^f (■> ■ e (j,n FOR THE PEOPLE FOR EDVCATION FOR SCIENCE LIBRARY OF THE AMERICAN MUSEUM OF NATURAL HISTORY BULLETIN SOCIÉTÉ ORNITHOLOGIQUE SUISSE OENEVE. — Imprimerie DE J. -G. FICK, rue du Puits St. -Pierre, 4. BULLETIN ^^^^-^(^v SOCIÉTÉ ORNITIIOLOGIQUE SUISSE Tome Second GENÈVE ET BALE LIBRAIRIE T-I. GEORG 1870 -; r ^fff (Synopsis of the Species, etc.... Annals of the Lyceum of nat. hist. of New-York, v. II. p. 432. 1828). Kayserling et Blasius tWirhellh. Europas, XCI) lui ûxent comme séjour «ira arcktischen Meere». Thieneraann, qui a vécu aux latitudes arctiques, dit qu'il ne niche plus qu'à la côte est du Groenland, qui nous est inconnue et d'où quelques individus seraient descendus vers l'Islande {Fortpflanzung der Vœgel Europas, Abth. V, S. 57, 1838) ; etc. 8 JAP. STEENSTRUP. en réalité, à une époque plus reculée, la liinile seplenlrionale. Re- lativement à son extension de l'est à l'ouest, on ne s'est guère douté que, durant les derniers siècles tout au moins, sa patrie prin- cipale était la côte de l'Amérique du Nord, et que des individus isolés seulement pénétraient dans les parties orientales de l'Atlan- tique, seule provenance connue dos naturalistes. Et pourtant, c'est bien ce qui semble èlre la vérité dès qu'on prend la peine de com- parer les anciennes données entre elles ou avec les nouvelles que j'ai rassemblées. Dans les rapports que j'ai cili's plus h;\ul [Vidensk. selskabs. oiiersifjt.), j'ai déjà touché en passant les anciennes modifications qu'avait subies l'aire géographique de cet oiseau, dans le but d'éclai- rer ceux qui désiraient travailler à l'histoire de YAlca irnpennis. J'annonçais en même temps mon intention de traiter ce sujet plus en détail dans les Videnskabelige Meddelelser, conformément aux communications explicites que j'avais faites à notre Société dans les réunions du 17 novembre 1854 et du 14 décembre 1855. Je viens donc tenir ma promesse; mais j'insiste dès l'abord sur le fait que cet essai ne doit pas èlre considéré comme épuimnt le sujet. Je n'ai que la prélf^Uion de publier une série de données jus- qu'ici inconnues ou sin)[ilement méconnues, et de les coordonner de manière à donner un certain corps à l'histoire de V Aka irnpen- nis. Cette histoire pourra servir dès lors de point de départ pour rassembler des faits nouveaux. J'ai déjà mentionné que dans les siècles passés V Mra irnpennis habitai! principalement le côté occidental de l'Atlantique, savoir la côte orientale de l'Amérique du Nord et les parties les plus froides de la région tempérée. Cette assertion étant en contradiction avec les opinions jus([u'ici en vigueur, voici sur quoi je base ma ma- nière de voir : SUR l'alca impemnis. A. Séjour de l'alca impennisa l'ouest de l'atlantique, a savoir DANS LA PARTIE SEPTENTRIONALE DE LA COTE ORIENTALE DE l' AMÉRIQUE DU NORD. Autant que je puis en juger, aucun auteur américain n'a signalé VAlca impennis comme un oiseau américain. Les faunes de l'Amérique où je l'ai trouvé indiqué sont: Richardsons Fauna boreali-amerlcnno , 18311, et Wlluon's american ornithology with a contin. by C.-L. Bonaparte, and notes by W. Jardine, 8", 1832. Cependant, les grandes éditions in-4° de Wilson, 1808-14, et Bonaparte, 1825-32, ne l'ont pas mentionné, et Jar- dine, t. II[, p. 225, ne l'annonce que vaguement, d'après le Sy- nopsis de Bonaparte : « Inliabits iho arctic seas of bolli conti- nents, » etc., d'où l'on peut conclure que ces assertions ne pro- viennent pas de sujets trouvés aulhentiquement sur le continent américain. Richardson, dans l'ouvrage que nous venons de citer, ne le mentionne que dans l'Introduction, d'après le Traité sur les oiseaux. Toutefois, Sabine paraît l'avoir trouvé tout aussi peu lui-même au Groenland que Richardson dans l'Amérique du Nord. Dans son « Memoir on the birds of Greenland » [Linnean transactions, f. 1818, p. 559), Sabine n'a fait, en citant l'oiseau, que s'appuyer sur l'autorité de 0. Fabricius, et ainsi, il semble que les droits de VAlca impennis à la nationalité américaine ne se fondent jusqu'à présent que sur son apparition sur les côtes du Groenland. /. VAlca impennis sur les côtes du Groenland. Nous n'avonsque peu de renseignements sur la présence de Wilcn au Groenland ; les indications sont peu précises ; elles sont totale- ment muettes dans le siècle actuel, et comme elles ne remontent guère qu'à un siècle en arrière, elles se trouvent ne concerner que Tome II, l''^ partie. 2 10 JAP. STEENSTRUP. les années 1761 à 1774, souvent même ce sont des renseignements de seconde main. — Ainsi, d'une part, il n'est guère douteux que lemissionnaireDavidCrantz, dans sonHistoire du Groenland, \~i%o, p. 11 1, ne désigne YAlca en danois sous le nom de Sce Enuner, et en groënlandais^'saî'û/ft^soA; (c'est-à-dire : ailes courtes), car il dit que ses ailes ont à peine une longueur égale à celle qu'on peut com- prendre en étendant le pouce et le petit doigt, et qu'il est tout à fait incapable de voler. Cette dénomination groënlandaise de VAlca ne diffère que par le son de deux voyelles de celle qu'indique Glahn : « Iserokitsok », ^ dans son \'\\re Annotations sur les trois premiers volumes de l'Histoire du Groenland, 1771, p. 99-100, par David Crantz, et de celle que donne 0. Fabricius dans la Faune groënlandaise, p. 82. — D'autre part, il ressort des termes mêmes, et d'une manière indubitable, que Crantz, dans son séjour au Groenland, 1761-62, ne l'a pas vu lui-même. Tout porte à croire que, dans la visite que de New-Hernhut il rendit aux Norwégiens dans les colonies voi- sines, Godlhaal) et Sukkertoppen , il entendit seulement ;9ar/er de l'oiseau, puisque, par méprise, au milieu de quelques remarques éîraiigèresà ce sujet, il appliquée tort le nom norwégien Hatim- ber [Colijmbus glacinlis, Lin.] à notre alque, et lui attribue diver- ses parlicularilés de cet oiseau, fabuleuses et bien connues, comme par exemple qu'il couve ses œufs en les portant sous ses ailes. Glahn indique, par contre, fort bien la forme du bec et du corps de VAlca, les comparant avec ceux de Vlmhrim. Il est à supposer qu'il a vu lui-même l'oiseau, ou qu'il a eu entre les mains de bonnes descriptions. Si cependant Glalin avait vu lui-même l'oiseau, il aurait réfuté Craniz avec plus de force, et l'on peut donc supposer qu'il a simple- ment entendu parler de VAlca. Ce qui peut confirmer celte hypo- thèse, c'est que l'on voit dans la liste des oiseaux du Groenland (liste qui lui a été donni'c par un pasteur de Ilolstoinborg) le nom de Iserokitsok, soil Alca iuipennis, précédé d'un NB. ; or, le dit pas- * Formé de Iseruk, une aile, et du mot composé Kipok, petit. (Rem. de Glalin.) SUR L'ALCA IMPENMS. 11 tour aTail désigné par un signe semblable les espèces qu'il avait étudiées d'une manière spéciale. Ainsi donc, la seule cbose qu'on puisse conclure de ce qui pré- cède, c'est que l'oiseau a élé vu près des cotes; en revanclie, il n'est pas dit si on le voyait souvent, en quelle quantité, et s'il y nichait. Notre troisième source de renseignements de ce temps-là est le pasteur Otto Fabricius, qui dit clairement qu'il n'a jamais vu que des jeunes (rostrum nigrum, snlcis 4 lanlum noialum in oxempla- ribus visis). sur des récifs qui s'avancent beaucoup en pleine mer, et cela rarement et tardivement en automne (habitat in alto mari, raro ad insulas extremas visa, et quidem tcmpore brumali); il ajoute que les vieux sont extrêmement rares (veteres rarissimi). Si donc notre oiseau a niché sur les côtes du Groenland, c'était proba- blement sur des récifs très-éloignés de la côte et nullement fréquen- tés, autrement les Groënlandais eussent aperçu les nids (nidificat in scopulis maris extremis ab hominibus remolissimis : quod inde concludo, quod nidus ejus nunquam aGroenlandis conspeclus est). Pour compléter, voici ce que dit Fabricius dans la Fauna groen- landica, 1780, p. 82, et ce qu'il ajoute dans son remarquable ma- nuscr'a Zoologiske Sammlinger ^ 1" partie, p. 267 : «L'on ne voit cet oiseau au Groenland qu'au commencement de l'hiver, de septembre à janvier, parfois en grande quantité, mais le plus sou- vent en petit nombre ; il est rare d'en voir de vieux. Ils se tiennent toujours au large, rarement entre les récifs et la eôie, et jamais sur la terre. (Des observations différentes ont pu être faites à mon insu ' Le titre complet est Zoologiske Samlinger, ou descriptions d'animaux, rédigées peu à peu d'après les observations personnelles d'Otto Fabri- cius, de 1768 à 1808 (jusqu'à 1814); en tout 8 volumes in-quarto, assez gros, bien qu'intitulés cahiers. Ouvrage indispensable pour l'étude de la faune groënlandaise. Dans ce travail il a publié toutes ses notes et observations faites au Groenland, ainsi que ce qu'il a pu ajouter comme éclaircissements d'après ses études zoologiques en Norwége et en Danemark. L'ouvrage, grâce à une table alphabétique dans chaque volume, est facile à consulter. (Bibliothèque royale des manuscrits, n° 322, in-quarto.) 12 JAP. STEENSTRUP. dans le non) Jes colonies.; En été, on ne l'aperçoit pas, car il se lient dans les localités ou il niche. — On ne peut pas dire que le Groenland soit sa véritable patrie, car il ne niche pas sur les côtes, et ne s'en approche qu'à de grandes distances; je ne sais pas où il niche, car les Groënlandais n'ont jamais vu son nid. » Immédiatement après, Fabricins tombe en contradiction avec lui-même, car il ajoute : qu'une fois au mois d'août il a vu un très- jeune Alca qui s'était éloigné de son nid, à peine couvert de duvet et âgé de quelques jours seulement. — Ce sujet ne devait, par con- séquent, pas sortir d'un nid bien éloigné (sed pullum vidi, mense Augusto captum, lanuginem griseam tantum habentem , hinc ali- quot lantuin dieruni; inque illo inveni rhodiolam roseam et alia vegetabilia, quœ litloribus praeruplis crescere soient, non autein pisces : hinc nuper de nido suo, nec procul venisse necesse est.) « Les Groënlandais du district que j'habite (Frederikshaabs Dis- trict), continue Fabricius , ont coutume de visiter en naviguant toutes les îles, même les plus éloignées, et ils n'ont jamais vu, en été, ni ces oiseaux, ni leurs nids. — Dans la partie occidentale d'une grande île, nommée Umenak, et plus à l'ouest dans les parties de la mer auxquelles on n'a pas d'accès, là seulement \'Alca niche peut-être. Il y dépose probablement ses œufs au milieu de larges écueilsle long du rivage, à la manière des Procellaria. » Ce qui frappe dans l'observation de Fabricius, c'est que, pour qui connaît le Groënlandais et son amour pour la nature en même temps que son coup d'œil exercé, il est dilTicile de croire que les naturels n'eussent pas connaissance du nid d'un oiseau d'aussi grande taille. Ce dernier auteur s'est donc contredit, car il a assigné à la localité où se trouvent les nids un fort grand éloignement, tout en signalant la découverte de ce jeune oiseau ; il y a sans doute eu là une méprise de sa part. Du reste, Y Alca niche de fort bonne heure, et déjà au milieu de juin, les jeunes vont à la mer sachant nager et plonger. Il ne niche jamais une seconde fois, lors même que son premier œuf serait pris; en sorte qu'il n'est pas admissible que le jeune oiseau en SUR l'alca impennis. 13 question fût un jeune Alca, surtout si, comme le dit Fabricius, il se nourrissait de plantes. Depuis le séjour de ce savant au Groenland, nous n'avons pas ap- pris qu'il ait été vu d'Alca dans le siècle dernier sur les côtes de ce continent. — Dans ce siècle-cî, un seul exemplaire est venu à noire connaissance. M. le conseiller Reinliardt, dans ses rapports sur l'apparition de ï'Alca près de l'Islande [KrÔycrs Tidsskrifl, t. II, p. 53-d), dit qu'aucun sujet n'a plus été envoyé du Groenland ; mais que, depuis lors, on lui en offrit un exemplaire qu'il s'empressa d'acheter pour le Musée de l'Université, où il se trouve encore. Cel exemplaire [)rovenriii d'un ornitliologisle danois, CHage, qui était en relation a\cc .M. le conseiller Boie, à Kiel ; aussi est-il probable que ce sujet meniionné par ce dernier dans Isis, 1822, p. 872, comme une grande rareté expédiée à un de ses amis, était le même individu. — C'est encore probablement le même sujet que Holboll dit avoir été pris, en 1815, près du Cap Fiskenaes ; depuis ce temps-là, on n'a ni vu ni entendu parler d'aucun A^ca au Groen- land [il Holbull, Supplément oniithologlque à la faune du Groen- land. — Kroyers, //isf. nat., Tidsskrifl, t. IV, p. 361-457; voyez du même : Beilrag zur Fauna Groenlands, ûbersetztvon J.-H. Paulsen, Leipzig 1846, p. 84.) L'exemplaire d'Alca impennis meniionné ci-dessus est donc le seul que l'on peut citer comme ayant été vu près des côtes du Groen- land pendant les 30 et même les 80 à 90 dernières années; et cela, malgré toute la peitie qu'on s'est donnée depuis 1813 pour obtenir cet oiseau, et malgré les fortes sommes que l'on en a offertes. (Voir articles susmentionnés Krôyers Tidsskrifl, ainsi que Reinhardt, Les oiseaux du Groenland d'après les derniers rapports, Tids- skrifl, sciences nat., 1824, t. III, p. 59.) « Il y a de bonnes raisons, dit Holboll, pour craindre que l'on ne rencontre plus cet oiseau sur les côtes du Groenland. » J'ajouterai qu'il faut se mettre en garde contre les assertions d'Holbôll, quand il dit, à propos de VAlca, qu'il n'était pas rare 80 ans auparavant sur les côtes du Groenland, car il a évidemment en vue les indications de Fabricius , Fauna Groenlandica. Or, il va 14- JAP. STEENSTRUP. ddcidcmenl irop loin dans ses assertions, car même à celte époque, d'après les manuscrits de Fabricius, l'oiseau aurait été rare. — El môme quand [Krôjers Tidsskrift, p. 383, ornith. Beitrag, p. 16) en indiquant les changements qui se sont opérés, selon son opinion, dans la faune des oiseaux du Hroënland, il dit que les.-1/caont ni- ché dans plusieurs endroits, son assertion est radicalement fausse. — En résumé, mon opinion est que, d'après les observations réu- nies jusqu'à ce jour, nous n'avons pas le droit de conclure que VAlca impejinis -d'il passé l'été ou le temps de l'incubation sur les côtes du Groenland. S'il s'y est montré, c'est rarement et seulemen en hiver, comme jeune de l'année. Les endroits où il a été vu autrefois sont les dernières îles au sud du Groenland. Nos colons, nos navigateurs et les Groënlandais eux-mêmes ne l'ont aperçu ni au nord du Groenland, ni dans le détroit de Davis, même dans les nombreux voyages faits dans ces parages depuis Ross et Parry par tous ceux qui sont allés à la re- cherche de Franklin. 2. L'Alca Unpennis dans le golfe St-Laurentet aux environs de Newfundland. En recherchant les emplacements présumés où ont eu lieu les ni- chées de VAlca, j'ai diî écarter beaucoup d'hypothèses hasardées et peu acceptables ; mais je parlerai des localités très-étendues, auxquelles on n'a presque pas fait attention, et qui sont situées a l'est et au sud de Newfoundland, à l'ouest du golfe de St-Lau- rent, et sur les côtes de la Nouvelle-Ecosse. Voici le synopsis des divers noms qui ont été donnés à VAlca impennis par les voyageurs anciens et modernes ; car naturelle- rnerjt ils ne se servaient pas du nom usité dans le pays, et comme ils venaient de contrées diverses, ils employaient, pour définir cet oi- seau, des dénominations qui leur étaient familières. Le nom irlandais (jetrp/17/, qui certainement lui a été donné à cause de la conformation de son bec long et pointu, se retrouve, avec une légère di/Térence dans la prononciation, dans les îles Feroë, SUR l'alca impennis. 15 ainsi que dans les îles de l'ouest et du nord de l'Ecosse, ^ Garfugl. En Ecosse et sur les côtes de la Grande-Breleigne on connaît l'oiseau sous le nom de Pengwin; c'est le seul nom reconnu, bien entendu à côté de celui plus circonstancié de Ihe cirent Auk, ou le grand Alca. Chez les naturalistes français, nous trouvons des expressions cor- respondantes : le Pingouin, le grand Guillemot. Je suppose que les Basques, qui ont beaucoup voyagé dans le nord, ont dû donner un nom à VAica, mais je n'ai pas, jusqu'à pré- sent, pu le découvrir. C'est une chose bien connue que les premiers navigateurs, ainsi que le font encore ceux de nos jours, nommaient les pays, îles, ri- vières et golfes qu'ils découvraient, du nom de ce qui les frappait le plus dans les endroits où ils abordaient, animaux, plantes, etc. Nous allons passer en revue les anciennes cartes du nord de l'Amé- rique, et nous verrous si, sous les diverses déoominations qui s'y rencontrent, nous pourrons retrouver les traces de l'oiseau qui nous occupe. — Il va beaucoup d'îles baptisées du nom des plantes et des animaux qui s'y trouvent : Isles of Birds, Ile aux Oiseaux, — I. dasAves, ou simplement Aves, et passant du général au par- ticulier, Isles ofSicanns, I. des Cygnes; I. ofStorcks, I. des Ci- gognes ; /. Goose, I. aux Oies ; puis nous voyons : Isles of Peng- îcins, ou Ile aux Pingouins, qui au plus haut degré réclame notre attention, vu qu'il est fort probable que cette île fut ainsi nommée à cause des oiseaux qui la peuplaient et que les Anglais et les Fran- çais nommaient ainsi. 11 y a une grande analogie de signification entre le nom bien connu de Geirfugleskjaer, sur la côte sud de l'Islande et celui d'Ile 1 En Norwége, il ne paraît pas que l'oiseau ait jamais été connu sons ce nom ou sous aucun autre. D'après Strœm, on l'appelait Ànglemager dans les environs de Sœndermoër ; mais je dois remarquer que dans ce transport du nom du [Havetlen] Ale.a torda à TAlque aptère, il y a sans doute plus qu'une méprise (voyez plus bas). Le nom de Brillefugl, donné par Brunnich, O.-T. Muller {Z. D. prod.) et d'autres auteurs est sûrement de l'invention des naturalistes et n'a pas été connu en Norwége. 16 JAP. STEENSTRUP. des Pingouins que nous lrou\ons indiqué dans Chorlevoix ^ sur la carte de Terre-ÎSeuve et du Canada dressée par l'ingénieur Beliin. Ce sont : aj Sur la côte sud de l'île : Isle du Pingouin, sous le 47^ ^2 '^t-. et sous le 58" long., méridien de Paris. h) Sur la côte est : Isles aux Pingouins, sous le 50'^ lat., et environ 53° long., méridien de Paris, près de l'île désignée sur les caries récentes sous le nom de Fogo. Là carte porte en outre trois petites îles, plus au sud, avec le nom de : Ile de Fougue. Sur les cartes les plus récentes de Jefferys * et Anspach ^, nous trouvons, côte sud : Penguins Isle, sous 47° 30 lat. et environ 57" long., qui corres- pond à l'estimation indiquée autrefois par Charlevoix. Mais l'île de Fogo n'est pas dessinée et sa proximité n'est pas signalée. Parmi les îles qui doivent leur nom au grand nombre d'oiseaux, je citerai .• aJ Dans le golfe Si-Laurent, au sud : Isles aux Oiseaux, Charlevoix, 48" lat. et à peu près 61" long. — Anspach : Birds Islands, légèrement au sud de 48" lat. et pas tout à fait au 61" long. — Jefferis : Birds Rocks, même groupe de très-petites îles, qui, sur de fort anciennes cartes, par exemple Laët^, R. 30-31, se trouvent nommées Isles aux Tangueux (à tort : Isles de Margaux). » Le Père de Charlevoix, Histoire et description de la Nouvelle France, Paris, 1744, 4". Cartes, p. 418 et 438. La troisième partie, sur laquelle nous reviendrons, porte le litre: «Journal d'un voyage fait par ordre du roi dans l'Amérique seplenlrionalc, adressé à M""= la duchesse de Lesdiguières. » Paris. 1744. * Thomas Jefferys, Geographer to tlic King, riic american .itlas or a geograpliical Description of tlie whole continent of America. London, 1777. (Voir la carte spéciale dans ce grand allas, n"* .5, 12 et t. 3.) • C.-A. Anspach, Geschichte und Hesclireibung von Newfoundlaud und der Kiiste Labrador, nus dem Knglisciion iibersclzt ; optaget i Bertuchs. neue Bibliothek von Hcisebcschreibungen, 3Uter Band. Kaarlene strikne efter den cngelske original. Weimar, 1823. ♦ Novus orbis seu dcscriptionis Indioî occidentalis libri XYIII, aulhore SUR L'ALCA IMPENNIS. 17 b) Sur la côle esl de Newfoundland : /. de Birds, de Charle- voix, environ Va" sud du cap Bonavisla. — Birds I., de Jefferys, n° 12, ne correspond pas à /. das arcs, indiquée dans la carte de Laët, ainsi que dans celle d'Ânspach qui, lui, l'avait mentionnée, d'après d'Orlelio, géographe espagnol, sous le nom « d'Aves », c'est- à-dire •< Fogo ». Mettant à profil les indices fournis par les cartes, consultons les rapports des anciens voyages dans ces contrées; nous obtiendrons ainsi des renseignements qui nous feront voir que c'est précisément à VAlca inipennisque les îles mentionnées ci-dessus doivent leurs noms. Quoique les rapports des premiers navigateurs soient très- brefs, ils contiennent cependant assez de renseignements pour pou- voir fournir à la science des données positives. Je ferai remar- quer qu'il est inutile de remonter an delà de loOO environ. Quelques parties de la côte du Labrador, la baie d'Hudson et le Newfoundland furent découverts et visités par Jean et Sébastien Cabot, dans leurs voyages de 1497-1498; j'ai cherché, mais inuti- lement, des notes ayant rapport à notre sujet dans la relation de ce voyage, ainsi que dans celle des frères Cortereals sur les mêmes contrées, années 1500-1502. Par contre, il se trouve des notes dans les rapports des voyages faits après 1530 et le reste du siècle, depuis les côtes d'Angleterre et de France, pour la pêche des phoques. C'est à Richard Hakiuyt, qui s'est donné beaucoup de peine pour recueillir les récits et les notes des voyageurs, que nous devons d'avoir ces renseignements. D'après lui ^, et en relisant les voyages des Anglais dans l'Amé- Joanne de Laët, Antverp. , novis tabiilis geographicis, cet. illustrati. Lugd. Batav.. 1633. * Richard Hakiuyt : The Voyages. Navigations, Traffiqiies and Dis- coveries of tlie English nation, and in some fevv places^ vvhere they hâve net been, of Strangers, performed within and before the tirae of thèse hundred yeeres, etc., etc. III vol. London, 1600. Denne sjelde garnie Udgave er paa det store Ivongl. Bibliothek. Et nyt Optryli, der er lettere tilgœngeligt, og som derfor hér stedse citeres, har Titien : Hakluyts, Collection of the early Voyages, Travels and Discoveries ef the English Nation. A new édition, with additions. Vol. JII. London, 1810. Tome II, U« partie. 3 18 JAP. STEEiNSTRUP. rique du Xord, j'ai trouvé les cilalions suivanles, qui nous monlre- ront que, non-seulement les îles en question portaient le nom du Pingouin, mais que cet oiseau était grand, imposant, et que le peu d'étendue de ses ailes l'empêchait de voler. C'est le portrait de ï'Alca impennis. Voici ces passages indiqués suivant l'ordre chronolo- gique : 1536. Rapport du voyage de Hore au cap Breton et à New- foundland ^ « From the timeof their setting ont from Grauesend, they were very long atsea, to witte, aboue Iwo monelhs, and neuer touched any land unlill they came to part of the West Indies about CapeBriton,shapingtheircourselhenceNortheaslwardes, untill they came lo the Island of Penguin, which is very full of rockes and stones, whereon they went and found it full of great foules white and gray. as big as geese, and they saw infinité numbers a f their egges. They draue a great number ofthe foules into their boates upon their sayles, and tooke up many of their egges, the foules they flead and their skinnes were very like hony combes full of holes being flead ofî : ihey dressed and eate them and found them to be very good and nourishing méat. They saw also store of beares both blacke and white, of whome they killed some, and tooke them for nobad foode » p. i68. Il est clair que l'île en question est l'île aux Pingouins, située sur la côte orientale : 1° par la direction donnée au voyage ; 2° par l'in- dication en marge de Hakiuyt, «The Island of Penguin standeth about the latitude of 50 degrees. » Hakiuyt était bien à même d'alïîrmer la chose, car il a écrit sa relation d'après les rapports directs de deux personnes qui avaient pris part elles-mêmes au voyage 2. C'est aussi l'opinion professée dans le rapport historiijue des dé- 1 The voyage of M. Hore and diuers other gentlemen, to Newfouad- land, and Capo Briton, in the yeere 1536 and in the 28 yere of king Henry the 8. Hakiuyt, IIl. S. 168-170. 2 Après avoir nommé plusieurs personnes de qualité qui prirent part à l'expédition, il ajoute: «M. Thomas Buts, the sonne of sir William SUR L'ALCA IMPENNIS. 19 couvertes anglaises dans ces contrées publié dans Harry, Collec- tion of voyages, II.* L'auteur ajoule que res îles tirent leur nom des oiseaux qui s'y Irouveni : « From whenee (Cap Breton) they sai- led round a great part of Newl'oundland to Penguin islnad, in llie latitude of about fifty degrees, as tbey computed ; but which lies, truly, in fifty degrees forty minutes, where they found great plenty of those fuwls, from whenee the island takes ils name. » Il paraît qu'ils arrivèrent là vers la fin de juin, puisque c'était deux mois après leur départ de Gravesend; quoique l'expédition se fût abondamment pourvue de viande de pingouins, la faim se déclara bientôt à bord des deux vaisseaux , à tel point que les hommes d'équipage s'entretuaient, lorsqu'on les envoyait à terre chercher des vivres consistant le plus souvent en quelques misérables ra- cines. 1578. Dans une lettre d'Anthony Parckhurst,-qui pendant quatre années successives visita les parages de Newfoundiand, au point de vue des pêcheries, nous trouvons mentionné parmi les produits du pays: « There are Sea Guis, Murres , Duckes, wild Geese, and many olher kind of birdes store, too long to write, especially at one Island named Penguin, where wee may driue them on a planke into our sfiip as many as shall lade fier. Thèse birdes are aiso called Penguins, and cannot file, there is more meate in one Buts, knight, of Aorfolke, which was lately liuing, and from whose mouth J wrotc most of this relation,» et plus loiu (au bas de la page 169): «As liée (M. Buts) told rue Richard Hakiuyt of Oxford hituselfe, to whom J rode 200 miles onely to learne the whole thrueth of this voyage fr'om his own mouth, as being the onely man now aliue, that was in this discouerie.» Le second voyageur de la bouche duquel Hakiuyt obtint des renseignements directs était Olivier Dawbeny. ' Edition de 1764, p. 192; extrait dans Pinkerton : A gênerai collec- tion of the best and most interesting voyages and travels. Vol. XII, p. 162. 2 A letter written to M. Richard Hakiuyt of the raiddle Temple, con- teining a report of the true state and commodities of Newfoundiand, by M. Anthonie Parkhurst, gentleman, 1578 (dat. 13 November). Hakiuyt, ni. S. 170-74. 20 JAP. STEENSTRUP. of thèse Iheyi in a Çfoone : llie Frenchmcn llial fish neere ihe grand baie, doe bring small store of jlesh wUh ihent, but licluoll them- sektes alwayes with thèse birdes » I. c, p. 172-73. 1583. Edward Haies racuiile la grande e\|)édilioii de sir Hiiin- phrey Gilbert à Newfoundiand, dans le but do fonder des colonies eliréliennes. Huniplirey Gilbert était propriétaire et capitaine d'un des cinq vaisseaux qui composaient la llolille, et fut le seul qui revint sain et sauf avec son navire; voici ce qu'il dit entre autres ^ : « We had siglil of an Iland named Penguii), of a foule there breeding in abundance, almost incredible,w/iic/i cannut fîie, their icings not able lo carry their body, being cery large (not much lesse then a goosej and exceeding fat : which the French nien use tu take without difficulty vpon that Iland, and to barrell them tp with sait. Rut for liiigering of tinie we had niade vs there the like prouision » I. c, 191 . C'était vers la fin de juillet on dans les premiers jours d'aoùl; il est donc positif que l'oiseau habitait dans ces parages. L'expédition comptait aussi le savant poète hongrois de Peslh, Slephanus Parmenius Budtens, qui s'élail f;iii admettre comme poêle, afin de chanleren latin les exploits de l'expédition et les mer- veilles des pays parcourus. Voici ce qu'il écrivait à Richard Ilak- luyt, en date de Sl-John Pert Newfoundiand, G août 1o83 ^ : « No- bis seorsim (caries vaisseaux étaient séparés; prima terra appariiil ' A report of the voyage and success thereof, aiteniplcd in the ycere ol oiir Lord IfiS-S by sir lliimphrey Gillierl, knighl, wiUi otiicr gentlenuin assisting hiin in that ai-lion, intended to discoiicr and to plant Christian inhabitants in plare conuenient, vpon tiiose hirge and ample countreys extended Northward from the cape of Florida, lying vnder very tempe- rate Clinics, estcenied fertile and rich in Minerais, yet not in tiie actuall possession of any Christian prinre, written by M. Kdward Haies, gentle- man, and principall arlour in the same voyage, who alone continiied vnto the end, and l)y Gods speciall assistance retnined hume wiih his retinue safe and entire. Ilakiiiyt, III. S. 184-20;J. ^ Inséré dans llaklnyl, III. S. 203-205, avec une traduction anglaise de la lettre, p. 205-20U, SUR l'alca impennis. 21 ad calendas Augiisli*, ad gradum circiter 50. Insula est ea, quam vestri Penguin vocanl.ab auium eiusdem nominis multiludine. Nos lumen nec auos vidimus, nec insulam accessimus, ventis aH6 vo- cantibus » 1. c, p. 204. Les renseignements qui précèdent s'appliquent à l'île des Pin- gouins, qui esta l'est de Newfoundiand; ceux qui suivent concernent des localités situées au sud et à l'ouest d ■ Terre-Neuve. 