BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE D'ARCACHON TRAVAUX DES LABOIIATOIRES UNIVERSITÉ DE BORDEAUX ET SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE D'ARCACHON QUINZIÈME ANNÉE (1913) BORDEAUX ■ FERET & Fils, Libraires-Editeurs I 9 — Rue de Grassi — 9 -j ] i 1913 ; NOTE SUR PAUr. BEllGON ET SES TRAVAUX DIATOMOLOGIQUES La Dialomologie a fait en la personne de Paul Bergon une perte considérable. J'allais écrire irréparable. Chercheur passionné, observateur infatigable, esprit éclairé et avisé, savant instruit et richement- documenté, il a enrichi les branches les plus ardues de la Diatomologie de connaissances d'autant plus précieuses que sa scrupuleuse conscience lui a toujours interdit de publier quoi que ce soit, non seulement qui ne fût ou ne lui parût exact et prouvé, mais encore qui ne se rattachât d'une façon continue à une série de faits connexes, également certains. A la période actuelle où la science tend à devenir une profes- sion, où le moindre fait nouveau fait l'objet d'un mémoire écrit pour « prendre date», BERGONest resté dans la tradition ancienne. Ses publications sont des documents. H y est resté aussi dans ses procédés d'observation et c'est là le secret de ses décou- vertes. Sans négliger les procédés de coloration et de fixage qu'il a au contraire poussés à un haut degré de perfectionnement, Bergon a surtout interrogé la nature et la nature lui a répondu. Sa méthode a toujours été celle de l'ilUislre Fabre. Examiner sans relâche, patiemment, jour et nuit, les êtres vivants en poursui- vant un but actuel bien défini, par exemple la sporulation d'une Dialoniée, mais en conservant toute sa liberté d'esprit, notant tout ce qui parait digne d'intérêt en dehors de ce but actuel, dessiniint tout ce qui paraît nouveau, surtout incom[)réhcnsible, mnis sans se laisser distraire hors de la mesure indispensable du but actuel poursuivi, cela amène, sans (pi'on y pense, à constituer des dossiers qui s'enrichissent peu à peu et qui un 0 BULLETKX DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACIION 1913 [2] beau jour s'éclairent et conduisent à une piste nouvelle que l'on suit à son tour. C'est de tout cela que sont remplis les albums de Bergon et souvent le second pas dans une voie nouvelle ne vient relier les premiers et troisièmes que bien longtemps après et les éclairer. Parallèlement à cette étude des matériaux vivants, l'étude des matériaux fixés et colorés progresse en se révélant [Kir compa- raison juste ou fausse, utile ou nulle. C'est ainsi que BeuggiN est arrivé à constater la grande fragilité de la cellule des Diatomées pélagiques, à perfectionner à l'extrême ses méthodes de récolte et à trouver les meilleurs moyens de fixage des récoltes suivant les espèces qu'on y recherche. Car ce qui suffit avec l'une est insuffisant avec l'aulrô et il faut arriver à distinguer si l'obser- vation d'une Diatomée fixée révèle des détails intéressants d'une structure réelle ou ne présente que l'aspect illusoire d'éléments altérés ou déformés parle fixage lui-même. Et puis comment décider si une spore est mobile, si on ne l'a pas vu vivre et se mouvoir, et comment reconnaître si telle sphe- rule est ou non une spore qui a été mobile, si on n'a pas suivi les phénomènes de la vie et de la mort de cette spore ? C'est pour rester fidèle à cette voie d'honnêteté scientifique absolue que Bergon a laissé dans l'ombre et perdu ou risqué de perdre bien des découvertes importantes. Entre sa première découverte de la sporulation du Blddulphia mobiliensis et sa première note à ce sujet, deux ans se sont écoulés. Le phénomène bien constalé nous en avons, lui et moi, reconnu la fréquence et pour ainsi dire la banalité. On peut donc dire que sa découverte était entre les mains de quiconque eût observé comme lui; mais qui se soucie d'examiner pendant des heures et des jours des centaines de goultcs d'une récolle à première vue banale de ce Biddulphia si commun, qui donc sinon Bergon ! Aussi a-t-il pu attendre pour sa première noie qu'il ait constitué un premier ensemble de faits permellant un aperçu certain du phénomène. Comme tout bon observateur, Bergon possédait une extrême habileté manuelle. D'ailleurs, la fonction crée l'organe. Manier des corpuscules microscopiques sous le microscope composé n'était qu'un jeu pour lui et comme d'autres il eût pu faire ces [3] NOTE SUR PAUL BERGON ET SES TRAVAUX DIATOMOLOGIQUES 7 « type plates » qui surprennent si vivement ceux qui les voient pour la première fois. Il n'en a jamais fait, bien qu'il ait trié tant de types isolés. Ce qu'il faisait couramment était bien plus difficile que de manier des Diatomées à sec au bout d'un poil. C'est dans leur milieu môme, dans l'eau de mer qu'il les dépla- çait soit