu’à présent, ont été rangés dans l’Albien. Albien. — Il est diflicile d'en assigner les limites exactes, car cet étage, dans nos régions, est très peu fossilifère. C’est à l’Albien qu'on rapporte les schistes noirs, quelquefois roussâtres, qui recouvrent le fond si ondulé de la vallée de Maury, ainsi que le thalweg de la Cuma-del-Rey. On le retrouve avec un large déve- loppement dans la vallée d’Agly .depuis le mas Jau à l’est d’'Estagel jusqu’au delà de Cases-de-Pène. TERTIAIRE. Noguës ! avait déjà signalé le Tertiaire dans la région d’Estagel, mais probablement sans en préciser topographiquement la posi- tion, car d'Archiac ne put le retrouver. Plus tard M. Roussel signale un témoin d’un golfe oligocène sur la rive gauche de la rivière de Maury, au sud du Mas-d'en-Magre. Là existe en effet un petit cirque, ouvert au sud, formé par le ravinement de pou- dingues et d’argiles marneuses jaunâtres, en lentilles au milieu de ces poudingues. Ces derniers sont formés d’éléments de toute provenance : on y rencontre des calcaires à Réquiénies, des eal- caires gréseux à Orbitolines, etc., ainsi que de petits éléments siliceux constituant par places des lits gréseux qui accusent un léger plongement vers l’est et par suite une discordanee complète 1. NoGuës. Notice géologique sur le département de l'Aude, 1855. =, 1904 SUR LA PARTIE SUD-EST DES CORBIÈRES 275 avec les schistes noirs albiens et les calcaires marneux à Orbito- lines qui leur servent de substratum et qui sont ici presque verti- Caux. Cet îlot tertiaire signalé par M. Roussel n’est pas unique : les mamelons situés du Mas-d'en-Magre à Tautavel, sur la gauche de la route, sont en effet recouverts, presque tous, par des poudin- gues identiques (fig. 2, coupe IV, 13). Sur l’arête la plus proche du Mas-d’'en-Magre les poudingues. qui deviennent ici de vrais conglo- mérats, renferment de nombreux éléments de calcaires gréseux à Turritelles, à Sphærulites, à Madréporaires témoignant du déman- télement de nappes cénomaniennes ? et sénoniennes du voisinage. Mais particularité curieuse, les poudingues paraissent sur une petite étendue superposés à un tout petit lambeau de calcaire à Réquiénies reposant lui-même sur les schistes albiens : il semble- “it, si l’on s’en rapporte à la forme et à l'abondance des sections de Réquiénies, que ce lambeau provient de la bande urgo-aplienne d'en face, à l’est, qui présente les mêmes caractères paléontologi- ques ; il aurait été amené là par un charriage de petite amplitude. On peut suivre les poudingues jusqu'au voisinage du sommet coté 180, mais ils ne semblent pas avoir atteint cette altitude ; car ils s'arrêtent en contrebas sur une épaisseur assez importante d’argiles rouges rutilantes provenant de la décomposition des schistes rougeûtres ferrugineux, à strates verticales, qui forment ce sommet ainsi que les deux petits qui le suivent au nord. Un peu au N. O. de ces sommets, avant d'arriver à la nouvelle route d'Estagel à Paziols on peut remarquer, formant escarpement sur les schistes albiens discordants, un calcaire blanc à grain fin, tubuleux, présentant des empreintes de feuilles et de tiges de monocotylédones, c'est un travertin passant latéralement à des alternances de grès et de calcaires jaunâtres. Il plonge de r2° environ au S. E. et supporte une couverture de poudingues à éléments moins roulés que les précédents. C'est évidemment le produit d’une source incrustante, située sur la rive d’un lac, et dont les eaux coulant quelque temps à l’air libre, ont couvert des produits de leur incrustation les schistes noirs qui formaient le bord incliné de la cuvette lacustre et ont cimenté dans un certain rayon les sables du rivage. Aussi y-a-t-il lieu d'espérer qu'un examen plus minutieux de ce travertin amènera la découverte de débris organiques qui permettront de préciser l’âge de cette formation. Enfin le petit mont coté 221 dénommé « Montredon », et situé au sud de l'extrémité du chaînon anticlinal urgo-aptien qui va de 276 O. MENGEL. — OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES 21 Mars Vingrau au mas Fouradade, est recouvert également d’une forma- tion détritique ; maïs ici les éléments sont encore moins arrondis que précédemment. Par places, ils sont tellement bien cimentés qu'on croirait retrouver la brèche limite du Crétacé. La confusion n'est cependant pas possible car ces brèches sont ici bien litées, inclinées de 5 à 10° seulement vers le sud et en complète discor- dance avec les schistes albiens sous-jacents, qui courent dans la direction N. E., avec plongement de 35° vers le S. S. E.; il est d'ailleurs facile de constater parmi leurs éléments, associés à des calcaires à Bélemnites, des calcaires à Réquiénies et à Orbitolines. Tous ces éléments semblent provenir du chaînon calcaire de Vingrau. J'ai retrouvé également, au sud du mas Camps, dans le synelinal d’'Estagel, des poudingues et des brèches recouvrant des limons rouges provenant de la décalcification des calcaires Urgoniens. Ici encore les éléments résultent du démantèlement de massifs voisins : les uns proviennent de la brèche liasique et présentent des sections de Bélemnites et de Térébratules, d’autres par les sections de Réquiénies et les Orbitolines, accusent une origine aptienne. Age géologique de cette formation. — Il est probable que les dépôts dont je viens de m'occuper se relient aux dépôts analogues, non fossilifères, qui depuis longtemps ont été signalés à Paziols, et que les géologues, sans raisons plausibles, ont rangés dans l’Oligocène. Or, j'ai eu la bonne fortune de recueillir, dans le conglomérat qui affleure dans le lit de la rivière de Maury, près du Mas-Camps, un débris de Pecten, spécifiquement indéterminable il est vrai, mais présentant cependant les plus grandes analogies avec cer- tains Pectens pliocènes de Millas. J’ai observé également au même endroit un Polypier moulé sur un galet et faisant nettement partie intégrante de la gangue '; d’ailleurs. ainsi que MM. Depéret et Doncieux l'ont constaté avec moi, les galets, quelle que soit leur nature, présentent de petites perforations provenant vraisembla- blement de perforations de Spongiaires et autres perforants. J'ai recueilli également dans une poche limoneuse un os de Poisson. Il y aurait donc lieu de voir dans la formation poudinguiforme que l’on voit afileurer dans le lit de la rivière de Maury, depuis la région du Mas-Camps jusqu’au confluent de l’Agly, les traces d’un 1. Ce Polypier, d’après la détermination qui vient d’en être faite par M. Depéret, serait le Cladocora cæspitosa Edwards et Haime. 1904 SUR LA PARTIE SUD-EST DES CORBIÈRES 277 Pliocène marin qui très probablement a couvert de ses dépôts le fond du golfe que formait la dépression d'Estagel. Il est probable que ce golfe communiquait avec la mer pliocène d’Espira-de- l'Agly; j'ai observé en effet vers l’extrémité orientale de cette vallée, à l’ouest de Cases-de-Pène, au lieu dit: &« Ravin-d’en- Matheou » un conglomérat identique à celui de la rivière de Maury. Ce conglomérat dans les régions de La Rubiale, du Mas-d’en- Magre et du Montredon est recouvert par des argiles rouges, sur- montées elles-mêmes d'un cailloutis à galets roulés de toutes dimensions et de toutes provenances ; il y aurait lieu je pense d'attribuer ces deux formations au Pliocène d'eau douce, c’est-à- dire au Pliocène moyen et supérieur. C’est en effet à ces deux horizons que M. Depéret rapporte les dépôts tertiaires similaires de Paziols. D'ailleurs dans les limons argileux de Saint-Paul de Fenouillet, très probablement contemporains de ceux d’Estagel, a été découvert un fémur de Rhinoceros leptorhinus ‘ qui affirme l'âge pliocène de ces argiles. M. Carez* considère également comme pliocènes les argiles de Prugnanes. En résumé le Pliocène d’Estagel-Tautavel comprendrait trois horizons : PLIOCÈNE INFÉRIEUR. — Marin. — Grès et poudingues à galets roulés de moyenne dimension. — Cote moyenne : 80 mèt. PLIOCÈNE MOYEN. — Lacusire. — Argiles et limons rouges. — Cote moyenne: 100 mètres. PLIOCÈNE SUPÉRIEUR. — Æau courante. -—— Cailloutis des plateaux. Brèches ou poudingues polygéniques. — Cote de 150 à 220 mètres sur le bord du bassin. A signaler comme formation d'âge plus récent, je pense, un travertin, reposant au nord de Maury (fig. 2, coupe I, 13’), sur les marnes noires de l’Aptien supérieur. Il renferme quelques coquil- les de Lymnées, ainsi que de très nombreuses empreintes de feuilles : en particulier des feuilles d’Aulnes et de Roseaux. III. TECTONIQUE ET CONCLUSIONS. De l'étude stratigraphique qui précède il résulte que la région dont je m'occupe comprend trois plis principaux : deux synclinaux, celui d’Estagel et celui de Maury, et entre eux un anticlinal qui 1. Ce fémur fait partie de la collection de M. J. Bertan de Balanda, à Per- pignan. 2. CAREZ. B. S. G. F. (3). XX, p. 490. 278 O. MENGEL. — OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES 21 Mars forme le revers N. O. du plateau de Latour ainsi que le versant occidental de la chaîne de Tautavel. I. Synclinal d'Estagel. — Il a une direction sensiblement O. E., c'est-à-dire parallèle à l’axe des Pyrénées. Il prend nais- sance au pic dolomitique dévonien 436, dans la région du mas Capitoul, et va se perdre au-delà de Cases-de-Pène, sous la plaine du Roussillon. Topographiquement, il comprend trois tronçons : le plateau de Latour, la plaine d’Estagel et la vallée de l’Agly en aval d'Estagel. Dans son ensemble c’est un synclinal dépersé vers le nord, à flancs dissymétriques ; le flanc méridional, exception faite pour la discontinuité qu'il présente à son passage sous la plaine d'Estagel, se dresse en strates subverticales, accusant un déversement vers le nord d’autant plus marqué qu'on se rapproche davantage du massif granitique de Lesquerde ; son flanc normal est beaucoup moins relevé, il manifeste dès sa naissance une tendance à l’obliquité vers le N. E. En suivant l’axe du synclinal de l’ouest à l’est on rencontre les affleurements successifs de la plupart des horizons que j'ai signalés depuis le Trias jusqu'à l’Albien. La brèche limite, cependant si largement développée sur les flancs du synelinal, semble faire défaut vers l'extrémité occidentale de ce synclinal : les calcaires non fossilifères et cristallins de l'Urgo-Aptien y reposent, en effet, directement sur les dolomies jurassiques, accusant par ce fait une transgression vers l’ouest. Si, d'autre part, on remarque que la convexité de la bande de calcaires à Réquiénies de ce synclinal ne se rencontre qu’à 8 kilomètres à l’est de l'extrémité de la bande des calcaires non fossilifères, alors que les calcaires à Réquiénies du flanc sud du synclinal de Maury sont presque con- tigus à cette extrémité ; on est porté à voir, dans le retrait vers l’est de l’affleurement des calcaires à Réquiénies, le fait d'une régression plutôt que d’une érosion. II. Synclinal de Maury. — La partie qui entre dans le cadre de mon travail n’est que l'extrémité orientale d'un grand syneli- nal qui prend naïssance, beaucoup plus à l’ouest, bien au-delà de Caudiès-de-Saint-Paul. Ce synclinal a également un axe à direction ouest-est; mais à la hauteur de la Cuma-del-Rey il participe à l'inflexion générale vers le N.E. que commande la chaîné de Tautavel. C’est aussi un synclinal déversé vers le nord. Maïs dans sa partie orientale, par suite de la naissance à la hauteur du mas Fouradade d’un pli anticlinal urgo-aptien dirigé vers Vingrau et légèrement déversé vers Le sud, il se divise en deux petits syncli- 1904 SUR LA PARTIE SUD-EST DES CORBIÈRES 279 naux, d’allure tectonique différente, intéressant, l'un la région de Tautavel, l’autre la région du ruisseau de Cabrils et que j'appelle- rai le synclinal de Cabrils. Le premier synclinal, celui de Tau- tavel, participe encore au renversement général du synclinal de Maury, car son flanc S. E. est déversé vers le N. O.; mais son flanc N.0O. est fortement redressé et même légèrement déversé vers le S. E. Le flanc S. E. du synclinal de Cabrils, au contraire, n’accuse aucun renversement; j'en conclurais qu’à partir de ce point la poussée tangentielle provenant des Pyrénées n’est plus prépondérante. UT. Pli anticlinal. — Entre le synclinal d'Estagel et celui de Maury existe un pli anticlinal, renversé vers le nord, qui prend naissance à l'extrémité occidentale de la Cuma-del-Rey, un peu à. l’est du mas Capitoul. Tout le long du versant méridional et orien- tal de la Cuma-del-Rey, son flanc normal seul subsiste, l’autre a disparu par étirement ; mais en côtoyant le bord septentrional du plateau de Latour pour aboutir à la route de Tautavel, on voit peu à peu son flanc nord se reconstituer par suite d’affleurements successifs de voûtes d’Infralias, de dolomies et de calcaires liasi- ques, de marnes toarciennes, de dolomies jurassiques, de brèches crétacées et enfin de calcaires à Réquiénies que l’on rencontre au voisinage de la dépression cotée 99, sur la route de Tautavel. Jusque là, le raccordement de cet anticlinal avec le synclinal de Maury constitue un pli faille qui met successivement en contact avec les affleurements de l’anticlinal ci-dessus signalés : l’'Albien, les calcaires marneux à Orbitolines de l'Aptien supérieur, une lame verticale, de 20 mètres au maximum d'épaisseur sur 2 kilo- mètres de longueur (fig. 2, coupe III, 10b), de calcaires à Réquié- nies, et de nouveau les calcaires marneux à Orbitolines. Conclusions. — De l'ensemble de mes observations stratigra- phiques et tectoniques, je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes : La région que je viens d'étudier aurait subi à l’époque hercy- nienne (anté-houillère) un plissement qui aurait favorisé l'érosion des terrains dévoniens et n’en aurait laissé subsister que quelques lambeaux dans des synclinaux où, plus tard, seraient venus se déposer les sédiments d'une mer ou plutôt de lagunes triasiques venant du nord-ouest et en communication avec celles des Cor- bières. Ces sédiments auraient été recouverts ensuite par les dépôts infraliasiques ; et la transgression s’accentuant, une commu- nication se serait alors établie entre une mer liasique venant du 280 O. MENGEL. — OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES 21 Mars nord et baignant la base du massif de Monthoumet avec une autre venant du sud ‘et couvrant la région de Calce. La mer du Lias supérieur, ainsi que celle du Jurassique moyen paraissent avoir recouvert également tout le pays; et si dans la région comprise entre le mas Capitoul et le col de Pourteil, e’est- à-dire sur le bord N. E. du massif granitique de Lesquerde, on ne rencontre pas de témoin certain de ces étages, c’est que très proba- blement une érosion ultérieure les aura fait disparaître avant le dépôt des sédiments du Crétacé. A la fin du Jurassique moyen tout le pays participe à un mouve- ment général d’émersion qui dure jusqu'au Crétacé ; c’est alors que se produit un effort orogénique intense qui provoque la formation d'une brèche qui s'étale sur toute la région située au N. E. du massif de Lesquerde. Il y a là l’indice d’un changement de régime qui précède ou accompagne le retour de la mer *. C’est cette mer qui aurait déposé les calcaires blancs non fossilifères qui partout recouvrent la brèche. Viennent ensuite, exception faite pour la partie occidentale du synclinal d’'Estagel, les calcaires très fossili- fères à Réquiénies ; j'ai déjà fait remarquer que tout le long de l'aile méridionale du synclinal de Maury ces calcaires, ainsi que les calcaires marneux qui les recouvrent, présentent un faciès littoral ou de mer peu profonde très marqué. Entre le mas Capitoul et le col de Pourteil les calcaires à Réquié- nies, et quelquefois par suite d'étirement, les marnes de l’Aptien supérieur, reposent directement sur le Trias ou sur le Primaire. Des observations précédentes il résulterait donc : 1° que, au début du Crétacé, entre l’épuque de la constitution des calcaires non fossilifères et celle des calcaires à Réquiénies, la partie orientale du massif de Lesquerde a été soumise à une sorte d'oscillation dont le stade final a été marqué par l’ébauche de la partie occidentale du pli anticlinal qui sépare le synclinal d’Esta- gel de celui de Maury ; 2° que cette oscillation et ce plissement sont intimement liés à l’une des phases de la surrection du massif granitique de Lesquerde ; phase que je crois antérieure au dépôt des calcaires à Réquiénies, car je n’ai constaté dans ceux-ci, même à leur contact avec le granite, aucune trace de métamorphisme, alors que ce dernier est si développé dans les schistes siluriens avoisinants. 1. Cx. DEPÉRET. Aperçu géologique sur les montagnes de Calce, page 19. Perpignan, 1903. 2 Cu. DeréREet et O. MEexGez. C. R. Ac. Sc., CXXX VII, p. 1220, 1903. , # N L : 1904 SUR LA PARTIE SUD-EST DES CORBIÈRES 281 Les grands mouvements anté-oligocènes qui ont provoqué la surrection définitive des Pyrénées ont accentué et prolongé vers l'est le pli anticlinal déjà ébauché à l'ouest. Dans le voisinage du massif de Lesquerde ils l’ont écrasé et couché vers le nord, mais plus à l’est, à la hauteur d'Estagel, l'onde de plissement, venant des Pyrénées, ayant dépassé le méridien de l'extrémité orientale du massif résistant de Monthoumet se propagea plus librement vers le nord; il en est résulté l’inflexion très marquée vers le N. N. E. que dessine la chaîne de Tautavel à partir du mas Camps. Cette torsion en plan de l’anticlinal vers le nord, jointe au rele- vement de l'extrémité occidentale de l’axe du synclinal d’'Estagel a eu pour effet de provoquer la dépression d'Estagel, véritable /ac tectonique dû à l’étirement en plan des strates peu redressées formant la convexité de l’inflexion. Cette action mécanique, aidée par l'érosion, explique suflisamment la direction anormale N.S. de l’axe de la plaine d'Estagel, à travers le synclinal du même nom. En somme, aussi bien dans le {emps que dans l’espace, l’origine du pli anticlinal le plus oriental des Corbières, c'est-à-dire de la chaîne de Tautavel, doit être géologiquement fixée dans la région du mas Capitoul et non, comme d’Archiac trompé par la topo- graphie le supposait, dans la région du Mont-Estagel. Séance du 11 Avril 41904 PRÉSIDENCE DE M. PERON, VICE-PRÉSIDENT M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président fait part de la mort du Professeur Gaetano Giorgio Gemmellaro survenue le 16 mars dernier. Gemmellaro était pro- fesseur à l'Université de Palerme ; ses travaux les plus impor- tants ont eu pour objet la paléontologie de la Sicile. Le Président proclame membre de la Société : M. Jules Vincent Billiot, Ingénieur-hydraulicien, à Bordeaux, présenté par MM. Stanislas Meunier et G. Ramond. Une nouvelle présentation est annoncée. M. E.-A. Martel transmet ses derniers mémoires et notes sur ses recherches d'hydrologie souterraine et hygiénique de 1901, 1902 et 1903, en France, Espagne, Belgique, Suisse et au Caucase ; il offre en même temps la carte au 20.000° du massif de l'Estérel qu'il vient de publier avec l’aide de M. P. Boissaye, garde général des forêts : bien que ce document soit uniquement topographique, il serait des plus utilement employés, à cause de sa grande échelle et de sa précision absolue (courbes équidistantes de 50 m., nom- breuses cotes et indications des moindres sentiers) par les géolo- gues qui voudraient continuer et compléter sur les curieux por- -phyres bleus et rouges de l'Estérel et sur les schistes et conglomé- rats y subordonnés, les beaux travaux de MM. Potier, Michel Lévy, Wallerant, etc., relatifs à ce massif éruptif. M. Cayeux présente de la part de M. Anders Hennig une brochure intitulée : (Finnes en lucka emellan senon och danien i Danmark ? » : Ce travail est une contribution très intéressante à l’étude des rapports entre le Sénonien et le Danien du Danemark. En voici les principales conclusions : 1) Il n'y à pas de lacune paléontologique entre le calcaire à Bryozoaires formant le Danien typique et le calcaire à Gérithes sous-jacent rapporté par M. Ravn au Sénonien supérieur et consi- 1. Géol. Fôren. l'ürhandl. N° 225. Bd. XX VI, h. 1, p. 29-66. SÉANCE DU II AVRIL 1904 283 déré par M. Hennig comme une assise de transition entre le Sénonien et le Danien. L'auteur admet, contrairement à l’opinion de M. Rava, qu'il n’y pas de délimitation pétrographique entre le calcaire à Cérithes et le calcaire à Bryozoaires. Autrement dit, il n y à pas de lacune entre le Sénonien et le Danien en Danemark. 2) La faune de ce Danien est une faune de transition compre- nant des types crétacés et tertiaires dont la moitié des espèces sont des espèces sénoniennes. M. Hennig en conclut que le Danien baltique est plus ancien que le Montien de Belgique et du Bassin de Paris. M. Cayeux offre uu exemplaire d'une note présentée au congrès de Vienne sur « Les lignes directrices des plissements de l'Ile de Crête » ‘. Cette note n'est qu'une esquisse qui sera développée dans un mémoire en préparation et qui fera l’objet d’une commu- nication spéciale à la Société dans le courant de l’année. M. H. Douvillé a visité les localités classiques du Nummulitique du Sud-Ouest : leur étude est rendue très difficile par lépais manteau sableux qui recouvre toute la région (sables fauves, sables des Landes, Diluvium) et par les grandes variations de faciès que présentent les couches. Ces difficultés sont encore aug- mentées par l'abandon de la plupart des marnières. La seule coupe complète est celle qui est donnée par les falaises de Biarritz : la base en est constituée par les calcaires à Nummu- lites crassus ; la partie moyenne correspond aux marnes bleues de la côte des Basques dont l'épaisseur paraît atteindre 6 à 500 m. ; leur partie supérieure avec Orthophragmina radians, Nummu- lites contortus-striatus, Pentacrinus didactylus, représente le Bartonien. Les Pentacrinus, les Éponges siliceuses, les Polypiers simples indiquent un dépôt de mer profonde; mais immédiate- ment après se produit un relèvement du sol marqué par les sables avec lits de poudingues des couches supérieures (Euspatangus ornatus, Nummulites intermedius, N. pascus, N. Bouillei). Ces dépôts succèdent régulièrement au Bartonien et représentent le Ludien-Sannoisien. L'ensemble de ces couches indique une oscillation complète du sol : au début, une phase positive amène l'invasion progressive du golfe aquitanien et la mer, à l’époque du Lutécien moyen, s’avance jusqu'au delà du col de Naurouse. La seconde phase ou phase négative amène le recul de la mer, 1. Congrès géologique international de Vienne, CR., IX. pp. 383-392, 1904. 28/ SÉANCE DU II AVRIL 1904 suivi par le dépôt des poudingues de Palassou et se terminant par l'émersion complète du bassin à la fin du Sannoisien. Une coupe analogue mais correspondant seulement à la phase négative, est donnée par le ravin de Lesperon sur le flanc nord de la protubérance de Tercis : à la base on exploite les argiles barto- niennes bien connues à Pentacrinus didactylus ; elles se chargent progressivement de nodules calcaires et passent à leur partie supérieure à un système de marno-calcaires dont les banes régu- liers plongent assez fortement vers le nord. D’après leur position ces couches représentent le Ludien-Sannoisien, mais leur faciès et leur faune sont tout-à-fait différents de ceux des couches syn- chroniques de Biarritz ; elles sont calcaires et elles renferment la faune bien connue de Gaas. En même temps ces couches doivent être considérées comme le prolongement des couches à Astéries du Bordelais. A Gaas même, ces couches sont largement développées et on voit affleurer au-dessous, à l’ouest de Loustaunaou, un calcaire blanc crayeux dont la faune (Orth. radians, Orth. Pratti, N. stria- tus, Porocidaris serrata) est exactement celle du Bartonien de la côte de Basques. Ici encore les couches de Gaas succèdent régu- lièrement au Bartonien et viennent se placer sur le niveau du Ludien-Sannoisien. Sur cet ensemble de couches repose en discordance le grand système des faluns bleus ou jaunes : il débute par les couches à grandes Lepidocyclina de Peyrère et de Saint-Géours à aflinités tongriennes ; les couches d’Abbesse à petites Lepidocyclines pus- tuleuses sont un peu plus récentes et viendraient se placer sur le niveau de l’Aquitanien. Le Burdigalien commencerait seulement avec les faluns de Cabanes où les Miog'ypsina se rencontrent seules. La phase positive de la première oscillation indique un appro- fondissement du synclinal et une augmentation de la pression tangentielle, la phase négative montre le soulèvement progressif de la chaîne accompagné de la formation des poudingues de Palas- sou. Enfin l’'émersion à la fin du Sannoisien présente les caractères d’un phénomène brusque correspondant vraisemblablement au soulèvement final de la chaîne. Ce mouvement a du reste été suivi d’une seconde invasion marine qui s’est produit au début du Ton- grien dans le bassin de l’Aquitaine, comme dans le bassin de Paris. SUR LES POISSONS FOSSILES DES TERRAINS TERTIAIRES SUPÉRIEURS DE L'HÉRAULT par M. F. PRIEM, SOMMAIRE. — Myliobatis La Gaillardei Ph. Thomas ; Aelobatis Biochei n. Sp. ; Ginglymostoma Miqueli n. sp.; Sphyrna prisca Ag.; Carcharias (Aprionodon) sp.; Carcharias (Prionodon) sp.; Galeus sp. ; Sparidés et Labridés; Poissons du Miocène et du Pliocène de l'Hérault. Paul Gervais a étudié dans sa Zoologie et Paléontologie Fran- çaises et dans sa Zoologie et Paléontologie générales : les Poissons fossiles des terrains tertiaires supérieurs de l'Hérault. L'examen que j'ai pu faire de divers fossiles de ces terrains me permet aujourd'hui de compléter l'étude de Gervais. MyziogarTis LA GaAILLARDEI Ph. Thomas. Notre éminent confrère, M. Philippe Thomas, a bien voulu me confier des restes de Poissons fossiles de l’Aquitanien des envi- rons de Montpellier. Ils ont été recueillis par lui au nord-ouest de cette ville dans des marnes bleues à empreintes végétales et à bombes volcaniques situées près de la ferme de Belus et de la loca- lité appelée La Gaillarde par les anciens auteurs. On peutindiquer ce gisement sous le nom de La Gaillarde-Belus. Parmi ces fossiles se trouve une plaque dentaire de Myliobatis que M. Ph. Thomas regarde comme appartenant à une espèce nouvelle, et je partage son avis. Notre confrère a eu l’amabilité de me permettre de figurer ici cette petite plaque dentaire à laquelle il donne le nom de Myliobatis La Gaillardei. Voici la diagnose que m'a remise M. Ph. Thomas : Plaque dentaire rectangulaire à angles arrondis ; chevrons au nombre de 7, arqués en arrière vers leurs extrémités ; leur lon- gueur, décroissante d'avant en arrière, est comprise de 3 à 5 fois dans leur largeur. Plaque à peine bombée, très mince, très usée dans sa moitié antérieure par le frottement des mâchoires. Bords 1. P. GErRvAs. Zoologie et Paléontologie françaises, 1r° édit. 1848-52. Expl. Poiss. Foss , pp. 4-16, pl. 68, 73-75, 79, 80 ; 2° édit. 1859, pp. 511-521, 527-529 et planches citées. — Zoologie et Paléontologie générales 1867-69, pp. 234-240, fig. 32-33, 36-41 et pl. 46-49. 280 F. PRIEM. — SUR LES POISSONS FOSSILES 11 Avril minces et tranchants, surtout l’antérieur. Surface triturante cou- verte de fines vermiculations irrégulièrement disposées, très ser- rées ct polygonales ; surface adhérente plane, couverte de fines cannelures droites et parallèles. Racine moins haute que la cou- ronne. Longucur de la plaque dentaire. . . . 17 millimètres. Largeur LARORNES à DENTAE 14 — Longueur du chevron médian . . . . 3 — Epaisseur maximum 3 = de la couronne 2 — de la racine . 1 La plaque dentaire est si peu bombée que je la regarde comme une plaque inféricure. Les nombreuses vermiculations de la sur- face sont dues sans doute à l'érosion post mortem. M. Ph. Thomas rapporte à la même espèce quelques petits débris de piquants de Mylio- batis trouvés au même endroit. Le même gisement a fourni des chevrons détachés et incomplets, d'une espèce plus Fig. 1. — Myliobatis grande de M)y-liobatis, des débris d’Aetobatis a ie arcuatus Ag. et des dents d'Odontaspis cus- : id 9 Dr Plaque dentaire in- pidata Ag. sp. et d'Odontaspis contortidens ie Ag., espèces très répandues dans les terrains .: de la grandeur. tertiaires supérieurs. Aquitanien de La Gaillarde - Belus Je dois ajouter que j'ai eu l’occasion d'exami- (coll. Ph. Thomas). ner il y a quelques années, grâce à nos confrè- res MM. Jacquemet et Lombard-Dumas de Sommières, des Pois- sons fossiles provenant de la collection d'Émilien Dumas, le savant géologue. J'y ai trouvé une dent incomplète provenant de l'argile bleue aquitanienne de La Garde près de La Gaillarde. Elle m'a paru appartenir à Sphryna prisca Agassiz, espèce dont il sera question plus loin. AETOBATIS BIOCHEI n. sp. Notre dévoué confrère, M. Alphonse Bioche, a donné en 1886 à la collection de Paléontologie de l'Ecole des Mines une plaque dentaire d’Aetobatis provenant d'un calcaire moellon miocène des Brégines près Béziers (Hérault). Ce calcaire appartient, d’après les indications qu'a bien voulu me fournir M. Jean Miquel, au Burdigalien. M. H. Douvillé, professeur à l'Ecole des Mines, m'a aimablement permis de l'étudier. 1904 DES TERRAINS TERTIAIRES SUPÉRIEURS DE L'HÉRAULT 287 On sait que dans le genre Aetobatis il n'y a à chaque plaque dentaire qu'une seule rangée de chevrons, que la plaque inférieure est plate et que la courbure des chevrons est toujours dirigée en avant. La plaque dentaire des Brégines est plate, c'est une dentition Fig. 2. — Aetobatis Biochei n. sp. Plaque dentaire inférieure, grandeur naturelle. Burdigalien des Brégines près Béziers (coll. de l’École des Mines). inférieure. Sa longueur est de 85 mill. et sa largeur de de 67 mill. Il y a 9 chevrons arqués, allant en s’atténuant brusquement et fortement vers l'arrière ; leur centour est ondulé. La longueur des chevrons en leur milieu est de 12 mill., ensuite elle tombe à 9 mill. et n’est plus à l'extrémité des chevrons que de 3 millimètres. Cette dentition inférieure a des rapports avec celle d’Aetobatis arcuatus Ag. figurée par P. Gervais (Zool. et Pal. Francç., pl. 80, 283 F. PRIEM. — SUR LES POISSONS FOSSILES 11 Avril fig. 1-3) et surtout avec Aetobatis Omaliusi Le Hon var. latidens Delfortrie ’. Cependant la dentition de l’École des Mines diffère de À. Omaliusi var. latidens pa: l'atténuation des chevrons, en arrière, plus brusque et plus marquée. Bien que d'après M. A. Smith Woodward ? la forme des dents inférieures d’Aetobatis soit trop inconstante pour suflire à la détermination d'une espèce, je pense qu'on peut, au moins provisoirement, regarder la denti- tion du Miocène des Brégines, comme appartenant à une espèce nouvelle. Je la désignerai sous le nom de Aetobatis Biochei. GiNGLYMosrOMA MIQUELI n. sp. Notre confrère M. Jean Miquel, de Barroubio, bien connu comme chercheur infatigable, m'a confié à plusieurs reprises des restes de Poissons fossiles. Il y a quelques années déjà j'avais déterminé comme appartenant au genre Ginglymostoma deux petites dents de sa collection, provenant de l'Helvétien du coteau de Saint-Christol près Nissan. Les Squales du genre Gin gly-mostoma appartiennent à la famille des Roussettes (Scyllidæ) et sont répandus actuellement dans les mers chaudes (Océan Indien, Atlantique sud). Les dents sont petites, à large base aplatie ; la couronne est dresse , triangulaire, Fig. 3-5. — Ginglymostoma Miqueli n. sp. crénelée Fu les bords, Helvétien du coteau de Saint-Christol, près avec une pointe média- Nissan (Hérault) (coll. Jean Miquel). ne assez forte. La face Fis. 3, dent vue par la face externe; fig. externe de la couronne Due ; fig. 4, même dent vue par la face interne; fig. 5, pousse en son milieu autre dent vue par la face externe. Au dou- un prolongement vers ble de la grandeur. le bas. Ce genre a été signalé dans l’Éocène et même dans le Crétacé supérieur de Maëstricht. Probst” a décrit sous le nom de Galeus cristatus une dent de la mollasse miocène de Balitringen (Wurtem- 1. Decrortrie. Les Broyeurs du terrain aquitanicn. Actes Soc. Linn. Bordeaux, t. XXVIII, 1871, p. 229 pl. XI, fig. 42. 2. À. SMITH WoopwaRD. Catalogue of the fossil Fishes in the British Museum, t. I, 1889, p. 128. | 3 Progsr. Beiträge zur Kenntniss der fossilen Fische aus der Molasse von Baltringen Ill, Würltemb. natur. wiss. Juhreshefte, vol. XXXIV, 1858, p. 140, pl. L fig. 91. TERRE 2 1904 DES TERRAÎNS TERTIAIRES SUPÉRIEURS DE L'HÉRAULT 289 berg), que M. A. Smith Woodward ! a rapporté depuis avec doute, au genre Ginglymostoma. La dent de Baltringen est d'ailleurs assez mal conservée. Les dents de Saint-Christol appartiennent certainement au genre Ginglymostoma. De chaque côté de la pointe médiane il y a sur l’une des dents de dix à douze dentelures décroissant progressivement vers le bas ; l’autre en a moins. Je regarde les dents de Saint-Christol comme appartenant à une espèce nouvelle : Ginglymostoma Miqueli. Ces dents sont repré- sentées ici au double de la grandeur. Le côté externe a 7 millim. de long et 6 millim. de haut. L’épaisseur de la base est de 6 millim. Notre confrère M. Jacquemet m'a communiqué il y a quelques années deux dents de la même espèce provenant de l'Helvétien de Montagnac (Hérault), SPHYRNA PRISCA Agassiz. 1843. Sphyrna prisca Agassiz. Rech. Poiss. Foss., vol. III, p. 234, pl. XXVIa, fig. 35-50. 1844. — — Pedroni. Act. Soc. Linn. Bordeaux, vol. XII, p. 284, pl. I, fig. 15, 16. 1846. — serrata G. von Münster. Beitr. Petrefakt., VII, p. 20, pl. I, fig. 18. 1878. — — ? Probst. Württ. Jahresh., vol. XXXIV, p. 151, pl. I, fig. 49. 1879. — prisca Sauvage. Étude sur les Poissons des faluns de Bre- tagne. Mém. Soc. Sc. Nat. Saône-et-Loire, vol. IV, p. 52. 1884. — — Nicolis. Mem. Acc. agr. arti et comm. Verona, pl. Il, fau. 1887. — serrata K. von Zittel. Handb. Palæont., vol. Ill, p 86, fig. 93. 1889. — prisca A.S. Woodward. Cat. Foss. Fishes, vol. I, p. 453. Le genre Sphyrna de Rafinesque (Z120ena de Cuvier) a été créé pour le curieux Squale appelé vulgairement Squale-Marteau, à cause de la forme de sa tête. IL existait déjà pendant la période miocène et Agassiz a décrit les dents de Sphyrna de cette période sous le nom de Sphyrna prisca. Elles sont assez répandues et il est singulier que Paul Gervais ne les ait Fig. 6-7. — Sphyrna prisca lece d leMioc de Mont Agassiz. Helvétien de pas signalées dans le Miocène de Mont- Loupian (Hérault) (collec: pellier. tion Jean Miquel). Dents Je figure ici deux dents de cette espèce YU°5 Par la face interne, es : grandeur naturelle. recueillies par M. Jean Miquel dans l'Helvétien de Loupian. Elles sont, comme on le voit, de taille 1. À. S. Woopwanrp. Cat. I, 1889, p. 452. 16 Oct. 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 19. 200 F. PRIEM. — SUR LES POISSONS FOSSILES 11 Avril moyenne, assez larges, légèrement obliques, avec une encoche postérieure et leurs bords sont finement crénelés. CARCHARIAS (APRIONODON) Sp. Dans le genre Carcharias les dents, d'assez petite taille, sont variables. Elles présentent une simple pointe aiguë, comprimée, triangulaire, mais les dents supérieures diffèrent généralement beaucoup des dents inférieures. On dis- tingue plusieurs sous-genres d’après les caractères des dents. Dans le sous-genre Aprionodon les dents ne sont pas crénelées; celles de la mâchoire k inférieure ont la pointe dressée et celles de (Aprionodon) sp. Hel- ] sde File el 1 vétien de Loupian 1 mâchoire supérieure sont plus larges et (Hérault) (coll. Jean Ont leur pointe dirigée obliquement. Fig. 8. — Carcharias Miquel). Dent vue par L'Helvétien de Loupian a fourni à M. la face interne, au J, Miquel des dents d’'Aprionodon et une double de la gran- À Rs AE de ces dents, de la mâchoire inférieure, est ici figurée au double de la grandeur. Ces petites dents passent souvent inaperçues, mais elles paraissent être assez communes dans le Miocène de Montpellier (Helvétien et Tortonien). CARCHARIAS (PRIONODON) sp. Dans le sous-genre Prionodon les dents sont crénelées sur la pointe et sur les élargissements basilaires de la couronne. Souvent elles sort difficiles à distinguer des dents de Sphyrna prisca. Je Fig. 9-10. — Carcharias (Prionodon) Fig. 11. — Carcharias (Prionodon) sp. Helvétien de Loupian (Hérault) sp.? Helvétien de Loupian (Hérault) (coll. Jean Miquel). — Fig. 9, dent. (coll. Jean Miquel). Dent vue par inférieure ; fig. 10, dent supérieure. la face interne, au double de la Au double de la grandeur. grandeur. rapporte à ce sous-genre deux dents de l’Helvétien de Loupian, l’une à pointe verticale (mâchoire inférieure), l’autre à pointe oblique (mâchoire supérieure) (fig. 9-10). Je rapporte aussi à ce sous-genre, mais avec quelque doute, une petite dent de même provenance ici figurée (fig. 11). Sa pointe 1904 DES TERRAINS TERTIAIRES SUPÉRIEURS DE L'HÉRAULT 291 est oblique, crochue, avec de petites serrations à peine indiquées, mais qu on retrouve bien visibles en avant et en arrière sur les prolongements basilaires de la couronne ; il ÿ a une encoche pos- térieure. Cette dent, d’ailleurs incomplète, ressemble assez à Sphyrna prisca, mais la pointe de la couronne est crochue et la base est relativement plus longue. GALEUS Sp. Les dents des Squales du genre Galeus ont la forme d’un trian- gle dont la pointe est dirigée obliquement en arrière; il ya en. arrière une encoche et des crénelures. Ces dents sont d’ailleurs difliciles à distinguer des dents supérieures du sous-genre Car- charias (Hypoprion). Je rapporte au genre Galeus deux petites dents trouvées par M. Fig. 12. — Galeus sp. Miquel dans l’Helvétien de Loupian. L’une Helvétien de Loupian ; POP (Hérault) (coll. Jean d'elles est figurée ici au double de la gran- ea) Diane qe deur. la face interne, au Probst a rapporté aux divers sous-genres Sn de la gran- eur. de Carcharias et au genre Galeus des dents de la mollasse de Baltringen et en a fait plusieurs espèces. SPARIDÉS ET LABRIDÉS Comme Sparidés provenant de l’'Helvétien de Loupian je citerai des dents arrondies de Chrysophrys appartenant probablement, à cause de l'indice de collet qui se trouve à la base de la couronne, à Chrysophrys cincta Ag., sp. Elles sont accompagnées d’un fragment de dent incisive que je rapporte à Trigonodon Oweni Sismonda. Il y a également une plaque pharyngienne inférieure de Labridé qu il faut rapporter à Labrodon multidens Münster sp. POISSONS DU MIOCÈNE ET DU PLIOCÈNE DE L'HÉRAULT A propos de Myliobatis La Gaillardei Ph. Thomas, j'ai indiqué les Poissons fossiles qui se trouvent dans l’Aquitanien (Oligocène supérieur) de l'Hérault. Voici la liste des espèces du Miocène et du Pliocène d’après les travaux de P. Gervais et l'examen que j'ai pu faire des Poissons fossiles de l'Hérault, dans les collections du Museum, grâce à l’obligeance de M. Marcellin Boule, et l'examen aussi des fossiles recueillis par MM. Ph. Thomas, Miquel et Jacquemet. 202 F. PRIEM. — SUR LES POISSONS FOSSILES 11 Avril 1° Espèces communes aux diverses assises miocènes el pliocènes. A. ELASMOBRANCHES : Aetobatis arcuatus Ag. Notidanus primigenius Ag. Odontaspis contortidens Ag. — cuspidata Ag. sp. (— Lamna dubia P. Gervais). Oxyrhina Desori Ag. — hastalis Ag. (O0. xiphodon P. Gerv. et O. plicatilis P. Gerv). Carcharodon megalodon Ag. Galeocerdo aduncus Ag. (y compris des dents, désignées à tort par P. Gervais comme G. latidens Ag.). Hemipristis serra Ag. (y compris la variété à dentelures peu nom- breuses désignée par P. Gervais sous le nom de Æ. paucidens Ag.). Sphyrna prisca' Ag. B. TÉLÉOSTOMES : Chrysophrys *. Sargus incisivus P. Gervais. > Espèces du Burdigalien (Calcaire de Castries, mollasse de Saint-Jean-de-Védas, calcaire moellon de Béziers). A. ELASMOBRANCHES : Squatina sp., Castries. Pristis sp. Castries. Mliobatis (Ptychacanthus) Faujasi Ag. Castries. Aetobalis Biochei n. sp., Les Brégines, près Béziers. Vertèbres de Lamna, Castries. — de Carcharodon, Castries. B. TÉLÉOSTOMES : Diodon (plaques dentaires désignées à tort par P. Gervais sous le nom de Phyllodus), Castries. Labrodon (l'une des plaques pharyngiennes de Castries que P. Ger- vais compare à tort à Egerionia; l'autre appartient à un Labroïde ou un Sparidé indéterminé), Castries. 1. Cette espèce n’a pas été indiquée encore dans le Burdigalien, mais elle doit sans doute s’y trouver car elle paraît se montrer dans l’Aquitanien et, d'autre part, elle existe dans l’Helvétien, c’est-à-dire qu’elle existe dans des assises plus anciennes et dans d’autres plus récentes que le Burdigalien. 2, I1 paraît y avoir dans le Tertiaire supérieur de l'Hérault deux espèces de Chrysophrys: C. cincta Ag. sp. avec un collet marqué à la base des dents, et C. Ag'assiszi Sismonda, sans ce colleL. 1904 DES TERRAINS TERTIAIRES SUPÉRIEURS DE L'HÉRAULT 203 3 Espèces de l'Helvétien (Marnes de Castries, Pézenas, Mèze, Nissan, Loupian, Poussan, etc.). A. ELASMOBRANCHES : Centrina sp. Castries (coll. du Museum), Nézignan, Caux (coll. Jacquemet). Pristis sp. Pézenas (coll. du Museum), localités diverses (coll. Jacquemet). Myliobatis meridionalis P. Gervais, piquant (coll. Miquel), Loupian. Zygobates ?, Poussan, Mèze. Rhynchobatus, dents, Castries (coll. du Museum). Trygon, piquant, Boutonnet, faubourg de Montpellier (coll. du Museum). Raja ou grande espèce de Cestracion ? citée par P. Gervais comme ayant été recueillie par P. Marès à Loupian. Scylliumn Castries (coll. du Museum). Ginglymostoma Miqueli n. sp., St-Christol près Nissan, Montagnac. Lamna (Otodus, P. Gervais), Castries. Lamna lepida, P.' Gervais, marnes des environs de Montpellier. Carcharodon auriculatus Blainv. sp. (var. C. angustidens Ag. — C. acutidens Gibbes) Boutonnet (coll. du Muséum). Carcharias ( Apriodon) sp., localités diverses. — (Prionodon) sp. — Galeus sp. — B. TÉLÉOSTOMES : Trig'onodon Oweni Sismonda, Loupian (coll. Miquel). Labrodon multidens Münster sp., Loupian (coll. Miquel). Chaetodon pseudorhombus P. Gervais ', environs de Montpellier. Perca (Sandroserrus) Rebouli P. Gervais, Pézenas. Percoïde indéterminé recueilli par M. de Rouville à La Vérune (cité par Gervais. Zool. Pal. Fr. 2° édition, 1859, p. 528). Diodon, Boutonnet, faubourg de Montpellier. Labrodon pavimentatum P. Gervais ?, pharyngiens supérieurs, Bou- tonnet (coll. du Museum). 4° Espèces du Tortonien (Boujan, Puysserguier, Caux, Fontes, etc.). Myliobatis, aiguillons, Boujan (coll. Miquel). Carcharias (Aprionodon), Puysserguier (coll. Miquel), Fontes (coll. Jacquemet). 1. Ce Poisson, d’ailleurs incomplètement connu, pourrait dater de plus loin. M. A. Bioche m'a remis un fossile de l’Aquitanien de Pézenas qui me paraît avoir beaucoup de rapports avec Chaetodon pseudorhombus. P. Ger- vais cite (Voir Zool. Pal. Fr., pl. 68, fig. 34-35), outre Chaetodon pseudo- rhombus des ossifications craniennes trouvées à Poussan et qui pourraient appartenir à un Chétodonte du genre Ephippus. 204 F. PRIEM. — POISSONS FOSSILES 11 Avril 5° Espèces du Pliocène (Astien) (Sables marins de Montpellier). A. ELASMOBRANCHES : Spinax ?, Moulage d’un piquant qui se trouve au Museum. Acanthias Monspeliensis P. Gervais (serait, d'après M. À. Smith. Woodward. Cat. I, p. 457, un piquant de Chiméroïde). Rhinoptera (Zygobates) (coll. du Museum). Myliobatis meridionalis P. Gervais (— M. crassus P. Gervais), plaques dentaires et aiguillons. Lamna. Carcharias (Aprionodon). Vertèbres de Squales, entre autres des vertèbres de Carcharidés autres que Carcharodon, d'après la détermination de M. A. Smith Woodward (coll. du Museum). B. TÉLÉOSTOMES : _ Labrodon pavimentatum P. Gervais, pharyngien inférieur. Vertèbres de Chrysophrys. — de Xiphias (d'après P. Gervais). Opercule et préopercule de Téléostome (coll. du Museum). Baliste ? piquant :. NOUVELLE PLUIE DE POUSSIÈRE RÉCEMMENT OBSERVÉE A PALERME par M. Stanislas MEUNIER. J’ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société un spéci- men que je viens de recevoir pour le Museum, d’une poussière tombée de l'atmosphère à Palerme, le 5 février dernier, pendant que soufilait un vent très chaud et très impétueux. Cette poussière qui a été recueillie avec le plus grand soin par M. le Marquis Antonio de Gregorio, présente une apparence tout à fait conforme à celle de la matière tombée au même lieu le 10 mars 1907 et l'analyse procure des résultats analogues. J’y ai trouvé : . r. D’après M. A. Smith Woodward (Proc. Geol. Ass., vol. XI, 1889, p. 28 et Cat. IL 1895, p. 45) il s’agit en réalité d'un piquant pectoral d'Esturgeon : Acipensel' Sp. 2. SrAniszAs MEUNIER. C. R. Ac. Sc., t. CXXXII, p. 894. 190/4 PLUIE DE POUSSIÈRE A PALERME 209 HAHMAYELOMÉILIQUEM V0 TAN EL ON, 6.91 Matieres orsaniques MMA UN. 0.66 SADIEFQUARZEUX NE EE ET 2 48.91 (AIG PAR Mn PNR EN 27.02 ÉTOILE PES A NE ET ENMEUER © 6.II Are l(Dandifenenee) EP 10.39 Au microscope, on remarque une notable proportion de très fins grains ocreux, généralement sphéroïdaux ou fort arrondis, qui rappellent certains traits de composition de la latérite, roche à laquelle on a proposé de rattacher l’origine des pluies de sang de l'Europe méridionale et centrale. Toutefois, avant d'adopter cette supposition, il est important de remarquer que l’alumine hydratée libre ne se rencontre dans les poussières atmosphériques qu'en proportion tout à fait insigni- fiante, qui contraste avec la composition normale des latérites. En outre, les vestiges organiques (Diatomées et autres), si fré- quents dans les poussières, ne paraissent pas avoir été rencontrés jusqu'ici dans les latérites. Il semble, malgré la séduction de l'hypothèse, que les ressemblances soient plus intimes avec les portions les plus ténues des sables du Sahara. Le régime météorologique du désert paraît du reste plus favo- rable à l'ascension des particules pierreuses dans les hautes régions de l'atmosphère que celui des régions latéritiques. Il va sans dire toutefois que, suivant les cas, les pluies de pous- sières peuvent provenir d'origines diverses et il est facile de con- cevoir, pour une même pluie, la collaboration de plusieurs sour- ces de matériaux. Les filets ascendants, ou de retour, de trombes échelonnées sur l'itinéraire d’un même courant aérien alimente- raient un vent supérieur de substances très diverses dont les grains les plus fins se mélangeraient en cours de route, pour se trouver ensemble dans les localités de chute. Ainsi s'expliqueraient très facilement les différences de compo- sition constatées d'ordinaire d’un point à un autre, pendant une même averse de poussière. M. Gentil a eu l’occasion d’examiner, en 1902, les poussières d’une chute intense observée à Beni Saf (Algérie), au commence- ment de la même année. L'analyse microscopique et chimique lui avait donné des résultats tout à fait analogues à ceux obtenus par M. Stanislas Meunier. M. Gentil avait conclu à l’origine très vrai- semblablement saharienne des poussières de Beni Saf; il pense d’ailleurs que ces chutes sont assez fréquentes en Algérie. REMARQUABLES PSEUDOMORPHOSES RENCONTRÉES DANS LE SOL DE LA PLACE DE LA RÉPUBLIQUE A PARIS par M. Stanislas MEUNIER. Les travaux de construction du Chemin de fer métropolitain qu'on poursuit en ce moment dans le sous-sol de la place de la République à Paris et qui nous ont procuré déjà des documents géologiques intéressants, viennent de rencontrer une formation qui mérite d’être signalée et dont je dois la connaissance à l'infati- gable zèle de notre distingué confrère M. A. Dollot, correspondant du Museum, à qui j'adresse ici mes plus vifs remerciements. Il s’agit d’argiles noires ou noirâtres devenant grises par des- siccation et gisant à 10 mètres au-dessous du pavé, qui sont criblées d'innombrables cristaux blanchâtres et opaques parfois fort petits et mesurant aussi fréquemment plusieurs millimètres qui donnent à la roche un aspect tout à fait exceptionnel. Pour fixer les idées, je rappellerai que la coupe du sol a montré, au moment des études dont j'ai publié antérieurement le résultat, la superposition, de haut en bas, au-dessous d’un épais remblais artificiel sur lequel je reviendrai dans un instant : r° d’une couche tourbeuse pleine de débris organiques végétaux et animaux et qui constituait le fond d’un marais vers l’époque de Charles V; 2° des argiles compactes dont certains lits sont pénétrés de cris- taux de soufre de formation très récente, et 3°, enfin du gravier de Seine reposant sur le calcaire grossier et témoignant de l’ancien passage de la rivière dans une région qui lui est interdite depuis bien longtemps. Les argiles cristallifères que j'ai à signaler aujourd'hui sont interposées entre la tourbe, qui les recouvre, et le banc à soufre natif, qui les supporte. Les cristaux, dont je mets des spécimens sous les yeux de la Société, sont des octaèdres orthorhombiques à faces souvent très courbes, d'aspect fusiforme, ayant un peu l'apparence de grains d'avoine aplatis ; leurs dimensions ordinaires varient de 3 à 8 millimètres et peuvent exceptionnellement dépas- ser un peu le centimètre. Soumis à l'examen chimique, ils ne donnent que de l'acide car- bonique et de la chaux et l'étude microscopique n’y révèle que de la calcite ; on s'aperçoit d’ailleurs en les coupant qu'ils sont géné- ralement creux et, comme leur forme est incompatible avec celle du spath calcaire, il faut reconnaître qu'ils constituent une pseudo- morphose d’un minéral maintenant disparu et qu’il y avait lieu de déterminer. S re cor dd tt cites hits nc. REMARQUABLES PSEUDOMOR PHOSES 207 Mon savant collègue au Museum, M. le professeur Lacroix, à qui j'ai montré mes préparations, m'a immédiatement signalé leur identité avec les célèbres cristaux découverts à Obersdorf, près de Saugerhausen, en Thuringe, par Freisleben, dans des marnes quaternaires à Cerous giganteus ravinant le gypse. L'examen que je viens de terminer a complètement confirmé cette assertion. On sait que Freisleben regardait ces curieuses productions, dont la collection minéralogique du Museum possède un bon échantil- lon qui lui vient de M. Daubrée, comme représentant un résultat d’altération de la gay-lussite (hydrocarbonate double de chaux et de soude) qui aurait perdu son eau et son carbonate alcalin. Des Cloizeaux, en 1843, établit qu'il s'agissait du moulage par de la cal- cite, de vides laissés dans le sol par la disparition de cristaux de célestine, appartenant à la variété qualifiée d’apotome par Haüy et que l’on retrouve aux environs de Paris, spécialement dans les fissures des silex de la craie à Meudon, dans l'argile plastique d'Auteuil, dans les marnes vertes de Romainville et dans l’albâtre ainsi que dans le gypse laminaire de Thorigny comme M. Lacroix l’a démontré. IL faut rappeler d’ailleurs que la découverte de Freisleben a été renouvelée dans des argiles des environs de Tôningen (Schleswig) et dans un crâne d'Ursus spelæus à Neusohl (Hongrie). La présence de ces curieuses épigénies dans les argiles de la place de la République a de quoi surprendre beaucoup à première vue. Pour l'expliquer il peut être utile de rappeler en deux mots les réactions qui ont pris naissance dans le milieu où on les trouve. Dès 1778, lors de la démolition de la porte Saint-Antoine, Haüy constata que d'anciens platras ayant servi à combler le fossé longeant le mur d’enceinte de la ville, étaient tout imprégnés de soufre en cristaux mesurables et coïncidant pour la forme avec ceux de la Sicile. L'illustre minéralogiste donna la théorie complète de cette genèse imprévue. Depuis lors, la même trouvaille se reproduisit chaque fois qu'on entailla le sol aux environs de l’ancien Château-d'Eau et la der- nière fois, en 1881, où M. Daubrée signala la grande dimension du phénomène reconnu sur 50 mètres en longueur et 20 mètres en largeur, avec une épaisseur de 3 mêtres au moins. Mais le complément le plus important de ces constatations fut la découverte en 1902 du soufre de formation actuelle à une pro- fondeur bien plus grande, non plus dans les remblais mais au sein d’argiles normales, remplies de Végétaux et de Mollusques ayant vécu à une époque historique. ; 208 STANISLAS MEUNIER 11 Avril Il était clair, comme j'y ai insisté alors, que le soufre résultait de la réduction par les matières organiques, d'’infiltrations sulfa- tées alimentées par les platras artificiellement superposés. La ressemblance du résultat était frappante avec l’état de choses dans des gisements sulfurifères beaucoup plus anciens et avant tout dans celui des Tapets, près d’Apt (Vaucluse) où les assises sont d’âge tertiaire. Dans ce gisement des Tapets, comme en Sicile, comme dans la plupart des gîtes de soufre stratiformes, on rencontre du gypse et de la célestine. Or, place de la République, on a rencontré le gypse : on voit même des cristaux néogènes briller dans les cavi- tés des platras ; maïs la célestine manquait et voilà que si nous ne la trouvons pas encore, nous rencontrons dans son épigénie une preuve certaine de son existence passée. Il faudrait seulement reconstituer la réaction chimique d’où elle dérive et découvrir la source d’où provient la strontiane qui la compose ; mais on est réduit à reconnaître que des traces infini- ment petites de certaines substances viennent se concentrer peu à peu en des points d’élection où la raison déterminante de leur précipitation échappe à notre observation. C’est ce que montre en ce moment la même place de la République où l’on trouve des galets de diluvium ancien, enrobés d’une enveloppe épaisse d’acer- dèse rappelant tout à fait le wad des profondeurs océaniques et que nous avons déjà signalée place de la Concorde. Toujours est-il que la célestine s’étant constituée en abondance et en cristaux relativement volumineux dans les marnes infrà- tourbeuses, les conditions se sont modifiées de telle sorte que le sulfate de strontiane a cédé aux entreprises de quelque dissolvant difficile à préciser. Sa base est partie au fil des circulations souter- raines pour quelque destination inconnue et c’est son soufre qui paraït s'être immobilisé, un peu plus bas, pour donner lieu à ces cristallisations que je viens de rappeler et dont la grande abondance a justifié la qualification de soufrière donnée à ce point de Paris. Les vides laissés dans l'argile par la suppression des cristaux ont plus tard été envahis par la calcite qui paraît en quelques points mélangée d’autres composés dont je n’ai pas encore terminé l'examen. En tous cas, l'intérêt principal des observations que je viens de résumer paraît être de témoigner d’une façon spécialement élo- quente, de la rapidité avec laquelle les éléments du sol peuvent se remplacer les uns les autres et contracter des associations aussi variées qu'elles sont éphémères. | Re — re NOTE SUR LA GÉOLOGIE DU MASSIF DU PÉLION ET SUR L'INFLUENCE EXERCÉE PAR LES MASSIFS ARCHÉENS SUR LA TECTONIQUE DE L’ÉGÉIDE par M. J. DEPRAT. SOMMAIRE. — I. Esquisse géologique; I. Esquisse géographique ; II. Étude stratigraphique : 1, Système A (Archéen); 2, Système B (série schisteuse métamorphique) ; 3, Système C (série du cipolline verde antico) ; 4, Sys- tème D (série des schistes et grauwackes d’Ano Volo); 5, Conclusions; III. Roches éruptives ; IV. Tectonique. — II. /nfluence exercée par les massifs archéens sur la tectonique de l'Égéide : I, Massifs archéens ; 11, Zones des plis paléozoïques ; III, Zones des plis postéocènes; IV, Conclusions. — Documents et travaux consultés. I. — Esquisse géologique du massif du Pélion J’ai eu récemment l'occasion de parcourir la Thessalie et plus particulièrement la chaîne du Pélion. Les observations que j'ai pu faire dans cette dernière région m'ont fourni des faits intéressants au point de vue stratigraphique. De plus, cette étude m'a conduit à des constatations importantes au sujet des relations tectoniques existant entre les plis de la Grèce centrale et la région du Pélion. Le travail purement géologique le plus important qui ait été publié sur cette région est celui de Teller : Geol. Beschreibung des sudôstlichen Thessalien'. Au point de vue stratigraphique, Teller n’a donné que des divisions comportant des termes vagues et indiquant généralement très confusément leur place probable dans la série stratigraphique. I. ESQUISSE GÉOGRAPHIQUE. La chaîne du Pélion, ou Plessidhi, forme une crête montagneuse constituant le prolongement orographique de la chaîne du Kissavos 1. TezLER. Geol. Beschreibung des sudôstlichen Thessalien. Denkschr. d. K. Akad. d. Wissensch. zu Wien. (Mathem.-Naturw. Klasse. Bd. 40, 1880). SE: Massif du Pelion Massif de l'Ossa Massif de l’Olympe N.0. J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avri N Tsangaradaes =. 20 H.Georgi Hlavrentios Plessidhi (Pélion) 1618 Mavrovounri Keramidi, Agya Mkissavos(Ossa) ia( Pénée) Ambela kia é Vallée de Temp Sz/amvr o à CO o NS mo LS > GS (LÉÉRERSS è à & € NN SE È S- QE Ÿ Neochorion Portaria : id — Skala Miliaes Fig. 1. — Profil de l'Hagios Elias au canal de Tricheri. Échelle: 1/400009. Les hauteurs sont exa x fois. érées si » © Le) (Ossa des anciens) et ne mon- trant qu'une arête principale qui représente la direction oro- graphique, à peu près unifor- mément dirigée N.O,-S.E. mais ne coïncidant nullement avec les directrices tectoniques qui, comme nous l'exposerons, la coupent suivant des angles pro- noncés et souvent même sui- vant une direction perpendicu- laire. Le point culminant de la chaï- ne se trouve au mont Plessidhi (Pélion) qui a donné son nom à tout le massif. Son altitude est de 1618 m. Entre le Pélion et le massif de l’Ossa qui atteint 1935 m., la ligne de faîte se maintient entre 950 et 1400 m. Au-delà de l’Ossa., elle se relève vers le nord pour atteindre près de 3000 m. ou plus exactement 2972 m. au point le plus élevé du massif de l'Olympe. Au-delà du Plessidhi vers Le sud, la ligne de faite va continuellement en s'abaissant jusqu'au canal de Tricheri surplombé par les falai- ses du Bardzogia et de Lavkos dont l'altitude varie entre 250 m. et 1350 m. J'ai cherché dans la figure 1 à mettre ces faits en lumière par un profil parallèle à l’axe longitudinal de la chaîne. Le régime hydrographique se réduit à des torrents, générale- ment à sec dans la région nord dont l’aridité considérable est due à l’envahissement des cou- ches schisteuses par des faciès calcaires représentés par des cipolins atteignant une puis- sance considérable. La tempé- 1903 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 301 rature excessivement élevée en été et la disparition des eaux dans les diaclases dont les couches sont traversées arrêtent à peu près complètement la végétation sur ces calcaires brûlants. Dans la région méridionale, au contraire, les niveaux schisteux et serpen- tineux prédominants fournissent des sources abondantes et, au plus fort de l’été, les torrents ont encore un débit considérable. Les villages sont nombreux dans cette partie du Pélion ; la végé- tation atteint une intensité remarquable près des ruisseaux, et, les platanes, térébinthes, lauriers-roses et fougères si hautes qu’un cavalier y disparaît parfois entièrement, amènent un contraste absolu entre cette région et le nord de la chaîne. Sur la côte égéenne et sur le golfe de Volo, ces torrents ont entaillé profondément les versants, donnant naissance à des «repmas », vallées étroites et profondes, au profil en forme de V aigu, au fond desquelles la végétation est généralement luxu- S.S.0. N.N.E. M É £ffondrement Depression marécageusse /MaVrOVOunIS thermaique ( tel eg du lac Xarla (Massif lu Pélion) Venetos UE EE ( Boébéis) 950 RE Ghereli Kanalia Mer ca \ < ÿ le, g ée à \ 4 1 Le O0 à > LL NS °= 0 © o © ©} —— —— —— CR _— À TA 2 SÈ = A ; D F 1 Fig. 2. — Profil entre les monts Kara Dagh et la mer Égée. Échelle: 1/500000, Hauteurs exagérées trois fois. 5, Alluvions récentes : 4, Quaternaire (alluvions); 3, Tertiaire (Miocène supé- rieur et Pliocène) ; 2, Calcaires du Kara Dagh ; 1, Région anciennement plissée (Pélion); F, Failles d’effondrement. riante., La plupart de ces torrents prennent naissance dans de magnifiques bassins de réceptions torrentiels. Je citerai parmi les plus beaux celui qui donne naissance au torrent de Drakia. La chaîne du Pélion présente un aspect très remarquable au point de vue de ses profils transversaux. On peut dire qu'en prin- cipe les deux versants de l’arête unique sont toujours abrupts soit sur la mer, soit sur les régions basses qui les limitent. Nous mon- trerons que cette apparence est due nettement aux cassures rela- tüvement récentes qui limitent de toutes parts la chaine qui nous occupe ’. Si nous examinons la figure 2 qui représente une coupe FT. PuiciPPsON a déjà indiqué ces faits: Consulter sa carte des effondrements de l'Egéide (Tectonique de l’Egéide. Annales déGéographie, t.VII, pl. III, 1898). 302 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION _ 11 Avril du massif dans sa région septentrionale, passant par le Kara Dagh, Ghereli, le lac Karla et le Mavrovouni (Pélion), nous constatons que les versants tombent brusquement, d’une part sur la mer Égée, d'autre part sur le lac Karla. Le lac Karla (Boebeis des anciens) se présente actuellement comme une vaste aire d’effon- S.0. MPlessidhi (Pélion) NE. Effondrement 16187. pagasétique Portara | $ ETS i Auines de : TZ Zagora € Ë î g # “Ciragiotiques Démétrigs TS IN 4 Fond du golfe: 5 Mer Egee Nr de Vola À D TL ee — ii g ALT = ES Æ Die ‘ er 7. ZIK i ZA Q = PRE Le A f v F | A : Fig. 3. — Échelle: 1/500000. Hauteurs exagérées trois fois. 2, Calcaires d’âge indéterminé (probablement crétacés) ; 1, Massif ancien très plissé ; F, Failles. drement. Vu des hauteurs qui surplombent Makrynitsa, cette dépression se montre nettement comme le résultat d’un mouve- ment d'effondrement de la plaine de Larissa, qui permit l’établis- sement d’un grand lac quaternaire sur l’emplacement des anciennes S.0. : Monts de Tsangaradaes NE. Massif de (Pélion) l’Othrys Golfe de lolo A 74 Eee (Effondrement pagasétique) LA À d'Halmyros PEg 7 Tsangaradaes DES | Cap Halmyros ) À Mer Egée ré A == D AN = = —— | LA A ——— A -100 |) FA : | 1 A); 2 Portion effondree | = (F IF Fi Fig. 4. — Échelle : 1/500000. Hauteurs exagérées trois fois. 2, Masse de calcaires très probablement équivalents de ceux du Balani (Œubée) (Paléozoïques ?) : 1, Massif ancien très plissé. lagunes levantines. Les altitudes sont extrêmement faibles dans toute la région et si l’on consulte une carte topographique on relève les cotes suivantes : 74 m. à Larissa, 52 m. près de Han, 62 m. à Ghereli ; le fond de cet ancien lac est donc fort peu élevé au-dessus du niveau de la mer, et son desséchement s’opéra selon nous par un phénomène de capture dû à un cours d’eau qui entailla pro- 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 303 fondément la vallée de Tempé et permit l'écoulement des eaux de la dépression larissienne dans la mer Égée. Sur la mer Égée la coupe (fig. 2) montre la falaise abrupte et la profondeur de la mer considérable immédiatement au pied de la montagne. [ei le caractère d’affaissement présente la plus grande netteté. La portion septentrionale du Pélion est donc nettement comprise entre deux régions effondrées, d’une part la mer Égée, et plus particulièrement le golfe de Salonique que nous désigne- rons sous le nom d’effondrement thermaïque, du nom ancien de Thermaïkos, et l'effondrement larissien. La figure 3, prise parallèlement à la précédente à 25 kilomètres au sud, au point où la chaîne du Pélion devient presqu'ile, nous montre des faits identiques. Au N.E. les falaises sont encore coupées à pic sur la mer Égée, de six à sept cents mètres en cer- tains points ; d'autre part, au S.O. la côte s’abaisse brusquement depuis la ligne de faite jusqu'au golfe de Volo, vaste aire d’affaisse- ment que nous désignerons d’après son nom antique (Pagasetikos) sous le nom d'effondrement pagasétique. Les conditions restent absolument semblables dans toute la por tion méridionale et le profil représenté figure 4 nous montre encore la chaîne du Pélion entre Tsangaradaes et le golfe de Volo coupée à pic de part et d’autre sur La mer Égée et sur le golfe. IT. ETUDE STRATIGRAPHIQUE. Les données stratigraphiques que nous possédons d’après le travail de Teller (op. cit.) sont peu nombreuses ; sur la carte géolo- gique : jointe aux Mémoires de la Commission géologique autri- chienne sur la Grèce il a donné deux teintes seulement désignant les systèmes suivants : Au sommet : r1. Calcaires et marbres cristallins des couches cristallines. À la base: r. Schistes cristallins plus jeunes que ceux dé Longos (Chalcidique) (incl. gneiss de l’Ossa) et formations métamorphiques de la Grèce septentrionale. Mais cette dénomination de schistes cristallins plus jeunes que ceux de Longos ne nous renseigne en rien sur l’âge probable de ces couches ; il y ajoute les « formations métamorphiques de la Grèce méridionale ». En Eubée, des formations identiques s’obser- 1. BURGERSTEIN, NEUMAYR et F. TELLER. Geologische uebersichkarte der nordwestlichen Kustenländer des Aegaeischen Meeres.(Denksch. d. K. Akad. d. Wissensch. zu Wieh. Math. Nat. Klasse. Bd. 40, 1880). 304 . J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril vent, notamment dans le massif de l’Ocha et dans les monts Galtzades et Teller en fait du Crétacé métamorphique. Or ces couches sont nettement surmontées par le Carbonifère sans que cela puisse être attribué à des mouvements tectoniques exagérés. L'identité d'un grand nombre de formations du Pélion désignées sous le nom de « formations métamorphiques » avec les faciès de la région méridionale de l'Eubée m'avait induit à penser que ces terrains devaient être du même âge que ces derniers, c'est-à- dire précarbonifères et pour des raisons que nous exposerons, prédévoniens même, comme en Eubée, sinon archéens en partie. Or c’est ce que mes études dans le Pélion sont venues confirmer ; la découverte de schistes certainement paléozoïques, supérieurs à toutes les autres formations du Pélion, a levé toute hésitation pour moi et je crois pouvoir avec la plus grande süreté aflirmer que dans une grande partie de la Grèce, notamment en Eubée et en Thessalie, il faut abandonner définitivement l’idée de voir dans les micaschistes, gneiss, amphiboloschistes, etc., désignés sous le nom de « metamorphische Bildungen » par les auteurs autrichiens, du Crétacé métamorphique. J'ai distingué dans la carte géologique du Pélion (fig. 5, p. 305), 4 systèmes qui sont de bas en haut: Schistes noirs, grauwackes avec lydien- nes et phtanites. Calcaires marbres cristallins passant par Paréozoïque | Système GC transitions aux S, (Cipolline verde inférieur antico). au Dévonien Sysrcrne B IS Schistes et phyllades de Kerasia, Tricheri, Makrynitsa, etc. DÉVONIEN ? Système D} G, Cipolins intercalés dans les micaschistes et envahissant dans le Nord, la partie supérieure de € : { Micaschistes, séricischistes, chloritos- chistes, schistes à glaucophane, éclogites, gneiss de l'Ossa. ARCHÉEN... Système À Les systèmes A et B correspondent aux « Jüngere krystallinische Schiefersteine (incl. Gneiss de l'Ossa) und metamorphische Bil- dungen Nordgriechenlands ». Le système GC est le « Kalke und Marmore der krystallinischen Schichtreïhe » de Teller. I. Système A. L'ensemble des terrains que je groupe sous la rubrique « Sys- tème A » et que j'ai noté € sur la carte s'étend sous forme d’une Delichali œ L_ | #uvions M EZZMiocène et pliocène (Eubée) Cs EGnomanien NE Y Schistes noirs, grauwackes et phtanites s S Ds FE 4rroses et schistes de Galtzades(Eubée) Q EH cristallins (Gpolline verde antico) Q nr et phyllades et roches vertes basiques laminees. Cipolins intercalés dans les & et envahissant dans le nord toute la partie superieure. Micaschistes, Séricischistes, Chloritoschistes avec Système À (ES Cu Serpentines (gabbros,drabases, péridotites.) Glaucophanites et roches basiques laminées. = Lignes de fracture Fig. 5. — Carte géologique schématique de la chaîne du Pelion. Échelle : 1/600.000. re" Octobre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 20 SE. en ue ro 306 j. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril bande étroite sur la côte orientale du Pélion, de Tsangaradaes à Keramidion. Au-delà de ce dernier village, les mêmes formations se prolongent vers le nord et constituent en grande partie le puis- sant massif du Kissavos (Ossa). Ces formations, excessivement plissées, forment un ensemble complexe de roches schisteuses, traversé par des ravins profonds qui permettent d'observer de bonnes coupes. La figure 6 montre l'allure des couches entre Zagora et Keramidion. On observe d’une facon générale de bas en haut de la série : f, Cipolins envahissant la partie supérieure du complexe schisteux. e, Schistes sériciteux et amphiboliques avec bancs pois de cipolins intercalés. d, Quartzites à glaucophane. ce, Chloritoschistes à glaucophane avec cipolins. b, Amphiboloschistes. a, Micaschistes (gneiss dans le massif de l'Ossa) et éclogites avec lentilles’ de cipolin. Mer Égée ! [ \ ! l [ ‘ ! ' ! Zag QE Chemin nruletrer Venetos KE ue LE ie NZ L S D. SEE 17 ER ‘@ UN — — —— N.0. Keramidion | |+ SK 7 Fig. 6. — Ensemble des falaises du massif du Pélion, sur la mer Égée, entre Zagora et Keramidion (vu de la mer). — Échelle : 1/300000. t, Micaschistes et séricischistes passant aux cipolins C, lus développés à 3 1 mesure que l’on avance vers le nord-ouest. a. Micaschistes. Les Micaschistes qui constituent le terme le plus inférieur de la série sont identiques à ceux que j ’ai eu l'occa- sion d'étudier et de décrire dans la vallée d'Alexis (Eubée méri- dionale). Ce sont des roches feuilletées, jaunes ou rougeâtres. En lames minces on voit qu'ils sont formés d’un agrégat quartzeux dont les zones sont séparées par des lits de mica; c’est le mica blanc qui est représenté. Il y a en outre de l’épidote, fréquemment de la chlorite et de la pyrite. Près de Tsangaradaes, ils sont forte- ment talcifères. Les éclogites qui sont interstratifiées dans les micaschistes sont des roches verdâtres, laminées, formées de horn- blende, glaucophane, disthène, muscovite, quartz, apatite, sphène. 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 307 b. Amphiboloschistes. Les amphiboloschistes qui forment une zone épaisse au-dessus des micaschistes sont des roches d'un vert sombre, feuilletées, ordinairement assez peu quartzifères. Le type le plus fréquent se montre au microscope formé de hornblende, glaucophane abondante, orthose et un peu de quartz. Il passe en beaucoup de points à des amphibolites d'un vert noirâtre, schis- teuses, contenant : glaucophane en grandes plages bleuâtres, zoïsite, épidote, sphène, actinote, séricite, orthose et quartz. Les plans de séparation sont tapissées de trémolite fibreuse. Ces roches, extrêmement nombreuses et se rencontrant également dans les niveaux supérieurs à celui qui nous occupe, ne doivent pas être rangées dans le même groupe que les amphiboloschistes proprement dits et proviennent selon toutes probabilités de gabbros laminés, écrasés et recristallisés. c. Chloristoschistes. Les amphiboloschistes sont généralement surmontés, surtout dans la partie méridionale, par des schistes à quartz, chlorite, mica blanc, finement cristallisés, avec magnétite parfois assez abondante. Je n’ai pas trouvé de variétés grenatifères comme en Eubée. Ils contiennent souvent de la glaucophane accessoire. d. Les chloritoschistes sont surmontés par un niveau extrèême- ment quartzeux et feldspathique, dans lequel la chlorite forme une masse verdâtre englobant un véritable quartzite dans lequel apparaissent de magnifiques prismes de glaucophane ; en certains endroits on observe des bancs d’une roche blanche, litée, dans laquelle les prismes de glaucophane sont allongés dans le sens du feuilletage. En plaque mince, la roche se montre au microscope formée uniquement de deux éléments, quartz et glaucophane; le quartz est en grains grenus agglomérés comme dans les types habituels de quartzite et la glaucophane y forme des trainées allongées dans le sens de la stratification ou plutôt du feuilletage. La glaucophane se présente sous forme de prismes m»m m (110) tra- versés par des cassures perpendiculaires à l'allongement, jamais mâclés, d’un polychroïsme énergique. C'est le seul niveau où je l’ai observée en cristaux individualisés ; dans les niveaux supé- rieurs, où elle est également abondante, elle se présente toujours en larges plages bleuâtres en lumière naturelle, à contours irrégu- liers. Je rappellerai qu'en Eubée, dans une série analogue, au milieu des micaschistes d’Alexis j'ai observé des quartzites à glau- cophane identiques à cristaux bien nets. La longueur des prismes ne dépasse pas sept à huit millimètres pour 1/10 de millimètre de largeur. 308 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril e. Séricischistes. Les séricischistes forment le dernier terme schisteux du système A. Le type normal est formé d’un agrégat quartzeux, riche en mica blanc et en séricite, extrêmement fissile, luisant et satiné. Ils sont très souvent chargés de damourite, de ripidolite et de paragonite. La pyrite y est fréquente, en petits cristaux cubiques aux faces desquels sont orientées perpendiculai- rement les lamelles de damourite et de séricite. Dans cette série sont intercalées des lentilles de glaucophanites noires avec hornblende, trémolite, chlorite, orthose et quartz qui sont des roches éruptives basiques anciennes, plissées avec les couches qui les entourent, broyées et recristallisées, Les lentilles de cipolins, parfois soudés en bancs épais, commen- S.E. Tsangaradaes H-C. “ , Fégion méridionale Région septentrionale Don IN NT TETE eTIT LS ra 5 CG Q x x x x x ni 5 x X x x x C3 x x x x 3 x x x x * x x x: x x x x x Fig. 7. — t, Micaschistes; S,, Amphiboloschistes ; S,', Chloritoschistes avec cipolins; S,/”, Quartzites à glaucophane; S,/”’, Séricischistes, C,, Cipo- lins ; 6, Roch®s vertes broyées et recristallisées. cent à devenir fréquente à la base de ce niveau ; elles vont en se développant de plus en plus, surtout dans la partie supérieure et dans la région nord. Dans le massif de l’Ossa, elles atteignent une puissance énorme et forment d’épaisses assises entremélées avec les gneiss, micaschistes, etc. Elles forment la partie supérieure du système À dans le Pélion. f. Cipolins. Ce sont des calcaires blancs, saccharoïdes, disposés en couches régulières très plissées, épaisses de quelques centi- mètres et formant une masse qui peut atteindre une puissance de deux à trois cent mètres ; les couches calcaires sont séparées par des lits de minéraux feuilletés parmi lesquels prédominent la muscovite, la damourite et la séricite. Il y a parfois un peu de chlorite (ripidolite), très rarement de la trémolite, jamais de horn- blende. La transition des schistes sériciteux à la masse principale 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 309 des cipolins se fait par gradations très nettes. D'abord apparaissent dans les chloritoschistes et les séricischistes des lentilles qui pren- nent peu à peu une importance plus grande jusqu'au moment où le contraire a lieu et où les bancs schisteux n'apparaissent plus que rarement et finissent même par disparaître à peu près com- plètement. J’ai cherché à mettre ce fait en lumière dans le dia- gramme de la figure 7. L'ensemble que nous venons d'étudier se poursuit avec le même développement dans le massif de l'Ossa où les micaschistes pren- nent une importance plus grande encore et où les formations que nous avons désignées sous la rubrique «système B » sont beaucoup plus restreintes. Les couches qui forment le système A se retrou- vent en Chalcidique, dans la presqu'île de Longos qu’elles consti- tuent entièrement. Nous indiquerons dans l’étude tectonique les conclusions que l’on en doit tirer. Je rappellerai succinctement que j'ai observé en Eubée des for- mations identiques à celles que je viens de décrire. Le tableau suivant met en regard l'ensemble des couches formant le système A dans lOssa et le Pélion, et les équivalents de ces mêmes couches en Eubée et à Longos. PÉLIoN et OssA EUBÉE sEePr!° EUBÉE MÉRIDION!* Loncos Système A. TE ee Partie inférieure du système du Cipolline verde antico de Styra micacé et chloriteux. f. Cipolins. e. Séricischistes. d. Quartzites à glaucophane c. Chloristoschis- tes avec lentilles de cipolin. b Amphibolos- chistes et glauco- phanites. a. Eclogites, mi- caschistes et gneiss de l’Ossa. Chloritoschistes et talcschistes. Eclogites. Eclogites et micaschistes réposant sur la granulite. Séricischistes et chloritoschistes. Amphiboloschis- tes et éclogites, micaschistes à glaucophane. Micaschistes d’'Alexis et leptynites. Schistes cristallins anciens (Aeltere Krystallinische Schiefers de F. Teller). La question doit se poser de savoir si l’ensemble de la série doit se classer dans l’Archéen. Actuellement on a dû rajeunir dans 310 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril bien des cas des roches considérées autrefois comme archéennes. Or je crois que dans celui qui nous occupe on peut considérer comme franchement azoïques les niveaux à, b, c et d. Poureet f il peut subsister des doutes ; l'aspect profondément métamor- phique de e et de f pourrait conduire à les ajouter à la base du système B qui représente indubitablement du Paléozoïque très inférieur. Mais dans l’état actuel de la question, je crois devoir pour plus de commodité les laisser dans le système A et les considérer comme azoïques. J’espère du reste élucider ce point dans une prochaine campagne. Quant aux glaucophanites et aux roches vertes abondantes qui sont interstratifiées dans la partie supérieure du système, ce sont, sans qu'il y ait un doute possible à cet égard, des roches éruptives plissées avec la série, broyées, laminées et recristallisées. On les observe du reste dans les systèmes supérieurs et dans les mêmes conditions. Leur étude pétrographique sera faite plus loin. 2. Système B. Je comprends dans le système B un ensemble de couches parfois empreintes d’un caractère de métamorphisme intense, mais qui malgré leur aspect cristallin souvent très développé, n’appartien- nent certainement pas à l’'Archéen. Il est difficile, sinon impos- sible de tracer de divisions stratigraphiques dans ce groupe, étant donné les variations considérables de faciès que subissent les couches sur une longueur de quelques kilomètres, souvent de quelques centaines de mètres seulement. C’est un système com- plexe de schistes variés, de phyllades, entremêlés de bancs peu épais de schistes chloriteux, sériciteux et métamorphiques riches en amphibole. Beaucoup de niveaux très cristallins de peu d’éten- due intercalés dans la masse sont des roches éruptivés anciennes dynamométamorphisées. Cet ensemble est excessivement plissé en écailles déversées vers le massif archéen formé par le système A et effondré en grande partie, dans l’affaicsement thermaïque (golfe de Salonique). L'aspect métamorphique des couches atteint sa plus grande intensité dans la région de Volo. Au sud, du côté de Lavkos et de Tricheri il est beaucoup moins accusé. Je me contenterai d’une description lithologique des types principaux, sans chercher à établir aucune division. À. RÉéGion DE TricHer: Er DE LAvKos. 1. Schistes de Tricheri. — Les schistes qui forment la majeure partie de la presqu'île de Tricheri appartiennent aux « Thonschiefers » de Teller. Ce sont des roches fissiles, argileuses, de coloration jaune ou rougeûtre, 1904 ET JECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 311 ne contenant aucune trace d'organismes, extrêmement plissées. Elles sont formées de quartz et de silicates d’alumine hydratés et sont riches en magnétite et en pyrite. Des bancs extrêmement min- ces de caleschistes leur sont subordonnés ; dans ceux-ci l'examen microscopique montre un agrégat en forme de mosaïque de quartz et de calcite cristallisée avec de minces lits phylliteux. 2. Schistes et phyllades de Lavkos. — Près de Lavkos, la masse schisteuse principale présente le même type qu’à Tricheri, mais en certains points les schistes prennent un aspect plus gris, durcissent et passent à des phyllades à grain fin. Entre Lavkos et Argalastise développent au milieu des schistes et des phyllades des bancs minces de quartzites blancs, d'un aspect saccharoïde, séparés par un feuilletage très mince de séricite, de muscovite et souvent de damourite, qui leur donne un faux air de micaschistes. B. Récïow pe Voco. Au nord de Bir et de Neochorion, l’aspect extérieur change beaucoup et les couches prennent un aspect beaucoup plus cristallin. 1. Environs de Miliaes. Echantillons recueillis entre Miliaes et Vyzitsa. J'ai recueilli plusieurs échantillons dans la vallée étroite qui s'étend entre ces deux villages. «. Schiste du flanc nord-est du ravin. — Roche feuilletée ver- dâtre; en lame mince, mélange très cristallin de quartz et de calcite, sans feldspath, avec chlorite en plages verdâtres ; beau- coup de grains de pyrite et de magnétite. Tres légère effervescence avec les acides. 8. Schiste à la descente du sentier de Vyzitsa sur Miliaes. — Même aspect que la précédente. Au microscope composition très semblable, mais avec plus gros grains de calcite cristallisée ; moins de chlorite ; un peu d’orthose probablement développée sur place. y. Schiste au-dessous de Miliaes sur le chemin de Tsangara- daes. — Schistes jaunes, lustrés, très argileux avec quartz, mica blanc, chlorite, avec nombreux lits de quartzites subordonnés. Passent à des types pauvres en quartz rappelant de près les schistes de Tricheri. Ils passent à des schistes identiques à « et $, près de la crête entre Miliaes et Tsangaradaes. à. Schistes à la sortie de Vyzitsa. — Phyllades vertes ou lie de vin, à grain extrêmement fin, très argileuses, luisantes. Au microscope, fines paillettes de damourites. J'ai recueilli sous les schistes 6 des schistes verts ou jaunâtres, grumeleux. Ils font une effervescence assez forte avec les acides. 312 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril Un des échantillons se montre formé de caleite amorphe et cristal- lisée, traversée par des veinules de quartzite. Dans la calcite sont noyés de longs rubans de phyllites contournées accompagnées de plages de glaucophane. C’est un calcaire à minéraux feuilletés for- tement plissé. Un autre échantillon, d’un type voisin du précédent contient moins de calcite et les minéraux feuilletés (damourite, mica blanc) y sont beaucoup plus abondants ; ils sont accompa- gnés d’un peu de chlorite et de trémolite ; ces roches sont des calcschistes voisins des roches précédemment étudiées; et ils n’en diffèrent que par la plus grande quantité de caleite. 2. Echantillons recueillis dans la montée de Volo à Portaria. «. Schistes près d'Ano Volo. — Ces schistes sont recoupés par la route qui monte en lacets de Volo à Portaria. Au milieu de la masse principale dont le type ordinaire est celui des schistes argileux micacés s’observent des couches d’un aspect plus foncé. Un échantillon recueilli au tournant de la route après Ano Volo présente un aspect sub-cristallin ; il se montre en plaque mince formé de quartz grenu, avec petites plages de calcite, d’albite, de chlorite et de séricite. 8. Un autre échantillon prélevé près de Stagiadaes présente également un aspect feuilleté ; la roche est verte avec de petites traînées blanches ; au microscope elle montre de grandes plages de séricite, de chlorite avec très peu de quartz; la glaucophane en plages d’un beau bleu et en cristaux prismatiques est abondante ; elle se montre fortement polychroïque : suivant ng — bleu foncé, suivant »m — bleu violacé pâle, suivant np — jaune clair. C’est un quartzite extrêmement riche en minéraux feuilletés et en glaucophane. y. J'ai recueilli au-dessus de Stagiadaes plusieurs autres échan- tillons constitués par des quartzites à glaucophane d'un type constant. Ce sont des agrégats microscopiques de grains de quartz et de calcite remplis de fines aiguilles de glaucophane orientées dans tous les sens. à. Schistes avant Portaria.— Un peu avant d'atteindre l’éperon sur lequel s’élève le Khani situé au bout du village, j'ai recueilli un échantillon fortement rubané. Au microscope il se montre formé de feldspath orthose avec quartz associés à un peu de mica blane et traversé par des zones noirâtres remplies de produits ferrugineux. Cette roche est extrêmement cristalline, mais par recristallisation ; l'orthose parait y être d'origine secondaire et avoir rempli des vides. Le sphène y est peu abondant, ainsi que de petits cristaux de zircon. Cette roche a un faux air de mica- 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 313 schiste. C’est cependant nettement une roche sédimentaire, mais profondément métamorphique et soumise à des actions secondai- res de laminage et de recristallisation. Dans la partie septentrionale du Pélion, au nord de Volo, j'ai observé des séries de roches identiques aux précédentes ; les mêmes types pétrographiques sont représentés. Les nombreux types que nous venons de décrire et qui forment notre système B présentent une masse d’une épaisseur considé- rable. Nous avons déjà indiqué qu'il nous paraissait impossible d'y tracer des subdivisions. Cependant nous croyons pouvoir pla- cer à la partie supérieure du système les schistes argileux micacés de Tricheri (Thonschiefers) et attribuer à la partie inférieure les masses schisteuses riches en chlorite, glaucophane, phyllites variées, albite, etc., de la région de Drakia et de Volo. Quant à ces dernières roches dont l'aspect cristallin est parfois si net, et dans lesquelles l’action du métamorphisme est profonde et incon- testable, je crois que l’on doit les considérer comme ayant subi l’action éruptive, et que les pseudo-chloritoschistes, pseudo-mica- schistes, etc., dont nous venons de faire la description pétrogra- phique ne sont autre chose que la base des « Thonschiefers » de la partie supérieure, mais métamorphisés par l’intrusion de roches éruptives. Cette série est en eflet remplie de roches vertes plissées avec les schistes et elles-mêmes profondément modifiées par dynamométamorphisme. Je décrirai ces roches à part. Les faciès pétrographiques précédents se retrouvent identiques dans le massif de l'Ossa et plus au nord dansle massif de l'Olympe. 3. Système C. J’ai désigné sous le nom de système C la puissante masse de marbres qui surmonte les schistes composant le système B. Ces marbres sont très développés au nord de Volo. Ils forment le sommet du Plessidhi et plusieurs barres dans la région méridio- nale. Ils constituent également les monts Bardzogia près de Tri- cheri et l’île de Palaeotrichéri (Kikynethos). Ils ne contiennent aucun fossile et en lame mince le microscope n'y décèle la pré- sence d'aucun organisme. En revanche ils sont riches en minéraux. Leur composition minéralogique subit des variations nombreuses sur quelques mètres de distance. Ils sont parfois d'un blanc pur sans aucune tache, uniquement composés de calcite cristallisée. Certains échantillons présentent en lame mince quelques rares paillettes de séricite. Souvent au contraire, comme près de Lechonia ou de Miliaes, ils sont verdâtres, veinés, remplis de 314 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril séricite, muscovite, chlorite, amphibole et représentent le véritable type du cipolline verde antico. Les minéraux feuilletés abondent surtout entre les joints. Il n’y a pas de feldspath ni de quartz. Le passage des schistes formant la partie supérieure du sys- tème B au système des marbres C se fait par transitions comme nous avons vu le fait se produire dans le passage des schistes A aux cipolins qui terminent ce dernier système. La comparaison de cette série avec celle de l'Eubée qui lui est équivalente est instructive. PÉLION EUBÉE Système C. Cipolins (cip.verde antico). 2niveau des cip.verdeantico. da Thonschiefers (faciès méta- Schistes argileux (Thons- Système B. s ; à à morphique développé). chiefers). | Cipolins, correspondant au 1° niveau de calcaires inf. micacés et chloriteux. Séricischistes. . . . . . . Séricischistes. Quartzites à glaucophane . ES Chloritoschistes. . . . . . Chloritoschistes | CiPolins. Sysième A, { Eclogites grenatifères. Amphiboloschistes . . . . Amphiboloschistes del’Ocha. Schistes et quartzites à glaucophane. Micaschistes de la côte | orientale, gneiss de l’Ossa. Micaschistes d'Alexis. On peut se convaincre des rapports étroits, nous oserions pres- que dire de l'identité qui existe entre les deux séries. Le système du « cipolline verde antico » est largement développé dans le massif de l’'Olympe où il se montre également d’une richesse très grande en minéraux du groupe des micas, des chlo- rites et des amphiboles. 4. Système D. La route de Volo à Portaria qui monte en lacets jusqu'à ce der- nier village coupe en plusieurs points des couches que le dynamo- métamorphisme a malheureusement fort maltraitées. Ces couches pincées en synclinaux aigus (fig. 8) dans le complexe schisteux B présentent un aspect nettement différent de celui qui caractérise les niveaux précédents. Ce sont des schistes gris ou noirs, plus ou moins quartzifiés, accompagnés de grauwackes et de bancs minces de phtanites. | L'épäisseur de ces dépôts est extrêmement variable; une même couche présente des variations d'épaisseur de 20 centimètres à six ou sept mètres, une grande partie du terrain ayant disparu dans 1904 ET TECTONIQUE DE L’ÉGÉIDE 315 les plans d’étirements. Les schistes quartzifiés présentent des débris d'Encrines absolument indéterminables ; les grauwackes, _de couleur grise, fortement siliceuses, sont remplies de vides qui, sont fréquemment des moules de fossiles disparus ; la roche est malheureusement tellement laminée qu’il m'a été impossible de déterminer aucun fossile caractéristique. Quelques bancs un peu moins écrasés que les autres m'ont fourni des débris de bivalves S.0. Stagiadaes.---1e"27 NE. Déversement _, 9 ie Lacets de la route de Volo à ; Portaria 7 ï / 4) JIM 2% À / oo A L7A SE LM) TK 74 / Ds LOS K) ®, Col de LA CLCLNM DA CZ ? ? Volo #° 1£, 277 TI Fig. 8. — Échelle : 1/80000. — py, plis failles d’étirement ; 5, roches vertes (gabbros) laminées ; $S,, Système B, phyllades, schistes argileux micacés, schistes métamorphiques ; S,, Système C, grauwackes, schistes quartzi- fiés, quartzites avec phtanites contenant des débris d’'Encrines et des débris fossilifères douteux (Dévonien ?). indéterminables. Cependant je crois que des recherches patientes permettraient de découvrir dans des couches moins laminées des fossiles convenables. Les schistes à Encrines et les grauwackes qui forment notre système D sont indiscutablement paléozoïques. J’espère pouvoir fixer leur âge exact dans une campagne prochaine, en arrivant à trouver dans ce niveau des fossiles déterminables. 5. Conclusions. Nous observons, en résumé, dans la chaîne du Pélion un système de couches azoïques, formant la base de toute la série stratigra- phique. Ces formations appartiennent à un grand massif dont la presqu'île de Longos en Chalcidique est un débris. et dont le massif du Kissavos (Ossa) représente également une des parties encore visibles; le reste est effondré dans l’affaissement du golfe de Salo- nique. Autour de ce massif se sont déposées ensuite des masses 316 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril complexes de schistes et de marbres formant nos systèmes B et C et dont les analogues se retrouvent dans l’île d’Eubée, dans la région de l’Hagios Oros (Athos), et dans l’'Olympe macédonien- Cet ensemble appartient au Paléozoïque. En Eubée, à Longos et et dans le Pélion ces formations très épaisses représentent proba- blement aussi du Paléozoïque très ancien. Au-dessus viennent des schistes et des grauwackes que nous avons attribués provisoire- ment au Dévonien surmontés en Eubée par les calcaires carboni- fères à Fusulines. Dans l’Ossa et le massif de l'Olympe où l’épais- seur des séries B et C est colossale, ainsi qu’en Chalcidique, il faut y voir probablement la plus grande partie des terrains primaires dont les formations ont été dénaturées par un dynamométamor- phisme puissant et surtout par les roches éruptives que l’on y observe interstratifiées en quantité. Ce métamorphisme par voie éruptive montre des effets intenses dans le massif du Pélion. III. RocHESs ÉRUPTIVES Je voudrais maintenant dire quelques mots au sujet des roches éruptives nombreuses qui sont intercalées dans les couches dont nous venons de faire l’étude. Ces roches, Teller les avait déjà remarquées et dans le massif de l’Ossa il indiquait des « serpen- ünes » interstratifiées dans les schistes, mais dont il n’entrevoyait pas l’origine éruptive. Les « roches vertes » dont il s’agit étaient déjà consolidées lorsque se produisirent les mouvements post- carbonifères qui plissèrent fortement le Pélion contre le massif ancien et elles subirent des écrasements et des laminages tout comme les terrains encaissants. Je décrirai succinctement quelques types appartenant à ces roches schisteuses dont la nature éruptive ne peut être décelée que par le moyen du microscope. A. Roches laminées et interstratifiées 1. Roche verte schisteuse près de Néochorion. Roche d’un vert noirâtre à l'œil nu, parsemée de taches blanchâtres microscopi- ques. En lame mince, grandes plages de chlorite et de glaucophane tordues, mélangées d’épidote en grains avec une grande abondance d’ilménite et de sphène; le tout entouré d'une masse blanchâtre remplissant les interstices, fortement calcifère et faisant effer- vescence. Probablement gabbro laminé et décomposé. Dans les schistes du système B. 2. Roche schisteuse près de Miliaes. Interstratifiée dans les marbres phylliteux C entre Lechonia et Miliaes. Ressemble à l'examen macroscopique à un chloritoschiste piqueté de taches 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE grises. En lame mince, chlorite, zoïsite, épidote, albite en petites plages avec glaucophane et sphène ; le tout est traversé par de petits filaments d'actinote. C’est probablement un gabbro altéré. 3. Roche laminée près de Paleokastron. Intercalée dans les schistes argileux. Coloration noirâtre ; schistoïde. En plaque mince, hornblende, glaucophane, chlorite, épidote, trémolite et calcite avec grains d’ilménite. Cette roche est une véritable amphi- bolite provenant de la transformation d'une roche basique, d’un gabbro. 4. Entre Karakasi et Paleokastron. Également dans les schis- tes B. Échantillon extrêmement laminé, verdâtre ; en lame mince chlorite, glaucophane et trémolite avec épidote et ilménite. 5. Roche à albite près de Keramidion. Intercalée dans les mica- schistes de A. Vert olive à l’œil nu, à structure écailleuse. Au microscope, épidote extrêmement abondante, sphène, plages bleues de glaucophane et chlorite, plongés dans une masse d’albite secon- daire. 6. Roche à albite près de Nezero. Cet échantillon vient de la région du lac de Nezero dans le massif de l’'Olympe. Roche fibreuse, remplie de taches blanches d’albite. En lame mince elle montre une structure particulièrement intéressante; on observe un agrégat de plages orientées d'amphibole présentant des pas- sages nombreux de la glaucophane à la hornblende, de l’épidote, du rutile, du sphène. Ces minéraux sont concassés et englobés par de grandes plages claires d’albite secondaire remplies d'un fouillis de petites lamelles déchiquetées de glaucophane, de horn- blende, de cristaux aciculaires de rutile, de grains de sphène et d’épidote ; c’est un très beau type de roche gabbroïque écrasée et recristallisée. Elle se trouve en masse dans des schistes correspon- dant aux S, de notre système B. 7. Glaucophanite près de Pori. Roche formant un banc d’épais- seur variable dans les micaschistes de Pori. Noirâtre à l’œil nu. Au microscope, elle se montre formée de glaucophane, épidote, avec très peu d’albite et de quartz. La glaucophane constitue les 9/10 de la roche. 8. Schiste au-dessus d'Ano-Volo. Dans les schistes métamor- phiques du système B. Roche dure, vert clair, montrant un grain très fin à l’œil nu. Au microscope elle se résout en un agrégat de grains de zoïsite, épidote, quartz et albite avec de petites plages déchiquetées d’ilménite et de magnétite. 9. Calcschistes micacés à albite. Échantillon recueilli près de Makrynitsa. Cette roche, en banc laminé dans les calcaires phyl- 318 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril liteux de Makrynitsa se résout au microscope en un agrégat grenu d’albite remplie d’inclusions, en plages arrondies, ne montrant pas de cristaux mâclés. L’intervalle entre les plages d’albite est rempli par des microlites allongés de mica noir. L’albite est nette- ment postérieure au mica noir dont elle englobe des filaments. Je ne sais à quel type rapporter cet échantillon dont j'ai observé en Eubée un type semblable. A l'œil nu la roche est brune avec des points de couleur rousse. 10. Schiste amphibolique entre Poriet le Kalyvian valaque. Dans les schistes métamorphiques B. En lame mince, uniquement formé de lawsonite et glaucophane (roche gabbroïque altérée). 11. Schistes serpentineux de Néochorion. Schistes fibreux, onctueux ; à l'œil nu doués d’une teinte vert-jaunâtre. Au micros- cope on constate la présence de débris de pyroxène ouralitisé, de chlorite, sphène, épidote, avec calcite provenant de la décompo- sition des feldspaths, séricite, un peu d’actinote et de l’ilménite. Probablement diabase ouralitisée et laminée. Cette roche mieux conservée que les précédentes paraît plus récente et semble recou- per les plis anciens. J'ai recueilli également dans les environs de Volo à l'entrée du ravin qui descend de Portaria de nombreux galets de roches analogues arrachées par les torrents et dans lesquels j'ai fait tailler des lames minces. Ils m'ont fourni une grande quantité de types identiques aux précédents. Je crois devoir signaler l'identité qui existe entre un grand nombre de ces roches et celle de l’Attique ’. Je crois notamment que beaucoup de schistes de l’Attique ne sont autre chose que les roches éruptives basiques laminées et recristallisées. En Eubée, j'en ai recueilli d’identiques. Je rappellerai enfin les traits de ressem- blance qui existent entre les types pétrographiques que je viens d'étudier et les roches gabbroïques schisteuses altérées intercalées 1. Les serpentines et schistes serpentineux de l’Attique qui ont été étudiés par R. Lepsius (Géol. von Attika, in 4° Berlin, 1903), lui ont fourni des types altérés riches en produits secondaires et qu’il considère comme des gabbros altérés. « Les produits secondaires, dit-il, sont : amphibole abondante, horn- blende verte pléochroïque, actinolite verdâtre et trémolite aussi claire que l’eau (Wasserhell durchsichtige Trémolite) formée de prismes et d’aiguilles allongées, avec de la glaucophane en cristaux prismatiques bleus et de la chlorite en écailles vertes. L’épidote apparaît comme produit d’altération du plagioclase et l’apatite peut se montrer rarement. Il y ades granulations d’oxydes métalliques et de magnétite; du quartz et du rutile comme produits tertiaires ». On voit l’analogie qui existe entre Les gabbros altérés de l’Attique et ceux du Pélion. 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 319 dans les schistes lustrés alpins, étudiées par MM. Kilian et Termier ’, Novarese *, Franchi *. B. Roches basiques intrusives Outre les «roches vertes » interstratifiées précédentes, les ter- rains sont «traversés » par d’autres roches basiques, très peu dynamométamorphisées et ne présentant que des phénomènes d'altération secondaire, tels que l’ouralitisation du pyroxène. Ces roches dont il serait fastidieux de faire l’étude détaillée appartien- nent à des types parfaitement normaux. J'ai observé trois formes principales : gabbro, diabase et péridotite. Je comprends sous le nom de gabbro des roches à pyroxène monoclinique et plagioclase à structure granitoïde et sous celui de diabase des roches possé- dant une composition minéralogique identique, mais à structure ophitique ou intersertale. Gabbros ou diabase sont ordinairement extrêmement altérés, le pyroxène y est en voie d’altération (trans- formation en amphibole, chlorite, ete.), parfois totale ; les plagio- clases sont fréquemment transformés en zéolites, calcite ou pro- duits micacés. L’olivine y est fréquente et souvent aussi transfor- mée en produits serpentineux. Le type péridotite comprend des harzburgites et des dunites en relation avec des gîtes de fer chromé. Je n'ai pas observé de lherzolites comme en Eubée. L’altération est souvent très grande et la roche ne se montre plus alors en lame mince que formée de produits serpentineux (antigorite, bowlingite, chrysotile, etc.). Ces roches se présentent en masses intrusives dans les schistes primaires dont elles traversent les plis“. Je les considère comme appartenant à la grande venue de roches basiques intrusives qui sous forme de gabbros, gabbros à olivine, diabases, lherzolites, . harzburgites, dunites, picrites, etc., sont si répandues en Eubée et forment de véritables laccolithes basiques dans les calcaires secon- daires depuis l’Infralias jusqu'au Flysch. Elles sont contempo- raines également des roches vertes de Crète appartenant à la 1. Kicran et TermiIEr. Nouveaux documents relatifs à la géologie des Alpes françaises, B. S. G. F., (4), I, p. 385. ‘2. Novarese. Boll. R. Com. Geol. d'Italia ; XXVI, 1895. 3. Frincmi. Boll. R. Com. Geol. d'Italia ; XXIX, 1808. 4. J'ai indiqué sur la carte un filon de péridotite (dunite) très riche en fer chromé, près du Kalyvian valaque à l’ouest de Zagora. J’ai indiqué égale- ment un autre pointement appartenant à une diabase ouralitisée près de Neochorion. Entre Pori et le Kissavos on coupe de nombreux filons diaba- siques notés par Teller comme serpentines, traversant les schistes anciens. 320 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril période secondaire et signalées récemment par M. Cayeux'. Je rattache aussi à la même période les roches vertes basiques créta- cées signalées par M. Philippson sur sa cartegéologiquedel'Épire?. et qui forment dans le Secondaire des massifs puissants entre Kalabaka et Metzovo. Dans un voyage que j'ai effectué de Kalabaka à Delvinon j'ai eu l’occasion d'étudier rapidement ces roches qui appartiennent aux mêmes types: gabbros, gabbros à olivine, norites, norites à oli- vine, diabases (avec les épidiorites), lherzolites, harzburgites, dunites, werblites, picrites avec des roches filonniennes basiques identiques à celles qui en Eubée accompagnent les péridotites et les gabbros du Secondaire (hornblendites, bronzitites, diallagites, etc.). IV. TECTONIQUE. Nous avons vu que, à partir de Tsangaradaes, la chaîne du Pélion était constitué sur sa bordure orientale par des micaschistes et toute une série de roches anciennes qui plus au nord forment également le massif de l’Ossa (Kissavos). Ces formations présen- tent les analogies les plus profondes avec celles de la presqu'île de Longos en Chalcidique et il est certain qu'à un moment donné S.(3°0) N:(32E) Volo 4 Fig. 9. — Échelle : 1/300000. — Les hauteurs sont exagérées deux fois. , Micaschistes ; C,, Cipolins ; S, Schistes, quartzites, etc. ; 5, Roches vertes laminées. ces deux régions faisaient partie d’une même masse archéenne postérieurement recouverte en transgression par des dépôts plus récents et finalement effondrée par paquets dans la dépression égéenne. Autour de ce massif se déposèrent pendant la période primaire 1. L. CaAveux. Les éruptions d’âge secondaire dans l’île de Crète. CR. Ac. Se., CXXXVI, p. 119, 1903. 2. À. Prauppson. Thessalien und Epirus, in-8. Berlin, 1899. 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 321 des sédiments épais dont nous avons fait nos systèmes B, C et D. A la fin de la période carbonifere des mouvements tectoniques intenses eurent lieu et ces couches, avec les roches éruptives (roches vertes) quenous avons décrites, furent violemment refoulées et poussées par les efforts tangentiels contre le massif ancien sur lequel elles furent très probablement en partie chariées. La figure 9 montre une coupe prise à peu près dans la direc- tion N. S. entre Volo et Venetos sur la mer Egée, dans la région septentrionale du Pélion. On voit avec quelle intensité les couches notées S, et dont l’ensemble forme notre système B, sont plissées contre les micaschistes €. Le déversement se fait vers le massif; si l’ensemble des plis n’était pas fortement diminué par l'érosion et (Pélion) 2 1618m -, 73 Direction / Dati du C-déversement.N.NE. F PAR 11 PAR / ELA L Cs/” CE, Golfe de Volo CL Re, Ni LÉ er 4 & Œ 2f FF Fig. 10. — Echelle : 1/160000. — Hauteurs exagérées trois fois. S,, Schistes noirs, grauwackes avec bancs de phtanites et de lydiennes (Dévo- nien ?); C., Marbres laminés riches en micas, chlorites, amphiboles (Cipol- line verde antico); S,, Système de phyllades, chloritoschistes, amphibolo- schistes passant par transitions à C, ; C,, Cipolins blancs intercalée dans les & ; &, Micaschistes, schistes à glaucophane, séricischistes ; pf, pli faille ; F, faille d’effondrement. si une grande partie du massif archéen n'était pas enfoncée sous les eaux marines, il est probable que nous constaterions l’existence de charriages importants, car non seulement les mouvements post- carbonifères ont agi sur cette région, mais encore les mouvements antésarmatiques qui vinrent accumuler contre les plis primaires, jouant à leur tour le rôle de zones résistantes, les épais sédiments mézosoïques accumulés dans le géosynclinal pindique. Les plis sont orientés dans le nord du Pélion suivant une direc- tion moyenne O.N.O.-E.S.E. et à mesure que l'en avance vers 6 Octobre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 21. 3922 J. DEPRAT. — GÉOLOGI DU PÉLION 11 Avril le sud, cette orientation varie légèrement et finit par devenir O.S.O.-E.N.E. La figure 10 nous montre des faits analogues. La série paléo- zoïque, métamorphique, énergiquement plissée contre les mica- schistes ©, eux-mêmes fortement plissés, est déversée vers le N.N.E. La coupe est dirigée du S.S.O. au N.N.E. Le flanc qui surplombe le golfe de Volo montre, pincés entre des plis-failles d'étirement, les grauwackes et schistes noirs à phtanites S, probablement dévo- niens, formant des synclinaux étirés dans un paquet d’isoclinaux empilés et déversés vers le N.N.E. Ces couches reparaissent pincées dans les mêmes conditions entre des plans d’étirement près de Miliaes. La figure 11 l'indique ; S.S.0. Direction du N.N.E. dévérsemert LAS Vallée de à => _Fangéradaes Miliaes LAC) Fig. 11. — Echelle : 1/150000. — Hauteurs exagérées une fois et demie. Même légende que dans la figure ro. elle montre en même temps les schistes S, plissés avec les roches C, et, comme dans les coupes 9 et 10, renversés contre les micaschis- tes €. Ici, la direction des plis est devenue O. E. et la coupe n’est pas perpendiculaire à l’axe des plis ; le déversement se fait vers le nord. La direction ©. E. passe peu à peu, à l'extrémité de la pres- qu'ile. à une direction E. 13 à 20° N. Ilest probable que les terrains métamorphiques des Sporades septentrionales appartiennent au même système et leur jalonnement paraît prolonger vers l’est les plus méridionaux des plis primaires du Pélion. D'autre part, on peut considérer comme le prolongement septentrional des plis du Pélion, les couches schisteuses et métamorphiques qui afileurent entre Turnavo et Trikkala. Les plis primaires décrivent donc un vaste arc de cercle plissé contre le massif archéen ; le massif du Pélion nous apparaît alors nettement comme la bordure d’un massif résistant, bordure violemment refoulée contre ce massif. Les mouvements postérieurs qui ont pu affecter ensuite le massif du Pélion, ne peuvent être démontrés, l'érosion ayant fait disparaître les sédiments plus récents. Seulement, je crois que cette région a dû constituer fréquemment pendant la période lurelief avant les | effondrements__ 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 525 secondaire une aire d'émersion et qu'elle n’a dû être immergée qu’à des époques assez rares. Postérieurement au Pliocène, les grands effondrements qui mor- celèrent le continent égéen se produisirent, et le golfe de Salonique d’une part, la région de Larissa de l’autre s’effondrèrent ’, laissant l’Ossa et le Pélion en saillie formant un môle allongé du N.0. au S.E. L'effondrement de la plaine de Larissa est prolongé au S.E. par le golfe de Volo, vaste aire d’affaissement. On peut remarquer que le golfe de Volo (effondrement paga- sétique), prolongé au N.0. par l'affaissement de la plane de Larissa, que le golfe de Salonique (effondrement thermaïque) et que les golfes de Kassandra et de l'H. Oros (effondrements toro- | 50. Golfe de Volo Golfe de Salonique Gde Kassandra Golfe d'H Oros NE Effondrement Effondrement Effondrement Effondrement pagasétique thermai que toronœïique Singitiqu e E E : (Hag.Oros) E 44, : MéAthos : i Longos à L esae cr elion) i (Pallene) Kassandra : ? (Sithonia) ue Profil du “E Emplacement des 270m. 50m lacs levantinis Metles érosions i | |« postérieurs. = Î -100 L N Dr 5 CZ x x}, | Z Flr x %* 12 Fig. 12. — Schéma des effondrements pliocènes (fin de la période) et quaternaires dans la région septentrionale égéenne. Échelle : 1/850000. — Hauteurs exagérées quatre fois. 3, Terrains tertiaires (étage levantin) de Kassandra ; 2, Séricischistes, mica- schistes, chloritoschistes, cipolins du Pélion et de l’Athos,; 1, Terrains archéens de Longos ; F, Faille d’effondrement. nœique et singitique) sont allongés suivant des directions exacte- ment parallèles et sont symétriques par rapport à trois plans parallèles dirigés N.0.-S.E., suivant l'orientation dinarique, dont les traces sont figurées par les axes orographiques de l’Ossa pro- longé par le Pélion, de Kassandra et de Longos. Une cinquième aire d'affaissement, le golfe de Rendina, séparée de l'affaissement singitique par l’Hagios Oros (Athos) leur est également parallèle. Je constaterai simplement cela comme un fait, sans chercher à en tirer des conclusions qui dans l'état actuel de nos connaissances, seraient hasardées. Ces effondrements sont parallèles à l’orienta- 1. À. Prizrppson. Loc. cil. 324 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril tion dinarique, comme la dépression adriatique du reste et il est curieux de voir cette orientation persister dans les régions effon- drées égéennes puisque là les directions des plis subissent un inflé- chissement, suivi d’un véritable rebroussement vers le N.E. et qu'alors les zones effondrées ont leur allongement non plus paral- lèle, mais croisé suivant un angle variable avec les directions des plis. Nous ne reviendrons pas sur le caractère admirablement net de horst que présente la chaîne du Pélion. Nous l'avons suffisamment indiqué au commencement de cette note. La figure 12 indique comment nous concevons le système des effondrements dans la région septentrionale de la mer Égée. La coupe passe par l'effondrement pagasétique (golfe de Volo), le horst du Pélion, l’effondrement thermaïque (golfe de Salonique), les voussoirs plus ou moins affaissés de Kassandra et de l’effondre- ment toronœique, le horst de Longos, l'effondrement singitique et Le horst de l’Athos (Hagios Oros). Une excellente analyse de ces zones d’effondrement a été faite . par Philippson :. | Je me propose dans le chapitre suivant de montrer l'influence profonde qu'a exercé le massif archéen égéen septentrional sur la tectonique de la Grèce centrale, et bien que cela sorte un peu de l'étude de la région qui nous occupe je tenterai de profiter de ‘état actuel de nos connaissances pour montrer également l’in- fluence des massifs archéens plus méridionaux sur l’ensemble de la tectonique grecque. II. — Influence exercée par les massifs archéens sur la tectonique de l’Égéide. I. MaAssiFs ARCHÉENS. Nous savons que le massif du Pélion constituait la bordure plis- sée d’un massif archéen dont l’Ossa et la presqu'île de Longos en Chalcidique sont des débris. Ce fait entrevu par M. Philippson dans son excellent mémoire sur la tectonique de l'Égéide n’a pu cepen- dant le mener à des conclusions certaines, puisqu'il ignoraït à quel âge précis on devait rapporter les plissements du nord de l'Eubée et en général de toute la bordure du massif archéen. Il dit en effet dans le mémoire précité : : « Une partie des schistes n’est- elle pas paléozoïque ? c’est ce qu’on ne sait pas avec certitude. 1. A. Parcrppson. Tectonique de l’Egéide. Ann. Géogr.,t. VILLE, pl. IX, 1898. & SUSIU01 mena | x À S x JS à uousre-2700/e, 126992) IA ° apyobdy,, / 2 19 sou/3yy fP NP99SIE) IA sonbpuid xneaose) IA Se | pu a A lRS — ; > © Sous -2eue8189-eIU0Iy n289512) AJ |$ - = a _— = — SSSEUJE,/-EJEUIOJEÇ-E717 NE90S/E/ II = = = = = À = —— U999n9-pJOU AE998 IE) I SAig-yBepesey-sobA7 nesosiey _—_ = fi —) / a ——. 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Mais si l’on veut examiner l’influence qu’a joué le massif archéen nord-égéen sur la tectonique grecque il est nécessaire d'étudier également les influences exercées sur ces mêmes plis par d’autres massifs archéens. Outre le massif nord-égéen, un autre massif archéen occupait le groupe des Cyclades, bordé par les plis de l’Attique et du sud de l’Eubée, formé par des gneiss, micaschistes, granites gneissiques avec cipolins. D’après M. Philippson, ces roches sont nettement archéennes et on n’y observe aucune direction définie ; il les considère comme formant un « noyau montagneux fort ancien, longtemps resté à l’état de continent, qui, à différentes époques et de différents côtés, a été fortement comprimé. » Je considère cette définition comme résumant parfaitement la constitution et le rôle de ce massif archéen. Mais entre ce dernier massif et celui qui occupait la région nord- égéenne, se dressaient d’autres régions archéennes au nombre de deux ; la première dont une partie des monts Galtzades en Eubée est le témoin formait un ilot ancien, allongé à peu près de l’ouest à l’est; il est constitué par un puissant massif de granulite, de micaschistes, éclogites, etc. Je l’ai décrite dans un travail précé- dent :; la deuxième formait une masse amygdaloïde dont les restes nous apparaissent dans le massif de l'Ocha eubéen et peut- être une partie d’Andros ; c'était là l'extrémité occidentale de ce massif de micaschistes, gneiss, amphibiloschistes, etc., qui se perd à l’est sous les eaux égéennes ; je considère donc cette région archéenne comme indépendante du massif cristallin des Cyclades. En somme nous devons donc considérer l'existence de quatre massifs archéens : 1° le massif égéen septentrional (Nordaegaeis- che Krystallinische Masse de Philippson) comprenant primitive- ment probablement une grande partie de la Macédoine, du sud de la Serbie, la plus grande partie du massif de l'Ossa, une partie de la Chalcidique et la portion de la dépression égéenne comprise 1. J. Deprat. Etude géologique et pétrographique de l’île d'Eubée. Besançon, Impr. Dodivers, 1904). 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÈIDE 327 entre la Chalcidique et la chaîne des Cyclades. 2° Le massif archéen du nord de l’Eubée, que nous désignerons sous le nom de massif archéen des monts Galtzades. 3° Le massif de l'Ocha. & Le massif égéen méridional (massif cristallin des Cyclades de M. Philippson). L'influence prédominante sur les directrices tecto- niques de la Grèce appartient aux deux massifs extrêmes, massifs égéens septentrional et méridional, les deux autres se présentant comme des masses elliptiques parallèles n'ayant occasionné que des déviations d'ordre secondaire dans la direction des plis. II. — ZoNES DES PLIS PALÉOZOÏQUES. La présence certaine de terrains paléozoïques en Grèce m'a conduit à envisager sous un aspect nouveau la genèse des plisse- ments de cette région. Avant la connaissance de ces formations on était naturellement conduit à rapporter à une même période et à un même système de plissements les roches qui paraissaient de même âge. C’est ainsi que M. Philippson considérait ce qu’il appelle la «zone plissée de la Grèce orientale moyenne » (Oestliches Mittelgriechenland) couvrant le nord et le centre de l’Eubée, l'Othrys, etc., comme appartenant à une même zone de plisse- ments. Or, dans cet exemple, comme sur tant d'autres points, il n’en est rien, et dans ces formations, constituées non pas unique- ment par des roches crétacées, mais par des roches nettement paléozoïques d’une part, de l’autre par des roches appartenant à des séries très diverses de la période mésozoïque, il est nécessaire de distinguer deux grandes phases de plissements, l’une postcarbo- nifère, mais antétriasique ; la seconde postéocène et antéligocène. La première phase qui s’est produite vers la fin de la période carbonifère a eu pour résultat de plisser la puissante série de terrains carbonifères déposés dans le grand géosynclinal limité au nord par le massif égéen septentrional et au sud par le massif égéen méridional, et en même temps, naturellement, l’épaisse série de sédiments antécarbonifères du nord et du sud de l’Eubée et du Pélion, Puis une nouvelle immersion eut lieu et les eaux triasiques déposèrent leurs sédiments (conglomérats du Liri en Eubée) sur les têtes abrasées des isoclinaux anciens. J’ai distingué trois zones principales dans les plissements anté- triasiques (voir la carte, page 325) :i 1. Zone Pélion-Hagios Oros. 2. Zone Hymette-Styra, 3. Zone d’Andros. 328 J. DEPRAT, — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril Je donne à ces zones une dénomination basée sur les groupes de plis les plus importants qui en font partie. 1. Zone Pélion-Hagios Oros. — Autour du massif égéen septentrional s'étend une bordure paléozoïque extrêmement plissée qui moule exactement la masse archéenne contre laquelle elle est violemment refoulée. Cette zone plissée débute à l’ouest du massif par une orientation S.E. Elle s'infléchit au voisinage de la plaine de Larissa vers l'E.S.E. puis passe à une direction complètement est qu’elle garde dans la chaîne du Pélion comme nous l'avons démontré. Elle subit des inflexions en forme de sinu- soïde, mais qui ne changent en rien la direction générale de l’ensemble des plis. L’axe moyen de cette bande de plis en sortant du Pélion est coupé à pie sur l’effondrement égéen, mais nous le voyons reparaître dans les Sporades septentrionales où il décrit de fortes sinuosités locales. Si maintenant nous nous portons vers la presqu'île de l’Hagios Oros (Athos) nous voyons celle-ci formée de terrains paléozoïques métamorphiqnes identiques à ceux du Pélion. Dans la partie méridionale de la presqu'ile la direction des axes est S.O.-N.E., mais à mesure que l'on s’avance vers le nord, cette direction passe au N.N.E., puis au nord et enfin au N.N.O. La presquile de l’Athos nous montre donc un faisceau de plis divergents, s’épanouissant vers le N.N.E. Le prolongement d'une partie des plis anciens, ceux de la partie méridionale, garde sa direction N.E. et nous les voyons se poursuivre dans l’île de Thasos et dans celle de Samothrace. Ceux du nord de la presqu'île viennent confluer avec une série de plis de même âge, bordant la partie nord du massif égéen septentrional ; ils décrivent une courbure dont la convexité est dirigée vers le nord ouest, et reprennent ainsi peu à peu l'orientation N.0. se soudant avec les plis anciens de la Chalcidique ; le faisceau Fig. 14. — Confluence qui résulte de la confluence de ces deux des axes anciens du eronpes de plus paraît se continuer au-delà nord de la Chalcidi- À 2 ; ce 6 des ane eue de Thasos avec cette même orientation N.0. ciensdelazonePélion- La fig. 14 montre la soudure en accolade du Hagios Oros. faisceau de la Chalcidique et du faisceau Hagios Oros moulés contrele noyau archéen. En somme le faisceau des plis anciens qui bordent le massif égéen septentrional paraît s'épanouir à l’ouest et au nord-est et s'étrangler, comme on peut le constater sur notre carte tectonique. entre le massif égéen et le massif des Galtzades. | 1904 ET TECTONIQUE DE L’'ÉGÉIDE 329 >. Zone Hymette-Styra. — Une deuxième zone de plis pri- maires apparaît dans le sud de l’Eubée ; mais celle-là est moulée sur le massif archéen que nous avons désigné sous le nom de massif de l’Ocha ; c'est une sucession de couches généralement schisteuses avec d'épaisses traînées de calcaires extrêmement métamorphiques (cipolline verde antico de Styra). Ces plis qui occupent toute l'Eubée méridionale et une partie de la région centrale de cette île présentent uniformément une direction S.O .-N.E.; aux abords du massif de l'Ocha les axes décrivent des courbes à convexité tournée vers le N.0O. et moulant le noyau archéen. J'ai donné à l’ensemble de ce faisceau qui occupe toute l’Eubée méridionale le nom de faisceau de Styra, du nom de la petite ville qui est la seule localité importante de toute la région. Ces plis paraissent au-delà de l'Euripe se continuer dans l’Attique en passant de la direction N.E.-S.O. qu'ils avaient en Eubée, à une orientation S.S.0. Au sud de l’Attique on ne peut avoir d'indice certain sur la direction que prennent ces plis. Il est probable que leur prolongement hypo- thétique doit passer en mer entre l’Argolide et le massif archéen _ des Cyclades. En tous cas la portion d'arc formée par les plis primaires d’Eubée et leurs prolongements dans l’Attique est sufli- sante pour nous montrer l'allure de ce faisceau qui présente sa convexité tournée vers le N.0O. et le nord tandis que le faisceau Pélion-Hagios Oros tourne la sienne vers le sud: Le plus net parmi les axes qui prolongent dans l’Attique les plis eubéens est certainement l'Hymette qui montre un exemple remarquable de brachyanticlinal à plongements périphériques et dont le grand axe est dirigé du N.N.E. au S.S.O. 3. Zone d'Andros. — Entre le massif de l'Ocha et le massif égéen méridional apparaît une troisième zone de plis primaires extrèmement contournés et sinueux dont malheureusement nous me pouvons observer que des tronçons restreints dans les îles d'Andros, Zea, Tinos, Kythnos, Seriphos, Siphnos, etc. Par suite du morcellement de ces axes il est extrêmement difficile de se faire une idée exacte de leur allure. Les variations de direction sont très fréquentes d’une île à l'autre, et comme M. Philippson le fait remarquer justement, on ne peut guère observer de direction définie que dans l’île d'Andros où l'orientation est N.E. II. — ZoNES DES PLIS POSTÉOCÈNES. Pendant la période secondaire, une ère de repos paraît avoir régné longtemps et ce n’est qu'avec le Turonien que des indices 330 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril de ridement se font sentir. La brèche puissante d'Ochtonia en Eubée en est un témoin ; mais quelle fut l’allure de ces ridements, il est absolument impossible d’en rien dire. Puis une nouvelle période de calme règne jusqu'après le dépôt de flysch éocène, moment où s'ouvre une nouvelle ère de plissements qui se pour- suivra pendant et après la période sarmatique. La plus grande partie des plissements appartient à la période comprise entre la fin du dépôt du flysch éocène et la période oligocène. Nous allons indiquer rapidement l'allure des directrices anté- sarmatiques et nous verrons les conclusions que nous en devons tirer. Je n’ai pas l'intention d'indiquer les axes de tous les plis: il suffit pour les étudier en détail de se reporter à la carte de M. Philipp- son’; j'exposerai simplement l'allure des directrices principales de chaque faisceau. Les plis à orientation dinarique sapareissent dans l'Albanie méridionale sans que l’on puisse décider avec certitude s'ils pro- longent exactement le système dinarique, puisque l’on ne connaît que très approximativement la géologie de la région située au sud du Montenegro; ces plis à partir de leur entrée dans le pays hellène se comportent d'une nouvelle manière. Au lieu de former, comme dans leur parcours le long de l’Adriatique, une simple bande longitudinale d’axes parallèles dont la direction moyenne est S.E., ils envoient à l’est des branches qui s’incurvent d’abord vers le S.E. puis se redressent vers le N.E. Je crois qu'il est difficile de distinguer dans cet ensemble de plis, des zones et des sous-zones tectoniques bien délimitées comme l’a fait M. Philippson ; il se base pour ces divisions sur l’âge des formations qui constituent les plis et se trouve ainsi amené à considérer une « sous-zone orientale du flysch » une « sous-zone des calcaires du Pinde », ete. Il s'appuie sur le principe suivant : il considère les montagnes de la Grèce orientale (Tectonique de l'Egéide, etc.) comme ayant été émergées pour la plus grande partie dès l'intervalle entre la période crétacée et la période éocène et plissées à cette époque par des pressions s’exerçant à peu près du nord au sud ou du sud au nord. Mais, dans la suite, après le dépôt de l’Eocène, elles auraient été reprises par des pressions dirigées de l’est à l'ouest. Il semble donc accepter qu'une grande phase de plissement ait eu lieu entre les derniers dépôts crétacés et Le flysch. Or, c’est une proposition qui me paraît difficilement acceptable. D'après’ les 1. Carte tectonique de l’Égéide, Annales de Géographie, t. VII, pl. IL, 1898. Lan TE 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 331 recherches que j'ai pu faire moi-même, j'ai pu constater que si l’'Eocène est dans certaines parties de la Grèce constitué’par un faciès nummulitique, dans d’autres au contraire il est nettement constitué par du flysch qui prolonge sans aucun arrêt de sédimentation le flysch crétacé. J’admets que le ridement turonien que j'ai signalé ait pu avoir une légère influence sur la direction future des plis postéocènes, mais 7e n'admets pas entre le Sénonien et l’Eocène de phase de plissement. Un des arguments de M. Philippson pour prouver une phase de plissement entre le Crétacé et l'Eocène est le suivant : € Cette sous-zone des calcaires du Pinde, — dit-il (Tecto- nique de l’Egéide : Ann. de Géographie, VIIT, p. 129) —...., fait très Curieux, parvenue au nord, dans le voisinage du col de Zygos, se termine brusquement ; grâce à une flexure abrupte, elle dispa- raît en profondeur sous une vaste région de flysch paléogène. Du sein de celle-ci s'élève aussitôt une large crête formée de serpentine, de roches à silex et de schistes que j’assimile aux serpentines et aux schistes de la Grèce centrale, c'est-à-dire au Crétacé... Sauf quel- ques lambeaux, les terrains crétacés avaient déjà été enlevés par l'érosion avant que le flysch se déposàt. Nous devons admettre, par conséquent, que nous avons ici un fragment du système, plus ancien, de la Grèce orientale déjà plissé avant le Paléogène ». Je ne puis admettre cette proposition; du fait qu’un massif serpentineux s'élève dans la masse du flysch, on n’a pas le droit de conclure que le flysch est transgressif sur ce massif; d'autant plus que rien ne ‘prouve l’âge crétacé de ces serpentines, qu'elles peuvent parfaite- ment avoir fait intrusion dans le flysch eocène, exactement comme cela s’est passé en Eubée; j'ai d'autant plus de raison de supposer que les choses se sont passées ainsi que j'ai eu moi-même l’occa- sion de voir le grand massif de serpentines du Zygos, formé de péridotites, norites, gabbros et qu'il m’a paru présenter des carac- tères absolument identiques à ceux des grands massifs intrusifs de roches basiques d’Eubée et de Lokride. Je crois parfaitement avec Philippson qu'il y a eu avant la grande phase de plissements postéocènes un important mouve- ment tectonique, mais il est antérieur au Trias et n'a influencé que les couches primaires. Étant donné que nous considérons l’ensemble des terrains pos- térieurs au Paléozoïque et antérieurs à l’Oligocène : comme plissés par une même série d'efforts, nous ne pouvons accepter la division 1. Les plissements postoligocènes ont exercé une influence extrêmement faible sur l’ensemble de la tectonique de la Grèce et n’ont guère amené que des accidents locaux. 332 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril en zones et sous-zones basées sur l’âge des terrains qui la compo- sent. Du reste, l’ensemble des axes se soude et s’enchevêtre de telle sorte qu’une division même en régions tectoniques serait arbitraire. Tous ces plis dépendent les uns des autres; et ce qui vient encore compliquer les faits, c’est qu’en certains points où la couverture mésozoïque a été enlevée par érosion et où les terrains primaires apparaissent, on voit parfois les plis anciens et les plis récents se couper suivant des angles variables. Lorsque le faisceau des terrains plissés secondaires et éocènes de l’Albanie méridionale pénètre en Grèce à la hauteur du col de Zygos, les axes tectoniques forment une série parallèle dirigée vers le S.E. Dans la région de Zygos, c'est-à-dire sur le bord oriental de cette zone de plis, un premier faisceau se détache qui présente une direction générale S.E. ; puis les axes prennent une direction E.S.E. C’est l'ensemble de plis que M. Philippson a dési- gné sous le rom de zone de Zygos et de zone du Kotsiakas, le pre- mier étant attribué par lui au système de la Grèce occidentale, le second à celui de la Grèce orientale. Nous considérons simplement ces deux zones comme appartenant au même arc qui plus au nord finit par prendre une direction presque est dans la chaîne de l’'Othrys. C’est notre faisceau I (voir fig. 13) (Zvgos, Karadagh, Othrys). Si je me reporte à la carte tectonique de l'Égéide de M. Philippson, je serai porté à prendre pour le prolongement des plis de l'Othrys l’arc des Sporades septentrionales. J’obtiendrai de la sorte un vaste arc à convexité tournée vers le sud, embras- sant à peu près exactement la courbe des axes primaires Pélion- Hagios Oros. La portion la plus méridionale de cet are, resserrée entre les plis de la partie méridionale du Pélion et le massif ancien des Galtzades, s’épanouit vers l’est au-delà de cet étran- glement comme nous le montrent les orientations des calcaires crétacés de Pontikonisi dans le nord de l'Eubée et de Skyros (directions S.E. indiquées à Skyros par M. Philippson). Ainsi ce premier arc se moule sur la bordure primaire plissée elle-même sur le massif égéen septentrional. Il paraît subir une constriction entre le massif des Galtzades et le massif égéen septentrional, constriction qui parait avoir eu pour effet d'amener des refoulements énergiques. Au-delà, vers l'est, le faisceau de plis dont cet arc est composé forme un éventail divergent, une partie des axes se dirigeant vers le N.E. par les Sporades septentrionales d’où ils passent avec une orientation à peu près identique dans ’île de Lemnos. Les autres au contraire quittent peu à peu l’orien- * tation est et passent dans Skyros avec une direction S.E., pour 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 333 aller ensuite se souder probablement à l'extrémité des plis eubéens. Après avoir donné naissance à ce premier arc, le faisceau pindi- que se prolonge vers le S.E., une partie des plis du Zygos donnant naissance à des axes qui tous s’incurvent vers le S.EË. puis vers l’est et vont rejoindre la masse principale du faisceau de l’'Othrys, A la hauteur du Velukhi (Tymphrestos) les plis qui se détachent du faisceau pindique continuent à se diriger vers l’est, mais passent au sud du massif de Galtzades contre lequel ils se moulent pendant un certain temps. Tel est le pli dela presqu'île de Lithada, orienté O. E., qui descend ensuite vers le S.E. dans les monts Kandili puis dans les monts Drakospilo, s’infléchit de nouveau peu S.S.0. LEPET ON RE Route de Psachna Dar 4 Fosse à Mantudion MS Pyxaria “ 27 < 2 d Atalanti AC Monts de _ Pagondas Garako vouni : M'SKandihi PA Kondovspote —---1200m. D) 7 A Mer A / / y Et D 1 ec 8007./ : PRES rs : À Ant 7 7 AT JE ENS ? 7 / 4 Æ Egee Mere LC Ë ENST 27 Al Z / CALE ! 22 ; TEST EE ) ch oû CA, ©E î Zura' HE ER > 2/7 Vans Wiachia / 3 PA LA LE En) ! | 7 c 7 -2v0 IN o Re 7 = PA AE PAS) 7 / ent 1 of / Mae F F 4 4 D 2 D 4 ARS Fig. 15. — Nappe charriée des monts Pyxaria (Eubée) Échelle : 1/200000. — Hauteurs exagérées trois fois 9, Terrasses pliocènes marines ; 8, Pontien et Pliocène ; 7. Flysch; 6, Cal- caires maëstrichtiens à Stegaster ; 5, Emschérien et Aturien inférieur ; 4. Turonien supérieur ; 3, Turonien inférieur ; 2, Cénomanien; 1, Barré- mien, Aptien et Albien : pch, plan de charriage; F, Faille ; x, péridotites (lherzolites et harzburgites de Vlachia). à peu vers l’est, croise sous un angle de 45° les plis primaires de la région de Seta et paraît ensuite remonter franchement au N. E. sous l'influence du massif archéen de l'Ocha pour venir confluer avec les axes primaires. Entre le pli Lithada-Kandili et le pli Pontikonisi-Skyros courent les axes du Xeronoros, du Pyxaria et du Delphi, formés de calcaires triasiques, liasiques, infracrétacés et crétacés qui, comme le pli précédent, viennent dans le massif de l'Ochtonia prendre une direction est et remonter ensuite vers le N.E. parallèlement aux plis primaires de la région méridionale de l’Eubée. Des charriages importants ont eu lieu dans cette région, notamment dans les monts Pyxaria et Sukaron. Sur les plis du Pyxaria s'étend un vaste pli déversé vers le N.N.E. et charrié, 334 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril dont la racine se trouve dans les monts Kandili, et qui est indiqué dans la figure 15. La fig. 16 montre ce même pli huit kilomètres au sud-est de la coupe précédente ; la racine du pli a disparu sous le Tertiaire du bassin de Gides. Une nappe charriée analogue existe dans les monts Sukaron. Je n'ai pas à entrer ici dans le détail de ces plis ni dans l'étude du mécanisme de leur formation ; je les cite rapidement pour indiquer simplement quel intensité les efforts de refoulement ont atteint dans cette région. L'ensemble des plis du nord de l'Eubée forme en résumé un second arc, extrêmement tourmenté, détaché de la masse pin- dique et moulé sur le massif des Galtzades. Teller, et après lui a. CoRTIbEs ARRETE à N. d'Apokrynino__ _ --—<{ Crètes 1081m. D RER ) Makrykappa DORE = RL GS DB à 74 PR ah 2 27 pch 7 ÿ ! ly PRÉC SES AT], LL CH, / / VERRE TN) 7" Gorges VAT — — AS O/y 7 74 # / . CNET 047 A 7 d'A Sophia 7 J, A 7 AS / SE US 4 D 7 Zi {1 À POAIN / ae 27 K\ Va | / 4 Ê0 7 / / { / 1 4 NS D Fig. 16. — Nappe charriée des monts Piscana. Échelle : 1/150000. 8. Sarmatien ; 7. Flysch; 6. Maestrichtien ; 5. Emschérien et Aturien infé- rieur; Z. Turonien supérieur ; 3. Turonien inférieur ; 2. Cénomanien ; 1. Infracrétacé ; x, Harzburgite ; EF, Gisements de fossiles ; pch, plan de charriage. M. Philippson ont indiqué dans la région centrale de l'Eubée des plis à orientation N.E. coupant d’autres plis orientés S.E. Le fait est vrai; seulement il faut établir cette restriction absolument nécessaire que ces plis dirigés N.E. sont antétriasiques. En tous cas ce que je ne puis admettre, ce sont les orientations N.E. don- nées par M. Philippson dans les monts Kandili où il n'existe absolument qu’une direction S.E., c’est-à-dire perpendiculaire à celle qu’il a indiquée. Les plis pindiques que nous avons notés IV sur notre carte tectonique (p. 325) (faisceau Kiona-Geranée-Parnès) représentant la sous-zone orientale du flysch » de M. Philippson, émettent dans la région du Velukhi une succession d'axes concentriques notés III sur la carte et finissant eux-mêmes par envelopper ces axes par un grand arc concentrique tournant sa convexité au sud. Ils atteignent le bord de l'effondrement corinthique avec une orientation S.S.E, 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 335 Leur prolongement doit être cherché dans le Géranée (Isthme de Corinthe) orienté O.E. ; puis ils s'incurvent vers le N.E., consti- tuent les plis de l’Égalée, du Parnès, de Salamine, qui paraissent venir confluer avec les plis plus anciens de la région de l’Attique orientés N.N.E. et N.E. Entre ce grand arc de cercle et le faisceau nord-eubéen se déta- chent, comme nous l'avons dit, une série de rameaux qui tous se dirigent d'abord au S E. puis à l'E.S.E., à l’est, et enfin rebrous- D Régions résistantes #*-"". PJjs postcarbonifères — . … . EE . TT Plis paléozoïques 0 So 10011. Fig. 17. — Carte très schématique des directrices tectoniques de l'Égéide (l’âge des plis n’est pas indiqué pour la Crète), — Échelle : 1/2000000. sent vers l'E.N.E. au voisinage des plis N.E. d'Eubée. C'est ce que M. Philippson appelle la sous-zone du Parnasse. Ce sont les plis que nous avons noté IIE et que nous avons groupés sous la rubri- : que CÆta-Saromata-Parnasse. Ils forment une série d’axes concen- triques ; le plus intérieur est constitué par les directrices de l'Œta, du Saromata qui imitent à peu de chose près l’allure des plis nord- eubéens et se prolongent près de Chalkis au nord de Thèbes par le Klypa Vouni; ce chaïînon, autant que je puis le croire, trouve 336 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril son prolongement en Eubée de l’autre côté de l’Euripe dans les monts d'Aréthuse. Ce faisceau est enveloppé extérieurement par l’axe du Parnasse prolongé par l'Hélicon orienté N.N.O.-S.S.E. Ce dernier trouve son prolongement dans les chaînons du Cithé- ron (O0. E.). Tous ces axes viennent heurter obliquement les plis primaires eubéens, puis peu à peu se conforment à la direction de ces derniers. A l’ouest de la zone de plis qui donne naissance à ces arcs suc- cessifs que nous venons d'étudier s'étendent encore des faisceaux d'axes parallèles à la direction pindique. Ce sont les plis que M. Philippson a rangés dans sa «sous-zone de calcaire de Pylos » et sa « sous-zone occidentale du flysch ». D’après les travaux de M. Philippson ces faisceaux de plis appartenant à 1 Éocène et peut- être au Crétacé supérieur présentent dans la sous-zone du calcaire de Pylos un pendage continu vers l’est ; accessoirement le pendage se fait vers l’ouest. IL indique que sur le rebord ouest de cette zone les calcaires du Pinde chevauchent d'ordinaire sur le flysch plus récent ; il est probable qu'en ce point il doit s’être produit des charriages analogues à ceux des Monts Sukaron en Eubée où les calcaires crétacés et même plus anciens recouvrent en superposi- tion anormale les couches plus récentes du flysch éocène. Cette zone pindique paraît se prolonger dans la partie occidentale du Péloponèse en émettant un nouvel arc oriental, celui du Khelmos et des plis de l’Argolide. Dans le Péloponèse central l'orientation est dirigée dans le faisceau des plis du Taygète, du Parnon, la zone de l’Eurotas du N.N.0O. au S.S.E. Nous savons, d’après les travaux récents de M. L. Cayeux, qu’une partie de ces plis passe en Crèle, trouvant son prolongement dans le pli que M, L. Cayeux a appelé l’anticlinal de Dictyos', qui pénètre en Crète par la côte nord et en sort par la côte ouest. | Enfin, bordant la zone des plis pindiques, s'étend la zone ionienne parallèle à la précédente qui, d’après ce que nous savons par M. Cayeux du rebroussement probable vers l’ouest en Crète du prolongement des plis laconiens doit également au large de la côte occidentale du Péloponèse rebrousser vers l’ouest suivant une direction parallèle au faisceau dinaro-laurique de M. Cayeux. 1. L Caveux. Les lignes directrices des plissements dans l’île de Crètes C. R. IX° Congrès géolog. intern. de Vienne, 1903. 1904 ET TECTONIQUE DE L'ÉGÉIDE 337 IV. ConcLusIoNs. J'ai cherché dans la petite carte schématique de la figure 17 à ‘exposer ces faits le plus clairement possible. Le moulage des massifs anciens par les plis primaires apparaît avec la plus grande netteté. On peut se rendre compte également de l'influence des massifs archéens et des zones primaires plissées sur les plis postéocènes. Je crois que la considération de l'influence des massifs résis- tants doit expliquer bien des faits comme le pressentait justement M. Philippson. La divergence des plis du faisceau dinarotaurique de M. Cayeux pourrait trouver une explication rationnelle dans la présence du grand massif résistant égéen méridional ; la confluence en accolade du faisceau dinarique et du faisceau taurique sont en somme identiques à celle des axes de la Chalcidique et du faisceau ancien Pélion-Hagios Oros ou à celle qui semble exister entre les plis de l’Argolide et ceux du Péloponèse méridional. Quant au mécanisme de la formation des divers systèmes, c'est une question bien délicate à aborder. Pour nous, il nous semble que les influences tectoniques qui ont présidé à leur édification sont très complexes et qu'à l'heure actuelle nous devons nous borner à enregistrer des faits, à les synthétiser autant que possi- ble, mais non pas encore à les expliquer complètement. J'ai cherché dans ce travail à exprimer de la manière la plus nette l’ensemble des faits observés. Je me suis appuyé pour les théories générales sur les données si précieuses de M. Philippson au sujet de la tectonique de la Grèce, les indications nouvelles et intéressantes au plus haut point de M. L. Cayeux sur la Crète et l’Argolide et sur les résultats de mes recherches en Eubée eten Thessalie. Je n’ai pu éviter les théories et les hypothèses qui s’attachent nécessairement encore à tout travail de ce genre et si j'ai un souhait à exprimer, c'est que mes erreurs possibles puissent susciter des discussions ou des recherches nou- velles qui amènent peu à peu à la solution définitive des pro- blèmes passionnants que présente au point de vue tectonique la constitution si tourmentée de l'Égéide. 2 Novembre 1904. — T, IV. Bull. Soc, Géol. Fr. — 22. 338 J. DEPRAT. — GÉOLOGIE DU PÉLION 11 Avril Principaux documents et travaux consultés, relatifs à la tectonique de la Grèce BrrrNer. Der geol. Bau von Attika, Bôotien, Lokris und Parnassis. Dénk. d. K. Ak. d. Wiss. zu Wien., Math. nat. Classe, Bd. 4o, 1880. L. CaAyEux. Sur les rapports tectoniques entre la Grèce et la Crète occi- dentale. CR. Ac. Sc., CXXXIV, p. 1157, 1902. — Les lignes directrices des plissements dans l'ile de Crète. CR. IX° Congr. géolog. intern. de Vienne, 1903. C. Co. Küstenverandungen im Archipel. 2 Aufl. in-8-München, 1886. J.-F. DepraT. Note préliminaire sur la géologie de l’île d'Eubée. CR. Ac. Se. . CXXXVI, p. 108, 1903. — Note préliminaire sur la géologie de l’île d’Eubée. B.S. G. F. [4], t. IIL, p. 229. 1905. — Sur la structure tectonique de l’île d'Eubée. CA. Ac. Sc. CXXX VII, p. 666, 1903. — Étude Géologique et Pétrographique de l’île d'Eubée. In-8', Besançon, Imp. Dodivers, 1904. HirBer. Geologische Reïsen in Nordgriechenland und Makedonien, 1899 und 1900. Sitz. d. Kaiserlichen Ak. Wiss., Math. N. Classe, OX, 1-7. R. Lepsius. Geolog. von Attika, in-4°. Berlin, 1890. Pa. Necris. Plissements et dislocations de l’écorce terrestre en Grèce. Athènes, Ch. Beck ; Paris, Ch. Béranger. Neumayer et PArRTscH. Physik. Geographie von Griechenland. Breslaü, 1885. Neumayr. Der Geol. Bau des westlichen Mittelgriechenland. Denk. d. K. Ak. d. Wiss. zu Wien., Math. nat. Classe, Bd. 40, 1880. A. Picrppson. Der Peloponnes. Berlin, 189r. — Der Gebirgsbau des Peloponnes. Verhandl. des IX deutsch. Geographentags zu Wien, 1891. S. 124, ff. _— Zur Geologie des Pindos Gebirge. Sitz. niederrh.Gesells. f. Nat. u. Heilkunde. Bonn, 4 fébr. 1805. —- Thessalien und Epirus. In-8°, Berlin, 18997. — La Tectonique de l'Égéide. Ann. de Géographie, v. VII, 1808, p. 112-141, pl. I. ; A. Suess. Das Antlitz der Erde; La Face de la Terre (Trad. française). Paris, 1892. Fr. TELLER. Der geol. Bau der Insel Eubœa. Denksch. d. K. Ak. d. Wiss. zu Wien., Math. nat. Classe, Bd. 40, 1880. — Geol. Beschreibung des sudôstlichen Thessalien. Id. Séance du 1S Avril 1904 PRÉSIDENCE DE M, P. TERMIER, PRÉSIDENT M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président proclame membre de la Société : M. Bursaux, ingénieur-directeur du Chemin de fer et de la mine de Metlaoui, par Gafsa (Tunisie), présenté par MM. Philippe Thomas et Albert Gaudry. M. J. Bergeron offre deux brochures de la part de M. le D' Imbeaux. Dans la première ayant pour titre : « L’assainisse- ment de Zurich'», notre confrère analyse avec la compétence qu'on lui connaît une nouvelle monographie sanitaire publiée par le Professeur Weyl. Les renseignements qu'il donne sur des diiïé- rents services d'hygiène augmentent encore l'envie que l’on peut porter aux habitants de cette jolie ville. La seconde traite de sujets nouveaux dans les études hydrolo- giques : « Odeur, couleur et limpidité de l’eau? ». Ces questions sont peu importantes pour les habitants de l’ancien continent qui emploient comme eaux potables des eaux courantes ou provenant de l’intérieur du sol, eaux qui sont d’une manière générale inco- lores et transparentes. Mais il n'en est pas de même pour ceux du nouveau monde qui sont obligés souvent d'utiliser les eaux de rivières toujours troubles ou de marais dont l'odeur et la couleur sont parfois très accusées. M. Imbeaux nous tient au courant des recherches qui ont été entreprises aux États-Unis d'Amérique, en particulier par le Geological Survey pour déterminer les causes auxquelles peuvent être attribuées ces trois propriétés, leurs inconvénients au point de vue hygiénique, enfin les procédés qui peuvent les faire disparaître. M.J. Bergeron offre, de la part de M. Depéret,un mémoire ayant pour titre : (Études paléontologiques sur les Lophiodon du Miner- vois » et pour sous-titre : € Structure du crâne, des membres et affinités générales des Lophiodon* ». Grâce aux nombreux exem- 1. Revue d'Hygiène et de Police sanitaire, XXVI, n° 2, fév. 1904. 2, Bull. des Séances de la Société des Sciences de Naney, 1‘' déc. 1905. 3. Archives du Muséum d'Histoire Naturelle de Lyon, t. IX. 340 SÉANCE DU 18 AVRIL 1904 plaires de Lophiodon leptorhynchus recueillis dans le Minervois, l’auteur a pu compléter l’étude que Filhol avait déjà faite de cette espèce. Dans le chapitre consacré au crâne M. Depéret compare les Lophiodon aux autres Ongulés et il arrive à la conclusion que dans cette famille on peut faire deux groupes : l’un ancien, can- tonné dans l’Éocène inférieur et moyen; l’autre récent, allant de l'Éocène supérieur jusqu’à l'époque actuelle. Les Zophiodon font parte du premier groupe; de plus leur crâne porterait des marques certaines d'inadaptivité pour une évolution ultérieure. Les Lophiodon, en effet, disparaissent brusquement comme ils sont venus, sans laisser de descendance et sans qu'aucun genre du groupe récent des Ongulés en provienne. M. Depéret, en terminant son mémoire, recherche les affinités des Lophiodon. Il les sépare des Tapirs et en fait un groupe à part présentant quelques caractères archaïques qui les rapprochent de divers ordres d'Ongulés, surtout des Amblypodes; mais ce ne sont que des traces d'anciens liens ancestraux communs avec des formes plus primitives, encore inconnues. Au nom d’un Comité spécial institué par la Société belge de géologie, paléontologie et hydrologie, et de la part de cette Société, M. Martel présente un fascicule de 213 pages sur (l'Etude des eaux courantes souterraines par l'emploi des matières colorantes ». C’est le procès-verbal d’une longue discussion suscitée à propos de l’usage de la fluorescéine en matière d'hydrologie souterraine et hygiénique. On y trouve sur l’application de cette substance à la technique de la recherche des eaux alimentaires en terrains fissurés le résultat des expériences et les opinions des spécialistes hydrologues, MM. Van den Broeck, L. Janet, M. L. Couppey de la Forest, Trillat, E. Fournier, Magnin, Imbeaux, E.-A. Martel, Marboutin, Schardt, Rabozée, Rahir, Golliez, Forel, Kemma, Putzeys, Dienert, etc., le tout terminé par un résumé synthétique des questions relatives à l'emploi de la fluorescéine en hydrologie. M. Henri Douvillé expose quelques considérations générales sur la constitution des terrains tertiaires dans le bassin de l'Aquitaine : ceux-ci présentent deux systèmes de couches concordantes entre elles mais discordants l’un par rapport à l’autre. Chacun d’eux débute par une lacune et comprend une première phase positive ou de transgression et une seconde négative ou de régression; il correspond ainsi à une oscillation complète du sol. Le premier comprend l’Éocène jusqu’à la fin du Sannoisien ; le second commence par l'Aquitanien et se prolonge jusqu’au Miocène supérieur. . SÉANCE DU 18 AVRIL 1904 347 L'Oligocène défini stratigraphiquement commencerait par la transgression tongrienne, qui caractérise la base du deuxième système, et ne serait ainsi que la partie inférieure du Miocène. D'après les caractères fauniques au contraire, il faudrait lui adjoindre toute la partie supérieure du système inférieur : ainsi déterminé, il est diflicile à séparer nettement de l'Eocène et du Miocène auxquels il se relie sans discontinuité. Les seules limites un peu nettes qu'on puisse lui donner correspondraïent en bas au commencement des couches à Nummulites intermedius, vascus, Boucheri, représenté dans le bassin franco-belge par le niveau des N. Orbignyi-wemmelensis (Wemmelien = Ludien). La limite supérieure pourrait être celle des couches à ZLepidocyclina, le Burdigalien commençant seulement avec les assises à Miogypsina burdigalensis. M. M. Boule fait observer que les remarques présentées par M. H. Douvillé, sur le passage de l’Éocène à l’Oligocène dans la région des Pyrénées, peuvent s'appliquer à toutes les périodes géolo- giques, car les coupures n’ont malheureusement été faites par les géologues que sur les points où il y a des lacunes, alors qu'aux mêmes moments la sédimentation se continuait sur d’autres points. M. Haug estime quil serait dangereux de baser les classifi- cations géologiques sur un bassin unique et rappelle que la limite inférieure de l'Oligocène a été fixée au début de la grande trans- gression qui a affecté non seulement l'Europe septentrionale mais encore d'autres régions. Le désaccord que M. H. Douvillé signale entre les coupures fondées sur les discordances et celles qui ont pour base les changements de faunes s'explique si l'on admet que les apparitions soudaines d’animaux marins eryptogènes ont lieu, non au début des phases positives, mais au moment où les trans- gressions atteignent leur maximum. C’est alors que, par suite de l'établissement de nouvelles communications, des échanges de faunes s’opèrent entre des bassins précédemment séparés. M. Haug croit néanmoins qu'il convient de placer les coupures stratigra- phiques au début des invasions marines qui amènent la submer- sion graduelle des aires continentales. C’est le seul moyen de ne pas aboutir à une classification géologique qui serait sans cesse en contradiction avec les divisions traditionnelles établies dans l'Europe occidentale par les fondateurs de la stratigraphie. À moins d'admettre, pour certains moments de la durée géolo- gique, un cosmopolitisme absolu des espèces, ce qui est bien difli- cile, M. Boule pense que la présence des mêmes espèces de fossiles, 342 SÉANCE DU IS AVRIL 1904 en des points très éloignés les uns des autres, entraîne plutôt l’idée que les terrains renfermant ces fossiles ne sont pas absolument contemporains, car les migrations étendues ont dû exiger beaucoup de temps. M. P. Termier présente les observations suivantes au sujet d'une note de M. C. Diener, professeur de géologie à l’Université impériale de Vienne, intitulée « Nomadisirende Schubmassen in den Ostalpen ». Cette note vient de paraître au Centralblatt für Min., Geol. und Pal., de Stuttgart (volume de 1904; p. 161-181). « Du ton même de la note de M. Diener, je ne dirai rien, sinon qu'il m'a surpris. J’ai été souvent contredit, mais jamais de cette façon. Quand M. Diener aura entre les mains mon mémoire — qui va paraître au dernier fascicule de 1903 du Bulletin de notre Société ([4], LIL p. 711) —, il verra quel est mon respect pour les savants qui ont traité, avant moi, des Alpes orientales. Je ne demande, certes, qu'à discuter : mais je réclame, pour cette dis- cussion, la courtoisie dont j'ai toujours donné l'exemple, et à laquelle je crois avoir droit. «M. Diener me reproche de ne pas apporter de preuves suflisantes en faveur de la complexité de la Schieferhülle. Qu'il veuille bien ‘prendre patience un mois encore, et juger de la valeur de mes arguments, non pas sur le résumé. nécessairement trop sucecinct, que j'en ai donné dans mes notes à l’Académie des Sciences, mais sur l'exposé complet de ces arguments, tel qu'il pourra le lire au premier chapitre de mon mémoire. Peut-être, alors, la coupe du Wolfendorn à la Weissespitze lui paraîtra-t-elle plus démons- trative. [Il verra, en tout cas, que l’on ne doit pas écarter, comme il Le fait, l’intercalation calcaire du Schlüssel Joch, et se contenter de dire que c’est là un accident sans importance. « J'avoue n'avoir pas compris l’objection tirée du fait de la plongée nord des assises, dans la région située au nord du Zillertal. La Schieferhülle est, pour moi, un paquet de plis couchés les uns sur les autres, paquet ployé lui-même, dans les Hohe Tauern, en une vaste voûte. Au nord des Hohe Tauern, ce paquet plonge vers le nord, et dès lors il prend l'apparence d’une série isoclinale déversée vers le sud. Au sud des Hohe Tauern, dans l’ensemble, la Schieferhülle plonge vers le sud. Qu'importe le renversement, tout local, des gneiss du Tuxer Kern sur les schistes du Pfitschtal ? Que M. Diener veuille bien regarder les coupes récemment publiées à travers les pays de nappes les plus authentiques : il comprendra que ce n’est pas nécessairement dans le sens de la pente des couches qu'il faut regarder, pour voir la racine des plis. SÉANCE DU 18 AVRIL 1904 343 « L'objection tirée des lambeaux transgressifs de Trias (Rettelwand, Tarntaler Kôpfe, Radstädter Tauern) n’est pas plus embarrassante. M. Diener trouvera, dans mon mémoire, tout un paragraphe consacré à ces lambeaux, qui sont, pour moi, des lambeaux de recouvrement, des témoins d’une nappe supérieure à la plus haute nappe de la Schieferhülle, et qui sont eux-mêmes, en plusieurs endroits, recouverts d'assises plus anciennes que le Trias. Je transforme l’objection en argument. Et après avoir lu ce même paragraphe, M. Diener pourra sans doute ne pas m'accorder sa créance, mais il ne se demandera plus pourquoi je parle de l’allure lenticulaire des phyllites du Pinzgau et des gneiss de l'Œtztal. é « Pour les autres régions des Alpes orientales, je n’ai pas d’ob- servations personnelles qui me permettent d'affirmer que, au nord d'une certaine ligne de racines, rien n’est en place. Si j'ai conclu ainsi, c'est par une série de déductions, et parce que, dansles tra- vaux analytiques, je n'ai pas rencontré une seule objection sérieuse à cette nouvelle manière de voir. Si j'ai mal raisonné, M. Diener — après la lecture de mon mémoire — voudra bien me dire où mon argumentation pèche. Mais de s’exclamer sur l’audace qu'il y a à prétendre qu'à Eisenerz tout soit en nappes, cela ne sert de rien. « Renversant les rôles, je critiquerai volontiers l'expression créée par M. Diener, nomadisirende Schubmasse, pour traduire notre mot nappe. M. Diener ne semble pas être au courant de l’évolution qui s'est produite, depuis quelques années — depuis la découverte, par MM. Marcel Bertrand et Ritter, des plis cou- chés du Mont-Joli —, dans les idées de l’école française, surtout sous l'influence de M. Kilian. Nos nappes, ce sont, en général, des plis couchés qui ont atteint, ou dépassé, l'horizontale. Je crois toujours qu'il y a eu, par dessus le paquet des plis couchés, une masse animée d'un mouvement de translation: c’est le traîneau écraseur. Je crois aussi qu'il peut y avoir des lames de charriage. Mais les nappes des Alpes orientales me semblent être, presque toutes, des plis couchés, empilés et reployés : la nomadisirende Schubmasse, qui est probablement passée sur elles, a disparu sans laisser aucun témoin. « Enfin, je ferai remarquer que, si je suis hardi, M. Diener l’est peut-être davantage. Il ne veut pas admettre la possibilité de l'existence de nappes dans les Alpes orientales. Il s’en tient à ce qu'il a dit dans son dernier livre, à savoir que tout, dans ces Alpes, est en place, ou à peu près® Et cependant, en vingt endroits 344 SÉANCE DU I8 AVRIL 1904 de ce même livre, il a parlé de l'insuffisance des observations et de l'incertitude des renseignements: et, en le lisant, on voit de reste que, dans son esprit, la Zentralzone est demeurée obscure, imprécise, et même chaotique. Et, d'autre part, il a sous les yeux les mémoires de M. Lugeon et de M. Douvillé sur les Alpes suisses, et les coupes du Simplon récemment publiées par M. Schardt, et bien d’autres mémoires. En vérité, je le trouve téméraire ». M. Léon Bertrand, en son nom personnel et au nom de M. Mengel, présente les observations suivantes relatives à une coupe du syn- clinal d'Amélie-les-Bains, prise à Reynès, qu'a donnée M. Roussel dans la séance du 4 juin 1903 (B. S. G. F., [4], ILL, p. 385) et à certains faits aflirmés par lui au sujet de cette coupe. Dans celle-ci, M. Roussel supprime complètement l’importante masse de gypse exploité, située dans le flanc nord du synclinal, et la comprend purement et simplement, dans la légende, sous la rubrique «3, Marnes et calcaires du Maëstrichtien et du Danien »; par une méthode qu’il a déjà employée ailleurs, il substitue ainsi aux faits observables une interprétation discutable, sans que sa coupe porte la trace des faits sur lesquels peut porter la discussion. Notre confrère affirme, en outre, à la page précédente, qu’un banc fossilifère à Ostracées du Maëstrichtien «existe à Reynès, jusque dans les carrières de gypse »; mais une observation un tant soit peu attentive des lieux, sans idée théorique préconçue, montre avec évidence que le banc en question ne se rencontre en place qu'au-dessus de la masse de gypse, que nous persistons à consi- dérer comme triasique. Dans tout le bassin d'Amélie, il existe une transgression bien caractérisée des couches supérieures du Crétacé, qui reposent en ce point directement sur Le Trias; mais au village même de Reynès, il existe déjà des lambeaux de couches présentant le faciès habituel des assises supérieures au Trias, cargneules et calcaires infraliasiques, et ces couches forment une couverture continue aux mêmes gypses, à Céret, avec une succes- sion rigoureusement identique à celle qu'on observe aux environs de Palalda, dans le même synclinal, et d’Estagel, dans les Cor- bières méridionales. Un autre point de la coupe de M. Roussel, qui serait d’un grand intérêt s’il était confirmé, est l'existence de granulites tertiaires à Reynès; mais nous n'avons pu voir qu'une granulite incluse dans le Primaire (qui renferme là sur les deux bords du synclinal des calcaires semblables) et qui se trouve en fragments à la limite du Crétacé et du Primaire, soit sous forme de galets inclus dans la SÉANCE DU 18 AVRIL 1904 345 base du premier, transgressif sur le second, soit provenant d’une brèche de friction mécanique produite par le chevauchement du Primaire sur le flanc sud du synclinal, que figure d’ailleurs M. Roussel. Je ferai encore remarquer, pour terminer, que le bord nord du synclinal présente, dans la tranchée de la route qui aboutit à Reynès, un chevauchement extrêmement net du Primaire sur les gypses triasiques, tandis que notre confrère figure un contact à peu près vertical en ce point. Le synclinal d'Amélie est donc là très nettement chevauché sur ses deux bords par sa bordure de terrains primaires. SUR LES TERRAINS PLIOCÈNES ET QUATERNAIRES DU BASSIN SOUS-PYRÉNÉEN par M. M. BOULE J'ai publié, en 1895, un mémoire sur lé plateau de Lannemezan et les alluvions anciennes des vallées de la Garonne et de la Neste (Bull. des Services de la Carte géol., t. VI, p. 447) dont voici les conclusions principales : La terrasse inférieure de la vallée de la Garonne, à Saint- Gaudens, se relie nettement, par l'intermédiaire d’un câne fluvio- glaciaire, aux moraines quaternaires de la région. Son âge est nettement indiqué par de nombreux fossiles de la faune à Elephas primigenius. La terrasse supérieure, à éléments plus altérés, date probable- ment du Quaternaire inférieur, La surface du plateau de Lannemezan est recouverte d’un manteau d’alluvions à très grands éléments. La plupart de ces éléments ont disparu par décomposition ; ont seuls résisté de nombreux blocs de quartzite, eux-mêmes très altérés. Cet immense dépôt alluvial représente des cônes de déjections torrentielles édifiés à la sortie de vallées anciennes, dont la direction concor- dait à peu près, au moins en amont, avec celles des grandes vallées actuelles. Son âge est compris entre le Quaternaire le plus ancien et le Miocène supérieur. M:Michel-Lévy, ayant bien voulu me consulter pour la confec- tion. de la nouvelle carte au 1/1.000.000 de cette région, m'a appris / 346 M. BOULE que d’autres collaborateurs du Service considéraient la formation du Lannemezan comme un simple faciès torrentiel de la molasse miocène. D'un autre côté j'ai été surpris de voir que, dans la feuille au 1/80000 de Toulouse, les alluvions des hauts plateaux étaient indiquées comme pléistocènes par M. Vasseur. J'ai profité des vacances de Pâques pour faire une excursion dans la région comprise entre Toulouse et les Pyrénées. Je suis parti de la terrasse inférieure de la vallée de la Garonne à Tou- louse et me suis élevé sur les plateaux qui dominent tous les pays environnants. Et là j'ai reconnu tout de suite les caractères topo- graphiques et pétrographiques de la formation du Lannemezan. J'ai fait la même observation un peu plus près des Pyrénées, aux environs de Rieumes, et enfin je suis arrivé à Montréjeau sans jamais quitter cette formation. Il n'est pas douteux, pour moi, que les alluvions des plateaux, aux confins de la Haute-Garonne et du Gers, sont simplement la continuation très amincie de la formation du Lannemezan, c’est-à-dire le bord du cône de déjec- tion. Cette même alluvion ancienne est donc regardée par certains géologues comme miocène près de la chaîne et comme pléistocène un peu plus loin. En réalité, les nouvelles observations que j'ai faites viennent à l’appui demes premières conelusions. La formation du Lannemezan est indépendante de la molasse miocène ; elle en est différente au point de vue stratigraphique comme au point de vue pétrogra- phique. Elle est en rapport avec une topographie plus jeune que la topographie miocène. Enfin elle repose sur les couches fossili- fères d’Orignac, qui datent du Miocène supérieur et qui, elles, peuvent être rattachées à la partie supérieure de la molasse. Au cours de cette excursion j'ai fait une observation nouvelle me permettant d'affirmer que si l’alluvion ancienne des plateaux sous-pyrénéens est plus jeune que le Miocène supérieur, elle est plus ancienne que le Pléistocène tout à fait inférieur. J'ai visité, sous la conduite de MM. Cartailhac et Posthume, l'explorateur et l'inventeur de ce curieux gisement, la grotte de Montmaurin dont j'ai parlé ici[B.S.G.F., (4) IL p. 205] et que j'ai décrite plus lon- guement dans L’Anthropologie (t. XIII, p. 305). J’ai pu me rendre compte que, conformément à mes prévisions, la petite et pitto- resque vallée, dans laquelle s'ouvre la grotte, a été creusée à travers le manteau d’alluvions anciennes à quartzites du plateau de Lanne- mezan et que, par suite, la faune du Quaternaire tout à fait infé- rieur : Machairodus, Rhinoceros Mercki, Hyæna striata, ete., que renferme la grotte, est plus récente que ces alluvions. E- PLIOCÈNE ET QUATERNAIRE SOUS-PYRÉNÉENS 347 En résumé, je persiste à croire que la formation du Lannemezan est indépendante de la molasse miocène; qu'elle est d'âge pliocène et j'ajoute que cette formation, loin d’être localisée aux abords de la chaîne, s'étend fort loin en diminuant d'épaisseur, et se continue par les alluvions des plateaux de la région de Toulouse. RÉSULTATS PALÉONTOLOGIQUES ET STRATIGRAPHIQUES DE L'ÉTUDE DES LÉPIDOCYCLINES par MM. Paul LEMOINE et Robert DOUVILLÉ Les auteurs présentent à la Société un mémoire : sur les Lépido- cyclines. Dans ce mémoire ils précisent la diagnose et figurent plus com- plètement des espèces anciennes, insuffisamment connues : L. Man- telli Morton; ZL. dilatata Michelotti; Z. marginata Micht; Z. sumatrensis Brady; L. Verbeeki Newton et Holland. Ils ont dû faire en outre un certain nombre d’espèces nouvelles. L'étude minutieuse de ces espèces a été faite au moyen de coupes micros- copiques ; ce que l’on sait de leurs conditions de gisement et de leur répartition géographique, a conduit aux résultats suivants : I. Les gisements qui nous paraissent les plus anciens contien- nent des formes toutes analogues : ce sont des individus minces et jamais pustuleux (Z. Mantelli à la base; Z. dilatata, L. sp. au sommet). M. Dall en Amérique et M. Sacco en Italie signalent l’association de ces espèces avec des Nummulites vraisemblable- ment stampiennes ; M. Sacco en particulier considère la Z. dilatata comme tongrienne. Nous n’avons jamais observé personnellement de telles associations. IT. Dans les gisements que nous considérons comme immédia- tement supérieurs, les grandes formes cessent de prédominer. On trouve une énorme quantité, non seulement d'individus, mais encore d'espèces et de variétés. Les espèces pustuleuses consti- tuent les 3/4 de la faune : ce sont de petites formes mégasphériques (L. sumatrensis) ; de petites formes couplées (L. Verbeeki) ; des . Paul LEMoINE et Robert Douvicré. Sur le genre Lepidocyclina Gümbel. one de la Société géologique de France, PALÉONTOLOGIE, t. 2, fase. 2, 42 p., 3 pl. — Paris, 1904. Prix : 10 frs. 348 P. LEMOINE ET R. DOUVILLÉ formes moyennes microsphériques à embryon spiralé analogue à celui de Miogypsina, mais un peu plus petit (L. marginata). Cependant on retrouve encore à ce niveau, en Espagne et à Madagascar, de grandes formes du groupe de Z. dilatata:(L. sp.) qui, en coupe tangentielle, commencent à montrer des piliers. IIT. Succédant à ces couches, vient une série de gisements d’où toute grande forme a disparu et où la faune est uniquement com- posée de petites formes généralement mégasphériques. Les formes grandes et moyennes ont disparu définitivement et Miogypsina apparaît, bien qu’encore rare. M. Schlumberger a signalé l’asso- ciation de Miogypsina et de Lepidocyclina à Saint-Etienne d'Orthe ; M. Henri Douvillé l’a observée à Abbesse, près Dax. Ces deux localités se trouvent dans les Landes, mais M. Sacco a signalé aussi depuis longtemps ces deux genres dans l’Aquitanien (compris dans le Miocène des auteurs italiens) des « Colli Tori- nesi », près de Turin. Les Lepidocy clina semblent bien être localisées dans les couches par lesquelles débute la transgression miocène et qui sont posté- rieures aux couches à véritable faune nummulitique. C’est à ces couches, bien développées en Aquitaine, que M. Mayer-Eymar a donné le nom d’Aquitanien. Cette transgression, qui débute par l’Aquitanien, semble géné- rale dans toutes les régions géosynelinales ; elle a été mise en évidence surtout par M. Haug; l’un de nous a montré son carac- tère de généralité sur tout le pourtour de l'Océan Indien. Le passage aux couches burdigaliennes se fait au contraire d’une facon insensible. En ce qui concerne particulièment le groupe de Foraminifères (Orbitoïdés), étudié ici, les Miogrpsina, après avoir coexisté avec elles au début, remplacent peu à peu les Lepidocyclina; il semble que le passage se fasse par les formes microsphériques. Donc, s’il y a des raisons stratigraphiques pour séparer le Stampien de l’Aquitanien, il n’y en a aucune de véritablement importante pour mettre une limite entre l’Aquitanien et le Burdi- galien. Il semble donc logique, conformément à ce que font beau- coup d'auteurs étrangers et à ce qu’a indiqué M. Fallot, dès 1893, de ranger l’Aquitanien dans la partie inférieure du système miocène. Les relations paléontologiques des différentes formes de Lépi- docyclines semblent assez nettes. ÉTUDE DE LÉPIDOCYCLINES 349 Des formes sans piliers (L. Raulini) sont peu à peu remplacées par des formes à piliers peu développés (L. dilatata Micht.), puis à piliers extrêmement nets (ZL. marginata Micht.); ces dernières formes paraissent être les ancêtres de Miogypsina. Les petites formes pustuleuses du groupe de Z. Morgani. sont bien à part et ne paraissent pas avoir de relation de parenté facile à voir avec les grandes formes. Elles commencent du reste presque en même temps qu'elles (Saint-Géours-en-Maremmes), mais sont alors peu développées. Cette évolution s’est poursuivie parallèlement en Europe et en Amérique ; les espèces américaines (Z. Mantelli, L. Chaperi, L. Canellei) représentatives des espèces européennes correspon- dantes (ZL. Raulini, L. dilatata, L. Morgani) présentent toutes un caractère commun dans l'organisation de la loge embryonnaire, spéciale aux formes d'Amérique. M. M. Boule demande à MM. Lemoine et Robert Douvillé de vouloir bien indiquer comment a pu être établie la superposition des trois groupes de ZLepidocyclina dont il vient de parler. MM. P. Lemoine et Robert Douvillé répondent : En aucun pays nous n'avons observé à la fois la superposition des trois assises dont nous parlons. Généralement deux seule- ment dans chaque région ont eu un développement suflisant pour frapper les observateurs. Nous n'avons donc pu être amenés que de proche en proche à la notion de ces trois zones de l'Oligocène marin. 1°) Superposilion stratigraphique des couches (11) aux couches (). — Dans l'Italie du Nord les couches (1) à Z. dilatata et (ID à L.marginata sont bien développées en plusieurs points (1, Molere ; Belforte et Dego en Piémont, selon Michelotti; Il, Turin, Rosi- gnano). Les premières sont considérées par les auteurs italiens comme du Tongrien et de plus sont associées au poudingue de base de l’Oligocène. Les secondes sont considérées par les mêmes auteurs comme franchement miocènes (Elveziano = Burdigalien pro parte). 2°) Les couches (ID sont zoologiquement plus récentes que les couches (IT) ainsi que le prouve, d'une part, la disparition complète des formes du groupe de ZL. dilatata, encore représenté par des mutations dans les couches (II) à Z. marginata; d'autre part, l'apparition de Miogypsina, genre qui ne prend tout son dévelop- pement qu'à partir du Miocène (Burdigalien). Nous ne nous considérons pas comme autorisés à établir, quant 350 SÉANCE DU 18 AVRIL 1904 à présent, un synchronisme entre ces trois zones et les étages distingués jusqu'ici dans l’Oligocène. M. G. Dollfus regretterait de voir une classification générale s'établir sur le seul rapprochement de quelques grands Foramini- feres. Il est loin de nier les services qu'a déjà rendus et que rendra encore l'étude des Nummulites, des Orbitoïdes, etc.; mais il ne peut s'empêcher de rappeler que les petits Foraminifères sont de très mauvais fossiles, on les indique de tous les terrains et de tous les pays indifféremment; depuis longtemps on sait qu'ils sont en contradiction avec ce que nous savons de la distribution de tous les autres animaux qui sont au contraire localisés dans le temps et dans l’espace. Comme la délimitation entre les grands et les petits Foraminifères est d'autre part fort incertaine, il vaudrait mieux dire qu'il paraît y avoir parmi eux de bons genres réelle- ment cantonnés stratigraphiquement, et de mauvais genres «ubi- quistes » ; mais cette distinction même ne saurait être indiquée a priori et entraine d'autres études. Il appelle donc l'attention la plus sérieuse sur la détermination des ZLepidocyclina de Madagascar comme se rapportant au L. WMantelli de l'Alabama ; il faudrait avoir d'autre part présent à l'esprit que les seuls animaux actuels communs à Madagascar et à la Floride sont justement quelques petits Foraminifères. MM. R. Douvillé et P. Lemoine répondent à M. Dollfus : a) que la L. Mantelli de Madagascar ne peut se différencier de la Z. Man- telli de l'Alabama en coupes verticales ou équatoriales,; b) que l'on ne connaît du reste de Madagascar que des formes micro- sphériques; c) que les formes de Madagascar sont un peu plus petites que celles de l'Amérique, sans doute par suite de carac- tères de race. Madagascar et l’Alabama sont d’ailleurs jusqu'ici les deux seules localités où l’on rencontre cette espèce, l'espèce citée en Aquitaine sous ce nom étant différente. Séance du 2? Mai 1904 PRÉSIDENCE DE M. P. TERMIER, PRÉSIDENT M. P. Lemoine, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président annonce la mort de M. Léon Dru, qui dirigea pen- dant de longues années l'entreprise de sondages créée par Mulot et actuellement entre les mains de notre confrère M. René Arrault. Léon Dru coopéra en 1880 à la mission du capitaine Roudaire dans les Chotts tunisiens ; il fut chargé deux ans plus tard d’une mission au Caucase dont les résultats géologiques ont été exposés dans notre Bulletin de l’année 1884. Léon Dru était membre à vie de la Société depuis 1869. Deux présentations sont annoncées. Le Président présente, de la part de M. Depéret, un supplément au 1°’ fascicule de la « Monographie des Pectinidés néogènes de l'Europe », publié dans les mémoires de la Société. Le Président donne communication d'une circulaire de M. Ém. Haug relative à l’ouverture d’une souscription destinée à réunir les fonds nécessaires à l’acquisition d’une concession perpétuelle et à l'érection d'un modeste monument au cimetière d’Aix-les- Bains, où a été inhumé notre très regretté et éminent confrère Munier-Chalmas. M. Roussel présente les observations suivantes : Le compte-rendu de la séance du 18 avril 1904 contient (voir : ante p. 344) des critiques de M. Léon Bertrand relatives à la note que j'ai publiée dans le Bulletin de 1905, page 383 et suivantes. A ces critiques, je ferai la réponse suivante : L'Ostrea Verneuili existe à la base même de la série gypsifère de Reynès et de Céret, au contact du Primaire, et c’est en faisant des fouilles pour l'extraction du gypse qu'on a mis à nu les cal- caires où je l’ai observée. De ce que M. Léon Bertrand ne l’a pas aperçue, il n’en résulte pas nécessairement qu'elle n’existe pas. Le banc dont il parle est très probablement celui de l'Ostrea vesicu- laris qu’on retrouve tant à Amélie-les-Bains qu'à La Muga, non point au-dessus de l'étage gypsifère, maïs vers la partie moyenne ou la partie inférieure de cet étage. Le vrai Trias, que j'ai été le pre- mier à signaler à Amélie-les-Baïns, à Palalda, à Montbolo, n’est pas 352 SÉANCE DU 2 MAI 1904 représenté à Reynès et à Céret, et le gypse de Montbolo, de Palal- da, de Cliquette, de Reynès et de Céret n'appartient pas au Trias, mais au Maëstrichtien transgressif. Du reste, ce dernier étage existe à quelques pas de là, dans le versant espagnol, où il commence dans la vallée de la Muga et se prolonge tout le long de la chaîne pyré- néenne jusqu'aux environs de Bilbao où j'ai pu le suivre cette année. Partout il présente, par endroits, des marnes rougeûtres, avec des gypses et mêmé, très souvent, des lignites comme en Provence. Partout il est fossilifère et absolüment distinct du Trias dont la composition est tellement différente qu'il est. impossible de confondre les deux étages. Aussi les géologues espagnols les ont-ils partout distingués l’un de l’autre. Le Maëstrichtien se pro- longe même avec ses principaux caractères jusqu'à Biarritz et les environs de Bayonne, où M. Léon Bertrand ne l’a pas distingué, de même qu'à Amélie-les-Bains, du vrai Trias pourtant largement représenté dans la région avec ses caractères typiques. Quant aux granulites d’âge tertiaire de Reynès, M. Léon Ber- trand n’a pas dû certainement en retrouver le vrai gisement, car les caractères qu'il attribue à celles dont il parle n’ont rien de commun avec les caractères des granulites que j'ai signalées. Les granulites de M. Bertrand traversent, en effet, le Primaire ou sont sous forme de galets à la base du Crétacé. Or, celles que j'ai observées sont en grands typhons et traverseni les marnes rouges. et les calcaires à Bulimus gerundensis qu’elles ont fortement métamorphisés, et elles ne présentent nulle part ces fameuses brèches de friction qu'on invoque toujours en pareil cas. La gra- nulite de Reynès est l’un des plus beaux exemples de granulite récente qu'on puisse citer dans les Pyrénées et seules les granulites de Latour et de Betchat, que j'ai également fait connaître dans la note précitée, peuvent y être comparées. Je maintiens donc tous les faits que j'ai cités parce qu’ils sont certains et obserpables. M. Léon Bertrand, en réponse aux critiques de M. Roussel, se borne à maintenir l'exactitude des faits qu'il a signalés à Reynès, dans la coupe, d'emplacement précis, qu'il a donnée dans la der- nière séance. M. Roussel paraît croire à une confusion des argiles rouges du Crétacé terminal avec le Trias ; ce n’est nullement le cas et la puissante masse de gypse que je rapporte au Trias, d'accord avec M. Mengel, est nettement inférieure au Maëstrichtien à la carrière même de Reynès et tout à fait distincte des marnes rouges en question. D'ailleurs, la succession d'assises gréseuses et cal- caires, sans gypse, que M. Roussel vient d'indiquer comme le SÉANCE DU 2 MAI 1904 353 faciès constant du Trias pour les Pyrénées, en se basant sur les environs de Barcelone, n’est nullement le faciès habituel sur le versant nord des Pyrénées, là où la stratification régulière entre le Primaire et le Rhétien permet de l'établir avec certitude. M. Léon Bertrand expose quelques faits relatifs à la tectonique de la région au sud-ouest de Saint-Girons, sur laquelle M. Carez a publié récemment une note accompagnée d’une carte géologique SAC, (G); UT PI). L'axe triasique qui arrive au nord-ouest du château de Moulis, venant du N.N.E., c'est-à-dire de la direction de Montégut, s’infléchit progressivement vers le sud comme le Lias et la Dolomie jurassique de Moulis et traverse la vallée du Lez, au-delà de laquelle il se poursuit, avec une direction sensiblement sud-est et d'une façon à peu près continue, jusqu’à Alos, où il se montre au pied même du village, du côté nord-est, dans une tranchée de la route. Cette direction N.0.-S.E. est la direction normale des plis du Secondaire dans cette région ; elle se retrouve à Engomer sur les deux rives du Lez, marquée au nord de la vallée par une bande de dolomie jurassique descendant des pentes de Larroque jusqu’en face du village, et au sud par la direction d’un axe triasique accompagné d'Infralias et de Lias inférieur visible à la sortie d'En- gomer, sur la route de Loutrein. Cette disposition, jointe à celle des calcaires urgoniens de la forêt de Larroque, qui présentent au- dessus d’Agert une allure synclinale avec renversement du bord méridional (qui correspond au déversement de l’anticlinal à axe triasique d'Agert que j'ai signalé antérieurement), m'avait fait admettre que les plis d’'Agert et de la forêt de Larroque traversent la vallée du Lez du nord-ouest au sud-est au lieu de rester sur la rive gauche et d'aller se raccorder avec le pli de Montégut, comme cela ressortait de la carte de M. Carez. J’ai eu la confirmation de cette hypothèse dans la découverte de plusieurs lambeaux syncli- naux de calcaires secondaires au sud du Lez, au milieu des schistes carbonifères avec multiples injections granitiques qui forment le bord septentrional du grand massif primaire de la forêt de Castillon. L'un de ces affleurements se rencontre au hameau d’Autère et au nord de ce hameau, jusque sur le versant nord du mamelon 584, dont la base est formée de schistes primaires granitisés; un autre affleurement de calcaires liasiques se retrouve au sud du précé- dent, au hameau d’Astien. Il y a donc là la trace d’au moins deux synclinaux, qui m'ont paru être nettement la prolongation des plis de la rive gauche du Lez. ; 4 Novembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 23. 354 SÉANCE DU 2 MAI 1904 En présence de ces divergences d'observations, M. Carez et moi avons fait récemment une course commune dans ces régions, qui nous a permis de vérifier et de compléter les observations que je viens de résumer et c’est en notre nom collectif que j'indiquerai sommairement l'interprétation suivante de la tectonique de la région très compliquée qui se trouve sur la rive nord du Lez, entre Agert et Alas à l’ouest, et Moulis à l’est. Cette région montre le resserrement très marqué d'un faisceau de plis provenant géné- ralement de l’ouest et du nord-ouest (et même du N.N.E. pour le pli-faille de Montégut) ; ce faisceau, d’abord très étalé, se resserre extrêmement après la traversée du Lez, entre le massif primaire de la forêt de Castillon et le grand pli couché de Moulis et de la crête de Surroque, déjà décrit par M. Carez et par moi, en prenant une direction uniforme au sud-est. D'ailleurs, les plus méridionaux de ces plis disparaissent rapidement par érosion complète du Secondaire, dont nous n'avons retrouvé au milieu du Primaire que les affleurements indiqués plus haut. D'autre part, nous avons eu aussi l’occasion d'observer certains faits intéressants pour la géologie générale des Pyrénées. Dans une précédente course en commun, nous avions observé, à l’est de la vallée du Salat, entre Aleu et Biert, une mince bande de schistes injectés et métamorphisés par du granite, et situés entre du Trias et des calcaires liasiques ; M. Roussel avait déjà signalé ces gra- nites en un point très voisin et il les avait considérés comme secondaires ; nous avions été aussi assez disposés à admettre cette interprétation à cause de la situation, en apparence régulière, des schistes en question. Mais dans notre dernière course, nous avons étudié, sur la rive gauche du Salat, à partir de Rogalle, une bande de schistes identiques aux précédents et qui paraissent bien nette- ment en être la prolongation directe ; ces schistes prennent là un développement formidable, avec les mêmes injections de granite, et le Sénonien repose, à Rogalle, directement sur cet ensemble et localement sur le granite, qui se montre tant en place au milieu des schistes qu’en blocs volumineux dans un conglomérat de base du Sénonien transgressif. Nous avons pu suivre les schistes en question (dans lesquels on a essayé d'exploiter quelques mauvaises ardoises auprès de Rogalle) sans interruption jusqu'à Alos et constater en outre que vers l’ouest, par suite du plus grand déve- loppement du granite, ils deviennent très métamorphiques et se relient manifestement au grand massif à noyau gneissique du Cap de Bouirech et du Castera (forêt de Castillon), bordé au nord et au nord-est par une auréole importante d’imprégnation granitique. SÉANCE DU 2 MAI 1904 355 Nous avons d'ailleurs suivi encore les mêmes schistes, toujours plus ou moins granitisés, d’Alos au Col de Portech, puis dans la vallée qui descend au Lez à Luzenac ; ils sont en continuité avec ceux qu'on trouve sous le Lias à Autère, puis à Loutrein et au sud de Cescau, c’est à-dire formant toujours la bordure du massif pri- maire de Castillon. Ces schistes sont d’ailleurs manifestement la prolongation du Carbonifère du versant sud de la Bellongue, avec lequel ils présentent une identité absolue. Nous avons, de plus, retrouvé les mêmes schistes au nord du Lez, où ils forment le noyau d’un dôme presque régulier de calcaiï- res liasiques à l’ouest de Pouech et au sud de Paracoch, dans l’axe d’un des plis du substratum de la forêt de Larroque. M. A. Guébhard présente trois Polypiers des parties inférieure et moyenne du Bathonien de la région de Grasse, que M. F. Koby a reconnus nouveaux et dénommés. L’un d’entre eux appartient au genre Stephanocænia qui n'avait encore aucun représentant jusqu'à ce jour dans le Jura moyen, et le second au genre Disco- cœnia qui n’était connu que par une seule espèce, également bathonienne, observée en Angleterre. M. Guébhard présente également un Maretia reconnu nouveau par MM. Lambert et Savin, parmi d’autres Echinides irréguliers, encore à l’étude, provenant de la mollasse burdigalienne des envi- rons de Vence (Alpes-Maritimes) ‘. 1. Voir B.S. G. F. (4). Il. Réunion extraordinaire dans les Alpes-Mariti- mes, 2° fascicule. RENSEIGNEMENTS ET RECTIFICATIONS SUR QUELQUES POINTS DE LA GÉOLOGIE DU POITOU par M. À. FOURNIER. 10 Dans sa « Note sur l’Infralias de la Vendée et des Deux- Sèvres », qui vient de paraître dans le dernier Bulletin :, M. Coss- mann «n'hésite pas à rapporter à l’Hettangien le gisement » de Sainte-Pezenne, sur l’origine duquel M. l'abbé Boone « a bien voulu demander son avis ». Le résultat des études de l’auteur vient singulièrement confirmer ma manière de voir, exposée à la séance du 21 mars 1887 et publiée dans le Bulletin de la Société à cette époque. L'observation des formes diverses rencontrées depuis l'ouverture des premiers tra- vaux d’extraction, c’est-à-dire dès 1880 environ, et leur détermi- nation m'avaient en eflet conduit à attribuer cette formation, reconnue en bien des points des Deux-Sèvres, à l’Hettangien ?. Le gisement en question, situé sur la rive droite de la Sèvre- Niortaise, près le Moulin d'Anne, commune de Sainte-Pezenne, au nord de Niort, repose sur des schistes siluriens (?) noirs, teintés X, sur la Feuille de Niort. Il est tous les ans un but d’excursion pour bien des géologues et, durant la Réunion extraordinaire de la Société géologique de France à Poitiers, en octobre dernier, M. Welsch y conduisit nos confrères. 2° Au sujet de cette réunion, je me dois de rectifier quelques appréciations critiques émises par M. G.-F. Dollfus, à l’occasion des terrains tertiaires de la Feuille de Bressuire, et parues dans le compte-rendu sommaire de la Réunion extraordinaire (n° 14-15, 1903). D'abord je ne vois pas que la Feuille de Bressuire, au moins, dans la partie qui me concerne, soit plus largement faite que celle de Niort, car si l’on met en contact le coin sud-est de celle-là avec le coin nord-est de celle-ci, il y a continuité parfaite en ce qui con- cerne les contours. Ensuite, les dépôts e*-b-c n’y sont pas indiqués simplement — dans une vingtaine de lignes de légende — «comme de nature diverse et d’origine indéterminée ». Mais, ce à quoi je ne puis DB SMNGENEEN(() AI np 107 1903 2. B. S. G. F. (3), XVI, pp. 124-125. SÉANCE DU 2 MAI 1904 357 surtout souscrire, c’est au classement, provisoire heureusement, de ces dépôts, que donne mon honorable confrère. Ceux marqués e* qui, ditil, surmontent le Bajocien d’une manière constante, sont, par lui, assimilés aux produits sur place de l’altération du Jurassique. Or les produits de l’altération sur place du Jurassique ne sont pas autre chose que mes argiles rouges pictaviennes ’, celles, précisément, marquées Ap', par M. Welsch sur la Feuille de Niort ; tandis que les dépots e** de la Feuille de Bressuire sont les mêmes que les terrains de transport des pla- teaux p de la Feuille de Niort. D'autre part, mes dépôts e*’ ne peuvent être de « véritables argiles à silex surmontant le Turonien », puisque ce sont des . sables qui, peut-être, reconnaissent un tout autre âge que le Tertiaire. Enfin, les dépôts e*° sont et restent encore, pour moi, d'âge indéterminé, et, peut-être, différents. Les gisements des environs de Monts-sur-Guesnes ne pouvant être identifiés avec certitude à celui du point 150, au sud de Tessonnières. J'estime donc, quant à moi, très prématurés et fort préjudi- ciables aux intérêts de la science, ces démarquages incessants que l’on fait subir à des formations trop peu étudiées encore. Je me suis contenté de les bien délimiter sur la Feuille de Bressuire et j'attends, des recherches futures, les documents qui serviront à fixer avec précision leur position stratigraphique. tr. A. Fournier. Études géologiques des lignes de chemins de fer du Poi- tou; II. Ligne de Paris à La Rochelle, 1893, p. 43 et 53. — Ip. Les maladies typhoïdes, l'hygiène et le sol en Poitou, juillet 1903, p. 42. NOTE SUR LE GENRE SPIROCYCLINA Munrer-CHALMAS ET QUELQUES AUTRES GENRES DU MÊME AUTEUR par MM. Ch. SCHLUMBERGER et P. CHOFFAT (PLANCHES IX et X). Dans la séance du 21 février 1837: notre regretté confrère Munier-Chalmas a fait une communication sur trois genres nou- veaux de Foraminifères qu'il avait découverts dans les couches moyennes à Hippurites (Sénonien) de l'étang de Berre ; il les dési- gnait sous les noms de Spirocyclina, Dicyclina et Cyclopsina et indiquait comme types Spir. Chofjati, Dicycl. Schlumbergeri et Cyclops. Steinmanni. Les diagnoses étaient un peu trop écourtées et malheureusement aucune figure ne les accompagnait. De plus la communication de Munier-Chalmas n’a pas été publiée dans le Bulletin de la Société géologique, et, confinée dans le Compte- rendu sommaire, est restée ignorée du public : il en est résulté de fâcheuses conséquences. En effet, M. Choffat ayant découvert dans les terrains du Por- tugal des Foraminifères qui lui paraissaient se rapporter aux genres signalés par Munier-Chalmas, les lui a communiqués et celui-ci les lui a renvoyés étiquetés les uns Spirocyclina, les autres Dicyclina. Tout le monde connaissait et rendait justice à la haute compétence de notre savant confrère et au talent remarquable qu'il déployait dans les préparations microscopiques des Forami- nifères, mais dans cette circonstance, soil par manque de temps ou faute d’avoir pu faire des sections, soit pour une autre cause, il a certainement commis une erreur. En effet, M. Choffat m'a récemment communiqué tout le matériel de Foraminifères qu'il a récolté en Portugal et aucun de ces fossiles ne peut être rapporté au genre Dicyclina. Néanmoins ces genres d’une légitimité dou- teuse ont fait leur chemin et ont été cités par différents auteurs : par M. Choffat dans ses travaux sur le Portugal ?, par M. Marcel 1. Compte-rendu sommaire des séances de la Soc. géol., 1885, n° 7, p. xxx. 2 1887. Sud du Sado, p. 276. — 1901. Limite entre le Jurassique et le Cré- tacique, p. 112. SUR LE GENRE SP/ROCYCLINA, ETC. 359 Bertrand ’, par M. Welsche, et enfin en 1902, par M. le Dr Egger *, de Munich. Cet auteur a publié dans les Annales de l’Académie des Sciences de Munich, un grand travail accompagné de nombreuses planches lithographiées, sur « la structure des Orbitolines ». Il en a profité pour étudier quelques fossiles des collections du Musée de Munich, entre autres de soi-disantes : Diceyclina du Portugal, des Spirocy- clina, Dictyopsella, Meandropsina. Malheureusement M. Egger s'était très insuffisamment documenté : il ne connaissait même pas les diagnoses de Munier-Chalmas, et a accepté pour exactes les étiquettes du Musée ; il en est résulté que son travail fourmille d'erreurs. M. Egger en a loyalement reconnu une partie dans une note supplémentaire. A la suite de cette publication, Munier-Chalmas a fait une nouvelle communication à la séance de la Société géologique du 16 juin 1902 *, dans laquelle il mentionne quelques-uns des genres qu’il avait créés en 1887, notamment les Dicy-clina. Il se rend aux obser- vations que je lui avais faites d’après l'examen de nombreuses coupes et reconnaît que les Dicyclina ne sont qu’une phase cycloï- dale des Cuneolina. Par la même occasion il revient sur la déter- mination qu'il avait donnée aux fossiles de M. Choffat et recon- nait s'être trompé en les nommant Dicyclina, mais pense qu'ils appartiennent à un autre genre pour lequel il propose le nom de Tberina ; maïs il n'avait pas ces fossiles sous la main, autrement il aurait certainement conclu que ces Dicyclina ne sont que le stade final des Spirocyclina, comme on le verra plus loin. Zberina tombe en désuétude. Tel est, en résumé, l'historique de ces quelques genres créés en 1887 par Munier-Chalmas et il prouve une fois de plus combien les auteurs des règles de la nomenclature ont eu raison d'imposer l’obligation d'accompagner d’une figure exacte toute création d’un genre nouveau. Grâce aux nombreux matériaux bien conservés que M. Choffat a récoltés dans les gisements du Portugal, nous pouvons aujourd’hui donner une description exacte et complète du genre Spirocyclina à la suite de laquelle nous donnerons les caractères et les figures nécessaires pour reconnaître les genres Dicyclina et Crclopsina. PERS AG HO) POXNEMDA2 Te 2. EGGErR, Der Bau von Orbitolinen. Abh. der K. bayer. Academie, I. Wissensch., II Ch., XXI, Bd. II. 3. Munier-CHaLMas. Sur les Foraminifères ayant un réseau de mailles polygonales, B. S. G. F. (4), IL, p. 349, 1902. 360 C. SCHLUMBERGER ET P. CHOFFAT 2 Mai SPIROCYCLINA Munier-Chalmas. 188. La diagnose donnée par Munier-Chalmas est la suivante : « Test s’enroulant en décrivant une spire plane. Ouvertures placées vers la partie supérieure de la spire. Une grande partie des autres caractères présentent la même disposition générale que dans les Dicyclina ». Il faut bien reconnaître que cette définition est un peu vague et pas très exacte en ce qui concerne la concordance des caractères de ces deux genres. Les Spirocyclina ont dans le jeune âge un plasmostracum com- posé de loges embrassantes en chevron se disposant en spirale comme dans les Cristellaria ou les Polystomella. Cet enroulement dure peu et les loges ne tardent pas à devenir simples comme dans Orbiculina tout en continuant la spirale, puis elles s’allongent, leurs extrémités se rejoignent, elles deviennent annulaires et dans leur complet développement constituent un disque circulaire. Toutes les loges, dès l’origine, sont subdivisées à l’intérieur par de nombreuses cloisons transversales partant de la partie concave mais n’atteignant pas la face opposée. Entre ces cloisons transver- sales on en aperçoit de plus courtes qui limitent à la face externe un fin réseau polygonal caractéristique. De nombreuses ouver- tures sont situées sur le bord circulaire de la dernière loge :. Les Spirocy clina sont dimorphes. Leur test est arénacé calcaire et l’on rencontre souvent à l’intérieur de petits Foraminifères qui ont été englobés. SPIROCYCLINA CHoFrFATI Munier-Chalmas. PI. IX et X. La figure 4 de la planche IX reproduit à un grossissement de 10 diamètres un tout jeune individu de la Spirocyclina Chojjati M.-Ch. de 1 millimètre de diamètre comprenant déjà une trentaine de loges *. Le bouton central est la partie cristellariforme de l’em- bryon. Dans un état de croissance plus avancé, au diamètre de 9 millimètres, les individus se présentent sous la forme représen- tée par la figure 3. Puis les loges deviennent circulaires, rejoignent leurs extrémités et produisent, parfois par leur rencontre, une 1. Ce réseau et les ouvertures du bord ne sont pas toujours faciles à reconnaître ; on y arrive aisément en immergeant pendant un instant le fossile dans de l’eau légèrement acidulée. 2. Il est fixé sur un plus grand individu. 1904 SUR. LE GENRE SPIROCYCLINA, ETC. 361 arête plus ou moins prononcée (fig. 2). Enfin à son complet déve- loppement, Spirocyclina devient un disque circulaire (fig. 1), et dans cet état on pourrait, à première vue, la confondre avec des genres analogues (Dicyclina, Cyclopsina). En examinant les figu- res I à 3, on constate que ces disques sont loin d’être plans, ils sont plissés, les loges chevauchent les unes sur les autres et il devient fort diilicile d'obtenir des sections nettes. En plan, les loges sont sectionnées à différentes hauteurs et dans les sections perpendiculaires au disque toutes les loges et leurs cloisons inter- nes sont recoupées obliquement. Les petits individus sont presque toujours de la forme A. Une section horizontale, dans le plan. d'enroulement (fig: 6) montre au centre une loge initiale sphérique d'environ 0,1 millimètre de diamètre autour de laquelle se dispo- sent en spirale une douzaine de loges subdivisées par leurs cloisons internes. Cet ensemble est entouré par des loges demi-circulaires qu'on aperçoit sur la droite de la figure. La figure 5 montre la section verticale de la forme A, dans laquelle les premières loges en chevron entourent la loge initiale, tandis qu'aux deux extré- mités de la figure les loges demi-circulaires se terminent sur les côtés de la coupe. La section horizontale (fig. 7) appartient à un individu de la forme B. La loge initiale est si petite qu'il est presque impossible de la faire ressortir dans les coupes et en photographie, maïs on constate que les loges spiralées du centre sont plus nombreuses et plus serrées que dans la forme A. Quelques-unes, sur la gauche de la figure sont assez nettement recoupées pour montrer les cloisons internes qui, n'atteignant pas la paroi opposée de la loge, établissent ainsi un canal circulaire faisant communiquer entre elles toutes les logettes d’un même cycle. Ces canaux circulaires se voient très nettement sur les bords de la figure 3 qui est la section verticale d’un grand indi- vidu de la forme B. Leur présence permet de constater que dans cet individu d’un diamètre de 13 millim. on peut compter 65 loges circulaires. Ainsi que je le disais plus haut, la disposition spirale des loges et leur chevauchement ont pour conséquence que les sections manquent beaucoup de netteté ; en revanche, certains caractères sont mieux accentués : ainsi dans le fragment d’une section plane représenté par la figure 9, les loges, dans la partie gauche de la figure, ont été effleurées par la section très près de la surface et on y voit très bien le réseau polygonal caractéristique de ce genre. Les plus grands individus atteignent la dimension de 15 à 19 millimètres de diamètre pour une épaisseur de 1/2 millimètre. 362 C. SCHLUMBERGER ET P. CHOFFAT 2 Mai Habitat. M. Choffat a récolté Spirocy-clina dans le Portlandien, au cap d'Espichel, à Almadena et à Zavial; dans l’Infravalangi- nien près de Luz Algarve ; à Charneca, Sabugo et au fortin du Guincho, en Portugal. Dans cette dernière localité ils sont en si grande abondance qu'ils forment à eux seuls la roche comme le montre la section de la Planche X. Munier-Chalmas les signale dans les couches sénoniennes de l’étang de Berre, et M. Welsche dans le Jurassique supérieur de Tiaret en Algérie. Avant eu l’occasion d'examiner les individus de toutes ces provenances et d'en faire des sections, je ne vois aucun caractère, sauf les dimensions, propre à les différencier et je les comprends tous sous la même dénomination spécifique de Spirocyclina Chofjati Munier-Chalmas. Dicyczina Mun.-Chal. 1885. Munier-Chalmas définissait son nouveau genre par la diagnose suivante : ! « Test discoïdal, présentant sur ses deux faces un réseau caracté- ristique formé de mailles arrondies ou carrées à parois minces, destinées à établir la communication avec l’intérieur des loges. Loges principales subdivisées très régulièrement en loges secon- daires par des cloisons rayonnantes et équidistantes et disposées concentrique- ment sur deux plans parallèles pour former deux cycles distincts de loges opposées. Plusieurs rangs de mailles régulières placées sur le pourtour du disque et correspondant aux ouver- tures ». Cette définition n'était pas tout à fait exacte et j'ai déjà indiqué, plus haut, que Munier-Chalmas a modifié son appréciation *. Les Dicyclina ne sont qu'une phase cycloïdale de Cuneolina et ne peuvent être admises que comme un sous-genre. Le test est discoïdal et composé de deux couches de loges cireu- laires opposées et très nombreuses qui enveloppent une loge embryonnaire sphéroïdale commune. Ces loges principales sont subdivisées par un grand nombre de cloisons rayonnantes et Fig. 1. — Portion de section transversale de Dicyclina, gross. 4o fois env. 1. Compte-rendu sommaire des séances de la Soc. géolog., 1887, n° 7, DES 2. Loc. cit., B. S. G, F: (4), IE, p: 39: 1904 SUR LE GENRE SP/ROCYCLINA, ETC. 363 équidistantes et constituent ainsi deux cycles distincts de loges opposées. Tout l'extérieur du test est recouvert d’un réseau carac- téristique de mailles arrondies ou polygonales, mais ces mailles ne correspondent pas avec l’intérieur des loges. Les nombreuses ouvertures sont situées au bord du disque à la rencontre de chaque paire de logettes. La figure demi-schématique A reproduit (à un grossissement d'environ 4o diamètres, une portion de la section transversale de la Dicy- clina Schlumbergeri Mun.-Chal. du Sénonien des Martigues. On y remar- que que, de même que dans les Cun- eolina ", les cloisons rayonnantes sont bordées par une crosse avec dentelu- res. À l'extrémité de cette crosse, on voit une ouverture qui fait commu- niquer entre elles toutes les logettes d’un même cycle. La figure 2 repro- Fig. 2. — Portion de section duit schématiquement au même gros- horizontale M de MDicyclina, sissement, l'aspect d’une partie de °° ou la section plane de la même espèce au dessus de la loge initiale. La Dicyclina Schlumber geri se rencontre dans le Sénonien de l'étang de Berre et dans le Cénomanien de l'Ile Madame. Elle atteint un diamètre de 30 à 55 millimètres. CyczLopsiNA Mun.-Chal. 1885. Je crois utile de reproduire la diagnose du genre Cy-clopsina qui n'a été publiée que dans le Compte-rendu de la séance de la Société géologique du 21 février 1885. « Loges disposées concentriquement sur deux plans parallèles, de manière à former deux cycles distincts de loges superposées et séparées par un plancher horizontal. Les loges d’un même cycle correspondent par des canaux. Ouvertures disposées sur deux rangs. Les deux autres caractères semblables à ceux des Cryclolina ». Il n'y a rien à changer à cette diagnose qu'à l'accompagner d’une figure pour justifier la création du genre. Les loges circulaires des deux plans ne sont pas subdivisées et leur contour externe est percé de nombreuses ouvertures qui les 1. SCHLUMBERGER. B. S. G. F,, (3), XXVII, 1899, p. 462. PI. VII. 36/4 C. SCHLUMBERGER ET P. CHOFFAT 2 Mai. font communiquer avec la loge suivante et pour la dernière avec l'extérieur. Ce sont en somme deux Cyelo- lina superposées. La figure schématique 3 représente une portion de la section perpendiculaire de la Cyclopsina Steinmanni Mun.-Chal. et n'exige guère d'autre explication. Fig. 3 Portion dela Le test est arénacé et grenu à l'extérieur. section perpendicu - Habitat. Couches supérieures du Séno- laire de Cyclopsina nien à Rudistes de l'étang de Berre. Céno- Senna nnE M CR en de llélle Madame! Gross.environ /ofois. Remarques sur la distribution géographique de Spirocyclina Choffati en Portugal et sur sa synonymie. En 1885, l’un de nous, décrivant le Crétacique des environs de Lisbonne, signala la présence de Foraminifères de grande taille qu'il attribua au genre Orbiculina en distinguant deux formes. L'une discoïdale, d'un diamètre atteignant 15 à 20 millim., habi- tant le Portlandien, recevait le nom de ©. Lusitanica, tandis que la désignation de ©. infravalanginiensis était attribuée à une forme irrégulière se trouvant en agglomérations dans l’Infrava- langinien où elle dépasse rarement un diamètre de 5 millimètres. Les échantillons ayant été communiqués la même année à Munier-Chalmas, il les déclara identiques à des échantillons de l'étang de Berre, qu'il se proposait de décrire sous le nom de Trematocyclina, désignation qu'il changeait l’année suivante contre celles de Dicyclina pour la grande forme et de Spirocy-clina pour la petite. (M. Schlumberger a reconnu que les deux formes appartiennent à une même espèce). De là toute une série de cita- tions qui n’ont pas de valeur paléontologique, puisqu'elles ne sont pas accompagnées de descriptions ou de figures, mais qu'il est utile néanmoins d'exposer, afin d'éviter les confusions auxquelles elles peuvent donner lieu. Dans cette liste, la première dénomination se rapporte à la grande forme. Orbiculina Lusitanica et Orb. infravalanginiensis Choffat 1885. Sys- tème crétacique du Portugal, p. 4. Trematocyclina (sans spécification) Choffat 1885, C. R. des travaux de la Soc. helo. des Sc. nat., 68° session, p. 23. 1904 SUR LE GENRE SPIROCYCLINA, ETC. 365 Dicyclina sp. et Spirocyclina sp. Munier-Chlamas 1887. C.-R.,S.G.F., p. xxx1. La désignation de Sp. Choffati s'applique à la forme sénonienne de l'étang de Caronte, que Munier-Chalmas croyait différente de celle du Portugal, mais que M. Schlumberger y réunit. Dicyclina Lusitanica et Spirocyclina infravalanginiensis Choffat 1387. Sud du Sado, p. 276. 1901, Limite entre le Jurassique et le Crétacique, p.121, 124 et 134. : Dicyclina Lusitanica et Spirocyclina infravalanginiensis Munier- Chalmas 1897. 1n Marcel Bertrand. B.S. G. F.(3), XXV, p. 721 (Crimée). Dicyclina Lusitanica Egger 1902. Der Bau der Orbitolinen, etc., p. 585, pl. VL fig. 3-5. Meandropsina Vidali Egger non Schlumberger 1902. Idem, p. 586, pl. ILI-VI. | 1berina Lusitanica Munier-Chalmas, 1902, B. S. G. F. (4), 1, p. 349. Spirocyclina Chofjati et Spir. infravalanginiensis Egger, 1902. Ergänzungen, etc... Sur le pourtour de la Serra de Cintra, le Portlandien (couches de Freixial) est formé par des calcaires noirs, très durs, à fossiles rares, que l’on ne distingue en général que par les sections lors- qu'on brise la roche, On peut y distinguer des Aptyxis, des Lamellibranches et des Spirocyclina de grande taillé, dont j'ai constaté la présence à 100 mètres au-dessous du toit. La disparition des espèces portlandiennes et l'apparition de Trigonia caudata, montrent que l’on est dans l'Infravalanginien ; mais la nature des calcaires n’a pas changé. Ces calcaires inférieurs dont la puissance varie de 14 à 23 m., n'ont jamais fourni de Spirocyclina, ce qui est d’autant plus curieux qu'ils reposent sur les calcaires portlandiens de même faciès, qui en contiennent, et sont recouverts par des lits marno-calcaires pres- que uniquement formés de Spirocyclina de petite taille. Cette division moyenne de l’Infravalanginien, désignée comme couches à Foraminifères, n’a que 6 à 7 mètres de puissance ; les Spirocyclina se montrent encore dans la division supérieure, mais y sont fort rares. Des affleurements de Portlandien et d’'Infravalanginien se trou- vent à Brouco et à Ollela, à cinq kilomètres à l’est de l'extrémité orientale de ceux de Cintra. Le Portlandien y est un peu marneux, et par conséquent plus fossilifère qu'à Cintra, il y contient les Spirocy clina de grande taille sur une épaisseur de 66 mètres, et les bancs infravalanginiens, à Spirocyclina de petite taille, en sont séparés par 23 mètres de calcaires analogues, à faune ana- logue, mais privés de Spirocyclina. L'Infravalanginien à Spirocy- clina atteint une puissance de 65 mètres. 366 C. SCHLUMBERGER ET P. CHOFFAT 2 Mai Beaucoup plus au nord se trouve un nouvel affleurement de la limite entre le Jurassique et le Crétacique qui s'étend depuis Alverca, au bord du Tage, jusqu'à l'Océan, au nord de Ribamar. Dans cette contrée, le caractère lithologique du Portlandien subit de grandes variations ; tantôt il y a prédominance de grès, généralement sans fossiles, tantôt de marnes ou marno-calcaires, ce qui est surtout le cas dans la partie orientale. La faune y est presque uniquement composée de Lamellibranches, mais les Spirocyclina de grande taille se trouvent pourtant d’un bout à l’autre de la ligne, quoiqu'ils y soient moins fréquents que plus au sud. Nous citons les localités suivantes : Arseno, près Alverca, Freixial, Villa-Franca-do-Rosario, Gradil, Santo-Aleixo et San- Domingo-de-Fanga-da-Fé. . L'Infravalanginien ne peut par contre plus en présenter, car il est envahi par l’ensablement, et si nous nous dirigeons encore plus au nord, c’est aussi le cas pour le Portlandien. La ligne précitée montre donc la limite septentrionale de l’extension des Spirocyclina. Le Tage n’est pas, par contre, leur limite méridionale, car c’est au contraire dans le Portlandien de la chaîne de l’Arrabida, prin- cipalement du cap d’Espichel, qu’on trouve les grandes formes en plus grande abondance et en meilleur état de conservation. La roche qui les contient est un calcaire dur, blanc ou grisâtre qui en montre de nombreuses coupes dans les cassures; mais ils se trouvent aussi entre les bancs, complètement détachés. La base du Crétacique étant formée par des grès grossiers, ne contient pas de fossiles. L’érosion a enlevé tous les dépôts de Portlandien et l’Infrava- langinien entre l’Arrabida et l’Algarve ; mais dans cette dernière contrée nous retrouvons les Spirocyclina ,dans les deux systèmes. Dans l’Algarve occidental, les dolomies représentant le Kimmé- ridgien sont recouvertes par une alternance de marno-calcaires et de calcaires à faune spéciale, que la comparaison avec l’Algarve oriental fait considérer comme Portlandien ’, contenant les deux formes de Spirocyclina (plages d’Almadena et du Zavial). La petite forme est abondante dans l’Infravalanginien à 2500 mètres à l’ouest de Luz, dans l’Algarve oriental. Elle y contient quelques échantillons qui pourraient, à la rigueur, être rapportés à la grande forme. 1. CHOFFAT. Recherches sur les terrains secondaires au Sud du Sado. Communicacoes etc., Lisboa, t. I, p. 273 et 275. 1904 SUR LE GENRE SP/ROCYCLINA, ETC. 367 En résumé, les Spirocyclina ont existé en Portugal, sur le pour- tour de la Meseta ibérique, dans le Portlandien, depuis l’Algarve jusqu'à la ligne Alverca-Ribamar, au nord de laquelle la mer ne leur offrait plus d'habitat favorable, par suite de son ensablement. Après une faible interruption, elles réapparaissent dans les mêmes contrées, lors de l'Infravalanginien moyen, mais leur extension est moindre et moins régulière, par suite de l’ensable- ment de cette assise dans l’Arrabida et au nord des aflleurements Cintra-Ollela. Au point de vue macroscopique, on peut distinguer deux for- mes : l’une qui a été citée comme Dicy clina Lusitanica se présente en disques plus ou moins réguliers, d’un diamètre moyen de 15 millim. ; elle ne se trouve bien caractérisée que dans le Portlan- dien, où les individus sont en général séparés les uns des autres. L'autre forme, distinguée comme Dicyclina infravalanginiensis constitue presque entièrement quelques bancs du Portlandien de l’Algarve, mais surtout de l'Infravalanginien. Sa taille est en général inférieure à 5 mill., quelques rares exemplaires atteignent 10 mill. (un seul en atteint 12) mais ils ne sont pas discoïdaux, comme le sont les exemplaires de même taille du Portlandien ; on croirait qu'ils ont été gênés dans leur croissance par la quantité de petits individus au milieu desquels ils se trouvaient. Dans l’Aptien (couches d’Almargem) nous voyons pourtant des lits for- més exclusivement de Orbitolina concava de petite taille, entou- rant des exemplaires de 30 mill. de diamètre (Orb. aperta Erman). M. Schlumberger ayant reconnu que ces deux formes de Spiro- eyclina appartiennent à une même espèce, on doit les réunir sous une même dénomination, mais la distinction de la grande forme fournissant un bon argument au stratigraphe, il y a lieu de les distinguer comme variétés. Nous aurons donc Sp. Chofjati var. Lusitanica occupant presque exclusivement le Portlandien, du moins dans sa forme type et Sp. Choffati var. infravalanginien- sis, limitée à l’Infravalanginien, sauf en Algarve. 368 SUR LE GENRE SP/ROCYCLINA, ETC. EXPLICATION DES PLANCHES PraAncne IX SPIROCYCLINA CHorraTi Munier-Chalmas Fig. 1 à 4. — Individus de différents âges (vue extérieure). Fig. 1 à 3 au grossissement de 3 diam. La fig. 4 est grossie à 10 diamètres. — Portlandien. Fig. 5. — Section verticale d’un individu de forme A, au gross. de 10 diam., provenant de Charneca, Portugal.— Infravalanginien Fig: 6. — Section horizontale d’un individu de forme A, au gross. de 10 diam., provenant de Charneca. — Infravalanginien. Fig. 7. — Section horizontale d’un individu de la forme B. au gross. de 10 diam., provenant de Charneca. — Infravalanginien. Fig. 8. — Section verticale d’un individu de la forme B, au gross. de 10 diam., provenant du Cap Espichel. — Portlandien. Fig. 9. — Fragment d’une section horizontale de la forme B, au gross. de 10 diam., provenant de Sabugo, Portugal.— Infravalanginien. PLANCHE X Section mince de la roche à Spirocyclina Choffati Munier-Chalmas, du fortin de Guincho, Portugal. — Infravalanginien. — Gross. : 12 diamètres Norte ne MM. Ch. Schlumberger et P. Choffat Bull. Soc. Géol. de France ANS Érie MINE PI (Séance du 2 Mai 1904) Clichés et Phototypie Soler et Cie Champigny-sur-Marne Spirocyclina Choffati Munrer-CHALMAS LRO MAMAN AE PERD SE CHU FALSE EURE UE EE Lo LR, Le HE LUS à ra OM 1 : 4 UT ; re c Al : E a 22 Nore pe MM. Ch. Schlumberger et P. Choffat RIVE ETES , 4me Série Bull. Soc. Géol. de France Champigny-sur-Marne Cliché et Phototypie Sohier et Cie Spirocyclina Choffati Munrer-CHALMAS ORIGINE DES CALCAIRES CRISTALLINS BRÉCHOÏDES ET DES DOLOMIES D'AGE JURASSIQUE ET CRÉTACÉ DES PYRÉNÉES par M. J. ROUSSEL. I. Origine des calcaires cristallins bréchoïdes. — La composi- tion de la série du Jurassique et du Crétacé inférieur des Pyrénées n’est pas aussi uniforme que celle du Trias et des terrains primai- res. En effet, suivant une zone qui s’étend, dans le versant nord, de la Méditerranée à la vallée de la Neste, en passant par Estagel, Montfort, Bessède, Prades (Ariège), Tarascon, Vicdessos, l’étang de l’Herz, Aulus, Seix, Portet d’Aspet, Le Cagire, Saint-Béat et Sar- rancolin, on observe que la série est principalement formée de marnes noires ayant un faciès particulier et de calcaires saccha- roïdes ou grossièrement cristallins, blancs, gris-jaunâtre, rosés ou noirs. Ces calcaires, le plus souvent, sont bréchoiïdes et formés de fragments anguleux, ayant le plus souvent un gros volume, agglo- mérés par un ciment, calcaire et cristallin comme les fragments. Et ceux-ci sont de toute couleur, c’est-à-dire blancs, gris, jaunes, roses noirs, comme les calcaires cristallins qui ne sont pas bréchoïdes. Dans cette zone, et de distances en distances, la masse de ces calcaires se différencie suffisamment et contient assez de fossiles pour qu'on puisse y reconnaître tous les étages du Lias, du Juras- sique proprement dit et du Crétacé inférieur tels qu'ils existent dans les zones voisines. Et dans les bassins de Tarascon-Ussat, de Saurat, de Massat et de Castillon, la formation, bien que faisant partie de la bande cristalline, n’est composée de dépôts cristallins que par points, et les calcaires cessent le plus souvent d’être bréchoïdes dès qu'ils ne sont plus cristallins. Je m'étais bien des fois demandé quelle était la cause de cette texture à la fois cristalline et bréchoïde lorsqu'une observation faite dans le Campanien de Campo (vallée de l’Esera, en Espagne), m'a mis sur la voie de sa découverte. En ce point, j'ai aperçu, coupés par la nouvelle route, des calcaires à Hippurites campa- niens transgressifs dont certaines couches sont formées de blocs remaniés, de façon que les Hippurites occupent les positions les plus diverses. Ces blocs ont été ressoudés par un ciment calcaire de même couleur, de sorte qu'on ne se douterait pas qu'on ait 7 Novembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 24 370 J. ROUSSEL. — CALCAIRES CRISTALLINS BRÉCHOÏDES 9 Mai affaire à un conglomérat si la position des fossiles ne l’indiquait et si parmi les blocs on n’apercevait de nombreux fragments d'ophite. IL est manifeste que là, à mesure que se formaient les calcaires à Hippurites, la mer les battait de ses flots comme aujour- d’hui les récifs de coraux, les détachait de leur support, les sou- dait de nouveau et avec eux les fragments d’une ophite voisine. Cette observation, jointe à d’autres, et des considérations d’un ordre différent permettent d'expliquer la texture cristalline et bré- choïde des calcaires de la zone dont il vient d’être question plus haut. Cette zone est celle que la mer a envahie de nouveau au commencement de la période liasique et néocomienne. La mer devait avoir là très peu de profondeur excepté dans la partie correspondant aux bassins de Tarascon, de Saurat, de Massat et de Castillon qui n’ont pu émerger à l’époque cénomanienne. De plus, dans cette zone, la mer était resserrée entre deux terres ’. Là, les calcaires cristallins se sont donc formés dans une sorte de long détroit ne communiquant librement avec la grande mer qu'à ses deux extrémités. Les eaux de cette sorte de Manche pouvaient donc se surchauffer dans les parties profondes seule- ment de quelques mètres. Or, on sait, d'autre part, que les eaux surchauffées perdent le pouvoir de tenir les gaz en dissolution et que ce n'est que par son anhydride carbonique que l'eau peut dissoudre le calcaire. Dans les parties surchauffées de cette mer s'établissaient nécessairement de faibles courants, des appels d’eau froide et lourde pour remplacer l’eau chaude et légère. A chaque instant, il pénétrait donc dans le détroit une masse de liquide tenant en dissolution une certaine quantité de calcaire qui se précipitait à mesure que l’eau se surchauffait et perdait son dissolvant carbonique. Et ce calcaire prenait la forme cristalline de même qu'aujourd'hui dans nos essais de cristallisation par voie humide. Mais dans les gouffres de Tarascon, de Saurat et de Massat, ou l'eau restait froide, la précipitation chimique du calcaire ne pouvait s'effectuer. Aussi, tandis qu'à l'étang de l’Hers la forma- tion cristalline a plusieurs milliers de mètres d'épaisseur, les assises synchroniques situées dans le bassin de Massat au voisinage immé- diat du précédent, n’ont que quelques mètres. Aux environs de Béssède et de Rodome, au pied du pic d’Ourthizet, existent deux ban. des de même âge et juxtaposées dont l’une est cristalline et l’autre ne l’est pas ; mais l'observation révèle que la première s’est formée sur le sommet d’une ride en voie d’émersion et la seconde au fond d’une dépression synclinale qui séparait cette ride d’un pli voisin. 1. B.S. C. G. F., XV, n° 97, pages 38 et suivantes, pl. IIT; 1904. 1904 ET DOLOMIES D’AGE JURASSIQUE DES PYRÉNÉES 371 Mais le long détroit où se formaient les précipités cristallins de calcaire n’était pas à l’abri de la tempête et les vagues soulevées remaniaient les dépôts en voie de formation et les transformaient en blocs qu’une nouvelle précipitation chimique de calcaire ne tardait pas à souder entre eux à la manière des calcaires à Hippu- rites de Campo. Les calcaires bréchoïdes sont donc des dépôts remaniés qui se sont formés dans une mer peu profonde et surchauffée, à mesure que se dégageait le dissolvant du calcaire. IT. Formation des dolomies. — Le calcaire bréchoïde d'âge sinémurien des Pyrénées s’est formé aux dépens des calcaires à plaquettes du Rhétien dont les fragments ont été agglomérés par de la dolomie. Or, à partir de cette époque et presque jusqu’à celle de l’Aptien exclusivement, il s’est formé, un peu partout, de vraies dolomies ou des calcaires dolomitiques plus ou moins bréchoïdes, et le Jurassique proprement dit est, dans les Pyrénées, l’âge de la Dolomie. Celie-ci est noire à l’air et apparaît, le plus souvent, constituée de fragments agglomérés par de la dolomie. Comme elle est stratifiée et que ses couches alternent avec des calcaires lithogra- phiques, il est manifeste qu'elle a pris sa forme actuelle au sein de la mer qui l’a formée. Or, si l’on considère que cette mer était presque fermée et probablement surchauffée à 60° ou 7o°, qu’à cette température le carbonate de calcium se précipite sous forme d’aragonite, qu'à la suite des grandes éruptions des âges précédents mille bouches étaient restées ouvertes dans les Pyrénées et vomissaient de nombreux principes minéralisateurs, que la mer était vraisemblablement surchargée de chlorure de sodium et de sulfate de magnésium, on trouve réunies toutes les conditions qui permettent à la dolomie de prendre naissance chimiquement. Dans nos laboratoires, en effet, à la température de 60° et en présence d'une solution saturée de chlorure de sodium, le sulfate de magné- sium réagit sur l’aragonite, de telle sorte qu'il se forme un carbonate double de calcium et de magnésium, c’est-à-dire de la dolomie, et du sulfate anhydre de calcium, c’est-à-dire de l’anhy- drite ‘. Aussi remarque-t-on que dans les amas de gypse de cette époque, qui sont parvenus jusqu'à nous, la partie située en pro- fondeur et a pu, par suite, rester à l’abri de l’eau, est sous forme d’'anhydrite. 