1593. Il s'agit d'une pèche à la baleine sur le vaisseau Mari- gold, capitaine Richard Slrongs; on prenait terre au cap Breton et les pingouins furent aperçus sous le cap ^ •'< Hère (cap Breton) diuerse of our men weiit on land, vpon the very Cape, where, at their arriuall they found the spittes of Oke of the Sauages whicli had roasted meate a litle hefore. And as tliey vie- wed the cuuntry they sa^ve diucrs beastes and foules, as blacke Foxes, Deere, Otters, great Foules ^vith redde legges, Pengwyns, and certaine otliers » 1. c, p. 239. Cela devait se passer, d'après le rapport, dans les derniers jours de juillet. 1594. Le dernier renseignement de provenance anglaise que j'aie pu me procurer, concernant le XVF siècle, se rapporte à quelques petites îles, à l'est du Newfoundiand, dans la baie de St-Laurent, au nord du cap Breton. îles qui ont été nommées îles auxPingouins. Voici également quelques mots de Sylvestre Wyets ^, tirés du compte rendu de son voyage et du récit des vains essais qu'il avait ' Tlie voyage of the ship called the Jlarigold of M. Hill of Redrife unto Cape Brilon and beyond lo the latitude of 44 degrees and a half, 1593. Written by Rirliard Fisher, Master Hillei man of Redrife. Hakluyt, III, p. 238-40. 2 The voyage of the Grâce of Rristoll of M. Rice Jones, up into the Bay of Saint Laurence to the Northwest of Newfoundiand, as farre as the Ile of Assumption or Natiscotec, for the barbes or fynnes of Whales and traîne Oyle, made by Siluester Wyet, Shipraaster of Bristoll. Hakluyt. IIL S. 241-242. 22 JAP. STEENSTRUP. faits pour atteindre des baleines blessées sur les côtes de l'île Anti- costes, soitNatiscolecs : « We returned backe to llie Souihwarde, and were within one leagueof ihe Island oï Pe7igïdn,vth\ch iyelh South from the Easler- mosl part of Naliscotec some twelue leagues. From the Isie oi Pen- guin wee shaped our course fur Cape de Rey and had sight of the Island of Cap Briton » cet., p. 242. D'après les distances indiquées et les rapports des navigateurs, l'endroit où est située l'île des Pingouins se trouve si près de l'île des Oiseaux dans le golfe de Si- Laurent, que je les regarde comme étant une même chose. ^ On peut donc conclure, d'après les cartes publiées et d'après les notes et les renseignements que nous ont fournis les navigateurs anglais, que les îles des Pingouins ont été ainsi nommées à cause des oiseaux qu'elles renfermaient, oiseaux que les Anglais nomment Pinguinel nous Danois Geirfugl. Ces oiseaux étaient blanc et noir, de la grandeur d'une oie ; ils étaient incapables de voler, leurs ailes étant trop petites et trop courtes. Ils se trouvaient en très-grandes ({uantilés, à cette époque du moins, partout oii on les a vus. C'est ce que n'ignoraient point les Français qui se rendaient, en plus grand nombre que les Anglais, dans ces parages pour la pèche. Ils connaissaient parfaitement ÏAlca et l'extrême facilité avec laquelle on s'en empare. Plusieurs rapports anglais disent même qu'on en tuait en beaucoup trop grand nombre. Il nous reste donc à suivre les rapports des navigateurs français dans le XVl^ siècle pour obtenir des renseignements sur l'oiseau qui nous oocupo, et pour nous assurer si l'accusation jetée par les Anglais aux Français, savoir (|ue ceux-ci en détruisaient trop, est vraiment fondée. Les plus anciennes expéditions françaises connues dans ces pa- rages septentrionaux sont les trois voyages de Jacques Carlhier (ou Quartier], dans les années 1534-35, 1536 et 1540. ' Charles Leigli mentionne la prodigieiuse ricliessc de ces îles en oi- seaux. Voir : Tiie voyage of Ciiarlcs Leigli and diiiers otliers to Cap Briton and tlie Isle of Kamca. 1597. llalvliiyt, III, p. 242 et 249. SUR l'alca impennis. 23 J'ai trouvé les rapporls de ces trois voyages, tels qu'ils ont été écrits en français, dans: Lescarbol, Histoire de la Nouvelle- France, i*" éd., Paris 1624. • Carlhier raconte comment il partit le 20 avril de St-Malo avec deux vaisseaux, et comment il était aux environs de Terre-Neuve le 20 mai, près du cap Bonavista, qu'il dit être sous 48" Va N.-B. Il fut arrêté dans ces parages dix jours, à cause de l'extrême abon- dance des glaces flottantes. «Le vingt-vnième de May fîmes voile ayant vent d'Ouest, et tirâmes vers le Nort depuis le Cap de bonne teuë jusques à Vlsle des Oyseaux, laquelle estoil entièrement environnée de glace, qui toutefois estoit rompue et divisée, mais non obslant cette glace noz banjues ne laissèrent d'y aller pour avoir des oyseaux, desquels y a si grand nombre que c'est chose incroyable à qui ne le void, par ce que combien que cette ile (laquelle peut avoir vue lieuë de circuit) en soit si pleine qu'il semble qu'ilz y soient expressément apportez et presque comme semez : Néantmoins il y a cent fois plus à l'entour d'icelle, et en l'air que dedans; desquels les vns sont grands comme Pies, noirs et blancs, ayans le bec de Corbeau ; Hz sont tousiours en mer, et ne peuvent voler haut, d'autant que leurs ailes sont petites, point plus grandes que la moitié de la main, avec lesquelles toutefois Hz volent de telle vitesse à fleur d'eau, que les autres oyseaux en l'air. Hz sont excessivement gras, et estoient appelez par ceux du pais Apponath, desquelz noz deux barques se chargèrent en moins de demi heure, comme l'on auroit peu faire de cailloux, de sorte qu'en chaque navire nous en fîmes saler quatre ou cinq tonneaux, sans ceux que nous mangeâmes frais. » ^ Le rapport continue en disant qu'outre les apponaths à courtes ailes, il se trouve encore sur l'île d'autres oiseaux qui rasaient l'eau, ' La traduction insérée dans Hakluyt serait sans doute plus facile à se procurer que l'original. The first relation ol Jaques Carthier of S. Malo, of the new land called New France, newly discouered iu theyereof our Lord 1534. III, p. 250-262. Le second voyage, p. 262-85 ; le troisième, p. 286-89. 2 Lescarbot, I, c, p. 241. Hakluyt, III, p. 250. 24 JAP. STEENSTRUP. mais qui pouvaient fort bien s'élever et étaienl plus pelils; ils sont distingués sous le nom de Godets. Il y en avait d'autres, encore plus grands, parfaitement blancs, qui mordaient comme des chiens; on les appelait Marrjaux. Bien que l'île fût distante de quatorze lieues environ de la terre ferme, ils virent dos ours blancs venir à la nage pour chasser ces oiseaux. — En comparant la petitesse de l'île, son éloignementdc la terre ferme, le point de départ des voyageurs et la roule suivie par eux, avec les cartes du XVP siècle, ^ il n'est pas douteux que l'île des Oiseaux de Carlhier ne soii Funksisland, et non pas l'île indiquée par les cartes comme Aves, qui semble être l'île Fogo. Carlhier trouva dans le môme voyage ces oiseaux incapables de voler, et dits Apponaths, sur quelques petites îles situées environ sous le 48" près de l'entrée méridionale du golfe de St-Laurenf. [I appelle ces dernières îles Margaux ; ce doit être les îles des Oiseaux (Leighs et Anspachs, Isles of birds; lies aux Oiseaux, carie de Charlevoix). — Il continue sous la date du 25 juin : « Et approchâmes de trois îles, desquelles il y en avoit deux petites droi- tes comme vn mur, en sorle qu'il estoit impossible d'y monter dessus, et entre icelles il y a vu petit escueil. Ces îles esloient plus remplies d'oiseaux que ne seroit un pré d'herbes, lesquels faisoient là leurs nids, et en la plus grande de ces îles y en avoit vn monde de ceux que nous appelions Margaux, qui sont blancs et plus grands qu'Oysons, el esloient séparez en vn canton, et en l'autre part y avoit des Godets, mais sur le rivage y avoit do ces Godets el grands Apponats semblables à ceux de celle île dont nous avons fait men- tion. Nous descendîmes au plus bas de la plus petite, et tuâmes plus de mille Godets et Apponats, et en mimes tant que voulûmes en noz barques, et en eussions peu en moins d'vne heure remplir trente semblables barques. Ces îles furent appelées du nom de Margaux. » ^ - ' Par exemple, la carte du géograplie espagnol Ortelio de 1587, repro- duite sur la carte du Newfoundland (Nyfunland) d'Anspach, que nous avons citée plus haut. î Lescarbot, I, c, p. 250-51. Hakhiyl, III, p. 262. SUR l'alca impennis. 25 Suivant Carthier, il se trouvait donc une grande abondance d'oi- seaux sur les petites îles qu'il visita et sur les côtes de Ncwfound- land; mais je ne trouve pas signalé ailleurs dans ses voyages ce nom â'Apponats, donné à ces oiseaux qui ne peuvent pas voler. Dans un second voyage, l'année d'après, Carthier retenu parle MnGuvais temps n'arrive que le 7 juillet vers Newfoundiand. « .... Jusques au septième jour de juillet que nous arrivâmes à ladile Terre-Neuve, et primmos terre à l'isle des Oyseaux, laquelle est à quatorze lieues de la grande terre; et si très-pleine d'oiseaux, que tous les navires de France y pourroient facilement charger sans, qu'on s'apperceut (juon en eut tiré; et là en primnies deux bar- quées pour parties de nos vituailles. Icelle île est en l'élévation du pôle en quarante-neuf degrez quarante minutes.'» Ce renseignement jjrouve clairement que l'île des Oiseaux de Carthier est la même que celle à laquelle les Anglais donnent le nom d'île des Pingouins. — Ce (|u'il appelle Apponats, ne sont que des Pingouins, et on reconnaît VAlca impennis a la description de la disposition des couleurs, de la forme du bec et de sa manière de battre l'eau de ses ailes, en opposition avec le vol des Godets. Il est probable ([ue beaucoup de ces animaux furent abattus par les Français, dans les fréquentes visites que firent leurs vaisseaux dans ces parages. André Thevet, ^ en parlant de son voyage sur la côte est de l'Amérique, en 1555, dit qu'à 8° de l'île de l'Ascension il se trouvait une quantité considérable d'oiseaux très- familiers, dont beaucoup étaient de grands oiseaux avec de petites ailes et ne pouvant voler. Il les a entendu appeler Aponars, et ajoute, à celte occasion, cequ'il a entendu raconter sur les Aponars de Newfoundiand : « Dauantage en ceste isie (I. de l'Ascensionj, » dit-il, « s'en trouue une espèce de grands, que j'ay ouy nommer Aponars. Ils ont petites ailes, pourquoy ne peuiient voler, ils sont grands et gros 1 Lcscarbot, I, c. p. 281. Haliluyt, III, p. 262. ^ André Thevet. Les singularilez de la France antarctique, autrement nommée Amérique, et de plusieurs Terres et Isles •découuertes de nostre temps. Anvers, 1558. Tome II. 1*= partie. 4 26 JAP. STEENSTRUP. comme nos lierons, le ventre blanc, et le dos noir, comme charbon, le bec semblable à celuy d'un cormoran, ou autre corbeau. Quand on les tuë, ils crient ainsi que porceaux, J'ay voulu desorire cest oyseau entre les autres pource qu'il s'en Irouue quantité en une isie tirant droit au cap de Honne visle, du costé de la terre neufue, laquelle a esté ;ippellée isIe des Aponars. Aussi y en a telle abon- ' dance, que queiquesfois trois grands nauires de France allans en Canada, chargèrent chacun deux l'ois leurs basleaux, de ces oy- seaux, sur le rivage de ceste isle, et n estait question que d'entrer en terre, et les toucher deuant sny aux basteaux, ainsi que mou- tons à la boucherie, pour les faire entrer. V'oyia (jui m'a donné occasion d'en parler si auanl » (p. 39 et suivantes). L'année suivante,Thevel revenant de l'Amérique du Sud fut chassé par les vents contraires contre Newfoundland, mais il ne paraît pas - qu'il ait aperçu alors les oiseaux en question. Thevet était un assez bon cosmographe, et il avait été sulîisamnient initié \erbalement par Jacques Cartliier 'p. 145-146) aux résultats de ces deux premiers voyages. 11 est donc possible, bien que peu vraisembla- ble, que les navires auxquels il fait allusion fussent ceux de la troisième expédition de Carthier, expédition qui semble d'ailleurs lui avoir été incoimue. Les Anglais Horeel Parchursl confirment le fait que ces pauvres oiseaux furent cernés el pourchassés jusque dans les bateaux. Thevet nous donne les noms de Godet et Margaux familiers aux balei- niers de celle époque. Margaux paraît avoir signifié dans la règle : Fou [Sula). Le nom de Godet paraît s'être appliqué d'une manière générale aux oiseaux noirs du genre alque ; (|uant au mot Appo- nats ou Apponars, il était employé pour désigner les oiseaux (jui ne pouvaienl pas s'élever au vol, et il fut plus lard remplacé par Pingouin. L'apponar de file de l'Ascension ne peut pas avoir été ï'Alca impennis, mais plutôt un Spheniscus, ce qui se rapporterait assez à ce que l'on sait de l'extension géographique de cette espèce au sud de l'Atlantique. Les circonstances furent cruelles pour i'Alca impennis pendant SUR l'alca impennis. 27 toul le XVI* siècle, car les vaisseaux de tous les pays en captu- raient un fort grand nombre. Tous les navires, généralement mal pourvus de vivres, ^ venaient se ravitailler dans les îles où se trouvaient ces oiseaux; on ne prenait même de provisions que ce qu'il fallait pour arriver jusqu'à eux. Pour se faire une idée des boucheries qui eurent lieu, il faui savoir que plusieurs centaines de vaisseaux allaient chaque année à la pèche et à la recherche des phoques et des baleines, et abordaient dans le golfe de St-Laurent et aux environs de Newfoundland. Je profite de l'occasion pour faire remarquer que le nommé John Parckhurst, dans sa lettre à R. Hakiuyt (1578),- sur la demande de celui-ci de lui faire connaître l'importance des voyages au New- foundland, dit que dans les quatre années pendant lesquelles il a lui-même voyagé, le nombre de vaisseaux frétés d'Angleterre pour la pèche s'est élevé de 30 à oO ; il en parlait de France environ 150; d'Espagne 100; 20 à 30 baleiniers biscayens, et 50 du Portugal à peu près. Entre tous ces navigateurs, les Espagnols sont cités pour avoir été fort bien équipés et armés, et sous ce rapport, ils venaient de suite après les Anglais qui, quoique moins nombreux, se faisaient les protecteurs d'autrui et maintenaient Tordre dans les pêcheries, moyennant une redevance. On peut considérer les rapports de ce temps-là comme authenti- ques, et l'on peut juger de l'effrayante consommation qu'il a dû se faire de l'Alca impennis par le silence complet qui règne sur eux dans les rapports des voyageurs des siècles suivants. — Je n'ai pu recueillir que de vagues renseignements. — On parlait de Y Alca comme d'un oiseau vu à de certaines époques d'une manière incer- taine, et appartenant presque à la tradition. Cet animal, auquel on n'accordait plus qu'une importance préhistorique, ne pouvait ce- pendant avoir disparu que peu à peu. Dans la première moitié du XVIP siècle, le Français Sagard Théodat^ en parle encore. ' Hakiuyt, HT, p. 171. •^ Voir plus haut, p. 19. 3 Gahr. Sagard l'Iiéodat, Le grand voyage du pays des Hurons. Pa- ris, 1632. 28 JAP. STEENSTRUP. Il panilen1624- pour Ip Canada comme moine franciscain, à bord d'un vaisseau français. Dans le golfe Sl-Laurenl, il passa près des îles aux Oiseaux, mais le vent étant trop violent, il ne put aborder. — Quoique ce qu'il raconte me paraisse pille dans des récits anciens, je neveux pas passer sous silence ce qui regarde notre sujet : «Estant entrez dans le Golfe ou Grande-Bay Si-Laurent par ou on va à Gaspé et Isie percée, etc., nous Irouvasmes dés le lende- main Visle aux Olieaux, tant renommée pour le nombre infiny d'oyseauxqui l'habitent Quand il y faict vent, les oyseaux s'eleuent facilement de terre, nvlrement il y en a de certaines espèces qui ne peuuent presque voler, et quon peut aisément assonwier à coups de basions, comme auoient faict les Matelots d'un autre nauire, qui auant nous en auoient emphj leur cha- loupe, et plusieurs tonneaux des œufs, qu'ils trouuerentavx nids ; mais ils y pensèrent tomber d(! faiblesse, pour la puanteur extrême des ordures des dicts oyseaux. » Après avoir raconté la distribution des grands et des petits oiseaux dans l'île, il ajoute : « Et tous en si grande quantité, qu'à peine le pourroit on iamais persuader à qui ne l'auroit veu. l'en mangeay d'un, que les matlelots appellent GvÀllaume^ et ceux au pays Apponath, de plumage blanc et noir, et gros comme une poule, auec une courte queue et de petites aisles, qui ne cedoil en bonté à aucun gibier, que nous ayons. » Je suis tenté de croire que Théodat entend par Apponat à courtes ailes,- malgré la peti- tesse qu'il lui donne, ce même oiseau dont il a parlé aiipara\ant, car il ajoute qu'il se trouve de bien plus petits oiseaux appelés Godets et d'autres plus grands appelés Mtirgau.r. ' Les matelots ont probablement dit Guilli'mol , rpii, en franrais. esi le nom des Alca. * Il est à remarquer (jue ies matelots fianrnis donnaient alors le nom de «poules» à de grands oiseaux de mer nommés également Palourdes, peut-i^tre parce qu'elles sont fort pesantes au vol ; Dicreville : Relation du voyage du Port Royal de IWcadie, Amsterdam, 1710, p. 45; encore mentionnés dans le voyage de White, 1710 (traduit) : Recueil de voya- ges au iNord, nouvelle édit., Amsterdam, 1732, 111, p. 375. SUR L'ALCA IMPENNIS. 29 On voit que Théodal indique les mêmes proportions relatives que Carthier, auquel il a emprunté ces deux derniers noms. Un siècle plus tard, Charlevoix dit dans son voyage dans l'Amé- rique du Nord, en 1720 :^ « On les a visitées plusieurs fois; on y a chargé des chaloupes entières d'œufs de toutes les sortes, et on assure que l'infection y est insupportable. On ajoute qu'avec les Goëlans et les Tangueux^ qui y viennent de toutes les Terres voisines, on y trouve quantité d'autres oiseaux qui ne'sçauroient voler, s Charlevoix parle évidemment des Apponats, mais je n'ai pu trou- ver dans le voyage aucune aulr'^ indication relative à ces oiseaux, quoique la carie très-délaillée dont l'ingénieur N. Bellin a enrichi le livre de Charlevoix porte des a îles des Pingtuins » des deux côtés du pays. Donc on peut supposer que Charlevoix ignorait que ces oiseaux, qui ne « sçauroienl voler, » fussent des Pingouins, dont les susdites îles avaient pris le nom. Sans doute il a utilisé ici des sources plus anciennes et il raconte au présent des choses dont il aurait prohablement dû parler au passé. Il est probable d'ailleurs que dans ce temps-là le Pingouin n'était déjà plus guère connu que de nom ; c'est au moins ce qui semble résulter des paroles d'Ans- pach. L'opinion d'Anspach est fondée sur des observations faites pen- dant un séjour dans l'îki et sur des expéditions dans ses environs, pendant la fin du dernier siècle et au commencement de celui-ci jusqu'en 1812. Enuméranl les îles du Sud, il mentionne : «die Pingvininseln, von Vôgelen so benannt die vor Zelten hier in Menge nisteten » (p. 122). Puis il fait remarquer que le nom de l'île, de l'autre île des Pingouins (c'est-à-dire celle de la côte orientale) ayant disparu au milieu du siècle dernier, l'oiseau qui lui avait donné son nom de- vait avoir disparu depuis longtemps aussi : c: Die Fogo-Insel, die auf allen Charten Aves oder Vogel-Eiland und bis uni die Mille des verflossenen Jahrhunderts Penguin-ln&e\ hiess. Vormals ward sie hàufîg von den eingebornen Indianern besuchl » (p. 126). * P. de Charlevoix, Journal d'un voyage, etc. (libr. c, III, p. 60). * Veut dire : Margaux, 30 JAP. STEENSTRUP. Dans la parlie qui tr.iite plus spécialement de l'histoire naturelle, nous trouvons, enfin, au sujet de l'oiseau en question, le passage suivant : « Vormah gah es an dieser Kiiste eine Vogelgattung, die einige Aelinliclikeit mit deii Tnucherii liât, iind wegen ihrer UnfJiliigkeit zii fliegcii immcr mir zwischon dem Lande und der Grossen Bank aiigetroflen wiirdo, alleiii dort in so zalilloser Mengc, dass melirere Iiiscln davon den Namen fiihnMi. Sie scheinon jetzt niclit nur in Newfoundiand, sondorn auf der ganzen Nordhalfte des Erdballs versoinvunden. An den Kiislen des Siidmeers sind sie aber nooh ungemein haufig, und unter dem Namen Fettgiinse [Pinguins, Aptenodijtes] bekannt. Ihr Name in den neuern Spraclien, Pinguin oder P^gvin, stammt augenscheinlich von dem laleinis- ehen Worte plngnU, fetl, weil sie sich durcli einen schweren, fetten Kiirper und plalies gliinzendes Gefieder, bey einer grossen Pliim[ilieii des Baues, auszeiclinen . » J'ai mentionné ici l'opinion erronée que partagent piesque tous les savants au sujet de l'origine du mot Pingouin, me réservant de faire plus tard des recherches plus minutieuses en fouillant les récits elles relations des voyageurset des auteurs qui traitent des Pingouins ou Apponats, mais sans cependant me permettre de conclure d'une manière absolue sur leur identitéavec notre Geirfuglou Stnralke7i. Les ossements recueillis par Stuvitz et envoyés en Norwége ont une grande signification, et font faire un pas de plus a la question ; ainsi que nous l'avons dit au commencement, il s'y trouve toutes les parties du squelette, et parlieiilièrement plusieurs crânes au complet. Noire Musée zootomique possédait déjà des ossements semblables acquis en 1844. Les naturalistes de Christiana avaient donc bien pronostiqué lors((u'ils disaient que ces ossements n'appartenaient pas à un Pin- gouin dans le sens ancien et actuel du mot, soit un Aplénodyle ; mais bien à un grand Alca et probablement à VAlca impennis. Celle assertion ne frappa pas beaucoup le monde savant, car on Ignorait alors que cet oiseau fût [irès de disparaître. Sluviiz, ce naturaliste mori troji lot pour la science, trouva ces SUR l'alca lvipennis. 31 ossemenisen «jn-and nombre dans la vase profonde du Funks-Islrnid,^ île qui, selon toute probabilité, peut (ître considérée comme rtle des Oiseaux ou "de aux Pinf/uuins mentionnée, comme nous l'avons dit, par les plus anciens voyageurs français et anglais. Voici quelques détails sur la manière dont les .ossements étaient placés dans la vase. Ils sont empruntés aux éphémérides deStuvitz lui-même, et m'ont été communiqués par mon collègue norwégien, M. le professeur Rascb. Stuvilz partit le 30 juin 1844 de Sl-John, il arriva le 'U à midi au Fiinks-Island. Il désigne celle petite île comme une « montagne d'oiseaux. » habitée par le «Teisten, » Uria Grille, et les « Terner,» Sterna hirundo et arctica, dont il y avait une si prodigieuse quan- tité, que Stuvitz, (jui était habitué à ce spectacle, en fut surpris ; outre les oiseaux énoncés ci-dessus, il me dit avoir vu quelques « Lunder, » Murnion arcticus. — Il n'y a que deux endroits, et encore fort dangereux, pour débarquer sur l'île; Stuvitz aborda au nord, où les oiseaux ne séjournent pas, — Les Uria se trouvaient sur les côtes est et sud, formées de rochers nus, et les Sterna, par contre, sur la côte ouest oii croissait une faible et rare végéta- tion. Voici, du reste, ce qu'en dit son Journal. Après avoir nommé les habitants ailés vivant actuellement sur l'île, il mentionne comme ayant dû y demeurer aussi, à une épo- que reculée, un oiseau qui en fut chassé et dont on ne trouve actuellement que le squelette. C'est le Pingouin. « Sur diverses cartes du Newfoundland, dit-il, on trouve inscrites les i\es Pingouin. ASt-John on médisait que le Pingouin avait effectivement séjourné près des côtes, et de plus que Funks-Island était une des îles où il s'était rencontré en plus grande quantité ; qu'on le chassait autre- fois toutes les années pour son duvet et pour ses plumes, et qu'il y avait encore dans l'île des monceaux de ses ossements et des sque- lettes de cet oiseau. * Dans mes premiers rapports à la Société des sciences, 1855, p. 14-18, je les ai nommés Fogo, copiant ainsi les étiquettes des ossements, mais je me suis assuré depuis par des renseignements venus de Christiania qu'il y avait erreur. 32 JAP. STEENSTRUP. «Ajoutant gériéralemeiil pou de foi aux cartes et aux traditions pour ce qui concerne l'ornithologie, je pensais que le nom de Pingouin pouvait avoir été donné à un tout autre oiseau que celui que nous désignons ainsi ; cependant les rapports étaient conformes jus(ju'à un certain point à la vérité, car je Irouvjii sur la côte ouest de l'île des restes de squelettes qui, à en juger d'après leurs formes et dimensions, devaient provenir de Pingouins. C'est sur la côte sud-ouest que se trouve un pou de végétation et assez de terre pour produire une flore bien pauvre en vérité; mais c'est là que je découvris en grand nombre les restes d'ossements, et c'est proba- blement à la destruction des animaux auxquels ils appartenaient, que l'on doit la mince couche de terre végétale qui se rencontre en cet endroit. » Les squelettes gisaient en masse compacte dans la terre, et selon la profondeur à laquelle on les trouve, on peut apprécier le temps qu'a dO mettre la couche d'humus à se former sur eux. Du reste, cette couche de terre était le plus souvent fort mince, et par endroits les ossements n'étaient nullement recouverts. Pendant les 40 à oO dernières années, l'épaisseur de la couche d'humus formée n'est par conséquent pas appréciable, car il faut faire remonter à cette époque^ une boucherie de ces oiseaux assez considérable pour amonceler de pareils tas d'ossements. De ce coté se trouvent des enclos de pierres appelés « Pounds. » maintenant cachés par l'herbe et la végétation, dans lesquels les chasseurs s'embusquaient pour tuer des oiseaux. — La pente des rochers était assez douce pour permettre aux Pingouins de la gravir, et comme ils n'avaient guère que ce lieu pour aborder, les chasseurs en avaient fait une station. — L'on raconte que l'île n'ayant pas d'arbres et les chasseurs n'apportant pas de bois à brûler, on brûlait d'habitude les corps des Pingouins pour faire du fou : for to boil the ketlel, car l'oiseau était si abondant qu'il en restait tou- jours assez pour les provisions. Il est à remarquer que le plus ancien dessin de VAlca que nous < D'après re qui précède, Stuvitz a f'-tô induit en erreur relativement au temps écoulé, car dans un laps de temps aussi court, il ne peut se former une couche de terre de cette épaisseur. SUR l'alca impennis. 32 (a) ayons, daie de 1748; il est d'Edwards [Birds, Tab. 147). Ce dessin est fait d'après un oiseau que les pêcheurs de Newfoundiand avaient pris à environ 100 lieues de la cote. L'inspection de ce dessin rend déjà l'identité du Pingouin et de VAlca fort vraisembla- ble; d'autant plus qu'un ancien rapport sur lequel je reviendrai plus tard dit que le Pingouin de Newfoundiand avait une grande tache blanche sur la tète, ainsi que celle qui a fait donner à notre Alca le nom de «Binocle. » Cependant les nombreuses trouvailles de Stuwilz sur l'île que les anciens rapports signalent comme la pa- trie des Pingouins ont été les premières à lever toute espèce de doute sur l'identité des deux animaux. Maintenant que celte identité a été reconnue, il devient évident que VAlca a demeuré sur la côte de l'Amérique, et il s'est trouvé là en si grande quantité qu'on ne peut s'en faire une idée. Nous arrivons même à cette conclusion forcée que, durant les temps historiques, la principale patrie de ÏAlca fut la partie septentrionale de la côte est de l'Amérique du nord. — Nous ne savons jusqu'où cet oiseau a été vers le sud, mais nous pouvons dire qu'au XVI* siècle et jusqu'aux fréquentes visites des Européens, il se trouvait en énorme quantité, ainsi que je l'ai déjà dit, sur les petites îles au sud et à l'est du Newfoundiand, et à l'ouest dans le golfe St-Laurent; il existait également au cap Breton. Il s'étendait donc au moins du 47^ au 50° de latitude. Il est probable que VAlca aura existé un peu partout le long des côtes, entre ces deux points extrêmes, dès que les conditions lui auront été favorables, et non pas seulement aux endroits indiqués par les voyageurs. Il est probable aussi qu'il se sera étendu plus au nord et plus au sud. Il est permis de présumer, d'après certaines indi- cations de Lahontan, ^ Memoirs of North America, que VAlca a niché au Canada. Il parle en effet d'un oiseau de ce pays ayant ' Quoique le baron de Lahontan compte le Canada du 39" au 6.5° de latitude septentrionale, il comprend sous ce nom tout le Labrador: des Moyacks peuvent pourtant avoir été trouvés au sud de la baie de Si-Lau- rent. C'est en effet là qu'il est le plus probable qu'il ait trouvé cet oiseau , puisqu'il l'avait rencontré lui-même dans son voyage de 1683 à 1691, voyage dont cette baie fut la limite septentrionale. Tome II, I''' partie. ibis. / 32 {b) JAP. STEENSTRUP. la grandeur d'une oie, dont les œufs sont plus gros que ceux du cygne, et ayant de gros jaunes. Celle description ne peut se rap- portera aucun autre oiseau de riiémisphère boréal (]u'aVAlca. «The moijacks are a sort fowl, as big as a goose, having a short neck, and a broal foot ; and winch is very strange, their eggs are haif as big again as a swan's, and yel they are ail yolk, and ihat so thick, thaï they musl be diluted with waler before they can be used un pan cakes. » En revanche, il est moins certain que l'oiseau se soit étendu plus au nord. Dans les descriptions du Labrador que j'ai consultées, je ne trouve nulle part mentionné que l'oiseau ait niché dans ces parages plus septentrionaux; je suis pourtant tenté de croire que les quel- ques individus vus de temps à autre au siècle dernier sous le Groen- land provenaient de ce pays. Audubon dans son Synopsis of the birds of Northamerica (1839;, dit que ï'Alca est inconnu sur la côte de l'Amérique; il ignore qu'il s'y fût trouvé autrefois en grand nombre, et n'en men- tionne qu'un exemplaire ayant visité accidentellement le Newfound- land. Il a vainement cherché les lieux où nichait ï'Alca au Labra- dor, mais il rapporte qu'on lui a indiqué comme tel une île au sud- est de Nevvfoundiand. L'assertion de Guuld, The Birds of Europe (1837), est encore plus frappante. Voici ce qu'il dit : « It is foiind in abundance along the rugged coast of Labrador.» Peut-èlre ne faut-il voir dans cette donnée que l'habitude générale d'attribuer pour patrie au grand Alque des contrées inexplorées, supposition qui a été depuis lors entièrement confirmée par l'auteur lui-même. ^ » John Goidd, The Birds of Europe, vol. V. London , 1837. Text- blad til Tab. 4U0. "The seas of the polar régions, agilaled with stornis and covered wilh immense icebergs, form liie congenial habitat of the Great Aiik : hère it niny be said to pass the wlioie of ils existence, bra- ving the severcst winlers witli the ulmosl inipunity, so Ihal it is only occasionaily seen, and that al distant intervajs, cven so far south as the seas adjacent to the nortliernmost parts of the Hritish Islands. It is found in abundance along the rugged coasts of Labrador; and from the cir- cuinstance of its having been seen at Spilzbergen, we may reasonably SUR l'alca IMPENNIS. 