pour les isoler dans des gouttelettes du môme milieu pour les ensemencer, soit pour les transporter dans des goutte- lettes d'eau douce où elles mouraient en séchant, révélant au moment même de leur dessiccation tous les détails des produc- tions plastiques externes, poils, crôtes, etc., si peu connues et si difficiles à colorer. Outre l'observateur, il y avait chez Bergon un chercheur aussi remarquable qu'infatigable. Gomme les meilleurs botanistes, il avait ce don, cette intuition qui sur le terrain dirige le cher- cheur vers l'endroit où se trouve ce qu'il cherche. Que d'hybri- des d'Orchidées n'a-t-il pas découverts, que de riches récoltes do Diatomées n'a-t-il pas faites en des lieux réputés infertiles ! Au début de sa longue période de cures à Arcachon, il avait écrit à un des plus renommés préparateurs d'Allemagne et lui avait demandé s'il désirait qu'il lui cherchât quelque chose. Le micrographe allemand lui répondit :« Inutile de chercher des Diatomées à Arcachon, j'ai fait cette station, il n'y a rien. » Il y a trouvé de tout : Planktons merveilleux, epiphytes et vasicoles de toute nature, argiles fossiles merveilleuses, jusqu'à cette curieuse transition, encore en place, des espèces d'eau douce actuelle aux espèces marines quaternaires qui, pour tout savant impartial, résout le problème de l'origine marine des lacs litto- raux de Gascogne, origine qui n'est plus contestée que par quelques esprits systématiques qui ne peuvent abandonner leurs idées anciennes et luttent contre l'évidence. Gar il existe de ces esprits. Certes, une idée, une directive est nécessaire à la conduite d'une série de recherches biologiques, on ne peut observer avec fruit si l'on marche au hasard. Autant que tout autre, peut-être plus, Bergon a marché sur des théories, sur des idées préconçues. Il les défendait avec ardeur et acharnement, mais il n'en était pas l'esclave et il cherchait toujours, sinon un contradicteur, du moins une discussion, non pour discuter mais pour s'éclairer et mettre en évidence les points faibles de ses idées. C'est un rôle que j'ai joué bien 8 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1913 [4] souvent auprès de lui, mes approbations l'encourageaient, mes objections le contrariaient tout d'abord, puis le faisaient réfléchir, puis un jour ou l'autre, grâce à ses patientes observations, un fait surgissait qui venait nous fixer. Ce fait s'il lui était con- traire, mais s'il se présentait dans des conditions d'observation certaines, réglait la question, il le subissait, ne le discutait pas, ne cherchait pas à le plier à sa théorie; les idées contraires qu'il s'était faites étaient purement et simplement abolies ; il fallait orienter les recherches dans un autre sens, et voilà tout. Chez Bergon, le dessinateur n'était cependant pas à hauteur de l'observateur. Le dessin des structures ininutieuses des Diatomées réclame, outre une grande habileté manuelle, qui est un don spécial, une grande dose d'une patience toute particulière, patience passive si l'on peut dire; celle de Bergon était surtout une inlassable et active persévérance. Il a cependant énormé- ment dessiné, il a dessiné tout ce qu'il a vu et qui lui a paru intéressant, mais ses dessins sont plutôt de lumineux croquis mettant en évidence des détails intéressants que des dessins complets, bons à être reproduits tels quels. Aussi a-t-il dû, lorsqu'il a publié ses ouvrages, avoir recours à des dessinateurs professionnels avec lesquels il a eu d'interminables démêlés, car s'il n'était pas minutieux, il était méticuleux. Les épreuves corrigées et recorrigées de ses planches que je possède sont là pour en faire foi. Admirable et habile photographe, comme on le sait, sa pre- mière idée a été de faire appel à l'objectif pour reproduire la structure si délicate des Diatomées. Malgré tout ce que j'ai pu lui dire à ce sujet, il a procédé ainsi pour ses dessins à' Entogonia. Il a fait ou fait faire de magnifiques clichés qui ont donné de déplorables images scientifiques. D'après ce que j'ai dit plus haut de son caractère, cette expérience l'a éclairé, la cause a été jugée, il n'y est plus revenu. S'il m'a demandé plus tard quelque clichés, ce n'a été que pour constituer des documents qui puissent au besoin être opposés à ses contradicteurs éven- tuels, clichés dont il s'est bien gardé de publier des épreuves et dont il n'a d'ailleurs pas eu a se servir, sa réputation étant établie à ce moment (1). 