1. Voir de LAPPARENT : Traité de géologie, page 338. SUR QUELQUES LAMBEAUX DE SABLES CRISTALLINS DANS LA RÉGION SUD-OUEST DU JURA par M. BOURGEAT. Il existe dans la région sud-ouest du Jura qui est arrosée par la rivière du Suran un certain nombre de lambeaux de sables cristallins, dont l’origine a préoccupé les géologues. Les lambeaux les plus anciennement connus sont, en allant du nord au sud : 1° Celui d’Andelot-les-Saint-Amour, qui se rencontre au voisi- nage du château ; 2° Celui du mont Charvet, au nord-ouest de la vallée de Drom; 3° Ceux du Petit-Corent et du Grand-Corent, sur la montagne qui domine au levant la gare de Simandre; 4° Celui de la grotte d'Hautecour ; 5 Celui qui s’observe entre Serrières sur l’Ain et le sommet de la colline de Mallaval ; 6° Celui qui se montre à Rignats, à quelques kilomètres au sud du contour que fait le chemin de fer pour aller de Villersver- sure à Bourg ; 7° Ceux du Charinaz, de Chiloup et de Leyssard. MM. Béroud et Victor Caron en ont aussi découvert en 1890, au nord de Vellechantria, entre ce village et le bourg de Saint- Julien, et J'ai souvenir d'en avoir trouvé moi-même un lambeau assez important à quelques centaines de mètres au sud de Germa- gnat. ent Tous ces lambeaux sont formés de quartz cristallin, qui est tantôt d’une blancheur parfaite, tantôt coloré en rouge par la présence d’un peu d'oxyde de fer. La plupart sont engagés dans des poches ou dans des fentes du terrain sous-jacent, et celui-ci est généralement le Jurassique supérieur, sauf à Charinaz, à Chiloup et à Leyssard, où il paraît être le Néocomien, d’après les auteurs qui les ont visités. Les altitudes auxquelles on les observe, et qui peuvent être de 50, 6o ou même 100 mètres au dessus des vallées avoisinantes, aussi bien que leur répartition dans des poches, avaient porté certains géologues à leur attribuer une origine éruptive hydro- thermale. C'était l’époque où la théorie des origines geyseriennes battait son plein. BOURGEAT. — SABLES CRISTALLINS 379 D’autres y ont vu un résidu de ravinement de la craie, dont les silex triturés auraient formé les sables en question. D'autres enfin ont eu la pensée de les rattacher à la Mollasse, qui se rencontre au pied du Jura et, en particulier, aux sables de Soblay. Je n’ai pas à critiquer ici l’une ou l’autre de ces opinions. Il faudrait pour cela avoir étudié avec soin tous les lambeaux de sables et avoir observé leurs relations avec les terrains environ- nants, ce qui n’est pas facile lorsque l'exploitation en a été abandonnée depuis quelques temps. Je ferai remarquer simplement d’abord que les silex de la craie triturés ne donnent jamais des fragments cristallins et transparents comme ceux de la plupart de ces lambeaux. J’ajou- terai ensuite que certains d'entre eux, tels que ceux du château d’An- delot, sont anté- rieurs à la Craie, car leurs assises inférieures ne £ - see contiennent au- cun silex de la Craie, tandis que Fig. 1. — Paroi d’une poche dolomitique contenant du sable cristallin à Petit-Corent. — A. Dolomies les supérieures en non quartzifères ; B. Dolomies quartzifères. sont chargées; comme si la Craie les avait recouverts et avait été ensuite dissoute à leur surface. Mais le point sur lequel je voudrais appeler surtout l'attention, est un fait que j'ai observé récemment à Petit-Corent et qui me semble de nature à éclairer d’un jour nouveau l’origine de ces sables. Lorsque je visitai, il y a quelques années, pour la première fois les poches sableuses du Petit-Corent je fus frappé de leurs relations avec les dolomies du Jurassique supérieur assez déve- loppées dans la région. En avril, repassant en ces lieux pour revoir les sables, j'ai eu l’avantage de tomber sur une poche en pleine exploitation au dessus du rocher qui domine la combe oxfordienne dans laquelle le village est abrité. Dans cette poche, J'ai vu du côté d’amont du sable blanc accumulé comme par un phénomène de ruissellement ; mais en aval, le sable était en place et se liait d’une facon très intime avec les dolomies avoisinantes. Celles-ci, en banes très-minces, étaient chargées de quartz cristal- 374 BOURGEAT. — SABLES CRISTALLINS, ETC. lins, qui tapissant la surface des bancs et qui même pénètrant dans leur intérieur, y déterminent des zones alternativement quartzeuses et dolomitiques comme l'indique la figure ei-jointe où les points représentent les grains de quartz. J’ai recueilli des échantillons de ces dolomies et je les ai traités par les acides. Ils m'ont donné comme résidu le sable cristallin. Dans cette poche tout au moins, le sable se montre manifeste- ment comme un résidu de dissolution de la dolomie quartzifère. Une partie — celle qui est liée intimement à la dolomie — serait en place ; une autre — celle qui semble accumulée par ruisselle- ment — aurait été entraînée d'en haut vers la poche, à mesure que celle-ci se formait par dissolution. En est-il ainsi pour toutes les poches qui sont creusées dans le Jurassique ? Je serais téméraire de le dire, mais plus j'ai étudié les dolomies du Jurassique supérieur, surtout dans la région de Saint-Claude, plus j”y ai trouvé de quartz transparents. Il s’y montre en gros rognons aux environs de Ravilloles, et en taches ou petits cristaux bipyramidés en beaucoup de points, surtout dans la combe de la Landoz, sur le nouveau chemin de Chaux-des-Prés et dans le voisinage de Cinquetral de la Rixouse et de Lezat. M. Girardot : l’a signalé, de son côté, dans la région de Pont-de-la- Chaux, où il forme parfois des lentilles de grès et où il est associé à quelques parcelles de gypse. Ne serait-ce pas ce quartz qui, abandonné par les eaux dans les conditions où les dolomies se formaient, expliquerait non seulement l’origine des sables cris- tallins dont il vient d’être question, mais aussi celle de certains quartz hyalins, tels que ceux qu’on observe dans le Gault du Jura, où ils ne peuvent provenir de l'érosion de roches primitives ou éruptives préexistantes. Assurément ce n’est pas là la seule origine des quartz transparents. Il s’en trouve en particulier dans certaines argiles, comme celles de Neuvizy qui semblent provenir de l’action des eaux sur le mélange de silice et d’alumine qui forme l'argile. Dans tous les cas, l’origine de ces sables ou rognons de quartz sera intéressante à suivre. I. B. S. G. F., (3), XIII, page 755. ee Séance du 16 Mai 1904 PRÉSIDENCE DE M. P. TERMIER, PRÉSIDENT M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président proclame membres de la Société : MM. Dominique Sangiorgi, docteur ès sciences, à l’Université de Parme (Italie), présenté par MM. Capellini et Marcellin Boule. Charles Jacob, agrégé des sciences naturelles, préparateur à la Faculté des Sciences de Grenoble, présenté par MM. W. Kilian et E. Haug. Deux présentations sont annoncées. Le Président, en annonçant l'entrée de M. Ch. Barrois à l’Aca- démie des Sciences, se fait l'interprète de tous les membres de la Société géologique, et adresse à M. Ch. Barrois ses très sincères et cordiales félicitations. M. Collot adresse à la Société plusieurs notes dont l’une, tirée des Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-l2ttres de Dijon, relate les observations faites dans un sondage pratiqué à Auxonne (Côte-d'Or). De la surface (cote 189 m.) à 13 m. de pro- fondeur, on est resté dans les alluvions anciennes de la Saône. Vers 57 m. le Pliocène a fourni Melanopsis Brongniarti Loc., Melanceolata Neum. var. trivortina Loc., Unio atavus Partsch. À 66 m. on est entré dans l’Aquitanien, avec Helix Ramondi, dont M. Collot n’a pu séparer les roches coupées jusqu’à 205 m. De là à 230 m. on semble s'être trouvé dans des produits de remaniement de la craïe ; on est ensuite entré dans des calcaires marneux blancs, rosés ou jaunâtres, tendres, avec quelques cristaux microscopiques de gypse. C'est certainement la craie cénomanienne, telle qu’elle affleure à Pontailler-sur-Saône. Le sondage a été arrêté à 28/ m. 50. Il aurait fallu aller 35 m. plus bas pour atteindre les sables de la base du Gault et encore ceux-ci étant très cimentés dans la région et peu épais, n'auraient sans doute pas donné l’eau convoitée. Quant à l’Astartien, où les promoteurs du sondage paraissent avoir compté trouver de l’eau, ce n’est guère que vers la profondeur de 444 m. quon l'aurait rencontré. Devant ces considérations le sondage a été abandonné. Le maximum d’eau obtenu a été 4 litres à la seconde, à condition de la pomper à 53 m. de profondeur. Spontanément elle montait à 2 m. 65 de l’orifice. : 376 SÉANCE DU I6 MAI 1904 Une autre note de M. Collot tirée du même recueil fait connaître les alluvions caillouteuses de l'Ouche coupées par les travaux du chemin de fer de Dijon à Épinac. A la gare de Fleurey on peut observer avec beaucoup de netteté la décalcification de la partie supérieure (Diluvium rouge ravinant le Diluvium gris!). Sous la gare de Velars, de la grande ligne, le cailloutis domine d’au moins 20 m. le fond de la vallée et a fourni une mâchoire de Castor qui ne diffère en rien d’essentiel de celle du Castor actuel du Rhône. M. Pervinquière présente à la Société un petit ouvrage qu'il vient de publier, intitulé: « Le Microscope polarisant. (Guide pratique pour les études élémentaires de cristallographie et d’op- tique) ‘ ». C’est la traduction de l'excellent Manuel du professeur Rinne, destiné à tous ceux qui sont appelés à se servir du micros- cope polarisant et qui n’ont pas eu le loisir de faire une étude approfondie de la cristallographie et de l'optique. Par conséquent, dans ce guide pratique les considérations sont réduites au mini- mum. Les quatre premiers chapitres consistent en un résumé rapide de la cristallographie ; pour faciliter la lecture, l’auteur et le traducteur ont ajouté les notations de Miller et de Lévy à celles de Weiss et de Naumann, seules employées dans l'édition alle- mande. Toute la deuxième partie de l'ouvrage est consacrée aux méthodes optiques. ÿ M. Albert Gaudry présente à la Société un manuscrit intitulé : « Fossiles de Patagonie, Dentition de quelques Mammifères »? et s'exprime ainsi : La Société sait que M. André Tournouër a entrepris einq fois différentes des fouilles paléontologiques en Patagonie. Il vient d'y retourner pour la sixième fois ; peu d’explorateurs ont donné la preuve d’une si grande suite dans leurs recherches. M. Tournouër a rapporté au Muséum des monceaux d’ossements appartenant à diverses époques de l'ère tertiaire. Malgré les ouvrages de plusieurs savants très habiles, notamment de M. Ameghino et de M. Lydekker, la détermination de ces fossiles nous a offert des diflicultés ; car non seulement ils appartiennent à des genres tout à fait différents des nôtres, mais encore ils indi- quent une marche d'évolution qui n’a pas été la même que dans l'hémisphère boréal. II y a notamment de nombreux genres où les molaires inférieures sont en croissants simples et où les 1. F. R. de Rudeval, Éditeur. Paris, 4, rue Antoine Dubois. 2. Mémoires de la Société Géologique de France, PALÉONTOLOGIE, t. XII, fascicule 1, 1904. SÉANCE DU 16 MAI 1904 377 molaires supérieures présentent des différences notables entre les- quelles on trouve d’insensibles transitions. J'ai proposé à mon ami M. Boule, surchargé d’occupations dans ses nouvelles fonc- tions, de déterminer les dentitions de ces animaux. Pour y parvenir, j'ai dû faire des dessins schématiques dans lesquels les caractères principaux ont été mis en relief. Comme ces dessins sont utiles au laboratoire de paléontologie du Muséum, il me semble qu'ils pourront l'être aussi à quelques-uns de nos confrères de la Société géologique ; c’est pourquoi je crois pouvoir vous les communiquer. Ils sont au nombre de quarante-deux ; ils ont été faits, d’après mes croquis, par un artiste distingué du Muséum, M. Papoint. J’en donne l'explication dans le mémoire que j'ai l'honneur de présenter à la Société géologique. La comparaison des figures montre qu’au milieu de toutes leurs variations, les dentitions sont restées distinctes de celles des ani- maux de l'hémisphère boréal. Les formes, loin d’être immobiles, ont été plastiques ; soumises aux fonctions, elles ont changé avec une facilité extrême, quand les animaux ont eu à remplir des fonc- tions nouvelles. M. G. Dollfus fait la communication suivante : J'ai eu l’occasion de voir il y a peu de jours, chez notre confrère M. Lippmann, une carotte extraite d'un forage profond en cours d'exécution à Carrière-sous-Poissy et l'ayant brisée j'y ai décou- vert un petit fossile fort intéressant, c’est le Pecten orbicularis Sow. (Mineral conchology, pl. 186). La roche est une argile sableuse, grise, dure, glauconifère ; la profondeur 462 mètres. C'est la Gaïze du Pays de Bray. La même couche a été atteinte au puits de La Chapelle à Paris, entre 647 et 682 m. de profondeur et j'y ai trouvé avec abondance le même fossile. Alcide d'Orbigny, qui l’a figuré dans la Paléontologie française, annonce qu'il va de l’Albien supérieur au Turonien; nous ne l’avons jamais vu aussi haut, c'est une espèce caractéristique, pour nous, du Vraconien, et je ne crains pas d'ajouter que dans les sondages il est souvent difficile de distinguer la Gaize de l'argile téguline du Gault. Ce Pecten orbicularis appartient à un groupe représenté dans la nature actuelle par de petites formes habitant les grandes profondeurs et dont M. de Monterosato a fait le sous-genre Palliolum. M. Roussel fait ensuite une communication relative aux marnes et aux schistes de la zone cristalline d’âge secondaire des Pyrénées. Cette zone est comprise entre la ride centrale et la ride de la montagne de Rahe et du Prat d’Albis, qui étaient émergées avant 378 SÉANCE DU 16 MAI 1904 la formation de l’Ordovicien, car celui-ci est rempli par endroits de conglomérats dont les éléments proviennent de ces rides et il se superpose en divers points et transgressivement sur les schistes cristallins ou les gneiss de l’Archéen de ces mêmes plis. En outre, ceux-ci sont restés émergés, du moins partiellement, pendant la période secondaire, car leurs formations de cet âge ont pour subs- tratum, dans une multitude de cas, l’Archéen ou le Primaire. Or, entre les deux rides est comprise la zone des calcaires cristallins d'âge secondaire dont j'ai expliqué le mode de formation dans la dernière séance de la Société. Mais ces calcaires n'existent pas seuls ; ils sont accompagnés de marnes ou de schistes noirâtres développés dont l'étude a donné lieu à des confusions. L’affleurement de ces schistes et de ces marnes commence à Bélesta-de-la-Frontière, près de la Méditerranée, et passe d’abord à Pézilla, Montfort, Gesse et Viart. Tout ce qui existe là avait été attribué à l’Archéen ou au Primaire, maïs j'ai reconnu que ces roches renferment les fossiles de l’Aptien et sont superposées aux calcaires à Réquiénies de Gincla, de Salvezines, de Bessède, etc. Cette formation pénètre dans le bassin de Tarascon et de Saurat où elle est fossilifère et se superpose aux divers étages du Crétacé infé- rieur et du Jurassique également fossilifères. On la retrouve dans le bassin de Massat et de Seix où elle prend un développement plus grand encore que ne le suppose M. L. Bertrand, car elle affleure partout. J’ai pu en étudier tous les contours et j'ai constaté qu’elle est tantôt superposée au Primaire, tantôt au Granite, tantôt au Jurassique. À Massat, elle vient au-dessus des calcaires à Réquié- nies dont une puissante lentille a été détruite, il y a une quinzaine d'années, pour l’empierrement des routes. Au-delà, elle passe par Alos où elle se superpose aussi à des calcaires pétris de Réquiénies ou à la dolomie du Jurassique. D’Alos cette formation marno- schisteuse se prolonge dans le bassin de Castillon et prend dans la Bellongue un développement considérable, C’est là qu'à Bala- guères je l’ai encore vue se superposer aux calcaires à Réquiénies et aux dolomies du Jurassique, et entre Balaguères et le pic de Gespy, après avoir passé le ruisseau, j'ai recueilli des Orbitolines dans les schistes mêmes. En ce moment, MM. Caralp, Carez et Léon Bertrand rapportent tout ce qui existe là au Carbonifère ; mais ce terrain en diffère complètement, ainsi qu'il est facile dele voir, car il existe près de ce point, à sa vraie place, sous le Trias, et il est même fossilifère, au Suc du col de Pouech. A Saint-Lary, la formation marno-schisteuse contient de belles ardoises exploitées. 1. Voir : ante, page 35. SÉANCE DU 16 MAI 1904 379 Au Piéjau elle renferme des calcaires coralligènes à Orbitolines. Au sommet du Gar j’y ai recueilli Plicatula placunea et Hoplites Dufrenoyi. Plus loin, elle forme les ardoisières de Lourdes qu'on a attribuées au Primaire jusqu'à ce qu'on y ait découvert les Ammonites de l’Aptien. Au-delà, à Ferrières, j'ai recueilii, cette année même, plusieurs exemplaires de l’A canthoceras Milletianum dans ces mêmes schistes ardoisiers et à partir de ce point j'ai pu les suivre ou les recouper un grand nombre de fois; je les ai vus se prolonger jusqu'aux environs de Saint-Jean-Pied-de-Port, et nulle part je ne les ai trouvés en rapport avec le Carbonifère qu'on observe partout à sa place, sous le Trias et à la suite du Dévo- nien, avec ses divers termes et ses fossiles caractéristiques. En réponse aux affirmations de M. Léon Bertrand contenues dans le dernier compte-rendu sommaire", M. Roussel dit qu'il a étudié le bassin secondaire d'Amélie et de Reynès un grand nombre de fois, qu'il a pu se rendre compte de l'allure des couches et ensuite découvrir là le Trias, le Jurassique, le Maëstrichtien et l'Éocène inférieur qu’on n’y avait pas encore signalés. Le Maës- trichtien est gypsifère à Amélie, à Montbolo, à Palalda, à Cliquette et il se distingue du Trias, représenté dans ces mêmes lieux, par ses formations et par ses fossiles. À Amélie même il en est séparé par toute l'épaisseur du Jurassique et du Campanien fossilifères. À KReynès aucune des formations du Trias n’est représentée et le Maëstrichtien, transgressif, la comme partout ailleurs dans le versant sud, se superpose directement au Primaire. Enfin, M. Roussel a pu étudier le Trias de la Catalogne et il l’a trouvé semblable à celui du versant sud et à celui du versant nord des Pyrénées. Sans discuter les théories exposées par M. Roussel, M. L. Carez se borne à préciser un point de fait. Ni M. L. Bertrand, ni lui-même, ne rapportent au Carbonifère les schistes du pic Gespy, ni ceux du flanc septentrional de la Bellongue, mais seulement ceux du versant méridional. 1. Voir : ante, page 352. LE GNEISS DANS LES PYRÉNÉES ET SON ‘MODE DE FORMATION par M. J. ROUSSEL Dans les Pyrénées, à la base de la série sédimentaire, on retrouve partout, quand cette base est visible, une grande masse de gneiïss ou de schistes cristallins. Ainsi, dans la partie nord du massif du Canigou, on observe, disposés les uns à la suite des autres : Gneiss glandulaire avec quelques rares lentilles de calcaire, 8000 m. Gneiss alternant avec des schistes et des calcaires cristallins sur- chargés d'oxyde de fer, 2000 mètres. Schistes cristallins à séricite, 3000 mètres. Schistes siliceux du Cambrien, 2000 mètres. Schistes ardoisiers et schistes et grauwackes à Orthis actoniæ de l’Ordovicien, 3000 mètres. Schistes carburés du Gothlandien, 500 mètres. Calcaires de Dévonien, 1000 mètres. Schistes et calcaires du Carbonifère, 1000 mètres. Dans le massif de la Haute-Ariège, la ride centrale des Pyré- nées présente une masse de gneiss dont la partie visible a une épaisseur d'environ 20 kilomètres et au-dessus de laquelle vient une série semblable à celle du Canigou. Dans la montagne de Tabe et celle du Prat d’'Albis, qui se dressent aussi dans la Haute-Ariège au nord de la ride centrale. Dans la ride du Raz Mouchet située au sud de Céret et d'Amélie, et dans celle de l’Albère, on observe des faits analogues. Or, dans tous ces afileurements, le gneiss est sous la forme lenticulaire. Ceïte disposition montre qu'il n'existe pas partout à la base des formations sédimentaires, et c’est ce qu’on observe en effet. Dans tous les lieux que je viens de citer, on voit le gneiss dispa- raître brusquement et céder la place à des schistes cristallins. Par exemple, dans la vallée de la Noguera de Cardos, la ride centrale des Pyrénées ne présente, à la place occupée par le gneïss dans les vallées voisines, que sept à huit mille mètres de schistes cris- tallins. Le gneiss des grands massifs dont je viens de faire l’énumération présente tous les caractères des gneiss typiques. Il est gris ; son mica est noir ou blanc et toujours plus ou moins nettement disposé LE GNEISS DANS LES PYRÉNÉES 381 suivant des surfaces parallèles entre elles, ondulées ou bouclées par la formation des cristaux de feldspath et de quartz. Le parallélisme du mica n'est pas le seul caractère de ces gneiss : il est, en outre, nettement divisé en strates plus ou moins épaisses qui diffèrent les unes des autres par la grosseur du grain, la richesse en mica, le développement plus ou moins accentué de la cristallinité, la présence ou l’absence des cristaux de feldspath ienticulaires, la présence ou l’absence d’éléments étrangers, etc. Cette division en strates est surtout très nette dans la partie la plus inférieure et, par suite, la plus ancienne de la formation. A la partie supérieure, le parallélisme du mica est moins mani- feste, le gneiss passe au granite, à la granulite, à la pegmatite, et, dans certaines parties de l’Archéen, on ne voit plus que des nappes de granite, de granulite et surtout de pegmatite alternant avec des schistes cristallins. Ceux-ci sont ordinairement luisants, satinés, sériciteux avec écailles de mica blanc visibles à l’œil nu ou à la loupe. Ils sont presque partout riches en minéraux, et dans cer- tains cas, ils renferment des grains de quartz et passent ainsi au micaschiste. Toutefois, les vrais micaschistes n'existent qu'excep- tionnellement dans les Pyrénées aussi bien dans la région des gneiss que dans celle des schistes cristallins. L'observation montre qu’à tous les niveaux de la formation des gneiss existent quelques rares lentilles de schistes cristallins talqueux, chloriteux ou amphiboliques, ou de calcaires cipolins. Nous venons de voir qu'à la partie supérieure, les schistes eris- tallins alternent avec les gneiss. De plus, dans la masse de ceux-ci, on observe des inclusions de schistes incomplètement digérés. Partout, le gneiss est sous forme de lentilles, partout il finit en coin dans les schistes cristallins. Et aux points où il se termine ainsi, on remarque qu'il alterne, à plusieurs reprises, avec les schistes cristallins qui pénètrent d’un côté dans la masse des gneiss, tandis que, du côté opposé, ceux-ci pénètrent dans la masse des schistes. C’est ce qu'on observe dans tous les affleurements, mais principalement dans la haute vallée du Soulcen, l’une des sources du Vicdessos. Et tous ces faits prouvent que les gneiss et les schistes cristal- lins des Pyrénées sont synchroniques. La carte géologique montre que le gneiss appartient aux mêmes lieux d’affleurement que le granite, bien que les deux roches ne se pénètrent pas mutuellement. L'une et l’autre sont cantonnées prin- cipalement dans cette ride centrale dont il a déjà été question et qui occupe à elle seule le cinquième de la chaîne. Cette ride est 382 J. ROUSSEL 16 Mai remplacée dans la partie orientale des Pyrénées par les plis du Canigou, du Raz-Mouchet et de l’Albère et ce sont ceux-ci qui se remplissent alors de gneiss. Un autre lieu d'affleurement du gneiss et du granite est cette ride dont la montagne de Tabe et celle des Trois Seigneurs forment les points culminants et qui s’étend de la Méditerranée à l'Océan. Dans ces lieux, le gneiss et le granite s’'implantent à la manière d’un coin dans la formation sédimen- taire qu'ils refoulent de part et d'autre, avec cette différence que le gneiss ne traverse que les schistes cristallins tandis que le granite apparaît à travers toutes les assises primaires. Le gneiss des Pyrénées affleure donc dans les mêmes lieux et d’après le même mode que le granite. Il contient comme lui des schistes incomplètement digérés et alterne avec des cipolins, des schistes talqueux, chloriteux ou amphiboliques, avec de vrais schistes cristallins dans lesquels il ne forme que d'immenses lentilles. Dans sa partie supérieure, il devient granitoide ou pegmatoïde. Et cependant:on a affaire à du vrai gneiss placé à la base de toutes les formations. On a bien des fois essayé d'expliquer l’origine de cette roche, mais sans y parvenir, et la théorie actuellement en faveur est la plus inadmissible. À quel chimiste semblera-t-il rationnel, en effet, que deux roches telles que le granite et le gneiss, formées des mêmes éléments, ne différant pas sensiblement dans bien des cas, et souvent passant l’une à l’autre, aient été formées, l’une par voie sèche et l’autre par voie humide au sein d’un liquide dans lequel le principal des éléments, la silice, est insoluble ? Il est vrai que jusqu’à ces derniers temps, on a cru que le granite était fondamental au même titre que le gneiss; mais on sait aujourd'hui que ce dernier seul est ancien et que les granites les moins récents sont post-carbonifères. Quelle est donc la roche éruptive de la période archéenne, de cette époque où l'enveloppe de la terre n'étant qu’une mince pellicule devait crever partout sous l'effort du contenu ? Ne serait-ce pas le gneiss ? Mais d'où vient dès lors que les éléments de cette roche soient, jusqu’à un certain point, stratifiés. Voici l'explication suggérée par l'étude de son mode d’affleurement et des conditions physiques et chimi- ques de son mode de formation. Dès que notre globe s’est trouvé individualisé sous forme de sphère, ses métaux lourds se sont portés vers le centre et ses métaux légers vers la surface. L'hydrogène, le plus léger de tous les éléments, a gagné la zone externe de l'atmosphère et n’a pas tardé à s’y combiner avec une 1904 LE GNEISS DANS LES PYRÉNÉES 383 certaine quantité d'oxygène. Et l'atmosphère s’est trouvée d’abord formée par toute la vapeur d’eau ainsi produite et dont on peut évaluer la pression à 500 atmosphères. Mais l'atmosphère primitive renfermait non seulement cette vapeur ; mais encore tout l'oxygène qui a servi à l'oxydation de la partie solidifiée de notre globe. On peut évaluer le poids de cet oxygène à la moitié de celui de la croûte terrestre. Or, le poids de celle-ci, dont l’épaisseur n’est pas moins de 40 kilomètres et la densité 2,5, est très considérable. Il en faut une épaisseur égale n °0- 76 X 13,6 [a — 4 m. 1344 pour peser autant qu'une couche de 2,h mercure de o m. 76 ou que l’atmosphère actuelle. Done, la croûte 8 SL PONE 40000 Del dt terrestre pèse autant que Fe 9990 atmospheres, dont la moitié , c'est-à-dire 4995 atmosphères équivaut à la pression primitive de l'oxygène. Et, si à ce nombre on ajoute les 500 atmosphères repré- sentant la pression de la vapeur d’eau et le nombre, assez diflicile à calculer, mais considérable pourtant, provenant des fluorures, des bromures, des iodures, des sulfures, des carbures, etc., primiti- vement à l’état de vapeur, on arrive au total d'environ 6.000 atmos- phères. Et comme le poids de l’atmosphère actuelle sur un déci- mètre carré est égal à 13,6 X 7,6 = 103 kg. 36, il en résulte que la surface primitive de notre globe recevait par décimètre carré une poussée égale à 103,36 X 6000 — 620160 kilogrammes. Sous cette grande pression, les gaz de l'atmosphère primitive et la vapeur d’eau, dont le point critique est 370°, étaient comprimés, au contact du magma, jusqu'au point où ils cessent d’obéir à la loi de Mariotte, et ont une densité aussi grande qu'à l’état liquide et une force de pénétration telle que dans la cheminée des volcans actuels ils se mélangent intimement à la lave, tiennent en suspen- sion les cristaux en voie d’accroissement, divisent la masse en une multitude de particules et forment ces nuées ardentes qui vont se disperser au loin sous forme de cendre. L'atmosphère primitive, presque uniquement formée d'oxygène -et de vapeur d’eau, pénétra donc profondément, en se dissociant, dans le magma sous-jacent. Les corps légers, maïs peu volatils tels que le silicium, le carbone, le potassium, le sodium, le cal- cium, le magnésium, l'aluminium furent d’abord brülés. [’anhy- dride carbonique passait dans l’atmosphère et en augmentait le poids, tandis que l’oxygène disparaissait sous forme d'oxyde. Et la réserve d'oxygène, dans le magma, était sans cesse renouvelée aux dépens de celui de l’atmosphère. Il se formait ainsi une quan- tité considérable de silice, de silicate d'aluminium, de potassium, 384 J. ROUSSEL 16 Mai de sodium, de magnésium, de calcium, et tous les éléments du granite se trouvèrent constitués. Le magma ainsi composé se maintenait très chaud sous l'influence de la chaleur développée par l’action chimique même, et il formait autour de la terre une pellicule mince d’abord, mais dont l’épais- seur ne tarda pas à devenir considérable. La réserve d'oxygène devint dès lors difficile à renouveler, l'oxydation fut moins active ; le refroidissement devint rapide, la masse liquide prit d’abord l’état pâteux propre aux silicates et puis se solidifia. Dès que la température de la croûte terrestre ainsi formée se fut abaïissée à 370°, l’eau put se maintenir liquide au contact du sol et commencer son rôle d'agent de sédimentation. D'autre part, la couche de silicates, d’abord solidifiée, ayant un coeflicient de dilatation moindre que le magma resté à l’état liquide, il en résulta que ce magma, en se refroidissant, se con- tracta plus fortement que son enveloppe, et celle-ci, maintenue par son propre poids et par celui de l'océan et de l’atmosphère au contact de son substratum, dut se plisser. Ce plissement a eu pour effet d’abord de faire plonger dans le magma sous-jacent, qui put sans doute la refondre de nouveau partiellement, une partie de la croûte déjà formée, et, fait impor- tant, de refouler vers la partie anticlinale des plis primitifs le magma graniloide plus léger que le magma lourd inox)dé ou peu oxydé, car les liquides se superposent par ordre de densité. Mais la formation des plis s’accompagne généralement de cas- sures par où s'échappent les roches éruptives. Et ces cassures se produisent principalement dans les zones de faible résistance de l'écorce terrestre, condition qui se trouvait surtout réalisée en de nombreux points quand la croûte solide était encore peu épaisse et imparfaitement solidifiée. Par les cassures d’abord produites, la matière granitoide sous- jacente pouvait s'échapper sous forme de nappe, tandis que les deux flancs du pli anticlinal s’affaissaient sous leur propre poids et sous la pression provenant de l’océan et de l'atmosphère. La masse qui s’échappait ainsi était surchauffée et par suite s’'épandait en nappes minces. Elle avait assurément la tempé- rature du rouge blanc ; maïs il suffit de celle de 370° pour que la vapeur d’eau ne puisse prendre l’état liquide malgré la pression. Au contact de la masse éruptive, la vapeur d’eau passait done à l’état de caléfaction ou se dissociait quand la température était suffisamment élevée. La masse gazeuse ainsi formée refoulait les eaux avec d'autant plus de facilité que sous l’influence de la pres- 1904 LE GNEISS DANS LES PYRÉNÉES 385 sion, elle avait pris une densité aussi grande que celle du liquide juxtaposé. Il se formait à la surface de la terre des taches incandescentes semblables à celles qu'on observe actuellement à la surface de Jupiter en voie d’encroûtement. Le magma éruptif s’entourait donc d'une atmosphère de vapeur et de gaz comprimés. Or, l'expérience montre que ceux-ci ne peu- vent maintenir en suspension des substances minéralisantes ; mais que sous l’influenee de la pression, ils ont le pouvoir de pénétrer intimement la masse fluide. Donc, à l’époque archéenne, dès qu'une nappe granitoïde s’épan. dait, elle s'entourait d’une atmosphère très dense, qui la pénétrait intimement aussitôt, produisait en sens inverse du mouvement de la nappe un courant gazeux qui suflisait pour déterminer l’orien- tation des lamelles de mica déjà formées, parallèlement à la direc- tion du courant, et quand survenait la cristallisation du quartz et du feldspath, ces lamelles se juxtaposaient suivant des surfaces ondulées. Le quartz lui-même s’alignait dans une certaine mesure à la facon du mica, et dans beaucoup de cas, les cristaux de feld- spath ne pouvant qu'imparfaitement se développer prenaient la forme lenticulaire qu’on observe dans les gneiss amygdalins. Mais si quelques parties de ce magma échappaient à l’action des vapeurs, elles restaient granitoïdes, et l’on observe aujourd'hui que le gneiss passe au granite. Cependant, à peine une nappe de gneïss s’était-elle constituée qu'une nouvelle nappe faisait éruption et la vapeur agissait sur celle-ci comme sur la précédente et ainsi de suite. Et c’est ainsi qu'en certains points il a pu se former en peu de temps d'énormes massifs gneissiques, tandis qu'ailleurs il ne se déposait que de minces couches de schistes cristallins. Le phénomène ne s’est ralenti que lorsque la réserve du magma silicaté intumescent sous la voûte anticlinale a commencé à s’épuiser. Dès lors, dans l’inter- valle de deux éruptions, il a pu se former sur la dernière nappe .éruptive une couche de schistes cristallins ou de cipolins assez épaisse pour échapper à l’action digestive de la nappe suivante et l'on voit les gneiss alterner avec les schistes cristallins. Bientôt même l'eau de la mer primitive s’est trouvée trop refroïdie pour que le phénomène de la caléfaction ait pu se produire avec une intensité suflisante ; la vapeur n’a pu agir efficacement et l’on voit des nappes de leptynite, de granulite, de pegmatite ou de granite alterner avec les formations sédimentaires. Et dès que l’ère d’érup- tion s'est trouvée close, il s’est formé la masse de schistes cristal- lins qu’on retrouve au-dessus des gneiss. 7 Novembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 25. 386 J. ROUSSEL. — LE GNEISS DANS LES PYRÉNÉES Mais le magma granitique accumulé dans la partie anticlinale des rides primitives n’a fait éruption que dans les régions assez plissées pour que des ruptures aient pu se produire. Partout ailleurs, ce magma est resté intumescent, et plus tard, quand sont survenus les grands soulèvements de la fin de l’ère paléozoïque, il a fait éruption partiellement et a constitué ces grands massifs granitiques dont l'étendue ne le cède point à celle du gneiss, et qu'on ne retrouve que dans les rides où celui-ci a des affleure- ments. Ces massifs sont disposés de telle sorte qu'ils sont, dans certains cas, juxtaposés à ceux du gneiss ; mais ne les traversent pas. Quand le granite a fait éruption, il était sous forme de masses énormes, à l’état pâteux et à demi cristallisé. Aussi la vapeur d’eau n'a-t-elle pu le pénétrer que sous une petite épaisseur où le granite passe au gneiss. Dans certains cas cependant, les nappes se sont trouvées assez minces pour être entièrement transformées et l’on a affaire à des gneiss éruptifs récents. Mais le granite s’est le plus souvent introduit en masses énormes et sous forme de coin entre les couches sédimentaires qu'il a profondément métamorphisées et refoulées de part et d'autre. Le gneiss, au contraire ne s'est généralement épanché que sous forme de nappe et ses affleurements n’ont la forme lenticulaire que parce qu’il est formé d'assises qui diminuaieni en étendue à mesure que s'épuisait le magma cristallin leur servant de source. FLORES DES TUFS DU LAUTARET (H“-Alpes) & D'ENTRAIGUES (Savoie) par M. P. FLICHE En 1894, M. Kilian a publié, dans les Comptes Rendus ' de l’Académie des Sciences, une note consacrée à des tufs calcaires situés à proximité du Lautaret. Il en signalait trois gisements, sur lesquels deux lui avaient fourni de nombreuses empreintes végétales. Dans l’un, il avait remarqué de nombreux restes d’un Pin qui, à un examen sommaire, avait paru être le P. sylvestris ; dans l’autre, encore en voie de formation, il avait remarqué un nombre très considérable d'empreintes de feuilles de Saules : De l’ensemble des conditions du gisement, ilavait tiré cette conclusion que ces tufs ne devaient pas être très anciens, que cependant recouverts en divers points par des dépôts morainiques, ils étaient au moins dans leurs parties les plus vieilles, antérieurs au moment où le glacier de Combeynot abandonna définitivement, en se retirant, le col du Lautaret. M. Kilian faisait, en outre, remarquer l'intérêt que présentait la découverte d’une végétation forestière à une altitude à laquelle elle fait défaut aujourd'hui. Depuis la publication de sa note, M. Kilian a bien voulu me confier, pour les étudier, les empreintes végétales recueillies, par lui, au Lautaret, y joindre des empreintes provenant également de tufs, des environs d’'Entraigues en Savoie, d'âge malheureusement aussi un peu indécis. Je vais exposer les déterminations d'espèces végétales que j'ai pu faire, établir les caractères de la végétation qu'elles nous révèlent, comparer celle-ci à celle qui existe aujour- d'hui dans les mêmes localités et chercher les conclusions, assez hypothétiques d’ailleurs, qu’on en peut tirer relativement à l’his- toire de la flore. Tuis du Lautaret. Je commencerai par les tufs du Lautaret; ceux des deux prove- nances renferment une grande quantité de moules ou d'empreintes d'organes végétaux ; cependant, les plus récents, ceux qui contien- nent, en abondance, des feuilles de Saules alpins, sont encore plus riches que les autres; de plus, la roche, calcaire ferrugineux, est 1. Sur les tufs calcaires du Lautaret. CR. Ac. Sc., CXIX, p. 574, 1894. 388 P. KFLICHE 16 Mai à grain plus fin, en sorte que les empreintes sont plus belles ; la nervation est remarquablement conservée ; comme l’a fait observer M. Kilian, dans sa note, les tufs des deux provenances se distinguent très bien, à première vue, par la prédominance des feuilles de Saules dans les uns, des restes de Pins dans les autres, c’est d’après cela que je les désignerai dans ce qui va suivre. Turs A FEUILLES DE SAULES. Rhododendron ferrugineum L. Deux échantillons m'ont pré- senté des fragments de feuilies de cette espèce; un seul sur l’un d'eux, — mais l'empreinte est d’une remarquable netteté, — montre ce qu'était la consistance, la forme et la nervation, la fine ponctuation de la surface de la feuille, il ne laisse aucun doute sur la détermination, de même que pour les fragments de feuilles multiples du second. Salix nigricans Sm. Une empreinte presque complète de feuille me semble appartenir à cette espèce, par ses bords presque paral- lèles tandis que chez les S. myrsinites et S. hastata, auxquels on aurait pu songer aussi, ils sont plus arrondis ; la nervation est en outre plus irrégulière, à nervures secondaires s’anastomosant plus visiblement par leurs extrémités, le tout rappelant davantage le S. caprea. Un fragment de feuille sur un autre échantillon, me paraît aussi appartenir à cette espèce, mais il est trop incomplet pour permettre une complète affirmation. S. myrsinites L. Une plaque de tuf est couverte d'empreintes de feuilles d’un Saule qui me paraît être celui-ci ; la forme de la feuille peut faire aussi songer au S. hastata et à certaines formes du si variable $S. nigricans, mais la nervation est bien celle du S. myrsinites. S. arbuscula L. C’est, de beaucoup, l'espèce la plus commune dans les tufs; elle y est extraordinairement abondante, repré- sentée par des feuilles et aussi par des rameaux ; elle offre d’ail- leurs, non seulement la forme typique, mais des variations ne dépassant pas ce qu’on observe sur les échantillons actuels ; varia- tions soit individuelles, soit dues à la position que la feuille occupe sur le rameau. S. reliculata L. Deux empreintes seulement, mais ne laissant: aucun doute sur la détermination ; la nervation, en particulier, est admirablement conservée. Indépendamment de ces Dicotylédones on trouve aussi des restes de Graminées, de Cypéracées et de Muscinées, mais ils sont com- plètement indéterminables. 1904 FLORES DES TUFS DU LAUTARET ET D'ENTRAIGUES 38 © Turs A RESTES DE Pins. Rubus sp. Un fragment de tige ou de rameau avec des aiguillons, les uns petits, les autres grands, appartient à un ÆRosa. ou à un Rubus; les raisons pour se prononcer en faveur du dernier genre sont l'irrégularité de la surface de ce rameau et le fait qu'il paraît avoir eu une certaine flexibilité. Au reste, le À. cæsius arrive jusqu'au Lautaret et d’autres espèces s'élèvent assez haut dans la montagne. Sorbus aucuparia L. Un grand fragment de feuille, avec deux oppositions de folioles ; une de ces dernières presque entière ; la forme, la taille, la base inéquilatérale, la nervation des folioles, leur opposition, l’écartement des paires de celles-ci, les dimensions du rachis ne laissent aucun doute sur la détermination. L'espèce, dans le Dauphiné, se trouve surtout entre 800 et 1700 mètres. Senecio Saracenicus L. ou une espèce voisine, peut-être le S. Jacquinianus, qui paraît monter le plus haut en Dauphiné, mais sans dépasser la zone des forêts. Les feuilles de ces espèces aflines sont déjà difficiles à distinguer sur de bons matériaux vivants, quand il s’agit de feuilles isolées surtout, il est impossible, même sur un grand fragment de feuille, ce qui est le cas ici, de faire une détermination plus précise que l'attribution à ce groupe d'espèces, mais celle-ci me semble certaine ; il est visible qu'il s’agit d'une empreinte de plante herbacée, la forme longuement et largement lancéolée, la nervure médiane forte, d’où partent quelques ner- vures secondaires largement ascendantes camptodromes, brisées, la nervation ultime lâche, peu saillante, sont complètement sem- blables à ce qu’on observe chez le S. Saracenicus et espèces aflines. Il y a bien aussi quelque analogie avec le S. Doronicum et les Aronicum, mais les dents très porrigées ici, quoique un peu irré- gulières sous ce rapport, doivent faire écarter ces dernières plantes. Arctostaphy los officinaiis Wimm et Gral. Un échantillon avec des restes de Pin et de Bouleau présente de nombreuses empreintes de feuilles coriaces, petites, avec nervation secondaire peu visible ; la tertiaire l’est autant et forme un quadrillage irrégulier, carac- tères qui s’observent chez les Vaccinium vitis-idæa et chez l'Arc- tostaphy los officinalis, plus encore chez cette dernière ; le Himbe est de plus chez celle-ci bien plus cunéiforme à la base, ce qu'on observe ici; une feuille complète, en particulier, est absolument identique à celles de cette espèce ; elle est petite, mais il yen a de plus grandes et chez l'A. officinalis, il y a des différences assez notables, de ce chef, suivant là position de la feuille sur l'axe. Un 390 P. FLICHE 16 Mai autre échantillon porte quelques médiocres débris de feuilles de la même espèce. Dans la nature actuelle, celle-ci s'élève jusqu'au Lautaret. Rumex alpinus L. Un grand fragment de feuille appartient à cette espèce, qui arrive aujourd'hui jusqu'au Lautaret. Betula alba L. 8. pubescens. Cinq échantillons portent des empreintes de débris de feuilles attribuables à cette espèce, et même à cette variété ; tantôt l’organe est presque complet, tantôt il est en fragments plus ou moins grands ; dans tous les cas, la forme, la taille, la dentelure des bords, la nervation de ces feuilles ne laissent aucun doute sur la détermination ; la nervation fine est, en général, assez médiocrement conservée, mais c'est plutôt une apparence due à la villosité qui recouvrait la feuille ; la forme est habituellement rhomboïdale, cependant elle est aussi cordiforme. On trouve des variations identiques sur les Bouleaux actuels. L'espèce atteint encore aujourd’hui le Lautaret, mais elle y paraît assez chétivement représentée, tandis qu’au moment où se fofmaient les tufs, elle y était visiblement abondante. Salix pentandra L. ? Une feuille presque complète; malheu- reusement à bord manquant à peu près complètement; mais la forme générale de l'organe, sa taille, la nervation très fine, l’écar- tement des nervures principales sont de l’espèce. Celle-ci est signalée aujourd'hui jusqu'à Villard d’'Arène. Salix grandifolia Ser. Plusieurs fragments de feuilles dont un très grand, appartiennent certainement à un Saule de la section des caprea. Les raisons qui militent en faveur de l'attribution proposée sont la taille de l'organe, la grande régularité et la forme de la nervation qui ne sont pas du S. caprea et rappellent, au. contraire, complètement ce qu'on observe chez le S. grandifolia, Saule commun dans le Jura, dans les Alpes, et qui, dans la région, a été signalé jusqu'au Villard d’Arène. Graminées et Cypéracées. D'assez nombreux restes de feuilles et de chaumes sous forme d'empreintes ou de moules en creux prouvent l'existence de ces familles, sans que d’ailleurs, vu leur grande fragmentation, il soit possible de faire des déterminations certaines ; une feuille assez commune, qui était visiblement très grande, pourrait provenir du Carex maxima, mais elle est trop fragmentée pour formuler des caractères absolument précis, et la détermination est d'autant plus douteuse qu'aujourd'hui cette : espèce ne se rencontre que dans des stations très sensiblement plus basses. 190 FLORES DES TUFS DU LAUTARET ET D'ENTRAIGUES 301 É. Pinus montana Mill. C’est de beaucoup l'espèce la plus commune, la mieux connue et la plus intéressante des tufs. Douze échan- tillons en présentent les restes consistant en un grand nombre de moules en creux de strobiles, d'empreintes ou de moules en relief de feuilles ; on trouve même un petit strobile de l’année ; le tout d'état variable, mais souvent excellent, ne laisse aucun doute sur la détermination. Les feuilles sont plus trapues, à section /du couple plus nettement circulaire que chez le Pin sylvestre, complè- tement semblables au contraire à celle du Pin de montagne ; les strobiles sont aussi ceux de cette dernière espèce par leurs écus- sons à arêtes bien franchement convexes, leurs surfaces par suite arrondies. Il y a, comme chez le vivant, quelques variations, dans des limites assez peu étendues, de dimensions et de forme générale du cône, de forme des écailles aussi, dont l’écusson est tantôt peu saillant, tantôt au contraire plus allongé, formant même une apophyse, jamais très prononcée d’ailleurs. Ces strobiles sont de petites dimensions, pour l'espèce : les largeurs maxima que j’ai mesurées sont de 20 à 25 mill. et les longueurs 34 à 45 mill. Je dois faire observer que pour cette dernière mesure, la plus longue observée, il y a un peu d'incertitude, provenant du médiocre état de l'extrémité du moule. Ces faibles dimensions rappellent plutôt ce que, dans la nature actuelle, on observe sur les individus ché- tifs de cette espèce, entendue dans son sens le plus large, vivant dans les tourbières, celles des Vosges et du Jura, par exemple. Cependant si dans les forêts du Briançonnais et du Queyras où on trouve des cônes beaucoup plus grands 72 >< 38 mill., 6o >< 28, 58 < 32, par exemple, dans les collections de l’École nationale forestière, on en observe aussi qui ne dépassent pas celles des fossiles du Lautaret ; ainsi 32 >< 19, 35 X 24, 42 >< 22 mill., pour une provenance du Briançonnais. Toutes les trouvailles du P. montana, à l’état fossile, sont Dre ressantes, non pas seulement pour établir l’histoire ancienne de l'espèce, mais pour expliquer sa distribution actuelle. Celle-ci est remarquable, en effet, non seulement en ce que ce Pin ne se ren- contre plus que dans les régions montagneuses de l'Europe, mais en ce que le plus souvent, même dans ces montagnes, il a une dis- tribution extrêmement sporadique. Il y a là de grandes présomp- tions en faveur d’une origine ancienne de l'espèce et d’une aire antérieure beaucoup plus continue que l'actuelle. L’ancienneté de l'espèce a été considérée par Heer comme démontrée par des échan- tillons fossiles, en ce qui concerne le Tertiaire du Spitzherg ; mais 392 P. FLICHE A0G 16 Mai la preuve ne semble pas suffisamment démonstrative à Schenk : ; l'espèce a été citée aussi, sous sa forme primitive, dans le Miocène d'Allemagne à la base de ce terrain, d’abord par Goeppert et Berendt, puis par Goeppert seul, mais sans figures ; Unger * a été le premier à donner le dessin de ce fossile ; mais il faut reconnaître que ses figures sont peu probantes; les écussons sont générale- ment détruits et lorsqu'ils ne le sont pas, les arêtes, d’après ce dessin, seraient tantôt concaves, tantôt convexes, plus souvent cependant de cette dernière forme ; en sorte qu’il est probable que ce soit la vraie, et que l'attribution soit légitime. Le Pinus bifo- liata Ludwig * du Miocène d'Allemagne, connu seulement par ses feuilles, a été rattaché aussi, par Schimper, au P. montana, mais avec un doute très légitime, car ces empreintes sont médiocres; le fait même de feuilles engainées par deux est loin d’être certain, cependant la forme épaisse; trapue, de ces feuilles serait assez en faveur du rapprochement proposé par Schimper ; deux cônes qui sont aussi décrits par Ludwig “ sous les noms de P. orbicularis et de P. oviformis, se ressemblent singulièrement et me paraissent appartenir à une même espèce, très voisine du P. montana, si elle ne lui est pas identique. Ludwig et à sa suite Schimper placent au contraire le P. orbiculuris parmi les éæda, des feuilles ternées ayant été trouvées auprès de lui, mais rien ne prouvait que feuilles et strobiles provinssent du même arbre. Quoi qu'il en soit de ces origines anciennes, douteuses quoique assez vraisemblables, le P. montana a certainement été trouvé dans les dépôts pliocènes supérieurs ou quaternaires inférieurs de la Toscane, où il est représenté par des cônes et a été décrit sous le nom de P. uncinoides par Gaudin et Strozzi *, qui ont fait eux- mêmes remarquer la grande analogie de leur espèce, avec le P. uncinata, autrement dit le P. montana; leur figure justifie leur opinion et conduit même à l'identification des deux espèces. Depuis, les observations faites dans l’Érzgebirge saxon, les recherches de Heer sur les charbons interglaciaires de la Suisse, 1. Palæophytologie, p. 348, in von Zittel: Handb. d. Pal. On peut en dire autant à fortiori du rapprochement fait par Heer (Tome I du Flora arctica, p. 141) de son ?. Martinsi avec le P. montana, l'espèce étant basée sur une graine et un fragment de feuille absolument indéterminables. 2. Iconogr. p. 28 pl. XIV f. x7. 18. 3. Fossille Pflangen aus der Altesten, etc., p. 166, pl. LXIV, fig. 10, rx, 12. fTbid:,,p- 7», pl. XIV, fig 2,21, et p70 pl XIV, fs" 5/5a5d; 5. Mémoire sur quelques gisements de feuilles fossiles de la Toscane par Charles-Théophile Gaudin et le marquis Carlo Strozzi, Nouveaux mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles. XVI, juin 1858, p. 98, pl. HE, fig. 3. 190 FLORES DES TUFS DU LAUTARET ET D ENTRAIGUES 303 Y les miennes sur les tourbes quaternaires des environs de Nancy et d'Epinal *, ont montré que le P. montana, à l’époque quater- naire, avait eu une plus grande extension qu'aujourd'hui, qu'il était notamment descendu à de basses altitudes, ce qui explique sa distribution actuelle sur des chaînes de montagnes séparées les unes des autres. Maïs, je l’ai fait observer plus haut, sur ces chaînes elles-mêmes, le P. montana est bien souvent sporadique ; c'est le cas pour les Alpes ; nous n'avons pas de carte de distribu- tion de l'espèce dans les Alpes françaises, maïs, si nous en avions une, elle montrerait quelque chose de fort analogue à ce qu'on voit, pour ce Pin, sur la carte IT du bel ouvrage consacré par le D: Christ à la flore de la Suisse *: de petits massifs complètement isolés les uns des autres, quelquefois même des sujets, disséminés sur de faibles surfaces, au milieu d'autres Conifères ; tout ce qui tendrait à relier ces stations dispersées serait par conséquent fort intéressant. C’est le cas pour la découverte de M. Kilian, au Lautaret, la première de ce genre faite, à ma connaissance, dans les Alpes; elle montre non seulement que «l'espèce a existé dans cette localité où on ne la rencontre plus, mais qu'elle y a été abon- dante ; il est bon de faire observer qu'elle est assez rare aujourd'hui dans l’ensemble du département des Hautes-Alpes. Ces tufs, en dehors des Phanérogames, présentent aussi des restes de Muscinées, mais en trop mauvais état pour qu'il soit possible de faire des déterminations précises. De la comparaison des deux florules qui viennent d'être étudiées, il résulte qu'elles sont radicalement différentes, puisqu'elles ne pré- sentent pas une seule espèce commune et que surtout elles appar- tiennent à deux types de végétation complètement différents, la seconde révélant une flore forestière tres nettement accusée, tandis que la première est une flore de pâturages alpins avec ses végétaux ligneux de petite ou très petite taille, le plus souvent couchés sur le sol. Un second fait me semble non moins certain, c'est que la seconde était complètement détruite lorsque la pre- mière a commencé à se développer. Quelle a été la cause de la destruction de la forêt, ce n’est certainement pas l’action de l’homme dont la présence ne se révèle par aucun indice et qui d’ailleurs dans ces hautes régions ne procède pas, en général, par 1. Note sur les lignites quaternaires de Jarville, près de Nancy. CR. Ac. Sc., XOVII, p. 1329, 1875. 2. Sur les lignites quaternaires de Bois-l’'Abbé, près d'Epinal. CR. 4c. Se., LXXX, p. 1233, 1883. 3. La Flore de la Suisse et ses origines. Edition française 1883, pl. IL. 394 P. FLICHE 16 Mai voie de destruction subite et totale ; il faut donc recourir à un agent naturel qui me paraît avoir été la glaciation. Il est assez diflicile, en l'absence totale de données de paléon- tologie animale et avec des données stratigraphiques assez impar- faites, on l’a vu, de déterminer bien rigoureusement l’âge de ces deux dépôts. Cependant, ici encore un fait me semble certain, c’est que les tufs, à petits Saules alpins, continuant à se former et présentant dans leur ensemble la plus grande uniformité, non seulement appartiennent à la période actuelle, mais à un état climatérique qui n'a pas varié depuis le moment où ils ont com- mencé à se déposer. La question est plus difficile pour les tufs à Pinus montana. Un seul point est absolument certain, c’est qu'ils sont antérieurs à l’ensemble des précédents, que de plus ils appartiennent à une époque relativement récente, puisqu'ils ne renferment non seulement aucune espèce éteinte, mais même aucune espèce faisant défaut dans la flore des Alpes environnantes, à une moindre altitude. Mais ceci admis, remontent-ils à une . période de réchauffement de l’époque actuelle, période révélée par diverses observations, ou bien sont-ils interglaciaires, c’est une question beaucoup plus diflicile et qui se présente ici dans les mêmes conditions que pour la flore des célèbres brèches d'Hôtting, si bien étudiées par M. de Wettstein ‘. Le fait qu'il n’y a aucun mélange de la flore du pâturage alpin avec la flore forestière, qu'il y a eu, par conséquent, non seule- ment une modification de climat, mais que sans doute pendant un certain temps, le sol a dû, entre les deux dépôts, être dépourvu de végétation, sans doute parce qu'il était couvert de glace et de neige, me fait en définitive pencher pour un dépôt interglaciaire, mais précédant la dernière extension des glaciers, non seulement à raison des observations faites par M. Kilian sur les moraines, mais aussi à raison de la très grande affinité de la flore forestière conservée dans ces tufs avec celle qui règne un peu plus bas aujourd'hui. En un mot, je me trouve amené à la conclusion qui semble la plus probable pour les brèches d'Hôtting que je viens de nommer, mais aussi sous les mêmes réserves. Il se pourrait bien que les deux dépôts fussent synchroniques, la différence de flore entre les deux tenant à ce que le climat du Lautaret était plus froid, comme il l’est encore aujourd'hui, que celui de la loca- lité autrichienne, à raison de l'altitude et de la disposition des lieux. 1. Die fossile Flora der Hôttinger Breccie. Denksch. der K. Akad. d. Wissench., Wien, Math. Naturw. Cl., LIX, 1892, p. 479. 1904 FLORES DES TUFS DU LAUTARET ET D'ENTRAIGUES 399 Tufs d'Entraigues. Les échantillons des tufs d’Entraigues proviennent d'une car- rière ouverte, à une altitude d'environ 1400 m. au-dessus de la mer, dans un dépôt voisin de cette localité, formant placage sur le Glaciaire ancien ; ils présentent un aspect très uniforme ; leur couleur varie du grisâtre au blanc pur; ils sont de consistance variable, comme il arrive si souvent pour cette nature de roche ; ils sont absolument remplis d'empreintes végétales, consistant surtout en feuilles ; tantôt elles sont très parfaites, comme impres- sion de la nervation, ou comme conservation de l’ensemble de la feuille ou de la forme de ses bords ; tantôt, au contraire, elles laissent à désirer au point de rendre parfois toute détermination impossible. Voici la liste des espèces que j'ai pu déterminer, avec les obser- vations auxquelles elles donnent lieu ; la comparaison avec la flore actuelle de la localité repose sur les données qu'ont bien voulu me fournir M. Kilian et mon ami M. Guinier, ancien inspecteur des forêts. Je les remercie bien cordialement de leur utile colla- boration. Acer pseudo-platanus L. Sept échantillons m'ont fourni des fragments plus ou moins étendus de feuilles, appartenant sûrement à un de nos grands Érables, les meilleurs non moins certainement à cette espèce ; les autres avec une très grande probabilité. L'Érable Sycomore est encore très commun dans la localité. Acer platanoides L. Un grand fragment de feuille d'Érable ; la taille, les nervures peu saillantes, les lobes aigus, les sinus obtus, garantissent l'attribution à cette espèce, dont l'existence actuelle dans le pays est douteuse. Mespilus germanica L. Un fragment d’une grande feuille ellip- tique, de consistance assez solide, paraît appartenir à cette espèce, à raison de sa taille, de son bord irrégulièrement denté dont on voit une partie, de ses grosses nervures secondaires émettant, vers l'extrémité, quelques fortes nervures tertiaires arquées ; quel- ques nervures secondaires, plus faibles, viennentse souder d’une part à la nervure secondaire inférieure et d'autre part à un arc détaché de la supérieure. Le Néflier n'existe plus dans la localité. Cratægus oxyacantha L. Une belle feuille presque complète, très peu profondément lobée, mais ne comportant aucune hésita- tion, quant à la détermination. M. Guinier n’a pas vu l’espèce, mais il pense qu'elle doit exister encore. 396 P. FLICHE 16 Mai Sorbus Aria (L.) Crantz. Très belle empreinte d’une feuille presque complète, entièrement semblable aux échantillons vivants de taille moyenne, avec plissements parallèles aux nervures secon- daires telles qu on en voit chez les feuilles très adultes, surtout au moment de la chute de l'organe. L’Alisier blanc existe encore dans le pays. Sorbus torminalis. (L.) Crantz ? Une empreinte incomplète de feuille avec son pétiole paraît appartenir à cette espèce ; elle pré- sente évidemment un très petit nombre de nervures secondaires, très droites, se détachant de la médiane, sous un angle très aigu, le bas est très uniforme avec une fine nervure parallèle au bord du limbe ; tous ces caractères et de plus l’écartement des nervures secondaires (8 mill.) conviennent parfaitement à certaines feuilles de l'espèce, ce qu'on voitdes premièresramifications des nervures secondaires également, mais si la détermination est très probable, elle n'est que cela, à cause de l’état trop incomplet du limbe. L'es-- pèce paraît ne pas exister aujourd'hui dans la localité. Sorbus aucuparia L. Une belle foliole presque complète ; la forme, la nervation, la dentelure du bord du limbe ne laissent aucun doute sur la détermination. Le Sorbier des oiseleurs existe dans la localité. Hedera helix L. ? Sur un échantillon portant Alnus incana et Salix cinerea, un grand fragment de feuille à nervation palmée ; par sa taille, sa surface très lisse, sa consistance coriace, la direc- tion des deux principales nervures de base par rapport à la médiane, leur mode de ramification, les nervures secondaires suivantes non opposées, paraît pouvoir être rapporté au Lierre sans qu'on puisse formuler une affirmation à cause de l'état trop incomplet du limbe ; le Lierre n’a point été vu aux environs, mais il paraît devoir y exister. Viburnum lantana L. Un très grand fragment de feuille, dont la nervation très bien conservée, ne laisse aucun doute sur la déter- mination, N’existe pas dans la localité. Corylus avellana L. Deux échantillons ; l'un porte une seule feuille, mais presque complète, avec nervation très bien conservée, l’autre porte un grand nombre d'empreintes plus ou moins com- plètes de feuilles à nervation très bien conservées. Le Coudrier noisetier existe encore dans la localité. Carpinus betulus L. Un fragment d’empreinte de la face supé- rieure d'une feuille, dont la nervation admirablement conservée, le plissement, ne laissent aucun doute sur la détermination. Le Charme n'existe plus à Entraigues. 1904 FLORES DES TUFS DU LAUTARET ET D'ENTRAIGUES 397 Alnus incana D. C. C’est l'espèce la plus commune dans les tufs ; les empreintes de feuilles, parfois presque complètes, abon- dent et souvent avec nervation très bien conservée. L'Aulne blanc existe encore dans la localité. Betula alba L. Cette espèce est également très abondamment représentée, souvent par des feuilles complètes ou presque coin- plètes, pétiole compris, en très bel état de conservation ; en sorte que la détermination ne laisse prise à aucun doute ; il est difficile de dire s'il s’agit de la forme verrucosa ou de la pubescens. Le Bouleau existe encore dans la localité. Salix alba L. ? Un grand fragment de feuille allongée, étroite, dont malheureusement les bords manquent, une très grosse ner- vure médiane, d'où partent d'assez nombreuses nervures latérales très fines, très régulièrement camptodromes. C'est chez les Saules angustifoliés qu'on observe pareille nervation ; les feuilles de ce groupe, qui ressemblent le plus à celle-ci, pour ce que l’on en voit, sont celles des Salix alba ei S. purpurea, mais les feuilles de cette dernière espèce sont généralement plus petites et quand, sur des rejets, elles sont plus grandes, les nervures s’étalent davantage, tandis qu'ici elles sont très redressées, ainsi que cela se présente chez le S. alba; de plus, il n’y a guère que cette espèce et le S. purpurea à présenter la plus fine nervation à peu près indistincte à la face inférieure de la feuille. L'existence actuelle de ce Saule, dans les environs, est douteuse. Salix anygdalina L. Une belle feuille presque complète d'un Saule angustifolié, mais relativement courte ; elle est en outre à bords dentés ; de plus la nervation est moins régulière, moins camptodrome que chez la plupart des espèces du genre; tous ces caractères sont ceux de l'espèce ; d’après la forme générale de la feuille, on aurait pu songer aussi aux variétés du S. nigricans à feuilles le plus allongées et le plus étroites ; maïs ici la nervure médiane et les nervures secondaires sont plus faibles que chez cette dernière espèce. Ce Saule doit encore exister ; il n'a cepen- dant pas été constaté. Salix cinerea L. Empreinte de la face supérieure d’un grand fragment de feuille d'un Saule de la section des caprea ; les probabilités d'attribution me semblent être en faveur du Saule cendré, de forme à petites feuilles, comme on en trouve dans les montagnes. Ce n’est certainement pas le $. caprea, mais on ne peut aflirmer d’une façon absolue que ce ne soit pas le S. aurita, les nervures sont un peu redressées et ondulées comme chez cette dernière espèce, mais on en trouve de telles chez les deux. Le aule cendré existe encore dans la localité. 98 P. FLICHE 16 Mai Populus tremula L. Trois empreintes de feuilles appartiennent à cette espèce; une, presque complète, est du type qu'on trouve sur les drageons et les pousses allongées : nervation, forme et bord de l'organe légitiment l'attribution. Les feuilles sont grandes et dénotent l'influence d'un climat frais et humide. L’espèce existe encore dans la localité. Scirpus syloaticus L. Un fragment de feuille monocotylédone, par sa taille assez forte, 10 mill. environ de largeur, ses nervures fines et régulières, une quarantaine environ, la centrale se tradui- sant par une dépression sur la face inférieure, rappelle entièrement les feuilles de l'espèce ; on voit même, mais mal en général, quel- ques nervilles transversales. Il y a aussi de l’analogie avec le S. palustris, mais celui-ci a les feuilles plus larges, les nervures plus écartées. Quelques autres empreintes de feuilles de Cypéracées ou de Graminées sont indéterminables, même génériquement. Abies pectinata D. C. ? Un petit paquet d'empreintes et en partie de moules, d’une feuille aciculaire de Conifère, malheu- reusement mal conservée, paraît appartenir à cette espèce. La forme aplatie et la consistance coriace de l'organe ne permettent guère d’hésitation qu'entre les Sapins et les Ifs ; la longueur est un peu faible pour les deux, une feuille complète ne dépasse pas beaucoup un centimètre, mais il y en a visiblement de plus longues, la largeur convient parfaitement pour les deux; mais l'extrémité obtuse, la présence d’une gouttière longitudinale se traduisent par un relief sur l'empreinte indiquant plutôt le Sapin, qui n'existe plus dans la localité. Pinus ! montana Mill. Cinq échantillons présentent des empreintes de feuilles de Pin; parfois même, elles sont encore engainées par deux; la détermination spécifique est plus difficile en l'absence de cônes; cependant la taille des feuilles ne permet d hésiter qu'entre le Pin de montagne ei le Pin sylvestre ; la forme trapue, la section assez franchement semi-circulaire de l'organe sont du ?. montana, cependant on trouve aussi quelques feuilles plus grèles ; peut être les deux espèces sont représentées ; mais il me semble que dans tous les cas le P. montana le serait plus largement. On le trouve dans la région auprès des tufs. Si on cherche à résumer l'impression d'ensemble que donne cette flore et si on cherche à la comparer à celle qui règne aujour- d’hui dans le pays, on constate d’abord qu'il s’agit d’une flore 1904 FLORES DÉS TUFS DU LAUTARET ET D'ENTRAIGUES 399 essentiellement forestière, puisque les arbres sont nombreux et parfois d'assez grande ou de grande taille; toutes les espèces trahissent l'influence d’un climat humide, tempéré, mais plutôt frais que chaud,sensiblement différent toutefois de celui qui existe aujour- d’hui dans la localité; puisque si la végétation est encore essen- tiellement forestière, lorsque l’homme ne l’a pas détruite, au profit du pâturage ou de la culture, c'est l'association du Mélèze qu'on observe. Cet arbre ne se trouve pas toutefois à l'exposition où on rencontre les tufs, mais il est accompagné d’autres espèces qui s’y retrouvent ; quelques-unes ont été recueillies dans les tufs, ainsi par exemple Sorbus Aria, S. aucuparia, Populus tremula. Mais, à côté de celles-ci, la flore des tufs en présente d’autres qui ont disparu du pays; quelques-unes laissent encore des doutes sur leur détermination : Sorbus torminalis, Hedera helix, Salix alba, Abies pectinata, mais à côté de celles-ci il en est un certain nombre d'absolument certaines, ce sont Mespilus germanica, Cratzgus oxyacantha, Viburnum lantana, Carpinus betulus, Salix am) g- dalina *, Pinus ! montana ? Sauf la dernière qui vit, en général, sous un climat froid analo- gue à celui qui convient au Mélèze, quoique souvent un peu moins rude, les autres appartiennent toutes à une zone inférieure ; il est vrai qu'elles sont faiblement représentées ; mais 1e1 le nombre des espèces a plus d'importance que celui des individus, car si une espèce peut, à la rigueur, quelquefois, grâce à un accident local ou à un tempérament spécial de l’individu qui la représente, vivre un peu en dehors du milieu convenable pour son association, cela devient plus difficile ou mème impossible pour cinq, à fortiori pour neuf espèces. Il faut donc admettre que, depuis le dépôt des tufs, le climat s’est refroidi. On voit que nous arrivons ici aux mêmes conclusions que pour la flore forestière à Pinus montana du Lautaret ; nous sommes en présence des mêmes difficultés aussi quant à la détermination de l’âge du dépôt; les fossiles animaux et la stratification ne nous fournissant pas les données nécessaires dans ce cas douteux. Cependant, sans donner la chose comme certaine, il me semble assez probable que cette flore d'Entraignes est aussi antérieure au dernier refroidissement qui a marqué la fin du Quaternaire et le commencement de l’époque actuelle, c’est-à-dire qu’elle serait contemporaine de la flore fores- tière du Lautaret, très probablement aussi de celle de Hôtting. La flore d'Entraigues présente, avec celle de cette dernière I. Peut être cette espèce existe encore dans le pays. 2. Même observation. 400 P. FLICHE. — TUFS DU LAUTARET ET D'ENTRAIGUES 16 Mai localité, une remarquable analogie. Des deux parts, les Abiétinées sont représentées par deux espèces, un Sapin et un Pin à Entrai- gues, un Épicea et un Pin à Hôtting ; le Pin ne serait pas le même de part et d’autre. Cependant si la majorité des empreintes de feuilles de Pinus, à Entraigues, paraissent appartenir au P. mon- tana, il en est quelques-unes qui pourraient provenir du Pin sylvesire, comme à Hôtting. Le reste est de végétaux angiospermes : sur les 18 espèces constatées à Entraigues, 7, soit 38,9 0/0, se retrouvent à Hôtting ; ce qui est considérable, étant donné le carac- _tère très local des flores de tufs ; ceux-ci ne s’étant généralement déposés que sur de faibles étendues, ce qui est le cas pour Hôtting et bien plus encore pour Entraigues. Des deux parts, on constate un climat plus chaud que celui qui règne aujourd hui dans la localité, remarquablement humide aussi, la présence des Acer platanoides, Acer pseudo-platanus, Alnus incana, Betula alba, les trois derniers en abondance à Entraigues, du Tilia grandifolia, Acer pseudo-platanus, Rhamnus frangula, Alnus incana, les trois derniers abondants à Hôtting, démontrent bien ce dernier caractère du climat. La plus grande différence entre la localité tyrolienne et la savoyarde consiste en l'absence, dans cette dernière, de types à affinités très méridionales ou orientales, tels que Arbutus unedo, Rhododendron ponticum, constatées à Hôtting, ce qui peut tenir d’ailleurs, soit à ce caractère local des flores de tufs que je viens de rappeler, soit à l’altitude plus considérable, à la situation plus occidentale d’'Entraigues :. Pour me résumer, il me semble qu'il s’agit de dépôts synchro- niques ; que, pour Entraigues, de même que pour Hôtting, on peut considérer comme s'étant produits immédiatement avant la der- nière grande glaciation, mais de part et d'autre sous les plus expresses réserves, tant qu'on n'aura pas de preuves stratigra- phiques formelles ou de fossiles animaux pour une détermination absolument précise de l’âge du dépôt. 1. Le dépôt d'Hôtting se trouve seulement à 1200 m. d'altitude moyenne, soit 200 m. de moins qu’à Entraigues, différence en partie rachetée, il est bon de le faire remarquer, par la différence de latitude, Innsbrück se trouvant à peu près au 47° degré alors que Entraigues est placé entre le 45° et le 46° ; la longitude de cette dernière localité est seulement de 4° à l’est du méridien de Paris, tandis que Hôtting est environ 5° plus à l’est. 1904. = MASHINGTON. S DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE (CETTE SOGIËTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830, 4 ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE, PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832) ! 0 QUATRIÈME SÉRIE TOME QUATRIÈME FAscIiGuLE 4 : Hétilles 2654. = Planches XX IV. ‘4 PARTS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Ne VI us 1904 : Le Bulletin parait par livraisons mensuelles Décembre 1904 ; ne JS L'objet der Fe Societen est de concc rir à l’avan ment de la Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol dela F : tant en lui- même que dans ses FApRoTtee avec les arts industriels et l’: culture. = à ART. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Le Fra cais et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n'existe aucune dis _ tinction entre les membres. . ART. 4. — Pour faire partie de la Société, il faut s ’être fait Hhoener dan une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation : avoir été proclamé dans la séance suivante par le Préqens et avoir Eee le diplôme de membre de la Société. droit d'entrée. Arr. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre à Juillet. SN » ART. 39. — La. Société se réunit deux fois par mois (Le 1e et le 3° lundi du mois). LG ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères. ac las Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. Arr. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire. dose 2e aucun If ouvrage déjà imprimé. x MARS ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur F4 des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent. un Arr. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra üne ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été pren tAblEets x déterminé. : ART. 23. — Un bulletin oeue des travaux de la Société est délivré Es gratuitement à chaque membre. 14 ABUS _ ART. 55. — -.. Il ne peut être vendu aux Hdi étrangères à Le Société qu'au prix de la cotisation annuelle. ART. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les lune des ei ‘années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les. Ÿ volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société, _ leur sont cédés, après décision spéciale du Pis et conformément à un ÿ «tarif déterminé. : Arr. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part. DUAL ANT: 75: — Chaque membre paye : x° un droit. d'entrée ; 2° une cotisation ji annuelle ? * L Le droit d'entrée est fixé à la somme de 20 francs. L Ce droit pourra être augmenté par la suite, mais seulement pour. les membres à élire. , La cotisation annuelle est invariablement Jixée à 30 francs. co : La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée générale *, qui, à moins de décision spéciale du Conseil, devra être pete DES 1. Les personnes qui désireraient faire partie de un Société et qui ne connaïîtraient aucun membre qui püt les présenter, n'auront qu'à adresser une demande au Président, en exposant les titres qui justifient de leur admission. 2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux à membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes. Ju désirent faire partie de la Société à n ‘acquitter, la première année, que ur droit d'entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire, des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement; mais ils ne recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti- sation de 30 francs. Ils jouiront aussi des autres droits et privilèges des membres de la Société. GER 3. Cette somme est actuellement de 400 francs. de PLIOCÈNE ET QUATERNAIRE DE LA RÉGION DU BAS-RHONE par M. L. COLLOT. La lecture de la note de MM. Depéret et Caziot sur les gise- ments littoraux pliocènes et quaternaires des environs de Nice m'a amené à rechercher dans quelle mesure il y aurait lieu de rattacher les faits rapportés dans cette note ou dans la discussion dont elle‘a été l’origine avec ceux que je connais dans les Bouches- du-Rhône ou dans les départements contigus. C'est aussi une occasion de faire connaître plus complètement certaines observa- tions auxquelles je regrette que les circonstances ne me permet- tent pas d'en ajouter encore d’autres sur les mêmes sujets. S'il subsiste des doutes et des indéterminations dans cette étude, j’ai pensé qu’il pouvait néanmoins être profitable pour la science de poser les problèmes, alors même que la solution ne suivrait pas immédiatement. Certains faits que je veux examiner se rapportent directement aux terrasses marines, d'autres aux alluvions des cours d’eau. La répartition de celles-ci en hauteur est dans une certaine mesure hée aux variations de la mer. Si le niveau de base s’abaisse, la vallée se creuse et de même que les plages maritimes soulevées marquent un arrêt prolongé dans le mouvement négatif de la ligne de rivage, une fixation temporaire du régime du cours d’eau doit correspondre à cette persistance du niveau de base. Lorsque l’abaissement de la mer reprend son cours, la vallée se creuse davantage, mais en laissant subsister çà et là des restes de la plaine d’alluvion précédemment formée. Ce sont des terrasses isolées mais qui ont à peu près la même hauteur au-dessus du nouveau cours d’eau. Dans cette étude j'admettrai que la surface du sol a subi des variations de niveau par rapport à la mer, par suite de mouve- ments d'ensemble d’origine interne, mais sans qu'il y ait eu défor- mation de la surface continentale par inégalité d’exhaussement de points voisins. Je ne me refuse pas à priori à admettre des plisse- ments ou des fractures d'âge très récent, mais en l'absence de faits qui imposent cette explication, je tenterai généralement 1c1 de m'en passer. 12 Novembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 26. 402 L. COLLOT 16 Mai D'ailleurs, pour bien séparer les faits matériels observés et l'interprétation à leur donner, j'exposerai séparément ceux-ci, puis l'explication qu'ils paraissent comporter. AUTOUR DE L'ÉTANG DE BERRE.— J'ai signalé en avril 1882,’ une terrasse dominant l'étang de Berre tout près des Martigues. Sur les bancs très redressés du Crétacé supérieur de l'horizon de Pey- nier, arasés à {4 m. 50 au-dessus de l’étang, reposeun dépôtàCardium edule et Paludestrines épais de 1m. 70. Au-dessus des 2 m. 5o suivants une marne entremêlée de quelques graviers bien roulés peut encore appartenir aux dépôts formés par les eaux de l’étang. Cela corres- pond à une immersion de 8 m.70, en supposant la dernière couche formée à fleur d’eau. Par dessus il y a des pierrailles anguleuses: éboulis des pentes calcaires. £ À ce niveau de base correspondent les petites plaines alluviales qui entourent la partie orientale de l'étang de Berre. La principale est celle du Lar (ou de l'Arc) qui s'étale en un large delta au nord de Berre et dont le sommet atteint 55 m. en face Coudoux. Le fleuve actuel y est profondément encaissé. Une plaine plus petite appartient au torrent de Velaux qui aboutit à l’ouest de Rognac. Au sud de cette station du chemin de fer, une formation qui tient de la terrasse d’alluvions et du talus d'éboulis conduit aux plaines de Marignane et de Châteauneuf, correspondant à divers torrents qui viennent de l’est et du sud. Les alluvions des plaines au sud de l'étang de Berre sont cons- tituées, pour une part importante, de graviers de roches spéciales au bassin de la Durance : tel est le cas notamment autour de Châteauneuf, Gignac, Laure. Les mêmes roches se retrouvent au nord de l'étang, notamment là où le chemin de fer venant de Berre entre en tranchée dans le calcaire à Hippurites en se diri- geant vers Saint-Chamas. Elles forment la pente entre la maison du garde-barrière et la route qui domine quelque peu l'étang. Au nord de Lançon existe une plaine au bord de laquelle coule la Touloubre. Cette plaine, vers l’altitude de 58 à 60 m., renferme aussi des graviers de Durance. Ces graviers ne sont pas limités aux régions basses que je viens d'indiquer, où ils se présentent comme roulés par les vagues de l'étang à un niveau plus élevé que l’actuel ou comme les alluvions anciennes de la Touloubre ou de divers torrents locaux. Ils vien- nent de plus haut. On en retrouve des nids plus ou moins impor- tants sur les plateaux qui existent entre Lançon et l'étang, à r70 m. NB SN CNE) DO 335: 1904 PLIOCÈNE ET QUATERNAIRE DU BAS-RHÔNE 403 d'altitude, et au sud sur ceux qui entourent Ensu, Le Rove. Ceux-ci atteignent 200 m.; je n’y ai pas ramassé les graviers au point cul- minant, mais certainement très haut et pas loin des points les plus élevés. Ces graviers ayant depuis longtemps cessé d’être déplacés d’une facon continue et étant mouillés de façon intermittente ont leur surface corrodée et irrégulière. Ils ne dépassent guère le volume d’une noisette. Ils se mélangent accidentellement de quel- ques fragments anguleux des calcaires qui les supportent et sur lesquels ils tranchent d’une façon très marquée par leur nature siliceuse et leur couleur généralement sombre. Ce sont des grès durs dits quartzites, quelques quartz blancs de filon, des jaspes rouges ou noirs, quelques microgranulites, des roches vertes com- pactes, des diorites, des euphotides, des variolites. Cette dernière roche si caractéristique de la haute vallée de la Durance est loin d'y être rare. Au nord de l'étang, les graviers paraissent un peu plus gros qu’au sud. A l’ouest de l’étang, entre celui-ci et la Crau, on retrouve les graviers duranciens sur le Miocène marin de Saint-Mitre (vers 100 m.); à Notre-Dame de Consolation, sur le poudingue lacustre crétacé supérieur, qui est formé d'éléments nettement différents ; entre Citis et Rassuen. La Crau DE MiraMas. — Au-delà des collines qui dominent l’étang de Berre à l’ouest, s'étend la pleine unie de la Crau. Les cailloux qui la forment, libres à lasurface, sont, au-dessous, cimen- tés en poudingue jusqu’à une certaine profondeur. Plus bas, on les retrouve assez mobiles, leurs intervalles étant toutefois remplis par du sable. Celui-ci forme parfois des lentilles intercalées. La stratification est entrecroisée. Les carrières de ballast près la station de Miramas se prêtent bien à l'observation du caiïlloutis jusqu'à une profondeur d'environ 6 mètres. Le caïlloutis est en contact avec la Mollasse ou terrain miocène marin, mais sans concordance. Ainsi à Miramas le poudingue est horizontal dans son ensemble, tandis que le Miocène est assez incliné vers le N.O. Aiïlleurs le Miocène presque horizontal forme des collines basses dont les flancs coupent la stratification ; le poudingue s’est déposé au pied du talus, en contact avec les tran- ches des bancs miocènes. Tel est le cas vers Bayonne au nord d'Istres. Il y a une indépendance complète entre le caiïlloutis de la Crau et le Miocène qui avait subi des mouvements orogé- niques et des ravinements avant l’arrivée des cailloux de la Crau. Cette indépendance devient encore plus frappante qu'à Istres et à Miramas si l’on suit la plaine jusqu’à Lamanon. Ce n’est pas dans le fond d’un synclinal régulier de Miocène que 4o4 L. COLLOT 16 Mai le cailloutis est logé, il est en contact du côté ouest avec les tranches du Miocène qui le dominent de 200 m. ; du côté est il est au pied d’une colline de calcaire urgonien supportant du Miocène qui s'élève à 150 m. au-dessus du poudingue. Dans toute la Crau orientale, que j'appellerai Crau de Miramas, les cailloux sont, en profondeur aussi bien qu’à la surface, formés de roches semblables à celles que roule la Durance. Leur volume est seulement bien supérieur à celui des cailloux de Durance que j'ai signalés autour de l'étang de Berre. Ce volume va en dimi- nuant de Lamanon à Istres : dans cette dernière localité j'ai vu très peu de cailloux plus gros que le poing, tandis qu'à Lamanon les dimensions de 20, 30, 45 cm. se rencontrent, sur des roches, comme les quartzites triasiques et les variolites, qui viennent pourtant du haut du bassin. Il serait inutile de donner pour chaque localité une liste des roches observées, tellement il y a similitude complète de l’une à l’autre : Lamanon, Miramas, Istres, sur la lisière orientale, et Entressen, vers le milieu de la Crau. J’ai recueilli les roches suivantes : grès durs dits quartzites, du Trias des Alpes, blanes à l’intérieur, blonds à la surface ; grès grossier passant à la brèche, avec fragments de schiste rouge, quartz blanc, parties vertes, verrucano du Permien des Alpes; grès gris (quartz, feldspath altéré, mica blanc, schiste noir) d'aspect terne et terreux, de l'Éocène du bassin du Verdon: grès lustré brun, rare; quelquesjaspes noirs; quartz blanc de filons; calcaires gris jurassiques abondants; protogine à feldspath rose; microgranulite ; porphyrite grise ou verdâtre à hornblende en cristaux noirs très nets ; amphibolite ; euphotide ordinaire et à glaucophane; variolite; roches vertes compactes en partie au moins ophitiques : serpentine. Les calcaires gris, les quartzites de grosseurs très diverses, les grès du Verdon, sont abondants. Les variolites, quoiqu’'en dise Coquand, sont fréquentes de mème que les euphotides, les serpentines, le verru- cano. La présence des variolites confirme d’une façon irrécusable l’origine durancienne de ces caïlloutis qui résulte d’ailleurs de la similitude de chacune de ses roches une à une avec celles que roule communément la Durance. Et les roches caractéristiques sont en quantité telle que le poudingue paraît avoir été formé par la Durance à l'exclusion de la participation du Rhône. Aussi profon- dément qu'ont pu porter mes recherches à Miramas, la composi- tion est la même. Il ne s’agit donc pas d’un placage d’apports de la Durance sur un poudingue de nature différente. La liste des roches que je viens de donner est plus longue que 1904 PLIOCÈNE ET QUATERNAIRE DU BAS-RHÔNE 405 celle que j'ai fournie pour les cailloux du plateau autour de l'étang de Berre. Cela tient en partie à ce que ceux-ci étant plus petits leur étude a été moins complète, car il me suflisait d’en noter les éléments les plus caractéristiques ; en partie aussi à ce que leur moindre volume et leur dissémination ont facilité leur disparition pendant le temps où ils sont restés à la surface du sol, temps que d’ailleurs je crois plus long, comme nous verrons par la suite. Les calcaires ont été totalement dissous, les grès du Verdon, devenus friables par l’altération de leur feldspath, se sont désagrégés tota- lement, de même que les roches granitiques. Le poudingue de la Crau forme un cône de déjection dont le sommet est à Lamanon et dont la base, partant des environs de Fos, s’allonge au N. O. La pente moyenne, suivant une arête, du som- met situé à 107 m., jusqu'à sa base, d'altitude 5 m., est de 0,0036, peu supérieure à celle de la Durance, de son confluent avec le Rhône (21 m.)au confluent du ruisseau de Sainte-Tulle en face Corbières (270 m.), soit 250 m. pour 94 km., qui est de 0,0024. Les courbes de niveau tracées au moyen des cotes indiquées sur la carte au 1/80000 sont nettement concentriques autour de Lamanon; elles sont convexes vers l'extérieur dans leur ensemble jusqu’à celle qui passe sur l’étang d'Entressen. Au-delà elles le sont encore dans la partie est, dessinant une série de lobes parallèles. Les étangs d’Entressen et de Dezomme ne sont vraisemblable- ment que les parties moins colmatées pendant les divagations de la rivière sur son lit de déjection ou à la limite de ce lit et d’une autre formation ayant aussi le caractère de poudingue et située au nord de la Crau de Miramas. La Crau D'EyGutÈREs. — Cet autre poudingue, que pour la commodité, j'appellerai du nom d’'Eyguières, est séparé du précé- dent par une ligne qui passe entre les villages de Lamanon et d'Eyguières, laisse Saint-Martin-de-Crau au nord, pour aboutir au Rhône vers le Mas Thibert. Au nord de cette ligne nous sommes encore dans la Crau, mais le relief n’est plus ordonné de la même manière et les cailloux ne sont pas les mêmes. Leurs dimensions sont généralement moindres. Les calcaires sont abondants, mais généralement impurs, très siliceux, ils sont profondément décal- cifiés, montrant dans la cassure un noyau gris entouré d'une cou- che épaisse poreuse et jaune. Les grès quartzites abondants sont devenus blonds ou roses jusqu’à une profondeur qui peut dépasser un centimètre. Ces caractères d’altération s’atténuent naturelle- ment dans la profondeur du poudingue. Des jaspes et silex de {06 L. COLLOT 16 Mai diverses couleurs, des quartz de filon, diverses roches siliceuses s’y rencontrent. Mais je n’y ai pas trouvé les variolites, les eupho- tides, les serpentines, les verrucano, les grès du Verdon, qui donnent un cachet si reconnaissable aux alluvions de la Durance. La différence de nature du poudingue d'Eyguières se traduit au point de vue cultural par la diminution de la lande livrée à la dépaissance des moutons qui caractérise l’autre partie de la Crau. De nombreuses plantations d’Amandiers y sont établies. Le poudingue d’Eyguières a son point culminant peu au nord- ouest du village de ce nom, au point coté 163 m. sur la carte, entre le mont Menu et le pied des Aupies. Au-dessous de ce point les courbes de niveau du poudingue s’étagent du nord au sud en s’allongeant de l’ouest à l’est, avant de se raccorder avec les courbes de la Crau durancienne. Cette allure se continue dans la Crau dite sur Durance, c’est-à-dire au-dessus du canal de Cra- ponne, s’allongeant jusqu'aux portes d'Arles, et qui est toute formée de poudingue d’Eyguières. Des érosions postérieures ont seulement introduit de petites irrégularités dans cette dernière partie des courbes de niveau. J’ai distingué : dès 1879 et même dès 1877, les deux parties de la Crau. En 1880 Fontannes *? a établi que ce poudingue est supé- rieur aux sables et aux argiles pliocènes à Vassa semistriata qui partant de ce col entre le mont Menu et les Aupies,s’avancent dans le nord vers Saint-Pierre de Vence et Roquemartine. Coquand qui ne distingue pas, d’ailleurs, plus que Fontannes, les deux poudin- gues, arrive par des arguments en partie faux, à la même conclu- sion pour le poudingue observé dans la partie nord de la Crau. On a été quelquefois frappé d’une certaine abondance de quart- zites volumineux à la surface de la Crau. Cette abondance est due à la disparition par dissolution ou par usure des éléments du poudingue moins résistants à ces modes de destruction. Cela est si vrai que j'ai pu observer la coupe suivante, un peu au S. O. de Barbegal, à 6 kilomètres d’Arles. Une dépression marécageuse a été creusée au nord de la Crau par enlèvement du poudingue et d’une partie des terrains sous-jacents. Le passage de la surface à peu près horizontale de la Crau au marais, se fait par un talus assez raide. Un palier sub-horizontal coupe la pente en deux. Sur les pentes les cailloux calcaires paraissent très nombreux, tandis 1. B. S. G. F. (3), V, p. 462, 463. AFAS., 1879 (Montpellier) p. 661. — Des- cription géol. envir. Aix, Montp. 1880, p.131. Le poudingue de Lamanon est indiqué comme s’élevant à 72 m.; c’est une faute d'impression, il faut : 107 m. 2. B. S. G. F., (3), XIL, p. 472, 1884. 1904 PLIOCÈNE ET QUATERNAIRE DU BAS-RHÔNE 407 que sur les surfaces à peu près horizontales de la Crau et du palier, les quartzites prédominent. Or le palier n’est que le prolongement d'un lit intérieur du poudingue devenu visible par suite de dénu- dation et il devrait être fortement chargé de cailloux calcaires, coînme la masse du poudingue. Sur les pentes les cailloux glissent, se renouvellent, et n'ont pas le temps de subir à fond les actions destructives. Sur les surfaces horizontales l’action dissolvante de l’eau s'exerce au contraire indéfiniment sur les mêmes cailloux, ce qui produit une sélection en faveur des quartzites. Je ne suis donc pas d'accord avee Coquand et avec Fontannes. Le premier ! dit : « Le dépôt le plus méridional (de cailloux plio- cènes) constitue le fond de la plaine de la Crau, et n’a rien de commun avec ies cailloux roulés qui les recouvrent et qui appar- tiennent à l'époque quaternaire ». Fontannes ? admet les deux formations successives. J’admets bien aussi deux formations distinctes dans la Crau, mais elles ne sont pas superposées, elles sont juxtaposées, l’une constituant la Crau de Miramas, l’autre la Crau d'Eyguières. POUDINGUE DE LA RIVE DROITE DU RHÔNE (SAINT-GILLES). — Un poudingue de même nature, de même apparence que celui d'Eyguières, se retrouve en face d'Arles, à Saint-Gilles : en remon- tant de là vers le nord jusqu’à Beaucaire, il couronne la falaise qui domine la rive droite du Rhône et de là s'étend en plateau dans la direction de Nîmes, plus à l’ouest. Il repose sur les sables à Ostrea cucullata et sur les argiles marneuses à Vassa semistriata du Pliocène. Actuellement la vallée du Vistre, de formation plus récente, sépare le plateau caillouteux de Saint-Gilles des collines secondaires de Nîmes, comme les marais des Baux et de Barbegal séparent la Crau des collines secondaires des Baux. J'ai signalé dans le temps la structure semblable à celle d'un delta, que présente la falaise caillouteuse sous le cimetière de Saint-Gilles. Des lits inclinés à 30° environ sont surmontés brus- quement par une assise horizontale épaisse d’environ 4 m., recou- verte elle-même d’un manteau de terre rouge à cailloux siliceux. Dans l’assise horizontale, les cailloux sont individuellement inclinés vers l'amont. La surface de séparation de l’assise à lits inclinés et de l’assise recouvrante descend très légèrement vers le sud, c’est-à-dire vers l'aval. Quelques-uns des lits inclinés sont cimentés par du calcaire cristallin. La composition du poudingue peut être étudiée dans son épais- 1. B. S. G. F., (2), XXVI, p. 552, 1809. 2. B. S: G. F., (3), XIL, p. 463, 464. 408 L. COLLOT | 16 Mai seur, soit dans cette partie de la falaise, soit sur son prolongement et dans les grandes tranchées qui précèdent la gare de Saint-Gilles à l’ouest. Les grès quartzites blanchâtres et les calcaires en cail- loux ordinairement plats constituent chacun à peu près un quart du poudingue, l’autre moitié étant formée par des quartz blancs, du silex, des jaspes noirs, jaunes, rouges, avec quelques basaltes de l'Ardèche, porphyres pétrosiliceux, granites et granulites, et exceptionnellement euphotides et variolites. On trouve des cail- loux de 15 ou 20 cm. Certains blocs plats peuvent atteindre 85 cm. de longueur ; ils sont un peu anguleux et ne viennent pas de très loin ; ils sont calcaires. Du sable gris-jaunâtre existe ordi- nairement entre les cailloux. Ces roches présentent des signes d’altération plus marqués que ceux de la Crau de Miramas. La composition du poudingue de la rive droite du Rhône pré- sente quelques variations. Dans les tranchées du chemin de fer, à Saint-Gilles, certains lits paraissent bien plus chargés de cailloux siliceux que d’autres. Cela ne peut tenir qu’à l'importance relative momentanément plus grande qu'ont prise certains affluents dont le contingent calcaire était plus faible. De même sous Bellegarde j'ai été frappé de la prédominance des grès quartzites sur les calcaires. Une inégalité de composition, ayant une origine toute différente, peut s’observer assez souvent entre la couche supérieure et la masse générale. Cette différence a pour cause l’altération chimique par dissolution du calcaire et oxydation du fer à partir de la sur- face. Le résidu de cette action est une terre très rouge, argilo- sableuse, dans laquelle sont disséminés des cailloux exclusivement siliceux, des mêmes espèces que ceux qui plus bas sont mélés à des cailloux calcaires. Les grès quartzites et quartz blancs prédo- minants, les jaspes de diverses couleurs, les silex, ont seuls résisté. Les calcaires purs ont disparu, ceux qui étaient très sili- ceux ont été convertis jusqu'au centre, en une sorte d’éponge rousse et légère, analogue à du tripoli ; les cailloux granitiques sont devenus excessivement friables, par la kaolinisation. Une végétation essentiellement silicicole, caractérisée par certains Cistes, la Lavandula stæœchas, la Calluna vulgaris, envahit ces surfaces entièrement décalcifiées. | Quelquefois le manteau rouge manque; d’autres fois, au contraire, l’altération a intéressé toute l’épaisseur du cailloutis. Ceci a eu lieu lorsqu'il n’était pas très épais, lorsque la superposition à des sables a facilité le drainage, lorsque la situation élevée a concouru aussi à l'écoulement facile des eaux à travers la masse. À Générac 1904 PLIOCÈNE ET QUATERNAIRE DU BAS-RHÔNE 409 ces trois conditions sont réunies, la totalité du cailloutis est rouge, il en est de même à Broussan où 5-6 m. de cailloux reposent sur du sable, tandis qu'à Bellegarde, le poudingue, épais d'environ 20 m. et reposant sur la marne bleue, s’est! conservé gris, sans décalcification apparente. Un mouvement de plissement a dû se produire entre les sables à Ostrea cucullata et la formation du poudingue de Saint-Gilles. Cela résulte de l’observation qu'on peut faire dans la coupe natu- relle que présente la falaise de Saint-Gilles à Bellegarde, immédia- tement au sud du hameau de Broussan. Le sable et la marne qui le supporte dessinent un léger synclinal orienté à peu près est- ouest. Le poudingue passe sur eux en discordance, et va s'appuyer directement sur les marnes, là où celles-ci se relèvent, les sables étant actuellement limités au fond du synclinal. La surface qui limite inférieurement le poudingue et coupe les lits marins, est sensiblement horizontale. PerTire CRAU DE SAINT-REMY. — Séparée de la grande Crau par le massif des Alpilles au nord de laquelle elle se trouve, la Crau de Saint-Remy est formée de quelques mètres de cailloux reposant directement sur les marnes marines du Miocène, comme l’a montré Fontannes, et non du Pliocène, comme le croyait Coquand, Cet étroit plateau qui s’allonge isolé, du sud au nord, jusqu’à la Durance au-delà de laquelle il a son prolongement plus ou moins discon- tinu jusqu’à Châteauneuf Calcernier, en amont d'Avignon, forme de Saint-Remy à Châteauneuf un arc régulier auquel le cours du Rhône actuel est grossièrement parallèle. Il correspond à peu près à la même phase alluviale que le poudingue de la rive droite, son altitude s’élevant de 85 à 125 m. environ. L’altitude minima qui est dans la partie la plus méridionale, sur Saint-Remy, se retrouve sur le plateau de la rive droite à la même latitude, à l’ouest de Beaucaire. Dans la région intermédiaire, nous trouvons un ilot à 83 m. sur Barbentane. Les cailloux de la petite Crau de Saint-Remy sont de médiocre grosseur, avec beaucoup de menu gravier et de ciment sableux- Ce poudingue n’est pas formé de roches de Durance ; j'y ai remar- qué des grès quartzites blancs, des quartz vitreux ou laiteux, des jaspes de diverses couleurs. Je présume qu’il y a des calcaires, bien que mes notes soient muettes à ce sujet. Ce poudingue paraît un peu plus récent que celui d'Eyguières, puisque, situé en amont par rapport à celui-ci, il est d'altitude manifestement moindre. 4x0 L. FOLLOT | 16 Mai Interprétation. Tâchons de nous rendre compte, d’après les faits exposés ei- dessus, des événements successifs qui se sont accomplis dans l’ouest des Bouches-du-Rhône et dans les régions contiguës. Vers la fin du Miocène les rivières qui avaient jusque Ta déchargé leurs cailloux dans le delta des Mées (Basses- -Alpes), amenèrent ceux-ci jusque sur le Miocène marin et d’eau douce des Bouches- du-Rhône, en passant par dessus le seuil de Mirabeau. Des lam- beaux de ce poudingue existent sur le plateau qui domine Jouques. à Notre-Dame de Consolation, au Pey de Durance. Je les ai encore marqués comme pliocènes sur la Feuille d'Aix de la Carte géologique au 1/80000, mais étant la suite du poudingue des Mées qui a participé aux mouvements pliocènes, comme on peut le voir à Beaumont au N. E. de Mirabeau et comme Desor l'a montré ailleurs. ils doivent être rapportés au Miocène dont ils forment le dernier terme. Sur l’autre rive de la Durance on retrouve le même poudingue couronnant les hauteurs qui dominent Cadenet. J'ai annoncé en 1877: la présence des variolites parmi les gra- viers des couches à Cardita Jouanneti de Cabrières d'Aigues (Vaucluse). J'ai retrouvé les variolites, avec d’autres roches vertes en petite quantité dans le poudingue du Miocène culminant au-dessus de Jouques. Les cailloux disséminés sur les plateaux au nord et au sud de l'étang de Berre, qui viennent certainement de la vallée de la Durance, puisqu'il comprennent beaucoup de roches vertes, et particulièrement de nombreuses pois pourraient bien remonter à cette époque. Leur grande altitude qui atteint peut-être 200 m. eten tous cas ne descend pas beaucoup au-dessous, amène à cette conclusion. Tout au plus pourrait-on penser qu'ils ont été roulés sur le rivage de la mer pliocène. Si non il faudrait admettre à une époque excessi- vement récente une énorme dénivellation entre le centre de la Crau et les plateaux qui dominent l'étang de Berre. Si les cailloux de ces plateaux remontent à l'époque pontique, ils se sont répandus sur les dépôts burdigaliens et tortoniens qui couvraient avec plus ou moins d'épaisseur, les plateaux où nous les trouvons. À mesure que leur support miocène disparaissait, ils descendaient sur la pénéplaine formée de terrains secondaires sans disparaître eux- mêmes entièrement, leur inaltérabilité chimique, leur dureté, leur ténacité, leur assurant une persistance en quelque sorte indéfinie. 1. B. S. G. F., 6), V, p. 462. 1994 PLIOCÈNE ET QUATERNAIRE DU BAS-RHÔNE ei Leur plus court chemin pour arriver là où nous les voyons semble être la région comprise entre Aïx et Lambese. Mais je ne connais aucune trace de semblables cailloux dans ce territoire ; je n'en ai point vu sur les mamelons miocènes où subsistent encore le calcaire d’eau douce et les marnes rouges du Miocène supérieur, dans les environs de Puyricard, Saint-Cannat, Rognes, Lambesc. Peut-être est-ce déjà dans la région d'Eyguières et de Lamanon que passaient les alluvions de la Durance pour se répan- dre plus au sud, l'emplacement de la Crau ne se trouvant pas déprimé comme il l’est aujourd'hui, puisque je parle de temps antérieurs aux mouvements postmiocènes. [1 est bien entendu d’ailleurs, que le défilé de Lamanon, dû à l’érosion, n'était pas encore ouvert. A l'époque pliocène un exhaussement du sol avait chassé la mer du bassin du-Rhône, puis d'importants mouvements orogéniques s'étaient produits. Ensuite la mer pliocène pénétra dans les régions déprimées soit tectoniquement, soit par suite des récentes érosions et envahit la vallée du Rhône jusqu'auprès de Lyon et le bas de celle de la Durance. J’admettrai avec M. Depéret et jusqu’à preuve du contraire, que la ligne du niveau de cette mer correspond uniformément à peu près à la cote actuelle de 180 m. Ce n’est pas toutefois sans quelque réserve sur cette uniformité, en raison de l’accident que j'ai signalé précédemment à Broussan. Après le dépôt de ces marnes et des sables à Ostrea undata qui les surmontent, les cours d’eau ont amené des alluvions caïillouteuses par dessus eux, ou à leur place, après avoir balayé ces dépôts marins *. C’est alors que la Crau d'Eyguières et Arles s’est formée, des eaux attribuables au Rhône à cause de la rareté des roches duranciennes, ayant passé par le col entre le mont Menu et les Aupies comme je l’ai envisagé dès 1877. L'altitude 163 m. du poudingue au nord-ouest d'Eyguières est comparable à celle qu'atteint la même formation sur la rive droite du Rhône, à Générac :. 1. Il serait intéressant de retrouver quelques restes des deltas pliocènes du bassin du Rhône datant de l’époque où les marnes à Nassa semistriata s’y déposaient. Que devenaient, par exemple, les cailloux de la Durance, entre la fin du Miocène, où elle formait le delta des Mées, où elle le poussait même sur Jouques et sur Cadenet, et l’époque où ils se sont déversés dans la Crau ? 2. Emilien Dumas, influencé par la grande altitude qu'’atteignent les sables pliocènes à Ostrea undata et Anomies à Générac, les considère (Statist. géol. du Gard, 2° part. p. 583) comme supérieurs au poudingue pliocène de Saint-Gilles. Il donne même uné figure où Saint-Gilles est représenté sur le 412 L. COLLOT 16 Mai La principale pente des hauteurs de Générac est vers le sud et est assez rapide : c’est la même allure que celle du poudingue d'Eyguières. Entre Eyguières et Arles la pente est aussi vers le sud, mais moins rapide qu'à Eyguières entre les cotes 163 m. et 100 m. Le poudingue a dû couvrir l'emplacement du marais des Baux et s'élever sur les premières pentes des Alpilles à une hau- teur analogue à celle qu'il atteint à Eyguières. L’érosion par les eaux descendant des Alpilles a fait disparaître ces parties supé- rieures et même creusé notablement au-dessous du poudingue situé au sud les marais des Baux. On peut par la pensée restituer un plan incliné dont l'horizontale de 144 m. passerait par Générac, un peu au nord d'Arles, au-dessus du marais des Baux, à Aureille, Eyguières. Cette ligne E. O. devait être à peu près parallèle au rivage. De Générac la surface du poudingue s’abaisse non seulement vers le sud, ce qui est normal, puisque c’est la pente vers la mer, mais aussi au N. O., par suite du creusement postérieur de la vallée du Vistre, et enfin vers le N. E. Dans cette direction le poudingue constitue un plateau assez régulier vers 70 à 80 m. C’est pourtant de ce côté que devaient venir les cailloux et à priori la surface devrait s'élever dans cette direction au lieu d'être plus basse qu'à Générac. Ecartant l'hypothèse d’un relèvement total du poudingue par un mouvement de plissement et celle d’un rem- blayage général à 144 in. avec érosion postérieure, j'estime que l’explication la plus convenable de l’état des lieux est la suivante. Lorsque les premiers cailloux ont été roulés sur les sables plio- cènes, le fond en amont de Générac était à une hauteur relative supérieure à 144 m. Après le dépôt des alluvions de Générae, les eaux se sont déplacées en érodant le Pliocène marin de plus en plus profondément et en abandonnant des alluvions à des niveaux décroissants. Toutefois ces alluvions ne forment pas des terrasses étagées, mais par suite de la régularité continue de l’action, elles se raccordent en une nappe unique, inclinée. L'hypothèse que je propose est rendue plus vraisemblable par poudingue et dominé par le sable reposant sur celui-ci. Cela est faux : à peu de distance de Générac, en allant vers Saint-Gilles, on peut voir au contraire l’assise sableuse recouverte par le poudingue de couleur claire, avec calcaires, épais d'environ 2 m. Les cailloux sont entremêlés d’un sable pareil à celui du dessous. Quelques rognons de calcaire farineux se trouvent dans le poudingue, 1 m. environ de terre rouge à cailloux siliceux, puis 30 cm. de terre grise, caillouteuse, surmontent le tout Le dépôt rouge est ce que Dumas appelle diluvium ; je le considère comme un résidu de décal- cification du poudingue gris. 1904 PLIOCÈNE ET QUATERNAIRE DU BAS-RHÔNE 413 le fait que le niveau du plateau caillouteux est inférieur précisé- ment là où les sables à Ostrea undata manquent, c'est-à-dire, selon toute probabilité, ont été enlevés. Les dénivellations de la surface qui porte le poudingue seraient donc dues à l'érosion qui en a précédé en chaque point le dépôt. Lorsque le poudingue de Miramas s'est formé dans la Crau sud-est, toutes les nappes précédentes avaient été abandonnées par les eaux, les vallées avaient continué à se creuser et les rivières ne coulaient plus qu'à 20 ou 25 m. au-dessus de leur niveau actuel. Les eaux passant depuis longtemps à Lamanon avaient scié la molasse miocène et l’Urgonien qui la supporte. La paroi abrupte du côté est, dirigée perpendiculairement aux surfaces de stratification, est manifestement une surface d’érosion. A l’ouest il en est de même, mais avec moins d’évidence, la roche miocène plus tendre ne s'étant pas maintenue en abrupt, on passe douce- ment des alluvions anciennes qui bordent la vallée actuelle de la Durance à celles du col de Lamanon et de la plaine de la Crau. Certainement si on va de Lamanon directement à la Durance, on descend : cela résulte du creusement de la vallée postérieurement à la formation du poudingue qui existe à Lamanon. A l’époque de cette formation la vallée n’était nulle part en amont, ni même en face de Lamanon, creusée à 95 m., comme elle l’est actuellement. Elle coulait à 110 ou 120 m., capable d'abandonner des cailloux à 107 m. à Lamanon. Coquand prétend (p.578) que de Port Royal jusqu’au-delà de Lamanon, le canal de Craponne a son lit ouvert dans la molasse miocène et qu’il n’y a dans ce long trajet, ni craus, ni cailloux de Durance. Ceux-ci peuvent être quelquefois masqués par des limons de colmatage ou par des éboulis de pentes, mais ils existent vers ce niveau. Il y en a même de plus élevés, tel l'ilot au nord d’Alleins, au milieu de la plaine, vers 130 m., qui domine la Durance de 25 m. La coupe donnée par Coquand, p. 566, qui doit passer par le col pour signifier quelque chose, est fausse, le seuil de molasse figuré n’y existant pas, et cette formation se trou- vant seulement à l’ouest. La carte géologique au 1/80000, Feuille d'Arles, attribue une petite surface aux alluvions anciennes au nord de la gare de Lamanon, afin de se raccorder avec la feuille d'Avignon, où ces alluvions sont marquées dans le voisinage, puis elle arrête ces alluvions par une ligne convexe vers le sud, pour attribuer au Pliocène ce qui est au-delà. Cette ligne ne répond à aucune démar- cation naturelle saisissable sur le terrain. Le poudingue qui s'étend de Lamanon à Salon, Entressen, Miramas, Istres, est donc 414 L. COLLOT 16 Mai confondu sous la même lettre et sous la même couleur que celui d'Eyguières et Arles qui en est pourtant si différent. La situation de Lamanon est très remarquable. Ce village étant dans un col est donc à la jonction de deux pentes inverses, mais tandis que celle du sud est l’ancienne pente d'écoulement des eaux, celle vers le nord provient du creusement graduel de la vallée après que les eaux, ayant trouvé un passage à l’ouest, eurent cessé de couler par Lamanon. D’après ce que je viens d'exposer, la Crau durancienne (ou de Miramas) s’est formée en contrebas de celle d'Eyguières, quila domi- nait par une pente assez rapide dirigée uniformément vers le sud. La Crau durancienne, très plate, a ses pentes dirigées généralement vers le S.O. La rive droite du courant de la Durance dans la Crau était formée par le poudingue d’'Eyguières et les cailloux remaniés de ce poudingue se sont mêlés sur l'emplacement de cette rive à ceux qu'apportait la Durance, formant une zone de transition. Dans l'hypothèse d’une formation simultanée du poudingue de Miramas et de celui d'Eyguières, je ne m’expliquerais ni la diffé- rence d'allure des deux Craus, ni la persistance du col de Lama- non, que les cailloux venus d'Eyguières auraient comblé. Conclusion. — L'histoire des formations que je viens d'étudier peut se résumer de la manière suivante : À la fin du Miocène ou pendant le Pliocène ancien, alors que la mer s'élève à 180 m. dans le S.E. de la France, la Durance envoie ses graviers sur les plateaux qui sont au nord et au sud de l'étang de Berre et sur l'emplacement de celui-ci qui n’est pas encore creusé. Avant le Pliocène supérieur, un léger plissement se produit dans les argiles et sables pliocènes marins de la région du bas Rhône (accident de Broussan). Les cailloux apportés par le Rhône, glissant sur les dépôts formés dans la mer pliocène, arrivent au sud des Alpilles par le défilé d'Eyguières (163 m.) et à l’ouest du Rhône, à Générac (144 m.). Ces dépôts ont pu se faire dans la mer qui était à 180 m. ou qui . venait seulement de quitter cette cote. Pendant le mouvement de retrait le dépôt des alluvions se fit à des altitudes décroissantes sur un fond que l'érosion abaïissait sans cesse aux dépens des sables pliocènes, pour constituer le plateau de Beaucaire à Saint- Gilles. Les alluvions de Beaucaire, la petite Crau de Saint-Remy, ainsi que le poudingue marqué P, sur Lauris, dans la Feuille de Forcalquier au 1/80000, correspondent à peu près à l'étape de la 1904 PLIOCÈNE ET QUATERNAIRE DU BAS-RHÔNE A6 mer dessinant son rivage à 60 mètres autour de Villefranche, à l’époque du Pliocène récent. Les alluvions de Mérindol (50 m. au-dessus de la Durance, de Laroque (4o m.), un peu plus récentes, pourraient à la rigueur appartenir à une Durance aboutissant au même niveau de base, mais ayant diminué sa pente par le creusement plus profond de sa vallée. Il est plus vraisemblable qu'elles correspondent à un nouvel abaissement de la mer. Au niveau de 25-28 m. observé à la presqu'île Saint-Jean, à la grotte du Prince, correspondraient les alluvions de Pertuis (au moins 30 m. au-dessus de la Durance), Saint-Estève (30 m.), sous Fomcolombe (25 m.), Alleins (25 m.) Lamanon (22 m.). C’est alors que la Durance passant par le pertuis de Lamanon, qui n’a plus été approfondi depuis, a formé la partie S. E. de la Crau ou Crau de Miramas. À un moment qu'il est diflicile de préciser, le niveau de la mer a dû être inférieur au niveau actuel, pour permettre aux cours d’eau qui aboutissent à l’étang de Berre de creuser la dépression au fond de laquelle il est logé , en s’écoulant à la mer par l'étang de Caronte. Ce mouvement négatif a dû être de plus de 10 m. par rapport au niveau actuel, puisque le fond de l'étang, malgré les apports qu'il reçoit journellement, a encore une profondeur de 10 mètres. Plus tard un mouvement positif a amené la mer à 8 ou 9 m. au- dessus du niveau actuel : alors s’est formée la terrasse à Cardium edule des Martigues. Elle correspond par son niveau aux sables explorés par M. M. Boule à 7-8 m. dans la grotte du Prince et à peu près à la plage de Pointe-Formigue étudiée par MM. Depéret et Caziot, près de Beaulieu, et aux phénomènes du même ordre notés par M. Depéret, par M. Miquel, sur la côte du Languedoc. Enfin par un dernier mouvement négatifla mer a pris le niveau où nous la voyons. 1. J’ai développé cette idée dans ma note sur l’étang (B. S. G. F. G), X, p. 333) en faisant ressortir que cette dépression n’a certainement pas une origine tectonique. SUR LE CALCAIRE A ORBITOÏDES DE MEAUDRE (Isère) par M. V. PAQUIER. Ce niveau présente, comme on sait, un intérêt tout particulier, car c’est le seul point de toutes les Alpes françaises où l’on ait reconnu la faune du Maëstrichtien. Son affleurement est d’une étendue fort restreinte; au lieu de constituer une bande continue depuis Antrans jusqu'au S. E. de Méaudre, comme l'indiquent les Feuilles Grenoble et Vizille de la Carte géologique détaillée, il se réduit seulement à deux lam- beaux au nord et au sud de la route de Lans à Autrans. Ce sont des calcaires jaunes dans lesquels Ch. Lory ’. et moi * avons signalé, Nerita rugosa Hæœning, Alectryonia ungulata Schloth. sp. (Ostrea larva ILE, Pycnodonta vesicularis Lk. sp., forme de grande taille, et Orbitoides media d’Arch. sp. Or, la détermination de l’Orbitoides n’a jamais été, à ma connais- sance du moins, donnée avec toutes les garanties de la certitude. D’Archiac * la regardait comme appartenant à une espèce voisine de ©. media et ce fut Munier-Chalmas “ qui, en indiquant à Méaudre l'existence de plusieurs espèces ou variétés d’'Orbitoides, considéra l’une d’elles comme probablement identique à O. media. M. Fallot * n’apporta pas de renseignements nouveaux sur ce gise- ment qu'il tend à paralléliser avec la craie de Royan. . En 1907, paraissait la précieuse monographie du genre Orbi- toides de M. Schlumberger *, à la suite de laquelle M. H. Douvillé ’ faisait connaître la répartition précise de ces organismes dans le Crétacé supérieur du Sud-Ouest. Comme on le voit la faune de Foraminifères du gisement du Vercors se réduisait à une citation d’O. media sur laquelle planaït d'ailleurs quelque doute. Grâce à ces dernières études qui renou- vellent ainsi nos connaissances sur ce point, l'étude de Ia faune de Méaudre peut être reprise avec fruit et il devient possible d'en préciser l’âge et les affinités. B. S. G. F. (3), IX, p. 58, Sur le Crétacé supérieur de l'Isère, 1880. . Bull. Soc. Stat., Isère, XXVI, 1892. . in Lory, Descr. géol. Dauphiné, p. 353. . B. S. G. F. (GB), IX, p. 60, 1880. . Crétacé du sud-est de la Fr., p. 93, 1885. 6. B. S. G. F. (4), 1, p. 458, 1901. Première note sur les Orbitoïdes. — L’au- teur cite (p. 465) comme l’un des gisements d’O. media : Maurens (Isère); or Maurens se trouve dans la Dordogne, c’est très vraisemblablement Méaudre qu'avait en vue M. Schlumberger dans son énumération des localités. 7. Ibid. (4), I, p. 307, 1902. OÙ EN D ND SUR LE CALCAIRE A ORBITOIDES DE MÉAUDRE 417 Les formes que je vais citer ont été recueillies sur le bord de la route d'Antrans à Méaudre, dans le lambeau méridional, et proviennent toutes d'un même banc placé à la partie supérieure des calcaires jaunes qui, toutefois, fournissent dès leur base la même association de Foraminifères. Orbitoides media d’'Arch. se rencontre en effet dans ce gisement en nombreux exemplaires de conservation interne très satisfai- sante et donnant ainsi d'excellentes préparations. La forme méga- sphérique (A) est la plus fréquente et bien reconnaissable à sa loge embryonnaire subdivisée en { par trois cloisons dont deux parallèles, et à ses loges équatoriales à sections presque losan- giques. La forme microsphérique (B) est également représentée, quoique plus rare. Ces exemplaires sont d’ailleurs tout à fait analogues à ceux de Royan, à cette légère différence près que le diamètre de leur loge initiale est plus considérable. A côté de ces exemplaires typiques il s’en rencontre d’autres chez lesquels le contour des loges équatoriales, en section, tend à s'ovaliser, en même temps que les parois s’en amincissent et ainsi se réalise par tous les intermédiaires la transition à ©. apiculata qui semble être la mutation de l’espèce précédente. O. apiculata Schlumb. est assez abondamment représentée par des formes qui, extérieurement, présentent sur l’une des faces un bouton saillant central ; les caractères internes confirment d’ail- leurs pleinement cette assimilation. Des sections équatoriales montrent une forme mégasphérique chez laquelle l'embryon est subdivisé en 4 par trois cloisons obli- ques entre elles. La forme microsphérique semble plus abondante. Sous le nom d’Orbitoides minor, M. Schlumberger a fait connaître une forme de petite taille très fréquente à Maëstricht et qui Jusqu'ici n'était citée en France qu'à Roquefort (Landes). Elle se trouve représentée à Méaudre par des individus, moins fréquents que les précédents, il est vrai, mais parfaitement caractérisés. Ce sont des formes mégasphériques, l'embryon s'y montre constitué par deux cellules inégales, en outre la hauteur des loges équato- riales croît très lentement vers la périphérie. Enfin, il n’est point rare de recueillir dans ces assises et dès leur base, des Omphalocyclus. Bien que la systématique de ce genre, dont nous ne connaissons les aflinités véritables que depuis les travaux de M. Douvillé, soit encore mal établie, c’est parmi les formes fréquentes à Maëstricht et désignées sous le nom d’O. macroporus Lk. sp. que doit prendre place le type de Méaudre. 28 Novembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 27. AtS V. PAQUIER. — SUR LE CALCAÏRE À oRBiroibes 16 Mai Dans les plaques minces on observe assez fréquemment des sec- tons de Calcarines associées à de très nombreux Bryozoaires qui par endroits remplissent la roche de leurs débris. On y remar- que encore des sections de Zithothamnium, ne permettant pas, bien entendu, une détermination spécifique rigoureuse, mais paraissant se rapprocher de ZL. procænum Gümbel, de Maëstricht. Les Siphonées verticillées y sont aussi représentées par des formes de très petite taille mais bien caractérisées dans les sections minces. Ces végétaux ne doivent d’ailleurs pas être rares dans les calcaires à Orbitoïdes, car les couches à ©. socialis de Gensac m'en ont montré en assez grand nombre. Abstraction faite de Verita rugosa et d'Alectryonia ungulata se rencontrant indifféremment à divers niveaux du Dordonien, des Bryozoaires et des ZLithothamnium dont le rôle se borne à attester la très grande analogie des conditions bathymétriques qui ont présidé en divers points au dépôt de ces diverses assises à Orbitoïdes, car, si on les signale en grande abondance à Maës- tricht, ils sont également très fréquents à Gensac, les Foramini- fères seuls permettent d'établir un parallélisme précis avec les localités classiques. Indépendamment des Calcarines, abondantes dans la craie supérieure de la région sous-pyrénéenne comme dans celle du Limbourg, la faune de Foraminifères de Méaudre est, comme on l'a vu, constituée par Orbitoides media et O. apiculata auxquelles s’adjoignent avec une fréquence moindre, Omphalocyclus macro- porus et Orbitoides minor. Une semblable association citée d’après des déterminations précises n’a, à ma connaissance du moins, jamais été signalée. En eflet, d’après MM. Arnaud et H. Douvillé, Orbitoides media qui, à Talmont, débute dans les calcaires blancs du Campanien supérieur à Crania ignabergensis, atteint son maximum de fréquence dans les calcaires gris verdâtres Q, de Meschers, avec lesquels commence le Dordonien et qui renferment déjà Verita rugosa et Alectry-onia ungulata. Toujours dans le S.O. de la France, c’est à un niveau plus élevé, dans des couches R° de Beaumont de Périgord et de Maurens qu'apparaît O. apiculata. Enfin, O. minor se montre dans des assises plus récentes encore, à Roquefort, où elle est associée à des Omphalocy-clus qui dans l’Aquitaine sembleraient commencer à ce niveau auquel succède d’ailleurs la faune de Gensac à Orbitoides gensacica et O. socialis. À Maëstricht, on sait que ©. apiculata, O. minor et Omphalo- eyclus macroporus se rencontrent en grand nombre dans la. 1904 DE MÉAUDRE (ISÈRE) 419 deuxième couche à Bryozoaires (comptée à partir du sommet) qui recouvre immédiatement le Tuffeau exploité à Saint-Pierre ; par contre O. media n'y a jamais été signalée. C’est toutefois l'asso- ciation faunique la plus voisine de celle de Méaudre, à laquelle Ia présence de O. media imprime, il est vrai, un caractère un peu plus ancien et, la véritable place de ces calcaires à Orbitoïdes dans la série supracrétacée, doit être cherchée au voisinage du tuffeau de Maëstricht et non de la craie de Royan, comme le faisaient croire les anciennes déterminations. Les analogies avec les formations synchroniques du Nord sont d’ailleurs étroites à un autre point de vue. M. H. Douvillé a fait ressortir avec beaucoup de talent le rôle important joué dans l’Aturien par les Orbitolites s. 1. (Brœckina, Præsorites), et les Orbiculines (Fallotia, Meandropsina) ; comme il l’a montré, ces formes sont durant tout le Crétacé, spéciales à la Mésogée et ne dépassent pas l’Aquitaine dans les assises de laquelle elles abondent d’ailleurs. A Maëstricht, au contraire, elles sont totalement inconnues, de même qu'à Méaudre, où l’exa- men de nombreuses plaques minces de roche et d'individus isolés ne m'en a jamais fourni le moindre représentant. Le caractère nettement septentrional de la faune maëstrichtienne de l'Isère apparait ainsi très clairement accusé. Or, l'intervention de cou- rants froids de fond par lesquels on tend à expliquer l’immigra- tion de formes boréales dans les bassins largement ouverts vers le nord, ne semble pas aisément conciliable avec la minime étendue et aussi la faible profondeur du géosynclinal des chaînes subalpines à cette époque, c'est bien plutôt aux courants de sur- face qu'il faut attribuer l’uniformité de la faune maëstrichtienne dans le nord et les Alpes occidentales '. On sait d’ailleurs que la présence de Micraster et de Belemnitella dans les assises sous- jacentes du Campanien subalpin avait déjà été interprétée par Munier-Chalmas, comme impliquant l’existence de courants ame- nant ainsi dans la province alpine une faune septentrionale ; les affinités fauniques du Maëstrichtien de Méaudre qui ne tiennent pas seulement à une simple analogie de faciès montrent qu’un semblable état de choses a persisté pendant le Maëstrichtien. Presque au seuil des temps tertiaires, le géosynclinal subalpin sans doute très restreint et déjà en voie d'assèchement communi- quait encore avec les régions septentrionales, et c’est sous cette influence que se sont déposées ces couches à Bryozoaires, à Lithothamnium et à Orbitoïdes, isotopiques des assises à Bryo- zoaires du Limbourg. TAB SAC, (IL, pe 009: 1905: NOUVEAUX GISEMENTS DE PLÉISTOCÉNE MARIN DE LA CÔTE DES ALPES-MARITIMES ET GÉOLOGIE DU CAP D’AGGIO par MM. E. CAZIOT et E. MAURY. L'étude des variations du niveau de la mer Méditerranée pendant la période pliocène et pléistocène, par suite des affaissements et des exhaussements lents de la surface terrestre, préoccupe actuel- lement beaucoup de géologues et, à ce sujet, divers documents viennent d’être publiés sur des observations faites, tant sur les côtes de France et d'Italie, que sur la côte africaine. L'un de nous, en collaboration avec M. Depéret, a publié un premier travail d'ensemble : en se basant sur les dépôts connus ou nouvellement découverts de la côte des Alpes-Maritimes. Ensuite M. Boule a communiqué de nouvelles observations sur un nouveau gisement fossilifère de Menton, qui ont provoqué, au sein de la Société, une intéressante discussion ?. C’est dire que la question n’est pas complètement résolue et qu'il est nécessaire de poursuivre minutieusement cette étude, en se basant sur de nou- veaux documents qui permettront de préciser de plus en plus la question, et de ramener tous les géologues à une même opinion basée sur l’étude impartiale des faits. Nous avons donc continué cette étude, ainsi que celle des divers autres problèmes non résolus de la région des Alpes-Maritimes, et nous publions, aujourd’hui, le premier résultat de notre travail. Un premier gîte fossilifère du Pléistocène marin, près de la gare de La Turbie, nous a amené à faire la géologie du cap d’Aggio en ce qui concerne les brèches, éboulis et conglomérats éruptifs de labradorites. Ensuite nous donnons la description de deux gise- ments fossilifères de la presqu'île Saint-Jean, au cap Ferrat et à la grande carrière. Enfin nous terminons par celle de deux gisements pléistocènes que nous avons reconnus près de la place Saluzzo, à Nice, sur la vieille route de Villefranche. 1. Cu. DEPÉRET et Cazior. Gisements pliocènes et quaternaires marins des environs de Nice, B. S. G. F. (4), IL, 1903. 2. MM. Bouze, DEPÉRET, G. DozLFus, CAYEUX, DE LAMOTHE, LÉON BERTRAND. B. S. G. F. (4), IV, p. 10 et suiv. NOUVEAUX GISEMENTS DE PLÉISTOCÈNE MARIN 4ar 19 Géologie de la région du cap d’Aggio et gisement de Pléis- tocène marin de la baie de Mala. — La région considérée est comprise entre le cimetière de Monaco et les tunnels superposés du chemin de fer et de la route de Nice à Monaco, sous le grand escarpement sur lequel est bâti le fort de la Tête-de-Chien. Cet escarpement est formé par un anticlinal couché, dont l'axe est constitué par l’Oxfordien, puis par un synclinal couché, laminé, d'assises crétacées et enfin par un anticlinal de Jurassique supé- rieur dont fait partie le rocher de Monaco. Les flancs très abrupts sont recouverts par une grande masse d’éboulis, de brèches et de conglomérats d'âges différents superposés à des conglomérats de labradorites. On voit ces labradorites apparaître en trois points dif- férents entre la baie de Mala et le cimetière de Monaco ; mais elles font partie d'une même éruption volcanique et elles se relient sous les éboulis plus récents. Divers auteurs les ont étudiées S.0. Route de Nice à Monaco Tunnel du chemin de fer , Paris - Courses / / V0 PE 247 / ; Z 47 4 77, 5 oriqueurs NI III i 11111, ; 12500 CN Czp Wzla A PPS, Hauteurs Taco M, j ÿ 74 / DS Niveau de la mer Fig. 1, Coupe de la baie de Mala. b 2 Ô : bd . 2 a : / A,, Tuf calcaréo-argileux jaune ; A,, Eboulis récents ; A,,, Poudingue résul- . x [24 x » . . tant du remaniement sur place de la brèche ; A;, Brèche d’éboulis anciens; P, Sable et gravier coquillier (Pléistocène inférieur); }, Conglomérats éruptifs de labradorites ; c5-*, c?-1, Terrains crétacés (invisibles sur la coupe); J°-+, Calcaire compact cristallin et dolomitique ; J?-1, Calcaire blanc compact à silex. tant au point de vue de leur structure que de leur composition minéralogique et nous n’y reviendrons pas ; toutefois, nous sommes d'avis, avec M. Léon Bertrand, que ces labradorites qui sont formées par des blocs éruptifs cimentés et stratifiés, sont des pro- duits de projection volcanique au sein des eaux de la mer qui a contribué à rendre plus intime et à stratifier les éléments du h22 E. CAZIOT ET E. MAURY 16 Mai conglomérat. On ne voit d’ailleurs aucune trace de coulée qui aurait formé une masse éruptive compacte. L’éruption a dû avoir lieu vers le milieu ou à la fin du Pliocène, au moment où le niveau de la mer par rapport aux terrains avoisinants était plus élevé que le niveau actuel. L’altitude maximum de ces labradorites se trouve à la plateforme de l’Eden-Hôtel; elle est d'environ 60 mètres. Au sud de l'Hôtel, elles sont recouvertes par des brèches et des conglomérats et c’est entre ces brèches et les labradorites que nous avons rencontré, dans la baie de Mala, et un peu au sud de l’entrée du tunnel du chemin de fer, un riche gisement de Pléistocène marin. . La coupe de la figure 1 passant par le cap Mala et l’Eden-Hôtel, donne la position respective des labradorites, du gisement pléis- tocène, des éboulis et des brèches vis-à-vis des terrains jurassiques et crétacés avoisinants. Cimetiere der re Monaco G Cap Mala ; EE NET MER MÉDIiTERR À Fig. 2. — Carte de la région du cap d’Aggio. — Échelle : 1/25000. Même légende que pour la figure 1. En aucun point, nous n’avons pu apercevoir le contact des labradorites avec les assises crétacées ou jurassiques, par suite de la présence d’éboulis ; aussi, nous ne pouvons connaître les lignes certaines de dislocation et d’effondrement qui, sur ce rivage de la Méditerranée, ont provoqué l’éruption. La carte géologique de la figure 2 donne les relations superfi- cielles de tous ces dépôts. | Nous voyons ainsi que le gisement de Pléistocène marin se trouve placé entre les brèches les plus anciennes et les conglomé- 1904 NOUVEAUX GISEMENTS DE PLÉISTOCÈNE MARIN 423 rats de labradorites. Il est très réduit, et constitué par des sables calcaires mélangés de cailloux roulés jurassiques et de débris de la roche éruptive. Sa hauteur au-dessus du niveau de la mer est de 15 à 20 mètres et son épaisseur de un mètre au plus ; mais il disparaît bientôt à droite et à gauche. Il est situé sur le petit sen- tier, dénommé Sentier de la plage, qui longe la côte de la baïe de Mala au pied de l'escarpement très abrupt qui descend de l'Eden- Hôtel à la mer. La plupart des fossiles que l’on y rencontre sont en fort bon état de conservation et les espèces y sont très nom- breuses. Voici la liste de celles que nous y avons trouvées jusqu'ici : Marinula Firmini Payraudeau. Gadinia Garnoti Payr. Conus mercati? Brocchi. - — cadulus sp. nov. Monter. Clathurella (Philbertia) sp. — (Leufroyi1) Leufroyi Mich. — (Cirilla) linearis Montg. Mangilia Vauquelini Payr. — candida Recluz. Marginella(Gibberula) miliaria 1. — Philippii Monter. Pisania maculosa Weink. Pollia Orbignyi Payr. Mitra ebenus Lam. var. Cordieri Mara- vigna. — _tricolor Gmelin. — lutescens Lam. Pseudofusus parvulus Monter. Fusus pulchellus Phil. Nassa Lacepedei Payr. — Mabillei Locard. Purpura hemastoma ? L. — af. lapillus L. Columbella rustica L. — (Mitrella) scripta L. Muricopsis inernis Ph. var.subcancel- laia Bivona. Tritonium nodiferum Lam. Ranella (Bufonaria} scrobiculator lb Donovania turritella Desh. Donovania (Folinæa) Lefeborit Maravigna. Cypræa lurida L. turdiculus var. Monter. Cerithium vulgatum ? Brug. — progenitum Monter. Cerithiopsis Metaxaæ Monterosato (inetaxia rugulosa Sow.). Cerithiopsis coppol:æ Arad. Bittium reticulatum Da Costa. — — var. — Latreillei Payr. Murex trunculus L. Triforis perversa L. Vermetus ( Bivonia) Triqueter Bivona. Vermetus ( Bivonia) granulatus Gravenh. Vermetus (Mathilda) elegantis- simus Da Costa. Vermetus (Petaloconchus ?) sub- cancellatus Biv. Littorina neritoides L. Maravigna sicula Arad.(Fossarus) Rissoina Bruguieri Payr. Rissoa variabilis Meg. von Muhlf. — nodora Monter. — (Apicularia) similis Sacchi. Guerini Recluz. var. Guerini subcostulata Schw- — (Acinopsis) cancellata Da Costa. Alvania consociella Monter. fl Alvania ( Acinus ) subcrenulata Schw. cimex Monter. — rugosula Arad. PBarleia rubra Adams. Solarium conulus Weïnk. Peringia ulvæ . Pennant (espèce saumâtre). E. CAZIOT ET E. MAURY 16 Mai Patella (Patellastra) aspera Lam. — Rouxii Payr. Turbo rugosa L. Spondy lus gaderopus L. Ostrea stentina Payr. Radula squamosa Lam. var. elongata L. Pecten multistriatus Poli. Arca Noë L. (Barbatia) barbata L. barbata var. con- tracta B. D. D. (Fossularca) lactea L. (Acar) pulehella Rieve var. peregrina Libani. Truncatella truncatula Drap. Turbonilla lactea L. — — elegantissima Montg. — — Phasianella tenuis Risso. Yates pulla L. — — picta Da Costa. — Trochocochlea turbinata Born. — articulata Lam. Cardida calyculata L. Clanculus corallinus Gmelin. — trapezia L. Gibbula pygmea Risso. Pecten pes-pelis L. — rarilineata Risso. Lucina commutata Phil. Haliotis lamellosa Lam. Chama gryphoides L. Fissurella græca L. Jagonea reticulata Poli. var. minor. Radioles de Sitrongylocentrus livi- — gibberula Lam. dus Brandt. Emarginula cancellata Philippi. Anthozoaires. Patella ( Patellastra ) lusitanica Bryozoaires, rares. Gmelin. Pas de foraminifères. Comparé avec le Quaternaire de Sainte-Flavie ’ en Sicile, celui-ci paraît plus ancien parce qu'on y trouve mèêlées des coquilles appar- tenant au Pliocène ou éteintes. Nous n'avons pu retrouver le gisement à Strombus de la même baie de Mala, signalé par M. Ambayrac? dans une grotte des rochers jurassiques sur le bord même de la mer ; sans doute cette grotte a été obstruée, Nous n'avons pu ainsi nous rendre compte de la différence des faunes de ces deux gisements très voisins. Malgré plusieurs fouilles répétées, nous n'avons pu rencontrer le Strombus mediterraneus Duclos, dans le sable coquillier. Par son altitude, qui doit être une altitude minimum de cette faune, celle-ci correspondrait à peu près avec la faune du puits Risso au 1. DE Monrerosaro. Molluschi fossili quarternari di Sainte-Flavie. Natu- ralist. Siciliano. An, X, n° 5. r8gr. — M. de Monterosato, avec sa bienveil- lance habituelle et sa compétence bien connue, a bien voulu nous déterminer la plus grande partie de ces fossiles ; qu’il veuille bien agréer l'expression d nos sincères remerciements. 2. AMBAYRAC, in DEPÊRET et Cazror, loc. cit, 1904 NOUVEAUX GISEMENTS DE PLÉISTOCÈNE MARIN 425 pont Saint-Jean. Nous pensons qu'elle doit être considérée comme étant à la base du Pléistocène. Au-dessus de ce gisement, commencent les brèches les plus anciennes ; mais on trouve auparavant des sables et débris de rochers mélangés à des sables et débris éruptifs. Ils sont très peu épais; nous y avons rencontré deux restes d'ossements indéter- : minables, mais, vu leur position équivoque, nous ne pouvons affirmer s'ils proviennent de Mammifères actuels ou de ceux de cette époque. Ces brèches sont très compactes ; elles sont exclusivement formées par des débris de calcaires jurassiques qui devaient former, après l’'éruption, un escarpement beaucoup plus abrupt qu'aujourd'hui. Elles s'étendent depuis la baie de Mala, jusqu'à la sortie du tunnel situé après la gare de «La Turbie-le Cap d’Ail », du côté du cap d'Aggio. Elles sont isolées des autres éboulis par la roche éruptive, sauf au-dessous du grand contour de la route, un peu plus bas que la gendarmerie, où les éboulis récents ont recouvert ces brèches anciennes. Celles-ci forment un léger synclinal nord-sud dont le fond serait la gare de La Turbie et dont les bords se relèveraient à droite et à gauche du côté du cap Mala et du cap d'Aggio, Ces brèches, constituées, ainsi que nous l'avons dit, peuvent se séparer en deux barres superposées ; les éléments de la barre supérieure sont moins coordonnés, moins cimentés et tout le long de la mer, depuis le cap Mala jusqu’à un peu à l’est de la gare, ils sont transformés en conglomérats comprenant à la fois des cailloux roulés et des éléments de brèche. On trouve ces cailloux roulés jusqu'à une altitude de 40 mètres environ et ils* sont tout à fait à la surface des brèches : car si l'on examine la falaise nord-sud qui borde à l’est la baie de Mala et que suit appro- ximativement notre coupe, on n'y voit à partir du cap aucune trace de cailloux roulés. C’est à peine si dans les parties peu élevées de la base des brèches on trouve quelques petits débris de labra- dorites, ce qui s'explique sans peine, en tenant compte de l'alti- tude maximum de la roche éruptive (60 mètres environ) d’où les débris ont été entrainés avec les éboulis eux-mêmes. Nous n’admettons pas comme M. Léon Bertrand, ! que les projections éruptives se sont produites en même temps que le dépôt des brèches d’éboulis; celles-ci sont bien postérieures à l'éruption et, même, sans le gisement du sable coquillier qui éclaircit la question, on doit admettre cette conclusion rien qu'en 1. LÉON BERTRAND. CR. sommw Séance S. G. F., 1902. Réunion extraordi- naire des Alpes-Maritimes, p. 167. 426 E. CAZIOT ET E. MAURY 16 Mai examinant la position des brèches par rapport aux labradorites. Sur la falaise des brèches qui borde cette baie de Mala nous avons fait encore une observation très importante qui nous donnera des indications sur le déplacement du niveau de la mer; c’est la présence de trous de Lithophages à une altitude de 3o mètres. Ces perforations se trouvent en très grande quantité jusqu'à une alti- tude de 10 mètres. Elles sont moins nombreuses ensuite : mais elles sont placées dans la brèche même, qui est, par suite, anté- rieure à ces perforations. Toute cette partie des brèches anciennes et de cailloux roulés forme la région bien connue du cap d’Ail transformée par la civilisation moderne. Tous les autres éboulis qui séparent les labradorites et les brèches anciennes des terrains jurassiques et qui recouvrent les terrains crétacés sont d’âge plus récent que les brèches. Ils n’ont pas d’ailleurs partout la même structure. A l’ouest de la station des tramways du Cap d’Ail, les éboulis sont formés de petits élé- ments calcaires qui sont lentement descendus le long de l’esearpe- ment tandis que tous les autres situés à l’est jusqu'au cimetière de Monaco, sont constitués par des blocs énormes qui, en plusieurs endroits, peuvent être pris pour la roche jurassique en place. Ce sont de grands éboulements jurassiques qui, par suite de la décli- vité du sol, ont atteint la mer. Ces blocs ne sont pas reliés intime- ment par un ciment quelconque ; ils sont simplement séparés par de la terre meuble qui, en se désagrégeant, les isole souvent les uns des autres. C'est à partir du cap d’Aggio et le long de la mer que l’on peut voir les caractères de ces éboulis. Ce qui démontre avant tout leur âge peu ancien c’est que l’action de la, mer, sur ces rochers, ne s’est pas fait sentir. Leurs aspérités existent encore et aucune trace de perforation par des Mollusques marins n’est visible sur la roche. Le niveau dela mer n’a done pas varié ou a peu varié depuis leur formation. Il ne faut pas oublier que dans ces éboulis récents au voisinage des labradorites, M. de Riaz ! a récolté, près de l’Eden-Hôtel, l’'Helix Pareti Issel (H. monæcensis Rambur), espèce gigantesque aujourd'hui éteinte que M. Newvill ? a recueillie dans les brèches quaternaires du cap Martola et qu'il range avec doute dans le groupe Tachea. Enfin, nous devons signaler encore sur la route du cap d’Ail à 1. DE Rras. Tertiaire et Quaternaire des environs de Nice. B. S. G. F., (4), I p:355; . 2. Nevicz.On the land-shells extinet and living of the Menton, 1880, p. 108. 1904 NOUVEAUX GISEMENTS DE PLÉISTOCÈNE MARIN 427 La Turbie, au-dessus de la route de Monaco, une sorte de tuf cal- caréo-marneux formé de petits morceaux de calcaire crayeux au milieu d’une gangue d'argile rougeätre résultant de la décalcifica- tion des assises jurassiques. Ce tuf bien stratifié sur les éboulis et dépourvu de fossiles semble devoir être une transformation, par les eaux douces, des assises supérieures des éboulis récents. Résumé et conclusions. — En considérant dans la coupe ci- dessus la disposition des divers terrains eten y joignant les autres observations que nous avons présentées, nous pouvons analyser les diverses modifications que le sol a subies pendant les dernières époques géologiques. D'abord nous avons vu que l’on devait attribuer au Pliocène moyen ou supérieur l’éruption des projections de labradorites au moment où le niveau de la mer était plus élevé que le niveau actuel par rapport à la côte. La ligne de rivage s’est ensuite abaissée progressivement et la mer a démantelé une partie des conglomérats éruptifs. C’est alors que se sont déposés les sables coquilliers. La progression s’est ensuite accentuée et la mer s’est déplacée laissant une plage entre elle et la falaise de labra- dorites, comme le prouve la ligne presque horizontale de contact entre les brèches anciennes et le massif éruptif un peu au nord du cap Mala. L’escarpement sud de la Tête-de-Chien devait être encore plus abrupt, sinon à pic, et les éboulis se sont déposés constituant ainsi les brèches anciennes. Néanmoins le niveau de la mer est descendu au-dessous du niveau actuel, car les brèches qui aboutissent à la mer au contact des labradorites n’ont reçu aucune transformation sous l’action des vagues de la mer, ce qui indique qu'elles se sont déposées sur la terre émergée, et on les voit aussi plonger dans la mer. Nous ne connaissons pas la valeur de cette différence entre le niveau le plus bas et le niveau actuel ; il parait avoir été peu considérable et ce mouvement d’exhausse- ment du sol paraît avoir été suivi presque immédiatement d’un mouvement d’affaissement qui a élevé le niveau de la mer à 3o mètres au moins au-dessus du niveau actuel comme l’attestent les trous de Lithophages que nous avons rencontrés à cette hauteur dans la brèche compacte. Nous aurions ainsi l'explication des trous de Lithophages qu'à rencontrés M. Boule dans les parois de la grotte de Baoussé-Roussé à la cote de 28 mètres. Ces trous de Lithophages représenteraient un retour de la mer après les dépôts à Strombus et les dépôts à Vertébrés qui leur sont supérieurs. Enfin dernière oscillation ; un mouvement d'exhaussement du sol nous ramène au niveau actuel de la mer, mais en se retirant 428 E. CAZIOT ET E. MAURY 16 Mai celle-ci a remanié les brèches qui formaient le rivage et les a trans- formées à la surface en véritables poudingues à éléments très petits et le plus souvent mélangés d'éléments non usés de la brèche primitive. En résumé, nous voyons qu’au grand affaissement du sol plio- cène ou mouvement de transgression marine, a succédé un grand mouvement d'exhaussement du sol ou de retrait de la mer rame- nant le niveau de celle-ci à une altitude inférieure à celle du niveau actuel. Ce mouvement a été suivi d’un autre affaissement jusqu’à 30 m. au moins au-dessus du niveau actuel pour se terminer par un dernier exhaussement ramenant le niveau de la mer à celui qu'elle occupe aujourd'hui. 2° Gisements du cap Ferrat et de la grande carrière de Saint- Jean-sur-Mer. — Comme complément à la faune du cap d'Aggio et à celle de la route de Nice à Villefranche indiquée par l’un de nous ! il y a lieu de signaler les gites fossilifères dont nous avons constaté l'existence au cap Ferrat et au sud du village de Saint- Jean sur-Mer dans une grande carrière jurassique qui fournit des matériaux de construction pour les travaux du port de Monaco. Les fossiles pléistocènes que nous avons commencé à recueillir dans divers points de la presqu'île se trouvent à peu près dans les mêmes conditions de gisement que ceux signalés à la pointe de Cabuel et sur la route de Nice à Villefranche. Sur tout le développement sud du cap Ferrat depuis le point situé à hauteur du sémaphore jusqu'aux carrières de Saint-Jean en passant un peu au nord du phare, on trouve des brèches pla- quées sur les assises jurassiques ou bien, amoncelés dans toutes les anfractuosités des rochers, des dépôts de débris de plage, calcaires, agglutinés, comprenant de nombreux débris de fossiles et aussi des fossiles bien conservés ; d’autres dépôts plus meubles et qui résultent surtout de la transformation en sable de ces dépôts nous ont permis de recueillir une faune qui présente tous les carac- tères de la faune du Pléistocène ancien, et dont voici quelques espèces. Fusus pulchellus Phil. var. sub- Turritella sp. costata. Mang'ilia sp. Rissoa cimex L. Odontonia sp. — variabilis Meg. von Muhlf. Arca Noë L. — consociella Monter. Arca Lea L. Rissoina Bruguieri Payr. Jag'onia reticulata Poli. Bittium reticulatum Da Costa. Pecten multistriatus Poli. Nassa sp. k 1, DEPÉRET et Cazior. Loc. cit., p. 327. 1904 NOUVEAUX GISEMENTS DE PLÉISTOCÈNE MARIN 429 Ce niveau atteint l'altitude de 35 à 40 mètres. En certains points, notamment à l'ouest du sémaphore du côté de la rade de Villefranche, nous avons constaté, à l’altitude d'environ 60 mètres, l'existence de nombreux trous de Lithophages dans l’un desquels nous avons pu recueillir la plus grande partie d’un Litho- dome encore intact dans son logement. Sur cet échantillon nous avons remarqué que la direction des stries d’accroissement n'est pas la même que celle de L. lithophaga de Linné, commun sur les côtes de la Méditerranée ; son sommet est aussi beaucoup plus arrondi que celui de l'espèce ci-dessus prise comme type de com- paraison. Il est rare dans le Pliocène à Asti (Sismonda) ; M. Mayer, qui a étudié les Lithodomes fossiles, a créé plusieurs espèces pro- venant de la mollasse de divers pays. Peut-être l’a-t-il décrit, mais en tous cas le fragment de coquille de notre échantillon diffère notablement de l’espèce actuelle. À côté de ce Lithodome se trouve une brèche calcaire à nombreux restes de fossiles indéterminables. C'est sur le versant est que les gîtes fossilifères sont plus nom- breux. En se dirigeant sur la carrière par un petit sentier tracé en corniche sur le versant est du cap nous avons constaté l’exis- tence de nombreux gites fossilifères avec radioles d'Oursins dans un calcaire spathique ferrugineux. Enfin au pied de l'escarpement de 41 mètres de hauteur de la carrière, à 6 ou 7 mètres au-dessus du niveau de la mer, nous avons recueilli de nombreux fossiles au pied de grandes fissures verticales, encore recouvertes de dépôts stalagmitiques. Ces fissures se sont produites dans la partie des calcaires jurassiques formant toit à une vingtaine de mètres de hauteur au-dessous de l’escarpement et tout en bas de la pente qui venait mourir au niveau de la mer. Voici la liste des espèces recueillies dans une de ces poches : Cerithiopsis Metaxxæ (Metaxia) Fissurella græca L. Monter. Bittium reticulatum Da Costa. — Latreiller Payr. Murex irunculus L. Pollia Orbigny'i Payr. Rissoa (Acinus) cimex L. — (Acinus) Gergonnis Brus. Alvania ? Pyrgulina monozona Brusina. Gibbula vimontiæ Montr. Clanculus (Clanculopsis) cruciatus L. Emarginula ? Turbo rugosus L. Vermetus Triqueter Biv. Radula squamosa Lan. Arca (Barbatia) barbata L. — lactea L. Cardita cab-culata L. Pecten pes pelis L. Leda fragilis Chemitz. Anthozoaires. Radioles de Strongylocentrus lividus. 430 £, CAZIOT ÊT E. MAURY 16 Mai Une autre poche était presque exclusivement composée de Mtilus, affectant la forme typique, quoique plus petite du 47. edulis avec quelque rares Fissurella et le Pecten varius bien caractérisé. Cette faune, tout à fait postpliocène, est beaucoup moins riche que celle du cap d’Aggio qui s’est conservée dans des conditions beaucoup plus favorables. Nous n'avons pu y rencontrer le Sirom- bus mediterraneus. Xl ne doit pas y exister car les carriers conser- vent tous les fossiles qu'ils rencontrent dans leurs travaux. 3 Gisements pléistocènes de la vieille route de Villefranche près de la place Saluzzo, à Nice. Dans la note sur les gisements pliocènes et quaternaires des environs de Nice, on a fait remar- quer que la colline jurassique du Mont-Alban qui ferme la baie du côté de l’est, contenait plusieurs gisements intéressants; nous avons pu y reconnaître à la fois le Pléistocène ancien et le Pléis- tocène récent. Dans le percement d’une issue partant de l’origine de la vieille route de Villefranche et suivant exactement le bas de l’escarpement de la colline nous avons pu voir une coupe où sont représentés de la base au sommet : 19 des marnes et calcaires marneux glauconieux sans fossiles, mais identiques comme faciès aux assises de la Trinité-Victor et que M. Peron attribue au Turonien ; 20 des calcaires blancs, tuffeux, à Züthothamnium, remplis de coquilles marines généralement mal conservées ; 30 des marnes gris noirâtre à Helix formant une poche dans les calcaires. Les calcaires à Lithothamnium forment une terrasse contre les flanes de la colline de Saint-Alban. Leur base est à une altitude de 10 m. environ, mais ils s'élèvent jusqu'à l'altitude de 45 m. Ils s'étendent sur une longueur de 1 km. environ depuis la nouvelle route de Riquier à Montboron jusqu'au-dessus du boulevard Sadi- Carnot qui est la route actuelle de Villefranche. Au-dessus encore et jusqu'à une altitude de 65 m. environ s’observent d’autres dépôts représentés par des graviers formant un petit plateau très propre à la culture. Ce petit plateau vient buter contre la falaise peu élevée du Jurassique supérieur où nous avons rencontré des trous de Lithophages, ce qui semble correspondre comme niveau aux perforations signalées par M. Ambayrac dans les rochers dela pointe de Cabuel et à celles du cap Ferrat que nous cïtons plus haut. Au pied de cette falaise, dans Îa villa des Deux Rois, nous avons constaté qué les calcaires à Lithothamnium reposent sur le Céno- manien. On peut conclure de là que le port de Nice occuperaïit le 1904 NOUVEAUX GISEMENTS DE PLÉISTOCÈNF MARIN 431 fond d'un synclinal crétacé dont les lambeaux que nous signalons seraient les seuls témoins ; Les calcaires jurassiques du Château et ceux de Montboron étant les flancs est et ouest de ce synclinal. Celui-ci paraît être la continuation de celui qui se trouve à l’ouest de l’église Saint-Pons. Il serait ainsi transverse aux plis est- ouest de la région. M. Depéret a reconnu dans ces calcaires à Zithothamnium les espèces suivantes : Turbo rugosus Lam. Conus mediterraneus Brug. Radula lima L. Cladopora cespitosa. Dans les marnes argilo-sableuses à Helix qui leur sont superpo- sées et qui forment une poche de peu d’étendue on rencontre une grande quantité d’'Ayalina herculea Rambur associés à de très rares échantillons de Æelix vermiculata Müller, de Cy-clostoma elegans Drap. et de Clausilia sp. Au pied de l’escarpement s'étend la plaine de Nice. Au voisi- nage de la place Saluzzo des travaux récents de canalisation et de fondation nous ont montré des marnes noires très argileuses qui renferment une faune d'âge plus récent que celle de la faune à Hy-alina herculea et avec des espèces très différentes. Elle com- prend des espèces d’eau douce et terrestres. Toute la plaine de Nice repose sur ces marnes dont on peut citer déjà quelques espèces : Helix aspersa, Cyclostoma elegans, Valvata depressa, Limnæa palustris, Vallonia pulchella. L'étude complète de cette faune, recueillie en divers points de la ville, fera l’objet d’un travail ultérieur. UNE FAUNE A HIPPARION A PERRIER par M. H.-G. STEHLIN. Il y a vingt ans environ qu'on a construit à Perrier, un peu en amont du village, un nouveau chemin vicinal, qui conduit sur le plateau. En passant au-dessus de la masse basaltique dite « Roc- caneyra », ce chemin entama un petit lit de sables stratifiés fossi- lifères. Munier-Chaimas, alors en train d'étudier les environs de Perrier, y a fouillé peadant quelques jours ; les fossiles qu'il a recueillis ont servi de base à la liste des espèces composant «la faune supérieure de Perrier » publiée par M. Michel-Lévy ’. M. J.-B.-M. Biélawski, domicilié à l’époque à Issoire, s’est également intéressé à ce gisement ; il en a retiré quelques pièces remarquables, qu’il déposa dans les collections de la Faculté des Sciences de Clermont, ainsi qu’une quantité de fragments d'os, qu'il a bien voulu w'offrir lors d'une visite que je lui fis en 1898. En 1901 et 1902 M. Biélawski a eu la grande obligeance de prati- quer quelques fouilles supplémentaires pour le Musée de Bâle; il nous a envoyé une belle série de fossiles. Plus tard 1l a continué les fouilles pour son propre compte avec un succès encore plus brillant ; il en a cédé le produit à la Faculté des Sciences de Cler- mont. Aujourd'hui le gisement très limité paraît être à peu près épuisé. L'étude de cette faunule, que j'appellerai « faunule de Rocca- neyra » m'a fourni des résultats intéressants et en partie inatten- dus que je me propose de faire connaître par la présente note. Avant d'entrer en matière, je tiens à témoigner ma vive grati- tude à M. Biélawski pour les précieux services qu'il m'a rendus. J’adresse en outre des remerciments à M. Julien, qui a bien voulu me permettre d'examiner les pièces déposées dans la collection qu'il dirige et je garderaï un souvenir reconnaissant de l’amabilité avec laquelle feu Munier-Chalmas m'a donné des renseignements touchant la question de Roccaneyra. 1. Micuez-Lévy et Munier-CHALMASs, Étude sur les environs d'Issoire. B. S. G. F.(3), XVIL 1889, p. 267. — Voir aussi : Micaez-Lévy, Compte-rendu de l’excursion du 19 septembre à Pardines, Perrier et Issoire, ibid., XVII, 1890, p. 929. — Mrcmec-Lévy, Massif du Mont-Dore, chaîne des Puys et Limagne, in Guide géol. en France, VIII Congrès géol. intern. 1900. 1904 UNE FAUNE A HIPPARION A PERRIER 433 Les fossiles de notre gisement se distinguent facilement de ceux du Pliocène classique de Perrier (ravin des Étouaires, etc.) par leur surface, qui est corrodée, telle qu’on l’observe souvent sur des ossements provenant de dépôts qui donnent un large passage aux eaux de ruissellement. Ils ne paraissent presque pas avoir subi de transport, car le plus souvent les extrémités ont été rencontrées in situ ; le caractère un peu fragmentaire du matériel est surtout dü aux diflicultés de l’extraction. Les os déjà brisés avant d’être enfouis sont rares , il y en a cependant quelques-uns. Cet ossuaire a dû se former sur un rivage tranquille. Ù Les espèces que j’ai reconnues sont les suivantes : HIPPARION sp. L'animal le plus fréquent de la faunule de Roccaneyra est un Cheval tridactyle, que j'inscris provisoirement sous la désignation d’Hipparion sp., sans pouvoir prétendre que ce rapprochement générique soit d'une exactitude incontestable ; malgré tous ses efforts, M. Biélawski n’a pas réussi à s’en procurer des dents. Les ossements de cet Équidé, qui font partie de la série du musée de Bâle, se répartissent au moins entre cinq individus. Je ne cite que les pièces les plus intéressantes : une moitié distale d'humérus droit in situ avec le radio-cubitus dépourvu de l’olécräne; un fragment d'humérus droit in situ avec l’olécräne; une extrémité distale d’humérus droit in situ avec l'extrémité proximale du radio-cubitus ; un fragment distal d’humérus droit ; une extrémité distale de radio-cubitus droit in situ avec le carpe entier, l'extrémité proximale du métacarpien II et des traces des deux autres métacarpiens ; la rangée distale d’un carpe droit in situ; les moitiés proximales des trois métacarpiens droits in situ ; les trois métacarpiens droits dépourvus de leurs extré- mités proximales in situ ; deux autres extrémités distales de méta- carpien médius in situ avec des fragments de l’un ou l’autre des métacarpiens latéraux, ainsi qu'une troisième isolée ; des frag- ments de deux fémurs ; un tibia droit dépourvu de l'extrémité proximale; un calcanéum gauche incomplet in situ avec le navicu- laire, le cunéiforme III, la moitié du cunéiforme II-I, les extrémités preximales des métatarsiens II et IV et des traces du métatarsien médius ; un astragale droit ; un métatarsien médius gauche in situ avec le métatarsien IV ; un métatarsien médius droit in situ avec le métatarsien IT ; les trois métatarsiens droits dépourvus de leurs extrémités proximales ; l'extrémité distale d’un métatarsien médius gauche in situ avec celle du métatarsien IV ; l'extrémité distale 5 Décembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 98, 43% H. G. STEHLIN 16 Mai d’un métatarsien médius in situ avec celle du métatarsien II. Deux deuxièmes phalanges et quatre phalanges onguéales plus ou moins complètes de doigt médius; une première phalange de doigt latéral. Ces ossements indiquent un animal de forte taille et à extrémités très grêles ; les deux métatarsiens médius entiers ont une longueur de 270 millim. sur 29, et chacun 27 millim. de largeur minimum au milieu de la diaphyse. Sur les fragments de métacarpien médius cette dernière dimension est de 30 millim. et en les combinant on peut évaluer la longueur totale de ces os à 240 millim. environ. Le radius entier a 285 millim. de long, ce qui est un peu moins qu'on ne présumerait d'après les métapodes en prenant comme base de comparaison l’Equus caballus. L’humérus, le cubito-radius, le fémur, le tibia ne semblent pas présenter des différences bien palpables par rapport à l’Aipparion gracile du Miocène supérieur. L’articulation du métacarpe avec le carpe et du métatarse avec le tarse présente de petits progrès vers la monodactylie tout à fait analogues à ceux que M. Depéret a signalés chez l'Hipparion crassum ’, et que je peux me dispenser de décrire en détail. J’insisterai en revanche sur une particularité très intéressante qu'on observe dans les métapodes latéraux. Les diaphyses de ces os sont amincies à tel point que le moindre progrès devait amener leur interruption ; on croirait même aisément qu’en examinant un très grand nombre d'individus de cette espèce on devrait en trouver quelques-uns, dans lesquels la partie inférieure de l'os s’est déjà détachée comme dans les Cerfs. A l'endroit du plus grand amincissement du métacarpien IV, dont j'ai un exemplaire entier, le diamètre sagittal est à peine de quatre millimètres ; dans les Chevaux monodactyles l'extrémité inférieure du stylet n’est pas plus réduite et si le hasard ne nous avait fourni que les deux tiers supérieurs de l'os, personne n'aurait supposé qu'il soit encore en continuité ; j'ai devant moi un métatarse de l’Aipparion gracile de Pikermi, dans lequel la même dimension est de 12 millim. ! Les autres métapodes latéraux, qui sont tous repré- sentés dans la collection de Roccaneyra, présentent un amineis- sement tout à fait analogue ; il serait superflu de multiplier les chiffres. La réduction a aussi porté sur la poulie distale de ces os: elle est relativement plus petite que dans l'espèce du Miocène supérieur, plus mince en sens transversal ; les sculptures de la surface libre sont complètement effacées. La première phalange de doigt latéral donne lieu à des observations semblables. 1. Ch. Depéret. Les Animaux pliocènes du Roussillon. Mém. Soc. géol. Fr., « Paléontologie », I, 1890, p. 76. 1904 UNE FAUNE A HIPPARION A PERRIER 435 Après ce que je viens de dire il est évident que l'animal de Roccaneyra ne saurait être rapproché de l’Hipparion gracile. Je ne crois pas non plus qu'on doive l'identifier avec l’Aipparion crassum du Roussillon, avec lequel je n’ai pas pu le comparer directement. Si M. Depéret avait observé une conformation aussi significative des métapodes latéraux que celle que je viens de décrire, il n'aurait certainement pas manqué de la signaler. En outre, l'espèce du Roussillon est plus faible et ses extrémités sont plus courtes, quoiqu'elles ne soient pas toujours aussi trapues que dans les individus qui ont servi de base aux premières descrip- tions. La forme de Roccaneyra représente donc probablement une espèce nouvelle, mais il sera assez tôt de lui donner un nom quand son signalement pourra être complété sous le rapport odontolo- gique. Il est difficile de penser que cette espèce n'ait pas abouti à la monodactylie parfaite et il se pourrait bien qu’elle soit appelée à jouer un rôle principal dans la discussion sur la possibilité de rapports directs entre les genres Hipparion et Equus, que je ne reconnais pas comme définitivement close. M. Michel-Lévy et Munier-Chalmas ont signalé l’'£quus Ste- nonis comme faisant partie de la faunule de Roccaneyra. Munier- Chalmas m'a dit que cette indication se basait sur une branche de mandibule qu’il avait vue chez un ouvrier à Perrier. Si l’on prend en considération que dans le produit des fouilles de M. Biélawski nous n'avons pas constaté une seule trace de Cheval monodactyle mais bien de nombreux ossements de Cheval tridac- tyle, il devient plus que probable que cette mandibule provenait également de ce dernier; on se souvient de la discussion entre M. Depéret et Mr° Pavlow :; elle a suflisamment prouvé que la parfaite ressemblance entre la dentition mandibulaire de l’Hippa- rion crassum et celle de l’Equus pliocène, peut tromper les spé- cialistes les plus compétents. Du reste, s’il n'y a pas de difficultés d'ordre chronologique, rien ne nous empêche pour le moment de présumer des rapports très intimes entre l’animal de Roccaneyra et les Chevaux pliocènes. Malheureusement l'échantillon examiné par Munier-Chalmas paraît être perdu. GAZELLA JULIENI Munier-Chalmas M. Michel-Lévy et Munier-Chalmas ont signalé à Roccaneyra une Gazelle pour laquelle ils proposent le nom de Gazella Julieni. Munier-Chalmas a bien voulu me communiquer les types de cette 1. Comptes-rendus sommaires S. G. F., 21 déc. 1891, p. CXLvuI. 436 H. G. STEHLIN 16 Mai espèce, qui font partie des collections de la Sorbonne et consis- tent en un fragment de mandibule gauche avec M.-M, et deux chevilles de cornes, provenant évidemment du même individu. La série du Musée de Bâle comprend des matériaux plus complets du même animal : un crâne dépourvu de la face, mais muni des deux chevilles, dont celle de gauche un peu mutilée ; un palais garni de toutes les dents à l'exception de la P, droite et peut-être rappor- table au même individu ; un fragment de mandibule gauche avec M,-M, et un fragment de mandibule droite avec P,-P, et une partie de la barre. En comparant cette dentition à celle de la Gazella Spekei et de la Gazella Pelzelni récentes je l’ai trouvée à peu près identique ; quélques petites divergences dans la conformation des prémolaires n'ont certainement pas une grande importance et peuvent même être individuelles. Les M,-P, supérieures mesurent 62 millim., les inférieures 66 millim. ; les M,-M, supérieures 38 millim., les inférieures 44 millim. Le crâne, et notamment sa partie frontale, présente les caractères typiques des Gazelles récentes. Les che- villes des cornes qui sont fortes et indiquent un individu mâle, ne se courbent que légèrement et s’écartent encore un peu moins que dans la Gazella Spelkei ; leur surface présente des carènes bien marquées ; celle de droite, qui est intacte, a la longueur modérée de 12 cent. (mesurée en ligne droite), quoique l'animal soit certai- nement adulte ; la section est ovalaire et présente à la base un diamètre maximum de 28 millimètres. Vu les grandes différences sexuelles qu’on rencontre dans les cornes des Gazelles récentes, je n'hésite pas à rapporter à la même espèce un fragment basal de cheville, long de 6 cent. et en connexité avec une partie de l’os frontal (Musée de Bâle). Cette cheville est beaucoup plus faible que les précédentes et à section plus circulaire ; son diamètre maximum à la base est de 16 millim. et elle paraît s'incliner un peu plus. Chez la Gazella Spekei on observe une divergence des deux sexes tout à fait analogue. Les chevilles recueillies par Munier-Chalmas paraissent, d’après leurs dimensions, provenir d’un individu mâle subadulte. Parmi les os des membres, que M. Biélawski a bien voulu m'adresser, je ne vois qu'un fragment de diaphyse de canon postérieur, qui pourrait à la rigueur être rapporté à ce petit Ruminant. La Gazella Julieni se distingue nettement des Gazella brevi- cornis et deperdita du Miocène supérieur : par la conformation 1. Albert GAupry. Animaux fossiles et géologie de l’Attique, 1862, p. 299. — In. Animaux fossiles du Mont-Léberon, 1873, p. 57. 190/4 UNE FAUNE A HIPPARION A PERRIER 437 très différente de ses cornes, par sa taille plus forte et, si je ne me trompe, aussi par ses molaires plus hautes. Je ne pense pas non plus qu'il y ait lieu de l'identifier avec la Gazella borbonica', du Pliocène classique de Perrier, caractérisée par une taille un peu supérieure et des cornes beaucoup plus fortes et plus longues. ANTILOPE Sp. Lors de ses premières fouilles, M. Biélawski a recueilli un fragment de crâne écrasé, dépourvu des cornes mais muni de toute la dentition supérieure, qui indique une espèce d’Antilope presqu'aussi forte que le Cerf élaphe ordinaire (Faculté des Scien- ces de Clermont). Dans les envois qu'il a bien voulu m'adresser j'ai reconnu les matériaux suivants comme se rapportant à la même forme : plusieurs débris d’un crâne, au nombre desquels un fragment du maxillaire supérieur gauche, supportant la dernière molaire ; un mandibulaire gauche, tronqué en avant, un peu mutilé en arrière et pourvu des M,-P,; un fragment de mandi- bule droite avec M.-M, ; un fragment de mandibule gauche avec M.-P,, et les racines de P.,-P.. Ce Ruminant se distingue facilement de l’Antilope ardea, dont il a à peu près la taille, par la réduction très accentuée de ses prémolaires. Les M,-P, inférieures occupent un espace de 109 millim., dont 35 seulement se rapportent aux P-P,. La structure des dents me paraît se rapprocher de celle des Strepsi- cères. La paroi interne des molaires inférieures est très lisse et aplatie ; les piliers interlobaires de leur côté externe sont mini- mes sinon complètement supprimés ; en revanche leur pli anté- rieur est bien développé et excessivement proéminent du côté externe. La paroi externe des molaires supérieures est très aplatie etses plis sont peu proéminents ; les croissants internes ne présen- tent aucune complication ; le pli iñnterlobaire fait défaut dans la dernière molaire, je ne me rappelle pas si l’on en observe des traces dans les antérieures. Les prémolaires présentent quelques divergences avec celles du Strepsiceros kudu sur lesquelles il n’est pas possible de s'expliquer sans l’appui de figures. J'ai vu trop fugitivement le crâne, du reste très altéré, de la collection de Clermont pour pouvoir compléter le signalement de l'espèce sous le rapport craniologique. Je me borne à mentionner que j'ai cru pouvoir constater la présence d’un larmier bien déve- loppé et même vaste ; chez les Strepsicères récentes cette cavité 1. CH. DEPÉRET. Nouvelles études sur les Ruminants pliocènes et quater- naires de l'Auvergne. B, S, G. F., (3), XIL, 1884, p. 251, 438 H. G. STEHLIN 16 Mai fait complètement défaut, tandis que M. Albert Gaudry l’a ne chez le Paleoreas Lindermeyeri de Pikermi :. L'animal dont nous parlons est sans doute un proche parent de l’Antilope torticornis Aymard du Coupet, dont le Musée de Bâle possède quelques matériaux autrefois décrits par Rütimeyer ?, mais sa taille est un peu plus forte et en l'absence des cornes il serait prématuré de l’inscrire sous cette désignation. Toutefois, en tenant compte de ces affinités incontestables je m'abstiens de lui donner un nom spécifique nouveau. Quant aux os des membres qui pourraient être attribués à cette espèce il en sera question tout à l’heure. | AUTRES RUMINANTS Les os des membres mis à jour par M. Biélawski prouvent que les Ruminants ensevelis dans les sables de Roccaneyra sont plus nombreux et plus variés qu'on ne soupçonnerait d'après les quel- ques mâchoires que nous venons de signaler. Malheureusement ces parties du squelette se prêtent peu à des déterminations précises. En essayant d’en établir un groupement provisoire je suis arrivé au résultat suivant. Type A. — Un grand Ruminant de la taille du Wapiti, maïs de formes encore un peu plus élancées, est représenté par une extré- mité postérieure gauche, dont j'ai pu reconstituer le fémur et le tibia presque entiers et l'extrémité supérieure du canon. Une moitié distale d’humérus droit in situ avec le cubito-radius dépourvu de son extrémité inférieure paraît se rapporter à la même forme. Quelques détails de structure me font supposer que cet animal est une Antilope et non pas un Cerf; ainsi par exemple la partie du péroné soudée avec le tibia forme une espèce de console sur le côté externe de ce dernier os, caractère que je n'ai jamais remarqué chez un Cerf. Type B. — Un deuxième grand Ruminant est annoncé par une extrémité inférieure de fémur qui diffère nettement de la même partie de l’animal précédent par sa structure plus bovine. Comme pour appartenir à un Bœuf l'os n’est tout de même pas assez lourd, j'incline à l’attribuer également à une Antilope, mais de formes plus trapues. Type C. — Un animal à extrémités grêles, plus petit que le 1. Albert Gaupry. Loco citato, 1862, page 293. PI. LIV, fig. s. 2. Rürimeyer. Die Rinder der Tertiaerepoche nebst Vorstudien zu einer natürlichen Geschichte der Antilopen. Erster Theil. Mémoires de la Société paléontologique suisse. Vol. IV, 1877, p. 89. 1904 UNE FAUNE A HIPPARION A PERRIER 439 Wapiti, mais toujours un peu plus fort que le Cerf élaphe ordi- naire est représenté par un humérus un peu défectueux aux extré- mités, qui présente des différences notables de celui du type A. Type D. — Les deux radius d’un individu subadulte à épiphyses encore libres indiquent une espèce de la taille du Cerf élaphe mais beaucoup plus trapue. Ces os m'ont paru un peu petits pour être réunis avec le fémur B ; mais je ne conteste pas la possibilité qu'ils se rapportent à la même espèce. Une quantité de fragments d’os longs, de phalanges, d'os tar- siens est sans doute à répartir entre ces quatre formes de forte taille et, si je ne me trompe, de préférence entre les types grêles A et C; mais il n’est pas possible d’en dire quelque chose de plus précis. Je ne mentionne qu'un tarse presque entier et deux premières phalanges grêles, trouvées in situ avec l’'épiphyse de leurs métapodes, avec les os sésamoïdes et les deux premières phalanges d’un doigt latéral; ces rudiments sont encore plus réduits que dans les Cerfs du type élaphe et paraissent indiquer une Antilope. Type E. — Une cinquième catégorie d’ossements se rapporte à un animal un peu plus petit et sensiblement plus trapu que le Cerf élaphe. J'en mentionne un cubito-radius incomplet, deux canons antérieurs entiers et un troisième incomplet, un fémur dépourvu de ses extrémités, une moitié distale de tibia in situ avec le tarse presque entier, un canon postérieur associé avec le tibia corres- pondant incomplet. Type F. — Un Ruminant un peu plus petit et plus grêle que le précédent est représenté par deux extrémités inférieures d’humé- rus associées avec les cubito-radius incomplets, un radius entier, un fragment de canon antérieur, deux canons postérieurs dont l’un dépourvu de son extrémité distale. Il n’est pas douteux qu'un de ces deux types E ou F doive être réuni avec les fragments crâniens que nous venons de signaler sous la désignation de Antilope sp. mais il n'est pas aisé de déci- der lequel des deux est le mieux proportionné. Type G. — Une extrémité inférieure de canon antérieur gauche annonce un Ruminant de petite taille; cet os ne saurait être rapporté à la Gazella Julieni, dont il a à peu près les dimensions, car sa diaphyse est large et dans sa partie épiphysale il ne s’élargit que d'une facon très modérée, tandis que dans les Gazelles on observe le contraire. On serait plutôt tenté de penser à un petit Cerf un peu trapu, comme par exemple l’'Aydropotes, ou à un Cephalophus. {ho H. G. STEHLIN 16 Mai Une extrémité distale de tibia semble appartenir au même animal. J'ai à mentionner en dernière ligne un fragment de crâne, tronqué un peu en avant de la suture coronale. d'habitus étrange- ment massif par rapport aux dimensions, qui ne dépassent pas beaucoup celles de la Gazella Julieni. Des divergences très accu- sées dans la structure de la partie basale ne permettent pas de le rapprocher de cette dernière espèce ; d’un autre côté il est certai- nement trop petit pour être réuni avec les extrémités du type F. D'après le développement excessif des condyles occipitaux je suis très tenté d'attribuer ce crâne à une Antilope et non pas à un Cerf; il peut avoir supporté des cornes implantées immédiatement au-dessus des orbites. M. Michel-Lévy et Munier-Chalmas ont signalé « de nombreux ossements de Cervidés » dans le dépôt de Roccaneyra, mais Munier-Chalmas m'a dit que cette indication se basaït uniquement sur des os des membres, qui pouvaient aussi provenir de Rumi- nants cavicornes. IL n’y a done à ce sujet aucune discordance entre les observations de nos prédécesseurs et les nôtres. Le défaut des bois n’exclut naturellement pas la possibibilité que quelques-uns des ossements se rapportent à des Cerfs ; mais il résulte néanmoins d’une quantité d'observations que nous venons d'indiquer, que la majorité de ces Ruminants appartient au groupe des Antilopes. La faune de Roccaneyra est donc une faune de steppe ou de prairie tandis que la faune classique de Perrier est une faune de forêt. PROBOSCIDIEN Déjà lors de ses premières fouilles, M. Biélawski a découvert un pied antérieur droit de Proboscidien in situ, auquel ne man- quent que quelques phalanges de doigts latéraux (Faculté des Sciences de Clermont). Parmi les ossements qu’il a bien voulu m'adresser, j'ai reconnu une moitié distale de péroné, un frag- ment de cubitus, une rotule, un unciforme, un naviculaire de jeune sujet et un autre d'adulte, un métacarpien III incomplet, un méta- carpien II, un métatarsien II, des fragments de deux métapodes latéraux, un manubrium sterni, une côte, deux vertèbres caudaies (Musée de Bâle). Quelques-unes de ces pièces sont de taille modé- rée, tandis que d’autres indiquent un animal de dimensions gigan- tesques ; le manubrium sterni par exemple mesure 37 cent. de long et 20 cent. de large ! À M. Michel-Lévy et Munier-Chalmas ont signalé l’Elephas meri- dionalis dans la couche de Roccaneyra et Munier-Chalmas croyait 1904 UNE FAUNE A HIPPARION À PERRIER 44x se rappeler que cette indication était basée sur une dent ; mais il n’a pas pu retrouver ce document dans les collections de la Sor- bonne. De plus l’ensemble de la faune laisse plutôt soupconner la présence d’un Mastodonte et, dans ces conditions, il sera, je crois, prudent de s’en tenir pour le moment à la citation vague d'un Proboscidien. MACHÆRODUS sp. Le fossile le plus intéressant recueilli par M. Biélawski est un crâne de Machærodus, presque intact et pourvu de sa mandibule. Cette belle pièce, aujourd'hui conservée dans les collections de la Faculté des Sciences de Clermont, se rapporte évidemment au groupe des grands Machærodus à canines supérieures larges, qui est représenté dans le Miocène supérieur par le Machærodus aphanistus, dans le Pliocène supérieur par le 17. crenatidens, dans le Quaternaire ancien par le 7. latidens ‘ ; mais je l'ai vu trop fugitivement pour pouvoir en dire quelque chose de plus précis. M. Biélawski en a donné une figure dans une note consacrée à ses découvertes ?. Je crois pouvoir attribuer au même animal un fragment d’omoplate de grand carnassier qui s'accorde bien avec le type Felis (Coll. de Bâle). HYÆNIDÉ M. Biélawski a recueilli les deux branches de la mandibule d'un Hyænidé, tronquées à leurs extrémités postérieures, mais quant au reste, superbement conservées avec toutes les dents. Je crois que ce document se rapporte à une espèce jusqu ici inconnue. La carnassière, et les trois prémolaires qui la précèdent, rap- pellent tout à fait les dents homologues de l'Ayæna (Lycyæna) chæretis * du Miocène supérieur ; leurs dimensions et leurs pro- fils sont à fort peu de chose près les mêmes ; les prémolaires sont étroites, au lieu d'être démesurément épaissies comme dans les vraies Hyènes, et elles ne chevauchent pas, quoiqu'elles ne soient pas espacées comme dans le fossile de Pikermi. Toutefois dans les détails on observe quelques divergences qui s'opposent à une identification spécifique. Le bord de la mandibule en avant de la 1. M. Bouze. Revision des espèces européennes de Machairodus. B.S. G.F. (&), EL 1901, p. 551, 2. J.-B.-M. Brécawsxr. La Montagne de Perrier, près Issoire (Puy-de- Dôme), 1902. 3. Albert Gaupry. Loco citato, pl. XV, p. 92, 1862, 442 H. G. STEHLIN 16 Mai P, eten arrière de la carnassière est parfaitement intact et permet de constater avec certitude qu'il n’y a trace ni d’une P, ni d'une M.. Le mamelon antérieur de la P, est à peine marqué. Le cône interne de la carnassière fait complètement défaut; on ne remar- que à sa place que quelques faibles plis d'émail, une espèce de cicatrice. La partie postérieure de la mandibule aussi loin qu'elle est conservée, rappelle assez celle des vraies Hyènes; maïs en avant la branche horizontale est considérablement plus haute (comme du reste aussi chez l’animal de Pikermi) et la symphyse est très peu inclinée de façon que le menton se marque très bien. Le grand trou mentonnier est placé sous la racine antérieure de P,. La canine qui est suivie d’un diastème de 11 millim., est plus haute que dans les vraies Hyènes ; la troisième incisive est relativement faible. Le type est aujourd’hui déposé dans la collection de la Faculté des Sciences de Clermont. Je. rapporte provisoirement à cette espèce un tibia gauche dépourvu de son extrémité supérieure, et une moitié droite du bassin presque complète trouvée in situ avec le fémur incomplet. Les dimensions de ces ossements par rapport à la mandibule paraissent un peu fortes, si l’on prend comme base de comparai- son l’Hyène striée récente ; le tibia entier par exemple devait avoir une longueur d’au moins 26 centimètres. Mais leur structure s'accorde le mieux avec le type Hyène. Si ce rapprochement est exact, nous pouvons conclure que l’animal de Roccaneyra ne pré- sentait pas l'extrême réduction de l’arrière-main si caractéris- tique des vraies Hyènes. - Il est fort probable que cet Hyænidé soit un descendant direct de l'Hyæna chæretis, tandis que le défaut du tubercule interne de la carnassière inférieure semble l’exclure de la ligne ancestrale de l’'Hyène striée, qui parmi les formes vivantes du genre est celle qu'on serait plutôt tenté de lui rapprocher, Canis cf. MEGAMASTOIDES Pomel Un mandibulaire de petit Canidé m'a paru assez semblable à celui du Canis megamastoides Pomel : pour qu'on puisse le lui rapporter provisoirement ; l'échantillon est déposé dans les collec- tions de la Faculté de Clermont. J'attribue à cette même forme quelques ossements conservés dans la collection de Bâle : un fragment distal d’omoplate droite ; 1. M. Bouse. Le Canis megamastoides du Pliocène moyen de Perrier (Puy- de-Dôme). B. S. G. F., G}), XVII, 1889, p. 321. 1904 UNE FAUNE A HIPPARION A PERRIER 445 une extrémité proximale d’humérus droit ; un astragale et un calcanéum gauches in situ avec les extrémités distales du tibia et du péroné ; enfin, avec un point de doute un astragale droit in situ avec les extrémités distales du tibia et du péroné; ce dermier échantillon est un peu mutilé. FELIS sp. Un fragment distal d’'humérus annonce un Felidé de la taille du Lynx. Je passe sous silence quelques os incomplets qui me sont restés problématiques. | D'après nos remarques sur le degré d'évolution de l'Hipparton, de l'Hyænidé, de la Gazella Julieni, il est évident que la faune de Roccaneyra est franchement pliocène et qu’elle ne saurait être reculée jusqu'à l’époque pontique. En revanche ïl n'est pas aisé de lui assigner sa place chronologique précise. Les formes les mieux caractérisées ne sont pas connues ailleurs ; celles qui pourraient à la rigueur servir de points de repère n'ont pas pu être identifiées avec certitude. Toutefois, en se basant sur l'Hipparion jusqu'ici inconnu dans les étages supérieurs du Pliocène et sur l'Hyænidé en rapport très intime avec l'Ayæna chæretis du Miocène supérieur, on est bien tenté de rapprocher cette faune de celle de Montpellier et de Perpignan. Cette appré- ciation est cependant en contradiction directe avec la coupe publiée par M. Michel-Lévy et Munier-Chalmas, selon laquelle la couche de Roccaneyra, marquée « Cordon fluviatile 4 » représenterait l'horizon de Saint-Prest et serait nettement superposée aux cou- ches qui ont fourni la faune pliocène classique de Perrier. Les savants quise sont occupés de la géologie de la région seront bien plus autorisés que moi à décider s’il y a lieu de reprendre l'analyse stratigraphique de la célèbre colline ou s il faut admettre le fait inattendu de la réapparition de l’Hipparion à une époque ultérieure aux débuts du genre Équus ‘. Je me borne à signaler une observation qui pourrait être de quelque importance pour la solution du problème. Sur la rive droite de la Couse et presqu’en face de Roccaneyra il existe, à un niveau bien inférieur, un gravier ancien à gros éléments, très fossilifère ; il paraît reposer sur le calcaire oligocène et forme la terrasse de la Grange-d’Auby—Binazat. M. Biélawski a aussi 1. Je rappelle que dans le Pliocène de l'Algérie la coexistence de l’Hippa- rion avec l'Equus Stenonis a été signalée, il y a longtemps, par M. Thomas. 444 H. G. STEHLIN 16 Mai fouillé dans ce gravier, avec un succès remarquable; il m'a envoyé une grande quantité de matériaux quil en a retirés. La presque totalité de ces ossements, malheureusement très fracturés, se rapporte à un Hippopotame tout aussi gigantesque que l’Æippo- potamus major typique du Val d’Arno. J’ai pu constater en outre la présence d’un Éléphant (fragments indéterminables de lamelles), d’un Cerf du type élaphe(fragments de bois et de radius), d'un Cerf de la taille du Daim (fragment d’humérus), d’un Bovidé de la taille du Bison européen (deuxième phalange, fragment de radius), d’un Cheval (fragment d’humérus un peu douteux). Si cette faune n'est peut-être pas tout à fait identique à celle de Saint-Prest, elle appar- tient au moins à une phase très ancienne de l’époque quaternaire; mais le gravier qui la contient est beaucoup plus récent que le sable de Roccaneyra et n’a pu se déposer qu'après l'établissement d'un tout autre ordre de choses :. 1. Après une nouvelle visite à Perrier, je suis maintenant très porté à croire que les sables de Roccaneyra sont en effet superposés au prolonge- ment des couches fossilifères du ravin des Étouaires. Je pense cependant que notre faunule est tout de même plus ancienne que celle de Saint-Prest. C’est. le creusement de la vallée de la Couse qui doit correspondre à l’époque de cette dernière et le gravier à Hippopotame paraît appartenir à l’époque de l’Elephas antiquus (Septembre 1904). SUR LES MAMMIFÈRES DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS par M. H. G STEHLIN. (Prancues XI et XII). En train de soumettre les restes de Mammifères du terrain sidé- rolithique de la Suisse à une revision, dont un des buts principaux est de fixer les correspondances chronologiques, j'ai été obligé de me rendre compte d'une facon aussi précise que possible des caractères distinctifs de la faune bartonienne, intercalée entre les deux faunes éocènes classiques, dites faune à Lophiodon et faune à Paleotherium. On trouve des renseignements à cet égard dans une très intéressante étude d'ensemble de J.-B. Noulet, publiée en 1863, dans quelques notes supplémentaires du même auteur, dans les différentes publications de Paul Gervais, dans l'ouvrage de H. Filhol sur les Mammifères fossiles d'Issel. Mais un examen attentif de la belle série de fossiles des sables barto- niens du Castrais, que J.-B. Noulet a réunie au Musée de Tou- louse, m'a appris que les indications de la bibliographie peuvent être complétées et précisées sous plusieurs rapports et il m'a paru indiqué de grouper mes observations à ce sujet dans un petit mémoire spécial au lieu de les disperser dans un travail de longue haleine et consacré à une région lointaine. Il m'est agréable d'exprimer mes sentiments de profonde grati- tude à MM. les Directeurs du Musée de Toulouse, qui m'ont per- mis de profiter à loisir des richesses paléontologiques de cet établissement. J'adresse en outre de chauds remerciements à M. Adalbert Chamayou, qui a bien voulu me communiquer les échantillons de la collection Léonce Roux, déposée au Musée de Castres. Je tiens enfin à dire que ce mémoire n’est en quelque sorte qu'une œuvre posthume de Noulet, que je publie en y appli- quant quelques retouches ; j'ai maintes fois admiré la sagacité de cet investigateur émérite en consultant les étiquettes de sa collec- tion et je me souviendrai toujours de la grande dette de reconnais- sance que j'ai contractée envers lui ’. 1. Noulet n’a jamais omis de mentionner dans ses Mémoires les corres- pondants qui l’ont secondé dans ses recherches ; il approuverait sans doute que je rappelle ici les noms des personnes qui l'ont principalement aidé à 446 H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÉRES 16 Mai LoPHiODON LAUTRICENSE Noulet. Lophiodon lautricense Noulet. Note sur une nouvelle espèce du genre Iophio- don. Mém. Ac. Sc. Toulouse, (4), t. I, 1851, p. 215. Lophiodon lautricense Noulet. Étude sur les fossiles du terrain éocène supé- rieur du bassin de l’'Agout. Jbid., (6), t. I, 1863, p. 184-186. Lophiodon lautricense. Gervais. Zoologie et paléontologie générales, t I, 1869-1869, p. 165-169, pl. XX VII, fig. 3-7. Lophiodon lautricense. Filhol. Etude sur les Vertébrés fossiles d'Issel (Aude). Mém. Soc. Géol. France, (3), t. V, 1888, p. 122-134 ; pl. XIIL, fig. 1-2, 4-7; pl. XVIIL, fig. 6 ; pl. XIX, fig. 9-10. | Lophiodon lniramnse. Stehlin. ne Sæugethiere des schweizerischen Eocaens. Erster Theil. Mém. Soc. paléont. Suisse, t. XXX, 1903, p. 95-106. L'espèce L. lautricense a été créée par Noulet pour une mandi- bule assez mal conservée, trouvée à Braconnac ; son signalement a été complété plus tard par Noulet lui-même, par P. Gervais, par Filhol et je viens d'en traiter dans le premier fascicule de mon mémoire sur les Mammifères de l'Éocène suisse. Je puis donc me borner ici à rappeler que cette forme géante se distingue du L. rhinocerodes, qui atteint une taille semblable, par la plus grande complication de ses prémolaires supérieures ; dans la P, et la P, on voit se détacher sur le versant postérieur du cône antéro- interne un cône postéro-interne qui se rattache par une crête transversale peu élevée à la paroi externe ; dans la P, ces compli- cations ne sont pas constantes. Le ZLophiodon lautricense a été trouvé dans beaucoup de localités des environs de Castres et de Lautrec. À Braconnac, près de Lautrec, on en a extrait, en dehors de la mandibule type ’, une quantité d’ossements, qui ont été étudiés par P. Gervais; il en a figuré (pl. xxvu1 /. c.) un humérus et des fragments de cubitus, de radius, d’omoplate ; ces matériaux, que je n'ai pas vus, auraient été achetés par le Musée de Marseille. Le gisement de Jauzion (commune de Lautrec) a fourni une P, inférieure et une M, inférieure ; celui de la propriété Caussé (à Lautrec) une M, inférieure ; celui de « Carlus à Campans » une P, supérieure à deuxième crête faiblement développée; celui du châ- teau de Croazarié (nord de Castres) une incisive; celui de Mazou réunir les fossiles du Castrais. C’étaient : Léonce Roux du Caria, géologue à Castres ; Jean, juge de paix à Lautrec; Parayre, pharmacien à Lautrec ; l'abbé Boyer à Castres ; Alby, ingénieur des ponts et chaussées ; Zébrowski, conducteur de chemin de fer. 1. La dentition de cette pièce est très mutilée et ce qui en subsiste a été restauré d’une façon erronée. On a collé la P, gauche à la place de la droite et vice-versa ; la M, figurée par Filhol est presque entièrement en plâtre. 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAÏS 44 (commune de Gibronde) un fragment de mandibule avec M, défec- tueuse (dans un conglomérat rappelant celui d’Issel) et, selon Fühol, une P, supérieure avec deuxième crête bien développée (L. c., pl. xun, fig. 5-6); celui de Vielmur une P, supérieure très semblable à celle-ci et deux P, supérieures, à peine plus compli- quées que celles du Z. rhinocerodes. Ces dernières dents ont déjà été mentionnées par Noulet ({. c., 1863, p. 185), qui cite en outre une M, supérieure et une canine de la collection Caraven-Cachin, évidemment les mêmes qui furent figurées plus tard par Gervais OWprevuL he Set pantilhol (ep, Ge 7, plxvux, fig. 6) comme provenant de Lafosse, près de Castres. Enfin le Musée de Castres possède un maxillaire supérieur de Viviers, supportant des D,-D, un peu défectueuses et tout à fait semblables à celles du Sidérolithique de Mormont, que j'ai figurées (/. c., fig. IV, p. 100). Distribution et rapports. — Le Lophiodon lautricense est le dernier représentant de son genre dans l'Eocène de l'Europe. Il est très probablement le descendant direct du Z. rhinocerodes. Hors du Castrais, les marnes de Robiac en ont fourni des pièces superbes à côté desquelles les matériaux énumérés ci-dessus ne comptent presque plus sous le rapport zoologique. On l’a trouvé en outre dans le Sidérolithique de Mormont et (traces) dans les phosphorites du Quercy. Le Lophiodon franconicum de Heiden- heim en est une race naine. | Selon M. Benoist ! des restes de cette espèce ont été rencontrés par un forage à Libourne, dans les sables bartoniens, à 145 m. de profondeur. LOPHIOTHERIUM Sp. PI. XI; fig. 10. Lophiotherium cervulum Noulet, L. c., 1863, p. 186. ? Hyracotherium sp. Kowalevsky, Monographie der Gattung Anthracothe- riumM, 1873, p. 214, note. La présence d’un Lophiotherium dans les grès du Castrais est mise hors de doute par un document bien insignifiant en apparence, le fragrhent de dent, que nous figurons planche XI, fig. 10; 1l a été trouvé à Montespieu. Après comparaison de ce débris avec des matériaux de Saint-Hippolyte-de-Caton, de Mormont et d'Egerkin- gen, je crois pouvoir aflirmer qu'il provient d'une prémolaire, et probablement d'une P, supérieure gauche d’une variété primitive 1. Benoist. Forage de Libourne. Pr, verb. Soc. linn. Bordeaux, { janv. 1£88. 448 H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai de ce type métabolique. Le cône intermédiaire de la crête posté- rieure est nettement distinct; le cône postéro-interne, s’il exis- lait déjà, était sans doute encore intimement soudé à l’antéro- interne ; il est impossible de dire si le mésostyle était développé. Il paraît qu'autrefois la dentition supérieure de ce Lophiothe- rium était mieux représentée dans la collection de Noulet ; Kowa- levsky (L. c.) ya vu une mâchoire supérieure d’un «yracotherium des grès éocènes de Castres », dans laquelle on observait les prémo- laires dans leurs alvéoles en dessous d’une série de dents de lait tout à fait semblables à celles de « l'Hyracotherium siderolithi- cum » de Mormont, c'est-à-dire du ZLophiotherium cervulum. Je n’ai rien trouvé de pareil au Musée de Toulouse. La dentition inférieure du Lophiotherium, surtout quand elle est un peu usée, n’est pas facile à distinguer de celle de certains autres petits Périssodactyles de l'époque éocène. Mais la présence du type dans les grès du Castrais, une fois donnée, je n'hésite pas de lui rapporter quelques pièces mandibulaires de la collection Noulet, trop petites pour appartenir à l’un des Anchilophus, dont il sera question plus loin : un fragment de mandibule droite avec M.-P, et une partie considérable du diastème de Sicardens, déjà attribuée au Lophiotherium par Noulet; un fragment de mandi- bule droite de Montespieu dans un état d’abrasion très avancé; enfin, deux fragments très défectueux, dont l’un de Montespieu, l’autre de La Millette, ainsi qu'une molaire isolée de la gare de Lautrec :. Peut-être faut-il rapporter à la même forme la partie posté- rieure d'un crâne trouvée à Montespieu et attribuée par Noulet au Xiphodon castrense, pour lequel elle est décidément trop forte ; je n'ose cependant rien affirmer. La boîte crânienne est singulièrement étroite et allongée et la crête sagittale par consé- quent très étendue. Distribution et rapports. — J'ai recueilli à Robiac une dent mandibulaire qui me paraît être la D, d’un Lophiotherium ; M. Depéret y a trouvé deux crânes écrasés à prémolaires encore très simples. Dans les couches bartoniennes près du parc Monceaux, à Paris, le genre a été signalé par P. Gervais *, d’après une molaire inférieure, qui cependant pourraît aussi appartenir à l’Anchilophus Demaresti, avec lequel elle fut trouvée. 1. L'Hyracotherium, que Filhol (in Vasseur, Notice expl. de la Feuille de Castres) a signalé de cette localité n’est probablement autre que le Lophio- therium. 2. P. GERVAIS. Indices d’un nouveau genre de Mammifère édenté, fossile dans les dépôts éocènes dits de Saint-Ouen, Journ. de Zoologie, V, 1876, p. 424. 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 449 L'espèce type du genre, le ZLophiotherium cervulum Gervais a été trouvée en abondance dans les marnes de Saint-Hippolyte-de- Caton (Gard) qui paraissent représenter, avec les couches fossili- fères de Souvignargues (Gard), de Lamandine (Quercy), de Hord- well un niveau un peu plus ancien de l’époque ludienne que le gypse de Paris, etc. M. Depéret à fait voir que les individus de cette localité présentent des différences tout à fait étonnantes dans la complication de leurs prémolaires, que cependant les passages insensibles qui existent entre les extrêmes rendent impossible de les répartir entre plusieurs espèces '. Il se peut très bien que les échantillons du Castrais, que nous venons de signaler, s’accor- dent parfaitement avec certains individus retardataires de Saint- Hippolyte, mais il reste tout de même probable que la forme du Bartonien s’'écarte un peu de celle du Ludien par les minima et maxima de la variation individuelle moins avancée. Il sera assez tôt de proposer un nom spécifique nouveau, quand cette difté- rence pourra être démontrée. Le ZLophiotherium a été trouvé en outre dans les phosphorites du Quercy, d’où M. Albert Gaudry a figuré une mandibule ?, ainsi que dans les dépôts sidérolithiques de Mormont et d’'Eger- kingen ; les matériaux de ces dernières localités remontent sans doute en partie au Bartonien sinon au Lutétien. PROPALÆOTHERIUM Sp. (?) Filhol, dans son mémoire sur la faune d'Issel * a signalé, comme provenant de Lautrec, un maxillaire supérieur avec les trois molaires intactes, la partie externe de la P, et les racines de P., qui lui parut identique à son Pachynolophus Isselanus, c'est-à- dire au Propalæotherium Isselanum Gervais. Il n’a pas indiqué la collection qui contient cet échantillon et comme parmi les maté- riaux du Castrais réunis dans les Musées de Toulouse et de Castres je n'ai absolument rien vu de rapportable au genre Propalæothe- rium, je suis très porté à penser qu'il avait affaire à quelque Plagiolophus ou Palæotherium. Dans tous les cas il sera prudent de ne pas admettre la présence de ce genre dans les couches bartoniennes avant qu’elle ne soit mise hors de doute par d’autres documents. 1. Cu. Depérer. Revision des formes européennes de la famille des Hyra- cothéridés. B. S. G. F., I, 1901, p. 199. 2. À. Gaupry. Les enchaînements du monde animal. Mammifères tertiai- res, 1878, p. 68, fig. 77. (Pachynolophus ceroulus). 3. H. Fimo. Étude sur les Vertébrés fossiles d’Issel (Aude). Mém. Soc. Géol. Fr., (3), V, 188, p. 168. 5 Décembre 1904. — T, IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 29. 450 H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai ANCHILOPHUS PI. XI: fig. 1-6. Noulet a trouvé deux espèces d’Anchilophus dans les grès du Castrais. La première, plus petite, est bien représentée par la rangée maxillaire (pl. XI, fig. 1), (M, - P, supérieures — 0,035) du gisement de Montespieu. Les couronnes des molaires sont basses, allongées en sens transversal, à angle parastylaire excessivement, pointu et à paroi externe nettement festonnée. La P,, comme on voit, se distingue des vraies molaires par son angle parastylaire moins proéminent et par le raccourcissement de la crête transver- sale postérieure. Une molaire supérieure du même type a été trouvée à la gare de Lautrec*. La seconde espèce, de taille plus forte, est annoncée par les M, et M,, de Sicardens que nous figurons * planche XI, fig. 4 et 5. Les couronnes de ces dents sont plus carrées et sensiblement plus hautes que dans l'espèce précédente. C'est à cette forte espèce qu'il faut rapporter la rangée de M.-P, inférieures occupant un espace de 0,052, que nous figurons planche XI, fig. 2; elle fait partie d’une mandibule de Viviers-la-Montagne, dont les deux branches sont tronquées aux extrémités. Les vraies molaires à bourrelet externe continu ont les croissants assez anguleux ; en avant de leur cône postéro-interne on remarque une petite perle accessoire. La dernière prémolaire leur ressemble, mais elle est plus courte et son lobe antérieur se rétrécit. Cette dernière parti- cularité est encore plus accentuée dans la P.. Les deux prémolaires antérieures, à en juger d’après leurs racines, devaient être très réduites dans cet individu. Elles ne le sont cependant pas tou- jours autant, comme le prouve la rangée P,-P, (PL XI, fig. 3). Les petites perles en avant du cône interne des vraies molaires ne paraissent pas être constantes ; dans un fragment de mandibule avec M,-P, de Montespieu, dont les dimensions sont analogues à celles de l'échantillon de la figure 2, elles font défaut. C'est évidemment à la même forme qu'il faut rapporter le mandibulaire gauche avec M,-P, de la collection Caraven-Cachin, que Gervais à figuré (Zool. et Pal. gén. I, PL. xx1x, fig. 10, 10 à) 1. Un maxillaire avec M,-P, de cette forme est conservé au Museum de Paris. J'ignore si la molaire figurée par M. A. Gaudry (Enchaînements, p. 69, fig. 80) fait partie de cette rangée; selon la figure elle serait un peu plus forte que celles de notre échantillon. 2. La vue d’en bas de la dent M, (fig. 4) a été copiée inexactement ; il ny a pas de trace de mésostyle. 190/ DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 457 La dentition mandibulaire de la petite espèce est représentée par un fragment de mandibule gauche avec M.,-P, mesurant 0,041, qui provient de Castelpers, près de Braconnac. La structure des dents est absolument celle de l'échantillon dela figure 2 ; même les petites perles interlobaires sont présentes. J’ignore à laquelle des deux espèces appartiennent les dents d'Anchilophus que M. Vasseur à signalées du château de La Serre, au nord de Soual (notice de la Feuille de Castres). Distribution et rapports. — Je renonce pour le moment à une détermination spécifique de ces deux formes d’'Anchilophus. Comme les animaux de ce genre ne se sont encore nulle part ren- contrés en abondance, il est très diflicile de tracer la limite entre les différences purement individuelles et celles qui peuvent ètre regardées comme de valeur systématique. Parmi les dents d'Anchilophus figurées et dénommées dans la bibliographie, ce sont celles du Sidérolithique de Mormont que Pictet ’ a signalées sous le nom d’'Anchilophus Gaudini, qui me paraissent avoir les rapports les plus intimes avec celles du Castrais; Pictet a confondu sous ce nom deux formes nettement distinctes, qui pourraient d'autant mieux correspondre à celles dont nous venons de parler, que la faune de Mormont est sûre- ment, en partie bartonienne. J'aurai à traiter de ces questions dans la suite de mon mémoire sur les Mammifères éocènes de la Suisse. Le genre Anchilophus est représenté dans Le Bartonien du bassin de Paris par l'Anchilophus Demaresti Gervais ; le type de l’espèce, une mâchoire supérieure avec M.-P,, a été trouvé aux Batignolles, 2 dans une couche qui appartient au calcaire de Saint-Ouen ;, d’autres restes moins complets ont été rencontrés dans le même niveau aux environs du parc Monceaux *. Cette forme est encore sensiblement plus petite que la moindre du Castrais et s’en dis- tingue aussi très nettement par la forme carrée de ses molaires et la surface lisse de leurs parois externes ; il ne saurait donc être question de les identifier. De Robiac M. Depéret a signalé quelques molaires d’un petit 1. F.-J. Prerer et Ar. HumBerT. Mémoire sur les animaux vertébrés trou- vés dans le terrain sidérolithique du canton de Vaud. Supplément, 1869, P. 168. 2. P. Gervais. Zool. et Paléont. françaises, 2° édition, 1859, p. 86, pl. XXXV, fig. 18. d 3. P. Gervais. Indices d’un nouveau genre de mammifère édenté fossile dans les dépôts éocènes dits de Saint-Ouen. Journal de Zoologie, V, 1876» P- 424. 452 H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai Anchilophus, qu'il rapporte à l'Anchilophus Demaresti *. Je ny ai trouvé qu'un fragment de mandibule avec dents assez mal con- servées, qui n’est pas susceptible d'une détermination précise. Les formes du genre Anchilophus sont encore si imparfaitement connues qu'il est impossible, pour le moment, d'en établir les rapports phylogéniques. PALÆOTHERIUM LAUTRICENSE Noulet PI. XI ; fig. 8, 9, 11. La collection de Toulouse possède de très beaux échantillons d’un petit Palæotherium encore inédit des grès du Castrais, dont Noulet a bien saisi les affinités en le désignant comme « voisin du P. curtum, mais plus petit » ; sur d’autres étiquettes il l’a appelé « P. lautricense » et je crois indiqué pour le moment de lui conserver ce nom. Une superbe mâchoire supérieure « de Lautrec, à Montespieu » comprend M,-P, du côté gauche et M,-P, du côté droit. J’en figure la série gauche planche XI, figure 9. M,-P, occupent un espace de 0,072 ; la racine de la canine restée en place est séparée de P, par un petit diastème de o.0065. Les dimensions ne s’écartent pas beaucoup de celles du crâne type du ?. curtum (Cuvier, PI. xzu, fig. 1) ou M,-P, mesurent 0,039; mais ce crâne provient d’un très faible individu de l'espèce ludienne ; sur le maxillaire du gypse parisien figuré par de Blainville, PI. v (en bas, à droite), M,-P, occupent un espace de 0,083. Les vraies molaires, comme on voit, ont tout à fait la structure de celles du Palæotherium curtum ; le cône antéro-interne s'élève en forme de pyramide régulière sur une base relativement étendue. Le mésostyle devient de plus en plus saillant vers le sommet des couronnes, de manière qu'il paraît plus fort dans la M,, qui est encore assez fraîche, que dans la M, déjà très usée. La tendance à développer un bourrelet interne est assez accusée, 1l y a cependant une interruption à chaque cône sauf à l’antérieur de M,. Dans la M, le bourrelet terminal est très grossi et l'angle métastylaire est fortement replié, comme on l’observe aussi des fois dans le P.curtum. Les P,-P, ont un bourrelet interne continu. Sur la P, la paroi externe est munie d’un faible mésostyle, qui la divise en deux facettes inégales ; sur la paroi externe de P, ce pli n’est que faiblement annoncé et sur celle de P,, où même l'usure n'arrive plus à produire deux pointes distinctes, il fait défaut. La P, a ses 1. DEPÉRET et CARRIÈRE, L. C., p. 3, 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 453 cônes internes détachés l’un de l’autre et la vallée transversale ouverte ; mais le cône antéro-interne est plus faible etle contour de la couronne plus raccourci que dans les molaires. Dans la P, la vallée transversale est encore imparfaite, par suite de la soudure des cônes internes à leur base ; le cône antéro-interne est un peu plus réduit que dans P, et la communication du postéro-interne avec la paroi externe n’est pas encore tout à fait établie selon le mode des molaires. Dans la P, ces imperfections s’accentuent ; le cône postéro-interne n'est en communication qu'avec l'antéro- interne et le bourrelet terminal ; le crochet de la paroi externe destiné à le rejoindre se soude au cône antéro-interne et celui-ci, très faible, est sensiblement plus rapproché de la paroi externe, de manière que le contour de la dent devient subtriangulaire. La P, a un fort talon avec cône bien distinct. Comme on voit, ces prémolaires ne sont pas encore tout à fait molarisées ; mais en examinant bien les différents Palæotherium de l'Éocène supérieur on verra qu'aucun d’entre eux n'est arrivé à une homæodontie parfaite, et je crois très probable que parmi les individus du P. curtum typique de l’époque ludienne on en trouvera de retardataires qui correspondront exactement à l'étape que nous venons de caractériser. Il paraît cependant que pour le P. lautricense des grès bartoniens cette même étape représente le maximum d'évolution atteint par la variation individuelle. La collection de Toulouse possède en effet de la même localité de Montespieu un fragment de maxillaire supérieur gauche avec M.-P,, sur lequel les prémolaires sont sensiblement moins com- pliquées ; je les ai représentées planche XI, figure 8. La struc- ture de la P, correspond sous tous les rapports presque exac- tement à celle de la P, de l'échantillon précédent ; dans la P., les cônes internes sont plus intimement soudés et l’antérieur est un peu plus réduit et plus rapproché de la paroi externe. Dans la P, les deux cônes. internes sont confondus dans un croissant un peu grossi dans la partie correspondant au cône postérieur et sans communication avec le petit crochet qui existe sur la face interne de la paroi externe. On remarquera en outre que la P, est un peu plus forte et La P, un peu plus faible que dans l'échantillon précé- dent ; M,-P, mesurent 6.053, exactement comme dans celui-ci. Un troisième fragment de maxillaire supérieur (gauche) encore de Montespieu, a conservé P,-P, et la partie interne de P,. Ces dents, un plus plus fortes que leurs correspondantes dans les échan- üllons décrits ci-dessus (P,-P,— 0.021), représentent une étape de complication intermédiaire. IL y a en outre deux P, et une P. 454 H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai isolées de la même localité, qui ne nous apprennent rien de nouveau. La dentition de lait supérieure est représentée par la D, à méso- style assez faible, représentée planche XI, figure 11; elle est de Montespieu. La collection Noulet contient environ une douzaine de mandibu- laires plus ou moins fragmentaires, dont un, «de La Millette », un autre, « de la tranchée de La Maurienne », et le reste de Montes- pieu. Les molaires inférieures ne s’écartent en rien de celles du P. curtum. Je ne vois pas non plus de divergence de cette forme dans la structure des P, et P, inférieures. Les P, et P, ne sont pas représentées. Sur un mandibulaire de Montespieu les M,-P, occupent un espace de 0,061. Sur une autre pièce de jeune âge on voit les D,-D, (celle-ci défectueuse) suivies d’une M,, dans Fig. ret 2. — Palæotherium lautricense Noulet, Montespieu, réduit de moitié. son alvéole ; ces dents de lait ont également la structure de celles du P. curtum. Les matériaux réunis par Noulet nous révèlent aussi les carac- tères cràniens du P. lautricense. Le gisement de Montespieu en a fourni un crâne un peu écrasé mais presque complet, qui serait bien susceptible d’être un peu mieux préparé qu'il ne l’est actuellement. C'est d’après cet échantillon que jai esquissé une vue frontale et une vue de profil dans les figures ci-contre ; ce sont des essais de reconstitution et non pas des reproductions directes 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 455 d'un objet intact. Les sutures que je dessine sont toutes visibles au moins d’un côté ; je n'ai pas pu découvrir celle de l’os temporal et de même je n'ai pas pu trouver les trous supra- et infraorbi- taux. L’os lacrymal est tout petit comme dans les Chevaux, mais il touche néanmoins à l'os nasal en séparant le maxillaire du fron- tal. Le trou lacrymal est visible. Les os nasaux sont tronqués mais le négatif de la partie antérieure existant du côté droit permet de les reconstruire comme il est indiqué ; dans leur partie postérieure ils participent largement à la surface latérale du museau; à leur racine ils sont un peu bombés ; toute leur moitié antérieure paraît ne plus s'appuyer sur les maxillaires ; les inter- maxillaires sont loin de les atteindre. L’os jugal pénètre dans la surface du museau jusque vers l’angle postéro-inférieur du nasal. L'’arc zygomatique se prolonge sur l’os maxillaire par une crête massetérique un peu montante, qui se termine au-dessus de P.. Le bord antérieur de l'orbite correspond au lobe antérieur de M.. Il n'existe pas de processus postorbitaire inférieur. La partie postérieure de l’arc zygomatique avec sa suture n’est visible que du côté gauche. Toute la partie occipitale n’est guère con- trôlable sur l'échantillon et j'ai dû la deviner. Il en est de même pour la limite antérieure de l’apophyse zygomatique de l’os tem- poral. De la dentition on voit la série de droite par le côté externe à l'exception des J, et J, qui font défaut et de la P, qui est brisée. Les parois externes des P, et P, ont la structure des dents corres- pondantes du deuxième des échantillons décrits ci-dessus. La longueur de M,-P, est de 0,052. La canine qui suit après un faible diastème est implantée un peu en dehors des .prémolaires et son alvéole, qui fait saillie, confine une petite niche au-dessus de P,. La J, possède une couronne plutôt courte, à angle antérieur étiré et un peu recourbé en dedans. Un second crâne de la collection Noulet « de Castres, par M. le chanoine Boyer » est un peu moins bien conservé que le premier et ne ma fourni aucune notion complémentaire ; il a absolument la même forme. Si l'on compare nos esquisses aux figures que Cuvier et de Blainville (£. c.) ont données du crâne du LP. curtum, on doit avoir l'impression que ce dernier est d’une forme assez différente, plus robuste et plus large. Il faut cependant tenir compte du fait que le crâne du gypse est fortement déformé et que les figures le repré- sentent tel quel. En essayant d’en reconstruire la forme naturelle d'après l'original, que M. M. Boule a bien voulu me permettre 456 _ H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai d'étudier au Museum de Paris, je me suis convaincu qu'elle est très semblable à celle que nous venons de constater chez le P. lautricense. Parmi les mandibulaires de ce dernier, un seul, celui de jeune âge que nous avons mentionné ci-dessus, a conservé l'angle et la branche montante; ces parties ressemblent tout à fait à celles du P. curtum figurées par Cuvier. La branche horizontale, comme dans cette dernière espèce, est de forme plutôt massive. La partie symphysale paraît être peu rétrécie en arrière des canines à en juger d’après un fragment avec les J, in statu nascendi, que je crois devoir rapporter au P. lautricense, sans être tout à fait sûr de l’exactitude du rapprochement. Distribution et rapports. — On peut rapporter peut-être au P. lautricense quelques dents du Sidérolithique de Mormont, dont je traiterai ailleurs. Les rapports très intimes de cette forme avec le P. curtum sont évidents. PALÆOTHERIUM cf. CURTUM Cuvier « Palæotherium comparable au P. curtum» Gervais. Zoologie et Paléonto- logie générales, t. 1, pl. XXIV, fig. 5. A côté du P. lautricense on a rencontré dans les grès du Castrais un Palæotherium du groupe curtum, qui atteint tout à fait la taille de l'espèce type ludienne dont il m'est impossible de le distinguer. Il est représenté dans la collection Noulet par plusieurs fragments de mâchoire supérieure et inférieure du gisement de la gare de Lautrec et par une mandibule avec M.-M, de Montespieu. Les prémolaires supérieures présentent le degré de complication des individus les plus évolués du P. lautricense. C'est à cette forme qu'il faut rapporter le maxillaire avec M,-P, de la collection Caraven Cachin, que Gervais (Zoologie et Paléonto- logie générales, I, PL. xxix, fig. 5), a figuré du côté externe, sans en indiquer la provenance exacte. . PALÆOTHERIUM CASTRENSE Noulet PI. XI ; fig. 6, 6a, 7, 7a, 5b. Palæotherium castrense Noulet, 1863, L. c., p. 187. Palæotherium medium Noulet, 1863, L. c., p. 187, pro parte, nec Cuvier. Palæotherium magnum Noulet, 1863, L. c., p. 186, nec Cuvier. Palæotherium magnum ou velaunum Gervais. Zoologie et Paléontologie générales, t. I, 1867-1869, p. 169, pl. XXIX, fig. 1-4. Noulet a créé l'espèce Palæotherium castrense pour une très 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 457 belle mandibule découverte par Léonce Roux dans «les sables de Viviers-la- Montagne, au quartier des Bessous, non loin de La Mas- sale, » aujourd'hui conservée au Musée de Castres. Il lui a rapporté en outre et avec raison une extrémité antérieure de mandibulaire gauche avec les racines de la canine et de trois prémolaires, de Peyregoux, ainsi qu'une mandibule d'un individu très âgé avec M. - C gauches, et P.-P, droites des grès de La Massale (coll. Cara- ven-Cachin). C’est la rangée gauche de ce dernier échantillon, que Gervais à figurée, /. c. PI. xxix, fig. 3a. Je n'hésite pas à attri- buer à la même forme une mandibule droite avec M. - D, du grès de « La Marcelle, près de Bouffard, à trois kilomètres nord de Castres, sur la route d'Albi (altitude 240 m.) » rapportée par Noulet au P. medium — évidemment par suite d’une méprise dans l'inter- prétation des trois dents — et de même quelques molaires supé- rieures et inférieures de La Massale (Gervais, /. c., fig. 1, 2,4), de La Fosse, de Peyregoux, de Sicardens, de Vielmur, déterminées par lui comme P. magnum. Ce qui est certain e’est que la collection de Toulouse ne contient aucun ,échantillon des grès du Castrais, attribuable avec certitude soit au P. medium, soit au P. magnum, qui tous les deux sont des formes de l'Éocène supérieur. Enfin ce matériel est complété par une prémolaire supérieure conservée au Musée de Castres, sans indication de provenance exacte, mais d’après sa gangue et son état de conservation sans doute trouvée dans les grès bartoniens des environs de cette ville. Le P. castrense est un peu plus petit que la race naine du P. magnum, qu'on a appelée P. girondicum. ' La structure des vraies molaires est absolument la même que dans la grande forme du Ludien ; celle des prémolaires en revanche est sensiblement moins compliquée. | Les figures 6, 6a de la planche XI, représentent la prémolaire supérieure de la collection de Castres *, qui me paraît être une P.. Par rapport à son homologue dans le P. magnum elle présente les différences suivantes : le mésostyle n’est annoncé que par une légère trace destinée à disparaître à la suite des premières ébauches de l'usure ; le cône postéro-interne commence seulement à se détacher sur le versant postérieur de l’antéro-interne; la partie intermé- diaire de la future crête transversale est encore à l’état de rudiment. 1. Mesures prises sur la mandibule de Viviers : M, -M, — 0,098 ; M, —0,0/4; PAIO 028 0,021 7 — 0010: 2. J'adresse des remerciements spéciaux à M. A. Chamayou, qui a bien voulu m'envoyer en communication ce précieux document. Je lui dois éga- lement un cliché photographique de la mandibule de Viviers. 458 , H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai Les figures 7, 7a, 7b, représentent une P, inférieure isolée de Sicardens (Musée de Toulouse) ; elle se distingue de sa correspon- dante dans le P. magnum par son croissant antérieur un peu moins creux et surtout par l’existence d'un pli tranchant sur le versant postérieur du cône antéro-externe. La P, inférieure, con- servée sur les mandibules de Viviers et de La Massale (Gervais, L. c., fig. 3), paraît être de structure moins détaillée que celle de la forme ludienne : pointe antérieure peu marquée, cône antérieur à très faible tendance crescentoïde et sans pli postéro-externe, crois- sant postérieur moins creux. La P, inférieure visible sur les mêmes échantillons ne diffère en rien de celle du P. magnum. Tant sur la mandibule de Viviers que sur celle de La Massale la partie qui devrait supporter la P, est défectueuse ; maïs sur le fragment de Peyregoux l’espace entre les racines de P, et celle de la canine ne présente pas de trace de dent, de sorte qu’il faut conclure que dans certains individus du P. castrense la P, était caduque. Les dents de lait inférieures sur le mandibulaire de La Marselle ne sont visibles que du côté externe et ne donnent lieu à aucune remarque. Les canines de la mandibule de Viviers ont la forme ordinaire des canines de Palæotherium : elles sont relativement petites et indiquent un individu femelle. Ajoutons enfin qu'une première ou deuxième incisive isolée, très fraîche, de Sicardens, présente le sommet de la couronne nettement bilobé. L'os mandibulaire, bien conservé dans l'échantillon de Viviers, ne diffère que légèrement de celui du P. magnum de La Débruge, figuré par Gervais (Zool. et Pal. fr., pl. xxx. fig. 6): la branche montante s'élève un peu plus par rapport au plan des molaires et se rétrécit davantage d'avant en arrière ; la branche horizon- tale est relativement plus haute, elle a 64 millim. au dessous de M, et n'en perd que très peu jusqu’à l'emplacement de la P,. Le trou mentonnier se trouve en dessous de la racine antérieure de P.. La partie antérieure est brisée et mal restaurée’. Dans le fragment de Peyregoux la symphyse se termine en dessous de la racine antérieure de P, et la barre mesure 3 cm. Distribution et rapports. — Il n'était pas aisé de se former une idée du ?. castrense d’après la diagnose de Noulet, qui s'appuyait uniquement sur les caractères de la mandibule ; aussi l'espèce ne fut-elle pas reconnue lorsqu'on la découvrit plus tard dans d’autres contrées. 1. En avant de la P, gauche on a collé les P,-P, droites et à la place de celles-ci on a mis des incisives, 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 459 Sous le nom de « Paloplotherium magnum », Rütimeyer : a signalé des prémolaires supérieures d'Egerkingen d'une forme toute voisine sinon identique ; j'aurai autre part à étudier ces matériaux. Plus récemment, M. Depéret a recueilli de superbes mâchoires du P. castrense typique dans les marnes de Robiac ; il sera à même de donner une description de l'espèce beaucoup plus complète que la mienne. Je crois plus que probable que le P. castrense bartonien est l'ancêtre du P. magnum ludien. Noulet était donc tout à fait dans le vrai en lejrangeant parmi les Palæotherium s. str. et non pas, comme l’a fait Rütimeyer, parmi le Plagiolophus (Paloplothe- rium). Je démontrerai ailleurs que ces deux lignes collatérales sont déjà nettement distinctes à l'époque lutétienne et que les caractères essentiels qui les séparent l’une de l’autre ne sauraient être trouvés dans le degré de complication des prémolaires. PALÆOTHERIUM Sp. Une quatrième espèce de Palæotherium des grès du Castrais est représentée par une mandibule de « Alziaux *, nord de Castres » avec les M,-P, imparfaitement dégagées, les empreintes de P,-P,, les racines de la canine et des incisives du côté droit, et les M,-P, presque entièrement engagées dans la gangue, l'empreinte de la canine, la I, et les empreintes des I.-I, du côté gauche (Musée de Toulouse) ; les deux branches d’une mandibule avec M,-P, du côté gauche et M,-P, du côté droit sans indication de provenance exacte (Musée de Castres); un mandibulaire avec M, de Saïx, un autre avec M,-M, de Peyregoux, une M, inférieure de Sicardens (Musée de Toulouse). C’est probablement à cette même forme que se rapportaient les dents de La Vivarié, signalées par Noulet * ; je ne les ai pas retrouvées dans sa collection. Comme taille cette espèce est intermédiaire entre le P. castrense et le P. cfr. curtum *. Malheureusement les échantillons énumérés ci-dessus ne la font connaître que très partiellement ; je puis aflir- mer, cependant, que Noulet s’est trompé en les rapportant au P. medium ; les prémolaires inférieures qu’on y observe sont plus 1. L. RüTIMEyYER. Die eocaene Säugethierwelt von Egerkingen. Mém. Soc. Pal. Suisse, 1891, p. 19, Taf. I, fig. 1-2. 