= I 1 -»ôn»«l ^ i 1 5 -i ^^^1 "; ■ \ ^^^^1 H . u -Il t J\:lW)r }«iu]^^^ 0/ Jcimf^ BULLETIN DE LA F r j{ 1^: Il 11 v; DE NORMANDIE. Hi^o BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE ]\ORMAl\DlE. CINQUIÈME VOLUME. ANNEE 1859-60. CAEN, CHEZ A. HARDEL, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE. Rue Froide, 2. PARIS, CHEZ DERACHE, LIBRAIRE, RUE DU BOULOY, 7. 1860. COMPOSITION DU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ Pouf l'année 1859-60. Président MM. Pierre. Vice-président Luard. Secrétaire Eudes-Deslongchamps. Secrétaire-adjoint . . . Mokière. Trésorier Le Clerc. Archiviste Faucon. Bibliothécaire Perrier. La Commission d'impression des Mémoires esl formée du Président, du Secrétaire et de trois membres de la Société, et se trouve ainsi composée pour l'année 1859-60 : MM. Pierre, président. Eudes-Deslongchamps, secrétaire. Luard. Halbique. De L'Hôpital. La Commission du Bulletin est formée de trois membres, chargés chacun d'une des trois parlies : zoologie, botanique, géologie et minéralogie : Zoologie : MM. Perrier. Botanique : De L'hôpital. Géologie et minéralogie : Eug. Eudes-Deslongciiamp?. / ^ -K.. ^44^-3 — fei«-'«^' SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1859. Présidence de M. IIALBIQUE. DONS FAITS A I,A SOCIÉTÉ. De la part de !\1. Charles Des Moulins, corrcs|)()iKlani : Comparaison des dépnrtemenis de la Gironde et de la Dordogne sous le rapport de leur végétation spontanée et de leurs cidiures , |)ar M. (lli. Des IMoulins, Hroch. in-8". , 25 pages. Bordeaux, 1859. Catalogue raisonné des Phanérogames de la Dordogne, suivi d'un Supplément finale par M. CJi. Des IMoulins. Fx- trail des Actes de la Sociélé Linnéenne de IJordeaux, t. XX , ii)-8". de 453 pages. Bordeaux, 1859. De la part de 31. G. -G. Gemmellaru ; Cenno geognosiico sul gruppo de lerreni di Judica. Broch. in-8"., (j |)ages. Caianc, 1859. Sui modetli eslerni doter itici delta Quercia in contrada piniietla su l'Etna; leiteraat prof. Engticlmo Guiscardi di Geaelano Giorgio Geinnielturo. lîrocli. in-8"., 0 |)ages. Ca- tane, 1858. Sul graduale soUevamento di una parte délia costa di Sicilia dat simeto ail' onobola, |)ar iM. G. -G. Gemnu'llaro. Brocli. in-/i". de 12 pages. Galane, 1858. De la pan de M. Karl Kreil : Aulciiung zu den magneiiscken heobacliinngeîi , ziveite verrnehrhe auflage. Tiré du XXXII'". cahier des Comptes- rendus des séances de la classe des sciences naturelles et ma- L thématiques de l'Académie impériale-royale devienne. Broch. grand in-S". , 216 pages. Vienne, 1858, De la part du major général Portlock : Adress delitiered, etc. (Discours prononcé à la séance générale annuelle de la Société géologique de Londres, le 19 février 1858J. In-8°., 153 pages. Londres, 1858. De la part de M. Alb. Oppel : Tableau résumé de la classification du terrain juras- sique, établie par M. le docteur Oppel. In-S". de 8 pages. Extrait du Bulletin de la Société géologique de France, séance du 21 juin 1858, De la part de M, J,-C. Fischer : The mosaic account of ihe création. Grand in-8". de 8 pages, Philadelphie, 1858, De la part de M. le docteur Gould : Defence of D\ Gould by ihe scieniific Council of the Dudley Observatory. Broch. grand in-8''. de 93 pages. Al- bany, 1858. Reply to the statement of the trustées of the Dudley Ob- servatory. ln-8°. Broch. de 366 pages, Albany, 1859, La Société a reçu, en échange de ses publications : Tablettes de l' horticulture Versaillaise. — Journal men- suel de la Société d'horticulture de Seine-et-Oise. In-8''. Titre el table du volume de l'année 1858; et n", 12, dé- cembre 1859, in-8". Versailles, 1859. Bidletin de la Société d'encouragement pour Cagricidture et l'industrie dans l'arrondissement de Bagnères-de-Bigorre. In-8'\ de 32 pages. 1859. Annales du Comice horticole de Maine-et-Loire, 2". tri- mestre 1859. Angers, in-8'',, pages 81 à 160. Mémoires de la Société impériale d' agricidiure , sciences et arts d' Angers. — 'SoiwcWc période, t. H, 2^ cahier, 93 à 188. ln-8". Angers, 1859, — 9 — Société académique des sciences, arts, belles-lettres et agriculture de St.-Quetmn {Msne), ,V. série, t. f. Travaux de 1855 à 1857. Grand in-8°., 2 planches, 606 pages. St.- Quentin, 1858. Annales de la Société d'émulation du département des Vosges, t. X, 1". cahier, 1858. In-S". de kh2 pages. Épinal 1859. ' Programme des prix proposés par la Société industrielle de Mulhouse dans son assemblée du 25 7nai 1859. Broch. in-8''., 50 pages. Mulhouse, 1859. Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube, t. XII de la col- lection, t. IX 2^ série, n- hl et 68, commençant page 139, finissant page 517. In-8°. avec 3 planches. —T. XÏII de la collection, t. X 2«. série, n-. Z,9 et 50. In-B"., 200 pages, 3 planches. Troyes, 1859. Séance publique annuelle de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne', tenue à Châlons le 26 août 1859. In-8"., 8 pages. Programme des prix proposés, pour les années 1860, 61 et 62, par l'Académie des sciences, arts ei belles-lettres de Rouen, in-8°. , h pages. Mémoires de l'Académie impériale des sciences, inscrip- tions et belles-lettres de Toidouse, 5^ série, t. III. In-8°., 523 pages. Toulouse, 1859. Recueil des publications de la Société Havraise d'études diverses des 26\ et 25^ années, 1857-1858. In-8". de 563 pages. Le Havre, 1859. Règlements de la Société Vaudoise des sciences naturelles. 15 pages in-8°. Lausanne. Bulletin de la Société Vaudoise des sciences naturelles, t. VI, n°. 66. In-8°., pages 66 à 166. Lausanne, 1859. Estatutos, etc. (Statuts de la Société des naturalistes de — 10 — la Nouvelle-Grenade ). In-8". de 7 pagts. Bogota, 1859. Sitzunsberichte , etc. ( Compies-rendus des séances de l'Acadcméc Impériale-royale de Vienne, classe des sciences naturelles et mathématiqîies, n°. XXXIJ, novembre-décembre 1657, pages 208-536, 1 carte; n°. XXXIII. juin àdécembre 1858, l/i cahiers, n''\ 16 à 29. Vienne, 1858-59, formante sé- ries : la 1'"., de juin 1858, p. 260 à /460,.avec 7 planches, de 3 cahiers; de juillet , UUi) pages avec 10 planches, de 3 cahiers; d'octobre 1858, hlO pages, 16 planches; de no- vembre et décembre, en 6 cahiers, 676 pages, 22 i)lanches. — XXXIV^ volume, janvier à mars 1859, 9 cahiers, 33 planches. Zeitsclirift , etc. (Journal de la Société géologique alle- mande), X". livraison, août, septembre, octobre 1858; W. livraison, novembre, décembre 1858, janvier 1859. La pre- mière avec 1 carte, la seconde avec 5 planches. In-8''. Berlin, 1858 et 1859. Jahrbtich, etc. (Annuaire de l'insiûut impérial-royal de minéralogie de Vienne). Grand in-8°. N". h , octobre , no- vembre, décembre 1858. Vienne, 1858. Tlie Quarterly, etc. (Journal trimestriel de la Société géo- logique de Londres). In-S". N". 55, août 1858; n". 56, no- vembre 1858; n". 57, février 1859, et n». 58, mai 1859, formant h cahiers avec planches, in-8°. Londres, 1859. Proceedings, etc. (Procès-verbaux des séances de la So- ciété littéraire et scientifique de Manchester), n". 1, 59 pages. [Manchester, 1857. Memoirs, etc. (Mémoires de la Société littéraire et phi- losophique de Manchester ) . 2^ série, XV". volume, l"'. partie. Manchester, 1858. Proceedings, etc. (Procès-verbaux des séances de l'Aca- démie des sciences naturelles de Philadelphie) , 5 cahiers in-8". avec pagination irrégulière. Philadelphie, 1858. — M — Annuai report, clc. (Rapport annuel lic l'Assemblée des régents de l' institution Smhhsonnienne, etc.). Wasliinglon, 1858. Grand in-S"., ^31 pages. Smithsonian , etc. (Contributions de la Société Sniiili- sonnienne pour l'avancement des sciences), vol. X, grand m-k". Washington, 1858. 18 planches, 136 pages. CORRESPONDANCE. Le Secrétaire donne lecture d'une lettre de S. Exe. le Ministre de l'instruction publique et des cultes, annonçant qu'il a bien voulu accorder à la Société une subvention de /lOO francs; D'une circulaire du président de la Société industrielle de Mulhouse, annonçant l'envoi du programme d'un très-grand nombre de prix proposés par cette Société ; D'une lettre de M. Uricaechea , datée de Bogota , et de- mandant à la Société l'échange de ses publications avec celles de la Société des naturalistes de la Nouvelle-Grenade. On procède au renouvellement du Bureau (1). M. Eugène Deslongchamps annonce à la Société que le IV^ volume du Bulletin va incessamment paraître , et fait connaître les différents travaux qu'il contient. Il en est de même du XI*. volume des Mémoires, qui paraîtra probable- ment à la fin de l'année. Ce même membre fait passer sous les yeux des membres de la Société une planche destinée à ce volume et qu'il vient de lithographier ; elle représente le Scrresius gaieatus (Bon.) et divers détails ostéologiques de ce curieux oiseau des îles Manjuises. (1) Voir lit page 5 du présent volume. — 12 — Les publications de la Société sont , comme on le voit , en bonne voie de progrès; elles ont reçu l'approbation de S. Exe. le Ministre de l'instruction publique , qui a bien voulu mettre la Société Linnéenne en tête des Sociétés savantes de province qui méritent des encouragements. Nous espérons donc que la prospérité de la Société ira toujours croissant et qu'elle continuera à mériter l'appui du monde savant et la gracieuse bienveillance dont S. Exe. a bien voulu l'honorer. M. de L'Hôpital annonce avoir trouvé en fleurs le Lemna ariza à Beuville et aux environs de Bayeux, entre Colom- bières et Monfréville ; il annonce avoir aussi trouvé en fleurs les Lenma gibba et minor. Les Lemna sont très-abondants dans le Calvados ; mais il est fort rare de les trouver en flo- raison. M. Pierre montre un grain de raisin d'une grosseur ex- traordinaire, conservé dans l'alcool. Ce grain, qui se trouvait seul de sa taille sur une grappe , doit certainement sa gros- seur à un fait de monstruosité. M. Eudes-Deslongchamps se charge d'en rendre compte dans une prochaine séance. M. Pierre montre* également une branche de noisetier avec de très-nombreux chatons réunis au sommet du rameau. M. de L'Hôpital se charge de rendre compte de cette singu- lière végétation. M. Le Clerc montre des feuilles de poirier couvertes à'Mciditm. caiiceUatum , Pers. , qui a même attaqué une partie du jeune bois d'un des rameaux. M. Eugène Deslongchamps annonce l'apparition , pen- dant l'été et l'automne , de becs-croisés de l'espèce Loxia recurvirosira , qui n'avaient pas paru , dans notre déparle- ment, depuis plus de vingt années. SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1859. Présidence de H. PIERRE. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. De la part de M. Le Jolis, de Cherbourg : Lichens des emnrons de Cherbourg. Broch. in-8". Cher- bourg, 1859. Quelques remarques sur la nomenclature générale des Algues. Broch. in-S". Cherbourg, 1856. Examen des espèces confondues sous le nom de Lami- naria digilata. Extrait. Broch. 'm-h°. Examen des espèces confondues sous le nom de Lami- naria digitaïa. Broch. in-li". Breslaw, 185/j. Ue la part de M. Bornet : Description d'un nouveau genre de Floridées des côtes de France, par IM. Bornet. Broch. in-S". avec 2 planches, Paris, ] 859. La Société a reçu, en échange de ses pubUcations : Recueil des travaux de la Société libre d'agriculture , sciences, aru s et belles-lettres de l'Eure, 3^ série, t. V, années 1857-58, 652 pages. 1 vol. in-8". Évreux, 1859. Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, V. vol. Tn-8°., 2A8 pages. Angers, 1859. Id., VI". vol. ln-8''., 333 pages. Angers, 1859. Société impériale d'agriculture, sciences et arts d'Angers, Annales des Comices horticoles de Maine-et-Loire, année 1859, 3^ (rimestre. 232 pages. > - u — Mémoires de la Société de physique et d'histoire naïu- relle de Genève, t. XV, l'^^ partie, avec H planches. In- /j". Genève, 1859. Après la lecture du procès-verbal, M. Perrier demande pourquoi le nombre des membres de la Commission d'im- j)ression nommée dans la dernière séance n'est que de trois, au lieu de cinq , comme il l'était les années précédentes ; et si la Société a pris un arrêté pour diminuer ce nombre. Il est répondu à M. Perrier qu'aucun arrêté n'a été pris à cet égard; que trois njembres seulement ont été nommés. IM. Perrier demande si la Société con.sent à ajouter deux nou- veaux membres. Personne ne s'y opposant , on procède à la nomination de deux nouveaux membres de la Commission d'impression. MM. Perrier et Morière sont nommés. l.e IV^ volume du BidLeiin est distribué aux membres présents. Le Secrétaire demande à la Société si elle veut au- toriser l'impression d'un V. volume pour l'année où nous allons entrer. La Société autorise l'impression de ce V^ volume. M. Eudes-Deslongchamps lit une note sur le grain de raisin monstrueux présenté par M. Pierre à la séance précédente. GRAIN DE RAISIN HYPERTROPHIÉ. Dans la séance de novembre 1859, notre confrère, M. Pierre , soumit à l'examen de la Société un grain de raisin conservé dans l'alcool. Ce grain avait un volume extraordi- naire et une forme qui ne l'était pas moins. M. Pierre l'avait recueilli dans son jardin ; il accompagnait une grappe dont les autres grains n'avaient rien d'anomal ni dans leur forme ni dans leur grosseur. M. Eudes-Deslongchamps fut chargé d'examiner ce grain de raisin et de présenter une note à ce sujet. — 15 — Au premier aperçu , on n'eût jamais regardé ce i^raiii comme un fruit de la vigne (celle-ci est un chasselas), on l'eût pris plutôt pour une petite Tomate , si ce n'eussent été sa couleur jaunâtre et sa demi-lransparence. Sa forme est celle d'un ellipsoïde un peu déprimé dans le sens du diamètre ver- tical; il avait 26 millim. dans son grand diamètre; 2Zi mil- lim. ù son petit diamètre , et 19 à son diamètre vertical. Sa surface était marquée de sept lignes verticales, en forme de méridiens , un peu enfoncées , ce qui doimait à ce fruit un aspect multilobé, à lobes peu saillants. Au sommet du fruit, au lieu du point brun, proéminent, qui se voit sur les grains de raisin ordinaires et qui représente le stigmate rac- corni , existe une petite surface ovalaire de 5 à 6 millim. de diamètre, brune, un peu rugueuse et légèrement enfoncée. Le pédoncule qui supporte le fruit est un peu plus gros qu'il ne l'est communément; il s'élargit en un plateau assez épais, ayant un diamètre de 5 à 6 millim. , et dont la circonférence est légèrement anguleuse ; les angles sont peu distincts. C'est évidemment le plateau calicinal persistant qui supporte d'ha- bitude le grain de raisin, ici un peu plus développé. Du fond de la rainure, située entre le plateau calicinal et le fruit , on voit naître huit petits appendices étroits, membraneux et libres , excepté à leur point d'ailache. Je les pris d'abord pour des divisions calicinaies; mais les divisions du calice de la fleur du raisin sont courtes et obtuses; de plus, elles for- ment les bords du calice et ne naissent point de la surface supérieure, comme les appendices dont je parle, lesquels sont évidemment des fdels d'étamines desséchés et persistants. Le fruit, coupé en travers par son milieu, ne m'a montré aucune trace de cloisons ; c'était une pulpe demi-transpa- rente , rendue un peu plus ferme (|ue d'ordinaire par son séjour dans l'alcool assez fort ; en la pressant , elle laissait échapper un liquide un peu visqueux. Cette pulpe ne m'a — 16 — paru traversée , de bas en haut , que par quelques faisceaux blancs, fibreux et un peu ramifiés, comme on en voit dans le raisin inùr. Cinq pépins étaient placés comme d'ordinaire, c'est-à-dire ayant leur grosse extrémité tournée vers le sommet du fruit , et leur petite vers les divisions internes du pédoncule auxquelles ils adhéraient , comme cela se voit dans les grains de raisin ordinaire, qui, pourtant, ne contiennent que quatre pépins au plus, souvent moins. Le pédoncule, coupé en travers, m'a présenté : 1°. une couche corticale assez épaisse ; 2°. un anneau de fibres li- gneuses régulier et ayant à son centre un très-petit cylindre médullaire. Je n'ai aperçu aucune irrégularité dans cette partie , comme cela aurait dû avoir lieu si ce fruit extraor- dinaire eût résulté de la soudure et de la confluence de plu- sieurs fruits en un seul. En fendant le pédoncule suivant sa longueur jusque dans le fruit , j'ai vu la partie corticale s'élargir pour former le plateau calicinal ; l'anneau fibreux s'élargir aussi et envoyer quelques-unes de ses fibres dans l'intérieur du fruit , pour former les faisceaux blancs ramifiés dont j'ai parlé plus haut. Les autres faisceaux formaient des cordons ombilicaux au sommet desquels étaient implantés les pépins; en s'élargissant, le faisceau de fibres du pédoncule laissait un intervalle assez grand dans son milieu , lequel était rempli par un prolongement de la moelle, plus abondante dans le point où s'écartait le faisceau des vaisseaux que dans le reste du pédoncule. Toutes les dispositions que je viens de décrire ne diffèrent point de ce que montre un grain ordi- naire de raisin quand on le fend longitudinalement , ainsi que son pédoncule. De tout ce qui vient d'être relaté, je conclus que le grain de raisin recueilli par M. Pierre n'est autre chose qu'une simple hypertrophie, remarquable surtout par le haut degré auquel elle est parvenue. Il n'y a point ici de soudures ni de — 17 — confluences de plusieurs fruits, comme les dépressions longi- ludinaics extérieures eussent pu le faire croire; on en eût "'vu dos traces évidentes, soit dans le pédoncule, soit dans l'inté- rieur du fruit même. C'est dommage qu'il ait été mis pendant assez long-temj)s dans l'alcool, et que celui-ci en ait pénétré les pépins; en les semant , il y aurait eu quelque chance d'obtenir des variétés qui peut-être eussent reproduit de pareils grains; alors c'eût été une précieuse acquisition. EXPLICATION DE LA PLANCHE X. Fig. 1. Grain de raisin liypertrophié, vu décote. Grandeur naturelle. Fjg. 2. Le même , vu par-dessus. Fig. 3. Le même, vu par-dessous. Fig. lu Pédoncule du même, coupé suivant sa longueur pour montrer la raoëlle , la couche ligneuse et la couche corticale. M. de L'Hôpital fait une communication verbale sur la branche de noisetier surchargée de chatons, présentée, dans la dernière séance, par M. Pierre. 11 en résulte que le cas n'a d'autre particularité que le nombre très-grand des chatons que cette branche porte. M. Pierre commence la lecture d'un travail très-étendu sur la répartition des principes constitutifs, organiques et minéraux, que présentent, aux diverses périodes de la végétation , les différentes parties 'de la plante du colza. M. Pierre continuera la lecture de ce travail aux prochaines séances (1). (1) Afin de ne pas scinder ce travail, nous le publierons en entier tlans le Comple-rendii de cette séance. 18 ETUDES SUR LE COLZA. Par M. Isidore PIERRE, président de la Société. CONSIDERATIONS GENERALES SUR L OBJET DE CES ETUDES ET SUR LA MARCHE SUIVIE DANS LES EXPÉRIENCES QUI LEUR SERVENT DE BASE. De toutes les plantes cultivées sous nos climats tempérés, il n'en est peut-être pas une seule dont la culture ait pris, eu aussi peu de temps, une aussi grande extension que celle du colza (Brassica campestris, Brassica oieracea), et cependant cette plante ne paraît pas encore avoir été l'objet d'études positives en rapport avec son importance. Placé par les cir- constances dans un pays où le colza est la source d'un mou- vement agricole , commercial et industriel considérable , j'avais porté, depuis plusieurs années, mon attention sur cet important objet d'études ; et c'est le résultat des recherches nombreuses auxquelles je me suis livré que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à la Société Linnéenne de Normandie. Mon travail, quoique un peu volumineux, n'est pas encore aussi complet que je l'aurais désiré, et si je me décide à le présenter à mes collègues, dans cet état d'imperfection, c'est afin de profiter de leurs bienveillantes critiques, que je sollicite pour le terminer d'une manière plus satisfaisante. Je me suis proposé, dans ce travail, de suivre, à diverses époques du développement du colza, la production et la répartition , dans ses différentes parties , de la matière or- ganique., des subsiaîices azotées et des principes minéraux les plus imporlaîits. Celte recherche n'offre pas un aussi grand intérêt tant que — 19 — la lige n'a pas encore acquis un cerlaiii développement, et avant l'époque où la végétation progresse avec activité, |)arcc qu'alors les feuilles constituent, sous le rapport de la masse, l'organisme dominant de la plante. J'ai donc cru devoir attendre, pour la soumettre h mes investigations, que la tige eût acquis déjà un notable développement. La hauteur moyenne des sujets qui m'ont servi était , au moment des premières observations, d'environ 55 centimètres, comptés depuis la surface du sol jusqu'au sommet de la tige sur laquelle les boutons floraux étaient déjà très-apparents. Pour faciliter mes recherches , j'avais choisi , dans un champ de colza d'une assez grande régularité, une étendue d'environ 2 ares, qui m'avait paru plus uniforme encore que le reste du champ; puis, dans celle parcelle réservée, j'avais marqué, au moyeç d'un bout de lacet noir qui fut noué très- lâche , une quarantaine de pieds qui semblaient satisfaire le mieux possible à toutes les conditions d'égalité indispensables pour les expériences de comparaison que je me proposais de faire ; c'est parmi ces quarante pieds que je prenais, à chaque époque d'observation, les quatre plantes sur l'ensemble des- quelles devaient porter mes analyses. Lorsque j'ai pris mon dernier échantillon , j'ai voulu reconnaître jusqu'à quel point il était permis de compter sur mes premières prévisions d'égaliié dans les lots destinés à l'analyse; au lieu de prendre quatre plantes de colza, j'en ai pris huit, et après les avoir coupées à la hauteur du collet de la racine, j'en ai fait deux lots de quatre plantes chacun , et la pesée de ces deux lots m'a donné les résultats suivants , immédiatement après la coupe : Poids du r^ lot U 025 grammes. Poids du 2^ lot U 0U2 grammes. La différence insignifiante de 17 grammes ne représente que 0,/42 pour 100 du poids total , c'est-à-dire moins de - 20 — 1/2 pour 100; elle eût élé double ou triple qu'elle eût encore mérité d'être considérée comme insignifiante. C'est après s'être entouré de toutes ces précautions que l'on a pris successivement le quadruple échantillon d'essai : 1°. Le 22 mars 1859, alors que la plante, parvenue à 55 centimètres de hauteur , était bientôt sur le point de fleurir; 2°. Le 2 avril; la plante entrait en fleurs, et sa hauteur moyenne atteignait 95 centimètres ; 3°, Le 6 mai , alors que la plante était complètement défleurie; sa hauteur moyenne était de 1 mètre 22 centi- mètres ; W. Le 6 juin; la plante était déjà très-avancée ; sa hau- teur était, moyennement, de 1 mètre 36 centimètres; 5°. Enfm le 20 juin; la plante avait encore gagné un ou deux cenlimèlrcs; les siliques jaunissaient, et les dernières feuilles avaient entièrement disparu; le reste du champ devait être coupé le lendemain par le propriétaire de la récolle. Chacun des échantillons destinés aux expériences était divisé de la manière suivante : 1°. Racines coupées immédiatement au-dessus du collet et dépouillées, aussi bien que possible, de la terre interposée dans le chevelu ; 2°. Tiges et rameaux tronqués à 2 centimètres au-dessous de la plus basse fleur ou de la plus basse silique , et com- plètement dépouillées de leurs feuilles ; 3". Extrémités des rameaux munies de leurs fleurs ou de leurs siliques pleines; W. Feuilles vertes ; 5». Feuilles jaunes, tombantes ou tombées. Chacune de ces parties, prise sur les quatre plantes, était l'objet d'un examen spécial, après avoir été desséchée à l'étuve jusqu'à ce que deux pesées consécutives donnassent — 21 — le même résultai ; cl comme il eût clé dillicile de soumellie à une analyse rigoureuse la totalité de la matière ainsi obte- nue, elle était moulue et réduite en poudre, à l'aide d'une égrugetlc à sarrasin, et mélangée avec soin pour la rendre homogène, ce qui permettait de n'opérer que sur des poids restreints, et de multiplier les essais sur chaque matière ainsi traitée Presque toutes les analyses ont été répétées deux fois, et les résultais n'étaient définitivement admis que lorsqu'ils étaient suffisamment concordants. Comme il serait long et fastidieux de lire les détails de chacune des nombreuses analyses qui constituent la base de ce travail, je vais me borner à en résumer ici les principaux résultats sous forme de tableaux qui permettront , en outre , de saisir plus facilement les rapports que peuvent offrir entre eux ces divers résultats. CHAPITRE P'. Distribution de Id matière orgaoiqoe dans les différentes parties de la plante; proportioa de matière sèche produite par un hectare. Pour nous placer, de prime-abord, à un point de vue plus en rapport avec les considérations agronomiques, nous éva- luerons immédiatement, au moyen des données qui résultent de nos analyses, le produit d'un hectare de colza dont la récolte serait entièrement composée de plantes comme celles qui ont servi de base h nos études, et nous pouvons affirmer que les rendements ainsi obtenus n'ont rien d'excessif et sont quelquefois dépassés dans notre plaine de Cacn. Nous avons admis que l'hectare était couvert de iO,000 pieds de colza, ce qui porterait l'espacement moyen à environ 50 centimètres en tous sens. J'ai pensé que la connaissance du poids, à l'état vert, des — 22 — différentes parties de la plante , prises aux diverses époques d'observation , pouvait offrir aussi quelque intérêt ; j'ai réuni ces renseignements dans un premier tableau ci-après : Tableau i. Poids de la matière vcyle rapportée à l'hectare, et prise au moment même de ta récolte. u ■u •J u? ^ J M z u ■«c M -^ es " S u M H 22 mars. 2 avril. 6 mai. 6 juin. 20 juin. kil. u 700 kil. 8 760 kil. 1 560 kU. 15 050 kil, » ti 700 11900 2 210 12 880 1 190 5 710 25 070 11 ItiO 7 350 i 360 5 930 20/190 22 470 /i30 1 370 6 100 20 180 20 070 » » kil. 30 070 32 880 53 630 50 690 i6 350 Malgré la diminution progressive du poids des feuilles , nous voyons le poids de la récolte verte augmenter considé- rablement, jusqu'au 6 mai, époque à laquelle elle atteint son maximum pour redescendre ensuite jusqu'à l'époque où la récolte atteint sa maturité. 1! serait difficile de tirer de nombreuses conséquences réellement pratiques de ces données, parce que la proportion d'eau n'est pas la même à ces différentes époques, ni même dans les différentes parties des plantes ([ui font l'objet d'une seule et unique observation. C'est ce dont il sera facile de se convaincre, à l'inspection du tableau n". 2, qui suit. — 23 Tablcnii 2. Proportions de mature tèche par kilogramme de matière verte. . u -M . u . b3 ^ 03 H z J « ? !j 2 o J U ■■^ ^ - (/3 b] < > « -U -M X tf-J S i/, W u? Z J » s ,„ f" u ^ ^ ^ ^ ^3 -J Cd J a ^ ûi ^ ^ ?^ < K cd «u S " S •J H •J H a ■'^ ■< ^ te u U < M " en H s M 0 a g t« 0 -« Œ c« 05 13 i§ îîî a b] U Ù3 s o 0 0 er. ?■■• g''* pr. «'■• CI 22 mars. 170 108 133 116 123 2 avril. 191 110 li6 125 126 131 6 mai. 225 15i 13i 12i 208 158 6 juin. 195 160 173 153 504 181 20 juin. 195 148 250 » ' 198 Ce tableau nous montre que si, dans certaines parties de la plante, la proportion de matière sèche contenue dans 1 kilo- gramme éprouve des variations un peu irrégulières, on voit, au contraire, en considérant la plante entière, la proportion de matière sèche contenue dans un poids donné de matière verte éprouver un accroissement de plus en plus considé rable, sans interruption, et par conséquent, la plante devenir de moins en moins aqueuse : ce qu'il était, jusqu'à un cer- tain point, permis de prévoir, bien qu'il ne fût pas permis de l'aflirmer d'une manière certaine. Si nous cherchons, maintenant, soit pour la plante entière, soit pour chacune des parties qui proviennent de sa di- vision , la quantité de matière organique sèche produite sur 1 hectare, aux diverses époques de nos observations, et l'aliquotc, par kilogramme, de matière sèche qui appartient à chacune de ces parties, nous arrivons à des résultais qui sont consignés dans les tableaux 3 et ^1 ci-après. - 2U — Tableau 3. Mdliirc siclie produite sur un Itecta ^ H ï^ o ■y5 Z -u ■id X M u • " à o e- H ^ a -J tt .J u: j « DAT de BSERVA < U U2 SOMM] ItAMËA EURSO 1^ H il o-ÏÏ ■s £ - u O C «3 J kii. kil kil. kil. kil. kil- 22 mars. 816 9/i3 208 1 7^5 » 3 712 2 avril. 898 1 310 323 1 610 150 A 291 fi mai. 1 285 3 861 1 Zi93 911 907 8 457 G juin. 1 156 3 278 3 887 06 SU 9 201 20 juin. 1 189 2 987 5 018 1) n 9 19/i Tableau 4. Aliquote , par kilogramme, de matière s'ecke imputable à chaque partie. CO u? ■w S S r ., -s -J DATE des SERVATIO irr. G S •« SOMMITÉ! RAMEAUX .uns OC si ^ il r a s 2 < H O H a o H a R>- g»-' S' 8'« fi'- 22 mars. 220 25i 56 470 1 000 2 avril. 209 305 75 376 35 1 000 6 mai. 152 457 176 108 107 1 000 6 juin. 126 356 422 7 89 1 000 20 juin. 129 325 546 D 1 000 A partir du moment où la formation de la graine est assu- rée, nous voyons le poids de la matière sèche des feuilles, à peu près stationnaire jusque-là, diminuer rapidement; nous voyons une diminution analogue , mais moins rapide , se — 25 — inanifesler, jusqu'à l'époque do la niaturilé, dans la [)arlio des liges comprise entre le collet de la racine et les plus basses siliques. Nous voyons , au contraire , les extrémités des rameaux munis de leurs siliques augmenter de poids rapidement ; celte augmentation, du 22 mars au 6 mai, avait été de 600 pour 100; à partir du 6 mai jusqu'au 20 juin, c'est-à-dire en six semaines, cette partie de la piaule éprouve encore un accroissement de poids de 235 pour 100. Les résultats qui précèdent vont nous permettre encore d'évaluer l'augmenlalion du poids de la matière organique sèche de la récolte , pour 1 hectare , dans l'espace de vingt- quatre heures, soit dans la plante entière, soit dans chacune de ses parties , pendant les intervalles de temps qui séparent les époques de nos observations ; nous avons inscrit, dans le tableau n°. 5, les nombres qui expriment cet accroissement diurne. Lorsqu'au lieu d'un accroissement, c'est une dimi- nution qui se manifeste, on l'exprime en faisant précéder du signe ( — ) le nombre correspondant. TaI>Ieaii 5. Accroissement diurne du poids de ta matière organique sèche, pour un kcctare. I^DICATIONS j3 ÎS s AVEC ILIQ. a -a ■a X SB " J> z ^ H s a •J w _) u i °: DliS PERIODES S 2 O S S S o s 5 il DE TEMPS. ^ S tn -J a Du 22 mars au kil. kil. kil. kil kil. kil. 2 avril. 7,/i5 33,36 10,i6 —12,27 13,6/1 52,6/i Du 2 avril au C mai. 11,38 75,03 3Zi,41 —20,56 22,26 122,53 Du 6 mai au 6 juin. -i,lG -18,81 77,23 —27,26 -3,00 2/1, 00 Du 6 au 20 juin. Accioissemoiit moyen 2,36 —20,78 80,79 — /i,71 —58,1/1 -0,50 do 22 mars au 20 jDia. i.U 22,71 53,/ii —19,39 n 60,91 — 26 — Il n'est pas nécessaire de faire un grand effort d'esprit pour comprendre la possibilité d'un accroissement diurne quelconque de telle ou telle partie de la plante ou de la plante entière; mais il n'en est plus de même lorsqu'il s'agit d'une diminution, et surtout quand cette diminution coïn- cide avec un accroissement de la plante entière. Et d'abord, nous pouvons observer encore une fois que cette diminution n'a jamais lieu pour les sommités des rameaux munis de leurs fleurs ou de leurs siliques pleines, et qu'on ne l'observe que sur les feuilles, sur les parties intermédiaires de la plante ou sur les parties inférieures. Qu'on ne s'imagine pas que la diminution du poids de la matière organique des feuilles puisse être uniquement attri- buée à la chute ou à la dispersion d'un certain nombre d'entre elles qui auront pu échapper à l'observation. Tout le monde est à même de voir que les feuilles, au moment où leur rôle naturel est accompli, tendent à se dessécher, même sur la plante, avant leur chute; mais avant de se flétrir, avant de se séparer du sujet qu'elles avaient pour mission de nourrir, les feuilles lui cèdent une partie de leur propre sub- stance, et l'on ne saurait donner une idée plus juste et plus saisissable du rôle des feuilles étagées successivement, comme ici, sur le^ diverses parties de la tige d'une plante, qu'en le corapaiant au jeu d'une de ces chaînes à godets alternatifs qui servent à élever l'eau, en se la déversant successivement les uns dans les autres, jusqu'à ce qu'elle soit parvenue au réservoir supérieur destiné à la recevoir. La diminution de poids qu'éprouve la tige, même en s'al- longeant, ne peut s'expliquer autrement que par un phéno- mène de transport dont nous retrouverons encore la trace et les effets dans les chapitres de ce travail consacrés à la répar- tition des principes azotés ou des substances minérales. Le temps d'arrêt qui s'observe à l'époque de la maturité — 27 — correspond principalement à la mortification des feuilles qui paraissent être les organes aspiraleiiis les plus actifs et les plus énergiques, et par suite, les principaux agents de ces transports de substance organisable. Les nombres que nous avons cités précédemment se rap- portent à des plantes de belle venue, mais ne présentant rien d'extraordinaire sous ce rapport. Il ne sera sans doute pas sans intérêt de citer, comme termes de comparaison, des résultats qui ne représentent peut-être pas encore les limites extrêmes de poids d'une récolte pratique de colza. Ces nombres se ra|)portent à des plantes venues la même année, et cueillies le même jour, dans des champs peu éloignés l'un de l'autre. Tablean g. Récoltes d'un hectare supputé couvert de 40 000 pieds EPOQUES DES OBSEnVATIONS. 11 mai 1857, en fleurs le plus fort. us faible. le plus fort. ibie. 30 juin, f'*^ P'»s Son. au moraent de la récolte, ) , , . .., ' V le plus faible. 8 juin , complètement délleuri ( lep ' (leph /le plus I ' 'le plus fai u es « H a J o: s u ." o Q " " „ M en S S g ûS es en - W '^ C H £ «, S S ? J kil. 86 OOi 106 kii. 9 807 6 791 Ui 1 007 111 /i52 ikk 16 567 7 1/i/i 180 1 297 85 5(ià 227 19 396 6 585 330 2 173 ^ Ces résultats numériques nous montrent qu'il est possible d'obtenir, dans des conditions convenables, des produits plus — 28 — que doubles de ceux sur lesquels ont porté plus spécialement nos recherches. Nous voyons encore ici, comme dans le tableau 2 de la page 23, la proportion de matière organique sèche contenue dans chaque kilogramme de matière verte augmenter avec l'âge, et cela tout aussi bien dans les plantes faibles que dans les plantes les plus vigoureuses. Nous y voyons même que cette proportion de matière sèclie est plus considérable dans les plantes faibles que dans les plantes plus fortes, ce que nous avions déjà eu l'occasion de constater dans un assez grand nombre de plantes, et particulièrement dans la bette- rave, dans le trèfle, dans la luzerne et dans le sainfoin. CHAPITRE II. ['l'odoclion des' principes azotés dans le colza, et distributiOD de ces principes dans les difTérentes parties de la plante, à diverses époques de son déTtioppement. Proportion d'azote combiné produit par no bectare, dans une récolte de colza. De même que pour l'étude du développement de la matière organique sèche, nous examinerons d'abord ce qui existe dans la piaule verte et fraîche, au moment où elle est extraite du sol , puis ce que renferment la plante et ses différentes parties , lorsqu'on les a dépouillées de toute l'hu- midité qu'elles peuvent abandonner par une complète des- sication. Nous nous sommes assuré, par un examen spécial, qu'à part quelques traces négligeables de nitrates, trouvées deux ou trois fois dans les feuilles, l'azote contenu dans les plantes de colza était engagé dans des combinaisons organiques : ce ({ui nous a permis de faire usage, pour le doser, de l'ingé- nieux procédé proposé par M. Péligot. Nous avons réuni, dans le tableau qui suit, les résultais obtenus par l'examen de la matière organique verte : — 29 Tableau 7. Azote par kilogramme de matière verte. S jj O S a ». o 5 « J H u u; J u >J H 3 S u o b S 22 mars 1859. 2,'i/il 2,10 S'- 7,78 8'- 3,14 S'- il 2 avril. 2,31 1,83 7,36 3,25 1,95 6 mai. 1,70 l,Zi3 àM 3,56 2,31 6 juin. 1,27 1,11 3,81 4,71 5,01 20 juin. 0,98 0,66 4,87 » » 2,911 2,847 2,455 2,442 2,523 Nous voyons, par les nombres qui précèdent, que la pro- portion de matière azotée diminue constamment dans la racine, prise à l'état vert, depuis le moment de la floraison jusqu'à l'époque de la maturité; que cette diminution s'élève, pour un poids constant de matière , à plus de 60 pour 100.' Cette diminution est plus considérable encore dans les tiges étêtées dépouillées de leurs feuilles. Dans les rameaux munis de leurs fleurs ou de leurs siliques pleines, cette diminution est beaucoup moins rapide, et se change en une augmentation, à l'approche de la matu- rité. Enfin, dans les feuilles actives ou dans les feuilles mortes, la richesse en azote suit une marche constamment ascendante'. Si, au lieu de considérer chaque partie séparéineiu, nous considérons la plante entière, nous voyons que la proportion d'azote V subit de beaucoup moins grandes variations; qu'elle — 30 — diiniiuie lentement jusqu'aux approches de la maturité , époque à laquelle apparaît une légère augmentation. Mais liàtons-nous de dire qu'en observant ainsi la plante à l'état vert ou naturel, il est un élément dont on ne tient pas exactement compte, et qui, dans les questions pratiques, mérite cependant d'être pris en très-sérieuse considération : c'est la proportion réelle de matière organique sèche , qui n'est pas la même aux différentes époques, ni dans les diffé- rentes parties de la plante. Nous allons réunir, dans le tableau qui suit, n". 8, les données relatives à la richesse en azote de la matière com- plètement privée d'eau, soit dans la plante entière, soit dans ses diverses parties. Tableau 8. Azote par kilogramvic de vtatiire sèche. S •w J ^ • d M 2 S -u K ë .H c; « C£ v> H U H U in Cd «5 >J a j u ^ H J H ", a -H te ^ o u. ^ £ s 22 mars 1859. f2,6 19*,5Zi 58^51 27,1 0 2 avril. 12,1 16,06 50,/i 26,1 15,0 6 mai. 7,57 9,28 33,25 28,7 11,1 6 juin. 6,51 6,92 22,0 2i,25 8,43 20 juin. 5,01 h,m 19,68 » » 23,67 21,73 15,54 13,49 12,74 Ici, nous voyons la diminution porter à la fois sur toutes les parties, ei par conséquent, se manifester dans la plante entière elle-même , à mesure qu'elle avance vers la maturité. — 31 — Si les feuilles vertes paraissent nous offrir une légère excep- tion, c'est qu'elles constituent la partie la moins homogène de la plante, celle qui est la plus sensible aux influences atmosphériques, pendant les diverses phases de son dévelop- pement. Ici encore, il importe de bien établir la distinction qui existe entre la proportion relative de matière azotée contenue dans un poids déterminé et constant, dans un kilogramme, par exemple , de la plante entière ou de chacune de ses par- ties, et la quantité absolue que renferme une récolte entière; car le tableau suivant (n». 9) va nous montrer qu'en général.' à cette diminution relative correspond une augmentation absolue de la quantité d'azote organisé dans la plante entière. Tableau 9. Azote combiné renfermé dans ta récolte produite par un hectare. ÉPOQUES DES OBSERVATIONS. z < a •« . >J en 3 "g u a u H SOMMITÉS DES RAMEAUX AVEC FLEURS OU SILIQ, J H il RÉCOLTE ENTIÈRE. 22 mars 1859. kil. 10,28 kil. 18,/j2 kil ll,8i kil 47,30 kil. » kil. 87,84 2 avril. 10,86 21,75 16,26 42,02 2,33 93,22 6 mai. 9,73 35,83 49,63 16,16 10,07 131,40 6 juin. 7,53 22,69 85,52 1,60 6,86 124,19 20 juin. 5,96 13,/il 97,77 i> " 117,11 Nous voyons la quantité totale d'azote contenue dans les racines diminuer progressivenicni, en même leinps que la — 32 — masse totale de matière organique réelle augmente dans cette partie de la plante. Dans les tiges élêlées dépouillées de leurs feuilles, nous voyons la quantité totale d'azote augmenter jusqu'à l'époque de la formation des graines, pour diminuer ensuite et des- cendre au-dessous de la quantité qui s'y trouvait au moment de la première observation , tandis que le poids de la matière sèche triple dans le même laps de temps. Les sommités des rameaux seules offrent un accroissement constant et toujours considérable, depuis la première jusqu'à la dernière observation. Si , dans la récolle entière , nous voyons, à partir de l'ob- servation du 6 mai, la quantité totale d'azote diminuer, il est naturel de l'attribuer à ce que, dans les dernières observa- tions, une partie des feuilles mortes ont disparu et n'ont pu être recueillies. Il est assez curieux de voir qu'en négligeant, dans l'observation du 6 juin, la quantité d'azote contenue dans ces feuilles mortes, on retrouve exactement la même quantité totale d'azote dans cette récolte du 6 juin et dans celle du 20 juin , malgré les grandes différences que l'on ob- serve dans les diverses parties : ce qui semble indiquer qu'à partir de la première de ces deux époques, les principes azotés de l'organisme de la plante , abstraction faite des transforma- tions qu'ils y peuvent encore subir, n'éprouvent plus d'accrois- sement important, mais obéissent à une action qui tend à les entraîner de la base de la plante vers la partie supérieure. Si nous cherchons maintenant , pour chaque kilogramme de l'azote total, quelle est l'aliquoie qu'il convient d'imputer à chacune des parties de la plante , à chacune des époques de nos observations , nous trouvons des résultats qui sont consi- gnés dans le tableau suivant ( n". 10 ) , et qui nous permettent d'envisager encore à un nouveau point de vue celte répartition de l'azote dans la |)lantc. 53 Tableau lo. AUquote. par kilogramme W azote total, imputable ava- diverses parties de Il plante. 22 mars 1859. 117 l 210 2 avril. ( H6 233 6 mai. 7^ j 272 6 juin. 61 183 20 juin. I 51 I 11/, I 835 135 17 ù 378 538 451 199 13 26 77 55 1000 1000 1000 1000 1000 ^ Ce que le tableau précédent nousofTre de plus remarquable c est que les sommités des rameaux ^ au moment de la matu- rité contiennent plus des quatre cinquièmes de Came de la récolte entière, tandis qu'elles ne représentent guère que la moitié du poids de la matière sèche. Si nous calculons , comme nous l'avons fait pour la matière sèche, les variations du poids total de l'azote dans l'espace de vmgt-quatre heures , soit dans la plante entière , soit dans ses diverses parties , pendant les intervalles de temps qui ont sé- pare les époques de nos observations successives, en affectant du Signe (-) les résultats qui représentent une diminution VOICI ce que nous trouvons : — 3û — Tableau il- Variation diurne du poids de l'a.oie contenu dan. ta ricolte d'un lucture et dan, chaque partie de cette récolte. INTERVALLES M S -M = H " s s §2 2 S J H s -a Z s w o " 0= S g DES OBSERVATIONS. < (S SOM DF.S RAM FLEURS £> 3 2 Du 22 mars au 2 avril. Du 2 avril au 6 mai. p.. 53 —33 303 414 402 981 —48*0 —466 2*11 227 499 1123 —232 —505 Du 6 mai au 6 juin. Du 6 au 14 juin. —72 —112 —424 —663 1158 875 -824 —114 —103 —490 La diminution subie par la plante entière doit être imputée en partie à la perte des feuilles, et en partie à l'altération spontanée éprouvée par ces dernières. Si nous cherchons à répartir entre les feuilles et les plantes effeuillées la totalité de l'azote que contient la récolte, nous voyons l'aliquote imputable aux feuilles diminuer rapidement jusqu'à l'époque de la maturité. Tableau 1%. \Upartilion de l'azote delà récolte entre les feuilles et les plantes effeuilUes. ÉPOQUES AZOTE TOTAL DE LA ALIQUOTF. PAR KILOG. RÉCOLTE d'azote DES IMPUTABLE DANS LES PLANTES IMPUTABLE AUX PLANTES OBSERVATIONS. FEUILLES. EFFEUILLÉES AUXFEUILLES EFFEUILLÉES kil. kil. gl. Zr. 22 mars 1859. 