1,1) Ce n'est que dans ses dernières années qu'il s'était adressé à mon fWre et à >OTE SUR PAUL BERGON ET SES TRAVAUX DIATO.MOI.OGIQUES Comment Bergon a-t-il été amené à étudier les Diatomées? Je ne le sais pas au juste, mais je suppose que, comme la plupart des diatomistes qui se sont fait un nom dans cette branche de l'algologie si négligée jusqu'à ces derniers temps par les « savants » professionnels, il y a été amené par la botanique. En tous cas, il a débuté jeune dans cette étude. Je l'ai connu à Nimes en 1886 ou 1887, lors d'un voyage qu'il fit dans le Midi. Il était déjà au courant de la Diatomologie et nous allâmes ensemble faire des récoltes pélagiques sur l'étang de Berre. C'est à cette époque qu'il fit la connaissance des diatomologistes de Montpellier, de Guinard entre autres. J'ai trouvé dans sa collection des récoltes de 1885 à Yillefranche, de 1888 et 1889 sur la côte normande, toutes pélagiques; il a, selon toute vrai- semblance, abordé l'étude des Diatomées vers sa vingtième année. Dès le moment où je fis sa connaissance, nous nous liâmes d'une très profonde et très intime amitié, car tous nos goûts scientifiques, artistiques et littéraires se trouvaient d'accord; son caractère simple et charmant, son amour de la science, son éducation raffinée le rendaient immédiatement sympathique et je peux dire que pendant les vingt-six ans qu'ont duré nos relations, aucun nuage, si léger qu'il fût, n'est venu voiler l'intime éclat de notre amitié. A cette époque, il était plein de santé, c'était un aimable et gai compagnon. Jusqu'à son arrivée à Arcachon, en 1911, Bergon fut simple- ment un collectionneur; il organisa et accrut sa riche collection et étudia plutôt des frustules que des cellules, mais outre tous les types rares qu'il acheta ou qu'il tria lui-même, il ne cessa de récolter, de sorte que peu à peu il devint familier avec l'aspect des cellules vivantes; d'un autre côté, ses récoltes se moi pour ses dessins. Il a [lublié les dessins des phases de la sporulation des BiiliUilp/iia mohiliensis que je lui avais faits. La mort ne lui a pas laissé le temps de publier les beaux dessins de Debya et iVActiiio/Jlyr/tus que mon frère a faits pour lui. Je les publierai avec son travail sur le rajeunissement des Actinoptycitus si je retrouve son mémoire que je connais, mais qui a disparu de ses papiers. 11 doit être chez quelque imprimeur. 10 BUI.LETIIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'arCACHON 1913 [0] portèrent surtout sur le Plankton, récoltes faciles et propres, donnant sans peine de belles préparations; mais, là encore, s'il se familiarisait avec les procédés et les formes, il collectionnait simplement. En 1890, après la publication de mes Diatomées de Ville- franche, je lui fis part de mon intention de publier quelques monographies de genres intéressants et mal connus et lui montrai la nécessité de travailler un peu pour le public et de nous faire connaître dans une branche de la botanique où il y avait encore tant à faire. L'idée le séduisit, il choisit un genre difficile et mal connu et, en 1891, peu de temps après l'appari- tion de ma monographie des Pleurosigma, il publia celle des Enlogonia dans Le Diatom'isle de Tempère. Cette magnifique monographie lui demanda beaucoup de travail. Les Entogonia, comme on le sait, sont très rares ; il en acheta tout ce qu'il put trouver chez les préparateurs de profession et leur en fit rechercher pour son compte, il en tria quelques-uns lui-même et réunit ainsi une centaine de prépa- rations. C'était encore insuffisant ; il n'hésita pas à s'adresser au British Museum oh. se trouvent les collections de Gréville qui a institué presque toutes les espèces de ce genre. Il reçut du grand établissement anglais le meilleur accueil. Tout ce qu'il demanda lui fut communiqué sans réserve; il put ainsi publier un travail complet sur ce sujet si difficile. Son ouvrage fit sensation; les détails de structure qu'il révé- lait chez ces formes compliquées parurent si surprenants et si extraordinaires que de bons esprits doutèrent de leur exacti- tude. Bergon, sentant ce doute, me montra ses préparations. Je les possède, hélas! aujourd'hui; il n'a rien avancé qui ne fût rigoureusement exact seulement on ne saisit bien ces détails ou généralement les traces que l'altération de ces formes très anciennes en laisse subsister que lorsqu'on en connaît l'existence; pour la counaîlre, il fallait la découvrir et c'est celte découverte qu'une observation patiente, la rencontre de quelques fragments moins altérés, a permis à Bergon d'entrevoir d'abord et de réaliser complètement lorsqu'il eut réussi à trouver quelques très rares frustules entiers et intacts. [7] NOTE SUR PAUL BERGON ET SES TRAVAUX DIATOMOLOGIQUES 11 Jusqu'en 1901, pendant t1ix ans, BkbgoiN semble s'être contenté d'etiricliir ses collections et sa bibliothèque; du moins, je ne trouve pas d'autres traces de son aciivilé diatomologi(ine : Des préparations, des livres, ni [)ublicatioiis, ni manuscrits, ni dessins. Mais, pendant ce laps do temps, la Dialomologie