2. Cette localité n’est pas indiquée sur la carte; faut-il lire « Nalzieu » au lieu d’Alziaux ? 3. J.-B. Noucer. Nouveau genre de Tortues fossiles proposé sous le nom d’Allaeochelys. Mém. Ac. Sciences, etc., Toulouse. 6? série, t. V (1867?). 4. Mesures prises sur la mandibule d’Alziaux: M, — 0.0295 ; M,,— 0,018 ; P,—0,016 ; P, —0,014; P; —0,0125 ; P, —0,0075 ; barre 0,016, 460 H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai raccourcies par rapport aux molaires et plus simples que dans les espèces de taille moyenne de l’époque ludienne ; elles ont la struc- ture de celles du ?. castrense. La P, de l'échantillon d’Alziaux est toute petite, mais biradiculée ; les canines sont faibles comme dans les femelles ; la petite I, a la couronne bilobée à lobe antérieur plus élevé :. Distribution et rapports. — Cette espèce est probablement l’ancêtre de quelque forme de taille moyenne de l’époque ludienne; avant que nous connaissions ses prémolaires supérieures, toute tentative de lui assigner sa place systématique serait prématurée. Je ne pense pas que cette forme ait déjà été signalée ailleurs ; on devra la comparer à une espèce du Sidérolithique d’Egerkingen, que je décrirai prochainement. PLacioLopaus NoULETI n. sp. PI. XIT ; fig. 9, 9a. Je propose le nom de Plagiolophus Nouleti pour un maxillaire supérieur gauche avec M,-P,, de Viviers-la-Montagne, qui me paraît représenter une forme nouvelle. La M,, encore enchässée dans l'alvéole et seulement esquissée dans notre figure, ainsi que les autres vraies molaires, m'ont paru très semblables à celles des Plagiolophus de l'Eocène supérieur. Les prémolaires, au contraire, sont remarquablement primitives. A la P, le mésostyle de la paroi externe fait complètement défaut ; il est remplacé par une ligne concave, du reste peu accusée. Le cônule intermédiaire de la crête antérieure n'est pas distinct; le cône interne, un peu allongé et muni d’une crête jusqu’au-delà du. sommet, se replie à son extrémité postérieure en forme de crochet vers la paroi externe, mais sans l’atteindre ; ce crochet est la seule trace qui existe de la crête transversale postérieure. Le côté interne de la couronne est entouré d’un bourrelet continu. La P2 un peu déformée par pression et indiquée au trait dans notre figure est plus petite et à contours plus rétrécis du côté interne; la paroi externe est encore plus lisse et le dit crochet y fait défaut. L'espace occupé par les M, - P, est de 0,066. 1. Je suis un peu embarrassé de classer quelques autres fragments man- dibulaires de la collection de Toulouse. L’un provenant de La Fosse et sup- portant les M,-P, est de taille intermédiaire entre le P. castrense (M,-P, — 0,075) et la forme dont nous parlons. Deux autres de Braconnac et de Labartié (commune de Gibronde) avec M, - M, chacun, sont de taille inter- médiaire entre celle-ci et le P. curtum (M, -M, = 0,043). Noulet a rapporté ces derniers au Paloplotherium annectens, mais la structure des molaires prouve clairement qu'il s’agit de vrais Palæotherium. 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 461 Noulet avait rapporté ce fossile au Paloplotherium codiciense Gaudry, duquel il diffère cependant non pas seulement par sa taille, qui est moindre, mais encore par la structure de la denti- tion, notamment des molaires, qui sont beaucoup plus modernisées dans le sens des Plagiolophus ludiens que chez le Périssodactyle de Coucy. On peut rapporter au Plagiolophus Nouleti une molaire infé- rieure de Viviers (longueur 0,018 m.), quiest conservée au Musée de Castres. Je ne crois pas que cette espèce ait déjà été signalée ailleurs et il n’est guère possible pour le moment d'en préciser les rapports phylogéniques. Ce qui est certain, c’est que nous avons affaire à un véritable Plagiolophus. PLAGIOLOPHUS CARTAILHACI AN. Sp. PI. XII ; fig. x, 14. Propalæotherium de la taille du Pr. argentonicum P. Gervais, Zoologie et Paléontologie générales, t. I, 1867-1869, p. 169, pl. XXIX, fig. 9 94. Je propose le nom de Plagiolophus Cartailhaci pour un frag- ment de museau un peu écrasé avec les racines de M,etles M ,- P, du côté gauche ainsi que la M, défectueuse et les quatre pré- molaires du droit, trouvé à « Peyregoux, près de Lautree, sur la propriété de M. Combeguille ». Les M,-P, gauches en sont figurées planche XI, figures 1, 14. La taille de l’animal est intermédiaire entre celle du PL. annec- tens et celle du PI. Fraasi(= Javali). La structure des vraies molaires me paraît tout à fait semblable à celle des formes ludien- nes, mais les prémolaires ont encore quelques traits primitifs, quoi qu'elles soient sensiblement plus modernisées que dans le Plagio- lophus Nouleti. Comme chez ce dernier les deux facettes de la paroi externe de P, ne sont encore séparées l'une de l’autre que par un sillon peu accusé, mais le mésostyle est annoncé par un rudiment qui dépend du bourrelet basal. Le cônule intermédiaire de la crête transversale antérieure est assez bien détaché, mais la crête postérieure n’est indiquée qu'en forme de crochet adhérent à l'extrémité postérieure du cône antéro-externe allongé sans ten- dance à se souder au bourrelet postérieur. Le bourrelet interne est interrompu. Dans la P, la trace du mésosiyle fait défaut, le cônule intermédiaire est à peine marqué, le crochet plus intime- ment soudé au cône interne, l'interruption du bourrelet interne moins étendue. La P, est moins large que longue, la crête anté- rieure très réduite, suivie d'une fossette dont le fond ést garni de 462 H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai . quelques rugosités, le bourrelet interne continu. La P, qui a dis- paru dans les Plagiolophus ludiens de l’âge de l'individu considéré - est encore en place, quoique très usée. Mais ce qui caractérise surtout P/. Cartailhaci ce sont ses parti- cularités crâniennes. Le fragment de Peyregoux est tronqué en avant immédiatement devant la P,, en arrière (côté gauche), d’après une ligne, qui passe par le milieu de l'orbite et s’avance en bas de deux ou trois centimètres. Ce qui reste du museau révèle une physionomie, qui ne laisse aucun doute sur l'existence d'une trompe bien développée et rappelle plutôt les Saïgas que les Tapirs, quoique la spécialisation ne soit pas aussi extrême que dans cette Antilope. L’échantillon mériterait bien d’être un peu mieux préparé et figuré. J'attribue à la même espèce le négatif d'un palais entouré des M,-P, droites et des M,-P, gauches, visibles par le côté des racines, de « Saint-Pierre, commune de Gibronde, près de Bracon- nac », un fragment de M, supérieure de « Jauzion, commune de Lautrec », une molaire inférieure « de La Massale » (Musée de Toulouse). D'après les dimensions il est plus que probable qu'on doit lui rapporter en outre la mandibule de vieux sujet, figurée par Gervais, /. e., fig. 6-7, sous la désignation erronée de Propa- læotherium. Le mandibulaire de Lautrec avec M,-M, que Noulet (Z. c., 1863, p. 191) a signalé comme attribuable au P{. annectens, était probablement aussi de Pl. Cartailhaci ; je l'ai en vain cherché dans la collection L. Roux (au Musée de Castres), dont elle faisait partie. Distribution et rapports. — J'ai recueilli à Robiac un fragment de mandibule avec M,-M, défectueuses d’un Plagiolophus de la taille du PI. Cartailhaci; M. Depéret, qui possède des matériaux plus complets de la même forme, sera mieux à même de trancher la question de savoir si c'est réellement l'espèce que nous venons de caractériser. Les Plagiolophus de l'Eocène supérieur et de l’Oligocène con- nus sous le rapport craniologique ont un museau normal ; Filhol a signalé ce fait pour un grand Plagiolophus des Phosphorites, très voisin du PI. Fraasi; Owen l’a indiqué pour le Pl. annectens d'Hordwell ; deux fragments de crâne, conservés au Musée de Toulouse m'ont permis de le constater pour le plus grand des deux Plagiolophus de La Débruge ; enfin un superbe échantillon du Musée de Montauban le démontre pour un petit Plagiolophus des Phosphorites, qui est peut-être le PI. minor. Il s’en suit que le PI. Cartailhaci avec sa face extrêmement spécialisée en faveur de 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 463 la trompe doit probablement être regardé comme une branche éteinte à la fin de l’époque bartonienne. PLAGrocLoPpHuUSs cf. MINOR Cuvier. PI. XIL; fig. 3,4 a, 11,11@. Propalæotherium sp. P. Gervais, Zoologie et Paléontologie générales, t. I, 1867-1869, p. 169, pl. XXIX, fig. 6. Une troisième forme de Plagiolophus des grès du Castrais, dont les gisements de « Peyregoux », de « la tranchée de La Bour- riette », de « La Millette », de « la gare de Lautrec » et surtout celui de « Montespieu » ont fourni à Noulet des échantillons nom- breux, mais peu complets, présente à fort peu de chose près la structure dentaire typique des Plagiolophus ludiens et oligocènes. J'en figure une incisive (1, inf. dr. ?) avec le prolongement de l'émail sur le côté externe, si caractéristique des espèces moder- nisées du genre (Pl. XII, fig. 3) ; une P2 supérieure gauche avec des traces de cément — la seule prémolaire supérieure, que j'ai trouvée dans la collection Noulet —(P1. XII, fig. 11,11 a), et une rangée de M, - D, supérieures (PI. XIL, fig. 4, 4 a). Dans la rangée de dents de lait on remarquera surtout la D,, qui est pourvue d'une deuxième crête nettement distincte ; chez les Plagiolophus ludiens, où les prémolaires et les dents de lait antérieures sont en train de se réduire, cet élément ne s’observe qu'exceptionnellement ; la com- plication constatée chez l'animal du Castrais est donc plutôt un trait archaïque. Cette rangée de la figure 4 est supportée par un fragment de crâne, malheureusement tronqué en avant des orbites et ne fournissent pas les renseignements sur la conformation du museau, que nous désirerions avoir. Je signale cette forme sous la désignation de ?lagiolophus cf. minor parce que sa taille varie à peu près dans les mêmes limites que celle de cette espèce ludienne; l’échantillon dont il vient d’être question est un des plus forts que je lui attribue :. Le mandibulaire avec M,-M, (coll. Caraven-Cachin) figuré par Gervais (l. c. PL. xx1x, fig. 6), est sûrement d’un Plagiolophus et non pas d’un Propalæotherium, et se rapporte très probablement à l'espèce dont nous parlons. Il en est peut-être de même des mandibules de Viviers-la-Montagne (coll. Roux) et des molaires supérieures de Vielmur, que Noulet a mentionnées comme appar- tenant au Plagiolophus minor ; je n’ai pas retrouvé ces pièces. 1.5Mesures prises sur d’autres échantillons : M, - M, sup. — 0,043 — 0,045 ; M, - P, inf. — 0,060 — 0,069. 464 H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai Distribution et rapports. — Il se pourrait bien que cette espèce ait déjà été trouvée ailleurs et signalée comme Plagiolophus minor. D'après ses caractères dentaires on est fort tenté de lui supposer des rapports très intimes avec cette espèce ludienne. Je pense cependant qu'il serait prématuré de les identifier spécifique- ment. Comme dans les Plagiolophus la différenciation paraît. surtout porter sur le système ostéologique, il est très probable qu'on trouvera quelque différence dans les caractères des pattes ou du crâne. XIPHODON CASTRENSE Kowalevsky PI. XII; fig. 5, 5a, 6, 7, 8, ro. Xiphodon gelyense Noulet, 1863, L. c., p. 193 (nec Gervais). Xiphodon castrense Kowalevsky, Monographie der Gattung Anthracothe- rium 1874, p. 243. Le plus fréquent d’entre les petits Artiodactyles qu’on rencontre dans les grès du Castrais paraît être le Xiphodon castrense Kowalevsky. C’est un véritable Xiphodon, qui n’a aucun rapport avec le Gélocidé de Saint-Gély-du-Fesc : auquel Noulet avait cru pouvoir rapporter les premiers échantillons qu'il en obtint ; aussi plus tard, dans les étiquettes de sa collection, le savant paléonto- logiste de Toulouse s'est servi du nom spécifique nouveau, que Kowalevsky a proposé pour désigner l’animal du Castrais. Les gisements de Montespieu, de La Millette, de Sicardens ont fourni à Noulet un bon nombre de fragments mandibulaires de cette espèce, mais seulement trois molaires supérieures isolées. ! 1. Les lignites de Coulondres,près de Saint-Gély-du-Fesc, autrefois rap- portés à l’Éocène supérieur ou à la base de l’Oligocène, ont été assimilés au Bartonien dans la très intéressante étude que M. lorrain vient de consacrer Ne Ds lacustres de l’Éocène et de l’Oligocène du Languedoc. (B. S. G. F,, (4), LL 1905, p. 546). Cette nouvelle manière de voir se base sur la Rte d'un Planorbe du groupe pseudoammonius et sur la prétendue identité du Xiphodon gelyense avec un animal des sables du Castrais. Quant au Planorbe je ne suis pas à même de juger de son importance; je me borne à rappeler que M. Roman signale la même espèce dans le Ludien inférieur de Souvignargues. Quant au deuxième motif, nous venons de l’invalider. L’Artiodactyle de Saint-Gély, pour lequel M. Schlossei (Beïträge zur Kenntniss der Stammes-Geschichte der Hufthiere, etc., Morphol. Jahr- buch, vol. XII, 1886, p. 95) a créé le genre Phaneromeryx, n’a été retrouvé que dans les phosphorites du Quercy (coll. de Bâle, Q. B. 108, mandibule avec M, —P, et alvéole de P;); son âge Here est donc incertain. Mais comme il apparent à un groupe qui jusqu'ici n'a été rencontré dans les dépôts stratifiés qu’en dessus de la limite supérieure de l'Éocène, il témoi- gnerait plutôt en faveur de l’âge sannoiïsien ou ludien des couches qui le renferment. 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 465 J’en figure une M, supérieure droite (PI. XII, fig. 7), une M, supé- rieure gauche (PI. XII, fig. ro), un fragment de mandibule gauche avec M,-M, et les alvéoles de P,-P, (PI. XII, fig. 6), une P, inférieure prise sur un mandibulaire avec M.,-P, (PI. XIL, fig. 5, 5 a). une D, inférieure isolée (PI. XIT, fig. 8). On voit que toutes ces dents sont absolumentidentiques à leurs homologues dans le Xiphodon gracile, sauf pour la taille qui est considérablement moindre dans l’espèce bartonienne ’. Deux fragments de mandibules sur lesquels on observe les alvéoles des prémolaires antérieures prouvent que cette identité s'étend sur les P, et P,, qui sont plus allongées que la P,.. Comme dans le Xiphodon gracile la P, présente des varia- tions individuelles; sur un deuxième exemplaire le cône interne est sensiblement plus reculé par rapport à l’externe que dans celui de la fig. 5. L’os mandibulaire encore rappelle tout à fait la forme ludienne. La symphyse se termine vis-à-vis de la racine postérieure de P,, le trou mentonnier correspond à la racine anté- rieure de la même dent. Il me paraît assez probable que Noulet était dans le vrai en rapportant au Xiphodon castrense un petit crâne dépourvu de la face, de Montespieu. Ce fragment révèle un type crànien très généralisé, rappelant un peu celui des Cænotherium, duquel il s'écarte cependant par le plus grand développement des condyles occipitaux et des orbites, ainsi que par le rétrécissement plus accentué de la capsule crânienne en avant de la squame occipitale. Rapports el distribution. — Je crois très probable que le Xiphodon castrense et le Xiphodon gracile ne sont que deux étapes successives dans le développement phylogénique d’un seul et même animal. Hors du Castrais le X. castrense se rencontre à Robiac où j'en ai recueilli deux molaires supérieures et des fragments de P, et de M, inférieures. Probablement on doit lui rapporter en outre la molaire supérieure isolée (etun peu mutilée à son coin antéro- externe ?) du Sidérolithique de Mormont, que Me Pavlow a figurée sous la désignation de Xiphodon minutum n. sp. * Enfin la collec- tion de Bâle possède plusieurs mandibules ainsi qu'un maxillaire supérieur (avec M,-P,) d'un Xiphodon des phosphorites du Quercy tout aussi petit que X. castrense, et qu'il m'est impossible d’en distinguer pour le moment. Le Lophiodon lautricense ayant été trouvé dans les phosphorites il n'est pas improbable que d’autres formes des grès du Castrais s’y rencontrent également. r. Sur le plus fort mandibulaire les M, - M, mesurent 0,025. 2. M. PAvcow. Etudes sur l’histoire paléontologique des Ongulés, VIIL, Artiodactyles anciens. Bulletin Soc. Nat. Moscou, 1900, p. 30, pl. V, fig. 14. 5 Décembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 30, 466 H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai CHŒROPOTAMUS LAUTRICENSIS Noulet Chœropotamus lautricensis Noulet. Du Chœropotame de Lautrec, espèce nouvelle des grès à Palætherium du bassin de l’Agout (Tarn). Mém. Acad. impériale des Sciences, etc. Toulouse, (j), t. IL, 1870, p. 331-335, fig. 1-3. — « Grôsster Suide von Castres » Kowalevsky. Monographie der Gattung Anthracotherium, 1874, p. 256-258. Chœropotamus lautricensis. Stehlin. Ueber die Geschichte des Suidenge- bisses. Mém. Soc. Paléont. Suisse, vol. XXVI-XX VII, 1899-1900, p. 97, 185, 437 ; fig. IX, p. 437. Les types du CA. lautricensis, tous de Montespieu, étaient : r°un mandibulaire droit, pourvu de M,-P2: et des alvéoles de deux dents antérieures ainsi que de l’angle mandibulaire (fig. I de la planche de Noulet, reproduite au trait fig. 1x2 de mon mémoire cité); 2° un fragment de mandibulaire droit avec M, - M, ; 3° un fragment de mandibulaire gauche avec M, - M. De ces trois pièces cette dernière seule existe encore au Musée de Toulouse, qui possède en outre les trois molaires isolées d’un mandibulaire droit, également de Montespieu. La mandibule du Chæropotamus lautricensis est la reproduc- tion en miniature de celle du Ch. parisiensis. M, - M, mesurent 0,0295. Les molaires présentent la structure neobunodonte avec éléments secondaires bien marqués. La P,, selon Noulet, a son cône principal simple et non pas bifide comme chez les autres petits Suidés de l’Éocène ; la P, est séparée par un petit diastème de sa voisine postérieure et par un grand de l’antérieure. La branche horizontale de la mandibule est basse et munie d’un processus angulaire très développé. Par les caractères des prémolaires et de l'os mandibulaire l'espèce se distingue nettement du Chæœromorus helveticus dont elle a la taille et avec lequel Kowa- levsky a cru pouvoir l'identifier. D'après la mandibule on est tenté de supposer que les vraies molaires ’ sont munies d’un mésostyle bien développé, comme chez le Ch. parisiensis tandis que chez les autres petits Suidés de l'Eocène cet élément est rudimentaire, s’il ne fait pas complète- ment défaut. Distribution et rapports. — M. Carrière a recueilli à Robiac un 1. Les molaires supérieures du Mas-Saintes-Puelles, que j’ai mentionnées L. c. p. 97, n’ont qu’une très faible trace de mésostyle et appartiennent par conséquent plutôt au Chœæromorus helveticus qu’au Chæropotamus lautri- censis, auquel létiquette de Noulet les rapporte. Aussi au point de vue stratigraphique il est très improbable que l’animal de Montespieu se retrouve dans le calcaire ludien de l'Aude. 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 467 maxillaire supérieur avec M, -M, (malheureusement mutilées) qui pourrait bien appartenir à une forte variété du Ch. lautricensis. Les rapports entre celui-ci etle Ch. parisiensis sont évidemment tout à fait analogues à ceux qui existent entre le Xiphodon castrense et le X. gracile, seulement la différence de taille est encore un peu plus accentuée. Il est intéressant à noter que dans le Ludien ancien de Saint-Hippolyte-de-Caton on rencontre une forme de Chæropotamus exactement intermédiaire comme taille entre celle du Castrais et celle de Paris ; la collection de Bâle en possède un fragment du mandibulaire droit avec M.-D, (St. H. 20). Du reste une mandibule de cette taille s’est aussi rencontrée dans le gypse d'Argenteuil; je l’ai signalée (. c., p. 103) sous la désigna- tion de Ch. parisiensis var. minor. Deux espèces de petits Suidés. Kowalevsky (L. €. p. 256) a signalé deux Suidés des grès du Castrais encore plus petits que le Chæropotamus lautricensis, en les rapportant d'après leur taille à la moyenne et à la petite forme, qu'il admettait dans le Sidérolithique de Mormont. La forme moyenne aurait été représentée dans la collection Noulet par «quelques dents de la mâchoire sunérieure et infé- rieure ». Je n’ai trouvé dans cette collection qu'une seule pièce, du reste très insignifiante, qui pourrait avoir été comprise dans ce nombre. C'est un fragment de mandibule droite de Montespieu avec les M,-M, dans un état d'usure très avancé ; ses dimensions sont en effet celles de « l'espèce moyenne de Mormont », c’est-à-dire du Chœromorus helveticus minor (Kowalevsky, £. c., PL vin, fig. 64-65). La plus petite forme aurait été représentée dans la collection de Noulet par un crâne entier muni de toutes ses molaires. J'ai déjà constaté ailleurs (L. c., page 97), que cette pièce n’existe plus dans la collection de Toulouse. Pour combler la lacune je rappelle la deserip- tion que Kowalevsky en a donnée : « Cette espèce a à peu près la taille d’un Lapin. Le crâne mesure 80 millim. depuis les incisives, malheureusement brisées, jusqu'aux condyles occipitaux ; les six molaires conservées occupent un espace de 33 millim. L'incisure palatine se prolonge jusqu’à un point correspondant à la première molaire, comme dans le Chæœropotame. Sur les os frontaux et nasaux on remarque les sillons de veines si caractéristiques de tous les Suidés. Les molaires supérieures de cette forme minime sont tout à fait identiques à cellesque j'ai figurées PI. vu fig. 64, sauf pour la taille, qui est à peu près celle de l'Acotherulum (fig. 66, PI. vin). Elles ont quatre cônes principaux et un cône secondaire 468 H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai intermédiaire dans le lobe antérieur. L’angle postéro-externe de la M, est un peu arrondi. Les prémolaires ont ceci de particulier que les deux dernières sont parfaitement identiques entre elles et la troisième, un peu plus simple, leur ressemble encore beaucoup». Distribution. — J'ai recueilli à Robiac une dernière molaire infé- rieure gauche de 0,008 de longueur (PI. 70), qui pourrait apparte- nir à la même espèce que le crâne perdu du Castrais. Un frag- ment de maxillaire supérieur droit du même gisement avec M,-M, mesurant o.,o11, que je dois à l’amabilité de M. Bénézet, paraît indiquer une forme encore plus faible. Ces petits Chœromoridés de l'Eocène sont encore trop incom- plètement connus, pour qu'on puisse en établir les relations phylogéniques précises. Autres Artiodactyles Quelques autres Artiodactyles sont annoncés par des traces trop insuflisantes pour en déduire une diagnose un peu précise. Je cite en première ligne un mandibulaire droit avec M, dépour- vue du talon et M,, engagé dans un morceau de grès dur, de La Massale. Les deux dents (sans le talon) mesurent o.o11, c’est dire qu'elles sont encore plus petites que les correspondantes du Xiphodon castrense, dont elles ont à peu près la structure. Peut-être s'agit-il d'une espèce de Xiphodontherium. Noulet a rapporté la pièce à l’Anoplotherium minimum de Cuvier. C'est peut-être cet animal que Filhol a signalé à la gare de Lautrec sous la désigna- tion d'Amphimoeryx :. Ensuite la collection de Toulouse possède un mandibulaire droit avec M,-M, un peu mutilées et imparfaitement préparées, dans un bloc de grès très fin de Sicardens. Selon l'étiquette de Noulet, Kowalevsky a cru pouvoir rapporter cet échantillon à l’H7-0po- tamus Gresslyi, mais avant de confirmer ce rapprochement, il faudrait mieux connaître l’Hyopotamus Gresslyi. La longueur de M,-P, est de 0,033, partant à peine plus forte que la dimen- sion correspondante dans le Xiphodon castrense ; les molaires sont de structure semi-selénodonte, mais plus épaisses que dans cette dernière forme et les pointes de chaque lobe plus écartées l’une de l’autre. La structure de la P, rappelle celle de son homo- logue dans le Dacrytherium. Enfin une molaire supérieure mutilée et sans indication de provenance exacte, conservée dans la collection de Castres, pour- rait appartenir à une forme un peu plus forte du même groupe. 1. Vasseur. Notice explicative de la Feuille de Castres. 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 469 En dehors des formes citées plus haut nous constatons donc des traces de trois autres Artiedactyles dans les grès de Castres, sans pouvoir en fixer les rapports. Grand Carnassier La collection de Toulouse possède un seul débris de Carnassier des grès du Castrais: c’est la partie antérieure de la mandibule d’un animal de la taille d’une Hyène, pourvue de la prémolaire la plus antérieure, de la canine et des trois incisives du côté droit ainsi que des J,-J, et d'une trace de la canine du côté gauche. Cet échantillon, qui provient de La Millette, a été rapporté par Noulet à l’Jyænodon Requieni, duquel cependant il me paraît différer comme espèce et comme genre. L'os est en fragments, mais on peut le reconstruire au moins partiellement. La prémolaire, à pointe peu élevée dans sa partie antérieure et à talon étendu dans sa partie postérieure est séparée de la canine par une barre de plus d’un centimètre. La taille des incisives décroît rapidement de la J, assez forte à la J, très réduite ; la J, ne paraît pas être reculée par rapport à ses voisines et entre la J, et la canine il semble exister un diastème de quelques milli- mètres. D'après ces caractères je crois assez certain que nous n'avons pas affaire à un Ayænodon, mais avant d'avancer une détermination générique, il sera prudent d'attendre des docu- ments moins fragmentaires. Grand Rongeur AUS Ho Le gisement de La Millette a fourni à Noulet l’incisive de grand Rongeur qui est représentée par notre figure 2 (PL. XI). Parmi les formes éocènes de ce groupe je ne connais que le Plesiarctomys et un grand Sciuridé du Sidérolithique de Mormont qui aient une taille aussi forte. C’est probablement à une de ces deux formes qu'il faut rapporter la dent de La Millette. J'ai recueilli à Robiac un fragment d'une incisive toute semblable ; les dépôts sidérolithi- ques de Mormont et d'Egerkingen en ont également fourni. Petit Rongeur La collection de Toulouse possède un mandibulaire assez mal conservé d'un tout petit Rongeur, supportant deux molaires à couronnes basses. Il ne m'a pas été possible de déterminer cet échantillon, qui provient du gisement de Sicardens, près de Castres. F5 I © H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai ADAPIS Sp. Filhol a signalé des restes d’Adapis, qu'il rapporte à l’Adapis parisiensis, dans le gisement de la gare de Lautrec. Je ne connais pas les documents sur lesquels il s’est basé. La présence du genre dans le Sidérolithique d'Egerkingen étant constatée, il n'aurait rien d'étonnant dans les sables du Castrais ; quant à la détermination spécifique elle serait à vérifier. À Eu dehors des Mammifères que nous venons d’énumérer, les grès du Castrais ont fourni une quantité de restes de Reptiles, dont je ne me suis pas occupé. Noulet ({. c., 1863, p. 194) y a signalé un grand Crocodile, qu'il identifie avec le Crocodiülus Rollinati Gray, d'Argenton, un petit Crocodile pour lequel il proposa le nom nouveau de Crocodilus Rouxi, des Tortues, qui se rapportent aux genres Emys, Trionyx, Allæochelys ; l'Allæo- chelys Parayrei Noulet', type jusqu'ici spécial des grès barto- niens est représenté dans sa collection par des échantillons super- bes, qui mériteraïent d'être figurés et étudiés à fond. Le seul gisement de l'étage bartonien qui rivalise par sa richesse en restes de Mammifères avec ceux du Castrais est celui de Robiac près de Saint-Mammert-du-Gard. Nous avons vu que trois formes des plus caractéristiques de la faune que nous venons de décrire, le Lophiodon lautricense, le Palæotherium castrense et le Xiphodon castrense S'y rencontrent avec des traits tout à fait identiques et, nous y avons signalé un Lophiotherium, un Plagio- lophus, un Chæœropotamus, un petit Chœromoridé, un grand Rongeur, qui pourraient également se rapporter à des espèces du Castrais. MM. Depéret et Carrière ? y ont constaté en outre la pré- sence d'un Anchilophus, comparable à l'Anchilophus Demaresti. d'un vrai Pachynolophus, d'un Hyopotamus, de Créodontes, Rongeurs, Crocodiliens, Tortues. Je viens d'apprendre par M. Depéret qu’on doit ajouter le Chasmotherium Cartieri à cette liste déjà si considérable. Les autres gisements qui ont fourni des restes de la faune bartonienne sont vite énumérés. ‘ 1. J.-B. Nourer. Nouveau genre de Tortues fossiles, proposé sous le nom d’Allæochelys. Mém. Acad. Sciences Toulouse. 6° série, t. V. 2. Cu. DErérer et G. CARRIÈRE. Sur un nouveau gisement de Mammifères de l'Éocène moyen à Robiac. CR. Acad. des Sciences, cxxxu1, p. 616, 1901. 190/4 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 471 M. Roman a retrouvé quelques traces des Mammifères, qui abon- dent à Robiac, dans des bancs marneux blanchâtres qui affleurent dans la dépression du ruisseau de Teulon, un peu au sud de la route de Nîmes à Saint-Flour ‘. Nous avons rappelé que, selon M. Benoist, des restes de Lophio- don lautricense ont été rencontrés dans un forage à Libourne. P. Gervais * a signalé à Paris (Batignolles, parce Monceaux), dans une couche appartenant au niveau du calcaire de Saint-Ouen, quelques restes d’Anchilophus Demaresti et de Lophiotherium sp. (?) associés à des traces (calcanéum, fragments de métapo- des), d'un grand animal problématique qu'il appelle Pernathe- rium rugosum. Peut-être un jour l'ossuaire de Robiac nous rensei- gnera sur la nature de cette bête excessivement curieuse. Il n’est pas douteux qu’une partie des Mammifères des dépôts sidérolithiques de Heidenheiïm et de Mormont soient d'âge barto- nien, et il en est peut-être de même pour quelques-uns d'Egerken- gen; j'aurais ailleurs à traiter de ces questions. Enfin il est sûr que la faune bartonienne est comprise, quoique par traces seulement dans le grand mélange des phosphorites du Quercy, dont elle cons- titue l'élément le plus ancien; nous y avons observé le Lophio- don lautricense et le Xiphodon castrense: M. Thevenin *, vient de signaler la présence dans les phosphorites de Memerlein d’un Pachynolophus, qui est probablement celui de Robiac. Les rapports de la faune du Bartonien avec celle du Ludien, qui lui succède, sont des plus évidents, surtout quand on fait abstrac- tion des genres Lophiodon, Chasmotherium et Pachy-nolophus qui paraissent s’éteindre sur la limite des deux étages. Il est excessi- vement probable que le Palæotherium castrense s’est directement transformé en ?. magnum : le Palæotherium cf. curtum et le P. lautricense dans les différentes races ludiennes que nous com- prenons sous la désignation de P. curtum ; le Lophiotherium du Castrais en Lonhiofh:rium cervulum ; le Xiphodon castrense en Xiphodon gracile ; le Chœropotamus lautricensis en Chœropota- mus parisiensis, et, nous pouvons espérer de démontrer bientôt des 1. Cest peut-être dans ce gisement qu'ont été trouvés les restes un peu problématiques d’'Anchylophus, signalées par P. Gervais. (Zoologie et Paléontologie françaises, p. 85) comme provenant de Fons. 2. P. Gervais. Zoologie et Paléontologie françaises, p. 86. — P. GERvAIS. Indices d’un nouveau genre de Mammifères édenté, etc. Journal de Zoo- logie, V, 186, p. 424-432. 3. A. THevenIN. Étude géologique de la bordure sud-ouest du massif central. Bull. Sero. Carte Géol., XIV, p. 353, 1903. 472 H. G: STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai enchaînements analogues parmi les Anchilophus, les Plagiolophus, ‘parmi les Palæotherium de taille moyenne, les Chæœromoridés et peut-être dans d’autres groupes d’Artiodactyles et dans la section encore trop peu connue des Onguiculés. Dans le cas du Chæropo- tamus nous avons pu mentionner une forme du Ludien inférieur de Saint-Hyppolyte, intermédiaire entre celle du Bartonien et celle du Ludien supérieur. Il est à présumer que ces formes de passage ne tarderont pas à se faire plus nombreuses, dès qu’on les recher- chera un peu plus attentivement. Il suit de ces considérations que la majorité des formes composant la faune ludienne a ses racines dans la faune bartonienne : parmi les types qui contribuent prin- cipalement à sa physionomie il n’y a que le genre Anoplotherium qui ne soit pas de ce nombre et qui fasse l'impression d’un nou- veau venu ; il n'apparaît du reste, comme M. Roman: vient de le faire remarquer, que dans la partie supérieure de l'étage pour continuer de jouer un rôle principal pendant les premières phases de l'époque oligocène. Mais si les rapports de la faune du Bartonien avec celle du Ludien sont des plus intimes, ses affinités avec celle du Lutétien supérieur ne sont pas moins évidentes. Le Lophiodon lautricense n’est que le dernier rejeton de ce groupe de Périssodactyles. qui détermine plus que tout autre le cachet spécial de la faune luté- tienne ; par l'intermédiaire du ZL. rhinocerodes et du L. tapiroides, l'espèce se rattache aussi nettement que possible aux formes de taille moyenne qui abondent dans les gisements d'Issel et d'Argenton. Selon M. Depéret, le Chasmotherium Cartieri du Lutétien survit à Robiac sans avoir subi des modifications dans son système dentaire. Les rapports du Pachynolophus bartonien avec le P. Duvali du Lutétien paraissent être très analogues. Dans la suite de mon mémoire sur les Mammifères éocènes de la Suisse, je démontrerai que, de même, les Palæotherium et les Plagiolo- phus, ainsi que plusieurs types d’Artiodactyles et d'Onguiculés ont leurs racines incontestables dans la faune de notre Lutétien supérieur. Ainsi la physionomie de la faune européenne pendant la seconde moitié de l’époque éocène tend à devenir sensiblement plus homogène qu'on ne le croyait jusqu'ici. Cette époque se présente comme une période plutôt calme, pendant laquelle quelques types, dominants au début, s’éteignent, tandis que les autres, qui sur- vivent, gagnent de plus en plus en importance ; vers la fin de la période, une immigration originaire d'un milieu voisin encore 1. Roman. Loco citlato, p. 607. 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS 473 inconnu se produit, mais les grands changements ne commencent qu’un peu plus tard avec l'apparition des Tapirs et des Entelo- dons, accompagnés des Rhinocéridés, qui sont destinés à dominer pendant les périodes oligocènes et plus récentes; ces trois types sont les témoins de la reprise des communications de l'Europe avec l'Amérique du Nord, interrompues depuis les temps des Coryphodon et des Hyracotherium, des Palæonictis et des Pachy æna. Avant de terminer, il est intéressant de constater que dans le Castrais, même les époques qui précèdent et qui succèdent à celle des sables bartoniens sont représentées par des gisements fossili- fères. M. Fontan, autrefois receveur des domaines à Mazamet, a recueilli à Payrin des restes de Lophiodon, que Noulet' crut pouvoir attribuer « aux trois espèces d'Issel ». Je ne sais pas ce que sont devenus ces documents à l'exception d'une prémolaire supérieure, qui a échoué au Musée de Bâle, et que jai devant moi : elle a des dimensions qui correspondent à celles du Lophiodon isselense et présente l'incisure dans la crête transver- sale, qui distingue assez bien cette espèce des autres de taille analogue. Ces matériaux, dont l’aspect rappelle du reste tout à fait celui des fossiles d’Issel, ont été trouvés, selon Noulet, « dans les argiles ferrugineuses et caillouteuses qui sont placées à la base du Causse de Labruguière qu’elles supportent »; c'est évi- demment l’assise que M. Vasseur, sur la Feuille de Castres, a mar- qué eg. Ces argiles plongent au nord-ouest sous Île calcaire à Planorbis pseudoammonius du Causse de Labruguière, qui se continue jusqu'à Castres où il renferme des restes de Mammifères au «rocher de Lunel » et dans une couche ligniteuse à la « fon- taine de Sagne ». Les deux gisements ont fourni des restes d'un grand Lophiodon ; Noulet a cité en outre du rocher de Lunel : Palæotherium medium, Plagiolophus minor et de la fontaine de Sagne : Aphelo- therium Rouxi, Crocodilus Rouxi. Le Lophiodon, pour le moment, ne peut être déterminé avec précision ; j'ai exposé ailleurs mes raisons de supposer que c’est plutôt le LZophiodon rhinocerodes que le Z. lautricense, comme Noulet et Filhol l'ont admis *. Je n’ai 1. J.-B. Nourer. Mémoires sur les coquilles fossiles des terrains d’eau douce du sud-ouest de la France. Seconde édition, 1868, p. 36, 41. >. 1863, L. c., p. 184-196 passim. 3. 1903, L. c., p. 94. 7. En attendant, M. Paquier a bien voulu me permettre de préparer le 474 H. G. STEHLIN. — SUR LES MAMMIFÈRES 16 Mai pas pu retrouver les dents de Palæotherium et de Plagiolophus du rocher de Lunel ; c’étaient d’ailleurs, selon Noulet, des molaires inférieures, qui ne seraient pas susceptibles d’une détermination spécifique. Il est regrettable que les types de l’Aphelotherium Rouxi — un mandibulaire droit avec quatre molaires et trois dents mandibulaires isolées — aient également disparu. Le seul fossile du gisement de la fontaine de Sagne que j'ai vu est une petite dent de Crocodile conservée au Musée de Toulouse. Mais que ce calcaire soit du Lutétien tout à fait supérieur ou du Bartonien inférieur, nous constatons le fait important qu'une puissante assise à grand Zophiodon s’intercale entre l'horizon du Lophiodon isselense et celui de la faune que nous avons étudiée ci-dessus. En effet, au nord-ouest de Castres, le calcaire du Roc de Lunel plonge sous les sables. Enfin ceux-ci à leur tour sontsurmontés, d’après M. Vasseur, par le calcaire de Cuq, la molasse de Blan et le calcaire de Saint- Martin, qui représentent l’étage ludien. Dans le Castrais même ces assises n’ont pas encore fourni de Mammifères, mais plus au nord, dans le calcaire de Saussenac et d’Arthès (Feuille d'Albi), on a recueilli des restes de Palivotherium. qui se rapportent à une espèce du gypse parisien (coll. Noulet). La superposition stratigraphique de ces différentes faunes succes- sives ne s'observe peut-être nulle part aussi nettement que dans cette région ’. maxillaire du rocher de Lunel, que j'ai mentionné ({. c., p.94) comme pou- vant trancher la question ; ma supposition se confirme de la façon la plus formelle : la P, supérieure présente la structure simple du L. rhinocerodes typique. Je prie M. Paquier d’agréer mes remerciments. — Août 1904. 1. Ce mémoire était en cours d'impression lorsque j'ai eu occasion d’exa- miner, sous l’aimable conduite de M. Lacroix, les richesses de la collec- tion Caraven-Cachin, devenue propriété du Musée d'Albi. Je n'étais pas peu surpris de constater que cette collection comprend une série de fossiles des sables du Castrais, qui équivaut à peu près à celle de la collection Noulet et qui permettrait de compléter mon ouvrage sous plusieurs rapports impor- tants, notamment au sujet du Palæotherium sp. de taille moyenne, du Lophiotherium, des deux Anchilophus, du Plagiolophus cf. minor, des petits Suidés, de l’'Adapis. Espérons que la science tirera bientôt profit de ces précieux documents. — Août 1904. ‘Nore DE M. H.-G. Stehlin Bull. Soc. Géol. de France Ame Série; T. IV; PI. XI (Séance du 16 Mai 1904) Phototypie A. Ditisheim, Bale Mammifères du Bartonien du Castrais e L L n LA ï " EI 0 L En rie Fe A) Note DE M. H.-G. Stehlin Bull. Soc. Géol. de France Ame, Série:T. IV; PI. XI] Phototypie A. Ditisheim, Bale Mammifères du Bartonien du Castrais #7 ’ i $ Ï 1904 DES SABLES BARTONIENS DU CASTRAIS App) EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE XI Fig. 1, 14. — Anchilophus, petite espèce; M,-P, sup. droite. — Montespieu. Fig. 2. — — grande espèce ; M,-P, inf. gauche. — Viviers-la- Montagne. Fig. 5. — — — — P,-P, inf. g. — Montespieu. Fig. 4. — — — — M, sup. g. — Sicardens. Fig. 5. — — — — M, sup. g. — Sicardens. Fig. 6, 6a. — Palæotherium castrense NouLer;P,sup. dr.— Sables du Castrais Fig. 7, 74, 9b. — — — — P, inf. g. — Sicardens. Fig. 8. — — lautricense — P,-P, sup. g. — Montespieu. Fig. 9. — — — — M,-P, sup. g. — Fig. 10. — Lophiotherium sp. ; P, (P,?) sup. dr. — Montespieu. Fig. 11. — Palæotherium lautricense ; D, sup. g. — PLANCHE XII Fig. 1, 1a. — Plagiolophus Cartailhaci n. sp.; M,-P, sup. g. — Peyregoux. Fig. 2. — Grand Rongeur ; I. — La Millette. Fig. 3. — Plagiolophus cf. minor Cuver; I,. inf. dr. — Montespieu. Fig. 4, 4a. — — — — M,-D.. _— Fig. 5. — Xiphodon castrense KoWALEvVSKY ; P, inf. dr. — Montespieu. Hig 02 — — — — . grossie. Fig. 6. — — — — Mandibule dr. avec M.,-M.. — La Millette. Fig. 9. — — — — M, sup. dr. — Montespieu. Fig. 8- — — — — D, inf. dr. — Fig. 9, ga. — Plagiolophus Nouleti n. sp. ; M;,-P,. — Viviers-la-Montagne. Fig.10. — Xiphodon castrense KowALEvskY : M, sup. g. — Montespieu Fig. 11, 114. — Plagiolophus cf. minor Cuvier ; P, sup. g. — Tous les originaux sont au Musée de Toulouse, à l'exception de celui de la figure 6-6 a de la planche XI qui est au Musée de Castres. Séance générale annuelle du 26 Mai 1902. PRÉSIDENCE DE M. MARCELLIN BOULE, , PRÉSIDENT SORTANT M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président proclame membres de la Société : MM. Paul Patté, propriétaire à Ercheu (Sommc), présenté par MM. Gentil et Mémin. Fred Vles, à Paris, présenté par MM. Reyckaert et Mémin. M. Marcellin Boule, président en 1905, prend la parole en ces termes : | MESSIEURS ET CHERS CONFRÈRES, Dans mon pays d'Auvergne, plein de curieuses légendes, on raconte que, par les belles nuits d’été, les morts de l’année précé- dente reviennent se rappeler au souvenir des vivants, en prenant la forme de flammes tremblotantes qui errent dans la campagne. La cérémonie que les fondateurs de notre Société ont instituée rappelle un peu cette croyance. Qu'elle s’en inspire ou non, la tradition est touchante et nous devons la conserver pieusement. Le premier des devoirs qui incombent aujourd’hui à votre Président est donc d'évoquer le souvenir de nos confrères récemment dis- parus. En vous rappelant leurs travaux, ce seront bien les clartés de leur intelligence, les lueurs de leur esprit qu'il fera briller devant vous. La liste funèbre s'ouvre par le nom de Jacquor, inspecteur général des mines, qui est mort le 27 février 1903, à l’âge de 86 ans, après avoir appartenu à notre Société pendant plus d’un demi-siècle. Il avait publié quelques travaux sur les terrains de la Lorraine, du bassin sous-pyrénéen, de l'Espagne. Mais son principal titre, au point de vue purement scientifique, est le rôle qu'il a Joué comme Directeur du Service de la Carte géologique détaillée de la France. Il avait succédé à Elie de Beaumont en 1874. À ce moment 12 feuilles seulement étaient publiées. Le grand mérite de Jacquot fut de comprendre que, pour mener à bonne fin cette grande M. BOULE. — ALLOCUTION PRÉSIDENTIELLE gl) œuvre, il fallait sortir du cadre trop restreint du Corps des Mines et faire appel à toutes les compétences doublées de bonnes volon- tés. La plupart des géologues militants, qu’ils appartinssent ou non à des corps constitués, furent admis à prêter leur concours au titre de collaborateurs officiels. Le résultat c'est qu’en 1887, au moment de la retraite de Jacquot, 112 feuilles avaient paru. Vous savez avec quelle bienveillance et aussi quel succès le directeur actuel, M. Michel Lévy, continue ces libérales traditions. Jacquot ne fréquentait guère nos séances. Les confrères de ma génération l’y ont peu connu. M. PARRAN, ingénieur en chef des mines, mort le 2 avril 1903, à l’âge de 56 ans, y fut au contraire des plus assidus. Il a fait partie de notre compagnie pendant 48 ans et il l’a présidée en 1844. Son nom se rencontre très souvent dans le Bulletin entre 1860 et 1890. M. Termier a été notre interprète à tous quand il a prononcé, sur la tombe de notre regretté confrère, les paroles émues que vous avez lues. Il a rappelé la carrière laborieuse de Parran, ses publications sur les terrains tertiaires d’Alais et sur les terrains cristallins des environs de Bône, l'intérêt qu'il n’a jamais cessé de porter à la Société. Même vers la fin de sa vie, alors que l’affai- blissement progressif de sa vue ne lui permettait plus de se rendre à nos réunions, il aimait à nous suivre par la pensée. Il garda jusqu'à sa mort une prédilection particulière pour les études géo- logiques. C’est aussi une très grande perte que nous avons faite en la per- sonne de Munrer-CHaLMASs, dont la physionomie puissante et ori- ginale restera gravée dans le souvenir de tous ceux qui l’ont connu. La Société géologique a tenu une très grande place dans la vie de ce regretté savant. Il y était entré en 1862 ; en 1876, il fut pro- clamé premier lauréat du prix Viquesnel et en 189r, il devint notre Président. Pendant près de 40 ans, il donna l'exemple de l’assiduité à nos réunions ; c’est ici qu'il aimait à communiquer les résultats de ses recherches. Observateur pénétrant, doué d’une mémoire exceptionnelle, il avait beaucoup vu et beaucoup retenu. Sa nature ardente, son esprit critique très développé, le portaient à intervenir fréquemment, parfois avec une pittoresque vivacité, dans les discussions qui ne sont pas le moindre attrait ou le moindre profit de nos séances. En 1801, il fut désigné pour occuper la chaire de géologie de la Faculté des sciences devenue vacante par suite de la mort d'Hébert dont il était depuis longtemps l'élève et le collaborateur. C'est 478 MARCELLIN BOULE 6 Mai plutôt sur le terraïn que dans son cours ou dans ses publications qu'il se montra un maître supérieur. Tous ceux qui ont parcouru avec lui les environs de Paris, qu’il connaissait si bien, ont pu l’'apprécier à ce point de vue. Toujours à son laboratoire, quand il n’était pas en excursion, il se plaisait à dégager des fossiles ou à faire de délicates prépara- tions. Je ne le diminuerai pas en disant qu'il fut le plus habile des préparateurs. Son adresse manuelle était légendaire ; elle lui a permis de faire d’ingénieuses découvertes paléontologiques. Il préférait ce genre d'occupation au travail de rédaction quil n'abordait qu'avec beaucoup de peine et de difficulté. Fort exigeant pour lui-même, il excellait surtout à trouver les points faibles dans les travaux de ses confrères qu'il jugeait par- fois trop sévèrement. Il n'avait probablement pas suffisamment réfléchi à cette pensée de Pascal : « Quand on veut reprendre avec utilité et montrer à un autre qu'il se trompe, il faut observer par quel côté il envisage la chose, car elle est vraie ordinairement de ce côté-[àa.. ». Malgré cela, ou peut-être à cause de cela, il sut maintenir l'éclat de l’école géologique de la Sorbonne. Les anciens élèves de son laboratoire occupent aujourd'hui presque toutes les chaires de géologie des universités provinciales et, puisque Munier-Chalmas n'aimait pas à faire des livres, on peut dire que les succès scienti- fiques deses nombreux disciples représententson meilleur ouvrage. L'un d'eux, aujourd'hui son successeur, considèrera certainement comme un devoir et un honneur de consacrer une notice détaillée à la vie et aux travaux du maître. Avec M. Haug, nous sommes sûrs que cette étude n'aura pas le sort de celle que l'ombre d'Hébert attend depuis 14 ans. Il ne faut pas exposer la mémoire des confrères que nous avons aimés, ou dont nous fûmes fiers, à un oubli prématuré ! Les hommes dont je viens de vous parler occupèrent de hautes situations dans le monde scientifique. Des carrières plus modestes, mais non moins dignes, se rappellent maintenant à notre souvenir. Telle est celle de Charles JANNEL, qui débuta aux Chemins de fer de l'Est comme simple dessinateur. Il habitait alors Charleville et, comme il aimait la géologie, il lui consacrait ses jours de liberté, c'est-à-dire les dimanches. IL a trouvé de nombreux gisements de fossiles dans l’Ardenne ; c’est à lui qu’on doit la première décou- verte des Oldhamia dans cette région. Il fut ensuite attaché au service central, à Paris. En cette qualité il a relevé les profils géologiques de 55 lignes de chemin de fer ; 190/4 ALLOCUTION PRÉSIDENTIELLE 479 27 de ces coupes ont été autographiées. Ces études de détail sont précieuses à bien des égards. IL serait de l'intérêt bien compris de toutes les administrations de chemins de fer qu'elles fissent sou- vent appel à des géologues compétents. Jannel est mort à l’âge de 69 ans. D'un naturel un peu timide, il menait une vie concentrée. Ceux de nos confrères qui l’ont connu avaient pour lui la plus grande estime. La mort est particulièrement cruelle quand elle s'attaque à un homme jeune et plein d'avenir comme Charles AUTHELIN, pré- parateur à la Faculté des Sciences de Nancy, décédé à l’âge de 32 ans. M. Nicklès a publié sur son collaborateur une notice pleine de cœur, qui honore autant le maître que l’élève. D'abord simple instituteur à Nancy, Authelin prenait sur ses loisirs le temps de suivre les cours de la Faculté. M. Nicklès le remarqua, ne tarda pas à l'apprécier et l’attacha à son laboratoire. Collaborateur auxi- liaire du Service de la Carte géologique, il avait commencé, dans le sud de l’Aveyron, des recherches pour sa thèse de doctorat. Il avait aussi publié quelques notes sur la Lorraine. Notre science a le privilège d’éveiller toutes les nobles curiosités et de faire des adeptes dans tous les milieux sociaux. À côté des géologues professionnels, la Société comprend un grand nombre de personnes qui viennent à nous par plaisir, qui aiment la science pour elle-même et qui savent la remercier des nobles satisfactions qu’elle leur procure en lui rendant de grands services. Ces ama- teurs, le mot l'indique, sont les descendants directs des amants de la nature d'autrefois, mais ces amants, modernisés, savent trouver, dans les grands spectacles du monde, autre chose qu'une matière à rêveries sentimentales. Ils s'appliquent à résoudre les problèmes que ces spectacles leur posent; ils y parviennent souvent ; ils arri- vent parfois à occuper les premiers rangs parmi les meilleurs d’entre nous ; dans tous les cas, ils fournissent à leurs confrères plus expérimentés de précieuses indications. Leur existence est des plus enviables. S'ils habitent la province et surtout la campagne, ils ont, dans un milieu riant, avec le calme inspirateur des bons travaux, une maison aux pièces nombreuses et vastes où livres et collections peuvent s’étaler librement. Et, s'ils ne trouvent pas dans leur bibliothèque toutes les ressources que nous avons à Paris, en revanche, ils ont constamment sous les yeux le livre de la nature dont Bernard Palissy, disait, il y a plus de trois siècles, qu’il « est donné à tous de cônoistre et lire ». 480 MARCELLIN BOULE 26 Mai Alfred CARAVEN-CACHIN, né à Castres en 1839, réalisait le modèle du genre. Comme ses ancêtres, les généraux Prince de Lambert, et Vaissière, comme son père l'inspecteur général des Ponis et Chaussées baron Cachin, notre confrère avait successivement servi son pays par l'épée et par la plume. Après avoir fait la campagne de 1870 comme engagé volontaire, il revint se fixer à Salvagnac (Tarn) où il est mort. Sa curiosité était en éveil depuis 1860. Il avait eu, dès sa jeunesse, un goût très vif pour les recherches scientifiques. IL s'était livré avec ardeur à toutes sortes d’études, passant tour à tour de l’his- toire à l'archéologie et à la géologie. IL a publié, dans les journaux et les revues de son pays, d'innombrables articles et mémoires où la compilation tient une grande place. Son ouvrage principal, à notre point de vue, est une Description géologique des départe- ments du Tarn et du Tarn-et-Garonne. | Caraven-Cachin était très accueillant. Son plus grand bonheur consistait à recevoir la visite d’un naturaliste et à lui faire les honneurs de ses importantes collections régionales. Henry VauLTRIN, mort à l’âge de 59 ans, membre à vie de la Société depuis 188r, aimait aussi beaucoup la géologie. IL s'inté- ressait particulièrement aux terrains quaternaires, mais sa modes- tie l’a empêché de jamais rien publier. Originaire du pays messin, il avait appartenu à l'administration des Forêts qui nous a donné, de tout temps, des confrères éminents ; mais il avait dû prendre sa retraite prématurément pour raisons de santé. Ses amis se Phi sent à faire l'éloge de sa droiïture et de sa bonté. Nous n'avons appris la mort de J. Sxkropsxt, notre confrère depuis 1880, que par l'administration des Postes. Je sais de lui simplement qu'il habitait Bayeux, mais il a laissé quelques publi- cations sur les terrains du Calvados, parus dans le Bulletin de la Société géologique de Normandie. Les pertes que nous avons subies à l'étranger ne nous sont pas moins sensibles que les précédentes. Si nous avons ordinairement, avec nos compatriotes, des rapports plus étroits ou plus suivis, nous sommes plus particulièrement reconnaissants envers nos confrères des autres pays de l'honneur qu'ils nous font en deman- dant à être des nôtres. La Société géologique de France a toujours été fière de compter des membres dans presque tous les pays civilisés du globe. Cette année, c’est en Belgique que nous avons été le plus éprou- 1904 ALLOCUTION PRÉSIDENTIELLE 481 vés. Charles de LA VALLÉE Poussin, professeur de minéralogie et de géologie à l’université de Louvain, notre confrère depuis 18653, est mort le 15 mars 1903, à l’âge de 75 ans. IL s'était fait connaître de bonne heure par des articles de revues écrits avec beaucoup de distinction. En 1874, il publia, en collaboration avec Renard, un important mémoire sur les caractères minéralogiques et stratigra- phiques des roches dites plutoniennes de la Belgique et de l’Ar- denne française. SIEGEN (P. M.), qui nous appartenait depuis 1880, est également mort à 95 ans. IL avait fait avec Wies une carte géologique du Grand-Duché du Luxembourg en 6 feuilles. Maximilien DuenioLLE était professeur de minéralogie et de géologie à l’université de Gand. Son activité géologique fut à peu près exclusivement consacrée à son enseignement. Il était membre de notre Société depuis 1868. En Amérique nous avons perdu Alfred PERKIN RoCKWELL, membre à vie depuis 1859, mort subitement à New-Haven, à l’âge de 71 ans. Un de ses biographes nous dit qu'il a laissé le souvenir d'un généreux camarade, d’un parfait gentleman et d’un brave soldat. Rockwell, d'abord ingénieur, puis militaire, avait en eflet, gagné tous ses galons par des actions d'éclat. À 31 ans, il quitta l'armée avec le grade de général et devint professeur d'art des mines à l'Institut technique du Massachusett. Je ne crois pas qu'il fût connu de beaucoup d'entre nous ; il avait pourtant publié un ouvrage sur les routes et chemins de France. Enfin, Messieurs, bien qu'elle soit survenue au commencement de 1904, je ne puis m'empêcher de déplorer avec vous la mort de l’éminent paléontologiste Z1TTEL, auquel nous unissaient toutes sortes de liens. Il avait, en effet, étudié à Paris, au début de sa bril- lante carrière ; il était notre confrère depuis 1869 et il n’a jamais manqué une occasion de nous témoigner sa sympathie. Nous remercions M. Barrois d'avoir bien voulu écrire le bel éloge que vous allez entendre et que Zittel méritait si bien. %k X *% Si quelque chose pouvait atténuer notre tristesse en présence de pertes si cruelles, ce serait le nombre toujours croissant des nouvelles adhésions. Nous avons eu le plaisir d'admettre 30 mem- bres nouveaux en 1903 et la liste de cette année comprend dix noms de plus que la liste de l’année dernière. Ce résultat est satisfai- 5 Décembre 1904. — T. IV. Bull, Soc. Géol., Fr. — 37. 482 | MARCELLIN BOULE 26 Mai sant. Je crois qu'il pourrait l’être davantage et que nous devrions chercher à augmenter, par divers moyens, le chiffre de nos recrues annuelles. IL faudrait d'abord supprimer le droit d'entrée, véritable cerbère placé à notre porte comme pour effrayer ceux de nos jeunes cama- rades dont la bourse est légère. Cette sorte d'impôt n’est plus de notre temps. Je sais bien que le Conseil a cherché à atténuer les rigueurs du règlement sur ce point, mais il n'a pris qu'une demi- mesure, je pourrais dire un quart de mesure et je crois que c'est insuflisant. Un autre moyen serait de nous faire connaître du grand public, de lui apprendre qui nous sommes, le but à la fois théorique et pratique que nous poursuivons. Il ÿ aurait lieu d'entretenir avec lui des relations fréquentes, d'organiser plus souvent des confé- rences, avec projections photographiques. Vous savez quel succès a eu celle de notre savant confrère, M. Lacroix, sur les éruptions de la Martinique. Actuellement les hommes du monde, même les plus instruits, n’ont jamais entendu parler de géologie au cours de leurs études. On ne saurait leur reprocher de nous ignorer. Il n’en sera pas de même avec les nouvelles générations qui auront été initiées, dès le lycée, aux merveilleuses révélations de l’histoire de la Terre. En obtenant cette réforme du Conseil supérieur de l'Instruction publique, notre cher et illustre confrère, M. Albert Gaudry, a bien mérité du pays en général et de la Société en particulier. IL faut aussi que chacun de nous fasse des prosélytes autour de lui. Le meilleur moyen est d'inviter nos amis aux excursions géo- logiques. Faisons-leur goûter le charme des départs au soleil levant, les plaisirs que procurent la découverte d’un fossile rare ou la solution d'un problème longuement cherché, la douce fatigue du retour dans l’apaisement et la gloire des crépuscules. Montrons- leur que le vent des plateaux est souverain contre les ennuis de la vie ordinaire ; que l'esprit se dilate et s’exalte dans l'atmosphère purifiée des montagnes et là, dans ces «cathédrales de la nature », convions-les à nos rêveries sur l’immensité de l’espace et sur l'immensité du temps ! Enfin, Messieurs, quand nous avons attiré à nous des enthou- siasmes ou des bonnes volontés, aidons-les à nous conquérir. Tâächons de ne pas rebuter les vocations naissantes par un voca- bulaire trop rébarbatif. Evitons de changer ou de surcharger, sans raisons suflisantes, notre nomenclature déjà si compliquée. Je sais bien qu'à des choses nouvelles il faut des noms nouveaux. Maisje 1904 ALLOCUTION PRÉSIDENTIELLE 483 crois que nous faisons plus de noms nouveaux que de choses nou- velles, surtouten matière de paléontologie et nous ne pouvons que nuire ainsi au développement et à la diflusion de la science. L'activité d'une Société comme la nôtre ne se traduit pas seule- ment par une augmentation de la liste de ses membres. Elle se manifeste surtout par le nombre et la valeur de ses publications. A ce nouveau point de vue nous avons lieu d’être satisfaits. La partie déjà imprimée du tome II du Bulletin comprend 800 pages de texte et 23 planches, dont 4 en couleurs et d’un format excep- tionnel. 11 faudra ajouter à ce volume le compte-rendu de la Réunion extraordinaire que M. Welsch a bien voulu diriger dans le Poitou et dont le succès a été réel malgré une périlleuse coïnei- dence avec le Congrès géologique international de Vienne. J'avais d'abord songé à vous rappeler les principales commu- cations faites ici en 1903 et les noms de leurs auteurs. J'avais même commencé ce petit travail. Mais je me suis vite aperçu que je devrais tout citer. Je vous aurais retenu trop longtemps. Je ferai simplement observer que jamais les sujets traités ne furent plus variés : la géologie générale, la géologie régionale, les phéno- mènes actuels, la géographie physique, l'orogénie, la paléontologie, ete. sont représentés par des travaux de grande valeur. Nos Mémoires de Paléontologie ont repris une impulsion qu'il y a tout lieu de croire définitive. Leur succès ne saurait que grandir, à la condition toutefois qu'ils s’adresseront au plus grand nombre possible de spécialistes et que leur publication sera régulière. Ce ne sont pas les matériaux d'étude qui manquent dans notre beau pays de France, le pays le plus riche en fossiles qui soit au monde, à superficie égale. Maïs si jamais nos gisements venaient à s'épuiser, il y aurait ceux des pays lointains et notamment des colonies françaises. Aujourd'hui les explorateurs, plus instruits et mieux préparés qu'autrefois, se font un devoir et un plaisir de nous rapporter des fossiles de tous les points du globe. Pour ne parler que des collections de paléontologie du Muséum, je puis vous déclarer que les entrées nouvelles sufliraient à alimenter une nombreuse équipe de travailleurs, auxquels nous serions heu- reux d'offrir l'hospitalité de notre laboratoire et tous les moyens de recherche dont nous disposons. * * *% Messieurs, notre séance annuelle n’est pas seulement un anniver- saire de deuil ; elle est aussi une fête en l’honneur de nos lauréats. 484 MARCELLIN BOULE 26 Mai Certes, les prix et fondations dont dispose la Société géologique ne sont pas assez nombreux pour récompenser tous ceux de nos confrères qui se signalent par des mérites exceptionnels. Et, si M. de Monthyon vivait encore, il y aurait lieu de chercher à détour- ner à notre profit une partie de ses libéralités en lui faisant remar- quer que la pratique géologique est, elle aussi, une vertu. Mais à cet égard encore la Société est en progrès. Vous connaïssez tous de quelle façon noble et libérale, notre éminent et regretté confrère Fontannes disposa d’une partie de sa fortune en notre faveur, en fondant le prix qui porte son nom et en nous léguant tous ses ouvrages. Madame Veuve Fontannes a voulu inscrire son nom à côté de celui de son fils sur la liste de nos bienfaiteurs. Elle nous a légué un capital dont les arrérages (environ 1000 francs) sont tous les ans mis à la disposition du Conseil de la Société, pour être affectés, sans aucune périodicité prévue, à des missions utiles aux progrès des sciences géologiques. Un rapport sur chacune de ces missions doit être publié dans le Bulletin. Nous avons eu cette année à distribuer, pour la première fois, les arrérages de cette fondation. Notre choix s’est porté sur MM. David Marin et André Tournouër, qui ont reçu chacun 500 fr. M. David Martin est un géologue passionné pour l'étude des terrains quaternaires du bassin de la Durance. Ses explorations doivent se développer sur de grandes étendues. La Société géolo- gique est heureuse de pouvoir faciliter ses recherches. M. André Tournouër est le digne fils de Raoul Tournouër qui jeta de l'éclat sur notre Compagnie. Il a été cinq fois en Patagonie, d’où il a rapporté l’admirable et curieuse collection de Mammifères fossiles dont M. Albert Gaudry vous a parlé dans la dernière séance. À côté des sacrifices de toute nature qu'il a dû s'imposer, notre subvention paraîtra d’une excessive modestie : mais notre aimable confrère y saura voir surtout une marque d'estime et de sympathie. La génération actuelle des jeunes géologues est pleine de pro- messes pour l'avenir et la commission chargée de désigner le nouveau lauréat du prix Viquesnel n'a eu, cette année, que l’em- barras du choix. Finalement c’est le nom de M. Léon PERVINQUIÈRE qui a obtenu la majorité des suffrages. L'Etude géologique de la Tunisie centrale, qui a servi à notre confrère de thèse pour le doctorat ès sciences, représente le fruit de cinq années de travail, sur le terrain ou au laboratoire de 190/4 ALLOCUTION PRÉSIDENTIELLE 485 géologie de la Sorbonne. C’est un ouvrage volumineux, où, à côté des observations de détail longuement rapportées, on lit d’intéres- sants rapprochements avec les autres pays méditerranéens. Parmi les faits nouveaux qui doivent retenir notre attention, se trouvent : la découverte du Trias sous le même faciès qu’en Algérie et dont l'existence en Tunisie avait déjà été pressentie par Le Mesle ; une définition plus précise du Turonien ; la distinction des différents faciès du Sénonien et son passage progressif à l'Eocène. M. Per- vinquière a encore montré que l'Éocène inférieur était débordé par l’Éocène moyen. De l'Helvétien déjà connu, il a su distinguer une assise plus ancienne à Scutelles. Une grande carte en couleurs au 1/200.000 et beaucoup de coupes éclairent l'étude tectonique, dont le résultat a été de mettre en lumière la prédominance du régime des dômes, avec de nombreux chaînons. Par le fond, comme par la forme, le mémoire de M. Pervinquière est digne de la distinction dont il est l’objet et je prie notre confrère de venir recevoir la médaille qui lui est décernée. Si l’œuvre de M. Pervinquière représente la mise au point la plus complète qui ait été fournie jusqu'à ce jour sur la géologie tunisienne, il ne faut pas oublier qu'elle est venue après des tra- vaux dont le mérite est d'autant plus grand qu'ils datent d’une époque où la Tunisie n'était pas aussi accessible qu'aujourd'hui. Je suis sûr que votre pensée à tous va, depuis un moment. à la mémoire de Le MEsre, qui fut aussi modeste que courageux, aussi savant que modeste et dont la fin a été certainement précipitée par les fatigues de ses explorations. Le Mesle, qui avait été à la peine, n’a pas été à l'honneur. Il est mort sans avoir eu le temps de coordonner ses notes de voyage et d'étudier l’importante collec- tion de fossiles qu'il a laissée au Muséum. Vous avez pensé également à M. Philippe THomas, car personne, ici, n'ignore les titres de notre éminent confrère à la reconnaissance des géologues et à celle du pays tout entier. Pendant les 38 années de sa vie militaire, M. Philippe Thomas a consacré tous ses loisirs à l’histoire naturelle. Dès 1868, il par- court la province d’Alger où il découvre des gisements de fossiles dans les terrains crétacés et où il se livre à de curieuses inves- tigations sur des monuments préhistoriques. Un peu plus tard, il recueille des ossements de Mammifères fossiles à Djelfa, à l'Oued- Seguen, à Biskra, etc., et il publie de remarquables travaux sur les Equidés et les Bovidés fossiles de l'Algérie. Vers la fin de 1880, obligé de suivre son régiment à Nancy, il ne peut oublier l'Afrique: auprès de son ami Bleicher il rédige pour nous son beau mémoire sur Quelques formations d’eau douce de l'Algérie. 486 / MARCELLIN BOULE 26 Mai En 188. sur l'initiative de M. Xavier Charmes. le Ministre de l'Instruction publique organisa une mission d'exploration de la Tunisie. D'abord uniquement composée de botanistes, puis de zoologistes, on lui adjoignit en 1885, deux géologues: l'ingénieur Rolland et M. Philippe Thomas et, en 1886, ce dernier y fit entrer son vieil ami Le Mesle. M. Thomas revint de sa première campagne dans le sud de la Tunisie avec une découverte sensationnelle. Il avait observé, dans les couches de l'Éocène inférieur, des gîtes de phosphate de chaux se poursuivant sur plus de 80 kilomètres de longueur. L'année d'après il annonce que ces gisements se continuent à l’est de Gafsa, puis vers Kairouan et jusqu'aux environs de Kef. La pré- cieuse substance ne connaît pas de frontières et se retrouve en Algérie. Il y a là des provisions incalculables d'engrais minéraux dont M. Thomas fait cadeau à l’agriculture de nos provinces du nord de l'Afrique. Les centaines de millions que ces découvertes représentent ne troublent pas notre modeste confrère. Ils ne valent pas, à ses yeux, les richesses purement scientifiques qu'il a rapportées de ses péni- bles explorations. C’est qu’en effet, on peut dire, avec M, Vassel; que M. Thomas « a le premier posé des jalons solides et certains pour la connaissance future de la géologie tunisienne ». Il a fourni à Locard, à Gauthier, à M. Peron la matière des nombreux et volumineux mémoires paléontologiques de la Mission de Tunisie, auxquels il a lui-même travaillé et, aujourd'hui, dans la modeste retraite quil s’est choisie, la préoccupation constante de ce noble soldat est de mener à bonne fin l’œuvre de coordination des tra- vaux géologiques de la mission de Tunisie que le Ministre lui a confiée. ; De tels mérites, Messieurs, sont au-dessus de tout éloge et la Société géologique n'a pas la prétention de les récompenser. Pourtant elle a voulu se montrer reconnaissante envers un confrère qui l'honore si grandement. Par une mesure exception- nelle, elle a décidé de décerner à M. Thomas une médaille d’or, et la Compagnie des phosphates de Gafsa a joint à cette médaille une allocation de 15.000 francs, comme témoignage de reconnaissance envers l’auteur de la découverte des phosphates du Nord de l'Afrique. Je suis personnellement très heureux, mon cher confrère, que le hasard d’une éphémère présidence m'ait appelé à être, dans cette circonstance, l'interprète de la Société tout entière. A l’avers de la médaille que j'ai l'honneur de vous remettre, une douce et pen- 1904 ALLOCUTION PRÉSIDENTIELLE 487 sive figure, symbolisant la science de la Terre, a été placée par l'artiste dans un paysage africain, comme pour rappeler vos glorieuses et pacifiques explorations. Au revers l'inscription, où votre nom se trouve associé à celui de la Société géologique de France, perpétuera les sentiments d’affectueuse admiration que nous avons tous pour votre science et pour votre caractère. M. Philippe Thamas remercie la Société en ces termes : « Messieurs, en me remettant cette médaille d’or, vous avez voulu montrer que vous appréciez les plus modestes services ren- dus à la Géologie, même par ceux qui, ainsi que moi, n’ont pu la servir qu'en simples amateurs. Non seulement je suis très touché de cette marque de votre estime, mais je suis particulièrement heureux de pouvoir en reporter sur vous-mêmes tout le mérite. En effet, si je n'avais eu le bonheur de rencontrer parmi vous des maitres et des amis infiniment bons et dévoués, pour m'aider et faire en quelque sorte mon éducation scientifique, je n'aurais pas connu la joie de rendre quelques services à votre belle Science, ni celle de venir aujourd’hui vous en remercier. « Permettez-moi aussi d'adresser, devant vous, tous mes remer- ciements à la grande Compagnie des Phosphates et du Chemin de fer de Gafsa, pour la pensée généreuse qu’elle a eue de venir joindre à votre belle médaille, un témoignage visible de sa recon: naissance envers l’auteur de la découverte des beaux gisements qu'elle saït si bien mettre en valeur, pour le plus grand bien de la Tunisie, de l'Agriculture et de notre Industrie nationale. « À vous tous, Messieurs, l'hommage de ma profonde gratitude ». M. Pervinquière prend ensuite la parole : « Je vous remercie très vivement, Messieurs, de l’honneur que vous venez de me faire en me décernant le prix Viquesnel ; veuillez croire que j y suis profondément sensible. Il m'est particulièrement agréable de voir mon nom figurer au bas d’une liste qui s'ouvre par celui de mon maître regretté : M. Munier-Chalmas. En cou- ronnant son dernier élève, vous avez voulu, je n’en doute pas, rendre un suprême hommage à sa mémoire ». NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR K.-A. vox ZITTEL par M. Charles BARROIS. « La mort du grand paléontologiste de Münich, M. Karl von « Zittel, a mis en deuil toute la science paléontologique ; elle « nous met en deuil, nous aussi, car M. von Züittel était notre « confrère depuis 1869, et beaucoup d’entre nous l'ont intimement « connu et l'ont eu pour ami ». C’est en ces termes émus que la Société géologique de France apprit au lendemain de sa mort, et par la bouche de son Président, la perte qu’elle venait d’éprouver en la personne de Zittel. Elle perdaït à la fois en lui, un de ses membres les plus éminents, son ancien Vice-Président de 1898, le Vice-Président de sa Réunion extraordinaire de 1896 en Algérie, et le savant, acclamé par tous, qui avait présidé la section de stra- tigraphie et paléontologie, au Congrès géologique international de Paris, en 1900. Dans notre Société, Zittel était venu chercher des maîtres, en la personne d'Élie de Beaumont et d'Hébert. Depuis, il y avait trouvé des disciples, et ils furent en grand nombre. N'avons-nous pas, en effet, profité tous de son enseignement et souvent consulté son Traité de Paléontologie? En mourant, il ne laisse parmi nous que des admirateurs. Et les savants français en l’inserivant parmi les Correspondants de l’Académie des Sciences, lui ont témoigné notre sentiment unanime. Aiïnsi, des liens multiples d'amitié, de reconnaissance et de haute estime nous attachaïent à lui, tandis que des liens non moins forts l’attachaient, de son côté, à nous; ses premières amours, ses débuts, furent pour des fossiles de France, pour les belles formes du Coral-rag de Glos (Calvados), et il nous est permis de croire qu'il laissa, aux rochers de Normandie, un peu de son cœur. K.-A. von Zittel naquit le 25 septembre 1839 dans la commune de Bahlingen (Duché de Bade), où son père exerçait les fonctions de ministre du culte protestant. Peu après, le pasteur quittait la demeure où était né son jeune fils, pour remplir son ministère à Heidelberg ; et c’est sur les bords riants du Neckar, où le grès 1. K. Zrrrez et Gouserr: Description des Fossiles du Coral-rag de Glos. Journ. Conchyliologie. IX, 1861, pp. 192-208, 273-374. NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR K.-A. VON ZITTEL 489 bigarré vient reposer sur le granite, que se passa l'enfance de notre maître. C’est en entendant chaque jour chanter, par son père, l’œuvre du Créateur, dans cette douce et charmante nature du Palatinat, que le jeune homme s’éprit pour la Terre d’une passion qui devait durer autant que sa vie. A 14 ans, il rêvait déjà de fossiles. On le trouvait alors à Heidel- berg, en extase devant l’étalage du marchand Lommel, ou pendant les vacances, derrière son comptoir, occupé à trier, dégager et classer des fossiles et des minéraux. Aussi, quand il entra à l’Université d'Heidelberg, était-il déjà fort en spécifications, et c'est à l’âge de 21 ans qu'il en sortit, avec le diplôme de Docteur. En 1860, K. Zittel est étudiant à la Sorbonne ; en 1867, il est à Vienne, comme Volontaire au Service de la carte géologique impériale-royale, et chargé de faire des levés en Dalmatie. En 1863, nommé professeur à Lemberg, puis à Karlsruhe, il succéda en 1866 à Oppel, dans la chaire de paléontologie de l’Université de Munich. Il y fut à la fois géologue et paléontologiste, poursuivant en même temps des études de géologie pure et des recherches origi- nales sur tous les points de la paléontologie ; enfin il y écrivit son Traité général de Paléontologie, qui constitue son principal titre à la renommée. « Ses travaux de géologie sont nombreux, et s'étendent à toute la série fossilifère : il fit des observations sur le Nummulitique supé- rieur de la Hongrie ; sur les Apennins du centre, où il indique dans la Haute-ltalie, les relations du Lias, du -Jurassique et du Crétacé. Il prête une attention spéciale à la limite du Jurassique et du Crétacé, et on lui est redevable du premier mémoire d'en- semble, stratigraphique et paléontologique, sur le Tithonique. Plus tard, il prit part comme géologue à une exploration orga- nisée, sous les auspices du Khédive, dans le désert Lybien, et son rapport est resté classique. Il fit connaître la succession des cou- ches tertiaires et crétacées de la région, montrant notamment dans le désert l'existence de couches marines, correspondant à l’émersion qui sépare si généralement le Crétacé du Tertiaire. Il prouva que les sables du désert Lybien, loin d’être les sédiments d'une mer quaternaire, proviennent de l'érosion continentale d'assises gréseuses anciennes. Le Trias des Alpes lui était familier et il me permit d’en juger dans le Tyrol, où il voulut bien me guider. Il pensait notamment qu'entre les couches de Raïbl et celles de Saint-Cassian, il n'y 490 CH. BARROIS 26 Mai avait pas place pour une limite d'étage. et que ces couches. jointes à celles de Wengen, formaient un ensemble homogène. Par contre, il plaçait une division importante entre les couches de Raïbl et la Hauptdolomit avec le calcaire de Hallstatt. En stratigraphie, il attachait une importance prépondérante à l'étude des couches de passage. Les limites précises entre les étages l’intéressaient moins que leurs gradations, qui lui permet- taient de reconnaître la continuité des phénomènes physiques et d'établir la suite de la vie organique. Cependant Zittel était avant tout un naturaliste, et à ce titre, a réalisé des progrès dans toutes les branches de la paléozoologie : la variété infinie des formes éteintes l'avait frappé, mais il ne se bornaït pas à les décrire ; il les rapprochait des espèces qui les avaient précédées ou suivies, les groupant suivant leurs affinités, pour montrer l’ordre de leur succession et leur perfectionnement graduel. C’est dans cet ordre d'idées, qu'il a écrit son grand mémoire sur les Bivalves du Crétacé de Gosau, d'âge intermédiaire entre le Turonien et le Sénonien ; et aussi, sa monographie des Céphalo- podes et des Gastéropodes des couches de Stramberg, où il définit le Tithonique, comme un faciès alpin de formations intermédiaires entre les faunes à Tenuilobatus-Acanthicus et la faune néoco- mienne la plus ancienne. Un des premiers à suivre l'impulsion donnée par M. Suess, Zittel commença dans ses Céphalopodes des couches de Stramberg, à répartir en divers genres naturels, le groupe complexe des Ammo- nites. Il donna l'exemple, en créant les genres Aspidoceras, Haploceras, Simoceras, ainsi qu’en proposant les premiers types ‘ de séries génétiques, telles que celle du Phylloceras ptychoicum, ou cette autre, à développement si lent, qui va du Dogger au Cré- tacé, du Phylloceras tatricum. On peut dire de lui, en réalité, qu'il aborda l'étude de tous les groupes d'animaux fossiles. Il découvrit, en Diploconus, une nouvelle famille de Belemnitides ; en Archæolepas, un genre ancien de Lepadides ; en Plicatocrinus, un véritable Néocrinide : en Dimerella, un groupe méconnu de Brachiopodes. Il étudia les Conodontes, formes si discutées avant lui, et y reconnut des dents buccales ou æœsophagiennes de divers genres d'Annélides et de Géphyriens. Il étendit les notions acquises sur les Poissons fos- siles : Ceratodus, Squalodon; établit la position du Labyrinthodon Rutimeyeri, parmi les Reptiles; — décrivit des Tortues fossiles et des Sauriens ailés de Solenhofen. 1904 NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR K.-A. VON ZITTEL 491 Sa monographie des Eponges fossiles est une œuvre vraiment fondamentale. Avant sa publication, on ne connaissait pas les relations des Pétrosponges avec les Spongiaires actuels, et leurs diagnoses étaient purement arbitraires: ïil fit l'anatomie des Pétrosponges, étudia leurs spicules au microscope, décrivit leurs caractères, leurs formes et leurs espèces, et les fit passer à leur place dans le système établi par les zoologistes. Ces recherches de laboratoire ne l’absorbaïent pas tout entier, et la science lui est encore redevable d'avoir dirigé pendant 37 ans, avec autant d'activité que de talent, dans la Paleontographica, la plus importante revue paléontologique d'Allemagne. Mais l’œuvre la plus considérable de Zittel, celle qui lui a valu sa grande notoriété, est son Traité de Paléontologie, écrit de 1896 à 1893: il se trouve aujourd’hui dans tous les laboratoires, il a été traduit dans toutes les langues, en français, en anglais, en russe, et on ne fait plus au monde un cours, on n'écrit plus une monographie de Paléontologie, sans l’avoir consulté. C’est qu'en effet, il rendait un très grand service, en accomplis- sant une revision complète et détaillée des connaissances paléon- tologiques de notre temps, revision critique, basée à la fois sur la lecture des mémoires originaux et sur l'examen d'échantillons authentiques. Tous les genres fossiles, décrits jusqu’à ce jour par les auteurs de tous pays, furent l’objet de son attention ou de son examen, et il les définit à nouveau, en des diagnoses nettes, serrées, précises. Chaque groupe, classe ou ordre, fut par lui traité d’une façon spéciale, aux points de vue anatomique, z00- logique et taxinomique, et pour tous, il s’est efforcé d'apprécier impartialement les véritables rapports des espèces éteintes et des espèces actuelles, et de reconstituer la phylogénie. Les chapitres successifs de cet important ouvrage ont été écrits par Zittel, en même temps qu'il installait les différentes salles de son Musée de Münich : il ne rédigeait l'histoire d'une classe d’ani- maux, avec ses espèces et ses genres, qu'après en avoir labo- rieusement réuni par lui-même et groupé les principaux types, qu'après les avoir étudiés, déterminés et classés, en s’aidant de tous les ouvrages parus sur ces fossiles. Après avoir décrit une classe, il en abordaïit une autre, et il ne reprenait la plume que quand le rangement de la nouvelle salle était terminé. Ainsi l'histoire du Traité de Paléontologie est celle du Musée paléonto- logique de Munich, aujourd'hui un des plus beaux du monde. Ce fut la cause première du succès de cette œuvre, dont toutes les parties sont si égalementbonnes, aussi remarquables par l’érudi- 492 CH. BARROIS 26 Mai tion qui y préside, que par la lumineuse clarté qui y règne : on y reconnaît partout la précision du témoin, qui a la conception nette des choses vues. Quand parut le Traité de Zittel, il y eut quelque chose de changé dans le monde de la paléontologie. Les notes de notre Bulletin en font foi, elles ont enregistré le moment de cette transformation ; il a été particulièrement sensible pour ceux d’entre nous qui étaient chargés d’un enseignement paléontologique et qui durent alors remanier leur cours. Le fond et la manière de l’enseignement se trouvèrent renouvelés, en même temps que la direction des recherches paléontologiques. Une base nouvelle d’études était fournie, anx penseurs, par le Traité de Zittel, — auquel il conviendrait, pour être juste, d’asso- cier les Enchaînements du monde animal de M. Albert Gaudry. Ces belles œuvres, parues simultanément, l’une plus analytique, l’autre plus synthétique, celle-ci plus philosophique, celle-là plus didactique, toutes deux fondamentales, marqueront ensemble, dans l’histoire de la Paléontologie, l’époque où nous avons vécu. L’impulsion donnée par le Traité de Paléontologie fut si vive, le mouvement si général, que peu de livres se trouvent avoir vieilli plus vite. Terminé en 1893, il a déjà depuis lors été remanié deux fois, en deux éditions successives des Grundzüge der Palæontologie. On peut dire que tous les manuels, qui ont paru depuis, dans les divers pays, s’en sont inspirés, ne fut-ce que pour y puiser des matériaux, comme à une source pure et sûre: ils ont concouru, avec lui, à rendre la paléontologie plus grande et plus répandue. L'auteur de ce beau livre n'était pas de ceux qui trouvent les lois nouvelles. La nature l'avait doué d’un-de ces esprits solides et vigoureux, capables de s’assimiler par le travail l'œuvre aceu- mulée par toute une génération, de l’ordonner, de la rendre acces- sible à tous : ce sont les esprits rares et précieux, qui assurent à la science ses plus sûrs progrès. Dans notre édifice scientifique, toujours en construction, ils établissent les voûtes stables, sur lesquelles s'élèvent les nouveaux étages de l’avenir. Aux yeux de Zittel, la science paléontologique, l’histoire de la vie, n’était pas mûre pour nos généralisations : et ce n'était pas pour lui qu'il travaillait, mais pour les générations futures. IL la trouvait bien jeune encore, cette science, née il y a moins d'un siècle, lors des Recherches sur les ossements fossiles de Cuvier (1812), et qui nous permet cependant déjà d’entrevoir 1904 NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR K.-A. VON ZIITEL 493 quelques-unes des lois générales qui ont présidé à l’évolution des êtres. Pour dégager ces lois, pour hâter le progrès, il a voulu préparer des naturalistes plus savants des choses du passé, des paléontologistes plus expérimentés, des chefs d'école plus sûrs. C’est le sentiment qui dut l’inspirer dans son discours de Zurich, prononcé devant le Congrès géologique international, au lende- main du jour où il terminait son Traité de Paléontologie. « La théorie de la descendance, disait-il, a enrichi les sciences natu- relles d'idées nouvelles et leur a ouvert des visées plus hautes, mais nous ne devons pas oublier qu'elle n’est encore qu’une théorie ». La paléontologie a la prétention d'écrire, non pas la théorie de la descendance, mais l'histoire des descendances ; elle ne doit pas chercher à apporter des arguments à une théorie, mais à enregistrer la succession des êtres et des familles et à dévoiler le plan de la Genèse. C'est ainsi que la haute idée qu'il se faisait de sa science l'éloi- gnait fatalement des hypothèses; sa connaissance approfondie des faunes anciennes, si elle lui montrait les relations et le déve- loppement progressif des formes, lui faisait voir en même temps, et mieux qu'à nous, l'importance et les diflicultés des lacunes que présentent nos séries provisoires. Mais la vie des hommes supérieurs vaut moins par l'œuvre qu'ils ont accomplie, que par l'enseignement qui se dégage de leur exemple. Et Zittel nous laisse à la fois un modèle achevé du pro- fesseur et du savant : comme professeur, il fit affluer autour de sa chaire des étudiants de toutes langues et de tous pays, il connut le succès, mais goûtait surtout la reconnaissance ; comme savant, il produisit un travail, dont la loyauté scientifique et l'étendue ne sauraient être surpassées, il nous lègue le souvenir d'une vie toute vouée à la recherche désintéressée de la vérité. Pendant quarante ans d'enseignement, Zittel s'est fait des élèves et des amis dans toutes les contrées du monde, et les géologues de tous pays peuvent être fiers de l'honneur qu’il faisait à leur science. SUR UN NOUVEL HORIZON PHOSPHATIFÈRE DU SUD DE LA TUNISIE - par M. Philippe THOMAS On ne connaissait jusqu'ici, dans la région du sud-ouest de la Tunisie, que les Phosphates tertiaires découverts en 1885. Grâce aux récentes recherches de M. Bursaux, ingénieur-directeur des carrières et du chemin de fer de Gafsa, nous connaissons mainte- nant dans cette région un niveau phosphatifère d'âge crétacé, en relation constante avec le premier, mais dont il se distingue par un développement et une richesse beaucoup moindres, par sa situation et par une faune spéciale qui le rattache à la craie la plus supérieure du Nord africain, c’est-à-dire à l'étage dordonien de Coquand ou Danien des auteurs, dont il occupe la partie la plus élevée. Ce niveau phosphatifère consiste en effet, le plus souvent, en un simple filet ou cordon très ferrugineux et parfois rutilant, inter- calé dans des marnes de coloration brun foncé, dont le dévelop- pement est très variable, Ces marnes, toujours très gypsifères et pyriteuses, surmontent constamment dans le sud de la Tunisie et en concordance parfaite avec eux, les calcaires daniens supérieurs à Céphalopodes déroulés (Bostrychoceras, Baculites, etc.) et à Inocérames. Dans cette partie de la Tunisie, leur puissance est extrêmement variable et dépasse rarement 20 mètres; elles y sont surmontées par les calcaires de l’Eocène inférieur à Turri- tella Delettrei Coq., à grandes Thersitées verruqueuses, à Venus Matheroni Coq. et nombreuses Cardites, à Ostrea Archiaciana d'Orb., O. bellovacina Lamk., O. uncifera Leym., ©. eversa d'Orb., etc. Elles sont elles-mêmes caractérisées par une faune spé- ciale de Mollusques et de Poissons, ces derniers étudiés par M. Priem: les fossiles caractéristiques de cette faune, très abondante à certains niveaux des marnes, sont jusqu’à présent : Lamna(Otodus) appendiculata Ag. Scyllium sp. sp., tr. ab. Callianassa cf. Faujasi Desm., Scapanorhynchus raphiodon Ag. ab. sp., tr. ab. Ostrea Overwegi v. Buch, ir. ab. Scapanorhynchus subulatus Ag. Ostrea larva Lamk., tr. ab. sp., tr. ab. Ostrea Villei Coq. Pycnodus sp., tr. ab. Ostrea Janus Coq. Ancistrodus af. Libycus Dames., Bothriolampas (Pliolampas) Tu- ab. netana Tho. et Gaut. NOUVEL HORIZON PHOSPHATIFÉRE TUNISIEN 495 A cette faune il faut ajouter un Bryozoaire rameux très abon- dant à la base de ces marnes, où il constitue un véritable conglo- mérat, dans lequel il est associé à des débris de petits Bivalves, de Cirrhipèdes et de dents de Poissons. Enfin, une couche de marne un peu grumeleuse située au-dessus de la précédente est remplie de petits Foraminifères, appartenant surtout aux genres Flabellina, Rotalina, Dentalina et Nodosaria. Ces derniers sont également associés à des débris de dents de Poissons, ainsi qu'à de petits grains noirs et brillants, peut-être phosphatés, lesquels après lavage de la boue calcaire qui les renferme, forment un résidu sableux complètement noir. La partie la plus fossilifère de ces marnes est le cordon phosphatifère et ferrugineux dont j'ai parlé plus haut, lequel occupe un niveau très constant vers leur partie supérieure. C’est un conglomérat calcaréo-gypseux, dont l'épais- seur ne dépasse guère 30 centim., mais qui sur certains points peut atteindre près de 1 mètre, d’après M. Bursaux qui l’a observé pour la première fois dans la région crétacée et tertiaire des petits dômes, au sud-est de Gafsa (Sehib, Jellabia, Berda). Il existe égale- ment sur tout le:versant nord de la chaîne sud du massif de Gafsa, et certains indices permettent de supposer qu'il existe aussi dans les marnes daniennes de son versant méridional. Ce conglomérat contient, d’après M. Bursaux, de 40 à 45 °/, de phosphate rouge. Il est constitué surtout par une étonnante quan- tité de débris animaux réunis et soudés par un ciment ferrugineux rouge, souvent très dur, mais parfois aussi très tendre et dans lequel s’infiltrent de minces et très nombreux filets de gypse cris- tallin. Les débris organiques qui, avec quelques cailloux siliceux, pullulent dans ce conglomérat calcaréo-gypseux et ferrugineux, consistent essentiellement en très menus fragments de dents de Poissons et de petits Sauriens, réduits le plus souvent à leur partie siliceuse, laquelle n’est cependant ni usée ni corrodée. Quelques- uns de ces débris sont entourés d’une mince pellicule translucide de gypse. La couche semble se confondre intimement et graduel- lement avec les marnes noires très gypsifères, mais sans fossiles, entre lesquelles elle est intercalée. Ni M. lervinquière, qui a très bien étudié ce niveau marneux danien dans le centre de la Tunisie ‘, ni moi qui l'ai observé éga- lement dans cette région, n’y avons remarqué le niveau phospha- tifère et ferrugineux découvert dans le sud par M. Bursaux. Il semble que, dans le centre comme dans le nord de la Tunisie, 1. PeRvINQUIÈRE. Etude géologique de la Tunisie centrale (Thèse), Paris, 1903. 496 PH. THOMAS. — NOUVEL HORIZON PHOSPHATIFÈRE 26 Mai ces marnes, qui peuvent y atteindre l’énorme puissance de 2 à 300 mètres, offrent un faciès de mer plus profonde et plus péla- gique ; c'est du moins ce qu'indique leur faune, que j'ai pour la première fois signalée en 1891 : à la Kälaa-es-Snam, faune dont les principaux types consistent en Brachiopodes (Terebratulina chrysalis Schloth.), en Echinides (Adelopneustes Lambert Tho. et Gaut.), en Crinoïdes (Pentacrinus Peroni Lor., Balanocrinus africanus Lor.), en Serpules (S. umbonata Sower.) et en Cirrhi- : pèdes (Pollicipes af. dorsatus Steenstr.). Toutefois, il semble bien que notre niveau phosphatifere du sud soit également représenté dans ce grand synclinal de la Kâlaa-es- Snam et du Dyr de Tébessa, dont M. Pervinquière a magistrale- ment tracé les limites. En eflet, M. Blayac a signalé à ce même niveau, c’est-à-dire vers la base des marnes puissantes qui suppor- tent les riches gisements de phosphates éocènes du Dyr de Tébessa, vers l’Aïn Kissa, une « couche de phosphate de fer épaisse de 70 à &o centimètres, contenant, avec de nombreux cristaux de gypse, des dents de Squales... »* Il est vrai que les géologues algériens rattachent en bloc les puissantes marnes en question (50 mètres environ), à l'étage éocène qui les surmonte. Mais il est juste d'ajouter que leur faune est encore très incomplètement connue dans cette région, et que jusqu'ici les rares fossiles cités (Ostrea multicostata, O. eversa, Pecten...) paraissent tous avoir été recueillis dans leur partie la plus supérieure. En résumé, il semble bien que nous soyons en Tunisie, comme en Algérie, en présence d’une zone de transition marquant la limite entre deux grandes époques géologiques, essentiellement détritique et formée des éléments d’une zone plus ancienne que caractérisent Ostrea Overwegi et O. larva, ces deux fossiles si caractéristiques de la remarquable zone de transition orientale que von Zittel a nommée Overwegi-stuf*, et que relie à la nôtre la grande nappe danienne sur laquelle Overweg : et après lui Vatonne “ ont recueilli, dans le sud de la Tripolitaine (Hamada-el- Homra), ces mêmes fossiles. Il est même assez intéressant de cons- tater que le genre Ancistrodon, qui paraît abondant dans notre zone phosphatée danienne de Tunisie, s'y trouve précisément repré- senté, d’après M. Priem, par une forme spécifique jusqu'iei spéciale 1. Pu. Tuomas. B. S. G. F. G), XIX, p. 397. 2. BLAyAc. Description géologique de la région des phosphates du Dyr et du Kouïif, Ann. des Mines, septembre 1894, p. 6. 3. von Z1TTEL. Zeitschrift Géol. Ges. IT, 1851, p. 93-106. 4. VATonne. Mission de Ghadamès, Alger, 1863, p. 203-315. 1904 DU SUD DE LA TUNISIE 497 à cette formation du désert Libyque. Nous savons, d'autre part, que tout récemment le Geological Survey * a découvert, dans le Sénonien supérieur de la Haute-Egypte, un niveau phosphatifère qui pourrait bien n'être que le prolongement du nôtre vers l'Orient ? NOUVELLES ÉTUDES SUR LA TECTONIQUE DU JURA FRANC-COMTOIS par M. E. FOURNIER. En 1898, nous avons publié, dans la Feuille des Jeunes Natura- listes * une première étude sur la tectonique de la chaîne du Jura, et, en 1901, nous avons donné ici même” un exposé synthétique de la structure tectonique de la région franc-comtoise. Depuis lors, nous avons poursuivi, dans cette région, une série de recherches qui nous ont permis de faire quelques constata- tions qui jettent un jour nouveau sur la structure intime de certaines zones et sur l’âge des mouvements orogéniques qui s’y sont manifestés. C'est principalement dans la zone de la Haute-Chaïne, dans celles des Grands Plateaux et des Plateaux Occidentaux, dans la zone du Vignoble, et surtout dans l'Ondulation transversale que ces observations nouvelles ont été faites. ÏJ. ZonNE DE LA HAUTE-CHAÎNE Nous avons retrouvé la structure en brachysynelinaux et brachy- anticlinaux amygdaloïdes tout à fait typiques, au Boulois et au 1. BarRoN et Hume. Note sur la géologie du désert oriental de l'Égypte, C. R. VIII Congrès géol. intern., Paris 1901, p. 885. 2. Feuille des Jeunes Naturalistes, n° 336, 1898. SP Gr HER)" Lip 197; 1907. Pour la Bibliographie voir B. S.G. F. (3), XII, p. 652 et suiv., ainsi que les deux notes citées ci-dessus. 5 Décembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 32. 498 E. FOURNIER. — NOUVELLES ÉTUDES 26 Mai Refrain, près Charquemont, entre Saint-Julien et Les Fontenelles, au Mémont, au Fournet, aux Jean-Chevaux, près du Russey, au Russey, à Luhier, au Pissoux, à Noël-Cerneux, aux Fins, aux Ailemands, etc., etc. Très fréquemment le flanc septentrional de l’anticlinal est renversé sur le synclinal correspondant ; parfois même, en certains points, les deux flancs des brachysynclinaux sont renversés. Tous ces plis sont d'ailleurs très exactement figurés sur la carte géologique au 1/80000 (Feuille d'Ornans par MM. Kilian et Haug) et nous n'avons à signaler aucune particularité de struc- ture autre que celles que nous avons déjà indiquées pour les brachysynelinaux et brachyanticlinaux de la région de Saint- Point ', qui sont identiques au point de vue tectonique. Dans les brachysynclinaux de Morteau, de Goux-les-Usiers, de Bief-des-Lavaux et des Gauffres, on rencontre des couches d’eau N.0. SES Anticlinal Chitdes de la Cluse Pagires airs À R'des Verrières Î et ch de fer Fig. 1. — Coupe du synclinal des Verrières, au voisinage du hameau des Gauffres. — Echelle : 1/50000 env. agl, Glaciaire ; m4, Marnes et calcaires d’eau douce; n2-1, Molasse marine ; c#, Cénomanien ; cl, Gault ; en, Barrémien (Urgonien); Giv-, Hauterivien ; cv, Valanginien; cu, Purbeckien ; J6, Portlandien ; J5-4, Kiméridgien. douce miocènes à Aelix syleana, H. rugulosa, H. Larteti, Limnées et Melania Escheri*; dans les brachysynclinaux des Verrières, de Sarrageois, de Mouthe, de la Chaux-Neuve et de Châtel-Blanc, on rencontre la Molasse marine avec poudingues, débris d'Huîtres et de Pecten. Dans la légende de la Feuille de Pontarlier, M. Marcel Bertrand avait déjà affirmé d’une façon très nette que ces lambeaux étaient pincés dans le Crétacé et que les couches d’eau douce, concordantes avec la Molasse marine étaient plissées avec elle. Pour les lambeaux de Sarrageois, Mouthe, Chaux-Neuve et Châtel- 1. B. S. G. F. (4), I, p. 99. 2. Légende des Feuilles d'Ornans et de Pontarlier. 1904 SUR LA TECTONIQUE DU JURA FRANC-COMTOIS 499 Blanc, la stratification étant très confuse et les contacts difficiles à observer, il serait hasardé de conclure ; maïs, dans le lambeau du hameau des Gauffres, près des Verrières, la coupe est absolument nette et il est permis d’être très affirmatif. La coupe du synelinal couché est même beaucoup plus complète que ne le figure la carte au 1/80000 car, outre le Néocomien, le synclinal comprend encore le Gault et le Cénomanien, ainsi que le montre la figure 1. Au bief de Lavaux, près des Entreportes, à la limite de la NO. ji L. ’ /lavin des Défilé des Lavaux Ertreportes SR Gr | me Fig. 2. — Coupe du bief de Lavaux. — Échelle: 1/30000 env. Même légende. — J2, Calcaires marneux de l'Argovien et marnes oxfor- diennes ; J43, Calcaires de l’Astartien et du Rauracien ; J5, Kiméridgien. Feuille d'Ornans et de celle de Pontarlier, la coupe est analogue, mais la molasse marine fait défaut de sorte que la molasse d’eau douce est en contact avec les couches crétacées (fig. 2). Il y a donc, comme l’a dit M. Marcel Bertrand (légende de la Feuille de Pon- tarlier), transgression du Miocène lacustre dans cette direction. Deux faits principaux sont à retenir dans ces coupes : 1° Le Miocène est pincé et même renversé dans les synclinaux crétacés et infracrétacés, ce qui prouve que les mouvements orogé- niques qui ont donné à cette partie de la chaîne sa structure actuelle sont ÀA{pins. _ 2° La molasse marine présente un faciès absolument littoral (poudingues, Ostracés, trous de Lithophages, coquilles fragmen- tées). Ceci prouve que la mer molassique, qui a envahi la plaine suisse, a aussi recouvert une partie de la zone de la Haute-Chaine du Jura, mais que du côté du N.0O., elle battait le pied de falaises calcaires jurassiques auxquelles elle a arraché les éléments des poudingues de Mouthe et de Sarrageois. Donc, toute la partie occidentale de la chaîne du Jura franc- comtois était émergée à cette époque. 500 E. FOURNIER. — NOUVELLES ÉTUDES 26 Mai Or, nous rappellerons ici que nous avons démontré que, dans toute cette partie occidentale, existaient déjà, dès l’époque oligo- cène, des plis importants d'âge pyrénéen. Il faut donc en conclure que, dans la zone de la Haute-Chaïîne, qui est située au S.E. de la zone des Grands Plateaux et de la zone du Vignoble, des plis d'âge alpin sont venus se mouler sur les directions pyrénéennes antérieures et que c’est à ces plis d'âge alpin que cette région doit, en grande partie, sa structure actuelle. Nous verrons plus loin les conséquences importantes que l’on peut tirer de ces constatations. Nous avons déjà insisté antérieurement sur la fréquence des doubles déversements dans les anticlinaux et les synclinaux de la NO. Md'Or Xe Vallée Fr ï \ Ancierure rrüine } i Sources \ de /a a A \ de fer et x \ CREGPCRE de Longeville À Ë Fig. 3. — Coupe à travers le Mont d'Or et la vallée de la Jougnena. Echelle : 1/50000 env. — Même légende. J2-1, Marnes oxfordiennes et Argovien ; Js Bathonien supérieur ; Ju, Batho- nien moyen. Haute-Chaîne (loc. cit., p. 100 etsuiv.).Tout récemment, MM.Schardt et Dubois, en étudiant la région des gorges de l’Areuse ! (Jura Neufchatelois), très voisine de celle qui nous occupe, sont arrivés à la même conclusion, à savoir que les plis du Jura n’ont pas la forme régulière qu'on leur a longtemps attribuée; ces auteurs figu- rent précisément, dans le schéma de l’allure réelle la plus fréquente des plis du Jura, un synclinal et un anticlinal à double déverse- ment. Un des exemples les plus nets de ce double déversement est fourni par la coupe du Mont-d’Or et de la vallée de la Jougnena dans lequelle il ne reste aucune part à l'hypothèse puisque la charnière anticlinale est visible (fig. 3). Dans cette coupe nous avons indiqué avec un ? l’Infracrétacé sous le Glaciaire de la vallée de la Jougnena ; on n’en voit pas 1. SCHARDT et Dugors. Description géologique de la région des gorges de l’Areuse. Eclogæ Geol. Helvetiæ (VII), Février 1903, p. 447, el. 29. 1904 SUR LA TECTONIQUE DU JURA FRANC-COMTOIS 5or d'affleurements dans les points où passe la coupe, mais, on le retrouve un peu plus au sud, dans une position analogue, près dù moulin de Ballaigues et aux Eterpas, près Vallorbes (Suisse); de plus, la vallée de la Jougnena est le prolongement tectonique du synclinal d’Entre-les-Fourgs qui renferme de l’Infracrétacé. Plus au sud, sur les Feuilles de Lons-le-Saulnier et de Saint- Claude, la zone de la Haute-Chaîne conserve bien encore à peu près les mêmes caractères. Néanmoins, les plis sont beaucoup plus allongés, un peu moins nettement amygdaloïdes. Les doubles déversements sont encore extrêmement fréquents. Les dépôts tertiaires sont toujours pincés dans les synclinaux ; les plus intéressants sont les suivants : La brèche de Narlay, qui a été figurée sur la Feuille de Lons-le- Saulnier comme Éocène, est un dépôt extrêmement problématique comme âge et comme origine ; les éléments qu'elle contient appar- tiennent surtout au Jurassique supérieur et à l’'Infracrétacé, ils sont incomplètement arrondis et emballés dans une pâte rougeûtre argilo-calcaire renfermant des grains de limonite. La stratification est extrêmement confuse et il est bien difficile d’aflirmer que ce lambeau soit pincé dans un pli du Néocomien. Par contre, le petit lambeau de molasse de Rocheret au N.E. de Foncine-le-Haut paraît bien pincé dans le synclinal, mais c’est surtout dans les synclinaux de Haute-Molune, de Mijoux et Lelex que le renver- sement de la molasse, sous l’Infracrétacé, se présente avec une netteté parfaite. On peut donc aflirmer d’une façon absolue que, dans cette région encore, les plis de la Haute-Chaîne doivent en grande partie leur formation à des mouvements alpins. Plus on avance vers le sud, plus on voit les plis de la Haute- Chaîne s'allonger et devenir continus, à tel point que, dans la partie S.E. de la Feuille de Saint-Claude, la structure brachysynclinale cesse d'être nette et que l’on a affaire à des chaînons réguliers généralement renversés vers le N.O. M. Choffat a donné de la région de la Haute-Chaîne, sur la Feuille de Saint-Claude, une coupe schématique qui a été repro- duite, page 1779, dans le Traité de Géologie de M. de Lapparent ; cette coupe indique exactement l'emplacement des synclinaux et des anticlinaux, mais figure partout des successions normales, alors que le flanc N.O. de tous les anticlinaux est partout ren- versé. Nous avons eu récemment l’occasion de reprendre en détail l'étude de cette région, tant au point de vue tectonique qu'au point de vue de l'hydrologie, et nous avons pu constater que les doubles déversements y étaient aussi fréquents que dans la partie de la 502 E. FOURNIER. — NOUVELLES ÉTUDES 26 Mai Haute-Chaîne située sur les Feuilles de Lons-le-Saulnier, Ornans et Pontarlier. II. Zones DES GRANDS PLATEAUX ET DES PLATEAUX OCCIDENTAUX Dans les Grands Plateaux, sur la Feuille de Lons-le-Saulnier, le seul accident remarquable est constitué par la chaîne de l’Euthe. Cette chaîne est jalonnée sur son flanc occidental par une mince bande oxfordienne effondrée entre deux failles. Toute la partie septentrionale de cette chaîne a déjà été décrite ici même par M. Choffat' ; nous nous sommes attachés à l’étude de la partie méridionale qui présente un intérêt spécial par ce fait que la faille atteint une telle amplitude qu’elle amène, sur sa lèvre orientale, l’affleurement des termes inférieurs du Lias et même le Trias et qu'en outre, près de Nogna, l'Oxfordien, au lieu d'être pincé entre deux failles comme dans la partie septentrionale, affecte très nettement une allure synclinale ainsi que le montre la figure 4. O. CR “ruiné Vallee É Bois des de Feuillées l'Ain Fig. 4. — Coupe à travers la chaîne de l'Euthe un peu au N.E. de Nogna. Echelle : 1/50000 env. agl, Glaciaire ; J*, Rauracien ; J?, Marnes oxfordiennes et calcaires marneux urgoniens ; J!, Callovien ; Ji, Bathonien supérieur ; Ju, Bathonien moyen ; Ju. Bathonien inférieur ; Jiv, Bajocien; l*, Toarcien ; l*, Charmouthien ; l?, Calcaire à Gryphées ; t, Trias et Infralias. Nous tenons à insister ici sur le fait que l’Oxfordien est en synclinal et en situation normale sur le Callovien et le Bathonien supérieur. Or, en avançant vers le nord, on voit cet Oxfordien en continuité tectonique avec celui de Verges, des Faisses et de Montrond, qui est fréquemment enfoui entre deux failles dans le Bathonien et que l'on pourrait être tenté de considérer comme un substratum plus récent mis à nu par l'érosion, sous une nappe de charriage. Le seul examen de la coupe 4 montre bien que cette hypothèse serait absurde, et si nous la signalons c'est pour mettre en garde contre elle les géologues trop enclins à voir partout des 1. D. S. G.F. (3), XII, p. 683. 1904 SUR LA TECTONIQUE DU JURA FRANC-COMTOIS 503 charriages gigantesques, et aussi parce que les faits que nous allons signaler dans l’ondulation transversale, ainsi que ceux que nous avons déjà étudiés dans cette région et dans celle de la Haute-Chaîne' pourraient, s’ils étaient mal interprétés, amener précisément à cette conception au moins étrange que toute la chaine du Jura serait constituée par une nappe charriée. On ne peut aussi s'empêcher de comparer cette bande marneuse oxfordienne qui borde la chaîne de l’Euthe aux bandes marneuses aptiennes et aux bassins d’effondrement des chaînes de la Provence qui ont été, elles aussi, interprétées par certains auteurs comme appartenant à un substratum plus récent mis à nu par l'érosion sous la nappe charriée. Nous aurons l’occasion de revenir prochai- nement sur l'étude de la structure tectonique de la région proven- çale avec de nouvelles et irréfutables preuves à l’appui de l’inter- prétation que nous en avons donnée ici même *. Au sud de Nogna, l’accident de la chaîne de l'Euthe se poursuit par un pli faille passant à Marnésia et Merona. En cette dernière localité, la fracture qui avait été à peu près N.N.E. et S.S.0. s’infléchit brusquement pour prendre une direction sensiblement N.S. Elle passe à Plaisia et Ecrilles, où elle s’atténue momentané- ment, mais on peut suivre néanmoins la continuité du pli dans l’anticlinal de la Montagne d’Ecrilles et de la Forêt de Mienne ; puis, à Viremont, la faille reparaît, passe à l’est de Cézia, à Cor- nod, Thoirette, Sonthonnax, où elle se bifurque et s’atténue ; on peut pourtant suivre encore sa branche occidentale jusqu’entre GChalles et Etables (Feuille de Nantua). Aïnsi donc. l’accident tectonique de l’Euthe se suit sans inter- ruption à travers toute la Feuille de Lons-le-Saulnier, toute celle de Saint-Claude et une partie de celle de Nantua sur une longueur de plus de 100 kilomètres. | Sur la Feuille de Lons-le-Saulnier, elle sépare les plateaux de Poligny, Château-Chalon, Vévy et Publy de ceux de Supt, Cham- pagnole et Clairvaux. Sur Saint-Claude, elle sépare la zone des plis de la vallée de l’Aïn de ceux de la Valouse ; il faut remarquer que, sur cette dernière Feuille, la zone des plateaux disparaît peu à peu entre deux zones plissées qui se rapprochent progressive- ment et qui, dans la partie méridionale, ne sont précisément plus séparées l’une de l’autre que par le prolongement de la fracture de l’Euthe: dans cette région la conception théorique du Jura 1. Loc. cit. 2. Etude synthétique sur les zones plissées de la Basse-Provence. B. S. G. F. G), XXVIIL, p. 927. 504 E. FOURNIER. — NOUVELLES ÉTUDES 16 Mai comme chaîne formée de plis parallèles devient à peu près con- forme à la réalité. La région des Grands Plateaux, sur la Feuille de Besançon, n’a donné lieu à aucune observation nouvelle importante. Mais, sur la Feuille de Montbéliard, nous avons pu reconnaître que l’anti- clinal du Fomont n'était pas le seul accident tectonique venant rompre la régularité de structure du Plateau. En effet, 300 mètres environ au N.O. du village de Lomont, dans une vallée où la carte au 1/80000 n'indique absolument que du Bathonien moyen, nous avons constaté la présence d’un curieux dôme dont le noyau est occupé par le Lias supérieur et le Bajocien ainsi que le montre la coupe de la figure 5. Plus au nord des accidents du même genre s’observent entre Vandoncourt et le Pont Sarrazin, entre Vandoncourt et Mont- N.0. SE Villers le sec Lomont Vallée È du Cuisancin Fig. 5. — Coupe à travers le dôme du Lomont et la vallée du Cuisancin. Échelle : 1/100000 env. — Même légendefque pour la figure 4. bouton, près de Beaucourt et près de Saint-Dizier ces petits anticlinaux amygdaloïdes à noyau oxfordien sont très exactement indiqués sur la Feuille de Montbéliard. Dans la région des plateaux occidentaux nous avons trouvé un petit dôme à noyau toarcien à 100 m. au nord de Grosbois; la carte indique en ce point du Bathonien supérieur ; la coupe est à peu près la même que dans le dôme de Lomont, mais les dimen- sions de l’affleurement du Toarcien et du Bajocien sont encore beaucoup plus réduites. Nous constatons donc que, même dans les régions les plus tran- quilles, les mouvements tectoniques ont parfois eu leur répercus- sion sous forme d'accidents amygdaloïdes et de petits dômes tout à fait comparables à ceux que nous avons signalés dans la région des Causses du Lot (Flaujac, Mas-de-la-Vit, Livernon :, Saint- Urbain ?, etc., etc.) et que l’on pourrait aussi comparer, en beau- 1. Feuille de Gourdon. Bull. Sero. Carte géol. Fr., XI, p. 497 et suiv. 2. Feuille de Sévérac. 1904 SUR LA TECTONIQUE DU JURA FRANC-COMTOIS 505 coup plus petit, à la boutonnière du Pays de Bray. Cette structure amygdaloïde ou en dôme paraît être la règle dans toutes les zones peu plissées. III. ZonE DU VIGNOBLE. Dans la zone du Vignoble nous n’avons que fort peu d’observa- tions nouvelles à signaler. Nous avons pu recueillir sur les son- dages qui ont été faits jadis dans le Lias près de la Chapelle-des- Buis quelques renseignements précis qui viennent à l'appui de l'interprétation que nous avons donnée de la structure des plis du Vignoble. En effet, ces sondages, après avoir traversé le Trias supé- rieur, sont retombés sur le Calcaire à Gryphées et le Lias démon- trant ainsi l'existence du flanc renversé en profondeur ‘. Une étude détaillée du brachyanticlinal du Moulin Caillet * nous a permis de constater la présence, tout le long de la ligne de dis- continuité qui sépare le Trias du Bajocien de témoins d'étages intermédiaires, notamment une bande presque continue de Toar- cien et de Calcaire à Gryphées ; ici encore le flanc renversé existe donc bien, quoique fortement étiré et parfois même enfoui en profondeur comme nous l'avions figuré (loc. cit., fig. 8). Sur la Feuille de Lons-le-Saulnier nous avons encore pu constater à maint endroit le déversement intense du Trias de la zone du Vignoble sur les formations plus récentes. Entre Pupillin, Poligny et Plasne et aussi à l'est de Montigny et Pannesières, à la limite entre la zone du Vignoble et celle du premier plateau, on observe de curieuses bandes bathoniennes cffondrées entre deux fractures, soit au milieu du Bajocien, soit entre le Bajocien et le Lias. Le parallélisme de cette bande effon- drée avec celle de l'Euthe et l’analogie de structure sont absolu- ment frappantes. Ce phénomène a été signalé la première fois par M. Marcel Bertrand (Feuille de Lons-le-Saulnier). Comme pour l'Euthe, l'hypothèse d’une nappe charriée doit être absolument écartée. IV. ONDULATION TRANSVERSALE Nous avons déjà montré qu'entre Arbois et Salins un pli trans- versal à axe triasique se détachait des plis du Vignoble pour se diriger vers de N. E. *. Nous avons repris et continué l'étude de ce 1. Renseignements dus à M. Chavanne, ingénieur. ENVOIE BEES CRC HER) lp. 105. 3. Feuille des Jeunes Naturalistes, n° 336. fig. 10 et 11, 1898, et B. S.G.F. @), L p. 97. DO0 M E. FOURNIER. — NOUVELLES ÉTUDES 26 Mai pli et nous avons pu relever quelques nouvelles coupes venant à l'appui de notre interprétation. Près d’Aiglepierre, j'avais déjà signalé l'existence d’un synclinal couché et d'un contact anormal entre le Trias et l’Astartien ; ce N.N.0 S:S-E" Fig. 6. — Coupe schématique de l’Ondulation transversale près des Arsures. Échelle : 1/35000 environ. JS, Jurassique supérieur ; JM, Bathonien; Jiv, Bajocien ; {‘, Toarcien ; l*, Char- mouthien; {?, Sinémurien ; L!, Infralias et Lias infériéur ; t{4-3, Trias. N°0: M*Poupe: SAE: Boris de ù Méhaut Fig. 5. — Coupe du flanc N.O. du pli du Poupet. Échelle : 1/30000 environ. J5, Kiméridgien ; J‘, Astartien ; J', Rauracien; J2-1, Oxfordien ; Ji, Bathonien supérieur ; Ju, Bathonien moyen; Jin, Bathonien inférieur ; Jiv, Bajocien (calcaire à Entroques); l*, Toarcien; (, Charmouthien ; l?, Calcaire à Gryphées ; #1, Keuper et Infralias; E, Faille d’étirement ; F, Faille. contact, au lieu d’avoir lieu par faille, a lieu par chevauchement ainsi que nous avons pu nous en assurer en le suivant entre Aigle- pierre et les Arsures où nous avons vu apparaître successivement 1904 SUR LA TECTONIQUE DU JURA FRANC-COMTOIS 507 entre le Trias et le Jurassique supérieur des lambeaux de Batho- nien, de Bajocien, de Toarcien et même de Calcaire à Gryphées renversés sous le Trias. ainsi que le montre la coupe schéma- tique de la figure 6. (Nous avons été obligé de donner une coupe schématique, les lambeaux des divers terrains n'existant pas tous au même point). | Sur le flanc N.O. du massif du Poupet, entre Saint-Thiébaud, Ivrey et La Chapelle la carte au 1/80000 (Feuille de Besançon) indique un contact par faille entre le Trias et le Bajocien ainsi qu'entre le Trias et le Suprajurassique ; or il existe précisément un grand nombre de termes intermédiaires appartenant à la série renversée, notamment le Lias supérieur, le Lias moyen et le Cal- caire à Gryphées ainsi que l’indique la coupe de la figure 5. Sur le flanc S.E. du massif du Poupet, en recoupant la route de Saizenay, vers le sommet de la côte et en se dirigeant ensuite sur Pimperdu, on observe une coupe très intéressante. N.0 | S°E M. ÉPoupet Pimperdu Route de Fig. 8. — Coupe du flanc S.E. du massif du Poupet. — Échelle : 1/50000 env. Même légende. 17/4 Une série de petites failles en échelons, F’, F”, F”, ramène deux fois de suite le Trias en contact avec le Lias supérieur de telle sorte que l’on constate un effondrement progressif depuis Pim- perdu jusqu’au Poupet. Cette série de failles correspond à une bifurcation de plis : tan- dis que le pli du N.0. du Poupet va se raccorder par Ivrey au pli de By et par suite à la zone du Vignoble, le faisceau méridional au contraire (faisceau de Saizenay) se poursuit vers Nans et est en continuité absolue avec la partie orientale de l’ondulation trans- versale. Entre Saizenay et Nans, le Trias du faisceau de Saizenay se trouve constamment en contact par faille avec le Jurassique supé- rieur, saut près de la Grange du Crouzet où l’on voit apparaître un lambeau de Bajocien et de Bathonien contre la faille. 508 E. FOURNIER. — NOUVELLES ÉTUDES 26 Mai Près de Nans-sous-Sainte-Anne, l’ondulation transversale pré- sente la coupe de la figure 9. La source du bief de Verneau qui jaillit à la limite entre les calcaires astartiens et les marnes, n’est que la résurgence des eaux dela grotte des biefs Boussets et du Creux de la Vieille-Folle N.N.0. DS SLE Source du Bref ù Bois des de Verneau Oursieres Fig. 9. — Coupe de l’ondulation transversale, près de Nans-sous-Sainte-Anne. Echelle : 1/40000 env. — Même légende. qui se perdent dans le Jurassique supérieur près de Déservillers : ces eaux, depuis Déservillers jusqu'au Verneau, suivent à peu près exactement la charnière synclinale des couches qu’elles traversent par ressauts verticaux successifs. L’exploration de la très intéressante grotte des biefs Boussets ! nous a permis de péné- s. trer jusque dans la charnière synclinale er ONE Hire des couches portlan- Eve diennes renversées, IE ° ainsi que le montre la = SI coupe de la figure 10, et PEUR de traverser en outre Jr unepartiedu Virgulien. ee Le renversement peut terrrinale donc être constaté ici directement et, à la Fig. 10. — Coupe du synelinal portlandien, danS fille verticale admise la grotte des biefs Boussets.—Echelle : 1/80000. env. — Même légende. Grotte des jusqu'ici, il faut substi- tuer une faille de glis- sement à peu près horizontale E. Si l'on suit la ligne de discon- tinuité E, on voit apparaître entre l* et J° des termes intermé- diaires, notamment le Bajocien. entre Déservillers et Montmahoux ; si, d'autre part, on suit la partie médiane de /#, on voit apparaître 1. Spelunca, n° 33, p. 21. 190/4 SUR LA TECTONIQUE DU JURA FRANC-COMTOIS 509 des affleurements de Charmouthien et de Calcaire à Gryphées, c'est ce que nous avons exprimé en indiquant, sur la partie droite de la coupe, la position des affleurements charmouthiens, sinému- riens et bajociens. A l’est, le pli se poursuit vers Reugney avec des variations d'intensité fréquentes; on continue à le suivre par Amathay, Vésigneux, Longeville ; il est coupé transversalement par la vallée de la Loue où, près de Mouthier, on relève la coupe de la figure 11. Mouthier Lods HtePjerre Fig. r1. — Coupe de la rive droite de la Loue entre Lods et Mouthier- Haute-Pierre. — Echelle : 1/50000 env. cu, Hauterivien ; cv-u, Purbeckien et Valanginien ; Jf, Portlandien ; J°, Kimé- ridgien ; Ju, Bathonien moyen; Ju, Bathonien inférieur ; Ji, Bajocien; l*, Toarcien ; L?, Charmouthien ; l?, Sinémurien. À partir de Mouthier, l'ondulation transversale s’infléchit vers le N. E., se renverse sur le synclinal d'Athose et de Nods, s’atténue progressivement et finit par se fondre dans la zone plissée de la Haute-Chaîne, entre Vanclans et Passonfontaine. Ainsi donc, cette ondulation, qui nous est apparue à son origine comme se détachant de la zone du Vignoble, a traversé obliquement toute la zone des Grands Plateaux pour venir se fondre avec la zone de la Haute- Chaîne. Or, dans cette dernière zone, nous avons constaté l’existence d'importants mouvements alpins et d'autre part nous avons montré que l’ondulation transversale, qui recoupe les plis du Vignoble, est plus récente qu'eux et par conséquent alpine. Ainsi done, les mouvements alpins ont affecté la zone de la Haute-Chaïîne, ont recoupé la zone des Plateaux sous forme d’ondulation transversale et ont enfin affecté également la partie méridionale des plis du Vignoble. 210 E. FOURNIER. — NOUVELLES ÉTUDES 26 Mai SCHÉMA DES ZONES TECTONIQUES DU JURA COMTOIS Echelle : 1/1250000. Les plis dans la zone des Pla- teaux sont indiqués par des hachures verticales serrées. A1. — Feuille de Gray. Cr. — Feuille de Lons-le-Saulnier A2, — — Montbéliard. C2. — — Pontarlier. Br. — — Besançon. Dr. — — Saint-Claude. B2.— — Ornans. Fig. 14 “UOITAU9 000008/1 : AJ[OU9H — ‘AIR S''OTOIUEN 9P OI ‘A ‘ UOONEJIUON 2P 9I[LEA ‘x : (Aaewoorr) S[P380) £ 9P 9IILe4 ‘A serg 9 { sexy ‘ onbisseanlorpon ‘up { onbissemferdns ‘sf { 2087917 19 9089108aJU] ) * 9SSEION ‘W © OATBIOBTO 60 — ‘ŸI 19 GI ‘SU -2SSINS UTP PI UOSUeES2g 2p EM np ours ej 2p onbnetwmoyos adn09 — ‘x SIA SN SIP y UT ra S9n of !XOQIDN : ; re 4 40.P ;W om | 6350 UOSUPSS f 77 2PUE/,) 27 jeuyouÂs TE CREUTSTAC 2SSIÇ J91/4E7U0 AE S7OU y] \ 1 S Fr Pau F és QUIEY 7 —9)7NE} EP] 9p 8Uu07 TOUb/) ] 12 PU0ES €} 2J1U9 XNE97E/)) + ‘ON “alone UT 9p ous er op a1olord 9087 of JUEAIMS Banf np 9UFEU9 EI 9p 9dn07) — ‘£1 ‘SH E SaJ8y9587 euerusss XAESIE] | É SBJ81SSN0 ff ' 6 WI Bref} HOME op jeuyouÂs EP JPUI2RU SPUE12) 4 9SSINE e/ 2p op JeurpouÂç REA JeIufnec SUITE, 7047 jeououdes XNEY2U04) 92 ET) - 8] SUu07 ELIJ2SJEA ap JeurouÂS ap jeurpouÂç PJ 8p 7700677 jeurouÂs CP TE ON CES ENT TE 2 ke °S & 512 E. FOURNIER. — JURA FRANC-COMTOIS. CONCLUSIONS 1° Le Jura franc-comtois constitue, au point de vue tectonique, une région beaucoup plus complexe qu'on ne l'avait cru jusqu'ici. 20 La notion de grands chaïnons parallèles n'est exacte que pour la partie méridionale. 30 La structure brachysyneclinale et brachyanticlinale, avec déversement sur un flanc et parfois sur tous les deux, est la règle pour toute la zone de la Haute-Chaîne. 4° La zone des Grands Plateaux présente parfois des accidents tectoniques spéciaux (chaîne de l’Euthe sur Lons-le-Saulnier et Saint-Claude, dômes sur Montbéliard). 5° Les plateaux qui alternent avec les zones plissées disparais- sent lorsque ces zones viennent à se fusionner d'où la disposition en croissant signalée par plusieurs auteurs (MM. Haug, Rollier). 6° Outre les plis hercyniens (La Serre, Vosges) et les émer- sions d'âge secondaire, dont nous n'avons pas eu à aborder l’étude dans ce travail, la région jurassienne a subi deux séries de mouvements tectoniques : A) Mouvements pyrénéens datant de l’Eocène supérieur: plis du Vignoble (pars), des Avants-Monts, de l'Ognon, de la Saône ; accidents tectoniques des Plateaux (?) ; B) Mouvements alpins : Haute-Chaïîne, partie méridionale du Vignoble, Ondulation transversale. Le schéma de la figure 12, page 510, dans lequel les rectangles indiquent les divisions en Feuilles au 1/80000, et les deux coupes générales de la page 511 : (fig. 13 et 14) montrent la distribution des diverses zones tectoniques du Jura franc-comtois. 1. Pour la coupe de La Faucille, nous avons utilisé les documents qui nous ont été très obligeamment communiqués par M. Chevaux, Conducteur des Ponts-et-Chaussées, à Lons-le-Saulnier. Séance du 6 Juin 1904 PRÉSIDENCE DE M. A. PERON, VICE-PRÉSIDENT M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Un nouveau membre est présenté. M. Roussel en réponse à l'observation de M. Carez, contenue dans le Compte Rendu de la séance du 16 mai 1904 (voir: ante, p- 379) dit qu'il n’a retrouvé le Carbonifère ni à Rogalle, ni à Engomer ; mais que la dernière bande formée par ce terrain dans cette partie des Pyrénées est limitée, du côté nord, par la ligne passant par Aulus, Conflens de Betmajou et Bordes. Au nord de cette ligne, il n'a observé le Carbonifère que dans la ride de la Montagne de Tabe et du Prat d’Albis ; le Carbonifère de cette ride disparaît aux bords du Salat, entre Lacourt et Eychel et ne reparaît pas à l'ouest de ce point. ‘ SUR LA DISTRIBUTION VERTICALE DES ORBITOIDES par M. À. de GROSSOUVRE. Pour arriver à reconnaître si les diverses espèces d’Orbitoides se cantonnent à des niveaux distincts et par conséquent si elles sont susceptibles de caractériser une série d'horizons, nous devons rapprocher leur ordre de succession dans différentes régions. Tout d'abord, il convient de remarquer que les Orbitoïdes (s. str.) sont toutes confinées, comme l’a montré M. H. Douvillé, dans la Craie supérieure. Nous les rencontrons uniquement dans la dernière zone sénonienne, c'est-à-dire dans cet ensemble de couches habi- tées par une faune d'Ammonites largement répandue sur toute la surface de la terre, Pachydiscus colligatus, P. neubergicus, P. gollevillensis, couches toujours situées immédiatement sous le Danien, qui lui, au contraire, est caractérisé par la disparition des Ammonites, des Scaphites., des Baculites, des Bélemnitelles, des Hippurites, des Sphérulites et des Radiolites. 10 Décembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 33. 514 DISTRIBUTION VERTICALE DES ORBITOÏDES 6 Juin Examinons maintenant les coupes où nous trouvons soit l’asso- ciation de plusieurs espèces d'Orbitoïdes, soit une superposition de plusieurs niveaux de ces fossiles. La craie de Maëstricht nous montre ensemble : Orbitoides apicu- lata et O. minor avec Omphalocyclus macropora. Dans l’Aquitaine, Orbitoides media est abondamment répandue dans les couches inférieures du Campanien supérieur (assise Q de M. Arnaud) et c'est seulement à Maurens (Dordogne) dans des couches plus élevées (assise À), que l’on rencontre Orbitoides apiculata associée à l'espèce précédente. Au sud de la Gironde et au voisinage du littoral atlantique, en se rapprochant des Pyrénées, les affleurements de Villagrains, Laudiras, Roquefort et Audignon semblent indiquer la succession suivante de aaut en bas : 1° Orbitoides gensacica, O. socialis, Omphalocyclus disculus (Audi- gnon) ; 2° Orbitoides minor, O. mamillata, Omphalocyclus disculus (Roque- fort, Laudiras, Villagrains). Dans la région de la Haute-Garonne, j'ai constaté de haut en bas : | 1° Orbitoides apiculata, Omphalocyclus macropora ; 2° Orbitoides gensacica, O. socialis, O0. mamillata, Omphalocyclus disculus ; 3° Orbitoides media. Les Orbitoïdes sont connues de beaucoup d’autres régions mais sans qu on y ait signalé une superposition de plusieurs niveaux. Si l’on rapproche les observations précédentes, on voit qu'il n'en résulte aucun ordre de succession bien défini des diverses espèces : Orbitoides media est parfois associée à O. apiculata; ailleurs, entre ces deux formes s’intercalent, ©. gensacica, O. socialis, O. mamillata et O. minor ; cette dernière accompagne ©. apiculata à Maëstricht. Il semble bien que l'apparition des diverses formes n'a aucune relation chronologique : l'ordre en varie d’une contrée à une autre, et doit plutôt dépendre de certaines conditions d'habitat, température, courants, profondeur, etc. Ces fossiles ne paraissent donc pas propres à distinguer plusieurs horizons dans la dernière zone campanienne. M. H. Douvillé estime que les conclusions précédentes sont par trop négatives. La persistance des formes anciennes est un fait bien connu, qui complique certainement beaucoup les détermi- nations de l’âge des assises, mais qui n'autorise pas à rejeter les conséquences tirées de l’évolution, c’est-à-dire de l'apparition des 1904 DISTRIBUTION VERTICALE DES ORBITOÏDES 519 formes nouvelles. Il ne faudrait donc pas attacher une importance exagérée à la présence de l’Orbitoides apiculata au sommet des couches à Orbitoides de Latoue, et au-dessus des couches à ©. gensacica. M. Pervinquière ne peut admettre la proposition émise de nou- veau par M.A. de Grossouvre, d’une façon incidente, que le Danien ne renferme ni Ammonites, ni Scaphites, ni Baculites. Dans une note récente (2. S. G. F., (4), LL, p. 634, 1903), M. de Grossouvre appuyait sa thèse sur l'opinion de M. Ravn, mais celle-ci est for- mellement contestée par M. Hennig :. A Stevens Klint, il n’y a aucune lacune entrela Craie blanche, le Calcaire à Cérithes et le Calcaire à Bryozoaires, mais au contraire passage insensible. Le Calcaire à Cérithes a la même composition que le Calcaire à Bryozoaires ; ce n’est nullement un banc-limite de la Craie blanche, comme le pensait M. Ravn. S1, d'autre part, nous nous reportons à la définition que Desor a donnée du Danien *?, définition à laquelle nous devons nous tenir, suivant les principes mêmes de M. de Grossouvre (Cf. Recherches sur la craie supérieure, p. 361 et suiv.), nous voyons que Desor fait commencer son Danien avec l'argile à Poissons ; nous devons donc considérer le Calcaire à Cérithes conme Danien. La faune du Danien est une faune de transition entre le Crétacé et le Tertiaire, comme le constate M. Hennig, dont voici les propres termes : (€ La partie sénonienne de la faune danienne ne se réduit en aucune façon, comme le croit M. de Grossouvre, à quelques Échinides, Huitres et Brachiopodes ; les Scaphites et les Baculites du Calcaire à Cérithes ne sont pas non plus des espèces séno- niennes remaniées. » On ne saurait donc plus désormais contester que le Danien renferme des Scaphites et des Baculites. 1. ANDERS LIENNIG : Finnes en lucka emellan senon och danien i Danmark ? Geol. Fôüren. Fôrh. Bd. 26, p. 29. >. Desor : Sur le terrain danien, etc. B.S. G. F, (2), IV, p. 199. APTIEN SUPÉRIEUR ET ALBIEN DU VERCORS par M. Ch. JACOB. Je viens d'achever l'étude des Céphalopodes albiens des Prés et de La Balme de Rencurel (Isère). M. A. Gevrey possède une fort belle série du premier gisement et l'Université de Grenoble du second ; j'ai pu compléter ces précieux documents par des recher- ches personnelles. Quoique provenant de localités très voisines et trouvées dans une situation stratigraphique identique et toutes deux dans une couche homogène de phosphates glauconieux, les deux faunes sont différentes. Celle des Prés, qui n'a pas fourni moins de cinquante espèces d’Ammonites, est caractérisée par l'extrême abondance de coquilles ornées: Hoplites tardefurcatus Leym. sp. et formes voisines, À. regularis Brug. sp., Parahoplites Milleti d'Orb. sp., Acanthoceras Lyelli d'Orb. sp. var., etc. Tandis qu'à La Balme pullulent les Desmoceras du gr. du latidorsatum Mich. sp. les Gaudryceras, les Tetragonites. Les deux gisements offrent en commun, Phylloceras Velledæ Mich. sp., Douvilleiceras mam- millatum Schl. sp., Desmoceras Beudanti Brong. sp., etc. En outre de cette distribution respective des espèces dans les deux faunes, qui tient probablement à une différence de niveau non reconnue jusqu'ici, on peut faire d’autres remarques. Aux Prés, on trouve un Desmoceras nouveau du groupe du latidorsatum dont le port est tout à fait celui d’un Phylloceras, des Acantho- ceras du gr. de rhotomagense, rappelant ceux décrits par Kossmat (Unters. über die Südindische Kreïdef.). A La Balme, les Desmo- ceras abondants, souvent de fort grande taille, réalisent tous les types figurés par l’auteur précédent (loc. cit. pl. xxv)etil existe des Tetragonites très voisins de 7. epigonum Kossm. Toutes ces formes, tant de La Balme que des Prés, n'ont été rencontrées jusqu'ici que dans l'Inde (Stoliczka et Kossmat) et en Tunisie (Pervinquière) dans la couche à Ammonites inflatus ou plus haut encore, c’est-à-dire à un niveau beaucoup plus élevé que dans le Vercors ; et peut-être est-ce dans le sud-est de la France, plutôt que dans ces régions étrangères, qu'il faut chercher leur centre de propagation ? Non loin des localités précédentes, au Briac, près de Saint- Martin en Vercors, j'ai trouvé deux nouveaux gisements fossili- D APTIEN ET ALBIEN DU VERCORS 217 fères : le premier est situé entre la & deuxième couche à Orbito- lines » et la « lumachelle » de Ch. Lory et donnera d'utiles rensei- gnements sur la fin de la période aptienne dans la région; l’autre correspond également à un horizon inconnu jusqu'ici et se trouve dans les grès verts albiens qui surmontent la couche classique de La Balme de Rencurel. SUR L’AGE DES COUCHES A PHOSPHATES DE CLANSAYES PRÈS SAINT - PAUL-TROIS-CHATEAUX (DROME) par M. Ch. JACOB. Au cours d’une récente excursion, j'ai trouvé dans les couches à phosphates de Clansayes, généralement rapportées au terrain albien, quelques formes aptiennes, qui m'ont amené à revoir les Céphalopodes de cette localité, qui figurent dans les collections de Grenoble (Université, coll. Gevrey). Sans pouvoir donner encore une liste complète, j'ai noté les faits suivants : Une seule espèce est une forme certaine du Gault : Desmoceras latidorsatum. Mich. sp.; je n'en connaïs d’ailleurs qu’un exemplaire, le seul qu’ait rencontré M. Gevrey au cours de ses nombreuses recherches. On trouve, en revanche, toute une série d'espèces aptiennes: Vautilus Neckerianus. Pict. etR., Phil- loceras Guettardi Rasp. sp., Tetragonites Duvali d'Orb. sp., Des- moceras falcistriatun Anth., de nombreux Desmoceras. sp. du gr. de Seguenzæ Coq. sp. et d'Emerici d'Orb. sp. identiques à des échantillons des marnes aptiennes d'Hyèges et de Paressoux, un Acanthoceras Martini d'Orb. sp. var., abondant, au sujet duquel il faut faire cette même dernière remarque. Reste enfin l’ensemble des formes, en partie décrites par M. Seunes et rangées par les auteurs dans les genres Hoplites, Acanthoceras et Parahoplites ; celles-ci sont inconnues aussi bien dans le Gault classique du Bassin de Paris que dans l’Aptien du Sud-Est. La faune la plus voisine que l’on ait signalée a été étudiée dans le Caucase par M. J. Anthula (Ueber die Kreideformation des Kaukasus) qui donne en particulier (p. 154), une liste du gisement d’Akuscha où figurent avec quelques rares formes du Gault, des 518 SÉANCE DU 6 JUIN 1904 espèces nettement aptiennes et une série de Parahoplites très voisins de ceux de Clansayes. M. Anthula range cette faune dans lAptien. Tout ce qui précède semble devoir faire adopter la même solu- tion pour Clansayes, qui représente probablement, avec un carac- tère détritique très marqué, un horizon supérieur à la zone à Ammonites furcatus, c'est-à-dire aux marnes aptiennes et infé- rieur à l’Albien classique des auteurs français, en particulier inférieur à la zone à Am. mammillatus de M. Ch. Barrois. Stratigraphiquement d’ailleurs, rien ne s'oppose à cette manière de voir ; les couches de Clansayes sont situées au dessus de sables et de marnes à PBelemnites semicanaliculatus et à faune aptienne et elles sont surmontées par une masse puissante de sables rouges et jaunes, terminée par des banes qui renferment Am. inflatus, A. mayorianus, etc. À Clansayes le Gault inférieur ne serait pas fossilifère. M. H. Douvillé a déjà insisté à plusieurs reprises sur le caractère relativement ancien de la faune de Clansayes, où des espèces albiennes coexistent avec des formes d’aflinités aptiennes ; ce sont les caractères bien nets d’une faune de passage. En ce qui concerne la limite supérieure de l’Albien, M. Douvillé tient à rappeler encore une fois que Jusqu'à présent il n’a jamais ou une Ammonite d'espèce cénomanienne provenant d’une manière certaine des couches à Mortoniceras inflatum ; la limite entre ces couches et celles à Schlænbachia varians est ainsi des plus nettes. M. Toucas fait observer qu’en 1888 il a signalé les mêmes cou- ches à nodules phosphatés de Clansayes sur la rive droite du Rhône, particulièrement sur les hauteurs du Teil et aux environs de La Roussette, près Viviers. Ces couches renferment absolu- ment la même faune qu'à Clansayes et leur position au-dessus de l’Aptien le plus supérieur (Gargasien) ne peut faire aucun doute sur leur atttribution au Gault, d’autant plus que dans cette région les marnes bleues à petites Ammonites gargasiennes sont encore recouvertes d’abord par 20 mètres de calcaires marneux à Dis- coidea decorata et ensuite par 30 mètres de sables à très grandes Belemnites semicanaliculatus, que l’on serait déjà tenté de classer à la base du Gault. La faune de ces couches à nodules phosphatés ne paraît pas discutable, son caractère est franchement albien. SUR QUELQUES RUDISTES A CANAUX par M. H. DOUVILLÉ. PLANCHES XIII et XIV. On sait que le test des Rudistes est souvent traversé par des canaux réguliers et que ces canaux se rencontrent le plus ordinai- rement dans les couches internes ; exceptionnellement ces canaux peuvent traverser les couches externes". Ces canaux se présentent habituellement comme des dépressions du limbe de la coquille qui s’approfondissent par la croissance plus ou moins rapide des bords, tandis que le fond s’accroît beaucoup plus lentement ou se déplace par saccades, il n’en résulte pas moins que les parois de ces canaux doivent être tapissées par des invaginations du manteau. Leur rôle physiologique est encore inconnu, mais dans le plus grand nombre des cas, leur objet principal paraît être d'économiser la matière nécessaire pour la construction de la coquille, de manière que celle-ci puisse être édifiée rapidement et solidement avec une dépense minima de calcaire. La structure tubulaire pré- sente à ce point de vue les mêmes avantages que la structure poutrellaire, si répandue dans les groupes les plus divers, Mol- lusques (Barettia), Zoanthaires (Porites), Foraminifères (Orbito- litidés). Cette disposition est en réalité indépendante de la struc- ture fondamentale de l’animal, c’est ce qui nous permettra de ne pas nous étonner outre mesure de voir ces canaux disparaître dans l’âge adulte dans certaines espèces de Radiolitella ; il est vraisem- blable qu'à cette période de son existence, l'animal n’a plus besoin de se développer aussi rapidement. Si la présence de canaux est au fond un caractère de second ordre, il n’en est pas moins vrai que lorsque ceux-ci existent ils doivent refléter la constitution intime du manteau. Nous avons pensé qu'ils reproduisaient peut-être le réseau des ramifications nerveuses dans la zone marginale du manteau; en tout cas, la disposition des canaux est un caractère qui doit fournir des carac- tères importants pour la classification. Les canaux se présentent surtout dans les couches internes 1. H. Douvizré. Études sur les Rudistes : VIII. Des canaux du test dans les Rudistes. B. S. G. F., (3), XXVWI, p. 154. 1898. 520 H. DOUVILLÉ 6 Juin par ce que celles-ci sont ordinairement beaucoup plus dévelop- pées ; c’est seulement quand les couches externes prennent de l’im- portance, que leur structure canaliculée peut devenir avantageuse pour l'animal. Aussi nous ne la rencontrerons que dans les Radiolites et les Hippurites, et alors elle se présentera sur le limbe soit de la valve inférieure, soit de la valve supérieure, avec une disposition en quinconce rappelant tout à fait la disposition que l'on observe dans les canaux des Müitrocaprina par exemple, bien que ceux-ci soient creusés dans les couches internes de la valve supérieure. Les canaux de la valve supérieure des Hippurites, paraissent jouer un rôle particulier et ne correspondent pas à une simple économie de matière. Ils constituaient en effet un tamis plus ou moins fin permettant probablement à l'animal de communiquer avec l'extérieur même quand les valves étaient presque fermées, ainsi que le pensent certains naturalistes. Les grandes variations que l’on observe dans la disposition des canaux sont intéressantes par leur diversité même : au grand nombre de formes déjà connues nous allons pouvoir en ajouter encore quelques autres et compléter en même temps nos connais- sances sur des types précédemment décrits. Dans le premier groupe présentant des canaux dans les couches internes nous ferons connaître un type nouveau, Polyptychus Morgani, rapporté de Perse par M. de Morgan, — deux espèces recueillies en Espagne par M. Vidal, une valve inférieure de Rous- selia Guilhoti complètement dégagée et une espèce nouvelle de Mitrocaprina (M. Vidali) — et enfin nous préciserons ce que l’on connaît de la Caprina incerta Leymerie. Le second groupe présentant des canaux dans les couches externes nous à fourni un type nouveau des plus curieux, Radiolitella, qui vient se placer à côté des Joufia Boehm. À. Premier groupe : des canaux dans les couches internes. PozyPrycHus MoRrGaANI n. gen., n. sp. ! La forme extérieure est celle d’un Monopleura : valve inférieure conique, valve supérieure également conique, mais très surbais- sée et à sommet excentrique. 1. Cet échantillon est figuré plus complètement dans la « Mission scienti- fique en Perse par M. de Morgan », Part. IV, Mollusques fossiles, par H. Douvillé, p. 248, pl. XXXIIIiS (sous presse). 1904 SUR QUELQUES RUDISTES À CANAUX 521 Les lames externes sont visibles sur la valve inférieure, leur épaisseur est faible et varie de 2 à 4 millimètres; elles manquent sur la valve supérieure qui présente de fines stries rayonnantes correspondantes à des lames radiantes. La section des deux valves est régulièrement arrondie, un peu rétrécie du côté dorsal; le diamètre dorso-ventral est d'environ o m. 12, tandis que le diamètre antéro-postérieur est un peu plus petit (o m. 10). Une série de sections transversales nous a permis de nous rendre compte des caractères internes ; ce qui frappe tout d’abord c’est le grand développement des canaux qui occupent plus des trois quarts de la section, de telle sorte que l'appareil cardinal est rejeté presqu'au milieu de la coquille; il est lui-même assez peu distinct et paraît se composer, comme dans les Monopleura, sur la valve inférieure droite d’une dent médiane 5b (N) en X, dans les branches de laquelle viennent se placer les dents À J1 (B'’}et P IT (PB) de l’autre valve. Nous n'avons observé aucune trace de ligament, et les couches externes ne présentent ni arête, ni inflexion ligamentaire ; la disparition de cet organe est done ici aussi complète que dans les Biradiolites. C’est ce qui explique la position si centrale de l’ap- pareil cardinal et le grand développement des canaux qui séparent cet appareil du bord dorsal: nous avons en effet indiqué à plusieurs reprises que l’arête cardinale jouait le rôle d’un lien entre la dent marginale 3b et les couches externes : si ce lien dis- paraît, rien ne s'oppose plus au développement centrifuge du bord de la coquille. Les insertions des muscles sont assez mal caractérisées ; on ne peut cependant qu'être frappé de l’analogie que présente le contour de la cavité occupée par l'animal dans la valve inférieure avec celui que l’on observe dans les Caprina et notamment dans le Caprina Choffati : : la partie droite à la suite de la dent À 7] correspond à l'insertion du muscle antérieur, tandis que du côté opposé une double inflexion rappelle la forme de la lame myo- phore postérieure de l'espèce du Portugal. Si les canaux périphériques sont extraordinairement développés. par contre leurs parois sont minces et fragiles ; ils sont brisés par places et leur tracé présente quelquefois un peu d’incertitude : sur la valve inférieure (fig. 2) on observe une grande cavité en dehors des dents 5b et P II, grossièrement quadrangulaire et largement 1. H. Douvirré. Études sur les Rudistes : V. Sur les Rudistes du Gault supérieur du Portugal. B. S. G."F., (3), XXVL, p. 146, fig. 7, 8. 1898. 529 H. DOUVILLÉ 6 Juin arrondie sur les angles ; une cavité analogue moins développée s’observe dans la région dorsale de la dent À ZI. En dehors de ces deux cavités on peut distinguer une première ceinture de grands canaux, qui commence derrière le muscle postérieur, fait le tour de l’appareil cardinal et se termine en dehors du muscle antérieur. Une deuxième zone de canaux, tout à fait marginaux, commence vers l'extrémité venirale du muscle antérieur, suit le bord ventral, passe à l'extérieur de la première ceinture de Fig. 1. — Polyptychus Morgani. Section de la valve supérieure, dans le voisinage de la commissure, réduite aux 3/4 environ (Les traits en poin- tillé appartiennent à la valve inférieure). canaux, se dédouble dans la région dorsale et vient se terminer sur le prolongement de la ligne des dents cardinales. Enfin on distingue par places des canaux moins importants, plus petits, qui envahissent les portions où le test est un peu épais et qui paraissent se combler rapidement par la croissance de celui-ci. La valve supérieure (fig. 1) présente une disposition toute diffé- rente : sur tout son pourtour on observe de fines lames radiantes bi ou polyfurquées rappelant tout à fait celles des Plagioptychus. La constitution de la partie centrale n’a pu être mise en évidence 1904 SUR QUELQUES RUDISTES À CANAUX 523 par la coupe, à cause de la forme très surbaissée de la valve; les grands canaux indiqués en pointillé appartiennent bien certaine- ment à la valve inférieure. Ce type est entièrement distinct de toutes les formes connues jusqu’à présent; nous proposons de le considérer comme le type d’un genre nouveau qui sera caractérisé comme suit : Poly ptrchus nov. gen. — Rudiste appartenant au groupe des formes inverses, fixées par la valve droite ; il présente sur cette Fig. 2. — Polyptychus Morgani. Section de la valve inférieure. valve de grands canaux polygonaux rappelant ceux des Caprinula, et sur la valve gauche des canaux limités par des lames radiantes analogues à ceux des Plagioptychus. Il se différencie de ces deux genres par l'absence de ligament. L'espèce type du genre est le P. Morgani (n. sp.) que nous venons de décrire ; elle est caractérisée par sa forme générale rappelant celle des Monopleura et par sa valve supérieure très surbaïssée et à sommet excentrique du côté dorsal. 524 H. DOUVILLÉ 6 Juin Gisement. — L'échantillon est unique et a été recueilli par M. de Morgan dans le pays des Baktyaris à l'ouest d'Ispahan. Il provient des couches à Loftusia persica; en l'absence de toute coupe précise nous avions considéré les Polyptychus et les Loflusia comme appartenant à la partie supérieure des couches à Rudistes, c’est-à- dire comme étant d'âge Santonien; nous ajoutions qu'il était possible que leur niveau fût plus élevé, car les Polyptrchus ne sont pas sans analogies avec les Rous$elia qui sont également des Monopleura à canaux et dépourvus de ligament : la forme géné- rale est très analogue, maïs les canaux de la valve inférieure sont beaucoup plus petits et bien moins développés, tandis que la valve supérieure en paraît dépourvue. Des observations plus récentes ont montré en effet que les couches à Loftusia persica appartiennent au Campanien supérieur. RocussEeLzrA Guizaorr Douvillé. PI. XII, fig. 6. Nous avons décrit il y a quelques années, sous ce nom, un curieux Rudiste découvert par M. Guilhot dans le Campanien supérieur de Lasserre (Ariège). Ses caractères principaux étaient les suivants : Forme et charnière de Monopleura ; pas de liga- ment; des canaux polygonaux petits et nombreux traversant les couches internes, sur la valve inférieure seulement, et présentant une tendance marquée à envahir l’appareil cardinal. Ce type avait été décrit sur un seul échantillon bivalve et qui, par suite d'usure, montrait une partie du limbe. M. Vidal a recueilli au même niveau (Maëstrichtien à Orbi- toides) à la Pobla de Segur (prov. de Lerida), une valve inférieure entièrement dégagée (PI. XIII, fig. 6) appartenant à la même espèce ; cette découverte met une fois de plus en évidence les grandes analogies que présentent les formations crétacées sur les deux versants des Pyrénées. IL nous a paru intéressant de faire figurer cet échantillon qui complète les figures et coupes que nous avons données précédemment. La disposition générale est bien la même sur l'échantillon de l'Ariège et sur celui de la Catalogne ; on distingue seulement quelques différences individuelles : la fossette correspondant à la grande dent À 77(B”) a la même importance, la même position et la même forme, elle paraît seulement encore plus géniculée. La 1. H. Douviczé. Études sur les Rudistes : VIL. Sur un nouveau genre de Rudistes. B. S. G. F. (3), XX VI, p. 151. 1898. 1904 SUR QUELQUES RUDISTES A CANAUX 325 dent 3 b (N) est un peu plus oblique et la fossette de la dent posté- rieure P II (B) est également petite et rejetée près du bord. La position du muscle n’est pas nettement indiquée ; il semble que le muscle antérieur était placé dans la concavité de la dent correspondante ; le muscle postérieur plus petit viendrait s’insé- rer à la suite de la seconde dent. Les canaux sont bien marqués et se montrent sur tout le pour- tour du limbe, c'est-à-dire en dehors de l'impression palléale ; ils sont surtout développés en dehors de la dent et du muscle anté- rieurs où ils forment plusieurs rangées irrégulières ; ils s’avancent un peu vers la position présumée du muscle antérieur. Ils ne for- ment qu'une bande étroite sur le bord dorsal, mais se développent davantage du côté ventral, principalement dans la partie posté- rieure. Les couches externes manquent, mais dans la partie dorsale on peut suivre sans discontinuité la surface extérieure des couches internes et s'assurer ainsi qu'il n y a pas trace d'arête ligamen- taire. Le ligament paraît donc bien faire défaut comme nous l’avions indiqué. Les canaux des Rousselia rappellent beaucoup ceux des Zchthyosarcolithes qui sont aussi creusés dans les cou- ches internes du test: le ligament paraît également faire défaut dans ce dernier genre ; l’analogie entre ces deux types est donc très marquée. La seule différence est fournie par l'appareil car- dinal qui dans le premier est celui d’un Monopleura, tandis que dans le second il se rapproche de celui des Piradiolites ; comme nous l'avons indiqué précédemment, les impressions musculaires de la valve supérieure ne s'élèvent dans les Rousselia, que peu au-dessus du plan de la commissure. MiTROGAPRINA VIDALI n. sp. PI. XIII, fig. 1 à 5. Nous avons décrit en 1888 ! une valve supérieure provenant de Rennes-les-Bains, et qui rappelle beaucoup les Plagioptychus par sa disposition générale ; elle en diffère parce que les canaux sont polygonaux dans la zone interne au lieu d'être uniquement formés par des lames radiantes ; la valve inférieure était inconnue et provisoirement nous avions rapproché cette forme des Corallio- chama de Californie. Notre collègue et ami M. Boehm, professeur à l'Université de 1. H Dovuvicré. III. Études sur les Caprines. B. S. G. F. (3), XVI p. 75, fig. 9, PL. XXV, fig. 7. 526 H. DOUVILLÉ 6 Juin Fribourg-en-Brisgau, dans ses études si intéressantes sur les Rudistes du Nord de la Vénétie ! n’a pas admis cette manière de voir eta proposé pour cette forme un genre nouveau WMitrocaprina (type Cor. Bayani). Pour lui la structure cellulaire de la valve supérieure des Coralliochama ne correspond pas à des canaux mais seulement à la structure prismatique que l'on rencontre dans certains types de Rudistes ; il nous est impossible de partager cette manière de voir, d'abord parce que la structure prismatique est caractéristique des couches externes et ici elle se rencontre à l’intérieur des lames radiantes qui appartiennent bien cer- tainement aux couches internes ; en second lieu parce que dans les couches prismatiques les lignes transversales qui recou- pent les prismes représentent des plans d'accroissement et sont par conséquent continues, tandis que dans ce genre, comme l’a bien figuré M. Boehm (PI. x1, fig. 3a) ces lignes coupent les différents prismes à des hauteurs différentes : cette dernière dis- position est tout à fait caractéristique des canaux. Il était done bien certain que nous avions affaire à de vrais canaux analogues en somme à ceux du fossile de Rennes-les-Bains, mais seulement beaucoup plus petits et plus nombreux. Nos inductions se sont trouvées complètement vérifiées par l'examen d’un échantillon de Coralliochama Orcutti envoyé à l'École des Mines par le décou- vreur même de l'espèce, M. Lindgren : une partie du limbe est à découvert sur l’une et l’autre valve et /es ouvertures des canaux y sont parfaitement visibles sur les deux valves. C'est là précisé- ment la raison pour laquelle notre rapprochement avec Corallio- chama ne peut être maintenu; dans ce dernier genre en effet, la structure cellulaire des couches internes de la valve inférieure correspond également à des canaux, tandis que ces derniers font défaut dans les échantillons de la région pyrénéenne que nous étudions en ce moment. Il en résulte que, tout en différant de manière de voir avec notre confrère, nous n en admettons pas moins le genre lui-même : nous distinguerons donc ainsi dans le groupe des Plagiopty chus, les formes à lames radiantes sans cloisons trans- versales qui correspondent aux Plagioptychus proprement dits ; et les formes à cloisons transversales ou à réseau polygonal sur la valve supérieure seulement, Mitrocaprina, ou, sur les deux valves, Coralliochama. Il restera encore à étudier comparativement avec ces derniers Sphærucaprina, dont il seraït nécessaire de bien fixer les caractères. 1. Die Schiosi und Calloneghe Fauna. Palaeontographica, vol. XLI, 1894, P: I02. 1904 SUR QUELQUES RUDISTES A CANAUX 527 Notre collègue M. Vidal, ingénieur en chef des Mines à Barce- lone, nous avait communiqué il y a plusieurs années une valve supérieure rappelant celle du Müitrocaprina Bayani. De nou- velles explorations de la localité déjà citée, Pobla de Ségur, dans la province de Lérida, lui ont fourni dans le Maëstrichtien d'autres échantillons de la mème espèce, parmi lesquels une valve inférieure presqu'entière et complètement dégagée. Ce type peut dont être considéré dès maintenant comme complètement connu. Nous donnons ci-après (PI. XIID la photographie de trois valves supérieures (fig. 1 à 3) et d'une valve inféricure (fig. 5) de Pobla de Ségur ; il suflit de comparer les premiers à la figure (loc. cit., PI. xxv, fig. 9) et à la coupe (ibid., p. 925, fig. 9) que nous avons précédemment données de Mitrocaprina Bay'ani (sub. Corallio- chama) pour s'assurer qu'il s'agit d'une espèce différente et nous proposons de lui donner le nom de 47. Vidali, en la dédiant au savant ingénieur de Barcelone dont les beaux travaux ont tant contribué à nous faire connaître le Crétacé du versant méridional des Pyrénées. Extérieurement, la valve supérieure est convexe, médiocrement bombée ; le crochet nettement enroulé est peu volumineux et ne fait qu une faible saillie dans la région dorsale. La valve inférieure est plate, peu profonde, largement adhé- rente, le crochet est enroulé sur le côté comme dans les Exogyres ; elle rappelle ainsi la valve inférieure des Gy-ropleur'a. Caractères internes. — La valve supérieure présente la même disposition générale que celle de Mitrocaprina Bayani. Sur le côté dorsal on distingue les deux dents À 77 (B°) et P IT (B), robustes et assez saillantes, séparées par la cavité correspondant à la dent 3 b (NW). A droite de la dent antérieure on voit s'étendre la surface plate et rectangulaire où s’insère le muscle antérieur ma, tandis que de la même dent part du côté ventral la cloison qui sépare la cavité générale G de la cavité accessoire n'. Du côté postérieur on distingue à la suite de la dent P ZI], une lame trian- gulaire, relevée obliquement, qui supporte le muscle postérieur mp. Le ligament est inséré dans une rainure étroite et profonde qui suit presque le bord cardinal, comme dans les Lamellibranches ordinaires, puis vient s’insérer sur la face dorsale de la dent P ZT, qui présente en ce point une sorte de gouttière superficielle assez large. Immédiatement en arrière du ligament commence la zone des 528 H. DOUVILLÉ 6 Juin canaux, qui se poursuit régulièrement sur tout le pourtour de la valve du côté ventral et vient se terminer vers l’extrémité de l’im- pression du muscle antérieur. Tout au commencement, du côté postérieur, on peut saisir facilement le mode de formation des canaux: on voit qu'ils sont originairement formés par des lames radiantes bifurquées comme celles des Plagioptychus; elles se bifurquent d’abord une fois, puis deux et s’anastomosent obli- quement, puis transversalement, de manière à produire une première rangée de cellules polygonales, comprises entre les lames radiantes de premier ordre. Le nombre des anastomoses augmente en même temps que celui des bifurcations des lames radiantes : on observe presque partout 2 ou 3 bifurcations et exceptionnellement 4, correspondant à un même nombre d’anas- tomoses transversales et à un nombre égal de rangées de cellules polygonales. Les dernières ramifications des lames radiantes sont nettement séparées et bien visibles dans le voisinage du bord interne du limbe. Cette disposition par bifurcations et anastomoses successives rappelle bien le plexus nerveux qui a été signalé dans la partie marginale du manteau chez certains Mollusques et il nous semble bien diflicile de ne pas voir dans une disposition de ce genre la cause et l’origine des canaux marginaux. La valve inférieure est beaucoup plus simple, elle est totalement dépourvue de canaux et elle reproduit identiquement la disposition bien connue de Gyropleura qui se retrouve du reste dans certains Plagioptychus (PL. Arnaudi) et dans les jeunes Caprotina. La dent médiane 3 b (NW) est forte, robuste et très saillante ; du côté postérieur on distingue la fossette correspondant à la dent P ZI, puis la lame qui porte le muscle mp et qui recouvre le prolonge- ment de la cavité principale D. Le côté antérieur de la charnière se développe perpendiculairement au côté postérieur, il comprend de même une fossette correspondant à la dent À 71, puis l’impres- sion de l’adducteur antérieur qui suit le bord de la valve. Sur la face externe de la dent 5 vient s’insérer le ligament dont la cavité vient se placer entre cette dent et la fossette posté- rieure (P IT); on voit que, comme d'habitude, cet organe vient toujours s'appuyer sur les deux dents 5b et P II. Rapports et différences. — 11 résulte de ce qui précède que le genre Mitrocaprina est extrêmement voisin de Plagioptychus; comme lui il présente seulement des canaux sur la valve supé- rieure ; il en diffère par des anastomoses plus ou moins nom- breuses entre les lames radiantes, et donnant naissance à des Canaux polygonaux . 1904 SUR QUELQUES RUDISTES À CANAUX 529 Au point de vue spécifique, le A. Vidali se différencie de M. Bay ani par la forme générale de la valve supérieure qui est beaucoup plus plate ; en même temps le crochet est moins renflé, moins volumineux et moins saillant. On peut ajouter qu'à l'inté- rieur les canaux polygonaux sont plus nombreux et forment plus de rangées dans l'espèce d'Espagne que dans celle de Rennes-les- Bains. Le Mitrocaprina Bay'ani a été trouvé à Rennes-les-Bains et probablement aussi dans les gisements de Leychert; il appar- tiendrait ainsi au Campanien inférieur, et peut-être au Santonien supérieur. Le AZ. Vidali occuperait un niveau notablement plus élevé puisqu'il provient du Maëstrichtien (couches à Orbitoïdes) ; il représenterait ainsi une mutation de l'espèce précédente. CAPRINULA INCERTA Leymerie. Leymerie a décrit et figuré ! sous le nom de Caprina incerla un Rudiste de la Ferme du Paillon qu'il caractérise de la manière suivante : « La figure que je viens d'indiquer, — dit-il, — représente un des fragments assez nombreux de Caprines que j'ai recueillis à Paillon où ils sont silicifiés comme à l'ordinaire. Ces fragments offrent presque tous le crochet de la valve supérieure, ainsi que celui qui est ici figuré. Ayant soumis ces fragments à des paléontologistes très compétents, ils n'ont pu les rapporter à aucune espèce connue, et J'ai pris le parti de donner à la nôtre un nom qui témoigne de mon incertitude. L'espèce dont nos exemplaires se rapprochent Le plus est Caprina Coquandiana, Caprine turonienne du Beausset. Je ferai remarquer que les Caprines de cette taille, jusqu'ici connues caractérisent le niveau turonien ». Nous ajouterons que le même auteur a figuré comme provenant également de cette localité une série de Polypiers, un Hippurites, le Radiolites paillonica et l'Ostrea frons. Nous avons pu avoir com- munication de ces échantillons grâce à l'obligeance de notre con- frère M. Léon Bertrand, alors professeur à l'Université de Toulouse, ce qui nous a permis de préciser les caractères des Rudistes du Paillon. Le fragment figuré comme Æippurites n'a pas les piliers caractéristiques de ce genre, mais par contre il montre des traces assez nettes de canaux longitudinaux ; il appartiendrait donc à un groupe tout différent et il est possible que ce soit un fragment de la valve inférieure de la Caprina incerta, comme nous le verrons . Description géologique et D des ne de la Haute- st 1881, p. 796, pl. F, fig. 12 Décembre 1904. — T, IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 34. 530 H. DOUVILLÉ 6 Juin plus loin. Le petit groupe de 3 échantillons figuré et décrit comme Radiolites paillonica peut être rapporté d'une manière certaine à l'Hippurites Lapeirousei ; l'espèce de Leymerie doit donc dispa- raître el en même temps le niveau du Paillon doit être classé dans le Dordonien. M. Peron a donné en 1885 ! une revision des fossiles du Paillon ; il a bien voulu nous communiquer ses échantillons de -Rudistes ; nous avons déjà fait figurer l’un d’eux ? en le rapportant à l'H. Lapeirousei; un autre fragment paraît bien pouvoir être Fig. 3. | Fig. 4. Fig. 3. — Caprinula incerta Leym., échantillon type de l’espèce, canaux dessinés d’après une photographie. Fig. 4. — Caprinula incerta Leym., autre échantillon montrant les canaux de la région antérieure. rapporté à l'A. radiosus, comme l’a fait M. Peron. Le Caprina incerta est représenté également par plusieurs échantillons de la valve supérieure, mais tous très fragmentaires et très grossièrement silicifiés. M. Peron cite en outre un certain nombre de Radiolitidés parmi lesquels le Spherulites Martini. Il restait encore quelques valves isolées de Radiolites et un certain nombre de fragments que REG TR (3), XIIL, p. 250. 2 Mém. Soc. géol. Fr. Paléontologie, t. V., pl XXIV, fig. 9. 1904 SUR QUELQUES RUDISTES A CANAUX 531 nous avions d’abord laissés de côté comme indéterminables. Mais en les examinant à nouveau et comparativement, il nous a paru très probable qu'ils représentaient la valve inférieure de la Caprina incerta. Ce n'est donc pas près des Mitrocaprina, comme nous l’avions pensé tout d’abord, qu'il faut placer ce fossile, mais bien dans le groupe Caprinula-Coralliochama, où il existe des canaux polygonaux sur les deux valves. Nous allons examiner de plus près cette espèce, dont l'étude est rendue très diflicile par l'état toujours fragmentaire des échan- tillons et surtout par leur silicification très grossière : les gros orbicules siliceux et les cristaux de quartz oblitèrent le plus souvent les détails de leur constitution. Valve supérieure. — Le type figuré par Leymerie est représenté par un demi-échantllon de la valve supérieure, cassé à son extré- mité, et dont toute la partie antérieure manque ; la coquille est caprinoïde et à sommet fortement enroulé, mais restant séparé du tour suivant ; nous donnons (fig. 3) une reproduction aussi fidèle que possible de la disposition des canaux telle que la montre cet échantillon : on y distingue à droite la cloison habituelle des Caprines qui sépare la cavité accessoire n° de la cavité princi- pale G. Sur la gauche, cette cavité est limitée par la dent posté- rieure ? II (B) à laquelle fait suite la lame myophore postérieure mp. Toute la partie comprise en dehors de cet appareil cardinal est occupée par les canaux du limbe : on yÿ distingue une zone interne formée de grands canaux grossièrement rectangulaires et une zone marginale occupée par des lames radiantes et présentant en outre quelques canaux polygonaux dans le voisinage de la dent P II. Une cavité ligamentaire interne paraît exister sur la face externe de la dent postérieure, mais le mauvais état de conservation de l'échantillon ne permet pas de l’aflirmer d’une manière absolue. Un second échantillon (fig. 4) dans lequel la partie antérieure est seule conservée en partie, montre que la zone des canaux margi- naux composée principalement de lames radiantes, se prolonge sur tout le pourtour de la coquille ; dans la partie interne de cette zone on distingue sur certains points des canaux polygonaux arrondis. C’est cette ceinture continue qui paraît correspondre seule aux canaux du limbe, la zone interne de grands canaux que l’on observe dans la région postérieure représenterait plutôt une ancienne cavité située comme dans les Caprotines en dehors du muscle postérieur et qui aurait ensuite été cloisonnée. Cette disposition est constante et se retrouve sur tous les échantillons. 532 H. DOUVILLÉ 6 Juin La surface extérieure de cette valve paraît Jisse ; maïs il n’est pas certain que les couches externes soient conservées. Valve inférieure; elle nous est connue seulement par les échan- tillons de la collection Peron, malheureusement toujours fragmen- taires et mal conservés. Extérieurement la valve est conique ou cylindro-conique ; certains fragments paraissent même cylindri- ques ; quand ils sont décortiqués la surface externe paraît lisse, mais les échantillons mieux conservés montrent des couches externes peu épaisses et ornées de côtes convexes de 1 millim. 5 de largeur séparées par des sillons, c'est exactement l'ornemen- tation de la Caprinula Boissyi. A l'intérieur on distingue un limbe continu présentant du côté dorsal deux fosseites profondes, séparées par une dent centrale (3 b)lamelliforme et disposée obliquement. La fossette postérieure correspondant à la dent P IT est arrondie en arrière, tandis que la fossette antérieure (À 21) se termine en avant par deux pointes. Il paraît exister des canaux sur toute la périphérie, mais ils sont surtout développés dans le voisinage des muscles. On distingue ordinairement des canaux polygonaux formant plusieurs rangées, mais quelquefois aussi des lames radiantes marginales sont égale- ment visibles. Rapports et différences. — Le type que nous venons de décrire se rapproche incontestablement des Caprinules ; la forme générale et l’ornementation sont les mêmes jusque dans les détails : ainsi les côtes ne sont conservées que sur la valve inférieure comme dans les formes de la craie inférieure. Par contre, au point de vue spécifique, la forme du Paillon est bien différente des espèces anciennes : sur la valve supérieure les grands canaux rectangulaires de la zone interne du côté postérieur présentent une disposition tout à fait particulière et sont bien plus neltement séparés de ceux de la zone marginale; en outre, ils s’ar- rètent brusquement au bord de la cavité n’ sans dépasser la cloison transversale, ce qui ne se présente jamais dans les formes du Cénomanien. Sur les valves inférieures, les grands canaux qui dans ces espèces anciennes sont si développés d'habitude en dehors des lames myophores, paraissent manquer ici ; il en est de même du côté antérieur sur la valve supérieure elle-même, et il est probable que sur des échantillons bien conservés les lames myo- phores se présenteraient sur les deux valves avec des caractères nettement diflérents de ceux des autres Caprinuies. 190/ SUR QUELQUES RUDISTES A CANAUX 533 B. Deuxième groupe : des canaux dans les couches externes. RADIOLITELLA, nov. sect. PIX La présence de canaux dans les couches externes est jusqu’à présent un fait exceptionnel dans les Rudistes, et cela se comprend assez facilement puisque les couches externes sont en général minces et peu développées. Il faut s'attendre à les rencontrer seulement dans les groupes où ces couches prennent un dévelop- pement notable ; c'est bien le cas pour les Hippurites : ici les canaux de la valve supérieure se disposent en quinconce sur le limbe et présentent cette disposition tout à fait exceptionnelle, de déboucher à l'extérieur : on peut les considérer comme formés par des franges du manteau qui se bifurquent et s’anastomosent de manière à produire une sorte de réseau analogue à celui que nous avons vu exister dans le groupe précédent. Les couches externes sont peut-être encore plus développées dans les Radiolites, et cependant on n'avait encore signalé de canaux que dans une seule forme, le Joufia reticulata, de la craie supérieure des Alpes Vénitiennes. Notre collègue et ami M. Boehm a décrit d’abord ce type curieux en 1897 ‘ puis est revenu sur le même sujet l’année suivante *. Par leur forme générale les Joufia sont des Radiolites avec arête cardinale bien marquée ; les lames internes ont disparu dans les échantillons figurés et les couches externes présentent un très grand nombre de canaux étroits disposés en quinconce assez régulier, ayant environ 1 millimètre de largeur et séparés par des intervalles pleins, d'épaisseur doubie : les canaux augmentent en nombre et diminuent un peu d’impor- tance quand on s'approche de la périphérie. Il est incontestable que la disposition des canaux sur le limbe rappelle celle que lon observe dans certains Hippurites, notamment dans le groupe de l'A. bioculatus, mais dans les Joufia, les canaux restent compris dans l'épaisseur du test et ne s’ouvrent pas à l'extérieur. L'année dernière, notre confrère M. Roussel nous remit un certain nombre d'échantillons empâtés dans un marbre noir et recueillis par lui sur le versant espagnol des Pyrénées, dans la Sierra de Cadi. Ces échantillons sciés et polis nous montrerent que ces marbres renfermaient un grand nombre de Rudistes à 1. Beitr. z. Gliederung der Kreide in Venetianer Alpen. Z. D. G. G., Jahrg. 1897, p. 180, pl. V, fig. 3a-c, PL VI 2. Zur Kenntniss der Gattung Joufia. /bid., p.8, Jahrg. 1898, p. 592, figure. 534 H. DOUVILLÉ 6 Juin forme de Radiolites avec arête cardinale bien marquée ; la valve inférieure présentait de nombreux canaux dont la continuité était bien visible sur les sections longitudinales. Les sections transver- sales montraient que ces canaux étaient polygonaux et disposés comme ceux des Mitrocaprina (PI. XIV, fig. 4), avec cette diffé- rence qu'ils affectaient les couches externes ; ils paraissent bien homologues de ceux des Joujia, mais ils sont plus larges, moins nombreux et les lames qui les séparent sont infiniment plus min- ces, de sorte que leur apparence est tout autre, et tout en admet- tant que ces formes soient bien voisines, il nous paraît difficile de les confondre sous le même nom. Un échantillon un peu plus développé que les autres et dont le limbe était visible, nous a fait voir en outre que les canaux bien développés dans le jeune disparaissaient dans l’adulte avant d’at- teindre le limbe qui paraissait alors imperforé. Cette disposition singulière et tout à fait inattendue semblait tout d’abord ne pou- voir être expliquée que par un cas tératologique. C’est à ce moment que notre confrère, M. Toucas, nous signala dans les collections de la Sorbonne une très belle série de fossiles recueillis il y a un certain nombre d'années par notre bien regretté collègue Munier-Chalmas. En l’examinant attentivement nous y retrouvâmes toute une série d'échantillons rappelant d’une manière frappante ceux de la Sierra de Cädi, avec cette différence qu'ils étaient ici complètement dégagés et d’une belle conservation. Les caractères étaient les mêmes que ceux que nous venons d’indi- quer : forme générale de Radiolites, avec arête cardinale ; canaux polygonaux se développant dans les lames externes et occupant tout le limbe dans le jeune âge, maïs. disparaissant dans l’âge adulte. Les figures 1 à 3, de la Planche XIV, mettent bien en évidence ces caractères. Ce que nous avons dit plus haut au sujet du peu d'importance théorique de l'existence ou de la non-existence des canaux, nous empêche de nous étonner outre mesure de leur existence éphémère, mais cette disposition n’en était pas moins très inattendue. Au point de vue générique nous grouperons ensemble tous les Radiolites dont les couches externes sont criblés de larges canaux et nous les désignerons sous le nom de Radiolitella ; mais comme il n’est pas encore prouvé que ces formes à canaux constituent bien un rameau distinct nous donnerons seulement à ce terme la valeur d’une section. Il est en effet possible que les canaux aient apparu à la fois dans des groupes différents. D'un autre côté certaines de ces formes à canaux présentent des 1904 SUR QUELQUES RUDISTES A CANAUX 535 caractères particuliers dans le mode d’ornementation, dans l'insertion du ligament, dans l'existence de gouttières sur le limbe aux points correspondant aux ouvertures du manteau, de telle sorte qu'il pourra arriver que les progrès de nos connaissances nous conduisent un jour à préciser les caractères différentiels d’un groupe nouveau, dans lequel uñe partie au moins des formes pré- sentera des canaux dans les couches externes. Jusqu'à présent ce sont les seuls échantillons de Colle di Medea qui sont entièrement connus et que nous allons décrire d’abord ; les échantillons que nous figurons, et en particulier celui de la figure 1 (pl. XIV), sont pour nous le type de la section Radiolitella. RADIOLITELLA FOROJULIENSIS Pirona. PI. XIV, fig. 1-3. Nous avons fait figurer (PI. XIV, fig. 1a, 1b ) un échantillon dans lequel on peut observer à la fois l'ornementation extérieure et les caractères internes. Caractères externes. — L'échantillon est bivalve : la valve infé- rieure est conique et est ornée de côtes étroites plus ou moins saillantes ayant quelquefois la forme de crêtes épineuses, et sépa- rées par des intervalles plats ; la distance moyenne des côtes d’axe en axe est de 1 millimètre 5. Quand la surface est bien conservée elle est couverte de très fines lignes d’accroissement qui se relèvent en avant sur chaque côte. Un sillon externe indique nettement la position du repli ligamentaire ; du côté opposé on observe deux bandes étroites un peu surélevées formées chacune par la réunion de deux côtes correspondant aux ouvertures du manteau E ets ; au milieu de l’interbande on observe une côte mince et assez saillante. La valve supérieure est déprimée en son milieu, elle présente la même ornementation formée de côtes rayonnantes, croisées par des lignes d’accroissement plus ou moins accentuées et présen- tant souvent des denticules aux points de croisement de ces lignes. On y observe également deux bandes un peu saillantes, corres- pondant chacune à deux côtes un peu plus fortes que les autres; l’interbande présente une côte peu marquée. Le limbe présente sur chaque valve une sorte de dépression en forme de gouttière correspondant aux bandes ; ces gouttières en se réunissant forment deux canaux correspondant chacun à une des ouvertures du manteau ou siphons et permettant l'accès du liquide ambiant, même quand la coquille était fermée. 536 H. DOUVILLÉ 6 Juin Sur les parties visibles du limbe de la valve supérieure on dis- tingue sur les deux valves une série de dépressions nettement délimitées et dont la profondeur n’a pu être déterminée. La valve inférieure était cassée obliquement un peu au-dessus de la pointe, nous l'avons fait polir et avons pu mettre ainsi en évidence toute une série de canaux polygonaux creusés dans les lames externes (PI. XIV, fig. rb) : ces canaux sont régulièrement disposés en quinconce à peu près comme ceux du Mitrocaprina Vidali; ils alternent d'une rangée à la suivante et deviennent plus petits et plus nombreux dans la zone marginale. Leurs ran- gées paraissent plus nombreuses dans la région dorsale que dans la région des siphons. Les gouttières siphonales elles-mêmes cor- respondent à un petit nombre de canaux nettement séparés des autres canaux du limbe: on en distingue habituellement trois principaux et quelquefois d'autres plus petits, qui viennent s'in- tercaler entre les précédents et le bord interne du limbe. De ce même gisement de Colle di Medea, nous avons pu étudier d'assez nombreux échantillons de la valve inférieure complète- ment dégagés. Dans les échantillons de petite taille (PI. XIV, fig.3, gr. 3 fois) le limbe montre les ouvertures des canaux polygonaux dont nous venons de parler et ceux-ci, eux-mêmes, sont souvent complètement vidés de leur gangue ; l'insertion ligamentaire se présente sous la forme de deux légers bourrelets séparés par un sillon et bien visibles sur le bord de la cavité interne de la coquille. Le ligament paraît avoir été peu développé et seulement marginal, car les couches internes recouvrent très rapidement le double bourrelet qui le supporte et sur lequel elles dessinent une échancrure angulaire peu profonde. Les deux gouttières siphonales sont nettement marquées et le fond de chacune d'elles est occupé par 3 grands canaux. La figure 2a représente un échantillon d'un diamètre environ 3 fois plus grand ; le côté antérieur est en parte brisé et montre les canaux habituels: du côté postérieur au contraire le limbe est bien conservé; dans les points où il est intact, il est imper- foré ; quand la lame superficielle a été brisée, on voit au-des- sous les ouvertures des canaux, c’est notamment le cas dans la région des siphons où les gouttières sont assez peu marquées. Les canaux peuvent donc disparaître dans l’âge adulte, ce qui indique seulement que les invaginations du manteau qui leur donnent naissance se sont rétractées. Une valve supérieure isolée d’un diamètre un peu plus petit et qui, par son ornementalion, se rapporte bien certainement à notre 1904 SUR QUELQUES RUDISTES A CANAUX 537 espèce, ne présente aucune trace de dépressions ni de canaux sur le limbe. | D'un autre côté certains échantillons de la même localité qui ont une ornementation très voisine mais cependant pas tout à fait identique, ne paraissent avoir eu de canaux à aucun âge : ainsi un échantillon que nous avons entre les mains présente des brisures qui mettent cette disposition en évidence, et cependant la forme générale et l'ornementation sont les mêmes, on observe les mêmes gouttières siphonales ; la seule différence à signaler est que les deux bandes sont beaucoup plus saillantes et beauconp plus étroites comme si les deux côtes qui les forment étaient presque confondues, eten même temps l’interbande est plus large etprésente 4 côtes espacées au lieu d'une. Il est bien diflicile dans ces conditions d'avoir quelque certitude sur la détermination spécifique de nos échantillons ; deux espèces surtout parmi celles qui ont été figurées par Pirona : présentent une ornementation analogue, Æadiolites Massalongiana (loc. cit., PL. 111, fig. 8-10) et Chama forojuliensis (tbid., PI. x, fig. 13-16): dans cette dernière espèce, les bandes présentent bien la même disposition, l'interbande a également une seule côte ; nous croyons donc pouvoir appliquer à notre forme ce nom spécifique et éviter ainsi au moins provisoirement la création d'un nom nouveau. Gisement. — Munier-Chalmas considérait le gisement de Colle di Medea comme appartenant au Danien inférieur, c’est-à-dire au Maëstrichtien. RADIOLITELLA, Sp. À. n. sp. (PL. XIV, fig. 4 à 6) Si nous revenons maintenant aux échantillons recueillis par M. Roussel à la Sierra de Cadi, nous y retrouverons exactement les mêmes caractères : Forme générale de Radiolites et canaux polygonaux traversant les couches externes; ainsi que nous l'avons déjà indiqué, ces canaux s'arrêtent quelquefois avant le limbe dans les échantillons adultes ; un des échantillons est à ce point de vue tout à fait comparable à celui que nous avons figuré de Colle di Medea (fig. 3). Mais en outre nous avons ici des coupes longitudinales (fig. 5 et 6) qui montrent bien qu'il s’agit de vrais canaux et qu'il ne peut y avoir aucune confusion avec la structure cellulaire prismatique que l’on observe toujours chez les 1. Le Ippuritidi de Colle di Medea nel Friuli (Mem. del Istituto veneto di scienze, etc., vol. XIV, 1869). 538 H. DOUVILLÉ 6 Juin Radiolites ; on ne voit pas trace ici des lignes transversales régu- lières et parallèles qui, dans ces derniers, coupent les prismes et correspondent aux surfaces d’accroissement du limbe. Les échantillons de la Sierra de Cadi sont malheureusement empâtés et leurs caractères spécifiques sont indiscernables : ils ne paraissent pas d'ailleurs appartenir à la même espèce que ceux de Colle di Medea, le mode d'insertion du ligament paraît nota- blement différent. Ils accompagnent dans la Sierra de Cadi l’Hippurites Lapeirousei, et appartiennent ainsi au Maëstrichtien. EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE XIII Fig. 1. — Mitrocaprina Vidali. Valve supérieure grossie 3 fois. La Pobla de Segur. Coll. Vidal. Fig. 2. — Autre échantillon de la même localité. Type de l’espèce. Même grossissement. Fig. 3. — Autre échantillon, jeune. Même grossissement. : Fig. 4. — Fragment d’échantillon montrant l'insertion du ligament et le commencement des lames radiantes du côté postérieur. Mème grossissement. Fig. 5. — Mitrocaprina Vidali. Valve inférieure grossie 1 fois 1/2. Même localité. $ Fig. 6. — Rousselia Guilhoti. Valve inférieure grossie 1 fois 1/2. Même localité. PLANCHE XIV Fig. 1. — Radiolitella forojuliensis grossi 2 fois 1/2. Colle di Medea. Coll. de la Sorbonne. 14. Valve supérieure. 1 d. Section de la valve inférieure. Fig. 2. — Autre échantillon de la même localité. Coll. de la Sorbonne. 2 a. Photographie montrant le limbe de la valve inférieure; les canaux sont bien visibles à gauche dans la portion postérieure qui est brisée, tandis qu'ils ont disparu à droite dans la partie antérieure où ils sont masqués par les dernières couches du limbe. 2b. Valve inférieure du même, vue de côté, pour montrer l’ornementation de la surface externe. Fig. 3. — Autre échantillon de la même localité. Coll. de la Sorbonne. — Les canaux du limbe sont entièrement dégagés de la gangue. Grossissement 3 fois environ. Fig. 4. — Radiolitella sp. de la Sierra de Cadi; échantillon donné par M. Roussel à l'Ecole des Mines. Section transversale grossie 3 fois. Fig. 5 et 6. — Sections longitudinales, un peu obliques, provenant du même gisement. Mème grossissement. . NorTe bE M. Henri Douvillé Bull. Soc. Géol. de France ENS EI EMRNINENPI ME CIT (Séance du 6 Juin 1904) Phototypie Sohier et Cie Champigny-sur-Marne Mitrocaprina et Rousselia »; A Me CL ARE Note pE M. Henri Douvillé Bull. Soc. Géol. de France 4me Série; T. IV; PI. XIV (Séance au 6 Juin 1904) Phototypie Sohier et Cie Champisny-sur-Marne Radiolitella NI RAI 4 LES EXPLORATIONS DE M. DE MORGAN EN PERSE par M. H. DOUVILLÉ. Dans ses voyages en Perse, M. J. de Morgan a donné une atten- tion toute particulière aux observations géologiques ; il a relevé avec le plus grand soin les coupes de ses itinéraires et a même pu dresser un aperçu de la carte géologique de Louristan. Il a rap- porté des matériaux paléontologiques extrêmement considérables et cela au prix de difficultés sans nombre que son énergie lui a seule permis de surmonter. On peut imaginer ce que sont les explorations géologiques dans un pays sans routes, au milieu d’une population hostile, et plus d’une fois l'explorateur a dû faire l’étape à pied, réservant ses mulets pour sauver ses récoltes de fossiles. Des milliers d’Echi- nides ont été déjà étudiés par Cotteau et par M. Gauthier. De notre côté nous venons d'achever l’étude des Mollusques et des principaux Foraminifères, provenant du Carbonifère, du Juras- sique et du Crétacé ; il reste encore à examiner une série de Polypiers et de nombreux fossiles tertiaires. Le premier voyage de M. de Morgan a duré de 1889 à 1891, et lui a permis d'explorer le nord de la Perse et le Louristan; en 1898, il a visité les environs d’Ispahan (Soh). le pays de Baktyaris et de nouveau le Louristan. Enfin tout récemment, en 1903, il a encore traversé le Louristan et fait de nouvelles récoltes de fos- siles dont l'étude n’est pas encore achevée t. 1° CARBONIFÉRIEN Au nord dans la chaîne de l’Elbours affleurent les niveaux infé- rieurs (Dinantien) avec Productus pustulosus, Pr. punctatus, Pr. senureticulatus, Spirifer striatus et grands Syringothyris cuspidata, rappelant par leur taille les échantillons du Sud- Oranais. 1 Ces derniers fossiles viennent de nous être communiqués en juillet 1904 pendant l'impression de cette note ; nous n’avons pu que les examiner très rapidement ; ils nous ont cependant permis de rectifier l’âge que nous avions précédemment attribué hypothétiquement aux couches à Loftusia persica. 540 H. DOUVILLÉ | 6 Juin Dans le centre, près de Soh, la faune a au contraire des affinités incontestables avec celle des calcaires à Productus du nord de l'Inde: Spiriferina cristata, Eumetria indica, Productus myti- loides, ete. La seconde de ces espèces se rencontre dans la zone moyenne des calcaires à Productus, et comme les Ammonites caractéristiques du Permien inférieur ne se montrent que dans la zone supérieure, cette zone moyenne vient se placer sur le niveau de l’Ouralien. Les couches du sud-ouest, (pays des Baktyaris) sont plus com- plexes et plus variées, mais leur faune appartient aussi à ce der- nier horizon. Le niveau le plus intéressant est constitué par des calcaires noirs avec fossiles silicifiés dans lesquels on rencontre de nombreuses Fusulinella (principalement F. sphærica) et ces curieux Spongiaires pour lesquels M. Steinmann a proposé le genre Amblysiphonella. La première de ces formes indique le prolonge- ment des couches à F. sphærica d'Arménie où les fossiles sont également siliceux. Quant à la seconde elle se retrouve à la fois dans les calcaires à Fusulines (Ouralien) des Asturies et de la Carinthie et dans la zone moyenne des calcaires à Productus de l'Inde, qui représente le même horizon. La continuité des dépôts ouraliens se trouve ainsi établie depuis l'Atlantique jusqu’au golfe du Bengale. Les Productus striatus, Pr.helicus et Spirifer lineatus rappellent des formes de Djoulfa ; enfin des calcaires gris à Lons- daleia et Spirigerella grandis représentent le faciès récifal de la même zone moyenne des calcaires à Productus. Un autre niveau, peut-être plus élevé, est surtout riche en Br0- zoaires ; il a fourni une espèce de Pseudophillipsia analogue aux espèces du Permien inférieur de Sicile; ce genre a également été signalé à Sumatra. 20 TERRAINS JURASSIQUES. Il n’ont été observés que dans la région du Nord (Elbours) et la série des couches paraît y être complète. A la base se trouvent les couches à végétaux dont la faune est déjà partiellement connue et qui sont constituées par des calcaires et des marnes sableuses de dureté variable. M. de Morgan à recueilli dans la partie haute de ce système des Ammonites du Lias moyen (Grammoceras normantianum), du Lias supérieur (Gr. fal- laciosum) et du Bajocien inférieur (Ludwigia Murchisonæ). Le Callovien est indiqué par le Perisphinctes curvicosta, et l’'Oxfordien par l’Ochetoceras canaliculatum. Enfin le Jurassique supérieur paraît représenté par des calcaires lithographiques avec - 1904 LES EXPLORATIONS DE M. DE MORGAN EN PERSE 41 Perisphinctes. Ces observations de M. de Morgan, viennent com- pléter celles qui ont été faites dans la même région par Stahl; des couches analogues à celles de la partie inférieure de la coupe ont été signalées plus à l'ouest, près de Kaswin et du lac d'Ourmiabh, par Rodler et Pohlig, et les fossiles en ont été étudiés par Weïthofer et von dem Borne. Les couches à végétaux de la base rappelient les couches bien connues de Steierdorf, au-dessus desquelles on rencontre également des fossiles du Lias supérieur : des dépôts analogues s’observent aussi à Madagascar. II est intéressant de signaler que la continuité des dépôts avec ceux des régions voisines est aussi marquée pour la période juras- sique que pour le Paléozoïque. 30 TERRAINS CRÉTACÉS Albien de l’'Elbours.— Le Crétacé paraît assez peu développé dans la région de l'Elbours explorée par M. de Morgan : il est repré- senté par des calcaires à Orbitolines et à Rudistes. Les premiers de ces fossiles rappellent ceux des couches à Polyco- nites Verneuili de Vinport et de La Clape. Parmi les seconds un Radiolite dont nous figurons la coupe, reproduit exacte- ment la disposition caractéristique du S Præradiolites Davidsoni,qui a été trouvé dans le Vraconien du Texas. Tout sem- ble donc indiquer que ces couches repré- ke £ Ne sentent un faciès littoral de l’Albien. Fig. 1. — Præradiolites Davidsoni, de Bende-Puri- - ; En 4 A) = Û a Re ad 0 Aptien de Soh Au centre dans la Ro dites région de Soh, M. de Morgan a recueilli ouvertures du manteau; des fossiles indiquant le passage de V, pli pédieux; L, arête l'Aptien à l’Albien, Parahoplites Mel- ligamentaire. chioris, signalé par Anthoula dans le Nord-Ouest de la Perse, Rhynchonella sulcata, Terebratella Astieri. Aptien et Albien du Louristan. — Dans la région du Sud-Ouest, Louristan et pays des Baktyaris, le Crétacé prend un développe- ment très considérable ; les couches y forment une série de plis réguliers rappelant ceux du Jura et dirigés du nord-ouest au sud-est. Leur succession est la suivante : A la base on distingue d'abord l’Aptien bien caractérisé par l'Acanthoceras Cornueli, et représenté par des calcaires grossiers \ 042 H. DOUVILLÉ 6 Juin de couleur noirâtre. Au-dessus viennent des calcaires compacts gris bruns représentant les couches d'Ootatour de l'Inde ; ils présentent à la base une faune vraconienne caractérisée par Puzosia Denisoni, P. Stoliczkai, Turrilites Bergeri et au sommet une faune cénomanienne avec nombreux Acanthoceras (Mantelli, vicinale, laticlavium, Gentoni, rothomagense, Cunningtoni sarthacense) et des Echinides appartenant aux genres Pseuda- nanchys, Hypsaster, Hemiaster, Discoidea. Ici encore les couches de Perse viennent relier l'Europe à l'Inde; elle rendent incontestable la continuité de la Mésogée au travers de l’Asie entre l’Europe et l’Inde. Parmi les fossiles que nous venons de citer, le Puzosia Denisoni décrit d’abord par Stoliczka dans la « Palæontologia indica », ne nous paraît pas diflérer spécifi- quement du P. Alimanestianui de la Roumanie, ni du Desmo- ceras Kamerunnense de la Côte d'Afrique ; c’est une espèce qui aurait ainsi une très grande extension. Turonien et Sénonien ? des Bakty aris.— Les calcaires à Rudis- tes du pays des Baktyaris ont un caractère tout aussi franchement mésogéen et ont fourni un assez grand nombre d'espèces caractéris- tiques du Turonien de l’Aquitaine : Præradiolites ponsianus, Pr. Trigeri, Radiolites Peroni, Biradiolites lombricalis. Quelques autres formes paraissent indiquer un degré d'évolution plus avancé et seraient peut-être Sénoniennes, par exemple un Biradiolite à bandes plates et à test largement lamelleux :. Maëstrichtien des Bakty aris. — Nous avons également décrit * sous le nom de Polyptychus Morgani un Rudiste très curieux provenant de la même région : la valve inférieure a des canaux analogues à ceux des Caprinula, tandis que la valve supérieure rappelle celle des Plagioptychus, mais la disparition du ligament indique un type plus évolué. C’est dans ce même système de couches que se rencontrent en abondance ces Foraminifères singuliers rapportés autrefois par Loftus et décrits par Carpenter et Brady sous le nom de Loftusia persica. Ils ressemblent à de gigantesques Alvéolines dont la longueur et le diamètre peuvent atteindre respectivement 80 et 25 millimètres; ils sont bien fusiformes et enroulés en spirale comme les Alvéolines, mais le test est sableux et réticulé 1. Mission scientifique en Perse, par J. de Morgan, t. IL, Paléontologie, p. 248, pl. XXXIII, fig. 11 (Deuxième partie, sous presse). 2. H. Douvicré. Sur quelques Rudistes à canaux. B. S. G. F. (4), IV, p. 520. — Mission scientifique, etc., p. 248, pl. XXXIII bis. 1904 LES EXPLORATIONS DE M. DE MORGAN EN PERSE 543 et les loges ne sont pas divisées transversalement ; en outre les cloisons sont beaucoup plus obliques et traversées par des perfo- rations nombreuses et irrégulières '. Nous avions considéré les couches à Polyptychus Morgani et à Loftusia persica comme plus récentes que le Turonien, maïs, en l'absence de toute indication stratigraphique, nous les avions fait remonter seulement dans le Santonien; or il résulte d’observa- tions faites par M. de Morgan en 1903 dans le Louristan et commu- niquées tout récemment (juillet 1904), que ces couches sont en réalité beaucoup plus récentes et appartiennent au Maëstrichtien inférieur, comme nous le verrons plus loin. Campanien et Maëstrichtien du Louristan.— Dans le Louristan, le Campanien est représenté par des couches marneuses dont la richesse en fossiles est vraiment extraordinaire : ce sont principa- lement des Echinides dont M. de Morgan a pu recueillir des mil- liers d'échantillons. Ils ont été étudiés par Cotteau et M. Gauthier ?, qui ont pu y distinguer 30 genres et 57 espèces ; ces dernières sont toutes nouvelles, mais l'ensemble de la faune rappelle tout à fait celle de la craie supérieure dans le Nord de l’Afrique. Nous signalerons les Hemipneustes plus voisins des formes du Campanien inférieur que de celles du Maëstrichtien, et le curieux genre /raniaster, dans lequel on pourrait voir un Holastéridé dont l'appareil apical est devenu compact ; il est très largement repré- senté et a fourni 5 espèces distinctes. Les Mollusques des couches à Oursins sont moins largement développés, mais ils présentent cependant quelques formes inté- ressantes. Nous citerons le Sphenodiscus acutodorsatus de la Craie supérieure du Bélouchistan, le Postrichoceras (Turrilites) polyr- plocum si répandu dans la craie supérieure d'Europe, le Biradio- lites austinensis, représenté dans toute la Mésogée depuis le Texas. Nous avons attribué aux Vulsellidés un singulier fossile, cordi- forme et remarquable par les fissures étroites qu’il présente dans la région postérieure. À cette occasion nous avons dû passer en revue les formes qu'on peut attribuer à cette famille. On sait que les Vulselles sont des coquilles voisines des Avicules, mais qui, au lieu de se fixer par un byssus, vivent à l’intérieur des éponges ; la coquille estéquivalve ; elle èst bâillante dans la région postérieure 1. Mission scientifique en Perse, par J. de Morgan, tome III, Paléontologie (Deuxième partie), p. 251, pl. XXXIIL, fig. 12 et 13, et pl. XXXIV. 2. Mission scientifique en Perse, tome III, Paléontologie, première partie. H. DOUVILLÉ 6 Juin 54% où se trouvent les orifices d'entrée et de sortie du courant alimen- taire et respiratoire. Dans certaines formes de l’Eocène (fig. 2, 3 et 4) les bords de ce bâillement de la coquille présentent des expansions lamelliformes ou dentiformes plus ou moins déve- loppées. Dans le terrain crétacé les Chalmasia, Nayadina, Heligmopsis ont une coquille plus ou moins ostréiforme ; mais il estimpossible de les confondre avec les Ostréidés parce que le caractère essen- tiel de ces derniers est d'être fixés par la valve gauche et que dans les formes que nous venons de citer les valves Sont toujours subégales et dépourvues de toute trace de fixation ; en outre dans les exemplaires bien conservés il n'est pas rare de reconnaître des indices nets de la nature nacrée des couches du test. Enfin bien que les coquilles ne soient pas ordinairement bâäillantes postérieurement, on observe souvent des expansions parti- culières du test dans cette ré- gion. Ces diverses formes doi- vent donc être rangées dans les Vulsellidés. C'est encore dans la même famille qu'il faut placer les Æe- ligmus du terrain jurassique ; sans doute le test est ostréi- forme, mais aucune des valves 2 3 4 Fig. 2. Vulsella legumen, du Nummuli- tique d'Egypte. — Fig. 3. Vulsella Jfalcata duNummulitique de Biarritz ; — Fig. 4. Idem, race persica de l'Eo- cène moyen de Soh (Perse). n’est fixée ; dans certains échan- tillons bien conservés du Callo- vien de Neufchâteau les couches internes ont encore un éclat presque nacré; enfin, nous retrou- vons ici le bâillement postérieur des Vulsellidés avec des bords qui sont quelquefois plus profondément découpés que dans les formes tertiaires. Nous reproduisons ci-contre (fig. 5) un curieux exemplaire de Bandol qui présente de profondes fissures dans cette région de la coquille. Si nous revenons maintenant au fossile de Perse qui a nécessité cette étude (fig. 6), nous serons frappé de l’analogie que présen- tent les singulières fissures de la région postérieure avec celles des 190/4 LES EXPLORATIONS DE M. DE MORGAN EN PERSE 545. Heligmus ; Yune de ces fissures est même bifurquée. Par contre, la forme est beaucoup plus régulière, la coquille est cordiforme et toute la surface est couverte de petites écailles demi-cylindriques et régulièrement distribuées ; on retrouve du reste une ornemen- tation analogue, quoique moins accentuée, dans certaines formes de la craie de Tunisie décrites par M. Peron sous le nom de Nayadina. Une section transversale d’un des échantillons de Perse montre à l'extérieur une couche mince d’écailles dressées rappe- lant celles de certaines Pinna, et au-dedans, des lames internes très espacées et une lame myophore en saillie. Nous proposons pour cette forme la section des Pseudoheligmus *. Fg. 5. Heligmus polytypus de Bandol. — Fg. 6. Pseudoheligmus Morgani, du Louristan (schéma des fissures postérieures). Dans les mêmes couches les Spondyles sont très abondants ainsi que les Plicatules représentées par Plicatula hirsuta, si fréquent dans le Crétacé supérieur de l’Algérie. Les Ostréidés présentent comme toujours un intérêt particulier et nous en avons fait une étude spéciale : on sait que dans ces coquilles le test a une structure toute particulière due probablement à la disparition del'impression palléale, les lames internes traver- sent tout le test et viennent former la surface externe de la coquille, tandis que les couches externes proprement dites, caractérisées comme toujours par leur structure prismatique, se réduisent à une masse de remplissage, blanche et d'apparence spongieuse dans les 1. Mission scientifique, t. II (Deuxième partie), p. 258, PL XXX V, fig. 3, 4,5. 12 Décembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 35. 546 H. DOUVILLÉ 6 Juin formes actuelles, qui vient s'intercaler entre les lames internes, dans la zone marginale. L'origine des Ostréidés est encore bien obscure ; jusqu’au Trias les formes sont rares et mal connues; elles ne commencent à se développer qu’à partir du Lias, et dès l’origine elles présentent comme caractère essentiel d'être toujours fixées par la palve gauche, tandis que les autres Dysodontes sont couchés sur la valve droite (Avicula, Pecten) ou fixés par cette valve(Plicatula, Spondy lus). Les formes anciennes telles que l'Ostrea Sublamel- losa de l'Infralias, ont les deux valves lamelleuses subégales, non plissées et on peut suivre le développement de ce groupe dans toute la succession des terrains secondaires. Ce n’est que tout au sommet des terrains crétacés que l’on voit apparaître le genre Ostrea proprement dit (type ©. edulis) caractérisé par une valve inférieure plissée et une valve supérieure lamelleuse. Pour con- server à ce genre sa valeur paléountologique, il faut en séparer les formes plus anciennes pour lesquelles nous proposons le genre Liostrea' (type ©. Subiamellosa Dunk.)dans lequelles deux valves, sont lamelleuses ; c'est à ce genre qu appartiennent par exemple les OÔ. acuminata et Sowerbyi du Bathouien, l'O. deltoidea du Kimé- ridgien, l'O. expansa du Portlandien, l'O. Leymeriei de l'Aptien. Les Liostrea vivent à une profondeur faible et doivent être considérées comme la souche des Ostréidés ; elles donnent nais- sance d’un côté dans les eaux profondes aux Liogryphea (arcuata, cymbium, dilatata) et aux Pycnodonta (vesiculosa, vesicularis, cochlear) et de l’autre sur le rivage même aux Gryphea (eyathula, longirostris, crassissima, virginica, angulata) ; les formes symé- triques comme les ZLopha (flabelloides, gregarea) et les Alec- tryonia (carinata, Zeilleri) paraissent avoir un habitat assez étendu verticalement; quant aux Exogyra elles accompagnent ordinairement les ZLiogryphea et les Pycnodonta. Ce sont les Lopha et les Exogyra qui sont les plus répandus dans le Campanien de la Perse; Lopha dichotoma y atteint une taille considérable, et est quelquefois accompagné d’une forme nouvelle de Lopha deltoïde et quelquefois falciforme (L. Morgan, L. cristata*) ; on y recueille en outre Alectryonia Zeilleri, Pycno- donta vesicularis, Exogyra M!atheroni, Ex. laciniata. 1. Mission scientifique, t. III (deuxième partie), p. 273. Un lapsus a fait imprimer ©. lamellosa au lieu de O. Sublamellosa. 2. Mission scientifique, t. III (deuxième partie), p. 275, 256, pl. XXXWI, fig. 1 à 5 et 8 à 15. 1904 LES EXPLORATIONS DE M. DE MORGAN EN PERSE 547 Les couches à Cérites qui viennent au-dessus sont très inté- ressantes : leur faune caractérisée par l'abondance des Cérites et des Mélaniens, présente au premier abord une apparence tertiaire, mais c'est une simple question de faciès et nous avons en réalité affaire à un dépôt peu profond qui s’est formé dans des conditions analogues à celles qui ont présidé à la formation du Calcaire grossier parisien ou des couches de Ronca, mais à une époque un peu plus ancienne, à la fin des temps crétacés. Parmi les Mollusques, les Gastropodes sont les plus abondants; bien que la conservation des échantillons laisse souvent à désirer, et qu'en particulier l'ouverture soit rarement conservée, il est cependant possible, dans un grand nombre de cas, de suppléer à l'absence de ce dernier caractère par une étude attentive des lignes d’accroissement. Par leur abondance et leur variété, les Cérites méritaient une étude spéciale ; la forme de l'ouverture, soit observée directement, soit indiquée par les lignes d’accroissement, permet de les distin- guer en Cérithidés dans lesquels le labre est légèrement concave sur le côté et en Campanilidés dans lequel le labre est fortement oblique d'avant (à droite), en arrière (à gauche) et se recourbe seu- lement en avant dans le voisinage de la suture. Le canal, comme l’a très bien montré M. Cossmann, est un caractère purement évolutif et il se développe progressivement dans la série des temps ; l’orne- mentation au contraire est bien plus constante et permet d'établir des groupes naturels. Aïnsi il est possible de distinguer dans les formes de Perse : les Procerithium ornés de cordons spiraux perlés avec intercalation de cordons plus fins et présentant un petit nom- bre de varices, — les Potamides dépourvus de varices et n'ayant le plus souvent que 3 cordons perlés, — les Lampania, Pirenella, Orthochetus, — les Cerithium ayant de nombreux cordons spiraux de grosseur inégale croisés par de grosses côtes longitudinales (parallèles à l'axe, axiales de M. Cossmann), —les Pyrazus (groupe du C. angulatum), — les Terebralia reproduisant l'ornementa- tion du C. palustre, — les Semivertagus, etc. Les Campanilidés ont comme nous l'avons vu un labre de forme bien particulière ; ils n’ont jamais de varices externes, mais ils présentent souvent à l’intérieur, à la columelle et au plancher, plusieurs cordons spiraux (2 ou 3) et quelquefois des tubercules variciformes soit au plancher, soit au plafond des tours; ceux-ci ont toujours une section carrée. Ce groupe commence au moins dans le Jurassique (C. Circe, C. unitorquatum), se poursuit dans 548 H. DOUVILLÉ _ 6 Juin le Crétacé (C. Vilanovæ, C. trimonile, C. ornatissimum,, C. bel- gieum). Il paraît avoir atteint le maximum de son développement dans la Craie supérieure du Louristan où il est représenté par cinq espèces dont quelques-unes atteignent presque la taille des formes de l’Eocène. Les formes sont moins nombreuses et moins variées dans ce dernier terrain et on sait qu'une seule espèce a persisté à l'époque actuelle, le C. læve, de la Nouvelle-Hollande, dépourvu de varices internes, n'ayant plus que le cordon spiral habituel des Cérites, mais ayant conservé la forme caractéristiqne du labre. Les Mélaniens sont presque aussi fréquents que les Cérites et la distinction des deux groupes n’est pas toujours facile : la considé- ton du canal n’est pas suffisante, certains Cérites ont un canal à peine marqué, tandis que celui-ci est très développé dans quel- ques Mélaniens. L’observation montre que dans ces derniers l’ornementation varie beaucoup plus avec l’âge de la coquille que dans la famille précédente : dans le jeune âge elle fournit souvent des caractères nets ; ainsi, certains Pirena ont, dans l’âge adulte, la forme et l’ornementation des Pyrazus, ce qui les a fait quelque- fois confondre avec ces derniers, mais l’ornementation du jeune est très distincte dans les deux genres; dans ce dernier elle res- semble à celle de l'adulte tandis que dans les Pirena elle est formée de côtes linéaires rapprochées et obliques. C’est ainsi que les Melania vulcanica, M. stillans nous paraissent devoir plutôt être rapprochés des Cérites, tandis que 4/. Cuvieri est bien un Pirena. Nous avons établi sous le nom d’/rania : un genre nouveau ayant pour type une espèce de l'Inde, Vicarya fusiformis Hislop. Ce genre comprend des coquilles pupoïdes, voisines des Campy- 1osty lus (Melanopsis galloprovincialis, de la Craie supérieure de Provence), maïs s’en distinguant par une columelle fortement tor- due et par une échancrure très profonde au labre ; l’ornementation est généralement plus accentuée et formée de cordons spiraux, lisses ou tuberculés ; Oldham a déjà indiqué que le nom de Vicarya ne peut être appliqué à ce groupe. Les /rania très abon- dants dans les couches à Cérites du Louristan caractérisent dans l’ouest de l’Inde les couches de Rajamandri dont l’âge est resté longtemps incertain, et qui doivent ainsi être mises sur le niveau des couches à Cardita Beaumonti de l’est. 1. Mission scientifique, t. IL (deuxième partie), p. 319, pl. XLIV. 1904 LES EXPLORATIONS DE M. DE MORGAN EN PERSE 549 L'échancrure du labre rapproche les Zrania des Omphalia, mais le canal antérieur et la torsion de la columelle les en distingue facilement. Les Hantkenia sont aussi abondants dans les mêmes couches ; ils rappellent les Coptostylus de l’Eocène inférieur qui ont dans le jeune âge une ornementation analogue, mais deviennent lisses dans l'adulte. Les Turritellidés sont représentés par plusieurs espèces: il paraît rationnel de restreindre cette famille aux formes qui ont une columelle virtuelle ; une de ces espèces paraît se retrouver dans le Bélouchistan où elle a été décrite comme MVerinea quettensis ; la forme des lignes d’accroissement est très caractéristique des Turritelles et ne permet aucune confusion avec les Nérinées. Les Mesalia nous semblent mieux placés dans les Pseudoméla- niidés ; ils sont représentés par une forme qui ne nous a pas paru pouvoir être distinguée de M. fasciata de l'Eocène. Les Paryphos- toma avaient déjà été signalés dans le Crétacé de l'Inde, par Stoliczka. Les Littorinidés sont abondants dans les couches à Cérites du Louristan ; on sait qu'ils sont souvent difliciles à distinguer des Turbo, mais d'ordinaire on peut les reconnaître au méplat que présente la columelle. Les Nérites présentent un développement tout à fait excep- tionnel au point de vue de la taille et de l’'ornementation. Elles appartiennent au groupe de la Verita rugosa du Maëstrichtien pour lequel d’Archiac avait proposé le nom d'Ofostoma; maïs ce nom fait double emploi avec celui d’'Otostomus Beck, plus ancien (1835) et ne peut être conservé, comme l’a indiqué M. Peron ; celui-ci a proposé de les comprendre dans le genre Verita ; mais les dents columellaires sont bien plus développées, elles garnis- sent toute la columelle, ce qui ne se présente pas dans ce genre ; en outre, ce groupe est surtout développé dans le Crétacé, depuis le Cénomanien (Desmieria nodosa), et paraît représenter les ancêtres des Velates. Il semble donc nécessaire de distinguer ce groupe de formes, pour lesquelles M. Bayle avait proposé (in coll.) de prendre le nom de Desmieria (type N. rugosa). C'est du D. Pouechi du Maëstrichtien des Pyrénées que se rapprochent sur- tout les formes de Perse, mais elles atteignent une taille bien plus considérable et dans l'adulte l'ornementation s’accentue beaucoup plus et est formée exclusivement, de gros tubercules. A 550 H. DOUVILLÉ 6 Juin Les Opisthobranches sont représentés par des Ringicula, qui rappellent par leur forme et leur taille les Avellana de la Craie inférieure. | Les Lamellibranches sont plus rares : on peut signaler une Cyrena rappelant C. Gravesi du Nummulitique, Corbis ellipüca des couches de Rajamandri, Crassatella austriaca de Gosau et surtout Venericardia Beaumonti. caractéristique du Crétacé supé- rieur dans l'Inde extra-péninsulaire. Nous citerons également une espèce de Chama rappelant les formes de Gosau et celles du Bélouchistan. M. de Morgan a recueilli dans le voisinage des couches à Cérites. l’Hippurites cornucopiæ, qui accompagne habituellement les Orbitoides et les Omphalocy-clus et nous avions supposé d'abord que ce fossile provenait de ces couches; de nouvelles observations ont montré qu'il était un peu plus ancien et appartenait aux couches à Loftusia persica. Enfin nous signalerons la première apparition du genre Ostrea (s. str.), représenté par une forme voisine de l'O. suessontiensis ; les Brachiopodes sont rares et représentés. par Terebratulina gracilis, forme caractéristique du Campanien supérieur. Les Foraminifères sont représentés par deux formes intéres- santes : d’abord l'Omphalocyclus macropora (désigné ordinaire- ment et à tort comme Orbitolites) qui se rencontre toujours au niveau du Maëstrichtien et qui accompagne ordinairement les Orbi- toides, à Maëstricht, dans les Pyrénées (race disculus), en Transyl- vanie, et dans le Bélouchistan où elle se rencontre également avec Venericardia Beaumonti. Nous avons indiqué précédemment : que les Omphalocyclus étaient perforés et devaient ainsi être rappro- chés des Orbitoïdes et non des Orbitolites. La seconde forme ressemble beaucoup à une Alvéoline et en parti- culier à l’Alpeolina larva Defr. (= 4. elongata d'Orb.) du Luté- cien moyen. Mais elle est beaucoup plus grande et atteint 45 millim. de longueur pour un diamètre de 8 millim. ; une préparation en coupe mince montre que le test est sableux .et. réticulé, c’est donc une Loftusia qui se distingue de Z. persica par ses dimensions plus petites et sa forme plus grêle ; nous lui avons donné le nom de L. Morgani *. Les éléments du test sont aussi plus grossiers que dans la première espèce, de sorte que les caractères internes sont plus difficiles à préciser. Toutefois il semble que les ouver- tures des loges sont disposées sur une seule rangée, tout contre 1. B-1S. G F0); IL, p.307. 2. Mission scientifique, tome III (deuxième partie), p. 367, pl. 4, fig. 31 à 35. 1904 LES EXPLORATIONS DE M. DE MORGAN EN PERSE 551 la spire précédente ; en outre dans les échantillons un peu usés on distingue des eloisons perpendiculaires à l'axe comme dans les Alvéolines ; la Z. Morgani paraît ainsi se rapprocher notable- ment de ce dernier genre. Il semble donc bien que la nature du test calcaire ou sableux n’est pas un caractère de première impor- tance, pas plus que la disposition réticulée du test. Cette texture a pour but d'économiser la substance sécrétée et nous avons déjà signalé un grand nombre d'exemples de cette loi d'économie. qui permet à l’animal de croître plus vite ou d'atteindre une plus grande taille avec une moindre dépense. Tout récemment (juillet 1904) M. de Morgan, de retour d’un troisième voyage d'exploration, nous a communiqué de nouveaux échantillons recueillis dans le Louristan à Zardalal, à une quaran- taine de kilomètres à l’ouest du Kouh Mapeul, et à 60 kilomètres environ (à vol d'oiséau) au sud-est de Kirmanchahan. M. de Morgan a retrouvé en ce point les couches à Loftusia persica et Polyptychus, renfermant en outre l'Hippurites cornucopiæ, un Lapeirousia voisin de L. Jouanneti et le Desmieria rugosa de Maëstricht ; ces assises sont immédiatement recouvertes par les couches à Cérites avec Loftusia Morgani et Omphalocyclus macropora ; les premières doivent donc être attribuées au Maëstrichtien inférieur, tandis que les secondes représentent le Maëstrichtien supérieur : le genre Loftusia se trouve ainsi exclusi- ment dans le Maëstrichtien, et les couches à L. persica paraissent devoir être rattachées aux couches à Echinides, dont elles repré- sentent vraisemblablement la partie supérieure. Ces observations nouvelles viennent confirmer et préciser l’âge que nous avions indiqué dès l’origine pour les couches à Echinides et pour les couches à Cérites : les premières sont bien campa- ‘niennes, les couches à Z. persica avec Hippurites cornucopiæ, Lapeirousia et Desmieria rugosa auxquels il faudrait peut-être joindre Sphenodiscus acutodorsatus et Bostrichoceras poly plocum représentent le Campanien supérieur ou, ce qui est la même chose, le Maëstrichtien inférieur, tandis que les couches à Cérites avec Loftusia Morgani. Omphalocyclus macropora et Terebratulina gracilis viendraient se placer tout en haut du Maëstrichtien. La présence de l'Ornithaster Douvillei pourrait même indiquer que ces couches s'élèvent jusqu'au Danien. La présence dans ces couches du Cardita Beaumonti permet de les paralléliser avec les couches à Orbitoides de l'Inde, tandis que l'abondance des /rania lesrapproche des couches de Rajamandri. 552 H. DOUVILLÉ 6 Juin Résumé des explorations de M. de Morgan (1889-1903) CENTRE DE LA. PERSE (Son) NoRD DE LA PERSE LoURISTAN ET BAKTYARIS Couches à Cérites avec Loftusia Morgani, Om- | phalocyclus macropora, Terebratulina gracilis, Ornithaster. Couches à Loftusia per- INF. sica, Hippurites cornu- copiæ, Lapeirousia, Po- lypbrchus Morgani. MAESTRICHTIEN Couches à Échinides avec Sphenodiscus acutodor- CAMPAN. satus, Turrilites poly- plocus, Hemipneustes, Iraniaster. Partie supérieure des cou- SANTON. ches à Rudistes ? Couches à Rudistes avec Præradiolites ponsianus TURONIEN P.Trigeri, Radiolites Pe- roni, Biradiolites lom- bricalis. Couches à Acanthoceras (Mantelli, laticlavium, CÉNOMAN. Gentoni, rothomagense) avec Pseudananchys , Hypsaster, etc. Calcaires à Orbi- Partie inférieure des cou- , tolines avec Præ- ches à Ammonites avec . VRAGON. radiolites David- Puzosia Denisoni, Tur- soni. rilites Bergeri. Couches à ALBIEN. Parahoplites Melchioris. Marnocalcaires à Acan- APTIEN. u : thoceras Cornueli. 1904 LES EXPLORATIONS DE M. DE MORGAN EN PERSE 553 Résumé des explorations de M. de Morgan (1889-1903) /Suite) CENTRE DE LA NORD DE LA PERSE LOURISTAN ET BAKTYARIS PERSE (Son) k È Calcaires lithogra- JURASSIQUE ; à . phiques à Peris- SUP. ; phinctes. Calcaire à Ocheto- OxFoRDIEN.| ceras canalicula- tum. Calcaire à Peris- phinctes curvi- costa. CALLOY. BATHON. ? B Couches à Lioce- N. : ACTE ras Murchisonæ. Couches à Gram- moceras fallacio- sum. Lras. Couches à Gr. nor- manianum. Couches à végé- taux. Couches à | Calcaires à Fusulinella OURALIEN. Eumetria | sphærica, Amblysipho- indica. nella, Pseudophillipsia. Calcaires à Pro- ductus et Syrin- gothyris cuspi- data. DINANTIEN. On voit que les formations de la Perse à l’époque de la Craie supérieure viennent comme aux époques plus anciennes relier les couches de l'Inde à celles de l'Europe. La Thetis comme la Mésogée se sont librement développées de l’ouest à l’est, et c’est seulement à une époque relativement récente que la Méditerranée s’est arrêtée à la mer Egée. SUR LA FIXITÉ DE L'ESPÈCE ET LE TRANSFORMISME par M. V. RAULIN La publication, en 1897. d’un « Essai de Paléontologie philoso- phique » par M: Albert Gaudry, m'amena à m'occuper du trans- formisme et à écrire quelques pages que j'adressai à l’auteur. Deux ans plus tard, en 1899, M. Van den Brœck ! m'adressa sur ce sujet une brochure au sujet de laquelle j'écrivis aussi quelques pages que je lui communiquai. — C’est une coordination des deux notes que je soumets aujourd'hui à la Société. Il y a un siècle, à la naissance de la Paléontologie, la croyance à la fixité de l'espèce, décrétée par Moïse, paraissait confirmée par les recherches de Lamarck sur les Invertébrés (1803) et par celles de Cuvier sur les Vertébrés (1804). On ne la discutait pas, les idées de transformisme n'ayant encore pu prendre naissance. Il y a un demi-siècle, en r850, un paléontologiste auquel on ne refusera pas l’épithète de grand, Alcide d’Orbigny *, écrivait : « Lorsque nous trouvons dans deux étages qui se suivent immédiatement des espèces qui se ressemblent, nous commençons par les étudier comparativement dans tous leurs détails zoolo- giques, pour nous assurer si elles sont identiques ou différentes... Quelquefois, en comparant ces espèces, nous les trouvons parfai- tement identiques, et nous les réunissons en les indiquant dans les deux étages successifs (ce sont toujours des exceptions); mais, le plus souvent, ces rapports de formes, que nous avions cru reconnaître au premier apercu, disparaissent par l'analyse et sont remplacés par d'excellents caractères distinctifs, constants ; alors nous devons nécessairement séparer ces espèces sous des noms différents... « Lorsqu'on voit toutes les formes spécifiques bien arrêtées avoir des limites fixes dans les étages et appartenir à un seul, on doit croire que ce sont nos moyens de distinction qui sont insuf- fisants pour trouver les différences entre ces deux espèces d’épo- ques éloignées qui se ressemblent... 1. VAN DEN Brœox. Ann. Soc. R. malacologique de Belgique, XXXIII et XXXIV, 1898-1899. 2. À. D'ORBIGNY. Prodrome de Paléontologie, 1850 Vol. I, p. xxxvir. ne ; 1904 SUR LA FIXITÉ DE L'ESPÈCE ET LE TRANSFORMISME 599 , « Nous poussons encore beaucoup plus loin nos conclusions. Si nous trouvions dans la nature des formes qui, après l'analyse la plus scrupuleuse, ne nous offriraient encore aucune différence appréciable, quoiqu'’elles fussent séparées par un intervalle de quelques étages (ce qui n'existe pas encore) nous ne balancerions pas un instant à les regarder néanmoins comme distinctes ». Et ce principe je l’adopte sans réserve parce que ces seconds individus au lieu de descendre des premiers par filiation directe seraient dus à une nouvelle création distincte. La fixité de l’espèce semblait plutôt corroborée, comme on le verra plus loin, par les publications de M. Albert Gaudry, « Les Enchaînements du monde animal dans les temps géologiques, Mammifères tertiaires », en 1877, « Les ancêtres de nos animaux dans les temps géologiques », en 1888, par celle du « Transfor- misme » de M. Edmond Perrier cette même année. Mais en 1897 M. A. Gaudry a repris la question et a semblé abandonner la fixité en disant dans son « Essai » : « Lorsque l’on croyait les espèces immuables, indépendantes de celles qui les avaient précédées, on n'avait pas à s'inquiéter de leur dévelop- pement. Aujourd’hui, non seulement nous admettons les change- ments des espèces... La Nature, bien loin d’être un composé d'êtres immobiles échelonnés les uns au dessus des autres dans des étages successifs, est un composé d'êtres toujours en mou- vement * ». Pour admettre et prêcher la non-fixité de l’espèce et le translor- misme, ne faudrait-il pas des preuves basées sur des faits bien établis, indiscutables, et ces faits les possède-t-on ? Prenons exemple parmi les Invertébrés : la Terebratula (Terebratella) Menardi est une espèce cénomanienne ; Leymerie ? avait donné ce nom à une coquille aptienne dont d'Orbigny a fait la Terebratella Astieriana. La Terebratula (Terebrirostra) lyra est une espèce 1. À l’époque actuelle, dans la nature, les variations sont rares dans les espèces animales; elles le sont moins dans le règne végétal, mais se bornent à des différences dans la taille, la forme des feuilles, la couleur des fleurs. L’eau de la mer, par le sel marin qu’elle renferme, a une influence sur certaines espèces qu'elle rend grasses ; souvent on a érigé en espèces ces variétés permanentes /Polygonum aviculare, Silene inflata). L'homme par des procédés artificiels de domestication pour les animaux, de culture pour les végétaux et de fécondation dans les deux règnes, peut établir des variétés souvent nombreuses dans un certain nombre d’espèces, mais lorsque celles-ci sont négligées, elles retournent au type naturel. 2. LeymeriE. Mémoire sur le terrain crétacé du département de l’'Auhe Mém. Soc. Géol. de Fr. (9), t. IV et V, 1842. 