47,30 40, 54 538 i62 2 avril. 44,35 48,87 477 523 () mai. 36, 23 95, 17 276 724 6 juin. 20 juin. 8, 46 115, 73 68 932 n 117, 11 » 1000 — 35 — Lorsque, dans le chapitre précédent , nous examinions la production et la répartition de la matière organique sèche, nous avons fait observer que les résultats formant la base principale de ce travail se rapportaient à des récoltes n'ayant rien d'excessif, et nous avons cité, à cette occasion, des ré- coites pratiques qui s'écartaient beaucoup, soit en plus, soit en moins , de celles qui avaient servi 5 nos principales re- cherches ; nous allons donner ici (dans le tableau 13), les proportions d azote contenues dans une récolte d'un hectare , en considérant séparément la plus forte et la plus faible. Tableau I3. EPOQUES DES OBSERVATIONS. 11 mai 1857, en fleur 0 juin , complètement défleuri rs, < UepI ^le plus f ' 'le plus fai le plus fort. us faible. le plus fort. ble. 30 juin, ('«^ P'»s fort. au moment de la récolle, | , , ru, ' Ue plus faible. o >■ (5 2 Œ < ■« 3,37 31,8 2,93 20,8 2,92 20,3 2,59 U,à 3,88 17,1 5,58 16,9 z ^ u M C « H u < z -a H o = « Lil. 312,7 20,9 3/i/i,5 19,42 357,45 37,1 Nous voyons, parles nombres ci-dessus, que la proportion d'azote contenue dans une récolte de colza peut s'élever à l'é- norme proportion de plus de 300 kilogrammes pm- hectare. Si, dans ces récoltes exceptionnelles, la proportion d'azote varie beaucoup moins que dans nos récoltes de 1859, c'est que la proportion des feuilles , aux époques des deux' pre- — 36 — mières ol)servations , y était plus considérable, el que les feuilles sont riches en matières azotées. CHAPITRE III. D^ermination de la natnre et des proportions des principes minérani les plus Importants dans le colza. Distribution de ces principes dans les différentes parties de la plante, à diverses époqaes de son déieloppement. Proportions de ces substances prélevées snr un hectare de terre consacré à la cnltore de cette plante. Au comiuencemcnt de nos recherches, nous avons éprouvé d'assez grandes difficultés, pour éviter la fusion des cendres de certaines parties du colza, notamment de celles des racmes el des ti-es effeuillées, parce que, sous rinOuence d'une tempé- rature trop élevée, les sels alcalins que contiennent en lorte proportion ces cendres en faciliiaieul la fusion. Il en résultait, pour la silice, une combinaison plus intime qui en rendait la réparation beaucoup plus longue el plus difficile pendant l'a- nalyse Je suis parvenu à éviter cet embarras, en réglant mieux le feu de la grande moufle dans laquelle se faisaient les incinérations. En surveillant allenlivemeul l'opération , surtout lorsque la matière organique est presqu'enlièrement brulee. on parvient sans trop de peine à conserver à la cendre un état pulvérulent éminemment favorable à la combustion des der- nières traces de charbon , dont j'ai rarement eu à tenir compte. Nous avons constaté, dans la plupart des cas, la présence d'assez notables proportions de chlorures, et des proportions oénéralement moindres de sulfates; mais le dosage exact de ces substances, dans les végétaux, nécessite le plus souvent des précautions spéciales pour en éviter la perte pendant 1 in- — 37 — cinératioii. Gomme, pour le but que nous nous proposions, nous n'avions pas cru devoir nous astreindre à ces précautions minutieuses , nous n'avons pai cru pouvoir donner ici des dosages qui devaient être entachés d'erreurs dont l'importance pouvait varier d'une opération à l'autre, et, par suite , rendre toute comparaison illusoire. Nous ne donnerons que les proportions de cendres, d'acide phosphorique, de chaux , et de sels alcalins divers dosés par différence , et réunis , le plus souvent, à une petite quantité de magnésie. Les résultats ainsi obtenus se trouvent rassemblés dans la série de tableaux qui vont suivre : Tableau t4. Cendres par kilogramme de matière verte ou fraîche. S5 .. < J i .. E en 03 S = " «1 ÉP0Q1 des SERVA' z u < es "1 G < o S S S S 2 S ^■' Bfl u 2 i z .M § ■T, „,. £1 sr. (?'■• 8'- 22 mars 1859. 12,V9 lo.'bs 13,67 15,13 • 13,27 2 avril. 11,50 10,20 U,39 16,55 22,56 13,66 6 mai. 15,27 11,06 M, 62 24,99 62,04 17,42 6 juin. 12,48 11,55 13,38 44,11 194,52 17,66 20 juin. lZi,08 9,94 18,80 n » 14,30 — 38 — Tableau 15. Cendres par kilogramme de matière s'cclie. u T- O t« ■* "^ u y. u u S f- a H S c o CL •a 1 > •a es u a O < TIGES EFFE ET ÉTÉ SOMMI DES RAMEA FLEURS 01 ii "1. cr. <;r S'- ?'• 22 mars 1859. 75,85 95,23 102,81 130,41 » 107,92 2 avril. 60,23 92,69 98,59 132,42 179,02 104,31 6 mai. 67,87 71,84 86,73 201,57 280,98 110,24 6 juin. 63,98 72,17 77,36 288,30 327,48 97,56 20 juin. 72,23 67,19 75,22 n » 72,22 Tableau te. (^'uaniiie'j de cendres fournies par la recolle d'un hectare. u -J t/ < J u o u5 d w -W K "l î£ uî "'' . £ « ;_) u H a = >j a >J u S == C o a 1 2 ca u O u < c: SOMMI DES RAMEA FLEURS 0 kil. kil. kil. kil. kil kil. 22 mars 1859. 61,89 89,80 21,38 227,56 1) 400,63 2 avril. 54,08 121,42 31,84 213,19 26,85 447,38 6 mai. 87,35 277,37 129,48 183,63 254,84 941,26 6 juin. 73,96 236,57 285,15 18,69 266,56 880,93 20 juin. 85,88 200,69 377,45 » » 664,02 39 Tableau 19. AUquote, par kilogramme de cendres, ùnputabie à chacune des parties de la plante. u J ui .« < d >J u u a H H = 3 •^ U U U U 1 H >J H «2 H S « fa s U U — u u b H O 22 marsl859. 155 224 53 568 » 2 avril. 121 271 71 476 61 6 mai. 92 295 137 195 281 6 juin. 84 269 324 21 302 20 juin. 129 302 569 » » 1000 1000 1000 1000 1000 Les tableaux qui précèdent (1^ à 17) nous montrent que la proportion des substances minérales contenues , soit dans 1 kilogramme de racines vertes , soit dans 1 kilogramme de racines complètement privées d'humidité, n'éprouve que des variations de peu d'importance pendant les trois derniers mois de végétation du colza ; cependant , lorsqu'il s'agit de la totalité de la récolte de ces racines produites sur une sur- face donnée, sur un hectare, par exemple, la quantité totale des matières minérales augmente en même temps que la masse de matière organique sèche. Si nous considérons ce qui se passe dans la partie moyenne de la tige, nous voyons que la proportion de matières mi- nérales contenues dans chaque kilogramme de substance verte n'éprouve que des variations insignifiantes ; que cette proportion diminue dans la plante sèche à mesure qu'on avance vers la maturité, tandis que la totalité des principes miné- — /40 — raux contenue dans cette partie d'une récolte entière, après avoir éprouvé , jusqu'au moment où la formation de la graiue est assurée, une augmentation rapide et considérable, tendrait à diminuer ensuite jusqu'à l'époque de la maturité. Dans la partie supérieure de la plante (sommités des ra- meaux portant leurs fleurs ou leurs siliques pleines), la richesse en principes minéraux n'éprouve une augmentation sensible , à l'état vert , qu'aux approches du terme de la vé- gétation ; la matière organique sèche de cette partie de la plante devient de moins en moins riche en principes miné- raux , et cependant, par suite du grand accroissement qu'elle éprouve dans son poids , cette partie de la plante fournit , en somme , quand on examine la récolte entière , une quantité totale de principes minéraux qui, au moment de la maturité, est près de dix-huit fois plus considérable qu'elle ne l'était trois mois auparavant. La richesse des feuilles actives , soit à l'état vert , soit à l'état sec , éprouve un accroissement continu , et cependant, par suite de la diminution de la masse de ces feuilles, le poids des substances minérales fournies par la récolte entière éprouve lui-même une diminution extrêmement considérable. L'accroissement de la proportion de substances minérales que nous avons trouvée dans les feuilles mortes peut s'expliquer, à l'état brut , par une dessicaiion spontanée plus complète ; à l'état sec , par la destruction ou la perte partielle de la matière organique. Enfin , dans la plante entière , nous voyons la matière mi- nérale suivre également une marche ascendante jusqu'à ce que la masse des organes foliacés diminue de poids , et dé- croître ensuite jusqu'à la maturité. Nous devons ajouter , cependant , qu'une partie de la ma- tière des feuilles mortes ayant été sou;itraite à l'observation , surtout à la dernière époque, les nombres qui s'y rapportent, — 41 — dans la piaule entière , ne présentent pas tout-à-fait la même garantie d'exactitude. Étudions maintenant les variations qu'éprouve , dans l'es- pace de 2U heures , la masse des principes minéraux con- tenus dans la récolte produite par un hectare , en considérant soit la plante entière, soit chacune de ses parties, pendant les intervalles de temps qui séparaient les époques de nos observations. Nous affecterons du signe ( — ) , dans le ta- bleau 18 qui représente ces variations, les résultats qui cor- respondent à une diminution. Tableau IS. y ariatio7i du poids des matières vnnéralcs dans la récolte entiire et daui cliacune de SCS partiel. u . a: s 2" INTERVALLES <« < d tn m , » -U •a X « " u? u u? ai => !- ^ - 3 >J w ^ u H IS DES u ni Z -U OBSERVATIONS. K a; u tu o Du 22 mars au nr. •T. 1!'. ni «1 ,,, 2 avril. —710 isiii 951 —1306 2441 4250 Du 2 avril au 6 mai. 978 4586 2872 —869 6705 14526 Du 6 mai au 6 juin. —432 —1345 5022 —5320 378 —1946 Du 6 au 20 juin. 851 —3262 6593 -1699 » -19719 La répartition de la matière minérale de la récolle entière, entre les feuilles et les plantes effeuillées , nous conduit aux résultats que l'on trouve consignés dans le tableau 19. '^^i^Aj^s uj\i — ^2 — Tableau 19. ÉPOQUES MATIÈRES VIINÉRALES ALIQUOTE PAR KIL. DE MATIÈRE MINÉRALE. DES OBSERVATIONS. DANS LES FEUILLES. DANS DES PLANTES EFFEUILLÉES IMPUTABLE AUX FEUILLES. IMPUTABLE AUX PLANTES EFFEUILLÉES 22 mars 1859. kil. 227,6 kil. 173,6 568 432 2 avril. 240,0 207,4 537 463 6 mai. 438,5 502,8 476 524 6 juin. 285,2 605,7 323 677 20 juin. » 664,0 » 1000 Le dernier tableau nous montre que , dans la plante sup- posée dépouillée de toutes ses feuilles , la maiière minérale augmente constamment , depuis le moment de l'apparition des boulons à fleurs, jusqu'à l'époque de la maturité. Nous terminerons ces comparaisons par l'indication de la quantité de matières minérales qui peuvent se trouver dans des récoites d'une force exceptionnelle , comme celle dont il a déjà été question (pages 27 et 35 ). Tablean 90. RECOLTES EXCEPTIONNELLEMENT FORTES. ts S O o Q S O M 11 mai , en fleurs 8 juin, complètemenl dédeuri. 30 juin, au moment de la récolle. 13,93 15,62 18,25 131,4 108,5 80,4 kil. 1289 1798 1560 — /i3 — Nous laissons au lecteur le soin de tirer des conclusions de ces résultats, qui se rapportent à des circonstances qui se reproduisent de temps en temps dans la pratique. ACIDE PHOSPHORIQUB. En étudiant spécialement la proportion et la répartition de l'acide phosphorique dans le colza , dans ses différentes par- ties, aux diverses époques auxquelles ont eu lieu nos obser- vations, nous sommes arrivé à des résultats qui peuvent se résumer ainsi ( Yoir les tableaux 21 , 22 et 23 ). TaMeaa 21. Acide phosphoriifuc par kilogramme de viatiere vrte. ta -a j j. , >J u ta z s 'H o fa ^ K * es «5 H u g P ■b; X 7, - < = S S o s g '/■. O < U "" « g tr. j M S •« . W i/ •J u: >J u -: H :: f" is ta > b s 22 mars 1859. 1,60 1,10 2,41 1,17 2 avril. 1,70 1,23 2,30 1,21 1,33 6 mai. 1,81 1,24 2,09 1,64 1,48 6 juin. 1,60 0,71 2,11 1,95 0,68 20 juin. 1,40 0,52 3,22 n » 1,61 1,37 1,56 1,42 1,80 Nous voyons que la richesse en acide phosphorique n'é- prouve que des changements peu sensibles dans les racines; que ces changements sont beaucoup plus importants dans les tiges effeuillées et étêtées ; que, dans les unes et dans les autres, l'accroissement se manifeste jusqu'à la formation assurée de la graine, pour faire place ensuite à une diminution jusqu'à la maturité. — ^a — Dans la partie supérieure de la plante , au contraire , il y a un faible décroissement de la richesse en phosphates jus- qu'à la formation de la graine, et ensuite augmentation jus- qu'au terme de la végétation de la plante ; de sorte que la richesse luinima de cette région paraît correspondre à la richesse maxima des deux parties précédentes. Cette dernière circonstance permet d'expliquer le peu de variation qu'éprouve , sous ce rapport , la plante considérée dans son entier. Tableau %%. Acide phosphorique par kilogramme de matière siche. K. <« O ^ -S ►^ « O' u^ U (À u °£ a <« H u s ES U2 H SOMMIT RAMEAU URSOU C5 u a: u O i^ "r. m. .... „r. !;r. ar. 22 mars 1859. 9,40 lV,17 18^12 lV,06 » 13,09 2 avril. 8,91 11,17 15,76 9,72 10,53 10,48 C mai. 8,05 8,06 15,56 13,23 7,20 9,85 6 juin. 7,18 li,k2 12,18 12,73 1,17 7,82 20 juin. 7,19 3,50 12,88 • ■> 9,09 La proportion d'acide phosphorique contenue dans un kilogramme de matière sèche diminue constamment dans les racines , dans les tiges effeuillées et étêtées , dans la partie supérieure de la plante et dans la plante entière elle-même où, cependant, elle éprouve un notable accroissement à l'époque de la maturité. 1x5 — Tableau %». Acide plwsphori(]uc tontcnii dans la récolte d'un hectare. «5 j. J> ■■a > S z .J ^ tn •* -J QIES ES ATIO z MITÉ EAIX OL SI i 12 o'S g = £ 3 •« a. è-5 " « jâ ii es M o o 1 :^ kil. kil. kil. kil. kil. kil. 22 mars 1859. 7,67 9,59 3,77 17,56 0 38,59 2 avril. 8,00 14,6i 5,09 15,65 1,58 44,96 6 mai. 10,35 31,14 23,23 12,06 6,53 83,31 6 juin. 8,30 14,50 47,34 0,84 0,95 71,93 20 juin. 8,32 10,45 64,66 I) » 83,43 Nous voyons encore , ici . la quantité d'acide phosplio- rique de la récolte augmenter dans les racines et dans les tiges nues et étêtées , jusqu'à la formation de la graine , pour diminuer ensuite jusqu'à l'époque de la maturité. Mais la diminution se fait encore sentir sur la masse des tiges , alors qu'elle a déjà cessé dans les racines : — ce qui nous paraît surtout mériter de fixer l'attention , c'est que les tiges nues et étêtées, après avoir PLUS QUE TRIPLÉ DE POIDS, ne con- tiennent guère plus d'acide phosphorique au moment de la dernière observation qu elles n'en contenaient au mo- ment de la première , ti'ois mois auparavant. Nous n'attribuerons pas la même importance aux obser- vations comparatives qui pourraient être faites sur les feuilles actives ou flétries, parce que les feuilles vertes des dernières observations ne sont plus celles des premières, et n'en ont complètement ni la forme, ni la position sur la plante; c'est — Zi6 — également aux feuilles qu'il faut attribuer les irrégularités qu'on observe dans raccroissement de la quantité d'acide phospborique contenue dans la récolte prise sur un hectare, aux diverses époques d'observation. C'est surtout dans la partie supérieure de la plante que l'accroissement est considérable , puisqu'en moins de trois mois la quantité d'acide phosphorique contenue dans celle partie de la récolte est devenue vingt fois plus considé- rable qu'elle ne l'était au début des observations. Cherchons maintenant quelle est, sur un poids donné d'acide phosphorique , l'aliquote qu'il convient d'attribuer à chacune des parties de la plante, d'après sa richesse propre. On trouvera les résultats de ce calcul dans le tableau n". 1h. Tableau t4. Aliquote.par kilogramme d'acide -phosplxorique , imputable à cli9Cunc des parties de la plante. J, \ .J CA - ■< J 5 2 1 'j5 -M K c« Ui c U c u û S .- n a ^ H H a 3 -J u 3 u (- es ÉPOQ' DES 5EUVA' z <. (S ~ -a U5 H a S O tfi :fi 3 ■J H il PLAN ENTIÈ oa m cd * u O H 1^ „. „,. ,,, . ,,,. ^,. S'- 22 mars 1859. 199 u% 97" 456 » 1000 2 avril. 178 326 11. -5 348 35 1000 6 mai. 124 37/i 279 145 78 1000 6 juin. 115 202 658 12 13 1000 20 juin. 100 125 775 » • 1000 L'aliquote imputable aux racines diminue constamment ; celle qu'on peut attribuer aux tiges nues et étètées augmenle — Ul — d'abord jusqu'à la formation de la graine, pour diminuer ensuite considérablement ; enfin celle qui concerne les som- mités des rameaux , portant leurs fleurs ou leurs siliques pleines, augmente constamment, au point de devenir huit fois plus considérable en trois mois de végétation. Voyons maintenant comment se répartit l'acide pliosplio- rique entre les feuilles et le reste de la plante. Tableau 95. EPOQUES DES OBSERVATIONS. ACIDE PHOSPHORIQUE DE LA RÉCOLTE E.NTIÈRK. PLANTES EFFEUILLÉES ALIQIOTE PAR KIL. d'acide PHOSPHORIQUE. IMPUTABLE AUXFEUILLES IMPUTABLE AUX PLANTES EFFEUILLÉES. 22 mars 1859. 2 avril. 6 mai. 6 juin. 20 juin. kii. 17,56 17,23 18,59 1,79 k.i. 21,03 27,73 6/i,72 70,14 83,43 456 383 223 25 544 617 777 975 1000 Nous voyons, ici, qu'en faisant abstraction des feuilles, l'accroissement de la quantité d'acide phosphorique contenu dans les plantes effeuillées ne présente plus aucune irrégu- larité ; il se fait avec une assez grande rapidité pour que, dans l'espace de trois mois, cette quantité soit quadruplée. Nous terminerons cette recherche de l'acide phosphorique par l'indication des quantités qu'on en peut trouver dans des récoltes exceptionnellement belles, et par celle du prélève- ment que peuvent exercer ces récolles sur une surface d'un hectare. , — 68 — Tnbleaai 26 u RF.COLTES j^ s u 2 S a M 5 5E '2 « 2 f '^ M C5 = "2 Û s s à u e; * a EXCEPTIONNELLEMENT 2 g o 5 ë 2 » S H a G s 2 -« 3 < 5; - S 'S c O es ,a ï £ 5 f^ "! £3 I-' z o -^ W o ^ M o u BELLES. 5 c: Q S c: a ? ï ^ £ 0. 11 mai 1857, en fleurs. 1,18 11,12 109,0 30 juin, au moment de la récolte. ........ 1,80 7,94 15i,l Dans des conditions comme celles que nous venons de citer, la récolte de colza , racines comprises, prélèverait sur le sol qui l'aurait nourrie, plus de Ibk kilogr. d'acide phospho- rique ; elle en prélèverait encore plus de 139 kilogr. sans les racines, c'est-à-dire coupée au-dessus du collet, à la manière ordinaire. DE LA CHAUX CONTENUE DANS LE COLZA ET DANS SES DIVERSES PARTIES. Talilean 97. Chaux ■par kilogr ainnic de viat 'erc verte. ÉPOQUES DES OBSERVATIONS. u ■< ce 2 f -. 25,96 44,29 g'. » 28,80 24,77 43,32 81,60 29,06 22,89 88,65 85,17 32,77 29,63 Ul,36 84,56 29,36 23,54 n " 21,33 Tableau «9. DUtributio,,. entre tes différentes parties de La plante, de la chaua: contenue dans la récolle obtenue sur un hectare. «î "^ d ■a X! «3 H a 3 S < O o ^ 2 = — « 22 mars 1859, 2 avril. 6 mai. 6 juin. 20 juin. kii. 11,27 10,54 17,26 15,26 20,35 kii. 12,94 22,18 68,75 61,74 57,65 rfî W ta ^ Ed ij e- 5 J H u H ii -w ^ « S =» b. O a es a k,I. 5,40 8,00 34,15 115,18 118,12 kii. 77,29 69,73 79,76 9,33 kii » 12,24 77,25 68,83 kii. 106,90 122,69 277,17 270,34 196,12 50 — Dans la plante considérée dans son entier, soit à l'état vert, soit à l'état sec, nous voyons la proportion de chaux tendre vers un maximum au moment delà formation des graines, et décroître ensuite jusqu'à l'époque de la maturité. A cette même époque de maximum correspond , au con- traire, soit à l'état vert et frais, soit à l'état sec , un minimum de richesse en chaux dans la partie supérieure de la plante. Considérées à l'état vert ou à l'état sec , les feuilles ac- tives contiennent , sous un poids constant , des proportions de chaux de plus en plus considérables. Si , dans les feuilles mortes prises à l'état brut , nous voyons la proportion de chaux subir une augmentation rapide, nous voyons , au contraire , rester sensiblement constante , la proportion de chaux contenue dans chaque kilogramme^ de ces mêmes feuilles complètement privées d'humidité. Voyons maintenant , sur un poids donné de chaux con- tenue dans la récolle, quelle est l'aliquotc afférente à chacune des parties que nous avons considérées. Tableau 30. Aliquote, par kilogramme de chaux, impiUahte à ehacune d,s parties df ta plante. K "'^ - Û H ce IS 'M ■* H 22 mars 1859. 105 12Ï 50" ' 724 /" 1000 2 nvril. 86 181 65 568 100 1000 6 mai. 62 2/i8 123 288 279 1000 6 juin. 56 228 /i26 35 255 1000 30 jniu. 10,3 29Zi 603 " » 1000 — 51 — , Cherchons maintenant comment se fait la répartition de la chaux contenue dans la récolte , entre les feuilles et les t.ges complètes dépouillées de leurs feuilles, mais tenant en- core a leurs racines, et vo.yons ensuite, à l'aide de ces données, quelle est, à chacune de nos époques d'observation 1 ahquote imputable aux feuilles et celle qu'il convient d'im- puter au reste delà plante (V. le tableau 31). Tableau 3i. CHAUX CONTENUE DANS LA RÉCOLTE ENTIÈRE d'un HECTARE ALIQUOTE PAR KIL. DE CHAUX. i>ous voyons, comme il était permis de s'y attendre la quantité totale de chaux contenue dans la plante dépouillée de ses feuilles aller constamment en croissant, et cet ac- croissement devenir de moins en moins rapide, à mesure que dimmue la masse des organes foliacés. Nous voyons éga- ement décroître successivement, à mesure que croît la plante I ahquote de chaux imputable aux feuilles et par conséqueni s accroître d'autant Taliquote afférente à la plante dépouillée de ses feuilles. Terminons cette étude de la distribution de la chaux dans les diverses parties du^colza par l'indication des prélèvements • — 52 ~ (jui peuvent eue faits, sur un hectare, par des récoltes d'une réussite exceptionnelle , comme celles dont il a déjà été plu- sieurs fois question dans le cours de ce travail. Tablean 32. a a û U U H Q t- a a ^ ce . o O . RÉCOLTES 5§^ 1 J B o o >" » -■ M AL'X RÉC 1ÈRE X - a S 5, S S < H EXCEPTIONNELLEMENT BELLES. U ï^ ,M O J K « H 5 P — w .'- M 2 S t/î *^ i i H S - a U Ed C td •«! g « S u S 5 o ^ is '5 O'ïï -s g "" s a en H o < ta t« e- U) £ î- b Z e S ca '^ a ^ " o i^ kil. kil. kil. kil. kil. k,l. 22 mars 1859. 31,72 62,35 10,15 66,76 » 170,98 2 avril. 30,60 7i,52 12,77 63,71 1,34 182,94 6 mai. 32,61 146,75 59,88 31,93 21,35 292,52 6 juin. 28,83 119,88 8/i,50 7,41 1,52 242,14 20 juin. 29,31 9i,91 ll/i,61 » » 238,83 Malgré l'accroissement du poids des racines, la proportion de sels alcalins qui s'y trouve varie peu , et tend plutôt à diminuer qu'à augmenter. Dans la partie moyenne de la plante, la quantité de ces sels que renferme une récolte en- tière augmente jusqu'à la formation des graines, pour di- minuer ensuite assez rapidement jusqu'à la maturité. Enfin la quantité de sels alcalins contenue dans la partie supérieure de la plante augmente constamment jusqu'à la maturité. Cherchons maintenant l'aliquote de sels alcalins qui con- cerne chaque partie de la plante. 56 Tableau 36. Aliquole, pur kilogramme de sets alcalitis , imputable à chaque partie de la plante. 03 -M . ►4 u? ^ u o H z < fc *- è-" en H U bi (S H 22 marsl859. 185 365 59* 391 » 1000 2 avril. 1(57 /i07 69 348 9 1000 6 mai. 111 502 205 109 73 1000 6 juin. 119 i95 ■6!i9 31 6 1000 20 juin. 123 397 430 » » 1000 Nous terminerons par une répartition des sels alcalins entre les feuilles et le reste de la plante , h chacune des épo- ques de nos observations , et nous verrons ensuite , à l'aide de ces données, quelle est, dans chacune de ces circon- stances , l'aliquote de sels alcalins imputable aux feuilles d'une part , et à la plante effeuillée , de l'autre. Tableau 39. SELS ALCALINS CONTENUS EPOQUES DANS LA BÉCOLTE d'uN ALIQUOTE PAR KILOG. HECTARE. DE SELS ALCALINS DBS OBSERVATIONS. FEUILLES. PLANTES EFFEUILLÉES DANS LES FEUILLES DANS LES PLANTES EFFEUILLÉES kil. kil. cr. ... 22 mars 1859. 66, 76 104, 22 391 609 2 avril. 65, 05 117, 89 357 643 6 mai. 53, 28 239, 24 182 818 6 juin. 8,93 233, 21 37 963 20 juin. » 238, 83 1000 — 57 — Nous voyons la masse totale de ces sels s'accroître, jus- qu'au moment de la formation de la graine, dans les' tiges effeuillées, puis restera peu près stalionnaires jusqu'à l'époque de la maturité de la plante. CHAPITRE m. InflDence de la mise en javelle an momeni de la récolte. Dans notre plaine deCaen, lorsqu'on fait la récolle du colza , la graine n'a pas encore pris la teinte brune qui ca- ractérise sa complète maturité ; une grande partie de la graine est encore nuancée de rouge au moment de la coupe; il s'en trouve même qui commence à peine à prendre cette nuance rouge, et qui est encore presqu'entièrement verte. On abandonne alors sur le sol le colza incomplètement mûr, en javelles formées de 10 à 15 plantes , suivant leur force, pendant un temps variable, ordinairement compris entre dix et quinze jours, après lesquels on procède au battage. La plante se dessèche, et presque toute la graine prend une teinte brune plus ou moins foncée. Que s'est-il passé dans la plante pendant ces dix ou quinze jours? Quel changement a subi chacune de ses parties? Quelles transformations ont éprouvées leurs principes con- stitutifs? Il y a là un vaste champ d'études à parcourir, études non moins intéressantes au point de vue agronomique, qu'au point de vue purement scientifique de la physiologie végétale. Lorsqu'on pense que la plante, au moment de la coupe, contient encore les quatre cinquièmes de son poids d'eau et seulement un cinquième de matière sèche, et qu'au momeni du battage elle ne renferme plus qu'environ 30 à 35 pour _ 58 — cent d'eau , il est tout naturel de croire que , pendant cette dessication, il doit se faire encore, dans les canaux où se meuvent les liquides sèveux , un transport de matières par suite duquel la constitution chimique de la plante peut éprouver des modifications sensibles. Je ne suis pas en mesure d'aborder aujourd'hui la question dans toute sa généralité ; je ne l'aurais même pas abordée du tout, si je n'avais pas rencontré , dans le cours de mes re- cherches, des faits qui sont venus modiûer profondément mes prévisions; je n'en citerai qu'un seul. Je m'étais figuré que , pendant celte dessication en ja- velles , la partie supérieure de la plante , les extrémités des rameaux qui portent les siliques et leurs graines, devaient s'enrichir de matières azotées aux dépens du reste de la tige ; et en vue de m'assurcr de l'exactitude du fait , j'instituai l'expérience suivante : ayant coupé, le 20 juin 1859, huit pieds de colza, au moment de la récolte , j'en formai deux lots de quatre plantes chacun, en les assortissant le mieux possible de manière à satisfaire à celte double condition : 1°. que la partie des tiges comprise entre le collet et les premières siliques fût d'un poids visiblement supérieur dans l'un des deux lots ; 2». que le poids présumé des sommités des rameaux portant les siliques pleines différât peu. Les quatre plantes constituant le lot supérieur en poids furent mises en javelle dans un lieu sec, à l'ombre , de ma- nière que la dessication fût moins rapide qu'au milieu des champs; on retournait celte petite javelle tous les jours, afin de rendre la dessication plus uniforme. Au bout de neuf jours , le colza était assez sec pour cire battu : on a séparé les sommités des rameaux avec les siliques et la graine, et on a examiné les tiges à part. Dans le second lot , celte séparation fut faite immédiate- ment après la coupe, de manière à éviter toute possibilité — so- cle transport de substance d'une partie à l'autre. Voici, après la complète dessication à l'étuve, quels étaient les poids des différentes parties , en matière sèche : '^0^^- Sommités des rameaux Lot mis en javelle. . 367^%^ _ ~W/--. Lot non rais en javelle. 298, 7 — 501 '7 Les conditions dans lesquelles j'avais cherché à me placer m'avaient paru propresà favoriser les transports de substances au-delà de ce qu'ils doivent être dans la pratique ordinaire En soumettant à l'analyse les deux parties de chaque lot, en vue de constater sa richesse en azote combiné , voici ce que j'ai trouvé: AZOTE PAR KILOGRAMME DE MATIÈRE SÈCDE. ^. Sommités des rameaux ^"jes- J S r; <* i< H i4 -a es > 5 g a B. " ta « -g te u ■< O Cl. a es 'S S H H f- O -« o ►* S N •«: 1856. Plant extrêmement faible. 1857. Plant très-faible 1 857. Plant faible 1856. Plant moyen un peu faible. 1856. Plant fort 1857. Plant très-fori 1857. Plant exceplionnellementfort. 3^03 27,6 3,27 25,57 2,66 25,36 2,70 27,9. 3,i5 /.2,3. 3,55 35,0. 2,8/i 38,4. kil. 5,55 38,8. 39,0. Zi5,0. 230, . . 331,2. 556 ..(1) Si, dans le plant irès-vigoureusement développé, la pro- portion d'azote contenue dans chaque kilogramme de matière sèche est plus considérable que dans le plant plus faible , il en faut chercher la cause dans le plus grand développement des organes foliacés qui, nous l'avons vu précédemment, sont très-riches en matière azotée. Nous reviendrons , dans la suite , sur la masse totale de l'azote fourni à une récolte de colza par le plant dont elle provient. (4) Cet écli;inlilloi) conlenail des traces denidale, qui n'ont pus été dosées. — 65 — Tablean 4o. Matières mMralei fccndres/. 1856. Plant exlrêmement rare. . 9^66 1857. Plant Irès-faible 11,58 1857. Plant faible 1857. Plant très-fort 1857, Plant exceptionnellement fort. 12,06 11,24 10,62 80,40 90,50 114,85 110,70 143,46 137,30 176,64 1047,50 2077,73 En examinant le colza dans un état de développement plus avance (page 38), nous avions reconnu que la proportion de cendres contenue dans chaque kilogramme de matière sèche dimmue à mesure que la planie approche de la maturité- en rapprochant ce fait de l'existence d'une plus forte proporlion de matières minérales dans les feuilles que dans toute autre partie de la plante, nous sommes encore conduit ici à ad- mettre que si, dans les plants les plus forts, la proportion de cendres par kilogramme de matière sèche est plus considé- rable que dans les plants faibles , c'est à la plus grande masse relative des feuilles qu'il faut attribuer cette prédominance (le principes minéraux. — 66 — Tablean 41. Acide phosphoriquc. DÉSIGNATION DES ÉCHANTILLONS. ACIDE PHOSPHO- RIQUE PAR KILOG. DEMATIÈREVERTE. ACIDE PHOSPHO- RIQUE PAR KILOG. DE MATIÈRE SÈCHE. ACIDE PHOSPHO- RIQUE PRODUIT PAR UN HECTARE. 1856. Plant extrêmement faible. . 1,091 9"'o78 kil. 1,83 1857. Plant trtVfaible 1,037 8,103 12,29 1857. Plant faible 1,263 12,024 18,49 1857. Plant très-fort 0,855 0,422 79,68 1857. Plant exceptionnellementfort. 0,905 12,223 177,03 Tableau 4S. Soude et potasse réunies. DÉSIGNATION T POTASSE KILOG. ÈRE VERTE T POTASSE KILOG. 1ÈRE SÈCHE T POTASSE OUR ECTâRE. DES ECHANTILLONS. SOUDE E PAR DE MAT SOUDE E PAR DE MAT SOUDE E P UN H 1857. Plant très-faible V,790 2l",80 kil. 33,04 1857. Plant faible 4,708 2,431 44,84(1) 29,955 68,96 226,63 1857. Plant très-fort 1857. Plant exceptionnellement fort. 1,965 26,555 384,60 (1) Dans cet échantillon, la proporlion de soude était plus considé- rable que dans tous les autres , il (irovenait d'un champ à part. — 67 — Ces résultats nous montrent (jue la proportion de po- tasse et (le soude est beaucoup plus grande dans le plant de colza que dans un égal poids de la plante, parvenue à un développement plus avancé , puisque nous trouvons ici autant d'atcalis caustiques que nous avons trouvé de sels alcalins dans la plante à peu près mûre , à poids égal. En général , la potasse est beaucoup plus abondante que la soude, dans les cendres du plant de colza, dans le rapport de deux ou trois à un ; ce rapport nous a toujours paru , au contraire , tendre vers l'unité , lorsque la plante est plus dé- veloppée ; souvent même alors , la soude prédomine. Tableau 43. Chaux et magnésie . DESIGNATION DES ÉCHANTILLONS u ^ d u 3J H A . o a O X ,.t - M ^ (J ce a a 5 « ce •< a os -H Z o o > Z o <« B< » B. * X O i< O ^,g s u H c 9 ■« ce < 0. s à. " U Q U r S « 1857. Plant Ués- faible 1857. Plant faible. 1857. Plant très- fort 1857. Plant extrê- mement fort. . . g.. ^'• „, g'- •j\. 3,621 29,85 45,29 0,183 1,429 2,835 27,00 41,53 0,142 1,350 3,815 37,59 355,63 0,183 1,807 2,134 28,8ù 417,62 0,097 1,305 kil. 2,17 2,08 17,10 18,90 — 68 Tablcnii 44. Silice et oxyde de fer. DESIGNATION DES ÉCHANTILLONS. '• a , u u a H u H a °, a: u es s -u u u o U > b r? 'M « S >J w a •-! ce < -S •< 'U J M u ■a o i>i.U H a :e œ t- 2 s < S u es 0. o a a o e- S O 1857. Plant très- faible 1857. Plant faible. 1857. Plant très- fort 1857. Plant extrê- mement fort. . . ?■• 8'' kil. ë'' H'. 0,463 3,30 5,01 0,051 0,398 0,990 9,43 14,50 0,066 0,630 0,556 4,49 42,53 0,097 0,954 1,097 17,66(, 255,77 0,074 1,000 k.l. 0,604 0,968 9.036 14,483 Nous voyons ici la proportion d'oxyde de fer augmenter assez régulièrement avec la force du plant , c'est-à-dire avec la proportion relative des feuilles , avec la proportion de matière verte. CHAPITRE V. EiameD des résidos des récoltes de colza, qo'on laisse babitaellement dans le sol. Pieds. Dans tous nos calculs précédents , et par suite , dans toutes les conséquences que nous avons essayé d'en déduire , nous avons supposé qu'en récoltant le colza on arrachait la plante (1) C'est surtout dans les feuilles que se trouvait une forte proportion de silice. — 69 — et qu'on ne laissait rien sur le sol. Mais ce n'est pas ainsi que les choses se passent ordinairement. La récolte se fait en coupant la plante près du collet de la racine, avec une espèce de faucille très-forte , et le pied reste en terre. Dans certains pays on permet aux indigents d'arracher ces pieds de colza et de s'en servir comme de combustible ; dans beau- coup d'autres départements où le bois a moins de valeur , ces pieds pourrissent dans le champ qui les a produits et tiennent lieu d'engrais, ou plutôt viennent augmenter la masse des substances fertilisantes. Lorsque les pieds de colza sont un peu gros, qu'ils n'ont pas été exposés trop long-temps à la pluie et qu'ils ont été rentres bien secs, ils peuvent sans doute constituer un com- bustible passable , mais de trop courte durée au feu. Les données fournies par les chapitres précédents nous permettent d'évaluer à 1200 kilogrammes environ le poids de matière sèche laissée sur 1 hectare par les pieds de colza ; ces 1200 kilogrammes de matière sèche contiennent : Acide phosphorique. . . 8 kil. 3 Chaux 20 (i Soude et potasse ... 26 0 Azote 6 kilogrammes. Comme engrais, ces résidus d'une récolte de colza équi- vaudraient donc au moins à 1000 kilogrammes de bon fumier de ferme , et ce fumier se trouve déjà transporté sur place et ne demande en outre aucun frais d'épandage ; on en peut donc estimer la valeur à 7 ou 8 fr. ; chiffre bien certaine- ment supérieur à la valeur de ces pieds comme combustible , surtout si l'on tient compte du temps et des frais d'arra- chage et de transport. Il en résulte évidemment que le profit pour le pauvre est inférieur au préjudice causé au culti- vateur : aussi cette pratique ne s'est-elle pas généralisée. -^ 70 — Si , d'une bonne récolle courante , nous passons à une de ces belles récolles dont nous avons cité plusieurs fois déjà les rendements, nous trouvons, pour celle dont la coupe s'est faite fin juin 1857 , les résultats suivants : Poids de UO pieds complètement desséchés, 2"^, 4^1. Azote par kilogramme de matière sèche . . . 6^,76 Acide phosphorique id 6 52 Chaux id 8 16 Soude et potasse id. .... 13 00 Ce qui donne , pour 1 hectare portant 40 mille pieds : Matière sèche par hectare 2441 kilog. Azote id. 16,50 Acide phosphorique 15,92 Chaux 20,12 Soude et potasse 25,73 C'est-à-dire plus du quart de l'azote et plus de la moitié de l'acide phosphorique contenus dans une bonne récolte de blé (paille et grain). L'enfouissement de ces pieds fournirait au sol l'équivalent de 2750 kilogrammes de bon fumier de ferme. On voit qu'en somme les éléments de fertilité que les pieds de colza peu- vent restituer au sol, sur lequel on les a laissés, méritent d'être pris en considération dans les études qu'on pourra se pro- poser de faire sur le pouvoir épuisant de cette plante. CHAPITRE VI. Siliqnes vides. Dans un grand nombre de départements où l'on s'adonne à la cullure du colza , les siliqnes vides sont brûlées sur place, peu de temps après le battage; dans beaucoup d'autres — 71 — pays , on laissait ces siiiques abandonnées à elles-mêmes sans davantage s'en préocctiper; mais, comme elles gênaient le travail du labourage, le brûlis sur place est devenu un usage presque général. Cependant l'analyse des siiiques de colza leur assigne une valeur alimentaire supérieure à celles des pailles de céréales , et comparable à celles des balles ou menues pailles de fro- ment. Suivant le docteur Julius Lehmann , à 1000 kilogr. de graine de colza correspond , en moyenne, un poids d'environ 800 kilogrammes de siiiques. J'ai été à même de constater, de mon côté, en 1851 et 1852, en 1857 et 1858 , que cette évaluation peut être acceptée comme différant bien peu de la réalité, puisque, suivant les années, suivant la bonne réussite des récoltes , j'ai trouvé des nombres compris entre 720 et 852 kilogrammes , pour le poids des siiiques corres- pondant à 1000 kilogrammes de graines. En partant de ces données, une récolte qui produirait 1600 kilogrammes de graines, récolte que, dans notre plaine de Caen , nous considérons comme une assez bonne moyenne, fournirait donc environ 1280 kilogramm(;s de siiiques. En soumettant à l'analyse les siiiques de colza, j'y ai trouvé, comme moyenne de cinq opérations faites sur trois échan- tillons différents , pris à l'état brut , peu de jours après le battage : Azote 6^,1 par kilogramme. Acide phospborique. k, 6 id. Si l'on rapportait ces résultats à la matière complètement privée d'humidité , l'on trouverait , par kilogramme de ma- tière sèche : Azote 7P,26 (1). Acide phosphorique. 5, Û5 (1) Dans un échaiilillon iHoveiiaiil de la recolle de 1852, j'ai (roiué 7 gr. 5 d'azole par kilogramme de matière sèche. — 72 - Calculant , au moyen de ces données , les proportions d'acide phosphorique et d'azote contenues dans les siliques produites par un hectare , nous trouvons : Azote par hectare 8 kil. 96 Acide phosphorique 5, 89 C'est-à-dire que la combustion sur place de ces siliques équivaut à la combustion d'au moins 1493 kilogrammes de bon fumier , à celle de 1790 kilogrammes de paille de blé , à celle de 779 kilogrammes de foin normal fané de nos prairies naturelles. Il suffit de comparer la valeur de ces derniers produits à la valeur bien minime comme engrais des quelques kilogrammes de cendres de siliques , pour être conduit à s'associer h la pensée de ceux qui considèrent comme une prodigalité , non-seulement la combustion sur place des siliques de colza , mais encore leur emploi comme litière, lorsqu'on peut faire autrement. Si, au lieu de con- sidérer , comme nous venons de le faire , une récolte moyenne de 1600 kilogrammes de graine par hectare, nous prenions comme exemple certaines récoltes exceptionnelles comme on en voit parfois dans les bonnes années, produisant de 2500 à 2800 kilogrammes de graine par hectare , il fau- drait presque doubler le poids des siliques vides qui ont servi de point de départ à nos calculs, et la perte occa- sionnée au cultivateur par leur combustion sur place serait alors bien plus considérable encore. CHAPITRE VII De la paille ordinaire de colza. Dans les chapitres précédents, nous avons divisé la plante en régions distinctes , en vue d'étudier les indices du trans- port et de la répartition des principes constitutifs de la plante. - 73 — à diverses époques de son développement; mais, considérée au point de vue agronomique , c'est-à-dire au point de vue purement pratique, cette division laisse une lacune impor- tante qu'il est utile de combler. Les fanes ou la paille de colza , c'est-à-dire la tige entière, coupée au collet, et ne portant plus, sur les ramilles, que les pédoncules des siliques et leurs cloisons parcheminées, méritent un examen tout particulier. Beaucoup de cultivateurs emploient encore la paille de colza comme combustible , et cependant l'analyse chimique nous montre qu'une pareille pratique est un véritable gaspillage qu'il serait avantageux de faire cesser. Il résulte, en effet , des documents réunis dans des tableaux qui précèdent, qu'en adoptant les rendements qui correspon- dent à nos essais de 1859, la matière sèche de la récolte coupée le 20 juin , dans les conditions ordinaires, représente un poids total de 8005 kilogrammes, décomposable ainsi qu'il suit , pour un hectare : „ .,, ( tiges nues et étêtées 2987 kil. Paille 1 . , ( sommités battues 801 Siliques "... 1862 Graine 2355 Total. . 8005 kil. La proportion totale de l'azote s'y trouvait ainsi répartie , pour la récolte entière : i liges nues et étêtées . . . . 1 3 kiL il (1 ) l sommités battues 7 05 Siliques 13 53 Graines 77 83 Total. . 111 kil. 82 "~ (1) Azolc par kilogramme de matiire sèche: Tiges nues et étêlées. . . . 4gr. 49. Sommités battues §, 80. Dans la paille | — 1[\ — La paille propremcnl dite contient donc ici , à elle seule , 20 kil. ^6 d'azote par hectare, c'est-à-dire autant qu'on en trouve dans une bonne récolte de paille de blé , dont on se garde bien de faire le même usage. Si nous cherchons de même à répartir l'acide phosphorique, nous trouvons : liges nues et étêtées. . . 10 kil. ^5 sommités battues. . . . 11 10 Dans les siliques 10 15 Dans les graifies et menus déchets. ... 62 96 Total. . . 76 kil. 66 C'esi-à-dire que la paille seule représente ici plus de 20 kilogrammes d'acide phosphorique par hectare. Inutile de rappeler que, s'il s'agissaitde récoltes plus abondantes, comme celles que nous avons citées plusieurs fois déjà , les (juanlités d'azote et d'acide phosphorique représentées par une récolte de paille seraient encore plus considérables. L'analyse des produits de la récolte de 1851 m'avaitdonné, pour la paille de colza récoltée dans de bonnes conditions ordi- naires, les résultats suivants , rapportés à un kilogramme de matière sèche : Azote. Ilamilles porte-graine , après le battage. . . 7 gr. 82 Tiers supérieur du reste de la tige 5 00 Deux tiers inférieurs U 80 l'aille, considérée dans son eniier f) 33 l'ieds 5 10 lui rapprochant ces nombres du poids de la récolte de j)aille correspondante ( 3875 kil.) , on en déduit , pour la lola- lité de l'azote contenu dans la paille , le no'iibri! 20 kil. 65 , presque idcnlicpie avec le résultat obtenu v.n 1859, bien que la répartition do, l'azote ne s'y fût pas effectuée tout- à-fait de — 75 — la lucnie manière, comme on peut le reconnaître par la lec- ture des nombres ci-après: 1851 1859 Dans les tiges nues et étêtées. . 