avait fait un progrès considérable; elle élait entrée définitivement dans le courant des recherches scientifi(pies générales. Elle le devait à rOcéanogra[)hie. Les recherches océanogra[)hi(|ues avaient mis en lumière l'existence et l'importance du Plankton; il devenait nécessaire de reconnaître, de déterminer les Planlvtons et, comme ils sont en majeure partie composés de Diatomées, il fallait bien que la science se décidât à s'en occuper. jNIais les « savanis » (]ui le firent n'étaient pas des diamolologistes au sens antérieur; ils considérèrent ces organismes non plus comme de curieuses coquilles, mais comme des algues et alors toule leur biologie fut à l'ordre du jour et les questions de l'endochrome et celles des spores devinrent des questions importantes, la classification de ses algues prit ou plutôt sembla prendre une tournure nouvelle. Les savants qui avaient débuté par l'élude des Diatomées du Plankton, formes spéciales incomplètement connues, y décou- vrent beaucoup de formes nouvelles et sont i)ris à leur tour i)ar le charme des Diatomées et par tout l'inconnu que leur biologie renferme encore ; ils étendent leurs recherches aux espèces du fond, les étudient en biologistes qu'ils sont et alors une niîigni- fique série de travaux voit le jour. li'endochrome est étudié de tous côtés. La théorie de Pfiizer, généralisation trop hàlive de recherches incomplètes, est battue en brèche. La structure de la membrane et du noyau, la division cellulaire, la formation des auxospores sont étudiées à nouveau par Grau, Karslen, Klehahii, Mereschkowsky, iMiiller, Lemmerman, Schult et autres encore. Les si)ores sur lesquelles il n'y avait encore que de vagues données et des discussions académiques sans valeur sont recon- nues; il allait appartenir à BerggiN de découvrir le processus complet de leur formation et à Mangin de trouver la véritable 12 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE u'aRCACIION 1913 [8] nature de la mcaibraiic organique de la cellule sur laquelle s'était généralisée dans les traités cette stupéfiante conception d'une cellulose spéciale qui ne présentait aucune des réactions de la cellulose ! En 1901, BEaGOA', atteint de la grave maladie qui devait lui être fatale, fut envoyé à Arcaclion où il devait faire chaque année de longs séjours jusqu'à sa mort. De mon côté, je vins me fixer définitivement à Bordeaux, Je fus donc le témoin de ses travaux et je l'y aidai en tout ce que je pus faire. Dès le début, il se lança à fond dans la voie nouvelle et la liste de ses travaux indique l'ordre et la marche de ses recher- ches. Tout d'abord, il observe sans but défini tout ce qui lui tombe sous les yeux, notant et dessinant tout ce qu'il rencontre d'inté- ressant (son premier album est de cette année). H résulte do ces éludes un mémoire important paru en 1903 dans le Bulletin de la Société scienlific/ae cV Arcachon et inti- tulé : « Eludes sur la flore dicilomique du Bassin cV Arcaclion et des parages de l Atlantique voisins de cette station ». Dans celte intéressante série d'études, Bergon étudie les structures et les phénomènes biologiques les plus divers : Structure de la membrane, productions coléodermiques externes, division de la cellule, forme, mouvements et division des chromatophorcs, endocytes, etc. C'est sur la fin de ces études, lorsque son manuscrit était déjà à l'impression, (jue BergoiN se trouva tout à coup en présence do la sporulation du Biddulphia mobiliensis. Le 25 décembre 1902, il constata la présence dans cerlaines cellules de deux spo- ranges contenant 2, 4, 8 ou IG spores chacune avec son noyau, vivantes et endocliromées. Là, plus de doute possible, les noyaux étant très gros, bien visibles au naturel et facilement colorables. Il m'appela immédiatement pour constater le fait et c'est sur les récoltes fixées de cette époque que je fis les dessins qu'il utilisa dans sa publication définitive. Les mômes récoltes contenaient en abondance des cellules de BiddulpJiia en formation d'auxosporos. La sporulation des Diatomées était donc définitivement recon- nue, les discussions antérieures recevaient leur solution; toute- fois, l'origine et la fin du phénomène étaient encore à trouver. [9] i\OTE SUK PAUL BERGON ET ,SES TRAVAUX DIATO.MOLOGIQUES 13 mais maintenant Bergon avait un but à poursuivre, bien défini et du plus haut intérêt. Ces premières recherches parurent dans le Bullelin de la Société scientifique d'Arcachon en 1903, dans une note intitulée : a Note sur un mode de sporulation observé chez le Biddulphia mobiliensis Bail. » Dès son retour à Arcachon, fin 1903, Bergon reprit avec une persévérance bien compréhensible ses recherches de l'année précédente sur la sporulation du Biddulphia mobiliensis et après de longues