556 V. RAULIN. — SUR LA FIXITÉ DE L'ESPÈCE 6 Juin cénomanienne ; Buvignier ‘ avait donné ce nom à une coquille aptienne dont d'Orbigny a fait la Terebrirostra arduennensis. Un transformiste ne ferait pas difficulté d'admettre que les deux espèces cénomaniennes dérivent des deux espèces aptiennes. Mais pour l’admettre et pour le faire admettre comme une vérité, ne faudrait-il pas avoir eu en sa possession ou au moins avoir vérifié une série d'individus pris dans les couches de jonction des deux étages ; ne faudrait-il pas avoir trouvé : 1° Dans les lits aptiens ou dans les lits albiens, des individus passant de l’Astieriana à la Menardi ou bien de l’arduennensis à la lyra; 2° Dans les lits cénomaniens inférieurs, des individus passant de la Menardi à l’Astieriana : de la lyra à l'arduennensis ; 30 Enfin dans les lits contigus des deux étages, des individus que l’on pourrait à volonté rapporter à l’Astieriana ou à la Menardi; à l'arduennensis ou à la lyra. Et des exemples analogues ne devraient-ils pas être trouvés par centaines d’un étage au suivant, depuis le Cambrien et le Silurien jusqu’au Pliocène et à l'époque actuelle ? Et il faut bien convenir que personne n’en a encore cités. Si nous passons aux Vertébrés, M. A. Gaudry donne plusieurs pages de stades successifs de la structure de certaines parties du squelette de divers groupes pendant la période tertiaire : Pour la denture : de Wastodon tapiroides à Elephas primigenius. de Amphieyon ambiguus à Ursus spelæus. Pour le pied : de Coryphodon hamatus à Equus Stenonis. de Pachynolophus agilis à Equus Stenonis. de Xiphodon gracile à Tragoceras amaltheus. Il met ainsi en évidence la série des modifications qui se sont montrées dans la succession des temps ; il fait voir qu'à des formes familiales, génériques ou spécifiques en succédèrent d’autres plus perfectionnées dans la période suivante. Mais où est la preuve qu'elles ont passé de l’une à l’autre par filiation réelle ? Est-ce qu'on aura cette preuve avant d’avoir trouvé des intermé- diaires en nombre suffisant ? On n'en donne aucun. Dans sa brochure « L'évolution et le phénomène de l’émigration», M. Van den Brœck dit : « Comme je l’ai fait moi-même, dès 1874-1876, pour nos faunes malacologiques, miocènes et pliocènes, I. SAUVAGE et BuviGnier. Statistique minéralogique et géologique du département des Ardennes. Mézières, 1842. 1904 ET LE TRANSFORMISME 5957 les paléontologues qui veulent acquérir des notions exactes sur les conditions de rotation et de descendance de faunes successives doivent tenir compte de ce que j'ai appelé la migration des milieux, conséquence des transgressions marines, ensuite desquelles, disais-je en 1892, la succession des êtres ne pourrait être représentée par un arbre généalogique aux branches verti- cales. traversant normalement la série des terrains. « Ce qui a surtout et constamment agi dans la nature, c’est La migration globale ou en masse de tous les éléments d'une faune et d’une flore, se déplaçant latéralement et — surtout lorsque les déplacements d’aires habitées se font dans le sens de la latitude, bien plus que lorsqu'ils s’opèrent dans le sens de la longitude — subissant des différences accentuées de conditions climatériques, physiques, biologiques et autres : sources de la variation et de la création par groupes des espèces nouvelles. » Ce que j'ai dit précédemment ne se rapporte qu'à la superpo- sition verticale et non aux migrations globales latérales auxquelles M.A.Gaudry ne fait pas la moindre allusion. Mais que ce soit dans le sens vertical ou dans le sens latéral peu importe; il faut trouver les passages d'espèce à espèce, des intermédiaires, pour que le transformisme soit admis comme vérité scientifique. Tout le monde reconnaissant qu'on ne les trouve pas dans le sens vertical, il faut donc les rechercher dans le sens latéral. Dans ce cas, il faudrait admettre pour chaque faune et même pour chaque espèce l'extinction d'une partie des individus et le transport de l’autre partie dans un nouveau bassin où ils se modifieraient et qu ils quitteraient ensuite pour revenir dans le bassin primitif à l’état d'espèces nouvelles. Il faut alors prendre un cas particulier en précisant bien : par exemple le bassin londino-parisien. Depuis la fin du dépôt de l'étage bathien (Bathonien) ce bassin a été complètement séparé, par le seuil de Poitiers, du bassin du sud-ouest ou Aquitaine et par le seuil de Langres, du bassin du sud-est ou Méditerranéen. IL est devenualors un golfe analogue à la mer Blanche, un peu étranglé par le Yorkshire au nord, l'Ardenne et ses appendices au sud, dont les eaux ne pouvaient être renouvelées que par une mer préalable à la mer du Nord actuelle et à plus de quinze degrés au nord du centre, entre la Norvège d’une part et l'Ecosse et les îles Orkney et Shetland d'autre part; ce golfe aurait pu communiquer vers l’ouest avec l'Atlantique et par delà avec les mers Jurassiques, crétacées et tertiaires des Etats-Unis; vers l'est il aurait pu à cinq degrés plus au nord s’aboucher aux mers Jurassiques, crétacées et tertiaires de l'Allemagne séptentrionale et aussi de la Russie. 558 V. RAULIN. — SUR LA FIXITÉ DE L'ESPÈCE 6 Juin C'est dans ce golfe londino-parisien qu'ont vécu les faunes successives admises par d’Orbigny au nombre de seize, du Callo- vien au Tongrien et probablement plus nombreuses encore. Et autant de fois il y aurait eu une extinction et une migration des espèces vers l’est ou vers l’ouest, suivie d’une faune nouvelle de transformation, à peu près sur l'emplacement précédent. Cette hypothèse des migrations est bien plus compliquée pour le bassin londino-parisien que les légers déplacements des seize nappes d’eau successives établies par les assises pétrographiques, et par suite elle doit paraître moins probable ; elle ne serait cependant pas impossible. Mais enfin, si l’on trouvait dans les dépôts de l’est ou même de l’ouest les faunes à animaux intermédiaires, formant passage, il faudrait bien admettre les migrations latérales pendant lesquelles les transformations se seraient faites, et par suite le transformisme serait prouvé. Mais malheureusement il n’en est pas ainsi; l'hypo- thèse des migrations de milieux ne tient pas la promesse sur laquelle on était censé pouvoir compter, et par suite. le transfor- misine n'en reçoit aucun secours ; elle me semble n'être ainsi qu'un véritable trompe-l'œil qui ajourne momentanément la solu- tion mais ne la fait ni avancer ni aboutir. On trouvera peut-être que je demande trop pour admettre le transformisme;, mais la réalité et la fixité de l’espèce sont des points capitaux, tout aussi bien pour le naturaliste que pour le philosophe ou le chrétien ; aussi ne saurait-on être trop exigeant et trop sévère dans l'examen des faits qui sont nécessaires pour les inf mer ou les confirmer. Ue qui est certain, c’est que depuis que la force vitale s'exerce à la surface du globe, un grand nombre de fois, une trentaine au moins dans notre hémisphère boréal, une faune, une flore ont cessé d'exister à un moment donné, et que peu après (géologique- ment parlant) il en est apparu d’autres qui renferment pour une foite partie des êtres ayant une grande analogie, — mais rien de plus ; — comment se fait le remplacement des animaux d’une période par d’autres plus ou moins différents dans la période suivante ? Est-ce la force vitale, comme le croyait d’Orbigny, qui après l’extinction des espèces (car elles n’ont qu'une durée limitée) en fait naître beaucoup d’autres en grande partie analogues ; ou bier. est-ce cette force qui. comme l’admettent les transformistes, dans le cours de l’existence des espèces les modifie lentement et les font aboutir à une transformation en d’autres analogues ou même plus ou moins fortement différentes ? 1904 ET LE TRANSFORMISME 399 Tous les raisonnements philosophiques sont impuissants pour la solution de la question. Les faits bien étudiés et la découverte d'individus formant passage d’une espèce à une autre ont seuls de la valeur. Je regrette et on regrettera sans doute longtemps encore, peut-être toujours, l'absence de preuves réelles du transformisme que je souhaiterais voir s'établir définitivement, parce que c'est ce qu'il y aurait de plus simple. Mais enfin tout en le regardant comme possible, probable même, je ne puis le regarder comme une vérité démontrée, mais seulement comme une pure hypothèse que je m'empresse de reconnaître très séduisante par sa simplicité. Que l’on ne croie donc pas que je suis l'ennemi de la non fixité de l'espèce que M. Albert Gaudry regarde comme établie. _ Bien loin de là ; et acceptant d’avance toutes les conséquences, j'aimerais mieux être, suivant la loi naturelle du progrès si nettement aflirmée par la Paléontologie, un Singe perflectionné que suivant la tradition biblique un Adam dégénéré. IL va sans dire que je ne crois nullement à la dégénérescence immédiate de la descendance du premier Æomo sapiens, car ce n'est pas au moment de sa naissance que l'espèce est frappée de dégénérescence. Quel naturaliste d'ailleurs pourrait admettre que l'Homme constitué corporellement comme les Singes anthropoïdes, n'aura pas toujours été mortel comme eux ? Mais supposons la question de la fixité de l'espèce tranchée, même dans le sens négatif, il resterait toujours un point obscur, la création du premier individu de chacun des quatre embranche- ments cuviériens, ou bien en simplifiant encore davantage la création soit d'un être dont les descendants. en se diflérenciant, en se transformant, auraient donné les quatre embranchiements, soit de la force vitale elle-même au moment où l’état thermique de la terre le permettait, à la fin de l’incandescence primitive exté- rieure. Il paraît bien certain que nous ne saurons jamais rien de positif à ce sujet et que nous serons toujours réduits à des conjectures plus ou moins raisonnables ou fantaisistes, suivant la tournure d'esprit de ceux qui les font ou les feront, et auxquelles je n'ai nulle tendance à m’associer. Pour rester dans le domaine des faits observables, celui de la science, je crois terminer sagement en disant avec M. A. Gaudry (Mammifères terliaires, 1877) : « Avons-nous trouvé plus que des liens de parenté ? Connaissons-nous les paternités et pouvons-nous 560 SUR LA FIXITÉ DE L’ESPÈCE ET LE TRANSFORMISME 6 Juin déclarer que telle espèce est l’ancêtre direct de telle autre ? Dans la plupart des cas nous n’en sommes pas là. En réunissant les matériaux de cet ouvrage, je me sens convaincu des innombrables lacunes que nous rencontrons lorsque nous cherchons à établir d'une manière rigoureuse les filiations des êtres anciens. 2e que nous savons est fort peu de chose. » Et encore (Les Ancêtres de nos animaux, 1888) : « Aïnsi il reste bien des lacunes entre les espèces d’époques consécutives ; il en résulte qu'on ne peut encore démontrer d’une manière positive que ces espèces sont descendues les unes des autres. Mais les vides n’existent-ils pas dans nos connaissances plutôt que dans la série des êtres fossiles ? ». Et avec M. Edmond Perrier (Le Transformisme, 1888) : « Mal- heureusement, quand on entre dans le détail, se manifestent de telles lacunes paléontologiques que toutes les objections sont. possibles. La chaîne que la morphologie nous a permis de construire est incessamment rompue quand on ÉPAYE de remonter dans le passé ». Je transcris encore ce que dit aujourd'hui M. Raph. Dubois (Revue des Idées) : « Ce qu'il y a de véritablement saisissant, c'est la lenteur extrême avec laquelle l’énergie ancestrale se dépense, à tel point qu'on pourrait dire qu’elle est inépuisable, si la paléon- tologie ne nous montrait pas d’une part d'innombrables espèces finies, sans qu’on ait jamais pu démontrer qu’elles se soient trans- formées en d’autres espèces nouvelles, si nous ne voyions pas d’autre part disparaître sous nos yeux mêmes des espèces qu'au- cune descendance d'aucune sorte ne continue ». Il est donc sage de s’abstenir de conclure contre la fixité de l'espèce quoique la simplicité du transformisme y convie forte- ment. BULLETIN DE LA SOCIÈTÉ GEÉOLOGIQUE DE FRANCE (CETTE SOGIÉTÉ, FONDÉE LE 47 MARS 1830, À ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE, PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832) \ + QUATRIÈME SÉRIE TOME QUATRIÈME FascicuLE 5 : Feuilles 36-44. — Planches XV-XVIL. PARIS SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Sérpente, VI 1905 Le Bulletin paraît par livraisons mensuelles Janvier 14903 ART. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l'avancement de la Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France, tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l’agri- culture. Ÿ . Amr. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Français et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n’existe aucune dis- tinction entre les membres. EN ‘Arr. 4. — Pour faire partie de la Société, il faut s'être fait présenter dans une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation !,. _avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président et avoir reçu le diplôme de membre de la Société. ‘ Arr. 6. — Le Trésorier ne remet le diplôme qu'après l’acquittement du : droit d'entrée. ART. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre à Juillet. ART, 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le r° et le 3° lundi. du mois). se ; ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la | Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. Arr. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun + ouvrage déja imprimé, " L. ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur des objets étrangers à la Géologie où aux sciences qui s’y rattachent. ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement déterminé. 6 ART. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre. ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la Société qu'au prix de la cotisation annuelle. ART. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les volumes: des années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les” ‘volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Societé, leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un tarif déterminé. Arr. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part. ART. 793. — Chaque membre paye : x° un droit d'entrée ; 2° une cotisation annuelle 2. Le droit d'entrée est fixé à la somme de 20 francs. Ce droit pourra être augmenté par la suite, mais seulement pour les membres à élire. La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs. ec. La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée générale *, qui, à moins de décision spéciale du Conseil, devra être placée. 1, Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne. connaîtraient aucun membre qui püt les présenter, n’auront qu'à adresser une demande au Président, en exposant les titres qui justifient de leur admission. 2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes ui désirent faire partie de la Société à n’acquitter, la première année, que eur droit d'entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement; mais ils ne recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti- sation de 30 francs. Ils jouiront aussi des autres droits et privilèges des membres de la Société. __8. Cette somme est actuellement de 400 francs. SUR L’ALLURE DES PLIS ET DES FAILLES DANS LA BASSE-BOURGOGNE par MM. P. LEMOINE et C. ROUYER. PLANCHE XV. I. — OBSERVATIONS PERSONNELLES Au cours des études stratigraphiques de détail que nous avons poursuivies dans le Kimeridgien entre la vallée de l’Aube et celle de la Loire ’, nous avons relevé quelques faits intéressant la tecto- nique de cette région. Nous avons pu constater l'existence d'un certain nombre de petites failles, non encore connues, et compléter en quelques points le tracé de celles qui l’étaient déjà. Nous avons, d'autre part, tracé les courbes de niveau de la sur- face d’affleurement de la couche d'argile (8) de la base du Kime- ridgien (sommet de la zone à Perisphinctes Cymodoce d'Orb.) A cet effet nous avons déterminé les altitudes d’affleurement pour des couches connues de l’étage* ; connaissant l'épaisseur qui les séparait de la couche-repère (8), nous en avons déduit l'altitude de cette couche. Ces déterminations d’altitude ont été faites au moyen d'un baromètre anéroïde, constamment repéré sur les points cotés de la carte au 1/80000 ; l'épaisseur était connue avec une approxima- üion atteignant presque toujours le mètre ; les erreurs ne pouvaient donc guère dépasser 5-10 mètres, au maximum ; elles sont éliminées par ce fait que les courbes ne sont tracées que de 25 en 25 mètres. Ces déterminations précises ne sont d’ailleurs assez nombreuses que pour étudier le tracé des courbes entre La Seine ef l'Yonne. 1. — Pli-faille des Riceys. — La faille des Riceys et le pli anüiclinal, qui la borde au nord, sont exactement dirigés N.E.- S.E. 1. P. LEMoINE et C. Rouyer. Note préliminaire sur l’étage Kimeridgien entre la vallée de l’Aube et celle de la Loire. B. S. G. F. (4), I, pp. 104-111, 1902. — L’étage Kimeridgien entre la vallée de l'Aube et celle de la Loire, Bull. Soc. Sc. hist. et nat. de l'Yonne. LVII, p. 213-299, 1903. 2. Nous avons éliminé les déterminations relatives au Kimeridgien supé- rieur (1, €); les variations d'épaisseur, à ce niveau, ne sont pas négligeables. 16 Décembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 36. 562 P. LEMOINE ET C. ROUYER. — SUR L'ALLURE 6 Juin La faille commence sur le plateau entre l’'Ource et la Seine; elle traverse la Seine à Neuville (dénivellation — 90 mètres environ) ; on la retrouve dans la vallée de la Laïignes, au bois de Thouan (déniv. — 95 mètres) et on la suit jusqu’à la chapelle Saint-Roch (déniv. = 55 mètres) et jusqu'au col que traverse, entre la Laignes et la Sarce, la route départementale des Riceys à Tonnerre (dén. — 30 mètres). On ne connaît pas encore d'une façon suffisamment précise le Séquanien de cette région pour pouvoir suivre celte faille vers le sud, au-delà du coude du Rüû de Channes ; elle semble d’ailleurs y diminuer beaucoup d'importance. Le pli anticlinal, qui l'accompagne et dont elle n’est peut-être qu’un accident, est très visible sur la carte de la planche XV; on le suit depuis Balnot-sur-Laignes jusqu’à hauteur d’Arthonxay, de sorte que l’ensemble du pli-faille est ainsi visible sur plus de 27 kilomètres. Bien que la faille des Riceys ne traverse pas la vallée de l’Ource, il ne nous paraît pas improbable que cet accident soit en relation avec la longue faille de Champignol, tracée par M. de Cossigny : dont nous connaissons encore des traces aux environs de Saint- Usage ; de sorte qu'il ne reste guère que 12 kilomètres entre Saint- Usage et le versant gauche de l’Ource sur lesquels nous manquions de renseignements. Il est remarquable de constater que, sur l'emplacement de cet anticlinal, les plages sublittorales du Kimeridgien (contact de y et à) prennent un développement considérable. Ceci est tout à fait conforme à ce que Munier-Clialmas ? pensait de ces plages sublit- torales ; «elles n’indiquent pas la présence du rivage de la mer; « mais bien la présence de rides qui se sont formées à différentes « époques au milieu des mers jurassiques. » Ce fait confirme également les conclusions de M. Marcel Bertrand sur la continuité du phénomène de plissement dans le Bassin de Paris, puisque cet axe des Riceys est à la fois prékimeridgien puisqu'il existait à l’état de ride, au moment de son dépôt et post- kimeridgien puisque les couches de cet âge, déposées horizontale- ment ou à peu près se trouvent nettement affectées. 11. — Paille d'Avirey. Parallèle à la faille des Riceys, elle déter- mine une dénivellation de 10 à 15 mètres et est visible sur la route de Riceys-Bas à Avirey, d'Avirey à Bagneux-la-Fosse, de Bagneux-la-Fosse à Bruyères. : 1. DE Cossieny. Carte géologique détaillée au 1/80000. Feuille de Chaumont, n° 83, 1891. 2. Munier-CHazMASs in P. LEMOINE ET C. RoUYER, loc. cit., p. 108. 1904 DES PLIS ET DES FAILLES DANS LA BASSE-BOURGOGNE 563 La faille de Rugny a déjà été signalée par l’un de nous ' ; nous avons pu en préciser le tracé ; son importance est d'environ 12 mètres. Il ne serait pas impossible qu'elle constituât le prolon- gement de la précédente ; mais nous n’avons aucune donnée certaine à cet égard. ur, — La vallée de Mélisey coïncide avec un pli anticlinal, tandis que celle de l’Armançon à Tonnerre, correspondrait à un synclinal. IV. — La faille de Vaulichères (commune de Tonnerre) produit une dénivellation de 20 mètres environ ; elle est visible sur la route de Vaulichères à Molosmes, et on peut la suivre pour ainsi dire pas à pas, à travers les plateaux au sud de Vaulichères jusqu’à la ferme des Voceuses sur la route de Tonnerre à Commissey. M. Lambert” avait déjà indiqué l'allure anormale des couches séquaniennes en ce point. Elle ne se poursuit pas sur la rive gauche de l’'Armançon et les exploitations bien connues de Pierre de Tonnerre n'en montrent pas trace. v. — La faille des Mulots (commune de Tonnerre) est très peu importante à la ferme de Chéron, sur la route de Tonnerre à Fresnes ; on la suit sur plus de 5 kilomètres jusque sur la route de Tonnerre (Yrouerre) à Noyers, où elle est très nette (dénivella- tion — 20 mètres). vi. — Les plateaux entre l’Armançon et le Serein correspon- dent dans leur ensemble à leur pli anticlinal dont l’axe passerait à peu près par Serrigny. La vallée du Serein occuperait le bord est du synclinal correspondant. Deux anticlinaux et un synclinal très nets se trouvent entre la vallée du Serein et celle de l'Yonne où deux failles ont été signa- lées et tracées depuis longtemps *. VI. — La faille de Saint-Bris, signalée par M. Lambert, tracée 1. C. Rouyer. — Observations sur le calcaire dit à Astartes. Bull. Soc. Sc. Yonne, L, p. 49-78, 1897 (p. 55; note 2). 2. J. LAMBERT in P. DE LorioL et J. LamBert. Description des Mollusques et Brachiopodes des couches séquaniennes de Tonnerre. Mém. Soc. Pal. Suisse, XX, n° 4, 1893 (p. 192). 3. RAULIN, avec la direction et la coopération de LEYMERIE. Statistique géologique du département de l'Yonne, Auxerre. Paris, 1858, p. 519. — J. Lameerr. Études sur le terrain jurassique moyen du dép. de l'Yonne. B. Soc. Sc. Yonne, 1884. — Porrer. Carte géol. det. au 1/80000. Feuille de Tonnerre, n° 97, 1890. 564 P. LEMOINE ET C. ROUYER. — SUR L'ALLURE 6 Juin par M. Potier, est très visible sur le terrain ; elle n’a pas été indi- quée sur la Feuille d’'Avallon; elle s’y prolonge effectivement fort peu, y est mal visible et sans importance. Entre elle et la faille de Quenne, se trouve à Saint- Bris, une dépression synclinale intéressante, dont la présence détermine la formation des importantes sources de Saint-Bris. vi. — La faille de Quenne, signalée et étudiée par M. Raulin, puis par M. Lambert et M. Potier, a une importance considérable (dénivellation — 95 mètres à Quenne). Nous sommes portés à la prolonger à travers la forêt de Pontigny jusqu’à l’ouest de Saint- Florentin quoique nous n'ayons pas encore à ce sujet de données absolument positives. Par contre, nous l’avons suivie au sud de Coulanges-la-Vineuse où elle fait buter du calcaire à Astartes (Ji Séquanien supérieur) contre du calcaire de Bazarnes (J Séquanien inférieur). (Dénivellation — 50 mètres environ), Jusque près de Migé où elle diminue beaucoup d'importance. M. G.-F. Dollfus : l’a reliée hypothétiquement à la faille d’Oisy (partiellement identique à l’ancienne faille d'Andryes de M. Raulin, dont M. Potier a rectifié le tracé); ce n'est pas impossible ; mais il faut remarquer que les deux failles de Saint-Bris et d'Oisy déni- vellent les couches en sens inverse, celle de Saint-Bris vers l’est, celle d’Oisy vers l’ouest. Le fait d’ailleurs ne serait. pas unique dans le Bassin de Paris; la faille de Fontaines et Sermaize ? présente le même phénomène d’une faille changeant de sens. vin. — La faille de la gare de Lain-Thury a été signalée par M. Lambert *. Nous l'avons suivie au sud jusqu’à Laïinsecq; elle se continue au nord ; mais la tectonique de détail des environs de Lain semble compliquée; nous ne l’avons pas encore complète- ment élucidée. C’est peut-être cette faille que M. Dollfus a indiquée à l’ouest de la faille de Quenne, comme se continuant depuis Auxerre jus- qu'à Nevers. Il aurait alors considéré comme identiques la faille de Chevannes, la faille de Lain-Thury et la faille de Menou, admet- tant un changement dans le sens de la dénivellation comme pour les failles vir (Quenne et Oisy). Cette identification est très hypothétique. « 1. G. DozLrus. — Relations entre la structure géologique du Bassin de Paris et son Hydrographie. Ann. Géogr.. IX, 1900, carte. 2. Feuilles de Vassy (n° 68), de Bar-le-Duc (n° 51), de Troyes (n° 82). 3. J. LamBerr, in P. de Lorroz et J. LAmgEerr. Description des Mollusques et Brachiopodes des couches séquaniennes de Tonnerre. Mém. Soc. Pal. Suisse; XX, n°, 1893, p. 201, fig. 2. 1904 DES PLIS ET DES FAILLES DANS LA BASSE-BOURGOGNE 565 x. La faille de Sainte-Colombe a été découverte par M. Raulin : qui en aurait volontiers prolongé le tracé jusqu'au Nohaïn. M. Potier ne l’a tracée que jusqu'aux Marquis, commune de Bouhy ; au sud, les couches présenteraient seulement des ondulations, mais pas de failles ?. x. — Deux anticlinaux (Champ-Jacquot et Parigny) et un synclinal (Villaine), très nets, peuvent être mis en évidence, par le tracé des courbes de niveau des surfaces d’affleurement entre Pougny et Saint-Loup-des-Bois, à l’ouest de Cosne. Ils sont visi- bles au premier coup d'œil, sur la carte géologique au 1/80000. xI1. — Sur les bords du Nohain et de la Loire, les couches sont très disloquées à l'approche des grandes failles du Sancerrois. L'étude de détail de ces dislocations, faite par M.A. de Grossouvre*, n’a malheureusement pas été continuée par M. Potier * ; nous en avons reconnu quelques-unes * maïs n'avons pu achever leur étude. IT. — ÉTUDES CARTOGRAPHIQUES Nous avons essayé, d'autre part, d'utiliser les données fournies par la Carte géologique détaillée. Une première méthode se présentait ; elle semble due à M. Mar- cel Bertrand ‘ ; elle consiste à reconstituer la carte géologique du fond des mers de chaque étage ; dans notre région cette méthode n’est applicable qu'au Morvan ; c’est tout au plus si elle permet de préciser le tracé des plis du Morvan, tel qu'il a été indiqué par M. Michel-Lévy ‘". Par exemple, l’anticlinal d’Avallon passerait un peu au nord de Semur, à Millery. Un synclinal et un anticlinal secondaire se trouveraient l’un immédiatement au sud de Semur, autre à Pont-et-Massenne. Nous l'avons appliquée également à la I. RAULIN; Loc. cit., p. 521. 2. Porter. Carte géol. dét. 1/80000. Feuille de Clamecy, n° 110, 1883. 3. DE GROSSOUVRE. — Carte géol. dét. 1/80000. Feuille de Nevers, n° 198 (1894). 4. Porter. — Carte géol. dét. 1/80000. Feuille de Clamecy, n° 110, 1887. 5. P. LEMoINE et C. Rouyer. — L’étage Kimeridgien entre la vallée de l’Aube et celle de la Loire. B. S. Sc., Yonne. LVII, 1903, p. 295. 6. MARCEL BERTRAND. Continuité du phénomène de plissement dans le Bassin de Paris, B. S. G. F., G), XX, 1892, p. 121. 7. En. Suess. La Face de la Terre, traduit etannoté par E. pe MARGERIe. Paris 1900, t. IL, p. 177, fig. 33. Plis carbonifères dans le nord-est du Massif central de la France, d’apr. la Carte au millionième et les trav. de A. Mrcuer-Lévy. — Voir en particulier: A. Mrcaec-Lévy. Situation stratigraphique des régions volcaniques de l'Auvergne, B. S. G. F., (3), XVII, p. 693, pl. XXI, fig. 11, 1890. 566 P. LEMOINE ET C. ROUYER. — SUR L'ALLURE 6 Juin mer néocomienne, transgressive sur le Portlandien (J°, J”) et le Wealdien (c' ) dans la région de l’Aube. Une seconde méthode, employée par beaucoup de géologues, en particulier par M. Marcel Bertrand : pour le Boulonnaïs, consiste à tracer, d’après la carte, les courbes de niveau de la surface que forme actuellement la base d’un étage donné. L’insuflisance à la fois des cartes topographiques et des cartes géologiques ne per- met malheureusement d'avoir dans ces tracés qu'une confiance limitée ; aussi ne nous déciderons-nous à publier les résultats com- plets de ces études cartographiques qu'après les avoir vérifiés sur le terrain par des observations directes, interrompues depuis plu- sieurs années et que nous comptons reprendre incessamment. Cependant il semble qu’on puisse dès à présent retenir, comme une donnée certaine, l'existence d’un axe anticlinal le long du bord S.E. de la forêt d’Othe *, d’un autre dans la région de la Côte d'Or. Ces deux plis sont parallèles à celui des Riceys. Nous comptons d’ailleurs reprendre sur ce sujet nos recherches, de facon à compléter et à préciser ces données. Conccusions. — I. Le tracé de ces trois plis coïncide d’une façon remarquable avec les raccordements hypothétiques, indiqués autrefois par M. Marcel Bertrand* et avec les lignes sculpturales tracées par M. G.-F. Dollfus “ et dont il a dit : « J’ai peine à croire que les grands traits généraux de direction qu'on y observe sont dus uniquement à une inégale dénudation, à la variabilité de la composition minérale et de résistance des roches qui les consti- tuent. Certaines ondulations n’ont-elles pas dirigé la dénudation, sans que les moyens d'observation dont nous disposons encore aient pu nous les faire découvrir ». À constater la coïncidence des plis et des falaises, comme celle de la Forêt d'Othe, il semble, en effet, que, si ces falaises succes- sives sont dues indubitablement aux phénomènes de dénudation, leur emplacement a été déterminé, et la dénudation a été guidée par de petites ondulations des couches. Ces ondulations paraissent 1. Loc. cit. p. 127. 2. Nous avons désigné, dans le C. R. Sommaire des séances de la Société géologique (6 juin 1904), ce pli sous le nom d’anticlinal de la Forêt d’Othe ; pour plus de précision et pour éviter toute confusion avec les axes que l’on pourra déterminer ultérieurement plus au nord, dans la forêt d’Othe elle-même, il nous paraît préférable de le désigner sous le nom d’anticlinal d’Avrolles. 3. MARCEL BERTRAND. Sur les lignes directrices de la géologie de la France. CR. Ac. des Sc., CXNIUI, 1894, p. 258-264, carton. 4. G. F. Dozerus, loc. cit., Ann. de Géogr., IX, 1900, p. 18. 1904 DES PLIS ET DES FAILLES DANS LA BASSE-BOURGOGNE 567 d’ailleurs être quelquefois, non pas tant de véritables plis que des lignes suivant lesquelles l'ascension des couches vers la périphérie du Bassin de Paris est localement moins accentuée ; c’est pourquoi elles sont si difficiles à mettre en évidence. Mais de ce que le phénomène de plissement peut être masqué par le phénomène plus intense du relèvement des couches, il n’en existe pas moins. ‘IT. Il semble, d'autre part, que l’emplacement des vallées coïn- cide approximativement avec celui des synclinaux secondaires, perpendiculaires aux plis véritables, qu’on les considère d’ailleurs comme constituant un second système, orthogonal au premier, ou comme abaissements d’axes des plis principaux. La vallée du Landion, celle de l'Armancon, celle du Serein, celle du rù de Sinotte (affluent dé l'Yonne) à Gurgy, paraissent bien être dans ce cas. On sait par les recherches de M. Lugeon combien ce phé- nomène est général dans les Alpes occidentales ï. IIT. Si on compare le tracé des principaux plis à ceux que M. Dollfus a relevés avec tant de soin dans le Crétacé du Bassin de Paris et à ceux que les travaux de M. Michel-Lévy ont mis en évidence dans le Morvan, on constate que la région qui nous occupe est celle où se produit le changement de direction des plis. Ce changement de direction, relativement net et brusque plus au sud dans le Massif central * est ici beaucoup moins aigu. La « Schaarung » est moins accentuée ; aussi les fractures qui, d'après M. Haug *, accompagnent ces lignes de rebroussement des plis, ces points faibles, sont-elles beaucoup moins importantes. Elles existent cependant, représentées par la région faillée du massif de Saint-Saulge, par le bord faillé de l’est du Morvan et par les failles que l’on suit jusqu’à l'Yonne et l’Armancon (faille de Quenne). On peut se demander d’ailleurs si toutes ces failles ont la même signification : les unes, à hauteur de Varzy, ont tendance à abaisser les couches vers le Morvan, comme l’a nettement indiqué M. G..-F. Dollfus*. Plus au nord, à hauteur d'Auxerre, les failles abaissent au 1. M. LuGEoN. Recherche sur l’origine des vallées des Alpes occidentales. Ann. de Geog:. X, 1901. p. 295-327, p. 401-428, cartes, coupes, photo. pl. 30, 31, SE de 6 2. Il semble cependant, même en Auvergne, y avoir transition graduelle de la direction armoricaine à la direction varisque. Cf. De Launay. Les dis- locations da terrain primitif dans le nord du Plateau central, B. S. G. F., G), XIV, 1887-1888. p. 1045-1063, pl. XXX VII. 3. Em. HauG. Géosynclinaux et aires continentales, B. S. G. F., (3), XVIII, 1900, p. 677. 4. G.F. Dozcrus. — Nouvelle carte du Bassin de Paris au millionième. B. S. G. F. G), 1903, p. 7-18, voir fig 2. 568 ‘PLIS ET FAILLES DANS LA BASSE-BOURGOGNE contraire les couches vers le centre du Bassin de Paris et contri- buent au plongement au lieu de le contrarier. Plus au nord encore, le rebroussement des plis est beaucoup moins accentué et devient presque nul : il ne semble plus s'accompagner d'aucun phénomène de fracture. - EXPLICATION DE LA PLANCHE XV Carte des plis et des failles de la Basse-Bourgogne à l’échelle de 1/320000. Les courbes de niveau, les anticlinaux, les syneclinaux, les failles (avec indication du sens dans lequel les couches sont dénivelées) sont imprimés en rouge sur le fond topographique de l’Etat-Major. Ces tracés sont faits soit d’après nos observations personnelles, soit d’après les données des cartes géologiques détaillées. Nous n’avons pas reporté le réseau de failles indiqué par M. de Cossigny (Feuille de Troyes) au contact du Portlandien et du Néocomien; nous n’avons pas pu les observer personnellement et tout ce que nous avons vu sur le terrain s'explique par la discordance du Néocomien sur le Portlandien. M. G.-F. Dollfus déclare qu'iln’a jamais pu constater aucun rebroussement dans la direction des plis ou accidents qu'il a étudiés dans le Bassin de Paris ou celui de la Loire, les aligne- ments tectoniques sont sensiblement rectilignes et se coupent nettement. Il a reconnu trois ordres de mouvements : I. Des plis principaux qui sont dirigés au nord-ouest ; ils se sont produits lentement et paraissent avoir persisté sur le même emplacement d’une manière certaine, ils ont donné lieu à des dépôts de sédiments d'épaisseur variable ; on trouve aussi des anticlinaux arasés à plusieurs reprises sur le même emplacement, rarement l'effort de compression a abouti à une faille locale ; toute la série sédimentaire a été affectée d'une manière continue. II. Des failles dirigées nord-sud, d'ordre brusque qui se sont produites après le dépôt du Calcaire de Beauce qui se trouve affecté, et avant celui des Sables de ia Sologne qui n'ont pas été atteints. Il n’y a aucun changement dans la sédimentation à leur voisinage, aucune preuve de la répétition des mouvements, aucune connexion avec les plis. III. Des ondes de grande amplitude dirigées au nord-est, de nature encore obscure, en relation transversale avec les points proéminents des plis principaux, avec les falaises limites des bassins ; ces ondes sont de production lente, continue, prolongée comme les plis. Dans quelques excursions récentes l’auteur a retrouvé dans le Sancerrois tous les détails de ces phénomènes avec une admirable netteté. PÉEMOINENNC ROUMER Re de 6 Juin 1904.) Ze ) 2 + ES Mg, * Élu LP ét , CM 02 f ul Ra CA 5 Bulletin de la Société Gcologique de France Note de M.M. PLEMOINE et C.ROUYER 4° Série, T.IV; PI.XV. (Séance de 6 Juin 1904.) PTIT TT / 4 XAAAXAAAKXAAXX Ardilourzz ++4+++4++4++4+++4+ A TON TNT ANT TS Furlles (avec édicalion du sens Syrclr TUCZILZ nnnnnnnis AA le Lignottte. TS 17 de TiveZLL “aride PT, PPT anal Hi lars PSS 4 ITA rs Be Cu pa CHÉ NE. Lequel Les couches sent déniveliss } | 6 0 SAS EE LT" . à" Se 7 nn LATE 2 4 “em \| ue nu, 167 | } y, OUphl tin rs ÀP, (l CA …… À, 2 ! D 4? \ Vol. | 4 Nr (271 # /, / g . 4° fe D rte © Re he 0 IA ET. ES Mr» Champ 4 Cebn b < “ ANNALES E 2 G + à NS s Fe 24 à Je ES 2 dE ARS ma à Pme ae lat TR \ GRR) | 9 +: ns Ÿ ; $ ) o 3 F Î > NZ SSLaU * En 72 À LCR LS S x < . AE ce DL 5 À o < ru CR a à : £ LR ; L Ke ; )) £ ée À il N F D » ÿ A ù N À ESS BEA En, nr LE FRA rEnt à PAMNE N de) Lee ‘D LS SP. TPS 7 2 2. ( LARPE Égtp a) es éhy RE SE: CAC / RUN ar | CUP TAN EP e \ 470 D PE en. Dev) 7710775 o4 ce are) Li 6 a We Es Pillenurs ÿ un n ÿ, Ve Mall À F1 ANNE D RASE PE RE TC NTM LE FACE 410) RE À. Un 1) F, il 54 or) echeglE c'hi Ge ANA ‘Ta ns l We J ÿ ' h Que 1) } 4 re 2pL | w L 4 AND Cr #47 AB IETS & de? Oo 3 : Ÿ f ” à 7 i a 14 W à \ 7 SAN SAS NE V NUE. glonps 8 < F4 7 2 f PE ; \ 1e, 5e d £ LT 0720 î 3 À Le CHonEt Grunud ny, Il Û / 3 < l UX : ‘ ; Caur À ÿ Ÿ 2 A 1 < À ÿ : Aù \ * à (7 \ VID M3 ta, CAN 10 ; " : ) à fl ; \ GS À. L. ne. OS TS COR es à eg | 7 TR #' 7 F0) | OS à MAG fie V2, 24 à } NE à Ps HAL #7 4 À {6 - L 6 LT, VE , NGC nt AT S le Ya Ant LU) 2 | Ru NAS) À ee AS RER REY NET VMC Eee LPS NN PO NU 14 ll opte W® j NM À due 7 ED} | L sr / > a: 20 ' | We 4 \ crlognee 8 Nestes É : ND à D ee LR 1 ZE FN - Ver \ a? SPP . ADO 4 PC drrelenr +: Q [0 ot k / ) 2 232} rléquire à : U/S UN ENE EU \t a à aré ÿ\, À 3 LES N ), ; > A Cu MR Am pue PA d à <.- # VA È sr LP. LE (9) Lions AP) 4 \ : HT / ‘ ? ( ; Lx > TR D n SEUL £ ?, NN St QE Ne \ } D - dt 2 ] î = ? 4 P/ NIV A 4 * Rens, « WC (NA LD 4 x PS Va 4 à ra x " à - t# DE rm JS E /, t 4 À NS {! Dluri (Sr 7 à TT) a CNY , ? / / : ô Ch Lane f n rurspe P AE Ÿ 0 run Etre tn De de EC sq di rt à m2 I SR a A7. > = À (9 4 J 1 SC L \ Ê k : « fs ‘ { f A ) AA eo. La jme | ET ‘WT ô l | ’ 1e" 0 Ù ÿ ñ: ee Lord Tee Een SUR LES CARACTÈRES ET LES AFFINITÉS DU GENRE CHASHOTHERIUM Rurmeven par M. Ch. DEPÉRET PLAncue XVI Dans la première partie de l'important Mémoire consacré à la revision des Mammifères éocènes d'Egerkingen et du Sidéroli- thique suisse, mon savant ami, le D' Stehlin ', a jeté une vive lumière sur l’histoire d'un curieux petit genre de Lophiodontidés de l'Eocène, qui a reçu de Rütimeyer, dès 1862, le nom de Chas- motherium. Ce type, essentiellement distinct du Zophiodon par sa dentition homæodonte (prémolaires à tendance molariforme) a donné lieu, depuis cette époque, à des confusions sans nombre. M. Stehlin a nettement montré que le genre Chasmotherium comprend deux espèces de l’Eocène moyen : 1. Chasmotherium Cartieri Rütim. d’Egerkingen, de Mormont, de Lissieu, de Gentilly, de Buschweïler et d'Issel; la taille de cette espèce est un peu inférieure à celle du Tapir d'Amérique. 2. Chasmotherium minimum sp. Fischer, trouvé d’abord à Argenton, puis à Bracklesham, enfin plus récemment par M. Stehlin à Egerkingen et par moi-même à Lissieu. L'espèce est de taille inférieure à la précédente et s’en distingue par d’autres caractères qui seront indiqués plus loin. Au cours des fouilles que j'ai fait pratiquer à plusieurs reprises dans les marno-calcaires bartoniens de Robiac, près Saint- Mamert (Gard), mon habile préparateur, M. Laurent Maurette, a eu la bonne fortune de découvrir des pièces du Chasmotherium Cartieri plus importantes que celles qui étaient connues jusqu'à ce jour. L'étude de ces pièces vient compléter très heureusement les données fournies par M. Stehlin sur les caractères et la posi- tion systématique du Chasmotherium, surtout en ce qui concerne la dentition antérieure, jusque-là inconnue. De plus, aux deux espèces précitées de l’Eocène moyen, je puis ajouter aujourd'hui une troisième espèce de l'Eocène inférieur (sables à Térédines des environs de Cüis), forme de taille encore 1. STEHLIN, Die Saügetiere d. schweiz. Eocaens I. Theïl. Mém. Soc. Pal. Suisse, t. XXX, 1903. 570 CH. DEPÉRET. — LES CARACTÈRES ET LES AFFINITÉS 6 Juin bien inférieure à celle du Ch. minimum, et que je me fais un plaisir de’dédier à M. Stehlin sous le nom de CA. Stehlini n. sp. La présente note comprendra : 1° Un historique sommaire sur le genre Chasmotherium ; 2° La description des pièces nouvelles trouvées à Robiac ; 3° Une discussion critique sur les affinités de cet animal ; 4° La diagnose du genre et des trois espèces de Chas- motherium. 1° HISTORIQUE DU GENRE La petite espèce de l’Eocène moyen, le Ch. minimum, a été de bonne heure signalée par Cuvier, à Argenton, sous le nom de «très petite espèce ou de 4° espèce de Lophiodon d’Argenton:» ; mais probablement une partie des pièces comprises dans les 3°° et 2e espèces * du même gisement appartiennent à la même forme. Blainville * a également réparti les dents du Ch. minimum entre les 3%, 4e et 5e espèces de la planche 11 des Lophiodon (d’Argenton); toutefois, la majeure partie des dents bien déter- minables sont englobées dans la £° espèce, qu’il désigne dans le texte sous le nom de Lophiodon minimum, d'après Fischer. Les noms de ZLophiodon minimum (4° espèce de Cuvier) et minutum (5° espèce) Fischer de Waldheim *; de ZLophiodon pareulum Laurillard° (pars); de Pachynolophus minimus et de Lophiodon paroulum Gervais” (pars) s'appliquent tous au même animal. La grande espèce, le Ch. Cartieri, a été décrite en 1862 d'Eger- kingen, par Rütimeyer, sous deux noms différents : Chasmothe- rium Cartieri* attribué à deux prémolaires inférieures, et Lophiodon Cartieri° donné aux arrière-molaires et aux molaires de lait supérieures du même animal. En 1891, un troisième nom, Lophiodon annectens a été appliqué par le savant paléontolo- giste de Bile aux prémolaires supérieures de la même espèce. 1. Cuvier. Recherches sur les ossemens fossiles, t. Il, part. 1, p. 194, pl. X, fig. 20-2r. 2. Id., t. Il, part. 1, p. 193. 3. Id., t. IV, p. 498. 4. Ostéographie, genre Lophiodon, p. 100, pl. II, 3°, 4° et pars 5° espèces d'Argenton. 5. Synopsis Mammal., 1829, p. 413. 6. Dict. hist. nat., t. VII, p. 438. 7. Zool. et Paléont. Fr., 3° éd., p. 124 et 127. j 8. Eoc. Saügethiere a. d. Gebiet d. schweiz. Jura, p. 63, pl. V, fig. 70-72. Neue Denks. schweiz. Gesells. f. Naturw. Bd. XIX, 1862. 9. Id., p. 52, pl. IL, fig. 40-47. 10. Die Eoc. Saügethierwelt v. Egerkingen, p. 26, pl. I, fig. 11-13. Mém. Soc. Paléont. Suisse, t. XVIII, 1894. 1904 DU GENRE CHASMOTHERIUM RUTIMEYER 571 Filhol : a introduit une première confusion dans le genre Chas- motherium en attribuant la petite espèce d'Argenton au genre américain Ayrachyus (sous le nom d'A. intermedius) et en créant pour la grande espèce (d’après deux prémolaires supérieures de Buschweïler) le genre nouveau Palæotapirus (P. Douvillei ou buxowillanus), dénomination malheureuse. car elle paraît impli- quer avec les Tapirs des rapports de descendance qui sont tout à fait inexacts. M. Albert Gaudry ?, dans sa note sur « La dentition des ancêtres des Tapirs », a contribué à obscurcir plus encore l'histoire des Chasmotherium en réunissant la petite espèce d’Argenton au genre Colodon de l'Oligocène d'Amérique, avec lequel le Chas- motherium n'a à peu près rien de commun; et en groupant la grande espèce, sous la dénomination générique de Palæotapirus avec le Tapirus (Paratapirus) helveticus v. Meyer, qui est pres- que un vrai Tapir, et appartient à une tout autre famille. Je reviendrai plus loin, à propos des affinités du Chasmotherium, sur la discussion de ces points critiques. 2° DESCRIPTION DES PIÈCES DE ROBIAC. Planche XVI. Au cours des deux séries de fouilles exécutées en 1903 et 1904 dans le gisement bartonien de Robiac, il a été trouvé dans des couches marneuses et marno-calcaires superposées à la grande couche ossifère à Lophiodon lautricensis — mais contenant encore des débris de ce dernier animal — la série de pièces qui sont l’objet des descriptions suivantes. I. DENTITION SUPÉRIEURE. — On peut étudier les arrière-molaires supérieures sur un fragment de palais, malheureusement brisé en plusieurs morceaux par la pioche des ouvriers. Deux des fragments portent cependant en place les deux dernières molaires m°? et m° de chaque côté ; les dents du côté gauche ont leur muraille brisée. Je figure seulement le fragment de maxillaire avec les deux der- nières molaires droites (Planche XVI; fig. 1) dont l’état d'usure avancé indique un sujet très adulte; en effet m°(à droite, sur la figure) a sa colline antérieure usée presque jusqu’à la base et sa colline postérieure est profondément atteinte ; m° (à gauche) a ses deux collines seulement un peu entamées par la détrition. 1. Etude sur les Vertébrés fossiles d’Issel (Aude), p. 114, pl. XIX, fig. 6-8. Mém. Soc. Géol. France, (3), t. V, 1888. 2 BAS AGREE OX XV, 1897, 319, pl. IX: 572 CH. DEPÉRET. — LES CARACTÈRES ET LES AFFINITÉS 6 Juin Malgré cet état de conservation un peu défectueux, il est facile de reconnaître dans ces dents tous les caractères du Chas- motherium Cartieri, d'Egerkingen et de Lissieu: leur structure est nettement /ophiodonte ', c’est-à-dire que le lobe antérieur de la muraille externe est relativement peu étendu et très convexe en dehors, tandis que le lobe postérieur est plus développé et plan-concave en dehors, avec une légère saillie convexe au niveau du denticule postérieur. Le mode d'attache des deux collines internes est également tout à fait lophiodonte, c'est-à-dire que la crête de ces collines remonte en s'infléchissant le long du bord antérieur de chacun des denti- cules externes correspondants et s’insère près du sommet de ces denticules ; tandis que chez les Tapiridés, l'attache de ces arêtes se fait sur la base des denticules externes. Le parastyle (denticule de l'angle antéro-externe) est fort, nettement détaché de la couronne, et fait une forte saillie en dehors de la muraille ; ce caractère indique également un animal de la famille des Lophiodontidés. Enfin il existe à la base de ces molaires un bourrelet basilaire épais et continu, qui est constant dans les molaires de Lissieu et d'Egerkingen et forme l’un des traits caractéristiques de l’espèce. Dans les molaires de Robiac, ce bourrelet a malheureusement été un peu rongé du côté droit par la dissolution des eaux; ce qui le fait paraître plus mince et comme crénelé; on le retrouve à peu près à l’état. normal du côté gauche. La dernière molaire m diffère de m? par son second lobe relati- vement réduit aux dépens du denticule externe, ce qui donne à la couronne une forme subtriangulaire. Ce caractère se retrouve dans tous les animaux du groupe des Lophiodontidés, et plus encore dans celui des Rhinocéridés ; il est au contraire très peu accusé dans la famille des Tapiridés. La dentition antérieure, comprenant la série des trois premières | prémolaires, de la canine et des trois incisives, se trouve en place sur un fragment de museau (PI. XVI; fig. 2-24) qui est la pièce la plus importante trouvée dans le gisement de Robiac ; elle com- prend la partie antérieure de l'os maxillaire et l'intermaxillaire entier du côté gauche. Les dents sont en parfait état et nullement entamées par la détrition. 1. Je rappellerai d’après les travaux de MM. Osborn et Wortmann, que le type de molaires {apirodonte est caractérisé par les deux lobes externes d’égale longueur et également convexes, tandis que le type hyracodonte (ou rhinocéroïde) montre un lobe postérieur remarquablement allongé et concave, presque dépourvu de saillie médiane. ‘ 1904 DU GENRE HASMOTHERIUM RUTIMEYER 573 Deux caractères importants du Chasmotherium Cartieri appa- raissent avec évidence sur cette pièce : 1° Les dents supérieures sont en série continue, sans aucun intervalle ou barre, ni en avant ni en arrière de la canine. C’est là une différence essentielle non seulement avec les Tapiridés et les Helalétidés (Colodon, Helaletes, Heptodon), mais encore avec le Lophiodon, pourvu comme on le sait d’une longue barre en arrière de la canine et parfois (L.isselensis, L. leptorhynchus) d'une barre plus petite en avant de cette dent. Le museau du Chasmotheriun devait donc avoir une forme courte et obtuse, d’un aspect très diflérent de celui des Lophiodon ; 2° Toutes les dents du Ch. Cartieri, depuis les incisives jusqu'aux arrière-molaires, sont ornées d'un bourrelet d'émail basilaire remarquablement épais, continu et lisse, qui donne à ces dents un aspect très spécial et permettrait seul de reconnaître une dent quelconque du Ch. Cartieri, trouvée à l’état isolé. Ce bourrelet est beaucoup moins développé dans le Ch. mininum au point de constituer une diflérence spécifique d’une valeur constante. Etudions maintenant les détails de structure de ces diverses dents. Prémolaires. — Nous savons par la belle demi-mandibule d'Argenton publiée par Filhol (Vert. foss. d’issel, pl. x1x, fig. 6-5) que le Chasmotherium possédait 4 prémolaires inférieures au lieu de 3 qui existent chez le Lophiodon. La mâchoire supérieure du Chasmotherium devait a fortiori porter également 4 prémolaires, puisque, d’une manière générale chez les Imparidigités, la cadu- cité de la première prémolaire débute par la mandibule et ne se transmet que plus tardivement à la dentition supérieure. Les trois prémolaires qui sont en place sur la pièce de Robiac et qui font suite immédiatement à la canine sont donc les trois premières p', p* et p°; en arrière manque la quatrième prémo- laire p *, qui devait être plus forte, plus rectangulaire et plus mola- riforme que celles qui la précèdent. Je n'ai point trouvé cette dent dans le gisement de Robiac, mais je la connais à l’état isolé du Sidérolithique de Lissieu ; elle est en place avec p° dans la pièce de Buschweiller figurée par Filhol (loc. cit., pl. x1x, fig. 4). Des trois prémolaires en place sur La pièce de Robiac, la troi- sième p° diffère des arrière-molaires: par sa couronne subrectan- gulaire, plus étendue dans le sens transverse, et par les deux lobes de la muraille externe à peu près de même grandeur, le lobe pos- térieur étant à peine un peu moins convexe que l’antérieur ; par le parastyle relativement très petit et ne faisant pas saillie en 574 CH. DEPÉRET. — LES CARACTÈRES ET LES AFFINITÉS 6 Juin dehors. Les deux collires internes transverses sont bien plus rapprochées l’une de l’autre que dans les arrïère-molaires, maïs elles restent parfaitement distinctes. On peut noter sur le milieu du trajet de ces arêtes transverses, surtout au lobe antérieur, un léger renflement (sorte de rudiment d'un denticule médian), qui a été parfaitement observé et figuré par Filhol dans les prémo- laires de Buschweiler. La crête antérieure est un peu moins éten- due que la postérieure dans le sens transverse. La deuxième prémolaire p°? ne diffère de la précédente que par ses dimensions plus faibles et par sa crête antéro-interne encore moins développée, d’où résulte pour la couronne une forme sub- triangulaire. La première prémolaire p' est très diffèrente des deux autres : elle est allongée, triangulaire ; la muraille externe porte un denti- cule antérieur en forme de pointe élancée, suivi d’un denticule postérieur très réduit et bien plus abaissé que l’antérieur. Le parastyle est petit et rejeté en dedans. Quant aux collines internes, on les retrouve assez difficilement sous la forme de deux denti- cules soudés l’un à l’autre en une arête mousse longitudinale qui se recourbe en avant pour se rattacher à la pointe antérieure de la muraille. Canine. — En avant de cette prémolaire antérieure, et étroite- ment appliquée contre le bord antérieur de sa couronne, vient une dent uniradiculée, à couronne conique et courte, un peu compri- mée en travers, qui est la canine. La détermination de cette dent comme canine n’est pas douteuse, car sa racine, forte, est implantée à la partie tout à fait antérieure de l’os maxillaire et les trois dents qui la précèdent immédiatement, et qui sont les incisives, s’implan- tent dans l’os intermaxillaire. La canine du Chasmotherium est donc très courte, sa pointe ne dépassant pas la hauteur des inci- sives, auxquelles elle ressemble extrêmement aussi par la forme de la couronne. C’est là un caractère important et tout à fait inat- tendu qui distingue la dentition du Chasmotherium de celle du Lophiodon avec ses puissantes canines si saillantes. Incisives. — Les trois incisives sont, comme je l’ai déjà indiqué, en série continue entre elles et avec la canine à laquelle elles ressemblent beaucoup pour la grandeur et la forme. Leur couronne est formée d’une pointe conique, légèrement comprimée en travers, avec deux arêtes d’émail allant du sommet à la base, et situées l’une en avant et un peu en dedans, l’autre, plus mousse, en arrière etun peu en dehors. La face externe de la dent, qui devient presque antérieure à la première incisive, est plus convexe que la face interne. 1904 DU GENRE CHASMOTHERIUM RUTIMEYER 579 IT. DENTITION INFÉRIEURE. — Les documents recueillis à Robiac pour la dentition inférieure sont beaucoup plus incomplets. Un fragment de mandibule du côté droit (pl. XVI, fig. 3, 3a) porte en place les deux dernières molaires m° et m’, formées chacune de deux crêtes transverses un peu obliques sur l’axe de la mâchoire surtout au lobe postérieur. Chacune des crêtes se recourbe en avant et à angle droit du côté externe en une arête récurrente bien marquée, mais qui laisse parfaitement ouverte la vallée médiane. La crête postérieure de mn° a une dis- position un peu spéciale, en ce sens qu'elle dessine une courbe arrondie au lieu d’un angle droit; ce fait paraît en rapport avec l’atrophie relative du second lobe externe de m° à la mâchoire supérieure. Un bourrelet basilaire assez épais entoure la base de la couronne de ces dents et s’efface seulement un peu du côté interne. Ce bour- relet s’épaissit au contraire en avant et en arrière, où il forme une sorte de talon arrondi et assez détaché, plus développé en arrière de m°. L'ensemble de la structure de ces molaires ne diffère pas essen- tiellement de celle des Lophiodon, sauf que la dernière molaire manque du troisième lobe si développé chez ces derniers animaux. L'absence du troisième lobe à la dernière molaire se retrouve dans le Ch. minimum d'Argenton ainsi que dans le Ch. Stehlini de Cuis et constitue un bon caractère de distinction générique entre le Chasmotherium et le Lophiodon. On sait d’ailleurs que beaucoup d'autres Imparidigités éocènes, l’Helaleies et certains Colodon dans les Helalétidés, le Protapirus et le Tapir dans les Tapiridés, l'Ayrachyus et l'Hyracodon dans les Hyracodontidés, les Rhinocéridés en général, sont également dépourvus de ce troi- sième lobe ; ce caractère commun n'implique évidemment aucune parenté entre ces animaux et représente seulement un trait d'adaptation secondaire, ou si l’on veut un stade de réduction de la dernière molaire dans le sens hkomæodonte. Il a été recueilli en outre une molaire inférieure isolée (pl. XVI, fig. 4, 4a), qui est, je pense, un germe de la première arrière- molaire m', d’un sujet plus petit de taille que le précédent. La couronne serait plus allongée et la courbe de l’arête postérieure plus arrondie s'il s'agissait d’une molaire de lait. 30 AFFINITÉS DU CHASMOTHERIUM Ainsi que je l’ai sommairement rappelé plus haut, la question des affinités du Chasmotherium a donné lieu à des interprétations très diverses. 576 CH. DEPÉRET. — LES CARACTÈRES ET LES AFFINITÉS 6 Juin Les premiers paléontologistes qui ont connu le Chasmotherium, Cuvier, Blainville et à leur suite Laurillard, Fischer de Waldheim, et un peu plus tard P. Gervais, n'ont eu à leur disposition que quelques molaires isolées dont la ressemblance avec les dents du Lophiodon ne pouvait manquer de les frapper. Aussi ont-ils géné- ralement rapporté les débris de cet animal à une très petite espèce de Lophiodon. La connaissance plus complète que nous possédons maintenant des caractères dentaires du Chasmotherium nous amène à constater que ce rapprochement avec le Lophiodon est, de toutes les opinions qui se sont produites, celle qui s’écarte le moins de la vérité. Avant d'aborder l'étude des rapports du Chasmotherium et du Lophiodon, il est nécessaire de déblayer le terrain en discutant et en écartant les autres interprétations introduites plus récem- ment dans la science par les travaux de Filhol et de MM. Osborn, Earle et Gaudry. Dans sa belle Monographie consacrée au genre Zophiodon, Filhol a fait connaître quelques pièces importantes du Chasmothe- rium, entre autres une belle demi-mandibule du Ch. minimum d'Argenton, découverte par M. Vasseur, et un fragment de mâchoire avec les deux prémolaires p? et p* du Ch. Cartieri de Buschweïler (coll. Ecole des Mines); mais il a malheureusement été entraîné à l'égard de ces deux pièces à une double erreur d'interprétation. D'une part, il a rapporté la mandibule et une dernière molaire supérieure d'Argenton (sous le nom de Æyrachyus intermedius) au genre //yrachyus Leidy : de l'étage de Bridger (Eocène moyen) du Wyoming. Cette assimilation générique est de toute évidence inexacte. Tout au plus pourrait-on noter une certaine analogie générale dans le type de structure des arrière-molaires supérieures ; encore s’agit-il d’une ressemblance un peu superficielle, et il est facile de constater que chez l’Ayrachyus, le lobe postérieur de la muraille est plus développé et plus concave et que le parastyle est moins détaché de la couronne ; ces deux caractères indiquent nettement la tendance rhinocérotoide (suivant l'expression de M. Osborn) des molaires de l’Æyrachyus. 1. Dans un Mémoire antérieur (Ann. Se. Géol 1885, t.X VII, pl. VD, Filhol avait déjà rapporté au genre Hyrachyus (sous les noms de H. Zeilleri et intermedi:s) des molaires de l’Aquitanien de Celles-sur-Cher, qui appartien- nent en réalité au genre Paratapirus Depéret. c’est-à-dire à un vrai Tapiridé, et rentrent en conséquence dans un rameau phylétiqur différant à la fois de celui des Lophiodon et de celui des Hyrachyus. Cette erreur a déjà été par- faitement rectifiée par Zittel dans son Traité de Paléontologie, t. IV, p. 280; il serait superflu d’y insister. 1904 DU GENRE CHASMOTHERIUM RUTIMEYER 577 Le reste de la dentition.est très différent chez l’Hyrachyus et le Chasmotherium : les prémolaires supérieures sont triangulaires, à une seule pointe interne dans le premier, quadrangulaires à collines transverses distinctes dans le second. De même pour la mandibule, la seule analogie entre les deux genres consiste dans l’absence du troisième lobe à la dernière molaire ; mais le type de structure est différent : chezl Hyrachyus l’arête du second lobe se recourbe du côté externe en un demi- croissant qui obstrue presque entièrement la vallée transverse, se rapprochant ainsi du type des Rhinocéridés; cette arête présente chez le Chasmotherium une simple crête récurrente qui laisse ouverte la vallée médiane. Les données que j'apporte dans cette note sur la dentition antérieure accentuent encore ces divergences : les dents sont en série continue dans le Chasmotherium, il existe une longue barre dans l’Ayrachyus ; la canine est petite et incisiforme chez le premier, forte et saillante chez le second ; enfin les incisives (à en juger par celles de la mandibule de l'Jyrachyus) doivent être différentes, à couronne beaucoup plus étalée chez ce dernier animal. On ne peut, en un mot, admettre le moindre lien de parenté entre ces deux formes animales à peu près contempo- raines, mais, appartenant à deux séries naturelles très distinctes, celle des Lophiodontidés pour le Chasmotherium, celle des Hyra- codontidés pour l’'Hyrachyus. Filhol a également eu entre les mains un fragment de mâchoire supérieure avec les deux dernières prémolaires p° et p“ du Ch. Cartiert, provenant de l’Eocène moyen de Buschweïler (Alsace). IL n'a malheureusement pas reconnu l'identité de cette pièce avec le Lophiodon annectens Rütim. d'Egerkingen, et il en a fait le type d’un genre nouveau, sous le nom de Palæotapirus (P. buxovillanus — P. Douvillei dans le texte), dénomination fâcheuse, parce qu’elle implique une idée fausse, celle d’une parenté ancestrale avec les Tapiridés. Heureusement, ce nom de Palæotapirus peut disparaître de la paléontologie, M. Stehlin ayant démontré la priorité du nom de Chasmotherium donné par Rütimeyer aux prémolaires inférieu- res du gisement d'Egerkingen. M. Albert Gaudry s’est à son tour occupé du Chasmotherium, et a intercalé très malheureusement les deux espèces de ce genre (sous des noms génériques d’ailleurs différents) et concurremment avec le Lophiodon, dans la filiation ancestrale des Tapirs. J'ai montré dans un Mémoire récent !, par une étude complète 1. Etudes paléontologiques sur les Lophiodon du Minervois (Arch. Mus. Lyon, t. IX. 23 Décembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 35. 578 CH. DEPÉRET. — LES CARACTÈRES ET LES AFFINITÉS 6 Juin de la dentition, du crâne et des pattes du Zophiodon leptorhyn- chus du Minervois, que ce genre n'avait rien de commun avec les Tapirs et appartenait à un rameau phylétique entièrement distinct. Je ne reviendrai pas ici sur le Lophiodon, mais il est indispensable de discuter les interprétations de M. Gaudry sur le Chasmotherium, et d’en montrer l’inexactitude. La petite espèce d’Argenton a été réunie par cet auteur sous le nom de Colodon minimus au genre Colodon Marsh, de l'Oligocène d'Amérique (étage de White-River). Une différence d'âge géolo- gique aussi grande que celle qui sépare l’Eocène moyen de l'Oligo- cène supérieur aurait dû seule mettre en garde contre une semblable assimilation; on ne connaît en effet aucun genre de Mammifère commun à ces deux niveaux. La raison qui semble avoir entraîné l'opinion de M. Gaudry est une lointaine analogie dans le degré de complication des prémolaires supérieures, telle du moins qu’elle ressort de la série artificielle et discutable : que l’auteur a figurée de l’animal d’Argenton ; les deux collines internes de ces prémo- laires auraient, comme chez le Colodon, une tendance à s’accoler et à se fusionner par leur base, tout en restant distinctes par leur sommet. Mais il paraîtra évident à tout paléontologiste que ce degré moyen de complication des prémolaires dans le sens homæo- donte, se rencontre à toutes les époques et dans des genres très diffé- rents d’Imparidigités, tels que l’Ayrachyus,l Amynodon, l Hyra- codon, l’Helaletes, le Protapirus, etc., et n'implique entre ces formes aucune espèce d'identité générique ni même de rappro- chement naturel. Le Colodon diffère en réalité du Chasrnotherium par des carac- tères importants de la structure des molaires, déjà bien mis en évidence par M. Earle * d’abord, et plus récemment par M. Stehlin *. Aux arrière-molaires supérieures, le second lobe de la muraille est bien plus réduit et plus concave, plus oblique en dedans que chez le Chasmotherium ; la couronne de ces dents se trouve de ce fait moins carrée et de forme plus arrondie. Les prémolaires supé- rieures du Colodon sont plus triangulaires avec leurs deux collines internes plus rapprochées et presque fusionnées. A la mandibule, le second lobe des prémolaires est formé de deux pointes distinc- tes, et non d’une simple crête d’émail émanée de l'unique den- ticule externe: Les arrière-molaires ont des arêtes récurrentes 1. Voir les remarques critiques de M. Stehlin, loc. cit., p. 56-57. 2. Remarks on the fossil Tapiroids of France, Americ. Naturalist, 1898, t. 32, p. 119. SLOCACLt-1p 107 1904 DU GENRE CHASMOTHERIUM RUTIMEYER 579 presque nulles ; enfin la dérnière m° possède un troisième lobe ou talon triangulaire formé d’une pointe conique indépendante, et non d'un simple épaississement du bourrelet. Nous savons de plus maintenant que, à l'inverse du Chasmotherium, le Colodon possède une longue barre en arrière de la canine aux deux mâchoires et que cette canine était forte au lieu d’être semblable aux incisives comme chez le Chasmotherium. Il n’y a pas lieu de songer au moindre rapprochement entre ces deux genres. Pour la grande espèce de Chasmotherium, M. Gaudry a repris les prémolaires supérieures de Buschweiïiler déjà décrites par Filhol et qui sont identiques, à quelques nuances individuelles près, à celles du Ch. Cartieri d'Egerkingen et de Robiac. L'auteur les figure comme Filhol sous le nom de Palæotapirus, mais accentue encore l'erreur de ce dernier en les réunissant sous ce même nom générique (voué maintenant à l'oubli) au Tapirus helveticus v. Meyer, espèce de l’Oligocène supérieur et du Miocène, dont les arrière-molaires offrent la structure {apirodonte très typique et diffèrent radicalement de celles du Chasmotherium. Ici encore, comme pour le Ch. minimum, M. Gaudry a été entraîné par le point de vue théorique de l’état d'évolution des prémolaires, qui dans le Ch. Cartieri, ont leurs deux collines internes bien déve- loppées et bien distinctes. Un degré aussi avancé dans l’homæo- dontie des prémolaires ne pouvant s'appliquer, suivant l’auteur, à un animal de l'époque éocène, M. Gaudry suppose que la pièce en question ne provient pas du calcaire éocène bien connu de Busch- weiler, mais de quelque autre gisement d'âge oligocène ou miocène de la même région. Cependant, d'après ce qu’a bien voulu me dire M. H. Douvillé, la pièce en question faisait partie de la collection Anthoine, donnée à l'Ecole des Mines de Paris, et rien n'autorise à la séparer des autres pièces provenant du calcaire lacustre de Buschweïler et faisant partie de la même collection. L'identité maintenant reconnue du Palæotapirus et du Ch. Cartieri d'Eger- kingen transforme cette présomption en certitude. Il est donc établi que M. Gaudry a intercalé un animal éocène du groupe des Lophiodontidés comme formant un passage entre un Tapir miocène et un Tapir pliocène. Nul exemple n’est mieux fait pour mettre en garde contre les conceptions théoriques (sou- vent invoquées par M. Gaudry dans ses travaux) qui consistent à fixer l’âge d’un fossile par l'examen de son éfat d'évolution. Assu- rément cette considération est appelée à réndre quelques services aux paléontologistes, lorsqu'elle est appliquée avec prudence aux formes successives et réellement apparentées d’un même rameau ; mais on voit quel danger elle-présente et à quelles conséquences 580 CH. DEPÉRET. — LES CARACTÈRES ET LES AFFINITÉS 6 Juin inexactes elle peut conduire lorsqu'on compare entre elles, comme l’a fait M. Gaudry, des formes appartenant à des rameaux diffé- rents, dont l’évolution peut se trouver en relard ou en avance sur celle du rameau voisin, ou même parfois se produire dans un sens diamétralement opposé. IL résulte de cette discussion que le Colodon minimus de M. Gaudry doit prendre le nom de Chasmotherium minimum et que le Palæotapirus Douvillei de Buschweiïler est identique au Ch. Cartieri d'Egerkingen. Ce sont deux espèces d’un même genre, toutes les deux d'âge éocène moyen et aussi étrangères l’une que l’autre à la filiation des Tapiridés :. D’autres tentatives d’assimilation ont été faites entre le Chas- motherium et plusieurs genres d'Imparidigités américains. C’est ainsi que M. Osborn * a réparti les dents du Ch. Cartieri entre les genres Jsectolophus, Helaletes, Heptodon et Hyrachyus. M. Earle* a rapporté la dentition supérieure du Chasmotherium à 'Isectolo- phus et sa dentition inférieure à l’Ayrachyus. Littel * attribue les arrière-molaires à l’Aelaletes, et les prémolaires à Zsectolophus. M. Siehlin * a déjà noté les points faibles de ces interprétations avecuneprécision qui me permettra de ne pas y insister longuement. Je me bornerai à faire remarquer que les quatre genres améri- cains visés par MM. Osborn et Earle se répartissent en réalité entre #rois rameaux phylétiques parfaitement distincts : l’Hyra- chyus fait partie du rameau des Hyracodontidés (type de molaires rhinocérotoïdes) ; l’Zsectolophus est un Tapiridé (molaires tapiro- 1. Il ne sera pas étranger à la question d'indiquer comment on peut com- prendre, dans l’état actuel de nos connaissances, l’histoire du rameau des Tapiridés. Il est facile, dans l'Ancien Monde, de suivre ce rameau en remon- tant à partir du Tapirus arvernensis pliocène, par le Tapirus priscus du Miocène supérieur, puis par le Paratapirus helveticus miocène et oligocène supérieur, jusqu'au Protapirus Douvillei de Celles-sur-Cher, et enfin au Protapirus priscus des phosphorites. Mais à partir de l’Oligocène inférieur, on ne trouve plus en Europe, à l’époque Éocène, aucune forme animale pouvant se rattacher à la filiation ancestrale des Tapiridés. Au contraire, les terrains éocènes de l'Amérique du Nord ont fourni une série de types : Protapirus (nombreuses espèces oligocènes), Isectolophus (Éocène supérieur et moyen), Systemodon (Éocène inférieur), qui semblent bien pouvoir jouer le rôle de types primitifs de cette famille. Il paraît donc rationnel de penser que les Tapiridés ont envahi l’Europe, venant d'Amérique, au début des temps Oligocènes avec beaucoup d’autres genres de même provenance, tels que Entelodon, Acerotherium par exemple. Le début de l’Oligocène paraît se présenter de plus en plus pour l’Europe comme une grande époque d’im- portations américaines. 2. What is Lophiodon ? Americ. Naturalist, 1892, p. 763. 3. Loc. cit., 1898, p. 115. 4. Traité de Paléontologie, t. IV, p. 275 et 278. 5. Loc. cil., p. 62 et suiv. 190/ DU GENRE CHASMOTHERIUM RUTIMAYER 581 dontes), enfin l’Æeptodon et l’Helaletes rentrent seuls dans le groupe lophiodonte, comme le montrent nettement leurs arrière- molaires à deux lobes externes inégaux, le postérieur plus allongé et légèrement concave. Les trois genres ÆHeptodon, Helaletes, Colodon me semblent constituer, dans le groupe lophiodonte, une petite famille ou série phylétique spéciale, celle des Helalétidés, absolument limitée jusqu'ici à l'Amérique du Nord et allant de l'Eocène inférieur à l’Oligocène. Les représentants de cette famille se distinguent des formes européennes, aussi bien du Chasmothe- rium que du Lophiodon, par quelques caractères généraux très nets quisont lessuivants : aux arrière-molaires supérieures, le deuxième lobe de la muraille est relativement court et très concave au lieu d’être allongé et presque plat ; la couronne a par suite une forme générale moins cerrée, à angle postérieur plus arrondi. Les pré- molaires inférieures ont un second lobe à deux pointes presque séparées au lieu d’être formé d’une simple arète d’émail rat- tachée à l'unique denticule externe. Enfin il existe en arrière dela canine, une barre qui manque chez le Chasmotherium et les inci- sives (au moins chez l’Heptodon) sont en palette à bords arrondis au lieu d’être coniques et pointues. À ces caractères généraux s'ajoutent des caractères distinctifs particuliers à chacun de ces genres, caractères qu'il me paraît superflu d'analyser en détail. On doit considérer comme démontré que le Chasmotherium ne rentre dans aucun des genres connus des Imparidigités américains. J'arrive maintenant au Lophiodon avec lequel le Chasmothe- rium présente beaucoup plus d'’aflinités naturelles qu'avec aucun des autres genres jusqu'ici étudiés. Les arrière-molaires d'en haut et d'en bas sont même tellement semblables à celles d'un Zophiodon de petite taille (si l'on met à part l’absence du troisième lobe à la dernière molaire inférieure) que l'identité générique de ces deux formes animales s’imposerait, si l’on n'avait affaire qu'à des molai- res isolées. Mais la dentition antérieure est très différente : le Chasmotherium possède 4 prémolaires, le Lophiodon3 prémolaires seulement à chaque mâchoire. Dans le premier, les trois dernières prémolaires d’en haut ont deux collines internes bien développées et presque aussi fortes l’une que l'autre (type de dentition homæodonte), dans le second il n’existe généralement qu’une seule colline interne bien constituée, et même lorsquela deuxième colline prend un certain développement (par exemple dans le Zophiodon lautricensis), la couronne des prémolaires reste toujours plus réduite, plus triangulaire, en un mot plus hétérodonte que dans le Chasmotherium. Enfin la petitesse de la canine, la disposition en série continue de toute la rangée dentaire, la forme en cône simple _b82 CH. DEPÉRET, — LES CARACTÈRES ET LES AFFINITÉS 6 Juin des incisives sont des traits caractéristiques du genre Chasmo- therium, et forment un contraste remarquable avec la grosse canine recourbée et saillante du Lophiodon, sa série dentaire interrompue par une longue barre derrière la canine, ses incisives triangulaires pourvues en arrière d’un talon rugueux. Si l’on veut apprécier ces divers caractères au point de vue du degré d'évolution, on peut dire que le Lophiodon est un type plus primitif que le Chasmotherium par certains côtés (prémo- laires hétérodontes, dernière molaire inférieure pourvue d’un troisième lobe) et au contraire plus évolué par certains autres côtés (grande taille, différenciation plus accentuée des canines et inci- sives, chute de la première prémolaire d'en haut et d'en bas). Comme d'autre part ces deux genres ont vécu à la même époque (Yprésien-Lutétien-Bartonien), il devient évident que l'un des deux n’a pas pu donner naissance directement à l’autre et que les deux types constituent deux rameaux phylétiques parallèles, ayant vraisemblablement dans l'Eocène le plus inférieur (ou peut- être dans le Crétacé) quelque souche ancestrale commune totale- ment inconnue à l’heure actuelle. Dans l'Amérique du Nord, la petite famille des Helalétidés constitue dans le même groupe des Imparidigités lophiodontes, un troisième rameau parallèle aux deux rameaux européens et dérivant peut-être aussi d'un même tronc commun. L'histoire géologique du rameau Chasmotherium est, dans l’état de nos connaissances, fort incomplète. Des deux espèces jusque là connues de ce genre, le Ch. minimum, par sa taille plus petite, ses prémolaires plus simples (prémolaires supérieures à collines internes moins séparées, prémolaires inférieures à deuxième lobe moins développé) nous apparaît, ainsi que l’a déjà indiqué M. Stehlin, comme une forme plus primitive que la grande espèce, le Ch. Cartieri, à dentition plus nettement homæodonte. Il n’est pas du tout certain que les deux espèces soient absolument con- temporaines, car on ne les a jamais trouvées ensemble dans un gisement stratifié et leur association n’a été constatée que dans les gisements sidérolithiques (Egerkingen, Lissieu) où deux faunes successives peuvent se trouver mélangées. Il se pourrait donc que les gisements du Ch. minimum à Argenton et à Bracklesham fussent un peu plus anciens que ceux du Ch. Cartieri à Issel, Gentilly et Buschweiïler, qui appartiennent sûrement au Lutétien supérieur. Il est dans tous les cas certain, par la découverte faite à Robiac, que le Ch. Cartieri a vécu jusqu'à la fin du Bartonien, niveau dans lequel le Ch. minimum fait jusqu'ici défaut. 1904 DU GENRE CHASMOTHERIUM RUTIMEYER 583. L'extinction brusque du Chasmotherium à la fin de l'Eocène moyen ne semble pas douteuse, car nous ne connaissons dans l’'Eocène supérieur ni plus tard, aucune forme animale à laquelle il ait pu donner naissance. IL est curieux de constater que cette extinction coïncide avec l'extinction brusque du Zophiodon. Quant aux formes ancestrales de ce groupe, elles étaient jusqu'à ce jour entièrement inconnues. J'ai la bonne fortune de pouvoir signaler ici l'existence d’un véritable Chasmotherium dans l'Éocène inférieur des environs de Cuis, au niveau des sables à Teredina personata de l'Yprésien supérieur ! (faune agéienne du D" Lemoine). Il s’agit d’une portion de mandibule du côté gauche, malheu- reusement un peu brisée dans l’extraction, mais montrant en place les trois arrière-molaires d'un sujet adulte (fig. r dans le texte), car les crêtes de m' et de m° sont fortement entamées par la détrition. Je figure en outre une dernière prémolaire p', qui provient probablement du même individu. Fig. 1. — Chasmotherium Stehlini n. sp., des sables à Térédines (Yprésien supérieur) de Cuis (Marne). Portion de mandibule avec les 3 arrière-molaires et une prémolaire, p*. Gr. nat. Toutes ces dents présentent les caractères typiques du genre Chasmotherium, en particulier dans la structure de m° dépourvue de troisième lobe, mais montrant à sa place un fort épaississement du bourrelet basilaire. La dernière prémolaire est à peu près dans le même état que chez le Ch. minimum, c’est-à-dire que le second lobe est plus abaissé et un peu plus réduit que dans la dent corres- 1. Les sables à Térédines de la région d’Épernay avaient été attribués jusque dans ces derniers temps au Sparnacien supérieur. C’est à M. G.-F. Dolfus que revient le mérite d’avoir montré que cet horizon est supérieur aux sables du Soissonnais et doit être remonté jusqu’à la partie terminale de l’Yprésien. J’adopte cette rectification stratigraphique avec d'autant plus d’empressement qu’elle me paraît s‘accorder très bien avec les caractères paléontologiques de la faune agéienne, dont les affinités avec les Mammi- fères lutétiens sont si évidentes. Je me propose de revenir bientôt sur cette question intéressante. 584 CH. DEPÉRET, — LES CARACTÈRES ET LES AFFINITÉS 6 Juin pondante du Ch. Cartieri. Les caractères distinctifs de CA. Stehlini sont au nombre de deux: 1° la dimension est notablement infé- rieure à celle de Ch. minimum : la dernière molaire inférieure mesure en effet de o m. 023 à 0,024 de longueur dans le Ch. Car- liert ; de 0.0185 à 0,020 dans le Ch. minimum et de 0,0155 seule- ment dans le Ch. Stehlini. Le petit animal de Cuis est donc de plus d’un tiers inférieur à la grande espèce d’Egerkingen ; °° le bourrelet basilaire, si remarquable par sa continuité chez le CA. Cartieri, est déjà plus mince et moins continu chez le Ch. mini- mum ; il est encore moins développé chez le Ch. Stehlini où il fait presque défaut sur le côté des arrière-molaires, à l'exception d'un léger rudiment au niveau de la vallée médiane du côté externe ; ce bourrelet est un peu plus marqué sur le côté externe de la prémolaire p*. Ces caractères me paraissent suffire, en attendant de connaître l’ensemble de la dentition, pour justifier l'établissement d’une espèce ou d'une mutation ascendante nouvelle, que je désigne sous le nom de Ch. Stehlini. Le D' Lemoine me semble avoir déjà eu entre les mains quelques débris de cette espèce, notamment les deux molaires figurées sous les numéros 126 et 127 de son Mémoire sur les Dents des environs de Reims (B.S:G. F., 6) XEC 3or, p. 286, pl. x1). « Nous hésitons, dit-il, à nous prononcer sur la valeur de ces dents. S'agit-il là de Lophiodon réels de taille beau- coup plus petite ou de quelque genre voisin ? » Il serait nécessaire de revoir les pièces en question, étant donnée l’imperfection des figures, pour avoir une certitude sur leur attribution au Chasmo- therium. Nous connaissons donc maintenant, dans le rameau phylétique du Chasmotherium, trois formes distinctes et successives, qui s'échelonnent de l’Yprésien au Bartonien, parallèlement à la série des Lophiodon, avec laquelle elles n'ont aucun lien direct de parenté. Ces trois espèces se trouvent l’une (Ch. Stehlini) dans l’Yprésien, la deuxième (Ch. minimum) dans le Lutétien, la der- nière (Ch. Cartieri) dans le Lutétien supérieur et le Bartonien et suivant une loi si constante en paléontologie, leur taille va en augmentant de la forme la plus ancienne à la forme la plus récente, avec laquelle s'éteint le groupe. C’est à cela que se bornent, dans l’état actuel, nos données sur le rameau phylétique du Chasmotherium ; nous ne connaissons en effet ni en Europe, ni dans l'Amérique du Nord aucune forme animale de l'Éocène le plus inférieur ni du Crétacé pouvant se rattacher à ce groupe. J’ai eu l’occasion de montrer ailleurs qu'il 1904 DU GENRE CHASMOTHERIUM RUTIMEYER 389 en était de même pourle Zophiodon. Nous sommes ainsi réduits à l'hypothèse que les deux rameaux parallèles du Zophiodon et du Chasmotherium, qui ont évolué d’une manière indépendante, de l’Yprésien au Bartonien, se trouveront un jour rattachés l’un à l’autre par quelque ancêtre commun encore inconnu de l’Éocène inférieur ou du Secondaire. Cette forme ancestrale hypothétique sera-t-elle découverte dans le sol de l’Europe ou au contraire dans quelque contrée lointaine, telle que l'Amérique du Nord ou la Patagonie ? Nous l’ignorons encore, mais j'ai pour ma part l'im- pression que le groupe des Lophiodontidés est d'origine américaine et que leur introduction en Europe vers la fin de l'Eocène inférieur est due à l’une de ces communications intermittentes entre l'Ancien et le Nouveau Continent, dont l’histoire de la paléontologie ter- tiaire nous offre de si curieux et si fréquents exemples. 4° DrAGNOSE DU GENRE ET DES ESPÈCES DE CHASMOTHERIUM Dans l’état actuel de nos connaissances, à peu près réduites au seul système dentaire, la diagnose du genre Chasmotherium est la suivante : Genre Chasmotherium RuTIMEYER, 1862 Formule dentaire : 7 ? C= P + M =. Museau court et obtus. Dentition supérieure en série continue, sans barre en arrière ni en avant de la canine. Trois incisipes à couronne conique, courte, un peu comprimée avec double arête d'émail ; diminuant un peu de grandeur d’avant en arrière. Canine semblable à la troisième incisive pour la forme et la grandeur. Quatre prémolaires : p' allongée triangulaire à forte pointe antéro-externe et pointe postérieure très réduite, avec talon interne en crête longitudinale ; p°, p° et p‘ quadrangulaires-transverses à deux pointes externes convexes et parastyle petit, et à deux collines internes transverses bien distinctes, l’antérieure un peu plus réduite que l’autre, surtout dans p*. Trois arrière-molaires à structure lophiodonte, avec fort paras- ty le saillant en dehors, lobe antéro-externe court et convexe, et lobe postéro-externe allongé et plano-concave; deux collines internes transverses rattachées à l’arête antérieure de la pointe externe correspondante : m° à lobe postérieur relativement réduit. Toutes les dents, des incisives aux molaires, entourées d’un fort bourrelet d'émail basilaire plus ou moins développé. 586 CH. DEPÉRET. — LES CARACTÈRES ET LES AFFINITÉS 6 Juin Dentition inférieure en série presque continue, avec très léger intervalle entre la canine et la première prémolaire (mandibule d’Argenton). Incisives et canine inconnues, mais sans doute assez semblables aux supérieures. Quatre prémolaires : p' à pointe antérieure comprimée et talon rudimentaire ; p° et p° avec crête antérieure oblique et talon en crête transverse simple ; p“ submolariforme à deux arêtes trans- verses. Trois arrière-molaires à deux crêtes transverses, la postérieure un peu oblique, avec arêtes récurrentes assez marquées du côté externe ; n° dépourvue du troisième lobe, avec léger talon formé par l’épaississement du bourrelet hasilaire. Toutes les dents entourées d’un bourrelet basilaire s’effaçant du côté interne et plus ou moins développé suivant les espèces. 1. Chasmotherium Cartieri RUTIMEYER PI. XVI. Syn. : Lophiodon Cartieri Rüt. — L. annectens Rüt. — Palæotapirus Dou- villei et buxovillanus Filhol. Taille un peu inférieure à celle du Tapir d'Amérique ; longueur de m° inférieure o m. 023 à 0,024. Prémolaires supérieures à collines internes bien séparées ; deuxième lobe ou talon des prémolaires inférieures bien développé. Gisements. — Lutétien supérieur : Issel, Buschweiler, Gentilly. Bartonien : Robiac (Gard) En outre dans le Sidérolithique d'Egerkingen, de Mormont et de Lissieu. 2. Chasmotherium minimum sp. FIiscHER Syn. : Lophiodon minimum Cuvier, Blainville, Fischer. — Hyrachyus inter- medius Filhol. pars. — Colodon minimus Gaudry. Taille d’un cinquième environ inférieure au Ch. Cartieri ; m° infé- rieure 0 m. 0185 à 0,020 ; prémolaires supérieures plus courtes, à collines internes plus serrées; prémolaires inférieures à second lobe plus réduit; bourrelets basilaires d’une manière générale plus minces et moins continus. Gisements. — Lutétien : Argenton (Indre), Bracklesham (Angle- terre). En outre dans le Sidérolithique d'Egerkingen et de Lissieu. NoTe DE M. Ch. Depéret Bull. Soc. Géol. de France ZT SERIE LT UMP IAE VI > (Séance du 6 Juin 1904) Laboratoire central de Photographie de l’Université de Lyon Chasmotherium Cartieri Rur. VEN 1 FN } F OT FAN S'ETRE ; de 1 NO VE At (LAN à 1904 DU GENRE CHASMOTHERIUM RUTIMEYER 587 3. Chasmotherium Stehlini n. sp. Taille inférieure de plus d’un tiers au Ch. Cartieri ; m° inférieure 0 M. 0159 ; dernière prémolaire inférieure à second lobe abaissé et court ; bourrelets basilaires entièrement absents sur les côtés des molaires, sauf un léger rudiment en dehors. Gisements. — Eocène inférieur (Yprésien supérieur). Sables à Teredina personata des environs de Cuis (Marne). EXPLICATION DE LA PLANCHE XVI Route — Chasmotherium Cartieri Rurmeyer. Fragment du maxillaire avec les 2 dernières molaires droites m? et m°. Robiac. Fig. 2-04. — Chasmotherium Cartieri RuriMeyer. Dentition supérieure antérieure. Robiac. Fig. 3-3a. — Chasmotherium Cartieri Rurmmeyer. Fragment de la mandibule inférieure droite. Robiac. Fig. 4-4a. — Chasmotherium Cartieri Rurmmsyer. Molaire inférieure isolée. Robiac. L'AURÉOLE CALCAIRE DES MASSIFS GRANITIQUES DES PYRÉNÉES par M. J. ROUSSEL. L'étude des terrains primaires des Pyrénées m'a révélé les faits suivants : Dans certains de ces terrains et dans la partie qui affleure dans la région des gneiss, on n’observe que de rares lentilles de calcaire. Ces lentilles abondent, au contraire, dans la partie des mêmes terrains comprise dans la région des massifs granitiques et for- ment une sorte d’auréole sur le pourtour de ces massifs. Les calcaires du Primaire inférieur faisant partie de cette auréole affectent la forme de précipités chimiques et de dalles cristallines. Ceux du Primaire supérieur sont moins eristallins et apparaissent, par endroits, pétris de fossiles. Ces faits sont vérifiables, le plus souvent, jusque dans le pour- tour des moindres affleurements granitiques. En voici quelques exemples : Les terrains primaires de la vallée de l'Ariège, compris entre le gneiss de la ride centrale et celui de la montagne de Tabe, ne contiennent que très peu de calcaire : on n'en remarque que trois ou quatre lentilles dans l’Ordovicien, et le Dévonien même, géné- ralement si bien pourvu, n’en contient que deux ou trois, dont l’une, celle de Lordat, est construite par les Goniatites. Maïs, si l’on suit les couches du côté de l’est, on observe qu'au voisinage du grand massif granitique de Quérigut, elles se dévient toutes quelque peu comme pour le contourner et se remplissent de car- bonate de calcium de manière à former sur tout le pourtour du granite une véritable auréole de calcaire. Du côté sud, ce sont d’abord celles du Précambrien et du Cambrien qui ont subi cette transformation ; elles forment de hautes montagnes d’un blanc éclatant où le calcaire cristallin se développe en dalles ou en masses plus ou moins épaisses et criblées de grenats et autres minéraux au Voisinage du granite qui les a bordées de ses filons. Du côté de l’ouest, ce sont les formations de l'Ordovicien et du Gothlandien qui deviennent calcaires à leur tour, se dévient comme pour contourner le granite et disparaissent enfin au contact de la roche éruptive qui les a digérées. Du côté du nord, ce sont 1904 J. ROUSSEL 589 les assises dévoniennes et carbonifères qui sont toutes devenues calcaires tout en restant fossilifères. Du côté de l’est enfin, tout n’est que calcaire au contact du granite qui a tout submergé de ses filons, de sorte qu’il m'a fallu d'assez longues recherches pour retrouver là, sous cette apparence, les divers terrains du Primaire. Si l’on suit, au contraire, les couches à l’ouest de l'Ariège, on constate bientôt que le gneiss disparaît et l'on observe alors que l’ensemble des formations de l’Archéen, du Cambrien et de l'Or- dovicien est à peu près uniquement formé de schistes. Puis on arrive au massif granitique de la Maladetta et aussitôt le calcaire reparaît : au nord du massif, les dalles calcaires du Précambrien, du Cambrien et de l’'Ordovicien forment la Peña Blanca, tandis qu'à l’est, au sud et à l’ouest se développent les calcaires du Gothlandien, du Dévonien et du Carbonifère. Le même fait se reproduit au pourtour de tous les grands massifs granitiques et on l’observe aussi bien dans les petits massifs tels que ceux de Piedrafita, de la haute Cinqueta, de la Barrosa, de Gavarnie, des Eaux-Chaudes, du Riberot, etc. Cependant, quel- ques-uns, tels que celui de Foix, ne présentent le phénomène que sur une très faible échelle. Tous ces phénomènes ont la même cause que révèle le mode d'affleurement de certains granites. En étudiant, par exemple, ceux qui s'étendent de la Maladetta aux Eaux-Chaudes, on constate qu'ils-se rattachent tous les uns aux autres, que quelques-uns n’aflleurent qu'au fond des vallées profondes, où ils ne sont deve- nus visibles que par dénudation et qu’il est manifeste que d’autres existent souterrainement et n’ont pas encore été mis à nu. C’est ce que les géokogues appellent granites d'intrusion. Mais l’obser- vation montre que tous les granites, même ceux qui affleurent le plus largement, ont été, dans le temps, des granites d'intrusion, qu'ils ont été injectés à travers les formations sédimentaires dans lesquelles ils ont séjourné et qu’ils ont partiellement digérées. Ils renferment, en effet, dans leur masse, des couches, des assises entières qu'ils n’ont pu s’assimiler complètement et en certains points, on retrouve les vestiges des terrains primaires qui les recouvraient primitivement jusque sur les plus hautes cimes. L'observation révèle, d’autre part, que dans les Pyrénées, les granites des grands massifs ont fait leur éruption complète et sont arrivés jusqu à l’affleurement à la fin de l’ère primaire. Mais cer- tains n'ont pu traverser entièrement les terrains paléozoïques, sont restés inclus dans les roches qu'ils se sont assimilées en partie et sont les témoins de l’état de choses existant avant la grande éruption. M 290 J. ROUSSEL : Le magma granitoïde a donc été injecté dans la série sédimen- taire alors qu'il était encore à haute température, il a séjourné au sein des couches, il se les est assimilées partiellement ou les a diversement transformées, et puis a été refoulé jusqu à complète éruption ou s’est solidifié en place et n’est venu au jour qu'à la suite de la dénudation. Ce mode d’éruption a eu pour conséquence la formation de l’auréole de calcaire cristallin des granites. Dans une note précédente (ante p. 380), j'ai exposé qu’en certains points des rides primitives des Pyrénées, le gneiss a fait éruption à l'époque archéenne et a formé des lentilles de 10 à 25 km. d’épais- seur. Partout ailleurs la croûte terrestre des plis est restée mince et le magma granitique refoulé dans la partie anticlinale de ces plis en vertu de sa faible densité pressait sur leurs flancs. Mais à la faveur du ridement continu et des mouvements du sol de l’époque pré- cambrienne et de l’époque ordovicienne, il a pu s’épancher au sein des formations sédimentaires qu'il avait le pouvoir de s’incor- porer. Il en est résulté qu’à l’époque paléozoïque existait au voisi- nage de la surface de la terre, un puissant magma granitique en fusion que les réactions chimiques s’opérant dans son sein mainte- naient à une haute température. Or, la quantité de chaleur déversée extérieurement par ce fs © dans laquelle T repré- sente la température du magma, t celle de la surface extérieure de la croûte terrestre, À le coefficient de conductibilité de cette croûte et e son épaisseur. Et comme cette épaisseur dans la région du magma était plus faible qu'ailleurs, il en résultait qu'une plus grande quantité de chaleur était transmise par conductibilité aux mers adjacentes. Il existait donc dans celles-ci des régions surchauf- fées dont les eaux chaudes cédaient sans cesse la place à des eaux froides. Mais celles-ci, en s’échauffant à leur tour, perdaïient le pouvoir de tenir en dissolution leur anhydrique carbonique et par suite le carbonate de calcium qui se précipitait sous sa forme cris- talline ordinaire et formait les calcaires saccharoïdes de l’auréole des granites. Mais lorsque l'épaisseur du précipité était suffisante, la quantité de chaleur devenait moindre et les Goniatites, les Orthocères et autres Mollusques, pouvaient s'établir dans les mers qui leur avaient été fermées jusque-là. - magma est donnée par la formule Q = K ÉTUDE CONCERNANT ‘LA DERNIÈRE RÉGRESSION DES MERS par M. Ph. NÉGRIS IT Dans la première partie de notre étude ', nous n'avons pas fait mention des anomalies présentées par la presqu'île scandinave, en ce qui concerne les oscillations des rivages. Notre travail serait incomplet, s’il ne tenait compte de ces anomalies, et s’il ne parvenait à les faire rentrer dans la série des phénomènes simples exposés dans la première partie. Cela nous amène à examiner les vicissitudes de la mer du Nord et de la Baltique pendant l’époque quaternaire. Éroque GLAcraAIRE. — On se rappelle qu’à la fin de l’époque pliocène s'est produite, en Europe, une émersion considérable, au nord comme au sud. La mer du Nord disparut, laissant l’An- gleterre unie au continent ; la Méditerranée abandonna le bassin du Rhône : le Pliocène supérieur se souleva, en Italie contre l’Aspromonte, où on le retrouve aujourd'hui à 886 et 1000 mètres * et en Grèce les couches Levantines furent portées à 1759 mètres *. De même au centre de l'Europe, dans le sud du Banat, on trouve: des lambeaux de couches tertiaires récentes à des hauteurs consi- dérables *. A la suite de cette surrection et du climat humide de l’époque, les glaciers s’étalèrent de la Scandinavie, à travers les terres émergées, occupées aujourd’hui par la mer du Nord, vers l'Angle- terre et l'Allemagne ; ils occupèrent aussi une grande partie de la Russie. INVASION DE LA MER MosÉENNE. — Cette première extension des glaces se maintint jusqu'à ce que la mer Moséenne apparut, en Belgique d'abord, puis en Hollande. Il est difficile d'expliquer Voir SCC (6) AM, p- 156, 190/7 2. DE LAPPARENT. Géologie, p. 1805. 3. Picippson. Der Peloponnes, p. 138. 4. Suess. Das Antlitz der Erde, édit. française, I, p. 422. 592 PH. NÉGRIS 6 Juin l'invasion de cette mer au milieu de terres émergées depuis l’époque du crag rouge, autrement que par des effondrements. Cette invasion de la mer, en Belgique, coïncide, d’ailleurs, avec le premier recul des glaciers ‘. Il semble donc naturel de consi- dérer les deux phénomènes, comme provenant d’une seule et même cause, et cette cause on peut la chercher dans les effondrements dont l'invasion de la mer Moséenne n'aurait été qu’un épisode. Les effondrements se seraient étendus, à ce moment, dans toute la mer du Nord, et peut-être dans la Baltique. Les côtes de la Nor- vège auraient été découpées à ce moment, par l’effondrement du continent nord-atlantique, qui rattachait l’Europe à l'Amérique, continent dont l'existence à cette époque est généralement admise aujourd'hui, et que nous appellerons Atlantide du nord, pour la distinguer d’une Aïlantide du sud, dont il sera question plus loin. À ce moment se seraient formées, sur les côtes de la Nor- vège, les nombreuses vallées qui, lors de la dernière extension des glaces, furent occupées par ces dernières, pour se présenter aujourd'hui à nous à l’état de fjords, après la retraite définitive des glaciers, et un nouvel affaissement des côtes, à la suite duquel la mer recouvrit la partie inférieure de ces fjords, comme nous le verrons bientôt. Les effondrements auraient amené une température plus douce dans les régions du nord, moins par l’abaissement de la surface de l'écorce terrestre, que parce qu’ils auraient permis l’arrivée de courants équatoriaux dans les mers formées, dans le nord, par ces effondrements. Cependant ces courants n'avaient pas encore leur origine dans l'Océan Atlantique équatorial, qui paraît encore occupé en ce moment par des terres, comme nous allons bientôt le constater. Au contraire la communication avec l'Océan Paci- fique équatorial paraît en ce moment libre. L’isthme de Panama n'existait pas encore, car le niveau de la mer à la fin de l’époque pliocène était supérieur à 350 m., comme nous l'avons exposé, dans la première partie de cette étude, hauteur bien suflisante pour permettre la libre communication des deux Océans, au-dessus de l’isthme actuel, dont le faite s’abaisse jusqu’à 100 m. Cette libre communication des deux Océans est encore prouvée par la pré- sence, au Chili, à l’état fossile, du Cardium ringens, qui vit aujour- d’hui sur les côtes d'Afrique * ; il aurait émigré à travers l’isthme vers l'Afrique, le long de ces terres du sud que nous avons appe- lées Atlantide du sud, et qui devaient encore exister à cette 1. G. ENGERRAND. Le Quaternaire Belge. R. G. des Sc., XIIT, 1902, p. 715. 2. Suess. Loc. cit., II, p. 828. 1904 DERNIÈRE RÉGRESSION DES MERS 593 époque. La faune profonde aussi du golfe du Mexique et de la mer des Antilles est encore aujourd’hui plus voisine de la faune pro- fonde du Pacifique que de celle de l'Atlantique :. Les effondrements du nord de l’Atlantique durent ouvrir ce der- nier Océan, depuis les parties boréales jusqu’à l’isthme actuel de Panama et faire largement communiquer les deux Océans. Des courants équatoriaux durent s'établir du sud au nord : le-climat s’adoucit et amena l’époque chaude de l’âge chelléen, avec Rhino- ceros Merckiü et Elephas antiquus*. À cette époque encore on trouve Corbicula fluminalis des régions chaudes dans les graviers du nord de la France *. C'est encore l’époque que l’on appelle souvent époque interglaciaire dont nous allons nous occuper maintenant. ÉPOQUE INTERGLACIAIRE. — La fusion des glaces amena un régime torrentiel qui accumula dans les parties les moins déclives, comme en Belgique, des masses considérables de caiïlloutis. Cepen- dant les vallées qui charriaient ces caïlloutis, tendant à prendre peu à peu leur profil d'équilibre, les cailloutis moséens continen- taux font place, avec l’époque campinienne des géologues belges, à des sables et des glaises entremélés de graviers et finissent à l'époque hesbayenne par être complètement remplacés par les limons à Helix hispida, Succinea oblonga et Pupa muscorum. La présence de coquilles terrestres dans les limons n’a pas lieu de nous étonner : on comprend facilement qu’elles aient été entraïînées par l’inondation, comme les corps des quadrupèdes dont nous trouvons aujourd'hui les ossements dans les dépôts de cette - époque. Ainsi donc, pour le læss hesbayen, il faut admettre qu'il est le produit de dépôt de grandes nappes d’eau circulant dans des vallées à profil d'équilibre. Ces limons, en Belgique, recouvrent la plus grande partie de la contrée, avec une épaisseur qui atteint souvent 15 et 20 m., et se présentent aussi bien à l'altitude — 5 m. qu'à 260 m.*. Ces deux chiffres sont significatifs. En effet, la nappe qui déposait ces limons débouchait à la mer à une distance peu considérable sans doute, car il est naturel d'admettre que la mer Moséenne n'a dû reculer qu'à la suite d’atterrissements. Le premier chiffre indi- 1. SuEss. Loc. cit., I, p. 368. 2. ALBERT GAuprY. Contribution à l'étude des hommes fossiles. C. R. Ac. des Sc., CXXX VI, p. 266. 3. DE LAPPARENT. Loc. cit., p. 1605. 4. ENGERRAND. Loc. cit., p. 716. 24 Décembre 1904. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 38. 594 PH. NÉGRIS 6 Juin querait que, depuis le dépôt, il y aurait eu de nouveaux affais- sements qui auraient abaissé la surface du dépôt au-dessous du niveau de la mer, comme nous allons bientôt le constater : le deuxième que le niveau de la mer à cette époque devait être élevé, plus élevé encore que 260 m., si nous tenons compte de ce que le niveau du dépôt n'est pas le niveau de l’eau, et de ce que l’affaissement, dont il vient d’être question, a dû aussi influer sur l'altitude originelle du dépôt. Cette conclusion sera aussi confirmée plus tard par d’autres considérations. ÉPOQUE DES GRANDS FRoIbS. — Le niveau de la mer, à la fin de l’époque pliocène, était, avons-nous dit, supérieur à 350 m. Les effondrements durent abaisser ce niveau. A la suite de cette régres- sion, l’isthme de Panama dut émerger, sinon totalement, du moins en partie et gêner la libre communication des deux océans. Il est naturel de penser que, de ce fait, les courants équatoriaux dont il a été question aient été interceptés, et que les conditions climaté- riques, dans le nord, aient été complètement modifiées et aient amené l'invasion du grand froid sec, qui est représenté en Belgique par le Brabantien que les Belges considèrent comme ayant une origine éolienne. Les vents secs'soulevaient le limon hesbayen, qu'ils accumulaient sur d’autres points ’. Mer FLANDRIENNE ET RECUL DÉFINITIF DES GLACES. — À la suite du Brabantien apparaît une nouvelle invasion marine en Belgique avec la mer Flandrienne. Or cette invasion paraît dater d’une époque bien peu éloignée de nous. On attribue 6000 ans à la durée de la formation de la tourbe qui a occupé le lit de la mer Flandrienne, et depuis que cette tourbe s’est formée, il s’est encore écoulé 2300 ans environ ?. Le retrait de la mer Flan- drienne daterait donc de 8300 ans environ. Il faut à ce chiffre ajouter le temps que la mer Flandrienne a séjourné en Belgique, temps qui, à en juger par la faible épaisseur des dépôts de cette mer, ne peut être considérable, si l’on tient compte de ce qu'il s’agit ici d’une mer littorale, où les apports par les fleuves étaient incessants. D’autre part, la mer Flandrienne a charrié des blocs erratiques. IL faut donc la considérer comme contemporaine de la fin des grands froids, ou plutôt de la débâcle des glaces du nord. Mais tandis qu'ici la fusion des glaciers est trahie par l'invasion des icebergs, des traces non équivoques de rivages apparaissent 1. G. ENGERRAND. Loc. cil., P. 719. 2. DE LAPPARENT. Géologie, p. 572. D 1904 DERNIÈRE RÉGRESSION DES MERS 599 tout autour du golfe de Bothnie et jusqu’à la mer Blanche, montrant qu'ici encore les glaciers ont disparu. Ces traces sont des dépôts argileux, superposés aux moraines de la dernière glaciation, et renfermant une faune marine arctique, avec Yoldia arctica. Ces dépôts se rencontrent jusqu’à l'altitude de 270 m., au voisinage du golfe de Bothnie à l’est ', et descendent au sud jusqu'à zéro, comme nous aurons occasion de l’exposer plus loin et comme cela ressort de la carte de Geer annexée au travail de l’éminent professeur de géologie M. Émile Haug, publié dans la Revue générale des Sciences en 1899. Nous reviendrons sur la présence des dépôts aux niveaux les plus bas : constatons seulement ici que le niveau de 270 m., est, au moins, le niveau de la mer au moment de la fusion des glaces. Nous avons exposé, d'autre part, dans la première partie de cette étude, que des perforations de Lithodomes ont été obser- vées dans la Méditerranée, dans la vallée du Tibre, en amont de Rome. à 268-276 m. et que le Saharien supérieur ou Quaternaire récent forme une ligne de rivage à Reggio, à 250 m, ?, et que, à ce dernier endroit, les dépôts contiennent des coquilles dont quel- ques-unes vivent aujourd’hui dans la mer Rouge, et quelques autres sur la côte occidentale de l’Afrique, aux Canaries, aux îles du Cap Vert, comme si des effondrements eussent facilité les com- munications de la Méditerranée avec l'Océan Atlantique du sud. Il est donc naturel de penser qu'avec la mer Flandrienne nous avons assisté à l'effondrement des terres que nous avons qualifiées du nom d’Atlantide du sud et que, comme contre-partie de ces effondrements occidentaux, eurent lieu les effondrements orientaux de la Mer Rouge, de la fosse du Jourdain et de l’Égéide, et tous ceux que Suess a si bien décrits le long de la partie orientale de l'Afrique *. Ainsi nous reconnaissons, au sud, des effondrements considérables: au nord, l'invasion de la mer Flandrienne en Bel- gique et d’une première mer, à Yoldia arctica, dans le golfe de Bothnie: ce sont là des indices d’autres effondrements dans la mer du Nord. À cette époque aussi se seraient affaissées les côtes de Norvège : la mer aurait ainsi envahi les anciennes vallées repré- sentées aujourd’hui par les fjords dont il a été déjà question. La découverte de l'argile à Yoldia, sur toute la côte de la Norvège, à plus de 70 brasses de profondeur #, tandis que cette espèce ne vit généralement qu’à une profondeur bien moindre, n’aurait plus rien . Émirx Hauc. R. G. des Sciences, 1899, p. 632. . Suess Loc. cit., I, p. 436 et IX, p. 612. . Suess. Loc. cit., I, pp. 475-480 et pp. 535-546. . EuIzE Hauc. Loc. cit., 1903, p. 824. = © NX 596 PH. NÉGRIS 6 Juin d'étonnant, et n’exigerait pas l'explication compliquée de sou- lèvements et abaissements alternatifs du sol, tels que les admet le savant professeur M. Brôgger, et sur la réalité desquels M. Emile Haug exprime quelques doutes avec beaucoup de raison’. 11 est encore naturel cette fois de n’attribuer le recul des glaces, qu'aux conditions nouvelles introduites par les effondrements. En effet, à la suite de l’écroulement de l’Atlantique du sud, la mer dut occuper l'Océan Atlantique, du nord au sud; le Gulf Stream dut s'établir, et cela dans des conditions plus favorables qu'aujourd'hui, à cause du niveau plus élevé de la mer, à 270 m. et plus. Les courants équatoriaux paraissent s'être établis d'abord à travers le golfe de Bothnie, comme le recul des glaces dans cette région semble le montrer. Ils passaient, sans doute, par la région déprimée des lacs de la Scanie. Ils atteignaient la mer glaciale, adoucissant peu à peu le climat devant eux, et assez brusquement pour que Yoldia arctica ne pût se propager en dehors de la Balti- que et du golfe de Bothnie ; car ce fossile ne se retrouve plus dans la région de la Dwina, dans les dépôts de cette transgression, qui porte, peut-être, à tort, le nom de transgression boréale ?, si comme nous venons de le faire voir, elle a son origine dans les courants équatoriaux passant au sud de la Suède. C'est probablement l’époque à partir de laquelle le nord de l'Asie et même celui de l'Amérique eurent un climat assez doux pour pouvoir héberger, comme nous avons vu dans la première partie, les Mammouths et autres grands herbivores, en leur offrant de riches pâturages. Mytilus edulis s’acclimata à Christiania, à cette époque de haut niveau des mers, à 203-208 m. d'altitude *, pour disparaître lorsque les rivages furent descendus au-dessous de 200 m., et ne plus reparaître qu'avec les rivages de 95-77 m., comme si dans cet intervalle les courants équatoriaux eussent abandonné la côte de Christiania. Déjà à l'altitude de 163 m. à Christiania, on trouve des dépôts coquilliers, franchement arcti- ques : Mytilus edulis a disparu. D'autre part, la mer apparaît alors en Ecosse où l’on trouve des dépôts coquilliers à cachet arc- tique, à 161 m. #, Suess en se basant sur la profondeur à laquelle vivent généralement ces coquilles, a évalué le niveau correspondant des mers à 194 m. à Christiania et à 188 m. en Écosse. . Émize Hauc. Loc. cit., 1903, pp. 824 et 896. . W. Ramsay. Géol. Entwickelung der Halbinsel Kola, pp. 106 et 107. . Émize HauG. Loc. cit., 1903, p. 825. . Suess. Loc. cit., Il, pp. 768 et 769. HE Œ LD 1904 DERNIÈRE RÉGRESSION DES MERS 597 Il semble donc d’un côté, que Christiania se refroïdisse, tandis que de l’autre les glaces reculent en Écosse, puisque la mer y fait son apparition. Il faut donc admettre qu'à la suite de la régression de la mer, la communication de la mer du Nord avec la mer glaciale par la Baltique se trouva gênée, et les courants équato- riaux furent reportés plus à l’ouest. Le climat de la Laponie rede- vint plus rigoureux et les glaciers purent avancer de nouveau et récouvrir de leurs moraines les dépôts que la mer de 270 à 200 m. avait formés. C’est ce qui apparaît sur la basse Dwina . Il s'agirait donc ici d’un phénomène de glaciation locale, et il ne serait pas juste de considérer les dépôts marins recouverts ici par des moraines, comme appartenant à l’époque interglaciaire principale dont il a été question plus haut. Ce qui le prouve encore c’est que plus au nord, sur la Winterküste, les dépôts marins sous les moraines ne paraissent guère plus anciens que ces dernières, comme nous l'apprend M. Ramsay. C'est d’ailleurs d’autant plus naturel que sur la presqu'ile de Kola, au nord de la mer Blanche, l’état glaciaire paraît s'être maintenu sans interruption, car on ne trouve pas trace de dépôt marin, bien que la ligne de partage des eaux entre la mer Blanche et Kolafjord se trouve à 144- 148 m., tandis que nous avons reconnu la mer plus au sud jusqu’à 270 M. Mais tandis que les glaciers avancent en Laponie jusqu'à la Dwina et la Winterküste, nous les voyons reculer de plus en plus sur les côtes de la Norvège à mesure que le niveau de la mer baisse. Aïnsi la mer dépose des coquilles arctiques à Trondhjem, à 119 m.,etce nest que plus tard, lorsque son niveau se fut encore abaïissé, qu’elle apparaît sur la presqu'île de Kola à 90-100 m., où elle forme des lignes de rivage marquées, soit par des gradins en roche dure, soit par des terrasses d’abrasion dans les roches meubles, soit par des cordons littoraux, ou par des plateaux de deltas ?. On trouve encore le niveau de 95 m. dans la Novaïa Zemlia *. On se rappelle aussi que le niveau de 100 m. environ, est encore indiqué par la présence d’amas de bois flottés sur les côtes de la Sibérie “. Mais la régression de la mer continuant, on retrouve dans les mêmes régions, des lignes de rivage à des niveaux de plus en plus inférieurs. Aïnsi dans la presqu'ile des Pêcheurs, au-dessous du 1. W. Ramsay. Loc. cit., p. 124. 2. W. RAMsAy. Loc. cit., pp. 47, 62, 66 et 196. 3. SuEss. Loc. cit., II, p. 731. 4. DE LAPPARENT. Géologie, p. 355. 598 PH. NÉGRIS 6 Juin niveau de 90 à 100 m., on trouve les niveaux de 75-72-69-68-67-55- 32-25,5-22 et 21 m., et beaucoup de ces lignes se retrouvent sur les côtes voisines de la presqu'île de Kola. Plus à l’est, sur l'ile de Kildin, au-dessous du niveau de 95 m,, on trouve les niveaux de: 89-79, 68-76-55-51,2-49-20 m. Quant aux fossiles ils n'apparaissent pas ici sur les plages élevées, comme si les froids et les banquises avaient empêché, antérieurement, le développement des êtres vivants. Cependant ceux que l’on trouve à un niveau déjà bas (20 à 30 m.). comme Littorina littorea, et Mytilus edulis *, fossiles qui se trouvent à Krivetsch, contre le fleuve Tuloma, dénotent un climat plus doux qu'aujourd'hui, preuve que le climat aurait changé brusquement et rapidement par l'invasion du Gulf Stream dans ces régions. My tilus eédulis se trouve encore avec Littorina littorea dans lä mer Blanche, près de Kandalakscha ?, à l'altitude de 22 m. Il se retrouve encore à une faible hauteur au-dessus du rivage au Spitzherg, avec ses couleurs naturelles et ses ligaments bien conservés *, cequin’a rien d'étonnant, car il s’agit ici d’une mer de bas niveau, d’une époque certainement très récente. Cependant cette température modérée, n'existait déjà plus au territoire d'Alaska, lorsque la mer fut descendue à 24 m., si nous admettons que le gradin de glace solide, observé à Eléphant-Point, dans le voisinage de liîle Chamisso ?, a été découpé à cette hauteur dans la calotte de glace par l’action de la mer. Les courants équatoriaux auraient donc cessé ici plus tôt. | Mer BaLTiQuE. — Mais revenons à la mer Baltique. Nous sommes ici en présence de deux phénomènes : d’un côté la régres- sion des mers, que nous venons de constater sur une vaste échelle, tend à abaisser les rivages ; de l’autre, des effondrements auxquels les côtes de la Baltique prirent part, comme nous le ver- rons bientôt, amènent un empiètement de la mer, là où la régres- sion aurait dû l’éloigner. Il est donc naturel de se trouver souvent, dans l'interprétation des faits, devant des phénomènes compliqués. Nous avons vu la mer à Yoldia des hauts-niveaux laisser ses dépôts, depuis le golfe de Bothnie jusqu à la mer Blanche. Le bras de mer, qui réunissait au sud la Baltique à la mer du Nord, passait par la dépression, qui contient aujourd'hui les lacs Mälaren, . W.'Ramsay. Loc. cit., pp. 53-66. W. Ramsay. Loc. cil., pp. 95-97. . W. Ramsay. Loc. cit., pp. 97 et 99. . SuEss. Loc. cit., IL, p. 771. SUESS. Loc. cil., FD. 754-500. ÿ © D SUN 1904 DERNIÈRE RÉGRESSION DES MERS 599 Hjelmaren et Wenern. Des amas d'Huîtres se rencontrent en plu- sieurs endroits, le long des rives de ces lacs, indiquant que l’homme s'était installé le long de ce détroit avant sa fermeture, que M. de Baer fait remonter à 5000 ans environ ‘, mais qui devrait peut-être être reculée, si l’on se reporte à ce que nous avons exposé par rapport à l’âge de la mer Flandrienne, qui a dû coïnci- der avec l'invasion de la mer à Yoldia, la plus ancienne il est vrai. On conçoit que la mer à Yoldia, depuis l’époque du niveau de 270 m. jusqu'à la fermeture du détroit en question, qui dut avoir lieu à la suite de la régression générale des mers, püût laisser des traces de rivage à des niveaux variables. Si l’on tient même compte de ce que les courants équatoriaux, qui passaient d'abord par la mer Baltique furent gênés, sinon interceptés complète- ment, à une époque où le niveau de la mer était voisin de 200 m., . on conçoit que le climat de la Baltique soit redevenu rigou- reux, jusquà une époque avancée, où le niveau de la mer s'était considérablement abaïssé. Cela nous permet d’expliquer la grande variation des niveaux supérieurs des dépôts arctiques : pour les niveaux inférieurs des mêmes dépôts, que l’on rencontre au sud, sur le littoral Baltique, il sera démontré plus loin qu'ils ne se trouvent pas à leur altitude initiale, maïs qu'ils ont subi les effets d’affaissements ou effondrements, auxquels ont été soumis les côtes sud de la Baltique. Cependant la mer à Yoldia, la plus récente dans la Baltique, fut aussi isolée, à la suite de la régression qui intercepta la commu- nication avec la mer du Nord. Il se forma dans la Baltique un lac, «le lac à Ancylus». Ses dépôts avec Ancylus fluviatilis, Limnea opata, etc., se rencontrent en Esthonie, dans la Finlande méridio- nale, dans l'Est de la Suède, dans les îles Gothland et Oland. Ce lac se déversait par la Suède méridionale dans la mer du Nord. Le climat était sensiblement plus doux, comme la faune l'indique *. Ce lac cependant fut de nouveau envahi par la mer, mais cette fois à travers le Sund et les Belt. La nouvelle mer à Littorines est plus salée que la mer actuelle : le lac Ladoga en est une dépen- dance : mais la communication à travers la dépression des lacs de la Suède méridionale est maintenant fermée *. Cela prouve bien, d’un côté, que la régression de la mer s'était accentuée, puisque ce dernier passage à travers la Scanie avait été intercepté, que d'autre part, plus au sud, des effondrements importants avaient 1. DE LAPPARENT. Géologie, p. 582. 2, EMILE Hauc. R. G. des Sciences, 1899, p. 632. 3. mice HauG. 1bid., 1899, p. 633: 600 PH. NÉGRIS 6 Juin ouvert de nouveaux passages à la mer, malgré la régression que nous venons de constater. Cela est confirmé encore, parce qu’une tourbe contemporaine du lac à Ancylus se trouve aujourd’hui le long de la côte méridionale de la Suède à des profondeurs d’en- viron 30 mètres *. On pourrait, sans doute, rapporter à ces effondrements, accom- pagnés d’affaissements des côtes voisines, l'existence à des alti- tudes basses, dans le sud de la Baltique, des dépôts arctiques, comme à 60 et 30 m. à Uddevala, et au niveau même de la mer sur les côtes de la Prusse *, dépôts que nous savons appartenir à une mer de haut niveau. Nous verrons cependant que ce n’est pas le seul affaissement que nous ayons à signaler dans cette région et que la position actuelle des dépôts anciens pourrait bien être le résultat de deux affaissements. Mais occupons-nous des dépôts de la mer à Littorines : on les trouve dans l’Angermanland à 99 m. *. En dehors de la Baltique, sur les côtes de la Norvège, on retrouve la même faune qui contient aussi Mytilus edulis à 55 m. “, à Christiania. Cependant cette faune ne pénètre que plus tardivement au nord, lorsque la mer se fût encore abaissée. Ainsi, à Bodô, sur les côtes ouest de la Norvège, on a découvert des pierres ponces associées à des coquilles de Cardium edule et de Littorina à 150 pieds environ de hauteur * et nous avons retrouvé plus haut Mytilus edulis dans l’extrème nord avec Littorina à 20 ou 30 m. La même faune se retrouve sur les côtes de l’Angleterre, de la Belgique et de la France, formant des plages soulevées, indiquant à cette époque une séparation de l'Angleterre d'avec le continent. Cependant la communication ici finit par se rétablir, à la suite, sans doute, d'une nouvelle régression de la mer, car les dépôts marins ci-dessus sont recouverts de læss avec débris de Mammouth et coquilles du lœæss *. C’est l’époque où l’homme entassait sur les plages ses rebuts de cuisine, avec des témoins divers de son industrie. On les observe surtout dans le Danemark, où ils nous serviront plus loin, comme preuve de la régression de la mer. C’est l’époque aussi où les courants équatoriaux paraissent avoir . DE LAPPARENT. Loc. cit., p. 1626. DE LAPPARENT. Géologie, p. 1625. DE LAPPARENT. 1bid., p. 1623. Suess. Loc. cit., II, pp. 765 et 770. SuESss. Zbid., IL, pp. 586 et 766. Suess. Loc. cit., IL, p. 671. D QE © D H 1904 DERNIÈRE RÉGRESSION DES MERS Got agi avec le plus d'efficacité, au point d’adoucir le climat de toute la partie nord de l'Europe. T'apes decussata et Pholas candida, deux formes méditerranéennes, font leur apparition dans les dépôts de.plage de la Norvège : la première même pénètre dans la Balti- que. Ni l’une ni l’autre ne se sont maintenues dans cette région. Cependant la mer Baltique devient bientôt moins salée et une faune mixte à Limnea et à My'a arenaria s'installe '. C'est encore au phénomène de régression qu’il faut attribuer ce résultat : les détroits de la Baltique devinrent moins profonds : les rebuts de cuisine se trouvèrent éloignés du rivage, dont ils sont distants aujourd'hui de 10 kilomètres *. C’est l’époque probablement où la communication du continent avec l'Angleterre se rétablissait, comme nous avons vu plus haut. Le mouvement de régression est donc bien marqué. S De nouveaux efflondrements ne tardèrent pas cependant à inter- venir, car la mer Baltique communique plus facilement avec la mer du Nord, malgré la régression, et prend la salure actuelle. D'autre part la faune à Littorina se trouve en Finlande à 18 m. et dans le Schleswig-Holstein au niveau dela mer”, tandis que le niveau de la mer à Littorines était, comme nous l'avons vu plus haut, bien supérieur. Tout cela confirme bien que des effondre- ments eurent lieu à cette époque et amenèrent l'état actuel. Les effondrements eurent lieu aussi bien le long de la côte sud de la Baltique, que le long du golfe de Finlande. Ainsi les dépôts de la mer à Yoldia purent s’abaisser, le long de la côte de la Prusse, jusqu'à zéro. AUTRES EFFONDREMENTS.— Peut-être faut-il rapporter à la même époque la séparation définitive de l’Angleterre d'avec le conti- nent : cela expliquerait que l’on trouve aujourd’hui au fond de la mer, au large des côtes anglaises et au large de Dunkerque, de nombreux débris de Mammouth que les pêcheurs récoltent dans cette région ‘. Dans un autre mémoire », j'ai fait voir que les côtes de la Belgique ont dû s’affaisser aussi à cette époque. Mais l’eflondrement le plus net est, sans contredit, celui de la presqu'île de Kola, au nord de la mer Blanche. Au nord de la presqu'île de Kola on trouve une ligne de rivage à 95 m., comme il a été dit plus haut, dans l’île de Kildin. Sur le DE LAPPARENT. Loc. cit., p. 1626. DE LAPPARENT. Jbid., p. 582. DE LAPPARENT. Loc. cit., p. 1625. DE LAPPARENT. Géologie, p. 1627. Revue Universelle des Mines, etc. Liège, 1903, p. 271. A+ ob Go2 PH. NÉGRIS R 6 Juin même méridien, au sud de la presqu'île; à Turja sur la mer Blanche, on trouve encore une ligne de rivage à 99 m. et plus au sud encore, toujours sur le même méridien, on trouve une ligne de rivage à 90 m. A l’est de ce méridien, aussi bien sur la presqu'île de Kola, que sur tous les rivages de la mer Blanche, on ne retrouve plus ces fortes altitudes d'anciennes plages. Bien mieux, deux lignes de rivage à 50 et 21 m. dans l'île de Kildin, appartenant aux niveaux inférieurs cités plus haut, semblent très nettement correspondre à des lignes pareilles sur le continent, lignes qui, à Terriberka. se trouvent à 46 et 19 m., et puis toutes les lignes de rivage que l’on trouve à l’est s'abaissent, jusqu'à ne plus dépasser le niveau actuel ou à peu près à Ponioj, à l'extrémité est de la presqu'île. Les mêmes circonstances se présentent au sud de la presqu'île de Turja à Ponioj. De même au sud de la mer Blanche, de Kem à la Dwina, les niveaux des anciennes plages s’abaissent de 90 m. à 10 m. et plus bas encore au nord d’Archangel sur la Wirsterküste. Tout cela montre bien que la presqu'île de Kola et les régions au sud de la mer Blanche se sont affaissées vers l’est, depuis un même méridien de l'altitude de 90 ou 100 m., au niveau actuel de la mer ou à peu près. C’est ce que semblent aussi indiquer les profondes déchirures, observées par M. Ramsay à l'ouest de la pres- qu'île de Kola, à la région même où les anciens rivages ont encore la plus grande élévation ?. La déchirure principale marquée par le Kolafjord et le lac Imandra est dans la direction méridienne. Nous retrouvons ici donc la direction nord-sud, des fractures récentes que nous avons constatées en Grèce, dans la première partie de cette étude, et qui se retrouvent aussi entre l’Epire et la Macédoine, en Transylvanie, en: Hongrie, comme je l’ai exposé ailleurs *. Cet affaissement doit être très récent, car les parties les plus affaissées, à l’est de la presqu'île ne présentent des plages anciennes qu'à 1 m. à Ponig et à 4,5 et 6,25 sur la côte en face, au nord d'Archangel #, plages qui, probablement, d'autre part ne se trouvent pas à leur altitude initiale, mais représenteraient, d’après ce que nous venons d'exposer, des plages plus élevées affaissées. Nous n’aurions ainsi en place aucune plage de mer supérieure au niveau actuel ; on en conclurait, à juste titre, que l’affaissement . W. Ramsay. Loc. cit., pp. 80-90-93. . W. Ramsay. Loc. cit., p. 18. . Plissements et dislocations de l'écorce terrestre en Grèce, pp. 102-104. . W. Ramsay. 1bid.. pp. 8r et 93. -+\ OO D 1904 DERNÎÈRE RÉGRESSION DES MERS 603 aurait eu lieu, après que la mer serait descendue à son niveau actuel, ou encore à son niveau le plus bas, et appartiendrait ainsi à la série des grandes dislocations qui ont marqué la limite de la régression et qui ne datent guère que de 4000 à {4500 ans, comme nous l’avons montré ailleurs ', et comme nous l'avons rappelé dans la première partie de cette étude. C’est la dernière étape des effondrements qui avaient commencé avec l'écroulement de la Tyrrhénide, puis de l’Atlantide du nord, puis de l'Atlantide du sud avec les régions Erythréenne et Egéenne, pour se poursuivre par les effondrements transvérsaux du nord de l'Afrique, de la mer Noire, des Balkans, des côtes de la mer du Nord, auxquels se joignent les effondrements de l’Adria- tique, de Leucade, des presqu’iles du Peloponnèse, de la Baltique de la mer Blanche et probablement des côtes de la Sibérie, si l’on se rappelle, que les dépôts pléistocènes terrestres de l'archipel de la Nouvelle Sibérie sont la continuation des dépôts de la Sibérie continentale *. Toutes les directions des plissements anciens se retrouvent, comme directions de fractures dans ces effondrements. Parmi elles cependant, comme nous l'avons fait voir, la direction nord-sud, avec la direction conjuguée est-ouest, prennent une importance toute spéciale. Cela n’a pas lieu de nous surprendre, si le dernier plissement pliocène a eu lieu suivant des directions méridiennes, comme j'ai cherché à le prouver dans un autre travail ”. L’écroulement des parties bombées de l’écorce eut lieu succes- sivement et amena la régression des mers. L'écroulement terminé, la régression prit fin. L'époque actuelle commence. PHÉNOMÈNES ACTUELS DANS LA MER BALTIQUE. — Peut-on recon- naître, dans le nord, les traces de la transgression actuelle, que nous avons constatées dans La Méditerranée * ? M. de Lapparent fait mention de plusieurs rues des villes de Trelleborg, Ystad, Malmoë qui auraient été envahies par la mer dans le golfe Baltique *. Malmoë se serait abaissée de 1 m. 50 et la côte aurait perdu une zone de 30 m. de large. La tourbe que l’on rencontre dans le port d'Ystad, à 11 pieds au-dessous de la mer, avec débris de l’âge de bronze, et celle encore plus remarquable, 1. Revue Universelle des Mines, etc. Liège, 1903, p. 271. 2. Géographie, 15 janvier 1901, p. 75. 3. Pr. Nécris. Plissements et dislocations, etc., pp. 95 et suivantes. 4. Pu. Nécris. C R. Ac. Sc., CXXXWVIL p. 222; 1903, CXXXIX, p. 359, 1904 et Revue Universelle des Mines, etc. Liège, 1903, p. 249. 5. ne LapparREnNT. Géologie, 582. 60 PH. NÉGRIS . 6 Juin épaisse de 10 à 12 pieds et dont la surface serait à 14 pieds au-dessous du niveau de la mer, et que l’on trouve au large du Falsterbo-Ref, aussi bien que les traces de bois de Pin que l'on a observées jusqu’à 30 pieds au-dessous de la mer, au sud de Bornholm , ne peuvent à notre avis être expliquées seulement par le tassement du substratum. [l est probable que les deux phéno- mênes de tassement des couches, et de la transgression de la mer depuis l’âge de bronze, transgression qui a pu atteindre et dépasser quatre mètres, ont contribué à la submersion de la tourbe et des bois. J’en dirai autant pour toutes les tourbières qui s’échelonnent le long des côtes méridionales de la mer du Nord, depuis la Normandie jusqu'au Danemark, etle sud de la Baltique, ainsi que sur le littoral de l'Angleterre et de l'Irlande, avec débris de l’époque néolithique, etnombreux objets de bronze et quelquefois avee traces de l’époque Romaine. Ces tourbières atteignent quelquefois 8 à 9 m. Il me paraît bien diflicile d’attribuer une submersion aussi consi- dérable rien qu’au tassement. Constatons aussi que la présence d'objets en bronze, dans la tourbe, assignent à la submersion un âge qui est bien d'accord avec l’âge que nous avons trouvé pour cette transgression récente dans nos mémoires précités. Ces faits seraient encore d'accord avec l'immersion signalée par Valdemar Schmidt dans la partie centrale et méridionale du Danemark :. Mais si ces faits dans la mer du Nord et la Baltique viennent à l'appui de l'existence de la transgression, il ne faut pas oublier que dans la Baltique cette transgression marine est contrebalancée par le phénomène de l’émersion des côtes de la Suède et de la Finlande, émersion qui a été constatée d’une manière certaine par des mesures faites sur une longue période d'années. A la suite d'une étude approfondie de ces mesures, M. Suess est arrivé à formuler dans quelques pages magistrales *, ses conclusions aux- quelles il me paraît difficile de ne pas adhérer. M. Suess observe avec beaucoup de raison que le niveau de la Baltique subit des variations mensuelles en rapport avec les précipitations, variations qui localement peuvent atteindre en Finlande 6 pieds dans le courant d’une année *. D’autre part les moyennes annuelles de ce niveau, sont elles-mêmes variables, montrant tantôt un mouvement négatif, et tantôt un mouvement Suess. Loc. cit., IL, p. 686. . DE LAPPARENT. Loc. cit., p. 382. SuEss. Loc. cit., II, pp. 639-689. . Suess. Ibid., p. 651. , Œ D ES 1904 DERNIÈRE RÉGRESSION DES MERS 605 positif. Si donc les précipitations ont une influence si marquée, non seulement sur les moyennes mensuelles, mais aussi sur les moyennes annuelles, il est tout naturel d'admettre qu'elles auront aussi une influence sensible sur les moyennes séculaires, et que si ces dernières montrent un mouvement négatif, c’est que les préci- pitations à notre époque sont moindres. Il existe un relèvement du plan d’eau considérable du sud au nord, qu'une triangulation, ancienne il est vrai, et peu sûre avait évalué à 16 pieds, depuis le golfe de Finlande jusqu'au fond du golfe de Bothnie ‘. Il ne peut y avoir de doute que ce relèvement ne soit dû à l'apport considérable d'eau douce qui vient des parties septentrionales. Le même phénomène doit se produire du golfe de Finlande aux détroits baltiques, car le golfe de Finlande lui-même reçoit beaucoup d'eau. La diminution des précipitations ne peut que diminuer ce relèvement, et produire un phénomène d’émer- sion, plus considérable au nord, moins considérable au sud. La partie sud-est de la Baltique ne paraît pas présenter d’oscil- lations séculaires. C’est qu'elle est en dehors de l’afflux des eaux d'apport vers les détroits baltiques, et si sa salinité varie au point d'amener des variations de niveau, elle varie aussi bien par les apports d’eau douce, que par les tempêtes qui déversent les flots de la mer du Nord à travers les détroits, si bien que la moyenne de salinité séculaire se maintiendraït constante, puisque l’on ne constate pas ici de différence de niveau séculaire. Il se peut d’ail- leurs qu'une légère différence de niveau dans les moyennes sécu- laires soit contrebalancée par la transgression actuelle des mers que nous savons être de 1 m. 50 environ par mille ans *. Il est vrai que se basant sur la grande variabilité d'altitude des anciennes plages quaternaires, le long de la presqu'’ile Scandinave, on a conclu dernièrement à un mouvement propre du noyau archéen Baltique, mouvement qui se continuerait encore aujour- d'hui, et auquel serait due l’émersion actuelle des côtes. Mais indépendamment de la singularité d’une pareille déformation de l'écorce, trop localisée pour être facilement admise, elle aurait eu pour effet de faire disparaître l’horizontalité des sédiments paléo- zoïques qui recouvrent l’Archéen en Suède, ce qui n’est pas le cas*. D'ailleurs les déformations, pour expliquer tous les phénomènes, n'auraient pas toujours eu lieu dans le même sens, au même endroit, ce qui rend cette hypothèse encore plus difficile à admet- 1. Suess. Loc. cit., II, p. 649. 2. Pu. NeGris. CR. Ac. Sc., CXXXIX, p. 379, 1904. - 3. DE LAPPARENT. Loc. cit., p. 586. Go6 PH. NÉGRIS 6 Juin tre. D'autre part l’émersion actuelle ne paraît avoir commencé que depuis quelques siècles à peine, comme le prouvent les arbres séculaires que l’on observe le long des côtes de la Baltique, à une faible hauteur au-dessus de la mer. L’émersion actuelle dans la Baltique paraît donc localisée dans l’espace, comme dans le temps et enlève ainsi à l'hypothèse du relèvement du sol beaucoup de sa vraisemblance. Au contraire l'interprétation des faits, telle que nous l’avons exposée plus haut, dispense d'avoir recours, pour l'explication des plages anciennes ou récentes, à d’autres causes, qu'aux derniers grands effondrements qui ont atteint l'écorce terrestre, après le dernier plissement ou bombement pliocène et à la grande régres- sion qui en a été la conséquence. Note. — La première partie de cette étude était terminée et sous presse lorsque je pris connaissance du résumé d’un travail exécuté en 1897-1898 par le Géological Survey d'Egypte, publié dans le Bulletin de la Société de Géogra- phie du 15 janvier 1901, p. 66, par M. Charles Rabot D’après ce travail, il a été trouvé, dans la mer Rouge, aux niveaux de 6-15 et 24 m., de nombreuses coquilles d'espèces actuelles et un très petit nombre d’espèces éteintes. Ces chiffres confirment complètement le phénomène de la régression, tel que je l'ai exposé, entre les altitudes de o et 24 m., et montrent aussi qu'il s’agit d’un phénomène très récent. L'HAUTERIVIEN ET LE BARREÈMIEN DE LA RIVE DROITE DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC par MM. G. SAYN et F. ROMAN. INTRODUCTION Le Crétacé inférieur de la rive droite du Rhône a été l’objet d'un bon nombre de travaux, souvent fort exacts, et parfois très détaillés ; mais il n'existe encore, semble-t-il, aucune étude d’en- semble permettant de se rendre compte avec une précision suffi- sante des relations qui peuvent exister entre le Néocomien cévenol et celui si bien connu maintenant de la région subalpine. C'est cette lacune que nous avons cherché à combler par l’étude méthodique des divers affleurements qui se succèdent depuis le Pouzin, un peu au sud de Valence, jusque dans le Languedoc. Les notes et mémoires de MM. Carez', Leenhardt*, Torcapel * - et Toucas *, pour ne citer que les plus importants, nous ont fourni bien des renseignements intéressants et guidé nos premières recherches. Pour la facilité de l'exposition, nous distinguerons les subdivi- sions suivantes : | I. — Dans le département de l'Ardèche, la région de Chomérac, Cruas, Meysse, se relie naturellement à celle de celle de Villeneuve- de-Berg et à celle de Ruoms, Vallon, Saint-Remèze. II. — Dans le département du Gard, les affleurements néocomiens forment une importante région naturelle triangulaire entre Alais, 1. CAREZ. Note sur l’'Urgonien et le Néocomien de la vallée du Rhône, B. S. G. F., (3), XI, p. 350. — Observations sur la note de M. Torcapel sur l’Urgonien du Languedoc. Id., p. 96. 2. LEENHARDT. Quelques observations au sujet des calcaires du Teil et de Cruas. B. S. G. F., (3), XIV, p. 64. 1885. 3. TorcAPeEL. L'Urgonien du Languedoc. Rev. Sciences Natur., Montpellier, 1882. — Nouvelles recherches sur l’Urgonien du Languedoc. 1d., 1884. — Note sur l’Urgonien du Languedoc, B. S. G. F., (3), XI, p. 56, 1882. — Note sur la classification de l’Urgonien du Languedoc. 1d., p. 310. — L’Urgonien de Lussan, /d. (3), XII, p. 204, 1883. — Le Plateau infracrétacé des environs de Nimes. Bull. Serv. Carte Géol. de France, n° 39, t. VI, p. 147, 1894, etc. 4. Toucas. Note sur le Jurassique supérieur et le Crétacé inférieur de la vallée du Rhône. B. S. G. F., (3), XVI, p. 903, 1888. 608$ SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÈMIEN 6 Juin Uzes et Lussan, facile à relier à l'Ardèche d’une part, et aux vastes surfaces infracrétacées couvrant presque sans interruption le pays jusqu'aux environs de Nîmes et de Montpellier. I. — Ardèche Le premier affleurement important de Néocomien sur la rive droite du Rhône, abstraction faite du petit lambeau de Soyons près Valence, est celui qui s’étale depuis la vallée de la Payre au nord, jusque vers Vallon et au-delà. L'importante coulée basal- tique des Coirons vient le recouvrir à peu près en son milieu, c’est-à-dire à la hauteur de Rochemaure, et le divise en deux régions naturelles : Au nord les affleurements de la région Chomérac, Cruas. Au sud la vaste dépression de Villeneuve-de-Berg à Vallon et les plateaux urgoniens qui la relient à la dépression de Saini- Remèze. Cet ensemble de couches assez puissant, vient recouvrir en concordance le Jurassique, qui lui-même épouse les contours de la masse cristalline du Plateau Central. Les affleurements du Crétacé inférieur de l'Ardèche se relient avec ceux du Gard et par leur intermédiaire à ceux de la rive gauche du Rhône entre Avignon et Tarascon (chaîne des Alpines et de la Montagnette). Au nord de cette région les rapports sont encore plus étroits et la coupure du Rhône est la seule interrup- tion qui existe entre les affleurements de la région de Cruas et les collines de Livron et Marsanne. a. — AFFLEUREMENTS AU NORD DES COIRONS Nous étudierons tout d’abord les affleurements qui s’étendent au nord de la coulée des Coirons, entre le Pouzin et Rochemaure. Ils comprennent tout le Néocomien depuis la zone à Hopltes Boissieri jusqu’à l’Aptien inclusivement. La structure de ce massif est relativement simple ; toutes les couches plongent régulièrement vers l’est, c’est-à-dire dans la direction du Rhône ; elles sont cependant coupées de failles nombreuses. Une bonne succession des assises valanginiennes peut être relevée aux environs de Chomérac : Au quartier de Bijou, à Chomérac, immédiatement au-dessus des couches à Hoplites Boissieri qui affleurent dans le lit même de la Payre, on observe successivement les assises suivantes : 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC Gog t. Marnes blanchâtres avec Ammonites pyriteuses : Hoplites eucyrtus Sayn., Lissoceras Grasi d'Orb., etc. 2. Bancs plus calcaires renfermant encore des Ammonites pyriteuses de petite taille accompagnées de Rhynchonella contracta d'Orb. 3. Marnes puissantes avec Hoplites neocomiensis d'Orb., Lissoceras Grasi d'Orb., Bochianites neocomiensis d'Orb. Ces marnes cessent bientôt d’être fossilifères, deviennent plus calcaires et passent à des calcaires marneux fissiles, bleuâtres avec rares empreintes de Æoplites et Holcostephanus. L'épaisseur de cet ensemble est considérable (150 à 200 m.). L'Hauterivien ne paraît pas représenté dans les environs immédiats de Chomérac. Dans la même région, une succession analogue peut se relever près du hameau de Brune. En ce point, immédiatement au-dessus des couches à Hoplites Boissieri, on trouve au nord du village la base des marnes valanginiennes très riches en fossiles pyriteux : Hoplites neocomiensis d’Orb. Lissoceras Grasi d'Orb., etc. Au sud du hameau, dans un banc un peu supérieur, on trouve Rynchonella contracta accompagnée de certaines formes parti- culières : Phytlloceras semisulcatum d'Orb var. Gevreyi Sayn. Hoplites Boissieri Pict. var. Ssimbirskites Phillipsi Neum. et — chomeracensis Toucas. Uhlig. C'est incontestablement l'équivalent de la couche N° 2 de la coupe précédente. Dans la région de Baiïx, plus près du Rhône, le Valanginien supérieur est peu fossilifère et se termine par des bancs calcaires à débris de Joplites. Entre Baix et Cruas, sur le coteau qui domine Baix, la série se continue sans interruption. L'Hauterivien semble débuter par des couches glauconieuses à fossiles malheureusement mal conservés ; la partie moyenne de l’'Hauterivien ést visible au bas de l’escarpement de Cruas, il comprend : 1° Calcaires marneux sans fossiles en gros bancs plongeant vers le sud-est ; 2° Calcaires analogues d’aspect avec Toxaster complanatus Ag., Crioceras Duvali Lev. 3° A la partie supérieure paraissent des bancs avec de grandes Ammonites : Hoplites cruasensis Torcapel ; Crioceras Duvali Lev. ; 4 Ces bancs supportent des couches de calcaires alternant avec des marnes et renfermant des Desmoceras pyriteux, Desmoceras cf. Sayni Paquier, Pulchellia cf. Favrei Ooster, et autres Ammonites, Toxaster complanatus ; 29 Décembre 1904. T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 39 61O SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÈMIEN 6 Juin 5° Au-dessus viennent des couches jaunâtres à Ostrea Couloni d’Orb. se terminant par un banc bréchoïde avec particules cristallines bril- lantes rappelant par endroit le véritable Urgonien. Ces bancs bréchoïdes cristallins sont très analogues au calcaire lumachelle si fréquent dans l’étage cruasien de M. Torcapel du dépar- tement du Gard. C’est le dernier prolongement vers l’est de ce faciès du Cruasien supérieur. Nous avons pu recueillir dans ces couches : Hoplites crioceroides Torcapel, Hoplites angulicostatus d’Orb. de grande taille. Pulchellia sp. Ce niveau est bien visible le long du Chemin de fer Decauville de la carrière Valette à Cruas ; il semble terminer l’'Hauterivien. Dans la carrière même, ce banc est bien connu des ouvriers qui lui ont donné le nom de durzène ; il se présente fréquemment sous forme de masses bréchiformes, parfois avec des intercalations de poudingues et de conglomérats et forme le sol de la carrière. Dans ce même point (carrière Valette), l'exploitation a permis de constater très nettement la composition des assises immédiate- ment inférieures au banc dont nous parlons : ce sont de haut en bas: a) Calcaire compact avec Rhynchonella Dolfussi Kilian, très abon- dants et débris de grands Ancyloceras. b) Au-dessous viennent des bancs de calcaires, jaunâtres par altéra- tion et bleus en pro- fondeur, renfermant de trèsnombreux Ho- plites angulicostatus d'Orb., des foplites cf. crioceroides de grande taille et des Desmoceras. c) Ces couches repo- sent sur des calcaires à Toxaster complana- tus et Pulchellia cf. Favrei, au-dessous He à — Coupe de l’escarpement de Cruas entre le village et le sud de la carrière Valette. — Echelle : 1/10000 1, Calcaires bleuâtres marneux en gros bancs à À ; é ù desquelles onretrouve Crioceras Duvali ; 2, Calcaires entrecoupés de h marne argileuse avec rares Desmoceras Sayni; -les calcaires MATOELS 3, Banc peu visible à Pulchellia cf. Favrei à Desmoceras Sayni Ooster ; 4, Conglomérats et poudingues avec Paquier(couchen* de parties dures d'aspect urgonien ; 5, Calcaires la coupe précédente). fissiles en bancs relativement minces avec Nous donnons ci- Hoplites tuberculés et débris d'Hamulina (Bar- rêmien inférieur); 6, Bancs exploités (Bar- rêmien). joint (fig.1)une coupe, menée entre le village de Cruas et le sud de la carrière Valette, qui précise les différents termes de cette succession. 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC Grt La partie supérieure de l’Hauterivien dont nous venons de détailler la composition est surmontée par une puissante masse de Barrêmien constitué de la façon suivante : 6. Calcaires compacts exploités pour la fabrication de la chaux hydraulique en bancs relativement assez minces et renfermant des Hoplites tuberculés de grande taille et quelques débris d’Hamulina. 7. Calcaires, en bancs épais, formant le principal niveau exploité avec d'assez nombreux exemplaires de Costidiscus recticostatus d’'Orb., Desmoceras de grande taille, Ancyloceras aff. Matheroni d'Orb. 8. Au-dessus de la carrière Valette se trouvent des bancs plus com- pacts, parfois imprégnés de silice, exploités comme pierre de taille à Cruas même. On y trouve Costidiscus recticostatus. 9. Dans la colline qui domine le chàteau ruiné de Cruas, on observe des calcaires blancs assez fragmentés, dont les affleurements en général très boisés et souvent couverts d’éboulis, ne montrent jamais de coupe bien nette. Ils surmontent cependant, sans qu’il puisse y avoir aucun doute, les calcaires dont nous venons de parler (8), nous y avons rencontré Costidiscus recticostatus de grande taille. 10. Ils supportent à leur tour une grosse masse de calcaires à silex très pauvres en fossiles. Nous y avons vus quelques débris de grands Hoplites du groupe de Deshayesi. Quelques bancs ont un faciès urgo- nien très net. Pour fixer les idées, nous reproduisons ici (fig. 2) avec quelques modifications de détail la coupe graphique déjà donnée par M. Leenhardt : et dont nous avons pu reconnaître la rigoureuse exactitude. S. Carrière de Carrière de N. 3 jerre detaille p'erre à chaux LesRibes RSS .. Ë ; Carrière de Cruas : Pierre, à chaux Fig. 2. — Coupe du Crétacé de la rive droite du Rhône entre Baix et Meysse. — Echelle :1/120000. environ 1, Valanginien supérieur ; 2, Calcaire glauconieux ; 3, Calcaire marneux de l’'Hauterivien moyen ; 4, Calcaire à chaux hydraulique ; 5, Calcaire à pierre de taille; 6, Calcaire à silex ; 9, Calcaire marneux ; 8, Marnes aptiennes. 11. Les gros bancs du N° 10 très calcaires deviennent plus marneux à leur partie supérieure ; près de la ferme des Ribes ils passent à des marnes bleuâtres et jaunâtres criblées, par places, de rognons ferrugi- neux de petite taille. Nous avons pu recueillir, non sans peine, dans ces couches : Belemnites cf. semicanaliculatus de très petite taille, Hoplites Deshayesi d'Orb., Desmoceras sp. 1. LEENHARDT. B. S. G. F., (3), XIV, p. 64. Gr2 SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÊMIEN 6 Juin L’aspect des marnes et le faciès faunique sont irès particuliers et ne ressemblent pas tout à fait au Gargasien typique. Au Ferrant, sur la route de Meysse, on voit au dessus des calcaires à pierre de taille, les calcaires marneux déjà décrits par M. Leenhardt dans lesquels où trouve Costidiscus recticostatus. Ces couches se terminent par un banc de calcaire blond, dur et compact, rappelant vivement les calcaires de l’Homme-d’Arme (mive droite du Rhône). Au-dessus vient la grosse masse de calcaire à silex, à structure parfois subcristalline, qui couronne la hauteur. Quand on observe, de la rive gauche du Rhône, l'ensemble de la coupe ci-dessus un peu au nord de Montélimar, on s'aperçoit que les calcaires en gros bancs N° 10 de la coupe précédente, paraissent se relier intimement à ceux qui se trouvent sur cette rive et qui sont exploités à l'Homme-d’Arme. Ici les calcaires sont plus marneux, les silex rares, tandis qu'entre Cruas et Meysse ils constituent presque exclusivement la roche. Ces calcaires sont exploités aussi pour la fabrication de la chaux hydraulique ; ils renferment suivant M. Paquier' la faune suivante : Hibolites semicanaliculatus Acanthoceras Albrechti- Austriæ © Blainv. sp. Uhl. — minaret Rasp. — Stobieski d'Orb. Duvalia cf. Grasi Duv. Ancyloceras Matheroni d'Orb. Lytoceras Phestus Math. Nautilus plicatus Sow. Costidiscus recticostatus d'Orb. Rhynchonella ct. Dolfussi Kilian. Desmoceras Matheroni d'Orb. Cet ensemble faunique classe nettement ces assises dans le Bedoulien. Au sommet des carrières existe un niveau de calcaires durs avec de nombreux fossiles. Phylloceras infundibulum d'Orb. Céphalopodes déroulés de petite Hoplites furcatus (H. Dufresnoyi taille. d'Orb.). Hamulina sp. Desmoceras impressum d’Orb. Toxoceras Sp. — cf. Charrieri d'Orb. Acanthoceras sp. Ancyloceras Matheroni d'Orb. Cette dernière assise n’est pas sans rappeler vivement le calcaire des Graves, près Saint-Étienne ?. Voici du reste une coupe de détail des carrières que nous devons 1. V. Paqurer. Étude géologique sur le Diois et les Baronies Orientales Thèse, p. 180. 2 Voir KirrAN, montagne de Lure, p. 242. 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC 613 à l’obligeance de M. Dechaux, propriétaire des exploitations de l'Homme-d’'Arme. Cailloutis pliocènes, 10 M. Calcaires blancs sans fossiles. o m. 0 Bancs à Belemnites semicanaliculatus. 6 m. Calcaires blancs avec Hoplites Deshayesi, A. Matheroni. 4 m. Calcaires sans rognons. 4 m. Calcaires avec rognons avec Hoplites Deshayesi, Nautilus. 4 m. Calcaires avec rognons rentermant Acanth. Albrechti- Austriæ. 1 m. Calcaires sans rognons. I M. Calcaires avec rognons. 2 m. Calcaire bleu sans rognons. 4o m. Calcaire bleu avec Nautilus plicatus, A. Matheroni. 6 m. Calcaires blancs avec Nautilus plicatus. Sol de la carrière. b. — COoUrFES PERPENDICULAIRES À LA DIRECTION DU‘ RHÔNE Les coupes transversales de cette même région ont encore été peu étudiées, elles sont du reste assez rares, difficiles à observer et correspondent aux ravins qui, descendant du Plateau Central, viennent aboutir au Rhône entre le Pouzin et Rochemaure. Elles ne recoupent pas en totalité la série infracrétacée. La plus intéressante est donnée par la vallée de Lavezon entre Saint-Vincent-de-Barrès et Meysse. Ici on peut observer en allant de l’ouest à l’est : I. Les marnes valanginiennes très pauvres en fossiles et tout à fait comparables à celles que nous avons signalées à Baix. > L’Hauterivien débute par des marnes et calcaires marneux un peu blanchâtres avec Belemnites subfusiformis Rasp. ; Aptychus Didayi Coq. ; c'est la zone à Hoplites castellannensis a’Orb.; on y rencontre souvent Holcostephanus Astieri d'Orb. (sensu lato). 3 Au-dessus viennent des calcaires bleus, compacts, assez marneux, en bancs bien réglés. Cette assise très épaisse est entaillée par le ruis- seau de Lavezon au pont de Saint-Martin l'Inférieur où sa partie supé- rieure est très fossilifère, on y rencontre abondamment Hoplites crua- sensis Torcapel, en beaux exemplaires accompagné de Nautilus neoco- miensis d'Orb. et de Crioceras Duvali Lev. 4 La partie terminale de l’Hauterivien et son contact avec le Barré- mien sont difficiles à bien observer dans cette région à cause des failles qui hachent les couches. Cependant la faune du Barrêmien inférieur est connue à Meysse, 614 SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÊMIEN 6 Juin point où elle a été signalée depuis longtemps par M. Kilian d’après la collection Gevrey. Malheureusement le gisement se prête peu à une étude stratigraphique détaillée à cause des éboulis qui cachent en partie les affleurements. Nous y avons reconnu, en bon état de conservation : Phylloceras infundibulum d’Orb. Holcodiscus binodosus Kilian. Puichellia compressissima d’Orb. — cf. Hugii Oster. —- Sauvageaui Herm. — ci. Van den Heckei — cf. Œhlerti Nicklès. d'Orb. — Sellei Kilian. Desmoceras difficile d’Orb. — cf. provincialis d’Orb. — cf. Charrieri d'Orb. Holcodiscus Perezi d’Orb. Crioceras Barremense Kilian. — Caillaudi d'Orb. — Emerici d'Orb. — fallax d’Orb. — Tabarelli Ast. — intermedius d’Orb. — dissimile d’Orb. Ces fossiles sont contenus dans un calcaire un peu marneux dont l’affleurement est assez diflicile à retrouver ; il paraît reposer sur des couches à Hoplites angulicostalus et être accompagné de calcaires blancs à Desmoceras difficile. Le tout est recouvert par des calcaires blancs fragmentés analo- gues à ceux qui couronnent la colline de Cruas au-dessus du vieux château. Les couches à Hoplites angulicostatus sont elles-mêmes supérieures à des calcaires noirâtres marneux à Desmoceras nov. Sp., espèce qui appartient certainement à l'Hauterivien supé- rieur, probablement à la zone à Desmoceras Sayni. €. — AFFLEUREMENTS AU SUD DE LA COULÉE DES COIRONS Au sud des Coirons, s'ouvrent les vallées du ruisseau du Fayol et surtout de l’Escoutay. Le premier aboutit au Teil et le second à Viviers ; ces deux ruisseaux dont les berges sont souvent fort escarpées fournissent de bonnes coupes du Crétacé inférieur. La route du Teil à Villeneuve-de-Berg longe le ruisseau de Fayol-et nous a montré une série assez monotone de marnes noires à peu près dépourvues de fossiles et correspondant à la partie inférieure et moyenne du Valanginien. L'Hauterivien qui surmonte le Valanginien aux environs d’Aps, est assez uniforme de composition et peu fossilifère, il est surtout constitué par des calcaires en gros bancs, bleus en profondeur, jaunâtres par décomposition superficielle, offrant parfois une épais- seur considérable. Nous n’insisterons pas davantage sur cette région, nous réser- vant d'étudier d’une façon plus détaillée la succession des étages crétacés à peu de distance de là, aux environs de Ruoms-Vallon. 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC 619 a) Région de Ruoms- Vallon. — Ici en effet la coupe de l’Infra- crétacé est particulièrement intéressante, tant par l’étendue des affleurements, que par leur richesse relative en fossiles. On sait qu'entre Vogué et Ruoms, le Valanginien inférieur est très développé et assez fossilifère ; il présente le faciès à Ammo- nites pyriteuses déjà décrit aux environs de Chomérac. C’est le type classique de cet étage dans le Sud-Est de la France. L'Hauterivien comprend : 1° Marnes et calcaires marneux à débris de grands Crioceras bien visibles à peu de distance de la gare de Ruoms. 20 Calcaire moins marneux où abonde à peu près au même point Cæœlopoceras clypeiforme d’Orb. de grande taille. 3° Dans les escarpements qui dominent la route de Ruoms à Vallon, dès le premier tournant, on observe des calcaires marneux compacts en gros bancs riches en fossiles de grande taille : Hoplites radiatus Brug. RR Desmoceras? ligatum d’Orb. RR — Frantzi Kilian R Crioceras cf. Duvali Lev. RR — heliacus d’Orb. AC Holcostephanus Astieri d'Orb. R Phytlloceras infundibulum Toxaster complanatus Ag. AC d’Orb. RR Ostrea Couloni d’Orb. AC 4° Au-dessus viennent des calcaires plus ou moins compacts coupés par quelques délits marneux et renfermant : Hoplites cruasensis Tor- capel très typique. Dans les lits marneux intermédiaires abondent Toxaster complanatus et Ostrea Couloni. La coupe de la montagne de Sigaud prise à partir de Vallon est le complément de la précédente. Elle est moins facile à suivre à cause de la végétation qui recouvre en partie les afileurements mais elle est néanmoins très nette. 1. À la base, dans un petit ravin orienté vers Vallon et'situé au pied de la montagne de Sigaud on observe des calcaires grisâätres, parfois un peu blanchâtres, renfermant des débris de Crioceras cf. Duvali et de PBelemnites. 2. Calcaires à débris d’Holcostephanus Astieri accompagnés de quel- ques Toxaster et de Crioceras sp. 3. Calcaires à grands Hoplites assez compacts et intimement liés aux précédents. * 4. Le sommet de la montagne est constitué par des calcaires bleuä- tres avec marnes intercalées renfermant de très nombreux Toxaster complanatus et Ostrea Couloni. Cette dernière espèce est du reste commune à l’ensemble de la coupe. Ces calcaires sont probablement ceux qui contiennent sur le flanc est de la colline Hoplites cruasensis. A l’est de Ruoms, entre la ligne du chemin de fer et la colline de Sampzon, on observe la succession suivante : 616 SAYN ET ROMAN.— L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÈMIEN 6 Juin I. Calcaires marneux avec marnes intercalées et traces de fossiles indéterminables visibles un peu au-des- sous du Château de la Bastide. Valanginien supérieur ? 2. Calcaires marneux avec Cælopoceras clypeiforme et Holcostephanus Astieri (Pont du chemin de fer). 3. Calcaires marneux à grands Hoplites du Château de Hauterivien la Bastide. inférieur 4. Calcaires plus marneux que les précédents avec Hoplites de grande taille renfermant par places mais rarement Crioceras Duvali. La partie supé- rieure devient de plus en plus marneuse. 5. Calcaires avec Ostrea Couloni et Toxaster compla- Hauterivien ; D MPa natus très abondant au village même de Sampzon. P 6. Calcaires bleuâtres sans fossiles. 7. Calcaires blanchâtres avec traces de Nemausina et Barrêmien Crioceras de grande taille. inférieur 8. Bancs lumachelle formant le sommet du signal de Sampzon. À peu de distance de là, entre la gare de Beaulieu et Bessas, en recoupant la même série de collines on observe la succession suivante : | 1. Marnes bleues pauvres en fossiles, où l’on peut | cependant recueillir Belemnites latus Blainv., Bel. conicus Blainv. et Rhyÿnchonella contracia accom- pagnés de très rares Ammonites pyriteuses indé- terminables ; 2. Marnes feuilletées sans fossiles qui occupent toute la plaine entre le chemin de fer et la montagne; 3. A la partie supérieure, ces marnes présentent des bancs un peu plus épais avec intercalation de cal- caires. Le tout est encore extrêmement fissile. Valanginien Ces dernières couches appartiennent encore manifestement au Valanginien et viennent butter par faille contre les assises suivantes : 4. Bancs de calcaire blanc d’aspect tout à fait récifal avec débris d'Echinodermes et de Rudistes. Ces assises constituent un causse inculte et inhabité. 5. Calcaires plus lumachelliques et parfois scintillants dans la cassure. La coupe devient ensuite régulière et au-dessous des calcaires N° 5 on observe en allant vers Bessas et de haut en bas : a) Calcaires marneux jaunâtres avec marnes intercalées renfermant Toxaster complanatus, variété un peu renflée, et Hoplites cf. angulicos- tatus d’Orh. 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC Gr7 b) Bancs marneux avec calcaires intercalés plus bleuâtres, très nombreuses Ostrea Couloni et Toxaster complanalus. c) Au-dessous : série très uniforme renfermant les mêmes fossiles et ayant même aspect lithologique. d) La base de la coupe est constituée vers Bessas par des marnes bleues sans fossiles d'aspect valanginien. Cette coupe diffère sensiblement des précédentes, l’'Hauterivien inférieur notamment ne nous a présenté nulle part les calcaires durs à grands Hoplites si bien développés à Sampzon, par contre les calcaires (a) ressemblent beaucoup à ceux qu'on observe dans le village de Sampzon (n° 9 de la coupe précédente). La présence de Hoplites angulicostatus vers la base de ces calcaires pourrait porter à les considérer comme de l'Hauterivien tout à fait supérieur ; mais d’autre partles calcaires laumachelliques N° 4 et 5 offrent les caractères de l’Urgonien le plus typique. IL faudrait donc admettre que sur ce point le Barrèmien inférieur est peu développé ou qu'il est lui-même envahi par le faciès urgo. nien. Ces calcaires N° 5 et 6 ont été marqués en Hauterivien supérieur sur la Feuille d’Alais. Mais par leur épaisseur, par leur grand développement, par la présence de nombreux Rudistes, ils sont trop différents de ce que l’on observe dans les calcaires luma- chelliques du Cruasien typique pour que l’on puisse les rapporter à cet étage. La présence immédiatement au-dessous, de l’Hoplites anguli- costalus, espèce de l'Hauterivien tout à fait supérieur, ne peut, croyons-nous, que confirmer notre attribution. Avant d'abandonner cette région il nous reste encore quelques mots à dire sur la coupe si étendue du Néocomien de Villeneuve- de-Berg. Les marnes valanginiennes acquièrent ici une importance consi- dérable ; de la ligne du chemin de fer, en se dirigeant vers Ville- neuve, on recoupe une série de marnes feuilletées très pauvres en fossiles appartenant à cet étage ; la présence de quelques rares Hoplites neocomiensis vient du reste fixer l’âge de ces marnes. Au-dessus et un peu à l’est du village de Villeneuve-de-Berg, l'Hauterivien débute par des couches marneuses assez réduites, renfermant des débris de Belemnites et de Crioceras Duvali; immédiatement au-dessus viennent des calcaires compacts à grands Hoplites avec Cæœlopoceras clypeiforme, plus haut cette dernière espèce disparaît et les calcaires bleu foncé ne renferment plus que des Hoplites de grande taille, pour la plupart nouveaux. Ces calcaires, identiques à ceux du n° 3 de la coupe de Ruoms, sont GIS SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÊMIEN 6 Juin très puissants; à leur partie tout à fait supérieure, vers Saint- Andéol-de-Berg, on recueille en abondance Woplites cruasensis Torcapel qui occupe là exactement le même niveau qu'aux envi- rons de Saint-Martin l’Inférieur. Sur ce point la coupe ne remonte pas plus haut que la zone à Hoplites cruasensis. b) Environs de Saint-Remèze. — L'important affleurement crétacé qui s'étend entre le Rhône et Vallon, forme un causse très vaste de calcaires à faciès urgonien. Cependant, autour de Saint- Remèze, les dénudations ont fait apparaître des calcaires marneux appartenant à l’Hauterivien et à la base du Barrèêmien. Voici la succession de ces assises : Le Valanginien n'affleure nulle part et l’on observe seulement vers la base de la coupe une puissante série de calcaires marneux gris et bleus avec de nombreux Toxaster et quelques Holcoste- phanus Astieri correspondant à la partie inférieure et moyenne de l’Hauterivien. Ces calcaires sont bien développés le long de la route de Bourg-Saint-Andéol à Vallon. En se reportant vers le nord du village, on peut constater, au-dessus, un niveau marneux noirâtre avec Desmoceras nov. sp. C’est la zone à Desmoceras Sayn; puis viennent des calcaires de teinte plus claire assez marneux se délitant facilement à l'air et renfermant : Hopilites angulicostatus d'Orb. Hoplites monasteriensis Kilian. — cf. crioceroides Torcapel. Desmoceras cf. cassida d'Orb. Au-dessus viennent des calcaires semblables aux précédents avec Hoplites angulicostatus, Desmoceras cf. cassidoides et grands Ancyloceras. Les calcaires à Hoplites angulicostatus supportent des marnes grumeleuses avec alternances de calcaires compacts à débris de Toxaster de petite taille, couches dont la ressemblance avec le Barrêmien inférieur du Gard (Barutelien Torcapel) est frappante ; c’est le point le plus septentrional de notre champ d’études où nous ayons observé ce faciès néritique de la base du Barrêmien. La partie supérieure de la coupe est formée de calcaires d'apparence récifale, mais l’absence de couches supérieures ne permet pas de préciser le niveau de ces bancs à faciès urgonien. c) Environs de Viviers.— Avant d'abandonner l'Ardèche et pour compléter l'étude du Barrèmien de cette région, nous étudierons ici la coupe importante de Saint-Thomé, près Viviers. La berge de la rivière de l’'Escoutaye, entaillée à picsur une hauteur considéra- ble, montre très nettement la succession des assises du Barrêmien, 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC 619 La base de cet étage est masquée dans cette coupe aïnsi que le fait remarquer M. Paquier : à la suite d'une note préliminaire publiée par nous en 1901. Une faille met en contact les calcaires barrêmiens avec le Bédoulien. La coupe qui commence au pied du village de Saint-Thomé, montre la succession suivante de bas en haut : 1. Calcaires marneux bien visibles sur la route de Saint-Thomé au bord de la rivière de l’Escoutaye renfermant Crioceras cf. Koechlini Astier et Desmoceras ordinairement écrasés et peu déterminables spécifique- ment. ; 2. Marnes grisâtres avec un banc calcaire intercalé au niveau de la route, nombreux Holcodiscus fallax Matheron et des Pulchellia. Au-delà de Saint-Thomé, les escarpements de la rive gauche, puis ceux de la rive droite de la rivière complètent la coupe du Barrêmien. 1. On rencontre d’abord des calcaires marneux à Crioceras Koechlini Astier et Ancyloceras Tabarelli Astier. 2. Au-dessus bancs marneux avec nombreux Hamutiina de petite taille accompagnés d’Holcodiscus et de Pulchellia. En passant ensuite sur la rive droite, on observe : 3. Calcaires compacts avec Desmoceras difficile d’Orb., Desmoceras Fabrei Torcapel typique. 4. Calcaires en bancs un peu plus minces affleurant au niveau de la rivière et contenant de très nombreux exemplaires de Pulchellia com- pressissima d’Orb. et de Pulchellia pulchella d’Orb. 5. Le Barrêmien inférieur se termine par des assises marneuses inter- calées entre les bancs de calcaires et renfermant quelques fossiles pyri- teux : Leptoceras et Pulchellia cf. provincialis d’Orb. 6. Le Barrêmien supérieur est formé de calcaires blancs compacts en bancs épais, peu fossilitères. Nous y avons observé quelques frag- ments d’'Heteroceras Giraudi Kilian, qui ne peuvent laisser aucun doute sur leur âge. Sur la route de Saint-Thomé à Valvignière on peut observer la base du Barrêmien à l’état de marnocalcaires glauconieux et renfermant seulement quelques Desmoceras en mauvais état de conservation. Mais par contre les couches terminales du Barré- mien inférieur contiennent une faune à fossiles pyriteux. Nous avons pu constater en ce point la présence des espèces suivantes : Pulchellia Sauvageaui Hermite. Holcodiscus Gastaldii d'Orb. — nov. sp. aff. Ouachensis Leptoceras nov. sp. Coquand. Desmoceras sp. I PAQUIER B.8S. G. F., (4), I, p. 341. 620 SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRËMIEN 6 Juin C'est une faunule qui rappelle le Barrèmien inférieur de l'Algérie et des Baléares. II. — Gard RÉGION DE SEYNES-LUussAN Cette région toute proche de celle que nous venons d'étudier nous fournit un terme de passage extrêmement précieux pour comparer le Crétacé du département du Gard avec celui de l'Ardèche. a) Coupe de Saint-Just. — Entre Saint-Just et le point bien connu dans la géologie du Gard sous le nom des Augustines, près Brouzet, un anticlinal dont l’axe est dirigé N.O.-S.E., est cons- titué par les différents termes du Crétacé inférieur. La plus grande partie de cet anticlinal appartient à la Feuille géolostue d'Alais et le reste à la Feuille du Vigan :. 1. Les couches les plus anciennes s’observent au-dessous du village de Mons construit sur les calcaires sannoisiens à Striatelles et à Cyrènes. Ce sont des marnes bleues feuilletées souvent entremélées de bancs calcaires et ordinairement dépourvues de fossiles, on y voit cependant parfois quelques rares débris d’Hoplites. 2. A peu de distance du moulin, sur le ruisseau de la Droude et en montant vers Saint-Just, on observe un banc de calcaire glauconieux très fossilifère renfermant de nombreux Hoplites Teschenensis Uhlig accompagnés d’un certain nombre Due types : Holcostephanus Astieri d'Orb. (typique), Hoplites nov. sp. à gros tubercules, Hoplites groupe de Prandesi v. Kœænen. 3. Immédiatement sur ces marnes reposent des marnes un peu jau- nâtres où se trouvent en abondance les espèces suivantes: Belemnites subfusiformis Rasp. variété à côtes fines et variété à — Orbignyi Duval, assez côtes plus fortes. typique (ne paraît pas Holcostephanus Sayni Kilian. rare). — sp. à ombilic large. — Emerici Duval, un PBochianites neocomiensis d'Orb. mauvais exemplaire. Lissoceras Grasi d'Orb. — cf. binervius d’Orb. Aptychus Didayi Coquand. Hoplites neocomiensis d'Orb., 4. En continuant vers Saint-Just on trouve une série de marnes bleues très pauvres en fossiles auxquelles succèdent des calcaires visi- bles près du chemin de fer et caractérisés par: Hoplites cf. neocomien- sis d'Orb., en général écrasé et Lytoceras Ophiurus d’Orb. Ce point se trouve à peu de distance du cimetière de Saint-Just. 1. Cette coupe déjà très bien étudiée par M. ToRCAPEL a été recemment reprise par M. PEeLcaT. B. S. G. F., (4), UE, p. 119, 1903. 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC Gor 5. Au-dessus on observe des assises marneuses peu épaisses avec débris de Belemnites, puis viennent des bancs moins calcaires à Hoplites castellannensis, le tout correspondant à la base de l’'Haute- rivien. Ces derniers calcaires constituent la hauteur qui domine le village de Saint-Just et la route de Brouzet. 6. Calcaires marneux renfermant des débris de Hoplites voisins de Hoplites castellannensis d'Orb. 7. Marno-calcaires, avec Hoplites cruasensis Torcapel, et Hoplites sale- vensis Kilian, nombreux Toxaster complanatus à la partie supérieure. 8. Calcaires blancs compacts entremêlés de bancs à texture spathi- que, qui ont par places l’aspect d’un véritable Urgonien. Ils renferment Hoplites cf. crioceroides. Sur le dernier banc qui affleure tout près du pont (de Justice) se trouvent des Crioceras de très grande taille. 9. Calcaires marneux et marnes de teinte jaunâtre où M. Pellat a rencontré Holcodiscus Perezi d’Orb. et M. Torcapel Pulchellia Saunieri Torcapel. C’est donc du Barrèmien inférieur typique. Ces couches ren- ferment de très nombreux Toxaster. 10. Marnes bleuâtres avec Ostrea cf. Couloni . 11. Calcaires blancs cristallins attribués par M. Torcapel au Donzè- rien. Comme ces calcaires sont en différents points de la région sur- montés par l’Aptien inférieur (fossilitère), ils ne peuvent représenter que le Barrèmien supérieur. Cette barre de calcaires très crayeux, sur la route de Brouzet aux Augustines, est exploitée en différents points. Des recherches suivies dans les carrières ont fourni à M. Pellat une riche faune de Rudistes et de Gastropodes se rapportant aux espèces et genres suivants : Agria, plusieurs espèces. MNerinea gigantea d'Hombres Fir- Monopleura, id. mas. Requienia ammonia Goldf. — Renauxiana d'Orb. — Pellati Paquier. — Coquandiana d’Orb. Toucasia aff. carinata d’Orb. Acteonina Sp. Matheronia aff. semirugataMath. Corbis corrugata d’Orb. Natica sp. Cardium sp. MNerita mammaæformis Ren. Janira cf. atava Desh. b. Coupe de Bourdiguet à Seyne. — Le même anticlinal, recoupé un peu à l'est de la région que nous venons de décrire, montre une succession très analogue. La base du Barrèmien est bien développée, notamment entre le hameau de Bourdiguet (route de Seyne à Uzès, commune d'Eyga- lières) et le village de Seyne. Au nord de Bourdiguet, on remarque un beau développement des calcaires n° 8 de la coupe précédente. Ils sont ici en gros bancs 1. M. Kicran a trouvé en outre dans les marnes des Augustines des Hele- roceras du groupe de Tardieui en gros fragments. 622 SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÈMIEN 6 Juin nullement lumachelliques, de teinte claire et entremélés de marnes. Le tout offre une analogie de faciès à peu près complète avec la base du Barrêmien de diverses localités classiques. Nous avons pu y recueillir : Hoplites angulicostatus d'Orb. et Hoplites cf. crioceroides Torcapel. À Bourdiguet même, on observe, immédiatement au-dessus, des calcaires assez semblables d'aspect, mais renfermant dans les délits marneux de nombreux fossiles pyriteux, malheureusement en très mauvais état. Nous avons pu cependant reconnaître : Holcodiscus Caillaudi d’'Orb. Heteroceras nov. sp. Pulchellia compressissima d'Orb. Gastropodes, Bivalves, Échinides, Desmoceras af. cassidoides Uhlig. etc. et dans les bancs calcaires Desmoceras Fabrei Torcapel. Sur ces calcaires, qui sont peu épais, reposent des marnes bleuà- tres à débris de Rhynchonella peu fossilifères en ce point, mais qui dans les environs de Seyne, au mas de la Valus, contiennent avec Desmoceras difficile d'Orb., D. cf. Charrieri d'Orb., Phyl- loceras infundibulum d'Orb. assez rares, de très nombreux Brachiopodes et Ostrea cf. aquila, une très nombreuse faune d'Échinides. Pour leur détermination nous avons eu recours à la haute com- pétence de M. Lambert. Voici les formes qu'il a pu reconnaître : : Holectypus macropygus Ag. (Dis- Holaster prestensis Desor (Car- coidea). diaster). Pygaulus Desmoulinsi Ag. Toxaster Ricordaui Cotteau. Astrolämpas sp. Miotoxaster Collegnoi Sismonda Phyllobrissus neocomiensis Ag. (Spatarigus). (Catopygus). c. Coupe de Lussan. — Aux environs de Lussan la coupe est exactement la même, le niveau de base du Barrêmien est plus marneux et bien visible à la montée de La Collorgue, où il ren- ferme : Desmoceras cf. cassida d'Orb. de grande taille, D. Fabrei Torcapel. Les marnes à Échinides sont particulièrement riches sous le cimetière de Lussan ; M. Pellat y a cité Holcodiscus Perezi d’Orb. et nous avons recueilli Desmoceras difficile d’'Orb. et de nom- breuses Rhy-nchonella. L'Hauterivien ne diffère pas de celui des environs de Saint-Just. 1. Une note sur ces Echinides est en préparation. 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC 623 RéGion DE NîMESs ET SUD pu GARD Pour cette région, qui a été très bien étudiée par M. Torcapel’, nous nous contenterons de donner un résumé de la constitution du Néocomien. Le Valanginien inférieur est développé sous le faciès à Ammo- niles pyriteuses, mais ordinairement pauvre en fossiles, néan- moins, assez semblable à ce qu'il est dans l’Aräèche et dans le nord du Gard. C'est la base de cet étage qui est si fossilifère à la Chapelle de Baucels, près la Cadière, entre Saint-Hippolyte-du- Fort et Ganges (niveau à Hoplites pexiptychus). Pour représenter le Valanginien moyen. il y a dans toute cette région (nord de l'Hérault et sud du Gard), des marnes sèches de teinte grise, à très rares fossiles écrasés appartenant au groupe de Hoplites neocomiensis. Dans l'Hérault, entre Montpellier et le cours du Vidourle, le Valanginien se termine par des calcaires lumachelliques, dits calcaires miroitants, très semblables d'aspect à ceux du Cruasien avec lesquels ils ont été longtemps confondus. Ce faciès de cal- caires miroitants, surtout développé aux environs de Saturargues, constitue le causse calcaire du sommet de l'Hortus. C'est sur ce dernier point que les calcaires acquièrent la plus grande épais- seur. À Rouet (pied nord du pic Saint-Loup), ils renferment Pygurus rostratus. C’est l'équivalent exact soit comme âge soit comme faciès des calcaires du Fontanil. Les calcaires miroitants supportent les calcaires marneux de Saturargues à Jolcostephanus Athersthoni Sharpe. Dans la Vaunage (environs de Nimes), le faciès est peu différent : le Valanginien inférieur (zone à Hoplites Roubaudi — Hoplites pexiptychus) paraît manquer, les premières assises que l’on peut observer sont des marnes à /oplites neocomiensis et Belemnites latus (sec. Torcapel) peu fossilifères, passant à la partie supérieure à une alternance de marnes et de calcaires marneux bleuâtres surmontés eux-mêmes par des calcaires marneux (Calvisson) à grands Æoplites. Hoplites gr. de Leopoldi d'Orb., Hoplites radiatus Brug. L'Hauterivien est très rarement fossilifère, néanmoins il est possible de distinguer une série de calcaires bleus à Crioceras Duvali surmontés par des calcaires blancs lumachelliques dont M. Torcapel a fait le sommet de son étage cruasien. Ces derniers 1. Le Plateau infracrétacé des environs de Nîmes. B. C. G.F.,1. VI, n° 39. 624 SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÊMIEN 6 Juin calcaires, exploités aux environs immédiats de Nimes, nous ont fourni près de la gare de Nozières Hoplites angulicostatus d'Orb. Ils appartiennent donc au sommet de l’'Hauterivien. Le Barrêmien inférieur, très monotone et dépourvu de fossiles, a pour type les marnes et les calcaires marneux de Barutel. Enfin, dans toute la région qui s'étend au nord de Nîmes, le Barrêmien supérieur offre le faciès urgonien de calcaires blancs à Rudistes. Des bancs sans fossiles sont activement exploités dans les importantes carrières du bois de Lens, à proximité de la ligne de Nimes à Alais. RÉGION DE SOMMIÈRES Dans les environs de Saint-Théodorit et de Cannes, l'Hauteri- vien inférieur débute par des marnes noirâtres semblables à celles du Valanginien supérieur mais renfermant Pelemnites pistillifor- mis Blainv., Duvalia dilatata, Hoplites aff. castellanensis, Apty- chus Didayi. Immédiatement au-dessus viennent des calcaires marneux avec Holcostephanus Jeannoti d'Orb. et Cæœlopoceras clypeiforme, ete. Ces calcaires sont bien développés près de Saint- Théodorit et sur la route de Crespian où ils nous ont encore fourni : Desmoceras Neumay ri Haug, échantillon de grande taille à bourrelets bien développés rappelant un peu par ce caractère Desmoceras Julianyi Honorat, Crioceras aff. Kiliani Simionescu, grand échantillon identique à l'espèce de Ruoms, Lytoceras nov. sp., grande espèce très involute appartenant au groupe de Lyto- ceras subfimbriatum. Au-dessus de marnes noires sans fossiles, équivalent probable des marnes à Belemnites dilatatus de Cannes, la base de l’'Haute- rivien est formée entre Aujargues et Congéniès par des calcaires bleuâtres dans lesquels Emilien Dumas avait recueilli Cælopo- ceras clypeiforme et des Holcostephanus. Puis viennent des caleaires compacts riches en grands Hoplites très fossilifères dans les environs d’Aujargues où nous avons recueilli : Lytoceras subfimbriatum d'Orb.R. Hoplites castellanensis d'Orb. RR. Hoplites radiatus Brug. d'Orb. CC. Hoplitides Leopoldi d’Orb. KR. Ces calcaires à grands Hoplites sont très constants dans la région, ils sont notamment très fossilifères à Calvisson. Sur le pla- teau d'Aujargues, ils sont recouverts par des couches marneuses jaunâtres avec Toxaster complanatus ; dans les environs de Som- mières, celles-ci sont à leur tour subordonnées à des calcaires marneux blanchâtres qui renferment Hoplites angulicostatus d’Orb. et Hoplites crioceroides Torcapel. 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC 625 La composition de l’Hauterivien de la région de Sommières peut être résumée ainsi : Marnes à Duvalia dilatata. Hauterivien } Calcaires à Holcostephanus Jeännoti et Cæœlopoceras inférieur clypeiforme. Calcaires à Hoplites radiatus et Crioceras Duvali. Hauterivien \ Marnes et calcaires marneux à Toxaster complanatus. supérieur l Calcaires à Hoplites angulicostatus et H. crioceroides. Plus à l’est, vers Valflaunès, c'est-à-dire déjà dans la région des calcaires miroitants, la composition de l'Hauterivien est sensible- ment la même : entre Fontanès et la Chapelle d’'Alayrac, sur un point déjà étudié par l’un de nous, on observe la succession sui- vante : Valanginien inférieur : Marnes sèches à peu près sans fossiles (rares débris de Æoplites aff. neocomiensis) :. Valanginien supérieur : Calcaires compacts parfois très cristallins. Au-dessus des calcaires miroitants, on observe: 1. Marnes noirâtres peu épaisses. 2. Calcaires marneux un peu jaunâtres : Holcostephanus Athersthoni Sharpe, Cælopoceras clypeiforme d'Orb. 3. Marnes grises à Plicatules. 4. Calcaires compacts avec Hoplites radiatus d'Orb., Hoplites cas- tellanensis d'Orb., Crioceras Duvali forme Picteti Nolan, etc. Les calcaires marneux N° 2 rappellent les couches à grands Holcostephanus de Saturargues, en même temps que par la présence de Cæœlopoceras clypeiforme, ils se rattachent aux couches de même âge des environs de Sommières. III. — Drôme CouPE DE LIVRON Il nous a semblé que pour comparer utilement le Néocomien de la rive droite du Rhône avec celui de la région subalpine, une coupe intermédiaire serait nécessaire. Placée à très peu de distance des gisements classiques du Dauphiné et presque en face de ceux de la région de Cruas-Meysse, la coupe de Livron réunissait toutes les conditions requises. 1. Ce faciès du Valanginien inférieur est constant dans le Gard là où sont développés les calcaires miroitants et dans la plus grande partie de l'Hérault. 4 Janvier 1905. — T. IV. Bull, Soc. Géol. Fr. — 40. 626 SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÊMIEN 6 Juin. La série débute ici par des calcaires foncés assez compacts avec rares Toxaster complanatus et débris de Hoplites appartenant très probablement à la partie moyenne de l’Hauterivien; ils forment les escarpements qui dominent le quartier de Pont-de- Livron. À la hauteur du cimetière les calcaires deviennent plus blancs et contiennent oplites cruasensis Torcapel bien typique, de 0. ES Cimetière Tour Pont de Livron Fig. 3. — Coupe de Livron. Echelle r/45000 environ. 1. Calcaires à Spatangus retusus ; 2, Couches à Hoplites cruasensis; 3, Zone à Desmoceras Sayni; 4, Zone à Hoplites angulicostatus ; 5, Zone à Holcodiscus ; 6, Barrêmien moyen. grande taille et assez abondant ; ces calcaires jusqu’à ce jour ont été considérés comme barrêmiens". En continuant à monter, on les voit supporter des calcaires en bancs plus minces, plus marneux, moins nettement visibles, dans lesquels nous avons recueilli en grande abondance Desmoceras cf. Say ni : c’est la zone à Desmoceras Sayni Paquier avec faciès identique à celui qu’elle a aux environs de Combovin (Drôme)?. Sur ce point une cassure correspondant à un petit vallon trans- versal ramène les calcaires à Hoplites cruasensis surmontés par les marnes à Desmoceras cf. Say ni. Au-dessus et séparés par quelques bancs de calcaires brunâtres représentant la zone à Hoplites angulicostatus non fossilifère sur ce point, on observe des calcaires blanchâtres en bancs minces qui renferment Desmoceras difficile CC. Immédiatement au-dessus on trouve en abondance : Holcodiscus fallax Coquand. Pulchellia compressissima d'Or. — van den Heckei d’'Orb. Phylloceras infundibulum d’Orb. — intermedius d’Orb. Ammonites déroulées diverses. —— binodosus Kilian. C’est exactement la faune de Combe-Petite et de Meysse. Cette 1. KILIAN, SAYN. 2. SAYN. B. S. G. F., (4), IL, 1903, p. 142. 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC 627 zone avait échappé jusqu’à ce jour à la sagacité des géologues qui avaient étudié la coupe de Livron. Les calcaires immédiatement supérieurs aux couches à Holco- discus paraissent peu fossilifères, les bois assez épais qui les recouvrent en rendent l'étude difficile. Il est probable que l’on a affaire à la partie moyenne du Barrêmien sous forme de Calcaires à Spatangus. A l'extrémité est de la colline de Livron vers Château-Pergaud, une petite carrière où M. Kilian a recueilli quelques fossiles pyri- teux, appartient vraisemblablement à la base de la zone à Hoplites angulicostatus , la partie supérieure de cette zone est du reste bien développée à quelques centaines de mètres plus à l’ouest, sur le flanc du coteau. Nous y avons recueilli Hoplites angulicostatus très abondant, Desmoceras nov. sp. C'est le faciès et la faune d’Aouste près Crest. En résumé la succession est celle-ci : Hauterivien inférieur ( I. Calcaires compacts à Toxaster. (partie supérieure) !{ Il. Couche à Hoplites cruasensis. I. Zone à Desmoceras Sayni. Hauterivien supérieur ï ; i pe II. Zone à Hoplites angulicostatus. Barrêmien inférieur CS Zone à Holcodiseus fallax. La position de la couche à Hoplites cruasensis est des plus nettes ; non seulement elle n'appartient pas au Barrèmien mais encore elle est inférieure à la zone à Desmoceras Sayni, base de l’'Hauterivien supérieur. Résumé et comparaison avec la région subalpine Nous allons maintenant essayer de résumer les nombreuses coupes que nous venons d'étudier et d’en répartir les divers éléments entre les zones établies dans le Néocomien subalpin par les récents travaux de MM. Kilian, Lory et Paquier. 628$ SAYN ET ROMAN. — L' HAUTERIVIEN ET LE BARRÊMIEN 6 Juin VALANGINIEN INFÉRIEUR Zone à Hoplites pexiptychus — Les mar nes valanginiennes se retrouvent dans tout notre champ d'études sous un faciès assez uniforme ; plus marneuses dans l'Ardè:he et vers Saint-Hippolyte où elles sont fossilifères, elles sont un peu plus calcaires (marnes sèches) dans la partie de l'Hérault et du Gard où se développent les calcaires miroitants, les fossiles y sont alors introuvables. VALANGINIEN SUPÉRIEUR Zone à Duvalia Emerici et Say noceras verrucosum. — Comme à peu près partout, cette zone est rarement bien caractérisée; nous y rangeons les couches glauconieuses à Æoplites Tesche- nensis Uhlig, de Mons, près d’Alais, ainsi que les marnes à Duvalia Emerici et Ammonites pyrileuses qui les surmontent. Il est probable que la partie supérieure des marnes de la Vaunage, où sur divers points Emilien Dumas a cité Duvalia Emerici, appar- tient aussi à cette zone. Dans l'Ardèche, comme cela se passe dans le Diois, le Valanginien supérieur n'est pas fossilifère; dans l'Hérault, c'est à ce niveau que se développent les puissantes assises des calcaires miroitants, dont l’équivalence avec les cal- caires du Fontanil soutenue d’abord par l’un de nous et confirmée par de récentes découvertes, ne paraît plus soulever de doutes aujourd hui. HAUTERIVIEN INFÉRIEUR (Zone à Hoplites castellannensis ; Zone à Crioceras Duvali?). a) Zone à Hoplites castellannensis. — Cette zone est surtout formée de marnes et calcaires marneux à Duvalia dilatata et Crio- ceras du groupe Dupali surmontés par des calcaires marneux à Cœlopoceras clypeiforme et Holcostephanus divers. Tantôt les marnes dominent, comme dans le nord de l’Ardèche et la plus grande partie du Gard, tantôt elles sont relativement peu dévelop- 1. Nous croyons qu'il convient de grouper dans l’'Hauterivien inférieur conformément aux conclusions de l’un de nous (voir Bull. Soc. Géol., (4), 1IT, p. 142) les deux zones ci-dessus dont la faune, surtout dans notre région, prèsente tant d’analogies, alors qu’elle contraste de la façon la plus absolue avec celle de l’'Hauterivien supérieur. : 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC 629 pées comme à Ruoms et à Villéneuve-de-Berg. Dans la région des calcaires miroiïitants les marnes disparaissent presque entièrement et les calcaires à Holcostephanus Athersthoni Sharpe, de Saturar- gues, représentent seuls l'Hauterivien inférieur. Malgré la grande analogie de leur faune avec celle de la couche jaune de Villers-le- Lac, ces calcaires de Saturargues et de Saint-Hippolyte se relient trop intimement avec l'Hauterivien inférieur typique des environs de Sommières pour que l’on puisse les en séparer !. C’est encore à la zone à Hoplites castellannensis que: malgré des caractères fauniques très particuliers, nous rapportons les calcaires à Hoplites Vaceki N. et U. du mas Sicard, près Beau- caire. Sur ce point la stratigraphie ne donne que peu d'indications : inférieurs à des calcaires à Hoplites radiatus, les calcaires du mas Sicard* reposent sur des couches plus marneuses avec Hoplites noricus dont le substratum n’est pas visible. C'est sur la comparaison avec le Hils de l'Allemagne du Nord, où comme vient de le montrer M. von Kæœnen, Hoplites noricus et H. Vaceki caractérisent la base de l’Hauterivien inférieur que nous appuyons la classification adoptée ici. Il n’en reste pas moins très remarquable‘que seule dans la vallée du Rhône, cette localité ait fourni une faune si spéciale et reliée de si près à celle de l'Hauterivien de l’Europe centrale. b) Zone à Crioceras Duvali. — Se présente dans notre champ d'études sous deux faciès bien différents : dans les environs de Baix, de Cruas, de Seyne, etc., elle est formée par une longue ét monotone série de calcaires à Toxaster avec Ostrea Couloni (s. L.). À Nîmes, à Sommières, à Beaucaire, comme à Ruoms, à Vil- leneuve de Berg, etc., la zone à Crioceras Dupali est représentée par des calcaires compacts presque sans délits marneux, renfer- mant avec des Toxaster et l’Ostrea Couloni, Hoplites radiatus associé surtout dans l’Ardèche à des espèces nouvelles de Hoplites dont les affinités avec les formes allemandes sont manifestes. Les Lytoceras et Phylloceras sont très rares dans ces couches, les Desmoceras ne s’y rencontrent qu'exceptionnellement. Ce faciès, que par opposition au terme « subalpin » nous proposons de désigner sous le nom de faciès cévenol, est très développé autour du Plateau Central, il a les plus grands rapports 1. Cette liaison est aussi très nette à la Chapelle d’Aleyrac, près Valflaunès. 2. Grâce à l’obligeance du frère Ubald nous avons pu examiner une série importante d'échantillons recueillis par lui au mas Sicard pendant un séjour de plusieurs années à Jonquières. 630 SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÊMIEN 6 Juin avec les couches à Hoplites radiatus des environs de Moustiers et d’Escragnolles, couches qui par rapport au massif ancien des Maures, occupent la même position géographique que notre Hauterivien cévenol autour du Plateau Central. Cette analogie porte à supposer que les différences qui existent entre la faune de Céphalopodes de l’Hauterivien inférieur subalpin et celle de la zone correspondante du Languedoc et des environs d'Escragnolles ou de Moustiers sont dues aux conditions bathymétriques sous lesquelles la sédimentation s’est opérée dans les deux régions. Un des points intéressants que nous avons pu élucider est la position exacte de la zone à Hoplites cruasensis Torcapel (Cruasien inférieur Torcapel). ; D'abord judicieusement parallélisé par son auteur avec les calcaires à Crioceras du Dauphiné, le Cruasien inférieur avait ensuite été considéré par divers savants comme Barrèmien inférieur. À cette opinion s'était rallié M. Torcapel lui-même. Sans vouloir nier que Hoplites cruasensis ou tout au moins des formes très voisines ne puissent se rencontrer dans le Barrêmien inférieur, il résulte de toutes nos recherches que le principal niveau de cette espèce est au sommet de la zone à Crioceras Duvali au-dessous de la zone à Desmoceras Sayni. La coupe de Livron est particulièrement démonstrative à cet égard ainsi que celle de Saint-Just (coupe type du Cruasien de M. Torcapel). FAUNE DE CÉPHALOPODES DE L'HAUTERIVIEN INFÉRIEUR Zone à H.Castellan- done & nensis C. Duvali Phylloceras infundibulum d’Orb., Ruoms. . . . . . RR Lytoceras ophiurus d’Orb., Si-Just . . . . . . . . RR — cf. Han d’Orb., Aujargues. . . R — nov. sp. très enroulée peut-être, PS Richei Sayn, adulte, route de Crespian. . . RR Desmoceras ligatum d'Orb. Ruoms. . . RAT RR — Neumayri Haug., route de Chespinn 40e, DEMEURE: Cœlopoceras clypeiforme d'Orb., 1 Ruoms, Villeneuve-de- Berg, route de Ghesnren, Prin d’ Tres près Fontanès . . . . SEAT ; (@ — DOVA SD: RUOMS: EN RE CPR 1. Le classement de l’Am. clypeiformis a toujours été très délicat ; il nous semble que ses affinités naturelles sont avec le genre Cæœlopoceras récem- ment créé par Hyat et dont Ammonites Requieni du Turonien est l'un des meilleurs types. 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC ‘ 631 Fig. 4 Carte des faciès de rase , arte AE l'Hauterivien inferieur oValence 1 Echelle : 1.500.000 HEIvrQ aCrest jus ds QUES Roubio O Yabror ontelimar # HA PRES OViviers Ruoms' CE eno/+ + ++ DE He allon 1 ; LesVans ++ +++ d'Bourg S‘Andéol ÉNAUS + + ve DRASS «9 = SE = ACIES" Ve APEStEsprit ne = ouveze € Ÿ Ganges\o + tMartin CS Ô en 0 ô Montpellie — LEE ES Le ue 632 SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÊMIEN Hoplitides Leopoidi d'Orb., Ruoms, Calvisson, Comps (Gard). 6 Hoplites radiatus d’Orb. | Aenomes, Rte non (RR), Calvisson, Creme d'Aleyrac (R). . . . Très commun et de grande taille dans le Gard, raris- sime dans l’Ardèche. Hoplites Vaceki Neum. et Uhl., mas Sicard Déjà citée en ce point par M. Kilian, cette espèce n’était connue que du Hils où elle est irès rare, les échantillons du mas Sicard paraissent bien typiques. Hoplites Oltneri Neum. et Uhl., mas Sicard, Comps. — Frantzi Kilian, Ruoms, St-Just : — cf. heliacus d'Orb. Ruoms. se = noricus Rômer (orne ambtrgonèns ! Neum. et Uhlig), mas Sicard Sue — longinodus Neum. et Uhlig, mas au — cf. regalis Pavlow, mas Sicard ATEN ONE — paucinodus Neum. et Uhlig, mas Sicard . . . — aff. scioptychus Uhlig diffère du type de Silésie par son ombilic plus large ; Villeneuve-de-Berg. — af. neocomiensis d'Orb. ; Villeneuve-de-Berg On trouve en outre dans la zone à Crioceras Duvali des environs de Ruoms et de Villeneuve-de-Berg, de nombreux Hoplites dont les affinités avec certaines formes du Hils sont incontestables, mais qui paraissent ne se rapporter exactement à aucun type décrit. Leur grande taille, leur conservation insuflisante et leur état fragmentaire en rendent l’étude bien difficile. Hoplites cf. castellannensis d’Orb., St- Just Aujargues, Chapelle d’Alayrac. . . 9 "0 — cruasensis Torcapel, Cruas, Saint-Martin, Val- lon, St-Just, Livron; espèce rigoureusement cantonnée dans la région à la limile supérieure de la zone à Crioceras Duvali. Holcostephanus perinflatus Matheron, Saturargues . ee Athersthoni Sharpe, Saint - Hippolyte, Saturargues . = cf. Astieri, route de Gresqinn, Talon, Ruoms. — Jeannoti, Crrmes Sant Theodorit Crioceras Duvali Leveillé, Chap. d’Alayrac . — cf. Duvali Leveillé, St-Martin,Ruoms,Cruas, œûe. — cf. Kiliani Simionescu, route de Ruoms. . . +. Il est probable que Cine as Far comme Gi ioceras lusitanicum Choffat n’est que la dégénérescence sénile d’une forme du groupe de Crioceras Duvali. Les fragments que j’ai sous les yeux sont de grande taille à côtes simples, fortes, épineuses, et sans costules intermédiaires. AC CG F7 AC AC 6 Juin CC Ac R D 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC 633 HAUTERIVIEN SUPÉRIEUR (Zone à Desmoceras Sayni; zone à Hoplites angulicostatus) a) Zone à Desmoceras Sayni.— La zone à Desmoceras Sayni Paquier si bien représentée dans les Préalpes dauphinoises, nette- ment caractérisée à Livron, est encore bien reconnaissable dans l'Ardèche à Cruas, Meysse et Saint-Remèze, mais au sud de cette dernière localité, elle cesse d’être fossilifére. Dans les environs d’Alais, on peut lui rapporter les calcaires à Toxaster et mauvais Desmoceras qui dans la coupe de Saint-Just s'intercalent enre les couches à Hoplites cruasensis et la zone à Hoplites angulicostatus. Près de Sommières il faut peut-être paralléliser avec la zone à Desmoceras Sayni les calcaires marneux à T'oxaster qui vers Aujargues recouvrent les calcaires à Hoplites radiatus, mais sur ce point nous n'avons pu retrouver le niveau à Hoplites cruasensis, et la base de l'Hauterivien supé- rieur est difficile à préciser. b) Zone à Hoplites angulicostatus. — C'est là le terme le plus constant de tout l'Hauterivien et nous l’avons retrouvé à peu près partout. À Livron, à Cruas, à Saint-Remèze, elle est composée de calcaires marneux à Ammonites dont la faune rappelle vive- ment celle des gisements classiques du Diois ; cependant l’absence des Phylloceras et Lytoceras si communs au même niveau près de Crest, est à signaler comme un indice probable d’une moindre profondeur de mer. C’est au niveau de Hoplites angulicostatus d’Orb. que se développent dans l'Hérault et dans le Gard des cal- caires lumachelliques (calcaires miroitants) dont M. Torcapel avait formé son Cruasien supérieur. Le plus bel exemple de ce faciès se voit au Pont-de-Justice entre Saint-Just et Brouzet : sur ce point la zone à Hoplites angulicostatus est à l’état de calcaires en gros banes, souvent subcristallins, accompagnés de brèches et ressem- blant à de l’'Urgonien. En suivant ces couches entre Saint-Just et Euzet, on les voit passer à des calcaires compacts à pâte fine, bleuâtres et jaunâtres qui renferment de grands Æoplites (Hoplites Stanislasi ? Torcapel). Vers le nord les derniers témoins de ce faciès sont les bancs bréchoïdes subcristallins que l’on observe au sommet de la zone à Hoplites angulicostatus de Cruas. 634 SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÊMIEN 6 Juin FAUNE DE L'HAUTERIVIEN SUPÉRIEUR Zone à Zone à Desmoceras Hoplites Sayni angulicostatus Pulchellia cf. Favrei Ooster. Cruas. Grands exemplaires d'une forme de ce groupe. Pulchellia sp. Cruas. Desmoceras sp. forme de grande taille du groupe de D. cassidoides Uhlig. Cruas, Saint-Remèze. — cf. Cassida d'Orb. Saint-Remèze. — nov. Sp. caractéristique de la zone à Desmoceras Sayni du Valentinois. Saint-Remèze, Meysse. — aff. Sayni Paquier. Cruas. Hoplites crioceroides Torcapel, var. Cruas, Nozières, Saint-Remèze. La plupart des individus ne sont pas typi- Sommières. ques, leurs tours internes présentent une ornementation différente de celle de la loge, ce qui n'a pas lieu dans la figure de M. Tor- capel ; mais les tours internes de celle-ci n’auraient-ils pas été restaurés par le des- sinateur? c’est ce qu'il m'est impossible de dire. A l’âge adulte nos échantillons corres- pondent bien à la figure et à la description de M. Torcapel. Hoplites crioceroides est bien la forme la plus constante à ce niveau dont elle est caractéristique. Hoplites monasteriensis Kilian, un exem- plaire typique. Saint-Remèze. — nov. sp. du groupe de }X. crio- ceroides mais à toursinternes très différents. Cru as Saint-Remèze. Grands Ancyloceras du groupe d'A. Gigas. Cruas, Saint-Remèze. Rhynchonella Dollfussi Kilian. Cruas. BARRÊMIEN a) Barrêmien inférieur. — Dans la vallée du Rhône, de Livron jusqu’à la hauteur de Saint-Remèze, le Barrêmien est formé de calcaires marneux à Céphalopodes. Les couches à Holcodiscus fallax de Livron, Meysse, Saint-Thomé, sont identiques à celle de Combe-Petite (montagne de Lure) ; il semble done que pendant … 1904 DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC C3; cette période le géosynclinal subalpin se soit rapproché du plateau central plus qu’à tout autre moment du Crétacé inférieur. Les cal- caires à chaux hydraulique de Cruas (carrière Valette) avec leur faciès un peu spécial et leur faune de grands Céphalopodes (Cos- tidiscus recticostatus et Ancyloceras cf. Matheroni) rappellent beaucoup l'Aptien inférieur, et si leur position stratigraphique n'était pas aussi claire, il est probable que l’on aurait beaucoup hésité à les regarder comme barrèmiens. Seule, l'absence de Hoplites Deshayesi et des Acanthoceras du groupe Cornueli, peut indiquer que l’on n’a pas affaire à du Bedoulien. On voit donc combien était difficile à éviter l’erreur des auteurs qui ont paral- lélisé les calcaires de Cruas avec ceux de Lafarge, qui sont du Bedoulien incontestable. A l'ouest et au sud de Saint-Remèze (Ardèche) et dans tout le Gard, le Barrèmien inférieur est repré- senté par des marnes et calcaires marneux bleuâtres ou blanchä- tres, riches en Échinides et en Ostracés. Ces marnes calcaires ont été désignées par M. Torcapel sous le nom de Barutelien; sur plu- sieurs points ils ont fourni des Céphalopodes dont l’âge barrèmien inférieur n'est pas discutable. Le Barutêlien n'est donc autre chose que le faciès néritique du Barrêmien inférieur, faciès dont l’exten- sion géographique est du reste assez grande et qui se retrouve identique jusque dans le Valentinois. FAUNE bE CÉPHALOPODES DU BARRÉMIEN INFÉRIEUR Faciès néritique Faciès à {Barutelien) Céphalopodes Phylloceras infundibulum d'Orb. Seynes. St-Thomé, Livron, Meysse. Costidicus recticostatus d'Orb. Cruas. Desmoceras difficile d'Orb. Seynes, Lussan. St-Thomé, Meysse, Livron. — cf. cassidoides Uhlig. Bourdicuet. Saint-Thomé. — Loryi Paquier. Saint-Thomé. — Fabrei Torcapel. Collorgue, Saint-Thomé. J Bourdiguet. Holcodiscus fallax Matheron: Livron, Meysse, : | Saint-Thomé. — Caillaudi d'Orb. Bourdiguet. — cf. Caillaudi d'Orb. Pont de Justice, (près Brouzet). — Perezi d’Orb. Id. = cf. Seunesi Kilian. Id. Saint-Thomé. — Van den Heckei d’Orb. Id. Livron, Meysse. = Gastaldii d'Orb. Route de Valvi- gnère. — intersnedius d'Orb. Meysse. — binodosus Kilian. Meysse. 636 SAYN ET ROMAN. — L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÊMIEN 6 Juin Fig Us Carte des faciès du Barrémien inférieur Echelle : —1 Sd 1.500000 V= ds NUE NimesZts Sommières 1904 Pulchellia compressissima. Bourdiguet. — Sauvageaui Coquand. — cf. Œhlerti Niklès. — nov. sp. af. Pulchellia Oua- chensis Coquand. Heinzia Saunieri Torcapel. — Sellei Kilian. — cf. provincialis d'Orb. — af. subcaicedi Sayn. Les Augustines Bourdiguet ? Ancyloceras aff. Matheroni d'Orb. Crioceras barremense Kilian. — Emerici d'Orb. — Tabarelli Astier. — cf. Kôchlini Astier. — dissimile d'Orb. — Hamulina (plusieurs espèces du groupe cincta). Leptoceras nov. sp. DU RHÔNE ET DU BAS-LANGUEDOC 637 Meysse, Livron, Saint-Thomé. Route de Valvi- gnère, Meysse. Meysse. Route de Valvi- gnère. Meysse. Meysse, St-Thomé. St-Thomé, Route de Valvignère. Cruas. 1 Meysse. Meysse. Meysse, St-Thomé. Saint-Thomé. Meysse. Saint-Thomé. St-Thomé, Route de Valvignère. Heteroceras nov. sp. Bourdiguet. C’est, croyons-nous, la première fois que le genre Heteroceras est signalé au dessous du Barrêmien supérieur. b) Barrêmien supérieur. — A faciès vaseux dans la région de Cruas, Saint-Thomé (calcaires marneux à Costidiscus recticostatus et petits Desmoceras de Cruas:; calcaires blancs à /eteroceras Giraudi de Saint-Thomé). Dans le reste de notre champ d'étude, en particulier là où le Barrêmien affecte le faciès à Spatangues, le Barrèmien supérieur est représenté par de puissantes assises de calcaire blond parfois suberistallin qui s’intercalent entre les marnes du Barrêmien infé- rieur et le Bedoulien fossilifère. C’est au niveau du Barrêmien supérieur que se trouve en Languedoc le principal développement de ces calcaires à Rudistes désignés sous le nom d'Urgonien ou de Donzèrien ; un de leurs gisements les plus remarquables est celui de Brouzet décrit par M. Pellat. BEDOULIEN Le Bedoulien est en général représenté par des calcaires à grands Céphalopodes ; cependant M. Paquier cite dans les envi- rons de Viviers (Ardèche), plusieurs gisements de Rudistes qu'il rapporte à cet étage. 638 ÉTAGES ET ZONES PALÉONTOLOGIQUES BARRÉMIEN HAUTERIVIEN VALANGINIEN SUPÉRIEUR INFÉRIEUR SUPÉRIEUR INFÉRIEUR SUPÉRIEUR de Cruas à Costidiscus reclicostatus et Desmo- cera difficile. Calcaire à pierre de taille de Cruas. Calcaires à Æe- teroceras. Calcaire à Costidiscus rec- licostatus et Ancyl. aff. Matheront (carrières de Cruas à chaux hydrau- lique). Calcaire de Meysse à Hol- codiscus (base de la car- rière Valette à Cruas). Zone à Pulchel- lia pulchella et ‘Holcodis- cus Caillaudi. Calcaïire marneux et cris- tallin de Cruas à Ho- plites angulicostatus et Hopl. crioceroides. Zone à Hoplites angulicosta - us. Zone à Desmo- ceras Sayÿni. Marnes à fossiles pyri- teux de Cruas. sensis. Zone à Crioce- ras Duvali. vali et Toxaster compla- natus de Cruas. Il Saint-Vincent de Barrès à Belemnites, Crioceras Duvali (M. Kilian), Hol- costephanus Astieri, Ap- tychus Didayi. Zone à Hoplites castellanen - Sis. Calcaire marneux à dé- bris d’Hoplites deSaint- Vincent de Barrès et de Chomérac. Marnes sans fossiles. Zone à Belem- nites Emerici et Saynoceras verrucosum. Marnes bleues de Bijou et de La Picarde (Cho- mérac) à Hoplites pe- xiptychus, etc. Zone à Hoplites pexiptychus. CHoMÉRAC, CRUAS Calcaires de la montagne Calcaires à Hoplites crua- Calcaires à Crioceras Du- Marnes et marno-calc. de ViLLENEUVE DE BERG, Ruoms ET VALLON Calcaires blancs à He- teroceras Giraudi de Saint-Thomé. Niveau pyriteux de la route de Valvignères et route d’Aps à Heinzia cf. provincialis, Pulchel- lia Sauvageaui, Hocl. Gastaldi, Leptoceras. Marnes et calcaires mar- neux de Saint-Thomé à Holcodiscus fallax. Couche glauconieuse. Calcaires à O. Couloni et Toxaster du village de Sampzon. Calcaires à À. cruasensis de S'-Andéol de Berg. Calcaires à grandes Ho- plites. Calcaires à Cælopoceras clypeiforme. Marnes à Crioceras de Ruoms, Ligaud et Ville- | neuve de Berg. Marnes sèches à débris d’Hoplites. Marnes sans fossiles. Marnes de Voguë à Ho- plites pexiptychus. Invisible, comien inférieur sur {a rive droite du Rhône j | | SAINT-HIPPOLYTE-DU- \ULIEU, LA SAINT-JUST, LUSSAN, | SOMMIÈRES È | ForT, GANGES ALAVAS BROUZET, SEYNE ET ENVIRONS | SAUVE GANGES ) oba- Sous le faciès ur- Sous le ment gonien (barre du faciès LS le Serre du Bouquet). Urgonien. | ciès | ronien : Rue | ‘4 Marnes à Echinides epartie et Rhynchonella. Marnes et iérieure Marnes et calcaires calcaires | « des marneux à Desmo- marneux laires à ceras cf. cassida et de Sebenc l ; J ; lcaster. Holcodiscus pyri près Sauve. ; | teux. e | lat | (-x 1 ns ee TN Ê hrnes Calcaire marneuxde | Calcaires à £ loplites Bourdiguet à Hopl. | Hopl.angu-| Galeaire er angulicostatus et licostatus pau cale. lumachelle à ‘et Hopl. lumachelle. latus. Hopl. crioceroides. | crioceroides. nl TONER ARE | Couches à Toxaster | Calc. marn. complanatus et Des- | et marnes hrnes moceras. à Toxaster. et 1e Marno - calcaires à : icaires 2 ) Calcaïres | Hoplites cruasensis. | . frneux ù d'Aujargues à à Hop. Calcaires | 5 x | aster radiatus. à grands ilanatus Re ee nr ue 1. 1), Hoplites: let Marnes et calcaires | Calcaires et | Calcaires à Cœlopo- | trea marneux à Belem- marnes à ceras clypeiforme l; nites dilatatus, et Cæœlopoceras de Montoulieu. Es Hoplites castella - | clypeiforme | nensis. et Holc. | —— | Jeannoti. | Calcaire marneux à | Marnes à | Calcaire à Holcoste- Lytoceras ophiu- Duvalia h Atherstoni | y P dilatata et pee RASOTLE | rus. Apt. Didayi. de la Cadière. | Marnes à Holcoste- Marnes et calcaires 1 phanus Sayni et | Marnes à marneux delarégion EL Bel. Emerici. Duicalia de Ganges et marnes hes Marnes glauconien- île à Bel. Emerici de | nes à Hopl. Tes- Emerici. Saint-Theodorit. | chenensis. Marnes sans fossiles. Marnes à ne Marnes bleues de x Belemnites À : Invisible. le Beaucel à Hoplites conicus, ete. | Pexiptychus. Calcaire miroitant 639 SATURARGUES HorTus Manque à l’Hortus et dans le reste de l'Hérault. Calcaires à Hoplites Arnoldi de Satu- rargues et Holco- stephanus Athers- toni de Rouet. de Saturargues et de l’'Hortus à Py- gurus rostratus. Marnes sèches sans fossiles. Maïfnes bleues de Pompignan à H. pexiptychus. | 640 SAYNET ROMAN.— L'HAUTERIVIEN ET LE BARRÊMIEN, ETC. 6 Juin En terminant, nous ferons observer que pendant le Valanginien inférieur, le régime de la sédimentation paraît avoir été sensible- ment le même en Languedoc et dans le géosynclinal subalpin. Mais, dès le Valanginien supérieur les calcaires miroitants de l’Hortus accusent sur certains points une différence dans la profon- deur des fonds; cette différence s’accentue et se généralise pendant l’'Hauterivien moyen et supérieur et le Barrèmien, qui (abstraction faite de la vallée du Rhône proprement dite) ne présente nulle part de faciès franchement vaseux. Par ces mêmes caractères la série du Néocomien languedocien se rapproche un peu du «type mixte » des environs de Grenoble, c'est-à-dire d'une région assez voisine de massifs anciens. Les calcaires miroitants sont un véritable « pendant » des calcaires du Fontanil ; et la faune à grands Hoplites, à Crioceras età Spatangus des environs de Grenoble, a des espèces communes avec la zone à Crioceras Dupali des environs d’Alais (notamment Hoplites cruasensis). La différence la plus saillante est peut-être que dans les environs de Grenoble le faciès urgonien envahit tout le Bedou- lien, tandis que dans les Cévennes ce dernier étage est sous forme de calcaires à grands Céphalopodes, qui superposés aux calcaires urgoniens indiquent un brusque changement dans les conditions de sédimentation. Il convient aussi de noter, en terminant, que plus on s’avance vers le sud du Languedoc et plus on rencontre à des niveaux de moins en moins élevés des intercalations de calcaires à débris ou de calcaires construits. Alors que dans les environs de Viviers, comme dans le Vercors, le Bedoulien est le principal niveau des calcaires dits urgoniens, ce faciès envahit tout le Barrêmien supé- rieur dans les environs de Bourg-Saint-Andéol; la zone à Hoplites angulicostatus, dont le faciès est purement vaseux à Livron, présente plus au sud de fréquentes intercalations de calcaires lumachelles ; enfin dans la région de l’Hortus, le Valanginien supérieur est à l’état de calcaires miroiïtants. De ces faits on pourrait être porté à conclure que l’absence du Néocomien au sud de Montpellier est dû à un mouvement d'émer- sion et non à une dénudation postérieure. SUR LES COUCHES A PHYLLOCÉRAS LORYI DES ALPES OCCIDENTALES par M. P. LORY. Quelques observations, recueillies surtout aux environs de Gre- noble, me permettent de préciser la place qu’occupent dans l'échelle stratigraphique les « calcaires à Phylloceras (Sowerbyceras) Loryi » des chaînes subalpines. Même après les belles études de MM. Kilian ' et Paquier?, il subsistait en effet quelque incertitude sur l’âge de ces calcaires, en raison du trop peu de formes carac- téristiques des régions classiques qu'ils avaient fourni jusqu'iei. Le long du Bord subalpin, l’assise est constituée par une alter- nance irrégulière de lits grumeleux * et de bancs massifs, les premiers formant dans les abrupts des corniches que les seconds surplombent : ces corniches servent à divers « pas » et vieux chemins pour gravir l’abrupt que déterminent ces calcaires et les assises tithoniques qui les surmontent. La première de celles-ci est la « pseudo-brèche inférieure », à structure encore grumeleuse mais solidement cimentée. Au-dessous de nos calcaires, des lits marneux s'intercalent et parfois donnent un talus entre là pic supérieur et celui du Séquanien. M. Paquier a évalué à une centaine de mètres la puissance des calcaires à Phylloceras Loryi. Parmi les points où je les ai observés, je citcrai : le long du Grésivaudan, au nord de Grenoble, la « Galerie du Saint-Eynard » et les vieux chemins de Saint Pancrasse (Les Coudières) et de Saint-Hilaire (le Pal-de-Fer); au sud de Grenoble, Le Serpaton sur le Monestier-de-Clermont. Au Saint-Eynard, le sentier de « la Galerie » emprunte d’abord le talus, puis la corniche due à la désagrégation des premiers lits rognonneux, à 3-4 m. au-dessus de la base de l'abrupt supérieur. Les grumeaux sont ici fréquemment fossilifères, surtout à la face supérieure d’un banc qui forme plancher sur une assez grande lon- 1. W. Kicran. Montagne de Lure, 1889; où pour la première fois ces calcaires sont bien caractérisés. — Environs de Sisteron, B. S. G. F. (3), XXII, 1$05. 2. V.PaquiER. Géologie des environs de Grenoble, B.S. Statist. Isère, 1892, où est distingué au sommet de ces calcaires un « niveau à Oppelia prolitho- graphica et Holcostephanus 1rius », représentant la zone à Op. lilhographica. — Recherches géologiques dans le Diois et les Baronnies orientales. Gre- noble, 1900. 3. M. PAQuIER ne signale pas ici cette structure rognonneuse, bien carac- téristique pourtant de cette assise. 12 Janvier 1905. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 41. 642 P. LORY. — SUR LES COUCHES A PHYLLOCERAS LORYI 6 Juin gueur. La plus grande partie de cette faune, jusqu'ici toute ammoni- tique, est constituée par des Lissoceras du groupe de jialar et des Neumayria du groupe de flexuosa ; Phylloceras (Sowerbyceras) Loryi est moins abondant ; mais l'intérêt de mon observation réside dans la découverte de Perisphinctes (?) Eumelus ou une forme bien voisine, et surtout de deux Reineckeia (Aulacostephanus) se du groupe de pseudomu- C5 à oi # tabilis : je vais revenir sur (1200m. enr.) ‘leur détermination. Les intercalations grumeleu- ses suivantes m'ont uni- quement fourni de rares Ph. Loryietun Lytoceras. Mais dans la plus élevée, sous la pseudo-brèche, j'ai trouvé Perisph. prætran- sitorius avec Ph. Loryi moins rare. Ainsi, cette assise contient deux ni- veaux fossilifères, l’un à sa base, l’autre à son som- met. NIVEAUINFÉRIEUR: Dans l’ensemble des gisements, Coupe de la falaise du Saint- Eynard. Ech. : 1/10.000. J', Calcaires sublithographiques (Portlan- , ! dien supérieur, 1° assise) ; J6?, Calcaire il contient : massif et pseudo-brèche inférieure (Z. à Sowerbyceras Loryi Perisph. contiguus); J°%, J50, Calcaires à M--Ch. Sp. — Lissoceras Ph. Loryi °*, Niveau rognonneux supé- or. de fialar., cc. : TL tenui- rieur, à Perisph. prætransitorius ; 1. Ni- | veau rognonneux inférieur, à Renceckeia Jalcatum Neum. Side L. or. de pseudomutabilis) ; J°7, Marno-cal- pseudocarachteis Favre caires kimeridgiens ; J*, Calcaires séqua- sp. — Neumayria gr. de niens, à Oppelia tenuilobata ; J°, Marno- flexuosa, cc. : N. compsa calcaires rauraciens ; Eb. Eboulis. Opp. sp., N. franciscana Font. sp. (Saint-Eynard), — Perisphinctes (?) Eumelus Orb. sp., ou forme bien voisine (Saint-Eynard). — Reineckeia (Aulacoste- phanus) gr. de pseudomutabilis : 2 ex. (Saint Eynard) ; l'un parait se rapporter à l'espèce figurée par E. Favre, de Botterens (Alpes fribourgeoises) sous le nom de Am. Eudoxus, espèce qui difière du type de d'Orbigny; l’autre appartient à une espèce voisine de R. pseudomutabilis de Lor. Ces deux formes existent à Crussol et y ont pour niveau l'assise à À. Eudoxus: j'ai pu m'en assurer, grâce à la bienveillance de M. Depéret, en examinant à la Faculté 1904 DES ALPES OCCIDENTALES 643 des Sciences de Lyon la collection Huguenin '. — Aspidoceras longispinum Sow. sp. (Les Coudières). Quoique la plupart des individus appartiennent à des espèces possédant une grande extension verticale, cette faune a un cachet nettement kimeridgien, grâce à la présence de Aspid. longispinum et Perisph. (?) Eumelus. Les deux Reineckeia précisent encore davantage le niveau : c'est la première fois que l’on signale sur la rive gauche du Rhône ce groupe de formes voisines de À. pseudo- mutabilis, d'une si grande extension géographique et cantonnées (sauf À. phorcus) à un niveau si défini. Elles me paraissent sufire à classer dans leKimeridgien supérieur le bas de l’assise à Ph. Loryi. NivEAU sUrÉRIEUR : Sowerbyceras Loryi M.-Ch. sp. — Neu- mayria compsa Opp. sp. et formes voisines, a. c. (Le Serpaton).— Oppelia hemipleura Fontan, 1 ex. (Le Serpaton).—Perisph. Freys- sineli Favre, var. : le type de cette espèce rare, à bandelette sipho- nale lisse, est des carrières de Lémenc, du Séquanien supérieur ou du Kimeridgien inférieur, 2 ex. (Le Serpaton): — Perisph. prætransitorius Font. : cette espèce parait être, au nord de Greno- ble, la moins rare des formes caractéristiques de ce niveau (Saint- Eynard, Les Coudières).—Il y faut joindre les formes que M. Paquier avait déjà citées dans ce niveau à Saint-Pancrasse : Oppelia proli. thographica Fontan., ©. levipicta Fontan., Stephanoceras Irius Orb. sp. ? Si Op. levipicta et probablement aussi Perisph. Freyssineti débutent dès la zone à Op. tenuilobata, par contre Op. prolitho- graphica, Op. hemipleura et Perisph. prætransitorius n’appa- raissent à Crussol que dans l'assise la plus élevée. Avec Stepha- noceras frius ils prouvent nettement que le sommet des couches à Ph. Loryi représente, comme lavait dit M. Paquier, la zone à Op. lithographica. La partie moyenne, très peu fossilifère, doit dès lors correspondre aux calcaires massifs de Crussol à Waagenia Beckeri, sommet du Kimeridgien. Ainsi, le parallélisme des Chaînes subalpines avec la bordure du Plateau Central est maintenant très net: les calcaires à Phylloceras Loryides Alpes correspondentà l’ensemble desniveaux à Reineckeia Eudoxus et pseudomutabilis, a Waagenia Beckeriet à Oppelia litho- graphica, c'est-à-dire, me rangeant à l’opinion qu'a surtout soutenue M. Haug, au Kimeridgien supérieur et au Portlandien inférieur. L’équivalent du Kimeridgien inférieur devra être cherché dans l’assise en partie marneuse qui recouvre les calcaires à Oppelia tenuilobata, assise dont la faune est encore assez mal connue. 1. Elles y sont étiquetées toutes deux Am. phorcus, mais on saisit assez aisément des différences entre elles et le type de Fontannes. 2, Détermination de M. Haug. 644 SUR LES COUCHES A PHYLLOCERAS LORYI 6 Juin M. Haug, après avoir insisté sur l'importance de la découverte de M. Lory (zone à Reineckeia pseudomutabilis signalée pour la première fois d’une manière certaine sur la rive gauche du Rhône), constate que les travaux récents viennent confirmer de plus en plus les conclusions qu’il a formulées en 1898 dans sa note intitulée « Portlandien, Tithonique et Volgien ». Dès cette époque, il montrait la nécessité de faire passer dans le bassin du Rhône, la limite du Kimeridgien et du Portlandien entre les couches à ARei- neckeia Eudoxus et pseudomutabilis et les couches à Oppelia lithographica, qui renferment « Stephanoceras » Irius d'Orb.’. Cette classification, qui entraîne l'attribution des couches de Solen- hofen au Portlandien inférieur, a été adoptée dans un travail récent de M. Th. Schmierer?, sur les couches supérieures du Jurassique de Souabe et de Franconie. M. Toucas rappelle qu’en 1889 il a signalé la présence des Ammonites Eumelus, A. Eudoxus et A. pseudomutabilis à la partie supérieure des caleaires à Oppelia tenuilobuta et Aspido- ceras Acanthicum de la montagne de Crussol, immédiatement au- dessous des calcaires massifs ruiniformes à Oppelia lithographica et Phylloceras Loryi, qui constituent les calcaires du château. En même temps il annonçait l'existence de cette zone au même niveau dans la montagne du Gras aux environs du Pouzin. La découverte que M. Lory vient de faire dans la région alpine démontre la constance, à ce niveau, de la zone à À. Eudoxus, qui est reconnue aujourd hui comme représentant la partie supé- rieure du Kimeridgien. Il en résulte que les calcaires massifs ruiniformes à Oppelia lithographica forment bien la base du Tithonique ou Portlandien, ainsi que l'avait indiqué M. Toucas dans sa coupe de Crussol en 1888. C'est dans ces calcaires que l’on trouve en assez grande abon- dance le Phylloceras Loryi, espèce qui passe dans l’assise supé- rieure à Perisphinctes contiguus et Oppelia Fallauxi du Pouzin et que M. Toucas a encore recueillie, bien au-dessus, dans les calcaires à Aoplites Boissieri et Terebratula diphy-oides de Berrias, ce qui prouve une fois de plus la liaison intime de toutes ces assises du Jurassique supérieur. 1. Cette détermination, vérifiée par M. Paquier et admise par M. Lory, a été contestée par M. Küilian, qui avait donné à l'échantillon recueilli par M. Paquier le nom d’Holcostephanus gravesiformis Pavl. 2. Tu. Scamrerer, Das Altersverhältnis der Stufen €: und &, des weissen Jura. Zeitchr. der D. geol. Ges.,t LIV, p. 525-607, 1902. SUR LES VALLÉES DE LA RÉGION GRENOBLOISE par M. P. LORY. C’est avant tout aux influences tectoniques que les quatre princi- pales de ces vallées doivent leur emplacement. Le moyen Grési- vaudan etla vallée du Drac, longitudinales, ne paraissent point avoir subi, comme le suppose M. Lugeon', une migration graduelle à partir du bord de la chaîne cristalline : elles longent le pied de l’anticlinal liasique, dont la retombée constituait dans la surface structurale une forte dénivellation ; d’ailleurs, le limonà quartzites rubéfiés signalé sur la banquette du Bord subalpin par MM. Depé- retet Kilian indique un thalweg pliocène de l'Isère aussi éloigné de Belledonne que l'actuel. Le contraste entre les formes actuelles de ces deux vallées homo- téthiques résulte de leur histoire durant les glaciations. Les glaciers ont surcreusé le Grésivaudan, comme le montre la confluence en sradin des vallons de Belledonne et (Ch. Lory) le profil enlong du fond de roche, relevé vers l'aval à Saint-Gervais. Ce sont des remblaiements qu'a effectués au contraire le glacier du Drac, barré qu'il a été à chaque grande progression par celui de l’Oisans, plus proche à leur confluent d’une aire d’alimentation plus vaste”. Aussi les gradins de confluence sont-ils l'exception dans le bassin moyen du Drac (à citer le bord du plateau de la Mateysine, lit de débor- dement d’un bras du glacier de la Romanche), tandis qu'ils ont en : Oisans un développement superbe : tels ceux de Bâton, de la Romanche à son confluent avec le Vénéon, etc. Au retrait des glaciers de Würm, l'Isère n’a eu qu'a remblayer un large thalweg déprimé, tandis que le Drac descendait vers elle en incisant d'une gorge étroite un énorme remblaï. L'étude des moraines locales montre que l’enneigement relatif a été beaucoup plus considérable dans les massifs subalpins que dans la chaîne de Belledonne. 1. M. Lucrow: Recherches sur l’origine des vallées des Alpes occidentales. Ann. Géogr., X, 1901, pp. 295 et 4or. 2. C’est M. Penck qui, dans notre excursion commune de 1902, a eu l’idée première de l'influence prépondérante que ce barrage glaciaire avait düù exercer sur l’évolution de la vallée du Drac. Séance du 20 Juin 1904 PRÉSIDENCE DE M. A. PERON, VICE-PRÉSIDENT M. L. Gentil, Secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président proclame membre de la Société : M. Chareton-Chaumeil, avoué à Langres, présenté par MM. Termier et Ramond. Une nouvelle présentation est annoncée. Le Président annonce que le Conseil de la Société géologique vient de distribuer les arrérages du legs de Madame Veuve Fon- tannes, affectés à des missions utiles aux progrès de la géologie. M. Ch Jacos, préparateur à l’Université de Grenoble, a recu 200 francs ; M. Bépé a obtenu 300 francs: enfin, une somme de 1500 francs a été attribuée à M. Louis GENTIL, qui va partir inces- samment au Maroc avec la mission de Segonzac à laquelle il est attaché. Le Président demande à M. Gentil quelques explications sur le but et l’organisation de cette importante mission. M. Gentil répond et remercie la Société en ces termes : « Messieurs, j'ai été profondément touché de l’accueil unanime que vous avez fait à la demande formulée, en ma faveur, par notre Vice-Président et par M. Haug, et je vous en remercie du fond du cœur. « J'étais loin de penser, il y a seulement quinze jours, qu après m'avoir si bienveillamment accordé sor prix Fontannes, la Société géologique de France me ferait, à si peu de distance, bénéficier des arrérages du legs de la mère de notre illustre et regretté confrère. « Je suis très heureux de vous dire, aujourd’hui, que cette mar- que de sympathie et d'estime a été le prélude d’un généreux élan de la part d’autres sociétés scientifiques. C’est ainsi que, sur la bienveillante proposition de M. de Margerie, l’obligeante interven- tion de M. de Lapparent et de M. Foureau, la Commission cen- trale de la Société de Géographie de Paris vient d'accorder 4000 francs à la mission Segonzac ; que, sur la demande de M. Peron, SÉANCE DU 20 JUIN 1904 647 l'Association française pour l'avancement des Sciences a voté une somme de 1500 francs pour les recherches géologiques de cette mission au Maroc. _ « Enfin l'initiative privée, sous Pnpostonn de la haute autorité de M. Étienne, Vice-Président de la Chambre, entraînée aussi par la collaboration des sociétés scientifiques. a déjà souscrit pour plus de 60000 francs à l’œuvre du Comité du Maroc. « Ce Comité a été constitué sous le haut patronage de M. Étienne, à la suite de l’accord franco-anglais qui donne à la France toute prépondérance sur le pays de Maghreb. Il compte parmi ses mem- bres notre confrère M. Augustin Bernard. Son but est de faire un inventaire scientifique, économique, sociologique, sur la Berbérie occidentale. «Or, le premier acte du Comité du Maroc va être l’organisation d’une mission qui aura pour chef M. R. de Segonzac et pour mem- bres MM. René de Flotte de Roquevaire, Zenagui Abd el Aziz, Boulifa et moi. « Le marquis de Segonzac s’est illustré par son voyage de plus d'un an au Maroc, pays qu'il a traversé dans plusieurs sens, sous le costume d’un mendiant arabe. Il a rapporté de ses pénibles étapes des observations très précieuses, égalant ainsi, surpassant même les Oscar Lenz, les de Foucault qui l'avaient précédé. Le brillant récit que M. de Segonzac a fait de ses voyages lui donne désormais une des plus belles places dans la liste si admirable, si glorieuse, des explorateurs du Continent africain. «M. René de Flotte s’est fait connaître des géographes par sa carte du Maroc dont la première édition remonte à 1897. Occupant ses moindres loisirs à l'étude des documents accumulés par tous les voyageurs, M. de Flotte est arrivé à publier ce travail qui lais- sait bien loin derrière lui toutes les esquisses cartographiques de l'empire chérifien. Une nouvelle édition de cette carte au 1/1000000 sort à peine des presses : la générosité de l’auteur m'a permis de vous en soumettre un exemplaire ce soir. «Ce superbe essai montre suffisamment ce que l'avenir doit à l'effort de M. de Flotte. Si l'on joint aux sens topographique et cartographique de mon éminent ami une excellente pratique des instruments géodésiques, on voit aisément ce que la mission de Segonzac peut attendre de la collaboration de M. de Flotte. Enfin MM. Zenagui Abd el Aziz et Boulifa, le premier répétiteur d’arabe vulgaire à l'École des Langues orientales, le second répé- titeur de langue berbère à l'École supérieure des Lettres d'Alger, assureront à M. de Segonzac le concours d’une érudition d’arabi- sants très distingués. 