16 kil. 11 13 kil. il. Dans les sommités battues. . . d, 5U 7 05. iM.Bonssingault attribue aux fanes de colza, dans son excel- lent traité d'économie rurale , une richesse bien supérieure à celle que nous leur avons trouvée nous- même. 1/illustre agronome a trouvé, dans les fanes de colza qu'il a examinées, 8 gr. 6 d'azote par kilogramme, tandis que je n'ai trouvé dans les pailles provenant des bonnes récoltes de colza de notre plaine de Caen , que 5 gr. 33 d'azote en 1851, et 5 gr. /jO en 1859. La différence de nos résultats peut tenir à diverses causes, dont il est aisé de comprendre l'influence. Et d'abord, l'en- semble des études auxquelles nous venons de nous livrer montre qu'en coupant les tiges plus haut , la paille ainsi obtenue sera plus riche; puis la grosseur et la liauteur des tiges peu- vent faire varier, dans des limites assez étendues, la propor- tion d'azote contenue dans un kilogramme de paille sèche. C'est ainsi qu'en 1857 , dans une partie du champ qui avait servi à mes expériences, il se trouvait çà et là des pieds de colza cliétifs n'ayant, à l'époque de leur maturité, que 72 h 75 centimètres de hauteur. L'analyse m'a donné , |)our la paille de ce colza ,6 g. 78 d'azote par kilogramme de matière sèche, nombre moins éloigné que les précédents de celui qu'avait cité M. Boussin- gault. Au reste, ce résultat n'est (ju'une confirmation nouvelle de ceux que j'ai bien des fois constatés sur les phuites fomragèrcs de même espèce, mais de tailles très-dillèreutes, dans des conditions corres|>oiidantes de (Iévelo|)pement: les plusi)eliles étaient notablement plus riches en azote que les plus grandes. — 76 — En résumant la substance des chapitres v, vi et vu , et en admettant des récoltes comme celle que nous avons eue plus particulièrement en vue , nous pouvons donc dire que celui qui brûle la paille et les siliques de son colza et qui laisse emporter de son champ la totalité des pieds de cette plante , se prive parla d'une ressource qui, envisagée comme matière fertilisante représenterait , par hectare : Azote Acide phosphorique. pour les pieds. . . 6 kil. 00 8 kil. 30 pour les siliques , . 8 96 5 89 pour la paille. . . 20 ^6 21 ô5 Total. . . 35 kil. 42. 35 kil. TU. Chacun pourra facilement tirer les conséquences agrono- miques d'une habitude aussi peu rationnelle. CHAPITRE VIII. De l'iDQuence que doit avoir, sar l'époisement do sol, h force do plant de colia em- ployé poar le repiquage. Nous n'avons pas besoin de rappeler ici que , plus les ré- coltes sont abondantes, toutes choses égales d'ailleurs , plus doit être considérable la proportion d'éléments de toutes sortes que ces récoltes prélèvent sur le sol qui les produit, et plus doit être grand et rapide l'appauvrissement du sol. Si nous supposons que chaque plante , après son repiquage à demeure, se trouve dans un ensemble de conditions telles que son produit soit à peu près indépendant de la force du plant employé, il est évident que le sol aura dû subvenir dans une plus forte proportion à la nutrition des plantes originaire- ment faibles , qu'à celle des plantes les plus fortes et les plus vigoureuses. Cette supposition, qui peut , à première vue, sembler para- 77 doxale, n'est pas toujours aussi éloignée de la vérité qu'on le pourrait croire , lorscjue le repiquage se fait en terre très- riche. La bonne venue d'une récolte, de même que celle du plant , dépend alors d'une foule de circonstances par suite desquelles de beau plant peut donner une récolte médiocre, ou du plant médiocre peut produire une récolte magnifique , s'il est favorisé à souhait. Nous partirons donc de cette supposition , dont chacun pourra aisément varier les données à son gré , suivant son point de vue ; nous admettrons que chacun des échantil- lons de plant dont nous avons donné plus haut l'analyse ait produit une récolte comme celle qui a fait , en 1 859 , l'objet principal de nos études, et nous allons chercher l'accroisse- ment de la masse des différents principes constitutifs du colza depuis le moment de la plantation jusqu'à l'époque de la ré- colte définitive. Tableau 45. Matière siche, excédant du poids de la récolte lur celui du plant. OBSERVATIONS SUR LE PLANT. Plant exlrêmement faible. . Plant très-faible Plant faible Plant moyen , un peu faible. Plant forL Plant très-fort Plant exceptionnellement fort. MATIÈRE SÈCHR FOLRNIB PAR LE PLANT. EXCEDANT DE MATIÈRF. SÈCHE CONTENUE DANS LA RÉCOLTE. kll. loi 40,2 7964,8 305,4 7699,6 307,6 7697,4 322.4 7682,6 1086,6 6918,4 1892,2 6112,8 2896,6 5108,4 — 78 — 'fablean 46. Azote par hectare. OBSERVATIONS SUR LE PLANT. AZOTE FOURNI PAR LE PLANT. EXCÉDANT d'azote CONTENU DANS LA RÉCOLTE. Plant extrêmement faible. . Plant très-faible Plant faible Plant moyen un peu faible. . Plant fort Plant très-fort Plant exceptionnellement fort. kil. 1,11 7,76 7,80 9,00 46,00 66,24 111,20 kil. 110,04 103,39 103.85 102,15 65,15 44,11 40,61 TaMean 49. Matières minérales. OBSERVATIONS SUR LU PLANT. MAT. MINÉRALES FOURNIES PAR LE PLANT. EXCÉDANT DE MAT. MIN. CONTENUES DANS LA RÉCOLTE. Plant extrêmement faible. . . Plant très-faible Plant faible kll. 3,23 27,46 35,33 209,50 415,55 k.l. 574,91 550,68 532,81 368,64 163,59 Plant très-fort Plant exceptionnellement fort. - 79 - Tableau 48. Acide plwsphoriquc. OltSERVATIONS SUR LE PLANT. \CIDK, PHOSPHORIQUE FOURNI PAR LE PLANT. EXCÉDANT d'acide PHOSPIIOKIQUE CONTENU DANS LA RÉCOLTE. Plant extrêmement faible. . Plant très-faible Plant faible. . • Plant très-fort Plant exceptionnellement fort. kil. 0,37 2,46 3,70 15,94 35,41 kil. 74,74 72,65 71,41 59,17 39,70 Tableau 49. Chaux. OBSERVATIONS SUR LE PLANT. CHALX FOURNIE PAR LE PLANT. EXCEDANT DE CHAUX CON- TENU DANS LA RÉCOLTE. Plant très-faible Plant faible kil. 9,06 8,31 71,13 83,53 kil. 166,71 167,46 104,64 92,24 Plant très-fort Plant extrêmement fort. . . . Tableau 50. Soude et po asse réunies. EXCÉDANT OBSERVATIONS ALCALIS FOURNIS d'alcalis (1) contenus dans SUR LE PLANT. PAR LE PLANT. LA RECOLTE APPROXIMATIVE. Plant très-faible Plant faible kil. 6,61 13,79 kil 98,39 91,20 Plant très-fort Plant exceptionnellement fort. 45,33 76,92 59,67 23,08 (1) On a admis approximativement que le poids des alcalis caus- — 80 - La comparaison à laquelle nous venons de nous livrer montre que si le plant extrêmement faible mérite à peine d'être pris en considération par rapport à la masse de la ré- colte, il faut au contraire tenir grand compte des apports faits, au moment du repiquage , par le plant fortement développé, puisque nous voyons qu'il peut déjà contenir, à cette époque, plus de la moitié du poids de la matière sèche d'une bonne récolte, près des trois cinquièmes des matières minérales, près de la moitié de l'acide phosphorique , près de la moitié de la chaux , environ les trois quarts des alcalis. Mais le résultat le plus remarquable est celui qui concerne l'azote. Dans les conditions où nous nous sommes placé , le plant extrêmement fort peut contenir autant d'azote , au mo- ment du repiquage , qu'on en troiwera dans la récolte sept mois plus tard , à l'époque de la maturité du colza. Ce résultat , paradoxal en apparence , demande quelques explications : pendant le temps qui s'écoule depuis la planta- tion jusqu'au moment oii la végétation commence à prendre un peu d'activité , le colza perd la plus grande partie de ses feuilles, et particulièrement les grandes et pesantes feuilles qui donnaient au plant un poids si considérable , et contenaient la majeure partie de l'azote que nous y avons trouvé. En se détachant de la plante , dans laquelle nous ne retrouvons plus, au commencement de mars , tout ce qu'elle contenait au mo- ment de la plantation , ces feuilles abandonnent au sol la plu- part des principes dont elles étaient formées. Si au lieu d'admettre, comme nous l'avons fait, que la ré- colte a donné des produits satisfaisants , nous considérons le cas d'une récolte médiocre, les avantages de l'emploi d'un plant vigoureux seraient encore plus tranchés, et il pourrait tiques, dans la récolte , est représenté par la moitié du poids des sels alcalins, ce qui ne peut être éloigné de la vérité, l^our les plants, les alcalis ont été dosés directement. — si- se présenter tel cas uù la récolte serait inférieure , presqu'en tons points, au plant primitivement employé. Il résulte évidemment pour nous, de cette comparaison, qu'à tous les points de vue , il y aura toujours avantage à repiquer du plant de très-belle venue ; d'abord la bonne réussite de la récolte aura de plus grandes chances en sa faveur, et en outre l'épuisement du sol sera, toutes choses égales d'ailleurs, bien moins considérable. Cependant il importe encore ici de faire une distinction , au sujet de cet épuisement. Si le cultivateur a récolté lui-même son plant de colza , sur une autre partie du domaine qu'il exploite , il a dépensé dans l'un de ses champs ce qu'il a économisé dans l'autre, et le prélèvement total , au lieu de se faire seulement sur le sol qui a produit la récolte parvenue à malurilé, se répartit entre ce dernier et la pépinière qui a nourri le plant. Mais il n'en esi plus ainsi lorsque le plant provient d'un autre domaine, et c'est alors que notre comparaison peut donner une idée des avantages résultant de l'emploi du plant vigoureusement développé , au point de vue de l'épuisement du sol. Nous voyons également , par l'inspection des tableaux 39 et ^1 , qu'en évaluant d'après son poids le prix du plant de colza, on le paierait à peu près suivant la richesse en azote et et en acide phosphorique , et que la transaction serait ainsi faite sur une base qui peut être considérée comme équitable. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. En résumé, lorsqu'après s'être entouré des précautions dont j'ai donné l'énumération au commencement de ce mé- moire, on divise le colza en plusieurs parties ainsi délimitées: 1". Pieds; 6 — 82 - 2'. Tiges effeuillées el étêtées, coupées à hauteur du collet de la racine ; 3°. i^ommiiés des liges , coupées au-dessous des plus basses fleurs ou des plus basses siiiques; U°. Feuilles vertes; 5°. Feuilles mortes ; Et qu'on examine la plante à différentes époques de son développement , on trouve : 1". Que le poids total de la matière, considérée en vert , atteint son maximum vers l'époque de la formation des graines; 2". Que le poids total de la matière sèche des pieds ou racines atteint également, à celle époque, un maximum au- dessous duquel il se maintient jusqu'à la maturité de la plante ; 3°. Que c'est encore à cette époque que le poids total de la matière sèche des liges nues et étêtées paraît atteindre son maximum , pour diminuer ensuite d'une manière notable jusqu'à la complète maturité ; W. Le poids de la matière sèche des sommités des rameaux, munis de leurs fleurs on de leurs siiiques pleines , augmente rapidement depuis le moment de l'apparition des boutons à fleurs jusqu'à l'époque de la récolte ; c'est ainsi que , dans nos expériences , cet accroissement a été de 600 pour 100, du 22 mars au 6 mai , et qu'ensuite ce poids a plus que doublé encore depuis le 6 mai jus(jn'aii 20 juin ; 5°. La proportion de matière organique sèche contenue dans chaque kilogramme de matière verte augmente avec l'âge , et cela tout aussi bien dans les plantes faibles que dans les plantes les plus vigoureuses ; cette proportion de matière sèche est même plus considérable dans les plantes faibles que dans les plantes les plus fortes, ce que nous avions déjà eu l'occasion de constater dans un assez grand nombre de plantes d'espèces diverses, el parlic.uIièrenK iitdansia betterave, dans le trèfle , dans la luzerne el dans le sainfoin. — 83 — Azote combiné. — En considérant la plante verte, la pi'o portion d'azote par kilogramme de matière diminue con- staraoïent dans le pied , dans la tige effeuillée etétêtée, dans les sommités des rameaux portant les fleurs ou les siliques pleines , et dans la plante considérée dans son entier ; la di- minution paraît s'arrêter au moment de la chute des feuilles, pour faire place à une légère augmentation. En considérant la plante sèche, la diminution se manifeste dans toutes les parties à la fois. Si au lieu d'un poids déterminé de telle ou telle partie de la plante , on prend une récolte entière , la quantité totale d'azote fournie par les pieds va toujours en diminuant , au point d'être presque réduite à la moitié de ce qu'elle était au commencement des observations, bien que le poids des ra- cines ait augmenté. Dans les tiges nues et étôlées, la proportion totale d'azote augmente jusqu'à l'époque de la formation des graines, pour diminuer ensuite considérablement jusqu'à l'époque de la ma- turité; cette proportion d'azote descend même alors au-dessous de ce qu'elle était trois mois auparavant , bien que le poids de la matière organique sèche ait triplé pendant cet intervalle de temps. L'accroissement du poids total do l'azote est continu dans les sommités des rameaux qui contiennent, à l'époque de la maturité, plus des quatre cinquièmes de l'azote delà plante, dont elles ne forment que la moitié en poids de matière sèche. Substances minérales. — Dans les racines , soit à l'état vert et frais, soit à l'état sec, la proportion de substances minérales contenues dans un kilogramme de matière n'éprouve que^des variations insignifiantes pendant les trois derniers mois de végétation du colza. Dans les tiges étêtées dépourvues de leurs feuilles, la propor- ~ Sk — lion (ie matières minérales , à peu près constante quand les tiges sont vertes, va constamment en diminuant quand on les examine sèches , tandis que le poids total des cendres de la récolte atteint , dans ces tiges, un maximum à l'époque de la formation de la graine , et diminue ensuite jusqu'à la maturité. Dans les sommités des rameaux , la proportion de cendres fournie par chaque kilogramme de matière sèche va constam- ment en diminuant, tandis que le poids total de ces substances éprouve un accroissement continuel et considérable; au mo- ment de la maturité , celte partie de la récolte contient près de dix-huit fois plus de substances minérales qu'elle n'en contenait trois mois auparavant, et près des trois cinquièmes de ce qui se trouve dans la récolte entière. Acide pliosphorique. — Quand on considère la plante verte et fraîche, on y voit la proportion d'acide phosphorique atteindre, dans les racines et dans les liges nues, vers l'époque de la formation de la graine, un maximum auquel correspond au contraire un minimum dans les sommités des rameaux. Lorsqu'on examine au contraire la matière sèche , on voit l'appanvrissemenl se manifestera la fois sur les trois parties. Le poids total de l'acide phosphorique atteint, dans les racines et dans les tiges nues , une valeur maxima qui corres- pond à répocjuc de la formation des graines, et redevient ensuite, à l'époque de la maturité, sensiblement égal à ce qu'il était trois mois plus tôt, bien que, pendant ce laps de temps, le poids de la matière sèche qui compose cette partie de la plante ait plus que triplé; la diminution paraît s'y faire sentir encore alors qu'elle a déjà cessé dans les racines. La masse lolalo de l'acide phosphorique éprouve, dans les sommités des rameaux , un accroissement non interrompu et devient, en moins de trois mois, vingt fois plus considé- rable qu'au débul des observations. — 85 - Chaux. — Considérée dans son entier , soit à l'état vert , soit à l'état sec , la plante offre un maximum de richesse en chaux vers le moment de la formation des graines, et celte richesse décroit ensuite jusqu'à l'époque de la maturité. A cette même époque de la formation des graines corres- pojid , au contraire, un minimum de richesse en chaux dans les sommités des rameaux. La quantité totale de chaux contenue dans la récolte arrive à son maximum , dans les tiges nues et élêtées , vers cette même époque de la formation des graines, pour décroître ensuite jusqu'à la maturité , malgré l'accroissement du poids de la matière organique réelle. Sels alcalins. — En laissant de côté les feuilles, dont l'état précis de maturité offre toujours quelque incertitude, la pro- portion de sels alcalins contenue dans le colza pris à l'état vert et frais, ou lorsqu'il est complètement dépouillé d'hu- midité, va constamment en diminuant depuis l'apparition des boutons à fleurs jusqu'à la maturité, dans le pied, dans les tiges et dans les sommités des rameaux. Lorsqu'au lieu de considérer la proportion relative, on con- sidère la proportion totale des sels alcalins contenus dans chaque partie delà récolte entière prise aux diverses époques de nos observations, il est facile de reconnaître, en parcourant le tableau n". 35, que le poids total des sels alcalins varie peu dans les racines, et qu'il tendrait plutôt à diminuer qu'à aug- menter après la formation de la graine. Dans la tige, au contraire, après avoir plus que doublé à cette époque, le poids lolal des sels alcalins diminue de plus d'un tiers lorsqu'on arrive à l'époque de la maturité. Dans la partie supérieure de la plante, le poids des sels al- calins, pendant les trois derniers mois de la végétation du colza, décuple de valeur au moins. — 86 -- S'il était permis de tirer une conclusion plus générale en- core, qui paraît découler tout naturellement de ce qui pré- cède, nous ajouterions qu'il semble résulter des analyses dont nous venons de citer les principaux résultats généraux, que c'est surtout à L'époque de la formation de La graine que s'ef- fectue avec le plus d'énergie, de la tige de ta plante vers sa partie supérieure, le transport des matières azotées, des substances minérales, de l'acide phosphorique on des phos- phates de la chaux et des sels alcalins. Pendant la dessication en javelle du colza coupé à l'ap- proche delà maturité de la graine, il ne paraît pas y avoir de transport sensible de matières azotées de la tige vers la partie supérieure de la plante. Le plant de colza, lorsqu'il est très-vigoureusement déve- loppé au moment de la transplantation, peut déjà contenir alors une très-forte partie des éléments constitutifs que l'on rencontrera , huit mois plus tard , dans la plante parvenue à maturité ; c'est dans les organes foliacés du plant surtout que se trouvent accumulés tous ces principes, et particulièrement les matières azotées. Enfin, le brûlis sur place des siliques de colza et l'emploi, trop général aujourd'hui, des pieds et même de la paille comme combustible, doivent être considérés comme un véritable gas- pillage très-préjudiciable aux intérêts de l'agriculture, M. Du Moncel lit une noie sur l'origine de l'atmosphère lumineuse de l'étincelle d'induction. SUR L'ORIGINE DE 1/ ATMOSPHÈRE LUMINEUSE DE L'ÉTINCELLE D'INDUCTION, Dans un mémoire présenté h l'Institut , dans sa séance du 17 octobre 1859 , j'avais démontré que l'atmosphère lumi- — 87 — neuse qui entoure l'élincelle d'induction devait être , en grande partie , attribuée à réchauffement de l'air dans le voisinage de l'étincelle , lequel échauffement, ayant pour effet de former un conducteur secondaire , devait permettre à la décharge de se dériver en grande partie par celle voie , en produisant l'illumination propre aux courants qui traversent un conducteur imparfait. J'avais encore démontré que l'in- lervention , dans le milieu gazeux, des corps conducteurs à un grand état de division , tels que de l'eau en vapeur , de la poussière de charbon , etc. , etc. , était encore une cause qui pouvait contribuer au développement de cette effluve lumi- neuse. Enfin, j'avais ajouté que la réaction réciproque des deux flux électriques composant l'étincelle d'induction devait faciliter beaucoup la propagation du flux constitué par l'atmosphère. En réfléchissant sur les effets physiques qui devaient résulter de cette dernière réaction, je n'ai pas tardé à me convaincre (jue les actions mécaniques exercées par l'électricité de tension devaient être non-seulement une des causes prin- cipales de la propagation des deux flux en question , mais encore la cause initiale de la production de la décharge. Ce n'est pas , en eflet , l'action calorifique polaire , exercée sur le milieu interposé dans la solution de continuité où se produit l'étincelle d'induction , qui précède l'apparition de celle-ci et en prépare la venue; on peut s'en convaincre en interposant un thermomètre entre les deux rhéophores du circuit avant que l'étincelle éclate. Cet instrument n'indique aucune élévation de température. Mais si l'on considère que l'action mécanique des fluides qui s'écoulent en aigrettes , des deux côtés de la solution de continuité avant la décharge, est suffisante pour repousser de tous côtés, comme de véri- tables soufflets , des particules matérielles un peu légères que ces aigrettes rencontrent sur leur passage, on comprendra facilement que cette action, en se produisant dès le début sur — 88 — les particules gazeuses du milieu interposé , doit avoir pour résultat une raréfaction de ce milieu aériforme, et par con- séquent une domination de la résistance opposée à la dé- charge, qui dès-lors peut se produire sans difficulté. Or, cette raréfaction se trouvant encore augmentée par l'action calo- rifique produite par l'étincelle , celle-ci peut acquérir un dé- veloppement considérable. On peut se rendre compte faci- lement de l'action mécanique du courant sur les particules d'un milieu gazeux interposé dans la décharge, en faisant passer celle-ci à travers la flamme d'une bougie. Si le courant est un peu énergique , on voit la flamme de la bougie se projeter à gauche et à droite de la solution de continuité, sous la forme de deux dards lumineux et suivant une ligne perpendiculaire à celle de la décharge. C'est celte réaction qui, suivant M. Ricss , produit les stratifications de la lu- mière électrique au sein du vide, en disposant le milieu gazeux raréfié par couches alternativement condensées et dilatées, disposées perpendiculairement au courant et douées d'une conductibilité différente. Du reste, cette raréfaction du milieu aériforme, produite par les répulsions électriques polaires, ne réagit pas seule dans la plus grande facilité qu'elles donnent au développement de la décharge : le mouvement méca- nique des particules gazeuses lui-même contribue beaucoup à cet effet , en créant une conductibilité particulière appelée mécanique par M. Riess, et qu'on retrouve dans des cir- constances où ce mouvement ne peut donner lieu à une ra- réfaction du milieu gazeux. Ainsi, une insufflation produite sur une décharge, étant sur le point de se former, la déter- mine et l'allonge , surtout quand cette insufflation est faite dans le sens même de la décharge. C'est vraisemblablement par suite d'une action de ce genre que deux décharges voi- sines l'une de l'autre s'enlr'aidetit mutuellement et peuvent - 89 - se produire dans des conditions où elles ne se nianifesieraieiU pas isolément. Après la lecture de cette note , M. Du Moncel entre dans quelques détails sur les expériences qu'il a faites devant l'Académie de Caen , dans sa séance du 25 novembre , dans le but de démontrer qu'en décrivant le courant indirect de la machine de Ruhmkoff par deux circuits , l'un entière- ment métallique, mais de grande résistance, l'autre présentant une solution de continuité dans laquelle se trouve interposée la flamme d'une bougie , on peut séparer les deux courants inverses produits tour à tour par l'appareil et faire en sorte que l'un des circuits (le circuit métallique) soit parcouru par une succession continue de courants inverses , et l'autre (le circuit avec solution de continuité) par une succession continue de courants directs. Cette séparation vient de ce que les courants inverses ont trop peu de tension pour franchir un circuit présentant une solution de continuité , tandis que les courants directs passent de préférence par un pareil circuit (surtout avec l'interposition de la flamme d'une bougie) plutôt que de se propager à travers un circuit mé- tallique très-résistant. M. Perrier montre une série de fossiles qu'il a recueillis sur le talus d'une route qui va des champs St. -Michel à Ardennes ; ce sont diverses espèces de Brachiopodes. Parmi ces fossiles se trouvait une valve isolée de VEUgmus poty- typus de M. Eudes-Deslongchamps , genre qui n'avait encore été recueilli , dans le Calvados , qu'au Maresquet. M. le Trésorier rend ses comptes : mais , comme la masse des pièces à vérifier était considérable , M. le Président nomme . pour les examiner , une Commission qui fera son - 90 — rapport à la piocliaine séance. Les membres de la Commis- sion sont : I\I1\I, de La Mariouze , Perrier et Luard. Le scrutin est ouvert successivement sur MM. Fayel, doc- teur-médecin ; Féron , pharmacien ; Fauvel , étudiant en Droit; Hue de Mathan , étudiant en Droit , tous présentés dans la séance dernière , comme membres résidants. Ces Messieurs sont admis. Le scrutin est également ouvert sur M. Mélion , pharma- cien à Vimoutiers, comme membre correspondant. M. Mélion est admis. MM. Eudes- Deslongchamps père et fils présentent, comme membres correspondants , M. Henri de Ferry, géologue et paléontologiste , à Bussières , environs de Mâcon ( Saône-et- Loire), et M. Pierre Gratiolet, chef des travaux anatomiques au muséum d'histoire naturelle à Paris. MM. Perrier et de L'Hôpital présentent, comnie membre résidant , M. Jouanne , professeur au Lycée impérial de Caen. La séance est levée. =3®©®=- SÉANCE DU 9 JANVIER 1860. Présidence de Bl. LVARD , viee— président. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. De la part de M. Abel Vautier : Gênera des Coléoptères d'Europe , etc. , par MM. Jac- quelin du Val et Jules Migneaux. IT., 73^, 7^"., 75'. li- vraisons, avec planches. Paris, 1859. Zeitschrifi , etc. Mémoires de la Société géologique alle- mande, XP. volume, 2^ trimestre (février, mars, avril 1859), avec 5 planches. M. de Caumont montre quelques fossiles recueillis dans la couche de terrain qui forme le fond du lit de la Dive , entre St.-Pierre-sur-Dive et Magny-la-Campagne. M. de Caumont pense que le fond des rivières est en général une couche imperméable, et que la Dive coule , dans la localité désignée , sur le terrain Callovien qui forme à cette rivière sa couche imperméable. Les fossiles y sont abondants, mais peu nombreux en espèces. M. Eudes-Deslongchamps a cru y re- connaître : 1°. les Ter. sublagenalis , Davidson, ei inter- media, Oppel, mais sans pouvoir rien affirmer •,T. une petite huître plissée très-abondante ( la même espèce , ou une très- voisine, qui existe abondamment dans la grande Oolithe, surtout à sa partie supérieure); 3». deux Bryozoaires, un Diastopora — 92 — et un Spiropora, ressemblant beaucoup aux espèces de la grande Oolithe. M. de Caumont donne communication d'une note (déjà lue par lui au Congrès de Limoges et imprimée dans les Comptes- rendus de ce Congrès ) où il expose ses recherches sur les bords de la mer jurassique du sud-est de la France, pour y reconnaître les gisements de calcaires et de marnes appar- tenant au Lias ou à l'Oolithe inférieure. On sait que ces bords forment une bande étroite , irrégulière et souvent inter- rompue , entre les terrains granitiques d'Arkose d'une part , et les terrains plus modernes qui occupent la partie centrale de la France. Ces recherches ont eu plutôt pour but l'agri- culture que la géologie. i^L de Caumont désirait appeler l'attention sur l'importance de la chaux et de la marne, dans un pays où le sol repose presque partout sur les gra- nités et qui manque de chaux, dont la valeur n'est pas assez généralement comprise dans ce pays. M. Eudes-Deslongchamps présente à la Société une partie du travail entrepris par lui, sur les restes de mammifères qui se trouvent dans les terrains meubles anciens du Calvados, La partie lue aujourd'hui a trait aux ruminants. M. Fauvel lit la note suivante : — 93 — OBSERVATIONS SQR UN STAPHYLINIDE NOUVEAU POUR LA FAUNE FRANÇAISE {Diylossa mersa, Halid. ), Par a. Fauvel. C'est toujours une bonne fortune pour l'entomologiste qui a circonscrit ses recherches à telle ou telle province, d'avoir un fait nouveau à signaler, un insecte étranger à inscrire dans les annales de la science. On pourrait presque dire que c'est là une rareté, la seule qui, par intervalles, ranime le feu sacré et fasse trouver un charme croissant à des excursions trop souvent inutiles. D'ailleurs, quand à ces courses à travers champs, entreprises en commun et dans un même but, pré- side cette entente cordiale qu'on est toujours sûr de trouver chez le vrai naturaliste, on a bien vile oublié les fatigues de la journée, pour ne songer qu'aux trouvailles dont on va en- richir ses cartons. Qu'on ne croie pas pourtant que le plaisir que procure l'entomologie réside tout entier dans les animaux plus ou moins rares que recueille le collecteur, il est plus en- core dans le souvenir qu'il conserve de ceux qui furent ses compagnons d'exploration, ou des lieux qu'il a parcourus et qu'il revoit toujours pleins d'un nouvel intérêt , parce qu'il y trouve de nouvelles richesses. Que ceux-là qui débutent dans la carrière se persuadent bien de ces idées, et leur zèle ne s'évanouira pas , comme cela arrive trop souvent , faute d'émulation dans la recherche et de guide dans l'étude si difficile des insectes. Heureux de trouver en Normandie des maîtres et des col- lègues en entomologie (1) , j'ai commencé une colleciion (1) Je s;iisis avec empressement l'occasion de témoigner ici toute ma _ 9a — (les espèces normandes. Je regrette de ne pouvoir présenter dès maintenant à la Société Linnéenne le résultat de mes excur- sions sur les différents points de la province : trop de localités me sont encore inconnues. Seulement j'ai cru qu'il ne serait pas sans intérêt de signaler la présence, dans le (Calvados, d'un insecte que jusqu'ici l'on croyait propre à l'Irlande, et dont l'habitat et les mœurs remarquables ont attiré l'attention des naturalistes. C'est un fait aujourd'hui bien connu que, sur les côtes de la Manche et de l'Océan, plusieurs espèces de coléoptères vivent sur les sables, recouverts chaque jour parla marée pendant un temps irès-considérable. Le nombre en est encore assez res- treint, et l'on ne cite guère en Europe , comme présentant cette particularité, que les Cicindela hybrida et maritima , divers Pogonus , les JEpus Robinii et fuLvescens , le Micra- iynima brevipenne, et les Diglossa submarina et mersa. C'est cette dernière espèce que j'ai pu observer dans le Cal- vados. Comme elle est encore peu répandue dans les collec- tions, je crois bon d'en donner une description succincte : G. DIGLOSSA, Haliday 1837. Entom. Miigaz. IV , 252. D. t>lERSA , Halid. Erichs, Gen. et spec. Staphyl. 209; — Kraatz , Natuv. (1er Insect. Deutschl , — Jacq. du Val, Get). des Colropt. d' Eut: , pi. V, fig. 23. Allongée. D'un brun noir prescjue mat ; finement ponc- tuée sur la tête et le corselet ; tête bien moins large que reconnaissance ù M. Peirier, à qui je dois les premières notions d'en- lomolosie, el qui lienl toujours ù ma disposition ses colleclions et sa riclie bibliotlirque. — 95 — chez la \). submariiia. Corselet un peu moins rétréci en arrière , non sinué "postérieurement ; élytres ordinairement de la largeur du corselet. Décrite par Haliday qui l'avait découverte sur les sables maritimes de l'Irlande, la Diglossa mersa n'a jamais été in- diquée par les auteurs comme prise en dehors des limites de ce pays. Elle n'est pas citée dans la faune entomologique fran- çaise deMIM. Fairmaire et Laboulbène (1856). M. de Marseul [Catalogue des coicoptères d'Europe, p. Ul — 1857) fait suivre l'indication de cette espèce du mot Britannia ; et M. Jac- quelin du Val {loc. cit. ) l'indique comme « à'Hibernia ». — On devait soupçonner l'existence de la Diglossa sur nos côtes, dont la faune est si peu différente de celle des rivages britan- niques; mais jusqu'ici on ne l'avait pas signalée. C'est à l'em- bouchure de l'Orne qu'en 1857, j'en pris pour la première fois cinq exemplaires sur les sables que recouvre chaque jour la marée. Je l'ai retrouvée en abondance depuis cette époque , et j'ai pu observer quelques particularités de mœurs singu- lières de ce petit staphylinien. Le premier travail sur les insectes sous-marins est du à Au- douin qui publia, en 183^, des recherches très-curieuses sur les mœurs de YJEpus fulvescens {Nouvelles Annales du Mu- séum, III , 177). Plus tard, M. Laboulbène ayant découvert une nouvelle espèce à'JEpus, consigna ses observations dans les Annales de la Société entomologique de France (t. VII , 18/i9). Enfin, on doit à MM. Coquerelet Robin d'avoir com- plété l'histoire de ce genre si curieux de carabiques. Suivant tous ces auteurs, les Mpus, pendant le temps de leur sub- mersion, soiit toujours entourés d'une couche d'air retenue soit sous leurs ailes, soit autour des poils dont leur corps est recouvert. Or , voici l'explication qu'a donné de ce fait M. Laboulbène [loc. cit.) et que je trouve résumée dans — 96 — V Encyclopédie Whist, nat. Coi.ÉOP. — I, 183 : — « C.ei^ ^Epus " vivent sous l'eau, entourés d'une bulle d'air et placés sous y. quelque abri. Si leur immersion se prolonge, comme ils « respirent un air moins riche en oxygène, leurs mouvements « respiratoires vont s'amoindrissant ; ils restent engourdis « dans une almos|)hère d'azote et sont alors immobiles : ce « qui a été observé. Or, il est prouvé que les animaux supé- « rieurs peuvent vivre très-long-temps dans une atmosphère a très-peu riche en oxygène, quand on a soin d'enlever l'acide « carbonique produit par la respiration. Telle est, en efifet, la « condition dans laquelle les insectes sous-marins se trouvent « placés ; car l'eau dissout l'acide carbonique de l'air qui les (( environne, dès qu'il s'est formé. » » L'explication me paraît excellente dans l'hypothèse, et dé- coule naturellement des faits observés. Mais je crois que la solution n'est pas sans difficultés en présence des mœurs de la Diglossa, bien différentes en plus d'un point, ainsi qu'on va le voir, de celles des Mpus. Voici, en effet, ce que j'ai pu remarquer. C'est sur le sable très-fin qui s'accumule à l'embouchure des rivières, soit au bord des peiiies mares, soit dans les sil- lons formés par les vagues quand la mer se relire, que se trouve pendant les mois de juillet et d'août la D. mersa, mê- lée à des centaines de Cillenum latérale (I). Tandis que ce (1) J'ai remarqué que ce Bembidion, au moment de l'arrivée du flot, et seulement quand il n'a pu se retirer dans un trou, peut se tenir, en écartant les pattes, à la surface de l'eau. Or, il n'est personne qui ne sache que, quand la marée monte, le sable se soulève parfois en une pel- licule très-mince , agglutinée probablement par un dessèchement très- rapide au moment du reflux; cette couche à peu près àolideest souvent portée par le courant, si la surface de la mer est calme, à de grandes distances. Ce fait peut servir, je crois, à expliquer la remarque faite par presque tous les auteurs qui se sont occupés des cicindélides, qu'une es- pèce {Cicindel a triluiiaris, Klug.) propre à Madagascar, pouvait marcher — 97 — carabiqiie se creuse, avant la marée montaule, de petits trous (le 3 et quelquefois h centimètres de profondeur , où il se retire dès que le flot arrive (1) ; notre staphylinien se laisse submerger derrière la plus légère dépression de terrain. Dès cet instant , il demeure immobile ; souvent même les vagues l'ont promptenient recouvert de ce même sable où ilchercbait un abri, et tout indice de vie et de mouvement disparaît chez lui jusqu'au moment où le flot s'est relire, c'est-à-dire pen- dant un intervalle de plus de six heures. Tant que la surface du sable est humide, on n'aperçoit encore aucun insecte, et en général on en trouve très-peu pendant les jours de pluie ; mais si les rayons solaires viennent à en réchaufTer la surface, on voit bientôt la Diglossa courir en abondance à la recher- che d'animaux marins microscopiques dont elle se nourrit. Ainsi, je le répète, jamais je n'ai vu cet insecte se creuser de trou pour s'y renfermer. Et comment le pourrait-il? Ses pattes antérieures, bien loin d'être conformées pour fouir, sont en tout semblables à celles de ses congénères ; d'ailleurs, com- ment un insecte, long de 2 millimètres à peine, parviendrait-il à remuer des grains de sable souvent beaucoup plus lourds que lui? Enfin , bien que pourvu de mandibules saillantes , l'écartement ne peut jamais en être assez considérable pour lui permettre de s'en servir à la manière du Ciiienwn. Nous voici donc en présence d'un insecte vivant sur des sables où il n'y a ni pierre, ni gravier, dans l'impossibilité de se creuser sur l'eau de la mer et avait dû traverser un bras de mer assez large pour se rendre dans le lieu où on l'observa. (1) Le CUlenum (et je ne crois pas que les auteurs se soient expliqués à cet égard) ne se sert jamais de ses tarses pour creuser sa demeure sous-marine; c'est avec ses mandibules trùs-fortes, et en s'arc-boutant solidement sur les parois de son trou , à l'aide de ses pattes intermé- diaires et postérieures, qu'il en relire un à un ies grains de sable qui l'obstruent. — 98 — un trou où il puisse se réfugier pour le lemps où la mer le recouvrira. Mais il esl un fait qui me paraît surtout impor- tant, et qui n'a , je crois , encore été observé chez aucun co- léoptère, c'est l'absence de toute bulle d'air autour de la Diglossa pendant sa submersion. Tous les insectes de la nombreuse famille des Hydrocan- thares, en prenant ce mot dans son sens le plus général, ou montent à la surface des eaux respirer l'air en nature, ou en retiennent (c'est le cas de plusieurs Hydrophiliens) la quantité nécessaire, au moyen de leurs antennes souvent couvertes de poils et qu'ils replient en-dessous contre leur thorax. Or , il n'en est pas ainsi dans la D. mersa. Plusieurs fois je l'ai vue submergée au moment du flux, et jamais je n'ai pu aperce- voir la moindre bulle d'air, comme on en remarque chez les vEpus, par exemple. Faut-il en conclure que cet air lui manque complètement ? H me semble que les moyens nécessaires à l'insecte pour le re- tenir et que j'ai signalés chez les ^Epus et les Hydrophiliens, lui font réellement défaut : son corps n'est pas couvert de poils; et, à l'exemple de tous les Staphylinides de sa tribu, c'est sur le corselet qu'il replie ses antennes. Objectera-t-on que la petite taille de la Diglossa, exigeant par cela même une très-petite quantité d'air atmosphérique, met obstacle à l'observation et, par conséquent, ne permet pas de décider si cet air manque absolument , ou n'est pas visible? Mais alors si on juge sans prendre cette même observation pour base, il faut se reporter à ce qu'on observe chez les autres coléoptères sous-marins en général, et dès-lors, les différences dans les mœurs et l'orga- nisation sont trop sensibles pour qu'on puisse conclure que la Diglossa est bien et dûment entourée d'une couche d'air pendant sa submersion. Dans tous les cas, l'état de torpeur, d'engourdissement que j'ai signalé, prouve d'une manière certaine , ou «prelle ou a été privée complètement, ou qu'au - 99 — moins cet air était très-pauvre en oxygène , et que par suite la respiration a été interrompue ou presque nulle. Aussi je me demande s'il est bien nécessaire d'étendre, par analogie, à cette espèce les faits constatés chez les insectes de mœurs identiques. Bien que je ne prétende assimiler en rien, dans cette circonstance, les trachées des insectes aux bran- chies des poissons , cependant le résultai des phénomènes respiratoires, si l'on admetqu'ilsexistent chez la Di^/owa pen- dant tout le temps de la submersion, est semblable dans les deux cas, l'acide carbonique qui entraînerait bientôt la mort de l'animal étant dissous par l'eau à mesure qu'il se produit. Peut-il donc y avoir ici interruption complète de respiration, et par suite de mouvement pendant plusieurs heures ? Je laisse à plus compétents le soin de trancher la question, qui exigerait des développements trop considérables et en dehors du cadre que je me suis tracé. J'ai voulu constater les faits, parce qu'ils m'ont paru extraordinaires. Seulement, avant de terminer, je rapporterai une expérience qui ne sera peut-être pas sans in- fluence sur la nature de cette solution , et dont chacun peut facilement vérifier l'exactitude. Il m'est souvent arrivé de laisser pendant dix et douze heures des charançons, Rhyncoius, Phlœophagus, Dorytomus et au- tres, dans des flacons remplis d'alcool à 32°. Quand je venais à les en retirer, ils étaient sans mouvement et comme morts : je les collais alors sur une plaque de mica. Or, souvent moins d'une demi-heure après, ils avaient pu briser la gomme déjà desséchée qui les retenait, et couraient à travers la boîte où je les avais déposés. Je pourrais citer beaucoup d'autres exemples analogues : il me semble que celui-là suffit pour donner une idée de la puissance vitale chez ces petits animaux. M. de Mathan lit ensuite une note sur quelques Coléop- — 100 — tères remarquables , observés par lui dans le (Calvados , et appartenant au genre Trogophlœus de la famille des Staphy- liiiides. INOTE SUR LES ESPÈCES DU GENRE TROGOPHLŒUS , Mann., VAR M. RENÉ DE MATHAN. La famille des Stapliylinides est , comme on le sait , une .des plus nombreuses et des plus remarquables pour la va- riété des formes et des mœurs des insectes qui la composent. Mais, en môme temps, c'est peut-être celle sur laquelle on a le moins de renseignements positifs , surtout en ce qui concerne l'habitat particulier de chaque espèce. Aussi, est- ce chose fréquente que de voir signaler, dans le nord de la France, tel Staphylinide qu'on croyait particulier au midi, et réciproquement. Chaque année même, de nouvelles espèces sont décrites dans les divers recueils scientifiques. Les Tro- gopldctus ont déjà été étudiés en Normandie par M. Moc- querys qui, dans son Catalogue des Coléoptères de la Seine- Fnférieure , eu a donné une liste de sept espèces. Mais, comme on le voit , ses recherches se sont bornées à un seul département. De fréquentes excursions sur divers points du Calvados , et en particulier dans nos contrées marécageuses, en révélant des Trogophlœus nouveaux pour la province , m'ont engagé à en dresser la liste suivante, qui complétera ce qu'on sait déjà de l'habitat très-étendu de ces très-petits coléoptères. Les Trogophlœus vivent en famille, soit au bord des eau\ sous la mousse humide , soit dans les détritus végétaux ou sous les pierres, parfois même sous les écorces. On en connaît — 101 — un assez grand nombre : MM. Fairinaire et Laboulbène , dans leur Faune française , en indiquent 22 espèces. Mes re- cherches , jointes à celles d'un de nos collègues , M. A. Fauvel , m'ont fait connaître 11 Trogop hlceus dann le Cal- vados , c'est-à-dire la moitié de ce qu'on on signale en France. Genre TROGOPiiLyEus , Mann, 1. T. scrobicuLatus, Er. Dans les détritus, après les débor- dements de l'Orne. Prairie de Caen. Décembre. Parfois au pied des roseaux au bord de l'Odon. Ve- noix, près Caen. Avril. Rare. 2. T. riparius , Lac. Avec le précédent, et sous la mousse humide des ruisseaux. Toute l'année. Très-commun partout. Ti. T. elongatulus , Er. Dans les détritus, après les débor- dements de l'Orne. Prairie de Caen. Décembre. Très- rare ( M. Fauvel ). U. T. fuliginosus , Grav. Sous les mousses humides , près des chutes d'eau. Venoix , près Caen. Décembre à avril. Rare. 5. T. fovcolatus, Sahlb. Comme le précédent. Novembre à mars. Assez commim. 