32 (c) Cet oiseau a fait certainement quelques rares apparitions plus au sud que les contrées ci -dessus moniionnées, comme, par exemple, sur les grands bancs de pêcheries (Fiskebanker), En tout cas, il ne me semble pas possible que l'individu mentionné plus haut (d'après Edwards) ait pu êlre pris sur des bancs aussi loin de terre, si ce n'est plus au sud. D'ailleurs, on ne peut tirer de là aucune conclusion certaine relalivement à la véritable demeure de ces exemplaires. Malgré les quelques témoignages qui signalent des captures d'Alca sur les bancs de poissons, il semble bien difficile que ces oiseaux soient venus dans ces parages depuis les places de nichées du Newfoundland ou des îles voisines; et ceci s'accorde assez bien avec les quelques observations faites sur les côtes d'Europe, où le même oiseau a été vu isolé à des distances considér.ibles des places de nichées connues. Il me semble que, pour résumer la distribution géographique de cet oiseau, il faut tenir compte des différentes observations, et ne pas confondre surtout celles qui se rapporlenlà quelques individus trou- vés accidentellement loin des places de nichées, avec celles qui traitent de l'oiseau étudié dans les localités mêmes où il nichait. Je dois accepter comme Audubon la donne une tradition d'après laquelle l'oiseau aurait existé, un peu après le milieu du siècle der- nier, dans le golfe de Boston, et aussi dans les environs du cap Cod, c'est-à-dire dans l'endroit où, au dire de tous les observateurs, commence la faune glaciale de l'Amérique du nord. Je rapporte dans la note ci-dessous, non-seulement la tradition conclude, tliat ils range is exlended throughout the whole of tlie arctic circle , where it may often be seen tranquilly reposing on masses of floating ice, to ttie neighboiirliood of wtiich in tlie open océan it seeras to give a decided préférence. » Je reviendrai sur l'apparition de l'oiseau près du Spitzberg, pour le moment je me bornerai à dire ceci : M. Gould , avec lequel j'ai eu le plaisir de passer quelques jours cet été , m'a expliqué que ses paroles relatives à l'abondance de l'Alca impennis sur les côtes du Labrador, ne provenaient point d'une source qui me fût inconnue, mais s'appuyaient seulement sur la renommée vague et généralement admise que cet oiseau habitait sur les côtes du Labrador et du Groenland. 32 (d) JAP. STEENSTRUP. telle que la transmet Audubon , mais encore tout ce que ce natu- raliste nous apprend dans sa célèbre Ornithological Biography (1838), au sujet du séjour de VAlca impennis en Amérique. ^ Celte tradition mérite toutefois encore beaucoup de recherches et d'atten- tion, car BarlholomcusGosnol a trouvé dans son voyage en Virginie, en 1 602, les Pingouins au sud des bancs de poissons, et plus au sud encore, aux environs du 7 mai. En outre, il tuait le 20 mai, sous 41° à 40^lat. N., près de Gilberts Junt, au cap Cod, plusieurs Pin- gouins à côté de son vaisseau; le moment de la saison semble indi- quer que ces oiseaux étaient en pleine nichée. ^ On se demande pourquoi YAlca n'existe plus dans les contrées où nous l'avons suivi, et où il se trouvait autrefois finr milliers, servant de nourriture à tant d'hommes. Il ne faut pas perdre de vue que l'on en a pris tant qu'il y en a eu, et plusieurs témoins disent combiea sa capture était aisée dans les premiers siècles où les Européens exploraient les contrées où il se trouvait. On chas- sait ces oiseauxcomme des moulons devant soi, sur des voiles éten- dues ou sur des planches, etc., jusqu'au bord des vaisseaux. L'on ne se contentait pas de prendre l'oiseau, mais on s'emparait aussi des œufs. — Une des circonstances qui a contribué à anéantir la race, c'est que les Européens arrivaient au moment des nichées et trouvaient tous les oiseaux réunis sur les petites îles. Beaucoup * « The only authentic accouiit of tlie occurrence of ttiis bird on our coastttiat I possess, w;iss obtnincd from M. Henry Havcll, brother of iny Engraver, who, when on his passage from New-York to Engîand. hookcd a great Auk on the banks of Nenfoundland , in exlremely bnisterous weather. » - cWhen I w.is in Labrador, niany of ihe Fisherinen assured me that the « Pcnguin^, as the name Ihis bird, breeds on a low rocky island to tiie south-east of Newfouiidland. wbere they destroy great nunibers oflheyoïing for bail ; but as tiiis intelligence came to me -.vhen ttie season was too far advanced, I had no opportunity of ascertaining ils accuracy. In Newfoundland howcver, I received similar information from several individuels. An old gunner residing on Chelsea beach. near Boston, told me, that he well remembered the lime, when the Penguins were plenliful aboiit Nahanl and some other Islnnds in the Bay.» S. 316. * Bartholomeus Goxnnl, Voyage to Virginia, traduit dans Pieter van der Aa's Naaukeurige Versameling der Zee- en Land-Reysen. o, s. v. te Leyden. 22 Bd. S. 1 og S. ."s. SUR l'alca impennis. 32 (e) de vaisseaux, à court de provisions, se ravitaillaient avec \q& Alca qui élaienl à portée, el afin de ne pas perdre le temps précieux de la pêche, on prenait les animaux faciles à chasser, et on tombait naturellement sur les Pingouins. On agissait sans aucun égard ni ménagement; là où tant de monde trouve des provisions, l'idée d'économie ne vient pas à l'esprit, car ce que l'on laisse aujourd'hui sera pris demain par un autre.— Il est pénible de penser qu'une espèce a été détruite sur une grande partie de la terre par l'avidité et la voracité de l'homme; il est même révoltant de penser que les derniers débris de celle race infortunée aient servi de combustible pour rôtir leurs frères. Il est sans intérêt el difficile de dire quelle nation a le plus con- tribué à l'exiinction de VAlca, et sans vouloir accuser l'une plus que l'autre de ce vandalisme, il est probable que l'oiseau, chassé par les naturels, avait déjà bien diminue avant l'arrivée des Européens, et ne se trouvait encore en grand nombre que dans les îles éloignées où les naturels ne pouvaient aller facilement. ' B. Apparition de l'alca impennis près des îles a l'est de l'atlantique. Après avoir cherché autant que possible à me rendre compte de l'extinction de XAlca sur les côtes ouest de l'Atlantique, je vais m'appliquer à suivre cet oiseau dans la partie est. En effet, sur ce point également, tout travail complet fait défaut el les opinions cou- rantes mériienl d'être corrigées sur plus d'un point. En suivant la marche que nous avons adoptée, nous procéderons en allant du nord au sud ; l'Islande sera donc la première station de nichée que nous rencontrerons. 1 D'après la lettre du profest^eur Rasch , Stuwitz aurait dit quelque part dans l'un des ruhiers de son Journal, que l'oiseau, confondu d'ail- leurs par lui avec le Pingouin dn sud. aurait existé en dernier lieu chez les Indiens-Micniac. Toutefois le professeur Rasch n'a pas réussi à retrouver le passage en question. 32 (/■) JAP. STEENSTRUP. i. L'Alca impentiis sur les côles d'Islande. Les seules localités connues pour avoir servi de lieu de nichée à VAlca en Islande, sont quelques petits îlots et écueilsqui portent son nom, à plusieurs milles de la côte sud de l'île. Le plus impor- tant, les « écueils de GeirfugI, » est celui qu'on qualifie d'occidental, à 3 milles au sud-est de Rcikenes; c'est le point le plus méridional de l'Islande, près duquel se trouvent les écueils volcaniques qui furent habités par ces oiseaux. Le second point, qui est plus petit, est appelé: ce l'écueil méridio- nal; » il se trouve à environ 2 milles de l'île de Wesimann et à 3 milles et demi de l'île. Le troisième, dit « de l'Est, » doit être plus à l'est de l'île, et légèrement à l'est d'Ingolfshôfde, à quelques milles en avant dans la mer. L'existence de ï'Alca en Islande ne fut observée que vers le milieu du siècle dernier. Le bourgmestre de Hambourg, Anderson, dans ses rapports empruntés aux capitaines de vaisseaux d'autres navi- gateurs venant d'Islande (1747),^ dit que ['Alca est un oiseau qui n'est vu que sur l'écueil [Geirfugleskjer] de l'ouest, et fort rarement; il ajoute que d'en voir une grande quantité à la fois était considéré comme un présage de malheur, et donne comme exemple l'année qui précéda la mort du roi Frédéric IV, où l'on vit un grand nombre de ces oiseaux, et cela après [)lusieurs années pendant lesquelles il n'en était point apparu. Cette rareté fut de suite réfutée par Horrebow qui , dans les Rapports authentiques sur VIslande (1752), aflirmait le contraire; c'est ainsi, comme nous l'avons vu, que Glahn infirmait les rensei- gnements de Crantz sur le Groenland. Anderson disait que VAlca était rare et ne se trouvait que sur les écueils près de Reikenes; mais Horrebow aflirmc (|ue sur ces rochers les Alca séjournent en grande quantité et qu'on en voit en ' Johan Àndersson, Nactiricliten von Isiuiul, Grœnland und der Strasse Davis. Frankf. ii. Leipz., 1747, S. .=^4. SUR l'alca IMPENNIS. 32 {(j) d'autres endroits du pays, soil sur d'autres écueils. — Il ajoute qu'il n'est pas aussi commun que les autres oiseaux de mer, mais que les habiianls le voient de temps en temps, et que ceux qui vont à la recherche de ses œufs, qui sont aussi gros que les œufs d'autru- che, en voient toujours. Ceci n'indiquerait pas qu'il y en eût une grande quantité, s'il ne disait ailleurs, page 17o : «A un certain moment les habitants montent sur des bateaux à huit rames, vont à la recherche des œufs, et reviennent avec des chargements consi- dérables. Le danger et la difficulté consistent à se rapprocher des écueils ; en effet, ils sont distants de plusieurs milles de la côte, et la mer est très-grosse dans ces parages. » Ces paroles d'Horrebow donnent, il est vrai, à penser que la grandeur des bateaux employés à cette exploitation avait sa cause moins dans l'immense quantité â'Alca, que dans les difficultés de la navigation. En outre, quant au chargement, il est permis de supposer qu'il n'était pas unique- ment composé d'œufs à'Alcn, mais aussi de la capture des autres oiseaux qui nichent en abondance sur ces rochers, ainsi que de leurs œufs. Les assertions d'Horrebow donneront cependant raison dans une certainemesureà Anderson. Le premierditque « l'année qui précéda la mort de Frédéric IV, on vil, de même que les années précédentes, quelques Alca ; » et, par ceci, il avoue que le nombre que l'on en apercevait généralement était réduit à « quelques-uns. » Je vais citer, pour donner une idée de la manière dont l'/l /ca paraissait en Islande, et comment on dénichait ses œufs, ce que Eggert Olafsen et BJarne Povelsen racontent sur leur voyage en Islande. Je regarde les renseignements de ces voyageurs comme les plus précis que nous possédions; ils sont assez instructifs et importants pour être rapportés en entier. ^ Eldey ou Ildo'é se trouve à un mille de la côte et légèrement plus loin qu'un rocher élevé, Eldey iar-Drangur. Dans ces endroits séjournent des ^Zca et d'autres oiseaux de mer et de montagnes; ces 1 Le voyage de Eggert Olafsen et Ajarne Povelsen à travers l'Islande, Soroë, 1772. 32 [h) JAP. STEENSTRUP. rochers sont inaccessibles. Autrefois on avait tenté de les escalader avec des échelles de cordes, et l'on voit encore à Eldey d'énormes clous fichés dans le roc où les échelles furent fixées. Geirfiigla-Skiœr est pJus en avant dans la mer, c'est une île basse et par conséquent accessible du côté de l'ouest; ininiédiale- ment auprès s'élève un rocher peu considérable, et, plus en avant, il s'en trouve un autre beaucoup plus élevé. On le prendrait faci- lement à distance pour une voile, car il est tout blanchi par les fientes dos oiseaux qui y séjournent par myriades. Ces îles s'éten- dent sur une longueur de 5 milles à l'ouest de Reykenes. A 2 milles plus en avant se trouve un blindt-skiœr, c'est-à-dire un écueil sous-marin, qui est très-dangereux pour les navigateurs; cependant on voit souvent la mer blanchir d'écume à cette place. Les navigateurs étrangers nomment ces îles du nom général d'écueils aux oiseaux, et celle qui est plus en pleine mer écueil cache' des oiseaux. Malheur aux vaisseaux qui s'approchent de la côte, ils sont perdus, car ils rencontrent le Malstrom, qui fait tour- billonner l'eau autour de ces rochers quand le temps est beau. Sur Geirfugle-SkiœVy les Pingouins falca alis minimis) séjour- nent en grande quantité, car ils peuvent y monter. Les habitants du pays profilent des jours où la mer n'est pas trop mauvaise pour s'en emparer, mais ils ne peuvent pas aborder, un matelot s'élance sur le rocher avec une corde, et souvent, en repartant, il est obligé de se mettre à l'eau pour gagner le bateau. (P. 855-856.1 Veslmannoe est la deuxième localité où l'oiseau niche; il est dit, p. 858 : Geirfugla- Skiœr est un rocher bas et plat ou YAlca niche comme sur l'écueil situé en avant de Reykenes. Quanta la troisième localité, la définition n'en est pas très- bien donnée, car il est dit qu'entre Ingolfshôfde et Hrollaugs'oerne, qui doivent se trouver à l'embouchure de Breidamarksandenes Jôkel- saa, il y a un rocher appelé Geirfuglesker à quelques milles en avant dans la mer, où les AIca s('journent. «La g>'irfugl, alca rostri sulcis oclo alis minimis. paraît y habiter. » (P. 750.) Cette assertion n'a, paraîl-il, jamais él('' confirmée, et ce qui pré- cède a dû être dit d'une époque bien éloignée, car il n'est pas connu SUR I'ALCA IMPENmS. 33 qu'aucun Alcaah élé vu durant ces derniers siècles près d'Ingolfs- hdfde ou sur toute la côte est de l'Islande. Eg. Olafsen , parlant du même oiseau, p. 983, répète qu'il est rare en Islande et qu'à sa connaissance il ne niche que sur deux écueils à fleur d'eau en avant du Stinderland ; il ajoute un rensei- gnement qui n"est pas sans importance sur la manière dont niche VAlca : ((. Plusieurs Alca, dit-il, ont leurs nids et leurs œufs en commun, ou plutôt ils ne font pas de nids, posent leurs œufs sur le rocher et les enfouissent dans leurs excréments. » Plus loin, en parlant du Geirfugleskjer près de Reikenes, il dit qu'il a vu l'oiseau et ses œufs, car, dit-il, quelques bateaux on[ tenté d'y aller pendant les années que nous passâmes à Vidoë. — En comparant ces mots avec ce qui est dit plus haut qu'on les pre- nait de temps à autre, il est évident que déjà alors on n'y allait pas toutes les années à la chasse. Eggert Olafsen et Bjarne Povelsen voyageaient en Islande en 1752-37, et leurs observations concer- nent donc la même époque que celles d'Anderson et Horrebow. Horrebow et Olafsen sont donc en quelque sorte nos deux seules sources de renseignements sur VAlca impennis en Islande, il y a un siècle, et nous pouvons conclure de leurs récits qu'il nichait à deux endroits sur la côte, mais en petite quantité ; et, quoique un des endroits cités passe pour avoir été très-fréquenlé par l'Alca, nous laisserons de côté cette assertion comme invraisemblable, car s'il y en avait eu une si grande quantité, on en eût certainement vu à la côte. Je pense donc faire une estimation large en évaluant le total de ces deux colonies à une centaine d'oiseaux. Mohr, qui voyagea dans le nord du pays, dit positivement qu'on n'y connaissait \' Alca que de nom. Ailleurs, cependant, il se four- voie entièrement en rapportant, d'après les seules sources que je viens de citer, dans son livre : Essai sur i histoire naturelle d'Is- lande, 1786, p. 29, que dans les temps reculés les Islandais rem- plissaient leurs bateaux d'œufs pris sur les Geirfugle-Skjaerene. Il a induit par là d'autres auteurs en erreur. Cependant une mo- dification dans la distribution géographique de VAlca impennis ne tarda pas à se manifester ; l'oiseau disparut complètement du Tome II, 1'^'= partie. 5 34 JAP. STEENSTRUP. Geirfugleskjer, voisin de Westmannoë, car Faber, qui y cherchait cet oiseau, dit dans son Prodromus der islândischen Ornithologie, p. 49, que pendant son séjour à Westmannoë en 1821, un chas- seur islandais qui allait fréquemment à la « montagne des oiseaux » lui racontait avoirvu, vingt ans auparavant, un Alca impennis cou- ver, mais qu'il était le seul qu'il eût jamais aperc^u. Avant la fin du siècle, ÏAlca avait donc disparu de ces localités, et il n'y paraissait plus même de passage. ' On ne peut pas suppo- ser une disparition momentanée, car le retour de ['Alca eût été signalé par les rapports fréquents que les pasteurs et les sous-préfets de chaque localité envoient à la Société islandaise. Un pasteur de Westmannoë nous apprend dans un de ses rap- ports que, comme leur nom l'indique, les Geirfugleskjer ont dû donner asile à VAlca à une époque éloignée, mais qu'actuellement on n'en voit point sur ou près de ces écueils. ^ Quant aux récifs de Reikenes, il n'est pas douteux que l'oiseau y ait niché et séjourné plus longtemps, protégé qu'il était par les abords dangereux de l'île, et on peut affirmer que la colonie y était encore en 1813; car d'après un rapport de Lobner, préfet des îles Feroë, adressé au conseiller Reinhardt, un bateau de Feroë à destination de Reikevig, se trouvant dans ces parages par un temps et une mer calmes, l'équipage en profita pour chasser les Alca qu'il voyait sur les écueils, les hommes abordèrent, tuèrent une vingtaine d'individus, et le reste se sauva. ^ « Dièses, befiirchleich, » dit Faber dix ans plus tard, en 1822, « bat den Vogel ganz von der Klippe verscheuchl ; denn in der HûfTnung, diesen interessanlen Vogel naher kennen zu lernen, ' Comme l'oiseau et son œuf étaient exposés depuis longtemps à la Maison du commerce de cette île, il faut en conclure que déjà à cette époque (1800) c'était une grande rareté. '- Rapport du district de M. le pasteur Jon Austraann's, 1843, 17 juil- let, conservé dans les archives de la Société littéraire islandaise, dont le président, M. le député Jon Sigurosson, m'a obligeamment accordé l'entrée. * Professeur J. Reinhardl, Om Gejerfuglens Forekomst ved Island ; dans Krœyer's naturiiistorisk Tidsskrift. Vol. 11. p. 533-.35. SUR l'alca impennts. 35 mielhete ich mil zwei andern Reisendon eine Fischerjachl, und segelte den 25'^" Junius 1821, welche Jahrzeil ich fur die besle ansah^ weil aile Verwandle des Vogels in dieser Zeit Eier haben, nacli der Klippo. Wir kreutzten zwei Tage unter der Schere, deren Obeiflache mit brùlenden Sula alba und Uria troïle bedeckt war; wir konnlen jeden Vogel iibersehen, endeckten aber keine A. ini- pennis» (pag. 49). La crainte de Faber n'était pas fondée pour cette fois-ci, car le conseiller Reinhardt dit, dans les notes mentionnées ci-dessus, qu'en 1830-31, 27 exemplaires provenant de Geirfugleskjer, ou des environs, furent envoyés et mis en vente. C'était donc au moins autant qu'il en avait été tué à Feringerne en 1813. Le même rapport raconte qu'en 1830 une éruption volcanique ayant eu lieu près de ces îles, l'oiseau dérangé avait cherché ailleurs d'autres places pour nicher et s'était rapproché des côtes, dû deux exem- plaires furent tués ; les détails exacts manquent sur ce fait. L'auteur pense avec raison que l'année 1831 fut néfaste à la colonie, car ce qui ne fut pas pris fut dispersé définitivement. Pendant mon séjour en Islande, 1839-40, j'ai acquis la convic- tion qu'il devait y avoir encore quelques individus de VAlca im- pennis dans ce pays, car depuis le massacre de 1830-31,^11 en avait été tué une dizaine dont les peaux furent vendues. ^ Les deux derniers exemplaires vus (un mâle et une femelle) furent tués pendant qu'ils cherchaient un abri sur un petit rocher près de la côte; les peaux furent enlevées et les corps conservés dans l'alcool. Le conseiller Eschricht acheta ces deux exemplaires pour le Musée zoologique de l'Université, où est exposée une belle collec- tion de l'anatomie intérieure de l'oiseau; mais les squelettes furent * Trop tard, pourtant, à en juger par les rapports de St. Kilda ; voir plus loin p. 42 et 43. 2 Je pense que les dix individus dont parle Michahelles dans Vlsis, 1833, p. C48-51, provenaient de cette chasse. 3 Je n'ai pu indiquer exactement le nombre des peaux, par la raison que quelques-unes ayant passé par plusieurs mains, il est impossible de suivre leur sort, et sans doute il y en a qui ont été comptées plusieurs fois. 36 JAP. STEENSTRUP. sacrifiés, car on ne pensait pas que VAlca fut si près de disparaître qu'il l'est réellement. L'Alca imp ennis ayani donc été observédernièrement en Islande, on n'a pas le droit de nier qu'il s'y trouve encore aujourd'hui, et on ne doit pas renoncer à l'espoir de l'y trouver encore; il n'y aurait rien d'impossible à ce qu'une colonie fût établie sur les Geirfugleskjer, qui par leur nature sont inaccessibles. Le pasteur S.-B. Sivertsens de Utskàla, district le plus voisin des Geirfugleskjer , m'a dit que depuis longtemps les Islandais n'avaient pas visité les écueils, et que même il est à supposer qu'il n'y a plus d'Islandais à même de connaître les passes des récifs et la manière d'y aborder. Il ne faut pas perdre de vue non plus qu'il se ptîul bien que, par des révolutions volcaniques, ces îlots soient devenus inhabitables pour \esAlca. Ceci me conduit à ajouterquelques détails historiques à ce qui précède. ^ Geirfugleskjer, ainsi que les écueils voisins, compris sous la dénomination commune d'« Ecueils des Oiseaux» ont été fréquem- ment bouleversés par des accidents volcaniques : il est même cer- tain que tous ces rochers doivent leur existence à des éruptions successives, car ils n'existent que depuis quatre ou cinq siècles. Reikenes, à 63" 48 V3 S.-B, 35° 23 à l'est de Copenhague, a été depuis le XIIP siècle le théâtre de phénomènes volcaniques nombreux, accompagnés de jets de flammes sortant de terre et de mer. Dans les XIIP et XIV^ siècles, ces éruptions n'élaionl pas rares, et on cite les années 1211, 1226, 1231 et 1390. Cette dernière, selon les rapports d'EspoIin, vit la moitié du district de Reikenes s'engloutir dans la mer, et il n'en subsista plus comme vestige au- dessus des eaux, que Dyptarslein et les Ecueils des Oiseaux. On dit que le rocher nommé Eldey, à un mille et demi de Reikenes ' Ceci est tiré des rcclierclies de mou compagnon de voyage, feu Jolin Halgrimson, sur les éruptions volcaniques et l'histoire des tremblements de terre en Islande; ees observations doivent faire partie de notre ou- vrage déjà commencé sur ce pays. SDR l'alca impennis. 37 en pleine mer, élait avant cet événement une montagne tout près de la côte. En 1422 (d'autres disent H18], une masse de rochers sortit de l'eau au sud-ouest de Reikenes, et resta longtemps visible et pen- dant ce temps les llammes jaillissaient de la mer ; ce fut comme un prélude de 1783. Dans cette année une île surgit, en effet, avec dégagement de feu du sein des flots, à la place où se trouve au- jourd'hui recueil sous-marin des Oiseaux dont nous avons parlé. L'île qui vit ainsi le jour fui appg,lée Nyoe ei l'autorité en j)rit possession au nom du rui, mais l'année suivante^ tout avait dis- paru. La dernière éruption eut lieu au commencement de 1830 et s'annonça par une puissante colonne de vapeur et de fumée qui fut visible pendant plusieurs jours. La mer vomit une énorme quantité de pierre ponce qui arriva jusqu'à Reikenes. Cette pluie de pierre ponce n'est pas sans imporlance pour l'his- toire de VAlca impennis dans ces contrées. Après 1783, les vais- seaux qui passaient près de Reikenes, allant ou venant de Dane- marck, avaient de la peine à fendre cette couche de pierres qui couvraient la mer. ^ Les Alca ont donc dû être dérangés par ces pluies de pierres, qui les forçaient à quitter leurs demeures, car ils ne pouvaient ni nager ni chercher leur nourriture sur la mer. ^ Le massacre de 1830-31 est donc expliqué, car les Alca chassés de chez eux par l'éruption s'étaient probablement réfugiés vers la côte, où ils se trouvaient plus près d'ennemis plus terribles encore que les volcans. Si, contre toute attente, VAlca impennis a complètement disparu ' C'est-à-dire que la mer emporta l'île, qui n^était formée que de scories et de pierre ponce. - Magnus Stephensen , Courte description de l'éruption d'un nouveau volcan, 1783. Copenhague, 178-5, p. 146. « Aux alentours la mer était couverte de pierre ponce à 20 et 30 milles de distance, ce qui empêchait les vaisseaux d'avancer. » 3 J.-C. Schythe, Hecla et sa dernière éruption du 2 septembre 1845. Copenhague, 1847. Cet auteur explique l'effet qu'eut sur la pèche une pluie de cendres et de pierres ponces flottant sur la mer, vers la côte sud, p. 153. 38 JAP. STEENSTRUP. de l'Islande, on ne peut en rejeter complètement la faute sur les Islandais, car les bouleversements voleaniques de ces contrées y ont beaucoup contribué. Quoique VAlca ail quitté Westmannoë principalement à cause de la chasse que le> hommes lui ont faite, les (-ruptions pourraient bien, dans celte localité aussi, y être pour quelque chose, surtout vers la fin du dernier siècle. Dans les récits du temps (1784) surles tremblements de terre, il est dit positivement que Westmannoë avait beaucoup souffert. ^ C'était cependant près de celte île que Faber rapporte qu'en 1800 environ un chasseur avait vu un Alca couvant son œuf. La chasse à ÏAlca était bien plus abondante, cela va sans dire, dans les XV% XVP et XVIP siècles que pendant le dernier: etnon- seulemetil on chassait cet oiseau, mais aussi une grande variété d'autres oiseaux de mer, et nous voyons par les crochets de fer qui sont fichés dans les rochers d'EdIey et d'Ildoë, que cette chasse était parfaitement organisée. Suivant le rapport d'un pasteur, la tradition mentionne que l'on allait à la chasse depuis Reikenes deux fois par an, avant et après les foins ; toutes les années plusieurs bateaux partaient dans ce but. En 1639, quatre bateaux partirent, deux périrent en mer, corps et biens, et quant aux équipages des deux autres, ils furent sauvés après onze jours de mer. Ceci prouve le danger qu'il y avait à faire de semblables expéditions. Quant au profil de celte chasse, il paraît que les pêcheurs en reliraient autant que d'une pêche dans le Nordiand (Finmarken). Ces renseignements sont les seuls que j'aie pu obtenir sur l'oiseau ' Magnus Stcphensen , 1. c, p. 142. «Suivant le rapport du préfet Sivertsens à la chancellerie royale . La première secousse du tremble- ment de terre, le 14 août, précipita de grands rochers sur Westmannoë, du haut des montagnes qui parurent comme enveloppées de fumée de la base jusqu'au sommet. — On avait lieu de craindre de grands dégAts et des dommages considérables, mais ce qu'on eut de plus grave à déplorer fut la chute de la meilleure portion de la Montagne des oiseaux, ce qui enleva aux habitants une source d'alimentation très-productive et rendit impropres ces localités à la nichée des oiseaux. > SUR L'ALCA IMPENNIS. 39 et sur les écueils qu'il habitait. ^ Je complais trouver, soit chez LanJnamabok , soit chez Elucidarius quelques renseignements, mais ils sont muets sur VAlca et sur ses habitudes. Avant de quitter l'Islande, nous remarquerons que VAlca im- pennis s'est montré parfois près des côtes de l'île principale, mais presque toujours pour y trouver la mort. L'extrême limite où il a été observé est Latravik, à l'extrémité nord-ouest de l'Islande. Selon Faber, un paysan aurait tué dans cet endroit sept 4Zca sur un écueil dont ils ne purent descendre assez promptemenl pour se sauver [Prod. de VOrnith. isL, p. 49). 2. L'Alca impennis aux Feroë. . Le docteur Henrick Hôyer, de Bergen, est le premier qui parle de la présence de i'Alca impennis aux Feroë; en 1604 il écrivait à Clusius et lui nommait les oiseaux les plus remarquables de ces îles. Clusius, en 1605, dans son ou\rage {Exot.icorum libri de- cem; Auctarium, p. 367-68), indique comme les plus importants de ces oiseaux, Lunden {Mormon fratercula] , Alken [Alca tarda), Lomvien, d'après 0. -F. Muller Colymbus septentrionalis, d'après d'autres auteurs Uria Lomtla, Wxmhx'nnQw [Colymbus glacialis) et Gairfugel [Alca impennis?) : ces deux derniers ne venant jamais sur terre ferme, et le dernier, dont la description cadre tout à fait avec YAlcct impennis, même plumage, même absence d'ailes, étant du reste un oiseau fort rare et aperçu seulement à de longs intervalles. (Rarissime autem hsec, et non nisi peculiaribus qui- busdam annis visitur.) ^ L'emplacement des nichée^ était inconnu (nec ubi faeturae operam det, ulli hominum exploratum). * Nous trouvons des traces du mot Geir/'i Ce dessin fut reproduit plusieurs fois et devint plus tard la propriété du Musée royal des arts; sur la gravure faite par Laurentsens, il semble que le trait présente un relief, ce qui me porte à croire que ce n'est autre chose qu'un anneau en métal qu'un aurait mis au cou de l'original comme ornement (voir Muséum regium, aves. T. I. N° 1). ' Fleming (hift. of brit. an. S. 136) parle d'un exemplaire apporté de St. Kilda en 182:^, et parfaitomont conservé. SUR l'alca impennis. 41 temps sur terre ferme. » ' On ne doit pas considérer toutefois cet oiseau comme un visiteur de hasard, car il ne moulerait pas sur les rochers; il ne fait de semblables excursions qu'en dehors de l'époque des nichées. Un siècle plus tard, en 1780, Mohr, dit dans son Histoire naturelle d'Islande (p. 28), sur les Feroë, que l'on trouvait chaque année mib\q[\es A Ica impennis parmi les autres oiseaux de mer, ce qui peut faire croire qu'il nichait dans les environs. Celte opinion semble plutôt confirmée qu'infirmée par Landl dans son Histoire des îles Feroë (1800). Il dit bien, en effet, que le « Gaarfuglen commence à devenir rare,» mais il ajoute qu'il y en avait dont le bec avait plus ou moins de canelures ; il a du voir, par conséquent, de jeunes et de vieux sujets. ^ Ce qui précède nous prouve donc qu'il a dû exister une colonie à'Alca impennis sur les îles Feroë, ^ peut-être bien petite, et nous ne pouvons dire précisément sur quelle île. '^ ' Luc.-Jac. Debes . Feroë et Feroa rescrata. Description de Feroë et de ses iiabitants. Copenhague, 1673, p. 130. Hors de Danemark, les renseignements de Debes sur VAlca impennis sont connus surtout d'a- près leur reproduction par Bartholins dans : Acta medica et phiioso- phica Hafniensia, 1671-7-2, p. 91, daa^ la partie « Kara nalurae iu Insiilis Feroensibus, » p. 86-102, tiré du manuscrit de Debes. - Landt, Essai d'une description de Feroij, Copenhague, 1800, p. 2ô4. ' Il semblerait que VAlca impennis ait surtout séjourné près de Fugloë. Un manuscrit de Jens. -Christian Swabo (Rapport d'un voyage exécuté par ordre supérieur. Feroë, 1781 1782, conservé dans la Bibliothèque royale, actuellement nouvelle Bibliothèque royale, manuscrit 4", n°1950) raconte, vol. 1*^, p. .32 et 33, que « le Gaarfuglur (Alca impennis], autant qu'on peut le savoir, ne niche pas dans ces localités, quoique Studiosus Mohr ait reçu, dit-on, de Fugloë un œuf A'Alca, pris dans un individu que l'on y avait trouvé: ce qui semblerait démontrer qu'il n'était pas aussi rare alors que maintenant. L'on capture encore parfois quelques Individus aux environs de Hellefugl, près de Fugloë (Fugloë est Tile la plus septentrionale des Feroë). ./ Si Graba, qui supposait d'ailleurs en 1830 que l'oiseau n'existait plus, n'a pas mal compris feu l'ancien préfet Hammershaimb, ce dernier aurait tué un Alca sur son nid près de Westmannahavn. « X cette même place, ajoute-t-il, plusieurs affirment avoir vu aussi l'oiseau. » (C.-F. Graba. Tagebuch gefiihrt auf einer Reise nach Feroë im Jahre 1828. Hamburg, 1830. S. 198, 199.) * Dans la brochure mentionnée ci-dessus, M. le conseiller Reinhardt Tome II, 1» partie. 6 42 JAP. STEENSTRUP. Depuis le commencemenl du siècle, sauf des hôlos temporaires, toujours isolés et venus on ne sait d'où, on n'a plus revu i'Alca aux Feroë - 3. L'Àlcn iiniinnuis prh des peUtP'^ Ups d'Ecosse. Les anciens documents que nous possédons relativement à la présence de l'/l/casur les côtes d'Ecosse, sont bien autrement pré- cis. Ils nous représentent positivement cet oiseau comme y habitant el y nichant. Dans « Account of Hirta an Rona.given lo sir Robert Sibbald, by ihe Lord Regisier sir Georg M. Kensie of Tarbol » ^ on lit qut; : k'.i oiseaux de mer étaient en toile quantité dans la première de ces îles, actuellement Si-Kilda, qu'ils voilaient le soleil comme des nuages. « There bee many sorts of thèse Seafowls; some of them ofstrange shapes, «imonî^ wbich there is one, they call tlie garefoicl, ichicli is biyger lliana gnose, and hath eggs as big almost as those of the ostrich. » Je considère ce détail comme important, et il a sans doute provoqué de la part de Rob. Sibbald [Scolia Ulustrata, 1684) une demande de renseigne- ments. Dans cet ouvrage, VAlcm inipennis se trouve en tète du chafiiire des oiseaux (|u'il ne connaît qu'imparfaitement et sur lesquels il désire être renseigné. [Cha[). VIL De avibus quibusdam apud nos, ((Uie incerla^ classis sint, quarum proinde descripliones accuralas desidero. P. 22: .\vis frfl^'c dicta, corvo marino similis, ovo maximo. Quelques années plus l-'jrd celte ile, aussi curieuse sous le rapport de la vie de ses oiseau.x que sous celui des mœurs de ses habitants humains, fut l'objet d'une notice détaillée. Dans le rapport de Martin sur St-Kilda (1698;. nous lisons : a The seafovvl are, firsl, gaerfoirl, being ihe slateliesl, as well as ihe dit que [jcfidaril fort loiigteriips le musée n possédé un exemplaire pro- venant des Feroë 'on s'en est défait plus lard). Lors de mon voyage aux Feroë, la iHa d'un de ces oiseaux était conservée à Sandoë, autant du moins que je me le rappelle. ' Pinkerlon, Uhr. c. Vol. IlL p. 730. SUR l'alca impennis. 43 largest sorl.and above ihe size of a Solan Goose,' of a blackcolour, red about the eyes, a large while spot iinder each, a long broad bill; il stands stately, its whole body erectod, it.s wings short, Aies nol at ail ; lays ils egg upon the baro rock, ichich, if takfn oivay, ahe lays no more for Ihat ycar ,• she is whole-fooled, and lias the hatching spot upon her breast, i. e. a bare spot, from Avhich the feathers hâve fallen offwith the beat in hatching; ils egg is Iwice as big as that of a Solan goose, and is variously spolied, black. green and dark; It cornes without regard lo any wind, appears ihe first of May, and goes away about the middie of June. » '^ Malgré le laconisme des renseignements <\\\\ précèdent, ils nous sont précieux et ont pour nous une grande importance. J'ai fait remarquer précédemmenl ''page 12) que VAlca pondait de très-bonne heure et ne recommençait pas à pondre lori'ju'on lui avait pris sa couvée ; il se peut fort bien cependant que, dérangé dans sa première nichée,^ il quitte la localité et aille ailleurs pourvoira sa reproduction. Les Alca avaient encore tout le temps nécessaire pour pondre aux Geirfugiskjar. L'année ou Fabre visita ces écueils, le âo juillet, sans y apercevoir un seul A/m, bien qu'il put discerner toutes les autres espèces d'oiseaux, l'absence des Alques provenait • Havsule xSula alba L.). 2 Tiré de Pinkerton, 4^ édition, iibr. c. vol. III, p. 688-730. ^ Je dois faire remarquer que les naturels de St. Kilda peuvent être regardés comme observateurs soigneux do ce détail de la vie des oiseaux, car il était pour eux d'une grande importance, isolés qu'ils étaient de la terre ferme. Pendant les trois quarts de l'année, les oiseaux, leurs œufs et leurs petits étaient, pour ainsi dire, leur nourriture journalière. Les rochers et les écueils aux oiseaux étaient divisés suivant un cer- tain plan, afin que la récolte pût se faire plus facilement. Par exemple, quelques districts donnaient des œufs pendant les premières semaines ; durant ce temps, les oiseaux, tranquilles dans d'autres localités, ame- naient à bien leurs couvées ; on prenait ensuite les petits, et les oiseaux allaient nicher une seconde fois dans la première localité exploitée. Cette chasse avait lieu durant l'été, et suivant les espèces, on laissait les oiseaux couver plus ou moins longtemps, afin que les petits pussent arriver à une grosseur convenable et rapporter davantage. La régie des rochers déterminait ensuite, suivant le nombre des petits et des œufs cap- turés, combien il fallait laisser de vieux. M JAP. STEENSTRUP. sans doute de ce qiu- li's petits étant éclos, les [larents étaient allés avec eux à la mer depuis le «ommencemeni du mois. Martin accompagné du pasteur J. Campbell, de Harries, une des îles voisines, partit le 29 mai 1667 pour St-Kilda et passa sur cette petite île tout le temps des nichées de VAlca; un peut juger, d'après les expressions de son récit, qu'il raconte comme témoin oculaire. Dans la description que lait à la même date Martin,' des îles ouest de l'Ecosse, il ne parle pas de VAlca. quoiqu'il porte toute son attention sur la chasse et sur les oiseaux i|u'il rencontre. On peul Ti conclure, non-soulemeiit que l'oiseau était exclusivement (•((uliué dans cetlfs île, mais encore qu'il y était en bien [,ilil nom- bre, comparativement aux autres espèces. Il est furt probable que VAlca n'y a niché (jue quelques dizaines d'années. Nous avons une relation qui date de soixante ans plus lard sur St-Kilda et son histoire par K. Macaulay, pasteur d'une île peu éloignée, et qui visita St-Kilda dans l'été de 1758, sur la demande de la « Society for propagating Christian Knowledge. >> Il regrette, dit-il, de n'avoir pas eu l'occasion d'apercevoir ce singulier oiseau qui se montrait parfois sur l;i côte et qu'on a[)pelait « Garefowl, an absolut stranger, I am api to believe, in every othor part of Scot- land. » Macaulay, parlant de VAlca impennis, commet plusieurs erreurs provenant sans doute de ce qu'il n'avait pas compris les naturels, ou que ceux-ci commençaient à oublier l'aspectde l'oiseau, jcar voici ce qu'il dit : '-^ •< The Sl-Kildians do not receive an annual visit from tliis strange bird, as from ail tlie resl; » « Il keeps at a distance from them, they know not where, fora course of years. From whal land or océan il maker; ils uncerlaiii \oyages to their isie, is perhaps a myslery iii natun^. A GiMitleinann, who had been in the Westindies, informed me, ihal acconling to ihe descripiion ' Martin, Description of tiie Western Ishind, 2" édition. Londres, 1716; ëgalcmenl mentionnée par Pinkerton, lib. VIII, p. .572 et pi. * K. Macaulay. Tiie liistory of .St. Kilda, H vol. London, 1761, p. 156- 157. SUR l'alca impennis. 45 givon of him, lie musl be ihe Pengvin of thaï clime, a fowl ihat points outille proper soundings lo seafaring People.» (P. to6-57.)^ Ainsi il est probable qu'entre la visite de Martin el celle de Ma- caulay, l'oiseau aura été chassé el complétemenl détruit. Ce qui confirme celle opinion, c'est que la popul.-ilion do l'Ile était fort pauvre, et que le sol ne produisant presque rien, les habitants n'avaient d'autre ressource que la chasse aux oiseaux, qu'ils prati- quaient avec le seul bateauNJe la (Communauté. ^ Voici maintenant, d'après les orniihologisles anglais, une série d'observations sur des sujets vus isolément; le nombre ne dépasse pas douze individus depuis Macaulay, 1764 à 1852. Macgilliwray, dans son /fi.s/or// of britinh Birds, indigenous and migratory, vol. V, 1852, donne une liste des exemplaires vus ou tués sur les côtes d'Angleterre, et, quoiqu'il n'en omette pas un, il n'en indique que dix. Il cite plusieurs urnitliologisles, tels que Monlagu,Bewick, Yarrel et Fleming. Parmi ces dix Alca ivtpeiinis obscr\és, deux seulement, en 1822 et 1829, provenaient de St-Kilda. D'après Yarrel 'ôrii. Birds, 1848, III, p. 349), les vieux habitants de l'île se souviennent d'en avoir vu * .4.in6i, et suivant l'opinion de plusieurs ornithologistes, nous voyons que son apparition n'a lieu que près des bas fonds, par exemple, Be- wifks, II, p. 398, « the never wanders beyond soundings. » - Dans l'intervalle des deux voyages, soit environ deux générations, la population diminua de plus de la moitié, et tomba de 180 à 80 indi- vidus, et par suite la chasse aux oiseaux fut aussi bien moins active. En 1724 ou 1730, 21 pères de famille furent atteints de la petite vérole, et 3 seulement survécurent. Au mois d'août de cette année, 3 individus furent laissés sur un rocher pour faire la chasse; pendant ce temps, l'épidémie se déclara et l'on ne put les aller chercher qu'au mois de mai suivant; pendant ces longs mois, ils se nourrirent exclusivement d'oiseaux séchés. Par de seiriblables réclusions, qui du reste étaient fré- quentes, ainsi que nous le rapportent Martin el Macaulay, toutes les fois, par exemple, que le seul bateau que possédait la communauté se trouvait endommagé, la chasse aux oiseaux fut nécessairement exagérée, soit sur la grande île où les femmes devaient poursuivre elles-mêmes les oiseaux pour soutenir leur vie, soit sur les écueils où les hommes étaient retenus prisonniers. Il n'est pas douteux que ces circonstances aient dû précipiter l'extinction de l'oiseau. 46 JAP. STEENSTRUP. trois ou quatre, et deux ou trois aux Orcades. La tradition rapporte qu'une paire avait niché à Papa vestra au commencement de ce siècle. Un exemplaire fui tué dans le Buckingliamshire, à deux lieues de laTamise, el un auirt- fui trouvé mort près Lundy Island.au nord du Devonshire en 1829; un troisième fut aperçu en 1834,' vers la côte du Waterfordshire, dans la partie orientale de l'Irlande. J'ai trouvé par hasard dans Dilwyns, Materials fora Faunaand Flora (jf Swansea, 1848, que VAlca impennis avait été aperçu une fois « in Scilly Tsiand, » et je sais, d'autre part, que deux exemplaires sont descendus dans notre siècle vers la Manche et les côtes de France. ^ D'après ce que nous savons sur l'histoire de VAlca, aux Feroëet en Islande, nous pouvons conclure que les sujets égarés que nous venons d'énumérer provenaient de ces localités et peut-être même de Newfoundland. i. VAlca impennis sur les côtes de Norwe'ge. Si l'on raisonnait par analogie, on pourrait croire que VAlca impennis ayant été signalé aux îles Feroë et à St-Kilda, nous de- vons le retrouver aux mêmes latitudes sur les côtes de Norwége ; el cependant ce n'est pas le cas, car pendant ces derniers siècles, il n'a pas niché dans la partie Scandinave de la mor allanli(|ue. comme plusieurs aulfMirs rindiqncnt par erreur. Nous avons la leiirc de Henri Hoyer, de Bergen, à Clusius 1604! qui n'en parle pas; el cependant, s'il avait eu connaissance de la ' Il riit; seiiihle plus (jne doiileiix (ju'on «il lut: un Alca impennis sur un ('tang d'ofiu douce, et. quoiiiue plusieurs nrtiilliologisles le rapportent, je crois qu'il l'iiut reléguer relie assertion au rang de légende ; on aura ferlnineineut confondu avei- un Cohjmbxs. On doit de plus diminuer le nombre indiqué, rnr les deux individus pris vivants vers St. Kilda, en 1822 et 18-29, s'érhappéreut de suite. Sam. Maegillivray, lib. cit., p, 361,) * Okens Isis, 1833, p. G48, el Nauinani>ia année 18."j."), p. 423. SUR l'alca impennis. 47 présence de VAlca dans ces parages, il n'aurait pas manqué de le dire. Il faut donc nous méfier do la singulière histoire de Strom disant qu'il séjournait près de Sôndmor, ' non loin de Bergen, et sur les fjords avoisinanl celle ville ; qu'il était très-commun et appelé Anglemafjer. Notre doute augmente encore lorsque nous lisons que c'était au printemps et au commencement de l'été; il aurait fallu pour cela qu'il nichât dans ces localités. Strom remarque que personne avant lui n'a signalé X Alca comme norwégien ; ajoutons qu'après lui personne ne l'a jamais vu en Norwége. Quoiqu'il ne soit guère douteux que Strom connût VAlca im- pennis, pour en avoir eu en sa possession, il y a évidemment une grave erreur dans le récit que nous venons de mentionner. Strom aura fait une confusion, lui ou celui qui lui a donné ce renseigne- ment. Anglemager est peut-être l'un des noms encore en usage pour le ce Havellen » {Alca torda], oiseau très-fréquent en Norwége ; et nous pensons avec Niisson que, si l'on peut admettre la présence de VAlca en Norwége, il ne faut le faire que dans une proportion fort restreinte. ^ ' H. Strœm. Description physique du district de Sondermoër, dans l'arrondissement de Bergen, en Norwége. Soroë, I, p. 221. — L'on nomme Anglemager un oiseau de mer qui est blanc et noir, il ressemble par sa forme à l'Alca, mais il est deux fois plus grand et son bec est plus long. Il se distingue par une tache blanche vers chaque œil et ses ailes fort courtes; ainsi on doit assurément le nommer Pingwin ou Anser Magella- nicus authonnn. Ja ne me rappelle pas d'aroir vu cet oiseau cité par les auteurs norwégiens, excepté cependant par Lucas Debes, qui le nom- mait Pingwin ou GoifugI, et disait qu'il était rare aux îles Feroë. Par contre^ il est assez commun chez nous, il se montre dans les baies à l'é- poque de la pèche du printemps, ainsi qu'en pleine mer, en grande quantité ; criant constamment Aangla, comme pour dire aux pêcheurs de préparer leurs Angler hameçons), et c'est pourquoi nos pêcheurs l'ont surnommé Anglemager. '■^ On pourrait cependant trouver encore des renseignements dans les notes de Strçem qui, à ce que dit BriJnnich. sont conservées dans la Bi- bliothèque de Christiania. En outre, sous ce titre : « Dessins faits par le D' et professeur Strœm. et destinés à accompagner ses notes sur les ani- 48 JAP. STEENSTRUP. Quoique nous nous soyons occupés exclusivenienl jusqu'ici, dans la question de l'extension de VAlca, des localités ou il niche, ou a niché; et qu'à cause de cela, nous ayons laiss»; de côté les appa- ritions accidentelles de cet oiseau sur nos côies, il ne doit plus en être ainsi, lorsque nous avons affaire à la Mer du nord et que nous arrivons aux côtes du Catégat, sachant que les h.ibitants pri- mitifs de ces rives ont mangé VAlca il y a trois ou quatre mille ans. Quant à ce qui regarde la supposition que le dit oiseau ait niché dans des localit(';s moins éloignées de nous que les places de nichées que nous l'avons vu occuper pendant les derniers siècles, il ne sera pas non plus indifférent de savoir s'il a souvent visité nos côtes pendant cette période. Pour ce motif, je ne n);in((uerai pas d'ajouter qu'outre le rapport de Strôm, et autant que j'ai pu m'en assurer, notre oiseau n'est cité que trois fois pendant le siècle dernier, sur la côte de Norwége; maux les plus rares qui habitent la mer, » M. T. Brijiinirh a fait don en 1816 d'un rallier de dessins grand in-folio à la Bihliotlièque de l'IIniver- sité de Copenhague, avec res mots en souveniV : « Une ancienne correspondance que j'eus avec feu l'auteur de la des- cription de Sœndmoér et plus tard pasteur de la paroisse d'Eger, M. le Dr et professeur Strœm. facilita beaucoup mes recherches scientifiques pendant mon séjour en N'nrwége et jiis((irM In fin de la vie lal)orieuse d" février 1797) de cet ami. « Les manuscrits et dessins originaux de ces publications me furent donnés par sa veuve comme souvenir d'amitié, selon le désir de son dé- funt mari. Avant mon départ de .Norwége, j'ai déposé les manuscrits et plusieurs notices historiques à la bibliothèque de Christiania. « Les dessins contenus dans ce cahier dénotent chez leur auteur une grande habileté pour copier la nature et indiquent une main de maître. « Afin d'honorer la mémoire de ce savant regretté et d'avamer la science, car les originaux de ces dessins dépassent en perfecliiHi la gra- vure sur cuivre, j'ai déairé qu'ils restasseul à la Bibliothèque de l'L'ni- versilé de (Copenhague, où j'ai l'honneur de les déposer. «Copenhague, !«'• février 1810. M .-'l , Briiniiich. » J'espérais trouver dans ces planches, dont plusieurs n'ont pas été publiées, le dessin de l'Angleniager ou de sa ti^te, mais il ne s'en trou- vait point, (|iioi(|ue Strœm dcssin;U tout ce qu'il rencontrait de rare. SUR I'aLCA IMPENNIS. 49 dans la Mer du Nord, dans los baies du Sud, au Calégat ou dans la Baltique. ' Aucun témoignage historique ne nous donne l'Alca comme ha- bitant ou fréquentant la partie nord de la côte norwégienne ou le Spilzherg. ^ Dans une citation rapportée plus haut, le Spitzberg se trouve, il est vrai, indiqué comme un des endroits où il devait habiter, mais nous n'avons pour l'affirmer que le témoignage de de la Martinière, qui nomme « Pingouins » les oiseaux qu'il rencontra dans le détroit deWaigalz. Les relations de voyages de cet auteur sont d'ailleurs des compilations faites d'après les récils d'autres voyageurs, et même d'après des voyages dans d'autres contrées. Elles ne peuvent donc être considérées comme des sources originales. Elles fourmillent d'erreurs; cependant, grâce à ses descriptions et ses dessins, on peut s'assurer que ce qu'il appelait Pingouins ^ Le professeur Rasch mentionne dans son catalogue des oiseaux de la Norwége (Nouveau Magasin des sciences naturelles, 1838, p. 386) : « N'a pas été vu sur les côtes de Norvvége. J'ai su par le stud. med. Scliiibier qu'il en a été tué cet hiver près de Frederiksstad. On lit dans les jour- naux danois qu'il eu a été pris dans le Jylland cet hiver. » Je ne sais si l'assertion de 31. Schiibler se fonde sur une autopsie ou simplement sur un rapport verbal, mais l'oiseau, dont parlent les journaux du Jylland, motiva les notes du conseiller Reinhardt, cité plusieurs fois, et il fut reconnu pour être un Colymbiis:. — Je ne sais pas quel ouvrage a fait connaître le nom de Geirfugl sur la côte ouest du Jylland ; pendant mon séjour en cet endroit, en 1833, on m'écrivit de deux points diffé- rents que des Geirfugle avaient été tués sur la côte. En faisant quelques recherches, j'appris que c'étaient des Lomfugle 'Colymbus). Dans d'anciens ouvrages on peut lire qu'un Geirfugl fut tué à coups de fusil en 1814 dans le Cattégat, près de 3Iarstrand. Nilsson ajoute dans une note de son Ornithologica : «« Ante aliquot annos spécimen hujus speriei juxla Marstrand occisum fuit», p. 138. Enfin, un exemplaire a été tué en 1790, dans le port de Kiel, d'après les Schleswig-Holsteinische Provinzialblœtter (vo'ir année 1798, vol. I, p. 103). 2 Je dois noter que j'ai deuiandé à IM. Nordvi si un grand oiseau de mer inconnu, que M. L. Brodlkorb avait tué en 1848, près de Vardoë. ne devait pas être celui-ci; mais dans une lettre de cette année (1856) il m'informe que, malgré ses nombreuses recherches, on n'en a jamais en- tendu parler dans ces contrées septentrionales. Tome II. 1^ partie. ^ 50 JAP. STEENSTRUP. n'éU'iil aulre que des Pélicans. ^ Ses assenions n'ont donc ici au- cune importance. [Voyages dans les pays septentrionaux, Paris, 1G7I, p. 145-148.) C. Résumé des recherches sur l'extension de l'Alca impennis. Essayons de résumer ce qui précède en mellanl à profil les en- seignements que nous fournil l'histoire de ÏAIca dans chacune des localités isolées que nous avons considérées. i°VAlca impennis n'a jamais été un oiseau arctique, en'ce sens que les régions arctiques ne lui ont jamais servi de préférence ni de séjour, ni de lieu de couvée. Il n'existe peut-être même aucun té- moignage qui le mentionne comme ayant visité accidentellement ces parages. Ceux que nous trouvons le plus au nord, sont les sept tués par un paysan islandais sur le rocher de Lautrun {montagne des oiseaux), ainsi 'que le rapporte Faber; ils y étaient probable- ment venus accidentellement, et d'ailleurs cette localité est en deçà du cercle polaire. A notre connaissance, les localités le plus au nord ou l'oiseau ail niché, sont : les écueils d'Islande, entre le 63'' et le 6i° lai. nord. Lors même que nous supposerions une nichée près de Frederik- shaabdans le Groenland, sur la donnée d'ailleurs problématique de Fabricius qu'il y a vu un jeune oiseau, il ne s'agirait là que d'une localité moins septentrionale. Les places de nichées de VAlca les plus septentrionales, celles du moins que nous connaissons avec certitude, sont donc en réalité moins boréales que la latitude considérée jusqu'ici comme formant la linjite méridionale de l'aire géographique de notre oiseau. 2" On ne peut pas davantage admettre que VAUa impennis soit devenu un oiseau arctique, à une époque plus récente, chassé qu'il ' Ils sont exartcment di'signt'-s comme Pélirans pnr RulTon, qiinnd il cite Martinière (Histoire naliirelle des oiseaux, t. IX, p. 3i)C, édilion originale). SUR l'alca impennis. 51 aurait été des régions plus méridionales ; rien, du moins, ne justifie une pareille hypothèse. 3*^ La véritable patrie de YAlca est indiquée par les différentes places de nichées de cet oiseau, qui ont pu être sûrement reconnues sur les eûtes nord de l'Océan atlantique, entre l'Amérique du nord et la Grande-Bretagne. Dans cette partie anglo-saxonne de l'Atlan- tique, les placés de nichées formaient en quelque sorte un demi- cercle, h une notable distance des côtes continentales ou des grandes îles. Commençant avec les écueils occidentaux de l'Islande, comme point le plus septentrional et formant en même temps le milieu de l'arc, ce demi-cercle se dirigeait vers l'ouest (passant peut-être, quoique cela soit peu vraisemblable, par le Labrador) et s'étendait jusqu'au cap Cod. Il devait toucher au Funk-Isl9nd et à l'île des Pingouins, puis, passant vers le sud de Newfoundland aux îles des Oiseaux, il arrivait dans le golfe Si-Laurent jusqu'au cap Breton. D'autre part, la moitié orientale de l'arc passait par le Geirfu- gleskjâr méridional, près de Westmannoë, par le Geirfugleskjar oriental, près d'[ngolfshÔfde, par les Feroë et St-Kilda à l'ouest des Hébrides.^ 4^ Sur toute cette étendue, VAlca impennis n'a niché que sur les écueils (Geirfugleskjar), c'est-à-dire sur des îlots éloignés de deux à quinze milles, soit des côtes, soit des grandes îles. Les localités que nous venons de citer peuvent avoir été les places primitives de son habitat; mais il est plus rationnel de penser que l'oiseau a été obligé de s'y retirer, contraint qn'il était par la chasse incessante qu'on lui faisait. En regardant la ligne géographique qu'occupait VAlca, on arrive à la conclusion que nous avons connaissance de ses derniers refuges seulement, mais que son extension a été bien plus considérable. La destruction de VAlca dans les deux derniers siècles n'a été que la continuation de l'œuvre commencée dans les siècles précédents; il est évident qu'un oiseau aussi incapable de * Voyez à la un de ce mémoire les notes supplémentaires. 52 JAP. STEENSTRUP. se défendre et de voler, ne pouvait nicher sur les côtes principales sans devenir promplement la proie des animaux carnassiers elsurtoul de l'homme. 5" Tous les îlols de haute mer quo nous venons de citer occupent, par rapport aux courants marins, des positions telles qu'à l'excep- tion de Funks-Island ils sont en dehors de la débâcle ordinaire des glaces ; il n'y a donc aucune raison pour admettre que VAka séjourne de préférence dans le voisinage des glaces. 6° Nulle part VAlca impennis n'a été observé aussi abondant, du moins pour ce qui concerne l'époque que nous connaissons, que vers les îles de Newfoundiand. Tous les renseignements que nous possédons nous n)ontrent dans le passé l'Alca comme un oiseau très-commun sur les côtes ouest de l'Atlantique ; tandis que sur les côtes est, il est rare et signalé seulement de temps à autre. C'est, en définitive, cette partie occidentale de l'Atlantique qui doit être considérée comme sa patrie principale dans les temps historiques. 7° Dans tous les endroits que nous avons mentionnés ci-dessus, il a complètement disparu ou, du moins, il est si près de dispa- raître qu'il serait impossible d'en rencontrer une colonie d'une cer- taine importance. Nous avons lieu de croire qu'il doit encore nicher, mais en fort petite quantité, sur le Geirfugleskjjir occidental, près de la côle d'Islande. 8" La disparition de VAlca impennis ne doit pas être considérée comme une émigration ou comme l'extinction d'une race qui ne trouve pas en elle-même les éléments suffisants de vie; mais plutôt comme une destruction que l'homme a pratiquée sur une vaste échelle. — A de certaines époques, il s'est adressé à VAlca pour sa subsistance journalière, sans que l'oiseau piit répondre à ces besoins en assurant, par une reproduction sullisanlo, la conserva- tion de son espèce. Quoique VAlca diminuât en nombre, il a longtemps servi à la réalisation d'un rt''siilt;ji important. En effet, il a facilité, pour une grande pari, l'exercice de la pêche sur les bancs de Newfoundiand, en fournissant des vivres aux baleiniers. SUR l'alca impennis. 53 Les éruptions volcaniques ont élé cerldinemeiit une cause auxi- liaire de (leslruction, el bien des nichées ont élé anéanties par des accidents semblables à ceux ([ue nous avons relatés plus haut, en parlant des écueils d'Islande. 9° Il se peut que des trouvailles, dans le genre de celles qui ont provoqué le présent travail, nous amènent à découvrir que YAlra impennis a existé, dans les temps reculés, sous des latitudes beau- coup plus méridionales, soit sur les cotes de l'Amérique, soit sur celles de l'Europe. Cela ne me paraît point invraisemblable. La conclusion qu'il faudrait tirer d'une telle découverte est évidente. L'histoire de l'Alca est bien assez connue pour que nous n'attri- buions pas, dans ce cas, sa disparition à des modifications clima- tériques, mais bien plutôt à l'ouvrage de l'homme ^ D. Histoire du nom « Pengwin. » Comme je l'ai déjà fait remarquer plus haut, le nom dePengwin a été employé mal à propos, par suite d'une méprise étymologique; et il a été donné par erreur à diverses espèces d'oiseaux qui ont bien en commun un caractère remarquable, celui de ne pouvoir se servir de leurs ailes que comme d'instruments de natation, mais qui, du reste, n'ont aucun rapport d'organisation. Ces oiseaux ap- partiennent, en effet, à deux familles zoologiques bien distinctes, celle des Alques el celle des Apténodytes, que les Danois appellent Luffegjmssene ou nies grasses (Fettgànse, etc.). Ces deux familles appartiennent aux deux hémisphères du globe, * Il faut classer l'histoire de VAÎca impennis avec celle du Renne, du Lynx, du Castor, etc. ; les localités où ces animaux se trouvent encore sont bien éloignées les unes des autres et ne sont que ce qui reste de leur ancienne extension. C'est sur des Ilots et des écueils où les hommes n'ont pas encore paru. Cette destruction s'est faite directement ou indirectement par l'homme, dans les temps historiques et même peut-être avant ; c'est par la main humaine que la faune et la flore de ces pays ont été modifiées d'une ma- nière essentielle dans la période actuelle. 54 JAP. STEENSTRUP. la première à rhémisphère nord el la seconde à l'hémisphère sud; à celle-ci revient le nom de Pingouin, à celle-là celui d'Alca. Dans ces dernières années, nous voyons la dénomination de Pingouin concernant l'Alque aptère, suivie généralement d'un adjectif qui indique le lieu de sa provenance, « the northern Pengvvin. » — Nous devons rendre justice cependant aux voyageurs français qui, lorsqu'ils mentionnent le Pingouin véritable , le notent comme «Manchot, » el lorsqu'ils ont affaire à VAlca, disent a le Pingouin» ou même le soi-disant Pingouin, faisant entendre par là que le nom est impropre, et devrait s'appliquer aux Alca tarda et impcn- nis ; ils ont été souvent blâmés pour celte fausse appellation, mais à leur point de vue, ils sont néanmoins dans le vrai. L'abus qu'on a fait du nom de Pingouin a fait naître bien des malentendus, et donne une certaine incertitude aux renseignements qui sont parvenus jusqu'à nous. J'essaierai, selon que mes forces me le permellront, de débrouil- ler l'écheveau de ces synonymies el de rétablir les faits comme ils doivent être. L'élymologie du mot Pingouin, la plus généralement adoptée, est conforme à la citation d'Anspoch, que nous avons donnée plus haut; même à une époque bien plirs ancienne, on faisait déjà dé- river ce nom de l'adjectif piriguis, car, en suivant d'auteur en au- teur, nous remontons deux cent cinquante ans en arrière jusqu'à C. Clusius (i60o). — iNons nous arrêterons pour le moment à lui, car il pense, el cela sans doute avec raison, qu'il esl le premier à donner des renseignements sur le Pingouin, ainsi qu'une planche de cet oiseau. Il publia, sur l'histoire naturelle des Pingouins [AptenodytesJ, d'intéressants détails qui parurent dans les mémoires de la pre- mière expédition hollandaise dans le détroit de Magellan, 1599. Dans ses Exoticnruvi libri X (voir livre V^ p. 101), nous lisons : « Qvi anno a Christi naliviiate nonagesimo oclavo supra mille- simum el qvingenlesimum navigalionom ad marc Auslrale sive Pacificum ap()ollatum inslituebant Batavi, et anno demum inse- quente ad Magellanicum frolum [lerveniebant, in quibusdam insulis SUR l'alca impennis. 55 porlui desiderato vicinis, qvadrngesimo oclavo gradii supra i^qua- torem versus polum Anlarclicuni, alque aliis parvis insulis in ipso frelo silis, magnam quarundam marinarum avium copiam reperie- banl, quœ isluc accesserant, ut ova sua ponerent, deinde iis incu- barenl: ilias auleni a pinguedine, quâ eront prœditœ, Pinguins appellarunt : insulas verô, in qvibus tantam earum abundanliam observabant, Pinguins-insularum nomen indiderunl : ego autem eas Anseres Magellanicos non incommode dici posse arbilror. Illarum, quum nemo haclonus (quod equidem sciam) menlionem fcceril, prœter Diaria ab bis evuigata qui illo anno in Magellanico frelo aliquanidin haeserant, et prorsus sint peregrinœ, iconem ex Diariis illis pelilam hîc subjicere libuit, et pauca ad ejus bisloriam pertinentia adiicere. » D'après ces mots, que j'ai dii rapporter in extenso pour prouver que Clusius parle des mêmes stations et des mêmes localités que celles sur lesquelles je reviendrai, il est évident que l'oiseau en question est l'une des espèces de Pingouins du détroit de Magellan. Il est indubitable, en outre, non-seulement que dans la pensée de l'auteur, l'oiseau devait son nom à l'abondance de sa graisse, mais encore que ce nom fut donné par les Hollandais. Voici, par contre, une opinion sur l'origine du mot Pingouin, qui, quoique moins vraisemblable à première vue, peut être cepen- dant justifiée, et prime, par son ancienneté, celle de Clusius. Sir Georg. Pekham Knight , un des principaux promoteurs de l'expédition Gilbert (1-^83), et qui en faisait partie lui môme, en exposant l'importance qu'aura pour l'Angleterre la nouvelle colonie dans l'ouest, cherche a prouver le droit historique que possède ce pays sur l'Amérique du Nord, par suite de rétablissement du prince gallois Madoc op Owen Gwynelhs en Amérique, dès l'année 1170. — Il cherche à prouver, en outre, l'aulhenlicité des chroniques galloises, en appuyant ses hypolbèses sur la similitude des mots de ce pays avec ceux du pays de Galles, mots qui subsistent encore. Quant à ce voyage, dans un pays éloigné à l'ouest : a Where he then gaue to certaine Ilands, beastos, and foules sundry Welsh 56 JAP. STEENSTRUP. namos, as Ihe Iland of Penyioln. which yei to ibis day bearetli the same. «There is likewise a foule in ihe saide coiiiilreys called by ihe same name al ihis day, and is as inucb lo say in English, as While- head, and in Iruelb ibe said foules baue^vbi[e beads. Tbcre is aiso in Ihose counireys a fruit called Cwynelbes -whicb is likewise a Welsb Word. Moreouer, ihere are diucrs olher Welsb wordes al ibis day in vse^. » D'après celle explicalion, le nom de Pingicin aurait été donné, en premier lieu, à V Alca impennis par les Anglais, à cause de la grande marque blancbe qui se trouve sur la partie supérieure de sa tête et qui l'a fait appeler aussi Brillefugl, nom usité par les gens du nord, ainsi que je l'ai menlionné à plusieurs reprises. Laissons maintenanl de côté ces indications, et bornons-nous à recbercber si ce sont les Hollandais ou les Anglais qui ont com- mencé à appliquer le nom de Pengwin. Il est reconnu, suivant les relations des plus anciennes expédi- tions à Newfoundiand, que depuis le premier voyage des Anglais celui de Hores à Newfoundiand (1536), ils se sonl constamment servis du mol Pengwin ; de plus, il est bien avéré que, bien avant l'arrUée des Hollandais au Port-Désiré et au détroit de Magellan, les Anglais connaissaient déjà cel oiseau nageur, non ailé, qui fré- quentait ces parages, et qu'ils avaient transporté sur lui le nom de Pingwin, — nom qu'ils donnèrent aussi plus tard à quelques ilols du voisinage, « Pingwins Island. » Dans plusieurs récils du premier voyage que firent les Anglais autour du monde (en dcJublanl l'Amérique du Sud et passant à Ma- gellan), sous les ordres de Francis Drake (1578), récils qui nous sonl parvenus par les compagnons de l'amiral, nous trouvons ce même oiseau sans ailes, mentionné avec indication de forme et de nombre, mais sans citation du nom. • HakUiyt, Fil, p. 217. Quoique l'origine de ce mot soit exacte, lors nif^me que le prince en question ne se serait pas établi dans ces contrées, je dois faire rcniurquer que A. von Huinlioiiit ne met pas en doute l'émi- gration du (lit prince f/1. von Ilumholdt, Ivritisctie Unlersuch. ùb. die linlwickelung der Kennln. v. der neuen Welt. Bd. I, S. 388, 392). SUR l'alca impennis. 57 Le matelot Peter Carders el sept de ses compagnons furent sépa- rés de la flotille de Drake par un accident, ils échouèrent sur une île et y vécurent pendant huit ans. De retour en Europe, Carders raconta qu'ils avaient rencontré des oiseaux qui leur avaient été très-utiles dans leur vie d'aventures, et il cite le Pingwin et l'île « Pingwin Island. » sans ajouter d'autres observations; d'où il est permis de conclure que l'équipage de l'expédition désignait géné- ralement l'oiseau sous ce nom '. Dans un voyage que firent les Anglais l'année suivante, sous les ordres de Thomas Candish (1586), les vaisseaux louchèrent au Port- Désiré et au détroit de Magellan'"^. L'un des voyageurs qui prirent part à cette expédition, Francis Pretty, raconte, en date du 17 décembre, Is chasse qu'il fit à de grands oiseaux; il ajoute en marge : « We call ihese foules Peng- wins. » et quelques jours plus tard : « The 28 of december we de- parted ont of Ihe Pori of Désire and went to an Iland where we irimmed our saved pengicins with sali for victual ail thaï and ihe next day. » Plus loin, il nomme la « Pengwin Island, » qui se trouve dans le détroit : « where wee killed and salted great store of Pengwins for victuals. » W. Magoths ^, un des six survivants du malheureux voyage de John Chidieys au détroit de Magellan (1589). dit : « And coming lo Penguin Eyland within Slreight we tooke and salted certaine hogs- heads of Penguins. » Le vice-amiral de la flottille de Chidley recevait, le 12 février 1589, une demande pressante de ses équipages, qui se trouvaient dans le détroit de Magellan, disant que le vaisseau se trouvait dans un état déplorable el que les hommes mouraient de faim. «And aiso but ihree moneths victuals of beefe, penguins and porke (p. 359), » et mentionnent la perte de plusieurs hommes : « Il may * Peter Carder était né à Cornwail ; son voyage se trouve traduit en tiollandais dans la série des voyages cités par Pjeter van der Aa. B. 18, S. 2. 2 Hakluyt, IV, p. 316-341 ; p. 318-19. 3 Hakluyt, IV, p. 357-360. Tome II. l^ partie. 8 58 JAP. STEENSTRUP. please God, Ihat we may finde our fifleane men, and our boat at Pengnin-ylnnd » (p. 360). Nous voyons donc que les équipages des vaisseaux qui faisaient le voyage de l'Amérique du Sud employaient fréquemment le mot de Pingouin, et nous pourrions ajouter une quantité de passages relatifs au second voyage de Thomas Candish (1591-93); par exem- ple, dans la relation due à John Jane, un de ses compagnons'. Je me bornerai à indiquer le premier passage où cet auteur s'est servi du mot Pingouin, et ce mot devait cire non-seulement connu de lui, mais aussi de ceux à qui il s'adressait : « Three leagues from ihis harborough (Port Désire) ihere is an Isie vvhere there are great abundance of seales, and at the time of the yeere the penguins corne ihilher in greal plenlie to breede » (p. 363). A l'époque où ces voyages avaient lieu, les matelots étaient peu lettrés, et les relations, émanant d'hommes qui ne connaissaient guère les noms appropriés aux choses qu'ils voyaient, pourraient faire croire que la présence du mot Pingouin émane d'un éditeur qui aurait arrangé plus tard le récit en question ; il n'en est cepen- dant pas ainsi, car il se trouve dans les originaux des relations que nous mentionnons une déclaration : « given in Porl-Desire the 2 Juni 1392, » signée de quarante hommes de l'équipage, et où les signataires expliquent les causes qui, à travers mille infortunes, les obligèrent à retourner au Port-Désiré: « we desired lo goe for Port Désire, boping wilh seales and penguins to relieve our selues.» Il n'est donc pas probable qu'un éditeur y ait mis du sien. 11 ressort de tout ce qui précède que le nom de Pingouin ne peut avoir été donné aux oiseaux du détroit de Magellan dans les circon- stances indiquées par Clusius. Ce nom leur a été transporté, par analogie, par les Anglais. A la même époque, mais de l'autre cùlé de l'Atlantique, près des côtes ouest d'Afrique, le même nom fui donné à des oiseaux ayant beaucoup de rapport avec le Pingouin. Dans plusieurs voya- « Uakluyl, IV, p. 361-72. SUR l'alca impennis. 59 ges qui se firent, dans le XVP siècle, le mol Pingwin se trouve employé, et, autant que je puis en juger, ce furent les Anglais qui introduisirent aussi cette dénomination. C'est ainsi que le nom dePingiciri fut employé pour les Luffe du cap [Sp/icniscus], ou « Fedtjœs, » en danois, par la première ex- pédition (1795) de la Société hollandaise pour l'Inde, et qui passa par le Cap. Mais le nom avait déjà été mis en usage par les explo- rateurs qui firent partie de l'expédition anglo-indienne, sous les ordres de Lancaster (1591), et il resta aux « Iles des Pingouins, » et les Hollandais l'acceptèrent plus tard. Il est donc indubitable que les Hollandais ont hérité des Anglais le nom de Pingouin, et même les journaux de voyage des Hollan- dais, dans lesquels Clusius puise des renseignements, mentionnent expressément l'origine anglaise de ce nom et sa signification réelle. En 1598, deux flolilles partaient de Hollande pour le détroit de Magellan, l'une composée de cinq vaisseaux, l'autre de quatre ; celle-ci fil le tour du monde, en doublant le cap Horn, et l'autre revint en arrière, en passant par le détroit de Magellan. Nous possédons deux relations de ces voyages; l'une, concernant la première expédition, est due à Sebald de Wcert, commandant de vaisseau, et l'autre, concernant la seconde, fut rédigée par Oli- vier van Noordt, commandant en chef l'expédition. Les deux ou- vrages mentionnent les Pingouins, mais d'une manière tellement identique, qu'il est évident que l'éditeur ou l'imprimeur a pillé l'un au profil de l'autre ; van Noordt décrit avec détail les oiseaux qu'il a vus sur les îles avoisinant le Port-Désiré, mais VVeert ne toucha pas à ce port et ne parle du Pingouin qu'en faisant mention du détroit ; la description qu'il en donne se trouve à la fin de son mémoire, et sans liaison avec le sujet qu'il traite. Van Noordt, au contraire, dépeint l'oiseau avec soin, et en donne une figure identique à celle que Clusius a reproduite. Il est donc permis de penser que Clusius a utilisé, essentiellement comme source, le journal de van Noordt, dont les paroles mêmes sont répé- tées en latin dans^son ouvrage ' . * Parmi toutes les éditions du récit du premier voyage des Hollandais 60 JAP. STEENSTRUP. Le commencement du rapport de van Noordt sur les Pingouins n'est ni complet, ni exact, comme on va le voir; et, bien que pré- paré, par la lecture de divers récits de voyages plus anciens, à rencontrer une opinion en désaccord avec celle de Clusius, je n'en fus pas moins fort surpris de trouver le passage suivant, dont le sens n'est pas douteux : « Den 25 dito (Juny) lieeft de Generael bey de Sloepen gheson- den naer een Eylandl aen de zuyt zijde, entrent een miji buyten de Haven, alwaer sy uyt de gène die op de voyagie van Candisch ghe- weest liadden ' verstonden, en nieller dael ook bevonden, groole menighle van Pinguijns le wesen, als mede Zee-Robben sonder getal , jae soo veele datraer heele Schepen met soude konnen laden. De Pinguyns worden alsu genaernt, niet van wegen haer vettigheyt, maer oni dat sy icllte koofden hebben, want dat au sud de lAmérique du Sud, sous les ordres d'Oliv. van Noordl, qui se trouvent dans la Bibliothèque royale, je me suis arrêté à une, sans date, intitulée: «Amsterdam gedruckt, by Gillis Jooston Sœghman ordinaris Drucker van de Journalen ter Zee, en de Landt Reysen.» Cette édition est évidemment la plus ancienne et probablement celle dont Clusius s'est servi; c'est la seule qui possède le dessin du Pingouin ainsi que Clusius l'a décrit; dans les autres il est bien plus petit, moins bien dessiné, et se trouve sur la page du titre. Son titre exact est: «Journacl van de wonderlijcke Vooyaçiic door de Straaet Magalanes. ende voorts den gantsciien Kloot des Aœrdthodems om, gedœn met vier Sheepen, onder hot beleydt van Olivier van Aoordt, nytgevaren in't Jœr. Verhalende, o. s. v. » L'édition du voyage de Seb. de Weert qui m'a servi pour la comparai- son était aussi sitie anno, du même imprimeur, et reliée de même. Les deux ont les mêmes ornements sur le titre : sur le voyage de van \oordt, deux navires, et sur celui de de Weert, un génie 'Herold) ailé au-dessus d'un globe, avec la légende rappelant le nom des deux auteurs. Le voyage de de Weerts porte ci- titre: k Journœl van't geene vijf Schepen. van Itotterdam, in'l Jiçr 1598, den 27 Juny, na de Strœt Maga- lanes varcnde, over gekonien is, tôt den 21 January 1600 tœ, op welcken Dagh Capiteyn Sebald de Weert met het Schip't Geloove genccnt, deselve Straet verlatende, gedwonglicn wiert wcdcr nier Huys te keeren, o.s. v. » ' On peut lire h la première page de louvrage que les Danois avaient pris à bord : « een Engeisch Piloot, die met de Hcer Thomas Candisch dese verre reyse ghedten hadde. » SUR l'alca impennis. 64 beteyckent Pingnyns in het Engelsch, ghelijck in Sir Thomas Candische Voyagie te sienis. » S. 9. Cet examen des sources mêmes où les Hollandais ont puisé leur prétendue élymologie du mot Pingouin, résout entièrement la ques- tion dans le sens opposé à celui de Clusius. Je ne perds pas de vue dans cette discussion que les Portugais et les Espagnols ont exploré, bien avant les Anglais et les Hollandais, les localités où se trouvaient les Pingouins, des deux côtés de l'At- ianlique ; toutefois, ils ne paraissent pas avoir fait usage du nom de Pingouin, du moins pas antérieurement aux voyages d'autres nations dans ces parages. Il est évident que cet oiseau a re(^u divers noms des navigateurs appartenant aux nations romanes, mais il me semble que c'est le nom de notre Pingouin du nord, ou Atca impennis, qui a prévalu pour nommer les oiseaux de l'hémisphère sud, vivant apparemment dans les mêmes conditions. Ceci est assez naturel, car il est très- fréquent de voir les Européens donner aux objets qu'ils rencontrent en pays étranger, le nom qu'ils ont l'habitude d'employer chez eux. * L'origine du mot de Pingouin n'a plus pour nous d'obscurité ; nous avons vu Clusius s'obstiner à faire dériver a Pingwin » de pinguis, et maintenir son «a pingvedine, » parce qu'il ne pouvait comprendre qu'on donnât le nom de « Tête blanche » à un oiseau qui avait la tête noire; mais nous avons vu aussi que cette inter- prétation doit être laissée de côté depuis van Noordt. L'anomalie, que nous venons de signaler, s'explique parfaite- ment, si Ton réfléchit que le nom de Pingouin a été transporté de ï'Alca au Pingouin; voici, du reste, l'étymologie qui est d'origine gaélique.^ Ajoutons qu'il est peu naturel de penser que les matelots 1 Le nom de Gorfou, que Brisson donna comme nom de genre aux oiseaux de mer qui n'ont pas d'ailes (ceux du Sud), fut souvent employé par les navigateurs; ce nom pourrait bien avoir quelque analogie d'éty- mologie avec Geirfugl, employé aux îles Feroë. et avec Garfi'igl, usité sur les côtes ouest d'Angleterre. 2 Pengwaï est employé dans la langue gaélique pour désigner VAlca tarda L. ; le « Polyglottenlexicoa der Natur, » de Nemraich, donne pour 62 JAP. STEENSTRUP. anglais et hollandais du XVI* siècle aient donné des noms laiins aux objets qu'ils renconlraieni. Le mot, comme je viens de le dire, est d'urigine gaélique, et si- gnifie « Télé blanche, » et, d'après le dictionnaire gaélique, pen se traduit par tête, et gwin par blanche; il se présente ainsi, dans la langue danoise, plusieurs associations semblables : ainsi, on trouve dans Cambdens ( Britannia ), que le nom d'une montagne est Pemiegent, sans aucune allusion aux oiseaux qui portent le nom de Pingwin ; le nom de Pennegent est indiqué cotiime élanl une corruption de Pengwin : oc so called perliaps from its while and snovy head» (Edition 1695, p. 791). Ainsi les Français ont raison en conservant le nom de Pingouin à l'Alca impennis et, en géné- ral, à tous \esAlca; les Anglais, au contraire, font erreur, lors- qu'ils appliquent ce nom à VAptenodytes, Luffegjaessene (danois), auquel il est bien moins approprié. E. Des affinités naturelles db l'Alca impennis. Je désire étudier encore quelle est la place naturelle de VAlca impennis dans le système zoologique ; rechercher quels sont ses plus proches parents, et examiner le nom scientifique t|u'il convient de lui appliquer. Chacun est d'accord que le seul nom spécifique à donner à l'oi- seau dont nous nous occupons, est celui àWka impennis [Lm.], à supposer, du moins, que cet animal rentre bien dans le genre Alca\ mais tout le monde reconnaîtra que VAlca inipemiis diffère essentiellement de YAlca lorda (Lin.), qui est la véritable espèce type, et qui a donné son nom à tout le genre. Dans le sens plus restreint qu'on donne aujourd'hui aux coupes génériques, il est le même oiseau cette autre dénoininalion gaë'ique de : Gwalch y Pcn- waig ; ainsi, la probabilité que le nom est d'origine gaélique augmente. (Jarfil qui est cité dans cet ouvrage comme nom gaï'lique, pour Geir- fugl ou Aka, a aussi beaucoup d'analogie avec » Garfowl. > SUR l'alca impennis. 63 évident que VAlca impennis doil èire séparé des Alques proprement dits, pour former un genre à part. La petitesse de l'aile, résultant du rHCCOurcissemenl de l'os de l'avant-bras, est à un degré tel que cet os mesurant à peine la moi- tié de la longueur de l'humérus, il fournit aiijsi un premier ca- ractère générique différentiel, puisque, chez VAlco tarda, il est presque de la même longueur (Vs)-' Un second caractère, intime- ment lié au premier, est fourni par le faible développement des pennes de la main. Ces caractères anatomiques valent bien les ca- r.i.clères purement extérieurs qui servent, en général, à établir les genres dans la classe des oiseaux. Ce raccourcissement de l'avant-bras, que nous venons de mention- ner chez VAlca impennis, influe, à divers égards, sur le genre de vie de l'oiseau ; il rend son vol impossible, et implique un mode de nutrition des petits totalement différent de celui que nous observons chez les véritables Alca. On voit continuellement VAlca torda voler de l'eau au nid, ap- portant dans son bec un poisson à sa couvée ; mais, ainsi que le fait remarquer Naumann [Deutschlands Vôgel, Th. XII, p. 645), VAlca impennis est incapable de le faire. Si, d'autre part, cet oiseau avait apporté dans son bec, en mar- chant, de la nourriture à ses petits, le fait eût, certainement, été observé et relaté, avec ce que nous savons sur les nichées. Le silence gardé, à cet égard, me contraint de conclure que VAlca impennis em\i\o\e une autre méthode pour nourrir ses petits; et, quoique aucune observation ne l'ait mentionné, on peut suppo- ser que les jeunes vont à l'eau immédiatement après l'éclosion, et que c'est là que les parents les alimentent; c'est même ce qu'on raconte dans des rapports sur les pêcheries de Newfoundiand, * Je trouve, en mesurant, que l'avant-bras d'un grand Alca impennis est plus court que celui d'un Alca torda, sa main est à peine de quelques lignes plus longue. L'humérus de VAlca impennis est, par contre, beau- coup plus grand et plus fort, et son corps égale plusieurs fois en lon- gueur celui de VAlca torda. 6^ JAP. STEENSTRUP. malheureusement sans indication des sources où ce renseignement a été puisé. ' L'observation des habitants de St. Kilda, que VAlca impennis ne pond pas une seconde fois, lorsque la première nichée n'a pas réussi, se trouve justifiée par les faits (juo nous venons de relater, car on peut comprendre les diflicultés que doit éprouver l'oiseau à chercher la nourriture pour ses petits, tandis que VAlca torda peut facilement, en volant, les pourvoir de poissons, au nid même. La difîérence des dimensions de l'aile n'est, cependani, pas le seul caractère extérieur qui permette de distinguer les deux genres, car, chez l'oiseau qui nous occupe, le bec est plus long, le pied relati- vement plus peiit, plus fort, et sa conformation indique que son rôle est de se prêter à la marche et d'aider à l'ascension des pentes et de.'' rochers (Smign. Micliahelles. Isis, 1833, p. G50;. Si l'AIca impennis (Geirfuglen) doit former un genre distinct de VAlca tarda (Tordalken), il faut lui donner un nom dilTérent, car le nom d'Alca doit rester au type du genre. ' Voici de seconde ou troisième main un renseignement d'après lequel le petit de l'AIca impennis se met à la nage de suite au sortir de l'œuf: « Der Pinguin ist ein anderer Vogel, schwartz und weiss geflecket. Er flieget nicht, und hat nur zween slumpfe Fliigel, wormlt er auf das Was- ser schiœget, wcn er fliehen oder untertauchen will. Man meynel, er tauche bis auf den Grund hinab, uni seine Speise auf der Bank zu fin- den. Man sieliet deren cinige, wenn man noch 100 Meilen voni Lande entremet ist: sie Icgen aber ilire Eier auf das Land, wie die anderen. Wenn sie min Junge ausgrbrûtcl liahen, begeben sie sich mit den Jungen auf dem Riccken. zu W'asser, weJche sie also auf die Bank bringcn^ wo man einige findet , die nicht grœsser sind als ein Kiichlein , wiewol sie 60 gross werden als die Gœnze. » (Summarische Nachricht von dem Bak- keljau und Stockfisch-Fang bei Terrencuf in den nordlichen Theilen von America, aus den Schriften des Herrn Denys gezogen. Supplément d'une traduction en allemand, 17-23, éditée par C. G. Zorgdragers, alte und ncue grœnlccndische Fischerei und Wallfischfang, p. 459.) Je n'ai pu, jusqu'à présent, me procurer les ouvrages originaux de Denys, et c'est d'une traduction hollandaise que ce qui précède a été tiré. — Si le petit Àlca, dont parle Fabricius, était réellement le petit d'un Àlca impen- nis, il a dû venir de bien loin??? SUR l'alca bipennis. 65 Il reste à savoir s'il faut lui donner un nom nouveau, ou bien s'il existe des synonymies qui puissent lui être appliquées. Notre compatriote, M. -T. Brùnnich, avait déjà, en 1771, pré- senté VAlca impennis comme un genre spécial, car, dans les Zoologiœ fundame.nta, il attache une grande importance à la pro- portion de l'aile, comme signe caractéristique et dislinclif des familles et des genres, et, par exemple, il fonde les genres d'oiseaux aquatiques sur les caractères suivants (p. 78-79) : ' alae ad volalum ineplœ, digili antici palmati III, poslicus unicus solutus, rostrum compressum, latius, apice incurvum, mandibula inferior intégra : Pengvinus (Pengvinen). mandibula infer. truncata: Spheniscus (Lapvingen). posticus 0-, rostrum compressum latius, apicibus incurvum Plautus (Briliefuglen). alae ad volalum aplse, digiti antici paimali III, posticus unicus solutus, rostrum rectum acuminalum, membrana digitorum lobala vel intégra Colymbus (Lummen). poslicus 0., rostrum anguslum rectum acu- minalum Uria (Lumvien). rostrum latum compressum transversim striatum.. Alca (Alken). Ainsi, déjà dès 4771, VAlca iwpemiis (Briliefuglen) de Brùn- nich était distingué comme un genre à part, sous le nom de Plautus, non-seulement des Alca, mais aussi des autres oiseaux non ailés * M.-T. Brûnnichii, Zoologiae fundamenta praelectionibus academicis accoraodata. Hafniœ et Lipsiae, 1771. Tome II, 1" partie. 9 66 JAP. STEENSTRUP. qui oui élé confondus sous la dénomination de Pingouins, cl aux- quels Brunnich donne les noms génériques Pingwinus et Sphe- niscus. Il y a dix ans encore, ces derniers genres méridionaux ne se Irouvaient pas à leur place iialurelle, Linné les ayant class'-s les uns dans le genre Diomedea, et les autres dans le genre Phaëlon ; et Brisson, dans son Ornithologie (site Synopais methodica atium, 1760. 4". T. VI, p. 96 et 102), divisait sa famille des Lulîegjaes en deux genres, savoir : genre du Manchot (genus Sphenisci), et genre Gorfou [genus Cataractis). En comparant les caractères de CCS deux genres, dans l'ouvrage de Brisson, nous Irouvons que, sauf la conformation de la mandibule inférieure, l'identité est com- plète; il est dit, en effet, pour le premier genre : a Apex mandi- bulœ inforioris quasi truncalus, » et pour le second : « Ap. mand. inf. rolundalus. » On est donc tenté de supposer que les deux genres de Brisson et de Brunnich sont semblables, que ce dernier a suivi Brisson, et qu'il ne s'en est écarté qu'en attribuant au genre Gorfou [genus Cataractis) le nom de Pingwinus. Il est à observer que les remarques de Brisson, sur ses genres à lui, ne pouvant pas être regardées comme se rapportant à des genres convenablement établis, d'après la méthode de Linné, ne peuvent pas avoir de priorité systématique. ' Brunnich, quelques années auparavant (1764), dans son Orni- thnlogia borealis, avait employé déjà le nom de Catarracta (pour le genre auquel, plus tard, Illiger proposa le nom de Lestris] ; il ne pouvait donc plus employer ce même nom de Catarracta. Après Brunnich, Leach, G.-R. Gray et Ch.-Luc. Bonaparte ont essayé de donner à VAlca inipennis une position à part. Les deux premiers lui ont conservé le nom d'A/ca, quoique Gray ne l'ail fait que d'une manière temporaire, puisqu'il l'a réuni plus lard à VAlca * Je sais fort bien que l'usage ne me donne pas entièrement raison ; toutefois, je dois ajouter que les noms de Brisson doivent de toute ma- nière céder lu place à ceux de iMœhring. comme nous le dirons plus loin. SUR l'alca impennis. 67 tarda; le dernier, Bonaparte, lui a donné, dans son Tableau synop- tique des genres d'oiseaux,' publié, l'an dernier, dans les Comptes rendus, le nom de Pinguinus. ^ Quoiqu'il soil fort à désirer qu'on puisse appliquer le nom de Pinguinus à VAlca impennis, je regarde cela comme impossible, sans rompre avec toutes les règles de détermination ; et surtout de- puis que Brûniiich a établi nettement ses genres, ce que semble avoir ignoré Bonaparte. Parmi les dénominations que Briinnich avait appliquées à ses* genres, plusieurs ne sont poini conformes aux règles de la nomen- clature en bistoire naturelle, car quelques-unes avaient déjà aupa- ravant une signification systématique, et avaient ainsi été appliquées à des genres parfaitement définis ; par exemple, Catharacta, Sphe- niscus, etc., ne peuvent point être enlevées aux genres auxquels Mohring (Gênera avium, 4752] les avait données. Le nom de Plautiis lui-même, en tant que seconde manière d'or- thographier le nom de Plolus, ^ dont Linné s'est servi, en 1766, pour VAnhinga, ne peut être conservé qu'en admettant que le nom linnéen doit faire place à celui de Ptynx, proposé par Mohring, dès 1732; or, c'est bien ce qui doit avoir lieu, d'après les règles de priorité, et les noms de Plautus et de Pinguinus ■* doivent être • Il accepte malheureusement le nom d'Utaraania de Leach, pour dési- gner VAlca impennis. 2 Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1856. ^ Ainsi Cuvier, Règne animal, \, p. 554, note 2, et encore Agassiz, dans son Nomenclator Zoologicus, I, aves, p. 61. Mais ils ont décidément tort. Klein aurait été le premier, autant que j'ai pu le savoir, qui aurait introduit dans la classification des oiseaux les noms de Plolus, Plautus et Plancus, qui avaient pour lui la valeur de noms d'ordres. Il afTectait ces noms à trois des huit grandes familles peu naturelles, suivant lesquelles il classe tous les oiseaux. Par un jeu de mots, ces trois expressions, signifiant également pieds plats, sont-elles peut-être dues à une allusion aux noms de trois hommes célèbres, Rob. Plott, M. -Ace. Plautus et Jan. Plancus. (Historiœ avium prodromus. Lubecœ, 1750, p. 14.) * Je trouve que c'est un double malentendu d'en référer à Cuvier, 1799, ou à Bonaterre, 1790, pour l'explication du mot Pingvinus comme 68 JAP. STEENSTRUP. employés, comme noms de genres, dans le sens deBriinnicli; sans cela, il faudrait faire un nouveau nom pour VAlca impennis, car aucun synonyme de la fcimille des Alca, comme le nom de Chena- lopex (Mohr), ne peut être employé ici, ayant été donné également à la famille entière. Ainsi donc, comme espèce d'un genre à part, \'Alca impennis doit être nommé : Plautus impennis (Lin.). '• nom de genre. Il faut bien distinguer entre la circonscription qu'un auteur donne à un genre ou sous-genre et le nom qu'il lui affecte. Ainsi Cuvier et Bonnaterre placent tous deux soit l'Aique aptère, soit le Guille- mot dans le genre Alca de Linné, et lorsqu'ils emploient le mot français Pingouin comme désignation d'un groupe, ce nom doit s'entendre des deux espèces à'Alca ensemble et non de l'AIca impennis seul, ou encore du Guillemot seul, comme le fait Brisson. 1 Si, contre toute attente, le nom de genre Plautus Briinn. n'était pas acceptable pour VAica impennis (je n'ai su découvrir aucun emploi de ce nom dans un sens diffireut qui rendît ici son application impossible), je ne devrais pourtant pas oublier d'ajouter qu'en présentant cet ouvrage de vive voix, j'avais proposé pour VAlca impennis le nom de Gyralca, dans l'hypothèse que le nom de Pingvinus, que je regarde comme le meilleur, no pourrait pas être enlevé au genre des Pingouins du sud, pour lesquels il est généralement employé. (Je ne connaissais pas alors \^ nom de Plynx, attribué par Mœhring à l".4nhinga.) Le mot Gyralca rappelle en même temps sa parenté et son origine septentrionale; en outre, l'oreille est de suite familiarisée avec cette dé- nomination par le nom d'un autre oiseau assez fréquent dans le nord, le Gyrfako. SUR l'alca impennis. 69 NOTES SUPPLÉMENTAIRES. A l'exposition faite dans les pages précédentes, je désire ajouter quel- ques remarques, les unes comme rectification, les autres comme complé- ment. L'Alque Hptère du Groenland dont il est parlé, p. 18, d'après le Justitiarius Boie, comme ayant été envoyé, en 1821, à Benicke, est indi- qué [Isis, 1824, p. 887) comme ayant été tué près de Discoœn en plu- mage d'hiver. 11 est très-vraisemblablement facile de tirer au clair si c'est le même que celui de Hager. Le nom de « Sœhœns » ou « Hœns », cité plus haut, est une expression assez généralement employée dans les voyages maritimes pour les oi- seaux qui séjournent sur les bancs de poissons ; de même le nom des Guillaume y est fréquemment employé pour celui de Guillemot. Les importantes données p. 32 (d), note) qui se trouvent dans le voyage de Gosnol et qui mériteraient d'être poursuivies, peuvent être aussi consultées dans le Recueil de voyages au Nord (Amsterdam, nouvelle édition, 1732, t. IIL p. 398-403). L'Alque aptère doit avoir été capturé autrefois encore plus à l'est que Ingolfshœfde (p. 32 (/i) et .51), près d'un Geirfuçjleskycer, à 6 ou 7 milles en avant de la baie Breidaddal ; mais ce rapport, comme celui concernant les Geirfugleskrjœr orientaux, ne repose que sur la tradition. Olaus Ola- vius énuraère, en effet, dans son Voyage économique en Islande (1780, t. II, p. 547) : « Parmi les écueils delà baie ci-dessus, leGeirfugleskyeer qu'on dit être situé à 6 ou 7 milles de terre et qui, pour la sûreté de la navigation, devrait être noté sur la carte au temps de St. Hansdag; on a dû avoir visité de temps à autre cet écueil pour prendre des Alques aptères. ... et en même temps des phoques, mais ces voyages ont au- jourd'hui passé de mode. » Il est difficile de déterminer s'il s'agit du même écueil dont Eggert Holafson parle d'une manière si vague ; mais, si tel était le cas, il faut 70 SUR l'alca impennis. que la position indiquée par Olavius ail eu la vraisemblance pour elle, car, dans l'édition suivante de la carte d'Islande-Gunlaugsen, l'écueil a été indiqué, à savoir sous le double nom de Geirfiifjlfskyœr et de Uoalsback. il est placé dans le cadre même de la carte, aussi a-t-il échappé pendant un certain temps h mon attention. Je n'en ai pas trouvé mention dans les descriptions principales qui m'ont été prêtées avec obligeance par les Archives ; mais il faut bien dire que l'écueil est placé à une si petite dis- tance de terre, qu'on aurait peut-être eu plus de chance d'obtenir des renseignements sur lui par les vaisseaux qui se rendent à la côte orien- tale. Une description plus circonstanciée du voyage de Fabre au Geirfugles- kyœr Ip. 34 et 35) est insérée dans VTsis, 1827, p. 685-688. Je n'ai pas encore réussi à trouver un récit du voyage de Th. Candish, où se trouvent précisément les mots que cite van \oote, et qui devraient caractériser les Pingouins comme des têtes blanches (Hvidhoveder, p. 60). Mais comme, soit dans les derniers voyages français, soit dans l'Historiœ avium prodromus, d'après Laët, par Klein, je vois le voyage de Candish indiqué dans le même sens, je ne doute pas que cette signification, pro- posée par moi d'après une source plus ancienne encore, n'ait trouvé place dans l'un ou l'autre des récits des voyages de Candish dont je n'ai pas pu profiter. Le type du genre Pingvinus de Briinnich (p. 67) est le Phaeton demer- sus (Lin.). (Comparez : Brunnichii, Ornilhologia borealis. p. 33.) -oOi^êKTOo Après avoir collecté de nombreux matériaux pour compléter, dans ce Bulletin, la bibliographie de VAlca impennis, depuis l'ouvrage de Steenslrup (I806), nous avons dû abandonner celle idée el laisser momentanément ce travail de côté. Nous ne pou- vions ajourner davantage la publication d'une traduclion depuis si longtemps annoncée, el nous avons préféré renvoyer celte utile addition, plulôt que de livrer quelque chose de par trop incom- plet. Ce genre de recherches est toujours irès-long el Irès-diflicile ; car comment trouver une foule de petites notices, souvent éparses çà et là dans divers recueils de langues différentes. Cependant , des renseignements attendus, qui ne nous sont pas arrivés à temps, nous permettront peut-être de reprendre , plus lard el petit à pelil, ce sujet dans nos publications subséquentes. Nous remplaçons, pour le moment, celte compilation d'ouvrages par une liste, aussi exacte que nous avons pu l'obtenir, de tous les représentants de VAlca impennis en Europe, et la citation spéciale des divers échantillons qui se trouvent en Suisse. Nous prions les personnes qui auraient des données nouvelles ou intéressantes sur le compte de cet oiseau, tant en notices qu'en objets de collection, de bien vouloir nous rendre le service de nous en informer. La Rédaction. QUELQUES iMOTS sm LES EXEMPLAIRES DE L'ALCA IMPENAIS, OISEAUX ET ŒUFS QUI SE TROUVENT EN SUISSE PAR M. V. FATIO Je pense qu'il sera peul-êlre inléressanl pour les ornilholo- gisles de savoir qu'il existe dans notre pays trois superbes exem- plaires de VAlca impennis et deux beaux échantillons de son œuf; aussi, je iiecrois pas pouvoir mieux faire que de joindre au bulletin de noire société soil ce que j'ai pu apprendre sur la provenance des trois oiseaux ^ soit une description un peu circunslanciée des deux œufs. \. Le premier de ces oiseaux est un superbe sujet, adulte et en parfait étal, qui fait partie de la belle collection (jue M. le conseiller Frey-Hérosée a donnée, il y a quelques années, à sa pairie, la ville d'Aarau. J'ai appris du généreux donateur qu'il acquit cette intéressante espèce en achetant, en 1842 ou 1813. pour la somme de deux cents florins, un petit nombre de peaux que laissait, en mourant à Xau- plia , M. le docteur Michahelles qui s'était activement occupé d'histoire naturelle et .ivni! soutenu des relations suivies avec ' Je saisis cette occasion jmmii remercier MM. Frey-Hérosée, L. Coulon et Voiiga père, de la complaisance avec laquelle ils ont bien voulu me faire part de ce qu'ils pouvaient savoir sur la provenance de leurs exemplaires de VAlca impennis. Tome II. 1« partie. 10 74- V. FATIO. un ami établi pour la pêche dans les régions seplenlrionales. Ce ne fui cependant pas le seul individu qui tomba entre les mains de M. Frey-Hérosée; car, m'écril-il, peu de jours après cette première emplette, le père du docteur Micbahelles lui adressa un second Alca, encore plus beau que le premier, qu'un ami envoyait à son fils contre remboursement de 80 florins. Il s'empressa, naturelle- ment, de payer la somme demandée, el se trouva ainsi possesseur de deux de ces rares oiseaux qui lui étaient revenus, l'un dans l'autre, à 120 florins chacun ^ Ce fut ce second exemplaire que garda M. Frey-Hérosée, el le premier fut échangé par lui à Hambourg contre 12 à 15 oiseaux tels (|ue Anas Slelleri, Alauda tarlarica, etc., qui, certes, ne constitueraient plus maintenant un échange propor- tionné. La ville d'Aarau a refusé dernièrement à la ville de Brème de lui céder son Alca impennis pour la somme de 1500 francs. 2. Le second des Alca impennis qui se trouvent en Suisse, est encore un bel exemplaire adulte que possède le Musée de la ville de Neucbàtel. M. Louis Coulon, directeur et conservateur de cet établissement, m'a écrit qu'il avait acheté, en 1832, cet oiseau à Mannheim, pour la somme de 200 francs, à un marchand d'objets d'histoire natu- relle, nommé Henri Vogt. 3. Le troisième de ces oiseaux, beau et adulte comme les précé- dents, fait la gloire de la collection particulière de M. le capitaine A. Vouga, résidant à Cortaillod dans le canton de Neucbàtel. M. Vouga raconte que XAlca, qu'il possède depuis 30 ans envi- ron, a été rapporté dans la saumure dans un des ports du nord de la France par des pêcheurs de baleines; qu'il fut monté par un préparateur d'Amiens, qui l'envoya à l'un de ses correspondants du- quel il le tient enfin. M. Vouga ajoute encore, qu'à peu près à la mêrneépoque ou il fil cette acquisition, un préparateur de New- York lui ofTrail plusieurs de ces oiseaux à 4 dollars la pièce. (C'est * H est bien prolialile que les deux Alca qui sont arrivés h M. Frey- Hérosée, ont f;iit pnriio des dix dont parle Miclialielies dans l'/sis en 1833, el que Sleenslrup croit provenir de la chasse qui avait été faite en Is- lande en 1830 et 31. (Voir, plus haut, mémoire de Steeastrup, page 3&.} SUR l'alca impennis. 75 d'après ce dernier exemplaire que M. A. Vouga, fils^, a exécuté la planche qui accompagne noire Bulletin.) Quant à ce qui regarde les doux œufs, des détails circonslanciés sur leur provenance manquent presque complètement; ce que je puis dire de plus certain à leur c^gard, c'est qu'ils sont tous deux en bon état, et qu'ils appartiennent au Musée de la ville de Lau- sanne. Je dois à M. le docteur Depierre de vifs remerciements pour la complaisance avec laquelle il m'a fait connaître le peu qu'il savait sur l'histoire de ces œufs, et surtout, pour la confiance qu'il m'a témoignée en me livrant pour quelque temps ces deux beaux échan- tillons. Ces œufs furent découverts, il y a 7 à 8 ans, dans un tiroir de rebut du Musée de Lausanne par le docteur Depierre, qui s'em- pressa de les mettre à l'abri de dangers aussi nombreux que ceux auxquels ils avaient jusqu'alors si miraculeusement échappé. Il est probable, me dit M. Depierre, que ces œufs ont été acquis par la ville de Lausanne, quand elle fit l'emplette de la collection de feu M. le professeur Daniel -Alexandre Chavannes; peut-être même étaient-ils arrivés chez ce dernier avec les restes de la col- lection de Levaillant. Toujours est-il qu'ils datent d'assez loin, et que c'est leur solide constitution qui permet soit à la ville de Lau- sanne de se glorifier de leur possession, soit à moi de les décrire maintenant. Les œufs de VAlca impennis, comparés à lataillede l'oiseau, sont de dimension tout à fait disproportionnée ; leur forme générale est celle que Des Murs a nommée ovoïconique. Leur coquille, très- épaisse et très-poreuse, est d'un blanchâtre légèrement verdàtre à l'intérieur; elle ne présente, du reste, aucun aspect crétacé, et semble plutôt composée de gros grains, avec un très-faible lustre, suivant les exemplaires. 1 Nous devons à M. A. Vouga, fils, des remerciements pour la com- plaisance et le talent qu'il a montrés dans l'exécution de celte planche d'après nature. 7t^ V. FATIO. La siruclure, la forme de l'œuf el sa coloralion oxlérieure variant un peu avec chaque échantillon, je vais essayer de décrire sépa- rénienl les deux œufs de Lausanne, en leur altrihuant. pour plus de clarté, les numéros 1 et 2. Je prends leurs dimensions el leurs formes exactes avec l'inslrumenl que j'ai baptisé du nomd'Oomèlre;^ el, renvoyant au mémoire descriptif de ce système de mensuralion que j'exprKjuo brièvement en note-, j'allribue à ces deux œufs de courtes formules capables de donner une idée exacte de leur forme, el de peiinetlro, en tnème temps, de tracer sur papier leur courbe parfaite, passant par dilTérents points déterminés. Je ne répéterai pas ici pourquoi les dimensions des deux axes. capables (Je donner les proportionsd'un œuf, sont coiMpi.lument in- capables de fournir seules une idée de sa forme. Il est évident que ce n'est que la position du petit axe sur le grand el la comparaison de deux axes supplémentaires pris à égales distances des deux pôles qui peuvent seules déterminer exactement ce caractère imporlani de la coquille. 1" J'aurai donc pour le numéro 1 de VAlca impenais de Lau sanne la formule suivante : m m j\ m m A=0,'l22o; a=:0,07o5; Do--- 0,359; «n=0.0677; aV -=0,0460. {Uù^, qui, en réalité, dépasse légèrement le chiffre rond de 0.359. mesure en fractions du mètre 0'",OiiO.) Cet exemplaire, légèrement plus grand que le secoiui, est un peu moins grenu à l'extérieur, et, en même tenips, un peu plus luisant ou plutôt moins terne. Sa teinte générale ou fond.imeiuale est d'un jaunâtre clair [lar- ' L'Oomètre, par Victor Falio Bullelin de la Suriélr ornilhohgique suisse. Tome l«^ I"' partie. 186.'. ' Le grand axe étant représente^ par A et le petit axe par a, je nom- meiai II le grand pôle el •^ le petit pôle; u étant le point de contact des deux axes dans l'œnf, je représenterai par Ilù; la distance qui sépare le grand pôle de ce point, et je donnerai sa valeur en dixièmes du grand axe A, ainsi qu'en fractions du mètre. Les deux axes supplémentaires, mesurés à deux dixièmes de A de chaque pôle, seront repn'senli's par «n pour le plus grand, et x^ pour le plus petit. SUR l'alca impenms. 7/ semé de laclics et tl'iirabesques noires ol d'un brun foncé, assez grandes, assez espacées et enlremèiées de quelques raies do même couleur d.ius diverses direclions. L'un des floncs de l'œuf esl plus chargé de dessins que l'autre, ol il y a plus de taches au grand pôle, sans qu'il y ail cependant une vraie couronne. 2" Le second exemplaire du Musée de Lausanne peut être re- présenté par celle seconde formule : m m ;^ m m A=0.1II0; fl— 0,0702; na;=0,382; an=0,C624; «V-=0,04o4. A >n (Ici ITw, soit 0,382, égale 0,0425 environ.) Cet œuf, comme je l'ai dit, plus petit et plus grenu que le pré- cédent, est aussi plus terne et plus foncé. Sa teinte fondamentale est d'un brun-jaunàlre clair, orné de pe- tites lâches, d'arabesques et de fines raies noires et noirâtres assez abondantes ci serrées. Ces dessins ont, pour la plupart, la direction générale du grand axe, et forment, en s'enclievètranl un peu, comme une couronne autour et tout près du grand pôle. J'ai comparé ces deux œufs, soil avec un moule exact d'un iroi sièmeœuf, soil avec, les descriptions et les figures de biefi d'autres exemplaires. Parmi les planches, je signalerai les figures du doc- teur Thienemann^ les deux de Baedeker -, les deux de Des Murs^, et i-nfin les deux plus récentes, celles de M. Dubtiis ^. Admettant ces planches comme bonnes, j'ajouterai encore que le numéro 1 de Lausanne ressemble surtout, pour la coloration, à la figure supérieure de Baïdeker. Il a la leinle fondamentale de la figure supérieure de M. Dubois et des dessins analogues à ceux de la planche I de M. Des Murs. Le numéro 2 de Lausanne possède la leinle fondamentale la plus foncée que je trouve signalée (la majorité des œufs décrits ayant • D' Thieneiiiann. Foripllanzungsgeschichte der rjesammten Vœgel. 2 F.-W.-J. Bsedfelier. Die Hier der europœischen Vœgel. 18.^.5. ^ iXolice sur l'œuf de VAlca impennis . pur 0. Des Murs. Revue et magasin de zoologie. Janvier 18t)3. '» Note .sur \o Plaidas impennis. Rriinnii-li , par Cli. F. Dubois. .4r- chives Cosmologiques. N» 2. 1867. Bru.xelles. y» V. FATIO. un fond blanchâlrc), avec des dessins rappelant ceux de la planche II de M. Des Murs. Pour la forme, les œufs que j'ai décrits tiennent le milieu entre les œufs de M. Des Murs plus allongés et ceux de M. Dubois plus arrondis. Le moule que je possède a été acheté à Paris, en 1833, chez M. Lt'fèbvrequi le vendit à mon père pour la somme de 10 francs, autant qu'il m'en souvient. Ce moule en plaire, parfailemenl exé- cuté et colorié d'après un orifçinal que possédait alors ce naturaliste, est blanc, avec quelques taches noirâtres et brunes formant une sorte de couronne près du gros bout. L'exactitude probablement mathématique de ce moule sur nature, m'a permis de relever la formule de cet œuf; je la donne ici comme pouvant être utile dans ccriaines comparaisons : mm \ m m A=0,1240; arr-0,0740; na;=0,370; «n-- 0,0665; «t=0,04o4. A ni (nwou 0,370 égalant 0,0460.) J'ai relevé également, autant que possible, les formules probables de plusieurs des figures d'4/ca précitées, supposées bien faites; et j'ai remarqué, toujours, que le petit axe coupe le grand entre le troi- sième et le qiialrième dixième de ce dernier, quelle que soit, du reste, la forme de l'œuf. Ce caractère est commun à la plupart desAlcidœ et des Aptenodylidœ, ainsi qu'à beaucoup d'autres oiseaux qui, comme bien des Echassiers, pondent des œufs très-gros pour leur taille. C'est même principalement entre 0,33 et 0,39 de A que le point de section ou tombe presque toujours pour VAlca impennis. Celte petite limite de variabilité dans la valeur de Ilw permet ce- pendant bien des formes assez différentes. Je ferai remarquer seule- ment que, plus riw est petit, plus l'œuf est allongé, plus il est, en même temps, gros comparativement à la moyenne ; de même que plus rio; est grand, plus l'œuf est arrondi, plus il est aussi petit, comparé à la moyenne. Ces quelques observations, jointes à d'autres faites, avec l'oomètre, sur d'autres espèces et dans d'autres familles, me permettent d'énon- cer ici une règle que je crois générale, et qui ferait dépendre, en SUR l'alca impennis. 79 grande partie, la forme de l'œuf du rapport des proportions du contenu, la coquille, avec celle du contenant, l'oiseau, ou surtout de son oviducte : Plus l'œuf d'une espèce est gros compara Ht emenl à l'oiseau, plus il est allongé ; et plus l'œuf d'un individu est trop gros pour son oviducte, plus il devient pyr if orme, ou plus l\.(» dimi- nue. C'est donc , comme je l'avais présumé dans mon mémoire précité, la pression de l'un des axes sur l'autre qui agit sur la forme, et non pas tant la forme future du fœtus ou la position de l'oiseau parent, etc.... qui serait le principal agent de la forme de l'œuf. Celte question demande une comparaison sérieuse entre l'élude des œufs de diverses familles et celle des variétés d'une seule espèce. Elle demande à être traitée plus à fond que je n'ai pu le faire ici, en me laissant entraîner bien loin de mon sujet ; elle demande une série d'observations assez nombreuses pour permettre d'établir avec certitude ce qui est la règle et ce qui fait l'exception. J'espère que la description de ces deux nouveaux œufs pourra présenter quelque intérêt , ne fût-ce que pour montrer comment ces coquilles varient chez cette espèce aussi bien dans la forme que dans la couleur. Enfin, je ne terminerai pas ces quelques lignes, sans recomman- der encore à nos divers musées des soins tout particuliers pour ces derniers représentants d'une espèce probablement perdue. L'exem- ple du Musée britannique, qui a placé son Alca sous une cloche de verre renfermée dans une double vitrine, ne serail-il pas bon à suivre pour tous les échantillons, tant d'oiseaux que d'œufs. Genève, 25 décembre 4867. LISTE DrS DIVERS REPRÉSENTANTS DE L'ALCA IMPENNIS EN EUROPE* OISEAUX, SQUELETTES ET ŒUFS PAR M. V. FAT 10 Je présente à la Sociélf^ , comme appenrlice à l'hisloiro de VAlca impennis, uno lislc aussi complèle que j'ai pu la faire de tous les divers représenlaiils de cet inléressanl oiseau en Europe. Je les classe par ordre alphabétique el suivant les pavs. Les diiïé- rentes cilatio;is qui m'ont servi à établir ct> catalogue ont été puisées dans plusieurs articles de divers auteurs dont je citerai toujours le nom à côté de chaque sujet 2. ' Je ne m'occupe pas ici des individus cités en Amérique; c.ir, quoique j'aie connaissance de deux ou trois oiseaux et œufs sur ce continent, les données ne sont pas assez circonstanciées et certaines pour que je veuille en user. Je dirai donc seulement que les représentants de VAlca impennis, en Amérique, sont excessiveiufnt ppu nombreux comparativement à ceux qui se trouvent en Europe. >! Annals and Magaz. of Nat. History. 1804, vol. \IV, p. 235. (ictt.) Rob. Cliampley. Journat fiir Ornitliologie. 1800, VII [, p. .'18 : Die Eier dcr Aka im- pennis iii (leulsclien Sammiungen, von W. Pœssier. Joiirn. f. Oruilli. 18i')2, X. p. 77 : Dcr nrilten Aili {Plautus impennis) in curopieisciien Sammiungen, von W. Preyer (nota Catjanis). SUR l'alca impennis. 81 J'ai cherché à éviter, autant qu'il était en mon pouvoir, soit les doubles citations, soit les erreurs qu'elles peuvent amener; mais l'on comprendra, cependant, que je n'ai pas pu suivre toujours le sort d'un œuf ou d'un oiseau, et qu'il peut arriver, naturellement, qu'un individu, cité à telle époque dans telle collection, se trouve à une autre époque dans telle autre collection. Quoique j'aie lâché d'être aussi complet et aussi exact que pos- sible, avec les données qui étaient à ma portée, il est bien proba- ble pourtant, que mon catalogue est encore incomplet et insuffisant. Toutefois, il pourra peiil-èlre présenter quelque utilité aux per- sonnes qui s'intéressent à VAlca impennis et qui demandent à sa- voir à peu près ce qu'il reste en Europe de cette curieuse espèce. OISEAUX. Allemagne. 1 Berlin Musée zool. royal (W. Preyer) 1 Brème Musée (K. Bolle) 2 Breslau Musée (A.v.Homeyerj 1 Dresde Musée royal (W. Preyer) 2 Flensbourg Mus. {uyiestmauvais) » 1 » Collect. du pharm. Meclilenburg » 1 Francf. s/M. Soc. Senk. d'ïl. nat. (A.v.Homeycr) Journ. fiir Ornithol., 1862, X, p. 208. Notiz Alca impennis betreffend, mitgetheilt von D"^ K. Bolle. Journ, fiir Ornithol. 1862, X, p. 461. Notiz zur Alca impennis, von D^ A. V. Homeyer. Journ. fiir Ornithol., 1863, XI, p. 295. Notiz liber yl/ca impennis, etc., in Bœhraen, von D'' A. Fritsch. Journ. fiir Ornithol., 1865, XIII. p. l.ôl. Alca impennis iin Bresiauer Muséum, von A. von Homeyer. Journ. fiir Ornithol. 1866. XIV, p. 70. Briefliches ùher Àlca impennis in Norwegen, von Robert Collott. Archives Cosmologiques, N" 2, 1867. Note s»r le Plautus impennis Briinnich, par M. Ch. Dubois. Ornithologie Européenne par C.-D. Degland et Z. Gerbe, 1867. Muséum d'Hist. Naturelle des Paj-s-Bas, par H. Schlegel, avril 1867. Matériaux pour servir à l'histoire de VAlca impennis, par le prof. J. Steenstrup, 1856 et 1857, page 35. Tome II, 1* partie. « H 82 Allemagne. Da:vemakk. France. Hollande . Italie. NORWÉGE. Royaum*'-Uni. Gotha Hanovre Kœthen Mayence Mûhlstadt Munich » Oldenbourg Prague Vienne Copenhague Dieppe Paris Strasbourg (où?) Amsterdam Leyde Florence Milan Turin Christiana (où?) Cambridge Dublin Durham Londres » Newcastle 2 Yorkshire (où?) » » . FATIO. Colleclion ducale Musée Collection ducale Musée d'hist. nat. Coll. de M. Passler Académie Coll. Leuclitenberg. (W. Preyer) (Cabanis) (W. Preyer) » (W. Passler) (W. Preyer) » Cab. d'H. nat. gr.-d. (Cabanis) CulU*c. part, (jeune) (A. Friisch) Musée Imp. Roy. (W. Preyer) Musée (W. Preyer) Coll. de M. Hardy (R. Champley) Muséum » Académie [mauvais] (W- Preyer) Coll.deM.Lamotte (Degland et Gerbe) Musée (R. Champley) Musée (H. Schlegel) Musée (R. Champley) Coll. de M.H.Turrati » Musée » Col.deM.AalNicolai (R. Collotl) Muséez''°'.derUniv.(Jap.Steenstrup)^ Musée (R. Champley) Musée » Musée » Musée brilann. » Galer. zool. du Nord (W. Preyer) Musée [non adulte) (R. Champley) Phil. Soc. {l'un vient » de la coll. Strikiand) et Ibis 1865) Coll. M. R. Champley (R. Champley) Collect. M. J. Hancock » Col lect. de Lord mil » ' La rilation de Stcenstrup, p. .35, n'est pas assez explicite pour que nous puissions certifier que ces deux exemplaires ne soient peut-être pas les mêmes que Preyer a cités à Copenhague. Royaum'^-Uni. 1 1 SUR L'ALCA IMPENNIS. (où?) 83 Russie. Suisse. Coll. de SiiW. Milner (R. Champley) Coil. tlu D"" Troughton » 1 St-Pétersbg. Mus.z"°'.de l'AcImp.fW. Preyei-) 1 Aarau Musée d'Hisl. nal. (V. Fatioj 1 Cortaillod Coll. de M. Vouga » 1 Neuchàtel Musée d'Hisl. nat. » Total 51 oiseaux signalés jusqu'ici dans les diverses collec- lions d'Europe : 19 en Allemagne 2 en Danemark 4 en France 2 en Hollande 3 en Italie 3 en Norwége 14 dans le Royaume-Uni 1 en Russie 3 en Suisse. SQUELETTES. Allemagne. 1 Breslau [IncompLel] (R. Champley) Danemark. 1 Copenhague Musée (dans Z'ateoo/) et beaucoup de divers ossements. (J. Sleenstrup) Italie. 1 Florence [Incomplet] » Royaum^-Uni. 1 (où?) Collège roy.d.Chirurg. [incomplet) » 1 » Coll. M. J. Hancock {incom,plet.] >> 1 » Coll. de M. A. Newton [incomplet) > Total 6 squelettes plus ou moins complets signalés en Europe 1 en Allemagne 1 en Danemark 1 en [talie 3 dans le Royaume-Uni. Steenslrup cite aussi, page 35, plusieurs préparations analonii- ques de VAlca impemiis. 84 V. FATIO. ŒUFS. 1 Allemagne. 1 Berlin (R. Cliampley) I Dresde » 1 Flensbourg Cùllecliori du phariii. Mochlenhiirg (W.PâssIer) 1 Leipzig Coll. du l);irb. Hiihiiel » 1 MAhlstadt • Coll. de M. Piissier » ] Noulialdensleten Coll. (le M.TIl. Scliulz » 1 Oldenbourg Cab. d'H. uat. g^'-duc. (Cabanis) I Wcstphalie (R. Champley) 1 Witten » \ (où?) Col.deM.Thieneniain: "W. rii.sler) Belgique. 2 Bruges [{. Champley) Danemark. 1 Copenhague (R. Champley) France. 2 Angers » 2 Bergues-les- Dunkerque Coll. M. Mecziinaker (Ch. Dubois) 1 Dieppe (Coll. de M. nHidy^) R. Champley) 1 Paris Muséum » Hollande. I I Amsterdam Leyde » » ROYALMe-ljNl . 1 Liverpool Musée » 2 Londres Musée ; brilaniiii|uo » 7 (où?) Collège roy . d . Chirurg. y> 1 » Coll.di •M. Bond » 9 » » M Champley » 3 » » Lord Garvah » 1 D » M . Hancock » 1 » » M . Labray » 1 » » Sir W. Milner » 3 » » M . Newton » 1 » » M . Scales » ' Les données de M. H. rii.iriipley M>n( ici, iiiollieMreiibeinciil, très (X'U cirronslfinciées. Royaum^-Um. SUR L'ALCA IMPENNIS. 85 (où?) Coll. de M. Selwyn (R. Champley) » » SirW.Trevelyan » B » Re^H.B.Tristram » » » D'' Troughton » B » M. Tuke » » » M.Walter » » » M . Wilmot » Suisse. 2 Lausanne Musée d'Hist. iiat. (V. Falio) Total 60 œufs signalés jusqu'ici en Europe: 10 en Allemagne 2 en Belgique 1 en Danemark. 6 en France En loul, par conséquent, 51 oiseaux, 6 squelettes et 60 œufs. 2 en Hollande 37 dans le Royaume-Uni 2 en Suisse. Genève, le 31 de'ce)nbre 1807. TABLE DES MATIÈRES pages Matériaux pour servir à l'histoire de VAlca impennis, par le professeur Steenstrup (traduit du danois) 5 Note de la rédaction 71 Quelques mots sur les exemplaires de VAlca impennis, oi- seaux et œufs, qui se trouvent en Suisse, par M. V. Fatio 73 Liste des divers représentants de VAlca impennis, en Eu- rope, oiseaux, squelettes et œufs, par M. V. Fatio 80 EXPLICATION DE LA PLANCHE I. UAlca impennis dessiné d'après l'exemplaire de la collection de M. Vouga, à Corlaillod [Suisse). Une erreur de pagination s'étant glissée dans l'impression de ce bulle- tin, nous avons dû répéter avec des lettres la page 3"2, cl désigner par 4 bis la feuille qui devait porter le chifTrc 5, >N( »( I KTt I )RNlTH()],()(;iO(rK S i;iSSE Vol- Il l'I.. T. ;* ^i r.Ai. Aie. a iiriijeimis. iiripe ERRATA Vol. !«■•, Il"* Partie. Page 54, ligne 19, au lieu de : août, lisez : septembre. » » » 20. au lieu de: septembre, lisez: octobre. » 119, » 30 et 31, au lieu de : Chambéry, lisez : Champe'ry. BIBLIOG RAPHIA ORNITIIOLOGICA IIELVETICA CARL STŒLKER, D'. '-^*^v-clnveiz. Gesellscli. fur die ges. Nalurw., Bd. I, 1, 1829. — Anatomische Notizen von Dr. Schlaepfer. — Nalurhist. Abhdl. von Dr. J. G. Schiâpfer. Trogen 1833. — (Maasse) von Killias. — Jahresberichl der naturf. Gesellsch. Graubùndtens, V[, 1861. — Beobachtungen von Th. C. von Baldenstein. — Jahresbericlit der naturf. Gesellscii. Graubùndtens, IX, 1864. — Thierleben der Alpenwell, von Dr. Fr. v. 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Von Fœld- vary. — Verliandlg. der schweiz. naturf. Gesellsch., 1836, pag. 37. — (sp?) (Anhangli(;likeit zii einander) von Arzt Thuet. — Ver- handlg. derschweiz. nalurf. Gesellschaft, 1845, pag. 262. ORNITHOLOGICA HELYETICA. 105 Sterling sar tige Vœgel. fPasseres.) Rahcnartige Vôgel. fCoraces.) Corvus corax, par G. Lunel. — Bull. de.laSoc. ornith. suisse, 1,2. — frugilegus (kurze Noliz), von Pfr. SteinmflUer. — Uebers. der Verhandlg. der Si. Gall. naturf. Gesellsch. 1820/21. — (siehe Varia.) P'ijrrhocorax alpinus, ihre Nalurgeschichle. — Wochenblatt fur den Kt. Saillis, 1779. — Muséum der Naturgesch. Helvetiens in Bern, von Fr. Meisner. 1-807, mit Abbildung. Corvus pyrrhocorax, von Pfr.Steinmûller. — Alpina III, pag. 510. Pyrrhocorax alpinus. (Nest und Eier.) — Verhandlg. der schweiz. naturf, Gesellscbaft, 1841, pag. 78. — (Noliz) von Frey-Herose. — Verhandiungen der schweiz. naturf. 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(Winternest.) — Na- lurw. Anzeiger von Meisner, III, 7, pag. 57. — petronia (siebe Fauna lopograpbica). — nivalis, naturbistoriscbe Nacbricbten von C. von Baldenstein. — Uebers. der Verbandig. der St. Galliscben nalurw. Ge- sellschaft, 1821/32, pag. 21. von C. von Baldenstein. — Neue Alpina II, pag. 1 . Thierleben der Alpenwelt, von Dr. Fried. v. Tschudi. [Emberiza nivalis et hortolana). Deux nouvelles espèces d'Em- bériziens à ajouter à notre Faune, par A. Vouga. — Bulletin de la Soc. des Se. nat., Neucbàlel, II, 1846/47. — cirlus, zur Nalurgescbichle derselben, von Georg Vogel. Mit Vorweisung von drei bei Zurich gesammellen Nestern und Gelegen dièses Vogels und eines Jungen im Nestkleide. Bei- lage IX im Berichl ùberdie 13. Versammlung der deulscben ornithoiogischen Gesellschaft zu Slultgarl, vomi 7-20 Septbr. 1860. Herausgegeben vom Vorstand der Gesellschaft. Turdus torquatus et saxatilis, in Gefangenschafl, von Dr. Cari Stœlker. — Berichl der Si. Gallischen nalurw. 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(Bombycilla garrulaj Der Unglûcksvogel in Bûndlen, von Th/** — Bûndnerisches Volksblatt, I. Jahrgang, Chur 1 829, p. 70. Jaseur de Bohême, capturé aux environs de Neuchàtel. — Bull, de la Soc. des Se. nat., Neuchàtel, II, pag. 204, 205, 234. Le Jaseur de Bohême; La Rédaction. — Le Rameau de sapin, février 1867. Muscicapa luctuosa, von C. von Baldenstein. — Neue Alpina, II, pag. 53. Calamoherpe palustris, par V. Fatio. — Bull, de la Soc. ornithol. suisse, I, 2. Cuticola schœnicola; Observations par G. Lnnel. — Ibidem, I, 1. Sylvia tilhys; le Rouge-queue de la Sagiie, par A. Lehmann. — Le Rameau de sapin, octobre 1866. ORNITHOLOGICA HELtETlCA. 109 Sylvia tithys et cii/rruca, Beobachtungen von Dr. Cari Stœlker. — Vcrhandiungen der St. Gallischcn nalunviss. Gesellsch, \ 868/69. Sylvien (siehe Varia). Phyllopneuste. Nachrichten ûber die noch zu wenig bekannte Familie unserer Laubsanger und Beschrcibung von : Hippolais italica, von Conr. von Baldenstein. — Neue Alpina, II, pag. 72. Motacilla alpina, Beschreibung von Pfr. SteinmûUer. — Alpina, I, 1806. — flava (Farbenverschiedenheit), von Vouga. — Verhandlg. der schweiz. nalurf. Gesellschaft, 1848, pag. 279. (Anthus pratensis und S. sylvestris.) Ueber zwei noch nicht be- schriebenen Arten von Vogein aus der Familie der Sanger, von Fr. Meisner. — Meisner's Annalen der allgem. schweiz. Gesellschaft fur die gesaramte Naturwissenschaft. I, 1824, pag. 166. Anthus aquaticus et montanus, von C. von Baldenstein. — Neue Alpina, II, pag. 21. Accentor alpinus, Beschreibung von André». — Briefe aus der Schweiz nach Hannover, 1776, pag. 202. — — tué sur les rochers de Moron, par Nicolet. — Bull, de la Soc. nat., Neuchâtel, II, 1847, pag. 140. (siehe Varia.) Parus palustris, von C. von Baldenstein. — Neue Alpina, II, pag. 30. Pari cinerei, Beraerkungen ûber die Gruppe der Grauraeisen, von J. G. Fatio-Beaumont. — Nauraannia, 1856, pag. 160. Parus Baldensteinii, Bergmonchsmeise, von v. Salis. — Jahres- bericht der naturf. Gesellschaft Graubundlens, VI, 1861. Parus borealis, par V. Fatio. — Bull, de la Soc. ornithologique suisse, I, 1 . Parus ater, P. cœruleus, P. palustris, P. cristatus, P. caudatus; les Mésanges, par P. Robert. — Le Rameau de sapin, juillet et août 1869. 410 BIBLIOGRAPHIA Schwalbenartige Vôgcl. (Chelidones .) Hirundo melba, von Pfr. Kuhn in Biirgdorf. — Neuc Alpina, II, pas- 11.2. Cypselus melba (siehe Fauna topographica). — alpinus, par V. Fatio. — Tiull. de la Soc. ornilliol. suisse, I, 1. Noiizen iind Gefangenleben, von Dr. A. Girtanner. — Be- richt der St. Gallischen naturw. Gesellscliafl, 1866/67. Hirundo apus, von Pfr. Steinmûller. — Neiie Alpina, II, pag. 1 1 4. — rustica, Aufzuchl und Uebcrwinlern, von Dr. Cari Stœlker. — Bericht der Si. Gallischen naluif. Cresellscliaft, 1866/67. — urbica im Gefangenleben, von Dr. Cari Stœlker. — Bcrichl der St. Gallischen nalurw. Gesellscliafl, 1868/69. ( — urôica), Observation singulière sur l'hirondelle domestique, faite à Lausanne. — Naturw. Anzeiger von Meisner, V, 7, pag. 51. — rupestris, Ornithologiscbe Nachricht aus einem Briefo von Dr. Lusser in Altorf, den 3. August 1821. — Nalurwiss, Anzeiger von Meisner, V, 2, pag. 15. Ein Beitraguber die Felsonsclnvalbc, von Pfr. Steinmûller. — Neue Alpina, I, pag. 530. von C. von Baldenstein. — Neue Alpina, H, p. 123. — — (siehe Fauna topographica). Taubenartige Vœgel. fCohimbœ.J Tauben mit kolilensaureni Slrontian gefullcrt. — Kohiensaures Slrontian in der Eischale, von Prof. Wiedemann in Basel.— Verhandig. der schweiz. nalurf. Gesellschafl, 1856, p. 52. ORNITHOLOGICA HELVETICA. 411 H'ùhnerartige Vœgel. (Gallinm.) Pavo cristatus fera, im Kleide von masc. — Berichl der naturf. Gesellschaft in Basel, VI, 1844, p. 71. Tetrao urogallus. — Thicrleben der AJpenwelt, von Dr. Fr. von Tschudi. — urogallus; le grand Tétras, par le Dr. Sacc. — Le Rameau de sapin, mars 1866. — tetrix. — Ibidem. — médius. Ornitholog. Nachrichlen, von Dr. Lusser in Allorf. — Nâtnrw. Anzeiger von Meisner, V, 7, pag. 15. — (sp?) Quelques observations sur deux Tétras des Musées de Neuchàtel et de Lausanne, parle Dr. V. Fatio. — Bull, de la Soc. Vaudoise des Se nat., IX, n» 58, 1868. — lagopus, Besclireibung von Pfr. SteinmûUer. — Alpina, I, 1806. Thierleben der Alpenwelt, von Dr. Fr. v. Tschudi. — bonasia. — Ibidem. Fer dix saxatilis. — Ibidem. Perdix (siebe Varia ]. Alpen- und Berghûhner (siebe Varia). Wildhuhner (siebe Varia ) . Ueber Alpen- Wald- und Feldhiihner, von Pfr. SteinmûUer. — Neue Alpina, IL Syrrhaptes paradoxiis (im Kt. Zug), von Herr Mûhlberg. — Ver- bandlungen der scbweiz. naturf. Gesellscbaft, 1864, p. 550. — en Suisse, par V. Fatio. — Bull, de la Soc. ornitbolog. suisse, 1,1. {Otis tetrax?) Ackertrappe in der Scbweiz. — Bescbreibung des Wetterjabres 1731, von J. J. Scheuchzer. 1732, pag. 3. Otis houbara (in der Scbweiz erlegt), von Dr. Schinz. — Verbdig. der scbweiz. naturf. Gesellscbaft, 1839, pag. 67. — von Dr. Scluflx. — • Ibidem, 1841, pag, 75. 112 BIBLIOGRAPHIA Wadvœgel. (Grallœ.) Rallus aquaticus in G-efangenscbaft, von Dr. Cari Stceiker. — Verhandig. der Si. Gallischen nalurw. Gesellsch. 1868/69. Scolopax. Œuf de bécasse, par M. Coulon. — Bulletin de la Soc. des Se. nat., Neucbàlel, V, I, Tringa pkityrhyncha, par G. Lunel. — Bull, de la Soc. ornilbol. suisse, I, i. Limosa terec. (bei Cortaillod gescbossen). — V'erhandlungen der scbwciz. nnturforscbenden Gescllscbaft, 1839, pag. 68. Ardea cinerea, une colonie en Suisse, par V. Fatio. — Bull, de la Soc. ornilbol. suisse, I, 1. Ciconia alba, gesammclle Nacbricbten und eigene Beobacblungen vonPfr. Steinniûller. — Uebersicbt. der Verbandig. der St. Galliscben naturw. Gesellscb., 1821/22, pag. 19. Nacbtrag. — Ibidem, 1822/23, pag. 16. Naturgescbicble, einzig nacb seinem Aufentball und Be- tragon in der Scbweiz, boscbricben von Pfr. SteinmiiUer. — Neue Alpina, II, pag. 134. (unlcrbrocbenes Brûten), von Arzt Thyet. — Verhandig. der scbweiz. naturf. Gesellscb., 1845, pag. 261. Schwimmvœgel. (Natatores.J Lanis tridactylus, par M. Coulon. — Bull, de la Soc. des Se. nal., Neucbàlel, V, 1. — canus in Gefangcnscbaft, von Dr. C. Stœlker. — Bericbl der St. Galliscben nalurw. Gescllscbaft, 1868/69. Anas purpureo-viridis, Bcscbreibung und Abbildung von H, R. Schinz. — Neue Denkscbr. der allgemeinen scbweiz. Ge- lelbcbaft fiir die gesamnile Nalurw., I, 1837. ORNITHOLOGICA HELVETIGA. 113 Anas penelope. Notice sur un vieux mâle de Canard siffleur à plumage de femelle, par M. Louis Roget, de Genève. — Ex- de la Revue et Mag. de Zool., 1859, n" 4. -— clangula in Gefangenschaft, von Dr. Cari Stœlker. — Be- richtderSt. Gallischen naturw. Gesellschaft, 1868/69. Canards tués sur notre lac, par M. Coulon. — Bull, de la Soc. des Se. nat., Neuchâtel, V, 2. Cygnus. Faux albinisme des trois jeunes cygnes de Morges, en 1868, par le Dr. F. A. Forel.— Bull, de la Soc. Vaudoise de Se. nat., X, n" 61 , Lausanne 1859, pag. 132. {Anser minor s. Temminkii] ,0\q de Temminck, tuée sur le lac de Moral et obtenue par le Musée de Neuchâtel. — Bull, de la Soc. des Se. nat., Neuchâtel, II. Mergus merganser; le grand Harle, par M.A.Vouga. — Bull, de la Soc. ornithol. suisse, I, 1, p. 111. — Le Rameau de Sapin, mai 1866. Carbo cormoranus (auf dem Genfersee), von Prof. Chavaunes von Lausanne. — Verhandiungen der schweiz. naturf. Gesell- schaft, 1823, pag. 43. Podiceps minor in Gefangenschaft, von Dr. Cari Stœlker. — Verhandiungen der St. Gall. naturw. Gesellsch., 1868/69. Colymbus-Xnen, Bemerkungen ùber die auf dem Bodensee vor- kommenden, von Dr. Zollikofer. — Verhandiungen der St. Gallischen nalurw. Gesellschaft, 1820/21, pag. 18. Aquila imperialis. Aigle impérial, rapporté d'Egypte par M. Per- regaux. — Bull, de la Soc. des Se. nat., Neuchâtel, V, 2. — Sur une nouvelle espèce d'Aigle découverte à Marseille, par le prof. L. Coulon. — Bull, de la Soc. des Se. nat., Neu- châtel, III, 1853. Orthotomus longicaudatus, nidification, par M. A. Humbert. — Bull, de la Soc. ornithol. suisse, ï, 2. 15 dd4 ÈIBLIOGRAPHIA Observations sur les mœurs de divers Oiseaux du Mexique, par M. H. de Saussure. — Bibliolh. univers, de Genève, Archives, tom. ï, 1858. Voyage aux Orcades et aux Shetland, 1858. Benguerel. — Bull. de la Soc. des Se. nat., de Neuchàlel, V, I, 1860. Voyage en Islande, par le Dr. Guillaume. — Bull, de la Soc. des Se. nat., Neuchàtel, V, 2, 1861. Observations de M. de Saussure sur les Pics d'Amérique, par M. Coulon. — Bull, de la Soc. des Se. nat., Neuchàtel, V, 2, 1861. {Telegalla et Megapodius tumulus). Incubation singulière et mœurs de deux oiseaux de la Nouvelle-Hollande, par MM. Vouga, prof., et L. Coulon, père. — Bull, de la Soc. des Se. nat.. Neuchàtel, IL Mœurs d'un gullinacé australien, communiqué d'après Gould, par M. L. Coulon, père. — Bull, de la Soc. des Se. nat., Neu- chàtel, II. Sijrrhaptes heteroclitus en Europe, par M. V. Fatio. — Revue cl Mag.de Zool. Paris 1864, XVI, pag. 122. Quelques mots sur les exemplaires de VAlca impennis, oiseaux et œufs, qui se trouvent en Suisse, par M. V. Fatio. — Bull, de Soc. ornith. suisse, II, 1. Liste des divers représentants de VAlca impennis en Europe, oiseaux, squelettes et œufs, par M. V. Fatio. — Ibidem. .Vlatériaux pour servira l'iiistoire de VAlca impennis, par le prof. Steenstrup (traduit du danois). — Ibidem. Singulière incubation du Pingouin royal, communiqué d'après la Revue zoologique, par M. L. Coulon, flis. — Bull, de la Soc. des Se. nat.. Neuchàtel. IL Catalogo degli uccelli d'Europa. Sistema di J. C. Teraminck di Antonio Riva, folio. Como, G. Franchi. ORNITHOLOGICA HELVETICA 115 UEBERSICHT. Pages ALLGEMEL\E ORNITHOLOGIE 91 FAUNA 91 Fauna helvetica 91 » topographica 9S B ccuitonalis 95 VARIA 97 SPEGIELLE ORNITHOLOGIE 102 Raubvôgel (Accipitres) 102 Sperlingsartige Vôgei (Passeres) 105 Rabenartige Vôgel 105 Spechtartige Vôgel 106 Singvôgel 107 Schioalbenartige Vôgel 110 Taubenartige Vôgel {Columbœ). 110 Huhnerartige Vôgel {Gallinœ) . . 111 Wadvôgel (Gmllce) 112 Schwimmvôgel (Natatores) 112 Fremde Vôgel 113 In dem Vorliegenden glaube ich die schweizerisehe ornilholo- gische Literalur ziemlich vollslaiidig zusammengestellt zu haben ; sollie jedoch die eine oderandere Arbeit und Noliz nicht angefuiirl sein, so ware es mir sehr angenehm, hievon Kenntniss zu erhalten, da ich fortwâlirend bemulu sein werde, die Arbeit moglichst zu vervoilslandigen, und, wenn nolhig, spaler ein Supplément zu geben. Allfâllige Correcturen werden dankbar angenonunen ! St. Fiden bei St. Gallen, Anfang November 1869. .116 BIBLIOGRAPHIA VERZEICHNISS DER AUTOREN. Die Nummern beUeuten die Seitenzalileii. Andrcœ, 91, 102, 109. Baldamus, 95, 106. Baldenstein, Conrad (v.),Haupt- mann auf Schloss Baldenstein in Graubûndien, 92, 100, ICI, 102, 103, 104, 107, 108, 109, 110. Bech, Dr., 96, 97. Bêche, II., [Tiiomas de la) 93. Benguerel 114. Blumer, J. J.-, 96. Bonjour, Ph., 102. Brehm,Lud^^ig, Dr., 95. Bronncr, Franz Xaver, 95. Buch, Leopold, (v.), 101. Burkiiardl, L., 96. Burnat, E., 101. Businger, Alois, 96, 97, Calwer, C. G., 92. Cliavannes, Profess., Lausanne, 92, 113. Combe, J., 95. Coulon, L., 98, 103, 113, 114. Coulon, M., 112, 113, 114. Coxe, W..97, 102. Daeublin, Nicolaus, 94. Delaharpe, J., 100. Demole, J., 119. Depierre, 94, 97, 100, 106. Desor, M., 101. Ecker, Prof.,99. Ellenberger, 92. Epagnier, A. (d'j, 101. Escher, H. E.. 93. Escher, M., 101. Fatio-Beaumont, J.G., 94, 109. Falio, Victor, Dr., in Genf, 98. 99, 100, 101, 108, 109, 110, 111. 112, 114. Favrc, M. L.. 107. Fehr, J. K., 106. ORNITHOLOGIGA HELVETICA 117 Ferrier, F. L., 106. Filippi (de), Prof., 99. Fleischer, Dr., 103. Faldvary, 104. Forel, F. A., Dr., 113. Frei-Herose, 105. Gessner, Conrad, Dr., 97- Girtanner, Albert, Dr. in St. Gallen, 102, 106, 110. Guebliardt, A., 104. Guillaume, Ch., fils, 100. Guillaume, Dr., 100, 114. Hagenbach, Eduard, Dr., 98. Hartmann, G. L., 93, 95. Heer, Oswald, 96. Heusslein, Rudolpb, 97. Hold, H., Regierungsrath in -Chur, 95. Humbert, A., 113. Imhof. Dr., 99. ImThurn, Eduard, 96. Killias, Dr., in Chur, 103. Kœnig-Warthausen, Baron, 104. Kuhn, Pfr. in Burgdorf, MO. Kummer, J., 98. Kutorga, Prof., 98. Lehmann, 96. Lehmann, A., 108. Lunel, G., in Genf, 104, 105, 108, 112. Lusser, Dr., in Altorf, 1 04, 1 1 0, 111. Mallet, Edouard, 94. Manni, Forstadjunkt in Chur, 100. Meisner, Friederich, Profess. in Bern, 91, 92, 93, 97, 103, 105, 108, 109. Meyer von Knonau, Gerold, 96, 97. Meyer, Hermann (v.), 101. Miescher, Prof., 99. Mosch, L., Direclor der zoolog. Sammiungen in Zurich, 92. Muhiberg, 111. Muller, J. W. (v.), 95. Necker, L. A.,Prof.,91,93,96. Nicolet, 94, 109. Nusser, Martin, Dr., 98. Olph-Galliard, Léon, 95, 97, 99. Paccard, G., 99. Pavesi, P., Dr., 99. Perregaux, 1 13. Pfyffer, Kasimir, Dr., 96. Plessis, G. (du), 95. Pupikofer, L. A., 96. Razoumowsky, G. (de), 97. Riva, Rudoifo Antonio, 96, 114. Robert, P., 108, 109. Roch, A.. 106, 108. Rôder, J. W., 96. Rogel, Louis, in Genf. 113, 148 BIBLIOGRAPHIA Rohnert, Dr, 9o. Ruliineyer, L., Prof., in Basel, 101. Ruesch, Gabriel, Dr, 9.). Sacc, Dr, 111. Salis (v).,Kanlonsoberslin Chur 96. 100, 109. Saussure," H., (de), 114. Scheuehzer, J. J., 111. Schinz, II. R., Dr., Profess. in Zuricli, 91, 92. 93,97. 99, 103, 112. Sclilapfer, J. G..Dr.,in Trogen, 93, 95, 103. Schwab. Guslav, 93. Seiler, A., 96. Selys-Longchamp, Edm., (de) Smith, Alf., 92. [100. Sleinmùller, J. R., Pfarrer in Rheineck. 92, 94, 99, 100, 102,103, 104,100,106,107, 109, 110, 111, 112. Slolker, Cari, Dr., in St. Fiden, 9.Ï, 102, 104,105, 106, 107, 109, 110, 112, 113. Storr, G. Conr., 93. Slrohmeyer, Peler, 96. ïhuet. Arzi, 104, 112. Tscharner, P. L. (v.), 96. Tschudi, Friederich (v.), Dr., in St. GaIlen,9o. 101, 103,104. 105, 107, 108, 111. Vogel. G., in Zurich. 104, 105, 107. Vogt, Cari, in GenI, 101. Vouga, Prof., 92. 94, 109. 114. Vouga, A., 99, 107. Vougd.P., 106, 107, 108, 113. Vulliemin, L., 97. Wagner, Joh. Jack., 91. Walchner, Herraann, 94. Warlmann, J., Pfr., Bibliolhe- kar in St. Gallen, 94, 98, 99,103. Weltstein, Apolhoker, 108. Wiedemann, Prof., in Basel, 110. Zollikofor, Dr., in St. Gallon, 113. ORNITHOLOGICA HELVETICA, 119 p. 107 zu den angegebenen Arten muss nocli hinziigefiigl werderi : Pijrrhula rulgaris; le Bouvreuil, parJ. Demole. — Bull, de la Soc. ornilhol. suisse, I, 2, p. 109. ERRATA p. 96, Zeile 9 von oben • statt Blumer. — Heer, lies Blumer-Heer p. 102, » 1 2 » » » naturf. » naturw. p. 105, V 6 » )■> » » » » » » 1 1 » unten : » » » » » » 1 » » » » » » p. 106, » 8 » oben : » » » » » » 10 » » » » » » » » 12 » » » gesammle » gesammlen. » » 3 » unlen • » naturf. » naturw. p. 110, » 9 » oben : » » » D FAUNE ORNITHOLOGIQUE HAUTE-ENGADINE Nous sommes heureux d'avoir obtenu de M. Saralz la permission de publier, en les traduisant, les noies qu'il a eu l'obligeance de nous communiquer sur la faune ornilhologique de la Haute-En- gadine, dans le canton des Grisons, à l'extrême est de notre pays.^ , Ne doutant pas de l'intérêt qu'éveilleront ces observations faites avec soin, depuis nombre d'années, sur les oiseaux de la vallée la plus baule de nos Alpes, nous croyons devoir faire précéder ce travail de quelques mots sur la situation et les conditions de la localité en question. ^ La Haute-Engadine, moitié supérieure d'une longue vallée qui va s'ouvrir dans le Tyrol, prend naissance au passage de la Maloya, à 4860 mètres au-dessus de la mer; descendant de là, avec l'Inn, dans la direction du sud-ouest au nord-est, elle s'étend, sur un ^ espace de sept à huit lieues environ, jusqu'à Punt-Auta, près du village de Brail, où son niveau n'est plus que de 1650 mètres, et où commence la Basse-Engadine. » M. Baldamus a publié dernièrement quelques notes sur les Oiseaux qui nichent dans la Haute et la Basse-Engadine, sous le titre: Die Brut- vœgel im Ober- und Unterengadin (Zeitschrift fiir die ges. Naturw, von Giebel und Sievvart. XXX Bd.,,1867, p. 99). Les observations plus nom- breuses de M. Saratz compléteront avantageusement ce premier travail sur cette intéressante vallée. 2 J'ajouterai également chemin faisant (en note'i quelques données sur la position de diverses localités citées. 16 122 FAUNE ORNITHOLOGIQUE Des montagnes élevées, pour la plupart couronnées de névés ei de glaciers, bornent du côté du nord et du sud celte partie de la vallée. Le passage de la Maloya s'ouvre, presque sans montée, du côté du midi et tombe abruptement de l'exlrémilé de l'Engadine à plus de 1800 mètres dans le Bergell et la Lombardie près de Chia- venne. Deux ou trois cols, dont les plus bas comptent encore 2200 à 2400 mètres d'élévation au-dessus de la mer, donnent accès dans la vallée du côté du nord; quelques autres, non moins élevés, conduisent au sud à travers des déserts souvent glacés. Parmi ces derniers, je dois citer ici, comme ayant pour nous un intérêt loul particulier, le passage de la Bernina qui, à près de 2300 mètres, conduit par Poschiavo à la Valleline, près de Tirano. C'est, en effet, dans la vallée latérale qui conduit à ce col que se trouve, à 1815 mètres environ, le village de Pontrésina où demeure notre aimable correspondant. Celte petite vallée est le bras le plus important et le plus intéressant de la Haute-Engadinc, et la Flalz qui la parcourt, venant des lacs de la Bernina se jeter dans l'Inn, est certainement un des principaux aQluents de cette rivière. L'Engadine, assez ouverte ^ et presque plate dans sa partie supé- rieure, va se rétrécissant peu à peu en prenant une pente plus forte. Trois jolis lacs, encadrés de riantes prairies et de belles forêts, oc- cupent le fond de la vallée, le long de laquelle s'échelonnent à pe- tites distances plusieurs gracieux villages. La grande végétation n'est naturellement plus très-variée à pareille hauteur. A l'exception de quelques buissons 2 qui s'élèvent çà et là sur le flanc des montagnes, l'on ne voit plus guère que des mélèzes {Larix etiropœa) et des aroles [Pinus Cemhra). ^ * En moyenne 30 minutes de largeur. ^ Des saules (Salix). des nultics (Xlnus), des genévriers {JiiniperusJ, des sorbiers (SorbusJ et quelques autres. ' Le sapin même est rare dans la partie supérieure de la Haute- Ëngadine. DE LA HAUTE -ENGADINE. ' 123 Que l'on se représente, au milieu des rocs el des neiges, au niveau même des glaciers, une conlrée en majeure partie au-dessus de 1700 mèlres, avec une moyenne de température annuelle oscillant entre 2 et 4 Va centigrades. Dans ces circonstances exceptionnelles nous trouverons un petit pays verdoyant sous un beau ciel bleu et tout brillant de vie durant trois à quatre mois ; mais un pays où la belle saison tient une faible place dans l'année el où l'hiver rigoureux, souvent brusquement ramené par une rafale de neige, vient toujours trop vite et pour longtemps ensevelir toute la nature. ^ Quels seront les oiseaux dont la constitution sera assez robuste pour supporter, durant l'année entière, ce climat et ces privations? Quels seront ceux qui consentiront à nicher dans de pareilles condi- tions? Quelles sont, enfin, les espèces qui, dans leurs migrations, viendront passer à d'aussi grandes hauteurs? Voilà ce que nous apprend le travail de M. Saralz, et voilà ce que nous croyons devoir être d'un grand intérêt, aussi bien pour les ornithologistes en particulier que pour les amateurs de nos Alpes en général. V. F. 1 D'après les observations de M. Krœttlià Bevers, la température la plus élevée fut, en 1862, -}- 29,5'' au mois d'août, et la plus basse — 26,5 au mois de décembre ; ce qui donne entre les deux extrêmes une différence de 56 degrés. La moyenne annuelle fut cette année-là de -}- 4,32, tandis qu'elle n'avait été, dans les dix années précédentes, que de -}- 2,3679". LES OISEAUX DE LA HAUTE-ENGADINE M. JEAN SARATZ OISEAUX SEDENTAIRES 1 A. Espèces dont il est prouvé que des individus en plus ou moins grand nombre restent, au moins quelquefois, durant l'année entière, dans la Haute-Engadine. B. Espèces au sujet desquelles il est difficile jusqu'ici d'affirmer si elles passent quelquefois l'année entière dans la vallée. A 1 . Corvus corax [Corbeau. Kolkrabe). Il est bien possible que quel- ques individus de celte espèce demeurent pendant tout l'hiver dans notre vallée; du moins j'ai tué de ces oiseaux dans le mois de janvier. On les voit arriver en grande quantité vers la fin de février. Ils se nourrissent particulièrement de chair * Il est presque inutile de faire remarquer que suivant l'arrangement de M. Saratz, les espèces A ei B du ch. I ne seront naturellement pas citées une seconde fois dans son ch. II des espèces nichant dans la Haute-Engadine ; que, par conséquent, les nicheuses, séparées ici à un point de vue particulier, sont cependant comprises dans les deux pre- miers chapitres. i26 FAUNE ORNITHOLOGIQUE morle. En été et en automne, ils parcourent nos hautes mon- tagnes où retentissent leurs puissants croassements. Un de ces Corbeaux attaqua, il y a trois ans, un petit chien, et l'aurait sans doute tué, si quelques hommes qui passaient ne fussent venus au secours de ce pauvre animal 2. Corvus corone {Corneille. Gemeiner Rabe], Celte Corneille se trouve à Samaden ^ pendant tout l'hiver, tandis qu'elle ne se montre à Pontrésina qu'à la fin du mois de février. 3. Garrulus Picus [Pie. Elsler). La Pie était autrefois très-abon- dante dans l'Engadine comme oiseau sédentaire. Toutefois, depuis l'année 1850, elle a quitté les environs de Pontrésina, et l'on ne voit plus que de temps à autre des individus soli- taires de cette espèce, près de Scanfs et de Capella.^ Peut- être cette disparition est-elle due aux poursuites des amateurs de petite chasse. Il est curieux de remarquer qu'à la même époque où la Pie s'éloignait de Pontrésina, elle abandonnait aussi presque toute la Haute- Engadine. 4. Nucifraga caryocatactes (Casse-noix. Nussheher]. Cet oiseau mystérieux est surtout abondant lorsque les aroles portent beaucoup de fruits. Il se plaît alors partout, dans les forêts profondes comme dans' les broussailles, et jusqu'à près de 3000 mètres. La plupart des individus de cette espèce nous quittent en hiver ; cependant on en voit quelques-uns pen- dant toute l'année. Je n'ai pas encore pu découvrir le nid du Casse-noix ; mais je crois qu'il doit couver au mois d'avril, puisque l'on a vu ici des petits au mois de mai. J'ai tué, en juillet, 1 Samaden, village situé dans le fond de la vallée de la Haute-Enga- dinc. près de son milieu, ù une heure environ de Pontrésina et à un niveau de 25 ù 30 mètres plus bas. 2 Scanfs et Capclla sont deux villages situés à une petite distance l'un de l'autre dans le fond de la vallée principale. Cnpella, le plus éloigné, est à un niveau de 1660 mètres environ et au plus à une demi-heure de Punt-Auta que nous avons dit être la limite inférieure de la Haute- Engadine. DE LA HAUTE-ENGÂDINE. 127 des jeunes qui n'avaient pas encore alieint loule leur crois- sance. 5. Lanius excubitor (Pie-^rtV'c/ic grise. Grauer Wurgcr). Quel- ques sujets (le cette Pie-grièche demeurent durant l'année entière dans notre vallée. J'ai vu à plusieurs reprises, en décembre et en janvier, cet oiseau posé sur les branches les plus élevées des mélèzes isolés. 6. Turdus Merula [Merle. Amsel]. Cette espèce n'est pas très-abon- danle chez nous. J'ai vu. durant tout un hiver, une paire de ces oiseaux qui, avec des Lilornes, venaient chercher leur nourriture sur les sorbiers de nos jardins 7. Cinclus aquaticus [Merle d'eau. Wasseramsel) . Cet oiseau se montre assez souvent chez nous et surtout près de l'Inn. Je l'ai observé jusqu'à 2600 mètres environ, au Diavolezza, au lac du Languard et au val Murail. 8. Regulus cnsUins [Roitelet . Goldhdhnchen) . Pendant longtemps je ne remarquais pas cet oi§eau à cause de sa petitesse ; mais depuis que je l'ai observé un jour voltigeant dans les bran- ches des arbres, j'ai eu l'occasion d'en voir un grand nombre, même en hiver. Bien que je n'aie pas encore pu découvrir le nid de cette espèce, je la considère pourtant comme réelle- ment sédentaire. 9. Accentor alpinus [Accenteur Pégot. Alpenflûhvogel). L'Accenteur se tient sur les hauteurs et ne s'approche qu'exceptionnelle- ment des villages. On rencontre ces oiseaux communément dans nos montagnes et généralement par paires. 10. Parus major {Mésange charbonnière. Kohlmeise], La Char- bonnière demeure quelquefois ici durant l'année entière; cependant ce fait n'est pas régulier. L'on en voit de temps à autre un assez grand nombre. M. ?.)iOT6a\is [Mésange boréale. Alpenmeise). Cette espèce est commune dans la contrée; elle fait son nid comme les Pics, dans des trous d'arbres. Je me souviens en avoir trouvé dans ma jeunesse dans de semblables conditions. Durant les 128 FAUNE ORNITHOLOGIQUE grands froids, cette Mésange vient se montrer jusque dans les villages. 12. P. cristatus [Mésange huppée. Haubenmeise). La Mésange huppée se trouve volontiers dans les petits bois d'aroles, en compagnie de la Mésange boréale. 13. P. ater [Petite charbonnière. Tannenmeise). Cette espèce se montre souvent en société des Parus borealis et P. cris- tatus. 14. Emberiza citrinella (Br !f an « ji'aîAne. Goldammer]. J'ai ren- contré à plusieurs reprises ce Bruant dans notre vallée, depuis l'automne de 1869 jusqu'en janvier 1870. Il est fort probable qu'il niche dans le bas de la Haute-Engadine, près de Zuz et de Scanfs. 15. Loxia curvirostra [Bec-croisé des pins. Kreuzschnabel). Le Bec- croisé se trouve plus communément dans les forêts de St- Morilz et de Silvaplana * que dans celles de Pontrésina ; cependant j'ai vu parfois de grandes bandes de ces oiseaux dans ces dernières. • 16: Pyrrhula vulgaris [Bouvreuil. Gimpel). Le Bouvreuil reste quel- quefois chez nous pendant l'hiver. Le 10 janvier 1862, j'en ai vu, entre autres, un mâle près de l'auberge de la Maloya. 17. Fringilla domestica [Moineau. Ilaussperling] . Ce n'est que depuis l'année I8a9 que cet oiseau est arrivé à Pontrésina, et maintenant déjà on l'y voit en grand nombre. 18. Fr. nivalis (Xiverolle. Schneefink). La Niverolle habite les li- mites de la région des neiges. Ces oiseaux sont abondants dans nos Alpes et y vivent en sociétés plus ou moins nom- breuses. Pendant les orages de l'hiver, on les voit souvent sur les roules des montagnes, cherchant leur nourriture dans la fiente des chevaux. Le mauvais temps les fait même descendre quelquefois jusque dans les villages. * Sl-Moritz o{ Silvaplana sont deux villages situes dans la vallée prin- cipale, chacun au bord d'un lac de son nom, et sur le versant opposé à celui de i'ontrésina. DE LA HAUTE-ENGADINE. 