648 SÉANCE DU 20 JUIN 1904 «Quant à moi, Messieurs, je m’efforcerai par mes observations sur le Maroc de me rendre digne de la sollicitude de la Société géologique de France. » M. Aug. Dollot présente trois coupes géologiques comparatives, très détaillées, qu'il a relevées, du sous-sol nord de Paris. Elles montrent les inégalités d'épaisseur du Bartonien supé- rieur ; son bombement (qui n’est pas un anticlinal) entre le boule- vard Magenta, la rue de la Chapelle et du Faubourg Saint-Denis et la place La Fayette; sa transformation importante, en gypse saccharoïde, de la zone inférieure correspondant aux gares du Nord et de l'Est, avec conservation parfaite, à l’état calcaire, de Bithynies abondantes dans ce gypse. Ces coupes résultent de trois puits de sondage exécutés en vue des travaux du Métropolitain. Le premier, boulevard de la Chapelle, contre la culée est du pont du Chemin de fer du Nord (n° 35, kil. 4758 du profil en long géo- logique de la ligne 2 Nord); le second à l’origine de la rue de Dunkerque, rue d'Alsace, gare de l'Est (ligne N° 4); le troisième boulevard de Strasbourg et rue Saint-Laurent à l’ouest (ligne No 4). Ces trois points dont tous les échantillons ont été recueillis sont orientés à peu près du nord au sud sur une longueur de 950 m. La distance est d’environ 540 m. entre le boulevard de la Chapelle et la rue de Dunkerque et 410 m. entre la rue de Dunkerque et la rue Saint-Laurent. Un plan, annexé aux profils géologiques, montre leur emplace- ment exact et indique diverses altitudes du sommet du Bartonien supérieur très ondulé et du Bartonien inférieur presque horizontal ; soit le niveau supérieur des sables verts infragypseux (sables de Cresnes) et celui des Apicula fragilis Defr. de Mortefontaine. Au-dessous du niveau à Avicules, le Calcaire de Ducy a été trans- formé en gypse saccharoïde. Au-dessus du Bartonien supérieur les couches calcaires ou gyp- seuses sont stratifiées et suivent les inflexions des Sables verts dont la faible épaisseur est assez régulière ‘. M. Jules Welsch adresse un tiré à part « Sur les failles et les ondulations des couches secondaires et tertiaires dans la vallée du Loir », extrait des CA. de l’Académie des Sciences (25 avril 1904). Dans la région, de Briollay à La Fléche et Aubigné, il y a une série d’ondulations, dirigées O. N. O., à peu près suivant la 1. Voir: B.S.G. F. (4), I, p. 252, 1° avril 1907 et (4), IL, p. 140, 16 mars 1903. SÉANCE DU 20 JUIN 1904 649 direction sud-armoricaine ; elles sont quelquefois accompagnées de failles. Un deuxième système de dislocations, composé surtout de failles, dirigées N. E., paraît être grossièrement parallèle à la bordure du massif ancien, de Sablé à la forêt de Perseigne. M. Ad. Guébhard transmet à la Société de la part de l’auteur M. Tito Martini, un mémoire Sur les diverses hypothèses tendant à expliquer le dégagement de chaleur dans l'humectation des corps pulvérulents ou poreux (effet Pouillet). « Quoiqu'il s'agisse d'un travail de pur physicien, il se rat- tache plus qu’on ne saurait le croire à la géologie, car beaucoup de terres présentent l'effet Pouillet, et c’est la silice qui a servi particulièrement de sujet d'expérience. « C’est même en étudiant les propriétés de ce corps que M. T. Martini fut amené à découvrir la singulière imitation de certains phénomènes éruptifs du volcanisme que j'eus l'honneur de pré- senter à la Société à la veille du jour où le cataclysme de La Mar- tinique en reproduisait si terriblement certains détails ». M. G. Dollfus présente au nom de M. Delgado, directeur du Service géologique du Portugal, une note nouvelle sur la «Faune cambrienne du Haut-Alemtejo ». Notre confrère confirme dans cette étude la découverte si importante qu’il a faite de la faune primordiale en Portugal. Le Cambrien de ce pays est formé à la base de schistes fins avec grauwacke qui n'a fourni jusqu'ici aucun fossile, à la partie supé- rieure ce sont des calcaires, des quartzites, des grauwackes avec schistes grossiers quiviennent de fournir une faune variée inconnue jusqu'iei dans l’Europe méridionale. La coupe de la grande route entre Estremoz et Elvas a fourni tous les détails stratigraphiques désirables, les fossiles ont été découverts dans des lits interstra- üfiés de tuf diabasique visibles en divers points aux environs de Villa Boim. La bande orientée au N. O. passe au S. O. en Espagne. La plupart des espèces sont nouvelles, appartenant aux genres Paradoxides, Hicksia, Metadoxides, Olenellus, Microdiscus, Hyolithes, Fordilla, Davidia, Ctenodonta, Obollela, Lingulepis, Lingullela ; presque tous les groupes anciens sont représentés : Crustacés, Ptéropodes, Lamellibranches, Brachiopodes. Les six planches en phototypie reproduisent presque tous les exemplaires reconnaissables, beaucoup d'échantillons ont été laissés de côté comme d’une détermination incertaine. Le maximum d’affinités est avec le Cambrien inférieur d'Amé- rique d’après les zones établies par M. Walcott. 1. Communicacoes, Sere. géol. Portugal, V, p. 307-374. Lisbonne, mars 1904. 650 SÉANCE DU 20 JUIN 1904 Répondant aux observations présentées par M. Pervinquière dans la séance du 6 juin dernier, M. de Grossouvre fait remarquer que jamais Desor n’a dit qu'il faisait commencer son Danien avec l'argile à Poissons : la définition qu'il en donne est loin de pré- senter une pareille précision, comme on peut le vérifier en se reportant à sa note du 16 décembre 18/6. Ce n’est que bien posté- rieurement que cette couche a été indiquée comme limite inférieure de cet étage, mais il n’y a aucune contradiction avec la définition de Desor si on remonte un peu cette limite. Sans entrer dans l'examen complet de la polémique qui s’est produite entre MM. Hennig et Ravn au sujet de la lacune qui existerait entre le Danien et le Sénonien et, qui, d’ailleurs, ne paraît pas tranchée d’une manière définitive par le récent travail de M. Hennig, il n’en reste pas moins acquis qu'il ne s’est trouvé de Scaphites et de Baculites que dans la petite couche dite Calcaire à Cérithes ; dès lors, tout ce que l’on peut en conclure, c’est que ce niveau doit être rattaché au Sénonien et non au Danien, qu'il y ait ou non lacune. M. Pervinquière considère qu il est inutile de prolonger le débat sur la limite du Sénonien et du Danien. Que les lecteurs intéressés par la question se rapportent à l'article de Desor et qu'ils jugent! En ce qui concerne la couche de phosphate de Clansayes, M. de Grossouvre croit devoir signaler la présence dans cet horizon d'échantillons de Douvilleiceras mamillatum qu'il doit à l’obligeance de notre confrère, le Frère Ubald. Ce fossile doit donc être ajouté à la liste de ceux qui ont été signalés et indique que cet horizon appartient à l’Albien inférieur. La prédominance dans la faune de ce gisement de formes du genre Parahoplites, qui débute dans l’Aptien, ne peut être opposée à cette manière de voir, car celles-ci se rencontrent, assez abondantes également, dans. l’Albien inférieur du Hanovre. De Clansayes, M. de Grossouvre possède encore plusieurs échantillons de Desmoceras latidorsa- tum, D. Beudanti, Sonneratia nov. sp. En résumé, c’est une faune albienne bien caractérisée, dont il donnera ultérieurement une liste complète. MM. Kilian et Révil font part à la Société de la découverte, dans la vallée de l’Arc, non loin du hameau de Claret, dans la coupe que les travaux d’Alph. Favre et de Ch. Lory ont rendue classique d'un niveau, jusqu’à présent passé inaperçu, de schistes luisants et de marbres en plaquettes à Foraminifères. Cette assise, qui est SÉANCE DU 20 JUIN 1904 651 intercalée entre la base de l'Eogène et les calcaires du Lias, conti- nue au nord del'Arc les marbres à Globigérines signalés récem- ment par M. Kilian à Saint-Félix, au sud de cette rivière, et apipar- tenant au Jurassique supérieur. — Ce terrain n'avait pas encore été constaté dans le massif des Encombres. A propos de la communication de M. P. Lory sur le Jurassique supérieur des environs de Grenoble, M. Kilian rappelle que les calcaires massifs à Phylloceras Loryi qu'il a pour la première fois distingués dans la région delphino-provençale en 1888 (thèse de Doctorat sur la Montagne de Lure) et assimilés (id., p. 139) à la zone à Waagenia Beckeri ainsi qu’à l'horizon à Ammonites pseu- domutabilis, puis nettement attribués en 1895 (Réunion à Sisteron, p. 675) au Ximméridgien et à la base extrême du Portlandien (pour leur partie supérieure) sont maintenant, grâce aux intéres- santes découvertes de M. P. Lory, définitivement datés ; ils repré- sentent pour lui : a) L'ensemble du Kimméridgien ; la zone à Am. (Reineckeia ?) pseudomutabilis, correspondant à la fois au Ptérocérien et au Virgulien de l'Europe septentrionale, qui ne sont que des faciès d’une même zone, dans lesquels on a signalé les mêmes Cépha- lopodes. b) La zone à Oppelia lithographica de Crussol, dont l'équiva- lence avec les couches de Solenhofen ne peut faire l'objet d’un doute. Mais si cette dernière zone correspond peut-être, comme le veut notre savant confrère, M. Haug, à la base du Portlandien, M. Kilian ne croit pas pouvoir l'assimiler au « Tithonique infé- rieur » (zone à Perisphinctes geron, contiguus, etc.)dont la faune de Céphalopodes constitue un ensemble bien net, distinct du précé- dent et où apparaissent déià une série d'Ammonites (Phylloceras semisulcatum, Ph. Calypso, etc.) à cachets plus récents (Le Pouzin, etc.), ainsi qu'il ressort des travaux de M. Toucas sur la région de l'Ardèche. M. Kilian se propose, du reste, de revenir prochainement sur cette question. M. Ad. Guébhard, à l'appui de l'enquête en cours sur les anciens rivages du Pliocène, croit devoir citer comme un point des plus remarquables, à cause des lithophages encore en place qu'on y trouve dans les roches du calcaire blanc portlandien mis à nu par le ravinement du Crétacé’, le confluent du Malvan avec un petit affluent supérieur, venu de Vence, au gué du vieux sentier de Saint-Paul-du-Var. I. Le tout marqué comme Jurassique sur la Feuille de Nice. 652 | SÉANCE DU 20 JUIN 1904 L'altitude, d’après l’ancienne carte à courbes de niveau au 1/80.000 de l'État-Major, serait voisine du chiffre souvent cité de 140 mètres. Mais il est à noter qu’on est ici tout près de l’un de ces plis à peu près N.E.-S.0. dont j'ai récemment signalé l’exis- tence dans le poudingue, visiblement attestés, à quelque 700 mètres plus bas, par une grande voûte, dessinée au quartier de La Valière, par le poudingue au-dessus des argiles. La preuve de l'importance des mouvements tectoniques qui ont altéré la valeur de ces indications de rivages est fournie dans les mêmes parages par un petit lambeau isolé observable à la cote de près de 200 m. avec galets portant encore des Huîtres adhérentes et blocs de Jurassique criblés de trous de Pholades, à l'extrémité sud du chemin forestier qui longe le flanc ouest de la colline que coupe, en dessous du château de Vaugelade, l’ancien chemin de Vence à la Gaude. Quoique ce lambeau paraisse reposer directement sur le Barto- nien, iln’est pas possible de le confondre avec les poudingues inférieur ou supérieur du Miocène qui existent un peu plus au nord, et que j'ai vus ailleurs présenter parfois aussi ce faciès à lithophages ‘. Ici les fossiles sont nettement pliocènes et ratta- chent avec certitude ce lambeau à la grande masse des poudingues du Var, qui, précisément en face, poussent une pointe au nord dans un démantèlement de l’extrémité anticlinale de la colline précitée. Un point qui mérite encore d’être cité est visible au nord de La Colle (A. M.) sur le vieux chemin de Tourrettes-sur-Loup, à l'endroit où il fait un petit coude pour traverser le ressaut de la petite barre jurassique encadrant le bassin pliocène. Tandis qu'un poudingue tout rempli de Nummulites, qui pourraient le faire croire plus ancien, pénètre toutes les fentes et poches du Calcaire blanc portlandien, des Huîtres encore adhérentes à la roche sans usure, indiquent qu'il s’agit bien du poudingue pliocène, formé sur place des débris de roches voisines. 1. Il est particulièrement remarquable sur un vieux sentier muletier, devenu presque impraticable aux bêtes, qui quitte à mi-côte le sentier de Tourrettes-sur-Loup au Caire pour se diriger vers Le Villars. On trouve là, à l'altitude de près de 800 m., au milieu d’une mollasse extraordinairement tourmentée, autour d’un îlot portlandien, des bancs de poudingue fossilifère, à galets plus aplatis que de coutume, et réduits presque à l’état spongieux par les perforations des lithophages. SUR LA STRUCTURE DES ORBITOLINES par M. H. DOUVILLÉ. PLaAncuEe XVII. Les Orbitolines sont encore bien imparfaitement connues depuis longtemps nous avons commencé à réunir des matériaux d'étude et nous avons pu arriver peu à peu à nous faire une idée nette de la structure de ces singuliers fossiles. D'Orbigny, en créant le genre Orbitolina ! avait dit : «ce sont des Orbitolites à côtés inégaux, l’un encroûté, l’autre avec des loges ». Avec son coup d'œil si remarquable, il avait eu l'intuition exacte de la structure de ce genre nouveau et nous arrivons à la même conclusion: Les Orbitolines sont des Orbitolites à test sableux, dont l’un des côtés seul s’est développé : le côté conique correspond à l’une des grandes faces de l’Orbitolite, et le côté concave à la tranche cylindrique du même organisme. Les travaux de Carpenter (Intr. to the study of Foram.) ont introduit dans la question une confusion regrettable en plaçant les Orbitolines dans le genre actuel Patellina ; et cependant cet auteur n'ignorait pas que dans le type de ce genre, P. corrugata, les loges avaient la forme de demi anneaux et alternaient régulièrement, structure rappelant, comme il le dit expressément, le plan de croissance des Textulaires. C'est donc bien à tort qu'il place dans le même genre des formes plus grandes, découvertes en Australie, et dans lesquelles les loges sont annulaires dès l’origine ; celles-ci ont une analogie incontestable avec les Orbitolines et sont comme ces dernières des Orbitolites dyssymétriques ; elles en diffèrent toutefois par ce que le test ne parait être ni arénacé, ni réticulé ; nous ignorons si elles ont été étudiées depuis Carpenter. Quoi qu'il en soit, la différence de structure avec les vrais Patellina est telle que les deux types ne peuvent être placés dans le même genre; le genre Orbitolina doit donc être maintenu. Au point de vue de la structure elle-même, les indications données par Carpenter ne sont pas plus heureuses ; il faut ajouter du reste qu'il n’a eu à sa disposition que des matériaux très insuf- fisants et qu'il n’a guère fait que reproduire des croquis commu- niqués par Carter : ces figures sont manifestement inexactes. Depuis cette époque malgré les travaux de Verbeek, de Martin, 1. Prodrome, vol. II, p. 143, 1850. 654 H. DOUVILLÉ 20 Juin de Egger, etc., la structure des Orbitolines ne ressortait claire- ment ni des descriptions, ni des figures données par ces auteurs. Pour résoudre la difliculté nous avons exécuté nous même ou fait exécuter un grand nombre de sections minces d'Orbitolines : en outre, notre ami M. Schlumberger a bien voulu non seulement nous communiquer toute la série de ses préparations, mais encore en effectuer de nouvelles d’après nos indications. Enfin, pour éviter tout danger d'interprétation nous nous sommes astreints à ne donner que des reproductions photographiques sans retouches. Extérieurement les Orbitolines sont caractérisées par leur forme dyssymétrique, d’un côté leur surface est celle d’un cône, d'ouverture très variable, nous verrons que contrairement à la manière de voir de plusieurs auteurs, c’est la surface supérieure : ordinairement cette surface est assez aplatie, mais dans certains cas l'angle au sommet du cône peut s’abaisser jusque vers 6o°. La face inférieure, d’aberd convexe sur les bords, se creuse ordinai- rement au centre, de telle sorte que presque toujours les Orbi- tolines sont conico-concaves ; mais dans les formes très coniques, la face inférieure peut rester dans son ensemble régulièrement et légèrement convexe. L'examen de la surface des échantillons bien conservés montre en outre les caractères suivants : la surface conique est recouverte d’une couche vitreuse très mince (1/100 de millimètre environ), imperforée et présentant une succession d'anneaux d’accroissement dont la largeur varie de 9/100 à 10/100 de millimètre. Sur les points où la surface est légèrement usée, on voit que la couche vitreuse est soutenue par un réseau de fines poutrelles ayant à peu près la même épaisseur que la couche superficielle et dessinart 2 à 3 rangées de mailles à peu près carrées, dans la largeur de chaque anneau. Enfin au-dessous on a signalé depuis longtemps une succession de logettes rectangulaires formant une série d’anneaux circulaires qui correspondent précisément aux anneaux d’accroissement. Ces logettes alternent régulièrement d’un anneau à l’anneau suivant, de telle sorte que leur disposition rappelle tout à fait celle qui caractérise les Orbitolites (s. str.). La face concave paraît ordinairement rugueuse et mal conservée ; on a seulement signalé des stries rayonnantes sur le bord. Parmi des échantillons de Voreppe, communiqués par notre confrère M. Paquier, professeur à l'Université de Toulouse, nous en avons trouvé quelques-uns beaucoup mieux conservés que d'habitude et qui montrent que ces stries s'étendent sur toute la surface infé- a 1904 SUR LA STRUCTURE DES ORBITOLINES 655 rieure de la coquille ; nous avons fait figurer par la photographie (PI. XVII, fig. 1) la face inférieure d'un de ces échantillons, avec un grossissement de 15 fois en diamètre. On voit que les stries rayonnantes sont très bien marquées à la périphérie, et à peu près régulières ; elles s'interrompent ensuite à une distance variable du bord et sont remplacées par des stries de forme irrégulière et discontinues. En regardant attentivement l'échantillon lui-même, on voit que ces stries sont formées en réalité par ure succession de très vetites perforations ; ce sont les ouvertures de la coquille qui, à ma connaissance du moins, n'avaient pas encore été signalées. Elles sont disposées dans les sillons de la surface inférieure exactement comme les perforations de l'Orbitolites complanata le sont dans les sillons que l'on observe sur la surface cylindrique qui forme le pourtour de ce fossile. Les caractères internes ne peuvent être étudiés que par la méthode des coupes ; les coupes minces, transparentes donnent comme toujours les meilleures indications. Le premier caractère qu'elles montrent, c’est que le test est arénacé, c'est-à-dire formé par l’agglutination de petits grains de sable ; la structure est d'autant plus nette que ces grains sont plus fins, elle devient rapi- dement indistincte dès que ces grains grossissent un peu. Les coupes peuvent être faites dans trois directions principales, par l’axe (coupes axiales), perpendiculairement à l’axe (coupes transverses) ou dans le voisinage d’une portion de la surface conique (coupes tangentielles). À. Formes coniques. — Les échantillons les plus faciles à étudier sont ceux qui sont fortement coniques parce que dans ce cas leur forme générale est relativement plus simple : voici ce que montrent les diverses sections pratiquées dans un de ces échantillons : 1° Une section par l’axe montre que la coquille est formée par une succession de calottes sphériques assez peu convexes, empilées les unes sur les autres et de grandeur régulièrement croissante. Chacune de ces calottes correspond à une loge. Si on isolait une de ces loges elle ressemblerait à une écuelle dont les deux surfaces seraient parallèles et convexes. La figure 2 (PI. XVII) donne une idée d’une de ces sections, bien qu'elle ne paraisse pas passer rigoureusement par l'axe ; le grossissement linéaire est de 17 fois et on distingue au sommet une grosse loge initiale, c’est une forme A ; elle provient de Navarrès (probablement au N. O. de Jativa, pro- vince de Valence). La photographie a été faite d’après une prépa- ration de M. Schlumberger. 656 H. DOUVILLÉ 20 Juin 20 Une coupe transverse (perp. à l'axe) dans un échantillon de même forme et de même provenance, montre une série de cloisons rayonnantes assez régulières à la périphérie, puis s’anastomosant, s’interrompant et devenant irrégulières dans la région centrale (PI. XVII, fig. 3a et 3b). En examinant attentivement les cloisons, on voit qu'elles sont nettement ondulées ou en zigzag ; elles présen- tent exactement la même forme que les cloisons des Orbitolites dans une coupe tangentielle, effectuée dans le voisinage de la sur- face perforée. La même diposition est également visible sur la fig. 4, qui repré- sente la coupe transverse d’un échantillon un peu moins conique (de Vinport); la coupe rencontre ici plusieurs loges, mais dans chacune d'elles les cloisons rayonnantes sont faciles à distinguer avec leurs anastomoses et leurs interruptions ; leur forme en zig- zag est également bien visible. Au centre la tache plus claire cor- respond à la dépression centrale et elle est remplie par la gangue ; tout autour, on distingue les fines perforations de la face inférieure. Ces coupes transverses montrent ainsi que chacune des loges en forme de calottes minces, mises en évidence par les coupes axiales, est subdivisée par des cloisons rayonnantes, s’interrompant et deve- nant irrégulières dans la partie centrale ; elle est ainsi décomposée en logettes rayonnantes dont chacune a pour point de départ une des grandes mailles rectangulaires dont nous avons parlé précé- demment. Ces logettes sont bien nettement séparées à la périphérie tandis qu'elles s’anastomosent et deviennent irrégulières dans la partie centrale. 30 Pour nous rendre compte des relations des logettes entre elles il faut avoir recours à des sections normales à leur direction, c’est-à- dire à peu près parallèles à une génératrice de la surface conique externe, c'est ce que nous avons appelé une section tangentielle. Rappelons que Carpenter considérait comme imperforées les cloi- sons séparatives des logettes et des anneaux. Les coupes tangen- tielles montrent que les logettes sont d’abord rectangulaires dans le voisinage immédiat de la surface, mais qu’elles deviennentrapi- dement à section triangulaire, la base du triangle correspondant à la surface externe de la loge ; elles alternent régulièrement d’une loge à la loge suivante. En outre on voit que les logettes communi- quent entre elles par des perforations obliques, disposées comme dans les Orbitolites, c’est-à-dire que chaque logette communique avec deux logettes de la loge précédente et deux logettes de la loge suivante. Ces canaux ou perforations obliques alternent 1904 SUR LA STRUCTURE DES ORBITOLINES 657 régulièrement d'une logette à la logette contiguë, c’est préci- sément ce qui donne aux cloisons cette forme en zigzag si particulière, aussi bien dans les Orbitolines que nous étudions en ce moment que dans les Orbitolites. Ils aboutissent à ces ouvertures disposées dans les sillons de la face inférieure que nous avons signalées, par exemple sur l'échantillon de la figure 1. Ces ouver- tures se distinguent également dans la figure 3b, qui représente une section voisine de la face supérieure d’une loge : elles sont également assez bien marquées vers le centre de la figure 4 comme nous l'avons fait remarquer : elles se présentent sous la forme de petits points clairs dans la partie de la section qui entame la couche superficielle de la coquille. B. Formes plates. Si nous passons maintenant à l'étude des formes plates qui sont les plus communes, nous verrons que la structure reste la même, mais la surface de la loge devient plus ondulée, les logettes sont plus courbées et les coupes présentent une apparence bien plus compliquée : nous allons voir qu’elle est cependant facile à expliquer. 1° Tout d'abord les coupes axiales montrent que les loges se dépriment de plus en plus dans la région centrale, bientôt même, elles s’atrophient dans cette région et cessent de s’y développer, de telle sorte que chaque loge prend la forme d’un anneau ; nous avons pu voir les bords internes de ces anneaux sur quelques échantillons de l'O. concava: ils sont assez irréguliers. L’anneau lui-même est limité par une surface que l’on pourrait comparer à une portion de tore : sa section axiale est très arquée, elle part de la surface externe de la coquille dans une direction presque nor- male à cette surface, puis elle se recourbe perpendiculairement à l’axe et se relève plus ou moins vers le centre. Il en résulte qu'une section transverse (perpendiculaire à l'axe) va couper d’abord la loge presque parallèlement à la surface externe de la coquille, et présentera ainsi à la périphérie les caractères d’une section tangentielle ; les figures 5 et 6 montrent cette disposition d’une manière bien nette : sur le bord on distingue les mailles quadran- gulaires subdivisées par places par le réseau superficiel ; un peu après apparaissent les sections triangulaires des logettes alternant d'une maniere régulière d’un anneau à l'anneau suivant; on dis- tüingue même par endroits sur ces préparations, les communications obliques des logettes. En se rapprochant du centre, la coupe devient tangente à la surface de la loge et alors on distingue les cloisons rayonnantes en zigzag exactement comme dans les coupes trans- verses des échantillons coniques (fig. 3). Ces cloisons se poursui- 13 Janvier 1905. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 42. 658 H, DOUVILLÉ 20 Juin vent jusqu'au centre en devenant un peu irrégulières dans la figure 5, qui représente un échantillon avec dépression centrale très faible ; dans cette partie centrale on distingue en outre assez bien les perforations qui se détachent en clair sur le test plus foncé. La figure 6 présente une disposition analogue, seulement l’échan- üllon était bien plus déprimé au centre et la loge était annulaire ; la partie interne de l'anneau plus ou moins atrophiée a disparu sur la préparation, mais elle ne devait pas être très éloignée de la ligne d’arrachement qui limite celle-ci. On voit donc que les coupes mettent en évidence dans ces échantillons plats l'existence de logettes rayonnantes disposées exactement comme dans les échantillons coniques, maïs fortement arquées de telle sorte qu'une même section coupe les logettes normalement vers la périphérie et tangentiellement en se rappro- caant du centre. Certains auteurs avaient attribué ces différences observées dans les coupes à l’existence de deux couches distinctes ; on voit qu'il n’en est rien et qu’elles résultent uniquement de la forme courbe des logettes et des variations de leur obliquité par rapport au plan de la coupe. | Nous venons de voir que les logettes ont une tendance à s’atro- phier lorsqu'elles s’éloignent de la périphérie, ce qui indique que la vie du protoplasme est surtout active dans cette zone externe. Cette disposition est certainement en rapport avec le mode d’existence de l'animal qui devait vivre sur le fond, la surface conique en dessus. Dans ces conditions les pseudopodes ne pouvaient guère s’allon- ger librement que dans la zone périphérique, et principalement dans la partie convexe marginale ; c’est là seulement que le proto- plasme pouvait se nourrir et se développer, dès que l’animal attei- gnait une taille un peu considérable. RÉSUME Er CONCLUSIONS. Les Orbitolines présentent une surface supérieure conique qui est imperforée, et constituée par une lame vitreuse, mince, sou- tenue par un réseau poutrellaire très fin; les communications avec l'extérieur s’effectuent par des rangées de perforations dispo- sées sur la face inférieure convexe au pourtour, et plus ou moins concave dans la partie centrale. Ces perforations sont alignées dans des sillons rayonnants disposés d’une manière régulière à la périphérie, et devenant irréguliers au centre. Le test est sableux. La coquille est formée par un empilement de loges de grandeur régulièrement croissante ayant la forme de calottes très peu épais- - 1904 SUR LA STRUCTURE DES ORBITOLINES 659 ses, quelquefois régulièrement convexes, le plus souvent dépri- mées au centre et fréquemment même tout à fait atrophiées dans cette région ; elles deviennent alors annulaires. Chaque loge est divisée en logettes par des cloisons rayonnantes qui correspondent précisément aux sillons de la face inférieure ; ces cloisons s’anastomosent, s'interrompent et deviennent irré- gulières dans la partie centrale. Elles sont finement ondulées ou en zigzag, comme dans les Orbitolites, chacune des parties concaves correspondant à une des perforations de la face inférieure des loges. Les logettes alternentrégulièrement d’une loge à la loge suivante, de telle sorte que chacune d'elles communique avec deux logettes de la loge précédente et deux logettes de la loge suivante ; c’est la disposition caractéristique des Orbitolites. Les logettes d’une même loge ne communiquent pas directement ensemble, au moins dans la partie périphérique où les cloisons sont régulièrement développées ; elles se fusionnent plus ou moins dans la partie centrale. En réalité et si on laisse de côté la différence de nature du test, la texture des Orbitolines est exactement la même que celle des Orbitolites, de telle sorte qu'il est permis de dire que les Orbito- lines sont des Orbitolites à test sableux et à structure dy ssy mé- trique : la surface supérieure conique imperforée est homologue d'une des deux surfaces terminales circulaires des Orbitolites, tandis que la surface inférieure, convexe sur les bords, concave au centre, correspond à la tranche des Orbitolites; dans les deux cas les perforations sont disposées dans des sillons, rayonnants dans les Orbitolines, parallèles dans les Orbitolites. Les logettes des Orbitolines reproduisent exactement la disposi- tion de celles des Orbitolites, la forme seule diffère, elles sont arquées et plus ou moins coniques dans le premier cas, cylindri- ques dans le second. La nature sableuse du test indique que les Orbitolines vivaient sur le fond et leur dyssymétrie résulte de ce que la face inférieure était toujours appliquée sur ce fond, tandis que les Orbitolites vivaient sur les Algues comme elles le font encore aujourd’hui. Cette dyssymétrie n’est du reste pas spéciale aux Orbitolines du Crétacé inférieur. On a signalé des formes analogues conico- convexes dans le Tertiaire d'Egypte, et nous avons vu plus haut que Carpenter avait confondu à tort avec les Patellina une forme vivant actuellement sur les côtes de l’Australie et qui est bien certainement une Orbitolite dy ssy métrique. Ces deux formes sont du reste génériquement différentes des Orbitolina. 660 H. DOUVILLÉ 0 Juin OBSERVATIONS Un grand nombre de Foraminifères des terrains secondaires ont un test sableux ; cette disposition résulte du mode d'existence de l’animal qui vit sur le fond et utilise, pour la construction de son habitation, les matériaux qu’il a à sa portée ; il réalise ainsi une économie dans ses sécrétions, celles-ci n'ayant plus à fournir la coquille entière, mais seulement le ciment destiné à en réunir les éléments. La minceur extrême de la couche superficielle est bien d'accord avec cette manière de voir, et le fin réseau poutrellaire qui le double constitue de même le moyen le plus économique de la consolider. Mais en réalité toutes ces particula- rités sont un simple résultat de l'adaptation à une manière de vivre spéciale et n’influent que très peu sur la constitution fonda- : mentale de l'animal. On admet même que certains genres peuvent avoir le test tantôt sableux et tantôt porcelané. Une conséquence curieuse de cette économie apportée à la cons- truction de la coquille, c'est la possibilité pour l'animal d'atteindre une taille considérable. On s'explique ainsi que les gigantesques Loftusia du Crétacé supérieur de la Perse appartiennent préci- sément au groupe des Foraminifères à test sableux ; ici encore nous avons constaté leur passage probable aux Alvéolines por- celanées. On peut se demander quel est le caractère essentiel des Orbito- lines au point de vue de l’évolution. Nous venons de voir que ce n’est ni leur test sableux, ni leur réseau superficiel ; ce n’est pas davantage leur forme dyssymétrique, pas plus que leur dévelop- pement circulaire. L'étude que nous avons faite des Orbitolitidés de la Craie supérieure nous a fait voir que le caractère réellement important au point de vue de l’évolution était la constitution de la maille, c'est-à-dire, la manière dont la loge était subdivisée. Or ici dans les formes jurassiques, Orbitopsella et autres, la loge est simplement consolidée par des piliers plus ou moins lamelliformes, irrégulièrement disposés entre les deux parois de la loge. Dans les Orbitolines au contraire ces piliers se transforment en cloisons pleines et régulières au moins à la périphérie, tandis qu'au centre seulement persiste l’irrégularité des formes anciennes. L'évolution se fait donc ici comme dans les Orbitolitidés de la Craie supérieure ; dans ceux-ci le dernier terme de l’évolution corres- pond à la maille de l’Orbitolites (sensu strieto, O. complanata). Ce terme est déjà atteint, à l’époque de la Craie inférieure, dans Note DE M. Henri Douvillé Bull. Soc. Géol. de France FEES ÉrIe Me AIN PIS TI (Séance du 20 Juin 1904) 14 Phototypie Sohier et Cie Champigny-sur-Marne Structure des Orbitolines He Al  er 1904 SUR LA STRUCTURE DES ORBITOLINES 661 la partie périphérique des Orbitolina qui représentent ainsi le dernier terme de l’évolution du groupe des Orbitolitidés anciens. Les Orbitolitidés du Crétacé supérieur et des époques plus récentes paraissent constituer, en réalité, un second groupe bien distinct du premier, mais dans lequel on peut suivre la trace d’une évolution analogue : le point de départ paraît avoir été une forme simple comme Cy-clolina, tandis que le point d'arrivée correspond aux formes complexes telles que Marginopora et Orbitolites (s. str.). EXPLICATION DE LA PLANCHE XVII Fig. 1. — Orbitolina discoidea ; vue de la face inférieure d’un échantillon de Voreppe (1 niveau des Orbitolines), communiqué par M. Paquier; gr. 19 fois. Fig. 2. — Orbitolina conoidea, de Navarrès (Espagne), provenant de la collection de Verneuil; section par l'axe, grossie 14 fois (préparation de M. Schlumberger). Fig. 3. — Même espèce de la même provenance, section perpendiculaire à l'axe et très voisine de la base ; 3a, grossie 14 fois; 3b, la même grossie 20 fois (préparation de M. Schlumberger). Fig. 4. — Orbitolina subconcava, de Vinport; section perpendiculaire à Paxe et voisine de la base ; la tache claire au milieu paraît correspondre à la gangue qui remplit la dépression centrale : gr. 15 fois (préparation de l’auteur). Fig. 5. — Orbitolina subconcava, des environs de Foix; section perpendi- culaire à l'axe et très voisine de la base ; gr. 14,5 (prép. de M. Schlumberger). Fig. 6 — Orbitolina subconcava ? de La Clape ; section perpendiculaire à l’axe et très voisine de la base; la partie vide au centre est un peu plus grande que la dépression centrale et les bords en sont déchiquetés ; gr. 15 fois (prép. de M. Terrier). Ces échantillons et ces préparations font partie des collections de l'Ecole des Mines. SUR QUELQUES LACS DU JURA QUI SONT DISPARUS DEPUIS LE GLACIAIRE par M. BOURGEAT La région du Jura qui a été occupée par les glaciers au début du Quaternaire a été, sur plusieurs points, parsemée de lacs qui sont maintenant disparus. J'en ai signalé autrefois quelques-uns dans le bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny : M. l'ingénieur Delbecq a fait une étude intéressante de celui qui s'était formé dans la vallée de l’Aïn au voisinage de Crotenay, en même temps qu'il a fait connaître ceux d'Oyonnax, de Nevy-sur-Seille et de la vallée de la Bienne au-dessous de Valfin. Je voudrais aujourd’hui en signaler quelques autres surtout dans la région qui avoisine Saint-Claude. En commençant par la vallée de la Bienne, je ferai remarquer qu'en aval des caïlloutis stratifiés qui témoignent de l'existence de l’ancien lac de Valfin, on trouve à Saint-Claude même des caillou- tis analogues dont la stratification est bien visible et dont la sur- face supérieure est à peu près partout au même niveau. On les observe à la gare de Saint-Claude en descendant vers le faubourg Saint-Marcel, à la promenade du Truchet, sur l’ancien chemin de Rochefort et en regard du Truchet, à l'escarpement qui supporte le château de Condamine. En aval de Saint-Claude, une nouvelle nappe de caïlloutis dont le niveau supérieur est encore à peu près horizontal constitue le sous-sol du territoire d’Etables et du Plan d’Acier. Sa disposition stratiforme s’observe très bien dans les escarpements de la Bienre qui sy est creusé un lit profond. Cette seconde nappe s étend jusque près de Lizon à l'endroit ou la rivière a été obligée de creuser son lit à travers un barrage de rochers, sur lesquels est jeté le pont du tramway. Encore plus en aval, une troisième nappe de caïlloutis se remarque sur les territoires de Chassal et de Marigna. Elle s'étend jusqu'à Molinges à un endroit où la Bienne s'ouvre aussi une échappée à travers des bancs de rochers. Ses derniers lambeaux près de Molinges s’aperçoivent surtout à droite de la rivière, à la maison de campagne qui fait face au village situé sur la gauche. Le niveau supérieur du caïlloutis est toujours sensiblement horzontal et n’atteint pas l'altitude de celui du Plan d’Acier. 1904 BOURGEAT. — SUR QUELQUES LACS DU JURA, ETC. 663 Toujours plus en aval, et en descendant un nouveau degré, se voit le cailloutis de Chirria et de Vaux qui s'étend jusqu’à Jeurre, et dont la surface se montre aussi presque horizontale. Enfin, encore plus bas et toujours en aval suivant la rivière, vient une cinquième nappe de cailloutis, celle de Lavancia et de Dortan, qui se termine à l'endroit où la Bienne change de direc- tion pour s'engager dans le défilé d'Uffel vers l’Ain. Ainsi, depuis Valfin jusqu'au confluent de l'Ain, la Bienne présente dans sa vallée, outre les traces de l’ancien lac de Valfin, la série des cinq petits lacs suivants : Saint-Claude, Etables et Plan d’Acier, Chassal, Vaux, Lavancia. Ces cinq lacs étaient limités par des barrages de roches dures que la Bienne entaille et traverse maintenant en rapides. Au-dessous de Valfin, entaille de la grande roche dans le Pori- landien. Au-dessous de Saint-Claude, entaille de la Poudrière dans le même terrain. Au-dessous du Plan d’Acier, entaille de Lizon dans le Néocomien. Au-dessous de Chassal, entaille de Molinges dans le Séquanien. Au-dessous de Vaux, entaille de Jeurre dans le Néocomien. Au-dessous de Lavancia, entaille de Dortan dans le J urassique supérieur. Est-ce à ces barrages que sont dus les lacs et l’entaille ne s’est- elle faite qu'à partir du Quaternaire ? Peut-être a-t-elle été appro- fondie depuis cette époque, mais les débris de Glaciaire qu’on trouve souvent au voisinage montrent que ce terrain a été pour beaucoup dans le phénomène de barrage auquel les lacs sont dus. Les polissages que présentent sur plus d’un point les parois des entailles montrent bien que par leur partie supérieure du moins le glacier trouvait un écoulement. Ce n’est assurément pas au moment où le glacier de la Bienne avait son plus grand développement que ce phénomène s’est produit, car, à ce moment-là son niveau s'élevait beaucoup au-dessus de celui des cailloutis, comme je l’ai montré ailleurs. Les lacs se sont done formés vers la fin du Glaciaire lorsque le glacier de la Bienne était en fusion et se retirait par étapes vers les hauts sommets. La preuve qu'il n’était pas fort épais alors, c'est que le Glaciaire des vallées latérales descend jusqu'au niveau des caïlloutis lacustres et parfois même plus bas, ainsi qu'on peut l’observer en aval des barrages. Etait-ce tout à la fin du Glaciaire? On serait tenté de le croire si l’on n'observait pas dans l’escarpement qui soutient le château de Conda- mine, en regard de Saint-Claude un fait qui semble le contredire. 664 BOURGEAT. — SUR QUELQUES LACS DU JURA 20 Juin L'escarpement en eflet présente trois parties bien distinctes : une inférieure où les blocs non stratifiés et empâtés dans l'argile révèlent le Glaciaire, une partie moyenne nettement stratifiée, enfin une partie supérieure présentant de nouveau les caractères du Glaciaire. Cette dernière, qui a au moins de 1o0à 12 mètres d'épaisseur, n'est-elle pas une preuve que le régime glaciaire n’était pas terminé lorsque les cailloutis lacustres se sont déposés. Parmi les vallées qui débouchent directement dans celle de la Bienne, il en est deux qui méritent aussi sous ce rapport une men- tion spéciale : celle de Saint-Lupicin, qui aboutit au Pont de Lizon en aval de Saint-Claude, et celle de l’Essard ou de Flumen qui remonte de Saint-Claude vers Septmoncel au levant. Dans la première, à une bifurcation qui s'étend du côté de Valfin, il se rencontre des dépôts successifs de sables qui s'étendent par nids jusqu’à Très-le-Mur, commune de Valfin. Ces dépôts occupent une série de cuvettes étagées au Grand-Essart, au Pré- Traîné, au Lidoux, et à Très-le-Mur. Chacune d'elles a formé le fond d'un petit lac analogue à ceux que nous venons de constater le long de la Bienne, mais de moindre étendue. Les sables qui sy rencontrent proviennent d'une branche du glacier de la Bienne au moment de son grand développement. Mais ce qu’il y a de plus intéressant dans cette vallée ce sont les petites cuvettes lacustres qui s'observent vers le couchant de Saint-Lupicin du côté de Champ-André. Là on peut voir dans l’une d’elles, qui est encore en exploitation, des sables stratifiés surmontés de Glaciaire. Le régime lacustre y existait done, comme le long de la Bienne, alors que les glaciers n’avaient pas encore complètement abandonné la région. Dans la vallée de Flumen, le fait le plus digne d’attention est la présence de caiïlloutis roulés en stratification plus ou moins régu- lière entre le hameau de l’Essart et celui de Montbriand. Ils sont curieusement perchés sur un promontoire qui domine d’au moins 100 mètres la rivière de Flumen. Comme leur surface supérieure n’est pas horizontale et que leur stratification paraît irrégulière et entrecroisée, il est très naturel, ce me semble, de les attribuer à un cours d’eau qui ne pouvait être que celui de Flumen. Ce cours d’eau se serait donc enfoncé de plus de 100 mètres, en creusant les cailloutis, depuis que ceux-ci se sont déposés. Plus loin de la Bienne les dépôts les plus importants à noter sont ceux de la combe du Fourg, à l’est de cette rivière vers 1904 QUI SONT DISPARUS DEPUIS LE GLACIAIRE 665 les hauts sommets et ceux de la combe des Prés à l’ouest du côté du Grand-Vaux. Les uns comme les autres sont des amas plus ou moins continus de sables qui ne peuvent être aussi rapportés qu à des dépôts de lac. Mais, comme les vallées sont sans écoule- ment superficiel, et n’ont que des puits perdus, c'est par ceux-ci que les lacs ont dû se vider. Ce phénomène se continue encore dans certains lacs actuels, tels que celui de l'Abbaye qui a aussi un déversoir souterrain. Les sables qui le bordent au nord du côté de la route de Saint-Claude à Saint-Laurent en sont une preuve. Si l’orifice de son déversoir continuait à baisser graduel- lement le lac finirait par disparaitre En dehors du voisinage plus ou moins immédiat de la Bienne, il est encore un ancien lac à signaler. C'est celui de Genod à l’ouest de la vallée de la Valouse. presque à la limite inférieure de la région atteinte par les glaciers du côté de Saint-Amour. Faut-il attribuer à un semblable lac les cailloutis qui s'observent sur le territoire d'Ugna en amont des défilés dans lesquels s'engage la Valouse pour descendre sur l'Ain ? Je l'ignore, mais je serai très porté à le croire, de même que j'attribuerais volontiers à quelque barrage disparu les cailloutis que l’on observe près de la gare de Poligny, le long de la Glantine, et ceux qui se montrent près de la Croix de Vadans à une assez grande altitude au-dessus de la Cuisance actuelle. Ce sont-là toutelois des points qui récla- ment de nouvelles observations pour être éclaircis. OBSERVATIONS SUR LE DÉFILÉ DES PORTES DE FER ET SUR LE COURS INFÉRIEUR DU DANUBE par M. Romulus Sevastos I. Situation géographique, description géomorphogénique du défilé de Uj- Palanka à Séverin. — II. Étude spéciale de la formation du défilé. — III. Détermination de l’âge du défilé. — IV. Remarques sur le trajet de l’ancien cours inférieur du Danube. — V. Observations relatives à l’hypo- thèse que le Danubeétaitjadis tributaire dela Mer Caspienne.— VI. Esquisse des vicissitudes de la Mer Noire. I. — DESCRIPTION GÉOMORPHOGÉNIQUE DU DÉFILÉ Le Danube, avant d'entrer en Roumanie, se fraye un passage à travers un défilé long de 140 kilomètres isolant les Carpathes du Banat et le massif de Mehedinti au nord, des collines Gola, Starica et Miroci au sud, c’est-à-dire les Carpathes des Balkans. Le défilé commence à Uj-Palanka, en amont de Bazias, et se continue jusqu'à Kladova près de Severin, en général étroit et bordé de roches escarpées ; en de rares endroits les montagnes s’écartent, la vallée s’élargit pour faire place surtout sur la rive gauche aux villes et aux villages. De Golubac jusqu'aux Portes de Fer en territoire Roumain, le fleuve subit trois inflexions : 1° à Bersaska, 2° à Dolni-Milanowvac, 30 à Orsova. Au sommet de ces angles s'ouvrent des vallées laté- rales ; la vallée de la Bersaska, près de la ville du même nom, la vallée de la Porecka à Dolni-Milanovac, et la vallée de la Cerna à Orsova. De Bazias à Golubac le fleuve coupe les ramifications les plus éloignées, les contre-forts des Carpathes. Ce sont de belles collines boisées aux contours arrondis constituées par des schistes cristal- lins que les éruptions tertiaires ont infiltrés de banatite, mais qui par places s'élèvent brusquement comme à Alt-Moldova (Moldova- Vechie) dominée, par des hauteurs de 600 m., riches en cuivre ou ‘en argent. De Uj-Palanka à Bazias les rives très rapprochées sont formées par des schistes cristallins ; mais ensuite la vallée s’élargissant 1904 SUR LE DÉFILÉ DES PORTES DE FER 667 donne naissance à un lit qui atteint à Moldova 6 kilomètres avec les îles Kiselevo et Moldova. A gauche les Monts Locvei, cristal- lins, à pentes raides et déchiquetées, contrastent avec le paysage serbe, où l’on voit de petites collines néogènes à pente douce et une plaine quaternaire et alluviale. Fig. 1 — Carte du défilé du Danube. — Echelle 1/1200000. A Golubac, le Danube entre dans les Carpathes. Des deux côtés les montagnes se resserrent. Là, à la Porte Golubac, commence le vrai défilé. Les eaux glissent sur les bancs mêmes du calcaire jurassi- que parde nombreux rapides. Le courant se portant à droite ronge larive de calcaire ferrugineux (Dogger) qui porte les ruines de l’ancienne forteresse. Le Jurassique repose immédiatement sur les phyllites archéennes débutant par un calcaire noduleux marneux et des grès qui renferment des couches de combustible. Un massif coralligène dolomitique blanc ou gris clair les surmonte. M. Zujo- vic ! yatrouvé une faune tithonique: Perisphinctes eudichotomus Zitt., Aptychus lamellosus Volt., Perisphinctes, Simoceras, Tere- bratula. Après avoir traversé un îlot de Crétacé à Brnjica, le fleuve 1. Zuovié. Geologische Uebersicht à des Kônigreiches Serbien. Jb. K. K Geol. R. anstalt, Wien, XXXVI, 4886, p. 84. 668 R. SEVASTOS. — SUR LE DÉFILÉ DES PORTES DE FER 90 Juin rencontre la crête cristalline avec granite dirigée N. S., et sur le flanc oriental de laquelle se trouve à Dobra un deuxième îlot jurassique formé de conglomérats, de grès et de calcaire conte- nant aussi des couches de charbon. Ces couches doivent être en relation avec celles de la rive gauche, de Bersaska et de Drenkova. À Ljubkova on constate la présence d’un banc calcaire à une faible profondeur et plus loin le lit s'étendant, prend l’aspect d'un lac. Le troisième îlot jurassique, séparé du précédent par une mince bande cristalline située en face de Bersaska, est traversé par deux filons d’andésite. Il est intéressant de constater l’exis- tence d’un bassin miocène méditerranéen dans les environs de Bersaska. Plus au nord de ces îlots les schistes cristallins consti- tuent le massif central banatique représenté par des gneiss grani- toides avec chlorite ou amphibole, séricite, recouverts par des micaschistes, etc. En aval de Bersaska le fleuve entre dans la gorge supérieure (clissura superiora ou gherdapurile de sus) parsemée d’écueils et dominée par des berges de 600 mètres laissant entre elles à peine la place du courant et d’une route sinueuse. Les terrains secondaires forment les rives. Le Lias qui cons- titue le fond est représenté par des grès et des conglomérats, qui d’après M. Tietze sont recouverts par le Médiojurassique et le Suprajurassique tithonique à Perisphinctes banaticus Ziit. M. Zujovic ! a trouvé à Boljetin dans un oolithe ferrugineux Perisphinctes procerus Seeb. et Spheroceras (Dogger) ; dans le calcaire rouge noduleur tithonique il cite : Phytlloceras ptychoicus Quenst. Belemnites cf. semisulcatus BI. Perisphinctes contiguus Cat. Aptychus punctatus Wolth. — geron Zitt. —— Beyrichi Opp. Cet étage est bien visible au confluent de la Lepena. Le Crétacé se voit à Boljetin avec des schistes argileux, des marnes, des calcaires qui renferment une riche faune néocomienne, et à Greben avec des marnes et calcaires surmontant le Tithonique. Entrela clissure supérieureetle défilé suivant (clissura inferiora) le lit se dilate de nouveau atteignant 1400 mètres avec un courant peu appréciable. Près de Dolni-Milanovac des conglomérats, des marnes et du calcaire reposent sur le Cristallin et plongent vers le sud ; Tere- bratula grestensis Suess, nous indique le Lias. Le Cristallin constitue au nord, dans le Banat, les Monts Sretineï jusqu’au bassin de Mehadia. Le gneiss granitoïde et le gneiss gris 1. Op. cit. 1904 ET SUR LE COURS INFÉRIEUR DU DANUBE 669 affleurent dans les sommets et supportent en succession normale des micachistes, des chloritoschistes, des schistes amphiboliques et des phyllites. De Vlavitza en longeant le cours jusqu'à Iutzi, on trouve dans l’Archéen une mine de serpentine qui contient du fer chromé ; l’un des gîtes est long de 200 m. et large de 14 m. En aval de Dolni-Milanovac commence la clissure inférieure par la cataracte des rapides (cataracta lutzilor) avec des écueils élevés d'un mètre au-dessus de l’eau à l’étiage. Un canal de 650 métres, disposé le long de la rive gauche, facilite la navigation. En descendant, le fleuve atteint la Porte de Cazan ou Petite Porte de Fer qui se continue jusqu’à Dubova, pendant 3300 m. Elle s'ouvre par une gigantesque fente dans le calcaire secon- daire, dont les parois altières s'élèvent à pic de chaque côté. Le lit mineur présente ici un banc transversal, constatable à une faible profondeur, d’où les eaux se précipitent dans un gouffre profond de 60 mètres, comparé à une chaudière (en roumain cazan) d’où vient son nom : («Poarta Cazanului ». La largeur du fleuve attéint à peine 165 mètres, et même 112 mètres à Dubova où se termine la clissure inférieure. La rive droite surtout est abrupte; elle est longée depuis 1896 par un canal, et se prolonge ainsi jusqu'à Orsova. Dans cette cluse les Romains avaient construit la route fameuse qui reliait leurs posi- tons militaires le long du Danube ; aujourd'hui on voit encore les cavités où s'appuyaient les poutres qui supportaient cet ouvrage, et une Table de Trajan avec l'inscription : «infractibus saxis, viam patefecit », devant Ogradina, rappelle cette œuvre d'art. Dans la clissure inférieure les mêmes terrains secondaires affleurent : à la Porte de Cazan des tufs de diabase supportent le Lias schisteux, à Orsova le fleuve coupe les dépôts liasiques sur lesquels reposent des calcaires bajociens avec Cæœloceras et Terebralula perovalis séparés du Jurassique supérieur par des tufs de diabase'. La série jurassique est recouverte par le Crétacé. Aux environs de Dubova se trouve un bassin helvétien. Après avoir franchi cette bande secondaire le fleuve, s’enga- geant dans le massif cristallin de Mehidinti, étale de nouveau son cours qui à Orsova-Nouà s'étend sur 1500-1600 mètres. La Porte de Fer roumaine ou°la Grande Perte de Fer, commence en aval de Verciorova, elle a une longueur de 2340 m. sur une largeur de 195 m. La profondeur est insignifiante et le fleuve coule sur la roche vive à peu près nivelée. Cette porte ne I. SCHAFARZIK. Ueber die geologischen Verhältnisse von Bogoltin, sowie des oberen, rechten Cserna-Ufers,Jahresb. K. Ung. Geol. anstalt, 1893, p. 127. 670 R. SEVASTOS. — SUR LE DÉFILÉ DES PORTES DE FER 20 Juin présente pas l’imposant aspect de la Porte de Cazan; mais la rapidité du courant, les tourbillons et les écueils, en rangées transversales, en avaient fait avant les travaux de déblayement, la plus redoutable partie du fleuve. Une faible terrasse à gauche supporte la voie ferrée, et le pseudo- lit majeur est dominé par des montagnes déchiquetées et par places boisées de 500 à 600 mètres de hauteur. En Roumanie le Danube roule ses eaux sur le Cristallin jusqu'à Gure Vàei, traverse ensuite le Tortonien qui commence à Bresnita (Roumanie) et se développe sur la rive serbe à Sip, Kladosnica, Kladova jusqu’à Negotin. Le massif de Mehedinti est jalonné à l'est de plusieurs îlots tortoniens ; de plus, dans l’intérieur de l'Archéen nous trouvons de petits bassins plus anciens (Burdi- galien) à Topile, Fontanele, Balta et celui de Bahna près de Verciorova, qui renferment en même temps aussi du Tortonien. II. — ORIGINE DU DÉFILÉ L On a émis l'opinion que les Portes de Fer seraient dues à un phénomène de capture ‘ produit par l'érosion de deux cours d’eau dirigés à l’origine en sens opposé ; l’un débouchant dans le lac levantin roumain, l’autre descendant vers l'ouest et étant tributaire du lac Pannonique. En d’autres termes deux cours d’eau consé- quents auraient dégradé par leurs érosions la ligne de faîte, et le cours occidental serait devenu obséquent. Mais l’auteur de cette théorie ne nous donne pas des argu- ments à l’abri de toute objection, et plusieurs faits militent en faveur d'une grande dislocation transversale à la chaîne Carpa- thique, utilisée postérieurement à sa formation par le cours du Danube. Un puissant argument nous est fourni par la profonde dépres- sion de Cazan (60 m.). Le niveau des eaux à l’étiage aux Portes de Fer roumaines se trouve à l'altitude de 39 mètres au-dessus de la Mer Noire, la ville d'Orsova Vechie (Alt. Orsova) est à 54 m. et Dolni Milanovac à 64 m., le niveau du courant à la Porte de Cazan ne peut dépasser 55 mètres ; ce {aphros serait donc plus profond que le niveau de la Mer Noire. Dans le cas d’une érosion il fau- drait revenir à l'hypothèse de l'effondrement de la voûte d'une grotte antérieure située dans le calcaire, au-dessous du niveau de la mer. Or, M. de Lapparent, à propos de la formation de ces 1. Munreanu-MurGocr. Geografia Românie, Bucuresti, 1902. . 1904 ET SUR LE COURS INFÉRIEUR DU DANUBE 671 cavités écrit : : « Les grottes des terrains calcaires doivent être attribuées à l’action longtemps prolongée d'eaux sauvages, ame- nées par voie d'infiltration dans la profondeur du sol, bien qu'à un niveau supérieur à celui des vallées et obligées de s'y frayer une route, en profitant de toutes les lignes de moindre résistance du terrain ». On ne peut donc admettre la préexistence d’une telle cavité. D'autre part l’affaissement en masse du système montagneux, permettant de supposer qu'à une époque antérieure le Cazan s’est trouvé à une altitude quelconque au-dessus de la vallée, ne peut être prouvé et est en contradiction avec les connaissances acquises sur les mouvements orogéniques des Carpathes *. On sait de plus qu'un petit cours d'eau descendant une pente raide, et rencontrant une dépression, ne tarde pas à la combler de ses alluvions, ce qui n’est pas le cas pour la porte de Cazan. Par contre la constitution du défilé milite en faveur de l’exis- tence d'une dislocation et montre les faits suivants : ro Les abiîmes et les dépressions ne peuvent pas s'expliquer par une simple érosion, surtout dans les régions des schistes cristal- lins comme aux Portes de Ferroumaines. Au contraire, l'existence d’une faille éclaireit les faits. Une fracture qui disloque les couches engendre de nombreux éclats, coins, angles rentrants, etc., qui concordent à merveille avec la forme et la disposition de ses écueils qui parsèment le fleuve ; 20 Le grand développement que prend le lit du fleuve entre les clissures s'explique dans l'hypothèse d’une dislocation par la ren- contre de deux directions de fracture qui ont permis le démante- lement et le décollement des couches suivant leur direction de schistosité sur une grande surface ; 30 Le Banat est traversé par une faille nord-sud séparant à l’ouest, une région de schistes cristallins à formes doucement arrondies, des chaînes situées à l’est et dirigées N. N. E. consti- tuées par du calcaire jurassique et crétacé. Le long de la faille surgissent des roches éruptives tertiaires. Les mêmes conditions géologiques s’observent aussi en Serbie. A la rencontre de la faille avec l'arc Carpathique il a dû se produire d'inévitables fractures qui peuvent * «expliquer pourquoi le Danube a su franchir la 1. A. DE LAPPARENT. Traité de Géologie, 4° éd., p. 206. 2. EMM. DE MARTONNE. Sur l’évolution du relief du Plateau de Mehedinti (Roumanie). C.R. Ac. Sc., CXXXVILL, p. 1058. 3. A. DE LAPPARENT.— Geographie physique, 1'* éd., p. 453. 672 R. SEVASTOS. — SUR LE DÉFILÉ DES PORTES DE FER 20 Juin chaîne dans ces parages, mieux préparés que d’autres, par leur morcellement à laisser s’accomplir le travail de l'érosion » ; 4° Une rangée d'ilots éruptifs (granite, euphotide et serpentine) parallèles à la clissure inférieure se trouvent dans la Miroc Planina, au nord de Mirocevo jusqu’à Tekija et Orsova ; 5° Le tracé en zigzag du défilé n’est pas formé par les méandres encaissés véritables. La grandeur du phénomène et l’existence de vallées secondaires (Bersaska, Porecka et Cerna) débouchant à l'angle même des inflexions s'opposent à cette conception. Les affluents ont, en effet, toujours la tendance de repousser le cours principal par l'accumulation de leurs alluvions au confluent. Il semble donc raisonnable d'admettre que les Portes de Fer et même le défilé à partir de Bazias sont dus à une grande dislocation de l'écorce terrestre. III. — AGE pu DÉrFILÉ Pendant le Secondaire un détroit marin occupait l'emplacement du défilé actuel, longeant le littoral du continent qui se déve- loppait de Drava aux Balkans. Un moment barré, pendant l’Oligo- cène, par les mouvements orogéniques qui ont créé les Alpes et en partie des Carpathes, ce détroit, à l’époque tortonienne, est de nouveau ouvert, comme le prouvent les bassins de Berzaska, Dubova, Bahna et Breznita. Plus tard il vint un exhaussement : et enfin la déchirure qui engendra le défilé. La formation de ce canal était placée au commencement de l’époque pleistocène ou un peu dius tard, vers son milieu. Je vais essayer de démontrer qu’elle a eu lieu immédiatement après l'étage levantin ou à la fin du Pliocène moyen (Astien). En effet le relief de la presqu'île Balkanique est tel que la débâcle des lacs levantins de l’Autriche-Hongrie ne pouvait suivre une autre direction que celle du défilé, vers lorient, à travers la Rou- manie *. Elle ne pouvait pas avoir issue vers la région du sud, qui, exondée depuis longtemps, constituait un massif montagneux. Or les dépôts levantins sont synchroniques de l’Astien comme le prou- vent les restes de Proboscidiens (Mastodon arvernensiset M. Bor- soni), il est donc naturel d'admettre que vers la fin de l’Astien les 1. EMM. DE ManTronne. € Le Sarmatien marque un soulèvement d'ensemble du massif ancien et il faut admettre un nouveau mouvement d’exhaus- sement en masse avec le Plaisancien. » Loc. cit. p. 1059. 2. M. Julius HaLAväÂrs est du même avis. À Duna ès Tisza volgyének geologiaja, Budapest, 1902. 1904 ET SUR LE COURS INFÉRIEUR DU DANUBE 673 lacs levantins se sont écoulés vers l’est par le défilé de Bazias à Verciorova. Le défilé existait donc déjà au commencement du Sicilien. Dans une note précédente : des considérations d’un tout autre ordre m'ont permis d’assurer au défilé un âge au moins pliocène supérieur. La concordance, marquée dans la note précitée entre les terrasses du Séreth, de Crajova et celles de Vienne, citées par MM. Depéret et de Lamothe, nous montre qu'il ne s’agit pas d’une simple coïncidence. Il a fallu une même cause agissant de la même manière dans ces régions éloignées les unes des autres pour produire cette concordance remarquable, cette simultanéité d’eftets. Les résultats impliquent une pente continue du fleuve, libre de tout obstacle, un lit mineur ouvert jusqu’à la Mer Noire. Tout porte donc à croire que le défilé des Portes de Fer doit s’être formé à la fin du Pliocène moyen (Astien), et qu'il existait déjà au Pliocène supérieur (Sicilien). IV. — L'ANCIEN COURS INFÉRIEUR DU DANUBE Le cours inférieur de l’ancien Istre est établi aujourd'hui le long de la faille Valacho-Bulgare. La rive droite escarpée recule petit à petit, tandis que le territoire roumain gagne chaque année. Le tracé actuel du Danube diffère beaucoup de celui du fleuve pri- mitif plus septenirional, ainsi que l'indique un niveau de gravier situé à 100 mètres environ au-dessus du cours du fleuve. Le volume d’eau considérable provenant de la débâcle des lacs levantins pannoniques s'écoulant à travers la Roumanie a remanié les alluvions charriées par les rivières qui descendaient des Carpathes méridionales, et en dernier lieu a déposé les sables blancs, très purs, à gros grains (1-2 millim.), d’une grande épaisseur. _ Ces sables renfermant de rares Paludines, quelquefois roulées, ont été rapportés au Levantin (Astien), et on leur a attribué une origine lacustre; mais leur nature s'oppose à cette hypothèse, tandis que la nôtre indique mieux leur mode de formation. La nappe d'eau de cette couche captée par M. l'Ingénieur E. Radu, fournit à la capitale une trentaine de mille mètres cubes d’eau par jour. Les lacs levantins de Roumanie furent probablement vidés en même temps que le défilé prenait naissance, car sur leurs dépôts on trouve les mêmes sables que nous venons de signaler. 1. R. Sevasros. Les terrasses du Danube et du Séreth, l’âge du défilé des Portes de fer. B. S. G. F. (3) IL, 1903, p. 669. 13 Janvier 1905. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 43. 674 R. SEVASTOS. — SUR LE DÉFILÉ DES PORTES DE FER 20 Juin Les nombreuses intercalations d'argile qu'ils renferment, indi- quent un changement brusque des conditions de sédimentation et permet de déduire que la débâcle a été intermittente et saccadée. Ce qui s'explique facilement par des ruptures partielles successives du seuil. Les terrasses que le fleuve a formées dans son cours inférieur sont établies sur le versant roumain, de sorte que le courant s’est déplacé vers le sud. On constate les mêmes conditions jusqu'à Cernavoda d’où le courant se lançait directement vers l’est en suivant la dépression évidente du ruisseau Carasu jusqu’à Cons- tantza, utilisée pour le passage de la voie ferrée qui relie le pont Charles [er à la Mer Noire. Le confluent du Pruth était à Cernavoda, il avait comme affluent la Séreth à Galati et, profitant de la faille qui sépare la Dobrogea de la Valachie, il creusait son lit mineur jusqu'à Cernavoda sur l'emplacement du Danube actuel. Le Delta, tout à fait récent, a pris naissance durant le Pléis- tocène, grâce aux mouvements orogéniques insignifiants qui ont renversé la pente du fleuve de Constantza à Cernavoda, le forçant à emprunter le lit du Pruth en repoussant les eaux de ce dernier vers le nord jusqu’à Galati, d’où il gagna aisément la Mer Noire. V. — LE DANUBE TRIBUTAIRE DE LA CASPIENNE Nous pouvons discuter maintenant l'hypothèse du Danube tribu- taire de la Mer Caspienne :. À la suite des mouvements orogéniques post-sarmatiques la chaîne de montagne qui reliait les Balkans au Caucase par les hauteurs de la Crimée avait été créée ou élevée davantage en déterminant entre elle et les Carpathes roumains une dépression qui allait jusqu’à la Caspienne. L’émissaire drainant ce bassin devait naturellement suivre le cours inférieur du Danube; de plus il se prolongeait vers le nord-est suivant le cours du Dniepr depuis l'embouchure jusqu'à Ekaterinoslaw et celui du Donetz jusqu’à Tza- rytzin pour s’écouler dans la Caspienne ou dans la mer Aralo- Caspienne dont la Mer Noire était une dépendance occidentale reliée par la vallée du Manuytsch. Plus tard quand survinrent les effrondrements du Caucase entre Bakou et Karabogaz, engendrant les grandes profondeurs de la Caspienne méridionale, et ceux de la chaîne reliant les Balkans à la Crimée qui agrandirent la Mer Noire, le Danube eut son cours 1. A. DE LaAPPARENT. Géographie physique, p. 361. 1904 ET SUR LE COURS INFÉRIEUR DU DANUBE 675 brisé et ses anciens affluents le Dniepr et le Donetz se jetèrent vers le sud-ouest en utilisant le lit de l’ancien fleuve. M. Ed. Suess admet qu'autrefois le Danube était tributaire de la Mer Caspienne et remarque que depuis longtemps Filippi avait signalé l’analogie de leurs Poissons. M. de Lapparent oppose que les mêmes Poissons ont pu exister aussi dans le Pont-Euxin, d’où la tardive irruption de la Méditerranée plus salée les aurait chassés, comme elle a tué l’ancienne faune caspique du Pont. Cette dépendance ancienne du fleuve et de la Caspienne est contradictoire avec la présence de dépôts pontiques et pliocènes sur le tracé du fleuve hypothétique. M. Androussow ’ a démontré que la profonde dépression de la Mer Noire est plus ancienne qu'on ne le croyait. Sans insister sur la ressemblance des dépôts oligocènes des environs du golfe de Bourgas (Roumélie) avec ceux d'Ekaterinoslaw (sur le Dniepr), l’uniformité et le développement du calcaire de Tchokrak (Helvé- tien), et des couches à Spaniodon (Tortonien), l’existence du Sar- malien près de Bourgas, sur les rivages de la Mer de Marmara, près de Sinope dans la Transcausasie et près de Varna, enfin, la présence des couches siciliennes de Tschaouda (Kertch, Crimée) aux environs de Gallipoli (Dardanelles) prouvent que le Pont- Euxin existait déjà aux époques citées. - La ressemblance des dépôts oligocènes d'Ekaterinoslaw avec ceux de Bourgaz, prouve qu'il y avait une communication directe entre ie versant septentrional et méridional de la chaîne Crimée- Balkans (si elle existait à cette époque); de même que l’uniformité des couches sarmatiennes entre Sinope, Bourgas, Varna (Bulgarie) et la Transcaucasie démontre que la Crimée était alors isolée du Caucase ; enfin la mer était largement ouverte entre le versant nord des Balkans et la Transcaucasie. Pendant l'étage Mœotique des grandes érosions ont eu lieu sur la terre ferme dans la région dont nous nous occupons et les cours d'eau ont ébauché de nombreuses vallées au travers des couches sarmatiennes récemment émergées * dans lesquelles s’est établi plus tard une faune pontique ; néanmoins le Mœotique a été signalé en Roumanie, par Cobalcescu*, sous forme d’un calcaire 1. Anproussow. La Mer Noire, Liv.-Guide VII C. géol. int., 1897, Saint- Pétersbourg, p. 8. 2. R. Sevasros. Les couches à Dreissensia du district de Vaslui, Roumanie. Ann. sc. Univ. Jassy, 1905. 3. G. CoBazcescu. Ueber die geologische Besehaffenheit des Gebirges im Westen und Norden von Buzeu. Verh. K. K. Geol. R. anstalt, Wien, 1885, P. 273-276. 676 R. SEVASTOS. — SUR LE DÉFILÉ DES PORTES DE FER 6 Juin superposé au Sarmatien de même faciès, et en Bessarabie par M. Sinzow qui a distingué des dépôts : 1° avec faune marine pure ; 2° avec faune mixte marine et d’eau douce et, 3° avec faune d’eau douce et terrestre. Dans le district d'Odessa, M. Sido- reuko ‘a trouvé cet étage au bord du limon de Filigoul superposé au calcaire à Wactra et recouvert par le calcaire d’Odessa (étage Pontien) : dans le sud-est du même district et dans les environs de Nicolajev, M. Sinzow a trouvé le calcaire sarmatien à Mactra ponderosa recouvert immédiatement par un calcaire à Dosinia exoleta et plus haut le calcaire à Congéries. M. Sokolow * l’a découvert dans le cours inférieur du Dniepr et l’a poursuivi vers le nord jusqu’à Alexandrovsk (village Katchkarovka). Il se déve- loppe largement vers le sud-est sous un faciès analogue à celui de la presqu'île de Kertck. On le trouve aussi sur la côte septentrio nale de la Mer d’Azow. M. C. Vogdt a suivi le Mœotique de la presqu'île de Kertch vers l’ouest sur toute la Crimée jusqu'au cap larchankut. La plaine roumaine ainsi que la partie méridionale de la Molda- vie sont constituées par des couches pontiennes et levantines. On peut suivre le Pontien vers l’est sur le littoral russe de la Mer Noire. Il est en régression, de sorte que le Sarmatien a une limite plus septentrionale, le Mœotique est intermédiaire et le Pontien présente la limite la plus méridionale. Nous signalons le calcaire des Steppes ou d’Odessa bien connu (Pontien). De tout ce qui précède il s'ensuit, que sur le trajet du fleuve hypothétique existent des dépôts Mœotiques et Pontiques; de plus, quelquefois la sédimentation a été continue du Sarmatien jusqu'à la fin du Pontien. En supposant l'existence d'un fleuve drainant le sillon Balkano-Carpathique et s’écoulant vers la Caspienne, on ne peut l’admettre d’âge Mœotique, parce qu’il aurait dû traverser la région, occupée par les dépôts contemporains, du gouvernement de Kerson et ceux du Dniepr inférieur ; et comme la plaine danu- bienne de Roumanie, le littoral russe et le cours inférieur du Dniepr présentent des couches pontiennes, un fleuve contempo- rain n'a pu exister. | Un fleuve pliocène allant de la plaine roumaine vers l’est n a pu exister qu’à la fin de l’Astien, quand les lacs levantins furent vidés, mais la carte géologique de la Russie (1897) indique sur les rivages nord-est du Pont-Euxin une bande assez large de Pliocène (n° 2) : 1. SIboRENKo. Les formations mio-pliocéniques en Russie. B.S. G. F., 6), XXI, p. 369, 1893. 2. SOKOLOW et ARMASHEVSKI. Excursion au Sud de la Russie, Liv. guide. VII: C. géol. int. 21. St-Pétersbourg, 1897. 1904 ET SUR LE COURS INFÉRIEUR DU DANUBE 697 [2 les couches de Kouïalnik près d'Odessa, déposées avant celles de Tschaouda (Sicilien) par la Mer Noire, de sorte que si le fleuve avait été dirigé dans cette région, il aurait été tributaire du Pont- Euxin. M. Sokolow : dit que dans le cours inférieur du Dniepr, des sédiments marins plus récents que le Pontien ne s’observent pas. Et les dépôts qu'il rapporte au Pliocène supérieur sont d'origine fluviatile ou lacustre ; ce sont les grès etles conglomérats avec Neritina, Vivipara, Melanopsis, Planorbis qui se rencon- trent dans le bassin de Bazavluk et de la Tomakovka, affluents droits du Dniepr inférieur. Dans la Bessarabie méridionale, il y a une formation d’eau douce pléistocène, renfermant des espèces qui vivent de nos jours : les couches de Babele et de Djourjulesti. équivalentes aux dépôts de la Mer Noire à Ostrea adriatica, Mytilus latus. Venus gellina, Nassa reticulata, etc. Enfin il est difficile d'affirmer si le Danube n’a pas été tributaire de la Caspienne au Pliocène supérieur, parce que, le Pont-Euxin étant en communication avec la Mer de Marmara, le défilé des Portes de Fer était formé et les oscillations du niveau de la Médi- terranée devaient se faire sentir dans le Pont. VI. — EsQuissE DES VIcissiTUDES DE LA Mer Noire Le Pont-Euxin a été isolé à la fin du Sarmatien ou peut être après le Mæotique, de sorte que l’évolution de sa faune est tout à fait indépendante pendant le Pontien et le Pliocène. M. Androussow nous dit *, que les eaux de la Méditerranée ont pénétré dans la Mer Noire au Pléistocène après le dépôt des couches de la Besserabie à faune Caspienne, et de la presqu'île de Kertch à Dreissensia poly morpha, Didacna crassa, Vivapara atra eïc., en ajoutant: « Cependant le Bosphore et la Mer de Marmara existaient déjà au moment du passage des eaux de la Méditerranée dans le Pont-Euxin, comme en témoignent des exemplaires de Dreissensia rostriformis, trouvés par Ostrooumow au fond du Bosphore et par l'expédition du «Selanik» dans les profondeurs de la Mer de Marmara. Pour ces raisons nous devons reculer la formation du Bosphore à une époque plus lointaine (Pliocène) » *. 1. N. Sokxocow. Carte hypsométrique de la région du cours moyen et inférieur du Dniepr. Excursion au sud de la Russie. Loc. cit. 2RODNCIL:- Up. 9: 3. Taomas EnGzisx. Eocene and Later Formations surrounding the Darda- nelles. Quart. Journal, LX, 1904, pp. 243-255. 678 SUR LE DÉFILÉ DES PORTES DE FER, ETC. 20 Juin à Mais Dreissensia rostriformis est si nettement caractéristique des couches supérieures de Kamych-Bouroun , qu’il le met en tête de sa liste et il s'ensuit qu’à la fin de ce Pliocène inférieur les eaux de la Méditerranée ont pénétré dans la Mer de Marmara, apportant une faune marine. On a trouvé dans cette mer des indi- vidus de Dressensia rostriformis avec de petits coraux à la surface (Gary ophyllia). Et comme le Bosphore à ce moment existait il n y a aucune raison pour qu'au moins une petite quantité d’eau de la Mer de Marmara n'ait pu pénétrer dans le Pont-Euxin, par un Bosphore moins profond. Du reste, les couches de Galipoli à faune de Tschaouda (Kertch), indiquent une communication depuis les Dardanelles jusqu'à la Crimée au Pliocène supérieur. Pour ma part, en me fondant sur l’étude des terrasses, j’ai montré que la communication existait à cette époque :. Mais comment expliquer que malgré l’eau salée qui arrivait de la Méditerranée, le Pont-Euxin ait pu maintenir ses conditions antérieures de bassin fermé et que l’évolution de ses formes n'ait pas été troublée ? Je crois qu’il faut chercher l’explication de ce phénomène dans le grand volume d’eau douce, résultant de la débâcle des lacs levantins, qui s’est écoulée dans le Pont, et le Bosphore devait primitivement servir de déversoir au trop-plein du Pont. 1. M. Androussow divise le Pliocène en Pliocène inférieur —couches supé- rieur de Kamych-Bouroun et Pliocène supérieur — couches du cap Tchaouda. Environs de Kertch. Liv.-Guide VII‘ C. géol. int., 30 St-Péterbourg, 1897, p. 4. 2. B.S. G. F. (4), IL, 1903, p. 669. SUR LE PASSAGE DU TOARCIEN AU MÉDIOJURASSIQUE AUX ENVIRONS DE BESANCON ET SUR LA VALEUR DU TERME AALÉNIEN par M. J. DEPRAT Le passage des couches toarciennes au Bajocien présente dans la région bisontine quelques particularités que je désirerais signaler. Ces particularités consistent dans des variations très nettes de faciès et d'épaisseur des divers niveaux appartenant à ces deux étages, suivant qu'on les observe à l’ouest ou à l’est de la ville de Besançon. Je rappellerai rapidement la composition du Toarcien et du Bajocien dans le Doubs comme elle a été établie . d’une manière approfondie par les travaux de divers géologues, notamment de MM. Kilian et M. Bertrand ’. 7. Calcaire blanc oolithique et calcaire à Polypiers (Zone à Cosmoceras subfurcatum). 6. Marnes oolithiques granuleuses et calcaires à Polypiers avec marnes grises à Belemnites (Megatheutis) giganteus < (Zone à Sonninia Romani). © / b. Calcaire subspathique à Sphæroceras ni) : polyschides (Zone à Sph. Sauzei). < 5. Calcaire À : : k æ x a. Calcaire granuleux à Sphæroc. con- à Entroques ë cavum et Witchellia avec Pecten pumilus à la base. |: 0e Calcaire oolithique ferrugineux (limonite oolithique de Lais- \ sey) à Ludwigia Murchisoncæ. Z 3. Minerai de fer oolithique d'Ougney et marnes gréseuses à 5 rognons calcaires. Æ à < 2. Marnes de Pinperdu à Trochus. Es 1. Schistes à Posidonies. 1. Kicran. Sur la constitution géologique du Jura, du Doubs et des régions voisines. CR. AFAS, IL, p. 442, 1894. — M. BERTRAND. Carte Géol. de la Fr. Feuille de Besançon. 680 J. DEPRAT. — SUR LE PASSAGE .20 Juin Cette série cependant ne présente pas constamment ces divi- sions dans la région de Besançon et se montre assez différente suivant qu'on l’observe comme nous venons de le dire, à l’est où à l’ouest de cette ville. Nous allons le montrer par quelques exemples. Nous avons eu l’occasion de pouvoir relever quelques bonnes coupes dans les collines qui bordent les Avant-Monts du Jura à l’ouest de Besançon entre les vallées du Doubs et de l’Ognon, notamment près de Pirey et de Pouilley-les-Vignes. Le passage du Toarcien au Bajocien s’y observe avec la plus grande netteté, par exemple le long de la route de Marnay à Besançon, environ huit cents mètres avant le village de Pouilley et à l’extrémité de l’éperon qui surplombe à l’ouest le village de Pirey. J’ai pu relever en ce dernier point une coupe détaillée au-dessus du chemin vicinal qui conduit de Pirey à Pouilley un peu après le coude que décrit ce chemin en contournant l’éperon rocheux : le Toarcien affleure sur le flanc du vallon; il est formé par les schistes à Posi- donies à la base, épais de deux mètres environ ; au-dessus (fig. 1) apparaissent les marnes bleues équivalentes de celles de Pinperdu, près de Salin, contenant : + = a NN 7 Lioceras complana- 2 NAS tum, Cœlocerascom- XX } é IN | mune, Megatheutis ANS tripartitus ; Dacty- ee lotheutis ‘irregula - À Où ris, Trochus subdu- N plicatus, Astarte Chemin de Pirey à Pouïlley opalina;.Leda ros- tralis, Nucula Ham- merti. Au-dessous viennent 3 mètres de Om dm 10m. marnes bleues, mi- cacées, sans fossiles. Fig.1.—Passage du ToarcienauBajocien(Aalénien) Ici le faciès des dé- près de Pire y (Doubs).Légende dansle texte, p.681. pôts change peu à peu et au-dessus du chemin les marnes bleues passent à des calcaires gréseux en pla- quettes, très riches en débris bréchoïdes pétris de Ludwigia opalina et Grammoceras aalense de petite taille, épais de 4 mètres. Au- dessous on observe 2 mètres de calcaires spathiques formés de débris d'Encrines que surmontent 4o centimètres de marnés sèches à petites Ludwigia opalina passant à des grès micacés et caleari- fères épais de 4 mètres dans lesquels Ludw. opalina se fait de plus 1904 DU TOARCIEN AU MÉDIOJURASSIQUE 681 en plus rare et où apparaît en abondance le Pecten punuülus. Cette dernière assise passe à des calcaires cloisonnés, remplis de P. pumilus, surmontés par de puissants bancs de calcaires à Polypiers. L'ensemble de la coupe peut se résumer ainsi : Ê 8. Calcaires à Polypiers. 7. Calcaires cloisonnés à P. pumilus abondants............ I 20 6. Grès micacés et calcaires à rares P. pumilus et L. opalina 4 m. sMarnes sèches a L-opalina et aalense en ne . © m. 40 4. Calcaires à Entroques ........... Sa TR Rene MU AE 2 m. 3. Calcaires gréseux à Z. opalina et G. aalense..... . ..... 4 m. D EMarnes bleues micacéesisans fossiles "nr en te 3 m. 1. Marnes toarciennes ammonitifères (Lioceras complanatum, ELLE PP RESTE AS TR A RREE ARR PEER Re 30 m Il est difficile d'indiquer où commence le Bajocien. En effet, le calcaire à Entroques apparaît déjà sous les dernières assises à L. opalina, forme appartenant franchement au Lias supérieur et cependant il est considéré comme caractérisant nettement le Bajo- cien dans le Jura central. Si l’on s’en tient à la faune, on doit le faire commencer avec la couche 7; mais le passage se fait par transitions si insensibles que toute délimitation est arbitraire puis- que les formes du Toarcien supérieur comme Z. opalina et G. aalense apparaissent encore au-dessus des premières assises à Entroques. La série, depuis 2 jusqu'à 7, présente un faciès extraordinaire- ment détritique ; de plus, les formes d’Ammonites que l’on y recueille sont toujours petites. IL semble que les conditions soient devenues, à partir de la fin du dépôt de la grande masse des marnes bleues, de plus en plus défectueuses pour la vie de formes franchement pélagiques telles que les Ammonites ; j'ai du reste recueilli dans l’assise 6 des débris de végétaux (Lomatopteris) : indiquant une terre à proximité ; ce n’est pas la première fois du reste qu'on en signale dans ces dépôts et le calcaire à Polypiers en a déjà fourni. Le calcaire à Polypiers qui termine la série se montre très développé sur le plateau entre les Mont-Boucons et Pouilley et dans beaucoup de points il présente des surfaces taraudées, notamment dans la grande carrière sur la route de Pouilley à Besancon au croisement de l’ancienne et de la nouvelle route. J'ai relevé plusieurs coupes au nord et au sud de la précédente, notamment dans la tranchée de la route de Besancon à Vesoul à huit cents mètres au nord de Valentin, ie long de la coupure de la route de Besançon à Pouilly, avant d'arriver à ce dernier village, 682 J. DEPRAT. — SUR LE PASSAGE 20 Juin près de Serre, et toutes m'ont montré des phénomènes identiques : faciès clastique et détritique des couches de passage, abâtardisse- ment de la faune d’Ammonites, récurrence de formes liasiques au-dessus des premiers bancs de calcaire à Entroques, ou si l’on préfère : apparition de ce dernier faciès dans les couches supé- rieurs du Toarcien. Nous verrons les conclusions que nous devions en tirer après avoir comparé ces formations à celles que nous allons étudier maïntenant sur la rive gauche du Doubs. Le Toarcien visible dans la région des Avant-Monts disparaît au delà d’une ligne tirée de Pouilley à Chatillon, sous la couverture des calcaires médiojurassiques, pour reparaître sur la rive gauche du Doubs dans les plis de la région du Vignoble. J'ai étudié pas à pas dans cette zone le passage du Toarcien au Bajocien et je décrirai les deux coupes suivantes comme les plus caractéristiques : La premièrea étérelevée : à la base des grands escar- pements calcaires de Mont- faucon, en face du château ruiné. La série débute par un talus excessivement raide de marnes sèches bleuâtres, épaisses de 25 £ $ mètres, contenant : Jarpo- , ceras radians, Lioceras = complanatum, Hamma- tocerasinsigne, Cæloceras Æ commune, Cœloc. Raqui- : .nianum, Megatheutis . = at TU : tripartitus, Dactylotheutis e A PERIE irregularis. Trochus sub- NI duplicatus, Eunema capi- tanea, Astarte opalina, Fig.2.— Coupepriseàlabasedugrandescar- Zeda rostralis. Thecidea pement de Montfaucon. Légende dans le AG mactra, etc. Vers le som- met les marnes sont entre- mélées de plaquettes gréseuses dans lesquelles apparaissent Zud- wigia opalina et Grammoceras aalense ; cette dernière forme atteint une grande taille et j'ai recueilli des échantillons d'un décimètre de diamètre. Au milieu de ces marnes apparaissent par endroits des lentilles de calcaire à Entroques épaisses de 50 cen- timètres ; au-dessus, les bancs deviennent de plus en plus gréseux et contiennent en abondance L. opalina avec P. pumilus ; au-dessus 1904 DU TOARCIEN AU MÉDIOJURASSIQUE 683 des dernières couches gréseuses à P. pumilus et L. opalina apparaît un banc épais de 2 m. de calcaires à Entroques et à partir de ce point, sur une épaisseur de 9 mètres environ, la falaise est constituée par une alternance de bancs compacts à Entroques et de marnes grumeleuses ; dans les bancs les plus infé- rieurs on observe encore Z. opalina, puis cette forme disparaît, et dans les bancs marneux supérieurs formés de couches grumeleuses j'ai recueilli la ZL. Murchisonæ avec de grands Megatheutis. La série se termine par deux bancs de marnes sèches intercalées entre les bancs de calcaires à Entroques et contenant de grands Æarpo- ceras concavum brisés. Au-dessous s'élève la muraille rocheuse formée uniquement d’une masse épaisse de calcaires à Entroques jusqu'au sommet. Je résumerais cette coupe comme il suit : 16. Grande masse ininterrompue de calcaire à Entroques du fort de Montfaucon. 15. Niveau marneux à 1. concaoum. . . . . . I m. 14. Banc de calcaire à Entroques . . . . ne 13. Niveau marneux à Z. Murchisonæ et suomi m. m. 40 Mepgatheutis. . .. DRE l 12. Banc de calcaire à Dinqmes ë SNANEA 11. Banc gréseux avec marnes sèches à P. one (® ON CAICAIRE RM ENITOQUES NE EE TN ON 60 9. Marnes sèches à L. opalina. 0 8. Calcaire à Entroques. Med 20 7. Marnes sèches et eme gréseuses à L. opalina, G. aalense . . . (e) 6. Calcaire à Entroques. : 2 5. Marnes à Z. opalina, G. sallense (0) 4. Calcaires gréseux à ?. Pumilus et L. ass o m. 40 3. Calcaire à P. pumilus ! Re 2. Marnes sèches à L. opalina, G. miense. RES 1. Marnes bleues à FH. radians, L. complanatum, RTASULAUPICALUS EEE 05. Le grand intérêt de cette coupe au point de vue stratigraphique réside dans l'apparition de calcaires à Entroques francs en bancs épais au-dessous des dernières couches à L. opalina exactement comme dans la coupe que nous avons décrite au nord de Pirey. Mais ici nulle part les couches ne revêtent un faciès clastique ; les calcaires à Polypiers n’apparaissant dans le Bajocien que par rares intervalles et sont fort réduits, tandis que sur la rive droite du Doubs, à 20 kilomètres à l’ouest, ils envahissent tout l’étage. Une autre coupe intéressante est celle que l’on peut relever au-dessous de Beure (fig. 3) en gravissant les pentes marneuses 684 J. DEPRAT. — SUR LE PASSAGE 20 Juin qui conduisent aux batteries Roland. La série se présente ainsi : 9. Grandemasse decalcaires Chemin conduisant aux batteries foland FT à Entroques. ANS 8. Marno-calcaires à rares débris de L. Murchisoncæ. 7. Calcaire à Entroques. 6. Petites couches marneu- ses à L. opalina. 5. Calcaire à Entroques. 4. Marnes gréseuses à L. opalina. ù De: 3. Calcaire bréchoïde à petits Fg. 3. — Coupe au-dessous de Beure. G. aalense et P. pumilus. 2. Zone marno-gréseuse à L. opalina et grands G. aalense brisés. 1. Marnes bleues et noires à Cœl. commune, Lioc. compla- natum, G. Eseri, Hildoceras bifrons, Eunema capita- nea, etc. Les mêmes faits que ceux que nous avons relevés dans la coupe de Montfaucon se représentent ici. Nous avons indiqué en détail comment se fait le passage du Toarcien au Bajocien dans les Avant-Monts d’une part, dans les plis du Vignoble d’autre part. Il nous reste à montrer les varia- tions de faciès que présente le Bajocien et même le Bathonien lors- qu'on se dirige de la deuxième de ces deux zones vers la première. Dans la région du Vignoble, le Bajocien présente à sa base, comme nous l’avons vu. des niveaux £calcaréo-marneux à Z. Mur- chisonæ et à L. concava. Ces niveaux disparaissent complète- ment vers l’ouest et le calcaire à Polypiers repose directement sur les couches toarciennes à ZL. opalina ; le calcaire à Entro- ques qui constitue dans le Vignoble la plus grande partie du Bajo- cien s’atrophie considérablement vers l’ouest tandis que le faciès à Polypiers envahit presque toute la série, et contient des débris de végétaux. Cet envahissement des récifs à Polypiers apparaît avec la plus grande netteté lorsqu'on se dirige de Besançon vers la vallée de l’'Ognon. Nous avons cherché à mettre ces faits en relief dans le diagramme de la figure 4. Ces conditions persistent dans le Bathonien et celui-ci subit non pas, comme beaucoup d'auteurs l’ont avancé, une variation d'épaisseur vers l’ouest, mais un changement de faciès ; ainsi les marnes à Exogyra acuminata qui apparaissent dans le Vignoble à la base du Bathonien disparaissent vers l’ouest ; les calcaires 1904 DU TOARCIEN AU MÉDIOJURASSIQUE 685 lithographiques du Forest-Marble, si bien développés dans la masse de la Citadelle de Besançon, s’amincissent en biseau égale- ment vers l’ouest; mais, marnes à Exogyres et Forest-Marble passent latéralement au faciès des calcaires à Polypiers dont la 0. allée du Doubs E. ï Montfaucon es A te | 2 PLTLOLL T7 TL LI IL DOI LM III TL Fig. 4. — Diagramme montrant les variations de faciès du Toarcien, du Bajo- cien et du Bathonien, à l’est et à l’ouest de la vallée du Doubs. — I. Toar- cien : 1, Marnes bleues franchement toarciennes à Lioceras complana- tum, etc. ; 2, Marnes, marno-calcaires gréseux à Ludwigia Opalina (base de l’Aalénien) ; 4, Premiers niveaux de calcaire à Entroques avec P. pumilus intercalés. — II. Bajocien: 3, Niveaux calcaréo-marneux à L. concava et L. Murchisonæ. {!, Calcaires à Entroques ; 5, Calcaire à Polypiers. — III. Bathonien : Partie supérieure de 5 (calcaire à Polypiers) ; 6, Marnes à Exogyra acuminata ; 7, Forest-marble (calcaire à Rhynchonella decorata). partie supérieure représente nettement le Bathonien inférieur et une partie du Bathonien moyen. J'établirai donc de la manière suivante le tableau des équivalences des divers niveaux bajociens et bathoniens dans la région des Avant-Monts et dans celle du Vignoble. Z. des Avant-Monts. Zone du Vignoble. Forest-Marble. Forest-Marble (partie supérieure). BATHONIEN | Calcaire ( Forest-Marble (base). à Polypiers. Marnes à Exogyra acuminata. î Calcaire à Polypiers FasnaEn (cale. à Entroques | Niveaux calcaréo - marneux ( très peu développé) | à L. Murchisonæ et L. concava. Si l'on se reporte à l’ensemble des faits qui viennent d’être pré- sentés,on constate que dans la région des Avant-Monts Le Toarcien montre un faciès particulier dans sa partie supérieure ; il est nettement détritique ; les formations gréseuses sont abondantes, des débris de Fougères sont fréquents dans les niveaux les plus supérieurs ; enfin le Bajocien débute par des masses de calcaires à Polypiers où les surfaces taraudées sont fréquentes ; l’ensemble Calc. à Entroques avec récifs de Polypiers. 686 J. DEPRAT. 20 Juin de ces phénomènes indique un exhaussement considérable du fond de la mer. Nous remarquerons d’autre part que ces faciès sont localisés à une bande assez étroite qui jalonne exactement le parcours souterrain du môle vosgien reliant la Serre aux Vosges; cette bande formait donc un haut-fond allongé sur lequel des récifs à Polypiers s'édifièrent pendant la période bajocienne et le début de la période bathonienne, formant une suite d'îles restreintes, véritables attolls probablement. A l’est de cette ligne d’exhausse- ment les dépôts sont moins coralligènes et, pendant le début de la. période, alternent les calcaires à Entroques et les formations mar- neuses à Céphalopodes ; puis le faciès du calcaire à Entroques envahit toute la partie moyenne et supérieure du Bajocien ; pen- dant le Bathonien inférieur, persistent les mêmes conditions, l’exhaussement du fond de la mer gagne de plus en plus vers l’est ; les marnes à Exog'yra acuminata bien développées du côté de Vesoul ne sont ici qu'un accident et la base du Bathonien dans la région du Vignoble se montre constituée par des calcaires ooli- thiques dans lesquels j'ai recueilli des débris de Polypiers roulés indiquant la proximité d’un rivage ; la chaîne d'ilots persista donc sur l'emplacement du môle vosgien pendant le Bathonien infé- rieur. D’après la faune, on peut fixer la limite inférieure du Bajocien à la zone à Ludwigia Murchisonæ, mais cette délimitation ne s'appuie pas sur des données bien sérieuses; nous avons montré combien le passage du Lias supérieur au Médiojurassique se fait par d’insensibles transitions dans la région qui nous occupe; et en somme, toute cette zone de passage, englobant la zone à Ludwigia opalina, les zones à Ludwigia Murchisonæ et L. con- caÿa qui présentent un faciès nettement différent des marnes toarciennes proprement dits et des calcaires à Entroques bajo- ciens, forme un niveau bien déterminé correspondant exactement à l'Aalénien. L'épaisseur de ces couches de transition, assez consi- dérable puisqu'elle atteint en certains points 12 mètres, mérite quon les distingue. Mais évidemment cette distinction ne doit pas aller jusqu’à en faire un étage ou même un sous-étage. Si l’on s'éloigne plus ou moins de la ligne de hauts-fonds constituée par le môle vosgien, la limite entre le Toarcien et le Bajocien est beaucoup plus nette, de sorte que le terme d’Aalénien doit, nous le croyons du moins, distinguer simplement un faciès, mais non une division stratigraphique. OBSERVATIONS AU SUJET D’UNE NOTE DE M. CH. PELLEGRIN, SUR LA GÉOLOGIE DU BASSIN DE LAVAL par M. D.-P. ŒHLERT Dans la séance du 21 mars dernier ‘, M. Pellegrin, fit une commu- nication dans laquelle il développa ses idées personnelles sur la géologie du bassin de Laval, dans la région comprise entre Saint-Pierre-la-Cour et Sablé ; notre confrère distribua aux mem- bres présents : une carte topographique de cette région, une carte géologique, et une planche de coupes. Au compte rendu de la séance, on trouve une note dans laquelle l’auteur explique que, grâce aux exploitations minières qu’il a eu l'occasion de visiter, et aux plans de mines qu'il a consultés, «il a pu, fixer exactement les affleurements des deux niveaux anthracifères de cette région, ainsi que du petit ilot du Houiller supérieur de Saint-Pierre-la- Cour ». Ses « études géologiques personnelles » ajoute-t-il, l'ont amené à établir de grandes divisions stratigraphiques ». lesquelles sont au nombre de huit. Enfin, passant à la tectonique de cette région, il définit le bassin de Laval comme « une grande dépres- sion synclinale constituée par une succession de plis synclinaux accolés les uns aux autres et couchés avec un pendage sud de 49° environ ». Cette conception est précisée par le tracé de cinq coupes, traversant du nord-est au sud-ouest ou du nord au sud le bassin de Laval. Il est regrettable que M. Pellegrin n'ait pas apporté de preuves pour justifier les interprétations géologiques, très personnelles, en effet, que nous relevons dans sa carte et dans ses coupes, et qui ont tout lieu d’étonner ceux qui se sont occupés de la géologie de cette région. Étudions, tout d'abord, comment il a interprété les limites des terrains et l’allure des couches. Lorsqu'on examine l'ensemble de sa carte, on est, dès le premier abord, frappé par l’absence totale du Précambrien. Ce terrain a cependant une importance capitale dans la région armoricaine ; il forme, dans toutes les cartes, un fond sur lequel se détachent les massifs granitiques et les longues traînées synclinales qui rayent de l’ouest à l’est le massif armoricain. Si l’auteur arguait de ce IMUB.S. GF. (4); IV, p.252, 1904. 688 D.-P. ŒHLERT 20 Juin fait, qu'il préfère employer le terme de Cambrien, au lieu de celui de Précambrien adopté depuis longtemps par tous les géolo- gues, ceci encore ne constituerait pas une simple erreur nominale, car il resterait à justifier les interprétations, d’ailleurs contra- dictoires, que l’on relève sur sa carte et dans ses coupes. En effet, tantôt,ne tenant aucun compte de l’assise du Poudingue pourpré, qui sert de limite inférieure au Cambrien, il réunit sous un même nom (Cambrien) les schistes précambriens, le Poudingue pourpré, et les schistes et calcaires magnésiens qui le surmontent (Viviers, Torcé, Evron, Neau, Montsurs); tantôt, au contraire, il rattache ces dernières couches à l'Ordovicien lui-même, en y réunissant les assises du Cambrien moyen et supérieur (Grès de Sainte-Suzanne, brèches pétrosiliceuses, schistes rouges et verts, grès ferrugineux de Blandouet) : assises bien développées et nettement définies dans les Coëvrons et dans la Charnie. Signalons, en passant, les limites complètement inexactes du massif granitique d’'Izé, et l'absence de la large bande de schistes qui relie la dépression schisteuse de Sainte-Gemmes-le-Robert à la vallée précambrienne dans laquelle se trouve Baïs. A Sacé, une bande ordovicienne est tracée dans une région exclusivement granitique, tandis que les schistes précambriens de Montflours et d'Andouillé ne figurent pas sur la carte. De même, pour être figuré d'une façon exacte, le périsynclinal de la forêt de Chailland, devrait montrer, enserré dans sa ceinture ordovicienne, une zone gothlandienne., contenant elle-même au centre un noyau de Dévonien inférieur. En revanche, au nord du massif granitique de Saint-Hilaire-des-Landes, l'Ordovicien est indiqué alors qu'il n’y existe que des schistes précambriens. Au sud de ce massif, la large bande ordovicienne, marquée comme remplissant tout l’es- pace compris entre le granite et le Dévonien de La Baconnière, est au contraire étroite et il y a lieu de distinguer, à sa base, des schistes précambriens, et, à son sommet, une série puissante de couches gothlandiennes. De plus, toutes ces bandes, au lieu de se prolonger au nord du Bourgneuf, ainsi que l'indique la carte, s'arrêtent successivement au nord-ouest de La Baconnière, pour se retrouver entre Juvigné et La Croixille, au-delà de la faille- limite qui coupe l'extrémité occidentale du massif granitique de Saint-Hilaire-des-Landes. Au sud de Juvigné, on ne rencontre pas seulement l’Ordovicien, comme le pense M. Pellegrin ; la succes- sion silurienne est au contraire complète, jusqu'au grès et aux ampélites du Gothlandien : ce dernier niveau avec Graptolites (Princé). 1904 SUR LA GÉOLOGIE DU BASSIN DE LAVAL 689 Le Dévonien qui entoure le bassin anthracifère de La Bacon- nière est indiqué comme ayant un large prolongement vers l’ouest, tandis qu'en réalité, il s’amincit en une bande très étroite, parfois interrompue ; cette même critique s'applique aux couches carboni- fères, qui affectent la mème allure que le Dévonien, et qui, entre le Bourgneuf et Bourgon, ne sont représentées que par de minces lambeaux de calcaire de Laval (non de Sablé). C'est encore à ce dernier niveau qu’on doit rapporter les calcaires de Saint-Pierre-la- Cour, largement exploités dans cette localité, ainsi que ceux qui remontent au nord vers le Haut-Feu, ainsi que ceux qui existent au nord de La Gravelle ; tous ces dépôts calcaires ne figurent pas sur la carte de M. Pellegrin. Sur le flanc méridional du bassin de Laval, nous retrouvons des erreurs analogues à celles que nous avons signalées sur le flanc opposé. La bande ordovicienne et gothlandienne, placée beaucoup trop au sud. se trouve empiéter de plusieurs kilomètres sur les schistes précambriens. Le terrain compris entre Saint-Ouen, le Port-Brillet, La Brulatte et Loiron devrait être indiqué non comme Dévonien, mais comme appartenant au Silurien supérieur ; c’est en effet ce qui résulte de l’étude des fossiles trouvés dans les schistes traversés parles filons de quartz de La Lucette, dans ceux de Port-Brillet, ainsi que dans ceux du pont du Vicoin sur la route du Loiron à Olivet, etc. (Sphéroïdes avec Graptolites, Cardioles, Orthocères, etc.). Nous devons ajouter que le Culm de La Gravelle, avec ses poudingues et sa blaviérite, doit être classé dans le niveau anthracifère inférieur, et non dans le supérieur; qu’il n'existe aucun affleurement carbonifère au nord-est de Loiron: qu’à la limite méridionale du bassin de Laval, entre Origné et Grez-en-Bouère, on trouve une bande ordovicienne, d’allure presque rectiligne, qui passe par Villiers, le nord de Ruillé, le sud de Grez-en-Bouère, et se poursuit entre Saint-Denis-d’Anjou et Souvigné-sur-Sarthe. Par suite de cette allure, il est impossible d'admettre la pénétration de schistes précambriens (cambriens de la carte de M. Pellegrin) indi- quée dans la région de Maisoncelles ; de même, d’après le tracé de la carte, il existerait du Silurien supérieur, là, où nous avons constaté du Dévonien fossilifere et du Culm bien caractérisé par son faciès (environs de Maisoncelles). Quant au Cambrien de l’auteur, il occupe la place d’une région où nous avons trouvé les roches et les fossiles caractéristiques de l’Ordovicien, du Gothlandien, du Dévonien et du Culm. Sur le pourtour du petit bassin carboni- fère de Bouère, il n'existe pas de Dévonien, mais bien du Culm; en revanche, l'Ordovicien et le Gothlandien, si bien précisés par leurs fossiles, ne sont pas indiqués sur la carte, alors qu’ils forment 13 Janvier 1905. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 44. 690 D.-P. ŒHLERT 20 Juin une bande continue supportant normalement le flanc sud du bassin. Nous devons ajouter que dans toute la région de Sablé à Brulon, soigneusement étudiée par Triger et Guillier, M. Pellegrin a apporté des modifications personnelles qui ne nous semblent pas justifiées. Les affleurements des deux niveaux anthracifères, dont l’âge a été précisé il y a plus d’un demi-siècle, sont presque partout inexacts, et pourraient faire renaître ces erreurs, jadis si fré- quentes, qui consistaient à considérer comme carbonifères des affleurements d’ampélites du Silurien supérieur, ou tous autres schistes, d'âge quelconque, présentant la coloration noire. L'auteur de la carte, en effet, a cherché, par le tracé d’affleurements fictifs, à indiquer des prolongements, dirigés vers l’ouest, du Culm de Montigné, de Saint-Isle et du Genest ; or, ce Culm est cependant limité nettement sur le pourtour occidental de son périsynclinal par une crête de grès à O. Monnieri. De plus, le lambeau anthra- cifère placé au nord-est de Loiron, celui qui longe la ligne de Paris à Brest entre Clermont et le Port-Brillet, et un autre, figuré plus au nord et parallèle à ce dernier, n'existent pas. Rappelons que la preuve indéniable de l’âge silurien de ces couches a été faite, au pont traversant le Vicoin, le long de la route à Olivet ; et tout récemment au Port-Brillet, où des recherches de charbon n'aboutirent, ainsi que nous l’avions prévu et déclaré, qu’à la découverte de sphéroïdes avec Cardioles et Orthocères du Silurien supérieur. La forme des contours donnée aux lambeaux de Culm situés entre Changé et Saint-Germain-le-Fouilloux, est inacceptable, car elle ne coïncide pas avec l’allure générale des couches, et les pro- longements de ces dépôts, relevés vers le nord-ouest et vers Le nord- est, se trouvent situés dans des régions où on ne rencontre que du Dévonien. Quant aux autres lambeaux, situés sur la rive gauche de la Mayenne, ainsi qu'au nord d’Argentré où ils acquièrent une réelle importance, leur absence sur la carte est vraisemblable- ment le résultat d’un oubli d'ordre typographique. Enfin, dans la région au nord de Soulgé et de Vaiges, l’auteur, par suite d’une nouvelle erreur, signale une bande de Dévonien flanquée, au nord et au sud, d’une large traînée de Culm supérieur; or, c'est exacte- ment le contraire qui a lieu : le Culm constitue une bande unique appartenant au niveau inférieur, et cette bande est logée dans un synclinal dévonien, dont l’âge, est absolument certain, grâce: à de nombreux gisements fossilifères échelonnés sur le flanc nord, aussi bien que le long du flanc sud. En descendant plus au sud, 1904 SUR LA GÉOLOGIE DU BASSIN DE LAVAL 697 signalons encore que le calcaire de Bazougers et de Préaux doit être rapporté non au niveau du calcaire de Sablé, comme le veut M. Pellegrin, maïs à celui du calcaire de Laval. Au sud de Laval, le bassin de Lhuisserie-Montigné est beaucoup trop prolongé à l'ouest; de plus, l’auteur indique sur sa carte que, au nord, il est séparé d’une bande de mème âge par des couches dévo- niennes qui traversent de part en part le Bois de Lhuisserie en s’'avançant jusqu'au pont du Port-Salut ; or, les poudingues et les roches blaviéritiques qui affleurent au nord de Lhuisserie, ainsi que les brèches et les roches feldspathiques formant les coteaux, sur la rive droite comme sur la rive gauche de la Mayenne, sont bien caractéristiques du Culm et n'ont aucun rapport avec les sédiments dévoniens. En revanche, il est impossible d'admettre l'existence de Culm au sud-est de Laval, là où les affleurements de Schistes de Laval sont nettement visibles ; de même que, plus au sud, entre le moulin de la Roche (est de Nuillé) et l'embouchure du Vicoin, tout le long de la vallée, il n'existe aucunes traces de Carbonifère, tandis que c’est au contraire le Silurien supérieur qui s'y montre bien caractérisé par des schistes à Ceratiocaris et des ampélites avec sphéroïdes renfermant des Graptolites, Orthocères, Cardioles, etc. M. Pellegrin considère que le bassin carbonifère de Laval est largement ouvert du nord-ouest de Laval, et qu'il se prolonge parune large bande de calcaire de Sablé et de Culm inférieur, au nord de Saint-Ouen et au Bourgneuf. Nous pensons, contrairement, que ce bassin est actuellement, par suite d’érosions, fermé complètement à l’ouest de Laval ; sa limite est d’ailleurs indiquée par une bande de grès dévoniens (grès à O. Monnieri), à allure sinueuse, qui passe au nord de Changé, se dirige vers les Chênes Secs, descend vers Le Genest en décrivant des sinuosités multiples, puis s’avance, jusqu’à Saint-Isle, pour revenir ensuite sur elle-même en gagnant Saint- Berthevin et de là, le sud du bassin de Lhuisserie-Montigné. Le bassin carbonifère de Laval est séparé de la cuvette anthra- cifère et houillère de Saint-Pierre-la-Cour, par un ensemble de schistes et de quartzites très plissés, qui doivent être rapportés. ainsi que nous l'avons dit, au Silurien supérieur. Quant aux limites du bassin houiller de Saint-Pierre-la-Cour, il serait imprudent de se fier aux contours tracés sur la carte, car, si on les considérait comme exacts, les recherches de charbon aboutiraient certaine- ment sur certains points, à la constatation de Gothlandien ou d'Ordovicien (environs de Bréal) ou même de Tertiaire, recouvrant le calcaire de Laval (sud-est de Saint-Pierre-la-Cour). 692 D.-P. ŒHLERT 20 Juin Après ces diverses critiques, qui pourraient se multiplier, si la carte de M. Pellegrin était étudiée en détail, nous examinerons l'hypothèse de l’auteur d’après laquelle « les synclinaux secon- daires du bassin de Laval sont couchés avec un pendage de 45° environ ». L'existence de poussées venant en général du sud-ouest, et ayant donné naissance à des plis qui se sont accentués de plus en plus jusqu’au Houiller, a été admise depuis longtemps et pour notre part nous avons contribué à faire connaître les différents stades de ces plissements et à fixer les époques auxquelles ils paraissent s'être manifestés d’une facon plus intense; nous avons montré également quelques-uns des effets produits par ces mouvements tangentiels, amenant, tantôt le morcellement des bandes et le déplacement de leurs tronçons ; tantôt la réduction des affleurements de certaines couches et allant jusqu'à provoquer parfois la disparition complète de celles-ci en profondeur. Quant aux plis couchés, qui d'après M. Pellegrin constitueraient la loi générale, nous n'avons pu voir jusqu'ici la confirmation de cette hypothèse. Du reste, en exami-. nant ses coupes elles-mêmes, on n’y trouve aucune preuve de l'existence d’isoclinaux couchés vers le nord. Dans la coupe n° #, les couches, aux affleurements, ont des pendages inverses, el ce n'est qu'en profondeur, à partir de 1.000 m. environ, que les isoclinaux se dessinent pour s’accentuer de plus en plus jusqu'à > ou 3000 m. Or, aucun travail souterrain n’a permis de véri- fier cette hypothèse ; nous ajouterons même que les affleurements superficiels, toujours rares, donnent parfois, lorsque l'inclinaison est prise sur un point isolé, lieu à des erreurs, les couches ayant subi une inflexion contraire au pendage normal, par suite d'un mouvement de déversement vers les vallées. Dans la coupe n° 2, — qui ne correspond du reste pas exacte- ment à la carte —, c'est seulement dans la partie septentrionale que se montrent les plis couchés ; or, dans les lambeaux de Culm et les ondulations de grès à Orthis Monnieri que nous connaissons, rien de pareil ne se manifeste à la surface du sol. Dans la coupe n° 3, la partie méridionale est purement hypothé- tique ; quant aux couches anthracifères exploitées au sud de La Bazouge, M. Pellegrin admet qu’il n’y a qu'une seule couche réap- paraissant par suite de l'existence d'une série de plis synclinaux dont les flancs sud auraient disparu par faille. Les plans de cette mine, abandonnée depuis neuf ans, sont fort rudimentaires ; toute- fois, leur étude, ainsi que l'examen de la carte Triger, reproduite par M. Pellegrin à l'échelle de 1/50000, laissent plutôt prévoir l'existence d’une série de couches distinctes, d'épaisseur variable, 1904 SUR LA GÉOLOGIE DU BASSIN DE LAVAL 693 associées à des calcaires avec Productus et se succédant dans le temps ; cette question ne pourra d’ailleurs être élucidée que lorsque l'épuisement de la mine sera effectué, que les travaux seront repris, et que des recherches auront été faites dans ce but. Quant au Culm représenté, au nord de La Bazouge, par deux dépôts reposant dans deux isoclinaux de calcaire de Sablé, il y a lieu de faire observer : 1° que ce Culm, bien distinct de celui de La Bazouge, appartient au niveau inférieur (il est d’ailleurs inférieur au calcaire de Sablé): 2° qu’il n'existe qu'un seul dépôt ; 3° que cet unique dépôt est compris non dans du Carbonifère, mais dans un synclinal dévonien fossilifère ; 4° enfin, que rien ne justifie la dispo- sition isoclinale donnée aux couches dans cette partie de la coupe. La coupe n° 4, comme la première, montre que les plis prennent une allure de plis couchés seulement en profondeur; or, les preuves de ces pendages anormaux n’ont été vérifiées dans aucun travail souterrain ; quant à l’âge attribué à certaines couches, il devrait être corrigé, ce qui modifierait l'interprétation de cette coupe. Faisons remarquer en passant que la coupe n° 5, allant de Sablé à Joué, ne concorde nullement ni avec les cartes Triger, ni avec les documents fournis par les profils géologiques des routes de la Sarthe par Guillier. Il nous reste à examiner l’allure des couches du bassin anthraci- fère de Lhuisserie-Montigné, situé au sud de Laval. Les couches s'y présentent sous la forme d’un synelinal dont les flancs, inclinés régulièrement l’un vers l’autre dans la partie médiane, se redressent graduellement en s’éloignant du centre du bassin, puis, deviennent verticales, et par un mouvement de torsion finissent par se renver- ser de façon à constituer à l'extrémité nord-ouest du bassin, un isoclinal couché au nord. M. Pellegrin a donné cinq coupes traversant normalement ce bassin ; deux d’entre elles, invoquées par l’auteur à l'appui de sa théorie des plis couchés, sembleraient lui donner raison si elles n'étaient pas des exceptions purement locales : pour nous, nous con- sidérons comme normales, les2 coupes(n°3 et4) passantparlecentre du bassin, là où le synclinal est régulier par suite de la conver- gence des deux flancs l’un vers l’autre. Les coupes faites à l’extré- mité nord-ouest (nt: : et 2) ne doivent être considérées que comme un accident local, résultant de la résistance d’un buttoir (grès à O. Monnieri de La Grange), contre lequel les couches, dans luer marche du sud au nord. ont culbuté en s’infléchissant vers le nord. Ondoit, remarquer que ce renversement, circonserit à l'extré- 694 D.-P. ŒHLERT 20 Juin mité ouest du bassin de Montigné, n’a eu lieu que dans une région peu étendue où les couches carbonifères ont été obligées de se plier aux inflexions du grès à O. Monnieri, auxquelles elles sont subor- données. Ce grès décrit en effet des sinuosités très accentuées et forme une bande venant du sud-est, en suivant la crête du Bocage et des Telliers; celle-ci se coude pour gagner La Grange, en tra- versant la vallée de La Plaine, puis s’avance vers le nord-est jusqu’au milieu de Lhuisserie où elle change de nouveau brus- quement son allure, seulement, cette fois, en sens inverse, de facon à reprendre vers le nord-ouest sa direction primitive et aller passer à Bourgnouveau, au moulin de la Roche, etc. C’est seulement dans le premier de ces replis que les couches carbo- nifères, comprimées dans ce périsynclinal, ont été obligées de se renverser et même de se coucher horizontalement, en subis- sant un laminage qui a fait disparaître quelques-unes d’entre elles. Il est à remarquer que ces renversements, si exagérés près de la surface, s’atténuent en profondeur, ainsi que le montrent les coupes manuscrites faites par M. Dorlhac au cours de ses travaux d'exploitation. L'accentuation de ces mouvements dépend d’ailleurs non seule- ment de la profondeur, mais aussi de la malléabilité des couches. C’est ainsi que, dans la carrière de grès à O. Monnieri, située au sud de l'exploitation de La Plaine, le déversement des bancs donnant l’allusion d’un renversement du Dévonien sur la Carbo- nifère, ne peut être constaté que dans la partie supérieure des couches redressées ; l’exploitation de ces bancs a montré que ces couches devenaient verticales en profondeur et même repre- naient leur pendage normal, c’est à dire, nord. L'étude de ces faits que nous avons signalés il y a plus de vingt ans, nous a fourni les preuves de l’âge carbonifère des couches d’anthracite de Montigné, et nous a permis d’expliquer par suite de quelle anomalie elles paraïissaient inférieures au Dévonien ; c'est aussi ce qui nous a permis d'interpréter le pendage anormal que présentent, dans la tranchée du chemin de fer, au nord de la gare de Montigné, les couches ordoviciennes, déversées vers le nord. Récemment, dans les fouilles faites pour établir les fondations d'une prison à Laval, nous avons pu également constater que des ondulations de bancs calcaires simulaient des plis complètement couchés, où le gauffrage interne, dans des schistes feuilletés, ne se 190/ SUR LA GÉOLOGIE DU BASSIN DE LAVAL 695 propageait pas en profondeur et qu'après s'être manifestés sur une épaisseur variant de 3 à ro mètres, tous ces accidents disparais- saient pour faire place à une allure régulière et normale des bancs. En terminant, nous rappellerons que les grandes divisions, au nombre de huit, très inégales d’ailleurs comme importance, que M. Pellegrin a faites, grâce, dit-il, «à des travaux miniers et à des études géologiques personnelles », étaient déjà établies par M. de Verneuil dès 1853, lors de la Réunion extraordinaire de la Société Géologique au Mans. Depuis cette époque on a pu, à la suite de recherches plus détaillées, multiplier ces divisions, et il y a déjà quelques années, nous pouvions nous-mêmes indiquer dans les terrains paléozoïques du département de la Mayenne, 28 assises bien distinctes, dont 18 avec fossiles caractéristiques. OBSERVATIONS SUR LE CALCAIRE CARBONIFERE DU HAINAUT par M. DELÉPINE La présente note résume quelques observations que j'ai pu recueillir au cours d’études faites sur le calcaire carbonifère des vallées de la Dendre, de la Senne, de la Sennette, de la Samme, tous affluents de la rive droite de l’Escaut. je Je groupe d’abord les remarques que j'ai pu faire en visitant les exploitations importantes ouvertes à Maffles (au sud d’Ath) à Neuf- villes, à Soignies, à Ecaussines, à Feluy et à Arquennes. Dans toutes ces carrières, le calcaire carbonifère se présente comme divisé en deux zones, l’une inférieure, l’autre supérieure, dont j'indiquerai successivement les caractères. La ZoNE INFÉRIEURE fournit surtout la pierre exploitée : c'est un calcaire, appelé vulgairement petit granite, très cristallin, dont la cassure montre une infinité de facettes de clivages spathiques ; il est formé presque exclusivement de débris d'Encrines agglomérés. 19 Le caractère principal de cette formation c’est qu'elle se pré- sente en massif; il arrive fréquemment que la stratification soit à peine marquée, indécise et tout à fait irrégulière; les bancs ont près de deux mètres d’épaisseur et parfois 3, 4, et même 6 mètres. 20 Ce calcaire à Encrines atteint un maximum de puissance vers le centre du bassin : Mañffles (carrière de la Dendre) . . . . . . 15 mètres. Soisniese NAME AIT 20 M. Ecaussines (carrière Cornet) . . . . . . . 28 m. Arquennes (carrière Saint-Georges). . . . . 18 m. A rapprocher de ce fait, qu’à Ecaussines les bancs sont aussi le plus épais, et que le calcaire y est plus exclusivement crinoïdique. 3° Dans toutes les carrières on voit trancher sur la masse grise ou bleue du calcaire à Encrines, des taches de calecite : ces taches sont particulièrement abondantes dans quelques banes de la base à Soignies (carrière Wincqz) et à Ecaussines (carrière Cornet) ; 1904 SUR LE CALCAIRE CARBONIFÈRE DU HAINAUT 697 certaines ont la forme de troncs de cône atteignant 3-4 centimètres de diamètre moyen et une longueur de 10 à 20 em. ; enfin elles offrent parfois des teintes violettes dues à la fluorine qui a pris la forme cristalline de la calcite. Ces caractères m'ont fait rapprocher ces nœuds spathiques de tiges d’Encrines recueillies par M. Bour- geat, dans les mêmes conditions, les unes dans le Corallien de la Haute-Marne, d’autres dans le Rauracien de Fraisans (Jura) : ce sont les mêmes phénomènes de spathisation, les mêmes teintes violettes dues à la fluorine, les mêmes formes allongées et coni- ques, dans quelques cas, même disposition des cristaux en anneaux concentriques. Aussi paraît-il probable que certains de ces nœuds spathiques trouvés au milieu du calcaire à Encrines sont dus à la transformation de tiges d'Encrines. L'ensemble de ces faits permet de conclure, semble-t-il, que : 1) le calcaire à Encrines du Hainaut forme un massif orienté O. E., qui présente les caractères d'un récif construit ; 2) le centre de développement des Crinoïdes paraît s'être trouvé dans la région de Soignies et d’Ecaussines. ZONE SUPÉRIEURE. — À la partie supérieure des carrières, dans la région étudiée, il existe 6 à 12 mètres (suivant l’état de l’exploita- tion) : d’un calcaire dont la stratification est de plus en plus marquée à mesure qu'on s'élève ; en outre, l'épaisseur des bancs se réduit à mesure qu'on s'élève, à 60, 4o et 30 centimètres. Ce calcaire estencore formé de débris de Crinoïdes, mais agglomérés par un ciment qui devient de plus en plus abondant; à la partie tout à fait supé- rieure, c'est parfois un calcaire noir compact, où brillent seulement quelques lamelles spathiques (au sommet des carrières de Neuf- villes, à l’est de Soignies) ; souvent les débris d’Encrines se montrent disposés par trainées prises dans l'épaisseur des bancs et indiquant qu’elles ont été charriées ; enfin, les calcaires sont parfois séparés par des plaques, très minces il est vrai, de caleschistes (notamment à Maffles, carrière de la Dendre, et à Soignies, carrière Gauthier et carrière du Hainaut). Ces différences entre les deux zones au point de vue stratigraphi- que et pétrographique, sont encore accentuées par des différences dans la faune, qui offre, pour la zone supérieure, deux particularités. 1) Il existe, dans les calcaires supérieurs, des niveaux bien marqués de Polypiers (Michelinia) ; ils forment de véritables revè- 1. À Soignies, en un point (carrière Hachez) 15 à 18 m. de calcaire sont encore visibles, grâce à une faille. Ailleurs, à cause du pendage des couches vers le sud, des carrières situées sur la lisière nord du bassin (carrière du Perlonjour) en montrent à peine 3 m. 698 DELÉPINE. — OBSERVATIONS 20 Juin tements à la surface des bancs les plus voisins du calcaire crinoïdi- que massif ; j'ai pu les reconnaitre à cette hauteur dans toutes les carrières, comme on peut le voir sur les coupes ci-jointes (fig. 1 à 4): CHachez CWincaz C.Gautier Fig. 1 à 4. — Coupes relevées dans les carrières entre Ath et Feluy. Fig. 1, Carrière de la Dendre à Mañfles ; Fig. 2, Carrières de Soignies ; Fig. 3, Carrière Cornet à Ecaussines ; Fig. 4, Carrière Saint-Georges à Arquennes- — Les niveaux à Polypiers sont indiqués par des croix; F. Faille. à Mafiles, trois niveaux ; à Neufvilles, deux niveaux ; à Soignies, un niveau très net à l’ouest de la carrière Wincqz; dans la même localité, à la carrière Gauthier (partie est), on peut en suivre trois lignes superposées, puis, dans les bancs tout à fait supérieurs, où les caleschistes sont très accusés, les Polypiers ne forment plus de 1904 SUR LE CALCAIRE CARBONIFÈRE DU HAINAUT 699 surfaces de revêtement, mais sont disséminés et moins développés ; à Ecaussines, deux niveaux (carrière Cornet) et au sommet de la carrière du Levant ils forment de petites masses amygdaloïdes ; à Arquennes, plusieurs niveaux rapprochés. 2) Avec l'apparition des Polypiers coïncide un grand dévelop- pement de la faune, remarquable toutefois, moins par la variété des espèces que par le nombre des individus. Voici une liste de ceux que j'ai trouvés à Soignies : d Spirifer tornacensis de Kon. Productus scabriculus Martin. — cinclus Keyserl. Chonetes hardrensis Phill. — distans Sow. Orthis Michelini Lev.(très nomb.) — Rœmerianus de Kon. — resupinata Martin. Spiriferina laminosa de Kon. Zaphrentis (plusieurs espèces). Athyris Royssii Lev. _ Gyathaxonia cornu. Productus Fleming'ii Sow. Aviculopecten. Outre ces espèces, j'ai recueilli à Mafiles : Philippsia gemmulifera Phill. Productus semireticulatus Martin. Athyris lamellosa Lev. (rare). Amplexus. Streptorynchus crenistria Phill. Cyatophyllum. Strophomena depressa Phill. Cladochonus Michelini. Productus pustulosus Phill. __ Poteriocrinus. C'est la faune classique du Carbonifère inférieur, maïs ce qui caractérise le niveau par opposition avec la faune du caleaire crinoïdique massif, c'est d’abord la taille généralement plus petite des Brachiopodes, mais c'est surtout la profusion des fossiles. Dans le calcaire massif de la zone inférieure on trouve sans doute quelques surfaces couvertes de Brachiopodes de grande taille : Spirifer cinctus, Streptorynchus crenistria, Orthis, etc... maïs ce n'est pas la surabondance de fossiles de la zone supérieure ; de même les Polypiers se trouvent rarement et isolés dans la zone inférieure ‘. En résumé, on voit, dans le Hainaut, des Polypiers s'établir sur un soubassement rocheux constitué par le massif de calcaire à Encrines. Les Polypiers n’atteignent pas un développement consi- dérable, leur croissance étant périodiquement interrompue par des traînées de Crinoïdes ou des apports vaseux qui venaient les recouvrir ; toutefois leur présence, accentuée par celle de fossiles très nombreux, ét des caractères pétrographiques parti- culiers, dénote qu’un changement de régime s’est produit dans le Hainaut à l'époque du Carbonifère : les Crinoïdes se sont 1. À Maffles j'ai pu voir un niveau à Syringopora, mais tout à fait localisé. 700 DELÉPINE. — OBSERVATIONS 20 Juin développés d’abord, puis, les conditions étant devenues favorables aux Polypiers, ceux-ci ont prospéré à leur tour. Toutefois le chan- gement ne s’est pas effectué partout au même moment : la distinc- tion des deux faciès se montre partout très nette, mais la limite entre le soubassement massif et les Polypiers ne se marque point par une ligne d’une régularité géométrique, mais par une ligne qui oscille, monte ou descend de quelques mètres suivant les points. IT. — RAPPORTS DU CALCAIRE MASSIF A ENCRINES (PETIT GRANITE), AVEC LES FORMATIONS DE BASE DU CARBONIFÈRE. VALLÉE DE LA SAMME. — Le long du canal de Charleroi à Bruxelles, en partant du village d’Arquennes, au nord des grandes carrières de Feluy, et en se dirigeant vers l’ouest, on rencontre deux petites exploitations qui mettent à jour 6 à 7 m. d’un calcaire noir en plaquettes qui plonge vers le sud. Ce calcaire présente de nombreux cordons de phtanites ; il renferme des débris d’Encrines parfois clairsemés dans une pâte noire, plus souvent accumulés en traîinées parallèles à la stratification. La surface des plaquettes est littéralement couverte de fossiles : Spirifer distans, Sp. lorna- censis, Sp. ventricosus, Orthis, Streptorynchus, Athyris Royssü, Productus Flemingi, Chonetes, gros articles d’'Encrines roulées ; dans les points où l’on voit en saillie sur la tranche des couches les fossiles silicifiés, on reconnaît que cette roche est par niveaux une sorte de lumachelle où Sp. distans est surtout très abondant. Tous ces caractères paraissent indiquer une formation d'eaux peu profondes ; la faune est dans son ensemble celle du Carbonifère inférieur. Dans la seconde exploitation, il y a des fragments de calcaire qui sont en partie dolomitisés, et à 200 mètres à l’ouest, dans une prairie ’, la roche qui afileure est une dolomie avec débris d'En- crines. On retrouve cette dolomie à 250 m. au delà : elle offre les mêmes caractères que le calcaire en plaquettes avec phtanites et fossiles, sauf le fait que la stratification est atténuée et la roche devenue massive et caverneuse. La même bande passe sur l’autre rive du canal, directement au nord du village de Feluy et là, on retrouve encore dans la dolomie toutes les particularités qui distin- guent le calcaire noir en plaquettes au voisinage immédiat d’Ar- quennes. 1. Au voisinage de l’écluse 27 du canal de Charleroi à Bruxelles. Cf. Carte de Belgique au 1/40.000; f. 39 1904 SUR LE CALCAIRE CARBONJFÈRE DU.HAINAUT JOI En résumé, en suivant sur 1 kilom. 1/2, d’est en ouest, la même bande de terrain carbonifère, on voit : 1) les calcaires à phtanites et les dolomies plonger vers le sud sous les calcaires massifs à Encrines de Feluy ; 2) les calcaires passer latéralement à la dolomie. Lorsque, à partir de l’écluse 28 du canal, on se dirige du sud au nord, on voit affleurer au-dessous des dolomies une série de couches formées alternativement de calcaire dur à débris d'Encrines, de psammites et de schistes. Une carrière située à 1 kil. au nord de Feluy (à 300 m. de l’écluse 29) en fournit la coupe suivante, à partir du sommet : Calcaire formé de débris d'Encrines en traînées qui alternent avec des psammites ; parfois les débris d’Encrines agglomérés sont empâtés dans les grès: Rhynchonella, Athyris Royssii. Spirifer 1m. Bancs de calcaire dur à Encrines avec rubans de schistes. . . 1m. Calcaire à Encrines et rubans schisteux de 3 à 5 centimètres inter- calés, avec psammites et quartzites . Le OR RUE UE Calcaire en bancs réguliers d'environ 30 cm., alternant avec des schistes, Philippsia, Spiriferina laminosa . . . . DORCNLTUE Au total, environ 12 m. Ces formations passent sur la rive gauche où elles affleurent en plusieurs points ". En continuant à descendre la vallée, on rencontre à 200 m. au nord, une exploitation de grès, et plus loin des calcaires du Dévonien supérieur. Ces observa- üons se résument S. Vallée de la Samme N. toutes en une Feluy lEcluse Jo) coupe (fig. 5) dont on peut tirer les enseignements Fig. 5. — Coupe prise au nord de Feluy. — suivants : Echelle: 1/20.000. RE É ien ; 2, Alternance de psammites, de 1) Aux forma 1 Grès dévonien ; 2, : I ES c NÉ schistes et de calcaire à Encrines ; 3, Calcaire en tions détritiques plaquettes (ou dolomie) avec phtanites ; 4, Calcaire du Dévonien su- massif à Encrines; 5, Niveau à Polypiers. périeur se substi- tue peu à peu le faciès du calcaire à Encrines si développé dans le Carbonifère inférieur du Hainaut; il s’amorce déjà par des trainées encastrées dans les psammites ou alternant avec les schistes ; puis 1. Notamment dans un chemin encaissé au sud de l’écluse 30. Je n’examine pas ici en détail la faune de cette formation parce que je me propose d'y revenir ultérieurement, 702 DELÉPINE. — OBSERVATIONS 20 Juin il s'accentue davantage dans le calcaire en plaquettes d'Arquennes, pour prendre plus tard tout son développement dans le calcaire massif de Feluy ; 2) En certains points, des dolomies se trouvent à la base même du Carbonifére, et supportent le calcaire massif à Encrines ; 3) Les formations sont en retrait les unes par rapport aux autres ; le calcaire massif à Encrines se trouve à 1 kil. au sud des psammites. VALLÉE DE LA SENNETTE. — Au-dessous du château d’Ecaus- sines-Lallaing, un calcaire noir en bancs minces plonge vers le sud, sous le calcaire massif à Encrines ; au nord du village, des psammites aflleurent qui alternent avec des calcaires durs, puis des grès, puis les calcaires dévoniens de Watiamont. VALLÉE DE LA SENNE. — Je n'ai pu trouver aucun affleurement de calcaire à phtanites ni de grès au nord de Soignies: il faut remonter jusqu'à Horrues (carrière du grand Hubeaumel) pour trouver un calcaire dévonien. VALLÉE DE LA DENDRE. — Les formations carbonifères qui affleurent dans cette vallée ont été étudiées déjà à plusieurs reprises ’. Je ne ferai donc pas ici un exposé détaillé de leurs caractères mais je rappellerai seulement qu'a Mévergnies, Bruge- lette, Bolignies, Cambron, les Trieux, Montignies, c'est-à-dire dans toute la ré- Brugelette Carrière MAO. gion comprise en- CET Bolignies Mévergnies à | ae t'eMatesciNCne Æ E villes, on n’a pas trouvé le calcaire Fig. 6. — Coupe prise sur la rive droite de la Dendre. ynassif à Encrines — Echelle r/20.000. 2e 1, Grès dévonien ; 2, Alternance de schistes noirs et q 4 decalcaire à Encrines avec psammites ;53, Calcaire CES deux derniè- noir ; 4, Calcaire en plaquettes avec phtanites; res localités, mais 5, Dolomie à phtanites ; 6, Dolomies à Encrines. que partout des existe dans dolomies affleu- rent. La question est de savoir quelle est la position de ces dolo- mies par rapport à la base des formations carboniferes. Pour aider à résoudre le problème, deux observations se pré- sentent d'abord : 1° La bande des terrains carbonifères qui est dirigée E.O entre Arquennes et Soignies, subit, vers l’ouest, un 1. Voir notamment GossEeLer, l’Ardenne, p. 671 et suiv. — J'ai trouvé dans cet ouvrage magistral les indications les plus utiles et les plus précises pour diriger mes recherches dans le Hainaut. 1904 SUR LE CALCAIRE CARBONIFÈRE DU HAINAUT 703 changement notable dans sa direction ; ce changement se marque déjà aux carrières de Neufvilles qui sont déviées un peu vers le nord par rapport à celles de Soignies ; il est nettement accentué si l’on joint par une ligne les carrières de Soignies à celles de Maïñles, la bande de terrain carbonifère est orientée E.S.E.-O.N.0. 20 Entre Lens et Ath, le cours de la Dendre suit cette direction ; la vallée n'offre donc pas pour l'observation l'avantage de recou- per transversalement, du sud au nord, les Ta comme c'est le cas pour les vallées de la Samme et de la Sennette, et de démontrer ainsi les superpositions. Pour essayer d'établir l’ordre de superposition des terrains dans cette région, j'ai donc pris une coupe limitée et menée autant que possible suivant la direction nord-sud (fig. 6). Sur cette coupe on voit se succéder les formations suivantes : Attre : Grès dévonien qui supporte des schistes noirs alter- nant avec un calcaire dur à Crinoïdes, où les Encrines forment des traînées Lo encore mêlées à des psammites. . . ; à ie 10 m. Mévergnies : Les slots avec sons Dionsen sous un calcaire noir compact avec quelques lamelles d’Encrines, 7à 8 m. qui supporte lui-même un calcaire noir en plaquettes avec phtaniles ; quelques morceaux de calcaire à phtanites sont en parlie dolomitisés. . . +. . D RE ME 5 m. Mévergnies-Brugelette : Dolomies à Hhntiss Ane 6 à 8 m. Polignies : Dolomies encrinitiques qui alternent avec > male ques bancs de calcaire noir (fig 3, c.); j'y ai recueilli des fossiles : Spirifer, Orthis, Chonetes, A one COPNUS ET |. : : 8 m. Cambron-Casteau : Dale Gite somme, j ai sara des Syringopora en abondance. Toutes ces formations plongent vers le sud. Si l'on rapproche cette coupe de celles des vallées de la Samme et de la Sennette, on voit : 1) ici, comme à Feluy, le faciès gréseux et détritique du Dévonien supérieur céder peu à peu la place à des formations à Encrines; 2) la différence est dans le fait que la dolomie à Encrines tient à la partie supérieure de cette coupe la place qu'occupe à Feluy et Ecaussines le calcaire massif à Encrines ; en outre, comme ce calcaire, elle se trouve en retrait vers le sud, à la même distance des formations dévoniennes. À ces faits il faut ajouter que vers l'E. S. E., à Cambron-Saint-Vincent et surtout aux Trieux, il existe des affleurements de dolomie pétrie d’En- crines !, 1. Niveau fossilifère déjà signalé. V. GossELET, 0p. cit., p. 673. 704 DELÉPINE 20 Juin De l'ensemble de ces observations, je crois pouvoir conclure sans dépasser la portée des faits, que les dolomies qui affleurent suivant la bande de terrain carbonifère allongée entre Attre et Soignies, se présentent comme si elles n’étaiert que le faciès latéral du calcaire à phtanites de base, et du calcaire massif à Encrines qui est exploité d’un côté, vers l’ouest, à Maffles, de l’autre, vers l'est, à Neufvilles et à Soignies, et se continue au-delà vers Ecaussines et Feluy. C'est ce que j'ai essayé de figurer dans le Mévergnies j Neufvilles Soiani Feluy Es LERES Les Trieux re Ecaussines Arquennes Calcairre à 7 À 5 = Des polppiers > 3 Caleaire o/yprers Calcaire Dolomie de à encrines Calcaire massif a encrines encrine 5 TP Dolomie Sphere. à ET CCS phten— 5 Ê PE - Dolomi TS Fig. 7. — Diagramme du Calcaire Carbonifère inférieur dans le Hainaut. — Echelle r/400.000. diagramme ci-contre (fig. 7) qui résume en même temps les grandes lignes de cette note; je me propose d’ailleurs de compléter et de préciser ultérieurement ce premier tracé, et de comparer ces formations avec celles que j'ai pu étudier précédemment dans le Tournaisis. 1. Si l’on menait une coupe partant des Trieux vers le nord, elle rencon- trerait le calcaire de Lombise, calcaire noir, compact, avec lamelles spathi- ques clairsemées qui paraît analogue au calcaire noir de Mévergnies; il plonge vers le sud et passerait donc sous la dolomie de Cambron-Saint- Vincent et des Trieux. Toutefois les espaces de terrains recouverts entre les deux affleurements sont actuellement trop considérables pour permettre de relever cette coupe d’une manière exacte et complète. Je laisse aussi de côté dans la présente note le Calcaire de Lens, sur lequel je reviendrai dans une autre communication. amet do + L_.WASHINGTON — 1904, — ASS Nomie tt M: BULLETIN SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE (CETTE SOCIÉTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830, A ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE, PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832) Ste Per Je lag, TES RE ge cr "Tea ES un DER Pas À ae pe AN TÉ QUATRIÈME SÉRIE EŸ es TR me - K * «1 È = TOME QUATRIÈME FASCICULE 6 : Feuilles 44-24: Planches XVIILXIX . Liste des dons. : PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Serpente, VI 1905 Le Bulletin parait par livraisons mensuelles Février 1905 Fe x : ES: REA MP EXTRAITS DU RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQ _ a À AG . s 2 ù ART. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l'avancement de la Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France, tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et lagri- culture. ns Am. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Français et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n'existe aucune dis- . tinction entre les membres. | “ART. 4. — Pour faire partie de la Société, il faut s’être fait présenter dans » une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation!, - avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président et avoir reçu le diplôme de membre de la Société. MR Arr. 6. — Le Trésorier ne remet le diplôme qu'après l’acquittement du droit d'entrées GAP NP Arr. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre à Juillet. | ; À ART. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le 1° et le 3: lundi du mois). : Des ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. | ART. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun ouvrage déjà imprimé. Ê | LP RUTS ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent. é ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une ou plusieurs séances extraordinaires Sur un point qui aura été préalablement déterminé. $ à SE | ART. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre. ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux pérsonnes étrangères à la - Société qu’au prix de la cotisation annuelle. à ART. 58. — Les mémbres n’ont droit de recevoir que les volumes des années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Societé, leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un | tarif déterminé. | EE ART. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au - Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part. ART. 93. — Chaque membre paye : 1° un droit d’entrée ; 2° une cotisation annuelle ?. ; Le droit d’entrée est fixé à la somme de 20 francs. a Ce droit pourra être augmenté par la suite, mais seulement pour les membres à élire. La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs. \ La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée générale ?, qui, à moins de décision spéciale du Conseil, devra être placée. 1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne connaïîtraient aucun membre qui püût les présenter, n’auront qu’à adresser une demande au Président, en exposant les titres qui justifient de leur admission. % 2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes qui désirent faire partie de la Société à n’acquilter, la première année, que eur droit d'entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement mais ils ne recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti- sation de $o francs. Ils jouiront aussi des autres droits et privilèges des membres de la Société. He 3. Cette somme est actuellement de 400 francs. NOTE SUR LES NAPPES DE RECOUVREMENT DES ENVIRONS DE BARCELONE (ESPAGNE) par MM. Jaime ALMERA et Jules BERGERON I. Situation et constitution géologique du massif du Tibidabo. — II. Carac- tères lithologiques et distribution des différents horizons. — III. Études du versant N.0. Extrémité S.O. Région de Papiol et de Santa-Creu de Olorde. — IV. Extrémité N.E. Région de Montcada. Sens du mouvement de refoulement. — V. Étude du versant S.E. Effondrement. Age du refou- lement. — Age de la venue granitique et de l’effondrement du versant méridional du Tibidabo. — VII. Existence d’une chaîne ancienne catalane, sur le flanc septentrional de laquelle ont été refoulées des nappes venues d’une région correspondant à une dépression. 1 Au nord de la ville de Barcelone s’étend un massif montagneux dont le point culminant (532 m.) a reçu le nom de Tibidabo: il a une forme allongée et est orienté suivant une direction sensible- ment N.E.-S.0. On peut y distinguer une série de croupes ou de mamelons allongés suivant la direction générale et se reliant les uns aux autres par des cols peu élevés. Ses deux extrémités dimi- nuent rapidement d'altitude en se rapprochant, au nord, de la vallée du Besos et, au sud, de celle du Llobregat, de telle sorte que ce massif montagneux semble isolé et distinct de ceux qui bordent la côte de la Catalogne. Nous le désignerons, dans ce qui va suivre, sous le nom de son sommet culminant, c’est-à-dire sous le nom de massif du Tibidabo. D’après les études antérieures de l’un de nous' ce massif est constitué par des terrains anciens ; en quelques rares points, des lambeaux de Trias reposent en discordance de stratification sur le Primaire. Ce massif est entouré et recouvert en partie par des sédiments tertiaires ; d’épaisses couches de læss, parfois profon- dément ravinées par des érosions récentes, reposent indifférem- ment sur le Tertiaire et le Primaire des parties basses. Les études que nous avons faites l'automne dernier n’ont porté que sur l’allure des assises paléozoïques. 1. Jaime ALMERA. Notice de la feuille n° r de la Carte géologique de la Province de Barcelone, 1900. 30 Janvier 1905. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 45. 706 ALMERA ET BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 20 Juin La série primaire est très bien représentée ; la détermination de certains niveaux a pu être faite avec certitude, soit qu'on y ait trouvé des fossiles, soit que leur position entre des horizons fossi- lifères ou que leur faciès caractéristique ne laisse aucun doute sur le rang qu'ils occupent dans la série stratigraphique. Voici quels sont ceux qui ont pu être reconnus : Partie supérieure du Schistes (Grauwacke) à végétaux. Tournaisien (Carboni- fère inférieur). Lydiennes et adinoles comparables aux Partie inférieure du mêmes roches du Languedoc, dans lesquelles ont été trouvés des Glyphioceras. Calcaires compacts gris à grands Orthocères identiques.à ceux du Languedoc qui corres- pondent au niveau à Cypridines du Hartz. Tournaisien (Carboni- fère inférieur). Dévonien supérieur (horizon tout à fait su- périeur). Calcaires compacts souvent colorés en rouge ou avec des parties rouges, identiques aux marbres griottes et incarnats du Languedoc qui renferment des Clyménies. Dévonien supérieur. Calcaires vacuolaires à concrétions ferrugi- neuses, identiques aux calcaires à Chiloceras curvispin«. Dévonien supérieur (partie inférieure). Caleaires à Tentaculites et Phacops. Dévonien inférieur. Schistes à Monograptus et calcaires à Car- diola interrupta. Gothlandien. Ordovicien supérieur Schistes à Orthis Actoniæ Ce de Cemacon, Ordovicien inférieur rès à Bilobites et à Tigillites. Ge dArenie) Ordovicien inférieur Soheeule ; chistes à Asaphellus et Niobe. (étage de Drémadoe), Schistes à Oldhamia. Cambrien supérieur. De ce que plusieurs niveaux semblent manquer, il ne faut pas conclure à des lacunes dans la sédimentation. Les schistes ordovi- ciens sont assez épais pour que les horizons non reconnus puissent y être représentés ; mais, d'autre part, ils ont pu disparaître par suite de laminages dont nous parlerons plus tard. Les calcaires compris entre le niveau à Tentaculites et celui à Chiloceras cur- vispina correspondent très vraisemblablement à nne partie du Dévonien inférieur et au Dévonien moyen; la disparition de 190/4 DES ENVIRONS DE BARCELONE (ESPAGNE) 705 ces derniers étages par laminage semble très peu probable parce que les calcaires dévoniens sont puissants à tous leurs aflleu- rements et forment une masse homogène, peu susceptible, par suite, de se dissocier sous l’action d’une poussée. Quant aux horizons supérieurs du Carbonifère, s’ils se sont déposés, des érosions, antérieures à des refoulements dont nous parlerons plus loin, ont pu les faire disparaître. Cette série primaire est comparable à celle que l’un de nous a signalée dans la Montagne Noire: ; il y a plus de niveaux fossili- fères dans le Languedoc que dans la Catalogne ; mais pour les mêmes horizons, le faciès est sensiblement le même. Ce dernier reste encore le même dans les Pyrénées ; mais dans cette dernière région il semble que les horizons facilement déterminables soient également ceux reconnus dans les environs de Barcelone *. Les roches éruptives jouent un rôle relativement peu important dans le massif du Tibidabo, sauf sur le versant méridional. Les seules dont nous ayons à nous occuper dans la suite sont le granite et la granulite comme roches acides et des porphyrites, très alté- rées et par suite indéterminables, comme roches basiques. Le feldspath du granite est très souvent kaolinisé ; il en résulte que. la roche se désagrège facilement en arène. Sa seule particularité est de présenter par places des prismes hexagonaux de mica noir, formés par l’empilement de lamelles sur une hauteur qui peut atteindre jusqu'à trois centimètres. Il est, de plus, très riche en feldspath. Certaines parties passant à la granulite sont plus riches en silice et, par suite, ayant mieux résisté à l’action de l’eau, for- ment des protubérances. La succession telle que nous l’avons donnée plus haut a été établie surtout d'après les faunes, car les coupes que l’on peut relever sur le terrain comprennent rarement un grand nombre d'horizons ; le plus souvent d’ailleurs celles-ci montrent des super- positions anormales. Ces anomalies nous avaient beaucoup frappés ; aussi, des travaux récents entrepris dans des régions très éloignées les unes des autres, ayant montré que partout de pareilles superpositions pouvaient s'expliquer par l'existence de nappes de recouvrement, avons-nous pensé qu'il y aurait peut- 1. J. BERGERON. Note sur les terrains paléozoïques des environs de Barce- lone et comparaison avec ceux de la Montagne Noire (Languedoc). B. S. G. F. (3), XXVI. p. 867, 1898. 2. À. Bresson. Études sur les formations anciennes des Hautes et Basses- Pyrénées (Hautes Chaînes). Bull. serv. Cart. Géol. Fr., XIV, pp. 87-135-18r. 508 ALMERA ET BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 20 Juin être lieu d’avoir recours à cette théorie pour l'interprétation des faits. L'événement a justifié nos prévisions. II Ce qui a singulièrement facilité notre tâche, c’est la diversité de composition, au point de vue lithologique, des horizons primaires. Plusieurs ont de vrais caractères distinctifs qui permettent de les reconnaître à première vue et qui suppléent parfois au manque de fossiles. C’est ainsi que les schistes à Asaphellus et Niobe sont rougeâtres, de couleur lie-de-vin ; les autres schistes ordoviciens sont d’un vert jaunâtre, très fissiles, très fragmentés, parfois légè- rement gréseux. Ceux du Gothlandien, comme les calcaires qui les accompagnent, sont noirs ; à leurs affleurements ils sont souvent blanchâtres. Les calcaires du Dévonien inférieur, parfois dolo- mitiques, sont de couleurs claires ; il en est de même pour ceux qui représentent peut-être le Dévonien moyen. Le Dévonien supé- rieur se montre toujours avec l'aspect ou de calcaires vacuolaires pour sa partie inférieure, ou de calcaires compacts de couleur rouge ou grise ; dans ce dernier cas, la présence fréquente de grands Orthocères permet de les distinguer à coup sûr de ceux du Dévonien inférieur. Les lydiennes noires et les adinoles dans les tons bistre ou gris-jaunâtre constituent un niveau toujours distinct des autres. Les schistes carbonifères sont terreux, parfois micacés, gris-verdâtre et se distinguent très facilement de ceux du Silurien. D'une manière générale, le Tibidabo est formé par un massif de schistes ordoviciens dont les éléments sont-peu différents les uns des autres, sauf sur le versant S.E. où une éruption grani- tique a produit un métamorphisme plus ou moins intense, ainsi que nous le dirons plus loin. Nous rapportons ces schistes à l'Ordovicien, sans pouvoir préciser leur âge davantage, parce qu'ils offrent les mêmes caractères lithologiques que ceux qui d'une part recouvrent l'étage de Trémadoc et qui, d'autre part, sont inférieurs au Gothlandien et au Dévonien, là où il est possible de voir leur substratum ou les niveaux qui les recouvrent. Les autres termes de la série paléozoïque reposent sur ces schistes ou bien encore ils s’intercalent au milieu d’eux ; maisils ne sont jamais qu’à l’état de lambeaux ; nous allons étudier les prin- cipaux d’entre eux, les seuls où, grâce à la surface qu’ils occupent, il soit possible de reconnaître leur allure. 1904 DES ENVIRONS DE BARCELONE (ESPAGNE) 709 IT Les deux versants du Tibidabo offrant des différences sensibles, nous les étudierons successivement, en commençant par celui du nord-ouest. A l'extrémité S.O. du massif non loin et à l’est du village de Papiol, affleure sous Can (métairie) Amigonet (Fig. 1), une masse calcaire appartenant exclusivement au Dévonien. Les horizons supérieurs sont facilement reconnaissables à leur faciès. Ce sont des calcaires vacuolaires, des calcaires rouges (griottes et incarnats) et des cal- caires gris. Ils repo- sent sur descalcaires Can Puig de couleurs claires du Dévonien moyen et inférieur. Mais tous ces calcaires pa- raissent, pour ainsi dire, s’entremêler Can Armigonet les uns aux autres. Fig. 1. — Coupe de Can Puig à Can Amigonet 1. Il en est ainsi sur- Echelle des longueurs : 1/10000. Al ? » = r tout à l’extrémité I, Première nappe ; Il, Deuxième nappe; 1, Schis- méridionale du pro- tes du niveau de Trémadoc; 2, Schistes ordovi- montoire qui sup- ciens ; , de du re inférieur et DottoanAmigoner. Pen; 4 Caluire à Giaere cunipha Des érosions locales rieur ; 6, Lydiennes et adinoles du Tournaisien donnent encore une inférieur. apparence plus com- pliquée à l’allure de cette série. Toujours vers le sud, se montrent dans le fond du ravin de la fontaine d’Amigonet, les lydiennes et les adinoles de la base du Carbonifère, faisant suite aux calcaires compacts à grands Orthocères du Dévonien tout à fait supérieur. Mais, fait des plus importants, sur ces lydiennes comme sur les calcaires dévoniens sous-jacents, les schistes rouge lie-de-vin du niveau de Trémadoc forment des sortes de placages. L'affleurement des lydiennes remonte le ravin vers le nord ; par suite d’un changement brusque dans l'allure des couches, ces 1. Dans toutes les coupes nous avons supposé, pour les rendre plus intel- ligibles, que la première nappe était réduite à l’horizon carbonifère des lydiennes et des adinoles; mais, il se peut qu’une partie des schistes ordo- viciens, sous-jacents aux lydiennes, appartienne à la même nappe ct ait été entraînée avec le Carbonifère. 10 ALMERA ET BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 20 Juin lydiennes forment en un point un amas qui, plus résistant, a forcé le ruisseau à faire un coude dans son thalweg. Elles remontent ensuite à flanc de coteau pour passer sur la croupe de Can Puig,au nord de cette métairie. Elles s’appuyent d’ailleurs constamment sur les calcaires dévoniens qui prolongent ceux de Can Amigonet et qui reposent, vers le nord, sur les schistes siluriens. Ici les affleure- ments sont multiples par suite des nombreux plis qui ont affecté les couches. Les mêmes lydiennes et adinoles faisant suite aux précédentes passent également à flanc de coteau au sud de Can Puig. Elles sont toujours accompagnées de schistes rouges lie-de-vin du niveau de Trémadoc, qui leur sont supérieurs. Parfois à ces lydiennes et à ces schistes rouges sont associés des calcaires dont nous n'avons pu déterminer l’âge par suite de l’absence de tout fossile caracté- ristique, car ils ne renferment que des débris de tiges d'Encrines. Peut-être sont-ils dévoniens et accompagnent-ils inférieurement les lydiennes. Il y aurait pour ainsi dire mélange de tous ces horizons par suite de plissements, de dislocations, d'accidents comparables à ceux que nous avons signalés sous Can Amigonet. En tous cas, ces calcaires sont toujours peu développés en surface et en épaisseur et ils sont inégalement distribués. Le plus souvent, dans la croupe de Puig, les lydiennes et les adinoles reposent directement sur les schistes ordoviciens et sont recouvertes par les schistes à Asaphellus que surmontent d’autres schistes ordo- viciens de même aspect que ceux qui sont inférieurs aux lydiennes. Cette association de schistes ordoviciens à la base, de lydiennes avec adinoles que surmontent les schistes de l'étage de Trémadoe, recou- verts par des schistes ordoviciens semblables aux premiers, se rencontre non seulement dans la croupe de Can Puig, mais encore plus à l’ouest dans le ravin de Las Barreras qui lui est contigu; elle est très fréquente comme nous aurons occasion de le voir par la suite. Si nous cherchons, en groupant les faits précédents, à en tirer quelques conclusions relativement à l’allure des couches, nous voyons qu'au niveau de Can Amigonet il y a une série paléozoïque inférieure très plissée dont les assises sont plus ou moins étirées. Plus vers le sud, les calcaires dévoniens disparaissent progressi- vement et finalement dans la croupe de Can Puig, cette même série est réduite aux lydiennes et adinoles reposant directement sur les schistes ordoviciens. L’allure de cette série, avec disparition par laminage d’une partie de ses éléments constituants, prouve qu'elle a subi des refoulements, qu’elle s’est déplacée, qu’elle a été char- riée. Le fait est absolument établi pour les schistes du niveau de 1904 DES ENVIRONS DE BARCELONE (ESPAGNE) Ga Trémadoe qui lui sont supérieurs. La façon dont ils reposent sur le Carbonifère, en occupant une vaste surface, ne peut s'expliquer que par l’existence d'une nappe de recouvrement. Il y aurait donc à Can Amigonet superposition de deux nappes : la nappe inférieure appartient à une série paléozoïque primitive- ment complète, qui, sous l’action des nappes supérieures, lors de leur mouvement de progression, a été charriée, étirée, laminée et réduite à la base du Carbonifère et peut-être aussi à quelques assises ordoviciennes accompagnant les lydiennes et les adinoles. Quand à la nappe supérieure, elle ne comprend, au niveau de Can Puig, que des schistes ordoviciens débutant par le niveau de Trémadoc ; elle se complètera plus à l’est. Ces deux nappes s’accompagnant d’une façon constante comme nous le verrons plus loin, il est peu probable, qu’elles se soient produites indépendamment l’une de l’autre et elles forment un ensemble que nous rencontrerons en un grand nombre d'autres points. Néanmoins pour faciliter les explications que nous aurons à donner dans la suite de ce mémoire, nous continuerons à distin- guer l’une de l’autre ces deux nappes. Le système de couches tel qu'il est sous Can Puig occupe une très grande surface entre la région de Papiol à l’ouest et celle de Santa-Creu où il apparaît près de la métairie dite Can Ferres, à l'est. On ne peut se rendre compte de son extension que grâce aux nombreux ravins qui sillonnent l'extrémité S.O. du Tibidabo, et qui entament assez profondément les schistes ordoviciens de la deuxième nappe pour que les lydiennes et adinoles de la première puissent apparaître sur leurs flancs. Il est à noter que cet horizon carbonifère s'élève progressivement à mesure que les ravins se rapprochent davantage de la crête. Son épaisseur varie selon les points et ces variations sont en relation avec l'allure des couches : quand elle augmente c’est que les lydiennes et adinoles sont plissées. Il serait trop long d'énumérer tous les affleurements : nous signa- lerons les plus intéressants. Dans les vallées qui descendent de San Bartomeu, les lydiennes présentent des plis multiples qui, augmentant par place leur épaisseur, ont offert une certaine résis- tance aux érosions ; et par suite ont dévié les thalwegs des tor- rents, comme nous avons eu l’occasion de le dire en parlant de l'allure de cette première nappe dans le ravin de la fontaine de jan Amigonet. À la montée de Molins-de-Rey à Santa-Creu, ces mêmes lydiennes se présentent à plusieurs reprises par suite d’ondulations dans la nappe. Près de Santa-Creu elles sont accom- pagnées des grauwackes carbonifères qui leur sont supérieures 712 ALMERA ET BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 20 Juin et dont nous n'avions pas encore signalé la présence sur le versant septentrional du Tibidabo. Avant d'aller plus loin, nous voudrions répondre à quelques objections qui pourraient nous être faites. Les lydiennes et adinoles se montrant, en un très grand nombre de points, absolument inter- calées au milieu de schistes ordoviciens qui paraissent bien se faire suite, qu'est-ce qui prouve que ces lydiennes et adinoles, en l'absence de tout fossile permettant d'établir leur âge carbonifère, n'appartiennent pas au Silurien ? Nous avons dit comment, à Can Amigonet et à Can Puig, les lydiennes et les adinoles reposent directement sur le Dévonien supérieur, occupant la même position que dans le Languedoc et représentant bien, par suite, la base du Tournaisien. De plus, l'apparition au milieu des schistes siluriens, de ces grauwackes sûrement carbonifères, sur les lydiennes et les adinoles en question, c’est-à-dire à leur place normale dans la série, confirme notre assimilation. Il est une autre objection ; étant donnée leur grande extension, on peut se demander si les lydiennes et les adinoles, admises comme carbonifères, ne se seraient pas déposées sur l'Ordovicien en transgression par rapport au Dévonien ? L’allure très contournée de ces roches, leurs variations d'épaisseur très grandes et très brusques, ne correspondent pas à une pareille hypothèse ; mais, au contraire, tout dans leur allure s’explique par des faits connus dans les régions où il y a des nappes de recouvrement : disparition de certains horizons en relation avec leur composition lithologique ; changements d’épaisseur dus à des refoulements inégaux. L'extension de cette première nappe doit être encore beaucoup plus grande qu’il ne semble d’après les affleurements ; en effet, elle disparaît vers l’est sous une grande épaisseur de schistes et par- fois de calcaires dévoniens, qui appartiennent à la seconde nappe. Celle-ci débute, comme nous l'avons déjà vu du côté de Can Amigonet et de Can Puig par des schistes ordoviciens à la base desquels on retrouve fréquemment les schistes rouge lie-de-vin du niveau de Trémadoc. Sur cette série se rencontrent plusieurs îlots calcaires présentant tous les caractères que nous avons signalés plus haut comme étant ceux des horizons dévoniens, en particulier des horizons supérieurs. Vers l'extrémité S.O. du Tibidabo, les couches s’inclinent vers la vallée du Llobregat, et plusieurs de ces lambeaux plongent sous l’Aquitanien et le Tertiaire supérieur, au voisinage de Molins de Rey. Maïs généralement ces lambeaux sont situés à une altitude supérieure et ne sont recouverts par aucun autre sédiment. 1904 DES ENVIRONS DE BARCELONE (ESPAGNE) 713 A l’est de Can Amigonet et de Can Puig, au village de San Bar- tomeu, des calcaires forment une grande bande dans laquelle se reconnaissent, à première vue, les calcaires de couleurs claires du Dévonien inférieur et moyen et les calcaires gris à grands Ortho- cères du Dévonien tout à fait supérieur. Étant donnée l'épaisseur de cette série, il est vraisemblable que les autres niveaux dévoniens yexistent également. Vers le nord, dans le prolongement du précédent, mais à une altitude supérieure, se rencontre le lambeau calcaire du Pujol den Castellvi ; il se présente avec l'allure d’un anticlinal. Nous n'avons pas reconnu, dans les ravins qui l’avoisinent, d’affleurements des lydiennes de la nappe inférieure ; cela peut tenir à ce que celles-ci, grâce à cette allure, plongent plus profondément de chaque côté du pli. Si, dans ces calcaires, les fossiles font défaut, leur faciès ne laisse aucun doute sur les assimilations à faire : ce sont les calcaires de couleurs claires, les griottes rouges, les marbres incarnats, les calcaires gris à grands Orthocères. Vers le sud, dans la région de Santa-Creu et de Can Ferres (Fig. 2), la seconde nappe présente la même composition, mais elle est affectée de plis avec étirements, tels qu'au pre- mier aspect la structure est difficile à interpréter. Un pli anticlinal très brusque amène les lydiennes de la première nappe presque au contact du niveau à Cardiola interrupta et Monograptus proteus de la deuxième nappe. Immé- NO de Ulorde SE. StCreu (6 Le Can ferres Fig. 2. — Coupe de San Bartomeu à Santa Creu de Olorde. Echelle des longueurs : 1/80000. diatement au-dessus du Gothlandien c’est une masse de calcaire dans laquelle se reconnaissent les horizons du Dévonien supérieur: les autres ni- I, Première nappe ; Il, Deuxième nappe. 1,Schistes du niveau de Trémadoc; 2, Schistes ordoviciens ; 3, Schistes et calcaires gothlan- diens ; 4, Calcaires du Dévonien inférieur et moyen; 5, Calcaires à Chiloceras curvispina ; 6, Calcaires rouges et gris du Dévonien supc- rieur ; 7, Lydiennes et adinoles du Tournai- sien inférieur ; 8, Grauwackes du Tournaisien veaux doivent être très ré- duits d'épaisseur, si même ils n'ont pas complètement disparu par laminage. Ces calcaires offrent l'allure d'un synelinal. Puis brusquement réapparaissent, plus à l’est, les schistes gothlandiens correspondant à un anticlinal sur le flanc oriental duquel se voit le Dévonien avec étirements. supérieur. 714 ALMERA ET BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 20 Juin Les mamelons de Santa Creu et de Can Ferres se prolongent vers le S.O., de manière à former des croupes où se retrouvent les mêmes horizons dévoniens, mais à une altitude inférieure. Ces lambeaux relient les précédents à ceux de Molins-de-Rey. En rattachant par la pensée tous ces lambeaux les uns aux autres, on arrive à cette conclusion que la seconde nappe ne devait pas avoir une extension moindre que celle de la première. En résumé, dans la région S.O. du versant septentrional du Tibidabo, nous avons constaté l'existence de deux nappes dont les érosions n’ont laissé subsister que des lambeaux. La première n’est formée par la série primaire complète qu'au niveau de Can Amigonet; partout ailleurs, elle ne comprend que les lydiennes avec adinoles et peut-être une partie des schistes ordoviciens du substratum; du côté de Santa-Creu s'y ajoutent les grauwackes carbonifères. Quant à la seconde nappe, elle paraît, d’après ce qui en reste, avoir renfermé toute la série primaire, telle que nous l'avons donnée précédemment ; nous n'avons trouvé cependant aucun vestige de Carbonifère. IV Une structure analogue se retrouve à l'extrémité orientale du massif du Tibidabo, dans les environs de Montcada. Au S.O. de cette ville s'élève une colline isolée, au sommet de laquelle se dres- sent des ruines (Fig. 3). On y observe les faits suivants : la base de la colline, sur son versant oriental, est formée par des schistes ordoviciens, identiques à ceux que nous avons décrits dans les régions de Can Amigonet et de Santa Creu, aux points de vue des caractères lithologiques et de l'allure ; leur plongement général se fait encore vers le N.O. Mais vers l'extrémité septentrionale apparaissent (Fig. 3), dans les schistes ordoviciens, des rochers de couleurs noirâtre et roussâtre ; en les examinant de près, on reconnaît que ce sont des lydiennes et des adinoles, en lits toujours peu épais; elles sont surmontées par des schistes ordoviciens au milieu desquels affleurent des bancs calcaires appartenant $ûre- ment au Dévonien. Les horizons de ce dernier terrain sont très inégalement représentés, très vraisemblablement par suite d’acci- dents tectoniques ; en tous cas, le niveau des calcaires gris à grands Orthocères, accompagné parfois de griottes rouges, est celui que l’on rencontre le plus souvent et avec le maximum d'épaisseur. On compte, en montant du village de Montcada au sommet de la colline, et avant d'arriver à la masse de calcaires dévoniens qui forme la partie haute de la colline, trois pointements de lydiennes 1904 DES ENVIRONS DE BARCELONE (ESPAGNE) 715 et d’adinoles, et deux de calcaires dévoniens ; entre ces pointe- ments affleurent des schistes ordoviciens et, au voisinage des cal- caires, des schistes à faune gothlandienne. Toutes ces assises paraissent être en stratification sensiblement concordante, comme serait une série en place. Mais un examen attentif nous a permis de reconnaître que les afileurements calcaires étaient sans racines profondes ; ce sont des placages peu épais, correspondant à des synclinaux couchés et intercalés dans les schistes ordoviciens. Dès lors, il était facile d'interpréter les faits. Nous nous trouvions en présence de deux nappes comme à l’extrémité S.O., mais ici elles sont affectées de plis superposés les uns aux autres. Les afifleure- ments de lydiennes et d’adinoles correspondent à des plis anti- clinaux, et ceux de calcaires à des plis synclinaux. Ce qui vient confirmer notre manière de voir, c’est le fait que les lydiennes de l’affleurement le plus élevé se prolongent sur la face orientale SO. Chateau de Montcada NE. 9 20 Fig. 3. — Coupe de la colline de Monteada. Echelle des longueurs : 1/20000. . I, Première nappe; Il, Deuxième nappe; III, Troisième nappe. 7, Schistes ordoviciens ; 2, Schistes gothlandiens ; 3, Calcaires du Dévonien inférieuret moyen; 4, Calcaires du Dévonien supérieur; 5, Lydiennes et adinoles du Tournaisien inférieur. de la colline, en dessous de la masse calcaire qui la couronne ; elles en sont séparées par des schistes ordoviciens. À partir de ce point nous retrouvons les mêmes superpositions qu'entre Can Amigonet et Santa-Creu : sur les schistes ordoviciens de la base, ce sont des lydiennes et des adinoles, puis de nouveau des schistes ordoviciens, puis des schistes gothlandiens, des calcaires dévoniens affectés de plis nombreux. Mais à une vingtaine de mètres au-dessous du sommet qui supporte les ruines, apparais- sent, dans des synclinaux de calcaires gris à grands Orthocères, des schistes dans lesquels ont été trouvés des Graptolites du Goth- landien. On peut compter jusqu'à quatre de ces affleurements de schistes ; dans celui qui est le plus élevé, il y a un lambeau de 716 ALMERA ET BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 20 Juin calcaire dévonien qui est pour ainsi dire enrobé dans les schistes, Il n’est pas douteux que les schistes gothlandiens ainsi que le lambeau de calcaire dévonien, n’appartiennent à une troisième nappe ; mais les érosions n’en ont laissé subsister que les parties qui étaient prises dans des synclinaux et qui, de la sorte, se sont trouvées protégées. Si nous récapitulons les faits observés dans la colline de Montcada nous constatons : à la base, la présence d’une première nappe constituée. comme la première signalée précédemment entre Can Amigonet et Santa-Creu, par les lydiennes et les adinoles et peut-être aussi par une partie des schistes ordoviciens sous- jacents. Puis c'est une seconde nappe encore formée par l'Ordo- vicien, le Gothlandien et le Dévonien, comme la seconde de la région S.O. Mais en plus, à Montcada, il y a des vestiges d’une troisième nappe dont nous n'avons vu aucune trace à l’autre extrémité du Tibidabo ; peut-être, cependant, y a-t-elle existé, mais a-t-elle disparu maintenant par érosion. Toutes ces nappes plongent encore vers le N.O. De la similitude de composition, comme de la similitude d’allure des nappes reconnues aux deux extrémités du Tibidabo et sur le même versant septentrional, nous sommes portés à admettre leur unité ’. La première et la seconde nappes des environs de Papiol seraient la première et la seconde des environs de Montcada. Elles se seraient étendues sur tout le versant septentrional du massif et il n'y aurait interruption que par suite d'érosions. Les seules différences que nous ayons constatées tiennent uniquement à des accidents locaux et ne sont pas de nature à infirmer notre manière de voir. Il est à remarquer qu'à cette extrémité du Tibidabo comme à l’autre, les nappes se trouvent à une altitude inférieure à celle qu'elles occupent vers le milieu du massif ; il semble donc que dès l’époque où se sont produites les nappes. les deux dépressions, par lesquelles passeront le Besos et le Llobregat, étaient déjà esquissées. De ce qui précède, nous pouvons tirer quelque indication rela- tivement au sens du mouvement de refoulement. Sur le versant septentrional nous avons vu toutes les couches plonger d'une manière générale vers le nord, qu'elles appartiennent au substratum 1. Ces nappes s'étant formées à la même époque et étant constituées, en principe, de facon identique, doivent être considérées, en réalité, comme des écailles, résultant de la fragmentation d'une nappe unique et ayant chevau- ché les unes sur les autres. Cependant, vu leur développement considérable ensurface, il est préférable de leur conserver l'appellation de nappes. 1904 DES ENVIRONS DE BARCELONE (ESPAGNE) 717 ou aux nappes qui le recouvrent ; le plongement vers le sud est accidentel et local. Comme nous l'avons dit, en étudiant les nappes de la région de Can Amigonet, il y a des traces de laminage, de refoulement qui correspondent à des poussées venant du nord. La similitude qui existe entre les sédiments paléozoïques cons- tituant les nappes du Tibidabo, et ceux de même âge de la région pyrénéenne comme du versant méridional de la Montagne Noire, vient à l'appui de l'hypothèse d’un refoulement vers le sud amenant des sédiments d'une région septentrionale. y Sur le versant méridional du Tibidabo se retrouvent également des lambeaux de terrains paléozoïques, mais ils sont dans des conditions de gisement bien différentes des précédents. Dans la colline qui domine Vallcarca affleurent tous les termes de la série paléozoïque très bien développés et en particulier les grauwackes carbonifères ; mais ces affleurements se rencontrent à des altitudes bien inférieures à celles où nous avions vu les mêmes terrains sur le versant septentrional. Étant donnée l'existence de nappes dans la région, la première interprétation qui se présente à l’esprit consiste à supposer que ces assises paléozoïques passent sous le massif même du Tibidabo dont l’ensemble serait alors constitué par des nappes superposées les unes aux autres; des érosions auraient fait disparaitre toutes Les nappes sur le versant méridional et, à Vallcarca, comme dans ses environs, ce serait le vrai substratum qui apparaîtrait. Mais de l’examen des faits sui- vants nous pouvons conclure qu’il n’en est rien. Sur le flanc méridional du Tibidabo des lydiennes et des adinoles se montrent en un grand nombre de points parmi les schistes. Toutes ces roches sont identiques à celles que nous avons vues sur le versant septentrional et que nous avons rapportées à l’Ordo- vicien et à la base du Carbonifère ; nous retrouvons la disposition signalée plus haut pour la première nappe. Elle est telle près de Can Baro, près de Mirador den Rovira, sur le chemin de N.-D. del Carmelo, sur celui qui descend de ce col vers Barcelone, au col de Augirot et sur le chemin de Can Mora. Ces afileurements se trouvent à des altitudes différentes ; cela tient à l'allure particuliè- rement disloquée des couches sur le versant méridional. Par places, sur les lydiennes et les adinoles ce sont encore les schistes rouge lie-de-vin du niveau de Trémadoc; puis viennent des schistes ordoviciens plus ou moins épais, très souvent froissés, laminés, que surmontent des calcaires dévoniens toujours très 718 ALMERA ET BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 20 Juin épais. Eu quelques points se reconnaissent à la partie supérieure des schistes ordoviciens :, et sous les calcaires, des schistes noirs avec faune gothlandienne. Les calcaires dévoniens présentent les caractères lithologiques sur lesquels nous avons déjà insisté à propos des nappes du ver- sant septentrional ; mais sur le versant méridional ils sont, en certaines localités, remarquablement épais ; grâce à de grandes carrières qui y ont été ouvertes, on peut se rendre compte que l’augmentation apparente d'épaisseur tient au grand nombre des plis qui les affectent A l’ouest de Vallcarca (Fig. 4), les termes supérieurs de la série Vallcarca Fig. 4. — Coupe du Tibidabo à Vallearca. Echelle des longueurs : 1/40000. I, Première nappe;1l, Deuxième nappe. 7, Schistes du niveau de Trémadoc; ?, Schistes ordoviciens ; 5, Calcaires du Dévonien inférieur et moyen ; 4, Calcaires du Dévonien supérieur ; 5, Lydiennes du Tournaisien inférieur ; 6, Grauwackes du Tournaisien supérieur ; 7, Pléistocène. paléozoïque (lydiennes et grauwackes carbonifères) occupent la partie axiale d'un synclinal très aigu où les couches, très serrées les unes contre les autres, ont pu résister davantage aux érosions. Il est même resté dans ce pli des lambeaux de la nappe supérieure : ce sont des schistes lie-de-vin à Asaphellus * qui reposent direc- tement sur les grauwackes. Partout ailleurs les érosions ont enlevé le Carbonifère et parfois aussi le Dévonien supérieur. Plus à l’est, près de Can Baro, les calcaires dévoniens, plongeant vers le sud, sont recouverts directement par les grauwackes car- 1. Parmi ceux-ci, quelques horizons ont présenté la faune caractéristique de l’étage de Caradoc. + 2. Rapportés tout d’abord aux schistes du niveau de Trémadoc, par suite de l'identité de leurs caractères lithologiques avec ceux des schistes de cet âge signalés dans la région de Papiol, ils ont été attribués ensuite au Car- bonifère, de mauvais exemplaires d'Asaphellus ayant été déterminés comme Phillipsia (Cronica cientifica, 1891, p. 468). Mais M. Barroïs a reconnu depuis que c'était bien au genre Asaphellus qu'appartenaient ces Trilobites. 1904 DES ENVIRONS DE BARCELONE (ESPAGNE) 719 bonifères, sans que les lydiennes et adinoles semblent occuper leur position normale ; c’est là un accident qui doit être purement local et d’origine mécanique, car on a constaté en ce point l’exis- tence de plis à allure brusque ; on ne peut en conclure que le niveau manque par lacune dans la sédimentation. Si nous coordonnons les faits d'ordre stratigraphique que nous avons observés sur le versant méridional du Tibidabo, nous cons- tatons encore l'existence de deux nappes, comparables, au point de vue de leur constitution, aux deux premières reconnues sur le versant septentrional. Nous sommes donc portés à croire que là encore nous avons affaire aux mêmes nappes, sans d’ailleurs pou- voir l’affirmer. Mais sur le versant méridional, elles se trouvent, d'une manière générale, à quelque deux cents mètres au-dessous de la cote maxima qu'elles atteignaient sur le versant septentrional, là où elles se rapprochaient le plus de la crête, c’est-à-dire là où elles étaient le plus voisines des gisements qui nous occupent en ce moment. De plus leur allure du côté de Barcelone est extrême- ment plissée, bien plus que sur le versant septentrional. Ces faits s'expliquent par des effondrements qui ont été accom- pagnés de plissements dans les nappes. Mais avant d'étudier ces effondrements, établissons l’âge de la formation des nappes, et terminons l'étude du versant méridional du Tibidabo. Nous ne pouvons préciser d’une façon absolue l'âge du refoule- ment ; il est certainement postérieur au dépôt du Tournaisien, puisque les lydiennes, les adinoles et les grauwackes de cet étage ont été entraînées dans les nappes. D'autre part, dans les environs de Barcelone, près de la chapelle de N.D. du Coll, un lambeau de Trias, en stratification discordante sur le Paléozoïque, est pris dans un pli; le charriage est donc antérieur au Trias. Dans ces conditions nous sommes portés à lui attribuer le même âge qu'aux nappes paléozoïques du Languedoc, c'est-à-dire à le placer entre le dépôt du Viséen et celui du Stéphanien’. VI Sur ce versant méridional, il est encore d’autres faits fort inté- ressants à noter. Le granite s'y présente tantôt sous forme de pointements, tantôt sous forme de grandes bandes au milieu des schistes. Tous ces affleurements n'apparaissent que grâce aux érosions qui ont fait disparaître les assises sédimentaires qui les 1. J. BERGERON. Sur les nappes de recouvrement du Versant méridional de la Montagne Noire. C. R. Ac. Sc., CXXX VIII, 1903, p. 494. — B.S. G. F. (4), IV, p. 180. 920 ALMERA ET BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 20 Juin. recouvraient. Un des affleurements les plus importants se montre entre le massif même du Tibidabo et la colline de Vallearca. Les schistes qui constituent le massif sont mäclifères au voisinage du granite : il en est ainsi Jusqu'au point culminant du Tibidabo, mais le métamorphisme n’est pas d'égale intensité sur toute la hau- teur. Certaines régions sont particulièrement riches en schistes mâclifères, d'autres en schistes avec matière pigmentaire noire. Ces bandes témoignant de degrés différents dans le métamor- phisme sont en relation avec des cassures qui ont permis une action plus ou moins directe des minéralisateurs accompagnant la roche éruptive. Il n'y a de contact net, entre le granite et les roches sédimen- taires, que pour les schistes. Ceux-ci nous ont paru appartenir toujours à l'étage ordovicien. Au contact, ils sont à séricite et mâclifères ; nous n'avons vu en aucun point de schistes gneissifiés comme c'est généralement le cas lorsqu'il y a contact immédiat du granite et des schistes. Les fragments de schistes qui ont été entraînés par le granite au voisinage des massifs schisteux, n’ont pas subi un métamorphisme plus complet ; ils sont restés sérici- teux et mâclifères. Aïnsi que nous l'avons dit, ces schistes méta- morphisés font partie des éléments des nappes. De plus, il est un point, entre le Tibidabo et Vallcarca, où il a été trouvé un affleure- ment de calcaire métamorphique au contact du granite, dans une région où d’ailleurs il semble qu'il y ait eu de nombreuses et impor- tantes dislocations. Il est très cristallin comme les cipolins des gneiss de la Montagne Noire. Primitivement rapporté au Georgien !, il appartient plus probablement au Dévonien, puisque dans la région il n’y a aucun afileurement de Cambrien et que les seuls calcaires qu’on y connaisse sont dévoniens. Nous ignorons d’ailleurs à quelle nappe appartiennent ces calcaires. Dès lors l’éruption du granite, étant postérieure au charriage des nappes, s’est produite postérieurement au dépôt du Carbonifère inférieur. Il en a été de même pour celui des Cévennes * ; celui de la région pyrénéenne, d'après M. Bresson, serait également post-carbonifère *. IL y a entre le massif principal etla série d’affleurements primai- res que nous venons d'énumérer, sur le versant méridional, un grand espace occupé par un affleurement de granite ; il semble correspondre à la cassure le long de laquelle s’est affaissé ce ver- sant, abaissant ainsi de deux cents mètres environ le prolonge- 1. Réunion extraordinaire à Barcelone. B. S. G. F., (3), XX VI, p. 764, 1898. 2. BERGERON. L. cit. C. R. Ac. Sc., CXXXNIII. — B. S. G. F., (4), IN, p. 180. 3. Bresson. Sur l’âge des massifs granitiques de Cauteret et de Néouvielle (Hautes-P yrénées) et d’une partie des formations qui les bordent. C. R. Ac. Sc., CXXXI. 24 décembre 1900, p. 1255. NE 20 Juin ALMERA ET BERGERON. — NAPPES DE RECOUVREMENT 721 ment des nappes que nous avons étudiées sur le versant septen- trional. Or, le granite a injecté, sensiblement de la même façon, au nord, les schistes de la base du Tibidabo et, au sud, les nappes abaissées par la faille en question. L’éruption du granite est donc postérieure à la production de la faille et à l'effondrement du ver- sant méridional. Cet effondrement daterait donc également du Carbonifère. VII Bien que le Tibidabo paraisse être isolé, il se relie sans aucun doute, par ses caractères paléontologiques et lithologiques, à deux autres massifs anciens : l’un est situé au nord du Besos et s'étend, suivant une direction N. E., jusqu'aux environs de Gerona ; l’autre, situé au sud du Llobregat, disparaît sous les sédiments secondaires. Dans ces deux massifs les terrains primaires présentent les mêmes faciès et les mêmes fossiles que dans le Tibidabo ; de plus les mêmes faits, au point de vue tectonique, y ont été observés. Il devait donc y avoir au début du Carbonifère une grande chaîne de montagnes, sur le flanc septentrional de laquelle se sont étendues des nappes de recouvrement, venant d’une région septentrionale. Le massif catalan, après avoir été recouvert en partie par la mer durant l’époque secondaire, dut être émergé pendant l’Eocène et l'Oligocène et même former des reliefs très élevés d’où descen- daient les cours d’eau qui charriaient les galets du massif du Montserrat. Il s’effondra en partie durant le Miocène et le Plio- cène, de telle sorte qu’au niveau de Barcelone nous n’en voyons plus que le versant N. O. qui forme le Tibidabo. Ce n’est que plus au nord que l’on en trouve des vestiges plus importants. Etant donnée l'identité de faciès et de faunes que nous avons signalée entre le Languedoc, les Pyrénées et la Catalogne, il devait y avoir, durant la période paléozoïque, dans la région qui comprend leur ensemble, une dépression occupée successive- ment par les différentes mers. Cette dépression existait encore à l’époque triasique puisque nous retrouvons dans la même région des sédiments marins représentant les Grès bigarrés, le Muschel- kalk et le Keuper. C’est de cette région que sont venues les nappes qui recouvrent le versant septentrional de la chaîne catalane. On ne peut invoquer contre cette hypothèse l’existence de la chaîne du Montseny, située entre les Pyrénées et la chaîne catalane, car elle est de formation postaquitanienne. Donc pour la chaîne catalane, comme pour la Montagne Noire, les nappes ont suivi, dans leur chevauchement, une direction allant d'une région qui formait dépression, vers un massif montagneux préexistant. 4 Février 1905. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 46. Séance du 7? Novembre 1902 PRÉSIDENCE DE M. P. TERMIER, PRÉSIDENT Le Président fait part à la Société du décès de MM. Bernard Renault, assistant au Museum, et Arnould Locard. Le Président proclame membre de la Société : M. René de Flotte Roquevaire, à Paris, présenté par MM. de Margerie ct Gentil. Trois nouvelles présentations sont annoncées. M. G. Ramond présente, au nom de M. G.-F. Dollius et au sien, un extrait des CA. de l'AFAS. (Congrès d'Angers, 1903, 2° partie, p. 639-656). — Cette note est relative aux observations géologiques faites sur la ligne d'Orléans entre Juvisy et Brétigny, - aux abords de Se NL -Monthléry (Seine-et-Oise), lors des travaux exécutés pour la mise à 4 voies de cette section du chemin de fer : 1° Le Stampien inférieur (Marnes à Huîtres, Molasse d'Étrechy, Falun de Jeurre, etc.), n'est représenté par aucun dépôt; les Sables dits « de Fontainebleau », reposent directement sur les Marnes et Argiles à Meulières « de Brie » (Sannoisien supérieur). Les « Marnes à Huïîtres » étant bien développées à Montmartre, Villejuif, Longjumeau et à l’ouest de Juvisy, d’une part, et aux environs d'Étampes (Jeurre, Étrechy, etc.), d'autre part, il faut admettre que, dans les environs de Montlhéry [Épinay-sur-Orge, Le Perray (Vaucluse), Saint-Michel, Brétigny, etc.], la mer n’a pas dû effectuer de dépôts à l’époque stampienne inférieure, et que la communication entre Paris et ses environs immédiats, et la région d'Étampes, devait s'établir par Corbeil, et même plus à l’est. À moins que l’on suppose — ce qui est peu vraisemblable — que ces Marnes, après s'être déposées, aient été enlevées par érosion, avant l’arrivée des masses sableuses « de Fontainebleau » (Stampien moyen). 20 Étant donné les constatations antérieures, on peut affirmer, grâce aux coupes nouvelles observées sur la ligne d'Orléans, entre Juvisy et Brétigny, et d’après les relevés de forages récents, que l’anticlinal qui passe près d'Orsay (Lozère), dans la vallée de l'Yvette et à Ballainvilliers, se poursuit par Vaucluse, Ville- moisson, Évry-Petit- -Bourg, Étiolles, etc. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1904 PTS Il y aura lieu de rectifier, dans ce sens, les tracés de la Feuille n° 65, au 1/80000 (Melun, 2° édition). Les autres ondulations sont secondaires. Les bandes gréseuses visibles à Fleury-Mérogis, Brétigny, Les Bordes, ete., occupent des dépressions synclinales, peu importantes. M. L. Janet a observé, aux abords de Savigny-sur-Orge, l'abondance de nodules dans les « Glaises vertes » sannotïsiennes ; à la partie supérieure, ils sont disposés sporadiquement, et sont constitués par du sulfate de strontiane (célestine) ; vers la base, ils sont formés de carbonate de chaux, mélangé d’un peu d'argile’. Cette note est accompagnée de vues phototypiques, exécutées d’après des photographies de M. A. DocLor, lesquelles mettent en évidence les ondulations remarquables des Glaises vertes dans les tranchées du chemin de fer. Un profil géologique d'ensemble et des coupes de détail com- plètent ces documents graphiques, et permettent de suivre les moindres accidents des assises sannoisiennes et stampiennes dans . la région étudiée. — Un index bibliographique termine ee travail. M. Termier offre à la Société, de la part de M. Miesislas Lima- nowski, un exemplaire d'une note présentée par ce géologue, en mars 1904, à l’Académie des Sciences de Cracovie”. Cette note, écrite en langue française, est relative à la découverte d’un lambeau de recouvrement subtatrique dans la région haultatrique de Gladkie (monts Tatra). La découverte en question est fort impor- tante, parce qu'elle est une confirmation de la théorie de M. Lugeon, théorie d’après laquelle les Tatra seraient formés de plis couchés superposés, venus du sud. Au Gladkie, d’après M. Limanowski, le lambeau de la nappe subtatrique comprendrait une série de couches allant du Néoco- mien au Muschelkalk et reposant sur une lame de granite. Sous la lame de granite, on trouve une série complexe de couches à faciès hauttatrique, débutant par du Crétacé supérieur, et comprenant plusieurs lames de Crétacé et de Jurassique, et une lame de Trias. Les divers étages sont réduits à des épaisseurs très faibles, ou mème, fréquemment, supprimés ; et partout les déformations mécaniques sont intenses. M. Depéret présente à la Société une pièce intéressante prove- nant des sables à Teredina personata des environs de Cuis (Marne). Il s’agit d’un fragment de mandibule d’une nouvelle et 1. Bull. Carte Geol. de France, t. XII, p. 163, 1901-1902. 2. B. Ac. Sc. Cracovie, CI. Sc. Math.et Nat. ; 1904, p. 197. 524 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1904 toute petite espèce du genre Chasmotherium(C. Stehlini n. sp.)’, curieux groupe de petits Lophiodontidés éocènes, qui forme une série parallèle, mais indépendante de celle des Zophiodon. Nous possédons ainsi une échelle stratigraphique précise des Chasmo- therium : 1. C. Stehlini, de l'Éocène inférieur; 2. C. minimum sp. Fischer, du Lutétien (? moyen ou inférieur) d’Argenton; 3. C. Cartieri Rutim. du Lutétien supérieur de Gentilly et de Buschweïler et du Bartonien de Robiac. Ce groupe paraît avoir eu exactement la même longévité géologique que les ZLophiodon, si l’on fait abstraction des Lophiodon (très douteux encore à l'heure actuelle) signalés dans l’étage sparnacien. La présence d’un Chasmotherium très voisin des formes luté- tiennes soulève une importante question stratigraphique relative à l’âge des sables à Térédines généralement attribués jusqu'ici au Sparnacien supérieur. J'avais conçu des doutes sur l'attribution de la faune de Mammifères de cet horizon (faune agéienne du D: Lemoine) à un niveau géologique aussi reculé. En étudiant les Ongulés Eocènes de la famille des Hyracothé- ridés ? j'avais été déjà amené à considérer les formes d’Ay (sous- genre Propachynolophus Lemoine) comme formant le passage entre les Ayracotherium de l'argile de Londres (Yprésien) et les vrais Pachynolophus du Lutétien, et cela malgré l'indication contraire que paraissait donner la stratigraphie. La présence de Chasmotherium et de Lophiodon plaide également en faveur d’un rajeunissement de la faune agéienne, qui peut être consi- dérée véritablement comme l’aurore de la faune lutétienne. Aussi ai-je vu avec une vive satisfaction notre savant confrère, M. G. Dollfus, modifier récemment les idées classiques sur l’âge sparnacien des sables à Térédines et remonter cet horizon jusqu'à la hauteur de la partie supérieure de l’Yprésien. Je serais heureux que l’occasion de cette note püût engager M. Dollfus à développer et à préciser les raisons stratigraphiques de ce changement qui me paraît s'imposer au point de vue purement paléontologique. M. G. Dollfus est très heureux d'entendre confirmer par M. Depéret, d’après l'étude d’ossements de Vertébrés, la classifi- cation qu’il a proposée pour les couches à Térédines du sommet de l’Yprésien et de l’Eocène inférieur. Dans l'étude qu'il a faite, avec M. Léon Janet, en 1898, pour l'établissement de la Feuille de Meaux 1. Cu. DEPÉRET. Sur les caractères et les affinités du genre Chasmotherium Rütimayer, B. S. G.F., (4), IV, 1904, ante p. 569. 2. CH. DEpérerT. Revision des formes européennes des Hyracothéridés. B. S. G. F., (4), I, 1901, p. 199. J SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1904 725 de la Carte Géologique, il a attribué aux Sables de Cuise, dans la vallée de la Marne, des sables fins, micacés, argileux, de couleur fauve, par analogie minéralogique et stratigraphique avec les sables de la vallée de l'Aisne, car les fossiles font défaut dans leur masse. C’est seulement à leur partie supérieure, au-dessous du ravinement du Calcaire grossier, qu'on trouve à Brasles et à Gland une petite faune à Térédines qui est beaucoup plus voisine de celle des Sables de Cuise, que de celle des Lignites du Soisson- nais ; aux environs d'Epernay on y rencontre des Unios, des débris de Tortues et des ossements de Mammifères :. M. Léon Janet prend la parole : « Les conclusions de M. Depéret tendant à placer les sables à Teredina personata dans l’Yprésien supérieur concordent tout à fait avec la solution qu’on avait adoptée lors de la revision de la Feuille géologique de Meaux, en 1896. « Tous les géologues, qui ont travaillé dans la vallée de la Marne, savent les diflicultés qu’on éprouve à classer les sables de l’Eocène inférieur. Les sables à Térédines ont fourni à Brasles, près Château- Thierry, une faune étudiée par MM. Laubrière et Carez ; j'ai décou- vert un gisement analogue à Gland. M. Dollfus vient de vous dire que ces sables devaient être placés dans l’Yprésien; Munier- Chalmas, qui est également venu visiter ce gisement, l’a classé dans le Sparnacien. Rappelons d’ailleurs que dans leur note sur la nomenclature des terrains sédimentuires *, Munier-Chalmas et M. de Lapparent disaient : Dans l'Est du Bassin de Paris, il faat rapporter au Sparnacien supérieur les couches à Cyrena perso- nata, Cyrena cuneiformis ef nombreux Lophiodon. « Dans la légende de la deuxième édition de la Feuille de Meaux j'avais formulé la conclusion suivante : Cet horizon fossilifère est actuellement visible à Gland où nous avons recueilli Teredina personata, Cyrena Gravesi, Potamides involutus, Tympanotus funatus ; {/ nous a paru devoir être placé à la partie supérieure des sables de Cuise. « Les considérations développées par M. Depéret viennent apporter un argument de plus en faveur de cette thèse. » M. Zürcher fait une communication sur la géologie des environs de Toulon (Var); il indique quelques faits nouveaux à l'appui de l'existence d’une grande masse de recouvrement formée par les phyllades et reposant sur le Trias. 1 Voir PB Sert CG. FX Re 257. DDASS GAP O) XI DATE 726 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1904 M. Lissajous adresse la lettre suivante : €QM. Robert Douvillé, dans une note parue récemment dans le Bulletin : dit, p. 110, que le Creniceras Renggeri Oppel n'a jamais été trouvé en Nor- mandie. Je puis affirmer le contraire, en ayant moi-même recueilli un échantillon à moitié chemin d'Houlgate à Villers, au lieu nommé, je crois, le « Saut du Chien ». Cet échantillon se trouvait dans une couche marneuse qui paraît à marée basse entre les gros blocs cénomaniens tombés de la falaise. On trouve dans cette couche Cosmoceras Duncani Sow., Distichoceras bipar- titum JLiet., Horioceras Baugieri d'Orb., Quenstedticeras Lam- berti Sow., Trigonia perlata Agass., Perna mytiloides Lmk., ete. Un jeune géologue qui m'accompagnait quelquefois en a trouvé un au même endroit. « Creniceras Renggeri Opp. est cité des marnes de Villers ?. « Cr. Renggeri se rencontre aussi dans le Callovien de La Voulte où je l’ai recueilli en compagnie de Quenst. Lamberti. « Cr. Renggeri me paraît être cantonné dans le Jura, surtout à la base des marnes oxfordiennes et se trouve mélangé à certaines espèces, telles que Quenst. Mariæ Orb., Pachyceras Lalandei Orb., Hecticoceras punctatum Stahl., qui, en Normandie, sont considérées comme calloviennes ; ce qui permettrait de supposer que la base des marnes oxfordiennes du Jura appartient encore au Callovien tel qu'on le comprend en Normandie. « Je ne veux pas trancher la question, mais ce que je puis certifier, c'est que Cr. Renggeri se trouve à différents endroits à des niveaux absolument calloviens. » - M. G. Garde signale l'existence du Bathonien saumâtre dans la vallée de la Creuse, à l'ouest de Saint-Gaultier. Cette formation est constituée par plusieurs bancs de calcaires à Cyrènes, probablement des Sphenia, qui sont intercalés dans les calcaires bathoniens marins à Brachiopodes, Lamellibranches, Gastéropodes, Polypiers. 1° Trois de ces niveaux saumâtres, de 5 à 10 centimètres d'épais- seur chacun, en plaquettes, existent entre Rivarennes et Chitray, à quatre kilomètres environ de Saint-Gaultier, à la base de l’escar- pement, dominant la Creuse, qui a été entaillé par la voie ferrée. 20 Derrière le château des Chézeaux, dans le flanc de la falaise 1. RoBerT Douvicré. Sur la coupe du Jurassique moyen de la plage de Villers-sur-Mer (Calvados). B. S. G. F., (4), IV, 1904, p. 106. 2. Munrer-CHALMAs. Etude préliminaire des terrains jurassiques de Normandie. C. R. somm. séances Soc. Géol. Fr., 1892, p. czxIx. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1904 727 que domine le petit village de Gagneron, on observe aussi deux niveaux de même nature. 3 Enfin, seulement à 1 kilomètre environ à l’ouest de Saint- Gaultier, des plaquettes de calcaire à Cyrènes affleurent également dans le talus du fossé. Ces dépôts saumâtres paraissent occuper le même niveau strati- graphique que les calcaires d’eau douce à Paludines découverts par Benoist et M. M. Cossmann à Saint-Gaultier même. A un moment donné du Bathonien, il existait donc à la fois, et côte à côte, dans la région où s’élève aujourd’hui Saint-Gaultier, des lagunes saumâtres et des lagunes d’eau douce, tandis que, tout près, la mer s’étendait au large vers le nord. Ces lagunes dispa- rurent ensuite par le retour transgressif de la mer. En résumé, le Bathonien de Saint-Gaultier se présente sous trois faciès différents : marin, saumâtre et lacustre. M. H. Douvillé a continué ses études sur le terrain nummuli- tique du Sud-Ouest. Dans la région comprise entre Dax, Montfort et Biarritz on peut distinguer plusieurs groupes de couches, chacun d'eux étant formé d'assises concordantes entre elles et reposant en discordance sur le système précédent : 1° Groupe M A, comprenant le Miocène et à la base les couches à Lepidocyclina aquitaniennes ; 2 Groupe N, Éocène avec au sommet les couches de Gaas; 3 Groupe C, Crétacé; 4° Groupe L T O, comprenant le Lias et le Trias, avec ophite subor- donnée. Ces couches, comme l’a très bien mis en évidence M. Seunes, dessinent des anticlinaux accompagnés de failles importantes avec lesquelles sont en relation les sources chaudes si abondantes dans la région. Les terrains tertiaires’ ne sont pas constitués, comme dans le Bassin de Paris, par des assises minces, faciles à suivre sur de grandes étendues ; ils sont formés au contraire par une roche fondamentale, sable, argile sableuse, ou marne, dans laquelle se développent des lentilles calcaires fossilifères. Tandis que les argiles sableuses et les marnes correspondent à des dépôts de mer profonde, les lentilles fossilifères sont presque toujours riches en ZLithothamnium, qui indique le voisinage du rivage : ces derniers dépôts se développent près des anticlinaux, ce qui montre que ceux-ci correspondaient à des hauts-fonds ou même quelquefois étaient émergés. Les lacunes correspondant 728 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1904 aux discordances sont toujours plus accentuées au voisinage des anticlinaux. Si l’on examine plus particulièrement le groupe nummulitique, on voit que les couches supérieures correspondent à des dépôts peu profonds : couches supérieures de Biarritz gréseuses et avec lits de poudingues, — couches de Gaas avec faune littorale, — couches de Lesperon, du tuc de Saumon, de Cassen, représentant le prolongement du calcaire à Astéries. M. Henri Douvillé a déjà indiqué l’équivalence stratigraphique de ces diverses couches reposant toujours en concordance sur les couches à Nummulites contortus Desh. Dans une nouvelle visite qu'il a faite avec M. Robert Douvillé à la grande marnière ouverte au sud du ravin de Lesperon, il a pu constater la superposition directe et en concordance des couches de Gaas sur les marnes à Pentacrines. Le contact est marqué par un cordon de silex de la Craie, très peu roulés, indiquant l'émergence de l’anticlinal erétacé de Tercis. Toutes ces couches présentent la même faune de Nummulites N.intermedius Arch., N. vascus J. et Leym., N. Bouillei La Harpe (n°5): Au-dessous, et d’après l’étude comparative de nombreuses coupes relevées à Biarritz, Bayonne, Saint-Barthélemy, Peyrehorade, Montfort, Bastennes, etc., il est possible de distinguer les faunes successives suivantes : 6. Couches à NW. contortus (Cachaou ; côte des Basques, partie nord ; Saint-Martin-de-Seignanx, Loustaunaou) avec Oréhophrag- mina Fortisi Arch. et Orth. radians Arch. Le gisement dit « de Lady Bruce », vient se placer à la limite inférieure de ces couches et renferme les dernières Nummulites granuleuses, toujours petites. 5. Couches à N. aturicus J. et Leym. (base de la côte des Bas- ques, La Gourèpe, sommet de Peyreblanque ; sud de Bayonne; église de Saint-Barthélemy ; sommet de Peyrehorade; fontaine de la Médaille, tranchée à l’est de la gare de Montfort) avec N. Bron- gniarti Arch., N. Dufrenoyi Arch. (atteignant une très grande taille), Assilina exponens J. de C. Sow., nombreuses Orthophrag- mina étoilées et tuberculées. C’est vers la base de ce niveau que viennent se placer les couches à Xanthopsis. 4. Couches à N. crassus Boubée (base de Peyreblanque); grande carrière des Barthes ; Peyrehorade ; Nousse ; Bastennes-Donzacq) avec N. complanatus Lmk., Assilina spira Roissy, Alveolina elongata Orb., Orbitolites complanatus Lmk. 3. Couches à N. irregularis Desh. (petites carrières des Bar- thes, Saint-Barthélemy, Bos d’Arros), avec N. lævigatus Lmk., Assilina granulosa Arch., Orth. Archiaci Schlumb., etc. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1904 729 La comparaison avec les bassins du Nord peut être établie de la manière suivanie : L'Éocène inférieur caractérisé dans le bassin de Paris, comme à Royan par le N. planulatus Orb. et l'Aveolina oblonga Orb., n'a été reconnu nulle part dans la région étudiée. Le niveau 3 avec N. lævigatus représente le Lutécien inférieur et probablement sa partie supérieure, car il est intimement lié à la base des calcaires à A/o. elong'ata. Le n° 4 avec Ale. elongata (espèce du Cotentin) et l’Orbitolites complanatus peut être parallélisé avec le Lutécien moyen, comme on l’a fait du reste habituellement. Le n° 6 représentant le Bartonien, il s'ensuit que le n° 5 corres- pond au Lutécien supérieur. Le niveau 7 est caractérisé par un groupe assez particulier de Nummulites (N. Bouillei, N. vascus); des formes très voisines, N. Orbignyi Gal., N. wemmelensis La H. et V.d..Br.. apparaissent dans le Wemmélien belge, équivalent de notre Ludien. C’est done avec le Ludien-Sannoisien qu'il conviendrait de paralléliser le niveau supérieur. M. Haug, tout en souscrivant à la plupart des assimilations aux- quelles M. H. Douvillé a été conduit par ses belles recherches dans les Basses-Pyrénées, croit devoir faire des réserves en ce qui concerne les équivalents du Bartonien. Tandis que, d’après M. Douvillé, le Lutétien serait représenté par trois niveaux (nos 3, 4, 5), le Bartonien correspondrait pour lui à un niveau unique (n° 6). Or le Bartonien du bassin de Paris est une série très complexe, comprenant, outre les sables de Beauchamp, le calcaire de Saint-Ouen et les sables de Cresnes, les marnes à Pholadomya ludensis qu'il est essentiel de séparer du Gypse oligocène inférieur (Tongrien) comme le montrent les découvertes paléontologiques de Munier-Chalmas. Si l’on assimile les couches à Nummulites contortus Desh. au Bartonien supérieur ou moyen il est logique de ranger les couches à Nunun. aturicus J. et Leym et Numm. Brongniarti Arch. tout au moins dans le Bartonien infé- rieur. Cethorizon est représenté dans le Vicentin par les couches de Ronca, qui renferment un certain nombre de Mollusques bartoniens. M. G. Dollfus, relativement à la classification des couches de contact de l'Éocène supérieur et de l'Oligocène aux environs de Paris, est tout disposé à supprimer l'étage ludien qui ne possède aucune faune spéciale et n'a pas de raison d’être stratigraphique. La faune revisée des couches à /’holadomy a ludensis ne renferme 730 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 190/ aucune des espèces des sables d'Étampes, comme on l'avait sup- posé. La Lucina Heberti a été reconnue comme ZLucina inornata des Sables moyens ; Psammobia stampinensis doit prendre le nom de Psammobia compressa Sow. (Sanguinolaria) espèce de Barton. Corbula subpisum d'Orb. est la C. pisum Sowerby ; si on ajoute les fossiles caractéristiques comme Cerithium pleurotomoides, C. tricarinatum qui sont caractéristiques de l’Éocène supérieur, le Ludien devient inutile et le Bartonien (lato sensu) vient en contact du Sannoisien au milieu du Gypse. M. Léon Janet prend la parole en ces termes : « Je tiens à ajouter quelques mots à propos de l'étage ludien. Les études que je poursuis à ce sujet dans le Bassin de Paris me conduisent de plus en plus à demander sa suppression. Les recherches de Munier- Chalmas avaient déjà établi qu’à l’ouest du bassin de Paris près de Montjavoult,. les couches à Pholadomya ludensis étaient représentées par des sables renfermant une faune très voisine des faunes bartoniennes. Dans les petits lits fossilifères intercalés entre les diverses masses de gypse la faune a aussi des affinités barto- niennes. D'un autre côté, on ne trouve pas seulement des osse- ments de Palæotherium dans la haute masse de gypse, comme on l’a cru longtemps, maïs aussi dans la masse moyenne. Ils sont seulement beaucoup plus rares dans cette dernière. La coupure entre le Bartonien et l’Oligocène se fait donc probablement au voisinage de la masse moyenne de gypse et l’éfage ludien paraît devoir être, tout au moins dans le bassin de Paris, rayé de la nomenclature géologique ». M. G. Ramond exprime également l’espoir que, dans les travaux nouveaux, relatifs à la région parisienne, on abandonne l'expres- sion « d'étage ludien ». Ce terme a été employé, croit-il, pour la première fois, par M. de Lapparent, dans son Traité de Géologie (3° édition); le type de l'étage est dans la Montagne de Reims, à Ludes, où s’observe un beau développement des marnes à Phola- domya ludensis *. On a observé He ce niveau dans Paris même 2 aux envi- rons immédiats, notamment à Montmartre ; et les travaux du Métropolitain, ainsi que diverses fouilles pour des égouts ou des constructions privées, ont permis récemment à M. Aug. Dollot de le repérer avec beaucoup de précision. 1. Munrer-CHAzMaAs et DE LAPPpARENT. Note sur la Nomenclature des Ter- rains sédimentaires. B. S. G. F., (3), XXI, p. 438 et suivantes, 1895. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1904 731 De même, à Argenteuil et à Sannoiïs, des sondages tout récents l'ont mis à jour. Il est en ce point très fossilifère. L'ensemble des espèces recueillies dans cette assise, a, comme on vient de le dire, permis d'établir les affinités nettement bartoniennes de la faune. « L'étage bartonien » (dans le sens étendu) s’éléverait donc assez haut dans la série tertiaire parisienne, et comprendrait les marnes inférieures gypseuses des environs de Paris, les marnes supé- rieures restant dans l’Oligocène (Sannoisien). M. Henri Douvillé fait ensuite une communication sur l’ophite de Biarritz. Les basses mers de septembre 1904 lui ont permis de compléter sur certains points les observations qui avaient été publiées précédemment. Il ne paraît exister qu'un seul affleurement d’ophite qui vient interrompre au sud les calcaires métamorphiques à cristaux de quartz ; plus au nord, il n’a vu que des blocs hors place, analogues à ceux qui ont été signalés près du marché à Biarritz. Les cal- caires sont eux-mêmes très fortement fissurés, ce qui leur donne souvent l’apparence de brèches. Immédiatement à l’ouest de l’ophite, les marnes noires signalées par M. Carez sont des schistes qui alternent avec des grès tantôt fins et tantôt grossiers, identiques avec l'Aptien de Sachino. Les rochers qui afileurent au large sont constitués par la craie blanche : en outre, sur la plage, on observe de nombreux blocs de calcaire à silex tabulaires (calcaire de Bidache) de telle sorte que la série cré- tacée paraît complète et dessine une moitié d’anticlinal, dont le Trias et l’ophite représenteraient le noyau. Sur cet ensemble repo- sent en discordance les calcaires à VNummulites crassus Boubée du Lutécien moyen, souvent poudinguiformes à la base. L'anticlinal observé est dirigé à peu près nord-sud, et paraît bien représenter le prolongement infléchi de l'accident est-ouest de Sachino et du lac de Mouriscot, comme l’a indiqué M. Léon Bertrand. OBSERVATIONS AU SUJET DES CRITIQUES FORMULÉES PAR M. HENRI DOUVILLÉ SUR LA CLASSIFICATION ET L'ÉVOLUTION DES HIPPURITES par M. A. TOUCAS Dans le compte rendu analytique de la r'e partie de mon mémoire: sur la classification et l’évolution des Hippurites. M. Henri Douvillé * a formulé des critiques qui ne me paraissent pas justifiées. Ces critiques portent sur six points principaux, que je vais examiner successivement : 1° & La section des Orbignya ne peut pas être élevée au rang de Genre sans violer les règles de la nomenclature ». Cette observation est fort juste et je regrette que le mot Genre ait été ajouté sur mon manuscrit par suite d’une erreur de compo- sition. Aïnsi qu’on peut s’en assurer, pp. 13 et 14 du texte, au passage relatif à la classification, mes deux grandes subdivisions ont toujours été désignées sous le nom de Section. C’est donc dans ce sens, que leur a donné Fischer, qu'il faudra interpréter la divi- sion des Æippurites en Orbignya et Vaccinites. 2 « Dans le groupe de l'O. canaliculata il ne faudrait pas atta- cher une valeur trop absolue aux modifications successives de l’'arête cardinale, la forme et la longueur de cette arête présen- tant d'assez nombreuses variations a un individu à l’autre ». Le développement progressif de l’arête cardinale, tel que je l’ai mentionné, est basé, non pas sur l'étude de quelques exemplaires, mais sur l'examen de plusieurs centaines d'individus de toute taille, ce qui m'a permis d'établir le principe de l’évolution de ce groupe, auquel il faut ajouter les modifications subies par l’apo- physe myophore, qui s’allonge et s’amineit au fur et à mesure que l'on s élève dans la série stratigraphique. Cette modification dans la longueur de l’arête cardinale a d’ail- leurs été remarquée par M. H. Douvillé, à propos des formes de l'O. canaliculata Roll. du Roq. sp. de la Catalogne, qu'il a considérées avecjuste raison comme se rapprochant davantage del O. Matheroni Douv. sp. de la Provence dont l’arête cardinale est effectivement plus courte que l’arête cardinale de l'O. canaliculata type de la Montagne des Cornes. 3° « Il n'a peut-être pas été donné assez d'importance aux 1. Ar. Toucas. Études sur la classification et l’Évolution des Hippurites. Mém. Soc. Géol. de Fr. « Paléontologie », XI. 2, r903 et XIL, 4, 1904. 2. Revue critique de Paléozoologie, vol, VII, p. 154, et vol. VII, p. 180. 1904 CLASSIFICATION ET ÉVOLUTION DES HIPPURITES 799 pustules que l'on observe sur la valve supérieure de certaines formes d'Hippurites, au point que ces formes sont descendues au rang de simples variétés ». Cette simplification m'a paru si nécessaire pour les formes reconnues comme faisant double emploi avec les formes non pustu- leuses, que je n’ai même pas cru devoir établir des variétés pour les formes pustuleuses des autres espèces qui avaient échappé à l’examen de M. H: Douvillé, telles que : O. radiosa Des Moulins sp... O. socialis Douv. sp., O. organisans Monfort sp., ©. sublævis Math. sp. O. turgida Roll du Roq. sp., O. Roquani Toucas, O. Maestrei Vidal sp., O. Lapeirousei Goldf. sp. et auxquelles on pourrait même ajouter plusieurs formes de Vaccinites. Dans toutes ces espèces, les formes pustuleuses accompagnent toujours les formes non pustuleuses dans les mêmes banes, et, comme leurs caractères internes sont absolument identiques, je ne vois nullement la nécessité de maintenir comme espèces ces formes qui ne sont en réalité que des variétés sans aucune valeur strati- graphique. La même observation peut s'appliquer aux formes qui portent sur la valve supérieure des crêtes saillantes, comme dans l'O. Matheroni var. cristata Douv. sp., et dans certains exemplaires d'O. Maestrei, O. variabilis Mun. Ch. sp. et O. Lapeirousei. Ces pustules et ces crêtes sont bien le plus souvent en relation avec le développement des côtes de la valve inférieure, maïs il y a de si nombreuses exceptions qu'il n'est réellement pas possible de reconnaître dans cette particularité un caractère assez constant pour établir une espèce, d'autant plus que ce caractère est excessive- ment variable, certains exemplaires ne présentant même que deux ou trois pustules. 4° « Le groupe de l'O. organisans est bien peu homogène. Les genres Baiolites et Barrettia auraient dû être conservés ». J'ai compris dans ce groupe toutes les formes en tuyaux d'orgue, qu'on désignait primitivement sous le nom d’A. organisans. Tout en reconnaissant, comme M. H. Douvillé, la nécessité de distinguer ces formes, j'ai cru devoir les maintenir dans ce même groupe à cause de la forme particulière des pores et des caractères internes, qui m'ont paru à peu près constants. A première vue, un caractère semble les séparer : ce sont les nombreux replis que l’on voit se développer sur tout le pourtour du test externe dans les formes pour lesquelles Montfort a créé le genre Batolites. Or, ces replis ne sont pas particuliers aux Bato- lites ; ainsi que je l’ai montré par de nombreux exemples, on les 734" TOUCAS. 7 Nov. retrouve assez souvent sur d’autres formes, notamment sur des exemplaires d'O. Requieni var. subpoly gonia Toucas, d’O. Mathe- ront var. cristata Douv.sp., d'O. Heberti Mun.-Ch. et d’'O. socialis var. irregularis Toucas. On pourra voir dans la deuxième partie de mon mémoire que cette particularité peut encore être constatée dans les replis périphériques qui affectent le test externe de certai- nes formes de Vaccinites. Dans ces conditions il n’était pas possible de séparer un groupe de formes dont le seul caractère distinctif était commun à d’autres groupes. Ce sont les mêmes raisons qui m'ont fait supprimer le genre Barrettia, dans lequel les replis sont seulement plus accentués. En ce qui concerne l'O. Arnaudi Coq. sp., j'ai bien hésité avant de la classer dans ce groupe. Il est certain que c’est une forme très curieuse, paraissant fortement dégénérée avec ses replis si peu distincts du reste du pourtour du test externe. Cependant en bien considérant les caractères généraux du groupe (valve supérieure peu épaisse, pores linéaires simples et souvent entr’ouverts, replis très peu développés, absence complète de cavité accessoire anté- rieure), cette forme du Campanien de l’Aquitaine ne paraît pas déplacée dans ce groupe, où elle représente le type le plus récent. 59 «Les afjinités des Orbigny:a à pores poly gonaux avec les Orbignya à pores linéaires paraissent plus que douteuses ». Soit par l'examen attentif des pores, soit par la comparaison des caractères internes, j'ai déjà montré les nombreux rapports qui. permettaient de relier ces deux branches. Je vais y ajouter quel- ques observations nouvelles qui confirment entièrement cette manière de voir. Commencons par le groupe de l'O. Toucasi, celui qui présente le plus de liaison avec la forme primitive des Orbignra à pores linéaires. Au début, dans le Coniacien, avecl'O. prætoucasi Toucas les pores sont relativement fins et deforme polygonale assez allongée comme les pores de l'O. Requieni var. subpolygonia Toucas de l’Angoumien supérieur de Saint-Cirq (Dordogne), forme qui elle- même se relie intimement à l'O. Requieni type du niveau inférieur, à pores franchement linéaires. On peut ainsi très bien se rendre compte, par une observation continue des pores, comment on passe progressivement des pores linéaires des formes angoumiennes aux pores polygonaux des formes du Coniacien et du Santonien infé- rieur, dans lesquelles les pores ont une telle tendance à conser- ver leur forme allongée, qu'il n’est pas rare de rencontrer dans la plupart des exemplaires de l'O. Toucasi d'Orb. sp. des pores encore nettement linéaires. Ce n’est que plus tard que les pores prennent 1904 CLASSIFICATION ET ÉVOLUTION DES HIPPURITES 735 un aspect plus polygonal avec traces de denticules (O0. Carezi Douv. sp. du Santonien supérieur), caractère qui s'accentue beaucoup plus dans l'O. sulcatoides Douv. sp. du Campanien de l'Ariège. Il y a là certainement, depuis la forme primitive jusqu’à cette dernière forme, une série de modifications, qui permettent de suivre les transformations successives des pores. Si maintenant nous examinons les caractères internes, nous voyons que toutes les formes de groupe de l’O. Toucasi présen- tent cette particularité d’avoir une cavité accessoire antérieure assez développée, comme je l'ai déjà fait remarquer pour l’O. Requieni et ses variétés, de sorte que l’inclinaison de l’appareil cardinal sur l'axe de l’arête cardinale est à peu près la même que dans la forme primitive. En outre l’arête cardinale est toujours triangulaire et les piliers sensiblement subégaux. Ainsi par ses caractères internes, comme par la nature de ses pores, le groupe de l’O. Toucasi se relie intimement aux formes anciennes du groupe de l’O. canaliculata. Le groupe de l'O. variabilis se relie de son côté aux Orbigny'a à pores linéaires par des caractères tout aussi importants. La liaison ne s’observe peut-être pas aussi nettement, mais cela tient à ce que la forme primitive de ce groupe (O. sarthacensis Coq. sq.) n’est encore qu imparfaitement connue, et, comme cette forme n'apparaît que dans le Santonien moyen, il y a là une certaine lacune qui ne pourra se combler que lorsqu'on aura pu découvrir de nouveaux éléments de comparaison avec les formes à pores linéaires qui s’en rapprochent le plus. En attendant il est certain que si ce groupe présente des carac- tères bien différents de ceux du groupe de l'O. Toucasi et s’il paraît même s’éloigner des formes de l'O. Requieni par l'absence à peu près complète de la cavité accessoire antérieure, il n’en est pas moins vrai qu'il se rapproche beaucoup des formes moins anciennes du groupe de l'O. canaliculata, notamment des ©. incisa Douv. sp. et O. Matheroni Douv. sp., dans lesquelles la cavité accessoire antérieure a été fortement réduite. C’est donc plutôt vers ces formes que devront se tourner les recherches pour y découvrir celle qui a servi de passage aux formes du groupe de l'O. varia- bilis. Dans tous les cas, l’ensemble des caractères internes et tout particulièrement la disposition presque normale de l'appareil car- dinal par rapport à l’axe de l’arête cardinale rapprochent beaucoup ce groupe de toutes les autres formes à pores linéaires. Au point de vue des pores, il est incontestable que dans ce groupe leur forme est assez nettement polygonale, mais il est bon JON TOUCAS. 7 Nov. d'observer que nous ne connaissons pas les pores de l'O. sartha- censis, la forme la plus ancienne, et, dans les O. Peroni Douv. sp. et O. Maestrei Vidal sp., les pores affectent parfois une forme polygonale si allongée qu’elle pourrait bien n'être qu'une modifica- tion des pores linéaires très allongés de certaines variétés de l'O. Matheroni var.præcanaliculata Toucas, de sorte que, de ce côté, c’est encore de cette dernière espèce que se rapprochent le plus les formes anciennes du groupe de l'O. variabilis. 6° « La classification générale adoptée donne lieu à des criti- ques sérieuses déjà formulées ». Naturellement, sur ce point, M. H. Douvillé semble regretter que je n’aie pas maintenu ses trois grandes divisions en Hippurites à pores linéaires, Hippurites à pores réticulés et Hippurites à pores polygonaux. J’ai donné les motifs pour lesquels je ne pouvais maïntenir les Hippurites. à pores polygonaux au même rang que les deux autres divisions ; ils peuvent se résumer ainsi : 1° On ne rencontre aucune forme à pores polygonaux dans le rer niveau à Hippurites (Angoumien inférieur, zone d'apparition des Hippurites). 2° Les pores linéaires des formes anciennes (O0. Requieni, O. Matheroni) passent progressivement aux pores polygonaux des formes coniaciennes ou santoniennes (O. prætoucasi, O. Toucasi, O. Peroni, O. Maestrei). 3° L’ensemble des caractères internes, la disposition de l’appa- reil cardinal par rapport à l’axe de l’arête cardinale, la grande différence existant entre les pores linéaires et les pores réticulés et enfin l’apparition simultanée de ces deux formes de pores dans le 1° niveau à Hippurites démontrent bien l’indépendance absolue des deux premières divisions, tandis qu’on ne distingue aucun carac. tère pouvant spécialiser les Hippurites à pores polygonaux, qui se trouvent au contraire intimement reliés aux deux autres divisions. M. H. Douvillé déclare que rien ne prouve que les premières formes, considérées comme formes primitives, soient en réalité les plus anciennes. Je suis loin de le contester et j'y ai même fait allusion au début de mon travail, mais en attendant que nous possé- dions de nouveaux éléments démontrant ce fait, il est bien permis de se baser sur les matériaux dont on dispose actuellement, d’au- tant plus que ces matériaux, loin d’être particuliers à une seule région, s'étendent à toutes les régions où l’on a rencontré le pre- mier niveau à Hippurites. Il faut donc bien convenir que le moment d'apparition des premières formes, actuellement connues, a été le même partout et que ces formes constituent le point de départ de 1904 CLASSIFICATION ET ÉVOLUTION DES HIPPURITES 737 tous ces groupes que l’on voit se développer ensuite parallèlement, de sorte qu'il serait bien surprenant de constater au début l'ab- sence des formes qui auraient servi d’origine à tous ces groupes. En outre M. H. Douvillé ne croit pas que la dualité originaire des Hippurites puisse être considérée comme démontrée. Les caractères, sur lesquels je me suis basé pour établir l'indé- pendance des deux sections d'Hippurites, ne peuvent cependant être révoqués en doute. On les reconnaît dans tous les groupes que comprennent ces deux sections. Leur importance seule pourrait être discutée, mais il faudrait pour cela apporter d’autres docu- ments permettant d’infirmer la valeur de mes arguments. M. H. Douvillé termine sa critique par cette observation: «il est incontestable que le groupe à pores poly gonaux renferme préci- sément les formes intermédiaires entre les deux autres groupes, c'est comme le Type le moins spécialisé et celui qui, théorique- ment, doit se rapprocher le plus de la forme primitive ». On voit que M. H. Douvillé veut donner encore plus d'importance à son groupe des Hippurites à pores polygonaux et, tout en recon- naissant les faits que j'ai observés et qui tendent à la suppression de ce groupe, ilen arrive à une conclusion toute contraire à la mienne, puisqu'il admet que ce groupe pourrait bien être le groupe d’ori- gine. Mais cette conclusion, comme le déclare M. Douvillé, n’est purement que théorique. Les faits observés y sont en effet tout-à- fait opposés. Ainsi il n’est pas admissible qu'un groupe, qui n’a aucun représentant dans les formes primitives, puisse être consi- déré comme le groupe ancestral. IL est vrai que M. Douvillé sup- pose que d’autres formes plus anciennes, inconnues pourle moment, viendront un jour confirmer son opinion. En admettant que ce fait se produise, je doute fort que ces formes nouvelles puissent faire partie des Hippurites à pores polygonaux ; car, s’il en était ainsi, comment expliquer la lacune qui existerait entre ces nouvelles formes et les premières formes à pores polygonaux qui actuellement semblent n'avoir fait leur apparition que dans le Coniacien. Une dernière remarque suffira pour montrer le peu d'importance de cette troisième branche (Hippurites à pores polygonaux). M: Douvillé a réuni dans cette branche les trois groupes sui- vants : 1° Groupe de l'O, Toucasi, 2° Groupe de l'O. pariabilis, 3 Groupe du V. sulcatus. Or, Le 3° groupe n’a aucun rapport avec les deux premiers. Les groupes des ©. Toucasi et O. variabilis présentent tous les caractères des Hippurites à pores linéaires (Orbignya), tandis que le groupe du V. sulcatus se relie intimement aux Hippurites à 4 Février 1909. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 43. 738 TOUCAS. | 7 Nov. pores réticulés (Vaccinites). Ainsi, examinons un des caractères les plus importants, celui qui est tiré de la forme de l’arête cardi- nale. Dans les groupes des O. Toucasi et O. variabilis, cette arête, toujours triangulaire, s’atrophie progressivement au point de devenir presque nulle dans la forme la plus récente. Dans le groupe du V. sulcatus, la même arête reste au contraire constam- ment longue et lamelliforme jusque dans la dernière forme et c'est justement là le caractère que distingue principalement tous les groupes des Vaccinitese Je pourrais rappeler par d’autres exemples le peu d'homogé- néité que présente cette branche des Hippurites à pores polygo- naux, que M. Douvillé voudrait cependant maintenir au même rang que les deux premières, dont les caractères sont si nettement définis ; il suflira de se reporter aux observations détaillées dans mon mémoire pour reconnaître la nécessité de cette suppression qui, en somme, apporte une grande simplification dans la classifi- cation des Hippurites. En résumé, les critiques de M. Doubvillé ne sont justifiées par aucune considération de nature à modifier mes observations per- sonnelles, qui sont basées sur des données indiscutables, qu'on pourra d’ailleurs toujours contrôler en allant examiner dans le Laboratoire de Géologie de la Sorbonne, où ils sont classés et étiquetés. les nombreux exemplaires admirablement bien conser- vés, qui m'ont servi à établir les modifications que j'ai cru devoir apporter dans l’évolution et la classification des Hippurites et que l'on peut résumer ainsi : 10 Subdivision des Hippurites en deux sections, d’après la dispo- tion de l’appareil cardinal par rapport à l’axe de l’arête cardinale, caractère plus constant et plus facile à reconnaître que la forme des pores ; comme conséquence, suppression des genres Batolites, Barrettia et Pironæa qui sont bien de véritables Hippurites ren- trant dans l’une ou l’autre des deux divisions. | 2° Organisation des groupes en prenant pour base l'espèce la plus anciennement connue du groupe et en y réunissant toutes les formes pouvant être considérées comme des mutations dues à l’évolution de ce même groupe ; par suite, suppression, d'une part, des espèces ne constituant que de simples variétés, d'une même époque, associées à l'espèce type (particulièrement toutes les formes pustuleuses faisant double emploi) ; d'autre part, création de nou- velles formes ou mutations d’une même espèce, d'âges différents, venant combler les lacunes existant dans l’évolution des groupes. QUELQUES CORDONS LITTORAUX MARINS DU PLEISTOCENE DU PORTUGAL par MM. Paul CHOFFAT et Gustave F. DOLLFUS La question des plages soulevées, des cordons marins, des terrasses littorales, a {ait l’objet de nombreuses communications l'an passé devant la Société géologique et elle nous a remis en mémoire des trouvailles, déjà anciennes, faites au Portugal et qui n'avaient jamais été étudiées suffisamment jusqu'ici. Le compte rendu de la séance de la Société Géologique de France, du 17 juin 1867, contient une note de Carlos Ribeiro sur le terrain quaternaire du Portugal, dans laquelle nous relevons le passage suivant : : « Vestiges de rivages soulevés. — Adhérant au calcaire juras- sique de l'escarpement maritime entre le village de Cézimbra et le cap d'Espichel, on voit des sables agglutinés par le calcaire, à 50 mètres au-dessus du niveau de l'Océan et qui renferment des fragments de coquilles vivant dans nos mers et appartenant aux : genres Pectunculus, Mytilus, Cardium, Pecten et autres. Ce fait, ainsi que d'autres identiques, avec des niveaux inférieurs, indique l'existance de rivages primitifs... ». Comme on voit, C. Ribeiro ne précise pas les points où il a fait ses observations, mais les anciennes collections de la Commission Géologique contiennent un Pectunculus et un Mytilus dans une gangue de sable agglutiné qui portent les étiquettes : Navegantes ct Baralha. En 1892, l'un de nous ayant été au cap d’Espichel dans le but de reconnaître les traits principaux du Crétacique de la région, en profita pour rechercher le gisement cité par C. Ribeiro et fit les observations suivantes : La péninsule de Sétubal, au sud du Tage, est entièrement formée par les terrains tertiaires, sauf dans sa lisière méridionale qui constitue la chaîne mézozoïque de l'Arrabida. Le flanc septentrional de cette montagne s’abaisse en général graduellement vers le plateau pliocène qui occupe le milieu de la péninsule, tandis que le flanc méridional plonge d’une manière généralement abrupte dans la mer. 1. C. RiBriro. Note sur le terrain quaternaire du Portugal. B.S.G.F., (3), XXIV, 1867, p. 692-717. 740 P. CHOFFAT ET G. DOLLFUS ; 7 Nov. L’'extrémité occidentale de cette chaine est formée par une croupe qui a deux à trois kilomètres de largeur, orientée O.S.0O., dont la ligne de faîte s’abaisse depuis le château de Cézimbra (335 m.), jusqu’au sémaphore du cap d’Espichel (127 m.), qui se trouve au bord d’une falaise presque perpendiculaire. Le pla- teau étroit, formant la crête descendante de cette dernière partie de la montagne, renferme des lambeaux de sables et graviers avec quartzites roulés, absolument analogues à la nappe pliocène du grand plateau sous-jacent. Ces sables à ciment argileux sont sou- vent masqués par la végétation, mais restent à découvert dans les ravins, où ils ont été entraînés par les eaux de ruissellement. Les termes de « praia dos Navegantes », « escarpa dos Navegan- tes » s'appliquent à la partie de l’escarpement situé à deux kilo- mètres à l’est du phare d'Espichel où un sentier permet de descendre jusqu’à la mer. Vers le bas, on voit quelques vestiges de la Chapelle de N2 Sa dos Navegantes qui figure dans la carte de J. M. das Neves Costa (1816): elle a disparu des cartes actuelles, qui mentionnent en ce point les ruines du petit fort de Baralha, situées à l’est de la Chapelle. Les excavations formées par la mer dans les roches calcaires contiennent des placages de sables siliceux à grains en partie arrondis, et en partie anguleux, liés par un ciment calcaire qui en forme un grès compact, assez dur, blanc ou jaune, presque inco- lore dans les cassures fraîches, et ne pouvant être confondu avec le Pliocène précité. Ce grès contient des coquilles brisées et des galets de calcaire plus ou moins arrondis, atteignant parfois une grande taille, il y a aussi de petits galets de quartzite prove- nant du Pliocène qui couvre la hauteur. Au milieu de l’agglomé- ration des coquilles brisées on trouve parfois des échantillons presque entiers susceptibles de détermination. , En 19071, un collecteur du Service Géologique du Portugal fut chargé d’aller au cap d’'Espichel, afin d'y rechercher les afileu- rements des sables et d'y recueillir les coquilles par niveau. Il fit trois récoltes. 19 À deux cents mètres au sud-ouest du fort de Baralha, à la distance de 50 mètres du rivage de la mer et à 6 mètres au dessus de son niveau, les coquilles sont abondantes et assez souvent entières. Au même point, autre récolte, mais à l'altitude de 15 m. au-dessus de la mer. 2° À cent cinquante mètres au nord-ouest du fort de Baralha, à 150 m. du rivage et à l’altitude de 62 m., le sable aussi résistant que le précédent, ne renfermait pas de cailloux, et les coquilles 1904 PLEISTOCÈNE DU PORTUGAL 74x- marines relativement rares étaient toutes en mauvais état, la: récolte se borna à une quarantaine de fragments ; au même point, se trouve un tuf calcaire brun-rougeätre dont quelques morceux empâtent du sable marin et qui contenait de nombreuses coquilles, d’Helix à moitié décomposées. 3° Une troisième récolte provient du nord-ouest du sémaphore, à environ 70 m. d'altitude ; elle se compose d’un sable fortement agglutiné, avec nombreux galets de quartzites et débris de coquilles marines tellement brisées et roulées qu'elles sont, même générique- ment, indéterminables. Examinons maintenant ces coquilles de très près pour connaître leurs relations avec la faune vivante et leur habitat actuel : FAUNE PLEISTOCÈNE DU CAP D’'ESPICHEL SOLEN MARGINATUS Pennant. 17967 Solen vagina Linné (pars), Syst. Nat., XII, p. 1113. 1999. marginatus Pennant, British Tools IV, p. 83, pl. 94, fig. 21. 1822. — vagina Turton (non Linné), Dithyra britannica, p.79, pl. VI, fig.4 1859. — marginatus Penn., Sowerby, Illustrated Index British Shells., pl. IL, fig. 10. 1870. — — Penn., Hidalgo, Moll. marinos España, Cat. p. 180, pl. 28, fig. 1. 1886. — — Pult., Nobre, Faune Mal. Tage, Journ. C., Vol. 34, p. 53. 1899. — — Penn., Buquoy, Dautzenberg et Dollfus, Moll. ma- rins Roussillon, I, p. 495, pl. 72. fig. 1-5. | 1900. — — Penn., Pallary, Coquilles marines, dépt. d'Oran, Journ. C., vol. 48, p. 4o. Cap d’Espichel. Altitude 6 mètres. Nous n’avons qu’un mauvais échantillon, mais on constate bien le sillon rectiligne, caractéristique, parallèle au bord palléal, etc. Cette espèce vit actuellement sur le rivage atlantique depuis les côtes de Norvège jusqu'aux Acçores, elle pénètre également dans la Méditerranée. On retrouve son origine ancestrale dans le Miocène français (Solen siliquarius Desh.) et aussi au Portugal. (Planches inédites : Pereira da Costa, I, fig.4.). Dans le Pliocène on la connaît dans divers bassins européens. | MACTRA SUBTRUNCATA Da Costa par. TRIANGULA Ren. 1778. Trigonella subtruncata Da Costa, British Conchology, p. 198. 1803. Mactra subtruncata D. C., ones Testacea britan., p. 93, Supp. p. 37, pl: 27, fig. x 1804. — triangula Renier, Tavola alphabetica, p. 6, n° 83. 18790. — subtruncata D. C., Hidalgo, Mol. Marinos España, p. 170, pl. 30, fig. 34. 742 P. CHOFFAT ET G. DOLLFUS 7 Nov. 1884. Mactra subtruncata Mont. Nobre, Moll. Marinhos Noroeste Portugal, p. Ir. Iëga. — — D. C,, Locard, Monos. du Genre français Mactra, p. 12, pl. I, fig. 2. 1890. — triangula Renier, Locard, id., p. 7, pl. L, fig. 6. 1896. — subtruncata D. C., B. D. D., Moll. Roussillon, Il, p. 559, pl. 82, fig. 1-9. 1900, — — D. C., Pallary, Coq. Marines, dépt. Oran, p. 408. Cap d’Espichel. Altitude 62 m. Un seul échantillon, de petite taille ; espèce bien trigone avec stries concentriques bien accusées. Habite les côtes de l’Atlantique depuis le Finmark jusqu’au Maroc ; connue dans la Méditerranée occidentale. Commune déjà à l’état fossile dans le Miocène européen, elle est abondante dans les gisements du Pliocène ; n’est pas caractéristique. MACcrRA soLipA Linné. 1976. Mactra solida Linné, Systema Nat. Edit. XII, p. 1196. 1853. — — — Forbes et Hanley, British Moll. LE, p.35r, pl. XXII, fig. 1-5 1859. — — — Sowerby, Illust. Index B. Sh. pl. LIL, fig. 25. 1870. — — — Hidalgo, Mol. marinos España, Cat., p. 190, pl. 30, fig. 5-6. 1884 = — — Nobre, Moll. Marinhos Noroeste Portugal, p. 11. 1886. — — — Locard, Catal. Moll. vlv. de France, p. 4or. Cap d’Espichel. Altitude 62 m., deux exemplaires médiocres. Alt. 15 m., plusieurs fragments ayant conservé des traces de zones concentriques colorées. Cette espèce très abondante encorc sur les côtes du Portugal est spécialement atlantique, il semble que c’est bien son habitat le plus méridional, elle ne pénètre pas dans la Méditerranée. Nous considérons la Macira elliptica Brown comme une variété. Elle ne remonte pas au delà du Pliocène et au nord de l’Europe seulement. Existe aussi dans le cordon littoral de Porto. Donax virTATUSs Da Costa sp. (CUNEUS) var. ATLANTICA Hidalgo. 1769. Donax trunculus Linné (pars), Syst. Nat. XII, p. 1127. 1778. Cuneus vittatus Da Costa, British Conchology, p. 207, pl. XIV, fig. 3. 1818. Donax anatinum Lamarck, Animaux sans vert. t. V, p. 552 (type). 1859. — — Lk. Sowerby, Illust. Index British Shells. pl. IE, fig. o. 1870. — vittatus D. C. Hidalgo, Mol. Marinos España, p. 161, pl.48, fig. 7-8. 1886. — — Jeff. Nobre, Faune Malacol. emb. du Tage. Journal C:., vol. 34, p. 47. 1895. — — D. C., B. D. D., Moll: Roussillon, II, p. 461, pl. 68, fig 9-13. Cap d’Espichel. Altitude 62 m. Echantillons assez nombreux, mais d'une conservation médiocre ; stries rayonnantes et sillons concentriques plus au moins accusés. 1904 PLEISTOCÈNE DU PORTUGAL 743 Rivages de l'Atlantique depuis la Norvège jusqu’au Portugal qui paraît son habitat le plus méridional ; remplacée dans la Méditerranée par le D. semistriatus. A l’état fossile, elle n’est guère certaine que du Pliocène d'Angleterre ; son histoire et sa dispersion sont identiques à celles du Mactra solida. TAPES PULLASTRA Montagu sp. (VENUS). 1803. Venus pullastra Montagu, Testacea Britannica, p. 125 (type). 1804. — — — Maton et Rackett, Descriptive Catal., p. 88, DOME 1859. Tapes — — Sowerby, Ill. Index British Shells, pl. IV, fig. 4-5. 1884. — — — Nobre, Moll. Marinhos Noroeste Portugal, P- ï4. 1886. — pullaster — Locard, Étude critique, Tapes de France, p. 253, pl. VIL, fig. 3. 1893 — pullastra — B. D. D., Moll. marins Roussillon, II, p. 402, pl. 61, flg. 1-2. Cap d’Espichel. Altitude 6 mètres. Un petit échantillon de forme bien bombée, à ornements bien accusés, à peu près typique. : Appartenant à la faune atlantique depuis l’Ecosse jusqu’au Portugal, ne pénètre pas sous sa forme typique dans la Méditerranée où elle est remplacée par la race « geographica Gmel. ». De même à l’état fossile elle paraît confinée au Pliocène du Nord de l’Europe, les noms de Tapes saxatilis Fleuriau et T. pullicenus Locard sont synonymes. VENUS GALLINA Linné var. STRIATULA Da Costa. 1967. Venus g'allina L., Syst. Naturæ, XIII, p. 1130. 1778. Pectunculus striatulus Da Costa, British Conchol., p. 191, pl. XII, fig. 2, 1822. Venus laminosa Laskey, Turton, Dithyra Brit., p, 148, pl. X, fig. 4. 1832. — gallina L., Deshayes, Encyclop. Méthod., IIL. p. 1117, pl. 268, fig. 3, À, B. 1870. — — L., Hidalgo, Mol. marinos España, Cat., p. 155, pl. 24, fig. 2-4 ; pl. 23, fig. 2-7. 1886. — — L., Nobre, Faune mal. du Tage, Jowrn. C., t. 34, p. 45. 1893. — — L.,B. D. D., Moll. Roussillon, Il, p. 355, pl. 56, fig. 8 (tantum var. striatula), Cap d’Espichel. Altitude 6 mètres. Un bon échantillon de 16 millim. sur 15 millim. de haut; c’est bien la variété striatula D. C., plus petite que le type, à cordons concentriques plus serrés, non ondulés ; c’est une race atlantique qui n’est pas conuue dans la Méditerranée, vivant depuis les côtes de la Norvège jusqu’au Portugal qui paraît son habitat le plus méridional. Néanmoins elle existait dans la mer pliocène d'Italie comme le prouvent les figures de M. Sacco. 744 P. CHOFFAT ET G. DOLLFUS 7 Nov. CARDIUM ECHINATUM Linné 1767. Cardium echinatum Linné, Systema Nat. XII, p. 1122. 1859. — — L.Sowerby, Illustrated Index, Br.Shells, pl. V fig.xr. 1870. — —— L. Hidalgo, Moluscos Marinos España, p. 149, pl. 37, fig. 1. 1886. — — L. Nobre, Faune Malacol. du Tage. Journ. Conchy. vol. 34, p. 42. 1892, — — L. B. D. D. Moll. du Roussillon, Il, p. 261, pl. 42, fig. 1-5. (Cardium bullatum Locard non Linné). Cap d’Espichel. Deux fragments dans le dépôt de 62 m. Un bon échan- tillon dans la terrasse de 6 m. Il est probable que cette espèce sera trouvée aussi dans le dépôt de l'altitude de 15 m. Il s’agit ici d’une légère modification du type, qui est intermédiaire entre le type et la variété Duregnei de Boury mss., signalée au large du bassin d'Arcachon; les côtes sont divisées en deux par un sillon assez profond dans lequel naïssent les épines. Cepen- dant les échantillons du Portugal sont moins obliques que les échan- tillons d'Arcachon figurés comme exemples dans les « Mollusques du Roussillon ». C’est une espèce spécialement atlantique depuis l’Ecosse jusqu’au Portugal et au Maroc. Le type, et la variété Duregnei, sont inconnues dans la Méditerranée; diverses mutations dans le Miocène, et le Pliocène européen ont précédé les races vivantes. CARDIUM EDULE Linné par. UMBONATA Wood 1967. Cardium edule Linné, Syst. Nat. Edit. XII, p. 1124. 1853. — — L. Wood, Crag. Mollusca, I, p. 155, pl. XIV, fig. 26, var. umbonata. 1859. — L. Sowerby, Ill. Index B. Shells, pl. V, fig. 12. 1890. — — L. Hidalgo, Mol. Marinos España, p. 150, pl. 39, fig. 2-5. 1877. — — L. Nobre, Moll. Marinhos Noroeste Portugal, p. 16. 1892. — — L.B. D. D., Moll. Roussillon, Il, p. 284, pl. 47, fig. 12 (tantum). 1900 — — L. Pallary, Coq. marines, dépt. d'Oran. J.Conch. vol.48, p. 394, nombreuses variétés. Cap d’Espichel. Altitude 15 m., un petit échantillon très épais. Alt. 6 m., plusieurs échantillons et fragments. Cette variété, haute de forme, peu transverse, de taille médiocre, est pourvue de côtes fortes, rondes et larges ; elle appartient également à l'Océan Atlantique et à la Méditerranée ; on la connaît du Pliocène des mêmes régions (Wood et Sacco); elle n’a donc pas de signification bien accusée. 1904 PLEISTOCÈNE DU PORTUGAL 54D CARDIUM NORVEGICUM Spengler var. PONDEROSA B. D. D. 1790. Cardium norvegicum Spengler, Skriften af Naturh. Skels Kabet, I, p. #42. 1791. _ lævigatum Poli (non L.), Testacea Utriusq. Siciliæ, FE p.51, pl. XVII, fig. 10-17. 1819. — . serratum Lamk. (non L}), Anim. sans vert, t. VI p. 11. 1848. — norvegiim Spengl., Forbes et Hanley, British Moll., IT, p. 35, pl. XXXI, fig. 1-2. 1877. — — Sp., Hidalgo, Mol. Marinos España, p. 150, pl. 40, fig. 1-2. 1886. — — Sp., Nobre, Faune mal. du Tage, Journ. C., vol.34 p- 42. 1892. — — Sp., B. D. D., Moll. Roussillon, II, p. 298, pl. 48, fig. 4 (tantum, var. ponderosa B. D. D.). Cap. d’Espichel. Altitude 6 m. Alt. 15 m. Plusieurs échantillons très passables ; ce n'est pas la forme typique, mais une coquille bien plus large que haute, assez épaisse et lourde, dont nous avons fait autrefois la variété ponderosa, type au Croizic ; elle est caractéristique de l'Atlantique moyen et on ne la rencontre jamais dans la Méditerranée, où elle est remplacée par la variété mediter- ranea ou fragile Brocchi. Nous ne voyons rien à lui rapporter, pour le présent, parmi les fossiles. PECTUNCULUS BIMACULATUS Poli 1795. Arca,bimaculatus Poli. Testacea Utriusq. Sicil. I, p. 143, pl. XXX, fig. 17-18. 1843. Pectunculus siculus Reeve, Iconog. Conchy. pl. VIL fig. 4r. 1877. — bimaculatus Poli, Hidalgo, Mol. Mar. Esp. p. 133, pl. 73, fig. 5-6, PI. 8x, fig. 6 (Iles Baléares). 1891. — — Poli. B. D. D., Moll. du Rouss., Il, p. 202, pl. 35, fig. 1-2. 1900. == = Poli. Pallary, Coquilles marines, dépt. d'Oran, J. Conchy., vol. 48, p. 385. Un grand échantillon mesurant 100 millim. dans ses deux diamètres, de la collection Ribeiro. C’est une belle espèce qui est probablement le Pectunculus stellatus Bruguière signalée comme vivante à Lisbonne et non retrouvée depuis. C’est une forme méditerranéenne, épaisse, régu- lièrement arrondie, à crochets cardinaux relativement peu développés et qui descend des grands Pectunculus du Miocène et da Pliocène de la région méditerranéenne. Son gisement précis n’est pas connu, mais la nature de la roche le rapproche des gisements sublittoraux. PECcTEN MAxiIMus Linné 1767. Ostrea maxima Linné, Systema Nat. Edit., XII, p. 1144. 1859 Pecten maximus L., Sowerby, Illustrated Index B. S., pl. IX, fig. 13. 187979 — — L., Hidalgo, Mol. Marinos España, p.120, pl. 33, fig. 1; pl 34, fig. 1 (Asturies). 746 P. CHOFFAT ET G. DOLLFUS 7 Nov. 1886 Pecten maximus L., Nobre, Faune malac. du Tage, Journ. C., vol. 34, P. 34. TSS8, — — L., Locard, Monogr. du G. Pecten de la faune fran- çaise, p. 26 1889. — — L., B.D.D., Moll. du Rouss., IL, p. 67, pl. 14. fig. 1-2. 1900. — — L., Pallary, Coq. mar. d'Oran, Journ. C., t. 48, p. 375. Cap d'Espichel. Altitude 62 m., un fragment. Alt. 6 m., un échantillon roulé. Nos échantillons, quoique médiocres, sont bien reconnaissables par comparaison ; on sait que le P. maximus est une forme caractéristique de l'Atlantique européen ; on n’a que de rares indications de son intro- duction dans la Méditerranée où il est remplacé par le P. Jacobæus. Déjà à l’état fossile l'habitat du P. maximus est Atlantique-moyen nord. MYTILUS GALLOPROVINCIALIS Lamk. 1819. Mytilus galloprovincialis Lamarck, Animaux sans vert, VI, p. 16. 1836. — — Lk. Philippi, Enumeratio Moll. Sicil., I, pl. V. fig. 12-13. 1858. — — Lk.Sowerby,lllust. Index Br. Sc., pl. VIT, fig. 20, 1854. — — Lk. Nobre, Moll. Marinhos Noroeste Portugal, D 27. 1885. — — Lk. Locard, Revision espèces Faune française, genre Mytilus, p. 93, pl. V, fig. 2. 1899. — — Lk. B. D. D. Moll. du Roussillon, 11, p. 133, pl. 5, fig. 5. Cap d'Espichel. Altitude 15 m. Praia dos Navegantes. Nous avons un bel échautillon qui mesure 50 millim. de nine sur 32 millim. de large; un autre qui donne 66 millim. sur 34 millim., et qui est parfaitement conforme à la figure des « Mollusques du Roussillon », (PI. 25, fig. 5), qui représente la variété herculea (non Monterosato). C'est une forme large et grande, de région sensiblement plus chaude que le 7, edulis, et qui vit dans la Méditerranée et les îles de l’Atlan- tique ; à l’état fossile, le A. g'alloprovincialis n’a encore été cité que du Pliocène méditerranéen. Mxrizus EpuLISs Linné 1967. Mytilus edulis Linné, Syst. Nat., XII, p. 1157. 1822 — — L., Turton, Dithyra britannica, p. 196, pl. XV, fig. 1-2 (My. pellucidus). 1899. — — L., Sowerby. Illust. Index British Shells, pl. VIL. fig. 18. 1850. — — L., Hidalgo, Moluscos Marinos de España, p. 127. 1884. — — L., Nobre, Mollus. Marinhos Noroeste Portugal, p. 20. 1386. — L., Locard, Catal. Moll. marins viv. de France, p. 497. 1390. — — L,B. D. D., Moll. marins du Rouss., t. Il, p. 136: type, pl. 26, fig. 1-4. Échantillon de Lisbonne. . Cap d’Espichel. Altitude 62 m., un échantillon petit et étroit. Alt. 15 m., un échantillon couvert de Balanes. Alt. 6 m., échantillons abondants. 1904 PLEISTOCÈNE DU PORTUGAL 747 Nous avons des échantillons bien typiques qui mesurent 60 millim. sur 30 millim. et d’autres irès épais, courts, à sommet incurvé, var. unci- nata (Moll. du Rouss. PL. 26, fig. 12-13). Les deux formes sont nettement atlantiques tempéré nord et ne vivent, ni dans la Méditerranée, ni au Sénégal. Elles remontent sans changement dans le Pliocène du nord. PATELLA VULGATA Linné. 1767. Patella vulgata Linné, Syst. Nat. Edit. XIT, p. 1258. 1778 — vulgaris Da Costa, British Conchol., p. 3 pl. I, fig. 1, 2. 1859 — pulgata L. Hidalgo, Mol. marinos España, pl. LIT et LIIT, toutes les figures (Atlantique). 1884. — — L Nobre, Moll. Marinhos Noroeste Portugal, p. 25. 1886. — — L. Locard, Moll. vivants, marins de France, p. 340. 1891. — — JL. Tryon,ManualofConchol.,t. XIII, p. 82, pl. 10, fig. 1-6. Cap d’Espichel.Altitude 25 m., un échantillon de 4o millim. sur 32 millim. Alt.6m., plusieurséchantillons typiques ; deux spécimens ; coll. C. Ribeiro. Cette espèce est caractéristique de l’Atlantique européen ; elle n'existe pas, ou du moins, elle est fort douteuse dans la Méditerranée. Elle est connue depuis les rivages les plus septentrionaux, de la Norvège jus- qu’au Portugal, qui paraît son habitat le plus méridional. Dans le Plio- cène, elle est connue du Crag d'Angleterre. PATELLA SAFIENSIS Lamarck. 1819. Patella safiana Lamarck, Anim. sans vert, t. V, p. 327. TON — Lk. Delessert, Recueil coq. décrites par Lamarck, pl. XXII, fig. 2. 1866. — — Lk. Locard, Catal. Moll. marins de France, p. 341. 1891. — — Lk. Pilsbry, Tryon, Manual of Conchology XIE, p. 90, pl. 55, fig. 19-21 (Méd). 1900 — — Lk. Pallary, Coq. marines Dépt. Oran. Journal C., vol. 48. p. 364. Cap d'’Espichel: 200 m. S.O., Baralha. Alt. 6 m. Très intéressante espèce dont le type de Lamarck provient de Safi (Maroc), et qui paraît assez abondante sur lelittoral d'Oran. M. Pallary y a distingué trois variétés: var. elongata, rapport de lalongueur à la largeur égal à 1.42; var. éypica, rapport 1.30 à 1.37, à laquelle un échantil- lon du Portugal se rapporte ; var. rotundata, rapport 1.20 à 1.23. C’est une coquille assez grande, ovale, allongée, un peurétrécie en avant, convexe, à sommet excentrique en avant, iufléchi, couvert de rayons nombreux un peu rugueux : sa coloration, qui a persisté, se compose de rayons brunâtres au nombre de 14 environ, séparés par une quinzaine de rayons blancs à peu près de même largeur. M. Pilsbry est porté à y réunir le P. conspicua Phil. de la côte de Guinée (PI. 56 fig. 25-26, PI. or. fig. 47-48). De toutes manières c’est une espèce franchement méri- dionale, analogue au Siphonaria Algesiræ que nous avons trouvée vivante à l'embouchure du Tage. P. CHOFFAT ET G. DOLLEUS 7 Nov. LI HEY\ @ PATELLA CÆRULEA L. par. SUBPLANA P. et M. 1707. Patella cærulea Linné (pars), Syst. Nat., XII, p. 1259. 1819. — tarentina Lamk (non von Salis), Anim. sans vert, VI, p. 332. 1833. — subplana Potiez et Michaud, Galerie de Douai, 1, p. 524, pl. XXXVIL fig. 3-4. 1847. — darentina Lk. (non Salis) Delessert, Recueil coq. décrites par Lamarck, pl. XXII, fig. 9, a, b, c. 1S99. — cærulea Hidalgo, Mol. Marinos España, pl. L, fig. 7-8 (tantum). 1836. -— larentina Lk., Nobre, Faune mal. du Tage, J. C., t. 34, p. 31. 1900. — cærulea L., Pallary, Moll. Dépt. d'Oran, J. C., vol. 48, p. 363. Cap d’Espichel. Altitude 15 m., 2 échantillons de taille médiocre. Alt. 6 m., 2 échantillons. Nos échantillons répondent bien au signalement d’une espèce subpen- lagonale, bien aplatie, à sommet excentrique, à côtes rayonnantes faibles. C’est une espèce plutôt méditerranéenne ; les citations atlan- tiques de Biarritz, de Saint-Jean-de-Luz, du Portugal, sont isolées ; peul-être s'étend-elle jusqu'aux Canaries sous le nom de P. crenata Gmelin d’après M. Pilsbry (Man. Conchy. XIIL, p. 83-84) mais les des- criptions ne s’appliquent pas directement à la variété subplana. EciNus MiLiaris Klein. 1734. Echinus miliaris, saxatilis, etc. Klein. Ed. Leske, Nat. Disp. Echinod, p. 82, pl. IT, A B. 1788. — — — Gmelin, Système Nat. XII, p. 3169. 1816. — = — Lamarck, Anim. sans vert, t. IL, p. 49. 1855. Psammechinus — Desor, Synopsis Echinides fossiles, p. 119, pl. XVIIL, fig. 7-8. 1862. — — Klein, Dujardin et Hupé, Hist. Nat. Echino- dermes, p.526. 1872. Echinus — — K. Al. Agassiz, Revision Echin. I, p. 125. 1553. — — — Mull. AI. Agassiz, Revision Echin. III, p. 425. pl. XXV, fig. tr. Cap d'Espichel. Altitude 6 m. Un bon échantillon (diam. 17 millim., haut. 11 millim.) et des fragments. On sait que M. Alex. Agassiz a rejeté dans ses études récentes le genre Psammechinus comme basé sur des caractères trop inconstants. Notre échantillon a bien les aires interambulacraires étroites, les tuber- cules bien alignés, assez forts, serrés, en ligne droite ; la taille est plus faible que dans l’Æ. microtuberculatus Blaïinv. de la Méditerranée ; cette espèce est au contraire nettement atlantique, des côtes de la Norvège aux Iles Britanniques et aux côtes de France; le Portugal paraît en être l'habitat le plus méridional. Même extension dans le Pliocène du nord seulement. 1904 PLEISTOCÈNE DU PORTUGAL 749 STRONGYLOCENTROTUS LIVIDUS Lk. sp. (EcriNus) 17958. Echinus saxatilis Linné (non Rumphius), Syst. Nat., Edit. X, p. 664. 1816. — lividus Lamarck, Anim. sans vert, II, p. 50. 1840. — — Lk., Anim. sans vert., 2 édit., III, p. 367. 1862. Toxopneustes — Ag., Dujardin et Hupé, Hist. Nat. Echinod., p. 532 (nombreux syn.). 1868. Echinus — Lk., Gray, List of British Animals, Museum, p. 4. 1872 Strongrlocentrolus lividus Lk., A. Agassiz, Revision of the Echini, I. p. 164 (Synonymic). 1873. = — Lk., id, Il, p.446, pl. V b, fig. 3 (Descript.), Cap d’Espichel. Altitude 15 m., fragments. Alt. 6 m., un bon sptcimen (diam. 55 millim., hauteur 30 millim., orifice buccal 15 millim.). Cette espèce est d'habitat atlantique, principalement en Angleterre, sur les côtes de France, en Portugal, aux Acorcs ; les citations de la Méditerranée, qui se bornent à celle de la Spezzia, demandent confirma- tion ; l’Ech. lividus est voisin de l’Z. Drobrachiensis dont les tubercules sont moins gros, moins serrés, et comme dispersés sans alignement, et qui habite les régions arctiques. POLLICIPES corNucoPIA Gmelin. 17985. Pollicipedes Chemnitz, Conchyl. Cab., t. VIIT, p. 335, pl. 100, fig.851-85. 1988. Lepas pollicipes Gmelin, Systema Naturae, XIII, p. 3215. 1803. _ = Gm., Montagu, Testacea britannica, Supp!', DAC pl 9, fig. 5. 1824. Pentalepas — Blainville, Diet. Sc. naturelles, t 32, p.374; t. 42, p.314; pl. 115, fig. 3, (tantum). 1826. Pollicipes cornucopia Lam., Payraudeau, Catal. Moll. Ile de Corse, P. 2. 1838. — _ Lk., Milne-Edwards, Anim. sans Vert., t. V, p. 678. 1856. _ — Leach, Darwin, Monog. subclass. Cirripeda, p- 298, pl. 9, fig. t. 1865. = — Cailliaud, Catal. anim. Loire-inf., p. 42. 1872. = — P. Fischer, Crustacés marins Gironde, Soc. Linn. Bordeaux, p. 34. 188/. — — Carus, Prodromus faunæ Mediterranæ, I, p. 381. 1904. Vaucheria tingitana Pallary, Faune malac. N.O. de l'Afrique, IV, Journal C., Vol. 52, p. 9, pl. IL, fig. 2, 3, 4. Un échantillon incomplet : terrasse de 15 mètres. Cette espèce a son habitat dans l'Atlantique tempéré, depuis l’Irlande jusqu'au Maroc, et dans la région occidentale de la Méditerranée. Comme ce Crustacé pédonculé se fixe souvent sur des bois flottés, on a pu en rencontrer jusqu’en Norvège; son gisement normal est sur les rochers sous-marins de 20 à 50 m. de profondeur. 750 P. CHOFFAT ET G. DOLLFUS 4 Nov. Résumé de la Faunule des cordons littoraux du cap d’Espichel. ALTITUDES GMT 5 6om 1. Solen marginalus, Pennant . . . te 2. Mactrasubtruncala, var. triangula Éonice hs “L 3 Soda en" ie cet Enr Te 4. Donax vitlatus, var. Heroes bee, SU Dee 5. Tapes pullastra Montagu . : + le 6. Venus gallina, var. bee s A STD 7. Cardium echinatum L. d'Ée ne ? e 8. — edule, var. umbonata Wood Æ à 9. — Norvegicum, var.ponderosa B. D. D. + 10. Pectunculus bimaculatus Poli. +7? 11. Pecten maximus L. Le RAA re 1 12. Mytilus galloprovincialis Lame. DA Ce ere 13. — edulis L., var. div. Sie nie 14. Patella vulgata L. + 5 15. — safiensis Lk. Sn AA 16. — cærulea,var. chaman citetemale un 179. Echinus miliaris KI. cr Te 18. Strongylocentrotus lividus Lk. += <= 19. Pollicipes cornucopia Gml. a La faune de 60 mètres d'altitude est la moins nombreuse (6 espèces) c'est une faune tempérée froide, fort analogue à celle de la Manche actuelle ; c’est celle d'une plage sableuse calcaire Mactra solida, Donax vittatus sont des espèces caractéristiques. La faune de l'altitude de 15 m. (10 espèces) est une faune atlan- tique tempérée, un peu plus chaude que la précédente, elle tire son caractère de Mytilus galloprovincialis et Patella cærulea. La faune de 6 mètres, au-dessus du niveau de la mer actuelle, est une faune tempérée chaude toujours nettement atlantique, elle tire son caractère d'éléments méridionaux incontestables : Patella safiensis, Pectunculus bimaculatus (14 espèces), c’est la plus nom- breuse. Il y a encore, parmi les débris, un fragment de columelle que nous rapportons avec un peu de doute au Veptunea antiqua, un moule de 1rochus qui pourrait être le T. obliquatus Gmel., et deux Balanus mal conservés. Documents qui ne modifient pas nos constatations. Dans cette faune on ne constate aucune relation avec la faune pliocène méditerranéenne ou atlantique; ilfaut la considérer comme franchement pléistocène atlantique; aucune espèce n’est modi- fiée. Ces faits établis, peut-on admettre pour toute la presqu'île 1904 PLEISTOCÈNE DU PORTUGAL TÔI entre le Sado et le Tage, pour la chaine de l’Arrabida un mouve- ment d’exhaussement relativement récent aussi important ? Peut- on supposer qu'il s’agit d’amas projetés par la mer au moment des grandes tempêtes ? Les pêcheurs n’admettent pas ces hautes et lointaines projections. Le vent n'aurait pu entrainer les galets, les grosses coquilles qui accompagnent les sables. Il est difficile d'admettre un transport par la main humaine, il est vrai que l’on trouve dans divers points de la région des coquilles apportées à l’époque néolithique ; mais elles sont dans un dépôt terreux et non pas dans un grès. On peut ajouter que depuis l’émersion, les agents atmosphériques ont tendance à désagréger la roche et non ‘ à la cimenter. On ne comprendrait pas d’ailleurs pourquoi ces anfractuosités et ces ravins auraient été remplis. En faveur de l'hypothèse d’un mouvement réel du sol, il ne faut pas oublier que nous avons une élévation forcée à constater pour le Pliocène, situé au-dessus de la Molasse miocène dans la région syncelinale centrale de la presqu'ile ; on le rencontre à une altitude actuelle de 150 m., formé de sables marneux avec galets, parfois fossilifères, avec lits à végétaux et mollusques marins, dits sables d’'Alfeite, localité située sur la rive gauche du Tage, en face de Lisbonne ; ces sables plongent jusqu'au niveau de la mer dans l'estuaire du fleuve et ils se sont déposés certainement autrefois sous une pro- fondeur d’eau uniforme. Il semble ainsi que, depuis le Pliocène supérieur, certains points du pays aient subi un lent mouvement de relèvement, sans qu'on puisse savoir quel en a été l'étendue ; nous n'avons pas encore la clé des vastes dépôts graveleux, qui s'étendent si loin dans les vallées de la région centrale du Portu- gal et qui unissent les vallées du Tage et du Sado. Il est fort possible qu'une partie de ces alluvions anciennes soit pliocène. La carte géologique du Portugal du Nord figure, autour de Porto, vers l'embouchure du Douro, des îlots de Tertiaire pliocène. Mais nous pensons que ces dépôts sont pleistocènes, nous n’avons cons- taté dans cette région que des limons et des graviers, des alluvions anciennes qui ravinent le granite souvent altéré et à l’état d’arène. Sur le littoral, à Foz, une tranchée ouverte pour le tramway nous a montré, à 6 ou $ mètres au-dessus du niveau de la mer, sous le limon, un lit sableux avec coquilles marines pour la plupart brisées et appartenant à des espèces encore vivantes : Pectunculus glyeymeris, Mactra solida, My tilus edulis, Patella vulgaris etc., cette faune est la même que celle du cap d'Espichel (Dollfus, 1879). 752 P. CHOFFAT ET G. DOLLFUS 7 Nov. LA Un ancien géologue du Service du Portugal, M. Vasconcellos!, a constaté également la présence de cordons littoraux dans les envi- rons de Porto et les a décrits dans une étude spéciale sur les terrains superficiels de la baïe du Douro. Il signale à Ervilha des sables graveleux à Cardium. d'autres graviers marins près de Castello do Quejo à l'altitude de 10 m. 50, avec Murex erinaceus, Purpura lapillus, Cardium norvegicum, Mytilus edulis, en connexion desquels il a découvert dans les alluvions anciennes des haches taillées en quartzite, de forme très rudimentaire. Sur un point voisin, M. Nobré a recueilli, Purpura lapillus, Aactra solida, Pectunculus £gl'cimeris et Mytilus edulis *?. Les alluvions anciennes de 50 m. d’altitude à Ervilha n’ont pas fourni de coquilles déterminées avec certitude. Il nous est impos- sible d'admettre d’ailleurs les conclusions de M. Vasconcellos et de voir la trace d'aucune action glaciaire dans les dépôts des environs de Porto. Il a reconnu plus tard que le gneiss strié, qu’il a fait figurer, provient d’un rocher, sur le bord de la mer, qui a été poli par le hâlage d'une corde retenant un bateau; c’est une observa- tion isolée. Les blocs supposés erratiques sont des fragments de granite moins atteints par la décomposition que leurs masses voi- sines et demeurés en saillie par l'entraînement de l’arène qui les entourait. Les limons n’ont aucun des caractères du Boulder Clay du nord; ils sont d’une épaisseur médiocre et sans débris angu- leux mélangés. Il ne reste de ses études que la confirmation de l'existence de cordons littoraux élevés d’une dizaine de mètres au- dessus de la mer, qu’il a pu constater sur quelques kilomètres de longueur. Des vestiges de plages soulevées ont été enfin mentionnés à Viannado-Castello *, à environ 15 m. d'altitude, et à 21 mètres au fortin du Guincho, au sud du cap Roca ‘. 1. VAsconcELLos. Estudo de depositos superficiaes da Bacia do Douro 1881, Lisbonne, 4°, 88 p. 3. pl. 2. Nogré. Étude géologique sur le bassin du Douro. Mém. Soc. malac. Belgique, t. XXVII, 1892. 3 CHorFAT. Provas do deslocamento do nivel do Oceano em Vianna do Castello. Bol. Soc. Geogr. Lisboa, 13° s. 1894. 4. Inem. O Archeologo portuguez, vol. IV, 1898, p. 62. — Voir aussi le vol.X, p. 59-81, de l'Annuaire géologique universel pour 1893. 1904 PLEISTOCÈNE DU PORTUGAL 753 M. Depéret, vivement intéressé par la communication de M. G. Dollfus, regrette seulement de voir employer le vieux mot de plages soulevées et préférerait le remplacer par celui d'anciennes lignes de rivage qui ne préjuge pas la solution de la question si diflicile et si incomplètement résolue à l’heure actuelle de la cause de ces oscillations des rivages, qui peuvent être dûes soit à des sou- lèvements de la terre ferme, soit (et plus vraisemblablement à son avis) à des abaissements généraux de la surface de la mer. Il est, en tous les cas, frappé de la concordance des anciens niveaux marins de la côte du Portugal (70 m., 15 m., 5-6 m.) et de ceux de. la côte de Provence et de l'Algérie. Ces études altimétriques devraient être poursuivies avec méthode et précision sur de très longues étendues de côtes, ainsi que l’a fait M. de Lamothe pour la côte algérienne. M. Haug estime que des études altimétriques ont été précisément « poursuivies avec méthode et précision sur de très longues étendues de côtes » en Scandinavie par MM. de Geer, Brôgger et autres et qu'elles ont donné des résultats diamétralement opposés à la théorie des mouvements eustatiques. Il s’élève contre le terme de « cordons littoraux » que M. Depéret vient d'employer, en pro- posant de le substituer à celui de « plages soulevées ». L’expres- sion de «cordons littoraux » a pour les géographes un sens tout différent. OBSERVATIONS SUR LA LOCALISATION LITHOLOGIQUE DES BLOCS ERRATIQUES ALPINS par M. Stanislas MEUNIER Depuis près de quinze ans, mon attention a été rappelée constam- ment sur l'extension et la manière d’être du terrain boueux à cail- loux striés si abondant le long des préalpes vaudoises et que les géologues sont unanimes à considérer comme un type de terrain glaciaire. 1. M. Depéret avait proposé de remplacer l’expression « plages soulevées » employée au cours de cette discussion par celles de « cordons littoraux » ou «anciennes lignes de rivage ». Il modifia cette proposition à suite de l’ob- servation de M. Haug. (NoTE DU SECRÉTARIAT). 10 Février 1905. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 48. 754 STANISLAS MEUNIER. — SUR LA LOCALISATION 7 Nov. Quelque répugnance que j’éprouve à me mettre en opposition avec ce concert d'opinions, je suis arrivé à la conclusion que les stries dont les galets sont couverts et qui constituent l’argument sur lequel on fait le plus de fond, dérivent, non pas d’une action glaciaire, mais exclusivement des phénomènes de l'érosion souter- raine due aux eaux d'infiltration, et des tassements progressifs qui en sont la conséquence. Je ne rappellerai pas les objections qu'on m'a opposées, dont les plus énergiques viennent de géologues suisses et qui, selon moi, n'ont aucunement la portée qu'on leur attribue. Je constaterai seulement que M. le D' Hans Schardt a renoncé à y voir l’effet direct des glaciers et a recours maintenant à un recouvrement ulté- rieur de moraines préalablement déposées ; idée ancienne déjà développée par M. Falsan. Cette supposition dont la conception est la condamnation même de la doctrine contre laquelle je me suis élevé, ne saurait d’ailleurs supporter l’examen. Toutefois pour rejeter . définitivement la théorie des glaciers gigantesques qu'on ne craint pas d'étendre depuis l'Oberland et le Saint-Gothard jusqu’au sud de Lyon, il reste un fait spécial à expliquer. C'est la présence, parmi les débris qu'ils auraient char- riés, de blocs rocheux, pétrographiquement identiques aux roches qui constituent les sommets de la chaîne centrale. Dans le Jura, par exemple, sur le Chasseron comme dans le Val Travers, et bien ailleurs, on trouve des galets et des blocs de proto- gine et des roches qui lui ont été normalement associées. Et, bien qu'on n'hésite pas à reconnaitre les dimensions colossales des modifications éprouvées depuis la durée de son régime continen- tal par la région alpine, on a parfois signalé la difficulté de com- prendre comment les roches dont il s’agit auraient pu, sans se désagréger complètement, parcourir d'aussi vastes distances. Mais il est un autre ordre de faits qui paraît beaucoup plus diflicile encore à concilier avec cette hypothèse du transport des blocs par la glace : il concerne la répartition des types litholo- giques dans le placage superficiel des matériaux détritiques. A la surface des glaciers actuels, on voit un mélange très complexe de toutes les roches constitutives des sommets voisins ; de façon que, s'ils venaient à fondre, ces glaciers laisseraient sur le sol des trai- nées de débris de toutes sortes tout le long de leur lit. Il peut arriver pourtant de trouver dans la moraine marginale des accu- mulations de blocs uniformes: mais c’est toujours au débouché de quelque vallon latéral provenant d’un relief dominant le glacier et où la roche constitutive de ces blocs se retrouve en place. 1904 LITHOLOGIQUE DES BLOCS ERRATIQUES ALPINS 755 Or, les choses se présentent tout autrement sur la vaste zone soi-disant recouverte par le grand glacier quaternaire et ce qui frappe, quand on compare les blocs erratiques des différents points, c'est leur localisation pétrographique très précise. Par exemple, dans toute la région du canton de Vaud, qui s'étend du pied du Mont Pélerin et des Pléïades jusqu’au Niremont et au Moléson, les blocs sont, pour l'immense majorité, constitués par les grès rouges dits d'Outre-Rhône par M. Schardt. Vers les Avants beau- coup de blocs sont faits de poudingue de Valorcine. Dans le Jura de Neuchatel, près du Champ du Moulin par exemple, j'ai vu des blocs de toutes les tailles dont les plus nombreux sont formés d'un gneiss à viridite très reconnaissable. Du côté de Sainte-Croix, on trouve des restes très notables des énormes blocs erratiques de protogine granitoïde qu'on y a exploités avec une activité si regrettable pour les naturalistes. Ces mêmes roches se présentent encore vers Vallorbe et j'en ai vu de très gros blocs réduits en frag- ments par des coups de mine tout auprès de Ballaignes. Dans le département de l'Ain et spécialement entre Culoz et Belley, des blocs également exploités depuis longtemps, consistent en roches noires, schistes tendres et grès durs, qu'il paraît légitime de ratta- cher à la formation houillère. On remarquera que ces diverses catégories de roches : grès tertiaire, protogine et gneiss protogi- nique, grès et schistes houillers, tendent à dessiner des bandes parallèles à la chaine. D'ailleurs on peut remarquer aussi qu’en certains points, le terrain détritique se montre absolument privé de matériaux analo- gues à ceux qui composent les hauts sommets. C’estainsi que, dans le canton de Vaud, vers les sources de la Veveyse de Fégyre, au pied de la grande Bonnaveau et au petit Caudon, on chercherait en vain le moindre bloc rappelant la substance des montagnes du Valais. Les progrès des recherches orogéniques semblent pouvoir nous procurer la solution de ces difficultés. En effet, les études récentes sont unanimes pour attribuer, dans la formation de la chaîne des Alpes, une importance considérable aux phénomènes dits des « lames de charriage ». Pendant le soulèvement ou mieux au cours des compressions dont la chaîne estle résultat, des plaques rocheu- ses ont été entraînées, sous des angles peu ouverts sur l’horizon, jusqu'à des distances prodigieuses des massifs lithologiques aux- quels elles avaient été arrachées. On retrouve vers les régions marginales des chaînes, des restes de ces lambeaux déplacés et l’on arrive à retrouver, au grand profit de la théorie, les racines qui les ont fournies. 756 STANISLAS MEUNIER. 7 Nov. Maïs on reconnaît aussi que ces masses exotiques, ainsi que les roches qui les avoisinent et qui les supportent, soumises à l’action concourante de tous les agents intempériques s’altèrent peu à peu et surtout changent leurs relations mutuelles ; les unes cédant aux efforts extérieurs plus ou moins vite que les autres. Si on suppose une lame de protogine ou de poudingue de Valor- cine charriée entre des roches calcaires, celles-ci au bout d’un temps convenable, dégageront la substance plus résistante qui apparaîtra comme une klippe; puis celle-ci, elle-même émoussée, démantelée, réduite en fragments progressivement séparés, puis diminués, passera à l’état de groupe de blocs erratiques. Or c'est précisément la reproduction de l’état de chose que nous venons de constater dans de nombreuses localités. L’énorme dénudation subie par le pays a sculpté le sol en chaque point avec une énergie et selon un profil qui dépendent des résistances qu'elle y a rencontrées. Les tranches des lames de charriage sufli- samment cohérentes ont dû dessiner comme des chaînes parallèles à l’ensemble principal et qui progressivement ont acquis un relief de plus en plus accentué par rapport aux régions d’alentour, plus faciles à désagréger et à emporter. IL en est résulté des sommets couronnés de roches exotiques et qui sont devenus tout naturelle- ment des centres de dispersions de blocs erratiques ayant l’iden- tité la plus parfaite avec ceux que fournissait de son côté la crête axiale de la grande chaîne. _ Cette conséquence directe des observations, facilitera beaucoup la compréhension des dimensions sous lesquelles se présente la zone d'extension des blocs erratiques tout le long des Alpes, sans faire intervenir la conception de glaciers dont la longueur et l'épaisseur étant en disproportion absolue avec tous les accidents actuels de la physique tellurique, viendraient contredire à la notion de mieux en mieux établie de l’évolution progressive de la surface terrestre. REMARQUES SUR LES PHÉNOMÈNES DE LA DÉCALCIFICATION A PROPOS D'UNE NOTE DE M. A. DE GROSSOUVRE par M. Stanislas MEUNIER Malgré ma résistance aux discussions, ordinairement si stériles, je ne puis me dispenser de répondre quelques mots à un travail récent où M. À. de Grossouvre cherche à démontrer que, contraire- ment à mon opinion. la silice farineuse et silexifère de Vierzon ne dérive pas de la craie par décalcification *. Quoique flatté de voir mon contradicteur constater que mes notes précédentes € ont paru faire une certaine impression sur l'esprit de quelques-uns de nos confrères » et noter que mon hypothèse relative au fer oolithique a été qualifiée de «solution élégante », je suis obligé tout d’abord de me demander si M. de Grossouvre ne se comporte pas comme s’il était décidé à l’avance à contrecarrer toutes mes propositions. Ne conteste-t-il pas par exemple la qualité de produit de décalcification à la terre de pipe de Prépotin ? Il suffit cependant d’un coup d'œil sur la coupe que j'ai publiée en 1900 ? pour reconnaître non seulement que cette argile est intercalée entre des produits incontestablement décal- cifiés (sables à fossiles silicifiés reconnaissables et argile à silex ordinaire), mais encore qu'il existe entre cette argile blanche et le « terrain superficiel de la craie, » des intermédiaires extrêmement ménagés, comme une argile presque aussi blanche, mais contenant des silex épuisés et des fossiles. Quant à la silice farineuse de Vierzon, les arguments que m’op- pose M. de Grossouvre ont certainement plus d'apparence que de réalité. Et d’abord il faudrait, avant de discuter et afin d’éviter des querelles de mots, s'entendre sur le sens à attribuer à l'expression même de décalcification. Pour moi, c’est la soustraction du cal- caire d'une formation dont il faisait partie, et il est évident que cette opération n'implique aucunement qu'il n’y aura pas substitu- tion partielle ou totale au calcaire enlevé, d’une matière apportée par l’agent dissolvant. C'est justement pour cela que j'ai compris dans le domaine de la décalcification l'histoire, que je crois avoir reconstituée, du 1. À. DE GRossOUvRE. Nouvelles observations sur le terrain à Silex du sud- ouest du Bassin de Paris. B. S. G. F., (4), III, 1903, p. 767. 2 Sr. MeuntER. Étude stratigraphique et expérimentale sur la sédimenta- tion souterraine. C R. Congrès géol. internat. 1900, I, p., 6r9. 798 STANISLAS MEUNIER 7 Nov. minerai de fer de Lorraine ; c’est bien un produit de décalcifica- tion, puisque c’est la conséquence de la soustraction du calcaire et c’est le résultat, en même temps, d’un apport d'oxyde de fer. A ce titre, la génèse de la silice farineuse est calquée sur celle de la limonite et, dans mes expériences déjà décrites, j'ai cité le cas où un calcaire imprégné de silicate alcalin est soumis à l’action d’une infiltration acide ; remarque qui fournit l’occasion de rappeler qu'il semble légitime de penser que la silice d’imprégnation de la craie est d'ordinaire engagée dans quelques combinaisons solubles qui se défont en des localités d'élections. Et c’est justement parce que la décalcification peut s’accompa- gner, et s’accompagne très souvent, d’un apport de substances nouvelles dans le sein de la roche transformée, que le résidu peut avoir en bien des cas, sensiblement la structure de la roche initiale et conserver par exemple ses lits de silex sans grand déplace- ment. J’ajouterai d’ailleurs que M. G. Ramond, mis en cause à cet égard par M. de Grossouvre, m'a assuré qu'il n’a pas vu lui-même la coupe qu’il a publiée et que la forme des lits de silex indiqués dans son travail sur la dérivation des sources de la Vigne et de Verneuil n’a pas été déterminée avec précision, maïs a été dessi- née seulement d’une façon schématique, de telle façon qu'elle ne peut fournir un argument. A ce propos, il y aurait certainement lieu de s’arrêter un moment sur quelques-unes des propositions de M. de Grossouvre, en ce qui concerne la solubilité relative de la calcite et de la silice hydratée dans l’eau pure. Je me permets de croire que des considérations du genre de celles qu'il développe sont d'application plutôt restreinte aux phénomènes naturels. Et d’abord, tout le monde sait bien qu'il n'existe pas d’ « eau pure » dans la Nature : s’il s’en insinuait par aventure dans la craie, elle n'aurait pas franchi dix centimètres qu’elle serait déjà pourvue d’une foule de principes dissous. Or, dès qu’on substitue à l’eau distillée, des dissolutions salines on change du tout au tout les conditions du problème et la preuve en est fournie à l'instant par l'examen microscopique d’une lame mince taillée dans la craie. On y voit que la calcite y est constamment en mouvement, dissoute et précipitée, si bien qu'il se fait progressivement une association intime de calcite cristallisée avec la matière terreuse initiale. En outre. on constate dans la même préparation que la silice, toute soluble qu’elle soit, tend à s'arrêter et même à passer de l’état de gelée à ceux desilex etmême de quartz, dans Les points 1904 SUR LES PHÉNOMÈNES DE LA DÉCALCIFICATION 759 mêmes d’où la calcite a été soustraite et où par conséquent, sur une échelle aussi réduite qu'on le voudra, il s’'accomplit une véri- table décalcification. Voilà qui est incontestable et voilà qui n’est guère conforme aux principes de haute chimie si savamment exposés par M. de Gros- souvre : « En réalité, dit-il, la silice est beaucoup plus soluble que le carbonate de chaux dans l’eau pure », et la craie lui répond par la silice s'immobilisant dans le milieu où la calcite circule sans cesse. C’est qu'il se passe ici un fait de la plus haute importance et qu'il faut avoir présent à l'esprit, car il constitue une différence radicale entre la silice et la calcite : c’est que, tandis que cette der- nière déposée de sa solution, est tout aussi soluble, ensuite, si le dissolvant se présente de nouveau, la silice au contraire, tend d’elle- même par un travail intérieur, à passer par des états moléculaires successifs où elle est de moins en moins accessible aux entreprises des liquides souterrains. De là résulte la possibilité, fréquemment réalisée, d’une concentration de la silice en certains points et l’on sent quelle part cette réaction peut prendre dans la production d’amas analogues à celui de Vierzon. Une distinction dont nous laissons volontiers l’invention à M. de Grossouvre, c’est celle qu'il fait entre les matériaux solubles et les matériaux plus difhcilement attaquables : il ÿ a là une subti- lité dans laquelle il n’est pas indispensable de le suivre, mais on peut aflirmer qu’on n'obtient pas les résultats qu'il annonce dans cette expérience, qui consiste à constater la disparition successive dans les acides, du carbonate de chaux, puis de l’aragonite, puis de la calcite qu’on avait préalablement mélangée. En réalité, même dans les solutions d’acide extrêmement diluées, les grains de calcite sont attaqués dès le premier contact : ce n'est pas parce qu'il y a à côté d'eux des grains plus solubles qu'eux, que l'acide n’a plus de prise sur eux. Pour que la disparition se fit comme on l'annonce, il faudrait des proportions convenables des corps mélangés, mais en en adoptant d’inverses on déterminerait la dis- parition dans l’ordre contraire. De même, dire que l’action des eaux carboniques est essentielle- ment différente de celle des eaux acidulées par l’acide chlorhy- drique, c’estune appréciation qu’il y aurait a expliquer. Il est clair qu'il se fait dans un cas du bicarbonate et dans l’autre du chlorure de calcium; mais la décalcification en résulte indifféremment. Et d’ailleurs j'ai dans beaucoup de cas opéré avec des dissolutions d’acide carbonique, sans constater des particularités spéciales. 760 STANISLAS MEUNIER 7 Nov. C'est encore dans le même ordre d'idées qu'il faut classer cette réponse « péremptoire » que les eaux sortant de la craïe coritenant à peine douze fois autant de calcaire que de silice, celle-ci qui représente moins (et bien moins) du douzième de la roche, sera enlevée par les eaux d'infiltration. L'observation microscopique de la craie rappelée tout à l'heure, en accentuant à cet égard la différence de manière d’être des deux substances, explique aussi comment il y aura beaucoup de cas où l'argile de la décalcification contiendra des silex n'ayant pas été disséqués, privés de leurs éléments hydratés et transformés en cacholong spongieux. La composition propre des silex, celle de l’argile qui les enveloppe et aussi les conditions générales de l'infiltration aqueuse inter- viennent dans chaque cas. On sait que dans un très grand nombre de localités, entre Beyne et Thivernal, dans le Vexin et bien ailleurs, les silex qu’on retire du terrain superficiel de la craie le mieux caractérisé, sont absolument intacts. On les emploie pour le macadam et suivant l'expression de M. de Grossouvre : « l'observateur le plus compétent serait fort embarrassé pour séparer les silex de la craie de ceux que renferment ces gisements ». Evidemment le genre de raisonnements auquel nous avons à répondre doit conduire à de fréquents mécomptes. Par exemple, comment M. de Grossouvre s’explique-t-il qu'un Cérithe du Calcaire grossier se soit parfaitement silicifié au sein même d’un lit de calcaire resté calcaire et dans la pâte duquel on trouve aisément de la gelée siliceuse en voie actuelle de circulation ? On assiste dans le même lieu à la soustraction de la matière calcaire de la coquille et à la précipitation de la silice. Avec la considération des réactifs étudiés à part, le fait est paradoxal ; il faut faire inter- venir dans son interprétation, au lieu de liquides chimiquement formulables, les sèves minérales qui baignent les tissus du grand organisme tellurique et qui sont aussi compliquées dans leur com- position que les humeurs physiologiques *. Comment la chimie théorique expliquera-t-elle encore le cas, récemment décrit, de la cristallisation à l’époque actuelle dans le sous-sol de la Place de la République à Paris de célestine parfaite- ment cristallisée, puis de la disparition de ce minéral regardé comme «insoluble »et son épigénie par de la calcite. On aurait cependant bien le droit de déclarer que les dissolvants naturels et spécialement l’eau carbonique dissolvent la calcite et respectent la célestine. 1. Voir à ce sujet mon article sur la « Physiologie de la Terre » dans la Revue des Deux Mondes, du 1° juillet 1904. 1904 SUR LES PHÉNOMÈNES DE LA DÉCALCIFICATION 7J6T Aussi en présence de semblables circonstances si fréquemment renouvelées, on ne peut s’empêcher de formuler une très brève réflexion. Déjà on a insisté sur l'abus, commis tant de fois, des considérations purement géométriques dans les recherches géolo- giques et l’on a montré sans peine qu'il en est résulté pour beau- coup de théoriciens, la substitution à la Terre, dont il nous importe tant de savoir l'histoire, d’une terre complètement arüficielle où l'on ne peut découvrir que les caractères dont on l’a gratifiée par hypothèse. Or, il est très remarquable que d’autres géologues se comportent à peu près de même au point de vue chimique : ils isolent certains principes des masses rocheuses, les placent dans des conditions très simples en présence de réactifs bien définis et veulent appliquer directement leurs résultats à l’histoire de la Nature. Mais ici encore celle-ci est bien plus complexe que nous ne sommes capables de la concevoir ; il nous est aussi impossible de réduire la chimie du globe à des formules rationnelles que sa mor- phologie à des équations. Dans les deux cas, on n'obtient que des résultats partiels et plus ou moins approchés : on fait des caricatures chimiques, comme on faisait déjà des caricatures géométriques. Passant à un sujet très voisin de celui qui concerne la silice, M. de Grossouvre paraît ne pas apprécier, comme il conviendrait, la fréquence avec laquelle le fer se trouve en combinaison dans la craie. Il serait difficile de prouver son assertion que « l'observa- tion montre sur toute la surface de la craie, comme résidu con- stant de l’action des eaux météoriques, une terre argileuse rougeâtre ». Pour ma part, je connais beaucoup de craies, à Saint- Sulpice (Oise) par exemple, quine donnent pas de résidu rougeätre par la dissolution subaérienne, mais seulement une matière argi- leuse grisâtre ou noirâtre, ressemblant beaucoup à l'argile plastique et qui est colorée non par le fer, mais par de la matière organique. Rien n'empêche de croire que, si cette dernière était brûlée dans des conditions convenables, elle ne laisserait pas une argile tout à fait décolorée. Or, avec le temps les eaux météoriques pénétrant dans le sol, sont admirablement placées, par l’air qu'elles tiennent en dissolution en même temps que l'acide carbonique, pour réali- ser cet effet. A vrai dire, je n’en ai pas la preuve directe, mais toutes les probabilités sont en faveur de cette supposition. Quant à la disparition du fer au cours de la décaleification dont parle M. de Grossouvre, elle n’est pas aussi contradictoire avec la persistance de la silice que ce géologue paraît le croire. Sans pou- voir faire à notre sujet une application directe, qui demanderait des éclaircissements spéciaux, de faits scientifiquement observés, 762 STANISLAS MEUNIER 7 Nov. je rappelerai que certains principes d’origine organique entraînés par les eaux d'infiltration ont précisément cette propriété d'extraire le fer des sols rubéfiés, sans toucher d'une manière active à la silice que ceux-ci peuvent contenir. C’est ce qu'on observe dans les assises superficielles où pénètrent des racines végétales. En maintes locali- tés, les argiles rouges du Diluvium et du Travertin de la Beauce sont plus au moins décolorées et parfois entièrement blanchies par ce procédé et il ne paraît pas invraisemblable de supposer que par une extension rationnelle, il s'étend à l’histoire de certaines gaizes où la matière végétale n'a pas manqué, et par conséquent de certaines silices farineuses. Du reste, parmi les objections si nombreuses de M. de Gros- souvre, il en est dont je n'arrive pas à bien saisir le sens. Et c’est le cas quand il écrit : (Que dire d’une expérience où le résultat est obtenu au bout de quelques jours, alors que pour réaliser dans la nature le phénomène que nous étudions, il a fallu des centaines et même des milliers de siècles? ». De mon côté je me permettrai de demander à quoi pourrait répondre une expérience qui ne se propo- serait pas de reproduire un résultat naturel dans des conditions plus favorables à son observation que celles qui sont offertes par la Nature. C’esttantôten diminuant les dimensions desobjets, tantôt en abrégeant les durées des phénomènes que l'expérience devient possible. Si l'expérience devait exiger un aussi long temps que le phénomène réel à quoi pourrait-elle servir ? En résumé, je crois que les quelques lignes qui précèdent justi- fient pleinement une des assertions de M. de Grossouvre, à savoir que « l'observation prouvera toujours plus que tous les raisonne- ments ». Je me permettrai seulement d'ajouter «l'expérience » à la. suite de l’observation et de m'étonner que mon contradicteur ait trouvé un motif de formuler cet excellent aphorisme dans mon travail, où je croyais m'être borné à la constatation pure et simple des faits. NOTE SUR LE GENRE CHOFFATELLA n. g. par M. Ch. SCHLUMBERGER | (Pc. XVIIL) Notre confrère, M. Choffat, m'a communiqué, il y a quelque temps, des échantillons de roches pétries de Foraminifères prove- nant de l'étage du Gault du Portugal : il ÿ avait joint un tube contenant trois Foraminifères du Séquanien de Zambugal étiquetés Cristellaria. D'autre part, mon ami M. Douvillé, m'ayant remis un tube d'Orbi- tolines de l’Aptien de Voreppe, j'y ai trouvé mélangé un assez grand nombre de formes tout à fait semblables à celles du Portugal. Enfin, ces mêmes Foraminifères se trouvaient en nombre, quoique de plus petites dimensions, sur une roche des collections de l'Ecole des Mines provenant, suivant l'étiquette, de l’Astartien du Locle. Ayant réussi à dégager ceux qui étaient fixés sur les roches, j'ai éxécuté de nombreuses sections dans tous ces organismes qui, à première vue, ressemblent à des Spirocyclina et j'ai pu constater qu'ils constituent un genre nouveau, que je dédie au savant géo- logue de Lisbonne sous le nom de Choffatella. CHOFFATELLA n. £. Plasmostracum plus ou moins discoïdal, composé de loges enrou- lées en spirale plane comme un Peneroplis. La paroi convexe des loges est percée de nombreux canaux qui constituent les ouver- tures. La surface extérieure est couverte d’un réseau très serré de mailles circulaires. Le test est finement arénacé. CHOFFATELLA DECIPIENS Schlumb. n. g., n. sp. PI XVIIL Fig. 1-6 En prélevant dans un petit individu de la forme A une section mince horizontale, passant par le milieu du disque (Fig. 5), on trouve au centre une loge initiale d'environ 16 & , autour de laquelle s’enroulent en spirale de nombreuses loges, dont les parois convexes externes sont presque aussi épaisses que le vide des loges. Ces parois sont traversées par une ligne de nombreux canaux qui constituent les ouvertures. Des deux côtés de ces canaux naissent de nombreux trabécules qui s’anastomosent vers la surface du disque et y déterminent un élégant réseau de mailles circulaires. Ce réseau n’est pas toujours très visible à l'extérieur mais il est facile de le faire apparaître en usant légèrement la surface ainsi que le montre la figure 6. 764 NOTE SUR LE GENRE CHOFFATELLA 7 Nov. Une section transversale par le centre (Fig. 4) est nécessairement un peu confuse, puisque, par suite de leur disposition en spirale, toutes les loges sont eoupées obliquement, mais on y voit cepen- dant la disposition des trabécules tout autour des paroïs externes. La forme B des Chofjatella (Fig. 2) ne diffère de la forme A que par une très petite loge initiale et une spire plus resserrée au centre. La figure 1 reproduit la vue extérieure du plus grand individu rencontré qui a 4 millimètres de diamètre. On voit que la suture des loges, peu visible au centre, est plus accentuée pour les der- nières. La figure 3, prise sur le même individu, montre la ligne des ouvertures de la dernière loge. Le test est finement arénacé. Habitat. Porto do Cavellinho dans le Gault du Portugal (Choffat), Aptien de Voreppe, Isère (Ecole des Mines). Observations. — Les Chofjatella de l'Aptien de Voreppe ont identiquement la même apparence externe et les mêmes disposi- tions des loges que ceux du Gault du Portugal et constituent avec eux incontestablement une seule et même espèce. Les individus du Séquanien de Zambugal (Arribida), qui m'ont été communiqués par M. Choffat, sont en trop petit nombre (3) pour permettre une appréciation spécifique certaine. Cependant l’exemplaire que j'ai sectionné semble indiquer une petite difté- rence de la forme des cloisons terminales des loges. Quant aux Choffatella du Locle, les sections planes reproduisent presque exactement la figure 5, à la seule différence que la cloison terminale des loges est beaucoup plus épaisse, plus épaisse que le vide des loges. Mais il peut y avoir un doute relativement à la position stratigraphique de la roche qui les renferme. L’étiquette qui l'accompagne indique qu’elle provient de la collection de feu M. Auguste Dollfus, mais le mot Astartien est d’une autre écriture que le reste de l’étiquette. EXPLICATION DE LA PLANCHE XVIII. Fig. 1. — Choffatella decipiens Searums. Vue extérieure de la face plane au grossissement de 14 diamètres. Gault de Porto do Cavellinho (Portugal). Fig. 2. — Choffatella decipiens Scazums. Section plane d’un individu de la forme B au grossissement de 20 diamètres. Fig. 3. — Choffatella decipiens Sexzums. Vue extérieure du côté de l’ouver- ture au grossissement de 14 diamètres. Fig. 4. — Choffatella decipiens Scacums. Section transversale de deux indi- vidus de la forme A au grossissement de 25 diamètres. Fig. 5. — Choffatella decipiens Seazums. Section horizontale d’un individu de la forme À au grossissement de 25 diamètres. Fig. 6. — Choffatella decipiens Soncums. Section tangentielle montrant le réseau superficiel au grossissement de 25 diamètres, Note bE M. Ch. Schlumberger Bull. Soc. Géol. de France äme Série; T. IV; PI. XVIII (Séance du 7 Novembre 1904) Cliché et Phototypie Sohier et Cie Champigny-sur-Marne Choffatella decipiens SCHLUMS. SUR LES COUCHES DE GOSAU CONSIDÉRÉES DANS LEURS RAPPORTS AVEC LA THÉORIE DU CHARRIAGE par M. A. de GROSSOUVRE Je me propose d'examiner ici dans quelle mesure on est auto- risé à invoquer, à l’appui de la conception développée si éloquem- ment par M. Termier ’, la présence dans les Alpes Orientales de ces célèbres Couches de Gosau, qui ont pendant si longtemps attiré l'attention des géologues et des paléontologistes. Peut-on trouver dans leur nature, dans leur faune, dans les conditions spéciales de leur gisement, des motifs de penser qu’elles ne sont pas en place et qu’elles ont été amenées dans leur situation actuelle par un charriage grandiose? Devons-nous les considérer comme des couches autochtones ou, au contraire, comme les débris d’une grande nappe exotique, dont l’origine serait à chercher à plus de 100 kilomètres au sud, au voisinage de la vallée de la Gail, dans la région des Dinarides ? Tout d’abord je dois déclarer que je n’ai nullement l'intention d'attaquer ici la nouvelle théorie tectonique ; au contraire je puis affirmer hautement que j'ai été convaincu par l’entraînant exposé de mon éminent confrère. Cependant, quel que soit l'attrait que puisse exercer sur notre esprit cette interprétation de la structure de la chaîne alpine, il convient de ne pas fermer les yeux sur les difficultés qu’elle soulève et, je dirai même plus, il est utile de les signaler, ne serait-ce que pour provoquer de nouvelles observa- tions qui mettraient en lumière des faits passés inaperçus. Les Couches de Gosau, je crois les bien connaître, autant du moins qu’on le peut, lorsqu'on ne les a pas étudiées sur le terrain . et qu'on s’est borné à la lecture des nombreux mémoires dont elles ont été l’objet. Je me les représente comme fort semblables aux couches sénoniennes des Corbières : des deux côtés ce sont les mêmes alternances de conglomérats, d’argiles et de calcaires, de bancs à Hippurites et de bancs à Ammonites. Ce qui me confirme encore dans cette manière de voir, c'est la similitude complète, la 1. P. TErMIER, Les nappes des Alpes Orientales et la synthèse des Alpes, B. S. G. F., (4), UL, 1903, p. 711. 766 A. DE GROSSOUVRE 7 Nov. presqueidentité, des faunes des deux régions composées à peu près des mêmes éléments et le plus souvent dans le même état de conser- vation. Je dois à l’amabilité de mes confrères d'Autriche un bon nombre de fossiles des Couches de Gosau : en général ils ressem- blent tellement comme mode de fossilisation, comme nature de la gangue, à ceux de Sougraigne ou de Saint-Louis, qu'il est parfois impossible de les distinguer les uns des autres. Dans les Alpes orientales nous retrouvons, comme je l'ai montré autrefois ", les mêmes successions de faunes qu’en Provence, dans les Corbières, l’Aquitaine ou la Touraine. La stratigraphie ne semble donc pas avoir été considérablement bouleversée, du moins pour la plupart des gisements, et ce fait, sans être un argument décisif contre la thèse du charriage, ne laisse pas cependant de surprendre un peu. Les Couches de Gosau sont constituées par un grand nombre de lambeaux disséminés principalement sur Le revers nord de la chaîne des Alpes orientales. À une époque où l’on était porté à confondre les affleurements des couches avec les rivages des mers qui les avaient déposées, on regardait ces divers gisements comme mar- quant l'emplacement d'anciens golfes qui auraient été plus ou moins analogues aux fjords des côtes de la Norvège : à leur abri, les Hippurites, fossiles les plus remarquables de,ces couches, auraient pu vivre en bancs serrés à peu près comme le font aujour- d'hui les Huîtres sur certaines de nos côtes. En émettant une pareille hypothèse, on oubliait de tenir compte des dérangements évidemment subis par les couches alpines depuis l’époque où vivaient les Hippurites. La théorie des fjords est donc insoutenable. D'ailleurs si en certains points, comme dans la vallée de Gosau par exemple, les couches à Hippurites occupent le fond d'une dépression dominée de tous côtés par les masses imposantes des calcaires triasiques, ailleurs comme au sommet du Muttekopf près Inst, sur la rive gauche de l’Inn, elles reposent à l'altitude de 2576 mètres sur la dolomie triasique. Il m'a donc toujours paru, et j'ai déjà eu l'occasion d’exprimer cette opinion, que les couches à Hippurites des Alpes Orientales ne sont que les débris d’un terrain autrefois continu et fort étendu, mais aujourd'hui morcelé par les bouleversements alpins et en grande partie dispersé par les érosions qui ont modelé le relief définitif de la chaîne. Il est vrai que ce peuvent être aussi les débris 1. À. DE GROSSOUVRE. Sur l’âge des couches de Gosau. B. S. G. F., (3), XXII, 1894. CR. des séances, p. xIx. 1904 | SUR LES COUCHES DE GOSAU 767 d’une ancienne nappe, de sorte que nous ne trouvons là aucun motif pour conclure dans un sens plutôt que dans un autre. Cependant ne doit-on pas considérer comme une anomalie la présence sur le revers septentrional des Alpes de ces singuliers fossiles, les Hippurites, considérés par beaucoup de géologues comme propres à la province mésogéenne ? Il nous faut donc examiner comment nous pouvons interpréter leur présence, en tenant compte des données paléogéographiques que nous possédons. J'ai montré ’ que l'hypothèse d’une chaîne vindélicienne, for- mant séparation entre la Mésogée et la mer qui couvrait la plate- forme septentrionale, n'était fondée sur aucune donnée sérieuse, au moins pour la période crétacée, et j'ai fait voir que les eaux qui couvraient la Bavière s’étendaient librement au sud jusque sur la fosse préalpine. Comme les Hippurites sont manifestement, d’après les données que nous possédons, des animaux ayant vécu sous une très faible profondeur d’eau et par conséquent ayant habité la zone littorale, j'ai été amené à regarder leurs gisements comme jalonnant approximativement les anciens rivages de la mer crétacée septentrionale. C’est donc contre cette conclusion que s’éleverait une première objection tirée de l'habitat des Hippurites : n’y a-t-il pas lieu d’être surpris de rencontrer sur les bords de cette mer septentrionale des animaux pour lesquels auraient été nécessaires des eaux plus chaudes ? Faut-il en conclure qu'ils ne seraient pas en place là où nous les observons aujourd'hui et qu’ils auraient été amenés dans leur position actuelle par de gigantesques charriages, produits au cours de l’ère tertiaire ? C’est à tort, par conséquent, que nous les aurions considérés comme ayant habité les côtes de la mer septen- trionale de la craie. Avant d'examiner le bien fondé de cette opinion, il n’est pas inutile de remarquer que l'examen de la distribution des diverses faunes qui ont vécu à une époque donnée, a souvent conduit à émettre sur leurs rapports géographiques des idées qui ont dû être abandonnées à la suite de recherches plus approfondies. Neumayr * croyait, en s'appuyant sur la distribution des divers groupes d'Ammonites, reconnaître sur notre globe l'existence, 1. À. DE GRossouvre. Recherches sur la craie supérieure. Première par- tie : Stratigraphie générale, 1901, p. 864. 2. M. Neumayr. Ueber klimatische Zonen während der Jura- und Kreide- zeit, Denksch. d. Math. Naturw. CL. d. k. Ak. d. Wissensch. XLVII, Wien, 1883, p- 277. — Erdgeschichte, 1887, p. 329-332, 369, 380, 393. 708 A. DE GROSSOUVRE 7 Nov. au cours des temps mésozoïques, de zones froides, tempérées et chaudes. Or, ces conclusions, vivement combattues d’abord par MM. Heïlprin : et Pfeffer *, ont été définitivement renversées par les travaux de MM. Walther * et Ortmann ‘, qui ont prouvé que les Ammonites n'étaient pas des animaux pélagiques, nageant à la surface des Océans, mais qu'ils avaient dû en habiter les fonds. de sorte que M. Pompeckj * put démontrer en 1897 que leur distri- bution géographique dépendait, non de conditions climatériques différentes, mais de la profondeur des fonds sur lesquels ils avaient vécu. Pendant longtemps aussi on a considéré la Craie de Villedieu comme une anomalie, tant ses sédiments et sa faune différaient de ceux de la Craie blanche : on aurait pu la comparer à un morceau de la craie de l’Aquitaine transporté dans le Bassin de Paris. Pour expliquer une pareille singularité on émettait les hypothèses les plus variées. Les uns supposaient des lacunes et cherchaient à quel niveau de la Craie blanche elles pouvaient exister, tandis que d’autres tendaient à paralléliser la Craie de Villedieu avec quelque zone de la Craie blanche, mais là encore les divergences les plus prononcées se manifestaient ; aussi lorsqu’en 1889 ‘, je montrai que cette assise n'était qu un faciès local de couches représentées ailleurs par de la Craie blanche et que loin de constituer une simple zone, elle correspondait en réalité à plusieurs niveaux, mes conclusions furent tout d’abord accueillies avec incrédulité parce qu’elles se heurtaient aux vieilles idées qui avaient encore cours à cette époque : on avait peine à croire que des sédiments différents aient pu se déposer au même moment dans une même mer. N'est-ce pas encore une erreur de même ordre que nous retrou- vons dans les idées de Neumayr sur la distribution des mers 1. HeicPriN. The geographical and geological distribution of animals, 1887, p. 223-226. ; 2. PrEFFER. Versuch über die erdgeschichtliche Entwickelung der jetzigen Verbreitungs verhältnisse unserer Thierwelt, Hamburg, 1891. 3. J. WALTHER. Einleitung in die Geologie als historische Wissenschaft. II. Die Lebensbezirke der Meeres. 1893. p. 10.— Uber die Lebensweise fossiler Meerestiere, 1897, p. 258-268. 4. À. E. ORTMANN. Grunzüge der marinen Tiergeographie, lenâ, 1896, p.62. — An examination of the argument given by Neumayr for the existence of climatie zones inJurassic times. Amer. Journ. of Sciences, (4), I, 1896, p. 257-270. 5. J. F. PomPecxs. Paleontologische und stratigraphische Notizen aus Anatolien. Zeitschrift d. D. geol. ges., XLIX, 1897, p. 713. 6. À. DE GRossouvRE. Sur le terrain crétacé dans le sud-ouest du Bassin de Paris, B. S. G. F., (3), XVIL 1889, p. 475. 1904 SUR LES COUCHES DE GOSAU 769 crétacées ’. Pour expliquer la faune spéciale des couches de la côte orientale de l'Inde, il avait imaginé qu'une barrière continentale avait complètement séparé et isolé la mer dans laquelle ces couches s'étaient déposées, de la mer centrale qui s'étendait à l'ouest sur l'Europe et à laquelle il rattachait les dépôts de la côte occidentale en raison des aflinités de leur faune avec celles de l'Europe. Comme si les dépôts d’une même mer devaient néces- sairement posséder tous la même faune à la même époque ! Pour- tant ne voyons-nous pas aujourd’hui la population de Mollusques qui vivent sur nos côtes varier d’une anse à une autre. Aussi l'hypothèse de Neumayr dut-elle être abandonnée, même par ses plus chauds défenseurs, lorsqu'il fut reconnu *, qu'un certain nombre des formes d'Ammonites que l'on croyait spéciales aux gisements de l'Inde se retrouvaient en Tunisie, en Algérie et en France. Ces exemples et bien d’autres encore montrent avec quelle pru- dence on doit interpréter les données que nous possédons sur la répartition géographique des fossiles. Par conséquent nous ne pouvons accepter sans réserves un argument fondé sur la présence insolite de certains groupes ; même dans le cas présent, si nous examinons les choses de plus près, est-on en droit de qualifier d'insolite la présence des Hippurites sur les rivages de la mer septentrionale de la Craie ? Puisque nos idées sur les conditions d'habitat des Ammonites, se sont si profondément modifiées au cours de ces dernières années, 1. M. Neumayr. Erdgeschichte, Il, 1890, p. 391. 2. Je dois rectifier ici un passage de l’ouvrage de M. Pervinquière (1903. Etude géologique de la Tunisie centrale, p. 148) : « Ces relations très étroites entre le Crétacé de l’Inde et celui de la Tunisie m'ont amené, il y a quelques années à conclure qu'il y avait eu communication marine directe entre ces deux pays, conclusion qui a été confirmée par de Grossouvre....». Or, la note à laquelle se rapporte M. Pervinquière est sa communication à l’Acadé- mie des Sciences ( Sur un faciès particulier...; CR. Ac.Sc., CXX VII, 1898, P. 789), tandis que moi-même deux ans plus tôt (B.S. G. F.,(3), XXIV, séance du 24 février 1896. Sur le genre Neoptychites), Jj'écrivais : & Ainsi à l’époque turonienne, les faunes de Céphalopodes de l'Inde, de la Tunisie et de La Touraine renfermaient des éléments spéciaux communs. On constate de même, vers la fin de l’époque campanienne, une analogie bien caractérisée entre la faune de l’Inde et celle des Pyrénées... il y a là un fait intéressant qu’il convient de mettre en lumière ». C'est donc à tort également que M. Pervinquière ajoute, p.149 : « depuis l'apparition de ma première note sur ce sujet, de Grossouvre a montré l'identité de Neoptychites Telinga et cepha- lotus », puisque j'ai signalé précédement ce fait dans ma note de 1896 anté- rieure de deux ans à celle de M. Pervinquière et mème en 1893 (Ammonites de la craie, p. 145). 14 Février 1909. T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 49 770 A. DE GROSSOUVRE 7 Nov. il en arrivera peut-être de même à l'égard des Hippurites. Un des géologues qui connaissent le mieux le terrain crétacé, M. Peron, émettait dans une note parue : il y a quelques années, l'opinion que si les Rudistes sont excessivement rares dans la craie du Bassin de Paris, c’est parce que « ces animaux habitaient la bor- dure de la mer anglo-parisienne.…. et que les formations littorales où leurs restes pourraient être conservés ont, dans nos régions du Nord, complètement disparu par dénudation ». A l’appui de cette manière de voir, M. Peron rappelait la décou- verte, dans le Bassin de Paris, d’un certain nombre de débris de ces animaux, en général incomplets, frustes, et à l’état fragmen- taire, «parce qu'ils provenaient de la bordure littorale et qu'ils avaient été amenés dans les fonds voisins du rivage après avoir été brisés et roulés par les vagues ». Réflexions d'autant plus justes que nous venons de voir que l'hypothèse de zones clima- tériques à l’époque mésozoïque ne repose sur aucune donnée sérieuse. | Les exemples cités par M. Peron peuvent être multiphiés : dès l'époque cénomanienne on rencontre en Touraine et même jus- qu'en Belgique et en Angleterre les Rudistes de l’Aquitaine : Radiolites, Sphérulites, Ichthyosarcolithes. En Touraine, ils ne sont pas à l’état de débris roulés, comme dans les cas cités par M. Peron. mais bien en place, par groupes, là même où ils ont vécu. Les Ichthyosarcolithes ne sont pas rares près de Loudun, ce qui, soit dit en passant, semble bien indiquer une communication directe par le Poitou avec le Cénomanien de l’Aquitaine. Près de Richelieu, mon frère a trouvé un banc formé de l'agglomération de coquilles de Radiolites triangularis absolument identiques à celles que l’on trouve près d'Angoulême. J'ai signalé * la présence de nombreux exemplaires de Radio- lites dans les couches sénoniennes de la Touraine et notamment aux environs de Langeais et de Saumur. Il ne faut pas oublier non plus que, dès 1856, Ewald * a indiqué l'existence de Rudistes dans les couches crétacées situées au nord du Harz et que depuis lors d’autres gisements ont été trouvés 1. PERON. Une question de géographie rétrospective. B. S. des Sciences de l'Yonne, 1897. 2. A. DE Grossouvre. Sur le terrain crétacé dans le sud-ouest du bassin de Paris. B. S. G. F., (3), XVIX, 1889, p. 524, PL. XI, f. 5 et 6. — 1d., 1901, p. 340. 3. EwaLp. Ueber die am nôrdlichen Harzrande vorkommenden Rudisten. Monatsberichte d. k. Akad. d. Wiss. zu Berlin. 1856, p. 596. 1904 SUR LES COUCHES DE GOSAU 971 Ca par M: G. Muller ’. Les assises qui ont fourni ces fossiles sont le Sudmerberger-Conglomerat, le Trümmer-Kalk et le Calcaire de Stappellberg. On a même découvert des Rudistes dans des pays plus septen- trionaux encore : dans le Tuffeau de Maëstricht et jusqu'en Suède dans les calcaires d’'Ignaberga *. _ Vis-à-vis des Alpes orientales, de l’autre côté de la large dépres- sion dans laquelle coule le Danube, en Bohême, à la base des premiers sédiments marins qui sont venus après une longue période d'émersion se déposer sur les terrains cristallins et primaires, existe un conglomérat qui a été désigné par les géologues locaux sous le nom d'Hippuriten-Conglomerat. A la vérité ce ne sont pas des Hippurites que l'on observe, ne serait-ce que pour cette raison que l’on ne connaît pas de représentant de ce genre d'âge cénoma- nien. Mais la rencontre n'en est pas moins étonnante, car ce sont des Rudistes franchement méditerranéens qui, d’après l'étude faite par M.H. Douvillé, appartiennent à des espèces connues seu- lement de la Sicile: j'ai bien, au cours de ces dernières années, recueilli quelques représentants de ces formes dans la région pyré- néenne, mais il n'y a là rien qui soit de nature à expliquer leur présence en Bohême. Elle est encore plus inexplicable que peut l'être celle des Hippurites à Salzbourg. Par quelle voie ces Rudis- tes siciliens sont-ils donc arrivés sur la plate-forme septentrionale ? Il est possible qu'un jour on arrive à découvrir leur existence, dans les calcaires crétacés des bords de l’Adriatique, mais il restera encore à trouver comment ils ont pu de là émigrer jus- qu'en Bohême. Que dire aussi de la présence de l’Aspidiscus cristatus, ce singulier Polypier africain, découvert par M. Sôhle * au Lichten- stättgraben dans le massif du Laber ? Polypier rencontré aussi à Urschelau près Ruhpolding. On voit donc que la présence de couches à Hippurites sur le revers septentrional des Alpes Orientales n'a rien d’insolite, mais il y a plus : si on compare ces couches à celles qui existent plus au sud, dans la région adriatique, c'est-à-dire dans la zone des Dinarides, deux points importants résultent de cet examen. D'une part, on constate que les premières sont essentiellement 1. G. Murzer. Die Rudisten des oberen Kreide am nôrdlichen Harzrande. Jahrb. d. k. preuss. geol. Landesanstalt. 1890, p. 13. 2. LUNDGREN. Rudister i Kritformationen i Sverige. Acta Universitatis Lundensis, VI, 1869. 3. V. Sôue. Geologische Aufnahme des Labergebirges bei Oberammer- gau. Geognotische Jahreshefte der Kôniglich bayerischen Staates, IX. 1897. 7972 A. DE GROSSOUVRE 7 Nov. argilo-sableuses, tandis que les autres sont exclusivement formées de calcaires blancs coralligènes et crayeux. Donc, aucun rapport entre ces gisements au point de vue de la nature des sédiments. En ce qui concerne les faunes on relève aussi des différences assez tranchées. M. Douvillé a fait remarquer qu'Aippurites gosaviensis de Gosau, est remplacé au Sud par des formes à pores plus simples, polygonaux, A. Taburnüi et H. Bay lei. De même 1. cornusaccinum de l'Untersberg près Salzbourg, est représenté plus au sud par des formes différentes, H. Gaudryi et H. Chaperi. Ces faits ne sem- blent donc guère conciliables avec l’origine méridionale attribuée aux Couches de Gosau dans la théorie du charriage. Si ces couches renferment un certain nombre d'éléments com- muns avec les dépôts mésogéens, elles contiennent aussi d’autres fossiles, dont la présence peut nous étonner au moins autant que celle des Hippurites. Elle a même paru si surprenante autrefois que lorsque Ami Boué annonça la découverte de Bélemnitelles dans les couches du Neue-Welt, il n'’obtint aucune créance, tant les idées préconçues jouent un rôle important, même dans les sciences d'observation. Cependant, plus tard, de nouvelles trouvailles répétées ne permirent plus aucun doute. Aïnsi, les Couches de Gosau nous offrent, dans leurs parties supérieures, c’est-à-dire, à un niveau normal, les restes d'animaux qui ont peuplé la mer septentrionale de la craie, d'animaux que certains géologues ont même déclaré d'origine boréale, assertion qui ne paraît appuyée sur aucune observation bien sérieuse, car j’ai pu constater que les Actinocamax santoniens étaient au moins aussi abondants dans certaines couches de la craie pyrénéenne que dans la craie blanche septentrionale. Quoi qu'il en soit sur ce dernier point, la présence de Bélemnitelles dans les Couches de Gosau n’en est pas moins un argument favorable à l’attribution de ces dépôts à la mer septen- trionale. On ne doit pas oublier pourtant que la B. mucronata existe dans la Brianza (Lombardie) et que je l’ai signalée, d’après une communication verbale de M. Oppenheim, dans la Scaglia du Vicentin. Il est vrai qu’elle n’a jamais été citée dans la région placée au sud du Neue-Welt et par COSÉIeRE la remarque précé- dente conserve toute sa valeur. J'ai déjà dit que la succession des diverses associations de fossiles que l’on peut distinguer dans le complexe des Couches de Gosau paraît régulière et tout à fait semblable à celle d’autres régions d'allures plus tranquilles, mais, d'un gisement à un autre, il y a des variations dans le nombre des zones représentées. Si 1904 SUR LES COUCHES DE GOSAU 772 partant de cette constatation et de l'hypothèse que les gisements actuels sont bien en place, on cherche à reconstituer l’histoire des mers crétacées dans les Alpes orientales, on arrive à reconnaître que celle-ci rentre bien dans le cadre que j'ai cherché à tracer dans le dernier chapitre de mon mémoire sur la Stratigraphie de la craie supérieure. (Chapitre XXIII, Essai sur l'histoire de la terre.) Nous voyons d'abord qu’une période de troubles termine les temps infracrétacés : elle est accompagnée d'un recul de la mer. Ces troubles orogéniques se manifestent par des discordances entre les couches infracrétacées et supracrétacées et, comme l’on pourrait m'objecter que ces discordances sont d'ordre mécanique, j'ajoute immédiatement qu’elles sont mises en évidence par les conglomérats puissants et à éléments volumineux par lesquels débute l’étage cénomanien. A cette même date, une transgression se produit dans les Alpes Orientales aussi bien que sur la plate-forme septentrionale qui lui fait face : dans les Alpes, comme en Bavière et en Bohême, la mer envahit des territoires précédemment abandonnés ou restés depuis longtemps à l’état continental. Ce mouvement transgressif se continue à l’époque suivante car nous trouvons, également des deux côtés, des couches turoniennes reposant directement sur des roches plus ou moins anciennes, sans intercalation de dépôts cénomaniens. Puis plus tard, vers la fin de l’époque santonienne et les pre- miers temps de l’époque campanienne, un épisode de retrait se produit. Il est indiqué par l’absence dans les Couches de Gosau des faunes d'Ammonites et d'Hippurites des premières zones campaniennes. Il correspond à la formation des lignites du Neue- Alp à Gosau et du Neue-Welt près Vienne. Ce mouvement de régression je l’ai mis en évidence pour un grand nombre de contrées. Dès 1889, j’ai montré : que les couches crétacées marines de la Provence ne montaient pas plus haut que le Santonien supérieur. Cependant on s’accordait alors pour Les étendre jusqu’à la limite la plus élevée du Santonien et on arrivait à y distinguer toutes les zones supracrétacées jusqu’au tuffeau de Maëstricht. Ma conclu- sion ne fut donc pas acceptée sans de vives polémiques, maïs il 1. A. DE GROSSOUVRE. Sur le terrain crétacé dans le sud-ouest du bassin de Paris. B. S. G. F., 6), XVII, 1889, p. 475. A. DE GROSSOUVRE. Sur la position de la craie de Touraine. C R. Ac. Sc. CXII, p.62. 5 janv. 1891. 774 A. DE GROSSOUVRE 7. Nov. n'est aucun géologue, je crois, qui la conteste aujourd’hui. Ilen résulte que le dépôt des lignites du Var est contemporain de celui des combustibles supracrétacés des Alpes Orientales. Mais tandis que l’émersion reste définitive pour la Provence nous verrons que, pour beaucoup d’autres contrées, elle a été suivie, avant la fin des temps crétacés, d’un retour plus ou moins tardif des eaux marines. La lacune que je signale dans les Alpes Orientales, nous la retrouvons identique dans les dépôts crétacés de la côte orientale de l'Inde. J’ai prouvé ’, en m’appuyant sur l'étude des faunes d'Ammonites, qui seules nous fournissent un eritérium sûr pour la détermination précise de l’âge des couches, que les couches de Trichinopoly ne montent pas plus haut que le Santonien supé- rieur. Or, elles sont recouvertes par les couches d’Arrialoor dont tous les Céphalopodes, communs à d’autres régions, appartiennent à la dernière zone sénonienne. à la dernière zone dans laquelle nous rencontrons des Ammonitidés ; les zones inférieures et moyennes du Campanien font donc défaut. Il en est de même dans l'Amérique du Nord : sur le bord Atlan- tique et sur les rives du Golfe du Mexique, il existe bien des couches qui représentent le Campanien le plus inférieur (Mon- mouth Formation, Tombigbee Sand, Ponderosa Marls), corres- pondant aux couches à Acfinocamax quadratus de la craie blanche, mais elles sont recouvertes directement par le Campa- nien supérieur. Dans l’intérieur du continent, la lacune est encore plus grande, car les couches de Laramie, qui représentent la der- nière zone sénonienne, comme les couches d’Arrialoor dans l'Inde, y reposent sur le Colorado, c’est-à-dire sur l’étage Turonien. Un retrait des eaux marines se manifeste encore à la même époque dans l'Allemagne du Nord : il est accusé, comme dans les Alpes Orientales, par les couches charbonneuses à fossiles saumä- tres, que l’on rencontre dans le Quader de Blankenbourg et même par des couches de minerai de fer avec Paludines. D'ailleurs cette régression, que l’on peut observer dans tant de contrées, est compensée conformément à une loi que j'ai formulée en 1594°, par une transgression dans d’autres régions. Nous pouvons la constater même dans l'Allemagne du nord, non loin de la région qui nous a offert un exemple de régression, car à Kônigslutter-Lauingen on voitles couches à Act. quadratus reposer I. À. DE GROSSOUVRE. Loc. cil., 1901. p. 724. 2. À. DE GROSSOUvVRE. Sur les relations entre les transgressions marines et les mouvements du sol. C R. Ac. Sc., CXNIIL, p. 301. 5 février 1894. D 1904 SUR LES COUCHES DE GOSAU 979 sur le Keuper ou le Rhétien : de même en Suède, les calcaires de Balsberg et d’'Ignaberga à Act. mamillatus s'appuient directement sur le terrain cristallin, tandis qu'en Irlande la craie à Act. verus vient, dans certaineslocalités, recouvrir des couches d'âge turonien. L'épisode de retrait du commencement des temps campaniens est suivi, dans un grand nombre de régions, par un grand mouve- ment de transgression, de telle sorte que vers la fin des temps campaniens les rivages de la mer sont reportés bien au delà des positions qu'ils occupaient précédemment. Tel est précisément le cas dans les Alpes orientales où l’on voit à Neuberg des sédiments d'âge campanien supérieur transgressifs sur les calcaires triasiques. Nous retrouvons des circonstances analogues dans la Brianza (Lombardie) où les marnes de Breno à Bel. mucronata succèdent au poudingue de Sirone, d'âge santonien supérieur ou tout au plus campanien inférieur; dans les Alpes de Transylvanie à Campu- lung où des marnes rouges à Belemnitella Hüferi (forme représen- tative de la B. mucronala) sonten transgression sur le Gault, le Néo- comien ou même le Tithonique ; puis dans la vallée de l'Olt en Roumanie; dans l’Inde Orientale où les couches d’Arrialoor débordent celles de Trichinopoly et les couches de Valudayoor s'étendent sur le gneiss; à l’île de Quiriquina où le Campanien supérieur est superposé directement aux schistes cristallins ; dans l'Amérique du Nord, ainsi que je l’ai indiqué précédemment, et plus près de nous, dans le Cotentin où le calcaire à Baculites, équivalent du Tuffeau de Maëstricht, succède aux grès cénoma- niens à Orbitolines et en Irlande, où le calcaire blanc à Bel. mucro- nata s'étend sur le Trias et les schistes anciens. : Je pourrais multiplier ces exemples que l’on trouvera indiqués dans le dernier chapitre de mon mémoire ; je me bornerai à citer encore l'Egypte où le Campanien le plus supérieur, représenté par les couches à Ostrea Overwegi repose indifféremment sur le Coniacien, le Cénomanien ou même les Grès de Nubie. Aiïnsi sur le versant septentrional des Alpes Orientales les divers lambeaux des Couches de Gosau ne sont pas disséminés au hasard ; ils se coordonnent, au contraire, suivant un plan bien net, conforme à celui que nous constatons sur les autres points de la terre et absolument inverse de celui que l’on devrait observer si ces lambeaux n'étaient que les débris d’une nappe venant du sud. Il résulte donc de l’exposé des faits et des considérations pré- sentées que, dans l’état actuel de nos connaissances, l'étude des 796 A. DE GROSSOUVRE 7 Nov. Couches de Gosau nous conduit plutôt à des inductions défavo- rables à la théorie des charriages dans les Alpes Orientales : en tout cas. il y a là une difficulté à écarter. M. Haug enregistre avec plaisir les arguments mis en avant par M. de Grossouvre contre l'assimilation des couches de Gosau à des dépôts formés dans d’anciennes vallées ou fjords creusés dans la chaîne des Alpes. Quant à l'interprétation de ces couches comme des « fragments » d’une nappe originaire du sud, M. Haug ignore qui a pu émettre cette hypothèse, combattue par M. de Grossouvre avant qu’elle eût été formulée par qui que ce soit. En ce qui le concerne, M. Haug admet, avec M. Lugeon, avec lequel il a eu le plaisir de visiter la vallée de Gosau, que la discontinuité des affleurements du Crétacé supérieur dans les Alpes septen- trionales est due au fait que plusieurs de ces affleurements sont en réalité des « fenêtres », des « regards » ménagés par des éro- sions récentes dans une nappe de charriage supérieure qui recou- vrait primitivement toute l’étendue des nappes sous-jacentes, dont font partie les couches de Gosau. Il a l'intention de faire part très prochainement à la Société des observations tectoniques qu'il a faites en 1903 et au mois d'août dernier dans le Salzkammergut, soit seul, soit accompagné de M. Maurice Lugeon. TRACES DE POUDINGUE A 1300 MÈTRES D'ALTITUDE SUR LE JURASSIQUE DU MONTET, A LA MALLE (A.-M.) par M. A. GUÉBHARD La vallée fermée de La Malle, dirigée est-ouest, parallèlement à celle de Caussols, a son thalweg jurassique parsemé d'innombra- bles et souvent énormes galets siliceux exotiques très roulés, attestant la présence ancienne, à cette altitude de 1100 m., d'un poudingue, dépendance probable de celui qui subsiste à Saint- Vallier de Thiey à l'altitude de 720 m., duquel M. Guébhard a établi l'identité avee les hautes nappes (1100 m.) du bassin de La Roque-Esclapon (Var), en même temps que son âge pontien, malgré la qualification d'Éocène inférieur qui lui est donnée par la Feuille de Castellane. 1904 A. GUÉBHARD. — POUDINGUE DE LA MALLE 797 Mais, à l'exception d’un petit lambeau détaché, avec miches de labradorite, observé depuis longtemps sur la haute crête de La Bouissière, bordure méridionale de la cuvette de La Malle, aucune indication n'avait pu être trouvée par M. Guébhard sur la prove- nance de ces résidus, dont il était vraisemblable de supposer qu’en l'absence de toute trace d’'Éocène, la nappe devait originel- lement recouvrir la surface du Crétacé, aujourd’hui recouvert lui- même, en apparence, par la base d’une nappe jurassique soulevée. Fallait-il admettre que, dans un charriage horizontal de cette nappe « recouvrante », le Poudingue compact et dur eût été balayé totalement de la surface du Crétacé tendre, en formant littérale- ment galet de roulement entre les masses onctueuses et double- ment lubréfiantes des argiles infraliasiques et cénomaniennes ? Les accumulations de silex du fond de la vallée ne représentaient- elles point les résidus de lavage d’un cordon de bavure, que sa situation éminente aurait prédisposé à la destruction ? Mais com- ment celle-ci aurait-elle pu être complète au point de ne plus laisser subsister, en place, la moindre trace ? . C'est ce que se demandait M. Guébhard en parcourant pas à pas toute la ligne de discontinuité, à la recherche infructueuse d'une marque probante quelconque d’un empiètement de quelque impor- tance de la nappe supérieure sur l’autre, justifiant l'hypothèse d’un chevauchement plutôt que d’une simple faille oblique ou verticale. Or ce fut juste sur le principal palier du plan supposé de glisse- ment, que lui apparurent un jour, à l’endroit où la montée du sentier de Frema Muorta, à la traversée d’un amoncellement de brèche dure, s’aplanit, un amas de petits graviers siliceux, signe indubitable du voisinage de quelque paquet de poudingue. Et en suivant à la piste les voies d'apport, celles-ci conduisirent un peu plus haut, à l’est du sentier, à de véritables nids de poudingue aggloméré, les uns encastrés dans les interstices des blocs de calcaire bajocien, les autres encore adhérents sur les tranches rompues. Mais était-ce un véritable gisement ? A bien regarder, le ciment de cet agglomérat, exclusivement calcaire, rouge, semblable à celui des brèches voisines. n’était pas du tout le ciment normal, très siliceux, presque complètement formé de grains de quartz hyalin et généralement gris clair, des poudingues miocènes du type connu. Et puis, jamais encore celui-ci n'était apparu en tel état de discordance : directement accollé aux discontinuités de surfaces mises à jour par des mouvements auxquels il apparaît clairement, en d’autres lieux, qu'il a lui-même pris part. 778 A: GUÉBHARD. — POUDINGUE DE LA MALLE 7 Nov. Évidemment il ne peut s’agir ici que d’un poudingue de recons- titution stalagmitique récente, semblable à celui qu’on observe, dans des conditions analogues, au pied de la grande barre orien- tale de la Sarrée, sur le trajet du Canal du Foulon, au voisinage du ravin de déversement des eaux du plateau. Mais alors, c'est donc que les éléments de ce pseudo-poudingue viennent de plus loin, de plus haut ? La trace, à la vérité, ne tar- dait pas à s’en perdre. Mais quelques graviers caractéristiques au col même de Frema Muorta la faisaient retrouver bientôt, car ils étaient trop petits pour pouvoir être attribués à la tradition qui veut que quiconque, en passant à côté du Clapier (tumulus) du col, y jette une pierre apportée. De fait, en cherchant un peu au sud-est du Clapier, parmi les affleurements réguliers des bancs bathoniens plongeant au nord, de nouveaux amas de ruissellement, bien caractérisés, attestaient la présence, d’un ancien morceau de poudingue, à cette altitude de 1300 m., où rien, dans la tectonique ambiante, ne justifie une analogie quelconque avec les lambeaux paradoxaux qui ont si souvent attiré, ailleurs, l'attention de: M. Guébhard. Le Jurassique, ici, et surtout la crête du Montet, qui s’étend à l’ouest, forme une large voussure très régulière, dont la plongée au nord va se raccorder, à 45°, par une faible ondulation intermédiaire, avec la nappe presque horizontale de la plaine de rochers de Caussols, à la même altitude que celle de La Malle. Impossible d’ailleurs, ainsi que c'eût été, à la rigueur, permis pour les traces inférieures, de regarder ce lambeau si haut placé, comme provenant du bourrelet de balayage frontal d’un charriage hori- zontal. D'ailleurs, il n’y a d’horizontale ici, que la clef de voûte : au sud elle se rompt brusquement en barre verticale, au pied et au devant de laquelle le Crétacé, presque horizontal aussi, affecte partout des allures de placage, parfois remontant, bien plutôt que de substralum profondément recouvert. Toutes les apparences sont celles d’un véritable soulèvement de la demi-ondulation jurassique, à travers la croûte molle du Cré- tacé, c'est-à-dire d’un mouvement dû à des forces verticales bien plutôt qu'horizontales. Dans cette hypothèse, quoi d'étonnant à ce que le morceau de nappe courbe, émergeant en section biaise, ait emporté, dans le double mouvement de bascule et d'ascension de bord tranchant, profondément décortiqué par le retrait des feuillets supérieurs, quelques raclures de la couverture molle traversée, et qu'après dissolution des parties les plus friables, on retrouve les silex subsistants bien plus haut que ne le permettrait la théorie du chevauchement ? 1904 A 1300 MÈTRES D ALTITUDE 779 Car il est à noter aussi que, sur toute la plaine de Caussols encore plus fermée que celle de La Malle, plus aucune trace ne se retrouve du poudingue, dontles restes sont tellement abondants, à La Malle, qu'on les retrouve, emportés au loin, jusque dans le bassin inférieur de Saint-Christophe. A noter aussi que, dans la théorie du charriage, c’eût été sur le Crétacé du plan de glissement et non par dessus l'Infralias, comme c’est le cas, qu'eussent dû apparaître les résidus encore en place. De cette petite constatation lithologique résultent donc des con- séquences tectoniques des plus importantes, qu'il a paru d'autant plus intéressent de signaler que tout dans la tectonique, comme dans l’orographie, s'accorde à démentir l'unification qu'a établie la Feuille de Nice, en un plan de chevauchement unique, des deux vallées, absolument distinctes, de La Malle et de Gourdon. SUR LA FORME DE L’'OUVERTURE D'ÆCOPTYCHIUS REFRACTUS Haan par M. LISSAJOUS M. Glangeaud a fait paraître en 1897 ’, une note sur la forme de l'ouverture de quelques Ammonites. Dans cette note est décrite (pp. 104 et 105) une espèce, Œcoptychius refractus Haan, au sujet de laquelle je crois devoir faire quelques observations. Œcoptychius refractus n’est pas très-rare dans le Callovien des environs de Màcon; et j'ai été assez heureux pour recueillir plusieurs exemplaires ayant l'ouverture en partie conservée, et qui se complètent les uns les autres. . Je fais figurer deux échantillons dont l’un (fig. r)a conservé une partie d’une oreillette et la lame ventrale parfaitement complète. Cétte lame se termine par une sorte de capuchon dont le contour est fortement réfléchi sur les côtés. Cet exemplaire est presque conforme à la figure de d'Orbigny (Pal. fr., Céph. jur., pl. 172, fig. 3-7) sauf que le capuchon est moins développé par rapport à la taille du sujet. 1. PH. GLANGEAUD. Sur la forme de l'ouverture de quelques Ammonites. BAS GE, G) XXN, 1897, p: 99. «! 780 LISSAJOUS 7 Nov. L'autre échantillon (fig. 2) n’a pas le capuchon, maïs il a conservé les oreillettes latérales. Elles sont assez larges à la base et forte- ment réfléchies en cet endroit ; puis, après un léger étranglement, deviennent encore plus larges et s’allongent jusqu’à atteindrele bord opposé de la spire. Elles sont rabattues sur l'ouverture et se touchent sur la ligne médiane. Une sorte de bourrelet médian ou d'arête, disparaissant à peu près à la moitié de la longueur des oreillettes, les partage en deux parties presque égales. Donc, ainsi qu'on peut s’en rendre compte par les figures ci- jointes, Œcoptychius refractus est une espèce de petite taille, très fortement géniculée, ainsi que l'ont déjà figurée d'Orbigny et Quenstedt. ayant un péristome muni d'une lame ventrale terminée par un capuchon, et deux oreillettes latérales fortement développées. I 2 3 A 5 Fig. 1 à5. Œcoptychius refractus Haan. Grandeur naturelle. — Fig. 1, Échan- tillon ayant conservé le capuchon et une partie d’une oreillette. — Fig. 2, le même vu par dessous ; X, partie réfléchie de la base de l’oreillette, elle n’est pas conservée de l’autre côté. — Fig. 3, Échantillon auquel manque le capu- chon. mais qui a conservé les oreiïllettes. — Fig. 4, le même vu par dessus. — Fig 5, le même, montrant les oreillettes rabattues sur l’ouverture. Les figures de d'Orbigny (loc. cit.)sont complétées par celles de Quenstedt (Jura, pl. 69, fig. 25-29). Quenstedt a fait aussi figurer dans « Amm. d. Swäb. Jura, PI. 86, fig. 37-40 », plusieurs échantillons qui me paraissent assez complets, mais dans lesquels le péristome est écrasé. Je suis donc persuadé que les échantillons figurés par M. Glan- geaud ne se rapportent pas à Œcoptychius refractus Haan. Ils sont de beaucoup plus grande taille que les échantillons figurés jusqu'ici ; la forme générale en est différente, la géniculation beaucoup moins accentuée, et l’ouverture à d’autres caractères. Il est peu probable que l'échantillon figuré dans le Bulletin de la Société Géologique, soit celui qui a servi à d’Orbigny: car cet auteur a eu en mains d’autres échantillons à lui confiés et c’est d’après eux qu'il a établi ses figures. Il termine en effet la description de l'espèce par ces mots : Q j'ai eu sous les yeux au moins vingt exemplaires tous semblables » (Pal. fr., Céph. jur., p. 474). ne 1904 FORME DE L'OUVERTURE D'ŒCOPTYCHIUS REFRACTUS 781 IL me vient un doute au sujet de la bifurcation de la lame médio- ventrale des exemplaires figurés par M. Glangeaud '. Ces échan- tillons me paraissent, autant que j'en puis juger par la figure, assez mal conservés ; à moins qu'ils ne soient imparfaitement débarrassés de leur gangue. De plus, si l’on tire une ligne droite partageant en deux parties longitudinales le corps de l'échantillon de la figure 10, on voitqu'elle divise en deux parties égales la boule de gauche de la figure, l’autre se trouvant sur le côté; ce qui donne à l'échantillon un aspect absolument asymétrique, et ne me paraît pas très normal. Cela me ferait croire que la boule de droite, ne serait qu'une partie mal nettoyée de la gangue. En tout cas, si je me trompe dans mes suppositions, je persisterai quand même à croire que l'échantillon de M. Glangeaud n'est pas celui qui à servi à d'Orbigny. Ce doit être une variété de l'espèce ou une forme nouvelle. M. Glangeaud suppose qu'Œcopty chius refractus pourraît être le mâle de Sphæroceras Nux d’Orb. sp. (= Œcoptychius Christoli Beaudoin sp.). Je ne me permettrai pas de discuter cette question pour laquelle je n'ai pas la compé- tence voulue ; mais je ferai remarquer seulement qu'ŒÆcopt. refractus n'est pas rare dans le Callovien (zone à eineckeia anceps) du Mâäconnais et qu'aucun exemplaire de Sph. Nux n'a été recueilli jusqu'ici dans les mêmes couches, à ma connaissance du moins. 1. PH. GLANGEAUD. Loc. cit., pl. II. Séance du 21 Novembre 190% PRÉSIDENCE DE M. P. TERMIER, PRÉSIDENT M. Robert Douvillé, Vice-Secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la séance précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président proclame membres de la Société : MM. Rothpletz, Professeur à l’Université de Munich, présenté par MM. Haug et Termier. Simeh, Francisco Rodolfo, Directeur du Museum de l'Etat du Rio-Grande-du-Sud, à Porto-Alegre (Brésil), présenté par MM. Termier et Mémin. Cléro, Maurice, Licencié ès sciences, à Paris, présenté par MM. Vélain et Haug. Une nouvelle présentation est annoncée. M. Pervinquière, Archiviste, signale parmi les publications étran- gères : G. Simogxs, Réponse aux critiques formulées par M. Emm. de Margerie au sujet de la Bibliographia Geologica. | À l’occasion du dépôt de la brochure de M. Simoens dont le titre vient d'être lu par le Secrétaire, M. Emm. de Margerie déclare s'être reporté à tous les passages auxquels le renvoie le rédacteur de la Bibliographia Geologica. En dépit des explications, plus prolixes que concluantes, fournies par M. Simoens, la matérialité des faits relevés en rendant compte des dix premiers volumes de cette publication demeure entière. M. Emm. de Margerie se réserve d'en donner ultérieurement la preuve; en attendant, il s'élève contre le procédé peu loyal dont a usé plus d’une fois M. Simoens, en supprimant, dans ses citations, les mots, les chiffres ou les membres de phrases qui le gênaient. L’exemple des quatre cents ütres russes du tome B I, traduits en allemard par inadvertance, et que M. Simoens se garde bien de rappeler ?, en dit plus, à cet égard, que de longs commentaires. 1. Emm. DE MARGERIE. Un essai de bibliographie géologique. Le Biblio- graphe moderne, 1903, n° 4-5, p. 257-270. 2. Comparer la p. 267 du compte rendu cité et la p. 98 de la brochure de M. Simoens. SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1904 783 M. Riche envoie une « Étude stratigraphique et paléontologique sur la zone à Lioceras concavum du Mont d'Or lyonnais », qu'il vient de publier dans les Annales de l'Université deLy on. Dans la première partie de ce mémoire, l’auteur fait l'historique de l’établissement de cette zone dans l'échelle stratigraphique et analyse les principaux travaux relatifs à son extension régionale en France et en Europe. Il expose ensuite la part revenant aux divers auteurs dans la connaissance du Bajocien du Mont d'Or lyonnais et la découverte de la zone en question. Il étudie enfin les caractères particuliers de cette zone et la lacune de la partie moyenne du Bajocien dans le Mont d'Or. La partie inférieure de la zone à Lioceras concavum y est seule représentée : elle corres- pond à l’assise désignée depuis longtemps, par les géologues lyon- nais, sous le nom de Calcaire à Bryozoaires (partie supérieure du Calcaire à Entroques). Le Bajocien supérieur (zone à Oppelia subradiata) est formé par trois assises, caractérisées respective- ment, de bas en haut, par Stepheoceras Plagdeni, Strenoceras subfurcatum et Haploceras oolithicum. Les deux premières assises sont à l’état de lambeaux épars; la troisième correspond à l’impor- tante formation connue dans la région sous le nom de « Ciret ». Cette dernière, suivant les points, repose sur la première ou sur la seconde assise, ou mème sur le Bajocien inférieur. Dans la seconde partie de son mémoire, l’auteur décrit et figure (8 planches) la faune de la zone à Lioceras concavum du Mont d'Or lyonnais : environ 90 espèces dont 43 lui ont paru nouvelles. M. G. Dollfus présente au nom de M. Ph. Dautzenberg et au sien une brochure extraite du Journal de Conchyliologie sur la nomenclature en général avec application critique aux genres Pectunculus et Gly-cimeris. Les auteurs pensent que s'il est juste de s'arrêter à Linné (en 1758) dans la recherche des noms spécifiques, il convient de remonter aussi haut que possible dans le temps pour la recherche des noms génériques. Le principe de la propriété scientifique observé d’une manière si rigide pour les auteurs postérieurs à Linné, ne peut être complètement abandonné sans injustice pour tous les auteurs antérieurs. Le genre Pectunculus de Lamarck qui remonte spécifiquement à Belon, en 1555, ne peut être changé comme l'a proposé M. Dall. De même que le genre Glycimeris doit être conservé pour la grande Panopée d’Aldrevande; le genre Buccinum doit rester à la grande coquille méditerranéenne dans laquelle soufflaient déjà les Tritons de la Mythologie. 784 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1904 M. Bigot offre la suite du « Catalogue critique de la Collection Defrance ». Dans ce fascicule qui contient la fin des Pélécypodes, étudiés en collaboration avec M. Matte, M. Depéret s’est chargé de la revision des Pectinidés tertiaires. M. Bigot offre également une brochure contenant deux notes extraites des Comptes Rendus du Congrès d'Angers. La première note « Sur l’âge des Grès à Sabalites de Saint-Saturnin (Maine-et- Loire) », résume les observations faitcs par la section de géologie de l'AFAS, qui tendent à démontrer que ces grès sont éocènes comme ceux de la Sarthe et que les fossiles marins qu'ils contien- nent sont remaniés du Crétacé. Dans la deuxième note « Sur l’assèchement des régions calcaires des environs de Caen », M. Bigot comparant le réseau de vallées asséchées avec le réseau des cours d’eau actuel, rattache cet assè- chement à un abaissement de la surface piézométrique des nappes, résultant de l’encaissement des grands collecteurs. Cet encaisse- ment est d’ailleurs lié aux mouvements que l’auteur a précédem- ment étudiés dans la région. M.H.Douvillé signale une intéressante observation faite à Biarritz par M. Boussac. Le sommet des couches bartoniennes à N. con- tortus (épaisses de plusieurs centaines de mètres à la côte des Basques) est caractérisé par l'abondance des Orthophragmina ; il est bien visible dans les rochers de Cachaou, à l’ouest de la villa Belza, tandis que l’escarpement qui porte cette villa est formé par les grès et poudingues des couches supérieures, caractérisées par les N. intermedius, N. vascus, N. Bouillei et par la disparition des Orthophragmina. M. Boussac a reconnu que le N. intermedius existait déjà dans les couches à Orthophragmina avec le N. con- torttus ; il en a recueilli plusieurs exemplaires sur le revers ouest du Cachaou, à quelques mètres au-dessous de la limite supérieure de l'étage. Cette association rappelle celle qui a été signalée dans le Priabonien du Vicentin, qui comprendrait ainsi vraisemblable- ment le sommet du Bartonien et la basc du Ludien. M. H. Douvillé a déjà insisté précédemment sur là disparition brusque des, Orthophragmina qui paraît s'être produite au même moment en Aquitaine, dans la région de Nice, en Suisse et dans le Vicentin. Il pense que c’est un point de repère important pour l'établissement du synchronisme des couches dans les divers bas- sins éocènes. Il serait avantageux de la mettre en évidence en le prenant pour limite supérieure du Bartonien, comme on l'a déjà fait en beaucoup de points. Il paraît probable que cette dis- SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1904 789 parition des Orthophragmina doit être attribuée à un abaissement de la température dans la zone pyrénéenne et alpine ; on constate en même temps dans la première de ces régions une diminution de la profondeur de la mer, qui indique probablement une aug- mentation du relief des terres émergées. M. Haug ne pense pas que la présence de plusieurs espèces d'Orthophragmina dans les couches de Priabona proprement dites — où elles sont associées aux Nummulites intermedius- Fichteli, N. vascus-Boucheri, etc. — puisse être invoquée pour attribuer ces couches au Bartonien, au lieu de les envisager comme un équivalent méditerranéen du Tongrien inférieur. Le refroidissement qui a pu être occasionné en Europe par la trans- gression boréale de l'Oligocène inférieur n’a pas nécessairement entraîné une disparition tnmédiate des Orthophragmina dans toutes les parties de la € Thetys ». M. Haug continuera donc à placer la limite du Bartonien et du Tongrien inférieur (Priabonien) entre les couches à Cerithium diaboli et Nummulites contortus- striatus et les couches de Priabona proprement dites. M. Delaunay adresse les remarques suivantes à propos de la communication faite par M. Garpx, à la séance du 7 Novembre (ante: p. 726), au sujet du Bathonien de Saint-Gaultier (Indre). Quand Benoist fit connaître, par l'intermédiaire de M. Cossmann, sa découverte du gisement de Paludines de Saint-Gaultier, quel- ques personnes, notamment Munier-Chalmas, contestèrent d’abord la priorité de la découverte, s'appuyant sur ce que M. Bigouret avait signalé des Paludines bathoniennes dans une localité du nom de Montrond. Même le fait matériel, qu'il n'existe pas, dans tout le département de l'Indre, de localité ni de lieu-dit de ce nom, n'arrètait pas cette contestation. La note de M. Garde tendrait à priver la mémoire de feu Benoist de l'honneur qui lui revient d’une autre découverte faite par lui dans le même Bathonien de Saint-Gaultier. Dès l'époque des notes de M. Cossmann, Benoist avait remarqué et noté des plaquettes portant des empreintes d'espèces saumâtres, où il reconnut d'abord, avec un point d'interrogation toutefois, des Cyrènes, et même, plus aflirmativement, des Corbules. Si M. Cossmann n'eut pas à publier ces espèces, c'est qu'elles ne parurent pas déterminables. Pourtant, Benoist lui-même mentionna le fait du gisement sau- mâtre, il y a quatre ans, dans une note publiée par la Feuille des Jeunes Naturalistes (Novembre 1900). 14 Février 1905. — T, IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 50. 786 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1904 Il y a certainement à compléter et à rectifier sur bien des points ce que Benoist a dit ou fait dire au sujet du Bathonien de Saint- Gaultier, surtout au point de vue stratigraphique. J'ai bien l’inten- tion d'essayer ce travail un jour. Déjà M. Cossmann a reçu, par l'intermédiaire de M. A. de Grossouvre, quelques formes de Gas- tropodes que Benoist lui-même n’avait pas trouvées, Mais dès maintenant, je crois qu'il est juste de faire remarquer que Benoist n’a pas fait, sur le niveau des Cyrènes, l'erreur com- mise par M. Garde. Il avait bien vu que l'horizon à Corbules et à Cyrènes est très supérieur à celui des Paludines. Ce point n'est nullement douteux. les deux formations ne sont pas contempo- raines, comme M. Garde le croit. Un certain nombre de baues variés, calcaires ou marneux, les séparent. NOTE SUR UNE FLORULE PORTLANDIENNE DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUR-MER par MM. P. FLICHE et R. ZEILLER (Planche XIX). M. le D: Sauvage, conservateur des Musées municipaux de Boulogne-sur-Mer, auquel nous adressons nos bien vifs remercie- ments, nous a communiqué, pour en faire l'étude, quelques fossiles végétaux , faisant partie des collections dont la garde lui est confiée. Ils ont été recueillis, aux environs de Boulogne-sur-Mer, dans le Portlandien moyen. Ils sont peu nombreux, mais ils donnent lieu à quelques constatations dont nous avons déjà fait ressortir l'intérêt dans une note présentée à l’Académie des Sciences ’. Le travail que nous publions aujourd’hui est consacré à l’étude complète de ces fossiles. Ils appartiennent exclusivement, pour ce qui est déterminable, aux Gymnospermes, et consistent en tiges cycadéennes et en stro- biles de Conifères, trois échantillons pour chacun des deux grou- pes. Ce ne sont pas de simples moules, ils gardent leur structure macroscopique, aussi bien interne qu’externe, en ce sens qu'axes et bases foliaires pour les premiers, axes et écailles pour les seconds sont nettement conservés ; la structure histologique l’est- elle également, on ne saurait le dire, le mode de fossilisation ayant rendu ces objets extrêmement fragiles, en sorte qu’on ne peut même essayer de les user, sans les voir se pulvériser. On peut aflirmer, cependant, que pour l'une au moins des tiges cyca- déennes, l'axe est remplacé par de la substance amorphe, et que pour une autre, il paraît aussi avoir disparu, sans être remplacé, ce qui expliquerait le peu d'épaisseur de l'échantillon, fortement comprimé avant fossilisation, comme l'ont été tous les échan- tillons, les strobiles aussi bien que les tiges. t. ZEILLER et Fricne. Découverte de Strobiles de Sequoia et de Pin dans le Portlandien des environs de Boulogne-sur-Mer. CR. Acad. Sc., CXXX VII, 1903, P. 1020-1092. 2 588 P. FLICHE ET R. ZEILLER.— FLORULE PORTLANDIENNE 21 Nov. Tous ces fossiles sont d’une couleur noire plus ou moins pro- noncée, ce qui tient à ce qu'une partie de la matière organique. devenue charbonneuse, a persisté ; mais, pour la plus grande partie, elle a été remplacée par des substances inorganiques, au nombre desquelles il faut compter le sulfure de fer; le poids des échantillons montre même que le fer entre pour une part très notable dans leur composition. Nous étudierons d’abord les tiges cycadéennes, nous passerons ensuite aux strobiles de Conifères. Cycadinées. Genre CycADEOoIDEA Buckland. Nous employons ce terme générique dans le sens bien précis que lui a donné M. de Solms-Laubach et qui est assez généralement admis aujourd’hui, c'est-à-dire que nous l'appliquons exclusive- ment aux tiges cycadéiformes dont l'attribution à des Bennettitées semble incontestable. Ces tiges sont de dimensions variables ; la forme non plus n'est pas toujours la même ; chez certaines elle est presque globuleuse, tandis que chez d’autres elle est en forme de calotte sphérique, de hauteur plus ou moins grande, ou enfin nettement cylindrique ; très souvent elles sont plus ou moins apla- ties, c’est-à-dire qu'elles présentent une section plus ou moins régulièrement elliptique, soit que cette forme, lorsqu'elle est faible- ment prononcée, se présentât déjà à l’état de vie ; soit, ce qui paraît être le cas habituel, qu’elle soit le résultat de la compres- sion subie par la tige avant sa fossilisation. Les formes globuleuses de petite taille, qu'on qualifie souvent, à juste titre, de bulbeuses, constituaient pour de Saporta, avant que les Bennettitées fussent aussi bien connues qu'aujourd'hui, le genre Polbopodium : elles étaient rapprochées par lui des tiges de très petits Zamia de la nature actuelle. C'est à ce type qu'appartient la tige la mieux con- servée du Portlandien de Boulogne-sur-Mer, celle dont nous allons d’abord faire l'étude ; la seconde, beaucoup moins bien conservée d’ailleurs, et ne pouvant se prêter à une diagnose spécifique cer- taine, est également de petite taille ; mais elle semble avoir été plus cylindrique que les Bolbopodium de Saporta, se rapprochant plutôt de ses Cylindropodium, toutefois avec des dimensions sensiblement plus faibles que celles des espèces qu'il avait placées dans ce genre. 190 DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUR-MER r8 7211) CYCADEOIDEA PUMILA n. Sp. HO IDG NES Truncus bulbiformis. parvus, fossilisatione compressus, longitudine 35-40 mill., latitudine 25-30, metiens ; apicem versus, foveola præ- ditus ; squamæ paulisper irregulares, rhombeæ, plus minus rotun- ‘datæ, 6 mill. metientes. Cette espèce est représentée, dans la collection du Musée de Boulogne, par deux échantillons entiers ; le mieux conservé, et il l'est remarquablement, est celui qui est représenté ici sur ses deux faces. À première vue, il semblerait qu’on soit en présence d'un strôbile de Conifère et même de celui d'un Pin; mais un examen plus approfondi révèle immédiatement la véritable nature de ce fossile : les écailles n’ont, ni comme forme, ni comme dimen- sions, la régularité que présentent celles des strobiles ; dans les endroits les mieux conservés (en &, fig. 2, par exemple) on voit, entre elles, un petit bourrelet saillant qui ne saurait se trouver sur un strobile de Conifère et qui est produit ici par la couche de poils ramenteux qu'on observe toujours chez les tiges de Bennet- titées, entre les écailles formées par les bases de pétioles ; de plus, on observe, au sommet du fossile, de la façon la plus nette, la dépression, si caractéristique aussi chez les tiges de Bennettitées, qui leur a fait donner, en anglais, le nom vulgaire de nid d'oi- seau, dépression correspondant.à l'endroit où se trouvaient le bourgeon terminal et les feuilles : à l'opposé on voit, en b, sur la figure 2, la base de la tige, de très faible diamètre, avec une moelle relativement très volumineuse et un très mince anneau ligneux, comme cela s’observe toujours chez les Bennettitées ; ici Le tout est de forme elliptique, pour les raisons données plus haut. La moelle a un grand axe de 12 millim. et un petit axe de 1 millim. 1/2; l'épais- seur de l’anneau ligneux atteignant à peine un millimètre. On a dû représenter, sur la planche, les deux faces du fossile, parce que, à raison de la compression qu’il a subie, laquelle ne paraît pas avoir été complètement normale à la face latérale, la dépres- sion apicale et la base de la tige ne se trouvent pas sur la même face ; il est du reste possible que, même à l’état de vie, le sommet fût déjeté de côté. Cette représentation du fossile, sur ses deux faces, a, de plus, l'avantage de montrer, d’une façon plus com- plète, ce que sont les écailles, avec leurs différences de taille, de forme, même en tenant compte des déformations produites par les accidents de fossilisation. 790 P. FLICHE ETR. ZEILLER.— FLORULE PORTLANDIENNE 21 Now. Ces écailles, qui ne sont autre chose que les bases accrues et subérisées des pétioles, présentent en général une section plus ou moins rhomboïdale, de la dimension indiquée dans la diagnose ; elles sont en outre plus ou moins bombées vers l'extérieur, mais, très fréquemment, 1l y a des écailles qui diffèrent plus ou moins des autres, non seulement dans leur bombement qui est assez variable, mais encore dans leurs dimensions, rarement un peu plus fortes que le type, plus souvent inférieures, et même dans la forme ; c’est ainsi que, de rhomboïdale, celle-ci peut devenir nettement rectangulaire comme en a, figure 1. Ou bien, au con- traire, sans doute par suite de compression durant leur croissance, ces écailles peuvent devenir pentagonales, ou même hexagonales, avec une assez grande irrégularité d’ailleurs dans les dimensions des côtés des polygones de section. Ces écailles, comme il a déjà été dit, présentent, entre elles, des lames de poils ramenteux, dont le sommet est, pour plusieurs d’entre elles, très visible sous forme d’un bourrelet, ainsi en a, figure 2. Ce bourrelet présente, en moyenne, une épaisseur de 1/3 de millimètre. Les tiges de Cycadeoidea âgées présentent habituellement, en nombre plus ou moins considérable, à leur surface, des rosettes correspondant aux cicatrices laissées par les axes d’inflorescences et les bractées qui protègent celles-ci. Ces cicatrices sont intéres- santes pour résoudre la question de savoir, quand il s’agit de tiges d'aussi faibles dimensions, si ce sont des sujets arrivés à dévelop- pement complet ou de très jeunes individus, voire même des bourgeons détachés d’une tige adulte. Ici on ne voit point de ces cicatrices bien nettes ; cependant il semble qu'en D. figure 1, on en observe une. Il y a en effet, au fond de la dépression qu’on observe en ce point, un très petit cercle saillant qui correspondrait à la cicatrice laissée par la région ligneuse de l’axe d’inflorescence : mais il faut convenir que cela n’est point assez net pour entraîner une conviction absolue. | Indépendamment de l'échantillon qui vient d'être décrit, il y en a un autre beaucoup moins bien conservé, plus plat d’abord, ce qui semble indiquer une destruction plus ou moins complète, sans remplacement par de la matière minérale, au moins de toute la région médullaire ; de plus les écailles sont beaucoup moins bien conservées ; malgré ces imperfections, ce fossile nous paraît devoir se rapporter aussi au C. pumila, à raison de l'identité dans la forme générale et dans les dimensions ; de plus les écailles les mieux conservées présentent la même forme et les mêmes dimen- sions que celles de l'échantillon précédent. 1904 DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUR-MER DOX Comme il a été dit plus haut, les affinités du C. pumila sont avec les espèces de taille réduite, dont Saporta avait constitué son genre Bolbopodium. Ces tiges sont toutes de petite taille ; leurs dimen- sions cependant, en général, sensiblement supérieures à celles du fossile de Boulogne. Une seule est aussi et même plus petite, c’est le B. micromerum Sap. du Corallien de Tonnerre (Yonne); à part cette analogie de taille, de forme aussi des écailles qui, des deux parts, sont plus ou moïns rhomboïdales convexes, mais avec de nombreuses exceptions, les deux espèces diffèrent beaucoup dans la forme générale de la tige; celle-ci est bien plus nettement bul- biforme chez le C. pumila, et par suite ellipsoïdale, avec la section de la base de la tige plus nette et plus réduite, avec la dépression apicale caractéristique très bien marquée, tandis qu’elle fait défaut chez le C. micromera ; les écailles sont plus petites et encore plus irrégulières de forme chez ce dernier. Saporta s’est demandé s’il était en présence d’une tige normale autonome ou d’un bourgeon détaché d’une tige mère, et il a tranché la question dans le premier sens, d’après des raisons qui ne sont pas à l’abri de toute contestation; il nous semble, au contraire, que le C. pumila. pour lequel on peut se poser la même question, est bien positivement une tige indépendante et adulte ; abstraction faite même des cicatrices, fort douteuses, d’inflorescences, la forme de la tige, avec sa dépression apicale très prononcée, les écailles bien renflées, le tout ressemblant rigoureusement, sur une très petite échelle, à ce qu’on observe sur les tiges les plus volumineuses du même type, nous semblent bien prouver ce que nous venons d'avancer. Un autre argument qui, sans être absolu- ment rigoureux, a cependant une réelle valeur, c’est que ce n’est pas un seul individu, mais deux, qui ont été trouvés dans les couches portlandiennes de Boulogne-sur-Mer, cela sans qu'il y ait auprès d'eux une tige plus volumineuse ayant pu leur donner naissance ; que, de plus, comme on va le voir, on a trouvé, dans le même gisement, une autre espèce, également de très petite taille, quoique d’un type assez différent, les conditions du pays où vivaient ces fossiles favorisant, sans doute, l'existence d'espèces de petite taille ; il semble donc que, chez les Bennettitées comme chez les Cycadées et surtout les Zamiées actuelles, il y ait eu, à côté des espèces de grande ou de moyenne taille, d’autres qui étaient très petites. Au reste, par l'observation des frondes fos- siles appartenant aux Cycadophytes, et dont un très grand nom- bre ont été fournies certainement par des Bennettitées, on arrive à des conclusions analogues. Si toutes celles qu’on trouve dans les 792 P. FLICHE ET R. ZEILLER.— FLORULE PORTLANDIENNE OI Nov. terrains mézozoïques sont, en général, de taille très réduite par rapport à celle des Cycadées actuelles, il en est qui sont très petites et qui, à en juger par leur base d'insertion quand l’empreinte de la fronde présente soit cette base elle même, soit une section qui en est très voisine au-dessus d’elle, ont dû être portées par des tiges de très petites dimensions, telles que celles dont nous nous occupons en ce moment. Telles sont par exemple. pour s’en tenir aux espèces signalées, en France, dans les terrains jurassiques : Anomozamites inconstans (F. Braun) Schimp. ; Otozamites bunbury anus Zigno ; Otozamites Mantellianus Zigno ; O. Trevisanti Zigno : O. recurrens Sap. ; O. microphyllus Brongn. ; O. Reglei (Brongn.) Sap. Le C. pumila a été trouvé dans le Portlandien moyen des falaises des environs de Boulogne, il fait partie de la collection Beaugrand, au Musée de Boulogne-sur-Mer. CYC\DEOIDEA Sp. PI. XIX, fig. 3 Indépendamment des deux fossiles qui viennent d'être déerits, la petite collection que nous avons étudiée en renferme un autre qui est également une tige appartenant aux Cycadinées, et plus spécialement, nous semble-t-il, à une Bennettitée ; mais il est en très mauvais état et s’il se distingue très nettement de l'espèce précédente, il ne nous semble pas comporter une diagnose sufli- samment précise pour qu'il y ait lieu de lui imposer un nom spé- cifique ; nous nous bornerons donc à le représenter Planche XIX, figure 3, et à en faire la description. Ce fossile présente un axe auquel adhèrent encore un certain nombre d’écailles ; quelques autres se sont détachées depuis que le fossile a été extrait du sol ; il n’y a point de graines à l’aisselle de ces écailles, et elles ne portent pas de sacs polliniques. De ce dernier chef on peut affirmer que ce ne sont pas des organes mâles ; le fait seul de ne pas porter de graines à leur aïsselle ne suffirait pas pour affirmer que ce ne sont pas des organes femelles, puisque chez les Araucaria et les Pseudo-araucaria, les graines sont adnées à l’écaille ; mais quelques-unes de ces écailles, qui sont brisées à une certaine distance de l'extrémité, présentent une cassure homogène, sans trace de section de graine, ne ressem- blant en rien à la section de l’écaille séminifère chez les deux genres en question. Nous aurions voulu user davantage une des écailles détachées ; malheureusement leur extrême friabilité ne se 1904 DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUR-MER 793 prête pas à une opération de ce genre ; mais, dans cette prépara- tion infructueuse, nous n'avons non plus rencontré aucune trace de graine. D'ailleurs, autour de certaines de ces écailles, on voit un cordon saillant qui ne saurait exister autour des écailles d'un strobile, et qui répond exactement au bord de la lame formée par les poils ramenteux autour des bases de pétioles, chez les Bennetti- tées. IL semble donc bien établi non seulement que nous sommes en présence d'une tige de Cycadinée, mais que, de plus, elle appar- tient à cette sous-classe, par conséquent au genre Cy-cadeoidea : seulement, au lieu d’être de forme bulbeuse, comme le C. pumila, et d’appartenir par suite au groupe de formes dont Saporta avait fait son genre Bolbopodium, elle est au contraire très nettement cylin- drique et rentre dans le groupe de formes que Saporta avait réunies en un genre spécial sous le nom de Cylindropodium. Avec ce trpele fossile de Boulogne présente la plus complète analogie, non seule- ment par ce caractere de la forme, mais aussi par ce fait, signalé, avec raison, par Saporta, que les bases de pétioles, relativement très grandes et très nettement rhomboïdales, forment des séries très peu nombreuses sur la tige. On peut ajouter aussi que la tige proprement dite, c'est-à-dire dépourvue des bases de pétioles qui la recouvrent, est de très faible diamètre. Ce caractère est très marqué chez le C. liasinum Schimp. (sp.) dont nous avons pu comparer un bon échantillon, de la collection Mougeot, à la tige de Boulogne, que nous allons maintenant décrire, dans la mesure que permet son très médiocre état de conservation. Comme nous venons de le dire, elle est allongée et, dans son état actuel, à section elliptique, mais il est certain que si, à l’état de vie, elle présentait légèrement cette forme, celle-ei a été forte- ment augmentée par la compression. Il est impossible de se rendre compte, même approximativement, de la longueur que présentait cette tige puisqu'on n'en possède qu’un fragment peu considérable en hauteur. Quant au diamètre, pris dansle sens de la plus grande longueur, il est de 23 millimètres, et il semble qu'il ne s’écarte pas beaucoup de ce que devait être le diamètre de la tige avant son aplatissement ; car, sans qu'on s'explique très bien comment cela a pu se produire, celui-ci a porté presque compiètement sur une moilié de la tige, sur laquelle il a été très fort, tandis que la moitié opposée a presque échappé; sur celle-ci, qui est très nettement bombée, on trouve du centre à la circonférence un rayon de 10 mil- limètres, ce qui, doublé, donne presque le diamètre transversal. La région médullaire et, autant qu'on peut le constater sur un fossile en aussi mauvais état, tout ce qui se trouvait en dehors 704 P. FLICHE ET R. ZEILLER.— FLORULE PORTLANDIENNE 21 Nov. d’elle, jusqu'aux bases de pétioles accrescentes, a été détruit et remplacé par de la matière minérale amorphe ; maïs, comme il a été dit plus haut, il est visible que cette portion franchement cau- linaire était de très faible diamètre. Les écailles formées par les bases de pétioles accrescentes, dis- posées en orthostiques peu nombreuses, moins nombreuses que chez les autres tiges analogues connues jusqu’à présent, de grandes dimensions, par suite, relativement au diamètre de la tige, sont franchement rhomboïdales, avec les angles supérieur et inférieur nettement arrondis ; la mieux conservée mesure 20 millim. de largeur et 11 millim. de hauteur. Le feutrage de poils ramenteux existant entre ces bases de pétioles est fort inégalement conservé ; il est assez difficile de se rendre exactement compte de son épais- seur, qui ne paraît pas cependant avoir été très forte. Comme pour le C. pumila, on peut se poser la question de savoir si on est en présence d'une tige autonome, ou soit d’un bourgeon, soit d’un petit rameau détaché d'une plante mère; la forme si nettement cylindrique du fossile, la grande dimension relative des bases pétiolaires militent, à peu près sans conteste possible, en faveur de la première opinion, et ceci est corroboré par l'absence, dans la couche d’où le fossile a été extrait, de tiges cycadéennes de grandes dimensions. | Malgré nos connaissances fort imparfaites sur ce Cy-cadeoidea, il est facile de constater qu'il ne se rapporte à aucune des espèces déerites jusqu'à présent. Celle qui s'en rapproche le plus, le Cylin- dropodium gracile Sap. ', d'un terrain jurassique de France dont la localité et par suite l'horizon géologique sont malheureusement inconnus, s’en distingue très nettement par son diamètre sensible- ment plus fort, les écailles pétiolaires au contraire plus petites. Mais tout en étant plus forte, cette tige se rattache, d’assez près, à celle du Portlandien de Boulogne-sur-Mer, puisque son diamètre ne dépasse pas 35 millim. Avec elle, le C. pumila et probablement le Bolbopodium micromerum. elle démontre l'existence de Bennet- titées de petite et même de très petite taille. Cette espèce, trouvée dans le Portlandien moyen des falaises de Boulogne-sur-Mer, fait partie, au Musée de cette ville, de la collection Beaugrand. 1. DE SApoRTA. Paléontologie française, 2° série ; Végétaux. Plantes juras- siques. IT; Cycadées ; p. 272, pl. 119, fig. 5. 1904 DES ENVIRONS DE BOULOGNÉ-SUR-MER 799 Conifères. — 1° Taxodiées. SEquoIA Torr. Les Sequoia ont été trouvés souvent, et en abondance, à l'état fossile ; c’est ainsi que, même en Europe, où ils n'existent plus aujourd'hui à l’état spontané, ils constituent un des genres de Conifères les plus abondamment représentés dans les couches tertiaires jusqu'à la fin du Miocène. On les a trouvés, aussi, large- ment représentés, dans le Crétacé et l'Infracrétacé. Dans les terrains de cette dernière formation on les a rencontrés pour la première fois, au moins sous leur véritable attribution, au Groën- land, enfin en Portugal, où se trouve, jusqu à présent, le gisement le plus ancien. Les couches les plus inférieures où ils se sont pré- sentés appartiennent au Valanginien. Mais, en dehors de cet horizon, si on les avait parfois soupçonnés, on ne les avait jamais rencontrés sûrement, ce qui était assez singulier, les types végé- taux rares et comme étrangers dans la flore actuelle, tels que sont les Sequoia. ayant, en général, une origine fort reculée; la pré- sence d'une espèce de ce genre dans les couches du Portlandien moyen ne nous met très probablement pas en présence de l'origine du genre, mais elle con-tituc déjà un pas sérieux fait vers elle. Avant de procéder à la description de la nouvelle espèce des envi- rons de Boulogne-sur-Mer, il est bon de rappeler sommairement quelles sont les formes aflines de Sequoia étudiées jusqu’à présent, quels sont aussi les rameaux stériles, trouvés dans le Portlandien, -Mmais ayant existé avant et persisté après cette époque, qu'on sup- posait devoir être rapportés au genre Sequoia, opinion fortifiée par la découverte, dans les mêmes couches, d'un strobile appartenant à ce genre et qui nous permet d'entrevoir maintenant, d'une façon beaucoup plus probable, jusqu'où il faut remonter pour trouver la première origine du groupe. Le type éteint se rattachant le plus étroitement aux Sequoia, tout en restant nettement distinct de lui, est le genre Brachyphyl- lum Brong., apparaissant dans le Rhétien, pour finir dans le Céno- manien. Sa position taxinomique a été fort discutée ; déjà en 1876 Heer', d'après un échantillon fructifié, trouvé à Ust-Balei en Sibérie et représenté pl. xut, fig. 9, de son mémoire, d'une espèce nouvelle nommée par lui Br. insigne, avait placé îe genre dans les 1. Hger. Beiträge zur Jura-Flora Ostsibiriens und des Amurlandes, Mém. Ac. Imp. Sc. de St-Pétersbourg, 7° série, XXIL, 1876, 122 p. 796 P. FLICHE ET R. ZEILLER.— FLORULE PORTLANDIENNE O1 Nov. Taxodiées, mais cette manière de voir restait fort discutée, lors- que, en 1900, l’un de nous : établit d’après l'étude de bons exem- plaires, bien fructifiés, d’un nouveau Brachyphyllum, trouvé à Madagascar dans le Lias supérieur, que l'opinion de Heer était pleinement justifiée ; que, de plus, parmi les Taxodiées, ce genre se rattachait étroitement aux Sequoia, dont il se distinguait cepen- dant par ce fait que, dans le corps résultant de la soudure de la bractée et de l’écaille ovulifère, la partie supérieure, qui appar- tient à cette dernière, est beaucoup plus développée que celle pro- venant de la bractée et se termine en une pointe obtusément aiguë. Un autre genre débutant aussi dans le Rhétien, pour finir dans le Cénomanien, les Sphenolepidium, appartient, de l'avis de tous les paléobotanistes, aux Taxodiées; seulement, d’après les strobiles, d’ailleurs en partie assez mal conservés, de quelques espèces, on admet généralement son autonomie et aussi assez sou- vent d'étroites affinités avec les Athrotaxis. Cependant sa grande analogie avec les Sequoia a été signalée également ; elle est telle même qu'il est arrivé à des paléobotanistes faisant autorité de pla- cer des rameaux stériles, les uns dans un des genres, et les autres dans le second; tel est le cas pour le Sequoia subulata de Heer, considéré par M. Seward ? comme devant être le Sphenolepidium subulatum. Il ne semble pas impossible d’ailleurs que le genre Sphenolepidium existät, réellement distinct des Sequoia, comme le donnent à penser les strobiles les mieux conservés à lui attri- bués, les échantillons anglais surtout, mais que les espèces classées dans ce genre, uniquement d’après les caractères fournis par leurs rameaux stériles, appartiennent, pour totalité ou pour partie, aux Sequoia. Ce ne serait pas le premier exemple, parmi les Conifères, soit vivants, soit fossiles, d'organes fructificateurs très différents portés sur des rameaux végétatifs offrant la plus étroite analogie. Dans l'hypothèse qui vient d’être émise, il pourrait se faire que des restes de Sequoia eussent été trouvés avant l'Infracrétacé, peut-être déjà dans le Rhétien, mais ce ne sont là que suppo- sitions, de même que pour l’opinion de Schenk *, qui avait fini par considérer son Pachyphyllum curvifolium du Wealdien comme étant plutôt un Sequoia; en définitive, la plus ancienne 1. R. Zrizcer. Sur les végétaux fossiles recueillis par M. Villiaume dans les gîtes charbonneux du nord-ouest de Madagascar. C R. Ac. Sc., CXXX, 1900, P. 1970. 2. SEWARD. Catalogue of the Mesozoic Plants in the Dept. of Geol. British Mus. (Nat. Hist.). The Wealden Flora, Part II, Gymnospermæ. Londres, 1895, p. 208: 3. A. SCHENK. Palæophytologie, p. 297. 1904 DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUR-MER 797 espèce certainement connue, jusqu'à présent, de ce dernier genre est le S. lusitanica Heer du Valanginien du Portugal; cela donne un très réel intérêt au strobile, représenté figures 4 et 5, trouvé dans le Portlandien moyen des environs de Boulogne. Comme le montre très bien l’écaille entièrement dégagée qu’on voit en a, figure 4, il s’agit ici d'une Cupressinée, en entendant cette expression dans son sens le plus large, puisqu'elle est très franchement conique, termi- née à sa partie supérieure par un écusson bien développé. Celui-ei présente, en outre, de la façon la plus accüsée, la structure de ceux qu'on observe chez les strobiles des Sequoia ; sur quelques écailles remarquablement conservées, ainsi que b, b', on constate que la surface, légèrement convexe, est parcourue dans sa longueur par une arête saillante qui la divise en deux moitiés sensiblement égales, arête qui correspond à la ligne de suture de la bractée et de la feuille ovulifère ; de plus, toujours comme chez les Sequoia, il y a au centre de l’écusson une dépression très accusée ; seules les rides, perpendiculaires à l’arète médiane, sont moins pronon- cées que chez les espèces vivantes ; encore sent-elles bien nettes sur certaines écailles, ainsi en € sur la figure 4. Mais cette diffé- rence, fréquente d’ailleurs chez les espèces fossiles déjà décrites, notamment chez le S. Reichenbachi, le plus voisin de celui qui nous occupe, peut-être exagérée par le mode de fossilisation, peut- être aussi par le nettoyage de l'échantillon, ne saurait constituer un caractère générique ; elle ne dépasse pas la limite des carac- tères spécifiques ; même entre les deux espèces vivantes il y a, de ce chef, une notable divergence, les rides étant beaucoup moins accusées chez le S. gigantea que chez le S. sempervirens ; chez le premier elles sont même parfois plus atténuées sur un strobile que sur un autre, parfois même sur quelques écailles d’un strobile que sur les autres. Le mucron qui se trouve, chez les Sequoia actuels, au milieu de la fossette centrale, fait défaut sur le strobile de Bou- logne, mais cet appendice est si grêle et si fragile qu’on n’en voit souvent plus de traces chez les strobiles actuels quand ils ont pu être fréquemment maniés ; à fortiori doit-il en être ainsi pour des strobiles qui ont eu à subir tous les accidents possibles, jusqu'à leur arrivée à l’endroit eù ils se sont fossilisés, et en outre ceux du nettoyage consécutif à la récolte qui en a été faite. Le strobile que nous étudions présente, en apparence, une autre particularité qui semblerait le différencier des Sequoia : chez ceux-ci les écailles séminifères sont très franchement normales à l’axe du strobile ; ce caractère se constate très bien quand les écailles se sont écartées pour laisser échapper les graines, et les strobiles fossiles ayant été 798 P. FLICHE ET R. ZEILLER. — FLORULE PORTLANDIENNE 21 Nov. assez souvent conservés dans cet état le montrent également très bien ; or ici l'unique écaille dégagée et les voisines, qui le sont un peu, sont couchées sur l’axe, mais on se rend très bien compte de cette position purement artificielle par cette considération que le strobile a subi, comme tous les autres fossiles végétaux qui l'ac- compagnent, nous l'avons déjà vu et nous le verrons encore par la suite, une compression énergique avec étirement de bas en haut, et, de fait, on a déjà trouvé ailleurs des strobiles de Sequoia présen- tant le même phénomène : ainsi, parmi ceux figurés par Heer dans le Flora fossilis arctica', même en faisant abstraction de celui de la figure 7° de la planche xnr, dont l'attribution au genre peut être contestée, celui de la figure 7, planche xxvir, S. subulata, — fig. 8 de la même planche, S. rigida, — fig. 6b, planche xxvin, S. Rei- chenbachi. Comme on pouvait s'y attendre, le Sequoia de Boulogne est une espèce nouvelle, nettement distincte de toutes celles décrites Jusqu'à présent, même, pour ne pas dire surtout, de la plus an- cienne de par son âge géologique. Nous commençons par en donner la description, nous examinerons ensuite avec quelles espèces sont les plus grandes affinités. SEQUOIA PORTLANDICA N. SP. PI. XIX, fig. 4, 5. Strobilo ellipsoideo paulisper attenuato, versusa picem 24 mill. longo, 14-15 lato, squamis peltatis ; lamina rhombea S mill. lata, 3 mill. alta, transversim profunde impressa. Le strobile de cette espèce est ellipsoïdal, mais légèrement atté- nué vers son extrémité supérieure, forme qui se rencontre chez une des espèces vivantes, le S. gigantea ; l’atténuation terminale paraît être, chez celui-ci, très faible, ou au contraire aussi nette que chez le fossile, ainsi sur un échantillon des collections de l'Ecole forestière, provenant d'un pied cultivé en Alsace. La dimen- sion en longueur fournie dans la diagnose paraît être exacte, car si sur une face le strobile a perdu quelques écailles basilaires, il les possède toutes sur la face opposée ; quant à la largeur, elle a été évidemment un peu exagérée par l’aplatissement qu'a subi l'organe en se fossilisant. IL est bon de faire observer que ces dimensions ayant été relevées sur un seul échantillon, il est fort 1. HEzr. Die Kreideflora der arctischen Zone. Kongl. Svenska Vetenskaps- Ak. Handl. (FL. foss. arct., t. IT, Mém. 2, 1854), XII, 6, 1873. (Gisements de Kome). 1904 DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUR-MER 799 probable que, si on en possédait un plus grand nombre, il y aurait des variations plus ou moins notables, comme on en peut observer entre les différents échantillons d’une même espèce, soit vivante, soit fossile. Les écailles séminifères présentent un écusson rhomboïdal, avec les deux angles supérieur et inférieur nettement arrondis; il y a, comme on peut le constater par les chiffres de la diagnose, une très grande différence entre les deux diagonales, la transversale étant plus de deux fois aussi longue que la verticale. L’arête transver- sale, correspondant à la section de la feuille séminifère et de la bractée, est très marquée : quelquefois on peut la suivre sur toute la longueur de l'écusson comme en b, figure 4 ; plus souvent elle disparait dans la dépression centrale, d'ailleurs, en général, plus ou moins remplie par des restes de la roche encaissante; cette dépression est très nettement marquée. Les deux moitiés de l'écus- son, la supérieure et l'inférieure, sont sensiblement égales avec peut-être un peu de prépondérance de la seconde, au moins sur certaines écailles ; mais ces petites diflérences se rencontrent aussi sur le vivant, même entre écailles d’un seul strobile. Ces deux moitiés sont moins ridées perpendiculairement à la ligne médiane qu’elles ne le sont chez les espèces vivantes, même chez le S. gigantea, chez lequel ces rides sont bien moins prononcées que chez le S. sempervirens, cependant on les voit parfois nette- ment, ainsi en €, figure 4. Si nous cherchons quelles sont les affinités de cette espèce avec celles déjà décrites, nous constatons, d’abord, qu'elle est complè- tement dissemblable, quant à son strobile, le seul de ses organes qui nous soit connu, du plus ancien des Sequoia connus jusqu'à présent, le S. lusitanica du Valanginien du Portugal. Le strobile de celui-ci est beaucoup plus petit, presque globuleux, avec des écailles à écusson presque circulaire, présentant une dépression plus petite, circulaire '. Il diffère également de toutes les espèces de l’Infracrétacé et du Crétacé chez lesquelles l’écusson est plus ou moins isodiamétrique ; mais il a, au contraire, des aflinités avec les Sequoia appartenant aux mêmes terrains et présentant des écussons de forme rhomboïdale, à axe transversal très allongé, ainsi avec le S.rigida H., commençant dans l'Infracrétacé de Kome au Groënland et continuant dans le Crétacé, le S. crispa du Céno- manien de Bohème *, le $S. Reichenbachi qui va de l’Urgonien au 1. DE SaportTA. Flore fossile du Portugal, Lisbonne, 1894, p. 92, pl. XVII, fig. 15 et 15°. VEeLENOvsKY. Die Gymnospermen der bühmischen Kreide-Formation, 1885, p. 22, pl. X, fig. 5 et 7. 800 P. FLICHE ET R. ZEILLEP.- FLORURE PORTLANDIENNE 921 Nov. Sénonien et se rencontre du Sud de la France au Spitzberg, au Groënland et au Nébraska. C'est avec cette dernière espèce que sont surtout les affinités du Sequoia portlandien; elles sont très grandes, bien qu'avec des différences sutlisantes pour établir qu'il s'agit de deux espèces certainement distinctes. Le S. Reichenbachi a été fort bien étudié par Heer; si l’on se reporte au texte et aux figures des deux publi- cations ” où il donne les détails les plus complets sur cette espèce, on voit que le strobile du $. portlandica est plus petit, la longueur étant la même, 24 millim., alors que le minimum pour le S. Rei- chenbachi est de 23 et le maximum de 29 millim. ; la différence sur la largeur est notable 14-15 millim. contre 21-93 ; il en résulte que l'organe a une apparence plus grêle ; il est aussi moins régulière- ment elliptique; les écussons des écailles séminifères sont très analogues de part et d'autre ; ils sont de forme rhomboïdale avee une grande différence entre les deux axes ; le plus grand, le trans- versal, atteint 8 millim. chez le S. portlandica, 8 millim.-8 1/2 chez l'autre espèce, c’est-à-dire qu'il y a sensiblement égalité : pour le petitaxe, au contraire, la différence est notable, 3 millim. chez le premier, 5 chez le second. Maïs, ce qui est important pour déter- miner les aflinités, la forme générale est la même de part et d'autre, très différente de ce qu'on observe chez d’autres espèces qui pré- sentent un écusson isodiamétrique ; la ressemblance se poursuit dans la saillie bien nette de l'arête transversale, dans la forme et la profondeur de la dépression centrale, dans le peu de saillie des rides perpendiculaires à la ligne médiane. Le genre Sequoia présente, dans la nature actuelle, deux espèces seulement, très nettement distinctes, le $. gigantea et le S. sem- perotrens. Or un fait remarquable c’est que, non seulement dans le Tertiaire, mais antérieurement, les espèces fossiles constituent deux séries correspondant à ces formes vivantes, au point qu'on peut considérer celles-ci comme en étant les résultantes; par la forme de son strobile, par les caractères de ses écussons, le S. portlandica, de même que le S. Reichenbackhi, se rattache à la série du $. gigantea, l'un et l'autre avec des strobiles sensiblement plus petits que ceux de l’espèce vivante, mais c'est une constata- tion générale qui a été faite même sur les formes tertiaires appar- tenant à cette série. l 1. O. Heer. Beiträge zur Kreideflora ; 1, Kreideflora von Moletein in Mäh- ren, N. Denksch. d. allg. Schw. Gesell. für d. gesammt. Naturw., XI, 1869, P. 7, pl. L, fig. 1-9. — In. Die Kreideflora der arktischen Zone, loc. cit. : 1904 DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUr-MER 801 Le $. lusitanica appartenant à l’autre, il semblait, jusqu'à pré- sent, que celle-ci eût apparu la première, son antériorité sur le S. Reichenbachi étant d’ailleurs relativement faible ; la découverte du $. portlandica intervertirait l’ordre d'apparition ; mais il est bien évident qu’on ne peut rien conclure d’après des documents aussi peu nombreux et incomplets, puisque nous ne jugeons ici que d’après les strobiles ; la question reste complètement indécise. Portlandien moyen des environs de Boulogne, falaise de la Tour de Crouy, entre la pointe de La Crèche et Wimereux. Trouvé en 1898 par M. Alphonse Lefebvre-Trisran. Conifères. — 2° Abiétinées. La petite collection dont nous faisons l'étude renferme deux strobiles qui nous paraissent appartenir, sans conteste, non seule- nent à la famille des Abiétinées, mais même au genre Pin entendu dans son sens le plus strict, non dans le sens linnéen. Seulement, alors que l’un d'eux a des écussons très bien conservés qui légiti- ment pleinement cette attribution, l’autre présente des écailles usées vers l'extrémité supérieure, sur lesquelles, par suite. il est impossible de se rendre compte, d’une façon certaine, de la pré- sence d’un écusson. C'est par ce dernier que nous commencerons, en le plaçant sous un vocable générique, celui de Pinites, indi- quant. mais sans affirmation absolue, ses affinités avec les Pins. Ce nom a été créé d'abord par Witham, puis adopté et défini à nouveau par Goeppert : qui l’attribue à tous les restes fossiles, bois, feuilles, fleurs, cônes, présentant la structure et les formes des mêmes organes chez les Pins actuels. Aujourd’hui générale- ment on range les bois dans un genre artificiel, Pityoxy lon, et on rapporte au genre actuel Pinus toutes les espèces définies par des feuilles ou des strobiles présentant, d’une façon indiscutable, les caractères des mêmes organes dans ce genre. C'est donc avec raison que Schimper * a réservé le genre Pinites aux espèces représentées par des strobiles, dont l'attribution à des Pins, tout en présentant un certain degré de probabilité, n’est pas absolu- ment certaine. 1. GœprEr1. Monographie der Fossilen Coniferen. Nat. Verh. holl. Maatsch. d. Wetensch. Haarlem, 1850, p. 211. 2. ScxIMPER. Traité de Paléontologie végétale, II, Paris, 1874, p. 294. 14 Février 1905. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 5x. 805 P. FLICHE ET R. ZEILLER.— FLORULE PORTLANDIENNE 21 Now. PiniTes With, Gœppp. (emend.). P. STROBIFORMIS n. Sp. PI. XIX, fig. 6. Strobilo valde elongato, plus quam 86 mill. longo, 23 mill.. lato, dissy- metrico, arcualo ; squarnis dense imbricatis, elongatis, sat latis, apice paulisper incrassatis ? : L'unique échantillon de cette espèce est un cône qui n’est même pas entier ; il est brisé transversalement; malheureusement cette fracture ne révèle pas une structure intérieure très bien conser- vée ; on ne peut se rendre un compte bien exact de la forme et des dimensions de l’axe, ni, ce qui serait particulièrement important, du nombre de graines, afférent à chaque écaille, et de leur insertion exacte ; cependant, en ce qui concerne ce dernier point, il nous paraît certain que l'insertion est à la base de l’écaille : celle-ci s'observant presque sur la fracture, et même encore sur les écailles mises complètement à nu sur la face extérieure, par la destruction de celles qui les recouvraient, on peut en conclure, comme on ne voit pas sur elles de graines ou d’impressions laissées par celles-ei, que ces organes étaient placés tout à fait à la base de l’écaille, ce qui est leur position chez les Abiétinées ; les dimensions et la forme très allongée du strobile, les écailles plates, minces et larges, au moins sur la plus grande partie de leur étendue, sont également du type des Abiétinées, et l’ensemble de ces caractères porte à écarter les strobiles de toutes les autres Gÿmnospermes et même de toutes les autres Conifères; l'attribution à la famille des Abié- tinées nous semble donc certaine. ‘Le sommet de toutes les écailles étant plus ou moins détruit ou à tout le moins usé, il est impossible de voir s'il était épaissi ou non et, par suite, de se prononcer sur son attribution aux Pins ou aux autres genres de la famille, qui tous ont des écailles non épais- sies au sommet. Cependant la dissymétrie très nette de la base du strobile, la courbure prononcée de celui-ci en are, nous font consi- dérer comme très probable l'attribution de ce fossile aux Pins; de plus il semble que parmi les sections de ce genreil appartienne aux Strobus ; en effet l'absence de toute saillie terminale, même chez les écailles qui paraissent conservées presque dans toute leur lon- gueur, ainsi en à, figure 6, semble prouver que l’écusson était très 190/ DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUR-MER 803 peu prononcé, comme c’est le cas pour cette section : ; la forme très allongée, grêle, du cône, tout en se rencontrant quelquefois ailleurs, est cependant aussi plus en harmonie avec ce qu'on observe chez les espèces actuelles de cette section. Comme il est dit dans la diagnose et comme il vient d'être rap- pelé, le cône en question était lrès allongé ; ce qui en subsiste mesure 86 millim.; mais ilest visible qu'il était beaucoup plus allongé, puisque, à l'endroit où il a été rompu, non seulement il ne présente pas de trace d’atténuation indiquant que le milieu a été dépassé, mais c'est l'endroit où on observe le maximum de lar- geur; nous ne pensons donc pas qu'on commette une erreur bien sensible en admettant une longueur totale double, soit environ 17 centimètres, ce qui serait encore en dessous des dimensions du P. excelsa actuel, appartenant à la section Strobus et habitant l'Himalaya. Ce cône, comme tous les autres fossiles étudiés dans ce travail, a subi une compression énergique qui l'a fortement aplati, plus, semble-t-il, dans un sens que dans l’autre, car sur une de ses faces, il est presque plan, tandis que sur l’autre il est assez for- tement bombé. De cet aplatissement il résulte que la largeur de 23 millin., donnée dans la diagnose, est plus forte que n’était celle de l'organe à l'état normal. Cependant si on tient compte de ce que nous venons de dire du bombement de l’une des faces par rapport à l'autre, nous pensons que cette largeur réelle ne s’éloignait pas beaucoup de celle qu'on mesure aujourd’hui ; elle devaits'élever à 18 à 20 millimètres. Le strobile était, nous l'avons dit, très nettement dissymétrique à la base et courbé en arc à très grand rayon, la courbure rappe- lant beaucoup celle qu'on observe chez les Pins actuels de la section Strobus, soit le P. strobus, soit le P. excelsa, aux cônes duquel, à tous égards, celui du Portlandien ressemble d'une façon si remarquable, sans que, bien entendu, on puisse supposer l’iden- üité entre l'espèce vivante et le fossile; même dans son état de conservation si imparfait, celui-ci est distinct, non seulement des espèces vivantes de la section, mais même de celles qui, apparte- nant à celle-ci, ont été rencontrées à l’état fossile ; les plus voisines comme type, parmi celles qui sont représentées par des strobiles, sont celles qui ont été trouvées dans les grès verts de l'Infracrétacé, soit en Angleterre, soit en France; ces espèces diffèrent très notablement du Pinites portlandien par leurs dimensions plus 1. Peut-être même sur une écaille y a-t-il les restes de la base d’un écus- son, indiquée par des sillons plus marqués et plus infléchis que sur le reste de l'organe. ; . 804 P. FLICHEET R. ZEILLER.— FLORULE PORTLANDIENNE 21 Nov. fortes ou plus faibles en diamètre, leur forme plus droite ; il y a donc ici une espèce certainement nouvelle, à laquelle nous don- nons un nom spécifique rappelant ses affinités incontestables avec les Pins de la section des Strobus. Portlandien supérieur des falaises aux environs de Boulogne (collection Beaugrand). Pinus Link. PINUS SAUVAGEI n. sp. PI XIX; fig 7. Strobilo elliptico, paulisper elongato, parvo, 45 mill. circiter longo, 25 mill. lato; squamis apicem versus incrassatis, peltam rhomboi- deam subrotondatam, umbonatam, transversim carinatam, 7 müll. latam, 5 mill. altam, præbentibus. L'unique cône, sur lequel nous avons établi l'espèce et la diagnose qui précède, est bien conservé; cependant l'extrême sommet manque, c’est pourquoi nous n'avons pu en donner la hauteur que d’une façon approximative, se rapprochant toutefois de très près de la réalité ; les écailles sont souvent conservées avec une très grande perfection. Le bon état de ce cône empêche de voir la base d’aucune écaille, et la nature de la fossilisation exclut toute idée d’une coupe qui aurait pu endommager cette pièce unique, sans qu'on fût certain de faire des constatations utiles ; on n’a donc pu voir où étaient placées les graines et quel en At le nombre; mais par sa forme générale, très légèrement asymétrique, ses écailles présentant un écusson très accusé nettement rhomboïdal, avec un ombilic et un mucron, il présente une telle ressemblance avec les Pins actuels que son attribution à ce genre, pris dans son sens le plus étroit, ne nous laisse aucun doute. Nous allons d’abord le décrire complètement, nous verrons ensuite quel intérêt il présente au point de vue de l’histoire de la végétation, puis nous le comparerons aux espèces qui sont le moins éloignées de lui par leur âge, et nous tirerons les conclusions générales auxquelles nous a conduits l'étude que nous en avons faite. Ce strobile, comme les autres fossiles végétaux de la même provenance, a été fortement comprimé et par suite aplati, en sorte que, dans son état actuel, les dimensions données dans la diagnose ne correspondent pas exactement, surtout en ce qui con- cerne la largeur, avec celles que présentait l'organe à son état 1904 DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUR-MER 805 normal ; le contour se trouve aussi naturellement un peu déformé. Indépendamment de ce qui vient d’être dit, un autre motif empêche d’avoir la longueur de l’organe d’une facon absolument certaine, c'est le fait de l'absence du sommet du strobile ; ce qui en reste mesure 35 millim. Le chiffre que nous avons donné repose sur la reconstitution du fossile et doit fort peu s’écarter de la réalité, puisqu'il est assez facile, sur un strobile aussi bien conservé, en s’aidant d'organes présentant avec lui la plus grande analogie, de se rendre compte de ce qu'il était, étant complet. Quant à la largeur. 25 millim., quiest un peu exagérée pour le motif sus-indiqué, elle a été mesurée dans l’endroit où elle atteint son maximum. La forme générale est elliptique ou mieux un peu ovoïde, un peu atténuée vers le sommet du cône ; celui-ci est faiblement, mais net- tement dissymétrique. Les écailles présentent un renflement terminal très net, autrement dit un écusson à base rhomboïdale, à grand axe transversal, arrondi avec une arête médiane très bien conservée sur plusieurs écailles; cette arête partage l’écusson en deux moitiés inégales, dont l’inférieure était la plus grande; au centre, parfois un peu déformé, on voit un ombilie avec un mucron bien accusé, mais de très petite taille ; la largeur de l’écusson est de 7 à 8 millim., dans la région moyenne du strobile, où les écailles ont leurs dimensions normales, et la hauteur est de 5 millimètres. Comme on le voit, de tout ce qui vient d’être exposé et de l’exa- men de la figure il résulte que le strobile en question appartient non seulement à une Abiétinée, mais même au genre Pinus enten- du dans son sens le plus étroit ; il n’est même pas sans rappeler de très petits strobiles de P. laricio, dans la végétation actuelle. Jusqu’à présent l'existence de ce genre, antérieurement à FInfra- crétacé, est restée fort douteuse ; cependant on admet assez géné- ralement que le Pinus prodromus Heer, basé sur des feuilles rap- prochées par cinq, trouvées dans l’Oolithe inférieure du cap Boheman en Sibérie, lui appartient et fait partie de la section Strobus ; toutefois cette attribution n’a pas paru absolument cer- taine à la sévère critique de Schenk. Il semble aussi que le fragment de strobile auquel Heer avait donné le nom de Pinus Cœmansi, qui a été décrit et figuré par Saporta dans la Paléontologie française ‘, lui appartienne, mais s’il provient certainement de l'Oolithe de Belgique, on ne sait au juste de quel étage, quoique Saporta füt disposé à le rapporter aussi au Portlandien ou au Purbeckien ; de plus, la figure laisse quelques doutes sur la légiti- 1. DE Sarorra. Loc. cit., Plantes jurassiques, II, p. 474, pl. 191, fig. 6-7. 806 P. FLICHE ET R. ZEILLER.— FLORULE PORTLANDIENNE 21 Nov. mité de la détermination générique, et dans tous les cas il s’agit d’une section du genre depuis longtemps disparue, sur lacuelle nous aurons occasion de revenir plus loin. Il y a, en dehors de ces espèces, d'attribution un peu douteuse on le voit, un strobile qui a été généralement négligé ou non apprécié à sa juste valeur, qui cependant est dans un bel état de conservation et qui, de même que celui de Boulogne, avec lequel il a beaucoup d’analogie, prouve, nous semble-t-il, l'existence du genre Pinus (sens. str.) dans le Jurassique, maïs à un niveau un peu supérieur au Portlandien moyen. Ce fossile a été représenté par Fitton', la figure en est très bonne, mais dans le texte l’auteur ne lui donne aucun nom, ni générique, ni spécifique ; il se borne à dire, dans une liste de plantes, après avoir indiqué sa provenance des couches de Purbeck, et la collection où il est conservé, qu’il a une légère ressemblance avec un cône de Dammara des Moluques : « Zt has a slight res- semblance to the cone of a Dammara of the Moluccas ». C'est évidemment cette indication, bien peu justifiée cependant, qui a conduit Unger * à donner à ce fossile le nom de Dammarites Fittoni. M. Carruthers * a beaucoup mieux vu la véritable attri- bution convenable pour ce cône ; sans en donner une nouvelle * figure, se référant à celle de Fitton, il l’a rattaché aux Pins, sans cependant émettre une aflirmation absolue, ainsi que le prouve l’appellation générique Pinites admise par lui ; maïs ce qui montre bien quel était le fond de sa pensée, c’est qu’il compare le fossile en question aux cônes d’une variété du P. sylvestris actuel ; cette observation est juste, en ce qui concerne la taille et la forme du strobile, mais par les écailles l’espèce fossile, comme celle que nous venons de décrire, a plutôt de l’analogie avec le P. laricio. Schimper, dans son Traité de paléontologie végétale *, s’est borné à adopter la manière de voir de Carruthers, sans l’appuyer ni l’infirmer par de nouvelles observations. Schenk cite l'espèce dans sa Paléophytologie * sous le nom de Pinus Fittont, ce qui prouve qu’il le considère comme appartenant, sans conteste, à ce 1. W. H. Frrron. Observations on some of the strata between the chalk and the Oxford oolithe in the south-east of England. Trans. Geol. Soc. of London. °° series, vol. IV, Part second, 1835, p. 230, pl. XXII, fig. 9. 2. F. Uncer. Genera et Species Plantarum Fossilium. Sumptibus Ac. Cæsaræ Sc. Vindobonæ, 1850, p. 384. 3. CARRUTHERS. On gymnospermatous fruits from the Secondary rocks of Britain. Seemans Journ. of Bot. V. 1867 p. 17. 4. Loc. cit. Il, p. 296. 5. Loc. cit., p. 345. 1904 DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUR-MER 807 genre au sens linnéen du mot, sens qu'il adopte dans son ouvrage ; il dit, du fossile anglais, qu'il prouve encore plus sûrement que d'autres espèces, citées antérieurement par lui, l'existence du genre, autrement dit des Abiétinées, dans le Jurassique ; il donne d’ailleurs le P. Fittoni comme trouvé dans le Kimméridien, ce qui est une erreur. Dès lors que Schenk place ce cône dans les Abiétinées, il l’a réellement considéré comme un Pin, les écussons si caractéristiques ne permettant de l’attribuer, même avec doute, à aucun des autres genres très fréquemment admis dans cette famille. En dehors des auteurs que nous venons de citer, nous ne voyons pas qu'il y en ait eu d’autres pour s'occuper du cône de Fitton. Si on se reporte à la bonne figure donnée par l’auteur anglais, on constate que le cône fossile est en bon état, que les caractères, par suite, en sont très accusés, et on ne peut que s'étonner de voir un botaniste tel que Unger le rapprocher des Dammara, avec lesquels il n’a rien de commun, tandis que l'opi- nion de Carruthers, devenue celle de Schimper, et surtout, semble- t-il, de Schenk, nous semble parfaitement exacte. Le P. Fittoni se trouve ainsi, bien que cela soit jusqu'à présent resté à peu près méconnu, le plus ancien Pin trouvé antérieurement au cône du Portlandien de Boulogne. Si on compare ce dernier à la figure de Fitton, on constate une très grande ressemblance, telle qu’à première vue on serait tenté de conclure à l'identité; cependant on constate un ensemble de différences, qui ne nous semblent pas permettre cette identifica- tion. Le cône de Boulogne est plus long et sensiblement moins large, 25 millim. au lieu de 30 ; il est, par suite, elliptique, atténué vers son extrémité, tandis que le P. Fittoni est presque globuleux, plus élargi à la base. L’écaille est à base franchement rhomboïdale chez le premier, alors qu’elle est à contours plus arrondis chez le second el, cé qui est plus important en soi et prouve que l’état de conservation ne peut y être pour rien, les dimensions des écussons dans la région moyenne, où ils ont tout leur développement, sont très nettement différentes, largeur 9-10 millim., hauteur 4, chez le P. Fittoni, alors que la largeur est de 7-8, plus fréquemment 7, et la hauteur de 5 sur le cône de Boulogne. Comme on le voit, le rapport de ces dimensions est sensiblement inférieur à 1/2 chez le P. Fittoni, tandis qu'il se rapproche de l’unité chez son congénère ; il en résulte une différence d'aspect assez notable ; on constate aussi que l’arête transversale existant de part et d’autre et divi- sant l’écusson en deux moitiés, dont l’inférieure est la plus déve- loppée, ces deux moitiés restent toujours bien visibles sur le 808 P. FLICHE ET R. ZEILLER.— FLORULE PORTLANDIENNE 21 Nov. cône de Boulogne, même lorsque l’écaille est un peu déformée par la compression de bas en haut subie par le fossile,tandis que la moitié supérieure disparaît quelquefois, plus ou moins, en pareil cas, chez le P. Fitioni, ce qui donne à l’ombilie et au mucron l'apparence d’être placés au bord supérieur de l’écaille ; ce doit même être cette apparence, assez fréquente, qui a donné lieu à la méprise de Fitton d’abord, d'Unger ensuite, quant aux aflinités de ce cône. D'après ce que nous venons de dire on voit que le strobile de Purbeck et celui de Boulogne, tout en présentant d’étroites analo- gies, sont cependant assez diffèrents pour qu'il soit impossible de les réunir sous un même vocable spécifique, alors surtout qu’ils appartiennent à deux niveaux géologiques différents. D'ailleurs si des matériaux plus nombreux venaient à les rapprocher, en ce qui concerne la forme générale et les dimensions de l'organe, il nous semble difficile, ou pour mieux dire impossible, qu'il en fût de même pour les caractères de l’écusson, surtout pour la différence de rapport entre les dimensions en largeur et en hauteur. Le stro- bile de Boulogne diffère encore plus, on va le voir, des autres espèces de Pins décrites jusqu'à présent d’après cet organe. C'est donc certainement une nouvelle espèce, que nous sommes heureux de dédier au zoologiste et paléontologiste bien connu qui nous a fourni l’occasion de l’étudier, M. le D' Sauvage. Les P. Sauvagei et P. Fittoni, s'ils se ressemblent beaucoup, différent au contraire profondément de toutes les espèces du même genre trouvées au même horizon ou immédiatement après elles. Le P. Cœmansi Heer, qui paraît bien provenir aussi du Portlan- dien, appartient à cette section du genre dont l’écusson est dépourvu d’ombilic et de mucron, depuis longtemps disparue, sur l'histoire de laquelle l’un de nous a déjà appelé l'attention . Le Wealdien, qui renferme certainement les restes de plusieurs Abiétinées, n’a donné jusqu'à présent qu'une espèce appartenant probablement, mais non certainement, au genre Pinus (sens. str.), c'est le Pinites Solmsi Seward *. Dans tous les cas, ce serait une forme toute différente des P. Sauvagei et P. Fittoni, appartenant très probablement à la section des Strobus. Cette absence de nos deux Pins ou de formes affines dans le Wealdien, même dans celui d'Angleterre et de Belgique si bien étudié par M. Seward, est 1. Fricme. Contribution à la Flore fossile de la Haute-Marne. (Infracrétacé). B. Soc. des Sc. de Nancy. 1900, p. 21. 2. SEWARD. Loc, cit. The Wealden Flora Part. IL. Gymnospermæ. 1895, p. 196, pl. XVIIL fig. 2-3 ; pl. XIX. 1904 DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUR-MER 809 curieuse ; elle tient certainement à l’insuflisance des matériaux recueillis jusqu’à présent, mais semble prouver que le type en question, au lieu de s'être développé alors dans la région anglo- française, y est resté ce qu'il y était, peut-être même plus rare que durant le Portlandien et le Purbeckien. Il faut arriver à l’Infra- crétacé, pour trouver dans le Barrêmien des environs de Saint- Dizier une espèce présentant avec les nôtres des analogies incon- testables, c’est le Pinus aspera de Cornuel '. D'après la description fort imparfaite de l’auteur, et d’après ses figures, surtout la figure 9, il semble certain que l’écusson présentait les mêmes caractères, base rhomboïdale, mais plutôt à contours arrondis, et, comme chez le P. Fittoni, saillie prononcée arrondie avec une arête transversale bien nette, mais divisant l’écusson en deux moitiés presque égales, tandis qu'elles sont inégales chez les deux autres, un ombilic et un mucron peu développés. Si, avec quelques différences toutefois, il y a de grandes analogies dans la forme de l’écusson, ce qui est d’ailleurs un caractère de haute valeur, la forme générale du cône, qui est cylindrique, son diamètre, qui est beaucoup plus faible, ne dépassant pas 14 millim., éloignent au contraire l’espèce barrêmienne de ses deux congénères. Celles-ci ne trouvent pas de formes voisines dans la flore albienne, qui nous est cependant connue par d'assez nombreux strobiles d'Abiétinées, et notamment de Pins. Il est remarquable de constater qu'il faut arriver à l’époque tertiaire et aux temps actuels pour trouver des formes tout à fait analogues à ces deux anciennes espèces. De ce que nous venons de dire des Pinus et des Pinites, enten- dus l’un et l’autre dans le sens le plus strict, il résulte que le Pinus Sauvagei du Portlandien moyen est le plus ancien strobile connu appartenant au genre Pin, représenté par ses sections actuelles, mais qu'il a été suivi de près, dans le Portlandien tout à fait supérieur ou Purbeckien, par une autre espèce présentant beau- coup d’affinité avec lui, le P. Fittoni; que d’ailleurs ce type paraît avoir eu comme contemporain, et dans la même région, le P. Cœmansi de Belgique, appartenant à la section, dépourvue d'ombilic et de mucron, qui, débutant probablement avec lui, joue un rôle important dans tout l’Infracrétacé où elle paraît avoir fini avec l’Albien ; aux trois formes que nous venons d’énu- mérer dans le Portlandien, il convient d’en ajouter une qua- trième, dont l’existence nous est révélée par la portion de strobile 1. Cornu. Description des cônes de pins trouvés dans les couches fluvio- lacustres du bassin parisien, etc. B. S. G. F., (2), XXIIL. 1866, p. 671, pl. X, fig. 6-12. 810 P. FLICHE ET R. ZEILLER.— FLORULE PORTLANDIENNE 21 Nov. décrite ci-dessus sous le nom de Pinites strobiformis, qui semble avoir appartenu à la section Strobus. La présence de ces quatre formes différentes dans le Portlandien milite en faveur d’une origine plus ancienne du genre, qui semblerait déjà indiquée par le Pinus prodromus Heer, du Spitzherg. Ces Pins portlandiens n'en restent pas moins parmi les représentants les plus anciens du genre; il est donc fort intéressant, au point de vue théorique, de constater parmi eux des formes telles que P. Sauvagei et P. Fitiont ayant atteint le plus haut degré d'évolution du genre. Le Portlandien des environs de Boulogne-sur-Mer a déjà fourni, à des niveaux un peu différents, quelques fossiles végétaux qui ont été étudiés par Saporta, décrits et figurés par lui dans la Paléontologie française ; il nous paraît intéressant de donner ici une liste complète des fossiles de cette provenance, telle qu’elle résulte des recherches de Saporta et des nôtres. Algues. Chauviniopsis Pellati Sap. Portlandien inférieur. Fougères. Scleropteris multipartita Sap. Portlandien inférieur. Cycadinées. Cycadeospermum Wimillense Sap. Portlandien inférieur. Fittonia Rigauxi Sap. Portilandien (sans indication d'étage). Cycadeoidea pumila n. sp. Portlandien moyen. Cycadeoidea sp. Portlandien moyen. Williamsonia Gagnierei Sap. Portlandien supérieur. Conifères. Sequoia portlandica n. sp. Portlandien moyen. Pinites strobiformis n. sp. Portlandien moyen. Pinus Sauvagei n. sp. Portlandien moyen. Si incomplète que soit cette florule, puisqu'elle ne comprend que dix espèces, elle n’en présente pas moins un réel intérêt, à raison du peu de données que nous possédons, en France notamment, sur la flore portlandienne. L’Algue est d’un intérêt très secondaire, bien que l'attribution à la classe semble certaine, parce qu’elle est unique, parce que de plus les affinités réelles én seraient un peu discutables. En dehors d’elle, comme :1l arrive souvent dans les dépôts marins, on ne trouve à peu près que des organes très résistants, tiges, fruits ou graines. L’unique fronde de Fougère fait à peine exception, à raison de sa consistance; pour cette dernière encore, l'intérêt est secondaire par ce fait qu'elle est Notre pe MM. P. Fliche et R. Zeiller Bull. Soc. Géol. de France Ame Série; T. IV; PI. XIX (Séance du 21 Novembre 1904) Phototypie Bergeret et Cie à Nancy Florule portlandienne des environs de Boulogne-sur-mer 1904 DES ENVIRONS DE BOULOGNE-SUR-MER SII unique. Ce sont surtout les Gymnospermes qui sont intéressantes : ainsi qu'il arrive dans tous les dépôts jurassiques, les classes des Cycadinées et des Conifères paraissent avoir été bien représentées, puisque, sur le petit nombre total d'espèces observées, cinq sont afférentes à la première, et trois à la seconde. Pour les Cycadinées on observe, comme toujours aussi dans le Jurassique, les deux sous-classes des Zamiées et des Bennettitées ; c’est à la première en effet que semblent bien appartenir le Fittonia Rigauxi et, sous quelques réserves, comme il convient pour ces graines de Gymnos- permes, même secondaires, isolées de tout autre organe, le Cycadeospermum Wimillense. Quant aux Bennettitées, elles nous présentent, à côté de l’inflorescence d’un Williamsonia de la plus grande taille, puisqu'il a beaucoup d’analogie avec le W. gigas du Bathonien anglais, des tiges d'espèces, au contraire, de très petite taille. Mais les Conifères sont plus intéressantes encore, puisqu'elles renferment les plus anciens Sequoia et Pinus (sens. str.) connus sûrement jusqu'à présent ; puisque aussi, elles semblent prouver, avec une certitude un peu moindre, mais avec la plus grande probabilité, que ce dernier genre jouait déjà un rôle d’une certaine importance, qu’il était représenté au moins par deux types très nettement distincts l’un de l’autre, que, de plus, le mieux connu présentait déjà un degré d'évolution très remarquable, rappelant -beaucoup par son aspect général et les caractères de son strobile les formes les plus élevées des temps tertiaires et de l’époque actuelle. EXPLICATION DE LA PLANCHE XIX. Fig. 1. — Cycadeoidea pumila n. sp. — a, Ecailles rectangulaires ; b, Cica- irice d’inflorescence ? ? Fig. 2. — Même espèce vue par la face opposée à celle représentée sur la précédente figure. — «a, Bourrelets de poils ramenteux ; b, Base de la tige ‘. Fig. 3. — Cycadeoidea sp. Fig. 4. — Sequoia portlandica n. sp. Strobile. — a, Écaille dégagée dans toute sa longueur : b b’, Ecussons à arête transversale bien conservée ; e, Rides , » 2 perpendiculaires à la ligne médiane de l’écusson. Fig. 5. — Mème strobile vu par la face opposée à celle représentée sur la précédente figure. Fig. 6. — Pinites strobiformis n. sp. Strobile. — a, a’, Ecailles à peu près entières. Fig. 9. — Pinus Sauvagei n. sp. Strobile. Toutes les figures représentent les objets en grandeur naturelle. 1. Cette base, très nette sur l'échantillon, mais un peu craquelée, n’est pas bien venue sur la photographie. Séance du 5 Décembre 1904 PRÉSIDENCE DE M. TERMIER, PRÉSIDENT M. Robert Douvillé, Vice-Secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la séance précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président proclame membre de la Société : M. Victor Lorrin, ancien directeur des Salines de Dax, archiviste de la Société de Borda, à Dax, présenté par MM. de Lapparent et Stuer. Cinq nouvelles présentations sont annoncées. M. Robert Douvillé présente une note, « Sur les Préalpes subbé- tiques au sud du Guadalquivir » (C. R. Ac. Sc., CXXXIX, 1904, p. 894). Il résulte des deux dernières campagnes de l’auteur (r903- 1904) que les chaînes subbétiques des environs de Jaëèn (Andalousie) jouent, entre le « bas pays » où coule le Guadalquivir et le massif cristallin au sud de Grenade, exactement le même rôle que les Préalpes suisses entre la plaine mollassique et les hautes chaînes de Suisse et de Savoie. On y observe des phénomènes de charriage analogues, rendus du reste presque indiscutables par la présence de niveaux fossilifères. M. G. Dollfus présente au nom de la Commission du Service géologique du Portugal, de la part de MM. Berkeley Cotter, J.-P. Gomes et de la sienne un volume ‘, comprenant la description du Miocène du Portugal et celle des espèces fossiles figurées sur 28 planches lithographiées préparées autrefois par Pereira da Costa et laissées sans aucune explication. M. Dollfus a pu prendre connaissance de presque tous les échan- tillons originaux comprenant 90 espèces de Gastropodes et Cépha- lopodes, 54 espèces de Mollusques acéphales. Un petit nombre d'espèces sont nouvelles : Cerithium ediculinum D. C. G., Protoma Costai, Turritella Delgadoi retrouvée depuis dans le Miocène d'Egypte, Cerithium taeda, Scalaria robusta, Scalaria turritis- sima, Eulimella strangulata, Pholadomya Miocenica, Woodia convergens, Yoldia Roquettei, Anomia Choffati. Mais pour un grand nombre de formes nous avons dû créer des variétés et des mutations qui permettent de suivre l’évolution des formes dans le temps et dans l’espace. La série miocène est d’ail- 1. G.F. Dozzrus,d.C. BERKELEY CotTTer et J. P. Gomes. Mollusques tertiaires du Portugal. Lisbonne, 1903-1904, 1 vol. in-4.48-vrnr p., 28 pl., portrait, tableaux, tables générales comprenant les 2 livraisons anciennes de P. da Costa. SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1904 813 leurs très complète, elle commence avec le Burdigalien inférieur à Venus Riberoi pour se terminer avec le Tortonien à Pecten sca- brellus, comprenant un Helvétien très puissant. M. Toucas donne un résumé de la deuxième partie de son Mémoire sur la classification et l'évolution des Hippurites' en insistant sur les modifications qu'il a dû apporter aux travaux précédents de M. H. Douvillé ; il termine par quelques considéra- tions stratigraphiques sur le parallélisme des niveaux à Hippu- rites des différentes régions. En réponse à une observation de M. H. Douvillé sur une ques- tion de priorité relative au retrait de la mer au moment de la disparition des Hippurites, M. Toucas rappelle qu’en juin 1896 il a indiqué les époques auxquelles ce retrait s'était effectué en Pro- vence, aux Corbières, dans l’Ariège, dans la Haute-Garonne et en Catalogne, tandis que M. Douvillé avait seulement émis quelques mois auparavant le principe du retrait de la mer de l’est vers l’ouest sans en préciser l'âge dans les différentes régions. Les indi- cations que M. Toucas donne aujourd'hui sont encore plus com- plètes, puisqu'elles font connaître que le retrait des eaux marines a commencé par la vallée du Rhône un peu après l’époque conia- cienne au moment du dépôt des lignites de Piolenc, quil s’est continué en Provence avant la fin du Santonien, puis dans les Corbières, au milieu du Campanien, dans l'Ariège à la fin de cette dernière époque, dans la Haute-Garonne après le Maëstrichtien et enfin en dernier lieu en Catalogne après les premiers dépôts garumniens. M. W. Kilian tient à faire remarquer, à propos des contributions si importantes et si géniales à la Géologie des Alpes autrichiennes que M. P. Termier vient de publier dans les Comptes Rendus de l’Académie les Sciences, comme suite à sa lumineuse « synthèse des Alpes », combien il est heureux de voir son éminent confrère admettre l’action : de la « poussée au vide » vers le sud ayant agi postérieurement au traînage * pour modifier le sens du déverse- ment des plis « non seulement des Dinarides, mais d’une partie du pays alpin ». C’est en effet exactement ce mécanisme que M. Kilian proposait en 1903 (C. R. Ac.des Sc. et C.R. du Congrès 1. Toucas. Classification et évolution des Hippurites. Mém. Soc. Géol. Fr. « Paléontologie », t. XII, fascicule 4, 1904. 2. TERMIER. Sur la structure générale des Alpes du Tyrol à l’ouest de la voie ferrée du Brenner, CR. Ac. Sc., CXXXIX, p. 954, Paris, 1904. 3. M. Kilian tient, du reste, à maintenir ses réserves relatives à la signi- fication à donner à ce mot de « traînage » et notamment à l'existence de masses charriées ou d’un «traîneau écraseur » distincts du phénomène des plis couchés à long cheminement. 814 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1994 de Vienne *) pour expliquer la structure en éventail asymétriquè des Alpes françaises et qu'il opposait alors à l'opinion, défendue avec tant d'éclat par M. Termier, et d’après laquelle « la formation de l'éventail briançonnais serait antérieure aux charriages ». M. Kilian se félicite vivement de se trouver ainsi sur un nou-. veau point, d'accord avec M. Termier. Il fait remarquer, du reste, . que le fait que les plis qui forment au sud-ouest, « l'éventail brian- connais » passent sous les & nappes » des Alpes orientales ne constitue aucunement une preuve péremptoire de l’absence des plis en retour postérieurs au charriage, dans cet éventail ; cet argument lui semble plus apparent que réel. Comme suite à sa communication du 7 novembre sur les cou- ches de Gosau (voir ante : p. 765), M. de Grossouvre adresse les observations suivantes : M. Haug s'est étonné que j'ai combattu une hypothèse que per- sonne n'avait émise : je lui dirai qu’elle m'a paru une conséquence naturelle de la théorie du charriage et que pour s’en rendre compte il suffit de se reporter à ce qui a été écrit sur ce sujet et aux coupes données. Je ne croirais pas d’ailleurs ma communication inutile même si elle n'avait d'autre résultat que d’avoir amené M. Haug, qui vient de visiter le Salzkammergut, à nous déclarer que les couches de Gosau sont bien en place : c’est un point important acquis pour la stratigraphie du Crétacé dans les Alpes Orientales. En ce qui concerne la tectonique, il reste à établir si dans les lambeaux de ces couches on doit voir les débris d’un terrain dis- persé par l'érosion, ou quelques parties aperçues par des fenêtres ouvertes dans un manteau de recouvrement. Des études de détail pourront seules fixer ce point et nous attendons avec un vif intérêt celle que M. Haug nous promet. Toutefois je dois dire que les anciens travaux publiés sur les couches de Gosau donnent l’im- pression que la première hypothèse scrait la plus probable : même à Gosau où les couches crétacées sont dominées par les calcaires triasiques, les études de détail publiées, si elles sont exactes, mon- trent que le Crétacé ne peut s’enfoncer sous le Trias. M. Léon Janet fait une communication sur la position stratigra- phique des gypses de Vilry (Seine) et sur l'existence du sulfate de baryte dans les Glaises vertes du Bassin de Paris *. 1. Voir aussi : KicrAN. Sur l'origine de la structure en éventail des Alpes françaises, B. S. G. F., (4), II, 1903, p. 671. 2. Cette communication sera publiée uliérieurement (voir CR. sommaire des séances, 1904, p. 195). SUR L’AGE DES « SABLES A UNIOS ET TÉRÉDINES » DES ENVIRONS D’ÉPERNAY ET SUR LA SIGNIFICATION DU TERME SPARNACIEN par M. Maurice LERICHE Dans la séance de la Société du 7 novembre 1904 ', M. Depéret a montré que le degré d'évolution de la faune mammalogique des « Sables à Unios et Térédines » des environs d'Epernay plaidait en faveur du rajeunissement de ces Sables. M. Albert Gaudry *, en 1898, M. Osborn ‘, en 1900, avaient déjà suggéré une semblable opinion. Les éléments marins de la faune ichthyologique rencontrée dans les « Sables à Unios et Térédines » ont la mème signification, et, en 1900 *, je signalais déjà les aflinités de cette faune avec celle des « Sables de Cuise » et du « London Clay ». C'est, en effet, dans ces dernières formations qu'apparaissent les premiers Labri- dés *; ils y sont représentés par les genres Labrodon Gervais 1857 (— Nummopalatus M. Rouault 1858), ÆEgertonia Cocchi, Phyllodus Agassiz. J'ai indiqué‘, dans les « Sables à Unios et Térédines », la présence des deux premiers genres ; M. Priem ‘ y a relevé plus tard celle du genre Phyllodus. Aïnsi se trouve confirmée, par des voies paléontologiques différentes, l'attribution récemment proposée par M.G. Dollfus * 1. Anie : p. 793. 2. Albert GAupry. Note sur les Travaux scientifiques de Victor Lemoine. BASS GG), XXMINp= 502 3. H.-F. OsBorw. Correlation between Tertiary Mammal Horizons of Europe and America. Ann. New-York Acad. of Sciences, vol. XIII, p. 13-14- M. Osborn va même jusqu’à mettre l'Agéien (Sables à Unios et Térédines) en parallélisme avec le Lutétien. 4. Maurice LERICHE. Faune ichthyologique des Sables à Unios et Térédines des environs d'Epernay (Marne). Ann. Soc. géol. du Nord, t. XXIX, p. 195. 5. « Egertonia » gaultina Cornuel du Gault de Moutier-en-Der (Haute- Marne) n’est pas un Labridé. D’après M. A. Smith Woodward (Catal. foss. Fishes, t. IV, p. 73), cette forme appartiendrait peut-être à quelque genre crétacé, inconnu, de la famille des Albulidés. « Phyllodus » cretaceus Reuss du Crétacé de la Bohème est fondé sur des dents génériquement indélermi- nables, qui ne se rapportent très probablement pas à des Labridés. 6. Maurice LEricue, loc. cit., p. 155-177. 7. F. PrIEM. Sur les Poissons de l'Eocène inférieur des environs de Reims. B.S. G. F., (4), I, 1901, p. 494. 8. G.-F. Dozzrus, in T. CoorEeMAN et G. Doczrus. Compte rendu dés Excur- sions de la Session extraordinaire de la Société belge de Géologie, d'Hydro- logie et de Paléontologie dans les départements français de la Marne et de l'Aisne (du 8 au 15 août 1901). Bull. Soc. belge de Géol., Patéontol. et Hydrol., t. XVI,1902,Mémoires, p.282.—G. Dozcrus. Classification des couches del’Eocène inférieur dans le Bassin de Paris. B. S. G. F., (4), IL, 1903, p. 224 -295. 810 SUR L'AGE ( DES SABLES À UNIOS ET TÉRÉDINES » D Déc. d'après des considérations stratigraphiques — des « Sables à Unios et Térédines » des environs d'Épernay à4d'Yprésien. On est donc revenu à l'opinion qui avait prévalu, quant à l’âge de ces sables ’, avant que Munier-Chalmas et M. de Lapparent ? ne les eussent rattachés au Sparnacien. C'est encore au Sparnacien que l'on attribue les « Sables de Sinceny ». Munier-Chalmas et M. de Lapparent * y ont aussi rapporté les « Sables et Tuffeau de Mont-Notre-Dame » et, avec quelque doute, le « London Clay ». La faune des « Sables de Sinceny » comprend un mélange de formes saumâtres, sparnaciennes, et d'espèces marines des «Sables de Cuise ». Ce mélange de faunes n’est que le résultat de l'irruption de la mer yprésienne, en transgression, dans les lagunes sparna- ciennes. Les & Sables de Sinceny » doivent, par suite, être consi- dérés comme une dépendance de l’Yprésien ; ils représentent, avec leur stratification entrecroisée et leurs nombreux lits de galets, un depôt littoral de la mer yprésienne. Comme la faune des « Sables de Sinceny », celle des « Sables et Tuffeau de Mont-Notre-Dame », est formée de deux parties : l’une, saumâtre, sparnacienne ; l’autre, marine, rappelant la faune du « London Clay ». Or, comme l’a récemment fait remarquer M. G. Dollfus ‘, le «London Clay » n’est que le prolongement stratigraphique de l’ « Argile des Flandres », et doit, par suite, représenter les « Sables de Cuise ». J’apporte à cette opinion un argument paléon- tologique décisif. Un sondage exécuté, il y a quelques années, à Marck, près Calais, a rencontré un niveau fossilifère au milieu de l’ € Argile des Flandres ». J’ai reconnu, dans les échantillons pré- levés à ce niveau, Pholadom) a margaritacea Sow. et le couple Nummulites planulatus-elegans, c’est-à-dire les fossiles qui caracté- risent respectivement le « London Clay » et les « Sables de Cuise». Le Sparnacien, ainsi débarrassé des assises marines qui y avaient été incorporées, se présente, dès lors, comme une forma tion exclusivement saumâtre, lacustre et fluviatile, déposée entre les phases négative et positive de deux oscillations successives, entre le retrait de la mer landénienne (thanétienne) et l’arrivée de la mer yprésienne. 1 Héserr. B. S. G. F., (3), VIIL 1880, p. 413. 2. Munier-CHazmas et de Lapparenr. Note sur la nomenclature des terrains ‘sédimentaires, B. S. G. F., (3), XXL, 1893, p. 474. 3. Munier-CnaLMas et de LaPPaREnNT, loc. cit., p. 473. 4. G.-F. Dorrrus. Classification des couches crétacées, tertiaires et qua- ternaires du Hainaut belge. Feuille des Jeunes Naturalistes, n° 386, p. 23. 1904 M. LERICHE 817 Si l’on conserve à ce Sparnacien une valeur d'étage, il faut, pour être logique, donner la même valeur aux dépôts de même nature, mais moins développés, compris entre l'Yprésien et le Lutétien dans le mord du Bassin de Paris, et, par suite, créer un étage nouveau. Ces dépôts sont constitués par des argiles parfois ligniteuses, des marnes, des sables et des grès ’; ils n'ont fourni, jusqu'ici, que des plantes et des écailles de Lepidosteus (Grès de Belleu). Ils représentent, comme le Sparnacien, une formation fluvio-continentale qui s’est déposée entre les phases régressive et transgressive de deux oscillations successives, entre le départ de la mer yprésienne et l’arrivée de la mer lutétienne. Ce n’est évidemment pas sur de tels dépôts que l’on peut établir des types d’étages. Ces dépôts correspondent toujours à des forma- tions marines qui, seules, pourront fournir ces types. Or, jusqu'ici, on ne connaît pas au Sparnacien de formations marines qui lui soient synchroniques et présentent une faune qui leur soit propre, c'est-à-dire une faune marine différente des faunes marines landé- nienne et yprésienne. Il en résulte que le Sparnacien doit être considéré, non comme un étage distinct, mais comme un faciès saumâtre et fluviatile du Landénien et de l’Yprésien. Ce faciès sparnacien a pu se prolonger pendant toute la durée de l’Yprésien en des points du bord oriental du Bassin de Paris (environs d'Épernay), que la mer ne recouvrait pas. Les « Sables à Unios et Térédines » des environs d'Épernay marquent l'empla- cement de l'estuaire d’un fleuve qui se déversait dans la mer yprésienne, à l’époque où celle-ci avait atteint son maximum d'extension. Ils constituent un faciès sparnacien de l'Yprésien. . 1. En qualifiant parfois cette formation de panisélienne, les auteurs ont moins voulu l'identifier au Panisélien belge qu'indiquer sa position au-dessus de l’Yprésien. Æ 18 Février 1909. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 52. NOTE SUR DES FOSSILES DU CARBONIFÈRE INFÉRIEUR DU DJEBEL BECHAR (SUD ORANAIS) par M. Armand THEVENIN Le Laboratoire de Paléontologie du Museum a reçu récemment du lieutenant Poirmeur, du 1‘ régiment étranger, une série de fossiles recueillis au nord d’Igli entre les vallées de l'Oued Zous- fana et de l’'Oued Guir, dans le Sud Oranais, près de la frontière du Maroc. Comme les fossiles de la même région étudiés en 1900 par M. Ficheur : les fossiles recueillis par M. Poirmeur proviennent pour la plupart du Carbonifère. J’ai pensé qu'il pouvait être utile de publier la liste de ces fossiles, qui sont pour la plupart en très bon état de conservation. J'ai évité de créer des noms nouveaux et employé de préférence les termes spécifiques des auteurs qui, comparant de nombreux spécimens, avaient une compréhension de l'espèce beaucoup plus large que leurs continuateurs. L'étude des variations d’une espèce, de la répartition géographique de ses variétés ne peut être faite qu'avec des matériaux beaucoup plus nombreux que ceux dont je disposais. Le principal gisement se trouve dans le Djebel Bechar à l’est de Bechar, sur les versants nord et ouest du Teniet Mouizib el Aîchane (col de la Soif) traversé par un sentier qui se rend à l’'Oued Zousfana. BRACHIOPODES Spirifer Striatus, Martin. — Mouizib el Atchane, dans un calcaire gris de fumée clair. Espèce très variable dont les représentants sont connus en Grande- Bretagne, en Belgique, en Russie, en Espagne, dans l'Amérique septentrionale et l'Amérique méridionale : elle est commune surtout à la partie supérieure du Dinantien (Visé). 1. Ficaeur. Sur l'existence du terrain carbonifèrien dans la région d'Igli. CR. Ac. Sc., CXXXI, Paris, 1900, p. 288. — Ip. Note sur le terrain carboni- férien de la région d’Igli. B. S. G. F., (3), XX VIIL, 1900, p. 915. — M. Ficheur et M. Flamand (FLAmaAnp. Sur la présence du terrain carboniférien dans le Tidikelt (Sahara), CR. Ac. Sc., CXXXIV, Paris, 1902, p. 1533) ont donné l'indication de tous les travaux antérieurs, d'Overweg, Lenz, Stache, de MM. Foureau, Joleaud, Collot sur le Carbonifère du Sahara. 1904 CARBONIFÈRE INF. DU DJ. BECHAR (SUD-ORANAIS) 819 Spirifer trigonalis, Martin. — Mouizib el Atchane versant ouest. Cette espèce est connue dans le calcaire carbonifère de Visé, de la Grande-Bretagne et de Russie. Spirifer (Syringothyris)cuspidata, Martin. — Taouerda à 9 kil. au nord du poste d’Igli (cimetière du Vieil Igli), gisement déjà signalé par M. Ficheur. En Grande-Bretagne, en Belgique (calcaire de Waulsort). Spiriferina laminosa, M'Coy.— Valve dorsale trouvée au Mouizib el Atchane. Grande-Bretagne et Belgique (calcaire de Tournai), M. Tschernischew fait de cette espèce le type d’un groupe qui, en Russie, comprendrait de nombreuses variétés dans le Carbonifère supérieur. Productus semireticulatus, Martin. On sait que cette espèce est extrêmement variable. L'envoi du lieu- tenant Poirmeur comprend un échantillon à côtes très fines, analogue a des spécimens du calcaire blanc de Moscou (Moscovien) ; cet échan- tillon a été trouvé sur le versant est du Mouizib el Atchane; c’est le seul fossile de ce gisement qui pourrait appartenir à des assises un peu plus récentes que les autres. Productus costatus, Sow. — Nombreux échantillons dont quelques- uns montrent l'intérieur des valves dorsale et ventrale. — Mouizib el Atchane, versant ouest, altitude 1000 m. Falaise de la Zousfana au-dessus de Bakhti (Oasis des Beni Goumi), altitude 850 m. Cette espèce, telle que l’ont comprise Davidson et de Koninck, est très voisine de P. semireticulatus qui est répandu dans le Carbonifère du monde entier dans le Dinantien, le Moscovien et même l’Ouralieu. Elle n’est pas caractéristique. Productus longispinus, Sow. — Mouizib el Atchane, versant ouest. Connu en Belgique (Tournai, Visé), Grande-Bretagne, Amérique méridionale et septentrionale. Productus cf. Cora, d'Orb. — Echantillon en mauvais état, épineux à siries fines, provenant du versant sud du Guelb-Aouda (altit. 555 m.), Le type de P. Cora provient de Yarbichambi. La plus grande confu- sion a régné longtemps relativement à cette espèce qui a été signalée à tous les niveaux du Carbonifère depuis le Dinantien et qui est vraisem- blablement caractéristique des assises plus récentes Chonetes papilionacea, Phill. — Mouizib el Atchane, versant ouest, altitude 1020 m. Espèce caractéristique du Dinantien, répandue en Grande-Bretagne, Belgique, Russie (Bassin du Donetz et Oural). Terebratula (Dielasma) hastata, Sow. — Mouizib el Atchane, ver- sant ouest. Carbonifère inférieur de Grande-Bretagne et de Belgique. 820 ARMAND THEVENIN 5 Déc. Rhynchonella sp., jeune de À. cordiformis Sow. ou R. missou- riensis Shumard, — Mouizib el Atchane, versant ouest. Dinantien moyen de Belgique. Rhynchonella cf. flexistria, Phill. — Le capitaine Normand, du Génie, a fait parvenir au Museum un échantillon de cette espèce prove- nant de la vallée de la Zousfana. BRYOZOAIRES Les Bryozoaires sont nombreux ; les Fenestellidés surtout abondent et appartiennent à des espèces du Carbonifère d'Islande. Archimedes cf. Wortheni, Hall. — Environs de Bechar. Cette espèce déjà signalée dans une localité un peu plus méridionale par M. Ficheur est caractéristique du Dinantien moyen et supérieur des Etats-Unis. Le genre Archimedes est connu non seulement en Amérique mais en Russie. Fenestella plebeia, M'Coy. — Mouizib el Atchane, versant ouest. Fenestella membranacea, Phill. — Mouizib el Atchane (sentier de Bechar à El Morra). Poly pora verrucosa, MCoy. -- Djebel Bechar. Polypora papillata, MCoy. — Mouizib el Atchane, versant ouest. Coscinium sp. — Mouizib el Atchane, versant ouest. Les espèces de ce genre n’ont été trouvées jusqu’à présent que dans l'Amérique du Nord et en Russie, dans le Carbonifère. CRINOÏDES Les Crinoïdes abondent dans le Carbonifère du Djebel Bechar et les plaquettes calcaires sont couvertes de tiges, parfois assez longues, ou d'articles de tiges isolés. IL est désirable que les explorateurs recherchent dans ces gisements de la frontière maro- caine les calices entiers. L'envoi du lieutenant Poirmeur comprend des portions de tiges ou de cirrhes dont quelques-unes ont une dizaine de centimètres de lon- gueur. Les plus abondantes peuvent êlre attribuées au genre Poterio- crinus, dont M. Poirmeur a recueilli une portion de calice avec une radiale, une brachiale et des bras. Le principal gisement est sur le versant ouest du Mouizib el Atchane à l'altitude de 1000 m. environ. Des frag- ments de Crinoïdes ontété recueillis sur la route de Menouarar à Taghit, sur le versant méridional du contrefort qui passe vers Hari-Arlal :. 1. M. Ficheur a déjà signalé ce gisement. L’envoi de M. Poirmeur contient des portions de tiges de Crinoïdes divers quiindiquent la présence de plu- sieurs genres, mais toute détermination certaine est impossible avéc ces fragments. Un envoi du capitaine du génie Normand, provenant de l’Oued Zousfana contenait des articles attribuables, sous toutes réserves, au genre Actinocrinus. 1904 CARBONIFÈRE INF. DU DJ. BECHAR (SUD-ORANAIS) 821 PoLyPiers Les Polypiers sont nombreux et comprennent des formes simples, turbinées, libres ou des formes de récifs, rameuses, fasci- culées ou astréennes. Zaphrentis. — Ontrouve en abondance aux environs de Bechar et au Mouizib el Atchane des Zaphrentis qui ne se diffèrent pas par les proportions générales de Z. patula, Michelin, du Carbonifère inférieur de Belgique ou de Grande-Bretagne. Cyathophy llum voisin par la forme générale de GC. Stutchburyüi, Edw. et Haime du Carbonifère d'Irlande et d'Angleterre. Clisiophyllum sp. — Commun au col de Djihani, rive droite de l'Oued Guir, altitude 875 m. Les espèces de ce genre sont connues dans le Carbonifère d'Irlande et de Russie. Lithostrotion irregulare, E. et H. — Plaine de Béchar à 2 kil. au sud de la Palmeraie. Se trouve en Angleterre, en Irlande, en Russie et dans l'Amérique du Nord. Lithostrotion junceum, E. et H. — L'attribution à cette espèce est fondée sur la dimension des polypierites. Cette espèce est connue à Visé, en Grande-Bretagne et en Russie. Lithostrotion sp. — Dans un calcaire blanc au nord du point d’eau d'Hari-Arlal entre Taghit et Menouarar. Aceroularia sp. — Fragment usé dans un calcaire blanc. Teniet es Sebah (Djebel Bechar central). A ces Polypiers, il y a lieu d’ajouter la présence de Tabulés (Favositidés) et de formes de position systématique incertaine (Chœtetes tumidus, Phill, Monticulipora, Fistulipora, etc…..). VÉGÉTAUX M. Bureau a signalé déjà la découverte d’un tronc de Stigmaria, faite par M. Poirmeur : dans le Djebel Bechar. Parmi les fossiles que j'ai étudiés se trouvaient deux petits fragments de bois, l’un provenant du Mouizib el Atchane, versant ouest, à l'altitude de 1.040 mètres environ, l’autre trouvé à Menouarar à 50 kilomètres au sud de Bechar ; la gangue qui les entoure est un grès assez grossier, différente par conséquent du calcaire à fossiles marins ; je crois qu'il s’agit là de végétaux apportés par les courants ; j'indique leur présence pour montrer l'extension de l'aire de répar- 1. BurEAU. Le terrain houiller dans le nord de l'Afrique. C R. Ac. Sc., CXXXVIIL, Paris, 1904, p. 1629. 822 ARMAND THEVENIN 5 Déc. tition de ces débris, mais jusqu’à ce jour rien ne permet d'affirmer l'existence du faciès houiller à proximité des voies de pénétration vers le Sahara. Le substratum du Carbonifère est formé par des schistes ver- dâtres dont M. Poirmeur a recueilli des échantillons trouvés dans un puits dans la Palmeraie de Tametert; un de ces échantillons porte une coquille spiralée, cloisonnée, de petite taille, indétermi- nable ; peut-être ces schistes doivent-ils être considérés comme du Dévonien supérieur à Clyménies. Le Cénomanien s'est étendu en transgression sur le Paléozoïque et M. Poirmeur a envoyé deux Exogyra flabellata, Gold, provenant du bord oriental de la trouée de Messouer et il y a joint un fragment de Radiolitidé recueilli sur la rive gauche de l’Oued Guir à Djorb el Torba qui montre l’exten- sion du Crétacé vers l’ouest. En résumé, les fossiles recueillis par M. Poirmeur, permettent de compléter, en les confirmant, les conclusions de M. Ficheur rela- tivement au Carbonifère de cette région. Les assises fossilifères appartiennent au Dinantien moyen et sont de même âge que les dépôts plus méridionaux du Tidikelt étudiés par M. Flamand ; il semble que les faunes de Tournai, de Visé distinctes en Belgique soient ici mêlées, cela n’est pas invraisemblable dans des régions aussi éloignées. ; Il est très frappant de trouver dans le nord du Sahara des genres et des espèces signalés en Belgique, en Irlande, en Russie, dans la Nouvelle Écosse et le bassin du Mississipi, cela permet de constater une fois de plus que la différenciation des provinces géographiques a été progressive. La présence des genres de Bryozoaires très spéciaux Archimedes et Coscinium connus seulement en Amérique et en Russie étend encore cette notion. Le Nord de l’Afrique, l’Europe occidentale faisaient partie de la même province zoologique que l'Amérique et la Russie occidentale. SUR LA CLASSIFICATION DU TERTIAIRE par M. À, DE GROSSOUVRE La classification adoptée en France pour les assises inférieures du système tertiaire a pour base une échelle stratigraphique établie d’après la succession des couches dans le Bassin de Paris. Or, pendant toute la durée des temps tertiaires ce bassin, non plus d’ailleurs qu'aucune autre région de la France, n’a jamais été recouvert franchement par les eaux marines: on y voit se succéder à maintes reprises des dépôts lacustres, lagunaires et marins littoraux. La variété des sédiments y est très grande et, comme conséquence, on y trouve une multitude de faunes très dissem- blables adaptées aux conditions très diversifiées de leurs habitats. Tous ces niveaux, tous ces horizons ont été étudiés minutieuse- ment et ont fourni les coupures si nombreuses adoptées dans la classification des couches éocènes et oligocènes. Mais quelle est au fond la valeur et la portée de pareïlles subdi- visions ? Peut-on les retrouver facilement dans d’autres régions ? ou ne faut-il pas au contraire leur appliquer cette observation si judicieuse de Tournouër : «ces divers gisements offrent dans leurs faunes une variété qui suppose peut-être moins une Succession chronologique qu'une variété dans les conditions d'habitat » ? En un mot, n’y a-t-il pas lieu de recourir à cette théorie des faciès et des récurrences de faunes qu’une école néfaste considérait jadis comme une des calamités de la géologie : & théorie qui n'est en résumé que l'application aux temps géologiques des phénomènes de sédimentation et de répartition zoologique que nous constatons de nos jours dans les mers et qui est au contraire féconde en résultats heureux pour la géologie »'. Que les zones ainsi établies n'aient qu'une valeur absolument relative, c’est ce que nous montre tous les jours une observation plus approfondie. Ainsi Munier-Chalmas a retrouvé près de Neau- phle, dès la base du Lutécien, une faune de Cérithes considérés ordinairement comme caractéristiques du sommet de cet étage : constatation qui semble bien indiquer que la subdivision en trois assises n’a qu'une valeur relative et qu'on ne peut songer à l’appli- quer en dehors du Bassin de Paris. 1. PeRon. Terrain de craie dans le Sud-Est du bassin anglo-parisien. Bul. Soc. Sc. hist. nat. Yonne, 2° sem. 1887, p. 18. 894, A. DE GROSSOUVRE 5 Déc. Il en est de même pour l’assise des Sables de Fontainebleau : le gisement de Pierrefitte nous révèle que la faune de Jeurre monte plus haut qu'on ne le croyait et les fossiles caractéristiques de l'horizon d'Ormoy que l’on y rencontre aussi, nous apprennent que l’on doit abandonner toute idée d'établir dans cette assise des subdivisions susceptibles d’être retrouvées ailleurs. Deux faunes dissemblables, c’est-à-dire composées de groupes différents de fossiles adaptés à des conditions différentes d'habitat, ne sont pas comparables et le fait que dans une localité ces deux faunes se succèdent ne prouve rien sur leurs relations chronolo- giques : en réalité elles peuvent être contemporaines et j'emploie cette expression, non dans le sens ordinaire du langage courant, mais dans celui beaucoup plus large qu'on donne en géologie aux mots synchronique, contemporain. Un de mes confrères auquel, il y a quelques années, j'exposais cette manière de voir me reprochait d'employer des termes con- tradictoires lorsque je soutenais que deux faunes qui se super- posaient dans une coupe donnée pouvaient être contemporaines. Cependant au même moment vivent dans des stations différentes des faunes souvent fort dissemblables : si nous supposons que, par suite du déplacement des lignes de rivages, les conditions d’habi- tat viennent à se modifier, il pourra évidemment arriver que la faune qui habitait la station A soit remplacée par celle qui vivait dans la station B, et réciproquement: si, en outre, les change- ments se sont produits assez rapidement, — et j'emploie encore cette expression dans un sens tout relatif et en ayant égard à la durée des temps géologiques, — pour que les divers types de ces faunes n'aient subi aucune modification appréciable, nous observerons dans les deux stations À et B des superpositions inverses. En pareil cas, il est bien évident que nous sommes en droit de dire que ces faunes sont exactement contemporaines, qu'elles ont vécu au même moment de l’histoire de la terre. Cette notion parait simple et indiscutable et pourtant que de désaccords se sont produits et se renouvellent journellement encore, parce qu'on la méconnaît. Rien n est plus difficile que d'établir l’âge relatif de deux faunes non comparables et, je Le répète, si dans une coupe nous les voyons super- posées dans un certain ordre, nous n'avons nullement le droit d’en conclure que la faune inférieure est plus ancienne que l’autre. Ces difficultés peuvent se produire même pour la détermination de l’âge relatif des formes d'un même groupe: si une coupe nous les montre l’une au-dessus de l’autre, cela ne suffit pas pour nous permettre d'en conclure qu’elles sont d’äge différent. 1904 CLASSIFICATION DU TERTIAIRE 825 Ainsi parce que l’on a observé une coupe dans laquelle l’Hippu- rites Gastroi se trouve au-dessus de l’Æ. radiosus, on a pu être tenté d’en déduire que ces deux Rudistes caractérisent deux zones différentes, tandis qu’il résulte au contraire des faits constatés par divers observateurs que les couches où a été rencontré Æ. Castroi renferment, quoique de formation saumâtre. quelques fossiles marins les plus caractéristiques des couches à 1. radiosus et Ley- merie y a même recueilli ce dernier fossile. Ces deux espèces appar- tiennent donc à la même zone, à la dernière zone sénonienne, celle qui renferme les dernières Ammonites ayant vécu sur notre planète. J’ai signalé des faits de même ordre pour la succession des diverses espèces d’Orbitoïdes qui ont habité précisément cette dernière zone sénonienne dont je viens de parler: l'ordre que l'on observe dans l’Aquitaine n’est pas le même que dans la région pyrénéenne et, dans ce cas, il ne s’agit pas de quelques individus isolés mais de myriades d'échantillons de la même espèce, consti- ‘tuant presque à eux seuls de vraies couches '. Pourquoi cette variété dans l’ordre de succession ? il est diflicile de le préciser, Jnais la cause en réside probablement dans des conditions diffé- rentes d'habitat, des eaux plus ou moins profondes, plus ou moins pures, plus ou moins chaudes. ..; c’est seulement lorsque les con- ditions nécessaires ont été réalisées qu’une espèce a pu se déve- lopper au détriment de toutes les autres. Ne voyons-nous pas des circonstances analogues dans la distri- bution des Huîtres qui peuplent le niveau à Ostracées par lequel se termine l'étage cénomanien dans le sud-ouest du Bassin de Paris. J'ai montré qu'en certains points c'est l’'Ostrea columba qui constitue à elle seule cette couche, ailleurs l'O. biauriculata et que même, dans certaines localités, les deux couches d'Huitres se superposent directement sans se confondre. Les zones fondées uniquement sur les apparitions successives de formes non comparables, n’ont aucune valeur réelle. Les considé- rations précédentes font encore ressortir combien est décevante la méthode qui consiste à mesurer les relations d’âge par le degré d’aflinité des faunes. Comme l’a dit excellemment M. Fallot «on peut trouver des faunes pseudo-tortoniennes d'âge helvétien, des faunes pseudo-helvétiennes d’âge langhien ou tortonien, etc. ». 1. À. DE GROSSOUVRE. Sur la distribution verticale des Orbitoïdes.B.S.G.F., (G&), IV, 1904,p. 513. 