6. T. inquUinm , Er. Au pied des roseaux ou sous les détritus. Prairies de Caen et de Blainville. Septembre à avril. Très-rare. 7. T. cortîcinus, Grav. Avec le T. riparius et aux mêmes époques. Commun parfois au pied des roseaux. Marais de Troarn. Juillet. 8. T. pusillus, Grav. Au bord des petites mares, dans les dunes de Merville, ou sur la vase humide des fossés. Venoix , près Caeri. Septembre. Rare. — 102 — 9. T. subtiLis, Er. Sous les détritus amoncelés au bord des fossés. Marais de Troarn. Avril. Très-rare (M. Fauvel). 10. T. lenellus , Er. En fauchant, le soir, sur les herbes. Endroits humides. La Folie , près Caen. Juin. Très- rare ( M. Fauvel). 11. T. exiguus , Er. Dans la mousse, au pied des grosses pierres. Ardennes , près Caen. Mai. Un seul exem- plaire ( M. Fauvel ). M. Perrier donne lecture d'une note sur la plaine de Gbamboy (Orne), considérée sous le rapport botanique. NOTE SUR DEUX PLANTES NOUVELLES Pour la Flore de IVormandie, PAR LB D'. ALFR. PBRRIBR. La plaine de Ghamboy (Orne) repose sur des terrains calcaires. Limitée au midi par la forêt d'Argentan , elle est abritée contre les vents du nord par une longue chaîne de collines crayeuses. Depuis plusieurs années que j'explore avec M. Duhamel celte riche contrée botanique, j'y découvre chaque jour de nouvelles raretés pour la Flore de Nor- mandie ; dernièrement encore j'y ai recueilli deux espèces fort intéressantes , VOnonis siriata ( DG. ) et le Buplevrum ranimculoides ( DC. et Duby ). Ges deux plantes ont été dé- couvertes , la première par M. Duhamel , de Gamembert , et la seconde par M. Mellion , de Vimoutiers , tous deux membres correspondants de la Société Linnéenne. VOnonis striaia croît habituellement dans les vallées des montagnes , dans les Pyrénées et les Gévennes ; on l'a ce- - 103 — pendant signalée aussi sur les collines sèches du Poitou, sur les coteaux calcaires de la Charentc-rnférieure, dans le Cher, le Lot et la Lozère. Cette papilionacée est fort rare dans toutes ces localités; sa tige grêle et couchée et ses fleurs solitaires , faciles à confondre avec quelques congénères, expliqueraient assez pourquoi sa présence n'a pas été constatée jusqu'à ce jour dans les régions intermédiaires à la zone qu'elle ne sem- blait pas vouloir dépasser et la Normandie. VOnonis striata se trouve dans le voisinage de l'église Sle. - Eugénie, près de la forêt, sur des pelouses qui encadrent d'anciennes carrières de grande oolilhe. En ramassant cette plante, je fus agréablement surpris de la rencontrer en compagnie du Buplevrum ranunculoides , que je ne connaissais pas encore , et que je revis quelques jours plus tard et en plus grande abondance dans une localité voisine, où je me transportai, sous la direction de M. Mellion, avec le savant auteur de la Flore normande , M. deBrébisson, et son fils. La découverte de cette curieuse ombellifère n'a pas laissé de jeter une grande incertitude dans le camp des botanistes. Quelques-uns même refusèrent de croire à cette transmigra- tion végétale. En effet, cette plante, originaire des hautes mon- tagnes des Alpes, des Pyrénées et des Cévennes, se développe le plus souvent dans les régions les plus élevées et dans le voi- sinage des neiges. Aussi lui refusa-t-on, a priori, ses lettres de naturalisation dans nos plaines calcaires. D'autres bota- nistes crurent devoir la rapporter à une espèce nouvelle et je pencherais assez pour cette opinion, si les sommités de la science n'avaient émis leur sentence. M. Puel écrivait à M. de Brébisson : « Il est impossible de ne pas rapporter au liuple- « vrum ranunculoides les échantillons de Chamboy,j'ai con- « suite l'herbier du Muséum , etc. C'est aussi l'opinion de « M. Gay, à qui j'ai montré les échantillons. Reste mainte- - 104 — « nant à modifier l'idée que nous nous étions faite jusqu'à ce u jour de la distribution géographique de cette plante. » M. Lenormand, de Vire, et M. le docteur Lebel, de Va- lognes, m'ont aussi écrit dans le même sens. Nous conserverons donc à ce Buplevrum le nom de ranun- culoides, malgré plusieurs caractères différentiels , qui ne tiennent peut-être qu'à son état de polymorphisme. Dans tous les cas, nous pourrons étudier cette plante dans tous ses déve- loppements, car j'en ai confié de nombreux échantillons en pied aux soins intelligents de M. Hermant , conservateur du jardin botanique de Gaen. M. Le Clerc entretient la Compagnie d'une plainte dont lui ont fait part les Dames religieuses de la Charité, au sujet des fils du télégraphe électrique qui passent dans l'anneau isolant du poteau situé contre le mur de cette maison. Ces Dames se plaignent d'entendre très-souvent, et surtout la nuit, des bruits qui les réveillent ou qui les empêchent de dormir et qui sont au moins fort incommodes ; elles comparent ces bruits au bourdonnement plus ou moins aigu d'une cloche qui finit de tinter. Elles s'étaient imaginées qu'ils étaient dus à l'élec- tricité passant dans les fils pendant les messages. M. Roger, directeur du télégraphe et membre de la Société, répond : qu'un grand nombre de plaintes semblables à celle des Dames de la Charité sont parvenues à l'administration, de la part des per- sonnes dont les maisons sont voisines des poteaux de support. Ce n'est nullement le passage de l'électricité qui produit ces bruits, aucun soîi n'a lieu dans ce cas ; c'est le vent qui, agis- sant avec plus ou moins de force sur les fils, les fait entrer en vibration ; c'est l'elfet, comme son nom l'indique, appelé par les physiciens haj'pe éolïenne. Ces vibrations se comnmni- qut'iit aux poteaux par les anneaux isolants, et l'on sait com- ment le bruit se piopage rapidement en suivant les fils du bois; - 105 — les bruits sont d'autant plus forts que le vent est plus grand; quand l'air est calme, il n'y a point de sons. L'administration du télégraphe a cherché à empêcher les bruits dont tant de personnes se sont plaintes, et n'a pas réussi. On a essayé d'in- terposer, entre le fd et le coussin isolant, des corps mous pour éteindre les vibrations communiquées aux poteaux, tels que coussinets de cuir, de caoutchouc, de gutta-percha, de fdasse, de drap plié, etc. Ces moyens n'ont pas eu de succès; la force très-grande avec laquelle lesfds tendus appuient, sur les cous- sins isolants, a bienlôt tassé et durci la partie du corps mou sur laquelle appuie le fd, et le corps ainsi durci transmet la vibration au poteau presque aussi efficacement que si le fd appuyait sur le coussin sans intermédiaire. M. Eudos-Deslongchamps demande si l'on a essayé l'emploi de plaques épaisses de plomb interpo- sées entre le fil et le coussin isolant ; le défaut de sonorité de ce métal semble indiquer qu'il pourrait être utile dans ce cas. M. de L'Hôpital confirme l'effet des coussinets de plomb pour empêcher que le bruit d'une sonnerie mécanique ne se fasse entendre en communiquant les vibrations des timbres aux meubles sur lesquels cette sonnerie est située. M. Pxoger ré- pond qu'il ne pense pas que l'on ait essayé \c plomb, et (ju'il se propose d'en recommander l'emploi. Quoique cet inconvé- nient de l'action du vent sur les fils du télégraphe ne soit pas chose fort grave en elle-même, elle est incommode, et l'admi- nistration ne laisse pas d'éprouver de l'embarras pour ré- pondre aux nombreuses plaintes que les sons de la harpe éo- lienne lui attirent. M. Luard soumet à l'examen de la Société un fossile très- singulier, qu'il a recueilli sur une pierre cassée faisant partie d'un tas situé dans la plaine d'Ifs. Ce fossile ressemble à une plume courte, dont les barbes, très-grosses, sont égales de cha- que côté. Sa couleur est brune et son aspect verni , comme — 106 — se présentent d'habitude les écailles ou dents de poissons. Ce fossile est remis à M. Eudes-Deslongchampspouren rendre compte dans la prochaine séance. Le scrutin est ouvert successivement sur MM. Graliolet et de Ferry, présentés comme correspondants dans la dernière séance. Ces Messieurs sont admis. On procède ensuite au vote relatif à M. Jouanne, présenté comme membre résidant dans la dernière séance. M. Jouanne est admis. SÉANCE DU 6 FÉVRIER 1860. Présidence de 11. LVARD, wice— président. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ : Gcology of North America , by Jules Marcou, grand in-4". de 16'i pages, avec 7 planches et 2 cartes. Zurich, 1858. American geology , letter adresscd to MM. Meelt et Hay- dcn, par le même; broch. in-8". , 16 pages. Zurich, 1858. RepLy to tlie criticisms of James D. Dana, par le njême; broch. in-8"., /iO pages. Zurich, 1859. Ecole polytechnique fédérale. Cours de géologie paléonto- logique, pur le même ; brochure in-8°. , IG pages. Zurich, 1856. Sur le Néocomien dans le Jura et sur son rôle dans la sé- rie stratigrapliique , par le même; in-8"., 66 pages et une carte. Genève, 1858. Notes pour servir à une description géologique des mon- tagnes rocheuses, par le môme ; in-8". , '22 pages. Genève, 1858. Esquisse d'une classification des chaînes de montagnes d'une partie de l'Amérique du Nord, par le même ; in-8°. , 2U pages, avec une carte. Paris, 1855. Dyas et trias , ou le nouveau grès rouge en Europe, dans l'Arnérique du Nord et dans l'Inde, par le même ; in-8"., 63 pages. Genève, 18r)9. Abraham Gagnebin deLa Ferrièrc, fragment pour servir — 108 — à L'histoire scientifique du Jura bernois et neufchâtelois pen- dant le siècle dernier, par Jules ïhurmami ; in-8°. de 1Z»3 pages, avec 2 planches et un portrait. Porentrui , 1851. Die neueren untersuchungen, etc. , [Nouvelles recherches sur la zone de V Avicula contorta, etc. , par le docteur Albert Oppel ; brocli. in-8'. , 1^ pages. Munich, 1859. Notice géologique sur les roches du bassin de l'Adour, dé- partement des Landes, par M. de Grateloup ; in- 8". , 24 pages. Bordeaux, 1845. Essai de géographie malacologique , par MM. de Grateloup et V. KauUn, contenant deux tableaux de géographie malaco- logique, in-folio. Bordeaux, 1855, Catalogue des mollusques terrestres et fluviatiles, vivants et fossiles de la France continentale et insulaire, par les uiênies ; in-8"., 56 pages. Bordeaux, 1855. Distribution géographique de la famille des Limaciens, par M. de Grateloup; in-8°. , 30 pages. Bordeaux, 1855. Essai sur la distribution géographique , orographique et statistique des mollusques terrestres et fluviatiles vivants du département de la Gironde, par le même ; in-8°. , 196 pages, Bordeaux, 1858-59. Revue de l'art chrétien, recueil d'archéologie religieuse^ \\\ 2, février 1860. Ouvrages offerts en échange des publications de la So- ciété : Verhandelitigen, etc. Mémoires de l'Académie royale des sciences des Pays-Bas, 7% volume avec planches, in -4°. Amsterdam , 1859. Vcrslagencnmededeelingcn, etc. Comptes-rendus et com- munications de l'Académie royale des sciences des Pays-Bas section des sciences, un vol. in-S".* avec cartes et planches. Amsterdam, 1858. — 109 — Verslagen, clc, id., id., V. , 2^ el 3^ livraisons in-8", Amsterdam, 1859. Verslagen, etc., irf., îrf. , section des Lettres, 3'. livraison, in-S". Amsterdam, 1858-59. Jaarboek, elc. , A7itiuaire de C Académie royale des sciences des Pays-Bas, in-S". Amsterdam, 1858. Observations sur les phénomènes périodiques pendant l'an- née 1857, Académie royale des sciences de Belgique ; in-U°. Bruxelles. Bulletin de l'Académie royale des sciences, etc., de Bel- gique, t. IV et t. V , année 1858. Bulletin id., id., t. VI. 1859. Tables générales et analytiques du recueil des bidletins de l' Académie royale des sciences, etc., de Belgique, 1". série, t. I à X\III, 1852 à 1856, in-8". Bruxelles, 1858. Annuaire de l'Académie des sciences, etc. , de Belgique, année 1859, in-12. Bruxelles. The Quarterly journal ofihe geological Society of London. N<". 59 et 60. Jahreshefte des Vereins, etc. Recueil annuel de la Société patriotique des naturalistes du Wurtemberg. Stuttgart, 1859. — M.,;rf.,1860. Mémoires de la Société royale des sciences de Liège , t. XIV. Liège, 1859. Mémoires de l'Académie impériale des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, deuxième série, t. VI, année 1857, in-8». Dijon, 1858. Précis analytique des travaux de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, pendant l'année 1856-57; in-8''. Précis analytique, id., id., pendant 1857-58. Rouen, in-8''. Kongliga svenska fregaiten Eugcnien. Voyage de cir- — 110 — cumnavigation de la frégate suédoise Eugénie. Zoologie , t. m, in-4°. , Stockholm , 1859, avec une planche. KongUga svenska vetenskaps akademiens handiingar, ny foljd. 1855, in-W. avec planches; — Id., Id., etc., 1856 ; — Id., Id. 1857. Ofversigt a f Kong t. vetenskaps akademiens forhandUn- gar, in-S". Stockholm. Années lSUli-li5-U6-Ul-liS-U9-50- 51-52-53 5^-55-56-57-58. JakresbericlitdergeseUschaft,e\.c. Comptes-rendus annuels de la Société des recherches utiles de Trêves pour l'année 1858; in- a"., 89 pages. M. de Caumont a fait remettre sur le bureau un certain nombre des premiers volumes des Mémoires de la Société, qu'il avait édités à ses frais. Ces volumes manquaient aux ar- chives et leur absence empêchait de compléter plusieurs séries des Mémoires de la Société Linnéenne destinés à faire des échanges entre les Sociétés savantes, nationales et étrangères. M. de Caumont porte à la valeur deGOfr. le prix des volumes qu'il remet à la Société et dont il lui sera tenu compte sur ses cotisations annuelles. Rapport de la Commission pour l'examen des comptes du trésorier. M. de La Mariouze, président de la Commission, donne lecture du rapport. Il en résulte, qu'examen fait des pièces, tant de l'actif que du passif de la Société, les comptes du trésorier sont en règle. M. Eudes-l)eslongcham|)s lit une note sur le fossile singulier présenté par M. Luard dans la séance précédente. — m — !\OTE SUR UN CORPS FOSSILE DE FORME TRES-SINGULIÈRE , PARAISSANT ÊTRE SOIT UNE DENT PALATINE, SOIT UNE ÉCAILLK. UERMIQUE DE POISSON , PI. X , fi^. 5 , 6 , 7 , 8, Par m, eudes-dkslongchamps , Secrétaire de la Société. Notre confrère M. Luard a ramassé, dans la plaine d'Ifs, près Caen , un fragment de pierre calcaire sur lequel se montrait un corps de couleur brunâtre , qui attira son atten- tion. Il me remit, pour l'examiner, cette pierre, à la séance de la Société , le 9 janvier 1860. Ce quelque chose de brunâtre avait été misa nu, en partie, lors de la fracture de la pierre qui le contenait ; il était adhérent par sa surface non découverte , et encore uu peu engagé dans la pierre par plusieurs points de ses bords. Au premier aspect , l'objet ressemblait à une série de vertèbres de la queue d'un petit poisson , restées en place et munies de leurs apophyses épineuses supérieures et inférieures ; mais le plus léger examen montrait que ce n'était qu'une appa- rence , dépendant de l'ornementation, très-extraordinaire de la face découverte de ce corps ; car c'était une plaque solide, assez épaisse pour sa taille ; les prétendues vertèbres et leurs apophyses épineuses faisaient corps avec la plaque. Sa largeur a dû être de 8 à 10 millimètres; ses bords sont un peu détériorés. Sa longueur est de 16 millimètres, mais elle a dû être au moins de 1k , car la plaque est fracturée en travers et laisse voir sur la pierre une empreinte , longue de 8 millimètres, annonçant que cette plaque se prolongeait — H2 — dans celte étendue ; mais la parlie de la plaque répondant à reniprcinle est perdue. La fracture permet de voir que la plaque est épaisse au moins d'un millimètre, et que sa forme était celle d'un ellip- soïde allongé, dont l'extrémité postérieure (perdue) est obtuse , et l'antérieure , aiguë et taillée en ogive. Sa couleur est d'un brun-noirâtre , semblable à celle que prennent ordinairement les dents et les écailles des poissons fossiles, dans les roches calcaires blanches. J'ai enlevé la plaque de dessus la pierre pour voir son autre face ; elle est lisse et dépourvue d'ornementation. La face externe montre , en son milieu , un petit cordon longitudinal , et comme noueux , occupant la partie la plus saillante, qui est comme pliée en deux dans le sens du cordon ; ses côtés forment, avec le pli , un angle très-surbaissé; de chaque côté des nodosités du cordon , qui figurent les corps des vertèbres, partent de très-petits plis, très-saillants, allant , dans une direction oblique, gagner les bords, et dont l'angle aigu est tourné du côté de l'extrémité la plus étroite de la plaque ; ils figurent les apophyses épineuses ; quelques- uns de ces plis atteignent les bords , d'autres restent en roule, ou bien vont se confondre avec leurs voisins ; de sorte que l'arrangement de ces plis n'est pas aussi régulier qu'il le paraît de prime-abord. Le long des plis se voient de nom- breux points enfoncés, un |)eu allongés, et qui leur sont perpendiculaires, ils font paraître la carène des plis comme finement denliculée. L'autre face de la plaque est un peu concave et lisse. Ce- pendant , les lames dont la plaque est formée sont un peu en retrait les unes sur les autres; d'où résulte une sorte de biseau , vers l'extrémité la plus étroite où se voient les tranches des lames ; elles se distinguent bien mieux encore pai- la cassure transversale; elles y sont parfoitemonl distinctes — 113 — les unes des autres, et l'on peut constater qu'elles s'arrêtent aux plis obliques, qu'elles y sont aussi en retrait, et que les plus anciennes sont les plus petites et les plus superficielles. Je ne puis reconnaître , par la pierre qui renfermait ce fossile , l'âge géologique précis auquel il doit être rapporlé ; mais ce ne peut être qu'à la partie inférieure de la grande oolithe ou à la partie supérieure de l'oolithe inférieure. La pierre est fort dure , mais n'a aucune homogénéité ; elle se casse en petits fragments dans tous les sens ; elle est tellement esquilleuse qu'elles'égrène presque sous le burin. Je n'avais pas encore remarqué un pareil tissu dans nos pierres calcaires , si ce n'est dans quelques bancs des Ocrels , sur la route de Falaise , d'où j'ai extrait , il y a quelques années , d'assez nombreux ossements de Plésiosaure. La pierre des Ocrets est une prolongation des bancs du calcaire de Caen , ou Fuller's-earth, c'est-à-dire la partie supérieure de l'oolithein- férieure. Dansions les ouvrages que j'ai pu consulter, je n'ai rien trouvé qui ressemble à ce fossile : il est probablement nouveau pour la science. Est-ce une dent palatine de poisson ? Il est bien mince pour cela; s'il en était ainsi, il devait être placé sur la ligne médiane , car il est à très-peu de chose près symétrique. Ce ne peut être un os du crâne , il aurait quel- ques sutures sur ses bords. Si c'est une écaille dermique, son ornementation est bien extraordinaire. Ne serait-ce point quel- que plaque analogue à celle de la peau du corps des esturgeons? C'est la conjecture à laquelle je m'arrrterais de préférence. M. Eudes-Deslongchamps annonce avoir reçu de la part de M. Davy , vétérinaire à Vire, un poulain , non à terme, dont la peau tout entière est atteinte d'un éléphantiasis très- prononcé ; la tête surtout est prodigieusement déformée. L'avorton malade a été mis dans l'alcool pour être examiné - au — et disséqué en temps opportun. M. Eudes-Deslongcliamps donne lecture de la lettre que M. Davy lui a écrite à ce sujet, et où sont rapportés les détails de la gestation et de la mise-bas de ce singulier produit de la race chevaline : «Vire, le 28 janvier 1860. « Monsieur le Doyen , (( A l'incitation de M. René Lenormand, le savant bota- niste virois que vous connaissez, et dans l'espoir de vous être agréable, en même temps que je serais utile à la science, je me suis |)ermis de vous envoyer le poulain monstre que vous avez dû recevoir ce matin , et je m'empresse de vous donner tous les détails qui le concernent. « D'abord, c'est un avorton : la fécondation ne remontait qu'à huit mois et demi. C'est le produit d'une très-jolie jument âgée de sept ans, qui avait été saillie à la station de Vire, par un cheval âgé de cinq ans, nommé Quine, appar- tenant au haras de St. -Ln. Trois poulains étaient déjà sortis d'elle, et le prix qu'ils ont été vendus , au bout de six mois, vous fera mieux apprécier leur valeur qu'une description quelconque: quatre cent cinquante à cinq cents francs, tel est leur prix ; encore ont-ils obtenu , avant la vente , des primes dans nos concours d'arrondissement, et la mère elle- même a-t-elle une prime comme poulinière. « Depuis un mois environ, cette jument paraissait inquiète et gênée. De jour en jour ses flancs se gonflaient davantage et rendaient ses mouvements moins libres. Elle en était arrivée à ce point do ballonnement , {pi't'lle ne pouvait plus dans les brancards , et que les traits , malgré les précautions les plus grandes , enlevaient les poils des lianes et même l'épidermr. — 115 — « Enfin , mercredi dernier, vers onze heures du matin , mes prévisions se réalisèrent ; les premières douleurs de l'avortemenl se manifestèrent et se poursuivirent sans inter- ruption jusqu'à une heure d'après-midi. La quantité de liquide que les enveloppes fœtales rompues laissèrent écouler est énorme ; elle surpasse l'imagination. Je crois ne pas exagérer en l'estimant à 80 ou 90 litres ; l'écurie en était pénétrée dans toute son étendue. Vers une heure, elle mit enfin bas le monstre que vous avez sous les yeux ; il était mort. Mais il avait vécu de la vie intra-utérine jusqu'à lundi dernier; les mouvements brusques auxquels il se livrait en sont une preuve incontestable. « La jument a continué de souffrir et de se livrer à des mouvements désordonnés , indices de coliques, pendant deux heures environ après ; puis tout est rentré dans l'ordre. « Le monstre auquel elle a donné naissance m'a paru très- remarquable, non-seulement à cause du vice de conformation de sa tête, mais à cause du développement , pendant la vie intra-utérine , de cette hideuse maladie que l'on désigne sous le nom d'éléphantiasis. Je ne sais si je me trompe , mais je ne crois pas qu'il se trouve dans les annales médicales d'exemple de fait sembla!)le. x Tel est. Monsieur, le récit sommaire des circonstances qui ont précédé, accompagné et suivi la naissance de cette monstruosité. J'ai été très-heureux de rencontrer M. Lenor- mand, qui m'a engagé à vous l'envoyer. A Vire, je n'aurais pu en faire qu'une étude très-superficielle, tandis que vous pourrez en faire une très-approfondie, et la conserver pour le cabinet d'histoire naturelle. « Je serai très-satisfait si cet envoi peut vous être agréable et servir la science à laquelle vous êtes si dévoué. « Agréez, etc. « J.-A. Uavy, méd.-vét. » -- 116 — IVl. Fanvol lit une noie sur lo Numenius teimirostris lue aux environs de Caen. SLR LA PRÉSENCE DU Niimemus iciiuiruslris, Vif.ii.l, DANS LE CALVADOS. Le genre Numenius, Courlis, comprend en France trois espèces seulement , dont deux, A', arcuatus et phœbus, se trouvent communément partout. Il n'en est pas de même de la troisième que Vieillot, le premier, signala (Diction, d'hist. natur.) sous le nom de Numenius tenuirosiris, et que Tem- minck a décrite dans son Manuel d'ornithologie, t. IV, p. 394. « L'Egypte, dit ce dernier auteur, est la patrie de cette es- pèce; elle est de passage dans les parties méridionales de l'Ita- lie.— Se trouve aussi en France: un individu a été tué sur la Saône, fin d'octobre. » Je ne sais si, depuis cette époque (18ZtO), le A'^. tenuirostris a reparu ; mais les catalogues assez nombreux que j'ai pu consulter n'en font pas mention. Deux individus seulement de cette rare espèce ont été tués dans le (lalvados, où elle est de passage en automne ; l'un fait partie de la riche collection de i\L le docteur Delangle; j'ai tué l'autre, le H septembre 1857,;! l'embouchure de l'Orne, sur les bancs que la mer laisse à découvert. Il volait au milieu d'un grand nombre de Rarges rousses [Limosa rnfa) dont il |)araît suivre les bandes jusque sur nos rivages. M. Eudes-Deslongchampsconlinue la lecture de son travail sur les mammifères des alluvions anciennes du (Calvados. Otto partie du travail a irait aux solipèdes. La séance est levée. SÉANCE DU /i MAUS 1860. Pré»ildeiice de 11. LIJARD, vice— pi'ésiilent. La Société a reçu , en échange de ses publicalions : 1". Recueil des publications de la Sociale havî^aise d'études diverses, de iSUl à 1850, un volume in-S".— De 1850 à 1852, un vol. in-8°.— De 1852 à 185Zi, un vol. in-8''.— De 1855 à 1856, un vol. in-8°.— De 1857 à 1858, un vol. 10-8". 2°. Résumé analytique des travaux de la Société kavraise d'études diverses, année 1837, broch. in-S". , par M. Pou- lain. — Même iravail , par IM. Paravey , broch. in-8"., 18Z|2. — IMême travail , par M. Millet-Sainl-Pierre , pour 1846, broch. in-8°. — Même travail, année 1848, par M. Borely, broch. in-8°. 3°. Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, i"''. volume, 3^ livraison, 1853; — 1*^'. vol., U\ livraison, 1853. U°. Mémoires de la Société impériale des sciences na- turelles de Cherbourg, tome VI'., 1858, 1 vol. in-S". , avec deux planches. 5°. Annales du Comice horticole de Maine-et-Loire , 1859, 6^ semestre, in-8". Angers, 1859. 6". Tablettes de l' horticulture versaillaise : Journal de la Société d'horticulture de Seine-et-Oise , 1""., 2°., et y. trimestres de 1859. Versailles, 1859. Au commencement de la séance, M. Eudes-Deslongchamps — 118 — présente , en son nom et celui de son (ils , comme membre correspondant , M. Hébert , professeur de géologie à la Fa- culté des sciences de Paris. M. Eudes-Deslongcliamps ajoute : En ce moment, M. Hé- bert et mon fils terminent, en commun, un travail descriptif sur les Céphalopodes et les Gastéropodes fossiles de Montreuil- Bellay , terrain appartenant à la sous-formation Callovienne , dont les espèces ont cependant une si grande ressemblance avec celles de l'oolitlie inférieure ferrugineuse de Bayeux , que l'on a cru long-temps (jue le terrain de Montreuil- Bellay appartenait à cette dernière formation ; mais beaucoup de faits ont fait reconnaître sa véritable position stratigra- phique. M. Hébert, de son côté , mon fils, du sien , avaient recueilli de nombreuses séries de fossiles de cette localité : ils ont résolu de les faire connaître dans un travail en commun , où M. Hébert se chargeait des Céphalopodes , et mon fils des Gastéropodes ; les planches sont lithographiées , les de- scriptions sont faites. Le tout devait paraître dans un recueil imprimé et publié à Paris ; mais ne pouvant y paraître qu'à son tour , c'est-à-dire à une époque assez reculée , mon fils, d'accord avec M. Hébert, propose à la Société Linnéenne d'imprimer leur travail dans une de ses publications; l'im- pression pourra prendre une cinquantaine de pages. Ils au- raient préféré les Mémoires , si leurs j)lanchcs lithogra- phiées n'avaient eu le format in- 8"., ce qui ne permettrait d'imprimer ce travail que dans le Bulletin. Les auteurs foiu'- nissent , à leurs frais , les planches lithographiées ; la Société n'aurait à payer que le tirage des planches et l'impression du texte. La Société, consultée , accède aux propositions transmises par le secrétaire , au sujet du travail sur les fossiles de Monireuil-Bellay , par IMM. Hébert et Kugène Eudes-Des- longchamps. — ill) — iVl, Eudes-Deslongchamps donne communication d'un travail , accompagné de dessins , intitula : OBSEIIVATIOINS CONCERNANT QUELQUES GASTÉROPODES FOSSILES DES TERRAINS JURASSIQUES Placés par l'auteui' de la Paléontologie française dans les genres Parpurina, Tioclius et 'iarbo ; Par M. Eugène Deslongchamps. Ayant eu l'occasion d'étudier une série nombreuse de Gas- téropodes fossiles provenant de la zone ferrugineuse du Callovien de iMontreuil-Bellay , j'ai du faire une revue des espèces publiées par M. d'Orbigny dans la Paléontologie française; et si plusieurs de ses rapprochements génériques m'ont semblé irréprochables, d'autres, au contraire, m'ont paru forcés et contraires aux principes d'une bonne classi- fication. J'ai craint qu'ils n'amenassent une confusion d'au- tant plus regrettable que cet ouvrage , par l'autorité du nom de l'auteur , par son importance, et par sa grande publicité , semblerait devoir élre à l'abri de toute inexactitude. Parmi les familles dans lesquelles il m'a semblé qu'il y aurait le plus à reprendre , je citerai principalement les Pyramide Uidées , les Trochidées et les Liilorinidées. Je chercherai donc, dans cette note, à rendre à chacune de ces familles ce qui me semble devoir lui appartenir, et en même temps je rectifierai des erreurs manifestes portant ^ur cer- taines espèces dont les véritables caractères ont élé méconnus, soit parce que les matériaux dont s'est servi i>L d'Orbigny étaient en très-mauvais état de conservai ion , soit parce (juc — 120 - les dessins de ses planches n'ont pas été exécutés avec toute la rigueur désirable. J'ajoute que je ne prétends pas par là dire le dernier mot sur ces coquilles : je cherche seulement, autant que possible, à me rapprocher de la vérité. Quel paléontologiste, en effet, pourrait être sûr de son fait et de ne pas commettre de rap- prochements erronés, puisque les animaux constructeurs dé ces coquilles nous seront toujours inconnus, et que les parties calcaires seules ont pu se conserver ? Les opercules cornés , les couleurs ont presque toujours disparu par la fossilisation ; reste donc la forme et la nature du lest très-souvent al- térées par les transformations minérales qu'elles ont subies. Si l'on a souvent tant de peine à classer les animaux de l'époque actuelle pour lesquels les zoologistes ont à leur dis- position tous les cléments nécessaires , quel est , je le ré- pète, l'homme qui pourrait, de science certaine, affirmer qu'il ne s'est pas trompé sur les affinités de coquilles fossiles dont il n'a , pour ainsi dire , que le portrait ? PÏRAMIDELLIDÉES. Avant de nous occuper de formes qui , pour nous, appar- tiennent au genre Niso, et pour lesquelles d'Orbigny s'est, suivant nous , complètement mépris en les plaçant parmi les Trochus et les Turbo, nous devons dire un mot sur d'autres coquilles pour lesquelles nous n'osons pas hasarder d'opinion définitive , mais sur lesquelles il nous semble bon d'appeler l'attention. En première ligne se placent les Chemnitzia. Ce genre ne compte , à l'époque actuelle , qu'un petit nombre de repré- sentants et n'est formé que de très-petites coquilles. Au con- traire, pendant la période jurassique, il eût été représenté par des coquilles de grande taille , variant d'ornementation à l'in- — 121 — fini , el dans le faciès desquelles nous ne pouvons nous em- pêcher de voir quelque chose de fort diiïérent des représen- tants vivants du même genre. Cette assimilation nous laisse donc beaucoup de doute, mais que nous ne faisons qu'expri- mer ici , nous réservant d'approfondir plus tard la question. Quant aux prétendues Phasianelles jurassiques , ces co- quilles sont si semblables en tout aux Chemnitzia de ces mêmes couches que nous ne pouvons les en séparer ; et d'ailleurs, les Phasianelles vivantes sont pourvues d'un oper- cule calcaire épais. Que serait devenu cet opercule? Jamais on n'en a rencontré la plus petite trace dans les sédiments où abondent quelquefois les espèces. Ajoutons que nous avons souvent rencontré, par exemple, la soi-disant Phasianellapha- sianoides dans les poches du grès de May (1) et de Fontaine- Étoupefour dans les lieux mêmes où ces coquilles vivaient , sous les pierres où elles se cachaient et où elles sont mortes dans leur position normale. Certes, si ces Phasianelles avaient (1) La conservation étonnante des fossiles qui oui vécu près de co récif de Fonlaine-Étoupefour et de May m'a toujours fra|)pé, je dirai presque d'admiralion. Souvent j'assistai à l'exluiujalion de ce rocher , formé du plus dur grès de Caradoc ; je voyais enlever successivement les couches calcaires qui avaient nivelé le sol , apparaître çà et lu au- dessus des roches horizontales une pointe de gr»s, puis une autre, puis toutes ces pointes se joindre ensemble et montrer à nos regards le récif dans son état primitif; les fentes du grès toutes pleines de gaslé-* ropodes aux mille formes, les pierres chargées d'Astrées ou de Thé- cidées encore adhérentes. Il me semblait que chaque coup de pioche, enlevant successivement les déblais , était un flot de marée découvrant petit à petit le fond de la mer jurassique. J'étais sous l'impression qu'on ressent lorsqu'une grande marée des équinoxes vient nous révéler un de ces rochers qui ne découvrent presque jamais, et qui , pour quelques instants seulement, font jouir les yeux du naturaliste de la vue de ces êtres marins aux mille formes, aux couleurs splendides, s'ébaltant en liberté dans les petites flaques d'eau que le flot a laissées. — 1 22 — possédé un opercule calcaire, on l'eût retrouvé ainsi dans des circonstances aussi favorables ; et cependant jamais pareille découverte n'a eu lieu. Et puis , quelle différence peut-on as- signer entre ces Phasianelles et les CViemwuzîa jurassiques? Un peu plus de brièveté , voilà tout. Si c'était là la pierre de touche pour reconnaître les genres , il faut avouer qu'elle serait bien précaire. Il est vrai que M. d'Orbigny accordait à Vamjle spiral une autorité infaillible : passe encore pour les espèces, et pas toujours; mais pour les genres, l'angle spiral est un caractère tout-à-fait illusoire. Que deviendraient alors les Pleuroiomatres , qui nous présentent des espèces aussi aplaties que des PLanorbes , et d'autres presque aussi élancées que des Turritelles ou des Céritlies ! Aussi , pour nous , il n'y a pas la moindre hésitation , les Phasianelles de JM. d'Orbigny sont encore des Pyramidellidées. Quant au genre auquel elles appartiennent, il nous paraît fort difficile et fort délicat à formuler. Malgré la ressemblance de leur ouverture avec celle de beaucoup de coquilles actuelles (les mers et des eaux saumàtres, nous ne pensons pas qu'elles puissent entrer légitimement dans aucun genre actuellement vivant. A noire avis, c'est un genre éteint, c'est un genre à faire ; mais nous ne nous sentons pas , du moins maintenant , en état d'en donner une caractéristique satisfaisante. Nous en dirons autant des grandes Chemnitzia jurassiques. Des observations analogues s'appliquent à la plupart des Natices de IM. d'Orbigny , à la Natica Bajocensis, par exemple. Toutes ces formes appartiennent certainement à un même groupe ; tout cela se lient de très-près et par des nuances imperceptibles. Wais comment caractériser le ou Les genres aux(|uels elles appartiennent ? Nous ne chercherons pas même à l'essayer; ce que nous désirons seulement, c'est d'aiJpeliT l'alleMlioii sur ce sujet. Mais si la case dans la(|U(lle doivent rentrer ces co(|uilles — 123 - ne nous paniîl pas bien nettement établie , il n'en sera pins de même pour d'autres que d'Orhigny avait placées parmi les Troclms et les Turbo ; nous voulons parler des Trochus perforatus , elongatus, monopUcus, ISormanianus , etc. , des Turbo Nerea et Nicias. Toutes ces coquilles sont plus ou moins allongées , leur test est très-mince, poli et brillant, à tel point que même, lorsqu'elles sont engagées dans une gangue fort dure , un seul coup de marteau peut quelquefois les dégager facilement. Leur bouche est évasée en avant, et la columelle simple, ou pré- sentant un pli intérieur qui se continue sur toute la longueur; enfin un ombilic, largement ouvert, se continue depuis la base jusqu'au sommet. Le Trochus perforatus nous rappelle en tous points certains Niso des terrains tertiaires , le genre Bonellia(I) de M. Deshayes. Quant aux Trochus monopUcus et Normaniamis , leur columelle offre , en outre , un petit pli qui se continue à l'intérieur des tours, absolument comme dans le genre vivant Pyramideila. Si, d'un autre côté, on compare ces coquilles aux Trochus et aux Turbo, on ne voit rien de semblable ; le test de ces derniers est toujours épais ; la bouche est carrée ou r(ni(le , mais n'offre pas en avant l'évasement prononcé qu'on re- marqua surtout dans le Trochus perforatus ( Voir notre pi. XI , fig. 1 ) ; enfin on ne voit point ces coquilles montrer à la columelle un pli bien prononcé , se continuant sur tous les tours ; au contraire , beaucoup de genres de la famille des Pyramidellidées , tels que Pyramideila , Nerùiea , etc. , montrent des plis ainsi conformés. Il n'y a donc aucun doute pour nous, toutes ces espèces sont des PyiamidcUidécs . ce sont de grands Niso on ne peut mieux caractérisés ; la (1) Ce nom avuil élé déjà donné, ù ce qu'il |)arait, à un st-'nio d'animaux de la classe des llayunnca. — ï-lh — présence ou l'absence des plis n'est plus ici un caractère de premier ordre dans cette famille : ne voyons-nous pas, dans les INérinées mêmes , les plis augmenter ou diminuer en nombre suivant les espèces ? Si donc on voulait séparer les Trochus monopiicus et ISormanianus du genre ISiso , il faudrait les rapporter à une nouvelle coupe intermédiaire entre les ISiso et Pijramidella. Nous ne voyons pas l'utilité de celte division, car, par tous les autres caractères, nos coquilles s'accordent en tout et ne peuvent être séparées, sans mul- tiplier à l'infini le nombre déjà si grand des genres de Gasté- ropodes. Mentionnons maintenant les espèces que nous ferons rentrer dans le genre Niso : une grande partie des soi-disant Trochus et quckpies Turbo du lias figurés dans la Paléon- tologie française seront dans ce cas. 1°. NiSO ELONGATUS. Figuré dans la Paléontologie française, pi. CdCV, fig. 1, 2, sous le nom de Trochus elongatus (d'Orb.). M. d'Orbigny dit , p. 266, que la longueur de cette coquille la fait différer des autres espèces ; mais que son analogie de formes avec beaucoup d'autres espèces du même étage la lui fait classer dans ce genre. Ce caractère aurait dû, selon nous, faire bésiler M. d'Orbigny sur la convenance à faire rentrer ces co- quilles allongées dans le genre Trochus. Elle n'est , du reste, peut-être qu'une variété de la suivante. 2". NiSO PERFORATUS. I>l. XI , lii;. 1. C'est celte espèce (jui ressemble le plus aux Niso des ter- rains tertiaires: elle montre des stries longitudinales très-fines - 12") — cl très- nombreuses , à peine apparenles , el une soiie de petite rampe qui court le long de la suture des tours. C'est l'ornementation habituelle des Eulima et Chemnitzia. Une autre particularité, qui semble avoir échappé à M. d'Orbigny, c'est que la partie des tours voisine de cette rampe est marquée, dans les échantillons bien conservés, de tout petits tubercules en série régulière ; tubercules qui , très-prononcés dans les ISiso Normanianus et Nicins, font de ces deux espèces des coquilles d'une grande élégance d'ornementation. Ce Niso a été assez correctement représenté dans la Paléontologie fran- çaise, pi. XII, fig. 3,5. Il a été établi dans le Prodrome, en 18^7 , sous le nom de Trnchus perforatus. 3". Niso monoplicus. PI. XI , Hg. ,*?. M. d'Orbigny ne dit rien de particulier sur celte coquille , qui aurait dû pourtant bien l'étonner , car les Troclius ne présentent pas de plis semblables. La figure de la Paléontologie française , pi. CICCV , fig. 6 , 9 , n'est pas correcte ; le pli surtout est fort mal indiqué. Pour faire cesser les incertitudes, nous avons représenté de nouveau l'échanlillon même qui a servi à d'Orbigny pour l'établissement de celte espèce , et nous pouvons assurer que notre dessin est d'une rigoureuse exactitude. k". Niso GLA.RER. Figuré dans la Paléontologie française, sous le nom de Trochus glaber (Kock), pi. CCCV, fig. 10, 13. 5". Niso Noumamanus. Cette coquille montre, comme le ^iso monoplicus, un petit pli qui court à l'intérieur des tours; mais ce pli — 126 — est bien moins visible cl n'a pas été représenté dans la figure de la Paléontologie française , pi. CCCVIII, fig. 6, 9. Nous réunirons à cette espèce le Troclnis gea (d'Orb.), figuré pi. c<:cvirT, fig. 1, 5. 6°. NiSO EOLUS. l'\ Niso Mahi^. Ces deux espaces , figurées ilans l'ouvrage précilé , pi. CCCVIII ; le premier, fig. 10, 1^, le second, fig. 15, 17, toujours sous le nom de Troclius, sont encore pour nous des Niso voisin? de forme du Niso Nerea dont nous allons bien- tôt parler, mais d'une forme beaucoup plus élancée. Tous proviennent du lias moyen de Fontaine-Étoupefour. Quant smxTroclius Laieumbilicaïus, Nisns, Amor, Actœon, il est possible qu'ils appartiennent aussi aux Fyramidellidées ; mais ce rapprochement est bien moins certain, surtout pour le T. Aciceon cjui n'a pas d'ombilic; d'ailleurs, la bouche, d.1ns ces diverses espèces, est conformée comme dans les Trochus et n'a pas l'évasement que nous remarquons dans les vrais JSiso. Les Troclnis epulus, Ajax, OEdipus, Mgion, etc. , clc. , nous paraissent bien devoir se rapporter au genre Trochus. 8°. Niso Nerea. PI. XI, fis. 2. D'Orbigny a représenté, toujours dans le inème travail , pi. CCCXXVl, fig. h, 5, une coquille sous le nom de Turbo Nerea, dont il donne la caractéristique suivante : Testa ovato-co?iica , imperforata , spira angulo convexo 55" anfractibus antice subgradatis , etc. Il n'y a donc pas à s'y tromper , M. d'Orbigny a supposé que son espèce n'avait pas d'ombilic ; 'Ile est, du reste, ainsi représentée dans la - 1-27 - Paléontologie française. Alors , le dessin dt' M. d'Orhigny devient un monstre paléontologiqnc par défaut ; tel est l'in- convénient des restaurations hasardées , sur lesquelles pour- tant M. d'Orbigny s'élevait avec raison. Je connais parlaite- ment l'échantillon d'après lequel é» été décrite et figurée cette espèce, puisqu'elle avait été donnée par mon père. Or, le Niso Nerea possède un énorme ombilic, ouvert depuis la base jusqu'à l'extrémité de la spire. Pour faire cesser toute incer- titude à ce sujet, j'ai représenté avec tout le soin possible cette espèce, qui est d'une extrême élégance, et peut-être la plus belle que nous possédions du lias moyen, (lomme on le voit en comparant les deux dessins , l'absence d'ombilic n'est pas la seule inexactitude de la figure donnée par d'Orbigny : les tours sont bien moins convexes , montrent une forte ca- rène médiane, enfin les belles stries concentriques de la base ne sont pas marquées de tubercules, mais simplement striées par de très-nombreuses lignes perpendiculaires à la direc- tion de ces stries. Comme si cette intéressante coquille de- vait avoir tous les malheurs à la fois, elle est indiquée par IM. d'Orbigny, en IS'i?, dans son Prodrome, p. 228, n". 