129 Le 23 juin, j'ai trouvé un nid de cette espèce avec cinq petits encore en duvet dans un trou du parapet d'un pont voisin de l'auberge de la Bernina. Comme les parents volti- geaient avec anxiété autour de cet endroit, je me cachais pour observer, avec ma lunette, quelle nourriture ils appor- taient à leurs petits ; j'ai bien cru reconnaître dans leur bec des chenilles ou des larves d'insectes. Le nid est construit sans art avec des herbes sèches. 19. Sitta europea {Sitelle torchepot. Spechtmeisé). Cet oiseau n'est pas rare chez nous, mais y vit presque toujours isolément. 20. Certhia familiaris [Grimpereau familier. Baumlaufer]. Le Grimpereau se rencontre partout dans nos forêts, mais de préférence dans les vieux bois. II vit seul ou par couple. En 18o6, M. de Tschudi et moi trouvâmes, dans un trou d'arbre au-dessus dePontrésina, un nid avec cinq œufs. 21 . Tichodroma phœnicoptera [Tichodrome écarlate. Mauerlaufer). Le Tichodrome n'est pas rare et vit presque toujours solitaire. Il se plaît contre les parois escarpées et exposées au soleil, mais se rapproche volontiers des villages pendant les tour- mentes de neige. Je n'ai pas encore réussi à trouver le nid de' cet oiseau. La mue se fait durant les mois de juillet et août. J'ai rencontré le Tichodrome jusqu'à 3000 mètres d'élévation. 22. Tetrao Tetrix [Coq à queue fourchue. Birkhuhn], Ce Tétras est une des espèces les plus communes chez nous. Il s'ac- couple déjà vers la fin de mars, si le temps est beau ; cepen- dant c'est de préférence depuis la fin d'avril jusqu'au milieu de mai. 23. T. Bonasia [Gelinotte. Haselhuhn). La Gelinotte est très- rare dans la contrée, mais commune dans la Basse-Enga- dine. 24. T. Lagopns [Lagopède. Schneehuhn). Le Lagopède, autre- ment dit la Perdrix blanche, se rencontre partout et en grand nombre dans nos montagnes. J'ai vu le 11 juin une femelle sur le nid. 17 130 FAUNE ORMTHOLOGIQUE Je me suis souvent demandé si cette espèce perd toutes ses plumes à la mue, ou si quelques-unes seulement sont renouvelées, tandis que les autres changeraient de couleur. Le fait est que j'ai eu en main des individus chez les- quels une grande partie des plumes étaient presque en- tièrement blanches avec encore quelques petites taches colorées. ^ Je n'oserais rien avancer de bien certain sur l'opinion que les Lagopèdes s'ensevelissent sous la neige pendant les tempêtes. Cependant, l'on voit souvent, après les tourmentes, •des endroits où la neige est percée d'une quantité de trous profonds; il est probable que ces oiseaux y ont cherché un abri, puisqu'on y trouve leurs excréments. On se tromperait, si l'on croyait que les Perdrix blanches ne se tiennent jamais dans les forêts; j'en ai au contraire vu et tué beaucoup dans les clairières. De même, il n'est pas dans l'habitude de ces oiseaux de percher sur les arbres, mais on les y voit cependant de temps à autre. 23. Perdix saxatilis [Bartavelle. Steinhuhn]. Cette espèce est assez abondante; elle se tient volontiers à la lisière des forêts ou dans les éboulis et les pentes pierreuses exposées au soleil. Les orages amènent cette Perdrix jusque dans les villages où on la prend quelquefois vivante. La Bartavelle s'habitue beaucoup plus facilement à la cap- tivité et à une nourriture artificielle que nos autres espèces de celte famille. Une seule fois on a pu conserver, pendant deux ans, des T. Tetrix captifs dans l'Engadine, et de sem- blables essais n'ont jamais réussi chez nous avec le T. La- gopus. ' L'étude microscopique que j'ai faite de quelques-unes de ces plumes tachées, m'a montré que la seconde supposition de M. Saratz était pro- bablement la meilleure, et que la transition de la plume colorée à la plume blanche se faisait souvent, au moins pour une partie du plumage, par une extravasion du pigment colorant. V. F. DE LA HAUTE-ENGADINE. 131 B 26. Gypaetus barbatus {Gypaète. Lâmmcrgeier). Les Gypaètes ne se inonlrenl yuère que depuis le mois de février. Jusqu'en 1840, ces superbes oiseaux arrivaient encore régulièrement avec les premières tourmentes de neige et venaient alors tout près des villages, louchant presque les toitures de leurs grandes ailes. En 1839, un couple de ces oiseaux nichait dans le val Camogasc^ Un nid de cette espèce doit égale- ment se trouver, à ce que l'on dit, au-dessus de Sils '^, dans une paroi élevée et escarpée. 27. kquïldi îuhsL [Aigle royal. Steinadler). Je n'ai jamais vu cet oiseau en hiver, et il me parait se montrer généralement depuis le mois de février. Ce grand voleur n'est pas rare chez nous et niche chaque année dans les environs de Pontrésina. Il se plaît à re- prendre son vieux nid et le restaure chaque année, en re- mettant simplement par-dessus quelques nouvelles branches d'arole. La femelle commence à couvera peu près aux pre- miers jours d'avril, et, le o mai, j'ai vu des petits sor- tant de la coquille. Le 4 juin, j'ai pris des aiglons en- core tout couverts de duvet, quoique déjà assez pesants. Enfin, les jeunes commencent à voler entre le 15 et le 20 juillet. Cette année (1867) aussi, un couple d'Aigles couve dans le voisinage de Pontrésina. Les petits se battent quelquefois entre eux pour la proie qui leur est apportée et le plus fort s'empare du tout. Leur nourriture consiste principalement en marmottes et perdrix blanches. Les débris de chair qui restent dans le nid attirent des essaims de mouches et 1 Camogasc, petite vallée latérale de la Haute-Engadine. * Sils, premier grand village de la vallée, à l'extrémité du lac supérieur de la Haute-Engadine. 132 FAUNE ORNITHOLOGIQUE d'autres vermines qui se meltent sur les petits aiglons et les incommodent fort. 28. Strix Bubo [Graiid-duc. Grosse Ohrheule). Cet oiseau n'est pas très-rare dans la Haute-Engadine, et son cri est bien connu de tout le monde. Le 17 décembre 1861, j'ai vu un Grand-duc posé sur une perche télégraphique entre Samaden et Pontrésina. MM. Biveroni et Kra3llli_, de Devers, assurent avoir entendu le cri de ce Hibou pendant l'hiver. II OISEAUX QUI NICHENT DANS LA HAUTE- ENGADINE, SANS Y PASSER L'HIVEK ^ A. Espèces gui nichent dans la Haute-Engadine et ne s'en éloignent, durant V hiver ^ que juste assez pour trouver leur nourriture, soit qui s'écartent peu de la localité. ^ B. Espèces qui nichent dans la Haute-Engadinc, mais se livrent chaque année à des migrations lointaines. A 29. Falco tinnunculus [Crescerelle. Thurmfalke). Ce Faucon est as- sez commun dans la vallée, et arrive déjà au commen- cement d'avril. Un exemplaire de cette espèce passa chez * La subdivision de ce chapitre II en paragraphes A el B me semble un peu arbitraire, ou tout au moins assez hasardée pour bien des espèces. V. F. 2 Parmi les espèces que M. Saratz fait rentrer dans le premier para- graphe de ce second chapitre, il en est cinq que nous croyons y avoir été citées par erreur et devoir plutôt trouver leur place daus le pa- DE LA HAUTE-ENGADINE. 133 nous l'hiver de 1864 et semblait s'attacher particulièrement à poursuivre leCinclus aquaticus. 30. Astur palumbarius {Autour. Taubenhabicht]. L'Autour n'est pas rare ici; son impudence bien connue lui a valu le sur- nom de vautour des poules- 31. Astur Nisus [Epervier. Sperber). Cet oiseau se montre assez fréquemment dans la contrée. 32. Buteo vulgaris [Buse. Gemeiner Bussard). La Buse n'est pas aussi commune que l'Autour. 33. Strix otus [Moyen- duc. Mittlei^e Ohreule). Cette espèce a été vue plusieurs fois sur son nid. 34. St. Aluco [Hulotte. Wald-Kautz). Depuis onze ans, cette Chouette annonce régulièrement son arrivée, le 3 mars, par un cri sonore et bien particulier. 35. Strix flammea [Effraie- Schleiereule] . On dit que M. Walther a vu une femelle d'Effraie couvant à Silvaplana. Je ne l'ai pas observé moi-même. 36. Corvus Cornix (C'ornei//e wmwfe/ee. Nebelkrdhe). Celte espèce se montre çà et là parmi les Corneilles noires. L'année passée (1866), j'ai rencontré, entre autres, une curieuse Corneille dont le plumage, presque entièrement blanc, ne présentait que quelques taches noires ou d'un brun noirâtre; je ne saurais affirmer si c'était un Corvus Cornix ou une variété du Cor. Corone. 37. Pyrrhocorax Pyrrhocorax [Choquard. Alpenkrdhe) . Les Cho- quards vivent en grandes bandes dans nos montagnes. Toute une colonie de nids se trouvait, il y a quelques années, dans une paroi de rochers du val de Fain. ^ 38. Pyrrhocorax Graculus [Coracias. Steinkrdhe). Cet oiseau est ragraphe (B) des espèces qui exécutent chaque année des migrations lointaines ; ce sont les Upupa ppops, Ynnx torquilla, Cucidus canorus, Perdix coturnix et Gallinula crex, que nous repousserons donc plus loin. y. F. * Val de Fain, petite vallée s'ouvrant à l'est du passage de la Bernina, à un niveau d'environ 2150 mètres. 134 FAUNE ORNITHOLOGIQUE plus abondant chez nous qu'on ne le croit généralement et se montre presque toujours par couples. Au printemps et en automne, il vient jusque dans la vallée chercher les insectes sur les prairies exposées au soleil. En été, il habite la région des forêts. 39. Turdus viscivorus (Draine. Misteldrossel) . Cette espèce est, parmi les (irives, la plus commune dans notre vallée. C'est elle qui, avec le Fringilla Cœlebs, chante la première au printemps et qui vient animer les forêts bien avant que les arbres aient repris leur beau feuillage. Après avoir couvé, elle se relire dans les parties les plus élevées des bois où elle demeure jusqu'à son départ. Elle revient vers la fin du mois de mars. 40. Tur. pilaris [Litorne. Wachholderdrossel] . La Lilorne n'est pas commune ici, et c'est presque toujours en hiver que je l'ai vue; cependant je suis porté à croire qu'elle niche par- fois chez nous. Durant l'hiver de 1862, j'en ai vu une con- tinuellement dans nos jardins. 41 . Turdus torquatus [Merle à plastron. Ringamsel). Cette espèce revient chez nous quelques jours plus tard que la Draine. Elle se lient, en été, à la limite supérieure des forêts, dans les broussailles de rhododendrons, de genévriers et de myr- tilles. 42. Tur. saxatilis (.1/er/e de roc/ie. Steindrossel). Cette jolie espèce est rare dans notre vallée ; cependant je l'ai vue déjà à plu- sieurs reprises, et des petits ont été pris au nid dans le voisi- nage de Samaden. 43. Sylvia rubecula [Rouge-gorge. Rothkehlchen). Moyennement abondant, mais nichant régulièrement. 44. Syl. phœnicurus [Ronaignol de murailles. Gartenrothschwanz) . Assez rare. Il arrive au mois de mai. 4o. Syl. Tythis. [Rouge-queue. lïau.'^rotksclucanz) Ce modeste chanteur est chez nous le Jk'c-lin h; |)lus commun. Il ha- bile les Alpes depuis les vallées les |)lus basses jus(]u'à la limite des neiges, partout où il trouve un sol pierreux. Les DE LA HAUTE-ENGADINE. 135 Sylvia Tythift, Fr. nitalis, Ace. alpimis, Sax. OEnanthe elMot. alba sont les seuls petits oiseaux qui viennent animer la solitude des glaciers. Le Rouge-queue arrive vers la fin d'avril et peu de temps après la femelle couve déjà. 46. Troglodytes vulgaris [Troglodyte. Zaunschlœpfer). Pas rare. 47. Accentor modularis [Accenteur Moiichet. Hakenhraunelle]. J'ai vu souvent cet oiseau s.iutillant dans les branches, mais toujours solitaire. 48. l^Q\,zz\\\■aL z\h^ [Bergeronnette grise . Weisse Bachstelze). Cette espèce revient déjà au mois de mars; les premiers individus arrivent isolés, les suivants par grandes troupes. La Ber- geronnette grise se tient dans le fond de la vallée aussi longtemps que la neige n'est pas fondue sur la montagne ; mais elle monte Lien vite sur les hauteurs après la fonte, et se plaît alors dans le voisinage des ruisseaux. 49. Mo. sulphurea [Bergeronnette jaune. Graue Bachstelze], Assez rare et toujours près des rivières. 50. Anthus arboreus [Pipit des buissons. Baumpieper) . Çà et là dans les clairières et dans les prairies au bord des bois. 51 . An. aquaticus.(Spîo?îce/Ze. Wiesenpieper) . Cette espèce revient par grandes troupes au mois d'avril et cherche sa nourri- ture, au printemps, dans les prairies humides. Plus tard, elle s'élève pour nicher sur les montagnes. Enfin, avant d'é- migrer, elle revient pendant quelque temps près des villages et nous quitte vers le milieu d'octobre. 52. Alauda arvensis {Alouette des champs. Feldlerche) . Jusqu'à présent, je n'ai remarqué que celte seule espèce d'Alouette; encore n'est-elle pas très-commune. Elle revient générale- ment au commencement d'avril; cependant j'en possède un exemplaire dans ma collection qui fut capturé le 23 février. Elle émigré dans la seconde moitié d'octobre. 53. Emberiza hortulana [Ortolan. Gartenammer] . Ce Bruant n'est pas commun; cependant il doit habiter notre contrée chaque été, ainsi que me l'ont assuré des chasseurs de Saraaden qui ont appris à connaître cet oiseau en Italie. 136 FAUNE ORNITHOLOGIQUE 54. Fringilla Cœlebs (Pinson. Buchfink). Le Pinson est chez nous le plus commun des petits granivores. Ses chants joyeux retentissent des le mois de mars, et contribuent pour une large part à l'animation de notre contrée. 55. Fr. linaria (?)i (St-eri?i. Leinfink). Cette espèce est assez rare; cependant l'on m'en a apporté des petits. 56. '^ F. citrinella {Venturon. CUronenzeisig). Voyez note 2. 57. 3 Fr. Spinus [Tarin. Erlenfink). Voyez note 3 et plus loin ch. III. n° 57 bis. 58. Picus martius [Pic noir. Schwarzspecht) . Ce grand Pic de- vient de plus en plus rare, au fur et à mesure que l'on coupe des arbres dans nos forêts. J'en ai cependant tué plusieurs exemplaires et j'ai vu également la femelle couvant. 59. Pi. major [Epeiche. Grosse Buntspecht). L'Epeiche est parmi les Pics l'espèce la plus commune. GO. Pi. viridis (Pic vert. Griinspecht). Il est curieux de remarquer que ce Pic, autrefois très-rare, se montre maintenant assez souvent. Cl. Coîutnba Palumbus (Ramier. Ringeltaube). Ces Pigeons arri- vent en assez grandes troupes vers le F"" avril. ' Je pense que ce n'est point le Sizerin cabaret /"Fr. linariaj, mais plu- tôt le Sizerin boréal {Fr. borealisj, que M. Saratz a voulu citer ; du moins, je crois bien me souvenir que les individus que j'ai vus dans sa collection appartenaient h cette dernière espèce. En tout cas, c'est toujours le Fr. borealis que j'ai rencontré nichant ailleurs dans nos Alpes jusque sur le bord des glaciers. V. F. * Il est fort probable que le Venturon (Fr. citrinella) doit trouver ici sa place. J'ai vu, en effet, cette espèce nicher partout communément dans nos Alpes, jusqu'à la limite des forêts, ainsi qu'à une élévation et dans des conditions semblables à celles de l'Engadine. V. F. * Je pense que l'on devrait ajouter aussi à ce paragraphe le Tarin (Fr. spinusj, que M. Saratz laisse dans les oiseaux purement de passage et qui, sans s'élever aussi haut dans les Alpes que l'espèce précédente, vient cependant niciicr dans nos forOts supérieures. M. de Salis a vu. en juin 1857, plusieurs Tarins dans les environs de St-Moritz, dans la Haute- Engadine. (Jahresbericht der naturf. Gescll. Graubiindlens, 1861-62, p. 137). V. F. DE LA IIAUTE-ENGADINE. 137 62. Totanus hypoleucos [Guignettc. Trillernder Wasserlâufer) . Celte espèce de (^Jievalier est la plus commune chez nous. J'ai vu la femelle sur son nid. 63. Totanus fuscus [Chevalier Arlequin. Langfûssiger Strand- Iniifer). De temps à autre. 64 . Anas Boschas [Mnrèche, Stockente) . C'est peut-être la seule es- pèce de Canard que l'on ait vue couver ici; elle a niché près de^t-Morilz, mais irrégulièrement. Durant leurs migra- lions, ces oiseaux s'arrêtent assez longtemps sur nos lacs et y demeurent quelquefois pendant l'hiver. B 6.T ^ Turdus iliacus [Mauvis. Wei?idrossel]. Voyez à la noie 1 et au ch. [II, n^ 65 bis. 66 2 Sylvia Nattereri (Pouiitotde Natterer. Weissbauchiger Laub- sdtiger) . Voyez note 2. 67. Saxicola OEnauthe [Traquetmotleux. Grauer Steinschmàtzer). Le Traquel motleux est abondant dans la contrée ; cepen- dant il paraît assez tard et nous quitte de très-bonne heure. 68. Sa. Rubetra [Traquet tarier. Braiinkehligcr Steinschmàtzer) . Assez commun. Il nous quitte à peu près dans le milieu de septembre. 1 Je pense devoir introduire ici au moins le nom de cette espèce que M. Saratz ne mentionne que parmi ses oiseaux purement de passage. Je l'ai rencontrée, en effet, au mois de juin dans le val de Roseg, où elle nichait bien probablement cette année-là. (Le val Roseg, qui conduit au Glacier de ce nom, s'ouvre en face de Pontrésina.) V. F. 2 J'ai trouvé à plusieurs reprises le Sylvia (PhyllophneusteJ Nattereri très-abondant dans les forêts de mélèzes du val Roseg, près de Pontrésina, en mai et en juin. Je crois donc devoir compléter sur ce point le cata- logue de M. Saratz, auquel cette petite espèce avait jusqu'ici échappé. Ce Pouillot niche, du reste, et se trouve communément dans toutes nos Alpes, y. F. 18 138 FAUNE ORNITHOLOGIQUE 69. Cucolus canorus (Coî/cow. KukuJî]. Si le temps est beau, le Coucou paraît déjà au milieu d'avril; si par coiilre la saison est mauvaise, il n'arrive alors que dans le commencement de mai. Le premier cliant se fait entendre dans les pre- miers jours de mai et le dernier au commencement de juillet. 70. Yunx torquilla [Torcol. Wendehals] . On le rencontre çà et là. 71 . Upupa epops {Huppe. Wiedehopf). La Huppe n'Sst pas rare. On a vu la femelle de cet oiseau couvant près de Sulz. ^ 72. Hirundo rustica {Hirondelle de cheminées. Hauchschwalbe] . Si le temps est beau, celte Hirondelle apparaît entre le pre- mier mai elle milieu de ce mois. 73. H. urbica [H. de fenêtre. Hauchschwalbe). Cette espèce arrive généralement un peu après la précédente. 74. Cypselus murarius (Martinet noir. Mauersegler). Très-com- mun dans la vallée. 75. Perdix coturnix (Cai^^e. Wachtel). La Caille est, dans certaines années, très-abondante dans toute l'Engadine. J'en ai tué une près des auberges de la Bernina. ^ Il est parfaitement certain que celle espèce niche ici, car l'on m'en a apporté des petits qui ne pouvaient point encore voler. 76. QiWiuvilai Crex [Roi-de- Caille. Wiesenralle). Le Roi-de-Caille a été trouvé de temps à autre couvant dans les prairies hu- mides. 1 SiUz, village situé dans le fond de la vallée principale, à 1712 mètres, non loin de Scanfs et au plus ù 1 i/g heure de la Basse-Engadine. ■^ .4 2100 mètres environ, au-dessus de la mer. DE LA IIAUTE-ENGADINE. 139 m OISExVUX PUREMENT DE PASSAGE Quelqties-ims se montrant régulièrement dans leurs passages, au printemps it en automne ; d'autres séjour- tiant quelquefois en hiver dans la contrée; d'autres, enfin, ne paraissant qti irrégulièrement , ou de temps à autre dans la vallée. ^ 77. Vultur leucocephalus (fulvus) [Vautour fauve. Weisskôpfigcr Gcyer). Un individu de celle espèce a été tué le 12 octobre 1866 à Sulz par M. Rascher ; il figure maintenant dans le musée de l'Ecole cantonale à Coire. 78. Falco subuteo [Hobereau. Baumfalke) . En passage de temps à autre. 79. Fa. iEsalon [Emérillon . Blaufalke). Cette espèce doit être également considérée comme de passage dans notre contrée. 80. Milvus regalis [Milanro\jal. Rother Milan] . J'ai reconnu cette espèce à son passage dans la vallée. 81. Circus cineraceus (Busard Montagv . Wiesenweihe) . Je pos- sède un exemplaire de ce Busard qui fui tué à Cellérina . ^ 82. Corvus frugilegus [Corbeau Freux. Saatkràhe). Cet oiseau se montre rarement dans la contrée ; toutefois, j'ai vu encore ce 1 Les observations sur les oiseaux d'eau sont ici mallieureusement beau- coup moins circonstanciées que sur les espèces d'autres groupes. Cela doit tenir en majeure partie h la distance qui sépare Pontrésina des lacs de la vallée. Néanmoins les individus de diverses espèces qui ont été apportés à M. Saratz, et les quelques données qu'il a pu recueillir chez les chasseurs engadinois, composent une liste intéressante et comparativement très-nombreuse d'oiseaux aquatiques passantou séjournant à ces grandes hauteurs, cela dans une saison tardive et déjà très-froide. V. F. ' Cellérina, village dans le fond de la vallée principale, à 40 minutes environ de Pontrésina. 140 FAUNE ORNITIIOLOGIQUE mois-ci (février 1867) plusieurs Freux qui ont passé l'hiver chez nous el vont inainlenaul par couples, cherchant leur nourriture dans le fumier près de Samaden. ^ 83. Garrulus glandarius [Geai. Eichelheher). J'ai rencontré plu- sieurs fois en octobre des bandes de 3 à 400 de ces oiseaux. Il est irès-rare de les voir en été. 84. Bombycilla garrula {Jaseur. Seidenschwanz], J'ai lue, en jan- vier 18G7, un individu de cette espèce dans mon jardin à Ponirésina, et l'on en tua encore un second en février. C'est la première fois que l'on a vu ces oiseaux dans l'En- gadine. 83. Oriolus Galbula [Loriot. Pirol] . Le Loriot a été tué près de Sil- vapluna. 86. Sturnus ^ulgans [E louymeau . Gemeiner Staar) . Celle espèce se montre assez souvent au printemps. 87. Lanius Collurio (spinitorquus) [Pie-grièclie écurcheur. Rulk- rûckiger Wiirger). J'ai vu un jour un de ces oiseaux déchi- rer une Mésange boréale. 88. La. minor [P. G. à poitrine rose. Schwarzstirniger Wûrger). On voit assez souvent ce Lanius en avril ou au commence- ment de mai, mais toujours solitaire. 89. Musicapa atricapilla [Gobe-mouche, Bec-figue. Scliicarzriic- kiger F lie g en f an g er). - J'ai tué au printemps un de ces Gobe-mouches dans mon jardin. 65 bis. Tu. iliacus [Mauvis. Weindrossel] . Cette espèce se montre souvent à son passage. (Voyez plus haut n" 6o el en noie). 90. "^ Sylvia cinerea [Fauvette grisetle. Fahler Sdnger]. Voyez note 3. 1 Peut-être cette espèce nicliel-ellc quelquefois dans la coiitr(jc, et de- vrait-elle être portée au cli. II. V. F. 2 Cette espèce niche assez communéiucnl dans nos vallées alpestres, et en particulier dans le voisinage de Meiriiigen, mais toujours à un niveau assez inférieur ."i celui de l'Eiigadino. V. F. * J'ai vu un individu de cette espèce (Syl. cinerea) en juillet 1865, dans un buisson de Salix pcntandra, non loin du lac de St-3Ioritz. V. F. DE LA IIAUTE-ENGADINE. 141 91. 1 Sy. atricapilla [Fauvette à tête noire. Schwarzkopf). Voyez noie I . 92. Sy. Luscinia {Rossignol. iXachtigall]. Le 22 aoùl, un individu de celle espèce fut trouvé mon devant ma maison. M. le fo- restier Emmermann assure avoir vu et entendu chanter ces oiseaux dans notre contrée. En tout cas, ils y paraissent très- rarement, 93. Sy. suecica [Gorge-bleue. Blaukeldchen) . On voit très-rare- ment le Gorge-bleue chez nous ; cependant, j'en possède un exemplaire capturé dans les environs. 94. Sy. trochilus (Poui7/o^ Fitis. Weidenlaubsdnger]. Se montre assez souvent au printemps. 95. 2 Sy. sibilatrix [Bec- fin sijfleur. Grûner Sdnger], Voyez note 2. 96. Sy. Hyppolaïs [FauveAle à poitrine jaune . Gelbbauchiger Sàn- ger]. En passage. ^ 97. Parus cœruleus [Mésange bleue. Blaumeise). Cet oiseau a été observé à Silvaplana. 98. Pa. caudatus [Mésange à longue queue. Schwanzmeise] . Vers la lin de l'automne ces Mésanges parcourent en familles les lisières des petits bois. Je les ai souvent vues à celle époque, mais jamais en été. 99. Emberiza Cia [Bruant fou. Zippammer) . J'ai tué un exem- plaire de cette espèce près de Silvaplana. * ^ J'ai parfaitement reconnu le cliant de cette Fauvette fSyl. atricapilla) eu juillet 1865, dans des buissons au-dessus de Bevers, non loin de Sa- maden. Il me semble fort possible que cette espèce et la précédente, qui s'élèvent assez haut dans nos Alpes, passent parfois inaperçues dans l'Engadine ; peut-être même y nichaient-elles cette année-là. V. F. 2 J'ai rencontré quelquefois cette espèce au printemps dans la Haute- Engadine. V. F. * Cette note sans commentaire de M. Saratz ne permet pas de décider si c'est VHyppolais polyglotta ou VHyp. ipterina dont il entend parler. Peut-être même cette citation doit-elle plutôt se rapporter au Phy. sibila- trix omis par lui et cependant vu et tué par moi. V. F. * Ce Bruant niche très-communément dans quelques-unes de nos vallées 142 FAUNE ORNITHOLOGIQUE 100. Fringilla montifringilla {Pinson des Ardennes. ^ Bergfink]. Celle espèce, qui se montre rarement chez nous, apparaît ce- pendant quelquefois par lrès-|Trands vols durant la mauvaise saison. Pendant les tourbillons de neige de janvier 1867. l'on vil, entre autres, un grand nombre de ces oiseaux en Engadine; ils étaient lellenienl fatigués que les gamins pouvaient. les prendre à la main sans qu'ils opposassent aucune résis- tance. 101- Fr. cannabina [Linotte. Gemeiner lidnfling). La Linotte a été vue près de Samaden. 102. Fr. cdiTinelis [Chardonneret. Distelfink). De même vu près de Samaden. 57 bis. Fr. Spinus [Tarin. Erlinfînk). J'ai observé cet oiseau près de Ponlrésina. (Voyez plus haut n° o7 et à la note). 103. Fr. linaria [Sizerin cabaret. Leinfink]. Se montre rarement. 104. Alcedo ispida (i]/arfin-pec/i-ei/r. Gemeiner Eisvogel). J'ai vu un de ces oiseaux près de Sils, et, à la fin du mois d'août, j'en ai rencontré un autre près du Morteralsch. ^ 105. Columba Turtur [Tourterelle . Turteltaube). J'ai vu une Tour- terelle à Pontrésina et l'on en a tué quelques-unes près de Samaden. 106. Oedicnemus crepitans fOedicnème. Steinwàlzer) . Tel oiseau n'es! pas rari' dans le moment du passage. 107. Charadrius auratus (Pluvier doré. Goldregenpfeifer) Un in- dividu fut trouvé gelé au moment du passage. 108. 3Cha. Hiaticula (Grand Pluvier à collier. Halsbandregen- pfeifer). Voyez note 3. alpestres, quoique 5 un niveau toujours assez inférieur. Dans les forêts qui dominent le villngc de Meiringen. dans le canton de Derne, entre autres. V. F. ' Près de Genève le ilirolon, V. F. ^ Cilacier de ce nom, descendant jusque dans la vallée de Pontrésina,à une heure et demie environ du village. ' J'ai vu, vers le milieu de mai, un individu de cette espèce {Ch. Hiati- cula) au borddel'Inn, non loin de Samaden. V. F. DE LA HAUTE-EiNGADLNE 443 I passage plus ou moins régulier dans la vallée. 1 109. Vanellus cristatns (Vanneau huppé. Kiebitz). 110. Ardea cinerea {Héron cendré . Grauer Reiher). 111. Ar. minuta (Blongios. Kleine Rohrdrnmmeï) . 1 12. Tringa minuta [Bécasseau échasses. Kleiner Slrand- J l du fer). Rare. 113. Totanns ochropus (C/ieua^ier CMZ-^Zanc. Punctirterf De Wasserldufer) . 114. Scolopax rusticola [Bécasse. Waldschnepfe) . 115. Se. major [Bécassine double. Doppelschnepfe) . 116. Se. Gallinago {Bécassine. Rietschnepfe] . 117. Se. Gallinula [Bécassine sourde . Moorschnepfe] . 118. Rallus aquatieus [Râle d'eau. Wasserralle) . 119. Gallinula chloropus [Poule d'eau ordinaire, Griin fûssiges Rohrhuhn). 120. Gall. porzana {Marouette . Pu'nctirtes Rohrhuhn) 121 . Fulica atra (Foulque. Blasshuhn). 122. Podieeps minor [Castagneux. Kleiner Steissfuss). N'est pas rare au passage. 123. Podieeps rubrieollis (Grèbe jou-gris. Graukehliger Steiss- fuss). De passage. 124. Sterna Hirundo (Hir. de mer, pierre-garin. Rothfussige Seeschwalbe) . 12o. Larus ridibundus (Mouette rieuse. Lachmôve) 126. La. tridaetylus(iW. tridactyle . Dreizehige Move) 127. Larus flavipes [Goéland à pieds jaunes. Gelbfûssige Môve). J'ai reçu un exemplaire de cette espèce, tué à la fin de dé- cerabre 1869, près de Silvaplana. 128. La. argentatus {Goéland à manteau bleu. Silbermôve] . J'ai Sur les lacs et le long des rivières, mais rarement. ^ * Je retrouve dans mes notes sur l'Engadiue, que l'on m'avait signalé la Cigogne /'Ciconia albaj, comme de passage accidentel. Je n'ose pas toute- fois l'introduire dans cette liste, puisque l'auteur ne l'a pas fait et que je n'ai pas vu moi-même le dit oiseau dans la contrée. V. F. 2 Je lis encore dans mes notes sur l'Engadine la citation de la Sterna minuta. Je la laisserai cependant de côté, comme la Cigogne, et pour les mêmes raisons. V. F. iU FAUNE ORNITIIOLOGIQUE 129 130 131 432 133 134 135 136 137 138 139 140. 141. 142. 143 U4. reçu égalemonl un Goiilaiid de celte espèce, lue en janvier 1870, près de Bevers. La. Lestris (?) {Stercoraire. liaubmuve). Rare. ^ Anser cinereus (Oie cendrée. Wilde Gans]. On voil ici pres- que clia((ue année des bandes de cel oiseau. Anas acuta [Canard Pile t. Spiessente] kn.Vendofe [Canard si ffleur. Pfeifente] An. clypeata [C. Suuchet. Lôffelente). An. strepera [C. Ckipeau. Schnalttrenle) An.fusca(C. double macreuse. Sammet ente) . On tue chaque nnnée beaucoup de Canards sur les lacs d'Engadine. Malheu- reusement l'éloigne- rnent de Pontrésina m'enipèciie Ja plu- part du temps de voir ces oiseaux, et il en An. Nyroca 'C. Xijroca . Weissauqige Ente) V'' P^" X', -^T^?' J -J ■' ^ ipar le défile de la , An. fuligula (f. Morillon. Reiherente). /Bemina.^ , Anas clangula [C. Garrot. Schellente) An. querquedula {Sarcelle d'été. Kndck- ente] . An. crecea [Sarcelle d'hiver. Kriechente). Mergus Mergauser [Grand Harle. Gdnse- sàger) . Mergus Serrator (Ilarle huppé. Lang-/ schndbeliger Sager] . ColymbuB glacialis [Plongeon Imbrin. Eistaucher). Co. septentrionalis [PI. ('at. marin Rothkehliger Seetaucher). M.'Walther, à Sil- 'vaplana, qui a em- paillé autrefois beau- coup d'oiseaux, m'a dit qu'il avait tué et préparé, jusqu'en 1841 où sa maison fut brûlée avec sa collection, au moins 14 à 18 espèces de [Canards. * * Je ne saurais préciser quelle espèce de Ltstris M. Saratz a voulu en- tendre sous ce nom de Larus Lestris. Est-ce peut-être le Pomarina qui se tue souvent sur les lacs suisses? ou bien est-ce le Cataractes, plus rare chez nous, mais plus septentrional? V. F. 2 Les oiseaux trouvent, en effet, un débouché bien plus facile par le pas- sage de la Maloya qui, comme nous l'avons dit, les amène sans montée sur les pentes méridionales de la chaîne des ,4.1pes. V. F. 3 .le retrouve, dans mes notes, la citation en Engadiue dos/l/ias ferina et Colymbus arctirus ({no je ne veux cepcu