826 A. DE GROSSOUVRE 5 Déc. Or, tout au contraire, on est naturellement disposé à paralléliser les dépôts de même faciès, c'est-à-dire renfermant des faunes sem- blables et l'opinion à laquelle on s’arrête ainsi n’est pas sans exercer sur le géologue et à son insu une influence fâcheuse pour la détermi- nation des éléments de ces faunes. Comme souvent les différences qui séparent les même; formes représentatives, de niveaux d’âges peu différents et parfois aussi de niveaux très éloignés dans l'échelle stratigraphique, sont fort délicates à apprécier, les idées précon- çues, sous l'empire desquelles on se trouve, nous conduisent incons- ciemment à des déterminations inexactes ; et de la sorte l’erreur : stratigraphique commise se trouve fortifiée par une erreur paléon- tologique. Des exemples instructifs nous sont offerts à cet égard par les longues discussions qui ont eu lieu autrefois sur les niveaux coralligènes et hippuritiques du Secondaire ; il est donc à présumer que nous rencontrerons des erreurs analogues pour le Tertiaire. Déjà M. Dollfus nous a appris tout dernièrement que la faune revisée des couches à Pholadomy:a ludensis ne renferme, con- trairement à ce que l’on avait supposé, aucune espèce des Sables de Fontainebleau : la Lucina Heberti a été reconnue être la Z. inornata ; la Psammobia stampinensis n’est autre que la P. com- pressa et la Corbula subpisum redevient la C. pisum. De même M. Giraud a montré que la Mélanie des Marnes de Gergovieest, non la M. aquitanensis mais la M. Lauræ, de sorte que ces marnes doivent descendre d’un échelon dans la série stratigraphique. | On voit combien facilement les erreurs paléontologiques se super- posent aux erreurs stratigraphiques et leur donnent une apparence de vérité. Comment donc établir sur des bases solides une classification des couches tertiaires ? comment les grouper en zones susceptibles d'être reconnues partout ? Deux systèmes sont en présence, l’un fondé sur la méthode stratigraphique, l’autre sur la méthode paléontologique. Le premier prend pour base les modifications survenues dans la géographie de notre planète au cours des temps géologiques : il établit ses coupures sur les grandes transgressions et prétend arriver ainsi à une classification naturelle, parce que ces transgres- sions correspondraient aux arrivées brusques de faunes nouvelles. J'ai déjà montré que cette thèse péchaïit par son point de départ, qu'il n'y a pas de transgressions générales et qu'il est impossible 1904 CLASSIFICATION DU TERTIAIRE 827 de juger de l'importance réelle de ces mouvements par le seul examen de l'étendue des nouvelles surfaces szbmergées. J'ai indi- qué également que l'apparition de types nouveaux, due à des immigrations de faunes, ne coïncide pas avec le début des transgres- sions, mais se produit au moment où celles-ci sont suffisamment prononcées pour rendre possibles les déplacements des faunes *. J'ai vu avec plaisir que M. Haug s'était rallié à cette manière de voir et qu'il avait tout récemment exprimé les mêmes idées : «le désacord, dit-il *, signalé entre les coupures fondées sur les discordances et celles qui ont pour base les changements de faunes s'explique si l’on admet que les apparitions soudaines d'animaux marins cryptogènes ont lieu, non au début des phases positives, mais au moment où les transgressions atteignent leur maximum. C’est alors que par suite de l'établissement de nouvelles communi- cations des échanges de faunes s’opèrent entre des bassins précé- demment séparés ». Néanmoins M. Haug croit «qu “il convient de placer les coupures stratigraphiques au début des invasions marines qui amènent la submersion graduelle des aires continentales ». L'application de cette règle manque malheureusement d'une base pratique : j'ai établi, en effet, que les transgressions ne sont pas des phénomènes se produisant au même moment sur toute la surface de la terre, que leur début n’a pas lieu à la même date pour toutes les régions : bien plus, des transgressions et des régressions ont lieu simultanément. Comment alors, trouver dans le début des invasions marines, un criterium précis pour fixer la place des coupures siratigraphiques ? Les mouvements du solne pourront jamais servir de base à une classification, d'apparence naturelle, que pour une région limitée, car comme on l’a dit depuis longtemps,«les modifications brusques. les limites d’étage nettes et précises, sont généralement locales ; il s'ensuit que sur deux points éloignés du globe elles seront rare- ment synchroniques *. » Et M. Boule faisait remarquer que « les coupures n’ont malheureusement été faites par les géologues que sur les points où il y a des lacunes, alors qu'aux mêmes moments la sédimentation se continuait sur d’autres points “. » 1. DE GROSSOUVRE. Straligraphie de la craie supérieure (Ch. XXII: Clas- sification des couches crétacées), 1901. — Ip. Sur la transgression cénoma- nienne. CR. AFAS , Congrès d’Ajaccio, 1901, p. 352. 2. B. S. G. F., (4), IV, 1904, p. 347. 3. LamBerr. Le terrain jurassique moyen du département de l'Yonne, Bull. Soc. Sc. hist. et nat. Yonne 1884. 4. B.S.G.F., (4), IV, 1904, p. 341 828 A. DE GROSSOUVRE 5 Déc. La méthode paléontologique permettra seule de distinguer des zones ayant une valeur réelle et absolue, des zones pouvant se reconnaître, plus ou moins aisément mais toujours avec exacti- tude, en tous pays. Encore faut-il que cette méthode ne soit pas appliquée comme on l’a fait souvent. Les modifications de faunes dans une région don- née, telles que le remplacement d’une faune d'Échinides par une de Lamellibranches, ne sont au fond qu’un reflet des changements physiques qui s’y produisent ; on ne doit donc pas tenir compte des variations de faunes purement corrélatives des variations de faciès car elles n’ont rien à voir avec la marche générale de l'évolution organique. De même on ne doit pas non plus chercher à déterminer ‘âge d’une couche d’après le degré d’aflinité de sa faune avec celles d'horizons déterminés. Ce qu'il faut, à mon avis, c'est reprendre la méthode appliquée pour le terrain secondaire, c'est limiter les recherches paléontologiques à un petit nombre de groupes de for- mes, suivre minutieusement leur évolution dans le temps etétablir finalement une échelle paléontologique dont les divers échelons serviront de repères. D'ailleurs on ne devra pas borner ces recherches à un territoire restreint, mais les étendre sur la plus grande surface possible : par là seulement, de la comparaison des résultats obtenus, on sera en droit de déduire des conséquences générales. On doit donc à ce point de vue se féliciter des travaux entrepris par MM. H. et R. Douvillé et Lemoine, sur l’évolution des Num- mulites et des Orbitoides, des études de M. Canu sur les Bryo- zoaires. C'est ainsi qu'on pourra arriver à déterminer avec exacti- tude les synchronismes des couches même entre régions éloignées. Séance du 19 Décembre 1904 PRÉSIDENCE DE M. P. TERMIER, PRÉSIDENT M. Robert Douvillé, Vice-Secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la séance précédente. La rédaction de ce procès-verbal est adoptée. Le Président proclame membres de la Société : MM. Raoul-Louis Puget, conducteur diplômé de travaux publics, à Paris, présenté par MM. Stanislas Meunier et Ramond. Paul Thiéry, à Chaumont (Haute-Marne), présenté par MM. de Lapparent et Situer. Pierre Embry, à Paris, présenté par MM. Stanislas Meunier et Ramond. Paul Combes fils, à Paris, présenté par MM. Stanislas Meunier et Ramond. Miésislas Limanowski, à Zakopane (Galicie), présenté par MM. Termier et Lugeon. M. Haug présente au nom de M. Maurice Lugeon et au sien une note « Sur l'existence dans le Salzkammergut, de quatre nappes de charriage superposées », extraite des CR. de l'Académie des sciences (21 noV. 1904). M. L. Carez présente en ces termes le fascicule r1 (feuilles de Tarbes et Luz) de la Géologie des Pyrénées françaises : : «J'ai l'honneur de présenter à la Société le deuxième fascicule de mon travail sur la géologie des Pyrénées françaises. Ce fascicule qui traite des feuilles de Tarbes et Luz est conçu sur le même plan que le précédent ; maïs tandis que l'étude des feuilles voisines de l’Océan est encore peu avancée, celle des feuilles de Tarbes et Luz est au contraire terminée pour le relevé de la Carte géologique au 1/80.000. J’ai donc pu, en m’aidant des travaux de M. Bresson pour le Primaire, donner une description détaillée des divers terrains et un aperçu de leur structure. Celle-ci est représentée par 1. L. Carez. La géologie des Pyrénées françaises, fascicule 1; feuilles de Tarbes et de Luz, in-#4, p. 745-1230, pl. IT à XIII. Mémoires pour servir à l’explication de la carte géologique détaillée de la France. Paris, 1904. 830 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1904 huit coupes générales, transversales à la chaîne et s'étendant de la plaine miocène française à la plaine miocène de l’Ebre. «Ce volume comble une regrettable lacune, le département des Hautes-Pyrénées qui constitue la plus grande partie du territoire étudié, n’ayant été l’objet jusqu’à ce jour d'aucune description, et ne possédant aucune carte géologique. » M. P. Termier fait part à la Société d'un fait intéressant que vient de lui signaler M. E. Coste, directeur des Mines de Blanzy. En exécutant un travers-banc, à 400 mètres de profondeur, pour reconnaître la limite du Houiller et du Permien au voisinage du puits Sainte-Eugénie de la concession de Blanzy, on a recoupé des grès très fissurés, imprégnés d'un pétrole noirâtre et visqueux. Dans une certaine zone, particulièrement riche en huile, on a recueilli, en quelques jours, 500 à Goo litres de pétrole. D'après un essai fait par la Société lyonnaise des Schistes bitumineux d’Autun, l'huile de Blanzy ressemblerait plus aux pétroles d'Amérique qu'aux huiles de schistes d’Autun. Elie donne du pétrole lampant de moindre densité que celui des schistes, de l'huile à gaz, des huiles de graissage et de la paraffine (3 à 4 °/.). Elle ne donne pas de benzine. L'’odeur de ces produits diffère assez sensiblement de celle des dérivés des huiles de schistes. Au toit de la formation gréseuse, la galerie a rencontré des schistes bitumineux qui ont donné, à la distillation, de l'huile de schiste ordinaire et du sulfate d'’ammoniaque, comme les schistes d'Autun; puis des bancs de schistes gris micacés, et de grès fin avec empreintes de Walchia piniformis assez nombreuses (déter- mination de M. Zeiller). M. Léon Bertrand expose quelques-uns des faits qu’il a observés cette année, dans une course rapide, dans les Pyrénées centrales espagnoles. Le Carbonifère bien connu du Plan des Etangs, entre le Port de Venasque et le massif granitique de la Maladetta, occupe le centre d'un synclinal complexe dont le flanc nord est complet et régulier un peu à l’est de là, dans la vallée de l’Artigue de Lin, et s’étire progressivement dans la direction du Port de la Picade en ne lais- sant subsister, entre les schistes et grès carbonifères et les schistes saünés du Port de Venasque, qu'une mince lame de calcaire dévonien (ou carbonifère inférieur), qui se relie vers l’ouest au large affleurement de Peña Blanca, et des lambeaux très étirés des schistes carburés gothlandiens. Ce flanc septentrional se complète de nouveau vers l’ouest, avant même d'arriver à l'hospice espagnol SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1904 831 de Venasque, et le contact presque immédiat du Carbonifère et des schistes satinés anciens au voisinage des Ports de Venasque et de la Picade paraît donc ne résulter que d'un étirement tectonique local et non d’une discordance stratigraphique originelle. Il en est d’ailleurs de même pour le bord sud du même syncli- _nal, qui est régulier dans la traversée de la vallée de l’Esera, en aval de l’hospice de Venasque, et montre encore là une super- position régulière des schistes carbonifères aux calcaires dévo- niens, puis aux schistes carburés gothlandiens et aux schistes ordoviciens, percés par quelques apophyses du granite de la Maladetta, qui prend immédiatementun grand développement sur la rive gauche de l’Esera’. Le flanc sud du synclinal présente d’ail- leurs aussi vers l’est des étirements mécaniques ; au Port de Viella, en effet, les grès carbonifères sont en contact immédiat avec le gra- nite suivant une ligne de dislocation évidente (ce qui ne m'’empêche d’ailleurs pas de penser que la formation de ce granite est d'âge carbonifère). La bande méridionale des calcaires dela Tusse Blanche et du massif du Poumero est donc ici étirée ; mais elle reparaît très près du Port de Viella, dans la direction de l'est, au petit lac d’où sort le Barranco del Puerto, où l’on voit s’intercaler une lame presque verticale de calcaire analogue à celui de Peña Blanca, entre le Carbonifère et le granite. Ce synclinal du Plan des Étangs montre donc en certains points des étirements de ses deux flancs ; on approche de la région où le sens du déversement des plis est hésitant dans les Pyrénées. Plus au sud, la vallée de l’'Esera montre une série isoclinale avec plon- gement constant au nord et l’on traverse, avant d'arriver à la bordure de grès permo-triasiques, de nouveaux axes anticlinaux de Silurien et des synclinaux de calcaires dévoniens. Le sens du déversement est donc là bien constant vers le sud et même la bordure secondaire est aussi légèrement renversée au contact du massif primaire ; Les vallées voisines situées aussi au sud du grand massif granitique montrent de même un déversement constant des schistes primaires vers le sud, avec des étirements des flancs renversés. Au nord de ce massif granitique et du synclinal du Plan des Étangs, dans le Val d’Aran, on retrouve d’ailleurs encore une 1. Il résulte d’ailleurs de cette constatation que ce massif granitique si important, qui se poursuit depuis la vallée de l’Esera jusqu’auprès de celle de la Noguera Pallaresa, est principalement situé dans un anticlinal de Silu- rien et non dans un synclinal de Carbonifère, comme l’indique une carte récente de M. Roussel. 832 SÉANCE DU IQ DÉCEMBRE 1904 tendance très nette des plis à se déverser dans la même direc- tion et même, immédiatement au sud du Port d'Urets et presque sur la frontière française, le Pic de Montolieu montre un synclinal double de calcaires dévoniens enclavés dans les schistes carburés gothlandiens et presque horizontalement couchés vers le sud. A l’occasion des revendications de priorité présentées dans la dernière séance, M. À. de Grossouvre croit devoir rappeler que dès 1889, c’est-à-dire bien antérieurement à toutes les dates citées, il a établi que les dernières couches marines de la Provence étaient Santoniennes : et qu'en 1891 * il a de nouveau formulé cette même conclusion et montré * que les dépôts marins avaient cessé dans les Corbières au cours des temps campaniens. Plus récemment, dans son ouvrage sur la Stratigraphie de la Craie supérieure (1901), il a indiqué très explicitement la date du retrait des eaux marines pour les diverses régions de la France dans les chapitres spéciaux qui concernaient chacune d’elles et, dans le dernier, il a traité cette même question pour toute la surface du globe en signalant les divers épisodes de transgression et de régression (Ch. xxuur. Essai sur l’histoire de la terre). En ce qui concerne Les Grès à Sabalites del’ Anjou, M. A. de Gros- souvre est heureux de voir que M. Bigot est arrivé aux mêmes conclusions que lui-même en 1898, dans sa « Note sur les grès à Sabalites ». * Ses observations, confirmées aujourd’hui par celles de la Section de Géologie au Congrès d'Angers, l'avaient déjà amené à considérer comme remaniés les fossiles crétacés contenus dans ces grès : il serait intéressant maintenant de s’entendre défi- nitivement sur la place de ce terrain dans la série éocène, car en le suivant pas à pas vers le nord et vers l’est, on y voit l'élément conglomératique y prendre une place prédominante et finalement il passe aux grès et poudingues, marqués e’ et e" sur les cartes géologiques, terrain fort développé dans le Maine, la Touraine et le Berry. 1. À. DE GROSSOUVRE. Sur le terrain crétacé dans le Sud-Ouest du Bassin de Paris. B. S. G. F., (3), XVIL, 1889, p. 475. 2. In. Sur la position de la craie de Touraine. CR. Ac. Se., CXII, Paris, 1891, p. 63. 3. In. La craie des Corbières. B. S. C. G., n° 25, IT, 1892, p. 333. 4. Ip. Note sur les grès à Sabalites. CR. AFAS. II, Nantes, 1878, p. 337. LES BRÈCHES DE FRICTION DANS LE GRANITE ET DANS LE CALCAIRE CRISTALLIN A MOINÉ-MENDIA, PRÈS HÉLETTE (BASSES-PYRÉNÉES). ET LEUR SIGNIFICATION TECTONIQUE par M. Pierre TERMIER Dans le courant du dernier mois de septembre, j'ai exploré la colline de Moiné-Mendia. où Dufrénoy : a signalé jadis la super- position du granite au calcaire. Cette colline est située à un kilo- mètre environ au sud du village d'Hélette. Sur la carte d'État- Major au 1/80.000, elle ne porte pas de nom*, etn’est désignée que par sa cote, 374. | J'ai trouvé les choses à peu près exactement telles que Dufrénoy les a décrites. Le flanc occidental de la butte est déchiré par plusieurs petites carrières, ouvertes pour l'exploitation du calcaire cristallin : etil ne semble pas que ces carrières aient beaucoup changé depuis la visite de Dufrénoy. La roche calcaire est un marbre blanc, translucide, à très grandes lamelles. Certains clivages de calcite ont près d’un centimètre carré de surface. Beaucoup de clivages sont courbes. Il y a, dans ce marbre, de nombreuses paillettes de graphite. En haut, et près du contact du granite, le marbre renferme en outre de fines veinules remplies par les minéraux granitiques (quartz, microcline, albite), des cristaux épars de ces mêmes minéraux, et aussi des grains arrondis de sphène et de diopside, de petites aiguilles ou des grains de tourmaline bleue, plus rarement des cristaux de hornblende verte, ou des paillettes de chlorite *. Des filonnets d’hématite rouge 1. À. DurRÉNoY, Explication de la Carte géologique de la France, t. HI, 1853, p. 128-130. 2. Feuille Saint-Jean-Pied-de-Port, près de l'angle nord-est. 3. Les minéraux de métamorphisme, autres que le graphite, sont assez rares dans le marbre de Moiné-Mendia. Mais ils abondent dans le marbre graphitifère d’une autre carrière, ouverte, sur la même bande de roches cristallines (gneiss, granite et marbres), à quelques kilomètres à l’ouest d'Hélette, et à 1200 mètres environ à l’est du village de Louhossoa. Là, le banc de marbre est intercalé dans des gneiss. Il y a une troisième carrière, un peu plus loin de Louhossoa, où l’on retrouve les mêmes minéraux, tou- jours dans le même marbre graphitifère. Cette troisième exploitation se placerait, sur la carte d'Etat-Major, entre les mots Harania et Lanyaberry. 18 Février 1905. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 53. 834 P. TERMIER. — BRÈCHES DE FRICTION 19 Déc. massive, épais de quelques centimètres, courent au travers de la roche blanche. Cette masse de marbre graphitifère a au moins 20 mètres, et peut-être même 30 mètres de puissance. Elle repose sur des gneiss sensiblement horizontaux, alternant avec des micaschistes et de rares bancs d’amphibolites. Ces diverses roches cristallo- phylliennes sont bien visibles dans un chemin creux qui longe le pied du versant occidental de la colline, et qui s’en va rejoindre la route d’Irissary ’. Près de la rencontre du chemin et de la route, on observe, dans les gneiss, un afileurement de pegmatite ; et cette pegmatite est fort semblable au granite qui recouvre le marbre, tout au sommet de la colline, granite dont je vais maintenant parler. Le sommet de la colline (point 374 de la carte) est constitué par un beau granite pegmatoïde, offrant le type habituel du Labourd. Ce granite repose sur le marbre, et, dans son ensemble, la surface de contact entre granite et marbre est horizontale. Tout au sommet, le granite est parfaitement franc. C’est un granite alcalin. Les feldspaths, souvent très grands, sont de deux espèces : un microcline très limpide, parfois un peu perthitisé, une albite assez fortement kaolinisée, qui ne renferme que quelques centièmes d’anorthite. Le mica noir est rare, et presque entière- ment transformé en chlorite. Il y a, en revanche, une assez forte quantité dernica blanc. Le quartz est très irrégulièrement réparti, presque toujours inclus dans les feldspaths *. Cà et là, on observe de petits cristaux de zircon. Sous le granite franc qui forme la cime, on voit, dans les carrières les plus hautes, apparaître des roches singulières. Dufrénoy les décrit en ces termes *. 1. Durrénoy /lo:. cit.) signale dans ce chemin un affleurement d’ophite, et M. Siuart-Menteath a indiqué de l’ophite, à cette même place, sur sa carte au 320.000° publiée dans le tome XIX (3° série, 1891, pl. XX) de ce Bulletin. J'ai vu cette roche. Elle forme un banc à peu près horizontal sous les gneiss. Mais ce n’est pas de l’ophite. C’est une de ces roches, habituellement filo- niennes, que M. Stuart-Menteath a signalées dans le Paléozoïque de la région, et qui diffèrent profondément des ophites triasiques. Celle de Moiné-Mendia est très altérée. Je crois y reconnaître une kersantite, en tout cas un lampro- phyre. Le minéral magnésien, très abondant, est entièrement chloritisé. Les feldspaths affectent la disposition arborisée, ou grossièrement sphéroli- tique, que l’on trouve dans beaucoup de vieilles porphyrites. 2. C’est pour cela que je donne à ce granite l’épithète pegmatoide. Entre Jouhossoa et Hélette, il y a de nombreux affleurements de la même roche, où la structure est nettement pegmatitique. 3. A. DurRÉNOY, loc. cit., D. 129. 1904 À MOINÉ-MENDIA (BASSES-PYRÉNÉES) 835 « La ligne de contact du calcaire et du granite est marquée par une véritable brèche, composée de fragments calcaires et d'une pâte de granite imparfait, mais reconnaissable à ses cristaux de feldspath. On voit, en outre, la pâte prédominer de plus en plus, et passer au granite qui recouvre la brèche, de même que cette roche, à sa partie inférieure, se fond dans le calcaire. La couche arénacée, qui a environ 2 mètres de puissance, peut donc être regardée comme un véritable tuf granitique ; les fragments cal- caires qu'elle renferme montrent avec évidence que le granite lui est postérieur. » En réalité, les brèches de Moiné-Mendia ne sont pas des tufs granitiques, ou des pépérites granitiques, comme le croyait Dufrénoy. Ce sont des brèches de friction résultant du déplace- ment relatif du granite et du marbre parallèlement à leur contact. Et ce déplacement relatif est tout à fait indépendant de l'intrusion du granite au travers du marbre, et de beaucoup postérieur à cette intrusion. La figure ci-dessous montre les détails de ce curieux phénomène. C’est un croquis de la partie supérieure des carrières. Fig. 1. — Brèches de friction entre granite et marbre à Moiné-Mendia, près Hélette. 7, Granite franc ; 2, Brèche granitique à blocs arrondis de gra- nite ; 3, Brèche à ciment rouge avec petits débris de granite; 4, Marbre, divisé par des zones de brèche à débris de marbre ; 5, Marbre massif; X, Blocs de marbre vert à diopside dans la brèche de la zone 4. J'ai figuré une démarcation nette entre le granite frane r et la brèche granitique 2. Cette démarcation, en réalité, n'existe pas. C’est peu à peu que le granite s'écrase; et cet écrasement n'est d’abord perceptible qu’au microscope. Les feldspaths se brisent, et, dans des joints grossièrement parallèles, leurs fragments se dispersent, soudés entre eux par des débris de mica, par du mica blanc secondaire, et par une quantité croissante d'hématite. La plupart de ces petits fragments restent anguleux. Un peu plus bas, les joints deviennent plus nombreux et plus larges; la struc- ture bréchoïde apparaît à l'œil nu ; dans la brèche, il y a, non seulement des débris des feldspaths' du granite, mais des mor- ceaux de granite intacts ; et plus ces morceaux sont gros, plus ils 836 P. TERMIER. — BRÈCHES DE FRICTION 19 Déc. sont arrondis, usés, et comme roulés. Quelques-uns de ces blocs de granite, semblables à des galets, ont la grosseur du poing; deux ou trois, même, la grosseur de la tête. L'aspect de la zone 2, vers sa base, est tout à fait celui d’une pépérite ; et l’on comprend la méprise de Dufrénoy, qui n'avait pas, comme nous, la ressource de l'examen microscopique. L’épaisseur de la zone 2 varie de 1 à 3 mètres. La zone 3, qui vient au-dessous, a de 25 centimètres à 1 mètre; elle se sépare bien de la zone 2. Cette zone 5 est formée d’une brèche rouge, où le ciment ferrugineux est beaucoup plus abon- dant, et où les débris granitiques sont à la fois plus petits et plus rares que dans la zone supérieure. Les premiers débris de marbre apparaissent dans la région tout à fait inférieure de la zone 5. Je n’en ai pas trouvé dans la Zone 2. La zone F est formée de marbre graphitifère, sillonné par des joints ondulés, grossièrement parallèles aux zones supérieures, joints dans lesquels il y a des lentilles d'une brèche à débris de marbre. Sur mon croquis, j'ai représenté ces lentilles de brèche par le même figuré noir que la brèche de la zone 3. En réalité, ces deux brèches sont très différentes d'aspect. La brèche de la zone 7 résulte de l'écrasement du marbre. Elle renferme cependant quelques débris de granite. Le ciment est formé d'un mélange d'hématite rouge et de calcite. La grosseur des débris est très variable : quelques-uns ont 50 centimètres dans leur plus grande dimension. La plupart sont anguleux. Un fait intéressant, c'est que beaucoup de ces débris de marbre appar- tiennent.à une variété plus riche en minéraux de métamorphisme que le marbre massif de la même zone. C’est ainsi que, tout à la gauche du front de la carrière (point X du croquis), on voit une lentille d’une roche verdâtre qui ressemble, au premier abord, à de la serpentine. Cette roche est un marbre chargé de diopside et de sphène. Le phénomène d’écrasement, dans la zone 7, a affecté un banc particulièrement af} aibli par le métamorphisme granitique. La zone Æ a de quatre à cinq mètres d'épaisseur. Au-dessous d'elle vient la grande masse de marbre blanc 5, dont la puissance est d'au moins vingt mètres, et dans laquelle on ne voit plus aucune trace de déplacements horizontaux. | Les mouvements relatifs du granite et du marbre dont témoi- gnent les brèches de friction de Moiné-Mendia n'ont eu, certaine- ment, qu’une amplitude assez restreinte : car, le marbre et le granite, ici comme à Louhossoa, sont intimement liés, et font 1904 A MOINÉ-MENDIA (BASSES-PYRÉNÉES) 837 partie d’un seul et même complexe géologique, qui est la forma- tion cristalline dite du Labourd. On ne peut pas douter que le marbre graphitifère n’ait été pénétré, injecté, métamorphosé par l'intrusion du granite, bien longtemps avant les déplacements relatifs qui ont donné naissance aux brèches de friction. Ces déplacements ont donc été, à Moïné-Mendia, peu importants. Il est possible que leur amplitude n'ait pas même atteint cent mètres : elle n'a pas dû, en tout cas, dépasser quelque centaine de mètres. Des déplacements aussi réduits ne méritent pas le nom de charriages. Mais ce sont, à coup sûr, des symptômes de charriage ; et, à ce titre, ils sont très intéressants. Ils sont loin, d’ailleurs, d’être, dans la région, les seuls sy mp- tômes de charriage. M. Stuart-Menteath, qu'il faut toujours citer quand on parle des Pyrénées occidentales, a dit et répété : que le bord sud de la formation cristalline du Labourd est une faille dans laquelle on trouve des brèches granitiques et des brèches ophitiques. Le même savant a mis ses lecteurs en garde contre « l’effroyable complication » de la région ; il a dit que les grands traits de la structure des Pyrénées occidentales «confirment plutôt les idées de M. Suess que celles de M. Lory »; il a parlé des « failles importantes qui sont jalonnées par des bandes de calcaire cénomanien au beau milieu des terrains paléozoïques et du granite ». Il était difficile, en 1886, de parler de façon plus pré- cise. Mais quand on relit aujourd'hui les notes de M. Stuart- Menteath, on ne peut se défendre de cette impression générale que les Pyrénées occidentales sont, ou bien un pays charrié, c’est-à-dire formé d’un paquet de nappes, ou bien un pays écrasé, sur lequel sont passées des masses pesantes. Et, après avoir par- couru la contrée entre Cambo et Saint-Jean-Pied-de-Port, je ne * doute plus que cette impression générale ne soit juste *. 1. P. W. SruartT-MEenreATs. Sur la géologie des Pyrénées, de la Navarre, du Guipuzcoa et du Labourd. B. S. G. F., (3), IX, 1881, pp. 198 et 304; Note préli- minaire sur les gisements métallifères des Pyrénées occidentales. Ibidem, G), XIV, 1886, p.587; Note sur douze coupes des P yrénées occidentales. 1bidem, 6), XIX, 1897, p. 929. Les citations entre guillemets sontextraites de la Note de 1886. 2. M. Stuart-Menteath, dans sa Note, déjà citée, de 1886, attribuait aux roches éruptives, granite et ophite, un rôle actif dans la production des failles et dans le glissement relatif des terrains. Dans sa Note, également citée, de 1891, il parle encore d’une relation (tout au moins de position) entre les affleurements de roches éruptives et les lèvres des grandes failles. Je crois, pour mon compte, que les roches éruptives ont été purement passives. et que, même, leurs affleurements ne jalonnent aucune ligne par- ticulière de dislocation, Il est curieux que cette question de la relation 838 P. TERMIER. 19 Déc. Les mouvements relatifs entre granite et marbre, à Moiné- Mendia, sont des mouvements différentiels dans une série d’as- sises, charriées ou écrasées, où abondent les glissements de grande amplitude. Cette série comprend, avec la formation cris- talline du Labourd ?, divers étages du Paléozoïque, le Trias, le Jurassique et le Crétacé inférieur. Dans tous les étages, l'épaisseur est variable, et l'allure, fréquemment, lenticulaire. des roches éruptives et des niveaux de charriage (pour parler comme M. Ed. Suess) se pose, dans les mêmes termes, au début de toute étude tectonique d’une chaîne de montagnes. Qu’on veuille bien relire, à ce sujet, la Note récente de M. Ed. Suess sur la Nature des charriages (Comptes Rendus de l’Académie des Sciences, t. CXXXIX, p. 514). Cette Note nous ouvre de magnifiques perspectives; mais j'ai peur que le grand maître viennois ne se fasse illusion en voulant lier les roches basiques aux niveaux de charriage. Il y a, dans les Alpes, tant de niveaux de charriage où les roches basiques n’apparaissent pas ! 2. L'âge de cette formation est inconnu. Les arguments par lesquels M. Stuart-Menteath essaie de prouver que cet âge est cénomanien me semblent très fragiles, précisément en raison de l'abondance des plans de glissement. Je crois plutôt que la formation cristalline du Eabourd est d'âge paléozoïque. Mais rien ne nous dit qu'un sondage, foré à Moiné-Mendia, ne rencontrerait pas un terrain relativement jeune, le Trias par exemple, sous les gneiss et les micaschistes; et j'avoue même que cette rencontre serait pour moi irès vraisemblable. SUR LE CRÉTACÉ DU CAMEROUN par M. A. de GROSSOUVRE On connaît depuis longtemps des dépôts d'âge crétacé sur la côte occidentale de l'Afrique. Aux îles Elobi, au Gabon, à Angola et jusqu à Mossamédès, on sait quil existe des grès rouges, très analogues aux grès de Nubie, qui renferment une faune albienne bien caractérisée (Douvilleiceras mamillare, Mortoniceras infla- tum). Cet horizon découvert par le D' Lenz (1874) a été étudié par M. Szajnocha. Au Congo, Maurice Barrat (1895) a observé un calcaire fossilifère que sa faune paraît devoir faire rapporter au Turonien ; antérieurement, en 1886, M. Choffat avait cité d’Angola un Roudaireia dont l'authenticité a été vérifiée tout récemment par M. H. Douvillé d’après un échantillon de cette provenance qui lui a été communiqué : IL a pu aïnsi reconnaître que c'était le Roudaireia Forbesi (communication verbale). M'appuyant sur la présence de ce fossile, qui partout est caractéristique du Campa- nien supérieur, j'en avais conclu (1901) que les couches qui le renferment, classées dans le Cénomanien en raison de la présence d'une Huître rapportée à Ostrea Baylei, mais qui pourrait aussi bien être une ©. vesicularis, devaient être relevées considéra- blement dans l'échelle stratigraphique et placées au sommet du Sénonien. Plus récemment, en 1903 ’, revenant sur cette question, à la suite d’une communication de M. À. de Lapparent, j'indiquai que les affinités mises en évidence, par la présence du Roudaireia au Congo, entreele Crétacé de ce pays et celui de l'Afrique septen- trionale, étaient de nature à faire supposer une communication directe, vers la fin des temps crétacés, entre l'Atlantique et la Mésogée. Un travail de M. F. Solger * qui vient de paraître, apporte de précieuses contributions à nos connaissances sur la géologie de l'Afrique occidentale, M. Solger a étudié avec un soin particulier une faune d’Ammonites rapportée du Cameroun : son mémoire contient, sur diverses questions, des considérations du plus haut intérêt et qui méritent de retenir l'attention, mais je ne veux parler 1. À. DE GROSSOUVRE. Sur la présence du genre Roudaireia dans la Craie pyrénéenne. B.S. G. F., (4), LL, 1903, p. 432. 2. F. SozGer. Die Fossilien des Mungokreide in Kamerun und ihre geolo- gische Bedeutung (Beiträge zur geologie von Kamerun, Il). Stuttgart. 1904. 840 A. DE GROSSOUVRE 19 Déc. ici que de la faune de Céphalopodes qw’il a décrite, elle comprend : un Baculite ; un VNeoptychites, bien voisin du N. Telinga, s’il ne lui est pas identique: N. telingæformis ; j'ai depuis longtemps ! signalé que ce genre établi par M. Kossmat pour des formes de l’Hindous- tan, existe en Touraine, dans l’Aquitaine. en Algérie et en Tunisie ; il est donc fort intéressant de retrouver la même forme au Came- roun ; puis toute une série d'espèces appartenant au genre Hopli- toides créé par M. von Kœnen et dont quelques représentants, non décrits encore, me paraissent exister en France ; de nombreuses variétés de Barroisiceras identiques à celles que j'ai décrites pour la France ; un Puzosia Denisionana et un Peroniceras dravidicum dont les types sont de l’Inde: deux Acanthoceras (Pedioceras), deux Tissotia et un Pseudotissotia, tous nouveaux. Dans cette faune, nous avons des fossiles dont l’âge est bien connu : les uns appartiennent à l'étage turonien, les autres au Coniacien ou Ems- chérien, dans le sens des géologues allemands. M. Solgerinsiste sur les affinités manifestes et très prononcées que cette faune de Cépha- lopodes présente avec celle du Nord de l'Afrique (Algérie et Tunisie) et du Sud de l’Europe : dans cette constatation, je vois un nouvel argument en faveur de l'hypothèse que j'ai émise l’an dernier sur une communication directe à travers l’Afrique, entre l'Atlantique et la Mésogée des temps crétacés, communication qui, peut-être, a pu commencer à exister dès l’époque albienne, si l’on tient compte de l’analogie des grès albiens de la côte occidentale d'Afrique avec les grès de Nubie. Les affinités avec la faune de l'Hindoustan méritent aussi d’être mises en évidence et si l’on rapproche ce fait de l'existence de nombreux représentants de cette dernière dans les couches créta- cées de Madagascar, des Pyrénées et de l'Afrique septentrionale, on voit combien en réalité cette faune que l’on croyait si localisée avait une extension considérable. 0 1. À. px GRossouvre. Recherches sur la Craie supérieure. II, les Ammo- nites de la Craie supérieure. Mém. Carte Géol. Fr., 1903. p. 145. — Ip. Surle genre Neoptychites. B.S. G. F., (3), XXIV, 1896. p. 86. — Ip. Sur l’'Ammonites peramplus et quelques autres fossiles turoniens. Zd., XXVIX, 1899, p. 398. NOTE SUR QUELQUES ÉCHINIDES DU BARRÉMIEN DU GARD COMMUNIQUÉS par MM. SAYN er ROMAN par M. J. LAMBERT : HoLEecryPus MACROPYGUS Agassiz (Discoidea). — Cette espèce, déjà signalée à Seynes par E. Dumas * se rencontre dans le Valen- gien, l'Hauterivien, le Barrêmien et l’Aptien du Jura, mais elle est surtout abondante dans l’Hauterivien et ne se trouve qu'à ce niveau dans le bassin de Paris. Pyaauzus DEsmouuinst Agassiz. — [ndividu bien typique et semblable à ceux de la Savoie et de l'Isère, où l’espèce caractérise le Barrêmien. Les grands individus des calcaires à Caprotines d'Orgon sont plus renflés, ont leur face inférieure plus concave et des zones interporifères légèrement élargies au milieu des péta- les. E. Dumas a déjà signalé (op. cit. p. 393) le P. Desmoulinsi à Seynes. PHYLLOBRISSUS NEOCOMIENSIS Agassiz (Catopygus). — Le meil- leur individu est latéralement comprimé, ce qui le fait paraitre moins large et plus renflé que le type. Cette espèce des marnes de l'Hauterivien a été aussi signalée dans l'Urgonien. ASsTROLAMPAS RoMaAnr Lambert. — Cette espèce, que je suis heureux de dédier à M. Roman, est de moyenne taille (longueur 46 millim. larg. 38, haut. 13 millim.), déprimée, faiblement convexe en-dessus, subconcave et pulvinée à la face inférieure, subrostrée en arrière, arrondie et à peine sinueuse en avant ; elle a sa plus grande largeur vers le milieu des pétales postérieurs. Apex très excentrique en avant, aux 64/100 de la longueur, avec quatre pores génitaux paraissant déborder sur les plaques interambula- craires ; les sutures des plaques génitales sont indistinctes, mas- quées par les hydrotrèmes qui occupent tout le centre de l'appareil. 1. Cette note a été présentée à la séance du 6 juin 1904, et complète la note de MM. Sayx et Roman (voir ante: p. 622). 2, Emilien Dumas. Statistique du département du Gard. Paris, 1875-1877. p. 393. 842 J. LAMBERT. — ÉCHINIDES 19 Déc. Ambulacres lancéolés, les postérieurs plus longs que les anté- rieurs pairs, l’impair plus étroit que les autres; ils présentent d’ailleurs les caractères de ceux du genre. Tous les pétales s’arrê- tent à une assez grande distance du bord. Périprocte ovale, inframarginal. Péristome un peu plus excen- trique en avant que l’apex, empâté dans la roche sur la plupart des individus examinés, paraissant pentagonal, avec floscelle peu développé; les bourrelets sont peu saillants ; les phyllodes assez étroits sont cependant bien caractérisés par la présence d’une double série de quatre à cinq paires de pores centraux dans chaque ambulacre ; ces derniers ne correspondent d’ailleurs pas à des sillons de la face inférieure. La sinuosité atténuée du bord anté- rieur est surtout apparente chez les individus bien adultes ; on l’observe cependant parfois déjà chez des jeunes ; elle est alors surtout visible du dessous. Fig. 1 et 2. — Astrolampas Romani, n. Sp., vu en dessus et de profil, en grandeur naturelle. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue facilement du À. Gillieroni Desor (Pygurus) du Valengien par son apex excentrique en avant et ses pétales lancéolées, plus eflilés. Les mêmes caractères la séparent de À. productus Agassiz (Echino- lampas) de l'Urgonien, type du genre; elle a en outre son bord antérieur subsinueux, son périprocte plus rapproché du bord et manque de sillons ambulacraires à la face inférieure. À. saleviensis de Loriol, de l'Hauterivien, est de plus grande taille, plus rostré en arrière, plus retréci etnon sinueux en avant: son apex est beau- coup moins excentrique (55 à 58/100 au lieu de 64/100); ses ambu- lacres sont aussi plus larges, pluslongs et l’impair est moins étroit. 1904 DU BARRÊMIEN DU GARD 843 Emilien Dumas paraît avoir cité cette espèce (op. cit. p. 394) sous les noms erronés de Botriopygus obovatus et B. minor. Elle a en effet une certaine ressemblance avec ces Pr 20orhynchus : mais ne saurait être confondue avec eux en raison de son péristome régulier et de son périprocte ovale, inframarginal, caractères qui la placent bien dans le genre Astrolampas de Pomel. Localité. — Seynes (Gard), étage Barrêmien. — Collections Roman, Lambert. HoLasTER PRESTENSIS Desor (Cardiaster). — Un individu diffère un peu du type par sa forme plus haute, subconique, déclive en arrière ; un autre est plus conforme à la figure donnée par M. de Loriol, qui signale d’ailleurs dans sa description de sem- blables variations (Echinologie helvétique crèt. p. 318). Le A. prestensis n’a encore été signalé que dans l’Aptien. En raison de ses ambulacres à larges zones porifères, cette espèce ne saurait être confondue avec aucune autre. Il ne serait cependant pas impossible que E. Dumas l’ait signalée dans le Gard sous le nom de Æ. Lhardyi, malgré les ambulacres si diffé- rents de ce dernier. Toxasrer RicorbEeAUI Cotteau *. — Cette espèce est en quelque 1. On a prétendu que la diagnose du genre Pygorhynchus s’appliquait mieux à des espèces tertiaires qu’au Catopygus obovalus, la seule espèce décrite et figurée, lors de l'établissement du genre en 1839, mais dont le péristome est en réalité oblique. Cette objection est à peine spécieuse: Agassiz a dit que son genre Pygorhynchus avait le péristome « central, allongé transversalement et entouré de cinq bourrelets saïllants. » 11 n’a pas indiqué que ce péristome était oblique, parce qu'il croyait que son Catopygus obovatus avait le péristome régulier. On l’a d’ailleurs eru pendant longtemps et aujourd’hui encore mon savant ami M. de Loriol confond dans de mêmes genres des espèces à péristome régulier et oblique, sans attacher d’impor- tance à ce caractère, auquel Pomel seul a attribué toute sa valeur. Agassiz, en 1839, a bien dit que son genre devait contenir des espèces tertiaires, mais il n’en a mentionné aucune. La seule espèce tertiaire comparée avec Pygo- rhynchus obovatus est le P. Scutella, l'un des types du genre plus ancien Echinanthus. On ne peut donc admettre un genre Pygorhynchus dont serait exclu le Catopygus obovatus et qui aurait pourtype une espèce tertiaire comme le Nucleolites grignonensis Defrance, puisque cette espèce n’a été introduite dans le genre qu’en 1840 et que la seule forme tertiaire, indirecte- ment mentionnée en 1839, était un Echinanthus. J'ai donné en 1897 (Note sur les Echinides de la Craie de Ciply, p. 22, B. Soc. belg. géol., pal., hyd., XI, 1897, mém.), le nom de Plagiopygus aux prétendus Pygorhynchus tertiaires du type de l’ancien Nucleolites grignonensis, c’est-à-dire à tous les Pyg'o- rhynchus de Cotteau. 2. Cette espèce ayant été dédiée à feu le docteur Ricordeau de Seignelay (Yonne), et non à un S’ Ricorde ou Ricordean, doit en conséquence s’ortho- graphier Ricordeaui et non Ricordeanus. 844 J. LAMBERT. — ÉCHINIDES 19 Déc. sorte intermédiaire entre les vrais Toxaster et les Miotoxaster. En effet, chez les individus du Gard, les pores externes de l’ambu- lacre impair sont assez nettement allongés plutôt qu'arrondis. Ces individus sont donc de vrais Toxaster et sous ce rapport ils res- semblent beaucoup au 7. Ricordeaui du Jura suisse :. Tous les individus ne sont cependant pas aussi nettement caractérisés : chez quelques-uns, d’ailleurs impossibles à séparer des autres, les pores de l’ambulacre impair sont arrondis ou elliptiques, disposés en cir- conflexe et séparés par un granule, comme chez les Miotoxaster. Les mêmes variations s’observent chez les individus typiques des argi- les à Ostrea Leymerieide l'Yonne, et le néotype figuré par Cotteau ? montre un allongement sensible des pores de son ambulacre impair. Seulement ce qui dans l'Yonne était l'exception devient la règle dans le Gard, où les individus à pores allongés sont de beaucoup les plus nombreux. Le 7. Ricordeaui du Gard a aussi ses ambulacres pairs ordinairement plus déprimés que ceux de la forme typique de l'Yonne ; mais ce caractère n’est pas constant et l’un des individus examinés y échappe complètement. Dans l'Yonne aussi certains T. Ricordeaui ont leurs ambulacres sensiblement déprimés, mais ces individus sont exceptionnels, tandis que pour ceux du Gard l'exception consiste à avoir les ambulacres à fleur du test. On pourrait donc distinguer du type la forme à pores un peu allongés dans l’ambulacre impair, à ambulacres pairs déprimés, sillon antérieur plus profond. Cette variété formerait pour ainsi dire passage au Miotoxaster Collegnoi Sismonda de l’Aptien, mais en diffère encore nettement par son test plus renflé, ses ambulacres moins déprimés, son sillon antérieur un peu plus profond, ses pores internes de l’ambulacre impair plus développés. J’estime cependant préférable de conserver au 7. Ricordeaui son unité en admettant chez lui certaines variations dans les caractères signalés. Le 7. Ricordeaui ressemble un peu au 7. gibbus Agassiz, dont les ambulacres pairs sont plus ordinairement déprimés ; maïs ce 1. La figure 3° pl. xxvurr de l’Echinologie Helvétique est d’ailleurs sur ce point exagérée, ainsi que j’ai pu m'en assurer par l'examen du type figuré, gracieusement mis à ma disposition par M. de Loriol. J'avais autrefois pro- posé de séparer ces T. Ricordeaui du Jura et des Alpes françaises identiques à la plupart de ceux du Gard, sous le nom de T. Lorioli [Kicran et LEENHARDT. Sur le Néocomien des environs de Moustiers Sainte-Marie (Basses-Alpes). B.S G.F.,(3), XXII, p. 974 (note infraginale)]|, mais, après un nouvelexamen, il me paraît aujourd’hui plus sage de ne pas opérer ce démembrement. o. CorreAu. Etudes sur les Échinides fossiles du département de l'Yonne, IL, Paris, 1849-06, pl. LXIT, fig. 6. 1904 DU BARRÊMIEN DU GARD 845 dernier a ses tubercules bien plus développés et un ambulacre impair de vrai Toxaster, à pores toujours transverses, subégaux, tandis que les pores restent très inégaux, les internes virgulaires ou très obliques, chez le T. Ricordeaui. T. granosus d'Orbigny du. Valengien est plus allongé, plus rétréci en arrière; il porte enfin dans son ambulacre impair une double série de tubercules scrobi- culés caractéristiques. Le 7°. granosus est d’ailleurs fort rare, mais l’on confond généralement avec lui une autre forme du Valengien, courte, renflée, bien plus voisine du 7. Ricordeaui, s'en distin- guant toutefois par son test plus large en arrière, plus carré, moins subglobuleux, par son ambulacre impair avec pores internes plus petits sans doute que les externes, mais beaucoup moins obliques. Les ambulacres pairs de ce T'oxaster valengien, surtout les posté- rieurs, sont béaucoup plus longs (à taille égale 36 paires au lieu de 24), et ce caractère ne peut permettre la confusion des deux espèces. Il faut enfin ajouter que l’apex du Toxaster valengien est irrégulier, semiallongé, l’ocellaire antérieure gauche s'interca- lant d'ordinaire entre les génitales contiguës jusqu'à la plaque criblée ‘, tandis que l’apex du 7. Ricordeaui est régulièrement dicyclique. Malgré certains rapports de physionomie générale, il est donc toujours facile de distinguer les deux espèces. Lors même que le 7. Ricordeaui est jeune, ou a conservé son ambulacre impair de Miotoxaster, j'ai indiqué ci-dessus par quels caractères il restait facile de le distinguer du Wiotoxaster Colle- gnoi. Sans doute chacun de ces caractères pris isolément serait insuflisant pour séparer les extrêmes des deux espèces, mais dans leur ensemble ils impriment à chacune une physionomie bien particulière. Emilien Dumas paraît cependant les avoir confon- dus (op. cit. p. 395) puisqu'il signale à Seynes le T'oxaster Brun- neri Merian (in Desor) lequel n’est qu’un synonyme du Miotoxaster Collegnoi. Le Toxaster Ricordeaui occupe un horizon géographique assez étendu. Dans l'Yonne, l’Aube et la Haute-Marne, il se rencontre seulement au-dessus des marnes jaunes à 7°. retusus Lamarck (Spatangus). En suisse, il a été signalé dans l’'Hauterivien et dans l'Urgonien. Cotteau l’avait aussi recueilli dans les Alpes françaises aux environs de Castellane. Les individus communiqués par MM. Sayn et Roman, provien- nent tous de Seynes (Gard). [4 1. J'ai désigné dans diverses publications ce Toxaster du Valengien sous le nom Toxaster cf. granosus. Voir B. S. G. F., (3), XXII, Loc. cit., p. 973. 846 J. LAMBERT. 19 Déc. En même temps que les fossiles précédents M. Roman m'en a communiqué quelques-uns de l’Hauterivien et de l’Aptien. Les premiers consistent en deux espèces de Toxaster : Toxasrer AMPLUS Desor. — La plupart des Toxaster du Gard, recueillis à Sauve et Quissac, ou dans l'Hérault à Montaulieu, sont plus larges que le T. retusus ; leur sillon plus profond a ses bords plus abrupts ; dans leurs ambulaeres antérieurs pairs, les bran- ches postérieures sont surtout beaucoup plus larges, puisque chez l'adulte les pores externes sont séparés des internes par une petite bande finement granuleuse. (Voir ma Note sur le Toxaster amplus, B.S.G.F.(4), HI, p. 127). Le 7. complanatus d'Emilien Dumas (op. cit. p. 394), correspond au T. amplus. ToxaAsrerR RErusus Lamarck (Spatangus). — Un seul individu. recueilli à Saturargues (Hérault) paraît bien semblable à la forme typique de l'espèce, si commune dans le Néocomien du Jura, de l'Allemagne et du bassin de Paris, moins fréquente en Savoie et rare dans le midi de France. Le 7. retusus se distingue du T. am- plus par les pores de ses ambulacres antérieurs pairs très rappro- chés dans les branches postérieures, seulement séparés par un granule. | MioroxAsTER CoLLEGNOI Sismonda (Spatangus). — de l’Aptien de Serviers (Gard), où il est assez commun et présente la grande variété Leymeriei Cotteau. Je viens d'expliquer que cette espèce, à pores de l’ambulacre impair rapprochés, arrondis, séparés par un granule, rentrait dans le genre Miotoxaster.. DipLopopiA Dumasr Lambert, 1902. — J’ai séparé du D. Mal- bosi Cotteau ce grand Diplopodia de Montaren (Gard), déjà signalé par Emilien Dumas (op. cit. p. 489) et caractérisé par ses rangées internes de tubercules secondaires bien développées au dessous de l’ambitus '. 1. LAMgerr. Description des échinides fossiles de la province de Barce- lone. M. S. G. F. « Paléontologie », IX, 5, p. 9. 1902. LES NAPPES DE GLISSEMENT A FLANC DE COTEAU par M. Romulus SEVASTOS !: Il ne s’agit pas ici de ces grands éboulements où écroulements rendus classiques dans les Alpes, qui mettent en mouvement des masses considérables de plusieurs millions de mètres cubes et qui affectent profondément le relief de la surface terrestre en engen- drant de véritables catastrophes. Nous allons nous occuper de phénomènes de bien moindre étendue qui se développent lente- ment, mais qui néanmoins gardent leur importance et présentent leur cachet particulier. Des circonstances favorables nous ont permis de suivre toutes les phases de l’évolution du phénomène. Nos observations se rapportent à trois cas : 1° le glissement de Marasesti ; 2° le glissement de Puesti (département de Tutova) et 3° un glissement près de Movila lui Burcel (département de Vasloui). Avant d'aborder la description de ces accidents je trouve indis- pensable de donner quelques renseignements sur la constitution géologique de la région. Les localités de Marasesti et de Puesti se trouvent dans la vallée de la Tutova. Le haute Tutova a son cours enfermé dans les col- lines atteignent 450 mètres (au dessus de la Mer Noire) et son lit majeur à Plopana, près de sa source, à 225 m. Les coteaux sont abrupts et constitués par l'argile sarmatienne plastique gris-bleu foncé qui domine sans partage recouverte par des éboulements et le loess. Sur les cimes seulement apparaît le sable sarmatien, d’une épaisseur d'environ trente mètres, à peine consolidé à la surface en bancs de grès très friable. Le sable et le grès sont tout à fait privés de restes organiques. Les puits creusés à flanc de coteau dans les éboulis profitent du mince filet d’eau qui se fraye un chemin dans les décombres mélés de sable et recouverts par le manteau de loess. Les abords de la plaine (lit majeur) nous offrent encore les lam- beaux d’une terrasse pléistocène sableuse ; de même, les alluvions de la Tutova, constituées en général par les mêmes matériaux mobiles ou par place enduits d'argile, nous présentent rarement de maigres sources latérales à la lisière de la terrasse. Le cours de la rivière se poursuit ainsi jusqu'au confluent de la Lipova. Là le paysage change et la vallée s'engage entre des 1. Cette note a été présentée à la séance du 7 novembre 1905. 848 R. SEVASTOS. 19 Déc. collines moins hautes à contours arrondis et pentes douces, où le grès et le sable sarmatiens manquent, de sorte que les matériaux qui servent à l’empierrement de la route, les mêmes grès friables, sont apportés des collines qui ne bordent plus immédiatement la vallée (Popesti, Lalesti, Rotari). Le loess prend un grand déve- loppement. Eboulement de Marasesti. — Ce hameau est situé dans la vallée de la Tutova sur un coteau sarmatien couvert d'éboulis où le grès sarmatien manque. En 1897, pendant l'hiver, le sol avait été couvert d’une grande quantité de neige et le printemps avait été pluvieux, de sorte que les eaux d'infiltration arrivant jusqu'au substratum d’argiles sarmatiennes à travers les décombres superfi- ciels les avaient délayés à leur contact avec le substratum. À un moment donné une surface longue de plusieurs centaines de mètres 2407. 5 5 5 5.6 Argile sarmatienne substratum Fig. 1. — Coupe à Puesti. — 7, Sable pléistocène ; 2, Argile à Helix Pul- chella ; 3, Argile à blocaux ; 4, Loess remanié; 5, Sable sarmatien ; 6 et 7, Argile claire ; 8, Terre végétale ; 9, Argile sarmatienne ; 10, Alluvions. et large de 150, sur laquelle était bâtie une église et en contrebas une fabrique à alcool, glissa d’un seul coup. La fabrique s’est écroulée et l’église s’est enterrée par la base. Le choc avait été plus violent à la lisière inférieure de la nappe en mouvement par suite de son arrêt brusque contre un obstacle, probablement d’ar- giles pleistocènes en place qui causa un bombement sensible de la nappe. _ Cela explique la destruction de la fabrique, tandis que l’église située plus haut s'arrêta dans la dépression en arrière de la butte ; en même temps dans la descente, le poids de l’édifice permettait le plongement et l’enfouissement de sa base. Glissement de Puesti. — Cette petite ville située sur la Tutova à 25 km. en amont de Berlad a ses maisons bâties au pied de la colline Giltesti et sur la plaine de la rivière. Immédiatement au nord, à côté de la ville, il y a trois ravinements longs de 700- 1904 NAPPES DE GLISSEMENT À FLANC DE COTEAU 849 800 mètres qui lacèrent le versant oriental de la vallée jusqu’à la cote de 240-250 m. L'étude du ravinement le plus rapproché de la Le m'a permis d'établir une coupe. En le suivant à partir de son débouché (fig. 1) j'ai rencontré : 1° À la base du sable qui permet l'existence d'un filet d'eau formant une source utilisée par les habitants de l’endroit. 2° Le sable est recouvert par des argiles gris foncé stratifiées horizon- talement, qui contiennent elix pulchella Muller, Condrula tridens Mull., Succinea oblonga Drap. C’est une espèce de loehm fluviatile, avec coquilles terrestres. 3° Les argiles précédentes sont surmontées d’une argile schisteuse alternant avec des sables et des blocs de grès provenant du Sarmatien. Elles représentent les alluvions pléistocènes de la rivière. 4 Cette couche d’abord horizontale et ensuite plongeant vers le nord sert de support à une masse de sable sarmatien disloquée qui bientôt s'élève brusquement à peu près jusqu’à la normale, ménageant une dépression remplie par du loess remanié. 5° En montant encore on voit le fond de l’escarpement constitué par des argiles claires à stratification presque confuse, tant elles sont plissées. Suivant toutes probabilités elles proviennent de la partie supé- rieure des argiles sarmatiennes et sont descendues par glissement dans la position où nous les trouvons. Leur limite supérieure est indiquée d’une manière nette par une couche de terre végétale ayant l'épaisseur d'environ un mètre. Cette lame noire, apparaît dans deux branches parallèles du ravine- ment à la cote 220-240 mètres sur une longueur de 100 mètres. 6° Sur cette couche végétale repose une autre nappe d'argile claire très plissée à son tour, un peu noircie à la surface d’un mince enduit d’'humus. J'ai examiné attentivement l'allure de ces couches. En haut elles plongent au nord en s’étirant, après elles décrivent des circonvo- lutions très serrées, des plissements presque égaux, pour se terminer en bas d’une manière simple. La nappe devient plus mince à mesure qu'on descend, condition dûe probablement a l'érosion superficielle. De tout ce qui précède, il résulte que nous avons affaire ici à deux nappes de glissement. La première inférieure à stratification confuse est très ancienne, car la couche végétale atteint un mètre d'épaisseur. Son plan de glissement est formé par l'argile bleue sarmatienne en place. Au moment où elle a pris naissance, elle dût entraîner dans son mouvement aussi une partie du sable qui surmonte l'argile sarmatienne. La preuve en est fournie par la masse de sable jetée et enfouie en contrebas. Le bord frontal en buttant contre les argiles à blocaux a exercé une grande pression 20 Février 1905. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 54. 850 R. SEVASTOS 19 Déc. qui se trahit aujourd’hui par l’inflexion et le plongement des couches à blocaux. Comme la surface de la nappe était très acei- dentée après le glissement, les agents atmosphériques se sont chargés d’aplanir les aspérités. Les parties sableuses ont été sim- plement enlevées, arasées et les excavations comblées peu à peu. Aiïnsi j'ai observé dans la falaise une cuvette, dont le fond est cons- titué par la terre végétale, remplie de minces couches horizontales noires en haut et claires en bas, de sorte qu’on a une infinité de bandelettes produites par le dépôt des eaux sauvages. La deuxième nappe, que nous avons vue se dessiner clairement dans les ravins par le contraste de sa couleur gris clair sur la terre végétale, a une épaisseur de 2 à 3 mètres, allant même jus- qu'à 4 ou 5. Je l'ai suivie le long du ravinement sur plus de 100 mètres. Son plan de glissement est la surface de la précédente, et sa racine a pris naissance plus haut que la première. Je ne suis pas arrivé à établir le développement en sur- face de ces nappes, néanmoins je suis dis- posé à croire quon trouvera un indice qui peut guider jusqu'à un certain point pour l’ap- préciation approxima- tive de leur extention, dans la présence même de ces ravinements, qui C déchirent le versant en Fig. 2. — Schèma des phénomènes plusieurs endroits sur de glissement. une distance horizon- tale d’un kilomètre. L Racine 0LChe Obstacle Glissement de Movila lui Burcel. — Il a eu lieu vers 1890 et m'a été relaté par M. l'ingénieur A. S. Savul. Celui-ci procédait à des opérations de nivellement sur un coteau. Il venait d'installer son niveau, quand survint un mouvement du sol. Ses aides, habi- tants de l'endroit, accutumés à de pareils phénomènes, le prévin- rent et s’enfuirent en descendant obliquement au sens du mouve- ment. Du sol ferme, ils virent la terre se bomber en butte au bord frontal de la masse qui avait glissé. La nappe détachée en haut par une crevasse de plusieurs mètres présentait à l’extérieur des ondulations bien manifestes. 190/4 NAPPES DE GLISSEMENT À FLANC DE COTEAU 801 Quel est le mécanisme du glissement en lui-même dans les trois cas cités : Aussitôt que l'équilibre des couches est dérangé, la nappe se détache en haut de la souche (fig. 2, A). La racine s’effile dans le mouvement. Si la nappe rencontre un obstacle qu’elle ne peut repousser elle est arrêtée, se bombe d'abord et ensuite se ride, se plisse de l’aval vers l’amont (B). La nappe supérieure de Puesti pré- sente ses plis développés régulièrement. Il faut remarquer qu'elle avait glissé librement sans avoir à supporter le poids d’autres couches. À la rencontre de l’obstacle la nappe ne se détache pas pour s'élever, mais se bombe en se plissant localement davantage. Si l'obstacle est faible et lui cède en quelque sorte (fig. 2, C), comme nous l’avons vu dans la première nappe de Puesti, le bord frontal en le repoussant plonge et s’enterre. Ne trouvera-t-on pas dans ces observations une analogie en miniature avec les grandes nappes de charriage, qui occupent maintenant les tectoniciens des Alpes ? Pour le bord frontal l’analogie est complète. Les nappes à arrêt forcé se bombent et si, l'obstacle étant puissant, la pression de la nappe l’est davantage, on pourra comprendre qu’elle va former des plis empilés, serrés les uns contre les autres, écrasés, laminés. Dans les nappes à arrêt libre le pli frontal peut plonger : «Il donne bien l'impression d’une masse pénétrant dans un terrain mou ou accompagnée par ce terrain et s’arrêtant elle-même parce que sa force vive était éteinte » !. Et aux observations de M. W. Kilian *, citant les paroles d’un tectonicien : «que la structure si particulière du « sommet » de l’évantail briançonnais viendrait de ce qu’il y a là des couches qui ont été remuées étrangement, parce qu'elles n'étaient pas sous pression », ne trouvera-t-on pas ici une réponse ? Si l’on pense à l'importance qu'on attribue aux expériences de laboratoire pour expliquer l’allure des plissements, les failles et d’autres particularités dans la disposition des couches de l’écorce terrestre, à plus forte raison on trouvera ici dans la nature un phénomène qui, si on ne peut pas le comparer absolument à une nappe de charriage, néanmoins nous indique la modalité, le pro- cédé de ce qui arrive quand une nappe glisse : & si parpa licet componere MmaAgTis ». r. Luceon. Les nappes de recouvrement de la Tatra, etc. 1903, p. 34. 2. W. Kicrax. Sur l’origine de la structure en éventail des Alpes françaises. B. SG: F;, (4), I, 1903, p. 674. RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ : La Commission a vérifié les comptes présentés par le Trésorier : ils sont reproduits ci-après dans le tableau À ; un second tableau B résume l’ensemble des opérations effectuées par la Société pendant l'année 1904. Recettes La conversion du 5 1/2 a produit une diminution assez sensible des revenus de la Société qui se trouvent ramenés à Rentesi5 oo na Em EME S obonie 116 obligations de chemins de fer 1.670 fr. 4o Total OTSotr 0 En outre les opérations consécutives de la conversion ont amené une diminution temporaire d'intérêts et une augmentation de dépenses de trésorerie qui ont abaïssé à 4.559 fr. 30 le chiflre réel des revenus pour 1903, en diminution de 322 fr. 8o sur celui de l’année précédente; il est probable qu'il remontera de 150 fr. à partir de 1904, de telle sorte que la diminution permanente résultant de la conversion sera seulement d’un peu plus de 150 fr. Malgré l’augmentation du nombre des membres, le chiffre des cotisations a diminué de près de 800 francs ; maïs cela paraît résulter en partie de la suppression des cotisations anticipées et de leur report à l’exereice suivant. En réalité le chiffre des droits d'entrée reste au dessus des prévisions. il avait été de 600 francs en 1901 et de 560 fr. en 190, il s’est élevé à 70 fr. en 1903 ; les nombres correspondants des membres effectifs étant de 514 (1901), 524 (1902), 540 (1905). Le chiffre des membres n’ayant pas payé leur cotisation n’est plus que de 39. A ces divers points de vue on voit que la situation de la Société est en voie d'amélioration continue. Le produit de la vente des Bulletins reste à peu près station- naire ; celui de la vente des Mémoires de Géologie est toujours irrégulier, il a un peu fléchi cette année. Par contre les Mémoires de Paléontologie ont passé de 2.405,55 à 3.700,88, soit une augmen- tation de près de 1.300 francs, provenant principalement de la vente de collections ou de mémoires séparés. Ce résultat n’en montre pas moins le succès croissant de cette publication. 1. Ce rapport a été déposé à la séance du 5 décembre 1904. 1904 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ 853 Le chiffre total des recettes, 23.585,18, se trouve ainsi très peu différend de celui de 1902 qui était de 25.699,95. Les fonds spéciaux sont sans modifications notables : l’affec- tation d’un titre spécial de rentes au fond Viquesnel a porté les revenus de celui-ci de 332,25 à 333 fr. et le placement d’un reliquat du legs de Mme C. Fontannes a élevé le revenu de ce fonds de 1.043,90 à 1.045 fr. Dépenses La retraite de notre ancien agent et son remplacement par un gérant out amené cette année un supplément de dépenses de 800 fr. environ et il faut prévoir pour l’année prochaine (1904) une nouvelle augmentation d'un peu plus de 360 fr. soit une augmentation totale de 1.124 fr. 45. L'établissement d’un nou- veau diplôme, rendu nécessaire par l’épuisement de l’ancien, a amené une augmentation assez notable des frais de bureau plus que compensée par une diminution des dépenses de la biblio- thèques. Il en résulte que les frais généraux sont seulement en augmentation de 521 fr. 07. Le gros chapitre d'augmentation est celui des publications le Bulletin passe de 7.813 fr. 95 à 10.250 fr., soit en plus 2.436 fr. 30 et les Mémoires de Paléontologie de 3.572 fr. 65 à 4.936 fr. 35 soit en plus 1.352 fr. 70. Ces augmentations ont sufli comme nous le verrons plus loin pour mettre l’exercice en déficit. La Commission a déjà signalé, à plusieurs reprises, l'augmentation anormale des dépenses du Bulletin ; en réalité cette dépense varie beaucoup d’une année à la suivante ; jusqu’à présent les fortes dépenses d’une année ont été ordinairement compensées par des années plus faibles ; c’est ainsi que l'excédent de dépenses de 1903° a pu être payé au moyen du reliquat de l'exercice précédent. Il n'en est pas moins à souhaiter pour le bon état des finances de notre Société que les dépenses du Bulletin n’atteignent pas chaque année un niveau aussi élevé. Les dépenses attribuées aux Mémoires de Paléontologie en 1903 sont anormales : elles comprennent en effet non seulement les frais d'impression du tome XI (3.740 fr.), mais encore une partie de ceux du tome X (437 fr. 50) et enfin les frais d'achat chez Béranger et Naud de volumes et mémoires nécessaires pour compléter des collections et pour la vente courante. Dans ces conditions il est diflicile d'établir cette année d’une manitre préeise la balance du compte des Mémoires de Paléontologie. RECETTES 1° Ordinaires Revenus nets Cotisations arriérées | courantes. . . . anticipées Droits d’entrée. . . Divers se dioh Pi teetreniée ts ere; De » » G'RCOLR CT COM AOL LS CRE A ACER CR M ONE RREONR ECS 2 ECRIRE 0 2° Vente des Publications Bulletin et tables Mémoires de Géologie de Paléontologie Souscription du Ministère 9 dE FAlIEONLIOIOSIE. . . . . Ouvrages de Fontannes ToTaz DES RECETTES Frais généraux à retrancher. . . . eh Veil Miel so EST Dotation des publications Au commencement ) + En caisse de l'exercice. . . . }) — Manque. 1902 18.580, 10 3.387,50 649,50 2.405,55 675 2 » » 7.119,85 25.699,95 9.337,87 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ PRÉVUES |- pour 1903 4.580, 40 810 10.500 240 500 50 » 3.100 450 2.500 » 675 25 6.750 » 23.730, 40 9 070 » 16.362,08] 14.660,40 — 151,98 +-2.219,68 19 Déc. Comptes de 1903 et projet 1903 4.559, 30 990 11.200, 60 » » 740 0,40 »» 17.490, 30 3.335,20 315,85 3 700,88 675 » 37,95 8.094,88 25.585,18 9-858,94 15.726,24 +-2.219,68 16.190, 10 46.880, 08,17 945,92 ’ PRÉVUES pour 1904 4.800 120 11.490 60 500 50 » 450 2.600 » » 675 » 25 » 6.850 » 23.870 » 10.195 » 13.675 » a 143.675 » 16.190, 10 544,48 17.945, 92 1904 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ 859 de budget pour 1904 DÉPENSES ae PRÉVUES LES PRÉVUES pour 1903! pour 1904 1° Frais généraux Personnel : Appointements. 1.800 »| 1.800 »| 1.800 » » — Gratifications 150 » 150 » 150 » » — Indemnité de logement. 5oo »| 500 »] 625 » » — — D: les mém. 100 » 100 » 100 » » Rétrib. pour confection fiches bibl. 125,55 125 D 82,90 » Retraite de l'agent » » » 800 » Traitement du gérant . . » » 750 »| 3.000 » Loyer, assurances, contributions 4egEx, 02) 25 0: 083, 50 72h, » Eclairage Le: 97,50 70 » 75,40 70 » Mobilier . L ré 62,45 50 » 98, 30 50 » Bibliothèque. . 989,90 700 »| 358,65 700 » Frais de bureau . 237,60 250 » 534,65 250 » Port de lettres. SRÉMAUES 341,35) 09500) 0307 740 550 bivérsiet-publicité. ? . . : . 15200) 2500) 8202) 00) 250 Location d’une salle p' conférences. 50 » » » » 9.337,87| 9.070 »| 9.858.94)10.195 2° Frais des Publications - «EPP or 2 Bull. ann. cour. et R. extr. ann. préc 7.813,75) 8.200 »|10.250,05| 8.200 » Compte-rendu sommaire. . . . . . | 1.020,75] 1.000 »| 984,90! 1.000 » Port du Bulletin et du C. R.S. 1.141,92] 1.200 »| 1.039,04| 1.200 D Mém. de Paléont. Impr. et port. . . | 2.985,15] 3.500 >| 4.936,35] 3.275 » Règlem. de compte avec l'éditeur . 587, 50 » » » Table des 20 prem. tomes 3e série . » 1.500 » » » 13.548,87115.400 »|17.210, 34113.675 » 3° Dépenses extraordinaires GE B7 Des 17.210004 EP? Déménagement. (Aménag‘ du gaz) . 421 » » » Contribution aux fonds spéciaux. 0, 59 » 10, 20 » Conférence de M. Lacroix . . . . . » » 180,90 » 421,55 » 191, 10 » DÉPENSES TOTALES (AUTRES QUE LES | RE RU: HRAIS GÉNÉRAUX)... ei. ..: 13.970,42,15.400 »117.401,44113.675 » En caisse en fin d’exercice. . . . . 2.219,68 » » 856 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ 19 Déc. 19 Ordinaires Revenus et NE EEE IS Balance des intérêts du compte de chèques . 35,65 et des frais de garde. 64,25 Cotisations, dore d'entrée et divers. — 28, 6o 2e Vente des publications Bulletin et Mémoires de Géologie . . Mémoires de Paléontologie . Souscription du ministère. 675 » Ouvrages de Fontannes. 3° Compte capital Cotisations à vie. . 4° Fonds spéciaux . Barotte. Revenus en 1903 . . Fr. Fontannes id. . Viquesnel id. . Prestwich id. Mre C. Fontannes id. a TOTAL DES RECETTES. . Encaisse au {er Janvier 1903 Budget ordinaire . Fonds spéciaux. Compte capital. AA Reiaret her mie Me Nitel Ne te ToTrAL GÉNÉRAL . RECETTES lee 4.559. 30 192.031 » 3.687, 05 37, 99 Gi 5) 650 » 333 » 285 » 1.045 » 29.579,18 34.504, 82 15.490,30 M 8.094, 88 I.1790 }» 2.824 | » 4.925, 6% «I 1904 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ 89 de l’'Exercice 1903 DÉPENSES 40 Ordinaires Personnel, loyer, chauffage et éclairage. .| 8.267 » Mobilier et bibliothèque . . . | 496, 69 Frais de bureau, ports de lettres et divers. 1.134,99 | 9.858,94 20 Frais des publications Bulletin 1903 et Réun. extraord. 1902 . .| 10.250,05 Pompie Rendusommaire . :. . . . . 984, 90 PoruduBulletin et du CG. R:S. . . . . . 1.039, 04 Mémoires de Paléontologie . . . . . . . 4.930, 35 19.210, 34 3° Dépenses extraordinaires ,. bonéreucede M Eacroix un. 180, 90 180, 90 40 Compte capital Len à INA » » 5° Fonds spéciaux ie JET, ORNE Ste DOME) Enr Hontannes. 4 1 Le | 1.310, 20 5e JR ACIER 1 068,79 PGA Honiannes À, 1.000 » 3.898, 99 TOTAL DES DÉPENSES. . . . . | 31.149,13 Encaisse au 31 Décembre 1903 | | Budget ordinaire. . . TC RS Me 544, 48 | Fonds spéciaux. . : . . SLA DEA LATE 1) 0 IN CCE CHINE MARIE SRE 1.370 » 3.355, 69 TOTATÉGENÉRAL 0 de). cu, 34.504,82 | EE | 858 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ 19 Déc. D’après les renseignements qui nous ont été fournis, on peut indi- quer approximativement les chiffres suivants pour 1903 (tome XI). Souscriptions courantes . . . . 82 — anticipées . . . . 13 ? 100 ayant produit 2.111 fr. 38 — payées en retard 5 SOUSCPIpHONN du MINIStÈLE NN ENS | Total, AT RES RSS SG Or, le tome XI a coûté port compris. . . . . . . . 3.74o fr. La Société a ainsi eu à payer la différence, soit 1.003 fr. 62. Mais il faut en déduire le prix de vente des mémoires séparés, soit 402 fr. 20, ce qui ramène la contribution de la Société à 607 fr. 4 ; elle est même réduite à 450 fr. environ, si l’on tient compte dela vente des tomes précédents, déduction faite de l’achat des volumes chez les éditeurs. Règlement des exercices clos Nous avons vu l’année dernière que les comptes de 1901 avaient élé arrêtés avec un déficit de 1.812 fr. 16; ceux de 1902 ont présenté au contraire un excédent de 2.301 fr. 66. Résumé et conclusions Au point de vue budgétaire l’exercice 1903 se présente dans des conditions beaucoup moins favorables que l'exercice précédent : le Trésorier prévoit un déficit de 2.000 fr. environ, auquel pourra du reste faire face l’encaisse existant au commencement de l’exer- cice. Ces variations dans le budget résultent, comme nous l’avons indiqué plus haut, des grandes différences que l’on relève d’une année à l’autre dans les dépenses d'impression du Bulletin ; nous disions l'année dernière que la Société était en déficit dès que celte dépense dépassait 10.000 fr., c'est ce qui s’est présenté cette année. En outre, les dépenses des Mémoires de Paléontologie ont été anormales et nos revenus ont été diminués par la conversion de la rente. Malgré cela l'état de la Société ne peut pas être considéré comme défavorable : le nombre de ses membres augmente réguliè- rement depuis quelques années et les Mémoires de Paléontologie » 1904 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ 859 sont en progrès. Mais nous cotoyons de si près le déficit, nous l'atteignons même si sonvent, qu'il n’en reste pas moins indispen- sable d'apporter une très grande réserve dans les dépenses. La Commission vous propose d'approuver les comptes du Trésorier et de lui voter des remerciements. Présenté au nom de la Commission de Comptabilité. H. DouviLé. Sur la proposition du Président, l’Assemblée approuve les comptes du Trésorier, Des remerciements sont votés au Trésorier, M. A. Boistel, et au rapporteur, M. H. Douvillé. ME Er UNE è strex mn: À a ON: 3. PR anse mnt eee SIN BULLETIN DE LA SOCIETE GÉOLOGIQUE DE FRANCE (CETTE SOCIÉTÉ, FUure LE 17 MARS 1830, A ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE, PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832) QUATRIÈME SÉRIE TOME QUATRIÈME FASCICULE 7 : RÉUNION EXTRAORDINAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE EN BASSE - NORMANDIE | 7 Feuilles 55-62. — Planches XX-XXV. | PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE 28, rue Serpente, VI © 1907 Z NT EP EU EN A PE ERA o PUBLICATION MENSURLLE. Mars 1907. Fe EXTRAITS DU REGLEMENT DE LA SOCIETE GÉOLOGIQUE “a ART. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l’avancement de la : | Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France, Donne su en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l'agri- ENS culture. : En À ART. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Français : __. et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n’existe aucune dis- — tinction entre les membres. < SN Es a ART. 4. — Pour faire vartie de la Société, il faut s'être fait présenter dans < une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation 1, avoir été proclamé dans la seance suivante par le Président et avoir reçu le . diplôme de membre de la Société. ? Pre ART. 6. — Le Trésorier ne remet le diplôme qu'après l’acquittement du + a, droit d'entrée. < ART. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre à Juillet. | PRE LE 4 ART. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le 1° et le 3° lundi Hs du mois). ; nu * ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la. NEO . Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres. : : ART. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun ouvrage déjà imprimé. rx ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur st des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent. pates ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une ANNE A ._ ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement 5 MR déterminé. | :- RO ART. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre. ! ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la Société qu’au prix de la cotisation annuelle. De _ ART. 58. — Les mémbres n’ont droit de recevoir que les volumes des années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société, leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un tarif déterminé. | y ART. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part. ART. 93. — Chaque membre paye : 1° un droit d'entrée ; 2° une cotisation annuelle ?. 7 Le droit d’entrée est fixé à la somme de 20 francs. La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs. La colisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée Sie par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée GE générale (400 francs). : ? — Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à. la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle (minimum : 1000 francs). \ Ml 0 1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne . connaïîtraient aucun membre qui püt les présenter, n'auront qu’à adresser une demande au Président, en exposant les titres qui justifient de leur ss admission. Dune 2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux : membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes HA ui désirent faire partie de la Société à n’acquitter, la première année, que pe eur droit d'entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire LM des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement ; mais ils ne 16 recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti sation de 30 francs. Ils jouiront aussi des autres droits ét privilèges des membres de la Société. bre j SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE RÉUNION EXTRAORDINAIRE DE LA SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG du Mardi 2 Août au Mardi 9 Août 1904 ÉTUDE DES TERRAINS ANCIENS DE LA BASSE-NORMANDIE DE LEURS DISLOCATIONS ET DE LEURS RELATIONS AVEC LES TERRAINS JURASSIQUES Les membres de la Société qui ont assisté à la Réunion extra- ordinaire sont : MM. ArmerA (le chanoine Jaime). MM. Errry (le docteur). Barrois (Ch.). FRvRE. B1GoT (A.). Fouquer (Camille). BoriLL. LANGLASSÉ. CHARTRON. ŒxLerr (D.). COTTREAU. STUER. DozLor. VAILLANT (Louis). Les personnes étrangères à la Société qui ont assisté à la Réunion extraordinaire sont:. Mnes ŒHLERT. MM. Huswnor. STUER. LANGLASSÉ, fils. MM. ANTOINE. LE Cnippey. CHEVALIER. __ Marre. FÉLICE (DE). Micuez. GUILLON. SÉGUIN. 3 Avril 1907. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 55. PROGRAMME DES EXCURSIONS dirigées par M. A. BIGOT Mardi 2 Août. — Réunion à Caen; à8 heures, séance d'ouverture de la Réunion extraordinaire, à l'Université, rue Pasteur; élection du bureau; exposé sommaire des excursions de la réunion; visite des collections géologiques de la Faculté des Sciences. Déjeuner au buffet de la gare de Caen. Départ de Caen pour Feuguerolles-Saint-André par le train de midi 9. a) ISOCLINAL SILURIEN DE May : Cambrien, Ordovicien, Gothlandien ; Jfaitle-limite. b) Lias ET BAJOCIEN DU PLATEAU DE MAY : relations avec les terrains anciens ; régressions et transgressions. €) ALLUVIONS ANCIENNES DE L'ORNE à blocs de granite et silex acheu- léens ; terrasses successives du cours d’eau. Dîner et coucher à Caen (Hôtel de la Place Royale, Hôtel de la Wictoire). Mercredi 3 Août. — Départ de Caen en voiture à 7 heures pour Bretteville-sur-Laize. a) ANTICLINAL PRÉCAMBRIEN DE FRESNAY-LE-PUCEUX ET SYNCLINAL SILURIEN DE LA BRÈCHE AU DIABLE : diabase ; Cambrien et Ordovicien; conglomérats de base; discordance ; variations de faciès du sommet du Cambrien et de la base de l’Ordovicien. Plis secondaires et accidents transversaux. b) Trras, LrAs ET BAJOCIEN DU CINGLAIS : relations avec les terrains anciens ; galets et graviers triasiques ; Charmouthien silicifié. c) Alluvions anciennes de la Laize; argiles à siex (Bajocien décal- cifié); nappe aquifère du Cinglais ; vallées asséchées. Déjeuner à St-Germain-le-Vasson; dîner et coucher à Harcourt (Hôtel de la Poste). Séance le soir. Jeudi 4 Août. — Départ d'Harcourt en voiture à 7 heures. SYNCLINAL SILURIEN DE LA ZONE BOCAINE : Cambrien et Ordovicien. Développement du faciès schisteux du Cambrien ; calcaires oolithiques ; discordance du Cambrien, dissymétrie du pli; axe du Merlerault ; accidents transversaux. Relations du cours de l'Orne avec ces disloca- tions ; alluvions anciennes et terrasses successives du cours d’eau. Exploitation d'hématite ordovicienne de Saint-Rémy. Déjeuner à Clécy; départ de Saint-Rémy par le train de 6 h. 34. Dîner et coucher à Flers (Hôtel du Gros-Chêne). Vendredi 5 Août. — Départ de Flers pour Domfront par le train . de 7 heures. PROGRAMMES DES EXCURSIONS 803 a) ANTICLINAL PRÉCAMBRIEN DE SAINT-BÔMER : granite, type de Vire; schistes à pseudo-mäâctes et grès feldspathisés ; diabases. b) SYNGLINAUX SILURIENS D'ANDAINE ET D'HALOUZE : absence du Cambrien ; transgression du grès armoricain : Ordovicien et Gothlan- dien (grès culminant). Faille-limite; accidents transversaux. Exploi- tation de carbonate de fer ordovicien de La Ferrière-aux-Etangs. En voiture de Domfront à Flers. Déjeuner à Saint-Bômer. Dîner et coucher à Flers (Hôtel du Gros-Chêne). — Séance le soir. Samedi 6 Août. — Départ de Flers à 9 heures 6 du matin. Déjeuner au buffet de la gare de Caen ; arrivée à Cherbourg à 2 h. 30. Précambrien grunulitisé. Cambrien : conglomérats et grès sérici- teux ; schistes à séricite. Grès armoricain. Renversement des couches au Roule. Diner et coucher à Cherbourg (Hôtel de France). Dimanche "7 Août. — Départ en voiture à 6 heures pour la Hague. a) Synclinal silurien. — Cumbrien : conglomérats de base à galets de roches variées. Grès feldspathiques du sommet. — Ordovicien de la baie d Ecalgrain : schistes à Trinucleus. — Champs de fracture. b) Granite à amphibole; granite porphyroïde, granulites, diabases, microgranulites. — Précambrien et Cambrien granulitisés. c) Anciennes terrasses littorales. Déjeuner à Auderville ; dîner et coucher à Cherbourg. Lundi 8 Août. — Départ en voiture de Cherbourg pour Diélette à 7 heures. Etude du massif granitique de Flamanville et de ses abords ; filons d’aplite et de microgranulite ; modifications endomorphiques du granite : actions exercées sur le Silurien et le Dévonien. Déjeuner à Diélette; dîner et coucher à Barneville (Hôtel des Voyageurs). Séance le soir. Mardi 9 Août. — a) ANTICLINAL SILURIEN DE MOITIERS D’ALLONNE : dalles cambriennes de Carteret; grès à Calymene Tristani et Homalo- notus Vieillardi; grès de May. | b) SYNCLINAL DÉVONIEN DE BAUBIGNY. — Calcaires à Wilsonia Henrici; faille-limite. c) Brèches précambriennes de Saint-Germain-le-Gaillard; schistes cambriens du Rosel ; kersantites ; microgranulites. Trajet en voiture. Le soir, séance de clôture. Liste des principales publications relatives à la région étudiée 1824. HÉRAULT. — Extrait d’un mémoire sur les terrains du départe- ment du Calvados. Ann. des Mines, (1), t. IX, p. 553. 1825. DE CAUMONT (A.). — Mémoire sur quelques terrains de la Normandie occidentale. Mém. Soc. Linn. Calo., t. IL, p. 447-597, Atlas, pl XXII-XXIV. 1826. HérAuLT.— Mémoire sur les terrains du département du Calvados, lu à l’Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Caen, 44 p., imp. de Bonneserre. 1828. DE CAUMONT (A.). — Essai sur la topographie géognostique du département du Calvados. Mém. Soc. Linn. Calo., 1. IV, p. 56- 366 ; Atlas in-4°, 7 pl. 1835-1838. Ip. Essai sur la distribution géographique des. roches dans le département de la Manche. r"° partie. Id., t. V. p. 239-280, 1 pl. — 2° partie. Id., t. VI, p. 249-278, 2 pl. 1838. DurFRÉNOY (P.-A.,). —: Mémoire sur l’âge et la composition du terrain de transition de l'Ouest de la France. Ann. des Mines, (3), XIV, p. 213-258 et 351-398. 1841. DurFRÉNoY et ELrE DE BEAUMONT. — Explication de la. carte géologique de France, t. I, chap. III, Paris, Imprimerie Natio- nale, in-/4°. 1842. BLAviER (Edouard). — Etudes géologiques sur le, département de l’Orne, avec une carte géologique. Annuaire de l'Orne, 94 P., 2 pl. 1860. Micez.— I. Coupe du terrain silurien aux environs de Domfront; II. Coupe de Domfront au Mont-Margantin. BIRSACOEE @} XVII, p. 698-702. 1861. Dana — Sur les D Énorneues qui se sont produits dans les grès et stéaschistes de Cherbourg. Congrès scient. de France, XXVII, p. 171-174 et Mém. Soc. Sc. nat. et math. Cherbourg, t. VII, p. 52-56. | | 1862. DALIMIER (Paul). — Stratigraphie des terrains primaires dans la presqu'île du Cotentin. Paris, Martinet, 1861, in-4°, 140 p., 2 pl, 1 Carte. 1861. Ip. — Sur les terrains primaires des environs de Falaise. B. S. G. F., (2), XIX, p. 907-915. 1862. DEsconGcHAmPs (J.-A. Eupes) — Mémoire sur de nombreux ossements de Mammifères fossiles de la période géologique dite « diluvienne », trouvés aux environs de Caen. Mém. Soc. Linn. Norm., t. XI, p. t-116, pl. I-XII. 1865. Réunion extraordinaire de la Société géologique de France à Cherbourg du 20 au 26 août 1865. B. S. G. F., (2), t. XXII, p. 269-584. 1886. 1888. 1889. 1890. 1890. 1890. 1891. 1891. 1891. 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DE LAPPARENT), Cherbourg (LecorNu), Caen (LEcoRNU et Loin), Falaise (LecorNu), Alençon (Bicor, Bizet et LETELLIER). Carte topographique de l’'Erart-Masor : Les Pieux (N.E. et S.E.), Barneville (N.E.). Cherbourg (N.O. et S.O.), Caen (S.O.), Falaise, Alençon (N.0. et S.0.). Séance d'ouverture, Mardi 2? Août 1904 PRÉSIDENCE DE M. BIGOT Cette séance s’est tenue à Caen, à 8 heures du matin, dans l'amphithéâtre de chimie de la Faculté des Sciences. II a été immédiatement procédé à l'élection du bureau de la Réunion extraordinaire, qui est ainsi constitué: Président: M. Brcor; Vice-Présidents : MM. Barrois et ŒuLerr ; Secrétaire : M. CorrREAU; Zrésorier : M. LANGLASSÉ. Le Président prononce l’allocution suivante : « Je doïs tout d’abord remercier le Conseil de la Société géologique de France d’avoir accepté que la Réunion extraordinaire de 1904 se tienne en Basse-Normandie. « La présence à cette séance de M. le Recteur de l'Université de Caen, de M. le Doyen honoraire de la Faculté des sciences, du Président et des membres de la Société Linnéenne de Nor- mandie, les regrets que m'a chargé de vous exprimer M. le Doyen de la Faculté des sciences témoignent quel prix les milieux scientifiques de notre vieille ville universitaire attachent à votre retour dans nos régions. « En m'appelant à la présidence à cette réunion vous avez suivi une tradition qui confie cette fonction à celui qui s’est chargé de diriger les excursions de la session ; je vous remercie d’avoir suivi l'usage, mais je ne saurais oublier que je dois cet honneur surtout aux circonstances, et notamment à l’absence ou à la disparition de confrères qui ont contribué largement à faire connaître la région que nous allons parcourir. « Au début de cette réunion, qui sera surtout consacrée à l'étude des terrains primaires, il est juste de rappeler que la seule vue d'ensemble sur la tectonique de cette région est due à M. Lecornu. On ne saurait non plus aborder l’étude de la Basse-Normandie sans évoquer le souvenir des deux Deslongchamps. Des circons- tances spéciales me feraient craindre d'envisager leur œuvre avec trop de partialité si je n'avais eu, dans de nombreuses circons- tances, la preuve de l’estime dont jouissent encore leurs travaux. Mon regretté maître, Munier-Chalmas, eût été heureux de me voir vous exposer les résultats de ses recherches sur le Jurassique de May. Permettez-moi, à une date qui est presque un anniversaire, RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG 869 d'adresser un souvenir ému à la mémoire de celui dont un grand nombre de nos confrères ont pu apprécier les qualités de science profonde et d'observation précise, l'esprit critique et l’affectueux dévouement. « Je tiens à vous remercier aussi de m'avoir associé dans la présidence de cette réunion deux confrères dont les recherches ont porté en Bretagne et dans le Maine sur des questions et des terrains semblables à ceux que j’étudiais de mon côté 'en Normandie. « Deux ans après sa fondation, la Société géologique de France tenait à Caen, du 5 au 10 septembre 1832, la troisième de ses Réunions extraordinaires. La Société Linnéenne de Normandie prit une telle part aux travaux de cette réunion que la Société géologique décida de lui voter et de lui adresser des remerciements pour la bonne réception et les excellentes communications qu’elle en avait reçues. Aujourd'hui la Société Linnéenne, plus vieille de 79 ans, a tenu à aflirmer sa vitalité en prenant également part aux travaux de la réunion de 1904. « Le compte rendu des excursions de 1832, rédigé par MM. de Caumont et Busnel, a été considérablement abrégé dans le Bulletin, parce quil paraissait surabondant de donner une description nouvelle des formations visitées, suflisamment connues par les travaux de Hérault, De la Bèche, Constant Prévost, de Caumont et Desnoyers. « La réunion extraordinaire de 1837 à Alençon, sous la conduite de Blavier, Puillon-Boblaye et Triger, celle de 1865 dans le Cotentin, dirigée par Bonissent, furent, comme celle de Caen, consacrées à une étude de l’ensemble des terrains d’une région dans une série de localités classiques. « Le programme que j'ai soumis au Conseil de la Société géolo- gique est conçu dans un autre esprit. Je me suis proposé, au cours des huit journées qui commencent, de vousfaire connaître surtout le massif ancien de la Basse-Normandie, c’est-à-dire ces schistes de transition, ces grès et ces calcaires intermédiaires dont parle le compte rendu de 1832. Chemin faisant, il nous sera souvent agréable de rendre un hommage mérité à nos prédécesseurs dont les travaux ont été fréquemment vérifiés. Il serait injuste de ne s'attacher qu'aux erreurs de nos anciens, car ils furent des obser- vateurs consciencieux, mais dont les généralisations ne pouvaient avoir qu’une exactitude relative, en rapport avec l'état des connais- sances scientifiques générales de l’époque. «Notre ambition serait que le compte rendu d’une future réu- nion extraordinaire sanctionnät à son tour l'exactitude de nos 870 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG observations et reconnût qu'elles ont contribué à nous faire mieux connaître la géologie de la région dont nous allons dès cette après- midi commencer l’étude ». M. A. Bigot donne ensuite un PRE sur la Géologie de la Basse-Normandie *. La séance ayant été levée à 9 h. 1/4, la Société s’est rendue au Laboratoire de Géologie, où elle a parcouru, pendant une heure et demie, les salles consacrées aux collections du Musée d'Histoire naturelle de Caen. Le Musée de Caen est formé par la réunion, effectuée en 1845, des anciennes collections de la Ville et de celles de l'Université, constamment augmentées par les acquisitions et les dons des différents professeurs qui ont successivement enseigné la Géologie, Morière (1850-1888), Eugène-Eudes Deslongchamps (1867-1883) et Bigot depuis 1890. Les séries lithologiques et paléontologiques régionales ont été classées à part; les séries exposées ont été constituées de façon à donner une idée sommaire, mais suffisam- ment complète de la succession des assises et des fossiles les plus caractéristiques et les plus remarquables des terrains de la cir- conscription universitaire (Normandie et Sarthe) et surtout de la Basse-Normandie. Ces séries comprennent un très grand nombre de types, notamment les Reptiles et Poissons jurassiques, décrits par Cuvier, Geoffroy, Saint-Hilaire, Agassiz et les deux Deslong- champs. _ La collection paléontologique générale fournit d'’intéressants matériaux de comparaison. On a laissé à part les types que ren- fermait la Collection Defrance, c’est-à-dire les matériaux des des- criptions du Dictionnaire des sciences naturelles, de la description des Coquilles des environs de Paris par Lamarck, les originaux des Vélins du Muséum, les types de Brongniart et Desmarest, Michelin. de Blainville *. 1. Voir le développement de cette communication : p. 909. 2. Voir Bulletin Société Linnéenne de Normandie, 5° série, t. VI, p. 152-185; id. t. VII, p. 243-268, id. t. VILLE, p. 251-273 ; id. t. IX, p. 3-36. RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN... FLERS'ET CHERBOURG 871 Séance du Mercredi 3 Août 1904 PRÉSIDENCE DE M. BIGOT, PRÉSIDENT, PUIS DE M. LE CHANOINE ALMERA. La Société a tenu sa séance à 8 heures et demie du soir, à l'Hôtel- de-Ville d'Harcourt, devant une assistance d'environ cent cinquante personnes. | Le Président remercie M. Bellenger, maire d'Harcourt, d’avoir mis l’Hôtel-de-Ville à la disposition de la Société, et les habitants d'Harcourt pour leur empressement à venir écouter des communi- cations qu'il ne sera pas toujours facile de mettre à la portée d'un public nécessairement étranger aux études géologiques et surtout à des questions aussi spéciales que celles qui vont être exposées. _Il invite M. le Maire d'Harcourt à prendre place au bureau et prie M. le Chanoiïine Almera de présider la séance en l'absence des vice-présidents de la réunion, MM. Barrois et (Ehlert. M. Bigot fait alors le compte rendu des excursions des deux premières journées. M. A. Bigot. — Excursion du Mardi 2 Août, à May-sur-Orne et Feuguerolles. La Société a pris à midi 09 le train de Laval et s’est arrêtée à la station de Feuguerolles-Saint-André. Après avoir traversé l'Orne, elle a gagné le chemin qui suit le pied du coteau sur la rive droite de la rivière, en vue d'étudier une partie des assises du flanc méridional de l’isoclinal de May. Elle s’est d’abord transportée, sans s'arrêter, au Sud de la mine de May et s'est trouvée en présence d'un escarpement boisé, formé par le sommet des grès feldspathiques. que la course du lende- main devait permettre d'étudier plus facilement à Bretteville-sur- Laize. Ces grès feldspathiques forment un puissant massif dans le synclinal de May; ceux de la lèvre nord du synclinal dont nous touchons ici le sommet se continuent au Sud jusqu'au delà du confluent de la Laize et de l'Orne (moulin de Courgain) avec une inclinaison moyenne de 50° vers le N.E.; sur la rive gauche de l’Orne, ils forment les croupes dénudées des rochers de Bully. Ces arkoses sont de couleur rougeâtre ; le feldspath est générale- ment kaolinisé; le grain est grossier, la disposition nettement entrecroisée ; les lits schisteux entre les bancs de grès sont rares et minces ; les bancs de grès eux-mêmes sont ordinairement peu 872 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG épais ; leur épaisseur peut varier dans un même banc. Les carac- tères de ces arkoses indiquent une sédimentation rapide, effectuée sur un fond balayé par des courants dont la direction et l'intensité étaient variables, et probablement sous une très faible épaisseur d’eau. Le minerai de fer de la base des schistes d'Angers repose direc- tement dans le synclinal de May-sur le sommet de ces grès felds- pathiques. Les quartzites en gros bancs et à grain fin qu'on trouve d'ordinaire au-dessous des schistes à Calymènes manquent ici entre les deux horizons ; tout au plus les dernières couches de l'horizon des grès feldspathiques en contact avec le minerai de fer sont-elles plus quartzeuses, moins chargées de feldspath que les lits sous-jacents, mais ce n’est pas là le faciès habituel de la base de l'Ordovicien. Les quartzites à Tigillites ne se montrent pas davantage sur le flanc nord du synclinal ; à Maltot et à Saint- André-de-Fontenay, le minerai de fer succède immédiatement aux grès feldspathiques. L'absence de ces quartzites n’est pas due à une faille ; elle peut s'expliquer soit par une lacune, soit par la persistance du faciès grossier des grès feldspathiques à la base de l’Ordovicien dans cette région. L'absence de fossiles permet diffi- cilement de choisir entre ces deux hypothèses ; l'existence d’une lacune nous paraît toutefois peu vraisemblable. L'entrée de la galerie de la mine de May s'ouvre presque au niveau de l'Orne dans la couche même qui est exploitée, et qui plonge de 45° au N.E. avec une épaisseur de 2 m. 50. C’est une hématite rouge oolithique avec quelques parties demeurées à l’état de carbonate de fer ou de bavalite. La couche est recouverte par des quartzites noirs. Ces quartzites noirs alternent avec de petits lits de schistes qui se développent rapidement. On entre alors dans une série épaisse de schistes argileux, assez durs, irréguliè- rement fissiles, de couleur noir mat ou bleutée, avec quelques couches noduleuses. Ces schistes sont visibles çà et là dans les allées du petit bois au Nord de la mine et sur le bord du chemin d'accès à la mine; on y a recueilli quelques échantillons des espèces les plus caractéristiques du niveau des schistes d'Angers : Calymene (Synhomalonotus) Tristani BroNGNrarT, Dalmanites socialis BARRANDE, Redonia Duvaliana Marre Rouauzr, Ortho- nota Britannica Marie RouAuULT. Un petit vallon est ouvert dans les couches terminales de ces schistes, à leur contact avec le grès de May. Ce vallon est très court et très encaissé ; il est parcouru par un petit ruisseau alimenté par une source qui écoule la nappe située au contact du RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG 873 Jurassique et des terrains primaires ; la source correspond à un point bas de cette nappe, déterminé par un sillon antéjurassique de la pénéplaine secondaire, sillon qui est creusé dans les schistes d'Angers au pied du talus de grès de May. Au Nord de ce vallon on entre dans les assises du grès de May, formant plusieurs niveaux qui ont été étudiés successivement. On s’est contenté de voir à distance dans l'escarpement un premier horizon, formé de grès, parfois ferrugineux, contenant même des lits discontinus de minerai oolithique ; M.Louis Bureau y a recueilli jadis un pygidium de Calymene Tristani. Ces grès ne sont plus exploités; dans le déblai de l’ancienne carrière j'ai trouvé Cienodonta, Dalmanites, Orthis Badleighensis Dav.: Homalonotus Vicillardi vx Trom.-LeBesc. à été signalé: aussi à ce niveau. Les premiers bancs actuellement exploités sont des grès blanes ét rosés, alternant avec quelques psammites; sur leur affleurement s'échelonnent des carrières formant une tranchée parallèle à celle de la Société des carrières de l'Ouest. Un des bancs est très fossilifère ; sa surface est couverte des. espèces suivantes : Homalonotus. Vicaryi ve Trom.-Leg., AH, serratus SALTER, Plæsiacomia rara Corpa, Dalmanites incerta Desr., Pellerophon. Des ripple-marks se trouvent fréquemment sur les bancs; la paroi sud de l'exploitation en montrait lors de notre passage une belle surface. Le front de taille présentait plusieurs énormes nodules qui avaient déjà attiré en 1832 l'attention de nos prédécesseurs et que le compte rendu de la réunion désigne du nom de globulites. L'origine de ces nodules. reste encore indécise ; leur formation est probablement le résultat de phénomènes com- plexes, dans lesquels interviennent des dissolutions et pénétrations de ciments successifs. Le sommet des grès à Homalonotus Vicaryi est formé de bancs plus minces, de couleur gris-verdâätre, avec lits de. schistes ver- dâtres. On atteint ainsi un horizon schisteux, d’une très grande impor- tance stratigraphique. Il comprend en effet un petit lit de 3 à 5 centimètres d'épaisseur, formé par un poudingue à galets argileux, renfermant des. Ostracodes, Lingules, Bellerophon, Lamelli- branches ; on y a recueilli aussi le Caly:mene Tristani et plusieurs fragments d’un 7rinucleus qui a été rapproché du Trinucleus Bureaui Œurerr. Cette association montre, suivant les remarques de M. Kerforne : que la base des assises désignées sous le nom de 1. Silurique de la presqu'île de Crozon. 874 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG Grès de May appartient encore à l’Ordovicien moyen ; un épisode arénacé, représenté par les Grès à Calymene Tristani et les Grès à Hom. Vicaryi a interrompu à May les dépôts argileux de l’Ordovicien moyen. Ce faciès argileux ne reparaît d’ailleurs que sur une épaisseur assez faible et la sédimentation arénacée reprend très vite avec les Grès supérieurs de May. Un plan incliné nous conduit dans les importantes exploitations de la Société des Carrières de l'Ouest, ouvertes dans ce second massif de grès. Ce massif comprend notamment un gros banc blanc ou rouge où les ouvriers trouvent souvent des fossiles et en particulier les espèces suivantes, formant la faune caractéristique de cet horizon : Homalonotus Deslongchampsi be TROMELN, Conularia pyramidata HæNiNGnaus, Modiolopsis prima »'Ors., Orthonota Normanniana »'Ors. Au dessus du gros banc à Conulaires, le front nord de la carrière est terminé par une épaisse masse d'argiles bigarrées, supportant elles-mêmes de place en place de gros galets de grès. Les galets proviennent du poudingue de base du Jurassique, pro- bablement du Charmouthien, dont la gangue calcaire a été enlevée par décalcification. Quant aux argiles, elles résultent de l’altéra- tion d’une assisé de schistes qui supportent des grès à taches rouge-brun, formant les bancs-pies. Les bancs-pies et ceux qui les surmontent ne sont plus exploités sur la rive droite de l'Orne ; nous les retrouverons dans un instant sur la rive gauche de cette rivière, à Feuguerolles. L’axe de cette grande carrière, ouverte suivant la direction des bancs, jalonne rigoureusement la direction N.0.-S.E. qui est celle du synclinal de May en ce point. Cependant il y a dans ce trajet de petits accidents transversaux, avec rejets tantôt au N., tantôt au S. que révèlent fréquemment les travaux des exploitations minières. L’extrémité S.E. de la tranchée, au voisinage du chemin de Saint-André-de-Fontenay à May en montre un exemple; une faille verticale, dirigée N.E.-S.0. entraîne un rejet au N.E. du tronçon $S.0. avec une amplitude d'environ 7 mètres. Les surfaces de bancs qui forment la paroi sud de l'exploitation sont particulièrement instructives pour l'étude des conditions du: dépôt des Grès de May. Les entonnoirs coniques, attribuables à des Arénicoles sont fréquents ; les déjections et pistes d'Annélides sont plus rares. Un des bancs présente une surface bossuée, cou- verte de grosses buttes irrégulières, à parois abruptes, semblables à celles que des vagues de tempête produisent sur une plage RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, KLERS ET CHERBOURG 879 sableuse. Des ripple-marks, parfois très réguliers couvrent des banes entiers: leur rythme et leur orientation varient entre deux bancs successifs, indiquant des différences dans l'intensité et la direction des vagues de la mer ordovicienne. L'existence de ces ripple-marks est inconciliable avec lhypo- thèse d’une sédimentation effectuée dans la zone de balancement des marées. Les traces laissées sur le sable de nos plages sont effacées par le retour du flot; celles qu'on observe sur nos grès siluriens n’ont pu être conservées que si elles ont été faites sous une certaine profondeur d’eau, et si la phase agitée qui a imprimé sur le fond sableux les ondulations liquides a été suivie d'une phase de sédimentation tranquiile, permettant la précipitation lente des troubles en suspension dans l’eau; c'est la précipitation de ces argiles qui a moulé les traces laissées sur le fond et les a protégées contre l'effacement lorsqu'a recommencé une phase agitée. . Placés sur la crête de cette bande de Grès de May, les membres de la Société ont pu voir au Nord une autre crête couverte de sapins. Ces sapins sont plantés dans les anciennes carrières du Diguet, que l’on visitera dans la course du lendemain. On y exploitait les mêmes grès que ceux qui viennent d'être étudiés : 1ls formaient une bande parallèle, due au relèvement de ces grès dans le flanc nord du synclinal. Entre les deux crètes ce sol s’abaisse : il recouvre une fosse, creusée dans les assises schisteuses, supérieures au grès de May, qui forment l'axe du pli sur la rive droite de l'Orne. Cette fosse est remplie par le Charmouthien, qui a été autrefois exploité dans les carrières au-dessus du Château. Le calcaire est très grossier ; le chemin de Saint-André de Fon- tenay à May le coupe en tranchée ; il renferme surtout: Rhyncho- nella furcillata THéovor, Terebratula Sarthacensis B. DesL., Gryphæa sportella Dumorrier ; en lavant les parties altérées on obtient des Suessia, Thecidella, Neuropora. En approchant des crêtes de grès les dépôts jurassiques s’amincissent et disparaissent. Au sommet d'anciennes carrières situées près de l'Ecole des garçons, à gauche du chemin conduisant à l'église, on retrouve au-dessus des grès de May une rangée de gros blocs arrondis comme ceux du sommet de la grande carrière ; ils sont recouverts par une couche d'oolithes de limonite, qui contient quelques fossiles bajociens silicifiés. Ce sont des dépôts jurassiques décalcifiés ; les gros blocs proviennent comme on l’a déjà indiqué, du Char- mouthien, formé sur le récif d'un conglomérat à gros éléments ; les oolithes sableuses représentent le résidu de l’oolithe ferrugi- neuse bajocienne. 876 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG Dans une carrière aujourd’hui comblée, située au N. des grandes carrières, cette oolithe ferrugineuse décalcifiée était séparée des blocs du Charmouthien par dés argiles à Ammonites phosphatées provenant de la décalcification des couches à Aildoceras bifrons, mais elle était recouverte par les bancs de l’oolithe blanche non altérée ; cette disposition montrait le rôle joué dans la décalcifica- tion par les eaux d’une nappe souterraine logée au contact des terrains anciens. Avec ces dernières coupes nous abordons les terrains jurassiques qui, sur le plateau de May, recouvrent les terrains anciens étudiés dans la vallée de l'Orne. Les carrières ouvertes sur ce plateau de May, entre la route ‘d’'Harcourt et Fontenay-le-Marmion pour l'exploitation des grès ordoviciens montrent avec la netteté d'une coupe schématique la discordance des couches jurassiques sensiblement horizontales sur les tranches des grès plongeant de 50° au N.E. (pl. XX et pl. XXII fig. 1.) « Dans la plus grande de ces carrières on a constaté que la surface des grès de May, bien que remarquablement aplanie, n’était pas régulièrement nivelée ; par suite des oscillations qu'a successivement subies cette crête de grès, les divers niveaux du Lias et du Bajocien affectent entre eux et avec leur soubassement des relations très variées ‘. Sur le front de taille situé à l'E. de cette carrière, la surface du grès de May est légèrement convexe; au sommet de la convexité, les couches à ZLudwigia bradfortensis reposent directement sur ces grès, tandis qu’au Nord et surtout au Sud on voit s’intercaler les couches à Ludwigia obtusa, les calcaires à Pentacrines du Toarcien, et enfin les conglomérats charmouthiens (poches à Gastéropodes) correspon- dant à l'horizon à Am. spinatus. Ces conglomérats n'existent que dans les sillons parallèles à la direction des couches et creusés dans les bancs de schistes qui séparent les bancs des grès. La descente du plan incliné qui entame la paroi sud de la carrière, nous permet de traverser ainsi successivement de haut en bas l’oolithe blanche puis l’oolithe ferrugineuse, à la base de laquelle manque, sur ce point, le conglomérat de Bayeux, puis un petit banc à Sonninia cf. nuda (S. Bucx.) ; au-dessous sont des calcaires phosphatés, fossilifères, à Witchellia, contenant à leur base un cordon de blocs à surface verdie, perforée, résultant du déman- tèlement des couches à Ludwigia concava (Sow.) et Hyperlio- 1. Voir la notice « Normandie » du livret-guide des excursions du VIII* _ congrès géologique international, p. 29 à 33. RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG 877 ceras Walkeri (S. Bucx.). Au-dessous encore viennent les couches à Ludwigia bradfortensis (S. Bucx.), puis une alternance de bancs durs et sableux, représentant la zone à ZL. obtusa (QuEnsr.). On a pu constater l’amincissement et la disparition vers le Sud du petit banc de calcaire à Pentacrines (couches à H. falciferum), seul témoin du Toarcien en ce point, et se rendre compte de la disposition des couches à Gastéropodes (Charmou- thien) dans les dépressions les plus encaissées de la surface du grès. Une seconde carrière, au N. de la précédente, nous a montré les couches à Witchellia (fig. 1) débordant les autres assises et reposant sur les grès. Plus au N.,nous n'avons plus trouvé sur le récif que des calcaires blancs, séparés en deux niveaux ; l’ooli- the blanche forme le niveau su- périeur; l’inférieur est un cal- caire dur, faciès de récif du Bajocien supérieur dans lequel Rs hs D pe Arr Queue ba 4 mL PAS AVS AO A TVA A" AAC AE AA A ATATA AT F Loÿ pen CA Fig. 1. — Carrière sur le plateau de May, au S. de la route de Fontenay. deux jeunes géologues, MM. An- toine et Séguin, ont recueilli une faune très intéressante, où dominent surtout les Gastéro- podes ’ ; elle contient Lissoceras oolithicum (D’Ors.), Oppelia subradiata (Sow.), des Parkin- sonia, Cosmoceras; c’est un — Echelle 1/200.— 1. Grès de May, avec banes schisteux a; 2, Pou- dingues charmouthiens ; 3, Cal- caires à Crinoïdes toarciens; 4, Couches à Ludwigia bradfor- tensis ; 5, Couches à Witchellia ; 6, Oolithe ferrugineuse ; 7, Oolithe blanche; 8, Terre végétale. faciès de récif de l’oolithe ferrugineuse. La base des couches jurassiques s'enfonce assez rapidement vers le Nord, comme on a pu le constater à la voûte d’une galerie ouverte en travers-banc dans les schistes décomposés que ces cou- ches surmontent. Après avoir traversé de nouveau le village de May, la Société est redescendue dans la vallée de l'Orne et est passée sur la rive gauche de cette rivière par le pont qui relie les carrières de grès au chemin de fer. Tout près du passage, sur la rive gauche de l'Orne, et presque au niveau de la rivière, nous avons constaté l'existence d’une pre- mière terrasse pleistocène, dont Les dépôts de fond sont formés par des galets et de gros blocs de grès précambriens et de granite ; cette I. ANTOINE. Sur une couche bajocienne à faciès de récif trouvée à May- sur-Orne, Bull. Soc. Linn. Norm., 5° série, 9° vol. 1906, p. 247-250. SPAvril 1007. TL. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 56. 878 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG première terrasse vient s'appuyer au Nord contre une berge formée par le gros banc de May ‘. Conduits par M. Mège, propriétaire de la briqueterie et de la tuilerie de Feuguerolles, nous avons pénétré dans les exploitations pour étudier une seconde terrasse élevée d’une vingtaine de mètres au-dessus de l’Orne (pl. XXI). Le fond du cirque occupé par cette terrasse porte une rangée de gros blocs (grès précam- briens, granite, poudingues pourprés, Grès de May) surmontée de graviers entremêlés de sables et de limons ; ces derniers finis- sent par prédominer en hauteur ; on y a recueilli quelques instru- ments en silex appartenant au type acheuléen, mais ils étaient surtout abondants dans le plus supérieur des trois cordons de blocaux qui s’intercalent au milieu de ces limons. J’ai montré antérieurement ? que l'examen de ces terrasses permet de recon- naître que « la vallée de l’Orne a passé avant le Quaternaire supérieur par une phase de rajeunissement déterminée par un abaissement du niveau de base et caractérisée par un régime torrentiel >. Cette terrasse pleistocène s'étend sur le banc-pie, dont les sur- faces de sédimentation se montrent couvertes d'énormes bosses entre lesquelles viennent se mouler des lits de schistes brun vio- lacé, avec ripple-marks. Les bancs suivants alternent avec des schistes grossiers d’un vert sale qui deviennent de plus en plus épais. Toutes ces couches sont coupées transversalement par un filon aligné N.S., presque vertical, puissant de 1 à 2 m., d’une roche entièrement décomposée, .de couleur grise, avec cristaux assez grands de feldspath kaolinisé. Cette roche, qui est proba- blement une porphyrite, n’a pas exercé d'action appréciable sur les couches, grès ou schistes, qu’elle a coupées. L'Ordovicien se termine par des schistes d’un vert sale, non ardoisiers, peu fissiles, avec petits nodules qui représentent peut- être le niveau du Riadan. Ils sont bien exposés dans la tranchée qui entame le coteau au-dessus de la briqueterie d'où on les suit jusqu’au petit chemin aboutissant au passage à niveau de la gare de May. Ici, aucun massif de grès, comparable au Grès culminant, ne les sépare des psammites : et des schistes argileux, luisants, noirs, que nous trouvons dans le chemin. Nous arrivons ainsi 1 Dans la carrière que recouvrent aujourd’hui les déblais des grandes carrières Mège, j'ai recueilli Conularia pyramidata. 2. B. Soc. Amis sc. nat. Rouen, 1902. 3. M. DE TROMELIN, Schistes à Palæsterines. RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG 879 dans le champ où aflleure le fameux Calcaire de Feuguerolles :. Le rafraîchissement d’un talus bordant le fossé ouest de ce champ a permis de recueillir des fragments de ce calcaire noir, fétide, renfermant des Orthocères, Cardiola interrupta Broperie, C. fi- brosa Sow., et surtout de nombreux Monograptus Jækeli ? PERNER. | Cet affleurement est compris dans une sorte de cirque, ouvert à l'E.; la clôture nord de ce cirque, formée parle Grès de May ren- versé (plongement N.E,. 80°), porte au niveau du pont du chemin de fer sur la route de May à Vieux une terrasse de galets avec blocs de granite située à 9 m. au-dessus du niveau actuel de la rivière. Le chemin de fer nous ramenait à Caen à 9 heures. A. Bigot. — Æxcursion du Mercredi 5 Août, à Bretteville- sur-Laize et dans le Cinglais. Le départ de Caen s’est effectué en voiture à 7 heures du matin par la route d'Harcourt. Cette route s'élève, au sortir de Caen, sur un plateau terminé en falaise sur la rive droite de l'Orne et d’où la vue s'étend sur la vallée de cette rivière, le plateau bathonien de la Maladrerie sur la rive gauche ; au Sud de la région calcaire, on aperçoit le massif ancien. Les buttes des Monts d’Ancre (331 m.), entre Aunay et Harcourt, limitent l'horizon et masquent le Mont Pinçon, sommet culminant du Calvados (365 m.). Le plateau sur lequel nous marchons est formé jusqu’à la butte qui précède Saint-Martin-de-Fontenay par le Vésulien dont les bancs calcaires sont activement exploités à Allemagne. Un court arrêt près de l’orifice du puits d’une de ces carrières souterraines a permis de recueillir des échantillons de cette belle pierre de taille, exploitée aussi à la Maladrerie, près de Caen, à Quilly, près de Bretteville-sur-Laiïze et à Aubigny, près de Falaise. On sait que cette pierre de Caen a fourni un grand nombre de débris de Teléosauriens, décrits par Cuvier, Geoffroy-Saint- Hilaire, les deux Deslongchamps. Un autre arrêt de quelques instants aux carrières du Diguet sur le côté droit de la route, entre Saint-André-de- Fontenay et May nous a permis d'examiner rapidement les assises jurassiques qui recouvrent la bande N. du Grès de May *. La paroi N. de la 1. C’est là que les Graptolithes ont été signalées pour la première fois en France par Deslongchamps père, dans les déblais d’un puits creusé en 1828 pour la recherche de la houille. 2, Voir la notice «Normandie » du Livret guide des excursions du VZIIe Congrès géologique international, p. 31. 880 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG tranchée principale de ces carrières, malheureusement inexploitées depuis longtemps, nous a montré le développement des bancs à Crinoïdes qui forment sur ce point la zone à Harpoceras falciferum et renferment une faune spéciale, décrite en partie par les deux Deslongchamps dans leur « Mémoire sur la couche à Leptæna ». On a retrouvé au-dessous les couches charmouthiennes (à Amal- theus Spinatus) reposant sur le grès de May. Enfin on a constaté de nouveaux exemples de transgressions et de régressions, signalées par de fréquentes lacunes, comme celles qui avaient déjà été observées la veille dans les grandes carrières du plateau de May. Par exemple, dans une partie de la carrière du Diguet, l'existence antérieure de l’oolithe ferrugineuse bajocienne n’est plus attestée que par des remplissages de trous de lithodomes percés dans les calcaires à Crinoïdes du Toarcien Au-delà de May, en arrivant au sommet de la Butte-de-Laize, près de l'ancienne voie romaine du Chemin Haussé, les talus de la route sont formés par des calcaires durs, gris-jaunâtres, à délits argileux, peu fossilifères, qui appartiennent à la zone à Cycloceras Valdani si déve- loppée dans le parc du château de Fresnay-le-Puceux. C’est avec cette zone que la transgres- = | sion jurassique atteint ici la Fig. 2.— Phyllades en bancs verticaux ; région ancienne. entrée de la vallée de la Laize. l En descendant la butte, on dépasse rapidement la base de cette assise et on retrouve les assises inférieures du synclinal de May, sur les tranches desquelles repose le Jurassique. On traverse ainsi successivement des calcai- res noirs, puis des calcaires gris, jaunâtres et rosés, avec lits de schistes lie-de-vin, reposant sur les conglomérats de base du Cam- brien ; ceux-ci n’ont pas leur teinte habituelle, ils sont peu déve- loppés et ne forment à mi-côte de la Butte-de-Laize qu'un gros banc d'environ deux mètres; les galets sont petits, constitués surtout par du quartz. Ces couches plongent d’une trentaine de degrés au N.O. Le contact du poudingue avec les couches sous-jacentes n'est pas net. En descendant vers la Laize on trouve bientôt les schistes précambriens de l’anticlinal de Fresnay-le-Puceux ; nous traver- sons jusqu'à Rocreux (fig. 2) les couches verticales de ces schistes RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG SSI et de ces grès bleu-noirâtre qui forment des escarpements pitto- resques sur la rive droite de la vallée de la Laize. Les banes de grès sont parfois très développés et donnent lieu près du Pont de Fresnay à une exploitation pour empierrement et pavés. Près du Pont de la Mousse, sur Fresnay-le-Puceux, un filon de diabase, large de 6 mètres, s’intercale parallèlement aux bancs, dans lesquels il paraît interstratifié (pseudo-süll). Sa présence est nettement traduite par l'aspect de la végétation. En continuant de remonter la vallée de la Laize, la Société s’est trouvée aux rochers de Rocreux en présence d’un beau banc de poudingue pourpré, à galets particulièrement volumineux, emprun- tés surtout aux grès précambriens ; ce conglomérat, plongeant de 25° au S. repose très nettement en discordance sur la tranche des couches presque verticales de grès précambrien, rougies jusqu’à une certaine distance au-dessous du contact. Nous entrions à ce moment dans le synclinal de la Brèche-au- Diable, dont nous avons d'abord traverséles assises du flane nord dans l’ordre même de leurs superpositions. Les calcaires magné- siens de Jacob-Mesnil et de Bretteville-sur-Laize ont été vus le long de la route qui suit la Laïze et sur celle qui va de Bretteville à Quilly. Avant d'arriver au carrefour de ces deux routes les bancs calcaires sont devenus plus rares et l’assise est surtout formée de schistes calcareux de couleur vert sale plongeant faible- ment au Sud. Près de Quilly, la tranchée du tramway de Falaise à Caen a entamé des calcaires à oolithes ferrugineuses, qui comprennent, sous une épaisseur très réduite, les zones suivantes : 1° Ludwigia opalina (Reïn.); 2° Ludw. oblusa (Quensr.); 3° Ludw. concava (Sow.); 4° Cœloceras Sauzei (n’Ors.); cette dernière zone est sur- montée par des calcaires durs à Cosmoceras garantianum, et par l'oolithe blanche à Stomechinus bigranularis (Desor), liée à des calcaires à gros rognons de silex qu’il est impossible de séparer du Vésulien exploité près de là à Quilly. Revenant ensuite dans la vallée de la Laize, nous avons suivi dans la tranchée du tramway entre Bretteville et la station de Gouvix les grès feldspathiques dont la veille nous avions déjà étudié le sommet près de May. À Bretteville ces grès sont très développés et très typiques, et montrent très nettement la struc- ture caractéristique des dépôts à stratification entrecroisée. Près du Moulin-Neuf, nous remarquons en passant, au-dessus de ces grès, à 5 m. au-dessus du niveau actuel de la Laize, un lambeau d’alluvions anciennes de cette rivière. La Laïze a laissé comme 882 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN. FLERS ET CHERBOURG l’Orne ses alluvions anciennes à des hauteurs diverses. Près de la Bijude elles s’élèvent à 70 m. au-dessus de la vallée actuelle. Les roches de ces alluvions sont empruntées aux formations dans lesquelles la Laïze coule encore aujourd’hui ; on n’y trouve aucun galet de granite, mais en revanche elles renferment des galets de grès armoricain, reconnaissable à son grain, et surtout à ses Tigillites. À partir de ce point, les grès feldspathiques, qui jusque-là plongeaient régulièrement au S., plongent pendant un moment au N., pour reprendre ensuite le plongement normal. Cet accident est dû à un petit anticlinal secondaire. Les derniers bancs des grès feldspathiques, visibles derrière la station de Gouvix, sont en bancs plus minces ; ils renferment des lits schisteux ; on arrive alors à une zone de schistes et de grès, d’abord gris verdâtres, qu’on voit très bien dans la petite côte au S. du Calvaire de Gouvix et dans le chemin supérieur qui traverse le hameau. Le long de la tranchée du tramway ils sont recouverts par quelques mètres de schistes violacés, auxquels sucéède le grès armoricain. Celui-ci forme sur la rive droite de la Laize un escarpement qui montre de gros bancs de quartzites gris, à Tigillites, dont l'épaisseur ne dépasse pas 10 mètres. Au-dessus on a vu une couche de minerai de fer oolithique, sur l'affleurement de laquelle deux galeries ont été ouvertes sur chaque rive de la Laïze. La galerie de Gouvix, située sur la rive gauche, a atteint au-dessous des schistes d'Angers une série de bancs ferrugineux d’une épaisseur totale de 7 m.; on a traversé au-dessous de ces bancs ferrugineux plusieurs mètres de schistes grossiers avec petits nodules. Le minerai est surtout carbonaté, très siliceux. Sur la rive droite (galerie d’Urville), il est oxydé. Les membres de la Société ont recueilli des échantillons de ces différents minerais et, sur les déblais de la galerie de Gouvix, de nombreux fossiles caractéristiques des schistes à Calymènes. Après avoir traversé la base du Grès de May dans la tranchée du tramway qui précède la route d’Urville à Barbery, on est remonté à Urville sur le plateau jurassique formé par le Bajocien et le Bathonien en partie décalcifiés. Là, nous avons retrouvé les voitures qui nous ont amenés à Saint-Germain-le-Vasson. Le déjeuner a eu lieu dans la salle d'école que M. Cathrine, insütuteur, avait bien voulu mettre à la disposition de la Société. Au moment du départ, M. Cathrine nous a remis pour les collec- tions du Musée de Caen un bel échantillon de Conularia pyra- RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG 883 midata provenant du Grès de May exploité à Saint-Germain- le-Vasson. La Société a recoupé, en remontant la vallée de la Laize, une partie des assises du flanc sud du synclinal de la Brèche-au-Diable (fig. 3). Elle a constaté d’abord que les quartzites du grès armori- cain, qui forment de chaque côté de la Laize des rochers si pittores- ques, sont plus épais qu’à Gouvix ; au contraire, les grès feldspa- thiques se sont amincis ; les schistes qui les séparent du grès armoricain ont pris plus de puissance. Le niveau des calcaires magnésiens est formé de schistes pauvres en calcaire, dans les- quels on a tenté d'ouvrir une exploitation ardoisière. Le poudingue pourpré a été recoupé près du Moulin de Moulines et on l’a vu dans la tranchée du chemin de Saint-Germain-le-Vasson, près du ruisseau de Meslay reposer en discordance sur le Précambrien. S.20E. Fontaine des Rochers M" de Bray 3 Mine 160 FLopEM MS del. Fig. 3. — Coupe parallèle à la vallée de la Laize. — Echelle : long., 1/65 000; haut., 1/2 500. — X, Précambrien ; Sp, Poudingues pourprés ; Se, Schistes et calcaires ; Sg, Grès feldspathiques ; Sa, Schistes verts; S!, Grès armori- cain ; S?, Schistes d'Angers et minerai de fer ; S°, Grès de May; 1, Lias ; 2, Bajocien et Vésulien ; 3, Argile à silex. Avant de remonter sur le plateau calcaire de Bois-Halbout, nous sommes passés à Tournebu près d’une série de captages qui fournissent à la ville de Caen une partie de son eau potable. Les sources s’alimentent à une nappe logée dans les graviers triasi- ques, à la base du Charmouthien, mais à la surface des terrains anciens. On a constaté qu’elles sont situées à l’aval d’une vallée asséchée. J'ai exposé’ que cet assèchement a été graduel, et résulte d’un recul des émergences vers l'aval, à la suite d'un encaissement de plus en plus accentué de la Laïze et de son affluent le Meslay. La traversée du plateau, par Fontaine-Halbout et Espins, nous a montré plusieurs de ces vallées sèches. En passant à Espins nous avons traversé un ruisseau provenant de la source toute voisine de la Bourdonnière, qui nous a montré combien est d'emblée important le débit des sources provenant de ce plateau. calcaire. Dans le travail précité j'ai montré comment les progrès 1. Sur l’assèchement des régions calcaires des environs de Caen. A.F.A.S.: Angers, 1903. 884 RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG de l'érosion tendent à transformer le Cinglais — pays d’allure tabulaire à ruisseaux alimentés par des nappes — en un pays d'architecture plissée, dont les ruisseaux sont surtout alimentés par des eaux de ruissellement. - La tranchée du chemin d’Espins à Foupendant (fig. 4), coupe d'abord des calcaires à Ludwigia bradfortdensis, puis des calcai- res à Terebratula Eudesi et petites Terebratula perovalis ; mais on voit surtout bien des calcaires à Sphæroceras Sauzei, perforés au sommet, recouverts par l’oolithe ferrugineuse, au-dessus de laquelle l’oolithe blanche passe à des calcaires. à silex. C’est la décalcification de ces calcaires qui donne les argiles à silex dont le développement contribue à caractériser le Cinglais. Près de la Moisson- a 27 où do ON « OZ0N. Corne gd cel Bourdéhnière nière, à l'Ouest de la 125 PE HS 4 route de Caen à Har- court, nous avons COnS- taté dans les champs la présence de nombreux RE — galets de grès siluriens, d'une dimension géné- Fig. 4. — Coupe du bord O. du Cinglais. — ralement inférieure à Echelle : long., 1/100000 ; haut., 1/4000. — ed o de X, Précambrien ; 1, Lias; 2, Bajocien infé- ÉeES QLSPOREE ne ; rieur ; 3, Oolithe ferrugineuse ; 4, Oolithe passant pas ordinaire- blanche; 5, Argile à silex. ment celle d’un œuf de poule. Sile tempsl'avait permis on aurait pu étudier ces galets dans la vallée de la Laize et du Meslay où les travaux de captage des sources de Moulines ont montré qu'ils sont inférieurs aux couches charmouthiennes comme les galets de Grimbosq. L’analogie de ces dépôts avecles formations que l’Infralias recouvre dans le Cotentin les faitrapporterau Trias *. Après avoir passé près des célèbres carrières de Moutiers-en- Cinglais, où l’on n’exploite plus aujourd’hui que l’oolithe blanche, nous avons constaté dans la tranchée de la route, en descendant des Forges-à-Cambro, à peu de distance de l’église de Croisilles, que le Charmouthien déborde ces galets et repose directement sur les tranches des schistes précambriens verticaux. L'arrivée à Harcourt s’est faite au travers de ces schistes par la route qui domine le tunnel. Elle a permis d'admirer le beau cirque entouré de falaises précambriennes dans lequel l'Orne coule en aval d’Harcourt (Roche à Bunel), et une ancienne terrasse 1. Voir notice d’ensemble, p. 947. RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG 889 de la rivière, nettement reconnaissable même à distance par sa forme topographique. En regardant au Sud, les membres de la Société ont pu prendre une première idée de la topographie de la zone bocaine dont l'étude devait faire l’objet de la course du lendemain. Séance du Vendredi 5 Août 1904 PRÉSIDENCE DE M. A. BIGOT, PRÉSIDENT, PUIS DE M. ŒHLERT, VICE-PRÉSIDENT La Société a tenu séance à 8 heures et demie du soir dans un des salons de l'Hôtel-de-Ville de Flers, devant une assistance d’une cinquantaine de personnes. Le Président adresse les remerciements de la Société à M. Salles, maire de Flers, qui n’est pas seulement un administrateur avisé, mais qui s'intéresse aussi aux questions scientifiques et notamment au développement des industries minières de la région. M. Œhlert prend la présidence de la séance et M. Bigot fait le compte rendu des excursions des deux journées précédentes. A. Bigot. — Æxcursion du Jeudi 4 Août, à Clécy et Saint- Rémy (zone bocaine). La Société a quitté Harcourt à 7 heures du matin par la route de Condé et a gagné directement la Bruyère-des-Gouttes, au Sud de Clécy, située au sommet d'une crête formée par les poudingues pourprés, qui limite au Sud la zone bocaine. De ce point elle embrassait la zone bocaine dans toute sa largeur ; elle pouvait suivre notamment les dislocations de la bande de pou- dingues pourprés du flanc sud de ce synclinal, depuis les Rochers des Parcs (pl. XXI), qui près du viaduc du chemin de fer dominent en falaise le cours de l'Orne, par les buttes couvertes de sapins et de bruyères qui relient ces rochers à la Bruyère des Gouttes. Elle pouvait constater aussi que la pénétration de l'Orne dans la zone bocaine coïncide avec cette région disloquée. Mais il est probable que l'Orne actuelle est formée par la réunion de deux rivières, dont l’une, à tracé subséquent, coulant d'abord dans le sillon tectonique du pays d'Houlme, parallèlement au pied du bourrelet. orographique de la zone bocaine, a dû tout d'abord continuer à la longer vers l'Ouest pour se jeter dans le golfe de Saint-Malo ; 886 RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG le cours supérieur de cette rivière aurait été capturé par un second cours d’eau à tracé conséquent qui est le tronçon inférieur de l'Orne en aval de Elécy. Cette capture serait en tous cas anté- rieure au Quaternaire supérieur puisque les alluvions anciennes de tous les niveaux renferment des galets et des blocs de granite et que les massifs de cette roche sont en amont de la zone bocaine. Au cours de ce travail, l'Orne a formé des méandres successifs, tantôt indiqués seulement par la forme topographique mais sou- vent aussi portant des galets et des limons. Une descente à travers bois a conduit à la gare de Clécy, en pas- sant sur les tranches verticales des phyllades. De la gare jusqu’au viaduc, on a circulé sur une ancienne terrasse de l'Orne, formée par des dépôts de galets, reposant ici sur les schistes précambriens, et qui s'élève jusqu’à {5 m. au-dessus du niveau actuel de la rivière. En longeant l'Orne sur la rive gauche, pour gagner le Pont du Vey, on a bientôt vu les poudingues pourprés, très développés plongeant d’une trentaine de degrés au Nord, recouvrir en discor- dance dans une gravière la tranche des schistes précambriens ver- Butte de Combray Esson 229 2#1 : : ; (CZ Rochers des Parcs È Orne © ' 65 8 SP fn Le ley Feegrere Fig. 5.— Coupe de la zone bocaine à l’Est de l'Orne — Echelle : long., 1/100 000, haut., 1/20 000. — X, Précambrien ; Sp, Poudingues pourprés ; Se, Schistes et calcaires; Sg, Grès feldspathiques ; Sa, Schistes verts et dalles ; Sr, Schistes rouges; P, Alluvions anciennes. ticaux et former une haute falaise au bord de l'Orne jusqu’à la Cam- bronnerie, où ils sont surmontés par des calcaires magnésiens avec lits de schistes rouges. Après le déjeuner à Clécy, la Société s’est dirigée vers l’église du Vey. A l’entrée du petit chemin passant derrière l’église, nous avons retrouvé ces schistes avec lits calcaires. Au-dessus de ces schistes les bancs de grès feldspathiques sont moins développés qu’à Saint-Germain-le-Vasson ; en revanche les escarpements des rochers du Vey (ou de Houle) qui dominent l'Orne au-dessus de la Serverie sont formés dans toute leur hauteur par des schistes verts, peu inclinés au N. (350) (fig. 5) et qui ont une tendance à se débiter en dalles. Un de ces escarpements situé immédiatement au-dessus de la halte de la Serverie est bien connu des touristes ; sa forme RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG 887 conique l’a fait appeler le Pain-de-Sucre (fig. 6). Une vallée sèche le limite du côté opposé à la vallée de l'Orne; cette vallée est nettement tronquée à l’amont par la falaise de l'Orne ; les eaux provenant de son tronçon supérieur sont dérivées vers une vallée transversale qui descend par une pente rapide vers la Scrverie ; tout cet ensemble circonscrit le Pain-de-Sucre terminé sur l'Orne par des rochers dénudés de schistes verts. C'est seulement tout à fait au sommet de ces escarpements qu'ap- paraissent des schistes rouges. Nous avons dû les traverser très rapidement pour aller attendre au village de la Mousse la fin d’un violent orage heureusement très court. Nous avons d’ailleurs retrouvé ces schistes rouges en gagnant les Fosses d'Enfer. On désigne sous ce nom les descenderies en partie comblées des anciennes mines de fer dont l'exploitation, reprise en 1875, va faire maintenant l'objet de notre visite. Après avoir tra- versé l'affleurement de la couche et les bancs de quartzite entre lesquels elle est comprise, on est entré dans le cirque de couches ordovi- ciennes,ouvertàl'O. vers la vallée de Fig. 6. — Escarpements de schistes cambriens l'Orne etentouré par des Roches du Vey. les Buttes d'Enfer au N., les Monts-de-Vespres au S.E. Le chemin défoncé qui nou amène à l’entrée principale de la mine nous montre la tranche des schistes à Calymènes. Sous la conduite de M. Honnis, ingénieur, nous avons pu, dans une visite rapide, reconnaître que la belle hématite oolithique, exploitée à Saint-Rémy, forme une couche de 2 m. 50 de puissance, qu'elle repose sur des grès peu épais, dont le faciès n'est pas d’ailleurs celui des quartzites du grès armoricain, et qu'entre ces quartzites et les schistes rouges il existe une cinquantaine de mètres de schistes gris; on a vu aussi que la couche, synelinale dans son ensemble, affectée d’un ennoyage vers l'O., est inter- rompue dans cette direction par une faille transversale, dont la lèvre occidentale relevée est formée par les schistes verts et rouges ; enfin nous avons vu un exemple de la série de failles, parallèles à l’axe du synclinal, qui morcèlent le gîte en une série de petits synclinaux secondaires. 888 RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG Il nous restait à reconnaître la dissymétrie du synclinal de la zone bocaine dans cette région de Saint-Rémy. Après avoir traversé les schistes rouges de la Marroiserie, nous avons dépassé l'axe du synclinal. Alors que dans le flanc sud les assises plongeaient faiblement vers le Nord, nous avons pu voir que les schistes verts du Pont-de-la-Mousse qui sont la réapparition des schistes des rochers du Vey sont verticaux ; les autres assises du flanc nord, c’est-à-dire les grès feldspathiques de Caumont, les poudingues de Bonne-Nouvelle, sont dans ce cas. Dans la carrière du Pont-de-la-Housse, nous avons vu exploiter des dalles vertes avec quelques pistes bilobées et ripple-marks ; une couche de calcaire oolithique de o m. 50 d'épaisseur, en partie corrodée, est intercalée dans les schistes. A 6 heures 34 le train de Laval nous prenait en gare de Saint- Rémy pour nous amener à Flers. A. Bigot.— Excursion du Vendredi 5 Août de Domfront à Flers. Arrivés à Domfront par le train de 7 h.40 du matin,les membres de la Société sont d'abord montés au Vieux-Château dont les ruines couron- nent une crête de grès armoricain, en- taillée transversale- ment par une étroite E et profonde coupure Fig. 7. — Cluse de la Varenne dans les grès où coule la Varenne armoricains de Domfront. (fig. 7). De lon a pu se rendre compte de la topographie de la région. Auÿ Sud de l’escarpement la plaine boisée formée par des schistes précambiens qui s'étend vers le département de la Mayenne constitue une dépression ancienne, occupée par des lambeaux de calcaires lacustres et grès éocènes (Céaucé ’, Chan- trigné) et de sables et graviers pliocènes (Mayenne); le Mont- Margantin, qui se dresse au S.E. au-dessus du niveau général de de la plaine, doit son relief à la présence de filons de diabase dans les schistes précambriens. Du côté du Nord, on voit se succéder les diverses collines et 1. M. A. Chevalier a trouvé un gisement de calcaire lacustre fossilifère accompagnant les grès à Sabalites aux fosses de Boire, près Céaucé. RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG 389 vallées, déterminées par l’affleurement des bandes du synclinal silurien que l’on va traverser. Dans la vallée de la Varenne on a d’abord constaté qu'entre le Grès armoricain et les schistes précambriens qui sont au Sud il n'existe pas d'assises cambriennes. Le grès armoricain, épais d’une centaine de mètres, comprend deux horizons : l’inférieur est formé de gros bancs de quartzites blancs, avec tigillites dès la base. Ces tigillites sont de grande taille ; elles atteignent parfois un mètre et restent cependant remarquablement rectilignes, paral- lèles entre elles et perpendiculaires à la surface des bancs. L'ho- rizon supérieur est moins puissant, formé de banes moins épais, séparés par des délits schisteux ; dans la carrière où ces bancs sont exploités pour pavés, on les a vus traversés par des tigillites, moulées en schiste noir, semblables à celles que M. Stanislas Meunier a récemment décrites sous le nom de Psammoceras Gloezi :. A l'Est de cette carrière, un banc de grès incliné vers la route montre quelques Bilobites moulés en creux, et des cavités en entonnoir représentant l'orifice de trous d’Arénicoles ; c’est ce banc qui a fourni, à Bagnoles, les Bilobites décrits par de Saporta et Morière ; c’est aussi à ce niveau qu'ont été trouvés Asaphus armoricanus DE TroM.-Les. et les Conulaires, Modiolopsis, Lin- gules, signalés par Morière ? et Davidson *. Au-dessus des bancs à Bilobites, les schistes à Calymènes occupent la petite vallée du Pissot; le niveau du minerai de fer n’est représenté que par des grès ferrugineux, noirs. et des schistes à Didymograptus. En suivant la route de Caen, la Société est bientôt entrée dans le grès de May, exploité au Tertre Chapon ; c’est bien l'aspect ordinaire du grès de May, avec ses bancs de couleurs vives, ses lits de schistes et de psammites. M. Retout y a trouvé des fossiles. Au-dessus on a rencontré dans le talus de la route au Nord des Ponts de Caen, d’abord des schistes bleus avec Ostracodes, puis des grès argileux, fins, micacés, schistoïdes. On a atteint ainsi, au Tertre de la Viollière, la base du Gothlandien; elle est formée de gros bancs et de plaquettes de quartzites noirs, deve- 1. Dans Le Naturaliste, 2° série, n° 395, 15 août 1903, p. 185-186, 7 fig. 2, Note sur le grès de Bagnoles. B. S. L. N.,3° série, t. Il, 1878, p. 20. Fossiles du grès armoricain de Bagnoles. B. S. L. N., t. V, 1881, p. 295. 3. Note sur les Brachiopodes trouvés dans le grès armoricain de Bagnoles. B. Soc. Linn. Norm. 3° s.,t. V, 1881, p. 89, 1 pl. 4. pe LAPpARENT. Découverte de fossiles dans les grès versicolores de Domfront. B. S. G. F., (3), XXIL, 1894, CR. séance, p. Lxv. 890 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG nant gris ou même blancs par décoloration, que de Tromelin a désignés sous le nom de grès culminant. Ces grès butent directe- ment au Nord contre le granite par suite de la suppression de la lèvre nord du synclinal. M Barrois fait remarquer la ressemblance de ces quartzites avec les quartzites métamorphisés par le granite. M. Œhlert pense qu'il faut attribuer l’origine du métamor- phisme du grès du Silurien supérieur de Saint-Bômer, non au voisinage du granite, type de Vire, mais plutôt à une venue pos- térieure de granulite dont la présence est révélée par de nom- breux filonnets traversant le granite. M. Bigot profite d’abord de la circonstance pour rectifier une erreur qu'il a commise sur la Carte géologique en attribuant ces quartzites au grès armoricain ; ils appartiennent au grès culmi- nant et les schistes qui les surmontent sont également gothlan- diens. Bien que M. Bigot ait contribué à étayer l’opinion que le granite de Vire est antérieur au moins à l'Ordovicien, il n’est pas opposé aujourd'hui, en présenee des résultats des études de M Barrois dans le Massif du Menez-Bélair. à admettre que le granite est plus récent. Il y aurait lieu de reprendre à cet égard ‘étude des contacts du granite avec les grès cambriens à Ville- dieu-les-Poëles, et avec Le grès armoricain à Bagnoles et Mortain’. On a alors traversé l’anticlinal de Saint-Bômer, formé d’un axe de granite de Vire, flanqué de schistes précambriens fortement métamorphisés. Au Sud de Saint-Bômer, on a pu voir le long de la route, le passage d’un filon de diabase indiqué par une traînée de gros blocs (boulards ou bizeuls) dans un bois de hêtres. Le granite a été étudié dans une carrière, en face des anciennes Forges .de Varenne, près de la ligne du chemin de fer ; c’est le granite typique de Vire, renfermant des enclaves micacées et quartzeuses. Après avoir franchi Dampierre, les voitures nous ont arrêtés au dépôt des machines des Mines de la Ferrière aux Etangs, que les administrateurs des Aciéries de Denain-Anzin, représentés 1. Les relations de la petite ellipse granitique de Guinnefougère avec le faisceau d'assises siluriennes du massif de Falaise m'a permis d'établir que le granite de Vire est postérieur au Silurien ; en Normandie comme en Bre- tagne le granite a fait son intrusion à l’époque carbonifère, au moment des derniers efforts orogéniques qui ont donné sa structure au Massif Breton. CR. Ac. Sc., Paris, 6 nov. 1906. RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG 891 par MM. Clerget et Delourme, avaient fait aménager pour que nous y puissions déjeuner. C’est sous la conduite de ces messieurs que nous avons visité l'installation de cette exploitation. En quittant les fours à calcina- tion, nous avons d’abord traversé, dans la tranchée du chemin de fer de la mine, les schistes et grès précambriens métamorphisés, rougis par oxydation, et recouverts d’épais éboulis, puis nous avons passé sur le grès armoricain pour arriver à la Fieffe à l'entrée supérieure des galeries. Le minerai exploité est du carbonate de fer oolithique, qui forme une couche très régulière de 2 m. 50 de puissance ; il est séparé du grès armoricain par des schistes noirs. Contrairement aux indications de la Carte géologique, le grès armoricain et le minerai de fer qui a la même allure, ne sont pas brisés par un rejet au Col de la Fielfe, mais s’infléchissent deux fois à 90° par une courbe continue ’. Un grand travers-banc de 600 m. de longueur, traversant le grès armoricain puis les schistes précambriens métamorphiques, nous ramène au jour. Il ne nous a pas été possible malheureusement de voir le contact du grès armoricain et des schistes précambriens. Il est très regrettable qu'un géologue n'ait pas suivi ce travail, car il est très rare de pouvoir observerle contact de ces formations. Par Danvou nous sommes rentrés dans l’anticlinal précambrien de Saint-Bômer, puis les voitures nous ont conduits au Châtelier, sur un tronçon de la bande silurienne que nous venions de quitter à la Ferrière. Nous avons constaté de nouveau l'absence de couches cam- briennes entre les schistes précambriens et le grès armoricain, recoupé sucessivement celui-ci, les schistes d'Angers, le grès de May et le grès culminant peu visibles, pour arriver aux ampélites gothlandiennes très reconnaissables, juxtaposées par faille aux schistes à Calymènes qui bordent au Sud les rochers de grès armoricain du Châtelier. Le long de la ligne du chemin de fer, on a vu que les couches siluriennes ne se joignent pas des deux côtés de la vallée, mais qu'elles sont séparées par des schistes précam- briens métamorphisés, puis que le grès armoricain du Châtelier forme une bande arquée, flanquée au Nord par le granite à l’état d'arène, et brusquement tronquée contre le Précambien. La dispo- sition des grandes tranchées qui ont servi jadis à l'exploitation du minerai ordovicien nous a aidés dans une certaine mesure à com- prendre la structure de ce petit coin qui avait été choisi pour 1. PRALON, Note sur le minerai de fer carbonaté. Ann. Mines, (9), XIX, 1907. 892 RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG donner une idée des dislocations de la région et aussi de la diffi- culté de les représenter sur une carte et d’en donner l'explication. Nous rentrions directement à Flers à 6 h. 1/2 du soir. M. Œhlert prend ensuite la parole en ces termes : Messieurs, « Je remercie, à mon tour, M. le maire de Flers de l’hospitalité qu'il a gracieusement donnée à la Société géologique de France, dans ce château, entouré d'un pare aux arbres séculaires, qui, par suite de circonstances heureuses, est devenu propriété muni- cipale. Je tiens aussi à remercier les nombreux auditeurs qui ont tenu à nous faire honneur et à aflirmer par leur présence en quelle estime ils tiennent notre science. Me sera-t-il permis toutefois d'exprimer un regret”? c'est que quelques-uns d’entre eux n'aient pas pris part aux excursions faites aux environs de cette ville. Évidemment la conférence que vient de faire notre distingué direc- teur de course, M. Bigot, a été un exposé clair et précis des faits observés pendant les deux dernières journées, mais elle n’a pu, et ce n’était pas son but, vous retracer l’état d'âme et la satisfaction du géologue appelé par ses recherches à parcourir une région si riante et si pittoresquement accidentée. C’est que, voyez-vous, le géologue n’est pas un vulgaire casseur de cailloux, et s’il prend un fragment de roche, et s'il l’'examine à la loupe, c’est que ce frag- ment lui racontera bien des choses ; outre qu'il lui fixera l’âge rela- tif des terrains, il éveillera en lui l’idée de classement, lui montrera la loi qui préside aux superpositions des différentes strates et son rapide examen lui fournira encore maints autres renseignements précieux. De même aussi, le géologue traversant vos vallées fertiles, ou gravissant les collines où la roche apparaît à nu au milieu des bruyères, a pu, grâce à ses trouvailles, comprendre et expliquer le modelé du relief actuel, ainsi que les relations intimes qui existent entre le sol et le sous-sol de votre contrée. La géologie est, vous le voyez, une science qui, comme les cristaux qu’elle est appelée à étudier, possède des facettes multiples ; en effet, si son but est de retracer les phases de l’histoire de notre globe, nous voyons aussi de quel jour elle peut éclairer des sciences annexes. J’ajouterai d’ailleurs que la géologie n’est pas, comme on pourrait le penser, le partage exclusif de quelques adeptes ; seulement beaucoup font de la géologie sans le savoir: depuis le simple carrier qui, en exploitant la roche, sait reconnaître les dispositions des couches et distinguer les différents systèmes de cassures auxquels la science a donné des noms spéciaux, jusqu’à l’agriculteur qui pré- RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG 893 voit la richesse du sol d’après l'aspect des terrains sous-jacents. N'est-ce pas du reste longtemps avant que la géologie ait été cons- tituée à l’état de science, que les mineurs exploitaient les minerais de fer de cette région? Ils ignoraient, ilest vrai, les termes devenus classiques, de grès armoricain et de schistes à Calymènes, mais il n'en avaient pas moins reconnu que le gite exploitable se trouvait entre ces deux assises et, en cela, ils avaient agi en géologues. Si leurs exploitations, à l’état d'ébauches, ont pu être reprises, multi- pliées et agrandies pour répondre aux exigences de la métallurgie moderne, c'est évidemment grâce aux puissants moyens dont dis- pose actuellement l'industrie, mais aussi, il ne faut pas l'oublier, grâce à la géologie qui a pu fixer l’allure des couches, déterminer sous quel angle elles s'enfoncent dans le sol, et prévoir les ‘cas- sures qui ont eu une influence sur leur allure ou sur leur dévelop- pement en profondeur. « En résumé le géologue a donc un rôle multiple : en étudiant le sous-sol il est géographe à ses heures ; ses études servent de base à l'agronomie ; ses recherches bien que restant souvent limitées à la surface fournissent de précieuses indications pour les exploi- tations en profondeur ; de plus, lorsqu'il entrevoit les grands mouvements du sol ou qu'il constate des aceumulations ou des déplacements gigantesques de roches, restant pensif et rêveur, il se fait philosophe ; et s’il veut chercher l'explication des phéno- mènes grandioses qu'il a constatés, passant dans un autre domaine il devient géomètre. Enfin, loin d’être fermé aux douces émotions que cause la vue d'un beau paysage, il s’attarde volontiers à la contemplation du site pittoresque près duquel l'ont amené ses pérégrinations pédestres. Ce sont là, Messieurs, permettez-moi de le dire, des qualités qui nous ont permis de ressentir plus vivement les charmes intimes de votre région et d'en garder un souvenir inoubliable ». 7 Avril 1907. — T. IV. Bull. Soc, Géol. Fr. — à3. 894 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG Séance de clôture du Mardi 9 Août 1902 PRÉSIDENCE DE M. BIGOT, PRÉSIDENT Par suite de la fatigue de la journée du 8, la séance prévue au programme pour le soir de ce jour a été supprimée. La Société a tenu la dernière séance de la réunion extraordi- naire dans une salle de l'Hôtel des Voyageurs, à Barneville. A. Bigot. — Excursion du Samedi 6 Août aux environs de Cherbourg. : Partis de Flers à 9 h. 06 du matin, les membres de la Société sont arrivés à Cherbourg à 2 h. 30 et se sont immédiatement diri- gés vers le Roule. Le flanc ouest de cet escarpement (fig. 8) montre les banes épais des grès armoricains à du Feu Be plongeant fortement au Nord (Val de Saire) vers la plaine du Val-de- Saire ; celle-ci est assise sur Ÿ les schistes verts du Précam- A eonnemeg de brien; on peut par suite Fig. 8. — Coupe à Cherbourg.— Echelle: constater très nettement le long., 1/65 000; haut., 1/15 000. — Sa, renversement des couches Schistes à séricite ; S!, Grès armori- siluriennes sur ce point. {de May: Péboulis anclemssat Alu Pn traversant la vallée vions modernes ; F, Faille. pour £agner la rive gauche de la Divette on a vu dans un mur, au-delà du pont du chemin de fer, près des Ruettes, de nombreux blocs de kersantite, extraits de la tranchée voisine où cette roche traversait le grès armoricain. Dans une carrière, à l’entrée de la rue des Ormes, on exploite pour moellon et dalles, des schistes verts-bleuâtres, luisants, sati- nés. Ces schistes subardoisiers ont été appelés par Daubrée et Dalimier schistes à séricite : ils plongent au Nord et semblent par suite surmonter le grès armoricain qui est au Sud, mais ils sont en réalité couchés sur lui par renversement. Dans cette carrière ils sont traversés par un large filon de microgranulite rouge, très grenue, aplitique, un peu altérée, qui se prolonge dans Cherbourg au-dessous de l’église du Vœu. Un tramway nous conduit ensuite à Equeurdreville. Entre l'église de cette commune et le ruisseau d'Hainneville, nous avons suivi une bande de roches feldspathiques, grossières, schistoides, sériciteuses, plongeant au Nord, comme si elles recouvraient des SZ 1 RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG 89) schistes verts, qui sont le prolongement de ceux étudiés à Cher- bourg. Malgré l'existence de galets de schistes violacés ou ver- dâtres, l'aspect de ces roches est d’abord déconcertant. Mais sur la rive gauche du ruisseau de Hainneville, dans un petit bois au Nord de la route, un escarpement montre dans ces roches de nombreux galets, quelques-uns volumineux, de granulite, micro- granulite. quartz jaspoïde; ces roches sont par suite des grès grossiers, devenus schistoïdes par compression et développement de séricite. Comme cette bande est flanquée au Nord par les schistes granulitisés du Précambrien, on est forcé de reconnaître dans ces arkoses à séricite les conglomérats de base du Cambrien, qui seront étudiés le lendemain dans la même situation stratigra- phique, mais sous leur aspect normal. Avant de reprendre le tramway, on a visité une ancienne car- rière située près et au Sud du petit château de Sainte-Anne. On y exploitait un filon de quartz dans les schistes précambriens granu- litisés ; ce quartz calcédonieux se présente avec l’allure d’un filon couché, à structure rubanée par substitution partielle aux schistes injectés. M. À. Bigot. — Excursion du Dimanche 7 Août dans la Hague. Sous une pluie fine qui ajoutait à la couleur locale du Nord du Cotentin, les voitures ont quitté Cherbourg à 6 heures du matin pour gagner Jobourg et Auderville en passant par Sainte- Croix-Hague. Après avoir quitté au Pont-de-Querqueville la plaine d’alluvion de Sainte-Anne on est entré dans les schistes précambriens granu- litisés qui limitent au Nord le synclinal de la Hague et qu'on devait revoir à la fin de la journée à Landemer. Les carrières ouvertes sur le côté droit de la route montrent ces couches plus ou moins fortement modifiées plongeant nettement au Nord et renversées par suite sur le synclinal silurien. À un km. avant le Bacchus on s'est arrêté pour examiner dans une carrière à gauche de la route les grès feldspathiques qui terminent le Cambrien au Nord de la Hague. Ces arkoses grossières, à feldspath kaolinisé contiennent quelques galets disséminés de quartz gras et de quartz brun jas- poïde ; très développées entre Tonneville et Beaumont, elles man- quent au Sud entre les grès armoricains et les schistes cambriens. On a vu ces derniers, à Délasse, à deux km. et demi avant Beaumont, dans un petit emprunt sur la rive gauche de la route, où ils alternent avec de petits bancs de grès grossiers, tendres; leur passage correspond à une région fertile, bordée au Sud par une croupe couverte d’ajoncs et de bruyères, formée par les grès 896 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG feldspathiques (tig. 9). Ces schistes ont le faciès normal des schistes à séricite des environs de Cherbourg. Leur base prend une teinte rouge, les bancs de grès y deviennent plus fréquents au contact des arkoses de base. Un crochet aux carrières de la Lande-Saint- Nazaire nous a mis en présence du faciès normal des arkoses de base, dont les carrières d'Equeurdreville et d'Hainneville nous avaient montré la veille un faciès schistoïde, blaviériteux. Dans les carrières de la Lande-Saint-Nazaire, ces arkoses, plus grossières que celles du sommet du Cambrien, renferment en outre des galets de roches très variées, non plus disséminés, mais constituant des bancs de poudingues. Une liste préliminaire des roches qui for- ment ces galets a été donnée en 1890 par l’auteur de ce compte rendu; dans la course du 7 août on a pu recueillir notamment des échantillons de porphyres pétrosiliceux dont l'antériorité au Cam- brien constituait presque une nouveauté quand ils ont été signalés en 1858. PA IaeSE Bosvy 3 N20E. nr de 146 Landemer / 7 ER < UE, AS + ++ + NŸ NW NN \ P Sp” Een f'BopjEm T del Fig. 9 — Coupe dans la Hague. — Echelle : long., 1/65 000; haut., 1/13 000, Xy, Précambrien granulitisé ; y, Granite; Sp, Poudingues; Sa, Schistes verts; Sg, Grès feldspathiques ; S‘, Grès armoricain ; S°?, Schistes d'Angers; S#, Grès de May; P, Éboulis anciens, Arrivés à l’église de Jobourg, nous sommes descendus de voi- ture, autant pour admirer au bord de la grande lande de Jobourg, le paysage très caractéristique, à cachet réellement breton, que présente la pointe de la Hague, que pour constater l'existence du grès armoricain, lardé de filons de quartz, et l'absence, autour de l'église, des schistes d'Angers, signalés là dans le compte rendu de la Réunion de 1865. On a quitté les voitures à la Maison-Blanche pour gagner à pied le sémaphore de Jobourg. Le trajet a permis de constater que le synclinal de Jobourg est incomplet par suppression de sa lèvre sud, et que les Grès de May viennent buter directement contre le granite. La décomposition de ce granite à la surface donne une arène à grands cristaux de feldspath rougeâtre, au delà de laquelle on trouve des schistes granulitisés, à aspect de gneiss micacés, qui forment la pointe du sémaphore et s'étendent jusqu’au Sud de la baie d’Ecalgrain. A la pointe même du sémaphore, ces schistes RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG 897 sont traversés par un filon de diabase qui se prolonge en coupant les mêmes roches dans l'anse du Culeron et jusqu'au Sud de la baie d’Ecalgrain. Cette dernière baie (fig. 10), est ouverte dans une succession de grès et de schistes ordoviciens qui ont été étudiés au Sud du petit ruisseau de Merque- tot. Le contact de ces couches ordovicien- nes avec les roches granitiques au Sud de la baie est fort intéressant. Les grès parfaitement lités, plongeant faible- ment au Nord, sont d’abord très forte- ment feldspathisés, Fig. 10. — Pointe de la Blette-Rompue et anse traversés par le gra- d'Ecalgrain. nite et des filonnets d’aplite, puis prennent l'aspect de quartzites. La zone influencée est peu épaisse ; les quartzites fins qui surmontent les grès métamorphiques sont à leur tour recouverts par une alter- nance de schistes bleus, subardoisiers et de grès fins, micacés. Malgré des recherches actives on n’a pu trouver dans ces schistes que Pleurotomaria L bussacensis SHARPE, Dalmanitessp.,mais on y a recueilli à différentes reprises : Trinucleus Grenieri BERGERON et Caly- mene Lennieri Ber- GERON. Les rochers plats de la baie s'enfon- Fig. 11. — Falaise formée par la terrasse qua- cent sous une falaise ternaire reposant sur le Grès de May, sous d'une quinzaine de le Petit Beaumont. mètres (fig. 11), formée par une accumulation de blocs anguleux, provenant des rochers de la vallée voisine, noyés dans un dépôt argileux. Cette formation, qui se retrouve sur tout le littoral de la Hague (fig. 12), forme, en avant de la falaise rocheuse, une falaise plus extérieure, s’avançant à la mer, et limitant une terrasse dont l’âge pleistocène et l'origine se trouveront éclairés par la suite de la course (voir aussi la fig. 14). 898 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG Avant de quitter la plage, j'ai attiré l’attention sur les figures de percussion que présentent les blocs et les galets du cordon littoral. Ces figures de percussion s’observent sur les roches dures et de structure homogène et particulièrement sur les quartzites ; elles se présentent à la surface sous forme de petits cercles irréguliers correspondant à de véritables plans de frappe résultant du choe des galets projetés par les vagues. L'existence de ces figures de percussion sur les galets des formations géologiques permet de caractériser les galets des cordons littoraux ; elles doivent manquer sur les galets des formations fluviales et torrentielles, car le mou- vement de rotation de ces galets a pour résultat de faire disparai- tre les irrégularités de la surface. | : En regagnant Auderville, on a traversé de nouveau au village de Laye les arkoses de la base du Cambrien, contenant des lits de poudingues. Ces arkoses se dirigent vers la mer et forment entre Ecalgrain et la Ro- que une ceinture lit- torale de couches verticales dirigées normalement au ri- vage Letiempsha manqué pour aller voir, un peu au Sud du Calenfrier le con- tact de ces arkoses Fig. 12. — Terrasse littorale en avant de la avec les granites falaise rocheuse entre la Roque et Goury, à d'Auderville ; il Ve Auderville, au contact des phé- nomènes d'injection et de métamorphisme très nets, mais qui ne paraissent pas s'étendre à une grande distance du contact. Au contraire plus au Nord, au-delà de Goury, le granite enveloppe des bandes de quartzites fortement cristallins: l'influence du granite granulitique a été telle qu'à l’œil il est difficile de distinguer les deux roches. Après le déjeuner, les voitures nous ont conduits au village de la Rivière par Saint-Germain-des-Vaux et la pittoresque anse de Saint-Martin. Du village de la Rivière, nous avons gagné à pied la pointe du Jerd’heux où nous avons trouvé réunies, dans des condi- tions très favorables pour l'étude de leurs relations, les principales roches éruptives de la Hague. La pointe sur laquelle est construit le sémaphore est formée par un granite à amphibole semblable à celui des Iles Anglo-Normandes RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG 899 dont j'ai établi à Aurigny l’âge précambrien. L’extrémité occiden- tale de la baïe qui limite à l” Ouest la pointe du Jerd'heux est formée par une granulite rouge (aplite) qui traverse le granite à amphibole et les schistes précambriens très granulitisés du fond de cette petite baie. Toutes ces roches sont recoupées par des filons de microgra- nulites, les unes à structure nettement fluidale avec sphérolithes feldspathiques ; d’autres montrent des phyllites si régulièrement alignées que leur disposition filonienne dans les schistes granuli- tisés permet seule sur le terrain de ne pas les confondre avec des roches métamorphiques. La série des roches éruptives se continue par des diabases, dont toute cette région éruptive de la Hague pré- sente de nombreux filons. Sur le flanc ouest du sémaphore, on a vu nettement un de ces filons de diabase coupant un filon de microgranulite, puis réouvert et traversé a son tour par une microgranulite à gros grains de quartz bipyramidé qui apparaît ainsi comme le dernier terme de cette série éruptive C0 - S00 re oo ÆBogrinys del. Fig. 13. — Terrasse ce à l'E. de la poïnte du Jerd’heux. — Echelle : 1/500 — 1, Granite à amphibole: 2, Diabase ; 3, Cordon de galets ; 4, Limon gris, avec quelques cailloux argileux, tubu- lures de racines et silex acheuléen en a ; 5, Terre végétale avec silex néolithiques. La pointe du Jerd'heux a permis de voir la superposition des blocaux de la terrasse pleistocène à un cordon de gros galets de granite à amphibole qui est situé sensiblement au dessus du niveau atteint actuellement par la mer. C’est dans une couche de limon intercalée dans ces blocaux que j'ai recueilli un instrument acheu- léen en silex, parfaitement typique ; plusieurs membres de la Société ont pu recueillir quelques éclats de taille en silex entre les blocs de la terrasse dont l’âge pleistocène se trouve ainsi établi. Le retour à Cherbourg s’est effectué par Omonville, Gréville et Urville. En sortant d'Omonville, on a retrouvé les schistes précambriens très fortement granulitisés, avec gros cristaux de feldspath rouge qui les fait ressembler à des gneiss œillés, puis on a traversé un tronçon de la lèvre nord du synclinal de Siou- ville, rejeté par une faille à 3 km. au Nord de son prolonge- ment à Beaumont. On a ainsi revu dans une carrière au Sud 900 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, KFLERS ET CHERBOURG d'Omonville les arkoses qui forment la base du Cambrien. Les banés sont verticaux, plongeant à peine au Sud. À l'entrée de la carrière une paroi montre un banc de poudingue, à galets de roches variées, injecté par un filon de granite porphyroïde décom- posé, qui n’a pas exercé d'action appréciable sur la roche sédi- mentaire ‘. Ces arkoses sont surmontées par des arkoses rouges plus fines, en bancs plüs minces, plongeant au Sud, que surmontent des schistes rouges et des schistes verts. Ces derniers sont peu visibles le long de la route suivie ; ils correspondent à la base des schistes examinés le matin à Délasse. De Gréville à Urville, on a circulé sur la large bande des schistes précambriens granulitisés-qui s'étend presque jusqu’à Cherbourg, et dont les rochers qui forment des falaises autour de’ Landemer ont montré diverses variétés. En s’écartant sur le rivage au débou- ché du ruisseau du Hubiland, on a reconnu, au dessous de la terrasse pleistocène entamée par ce ruisseau, que les schistes pré- cambriens, moins métamorphisés, ont repris une partie de leurs caractères originels ; ils plongent faiblement au Nord, et l’ensemble des assises précambriennes se couche par suite sur les assises siluriennes du synclinal. Le temps dont on disposait ne permettait pas de suivre ces couches à l'Est dans l’anse de Nacqueville, où l'on aurait vu ces schistes granulitisés remplacés par des schistes noirs graphiteux interstratifiés de feuillets de quartz très réguliers. On était de retour à Cherbourg à 7 heures du soir. À. Bigot. — Excursion du Lundi 8 Août aux environs des Pieux. La Société ayant quitté Cherbourg en voiture à 6 heures du matin, a suivi par la route des Pieux la vallée de la Divette ouverte dans les schistes verts du Cambrien; cette bande fait partie de la lèvre sud-est du synclinal de Siouville et ces schistes supportent ici directement le grès armoricain, sans interposition des grès feldspathiques observés la veille à Sainte-Croix-Hague, dans le flanc nord du synclinal. En face du Manoir de Sotteville on a quitté la route des Pieux pour prendre la route de Helleville. Une côte assez raide amène au sommet de la crête de grès armoricain qui bordait au Nord- 1. Au Sud de Beaumont, dans une carrière près du carrefour du chemin d’'Omonville et du chemin de Jobourg, un filon de granite porphyroïde décomposé traverse également les arkoses décomposées avec galets exploitées comme sable dars cette carrière ; les arènes du granite porphyroïde décom- posé affleurent dans le pli de terrain au N. de la carrière. > RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG OOI Ouest la vallée de la Divette depuis Cherbourg, et on traverse sans arrêt les schistes à Calymènes du Pont-Helland et de la Petite Siouville, le grès de May et le grès culminant. On n’a mis pied à terre que près de l’embranchement conduisant à l’église de Siouville (Croix du Bol), pour constater la présence des ampélites gothlandiennes, reconnaissables surtout à la teinte noire caractéristique que prend le sol. On a pu cependant recueillir dans un petit chemin conduisant au Hameau de la Mer des échan- tillons de ces schistes noirs traçants, renfermant des Graptolithes transformées en stéatite. Au-delà nous avons trouvé des schistes noirs autrefois exploités comme ardoises, sur les falaises du Mont Saint-Gilles, mais qui n’ont jamais fourni de fossiles ;: seule la position de ces schistes, au-dessous des couches fossilifères du niveau de Néhou, justifie leur assimilation aux couches à Orthis Monnieri qui a été admise sur la Carte géologique. Au pied de la fa- laise. dans les ro- chers littoraux, la Société a constaté qu'au-dessus dé ces schistes, qui s'avan- cent en mer en face de la Petite - Siou- ville, se trouvent des bancs de grauwacke à Fenestrella, puis des lentilles calcai- — ; : = f à : Fig. 14. — Terrasse littorale dans le monticule du Des pa DISES DALES Sauvage à Diélette, surmontant les grauwackes Polypiers, notam- à Athyris undata. ment des Pachypora branchus, Favosites punctata, Acervularia namnetensis ; l'atten- tion a été appelée sur la façon dont ces Polypiers calcaires se présentent dans les schistes durs qui les contiennent. Au-dessus on a vu des bancs de grès à Athyris undata, Orthis vuloarius, Spirifer Venus (fig. 14) ; grâce à la basse mer, on à pu suivre le trajet de ces couches lossilifères, grauwackes et lentilles calcaires, et constater qu'en se rapprochant de Diélette, c'est-à- dire du granite porphyroïde de Flamanville, ces couches pren- nent un aspect métamorphique et se transforment en cornes pyroxéniques et grenatifères. Ces cornes renferment des lentilles et taches de grenat massif rappelant d'une manière si frappante la disposition des lentilles calcaires et des Polypiers vus au Mont RE ie 902 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG Saint-Gilles, qu'il ne paraît pas douteux que ces grenats ne proviennent du métamorphisme des calcaires et des polypiers. Une pointe rapide sur la grande jetée de Diélette a montré que ces couches passent sous l'extrémité de cette jetée, que, par suite, c'est à leur niveau que s’intercale la couche de fer oxydulé et oligiste autrefois ex- ploitée au promon- toire de La Cabo- tière, et dont l’afileu- rement près de Ia jetée est indiqué par un puits placé sur la couche. On a pu enfin se rendre compte de la puissance de la mer sur ce point en pré- sence du cordon littoral d'énormes blocs de granite que Fig. 15. — Contact du Dévonien D et du granite ) G devant la grande carrière de Diélette.s la mer accumule à l'Ouest de la jetée et auxquels elle arrive à faire dépasser le niveau du parapet (lig. 16). Après le déjeuner, on est allé sur le chemin de la mine un peu au-delà de la première carrière de granite. Dans cette car- rière le granite est tra- versé par des filonnets d'aplite rose et contient des enclaves micacées ou feldspathisées. L’attention s'est aussi portée sur les Fig. 16. — Mont-Saint-Pierre et grandes Es ue à beaux exemples de contact carrières de granite de Diéletté. d, Dévo- 3 nien métamorphisé. Cordon littoral. (lg. 15) entre le granite et les cornes grenatifères et sur les filons que le granite envoie dans les roches dévoniennes, soit sur le chemin de la mine, soit dans les rochers qui ‘le bor- dent. On a constaté enfin que dans la zone de contact le granite présente des modifications endomorphiques, telles que tendance RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG 903 à l'alignement des micas ou à la structure pegmatoïde, ou bien développement d'amphibole, soit dans la roche, soit par ségré- gation sur les faces d'une fissure ”. Nous avons rebroussé chemin près du filon de porphyre quart- zifère qui, sur le chemin de la mine, traverse le granite et un filon- net d’aplite et nous avons repris de voitures pour aller étudier du côté sud du massif de Flamanville les actions que le granite a fait subir aux grès et aux schistes ordoviciens. Nous avons pu voir ainsi en descendant le chemin de Sciotot, des schistes siluriens, lardés de filons et de filonnets de granite, et transformés en micaschistes, puis des grès appartenant au grès de May, transformés en quartzites micacés, rubanés. Sur le chemin de Sciotot au Val Mulet, par suite de l'éloignement plus grand du contact, les schistes à Calymènes sont moins modifiés ; ils se pré- sentent chargés de petites pseudo-mâcles et contiennent des nodules fossilifères à Calymene Tristani. Quant au grès armoricain, sur lequel est bâti le bourg des Pieux, on n’a pu le voir en contact avec le granite, mais près de l’'embranchement de la route de Diélette, derrière le bureau de poste, nous l'avons vu traversé par un filon de kaolin, résultant de la décomposition d’une microgranulite. Ce filon, exploité pour la manufacture de porcelaine de Bayeux, s'enfonce sous le grès armoricain et l'exploitation doit, pour l’atteindre, enlever la couverture de grès. Sur la route de Barneville, autour du ruisseau du Bus, on a rencontré, au Sud du grès armoricain, les schistes verts cambriens de la vallée de la Divette qui s'étendent jusqu’au Rozel, puis les arkoses de base du Cambrien dans les landes de Fritot et surtout 1. Depuis la visite de la Société, Diélette a été l’objet de deux travaux qui complètent l'étude de M. Michel Lévy. Dans le premier (CR. Ac. Sc., CXLIK, p. 716-718), M. Cayeux a montré que le minerai de fer de Diélette provient d’un calcaire oolithique ; l'hypothèse d’une substitution du fer au calcaire antérieure à l’éruption du granite aurait l'avantage d’être conforme à l’histoire des minerais de fer oolithiques, Les oolithes étaient déjà à l'état de carbonate ou d'oxyde de fer quand elles ont subi l'influence du granite dont l'action s’est bornée à un changement d’état du fer des oolithes. Le second travail, dû à M. Leclère, a eu pour but de préciser par des analyses chimiques minutieuses les conditions de formation du magma et ses modifications en relation avec la nature des strates encaissantes (Bull. Serv. Carte géol., n° 113, 1906). A l'occasion de cette étude nous avons révisé les contours de la carte géologique, supprimé l'attribution des schistes du Sauvage au niveau à Orthis Monnieri et tracé une faille transversale entre le lambeau métamorphisé du Mont Saint-Gilles et le lambeau fossilifère du Sauvage. Ces corrections ne modifient pas l’âge et la succession des couches en contact avec le granite. 904 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG en descendant vers Caudard, où les galets sont particulièrement abondants. Ces arkoses reposent -sur des brèches exploitées à Caudard. Sur ce point, la nature cristalline de ces roches, malgré la présence de quelques fragments clastiques, pourrait faire hésiter sur leur origine si plus à l'Est, notamment vers Briquebosca, ces éléments clastiques ne devenaient prédominants et si on ne les voyait s’intercaler dans les schistes précambriens. En regagnant la route de Barneville, on a constaté que ces brè- ches butent contre des schistes du niveau de Néhou, formant le terme le plus élevé du synclinal dévonien dont l'étude fera l’objet d'une partie de la course du lendemain. M. À. Bigot. — Excursion du Mardi 9 Août, aux environs de Barneville. Après avoir constaté que le bourg de Barneville est construit sur les calcaires dévoniens à Athyris undata, la Société a été transportée en voiture à 7 heures au promontoire de Carteret. Elle y a vu dans une grande carrière des dalles vertes et surtout viola- cées, avec longues pistes contournées, qui forment le terme le plus ancien de l’anticlinal silurien qui sépare les deux synclinaux de Portbail et de Baubigny. Elle est ensuite rentrée par la route de Diélette dans le premier de ces bassins dévoniens. En montant la côte de Quinetot, on a coupé successivement les schistes avec petits lits de grès fossi- hfères du niveau de Néhou. plongeant au N., puis les grès gros- siers à Orthis Monnieri et Leptæna Thisbe, verticaux, passant à une alternance de schistes avec petits bancs de grès correspondant au niveau des schistes et quartzites de Plougastel. Le contact du Dévonien avec le Silurien doit ici comme à Carteret se faire par faille, car il n'y a de ce côté de l’anticlinal ni grès culminant ni ampélites gothlandiennes. On est arrivé alors aux carrières des Landelles, ouvertes dans le Grès de May. Une première carrière exploitait des grès blancs, un peu sableux, avec Cadomia typa be TROMELIN, Modiolopsis Munieri Bicor, Homalonotus Bonissenti Morière: la seconde carrière est ouverte dans des bancs un peu plus élevés; elle ren- ferme un banc rempli d'Orthis budleighensis et des schistes noirs, à faciès d'ampélites, nettement intercalés dans ces ouerss ordo- viciennes. De l’autre côté de ces grès, au village des Moitiers d’Allonne, on a retrouvé le niveau des schistes verts dont font partie les dalles exploitées à Carteret; en suivant le chemin du Bosquet, on a vu que ces couches, peu inclinées et même horizontales, sont recouvertes par une alternance de schistes et de grès grossiers en RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG 909 petits bancs, auxquels succèdent des schistes rouges. Le faciès de grès grossiers est peu développé au sommet du Cambrien, presque entièrement formé dans toute cette région par des schistes. Les schistes rouges sont bien visibles à l'entrée de la lande où s'élève l’ancien moulin à vent du Bosquet, et surtout dans un petit chemin au Sud. Ils supportent le grès armoricain, dont certains bancs sont à gros grains; le grès armoricain forme là une voûte anti- clinale ; sous le moulin les bancs sont horizontaux; au bord de la lande, du côté qui regarde la route de Bricquebec les banes plongent au Sud. Entre ces quartzites armoricains et les schistes à Calymènes, visibles dans un chemin creux au Sud-Ouest, se trouve une zone de grès gris et bruns; ils étaient autrefois exploités dans une petite carrière sur ce point, ainsi qu'à la Chibard; on a pu recueillir dans les tas de pierres le long de la route des fossiles de cet inté- ressant niveau : Calymene Tristani, Homalonotus Vieillardi, Ascocrinus PBarrandei, Monograptus et Diplograptus. L’après-midi a été employé à l'étude du niveau de Néhou, dans les environs immédiats de Baubigny. En partant des fermes de Saint-Paul, par le chemin conduisant aux Roquelles, la Société a d’abord rencontré des schistes avec petits lits de grauwacke et de grès bruns. Ils sont traversés à peu de distance de la route de Diélette par une roche décomposée, probablement une kersantite. Un peu avant de descendre sur les Roquelles, il y a des bancs de grauwacke assez fossilifères, renfer- mant surtout: Spirifer Venus D'Ors., Athyris undata (DErr.), Chonetes sarcinulata (Scurot.), Leptæna Thisbe (n'Ors.), Orthis vuloarius Scuroru., Pleurodicty um problematicum Gozpr. Sur ces couches on voit se développer la série suivante, dont les bancs plongent d’une trentaine de degrés au N. O:. 1. Schistes argileux gris-bleuâtres alternant avec de petits lits CalCaires MU, - Ve BU ONE pe te LE RE LPC 2. Schiste argileux gris- Haine 1e NE NOIRE PENRCASLE PEARL O) 3. Calcaires et schistes alternant en pelits tres LA SE 4. Calcaire gris avec petits lits de schistes noirs et Men branchus en 0: 22111: : RARne 5. Banc renfermant de très rennes Parois et de Sarre toporidés, dans des schistes argileux décomposés : Acerou- laria namnetensis BaArKois, dont certaines colonies attei- gnent une très grande taille ; Æavosites punctata Bouit- LIER, Favosites branchus ou étalés, Cyathophyllum. Les autres fossiles sont très rares (un échantillon de Afthyris Ezquerræ). Ce n’est pas un véritable récif, car les Polypiers sont dérangés et charriés, mais le déplacement n’a pas été 906 RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG . très grand. Cette couche a une épaisseur de 3 m. Elle reparaît deux fois par suite d’une petite faille ; le second tronçon porte les premières maisons du village de Roquelles. 6. Schistes verdâtres, avec petits bancs de grès fossilifère à Chonetes:" Leptenatine, 01. OR TION EME Au N. O. de ce point, on a exploité des calcaires encrinitiques en gros bancs, qui sont peu fossilifères ; j'y ai trouvé cependant Wilsonia Henrici BArr., Spirifer Trigeri pe VERN., qui sont des espèces du calcaire gris des grandes carrières de Baubigny. La coupe des Roquelles nous montre donc la superposition des calcaires encrinitiques avec Wilsonia Henrici à des bancs à Poly- piers qui terminent un ensemble schisteux à faciès de Néhou. A la _ base de cet ensemble schisteux, il y a des couches calcaires vers Sénoville. Des Roquelles on a gagné Caumont par le chemin longeant la dune. De petites carrières et les tranchées du chemin de Baubigny à la mer nous ont montré le niveau de Néhou sous son aspect typique de calcaires noirs alternant avec des schistes. On a retrouvé ces mêmes couches au sommet de la grande carrière de Baubigny. Elles plongent vers l'Ouest d’une dizaine de degrés ; leur épais- seur est d’une dizaine de mètres. Elles sont très fossilifères. A leur base, dans les schistes, au contact du calcaire gris j'ai recueilli Calymene reperta Œucerr ; le dernier banc visible sur le chemin de Caumont aux Roquelles est formé de schistes verdâtres à Wilsonia subwilsoni (n'Ors.); Spirifer subsulcatus BArRois ; Orthis vulearius (Scnozru.) ; Athyris undata (Derr.); il surmonte des calcaires se débitant en plaquettes qui renferment en abon- dance Athyris undata (Derr.), Megalanteris inornata (»'Ors.}, Rhynchonella fallaciosa (Baye), Leptæna Murchisoni D’Arcx. et VERN., Strepiorhynchus cf. umbraculum (Scur..), Homalonotus Gervillei De VERNEUIL. Les lits argileux et les surfaces des bancs calcaires sous-jacents renferment les mêmes fossiles, et de plus : Rhynchonella Cypris Dp'Ors., Chonetes sarcinulata ScaLorx., Athyris concentrica Sow., Spirifer Venus D'Ors., Favosites punc- tata BouiLLiER ; c’est la faune de Néhou la plus typique. L'attention de la Société s’est surtout portée sur le massif calcaire que recouvrent les couches de Néhou (pl. XXIIL, fig. 2). Au centre du front de taille de la grande carrière située à l’Est de l'Eglise, les schistes inférieurs du calcaire de Néhou recouvrent des calcaires noïrs bien lités, presque sans fossiles. Ces calcaires passent latéralement à des calcaires massifs à Crinoïdes, avec RÉUNION EXTRAORDINAIRE A CAEN, FLERS ET CHERBOURG 907 Polypiers roulés et à des calcaires gris également mal lités, conte- nant des espèces, sinon spéciales, au moins rares dans le calcaire de Néhou typique. Voici la liste des principales espèces de ce calcaire avec leur degré de fréquence : Calymene reperta ŒuLerT. Pp.c. Wilsonia Henrici (Bar- Homalonotus Gervillei DE RANDE) 4 -24-#le- : A.C. NIERN ES 1e . P.C. Pentamerus Œhlerti BaRke. €. Proëlus Œhlerti BAYLE. . A.c. Spirifer Davousti DE VERN. A.c. Goldius Gervillei BaArR. . A.c. — Trigeri DE VERN. A.c. Cryphæus Munieri ŒuLERT kR. Athyris Ezquerræ be VERN. R. Prmmilia kischerin il. LR. — concentricabeEBucH kR Megalanteris inornata — undata (DEFR.). . T.R. (D ORB Jen mÈC: pre relicularis Cryptonella Juno (BARR.) DAC: (LINNÉ). : TAC Rhynchonella fallaciosa Retzia Adri tent (pe VERN. ). R. (BAYLE) . . EG — Haidingeri (BARR.). T.R. Wilsonia sub - Wilsoni Orthis HamoniBARR. . . R&. (b'Or8.) var.1.. . . . p.c Craniella Meduanensis Wäilsonia sub -Wilsoni CÉACERDE MN PE MEEUTIENE VERS OR ISD nement AC. Le caractère de cette faune est fourni par l’abondance des Wil- sonia Henrici, Pentamerus Œhlerti, Cryptonella Juno, Spirifer Verneuili et Trigeri, la rareté des Athyris undata et Wilsonia sub Wilsoni. Cette différence avec la faune du niveau de Néhou n'est pas due à une différence d'âge puisque la faune de Néhou typique se trouve dans les couches inférieures aux calcaires gris aussi bien que dans les couches qui lui sont supérieures. Elle est liée aux conditions de dépôt de ces calcaires, c’est-à-dire au voisi- nage de récifs coralligènes. Ces conditions expliquent les ressem- blances de cette faune avec celles d’'Erbray et de Saint-Malo près Angers qui occupent un niveau plus élevé aussi bien qu'avec la faune des calcaires à Crinoïdes de Konieprus, encore plus récents. M. Œhlert fait remarquer que le faciès coralligène qui se déve- loppe à Baubigny, bien que rappelant par certains caractères et quelques fossiles communs, le niveau du calcaire d'Erbray, ne saurait lui être assimilé si l’on tient compte de l’ensemble de sa faune ; il doit être considéré comme un dépôt coralligène pouvant apparaître, suivant les bassins, à des niveaux un peu différents, mais appartenant toujours à l'assise des schistes et calcaires à Athyris undata supérieure au grès à Orthis Monnieri. 1. Petite variété déprimée, à sinus et bourrelet marqués au front. 2. Petite espèce triangulaire déprimée à côtes arrondies, peu nombreuses, à sinus et bourrelet bien marqués dans la région frontale. 908 RÉUNION EXTRAORDINAIRE À CAEN, FLERS ET CHERBOURG Le retour s'est fait à Barneville pour 4 heures et demie. Avant de clore la Réunion extraordinaire, le Président tient à manifester de nouveau sa satisfaction d’avoir été chargé de con- duire les excursions de 1904. Il en conservera le souvenir ineffa- çable et y trouvera ainsi un encouragement précieux à perfec- tionner les résultats de recherches par lesquelles il espère contri- buer à faire mieux connaître ces intéressantes régions de la Basse- Normandie. Il croit être l'interprète de ses confrères en adressant des remer- ciements à M. Langlassé qui s’est acquitté des fonctions de Tréso- rier avec sa compétence et sa complaisance habituelles, et au Secrétaire de la réunion, M. Cottreau. M. Œhlert prend ensuite la parole en ces termes: «Messieurs.— Les deux derniers jours de courses qui ont terminé notre Réunion extraordinaire m'ont laissé des souvenirs d’un intérêt tout particulier ; je veux parler de ces phénomènes de dislocations qui, contre toute attente, ont amené des juxtapositions de couches, lesquelles normalement auraient dû être fort éloignées les unes des autres, et j'ai pensé que dans notre rapide traversée, ces irré- gularités dans l’allure des strates, souvent dissimulées sous la terre végétale, nous eussent certainement échappé si par de longues et savantes recherches, M. Bigot n'était pas arrivé à débrouiller cette tectonique si compliquée. Nous devons done lui savoir bon gré des résultats scientifiques obtenus, mais il me semble que ses travaux ont eu également un autre effet, tout aussi appréciable, car s’ils nous ont fourni l'explication des dislocations de la région, ils ont été en même temps la cause du rapprochement de bon nombre de géologues, venus des quatre coins de la France, voire même d'’au-delà des Pyrénées qui, soucieux des mêmes études, ont été heureux de se retrouver jusqu’en cette pointe extrême du Cotentin. Et là, comme dans le massif de Flamanville, si magis- tralement étudié par M. Michel Lévy, il s’est produit entre tous une sorte de métamorphisme endomorphe et exomorphe, lequel a développé quelque chose de plus précieux que les beaux minéraux que nous admirions hier, puisqu'il a fait naître ou augmenter des sentiments de vives sympathies et qu'il nous laisse à tous des sou- venirs qui résisteront à l’action du temps.» _ L'ordre du jour étant épuisé, le Président déclare close la Réu- nion extraordinaire de 1904. LE MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE PAR À. Bigot PLANCHES XXIV-XXV. SOMMAIRE : Introduction. I. Tableau des formations paléozoiques de Normandie. — Précambrien. — Cambrien. — Ordovicien.— Minerais de fer de l’Ordovicien moyen. — Gothlandien. — Dévonien inférieur. — Permo-Carbonifère. II. Description des massifs siluriens et dévoniens. — Anticlinal d'Ecouves. — Synclinal de Sées : a) dépression de Tanville ; b) dépression de Fran- cheville — Synclinal de Mortain-Bagnoles : a) Massif de Mortain; b) Massif d’Andaine; ec) Massif de Saint-Patrice-du-Désert.— Synelinal de la Ferrière-aux-Étangs : a) Massif des Monts-en-Géraume ; b) Massif de Halouse. — Synclinal de la Forêt Auvray. — Zone bocaine. — Massif de Falaise et de Montabard. — Massif de Mesnil-Aubert. — Bassin de Regnéville. — Synelinal de la Brèche-au-Diable. — Synelinal de May-sur-Orne. — Axe de Saint-Sauveur-le-Vicomte : a) Pli de Lessay ; b) Pli de la Haye-du-Puits ; c) Pli de Saint-Sauveur-le-Vicomte. — Anticlinal des Moitiers d’Allonne. — Synclinal de Bubigny-Pierre- ville. — Anticlinal de Grosville. — Synelinal de Rauville. — Synclinal de Siouville. — Synclinal de Jobourg. III. Esquisse tectonique de la Basse-Normandie. IV. Relations des assises secondaires avec les terrains primaires. — à) Fosse houillère, dépression triasique et transgression liasique ; b) Influence de la disposition de la pénéplaine paléozoïque sur la disposition des assises secondaires. Introduction La limite actuelle des formations primaires de Basse-Normandie vers le Bassin de Paris ne répond qu'à un état transitoire de l'évolution géographique de cette région. À l'Est, les terrains paléozoïques s’enfoncent sous les formations secondaires. Quand les vallées ont suffisamment entamé dans leur approfondissement les couches jurassiques, elles atteignent au-dessous de ces couches les terrains primaires ; à Dives ‘ et au Havre * des sondages ont rencontré à 213 m. et 397 m. de profondeur des crêtes de grès 1. Ep. LippManx et G.-F. Docrrus. Un forage à Dives (Calvados). B.S8. G. F., (GB), XX, p. 386. 2. G. LENNIER. Étude sur un sondage fait au Havre, rue Louis-Philippe, par MM. Paillette et Docher en 1887. Bull. Soc. géol. Norm., t. XIV. 7 Avril 1907. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 58. 910 A. BIGOT siluriens. Inversement, des lambeaux respectés par l’érosion nous indiquent une ancienne extension des terrains secondaires et tertiaires bien au-delà de leur limite générale actuelle. L'action des agents d’érosion superficielle tend à faire reculer de plus en plus vers l'Est cette limite générale, en décapant de leur revête- ment tabulaire les assises plissées qui forment la pénéplaine anté-secondaire. La disposition de cette pénéplaine a influé sur les conditions de dépôt du Jurassique et du Crétacé. Une étude de la Basse Normandie devrait donc se diviser naturellement en trois parties : 1° Description du massif primaire. 2* Description de sa bordure jurassique. 3° Relations entre le massif ancien et sa bordure. Le mémoire qui suit est surtout consacré à la première partie de cette étude d'ensemble. Elle est suivie de quelques faits géné- raux relatifs à la bordure secondaire et à ses relations avec le massif ancien. DESCRIPTION DU MASSIF PRIMAIRE Si nous faisons abstraction des multiples vallées qui la sillonnent et des nombreuses saillies qui l'accidentent, la région ancienne de la Basse-Normandie nous apparait comme un grand talus qui, des confins de la Normandie, où son bord sud atteint et dépasse 490 m. , s’abaïisserait lentement au Nord et dont le pro- longement se continuerait souterrainement au-dessous des assises jurassiques. Cette pente est loin d'être régulière; notamment, entre les Collines de Normandie et la côte, les reliefs de la zone bocaine se superposent à ce talus entre Argentan et Granville (pl. XXIV, fig. 1). La notion de ce talus se justifie au point de vue géologique comme au point de vue géographique, La partie normande et la partie mancelle du Massif Breton forment en effet un grand voussoir dont la clef de voûte serait eflondrée entre failles et dont les retombées nord et sud sont plissées et morcelées par des failles parallèles. L’axe de ce grand voussoir est la région des schistes précam- briens et de granite qui s'étend entre la chaîne silurienne qui comprend les buttes de Multonne, Pail, Champéon, Meme le bord nord du synclinal de Laval à Brest. L'importance de cet axe est définie par ce fait que les retombées 1. 419 m. au Carrefour de la Verrerie dans la Forêt d'Écouves et au Signal des Avaloirs dans la Forêt de Multonne. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE OII des plis présentent de part et d'autre du voussoir une disposition inverse. Au Nord de l’axe, quand les plis sont dissymétriques, c'est le flanc nord qui est le plus redressé (partie centrale de la zone bocaine), ou qui est, ou bien couché sur le flanc sud (isoclinal de May) ou bien supprimé totalement ou en partie par des failles parallèles (synclinal de Mortain-Domfront). Au Sud de l'axe d'Ecouves, la disposition est inverse, Le contraste de la dispo- sition tectonique des deux régions est certainement dû à une cause générale. L'axe d’Ecouves présente encore une autre particularité remar- quable. Il correspond en effet à une région qui s’est constituée à une époque très ancienne comme une ligne directrice de l’orogénie de la Bretagne. C’est l'emplacement d’un massif érigé par les plissements huroniens aux dépens des formations si homogènes qui avaient comblé le géosynclinal précambrien. Ce massif est resté émergé pendant toute l’époque cambrienne (fig. 1); la forma- S AE Laval Mayenne Mor Eain Villedieu ù L 1 { i 1 1 1 Ordovicien FF Bo PREMYE de! Fig. 1. — Coupe schématique des relations du Cambrien et de l’Ordovicien avec ‘le Précambrien et le granite. tion la plus ancienne qui s’y superpose aux Schistes de Saint-Lô et aux Schistes de Rennes est le Grès armoricain ; il n’a été envahi par la mer silurienne qu’au début de l’Ordovicien ; c’est seulement sur ses bords que vers Alençon, Laval, Brest, appa- raissent des couches appartenant au Cambrien. I. Tableau des formations paléozoïques de la Basse-Normandie Avant de décrire les divers massifs siluriens et dévoniens dont l'étude fera plus particulièrement l’objet de ce chapitre, je rappel- lerai rapidement la succession et la classification des formations paléozoïques de la Normandie. Précambrien. — Le puissant étage connu sous le nom de Schistes de Saint-Lô, phyllades et grauwackes, le x de la Carte géologique de France, constitue la formation la plus ancienne de 912 A. BIGOT la Normandie. On ny connaît pas de fossiles authentiques :. Jusqu'ici il n’a pas été possible d’y établir, même d'après les carac- tères lithologiques, d'horizons stratigraphiques susceptibles d’être suivis avec une certaine constance. Autour de Saint-Lô et de Cau- mont les schistes dominent ; dans la vallée de la Laïze il y a des massifs de grès importants ; le conglomérat de Granville, les cal- caires de la Meauffe constituent des intercalations exceptionnelles. Le métamorphisme qui se traduit, sous l'influence de la syénite et surtout du granite par les auréoles de schistes mâclifères et de cornéennes, ou par les roches gneïissiques de la Hague et des envi- rons de Coutances est indépendant de la position des couches dans la série. La presque verticalité des assises ne permet pas de reconnaître une succession basée sur un ordre stratigraphique constant ; cependant, la disposition des couches donne l'impression, non pas d’une série d’une énorme puissance, mais d'assises appartenant à l’accolement de plis très serrés, alignés dans une direction voisine d’une ligne E.O. Peut-être quand on aura suffisamment multiplié les observations des plongements et des directions de ces couches sera-t-il possible de rèconstituer ces plis, mais c’est une besogne longue et fastidieuse qui n’est même pas encore amorcée. L'âge de ces couches et la dénomination qu’on doit leur appliquer ont fait l’objet de longues discussions qui ont aujourd hui bien perdu de leur intérêt. Qu'on appelle cet étage Algonkien, Briové- rien ou Précambrien. on s'accorde à le détacher de la série qui débute par les conglomérats pourprés. Partout, dans le Nord du Massif Armoricain, cette indépendance est manifeste ; la discor- dance du Cambrien sur le Précambrien est constante. Cambrien. — En dehors de la partie de la Normandie qui sera ultérieurement définie, il existe entre le Grès armoricain et le Précambrien une puissante série d'assises formant ce que l’on appelait autrefois le Système des Conglomérats pourprés et des Schistes rouges, qu’on s'accorde à classer dans le Cambrien. Cette série débute par des conglomérats, ou plutôt par des grès gros- siers, avec lits de galets, qui reposent en discordance absolue sur 1. J. Manu. Sur une nouvelle plante fossile du Cambrien (Le Natura- liste, 1° février 1895, p. 29, 1 fig.). — LEBESCoONTE. Briovérien et Silurien en Bretagne et dans l'Ouest de la France, leur séparation par les poudingues rouges. B. S. G. F., 6), t. XXVIIT, 1900, p. 815, 1 pl.. — A. Braor. Sur l’âge des schistes du Rozel (Manche). B. S. G. F., (4), t. 1, 1901, p. 272. : MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 913 la tranche des couches précambriennes ‘. Ces couches inférieures sont généralement de couleur rouge lie-de-vin. Les galets qu’elles contiennent sont surtout formés de quartz emprunté aux filons qui traversent le Précambrien, de grès précambriens de couleur rouge. Dans le Nord du Cotentin les conglomérats de base de la série silurienne se distinguent de ceux-ci par leur couleur claire, la variété des roches qui forment les galets. La variété, suivant les régions, des formations qui se placent entre ces conglomérats de base et le grès armoricain ne permet pas d’en entreprendre une description qui sera plus à sa place dans une autre partie de cette étude. Tant que la faune primordiale n'aura pas été trouvée dans l'Ouest, toute tentative pour parallé- liser ces assises ne pourra aboutir qu'à des résultats incertains et en tous cas provisoires. Ordovicien. — La classification des assises ordoviciennes et gothlandiennes du Massif armoricain a fait récemment l'objet d'observations très importantes de la part de M. Kerforne * que j ai résumées ailleurs *. Avant ce travail de M. Kerforne on dis- tinguait dans l’Ordovicien du Massif armoricain quatre horizons, basés surtout sur le faciès lithologique : 1° Grès armoricain ; 2° Schistes d'Angers, ou à Calymènes; 3° Grès avec intercalations schisteuses, compris sous le nom de Grès de May, ou Grès à Homalonotus ; & Schistes de Riadan, ou schistes à T'rinucleus. L'étude de la faune de ces assises, encore qu’elle soit très incom- plète, montre que ces divisions lithologiques ne paraissent pas rigoureusement comparables dans les divers synclinaux du Massif. Le Grès armoricain fournit un excellent point de repère. Il est tout à fait exceptionnel qu'il ne soit pas représenté par les gros bancs de quartzites blancs si caractéristiques de cet horizon. La faune des couches supérieures du Grès armoricain est ordovi- 1. Aux nombreux exeinples de cette discordance qui ont déjà été signalés j'en ajouterai un fort remarquable dont je dois la connaissance à M. le Dr Pelvet, de Vire. Au Sud de Campeaux, près du moulin de Val, dans la vallée de la Vire, on voit très nettement les conglomérats pourprés plon- geant d’une quinzaine de degrés au N., reposer sur la tranche de schistes précambriens. 2. KERFORNE. Étude de la région silurique occidentale de la presqu’ile de Crozon. Rennes, 1901, Thèse de doctorat. 3. A. Braort. Groupement et notation des assises siluriennes de l’Ouest de la France. Bull. Soc. Linn. Norm., 1903. 914 A. BIGOT cienne : : elle appartient plutôt à l’Arenig qu'au Trémadoc, maïs on ne connaît pas la faune des couches inférieures. Si ces couches inférieures appartiennent encore à l'Arenig (couches à ÆEuloma), la transgression du Grès armoricain dans l'Ouest correspondrait au début de l'Ordovicien. Au-dessus du Grès armoricain on peut actuellement distinguer deux faunes, reliées par un certain nombre d'espèces communes. La faune la plus ancienne est celle de l’'Ordovicien moyen; elle est caractérisée par Calymene Tristani ; c’est essentiellement la faune des schistes d'Angers, avec des modifications tenant au faciès et à la position des assises dans la série. Les Trilobites et Graptolithes ? de cette faune permettent de la paralléliser avec l’assise de Llandeïlo. La faune de l’'Ordovicien supérieur est plus difficile à définir, en raison de la variété des faciès gréseux et schisteux qui peuvent se substituer l’un à l’autre dans des synclinaux très voisins. J’ai montré ailleurs * combien il était pratiquement difficile, en raison de la rareté des fossiles, d'établir un parallélisme même approxi- matif de ces divers faciès. Minerais de fer de l’'Ordovicien moyen. — Vers la base des schistes à Calymènes existe un horizon ferrugineux. En Bretagne et dans l’Anjou les minerais de fer sont au sommet du Grès armo- ricain “; en Normandie l'horizon ferrugineux est nettement situé dans les couches de la base des schistes d'Angers *; à Domfront les schistes qui le séparent du Grès armoricain contiennent des Didy-- mograptus. Dans le Nord du Cotentin (Les Moitiers d’Allonne, la Couvillerie près Martinvast, le Riglon à Héauville, sous le Petit-Beaumont dans l’anse de Vauville), ce niveau est représenté par une assise gréseuse située également à la base des schistes d'Angers. Cette assise est généralement formée de quartzites noirs, à grain fin, 1. Cu. Barroïs. Mémoire sur la faune du Grès armoricain. Ann. Soc. Géol. Nord, t. XIX, 1891, p. 154. >. Cx. Barrotïs. Mémoire sur la distribution des Graptolithes en France. Ann. Soc. Géol. Nord, t. XX, 1892, p. 75. 3. À. BicoT. Groupement et notation des assises siluriennes de l'Ouest de la France. Bull. Soc. Linn. Norm. 4. Davy (L.). Notice géologique sur l’arrondissement de Segré et particu- lièrement sur les gisements de minerai de fer de ce pays. Bull. Soc. Ind. Minérale, 2° s., 1. IX, p. 537. 5. DarrmrEeR. Stratigraphie des terrains primaires du Cotentin, 1861, p. 43. Sur les terrains primaires des environs de Falaise. B. S. G. F.,2°s., t. XIX, P. 907, particulièrement p. 913. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 915 avec parties ferrugineuses. Sous le Petit-Beaumont, dans l’Anse de Vauville, il y a à ce niveau des lits de grès calcareux que je ne connais pas ailleurs et des grauwackes ferrugineuses très fossi- lifères '. Dans toutes ces localités, et aussi bien dans les calcaires que dans les grès on trouve Calymene Tristani. La faune est d'ailleurs peu variée ; elie comprend : Homalonotus Vieillardi DE TRoM.-LEBESC., Ascocrinus Barrandei pe TroM.-LeBesc. ?, des Graptolithes (Monograptus, Diplograptus). Dans les gisements de la zone bocaine, où le Grès armoricain n’est pas représenté par les quartzites habituels, le minerai de fer est compris entre des couches de grès, tantôt verdâtres, tantôt noirs et ferrugineux. À Saint-Rémy, l'épaisseur des quartzites inférieurs au minerai est de 6 m. Au Montpincon, il y a au mur du minerai 5 à 6 m. de grès. Les grès du toit ont une épaisseur de 2m.; dans ces derniers on a recueilli quelques fossiles : Calymene Tristani, Ascocrinus Barrandei, Orthis cf. Actoniæ Drm. (Dav. Sil. Brach., pl. xxx VI, fig. 15). L'existence de lits calcaires à la base des schistes d'Angers est intéressante en raison de l’origine attribuée par M. Cayeux aux minerais de fer ordoviciens de l'Ouest. Ces minerais de fer sont nettement sédimentaires; les oolithes ferrugineuses dont l’abon- dance et la nature déterminent la valeur des gîtes exploités ou concédés se comportent dans leur gangue comme les éléments quelconques d’une roche sédimentaire. La gangue elle-même est formée par des schistes siliceux et des quartzites très fins. L’épais- seur de la zone qui contient ces oolithes est très variable; en général elle ne dépasse pas 2 m. 50 (La Ferrière-aux-Etangs, Saint- Rémy, MontPinçon),mais elle peut atteindrejusqu'à7 m. (à Gouvix), tandis que sur d’autres points, par exemple dans le massif de Falaise, à Domfront et très probablement entre Domfront et 1. On trouve dans le cordon littoral entre La Crèque et le Petit-Beaumont des galets provenant de celte assise, qui renferment de nombreux fossiles. 2. Ce fossile a été nommé par de Tromelin et Lebesconte dans le tableau des C. R. de l’Ass. fr. à Nantes en 1875. M. G. Dollfus m’a donné des échantillons des Moitiers d’Allonne étiquetés par de Tromelin et qui permettent de fixer la forme à laquelle ce nom a été attribué. J’ai communiqué une série d’exem- plaires à M. Bather, qui m'écrit à leur sujet : « Je suis toujours aussi perplexe au sujet d’Ascocrinus Barrandei. J'avais d’abord pensé que cela pouvait être un Ptéropode, mais quelques spécimens paraissent contenir des restes de substance calcaire, avec le clivage typique de la calcite des Échi- nodermes. Mais si ce fossile appartient aux Échinodermes, je ne puis com- prendre ce que c’est. Il semble isolé, c’est-à-dire que je ne puis voir dans la gangue aucune autre trace de das d'Échinoderme, telle que fragments de tige ou de plaques ». 916 A. BIGOT Mortain. les oolithes sont tellement disséminées qu'il n’existe plus de couche susceptible d’être exploitée. Les observations de M. Cayeux relatives à la genèse et aux modifications de ces oolithes sont restées inédites. On sait seu- lement que pour cet auteur les minerais sont d'anciennes oolithes calcaires auxquelles des débris végétaux auraient servi de centres et dont la calcite aurait été remplacée par de la sidérose. C’est sous cette forme de fer carbonaté oolithique que le minerai se pré- sente dans une partie des concessions, quand les travaux d’exploi- tation atteignent la zone des eaux permanentes. Au dessus, dans la zone des eaux de libre circulation, cette sidérose se transforme en hématite rouge, soit directement, soit par l'intermédiaire de la bavalite. Au voisinage de la surface et aux affleurements, la trans- formation se complète par l'apparition d’'hématite brune et enfin de limonite généralement concrétionnée. Les conditions du dépôt de ces oolithes et surtout les raisons de leur existence sur certains points et de leur absence sur d’autres nous sont inconnues. La présence et l'abondance des oolithes ne sont pas liées à un faciès des couches sous-jacentes ; elles existent dans la région d'Halouze et d'Andaine où les quartzites du Grès armoricain sont très épais, et dans le centre de la zone bocaïne où ces quartzites sont rudimentaires, tandis qu'elles manquent ou sont à peine représentées dans un grand nombre de points où le Grès armoricain est bien développé. Les relations avec la paléo- géographie de la région n'apparaissent pas davantage ; les oolithes se sont déposées aussi bien dans la région atteinte seulement par la transgression ordovicienne, que dans celle submergée dès le Cambrien. Gothlandien. — Une conclusion importante du travail précité de M. Kerforne a été de montrer que toutes les zones de Grapto- lithes du Gothlandien existent dans l'Ouest et que par suite cet étage y est complet. L'étude des divers gisements de la Normandie est donc à refaire à ce point de vue. Les schistes ampéliteux à Graptolithes qui sont un faciès très caractéristique de ces niveaux sont intercalés dans un système de schistes qui peuvent se lier par en bas à ceux de l'Ordovicien supérieur, quand les grès culmi- nants de la base du Gothlandien font défaut. Aïnsi, dans le syn- clinal de May, les calcaires ampéliteux de Feuguerolles succèdent à May à des schistes fins, bleuâtres, passant eux-mêmes en bas aux schistes qui surmontent les dernières assises gréseuses de May (grès à Homalonotus Deslongchampsi et Conulaires). Dans le synclinal de la Brèche-au-Diable à la traversée de la vallée de MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE OI? la Laïze, il n’y a pas non plus de grès culminant. Il paraît manquer autour de l’anticlinal des Moitiers d’Allonne, mais il existe dans le synclinal de Siouville. Ce grès culminant a été pour la première fois distingué aux environs de Domfront par de Tromelin : : il existe avec une grande constance depuis Mortain jusqu'aux envi- rons d'Alençon. représenté par des grès noirs ou gris par décolo- ration, tantôt en gros bancs lardés de filons de quartz béue, tantôt en bancs minces. Quant aux horizons fossilifères des ampélites, schistes à nodules, calcaires ampéliteux, la liste de leur faune donnée par de Trome- lin et Lebesconte * est à reviser et à compléter, en tenant plutôt compte des associations d'espèces dans chaque gisement que de rapports sratigraphiques qu’il est impossible d'établir. Actuelle- ment la position de deux seulement de ces niveaux parait établie. 1° Calcaires ampéliteux de Feuguerolles à Cardiola interrupta, Monograptus Jælkeli ? PEeRNER* correspondant au Wenlock inférieur. 20 Schistes ampéliteux à Monograptus colonus, correspondant au Ludlow inférieur. Dévonien inférieur. — Le passage du Silurien au Dévonien se fait par une épaisse série de schistes avec petits bancs de grès, formant l’assise des schistes et quartzites, à la base de laquelle se trouvent les ampélites et calcaires ampéliteux du Gothlandien, tandis qu’une faune dévonienne caractérise les couches supé- rieures. En Normandie comme dans le Maine la limite qu’on peut tracer entre le Silurien et le Dévonien est donc absolument factice. Les plus anciennes couches fossilifères dévoniennes sont des grès contenant des Lamellibranches et en particulier des Gram- my sia qui se trouvent au-dessous de l'horizon à Orthis Monnieri. (Fierville et Saint-Rémy des Landes, près Portbail). L’horizon des Grès à Orthis Monnieri est très constant. S'il manque à Diélette c'est vraisemblablement parce que son aflleu- rement est supprimé par une faille. En dehors du Cotentin, c'est seulement par cet horizon que le Dévonien est représenté dans l'Orne, à Saint-Nicolas-des-Bois ! et à Tanville *. La faune de ce 1 Étude sur les terrains paléozoïques de la Basse-Normandie. Ass. fr. Av. Sc., Le Hâvre, 1877, p. 493-501. 2. Essai d'un catalogue raisonné des fossiles siluriens. A. F. A.S., Nantes, 1879, p. 6or-661. 3. D’après les déterminations de M. Kerforne (Loc. cit., p. 140). 4. Lerezurer. Excursion de la Société Linnéenne à Alençon. B. S. L. Norm., 2 s., t. IV, p. 277-290, 1870. 5. J. Hommey et CANEL. B. S. L. N., 5° s., t. VI, 1902, p. XI. 918 A. BIGOT niveau a plus d’affinités avec la faune de Néhou, coblencienne, qu'avec la faune gédinienne. Au Coblencien appartiennent les couches à Athyris undata. Cette assise est essentiellement constituée par des schistes dans lesquels s'intercalent des lentilles calcaires qui peuvent se trouver à plusieurs niveaux et qui forment des bancs plus ou moins déve- loppés. La faune est bien connue’. Il n’est pas possible de subdi- viser cette série, assez épaisse; les successions observées corres- pondent plutôt à des successions de faciès qu'à des modifications de la faune dans le temps. | Les horizons supérieurs du Dévonien connus en Bretagne et dans le Maïne n'ont pas été rencontrés jusqu'ici en Normandie. Le Permo-Carbonifère comprend les assises suivantes : I. Dinantien. Calcaire de Regnéville et de Montmartin, à faune de Visé,connue depuis les travaux de Triger et Eug.Deslongchamps®. IT. Siéphanien. Couches à flore stéphanienne, contenant la houille autrefois exploitée à Littry (Calvados)etau Plessis(Manche). III. Permien? Couches supérieures de Littry, avec calcaires à poissons et argiles rouges désignées sous le nom de red-marls. On trouvera dans un autre chapitre des indications sur les con- ditions de dépôt de ces formations supérieures. IT. Description des Massifs siluriens et dévoniens. Anticlinal d’'Ecouves (pl. XXIV, fig. 1 et 2). — La région de la Forêt d'Ecouves est un dôme d'assises siluriennes, allongé dans la direction E.N.E.-O.$S.0. Le prolongement de cet axe passe entre les Forêts de Monnaye et de Multonne et va se perdre dans le grand massif de schistes précambriens et de granite situé aux limites de l’Orne, de la Manche et de la Mayenne. La retombée sud de lanticlinal se continue par la Forêt de Multonne; sa retombée nord forme le flanc sud du synclinal de Sées. Aux deux extrémités de cet axe, l’érosion a enlevé la couverture de grès armoricain ; à l’Est elle a mis à nu une microgranulite qui occupe entre deux crêtes de grès armoricain la dépression du Bouillon. Du côté ouest, l'érosion a atteint des assises plus anciennes, Cambrien et Précambrien. Le Cambrien forme à l'Ouest des lambeaux isolés qui relient le 1. Cu. BArRoIS. Faune des calcaires d'Erbray, 1889, p. 326. 2. Terrain carbonifère dans le département de la Manche (Regnéville). Mém. Soc. Linn. Norm.,.t. X, 1856, p. LI. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 919 massif de Monnaye à celui d'Ecouves (fig. 2). A la Butte du Coudrai, il y a des grès avec filons de quartz qui n'ont pas été marqués sur la Carte géologique et que M. Letellier a signalés; autour de Saint-Ellier-des-Bois, des grès grossiers, avec filons de microgranulite, appartiennent aussi au Cambrien. Le Cambrien rudimentaire, réduit à ses poudingues de base à l'Est de la Forêt de Monnaye, prend plus de développement au bord ouest d'Ecouves. Les poudingues de base sont typiques à Rouperroux, Longuenoë, Saint-Didier-sous-Ecouves. Au-dessous du grès armoricain il y a une autre assise de grès grossiers, ayant le faciès et occupant la position des grès supérieurs du Cambrien. A Chahains il s’intercale à la base de ces grès grossiers des brèches pétrosiliceuses : ces brèches se rattachent vraisemblable- ment aux filons de microgranulite qui traversent les grès de Saint- Ellier-des-Bois et aux deux grands massifs du Bouillon et de Fontenai-les-Louvets. Dans ce dernier massif, près de Livaie, en approchant du contact avec les grès feldspathiques, la microgra- So. NE. FE de Monnaye ‘Butte du Coudrai Le SarthonR. 371 à me AE Anc'® minière La Cancel. OPEN Ar / 282 Æ PR. Mr del. eponer À TS q— 1 +++ + SSL ÈS HS) Pr) FE + + ++ + + +++ HÉYy + + + + + Fig.2.— Raccord des massifs de Monnaye et d’Ecouves (coupe schématique). y, Granite; X, Précambrien; Sg, Poudingues et grès cambriens ; S', Grès armoricain ; S?, Schistes d'Angers. nulite alterne avec des tufs. Ces porphyes d’Ecouves constituent dans le Cambrien des épanchements contemporains ; ils indiquent l'extension au Nord du massif des épanchements de la Charnie, des Couëvrons et de la Forêt de Pail. Au S. E. et au S. le massif d'Ecouves est nettement limité par une faille, apparente surtout entre Radon et le Château de Gla- tigny ; on y voit les schistes et quartzites, surmontés par les grès dévoniens à Orthis Monnieri bordés au Sud par le Précambrien ; celui-ci est granulitisé et transformé en gneiss vers Cuissai par la granulite d'Alençon. Sy-nclinal de Sées (pl. XXIV, fig. 2). — Le flanc nord de l’anticli- nal d’Ecouves constitue la lèvre sud d’un grand synclinal dont la lèvre nord est en partie cachée par le Jurassique. A l'Est de Montmerrei, on n'en voit plus que des lambeaux discontinus, grès armoricain sous le Pont de Mortrée, Grès armoricain, 920 A. BIGOT schistes d'Angers et grès de May dans la vallée de l’Orne à Macé, enfin grand massif gréseux de Chaïlloué. Ce massif de Chailloué est composé de deux grès : grès grossiers cambriens au Nord, séparés du grès armoricain par une zone schisteuse. Le synclinal s’élargit à l'Ouest en formant deux digitations séparées par un anticlinal secondaire dont l’axe est occupé par les schistes précambriens de La Bellière, et se prolonge dans le synclinal par l’éperon de grès armoricain de Blanchelande. Les grès feldspathiques existent dans toute la bordure ; il y a à leur base des schistes rouges, visibles notamment entre Chahaiïins et la Barre, sur la route de Carrouges à Sées ; les poudingues ne sont visibles que d’une façon discontinue, seulement à partir de la vallée de la Cance et notamment au S. de Vrigny. a) La digitation sud du synclinal de Sées a été étudiée par MM. Hommey et Canel : qui lui ont donné le nom de dépression de Tanville. Les schistes d'Angers y renferment à leur base des couches de minerai de fer, oolithique, autrefois exploité près de Lande-de-Goult. Vers Sées, la zone ferrugineuse est dans des assises de grès au sommet du grès armoricain (carrefour de la Verrerie). Le grès de May est fossilifère au Cercueil (Homalonotus Bonissenti Mor., Orthis budleighensis Dav., Modiolopsis prima D'Or8.). L’'Ordovicien se termine par un horizon schisteux, avec Trinucleus (La Ferrière-Béchet). Le fond de la dépression est occupé par le Gothlandien, avec grès culminant à la base, ampé- lite sur un grand nombre de points (L’Etre-Perreaux, La Fer- rière-Béchet, Saint-Hilaire-la-Gérard, Saint-Laurent-du-Hamel), puis schistes et quartzites. Les grès à Orthis Monnieri existent sur Tanville *. La découverte de cet horizon dévonien dans le synclinal de Sées remet en question l’âge des calcaires noirs des Vaux à la Ferrière-Béchet ; j'ai placé ces calcaires au niveau des schistes à Trinucleus par suite de leur position géographique entre les schistes à T'rinucleus et les ampélites gothlandiennes ; mais il est possible que ce soit un lambeau de calcaire coblen- cien pincé par faille entre ces deux formations. Toutefois, ces calcaires renferment des débris de fossiles non déterminables, qui ne rappellent pas ceux du niveau de Néhou. b) La digitation nord a son axe occupé par des schistes d’An- gers formant la dépression au fond de laquelle se trouve l’étang 1. J. Homme et C. CANEL. Notice géologique sur le Canton de Sées, avec une carte géologique au 1/40000. Bull. Soc. Géol. Norm., t. XVIII, 1899, pp: 62-91. 2. J. Hommey et CANEL. B. S. Linn. Norm., 5° s., t. VI, 1902, p. xI. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE O21 de Vrigny. M. Letellier a fait remarquer que la Carte géologique est fautive sur ce point. Syncliral de Mortain-Bagnoles.— 11 constitue la longue bande d'assises ordoviciennes et gothlandiennes qui commence à Mor- tain, se dirige E. 20° et vient se terminer à l’extrémité E. de la Forêt de Monnaye. Comme le synclinal d'Halouze qui vient s’y embrancher au Nord, le synclinal de Mortain-Bagnoles est caractérisé par l’ab- sence de formations antérieures à l'Ordovicien, excepté tout à fait à son extrémité est, et par la suppression de sa lèvre nord. Cette disparition structurale a été mise en évidence dès 1875 par M. A. de Lapparent dans son étude sur le Bassin de Mortain * ; elle ressort aussi de la coupe des environs de Domfront donnée par Michel”. On peut distinguer dans cette longue bande plusieurs massifs dont le premier au moins possède une certaine individualité : a) Massif de Mortain*. — Le grès armoricain prend autour de la vallée de la Cance une disposition d'ensemble périsynclinale qui correspond à la fermeture normale du bassin dans cette direc- tion. À l'Est, le massif est limité par une faille transversale, correspondant à la vallée de l’Egrenne, qui amène un rejet de deux kilomètres et demi dans la direction des assises. Le massif est morcelé par de nombreuses cassures en escalier, particulièrement nettes dans le grès armoricain, à cause de la répercussion qu’elles entraînent dans le relief. La tranchée des Trois Roussines, au Sud de Neufbourg, dont M. R. Fortin a publié la coupe *, est particulièrement intéressante à cet égard. J'ai donné autrefois des photographies d'une partie de cette tranchée*. A l'Est de Saint-Clément où disparaît le grès armoricain, la lèvre nord du synclinal est supprimée par la faille longitudinale ; les assises les plus élevées, c’est-à-dire les couches gothlan- 1. LETELLIER. Études géologiques sur le Massif d'Ecouves, avec une carte au 1/80000. Bull. Soc. Géol. Norm., t. XVII, 1906, p. 50-101. 2. Note sur le Bassin silurien de Mortain (Manche). B. S. G. F., (3), V, 1876-77, p. 560. 3. Coupe du terrain silurien aux environs de Domfront. B. S. G. F., (2), t. XVII, p. 698. 4. Ce massif est étudié en ce moment d’une manière très détaillée par M. H. Matte, qui m'a communiqué les résultats inédits de son travail. 5. Notice explicative du profil géologique du chemin de fer aux abords de Mortain. Bull. Soc. Géol. Norm., t. XV, 1903, p. 30, pl. v. 6 Bull Lab. Géol. Caen, t. I, pl. ur. 922 A. BIGOT diennes ’, arrivent en contact avec les phyllades mâclifères ; cependant, tout à fait à l'Est du massif (fig. 3), l'axe synclinal semble s’écarter de nouveau de la faille: M. Matte m'a en effet signalé la présence des schistes à Calymènes dans un puits, à Naizement, au N. O. de Lonlay-l’'Abbaye, de sorte que les grès du Tertre appartiendraient à l'Ordovicien (Grès de May). : L'Egrenne LaBastille Sous le Mont Tertre Bizet | REdeMortain ! . La Sinotière lalällée Le Tertre COOP à Domfront l'Ingulière 200 (Lonla)) LR 2 < #b de INK = ! 131 I SSS SN Ke ET DD 7/1 in KO NON NC : SÉORSÈS Te NN N NN S NC + + ï SNS NRRERCNS F F v KE ABogÿema WT del Fig. 3. — Coupe à l'Est du Massif de Mortain. — Echelle : long., 1/65 000; haut., 1/13000; X, Xy, Précambrien ; S!, Grès armoricain ; S?, Schistes d'Angers; S5a, Grès de May : 1, grès ; 2, schistes à Ostracodes : 3, Grès ; S*b,Schistes ordoviciens supérieurs ;S “a, Grès culminants; S“b, Ampélites; y, Granite. b) Massif d'Andaine. — Continuation à l'Est du massif précé- dent, au-delà de la faille de l’Egrenne ; sa limite à l’Est est arbitraire et correspond à la vallée de la Vée où se trouve Bagnoles (fig. 4). Le tracé de son bord nord sur la Carte géologique est assez inexact. Le grès marqué comme grès armoricain au Nord de Domifront est du grès gothlandien ; il est probable que la bande du Château de l’'Ermitage est du même âge. En tout cas, ce massif se Domfront Tertre dela Les Bunoudières Saintfront ' le Pissot Violiere CA BoÿpEmANsT del, Fig. 4. — Coupe à l'O. du Massif de Domfront. Echelle : long., 1/65 000; haut., 1/10 000. Même légende que fig. 5. termine comme le précédent à son bord nord par une faille, puisque de l’Egrenne à Champsegré tout au moins ce sont les couches gothlandiennes qui sont en contact au N. avec les phyl- lades mâclifères. L’axe du pli synclinal se tient plutôt légèrement 1. M. pe LAPPARENT a signalé la présence des ampélites au Moulin de Fannières; les limons P‘ indiqués sur la Carte géologique aux Brulins au Sud de Ger recouvrent le même horizon. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 923 au Sud de la faille et le grès gothlandien (Grès culminant) se relève pour ébaucher une lèvre nord incomplète du synelinal. Dans le massif d’Andaine, la lèvre sud présente une régularité remarquable ; de Domfront à Bagnoles, sur une longueur d'environ 20 km., le grès armoricain, les schistes d'Angers, le grès de May, le grès culminant forment des bandes parallèles, orientées suivant la direction générale du massif, et dont le parallélisme se traduit nettement dans la topographie. c) Massif de Saint-Patrice-du-Désert. — Compris entre la vallée de la Vée et l'extrémité de la Forêt de Monnaye, ce massif est comme les précédents limité à son bord nord par une faille avec suppression de la plupart des assises de la lèvre nord du pli, mais il s’en distingue par la présence d’ondulations secondaires , l'irrégularité de son bord sud, la faible inclinaison des couches dans la Forêt de Monnaye et l'apparition au bord sud de cette forêt des poudingues représentant des couches plus anciennes que le grès armoricain. REU du fief aux BœuFs Men Géraume MtAlberé 275 Re de la Prise 280 Roela Mousse à Ang Forge ; ; le la 200 Sauvagere : FBopga ms del. Fig. 5. — Coupe au S. du Massif des Monts-en-Géraume. Echelle : long., 1/100 000 ; haut., 2/20 000. — Mème légende que fig. 5. Synclinal de la Ferrière-aux-Etangs. — IL s’'embranche vers l'extrémité du massif de Domfront sur le synclinal précédent dont la direction forme d’abord avec la sienne un angle de 45°; vers l'Ouest, la direction générale du synclinal devient parallèle à celle de la bande de Domfront. | Ce synclinal est partout limité par une faille qui supprime non seulement les assises de la lèvre nord, mais encore une partie des assises du flanc sud. On peut y distinguer deux massifs. a) Massif des Monts-en-Géraume (fig. 5). — Il correspond à l’origine du synclinal sur la bande de Domfront, et à la direction N. O. Le flanc sud se présente avec une grande régularité. Aucune 1. Une partie du lambeau marqué comme ordovicien sur la Carte géologique au Sud de la Ferté-Macé appartient au Gothlandien. Il y a des schistes ampéliteux dans la vallée au S. de la Ganterie. Les grès de la cote 210 au N. de ce point paraissent cependant être les grès armoricains et appartien- draient comme ceux de Mont Albert à la lèvre nord de la faille. 024 A. BIGOT assise n’y sépare le grès armoricain des schistes précambriens ou du granite; ilest vrai que le contact de ces formations est ordi- nairement masqué par d’épais éboulis ; maïs le grand travers-banc de la mine de la Ferrière-aux-Etangs a permis de s'assurer de l’ab- _sence de formations cambriennes. Un niveau de minerai de fer a été reconnu à la base des schistes d'Angers sur toute la longueur de ce massif, d'où il se prolonge dans le massif de Halouze. Les assises ordoviciennes et gothlandiennes plongent au N. E., mais la série n’est complète que dans la région centrale du massif où elle se termine contre le granite. Au Sud de ce massif, la lèvre nord de la faille-limite est formé soit par le granite (La Coulonche, La Sauvagère), soit par les schistes précambriens métamorphisés (Saint-Michel-des-Andaiïnes, Saint-Maurice-du-Désert). Au Sud du Mont-Albert, les phyllades supportent un lambeau de grès armori- cain, portant la cote 200, et dont les gros bancs à Tigillites plongent à l'O. vers la faille limite. Du côté nord, la faille limite vient couper en biseau les assises de la lèvre sud du synclinal; à la hauteur du Rocher-des-Brûlés les couches les plus élevées appar- tiennent au Grès de May ; à ia Ferrière-aux-Etangs, il n’y a plus que des schistes d'Angers; à Pie-Louvette, c'est le Grès armo- ricain qui vient se terminer en pointe contre le granite. Au delà la faille se poursuit au travers du Précambrien; cette interruption de la bande ordovicienne correspond au changement de direction du synclinal et marque la limite du massif des Monts-en-Géraume. Les accidents transversaux sont peu importants. Celui de la Ferrière-aux-Etangs paraît réel. Les travaux des mines de la Ferrière ont montré que l'accident de la Fieffe figuré sur la Carte géologique comme une faille transversale avec rejet correspond en réalité à un double changement à 90° de la direction des cou- ches, sans interruption dans la bande de minerai de fer :. b) Massif de Halouze (fig. 6-7). — La structure est beaucoup plus compliquée que celle du massif précédent; elle est surtout compliquée dans la région voisine du changement de direction du synclinal, c’est-à-dire vers la vallée de la Varenne. IL faut noter l'existence, au bord sud du grès armoricain, d’un étroit affleurement de granite, s’élargissant vers Larchamp, et dont les arènes sont visibles notamment près de la Bocagerie et au Sud de Buisson-Roux. Il y a de nombreuses cassures avec rejets que la Carte géolo- gique schématise plutôt qu'elle ne les figure exactement. Plu- sieurs de ces accidents transversaux se rencontrent près du 1. PRALON. Ann. Mines, 9° série, t. XIX, 1901, p. 125. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 929 Châtelier : ils y ont fait apparaître d'une manière très inattendue les ampélites gothlandiennes avec Graptolithes au voisinage d'affleurements de grès armoricain. Les figures ci-jointes (fig. 6 et 7) ne sont pas susceptibles d’une description détaillée, mais elles rendent suflisamment le degré de complication que présente cette région. Synclinal de la Forêt-Auvray. — Il est représenté contre le bord nord-est du massif granitique d’Athis par deux tronçons des assises les plus inférieures de sa lèvre sud, dont les couches plongent au Nord. Les poudingues pourprés de Roche d'Oitre et de la Forêt-Auvray sont en contact avec le granite : ils sont surmontés par des schistes avec bancs de calcaire marbre, butant N. , Le Châtelier FE BOREMANX de. NN s' { 4 Fig. 7. — Même légende que f Foret 0 fig.3.—Echelle:long., 1/30 000. 4 — Coupe des environs du Fig. 6. — Carte du massif de Halouze. — Chätelier. Ech. : 1/80 000. au Nord contre les schistes mâclifères. Le troncon des Rotours, au Nord de Putanges, est encore plus restreint; il est formé par les grès pourprés, plongeant au Nord, butant par faille contre le Précambrien, et reposant au Sud sur le granite qui les a métamor- phisés. Zone bocaine (fig. 8). — M. Lecornu a appelé zone bocaine le plus long des synclinaux siluriens de la Normandie’. Ce synclinal commence près de Granville, traverse de l'Ouest à l'Est le départe- ment de la Manche, pour disparaître à la limite du Calvados et de l'Orne sous les terrains jurassiques. La zone bocaine, définie par sa remarquable continuité, plus réelle encore que ne l’indiquent les feuilles de la Carte géologique de France, présente cette particularité que la nature lithologique des assises qui la forment est variable suivant les méridiens con- 1. L. Lecornu. Sur les plissements siluriens dans la région du Cotentin, 1802, p. 7. 3 Avril 1905. — T. IV. Bull. Soc. Géol Fr. — 59 ’ (Le) D (ep) A. BIGOT sidérés, témoignant ainsi de É a conditions de sédimentation ÊS SE différentes dans le sens O.E. à è ê È È Cette circonstance est assez à à 4 ss exceptionnelle, car l'étude ÉÉÈSS des divers synclinaux du Il : | | EE Massif breton nous a accou- tumés à voir les dépôts remarquablementsemblables eux-mêmes suivant l’axe d’un même synclinal, tandis que nous sommes habitués à voir ces sédiments changer de nature quand nous passons d’un synclinal dans un autre, même très rapproché. nœuil FBoprEma del ury-Harcourt ——\ Bon Ê ay sur Odon Le Pless = L’envahissemert du Cam- brien par le faciès vaseux, déjà préparé dans le flanc sud du synclinal de la Brè- che-au-Diable, se complète dans la plus grande partie de la zone bocaine. Une série schisteuse presque ininter- rompue s'étend jusquà la base des schistes d'Angers, englobant ainsi, au-dessus des poudingues pourprés, non seulement la presque totalité du Cambrien, mais ) encore des couches qui dé- pendent probablement du Grès armoricain, c’est-à-dire de la base de l’Ordovicien. ES DERNY=DOCAUE PR oCÇampeaux Devonien Fig. 8. — Carte de la zone bocaine. 4 Gothlandien Les Faïlles sont indiquées par des traits.forts EE] Grés de May à **:+] Granite E-=] Schistes d Angers 20 Kms Villedieu = Æ Des assises de grès gros- siers, dits grès feldspathi- ques, de puissance généra- lement faible, s’intercalent dans cette série schisteuse, mais à des hauteurs varia- bles. 10 SE. L = CRE —— ES Mesni MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 927 Autour de Clécy (fig. 9), ces grès feldspathiques sont peu déve- veloppés (grès de Caumont-sur-Orne): ; ils se trouvent immédia- tement au-dessus de l'assise des marbres, à la base des schistes du Pont-de-la-Mousse ; de là jusqu’à la base des schistes d'Angers toute la série est schisteuse; le minerai de fer n’est séparé des schistes rouges de Saint-Rémy que par des quartzites dont l'épaisseur totale ne dépasse pas 6 m. S.20.0. Mont Pinçon Bois de de t-Bec Le Plessis- 340 0° s Butte de la Rouelle Grimoull Sa > lelcongrain = Ÿ NS VE) 7 A 232 ie DU, " 7 1 É D à: F °E IS / Ke Le X C 1/2 Er db Fig. 9.— Coupe de la zone bocaine à l'O. de l'Orne. — Echelle : long., 1/65 000; haut., 1/13 000. — X, Précambrien; Sp, Poudingues pourprés; Sc, Schistes et marbres ; Sa, Schistes verts ; Sy, Grès feldspathiques ; Sr, Schistes rou- ges ; S?, Schistes d'Angers et minerai de fer ; S, Grès de May. A l'O. du Massif de Jurques (fig. roet 11), le faciès des schistes de la Mousse descend jusqu'aux conglomérats pourprés. L'ensemble que j'ai nommé autrefois schistes de Campeaux * correspond cer- tainement par sa base aux schistes et marbres ; mais ce n’est plus S. Mont Fragon Roque Poret Souleuvre R SEMartin des Besaces i EM 190 ; RES FN VS 9 Nr SN NN S x ps a $ x FBoypEmoys del Fig. 10. — Coupe de la zone bocaine à la traversée de la Vire. Echelle : long., 1/65 000 ; haut., 1/13 000. — Même légende que pour la fig.9. que tout à fait exceptionnellement que le calcaire apparaît dans cette série ; aux environs de Bény-Bocage et de Campeaux, certaines couches sont des grauwackes calcarifères *, ailleurs se développent de véritables lentilles calcaires, comme celles qui ont été signalées à Montabot ‘. Dans cette région il faut dépasser le niveau des schistes rouges de Saint-Rémy, si développés autour 1. Bull. Soc. Linn. Norm., (5) t. V, 1902, p. XLI. 2. Archéen et Cambrien, p. 63. 3. Morière. Nouveau gisement de marbre. Mém. Soc. Linn. Norm., t. IX, 1853, p. Lxv. 4. DE CAuMoNT. Essai sur la distribution géographique des roches dans le département de la Manche, 2° partie. Mém. Soc. Linn. Norm., t. VI, 1838, P. 274. 928 A. BIGOT du Massif de Jurques, pour retrouver, dans l’arête synclinale de la zone bocaine, une assise de grès de grande importance topo- graphique, puisqu'ils forment les crètes de Guilberville et de Montabot. Ces grès sont très grossiers ; leur faciès les ferait rapporter sans hésitation au niveau des grès feldspathiques cambriens si de Caumont : et après lui Bonissent n’avaient signalé des Strophomènes dans les grès de Montabot ; or, les fossiles que de Caumont appelle Strophomènes sont ou des Orthis, c’est-à-dire des fossiles ordoviciens, ou des Chonetes dévoniens comme ceux du Mesnil-Aubert. Ces deux hypothèses sont bien improbables. Il est plus vraisemblable que les grès de Guilberville et de Montabot sont le développement des grès grossiers et des poudingues qu'on voit apparaître au N. de Brémoy entre les schistes rouges et le minerai de fer ordovicien et qui sont distincts des grès de Jurques à faune de May. La région à l'Ouest de la vallée de la Vire m'est personnelle- ment trop peu connue pour que je puisse décrire ce que deviennent vers Granville ces faciès schisteux que nous venons de voir ne Caen à Vire S! Pierre du Fresne < NN F FLogpem æel. Fig. 11. — Coupe à l’extrémité O. du Massif de Jurques. Echelle : long., 1/80 000. — Même légende que les figures 9 et 10. envahir le Cambrien. Je puis seulement indiquer qu'à l'Ouest de la Vire le synclinal s'étale et que les couches cambriennes, schistes rouges et poudingues pourprés, y sont très peu inclinés. A l'Est, la zone bocaine se termine par le massif de Falaise ; cette continuité est beaucoup plus réelle que ne l'indique la Carte géologique. Le synclinal très rétréci au méridien de Pierrefitte-en- Cinglais s’élargit de nouveau à l'Est. La bande de poudingues pourprés qui formait le bord nord du synclinal dans les buttes de Combray et de Saint-Martin de Sallen disparaît un moment dans le Bois de Saint-Clair au-dessous des argiles à silex du Jurassique, mais elle affleure au Nord de Bonnœuil et de Saint-Germain- Longot, entre Longmesnil et le Pot où elle disparaît définitivement sous le Jurassique. Elle est bordée au Sud par des schistes avec bancs calcaires à Bonnœuil et au Douit, où ils ont été exploités ?, 1. Essai sur la distribution géographique des roches dans le département de la Manche, 2° partie. Mém. Soc. Linn. Norm., 6° vol., 1838, p. 272. 2. DE CAuUMoONT, Topographie géognostique du Calvados. Mém. Soc. Linn. Norm., t. VI, 1898, p. 301. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 929 Les schistes verts de Tréprel, Pierrepont, Bonnœuil, Saint- Germain-Langot, surmontent ces schistes et calcaires; ils appar- tiennent donc au Cambrien (schistes de la Mousse) et non au Précambrien. A Saint-Germain-Langot, près du Douit, immédia- tement au-dessus des marbres, il y a un petit niveau gréseux, occupant par suite la position des grès de Caumont dans la région de Clécy; ce petit niveau ne paraît pas affleurer au Sud. Les couches les plus élevées dans cette partie du synclinal sont des grès, peu visibles, qui forment une bande au Nord de Tréprel et Pierrepont (bois de Tupot); ces grès appartiennent encore au Cambrien. La région de Saint-Omer à Leffard correspond à une partie surélevée de l’axe du synclinal, sur laquelle l'Ordovicien a été enlevé ; cette circonstance accentue le contraste entre la région schisteuse de Saint-Rémy et la région de Falaise où le grès armori- cain paraît prendre subitement une grande puissance. M. Lecornu a montré ! que cette région de Falaise est constituée par deux plis synclinaux parallèles, séparés par un anticlinal, mais les ondulations qui sous le méridien de Falaise font appa- raître quatre fois le Grès armoricain ne sont pas aussi régulières qu'on l'avait cru jusqu 1c1. Nous distinguerons deux régions, sitaées de part et d’autre de la ligne du chemin de fer de Caen au Mans. Cette ligne emprunte pour traverser le faîte de la zone bocaine une dépression préparée par une importante dislocation. On réservera le nom de Massif de Falaise à la région ouest, tandis que celle de l’Est constituera le Massif de Montabard Un premier trait distingue le massif de Falaise. Son bord nord est limité par une faille dont la lèvre nord est formée par le Pré- _ cambrien ; à ce niveau appartiennent les quartzites fins, verdâtres, bien visibles à Falaise même dans le Val d’Ante et notamment dans la tranchée du tramway ; près du Moulin du Gué Pierreux, les schistes sont maclifères. La faille est oblique à la direction des assises du massif ; sa lèvre sud est formée à l'Ouest par le grès armoricain des Bois du Roi et de Falaise ; à l'Est par le grès de May depuis Falaise jusqu'à la ligne de Caen au Mans. Le massif de Falaise présente dans son ensemble la structure définie par M. Le Cornu (fig. 12 à 15). L’anticlinal médian (fig. 12), est occupé par des schistes vert sale, presque partout recouverts par les calcaires jurassiques de la plaine de Saint-Martin-de-Mieux. On les voit cependant très bien près du 1. Sur le massif silurien de Falaise et ses prolongements. B.S.L N ,4es., t. V, 1891, p. 57, 1 pl. A. BIGOT 930 Château de Couvrigny, autour de la ferme de Couvrigny, et à Saint-Clair où le grès armoricain les recouvre directement. Ces QU = È ASIE DLL ET 2 mm . schistes ont absolument les caractères de ceux qui ont été dési- 9STETEA 9p Jissex np onbri$o[o98 aqien — ‘er ‘SL 2p CNwadbog: 0007002 ; 2407 QUCION NE JN21J20nS US1IN/IS S 4Ey gp SD LS == Saueu/feT 2 S219406 A — ——_— ù RSS 5727 SE AH DINO TRES EE ES (” E = = St == An VE AN: GES Le UIB2/JOUL 2 œ 1890U4Y S840, S ET quodauuel je US9IIQUET) S27SIY2C es 2 Ï É È ec : 3 NN 5, S21QIEU 72 5871406 SS = Vi. saudinod senbuipnoy dé TRS 2dine Hpnoy ds = Re USIQUE284) V = QG plus haut sous le nom de schistes du Pont-de-la-Mousse. : A » gnés 1. C’est de ces schistes cambriens que proviennent les empreintes problé- matiques d’abord signalées par DE Brégisson (B. S. L. N.,t. V, 1861, p. 244, 1 pl.), puis par DALIMIER (B. S. G. F., t. XIX, 1862. p. 205) et que de Tromelin a décrites plus tard sous le nom d’Arenicolites Kenta Trom.-LEBEsc. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE O1 l'Ouest, près de Vallembras, de Leffard, du Château de Longpré, il y a entre eux et le Grès armoricain des schistes rouges qui repré- sentent sous une épaisseur très réduite le niveau de Saint-Rémy. L’affleurement du Grès armoricain au Sud de cet anticlinal est discontinu ; il est représenté par deux lambeaux, l’un exploité à Saint-Pierre-du-Bu contre la route de Putanges où il est vertical, plongeant même légèrement au N. ; l’autre à la Mauricière a été exploité près de la route d’Ecouché ; les grès y sont très laminés et leur plongement n’est pas visible. S.0. Carabillon Rue Brette La Baise À. i Les Montils Falaise à Berjou Falaise Les 2 205 | 189 : 79 1 D we É JE ' PT QUE 6 7 NE KR NN \\\ R SS2 À Ne Ve La | nn. > ST r Sc ; Fes F ze Sopjemans el S.0. Côte deu 262 R* d'Argenten. Terres Rouges La cxbRse NS Se a 183 ARR A NON CRE __143 RRS N IX RE = DIS à > PE Î P SN é A A DeppemApls ae Fig. 13 à 15. — Coupes dans le Massif de Falaise. — Echelle : long., 1/65 000; haut., 1/13000. — y, Granite; X, Précambrien; Sp, Poudingues pourprés; Sc, Schistes et marbres; Sa, Schistes verts; S!, Grès armoricain; S?, Schistes d'Angers; S°, Grès de May ; S‘, Ampélites. Au Sud, cet anticlinal est bordé par une faille. À Saint-Vigor- de-Mieux, les Grès de May de la Roche sont recouverts par des schistes et probablement même par les ampélites gothlandiennes, c’est-à-dire les couches siluriennes les plus élevées. C’est le prolon- gement de cette bande schisteuse qui borde au $S. le Grès armo- 932 9 © l'A. BIGOT ricain de Saint-Pierre-du-Bu. Plus à l'Est, le Grès armoricain disparaît entre la Ferme et la Mauricière, et ce sont les schistes cambriens qui bordent au N. la crête de Grès de May des Bois de Goude. Cette faille parallèle supprime la lèvre nord du pli méri- dional dans la plus grande partie du trajet de ce pli. Cependant à l'Est, vers Néci, la largeur de l’affleurement du Grès de May augmente rapidement, et il est très probable que le Grès de May prend une allure synclinale et que l’axe du pli est occupé, au- dessous du Jurassique de Néci, par les ampélites gothlandiennes. La structure du pli septentrional est assez différente de celle qu'exprime la Carte géologique. A l'O. de Falaise, la bande de Grès armoricain se dédouble par l'apparition d'un affleurement de schistes rouges, formant une petite dépression au $S. des Boïis-du- Roi et bien visibles près du Château de Longpré. Le Grès de May qui occupe une si vaste surface au N. de la route d’Argentan a certainement une disposition synclinale, car à la Froudière (au N. de Néci) il y a des argiles ampéliteuses et des schistes gothlan- diens qui se continuent très probablement à l'O. jusqu'au Château- du-Petit-Saussey. Les assises du pli septentrional s’interrompent brusquement au voisinage de la ligne de Caen au Mans; sur le prolongement du Grès de May de la Balandière se placent les schistes et marbres cambriens de Vignats ; aux ampélites de la Froudière et au Grès de May du Mesnil-Guérard se juxtapose le Grès armoricain. Cette faille transversale ne paraît pas affecter le synclinal méri- dional, dont le Grès armoricain se continue sans déviation jusqu’à l’Anerie, contre la ligne du Mans à Caen, où elle disparaît sous le Jurassique. Le massif de Montabard (fig. 16) diffère de celui de Falaise par la régularité de son bord nord. Au Nord de la crête de Grès armo- ricain qui se termine à Villedieu-lez-Baïlleul, on trouve des assises cambriennes. Les schistes avec marbre forment une première bande visible dans les vallées creusées au dessous de la base du Jurassique, à Vignats, Fourches, Bierre, la Poterie, le Roc de Guéprei. Les grès et conglomérats de la base du Cambrien existent au N. de Vignats, au S. de Fourches, au N. de la Poterie, à Guéprei, jalonnant une bande parallèle à la précédente. C’est plus au N. qu'afileurent au Pont d'Ommoy, les schistes précambriens. Le pli septentrional est très réduit ; son axe est occupé par les schistes de Brieux, à faune d'Angers. Il est très rétréci à l'Est quand il s'enfonce sous le Jurassique, et se ferme rapidement à l'O. où ce Grès armoricain prend une allure en plateure pour se MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 933 raccorder avec la bande de Mares, représentant l’anticlinal médian du Massif de Falaise. Le pli méridional est en partie caché sous le Jurassique; il n’at- fleure que des bandes appartenant à son flanc nord. Son axe est occupé par des ampélites (S.E. de la Touche et le Fourneau). Les grès de Bois du Feuillet appartiennent à deux niveaux ; une pre- mière bande, bordant les ampélites au N.est formée par le Grès de May; elle est séparée du Grès armoricain par des schistes où M. de Bazoches à signalé dès 1822 le Calymene Tristani ". La Carte géologique montre avec une grande netteté que les affleurements du Grès armoricain et des poudingues de base du Cambrien convergent au Sud du Massif de Falaise. À Fourneau SO. Pierrefitte Caen au Mans Le Hamel 236 Les Mares ! _ | 155 F h S K NN 7 702: = E 3 ourches NS ee 277 nee Sp Se NN 77 RE nn — 62 QE CT FPoppenns dé Fig. 16. — Coupe à l’O. du Massif de Montabard. — Echelle : longueurs, 1/65 000 ; hauteurs, 1/13 000. — Même légende que les figures 12 à 14. on trouve entre ces deux affleurements les schistes et marbres surmontés par des schistes verts beaucoup moins puissants que dans la zone bocaine, moins puissants encore à Cordey, puis disparaissant à l’E., où le Grès armoricain repose directement sur l’assise des marbres. La constatation de l'existence dans l’intérieur du massif de failles longitudinales, légèrement obliques à la direction des bandes, rend moins rigoureuse la conclusion que l’on peut tirer de cette disposition en faveur de la transgression ordovicienne. Cepen- dant l’on peut remarquer que cette disposition s'observe aussi au N. du Massif de Montabard, où le Grès armoricain repose direc- tement sur l’assise des schistes et marbres, comme à Cordey, et sans intercalation des schistes cambriens supérieurs. I1 semble donc qu'ici comme dans le Maïne, la transgression ordovicienne soit bien la cause des relations qui viennent d'être rappelées. On peut même prévoir que si le Jurassique était enlevé, on verrait à l'E. de Pierrefite les Grès armoricains déborder à leur tour les poudingues pourprés et reposer directement sur le Précambrien, comme cela a lieu plus au Sud, entre Mortain et Bagnoles. 1. Ann. des Sc. nat.,t. V, p. 472-475. 934 A. BIGOT Massif du Mesnil-Aubert (fig. 17). — Ce petit massif est un fragment de la zone bocaine isolé au milieu du Précambrien. Il se compose de deux bandes, à peu près parallèles. L'une située au S. E. est formé par les conglomérats pourprés et les schistes rouges, plongeant faiblement au N.O. (12-152): l’autre située au Nord de la précédente est formée par des assises de grès, grau- wackes et calcaires. Les calcaires et les grauwackes forment un horizon continu depuis le Mesnil-Aubert jusqu'à la Rouelle ; les calcaires, autrefois exploités près de l’église du Mesnil-Aubert, sont gris, à cassure encrinitique ; les grauwackes renferment des fossiles : Chonetes tenuicostata S0. Anc “Carrière de Calcaire Œnrerr, Sp trifer, articles d'En- Le\Mesni-Aubert crines ’. Ces couches dévoniennes ré sont fortement redressées et vien- nent buter au N. contre les schistes précambriens. Fig. 17.— Coupe au Mesnil-Aubert. La région du Cotentin la plus — Ech. : long., 1/100 000; haut., 2 \ 2 . Ë 1 00 UE Die cnbrien ln rapprochée où le Dévonien soit Poudingues pourprés ; d, Dévo- Connu est celle du Plessis, située nien. à 36 km. au N. La présence du Dévonien au Mesnil-Aubert est donc assez inattendue dans une région où par ailleurs on voit le Dinantien de Regnéville se superposer au Cambrien. Elle ne peut s'expliquer par une transgression du Coblencien, puisque partout où nous connaissons cet étage dans l'Ouest il se relie si intime- ment au Gothlandien par la série des schistes et quartzites que la limite tracée sur les cartes entre le Silurien et le Dévonien est absolument arbitraire. La présence du Dévonien au Mesnil-Aubert n’est explicable que si l'on admet l'existence d’un lambeau compris entre failles, qui s'enfoncerait au N.O. sous des assises plus anciennes, et recou- vrirait au S.E. des assises également plus anciennes. En tout cas l'importance du rôle joué par ces failles parallèles dans la structure du Massif apparaît ici avec une grande évidence. Bassin de Regnéville. — L'étude du massif de Mesnil-Aubert nous amène à nous demander si la superposition du calcaire de 1. BONISSENT, dans son Essai géologique sur le département de la Manche (2° édit., 1870, Cherbourg, Feuardent, p. 206), signale dans les grès de Mesnil- Aubert : Calymene Tristani, Orthis et parties d'Encrines. L’échantillon dela collection Bonissent, au Musée de Cherbourg, est une limonite renfermant une empreinte indéterminable de Trilobite, des articles d'Encrines, des sections de Chonetes ? Ces fossiles ne sont certainement pas ordoviciens. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 939 Regnéville au Cambrien est bien due à une transgression de la mer dinantienne, où si elle ne résulterait pas d'un contact par faille comme au Mesnil-Aubert. C’est, en tout cas, par une faille que la bande carbonifère se termine au N. contre des terrains plus anciens, schistes précambriens vers Regnéville et Monchaton, grès et schistes cambriens vers Saussey. Cette faille se continue au N. de la bande Cambrienne de Cerisy-la-Salle ; elle est située au bord nord de la lèvre sud d’un pli synclinal d’assises cambriennes plongeant au N. | Synelinal de la Brèche-au-Diable. — Il est en grande partie recouvert par le Jurassique du Cinglais, à l'Ouest de la Laïze, et de la plaine entre cette rivière et la Dives. Sa structure est bien connue. M. Lecornu a raccordé les coupes offertes dans le Cinglais par les vallées de la Laize et de ses affluents, par la vallée du Laizon et par les pointements de roches anciennes dans la plaine entre le Laïizon et la Dives. La description de ce synceli- nal ’ a inspiré les travaux des diverses concessions de minerai de fer de ce bassin”*. Je signalerai cependant que, suivant les prévisions de M. Lecornu, il existe des schistes ampéliteux au centre du synclinal dans la vallée de la Laïze (Pont-de-Flée et au dessous du Mesnil-Touffrey). M. Lecornu a indiqué aussi que, à l'Ouest, le synclinal est ter- miné par un accident transversal supprimant les poudingues pourprés à Saint-Laurent-de-Condel et aux Moutiers-en-Cinglais ; la lèvre relevée de cette faille, formée par le Précambrien, porte sur la rive gauche de l'Orne, au S. de Neumer, un petit lambeau de poudingues pourprés. Les deux lèvres de ce synclinal montrent des faciès différents. La lèvre sud prépare l’envahissement du Cambrien par le faciès arénacé ; les schistes très développés entre les grès feldspathiques et le Grès armoricain au N. de Moulines sont très réduits au même niveau près de Gouvix. Le Grès armoricain présente également des différences d'épaisseur, il a une cinquantaine de mètres à Saint-Germain-le-Vasson, une dizaine à Gouvix. Il est probable que le Grès armoricain n'existe pas à l'E. du synclinal vers Bretteville- sur-Laize ; le minerai de fer n’y est pas en relation avec les quart- zites blancs de la base de l’Ordovicien ; cette disposition se retrou- vera dans le synclinal de May. 1. L. LecorNu. Sur le Bassin silurien de la Brèche-au-Diable. Bull. Soc. Linn. Norm., 4° série, t. IV, p. 49-56, 1 pl., 1890). 2. RENÉ Masse. Contribution à l’étude des gîtes minéraux de la Norman- die. Ann. Mines, r0° série, t. I, p. 581-608. 936 A. BIGOT Synclinal de May-sur-Orne (fig. 18 et 19). — La structure de ce synclinal a été établie en 1887 par M. Lecornu : qui a montré que les assises du flanc nord sont couchées sur celles du flanc sud. Ce pli isoclinal est nettement limité au Nord par une faille parti- culièrement évidente dans la vallée de l’'Odon, près du Pont- Chalon où les grès feldspathiques sont refoulés et plissés contre le Précambrien ; cette faille longitudinale coupe en biseau les assises; de l'E. à l'O. le Précambrien est successivement en con- tact avec les grès feldspathiques et les schistes d'Angers de la lèvre nord, les grès de May, les schistes d'Angers, les grès felds- pathiques de la lèvre sud, dont l’affleurement s’amincit vers Tessel: shell 160.000 Sp Poudingues pourpres Se Schistes et marbres ETS Sg Grès feldspathiques x S? Schistes d'Angers et minerai de fer { ES ; à TN SWarsur-Onrne SÈ Gres de May ++++++ Arête de May . = a == SŸ Schistes ordoviciens supérieurs EEE rc 1 S* Gothlandien > NT Bu ee Se Marmjon F LOTREMAN ST del. Fig. 18. — Carte du Synclinal de May-sur-Orne cet amincissement s'accompagne au Sud d’une cassure qui fait disparaître vers Tessel tous les termes de la lèvre sud plus anciens que le grès feldspathique. Il y a d’autres cassures longitudinales : l’une d'elles limite au N. l’affleurement de Gothlandien de Feugue- rolles, en supprimant dans la lèvre renversée les schistes qui surmontent le Grès de May dans la lèvre sud. | Vers la butte de Laïze, l’orientation des bancs semblait indiquer une fermeture rapide du bassin dans cette direction. Les travaux des recherches effectués sur le prolongement de la concession de May ont montré qu'après une inflexion dans sa direction la couche de minerai de fer se continue à l’'E., vers Roquancourt. 1. LECORNU (L.). Sur le Silurien des vallées de l'Orne. B. S. Linn. Norm., @), t. I, p. 19-33, x pl. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 937 Axe de Saint-Sauveur-le- Vicomte. — L'abondance des forma- tions caillouteuses plus ou moins récentes rend difficile le raccor- dement des massifs gréseux, siluriens ou dévoniens qui forment les nombreuses buttes de la région centrale du Cotentin; les schistes y sont généralement masqués par des limons et des allu- vions modernes. Je connais surtout cette région par les descriptions et les cartes de M. Le Cornu :’. Quelques courses rapides me permettent cependant de donner une idée de la manière dont se relient pro- bablement les affleurements. L'axe de Saint-Sauveur est constitué non par un seul, mais par trois plis synclinaux, qui sont du Sud au Nord : 1° Pli de Lessay, dans les assises siluriennes : son axe paraît plonger vers l'Est: il est possible que le lambeau de grès de Colombières (Calvados) se rattache au flanc sud de ce pli comme l’a admis M. Le Cornu. Ch? Hausse May Le Diquet StMartin de Fontenay l 2 66 : Ee 67 LaLaize À. SE ! : SIN RAA SNN SS 3 +6 ï ! SKK SNS RS = Ë | RSS SSI 3 OS SKI) —? X P R= 7, /S2 1 Sa F X EF A Boÿpe Mans el, Fig. 19. — Coupe de la région de May.— Echelle : long., 1/50 000 ; haut., 1/5 000. X, Précambrien; Sp, Poudingues pourprés ; Sc, Schistes et marbres; Sg, Grès feldspathiques ; $?, Schistes d'Angers ; S°, Grès de May ; S’a, Schistes ordoviciens supérieurs ; 1, Lias et Bajocien inférieur ; 2, Oolithe ferrugi- neuse ; 3, Oolithe blanche; 4, Vésulien (Calcaire de Caen); 5, Alluvions anciennes. 20 Pli de la Haye-du-Puits, dans le Dévonien. Il y a des couches de Néhou, aux deux extrémités, à Glatigny et Surville du côté ouest, à Prétot et Saint-Jores du côté est. 30 Pli de Saint-Sauveur--le- Vicomte, formé d'assises siluriennes (Ordovicien et Gothlandien) et d’assises dévoniennes. Il comporte au moins trois ondulations secondaires ; suivant l’axe de la pre- mière le Gothlandien apparait des deux côtés des marais de la Sangsurière et les couches de Néhou au N. de Baudreville ; Saint- Sauveur-le-Vicomte et Besneville sont sur une deuxième bande de Gothlandien ; une troisième ondulation correspond à l’apparition des calcaires de Néhou dans la Forêt de Saint-Sauveur. L’axe de 1. Plissements siluriens dans la région du Cotentin. Bull. Sere. Carte Géol., n° 33, t. IV, 1893, p. 10, et Carte géologique, Feuille de Saint-Lô, 1897. 938 A. BIGOT ces diverses ondulations est incliné vers l'Ouest ; les deux derniers se confondent dans cette direction et les couches de Néhou s’étalent entre Barneville et Portbail. La fermeture du pli synclinal de Saint-Sauveur du côté de l'Est paraît très problématique. Anticlinal des Moitiers d’Allonne(pl. XXIV, fig.3).— L’axe de cet anticlinal est aligné E. O., et il plonge à l'Est; dans cette direction il présente à l’affleurement des couches de plus en plus récentes. Les assises les plus anciennes sont les schistes cambriens des Moi- tiers d’Allonne ; les assises les plus élevées formées par les grès à Orthis Monnieri sont situées à l’autre extrémité de l’axe. Les retombées de l’anticlinal dans sa partie ouest tout au moins sont limitées par des failles. A Carteret, dans la falaise qui domine l'hôtel de la Mer, deux villas voisines sont bâties l’une sur les schistes cambriens, l’autre sur les grauwackes fossilifères du niveau à de Néhou; le chemin du phare =ples Hoïtiers dre de Carteret montre les mêmes relations. Du côté nord les schistes cambriens sont éga- lement en contact avec le niveau de Néhou. D'autres failles, plus ou moins paral- lèles à celles-ci, suppriment > localement ces assises à l’in- e Carteret SES 4 6 F Bag térieur de l'anticlinal. La Fig. 20. — Carte des environs de Carte- figure ci-jointe (fig. 20) expri- ret.— Echelle : 1/100000.—S*,Schistes me d’une façon plus vraie et et dalles; S', Grès armoricain; S?, plus précise que la Carte Schistes et grès à Calymènes ; S3, Grès géologique, IË disposition des de May; d', Schistes et quartzites ; 1x , L SAONE di, Grès à Orthis Monnieri; d’,Schistes COUChes à l'extrémité ouest et calcaires à Athyris undata ; EF, de l’anticlinal. Failles. Ilreste deux faits à signaler. D'abord le grand développe- ment des schistes dans le Cambrien, comparable à celui du même faciès dans la zone bocaine : les calcaires oolithiques des Douits, intercalés dans ces schistes sont comparables aux calcaires ooli- thiques de Saint-Rémy; cet horizon schisteux se termine par une assise de grès grossiers que des schistes rouges séparent du grès armoricain. À la base des schistes d'Angers se développe un niveau gréseux, avec quartzites fins, ferrugineux, qui paraissent représenter le niveau du minerai de fer dont ils occupent la place. Synclinal de La Scye (pl. XXIV, fig. 3). — Il ne comprend MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 939 que des couches dévoniennes et correspond à la plus grande partie de la zone septentrionale de Dalimier'. Sa partie occidentale est alignée E.O.; elle comprend deux digitations, séparées par un anticlinal de grès à Orthis Monnieri; dans la digitation sud est Baubigny ; celle du Nord contient à Pierreville et Surtainville des couches de Néhou à Athyris undata. Le premier de ces plis se continue seul à l'Est dans la vallée de la Scye. Au delà de Bricquebec, la bordure du synclinal marquée par une faille prend la direction N.E.-S.O. Vers Surtainville et Pierre- ville le synclinal se termine également par une faille ; les assises les plus élevées (niveau de Néhou) plongeant au N. sont en contact avec les assises précambriennes et cambriennes tronquées obli- quement par cette faille. Du Vrétot à Bricquebec, la faille est également parallèle à la direction des couches dévoniennes, mais oblique à celle des couches siluriennes situées de l’autre côté de la faille. Anticlinal de Grosville (pl. XXIV, fig. 3). — Le noyau anticlinal qui borde au Sud le synclinal de Siouville n’est visible que sur une faible surface. Il correspond à l'apparition de couches d’un carac- tère spécial. La roche dominante est une brèche, parfois schistoïde, ou renfermant des galets, mais généralement très cristalline, s'étendant de Saint-Germain-le-Gaillard à Grosville et Bricque- bosq. L'âge précambrien de cette formation est déterminé par la position de cette bande de brèches en bordure des couches du Cambrien, comme si ces arkoses leur étaient réellement super- posées ; il résulte aussi de l’intercalation, surtout vers le Sud, de bandes schisteuses dont le faciès rappelle celui de schistes pré- cambriens plutôt que celui des autres formations de la région. Ces brèches représenteraient un apport éruptif plus ou moins contem- porain des éruptions précambriennes de Jersey. Je n’ai pu cepen- dant trouver jusqu'à présent de représentants authentiques de ces brèches dans les conglomérats de base du Cambrien. Synclinal de Rauville. — La déviation dans la direction du synclinal dévonien à l'Est de Bricquebec est en relation avec l'orientation du pli suivant. Ce pli est orienté N.E.-S.0. Il ne contient que des formations siluriennes. Au N. il présente deux digitations, produites par un anticlinal cambrien entre Tollevast et Tourlaville. Une de ces digitations présente suivant son axe, au N. de Sottevast, le grès de May et les schistes à Trinucleus, surmontés par les schistes et 1. Strat. Terr. Prim. Cotentin, p. 89. 940 A. BIGOT à quartzites gothlandiens du Bois des Mauvassons. La seconde digita- ton a un tracé sinueux, suivant l’axe duquel le grès de May appa- raît à la Loge et à la Duquesnerie (entre Martinvast etla Glacerie) et dans la tranchée du chemin de fer au Sud du Pont-aux-Etienne. Les couches de base du Cambrien n'apparaissent que tout à fait au Nord. Elles sont formées d’arkoses, généralement schistoïdes par développement de blaviérite, qui constituent à Tourlaville, Bretteville, Digosville, le Mesnil-au-Val, un plateau terminé au Nord par l’escarpement qui domine le Béquet et Bretteville. A l'E. de la pointe du Heu on voit ces arkoses en contact avec les schistes graphiteux à feuillets de quartz interstratifiés du Pré- cambrien. Les couches sont renversées; elles plongent au N. Elles semblent ainsi surmonter une assise plus récente, d’une grande épaisseur, formée de schistes satinés, de couleur verte, exploités pour ardoïses, et que l’on voit bien surtout sur la rive droite du Trottebec, entre Tourlaville et la Glacerie. Ces schistes perdent au S. ce caractère ardoisier ; ils deviennent argileux dans l’anticlinal d'Hardinvast-Tollevast et dans la bande qui limite le synclinal au S.E. entre Sauxemesnil et Bricquebec. Ce grand développement des schistes semble correspondre à une réduction du faciès arénacé du sommet du Cambrien, car les grès armori- cains typiques à Tigillites, paraissent les recouvrir directement sans intercalation de grès feldspathiques. La base des schistes d'Angers présente un niveau de grès ferrugineux, renfermant à la Couvillerie près de Martinvast les mêmes fossiles qu'aux Moitiers d’Allonne (Homalonotus Vieillardi, Ascocrinus Parrandei). Du côté N.0. le synclinal se termine par une faille brisée qui intéresse suivant les points de son tracé des assises variées du syn- clinal. Au Sud de Ranville, près du Moulin Sorel, les assises les plus récentes (ampélites et schistes à nodules du Gothlandien) bordent la faille et sont en contact avec le Précambrien. Entre Couville et Martinvast, cette même faille accole le Grès de May, les schistes d'Angers ou le Grès armoricain aux conglomérats de base du Cambrien. Les deux digitations du synclinal de Rauville disparaissent au Sud ; iln’y a plus qu'une série d'assises se succédant régulièrement des plus anciennes aux plus récentes en allant vers l'Ouest. Entre le Vrétot et Bricquebec, ces assises sont coupées brusque- ment, transversalement à leur direction, par une faille qui devient ensuite parallèle à la direction des assises depuis Bricquebec et limite au S. le synclinal de Reuville. Le trajet de cette faille à l'O. du Vrétot demeure incertain, par suite de l’impossibilité de tracer MASSIF ANCIEN DE LA PBASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 041 des limites dans les formations schisteuses qui affleurent de ce côté, à la limite du Dévonien et du Gothlandien. Synclinal de Siouville (pl. XXIV, fig. 3 et fig. 21 à 25). — La forme triangulaire de ce synclinal résulte de la convergence de ses deux flancs vers Cherbourg. L'un de ces flancs épouse la direction N.E.- S.O. du synclinal de Rauville, tandis que l’autre reprend la direc- tion, voisine de O.E., qu'avaient les plis du centre du Cotentin. La ceinture des conglomérats de base du Cambrien est inter- rompue vers le sommet du triangle de Martinvast à Cherbourg. Dans toute cette région les conglomérats prennent un aspect S.20.0. RE de Beaumont, Sldes Landes Lande S° Nazaire 170 154 4 JE LogpE MT el : Fig. 21. — Coupe de la bande nord du synclinal de la Hague. — Ech. : long., 1/65 000 ; haut., 1/13 000. — Légende commune aux figures 21 à 23. — y, Gra- nite ; Xy, Précambrien granitisé ; Sp, Poudingues; Sa, Schistes verts ; Sg, Grès feldspathiques ; S!, Grès armoricain ; $S?, Schistes d'Angers; S3, Grès de May; P, Eboulis anciens. spécial ; ce sont plutôt des arkoses, de couleur généralement gri- sâtre, avec lits de poudingues, dont les galets sont de nature très variée ; j'ai donné jadis une liste des roches qui forment ces galets, résultant du démantèlement d’un continent précambrien dont nous ne connaissons de vestiges authentiques que dans les Iles Anglo-Normandes. Vers Cherbourg (Equeurdreville, Tonne- ville), ces arkoses sont schistoïdes et blaviériteuses comme celles Cäpe N.20E. 16e Les Couplets Fig. 22. — Coupe à l'Ouest de Cherbourg. Echelle : long., 1/65 000; haut., 1/13 000. — Voir la légende de la fig. 20. de Tourlaville ; elles sont renversées sur les schistes d’Octeville, continuation directe des schistes satinés de Tourlaville et ardoi- siers comme eux. Ce renversement se poursuit à l'Ouest jusqu'à Gréville. Au-dessus de ces arkoses de base, les deux flancs du synclinal présentent des diflérences remarquables. Entre le Rozel et Cher- bourg, le faciès schisteux est très puissant ; les grès feldspathi- ques, s’ils existent au-dessous du Grès armoricain, sont très réduits, 7 Avril 1907. — T. IV. Bull. Soc. Géol. de Fr. — 60. 942 A. BIGOT Dans le flanc nord, on voit se développer entre ces schistes et le Grès armoricain une série épaisse de grès grossiers qui constituent les landes de Flottemanville et de Biville, tandis que la puissance des schistes décroît successivement. Les schistes d'Angers présentent à leur base le niveau à Asco- crinus Barrandei et Homalonotus Vieillar di déjà signalé, soit sous forme de quartzites noirs, à grains fins, ferrugineux (le Riglon, près Helleville) ou de grauwackes ferrugineuses et même de grès calcaires (rochers littoraux sous le Petit-Beaumont). Le Grès de May comprend certainement plusieurs horizons, mais l’état cou- vert du pays et le morcellement des affleurements ne permet pas d'en donner une coupe bien précise On connaît l'existence des fossiles de cet horizon à Héauville (Modiolopsis, Orthis budlei- ghensis), à Vasteville (carrière sur la rive gauche du ruisseau des S.20E. Bois de Beaumont f Diqullevi Île Æ Le CG "A ET ae. Fig. 23. — Coupe entre la côte nord de la Hague et la baïe de Vauville. Voir la légende de la figure 20. Sablons, en face la Vallée, Homanolotus Bonnissenti, Orthis bud- leighensis) sur la rive droïte du ruisseau de la rue de Vauville (carrière dans la dernière croupe du coteau, Modiolopsis). Le niveau à Zrinucleus Grenieri de la baie d’'Ecalgrain est probable- ment représenté par un des horizons de schistes intercalés dans ces grès de l’Ordovicien supérieur (chemin de Beaumont à la rue de Vauville). Au-dessus du grès culminant, les ampélites gothlandiennes sont connues à Vasteville (puits au Grand-Hameau), à Siouville (Grap- tolithes) au Pont des Sablons (nodules avec Orthocères et Car- dioles) près du Hamel-ès-Cochards (Graptolithes) et dans la dune de Biville, près de la cote 80 (nodules à Orthocères). Le terme le plus élevé représenté dans le synclinal est le Dévo- nien. Il forme une ceinture autour de l'extrémité ouest du culot gra- nitique de Flamanville. Il est composé de schistes, parfois subar- doisiers (colline du Sauvage) ; ces schistes renferment des bancs de grès ferrugineux et de grauwacke contenant la faune de Néhou (Athyris undata),deslentilles de calcaires à Polypiers (Aceroularia, Cyathophyllum), des calcaires encrinitiques, des schistes et des grauwackes à Fenestrella. Tout cet ensemble est transformé au contact du granite en cornéennes micacées, cornes pyroxéniques et MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 943 grenatifères ; il renferme les couches de minerai de fer de Diélette. (fig. 24 et 25). L'assise des grès à Orthis Monnieri paraît manquer entre cet horizon de Néhou et le Gothlandien ; son absence paraît résulter - non d’une transgression des couches à Athyris undata, mais d’une suppression par faille. Fig. 24. — Coupe du monticule du Sauvage au N. de Diélette. SE ME _— y; Granite; S°, Grès de 7 May ; S'°, Grès culminant ; S*’, Ampélites ; S!, Schistes fissiles avec grès (gr) à la base; 2, Schistes avec lits de grauwacke fossilifère (9) ; 3, Schistes avec calcaires (c) ; F P, Eboulis anciens ; F, Faille. Fig. 25.— Coupe du Mont Saint- Gilles au N. de Diélette. — SEA MES Gilles y, Granite ; S°, Grès de May ; R°® de Couvert S'°,Grès culminant; S‘°, Am- QE pélites ; 1, Cornéennes mica- cées ; 2, Cornes pyroxéniques et grenatifères ; 3, Cornes avec minerai de fer (Fe); F £ vegren Ms ae P, Eboulis anciens; F, Faille. du Sauvage ÆE Logrem ps A. Synclinal de Jobourg. — La continuité primitive de ce syn- clinal et de celui qui vient d’être décrit n’est pas douteuse. Le synclinal de Jobourg est une portion très rétrécie du flanc nord S. Anse du ; Culeron e R°! de Merquetot. 1 de Æ LoÿpEnals del. Fig. 26. — Coupe de la partie sud de la baie d’'Ecalgrain. — Sy, Schistes granitisés (gneiss); 1, Schistes à Calymènes ; 2, Quartzites du Grès de May ; 3, Grès métamorphiques ; 4, Grès; 5, Schistes à Trinucleus Grenieri ; 6, Grès ; P, Éboulis anciens. du synelinal de Siouville ; les arkoses qui sont à son bord nord entre Omonville-la-Rogue (la Cotentine) et Auderville (sous la Roque) sont la suite de celles de Gréville, mais elles ne sont plus renversées sur la bande de schistes qui les borde au Sud. La lèvre sud du synclinal est partiellement supprimée. Au Sud de Jobourg, c’est le Grès de May, plongeant vers le Sud, qui est en contact avec le granite. Vers Ecalgrain (fig. 26), ce contact s’accom- 944 A. BIGOT pagne de phénomènes de métamorphisme qui permettent de sup- poser qu'une partie des gneiss du Nez de Jobourg résulte du métamorphisme de strates schisteuses ordoviciennes, dépendant du flanc sud de ce synclinal. Un lambeau de schistes d'Angers, apparte- nant à ce flanc sud, se trouve sur le chemin montant de la Côte Soufflée vers le Hameau Samson; il contient des nodules avec Calymene Tristani, Orthonota Normanniana. La baie d’Ecalgrain est ouverte dans ces assises ordoviciennes, plongeant régulièrement vers le Nord, sous une inclinaison faible, et venant buter au N. de la baïe contre les couches verticales des arkoses de base du Cambrien. La Carte géologique de cette région est inexacte ; la bande de schistes marquée $S° au N. du Corps de Garde de Merquetot est probablement la réapparition des schistes à Trinucleus Grenieri intercalés dans le Grès de May au Sud du Corps de Garde ; la crête de grès passant par les tumulus serait alors formée, non par le Grès armoricain, mais par un horizon supérieur du Grès de May ou par le Grès culminant. IIT. — Esquisse tectonique de la Basse-Normandie M. Le Cornu a donné en 1892 une synthèse remarquable de la tectonique d’une partie de la Basse-Normandie ’. IL a fait ressortir dans la figure 15 de ce travail le changement de direction que pré- sentent les axes de plissement dans le Calvados et dans la Manche et appelé l'attention sur la convergence de ces plis vers l'Est dans la région étudiée, par opposition à la convergence vers l'Ouest en Bretagne. La formation des plis N.O.-S.E. due à un effort général de refoulement exercé du S.O. au N.E. aurait été con- trariée en Bretagne et en Normandie par la présence d’un noyau résistant, fortement allongé dans la direction de l'O. à l'E. et autour duquel les plis se sont déviés. Cet obstacle fixe auraït été constitué par une partie de la Bretagne septentrionale. Au Sud de cet obstacle, les plis s’infléchissent en convergeant vers l'Ouest, au Nord ils s’infléchissent en convergeant vers l'Est. Les recherches postérieures au travail de M. Le Cornu permet- tent de préciser ces conclusions, notamment en ce qui concerne les noyaux résistants, auxquels serait due la déviation des plis. La carte jointe à ce mémoire (pl. XXV), indique la disposition des plis anciens en Basse-Normandie et le raccord des plis du Cotentin avec ceux de l'Est de cette région. J’ai essayé de relier ces plis 1. L. Lecornu. Sur les plissements siluriens dans la région du Cotentin. Bull. Sero. Cart. géol. Fr., n° 33, t. IV, 1892-93, p. 395-414, 16 fig. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 949 avec ceux de la Bretagne d’après les tracés de M. Ch. Barrois ï. J’examinerai rapidement quelles conclusions on peut tirer de l'examen de cette carte. Je rappellerai d’abord qu’au N. d’une ligne, reliant Sées à Fou- gères, les divers massifs siluriens et dévoniens ont une disposition commune. Les plis synclinaux ont leur lèvre nord plus redressée que leur lèvre sud (région centrale de la zone bocaine) ou couchée Feepps WT PCA Fig. 27. — Coupe d’une galerie de mine au Mont-Pinçon. — Sr, Schistes rou- ges ; 1, Grès blancs et quartzites gris 2 m.; 2, Schistes bleu noir, 0,20 ; 3, Quartzites gris, 3 m. 10; 4, Minerai de fer de la base des schistes d'Angers, 1 m. 80; 5, Quartzites ferrugineux. sur elle (environs de Cherbourg, isoclinal de May), ou supprimée par une faille longitudinale (Falaise, Mortain à Forêt de Mon- naye, Monts-en-Géraume). Quand on peut observer la disposition des failles longitudinales (fig. 27 et 28), elles se montrent inclinées au Sud (Dampierre, Mont-Pin- çon). — Au Sud de la ligne pré- cédemment définie. la disposi- tion est inverse (suppression de la lèvre sud du pli au Sud d'E- pig. 98. — Schéma des accidents du couves, au Sud du Bassin de Mont-Pinçon (Calvados). — Sa, Laval). Schistes verts; Sr, Schistes rouges ; S?, Schistes d'Angers avec minerai La carte montre que ce chan- de fer: S°, Grès de May; S', Am- gement d'allure des plis est en pélites ; F, Failles. relation avec leur situation par rapport à un de ces noyaux auxquels M. Le Cornu a attribué la déviation de direction des plis dans le Cotentin. On a figuré sur cette carte l’extension actuelle des sédiments cambriens. Ainsi que je l’ai rappelé antérieurement, dans les massifs siluriens situés à l’intérieur de cette limite, l'Ordovicien repose directement sur le Précambrien. C’est donc un massif d’ancienne consolidation, un 1. Le Bassin du Ménez-Belair. Ann. Soc. géol. Nord, t. XXII, 1894, p. 18r- 347, pl. 11 à 1x. — Des divisions géographiques de la Bretagne. Ann. Géogr., t. VI, 1897, p. 23-44 et 102-122, 1 carte. — Carte géologique de France au millionième, 2° édition. 946 A. BIGOT ancien « dôme de soulèvement » émergé pendant le Cambrien et qui a joué le rôle de noyau résistant à l'égard des poussées qui ont ridé le massif armoricain. Sous l'influence de cette poussée, les ondes synclinales se sont déversées en sens inverse de chaque côté de l’obstacle. Au Nord, les assises se sont couchées vers le Sud ; au Sud, elles ont été déjetées au Nord. Le défaut d’élasticité des cou- ches a entraîné la formation de cassures longitudinales, c’est-à-dire parallèles à la direction des plis. Au N. du massif ces failles longi- tudinales plongent au Sud. Les plus apparentes se trouvent au bord nord et à l’intérieur des synclinaux, maïs elles existent tout aussi bien dans les anticlinaux précambriens où la verticalité des cou- ches et surtout l'uniformité des caractères lithologiques ne per- mettent pas de les suivre. L'ensemble de la région présente par suite une structure imbriquée. Les déplacements le long de ces failles ont dû être parfois consi- dérables. L'absence de sections verticales un peu étendues ne permet pas de se rendre un compte exact de l’importance de ces mouvements. Toutefois, l'étude détaillée des affleurements dans le massif de Falaise (fig. 12) nous permet de penser que la partie N. de ce massif forme une véritable écaille partout circonscrite par des failles ; cette faille se superposerait à l'O. au massif de Pierre- pont; à l'E. elle se superposerait au prolongement du pli nord du massif de Montabard, tandis que le pli sud de ce massif se continuerait au Sud de l’écaille jusqu'aux Loges Saulces. C'est à la forme du front nord du noyau résistant qu'il faut évidemment attribuer le changement de direction de l’axe des plis en Normandie. A l'Est d’une ligne tirée de Bayeux à Vire, les plis ont une direction voisine de N.O.-S.E. (partie E. de la zone bocaine, massif de Falaise et de Montabard, synclinaux de la Brèche-au-Diable et de May); à l'Ouest de cette même ligne, la direction est voisine de N.E.-S.0O. (O. de la zone bocaine, massif du Mesnil-Aubert, syénite de Coutances, axe de Saint-Sauveur). L'influence exercée sur la direction des plis par la forme du noyau ancien, tel qu'il est délimité par l’extension des sédiments cambriens, se poursuit dans le N. de la Bretagne où l'orientation N.E. des plis dans les Côtes-du-Nord semble bien due à cette cause. Le changement de direction de l’axe des plis a pu être suivi dans un même synclinal, celui de la zone bocaine; il est donc naturel de penser que les plis du Cotentin se continuent dans le Calvados, de l’autre côté d’un axe transversal N.S., formé par les schistes précambriens. La seule difficulté est de savoir auquel de ces synclinaux de l'O. correspond tel synclinal de l'E. et c'est en cela MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 047 que nos raccordements peuvent prêter à la critique. Quoi qu'il en soit, la déviation dans l'orientation des plis demeure certaine, aussi bien que l'existence d’une ligne de bombement transversale dont le flanc ouest renferme les synclinaux du Cotentin, et Le flanc est contient les synclinaux du Calvados t. L’axe de ce bombement transversal est jalonné par une cassure nord-sud que l’on peut suivre sur une longueur de 60 km., grâce au filon de quartz discontinu qui y est injecté de place en place. L'orientation des plis dans le Nord du Cotentin paraît en rela- tion avec l’existence d’un second noyau qui nous est surtout connu par les débris qu'il a laissés dans les conglomérats cambriens. J'appellerai l'attention sur la localisation des massifs graniti- ques de direction hercynienne dans la région du noyau bocain. IV. Relations entre le massif ancien et sa bordure a). FossE HOUILLÈRE, DÉPRESSION TRIASIQUE ET TRANSGRESSION LIASIQUE La région occupée par les Marais de Carentan et leurs dépen- dances est une des plus intéressantes de la Normandie par le nombre etla variété des formations réunies sur le pourtour de cette dépres- sion. La distribution des dépôts triasiques montre que cette dépression est fort ancienne; elle avait déjà son individualité au commencement des temps secondaires, probablement même à la fin des temps primaires ; elle a joué en tout cas un rôle important lors de la transgression jurassique. Le pourtour de cette dépression est jalonné par une ceinture, à peu près continue, de formations constituées par une puissante série de sables et de grès, de galets et de poudingues, d’argiles de couleurs vives et de calcaires magnésiens. Quand cette ceinture est interrompue (vers Périers et Saint-Sauveur-le-Vicomte), c’est qu'elle est recouverte par des dépôts beaucoup plus récents. Cette série est très épaisse ; un sondage fait à Angreville, dans la région nord de la concession de Littry,l’a traversée sur 263 m. etn’en a pas atteint la base. Les seuls fossiles qu'on y ait signalés sont des portions de troncs de végétaux indéterminables, rencontrés au som- met de cette formation dans les grès d’Eroudeville et des empreintes de Ganoïdes à écailles pyritisées dans les calcaires noirs de la 1. Ce bombement a sa contre-partie dans l’ensellement des anticlinaux auquel serait due, d’après M. O. Barré, la gouttière envahie par la mer dans le golfe de Saint-Malo (0. BARRÉ, Origines tectoniques du golfe de Saint- Malo Ann. de Géogr.,t. XIV, 1905, p. 23-35, pl. 1, mn). 948 : À. BIGOT base. Le classement de ces assises est donc très délicat. Vieillard a signalé une très légère discordance entre le Stéphanien de Littry et les calcaires à Poissons ; malgré cela, il ne paraît pas douteux que ces calcaires se rattachent aux terrains paléozoïques, soit à la partie terminale du Stéphanien, soit à l'Autunien. On a classé avec eux les grès rouges et les conglomérats calcaires de Montmartin- en-Graignes qui surmontent les couches à Poissons : les argiles de couleur rouge vif superposées aux conglomérats calcaires ont été groupées avec eux sous le nom de red marl. Les couches terminales de cette formation ont une tout autre répartition et annoncent un état de choses différent. L’arête silurienne de Montebourg limite au Nord l'extension du red marl. Cette arête, tantôt cachée sous les formations caïlou- teuses rapportées au Trias, tantôt pointant comme à Lieusaint, le Mont-Castre, le Mont-de-Lestre, s'étend de Magneville aux îles Saint- Marcouf. Elle sépare deux régions d'importance très inégale, au N. le Bassin de Valognes, au S. le Bassin de Carentan. Les for- mations du red marl,les dépôts stéphaniens sont localisés dans le “Bassin de Carentan. L'autre région s'étend au-delà de la dépres- sion géographique qui constitue le Bassin de Valognes; les grès et conglomérats que recouvrent les calcaires hettangiens se relèvent au Nord pour former le plateau du Val-de Saize; ils y reposent directement sur la pénéplaine paléozoïque, formée par le granite et les schistes précambriens et cambriens. Tandis que dans le Bassin de Carentan une longue série de dépôts, inter- rompus par des lacunes plus ou moins importantes, s’échelonne depuis l’Hettangien, le Bassin de Carentan apparaît ainsi comme une zone déprimée, constituée plus tôt que le Bassin de Valognes, puisqu'elle est nivelée pardes dépôts plus anciens; ce bassin est resté jusqu'à l’époque actuelle une aire d’ennoyage, visitée à plusieurs reprises par les mers jurassiques, crétacées et tertiaires, et à peine conquise de nos jours sur la mer. A l’Estdu Bassin de Carentan, les poudingues et galets du Trias se prolongent jusqu'à Falaise ; ils ne forment plus une ceinture continue à la limite de la zone jurassique. Près de Littry, ils _débordent les argiles rouges; avant d’arriver à la vallée de l'Orne, ils sont à leur tour débordés au Sud par le Jurassique. Dans le Cinglais cette disposition transgressive du Lias est très no pu > les galets sont très développés à Grimbosgq (20 m. d’é épaisseur);4 s'amincissent au Sud, disparaissent avant Croisilles où ils . nettement débordés et ravinés par le Charmouthien. Les vallées du Meslay et de la Laize les montrent aussi dépassés par le Char- MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 949 mouthien. Les derniers aflleurements de ces galets indiquent qu'ils se terminent en pointe dans le Massif de Montabard où le Bathonien arrive à son tour à déborder le Lias et à recouvrir directement les terrains anciens. L'extension de ces couches au Nord sous les formations du Bessin nous est inconnue. Dans un puits creusé au château de Brouay on les a encore rencontrées, au dessous du Lias, mais quand on dépasse au Nord une ligne jalonnée par Tessel, Gavrus, Boulon, Fontaine-le-Pin, partout où des coupes naturelles ou des sondages permettent d'atteindre la surface des terrains paléo- zoïques, ceux-ci supportent directement le Jurassique, sans inter- calation de formations caillouteuses triasiques. Le forage de Caen (place Saint-Pierre) a atteint les schistes précambriens, les forages de l’Usine de Dives et de la place Louis-Philippe au Hâvre ont ren- contré le Silurien directement au dessous du Lias, Il semble donc que la traïnée de formations caillouteuses que nous venons de définir occupe une dépression allongée, creusée à la surface des terrains primaires et formant une sorte de golfe. Ce golfe terminé en pointe vers Falaise s'ouvre au N.O. vers le Bassin de Carentan. Ce golfe a joué un rôle important lors de la transgression des mers liasiques dans ces régions de la Basse-Normandie. La trans- gression ne s’est pas produite de l'Est à l'Ouest, c’est-à-dire du centre du Bassin anglo-parisien vers son bord occidental. C’est par la partie basse de cette dépression triasique, la plus éloignée aujourd’hui du centre du Bassin, que le Cotentin a été envahi par les mers du Lias. Elles n’ont déposé de couches hettangiennes que dans le Bassin de Valognes et au pourtour du Bassin de Carentan. Il est possible que dans le Bassin de Valognes le Sinémurien ait autrefois recouvert les calcaires hettangiens, mais ce Bassin n’en contient plus de traces; il est probable qu'il a été de tout temps moins profond que celui de Carentan, qu’il a été plus rapidement comblé, plus tôt abandonné par la mer, et que son individualité à l'égard du Bassin de Carentan remonte ainsi à une époque très ancienne. Dans le Bassin de Carentan et dans son prolongement vers le Bessin et Falaise, l’'envahissement de la mer liasique s’est fait graduellement. A l'Est d'Isigny, l'Hettangien disparait entre le Sinémurien et le Trias ; les couches liasiques en contact avec le Trias appartiennent d’abord au Sinémurien inférieur (Cartigny l'Epinay, environs de Trévières); plus à l'Est, elles sont débordées par les couches supérieures (environs de Tilly-sur-Seulles). Le Sinémurien ne dépasse pas le Bessin ; quand on approche de la 950 A. BIGOT campagne de Caen, sur la rive gauche de la vallée de l’Odon, le Charmouthien inférieur (C. à Zeilleria numismalis) repose directement sur le Trias; ces couches inférieures du Charmou- thien sont localisées dans la dépression triasique. Ce n’est qu'au moment où se déposent les couches à Cycloceras Valdani que la mer dépasse les berges de cette dépression ; elle s'étend fort loin jusqu'au cœur du massif ancien, sur le granite du massif d’Athis et à l'Ouest d'Ecouché (Orne). La grande extension relative de ces couches supérieures du Charmouthien semblerait indiquer une accentuation subite de la transgression, mais ce n’est qu'une apparence. Elle est due à ceci que la région envahie par les mers de l’'Hettangien, du Sinémurien et du Charmouthien inférieur for- mait une zone déprimée, entre les berges de laquelle les eaux se sont progressivement étendues ; la région atteinte par la mer du Charmouthien supérieur avait une formetopographique différente; Arête de è ‘Bassin de V&lognes Montebourg Bassin de Carentan Bessin Region de Caen b. — Ps del: one Fig. 29. — Schéma des relations des assises secondaires avec les terrains anciens dans le Cotentin et la région avoisinante du Calvados. — Ps, Ter- rains primaires; H, Stéphanien; P, Permien; T, Trias; l!, Hettangien; l’a, Sinémurien inférieur; 1?b, Sinémurien supérieur ; la, Charmouthien inférieur ; 1*b, Charmouthien supérieur. elle constituait une pénéplaine qu'un affaissement d'amplitude égale à celle des époques antérieures devait submerger sur une surface beaucoup plus étendue. L'étude des relations du Jurassique avec cette pénéplaine sort du cadre de ce chapitre et sera faite plus loin. La région qui vient d’être étudiée ressemble à celle que M. A. de Grossouvre a signalée au S.E. du Bassin de Paris, sur la bordure N.E. du Plateau Central '. Ces deux dépressions s'ouvrent en sens inverse, celle du Berri vers l'Est, celle de la Basse-Normandie vers l'Ouest ; elles tournent ainsi le dos à la région centrale du Bassin anglo-parisien, qui deviendra plus tard un géosynclinal à sédimentation marine. Aucun renseignement direct ne nous permet 1. CR. Ac. Sc. Paris, t: CXIV, p. 1218. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE gt de préciser les relations des terrains jurassiques avec les terrains paléozoïques dans le centre du Bassin. Le sondage de Dives a bien rencontré les grès siluriens sous le Toarcien, sans intercalation de dépôts charmouthiens, mais on observe cette superposition sur les crêtes siluriennes à la limite du massif ancien ; elle indique que l’affaissement s’est continué pendant le Toarcien sur le bord du Bassin, mais elle ne permet pas d’aflirmer que le centre de ce Bassin constituait pendant le Trias et le Jurassique inférieur une région surélevée, s’affaissant peu à peu et peu à peu envahie par la mer. Des notions précises sur cette question auraient un grand intérêt pratique ; elles permettraient de déterminer des points où l'épaisseur des terrains secondaires se trouverait très réduite par suite de lacunes à leur base résultant de cette régression anté- secondaire. La recherche du prolongement des bassins houillers du Nord et de l'Est est liée à la solution de cette question. Les relations des petits bassins houillers de Littry et du Plessis avec la dépression triasique montrent que l'emplacement de ces bassins stéphaniens est indépendant des plis hercyniens. L’un et l’autre sont situés dans la dépression de Carentan et dans une situation que tout fait supposer avoir été à l’époque stépha- nienne la partie profonde de cette dépression. Elle nous appa- raît comme une région basse de la chaîne hercynienne, dans laquelle se sont accumulés la houille et les sédiments qui l’accom- pagnent. L'étude précédente indique pourquoi le bassin houiller est limité au pourtour du Bassin de Carentan et à la partie du golfe du Bessin qui l’avoisine ; elle semble exclure la possibilité de rencontrer la houille stéphanienne dans la dépression triasique en amont de Littry ; elle montre que la position des lagunes houïllères, probablement continentales comme celles du Plateau Central est sans relations avec les plis hercyniens, puisque le golfe triasique dont elles font partie coupe très obliquement les synclinaux siluriens de Falaise et de la Brèche-au-Diable et les anticlinaux précambriens qui les limitent. La question de la continuité des bassins du Plessis et de Littry a été examinée par Vieillard ; elle n’est guère plus avancée qu’au moment où il écrivait son étude sur le Terrain houiller de la Basse-Normandie. On sait toutefois qu’à Lison le terrain houiller rencontré à 400 m. de profondeur contient, entre 400 et 539m.., des lits charbonneux. Les conditions que nous avons rappelées rendent de plus en plus vraisemblable la continuité souterraine du Houiller admise par Vieillard, puisqu'elle est indépendante des plis hercy- niens ; mais il est possible que la ligne qui joint Lison au Plessis 992 S M A. BIGOT: ne coupe pas l’axe de plus grande profondeur de la dépression, car l’anticlinal de la lande de Lessay se continue souterrainement; il divise peut-être la fosse houillèré en deux parties, situées l’une au N., l’autre au S. de cet axe et qui ne se raccorderaient que plus ou moins loin à l’Est de la ligne qui joint Littry au Plessis. b) INFLUENCE DE LA DISPOSITION DE LA PÉNÉPLAINE PALÉOZOÏQUE SUR LA DISPOSITION DES ASSISES SECONDAIRES ‘étude détaillée des plis et des failles dans la bordure secon- daire du massif ancien est trop peu avancée pour qu'on puisse fixer exactement comment ces accidents se raccordent avec ceux du massif ancien. Les conclusions que Marcel Bertrand’ a tirées de la bordure du massif ancien dans la Sarthe sont sans doute applicables à la Normandie. M. G. Dollfus ? a déjà montré que les failles du voussoir de l'Huisne sont en relation avec les accidents du massif ancien. Je signalerai seulement que l'accident des Hachettes, avec ses cassures E.O., n’est pas un accident isolé dans le Bessin ; cette région présente une série de cassures. alignées dans la même direction et qui semblent indiquer un voussoir des terrains juras- siques aligné comme les plis primaires du Calvados. J'appellerai l'attention sur une disposition générale des terrains jurassiques par rapport aux terrains anciens qu'il ne faut pas perdre de vue pour le raccordement des plis. Cette disposition résulte nettement de l'examen de la fig. 19 (p. 9397) et de la fig. r, pl. XXIV. Ces coupes montrent que la surface topographique du fond des mers jurassiques est en harmonie inverse * avec les accidents tecto- niques du massif primaire. Comme à l’époque actuelle, les régions précambriennes anticlinales formées de schistes constituaient des régions déprimées par rapport aux synclinaux siluriens limités, au moins à leur bord sud, par des massifs gréseux restés en saillie. Dans chacun des synclinaux, les bandes schisteuses forment des gouttières entre les reliefs gréseux. Cette disposition de la pénéplaine anté-secondaire est aujour- d’hui soulignée par la disposition des assises jurassiques. Celles-ci se relèvent vers les lignes de relief et s’abaissent vers les dépres- 1, Sur la continuité du phénomène de plissement dans le Bassin de Paris. B. S G.F., (3), XX, 1892, p. 135, fig. 4. 2. Nouvelle Carte géologique du Bassin de Paris au millionième. B.S.G.F., (4), LIL, 1903, p. 15, fig. r. 3. O. BaARRÉ. Sur les origines tectoniques du golfe de Saint-Malo. Ann. Géogr., t. XIV, 1905, p. 23. MASSIF ANCIEN DE LA BASSE-NORMANDIE ET SA BORDURE 953 sions : l’anticlinal secondaire du Merlerault se superpose au syn- clinal silurien de Montabard ; le synclinal silurien de la Brèche- au-Diable forme un axe anticlinal pour les terrains jurassiques qui s’y superposent ; les deux arêtes du grès de May dans la bande de May sont deux crêtes anticlinales qui limitent une fosse de terrains secondaires creusée dans les schistes de l’Ordovicien supérieur. La plupart des couches jurassiques de la bordure du massif primaire ont dû se déposer sous une très faible profondeur d’eau. Excepté pour les dépôts effectués autour des saillies gréseuses, l'identité des caractères lithologiques et fauniques indique que ces couches ont dû se déposer à peu près horizontalement. Tel est particulièrement le cas de l’oolithe ferrugineuse, qui se continue avec une épaisseur très faible aussi bien dans la fosse du Bessin que sur les saillies gréseuses au Sud de Caen. Pour expliquer cette uniformité dans les caractères des dépôts, il est donc nécessaire d'imaginer que, comme dans les géosyncli- naux, la région a constitué une aire d'ennoyage, s’affaissant avec des vitesses inégales. La vitesse était plus rapide dans les fosses, où les sédiments sont plus épais, que sur les saillies plus stables à cause de leur constitution. Ces saillies ont mieux résisté aux poussées qui ont affecté les assises jurassiques. Ces poussées ont accentué la courbure synclinale des fosses, et par suite la disposi- tion anticlinale des saillies. Les choses se passent donc comme si chacune des saillies du fond de la mer jurassique jouait le rôle d’un anticlinal. Les saillies se trouvant principalement dans les synclinaux siluriens, il y a harmonie inverse entre les accidents tectoniques antérieurs aux terrains jurassiques et les accidents tectoniques postérieurs aux terrains secondaires, c’est-à-dire que l'orientation des plis et des Jailles secondaires de la Basse-Normandie est influencée par l'orientation des plis anciens ; les lignes tectoniques se super- posent en direction, mais leur sens peut être de signe contraire. 10 DT de h à LE ETUI CREME eqoueiq 24H00 ‘£ ‘esnourgnae} YHI0O ‘& ‘s1su210/pD19 ‘7 R S940n07 ‘F :‘H'N NE queosuord ‘Leyy op sax) ‘SG eudO-ans-fen ep neeyerd np e4dg11deo epueis E] SUBP UEMNIIS EI ANS enbisseinf np eouepao9si( AU AE + (-paoeuxe ‘uneu) XX ‘Id ‘AI L ‘7 'S 1081 °W ‘IN AA HION Éoteat ep1009 208 10 ‘p u9 XNVU20[{ 99A8 ‘SUOUI] ‘9 : SLOIABAIX) ‘q {puoy 2p S20[4 SOS 9p UOPAUr) ‘U :AUIN op Sous) ‘S (sOpeAje9) sepjodensne ep euejenbiuq e] 8p O48141489 BJ SUP ‘eUIO,I 2P eyoneS eAll [ ANS SeUuolouB SUOIANIIE,P SSBAIE, SEE A EN 74 M Es CS Fe F Sa (-puoeuyxe uneg) [ZX ‘Id ‘AI ‘“L ‘7 :S 10814 ‘W ‘IN AA HION O2UBAH 0p 1097) ‘20S Ing éun. extraord.) PI OCR » ASIN S. 4 NoTe DE M. A. Bigot Bul. Soc. Géol. de France Les Rochers des Pares Falaise de conglomérats pourprés au bord de l'Orne près de Clécy (Calvados) A Are NA ES e Nore DE M. A. Bigot Bul. Soc. Géol. de France S. 4; T. IV; PI. XXIII (Réun. extraord.) Fig. 1. — Une paroi de la grande carrière du plateau de May 1, Grès dejMay, plongeant au N. E.; ?, Poudingues charmouthiens ; 3, Calcaire à Crinoïdes (Toarcien); 4, Bajocien inf. ; 5, Oolithe ferrugineuse. — La tige verticale a 2 m. de long. Fig. 2. — Superposition des calcaires lités de Néhou (1) aux calcaires massifs (2) dans la grande carrière de Baubigny (Manche) Montabard D Landes du Chilloux A SR Massif de Montabard ne loi (Sarthe) et Maizières (Calvados Crétacé Callovien Bajocien et Bathonien Lias Trias Schistes et Calcaires Grès à Orthis Monnierïi Schistes et quartzites Gothlandien \ S3b Schi Grès de May { ee Schistes d'A ngers M, RAR? de Bus | Synclinal de Siouville Ligne de base des terrains secondaires) £ = or i ; Bull. Soo. Gsol.de France Nore pe M. À. Bigot S. 4; T. IV; PI. XXIV (Réun. extraord. Anticlinal/ d'Ecouves Synclinal de Sees Signal des Avaloirs W17m ; Synclinal de /a Massif de Montabard Brèche du Diable Camp du Chätelier | Montsbard Alençon Sarthe À. Argentan Monts d ‘Eraines Orne À. Ë Perrières Damblainville 130m ! ï ne 4 gi aizières Laison 00m À goù 2% hr Le RCA SJ mme QE Fig.1- Coupe montrant les relations inverses des plis siluriens et des ondulations jurassiques entre Bourg:le -Roi (Sarthe) et Maizières (Calvados). Echelles : = 1 L= 200.000 H= 5.600 | | l Bois d'Aché | 2. 00 : : 5 La Crière REZ des Orné Vandel Le Perron) 290 3 Dépression du Eten ! Ernie 180 (Macé ) Cn Crines Sr eme rreerns ! K Callovien S3 Schistes cambriens | J Bajocien et Bathonien Sg Grès cambriens (L Lr'as Sc Schistes et calcaires cambriens T Trias Sp Poudingues cambriens E d? Schistes et Calcaïires Xb Brèches précambriennes d' Grès à Orthis Monnieri } Dévonien X Schistes précambriens Fig. 2 - Coupe de l’anticlinal d’Ecouves et du synclinal de Sées . Echelles : L = Lee H = 15-550 d® Schistes et quartzites SY3 Microgranulites S+ Gothlandien Ÿ1 Granulites | SYNCLINAL DE LA SCYE v / S3b Schistes supérieurs Ÿ Granites <È S3 Grés de May S ; Anticlinal des Moitiers d'Allonne Pli de Baubigny Pli de Pierreville Le S38 Grès F Failles ; CE PR LA Se Re en SE S2 Schistes d'Angers ee ! Les Moitiers d'’Allonne ! ! ! £o H ! ot 1 ï 1 | i h À ! \ ï Route des Pieux Le Bosquet + ! Caudard à Flamanville. N:20 0: ï Du ll ; . : ! au Rte de Carteret La Landelle pe ! Le Béquet l La Mare Hauteville; ! AÈ ce Er 1087 fuinetot L MP Fillätre En EE Landes du Chilloux à © i ! À : ! ! ! VE < SSS | Tu à eZ ER ÈS 5 SI K NI IE ZS Æ ER | SE NS NON C ! R < : È ZSSLÉ TIRE = IRON Sp ŸS à Q TT j ù IS DS ( dl Niveau de la Mer 7 D ! 1 Fig./3— Coupe entre le Carteret et les Pieux Ech!#5% L = 55.600 = 5000 Synclinal de Siouville Jessiné par F. Borremans -5 rue Hautefeuille - Paris Coupes dans les terrains primaires de Basse-Normandie. — (Fig. 1; AA, Ligne de base des terrains secondaires) HN AMEN EE À uv MAUR ee, hp cn ta torse y op de op eq ah ét st aan ue te ta ie nine hoc TE tif ei 6 Les dt gi lines Luc tn ce 5 (és RARES Tres LS 7 DRM NU MAR EN BR ENS NA OR 0 EE pn 2 Es 0) Fat: Te : M Le pet mem re re Dr nero 2 errant nach re a rar mi SR ca nn AE ENG SR eve Nous han -É SAEITES Si 2 WIA9IAO M SYypinoisss ub Miusdade Aa 0 15 se 0 > sie 6 don dpi initie ANA es SE #04 El melrëdD À. pee à ri tr 4. 4 H Aa 4 «;L | ne 124 à Î 5x Mb él Bull. Soc. Géol. de France NOTE DE Esquisse tectonique du MASSIF ARMORICAIN Failles de la Bretagne et du Perche, contours PL) des massifs granitiques d'après la carte géolo- al g'que au millionième(2® Edition) — Plis de la us Bretagne d'après M. Charles Barrois. : RE MR En PS us EEE 500 vb: es" Fe +++++++ Anticlinaux paléozoiques 4° _—————- Synclinaux paléozoiques levrerelevee - . FRS sum failles paleozoïques Granites Lèvre relevee pes un Fo//es Lertiaires coevcsouoe /mites de l'extension actuelle du Cambrien we limites de l'extension actuelle des dépots Ériasiques SE Me VE PI. XXV (Réun. extraord.) Vi. ÉÉENRE ET Bréche au Diable XVI ++ A _."Sillé-le-Guillaume © Du 2 | —--.. Guichème, CR 0 = = Es == _ 209 * Cr == ë SX DEUCCPSS #2, _ æ, o D Z5- SJulien de Vouvantes y S 00 0000008 | .. = en = me Q, - = = | = ns = Eee es - —.. _ _ —— ‘ _ FRS TT. Ï RTS TL _— = _ - . \ Se & V = = LS [=---_ Carquefou 2 x | FBogpenls del. es : Note DE M}, A Big: t R £ O SEAT V;,P CT EE É Ë 1. XXV (Reun. extraord.) isse LE nique ÉSQUiE cere À Agrigny NS Dour TEA] du MASSIF ARMORICAIN So DT Guernesey Œj0 ’ = etagne et du Perche, contours Failles de /a Br des massifs granitiques d'après la carte géolo- : gique au millionième(2® Edition) — Plis de la Bretagne d'après M. Charles Barrois. * E 1 Fu Echelle : 3.000.000. sb" QU T Re o 2 ° Baimpet 9000000098 lire PR Morlaixes= +++++++ Anticlinaux paléozoiques -- Synclinaux paléozoiques Lévrerelevee pr de TEE Failles paléozoïques Granites Lèvre relevee + uns Farlles tertiaires cocscsouce /ymites de l'extension actuelle du Cambrien ur Limites de l'extension actuelle des dépots triasiques FBoppenis del, (se 0 Er BENQ LE RAP A — st LR 4 # Mines DR AT ES PS is Sante oui evdren DYLAN Ne L shoes PONTS LT FOR FIRE Des Are AE Eur FT # "à | oh Cine de CRE DES on pete NN) ENTER à “bn is BEN NE Lt ORNE ES TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES Liste des Figures et des Cartes dans le texte et hors texte (Planches) Liste des anciens Présidents de la Société géologique de France Liste des lauréats du Prix Viquesnel. Liste des lauréats du Prix Fontannes. LAURE CU EME ESA AO NPA LS CORRE EN LE Bureau et Conseil de la Société pour 1904. Composition des Commissions pour 1904. Membres à perpétuité Membre donateur. Liste générale Doté de Membres de le Sos. Liste des Membres de la Société distribués géographiquement . . x: Membres de la Société décédés en 1903 3 : Prix et Fondations de la Société géologique de France. Séance du 4 Janvier 1904 : Proclamation de nouveaux membres : MM. H. Jozy, A. VINCHON, H. FREYDENBERG. Élections des membres du Bure. eau a de Co TE _. Séance du 18 Janvier 1904 : Marcellin Bour:E. — Allocution. Pierre TERMIER. — Allocution resident Proclamation de nouveaux membres : MM. Dos) j Gonnreios G. DEWALQUE présente la 2° édition de sa Carte EAST de la Belgique. J. LAMBERT offre une « Étude monastique sur le zen Barman ». Albert GAupry. — Correspondance. — Présentation de son discours à l’Académie des Sciences. Nivorr, CAyYEUux. Présentations Fons. : Marcellin Bouze. — Note sur les grottes de Lame, Roms, GREE de Menton CH. DEPÉRET, G. Donne, Chen. — Obienations DE LAmorue. — Notes sur les relations stratigraphiques qui Sens sent exister entre les anciennes lignes de rivage de la côte algé- rienne et celles signalées sur la côte niçoise j Fig. 1. Coupe schématique au Sud de la station du Trayas : Cu. Depérer, M. BouLe, LÉON BERTRAND, DAUTZENBERG, G. DOLLFUS, PERVINQUIÈRE. — Observations ! PRIEM. — Sur les Poissons du Bartonien et le Sinride et Aonemss ridés de l’Éocène du Bassin de Paris. Fig. 1. Carcharias (Scoliodon) sp. Dent . : + 2. Rayon épineux de Poisson acanthoptérygien de Marines, 3-8. Arius Bonneti n. sp. Piquant 956 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES David MARTIN. — Origine mécanique des Cancellophycus. In. — Impressions produites par des bulles d'air sur de la vase. J. BERGERON. — Observations relatives à la structure de la haute- vallée de la Jalomita (Roumanie) et des Carpathes roumaines. Fig. 1-2. Coupes de l’amas de charbon de Brandus . 3. Coupe schématique passant par Zanoaga et amet. 4. Coupe parles Mis Magura et Virful Chichilau montrant la tectonique de la role salifère paléogène, etc. Coupe à travers la zone miocène subcarpathique dans le district de Bacau. 6. Carte de la région salifère de Frame _L. CaAREz. — Sur la cause de la présence du Crétacé supérieur à Ve grandes altitudes sur les Feuilles de Luz et d’Urdos. Fig. 1. Coupe du flanc oriental de la vallée de Gavarnie o. Pic de Ger, vu du N.0. 3. Coupe de l’Arcizetlte. Planche I. — La montagne d’Astazou, partie orientale de l’entrée du cirque de Gavarnie. [314 Séance du 1: Février 1904 : Proclamation de nouveaux membres : MM. Doré, E. REGNAULT, Gonpin, R. ARRAULT. L. Genriz. — Nécrologie : rbhamalion He M. Munier Cholness BIGOT, THEVENIN. — Présentations d'ouvrages. : L. CaAveux. — Géologie des environs de Naubplie. Hroienee a Te as- sique supérieur et de l’Infracrétacé en Argolide (Grèce) Fig. 1. Coupe de la montagne de Palamide, d'après Boblaye. 2. = = — — d’après M. Philippson 3. Coupe du promontoire de Nauplie et de la montagne de Palarmide. s Hauc, H. Douvizé. — Observations. Robert Douvizré. — Sur la coupe du Jur aime Heron Je Ta Jane de Villers-sur-Mer (Calvados). Pages 50 Planche II. — Coupe du promontoire d’Auberville (Calvados) en 1903. Gustave-F. Dozzrus. — Les calcaires et sables tertiaires du bassin de la Loire . Fig. 1. Planorbis here Tree, var. Mantelli Dour. 2. Planorbis solidus TH . . . . . . . H. Douvizzé. — Observations. . . . s Ch. SCHLUMBERGER. — Quatrième note sur Te Oibitordes. Fig. 1. Asteriacites patellaris ScxLorrr. 2. Orthophragmina Gumbeli ScaLums. 3. Loges embryonnaires de l’Orth. radians . k. — — multiplicata. 5. — — stellata D’ARCH. A. Section verticale de l'O. stellata dans la Mean “ des rayons. B. Section verticale de PO. mecolaiel dans % . 2 de des TA OnS:. SAN EMRE Ste (OPA EU NN ER FIGURES, CARTES ET PLANCHES 9979 Pages Planche III. — Fig. 6. Orthophragmina patellaris SCHLOTTEIM ; vue extérieure. 7-9. O. radians D'ARCHIAC ; oues extérieures. 8. O. sp. ; vue extérieure. 10, O. multiplicata GüMBEL; vue extérieure. 11. O. decorata SCHLUMBERGER ; vue extérieure. 12. O. Munieri SCHLUMBERGER ; pue extérieure. Planche IV. — Fig. 13-14. O. patellaris ScuL.; sections. 15-17. O. radians D'ARCHIAC; portions de la section horizontale. 18. O. multiplicata GüMBEL; section horizontale. 19. O. radians D’ARCH. ; section transversale. 20. O. multiplicata GüMBEL; section transversale. 21-22. O. Bayani Munrer-CHALMASs; sections. Planche V. — Fig. 23. O. Bayani M.-Cx. ; vue extérieure. 24. O. Sp.; vue extérieure du type figuré par d’Ar- chiac pour O. stellala. 25-27. O. lanceolata Scur.; vues extérieures. 28-30. O. lanceolata ScuL.; sections. 31-34. O. stellata D’ARCH. ; vues extérieures. 35-36. O. stellata D’ARCH.; sections horizontales. Planche VI. — Fig. 37. O. stellata D’ARCH. ; vue extérieure. 38-40. O, stellata D’ARCH.; Sections. 41-46. O. Taramellii Mun.-CHALM.; vues extérieures. 47-50. O. stella GüMBEL; vues extérieures. 51-57. O. Taramellii M.-Cx. ; sections. 52-56-58. O. stella GüMBEL; sections. L. Caveux, H. Douvizzé. — Observations . 0-00 J. Etam — Structure du Djebel Maädid et du Télentans. 137 Fig. 1. Carte géol. du dj. Maädid et du Talemtag'a. 1/200 000. 153 Planche VII. — Cinq coupes à travers le Dj. Maädid et le Talemtaga Ph. NéGris. — Étude concernant la dernière régression de la mer, 156 Ad. GuÉBHARD. — Sur l’étude des poudingues du delta du Var 168 Séance du 22 Février 1904 : Proclamation. de nouveaux membres: MM. Léon Despuissons, Ch. NÉéGris . . RE FOR AP RE AOL à PAS SN AS ee ras Nécrologie : M. GRAND- Borne : 1 408 PORN UE SAN EE 169 ZE&iLLER, P. FLICHE, DE LAUNAY . L 169 L. DE LAUNAY présente une brochure : lOrigine ét les Caraibes des gisements de fer scandinaves. Ar Tete Re te CS T0) Paul LEMOINE offre une brochure : Sur la re de l’Oligocène à Madagascar. . . APE re DD URI TO Jean BRUNHES, Bernard Bron, L. GOBET, A. DE ve cute — Pré- sentations d'ouvrages . : 169-170 Francis LaAur. — Les bauxites et en caen à sur 1 Gris du Var et du bassin de Brignoles. 3 AU, l'ATE G. Dozzrus, A. Toucas, A. DE Lara. P. Hévone — Obser- vations . STE > Hu Gi M. Boure. — Sur de nouveaux iles de de ete Hem elle ‘de Mada- ASE DRE A LE Met RUE SE 172 3 Avril 1907. — T. IV. Bull. Soc. Géol. Fr. — 6x 958 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES Pages Ch. Barrotis. — Découverte de Graptolites dans la Montagne Noire 173 H. Douvizzé. — Sur les Biradiolitidés primitifs . . . . . . . . 174 Séance du 7 Mars 1904 : Nécrologie : MM. Fouqué, A.-P. ROCKWELL . . ' 178 Proclamation de nouveaux membres : MM ne osans. Laver. le baron NopcsA; Mlle Véra pre DERVIES. . . > + Stanislas MEUNIER, Ém. HAUG, P. TERMIER, EASTMAN. — Présentations d'ouvrages. . . . ë 5 TS 00 Jules BERGERON. — Note sur me memes de redonne du versant méridional de la Fe Noire et des Cévennes, aux environs du Vigan. . . se 0 180 Fig. 1. Coupe Det ma le col Situé aire Pas means tar radou et d’Argentières _ 183 2. Coupe du niveau du cap de Mourés. 192 Léon BERTRAND. — Observations . . TE 194 FLicx et PERVINQUIÈRE. — Sur les plages serées de Monastir et de Sfax (Tunisie). . . PRE 190 H. DouviLLé. — Observations. ME . 206 Léon BERTRAND. — Observations à SHImoE de la Roi néons ai de celles du 18 janvier . é 206 H. Douviccé. — Sur quelques fossiles de Minime 207 Planche VIII — Photographies des gorges du Manambolo prises par le capitaine Faucon pendant l'expédition de 1889. St. MEUNIER. — Sur des concrétions quartzeuses renfermées dans la Craie blanche de Margny (Oise) 218 H. Douvizré, Léon JANET. — Observations , 299 René NIcxLès. — Sur l'existence de énemomes te nniase en Espagne dans la zone subbétique. 293 Fig. 1. Esquisse géol. de la Pèna Rubia. 22/4 2-4. Front nord de la Pèna Rubia . 205 5. Croquis de la Pèna Rubia en face de Casa 296 6. Coupe du Rio Quipar à la Pèna Rubia. . : 227 7. Croquis d'ensemble du massif montagneux silué au 1 N. 0. de Caravaca. : 229 8. Vue du front sneiennl do %a Pere Brita 230 9. Vue de la Sierra Sagra. ; $ 233 10. Croquis pris à l'E. de la Sierra aan. 234 11. La Sierra de Las Cabras au Puerto de la Mala Mar. IDReS Ciea@ 0 0. SHAEE | de 236 12. Coupes entre Callosa de Ensarria el Charles. . 238 13. Coupe prise sur le chemin de Callosa de Ensarria à Farines : 238 14. Coupe prise à Farines 239 15. Coupe prise aux environs de Harines 239 16. Coupe prise à VE. de Callosa de Ensarria . 239 17. Coupe d’Albateres. 239 18. Sierra Almujara 240 10,100 deVipes ie en RNCS 240 20. Tosal de Rotes. Ù 3 247 21. Foyes Blanques près Ajas. 241 FIGURES, CARTES ET PLANCHES 959 Pages 22. Pli au S.E, de Guadalest . . re AN OTS 23. Ridement N.S. de la Sierra de Callosa GE Sbure ST OS J. DeprarT. — Note sur une diabase Ro d'Épidaure (Péloponèse) 247 AE AT IEEE NES AV NON DER 0 2: 0/8 Séance du 21 Mars 1904 : Proclamation d’un nouveau membre : Le LABORATOIRE DE GÉOLOGIE de la Faculté des Sciences de l’Université de Paris . . . 251 H. SCHARDT, DE ANGELIS D'OssAT, DOM AURÉLIEN VALETTE. — Préc tations d'ouvrages . . . 251 Ch. PELLEGRIN. — Présentation dure eavte nee et de res des environs de Laval. . . . 252 Ch. BARRoOIS. — Spirorbis pusillus du ren oies de Br uay Bd Calais)" éme 253 O. MENGEL. — Observations Ééolesiques sur 51e ments sniteet des che bières (région de Maury et Estagel) . . 200 Fig. 1. Carte géol. de la région de Maury et Esta gel. 1/80 000 . 262 2. 4 coupes de la région de Maury et Estagel . . . . . 263 Ch. DEPéRET. — Présentation d’une brochure : Etudes paléontolo- niques les Z0pDRIodONIAU MINEL VOIS 9 BEA MARTEL "Présentation d'ouvrage 9/0 Séance du 11 Avril 1904 : Nécrologie : Le Pr. GAETANO GIORGIO GEMMELLARO . . . . . . . 928 Proclamation d’un nouveau membre : M. BILLIOT. . . “he 200 E.-A. MARTEL. — Présentation d’une carte du massif de l'Estérel TN 282 L. CAYEUx. — Présentation d’une brochure de M. HEenxrG sur le Séno- nieniettlerDanien du Danemark: 01 NO TO NOR L. CAyEUx. — Présentation d'ouvrage. . . PES NT 120 H. Douvizzé. — Nummulitique du Sud-Ouest le le Fr LNCE RS 283 F. PRIEM. — Sur les Poissons fossiles des terrains tertiaires supérieurs eNMÉTAULE NN ; 285 Fig. 1. Myliobatis La Sale Ph. Monue, rote Sani. 286 2. Aetobatis Biochei PrrEM. Plaque dentaire. . . . . . 9287 5-5. Ginglymostoma Miqueli Pr. Dents . . . . . . . . 988 GYASpEYENAI prISCa AGASSIZ. Dents PEER DRCONN 269 8. Carcharias (Aprionodon) sp. Dents. . . . . . . . 290 9-11. Carchariäs (Prionodon) sp. Dents. . . . . . . . . 90 IAGAIEUSISD Den 0" 291 SranisLas Meunier. — Nouvelle pluie de poussière nement ne. vée à. 1eme MEN RER LE RE nr L. GENTIL. — Observations. . . ; 295 STANISLAS MEUNIER. — Renan ables SnÉnannonses nontmninéss dans le sol de la place, de la République, à Paris. . . 296 DeprAT. — Note sur la géologie du Pélion et sur l'influence exercée par les massifs archéens sur la tectonique de l’Égéide. . . . 299 Fig. 1. Profil de l'Hagios Elias au canal de Tricheri . . . . 300 . Profil entre les monts Kara Dagh et la mer Egée. . . 3ox 3-4. Coupe du Pélion . . . 502 5. Carte géol. schém. de la Faire an FAR D 600. 000 . 305 6. Ensemble des falaises du Massif du Pélion, sur la mer RC ANTENNES enr CRM IMMO Or Nr INR F7 2011300 Let 960 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES Pages Fig. 7. Schéma des dépôts schisteux au N. et au S. des Tsanga- radaes . © 308 8. Coupes le long: de a Kane “e Volo à Donne. 319 9. Coupe entre Volo et Venetos . 320 10. Coupe du Pélion 321 11. Coupe près de Miliaes à 322 12. Schéma des effondrements pliocène. et roniennaire ire la région septentrionale égéenne . 323 13. Esquisse synthétique de la tectonique de la Bras corse 324 14. Confluence des axes anciens du N. de la Chalcidique et des axes anciens de la zone Pelion, Hagios, Oros, 328 15-16. Nappe charriée des monts Pyxaria (Eubée) . . . 333-334 17. Carte très schématique des directions Me de l'Egéide. 1/9 000 000 . 338 _ Bibliographie 338 Séance du 18 Avril 1904 : Proclamation d’un nouveau membre : M. BursAux 339 IMBEAUX. — Présentation d'ouvrage. : 339 H. Douvizzé. — Les terrains tertiaires ane le ass ds Patrisine. 340 M. Bourz, Hauc. — Observations . . . HET 34 . P. TERMIER. — Observations à propos line oe de M. Done. 342 Léon BERTRAND et MENGEL. — Observations à propos d’une coupe du synclinal d'Amélie-les-Bains à Reynès, donnée par M. Roussel. 344 M. Boue. — Sur les terrains pliocènes et quaternaires du bassin sous- pyYreneEn EE o 345 Paul LEMOINE et Robe: Dons — Rec lRa ie. naéoiaomtanes … stratigraphiques de l'étude des Lépidocyclines. A 347 M. Bou, G. Dozcrus. — Observations . . . . . . . . . . 369 360 -Séance du & Mai 1904 : Nécrologie : M. Léon Dru. c 351 DEPÉRET. — Présentation d’un mémoire. At o | 351 HAUG. — Ouverture d’une souscription pour ériger un monument: à le mémoire de MuNIER-CHALMAS. 351 Roussez. — Observations à propos des critiques de M. Léon Bertrand sur la coupe de Reynès . . . . . 351 Léon BERTRAND. — Observations : . D Léon BERTRAND. — Sur la FAR de A région au s. O. ie Saint- Girons . . SALE 10909 Léon BERTRAND et Dam — ee la monte de a région au ï O. de Saint-Girons et sur la géologie générale des Pyrénées. 354 A. GUÉBHARD. — Présentation de trois nouveaux Et du Batho- nien de Grasse 355 A. FOURNIER. — an eememenis et rectifications sur maues Hans de la géologie du Poitou. 356 A. SCHLUMBERGER et P. CHOFFAT. — Note | sur : otre roc Munier-CHALMASs et quelques autres genres du même HTC 358 Fig. 1. Section transversale de Dicyclina. 362 2. Section horizontale de Dicyclina . } 363 3. Section perpendiculaire de Cyclopsina Steinmanni M. Cns 364 FIGURES, CARTES ET PLANCHES Planche IX. — Spirocyclina Choffati. Mux.-CHALMaAs. Planche X. — Section mince de la roche à Spirocyclina Choffati M.-Cu. du fortin de Guincho. Portugal. J. Roussez. — Origine des calcaires cristallins bréchoïdes et des dolo- mies d'âge jurassique et crétacé des Pyrénées. BouURGEAT. — Sur quelques lambeaux de sables cristallins dans. Er région sud-ouest du Jura Fig. 1. Paroi d’une poche dolomitique contenant de Cable cris- tallin à Petit-Corent Séance du 16 Mai 1904 : Proclamation de nouveaux membres : MM. D. SAnGiorGr; Ch. Jacor . CoLLoT. — Présentation os Observations sur un sondage à Auxonne (Côte-d’Or) PERVINQUIÈRE. — Présentation d’ouvrage Albert GAUDRY. — Présentation d’un mémoire. : G. Dozzrus. — Observations sur un sondage à annee sous- Poissy 3 J. RousseL. — Sur les marnes et les schistes de la zone cristalline d’âge secondaire des Pyrénées & 1». — Réponse à des observations de M. Léon er L. CAREz et L. BERTRAND. — Observations sur le même sujet J. Rousse. — Le gneiss dans les Pyrénées et son mode de formation . P. Fzrcne. — Flores des tufs du Lautaret DR et d’Entrai- gues (Savoie) . L. Corcor. — Pliocène et Grain de TE région ét Ere Rhône. V. PAQUIER. — Sur le calcaire à Orbitoïdes de Méaudre (Isère). E. Cazror et E. Maury. — Nouveaux gisements de Pleistocène marin de la côte des Alpes-Maritimes et géologie du cap ie Fig. 1. Coupe de la baie de Mala. ; : 2. Carte de la région du cap d'Aggio. H. G. SrenziN. — Une faune à Hipparion à Perrier. ID. Surles Mammifères des sables bartoniens ér Castrais Fig. 1-2. Palæotherium lautricense Nourert. Planche XI. — Fig. 1-5. Anchilopus. Petite et grande espèce. Dents. 6-7. Palæotherium castrense Nouzet. Dents. 8-9. Palæotherium lautricense NouLer. Dents. 10. Lophiotherium sp. dents. 11. Palæotherium lautricense Nourer. Dent. Planche XII. — Fig. 1. Plagiolophus Cartailhaci SrenLiN. Dents. ; 2. Grand Rongeur. Dent. 3-4-11. Plagiolophus cf. minima Cuvier. Dents. 5-8-r0. Xyphodon castrense KowALEwsKy. Dents. 9. Plagiolophus Nouleti STEHLIN. Dents. Séance générale annuelle du 26 Mai 1904 : Proclamation de nouveaux membres : MM. PAUL PATTÉ, FRED VLES MARCELLIN Bou. — Allocution présidentielle. Philippe THoMAs, PERVINQUIÈRE. — Remerciments Charles Barrois. — Notice nécrologique sur K.-A. von Lone Philippe Tnomas. — Sur un nouvel horizon phosphatifère du Sud de la Tunisie 961 Pages 962 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES . Pages E. Fournier. — Nouvelles études sur la tectonique du Jura franc- COIMLOIS) FL ENTER MEN SE ATROIUN COUR SE RES Fig. Coupe du SynclinalidesWerrtèr es NES ON TG 2. Coupe du bief de Lavaux . . . . 499 3. Coupe à travers le Mont-d’Or et la “ile de a Hbenene. 5oo 4. Coupe à travers la chaine de l'Euthe un peu au N.E. de Nogna. . . : 2 502 5. Coupe à travers le Môme de Damon ct da Sole . Cuisancin. . . 50/4 6. Coupe schématique de Ponrminihon tr PE près 5e ZAÂTSUTES ON RE, ci 7. Coupe du flanc N. E. Qui 2% . Pire. ASS NS 500 8. Coupe du flanc S. E. du massif du Poupet . . . . 5o7 9. Coupe de l’ondulation transversale près de Nans-sous- SLPATLILE RERO 508 10. Coupe du synclinal Donation dans a Poe des ais IBIOUSSELSR RE 5o8 11. Coupe de la rive droite de la Loue entre Lods et Dettes : Haute-Pierre . . 5og 12. Schéma des zones naniqres de re ntonce, 1/x oc. 51o . 13-14. Coupes générales schématiques à travers le Jura . . . 5x1 Séance du 6 Juin 1904: Roussez. — Observations sur le Carbonifère des Pyrénées . . . . 513 A. DE GROSSOUVRE. — Sur la distribution verticale des Orbitoïdes . . 513 H. DouviLLÉ, PERVINQUIÈRE. — Observations . . . . . …. . . 514-515 Ch. JacoB. — Aptien supérieur et Albien du Vercors . . 2 AOMERDEO Ip. Sur l’âge des couches à phosphates de Clansayes près . St-Paul-Trois-Châteaux (Drôme) . . . . . . . 5x7 H. Douvizé, Toucas. — Observations . . . . . . . . . . . 518 H. Douvizré. — Sur quelques Rudistes à canaux. . . . . . . . 5x9 Fig. 1-2. Polyptychus Morgani. Section des valves . . . . 522-593 3-4. Caprinula incerta LEYMERIE. Echantillons montrant les CANGUX es hat AIN IR PO NC ES PAL ON: 5 0 Planche XIII. — Fig. 1-5. Mitrocaprina Vidali. Valves ou fragments. 6. Rousselia Guilhoti. Valve inf. Planche XIV. — Fig. 1-3. Radiolitella forojuliensis. Valves et section. 4-6. Radiolitella sp. sections. H. DouvizLé. — Les explorations de M. de Morgan en Perse. . . . 539 Fig. 1. Præradiolites Davidsoni de Bende Burida . . . . . 54x 2. Vulsella legumen du Nummulilique d'Egypte . . . 544 3. Vulsella falcata du Nummulitique de Biarritz . . . 544 4. Vulsella falcata race persica de l’Eocène moyen de Soh (Perse) . . M lo 0 on 5. Heligmus Poly ty pus Fe Bal RE TR Mu 0) Hit 6. Pseudoheligmus Morgani du Louristan . . . . . . 55 V. RAuLIN. — Sur la fixité de l’espèce et le transformisme . , 554 P. LeMonE et C. Rouyer. — Sur l’allure des plis et des failles dans la Basse-Bourgogne, 5. 2, 0 DS SN NN DCE FIGURES, CARTES ET PLANCHES Planche XV. — Carte des plis et des failles de la Basse-Bourgogne. 1/320 000. G.-F. Doczrus. — Observations . . 568 Ch. DEPÉRET. — Sur les caractères et ne Muse eu Fanse Chr a RÜTIMEYER . : 569 Fig. 1. Chasmotherium Stehlini n. 55 onde x 583 Planche XVI. — Chasmotherium Cartieri RüriMeyer. Dentition. J. Rousser. — L'’auréole calcaire des massifs granitiques des Pyrénées. 588 Ph. Nécris. — Étude concernant la dernière régression des mers, II. 588 G Saywet F. Roman. — L’Hauterivien et le Barrêmien de la rive droite du Rhône et du Bas-Languedoc. 607 Fig. r. Coupe de l’escarpement de Cruas. 610 2. Coupe du Crétacé de la rive droite du Rhone 2e Baix et Meysse . AC AE k G11 SACOUDELAC LIOTON NE re 626 4. Carte des faciès de l Hansen inf. 1/1 500 000 . 631 5. Carte des faciès du Barrêmien inf. 1/1500 000 636 Tableau du synchronisme des assises du Néocomien inf. sur Vs rive droite du Rhône . . . UT 11400. 638-659 P. Lory. - Sur les couches à Flores pe des Nes occidentales. 641 Fig. 1. Coupe de la falaise du St-Eynard = 642 Hauc, el — Observations. 644 P. Lory. — Sur les vallées de la région assauts : 645 Séance du 20 Juin 1904 : Proclamation d’un nouveau membre : M. CHARETON-CHAUMEIL 646 Distribution du legs Ve FoNTANNES à MM. JAcoB, BÉDÉ, GENTIL . 646 GENTIL. — Remerciements. . . . NUS TR RS Ier 646 DorLcor. — Coupes du sous-sol nord él Paris 648 J. WELscH — Présentation d'ouvrage. 648 Ad. GuéBHARD. — Présentation d’un mémoire de M. Trro Mann «sur les diverses hypothèses tendant à expliquer le dégagement de chaleur dans l'humectation des corps pulvérulents ou poreux ». 6/49 G.-F. DozzFrus. — Présentation d’une note de M. DEccapo sur la « Faune cambrienne du Haut-Alemtejo ». . 649 À. DE GROSSOUVRE, PERVINQUIÈRE.— Suite de la Sabre sur le Dre. 650 A. DE GROSSOUVRE.— À propos de la couche de phosphate de Clansayes. 650 Kicran et Réviz. — Découverte de schistes luisants, etc., dans le massif des Encombres : 650 Kizran. — Sur le Jurassique Simesenr ds environs de Brera 651 Ad. GUÉBHARD. — À propos de l’enquête sur les anciens rivages du Pliocène. : 651 H. DouviLzLé. — Sur fa sara des Gabratase é ENS 653 Planche XVII. — Fig. 1. Orbitolina discoidea. Face inférieure. 2-3. O. conoïdea. Sections. 4-6. O. subconcava. Sections. BourGEAT. — Sur quelques lacs du Jura qui sont disparus RD le Glaciaire. 662 SÉVASTOS. — dise one sur He défilé îles Portes de Fer et sur le cours inférieur du Danube . . . Us 666 Fig. 1. Carte du défilé du Danube. 1/1 200 000 667 964 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES Pages J. DEPRAT. — Sur le passage du Toarcien au Médiojurassique aux environs de Besançon et sur la valeur du terme Aalénien . . . 659 Fig. 1. Passage du Toarcien au Bajocien près de Pirey . . 680 2. Coupe prise à la base du grand cocennenent de Mont- JAUCONE MERE er - HE CMNTS RE 3. Coupe au-dessous £a rare ES ++, CSM ST 4. Diagramme montrant les variations e acc à l'E. et à VO. de la vallée du Doubs . . 685 D.-P. ŒuLerr. — Observations au sujet d’une note de M. Ch. Fallen, sur la géologie du bassin de Laval. . . . . IC NCST DELÉPINE. — Observations sur le calcaire Carbonifère du Hermes | . 696 Fig.1-4. Coupes dans les carrières entre Ath et Feluy . . . . 698 5. Coupe prise au N. de Feluy . . . . PENSE RRT CE 6. Coupe prise sur la rive droite de la Denis DM 702 7. Diagramme du calcaire carbonifère inf. dans le arr 704 J. ALMERA et J. BeR@rroN. — Note sur les nappes de recouvrement _des environs de Barcelone (Espagne). . . . . . . … . . 97ob Fig. 1. Coupe du Can Puig à Can Amigonet. . . . NL e700 2. Coupe du San Bartomeu à Santa Creu de Olorde. RP TS 3. Coupe de la colline de Montceada. . . . . . . . . 7x5 4-NGoupe de Tibidabole Wallcarca MO NN NTI Séance du 7 Novembre 1904 : Nécrologie. — Bernard RENAULT, ARNOULT LOCARD. . . 729 Proclamation d’un nouveau membre. — M. René DE FLOTTE Rogue ee 722 G. Dozrzrus et G. RAMOND. — Présentation d’une note sur la do. des environs de St- -Michel-Montliléry (SE CO) c 722 P. TERMIER. — Présentation d’une note de M. M. MA NON RTE sur les recouvrements dans les Monts Tatra. . . 723 DÉPERET. — Présentation d’ossementis fossiles du saone Chaman 724 G. Dorzrus, Léon JANET. — Observations SE no 0 JOMETPlS ZLURCHER. — Communication. . . PR NE Là Go LissaJous. — À propos de Creniceras Renggeri PE 726 G. GARDE. — Existence du Bathonien saumâtre, dans la allée 4e Es Creuse à l'Ouest de Saint-Gaultier . . . 1 PER 20 H. Douvizré. — Surle terrain nummulitique du Sud- Omest 5 NERO 27 HauG, G. Dozzrus, Léon JANET, G. Ramon». — Observations . . 730-731 H. Douvizzé. — Communication sur l’ophite de Biarritz. . . . . 9I A. Toucas. — A propos des critiques formulées par M. Henri Douvillé sur la Classification et l’Évolution des Hippurites. . . 731 P. CHorFAT et G. Doczrus. — Quelques cordons littoraux marins dr Pleistocenerdu Ports al 202 DEPÉRET, HAUG. — Observations . . 753 Stanislas M£EuNIER. — Observations sur = Ia lentes oion Moose : des blocs erratiques alpins . . . 753 Stanislas MEUNIER. — Remarques sur les none de la és t cation à propos d’une note de M. À. de Grossouvre . . . . . 77 Ch. ScxLuMBERGER. — Note sur le genre Choffatella n. g. . . . . 963 Planche XVIII. — Fig. 1-6. Choffatella decipiens ScHLuMBERGER. À. DE GROSSOUVRE. — Sur les couches de Gosau considérées dans leurs rapports avec la théorie du charriage. . . . . . . . . . 765 FIGURES, CARTES ET PLANCHES Hauc. — Observations . Ad. GUÉBHARD. — Traces de poudingue à Un metres Hlhitude sur É Jurassique du Montet, à La Malle (A.-M.). . . . . LrssaJous. — Sur la forme del’ouverture d’Æcoptychius refr actus HAAN Fig. 1-. Œcoptychius refractus HAAN . . Séance du 21 Novembre 1904 : Proclamation de nouveaux membres : MM. ROTHPLETZ, SIMEH, CLÉRO. E. pe MARGERE. — Observations au sujet d’une brochure de M. Simoens intitulée : Réponse aux critiques formulées par M. Emm. de Margerie au sujet de Bibiiographia geologica Rice. — Présentation de son « Etude stratigraphique et paléontolo- gique sur la zone à Lioceras concavum du Mont d'Or lyonnais Ph. DAuTzENBERG et G. DoLcrus. — Présentation d’une note sur la Nomenclature en général H. SENTE signale une observation niéressanie de M. Brest faite AMBIALOIIZ HO bPSEEVATIONS M NE Hauc. — Observations. DELAUNAY. — Observations à DHEuS a Na ne tion ae M. ed (GÉDOVS) RE ET TS RL EN MC Te De P. Fcrcug et R. Zeizzer. — Note sur une florule portlandienne des environs de Boulogne-sur-Mer. are Planche XIX. — Fig. 1-2. Cycadeoidea pumila n. sp. 3. Cycadeoïidea sp. 4-5. Sequoia portlandica n. sp. 6. Pinites strobiformis n. sp. 7. Pinus Sauvagei n. sp. Séance du 4 Décembre 1904 : Proclamation d’un nouveau membre : M. Victor LorRIN . Robert DouviLLé, G. Docrrus. — Présentations d'ouvrages Toucas. — Dhscvanonse à propos de son travail sur les Hippurites W. Kicran. — Observations à propos des travaux de M. Termier. A DE GROSSOUVRE. — Observations faisant suite à sa note sur les couches de Gosau Léon JANET. — Communication. : M. Lerrcur. — Sur l’âge des «Sables à Union et Mérédines » de environs d'Epernay et sur la signification du terme Sparnacien. A. THeveniIN. — Note sur des fossiles du Carbonifère inférieur du Bechar (Sud-Oranais) . .: . . . De A. DE GROSSOUVRE.— Sur la classification du Mere ee Ve Séance du 19 Décembre 1904 : Proclamation de nouveaux membres : MM. Raoul Pu&er, Paul THiéR y, Pierre Emgry, Paul Comes, Miésislas LIMANOWSKI Lucron et HAuG, CAREZ. — Présentations d'ouvrages : P. TerMiEr. — Fait intéressant observé dans le Houiller de Dé. Léon BERTRAND.— Observations dans les P yrénées centrales espagnoles A. DE GROssouvrE. — Observation à propos des dernières couches marines en Provence. 823 829 829 830 830 832 966 FIGURES, CARTES ET PLANCHES Pages À. DE GROSSOUVRE. — Observation à propos des Grès à Sabalites . 832 P. TerMiEr. — Les Brèches de friction dans le granite et dans le calcaire cristallin à Moiné-Mendia, près Hélette (Basses-Pyré- nées) et leur signification tectonique . : 832 Fig. 1. Brèches de friction à Moiné-Mendia 835 A. DE GRossouvreE. — Sur le Crétacé du Cameroun : 839 J. Lameerr. — Sur quelques Échinides du Barrêmien du Gard commu- niqués par MM. Sayn et Roman. : 840 Fig. 1-2. Astrolampas Romani LAMBERT. 842 R. Sevasros. — Les nappes de glissement à flanc de cotes 845 Fig. 1. Coupe à Puesti. ; 848 2. Schéma des phénomènes de sement. : 850 H. DouvizLé. — Rapport de la Commission de Comptabilité . 852 Compte Rendu de la Réunion extraordinaire en Basse-Normandie, à Caen, Flers et Cherbourg Liste des membres ayant pris part à la Réunion extraordinaire de 1904 861 Programme des excursions 862 Bibliographie . 864 Séance du & août 1904, à Caen: Constitution du Bureau 868 A. BIGoT. — Allocution. : 868 Visite du Musée d'Histoire Porn cle de Gr * 870 Séance du 3 août 1904, à Harcourt : A. BraorT. — Excursion du 2 août, à May-sur-Orne et Feuguerolles. 871 Fig. 1. Carrière sur le natenr de May . 877 A. BrcoT. — Exc. du 3 août, à Bretteville-sur-Laize et fans le Crau 879 Fig. 2. Phyllades de la vallée de la Laize . 880 3. Coupe parallèle à la vallée de la Laise 883 4. Coupe du bord ouest du Cinglais. . 884 Séance du 5 août 1904, à Flers : A. Bicor. — Excursion du 4 août à Clécy et St-Rémy (zone bocaine). 885 Fig. 5. Coupe de la zone bocaine à l'Est de l’Orne 886 6. Schistes cambriens des Roches du Very. ë 887 A. Brcor. — Excursion du 5 août de Domfront à Flers. . . . . 888-890 Fig. 79. Cluse de la Varenne . 888 Ch. BarRois, ŒnLerT. — Observations . 890 ŒxLerT. — Allocution. 892 Séance du 9 août 1904, à Barneville : A. Breor. — Excursion du 6 août aux environs de Cherbourg 894 Fig. 8. Coupe à Cherbourg . . ST En A. Braor. — Excursion du 7 août dans la A : 895 Fig. 9. Coupe dans la Hague. . . SRI ENS NS 00 10. Pointe Blette-Rompue et anse PHoole nl 897 . Falaise formée par la terrasse reposant sur les grès de May sous le Petit-Beaumont 897 Fig. 12. Terrasse littorale à Auderville . « 898 13. Terrasse pleistocène à l'E. de la pointe du de Len. 899 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES A. Brcor. — Exc. du 8 août, aux environs des Pieux . ET PAR Fig. 14. Terrasse littorale dans le monticule du Sauvage à Diélette 15. Contact du Divers 7 é mnt Have la cynte carrière de Diélette 16. Mi.-St-Picrre et carrières de rome à D Diélette. A. Brico. — Exc. du 9 août aux environs de Barneville . . . . .ŒuerT. — Observations. — Allocution . : Planche XX. — Discordance du Jurassique sur : er os la grande carrière du plateau de May-sur-Orne. Planche XXI. — Terrasse d’alluvions anciennes sur la rive gauche de l'Orne, dans la carrière de la Briqueterie de Feuguerolles (Calvados). Planche XXII. — Les Rochers des Parcs. Falaise de conglomérats pourprés au bord de l'Orne, près de Clécy. Planche XXIII — Fig. 1. Une paroi de la grande carrière du plateau de May-sur-Orne. 2. Superposition des calcaires lités de Néhou aux calcaires massifs dans la grande carrière de Baubigny (Manche). A. Breot. — Le Massif ancien de la Basse-Normandie et sa bordure. 967 Pages 900 901 902 902 904 908 Fig. 1. Coupe schématique des relalions du Cambrien et de l'Ordovicien avec le Précambrien et le granite . Raccord des Massifs de Monnaye et d'Écouves. . Coupe à l'Est du Massif de Mortain. OEM . Coupe à l'Ouest du Massif de Domfront . . . . Coupe au S. du Massif des Monts-en-Géraume Carte du Massif de Halouze. 1/80000. Coupe des environs de Châtelier . Carte de la zone bocaine. NDS . Coupe de la zone bocaine à Ouest de V Orne. MS URES . Coupe de la zone bocaine à la traversée de la Vire. Coupe à l'extrémité ouest du Massif de Jurques . 12. Carte géologique du Massif de Falaise. 1/200 000. 13-15. Coupes dans le Massif de Falaise. 16. Coupe à l'Ouest du Massif de Montabard. 17. Coupe au Mesnil-Aubert. . : 18. Carte du synelinal de May-sur- Orne. 1160 000 . 19. Coupe de la région de May. ! Le 20. Carte des CrOmE du Carteret. D OODR ANNEE 21. Coupe de la bande nord du synclinal de la Hague. 22. Coupe à l'Ouest de Cherbourg. 23. Coupe entre la côte N. de La Hague et la baie de Vauville. °,. Coupe du monticule du Sauvage au Nord de Diélette. 25. Coupe du Mt-St-Gilles au N. de Diélette ! 26. Coupe de la partie sud de la baie d'Ecalgrain. 5. Coupe d’une galerie de mine au Mt-Pinçon 28. Schéma des accidents du Mt-Pinçon (Calvados). 29. Relations des assises secondaires avec les terrains anciens dans le Cotentin et les régions avoisinantes Planche XXIV. — Æsquisse tectonique du Massif armoricain. 1/2 000 000, Planche XXV. — Trois coupes à travers la Basse-Normandie. ei MH OO Œ@UI D Or CO D = 942 943 943 943 945 945 950 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS A Aalénien. Sur le passage du Toar- cien au Médiojurassique, aux env. de Besançon et sur la valeur du terme —, par J DEPRAT, 679. Acipenséridés. Noir : Poissons. Afrique. Voir : Algérie, Cameroun, Madagascar, Maroc, Sud-Oranais, Tunisie. Aggio (Cap d”). Voir: Alpes-Mari- times. Albien. Aptien sup. et — du Vercors, par Ch. JAco8, 516. Algérie. Notes sur les relations stra- tigraphiques qui paraissent exister entre les anciennes lignes de riva- ge de la côte — nne et celles signa- lées sur la côte niçoise, par le général DE LAMoTHE [Obs. de De- PÉRET, BOULE, Léon BERTRAND, DAUTZENBERG, G. DOLLFUS, PERVIN- QUIÈRE], 14. — Structure du djebel Mañdid et du Talemtaga, par J. SAVORNIN (pl. VIL.), 137. Voir: Maroc, Sud-Oranais, Tunisie. Allocutions. M. BouLE, 2, 477. — P. TERMIER, 3. ALMERA (Jaime) et J. BERGERON. Note sur les nappes de recouvre- ment des environs de Barcelone (Espagne), 705. Alpes. Obs. au sujet des — orien- tales, par ?. TERMIER, 342. — Sur les couches à Phylloceras Loryi des — occidentales, par P. Lory [Obs. de HauG, Toucas], 641. — Obs. de W. KicrAN à la note précédente, 651. — Obs. sur la localisation lithologique des blocs erratiques alpins, par St. MEUNIER, 7953 — Sur les couches de Gosau considérées dans leurs rapports avec la théorie du charriage, par A. de Grossouvre [Obs. de HAUG], 765. — Obs. sur la «synthése des — », par W. KiLIAN, 813. — Obs. sur les couches de Gosau, par A. DE GROSSOUVRE, 814. Alpes (Hautes-). Flores des tufs du Me oret (—) et d’'Entraigues (Sa- voie), par P. FLICHE, 3857. Alpes-Maritimes. Note sur les grottes des Baoussé-Roussé, près de Men- ton, par M. BouLe [Obs. de Depé- RET, G. DoLLrus, CAYEUx], 10. — Note sur les relations stratigraphi- ques qui paraissent exister entre les anciennes lignes de rivage de la côte algérienne et celles signa- lées sur la côte niçoise, par le géné- ral DE Lamortue [Obs. de DEPÉRET, BouLe, Léon BERTRAND, DAUTZEN- BERG, G. DoLLrus, PERVINQUIÈRE|], 14. — Prés. de Polypiers et d’un Echinide nouveaux des —, par A. GUÉBHARD, 355. — Nouveaux gisements de Pleistocène marin de la côte des — et géol. du cap d’Ag- gio, par E. Cazror et E. Maury, 420. — Sur les anciens rivages du Pliocène, par A. GUÉBHARD, 651. —- Traces de Poudingue à 1300 m. d’alt. sur le Jurassique du Montet, à la Malle (— }), par A. GUÉBHARD, 776. Amélie-les-Bains. Voir : Orientales. ANGELIS D'OssAT (DE). Prés. d’ouv., 251. , Anjou. Voir : Maine-et-Loire. Aptien. — sup. et Albien du Vercors, par Ch. JACOB, 516. Aquitaine (Bassin de l’). Nummu- litique du S.O., par H. Douvizré, 283. — Terrains tertiaires dans le —, par H. Douvizré [Obs. de M. BouLe, HaAuc], 340. — Sur les ter- rains pliocènes et quaternaires du Bassin sous-pyrénéen,par M.Boure, 345. — Etudes sur le terrain num- mulitique du $. O. par H. DouvizLé [Obs. de HauG, G. Dozrrus, Léon JANET, G. RAMoND]|, 927. — M. H. DouviLLé signale une obs. faite à Biarritz par M. BoussAc, 784. — Sur la disparition brusque des Orthophragmina dans diverses ré- gions, par H. Douvizzé [Obs. de Haucl. 784. Voir aussi : Bassin de la Loire. Arc. Voir: Isère. Archéen. Note sur la géol. du Massif du Pélion et sur l’influence exercée par les Massifs —s, sur la tecto- nique de l’Egéide, par J. DEPRAT, 299. Argolide. Voir : Grèce. Ariège. Tectonique de la région au S.0. de St-Girons; par Léon BER- TRAND, 393. AUTHELIN (Ch.). Nécrologie, 479. Auxonne. Voir Côte-d'Or. Pyrénées- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS B Baoussé-Roussé. Note sur les grottes des —, près de Menton, par M. BouLe [Obs. de DEPÉRET, G. DoLL- FUS, CAYEUX|, 10. Barcelone. Voir : Espagne. Barrêmien. L'Hauterivien et le — de la rive droite du Rhône et du Bas-Languedoc, -par G. Sayx et F. RomaAx, 607. — Note sur quelques Echinides du — du Gard, commu- niqués par MM. Say et RoMaAN, par J. LAMBERT, 841. BarRois (Ch.). Découverte de Grapto- lites dans la Montagne Noire, 173. — Obs. au sujet de la prés. d’une carte géol. des env. de Laval, par Ch. PELLEGRIN, 253. — Sur le Spi- rorbis pusillus du terrain houiller de Bruay (Pas-de-Calais), 253. — Notice nécrologique sur K.-A. von Z1TTEL, 488. — R£éuN. ExTR. : Obs. 890. Bartonien.Sur les Poissons du — etles Siluridés et Acipenséridés de l’'Eo- cène du Bassin de Paris, par F. PRIEM, 42. — Sur les Mammifères des sables —s du Castrais, par H.-G. STEHLIN (pl XI-XIL), 445. — Existence du — saumâtre dans la vallée de la Creuse, à l'O. de Saint- Gaultier, par GARDE, 726. — Remarques au sujet du— de St- Gaultier (Indre), par DELAUNAY, 7935. Bauxite: Comm. sur les—s, et en par- ticulier sur la— du Var et du bassin de Brignoles, par Francis Laur [Obs. de G. Dorzrus, ToucaAs, DE LAPPARENT, P. LEMOINE|, 171. Bechar (Djebel). Voir : Sud-Oranais. Belgique. Prés. de sa «Carte géo- logique de la—», par G.DEWLAQUE, 6. — Obs. au sujet de la « Description des Echinides crétacés de la—», par J. LAMBERT, 5. BERGERON (Jules). Obs. relatives à la structure de la haute vallée de la Jalomita (Roumanie) et des Carpa- thes roumaines, 54. — Note sur les nappes de recouvrement du versant méridional de la Montagne Noire et des Cévennes aux environs du Vi- gan [Obs. de Léon BERTRAND |, 180. BERGERON (Jaime ALmMErA et Jules). Note sur les nappes de recouvre- ment des environs de Barcelone (Espague), 705. BERKELEY CoTTER (G.-F. Dozrrus) et Gomes. Prés. des «Mollusques ter- tiaires du Portugal », 812. BERTRAND (Léon). Obs. à la note du Gal de LamorTue sur les anciennes lignes de rivage des côtes algé- 96) rienne et niçoise [Obs. de A. GuÉBHARD, 168], 39. — Obs. à la note de M. BERGERON, « sur les nappes de recouvrement du ver- sant méridional de la Montagne Noire », 180. — Obs. à la note de M. GuÉBHARD « sur l'altitude des poudingues du delta du Var », 206. — Obs. à une note de M. RousSsEL, 352. — Tectonique de la région au S.O. de St-Girons, 353. — Géologie générale des Pyrénées, par Léon BERTRAND, 354. -— Obs. en réponse à M. RoussEez, 379. — Obs. dans les Pyrénées centrales espagnoles, 830. BERTRAND (Léon) et MEenGez. Obs. sur le synclinal d’Amélie-les-Bains (B. S. G.F., (4), IL, p. 385), 344. — Obs. au sujet de la note ci-dessus, par Rousse [Obs. de Léon Ber- TRAND|, 351. — Obs. au sujet des notes ci-dessus, par J. RoussELz [obs. de Carez et Léon BERTRAND |, 379. — Obs. de Roussez sur le même sujet, 513. Besançon. Voir : Doubs. Bétiques (Préalpes sub-). Voir : Espa- gne. Biarritz. Voir : Basses-Pyrénées. Biblicgraphie.Principaux documents relatifs à la tectonique de la Grèce, par J. DEPRAT, 338. — Réponse à une brochure de M. SImMoExs ausujet de la Bibliographia geologica. par E. DE MARGERIE, 7982. — Prés. de la suite du Catalogue critique de la coll. Defrance, par BicoT, 784. — Réun. extr.en Basse-Normandie,864. Braort. Prés. de sa note sur «les an- ciennes terrasses de Feuguerolles (Orne), 86. — Prés. de la suite du Catalogue critique de la Coll. De- france, 784. — Prés. de sa note sur l’âge des grès à Sabalites de Saint- Saturnin (Maine-et-Loire) [Obs. de A. de GROSSOUVRE, 832|, 584.— Prés. d'ouv., 784. — RÉUN. EXTR. EN BASSE- NORMANDIE. Programme, 862. — Bi- bliographie, 864. — Allocution, 868, — CR. des Courses de la Réun. extr. en Basse-Normandie et obser- vations diverses (pl. XX-XXX), pp. 871 et suiv. [Obs de divers au- teurs]. — Le massif ancien de la Basse-Normandie et sa Bordure, par A. Bigot (pl. XX-XX V), 909. Biradiolitidés. Sur les — primitifs, par H. DouviLLé, 174. Blanzy. Voir : Saône-et-Loire. Bouze (Marcellin). Allocutions, 2, 477. — Note sur les grottes des Baoussé- Roussé, près de Menton [Obs. de DEPÉRET, G. DoLzrus, CAYEUX], 10. — Obs. à la note du G* be LAMo- SD THE sur les anciennes lignes de rivage des côtes algérienne et niçoise, 38. — Sur de nouveaux fos- siles de la côte orientale de Mada- gascar, 172. — Obs. à la note de H. DouviLLé «terrains tertiaires dans le bassin de l’Aquitaine », 340-341. — Sur les terrains pliocènes et quaternaires du bassin sous-pyré- néen, 349. — Obs. à la note de P. LEMOINE et R. DouviLzé «résultats aléont. et stratigr. de l’étude des épidocyclines, 349. — Nécrologie : JAGQUOT, 476, PARRAN. 499. MUNIER- CHALMAS, 477, JANNEL (Ch.), 478, Ch. AUTHELIN, 479, Alfred CARAVEN- CAcriIN, 480, Henry VAULTRIN, 480, Ch. pe LA VALLÉE Poussin, 481, P. M. SIRGEN, 481, M. DucnroLLes, 481, A. PERKIN - RoCKWELL, 481, Von ZITTEL, 481. Boulogne-sur-Mer. Voir : Calais. BoURGEAT (Abbé). Sur quelques lam- beaux de sables cristallins dans la région S. O. du Jura, 372. — Sur quelques lacs du Jura qui sont dis- parus depuis le Glaciaire, 66». Bourgogne. Sur l'allure des plis et des failles de la Basse—, par Paul LEMOINE et C. Rouvyer (pl. XV) [Obs. de G. Dorzrus), 561. BoussAc (J.). M. H. DouvrLLé signale une obs. de M.— à Biarritz, 784. Bretteville-sur-Laize.Voir: Réun.extr. Brétigny. Voir : Seine-et-Oise. Brignoles. Voir : Var. Bruay. Voir : Pas-de-Calais. BRUNHES (Bernard). Prés. d’ouv., 170. BRUNHES (Jean). Prés. d’ouvr., 170. Bureau. Election du — de la Société géologique de France pour 190/, 1.— Composition du— de la Réun. extr. en Basse-Normandie en 1904, 868. C Caen. Noir : Réunion extraord. Calvados. Sur la coupe du Jurassique moyen de la plage de Villers-sur- mer (—}), par Robert DouviLré (pl. ID), 106. — Sur la présence de Creniceras Renggeri OrrEL en Nor- Pas-de- mandie, à propos de la note pré- cédente, par Lissasous, 726. Cambrien. Prés. de sa note « Faune — ne du Haut-Alemtejo », par DELGADo, 6/9. Cameroun. Sur le Crétacé du —, par A. de GROSSOUVRE, 830. Cancellophycus. Origine mécanique des —, par David MARTIN, 47. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS dr (Alfred), Nécrologie, O. Carbonifère. Obs. sur le calcaire — du Hainaut, par DELÉPINE, 696. — Note sur des fossiles du — inf. du Djebel Bechar (Sud-Oranais), par A. THEVENIN, 818. Voir : Houiller. CaAREz (L.). Sur la cause de la pré- sence du Crétacé supérieur à de grandes altitudes sur les feuilles de Luz et d’Urdos (pl. D), 57. — Obs. au sujet de notes de M. Rous- SEL, sur les Pyrénées [Obs. de RoussEL, 513], 379. — Prés. d’ouv., 829. Carpathes. Obs. relatives à la struc- ture de la haute vallée de la Jalomita (Roumanie) et des — rou- maines, par J. BERGERON, 54. Carrières-sous-Poissy. Voir : Seine- et-Oise. Castrais. Sur les Mammifères “des sables bartoniens du —, par H. G. STEHLIN (pl. XI-XID), 445. CAYEux (L.). Prés. d’une note «sur la présence de cristaux macroscopi- ues d’albite dans les dolomies du rias de la Crète ». 9. — Obs. à la note de M. Bou sur les grottes des Baoussé-Roussé, 13. — Géol. des environs de Nauplie ; existence du Jurassique supérieure et de l’Infra- crétacé en Argolide (Grèce) [Obs. de HauG, H. Douviccé], 87. — Obs. sur la «quatrième note sur les Orbitoï- des de M. SCHLUMBERGER », 135. — Prés. d’ouv., 283. Cazior (E.) et E. Maury. Nouveaux gisements de pleistocène marin de la côte des Alpes-Maritimes et géol. du cap d’Aggio, 490. Cévennes. Note sur les nappes de la Montagne Noire et des — aux envi- rons du Vigan, par J. BERGERON [Obs. de Léon BERTRAND], 180. Charriages. Voir : Tectonique. Chasmotherium. Sur les caractères et les affinités du genre — RUTIMEYER, ar Ch. DEPÉRET (pl. XVI), 569. — rés. d’une mandibule de — des env. de Cuis (Marne) [Obs. de G. Dozcrus, Léon JANET|, 723. Cherbourg. Voir : Réun. extr. CHorrAT (Paul) et G.-F. Dorzrus. Quelques cordons littoraux marins du Pleistocène du Portugal [Obs. de Ch. Derérer, HAUG|, 739. CHOFFAT (Ch. ScHLUMBERGER et O.). Note sur le genre Spirocyclina Mux.-Cx. et quelques autres gen- res du même auteur (pl. IX-X) 558. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS Choffatella n. g. Note sur le genre —, par Ch. ScHLUMBERGER (pl. XVIII), 763. Cinglais. Voir : Réun. extr. Clansayes. Voir : Drôme. Cléey. Voir : Réun. extr. CoLLot. Prés. de sa note sur un son- dage à Auxonne (Côte-d'Or), 375 — Prés. de sa note sur les alluvions de l’Ouche 376. — Pliocène et Qua- ternaire de la région du Bas-Rhône, 4or. Comptabilité. Rapport de la Commis- sion de —, par H. DouviLLé. Concrétions. Sur des — quartzeuses renfermées dans la craie blanche de Margny (Oise), par Stanislas Meunier |Obs. de H. DouviLLé, Léon JANET], 218. « Corbières. Obs. géol. sur la partie S.E. des — (région de Maury et Estagel), par O. MENGEL, 256. Cordons littoraux.Quelques— marins du Pleistocène du Portugal, par Paul CHorrar et G.-F. DoLLrus [Obs. de Ch. DEPÉRET et HAUG]. 739. Voir : Régressions, Rivage (ancien- nes lignes de), T'errasses(anciennes). Côte-d'Or. Prés. de sa note sur un sondage à Auxonne(—), par COLLOT, 379. — Prés. de sa note sur les allu- vions de l'Ouche, par CoLLor, 376. Crétacé. Obs. au sujet de la «descrip- tion de Echinides —s de la Belgi- que, par J. LAMBERT, 7. — Sur la cause de la présence du — sup. à de grandes altiludes sur les feuilles de Luz et d'Urdos, par L. Carez (pl. D), 77. — Existence du Jurassi- que sup. et de l’Infra— en Argolide (Grèce), par L. Caveux [Obs. de HaAuG, H. DouviLLé]. 87. — Sur des concrétions quartzeusesrenfermées dans la craie blanche de Margny (Oise) par Stanislas MEUNIER [Obs. de H. Douvicré, Léon JANer], 218.— Origine des calcaires cristallins bréchoïdes et des dolomies d’âge jurassique et — des Pyrénées, par J. RousseLz, 369. — Sur le — du UD par À. DE GROSSOUVRE, 839. Voir aussi: Albien, Aptien, Barré- mien, Danien, Hauterivien, Séno- ° nien. Crète. Prés. d’une note « sur la pré- sence de cristaux macroscopiques. d’albite dans les dolomies du Trias de la — », par L. CAyYEUx. — Obs. à la note de M. Roue, sur les grottes des Baoussé-Roussé, 13. Creuse. Voir : Indre. Cuis. Voir : Marne. 971 D Danemark. Prés. d’un travail sur les rapports entre le Sénonien et le Danien du —, par Anders HENN1G, 282. Danien. Voir : Danemark. Danube. Obs. sur le défilé des Portes de Fer et sur le cours inférieur du — , par R. Sevasros, 666, DAUTZENBERG. Obs. à la note du Gal DE LAMOTHE, sur les anciennes lignes de rivage des côtes algé- rienne et niçoise, 40. DAUTZENBERG (G -F. Doccrus et Ph). Prés. de leur brochure sur la nomenclature avec application aux genres Pectunculus et Glycimeris, 783. Décalcification. Remarques sur les phénomènes de la —, à propos d'une note de M. A. de GROSSOUVRE, par Stanislas MEUNIER, 959. DEFRANCE. Prés. de la suite du Cata- logue critique de la Collection —, par BiGor, 784. DELAUNAY. peusidques au sujet du Bathonien de St-Gaultier (Indre) à propos dela comm. de M. Garde, 785. DELériNxE. Obs. sur le calcaire carbo- nifère du Haïnaut, 696. DELGADo. Prés. de sa note sur la «Faune cambrienne du Haut-Alem- tejo », 649. DeEpérer (Ch.). Obs. à la note de M. Boure « sur les grottes des Baoussé-Roussé », 12. — Obs. à la note du Gäl DE LAMOTHE « sur les anciennes lignes de rivage de la côle algérienne et de la côte niçoi- se », 38. — Prés. de son mémoire : «Etudes paléont. sur les Lophiodon du Minervois », 339. — Prés. d’ouv., 351. — Sur les caractères et les atli- nités du genre Chasmotherium RuTIMEYER (pl. XVI), 569. — Prés. d'une mandibule de Chasmother ium des env. de Cuis (Marne) [Obs. de G. Dozreus, Léon JANET |, 7923.—Obs. à la note de P. CHorFAT et G.-F. Dorzcrus sur des cordons littoraux marins du Pleistocène du Portugal, 703, DEPrAT (J.). Note sur une diabase ophitique d’Epidaure (Pélopo- nèse), 247. — Note sur la géol. du massif du Pélion et sur l’influence exercée par les massifs archéens sur la tectonique de l’Egéide, 299. — Sur le passage du Toarcien au Médiojurassique, aux environs de Besanvon et sur la valeur du terme Aalénien, 679. 972 DEWALQUE (G.). Prés. de sa «Carte géologique de la Belgique», 6. Dorrrus (G.-F.). Obs. à la note de M. Boure « sur les grottes des Baoussé-Roussé, 13. — Obs. à la note du G:‘! DE LAMOTHE « sur les anciennes lignes de rivage des côtes algérienne et niçoise », 40-41. — Les calcaires et sables tertiaires du Bassin de la Loire [Obs de H. DouvizLé|,113.—Obs. surla bauxite, à propos d’une communication de F. Laur, 191. — Obs. à la note de P. LEMoIE et R. Douvizzé « Résul- tats paléont. et stratigr. de l'Etude des Lépidocyclines, 350. — Sondage à Carrières - sous-Poissy, 377. — Obs. à la note de P. LEMOINE et C. Rouyer ‘« Sur l’allure des plis et des failles dans la Basse-Bourgogne, 561. — Obs. au sujet de la prés., par Ch. DEPÉRET, d’un mandibule de Chasmotherium des env. de Cuis, 724. — Obs. à la note de H. Dov- VILLÉé, Nummulitique duS.-0.».,729. Dozzrus (G. F.), BERKELEY COTTER et Gomes. Prés. des « Mollusques ter- tiaires du Portugal », 812. Dozzrus (Paul CHorFar et G.-F.). Quelques cordons litoraux marins du Pleistocène du Portugal [Obs. de Ch. DEPÈRET, HAUG|, 739. Dozzrus (G.) et Ph. DAUTZENBERG. Prés. d’une note sur la nomencla- ture avec application aux genres Pectunculus et Glycimeris, 783. G. Dozrrus et G. Ramon. Prés. de leurs obs. géol. sur la ligne d'Orléans entre Juvisy et Brétigny, 722. Dorcor (Aug.). Coupes du sous-sol nord de Paris, 648. Domfront. Voir : Réun. extr. Doubs. Sur le passage du Toarcien au Médiojurassique, aux environs de Besançon et sur la valeur du terme Aalénien, par M. J. DEPRAT, 679. DouvizLé (Henri). Obs., 105. — Obs. à la note de M. G. F,. Dozrrus «Les calcaires et sables tertiaires du Bassin de la Loire», 118. — Obs. à la note de Ch. SCHLUMBERGER Qqua- trième note sur les Orbitoïdes », 136. — Sur les Biradiolitidés primitifs, 1794. — Obs. de la note de Frrcx et PERVINQUIÈRE «sur les plages de Monastir et de Sfax (Tunisie) ». 206. — Sur quelques fossiles de Mada- gascar (pl. VII), 207. — Obs. à la note de Stanislas MEUNIER «sur des concrétions quartzeuses ren- fermées dans la craie blanche de Margny (Oise)», 222. — Nummuliti- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS que du S.O., 283. — Terrains ter- tiaires dans le bassin de l’Aquitaine [Obs. de M. Boure, Hauc|, 5340 — Obs. à la note de M. À. de Gros- SOUVRE sur la distribution verticale des Orbitoïdes, 514. — Obs à la note de Ch. JAcog sur l’âge des cou- ches de Clansayes, 518. — Sur quel- ques Rudistes à canaux (pl. XIII- XIV), 519. — Les explorations de M. de Morgan, en Perse, 539. — Sur la structure des Orbitolines (pl XVID), 653. — Etude sur le terrain nummulitique du Sud-Ouest [Obs. de HauG, G. Dozzrus, Léon JANET, G. RAMoND|, 927. — Sur l’ophite de Biarritz, 931. — Obs. au sujet des critiques formulées par M. — sur la classification et l’évolution des hip- purites, par A. Toucas, 732. —M.— signale une obs. de M. Boussac, à Biarritz, 984. — Sur la disparition brusque des Orthophragmina dens diverses régions[Obs. de HAuG|,784. — Rapport de la Commission de Comptabilité, 852. Douvizzé (Robert). Sur la coupe du Jurassique moyen de la plage de Villers-sur Mer (Calvados) (pl. ID, 106. — Sur la présence du Creni- ceras Renggeri OPPez en Norman- die, à propos de la note précé- dente, par Lissasous, 726. — Prés. de sa note «sur les préalpes sub-- eue au S. du Guadalquivir », 12. Douviczé (Paul LEMoiInE et Robert). Résultats paléont. et stratigr. de l'étude des Lépidocyclines [Obs. de M. BouLe, G. DoLrrus|, 349. Drôme. Sur l’âge des couches à phos- phates de Clansayes, près Saint- Paul-Trois-Chàteaux {—), par Ch. JAcoB [Obs. de M. Douvizré, Tou- cAs], 517. — Obs. de A. DE GRos- souvRE sur le même sujet. 650. Dru (Léon), Nécrologie, 351. DuaniozLe (Maximilien). Nécrologie, 487. x E EAsTMAN. Prés. d’un mém. de Paléon- tologie, 179. Échinide. Obs. à propos de la « des- cription des —s crétacés de la Bel- gique », par J. LAMBERT, 7. — Prés. de Polypiers et d’un — nouveaux des Alpes-Maritimes, par A. Gué- BHARD, 355. — Note sur quelques —s du Barrêmien du Gard, communi- nee par MM. Sayn et ROMAN, par . LAMBERT, 841. Echinocorys. Obs. au sujet d’une « Etude monographique sur le genre — », par J. LAMBERT, 9. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS Egéide. Voir : Grèce. Entraigues. Voir : Savoie. Eocène. Sur les Poissons du Barto- nien et les Siluridés et Acipensé- ridés de l— du Bassin de Paris, ar F. PRIEM, 42. oir aussi Bartonien, Ludien, Sparnacien, Terliaire. Epernay. Voir : Marne. Epidaure. Voir : Grèce. Espagne. Sur l’existence de phéno- mènes de charriage en — dans la zone subbétique, par René NickLès, 223, — Note sur les nappes de recouvrement des env. de Barce- lone (—), par J. ALMERA et J. BEn- GERON, 905. — Prés. de sa note « sur les préalpes subbétiques au S. du Guadalquivir », par R. Dou- VILLÉ, 812. — Obs. dans les Pyré- nées centrales espagnoles, par Léon BERTRAND, 830. Estagel. Voir : Corbières. Estérel. Prés. de sa carte du massif de l’—, par E.-A. MARTEL, 282. F Feuguerolles. Exec. du 2 août à May- sur-Orne et—, par Braor, 891. Voir : Orne. - Flers. Voir : Réun. extr. Fzicue (P.) Prés. d'ouvrage, 169. — Flores des tufs du Lautaret (Hautes- Alpes) et d’'Entraigues (Savoie), 387. Fricne (P.) et R. Zerrer. Note sur une florule portlandienne des*env. de Boulogne-sur-Mer (pl. XIX), 787. FLicx et PERVINQUIÈRE. Sur les pla- ges soulevées de Monastir et de Sfax (Tunisie) [Obs. de H. Dou- VILLÉ|, 195. Foraminifères. Voir Choffatella, Lépidocyclines, Orbitoides, Orbito- lines, Orthophragmina, Spirocy- clina. Fouqué. Nécrologie, par P. TERMIER, 176. Fournier (A.). Renseignements et rectifications sur quelques points de la géologie du Poitou, 356. FourNiER (E.). Nouvelles études sur la tectonique du Jura franc-com- tois, 4997. G Gard. Note sur quelques Echinides du Barrèmien du —, communiqués ar MM. Say et RoMaAN, par J. AMBERT, 841. 7 Avril 1907. — T. IV. 973 GARDE (G.). Existence du Bathonien saumâtre dans la vallée de la Creuse à l'Ouest de Saint-Gaultier [Obs. de DELAUNAY], 985. Gaupry (Albert). Nécrologie : Karl VON ZITTEL, 8. — Prés. de son dis- cours l’ « Exposé de l’état actuel de la paléontologie », 8. — Prés. de son mém. sur Jes Fossiles de Pata- gonie : dentition de quelques Mam- mifères, 376. GEMMELLARO (G.-G). Nécrologie, 282. GENTIL (Louis). Nécrologie : MUNIER- CrrALMASs, 85. — Obs. à une note de Stanislas MEUNIER, sur une pluie de poussière, 295. — La mission de Segonzac au Maroc, 646. Glaciaire. Sur quelques lacs du Jura qui sont disparus depuis le —, par BoURGEAT, 662. — Obs. sur la loca- lisation lithologique des blocs erra- tiques alpins, par St. MEUNIER, 753. Gladkie. Voir : Tatra. GoBET (L.). Prés. d’ouv., 170. Gomes (G. F. Dozcrus, BERKELEY CortTER). Prés. des « Mollusques tertiaires du Portugal », 812. Gosau. Sur les couches de —, consi- dérées dans leurs rapports avec la théorie du charriage, par A. de Grossouvre [Obs. de HAuG|, 765. GRAND-BADÈRE (A.M. C.). Nécrologie, 169. Graptolites. Découverte de — dans la Montagne Noire, par Ch. BAR- ROIS, 173. Grèce. Existence du Jurassique sup. et de l’Infracrétacé en Argolide (—), ar L. CAyEux (Obs. de Hauc, H OUVILLÉ), 87. — Etude concernant la dernière régression de la mer, par Ph. NéGnris, 156. — Note sur une diabase ophitique d'Epidaure (Péloponèse), par J. DEPRAT, 247. — Note sur la géol. du massif du Pélion et sur l'influence exercée par les massifs archéens sur la tectonique de l’Egéide, par J. DE- PRAT, 209. Grenoble. Voir : Isère. GROSSOUVRE (A. DE). Sur la distribu- tion verticale des Orbitoïdes [Obs. de H. Douvicré, PERVINQUIÈRE|, 513. — Réponse aux obs. précé- dentes [Obs de PERVINQUIÈRE|, 650. — Obs. sur la couche de phos- phate de Clansayes, 650. — Remar- ques sur les phénomènes de la décalcification à propos d’une note de M. —, par St. MEUNIER, 757. — Sur les couches de Gosau consi- dérées dans leurs rapports avec la théorie du charriage [Obs.de HauG|, Bull. Soc, Géol. Fr. — 62. 974 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS 765. — Obs. sur les ‘couches de Gosau, 814. — Sur la classification du Tertiaire, 823. — Obs. à propos de l’âge des couches marines de Provence à Hippurites, 832. — Obs. sur les grès à Sabalites de l’Anjou, 832. — Sur le Crétacé du Came- roun, 839. Guadalquivir. Voir : Espagne. GuÉBHARD (Ad.). Sur l’altitude des poudingues du delta du Var [Obs. de Léon BERTRAND, 206], 168. — | Prés. de Polypiers et d’un Echi- nide nouveaux des Alpes-Mari- times, 355.— Sur les anciens rivages du Pliocène dans les Alpes-Mari- times, 651. — Trace de poudingue à 1300 mètres d'altitude sur le Juras- sique du Montet, à la Malle, (A.-M.), 776. H Hainaut. Obs. sur le calcaire carbo- nifère du —, par DELÉPINE, 696. Hauc (Emile). Obs. sur «la géol. des env. de Nauplie », par L. CAYEUx, 105. — Prés. d’ouv., 179. — Obs. à la note de H. DouviLLé & terrains tertiaires dans le bassin de l'Aqui- taine », 341. — Ouverture d’une souscription pour élever un monu- ment à Munier-CHALMAS, 351. — Obs. à la note de P. Lory, sur les couches à Phylloceras Loryi des Alpes occidentales, 644. — Obs. à la note de H. Douvizzé «Nummu- litique du S.O. », 729. — Obs. à la note de P.Cnorrar et G.F.DoLLFus sur des cordons littoraux marins du Pleistocène de Portugal, 753. — Obs. à la note de A. de’ Gros- SOUVRE sur «les couches de Gosau. [Obs. de A. de GROSSOUVRE, 814], 976. — Obs. à la note de H. Dou- VILLÉ sur la disparition brusque des Orthophragmina dans diverses régions, 785. Hauc et M. LucEon. Prés. d’ouv., 829. Haut-A lemtejo. Voir : Portugal. Hauterivien. L’ — et le Barrèmien de la rive droite du Rhône et du Bas- Languedoc, par G. Sayn et F. Roman, 607. Hélette. Voir : Pyrénées (Basses-). Hennie (Anders). Prés. d’un travail sur les rapports entre le Sénonien et le Danien du Danemark, 282. Hérault. Sur les Poissons fossiles des terrains tertiaires supérieurs de l’'—, par F. PRIEM, 285. Hipparion. Une faune à — à Perrier, par H. G. STEHLIN, 432. Hippurites. Obs. au sujet des cri- - liques formulées par M. Henri DouviLiLé sur la classification et l'évolution des —, par A. Toucas, 732. — Sur la classification et l’évo- lution des —, par A. Toucas [Obs. de A. DE GROSSOUVRE, 832], 813. Hongrie. Voir : Tatra. Houiller. Sur le Spirorbis pusillus du terrain — de Bruay (Pas-de-Calais), par Ch. BArRors, 253. Voir : Carbonifère. I IMBEAUXx (D'), Prés. d’ouv., 339. Indre. Existence du Bathonien sau- mâtre dans la vallée de la Creuse, à l'O. de St-Gaultier, par G. GARDE, 726. — Remarques au sujet du Bathonien de St-Gaultier (—), par DELAUNAY, 784. Isère. Sur les vallées de la région. grenobloise, par P. Lory, 645. — Découverte de schistes luisants et de marbres en plaquettes dans la vallée de l'Arc, 650. Italie. Nouvelle pluie de poussière récemment observée à Palerme, ar Stanislas MEUNIER [Obs. de L. ENTIL], 294. J JAcog (Charles). Aptien supérieur et Albien du Vercors, 516. — Sur l’âge des couches à phosphates de Clan- sayes, pie Saint-Paul-Trois-Chà- teaux (Drôme) [Obs. de H. Dov- VILLÉ, Toucas], 517. — Obs. de À. DE GROSSOUVRE, voir le même sujet, 650. JaAcouot. Nécrologie, 476. Jalomita. Voir : Roumanie. JANET (Léon). Obs. à la note de Sta- nislas MEUNIER « sur des concré- tions quartzeuses renfermées dans la craie blanche de Margny (Oise), 2922. — Obs. au sujet de la prés. par Ch. DrPpéRET d'un mandibule de Chasmotherium des env. de Cuis, 7925. — Obs. à la note de H. DouvizLé «Nummulitique du S.-O., 730. — Communications, 814. JANNEL (Ch.). Nécrologie, 478. Jura. Sur quelques lambeaux de sa- bles cristallins, dans la région S.O. du —, par BoOURGEAT, 372. — Nouvelles études sur la tectonique du — franc-comtois, par E. Four- NIER, 497. — Sur quelques lacs du — qui sont disparus depuis le Gla- ciaire, par BOURGEAT, 662. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS Jurassique. Existence du — sup. et de l'Infracrétacé en Argolide (Grèce), par L. CaAyeux [Obs. de HaAuG, H. DouvicLé|, 86. — Sur la coupe du — moyen de la plage de Villers-sur- Mer (Calvados), par Robert Dou- vViLLÉ (pl. I), 106. — Origine des calcaires cristallins bréchoïdes et des dolomies d'âge — et crétacé des Pyrénées, par J. Roussez, 3609. — Sur le passage du Toarcien au Médio — aux environs de Besançon et sur la valeur du terme Aalenien, par J. DEPRAT, 679. — Sur la pré- sence de Creniceras RenggeriOPPEL en Normandie, à propos d’une note de M. R. Douvrcré sur Villers, par LissaJous, 726. — Traces de pou- dingue à 1300 m. d’alt. sur le — du Montet, à la Malle (A.-M}), par A. GUÉBHARD, 776. Voir aussi : Aalénien, Bathonien, Portlandien, Toarcien. Juvisy. Voir : Seine-et-Oise. K Kicran. Obs. à propos de la note de P. Lorx, sur les couches à Phyllo- ceras Loryi, 651. — Obs. sur la « synthèse des Alpes », 813. KrzrAn et RÉvIL. Découverte de schis- tes luisants et de marbres en pla- quettes dans la vallée de l’Are, 650. L LAMBERT (J.). Prés. de son « Etude monographique sur le genre Echi- nocorys et obs., 7. — Note sur quel es Echinides du Barrêmien u Gard, communiqués par MM. SAYN et ROMAN, 841. LAMoOTHE (Général de). Note sur les relations stratigraphiques qui pa- raissent exister entre les anciennes lignes de rivage de la côte algé- rienne et celles signalées sur la côte niçoise [Obs. de DEPÉRET, Bouze, Léon BERTRAND, D'AUTZEN- BERG, e DoLLFUS,PERVINQUIÈRE|, 14. Languedoc. L’Hauterivienr et le Bar- rêmien de la rive droite du Rhône et du bas —, par G. Say et EF. Roman, 607. LAPPARENT (Albert de). Prés. d’ouv., 170. — Obs. sur la bauxite, à propos d'une comm. de F. LAUR, 172. LaunAy (L. de). Prés. d'ouvrages, 169. Laur (Francis) Comm. sur les bauxites, et en particulier sur la bauxite du Var et du bassin de 979 Brignoles [Obs. de G. Dorzrus, Toucas, A. de LAPPARENT, P. LE- MOINE |, 171. LAUTARET. Voir : Hautes-Alpes. Laval. Voir : Mayenne. Legs Ve Fonranxess. Distribution des arrérages à MM. David Marin et André TourNouËR, 484. LEMOINE (Paul). Prés. de sa note « sur la présence de l’Oligocène à Mada- gascar, 170. — Obs. à propos d’une comm. de F. LAUR, sur la bauxite, 172. LEMOINE (Paul) et Robert Douvicté. Résultats paléont. et stratigr. de l’étude des Lépidocyclines [Obs. de M. BouLe, G. Dozzrus], 347. LEMOINE (Paul) et C.Rouyer. Sur l’al- lure des plis et des failles dans la Basse-Bourgogne (pl. XV) [Obs. de G. Dozzrus| 561. Lépidocyclines. Résultats paléont., et straligr. de l’étude des — par P LEMoINE et Robert DouvizLé [Obs. de M. BouLe, G. Dozzrus], 347. LEericxe (Maurice). Sur l'âge des sables à Unios et Térédines » des env. d'Epernay et sur la significa- tion du terme Sparnacien, 815. Limanowsxr (Miesislas). Prés. de sa note sur « la découverte d’un lam- beau de recouvrement subtatrique dans la région hauttatrique de ‘: Gladkie (Monts Tatra), 725. Lissagous. Sur la présence du Creni- ceras Renggeri OPrEz en Norman- die, 726. — Sur la forme de l’ou- verture d’'Œcoptychius refractus HAAN, 979. Locarp (Arnould). Nécrologie, 722. Loire (Bassin de la). Les calcaires et sables tertiaires du —, par G.-F. Dozcrus [Obs. de H. DouvicLé|, 113. Voir aussi : Aquitaine, Bassin de Paris. Lophiodon. Prés. de sa note «Etudes paléont. sur les — du Minervois, par Ch. DEPÉRET, 339. Lory (P.). Sur les couches à Phyllo- ceras Loryi des Alpes occidentales, [Obs. de HAuG, Toucas], 641. — Sur les vallées de la région grenobloise, .-645. — Obs. de W. KizrAN, sur les couches à Phylloceras Loryi, 651. Ludien. Obs. à propos d’une note de H. Douvizcé sur le Nummulitique du S.O. par H. HAuc, G. DorLrus, Léon JANET, G. RAMOND, 727-729-730. LuGEoN (HauG et Maurice). Prés. d’ouv., 829. Luz. Voir : Hautes-Pyrénées. 976 M Maâdid (Djebel.) Voir : Algérie. Madagascar. Prés. de sa note « sur la présence de l’Oligocène à — », par P. LEMOINE, 170. — Sur de nou veaux fossiles de Madagascar, par M. BouLr, 1792 — Sur quelques fossiles de —, par H. Douvizré (pl. VII), 205. Maine-et-Loire. Prés. de sa note sur l’âge des grès à Sabalites de Saint- Salurnin (—), par Bicor, 784. — Sur les grès à Sabalites de l'Anjou, par À. DE GROSSOUVRE, 832. Malle (La). Voir : Alpes-Maritimes. Mammifères. Sur les — des sables bartoniens du Castrais, par H. G. STEBLIN (pl. XI-XID), 445. MARGERIE (Emm. de). Réponse à une brochure de M. SimoExs, au sujet de la Bibliographia geologica, 782. Margny. Voir : Oise. Marne. Prés. d’une mandibule de Chasmotherium des environs de Cuis (—) [Obs. de G. Dozrrus, Léon JANET], 793. — Sur l’âge des « sables à Unios et Térédines » des env. d'Epernay et sur la signification du terme Sparnacien, par Maurice LERICHE, 855. Maroc. La mission de Segonzac au —, par Louis Gentix, 646. Voir aussi : Algérie, Sud-Oranais. MARTEL (E.-A), présente sa carte de l’'Estérel, 282. — Prés. d’ouv. 340. MarTIN (David). Origine mécanique des Cancellophycus, 47. — Impres- sions produites par des bulles d’air sur de la vase, 50. MARTIN: (Tito). Prés. de son mém. « sur les diverses hypothèses ten- dant à expliquer le dégagement de chaleur dans l’humectation des corps pulvérulents ou poreux (effet Pouillet), 649. Massif central. Prés. de son « Etude géol. de la bordure S.0. du —, par A. THEVENIN, 86. Maury (E. Cazior et E.). Nouveaux gisements de Pleistocène marin de la côte des Alpes-Maritimes et géol. du Cap d’Aggio, 420. Maury. Voir : Corbières. Mayenne. Prés. et discussion d’une carte géol. des env. de Laval et Sablé sur-Sarthe, par Ch. PELLE- GRIN [Obs. de Ch. BARRoIs], 552. — Obs. au sujet d’une note de M. Ch. PELLEGRIN, sur la géol. du bassin de Laval, par D. P. ŒuLerr, 68. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS M rue Exc. du 2 août à — et euguerolles, par A. BrGor, 831. Méandre. Voir : Isère. MENGEL (Octave). Obs. géol. sur la partie S.E. des Corbières (région de Maury et Estagel), 256. MExGzz (Léon BErTrANpD et O.). Obs. sur le synclinal d’Amélie-les-Bains (B.S.G.F., (4), IL, p. 385), 344. — Obs. au sujet de la note ci-dessus, par Roussez [Obs. de Léon BEr- TRAND], 351. — Obs. au sujet des notes ci-dessus, par J. Roussez [Obs. de CaAREz et Léon BERTRAND |, 379. — Obs. de Roussez sur le même sujet, 513. : Menton. Note sur les grottes des Baoussé-Roussé, près de —, par M. Bouze[Obs. de DEPÉRET,G. DoLL- FUS, CAYEUX], 10. MEUNIER (Stanislas). Prés d’ouv. 178. — Sur des concrétions quartzeuses renfermées dans la Craie blanche de Margny (Oise) [Obs. de H. Dou- VIiLLé, Léon el 218.— Nouvelle pluie de poussière récemment ob- servée à Palerme[Obs. deL.GEnrx], 294. — Remarquables pseudomor- hoses rencontrées dans le sol de a place de la République à Paris, 296.— Obs. sur la localisation litho- logique des blocs erratiques alpins, 753. — Remarques sur les phéno- mènes de la décalcification à propos d’une note de M. A. DE GROSSOUVRE, 757. Minervois. Prés. de sa note : « Etudes pal. sur les Lophiodons du —, » par Ch. D&réRerT, 339. Moiné-Mendia. Voir : (Basses-). Monaco. Note sur les grottes des Baoussé-Roussé, près de Menton, ar M. Bouze [Obs. de DEPÉRET, G. OLLFUS, CAYEUX |, 10. i Monastir. Voir : Tunisie. Montagne Noire. Découverte de Graptolites dans la —, par Ch. BARROIS, 173. — Note sur les nappes de recouvrement du versant méri- dional de la — et des Cévennes aux env. du Vigan, par M. J. BERGERON [Obs. de Léon BERTRAND], 180. Mont d'Or. Prés. de son étude stra- tigraphique et paléont. sur la zone à Lioceras concavum du — Lyon- naïs, par RICuE, 783. Pyrénées MorGax (de). Les explorations de M. — en Perse, par H. DouviLré, 5309. Munier-CHALMASs. Nécrologie, 85, 475. TABLE ALPHABÉTIQUE DES N Nappes de charriage. Voir : nique. Nauplie. Voir : Grèce. . Nécrologie. Carl von Zrrrer, 5, 8, 487, 488. — MunIER-CHALMAS, 85, 477. — GRAND-BADÈRE (A. M. C.), 169. — Fououé, par P. TERMIER. 1796. — A. PERKINS ROCKWELL, 178, 481. — GEMMELLARO (G-G.), 282. — Léon Dru, 351 —JAcQuor, 476.— PARRAN, 477. — JANNEL, 478. — Ch. AUTHE- LIN. 479 — Alf. CARAVEN-CACGHIN, 480. — Henry VAULTRIN. 480. — Ch. de LA VALLÉE POUSSIN, 481. — P.-M. SIEGEN, 481. — Max. DUGNIOLLE, Tecto- 481. — Notice nécrologique sur K.- A. von ZITTEL. par Ch. BARrRoïrs, 488. — Bernard RENAULT,722. — Arnould LOCARD, 922. NécGris (Ph ). Etude concernant la der- nière régression de la mer, I, 156. Etude concernant la dernière régression des mers, IL, 591 Nice. Note sur les relations strati- graphiques qui paraissent exister entre les anciennes lignes de riva- ge de la côte algérienne et celles signalées sur la côte niçoise, par le Général pe Lamorue [Obs. de DEPÉRET, BOULE, Léon BERTRAND, DAUTZENBERG, G. DOLLFUS, PERVIN- QUIÈRE|, 14. Nickcès (René). Sur l’existence de phénomènes de charriage en Es- pagne dans la zone subbétique, 295. Nrvorr. Prés. d’un rapport, 9. Nomenclature. Prés. de leur bro- chure sur la —, par G. DozLrus et Ch. DAUTZENBERG, 783. Normandie (Basse-).Voir: Réun.extr. — Le massif ancien de la — et sa bordure, par A.BrGot(pl:XX-XXV), 909: Nummulitique du Sud-Ouest, par H. Douvizcé, 283. — Etudes sur le ter- rain — du S. O., par H. Douvizré [Obs. A. HauG, G. Dozrrus, Léon JANET, G. RAMOND|, 727. Voir aussi: Aquitaine, Bassin de la Loire. O Œcoptychius refractus HAAN. Sur la forme de l’ouverture d—, par LissAJOUS. 7709. ŒuLertT (D.-P). Obs. au sujet d’une note de M. Ch. PELLEGRIN, sur la géol. du bassin de Laval, 687. — RÉUN. ExTR. : Obs., 870, 908 — Allocutions, 892, 908. MATIÈRES ET DES AUTEURS 977 Oise. Sur des concrétions quartzeuses renfermées dans la Craie blanche de Margny GORE Stanislas MEU- NIER [Obs. de H. Douvizré, Léon un 218. Oligocène. Prés. de sa note « sur la présence de l— à Madagascar, par P. LEMOINE, 170. Ophite. Sur l— de Biarritz, par H. DouviLLé, 931. Orbitoides. Quatrième note sur les —, par Ch. ScHLuMBERGER (pl. II-IV) [Obs. de Cayeux, H. DoUvILLÉ|, 119. — Sur le calcaire à — de Méaudre (Isère), par V. PAQUIER, 416.— Sur la distribution verticale des —, par À. DE GROSSOUVRE |[Obs. de H. Dou- VILLÉ, PERVINQUIÈRE]. 513. — Obs. de A. DE GROSSOUVRE au sujet des obs. précédentes [Obs. de PERVIN- QUIÈRE|, 650. Orbitolines. Sur la structure des —, par H. Douviz£é (pl. XVI), 655. Orne. Prés. de sa note sur les « an- ciennes terrasses de Feuguerolles (—), par BrGor, 86. Orthophragmina. M. H. DouviLLé si- gnale une obs. de M. Boussac à Biarritz, 984. — Sur la disparition brusque des — dans diverses ré- gions, par H. Douviczzé [Obs. de Hauc|, 784. Ouche. Voir : Côte-d'Or. 18 Paléontologie. Prés. d’un discourssur l «Exposé de l’état actuel de la—, par Albert GAUDRY, 8. Palerme. Voir : Italie. PaquiER (V.). Sur le calcaire à Orbi- toides de Méaudre (Isère), 416. Paris. Remarquables pseudomor- phoses rencontrées dans le sol de la place de la République, à —, par Stanislas MEUNIER, 290. — Coupes du sous-sol nord de —, par A. DozLor, 648. Paris (Bassin de). Sur les Poissons du Bartonien et les Siluridés et Acipenséridés de l’'Eocène du —, par F. PRIEM, 42. Voir aussi : Bassin de la Loire. ParrAN. Nécrologie, 477. Pas-de-Calais. Le Spirorbis pusillus du terrain houiller de Bruay (—), par Ch. BArrorïs, 253.— Note sur une florule portlandienne des environs de Boulogne-sur-Mer, par P.FLICHE et R. ZeILLer (pl. XIX), 787. Pélion. Voir : Grèce. 978 PELLEGRIN (Ch.). Prés. et discussion sur une carte geol. des environs de Laval et Sablé-sur-Sarthe [Obs. de Ch. BARRoIS], 252. — Obs. au sujet d’une note de M. —, sur la Gèol du bassin de Laval, par D. P. (ŒuLerrT, (hp | Péloponése. Noir : Grèce. Perrier. Voir : Puy-de-Dôme. . Perse. Les explorations de M. de Morgan en —, par H. Douvicré, 530. PERVINQUIÈRE (L). Obs. à la note du Gal de LAMOTHE « sur les anciennes lignes de rivage des côtes algé- rienne et niçoise », 41. — Prés. d’ouv., 376. — recoit le prix Viques- nel, 484. — Remerciements, 487. — Obs. à la note de A. de GROSSOUVRE « sur la distribution verticale des Orbitoïdes, 515.— Obs. à la réponse de À. de GRossoUVRE au sujet de la note précédente, 650. PERVINQUIÈRE (FLICK et). Sur les plages soulevées de Monastir et de Sfax (Tunisie) [Obs. de H. Douvirré|, 195. Pétrographie. Prés. d’une note «sur la présence de cristaux microsco- piques d’albite dans les dolomies du Trias de la Crète », par L. CAYEUX, 9. — Note sur une diabase ophitique d’Epidaure (Péloponèse) par J. DEPRAT, 247. — Le gneiss dans les Pyrénées et son mode de formation, par J. Rousse, 380. Pétrole aux mines de Blanzy, par P. TERMIER, 830. Phosphates. Sur un nouvel horizon phosphatifère du S. de la Tunisie, ar Philippe THoMASs, 494. — Sur ’age des couches à — de Clansayes, près Saint - Paul- Trois - Châteaux (Drôme), par Ch. Jacog [Ohs de H. DouviLLé, Toucas|, 517. — Obs. de A. DE GROSSOUVRE sur le même sujet, 650. Plages soulevées. Sur les — de Mo- nastir et de Sfax (Tunisie), par FLick et PERVINQUIÈRE [Obs. de H. DouviLLÉé|, 195. Voir aussi : Terrasses (anciennes) ; Rivages (anciennes lignes de). Pleistocène. Nouveaux gisements de — marin de la côte des Alpes-Mari- times et géol. du cap d’'Aggio; par E. Cazior et E. MAURY, 420. — Quelques cordons littoraux marins du — du Portugal, par P. CHoFFAT et G. F. Dorrrus [Obs. de Ch. DePÉRET, HAUG]|, 739. Pliocène. Sur les terrains —s et qua- ternaires du bassin sous-pyrénéen, par M. Bouze, 345. — — et Quater- naire de la région du Bas-Rhône, TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS par L. CoLzLor, 4o1. — Sur les an- ciens rivages du — dans les Alpes- Maritimes, par A. GUÉBHARD, 651. Pluie de poussière. Nouvelle — ré- cemment observée à Palerme, par Stanislas Meunier [Obs. de L. GEN- TIL |, 294. Poissons. Sur les — du Bartonien et les Siluridés et Acipenséridés de l’'Eocène du Bassin de Paris, par F. PRIEM, 42. — Sur les — fossiles des terrains tertiaires supérieurs de l'Hérault, par F. PRIEM, 285. Poitou. Renseignements et rectifica- tions sur quelques points de la géologie du —, par A. FOURNIER,356. Polypiers. Prés. de — et d’un Echi- nide nouveaux des Alpes-Mari- times, par A. GUÉBHARD, 355. Portes. de fer (Défilé des). Noir : Danube. Portlandien. Note sur une florure —ne des env. de Boulogne-sur- Mer, par P. Fricue et R: ZEILLER (pl. XIX), 787. x Portugal. Prés de sa note « Faune cambrienne du Haut-Alemtejo», par DELGADO, 649. — Quelques cordons littoraux marins du Pleistocène du Portugal du —,par Paul CHOFFAT et G.F. Dozzrus [Obs de Ch.DEPÉRET, Hauc], 7939. — Prés. de leur ouvrage “« Mollusques tertiaires du —, par G. F. DozLcrus, BERKELEY COTTER et J.-P. GOMES, 812. PrreM (F). Sur les Poissons du Bar- tonien et les Siluridés et Acipensé- ridés de l’Eocène du Bassin de Paris, 42. — Sur les Poissons fos- siles des terrains tertiaires supé- rieurs de l'Hérault, 28. Primaire. Voir : Cambrien, Carboni- fère, Houiller. Prix et FONDATIONS de la Société. Leur distribution, 484-487. Pseudomorphoses. Remarquables — rencontrées dans le sol de la place de la République à Paris, par Stanislas MEUNIER, 296. L Puy-de-Dôme. Une faune à Hippa- rion à Perrier, par H. G. STEHLIN, 432. Pyrénées. Géologie générale des —, par Léon BERTRAND, 354. — Origine des calcaires cristallins bréchoïdes et des dolomies d’âge jurassique et crétacé des —, par J. ROUSSEL, 369. — Sur les marnes et les schistes de la zone cristalline d’àge secon- daire des —, par J. ROUSSEL, 377. — Le gneiss dans les — et son mode de formation, par J. Rousse, 380. — L'auréole calcaire des massifs TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS 979 granitiques des —, par J. ROUSSEL, 588. — Obs. dans les — centrales SAPABDDIEE: par Léon BERTRAND, 0. Pyrénées (Basses). Sur la cause de la présence du Crétacé sup. à de grandes altitudes sur les Feuilles de Luz et d'Urdos, par L. CAREZ (pl. D), 797. — Sur l’ophite de Biar- ritz, par H. DouvizLé, 731. — M. H. Douvizré signale une obs. de M. BoussAc à Biarritz, 984. — Les brèches de friction dans le granite et dans le calcaire cristallin à _MoinéMendia, près Hélette (—), et leur signification tectonique, par . P. TERMIER, 835. Pyrénées (Haules-). Sur la cause de la présence du Crétacé sup. à de sœrandes altitudes sur les Feuilles de Luz et d’Urdos, par L. CAREz PL. D, 77. Pyrénées orientales. Obs. sur le syn- clinal d’Amélie-les-Bains, par Léon BERTRAND et O. MENGEL (B. S. G.F. (4), IL, p. 385), 344. — Obs. au sujet de la note ci-dessus, par ROUSSEL [Obs. de Léon BERTRAND], 351. — Obs. au sujet des notes ci-dessus, ar J. Roussez [Obs. de CarEez et éon BERTRAND}, 3799. — Obs. de M. Roussez sur le même sujet, 515. Q Quaternaire. Sur les terrains plio- cènes et — s du bassin sous-pyfé- néen, par M. BouLe, 345. — Pliocène et — de la région du Bas-Rhône, par L. CoLLoT, 401. R RamoxpD (G.). Obs. à la note de H. Douvizzé «Nummulitique du S.O.», 730. Ramonp (G. Doccrus et G.). Prés. de leurs obs. géol. sur la ligne d’Or- léans entre Juvisy et Bretigny, 722. RauLiN (V.). Sur la fixité de l’espèce et le transformisme, 554. Recouvrement (Nappes de). Voir : Tectonique. Régression. Etude concernant la der- nière — de la mer, par Ph. NÉéGris, 156 — Etude concernant la der- nière —desmers, II, par Ph. NÉGRis, 591. RenauLT (Bernard). Nécrologie, 722. Réunion extraordinaire de la Soc. Géol. de Fr. à Caen, Flers et Cher- oourg en 1904 (pl. XX-XXV), 86r. Réviz (Kizran et). Découverte de schistes luisants et de marbres en plaquettes dans la Vallée de l’Arc, 650. Rhône. Pliocène et Quaternaire de la région du Bas- —, par L. CoLLor, 4or. — L’Hauterivien et le Barré- mien de la rive droite du — et du Bas-Languedoc, par G. SAyN et F. Roman, 607. Rice. Prés. de son Etude stratigra- phique et paléont. sur la zone à Lioceras concavum du Mont-d’Or Lyonnais, 783. Rivage (anciennes lignes de). Note sur les grottes des Baoussé-Roussé, près de Menton, par M. BouLe [Obs. de DEPréRET, G. DoLLrFus- CAvEux|, 10. — Note sur les rela- tions stratigraphiques qui parais- sent exister entre les — de la côte algérienne et celles signalées sur la côte niçoise, par le général de LamoTue [Obs. de DEPÉRET, BOULE, Léon BERTRAND, D'AUTZENBERG, CG. DoLzLrus, PERVINQUIÈRE]|, 14. — Sur l'altitude des poudingues du delta du Var, par A. GUÉBHARD [Obs. de Léon BERTRAND, 206], 168. — Sur les anciens rivages du Pliocène dans les Alpes-Maritimes, par A. GUÉBHARD, 651. Voir aussi : Cordons littoraux, Ré- gression, Terrasses (anciennes). RockweLL (Alfred Perkins). Nécrolo- gie, 178, 4SI. Roman (G. SaAyn et F.). L'Hauterivien et le Barrêmien de la rive droite du Rhône et du Bas-Languedoec, 607. Roumanie. Obs. relatives à la struc- ture de la haute vallée de la Jalo- mita (—) et des Carpathes roumai- nes, par J. BERGERON, 54. RousseL. Obs. sur le synclinal d’Amé- lie-les-Bains au sujet d’une note de M. — (B.S.G.F., (4), IL, p.385), par Léon BERTRAND etO.MENGEL, 344. — Obs. au sujet de la note ci-dessus, Obs. de Léon BERTRAND], 351. — Origine des calcaires cristallins bréchoïdes et des dolomies d’âge jurassique et crétacé des Pyrénées, 369. — Sur les marnes et les schis- tes de la zone cristalline d’âge secondaire des Pyrénées, 377. — Rép. aux obs. de M. Léon BEr- . TRAND sur le synclinal d'Amélie- les-Bains [Obs. de CAREz, Léon BER- TRAND], 379. — Le gneiss dans les Pyrénées et son mode de forma- tion. — Rép. aux obs. de M. CAREz, 513. — L’auréole calcaire des mas- sifs granitiques des Pyrénées, 588. 980 Rouyer (P. LEMOINE et C.). Sur l’al- lure des plis et des failles dans la Basse-Bourgogne (pl. XV) [Obs. de G. Dozrrus|, 561. Rudistes. Sur quelques — à canaux, ar H. Douviiré (pl. XIII-XIV), 519. oir aussi : Biradiolitidés. S Sabalites. Prés. de sa note sur l’âge des grès à — de St-Saturnin (Maine- et-Loire), par Braor, 784. — Sur les grès à — de l’Anjou, par A. DE GROSSOUVRE, 832. Sablé-sur-Sarthe. Voir : Mayenne. St-Gaultier. Noir : Indre. Saint-Girons. Voir : Ariège. Saint-Paul-Trois-Châteaux. Voir : Drôme. Saint-Rémy. Voir : Réun. extr. Saint-Saturnin. Voir : Maine-et-Loire. Saône-et-Loire. Pétrole aux usines de Blanzy, par P. TERMIER, 830. Savoie. Flores des tufs du Lautaret (Hautes-Alpes) et d'Entraigues (—), par P. Fuicue, 385. SAVORNIN (J.). Structure du djebel Maädid et du Talemtaga (pl. VID, 137. SAYN (G.) et F. Roman. L’Hauterivien et le Barrêmien de ia rive droite du Rhône et du Bas-Languedoc, 607. — Note sur quelques Échini- des du Barrêmien du Gard, com- muniqués par MM. —, par J. Lam- BERT, 841. SCHARDT (H.). Prés. d’ouv., 251. SCHLUMBERGER (Ch.). Quatrième ncte sur les Orbitoïdes (pl. II-VD) [Obs. de CAyEux, H. DouviLLé], 119. — Note sur le genre Choffatella n. g. (PL. XVII), 763. SCHLUMBERGER (Ch.) et P. CHoFFAT. Note sur le genre Spirocyclina Mux.-Cx. et quelques autres genres du même auteur (pl. IX-X), 358. Secondaire. Sur les marnes et schis- tes de la zone cristalline d’âge — des Pyrénées, par J. Rousser,, 377. Voir aussi Aalénien, Albien, Aptien, Barrêmien, Bathonien, Crétacé, Danien, Hauterivien, Ju- rassique, Portlandien, Sénonien, Toarcien, Trias. Seine-et-Oise. Sondage à Carrières- sous-Poissy, par G. DoLLrus, 377. — Prés. de leurs obs. géol. sur la ligne d'Orléans entre Juvisy et Brétigny, par G. Dozzrus et G. RAMOND, 722. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS Sénonien. Prés. d’un travail sur les rapports entre le — et le Danien du Danemark, par Anders HenwrG, 282. SEVASTOs (Romulus).Obs. sur le Défilé des portes de fer et sur le cours inférieur du Danube, 666. — Les nappes de glissement à flanc de coteau, 845. Sfax. Voir : Tunisie. SIEGEN (P. M.). Nécrologie, 481. Siluridés. Noir : Poissons. SIMOENS (G.) Réponse à une brochure de M. — au sujet de la Bibliogra- pit geologica, par E. de MARGERIE, 782. Sparnacien. Sur l’âge des « Sables à Unios et Térédines» des env. d'Epernay et sur la signification du terme —, par M. Lericnes, 815. Spirocyclina. Note sur le genre —, Mux.-Cx. et quelques autres genres du même auteur par Ch. ScHLum- Fac et P. CHorrar (pl. IX-X), 08. STERLIN (H.-G.). Une faune à Hippa- rion à Perrier, 432. — Sur les Mam- mifères des sables bartoniens du Castrais (pl. XI-XID), 445. Subbétique (zone). Voir : Espagne. Sud-Oranais. Note sur des fossiles du Carbonifère inf. du Dj. Bechar (—), par A. THEVENIN, 818. Voir aussi : Algérie, Maroc. T Talemtaga. Voir : Algérie. Tarn. Voir : Castrais. Tatra (monts). Prés. de sa note «sur la découverte d’un lambeau de recouvrement subtatrique dans la région hauttatrique de Gladkie (—), par M. LIMANOWSKI, 793. Tectonique. Obs. relatives à la struc- ture de la haute vallée de la Jalo- mita (Roumanie) et des Carpathes roumaines, par J. BERGERON, 54. — Sur la cause de la présence du Crétacé à de grandes altitudes sur les Feuilles de Luz et d'Urdos, par L. CAREZ (pl. D), 77. — Sur l’exis- tence de phénomènes de charriage en Espagne dans la zone subbéti- que, par René Nicxrès, 223.— Note sur la Géol. du Massif de Pélion et sur l'influence exercée par les massifs archéens sur la — de l’'Egéide, par J. DEPRAT, 299.— Obs. au sujet des nappes des Alpes orientales, par P. TERMIER, 349. — Tectonique de la région au S. O. de TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS * Saint-Girons, par Léon BERTRAND, 353. — Nouvelles études sur la — du Jura franc-comtois, par E. FOURNIER, 497. — Sur l'allure des plis et des faillés dans la Basse- Bourgogne, par Paul LEMOINE et C. Rouyer (pl. XV) [Obs. de G. Dozzrus], 561. — Note sur les nappes de recouvrement des env. de Barcelone (Espagne), par J. ALMERA et J. BERGERON. 905 .— Prés. de sa note sur la « découverte d’un lambeau de recouvrement sub- tatrique dans la région hauttatrique de Gladkie (monts Tatra), par M. LIMANOWSKI, 723.— Sur les couches de Gosau, considérées dans leurs rapports avec la théorie du char- riage, par À. DE GRoOssOUvRE[Obs. de ITaAuG], 965. — Obs. sur la €syn- thèse des Alpes », par W. KiLrAN, 813. — Obs- sur les couches de Gosau, par A. DE GROSSOUVRE, 814. — Les brèches de friction dans le granite et dans le calcaire cristallin à Moiné-Mendia, près Hélette (Basses-Pyrénées), et leur signifi- cation —, par P. TERMIER, 833. — Les nappes de glissement à flanc de coteau, par R. SEvasros, 847. TERMIER (Pierre). Allocution, 3. — Carl VON ZITTEL, 5. — Prés. d’ouv. 179. — Obs. au sujet des nappes des Alpes orientales, 342. — Pétrole aux mines de Blanzy, 830. — Les brèches de friction dans le granite et dans le calcaire cristallin à Moiné-Mendia, près Hélette (Bas- ses-Pyrénées) et leur signification tectonique, 833. Terrasses (anciennes). Prés. de sa note sur « les — de Feuguerolles (Orne) », par BraorT, 86. — Sur les terrains pliocènes et quaternaires du bassin sous-pyrénéen, par M. BouLeE, 35. — Pliocène et Quater- naire de la région du Bas-Rhône, par L. CozLor, 4or. — Nouveaux gisements de Pleistocène marin de la côte des Alpes-Maritimes et géol. du cap d’Aggio, par E. CazrorT et E. MAURY, 420. Voir aussi : Cordons littoraux, Ré- gression, Rivages (anciennes lignes de). Tertiaire. Les calcaires et sables —s du Bassin de la Loire, par G. F. Dozcrus [Obs. de H. Douvizé|, 113. — Sur les Poissons fossiles des ter- rains —s supérieurs de l'Hérault, par F. PRIEM, 285. — Terrains —s dans le bassin de l'Aquitaine, par Henri Douvizzé [Obs. de BouLE, Hauc], 340. — Prés. de leur travail « Mollusques —s du Portugal », par G. DoLLFus, BERKELEY COTTER et o8I Goes, 812. — Sur la classification du —, par A. DE GROSSOUVRE, 893. Voir aussi Bartonien, Ludien, Sparnacien. THEVENIN (A). Prés. de son «Etude géol. de la bordure S.O. du Massif central », 86. — Note sur des fos- siles Au Carbonifère inférieur du Djebel Bechar (Sud-Oranais), 818. Tomas (Philippe) reçoit le Prix Barotte de la Soc. nat. d’Agricul- ture, 9. — Reçoit une médaille et un prix, 486. — Remerciements, 487. — Sur un nouvel horizon phosphatifère du S. de la Tunisie, 494. Toarcien. Sur le passage du — au Médiojurassique aux environs de Besançon et sur la valeur du terme Aalénien, par J. DEPRAT, 679. Toucas (Ar.). Obs. sur la bauxite, à propos d’une comm. de F. LAUR, 1791 — Obs à“ la note “de Ch: JAcoB, sur l’âge des couches de Clansayes, 518. — Obs..à la note de P. Lory, sur les couches à Phytlloceras Loryi des Alpes occi- dentales. 644. — Obs. au sujet des critiques formulées par M. Henri Douvizzé sur la classification et l’évolution des Hippurites, 932. — Sur la classitication et l’évolution des Hippurites [Obs. de A. DE GROSSOUVRE, 832], 813. Transformisme. Sur la fixité de l’espèce et le —, par Victor RAULIN, 554. Trias. Prés. d’une note « sur la pré- sence de cristaux macroscopiques d’albite dans les dolomies du — de la Crète », par CAYEUX, 9: Tunisie. Sur les plages soulevées de Monastir et de Sfax (—). par FLick et PERVINQUIÈRE [Obs. de H. Dou- VILLÉ], 199. — Sur un nouvel horizon phosphatifère du S. de la —, par Philippe THoMaAs, 494. U Urdos. Voir : Basses-Pyrénées. V VALETTE (Dom Aurélien). Prés. d’ouv. sur les Stellérides et les Ammo- nites du département de l'Yonne, 251. VALLÉE Poussin (Ch. DE LA). Nécrolo- gie, 4SI. Var. Sur l'altitude des poudingues du delta du —, par A. GUÉBHARD [Obs. de Léon BERTRAND, 206], 168. — Comm. sur les bauxites, et en 982 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS particulier sur la bauxite du — et du bassin de Brignolles, par Fran- cis LaAuUR [Obs. de G. DoLLrus, Tou- CAS, DE LAPPARENT, P. LEMOINE|,191. VaAuLTRIN (Henry). Nécrologie, 480. Vercors. Aplien sup. ét Albien du —, par Ch. JAcoB, 516. Vigan. Note sur les nappes de recou- vrement du versant méridional de la Montagne Noire et des Cévennes aux env. du —, par J. BERGERON [Obs. de-Léon BERTRAND |, 180. Villers-sur-Mer. Noir : Calvados. Volcanisme. Prés. par Tito MARTINI, deson mém. «sur les diverses hypo- thèses tendant à expliquer le déga- gement de chaleur dans l’humec- tation des corps pulvérulents ou poreux (effet Pouillet), 649. W | Wecsc (Jules). Prés. d’ouv., 648. 1 Yonne. Prés. d'ouvrages de Dom Aurélien VALETTE, sur les Stellé- rides et les Ammonites du départ. de l’—, 251. Z Zeizcer. Prés. d'ouvrages, 169. Zeizcer (P. Frice et R.). Note sur une florure portlandienne des env. de Boulogne-sur-Mer (pl. XIX), 787. ZixrTEL (Carl von). Nécrologie, 5, 8, 481. — Notice nécrologique sur — par Ch. BARRoïs, 488. Zürcuer. Communication, 995. TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES DÉCRITS, FIGURÉS, DISCUTÉS ET DÉNOMMÉS A NOUVEAU ET DES SYNONYMIES INDIQUÉES DANS CE VOLUME : Acanthoptérygien ind. p. 43, fig. 2. Acipenser Lemoinei PRIEM, p. 46-47. — Arius ? Lemoinei PRIEM. Aetobatis Biochei PRIEM n sp., p. 286, fig. 2. Alectryonia ungulata ScaLota.p.416. — Ostrea larva LAMx. Alvinia pagodula B.D.D., p 30. — À. ? tessellata SCHWARTZ; A. Lancise ARAD. et BENOIT (non calcara). Anchilophus, p. 450; pl. XL, fig. 1-5. Antilope Sp., p. 437. Arius Bonneti PRIFM, p. 44-45, fig. 3-8. Astrolampas Romani LAMBERT, n. Sp. p. 841, fig. 1-2. Biradiolites Arnaudi CHOFFAT, p. 175. — cornupastoris DESM., p. 175. — Mortoni MANTELL, P. 174. — runaensis CHOFFAT, P. 175. Buccinum, p. 783. ? Cancellophycus, p. 47-50. Caprinula incerta LEYMERIE, P. 529, fig. 3-4. Carcharias (Aprionodon) sp. p. 290, fig. 8. — (Prionodon)sp. p. 290, fig. 9-11. — Scoliodon sp. p. 42-43, fig. 1. Cardium echinatum LiNNé, p. 744. — edule LiNNÉ, var. umbonatla Woop, p. 745. — norvegicurn SPENGLER, Var: ponaerosa B.D.D., p. 745. — C. lævigatum Por; C. serratum SPENGL. — tuberculatum L., p.201. — C. rusticum L. Cerithium rupestre Risso, Pp. 199. — C. mediterraneum DESHAYES. Chasmotherium RÜTIMEYER, p.569,585. Chasmotherium Cartieri Rür., p. 569, 586; pl. XVI. — Lophiodon Car- tieri RôT.; L. annectens Rür ; Palæotapirus Douvillei FILHoL.; P.buxowillanus FrznoL ; Palæo- tapirus helveticus GAUDRY. Chasmotheritm minimum sp.FiscueRr, p-570. — Lophiodon d’Argenton Cuvier; Lophiodon minimum Frscuer ; L. minutum FiIscuEer et WALDHEIM : L. parvulum LAu- RILLARD ; Pachynolophus mini- mus GERVAIS; Hyrachyus inter- medius FiznoL ; Colodon mini- mus GAUDRY. Chasmotherium Stehlini DFPÉRET, n. . SP:, p. 585, fig. x. Chæœropotamus lautricensis NouLer, p. 466 Choffatella ScHLUMBERGER n. g., P. 763; pl. XVIIL — decipiens SGHLUM8. n. Sp., p. 763; HAL TA : Cuneolina M.-Cx., p. 359. Cycadeoidea sp., p.792; pl. XIX, fig. 3. — pumila FLiche et ZEILLER, n.sp., p.789; pl. XIX, fig. 1-2. Cyclopsina Mux.-CHALM., p. 365. — SteinmanniM.-Cx., p-364, fig. 3 : Dentalium inæquicostatum Daurz., p. 30. — D. alternans B. D. D. (non Desx.). Desmoceras Neumayri HAUG., p. 98. — Pachydiscus Neu- mayri HAUG. Dicyclina Mux.-CHALM., p.362, 365. — Lusitanica EGGEr, p. 365. — Lusitanica CHOFFAT, p.365. — Lusitanica M.-Cu., p. 365. — Schlumbergeri Mux.-Cu., p. 362. Donax vittatus DA Cosra (Cuneus) var. atlantica HinALGO, p.742. — Donax trunculus LINNÉ ; Cuneus vittatus DA CosrTA; Donax anatinum Lux. 1. Les noms de genres et d'espèces en caractères romains sont ceux que les auteurs placent en synonymie. 984 Echinus miliaris KLEIN, p. 748. — saxatilis KLEIN; Psam- mechinus saxalilis DEsor; Echinus saxatilis Muzr. Fissurella græca L., p. 30, 32. — F. reticulata Donovan. italica DEFR.. p. 30. — F. costaria DEsx. Galeus Sp., p. 291, fig. 12. Gazella Julieni Mün.-CHALM., p. 435. Gibbula ardens von Sais, p. 30. — G. Fermoni PAyR. Philberti RECLUz, p. 30. — G. villica Parzzrpr. pygmæa Risso, p. 30. — G. Racketti PAYR. Ginglymostoma Miqueli PrieM n.sp., ; P. 288; fig. 3-5. Glycimeris, p. 783. Helaletes, p. 580. Heligmus polytypus, p. 545, fig. 5. Helix Pareti 1sseL, p./426.— H. monœ- censis RAMBUR. Heptodon, p. 580. Hipparion, p. 434. Hippurites, p. 732. Iberina Mux.-CHALM., p. 359. Lusitanica M.-Cu., p. 365. Isectolophus, p. 580. Kellyia sebetia O. G. Cosra, p. 30. — Bornia corbuloides Pærcrppr. Labrodon GErRvAIS. — Nummopalatus ROUAULT. Lepidocyclina, p. 345. Lophiodon lautricence Nourer, p.446. Lophiotherium sp., p.447; pl. XI. fig. 10. — L. cervulum Nouer: ? Hyracotherium sp. KowA- LEWSKY. Lucina (Jagonia) reticulata Pocr, p- 201. — L. pecten auct. Mactra solida LiNxÉé, p. 742. subtruncata DA Costa var. tri- angula RENIER, p. 941. — Tri- gonella subtruncata DA Cosra ; Mactra triangula RENIER. Meandropsina Vidaii EGcer (non SCHLUMB.), p. 365. Mitrocaprina Vidali H. Douv. n. sp., p.525; pl. XIIL, fig. 1-5. Murex brandaris Lin. var. rudis MicHeLoTTt, p. 32. — M. bran- daris var. mutica MoNTERr. Myliobatis La Gaillardei Pu.'Taomas n. SP., p. 285, fig. 1. — Meridionalis P. GERVAIS, p. 294. — M. crassus P. GERv. [ TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES Mytilus edulis LinNé, p. 74. galloprovincialis Lux. p. 746. Neoptychites Telinga, p. 769. — N. : cephalotus. Nystia Du Chasteli Nysr, p 113. — Paludina.. .; Rissoa..….. F. Ebpw.; Littorinella... Sanp- BERGER ; Bithinia... DEsx. : Forbenia.... Nysr. (non FRAUENFELD) ; Euchilus. SANDBERGER. Odontaspis cuspidata AG., p. 292. Lamna dubia P. Gervais. Œcoptychius répee HAAN, P. 779, S. 1-5. Oppelia villersensis D'OrB., p. rr1. Orbiculina infravalanginensis Cnor- FAT, Pp. 364. Lusitanica CHoFFAT, p.364. Orbignya, p. 732. Orbitolina D'Ors., p. 653. — Patellina CARPENTER. — conoidea, p.653: pl. X VII, fig. 2-3. — discoidea, p. 653; pl. XVIL, fig. r. — sübconcava, p. 653; pl. XVII, fig. 4-6. Orbitophage, p. 119, 120, 135. Orthophragmina sp., p. 133; pl. IL, PE 1 8 ONE Munieri. SCHLUMB. (pl. IIL. fig. 12). — ? O. stellata D'ARCHrAG (pl. V, fig °24). Bayani M-CHarM. n. DEUST: pl Vire pl. IV, fig. 21-22. decorata ScHLums., n. Sp p. 194 ; pl. IL, fig. 17. Gümbeli Scazums., n. sp. p. 122, fig. 2. lanceolata Scacums. n. sp. p. 198, fig. A-B ; Orbitoides (Asterocyclina) stellata GüMBEL (non D'ARCHTrAC). multiplicata GüMBEL, p. 125, fig. 4; pl. I, fig. 10; pl. IV, fig. 18, 20. — Orbitoides Rhipidocyelina) multipli- cata GÜMBEL. Munieri ScHrumMs. n. p. 1% ; pl. LI, fig. 12. patellaris ScHLOTTHEIM, p.120, fig. 1; pl. IL, fig. 6; pl. IV fig. 13-14. Asteriacites pa- tellaris ScaLorr.; Orbitu- lites furcata RÜTIMEYER ; O. patellaris GümBeL ; Or- bitoides (Actinocyclina) patellaris GüM8. radians D’'ARCHIAC, P. 129, fig. 3; pl. IL, tig. 7,9; pl sp. 23 : SP: . TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES IV, fig. 15-17. — Orbito- lites radians D’ARCH. ; Or- bitoides (Actinocyclina) radians D’'ARCH., in Güm- BEL ; ©. tenuicosta Güm- BEL; Orbitolites patellaris BRUNNER in Rürim. — _ stella Gimsez, p.132; pl. VI, fig. 47-50, 52-56. — Orbitoi- des (Asterocyclina) stella GÜMBEL. — stellata D'ARCHIAC, p. 126, Ha DL AV Cho 00-30; pl. VI, fig. 37-40. — Cal- carina stellata D'ARCHIAC ; Orbitolites stellaris BRuN- NER in RüTim.; Orbitoides asteriscus KAUFMANN ; O. (Asterocyclina) priabo- nensis GÜMBEL. ns Taramellii Mun.-CHALM. n. sp., p. 131; pl. VL fig. 41-46, 51-57. Palæotherium castrense NOULET p. 456; pl. XI, fig. 6, 6a, 7a, 7b. — P. medium NoureT; P. magnum Nouzer; P.ve- launum GERVAIS — cf. curtum CUVIER, p. 456. — lautricense NouLET, p. 452, fig. 1-2; pl XI, fig. 8, 9, 11. Patella cærulea L. var. subplana P. et M., p. 748. — P. taren- tina Lux.: P. subplana Portez et MicxaAun. — safiensis LuK. p. 747. — P. safiana LMK. — pulgala LINNÉ, p. 747. — P. vulgaris DA Cosra. l'ecten maximus LiINNÉ, p. 745. — Ostrea maxima LiNNÉ; — (Chlamys) multistriatus Porr, P. 198. — P. pusio auct. Pectunculus, p. 783. — bimaculatus Pozr, p. 545. — * Arca bimaculatus Por; Pectunculussiculus REEVE. — irsubricus Brocc., p. 30, 32. — P. violacescens, Lux. Pinites strobiformis FLicue et ZrILLER k n. Sp., p. 802; pl. XIX, fig. 6. Pinus montana Mizz., p.391-399 ?—P. bifoliata Lupwie ; ? Ÿ orbi- cularis Lupw1G; ? P. ovifor- mis LupwiG; P. uncinoides GaAUDIN et STROZZI; P. unci- nata. — sauvag'ei FLICHE et ZEILLER n. Sp., p. 804; pl. XIX, fig. 7. Polyptychus Morgani H. Douvicré N. g., D. SP., P. 520, fig. 1-2. 985 Plagiolophus Cartailhaci Srenun n. sp., fig. 461; pl. XIL, fig. 1, 1a. — P. argentonicum P. GERVAIS. — cf. minor Cuvier, p.463; pl. XII, fig. 3, 4a, 11,114. — Pro- palæotherium P. GERVAIS. — MNouleti n. sp., fig. 460; pl. XII, fig. 9, 9@. Planorbis goniobasis, p. 113. — P. rotundatus BRARD (non POIRET). — pseudoammonius, p.113. — P. Leymeriei DEsu. — solidus Tom, p. 113-114, fig. 2. — solidus THoMzx var. Man- telli Dunk., p. 113-114, NSeTe Plesiarctomys ? p. 469 ; pl. XIL, fig. 2. Pollicipes cornucopiæ GMELIN, p. 749. — Pollicipedes CHEMNITZ; Lepas pollicipes GMELIN; Pentalepas pollicipes BLAINVILLE; Vancheria tingitana PALLARY. Præradiolites Davidsoni, p.541, fig. 1. Propalæotherium sp. (?), p. 449. Pseudoheligmus Morgani, p.545,fig. 6. Pygorhynchus, p 843. Radiolitella n. sect. p. 533: pl. XIV. — Jorojuliensis PIRONA, p. 535 ; pl. XIV, fig. 1-3. — sp. À H. DouviLLé n. sp. p. 537; pl. XIV. fig. 4,6. Radula lima L.,p. 201. — Lima squa- mosa Lux. Rissoa Guerini RECLUZ, p. 30. — R. subcostulata SCHWARTZ. Rousselia Guilhoti H. Douv., p. 524; pl XII fo 0: Sauvagesia Nicaisei COQUAND. p. 174. Spherulites Schweinfur- thi ZITrEL. — Sharpei BAYLE, p. 174. — texana RŒMER, DP. 174. Senecio Saracenicus L., p. 389. Sequoiaportlandica FLicxe et ZEILLER D. Sp., p. 798 ; pl. XIX, fig. 4, 5. Solen marginatus PENNANT p. 741. — Solen vagina LiNNé. Sphyrna prisca AGAssiz, p. 289, fig. 6, 7. — Zygoena.. CUvVIER ; Sphyrna serrata Von Münsrer. Spirocyclina Mun -CuALM., p.360, 365. — Choffati EcGer, p. 365. — Choffati Mux.-Cu.,p.360, 305 ; pl. IX-X. — infravalanginiensis CHOFFAT, p. 365, 986 Spirocyclina infravalanginiensis EGGEr, p. 365. — infravalanginiensis IuN.-CHALM., p. 365. Spirorbis pusillus, p. 253. — Gyro- mices ; Spiroglyphus...; Pa- læorbis…. Spongiaires, p. 218. Strombus bubonius Lux. (— KALAN ADAM), p. 29, 40; S. méditer- raneus DucLos; S. coronatus DeErr. ; S. Mercati. Strongylocentrotus lividus Lux. sp. Deus) p. 749. — ‘Echinus saxatilis LINNÉ; E. lividus Lux., Toxopneustes lividus AG. Tapes pullastra MoNTAGu sp. (Venus), p. 743. — Venus pullastra Mox- TAGU; Tapes pullaster MonTAGu. Tapirus, p. 580. TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES Toxaster, p. 843. Trematocyclina Mux.-CHALM., p. 364. Trunçatella subcylindrica L., p. 30. — T. truncatula Drap. Vaccinites, p. 732. Venus gallina LiNNÉ var. striatula DA CosrA, p. 743. — Pectunculus striatulus DA CosraA; Venus la- minosa LASKEY. Vermetus (Lemintina) Cuvieri Risso, p. 29. — V. gigas Brvona. Vulsilla falcata, p. 544, fig. 3. — _ falcata, race persica, p. 544, fig. 4 — legumen, p. 544, fig. 2. Xiphodon castrense KoWALEWSKI, p.464; pl. XII, fig. 5, 5a, 6, 7, 8,10. — X. gelyense NoULET. DATE DE PUBLICATION DES FASCICULES QUI COMPOSENT CE VOLUME Fascicule 1 — (Feuilles se D = a —( RO = E —( CR NN 1- 7, PI. 8-15, PI. 16-25, PI. 26-35, PI. 36-44, PL. 45-54, PL. 55-62, PI. 1-ID), III-VIND), IXEX)) XI-XIV), XV-XVID. XVIII-XIX), XX-XXV), mai 1904. août 1904. octobre 1904. décembre 1904. janvier 1905. février 1905. mars 1907. ERRATA Sur les relations stratigraphiques qui paraissent exister entre les anciennes lignes de rivage de la côte algérienne et celles signalées sur la côte niçoise, par le Gal DE LAMOTHE : Page 16, ligne 19, au lieu de : Méraya, lire : Méridja. — _; lignes 19-20, au lieu de : Birkahdem, Lire : Birkhadem. Page 18, lignes 15 et 16, au lieu de : 100 à 200 m., Lire : 150 à 350 mètres. — 29, ligne 12, au lieu de : à l’anse, Lire : au Nord. Note sur le genre Spirocyclina Mun.-Cx., par M. Ch. SCHLUMBERGER : Page 363, ligne 7, au lieu de : La figure demi-schématique A, - lire : La figure demi-schématique 1. Une faune à Hipparion à Perrier, par M. SreHu : Page 434, ligne 7, au lieu de : de 200 millim. sur 29, et chacun 27 millim. de largeur..... , lire : de 270 millim. chacune sur 28 ou 27 millim. de largeur... Sur l’allure des plis et des failles dans la Basse-Bourg'ogne, par P. LEMOINE et C. ROUYER : Page 567, ligne 27, au lieu de : bord faillé de l’est du Morvan, lire : bord faillé de l’ouest du Morvan. PI. XV. — Par suite du jeu des papiers, à l’assemblage des feuilles consti- tuant la planche, la faille indiquée au N. de Neuville-sur-Seine se trouve mal placée. Elle doit être déplacée vers l'Ouest, de façon à se trouver sur le prolongement de la faille des Riceys sur le flanc ouest du petit vallon qui débouche sur l'N du mot « Neuville ». L — « à 4, _ Tarif des tirés à part sur papier du Bulletin sans couverture 95 ex. | 50 ex. | 78 ex. | 100 ex. | 150 ex. | 200ex. | 250 ex. Une feuillerentière.--- "0" 6fr.30 |8fr-20 |rofr ro|1xfr 35|14tr.75|19fr.40|20fT.75 Trois quarts de feuille....|5 4o |7 » | 8 8o| 9 8ol12 6Gol14 7517 » Une demi-feuille........... 4 60 |5 95 | 7 »| 7 golro 1ol11 3512 60 Un quart de feuille....... 3185 |5 xo | 6. 10] 6 ,75| 790! 8 8.985 Un huitième de feuille. ...|2 go |3 85 | 4 45] 5 10] 5 75] 6 35) 7 » Les auteurs qui désirent une couverture doivent en faire la demande spéciale, en indiquant le titre et la couleur; cette couverture leur est| | facturée, en supplément, au prix du quart de feuille. | TABIE GÉNÉRALE | lomes Là XX de 3 Série au Bulletin . . (1872-73 à 1892) rédigée par AL GG. MAIIOIZEI. Sous-Bibliothécaire au Muséum d'Histoire Naturelle et vérifiée par Emm. de MARGERIE Ancien Président de la Société Un volume in-8° raisin de 420 pages ; prix : 1 O francs. : \ Prix pour les Membres de la Société : 5 fr., pris au bureau de la Société 4. | 6 FRANCS FRANCO ui € Je Pie e er à y ne sont on di ‘é signaler : au Secr. t, at aprè Hs du pen pr sommaire. Un cn du numér' . Fr _e 'aqu A e 1 À Noms spécifiques. Il ne doit être publié dans le He s Mémo les Comptes Rendus aucun nom, d’espèce où de genre nouveau à n’a LS Re une one n'onpene de fi se. RAR À a fait Fo (@ 1 nom 1 est. imprimé en PETITES à Ex. : er Ro de he DE LoRioI. — Modiola suleata Lu. is Dr (souligné une fois), B. série, je iome, lantiée, la page. ane ù H. Douvié. Sur l'âge des couches ‘traversées par le canal de Panama. 8. S. G "1898, pp. 587-600 ; p. 594, note 3: SV fre Hoc,, Vax Luret Pargr. Annuaire statistique el descriptif des distr France, ABéne et Tunisie, Belgique, Suisse et Grand-Duché de ne 80, FE is, | 1738 p. ; p. 501. de leur légende oo ut cab de lé chelle et ie on doivent qe répélées dans de ee à da de direct. Les dessins devront être 1/3 ou 1/4 HE grands que a en à en fire. La Le finale ne devra pas dépasser la juslification: soit 105 millimètres (en larsweur) ou, exceptionnellement, 175 millimètres pour le Bull et 150. neue fs RÉECADs He OR ESnEnt 220 millimètr es) ue les. Mémoires. - sera jointe pour éviter les erreurs d'orthogr aphe toujours trés difficiles à rectifier. É Exceptionnellement les dessins ombrés, sur parier (rillot à très gros\ grain, et les épreuve es À graphiques Sir papier brillant, virées au brun, pourront être reproduites dans le texte. À ; Pour les planches Lors texte il doit ètre fourni une esquisse en noir ou en couleurs de dimen- ÊN $ sions convénables. L’acceptation des planches phototypiques n'est disculée que sur la présentation d’une bonne épreuve photographique à l'échelle définitive. Dimensions maxima utilisables : SNe : En in:8o, Bulletin: 470440 millimètres. — En in-io, Mémoires : a millimètres. Es à A ExtRAIT DE L'ART. 18 pu RÈGLEMENT : Les auteurs ont un dt de huit jours pour la correction de leurs épreuves. Ge Het expiré, le Secrétaire more quite: | Lille. — Imprimerie Le Bicor frères. = Le Gérant : |. MÉMIN. : LISTE BIBLIOGRAPHIQUE DES OUVRAGES REÇUS EN DON OÙ EN ÉCHANGE PAR LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE EN 190/4 Abréviations principales employées dans ia désignation des Périodiques A. — Anales, Annaes, Annalen, Annales, Annals. Abh. = Abhandlungen. Ac, Ak. — Academia, Académie, Academy, Accademia, Akademia, Akade- mie; Académique. Agr. — Agricultura, Agriculture ; Agricole. Am. — America ; American. Ann. = Annuaire, Annuario, Anuario ; Annual, Annuel. Anthr. = Anthropologie. Arch. —= Archiv, Archivà, Archives, Arkiv. Archeol. — Archæology, Archéologie. Ass. = Association. /[AFAS.— Ass. française pour l'avancement des Sciences|. B — Boletin, Bollettino, Bulletin, Bullettino. Beitr. = Beiträge. Ber. = Bericht, Berichte. Bibl. — Bibliographie, Bibliography ; Bibliographique. Bl. = Blatt, Blätter. Bot. = Botanik, Botanique, Botany; Botanical, Botanique. C. — Congrès, Congress. Cat. = Catalogue. C.G.F. — Service de la carte géologique de la France. Ci. = Ciencias ; Cientifica. Coll. = College. Com. = Comitato, Comité, Committee ; Commissäo, Commision, Commission, Comm. = Communicaciones, communicacôes. CR. = Comptes Rendus. Conch. = Conchyliologie ; Conchological. D. = Deutschland, Deutsch. Dep. — Département, Department. Dir. = Direccäo, Direction. E. — Erdkunde. Earthq. = Earthquake. Engin. = Engineering, Engineers. Erläut. — Erläuterungen. Fr. = France ; Français. Foren.— Forening. Fôrh. = Fôrhandlingar. Geog., Géog. — Géografia, Géographie, Geography; Geographic, Geogra- fiche, Geografico, Geographical. Géographique, Geographisch. Geol., Géol. — Geologi, Geology, Géologie, Geologia; Geological, Geologi- che, Geolôgico, Geologisch, Géologique, Geologisk. Ges. — Gesellschaft. H. = Historia, Histoire, History ; Historique, Historisch. Handl. = Handlingar. Hg'g. — Herausgegeben. Hütt. = Huttenwesen ; Hüttenmannisches. I = Institut, Institute, Institution, Instituto, Istituto. °: Imp. = Imperial, Impérial. Ind. = Industrias, Industrie ; Industriel. Int. = International, Internazionale. It. = Italia ; Italiana, Italiano. : J. = Journal. Jb. = Jaarboek, Jahrbuch, Jahrbücher. D) ABRÉVIATIONS Jber. = Jahresbericht, Jahresberichte. Jh, = Jahreshefte. . K. = Kaiserlich ; — Kôniglich, Kongelig, Kongliga. Kat. — Katalog. Lab. = Laboratoire, Laboratory. Landesanst. == Landesanstalt. M. — Meddelelser, Mitteilungen, Mittheilungen. Mag. — Magazin, Magazine. Malacol. — Malacologica, Malacologie ; Malacological, Malacologique. Mater, — Matériaux. Math. = Mathematicas; Mathematical, Mathematisch. Mem., Mém. — Mémoires, Memoirs, Memorias, Memorie. Met., Mét. — Météorologie, Meteorology ; Météorologique, Meteorologico. Min. = Minas. Minera, Mineria, Mines ; Mineral, Mining. Mineral. — Mineralogi, Mincralogia, Minéralogie, Mineralogy ; Mineralo- gique, Mineralogist. Monogr. = Monographie, Monographs. . Mus. — Musée, Muséo, Muséu, Museului, Museum, Muséum. . = Neu, New, Nouveau, Nouvel, Nova. Nachr. = Nachrichten. Nat. = Natura, Nature, Naturvidenskab, Naturwissenschaft ; Natural, Natu- ee Naturaliste, Naturalist, Naturel, Natuurkundig, Naturwissenschaft- ich. Naturf. = Naturforschend. Naiurh. = Naturhistorisch. O. — Oesterreich ; Oesterreichisch. L fvers. = Ofversigt. Overs. == Oversigt. P. = Proceedings. Pal. = Palæontologia, Palæontology, Paléontologie, Palæontographia ; Palæontographical, Paleontographical, Paléontologique. Philom. = Philomathique Philos. — Philosophical. Pr. = Preussen, Preussischen. PV. = Procès-verbaux. Phys. — Physicas, Physyk, Physique ; Physical, Physikalisch, Physisch. Publ. = Publications, Publicazioni. . ; R. = Reale, Regia, Regio, Royal; Reichs. RC. = Rendiconti. Rec. — Records. Rep. — Report, Reports. Rev., Rio. = Review, Revista, Revue, Rivista. S. — Sociedad, Società, Societas, Société, Society. Sber. = Sitzungsbericht, Sitzungsberichte. Sc. — Science, Sciences, Sciencias, Scientiæ, Scienzà; Scientific, Scientifique. Schr. — Schriften. Serv, = Service. Smiths. — Smithsonian. St. — State. Stat. = Statistics, Statistik, Statistique. Sur. = Survey. T. = Transactions. Tr. = Trabalhos. Travaux. Undersükn — Undersôkning. U,S. — United States. Ung. — Ungarn. Ungarisch. Univ. — Università, Universitas, Université, UniversiLy. V. — Verhandelingen, Verhandlungen. Ver. = Verein. W. — Wissenschaft, Wissenschaften, Wissenschaftlich. Z. = Leitschrift. Zool.=Zoologi,Zoologie,Zoology,Zoülogy ; Zoological,Zoologique,Zoologisel. Janvier, Février et Mars 190%. 1° NoN PÉRIODIQUES. ALMERA (Jaime) y Arturo Borizz y Pocx. Consideraciones sobre los restos fosiles cuaternarios de la Caverna de Gracia (Barcelona). M. R. Ac. Ci. y Arts Barcelona, (3), IV, 33, 1903 ; 447-450. ANGELIS D'OssAT (G. de). Zoantari del Terziaro della Patagonia. Pal. it., IX; Pise, 1903; 19-33, 1 planche phototypie. AUTHELIN (Ch.). Notes stratigraphiques sur l'Est du Bassin de Paris. B. S. Sc. Nancy, 1901; 13 p. — Feuille de Saint-Affrique (Terrains secondaires). B. 93, C. G. F.; Paris, mai 1900; 4 p. — Montagne-Noire. Feuille de St-Affrique. Id. 80, mai 1901; 3 p. — Montagne-Noire et Causses.Feuille de St-Affrique./d. 85, mars 1902; 3p. BERTRAND (C.-Eg.). Les Coprolithes de Bernissart, 1r° partie : Les Coproli- thes qui ont été attribués aux Iguanodons. M. Mus. R. H. Nat. de Belgique; Bruxelles, I, 1903: 154 p., 19 pl. BrGoT (A.). Notes pour l’histoire physique de la vallée de l'Orne. I, Les anciennes terrasses de Feugucrolles (Calvados). B. S. Amis des Sc. nat. de Rouen ; 1902; 157-173, 2 pl. BoDENBENDER (Guillermo). Contribution al conacimiento de la Precordillera de San Juan, de Mendoza y de las sierras centrales de la Repüblica argen- tina. B. Ac. Nac. Ci. de Cérdoba, XVII; Buenos-Aires, 1903; 61 p., 2 pl. — Comunicaciones Mineras y Mineralôgicas. Complément de « los Mine- rales ». Id. XVII, 1903 ; 65-89. Brunes (Jean) et Louis Gogert. L’excursion glaciaire du IX° C. géol. Int., synthèse des recherches et des idées de M. Penck. La Géographie, VI; Paris, 1903; 357-376. d BRuNKHES (Jean) et Bernard Brunues. Les analogies des Tourbillons atmos- phériques et des Tourbillons des cours d’eau et la question de la déviation des rivières vers la droite. A. Géog., XIII; Paris, 1904; 5-24. CALDERON (Salvador). Nota préliminar sobre la turba y los turbales de España. B. S. española H. Nat.; Madrid, 1903; 417-428. Caveux (L.). Sur la présence de cristaux macroscopiques d’aibite dans les dolomies du Trias de la Crète. CR. Ac. Sc.; Paris, 29 juin 1903; 2 p. Cazior (A.). Sur le genre Bauxia. J. Conch., LI, 1; Paris, 1903; 35-38. CHorrAT (Paul). Bibliographie [géologique du Portugal et de ses colonies]. Comm. Serv. geol. Portugal, V, 1; Lisbonne, 1903; 254-277. — Pluie de poussière brune en Portugal (janvier 1902), avec une annexe de M. E. Van pen Broecx. B. S. belge geol., Pal., hydrologie, XVI; Bruxelles, 1992 ; P V., 530-538. Copazz (Ricardo Lleras). Introduccion al Estudio de los Minerales de Colombia. Trabajos de la Oficina de H. Nat. (Min. y geol.); Rep. Colombia ; Bogota, 1903; 57 p. CoomArAswAMY (Ananda K.). Report on Thorianite and Thorite. Ceylan, 1904 ; 4°; 5 p. — Mineralogical notes, Spolia Zeylanica, Il, 6; Ceylan, 1904 ; 57-64. 4 DONS. — JANVIER, FÉVRIER ET MARS 1904 CREMA (Camillo). Sul piano Siciliano nella valle del Crati (Calabria)..B. R. Comm. geol. It., 3; Rome; 1903, 29 p. 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Les analogies des tourbillons atmosphériques et des tourbillons des cours d’eau et la question de la déviation des rivières vers la droite, 1-20. — DE MARGERtE. La structure du sol autrichien, d'après un ouvrage récent, 64-80. — BLraAyac. Observations géographiques au sujet de la feuille de Toulouse (n° 230) publiée par le Service de la Carte Géologique, 81-84. — 68 : ZimmMERMANN. L'océanographie du bassin polaire boréal, d’après Fridtjof Nansen, 99-112. — VIDAL DE LA BLAcue. La carte de France au 50000°, 113-120. — VAcner. Montlucon. Essai de géographie urbaine, 121-137. — AuERBACH. Le régime de la Weser, 138-144. — Moncuicourr. La région de Tunis, 145-170. — À. des Mines, (10), IV, 10-12, 1903 ; V, 1, 1904. GLasser. Rapport à M. le Ministre des Colonies sur les richesses minérales de la Nouvelle-Calédonie, 299-392; 397-536; 29-154. Table des matières de la IX° série décennale, 1892-1907. — L'Anthropologie, XIV, 6, 1903. 6 : Coox. 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LEecLrÈère, 530-534 ; Bretagne et régions voisines : Carte de Bretagne au 1000000°, par M. Barnois, 535-542 ; Feuille de Laval, par M. Bicor, 543-544 ; Feuille d'Angers, par M. Louis BUREAU, 544-545 ; Feuille de Nantes, par M. Le VERRIER, 546-550 ; Feuille de Nantes, par M. WALLERANT, 550; Détroit de Langres : Feuille de Dijon au 3°0000°, par M. CoLLor, 511-554; Détroit de Poitiers : Feuille de Niort, par M. J. WeLscn, 555-560 ; Révision des Feuilles de Poitiers, Confolens, Saumur, Bressuire,St-Jean-d'Angely,Fontenay, La Rochelle, Tour de Chassiron au 1000000°, par M. Wezscu, 560-561; Plateau Central : Révision de la Feuille de Brioude, par M. GirAëp, 562-563; Révision de la Feuille de Clermont-Ferrand, par M. GLANGEAUD, 563-568 ; Révision du Plateau Central au 1000000, par M. De LAUNAY,569-571 ; Feuille de Figeac, par M. G. Mourer, 571-576; Montagne-Noire et Causses : Feuilles de St-Affrique et du Vigan, par M. BERGERON, 599-581 ; Feuille de Séverac, par M. FouRNIER, 582-583 ; Languedoc et Aquitaine : Feuille de Libourne, par M. BLAyAG, 584-587 ; Feuille de Jonzac, par M. A. de Grossouvre, 587-588 ; Feuille de Libourne, par M. RePeziN, 588-591; Feuille de Libourne, par M. VAssEUR, 592-593; Bassin du Rhône : Feuille du Vigan, par M. NiokLës, 594-595 ; Feuilles de Lyon au 320000°, par M. Ricue, 595-598; Feuille du Vigan, par M. RoMaAN, 599-600 ; Feuille de Forcalquier, par M. SAvornin, 601-603 ; Pyrénées : Feuille de Céret, Prades, Quillan, l’Hospitalet, Foix et Bagnères-de-Luchon, carte au 1000000!°, par M. Léon BERTRAND, 604-612; Feuille d'Urdos, par M. BREssoN, 613-618 ; Feuilles de Foix, St-Gaudens, Bagnères-de-Luchon, Tarbes et Luz, par M. CaREz, 618-620 ; Feuille de Foix, par MM. Carez et Léon BERTRAND, 620-624 ; Feuilles de Perpignan et de Narbonne, par M. DEPÉRET. 625-627 ; Feuille de Pamiers, par M. SAavornin, 628-630 ; Feuilles de Mauléon et de Bayonne, par M. Seunes, 630-631; Feuilles d'Orthez et de Pamiers, par M. Vasseur, 632-633 ; Alpes : Révison des Feuilles d'Annecy et de Thonon, par M. Douxami, 634-641 ; Feuilles de Gap et de Larche, par M. HAuG, 642-645 ; Feuille d'Annecy, par MM. HauG et LucEeonw, 646-649; Révision des Feuilles de Grenoble et Vizille, par M. Hirzez, 650-651 ; Feuilles de Grenoble, Vizille, Gap, Larche et Privas au 80000° ; Feuilles d'Avignon et Lyon au 320000° et au 1000000°, par M. Kicran, 652-657; Feuille de Gap et révision des Feuilles de Grenoble et Viziile, par M. Lory, 658-664; Feuille de Larche, par M.ZurCHER, 664-665 ; Corse : Feuille de Bastia, par M. Maur, 666-669; Topographies souter- raines : Monographie du Bassin houiller de la Bouble, par M. d’Aurrac, 670-672 ; Etude des gypses du Bassin parisien, par M. Léon JANET, 673-674. — 2 : Michel Lévy. Contribution à l’étude des magmas chimiques dans les principales séries volcaniques françaises ; application de la nouvelle classi- fication quantitative américaine, 3-43. — 93 : Bresson. Etudes sur les forma- tions anciennes des Hautes et Basses-Pyrénées (Haute-Chaîne), 45-322. — 94 : E. Fournier. Etudes sur les projets d'alimentation, le captage, la recherche et la protection des eaux potables, 323-352. — 95 : Tuevenix. Etude géologique de la bordure sud-ouest du Massif Central, 353-464. — 96 : Michel Lévy. Contribution à l'étude des magmas chimiques dans les principales séries éruptives françaises, paramètres magmatiques, 1-21. — B.S. Fr. de Minéral., XXVI, 6-7, 1903. 6 : DE LA DurANDIÈRE. Sur une production de cuivre chloruré dans le sous-sol du IX° arrondissement de Paris, 135-136. — Lacroix. Sur le gise- ment de la calcédoine et des bois silicifiés de la Martinique, 150-192. — 3 : Inauguration du monument Haüy. Discours de M. Mricuez et discours de 10 DONS. — JANVIER. FÉVRIER ET MARS 1904 M. Lacrorx, 154-162. — WaALrEerRANT. Notice sur les travaux de M. Haute- feuille, 163-169. — Liste des mémoires publiés par M. HAUTEFEUILLE, 169-177. — Lacrorx. 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Sur les conditions de formation et d’accroissement des cristaux naturels, 428-430. — In. Sur la coloration artificielle des zéolites, 430-431. — Hugert. Sur une série de roches provenant des rapides du Niger (Missions des capitaines Lenfant et Fourneau), 431-446. — BP. S. Philom. de Paris, (9). V, 3-4, 1902-1903. — Club Alpin Français, B. mensuel, 1903, 12 ; 1904, 1-2. — CR. Ac. Sc., CXXX VII, 25-26, 1903; CXXX VIII, 1-11, 1904. 25 : Albert GAuDryY. Allocution prononcée à la séance publique annuelle de l’Académie des Sciences, 1089-1097. — 26 : DEPÉRET et MENGEL. Sur la limite du Jurassique et du Crétacé dans la région orientale des Pyrénées et sur l'existence de deux époques distinctes de formation des calcaires à couzeranite, 1220-1222. — L.-A. FABre. Sur le glaciaire de la Garonne, 1305-1306. — HAuG. Sur les racines de quelques nappes de charriage des Alpes occidentales, 1305-1308. — ArsANDAUx. Contribution à l'étude des roches basaltiques de l'Est-Africain, 1308-1311. — DeLerecque. Sur les lacs de la haute Engadine, 1311-1313. — 1 : MourEAuUx. Sur la valeur absolue des éléments magnétiques au 1° janvier 1904, 4o-41. — Pierre DAvip. Sur la stabilité de la direction d'aimantation dans quelques roches volcaniques, 41-42. — TEISSERENC DE Borr. Sur la décroissance de la température avec la hauteur dans la région de Paris d’après cinq années d’observations, 42-45. — WALLERANT. Sur les transformations polymorphiques, 59-60. — HAuG. Sur les racines des nappes de charriage dans la chaîne des Alpes, 60-62. — St. MEu- nier. Contribution à la connaissance des formations lutéciennes au Sénégal, 62-63. — 2 : Boure. Chronologie de la grotte du Prince, près de Menton, 104-106. — DE MonTEssus DE BALLORE. Sur les tremblements de terre des Andes méridionales, 106-108.— THouLeT et SAUERWEIN. Sur la carte générale bathymétrique des Océans, 109-110. — 3 : BoussiNEsQ. Application de la théorie générale de l’écoulement des nappes aqueuses infiltrées dans le sol aux fortes sources des terrains perméables, et, en particulier, à plusieurs de celles qui alimentent Paris, 119-123. — ArsANDAUx. Sur un trachyte à .noséane du Soudan français, 163-165. — 4 : Dumont. Sur la reparlition de la potasse dans la terre arable, 215-217. — pr LAuNAy. Sur l’association géologique du fer et du phosphore et la déphosphoration des minerais de DONS. — JANVIER, FÉVRIER ET MARS 1904 II fer en métallurgie naturelle, 225-227. — Stanislas MEUNIER. Sur la puissance de la formation nummulitique à Saint-Louis du Sénégal, 227-298. — 5 : DE Launay. Sur le rôle du phosphore dans les gîtes minéraux, 308-310. — P. Lemoine. Sur la présence de l'Oligocène à Madagascar, 311-313. — CHOFFAT. Sur les séismes ressentis en Portugal en 1903, 313-315. — 6 : Carver : La distribution géographique des Bryozoaires marins et la théorie de la bipo- ralité, 384-387. — J. BeRGERoON. Sur les nappes de recouvrement du versant méridional de la Montagne Noire, 394-395. — Douxamr. Observations géolo- giques aux environs de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), 395-398. — AGNUS. Palæoblattina Douvillei, considéré d’abord comme un Insecte, est une pointe génale de Trilobite, 398-399. — 8 : GRaAND’'Eury. Sur les sols de végétation fossiles des Sigillaires et des Lepidodendrons, 460-463. — Ed. PERRIER. Présentation d’un crâne d'Okapi, 465. — Marcellin Bouze. Sur l’âge des squelettes humains des grottes de Menton, 517-518. — ManrreL. Sur le gouffre- tunnel d'Oupliz-Tsiké (Transcaucasie), 518-520. — 9 : Michel Lévy. Télé- gramme de M. Kicraw, relatif à une secousse sismique, 551. — 10 : GRAND’- Eurx. Sur les rhizomes et les racines des Fougères fossiles et des Cycado- filices, 607-610. — H. Douvicré. Failles et plis, 645-646. — TErRMIER et LECLÈRE. Sur la composition chimique’des assises cristallophylliennes de la chaïne de Belledonne (Alpes occidentales), 646-647. — 11 : ZeiLrer. Observations au sujet du mode de fructification des Cycadofilicinées, 663-665. — GRAND’EuRY. Sur le caractère paludéen des plantes qui ont formé les combustibles fossiles de tout âge, 666-669. — DE LAuNAYy. Sur la répartition des éléments chimi- ques dans la terre et sa relation possible avec leurs poids atomiques, 712-714. — Duparc. Sur une nouvelle variété d’orthose, 914-715. — CR. AFAS., 32e session, 1° parlie, Paris, 1903. LAiLEMAN». Relations de la figure du Globe avec la distribution des volcans et des tremblements de terre, 113-114. — BrirrouiIN. Courbures du géoïde au sommet du Puy-de-Dôme, 183. — BouquET DE LA GRYE. Conelu- sions d'observations et d'expériences anciennes relatives au régime des cours d’eau, 185. — Jean BruNHESs. Le rôle des tourbillons dans la dégrada- tion du lit des cours d’eau, 185-186. — SquixABoLz. Les chaudrons du Brenton, 186. — Dar-Praz. Les marmites du Mas, 187. — L.-A. Fagre. Considérations sur la dissymétrie des vallées et la loi « de Baer », 187-188. — Bernard Brunues. Tourbillons aériens et tourbillons des cours d’eau : analogie et différences, 188-189. — ZenGer. La théorie électrodynamique du monde et la période luni-solaire des tempêtes ; Table des tempêtes de la mer d’Alle- magne (1878-1901), 194-195. — B. Brunues et P. Davip. Nouvelles études sur l'anomalie magnétique du Puy-de-Dôme, 195. — Kicran. Le Jurassique moyen des Alpes françaises, 201. — Bicor. Assèchement des vallées dans les régions calcaires du Calvados, 201-202. — AmBAyraAc. Les phénomènes volcaniques en 1902, 202-203. — G. DorLrus et Ramon». Etudes géologiques dans Paris et sa banlieue; Le chemin de fer de Paris à Orléans, aux abords de St-Michel-Montlhéry (S.-et-O.), 203-204. — Bicot. CR. des exc. géol. à St-Saturnin et à Trélazé, 204. — PEro. Les mers de la période crétacée et leurs rivages dans le S.-0. du bassin de Paris, 205.— PAGÈès-ALLARY. Décou- verte et exploitation de gisement de silice (Diatomées fossiles) dans l’arron- dissement de Murat (Cantal), 217. — LauBy et PAGÈs-ALLARY. L’abri sous roche de la Tourille, commune de Celles, près Murat (Cantal); Premiers fossiles du Puy de la Fage, près St-Flour (Cantal), 232-233. — Brayac et Caprrax. Les stations préhistoriques du Dj. Sidi-Rgheiss (prov, de Constan- 12 DONS. — JANVIER, FÉVRIER ET MARS 1904 tine), 240-241. — CApPrTrAN. L'industrie reutelo-mesvinienne dans les sablières de Chelles, St-Acheul, Montières, les graviers de la haute Seine et de l'Oise; L'industrie reutelo-mesvinienne dans les sablières de Billancourt, près Paris ; Sa distribution stratigraphique ; L'industrie reutelienne dans les alluvions quaternaires anciennes de la vallée de la Brêche, près Clermont (Oise), 243-245. — CApPITAN et CLERGEAU. 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Linsrow. Bemerkungen über die Echtheit eines in Pommern : gefundenen Triasgeschiebes, 358-359. — Muzcer und Weger. Ueber ältere Flussschotter bei Bad Oeynhausen und Alfeld und eine über ihnen abgelagerte Vegetationsschicht, 360-367. — Tornau. Der Flôtzberg bei Zabrze, 368-524. — GAGEL. Ueber einige neue Spatangiden aus dem norddeutschen Miocän, 525-543. — ScHMIERER und P Le] + SoEnpEeRoOP. Fossilführende Diluvialschichten bei Mittenwalde (Mark), 544-548. — Sber. d. K. Pr. Ak. d. W., XLI-LIIT, 1905. XLIV : Bauer. Vorläufiger Bericht über vweitere Untersuchungen im niederhessischen Basaltgebiet, 992-996. — Z. d. Ges.f. E. zu. Berlin, 1903, 16 ; 1904, 1-2. 10 : Hazcgrars. Die Morphométrie der Europäischen Seen (Suite), 784-813. — ; : von DryGAzLsxr. Bericht über Verlauf und Ergebnisse der Deutschen Südpoler-Expedition, 14-41. — Z. d. D. geol. Ges., LV, 3, 1903. 3 : PARKINSON. Ueber eine neue Culmfauna von Kônigsberg unvweit Giessen und ihre Bedeutung für die Gliederung des rheinischen Culm, 331-374. — Tornquisr. Die Beschaffenheit des Apikalfeldes von Schizaster und seine geologische Bedeutung, 375-392. — DEnckManx. Uber die untere grenze des Oberdevon im Lennetale und Hünnetale und in angrenzenden Gebieten, 393-402. — SaLomon. Ueber die stellung der Randspalten des Eber- bacher und des Reintalgrabens, 403-418. — Ip. Der Zechstein von Eberbach und die Entstehung der permischen Manganmulme, 419-432. — SCHUMACHER. Ueber Trilobitenreste aus dem Unterkarbon im ôstlichen Teil des Rossberg- massivs in den Südvogesen, 432. 14 DONS. =— JANVIER, WÉVRIER ET MARS 1904 — Z. f. praktische geol., XI, 12, 1903 ; XIE, 1-3, 1904. 12 : LIEBENAM Die Witwatersrand-Goldindustrie vom bergwirtschaftli- chen Standpunkte aus, 433-448. — GraAIcuEen. Die Newslands-Diamantminen, Südafrika, 448-452. — 1 : Muzrer. Das Ergebnis eïniger Tiefbohrungen im Becken von Münster, 9-9. — Ip. Das Vorkommen von Petroleum in West- falen, 9-11. — Micuaer. Das oberschlesische Steinkohlenbecken und seine kartographische Darstellung, 11-20. — DENCKMANN. Ueber die Verbreitung von dichten Kalken (Wasserkalken) im westfälischen Devon, 20-22. — Ocusenius. Uber sekundäre Mineralbildung auf Kalisalzlagern, 23-25. — 2 : Zuger. Die geologischen Verhältnisse von Boryslaw in Ostgalizien, 41-48. — Macco. Die Eisenerzlagerstätten am Lake Superior, 48-53. — 3 : KzockMANN. Ueber kontaktmetamorphe Magnetitlagerstätten, ihre Bildung und systematische Stellung, 73-85. — Zuser. Die geolochischen Verhältnisse der Erdôlzone Opaka-Schodmica-Uryez in Ost-galizien, 86-94. — Gotha. Geog. Anseiger, I, 1904, 1. — Petermanns geog. M., L, 1904, 1-2. 1 : Haas. Zur Geologie von Canada, 20-28. — 2 : In. Id., 47-55. — Petermanns M. Érgänzungsband, XXX, 145, 1903. Vors. Beiträge zur klimatologie der südlichen Staaten von Brasilien, 48 p. — Halle-sur-Saale. Leopoldina, XXXIX, 1903. — Abh. d. K. 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Ueber die Beziehung zwischen den Schmelzpunkten der Mineralien und deren Krys- tallisationsfolge in Silicatschmelzlôsungen und Eruptivmagmen, 49-50. — 3 : BauER. Jadeit und Chloromelanit in form prähistorischer Artefakte aus Guatemala, 65-79. — ProBoscur. Ueber den Analcim Melaphyr von Pizmeda, 79-86. — ScxwanTke. Ueber die Bildung von Tridymit in einem vom Blitz geschmolzenen Dachschiefer, 87-88. — AnpréE. Ueber Steinsalzkrystalle von hexagonal-rhomboëdrischer Pseudosymmetrie aus Sicilien, 88-90. — 4 : Koken. Eurydesma und der Eurydesmen-Horizont in der Saltrange, 97-107. — KoEnEN. Ueber die Buntsandsteinwüste, 107. — Reinisu. Ueber Astrolith ein neues Mineral, 108-115. — RINNE. Richtungs verschiedenheïiten der Gypsspaltblättchen, 116-120. — 5 : NoeTziNG. Ueber das Vorkommen von Gondwana-Schichten in Kashmir, 199-135. — ScxALcx und GurzWiLcer. Zur Altersfrage des Randengrobkalkes und der Austernagelflub, 135-142. — DONS. — JANVIER, FÉVRIER Et MARS 1904 15 Lincro. 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Zu Caratomus, 8 — SIzmiRADZK1I. Ueber Jura in Polen, 8. — MaAaAs. Sog. Posener Flammenton in Schlesien, 9-10. — Puicippson. Zur Geologie Griechenlands, 10-14. — Ocusenits Ueber den Untergrund von Venedig, 14-46. — Renz. Zur alters- bestimmung des Carbons von Budua in süddalmatien, 16-22. — Frecx. Zur Geschichte der Stratigraphie des Oberdevon, 22-25. — REnz. Neue Beïtràäge zur Geologie der Insel Corfu, 25-32. — Quaas. Beïitrag zur Kennt- nis der Fauna der obersten Kreidebildungen in der Libyschen Wüste, 32-33. — WoreMANN. Aucella Keyserlingi Lahusen aus dem Hilskonglomerat (Hauterivien), 34. —SALoMoN. Ueber junge Dislokationen (?) in der Schweiz, 34-35. — Ocusunius. Salpeterablagerungen in Chile, 35-40. — Ip. Ueber junge Hebungen in den Anden, 40-43. — Dresecporrr. Berichtigung einiger Angaben des Hernn R. Bech über « Die Nickelerzlagerstätte von Sohland a. 0 DONS. — JUILLET, AOUT ET SEPTEMBRE 1904 53 d. Spree und ïihre Gesteine, 43-48. — Wicamann. Ueber den Vulkan- Ausbruck auf Java im Jahre 1593, 48-49. — Darux. Ueber das Vorkommen von Walchia in den Ottweiler Schichten des niederschlesisch-bühmischen Stein- kohlenbechens, 3-10. — Kruscx. Ueber Zinkkarbonatoolithe von Santander in Spanien. 10. — Ip. Ueber neue Galmeiïiaufschlüsse bei Schwelm in West- falen, 10-11. — In. Ueber magmatische Nickelerzausscheidungen im Serpen- tin von Malaga, 11. — Poronté. Ueber die physiologische Bedentung der Aphlebien, 12. — JAeKez. Ueber Placodermen aus dem Devon. 12-13. — Ficku. Ueber die Trachydolorite des Kibo (Kilimandscharo) und die Kenyte des Kenya, 14. — Warrner. Ueber eine neue Osmylide von Solenhofen, 14. — In. Ueber jugendliche Bodenbewegungen in der Rôdigerschen Ziegelgrube am Weimarer Bahnhof im Jena, 14-15. — In. Ueber eine recente Boden- bewegung in den Ortelschen Dachschieferbrüchen in Lehesten, 15. — WAHNSGHAFFE. Besprechung der Arbeit von Crammer : über das Alter, die Entwicklung und Zerstôrung der Salzburger Nagelfuh, 16-17. — REHBINDER. Ueber Untersuchungen im braunen Jura in der Umgebung von Czenstochau im Jahre 1902, 17-33. — Semrer. Ueber die Salpeterablagerungen in Chile, 33-35. — Lorz. Ueber das Asphaltvorkommen von Ragusa in Sicilien, 36. — STROMER. Einiges üeber den Bau und die Stellung der Zeuglodonten, 36-40. — JAEKEL. Ueber die Organisation und systematische Stellung der Asterolepi- den, {1-60.—Srromer. Ueber Afrika als Entstehungszentrum für Saügetiere, 61-67. — JAEKEL. Besprechung einer Schrift von Pocta : Ueber die Anfangs- kammer der Gaittung Orthoceras Breyn, 67-69. — ZrmMErMANnx. Ueber einen npeuen Fund von Lias in Thüringen : Ueber Anhydrit mit Karrensberflächen von Lengefeld, 63-71. — Büônm. Ueber Ostreen von General Roca am Rio Negro, 71-72. — Sorcrer. Ueber Pseudocucullaea, einen neuen Taxodonten- typus, 76-83. — GaAGEL. Ueber einige miocäne Geschiebe im südôstlichen Holstein, 84. — JaekeL. Ueber Tremataspis und Pattens Ableitung der Wil- beltiere von Arthropoden, 8£-92.— In. Ueber Asteriden und Ophiuriden aus dem Silur Bôhmens, 106-113. — Srice. Zur Geschichte des Almetales süd- westlich Paderborn, 113-115. — Worrr. Ueber einige geologische Beobach- tungen auf Madeira, 117-122. — Jenrsca. Ueber die Verbreitung der Berns- teinführenden « blauen Erde », 122-130. — 1. Puicrpr. Paläontologisch- geologische Untersuchungen aus dem Gebiet von Predazzo, 1-98. — von Lwsrow. Neuere Beobachtungen aus dem Fläming und seinem südwestlich gelegenen Vorlande, .99-121. — Rinne. Beitrag zur Gesteinskunde des Kiautschou-Schutz-Gebietes, 112-160. — Z.f. praktische geol., XIE, 7-9, 1904. 9 : Scumior und Prriswerkx. Die Erzlagerstätten von Cala, Castillo de las Guardas und Aznallcollar in der Sierra Morena (Prov. Huelva und Sevilla), 225-238. — Zerrzin. Die Erzlagerstätiten des Berges Dzyschra in Abchasien, 238-242. — Ocnasenius Salpeterablagerung in Chile, 242-243. — 8 : CoNZE, Wie ist dem Abbrôckeln der Insel Helgoland Einhalt zu gebieten ? 257-261. — GigerT. Der artesische Brunnen von Grosszôssen bei Borna, 260-263. — 9 : DerkeskAwr. Die Bedeutung der Konzentrationsprozesse für die Lagers- tättenlehre und die Lithogenesis, 286-316. — OLszewsxr. Ueber die Rohôl führenden miocänen resp. oberoligocänen Schichten des Tales Putilla in der Bukowina, 320-324. — Breslau. Jber. des Schlesischen Ges. für vaterländische Cultur, LXXXI, 1905. IL. Abt. a : Mixcu. Ueber die Entstehungsweise der Tiefengesteins-Massive, 54 DONS. — JUILLET, AOUT ET SEPTEMBRE 1904 1-11. — Güricx. Ueber Granit und Schieferkontakt in Schlesien, 11-12. — FrANZ. Ueber die Vermessung des Mondes, 28-30. — Mrrcn. Ueber Umwan- delungsvorgänge im Nebengestein eines Erzganges in Süd-Sumatra, 30. — Güricx. Mitteilungen zur Geologie von Schantuneg, 36. — Francfort-sur-le-Mein. 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Der lothringische Hauptsattel .und seine Bedeutung für die Aufsuchung der Fortsetzung des Saarbrücker Kohlensattels, 390-395. — Karzer. Ueber ein Glaubersalzvor- kommen in den Werfener Schichten Bosniens, 399-402. — HERBING. Ueber eine Erweiterung des Gebietes der produktiven Steinkohlenformation bei Landeshut i. Schles, 403-405. — Mücce. « Abreissungsfiguren » am Kalkspath, 405-406. — 14 : IPPEN. Petrographisch-chemische Untersuchungen aus dem Fleimser Eruptivgebiet ; IL. Ueber ein Kersantit vom Mulatto ; IV. Ueber ein allochetitisches Gestein vom Pizmeda, 417-433. — HERMANN. Apatit von Rautenkranz im Erzgebirge, 433-436. — Scnmipr. Nachtrag zum Aufsatz über den Ausgang und die Resultate der russischen Polarexpedition unter Baron Toll, 437-440. — 15 : SAPpER. Neuere vulcanische Ereignisse in Mittelamerika, 449-450. — Huene. Geologische Notizen aus Ôland und Dalarne, sowie über eine Meduse aus dem Untersilur 450-461. — Lincro. Ueber einen einfachen Durchstechapparat für krystallographische Zeichnungen, 461-463. — Ecx. Bemerkung zur Lethaea geognotisca, betreffend Sckwämme aus dem Mus- chelkalk, 464. — Huco. litanit aus der Schweiz, 464-467. — Bruans und Bücxinc. Beïtrag zur Kennitniss der Laterite, 465-471. — 16 : KRANz. Strati- graphie und Alter der Ablagerungen bei Unter-und Oberkirchberg, südlich Ulm a. D., 481-502. — Ecx. Zweite Bemerkung zur Lethaea geognotisca, betreffund die deutsche Trias, 503-506. — 17 : Scnmipr. Weiïterer Nachtrag zum Aufsatz über den Ausgang und die Resultate der russischen Polarexpe- dition unter Baron Toll, 527. — 17-18 : KRaAnz. Stratigraphie und alter der Ablagerungen bei Unterund Oberkirchbetg, südlich Ulm a. D. 528-540; 545-566. — 18 : DALMER. Zur Theorie der Genesis der Archäischen Forma- tion des Erzgebirges, 566-571. — N. Jb. für Mineral. Geol. Pal., I, 1, 1904. Saprer. Die vulcanischen Kleinen Antillen und die Ausbrüche der Jahre 1902 und 1903, 1-70. 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Elephas primigenius Blumb. 56 DONS. — JUILLET, AOUT ET SEPTEMBRE 1904 im Lôss von Kledering bei Wien, 2944 — 12 : Karzer. Notizen zur Geologie von Bôhmen, 263-268. — Fucas. Ein weiterer Nachtrag zur Kenntnis der Tertiärbildungen Eggenburgs, 268-270. — Jan. Ueber die Brachiopoden- fauna der Bande d,, 270-280. — PETRAsCHECK. Bemerkungen zur Arbeit K. Flegels über das Alter der oberen Quader des Heuscheuergebirges, 280-282. Belgique. — Bruxelles. B. Ac. R. Belgique, cl. des Sc., 3-6, 1904. 4: Maraise. La roche keratophyrique de Grand-Cod. 374-355. — Rapports de MM. Dewalque,. Mourlon et Lancaster sur la circulaire de la Société Royale de Londres tendant à l’adoption par l'Association Internationale des Académies, d'un vœu présenté par le Congrès géologique international de Vienne, à l'effet de définir les branches des recherches géologiques pour lesquelles la coopération internationale est désirable, 376-382. — Fozre. Un fait physique nouveau, d’une importance capitale pour la géoph ysique et l’astro- nomie sphérique, 382-387. i — M. couronnés et autres mémoires publiés Dar l'AC RME Lettres, B.-A., in-8°, LXIIL, 8; LXV, 2° ; LXVI, 1904. LXV : Lammxe. Les quatre éléments : le feu, l'air, l’eau, la terre, 194 p. — B. Soc. belge de Géol., Pal., Hyd., XNIIX, 1-2, 1904. Procès-veRBAUXx : Ruror. Le Puits artésien de la gare de Mouscron, 10-12. — Ip. Essai d'évaluation de la durée des temps quaternaires, 13-23. — SIMOENS. Quelques réflexions à propos de l’âge du volcan de Quenast, 46-52. — Ip. Sur la présence de cherts dans le calcaire dévonien, 52-55. — GræeInpr. Note sur l'extension des terrains secondaires dans le Bas-Luxembourg, 55-59. — Purzeys. Alimentation en eau potable de la Basse-Belgique, 61-63. — Ruror. Sur les ressources en eau potable de la Campine anversoise, 64-66. — STAINIER. Un conglomérat du Houiller moyen de Liège, 95-98. — GrrINpz. Quelques objections théoriques à l'hypothèse d’une superposition du réseau hydro- graphique de la Belgique à un réseau de failles préexistant. 68-108. — HALET. Sur le gisement de la pirogue découverte dans la vallée de la Dyle, à Malines, 108-111. — Le COUPPEY DE LA Forest. Sur la surveillance médicale du péri- mètre d’alimentation des sources vauclusiennes ; Réponse à M. Purzeys, 111-116. — Deraprier. Recherches souterraines aux environs d’Eprade, 119-120. — Ruror. Communication sur un abîme situé dans la Rhodesia, 120. — SIMOENS. Quelques considérations sur la tectonique de la vallée de la Senne, 151-160. — Harer. Un glissement de terrain aux environs de Renaix, 161-163. Mémoires : KEMNA. Les récentes découvertes de Poissons fossiles primi- tifs, 1-78. — Monressus DE BALLORE. Les Andes méridionales sismiques, 99-105. — DienerT. Contribution à l'étude de la température des sources, 107-114. — CoRNET. Sur la signification morphologique des collines des Flandres, 116-124. — DELADRIER. Essai d’une carte tectonique de la Belgique, 125-138. — PriNz. Quelques remarques générales à propos de l'essai de carte tectonique de la Belgique présenté par M. Deladrier, 139-151. — CuveLter et Dueuissox. Note sur le puits artésien de la nouvelle éeole militaire, 153-172. — BurrcEensAcx. Les dépôts aurifères du Katanga, 173-186. — Srainier. Des relations génétiques entre les différents bassins houillers belges, 187-205. TRADUGTIONS ET REPRODUCTIONS : SCHULZ-BRIESEN. À propos des terrains qui recouvrent les couches carbonifères du bassin Westphalien-Rhénan, 3-20. DONS. — JUILLET, AOUT ET SEPTEMBRE 1904 57 — Ann. Astronomique de l'Observat. R. de Belg., 1901 à 1905. 1902 : SruyvaERTr. Les accroissements du système solaire au XIX: siècle, 229-244. — Prinz. L'hypothèse de la déformation tétraédrique de la Terre, de W. Lowthian Green et de ses successeurs, 277-308. — Liège. À. S. (réol. Belgique, XXXI, 2-3, 1903-1904. 2 : BuzzETIN. BrIex. Sur la présence du quartz dans le Calcaire carboni- fère, 65-68. — Renier. Note préliminaire sur les caractères paléontologiques du terrain houiller des plateaux de Herve, 51-73. — Ip. Observations sur le Calcaire carbonifère de Krzeszowice (Galicie), 93-74. — G. Fournier. Décou- verte d’un ossement de tortue daus une grotte de la région de la Meuse. 77. — Ip. A propos de cristaux de Quartz dans le calcaire carbonifère, 77-80. — Loxesr. Considérations sur le volcanisme, 80-83. — n’Anprimonwr. Les filons de pechblende de Joachimsthaul (Bohême), 91-93. — Ip..Les filons cuprifères de Graslitz-Klingenthal (Bohème et Saxe), 94-95. — Quesrienne Note sur un puits creusé à Landen, en vue de l'établissement d’une distribution d’eau, 95-96. — Ip. Note sur une galerie de captage d’eau potable creusée à Villers- aux-Tours à travers les bancs redressés du Dévonien supérieur, 97-98. — Mazaise. Notice sur Ch. de La Vallée Poussin, 99-124. — Lonesr. Tronc d'arbre debout du charbonnage de Gosson-Lagasse, 128. — Ip. Soufre sur le terris en combustion du charbonnage de Wérister, 128-199. 2 : MÉMorrxs. Harzé. Une grotte dans le Calcaire carbonifère à plus de 200 m. de profondeur, 161-166. — p’AnprimonT. Note complémentaire à l'étude hydrologique du littoral belge, 167-184. — In. L'alimentation des nappes aquifères, 185-213. — Ip. Note sur les causes et l’intensité du jaillissement d’eau que donnent les nappes captives, lorsqu'elles sont atteintes par un forage dit « artésien », 215-218. — Lonesr. Les grandes lignes de la géologie des terrains primaires de la Belgique, 219-232. — Suevsrers. Découverte de filons de galène dans le terrain houiller productif de Char- leroi, 233-236. 3: Buzzetix. Louesr. Mineral fibreux dans un caillou de quartzite révi- nien, provenant de la plaine des Aguesses, à Liège, 129. — QUESTIENNE. Un nouveau gîte de sable à Ougrée, 129-130. — pe HEEN. Expériences sur la perméabilité des terrains, 130. — px Dorropor. Découverte de dys- thène dans un caillou roulé de quartzite révinien, provenant de la plaine des Aguesses, à Liège, 135-136, 142. — Mazaise. Cherts dans les calcaires frasniens, entre Louveigné et Remouchamps, 140. — MaLaise et LESPINEUX. Découverte de graptolithes à Neuville-sur-Meuse, 140-141. — FrArPoNT. Pré- sentation d’une fructification d’'Equisetum sp, d'E. Lyelli et de succinite, des argiles wealdiennes de Courcelles, 142. — FourmaRrtEer. Découverte de Sisillaria camptotænia, Wood et de S. reticulata, Lesq., dans le terrain houiller de Liège, 142-143. — DewAzQue, Une collection de marbres exploités aux Pays-Bas vers le milieu du xvur° siècle, 148 — Ip. Le nivellement de précision de la Belgique, 149.— Louesr. Sur les cailloux d’arkose gedinnienne rencontrés à l’ouest de Stavelot, 150. — Ip. À propos d’une notice de M. Folie, intitulée: Un fait physique nouveau. d’une importance capitale pour la géophysique et l'astronomie sphétique, 150-152. — SPriNG. Sur la décomposition de quelques sulfates acides à la suite d’une déformation mécanique, 152-155. — Lonest et Forir. Les cascades de Barse et le tuf de Ho youx, 155-160. — Lespineux. Observations sur les cascades de la vallée du Hoyoux, 160. 3 : Mémorres. SmeysrTers. Notice sur quelques puits naturels du terrain 58 DONS. — JUILLET, AOUT ET SEPTEMBRE 1904 houiller de Charleroi (suite), 237-245. — Desrinez. Faune et Flore des psam mites du Condroz(Famennien), 247-257. — CoRNer. Études sur l’évolution des rivières belges, 259-499. — DE DorLopoT. Quelques observations sur les cubes de pyrite des quartzites réviniens, 501-512. — M. Soc. géol. de Belgique, IX, x, 1904. FrArpont. Contribution à l'étude de la faune du Calcaire carbonifère de Belgique. 1. Echinodermes du Marbre noir de Dinant (Viséen inférieur, v'a), I-II. Chili. — Santiago. Actes S. 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Corcor, 39-42; Jura : Revision des Feuilles de Besançon, Lons-le-Saulnier, Gray, au 320000°, examen des projets d’alimen- tation en edu dans les départements du Doubs, du Jura, de la Haute-Saône et du territoire de Belfort, par M. FouRrNIER, 43-50; Plateau Central : Revi- sion du Cantal, Feuille de Mende, par M. Bouce, 51-55; Feuille d’Ussel, par M. DE LAuNAY, 56-58 ; Feuille de Figeac, par M. Mourer, 58-63 ; Feuilles de Figeac, Rodez, par M. THEvENIN, 64; Montagne Noire et Causses : Feuilles de St-Affrique et du Vigan, par M. BERGERON, 64-68 ; Feuille de Séverac-le- Château, par M. E. Fournier, 68-70: Feuille de St-Affrique, par M. NicxLès, 70-71: Languedoc : Feuille de Libourne, par M. REPELIN, 72-74; Bassin du Rhône : Feuille de Lyon au 320000°, par M Rice, 75-79; Pyrénées : Carte au 1000000° et Feuille de Bagnères-de-Luchon au 80000°, par M. L. BERTRAND, 80-82 ; Feuilles de Luz, Tarbes, par M. Bresson, 83; Feuilles de Tarbes, Luz, Bagnères-de-Luchon, St-Gaudens, par M. CAREZz, 83-85 ; Feuille de Perpignan, par M. Doncreux, 85-89 ; Feuille d'Orthez, par M. Maury, 90-92; Feuille DONS. — OCTOBRE, NOVEMBRE ET DÉCEMBRE 1904 91 de Pamiers, Feuille de Bayonne, par M. SAVORNIN, 92-95; Alpes, Provence, Alpes-Maritimes : Revision des Feuilles de Thonon et Annecy, par M. Douxami, 96-100; Revision des Feuilles de Vizille, Valence, Grenoble au 80000€, par le capitaine Hirzez, 101-108 ; Feuiile de Gap, par M. HAUG, 109-110; Feuille de Gap, par MM. Hauc et KizrAN, 111-112; Revision de la Feuille de Vizille, par M. JAcog, 113-114; Feuilles de Gap, Vizille, Grenoble, Privas au 80000°, Lyon et Avignon au 320000°, par M. KiLrAN, 125-126; Feuille de Gap et revision des Feuilles de Vizille et Grenoble, par M. Lory, 119-124; Revision des Feuilles de Toulon, Aix, Nice pour la Carte au 320000°, par M. ZurcHER, 125-126; Corse : Feuille de Bastia, par M. MAUR Y, 125-130. — Général be LA Noë et ne MARGERIE. 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Mesure de la vitesse de propagalion des tremblements de terre, 980-781. — Ip. Sur l'inscription des mouvements sismiques, 582. — GRAND’ Eur. Sur les graines des Névropté- ridées, 782-586. — 21 : HaAuG et Lucron. Sur l'existence, dans le Salzkam- mergut, de quatre nappes de charriage superposées, 892-894. — Robert Dou- VILLÉ. Sur les Préalpes subbétiques au sud de Guadalquivir, 894-896. — 22 : WALLErRANT. De l’Individualité de la particule complexe, 934-936. — DELe- BECQUE. Sur les lacs du Grimsel et du massif du Saint-Gothard, 936-938. — 23 : Lacroix. Les roches à néphéline de Tahiti, 953-956. — Viré. La biospé- "2 DONS. — OCTOBRE, NOVEMBRE ET DÉCEMBRE 1904 léologie, 992-995. — 24 : DELAGE et LAGAru. Sur la constitution de la terre arable, 1043-1044. — Laur. Le terrain houiller en Lorraine française, 1048-1049. — Ch. JAcos et FLusin. La crue glaciaire de la fin du XIX° siècle et les différents facteurs ayant déterminé les anomalies de cette crue dans le massif de Pelvoux, 1049-1051. — MARTEL. Sur la résurgence de Wells (Angleterre) et la chronométrie de l'érosion souterraine, 1051-1052. — 26 : À. de LaApPARENT. Sur de nouvelles trouvailles géologiques au Soudan, 1186-1190. — DeLAGE et LAGATU. Sur les espèces minérales de la terre arable, 1233-1935. — pe Lamorus. Les anciennes lignes de rivage du Sahel d'Alger, 1235-1237. — Exploration scientifique de la Tunisie, 1904. Canu. Etude des Bryozoaires tertiaires recueillis en 1885 et 1886 par M. Ph. Thomas, dans la région Sud de la Tunisie, 37 p. Victor GAurarer. Echinides fossiles des terrains jurassiques. CANG. Bryo- zoaires tertiaires de la région Sud de la Tunisie ; 4 planches. — Etudes des gites minéraux de la France, 1904. 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Ueber Versteinerungen aus den Arlbergs- chichten bei Bludenz und einige neue Fundorte von Flysch und Aptychen- kalken im oberen Grofsen Walser-Tal Vorarlbergs, 8-13. — Korrr. Bemer- kungen zu dem Vortrage des Herrn W. Worr : Ueber einige geologische Beobachtungen auf Helgoland, 13-46. — GüricH. Angeblicher Fund von Spirifer Mosquensis bei Krakau, 16-17. — v. ReuriNper. Ueber den sog. Glaukonitmergel des Callovien im südwestlichen Polen, 18-21. — Maas. Ueber prâglaciale marine Ablagerungen im ôstlichen Norddeutschland, 21-24. — WaunscHArrF£. Die glacialen Stôrungen in den Kreidegruben von Finken- walde bei Stettin, 2435. — Ocnsenrus. Hebungen und Verhinderung des Versalzens abflussloser Becken, 35-40. — Mauas. Zur Entwicklungsgeschichte des sog. Thorn-Eberswalder Hauptales, 40-48. — Scamipr. Aufschlüsse im pommerschen Oberjura, 4-5. — JEexrzscu. Ueber die Theorie der artesischen Quellen und einige damit zusammenhängende Erscheinungen, 5-6. — Puirrppr. Die Geologie des von der deutschen Südpolar-Expedition besuchten antarktischen gebietes, 8-10. — MEnzer. Das Vorkommen von Diceras im südlichen Hannover, 10-14. — Kaiser. Bauxit- und Lateritartige Zersetzungs- produkte, 17-26. — JArKkeL. Eine neue Darstellung von Jchthyosaurus, 26-34. — Kruscn. Die Zusammensetzung der westfälischen Spaltenwasser und ihre Beziehungen zur recenten Schwerspatbildung, 36-Ç0. — KRAUSE. Neue Funde von Menschen bearbeiteter bezw. benutzter Gegenstände aus interglacialen Schichten von Eberswalde, 40-47. — Pnicippr. Die permische Vergletscherung südafrikas, 47. — ZiMMERMANN. Die ersten Versteinerungen aus Tiefbohrungen in der Kaliregion des norddeutschen Zechsteins, {7-50. Register für die Bände 1-50 (1848-1898), 361 p. — Z. Ges. für E. zu Berlin, 9, 1904. Uuxzic. Vom Kilimandscharo zum Meru, 627-650. — Ure. Alter uud Ents- tehung des Würm-Sees, 651-659. — Z. für praktische Geol., XIE, 10-11, 1904. 10 : KRauMANN. 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