85, sous le nom de Turbo Nisea; puis, dans le texte de la Pa- léontologie française , sous celui de Nesea ; enfin , dans les planches, sous le nom de Nerea. Si nous joignons à tout cela que ce n'est pas un Turbo, mais bien un Niso, on con- viendra que cette espèce a été bien torturée. Espérons que notre dessin lui rendra tout ce qu'elle a perdu, et surtout qu'elle ne sera pas décrite plus tard sous un autre nom par quelque auteur qui , en la comparant au dessin de la Pa- léontologie française , ne pourrait jamais se figurer (jue ce qu'il a sous les yeux est bien le Turbo Nerea de d'Orbigny. Entre les^rois noms, j'ai choisi celui de; Nerea, car les doux autres formeraient une fâcheuse consonnanc<' : Niso A'/.«r< ou Niso Nesea. — 128 — 9°. Niso >'i(;iAS. Cette magnififiiie coquille, figurée pi. CCCVIII, fig. 1, 2, sous le nom de Turbo, est encore une espèce qui rentre, par ses caractères , dans le même genre dont nous faisons la revue. Il existe encore à May et à Fontaine-Etoupefour d'au- tres espèces, que M. d'Orbigny n'a pas eues à sa disposition et que nous nous proposons de décrire plus tard. En résumé, nous voyons que la famille des Pyramidelli- dées (1) , si modeste, si peu répandue h l'époque actuelle, occupait au contraire, à l'époque jurassique, une très-grande place. Quelques-uns des étages renfermaient , en très-grand nombre, les formes les plus variées. Les genres Niso, Chem- nitzia, et surtout les Nérinées aux mille formes, si abondantes dans les terrains jurassiques supérieurs , nous montrent avec quelle profusion la nature avait réparti cette belle famille, si déchue aujourd'hui, et dont la place a été prise par les ca- nalifères. Ceux-ci débutent modestement dans les anciens temps , s'accroissent de plus en plus, et régnent enfin presque en maîtres absolus à l'époque actuelle. LITTORINIDÉES. Si maintenant nous examinons attentivement les coquilles nommées, par M. d'Orbigny , Trochus hetiacus , iamellosus, ornaiissimus et Tityrus , nous verrons que ces espèces, fort élégantes, n'ont pas le faciès des troques; qu'elles ne sont point nacrées , que les tours sont prolongés en expansions (1) La famille des Pyramidellidées a cela de commun avec celle des Haliotidées , les Cirrlms, Murchisonia , Bcllcrophons, Pvhjircvutria , PIcurotomaria , Trochotoma , dont les 2;enres sont ou complètement éUinls, on ù peine roprésenlés fi lYpoque actuelle. — 129 — foliacées; la bouche n'est pas carrée, mais plutôt cordiforuic. Si, d'un Autre côté , nous comparons ces prétendus Trochics aux espèces actuellement vivantes, onnstus solaris et in- diens, long-temps placées parmi les Troques et qui maintenant sont rangées avec raison dans les Liltorinidées, on trouvera entre toutes ces formes de tels points de ressemblance qu'on ne pourra nier leur étroite parenlé. Les Onustîis ne sont eux- mêmes que des Pliorus\\ox\ agglutinants (1); enfin les Cadrans ou Solarium formeront le dernier terme de cette série fort nette dans la famille des Littorinidées. Ainsi , en faisant les rapprochements indiqués , nous ver- rons dans les Omistus des coquilles turbinées , plus ou moins aplaties, à bords terminés par une frange foliacée, quelquefois prolongées en tube ( 0. solaris), avec un ombilic tout petit (0, indiens), ou une simple fossette ombilicale (0. heliacus, lamellosus, elc). Ainsi le genre Onustus, tel que nous reten- dons , comprendra une série assez nombreuse de formes , (1) M. Woodward , dans son précieux Munual from the mollusca , donne le genre Onusius (Humplirey) { Xenophorus Fischer ) comme synonyme de Pliorus ; mais d'abord le nom d'Onustus est bien antérieur à celui de Phorus , puisque l'ouvrage de Denys de Montfort, où est établi ce genre, ne date que de 1810, tandis que celui de Onustus a été donné par Humphrey dès 1797. De plus, Denys de Montfort ne cite comme P/ioras que les Fripiè-res, ou Troques agglutinants ; et quoique les diverses espèces de Phorus vivants ou fossiles montrent bien des degrés d'agglutination, puisque certaines espèces ne ramassent qu'à peine quelques corps étrangers, tandis que d'autres se forment avec les coraux, les coquilles et les pierres, une enveloppe vraiment for- midable, il n'en est pas moins vrai que tous les Phorus sont très-sem- blables et offrent un genre si homogène , si naturel , qu'il est souvent Irès-diflicile d'en distinguer les espèces; tandis que les Onustus, tels que nous les circonscrivons ici , sont, d'un côté, bien nettement sé|)arés des Fripières, et, d'un autre cÏJté, montrent une série de formes bien distinctes les unes des autres , en un mot un genre moins naturel. 9 — 130 - parmi lesquelles se rangera encore le Trochus paieUatus ( Desh. ) , coquille tertiaire des sables de Lisy , pourvue d'un tout petit ombilic entouré de stries concentriques. Si , de plus , nous n'attachons pas une importance trop grande au caractère fourni par l'ombilic , que celui-ci soit grand ou petit , nous trouverons que le Solarium Caillau- dianum ( d'Orb. ) , sauf son ombilic large et crénelé , se rapproche bien plus des Onustus que des Solarium , puisque les bords des tours se prolongent en expansions foliacées qui cachent la sulure ; que chaque tour est garni, à l'extérieur, de lignes obliques , ondulées , irrégulières , souvent dicho- tomes. Nous rapporterons donc aussi le Solarium Caillau- dianum au genre Onuslus, qui se trouvera former ainsi l'in- termédiaire très-net des deux genres Phorus et Solarium. Nous ne conserverons dans ce dernier que des coquilles aplaties, non nacrées, pourvues d'un large ombilic, habi- tuellement crénelé , et dont le bord des tours ne se prolonge point en portions foliacées. Quant aux prétendus Cadrans des terrains crétacés, et en particulier des belles espèces du Gault de la perte du Rhône, la présence de couches nacrées à l'in- térieur nous les fera rejeter aussi de celte série pour les re- porter dans la famille des Turbinidées. Voici donc comment nous caractériserons le genre Onustus, tel que nous l'avons étendu. Genis onustus. Coquille conique, surbaissée, à spire peu ctagee. Tours munis à leur bord inférieur d'une eoepansion metnbrani- forme, entière ou crénelée , quelquefois terminée en pointes rayonnâmes-, expansion recouvrant une partie du tour suivant. Surface des tours habitiiellement marquée de stries ou de lignes obliques ondulcuses , qtielquefois dicho- tomes , toujours plus ou moins irréyuUères. Dernier tour 1 I — i;u — très-grand , étalé. Base concave vers les bords , convexe au centre , quelquefois ornée de lignes rayonnantes , dicho- tomes, très-peu prononcées , plus souvent lisse et montrant, autour d'un ombilic plus ou moins développé, ou d'une simple fossette ombilicale , des lignes circulaires peu pro- noncées, ne s'cte7idant jamais jusque sur la partie concave de cette base. Bouche cordiforme. Intérieur non nacré. Relations géologiques. D'après ce qui précède, on voit que le genre Onustus n'appartient pas seulement à l'époque actuelle, mais au con- traire qu'il occupe une assez longue échelle stratigraphique. Les premiers représentants paraissent commencer dès les plus anciens dépôts jurassiques, puis ils se continuent pendant les terrains crétacés et tertiaires ; enfin, à l'époque actuelle, ils sont représentés par deux espèces , les 0. solaris et indiens. L'existence de ce genre aurait donc précédé celle des Phorus, puisque la première apparition de ces derniers ne date que des terrains crétacés supérieurs. Puisque j'ai l'occasion de citer les espèces jurassiques déjà publiées par d'Orbigny , je pense qu'il ne sera pas inu- tile de passer en même temps la revue de ces espèces ; je profiterai de cette occasion pour en décrire deux nouvelles , et en mentionner une troisième qui sera figurée plus lard. Nous prendrons cette étude par étages géologiques, en com- mençant par les plus anciens Lias moyen. Dans la Patéoîitologie française, nous n'en trouvons pas de cet étage, habituellement pauvre en gastéropodes, si nous en exceptons quelques localités privilégiées telles que Fontaine- Étoupefour, IMay, Précigné, etc. Néanmoins nous avons trouvé, dans la seconde de ces localités, un échantillon assez grand — 132 — qui, malgré son mauvais état de conservation, est bien suffisant pour caractériser l'espèce suivante : Onustus LiASiNu« {E.-Desl.]. PI. X, fig. IQa.b. c. Dimensions : hauteur totale : 16 mil. ; — diamètre de la base : 32 mil. Coquille conique, infundibuliforme, à spire un peu sur- baissée. Tours aplatis , Légèrement évidés en avant sur leur bord , garnis en travers de côtes obliques plus nombreuses sur le dernier tour ; celui-ci garni, à sa circonférence, d'un bord foliacé crénelé. Base convexe en son milieu , offrant vers la circonférence une large gouttière due au prolonge- ment foliacé du tour ; au centre, une simple callosité ombili- cale, non bordée de stries concentriques. Bouche exactement comme dans les autres Onustus. Localité : May (Calvados).Un seul échantillon. Ma collection. Obs. Cette espèce est très-voisine de VO. heliacus du lias supérieur ; elle s'en distingue par sa taille plus considérable et par les stries obliques des tours , beaucoup plus nombreuses , surtout sur le dernier tour. Lias supérieur. Onustus heliacus {d'Orh. sp.]. Nous n'avons que peu de chose à dire de celle espèce, figurée dans la Paléontologie française, pi. (idCXI, fig. 8-10, si ce n'est qu'elle a été figurée et décrite comme pourvue d'un étroit ombilic : ce qui est une errcui-, cet ombilic étant remplacé par une simple fossette ombilicale. Aux localités citées par M. d'Orbigiiy, il faut ajouter Fontaine-Étoupefour et Landes-sur-Drôme (Calvados), dans la couche h Ammonites bifrons du lias supérieur, où cette espèce est rare. — 133 — Oollthe inférieure. Onustus lamellosus {d'Orb. sp.). Grande et magnifique espèce de l'oolithe inférieure de Pissot (Vendée). Si cette coquille est ombiiiquée, ce dont je doute , elle possède un caractère différentiel marqué ; elle se distingue encore des autres espèces jurassiques par son bord uni et non crénelé et par sa grande taille, enfin par les petites stries concentriques autour de la callosité ombilicale. Le dessin de la Paléontologie fTançaise,p]. CC(]XI, fig. 11-13, ne donne qu'une idée imparfaite de celte coquille. Onustus ornatissimus (d'Orb. sp.)- Cette espèce a été représentée correctement dans la Paléon- tologie française, pi. CCCXII, fig. 5 et 8. Elle est bien facile à reconnaître par sa forme moins svelte et par les grosses crénelures du rebord des tours. Ces crénelures ne devien- nent pas toutefois des épines, comme dans VO. solaris. Grande oolithe. Onustus tityrus (d'Orb sp.). Cette espèce de la grande oolithe de Langrune, figurée dans la Paléontologie française, pi. CCCXVII, fig. 1 et Z», ne pos- sède pas de lignes circulaires autour de la callosité ombilicale; les plis des tours sont peu nombreux et la distinguent d'une autre fort voisine , reconnue dans le Callovien de iVlontreuil- Bellay. Onustus exsul (E.-Desl). PI. X, fig. 9 a. b. c. Dimensions : liauteur : 10 mil. ; — diamètre de la base : 28 mil. Coquille subdiscoïde , à spire très-surbaissée , à sommet — loû — un peu aigu. Tours aplatis , à bords extérieurs distincts et un peu ondulés , marqués de sillons rayonnants su- perficiels assez nombreux ; dernier tour montrant son bord antérieur très-mince, large et fort déprimé. Base convexe au centre, rendue coîicave vers les bords par une large gouttière circulaire peu profonde. Ombilic très-grand, à bord ar- rondi, orné de stries radiées courtes et nombreuses , péné- trant jusqu'au sommet de la spire. Bouche cordiforme très- oblique. Localités: Ranville, dans la grande oolithe (caillasse). T. R. Deux individus sans test; un seul exemplaire avec son test, ayant appartenu à M. Tesson, fait partie maintenant de la col- lection du Britisli Mtiseum. Obs. Cette espèce se rapproche beaucoup de VO. patellaïus (Desh. sp.), espèce tertiaire des sables de Lisy; elle s'en dis- tingue en ce que celle dernière est pourvue dun ombilic bien plus petit qui est garni de lignes concentriques , tandis que dans notre espèce ces lignes sont rayonnantes. On sera surpris sans doute du nom spécifique exsul , exilé, que je donne à cette intéressante et très-rare espèce ; mais j'ai voulu témoigner par là le regret que les géologues Caennais ont éprouvé lorsque M, Tesson a vendu sa riche collection aux Anglais. Jamais, depuis, on n'a pu retrouver d'échantil- lon orné de son test. Heureusement que mon père en avait fait un dessin avant qu'elle fût exilée en Angleterre. Callovieu. Pour terminer cette revue, nous mentionnerons encore l'O. Caillaudianus, rapporté par M. d'Orbigny au genre Solarium, et enfin une nouvelle espèce très- voisine d'O. tityrus (d'Orb.), (pii sera décrite prochainement dans une monographie des gastéropodes de .^Jonireuil-Bellay, travail pour lequel W. Hé- — 135 — bert a bien voulu accepter ma collaboration. Cette seconde espèce callovienne sera décrite sous le nom de Onustus papy- raceus. BUCCINIDÉES. Enfin, il nous reste à passer en revue une série de coquilles pour lesquelles M. d'Orbigny a formé le genre Purpurina, et que l'auteur établit ainsi, en 1847, page 270 du Prodrome : H Purpurina, d'Orb. \%hl. Ouverture Large, pourvue seu- « lement en avant d'un très-étroit sillon qui remplace l'échan- « crure des Purpura. Bord columellaire non aplati. » M. d'Orbigny répète à peu près la même phrase dans son Cours élémentaire de paléontologie , et range les espèces de ce nouveau genre dans la famille des Buccinideœ , à côté des Pourpres. D'un autre côté, M. Pielte, dans un intéressant travail sur les coquilles voisines des Purpurines (Bidl. Soc. géol. de France, 2*. série, t. XVIII, p. 587, a cherché à établir plus nettement les caractères de ce genre , et en a fait une excellente critique, en établissant ses rapports avec les Turbo, d'une part, avec les Cerithiumet Purpura . d'une autre. Comme M. Piette, nous pensons que les coquilles voisines par leur forme de la Purpurina bellona sont celles qui se rapportent le mieux à la définition de d'Orbigny ; et parmi toutes les coquilles que cite l'auteur de la Paléontologie fran- çaise, il n'y a que cette espèce et la P. pulchella, de Conlies, que nous conservions dans le genre ; nous retrancherons les P. nassoides , Thorenti , unilineaia , brevis , pumUa , Lapierrea et Moreausia , qui , pour nous, sont des Brachy- trema , des Tubifer et des Purptiroidea. Nous restreindrons donc le genre Purpurina aux foinies qui s'appliqueront a la caracléristiquo suivante : — ISG Genis PURPURINA. Coquille ovale-allongée , raccourcie , ou même ventrue , épaisse , à tours arrondis ou rendus anguleux par une forte carène crénelée formant un méplat vers la suture des tours. Ornementation variable , consistant le plus sou- vent en grosses côtes longitudinales , aiguës ou arrondies , coupées par des stries transversales très-nombreuses; dernier tour bien plus développé que les autres. Ouverture arrondie, rétrécie en avant où elle forme , dans le jeune âge , à son union avec la columelle, un très-étroit sillon remplaçant iéchancrure des Purpura. Bord columellaire non aplati. Columelle toujours séparée de la base par une fente ombi- licale , étroite , mais très-marquée et autour de laquelle la base s'épaissit. Type Purpurina bellona de l'oolilhe ferrugineuse de Baveux et des Mouliers, figuré dans la Paléontologie fran- çaise, pi. CC(JXXX1 , fig. 1 , 3. Tel (jue nous le circonscrivons , ce genre renferme encore un certain nombre d'espèces qui se conviennent toutes et paraissent réparties entre les étages Bajocien et Oxfordien. Nous nous proposons de décrire plus tard plusieurs formes nouvelles. Pour bien fixer les idées , nous nous sommes contenté de figurer ici, pi. XI, fig. 5, une nouvelle es- pèce du Callovien de Rlontreuil-Bellay, à laquelle nous avons donné le nom de Purpurina condensala. Comme M. Pictle , nous pensons aussi que d'Orbigny a fait rentrer dans le genre Purpurina des formes qui n'ont aucun rapport avec le Purpurina bellona: telles sont, par exemple , les Purpurina ornata , Bntliis , Patroclus , etc. , qui, pour nous, sont dos formes voisines des Liltorines; mais — 137 - nous ne pensons pas, comme M. Piette, qu'on puisse les rap- porter au genre Littorina; en effet , leur ornementation est toute différente, le test fort mince; la spire s'allonge outre mesure. Ce sont ces espèces qui constituent le genre Eu- cyctus , établi par mon père à la suite de ce travail. Nous adopterons donc cette manière de voir, et nous rangerons les prétendues Purpurina ornata, Batliis , etc. , dans la famille des Littorinidées. Quant aux vraies Purpurina , telles que nous les avons circonscrites, nous les rapprocherons des Pourpres, par l'in- termédiaire des Purpuroidea et Brachytrema , genres qui participent à la fois des Pourpres par leur ornementation et l'ensemble de leurs caractères , et des Purpurina par leur canal respiratoire à peine indiqué. Enfin, si nous admettons, en partie, les conclusions de M. Piette , nous ne pouvons regarder toutefois ses Purpu- rina buccinoides , coslellata , Thorenti et striata connue appartenant aux vraies Purpurina; et même, parmi toutes les formes figurées dans le mémoire cité, nous n'en voyons au- cune qui puisse s'y rapporter. Pour bien faire sentir la différence existant entre les genres Purpurina et Brachyirema que d'Orbigny avait confondus, nous avons figuré , pi. XI , fig. h , une nouvelle espèce du Callovien de Montreuil-Bellay , le Brachyirema Wrighti, Quant au genre Purpuroidea, avec lequel d'Orbigny confond encore ses Purpurines, nous n'avons pas pensé qu'il fût né- cessaire de le représenter, ce genre étant bien connu par les beaux travaux de MM. Morris et Lycett sur la grande oolithe d'Angleterre, et par ceux de M. Buvignier dans \a Statistique géologique de la Meuse. Voir les magnifiques dessins repré- sentant les Purpuroidea Morcausia et Lapierrea, — 138 — Le Secrétaire lit la note suivante : NOTE Sur l'utilité de distraire des genres Tuvbo et Put*t»tf »<»na quelques coquilles des terrains jurassiques, ET d'e\ FOEMEK une NOUVELLE COUPE GÉNÉRIQUE SOUS LE NOM d'EUCYCLUS ; PAR M. BUDES-DESLONGCHAMPS , Doyen de la Faculté des sciences de Caen , membre correspondant de l'Iustilul (section des sciences), etc., etc. Il y a déjà fort long-temps que Sowerby {Minerai Con- clwlogy ) a décrit et figuré, sous le nom de Turbo ornatus, une coquille à spire élancée , ornée de plis transversaux , tuberculeux; mais cette assimilation aux Twr6o, jusqu'ici généralement adoptée, n'est pas, à mon avis, convenable. L'aspect du Turbo ornatus est très-différent de celui des autres Turbo, même quand on en a distrait diverses coupes génériques, plus ou moins bien caractérisées , et que n'ont pas encore admises la plupart des paléontologistes. Le test du Turbo ornatus est fort mince ; il est douteux qu'il fût nacré; sa spire est plus élancée que chez les Turbo proprement dits ; tout fait présumer qu'il n'avait point d'oper- cule calcaire (1). Quant à l'analogie ou à la différence que (1) Si ces coquilles avaient été pourvues d'un opercule calcaire, on aurait cerlaincmenl retrouvé cet opercule, qui aurait dû se conserver en même temps que le test lui-même de la coquille; et jamais, dans les terrains jurassiques anciens, nous n'avons trouvé d'opercules calcaires. Quant aux opercules cornés, ils ont été détruits; il faudrait un cas de conservation bien extraordinaire pour qu'on pût en trouver trace : par conséquent, nous ne pouvons aflirmer avec certitude ni la présence ni l'absence d'un opercule corné dans nos coquilles. — 139 — pouvait avoir son animai avec ceux des Turbo , il est irop évident qu'on ne les connaîtra jamais. On ne peut donc invoquer que la forme de la bouche ; encore est-elle plus ovale; mais si l'on se bornait à la forme de la bouche seule pour dis- tinguer les genres , la série des coquilles turriculées , sans échancrure ou sans canal antérieur , serait inextricable. Quelques auteurs ont fait du Turbo ornatus une litto- RINE ; c'était mieux sans doute , mais ce n'était pas suffisant. Quant au sous-genre Aberlya de MW. Morris et Lycett (1), il a été établi sur des coquilles trop mal conservées , et n'est pas suffisamment caractérisé dans la phrase de ces auteurs pour que nous puissions en tirer parti. Le genre cahotique des Turbo , par suite des innom- brables espèces que les auteurs y ont successivement en- tassées, n'a plus de caractères applicables; ce n'est plus pour ainsi dire qu'un nom. On y a depuis long-temps pratiqué plusieurs coupes, plus ou moins heureusement formulées, qui tendent à jeter de la lumière sur la distinction des formes, et rendre moins inabordable la connaissance des espèces ; coupes qu'il serait superflu de passer en revue dans cette note. Il suffira , je pense , d'exposer brièvement les raisons qui me paraissent justifier l'établissement de la nouvelle coupe que je propose, et qui renferme un certain nombre d'espèces ( dont plusieurs n'ont pas encore été décrilos ) laissées jusqu'ici parmi les Turbo, et d'autres rapportées , sans raisons suffisantes, par RI. d'Orbigny à un genre incom- plètement caractérisé qu'il a nommé Purjnirina. Je désigne ma nouvelle coupe générique sous le nom d'Eucyclus, fai- sant allusion aux plis ou cerceaux nombreux qui ornent la spire et la base des espèces. Plusieurs de mes Eucyclus sont ligures dans les planches (1) Britisli fossil of ilic grcut oolitc ( Puieontograpliical Sociely ). — l/iO — de la Paléontologie française (terrains jurassiques) et mêlées avec les Turbo et les Trochus , sous les noms de Pur- purina Patroclus , P. Philiasus , P. ornata ( Turbo or- natus, Sow. ), P. Bathis (1); mais, chose singulière! il n'est fait, dans le texte, aucune mention du genre Purpu- rina, ni des espèces qui portent pourtant ce nom dans les planches; elles n'y sont pas décrites non plus sous le nom de Turbo : de sorte que , genres et espèces y sont entièrement passés sous silence. Celte double omission a de quoi sur- prendre , qu'elle soit volontaire ou non. Parmi les Turbo de M. d'Orbigny, ses T. Itys,Nireus,Ni- cias, Julia, Capilaneus (Munster), Caifor, P7'mcep(Roëm) , et quelques autres , ainsi que plusieurs de ses Trochus , rentreraient dans mon genre proposé, Eucyclm. Depuis long-temps, j'avais adopté ce nom pour désigner de nombi'euses espèces qui se trouvent dans nos terrains, depuis le lias moyen jusqu'à l'oolithe inférieure inclusivement. Il me répugnait de mettre sous le nom de Turbo des coquilles n'ayant presque rien de commun avec eux. L'étude des ou- vrages où sont décrites des espèces semblables ou analogues, loin de faire cesser mes perplexités, ne faisaient que les augmenter ; aussi je me décide à formuler et à publier dès à présent les caractères que présente le groupe Eucyclus; je donne quelques figures des principaux types spécifiques , en attendant que je puisse faire connaître à fond toutes les es- pèces que j'ai rassemblées. En rapprochant par petits groupes, artificiels peut-être , les coquilles qui se ressemblent , et en les désignant par un nom particulier , je pense qu'il serait plus aisé aux géologues et aux paléontologistes de s'entendre, (1) Quant cl la Ihirpurina k//o/ui , cette espèce paraît devoir rester dans le genre Ihirpiirittd tel ([ue l'a formulé d'Orbigny, et servir de lype à certain nombre de représentants de divers niveaux jurassiques. — Ul — que lorsque ces formes restent toutes entassées sous un nom commun à une infinité d'espèces fort disparates entre elles. Je caractériserai ainsi le genre Eucycius. FAMILLE DES LITTORINIDÉES. EUCYCLUS ( bien cerclé >. Type EucYCLUS obeliscus fE. D.J. Coquille spiralée , ovale - oblongue , pyramidale , ou presque turriculée , à test TRÈS- MINCE et même papyracé , à tours arrondis, croissant régulièrement, à suture en- foncée. Surface des tours couverte de plis transver- saux (1) plus ou moins nombreux , plus ou moins saillants^ (1) Plusieurs conchyliologistes nomment longitudinaux les plis que j'appelle ici transversaux , en se fondant sur ce principe que, si la coquille était déroulée et rendue droite , ces plis seraient dirigés suivant sa longueur. Cela est très-vrai ; mais il est également Irès-vrai que la coquille n'est jamais dans cet état; il est de sa nature d'être enroulée en spirale. Pourquoi alors invoquer une forme qui n'est point réelle ? Celle manière de s'exprimer a l'inconvénient de dire à l'esprit tout le contraire de ce que montrent les yeux. L'état habitlel d'()\ on- GANF., a dit fort sensément de Mirbcl, est aussi son état natiuel. Pour être conséquents avec eux-mêmes, ces conchyliologistes devraient également appeler longitudinaux les plis ou stries qui se voient souvent ù la base des coquilles , et qu'ils appellent tout simplement circulaires ou concentriques. J'en dirai autant de ces autres plis, stries, cordons, etc., situés verticalement ou obliquement dans le sens longitudinal de la coquille, et qui croisent les précédents. Aussi les conchyliologistes dont je parle les nomment-ils transversaux ; mais, sur la base, ils les nomment ralliés ou rayonnants ; ils devraient, pour être conséquents, les nommer aussi transversaux. A moins de nécessité absolue, il est préférable d'employer, dans les descriptions, des expressions cpii rendent ce qui est sous les yetix , plutôt que ce qui devrait être, d'après des vues lout-ù-fail systématiques. — 1Z|2 — simples , tranchants ou granuleux , et même dentés; souvent un ou plusieurs de ces plis , plus développes , forment sur la partie visible des tours une ou plusieurs carènes. De petits plis longitudinaux ou obliques , très-nombreux , SOU- VENT ONDULÉS ET BIFURQUES , comme anastomosés, coupent les plis transversaux et rappellent par leur aspect ceux qui se voient sur plusieurs Littorines vivantes et sur les espèces du (/ewre Onuslus , notamment l'O. indicus (Trochus in- dicus. L. ). Base oblique, plus ou moins arrondie , avec plis concentriques, plus ou moins nombreux, coupés par de nombreux petits plis ou stries rayonnantes. Point d'om- bilic (1). Bouche ovale , rétrécie et anguleuse en haut. Lèvre droite demi-circulaire , mince , tranchante , comme gaufrée par l'origine des plis transversaux ; lèvre gauche non apparente sur le retour de la spire ; mais en s' ap- puyant sur la columelle , elle s'épaissit et s'élaugit de manière à former une surface assez étendue, plane ou arrondie. En s'unissant à la lèvre droite , elle forme un coude prononcé plus ou moins ouvert ; mais sans qu'il y ait d'échancrure à l'union des deux lèvres. Par leur forme générale , leur bouche ovale , l'épaississe- ment de la partie de la lèvre gauche appliquée sur la colu- melle, les Eucyclus se rapprochenl des Liltorines ; cerlains détails d'ornementation rappellent aussi les genres Onustus et Phorus, ainsi que nous l'avons indiqué ; enfin ils ne parais- sent pas avoir été nacrés dans l'état frais ; tous ces carac- (1) I^a présence ou l'absence de l'ombilic n'est pas, en général , nu caiaclère (le grande imporlance, surtout comme générique ; mais quand l'une ou l'autre sonl constantes dans un genre donné, elles ne laissent pas d'avoir une cerlainc valeur. Aucun de mes nimibrcux Eunjdus n'a d'ombilic. — \t{ô — tères me font rapporter les Eucyùtus à la famille des I.it- TORINIDÉES. Je donne ici la description de quelques espèces qui peu- vent servir comme de types à de petites sections dans le genre , et faciliter l'intelligence de ce qui précède. Je re- grette que le format de la planche n'ait pas permis de figurer VEucydus Capitaneus (Mùnst. ) et VEuc. colurnnaris (E.-D. ), qui forment également types dans ce groupe remarquable de coquilles jurassiques. EUCVCLUS OBELISCUS ( E.-D. ). PI. XI , fin;. 9. Grandeur nalurclîc. Dimensions: longueur : 67 miliim. ; — largeur, à la base : 32 millini. Coquille turricidèe , élancée , à spire aiguë ; tours un peu renflés inférieur ement ayant une carène très-étroite et tres- saillante sur le renflement. Quatre petits plis transversaux, également espacés , granuleux, au-dessus de la carène. Base ornée de fi à 1 plis concentriques coupés par de très-nom- breuses et très-fines stries rayonnantes. Bouche ovale. Hab. May et Fontaine- Étoupefour. Lias moyen ; dans la couche à gastéropodes. La variété figurée est très-rare; les variétés ayant moins de quatre plis granuleux le sont moins. Obs. Il serait possible que le Turbo Julia, de la Paléonto- logie française, pi. CCCXXVIII, fig. 3 et Zi , fût une va- riété de celte espèce ; la figure de M. d'Orbigny montre cinq plis granuleux au-dessus de la carène. Le plus grand nombre (le mes échantillons montre quatre ou trois plis granuleux ; j'en ai qui n'en ont même que deux. La spire est d'autant moins élancée que le nombre de ces plis granuleux est moins — U^i — grand ; el si l'on formait les espèces d'après la considération de l'angle spiral, auquel M. d'Orbigny fait jouer un rôle beau- coup trop important à notre point de vue, il faudrait considéra- blement multiplier le nombre de ces espèces. Du reste, il sera nécessaire d'étudier un grand nombre d'échantillons pour reconnaître leur variabilité, et s'assurer si toutes ces modifica- tions s'appliquent à des espèces particulières ou seulement à des variétés. Quoi qu'il en soit , notre E. obeliscus est une forme bien nette, un type bien accusé dans le genre, et qui paraît accom- pagné de plusieurs autres espèces , toutes propres au lias moyen et au lias supérieur. EUCYCLUS P\P7RACEUS (E.-D.). PI. XI, (ig. 8. Grand, nat. Dimensions ; longueur : 35 mil. ; — largeur, à la base : 20 mil. Coquille à test excessivement mince , papyracé , presque turriculée, à tours bien arrondis , marques de trois plis transversaux très-étroits, très-peu saillants , finement gra- nulés , croisés de petites stries saillantes , un peu obliques , la plupart bifurquées et excessivement nombreuses. Base ornée de très-petits plis concentritjues, presque également espacés et très-nombreux. Le reste des caractères conforme à l'énoncé du genre. Hab. Lias supérieur, dans la couche à /ammonites bifrons et serpeniinus. Fontaine- Étoupefour. T. R. , surtout en bon état. Obs. Cette esj)èce montre encore un type bien net , carac- térisé par la miiîceur extrême de son lest et la forme de ses carènes ; elle paraît apparlenir en propre au lias supérieur. — U5 — VEuc papyraceus peut donner une idée du degré de tcnni.é auquel peuvent parvenir certaines espèces de ce genre ■ ^ peme cette épaisseur surpasse- t-elle deux ou trois centièmes de md mètre, et cependant la coquille devenait assez grande ' mon plus grand échantillon mesure 55 millimètres de lon- gueur e, 25 de largeur à la base. Quelle ne devait pas être L lagdue, et j ajoute la beauté de cette coquille, à parois pas beaucoup plus épaisses que celles d'une bulle de savon » et cependant ce test devait être assez rés.tant , puisque 'les exemplancs connus ne sont ni écrasés, ni déformés. EUCYCLUS riNGUlS ,/E. D.J. PI. Xr, Cg. 7. Grandeur naturelle. Dimensions : longueur : 48 million.;- largeur à la base : U milli.. Coquille ovale-allongée, à spire pointue. Tours ar- rondis, croissant assez rapidement; le dernier plus ample r,ue es autres, couvert de U plis transversaux très-saillants également espacés, croisés par de très-nombreuses stries ionguudmales ou peu obUc,ues. Ba.e arrondie, non dis- tincte du dernier tour, couverte de 6 ou 7 pUs concen- trées, un peu moins saillants et plus rapprochés gue ceu. des tours. Le reste comme dans la caractéristique du genre. Hab. Foniaine-Étoupefour, dans la mâlière ou partie in- férieure de l'oolithe .nférieure. T.R. Dans la couche à Ammonites primordialis de Feuguerolles. R. Je pense aussi que quelques moules internes, provenant du minerai de fer de la Verpilière près Lyon, doivent se rapporter à cette espèce. OBS. Par sa f„™e renflée «raccourcie, par l'absence 10 — 1Û6 — de plis formant une carène proprement dite sur les tours , cette coquille indique encore une section bien nette dans le genre Eucydus. Mais cette section paraît avoir une étendue stratigraphique considérable, car elle se retrouve j usque dans le coral-rag. En effet , noire Eue. pinguis ressemble telle- ment au Turbo princeps (Roëm. ), figuré dans la Paléon- tologie française , qu'on a peine à distinguer ces deux formes. Toutefois , nous avons pu étudier dès modèles en plâtre de cette dernière espèce provenant du coral-rag de St.-Mihiel ( Meuse) , et ceux-ci montrent des carènes bien plus fortes, et des stries longitudinales beaucoup plus accentuées. • EucYCLUs goni&tDs fDesl J. PI, XI , fig. 6. Grandeur naturelle. Dimensions : longueur : 70 niillim.; -largeur, ù la base : i7 miilini. Grande et belle espèce voisine de f Eucyclus ornatus (Sow.^sp. ). Elle s'en distingue par sa taille plus grande, par sa carène ornée d'un moins grand nombre de dents ou tubercules, un peu anguleux. L'intervalle, situé sur chaque tour, entre la carène et la suture, n'a pas de petit pli trans- verse granidé , caractère qui se voit , mais pas toujours, sur /'Encvclus ornatus. Celui-ci n'eu pas le jeune âge de l'E. goniat'us ; car , à tous les âges, il a sa carène garnie de dents très-nombreuses et beaucoup plus petites ; d' ailleurs , je possède un jeune spécimen t/w goniatus dont les tubercules son fort gros et peu nombreux. 11 AB. Les Mouliers. dans l:i couche ferrugineuse de roolilhe inférieure. Je n'en connais que quatre exemplaires , dont je possède deux adultes et un jeune Le troisième appartenait — 1^7 — à M. Tesson, et fait maintenant partie de la collection du British Muséum. Je n'ai point rencontré cette espèce à Bayeux ni dans les autres localités où se montre l'oolithe ferrugineuse. EXPLICATION DES PLANCHES. Planebe X. Fig. 9, rt , II. Onustus cxsul ( E.-D. ). Grandeur naturelle. Échantillon provenant de la grande oolithe de Ban- ville. Collection du British Muséum. Fig. 9 , c. — — Coupe du même pour montrer la forme de rombilic. Fig. 10, a. b, c. Onustus liasinus (E.-Desl.). Grandeur naturelle. Échan- tillon provenant du lias moyen de May. Planche XI. Fig. 1. Niso pcrforatus ( d'Orb. sp. ). Lias moyen de Fonlaine-Étou- pefour. Fig. 2. — neren ( d'Orb. sp. ). Lias moyen , Fontaine-Étoupefour , May. Cette espèce a été figurée sans ombilic dans la Paléontologie fran- çaise, Fig. 3. — monoplicus ( d'Orb. sp. ). Lias moyen de Fontaine-Étou- pefour. Échantillon ayant servi à d'Or- bigny pour décrire celte espèce. La figure de la Paléontologie française est inexacte. Fig. U. Brachytrema Wrighti { Cotteau sp. ). Un peu grossi. Montreuil- Bellay. Couche ferrugineuse du Cal- lovien. Fig. 5. Purpurina condensata ( E. Desl. ). Grandeur naturelle. Mon- — U8 — Ireuil-Bellay. Couche ferrugineuse du Callovien. Fig. G. Eucyclus goniatus (E.-D. ). Grandeur naturelle. Les Mouliers. Couche ferrugineuse de l'oolithe infé- rieure. Fig. 7. — pinguis (E.-D.). Grandeur naturelle. Feuguerolles- sur-Orne. Couche à Ammonites pri- mordiulis. Fig. 8. — papyraceus {Y^n-H.). Grandeur naturelle. Lias supé- rieur de Fontaine-Étoupefour. Couche à Ammonites hifrons. Fig. 9. — obeliscus [DesiL ), Grandeur naturelle. Lias moyen. Couche à Gasléropodes de Fontaine- Étoupefour. IM. Eudes-Deslongchamps continue la lecture de son travail sur les ossements de mainmifèies fossiles des alluvions an- ciennes du département du Calvados. La lecture d'aujour- d'hui a trait aux carnassiers et ne comprend que les genres Felù et Hyœna. M. Le Clerc donne lecture d'un travail peu étendu, intitulé : Générations spontanées. — Tra?isformations de certains Entozoaires suivant le milieu dans lequel ils vivent. Après celte lecture , plusieurs membres font remarquer que si M. Le Clerc n'est point partisan des générations spon- tanées (ce qui est assurément très-permis), sa note ne ren- ferme que des assertions sans preuves et d'ailleurs très-vagues et très-contestables ; il n'apporte aucun fait , aucune expé- rience positive pour appuyer son opinion, et combattre celle des partisans de ce qu'on a appelé générations spontanées. Quant à la prétendue transformation, en Ténias, de |)etits vers aquatiques , qu'il suppose avoir pu se faire dans les or- ganes digestifs de deux personnes dont l'habitation était voi- sine du lieu où se trouvait l'eau contenant de petits vers, il n'a point de preuves que les vers aient été avalés ; il n'indi([ue — ia9 — ni leur genre, ni leur espèce. Étaienl-ce des larves, des an- nélides ? Il ne cite d'ailleurs son observation que sur des sou- venirs déjà très-éloignées. M. Le Clerc répond que ce qu'il vient de lire n'est qu'un plan , une ébauche pour ainsi dire d'un travail plus appro- fondi qu'il se propose de faire, et dans lequel il appuie ses idées par des faits et des expériences positives. On procède au scrutin sur l'élection de M. Hébert, profes- seur à la Faculté des sciences de Paris, présenté dans la der- nière séance. M. Hébert est admis en qualité de membre cor- respondant, M. Morière présente , en son nom et en celui de M. Lenor- mand de Vire, comme membre correspondant, M. Plus Ti- tius, supérieur du couvent de Pyrano, en [strie. SÉANCE DU 16 AVRIL 1860. Présidence de il. PIERRE. DONS FAITS A LA SOCIÉTÉ. De la part de i\î. Dewalqiie , correspondant de la Société : Rapport du Conseil de salubrité publique sur l'cchauffe- ment du sol des jardins du quartier St. -Jacques , à Liège. broclî. in -8". , 59 pages. De la part de U. Timbal-Lagrave : Quatrième mémoire sur de nouvelles hybrides d'Orchidées de la section des Ophrydeœ, Lindl. Broch. in-8°. , 22 pages, avec une planche. Extrait des Mémoires de i Académie im- périale des sciences de Toulouse , 5^ série , t. IV. De la part de M. de Caumont : Programme du Congrès scientifique de France, XXV II*, session , qui s'ouvrira à Cherbourg, le dimanche 2 sej)- tembre 1860. De la part du Congrès des Etats-Unis d'Amérique: Report on the commissionncr of patents, for the year 1857, Agriculture, 1 vol. in-8°. , avec sept planches. Wa- shington 1858. La Société a reçu , en échange de ses publications: Mémoires de L'Académie impériale de Metz, XI'. année, 1858-59. 1 vol. in-8"., 615 pages. Bulletin de la Société d' agricidtnrc , sciences et arts de la — 15! — Sartke, 3". et k*. Iriraestres, tome XIV, in-8°. , 173 pages. Le Mans, 1859. Tablettes de L'horticulture versaillaise , v\°. U, 1859. Mémoires de la Société d'émulation de Cambrai, I. XXV, 1 vol. in-8°., 2^ partie, 1858. Compte-rendu des séances de la Société d'émulation de Cambrai, depuis le 9 janvier 1856, jusqu'au 31 décembre 1858; rédigés par M. C. A. Lefèvre, secrétaire-général ; 10-8". , 138 pages, Cambrai, 1858. Mémoires de la Société d'émulation de Cambrai, lome XXVI, 1". partie, in-8°., ^25 pages, onze planches. 1859. Il est donné lecture d'une lettre de M. Hue de ftîathan , admis, à l'une de nos dernières séances, au nombre des mem- bres résidants, et qui, depuis, a été nommé secrétaire de la sous-préfecture deMilhau. Obligé en conséquence de quitter Caen, il espère cependant y retenir à une époque peu éloi- gnée. Il prie la Société de lui continuer le titre de membre résidant. M. Pierre, président, allant à Paris, pendant les vacances de Pâques, avait été prié, par le bibliothécaire, de s'informer si le ministère de l'instruction publique se chargeait toujours de faire parvenir aux Sociétés savantes étrangères les publi- cations des Sociétés savantes de France qui s'adressaient à lui dans ce but, M. le Bibliothécaire ayant quelque crainte qu'il n'en fût plus ainsi. W. Pierre s'est acquitté de cette mission ; il lui a été répondu qu'il se faisait par an deux envois seule- ment aux Sociétés savantes étrangères : au mois de juin et au mois de décembre; qu'il fallait envoyer au ministère, vers ces deux époques, les ouvrages ou brochures que l'on desti- nait aux Sociétés savantes éirangèies. M. Eudes-Deslongchamps continue la lecture de son travail — 152 — sur les mammifères fossiles du Calvados ; celle d'aujourd'hui concernait les Éléphants, c'est-à-dire le Mammouth. M. Pierre fait la proposition de demander au gouverne- ment que la Société Linnéenme soit reconnue d'utilité publi- que. Les circonstances paraissent favorables, puisque le mi- nistre de l'instruction publique a classé la Société Linnéenne parmi celles dont les travaux méritent le plus d'attention. La Société appuie la proposition de M. Pierre. M. Morière annonce avoir trouvé à Bonnebosq , arrondis- sement de Pont-l'Evêque, V Azai'um europceum, L. Le secrétaire présente le travail suivant : — 153 — MÉMOIRE SUR LES FOSSILES DE MONTREUIL-BELLAY ( MAINE-ET-LOIRE ) ; PAR M. HÉBERT, professeur de géologie i la Faculté des Sciences de Paris, ET M. ËDgéne EllDËS-DËSlO!^GCil4MPS , membre de plosieurs Sociétés savantes. 1^®. PARTIE. CÉPHALOPODES ET GASTÉROPODES. INTRODUiTIOK Le travail que nous donnons ici , M. Eugène Eudes- Deslongchamps et moi , est le résultat d'un engagement déjà ancien. En 1855, mis en possession, par suite des persévé- rantes recherches de notre confrère M. Guerre , d'une jolie collection de fossiles de l'Oxford-clay inférieur, provenant de la carrière du Chalet , près Montreuil-Bellay , je promis (1) de faire la description des nombreuses espèces nouvelles de ce riche gisement qui ne le cèdent en rien, pour la conser- vation, à nos fossiles tertiaires, et dont le nombre s'est encore accru , grâce aux riches matériaux mis è ma disposition par MM. Triger , de Lorière et Marie Rouault. (\) Voir Bulletin Soc. géol. de France, 2". série, t. XII, p, 1263. — 15Zi — J'avais déjà , après une élude préalable , fait dessiner par noire habile lithographe, M. Huinbert, sept planches presque exclusivement remplies de Gastéropodes qui, par leurs formes presque toutes nouvelles, présentaient un intérêt tout spécial; mais des obstacles divers m'empêchèrent d'achever ce travail, et mes occupations actuelles m'eussent peut-être arrêté long- temps encore , si M. E. Eudes-Deslongchamps , déjà connu par ses publications sur les Brachiopodes, et qui même a fait connaître (1) ceux qui se trouvent dans le gisement du Chalet, n'eût consenti à m'aider à achever, ou plutôt à fair^; la de- scription de la pins grande partie des Gastéropodes. J'espère qu'il pourra plus tard donner les Acéphales , peut-être moins nombreux , mais qui , par leur parfaite conservation, ne le cèdent en rien aux Gastéropodes. I.e motif qui m'avait fait entreprendre ce travail n'était pas seulement l'intérêl qui s'attache à la détermination de ces charmantes espèces. En se reportant à la coupe que j'ai donnée de ce gisement (2), d'après les échantillons qui m'avaient été envoyés par M. Guerre, on verra que les nom- breux Gastéropodes nouveaux ( plus de 60 espèces) se trou- vent dans une même couche de quelques centimètres d'épais- seur. Or , si la partie d'une couche si mince , contenue dans l'étendue d'une seule carrière, a fourni plus de Gastéropodes (ju'on n'en connaissait dans tout l'étage Callovien de d'Or- bigny, on devra en conclure que celle classe d'animaux ne doit être invoquée qu'avec beaucoup de prudence , lorsqu'il s'agit de classifications stratigraphiques. J'ajoute qu'il en sera très-probablement de même des (1) Mémoire sur les Brachiopodes de la zone ferruijincuse du Cul- lotticn , t. XI ( Mémoires de la Soc. Liiin. de Normandie ), avec six plunclies. (2) Ihill. Soc. fjéol. de France, t. XII , o. 15!fiA — 155 — Acéphales, tandis que l'on remarque dans ce même gisement un grand nombre de Céphalopodes , tous connus à très-peu d'exceptions près, et caractéristiques de i'Oxford-clay in- férieur. Avril 1860. Ed. IJÉBERT. Observation. — Dans l'exposé des espèces et des genres, nous avons adopté la classification suivie par M. Woodward dans son Maiiiml of the Mollusca , devenu le Vade-mecum de tous ceux qui s'occupent de Conchyliologie. 