recherches, contrariées par le mauvais temps persistant de cet hiver, il eut enfin la joie d'assister, au printemps de 1904, à la mise en mouvement dans l'intérieur des sporanges des spores dont chacune s'était munie de deux flagellums, de voir ce mouvement s'accélérer, provoquer la dehiscence des spo- ranges et l'émission des spores. Il avait, en outre, vu les débuts du phénomène de la formation du sporange ainsi que la phase de 32 spores (j'avais dessiné cette phase en 1902, mais Bergon ne l'avait pas vue au naturel). Dès lors, tout d'abord, le phénomène de la sporulation était connu complètement, et comme on avait vu les spores en vie, on pouvait identifier ces petites spherules que l'on observait si souvent sans pouvoir les classer et qui n'étaient autre chose que des spores de Biddulphia ayant terminé leur période d'activité et perdu leurs flagellums, on pouvait espérer en suivre le déve- loppement. Ces observations furent publiées en 1904 dans le Bulletin de la Société scientifique d' Arcachon sous le titre de : « Nouvelles recherches sur un mode de sporulation observé chez le Biddulphia juobiliensis Bail. » Disons, par anticipation, pour terminer ce qui a trait à cette découverte sensationnelle, qu'elle causa un certain émoi dans certains milieux, peu satisfaits de voir un a amateur » trouver ce que les savants cherchaient avec tant de persistance depuis si longtemps. Aussi quelques tentatives furent faites pour créer une équivoque à ce sujet et rattacher à d'autres travaux tout à fait incomplets l'honneur de la découverte de la sporulation des Diatomées. Ces tentatives furent très sensibles à l'àme si droite de Bergon, mais, d'un autre côté, il répugnait à sa délicatesse de parler de lui-même pour se défendre. Je n'avais pas à partager ces scru- pules et je publiai, en 1905, dans le même recueil, un Mémoire 14 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCAGIION 1913 [10] inlitulé : u Su?' la question des spores des Diatomées » où celle question était mise au point et les droits de Bergo.n établis d'une façon irréfutable. En J90Î3, Bergon publia dans le Journal de Tempère, Le Micro- graphe préparateur, une (.i Note sur certaines particularités remar- quables observées chez quelques espèces de Diatomées du Bassin d Arcachonny, qui est presque exclusivement réservée au Stepha- nopyxis turgida et à sa membrane organique externe, d'une structure si curieuse. Malheureusement, les descriptions de ces structures, si détaillées qu'elles soient, sont absolument incom- préhensibles sans figures. Bergon avait bien annoncé qu'il publierait une note complète à ce sujet avec figures à l'appui, mais il ne l'a pas fait. Ces figures existent cependant dans ses albums, je les publierai et on verra alors combien ses descrip- tions sont exactes et combien sa découverte est intéressante. En 1907, il réunit toutes les observations qu'il avait faites sur le Biddulphia mobiliensis dans un beau Mémoire intitulé : « Division, rajeunissement et sporulation du Biddulphia mobi- liensis y), qui parut dans le Bulletin de la Société botanique de France. Si l'on ajoute à ce Mémoire celui que j'ai fait paraître sur la division de la cellule et du noyau. Mémoire dont l'exis- tence remonte en quelque sorte à Bergon, puisque mes recher- ches ont été faites sur ses récoltes, on voit que le cycle biologique du Bidd. mobiliensis est bien près d'être complet. Sur les premières phases de la formation des auxospores, Bergon n'émet qu'une supposition. C'est de la modestie de sa part; il a vu ces phases, je les lui ai dessinées, mais tout cela sur des pré- parations de récoltes fixées. Il voulait les voir sur le vivant avant de les faire connaître, c'est dire que sa supposition est une réalité. Chez le Bidd. mobiliensis, une cellule mère produit normalement i/é?w^ auxospores par un processus tout à fait sem- blable, sans être identique à celui du Bhabdonema arcuatum. Il y a des conséquences très importantes à tirer de cette décou- verte; je les développerai dans un prochain Mémoire avec des figures détaillées de ces phases. Ce qui manque donc actuellement encore pour boucler le cercle, c'est la connaissance du développement des microspores et le retour à l'espèce normale. Bergon l'a ardemment cherché; il y a dans ses notes et des- [IIJ KOTli SUR PAUL liEllGOiN KT SI'S TRAVAUX DIATOMOl.OGIQUES 15 sins de nombreuses observations qui semblent s'y rattacher, mais malheureusement tout cela est trop incomplet pour pouvoir fournir même un aperçu. Après avoir passé à Arcachon presque la moitié de l'année 1911, de plus en plus souffrant, de plus en plus préoccupé, mais travaillant toujours, il s'était un peu remis pendant l'été et l'automne. Il se préparait à reprendre ses recherches, il avait fait remettre à neuf son microscope d'étude, nettoyer ses objec- tifs et s'apprêtait à revenir à Arcachon lorsque la mort est venue le saisir subitement. Les travaux véritablement scientifiques de Bergon n'avaient pas détruit chez lui le curieux et le collectionneur, son esprit était bien trop éclectique. C'est, en effet, pendant qu'il poursui- vait à Arcachon ses belles recherches sur la sporulation des Diatomées qu'il découvrait à Paris la mine si riche des débris et raclures de coquilles exotiques chez les fabricants d'objets en nacre de la capitale. Que d'espèces rares n'ont pas été trouvées dans ces riches matériaux, dont le seul défaut consiste en ce que leur provenance exacte n'est pas toujours connue avec cer- titude. Tout cela est venu enrichir encore une collection si riche déjà et qui à sa mort comprenait environ 15.000 préparations de Diatomées. Tous les amis de Paul Bergon le sentaient dans ces derniers temps condamné à une fin prématurée, cependant nul ne croyait que le dénouement du drame douloureux de ses dernières années fût si prochain et si brusque ; il a été pour eux un coup bien pénible. La consolation qui leur reste est que les angoisses de la mort lui ont été épargnées et que son nom lui survivra. Il lui survivra dans la musique, dans l'art et dans la science. Ce nom a été donné par ses amis à tant de Diatomées qu'il est bien difficile qu'une liste de Planktons paraisse sans qu'on l'y retrouve. Nous tous, qui l'avons connu, nous reverrons passer dans notre sou- venir sa franche et noble figure, son gracieux accueil, sa char- mante et délicate conversation. Ceux qui, comme moi, l'ont connu pendant presque toute sa vie si remplie, penseront bien souvent à sa joyeuse et vibrante jeunesse, plus souvent encore aux douleurs et aux tristesses imméritées de ses dernières années. H. Peragallo. COMPTE RENDU DE DRAGAGES EFFECTUÉS SUR LE BASSIN D'ARCACHON Par M"^ C. HUE Le chenal de Gousse Le chenal de Gousse, de direction Nord-Sud, constitue un passage assez étroit faisant communiquer au Nord : le chenal de nie à l'Ouest et le chenal de Mouchtalette à l'Est; avec au Sud : la large rade d'Eyrac à l'Ouest et le chenal de Teychan à l'Est. C'est un véritable canal s'étendant de la pointe du Congre, au Nord, à la pointe de la Humeyre, au Sud. Ses bords, com- plètement submergés à marée haute, sont constitués, à marée basse, au Nord-Ouest : par les parcs à huîtres longeant le bord Est de l'He aux Oiseaux ; et au Sud-Ouest : parle crassat de Mapou- chet qui s'étend en face la rade d'Eyrac près de la ville d'Arca- chon. Son bord Est est entièrement constitué par des parcs à huîtres qui sont successivement, du Nord au Sud, ceux de Hagnous, de Macaque, de Grahud et de la Humeyre. Aussitôt après son entrée Nord, rétrécie par la pointe du Congre, le che- nal de Gousse s'élargit dans sa première moitié, il se rétrécit ensuite, mais resterait largement ouvert au flux par la rade d'Eyrac si son embouchure Sud n'était obstruée par le petit crassat de Mapouchet, de forme allongée, et constitué par une boue épaisse et noirâtre. Les recherches dans ce chenal ont été effectuées, d'abord du Nord au Sud, avec une seule drague, le bateau marchant à une vitesse de 3 kilomètres à l'heure. Le premier coup, donné à l'entrée Nord du chenal, entre la pointe du Congre et la pointe des Moussettes, accusa 5 mètres de fond, il rapporta un grand nombre de grosses coquilles, mêlées de Zostères (Zostcra nana, 2 IS BULLETIN' DE LA STATION BIOLOGIQUE d'arCACHOiX 1913 [2] Roth.) ot poiivnnt faire affirmer la presence d'un fond coquillier. La grande majorité de ces coquilles était composée de Avives d'HuUrcs portugaises (Gryphea angulata. Link.) de quatre et cincj ans, et de quelques Huîtres d'Arcachon f/>.sire« edulis, L.); de valves de Pétoncles {Pecten) et de débris de Crabes. Sur ces valves étaient fixées de toutes petites Huîtres d'Arcachon de moins d'un an. Sur une valve d'Huître portugaise il a été trouvé une colonie d'œufs de petits Gobies {Gobius minutus, Pali.) prêts à éclore, puisqu'un simple effleurement de leur enveloppe a suffi pour les rendre libres dans le milieu extérieur. Ces œufs ont pu être rapportés vivants et fixés au laboratoire de la Société par les soins du Préparateur. Parmi toutes ces coquilles, on a pu récolter bon nombre de Pétoncles (Pecten varias, L.) d'un joli rouge brique et d'une belle dimension (5 centimètres de diamètre), des Ophiures (Ophiotrix fragilis, Milll.) et des Cra- bes très petits du genre Xantho (Leacli). Le tout était maculé d'une boue sombre, de teinte analogue au sol constituant les bords du chenal, et que nous allons examiner maintenant. Cette boue noirâtre et d'odeur fétide, examinée macroscopi- quement, comprend deux parties : Une première, formée de matières dures et irrégulières pou- vant être facilement triées, et composée uniquement par des tubes d'Hermelles (Ilermella. Savignij) cimentés entre eux et sur lesquels sont fixés des tubes d'Hydroïdes; et une seconde, semi-liquide, formée de 95 % de sable pour 5 % de vase, et qui, par conséquent, se classe dans la catégorie des sables vaseux. A l'appareil de Lacaze-Duthiers le sable se révèle composé de deux portions: oO Vo tie grains de 1/2 centimètre de diamètre et 50 % de grains de 1 a de diamètre. Les grains les plus gros comprennent 90 "/o de grains siliceux d'un blanc pur qui, vus au microscope, sont irréguliers et anguleux, et de 10 «/o de grains noirs qui se mon- trent toujours polis et arrondis. La partie vaseuse est composée de particules noirâtres extrêmement fines, mélangées à des débris de coquilles et de tubes d'Hydroïdes plus ou moins remaniés. On y trouve aussi des Annélides vivantes et beaucoup de petites Algues, en particulier plusieurs espèces de Diatomées. Le deuxième coup de drague fut donné, non plus à l'entrée [3] C. IIUU : DHAGAGES HKFlîCTUKS SUU f.li BASSIN d'aRCACIIO.X 19 du chenal, mais un peu plus au Sud; il accusa (3 mèlres d'eau et rapporta un très grand nombre de valves d'Huîtres portu- gaises {Grijphi;a angulala, Lmk.) cimentées les unes aux autres par des multitudes de tubes d'IIermelles (IJermella, Savigny) et garnies d'Epongés dont nous avons pu déterminer deux sortes. Dans cet ensemble, recouvert d'un dépôt de môme nature que celui du premier dragage, s'agitaient des Cliones, des Ascidies {Ascidiidi), des Bryozoaires et de jolies Ophiures (Ophiothrix fragilis, MulL). L'ensemble contenait aussi de gros œufs de Seiche {Sepia officinalis, Linné) encore vivants, fixés sur des Zostères charriées par le courant. La deuxième série des recherches fut faite au milieu du chenal, c'est-à-dire à égale distance de son entrée Nord et de son entrée Sud; le bateau traversa ol)li(]uement le passage, de sorte que l'on put draguer une première fois près de la côte Ouest : on ne ramassa que des valves d'Huîtres portugaises et d'Huîtres d'Arcaclion, des Pétoncles {Pccten varius, L.) et une Anémone (Anemonia sulcata, PennaiU) i'ixée; puis une seconde fois exac- tement au milieu du chenal, à égale distance de la côte Ouest et de la côte Est: ce fut le point le plus riche et le plus intéressant aussi allons-nous l'étudier maintenant en détail. Les dragues, disposées de chaque côté du bateau, rapportèrent une très grande masse de débris au milieu desquels grouillaient un nombre considérable d'animaux de toutes sortes. Nous étudierons d'abord les coquilles. C'étaient de grosses valves d'Huîtres portugaises (Gryphea angulala, Lmk.) presque toutes entières, mais toutes percées par des Membranipores (Membranlpora, de Blainville) et portant, soit des Ser[)ules {Serpula, da Quatre f ages), soit des tubes (\ Itermelles. Sur une de ces coquilles, en particulier, vivait une belle Anomie {Ano- mia seritiopsis), sur d'autres des Ascidies (Mouascidies, Molgu- lidi), et des Polynoïdiens (Polgnoe, Savigng). Puis, en moins grand nombre, des valves d'Huîtres d'Arca- clion (Ostrea edulis, L.) de deux à trois ans à peu près, portant ce qu'on nomme dans le pays des bouquets, c'est-à-dire des paquets de plantes marines; une ou deux valves de Couteaux (Solen siliquosa, L.) sur lesquels étaient fixées des Actinies (Actiniidi); deux ou trois coquilles de Corniailleaux, comme les nomment les parqueurs d'huîtres, et qui ne sont autres que 20 BULLETI>' DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1913 [4] des Murex (Murex erinaceus, L.) ; des valves de Lucines (Lucina, Lamarck) et des coquilles de Yolvules (Volvula, Adams). Il fut récolté un grand nombre d'animaux vivants, en parti- culier des Crustacés, largement représentés par des Sténoryn- (jues (Stenorhyiichus phalangium, Penn.), des Crabes du genre Pilomnc (Pilumnus hirlellus, Penn.), et du genre Xanthe (Xanlho, Leach), par des Pises (Pisa tetraoïJon, LeacJi) et des Porcellanes (Porcellana longicoriiis, Pennant). Les Echinodermes fournirent parmi les Astérides une quin- zaine de magnifiques échantillons d'Etoiles de mer (Aslerias rubens, L.) atteignant toutes de 20 à 25 centimètres de diamè- tre; parmi les Ophiures, de superbes Ophiotrix (Ophiolri.x fra- gilis, Mull.) et des OpJiiura lacertosa; parmi les Oursins, cinq ou six Echinis miliari.'i (Lamarck). Il ne fut trouvé aucune Huître vivante, mais, par contre, une énorme quantité de Pétoncles (Pecten varias, L.) et quelques Palourdes (Tapes decussatus. Lin.); enfin, dans les débris, il fut reconnu des Volvules (Volvula, Adams), des petites Nasses (Nassa, Lamarck) et un œuf de Raie lisse (Raia undulata. Rond. Lacép.). Le fond, en cet endroit du chenal, comporte toujours de gros éléments constitués par des tubes d'Hermelles (Ilermella, Savi- gmj) agglutinés et formant ainsi d'assez gros fragments isolés et encore anguleux ; et une partie semi-liquide comprenant cette fois-ci 98 "/o de sable et deux parties seulement de vase. Le sable est presque entièrement composé de grains siliceux, très irréguliers, d'un blanc pur, avec quelques grains d'un jaune opaque, très anguleux et disséminés dans l'ensemble. Les grains blancs et les grains jaunes forment 95 % de la masse totale du sable, le reste est formé par des grains noirs et ovoïdes parfai- tement lisses. La partie vaseuse n'est presque plus fétide, elle est toujours constituée par de fines particules noirâtres mélan- gées, en particulier, de débris de coquilles de Cérithes (Cerithium, Adajison) et de valves de iMoules (Mglilus edulis, L.) réduites en tout petits fragments, avec des débris de Balanes (Balanus, Lamarck). Enfin les dernières recherches effectuées, dans ce chenal, furent faites du Sud au Nord ; les dragues furent traînées d'abord parallèlement au crassat de INIapouchet, près des parcs à huîtres, : i^.v^'^ ^V.YC\^ kN l^ccdLc cL E r" W//j/iM///i/inl/^' ■/' -C.H^ 22 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHOIV 1913 [6] puis tout contre la pointe de la Iliimeyre. Près da crassat, c'est- à-dire à rOuest, nous recueillîmes simplement des cocpiilles d'Huîtres d'Arcachon et des Etoiles de mer (Asterias rubois, L.) reposant sur un sable ne présentant plus que des traces de vase et composé de gros grains de silice, d'un blanc pur, avec quel- ques grains opaques, irréguliers et anguleux et, de-ci dc-là, quelques rares grains noirâtres allongés. Près de la pointe de la Humeyre, c'est-à-dire à l'Est, les dra- gues rapportèrent, de 4'"o0 de profondeur, une grande quantité d'Algues; des Pétoncles (Pecten varius, L.), des valves de Cou- teaux (^^o/e/i marJ'"8062'.) i)'"80()4(j 9-80651 —0,00005 Cavignac 45.6.42 2.43.12 42 9,80652 9,80660 9,80676 -0,00016 Coutras 45.2.20 2.28.6 13 9,80648 9,8(l6.-)0 9,80670 —0,00020 Langon 44.32.42 2.35.30 25 9,80618 9,80623 9,80625 -0,00002 Créon 44.46.12 2.41.12 102 9,80616 9,80636 9,80645 —0,00009 Arcachon 44.39.36 3.30.36 24 9,80643 9,80648 9,80635 -f 0,00013 Jonzac 45.26.44 2.46.16 35 9,80704 9,80712 9,80706 -1-0,00000 Chalais 45.16.28 2.17.46 45 9,80680 9,80689 9,80691 -0,00002 Soulac 45.31.0 3.27.36 8 9,80712 9,80713 9,80713 0,00000 Rayonne 43.29.40 3.48.14 3 9,80532 9,80.532 9,80530 -^0,00002 Paris 48..5(l.ll 0.0.0 61 9,81002 9,81012 9,81012 0,000.0 On voit sur ce tableau que les stations de Soulac et de Bayonne, situées comme Arcachon aux bords de la mer ou dans son voisinage immédiat, fournissent des valeurs normales de la pesanteur, seul Arcachon donne un excès notable. Les autres (1 L'intensLlé de la pesanteur décroit avec l'altitude. La valeur observée doit être corrigée de l'altitude (ici 24") pour obtenir la valeur correspondante au niveau de la mer. 38 BLLLETIiN DE LA STATION BIOLOGIQUE D'aRCACHON 1913 [G] stations, situées à rintérieurdes terres, conduisent au contraire à des valeurs eu défaut, ce qui confirnie le fait de l'accroisse- ment de la gravité au voisinnge des côtes. Arcachou, toutefois, occupe par rapport à Soulac et Bayonne une situation un peu exceptionnelle, puisque l'excès observé y devient relativement beaucoup plus important. Au Cap-Ferret, à 8 kilomètres à l'ouest d' Arcachou, M. Collet avait trouvé en 1895 un fort excès (à G'" d'altitude 9'"800!)2 et au niveau de la mer 9'"80693), ce qui, eu remarquant que la lati- tude est la même, constitue par rapport à nos observations à Arcachou un excès de 0"'00045 et un excès absolu, par rapport à la valeur observée à Paris regardée comme normale, de 0"'00058. Une telle divergence de 0"'0004o dépasse de beaucoup les erreurs habituelles d'observation; des expériences parfaites, on effet, comportant seulement des erreurs de l'ordre de 0"'00001 . C'est cette divergence considérable qui nous avait conduite reprendre nos expériences de 1909 et à procéder à de nouvelles déterminations en 1910, pour détruire l'incertitude qui aurait pu subsister relativement à la valeur de la gravité à A reach on. La divergence reste donc très grande, mais il faut dire ([u'elle porte sur deux stations (Arcachou et le Cap-Ferret) qui, bien que voisines, ne sont pas itlenli(]ues et présentent même des caractères géographiques différents. Taudis qu'Arcachon est déjà assez profondément retiré sur les bords du Bassin, le Cap-Ferret occujjc une situation presque insulaire, sur une langue de sable étroite et plate (largeur 1.500'", altitude moyenne 6'") prise entre l'Océan et les eaux du Bassin. Malgré cela, l'GOiv : Sur la détermination de l'intensité de la pesanteur à Arcachon 33