1". ËfliibrancSicsBieiriî. VERTÉBRÉS. Sauriens. Fragment d'une dent de Teleosaurus. (Collection de Lo- rière). Le Chalet. Obs. It est probable que c'est à cet ordre qu'il faut rapporter les prétendus os de mammifères que M. Millet cite de cette localité. Poissons. Deux dents de Psamniodus indéterminé , voisin du Ps. rciicuiatlis (Ag. ). Collection Marie Rouault. Ettibwanchement htdéiefminé. Aptychus. Trois fragments (coll. de Lorière ) trop incomplets pour qu'on puisse en faire une détermination exacte. M. Millet, qui a eu de meilleurs échantillons à sa disposition , en a con- stitué une espèce nouvelle, A. Chateliarianus. — 156 — ^^ ËmliranclBemeiit. MOLLUSQUES. CLASSE DES CÉPHALOPODES. ORDRE DES DIBRANCHES. F. Bblemnitid^. 1. Belemnites hastatus (Mont. sp. ) Le Chalet (1). Assise supérieure (argiles). C. C. Plaine de Champagne. A. C. 2. Belemnites Latesulcatus ( (VOrb. ). Le Chalet. Assise supérieure (argiles). R. Communiqué par M. Triger. Obs. Ces deux espèces se trouvent dans les argiles de l'OxIord-clay moyen qui, dans la carrière du Chalet , sont superposées aux couches calcaires de l'Oxford-clay inférieur. ORDRE DES TÉTRABRANCHES. F. Nautilid.e. 3. Nautilus subbiangulatus (d'Orb.). Le Chalet (collection Triger). Gigny , Chauffour , etc. (1) L'indication le Chalet , sans autre détail, se rapporte exclusive- ment i^i la couche ferrugineuse fossilifère d'où proviennent les nombreux Gastéropodes décrits dans ce travail. -- 157 — Obs. Nous n'avons jamais vu cotte espèce, indiquée par M. d'Or- bigny comme de la grande oolillie, que dans les couches à Ammonites anceps , nakeriœ , macrocephaliis , elc. , c'est-.Vdire dans l'Oxford-clny inférieur. U. Nautilus textilis (nov. sp.). PI. I, Gg. 1 a, b, V. — Pi, VII, fig. 16. Dimensions : diamètre (coll. Boucaull), 29 mill. ; — largeur maxi- mum de l'ouverture (1), 16 millim. ; — largeur maximum du dernier tour, 15 millim. Forme générale du N. granuiosus (d'Orb.) {Pal. franc., terrains jurassiques, t. I, p. 162, pi. XXXV, fig. 3, 5 ), mais s en distinguant par l'absence de granulations au point de rencontre des stries, dont la disposition est d'ail- leurs d'une régularité remarquable ; par la position du siphon, centrale dans le N. granuiosus, et située, dans notre espèce , vers le tiers externe de la cloison ; enfin par des cloisons plus sinueuses. Ces cloisons le sont moins toutefois que dans le N. subbiangidatus (d'Orb. ) ( Pi. XXXIV, fig. 1 , 3 ). Ce dernier se rapproche encore de notre N. textilis par la position du siphon et s'en distingue, en outre, par sa forme comprimée et son test lisse. Obs. A la base des cloisons on remarque une très-légère dépression près du retour de la spire. L'ombilic est plus ouvert que ne rindiqucnt les figures; il laisse voir une partie de l'avant-dernier tour, et la forme générale de la fig. 16 de la pi. VII est un peu défectueuse. (1) Prise perpendiculairement au plan diamétral , le rapport du diamètre à cette largeur de l'ouverture donne une idée de la forme, globuleuse quand ce rapport est voisin de l'unité et d'autant plus aplatie qu'il dépasse cette valeur. — 158 — PI. I, fig. 1 a, b. échantillon de grandeur naturelle (collect. Guerre), lig. 1 c. Portion de surface grossie. PI. VIT, fig. 16. Échantillon grossi deux fois (collect. deLorière). F. AMMONITID.E. 5. Ammoinites macrocephalus (Scliloth). Le Chalet. A. R. ( très-jeune ). Laniothe. R. Chauflbur ( Sarthe ). C. Environs de Mamers et d'Alençon. Partout au même niveau dans les pi'emières assises de l'Oxford-clay in- férieur. 6. Am. Hekveyi (Sow. ). Le Chalet. R. (jeune). (>hauffour. R. Pescheseul (Sarthe). C. Dans les assises les plus inférieures de l'Oxford-clay, avec VAm. buUatus ( d'Orb. ) et VAm. microstoma (1) (d'Orb.). Mâcon , au même niveau. 7. Am. microstoma frf'Orô.j. Le Cliaict. A. R. Plaine de la (Champagne. R. Pescheseul , Chariiy (Savoie), avec Vlm. macrocephalus , anceps , etc. 8. Am. modiolaris fLwî/rf j. Le Chalet. A. R. (Jeunes). 9. AM. Banksii ( Sow. ). Le Chalet. R. R. ( jeune ). Collection Guerre. Gigny (Yonne). (1) Nous n'avons jamais rencontré ces trois espèces qu'ù la base de rOxford-cliiv ; elles forment un excellent horizon qu'on ne saurait rapporter ;> la grande oolithe. — 159 — 10. Am. anceps (Reix). Le Chalet. A. C. Lamothe. C. Plaine de la Champagne. C. Le Moulin Montreuil. C. Rive gauche du Thouel. C. Dans un calcaire jaunâtre à oolilhes ferrugineuses, semblable à celui du Chalet. Caractéristique de l'Oxford-clay inférieur. 11. Am. coronatus (Echloth). Rive gauche du Thouet. R. (Coll. Guerre). Le Chalet. R. ( Collection Guerre ). 12. Am. \THLET\ ( Phill. ). Le Chalet (assise supérieure). R. (Collection Guerre). Le Moulin-iMontreuil. R. Vaches-Noires ( Calvados). Oxford- clay inférieur (assise supérieure ). 13. Am. refractus (Haan). Le Chalet. A. C. U. Am. GRISTAGALLt ('rf'Or/?. j. Le Chalei. R. (collection Guéranger ).* 15. A M. PUSTIJLATUS (Haan). Le Chalet. A. C. 16. A M. BIPARTITUS ( Zlét ). Le Chalet. A. R. (assise supérieure et inférieure). Rive gauche du Thouet, Marolles, etc. (Oxford-clay inférieur ). 17. A M. Jason (Ziét). Le Chalet. R. (collections Guerre et Dcsiongchamps). 18. AM. BAKERIiE (Sow. ). Le Chalet, C. C. Rive gauche du Thouet. C. Plaine de la — 160 — Champagne, C. Le" Moulin-Montreuil. C. Lamolhc. C. Parlout irès-commune et caractéristique de l'Oxford-clay inférieur. 19. Am. lvn\]L\ ( Reix. sp. Ziet.). Le Chalet, C. Rive gauche du Thouet. C. C. Lamothe. C. Plaine de la Champagne. C. Le Moulin-Montreuil. C. Gigny. Caractéristique de l'Oxford -Clay inférieur. 20. AM. HLCTICUS (Reix. sp. Frnrt. ). Le Chalet, Lamothe. R. 21. Am. ocvïatvs ( Phill. ). Champagne?? (collection Guerre), Gigny ( Yonne) , La Youlte (Oxford-clay inférieur), trouvée par M. Guerre dans un calcaire blanc avec oolithe ferrugineuse associée h ÏArn. herticus. Se trouve également dans l'Oxford-clay moyen et supérieur. 22. AM. LALA^'DEÂNUS ( d'Orb. ). Le Chalet. R. (collection Guéranger). 23. Am. Lamberti fJfow. J. Le Chalet. R. (collection Guéranger), 2i. Am. Pottingerj ( Sow. ) LeChalet A. R. Plaine de la Champagne, A. R. M. Guerre a recueilli autour de Montreuil , plusieurs exemplaires de cette espèce, ayant 10 à 12 centimètres de diamètre. 25, AM. TATRICIJS (Piisch. ). I,e Chalei. A. R. (Collection Guerre). La Vonlte ( Oxford- clay inférieur), etc. — 161 — 26. Am. erato ( d'Orb. ). Le Chalol. A. R. (collection Guerre, de Lorière). La- mothe. A. C. Neuvizy. R. Gigny. C. La Voulte. G. Ghauf- four. A. R. 27. Am. Trigeri (nov. sp. ). PI. VIII, (ig. 1 (I, b. Dimensions : diamètre, 36 niillim.; — épaisseur, 40 inillim. ; — largeur du dernier tour à l'extérieur , 21 millim. ; — largeur id. dans le plan diamétral, 8 millim.; — largeur de l'ombilic, 0,5millirii. Localités. Le Chalet. R. ( collection Triger ). Coquille très-globuleuse , ellipsoïdale , plus épaisse que large. Ombilic presque md, réduit à une petite fente ova- laire de 1/2 millimètr-e de largeur. Dos large et réguliè- rement convexe. Spire entièrement embrassante , formée de tours étroits d'égale largeur dans toute leur éietidue , ar- rondis, ornée d'un grand nombre de côtes droites, serrées et peu prononcées, se bifurquant près de i ombilic, et légère- ment infléchies en avant. Obs. Le développement de la spire , dans l'unique exemplaire que nous aj'ons sous les yeux , ne paraît pas être complètement régulier. Le dernier tour, au lieu de continuer la forme spirale régulière, se coude légèrement h la façon des Am. rcfractus et Sau:ci , mais d'une ma- nière beaucoup moins prononcée , et alors il offre à ses deux extré- mités, dn côté de l'ombilic, une sorte de méplat. Nous pensons que c'est )iotre coquille qui a été figurée par Quenstcdt dans son Jura, etc. lab, 67, et que l'auleur allemand nous paraît avoir rapportée à tort à VAin. bulldtits. PI. VIII , (ig. l <( , b. Éclianlillon de grandeur naturelle. Collection Triger. 11 162 — 28. Am. Toguiîieinsis (nov. sp. ). PI. I, fig. 2 rt, b, c. — PI. Vlll, fio. 2-3 a, 0. Dimensions des trois échantillons ligures. Éch. pi. VIII, fig. 2. Éd.. pi. I. Éch. pi Vlll, fig. 3. Diamètre, 4 8 millim. 11 millim. 8 raillini. Épaisseur, 13 9 6 Larg., dern. tour ext. 6,5 4,5 3,5 — diam. 5 3 2,25 Largeur de l'ombilic ,4 3 2 Localités. Le Chalet. R. H. Coquille globuleuse , assez voisine par sa forme de l'Am. Herveyi, mais s'en distinguant aisément par son ornemen- tation toute particulière. Dans le jeune âge, au diamètre de 8 millimètres , elle est couverte de petites côtes qui , partant de l'ombilic , font le tour de la coquille en deve- nant de plus en plus fortes sur le dos. A la taille de 5 mil- limètres de diamètre , // naît entre cliacmic une côte moins prononcée et qui n'existe que sur le dos. Bientôt ce sont deux côtes plus faibles qui viennent se placer entre elles et se bornent à couvrir le dos sans aboutir aux extrémités latérales. J mesure que la coquille s'accroît, les côtes princi- pales s'espacent, diminuent de nombre, se cowbent en avant sur le dos, et les côtes intermédiaires se soudent à leurs extré- mités,mais à des distances inégales de la carène à laquelle la première seule aboutit , et au lieu de deux côtes inter- médiaires il y en a souvent trois. Obs. Celte disposition remar- quable des eûtes intermédiaires n'existe, ù notre connaissance, dans aucune autre espèce. Et comme elle n'avait pas été bien représentée dans les figures de nos planches , nous intercalons ici — 163 — un dessin sur bois qui complétera et fera mieux comprendre notre description. Un exemplaire montre jusqu'à quatre et cinq côtes inter- médiaires, et alors les côtes principales sont moins nombreuses et forment, sur le pourtour de la carène, des nodosités assez prononcées. PI. I , fig. 1, 2 a. Échantillon très-jeune. Grandeur naturelle. PI. I , fig. 2 /',(■. Le môme, grossi. PI. VIII, fig. 2. ficliantillon assez grand. Grossi. Un trait in- dique la grandeur naturelle. — iig. 3 a, b. Échantillon grossi. Vu par le dos cl par l'om- bilic. Un trait indique la grandeur naturelle. 29. Am. Cottaldi (nov. sp. ). PI. I , (ig. .•? a,b , c. — PL Vif , fig. 15. Dimensions prises sur trois échantillons: Diamètre, 32 millim. 25 millim. 27 millim. Épaisseur, Largeur du dernier tour , Largeur dans le pian diamétral Largeur de l'ombilic. Localités. Le i\I()ulin- \Iontreiiil. R. Plaine de la Cham- pagne. R. avec VAm, oculaïus. Gigny (Yonne). A. C. Voisine de forme de L' Ain, pUcatlLis ( Sow. ). Tours moins embrassants , plus carrés , le dos étant sensiblement aplati aussi bien que les faces latérales. Côtes plus droites , non courbées en avant , se bifurquant sur le dos. Ligne de petits tubercules irréguliers aux points de bifurcation, for- mant une carène latérale qui n'existe jamais dans l' Am. plicatilis; quelquefois aussi de semblables tubercules au pourtour intérieur. Obs, Les échantillons du Chalet se distinguent de ceux de Gigny par u 13 13 11 9 11 9 7 9 12 10 9 — \6U — un plus grand nombre de côtes, lesquelles sont alors plus fines, et par un ombilic un peu plus large. Si, dans celte espèce , les côtes n'étaient pas continues sur le dos, on pourrait la regarder comme le jeune de VAm. Pottingeri (Phill.). PI. I, fig. 3 a, b,c. Échantillon de la collection de M. Boucault, provenant de Gigny ( Yonne ). PI. VII , fig. 15. Échantillons du Moulin-Montreuil ( collection Hébert). 30. Angycloceras CALLOVIENSIS (Morr.). PI. VII, fig. 17 a, h, c, (1. Localités. Le chalet. A. G. Bon-Repos, près Maniers. Col- lection de l'École normale. Ohs. Quoique les échantillons du Chalet soient toujours d'une taiUe plus petite que ceux qui ont été figurés par d'Orbigny dans sa Paléon- tologie française, nous ne pensons pas qu'ils doivent en être distingués comme espèce. Une autre légère différence ù noter, c'est que dans les exemplaires de Monlreuil les côtes se continuent sur le dos. Du reste, nous n'avons pu observer que des fragmenls ; il faudrait des coquilles pins complètes pour décider si c'est une espèce particulière. 31. Ancycloceras Triceri (nov. sp.). PI. VIII, fig. U a , b ,i: Localités. Le Clialot. H. Collection Ttigef. Obs. Ivspèce voisine de VAnc. tcmiis rapporté par M. d'Orbigny ù la grande oolilhe. Se distingue de cette dernière par sa laillc plus petite, ses côtes plus fortement accusées et i)lus obliques , enfin par sa forme bien plus comprimée. Nous ne pouvons, au reste, que mentionner celte espèce dont nous n'avons eu que quelques fragments à notre disposition — 165 — PI. VIII, fig. 4 a. Portion d'échantillon de grandeur naturelle vu de côté ( collection Triger). — fig. /i b. Le naême échantillon , vu par le dos. — fig. 4 f. Coupe du même. CLASSE DES GASTEROPODES. ORDRE DES PROSOBRANCHES. F. Strombii)^. 1. Pteroceras NODULOSA (7>0V. sp.). PI. VII , (ig. H. Dimensions: longueur totale, moins le canal antérieur, 24 millim.; — largeur du dernier tour, sans les digitations, 12 millim. Coquille fusifornie , à spire élancée , aiguë. Tours de spîre renflés et noduleux ; nodules un peu allongés et un peu obliques. Dernier tour caréné en-dessus ; carène de plus en plus saillante à mesure qu'on s'approche de l'aile et légèrement crénelée. Toute la coquille garnie de sillons obsolètes, parallèles à la carène; une dépression oblique à la naissance de l'aile. Canal inconnu. Mie de la longueur de l'ouverture, se dirigeant un peu en-dehors à son origine. Le reste inconnu. Localités. Montreuil-Bellay. R. Collections Guerre et Des- longchanips. Obs. Cette espèce a quelque ressemblance avec le /'. t.'cspa -- 166 — (Desl. ) (1), mais la spire de celte dernière est beaucoup plus courte et ses tours sont plus anguleux. L'aile du P. nodulosa paraît être moins développée. Nous possédons également, de Mon treuil-Bellay, deux autres échantillons qui paraissent appartenir au P. nodulosa , mais l'aile manque aussi dans ces derniers; leur spire est plus allongée; les no- dules de leurs tours plus petits et plus nombreux. Nous ne les citons ici que pour mémoire ; il faudrait des exemplaires moins imparfaits pour les décrire et les Ogurer. '2. ROSTELLARIA LjEVIGATA ( Morr. et Lycett. ). PI. VI, lig. 10 a, b. Dimensions : longueur, à partir de la base du canal , 2o millim. ; — largeur du dernier tour, moins les digitations , 12 millim. Syn. 1850. Alaria Lavigata (Morr. et Lycett. ). A monog, oftiic moll. from ihe great colite , etc., p. 17, pi. III, lig. 3-3 «. — 1855. Ptei'occras lavigata ( Pielte). Notice sur les coquilles de la grande oolitlie, etc. (Bull. Soc. gcol. de France, p. 7, pi. II, fig. 2-6. — 1855. — irihracliialis l^Piette)? M., id. PI. IV, fig. 18. Coquille fusiforme. Tours assez convexes, bien arrondis, à peu près lisses ; suture très-prononcée. Dernier tour faiblement strié en travers, marqué de deux carènes trans- verses dont la plus forte est l'antérieure. Une épine ou di- gitation rudimentaire , placée sur la carène postérieure, est opposée à l'ouverture de la bouche. Bouc fie ovoïde-ai- iongéc. Canal et digitations inconnus , mais ayant très- probablement la forme de celles du Rost. myurus ( Desl, ). Localités. Montreuil-Bcllay. A. R. (1) Mémoires de la Société Linnèenne de Normundie, l, VII, p. I(i7, pi. I, fig. 2 et 11. — 167 — Obs. Lorsque celte espèce n'est pas pourvue de son dernier tour, soit qu'il ne fût pas encore formé, soit qu'il ait été brisé, on pourrait aisément se méprendre sur son genre ; mais lorsque ce dernier tour existe , ses deux carènes, sa surface striée en travers la font aisément reconnaître, et tout doute cesse lorsque la coquille porte trace de la digitatioii rudimentaire, ou mieux encore quand les deux carènes montrent chacune l'origine de leurs digilalions. Nous ne voyons aucun caractère qui puisse différencier la coquille de Montreuil de celle qui est décrite par MM. Morris et Lycett, sous le nom (H'Alaria lavigata. Le Uostellaria myurus de M. Deslongchamps ressemble beaucoup à ÏAlaria Uevifjata , ainsi que les auteurs anglais l'ont reconnu; mais le Hasielluria myurus est un peu plus grand; tous ses tours de spire sont également striés. M. Pielle {loc. cit. ) a reconnu VAlaria la'vigata ôViUi, de nombreux échantillons qu'il a reçus de diverses localités ; il le rapporte au genre Ptcroceras, selon nous, sans motifs suflisants. 3. ROSTELLARIA OBTUSATA fnw. sp.). PI. VI, fig. 9, 11. Dimensions : 25 millim., non compris le canal; — largeur du dernii-r tour, 13 millim. Coquille fusîforme , à spire peu élancée. Tours unica- rénés, à carène un peu obtuse, striés en travers. Dernier tour bicaréné ; carène postérieure un peu plus saillante que l'autre, se terminant toutes deux par une digiiation. Deux autres digitations ( repos de bouche) opposées à celle du labre. Canal inconnu. Ouverture elliptique , rétrécie aux deux extrémités. « Localités. Montieuil-Bellay. R. Collection Guerre. Obs. L'échantillon figuré est dans un fort mauvais élat de conser- vation. On ne peut donc bien juger de ses caractères essentiels. Il parail — 168 — très-voisin de l'espèce suivante, si même il ne lui est pas identique. L'exemplaire unique que nous avons sous les yeux est fruste et a perdu une partie de son test. C'est une espèce fort douteuse. /l. liOSTELLAWU GOmMA (nov. sp.). PI. VIII, fig. 5. Dimensions : longueur totale d'un individu privé de son canal , 22 millim.; — longueur du dernier tour, 15 millim. ; — largeur id., jl millim. CofjuiUe fusi forme , à spire peu élancée , à tours lisses croissant rapidement et fortement carénés dans leur mi- lieu. Carène des tours paraissant unie , mais laissant voir, quand on regarde la coquille par le sommet de la spire , que son contour est marqué de cinq à six échancrures très- superficielles. Dernier tour bicaréné : carène postérieure la plus prononcée, tous les deux donnayit naissance à une digitation divergente. Deux autres épines ou digitationsrudi- mentaires se voient encore sur le dernier tour, distantes du labre d'une demi-révolution ; c'est évidemment un pre- mier reposait le labre avait commencé à former des digita- tions. Canal étroit (de longueur inconnue). Ouverture oblon- gue, rétrécie aux deux extrémités. Localités. Monireuil-Bellay. R. Collection Deslongcharaps. Obs. Cette espèce semble, au premier aperçu, devoir se ranger dans 9 la série des Rosteliaires trifides ; mais elle s'en dislingue par ses carènes moins aiguës, par l'excavation des tours, et enfin par celte autre cir- constance qu'elle formait un repos de bouche, ce qu'on ne voit jamais dans aucun Rost. irifidu. — 169 — 5. ROSTELLARIA SEMINUDA (710V. sp. ). PI. VI, fig. 12, a, b. Dimensions : longueur totale, 31 millim.; — longueur du dernier tour, 19 milliin. ; — largeur du dernier tour, 10 millim. Coquille allongée, atténuée aux deux extrémités. Spire élancée, à tours carénés dans leur milieu . légèrement stries dans le sens transversal, ornés de plis ou tubercules al- longés dans le sens longitudinal, peu nombreux et prononcés surtout sur la carène. Dernier tour dépourvu de tubercules, fortement strié transversalement, pourvu de deux carènes tranchantes dont la postérieure est beaucoup plus prononcée que L'autre. Digitations inconnues. Canal id. Ouverture subtriangidaire s' allongeant du côté du canal. Localités. Montreuil-Bellay. R. Collections Guérie, Triger, Deslongchamps. Obs. Cette espèce est voisine du Rostellaria havius de roolillic in- férieure par les plis tuberculeux de la spire, par l'absence de ceux-ci sur le dernier tour et par la présence de deux carènes. Quoique nos échantillons soient privés, par suite de cassure, de leurs digitations, l'analogie nous porte à croire qu'il ne devait en exister qu'une seule terminant, du côté de la bouche, la plus forte des deux carènes. Elle se distingue de l'espèce de Bayeux par sa spire plus svelle et par le petit nombre de ses plis ou tubercules. 6. RosTELLAiiiA cochleata ( Quenst. ). PI. VI, fjg. 9, a, b, c. Dimensions : longueur totale, y compris le canal , 23 millim. ; — longueur totale, sans le canal , 15 millim. ; — largeur du dernier tour sans les digitations, 7 millim. SïN. 1853. llosteUaria cocIdeaUt (Queiist.). Handbuch dcr pcl réf. , elc. — 170 — Coquille fusifoi'me, à spire turriculèe , à tours fortement carénés , striés transversalement. Carène tranchante, sans tubercules, ni dépressions. Suture très-marquée. Dernier tour strié transversalement et bi-caréné. Carène postérieure plus saillante que l'autre ; toutes les deux se terminant par de longues digitations recourbées vers la spire. Canal très- étroit , très-long, recourbé en-dehors. Ouverture subqua- drangutai're. Localités. Montrcuil-Bellay. C. Butte d'Exmes (Orne). R. Obs. Celle espèce rentre dans la série dont le Jiost, trifida de Phillips est le tj'pe; mais nous sommes porté ù croire, comme M. Pielle , que l'on a confondu plusieurs espèces sous ce nom. Ce qui est certain, c'est qu'on retrouve cette forme typique dans presque toutes les divisions de la série jurassique, et qu'elles ne montrent que des différences à peine sensibles; encore voit-on parfois de grandes diversités de taille entre les échanlillons d'un même hanc. Pour pouvoir établir bien sûrement les espèces, il serait nécessaire de les vérifier sur un grand nombre d'exem- plaires de plusieurs localités, 7. SPlMGliRA COMPRESSA (d'Orb.). PI. VI , lig. Sa. b. Dimensions : longueur, à partir de la naissance du canal, 2(5 miilim.; — longueur id. du dernier tour de spire , 11 miilim. Syn. 18/i9. Spinigera compressa (d'Orb.). Prod., t. II, n". 98. Étage callovien. — 1853. Muricida scmkarinata (Quenst. ). Ilandbucli, tab. Si, fig. 5i-56. — Non RosteiUiria scmica- rinata (Goldf. ). — 1857. — fragilissimo ( Quenst. ). Dcr Jura , lab. 65, fig. 30-31. Coquille fusiforme , à canal antérieur très-grêle, très- — 171 — long et droit. Tours convexes , Légèrement aplatis , stries transversalement ; stries de grosseur un peu inégale. Bour- relets variqueux très-peu marqtiés, portant sur la partie la plus saillante de chaque tour , et de chaque côté, une longue épine grêle et fragile; épines à peine canaliculées en- dessous. Bouche ovale-oblongue. Localités. Montreuil-Bellay. C. Bntte d'Exines (Oiiic ). II. Obs. Cette espèce est très-semblable à celle fie i'oolithe ferrugiTieuse de Bayeiix , nommée par M. Dcslongehamps Ronclld longispina. Elle en diirère en ce qu'elle est plus petite, que ses épines sont plus grêles, et surtout en ce que les stries transversales sont plus également es- pacées. Eu effet, l'espèce de I'oolithe inférieure montre transversalement sur chaque tour de spire une côte carénée, précédée et suivie d'une gouttière assez large dont le fond est i\ peu près lisse. Ces stries trans- versales se montrent en avant et en arrière des deux gouttières, sur le dernier tour. 8. SPINIGERA NITIDA ( nov. sp.). Pi. IX , fig. 2. Coquille fusiforme , de forme générale semblable à la précédente . mais entièrement lisse et brillante , marquée de légères lignes d'accroissement. Tours un peu déprimés. Bourrelets variqueux bien marques, et qui devaient donner naissance à des épines relativement robustes. Le reste comme dans l'espèce précédente. Localités. Montreuil-Bellay.T.R. Collection Deslongcharnps. Obs. Cette espèce se distingue facilement des autres par sa surface qui, sauf les épines latérales, est entièrement muli(iuc ; elle est en outre bien plus robuste, et les grosses varices garnissant chaque tour annon- — 172 - çaient des épines plus fortes et probablement moins longues que dans les autres espèces. Elle paraît être fort rare, et toutefois un échantillon, provenant de Montreuil-Bellay, a été figuré par M. Quenstedt , dans son Jura, tab. 65, fig. 32, sans que l'auteur allemand lui ait imposé de nom. F, MCRIL'ID,E. 9. FUSUS PlETTi (nov. sp.). PI. VIII , fig. 6. Dimensions : longueur totale, 15 millim ; — longueur du dernier tour, 6 millim. ; — largeur du dernier tour, 5 millim. Coquille atténuée aux deux extrémités. Spire allongée. Sommet aigu. Tours arrondis, garnis de dix à douze grosses côtes longitudinales, fortement accusées, un peu obliques , coupées par de très-nombreuses stries parallèles à l'enrou- lement des tours. Dernier tour semblable aux autres , un peu moins long que la spire , se terminant en avant par un canal assez long, un peu tordu, échancré en avant. Bouche allongée , sinueuse en avant où elle se continue avec le canal par une courbe uniforme. Localités, iMontreuil-BelIay. T. R. Deux échantillons. Col- lections Triger et de Lorière. Obs. Cette espèce appartient bien incontestablement au genre Fuseau, qui paraît peu répandu dans les terrains jurassiques. Plusieurs coquilles, rapportées k tort à ce genre, appartiennent aux genres Tubifcr eiCeri- tlnum. M. Piette, dans son travail sur les coquilles voisines des Pur- purines (tome XII du Bulletin de la Société géologique de France) , a fait connaître plusieurs de ces formes curieuses. — 173 — F. BUCCINIDS. 10. BLCCINUM ? OOLITICUM (710V. sp. ). PI. VII, fig. li a, b. Dimensions: longueur, 9 millim.; — largeur, 6 millim. Coquille elliptique , atténuée aux deux extrémités. Spire courte , à sommet un peu obtus. Tours arrondis, munis de quelques grosses côtes longitudinales un peu obliques , coupées transversalement par de fines stries saillantes, as- sez nombreuses. Dernier tour assez renflé , à ornemen- tation semblable à celle des autres tours, se terminant par un canal court , épais , à peine échancré en avant. Bouche semi -elliptique ; labre simple, non sillonné en-dedans. Localités. Monireuil-Bellay. T. R. Collectioi) de Lorière. Obs. Cette petite et très-curieuse espèce pourrait se rapporter pres- qu'indifféremment aux Buccins ou aux Fuseaux. Elle nous paraît se rap- procher assez du sous-genre Tritoniden de Swainson ; cependant son labre n'est pas sillonné intérieurement , mais ce caractère paraît être peu important dans ces deux familles. 11. Brachytkema Wrighti ( Cotteau sp.). PI. VII , lig. 1 a ,b, c. Grossi. Dimensions: longueur, 17 millim.; — largeur du dernier tour, llJmill. Syn. 1855. Turbo Wvightianus (Cotteau ). Prodrome des moUnsques fossiles du département de 1' Yonne. Coquille conique, à base oblique. Tours en gradins^ ven- trus , aplatis dans leur milieu , garnis de côtes longitudî- — 17/1 - mdes assez nombreuses. Trois lignes transversales saittantes sur ta partie apla'ie des tours et formant des épines mu- tiques à Leur passage sur les côtes. Suture très-enfoncée. Dernier tour légèrement cvidé ait-devant de sa partie aplatie , avec queUjues stries concentriques saillantes. Ou- verture presque circulaire donnant lieu en avant à une gout- tière superficielle, oblique^ sans former d'échancrure bien manifeste. Labre épaissi, bord columellaire couché sur la columclle. Une petite fente ombilicale, plus ou moins visible suivant que le bord cobimellaire s'applique plus ou moins exactement sur la columelle. Localités. Moîitreuil-Bellay. A. C. Gigny ( Yonne ). A. C. V;il de Juilly ( Côte-d'Or j, dans la zone à Pecten orontes , d'après M. Martin. Obs. Le genre Urachyuemu ourra\enl bien avoir formé, aux anciennes époques géologiques, une famille particulière dont les représentants n'existeraient plus à l'époque aclueile. Cette famille aurait fourni plusieurs genres, car, nous le répétons , ce n'est qu'avec doute que nous laissons le P. granulaia dans la même coupe que Pur. Ileilona, corunaia, Orbignyana , etc. C'est donc probablement encore un autre genre ; mais il nous répugne de multiplier ainsi les coupes génériques qu'on ne doit établir, suivant nous, qu'avec beaucoup de réserve et lorsque l'on y est contraint par des raisons impérieuses. La Purp. grauulala est très-voisine d'une autre coquille de Conlic et de La Jonnelière (S;irllie), que iVI. d'Orbigny avait étiquetée dans sa collection Purpurinn pulrhclla. Celte dernière diffère de notre espèce par sa forme plus ramassée, ses tours moins élancés, et enliu par quel- ques détails d'ornemenlation. D'Orbigny n'a décrit celle espèce ni dans son Prodrome , ni dans sa Paléoululugic française: nous tenons cependant à la mentionner, d'abord à cause de sa grande aflinilé avec un type tout particulier dans le genre Purpurina, et ensuite pour pré- munir les paléontologistes sur l'indication de l'étage où se trouve la P. pulchella. La couche de la Jonnelière eldeConlie, d'où elle provient, n'appartient point ù l'étage callovien, mais bien à la grande oolilhe ou étage Bathonien de d'Orbigny. Notons que malheureusement les espèces de celte localité ont un caractère étrange de ressemblance avec plusieurs de nos formes de MontreuilBellay , bien que montrant des différences incontestables. Aussi, long-temps les couches de la Jonnelière onl-illi's donné lieu à des discussions qui ont eu cela de bon, qu'elles ont attiré — 182 - ralleiUion sur celle loculilé et ont fait recueillir une foule d'espèces re- marquables. La plupart n'ont encore été rencontrées sur aucun autre point, et il serait bien à désirer qu'une monograpliie, semblable à celle que nous faisons paraître ici, nous fit connaître ces curieuses et belles espèces dont un très-petit nombre sont décrites et figurées. Espérons que cette lacune sera comblée par M. Guéranger. F. Naticid.e. 19. Natica Galypso {d'Orb.). SïN. 1850 Nalica Cahjpso (d'Orb.). Prwrfrdme, tome II, page 353. — — — — Paléonlol, franc. , terrains jurassi- ques, t. II, p. 292, pi. CCXCII, lig. 9-12. 1852 I. loiigiscuta {iiaw) Statistique géul. , etc., de la Meuse. Atlas, p. 31 , pi. XX.III, fig. 17 eH9. 185A « bajucensis {M'iWel). Pnléuntot. franc, de Maine-et- Loire , p. 80. — Non Nat. Bajo- ceiisis ( d'Orb. ). Loca/ife*. Monlreuil-Bellay. C. Gigiiy , Vieil-St. -Rémy (Ardennes). Obs. La Natica Cahjpso ( d'Orb. ) diffère peu de la N. bajoccnsis (d'Orb.) de l'oolithe inférieure de Bajeux ; elle n'est pas en effet tou- jours aussi élancée que l'indique la figure de la Paléoniolugic fran- çaise , et alors il n'y a plus que de très-légères différences entre les deux espèces. Cependant la ISatica bajucensis a généralement son dei'- nier tour plus renflé et ne présente pas habiluelleinent trace d'ombilic. Quoi qu'il en soit, c'est bien à l'espèce de l'Oxford-clay que se rapportent nos échantillons de Monlrenil, identiques aussi avec une Nalice assez commune dans le minerai oxfordieu de Gigny, près Ch;U il Ion-su r-Seine. Une troisième espèce fort voisine, et qu'on rencontre dans la grande oolithe, est la iSat. pictaviensis (d'Orb.) Lorsqu'on examine des échan- tillons bien conservés; on voit en effet que la suture est bordée par un canal étroit. Ce caractère la distingue de la JSat, Cal}jpso. File a, — 183 — comme celle dernière, un ombilic Irès-peu ouvert qui varie d'ailleurs et est quelquefois presque nul. Que loules ces coquilles soient de vraies nalices (1), ce dont nous doutons fort, ou qu'elles soient toute autre chose, leurs différences spé- ciliques sont fort difficiles à saisir, et il est très-possible que , lorsqu'on pourra réunir une suite suffisante d'éclianlillons de ces diverses espèces, la comparaison sévère fera disparaître des différences qui ne sont peul- être qu'individuelles, et qu'on les réunira en une seule espèce. 20. Natica Montreulensis ( nov. sp. ). PI. II, lig. 2 <(, h. Grandeur naturelle. Dimensiotis : longueur, 4/» millini. ; — largeur du dernier tour, 12 millim. Coquille globuleuse ^ à spire peu saillante , lisse partout , à pointe obtuse. Tours arrondis. Sillon suturai bien pro- noncé et assez profond. Dernier tour plus grand que les autres. Base très-oblique. Ombilic à peine sensible. Localités. iMoiitreuil-Beliay. A. K. Obs. On sait combien il est difficile de distinguer les natices fossiles, puisque la plupart de ces coquilles sont lisses et n'ont presqu'aucun caractère qui ne leur soit commun à toutes. Si la forme de la spire a quelque valeur comme caractère spécifique, nous ferons remarquer que notre espèce est bien caractérisée. Celle spire, ramassée et cependant fi tours bien arrêtés, l'éloigné des autres espèces. 21. NERITOPSIS T^NIOL.VTA {nov. sp. ). (1) Voir, pour plus de détails, les doutes émis par M. Kngène Deslong- champs, Bulletin de la Société Linnéenue de Normandie, t. V, p. 122, où l'auleur pense que toutes ces coquilles doivent bien plutôt se ranger avec les Eulima , Chemniizio , etc., dans la famille des Pyramidellidées. — 18a — P). II, flg. 1 n, b. Dimensions: longueur totale, J9 millim. ; — longueur du dernier tour, 8 millim; — largeur du dernier tour, 8 millim. 1/2. Coquille ovoïde , arrondie de toutes pans , à spire très- petite et très-courte. Tours un peu arrondis , sillon suturai assez marqué. Dernier tour très-grand , bombé , arrondi , à surface couverte de petites bandelettes transversales , sé- parées par des dépressions un peu plus étroites, les unes et les autres coupées par des stries d'accroissement longitu- dinales très-serrées et très-nombreuses. Base très-oblique , 71071 distincte du dernier tour et ornée comme lui. Point d'ombilic. Bouche très-grande , circulaire. Localités. Monlreuil-Bellay. R. Obs. Le Neritopsis utniolala se rapproche, par la forme de son or- nementation , des iV. bojocensis et Baugierana (d'Orb. ), qui appar- tiennent, l'un à l'oolillie inférieure, l'autre à la grande oolithe. Notre espèce s'en distingue en ce que son dernier tour est plus allongé, et en ce que la suture ne montre aucune trace de côtes longitudinales. Elle se distingue aussi du iV. dclphinuta en ce que, dans celte dernière es- pèce, le dernier tour est bien plus étalé et montre vers la columeile une fossette profonde qui n'existe pas dans l'espèce de l'Oxford-clay. 22. Neritopsis spinosa {nov sp. ), PI. 1, fig. 5 tx. PLEUROTOMARIA CAVOVITTATA («a; . 5;t>. ). PI. III, fig. 7 a, b, c. Dimensions ; longueur . 21 niillim. ; — longueur du dernier lour , Mi millim. ; — largeur du dernier tour, 14 millini. Coquille turbinée, légèrement renflée, à sommet assez aigu. Tours légèrement convexes, marqués dans leur milieu par la bandelette de l'entaille qui est légèrement concave. — 225 — striés transversalement et obliquement , de manière à former, par l'enirccroisemeni de ces stries, l'apparence d'un tissu très-régulier, légèrement granuleux. Partie postérieure des tours montrant, en outre, des plis obliques assez marqués plus ou moins réguliers et nombreux, et plus fortement mar- qués vers la suture. Base assez convexe, distincte du deriiier tour par un angle mousse, couverte de stries et de plis d'ac- croissement rayonnants, un peu courbés, coupés par de nom- breux cordons concentriques. Ombilic assez petit, détaché de la base par im bourrelet assez saillant, finement crénelé à l'extérieur et coupé brusquement; en-dedans de cet ombilic, un très-léger silloji le rend encore plus visible. Bouche presque carrée, bord columellaire un peu élargi en avant. Entaille large et assez profonde. Localités. Monlreuil-Bellay. A. C. Obs. Cette espèce est assez remarquable en ce qu'elle forme une transition entre les Pleurotomaires à tours arrondis et ceux dont les tours sont en gradins, tels que les Pleurotomaria scalaris , filigrana , syssotœ, etc.;mais la bandelette en creux que présente notre espèce est un caractère essentiel , assez rare du reste chez les Pleurotomaires , et qu'on ne retrouve pas dans les formes en gradins. 65. Pleurotomaria Leckembyi {nov. sp. ). PI. III, fig. 6 a, b, c. Dimensions : longueur, 22 niillira. ; — longueur du dernier loiir , 15 millim.; — largeur du dernier tour, 21 niillim. Coquille lurbmée, à sommet assez aigu. Tours légère- ment en gradins, marqués dans leur milieu par la bande- lette de l'entaille qui est saillante . ornés de stries iransvcr-- — 22Û — sales, fines t et de nombreuses st7'ies obliques, à peine visibles. Partie postérieure des tours marquée, vers la suture, de plis obliques nombreux et bien prononcés. Base légèrement con- vexe , distincte du dernier tour par un angle mousse, mar- quée de stries concentriques très-nombreuses. Ombilic très- petit. Bouche à peu près carrée. Localités. Montreuil-Bellay, A. R. Obs. Cette espèce, voisine, au premier abord, de la précédente, s'en distingue par son ornementation plus simple , les stries longitudinales des tours étant à peine marquées; par son ombilic très-petit, et enfin par la bandelette de l'entaille qui est saillante. Nous l'avons dédiée à RI. Leckemby , qui vient de faire paraître un travail sur le Kelloway- rock du YorksLire. 66. PLEUROTOMARIA MILETI ( nov. sp. ). PI. 4, fig. 1 fl, b, c. Dimensions : longueur, 32 raillim. ; — longueur du dernier tour, 20 millim. ; — largeur du dernier tour, 29 raillim. Coquille tur binée, à sommet assez aigu. Tours en gradins, marqués dans leur milieu par la bandelette de l'entaille qui est saillante, ornés de stries transversales et obliques, fines et très-nombreuses, qui leur donnent l'apparence treillissée aussi bien en-dessus qu^ en-dessous de la bandelette. Base Légèrement convexe, montrant la même ornementation que le reste des tours. Ombilic petit. Bouche carrée. Localités. Monlreuil-Bellay. A. C. Obs. Cette espèce, très-voisine de la précédente, s'en dislingue par ea taille plus considérable, sa forme un peu plus élancée, et surtout par — 225 — l'absence de plis obliques vers la suture des tours. Elle est plus voisine encore du Pleurot. Mûnsteri ( r.oëm. ) dont elle se distingue par sa spire plus ramassée, ses tours moins étages, son ombilic plus petit et enfin sa bandelette moins saillante. Quoique divers échantillons pro- venant de Vieil-St.-Remy (Ardennes) semblent former passage entre ces deux espèces, nous n'en considérons pas moins le Pleur. Mileti comme distinct, notre coquille nous montrant des stries plus nombreuses et moins profondes, une bandelette moins saillante , enfin des tours plus étages. 66. PLEL'ROTOMARIA subexcavata («o«. sp.). PI. IV. fig. 2 a, b, c. Dimensions: hauteur, 33 millim. ; -diamètre, 30 millim. Coquille conique, à spire assez élancée, à sommet aigu. Tours piano-convexes, ornés de stries longitudinales un peu obliques, plus inarquées vers la suture, et coupées par des lignes transversales nombreuses et très-déliées ; un cordon saillant et tubercideux bordant chaque tour dans sa partie antérieure. Entaille médiocre ; bandelette plane, très large. Dernier tour anguleux vers la base qui est concave en son centre, et montre sur toute sa surface des stries concentriques à peine indiquées, coupées par de nombreuses stries d'ac- croissement. Ombilic nul, remplacé par une callosité très- peu prononcée. Localités. Montreuil-Bellay. T. R. Obs. Cette espèce paraît être très-voisine du Pleur, cypnca (d'Orb.) ; elle s'en dislingue cependant par l'absence complète d'ombilic et par la forme excavée de sa base, caractère qui la rapprocherait de plusieurs Pleurotomaires appartenant à l'oolilhe inférieure et à la grande oolilhe. 15 — 226 — 68. Pr.EOROTOMARlA AMPHILOGA {nOV. sp.). PI. IV, fig. 3 a, b, c : pi, V, fig. 2 a, b, t. Dimensions: bauteur. 20 uiillim. ; — hauteur du dernier tour, \\. millim. ; — diamètre de la base , 26 millim. Coquille turbinée, conique, à spire peu saillante. Tours plans, à bord antérieur un peu obtus à peine crénelé, se' parés en deux portions par la bandelette, l'antérieure garnie de tubercules; la postérieure élégamment ornée de stries obliques, nombreuses et bien prononcées . cou- pées par de très-fines stries transverses, qui donnent à cette portion des tours Caspect treillissé. Bandelette légèrement saillante. Base convexe, montratit des stries d'accroissement très-nombreuses, bien limitées par un sillon très-peu pro- fo.id, régnani sur tout son pourtour. Vue petite fente ombi- licale, en grande partie recouverte par un léger prolonge- ment de la lèvre gauche . ou complètement oblitérée par une légère callosité. Localités. Montreuil-Bellay. A. R. Obs. Le Pteurot. amphiloga nous parait très-voisin du Pleurnt. Eudora (d'Orb J , qui semble répéter tous les caractères de notre es- pèce en les exagérant. Ainsi son ombilic est grand, ses tours prennent la forme étagée par la bandelette qui est très-saillante , le cordon de la base et les stries obliques voisines de la suture, sont bien plus pronon- cées que dans l'espèce de Montreuil-Bellay. Nous avons déjà fait une remarque analogue pour les Pleurât. Miteti et Mûnsteri; il semblerait que dans rOxford-chiy inférieur quelques formes ne fussent pas encore bien arrêtées, et qu'elles n'auraient pris que plus tard un caractère bien décidé. Serait-ce une tendance de la nature de s'essayer, pour — 227 — ainsi dire, dans le cours d'une période «géologique, et de n'arriver que dans une antre, à Torninler nellement l'ôtrc qu'elle voulait présenter dans toute sa perfection ? 69. Pleukotomaria culminata {nov. sp.). PI, IV, fig. 5 a ,b, c, d, e.f.g-, pi. V, fig. 1 a. b, e. - Dimensions: longueur, A5 millini. ; — longueur du dernier tour, 15 millim. ; — diamètre de la base, 30 millira. Coquille conique, élancée, à sommet aigu. Tours subcon- caves ou presque planes, ornés de stries transverses et de plis obliques plus ou moins marqués; un cordon saillant de tu- bercules plus ou moins nombreux et plus ou moins développés bornant antérieurement les tours contre la suture. Entaille large, assez profonde. Bandelette plane, finement striée Ion- gitudinalement. Dernier tour brusquement arrêté vers la base par un angle mousse ; base légèreni'^nt concave en son centre, à stries concentriques très-nombreuses. Om- bilic 7iul , remplacé par une fossette légère. A la rencontre des deux lèvres , en -de dans, se voit une sorte de sillon plus ou moins marqué, venant déterminer au dehors et contre la columelle une sorte d'échancrure plus ou moins nrononcée. Localités. Montreuil-Bellay. P. (J. Plombières-les-Dijon , dans la zone h Pecten orontes, d'après M. Martin. Obs. Cette espèce se rapproche beaucoup de plusieurs formes de l'oolitlie inférieure; elle semble s'en distinguer par la présence de la petite dent à l'extrémité de la columelle et par sa taille plus élancée. Elle paraît très-voisine du Pleurut. Niobe (d'Orb. ), dont elle se dis- tinguerait par ses tours moins concaves, sa base moins escavée, — 228 — enfin parles tubercules qni garnissent le bord des tours , l'espèce figurée nif V FI. IX. TABLE im M4TiËRËS. l'ages. Introduction 153 VERTÉBRÉS Sauriens 155 Poissons ib. Embranchemknt indéterminé. Aptychus ib. Céphalopodes. BELEMNITin/E. Belemnites hastatus 156 — iatesuicatus ib. NaUTILID;*. Nautiliis subbiangulatus. ib. — texlilis 157 Ammonitid*. Ammonites macrocephalus 158 — Herveyi ib. — microstoma ib. — modioiaris ib. — Banksii ib. — anceps 159 — coronatus ib. — allileta ib. — refractus ib. — cristagalli ib. — pustulatus ib. — bipartilus ib. — Jason ib. — Backeriœ ib. — lunula , 160 — 238 — Ammonites licclicus 160 — oculatus ib. — Lalaudeanus ib. — Lamberli ib. — Pottiiigeri , ib. — tatricus ib. — Erato 161 — Trigeri (nov. sp.) ib, — tugurieiisis. — 162 — Collaldi. — 163 Ancyloceras Calloviensis 164 — Trigeri. (nov. sp.) ib. gastéropodes. Strobid*. Pteroceras nodulosa 165 Rostellaria laevigata 166 — oblusala 167 — goniata 168 — seminuda. . . , 169 — cocheiata ib. Spinigera compressa 170 — nitida 171 MlRlCIDiE. Fiisus Pietti 172 BicciMD*:. Buccinura ? ooiitliicum 173 Brachytrema Wrigiitii ib, — unitiibcrculota 174 — spinosa 175 Purpurina Orbignyana 176 — coroiiala 177 — condensata 178 — elongata 179 — granuiata , 180 Naticid^. Nalica Ciiypso . 182 — Montreiiilensis 183 — 239 — Neritopsis taeniolata 183 — spinosa 184 — Guerrei 185 PYn.VMYDF.LLin*. Cheiuiiitzia proceru 186 — Trigeri ib. Eulinia Callovieusis 187 CERlTHIADiE. Cerithium angisloma " . 188 — pupoïdcs 189 — quinquangulare 190 — graniilato-costalum ib. — tortile 191 — Lorieri 192 — UDitorquatum 193 — Guerrei 194 — oblileratum 195 — Thersites ib, — fusiforiue 196 — decipiens 197 Tlrritellid*. Turritella Guerrei 198 — binaria , . 199 — eucycla ib, — subulatissiraa 200 — undulata. . , 201 — condensata 202 LiTTORIMD*. Onustus Caillaudianus 203 — papyraceus 204 Eucyclus Callovieusis 206 Littorina sulcata. . • 207 — spinulosa 208 TURBINID*. Turbo raodestus 209 — segregalus ib. Monodonta ovulala 210 — papilla 211 — 2Û0 - Trochus Thouetensis 212 — hitorquatus 213 — triarmatus 21i — granarius 215 — Pielli ib. — obscurus , 216 — Halesus 217 — Helius , 218 Haliotidje. Pleiirotomaria Monlreuilcnsis 220 — striata 221 — cavovittata. . 222 — Leckembyi 223 — Mileti 224 — subexcavata 225 — amphiloga 226 — culmiiiata 227 — callomphala 228 TORNaTELLID^. Aciaeon Lorieri 229 Explication des planches 230 Table «les matières 237 2^1 SÉAiNGE DU l/i MAI 1860- Présidence de M. PIEKRK. Ouvrages reçus en échange des publications de la Société : Annales du Comice horticole de Maine-et-Loire , broch. in-8". , 8^ pages. Angers, 1860. Extrait des travaux de la Société centrale d'agricidtnre de la Seine-Inférieure, 152^ et 153', cahiers; i'". et 2'. tri- mestres de 1859. Rouen. Le Secrétaire lit, de la |)art de M. de Brébisson , corres- pondant à Falaise, une note sur des empreintes remarquées par lui à la surface d'une roche de formation très-ancienne , située au-dessous des grès qui constituent la chaîne des ro- chers de Noron, près Falaise, (lette note est accompagnée de deux photographies exécutées par M. de Brébisson. L'auteur de la note s'est demandé si ces empreintes ne seraient point les traces de sutures du plastron de quelque grand Ghélonien. • M. Eudes-Deslongchamps observe que, d'après les photo- graphies de M. de Brébisson , et surtout d'après quelques fragments de la surface même de la roche qui lui ont été communiqués , il ne peut reconnaître d'analogie quelconque avec les productions vivantes ou fossiles qu'il connaît; il est porté à croire que ce sont de simples accidents de la surface de la roche, dont il lui est impossible d'assigner la cau-se. M. Eudes-Deslongchamps donne communication de la 16 — 262 - partie de son mémoire sur les os de mammifères fossiles des environs de Caen, qui concerne les Rhinocéros. Le secrétaire donne lecture de plusieurs notes adressées à la Société par M. Patey , médecin-vétérinaire à Caen. La première de ces notes est intitulée : Côté utile des mouches et particulièrement de l'espèce dite commune , à L'égard des animaux quelles attaquent et tourmentent, con- sidéré sous le point de vue de la physiologie. M. Patey ne nie pas les inconvénients que cause la mouche commune à plusieurs animaux domestiques; mais, partisan de cet axiome de sagesse des nations : qu'il n'est pas chose si mauvaise qui n'ait aussi son bon côté , il cherche ce bon côté relatif à la mouche commune : il pense que les piqûres et succions que produit ce diptère in)portun, pendant les grandes chaleurs , sont surtout utiles à la circulation vei- neuse de la peau, en activant le passage du sang, soit par l'ir- ritation que leurs piqûres causent à la peau elle-même, soit en faisant produire aux animaux piqués de grands mouve- ments musculaires favorables au passage du sang à la péri- phérie du corps. Cette opinion peut avoir quel(|ue chose de vrai , mais M. Paley l'appuie sur une explication difficile à admettre : c'est-à-dire que, pendant les grandes chaleurs, la circulation vein(;use de la peau serait gênée, retardée, et <]ue les vais- seaux engorgés seraient le siège d'une espèce de stase sanguine. • La seconde note de iM. Paley a pour titre : Des causes présumables de l'exceptionnelle impressiommbilité^ ou sup- posée telle, des bêtes bovines .sous poil blanc, aux attaques des mouches. M. Patey pose et développe (sans les résoudre néanmoins) les questions de savoir : 1 ". si la peau des ani- maux albinos, dépourvue de pigment coloré , n'attirerait pas davantage les mouches, parce que les liquides que leur succion absorbe seraient, vu l'absence d'' pigment, plus du goût — 2Ù3 - des insectes que lorsqu'il existe un pigdient coloré; 2". ou si, comme les poils blancs réfléchissent entièrement la lumière , les mouches, cachées sous ces poils, ne seraient pas ainsi mieux à l'abri de la chaleur que sous des poils colorés, plus favo- rables à la transmission de celle-ci ; 3°. enfin , si ce ne serait pas une illusion de croire que les bêtes à poil blanc sont plus exposées que d'autres aux attaques des mouches, parcequeces insectes, par leur couleur foncée, tranchent davantage et sont beaucoup plus visibles sur un fond blanc que sur un fond coloré. La Société n'a pas très-bien compris l'importance de ces questions, et se récuse d'ailleurs entièrement pour en cher- cher l'explication. Dans une troisième note, IVI. E'atey traite des OEsties sous le point do vue où il a considéré la mouche commune dans la première note. Il dit d'abord que la piqûre de ÏOEsire cuiicole des espèces bovines doit agii' sur la ciiculation de la peau de la même n)anière que la mouche commune. Mais, dans le jeune âge, c'esl-àdire de deux à quatre ans, encore que la présence prolongée de la larve sous les téguments ne semble avoir pour résultat que de favoriser et d'appeler l'afïlux san- guin dans les légions telles que les lombes et le dos qui ont besoin d'un prompt et complet développement , l'espèce d'in- flammation éliminatoire qui s'opère au printemps, pour la prochaine sortie de la larve, peut avoir pour effet de pro- duire un exutoire naturel ou moyen de déplétion, peut-être plus indispensable à cet âge qu'on ne le soupçonne générale- ment, et comparable à l'action déri\ative des sétons et tro- chisques employés pour prévenir diverses affections assez fré- quentes alors, telles que tumeurs érysipélateuses, farcineuses, charbonneuses , etc. Reiativcmt'nt aux Œstres qui se déve- loppent dans le canal intestinal, M. Patey pense, dit-il, comme un physiologiste anglais, qu'ils favorisent la sécrétion des sucs gastriques pt intestinaux si nécessaires à la digestion. — Ihh — Aucun des membres de la Société n'élant assez versé dans la pathologie des animaux pour juger jusqu'à quel point les idées de M. Patey sont fondées ou hasardées, la responsabilité lui en reste tout entière. ^1. de L'Hôpila! fait une communication relative à des co- quilles terrestres et fluvialiles trouvées récemment , et qu'il n'avait pas encore recueillies lorsqu'il a publié son catalogue l'an passé. M. de L'iiôpilal se propose de les faire connaître, ainsi (|ue celles (ju'il pourrait trouver encore jusqu'à la fin de l'année, dans une note supplémentaire à son catalogue et qui sera insérée dans le comjite-iendu d'une des deinières séances, 5^ volume du Bulletin de la Société. On procède au scrutin sur l'élection de .M. Pius-Titius présenté , comme correspondant , dans la dernière séance. M. Pius-Titius est admis. MM. Halbiqne et Faucon proposent, comme membre ré- sidant, M. Bin-Dupart, pharmacien à Caen. KMPRKLNTES DE CORPS ORGANISÉS TUOL'VÉES SUR LNE ROCHE APPARTENANT AU TERRAIN CA-MBRIEN, A IVoron, près de Falaise, l'ai' .M. A. i)K Bkéb;sson, cdiii sponilant Je la Société. J'éprouve un vif iegret , en présentant à la Société Lin- néenne quelques détails sur ces en)pieintes , de ne pouvoir , appuyé d'aniorités compétenies , les rapprocher d'une fa- mille, d'un groupe quelconque de fossiles déjà connus. L'in- certitude dans celte circonstance est telle que l'on ne sait si ces vestiges appartiennent an règne végétal ou au règne animal. Je suis réduit à cette pénible conclusion , après avoir soumis à l'examen de paléontologistes distingués une épreuve — 2/j5 — photographique , leproducUon fidèle de la roche qui porte ces empreintes. Tous se sont accordés à regarder ce fait comme très-curienx et comme nouveau pour la science. Je me bornerai donc , dans ces notes, à faire conaître la disposition et le gisement de la roche qui porte ces souvenirs des temps anciens. Je joins une iiihographie , copie réduite de l'épreuve dont je viens de parler , mais qui est loin de rendre la nature d'une manière aussi exacte que la photo- graphie (pi. XII ). J'ai trouvé, à Noron, près de Falaise, eu avril 1860, dans une petite carrière, la roche sur lacjuelle se remarquent ces empreintes. Elle formait une large tablette couverte de des- sins sinueux qui attirèrent mon attention. La longueur de sa partie découverte et non engagée dans le sol était d'un mètre euviion, sur une largeur de 0"\80 à U"\50. Cette roche est une grauwacke schisteuse, verdâtre , souvent micacée, quel- quefois ferrugineuse. J'avais cru devoir la rapporter h l'étage inférieur du terrain silurien , mais iM. Morière a pensé que cette couche appartenait à la formation cambricnne, et je me range d'autant plus volontiers à son opinion, que M. Kinahan a trouvé, en Irlande , dans le terrain cambrieu , des fossiles (Mollusques?) qui présentent quelque analogie avec ceux qui nous occupent. Je dois ajouter, toutefois , que divers géologues regardent le terrain cambrieu comme une partie inférieure du terrain silurien. Au-dessus de la grauwarke de Noron sont des lits feuilletés de schistes jaunâtres ou d'un rouge terne, auxquels sont su- perposés des blocs de (piarlzite, (.Wt grès de Caradoc. (jui do- minent notre vallée si pittorescpie de Noron. Ces derniers étages géologiques appartiennent positivement au terrain silurien. La couche de graiivvacke , portant les empreintes , est inclinée vers le nord sous un angle de 25° en\iron. Cou)me on peut le voir par le dessin ci -joint, ces fossiles, peu — 246 - saillants au-dessus de la roche, semblent présenter de larges plaques, ayant des bords fortement sinués, dont les lobes allongés sont arrondis et présentent une certaine épaisseur. Ces contours sinueux rappellent les découpures de ces plan- chettes recouvertes de cartes géographiques ou de dessins, connues sous le nom de jeux de patience , qui furent un des grands travaux de notre enfance. Les lobes des contours des plaques paraissent entrelacés avec ceux d'une plaque voisine; mais il serait possible que cette apparence fût due à l'élévation de la pâte, encore molle, de la couche sui- laquelle est venu se placer le débris dont le poids a déterminé cet effet, avant que la formation eut pris de la consistance. Certaines algues coralloïdes, regardées long-temps comme des polypiers, telles que IvaHalimeda, présentent des articles comprimés , souvent sinnés et crénelés , qui ont de grands rapports avec le dessin do nos empreintes, ^e pourrait-on point rapprocher ces productions de ce groupe d'algues qui a pu renfermer des formes gigantesques? Dans cet amas de débris présentant toujours la même disposition sinueuse et lobée, on dislingue souvent des sommets d'articles arrondis, présentant une configuration palmée toul-à-fait remarquable. Comme des travaux ultérieurs, dans la carrière qui renfer- mait cette roche chargée d'empreintes, faisaient présager sa prochaine destruction , j'ai dû employer tous les moyens d'en conserver un souvenir complet , d'abord par la photographie, ensuite par des n)oulages des points les plus importants. J'ai ensuite essayé de détacher de la masse la couche portant les traces de corps organisés; mais, comme le dit M. Huot, dans son traité de géologie , <- ces schistes et ces psammites offrent « une sorte de clivage rhomboédrique , par suite des fissures « qui se croisent à leur surface, i' Aussi, lorsque j'ai tenté d'enlever la couche de deux ou trois centimètres d'épaisseur, qui portait ces empreintes et qui semblait facile à clivt'r , elle / — 247 — s'est divisée en pclils fragnieiitsclont le rapprochement devenait d'une grande difficulté si l'on \onlait obtenir des échanlillons présentant une portion caractérisée du dessin primitif. Celle fâcheuse dislocation tient à des fissures nombreuses , dont la préexistence peut être reconnue par les incrustations ferrugi- neuses noires ou rougeâtres , souvent deiidritiques , qui en- tourent chaque fragment et indiquent des infiltrations an- ciennes. Pendant l'impression de celle notice, j'ai reçu quelques ob- servations que je demanderai la permission de consigner ici dans un court résumé. Un de mes correspondants, IM. "Wil- liam Archer, savant micrographe de Dublin, à qui j'avais adressé un exemplaire de ma photographie de ces empreintes, a eu l'obligeance de meure cette reproduction sous les yeux de plusieurs géologues distingués de l'Irlande, tels que i\li>l. Kinahan, Haugton, Baily et Salter, qui ont fait une étude approfondie des terrains siluriens et cambriens de leur riche contrée. Selon l'opinion assez générale de ces savants paléontologistes, ces empreintes seraient dues à des crustacés, animaux qui, à ces époques primordiales, atteignaient sou- verit de grandes dimensions. M. Haugton, professeur de géologie îi l'Universilé de Du- blin, dit à celle occasion, dans une de ses lettres à M. William Archer : « Je crois que les empreintes, dont vous m'avez en- voyé une photographie, sont dues à des crustacés , probable- ment des Trilobites. Les sutures emboîtées [facets emboîtes) ont la plus grande analogie avec les impressions qu'on re- marque sur les côtés d'empreintes qui se trouvent dans le grès carbonifère de Lugacaven, et que je crois être des Trilobites. » M. Fauvel, membre résidant, a déposé sur le bureau le tra- vail suivant : — 2^8 — SYNOPSIS DES ESPÈCES NORMANDES DU G. MICROPEPLUS (Latr. ), DE LA FAMILLE DES STAPHYLINIDES ( Mnsectes culéoptèfe»). Par M. A. Fadvbl. Ce n'est pas une monographie que je présente aux entomo- logistes : d'abord , la science n'y gagnerait rien , car certains Micropeplus paraissent aujourd'hui définitivement acquis à la faune européenne; en outre, ayant limité mes recherches aux espèces de la Normandie , je manquerais dos éléments néces- saires pour mener un semblable travail à bonne fin. J'ai voulu seulement résumer les travaux récemment publiés en Alle- magne et en France, sur un genre formé d'insectes remarqua- bles à tous égards, dont la nomenclature n'a pas laissé que de subir jusque dans ces derniers temps de nombreuses vicissi- tudes, et compléter par la description de deux nouvelles espèces la série, de jour en jour plus nombreu^e, des charaiants co- léoptères qui le composent. On sera peut-être étonné, et j'avoue que je l'ai été moi- même, de voir la faune entomologi(jue de notre pays, dont on devrait si bien connaître les productions naturelles, s'enrichir tout à coup et dans un seul genre de deux nouveaux Staphili- nides , quand chacune de nos provinces est explorée en tous sens par des collecteurs dont le zèle et la science se chargent de nous en dévoiler les richesses. Cependant, si l'on veut bien songer aux difficultés que présentent la recherche et l'étude d'insectes aussi nombreux et d'une taille aussi petite que les Staphylins en général, on comprendra facilement que quelques- — 269 — uns aient pu jusqu'ici nous échapper ou rester confondus dans les collections (1). D'ailleurs, avant de publier le résultai de mes observations, j'ai pu ni'assurer de l'identité de mes espèces chez MIM. Che- vrolal, Reiche, Aubéet Jacqueiin-Ouval, qui m'ont ouvert leurs cartons avec leur obligeance bien connue: j'ai pu voir parti- culièrement, chez ce dernier, les types du M. Margaritœ qu'il a récemment décrit. Je crois donc m'êlre mis en garde contre toute méprise, et j'espère que cette petite note, pour laquelle je réclame l'indulgence de mes collègues en entomologie , aura au moins atteint son but principal : appeler l'attention sur notre Normandie où l'étude des insectes , comme celle des autres branches des sciences naturelles , nous révèle un champ si fertile en formes rares et remarquables , et qui compte déjà tant de consciencieux explorateurs. Je présenterai d'abord en quelques mots l'historique du genre qui m'occupe, laissant de côté, comme je T'ai dit , les espèces étrangères à la province. Créé par Latreille, en 1807 (Gênera crusiaceorum et insectorum, IV, 377), le genre Micropepliis ne se composa à l'origine que d'une espèce, le SiapInjUnns porcaiiis de Fabri- cius (Eîit. syst., I, Il , 530 ; 1792), qu'Herbst désigna, vers la même époque (Natiir., V , LIV , 6 , 1789-1801 ), sous le nom de Nindula suicaïa. Peu après, Marsham (Entom. Bri- (1) Qui ne sait (pour preiulre nii exemple dans celle famille môme) combien de nouvelles espèces du seul genre Humnlota o;il été dernière- ment reconnues en Europe, cl combien d'autres , regardées jusqu'ici comme étrangères à la France, sont signalées chaque jour comme prises dans les limiles de notre pays? La faune de rAllen)agnc centrale et occidenlale paraît surtout représenlée dans notre nord-ouest, et m'a fourni celte année, enlr'aulres raretés, deux StapliyUnides fort remar- quables pour le Calvados: les P/iylosus baliicus , Kraaiz, el Agarico- clutra Iwvicollis , du même auteur. — 250 — tann., 137. 25, 1802) signalait un nouveau Micropeplus, sous le nom de JSitiduia stapliylinoides. Telles étaient les deux espèces composant le genre fondé par Latreille , quand parut , en 18Û0 , le Gênera et species Staphylinorum d'Erichson. Le savant législateur de cette famille, remaniant les matériaux rassemblés par ses devanciers, y décrivit à nouveau les M. porcaïus et siaphylinoides ; et, de plus, deux autres espèces qu'il appela M. cœiaius et fulvus: ce dernier n'étant, comme on le verra plus loin, que l'état immature du Margarim de M. Jacquelin-Duval. Plus récemment , W. Kraatz, dans le Naturgcschichic der Insecten Deutsclilands , II, 10Zi9(1856), complétant ces descriptions , érigea en outre en tribu , sous le nom de MiCROPEPLiM , le petit groupe des Micropeplus , groupe irès-nalurel du reste , et que distinguait très-bien la forme de ses pattes et de ses antennes. Enfin, M, Jacquelin-Duval a fait connaître presque en même temps, dans son Gênera des Coléoptères d'Europe, II, 82, et dans le catalogue du même ouvrage , p. 83 , une nou- velle espèce sous le nom de M. Margaritœ. Tel que les auteurs l'ont compris jusqu'ici, le genre il/j'cro- pepliis se composait de sept espèces, dont trois seulement étaient signalées en France (M. porcatiis, Staphylinoides et Margaritœ) ; trois en Allemagne (M. cœlatus , tesserula , longipennis) et une en Italie ( Marietti). La description de deux nouvelles espèces et la découverte du M. cœlatîis , portent définitivement à six le nombre des Micropeplus observés en France. J'entre maintenant en matière , en exposant brièvement les caractères génériques, renvoyant pour plus de détails à l'excellent Gênera des Coléopt. d'Europe de M. Jacquelin- Duval. J'indiquerai toutefois, d'abord, la tribu établie par M. Kraatz, dans le JSatiirgescInchic. — 251 — MICnOPEPLlM. Kraatz, Naturg. Inst. Deutscli., II. 1049. Antennes de neuf arlicles apparenis, le dernier très-grand, globuleux , reçues dans une profonde fossette sous les côtés du corselet. Hanches intermédiaires légèrement écartées ; tarses de trois articles seulement. Genre MICROPEPLUS ( Latr.). Ml/.ç^oç , Pt'lit ; 7rs7r").oç , manteau. Latr.,6^en. , crust. etins., fV, 377. — Kraatz, Naturg. Ins. Deutsclit, U,\052. — Jacq. -IJuvaL Gen. desColéopt. cVEur., II, 82. Corps ovale-obiong, assez épais. Tête subtriangulaire, reçue dans une échancrure du corselet. Labre transverse et entier. Mandibules assez petites. Palpes maxillaires, à 1". article très-petit ; 2'. fortement renflé , grand ; 3^ courî, iransverse ; 4*. conique , moitié plus long que le précédent. Palpes labiaux très-couris , de trois articles , le second le plus court. Antennes de neuf arlicles : les deux premiers assez grands, épaissis, le dernier très-grand, globuleux, r.orselet trans- verse , s'appliquant fortement sur les élytres , largement dilaté et rebordé sur les côtés, qui offrent inférieureraent dans leur milieu une profonde fossette pour recevoir les an- tennes, fortement sculpté en-dessus. Écusson assez grand. Elytres assez grandes, dépassant à peine la poitrine, pourvues de carènes saillantes. Abdomen fovéolé , plus ou moins acuminé. Hanches intermédiaires écartées. Tarses courts, de trois articles. cf 6". segment de l'abdomen échancré inférieurement au sommet; jambes postérieures, offrant intérieurement vers leur milieu une petite denl ; bord antérieur de la tête pro- — 252 — longé au milieu en pointe, au moins chez plusieurs espèces. Ce genre est remarquable par son faciès tout particulier, dû à la singulière structure du corps des espèces qui le com- posent. Celui-ci, dans les nombreux dessins (]ue présentent surtout la tête et le corselet , est presque toujours recouvert d'une mince pellicule blanchâtre, adhérente, formée d'une matière transparente et comme cornée (1). — Chez toutes les espèces, on voit , vers le milieu des côtés du corselet, un petit espace allongé et transparent, de couleur rougeâtre ou testacée. Les Micropeplus sont des insectes ailés , très-peu agiles , le plus souvent immobiles pendant le jour, réunis ordinaire- ment en famille , vivant de petites productions cryptogami- ques et peut-être à'acnî-us. Leur habitat est très-varié. On les trouve dans les lieux humides, sous les feuilles mortes et sous la mousse, plus fréquemment dans les détritus végétaux ou les fumiers, et parfois dans les champignons au printemps. Une espèce même {M. StaphyUnoides) se rencontre sous les grosses pierres des coteaux arides, en compagnie d'une petite fourmi (Formica fuliginosa), qui, dans ses retraites, donne à tant d'autres staphylinides une hospitalité si peu connue et si diversement appréciée (2). Ils volent le soir , au crépus- cule , comme la plupart des insectes de cette famille. Les mâles sont, en général , beaucoup plus rares que les femelles. (t) Quelle est la nature de celle pellicule? On serait tenté à première vue de la regarder comme une sécrétion parliculière de l'animal, mais évidemment elle doit avoir sa cause dans la manière de vivre de ces pelils insectes au milieu des végétaux en décomposition, des herbes hu- mides des marais, parfois dans la terre même. (2) J'ai remarqué que, sur un assez grand nombre d'individus cap- turés dans les fourmilières, il ne se trouvait pas un seul (^ , Les 2 ne seraient-elles là qu'accidenleilemenl et pour confler aux bons soins des fourmis une progéniture qui, ù l'étal de larve doit vivre à leurs dépens ou sous leur protection? — 253 — On ne sait rien de leurs larves (1). Le tableau suivant fera mieux saisir leurs caractères spéci' Tiques etdilîérentiels. !• Elylres pourvues de 3 côtes élevées. A. Segments abdominaux à fossettes à peu près égales; corps oblong, (U Elytres ne dépassant pas le premier segment abdomi- nal (2) M. porcatus. b. Elytres recouvrant les deux tiers environ du 2«. segment abdominal. M. Mathani. B. 5^ segment abdominal à fossettes très- petites; corps visiblement parallèle. . . M, cœlatus. II. Elytres pourvues de Ix côtes élevées seulement. A. Elytres visiblement plus longues que le corselet ; côtés de celui-ci toujours notablement arqués en avant. a. Tôte pourvue, en arrière, de cinq lignes élevées (3) M. Margaritœ. b. Tête pourvue, en arrière, de deux protubérances M. Stapliylinoides. B, Elylres à peine plus longues que le cor- selet; côtés de celui-ci non arqués anté- rieurement M. Duvnlii. (I) Je me souviens d'avoir trouvé à Venoix, sous la paille pourrie, en compagnie du M. Margaritœ, plusieurs larves d'un testacé rougeâtre appartenant très-certainement ù un très-petit Staphylinide et peut-être à celle espèce ; je pense donc que les larves des Micropeplus , comme les insectes parfaits, vivent de cryptogames microscopiques dans les lieux humides et obscurs. Cependant je ne puis rien dire de plus précis, n'ayant pas élevé ces larves qui d'ailleurs peuvent appartenir à des Proteinus, Omiilium,e[c., qu'on trouvait abondamment dans les mêmes localités. (2) Je parle, bien entendu, des segments apparents. (3) A l'exemple de M. Jacquelin-Duval [toc. cit.), je compte cinqiigna élevées (ce qui me paraît conforme à la réalité), en comprenant dans ce nombre les deux plus extérieures. M. Kraaiz, au contraire, n'en in- dique que trois dans sa diagnose. Comme il pourrait y avoir confusion, je dois prévenir que te'a dépend uniquement de la manière d'envisager ces lignes d'après leur |)osition, mais revient absolument au même. 25/1 1. M. PORCATUS. Fabr. , Ent. syst., I, If, 530 {Staphijlinus). — Erichs. , Gen. et spec. StapfiyL, 911, 1. — Fairtn. et Lab., Faun. enlom. franc., I, 658, 1. — Kraatz, Naturg. Ins. DeutschL, II, 1052, 1. Niiidida mlcaïa. Herbst. , Naiiir,, V, LIV, 6. Var. Piubro-testaceus, iinmaturus. Niger, opacus, antennarum basi pcdibusque rufis, capiie rugoso, quasi duobus lobis ab utroque Latere depressis ins- trucio, linea kis intermedia subtili elevata. fronte depressa, eiytris 5-cos(atis, Leviter basi convexis, tliorace vix bis lon- gioribus, abdominis segmentis linea subiilissima elevata, quinio média basi levissime piicato.— Long. : 2 1/2 mill. Oblong, assez convexe. D'un noir mat. Antennes rougeà- tres, les deux premiers articles à peine plus clairs ; massue brune. Tête densément rugueuse; bord relevé, surtout en avant à partir des yeux, paraissant comme divisée en deux lobes égaux, dt'[)rimés latéralement, et «'avançant antérieure- ment sur le froui qui est déprimé ; une ligne longitudinale médiane peu élevée au milieu d'une dépression un peu ru- gueuse. Corselet à peine plus étroit que les élylres à la base, deux fois plus large que long, irès-rétréci en avant un peu avant le milieu, où les côtés forment i>n angle bien marqué ; angles antérieurs arrondis, mais saillants : les postérieurs droits ; la base s'avançant un peu sur les élytres; des lignes élevées saillantes, formant sur le disque six grandes cellules très-fine- ment ponctuées ; côtés déprimés avec un point brun transpa- rent vers leur milieu, très-finement chagrinés. Ecusson trian- — 255 — gulaire. Elyiros environ moitié plus longues que le corselet, un peu convexes à la base, fortement déprimées transversa- lement vers les deux tiers postérieurs; suture et cinq côtes élevées: 1". intervalle avec deux séries de gros points enfon- cés ; 2''. et 3*. avec trois séries confuses. Abdomen de la lar- geur des élytres ; 2'. , 3*. , li". et 5^ segments avec U larges fossettes à leur base, fortement plissés longitudinalemenl sur leur bord externe ; une très-fine ligne élevée s'étendant sur leur milieu jusque sur le 5". segment, où elle se termine par un petit plissement peu marqué. Pattes rougeâtres. r/ ? et 2' Front obtusémenl arrondi au sommet, jambes simples. Sous les herbes sèches, au bord des fossés dans les prai- ries. Avril à juillet. — Parfois, en battant les taillis de chêne, dans les bois. Juin. — Sons les pieires, dans les forêts ou dans nos prairies maritimes. Août, septembre. — Dans les épaves , après les débordements. Décembre. — Rare. Prairie de Caen ! Maltot ! -- Sl.-Laurent-de-Condel, près Harcourt (De Mathan). Sallenelles, à l'embouchure de l'Orne ! Troarn ! Falaise! (Calvados), — l.a Mivoie , Saint-Adrien (Seine-Inférieure). E. iMocquerys. Sur un grand nombre d'exemplaires que j'ai eus à ma dis- position, je n'ai pas trouvé un seul cT. l.es individus immatures sont d'un testacé rougeâtre avec le disque des élytres parfois plus clair. Je n'en ai jamais trouvé moi-même , mais un de nos collègues , M. Mocqucrys , d'Évrcux , a bien voulu m'en communiquer trois individus capturés aux environs de Rouen , dont un fait aujourd'hui partie de ma collection. Je le ré[)ète, ce n'est qu'une variété de couleur , rare chez cette espèce , plus commune chez les Siaphyiinoides et Margaritct. Les auteurs que j'ai consultés ne paraissent |)as l'avoir coiwiuo, et je ne l'ai vue dans aucune autre collecliou. — 256 — i 2. M. IVlATHANi (rnihi). Piceo-brunneus, opacus, aniennarum basi^ thoracis tate- ribus pedibusqiie rufo-testaceis ; capiie par dus rugoso , quasi diiobus iobis Levissimc lanmm anie oculos eievaiis inslructo , Linea his inter média parum eievata intervalloque minore, fronte perspicue depressa; elyiris 5-costatis, secundi segmenti magis qiiam idira médium proLongatis , linea abdominis média fere nidla. — Long. : 2 niillim. Bien plus court et plus large que le précédent. D'un brun de poix un peu rougeâtre , mat ; côtés du corselet d'un roux testacé. Antennes rousses , les deux premiers articles testacés ; massue plus foncée. ïêle plus finement rugueuse, divisée en deux lobes bien distincts , sans dépression latérale sensible ; bord à peine relevé en avant des yeux , une ligne longitudi- nale élevée au milieu d'une dépression bien plus nette, plus étroite , plus profonde et plus finement ponctuée ; front dis- tinctement déprimé. Corselet un peu plus court, angles anté- rieurs plus obtus, celui des côtés moins saillant, placé exactenjent sur leur milieu, ces mêmes côtés à peine relevés; cellules et lignes élevées comme chez le cœlaius ; base s'avan- çant un peu sur les élytres. Ecusson comme celui à\^porcat^ls, mais avec une dépression transversale en forme d'angle. Elytres recouvrant à peu près les deux tiers du deuxième segment abdominal, avec la suture et cinq côles élevées un peu moins saillantes, la première fortement sinuée; inter- valles plus larges que chez le porcatus, le deuxième avec quatre séries de gros points. Abdomen plus court , plus large que chez ce dernier ; ligne longitudinale médiane presque nulle, 5"-'. segment plus largement fovéolé. l'attes d'un testacé rouî'eàtre. — 257 — 9 Sommet du front obtus : jambes simples. Au pied des tiges de blé, dans les plaines calcaires. .Juillet. Très-rare. La Folie, près Caen ( Calvados). Je ne connais que !a $ de celle charmante espèce. Elle est bien distincte de la précédente par sa couleur (qui est même différente de celle de la variété immature du porcatus, les élyires surtout étant plus foncées que le restedu corps chez le Mathani) ei, en outre, par la forme de la tête et des élylres et surtout par son corps élargi et court, ce qui lui donne un faciès loui particulier. On ne peut non plus la confondre avec le cœlatus, bien différent par son corps paral- lèle, ses élylres ei son abdomen convexes et la forme du 5*. segment abdominal. Je l'ai dédiée à mon excellent ami ei compagnon de chasses, René de Matban , en témoignage de ma sincère affection. 3. i\l. CJELATUS. Erichs. , Gen. et spec. Staphylin., 912: 2. — Kraatz , ISaiurg. lus. DeuischL, II, 1053, 2. M. porcato vicinus. Niger, subopacus y thoracis Lateribus paululum, antennarum basi pedibusque rufis, fronie vix depressa; thorace breviore, elyiris basi convezis , S-costatis, brevioribus, abdomiue convexiore , média Linea adhuc magis subtiLi; segmenta Lfuinto vix foveolato. — Long. : 2 millim. Voism du .W. porcatus. Plus couri et bien plus convexe. D'un noir mal. Antennes et pattes rousses; massue brunâtre. Tête un peu plus fortement rugueuse; front moins déprim é 17 — 258 — Corselet plus court , un peu plus rétréci antérieurement ; angles antérieurs un peu arrondis : cellules discoïdales plus larges, surtout les deux médianes; lignes élevées qui les sé- parent moins saillantes ; bord postérieur presque droit ; côtés passant au brunâtre foncé , à peine relevés sur les bords. Écusson plus petit , irès-arrondi au sommet avec une dépres- sion transversale. Élytres beaucoup plus courtes , fortement convexes dès la base , moins mates ; côtes moins rugueuses . la première fortement sinuée ; intervalles plus Gnement pointillés entre les séries de gros points. Abdomen convexe, presque plus large que les élylrfs au milieu ; bord externe des segments à peine plissé ; ligne longitudinale médiane plus fine, s'avançant seulement sur la base du 5=. segment qui pré- sente quatre très-petites fossettes bien marquées. $ Sommet du front obtus; jambes simples. Au pied des grosses pierres, sous la mousse dans les plaines calcaires. Avril. Très-rare. Ardennes , près Caen (Calvados). Un seul exemplaire. Cette espèce n'existe pas, je crois, dans les collections de Paris. Bien que la description donnée par IM. Rraatz {loc. cit. ) soit assez courte, je n'ai pas hésité à rapporter mon échantillon au cœtatus d'Erichson, Sa forme courte, convexe sur les élytres et l'abdomen , son corselet à cellules élargies, moins saillantes, son ccusson arrondi et déprimé au milieu, enfin le 5^ segment de l'abdomen à peine fovéolé le dis- tinguent très-bien des deux précédents. Son faciès est un peu différent el se rapproche davantage de celui des L Baudon la communication d'un exemplaire qui lui a été donné par l'auteur de l'espèce lui-même ; or, il y a identité complète entre les individus que j'ai recueillis dans le Calvados et l'échantillon-type de l'auteur anglais. C'est de VU, hispida que notre espèce se rapproche le plus; elle lui ressemble même tellement, que j'ai long-temps hésité à l'en séparer. Après un examen attentif de tous mes exemplaires , je suis d'avis que VH. concinna vaut au moins autant que bon nombre d'espèces admises sans contestation par la majorité dos conchyliologues , et qu'elle doit être maintenue. L'Helix concinna se dislingue de Vhispida par sa forme générale plus éléganle , son ombilic plus grand , son ouver- ture plus petite, plus étroite dans le voisinage de la columelle, enfin par le bord inférieur du péristome , qui est plus droit et presque exactement perpendiculaire à l'axe. VH. concinna de M. Moquin-Tandon et des auteurs fran- çais est , selon toute probabilité , une variété de VH, plebeia ou de VH. sericea ; mais ce n'est pas irèsceriainemeni l'es- pèce de M. Jeiïreys. La diagnose de l'auteur anglais ayant été complètement défigurée , nous croyons utile de la reproduire textuelle- ment : Animal rufescens , politissimum, Teniacula lonijiora. Testa subdepressa , subcarinata , nitidula , seiis albidis valde caducis sparsa, rufo-brunnea. Anfracius 5-6. Apertura subroiundo-lunata, iiitus marginata. Umbilicus patulus. — 281 — A. Mïnor j candidior ; apertura vix marginata. La forme de l'ombilic suffirait, à elle seule, pour séparer nettement notre espèce des H. sericea, plebeia et hispida. Suivant M. Moquin-Tandon , la coquille de VH. concinna QSt presque globuleuse, pourvue d'un ombilic irès-pelii , c\ son ouverture est peu cchancrce par l'avant-dernier tour. Tous ces caractères sont en opposition manifeste avec la de- scription de M. Jefîreys. Le même auteur ne dit rien du bourrelet intérieur. Il résulte de ce qui précède que, de toutes les H. concinna qui ont été signalées en France jusqu'à ce jour , la nôtre est la seule dont l'authenticité soit bien rorlaine. ( 103 . 21 ). Hélix fasciolata , Poirei. Loc. nouv. Caen (Calix), route de Caen à Buron , Mon- deville , Giberville , Moult, Ranville , Sallenelles, Merville ( arr. de Caen ) ; Mézidon ( arr. de Lisieux ) ; Fontenailles ( arr. de Bayeux) (Edm. de Bonnechose). La taille de cette espèce est très-variable ; on trouve un grand nombre d'individus petits , quoique parfaitement adultes ; les plus grandes coquilles ont de 10 à 11 millim. de diamètre , et de û à 5 de hauteur. Les échantillons de moyenne et de grande taille se rapportent à ÏHelix caperata ( Montagu). (103 , 21). HELIX ERICETORUM, MuLier. Loc, nouv. Vaux-sur-Aure, Fontenailles (arr. de Bayeux) (Edm. de Bonnechose). Var. minor. Coquille ayant de 8 à 9 millimètros de diamètre. Loc. Caen (champs St. -Michel ), Vcrson, etc. (arr. de Caen) ; Vaux-sur-Aure (arr. de Bayeux). ( lOZl , 22 ). HELIX LIINEATA , OUti. 282 — Var. alba. Coquille d'un blanc pur , à bandes transpa- rcntes sur un fond opaque. Loc. Sallenelles (arr. de Caen ). Ijh seul exemplaire. ( 105 , 23 ). Hélix acuta , MuUer. Ajoutez : Sous-variélé 6. — Coquille ornée sur tous les tours, mais surtout sur le derîiier , de taches ir régulières d'un violet très-foncé , presque îtoir. Ouverture de même couleur intérieurement. Loc. Dunes du lilloial , de Sr.-IMarie-du-lMont à Quiné- villc ( Manche). Cette magnififiue variété est commune à Quinéville. ( 105 , 23). BULIMUS 015SCURUS, Millier. Imc. 7ioui'. Condé-sur-Seulles, Longues (arr. de Bayeux). (100, 2^). BULIMUS MiiNKEANUS, A. Pfeiffer. Loc. nouv. Maltol , Canteloup (arr. de Caen) ; Condé- sur-Seulies (arr. de Baveux). ( 107 , 25 ). BuLi.viUS sUBCYLiNDRicus , Linuè. Var. alba. Coquille entièrement blanche. Loc. Coupesarte ( arr. de Lisieux j. Un seul exemplaire. (107 , 25 ). BULLMUS ACICULA, Millier, Loc. nouv. Mondevillc , Fontaine-Étoupefour ( arr. de Caen). (108, 26). CLALSlLiA LAMINATA , Moulagu. Loc. nouv. Lisores ( Perricr ) , Le IMesnil-Simon ( arr. de Lisieux ). ( 109 , 27 ). CLAUSIUA JNKJRICANS , PuLt. — 283 — Loc. nouv. Longues ( arr. de Bayeux ) ; Lisores ( arr. de Lisieux) ( Perrier). ( 110 , 28 ]. Clausilia Rolphii , Leach. Loc. nouv. Troarn (arr. de (îaeu ) ; Vaubadon (air. de Bayeux) ; Lisores (arr. de Lisieux) (Perrier). (110,28). PUPA PERVERSA , L. Loc. nouv. iMerville , Janvilic ( arr. de Caen ) ; Balleroy , Longues ( arr. de Bayeux ). ( 113 , 31 ). Ajoutez : h. Pupa secale , Drap. Loc. Ranville, au milieu des débris rejetcs par l'Orne. Une seule coquille vide , mais en bon état ; elle est de petite taille (hauteur: 6,5 millim. ; diamètre : 2,5). (113, 31 ). Vertigo edentula , Drap. Loc. nouv. Étavaux , Baron , Mouen , Fontaine-Henry ( arr. de Caen ) ; Le Mesnil-Sinion (arr. de Lisieux) ; Nonant (arr. de Bayeux ). ( \\k, 32 ). Vertigo antivertigo , Drap. Loc. nouv. Fontaine- Henry (arr. de Caen). ( 115 , 33 ). Carychium myosotis , Drap. Loc. nouv. Cabourg, à l'embouchure de la Uive. J'ai trouvé aussi cette espèce à Carentan et à Quinéville (Manche). ( 117 , 35 ). Cyclostoma elegans , MiiUer. Loc. nouv. Falaises de Longues ( arr. de Bayeux ). (117 , 35). Ajoutez: Genus 13 BIS. ACME , Uailmann. ACME LINEATA , Drap. ( /Juricuia). — 28a — Hab. Les bois très- humides, sous les mousses et les Marchaiitia. Loc. iMallot , Feuguerolles (arr. de Caen); Le Mesnil- Simon ( arr. de Lisieux ). Cette espèce ne paraît pas très-rare dans les deux premières localités, mais son exiguilé et la nature des lieux fju'elle habite la rendent très-difficile à trouver. Tous les individus que j'ai recueillis, au nombre de quatre-vingts environ, n'ont que 2,5 inillim. au plus de hauteur, tandis que les exem- plaires provenant des alluvions du Rhône, à Lyon , ont 3,5 millim. (118, 36). Planorbis NiTiDus, MuLler. Loc. noHv. Tioarn ( arr. de (^aen ). (118, 36). PlaiNOubis fontanus, Liglu. Loc. noiiv. 31a[iut , Fontaine - Étoupefour , Giberville , Bcllengreville (arr. de Caen) ; Lécaude (arr. de Lisieux). ( 119 , .')7 ). PlaNOKBIS VORTtX , L. Ajoutez: var. (PL. compressas , Michaud). Loc. Bellongreville , Troarn (arr. de Caen) ; Le iMesnil- Mauger ( arr. de Lisieux ) ; Fresney-le-Puceux ( arr. de Fa- laise). Très-rare. ( 119 , 37 ). PLANOimiS ROTUNDATUS , Poirel. Loc. 7WUV. Giberville , May [ arr. de Caen ) ; Monceaux (arr. de Bayeux). 310NSTRU0S1TÉ Sinisirorsa- scoiaris. Coquille scnestre , scalaire , vermetiformc , à lours complètement disjoints , à l'exception des 2 \ 12 premiers , qui sont enroulés datis le même plan. Hauteur : 5 millim. Loc. Coupesarte ( arr. de Lisieux ). Un seul exemplaire. — 285 -^ M. Edmond de Boniiechose a recueilli , près de Carentan ( Manche ) , un PL carinatus qui est également sénestre et scalaire à la fois. La hauteur de la coquille est de 6 millim, (l'SO, 38). rr.ANORRtS NAUTILEUS , L. Loc. nouv. Giberville ( arr. de Caen ). (121 , 39). PLANORBtS LiEVIS, ALdcr. Celle espèce est bien déterminée ; seulement elle doit prendre, à cause de la priorité, le nom de Planorbis CxLABEiR, Jcfj'reys. Je l'ai recueillie en grand nombre cette année dans le second bras de la Vieille-Rivière (ancien lit de l'Orne), à partir du bassin , entre le Canal et l'Orne. ( 122 , M). Planorbis contortus , L. Loc. nouv. Maltol , Bellengreville ( arr. de Caen ). (123, U\ ). Physa hypnorum, L, Loc. nouv. Fontaine-Henry , Collevile, Sallenelles , Mer- ville (arr. de Caen) ; Berville (arr. de Lisieux). (123, 41 ). Ajoutez : 3. Phïsa AcutA, Drap. Var. minima N. Coquille d'un fauve clair, transparente, assez solide , à spire effilée. Diamètre: 4 millim.; hauteur : 7. Cinq tours despire. J'ai trouvé cette charmante petite variété au Jardin bota- ni(|ue de Caen , dans un grand vase où l'on cultivait le Ma?'- silea quadrifolia. A-t-elle été apportée avec la plante ? Celle-ci provenait du Jardin de Paris. ( 12Zj , kl). LlMN^A AURICULARIA , L. Loc. nouv. Berville (arr. de Lisieux ). ( 12') , ^3 ). LlMN.EA LtMOSA , L. — 286 — Var, f L. intermedia , Michaud ). Loc. Caen (Jardin botanique), Sallenelles , Colleville (arr. de Caen): Soqucnce , Berville, St.-Crespin , Coupesarte (arr. de Lisieux ). (127, 65). LiMN^A PALUSTiiis, MùUer. Loc. nouv. Berville ( arr. de Lisieux ). ( 130 , 48 ). LlMN^A TRUNCATULA , Miiller. Loc. nouv. Longues ( arr. de Bayeux ). J'ai trouvé dans cette localité, au fond d'un four à chaux, contenant quelques centimètres d'eau pluviale, des individus remarquables par leur grande taille. La hauteur de la coquille atteint jusqu'à 16,5 millim. (130, 48). LiMN^A GLABRA, MûUer. Loc. nouv. St.-Julien-Ie-Faucon (arr. de Lisieux). (132, 50 ). Ancylus lacustris , L. Loc. nouv. Lécaude (arr. de Lisieux). ( 133 , 51 ). BYTHiNiA SIMILIS , Drap. Loc. nouv. Fossés des herbages compris entre le Canal et l'Orne , à Hérouville et Blainville , près Caen. Assez abon- dante. ( 134 , 52 ). BYTHINIA Leachii , Shepp. Loc. nouv. Bellengreville (arr. de Caen). (135, 53). Ajoutez : U. Bythinia ARBKEVIATA, Micliaud (Paludina). Loc. Bords de la Vieille-Rivière, à Caen, parmi les débris rejeiés pendant un débordement. Un seul exemplaire. Espèt'CK dos eaux saiimàtrcs. 5. Bythinia muriatica, Lam. ( Puludina). — 287 — Hab. Les vases de rembouchiire des rivières et aussi , mais pins rarement , les fossés d'eau saumàtre et les flaques d'eau du littoral Loc. Sallenelles , Bernières (arr. de Caen) ; baie des Veys, h St. -Clément , près Tsigny (arr. de Bayeux). J'ai trouvé cette espèce en immense quantité à Sallenelles, sur la plage , et h St. -Clément. Elle existe également à Carentan et à Quinéville (Planche). 6. Bythinia acuta Drap, (Cyciostoma). Hab. Fossés du littoral. Loc. Ouistreham , Cabourg (arr. de Caen) ; St. -Clément, près Isigny ( arr. de Bayeux ). Assez rare. L'influence maritime est moins nécessaire à celte espèce qu'à la précédente ; les eaux qu'elle habite sont presque douces. Se trouve aussi à Carentan ( Manche ). (135 , 53 ). Valvata piscinalis , Millier. Loc. nouv. La Laize , à Fresney-le-Puceux ( arr. de Fa- laise). ( 136 , 5^ ). VAt.VATA CRISTATA , Millier. Loc, nouv. Fontaine-Henry, Giberville , Bellengreville (arr. de Caen). (136, 54). Ajoutez: 3. Valvata spiiîorbis , Drap. Loc. Sf^.-Marie-du-Mont (Manche). Cette espèce, que je crois bonne , est intermédiaire entre les V. cristata et piscinalis. Elle diffère de la première par sa spire un peu proéminente , son ombilic plus profond el moins large, et par son ouverture proportionnellement plus grande el plus inclinée en bas. Elle se distingue d'ailleurs — 288 — facilement du V. pisciualis par sa spire très-sui baissée , son ombilic plus grand et son ouverture proportionnellement plus petite. Diamètre: 4,5 millim. Hauteur (de l'ombilic au sommet): 1,5 millim. Spire de 3 1/2 tours. La figure donnée par M. Moquin-Tandon ne convient pas aux exemplaires que j'ai recueillis. N'ayant pas à ma dis- position l'ouvrage de Draparnaud , je mentionne cette espèce sur la foi de M. Baudon , qui m'affirme que mes exemplaires représentent bien le type du V. spirorbis. (137,55). ANODONTA CYGNEA , L, Var. ZeUensis. Loc. noim. L'Orne, à Louvigny , près Caen; Carel, près St.-Pierre-sur-Dive ( arr. de Lisieux ) ; St.-Vigor, près Bayeux ( Edm. de Bonnechose). (139, 57). Anodonta piscinalis, Niisson. Loc. nouv. La Noë , à Caen ; l'Orne, à Allemagne et Louvigny. (139, 57). Anodonta Avonensis, Montagu. Var. 1. Loc. nouv. St.-Vigor (Edm. de Bonnechose), Vaux-snr-Aure (arr, de Bayeux). Quand cette espèce est jeune , les valves sont peu épaisses, et elle a la plus grande ressemblar)ce avec VA. piscmalis. On peut cependant l'en distinguer facilement par la couleur de l'animal, qui est d'un blanc-grisâtre très-pale dans \'A. Avonensis, et d'un jaune-orangé assez vif dans 1'^. piscinalis. (l/'il , 59). Unio littoralis, Cuvier. Loc. nonv. La Noë, à Caon ; l'Orne, à May et Feuguerolles ( arr. de Caen ). — 289 — IVote sur un I/nio lUto»'alia anormal. Le muscle adducteur antérieur est, en grande partie, remplacé par deux concrétions calcaires fortement soudées aux valves par leurs bases et se touchant par leurs extrémités libres lorsque la coquille est fermée. Ces concrétions sont très-dures, d'un blanc-grisûtre présentant un reflet nacré; leur diamètre est de 6 à 8 millimètres, et leur plus grande épaisseur de 4. Leurs surfaces libres offrent quelques Inégalités assez semblables à celles de la couronne d'une molaire humaine usée. Ces inégalités s'engrènent exactement les unes dans les autres lorsque les valves sont rapprochées. Il ne restait du muscle adducteur antérieur que la partie antéro- inférieure, formant un croissant dont la plus grande largeur était de 2 millimètres. Les deux muscles rétracteurs antérieurs étaient intacts, ainsi que tous les muscles postérieurs. Cet accident ne peut être attribué à la maladie perlière, car la nacre de cette coquille est très-nette et sans aucune excroissance anormale. Tous les Unio littoralis de cette localité (1) ont les sommets et la partie antérieure très-fortement décortiqués. L'épaisseur des valves, dans les points qui correspondent aux empreintes musculaires anté- rieures, est réduite à celle d'une feuille de papier un peu fort. La partie postérieure de la coquille est inlacle et recouverte de conferves. Chez plusieurs individus, les empreintes musculaires antérieures sont recou- vertes d'une couche très-mince d'une substance de même nature que celle des concrétions qui font l'objet de cette note. Les empreintes musculaires postérieures ne présentent rien de particulier. L'érosion extérieure ayant compromis la solidité des insertions du muscle antérieur, en amincissant outre mesure la coquille en ces points, il semble que l'animal , averti peut-être du danger par la flexion de là coquille pendant les contractions musculaires, a voulu se préserver en sécrélant la couche mince et dure dont nous venons de parler. Celte sécrétion anormale, prenant un développement excessif dans l'individu qui nous occupe, aura fini par se substituer graduellement h la plus grande partie du muscle adducteur. (1) May, près CaeD, 19 — 290 — (l£i2, 60). Unio batavus, Maton et Rackeit. Type. Loc. L'Orne , à Feuguerolles et Bully ; l'Odon , â Tourville (arr. de Caen). (143, 61). Unio Requienii, Michaud. Var. 1. Minima, Drouët. Loc. nouv. L'Orne, à May et Feuguerolles, près Caen. Rare. Var. 2. Cette variété se rapporte bien à la description que M. Drouët (1) donne de VU. elongatulus de Mégerle de Miilîlfeldt. Je n'ai pu néanmoins me résoudre à y voir autre chose qu'une variété remarquable de VU. Requienii. Loc. Assez commune dans l'Orne, à May et Feuguerolles, près Caen. Var. 3. Voisine de la précédente, mais plus rapprochée du type. Loc. Très-abondante à Caen , dans la Noë ; Vaux-sur- Aure (arr. de Bayeux). (143, 61). Unio pictgrum, L. Loc. nouv. Argouges ( Edm. de Bonnechose) ; Vaux-sur- Aure (arr. de Bayeux). (144, 62). 1. PisiDiUM Henslowanum, Shepp. Var. 2. Loc. nouv. Allemagne, près Caen. Ajoutez : Var. 3 (P. paUidumy Gassies). Loc. Caen (prairie) , Feuguerolles, Mondeville, Blaiuville (dans le Dan) ; Argences (dans la Muance) (arr. de Caen) ; Lécaude (arr. de Lisieui) ; St.-Amator (arr. de Bayeux). (1) Monogr. des Unios de la France. — Mém. Soc. ngr, se. , etc. , du dcp\ de l'Aube, 1857 , p. 239. — 291 — (145, 63). 2. PisiDiUM AMNICUM, Màiler. Ajoutez : Var. (P. Grateloupianum, Normand). Loc. Allemagne, Chicheboville (arr. de Gaen) ; dans l'Aure inférieure, à Colombières (arr. de Bayeux). (146, 64). Supprimez en entier l'article Pisidium Cazeu- TANUM, et remplacez-le par ce qui suit : 3. Pisidium Cazertanum , Poli ( Cardwm ). Var. 1. (Typus). — Rare. Loc. Louvigny (arr. de Gaen) ; Le Mesnil-Mauger , St.- Crespin (arr. de Lisieux) ; forêt de Cerisy (arr. de Bayeux). Sous-variété {Minor). — Très-commime. Loc. May , Troarn , Canteloup , Sallenelles , etc. , ( arr. de Caen ) ; Canon, Le Mesnil-Simon, Lessard, etc., (arr. de Li- sieux ). Var. 2. [Pisidium lenticulare, Normand). Loc. Mouen, près Caen; forêt de Cerisy (arr. de Bayeux). Sous- Variété (Minor). ï^oc. Troarn (arr. de Caen) ; Le Mesnil-Simon (arr. de Lisieux. Cette variété est rare. Var. 3, ( P. cinereum, Aider). — Rare. Loc. Baron (arr. de Caen); Le Mesnil-Simon (arr. de Li- sieux ) ; forêt de Cerisy (arr. de Bayeux). Var. U. (P. /î'mojMm, Gassies). — Très-rare. Loc. Troarn (arr. de Caen) ; Canon (arr. de Lisieux). Var. 5. [P. rotundum, de Cessac). — Très-rare. Loc. Chicheboville (arr. de Caen); St. -Julien-le- Faucon (arr. de Lisieux). Var. 6. (P. pulcheUum, Jenyns). — Commune. Loc. Fontaine- Henry , Troarn , Sallenelles, etc. (arr. de Caen); St.-Crespin, Vieux-Pont, Berville, etc. (arr. de Li- sieux ) ; Monceaux, Ver (arr. de Bayeux). — 292 — (iUl, 65). Ajoutez : U. PisimuM TETRAGONUM, Normand. Loc. Caen (Prairie , Calix) , Allemagne , ftlaltot, Verson , Blainville (dans le Dan), étang de Beuville (arr. de Caen). Var. (P. Baudonianum, de Cessac), Loc. Lécaude (arr. de Lisieux). Cette espèce est peu abondante. 5. PISIDIUM NITIDUM , Jenyns. Loc. Mondeville, Blainville (dans le Dan), Feuguerolles , Colleville, Argences (dans la Muance), Fontaine-Henry (dans la Mue), Sannerville (arr. de Caen); Mézidon (arr. de Li- sieux). Espèce assez abondante, 6. PISIDIUM PUSILLUM , Jenyns. Loc. Petites rigoles du marais de Blainville, fossés el petites flaques d'eau des dunes de Merville (arr. de Caen). Très-rare. Nota. — Je me suis beaucoup aidé, dans cette révision du genre Pisidîum, des conseils de M. Aug. Baudon, de Mouy-de-l'Oise, des exemplaires-types qu'il m'a donnés et de son excellent travail sur les Pisidies de France (1). (U8, 66). Cyclas lacustris, Màller. Var. 1. Loc. nouv. Sallenelles, Giberville (arr. de Caen); Lessard, Coupesarte (arr. de Lisieux). (U9, 67). Ajoutez : h. CYCLAS UNCINATA , ÎS. Coquille ellipticjue^ à contours non anguleux y inéquila- térale, brillante, très-mince et très-fragile ; d'un roux-bru- nâtre, 'plus clair vers les sommets et à la marge, avec une bande plus foncée à une petite distance du bord inférieur. (1) Essai monograpliique sur les Pisidies françaises. Paris, 1857. — 293 — Extrémité antérieure régulièrement elliptique, assez avancée. Extrémité postérieure courte, arrondie, à bord tombant assez brusquement. Sommets très-saillants, enflés, caliculcs, inclinés en avant et l'un vers l'autre. Calicules se louchant par leur extrémité postérieure et visibles seulement par en haut. Hauteur, 11 millim. ; longueur, 13; épaisseur, 7. (De- scription faite sur quatre exemplaires seulement. ) Loc. Dans l'une des mares des carrières de grès de Feu- gueroUes, près Caen. La forme de cette coquille serait bien représentée par la figure que M. IMoquin-Tandon donne du C. Ryckholiii (1) , si dans cette figure l'extrémité antérieure était un peu plus avancée et les calicules invisibles , tout en conservant la saillie des sommets. Cette Cyclade est intermédiaire entre C. Terveriana , Dupuy,et C. Ryckholtii, Normand. Elle diffère du C. lacustris. Millier {C. caliculata. Drap.), par sa forme , qui est elliptique au lieu d'être subtctragone , par son contour non anguleux , la saillie plus grande des sommets et leur double courbure. Elle se distingue du C. Terveriana par la saillie et les courbures des sommets. Enfin elle diffère du C. i?î/c/i;/io/f u par sa forme plus allongée et la disposition toute différente des sommets. Je n'ai pu comparer cette espèce qu'à un exemplaire unique du C. Terveriana, d'Auch, et du C. Ryckholtii, de Valenciennes , et j'en ai vu un trop petit nombre d'individus pour être bien certain de sa validité. Je serai le premier à la faire descendre plus tard, s'il y a lieu, au rang plus modeste de variété. Elle constituerait, dans cette hypothèse, une variété extrêmement remarquable. (1) m. LUI, fig. /io. — 294 RÉSUMÉ. Nombre des espèces mentionnées dans le Catalogue (1859) 9/t Espèces nouvelles de ce Premier supplément : VlTRINA MAJOR, Fér. ZONITES ALLIARIUS , Miller. Hélix sericea, Drap. — CONCINNA , Jeff. PCPA SEGALE , Drap. ACME LIN BATA , Drap. PhYSA aguta (var.), Drap. Bythinia abbreviata, Mich. BYTHINIA MURIATICA, Lam. — ACUTA, Drap. Valvata spirorbis, Drap. PiSIDIUM NITIDUM, Jen. — TETRAGONUM, Norm. — pusillum, Jen. Cyclas uncinata, N. Total des espèces nouvelles. . Total général. 15 109 espèces. Si l'on retranche Valvata spirorbis , qui appartient au dé- partement de la Manche , et Physa acuta , dont la sponta- néité est incertaine, ce nombre se réduit à 107 espèces de Mollusques testacés. Enfin il descendrait à 105, si l'on re- fusait d'admettre les Bythinies des eaux saumâtres parmi les Mollusques terrestres et fluviatiles. 295 — SÉANCE DU 9 JUILLET 1860. Présidence de H. PIERRE. Ouvrages reçus, en échange des publications de la Société : BuLleiin de la Société vaudoise des sciences naturelles , îome VI, n". û5 , in-8°. avec deux cartes. Lausanne, 1859. Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles , n°. 46. Lausanne, 1860. Boletin de la Sociedad de naturalistas neogranatinos , in 8°., feuilles 1 et 2. Bogota, 1860. Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe. Plusieurs volumes complets et de nombreuses li- vraisons, depuis 1833 jusqu'à 1859 inclusivement, qui man- quaient à la bibliothèque de la Société Linnéenne , par suite d'irrégularités dans les envois de ce recueil. CORRESPONDANCE. Le Secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Le Normand, correspondant à Vire, auquel il avait envoyé, pour les exa- miner et en dire son sentiment , les Notidœ phyiographica; , adressées dernièrement à la Société Linnéenne , par M. Jean Gistel. M. Le Normand pense que ces notes proviennent d'une personne très-versée dans la connaissance des plantes , et qu'elles peuvent fort bien figurer dans le Bulletin de la So- ciété. Cependant il regrette que l'auteur ne se soit pas nommé et ne se soit désigné que par ces mots : Communicavit ano- nymus Societatis Linneanœ Cadomensis socius adscripius. — 296 — Il est très-probable que les genres nouveaux établis dans ces notulœ seront cités par la suite, soit pour les admettre, les critiquer ou les rejeter, et l'on ne peut citer Anonymus. Par la même lettre, M. Le Normand communique un cer- tain nombre de rectifications à faire aux déterminations du Catalogue des plantes de la Guyane , rapportées par M. Dé- planche ; il doit ces rectifications à M. le D'. Sagot ; il prie la Société d'imprimer ces rectifications dans son V^ volume du Bidletin en voie d'impression, La Société s'empresse de consentir h la demande de M. Le Normand. Le Secrétaire donne communication d'une circulaire du Ministre de l'instruction publique , concernant le projet qu'il a conçu de publier, sous ses auspices, une Description scien- tifique de la France, à la confection de laquelle il invite toutes les Sociétés savantes de contribuer. M. le Ministre a pris pour base de la division de cet ouvrage les départements français; afin de mettre de l'unité dans cet immense travail, il a adressé à chaque Société des instructions composées par la Commission qu'il a instituée dans ce but. Les autres vSo- ciétés savantes de Caen ont reçu la même circulaire et les mêmes instructions. La Société Linnéenne s'entendra avec les Sociétés de la ville pour la répartition des travaux à faire suivant la spécialité et les convenances des membres appelés à concourir à la confection de ce grand travail. On s'entretient de la course à St.-Pierre-sur-Dive, qui a eu lieu le 5 du courant : elle a été , comme on pouvait s'y attendre , plus agréable que profitable , car on n'y a recueilli rien de rare et qui ne fût connu depuis long-temps. M. Per- rier a donné la liste des plantes principales qu'on y a récoltées, et M. Luard une note sur les terrains visités. M. Eudes-Deslongchamps annonce qu'une petite Aigrette ( Ardea garzetta ) a été tuée dernièrement le long du canal maritime de Caen à la mer. 297 Planles recueillies dans les environs de Si. -Pierre- sur- Dive. Linuni angustifolinm, L. Briinelia iaciniata, Lain. — à fleurs bleues Valerianellaeriocarpa, Desv. — dentaia , S. Will. Astragalus glycypliyllos , L. Alihcva hirsuta, L. Trifolium ocliroleuaim, L. — médium, L. Senecio erraticus, Bert. Cirsiiim bidbosum, DC. Mcdicago denticulaia, Wills. Tragopogon orientalis, L. Adonis cestivalis, L. Ervum gracile, DC. Speadaria hy brida, D(]. Turgenia latifolia, Ilolîm. Muscari comosum, Mill. Globularia vulgaris, L. Orchis ustulaia , L. — corioplwra, L. NOTE UE M. LUARD. Le 5 juillet 1860, les meaibres de la Sociélé Linnéenne de Normandie se réunirent h St.-Pierre-sur-Dive. Arrivés à 7 heures , ils attendirent l'heure du déjeuner qui avait été fixé à 8 heures. Ce temps fut employé à visiter la belle église de St. -Pierre et la salle capilulaire de l'ancien cloître. Après le déjeûner, on se divisa en deux sections, la section de botanique et la section de géologie. Cette dernière explora d'abord des carrières situées à l'ouest de St.-Pierre-sur-Dive, dans la paroisse de Dou- ville. Elles sont ouvertes dans la grande oohthe et n'offrent rien à noter qui ne soit bien connu ; nous y avons trouvé quelques fragments d'encrine. Après avoir visité les terrains situés à l'ouest et au sud- ouest de St. -Pierre, nous nous dirigeâmes à l'est et au nord- est de ce bourg. — 298 — Les carrières ouvertes à Rocreux nous fournirent quelques gisements de terrains intéressants, même remarquables : d'abord une première carrière, exploitée au bas du coteau . appartient à la grande oolithe comme tout le terrain environ- nant, et là le calcaire de Ranvilie se retrouve avec ses bancs bien limités et ses fossiles. Une seconde carrière en exploi- tation , mais sur une grande échelle , est ouverte à l'endroit nommé Rocreux. D'abord une légère couche de terre ar- gileuse couvre immédiatement l'argile de Dives, qui offre en cet endroit une puissance de cinq mètres, et semble circonscrite dans un espace resserré, puisque de chaque côté elle disparaît à un quart de kilomètre de distance. On trouve dans celte argile une infinité de petites huîtres , des térébratules, des rhynchonelles, des baguettes d'oursins, des moules internes de différentes coquilles univalves et bivalves. L'argile dont nous nous occupons n'est pas en place ; tout porte à croire qu'elle a coulé et qu'elle s'est arrêtée à l'en- droit où nous la voyons aujourd'hui. 3Iais , d'où vient-elle? Il n'en existe aucune trace dans les environs; Escures en est à 1/2 myriamètre. Dans cette localité , elle est également très-circonscrite , elle recouvre immédiatement ces masses énormes de calcaire marneux , connu sous le nom de pierre de Rocreux , rempli de trous arrangés de manière à lui donner quelque ressemblance avec la pierre meulière de la Ferté-sous-Jouarre, et le nom de Rocreux vient de roc creux, à cause de ces trous. Ces masses de calcaire ont ensemble une puissance de 10 mètres et sont séparées l'une de l'autre par une couche d'argile à demi solide, de couleur jaunâtre, due à l'action des eaux qui agissent comme dissolvants sur les parties les plus tendres de ce calcaire, et produisent l'argile de dépôt qui ren- ferme de l'oxyde de fer et des cristaux de sulfate de chaux en grande quantité. — 299 — Les terrains que nous avons examinés forment la ligne de démarcation de la première et de la seconde région natu- relle de IM. de Caumont. CATALOGUE DES INSECTES RECUEILLIS A LA GDYANE FRANÇAISE, Par lit. L DÉPLANCHE, cbirurgien aniiliaire de la marine impériale , pendant la campagne de l'aviso à vapeur le Rapide , années 185!j-55-56, Par M. A. Fauvel. M. Déplanche, comme chacun sait, séjourna un peu moins de trois années à la Guyane. Chercheur infatigable , il em- ploya les loisirs d'un service , souvent périlleux , à recueillir tous les objets d'histoire naturelle qu'il put se procurer, soit dans ses propres excursions, soit par l'entremise des gens du pays ou du bord. Ses diverses collections , à peu près égale- ment nombreuses et préparées en général avec un grand soin , il les a confiées, à son retour, h notre savant secrétaire, son ancien professeur et ami , comptant sur son obligeance et ses lumières pour coordonner tant de matériaux épars et enregistrer ses découvertes. Disons qu'il n'a pas été trompé dans ses espérances. Déjà la liste complète des vertébrés, celle des mollusques et des plantes ont été publiées dans les bulle- tins de la Société Linnéenne (1) , dont M. Déplanche est devenu un des membres les plus actifs, sinon par ses travaux , du moins par ses voyages. Restait à faire connaître la partie enlomologique du voyage de M. Déplanche, à laquelle il avait (1) Voir Bulletin de la Société Linnéenne, vol. IV«. , 1859, p. 153. — 300 — aussi doimc tous ses soins. M. Eudes-Doslongchamps a biea voulu me charger de ce soin, et je suis heureux de pouvoir présenter dès maintenant à la Société Liunéenne la première partie de mon travail. Puissent ce petit catalogue et ceux qui suivront n'être pas trop indignes de figurer à côté de leurs devanciers ! Cette première partie comprend seulement les coléoptères, par lesquels je devais commencer poursuivre l'ordre naturel. Il est presque inutile de faire remarquer que , m'occupant uniquement des insectes de la France , et n'ayant que fort peu d'espèces exotiques à ma disposition , ce n'est pas sans de sérieuses difficultés , augmentées surtout par le manque d'ouvrages spéciaux , que je suis arrivé à une détermination exacte et certaine des 133 espèces qui y sont éuumérées. Ceux-là qui ont des collections exotiques, n'importe dans quel règne, savent combien les anciens ouvrages de Linné, de Fahriciiis, d'Olivier, sont devenus incomplets et souvent défectueux ; combien encore il paraît, chaque année, en An- gleterre et en Allemagne surtout , de travaux qui deviennent presque indispensables quand on veut nommer sûrement une collection comme celle de M. Déplanche, et qu'il est cepen- dant impossible de consulter en province où les bibliothèques sont, en général, fort pauvres en ouvrages d'entomologie. Aussi, je dois l'avouer, sans les nombreux renseignements que j'ai puisés à la bibliothèque même de la Société et à celle de la Faculté des sciences , par l'entremise de 31. Deslong- champs, et surtout, sans l'obligeant concours de M. Chevrolat, possesseur d'une des plus riches collections de coléoptères de la capitale , qui a bien voulu revoir toutes les espèces dou- teuses , mes efforts n'eussent abouti qu'à un résultat fort in- complet. Que ces Messieurs reçoivent ici l'expression de mes sincères remercînients. Quelques mots maintenant du catalogue lui-même. J'ai — 301 — suivi , en général , la classification de M. Th. Lacordairc , dans son Gênera des Coléoptères ; malheureuscmenl cet ex- cellent ouvrage n'est pas encore achevé. Je regrette vivement de n'avoir pu rien dire du degré de fréquence ou de rareté des espèces, des particularités de mœurs, d'habitat, de sta- tion, etc., qu'elles peuvent présenter, 31. Uéplanche n'ayant laissé aucunes notes ou observations à ce sujet. Pour les espèces nouvelles, je les ai décrites avec tout le soin pos- sible : elles ne sont pas en grand nombre ; cependant , eu égard à l'ensemble de la collection , elles forment un contin- gent assez considérable et prouvent, une fois de plus, que le dernier mot, pas plus à la Guyane qu'ailleurs, n'est encore dit sur les productions naturelles , les très-petites espèces surtout étant généralement délaissées des naturalistes-voya- geurs. Enfin j'ai négligé un luxe de synonymie fort utile dans des traités monographiques , mais qui n'eût été ici qu'une superfluité. COLÉOPTÈRES. CARABIDES. G. Selenophorus , Drj. i. Selenophorus cayennensis, mihi. Oblong, brillant, légèrement convexe. D'un brun-îioirâtre en-dessus, avec un reflet métallique , irisé sur les élyires. Tête assez grosse , très-fuiemeîit ridée en avant, tin sillon transversal e^itre les yeux; bouche brunâtre. Anteiines tes- tacées , premier article plus clair, troisième presque moitié plus long que le deuxième. Prothorax visiblement trans- versal, plus étroit que les élytres ; côtés arrondis, leur plus grande largeur vers le milieu ; afigles antérieurs émoussés. — 302 — les postérieurs arrondis , obius; bord postérieur légèrement sinué , couvert d'une ponctuation serrée et rugueuse aux an- gles postérieurs et remontant sur les côtés; impressions basilaircs larges ^ mais peu profondes; un sillon médian bien marqué. Eiytres en ovale court , siniiées à Leur extré- mité; stries plus profondes postérieurement et latéralement, intervalles très-finemeni ponctués. Dessous brun, repli la- téral du corselet et des élytres et bord des segments abdomi- nauxrougeâtres. Pattes d'un testacé clair. — Long. : 7 millini. Hab. Cayenne, Un seul exemplaire c?. HYDROPHILIDES. G. Hydrophilus , Gcoff. 2. Hydrophilus ATER, O/iy. HISTERIDES. G. Leiojvota, Dcj.f De Mars. 3. LeIONOTA LiEVICOLLIS , Dej. G. Omalodes, Dcj. k. Omalodes conicicollis , De Mars. NITIDULIDES. G. Camptodes, Erichs. S. Camptodes viridipenn s , mihi. C. CYAMPENNIS , Er. var.? — 303 — Globoso-hemisphérùjuc , atténué postérieurement. Bril- lant , entièrement couvert d'une ponctuation très- fine. D'un testacé rougeâire ; élytres d'un vert obscur. Antennes tes- tacées, masstie brune. Prothorax plus large que les élytres, transversal et fortement arrondi en avant ; angles arrondis, rembrunis en avant, verdâlres sur le disque et sur toute la base. Élytres très-arrondies , rebordées; sirie suturale effacée en avant. Dessous plus fortement ponctué. — Long. : U 1/2 raillim. Hab. Cayenne. Cette espèce paraît bien distincte par sa couleur. Je n'en ai vu qu'un exemplaire, probablement c?. G. LOBIOPA , Erichs, 6. LOBIOPA ROTUNDATA , Er, DERMESTIDES. G. Dermestes , Linn. 7. Dermestes gadaverinus , Fabr. Ce Dermestes et la Necrobia rufipes sont les deux seules espèces cosmopolites rapportées par M. Déplanche. LUCAMDES. G. Passalus , Fabr. 8. Passalus interruptus , Fabr. 9. — transversus , Schoenh. 10. — TNTERSTITIALIS , Pcrc/(. 11. — TETRAPHYLLUS , Dej. — 3()/i — SCARABÉIDES. G. ChvEridium, LepcU. et Scrv. 12. CHiERlDiUM , nov. sp. 13. CHiERIDIUM Ces deux espèces ont été brisées pendant le voyage et ne peuvent être utilement décrites. G. CoPRis, Gcoff. \li. CorRlS PUNCTICOLLTS, Dej. G. PHAN.EUS, Mac-Lcay. 15. Phan^us faunus, Fab. 16. — MIMAS, Fab. G. ScARABiEUS, Linn. 17. ScARAB^us Action, Fabr. cTet $. 18. — Chorin^US, Fabr. G. Anomala , Koeppe in Sam. 19. Anomala marginata, Dej. G. Macraspis, i\7«c-Lc«j/. 20. Macraspis splendida, Fabr. G. Rutela , Lalr. 21. Rutela lineola, Fabr. Var. Surinama (Oliv.j. G. Cyclocephalus, Lalr. 22. CYCLOCEPHALUS CASTANEUS, Fabr. — 305 — G. Chalepus, Mac-l.cay. 23. CH4LEPUS GEMINATUS, Fabr. (\. LiGYRUS, Burin, 1h. LiGYRUS FOSSATOR, Fabr. G. C/ELOSis, Kirby, Uope. 25. CtElosis BiLOBUS, Fabr. G. Phileurus , lAilr. 26. Phileurus didymus , Fabr. 27. — /i-TUBERCULATUS , Oiiv. G. Gymnetis , Mac-Lcay. 28. Gymnetis margaritacea , Gertn. 29. Gymnetis hamata, mihi. Ovoïde -ob long. D'un jaunâtre-obscur , mat, offrant en- dessous un léger reflet verddtre. Tête fitiernent rebordée , vertex enfumé, chaperon carré. Prothorax triangulaire , coupé droit en avant , côtés presque droits , arrondis aux angles postérieurs ; base fortement sinuée de chaque côté, prolongée en pointe, obtusément arrondie sur les élytres. lé- gèrement convexe, d'un fidiginenx velouté , tin peu verddtre sur tout le disque ; couleur du fond formant sur les côtés une large bande d'un jaunâtre clair , criblée de petits poiiiis noirs enfoncés; une bande à peine plus claire que le fond, parlant du bord extérieur , traversant le disque oii elle se divise en deux branches sinueuses convergentes vers l'écusson. Partie visible de celui-ci couverte d'une longue pubescence dorée. Pièces axillair es d'un jaune sale. Elytres planes, sail- lantes , aux épaides sinuées latéralement, rétrécies d'avant en arrière, coupées droit à ('extréinité ; suture carénée, pos- 20 — 30(i — lérieurement surtout , où elle se termine par deux pointes (ligues; une bande d'un fuligineux vcrdâtre de chaque côté de la sntîire s'arrêiani aux deux tiers postérieurs, une autre plus externe n'atteignant pas le milieu et donnant naissance en arrière à une raie d'un brun-velouté foncé, en forme d'hameçon , tournée extérieurement ; une autre raie très- courte, de même couleur au-dessus , placée oblicfuement sur le milieu du disque ; enfin, latéralement, deux autres raies parallèles, presque effacées, l'imerne plus courte; élytres ayant avant l'extrémité un croissant d'un jaune sale , s'ap- puyant latéralement sur la raie hamiforme , criblées sur toute leur surface de petits points noirs formant des stries ou placés irrégulièrement. Dessous lisse et unpeu brillant au milieu ; côtés criblés de petits points noirs , très-nombreux sur les côtés des segments abdominaux. — Long.: 15 millim. Hab. Cayeiine. Un seul exemplaire. D'après l'ensemble de ses caractères, cette espèce doit se placer près de l'Ocellata, Gory et Perch. [Monogr. des Cétoines, 368 , pi. LXXIV , fig. 5 ). Elle est remarquable par la couleur de son prolhorax et les dessins de ses élytres. BUPRESTIDES. G. EucHROMA, Sero, 30. EUCHROMA GIGANTEA , Fabr. G. GONOGNAÏHA, Eschs. 31. CONOGNATHA EQUESTRIS , Fabr. G. PsiLOPTERA, Serv. 32. PsiLOPTERA COLLARIS , Fabr, ~ 307 — G. Chrysesthes, Sci'v. 33. CHRYSESTIlIiS TRIPUNCTATUS , Fcibr. G. COLOBOGASTER , SoL ZU. COLOBOGASTER SEXPUNCTATA , Fabr. ÉLATÉRIDES. G. Chalcolepidius, Eschs. 35. Chalcolepidius poucatus , Fabi\ G. Pyrophorus, Jilig. 36. Pyrophorus phosphorus, Linn. 37. Pyrophorus Candezei , mïhi Allongé, étroit et parallèle, fortement déprimé, surtout sur les élytres. D'un noir - brunâtre ; palpes et pattes d'un brun-rougeâtre ; antennes brunes ^ de la longueur de la tête et du prothorax ; deuxième article ayant à peine le tiers de La longueur du troisième; les suivants beaucoup plus larges que le premier , fortement comprimés et dentés inté- rieurement. Tête offrant entre les yeux une excavation ter- minée en avant de chaque côtépar deux fossettes lisses; assez fortement et densément ponctuée , à pubescence très-rare , visible seulement en avant et sous un certain jour. Proihorax en carré-long, densément pointillé; une ligne longitudinale bien marquée dans les 2/3 postérieurs ; couvert en arrière et sur les côtés seulement d'une pubescence roussâtre, longue, mais très-écartée ; légèrement convexe, avec les bords laté- raux un peu sinués vers le premier tiers antérieur, de sorte que la plus grande largeur est après le milieu en arrière , angles antérieurs arrondis , Les postérieurs très-pointus et — 308 — trcs-proémincnis ; base droite ; de chaque côté une vésicule phospixorique placée exactement dans l'angle du corselet et s' avançant jusque sur le bord postérieur en arrière. Elytres parallèles f très-légèrement rétrécies en arrière, à peine convexes, à longue pubescencc roussâire , visible seulement à la base et à l'extrémité qui est obtusément arrondie; forte- ment striées, légèrement rebordées, surtout en arrière; stries bieîi marquées jusqu'à l'extrémité avec de petits points très- fins et très-rapprochés ; intervalles relevés et assez convexes à La base , couverts d'une ponctuation excessivement fine et serrée. Abdomen non pubcscent; dernier segment densé- ment ponctué. — Long. : 25 millim. Hab. Cayenne. Je n'ai vu qu'un seul individu de cet intéressant Pijro- phorus. Je l'ai dédié à M. leU^ Candèze, de Liège, qui public en ce moment une monographie des Elatérides. LAMPYRIDES. G. Calopteroh , Gast. 38. Calopteron TROPicus, L. (fasciatus, Fabr.). G. Pyropterus, Muls. — (Eros , Newm.). 39. PYROPTERUS AURATOCOLLIS, milli. D'un brun-noir, mat. Allongé et parallèle. Antennes des deux tiers de la longueur du corps, premier article jaunâtre en-dessous et à l'extrémité. Tête bilobée en avant, profon- dément excavée entre les yeux, lisse , d'im noir profond. Prothorax trapézoîde , très-arrondi antérieurement , sinué de chaque côté ; base régulièrement arquée et convexe; angles postérieurs aigus et prolongés notablement en arrière ; tous — 309 — les côtés fortement relevés ; une ligne longitudinale médiane assez profonde avec un étroit bourrelet de chaque côté allant de la base au premier tiers antérieur, où elle est remplacée par une petite carène saillante ; d'un beau jaune d'ocre avec tout Le disque brunâtre. Écusson échancré au sommet et longiiudinalement déprimé. Elytres parallèles , de la lar- geur du prothorax, obtusément arrondies à l'extrémité, avec le bord externe ; la suture et quatre côtes élevées , la première et la troisième peu marquées , la deuxième et la quatrième saillantes ; intervalles fortement réticidés, trans- parents ; épaules d'un beau jaune d'ocre qui, partant de la deuxième côte, s'étend sur le premier quart de la troisième, et ensuite sur le premier tiers de la quatrième , mais n'en- vahit pas le bord externe. Pattes de la couleur du corps; base des cuisses et hanches d'un jaune d'ocre. — Long. : 8 millim. Hab. Cayenne. G. AspiDOSOMA, Lacord. ^0. ASPIDOSOMA IGNITA , L. TELEPHORIDES. G. Telephohus , Scfiœff. 41. Telephorus dichromus , mihi. D'un testacé rougeâtre, brillant sur la tête et le prothorax qui sont plus foncés. Mandibules brunâtres. Antennes de la moitié environ de la longueur du corps : premier article brunâtre en-dessus à l'extrémité , les suivants bruns avec la base seidemejit jaunâtre , les trois derniers rougeâtres , le dernier plus foncé à l'extrémité. Tête déprimée transver- salement entre Les antennes. Prothorax lisse , notablement — 810 — plus large que long , irès-Lcgèrcment convexe sur le disque ; côtés relevés , parallèles , à peine sinués en arrière , régu- lièrement arrondis en avant; angles postérieurs droits, émoussés ; base légèrement sinuée au-dessus de l'écusson. Écusson lisse, brillant. Élytres mates , un peu plus larges que le prothorax , à pubescence hérissée , chagrinées, paral- lèles et obiusément arrondies à l'extrémité ; épaules bien marquées. Pattes de la couleur du corps, extrémité des cuisses e\ des jambes et tarses bruns. — Long. : 10 iiiilliin. Hab. Cayenne. CLÉRIDES. G. Necrobia , Lalr, h1. Necrobia rufipes , Fabr. DIAPERIDES. i G. HOPLOCEPHALA , CitSt. 43. HOPLOCEPHALA ARMATA, Lap. PIMÉLIDES. G. ZOPHOBAS, Dcj., Blanch. hU. ZOPHOBÀS NIGRITA , Fabr. G. Phymatodes , Blanch. /i5. PHYMATODES TUBERCULATUS , Fabr. Fani. UELOPII, Blanch, Trie. CNODALIDES , Lac. Gen. Deplanchesia, mihi. Corps ailé , naviculaire. Tête enfoncée dans le prothorax — 311 — jusqu'aux yeux , d'u7i tiers plus étroite que lui , s'cLargissant en avant cl arquée à partir des yeux pour former L'épi- stoine , qui est légèrement relevé; ceux-ci reçus dans uue échancrure et ne faisant pas saillie de chaque côté de la tête , fortement transversaux et réni formes ; palpes maxil- laires (l) de trois articles : premier renflé à son extrémité, deuxième sécur i forme , plus large , mais à peine plus court que le précédent , troisième bien plus grayid, en forme de triangle renversé Antennes insérées eti avant des yeux , sous les côtés de l'épistome , de onze articles ; premier à peine plus gros que les suivants, 2-5 égaux, 5-11 dé- primés et graduellement élargis, dernier le plus grand, élargi. Prothorax transversal , échancré en avant pour recevoir la tête i côtés parallèles , non-dentelés ; base s' ap- pliquant étroitement contre les élyires , un peu dilatée en arrière vers Cécusson. Celui-ci petit , triangulaire. Elytres parallèles, arquées et fortement convexes en-dessus , assez largement repliées en-dessous dans leur première moitié antérieure. Saillie proslernale reçue en partie dans une excavation en forme de fourche du mésosternum. — Deplan- chesia , nom propre. Différences sexuelles inconnues. Je ne sais rien des mœurs de l'unique espèce pour laquelle j'ai créé ce nouveau genre. Elle doit , par l'ensemble de ses caractères et eutr'aulres la structure de ses antennes, prendre place à côté des Cnodulon, Dej. , et des Cyrtosoma, Perty, dans la famille des Hélopiens, bien que le premier de (1) Je regreUe beaucoup de ne pouvoir décrire plus complètement les orgaees buccaux de celte nouvelle coupe ; mais l'état de délério- ralioii de ces parties ctiez l'unique exemplaire rapporté par M. Dé- planche ne m'a pas permis d'être plus explicile. Je la crois, d'ailleurs. sullisumment établie par les autres caraclères mentionnt^s. — 342 — ces deux genres ait été rangé par quelques auteurs dans la tribu des Diapérides. Je me suis fait un devoir d'inscrire ici le nom du zélé natu- raliste dont les recherches de trois années ont jeté un nouveau jour sur les productions naturelles de la Guyane française. 66. Deplanchesia metallescens, mihi. Ovale-oblong, d'un noir assez brillant , avec les élytres d'un cuivreux métallique brillant. Palpes brunâtres ; extré- mité du troisième article testacée. Antennes d'un brun-noir, à peine plus courtes que la tête et le prothorax. Tête fine- ment et densémeni ponctuée, avec une dépression linéaire et transversale en trapèze renversé, séparant en avant Le front de l'épisiome; bord antérieur relevé, surtout en avant des yeux. Prothorax transversal , plus convexe antérieure- ment , rebordé latéralement , à ponctuation fine et éparse ; côtés visiblement parallèles , arrondis en avant , sinués et déprimés vers leur milieu ; angles aittérieîirs obtus, les pos- térieurs aigus et un peu prolongés en arrière ; base dilatée dans son milieu et se prolongeant sur l'écusson avec cinq petites dépressions effacées. Elytres fortement convexes, très- légèrement élargies aux deux tiers postérieurs, finement re- bordées ; épaules un peu saillantes , coupées à angle obtus ; offrant chacune neuf stries ponctuées, bien marquées, surtout à la base et latéralement , un peu effacées en arrière : la suturale rudimentaire , les quatre suivantes réunies deux à deux à leur base, graduellement raccourcies à l'extrémité, la sixième de même longueur que la cinquième , les trois externes ne commençant qu'au-dessous de l'épaule , la mé- diane la plus longue ; repli latéral d'un noir légèrement verdâtre. Tarses bruns , jaunâtres en-dessous. — Long. : 7 millim. — 313 — Hab. Cayenne, Un seul individu. G. SpHjEniscus, Kirby. kl. SPH^NISGUS LAGRIOIDES {Dej. ) , ThottlS. CURCULIONIDES. G, Gymnognathus , Schoenh. US. Gymnognathus dorsonotatus, Schoenh, G. Brenthus, Illig. ^9. Brenthus anchorago, Fabr. G. Entimus, Gcrm. 50. Entimls LViPERiALis, Fabr. G. Ph^dropus , ScliocnU. 51. PH^DROPUS CANDIDUS , Fabr. G. Cyphus, Schoenli. 52. CYPHUS DIADEMA, Fabr. Var. JuvENCUS, Oliv. G. Platyomus , Schoenli. 53. PLATYOMUS MARMORATUS, Dej., Cat. (^h. — (COMPSUS) LAGTEUS, Fabr. 55. PLATYOMUS MONACHUS , mihi. Ovaie-oblong. En entier d'un gris -roussâtre , mat, avec une très-légère teinte rose sur Le disque des élytres, /intennes de la Longueur de La tête et du prothorax ; premier article de la couleur du corps , Les suivants et La massue d'un gris- noirâtre. Bouche noire. Rostre horizontal , Largement dé- — Zik — primé en avant , avec L'extrémité offrant une plaque trian- gulaire d'un noir velouté; une carène très- fine entre les antennes. Prothorax de la longueur de la tête, plus étroit en avant ; côtés fonnaîit un angle effacé mais visible au milieu ; disque avec une large dépression quadrangulaire ; quelques gros points sur les côtés. Ecusson en triangle arrondi au sommet. Èlylres d'un tiers plus larges que le proihorax, à peine élargies postérieurement, acuminées à l'extrémité, avec les épaides saillantes et les côtés légèrement sinués ; fortement ponctuées , réticulées ; séries de gros points régu- lières, moins profondes sur le disque et en arrière ; suture et deuxième intervalle formant carène vers les deux tiers pos- térieurs. Dessous plus clair ; cuisses fortement renflées en angle obtus avant l'extrémité. — Long.: 13 millim. Hab. Gayenne. 56. Platyomus LirARGYREUS, Li7t7i. ( elegans , Oliv. ). G. EosTALES, Scliocnh. 57. EUSTALES CflLOROTLCUS, Oliv. G. ILEOMUS, Scfioenh, 58. iLEOMUS ROREUS, Fabr. G. Heilipus, Gcrm. 59. Heilipus multiguttatus , Fabr. 60. Heilipus securiger, mihi. Oblong-ovalaire. Brunâtre, à pubescence rôtisse, courte et serrée. Antennes noires. Tête de la même coidettr; rostre à peine plus large à C extrémité, où il est très-finement pondue , offrant en-dessus , en avant des yeux , plusieurs — 315 — stries très- fines, formées par des lignes irrégulières de rides cl de points; vcriex chagriné. Prothorax cylindrique , d'un tiers environ plus étroit que les élytres , un peu plus élargi en arrière, couvert sur toute sa surface de points élevés, placés en lignes confuses sur les côtés, ce qui le fait paraître granuleux ; bord antérieur avancé , sinué derrière les yeux et en-dessous ; côtés formant un angle obtus peu visible au milieu, avec une raie oblique d'un noir velouté partant des épaules et se terminant derrière les yeux; base notablement sinuée. Ecusson paraissant lisse, demi-circulaire, bordé de noir velouté. Elytres plus de deux fois plus longues que le prothorax, parallèles , obtusément arrondies à l'extré- mité, fortement sinuées postérieurement ; tout le disquepourvu de séries de points placés derrière un petit tubercule, effacés en arrière et situés latéralement dans des sillons dont l'ex- terne est surtout bien marqué ; sur chaque élytre, au milieu, une large plaque sécuriforme d'un beau 7wir velouté avec un liseré d'wi jaune d'ocre; une autre petite tache triangu- laire, également noire avant f extrémité dans iine dépression juxta-suturale. Cuisses avec une forte dent interne ; jambes avec une petite dent obtuse dans leur milieu. Tarses rou- geâtres, jaunes en- dessous. —Long. : 20 millim. Hab. Cayenne. 61, Heilipus multisignatus, Schoenh. G. Cholus, Germ. 62, CHOLUS PiSTOK, Schoenh. G. Baridius, Schoenh. 63, Baridius impressifrons, Schoenh. — 316 — G. Cryptorynchus, lUiij. 66. Cryptorynchus triocellatus , rnihù Ovalaire, d'wi noir -brunâtre. Antennes rougeâtres ; der- nier article plus clair. Rostre de la Longueur de la tête et du prothorax , finement ponctué en avant , creusé en-dessus, à pai'tir des yeux jusqu'au milieu en deux sillons profonds, séparés par une carène très-lisse et pourvus intérieurement d'une épaisse puhescence jaunâtre. Tête et proihorax forte- ment granuleux , axjant dans chaque point une petite écaille jaune. Prothorax conique , transversal , convexe en-dessus; base coupée droit , notablement plus étroite que les élytres. Ecusson étroit, allongé. Elytres fortement convexes, régu- lièrement réirécies d'avant en arrière. Stries bien marquées surtout sur le disque et latéralement , formées de très-gros points enfoncés ; ijitervalles avec des carènes fines , la sub- humérale très-marquée ; deux larges ocelles à la base, limités par la strie suturale et la carène subhumérale , d'un beau rouge brique , entourés d'un liseré jaune-blanchâtre ; un troisième ocelle de même couleur embrassant l'extrémité des élytres , mais interrompu inférieurement. Dessous très- fortement ponctué ; pattes couvertes en entier d'écaillés jaunâtres très-serrées. — Long. : H inillim. Hab. Cayenne. Espèce irès-remarquable par les trois belles taches ocellées de ses élytres. Je n'en ai vu qu'un exemplaire. U. CONOTRACHELi's, Latr. 65. CONOTRAGHELUS NASUTUS , Chevr. — 317 — G. Pi AZUR 11 s, Schocnli. 66, PlAZURUS COMPACTUS, Dcj., Sch. G. Cleogoniis, Scfioenli. 67, Cleogonus RUBETRA, Fabr. G. Calandra , Fabr. 68, Calandra palmarum , Fabr, 69, — HEMIPTERA , Fabr. G. GossoNUS, Clairv. 70, COSSONUS CORTICALIS, Fabr. CERAMBYCIDES. G, Macrodontia , Scrv. 71, Macrodontia cervicornis, Fabr. G. Megaderus , Dej. 12. Megaderus stigma, Fabr. G. Trachyderes , Daim. 73. Trachyderes succiingtus, Fabr. lU. — STiilATUS , Fabr. G. LOPHONOCERUS , Lalv. 75. LOPHONOCERUS BARBIGORINIS, Fabr. G. Ghrysoprasis , Serv. 76. Chrysoprasis rufiventris, Dej. G. Callichroma, [.atr. 77. Callichroma suturalis , Fabr. 78. — VELUTINA , Fabr. _ 318 — :i:::i::::l:::HH» j: /;:;;;.i; •;;;;:•:■;: ji'î^^'^i^ ri :^î:îî|:n* : •::-;-:":■:-:-:-:":-:• :;:;:|:|;j:;:-:j:;:;:J . "I"'*."i'i"i'! *r"^-!*r- :-^-^:^::;:..., . . .:i^ > \ :• *.-:-:- •■•:-:-• -•■.::-::-'-'---'-"-:-^ : ■ - -.•.-.■--.-.•-•. î: