28. PRADA A Ph 1 om CAL op EA RI AARNA a M TCR | vut ra e : ie A 1 | : 4 Pm iat PIR ees Fa es - e oe rene E Seer TAG ANE e at BERN, X geek t ere ad : 3 ats Ius ; y A e e n : He : Y IET T ee re » s ` ac er a Ace ze wen erant s A ose putas c Ne rn de E "ELLA C digi je Pr im M ris Boers TIN DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT I‘, Prince de Monaco) N° 350-362 MONACO AU MUSÉE OCÉANOGRAPHIQUE 1919 FAT * à m E ry i TABLE DES MATIERES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE ALBERT ler, Prince DE Monaco. — No 357. — Marche des mines flottantes dans l’Atlantique Nord et Pocéan Glacial pendant et après la la guerre. E Cuevreux (Ed.) — No 35». — Révision des Scinidæ provenant des cam- pagnes de S. A. S. le Prince de Monaco. Corre (J.). — No 355. — Un poisson nouveau pour la Méditerranée. GLezss (Paul). — No 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations. GRANATA (L.). — No 356. — Ostracodes provenant des campagnes scien- tifiques de S. A. S. Albert Ier, Prince de Monaco. I. Diagnose d'un Cypridinide nouveau. Jousin (L). — No 351.— Etudes préliminaires sur les céphalopodes recueiliis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 7* Note : Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp. LADREYT (F.). — No 353. — Sur le chondriome des Cellules adipeuses. LADREYT (F.). — No 361. — Les cellules géantes normales de l'épithélium j intestinal. Marti (M.). — No 358. — Sur un procédé de sondage en mer, à bord d'un bateau en marche, basé sur la propagation du son dans l'eau. Oxner (Mieczyslaw). — No 354. — Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermométres à renversement. Tuourzr (J.). — No 360. — Planimétrie de la Carte bathymétrique générale des Océans. Tnourer (J.). — No 362. — Stations fixes en plein océan et notation de la nuance de la mer. Topsent (E.). — No 359. — Notes sur les genres Semisuberites et Hemias- terella. y 2 6 H.- ~ TABLE DES MATIERES Le numéro de chaque article se trouvant au bas du recto de chaque feuillet il est tres facile de trouver rapidement l'article cherché. Nos 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul GLoess. 351. — Études préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisières de S. A. S. le Prince de Monaco. 7e Note : Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp., par L. JouniN, pro- fesseur au Muséum d'Histoire Naturelle et à l'Institut Océanographique. 352. — Révision des Scinide provenant des campagnes de S. A. S. le Prince de Monaco, par Ed. CHEVREUX. . 353. — Sur le chondriome des cellules adipeuses, parle D" F. Lapreyr. 354. — Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermométres à renversement, rédigées par M. Mieczyslaw Oxner, assistant au Musée Océano- graphique. 355. — Un poisson nouveau pour la Méditerranée, par J. COTTE. 356. — Ostracodes provenant des campagnes scientifiques de S. A. S. Albert Ier, Prince de Monaco. I. Diagnose d'un Cypridinide nouveau, par L. GRANATA. 357. — Marche des mines flottantes dans l'Atlantique Nord et l'océan Glacial pendant et après la guerre, note de S. A. S. ALBERT, Prince DE Monaco. 358. — Sur un procédé de sondage en mér, a bord d'un bateau en marche, basé sur la propagation du son dans l'eau, par M. Marti. 359. — Notes sur les genres Semisuberites et Hemiasterella, par E. Topsent, professeur à la Faculté des Sciences de Dijon. 360. — Planimétrie de la Carte bathymétrique générale des Océans, par J. THouLET. 361. — Les cellules géantes normales de l'épithélium intestinal, par F. LADREYT. 362. — Stations fixes en plein océan et notation de la nuance de la mer, par J. THOULET. Ree t a =" E LR BULLETIN DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT I”, Prince de Monaco) No 350. — 3o Janvier 1910. Les Plantes marines. Leurs utilisations. Par Paul GLOESS. AvANT-Pnoros. Je m'occupe d'utilisations de Plantes marines depuis une vingtaine d'années. Au début je n'ai pu vouer à ces travaux le temps que j'aurais désiré pouvoir leur consacrer et méme dans la suite j'ai fré- quemment été obligé de les interrompre, pressé par mes travaux journaliers. J'ai commencé par l'utilisation du Lichen Carragheen, comme épaississant dans l'industrie textile, en collaboration avec feu mon ami regretté Charles Gassmann, chimiste alsacien, qui promettait de rendre les plus insignes services à l'industrie chimique, mais qui dans la fleur de sa jeunesse a été foudroyé par une fièvre maligne qu'il avait rapportée d'un voyage d'études au Congo. Cette algue marine m'amena plus tard, en étudiant son élément iodé organique, à l'étude d'autres algues marines, sous ce méme point de vue, et notamment des Fucus et des Laminaires. J'ai fait des recherches dans ce sens, en collaboration avec le Docteur Wyss, Directeur des Fabriques de Produits Chimiques de Thann et de Mulhouse, à Thann (Alsace). À ce moment, comme auparavant, je ne pus cependant me vouer que secondairement à ces recherches qui demandaient I Gd beaucoup de travail, rien, pour ainsi dire, n'ayant encore été fait pour éclaircir la nature chimique des algues marines. Ce n'est que plus tard dans mon laboratoire d'Altkirch en Alsace et mieux encore à partir du moment auquel je m'étais fixé définitivement dans une région riche en plantes marines, en Bretagne, que je pus plus utilement poursuivre mes recherches et attirer sur les plantes marines l'attention qu'elles méritent. ; Ce furent d'abord MM. Léon et Etienne Darrasse de la maison Darrasse Fréres de Paris qui s'intéresserent à mes travaux et puls des amis, dont je n'oublierai jamais les beaux gestes. Ce n'est; touteleis qu'en "1916, pendant que j'étais aux armées, en Alsace, défendant la partie de mon pays natal reconquise, craignant que les résultats de mes travaux pussent d'un moment à l'autre étre perdus pour tous, que je me suis décidé de publier dans le Moniteur scientifique du Docteur Quesneville (12, rue de Buci, Paris) un résumé de mes travaux. Cette étude intitulée « L'exploitation industrielle des plantes marines » parut dans les numéros de mai, aoüt et octobre 1916. Ces numéros ayant rapidement été épuisés, S. A. S. le Prince de Monaco m'a fait l'honneur d'accueillir mon étude dans le Bulletin de l'Institut Océanographique. Cette étude représente une édition corrigée et plus complete de l'étude parue dans le Moniteur scientifique. Je dédie ce Mémoire au grand océanographe, à S. A. S. le Prince de Monaco qui en la plus large mesure contribue au développement de la connaissance des choses de la mer. Je le dédie, en méme temps, à ma chère mère qui de l'autre cóté des Vosges, en Alsace, attend notre arrivée et avec elle la délivrance à toujours du joug qui trop longtemps déjà a pesé sur elle et sur mes compatriotes. Aux Armées, le 31 octobre rats. Paul Grorss. INTRODUCTION. Pline, en parlant de la mer, ne pouvait assez s'exclamer sur sa grandeur et ses richesses : « La mer, dit-il, recevant dans l'immensité de son étendue les germes que la nature toujours active et féconde répand du haut du ciel, fournit une nourriture douce et propre pour faciliter le développement des êtres qui l'animent et méme c'est là que se forment la plupart des monstres, parce que ces germes se mélent et se confondent ensemble, agités en tous sens et par les vents et par les flots, en sorte que l'opinion publique s'accorde avec la vérité, quand elle croit que tout ce qui nait dans chacun des autres éléments est aussi dans la mer et qu'on y voit de plus une infinité de pro- ductions qui n'existent nulle part ailleurs. » (Plinii Historia naturalis 1x, 1). En effet et aujourd’hui avec plus de droits que du temps de Pline — l'Amérique n'était à ce moment lá pas encore découverte et une grande partie de en était encore inconnue — nous pouvons nous exclamer : Oui, la mer qui couvre près des trois quarts du globe terrestre contient de nombreuses richesses et en leur plus grande partie encore insoupconnées ! Quelques-unes de ces richesses de la mer sont explortées depuis l'antiquité, comme les poissons, les mollusques, les crus- tacés, les éponges, les coraux, le sel marin recueilli par l'évapo- ration naturelle de l'eau de mer dans les marais salants et les plantes marines récoltées pour l'amendement des terres. D'autres richesses de la mer n'ont commencé à être exploitées que depuis l'ére chrétienne, comme certaines plantes croissant sur les bords salins de la mer qui jusqu'au commencement du siècle dernier fournissaient, sous forme de leurs cendres, la principale source de carbonate de soude, actuellement retiré directement du sel marin par le procédé Schloesing et Rolland, mis au point industriellement par M. Solvay. C'est, du reste, à la vulgarisation du carbonate de soude, provoquée par P abaissement énorme de son prix de vente (de 400 francs les 100 kilos à 10 francs) et par la grande impulsion ainsi donnée à l'augmentation de sa consommation (actuellement de plus de 3 millions de tonnes par an) que nous devons l’une des causes principales du grand essor de l'industrie chimique moderne. D'autres richesses de la mer n'ont commencé à être exploitées que depuis le siècle dernier, comme certaines algues croissant en mer qui, sous forme de leurs cendres, fournissent de l'iode, du brome, des sels de potasse. (350) s ig Et que d'autres bien plus grandes richesses encore restent inexploitées, cachées dans le sein des océans ! Je ne veux pas parler des richesses de notre terre qui par de nombreux naufrages ont été englouties par les mers, qui sont devenuesleur proie. Elles sont cependant grandes, accumulées dans la suite des siècles et effroyablement augmentées encore par une guerre sournoise sous-marine, menée par nos ennemis avec une férocité barbare. Mais tout en étant grandes, combien petites ces richesses enfouies au fond des mers n’apparaissent-elles pas à côté de celles qui font partie du liquide méme des mers, de cette solution saline qui toujours encore continue et qui jusqu'à l'épuisement des continents continuera de se concentrer par l'interminable lessivage que la mer opére sans relàche dans le cycle toujours renouvelé de sa matiére fluide, de l'eau, qui s'évapore pour plus agilement pouvoir parcourir les continents, qui se condense ensuite, sous forme de brouillards ou de nuages, pour se précipiter sur la terre, sous forme de rosée ou de givre, de pluie ou de neige, et qui sur son retour à la mer emporte de la terre tout ce qu'en la traversant elle aura pu en enlever. Quelle grande voleuse que l'eau et pour enrichir encore davantage la mer, la richissime ! Oui, elle est vraiment la plus riche de la surface du globe terrestre, la mer! Elle l'est déjà rien que par les éléments qu'elle cache à nos yeux, sous forme de sels divers dissous dans son fluide. Quelle vaste mine, quelle haute montagne, quelle grande partie de notre terre méme ces sels mis à sec ne représentent- ils pas. En admettant la masse de l'élément marin liquide à 1.500 millions de kilométres cubes et la contenance moyenne de l'eau de mer à 34 kilogrammes de sels par mille litres, soit par mètre cube, on obtient comme total des sels contenus dans la mer le poids de 51.000 quatrillons de kilogrammes ou, en tenant compte d'un poids spécifique moyen de 2,00 pour ces sels, le volume d'environ 25 millions de kilometres cubes. En admettant d'autre part la masse des continents émergés des mers à roo millions de kilométres cubes, la masse des sels divers dissous dans les mers représente un quart de la masse des continents émergés des mers ou quatre fois la masse émergée du continent européen avec ses grandes chaines de montagnes. Près des quatre cinquièmes de cette immense masse saline sont constitués par du chlorure de sodium, le plus utile et aussi le plus employé de tous les sels. Un peu plus du cinquième, soit une masse qui représente encore presque celle de notre continent européen émergé, est composé de sels de magnésium, calcium, potassium, rubidium, caesium, lithium, baryum, strontium, aluminium, zinc, fer, manganèse, cobalt, nickel, cuivre, étain, plomb, argent, or, dl NES etc., liés à de l’oxygène, hydrogène, chlore, brome, iode, fluor, soufre, phosphore, arsenic, silice, azote, carbone, etc.. Tous les éléments connus y sont représentés, ne serait-ce que dans une petite proportion. Mais cette proportion, aussi minime qu'elle soit en elle- méme, devient d'une grande importance quand la matière est considérée en sa quantité totale répartie dans les mers. Elle devient de plus pratiquement intéressante quand, en méme temps, il est tenu compte de la propriété des plantes marines d'absorber, d'accumuler et de concentrer en elles des éléments dissous dans l'eau de mer à une telle dilution qu'ils ne peuvent autrement que par leur intermédiaire pratiquement pas en étre extraits. Les plantes marines accumulent en elles, selon leurs espèces, certains éléments plutót que d'autres. La plupart des plantes marines accumulent en elles plus particulièrement les sels de potasse, l'iode et le brome. Ce sont celles qui à proximité des cótes sont les plus abondantes. Certaines plantes marines accumulent en elles plus parti- culièrement les sels de chaux. D'autres plantes marines accumulent en elles d'autres éléments, dont méme de l'or. Mais, que je m'empresse de le dire, celles-ci ne sont pas trés abondantes et pas facilement accessibles. L' or, du reste, quoique étant un métal trés précieux, nous est aussi moins utile. La quantité totale de l'or contenu dans l'eau de mer est cependant bien grande. D'après Ramsay 1.000 litres deus de mer contiennent en moyenne 65 milli- grammes d'or. La quantité totale d'or répartie dans les 1.500 millions de kilomètres cubes des océans re présente donc un monceau d'or d'un poids dépassant 9o trillions de kilogrammes — une montagne d'or plus grande que le Mont-Blanc — qui, partagé entre nous tous 1.600 millions d'habitants terrestres, ferait pour chacun la belle, mais un peu « lourde » part d'e environ 55 mille kilogrammes d'or. Un pareil partage ne nous rendrait pas plus heureux, mais tout au contraire rendrait bien malheureux ceux qui uniquement dans des amas d'or auraient cru avoir assuré leur avenir. Aussi intéressantes que soient les algues marines aurifères ou même radifères, car nous trouvons dans certaines algues aussi du radium, ce n'est pas d'elles qu'il sera question ici, eo de plantes marines plus utiles, plus nécessaires à notre ien-étre. Ce sont les plantes marines qui croissent sur les rives et dans les fonds longeant les cótes, les algues désignées globa- lement par « goémon » et par « varech » qui méritent principa- lement notre attention. Elles sont les plus facilement accessibles et croissent et se reproduisent en abondance. (350) 6 — Ce sont des plantes marines d rives, ainsi que des plantes marines venant épaves qui depuis l'antiquité sont employées pour la fumure des terres bordant la mer. C'est de plantes marines de nos cótes, du goémon de fond, que, depuis environ un siècle, est retiré de I’ iode. C'est de ces mêmes plantes marines qu'étaient autrefois aussi retirés du brome et des sels de potasse, comme sous- produits de l'extraction de l'iode. L'industrie de Piode a pris naissance en France, mais elle n'a pas laissé à la France la primauté qu'elle en avait, parce qu'elle n'y a pas trouvé l'intérêt qu'elle méritait. L'extraction de l'iode du goémon a continué, chez nous, jusqu'à nos jours, à rester opérée par les mémes procédés prodigues de son enfance, procédés qui laissent la moitié de l'iode s'échapper et qui, par l'incinération du goémon, détruisent sa matière la plus précieuse apres l’iode, la matière organique. Le iden de l'industrie goémonnière de l'iode est un des objets principaux de cette étude. "Pour rationnellement exploiter les algues marines il faut en retirer, à côté de l'iode total, le brome, les sels de potasse et la matiére organique ; en un mot il faut que les algues marines fassent l'objet d'une industrie ne laissant plus rien se perdre, mais tirant profit de tout. C'est de plantes marines de leurs cótes, de certaines algues en partie méme cultivées, que les Japonais depuis longue date retirent I’ Agar-Agar, le Kombu et d'autres produits culinaires et alimentaires et qu 'ils ont récemment entrepris aussi l'extraction de Piode. C'est de plantes marines des côtes du Pacifique que les Amé- ricains du Nord commencent à extraire industriellement les sels de potasse, dont leur agriculture trés développée a de.si grands besoins. C'est de plantes marines qu'elle faisait venir de nos cótes de la Manche qu'une entreprise austro-allemande, sise à Aussig en Bohéme, a commencé, il y a quelque dizaine d'années, à extraire la matière mucilagineuse du goémon et à la vendre sous le nom de » Norgine ». Nonobstant le prix relativement élevé que cette maison exige pour son produit, celui-ci a néanmoins trouvé un grand intérêt, comme matière apprétante, particulièrement dans Pindustrie textile. C’est une plante marine aussi, une petite algue côtière, le lichen carragheen, qui. industriellement est employée comme matière épaississante. Ce sont enfin des plantes marines encore, les Zostères, qui tout en n'étant pas des algues, mais des monocotylédones, sont employées, sous la dénomination de « Varech », pour les qualités de leur fibre, dans la literie, dans le rembourrage des meubles ordinaires et comme matière d'emballage. A Quoique n'étant données qu'au seul point de vue d'une orientation, les indications précitées, qui par leur nature sont tres incomplètes, laissent néanmoins déjà entrevoir li importance des exploitations, dont les plantes marines peuvent faire l’objet. Principalement destinée à l’industrie, cette étude est bas é sur une classification pratique des différentes utilisations que peuvent avantageusement être faites des plantes marines et qui sont les suivantes : i — L'utilisation des plantes marines en général, particuliè- rement comme engrais. II. — L'utilisation des plantes marines « non-Algues », parti- culiérement des Zostères. A) Fibre retirée des Zostères. B) Papier retiré des Zostéres. C) Cellulose retirée des Zosteres. D) Engrais potassique hydrocarboné-azoté retiré des Zos- teres comme sous-produit. III. — L'utilisation des « Algues Rouges » (Rhodophycées ou Floridées), contenant de la Gélose. A) Le Lichen Carragheen. B) L'Agar-Agar. IV. — L'utilisation des « Algues Brunes » (Phaeophycées), parti- culiérement des laminariacées, contenant de l'Algine. A) L'Algine retirée des Algues Brunes, particulièrement des laminariacées. 1? l'Algine comme matière alimentaire. 2? l'Algine iodée comme matière alimentaire-médicamen- teuse iodée. 3» l'Algine solubilisée sous forme d'Alginates solubles : a) comme matière apprétante, encollante, épaississante et comme imperméabilisant, mordant. b) comme matière agglutinante. c) comme matière hydrofuge. d) comme matiere désincrustante. 4° l'Algine solubilisée sous forme de Peralginates solubles comme matière savonneuse pour blanchissage. 5° l'Algine comme matière premiere pour d'autres appli- cations. B) la Cellulose retirée des Algues Brunes, particulièrement des laminariacées. C) les Sels de Potasse retirés des Algues Brunes, particuliè- rement des laminariacées. D) les divers autres sels retirés des Algues Brunes, particu- lièrement des laminariacées. E) Plode et le Brome retirés des Algues Brunes, particuliè- rement des laminariacées. (350) PREMIERE PARTIE. Les Plantes marines en général. L'UTILISATION DES PLANTES MARINES EN GÉNÉRAL, PARTICULIEREMENT COMME ENGRAIS. Les plantes marines, au point de vue botanique, appartiennent presque toutes au groupe des algues et plus particulièrement aux classes des algues rouges, appelées aussi rhodophycées ou floridées. et des algues brunes,. appelées aussi phaeophycées. Quelques espéces seulement n'appartiennent pas aux algues, mais au groupe des monocotylédones, à la famille des naiadacées. Par plantes marines je n'entends, si besoin est de le dire, que les plantes croissant vraiment en mer. Je n'y inclus pas celles qui croissent en dehors de l'eau sur les rivages salins de la mer et qui étaient jadis d'une exploitation trés féconde, en fournissant, sous forme de leurs ceadres, la principale source de carbonate de soude, dont les qualités provenant de Nar- bonne et d'Alicante étaient les plus estimées. Je dis carbonate de « soude », car, faisant une exception à la généralité, ces plantes — comprenant principalement des chénopodiacées, soit les espèces Salicornia, Atriplex et Salsola — ne contiennent pas en quantité prédominante des sels de potasse, mais des sels de soude. Cette prédominance des selsde soude nous ne la retrouvons nulle part ailleurs dans le règne végétal, même pas chez les plantes marines qui, vivant dans le milieu sodique par excel- lence, devraient être les plus riches en sels de soude, mais qui, contrairement à cette présomption, sont plus riches en sels de potasse qu'en sels de soude. Je n’entendrai donc par plantes marines que les plantes croissant baignées dans l'eau de mer. Arrachées par les vagues, surtout par les gros temps, des quantités de plantes marines sont rejetées, par le flot, sur les rivages, oü depuis des temps immémoriaux elles sont ramassées par les riverains pour la fumure de leurs terres. L'emploi des plantes marines comme engrais est relaté dans les plus anciens rapports d'agriculture côtière. Nous en avons recu connaissance par de vieilles ordonnances du moyen áge RO réglant « le droit au varech », droit qui permettait aux seigneurs des fiefs et aux communes du littoral de tout récolter ce que les marées et les tempêtes rejetaient sur les côtes. Ces ordonnances dans le cours des temps ont été beaucoup modifiées. Elles ne comprennent aujourd'hui plus le droit aux épaves des naufrages qui autrefois y était inclus. Le décret actuellement en vigueur en France, réglant la récolte des plantes marines, date du 8 février 1868. Il a été modifié par celui du 28 janvier 1890. Ces décrets classent les plantes marines en trois catégories : celles de rives i 2° celles poussant en mer; 3° celles venant épaves à la côte. et définissent ces trois catégories de plantes marines comme il suit: | 1° « les plantes marines (varech et goémon) de rives » sont celles qui tiennent au sol et qu'on peut atteindre de pied sec aux basses mers d'équinoxe. Par « pied sec » on comprend encore la possibilité d'aller dans la mer avec de l’eau « jusqu'à la ceinture » ! 2? « les plantes marines poussant en mer » sont celles qui tenant au sol et aux rochers ne peuvent étre atteintes de pied sec aux basses mers d'équinoxe. 3° « les plantes marines venant épaves » sont celles qui détachées du sol sont jetées sur la cóte par le flot. Aux termes de ces décrets : 1° la récolte des « plantes marines de rives » est réservée aux habitants des communes riveraines et aux propriétaires de terres cultivées situées dans ces communes. Elle est restreinte à deux époques par année, fixées par l'autorité municipale. 2? la récolte des « plantes marines poussant en mer » est libre. 3° la récolte des « plantes marines venant épaves » peut être effectuée, sans aucun privilège, par tous les riverains. Les plantes marines les plus abondantes sont celles qui « poussant en mer » forment de vastes prairies ou plutót foréts recouvrant le fond de la mer. | Selon certains ichtyologistes ces plantes marines de fond doivent servir d'abris à nombre de poissons, tant contre la lumière, que contre une trop grande agitation de l’eau. La coupe de ces plantes marines de fond ne parait cependant pour ce motif raisonnablement aussi peu pouvoir étre empéchée que la coupe des arbres de nos foréts pour ménager le gibier. De plusil est à remarquer que l'idée autrefois émise, présumant que dans ces parcs de plantes marines devaient se trouver de vastes frayères, a du être abandonnée, comme étant erronée. (350) Pour contenter cependant, en tant que possible, les intéréts de la pêche et de l'industrie qui paraissent contradictoires, Monsieur Delage, le savant océanographe, a proposé de régler de la manière suivante la récolte et l’utilisation des plantes poussant en mer 1813. récolte Bd goémon de fond jusqu'à une certaine pro- fondeur doit rester libre ; 2? la récolte du REN a une plus grande profondeur doit etre, Interdites 3° la création d'usines destinées à utiliser le goémon ne doit être soumise à aucune autorisation autre que celle provenant des enquêtes locales de « commodo et incommodo ». « Il est d'autant plus nécessaire », dit Monsieur Delage, « de. ne point contrarier l'établissement de ces usines, que le goémon qu elles pourraient traiter peut aller à l'étranger, sa récolte et son exploitation étant libres. C'est ainsi que “particulièrement dans la région de Saint- -Brieuc une maison allemande expédiait à Hambourg environ 3.000 tonnes de goémon par an, dont l'agriculture et I’ industrie nationales ont ainsi été privées, tandis que la maison allemande qui traitait ce goémon pour l'extraction de la « Norgine » faisait de brillantes affaires, dont profitait ce pays, auquel nous rachetions une partie de la Norgine extraite de notre goémon ». Les plantes marines de rives sont principalement constituées de Zostères ou d'algues rouges et de fucacées, selon les lieux. Les plantes marines de fond sont principalement constituées de laminariacées. Les plantes marines venant épaves sont différemment cons- tituées, selon les lieux, de laminariacées, de fucacées et de Zostères. Sur les côtes abruptes du littoral de l'Atlantique et de la Manche les plantes marines venant épaves sont principalement constituées de Laminaires et de Fucus, tandis que sur les cótes peu inclinées des estuaires et étangs maritimes de ce littoral, ainsi que de celui de la Méditerranée, les plantes marines venant épaves sont principalement constituées de Zostères. Ce sont, en effet, les Zostères qui forment la flore des estuaires et étangs maritimes, vastes prairies sous-marines qui se pro- longent' souvent dans la mer libre, là où l'inclinaison de la côte n'est pas trop forte et l'agitation de l'eau pas trop grande, con- trairement au Fucus et surtout aux Laminaires qui recherchent l'eau agitée par les marées et les courants. Les plantes marines de rives, comme celles venant épaves, ont jusqu'à présent principalement été récoltées pour l'amen- dement des terres. Elles forment le principal engrais des cótes de France, particulièrement de la Bretagne, des côtes d'Angle- — II — terre, d'Ecosse, d'Irlande et des iles Anglo-Normandes, oü malgré l'aridité du sol elles permettent d'obtenir de tres belles cultures. En dehors de cette récolte du goémon de rives et du goémon épave, les pécheurs de goémon, les « goémonniers » bretons, anglais, norvégiens, japonais opérent la récolte du goémon de fond aussi au large, le long des cótes. Non satisfaits de la quantité de plantes marines que leur fournit la nature abandonnée à elle-méme, les laborieux et industrieux japonais ont introduit chez eux la culture métho- dique de certaines plantes marines, dans des parcs marins, des « goémonnières » artificielles. En effet les plantes marines ne sont pas des mauvaises herbes négligeables qui ne mériteraient pas, au moins certaines d'entre elles, d'étre cultivées, comme nous cultivons les céréales, la betterave. Les plantes marines représentent une matière première de grande valeur. C'est dans les plantes marines que nous possédons la meilleure source, car inépuisable, d'une série d'éléments utiles. Ces éléments, les plantes marines les puisent, avec une vigueur toujours à nouveau rajeunie, dans la mer, le liquide nourricier par excellence, qui non seulement ne s'appauvrit Jamais, mais s'enrichit sans cesse. C'est dans les plantes marines que nous possédons la meilleure source de potasse, de cet élément qui, pour une grande partie, entre dans la constitution des plantes faisant l'objet de nos cultures et qui par le fait est relativement rapidement extrait du sol cultivé, auquel il faut le restituer, pour le rendre à nouveau fertile: C'est dans les plantes marines que nous possédons la meilleure source d'iode et de brome, de ces précieux éléments, dont l'importance, au point de vue médical, égale celle de la potasse, au point de vue agricole. C'est dans les plantes marines que nous possédons une source merveilleuse d'autres matières encore, minérales et surtout organiques hydrocarbonées azotées, comme nous le verrons plus loin. È Les plantes marines font un choix parmi les nombreux éléments qui se trouvent dissous dans l'eau de mer, un choix différent selon leurs espèces. Elles récoltent et accumulent en elles plutôt certaines substances que d'autres, ne s'inquiétant pas de la plus ou moins grande quantité sous laquelle une telle ou une autre substance leur est présentée. C'est ainsi que les plantes marines récoltent en plus grandes quantités certaines substances qui ne se trouvent dans l'eau de mer que dans d'infimes proportions, tandis qu'elles ne récoltent qu'en bien moindres quantités d'autres substances qui se trouvent dans l'eau de mer dans de grandes proportions. (350) Une preuve éclatante de ce fait est le rapport de la soude et de la potasse contenues dans les plantes marines. Quoique dans l'eau de mer les sels de sodium atteignent en moyenne 3 »/,, tandis que les sels de potassium n’y atteignent qu'à peine 0,01 ?/,, à peine donc la 3oo"* partie de ceux de sodium, les plantes marines croissant dans ce milieu trois cents fois plus sodique que potassique, qui par le fait devraient étre 3oo fois plus riches en sels de soude que de potasse, sont plus riches en sels de potasse que de soude. Cette propriété des plantes marines, d'extraire de grandes masses d'eau certains éléments davantage que d'autres, — pro- priété favorisée par un renouvellement incessant de l'eau qui les baigne, renouvellement produit par les marées et les courants, — permet de retirer de l'eau de mer des éléments qui s'y trouvent à une telle dilution qu'ils ne pourraient autrement pratiquement et économiquement pas étre récupérés. Cette propriété des plantes marines est d'autant plus précieuse qu'elle représente une source éminemment vitale, en opposition à la source morte des dépóts minéraux de la terre. Les mines de potasse bromifères ne sont pas inépuisables et les gisements de nitrates iodifères s'appauvrissent aussi de jour en jour. La potasse, l’azote. l'iode, le brome de ces dépôts nous sont par contre à toujours assurés par les plantes marines. Elles ne sont pas un simple dépôt qui un jour fatalement s'épuisera. Elles sont une source vivante qui ne pourra jamais tarir, car comme les sources d’eau forment une partie du cycle mondial de l’eau, étant toujours à nouveau alimentées par la pluie et la rosée, de méme les plantes marines forment l'anneau reliant le commencement.et la fin du cycle mondial des éléments qu'elles contiennent : lecommencement du cycle en puisant ces matières dans l'immensité de la mer, dans laquelle à la fin de leur cycle, de leur parcours mondial, elles étaient retournées. C'est en vue de l'exploitation de cette intarissable source des éléments les plus utiles à nos cultures, en vue de l'exploi- tation industrielle des plantes marines comme engrais com- mercial, que des usines ont été créées sur les côtes du Pacifique des Etats-Unis de l'Amérique du Nord. Ces usines reprennent sous une forme nouvelle, industrielle, ce que l'expérience des siècles a démontré : que les plantes marines forment un engrais complet de premier choix, dépassant, de beaucoup, méme le meilleur fumier de ferme. Cette indubitable expérience concorde avec les données de la chimie agricole, pour ce qui concerne les engrais, et de la chimie analytique, pour ce qui concerne la composition des plantes marines, tant au point de vue des éléments qu'elles contiennent, que de leurs proportions. Profitant de ces données les Américains font un choix parmi E A les plantes marines. Ils récoltent de préférence les laminariacées qui chez eux, sur les côtes du Pacifique, abondent comme chez nous, sous forme cependant d’autres espèces. Le goémon ne pouvant industriellement être séché à l’air libre, un pareil séchage dépendant trop du temps et des saisons, les Américains le sèchent artificiellement dans des séchoirs et cela aussitót récolté, afin que rien ne puisse se perdre, ni par les lessivages occasionnés par la rosée ou la pluie, ni par la décomposition à laquelle est voué le goémon frais aussitót mis en tas. En enlevant ainsi au goémon ses 85 ?/, d'eau, sa teneur en éléments utiles est concentrée environ 6 1/2 fois et sa valeur comme engrais est par le fait augmentée dans la méme pro- portion. Par ce fait est assurée en méme temps la conservation absolue du goémon, qualité indispensable à un produit com- mercial. Comme traitement suivant et final le goémon séché est broyé, afin de le rendre plus assimilable au sol, car plus sa matière organique est divisée, mieux elle se décompose une fois entrée en contact avec l'humidité du sol. Quelque rationnelles les Américains aient imaginé leurs exploitations, ils agissent néanmoins encore en dissipateurs, en ne récupérant pas simultanément l'iode et le brome contenus dans le goémon, éléments plus utiles aux industries chimique et pharmaceutique qu'à l'agriculture comme engrais. La récupé- ration de ces éléments comme sous-produits abaisserait avanta- geusement le prix de revient de l'engrais complet retiré du goémon. En disant « engrais complet » je tiens à préciser « engrais complet minéral et organique » et à faire remarquer que la matiere organique du goémon, qui est comprise dans cet engrais, peut donner lieu a d'autres utilisations encore, plus impor- tantes et rémunératrices que celle comme engrais. Débarrassé de sa matière organique, le goémon peut, en effet, déjà uni- quement sous la forme de ses composants inorganiques, fournir un excellent engrais, un engrais minéralisateur potas- sique. Cet engrais complet minéral et organique est vraiment très avantageux et précieux.- Composé de goémon déiodé, débromé, desséché et broyé, il contient tous les éléments néces- saires à nos cultures : 1° L'acide carbonique. La substance organique du goémon ést constituée principa- lement d'hydrates de carbone. Elle représente un humus con- centré qui, par sa décomposition, dégage petit à petit de Pacide carbonique que les plantes récoltent surtout par leurs feuilles et qu'elles utilisent à la constitution de leur matière organique, dont le carbone est le principal élément. L'acide carbonique dégagé du sol est de beaucoup plus utile (350) à la végétation que celui contenu dans Pair, car les plantes ne peuvent récolter de la réserve de l’acide carbonique de Pair que son excédent, c'est-à-dire la quantité d'acide carbonique qui dépasse la teneur constante de l'air. L'acide carbonique dégagé du sol forme, par sa pesanteur plus grande que celle de l'air, dans l’atmosphere méme des plantes, l'excédent qui seul leur est utile et contribue à leur développement. L'acide carbonique n'a jusqu'à présent été apporté au sol, comme engrais, guére autrement que par le fumier de ferme. Il est à remarquer que cet apport a eu lieu sans le savoir et sans le vouloir, si l'on fait exception du fait constaté par l'expérience que le fumier de ferme dans bien des cas ne pouvait étre rem- placé par aucun des engrais chimiques couramment employés. aU TI azote, La substance organique du goémon contient, en dehors des hydrates de carbone, en moyenne 4 °/, d'azote. Elle fournit par sa décomposition, en dehors de l'acide carbonique, des sels ammoniacaux. Ceux-ci sont extraits du sol par les plantes qui les utilisent, comme l'acide carbonique, à la constitution de leur matiere organique. L'azote est le principal élément de la matière organique végétale après le carbone, fourni par l'acide carbonique, et aprés l'hydrogène et l'oxygène, fournis principa- lement par l'eau, soit l'humidité du sol. : Il est à remarquer que l'action de l'azote du goémon est plus lente que celle des produits azotés inorganiques et particulie- rement des. produits ammoniacaux. Les combinaisons azotées organiques du goémon ne peuvent pas étre assimilées par les plantes avant d'avoir été préalablement transformées, par décomposition, en combinaisons azotées inorganiques, de pré- férence ammoniacales. Les principaux engrais azotés sont : le nitrate de soude du Chili avec une production annuelle dépassant 3 millions de tonnes, le sulfate d'ammoniaque des usines à gaz et de coke avec une production annuelle de plus de 1 !/» millions de tonnes et les produits fabriqués à l'aide de l'azote atmosphé- rique: la cyanamide de chaux, le nitrate basique de chaux et l'ammoniac synthétique. Le goémon, nonobstant sa faible teneur en azote, peut remplacer les engrais chimiques azotés, si l'on considere que ceux-ci, quelque importants ils soient devenus par leur consom- mation, activée certainement par uné réclame scientifique intense, ne sont certainement pas aussi indispensables à nos cultures que la plupart des autres engrais. En effet Monsieur Schloesing a prouvé par ses recherches classiques que les légu- mineuses — et ce sont elles qui forment la base des bonnes prairies — absorbent l'azote atmosphérique et par leur inter- médiaire le transmettent au sol. 3° La potasse. La substance inorganique du goémon est principalement constituée de sels de potasse, de ce précieux élément, dont nos cultures ont un si grand besoin. Le goémon remplace avantageusement les sels de potasse du commerce qui jusque sous peu étaient fournis au monde entier par les mines de Stassfurt qui en détenaient le monopole jusqu'à la récente découverte des mines de potasse des environs de Mulhouse en Alsace. 4° Les phosphates. La substance inorganique du goémon contient aussi des phosphates. La teneur du goémon en phosphates, il est vrai, n'est pas bien grande, mais elle n'empéche pas le goémon de suppléer, au moins partiellement, aux besoins de nos cultures en cette matière et de remplacer, par le fait, au moins en une petite partie, les phosphates, superphosphates et les scories de déphos- phoration. 5° La chaux, la soude, la magnésie, le fer, le manganèse, et les autres éléments indispensables comme engrais. Le goémon, par sa constitution, est tout indiqué pour fournir à nos cultures aussi ces autres éléments, dont elles ont besoin et cela dans les proportions mêmes qu ‘elles les exigent. J'insiste sur le fait que certains éléments qui n'entrent dans la constitution des végétaux que pour une proportionnellement bien faible quantité, comme le fer, le manganese, et d'autres éléments, sont tout aussi indispensables. à nos cultures que les grands engrais énumérés auparavant. L'excédent d'un élément ne peut pas remplacer le manque d'un autre, car les plantes, selon la loi du minimum, reglent leur végétation d'apres celui des éléments nécessaires à leur constitution qui dans le sol nourricier se trouve en moindre quantité. Les engrais chimiques, comme les nitrates, les sels de potasse, les phosphates, ne suflisent pas pour fournir aux cultures tous les éléments dont elles ont besoin. Il faut qu'on y ajoute encore les autres éléments indispensables pour former un engrais complet. Le goémon par contre, formé dans le milieu nourricier le plus parfait, prototype de la constitution de tous les étres du monde, contient tous les éléments qui peuvent concourir à la constitution des plantes et fournit à lui seul un engrais complet, l'engrais idéal, qui nulle part ailleurs nese trouve mieux composé. Les dépóts minéraux des continents ne sont, à bien voir, eux-mémes, au moins en partie, autre chose que des dépóts de goémon décomposé. N’avons-nous. pas dans les dépôts de (350) AG == potasse et de nitrates le résultat de transformations plus ou moins grandes d'anciennes forêts sous-marines de goémon, de plantes marines géantes ! Ces dépôts ne sont-ils pas les résidus de vastes cimetières de plantes marines, dont, selon l'influence du milieu dans lequel elles se trouvaient, l’un ou l'autre de leurs constituants a été séparé des autres, a été lessivé, a été concentré ou a. été entrainé dans une réaction avec la substance qui l'entourait. Ces dépóts sont situés dans des régions, dont il est actuel- lement notoire qu'elles formaient autrefois le sol marin ! DEUXIEME PARTIE. Les Plantes marines « non-Algues ». L'UTILISATION DES PLANTES MARINES « NON-ALGUES », PARTICULIÈREMENT DES ZOSTÈRES. Les noms « varech » et « goémon » sont vulgairement indif- féremment employés pour désigner deux catégories de plantes fort différentes : 1° les Zostères de la famille des naïadacées, des plantes marines appartenant au groupe des phanérogames ; 2° les algues marines, principalement des familles des laminariacées et fucacées, des plantes marines appartenant à l’autre grand groupe des cryptogames. Une certaine tendance parait cependant vouloir s'affirmer, parmi ceux qui s'occupent du commerce de plantes marines, à désigner par « goémon » plutót les Fucus et les Laminaires, véritables algues marines, et par « varech » les ao plantes marines non-algues. Encourageant cette distinction, je designe par « varech » les Zosteres et par « goémon » les véritables algues marines. Les Zostères, "velea etui appelées aussi « pailleule », croissent en abondance dans les mers tempérées de l'Europe, de l'Asie Mineure, de l'Asie Orientale et de l'Amérique du Nord, particulièrement dans les golfes protégés, peu profonds et vaseux, oü elles forment des prairies submergées, parfois de grandes étendues, qui dans les mers à marées se découvrent partiellement aux moments des bässes mers. Les Zostères sont intéressantes par les propriétés de leurs fibres qui les prédestinent à leur utilisation comme matière de literie et de couchage, pour la confection de matelas et pour le rembourrage de fauteuils et de canapés, ainsi que comme matière d'emballage. Les Zostères remplacent avantageusement la paille, la fibre de bois et même le crin végétal. A cet effet les Zostères sont débarrassées, par des lavages à l'eau, des sels hygroscopiques qui les imprègnent. ‘Des deux espèces qui se trouvent en France en abondance, Zostera marina, la plus fréquente, forme des rubans d'environ 1 à 2 centimètres de largeur, tandis que Zostera nana forme des rubans moins larges. Les Zostères à l’état frais ont une certaine ressemblance avec nos herbes vertes des prés. A l’état sec elles prennent une coloration brun foncé qui passant par brun pâle se dégrade jusqu’à blanc crème, selon qu'elles ont plus ou moins été blanchies par une alternance d’une plus ou moins longue exposition au soleil et d'une plus ou moins longue exposition à la pluie ou à la rosée. Les Zostères sont fauchées, comme nos prés, avec la diffé- rence toutefois que les faucheurs sont obligés d'opérer montés sur des bateaux. Elles peuvent aussi être ramassées sur la grève, où elles sont rejetées par la mer comme épaves. A. — FIBRE -RETIREE DES ZOSTERES. Le varech, pour l’utilisation de sa fibre, peut être du varech épave ou du varech de coupe, ces deux sortes de varech possédant les propriétés requises. Le varech de coupe donne toutefois une plus belle qualité de fibre que celui venant épave, souvent endommagé par le flot qui l’a jeté à la côte. Par des traitements méthodiques dans des bains appropriés les matières minérales et organiques qui dans le varech accom- pagnent la cellulose, en sont séparées en tant que pratiquement possible et utile. La fibre de varech ainsi mise à nue est blanchie et finalement séchée. Je désigne cette fibre de varech par « fibre marine ». La fibre marine est employée telle quelle, ou blanchie, ou colorée, cette fibre prenant facilement toutes les teintes. Les principales qualités de la fibre marine sont son élas- ticité, sa légèreté, son ininflammabilité. son imputrescibilité et son absence d’odeur. (350) : PAU ago lbs En ne considérant ces qualités qu'au seul point de vue de l'utilisation de la fibre marine comme matiere d'emballage, question trés importante, surtout pour certaines industries de luxe, il en résulte les avantages suivants : L’élasticité est la premiere des qualités à exiger d'une matière d'emballage, particulièrement quand elle est destinée à pré- server des objets délicats et fragiles. La légéreté est une qualité précieuse, spécialement pour la confection des colis postaux, particuliérement de ceux destinés à l'exportation, oü une différence de poids souvent peu sensible peut faire réaliser une économie notable des frais de port. L'ininflammabilité est une supériorité indéniable de la fibre marine sur la plupart des autres matières d'emballage ne pos- sédant pas cette qualité. Quant à l'imputrescibilité et l'absence d'odeur ce sont des qualités qui ne devraient manquer à aucune matiere d'em- ballage destinée à envelopper des primeurs ou autres denrées. A ces qualités incontestables, qui à elles seules font déjà préférer la fibre marine à toute autre matière d'emballage, vient s'ajouter l'avantage que présente son prix de revient qui la classe comme la plus économique de toutes les matières d'em- ballage de choix, ainsi qu'il ressort des données suivantes. Les principales matières d'emballage et leurs prix approxi- matifs sont : 19 La fibre de bois, dont la qualité ordinaire est vendue 150 francs la tonne et la qualité supérieure 300 francs la tonne. 2? Le varech, dont la qualité ordinaire, brune, est vendue 200 francs la tonne et la qualité supérieure, choisie et lavée, dite de « parfumeur », 400 à 500 francs la tonne. 20 3° Les rognures de papier, dont celles de papier ordinaire sont vendues 350 francs la tonne, celles de papier sulfurisé 450 francs la tonne et celles de papier de soie 800 à goo francs la tonne. | 4° La ouate d'emballage qui est vendue 2000 francs la tonne. Comme la quantité de matière nécessaire à un emballage dépend du volume et non du poids qu'occupe la matière d'em- ballage, il faut comparer les densités de ces matières pour pouvoir comparer leur valeur pécuniaire. Il faut donc comparer les prix de volumes égaux et non les prix de poids égaux de ces matières. Il ne faut cependant pas oublier de tenir aussi compte du degré d'élasticité de la matière d'emballage, car plus son élas- ticité est grande, plus elle permet de réduire la quantité volu- métrique nécessaire à l'emballage. La fibre marine est environ trois fois plus légere que la fibre de bois et que les rognures de c 19 en papier ordinaire et pres de deux fois aussi légére que le varech ordinaire, sa matière premiere non raflinée. Une société « La Parisette » avait entrepris le dévelop- pement de l’usage du varech, en le blanchissant et en le colorant. Les conditions desavantageuses dans lesquelles se faisait cette exploitation, situde dans les environs de Paris, ne lui ont malheureusement pas permis de réussir. Une usine, qui veut traiter les plantes marines d'une manière rationnelle, doit avant tout être située le plus près possfble de leur lieu de récolte. Cela apparait d'autant plus clairement si l'on considere que les plantes marines, par leur traitement, perdent de leur poids initial, dans certains cas jusqu'à 85 °/.. Il résulte de ce fait une économie qui est d'autant plus grande que les frais de transport économisés concernent une matière qui à l'état brut n'a pas plus de valeur que celle de la peine de la récolter. Cette raison n'est pas la seule pour laquelle une usine traitant les plantes marines doit étre située à proximité de leur lieu de récolte. Les plantes marines une fois récoltées et mises en tas se décomposent plus ou moins rapidement, selon leurs espèces. Pour pouvoir les conserver, il faut préalablement les sécher. Or le séchage en plein air ne peut guére étre pratiqué régu- lièrement et industriellement, parce qu'il est trop dépendant du temps, et sur les cótes pluvieuses et brumeuses restreint à une trop courte saison. Il n'y a que le séchage artificiel qui puisse industriellement être conduit d'une manière parfaite. Après la bonne situation de l'usine, un outillage approprié est non moins nécessaire, une installation mécanique qui permette de traiter les. plantes marines méthodiquement du WE CE PE jusqu'à la fin, assurant une fabrication régu- iere En observant ces conditions, qui sont générales pour toute entreprise industrielle, le varech fournira par sa fibre marine la plus avantageuse matiére d'emballage de choix. Les quantités consommées en matiéres d'emballage sont énormes. Pour fixer les idées contentons-nous de constater que rien qu'en fibre de bois, trois des grands magasins-bazars de Paris consomment à eux seuls ensemble pour leurs emballages plus de mille tonnes par an. 350) A O B. — PAPIER RETIRÉ DES ZOSTÈRES. Les chiffons qui ont toujours fourni les meilleures qualités de papier, depuis le début de sa fabrication, ne suflisent plus depuis longtemps que pour produire une bien petite partie de énorme quantité de papier actuellement employé. Comme ME matières premières viennent ensuite, par ordre d'importance, en allant en augmentant : 1? la paille ; 2% Palfa, une graminée agrostidée des cotes méditerranéennes d'Algérie et d'Espagne ; et 3° le bois qui fournit de loin la bien plus grande partie du papier. Le « papier japonais » est fabriqué avec des filaments de Broussonetia papyrifera, un mürier du Japon, et le « papier de riz » avec la moélle de l'Aralia papyrifera, un petit arbre des foréts marécageuses de la Chine. . L'usage ts papler continue à s'accroitre dans de telles pro- portions que des craintes sérieuses se manifestent au sujet de l’insuflisance prochaine du bois. Une série d'autres végétaux ont été proposés pour la fabri- cation du papier ou y ont méme été employés, mais on n'a jusqu'à présent pas fait usage, industriellement, des plantes marines. Leur contenance en cellulose et la forme sous laquelle celle-ci se présente en elles, méritent quand méme un intérét tout spécial. Stanford signale bien dans un mémoire qu'il a adressé, il y a une cinquataine d'années, à la Société chimique anglaise, l'utilité que pourrait trouver la cellulose du « kelp » (goémon) comme addition à la páte de papier, mais cette question en 'est restée là et n'a pas trouvé la solution pratique qu'elle méritait. Il est vrai qu'il est difficile dimplanter de nouvelles méthodes, p celles-ci devraient tout primer quand il s'agit du progrès et de l'intérêt général. ll sera WEE de m cellulose du goémon plus loin, en parlant du goémon. Sous ce chapitre de varech ne considérons que la fibre de varech. Le varech pour la fabrication du papier est traité, dans les grandes lignes, d’après les mêmes procédés que ceux “employés dans la fabrication du papier d’alfa qui appartient au même groupe des monocotylédones que le varech, les Zostères. Selon que la fibre du varech a plus ou moins été débar- rassée des matières qui l'accompagnent et qu'elle est devenue plus ou moins parfaitement blanche, on obtient un papier plus ou moins blanc. La consommation mondiale du papier qui avait dépassé . trois millions de tonnes, il y a quelque dizaine d'années, et qui depuis a encore beaucoup augmenté ne pourrait guére étre complètement couverte par du varech seul, du moins par les quantités actuellement produites à l'état sauvage. Mais par la culture méthodique du varech, par la création de « varéchieres » artificielles, on pourrait considérablement augmenter la pro- duction du varech. Une pareille entreprise agricole marine serait d'autant plus facile à mener que les Zostères présentent de toutes les plantes marines le moins de difficultés de culture, parce qu'elles exigent pour leur croissance des estuaires, golfes abrités et peu profonds qui sont les plus accessibles. C. — CELLULOSE RETIREE DES ZOSTERES. Aprés avoir démontré que la fibre du varech pouvait servir de matière d'emballage et de matière première pour la fabri- cation du papier, il me reste à signaler l'utilisation du varech ayant en vue l'extraction de sa cellulose, pour étre employée comme matiére premiére pour les différents usages propres à la cellulose et notamment pour la fabrication de nitrocellulose, celluloid et acétocellulose. Pour ces usages il n'y a guére que le coton qui juqu'à présent ait été employé avec succés. La cellulose du varech, parait cependant réunir en elle les qualités requises à cet effet. La cellulose est extraite du varech en le débarrassant le plus completement possible de toutes les matiéres qui l'accom- pagnent : des sels en grande partie solubles dans l'eau et surtout dans l'eau acidulée, des matières hydrocarbonées, ainsi que des matières grasses, et azotées solubles dans les alcalis, et de la matiére colorante éliminée par le blanchiment. Le varech devra donc étre traité, lessivé méthodiquement, d'abord dans une premiére eau acidulée, puis dans une deuxieme eau alcaline ; il devra ensuite étre blanchi et finalement lessivé une derniere fois. } Pour la nitrification il est important que la purification de la cellulose soit poussée aussi loin que pratiquement possible, car ce n'est qu'une cellulose bien pure qui peut assurer les meilleurs résultats, tant pour la qualité des produits nitrifiés, que pour leur stabilité. (350) a D. — ENGRAIS POTASSIQUE HYDROCARBONÉ-AZOTÉ RETIRÉ DES ZOSTERES COMME SOUS-PRODUIT. Le varech tout en étant, au point de vue de sa valeur comme engrais, moins intéressant que les algues marines, contient néanmoins, à l'instar des autres plantes marines, de la potasse en quantité intéressante. Il contient aussi et méme essentiellement des hydrates de carbone, ainsi que de l'azote, accompagnés de phosphates et d'autres éléments utiles aux cultures. Si le varech, les Zosteres sont moins appréciées comme engrais que les algues marines, c'est moins leur plus faible contenance en sels de potasse, en azote ou en leurs autres éléments fertilisants qui les déprécie, mais plutót la résistance qu'offre leur fibre à sa décomposition. Le varech ne se décompose dans le sol que tres diflicilement. Les sous-produits par contre, résultant du raffinage de la fibre du varech et recueillis des eaux de lessivages, représentent un engrais completement assimilable. L'exploitation du varech devient ainsi rationnelle et inté- ressante. TROISIÈME PARTIE. . Les Algues rouges. L'UTILISATION DES « ALGUES ROUGES » (RHODOPHYCÉES ou FLORIDÉES), CONTENANT DE LA GÉLOSE. Laissant de cóté le point de vue botanique et ne me laissant guider pour l'établissement d'une classification pratique, pour les besoins de cette étude des différentes utilisations des plantes marines, que par la distinction que présentent ces utilisations au point de vue chimique, je distingue les algues marines qui con- tiennent de la gélose, de celles qui contiennent de l'algine. Les algues contenant de la gélose, bouillies dans de l'eau, SO iss lui cèdent leur matière gélatineuse, la gélose, et transforment l'eau en une gelée au refroidissement, à la condition, bien entendu, que la contenance en gélose soit suflisante. Par contre, les algues ne contenant pas de gélose, mais de l'algine, traitées de la même manière, ne transforment pas l'eau en gelée, mais la rendent simplement plus ou moins visqueuse, mucilagineuse, selon la concentration. Cette classification, tout en ne se basant que sur une distinction chimique des algues marines, distinction dans laquelle repose aussi celle de leurs différentes applications industrielles, concorde étonnamment avec la classification botanique, qui de même distingue les « algues rouges » (rhodo- phycées, appelées aussi floridées), algues contenant de la gélose, des « algues brunes » (phaeophycées), algues ne contenant pas de gélose, mais de l'algine. Je ne parlerai pas des « algues bleues » ni des « algues vertes », les deux classes les moins intéressantes des algues marines, au point de vue de leur abondance et de leurs utili- sations possibles. De ces algues 1l n'y a guére à signaler que l'Ulva Lactuca, la « laitue de mer » qui appartient aux algues vertes. Je commencerai par les « algues rouges », contenant de la gélose. D'elles aussi je ne décrirai que celles qui sont intéressantes par les utilisations industrielles auxquelles elles peuvent donner lieu. Je ne cite qu'en passant la « Mousse de Corse », vermifuge trés ancien qui à l'heure actuelle, n'est presque plus employé. Classiquement dénommée « Helminthochorton », la mousse de Corse est principalement composée des espéces : Corallina, Jania, Gelidium, Grateloupia, Bryopsis et tout particulicrement de l'Alsidium Helminthochorton, au moins pour ce qui concerne celle provenant des environs d'Ajaccio. La « Coralline », anthelminthique et antigoutteux autrefois tres employé, est actuellement presque oubliée. Son principal composant est la Corallina officinalis. D'une plus grande importance, tant médicale que plus particulièrement industrielle, sont par contre le « Lichen carra- gheen » et « l'Agar-Agar. A. — Le LICHEN CARRAGHEEN. « Lichen Carragheen » est la dénomination commerciale du Chondrus crispus, petite algue marine cótiere de la classe des algues rouges. (350) — 24 — Le Lichen Carragheen a fait son entrée dans l'art théra- peutique, il y a environ un siècle. Son pouvoir gélatinisant l'a fait utiliser dans la confection de gelées médicinales et culi- naires. Ce ne sont toutefois pas ces emplois qui ont valu au « lichen » son grand débouché actuel, mais son introduction relativement récente dans la fabrication des appréts et surtout des épaississants pour les besoins de l'industrie textile. L'accroissement rapide de la demande en ce produit en a fait augmenter simultanément la récolte. La récolte du lichen est pratiquée dans l'Océan Atlantique : sur le littoral de l'Irlande, d'oü lui vient le nom de « mousse d'Irlande », du comté de Plymouth, de l'état de Massachusetts de l'Amérique du Nord et tout particulierement de la Bretagne, 2 les récolteurs le dénomment « petit goémon » ou « goémon rise ». La cueillette du lichen a lieu en Bretagne de mai ou juin, selon les années plus ou moins avancées, jusqu'à septembre. Ne croissant pas au niveau de la haute mer, mais dans la zone située entre mi-marée et basse mer, le lichen ne peut étre récolté qu'aux basses mers et plus facilement à celles des grandes marées. Entrant dans l'eau jusqu'à la ceinture les récolteurs, hommes, femmes et enfants, arrachent avec les mains ou coupent à l'aide de couteaux les touffes de la petite algue qui en certains endroits forme le tapis végétal sous-marin. Grossièrement trié le lichen est exposé sur la grève, ou il est blanchi par la rosée et le soleil. Il est à remarquer que le soleil seul ne suffit pas pour le blanchiment, que la rosée ou toute autre humidification de l'algue avec de l'eau est non moins nécessaire. Ce procédé de blanchiment naturel est long et surtout dépendant du temps, car 1l ne peut étre pratiqué que par le beau temps, une pluie persistante dissolvant la matière géla- tineuse du lichen une fois coupé. De plus ce procédé ne permet qu'un blanchiment incomplet, car il ne décolore qu’imparfai- tement les parties plus fortement pigmentées. . Le blanchiment artificiel supprime les défauts du blan- chiment naturel. Le procédé le plus simple et le plus pratique est le traitement par l’anhydride sulfureux, produit par la com- bustion du soufre. Ce blanchiment est plus rapide et radical que le blanchiment naturel et n'est ni compliqué ni coüteux. Le désir de produire des qualités blanches, plus recherchées et par le fait mieux payées que celles pigmentées, foncées, incite les récolteurs et marchands de lichen à blahchir ainsi artificiellement les qualités qui ne leur paraissent pas assez belles. Ce blanchiment n'est pas aussi blämable que certains le considèrent et surtout quand il s'agit de lichen destiné à des O UE usages techniques. Il faut naturellement veiller à ce que le blanchiment ne soit pas poussé à l’exces et que le lichen une fois blanchi soit bien aéré. Pour les usages médicaux et alimentaires par contre ne peut, bien entendu, être admise qu'une qualité naturelle ou blanchie naturellement au soleil et à la rosée, un lichen complè- tement vierge. L'algue fraiche en séchant prend une consistance cartila- gineuse qui, en plus du blanchiment, change tellement son aspect quil n'est pour ainsi dire plus possible de reconnaitre cette algue une fois séchée. Les quantités de lichen récoltées sont relativement grandes pour une si petite algue. Dans le département du Finistère la récolte atteint environ mille tonnes par an qui se répartissent en moyenne ainsi: Primelin 3o tonnes, Guilvinec 50 tonnes, Ile Molène 50 tonnes, Saint-Pabu 60 tonnes, Landeda 5o tonnes, Ile d'Ouessant 8o tonnes, l'Aber-Ildut 5o tonnes, Ile de Sein 50 tonnes, Port Sall 3o tonnes, Plougerneau 150 tonnes, Kerlouan 100 tonnes, Ile de Batz 60 tonnes et Santec 8o tonnes. Dans les départements d’Ille-et-Vilaine, des Cótes-du-Nord, dela Manche jusqu'à Cherbourg, du: Morbihan, de la Loire- Inférieure et de la Vendée la quantité de lichen récoltée dans son ensemble est environ égale à celle du seul département du Finistere. La quantité totale de lichen récoltée en France est donc environ de deux mille tonnes par an. Le prix de vente du lichen, qui atteignait à peine 25-50 francs les 100 kilos au commencement de 1900, est monté à 50-100 francs les 100 kilos, selon la qualité. Cette hausse a été pro- voquée par une augmentation considérable de la consommation de ce produit qui actuellement cependant semble être près d'atteindre son maximum, au moins pour ce qui concerne lin- dustrie textile. Le lichen, en sa qualité de matière gélatineuse, remplace avantageusement la gélatine animale, la colle, l'empois d'a- midon, la gomme adragante, dans la plupart de leurs emplois dans l’industrie textile, pour l'encollage des chaines, pour l'apprét des tissus et surtout pour l'épaississement des couleurs dans l'impression des tissus. Trempé dans de l'eau froide le lichen gonfle. En chauffant ensuite le lichen fond en sa plus grande partie, comme de la gélatine, et au refroidissement il se prend en une gelée. A cet effet il faut toutefois, comme pour la gélatine, qu'il y ait une certaine proportion minimum de substance gélatinisante, c'est-à-dire au moins 5 grammes de lichen pour 100 grammes (350) — 90 — d'eau. A une dilution plus grande il ne se forme plus de gelée au refroidissement, mais simplement un liquide mucilagineux qui à chaud redevient fluide. Pour obtenir des solutions et des gelées convenables, il est nécessaire de filtrer les solutions,encore chaudes, de manière à séparer la partie soluble du lichen de la partie insoluble. Cette opération devient inutile en employant des produits tout prêts, comme par exemple la « Blandola » qui est extraite du lichen, en Angleterre. Le Menea par sa nature gélatineuse est plus avantageusement employé comme épaississant que comme apprét, ou l'insuffi- sance de sa viscosité exige l'addition de matières visqueuses mucilagineuses, comme par exemple l'Algine, la matière mu- cilagineuse des « algues brunes », dont il sera question plus loin. L'emploi du lichen comme matière culinaire dans la prépa- ration de gelées, de crèmes éclairs, de « crèmes de Larmor » et d’autres entremets particulièrement bretons est connu de tous, tout en n'étant cependant pas d'une grande importance. Comme il suflit d'une relativement petite quantité de lichen (1 vingtième) pour faire prendre en gelée une relativement grande quantité de liquide (d'eau ou de lait), dans lequel le lichen est bouilli, il ne peut dans ces emplois culinaires s'agir d'une utilisation de la valeur alimentaire de cette algue, mais simplement de ses propriétés gélatinisantes, dues à la gélose qu'elle contient. B. — L'AcAR-AGAR. Sous le nom d'« Agar-Agar » on comprend une série de produits venant de l'Asie orientale, retirés, comme le lichen carragheen, d'Algues rouges. L'agar-agar ou plutôt les différentes sortes d'agar-agar qui, selon leur provenance, different les unes des autres d'aspect et de qualité, ont la caractéristique commune de faire prendre l'eau en une gelée, au refroidissement, aprés y avoir été bouillies, comme le font les gélatines d'origine animale. C'est par analogie à celles ci que l'agar-agar est aussi appelé « gélatine végétale » ou « colle de poisson végétale ». Dans le commerce on distingue principalement les trois espéces suivantes d'agar-agar : 1° l'Agar-Agar de Ceylan, « Mousse de Ceylan », le thalle blanchi et séché à l'air de la Gracilaria lichenoides, algue rouge du littoral de l'Indo-Chine. Cet agar-agar gélatinise à partir de 2 °/,, c'est-à-dire transforme en une gelée jusqu'à 5o fois son poids d'eau. | 2° l'Agar-Agar de Macassar et de Java, « lichen des Indes », le thalle brun jaunátre ou rougeátre, séché à l'air, de l'Euchuma spinosa, algue rouge de l'Océan Indien. Cet agar-agar gélatinise à partir de 6 %/.. 3» l'Agar-Agar du Japon, « Ichtyocolle » ou « colle de poisson végétale », retiré de différentes algues marines du littoral japonais, particuliérement de l'espéce Gelidium cor- neum, algue rouge des plus riches en gélose. Les Japonais, pour la préparation de leur agar-agar, font bouillir les algues, pendant quelques heures, dans environ 50 fois leur poids d'eau. Par cette opération ils extraient la gélose (hydrate de carbone soluble particulièrement dans l'eau chaude) contenue dans les algues, ainsi que simultanément une partie de la matiére azotée qui accompagne la gélose. Ils ajoutent ensuite au liquide bouillant. environ une demi-heure avant de le retirer du feu, un peu de vinaigre ou d'acide sulfurique pour clarifier la solution. Cette addition d'acide insolubilise la matiere azotée qui, en se précipitant, entraine avec elle les impuretés contenues dans la solution. Le liquide clarifié, encore chaud, est passé à travers une toile et coulé dans des auges carrées, oü, en refroidissant, il se prend en une gelée. Les blocs de gelée sont exposés au froid sec, — cette fabri- cation se faisant en hiver par un temps de vents secs, — afin de les congeler et de les dessécher. L'eau contenue dans les blocs, parla congélation, se dilate et par ce fait est petit à petit expulsée de la masse qu'elle rend ainsi poreuse et légére. Cette opération est répétée jusqu'à ce qu'elle ait produit la dessication voulue. Les blocs desséchés sont ensuite découpés en l'une des trois formes suivantes : 1° grosses pailles d'une longueur allant jusqu'à 50 centi- metres ; 2? lamelles d'une longueur de 20 à 30 centimètres sur une largeur de 3 à 4 centimètres ; 3° blocs rectangulaires d'une longueur d'environ 20 centi- mètres sur une largeur d'environ 3 centimètres et une épaisseur égale. L'agar-agar du Japon gélatinise déjà à partir de 1/2 %/,. Son pouvoir gélatinisant est le plus grand de tous les agar-agar, dont il a acquis la plus grande importance. Sa production annuelle dépasse 1.500 tonnes, représentant une valeur de plus de 7 millions de francs. (350) — Me m L'agar-agar n'est pas le seul et pas le plus important des produits que les Japonais retirent des plantes marines. Bien plus importante est leur production de « Kombu », produit alimentaire national de l'Extréme-Orient. ll en sera question plus loin, en parlant de l'algine. L'agar-agar est moins un aliment que simplement un con- diment, dont on se sert en Orient, principalement pour épaissir les sauces. C'est la propriété épaississante, gélatinisante de l'agar-agar qui est utilisée aussi en Europe, en l'employant à la préparation d'entremets et de confitures, ainsi que de gelées pour des cultures bactériologiques. L'emploi de Pagar-agar comme matière épaississante dans l'industrie textile est minime, son prix trop élevé n'en permettant qu'un usage trés restreint. L'agar-agar s'emploie par contre davantage dans la prépa- ration de produits cosmétiques, surtout de crémes de beauté. L'agar-agar s'emploie aussi en médecine, oü il forme la base d'une série de produits laxatifs, plus ou moins bien composés. L'action stimulante et régulatrice de l'agar-agar sur les fonctions du gros intestin est indéniable et certainement précieuse. C'est gràce à elle que les Japonais et les Chinois ignorent la consti- pation, faisant un régulier emploi de ce produit dans la prépa- ration de leurs mets. La propriété native anodine de l'agar-agar devient cependant illusoire quand elle est renforcée par celle de violents purgatifs ou drastiques, aux défauts desquels lagar- agar devait obvier. L'intérét que présente l'industrie de l'agar-agar est évident et d'autant plus grand que ce produit est vendu à un prix fort élevé. Personne ne semble cependant jusqu'à présent avoir sérieu- sement recherché, s'il n'était pas possible de trouver sur notre littoral européen des algues semblables à celles qui au Japon servent à la fabrication de l'agar-agar, c'est-à-dire des algues riches, comme elles, en gélose. En effet et sans méme étre obligé d'avoir recours à d'autres algues rouges, comme le Chondrus crispus fournissant le lichen, nous trouvons sur notre littoral des Gelidium, la matière pre- mière par excellence de l'agar- agar. Quoi de plus facile que de récolter et, si besoin était, méme de cultiver ces Gelidium et que d'obtenir, par évaporation rationnelle des solutions de gélose, un agar-agar d'une forme plus facile à manier que les formes bizarres que les Japonais donnent à leurs produits. Quelles richesses qui dorment encore encore dans la mer et dont nous pourrions si facilement tirer profit ! — 20 — QUATRIEME PARTIE. Les Algues brunes. L'UTILISATION DES « ALGUES BRUNES » (PHAEOPHYCEES), PARTICULIÈREMENT DES LAMINARIACÉES, CONTENANT DE L'ALGINE. En parlant de « varech » j'ai fait remarquer que cette déno- mination sert de préférence à désigner les plantes marines « non-algues », les Zostères, tandis que la dénomination de « goémon » sert plutôt à désigner les véritables algues marines, dont on distingue le « goémon de rives » du « goémon de fond », classification qui n'a d'autre valeur que celle d'établir une diffé- rence entre le goémon croissant sur la partie des rives qui se découvre aux marées, le goémon de rives, et celui croissant plus bas, ne se découvrant plus, le goémon de fond. Cette clasification des algues marines a été établie, comme je l'ai déjà fait remarquer, par d'anciens décrets réglementant la récolte du goémon. Le « goémon de rives » est principalement constitué de fucacées et le « goémon de fond » de laminariacées. Les fucacées, par le fait de se découvrir aux marées, sont les algues marines les mieux et les plus anciennement connues, tant des riverains que des visiteurs des bords de la mer qui les appellent vulgairement globalement « goémon noir ». Les principales espèces des fücacées sont le Fucus vesicu- losus, Fucus serratus, Fucus platycarpus, Ascophyllum no- dosum, Halidrys siliquosa, Himanthalia lorea. Tout en ayant frappé les premières notre attention, en se présentant à nous découvertes aux marées basses, les fucacées ne sont cependant pas les plus intéressantes des plantes marines. Bien plus intéressantes sont les laminariacées qui, cachées davantage dans la mer, ne frappent pas notre vue. Les fucacées quoiqu'étant composées, en grandes lignes, (350) EE à Les — are t RIRS MES a S E ROT ne ALAS, oe X. A LO, TRU dela méme maniére que les laminariacées, sont moins riches en matiere azotée et surtout en sels de potasse et en iode. 'Tout en étant répandues dans presque toutes les mers tem- pérées, les fucacées sont aussi moins abondantes, de moins grandes dimensions et forment des agglomérations moins volumineuses que les laminariacées. Je ne m'attarderai donc pas auprès de cette famille indus- triellement moins intéressante, mais par contre davantage auprès de l'autre grande famille des algues brunes, les lami- narlacées, principaux représentants du goémon de fond. Ce que je dirai des laminariacées au point de vue de leurs utilisations pourra néanmoins, en une certaine mesure, être appliqué aussi aux fucacées. Les laminariacées croissent principalement dans les mers tempérées, dans la zone côtière qui prend naissance à la limite inférieure des fluctuations des marées et qui descend jusqu'à une profondeur de quelques centaines de mètres. Cette zone est d'autant plus large que la côte est moins inclinée et inversement d'autant plus étroite que les grandes profondeurs se rapprochent davantage de la terre, que les ressauts sont plus brusques. C'est sur le sol rocheux de cette zone que les laminariacées se fixent à des galets qui leur servent de points d'attache et qu'elles forment de véritables foréts sous-marines. Recherchant une eau fréquemment renouvelée, une eau «courante », les laminariacées sont particulièrement abondantes sur les cótes baignées parles grands courants marins, comme le Gulf-Stream, le Kuro-Sivo ou courant noir et le courant Californien. Un coup d’ceil sur la mappemonde, sur les courants marins et sur la répartition mondiale des laminariacées suflit pour démontrer l'éclatante confirmation de ce fait. Les laminariacées, par rapport aux autres plantes marines, sont d'une longueur considérable, variant, selon les espèces, entre environ un mètre et une centaine de mètres. Elles ont une coloration qui va du brun au vert olive, noircissant à la dessiccation. Elles sont composées : 1° d'une racine, crampon, qui ne sert pas à l'alimentation de la plante, car celle-ci se nourrit sur toute sa surface par endosmose, mais qui lui sert de point d'attache au sol de la mer ou plutót au galet auquel elle est fixée. 2? d'un stipe E représente une tige et qui est un organe plus ou moins fort, plus ou moins flexible. 3» de lames ou de frondes qui représentent des feuilles et qui généralement sont longues et plates. Zu 2 La région génératrice des laminariaeées est située aux bases des lames, à leur passage au stipe. Nos laminariacées les plus répandues sont les Laminaires. Les Laminaires croissent dans la partie supérieure de la zone des laminariacées, ne descendant qu'à des profondeurs de quelques dizaines de métres. Les laminariacées les plus répandues des cótes américaines du Pacifique sont les Macrocystis, Nereocystis et Pelagophycus. Ces laminariacées croissent dans une zone plus étendue que les Laminaires, descendant à de plus grandes profondeurs. Elles constituent ce qu'on appelle vulgairement le « goémon géant », dénomination qui leur a été donnée avec raison, car ces espèces atteignent des dimensions gigantesques. Fixées par leurs racines crampons à des roches, elles envoient des profondeurs leurs stipes et frondes jusqu'à la surface de l'eau, les soutenant en nage par de nombreux flotteurs, réservoirs organisés, remplis d'air. Les Laminaires les plus répandues sur nos cótes européennes sont la Laminaria flexicaulis, la Laminaria Cloustoni, la Lami- naria saccharina et la Saccorhiza bulbosa. Paul Hariot écrit à leur sujet dans les Annales de l'Institut Océanographique : « Des trois Laminaires répandues sur nos cótes la Laminaria saccharina ne présente pas de diflicultés de détermination. Il n'en est pas de méme des autres Laminaires que l'on arrive à reconnaitre avec un peu d'habitude. C'est Clouston qui, en 1834, le premier les a distinguées et Le Jolis (Le Jolis, Examen des Espèces confondues sous le nom de Laminaria digitata auct., suivi de quelques observations sur le genre Lami- naria) dans un excellent travail en a donné les caractères avec beaucoup de précision. Sous le nom de Laminaria digitata on a longtemps con- fondu deux espèces distinctes : l’une, la Laminaria flexicaulis, la plus commune, à stipe flexible et très élastique, légèrement comprimé. à peu près fusiforme, lisse et poli, jamais ou très rarement couvertes d'algues, s'aplatissant nettement au sommet. Le passage de la fronde au sommet du stipe ne se fait pas brusquement, mais graduellement et la fronde est plus ou moins décurrente sur le stipe. Les racines sont disposées sans aucun ordre sur un ou deux rangs. La fronde est polymorphe et habituellement plusieurs fois plus longue que le stipe, de dimensions bien plus considérables que celle de la Laminaria Cloustoni, de consistance moins coriace, brun olive, noircissant par la dessiccation. Le stipe ne renferme pas de canaux à mucilage qu'on ne trouve que dans la fronde ; il ne présente pas de zones concen- (350) E er triques. Il se décompose rapidement. La fructification a lieu en été et en automne. La Laminaria flexicaulis n'a pas de périodes de végétation nettement déterminées, sa longueur et la grosseur de son stipe paraissent varier surtout avec la profondeur de l'eau. La fronde a un développement continu et indéfini et peut ainsi acquérir de trés grandes dimensions. L'autre espéce, la Laminaria Cloustoni, présente un stipe trés rigide et cassant, méme quand 1l est jeune.; il devient de plus en plus ligneux axec l’âge ; il est rugueux à sa surface et habituellement recouvert d'algues, arrondi, renflé à la base, s'amincissant vers le haut et restant arrondi. Les racines sont disposées par verticilles placés les uns au-dessus des autres. La fronde s'évase subitement au sommet du stipe, élargie et quel- quefois cordiforme à sa base, presque toujours profondément laciniée ; sa longueur ne dépasse pas celle du stipe. Elle est épaisse et coriace, brun rougeàtre méme sur le sec. La plante toute entière donne un abondant mucilage visqueux. La fructi- fication a lieu en hiver. Le stipe est vivace ; il croit chaque année régulièrement en longueur et en grosseur et présente des zones concentriques. Il ne se décompose pas facilement et devient dur comme var la pierre. La fronde est annuelle, l'ancienne se détache vers le mois de mois de mai, chassée par la jeune développés à à sa base. La Laminaria Cloustoni habite un niveau un peu plus bas quela Laminaria flexicaulis et n'apparait qu'aux plus basses marées d'équinoxe. On voit alors pour ainsi dire la lisière d'une petite forét se prolongeant au loin sous la mer et formée de frondes flottant comme des panaches au sommet des stipes, qui restent dressés perpendiculairement. Elle aime les récifs battus par les vagues. La Laminaria flexicaulis au contraire apparait au niveau des basses mers ordinaires, complètement couchée et appliquée quand le flot se retire. Les pécheurs et les habitants avaient distingué ces deux plantes bien avant les algologues. La Laminaria flexicaulis est connue sous les noms verna- culaires d'« Anguiller », « Foué », « Toutrac », « Tali » et la Laminaria Cloustoni sous ceux de « Mantelet », « Calcogne », « Cuvy » et « Tali-Pen ». On peut avantageusement distinguer les diferente espèces de nos principales laminariacées comme il suit : Laminaria Cloustoni: Lame divisée. Canaux mucifères dans le stipe et dans la fronde. Laminaria flexicaulis : Lame divisée. Canaux mucifères seulement dans la fronde. FRE ce Laminaria saccharina : Lame entière. Canaux muciferes seulement dans la fronde. Saccorhiza bulbosa : Canaux ni dans le stipe, ni dans la | fronde. Aux trois Laminaires précitées il convient d'ajouter une quatrième, la Laminaria Lejolisii que M. Sauvageau, le grand botaniste de la Faculté de Bordeaux, a récemment découverte aux environs de Roscoff en Bretagne. Son stipe et sa lame sont blanchátres. La croissance de cette Laminaire est tellement rapide que M. Sauvageau craint qu'elle ne supplante bientôt la Laminaria Cloustoni dont la croissance est plus lente. A cette découverte M. Sauvageau vient d'en ajouter une nouvelle, non moins grande, concernant le développement des Laminaires. Il a trouvé qu'il existait chez les Laminaires une alternance de génération analogue à celle des Pon vasculaires les plus élevées. Le cycle est composé d'un prothalle sexué, transitoire et de la plante asexuée, née par fécondation sur ce prothalle. (est en oe une algue brune du méme groupe, la Phyllaria reniformis, que M. Sauvageau a constaté que le prothalle filamenteux de cette espèce se développe en parasite a Pintérieur du thalle des algues calcaires du genre Litho- thamnion. Ce prothalle traverse ensuite l'algue calcaire, en la dissolvant sur son passage, pour venir au jour et donner alors la plante définitive. Les laminariacées précitées du littoral européen et japonais, ainsi que les autres laminariacées précédemment signalées (la Macrocystis pyrifera, la Nereocystis luetkeana et la Pelago- phycus porra) du littoral du Pacifique de l'Amérique du Nord, comptent non seulement parmi les plus abondantes des algues marines, mais elles paraissent aussi étre les plus riches en sels de potasse et en iode, abstraction faite de leur matière mucilagineuse d'usages multiples et de leur cellulose papyrifiable et textile. Les laminariacées, par ce fait, semblent être les plus inté- ressantes des plantes marines pour leur utilisation industrielle, à la condition toutefois d’y adjoindre aussi les Sargasses qui de même sont des « algues brunes ». Les Sargasses, d' une grande richesse de formes, croissent dans les mers chaudes et les mers tempérées. En pariant d'elles, le premier et le plus grand intérét est involontairement porté à l'accumulation d'algues marines la plus prodigieuse au monde qui, en plein Océan Atlantique, (350) entre les Bermudes et les Antilles d'une part, et lesiles du Cap Vert, les Canaries et les Acores d'autre part, forme la « Mer des Sargasses ». Cette immense étendue qui a une superficie d'environ 4 millions de kilomètres carrés, c'est-à-dire environ 7 fois la superficie de la France, ne forme pas un amas unique d'algues, mais est parcellée, les algues s'y présentant par touffes plus ou moins grosses, formant des étendues compactes plus ou moins considérables et dont certaines sont méme énormes. Il en est un peu comme de la banquise qui se déplace, se fragmente et dont les fragments s'écartent ou se soudent, suivant l’action des vents, des tempêtes et des variations de courants locaux et passagers. C'est là l'opinion de M. Richard, du savant directeur de l'Institut Océanographique de Monaco, qui accompagnant le Prince de Monaco a exploré ces lieux. Cette immense prairie flottante, intermittente de Sargasses, a été découverte par Christophe Colomb lors de son premier voyage en Amérique. Aprés avoir reconnu l'erreur de ses compagnons qui, au premier moment, prirent certains amas de ces algues pour de la terre ferme, Christophe Colomb lui donna le nom de Mer de « Goémon », en espagnol « Sargazo », d'oü « Mer des Sargasses ». Cette agglomération d'algues n'est pas, comme on l'a longtemps cru, formée de plantes arrachées des cótes ou venant du fond de la mer et déposées à cet endroit plus calme de l'Océan, enlacé par un courant marin, mais elle est constituée principalement d'algues vivantes, se reproduisant toujours à nouveau par boutures spontanées, par simple division des rameaux, assurant leur reproduction continuelle. La grande ramification des Sargasses, leurs frondes qui ressemblent à des feuilles trés déchiquetées et leurs flotteurs qui ressemblent à des fruits, leur donnent l'aspect de végétaux trés développés. Chimiquement composées comme les laminariacées, les Sargasses peuvent donner lieu, au moins en grandes lignes, aux mémes utilisations. Ce qui sera dit dans les chapitres suivants au sujet des lami- nariacées, pourra donc étre appliqué, en une certaine mesure, aussi aux Sargasses. A ce sujet je fais remarquer que sur le littoral japonais les Sargasses sont déjà depuis des années récoltées et utilisées à la préparation de l'iode, comme les Laminaires. Autrefois tres négligées, parce que peu connues, les lami- nariacées attirent sur elles de plus en plus l'attention qu'elles méritent. JE NUS Les diverses utilisations qui sont faites de ces algues ne sont toutefois pas encore rationnelles, car elles sont trop assu- jetties aux différents points de vue sous lesquels les utilisations de ces algues ont été envisagées dans les différentes régions, partant de certaines nécessités qui se sont fait sentir dans certaines régions autrement que dans d’autres. En Europe les laminariacées sont utilisées principalement à l'extraction de l'iode et secondairement à l'extraction des sels de potasse. Aux Etats-Unis de l'Amérique du Nord les laminariacées des côtes du Pacifique sont utilisées principalement à l'extraction des sels de potasse. Au Japon les laminariacées sont utilisées principalement pour tirer parti de la matiére mucilagineuse qui dans l'Extréme- Orient forme la base de denrées alimentaires de la plus grande importance. On estime, d’après MM. Perrot et Gatin, qui sur ce sujet ont publié une intéressante étude dans les Annales de l'Institut Océanographique, à 12 millions de francs la valeur du trafic annuel auquel donnent lieu au Japon ces utilisations des algues marines, sans compter la valeur des plantes marines employées par les récolteurs eux-mémes et qui ne peuvent étre englobées dans les statistiques. De ces faits 1l résulte la considération suivante : tandis qu'en Europe on utilise jusqu'à présent les laminariacées pour en retirer seuls les sels minéraux et l'iode et qu'à cet effet on détruit la matière organique, en l'incinérant, les Japonais au contraire utilisent les laminariacées pour tirer profit de leur seule matière organique. Je fais ici abstraction de l'extraction de liode que les Japonais ont entreprise à l'instar de nos usines d'Europe, ainsi que de l'extraction de la matiére mucilagineuse que l'usine de la Norgine a entreprise pour être utilisée comme matière pour apprêts, ces exploitations n'étant que secondaires à côté des autres principales. Je veux par contre faire ressortir : 1° la grande différence qui existe entre l'utilisation des algues marines telle qu'elle a été concue au Japon et celle telle qu'elle a été concue en Europe, un pays indépendamment de l'autre, sans influence mutuelle ; 2? le fait que les exploitations industrielles des algues marines ne font pas jusqu'à présent l'objet d'une utilisation compléte des algues marines, visant l'extraction simultanée de tous leurs éléments. Dans les exploitations extrayant la matière organique, les sels minéraux et l'iode sont perdus. dans les autres, extrayant les sels minéraux et l'iode, la matiére organique est perdue. (350) LRG e Les exploitations des algues marines telles qu'elles sont pratiquées jusqu 'à présent oat défectueuses : 1° parce qu’en tirant profit de certains éléments, elles entrainent la perte des autres. éléments qui les accompagnent dans les algues marines ; 2° parce que même en n'exploitant que les éléments isolés, elles entrainent déjà des pertes considérables de ces seuls éléments, comme c'est le cas dans la plupart des extractions actuelles de l'iode, du brome et des sels de potasse des algues marines. Ces pertes sont causées : 1° par le fait de sécher les algues marines à l'air libre ou plutót par les lessivages inévitables des algues qu "opèrent, pendant leur séchage, les pluies fréquentes et Tes fortes rosées des rivages de la mer ; 2° par l'écoulement de jus des algues entassées, jus riches en sels de potasse, iode et brome ; 3° par la sublimation dans l'air d'une partie plus ou moins grande dode et de brome, volatilisée pendant le brúlage des algues, surtout en présence de sable. Signaler ces pertes, montrer le chemin à suivre pour les éviter et pour conserver au bien des nations les grandes richesses qui continuellement sont gaspillées et négligées, est le but principal de la présente étude. En atteignant ce but, l'industrie goémonnière reconquerra, en méme temps, la primauté de l'iode qu'elle possédait ; autrefois, mais que, par l'imperfection dé ses méthodes, elle s'est laissé arracher par les usines de nitrates iodifères du Chili. N'auraient-elles pas depuis longtemps déjà dü étre perfec- tionnées les anciennes méthodes prodigues d'extraction de l'iode, du brome et des sels de potasse et du être combinées à l'extraction rationnelle et simultanée des autres éléments con- tenus dans les algues marines ! Quelle est donc, par rapport à la source merveilleuse que représentent les algue s marines, la situation des exploitations nitratières iodiferes du Chili et de celles potassiques bromifères d'Allemagne ? Est-elle vraiment meilleure la situation. des gisements de nitrates que celle des exploitations goémonnières conduites rationnellement ? Non, car abstraction méme faite de l'appauvrissement con- tinuel des gisements de nitrates, ceux-ci représentent de moins en moins la source unique et principale des produits azotés. La production de sulfate d'ammoniaque des usines à gaz et de coke a déjà atteint la moitié de celle des gisements de nitrates et elle continue à augmenter. À cette production vient de s’ajouter, a comme plus grande source d'avenir encore que celle précitée, l'utilisation de l'azote atmosphérique pour la production de cyanamide de chaux, de nitrate basique de chaux, d'acide nitrique, de nitrate de soude, de nitrate d'ammoniaque et d'ammoniaque synthétique. Ces industries et particulièrement celles puisant l’azote dans l'atmosphère, après avoir passé par le développement qu'exige toute nouvelle méthode pour sa mise au point définitive, amè- neront plutôt une baisse qu'une hausse des produits azotés. La baisse est le résultat inévitable et naturel de toute lutte entre des industries rivales. La baisse est aussi le meilleur moyen pour donner plus d'extension aux marchés des produits qu'ils atteignent. Pour pouvoir vendre davantage, il faut vendre moins cher et ouvrir ainsi de nouveaux débouchés que des prix trop élevés rendaient inabordables. Nous en avons un frappant exemple dans le grand essor qu'a pris le carbonate de soude. Sa consommation a augmenté dans d'énormes proportions, au fur et à mesure méme de l'abais- sement de son prix de vente. Les usines de nitrates du Chili sont donc obligées de compter plutót avec une baisse qu'avec une hausse des nitrates. Quoiqu'il soit vrai que les bénéfices actuels des usines de nitrates du Chili sont encore trés grands, nonobstant l'augmen- tation toujours croissante de leurs prix de revient, il est non moins vrai qu'en abaissant le prix de vente des nitrates, ces usines ne pourront pas baisser en méme temps le prix de vente de l'iode. Tout au contraire, au fur et à mesure méme que les nitrates baisseront, l'iode deviendra de plus en plus le produit fournissant les bénéfices, jusqu'au moment de l'épuisement final de ces gisements qui n'est qu'une question de temps. Il en est de même pour les gisements de potasse bromifère d'Allemagne qui un jour aussi s'épuiseront. Bien plus sürement établis, dans la plus féconde des sources, sont par contre l'iode, le brome et les sels de potasse contenus dans les plantes marines, oü ils sont de plus accompagnés d'autres matiéres non moins utiles et intéressantes par les avantages que peuvent procurer leurs applications dans nombre de grandes industries, comme le démontreront les chapitres suivants. Je ne décrirai pas les propositions que Stanford et Balch ont faites, de carboniser les algues marines, dans des cornues, et d'en retirer les produits de distillation. Quoique ce procédé, introduit par Stanford dans la North British Chemical C° limited de Glasgow, donne un rendement en iode de près du double de celui du brülage des algues à l'air libre et un plus grand rendement aussi en sels de potasse, il détruit cependant (350) Erg Sy la matière organique précieuse par ses composants, en décom- posant ceux-ci, par la chaleur, en des matiéres moins intéres- santes, pouvant tout aussi bien étre retirées des gadoues, de la tourbe, ou d'autres déchets d'origine animale ou végétale. Moins satisfaisants encore sont les résultats des procédés basés sur la putréfaction des algues marines, pour en récolter les jus riches en iode, en brome et en sels de potasse. A part les inconvénients techniques que présentent ces procédés, ils sacrifient complètement la matière organique. Je ne décrirai pas non plus les autres procédés qui ont été proposés pour extraire l'iode des plantes marines, en conservant la matiére organique, en tant qu'ils se sont révélés comme impra- ticables : les uns parce qu'ils sont basés sur des conceptions fausses de la constitution des plantes marines et ne peuvent par ce fait pas donner les résuitats qu'ils énoncent et les autres parce qu'ils ne peuvent économiquement et industriellement pas étre exécutés, car il y a une bien grande différence entre faire des réactions dans un laboratoire avec des brins d'algues et traiter industriellement des quantités d'algues. C'est ainsi qu'un brevet a été pris par MM. Herland et Julien « pour un procédé d'extraction de l'iode des varechs frais ». Ce procédé à la chaux fournit d'une part des « tourteaux de varech calcaire, pouvant étre vendus comme engrais » et d'autre part une solution saline. Cette solution est toutefois trop diluée et surtout trop chargée en matiére organique, pour pouvoir industriellement en précipiter liode et en séparer les sels. Aussi ce procédé n'a-t-il pu avoir d'application industrielle. Il en est de méme pour un brevet pris par M. Dubreuil « pour un procédé d'extraction directe de l'iode des goémons verts et traitement des engrals qui en résultent par l'acide sulfurique ». Ce procédé à l'eau de mer, additionnée d'un acide, ne doit débarrasser le goémon vert que de son iode et doit lui laisser tous ses sels, pour étre employé comme engrais. Quoique l'eau de mer forme en effet un certain obstacle à la dissolution des sels contenus dans le goémon vert, ce procédé, comme le précédent, fournit: des solutions trop diluées pour industriellement pouvoir en précipiter l'iode. Ce procédé n'a par ce fait pas non plus pu étre pratiqué. Je décrirai par contre avec davantage de précisions les différentes méthodes qui industriellement sont actuellement pratiquées pour l'extraction des éléments contenus dans les algues marines, en y ajoutant les méthodes plus rationnelles que jai mises au point industriellement et que je propose d'adopter. Je décrirai en méme temps les propriétés des éléments contenus dans les algues brunes et les emplois auxquels ces éléments peuvent avantageusement donner lieu. Je commence cette description en donnant préalablement e un apercu de la composition moyenne de nos algues brunes de fond, c'est-à-dire de nos laminariacées et plus particulièrement de la Laminaria flexicaulis. COMPOSITION MOYENNE SCHÉMATIQUE DE LAMINARIA FLEXICAULIS IOOO / Laminaire fraîche 200 800 Laminaire sechée a lair Eau ^ 160 40 Laminaire complétement séche Eau ; 100 60 Matière organique Matiére minérale Dies corps c. | [ [xou Aen] | 65 15 5 13 2 3o 28 I I À Matière Matière Mannite Cellulose Malieres grasses, Sels de Sels de lode Brome hydro-car- — azolée huiles essentielles, potasse soude, bonée. malières colorantes. ^. magnésie, (Algine) chaux, elc. N. B. — Les contenances en ces différentes matières et plus parti- culierement en sels de potasse, en iode et en brome varient considéra- blement selon les espèces, les lieux de croissance et les saisons. Les contenances ci-dessus indiquées sont celles moyennes sché- matiquement arrondies de Laminaria flexicamis des côtes noroises du Finistère. = La récolte du goémon de fond est pratiquée en Europe, dans l'Atlantique, par des pêcheurs, « goémonniers », qui, montés à deux ou trois dans des barques à voiles de 2 à 5 tonnes, coupent les algues sous l'eau, à l'aide de faucilles emmanchées à des perches de quelques metres de longueur, les attirent avec adresse à la surface et les déversent dans leurs embarcations. Les goémonniers profitent de la marée descendante pour se rendre sur les lieux de récolte des Laminaires, qu'ils coupent à (350) basse mer, la profondeur d'eau, alors moins grande, leur per- mettant de les atteindre plus facilement. Leur récolte faite ils profitent de la marée montante pour retourner à terre. La récolte du goémon par la coupe est plus rationnelle, au . . As point de vue de la conservation des algues et de leur reproduction, que la récolte par l'arrachage telle qu'elle est en usage au Japon. Les goémonniers japonais saisissent et enroulent les algues à l’aide de gaffes ou crochets, fixés à un cable ou à une perche ? I et les arrachent du fond. A l'instar des goémonniers japonais la Société de la Norgine a tenté d'introduire dans la Manche, aux environs de Saint-Brieuc, cette méthode d'arrachage des laminaires, par des engins sem- blables, par des crochets disposés en tire-bouchons, fixés à des cables ou des perches. Cette méthode n'a heureusement pas trouvé de grande extension en France. Comme la plupart des goémonniers européens, de méme les goémonniers américains coupent le goémon et ne l'arrachent pas. En gens plus pratiques les Américains remplacent cependant les bras d'homme par des bras mécaniques qui, tout en ne se fatiguant pas, travaillent plus vite. A la place des faucilles, adaptées à des perches, ils emploient des faucheuses qui sont adaptées à des bateaux, de maniere à pouvoir couper le goémon à volonté à une certaine profondeur sous la surface de l'eau. A ces faucheuses sont combinés des ráteaux mécaniques qui, montés sur un ruban sans fin, retirent de l'eau le goémon coupé et le déversent dans le bateau à l'endroit voulu. Ces bateaux en marche de récolte avancent à une allure d'environ trois kilomètres à l'heure. Ils représentent de véri- tables machines agricoles marines qui sont certainement trés pratiques et je dirai méme indispensables quand il s'agit de récolter réguliérement des quantités considérables de goémon, surtout dans des pays où la main-d'œuvre est insuffisante et coüteuse, comme c'est particulierement le cas dans les Etats- Unis de l'Amérique du Nord. Aussi ces bateaux-récolteurs y ont-ils pris rapidement un relativement grand . développement. Les derniers construits atteignent les dimensions de cargos et permettent de récolter jusqu'à 60 tonnes d'algues à l'heure. La récolte du goémon par voie mécanique revient sensi- blement meilleur marché que celle par bras d'homme. Méme dans les contrées ou la main-d'œuvre n'est relativement pas coüteuse, oü elle ne dépasse en moyenne pas 5 francs la tonne de goémon, la récolte mécanique revient encore meilleur marché que la récolte manuelle. La quantité de goémon de fond récoltée en Europe, c'est- à-dire en France, Grande-Bretagne et Norvége, pour les besoins de l'industrie iodière, est d'environ 400.000 tonnes de goémon vert par an, dont environ 100.000 tonnes sont récoltées en France. La récolte pourrait facilement être augmentée, considéra- blement, car la partie des forêts sous-marines de goémon jusqu’à présent exploitée est bien petite par rapport à celle qui prati- quement pourrait être exploitée. De plus il est à remarquer que le goémon coupé repousse très vite, — on peut en moyenne faire trois récoltes par an, — surtout s'il est coupé au-dessus de la base des « feuilles », ou plus correctement dit des lames. Comme il est inutile de couper le goémon à ras du sol, que c'est méme chose impossible en coupant mécaniquement, la récolte mécanique plus intense du goémon ne peut présenter aucun danger, ni pour la reproduction du goémon, ni conséquemment aussi pour ceux qui vivent de sa récolte. Tout au contraire une augmentation de la récolte du goémon augmentera le bien-étre de la population des goémonniers et surtout s'ils coupent mécaniquement. Les goémonniers augmen- teront ainsi davantage leur bien-étre qu'en coupant à la main et cela en se fatiguant moins. Ils seront plus utiles en assurant la bonne marche des bateaux et des machines qui travailleront pour eux. D'autre part le surcroit de récolte de goémon procurera aux usines qui le traiteront de nouvelles ressources et ressources mémes inattendues, à la condition cependant que ces usines traiteront le goémon rationnellement, ce qui n'est pas le cas jusqu'à présent. Les 400.000 tonnes de goémon vert récoltées annuellement en Europe, pour l'industrie iodière, fournissent, par les pro- cédés jusqu'à présent employés, environ 175 tonnes d'iode, 10.000 tonnes de sels de potasse, 3.000 tonnes de sel marin brut et 7.000 tonnes de charrées. Ces 400.000 tonnes de goémon vert pourraient par contre fournir, par des procédés rationnels, environ 350 tonnes d'iode, environ autant de brome, 12000 tonnes de sels de potasse, 10.000 tonnes d'engrais minéralisateur et 40.000 tonnes de matiere organique. La valeur des produits jusqu'à présent retirés du goémon atteint à peine le quart de celle des produits qui pourraient étre retirés de cette méme quantité par des procédés rationnels. Cette énorme perte de matiéres a des causes différentes. . Les causes de cette perte sont tout d'abord et principalement inhérentes au fait du brülage du goémon, c'est-à-dire au fait de la combustion de la matière organique, constituant le goémon en sa plus grande partie. (350) Les causes de cette perte sont inhérentes aussi à la dessi- cation du goémon, par le fait que le goémon, en étant séché à l'air libre, est exposé aux intempéries et conséquemment à des lessivages de ses éléments solubles, en commençant par les plus solubles, les iodures, bromures et chlorures de potassium, de sodium et de magnésium, lessivages occasionnés par la brume, la rosée et la pluie. Les causes de cette perte sont inhérentes enfin encore à la haute température, à laquelle a lieu l'incinération du goémon, qui provoque la volatilisation d'une partie de l'iode, volatilisation favorisée par la présence de sable qui inévitablement s'attache au goémon en le séchant sur les dunes. Pour montrer l'importance de la déperdition en cendres et en lode provoquée par le seul séchage à l'air libre du goémon, c'est-à-dire par son lessivage par l'eau atmosphérique, je fais suivre le résultat d'essais qui à cet effet ont été exécutés par M. E. Allary, un des plus méritants chimistes de notre industrie 1odiére : l 18 kilos de laminaires coupées ont été divisés en deux parties égales, de manière à offrir une composition analogue, du poids de 9 kilos chacune. | Les premiers 9 kilos de Laminaires ont été brülés sans dessiccation préalable et ont produit 470 grammes de cendres, dont 8,238 grammes d'iode. Les autres 9 kilos de Laminaires ont été brülés aprés un long abandon à l'action de la pluie et ont produit 130 grammes de cendres, dont 0,940 grammes d'iode. Pour montrer d'autre part l'importance de là déperdition en iode provoquée par le seul brülage du goémon, par sa calci- nation méme, tant sans sable, qu'en présence de sable, je fais suivre le résultat d'essais qui ont été effectués à cet effet par M. Herland qui, comme M. Allary, s'est beaucoup dévoué à l'amélioration de la fabrication de Piode en partant des cendres de goémon : Cendres de goémon Cendres de goémon sans sable. avec sable. Contenance en iode Contenance en iode avant la calcination 46 9/00 36 0/00 après 15 minutes de calcination 33. o/oo 18 0/00 aprés 3o minutes de calcination 27 “loo 6 0/00 apres 1 heure de calcination 6 o/oo 3 0/00 après 2 heures de calcination 2,5 0/00 0,750 0/00 Après avoir démontré les principales imperfections des procédés sur lesquels sont basées nos méthodes jusqu'à présent employées pour l'extraction des éléments contenus dans les algues marines, j'en fais suivre la description. E ad — A cette description j'ajouterai comme complément la des- cription des méthodes plus rationnelles que je propose de substituer à celles qu'une routine sans raisons nous a fait utiliser trop longtemps. Le goémon servant à la fabrication actuelle de l'iode, du brome et des sels de potasse, est d'abord séché à l'air libre, sur les dunes, et est ensuite brülé, réduit en cendres. Ces cendres sont vulgairement, improprement, appelées « soudes », par analogie avec les cendres des plantes bordant la mer qui autrefois formaient l'unique source de soude. Le brülage du goémon est opéré, par les récolteurs de goémon, dans de longues fosses rectangulaires, garnies de gros blocs de pierre. Ces fosses, établies sur les bords de la mer, prés des lieux de séchage du goémon, ont environ dix mètres de longueur, 0,60 mètre de largeur et o,4o mètre de profondeur. Pour enflammer le goémon, on commence par faire un feu de branches d'ajoncs. On continue ensuite à alimenter le feu avec seulement du goémon, jusqu'au moment oü les cendres en fusion, représentant une masse épaisse semi-liquide, remplissent la fosse. Cette masse de cendres, en se refroidissant, se prend en un bloc grisàtre que les goémonniers détachent de la fosse par gros morceaux et transportent aux usines d'iode. Ces cendres sont plus ou moins noires selon que la calci- nation a été poussée plus ou moins loin, c'est-à-dire selon que la combustion du carbone de la matiere organique a été plus ou moins compléte. : Ces cendres contiennent plus ou moins de silice selon la nature du sol sur lequel le goémon a été séché et sur lequel conséquemment il s'est plus ou moins imprégné de sable siliceux, comme c'est le cas sur les dunes, contrairement aux plages rocheuses de galets. Les cendres de goémon contiennent en moyenne: 3o - 50 °/, de matières insolubles dans l'eau et 50 - 70 ?/, de matiéres solubles dans l'eau. Les matières insolubles dans l'eau comprennent princi- palement des carbonates, phosphates, silicates de chaux et de magnésie. Elles forment le résidu des usines d'iode qui est vendu aux cultivateurs sous le nom de « charrées de soude ». P Les matières solubles dans l'eau comprennent principa- lement des chlorures, bromures, iodures, sulfates, hyposulfites, sulfites et sulfures de potassium, de sodium, et de magnésium. Dans les usines d'iode ces blocs de cendres sont concassés en menus fragments. (350) Ces fragments sont soumis à un lessivage méthodique, à l'eau froide, dans une série de cuves en bois, en ciment ou en tôle. Ce lessivage est, de préférence, opéré en deux phases, pour séparer de suite les chlorures, bromures etiodures, plus solubles, des sulfates moins solubles. La première phase de ce lessivage des cendres est conduite jusqu'à une concentration atteignant 17 - 18° Bé. Cette solution, dénommée « eaux à chlorures », contient en dehors de la presque totalité des chlorures de potassium, de sodium, de magnésium, aussi les iodures et bromures. La deuxième phase de ce lessivage, qui ne permet guère d'être conduite à une concentration dépassant 8° Bé, fournit les « eaux à sulfates », qui contiennent principalement du sulfate de potassium. Les eaux à chlorures, résultant de la première phase du lessivage, sont concentrées, par évaporation, dans des chaudières en tôle, progressivement, jusqu'à environ 35° Bé. Pendant cette concentration la plus grande partie du chlorure de sodium se précipite. On le recueille au fur et à mesure de son dépôt. La liqueur clarifiée, concentrée à 35% Bé, est versée dans des cristallisoirs, oü, par refroidissement, elle laisse cristal- liser la plus grande partie du chlorure de potassium. Ce chlorure de potassium est purifié par des lavages à l'eau froide. Les eaux mères des cristallisoirs sont à leur tour concentrées jusqu'à environ 45? Bé. Le chlorure de sodium qui cristallise pendant la concen- tration est recueilli comme avant — ce chlorure de sodium est cependant moins pur que le précédent, entraînant avec lui du chlorure de potassium — et la liqueur clarifiée, concentrée, versée à son tour dans un cristallisoir, pour y laisser déposer la plus grande partie du restant de chlorure de potassium. Les eaux à sulfates, résultant de la deuxieme phase du _lessivage, sont de méme concentrées par évaporation. Pendant cette concentration il se précipite d’abord du sulfate de potassium qui est recueilli au fur et à mesure de son dépôt. A partir de 30° Bé il se précipite du chlorure de sodium qui de même est recueilli au fur eta mesure de son dépôt. La liqueur clarifiée, concentrée, est versée dans des cristal- lisoirs, où, par refroidissement, elle laisse déposer un mélange de sulfate de potassium et de sulfate de sodium. Les eaux mères résultant de ce traitement sont mélangées à celles résultant du traitement des eaux à sulfates et sont con- centrées jusqu’à environ 55° Bé. La liqueur concentrée est traitée par de l’acide sulfurique, pour décomposer les sulfures, sulfites et hyposulfites qu'elle contient, en les transformant en sulfates, sous dégagement d'hydrogène sulfuré et d’anhydride sulfureux, accompagné d'un dépôt de soufre. L’hydrogene sulfuré et l'anhydride sulfureux sont chassés par ébullition. Les eaux mères désulfurisées sont traitées par du chlore, ou par un autre oxydant, comme par exemple le chlorate de sodium en milieu acide, pour précipiter l’iode qui est ensuite lavé et essoré. Un excès de chlore est à éviter, afin d'empêcher la préci- pitation simultanée de brome, ainsi que la formation de chlorures d'iode ou de brome, ou de bromure d'iode qui sont volatils ou d'acide 1odique qui est soluble. Au lieu de précipiter Piode par du chlore ou par un autre oxydant, on peut aussi le précipiter par du chlorure de cuivre, en présence d’un réducteur, sous forme d'iodure cuivreux qui est insoluble. L'iode obtenu par précipitation directe, comme précé- demment indiqué, ou par précipitation indirecte, par l’inter- médiaire de l'iodure cuivreux, est sublimé dans des plats en gres ou en porcelaine, chauffés dans un bain de sable. Ces plats, dont l'un sert de fond et l'autre de couvercle, sont luttés l'un à l'autre à l'aide de papier imprégné d'empois d'amidon. M. Le Gloahec a proposé de remplacer ces plats par un appareil construit ou revétu d'une matiére appropriée de la forme d'une chaudiére à double fond, chauffé à la vapeur. Le travail de la sublimation est ainsi simplifié, plus rapide, plus régulier et aussi plus économique. Les eaux mères, résultant de la précipitation de l'iode, sont concentrées pour servir enfin encore à la distillation du brome, qui est dégagé par du chlore. Les vapeurs de brome sont recueillies sous de l'acide sul- furique. Les eaux résiduaires, pour ne pas étre perdues, sont ajoutées à l'eau servant au prochain lessivage de cendres. Voilà la méthode telle qu'elle est, dans sa plus grande per- fection, employée jusqu'à présent par les usiniers d'iode, pour la mise en valeur du goémon. Certaines améliorations ont été proposées par les uns ou les autres, mais sont restées inappliquées, n'ayant pas donné les résultats espérés. C'est ainsi que MM. Roussel et Thévenin, les fabricants d'iode bien connus, ont fait breveter un procédé de séchage du (350) -— — Sl m nn 2 ey nn g eg s goémon vert, par la chaleur développée par l'incinération du goémon Sec. ‘Cette chaleur qui se perd dans l'incinération telle qu'elle est pratiquée jusqu'à présent parles goémonniers peut en effet, à l’aide d’ appareils appropriés, servirà sécher du goémon vert, pour son incinération ultérieure. Le goémon rejeté comme épave, surtout en hiver, en tres grandes quantités, pourrait ainsi être séché et incinéré, alors que la mauvaise saison ne permet plus de le sécher à l'air libre. Il est regrettable que cette méthode n'ait pas été appliquée industriellement, car elle aurait contribué, au moins dans une certaine mesure, à améliorer les méthodes défectueuses actuel- lement employées en partant des cendres de goémon. Peut-être MM. Roussel et Thévenin ont-ils entrevu que l'avenir de l'industrie iodière n'était pas dans l'incinération du goémon, mais dans le goémon non incinéré, et ont-ils pour ce motif abandonné leur projet. En effet pour ne rien laisser se perdre du goémon, pour le traiter rationnellement, il faut traiter le goémon directement, sans le brüler, et en retirer simultanément tous les éléments. Pour retirer du goémon, pratiquement, ses éléments, il faut commencer par séparer la matiére minérale de la matiére organique, de préférence en dissolvant la matière minérale et en laissant la matière organique intacte. Pour dissoudre la matiére minérale, c'est-à-dire les sels de potasse, de soude, de magnésie, de chaux, etc.. qui se trouvent dans le goémon sous-forme de chlorures, bromures, iodures sulfates, phosphates, etc., il ne se présente guère de diflicultés, ces sels étant, en grande partie, solubles "dans l'eau et plus particulièrement dans l'eau acidulée convenablement. La dissolution de ces sels est de préférence opérée par un lessivage méthodique du goémon séché, dont les parois cellulaires font fonction de membranes dialysantes. Ces parois et particulièrement celles des plantes bien desséchées laissent traverserla matiére minérale relativement rapidement dans l'eau ambiante, tandis qu'elles ne laissent passer que très lentement la matière organique ou plutôt la partie de cette matière qui dans le goémon se trouve sous une forme relativement soluble, comme par exemple les alginates alcalins. L'addition d'acide à l'eau de lessivage du goémon ou sa formation dans l'eau de lessivage méme, est néanmoins essen- üelle, car on augmente ainsi non seulement la solubilité des sels, mais on préserve en méme temps la matière organique mucilagineuse de sa solubilisation qui, méme seulement partielle, serait déjà tres génante pour sa séparation ultérieure dela matiere minérale. B Pour retirer du goémon la partie de l'iode et du brome qui s’y trouve liée à la matière organique, pour scinder les combinaisons organiques iodées et bromées, sans altérer la matière organique, le goémon est traité par un agent oxydant en milieu légèrement acide. En ne poussant pas trop loin l'action de Poxy dant, on libère l’iode et le brome de la matière organique en laissant la matière organique, pour ainsi dire, intacte. Il va de soi que ce scindement de la matière organique iodée- bromée peut avoir lieu de différentes manières, selon que la séparation des autres éléments du goémon doit être plus ou moins complète. Ainsi quand il ne s'agit que de séparer l'iode et le brome du goémon, tant organiques qu'inorganiques, et de récolter les autres éléments globalement, donc sans les séparer les uns des autres, — soit pour les employer tels quels, soit pour leur faire subir des opération ultérieures — l'action de l'agent oxydant peut avoir lieu directement sur le goémon vert "et peut étre combinée à l'opération méme du séchage. Je parle ici, bien entendu, de séchage artificiel, dans un appareil approprié ou dans un espace clos, permettant de mener en méme temps l'oxydation. La chaleur nécessaire au séchage non seulement accélère la réaction, mais elle peut aussi être utilisée à la sépa- ration de l'iode et du brome. Quand il s'agit par contre de séparer, dés le début, le plus parfaitement possible, les différents éléments du goémon, ses sels minéraux, son iode et son brome, tant inorganiques qu'or- ganiques, ainsi que la matiere organique, dans ce cas l'action de l'agent oxydant, en milieu acide, a lieu plus avantageusement sous forme d'un lessiv age méthodique. Ces procédés, faisant l'objet de brevets francais et étrangers, peuvent étre modifiés selon les circonstances, sans pour "cela changer quoi que ce soit à leur principe qui est basé : 12 sur la différence de vitesse de diffusion de la matière minérale, de nature cristalloide, et de la matiére organique, de nature colloidale, et sur la différence de perméabilité des parois des cellules des plantes marines pour ces deux matières ; 2° sur l'insolubilité de la matière organique dans l'eau aci- dulée et l'augmentation simultanée de la solubilité de la matière minérale dans l'eau acidulée ; 3° sur le scindement des combinaisons iodées et bromées organiques par un agent oxydant en milieu légerement acide. La séparation des divers constituants de la matière minérale est ensuite opérée par les méthodes connues. De méme la séparation de la matiére mucilagineuse, l'algine, et de la cellulose, principaux constituants de la matiere orga- nique. (350) HAS UNE A titre d'exemple et d'orientation je fais suivre un schéma d'une exploitation de ce genre, tracé en grandes lignes : Laminaires séchées | Extracteur à marche continue (Système P. G.) | | Matière organique Solution minérale (Algine brute) (potassique, iodée, bromée) Extracteur à marche Evaporateur-cristalliseur continue (Syst. P. G.) à marche continue | | Algine Cellulose Sels Solution de potasse iodée, bruts bromée | | | | Sels Sels de soude, Iode Brome de magnésie, potasse chaux, etc. A. — L'ALGINE RETIREE DES ALGUES BRUNES, PARTICULIÈREMENT DES LAMINARIACÉES. La proportion de matière organique contenue dans les Laminaires est en moyenne d'environ 60 °/, du poids des Lami- naires complètement sèches. Cette matière organique est composée d'environ 65 °/, de matière hydro-carbonée, d'environ 15 °/, de matière azotée, d'en- viron 5 °/, de Mannite, d'environ 13 °/, de cellulose et d'environ 2 %/, de matières grasses et colorantes et d'huiles essentielles. La cellulose étant trés ténue et ne formant, par ce fait, pas d'obstacle à la plupart des applications de la matiére mucila- gineuse, sa séparation, dans la plupart des cas, est pratiquement inutile. La séparation de la cellulose et de la matière mucilagineuse s'impose par contre, quand il s'agit de tirer profit de la matière mucilagineuse et de la cellulose séparément. Je nomme « Algine brute » la matière mucilagineuse brute non séparée de la cellulose, pour la distinguer de « l'Algine », la matiere mucilagineuse séparée de la cellulose. ` La matière organique des Laminaires doit ses propriétés caractéristiques à l'algine, soit l'acide alginique (acide lami- narique de Schmidt) qu'elle contient. L'algine complètement purifiée est une matière hydrocar- bonée. Comme la purification complète de l’algine est non seu- lement onéreuse, mais aussi pratiquement inutile, il est convenu de comprendre sous la dénomination d'algine, cette matière plus ou moins bien purifiée, c'est-à-dire plus ou moins débar- rassée des autres matières qui l'accompagnent, mais exempte de cellulose. Sous la dénomination d'algine brute il est convenu de com- prendre par contre la matière organique totale, c'est-à-dire les algues simplement débarrassées, en leur plus g grande partie, de leur matière minérale. Cela dit je fais remarquer que c'est Stanford qui le premier s'est occupé de l'extraction de l'algine des algues marines. Son E uc est Jusqu'à présent resté le seul qui ait été indiqué pour la séparation de l'algine et des autres éléments contenus dans les algues marines et conséquemment aussi le seul employé par ceux qui, entrevoyant le grand intérét que présente l'algine, ont voulu industriellement la produire. Les uns ou les autres ont bien apporté quelques modifi- cations au procédé de Stanford, mais ils n'ont rien changé à son principe, qui consiste à extraire l'algine et à précipiter ensuite, par un acide, la solution d'algine. A. cet effet les Xe de préférence des laminariacées, sont trempées, à raison de 1 partie d'algues pour 100 parties de liquide, dans une solution aqueuse de : Lo de carbonate de soude calciné. Dans 24 heures les algues sont désagrégées. La solution d'algine, qui en résulte, Te un liquide trés visqueux. Ce liquide contient en suspens la cellulose restée indissoute, dont il est séparé en le filtrant à travers une toile. Si le liquide devait être trop épais et ne laissait rien passer à travers la toile, il serait rendu plus fluide en le chauffant lége- rement. La solution filtrée est traitée par de l'acide sulfurique dilué, qui précipite l'algine sous forme de flocons caillebotés d' acide alginique. Le précipité est bien lavé à l'eau, essoré et finalement séché. Ce procédé, aussi facile qu'il soit à exécuter dans un labo- ratoire, n'est industriellement pas praticable, parce que, pre- mièrement, il demande de bien trop grandes quantités d'eau par rapport aux algues traitées : 100 fois autant d'eau que d'algues pour l'extraction, c'est-à-dire pour la dissolution de (350) == O = n et pres de 50 fois autant d'eau que d’algues pour le lavage de l'algine précipitée. Des solutions pareillement diluées exigent des récipients . énormes et encore pour n 'obtenir finalement que de relativement bien petites quantités de substance. C'est là déjà un grand inconvénient pour un procédé in- dustriel, mais un plus grand inconvénient encore est, deuxiè- mement, l'élimination des grandes quantités d'eau que retient par son extréme spongiosité l'algine précipitée. L'élimination de pareilles quantités d'eau, surtout quand elle ne peut étre opérée, en sa plus grande partie, que par évaporation, est trop onéreuse pour la production économique d'une matière qui doit pouvoir ètre réalisée dans les conditic ns les plus favorables. Afin de ne pas être obligé d’“vaporer les énormes quantités d'eau que l'algine précipitée retient avec tant de ténacité, il ne faut pas dissoudre l'algine. Il ne faut donc pas extraire l'algine des algues, mais inversement extraire des algues les matières qui accompagnent l'algine, pour pouvoir ainsi l'isoler. Pour cela il faut débarrasser les algues de leur matière minérale et de leurs iodures et bromures organiques. A cet effet il faut lessiver les algues méthodiquement par une solution aqueuse d'un agent oxydant en milieu légerement acide, par de l'eau oxy-acidulée, comme je l'ai indiqué à la fin du ch napitre précédent. Le traitement des algues par lessivage méthodique avec de l'eau oxy-acidulée laisse la matiere mucila- gineuse brute, l'algine brute, indissoute, tout en assurant simul- tanément l'extraction des éléments minéraux. Ce traitement est non seulement facile à exécuter indus- triellement, mais il est aussi économique. Dans certains cas ce traitement peut méme étre combiné au séchage des algues, au séchage artificiel dans des appareils clos, permettant la récu- pération des substances devant étre séparées. En dehors de la séparation de l'iode et du brome, le séchage artificiel permet de réaliser en méme temps la séparation des sels minéraux, qui, vers la fin du séchage, commencent à se séparer des algues, par efllorescence. Cette efflorescence est d'autant plus grande que le séchage est plus complet. Cette séparation des sels minéraux et de la matière orga- nique, quoique suflisante dans certains cas, est cependant loin d'étre quantitative. Pour obtenir une séparation pratiquement complete de l'algine brute et des autres éléments des algues, il n'y a que le lessivage methodique qui industriellement et écono- miquement donne “de bons résultats. L'algine brute ainsi obtenue, grâce à ses qualités remar- quables” et non moins à sa production économique, est destinée à de grandes et intéressantes applications. Ce sera l'objet des chapitres sulvants. Ainsi que je Pai déja fait remarquer, c'est Stanford qui le premier s'est occupé de l'algine. Il en a fait une remarquable étude qu'il a publiée dans le « Journal of the Society of Chemical Industry ». C'est sur cette étude que j'ai basé la description que je vais donner de l'algine, en y ajoutant les résultats de mes observations personnelles. L'algine se présente, selon le procédé employé pour sa pro- duction et selon le degré de sa purification, sous forme d'une masse, ou d'une poudre de couleur grise, allant jusqu'au blanc. Son poids spécifique est de 1,530. L'algine (acide alginique) ressemble, sous certains points de vue, aux gommes arabiques et adragante (acides arabinique, métarabinique, bassorinique), ainsi qu'aux pectines (acide pectique), voire par ses dérivés à l'acide mucique et à la galactose. L'algine ou plutót l'acide alginique est insoluble dans l'eau. Pour solubiliser l'algine il faut la transformer en un sel alcalin. A. cet effet on trempe ro parties d'algine dans 1000 parties d'eau, tenant en dissolution 1 partie de carbonate de soude calciné ou une quantité équivalente de carbonate de potasse ou d'am- moniaque. Cette solution d'algine, ou plutót d'alginate de soude, de potasse ou d'ammoniaque, qui contient un exces d'alcali, peut, dans la majeure partie des cas, étre employée telle quelle. Pour le cas cependant auquel l'alcalinité de la solution pourrait gèner des opérations ultérieures, cette solution alcaline d'algine est neutralisée par l'addition d'un acide trés dilué : chlorhy- drique, sulfurique ou autre. De l'algine solubilisée par de la soude et de l'ammoniaque (alginate de soude et d'ammoniaque) a été introduite dans le commerce sous la dénomination « Norgine », par la Société de la Norgine, travaillant d'aprés les procédés du norvégien Axel Krefting, procédés basés sur ceux de Stanford, traitant les algues par un alcali, pour en extraire et solubiliser l'algine. Les solutions d'alginates sont coagulées parla plupart des acides. Il se forme de l'acide alginique insoluble dans l'eau, mais soluble à nouveau dans les alcalis. Les solutions d'alginates sont aussi précipitées par l'alcool éthylique et méthylique, par l'acétone, par les sels terreux, exceptée la magnésie, et par les sels métalliques, excepté le bichlorure de mercure. Les solutions d'alginates ne sont par contre pas précipitées par l'éther, la glycérine, l'alcool amylique, les acides acétique, borique, tannique, formique, benzoique, butyrique; gallique, pyrogallique et succinique. L'algine se distingue : de Palbumine, en ne se coagulant pas par la chaleur ; de la gélose, en ce que ses solutions, pré- parées à chaud, ne se gélatinisent pas en se refroidissant et en ce qu'elle se dissout à froid dans les alcalis. Elle differe de la gélatine, en ne donnant pas de réaction avec le tannin; de (350) A Gi ee la dextrine, de la gomme arabique et de la pectine, par son insolubilité dans l'alcool et dans les acides dilués. Les principales caractéristiques des alginates sont résumées dans l'énumération suivante des alginates, classés d’après leur solubilité, ou insolubilité dans l'eau. Alginales solubles dans l'eau. Alginates d’Ammoniaque, de Soude, de Potasse, de Magnésie, tous incolores. Les alginates alcalins, ainsi que l'alginate de magnésie, dissous dans de l'eau forment des mucilages plus ou moins visqueux et plus ou moins épais, selon leur concentration et selon la nature de leur base. C’est ainsi que la dissolution d'alginate d'ammoniaque forme des mucilages plus épais que ceile d'alginate de soude. La dissolution d'alginate de magnésie forme à son tour des mucilages encore plus épais que celle d'alginate d'ammoniaque. Les solutions des alginates alcalins ont la faculté de dissoudre de la gomme laque. Ces solutions, apres évaporation, laissent comme résidu une matière flexible, élastique, soluble dans l'eau. Cette matiere, traitée par un acide, devient insoluble dans l'eau, tout en conservant ses qualités de flexibilité et d'élas- ticité, qui sont semblables à celles de la gutta-percha. Alginates insolubles dans l'eau. Alginate de Baryte, dense, blanc. — Strontiane, dense, blanc. — Chaux, blanc. Durcit en des blocs blancs, facile à polir. Poids spécifique 1,6 (poids spécifique de l'ivoire 1:39). — Plomb, transparent, incolore. — (Argent, incolore, gélatineux. Imparfaitement in- soluble. Soluble facilement dans lammo- niaque. Tres sensible a la lumiere. Alginate de Mercure (alginate mercureux seulement), dense, blanc, gélatineux. Noircit par l'ammoniaque. — Cuivre, vert, gélatineux. = Cadmium, incolore, gelatineux. —: Bismuth, dense, blanc. — Fer (alginate ferrique seulement), rouge brun. — Cobalt, rougeátre, gélatineux. -— Nickel, verdâtre. REC AR Alginate de Manganèse, incolore, gélatineux. — Zinc, incolore, gélatineux. Chrome, bleu, gélatineux. d'Alumine, blanc, gélatineux. Soluble dans la soude caustique et donnant à l’évaporation une pellicule. d'Arsenic, incolore, gélatineux. d'Antimoine, dense, blanc. d'Etain, incolore, gélatineux. d'Urane, jaune brun, gélatineux. de Platine, brün, gélatineux. Alginates ammoniacaux solubles dans l'eau, donnant à l'éva- poralion une pellicule insoluble dans l'eau. Alginate de Strontiane ammoniacal, solution transparente. d'Argent ammoniacal, brun rouge foncé. Exposé au soleil donne un miroir d'argent. de Cuivre ammoniacal, solution bleu foncé, pellicules vert clair. Vernis hydrofuge et insecticide. Cobalt ammoniacal, solution rouge, pellicules rouge foncé. Nickel ammoniacal, solution bleue, pellicules vert brillant. Cadmium ammoniacal, opaque; pellicules blanches. Fer (ferrique) ammoniacal, solution rouge foncé, pellicules rouge noir. Ferrugineux médica- menteux. Chrome ammoniacal, solution bleue, pellicules vert olive. d'Alumine ammoniacal, solution transparente. de Manganèse ammoniacal, solution brune, pellicüles brun olive. à Zinc ammoniacal, brillant, pellicules transparentes. Vernis hydrofuge, comme l'alginate de cuivre, pour les cas auxquels la coloration de celui-ci est génante. d'Etain ammoniacal (alginate stanneux), pellicules transparentes. d'Etain ammoniacal (alginate stannique), pellicules transparentes. d'Urane ammoniacal, solution jaune foncé, pellicules jaune brillant. de Platine ammoniacal, solution jaune, pellicules Jaunes. (350) o — I”ALGINE COMME MATIÈRE ALIMENTAIRE. L'algine mérite un intérêt tout particulier comme matière alimentaire. Sous le nom de matières alimentaires j'entends celles de grandes consommations. Je ne considère pas comme telle les « nids d'hirondelles » qui sont faits d'algues marines et qui jouissent auprès des gourmets chinois et méme européens d'une grande renommée. En effet l'hirondelle salangane emploie, pour construire son nid, certaines algues que, par sa salive alcaline, elle solubilise et cimente l'une à l'autre. -Jé ne considere pas non plus comme telle les jeunes tiges de la Laminaria saccharina, ainsi que celles de la Laminaria flexicaulis, qui sous le nom de « Tangle » sont consommées par les riverains de certaines cótes de la Grande-Bretage et d'autres pays du Nord. Le résultat des observations personnelles que j'ai faites sur l'algine, comme matiere alimentaire, coincide avec celui des observations faites par H. Smith (The Seaweed industries of Japan. U. S. Bur. Fish. Bull.) et M. Reed.(The economic Seaweed of Hawai U. S. Dept. Agr. Ann. Rep.), qui relatent la grande importance des algues marines dans l'alimentation des Japonais, Chinois et Hawaïens. Les algues marines forment, d'aprés MM. Perrot et Gatin, sous le nom de « Kombu » l'aliment national par excellence des peuples d'Extréme-Orient, qui en font usage depuis le com- mencement du 18™ siècle. Les algues de fond, principalement les Laminaires, destinées à la préparation du Kombu, sont récoltées par des pécheurs, qui de leurs barques les arrachent en mer. Transportées à terre, elles sont séchées à l'air libre sur la gréve et soumises à un triage. Ce ne sont que les belles et jeunes lames des algues qui sont employées pour préparer le Kombu ; les vieilles et les moins belles lames, de méme que les stipes sont écartés. Les algues choisies et triées sont envoyées aux usines, oü elles sont transformées en l'une des nombreuses formes de Kombu, sous lesquelles elles sont présentées dans le commerce et dont la plus recherchée est celle du « Kombu en copeaux » ou « Kizamo », « ao ». Pour préparer le « Kombu en copeaux », les algues sont bouillies, pendant environ un quart d'heure, dans une solution de vert de malachite. Les algues ainsi colorées en vert sont égouttées et exposées à l'air jusqu'à ce que leur surface n'ap- paraisse plus mouillée. A ce moment les algues sont coupées en longueurs égales, empilées dans des cadres rectangulaires, arrosées avec de l'eau et fortement comprimées. Les blocs rectangulaires, qui en résultent, sont rabotés en de fins copeaux à l’aide d'une plane à main. Les copeaux sont étalés sur des claies et séchés à l'air, superficiellement, pour que les copeaux puissent étre pliés sans se briser. Pour Pusage local le Kombu est emballé dans du papier, tandis que pour les expéditions en Chine il est emballé dans des boites en bois. En dehors de cette méthode il en existe de nombreuses autres encore pour préparer le Kombu. Les algues et les parties grossiéres qui n'ont pas pu servir à la préparation du Kombu en copeaux sont trempées dans du vinaigre et séchées à l'air. Les algues ainsi assaisonnées au vinaigre sont soumises à des raclages plus ou moins profonds. Le premier raclage, qui consiste à enlever l'épiderme supérieur des algues, à l'aide d'un couteau grossiérement aiguisé, fournit des raclures qui contiennent toutes les impuretés des algues et- notamment du sable. C'est le Kombu le meilleur marché. En raclant davantage, jusqu'à l'enlévement complet de l'épiderme, on obtient le « Kombu noir en pulpe » ou « Kurotororo- Kombu ». En continuant à racler. c'est-à-dire en raclant l'in- térieur des algues, on obtient le « Kombu blanc en pulpe » ou « Shirotororo Kombu ». Si au lieu de racler l’intérieur des algues, on le divise en lames ou pellicules très fines, on obtient le « Kombu en pellicules » ou « Oboro Kombu ». Si ‘d’autre part on rabote les résidus des deux dernières opérations, après les avoir pressés, comme il a été dit pour le Kombu en copeaux, on obtient le « Kombu en cheveux blancs » ou « Shirago Kombu ». En coupant les algues, débarrassées de leur épiderme extérieur, en losanges ou en d’autres formes et en les séchant ensuite sur le feu, on obtient le « Kombu séché au feu » ou « Hoiro Kombu ». Les algues peuvent aussi êtres confites et fournir le « Kombu confit » ou « Kwashi Kombu ». Les algues peuvent encore être coupées de manière à imiter le thé et fournir le « Kombu thé » ou « Cha Kombu ». Les algues peuvent enfin affecter toute une série d'autres formes encore et subir d'autres préparations ana- logues. he Pour me résumer, je me bornerai a faire remarquer que le Kombu entre dans l'alimentation de presque toutes les familles japonaises et que c'est un de leurs principaux produits alimen- taires, subissant les accommodages les plus variés. La plupart des différentes sortes de Kombu ne sont peut-étre pas de notre gout, parce qu'elles ne sont pas suffisamment purifiées ou parce qu'elles sont apprétées autrement que nous en avons l'habitude, mais elles sont mangeables. Du reste « De gustibus non dispulandum ». En fait le Kombu n'est rien d'autre que de l'algue dessalée, de l'algine brute, comme il résulte des modes de préparation de Kombu que je viens de décrire. La consommation du Kombu (350) ES est considérable'et ne cesse de croitre, surtout en Chine. En 1901 les goémonniers de Kokkaido ont percu, à eux seuls, environ 2.500.000 francs pour leur récolte. Comptée à 2,50 fr ancs la tonne d'algues, cette somme représente un million de tonnes d'algues. Depuis cette époque la consommation a encore beaucoup augmenté. Cette indication, quoique bien incomplète, car elle ne concerne qu'une seule région de. récolte, permet cependant d'entrevoir la grande importance acquise par les algues de fond dans l'alimentation des populations de l'Extréme-Orient. Nos algues de fond européennes étant composées, en leur plus grande partie, des mêmes algues, contenant les mêmes matières, leur importance au point de vue alimentaire devient évidente. En effet, composée essentiellement de matières hydro- carbonée et azotée (protéique), comme le démontre le tableau suivant, l’algine brute, dite algine nourriture, représente une matière vraiment nutritive, intéressant tant l'alimentation humaine que celle des animaux. Algine brute dite Alginé nourriture. (retirée des Laminaires) MatiereshydrocarbOnge. p aT O Matiene (azote Maas dí ERE bes AMI Cellulose \disestible iy 2s a Aa Ut RTT Matières grasses, colorantes et diverses 2 Matiere tninenale on e A 3 Eau Oe ite LU na TE PAAR O eT 100 Des expériences concluantes ont fourni la preuve éclatante dela valeur alimentaire de l'algine brute. Ces expériences ont été entreprises tant par moi, que par de nombreux autres, dont l'attention a particulierement été attirée sur cette question par mes travaux. À titre d'exemple je cite des expériences qui ont été effectuées sur des chevaux et qui ont été contrólées par M. l'Intendant militaire Adrian, qui s "est fort intéressé à mes travaux de production de cette matière alimentaire, particuliè- DU comme nourriture pour les chevaux. Partant du fait que l'algine nourriture, retirée des Laminaires, comparée à l'avoine, lui ressemble, tout en étant encore plus riche en matière azotée, comme le démontre le tableau sulvant, ellea été expérimentée en remplacement de l'avoine. ar Avoine.. (Papres Balland) Matière hydrocarbonée . 67 NAO Scrat (RER 9 CESE) warden ne 8,50 Mabtere minerale e 9. - vL. 3 A DE IDE DAE I AE P 12,50 100 A cet effet six chevaux, en mauvais état et atteints de lym- phangite, ont été partagés en 2 lots égaux de 3 chevaux. Les chevaux des 2 lots ont été assujettis à un méme travail normal. Les 3chevaux du premier lot ont été soumis au régime ordinaire — avoine, foin, paille — et les 3 autres, du deuxiéme lot, au régime de l'algine nourriture. Les chevaux nourris à l'algine ont gagné en trois semaines 6 °/, de leur poids, leur état général s'est sensibleinent amélioré et la ]ymphangite a disparu. Cette affection persistait par contre chez les chevaux du premier lot, qui n'avaient pas aug- menté dans ces proportions et qui continuaient à rester en mauvais état. Cette expérience a prouvé à l'évidence que l'algine pouvait remplacer l'avoine dans l'alimentation des chevaux. Une autre expérience, faite avec les plus grands soins, a. porté sur 4o chevaux. Ces chevaux ont été partagés, comme précédemment, en 2 lots de méme valeur quantitative et quali- tative. Vingt chevaux ont été soumis au régime ordinaire et les vingt autres chevaux au régime de l'algine nourriture, en rem- placement de l'avoine, poids pour poids. Bette expérience, qui a duré deux mois, a été contrôlée par M. le vétérinaire principal de 1'* classe Jacoulet, Directeur du service vétérinaire du Camp retranché de Paris. Les chevaux nourris à la ration ordinaire ont AUBDERTE de ı kg. 850 en moyenne et ceux nourris à l'algine de 12 kg. 500 en moyenne, donc plus de 6 fois autant que Tes chevaux nourris normalement. Les résultats de cette experience ont confirmé le grand intérét que présente Palgine nourriture en remplacement de l'avoine. L'algine nourriture, qui a servi à ces expériences, a été préparée avec des Laminaires qui ont été traitées d'apres mes procédés, sous ma direction, dans le laboratoire de Physio- logie du Muséum d'Histoire Naturelle à Paris, gracieusement mis à ma disposition, à cet effet, par M. le Professeur Lapicque. (350) 4, IDA T" ¡EA BER Le fait que Palgine nourriture a guéri les chevaux atteints de lymphangite est du, d'apres MM. Lapicque et Legendre aux traces diode organique encore resté dans les Laminaires traitées Ces expériences ont fait l'objet d'une note de M. l'Intendant militaire Adrian, présentée a l'Académie des Sciences, le 7 janvier 1918, par M. Edmond Perrier. L’algine nourriture s’est révélée comme un excellent aliment non seulement pour les chevaux, mais aussi pour les bovins, les ovins, les porcs, les poules, les canards, les oies, comme de nombreuses expériences l'ont prouvé. A cet effet Palgine nour- riture est, au début, de préférence mélangée à la ration ordinaire jusqu'à l’ accoutumance des animaux. M. Cordier, directeur-administrateur des Etablissements Dautreville et Lebas, spécialiste trés connu dans l'alimentation des animaux, m'a prété son précieux concours dans ces expé- riences. Introduite dans l'alimentation des animaux, l'algine nourriture rendra les plus grands services. Cela n ‘exclut pas l'emploi de l'algine nourriture dans l'alimentation humaine, à l'instar des peuples d'Extréme-Orient, apprétée et assaisonnée cependant d’après nos goûts. L'algine nourriture peut être con- sommée sous différentes formes, comme nos autres matières ali- mentaires : en branches, déchiquetée en paillettes ou en grains, broyée comme de la farine, ou encore sous forme de pátes. En dehors de l'algine nourriture retirée des Laminaires, on peut aussi employer celle retirée d'autres algues brunes, comme par exemple des Fucus. Elle est cependant d’une qualité moindre, tout en étant moins riche en matière azotée, comme il résulte du tableau suivant. Algine brute, Algine brute, . dite dite Algine nourriture — Algine nourriture retirée retirée des Laminaires. des Fucus. Matière hydrocarbonée . . 59 58 Natiere,azotee v c EL erm 13 9 Cellulose nnan a C eO ake 11 15 Matières grasses, colorantes et diverses tn S A 2 5 Matiere minerale 3 3 Ta MES RR AA 12 12 100 100 La cellulose de l'algine brute retirée E Fucus est aussi moins digestible que celle des Laminaires. Cette algine brute des Fucus convient donc plutót à Volumen din animale. SG a En effet, depuis longue date, les riverains du littoral d'Irlande, d'Ecosse, des iles Féroé, de Norvège et d'autres régions pauvres en céréales et fourrages, nourrissent leurs moutons, chevaux, bœufs et autre bétail avec des algues marines de rives, des Fucus. M. Oliviero, au nom de la Société de Pathologie comparée, a attiré l'attention sur ce fait dans un rapport fort intéressant qu'il a rédigé sur cette question. Les algues marines de rives tout en contenant, déjà par leur nature, moins de sels de potasse et d'iode que les Laminaires, sont, par leur zone de croissance plus élevée, plus souvent exposées aux lessivages des pluies fréquentes des bords de la mer et par ce fait encore amoindries dans leur contenance en sels de potasse et d'iode, qui forment un obstacle à l'uti- lisation de ces algues comme aliment. Les animaux, par leur instinct, refusent les algues non débarrassées de leurs sels, au moins partiellement, car ces sels sont nuisibles pour eux. En considérant d'autre part l'empressement que mettent les animaux à manger les algues convenablement débarrassées de leurs sels, comparativement à celles non traitées ou imparfai- tement lessivées, la nécessité s'impose de désintoxiquer les algues, c'est-à-dire de des débarrasser convenablement de leurs sels de potasse et d'iode, tout en recueillant simultanément ces éléments précieux pour d'autres usages. Certains veulent simplifier ma méthode de lessivage mé- thodique des algues: les uns en préconisant les algues sim- plement lavées dans de l’eau douce, sans récupération des sels ; les autres en préconisant les algues telles qu'elles sortent de la mer, chargées de tous leurs sels. Les uns et les autres ont toutefois tort : Les Laminaires contiennent en moyenne 30°/, de sels minéraux et les Fucus: 20%. Ces. sels sont non, seulement néfastes à l'alimentation, car ils contiennent principalement des sels de potasse, qui sont un poison cardiaque, mais ils repré- sentent de plus un engrais qui fait grandement défaut à nos terres. En ne débarrassant pas les algues de leurs sels, au moins de leur excédent, nous intoxiquons nos animaux, et en ne récupérant pas ces sels; nous agissons en prodigues inconscients. En débarrassant par contre les algues de leurs sels, par les méthodes que j'ai indiquées, nous rendons d'une part les algues plus appropriées à l'alimentation et d'autre part nous en récupérons, simultanément, les précieux sels potassiques. Nous avons, sans contredit, dans les algues marines, dans l'algine nourriture, un aliment qui, comme jadis la pomme de terre, a trop longtemps été ignoré. La culture des algues produisant l'algine est d'autant plus intéressante qu'elle se fait dans la mer, dans le liquide nour- (350) — 00 — ricier même, qui, contrairement à la terre, non seulement ne s'appauvrit jamais et qui par le fait n'a pas besoin d'amen- dement, d'engrais, comme la terre, mais qui, sans coopération aucune de notre part, continuellement s'enrichit et devient de plus en plus fertile. 29 — L'ALGINE IODÉE COMME MATIÈRE ALIMENTAIRE-MÉDICAMENTEUSE IODÉE. En parlant des procédés de production de l'algine, j'ai fait remarquer que les algues devaient étre débarrassées non seu- lement de leurs sels minéraux, comprenant les iodures inor- ganiques, mais en plus aussi de l'autre partie de l'iode, lié à la matiere organique des algues. Ce scindement de la matiére organique iodée, qui est nécessaire à la séparation de l'algine et de l'iode, est, au contraire, minutieusement à éviter, si l'on veut tirer profit de la matière organique iodée, telle que la nature nous la présente dans les algues marines. L'algine iodée représente en effet un aliment-médicament iodé naturel très intéressant, réclamé depuis longtemps par l'arsenal thérapeutique, pour remplacer l'huile de foie de morue. L'huile de foie de morue, à partir de son introduction médicale ‘en Angleterre par Perceval,' en 1782, et en France par Caron de Villars, en 1837, malgré toutes ses purifications, est restée répugnante à prendre. Cette propriété désagréable de l'huile de foie de morue a suscité la fabrication de nombreux produits pharmaceutiques, dans lesquels les correctifs les plus variés ont été ajoutés à l'huile, pour en masquer le mauvais goût. Les émulsions, notamment, par leur division, leur enro- bement de l'huile dans un liquide aqueux aromatique, ont visé une forme plus agréable au palais. Pour remédier à la dilution de l'huile, fatalement provoquée par l'émulsion méme, des sels re- constituants ont été ajoutés à certaines d'entre elles. Malgré cela les émulsions ne présentent pas de supériorité sur l'huile de foie de morue, car elles la contiennent non seulement sous une forme diluée et altérée, mais guère plus facile à prendre. Je ne veux pas énumérer les nombreux autres produits qui ont été proposés pour remplacer l'huile de foie de morue, comme les extraits de foie de morue, les huiles grasses iodées, les élixirs et les sirops iodés, ainsi que le tanin 1odé, l'albumine iodée et les autres produits iodés. Je veux seulement faire ressortir qu'aucun de ces produits ne représente ni un aliment-médicament naturel, ni méme un produit artificiel pouvant vraiment, avantageusement, rem- placer l'huile de foie de morue. A Partant de cette considération, rien n'était plus naturel que de rechercher dans la nature, un produit possédant des qualités semblables à celles de l'huile de foie de morue, mais n'en présentant pas les inconvénients. Et dans ce but rien n'était plus logique que de s'adresser à la mer, au liquide nourricier par excellence, au plasma type, plasma de la première et de la plus féconde origine, à l'instar duquel est constitué le plasma méme de notre organisme humain. Dans la mer n'avons-nous pas dans son domaine végétal, dans les algues, mieux encore que dans son domaine animal, dans le foie de la morue, un extrait merveilleux des éléments nécessaires à nos fonctions vitales. Des algues marines ce sont particulièrement celles de fond, les Laminaires, qui méritent notre principal intérét, ces algues qui recherchent les récifs battus par les vagues, pour plus activement pouvoir opérer leur travail d'extraction des éléments utiles des grandes masses d'eau, qui dans un renouvellement constant les baignent. Parmi ces éléments c'est particulièrement l'iode que ces algues extraient de sa grande dilution dans l'eau de mer et qu'en une certaine partie elles lient à elles, à leur essence organique méme. Dans cet iode organique, lié à Palgine, principal cons- tituant des algues de fond, dans sa forme naturelle, sans aucun goüt qui pourrait déplaire, et dans les proportions mêmes telles que la nature nous les présente, nous trouvons Paliment-médicament iodé naturel par excellence, destiné à remplacer l'huile de foie de morue. Nous avons dans l'algine iodée, telle qu'elle se trouve dans les algues, la déduction toute naturelle de la considé- ration que l'action spécifique de l'huile de foie de morue, en dehors de son action nutritive due à l'huile, est celle de Viode organique qu'elle contient et cela quoiqu'en une quan- tité tres minime, néanmoins suflisante pour produire les effets connus. Le docteur Schneller à l'appréciation duquel, en 1902, j avais soumis l'algine iodée pour une expérimentation, a déclaré que, méme dans des cas oü l'huile de foie de morue n'avait plus eu d'action, l'algine iodée a donné de bons résultats. Si depuis le moment auquel l'algine 1odée s'est révélée comme telle, je n'ai rien publié à son sujet, c'est parce que j'attendais que mon étude sur l'utilisation rationnelle des algues marines, que javais commencée quelques années auparavant, fut devenue complète. Mes recherches sur lode organique des algues marines m'ont conduit à l'étude générale des utilisations. des plantes marines, telle qu'elle fait l'objet du présent mémoire. (350) N, S — 62 —. 30 — L'ALGINE SOLUBILISÉE SOUS FORME D'ALGINATES SOLUBLES. En énumérant les propriétés de l'algine, soit de l'acide alginique, j'ai attiré l'attention sur le fait qu'elle était insoluble dans l'eau, mais 1 ‘elle pouvait y être rendue soluble, en la transformant en Pun de ses sels alcalins, en un alginate de potasse, de soude, d'ammoniaque ou en alginate de magnésie. J'ai énuméré les principales propriétés de ces alginates solubles, en décrivant l'algine et particulièrement les alginates solubles. L'algine peut aussi étre solubilisée spontanément dans les algues, en les abandonnant à elles-mémes, entassées, les laissant se décomposer. Cette solubilisation spontanée de l'al- gine est produite par l'ammoniaque qui se dégage des algues par leur décomposition, c'est-à-dire par la décomposition de leur matière organique azotée, en transformant l'algine en son sel ammoniacal, en alginate d'ammoniaque. Une pareille solubilisation spontanée, ne s'arrétant qu'apres l'achévement de son œuvre de destruction de la matière méme qu'elle doit solubiliser, qui doit donc étre conservée, ne peut évidemment pratiquement pas étre appliquée. Comme procédé rationnel de solubilisation on ne peut raison- nablement envisager qu'une méthode, dont on peut diriger l'exécution à volonté, comme par exemple la solubilisation par l'action d'un alcali, transformant l'algine en un alginate alcalin soluble. Le sel de soude étant la plus commune des bases des algi- nates solubles, c'est le produit de solubilisation de l'algine brute par de la soude, l'alginate de soude brut, que je ‘décrirai comme type des alginates solubles, représentant l'algine solu- bihsse Ce queje dirai au sujet de l'alginate de soude concerne, en grandes lignes, aussi les autres alginates solubles : l'alginate de potasse, l'alginate d' ammoniaque et l'alginate de magnésie, sans parler des alginates des métaux alcalins rares. L'alginate de ES brut est produit par imprégnation de l'algine brute par une solution aqueuse de carbonate de soude ou par immersion, selon les emplois auxquels l'algine brute, ainsi solubilisée, est destinée. L'algine brute exige à cet effet environ 12 °/, de son poids de earbonate de soude calciné, tandis que l'acide alginique pur exige environ 20 %/, de son poids de carbonate de soude calciné ou une quantité équivalente de cristaux de soude. En partant de l'algine brute, pour préparer de l'alginate de soude pur, on la fait tremper dans une solution tres diluée, contenant la quantité de carbonate de soude ci-dessus indiquée, et on sépare, après désagrégation de l'algine brute, par EG EON filtration, l'alginate de soude en solution, de la cellulose qui reste indissoute. L'alginate de soude brut est de couleur gris jaunátre, tandis que l'alginate de soude pur est incolore. Pour dissoudre l'alginate de soude, on le délaye dans un peu d'eau, on ajoute petit à petit la quantité d'eau nécessaire à la dissolution et on laisse tremper à froid. Les solutions d'alginate de soude sont trés mucilagineuses, visqueuses et éminemment agglutinantes. a. — L'/ALGINE SOLUBILISÉE SOUS FORME D'ALGINATES SOLUBLES COMME MATIERE APPRÉTANTE, ENCOLLANTE, ÉPAISSISSANTE ET COMME IMPERMÉABILISANT ET MORDANT. L'algine solubilisée, sous forme d'alginates solubles, par sa nature mucilagineuse et visqueuse, peut non seulement avanta- geusement remplacer, dans la plupart des cas, les gommes arabiques et adragante, ainsi que nombre d'autres matières mucilagineuses, mais peut donner lieu à d'autres utilisations encore, non moins intéressantes. Comme matière apprétante, pour tissus de tous genres, l'algine solubilisée est supérieure aux gommes et à l'amidon. Son apprét est plus souple, plus élastique et plus transparent. Tout en étant moins raide, il remplit mieux les tissus. L'algine solubilisée s'emploie seule ou en mélange avec les autres matières en usage, comme la fécule, l'amidon, la dextrine, dont elle atténue les défauts et diminue le prix de revient. A la concen- tration de 1/2 à 1 °/,, Palgine solubilisée fournit un liquide déjà suffisamment empesant pour la plupart des cas, les proportions exactes variant, bien entendu, suivant les besoins. Comme matière encollante pour chaines et écheveaux, l'algine solubilisée rend les fils souples, élastiques et glissants, et partant facile à tisser. La concentration, à laquelle l'algine solubilisée est employée à cet effet, est semblable à celle employée pour appréts, précédemment indiquée. . Comme matiére épaississante pour les couleurs, dans l'im- pression des tissus, l'algine solubilisée est employée à une con- centration variant entre 2 à 5 ?/,, soit seule, soit additionnée de lichen carragheen ou d'autres épaississants, en tenant toutefois compte que l'algine solubilisée ne permet pas l'emploi de couleurs ou d'autres ingrédients contenant des acides libres, des sels terreux, (exception faite pour les sels de magnésie,) ou des sels métalliques, substances qui coagulent l'algine solubilisée. Comme imperméabilisant pour tissus et particulièrement pour toiles de tentes, pour báches pour voitures ordinaires et automobiles, l'algine solubilisée est employée à une concen- (350) A dA os tration de 1/2 à 1 °/o, seule ou, de préférence, additionnée de gomme laque ou de colophane, que les alginates alcalins dissolvent, comme ila été mentionné lors de Pon des propriétés de l’algine et spécialement des alginates alcalins. Le tissu à imperméabiliser est passé successivement dans cette solution d’algine solubilisée colophanée et ensuite dans une solution d'un acide minéral dilué ou d'un sel métallique ou d'un sel terreux (à l'exception des sels de magnésie) pour coa- guler l'algine. La facilité avec laquelle I’ algihe solubilisée est rendue inso- luble, en fait aussi un mordant végétal tres eflicace, pouvant avantageusement être employé en “teinture. Ce mordant est basé sur la précipitation, par Palgine, des solutions d'alumine, de fer et des autres métaux qui, par leur grande attraction pour les couleurs ordinaires, servent en teinture. Par ses qualités précitées l'algine solubilisée peut être utilisée non seulement dans l’industrie textile et tinctoriale, mais aussi dans toute une série d’autres industries, comme par exemple dans l’industrie du papier et particulièrement du papier couché, où elle présente de grands avantages sur les matières encollantes jusqu'à présent employées. ainsi que dans l'industrie du cuir, du feutre, du linoléum. b. — L'ALGINE SOLUBILISÉE SOUS FORME D'ALGINATES SOLUBLES COMME MATIÈRE AGGLUTINANTE. L'algine solubilisée, sous forme d'alginates solubles, rem- place avantageusement les matières qui jusqu’à présent ont été employées ou proposées pour agglomérer les fines ou le poussier de houille, d'anthracite, de lignite, de coke, de charbon de bois, de sciure de bois, dans la fabrication des boulets, briquettes et autres agglomérés. J'écris avec intention « pro- posées », parce qu'il n'y a guère que le brai qui, jusqu'à présent, ait trouvé une application générale dans la fabrication de ces agglomérés, particulièrement de la houille. En effet, il ne suflit pas pour cette application de grande consommation que l'agglu- tinant possède les propriétés agglutinantes voulues, 1l faut aussi que son prix de revient permette d'en faire usage. Il faut encore que la manière d'employer l'agglutinant soit pratiquement et économiquement exécutable et. que les agglomérés produits Po une bonne tenue à la manutention, à la pluie et au feu. L'algine solubilisée possède ces qualités. Elle présente de plus sur le brai l'avantage de ne pas provoquer, comme lui, des fumées épaisses et àcres. Cette propriété non seulement évite l'encrassement des appareils de chauffage et des cheminées, mais elle permet aussi A m is Se d'employer les agglomérés pour le chauffage dans les cheminées ouvertes oú les combustibles au brai, à cause de leur fumée désagréable et irritante, ne peuvent guére étre utilisées. L'algine solubilisée lie déjà à froid les matiéres qui doivent étre agglomérées, à la température ordinaire, sans le concours de chaleur, sans laqueile le brai ne peut pas développer sa viscosité. Contrairement à l'agglomération au brai, qui exige un séchage préalable du combustible humide, auquel il ne se lierait pas, l'agglomération à l'algine solubilisée évite cet onéreux séchage, car cet agglutinant non seulement se mélange à l'eau, mais 1l l'absorbe, en ayant méme besoin pour se dissoudre et pour pouvoir développer sa viscosité. Cette propriété de l'algine solubilisée permet d'en faire usage pour agglutiner le lignite qui, à cause de sa relativement grande contenance en eau constitutionnelle, ne peut étre aggloméré par le brai. L'algine solubilisée est, de préférence, mélangée sous forme sèche, pulvérisée, au combustible qui doit être aggloméré. L'algine solubilisée peut aussi étre mélangée préalablement imprégnée d'eau, sous forme de páte ou de liquide épais, quoique, sous cette forme, elle soit plus difficile à mélanger au combustible que sous sa forme séche, pulvérisée. Le mélange de la matière à agglomérer et de l'algine solu- bilisée une fois opéré, est comprimé de la méme manière que le sont, jusqu'à présent, les combustibles au brai. La proportion d’algire solubilisée à employer varie selon la nature de la matiere à agglomérer et selon la cohésion exigée. Elle est cependant toujours relativement minime. Tandis qu'il faut en moyenne 8 parties de brai pour 100 parties de poussier de houille, 1 à 2 parties, donc 5 fois moins d'algine solubilisée suffisent largement, pour obtenir une au moins aussi bonne, si non meilleure cohésion. Les proportions d'algine solubilisée nécessaires pour agglo- mérer les autres matières combustibles sont d'environ : 2 °/, pour le poussier d'anthracite, 2-3 °/, pour le coke, 3 %/, pour le lignite, 3-4 °/, pour la sciure de bois et 4-5 °/, pour le charbon de bois. L'algine solubilisée peut tout aussi bien agglomérer d'autres matieres que les combustibles précités, comme par exemple des déchets de liege, dans la fabrication des linoléums, des déchets de cuir, de papier, de coton, dans la fabrication de papiers-cuirs ou de fibre comprimée. Les agglomérés à lalgine solubilisée, vu l'insolubilité de l'acide alginique, des alginates métalliques et des alginates terreux (excepté l'alginate de magnésie), présentent de plus ib. de pouvoir facilement étre rendus imperméables à eau. (350) um add À po és AS Set PES II me E [ MT UE c. — L'ALGINE SOLUBILISÉE SOUS FORME D'ALGINATES SOLUBLES COMME MATIÈRE HYDROFUGE. L'Algine solubilisée peut étre employée non seulement comme matière imperméabilisante, ainsi que nous l'avons vu, mais encore, par extension, comme matiere hydrofuge, rendant imperméables à l'eau les travaux de construction, et par le fait aussi comme matière antinitreuse, empêchant la formation de salpétre dans les constructions humides. Cette utilisation de l'algine solubilisée est basée sur la méme propriété d'nsolubilité de l'acide alginique, des alginates métalliques et des alginates terreux, à l'exception de l'aiginate de magnésie qui est soluble. Pour rendre hydrofuges des travaux de construction aux mortiers de chaux ordinaire ou hydraulique ou de ciment, on les enduit avec une solution aqueuse de 1 à 2 °/, d'algine solu- bilisée, c'est-à-dire d'un alginate soluble, de préférence d'alginate de magnésie. L'imprégnation avec cet enduit doit étre pratiquée sur les travaux fraichement exécutés, c'est-à-dire les premiers jours aprés leur exécution pour les travaux à la chaux ou au ciment à prise lente et les premières heures après leur exécution pour les travaux au ciment à prise rapide. La chaux et Palumine des mortiers, incorporés dans les travaux de construction ou les revétant, forment avec les algi- nates solubles, par double décomposition, de l'alginate de chaux et de l'alginate d'alumine qui sont completement insolubles. Ces précipités spongieux provoquent l'étanchéité des sub- stances qu'ils impregnent ; étanchéité qui est d'autant plus parfaite que ces précipités, qui bouchent méme les plus petits pores, ne se forment qu'au moment méme de la pénétration, par Valgine solubilisée, de la matière qui doit être rendue imper- méable. La bonne imprégnation des travaux de construction ne pouvant avoir lieu que par une solution, pouvant s'infiltrer jusque dans leurs plus petites artères, et non par une matière insoluble, solide, n'ayant aucune pénétration, il serait comple- tement faux d'employer de l'alginate de chaux ou de l'alginate d'alumine formés à l'avance. De méme il serait faux d'ajouter de l'algine solubilisée au mortier avant son application, car il se formerait de l'alginate de chaux et de l'alginate d'alumine insolubles, qui annuleraient les effets essentiels du mortier, qui sont de former un liant pour unir entre elles les matières de construction. Pour rendre hydrofuges des matériaux de construction ne possédant pas de chaux vive, active, comme les mortiers frai- chement préparés, un enduit supplémentaire à la chaux ou au ot Gig oe ciment s'impose, afin de provoquer la réaction ci-dessus. Il en est de méme pour les travaux de construction anciens, dont la chaux et Palumine, par leur saturation, ont perdu leur pouvoir de réaction. | L'enduit d'algine peut dans certains cas encore être renforcé par l'adjonction de colophane, qui est solubilisée par les alginates alcalins et qui est ensuite précipitée avec eux. Les travaux de construction enduits d'algine deviennent non seulement hydrofuges, mais de plus permettent l'application de peintures à l'huile, qui autrement sont rongées par la causticité du mortier. d. — L'ALGINE SOLUBILISÉE SOUS FORME D'ALGINATES SOLUBLES COMME MATIERE DÉSINCRUSTANTE. L'algine solubilisée, par l'insolubilité et la nature spongieuse de son sel de chaux fraichement précipité, forme un excellent désincrustant. A cet effet l'algine solubilisée, de préférence sous forme d'alginate de soude, est mélangée à une quantité égale de carbonate de soude calciné ou à une quantité trois fois plus forte de cristaux de soude. Ce mélange, qui forme le désin- crustant, est introduit, de préférence, dans l'eau qui sert à l'alimentation des chaudières, tout en pouvant aussi être introduit directement dans les chaudières. La proportion de désincrustant à employer dépend de la plus ou moins grande dureté de l'eau, c'est-à-dire de son degré hydrotimétrique. E Le degré de dureté de l’eau est fixé, de préférence, par le _désincrustant méme : à une quantité d'eau déterminée, qu'on chauffe jusqu'à l'ébullition, on ajoute, petit à petit, assez de solution de désincrustant pour qu'il ne se forme plus de nouveau précipité. La proportion entre la quantité d’eau et de désin- crustant employée indique la proportion qui est nécessaire pour purifier l'eau d'alimentation des chaudières. Si Pon ne veut purifier l’eau que dans les chaudières même, en pleine activité, la quantité de. désincrustant à employer est à fixer non seulement d’après la quantité d'eau contenue dans chaque chaudière, mais aussi d’après la quantité d'eau évaporée par chaque chaudière dans l'intervalle d’une addition de désin- crustant à la prochaine addition d’une même dose. Les sels de chaux de l'eau forment avec l'algine solubilisée de l'alginate de chaux insoluble, qui entraine avec lui les sels de magnésie, qui ont été précipités par le carbonate de'soude, sous forme de carbonate de magnésie. L'alginate de chaux, par sa nature spongieuse, empéche l'assemblage des molécules incrus- tantes et prévient leur adhérence aux tôles des chaudières. L'emploi d'un désincrustant est d'autant plus nécessaire à la bonne conservation des chaudières et à leur bon rendement, que l’eau qui les alimente est plus dure. (350) 7 ESE o ERAT ee ee eee ge SN A AN EE NE O a 4^ — L'ALGINE SOLUBILISÉE SOUS FORME DE PERALGINATES SOLUBLES COMME MATIERE SAVONNEUSE POUR LE BLANCHISSAGE. Il ressort des différentes utilisations de l'algine énumérées dans le chapitre précédent, que sa principale qualité réside dans la grande viscosité de ses sels alcalins et magnésien, qui forment l'algine solubilisée. La viscosité des solutions de l'algine solubilisée est non seulement plus grande que celle des autres matières mucila- gineuses, mais elle présente sur elles encore l'avantage d'étre plus souple et plus moelleuse. Cette qualité déjà trés précieuse de l'algine est encore aug- mentée par l'emploi de peroxydes alcalins, à la place de simples alcalins, pour la solubilisation de l'algine. On obtient ainsi, à la place de simples alginates, des peralginates, dont je décrirai comme type le peralginate de soude. Le peralginate de soude tient beaucoup de la nature du savon. [l est, comme le savon, un sel alcalin d'un acide orga- nique faible et possède, comme lui, des propriétés émulsion- nantes et décrassantes. A titre d'orientation je rappelle : que les savons ordinaires sont des sels de soude ou de potasse d'acides gras; que dissous dans de l'eau, les savons se dissocient en alcali libre et en sel acide de l'acide gras employé à leur préparation, tel quel ou sous forme d'huile ou d'un autre corps gras ; que, d'une part, l'alcali libre exerce une action saponifiante, dissolvante, sur les matières grasses saponifiables; et que, d'autre part, les sels acides des acides gras (qui ne sont que trés peu solubles dans l'eau) enveloppent les particules des matières grasses et des poussières détachées par l'action du lavage et les empêchent, en les entrainant avec eux, de se fixer à nouveau sur l'objet qu'elles encrassaient. Il résulte de ces faits que l'effet du savonnage est principa- lement une action émulsionnante. L'eau de savon tiept en suspension les particules de matières grasses, comme l'eau albumineuse du lait tient en suspension les particules de beurre. Les matières grasses en suspension, flottant dans l'eau, sont facilement enlevées, « rincées », par l'eau. En dehors de cette action émulsionnante,le savon exerce encore une action lubrifiante sur les tissus. Rendus plus glissants par le savon, les tissus sont moins usés par le frottement du blanchissage, que s'ils n'étaient pas savonnés. Ces considérations expliquent les raisons pour lesquelles le peralginate de soude peut remplacer le savon. En effet, le pouvoir émulsionnant, décrassant, blanchissant tT 609. du peralginate de soude égale celui des meilleurs savons. Je dis « savons » seulement et n'y ajoute pas les « lessives », parce que le pouvoir émulsionnant de la plupart des lessives n'est que très faible, sinon complètement nul, ce qui s'explique facilement quand on considere que les lessives ne contiennent, principa- lement, que des cristaux de soude ou du carbonate de soude calciné, additionnés de silicate de soude ou de potasse et rarement de poudre de savon en quantité appréciable. S'il est vrai que les silicates blanchissent le linge, ce qu'ils ne font cependant que superficiellement en couvrant le linge d'un dépót blanc de silicates précipités sur la fibre, il est non moins vrai que les silicates rendent la fibre cassante et par le fait usent les tissus prématurément. Le peralginate de soude rend par contre les fibres plus douces au toucher et plus flexibles. Une autre qualité du peralginate de soude est ia solubilité de son sel de magnésie, qui lui permet de pouvoir étre employé pour le blanchissage à l'eau de mer où les savons ordinaires ne peuvent servir, à cause de l'insolubilité de leurs sels de magnésie. Le peralginate de soude peut tout aussi bien étre employé pour le blanchissage du linge sale, que pour le blanchissage des tissus neufs, pour les débarrasser de leurs impuretés naturelles ou de celles recueillies au cours de leur fabrication. . La quantité de peralginate de soude à employer, pour le blanchissage du linge sale, varie selon la méthode de blanchis- sage employée et selon l'état dans lequel se trouve le linge. Pour le coulage du linge, dans les cuviers, 125 grammes de peralginate de soude suffisent, en moyenne, pour roo litres d'eau. Pour le blanchissage dans les lessiveuses ou barboteuses il faut compter environ 5oo grammes de peralginate de soude pour roo litres d'eau. 50 kilos de linge sale exigent, en moyenne, 1 kilo- gramme de peralginate de soude. Le blanchissage est, de préférence, commencé à froid, à la température ordinaire, et est continué à chaud, en augmentant la température, petit à petit, jusqu'à l'ébullition de l'eau. Quoique le peralginate de soude se dissolve plus rapidement dans l'eau chaude que dans l'eau froide, il est préférable de le dissoudre à froid, en le délayant, en le laissant tremper dans l'eau froide, à la température ordinaire, et en agitant, de temps en temps, jusqu'à sa dissolution compléte. Le peralginate de soude con- serve ainsi son oxygene actif, qui n'est dégagé que par la chaleur. En augmentant la concentration de la solution à 15 kilo- grammes de peralginate de soude pour 100 litres d'eau, on obtient, aprés un à deux jours de macération, un « savon mou » de qualités remarquables. (350) » LIOS gua wen gv ioci TI 59 — L'ALGINE COMME MATIÈRE PREMIERE POUR D'AUTRES APPLICATIONS. Les applications de l'algine que j'ai décrites, n'ayant été données qu'à titre d'exemple, ne sont pas les seules auxquelles cette intéressante substance peut avantageusement donner lieu. Le but de cette étude n'est pas une description détaillée de toutes les utilisations qui peuvent étre faites des plantes marines et de leurs éléments. Il faudrait pour cela remplir de nombreux volumes. Le but de cette étude n'est qu'une orien- tation dans le grand domaine des utilisations des plantes marines, trop peu exploré et trop peu connu, une indication du bon chemin à suivre, pour rationnellement entreprendre et conduire ces exploitations. Aux applications de l'algine déjà énumérées j'ajoute les suivantes, qui font davantage c encóre rale les avantages que présente cette intéressante matière. | L'algine solubilisée, par son grand pouvoir émulsionnant et par son "bas prix de revient, peut utilement servir à la prépa- ration d'émulsions et notamment des émulsions qui quantita- tivement sont les plus importantes, comme les émulsions de pétrole, de goudron, d'huiles lourdes et d'autres matières qui, autrement que sous forme d'émulsions, ne pourraient pas être mélangées avec de l'eau et ne pourraient, par le fait, trouver les emplois que seule leur miscibilité avec l’eau leur permet. En rendant miscibles avec l’eau certaines huiles lourdes, on les « solubilise » et les transforme en de précieux lubrifiants, pour les tours et autres machines à allure rapide. En rendant miscibles avec l'eau certains goudrons et huiles minérales, on en fait des antiseptiques solubles pour la grosse désinfection, de méme que des antiparasitaires, pouvant Servir tant pour le traitement de la vigne, des arbres fruitiers ou d'autres végétaux, que pour le lavage des moutons ou d'autres animaux. Le méme procédé permet de produire des matiéres anti- poussiéres pour les grands établissements, les halls et les voies de grande fréquentation. L'algine solubilisée peut aussi servir à la production de fils soyeux et fournir une qualité de soie se rapprochant bien plus de la soie naturelle, que les soies préparées par nitration ou par d'autres procédés de solubilisation de la cellulose. A cette application de l'algine se relie celle de la fabrication de pellicules pour la photographie et de films cinématographiques. L'algine, gráce encore à la viscosité de ses sels alcalins et à Vinsolubilité des alginates métalliques et terreux (excepté ———————— CONS. TS IE l'alginate de magnésie), peut servir à revêtir n'importe quel objet, á la place des peintures et vernis. L'alginate de chaux, soit pur ou mélangé à d'autres substances, sans parler de Palgine elle-même, grace à ses pro- priétés plastiques peut remplacer le celluloïd, l'ébonite, la corne et méme l'ivoire. L'algine mélangée, dans les conditions voulues, à certaines résines ou hydrocarbures fournit des produits ressemblant au caoutchouc et à la gutta-percha. L'algine peut enfin encore servir à d'autres applications, comme par exemple à celle de sa transformation en alcool, par fermentation des liquides résultant de la saccharification des algues par de l'acide sulfurique dilué. Mais sans aller plus loin, nous constatons que ces appli- cations sont déjà plus que suflisantes pour démontrer le grand intérét que présente l'algine, cette matiére organique mucila- gineuse des algues qui, jusqu'à présent, a été négligée, perdue, quoique déjà à elle seule, sans les autres matières qui l'accom- pagnent dans les algues, elle vaille la peine d'étre récupérée. D B. — La CELLULOSE RETIRÉE DES ÁLGUES BRUNES, PARTICULIÈREMENT DES LAMINARIACEES. En décrivant l'algine brute j'ai dit qu'elle contient environ 15 9/5; de cellulose. "Cette cellulose est trés fine, trés ténue et ne fait que voiler légèrement la matière mucilagineuse, l'algine, qu'elle accompagne dans l'algine brute. Nous avons, en effet, dans les laminariacées une cellulose remarquable au point de vue de sa finesse, pouvant rivaliser avec les meilleures celluloses, méme avec le coton. Pour extraire la cellulose des algues marines, celles-ci doivent étre débarrassées, comme je Pai fait remarquer en parlant du varech, de toutes les autres matières qui s'y trouvent, c'est-à-dire de la matière organique mucilagineuse, qui est soluble dans les alcalis, et de la matière minérale, des sels, qui sont partiellement solubles dans l'eau et plus facilement dans l'eau acidulée. Voici, en grandes lignes, le traitement à faire subir, à cet effet, aux algues marines : 12 Les algues sont convenablement déchiquetées et lessivées, méthodiquement, à chaud, avec de l'eau acidulée et 2? ensuite avec de l'eau alcalinisée. 39 La cellulose brute ainsi obtenue est blanchie, 4" bien lavée et 5? finalement séchée. ll va sans dire que pour ne pas laisser se perdre les matières précieuses dissoutes dans les eaux de lessivages, acides et alca- lines, on évapore ces liquides, après les avoir déjà concentrés le (350) plus possible pendant l'opération même du lessivage, en opérant par voie méthodique, comme je l'ai indiqué. On obtient ainsi, simultanément, à côté de la cellulose, de l’algine et des sels de potasse bruts. De ces derniers on sépare encore l'iode et le brome, par les méthodes connues. Ainsi que je l'ai fait pressentir en parlant du papier et de la cellulose retirés du varech, nous avons dans les plantes marines et surtout dans les algues de fond, dans les laminariacées, une matière première des plus précieuses et des plus intéressantes pour les industries papetière et textile. Puissions-nous sävoir en profiter en la plus large mesure possible et sans tarder, afin d'aider à combattre la pénurie des celluloses papetières et textiles, qui nous menace si gravement. C. — LES SELS DE POTASSE RETIRÉS DES ALGUES BRUNES, PARTICULIEREMENT DES LAMINARIACÉES. La matiére minérale des laminariacées représente environ 40 lo du poids des algues complètement sèches. Elle est com- posée d'environ : 5o ?/, de sels de potasse, 1,5 °/, d'iode, autant de brome, et le reste, soit 47 °/, de sels divers. Les sels de potasse des laminariacées, composés principa- lement de chlorure de potassium, représentent environ 3 °/, du poids des algues fraiches et environ 15 ?/, des algues séchées à l'air. Ces sels se trouvent dans les algues fraiches dissous dans leur eau d'imbibition. 100 parties d'eau contiennent environ 3,5 parties de sels de potasse et environ 3 parties d'autres sels, dont principalement des sels de soude, de magnésie et de chaux. Les Ber de potasse peuvent étre séparés des algues de deux diffé- entes manières : par lessivage méthodique des algues avec de Pe eau acidulée ou par dessiccation forcée des algues et par l'efflo- rescence qu'elle produit. En séchant les algues, dans des appareils de séchage appro- priés, aussi complétement qu'industriellement possible, on réduit la teneur des algues en eau environ au trentieme de la teneur initiale et augmente par ce fait simultanément, inver- sement, la teneur en sels de l'eau d'imbibition des algues environ au trentuple. Pour roo parties d'eau on arrive ainsi à une teneur d'environ : 105 parties de chlorure de potassium et 9o parties de chlorure de sodium et d' autres sels. Comme 100 parties d'eau ne dissolvent à 10° C qu'environ 12 parties de chlorure de potassium et 3o parties de chlorure de sodium, l'excédent, c'est- à-dire 93 parties des 105 parties de chlorure “de potassium et 60 parties des go parties de chlorure de sodium et d'autres sels, se séparent, par efllorescence, au refroidissement des algues séchées. | ECCE La matiere saline présentant d'une part une densité plus ' grande et d'autre part des particules moins volumineuses que la matiere organique, la séparation de ces deux matières ne présente pas de difficultés. Un simple passage au tarare fournit une séparation déjà suffisante pour la plupart des emplois de ces deux matières minérale et organique. Les sels de potasse séparés des algues par cette méthode contiennent environ 6o °/, de chlorure de potassium pur (K Cl) ce qui correspond à 38 °/, de potasse (K^ O). Ils peuvent être employés ou tels quels, bruts, par exemple comme engrais, ou préalablement raflinés. Pour rafliner les sels de potasse bruts, tant ceux obtenus par efflorescence des algues, que ceux obtenus par évaporation des eaux de lessivage des algues, on emploie la méthode utilisée dans les usines de potasse, basée sur la diffé- rence de solubilité des sels de potasse et de soude à chaud et à froid. 100 parties d'eau dissolvent : Chlorure de potassium: Chlorure de sodium : à 100? C 36 parties 25 parties a 10°C 12 — 30 — A cet effet les sels de potasse bruts sont dissous dans de l’eau, en ébullition, et leurs solutions sont concentrées, par évapo- ration, jusqu'à leur saturation. Par refroidissement, ces solutions laissent cristalliser 2/3 du chlorure de potassium, tandis que le chlorure de sodium, les sels de magnésie et les autres sels restent en solution dans les eaux mères. | Ces eaux mères sont employées, à la place d'eau, à un nouveau traitement de sels de potasse bruts, comme le pré- cédent, et ainsi de suite, en tenant toutefois compte de leur contenance en chlorure de sodium, qui cristallisé au fur et à mesure de la progression de la concentration des solutions. Les sels de potasse occupent une place prédominante dans l'industrie chimique. Une de leurs principales utilisations, surtout sous forme de leurs sels bruts, est celle comme engrais. Elle a fait l'objet d'un des chapitres précédents. Depuis environ un demi-siécleles sels de potasse sont fournis au monde entier, presque exclusivement, par les gisements de Stassfurt en Allemagne, auxquels, dans le courant des dix dernières années, sont venus s 'ajouter les gisements découverts par M. Vogt dans les environs de Mulhouse en Alsace. Les sels de potasse sont commercialement exploités, par les mines de Stassfurt, principalement sous les trois formes suivantes : bole aio de potassium (K Cl). Ce: sel correspond théo- riquement à 63 °/, de potasse (K^ O), mais le produit commercial ne correspond en moy enne qu'à 50 [A de potasse. (350) "EC qe S e Mm Me Tu. £M ie o> d 2° le sulfate de potassium (K*SO%). Ce sel correspond théoriquement a 54°/, de potasse (K*O); le produit commercial Oo 3° la Kainite (K? SO* + Mg SO* + Mg CE + H’O), dont le produit commercial correspond enm moyenne amies de potasse (K* O). Les mines d'Allemagne ont fourni en 1913 pres de 12 millions de tonnes de sels de potasse bruts. Les neuf dixièmes de cette quantité ont été employés pour l’agriculture. Le trafic énorme de l’Allemagne dans son monopole mondial des sels de potasse (dont l'emploi augmente d'année en année, à pas de géants) et plus particulièrement la dépendance dans laquelle se trouvent les grands consommateurs de sels de potasse vis-à-vis de l'Allemagne, ont incité les gouvernements intéressés à la recherche de nouvelles sources de potasse. Un rapport officiel du Gouvernement des Etats-Unis de l'Amérique du Nord a établi que de nombreuses recherches effectuées par le Département de l'Agriculture, qui à cet effet s'était associé les savants et les industriels américains les plus compétents, 11 ressortait clairement que nulle autre source de potasse n'égalait celle contenue dans les algues marines et que l'exploitation de ces algues circonscrite au seul littoral de Amé- rique du Nord du Pacifique pourrait produire déjà autant de sels de potasse que ceux jusqu'à présent e Sets des mines d’Allemagne. Quoique la consommation francaise en sels de potasse n'atteigne de loin pas celle des Etats-Unis de l'Amérique du Nord, “elle est néanmoins déjà fort import ante et augmentera encore rapidement, pour procurer au sol épuisé et par lui aux cultures, la potasse qui leur fait tant défaut. D. — LES SELS DIVERS NON POTASSIQUES RETIRÉS DES ALGUES BRUNES, PARTICULIÈREMENT DES LAMINARIACEES. Les sels divers qui, en dehors des sels de potasse, sont con- tenus dans les laminariacées représentent environ 47 °/o du poids de la matière minérale des aigues, environ 2,8 °/, du poids des algues fraiches et environ 14 of, d des algues séchées à l'air. Ces sels divers sont composés principalement de chlorure de sodium, de sels de magnésie, de chaux, de fer, de manganèse. Je n'inclus pas dans ces sels divers les iodures et les bromures qui, vu le grand intérét qu'ils présentent, font l'objet d'un chapitre spárial: Quoique n'ayant de loin pas une aussi grande valeur mar- chande que les sels de potasse, ces sels divers méritent néanmoins un certain intérêt, pouvant être employés comme engrais miné- NN TS NEN Y e rmt LALA f 4 2» D m y 7 x AT e ralisateurs. Ces sels divers sont extraits des algues marines, en méme temps que les sels de potasse, par lessivage méthodique des algues avec de l'eau acidulée. Ils ne peuvent pas étre séparés des algues par efflorescence, comme les sels de potasse, parce que la proportion d'eau qui reste dans les algues apres leur séchage, quoique minime, est néanmoins suffisante pour retenir en solution la plus grande partie de ces. sels et principalement les sels sodiques et magnésiens. Ces sels divers font par contre intégralement partie de l'engrais représenté par les algues mêmes, par les algues qui n'ont été que déiodées et débromées, et auxquelles tous les autres éléments ont été conservés : la matiére organique humi- fere azotée, les sels de potasse et les autres sels divers minéra- lisateurs. Les sels de magnésie, de chaux, de fer, de manganèse et autres composants de ces sels divers, sont tout aussi nécessaires aux cultures que la potasse et l'azote, quoique, il est vrai, en une quantité moindre. Sans les divers sels minéralisateurs les cultures ne peuvent profiter des autres éléments qui sont contenus dans le sol ou qui y ont été ajoutés comme engrais, parce que ces éléments se trouveraient en une surabondance inutilisable, selon la loi du minimum, que j'ai mentionnée en parlant des plantes marines dans leur ensemble, au point de vue de leur utilisation comme engrais. E. — L'’IODE ET LE BROME RETIRES DES ALGUES BRUNES, PARTICULIÈREMENT DES LAMINARIACÉES. L'iode contenu dans les laminariacées représente environ 1,50 %/, du poids de la matière minérale, environ 0,10 ?/, du poids des algues fraiches et environ 0,50 %/, des algues séchées à Pair. C'est là une moyenne, la richesse des algues en iode variant beaucoup. Elle varie déjà pour une méme espece, selon la vitesse et les lieux de croissance. | En général les algues paraissent étre d'autant plus riches en iode qu'elles croissent moins rapidement. C'est à la rapidité de sa croissance, dans les eaux tempérées du Gulf-Stream, que la Saccorhiza bulbosa doit probablement sa pauvreté relative en iode. La température semble en effet jouer un róle important dans les phénoménes d'assimilation de l'iode par les algues marines. Plus les algues croissent vers les régions boréales, plus elles apparaissent riches en iode, par rapport aux mêmes espèces croissant plus au Sud. C'est ainsi que, sans sortir du littoral francais, des échantillons de Laminaria Cloustoni récoltés à (350) 6 Noirmoutier, en Vendée, ont à peine donné 1/5 du rendementen iode de cette méme espèce récoltée dans une région du Finistère. Dans une méme région, pour une méme espèce et méme pour un méme plant, la richesse en iode varie non seulement par rapport aux différentes parties du plant, mais aussi par rapport à son àge et non moins par rapport à la saison. La richesse maximum en iode correspond à l'hiver et celle minimum aux mois de juin, juillet et aout. Cette différence peut s'élever jusqu'à 4o */,. Le tableau suivant, établi par M. Allary, d'apres des ren- dements industriels d'algues coupées et exemptes de sable, précisera ce que je viens de dire. Ce tableau donnera en méme temps un aperçu de la contenance moyenne en iode des différentes algues brunes, Laminaires (algues brunes de fond) et Fucus (algues brunes de rives), ainsi que de leurs cendres. 1000 kg. 1000 kg. d'algues fraiches de cendres a'algues Laminaria Cloustoni, nouvelles lames . 1kg.225 diode 23kg. d'iode = = Sipe em S i. qd O) pe oe 18; 500 et — — anciennes lames . o, 580 — 9, 350 — — HeRICAUIIS oh. a Art AS _ 20, 200 — — Saccha Rao A EL ai a Oe OO RR 8, 506 — Fucus vesiculosus — nodosus ON ODE A Cd: PESO TU e 2 — — serratus / | — siliquosus A OELSE Diete ard E EN nu ta t TG DO I, 450 — FAN DIL GSTS st TE Er erede EN WU VES, OS r, 650 — La contenance des laminariacées en brome est, en moyenne, égaie a celle en iode, tout en variant beaucoup comme elle, selon les espèces, lieux de croissance, saisons et ages. Les pourcentages que j'ai indiqués comprennent l’iode en totalité, tant celui qui se trouve dans les algues à l'état d'iodures minéraux, que celui qui s'y trouve lié organiquement à la matiere azotée. Il en est de méme pour le brome. Les iodures et les bromures inorganiques sont facilement extraits des algues par simple lessivage avec de l'eau, étant trés solubles. Leur grande solubilité est du reste une des raisons pour lesquelles les algues ne doivent pas rester exposées à la pluie et à la rosée. L'eau pure ne dissout cependant pas seulement les sels solubles, comime les iodures, bromures et chlorures, mais en méme temps aussi une partie de la matière organique mucila- gineuse qui, si elle n'empéche pas, géne par contre énormément la séparation ultérieure de l’iode, du brome et des sels de potasse. Afin d'éviter cet inconvénient l'eau de lessivage des algues est légèrement acidifiée. La matière mucilagineuse (algine) qui est insoluble dans les solutions d'acides minéraux, méme très diluées, reste ainsi indissoute. zc o L'iode et le brome organiques ne peuvent pas être extraits des algues par le même procédé que l'iode et le brome inorga- niques. Pour séparer l'iode et le brome de la matière organique à laquelle ils sont liés, il faut amener le scindement de ces éléments de la matière organique. Ce scindement est pratiquement produit par l'action d'un agent oxydant en milieu légerement acide. L'agent oxydant met en liberté l'iode et le brome liés à la matiere organique qui d'autre part est insolubilisée par l'acide et reste pour ainsi dire intacte dans sa constitution fondamentale. L'extraction simultanée de la totalité de l'iode et du brome contenus dans les algues, tant inorganiques qu "organiques, peut être opérée de deux manières différentes, analogues à celles qui ont été décrites pour la séparation des sels de potasse. Elle peut étre combinée, ou à la dessiccation, ou au lessivage des algues. L'extraction de l'iode et du brome combinée à la ae o des algues est basée sur le fait de la libération de l'iode et du brome de leurs combinaisons minérales et organiques, par le traitement des algues par un agent oxydant en milieu légerement acide. L'iode et le brome qui sont entrainés par les vapeurs qui s'échappent des algues pendant leur séchage, sont condensés et séparés par les procédés connus. L'extraction de liode et du brome, combinée au lessivage des algues, est basée sur le même fait de la dissociation des combi- naisons lodées et bromées minérales et organiques, par le trai- tement des algues par un agent oxydant en milieu légerement acide. L'iode et le brome entrainés par les eaux de lessivage, en sont séparés par les procédés connus. L'extraction de l'iode et du brome par le traitement direct des algues, par l'une ou par l'autre de ces deux méthodes, a de grands avantages sur l'extraction telle qu'elle a jusqu'à présent été pratiquée, par la méthode du brülage des algues, qui laisse se perdre une plus ou moins grande quantité d' iode et de brome. En effet les usines qui AES de l'iode, en partant des cendres de Laminaires, n'arrivent à obtenir quau grand maximum 1/2 kilogramme du kilogramme d'iode que contiennent en moyenne 1.000 kilogrammes de Laminaires fraîches de coupe. Je n'inclus pas les ras et autres algues de fond venant épaves et qui, selon leur séjour ‘plus ou moins prolongé dans la mer, ont plus ou moins été lessivées et qui, par ce fait, sont moins riches en iode et en brome. En traitant directement les algues encore intactes, d’après les procédés que j'ai indiqués, on obtient, en moyenne, non seu- lement deux fois autant d'iode, mais en plus toute la matière organique mucilagineuse des algues, qui par le brúlage a jusqu'à présent été consumée. On obtient aussi une plus gr ande quantité de sels de potasse, sans parler du brome, dont l'extraction des algues a depuis longtemps été abandonnée. (350) hauc EE apu n rar A SE aT EE L'iode dans les premiers temps après sa découverte (Courtois découvrit l'iode, en 1812, en évaporant des solutions de nitrate de soude, qu'il avait obtenu en traitant du nitrate de chaux avec de la soude provenant du lessivage de cendres de plantes marines) ne formait qu'un sujet de recherches scientifiques, purement chimiques, pour les savants de l'é époque, comme en fait preuve l'étude magistrale que Gay-Lussac lut à l'Institut le 1 aout 1814. Ce n'est qu'à partir du jour où le Dt Coindet de Genève (ainsi que l'a exposé M. Matignon dans son intéressahte con- férence à Dijon, la ville natale de Courtois, lors de la célébration du centenaire de l'iode, le 9 novembre 1913) publia son étude sur la « Découverte d'un nouveau reméde contre le goitre », remède qui n'était autre chose que l'iode, que ce nouvel élément fut introduit dans l'arsenal thérapeutique. C'est à cette époque aussi, en 1829, que s'est constituée l'in- dustrie de l'iode. La première usine d'iode fut installée au Conquet, bourg situé à 22 kilométres à l'ouest de Brest. D'autres usines furent créées à Cherbourg et à Tourlaville et furent dirigées par Couturier qui avait “inventé un « Procédé pour l'extraction simultanée de l'iode et du brome ». C'est du reste cette méthode d'extraction de l'iode, appliquée à partir de 1835, qui est encore aujourd'hui en usage. A ces usines, créées en France succédérent des usines en Grande-Bretagne et en Ecosse, qui furent prospères comme celles de France. La prospérité des usines d'iode était grande, car à cette époque Piode et le brome, quoique n'ayant pas encore atteint la grande consommation actuelle, se vendaient plus cher qu 'aujourd' hui, entre 60 et 100 francs le ‘kilogr amme, et le chlorure de potassium entre 55 et 6o francs les 100 kilogrammes. Cette période était cependant trop lucrative pour pouvoir durer. La mise en exploi- tation des gisements de sels de potasse bromiferes de Stassfurt, dans les années de 1860 à 1865, amena une baisse effroyable des prix de vente du brome et des sels de potasse. Le brome tomba à 5 fr. le kilogr. et le chlorure de potassium à 20 fr. les 100 kilogr. Les usiniers diode, grisés par les grands bénéfices qu'ils étaient habitués à récupérer, n'offrirent aucune résistance à la nouvelle concurrence. Ils se laissèrent arracher le brome et le chlorure de potassium, qui au bas prix de la concurrence ne leur paraissaient plus suflisamment intéressants, pour en con- tinuer l'exploitation à côté de l'iode. L'industrie de l'iode, qui dans les algues continuait à con- server sa matière première, était du reste tellement rémunératrice qu'elle put négliger l'exploitation simultanée des sous- produits des algues. Elle continua à prospérer jusqu'en 1872, année en laquelle un deuxieme coup, plus grand que le premier, lui fut porté, la visant cette fois-ci directement. À ce moment les usines de nitrates du Chili introduirent, sur le marché mondial, de l'iode retiré des eaux mères du caliche, par un procédé du à Thiercelin. TC ih Pr Fy * Td EE Je rappelle à cette occasion que le caliche, le salpétre brut en roche, a une teneur moyenne de 0,5/1000 'd'iode, une teneur donc plus faible que celle des Laminaires telles qu'elles sont retirées de la mer, avec toute leur eau d'imbibition. La production mondiale de l'iode qui en 1875 était d'environ 250.000 kilogrammes, s'est accrue considérablement. En 1911 elle atteint 750.000 kilogrammes, en 1913 un million de kilo- grammes, en 1915 un million et demi de kilogrammes et en 1916 prés de deux millions de kilogrammes. En 1911 participaient à la production mondiale de l'iode de 750.000 kilogrammes : l'Europe (la France, la Grande-Bretagne et la ] Norvège). avec environ 175.000 kilogrammes, le Chili avec environ 500.000 kilogrammes et le Japon avec environ 75.000 kilo- grammes. De cette quantité totale e l'Allemagne, la plus « grande consommatrice d'iode, en a importé 300.000 kilogrammes Le Chili, qui depuis a fortement augmenté sa SE MN a exporté en 1915 709.000 kilogr. et en 1916 1.323.000 kilogr. Les emplois de l'iode et = brome vont continuellement en augmentant. L’iode et le brome sont de plus en plus employés, ala place du chlore, comme matières oxydantes dans de nom- breuses réactions chimiques et dans la composition de desin- fectants. Ils prennent de méme une grande extension dans la fabrication des produits pharmaceutiques, photographiques et des matieres colorantes. Le maniement du brome est certes moins dillicile que celui du chlore et celui de l'iode plus facile encore que celui du brome. Un syndicat de vente de l'iode, à la tête ‚duquel est placée la maison Antony Gibbs et Ci* de Londres, en fixe, contrôle et fait respecter les prix de vente. C'est gräce a ce syndicat que les anciennes usines d'iode q pu continuer à subsister, sans se perfectionner, et malgré la concurrence chilienne. Mais c'est non moins grâce à ce syndicat aussi que les usines du Chili ont pu réaliser les beaux bénéfices que leur procure l'exploitation de ce « sous-produit ». N' oublions cependant pas que l'épuisement des gisements de nitrates n'est qu'une question de temps, tandis que les plantes marines présentent une source à toujours inépuisable, parce que tout en donnant, elles repuisent toujours de nouvellles quantités d'iode, de brome, de potasse, d'azote, dans la mer, dans cet im- mense réservoir, qui est toujours à nouveau alimenté par la terre et méme par l'air. Par la terre : par ce que l'eau dans S cycle continuellement entraine de la terre. Par l'air ; par ce que la mer à sa surface continuellement dissout de l'air. (350) e A ER AA E - pro ENT * < >. e C RS p NA “ A T TDi Ze a T CR K x ASAS A ur. a SA A E A vida ano Des rer oS AN Jn LOS , PILIERS DRM ET LEURS CONCLUSION. C'est dans les plantes marines que nous trouvons et trou- verons toujours plus sûrement qu'autre part ce que, jusqu'à présent, en insouciants nous avons omis de leur réclamer ou qu'en prodigues nous avons dissipé. C'est en employant des procédés rationnels, ne laissant plus rien se perdre ‚que les plantes marines deviendrontdésormais non seulement la précieuse matière première qu’elles étaient autrefois et non seulement pour des industries aussi prospères que celles de jadis, mais qu'elles deviendront une matière première plus précieuse encore, pour des industries plus florissantes. Les plantes de la mer, non seulement davantage que les dépôts minéraux, sources mortes de la terre, mais davantage encore que les plantes, sources vitales, de la terre, représentent la source vitale la plus súre, car le sol nourricier de la terre constamment s'appauvrit, au fur et à mesure que le liquide nourricier de la mer s'enrichit ! ES DRE eS TABLE DES MATIERES Pages ANVASTERROPOS'. ya aaa Ske ce a N PER ee ere I PRGROBMETION ia s d Ded JAN EB eru cu de Ie 3 Les richesses contenues Hans iy mier. ey TOR |S SE RR ex 3 Les plantes marines, accumulatrices d’ TE contenus dans la mer. 5 Les utilisations des plantes marines. Fe tema a's obs won. REEL DF tp 6 Classification des plantes marines ne leurs an u VE ps 7 PREMIERE PARTIE. Les Plantes marines en général. L'Utilisation des Plantes marines en général, particuliérement comme engrais. Les Chénopodiacées, source de carbonate de soude............... . 8 Decrets reglementant, en France, la recolte des plantes marines.. 9 Les plantes marines, source d'éléments les plus utiles............. : LI Les plantes marines, comme engrais.......... ale ee steed Be 12 — — source d'acide carbonique: 117.7... NS 13 — — source d'azote....... v eiat UFU eme pa BI Tx i 14 — S a ISOUTCE-GE potasse re et SERS PL ELSE as : 15 — ru SOURCE de phosphates i. S Bussen doo A, 15 — — source de chaux, soude, magnésie, fer, man- ganèse, et d'autres éléments indispensables comme engrais... 4: onec ess LOREM 15 DEUXIEME PARTIE. Les Plantes marines « non-Algues ». L'Utilisation des Plantes marines « non-Algues », particulièrement des Zostéres. A IIl i. Wa. Vio Usure Au TERES ERE A SES 16 Fibre retirée des Zostéres......... FRIA USE er e Xm Papier retiré des Zostéres ...... PES Als ewes ar caine die 20 Cellulose retirée des Zostéres............. TA ee YI 21 Engrais po hydrocarboné-azoté retiré des Zn comme "sous-produit . JO FU s gravi POI IVA DR Cannes 22 A AA, I TROISIÈME PARTIE. Les Algues Rouges. L’Utilisation des Algues Rouges (Rhodophycées ou Floridées), contenant de la Gélose. Pages ba Mousse de Gorse: ds Corallmeé-, 2. cu ee xo Nott En s 23 Le"Lichen Carrapghéen ti ce, 5 Mitts Mur E, JA Reel Le 23 Récolte et ttostementu. ^... ds Sb alate PR Te RL 24 ER DEC euren: ee RES NR 25 L’Agar-Agar ¿sos ads BERN A EST ERN O AS A e 2 Agar-Agar de En. DA UE Pc LE RENTEN PARLES A Agar-Agar de Macassar et de Java....... RER a tee PAC NC DST. © 2 Agar-Agar du Japon.......... se a Dario S CMOS 27 Préparation cotas Le: Le E E NC aes SE BAER 27 Emplois ARS PEU Sex je dors ES On SUN DE CAE ; 28 QUATRIEME PARTIE. Les Algues Brunes. L'Utilisation des Algues Brunes (Phaeophycées), particulièrement des Laminaires, contenant de l'Algine. MES aA CESS c Aus ch ala eei ade ADU YS da TAA S hiss ts uate HEAT 29 BES Tramindt/BeBes Rem ¢ bui TOR gite BEER E ak fur A ® - 30 le um e EROS AMC ted voe othe esl ae LA re NS Hirt sr 30 Gonstitution. . 1-2. A A eater. Gr RE REDE: on AMO lata aye 30 I-csuaminsires ©, A pM SN PE SEIS enc esee "T PIU 31 iramipariaflexicdulis. oo QA ma ceto AE abt! ree RON. 31 -aninasiasloUstoBD. ua lo do Ex ee eno M PERITI UL UT e 32 Laminaria saccharina..... E. E eC decet D IO : 33 Saccorhiza bulbosa......... DATES ORIS ME E PA US. 33 Laminaria Lejolisity eee rois es KS PE RUE T MAR et 33 WES AMR ASSES e ren tele MS UN E wa JY eto whe Saga tay oS uu 33 LanMer des SAA co SERRE A ero ares 34 Méthodes de traitement des algues marines jusqu’à présent pla veas 35 Imperfection de ces MUSTO A A PCI ES pa ES 36 Situation et avenir de l'industrie des Algues marines............... 36 Composition schématique des Laminaires............... = Arie rie se 39 Récolte des Laminaires en Europe..................... Meg ot n 39 — — aux«Itats«iniss da eae a eid IRI 40 Rendement actuel de la récolte en Europe...... ...... LEAL CU 41 Rendement futur de cette récolte par des procédés rationnels....... 41 Causes des pertes de matiéres, provoquées par les procédés d'inciné- fation jusqu'à present employes en EUTORE demo eo dan LEE 42 \ - Incinerauan des aleues marines... io we a i Sher AS SEI Ma Braitement’des.cendres des/algues Marines... ..2.2 522. Wess eo Traitement rationnel des algues marines sans incinération...... HT A. — L'Algine retirée des Algues Se particulièrement des Lami- EN MEN PES VPN AT. SOR RE AR c eme AO AA A et aps à Composition de la matière otbanique des Lanjnalrfes...; v9 540 90 M: Traitement des algues marines par le procédé SM Tir | gp ws Traitement des algues marines par les procédes Gloess....... Mice NEIN SES PROPRIETE S c. iere ser Vous AA cdd Ore a NS Les Alginates solubles dans l’eau............ IPLE MS MUS E. Les Alginates insolubles dans l'eau........... FAA OS Les Alginates ammoniacaux solubles dans l'eau, donnant à l'éva- poration une pellicule insoluble dans l'eau... ..... shed e : L'Algine comme matiére alimentaire ........ EAS CAES o > poe Son emploi en Extréme-Orient ...... A e ot 2 Le Kombu, préparation des différentes ES QUIS A PN BU i ne eo ch AIN ARCEM NE E D e salst Comme succédané d'avoine pour VO UR des disce Jt Pour l'alimentation des autres animaux herbivores........... Pour l'alimentation humaine.............. Uer UE SRE L'Algine iodée, comme matiére médicamenteuse-alimentaire, en rem- placement de l'huile'de-foie de morue. vedat TES EE L'Algine solubilisée, sous forme d'alginates solubles ......... Notes Bla iatendessoutler N E me meae gps AAT ERE d EP SIS L'Algine solubilisée Comme matiére apprétante, encollante et épaississante.......... Commetimpeérméabilisant.z 3:24 ases: I ER a Comme mordant ......... exp A MSS Ara CA d a E E Comme matière agglutinante....... ........ ares esie ui TON: POunconibustiDless? esas de stale B nee len NONE aa - Four autres matières ti cacas ro ET et a a bh ER Comme matiere hydrofuge’.. 3.035.762 24 Ced Wee RASE Me ane = Comme matière désincrustante............ E EAT RAS ee ER REN L'Algine solubilisée, sous forme de peralginates solubles........... Comme matière savonneuse pour le blanchissage ......... Cet L'Algine, comme matiére premiére pour d'autres applications....... B. — La Cellulose retirée des Algues Brunes, particuliérement des Laminariacees ei data e LAN AA RE Are ... C. — Les Sels de potasse retires des "vus Brunes, particulièrement des Larinpariacées....... 0.8. PA cor b ar AE Her D. — Les Sels divers non potassiques retirés des Algues Brunes, particulièrement des Laminariacées.......4....... TA re E. — L’Iode et le Brome retirés des Algues Brunes, particulièrement des Laminariacées.......... qa e du Heu EL SE 2 CONCLUSION M v. rr ER SES EA WE dE Unc Un Un. UC D BR A w w Un Ur Ua eco ton on PET R y. 45 um ET PAM UST Mr SE (À T2525 B, DET 20 i " NS LA up y FN wt Ag [3 4 we En Me VI VAN rn Sd i d T 4 i , nA SORA AN AASE NNUS. 1 D Um ig Mc t ! x BALLET (LME * d r N° 351. 20 Avril 1910. BEE TEN INSTITUT OCÉANOGRAPITIQUE (Fondation ALBERT Ier, Prince DE Monaco) p ÉTUDES PRÉLIMINAIRES : ` SUR LES Céphalopodes recueillis au cours des croisières de S.A.S. le Prince de Monaco. 7° Note : Cycloteuthis Sirvenii nov. gen. et sp. Par L. JOUBIN Professeur au Museum d'Histoire Naturelle et à l’Institut Océanographique MONACO ^ d x 5 : NOT AERE 1 N 118 ^ AVIS Les auteurs sont priés de se conformer aux indications suivantes : 19 Appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrès internationaux. | 2° Supprimer autant que possible les abréviations. 30 Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications bibliographiques. 4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin. 5» Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou à l'encre de Chine. 6° Ne pas mettre là lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers calques les recouvrant. 70 Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur papier procédé. So Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le texte en donnant les dessins faits d'un tiers ou d'un quart plus grands que la dimension définitive qu'on désire. Les auteurs reçoivent 50 exemplaires de leur mémoire. Ils peuvent, en outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le manuscrit. Adresser tout ce qui concerne le Bulletin à l'adresse suivante : Musée océanographique (Bulletin), Monaco. RAT? > atra SE Y Z BULLETIN DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT I‘, Prince de Monaco) No 351. — 20 Avril 1919. ÉTUDES PRÉLIMINAIRES SUR LES Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S.A.S. le Prince de Monaco. 7° Note : Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp. Par L. JOUBIN Professeur au Museum d'Histoire Naturelle et à l'Institut Océanographique Dans sa monographie des Œgopsides dela VALDIVIA, Chun a décrit un intéressant Céphalopode auquel il a donné le nom de Thaumatolampas diadema et créé pour lui la famille des Thaumatolampadide. Pour des raisons de priorité, G. Pfeffer, en 1912, a remplacé ce nom par celui de Lycoteuthis diadema qu'il a classé dans une nouvelle sous-famille, les Lycoteuthine, taillée 'dans la famille des Ony choteulhide. Cette derniere famille comprend alors deux sections très inégales, la première, les Onychoteuthinæ comprenant tous les Onychoteuthide moins le Lycoteuthis diadema qui, à lur seul, forme la CUN les Lycoteuthinæ. J'apporte à cette maigre sous-famille un renfort constitué par un genre et une espèce nouveaux et je nomme ce Cépha- lopode Cycloteuthis Sirventi, du nom de mon ami, M. Sirvent, assistant du Musée de Monaco. Ce Cycloteuthis possède, en commun avec Lycoleuthis, quelques caractères anatomiques; leur aspect ne manque pas d'analogie, mais ils diffèrent par d’autres points importants, ce qui fait. que la diagnose des Lycoleuthinw, trop restrcinte pour deux genres, puisqu'elle est faite trop exclusivement pour un seul, ne convient plus quand on y introduit Cycloleuthis et il a Wc faut en refaire une nouvelle s'appliquant aux deux genres; on évitera ainsi les confusions, car la famille nouvelle n'est plus celle des Thaumalholampadide de Chun, ni celle des Lycoleu- Fic. 1. — Cycloteuthis Sirventi. L'animal vu de dos, légèrement grossi. thinæ de Pfeffer, Je lui donne le nom de Paraleuthidæ, et je considère sa position naturelle comme intermédiaire entre Îles Enoploteuthide dont elle n'a pas les crochets et les Aıstioleu- thidæ dont elle n’a pas les organes lumineux, mais auxquelles AA ADA a EI cee elle emprunte divers autres caractères. Je ne peux entrer, dans cette courte note, dans les explications nécessaires pour com- pléter cette premiére indication systématique. Je n’ai eu, malheureusement, qu’un seul exemplaire, en assez mauvais état, de ce Céphalopode, ce qui ne m’a pas permis d'en faire une étude détaillée et l'a restreinte à quelques consta- tations cependant intéressantes. Cet animal a été pris à la station 3213, le 7 août 1912, dans a les parages de Madère, par 30° 45’ 40” N.et 25° 47’W., au filet i Bourée en vitesse, de o à 5oo mètres de profondeur. Ce Céphalopode a 150 millimètres de longueur totale, y compris les tentacules ; il devait être de couleur rouge pâle, avec des bras et des nageoires plus claires et des tentacules plus foncés. Les bras ont de 35 a 50 millimètres de long, le 2° étant le pjus grand, ce qui donne la formule 1.4.3.2. Les tentacules ont 88 millimetres, leur palette 17, la nageoire 3o de haut et 48 de large, le corps 49 de haut dorsalement, ce qui est à peu près égal au grand diamètre de la nageoire. L'aspect général du corps, la forme des bras, des nageoires, la pointe abdominale, rappellent de pres la plupart des Enoplo- leuthidæ, tels que les Abraliopsis ou les Pyroteuthis. La grande taille de la nageoire, son épaisseur, le développement du siphon donnent l'impression d'un puissant nageur et non celle d'un être mou, médiocrement organisé pour faire de la vitesse comme sont les Histioteuthides. Mais on constate l'absence totale de tout crochet aux ventouses des bras et des tentacules, ce qui l'éloigne des Onychoteuthides dans lesquels, pour cette raison, Chun avait fait une section spéciale pour son Thaumatolampas qui se trouve dans le méme cas. La longue pointe postérieure du corps supporte l'angle infé- rieur de la nageoire rhomboidalecomme chez les Enoploteu- thides. Par contre, la forme générale des tentacules, leur cou- leur, leur force, ieur palette et ses ventouses, la mollesse et l'apparence gélatineuse des bras, leur teinte, leurs ventouses sont, inversement, tres analogues à ce que l'on constate chez les Histioteuthides. > | Le corps, en forme de cornet assez étroit, très pointu en arrière a une ouverture palléale oblique, montant moins ventra- lement que dorsalement; il v a à peine 9 millimètres entre le bord dorsal du manteau et l'échancrure supérieure de la nageoire rhomboidale, ce qui le fait ressembler beaucoup à Octopodoteu- this sicula Ruppell. Les pointes latérales de cette nageoire sont arrondies; on distingue, sur les surfaces dénudées, les épais faisceaux musculaires parallèles qui la composent. Le siphon, trés développé, monte jusqu'au milieu des yeux et renferme un organe compliqué comprenant : en haut une (351) A valvule demi-circulaire de même diamètre que l'orifice du siphon; de chaque côté une nouvelle valvule verticale de méme forme un peu plus grande; entre les trois un apparéil ayant la forme de la lettre À portant, sur chaque branche, une crête flexueuse relevée aux deux pieds, interrompue au sommet; là, une petite crête verticale indépendante occupe le sommet de l'A. Du centre émerge la grande veine viscérale. Tout cet appareil compliqué est analogue dans ses grandes lignes à celui de Thau- matolampas. Sur les deux piliers du siphon se trouvent les fossettes arti- culaires à bord formé d'une méme créte cartilagineuse en cupule trés saillante, entourant une fossette ovale, allongée, avec un rudiment de tragus, le tout encadré d'une ligne de chro- matophores. La téte, en mauvais état, a perdu totalement un des yeux, l'autre est trés détérioré ; on peut cependant constater qu'il était trés gros et la téte trés étroite à demi transparente. La téte proprement dite se réduit à une étroite bande entre les deux grosses orbites. Le bulbe buccal, blanc, sans pigment ni chromatophores, porte 7 fortes côtes saillantes; T'haumatolampas en a 8. Entre la base des deux bras dorsaux il y en a une seule à base bifur- quée. Entre les bras ventraux il y a deux grosses côtes très rapprochées, si voisines qu'elles semblent d'abord fusionnées. Ces 7 organes se terminent par une pointe bifurquée au bord de la lévre dont l'intérieur est couvert de papilles plissées en files longitudinales. Sous chacun des yeux il y a une papille olfactive blanche. Le cartilage nuchal est bien développé, à sillon médian ver- tical bordé de deux petites crétes paralléles; sa partie supé- rieure est un peu dilatée. La peau qui recouvre tous les organes dont il vient d'étre question, sac viscéral, téte, siphon, bras, est molle, épaisse, à plusieurs couches superposées de chromatophores, comme chez les Histioteuthides, et dépourvue d'organes lumineux; i! n'y a que sur le bord circulaire de la paupière qu'on en trouve un cercle, qui semble avoir été continu, comprenant une vingtaine de ces tout petits organes jaunes, irisés, un peu dorés. Ils sont tout à fait analogues à ceux des Histioteuthida-; dans Thauma- tolampas, Chun en a signalé une petite série de 5, disposés en arc, sur le bord ventral de la paupière. Nous en trouverons encore un autre, bien plus caractéristique, dans Cycloteuthis. Les bras sont charnus et épais dans leur moitié inférieure, gréles et en fouet au-dessus, à section arrondie sauf sur la face buccale aplatie légerement et pigmentée en brun violacé. Cette face est limitée de chaque côté par une légère crête dont l'une, A ye tantót la ventrale, tantót la dorsale, se continue avec une cóte du bulbe buccal. Sur cette face alternent de petits mamelons bruns, débordant sur les créres oú elles forment comme de petites dentelures. C’est de la que partent les courts pédoncules portant les ventouses. Toute la peau du bras est molle et demi transparente comme chez les Histioteuthides ; il n'y a aucune membrane interbrachiale, ni aucun organe photogene bran- chial ou tentaculaire. Les ventouses, portées sur un pédoncule cylindrique court, sont sur deux rangs alternants dans la moitié inférieure des bras puis bientót elles se disposent en une seule rangée ; clles sont plus grosses vers le milieu du bras et plus particulière- sur le 3*. Elles sont sphériques, blanches, à ouverture circu- laire un peu oblique entourée d'un cercle corné occupant les trois quarts de leur hauteur. Elles ont de o" 25 à 2mm ; celles SEAS 2H 5. Le cercle corné est limité par un anneau externe marginal et un interne profond; entre les deux est une bordure en anneau, couverte de petits ornements polygonaux sur 4 rangs dans la région contigué au pédoncule, 3 rangs plus haut, 2 rangs au-dessus, enfin un seul au sommet opposé au pédon- cule. Les ornements marginaux sont plus petits que les pro- fonds. Le cercle corné porte, en outre, des dents sur son tiers le plus éloigné du pédoncule; elles sont bases, plates, non denticulées, difficiles à distinguer. Les deux du milieu sont les plus nettes, les deux suivantes à peine distinctes, la 4° presque invisible. On voit donc la faiblesse de cette dentition. Les tentacules, au contraire, sont robustes, charnus, beau- coup plus consistants et solides que les bras, pigmentés. en rouge brique, marbrés ; leur face buccale est légèrement aplatie ; une légére carene y est opposée qui aboutit au dos de la palette oü elle se transforme. Il n'y a aucune ventouse sur la tige du tentacule. La palette tentaculaire est lancéolée ; sa face palmaire débute par 5 petites boutonnieres avec 3 boutons sur un tentacule ct inversement sur l'autre; les boutonnieres sont de minuscules ventouses sessiles à cercle corné noir sans dents; les boutons hémisphériques sont sans chromatophores ni pigment. La palette proprement dite débute au-dessus; plus de sa moitié inférieure est limitée par une membrane marginale, de chaque côté, constituée par une peau transparente à chromatophores, soutenue par une rangée de 7 ou 8 tigelles de chaque cóté. Dans cette partie il y a 4 rangées de grandes ventouses; au-dessus, dans la partie distale, il y a aussi 4 rangées de trés petites ven- touses, mais elles ne sont pas dans le plan des premières ; la pointe de la palette se continue avec la carène dorsale et c'est sur le cóté que sont placées les ventouses à angle droit avec (351) E X6 celles de la base. Enfin, tout au bout de cette palette les 4 rangs de petites ventouses se séparent en deux pulis se rejoignent, encerclant une petite surface ronde sans ventouses. On trouve la méme disposition dans Thaumatolampas. La créte dorsale de la palette, tres forte, est l'accentuation de celle, tres faible, qui suit la tige du tentacule. Les ventouses tentaculaires ont un long pédoncule couché contre la palette, de sorte que la ventouse est reportée bien plus haut que l'insertion de sa tige. Les grandes ont 1 à 2 millimetres et les petites 1 huitième à r tiers de mil- limétre de diamétre. Leur cercle corné est trés grand par rapport à leur partie charnue, brun sur fond orangé, portant un demi cercle de dents nettes, ai- gués, presque noires, cour- tes et basses; la plus grande dent se trouve juste en face d'une échancrure du bord de l'entonnoir. Chaque dent se continue par un épaisissement brun du cer- clé. corné:;qui -s'enfonce dans la cavité de la ven- touse. Le bord de l'enton- noir est trés compliqué, strié d'innombrables peti- tes côtes saillantes, rayoi- Fic. 2. — L'organe lumineux viscéral VES EI vu de face ; la paroi du manteau a nantes, quelquefois bifides, été ouverte. Gross. 3, aboutissant à un mince cer- cle périphérique. Sous les dents on remarque une ligne noire festonnée dont les saillies correspondent à leurs intervalles. La radula est petite, environ 1.5 "" de large; on y remarque surtout sa grande épine marginale; la médiane est à 3 pointes dont la moyenne est beaucoup plus grande. Si l'on ouvre le manteau sur la ligne médiane ventrale, on voit sur le complexe viscéral un photophore unique, impair et médian. Il est de grande taille, ovale, posé entre les branchies dans une boucle du rectum, sur la masse formée par le foie, l'estomac et la poche du noir qui lui constitue un écran. Il est recouvert d'une cornée ovale, transparente, convexe, enchassée dans le tégument blanc qui laisse voir la partie supérieure du réservoir à encre; à travers la cornée on distingue la masse jaunàtre du tissu photogéne, de contour ovale, bordée d'un RU 5 cercle noir qui est probablement formé par le contour de la poche à encre. Je n'ai pas fait de coupes dans cet appareil, n'avant pas voulu le détruire dans cet unique échantillon. On peut remarquer que dans aucun autre CEgopside on n'a, jusqu'à présent, décrit un appareil photogène viscéral composé d'un unique foyer lumineux; il y en a toujours plusieurs sur la ligne médiane,ou symétriques. Celui-ci est relativement énorme, puisque son grand diamètre vertical dépasse 4 millimètres et il remplace à lui seul tous les autres, beaucoup plus petits, dissé- minés sur le complexe viscéral, des Céphalopodes analogues, en particulier Thaumatolampas oú Chun en a décrit 7. Cette dispo- sition est donc tout à fait caractéristique de cette espèce ct morphologiquement trés curieuse. Le gladius a 55 millimétres de long; il présente une pre- miere dilatation peu accentuée qui occupe le tiers supérieur, puis une seconde. en forme de cornet, beaucoup plus intéres- sante. Elle se termine enfin par une pointe courbée en avant tres aigué. En haut, elle se termine aussi en pointe, mais c'est simplement le bout du rachis qui est plat. Le rachis est plus large dans la partie correspondant à la dilatation supérieure que dans l'autre ; il constitue une carène au. gladius entier qui est, dans son ensemble, légerement incurvé vers la masse viscéralc. Les deux lèvres du grand cornet se juxtaposent mais ne se sou- ` dent pas. C'est seulement au niveau de la pointe caudale qu'elles se fusionnent pour former un tout petit cul de sac à la suite duquel commence la pointe pleine, courbe, terminale. La partie dilatée du gladius correspond à la nageoire qui est tres développée; le léger, rétrécissement entre le cornet et la dilatation supérieure correspond à l'échancrure de la nageoire. Ce gladius différe assez sensiblement de celui de Thauma- tolampas qui n'a pas de pointe aigué terminale, mais un bouton arrondi. Dans les deux espèces il n'y a pas soudure du cornet inférieur, mais seulement un petit cul-de-sac au-dessus du bouton ou de la pointe terminale. La pointe supérieure est arrondie chez Thaumatolampas, aiguë dans Cycloleuthis; len- semble de l'organe est plus faible dans le premier genre que dans le second, ce qui correspond au développement de la nageoire. Cette courte description suffit à caractériser cet intéressant animal et à préciser ses rapports avec le genre Thaumatolam- pas. On en trouvera plus tard une série de figures dans la collection des Résultats des Croisières de PHIRONDELLE IT. (351) X, - 3v / A & Hd | ‘ 4 ] i $ 1 1 aay. A. 1 Li A v 3 , Tu i | ! e y + È | ; x i E S 1 o ‘ . y C t ` è r k 7 + ?" ‘ f “4 | 3 E E g , ^ ^ \ [4 a X M / y i r b 4 - ye ý , + Y ^ $- d ti [A i y ) E > i i à 4 1 . ^ ` t : $ ) + | A h ^ [^ Ww. 4 ty 4 ~ i f ) / y ? o ! a : ; y . T. FAN > y + x - e re N ^ S? H . 4 | * 2 1 \ 6 P E PEJ . de ji = i i - ' * ` , “jf r x D à D st | i " 4 i i ` ( : X 1 & AVIS Le Bulletin est en dépôt au Musée Océanographique. Les numéros du Bulletin se vendent séparément aux suivants et franco : Nos 328. — Esquisses protistologiques, par J. GrorGivitcu........... 329. — Sur le venin de la Murène. (Murena Helena, L.), par le Dr W. KopaczEwski......... IS JO do dae boo dE 330-335. — Recherches sur le Sérum de la Muréne (Murena Helena L.), (Suire — l11-V111), par le Dr W. KoPACZEWSKI 336. — Mycose chez une Tortue de mer.(Thalassochelys caretta L.), PABAUSUSTE Re qee otto Voodoo UoBONUU erste leere 337. — Le Comité royal Thalassographique italien, par L. Jousın.. 338. — Le Mésorhéomètre et la mesure des courants pélagiques entre lajsurfacevet le tond, par YVES DELAGE: =s emela neeh 339. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 5° Note : Moschites verrucosa.(Verrill), par L. Jousin.... 340. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisières de S. A. S. le Prince de Monaco. 6° Note : Vitreledonella Richardi Joubin, par 1. Jounin. 341. — La biologie des huitres et l'industrie ostréicole, par J. L. IA ee e areia ELLE e CCC CE CEE Sins 20296 . 342. — Sur la Dissémination et la Naturalisation de quelques Algues marines, par C. SAUVAGEAU................ nc 343. — Note préliminaire sur les Antipathaires recueillis par la Princesse-Alice, de 1903 à 1913 inclusivement, par CARA Ut gab occdoóoBoD oos cer 344. — Note sur une Actinie (7 horacactis n. g., Topsenti n. sp.) et un Annélide Polychéte (Hermadion Fuuvell n. sp.), com- mensaux d'une Eponge siliceuse (Sarostegia oculata Topsent), par Ch. GRAvIER........ MCA OU CODO os 345. — Considérations sur la biologie du Thon commun (Orcynus thynnus L:) par Louis RouLe..... er... T OE EET 346. — Note préliminaire sur les Hexactiniaires recueillis au cours des croisières de la Princesse-Alice et de l Hirondelle de 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GRAVIER............. 347. — Tableaux analytiques des Annélides Polychétes des cótes de France. — |. (Aphroditiens, Amphinomiens, Hésioniens, Spherodoriens et Alciopiens), par Pierre FauvEL........ 348. — Observations sur la nourriture des Thons de l'Atlantique (Germo alalonga Gmelin) par L. Jousın et L. Route..... 349. — Note sur l'utilisation des Hydravions pour la péche et les recherches océanographiques, par L. Jousin........ S504 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul GLoess.. 351. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 7° Note : Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp., par AAJOUBINS o 0e er. RON Sa o SM Sota O IO: MONACO. — IMPR, DE MONACO. prix bir. 4 » ZIP 4 0 24 9» 4 D 218 À 2 2» DJ 3.0183 #50 ZW y I » 2 UD 2:5 2 50 1 50 DW» 1.9 AD TIN N° 352. 20 Mai 1910. DIEBE TIN INSTITUT OCRANOGRAPHIOUR (Fondation ALBERT ler, Prince pe Monaco) Révision des Scinide provenant des campagnes de S. A. S, le Prince de Monaco Par Ed. CHEVREUX. MONACO AV IS Les auteurs sont priés de se conformer aux indications suivantes : 19 Appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrès internationaux. 2» Supprimer autant que possible les abréviations. 30 Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications bibliographiques. 49 Ecrire en italiques tout nom scientifique latin. 5» Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou a l'encre de Chine. 6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers calques les recouvrant. 79 Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur papier procédé. So Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le texte en dounant les dessins faits d'un tiers ou d'un quart plus grands que la dimension définitive qu'on désire. Les auteurs reçoivent 50 exemplaires de leur mémoire. Ils peuvent, en outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le manuscrit. Adresser tout ce qui concerne le Bulletin à l'adresse suivante : Musée océanographique (Bulletin), Monaco. BULLETIN DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT I", Prince de Monaco) No 352. — 20 Mai 1910. Révision des Scinidæ provenant des campagnes de S. A. S. le Prince de Monaco Par Ed. CHEVREUX Les Scinide de la PRINCESSE-ALICE ont déjà fait l'objet de deux notes publiées dans le Bulletin (n° 37 et 291). La récep- tion d'un certain nombre d'exemplaires d'Amphipodes de cette famille, échappés à un premier triage, me permet de donner aujourd'hui une révision complete des espèces provenant des campagnes de l'HIRONDELLE, de la PRINCESSE-ALICE et de l'HIRONDELLE IN. En dehors des formes précédemment décrites (Scina curvi- dactyla Ed. Ch., S. incerta Ed. Ch., Acanthoscina macrocarpa Ed. Ch., A. spinosa Ed. Ch.), j'ai depuis longtemps entre les mains quatre espèces nouvelles, représentées chacune par un ou deux spécimens seulement, et dont je remettais de jour en jour la description, espérant que les pêches de ’ HIRONDELLE II me procureraient d'autres exemplaires des deux sexes. Mon espoir ne s'étant pas réalisé, je ne crois pas devoir tarder plus longtemps à donner une description succincte de ces espèces. Scina megameros nov. sp. Stn. 2854, 27 juillet 1909, lat. 44° 03’ N., long. 5° 40’ W., golfe de Gascogne, filet Richard à grande ouverture, o-1410 mètres. Un male non.adulte, mesurant 12™ de longueur totale. — — Corps long de 5", caréné au bord dorsal. Segments II et III de l'urosome coalescents. Yeux petits et ronds. Antennes I atteignant la longueur du corps, bord externe garni de petites épines, bord interne portant de longues soies. Antennes II dépassant de beaucoup la moitié de la longueur des antennes I et composées de sept articles. Gnathopodes I et II gréles et allongés, d'égale taille. Pro- pode plus court que le carpe dans les gnathopodes I, aussi long que le carpe dans les gnathopodes II. Dactyle gréle, atteignant le tiers de la longueur du propode. Péréiopodes I et II trés gréles, ne dépassant que d'un quart Fic. 1. — Scina megameros. — A, antenne II; B, gnathopode I; C, gna- thopode 11; D, E, F; G; H, péréiopodes I, TI, ILI, IV; V; T, urosome; uropodes et telson. {X 19). la longueur des gnathopodes. Carpe des péréiopodes I dilaté dans sa partie médiane. Propode presque filiforme, n'atteignant que le tiers de la largeur du carpe. Dactyle petit. Péréiopodes III plus longs que le corps. Article basal attei- gnant la longueur de l'ensemble des articles suivants et portant des dents courtes et peu distinctes au bord antérieur et de longues et nombreuses dents (36) au bord postérieur; dent distale courte, à peine aussi longue que l'article ischial, armée d'une petite dent A iro au bord antérieur. Article ischial portant une petite dent distale. Article méral deux fois aussi long que le carpe. Propode trés gréle, coudé dans sa partie proximale et n'atteignant que la moitié de la longueur du carpe. Dactyle très petit. Péréiopodes IV atteignant les deux tiers de la longueur des péréiopodes III. Article basal portant une petite dent distale. Article méral beaucoup plus long que l'ensemble du carpe et du propode. Propode n'atteignant pas la moitié de la longueur du carpe. Dactyle petit, fortement courbé. Péréiopodes V beaucoup plus longs que l'article basal des péréiopodes IV. Carpe plus court que l'article méral. Propode un peu plus long que le carpe. Dactyle trés petit. Branche interne des uropodes I beaucoup plus courte que le pédoncule, branche externe représentée par une épine gréle. Une épine un peu plus grande se trouve sur le bord interne de ces uropodes, au niveau de la branche externe. Bord externe denticulé. Branche interne des uropodes II atteignant à peu pres la longueur. du pédoncule, branche externe représentée par une courte épine. Bord interne de ces uropodes denticulé. Branche interne des uropodes III quelque peu plus courte que le pédoncule et fortement denticulée au bord externe, branche externe attelgnant un peu plus des deux tiers de la longueur de la branche interne. Telson trés petit, arrondi au bord distal. Espèce voisine de Scina crassicornis (Fabr.). Elle en differe surtout par les proportions relatives des articles des péréiopodes III et IV. La grande longueur de l'article méral de ces péréio- podes est trés caractéristique. Scina Alberti nov. sp. Stn. 2832, 21 avril 1909, lat. 43938” N., longit. 7°32’ E., au large de Monaco, filet Richard à grande ouverture, o-1000 métres. Une femelle. ; Corps long de 3"", opaque dans l'alcool, caréné au bord dorsal, la caréne du dernier segment du métasome se prolon- geant en arrière pour former une petite dent. Segments IT et III de l'urosome coalescents. Organes de vision non apparents. Antennes I tres développées, aussi longues que le corps, encore ponctuées de rouge après un long séjour dans l'alcool, garnies de dents au bord externe et de soies, suivies d'épines, au bord interne. Antennes II rudimentaires. Gnathopodes I et II subégaux. Article basal beaucoup plus (352) Di Va * long que l'ensemble des trois articles suivants. Carpe un peu plus long que le propode dans les gnathopodes I, beaucoup plus court que le propode dans les gnathopodes II. Dactyle gréle, dépassant la moitié de la longueur du propode. Péréiopodes I et II subégaux. Article méral et propode d'é- gale taille, un peu plus courts que le carpe. Dactyle gréle, presque droit, atteignant les deux tiers de la longueur du pro- pode. Péréiopodes III beaucoup plus courts que le corps, bien qu'un peu plus longs que les péréiopodes I et II. Article basal dépas- sant de beaucoup en longueur l'ensemble des articles suivants; bord antérieur lisse, sauf trois petites dents situées sur la grande. => Ss SN Fic. 2. — Scina Alberti. — A. bord dorsal du métasome; B, antenne 1; C, gnathopode I; D, gnathopode II; E, F, G, H, I, péréiopodes I, II, 111, IV, V; J, urosome, uropodes et telson. (>< 30). AN , dent distale, qui atteint quatre fois la longueur de l'article ischial, bord postérieur dentelé sur ses deux derniers tiers. Article méral et carpe robustes, d'égale taille. Propode forte- ment coudé dans sa partie proximale et atteignant à peu pres les deux tiers de la longueur du carpe. Dactyle trés petit, ovalaire, aplati, translucide. Péréiopodes IV aussi longs que les néréiopodes III. Article DE méral et propode d'égale taille, un peu plus longs que le carpe. Dactyle gréle, un peu courbé, atteignant le tiers de la longueur du propode. Péréiopodes V relativement allongés, dépassant de beaucoup la moitié de la longueur des péréiopodes IV. Article basal aussi long que l'ensemble des trois articles suivants. Article méral et propode d'égale taille, un peu plus longs que le carpe. Dactyle court, fortement courbé. Uropodes allongés. Uropodes I robustes, branche interne beaucoup plus longue que le pédoncule et finement denticulée au bord externe. Uropodes II gréles, beaucoup plus courts que les uropodes I, branche interne beaucoup plus longue que le pédoncule et finement denticulée au bord interne. Branche externe, dans ces deux paires d'uropodes, représentée par une courte épine. Uropodes III atteignant un peu au-delà des uropodes I, branche interne un peu plus longue que le pédon- cule et fortement denticulée au bord externe, branche externe n'atteignant pas la moitié de la longueur de la branche interne. Telson triangulaire, atteignant le quart de la longueur du pédoncule des uropodes III. | Espèce se rapprochant de Scina œdicarpus Stebb. et de S. Lamperti Vosseler par ses péréiopodes IlI, dont Particle basal dépasse en longueur l'ensemble des articles suivants. Elle diffère de la première de ces deux espèces par son corps robuste et caréné, par le manque de dents au bord antérieur de Particle basal des péréiopodes III, par la longueur relativement grande des péréiopodes V et par la forme du dactyle des péréiopodes III, IV et V. Elle diffère de Sema Lamperti, entre autres caracteres, par la grande longueur de ses antennes I et par la forme normale du propode de ses gnathopodes IT. Je prie S. A. S. le Prince Albert I* de Monaco de vouloir bien accepter la dédicace de cette espèce nouvelle, capturée par son yacht en vue des cótes de la Principauté. Scina pusilla nov. sp. Stn. 1794, 25 août 1904, lat. 31° 46' N.; longit. 25° 00’ W., entre les Acores et les Canaries, fosse de Monaco, filet Richard à grande ouverture, o-5000 mètres. Un mâle adulte. Corps non sensiblement caréné, mesurant 2"" de longueur. Segments II et III de l'urosome coalescents. Organes de vision non apparents. Antenne I atteignant la moitié de la longueur du corps, bord externe portant quelques fortes épines, bord interne garni de longues soies sensitives. (352) o d Antenne II atteignant le double de la longueur des antennes I et comprenant onze articles. Gnathopodes I assez robustes. Propode un peu plus court que le carpe. Dactyle long et gréle, atteignant les deux tiers de la longueur du propode. Gnathopodes II beaucoup plus gréles que les gnathopodes I. Propode plus long que le carpe. Dactyle atteignant un peu plus de la moitié de la longueur du propode. Péréiopodes I et II gréles, dépassant d'un tiers la longueur des gnathopodes II. Carpe et propode d'égale taille, un peu plus longs que l'article méral. Dactyle légèrement courbé, atteignant pres de la moitié de la longueur du propode. Fic. 3. — Scina pusilla. — A, antennel; B, antenne II ; C, gnatho- podel;D,gnathopode IL ;:E, F, G,-H; péreiopodes 1, IIEAV N: I, urosome, uropodes et telson. (< 42.) Péréiopodes III atteignant à peu prés la longueur du corps. Article basal presque aussi long que l'ensemble de l'article méral et du carpe, irrégulièrement crénelé au bord antérieur, armé de longues et nombreuses dents au bord postérieur ; dent terminale trés courte, obtuse. Carpe beaucoup plus long que l'article méral et prolongé antérieurement par une dent arron- die. Propode aussi long que le carpe, mais beaucoup plus gréle, et légerement courbé. Dactyle long, gréle, un peu courbé. e EX re Péréiopodes IV un peu moins longs que les péréiopodes III. Article méralatteignant les deux tiers de la longueur de l'article basal. Carpe beaucoup plus court que l'article méral. Propode un peu plus long que lecarpe. Dactyle trés petit, crochu. Péréiopodes V relativement trés allongés. atteignant pres des deux tiers de la longueur des péréiopodes IV. Article méral et propode d'égale taille, un peu plus longs que le carpe. Dactyle petit, fortement courbé. Uropodes I trés robustes. Branche interne un peu plus longue que le pédoncule. Branche externe relativement trés allongée, atteignant pres du quart de la longueur de la branche interne. Uropodes II atteignant un peu au-delà des uropodes I. Branche interne beaucoup plus longue quele pédoncule. Branche externe très allongée, atteignant le tiers de la longueur de la branche interne. Uropodes III dépassant un peu l'extrémité des uropodes II. Branche interne deux fois aussi longue que le pédoncule. Branche externe atteignant les trois quarts de la longueur de la branche interne. Les branches de ces trois paires d'uropodes ne sont pas sensiblement denticulées. Telson étroitement triangulaire, atteignant pres de la moitié de la longueur du pédoncule des uropodes III. Espéce caractérisée par sa petite taille et par la grande lon- gueur de la branche externe de ses uropodes et de son telson. Scina inermis nov. sp. Stn. 2016, 24 juillet 1905, lat. 35° 13' N., longit. 8° 06’ W., au large de la cóte occidentale du Maroc, filet Richard à grande ouverture, 0-1800 mètres. Un jeune male, une femelle. Mále. — Corps long de 3"", assez obése, lisse au bord dorsal. Segments II et III de l'urosome nettement séparés. Antennes I trés robustes, n'atteignant pas tout à fait la moitié de la longueur du corps, garnies d'épines au bord externe et de soies au bord interne. Antenne II gauche atteignant les deux tiers de la longueur des antennes I et comprenant sept articles. Antenne II droite beaucoup plus courte, composée de quatre articles seulement. Gnathopodes I et II courts, subégaux. Article basal un peu plus long que l'ensemble des trois articles suivants, propode un peu plus court que le carpe dans les gnathopodes I, de la lon- gueur du carpe dans les gnathopodes II. Dactyle gréle et droit, atteignant la moitié de la longueur du propode. Péréiopodes I et II robustes, d'égale taille, beaucoup plus longs que les gnathopodes. Article méral et carpe subégaux, un peu plus longs que le propode, qui est trés gréle. Dactyle attei- gnant le tiers de la longueur du propode. (352) a do e Mog! cc A N yes Ac Péréiopodes III beaucoup moins longs que le corps. Article basal atteignant à peine la longueur de l'ensemble de l'article méral et du. carpe, absolument lisse sur ses deux bords et terminé antérieurement par un petit prolongement obtus. Article méral et carpe d'égale taille. Propode grêle, coudé dans sa partie proximale et n'atteignant guère plus de la moitié de la longueur du carpe. Dactyle bien développé, atteignant plus du tiers | de la longueur du propode. Péréiopodes IV beaucoup plus g grands que les BER ITI et atteignant à peu près la longueur du corps. Carpe beau- coup plus court que l’article méral. Propode presque aussi long que le carpe. Dactyle manquant dans les deux péréiopodes. Fic. 4. — Scina inermis. — A, antenne I ; B, antenne Il; C, gnatho- pode I ; D, gnathopode II ; E, F, G, H, I , péréiopodes Í, IL TH PV, V ; J, urosome, uropodes et telson. > 3o). Péréiopodes V trés petits, n'atteignant que le quart de la longueur des péréiopodes IV. Article méral et propode beaucoup longs que le carpe. Dactyle petit. Uropodes courts et robustes. Branche interne des uropodes I quelque peu plus longue que le pédoncule, faiblement denti- culée au bord externe, fortement dentelée au bord interne. Branche externe représentée par une courte épine. Branche interne des uropodes II atteignant plus du double de la lon- Lu) — gueur du pédoncule et denticulée au bord interne. Branche externe représentée par une petite épine. Branche interne des uropodes III un peu plus longue que le pédoncule et fortement dentelée au bord externe. Branche externe atteignant les trois quarts de la longueur de la branche interne. Telson triangulaire, atteignant le tiers de la longueur du pédoncule des uropodes IH. Femelle. — De la taille du mále et présentant les mémes caracteres spécifiques et, en particulier, l'absence complete de dactyle aux péréiopodes IV. Ne differe du mále que par ses antennes II rudimentaires. ¿spece différant de toutes les Scina connues par l'absence complete de dents à l'article basal des péréiopodes III et par le manque de dactyle aux péréiopodes IV. Seule, une espèce douteuse, S. longipes (Dana), aurait, comme S. inermis, les trois segments de l'urosome séparés. DISTRIBUTIONS GÉOGRAPHIQUE ET. BATHYMÉTRIQUE Parascina Fowleri Stebbing La femelle décrite par Stebbing (xx, p. 21, pl. II, B) prove- nait du golfe de Gascogne. Le croiseur HELGA a pris un male de cette espece dans l'ouest de l'Irlande, pes 350 brasses (640 mètres) de profondeur, et le THOR (13, p. 17, fig. 5) a rencontré un jeune mále dans des parages voisins (S. W., du cap Clear). La PRINCESSE-ALICE etl HIRONDELLE [I ont recueilli quatre males et dix femelles de Parascina Fowleri, au moyen du filet Richard à grande ouverture, dans douze stations de l'Atlan- tique, comprises e Ente oi ob^ et 407115 deslatitude" Ner entre 7? og’ et 44? 55' de longitude W. Un des exemplaires ayant été pris à peu de distance dans l'ouest du détroit de Gibraltar (Stn. 2714 (1), 17 juillet 1908, lat. 35° 56” N., longit. 82 oo” W., 0-1400 : ? mètres), on peut s'attendre à rencontrer tôt ou tard cette espece en Méditerranée. Elle n'a jamais été prise, jusqu'ici, dans les péches de surface. Une femelle ovigere, de 7"" de longueur (2), provient de la station 1794 (25 aoüt 1904, entre les Canaries et les Acores, (1) Cette station, remarquablement riche en Scinide, en a procuré huit espèces : Parascina Fowleri, Scina crassicornis, S. stenopus, S. incerta, S. marginata, S. pacifica, S. Rattrayi, S. borealis. (2) Sauf indications contraires, la longueur est toujours mesurée du bord antérieur de la tête à l'extrémité du telson. (352) fosse de Monaco, o-5000 mètres). Une femelle capturée par l'HIRONDELLE II dans l'ouest des Acores (Stn. 3518) a encore le corps d'un rose vif, finement ponctué de rouge, après un séjour de plusieurs années dans l'alcool. Une femelle de Parascina Fowleri, prise le 13 aoüt 1910 par le FRANCOIS-ARAGO dans l'Atlantique (lan. Eures oe, longit. 41° 51° 50” W.), par 2500 mètres de profondeur, sur un filin de bouée, fait partie des collections de Musée Océanogra- phique de Monaco (n° 1632-13). (Don de M. le D" Glatard.) Scina crassicornis (Fabr.) Cette espèce est commune dans l'Atlantique et dans la Médi- terranée. Sa présence dans l'océan Indien a été signalée par Bovallius et par A.-O. Walker. Pour des détails sur ses distri- butions géographique et bathymétrique, je ne puis que renvoyer au mémoire de Stephensen (r3, p. 19 à 27, carte 2).* Au cours des campagnes du Prince de Monaco, Scina cras- sicornis a été rencontrée dans dix-sept stations de la Méditer- ranée occidentale et dans trente-neuf stations de l'Atlantique, comprises entre 26° 37’ et 43° o4' de latitude N. et entre 7° 52’ et 662 45: de longitude W. Le nombre total des exemplaires obtenus est de cent- quatorze, le nombre des mâles étant à peu prés égal aux deux tiers du nombre des femelles. Tattersall (14, p. 7) a constaté, chez un exemplaire de la cóte occidentale d'Irlande, la présence de quatre petites dents sur le bord antérieur de la grande dent terminale de l'article basal des péréiopodes HT. Beaucoup des jeunes exemplaires de Scina crassicornis que j'ai eus entre les mains possèdent une ou deux petites dents, semblablement placées. Un certain nombre de mes exemplaires, parmi lesquels un mâle adulte, de 14™™ de longueur, portent une dent à l'extrémité de l'article basal des péréiopodes IV. Cette dent n'existe quelquefois que dans un seul des péréiopodes. Elle n'est jamais aussi saillante que chez Scina borealis G. O. Sars. Chez une femelle de 7™ de longueur, capturée par l HIRON- DELLE II dans la station 3518 (17 septembre 1919, at. LOIS: No loneit. 44993 We. filet Rich ard à grande ouverture, 0-2000 mètres), le corps était d'un rose pale et les antennes supérieures, d'un rose vif, après plusieurs mois de séjour dans l'alcool. Selon Stephensen, Scina crassicornis ne se trouve que très exceptionnellement dans des profondeurs de moins de 500 mètres. Cependant, l'ZZIRONDELLE a pris cette espèce à la sur- face, dans deux stations situées entre les Açores et Terre-Neuve (2, p. 121, sous le nom de S. cornigera M.- Edw). La PRINCESSE- ALICE Va capturée à la surface dans une station de la Méditer- ranée occidentale et dans neuf stations de l'Atlantique. J'en ai moi-méme pris plusieurs exemplaires au haveneau dans la petite baie de la Garoupe (cap d'Antibes) et la MELITA en a capturé des exemplaires, au chalut de surface, au large de la cóte d'Algérie. Enfin, M. Seurat m'en a envoyé quelques spéci- mens pris a la surface dans le port d'Alger. Scina Vosseleri Tattersall Cette rare espèce n'était connue que par le jéune mâle, long de 4", qui a servi à sa description (r4, p. 7, pl. I, fig. 1 à S), male capturé dans l'ouest de l'Irlande, par 750 brasses (1371 mètres) de profondeur, et par un autre exemplaire male, long de 7"", pris dans des. parages voisins, au cours des pêches bathypélagiques du THOR. Les quatre exemplaires de la PRINCESSE-ALICE, qui sont des femelles, ont été capturés beaucoup plus au sud (Stn. 2194, 3o août 1905, lat. 39° 36’ N., longit. 26° 05° W., filet Richard à grande ouverture, 0-2500 mètres. Une femelle de 8"" de longueur. — Stn. 2200, 31 août 1905, lat. 39? 44' N., longit. 28° 25’ W., filet Richard à grande ouverture, o-1500 mètres. Une femelle de 8™™ de longueur, dont les lamelles incubatrices sont extrémement développées. — Stn. 2870, 5 août 1909, lat. 43° 04 N., longit. 19? 42’ W., filet Richard à grande ouverture, 0-1500 mètres. Deux femelles, dont la plus grande atteint 9"" de longueur.) Ces femelles ne différent du mále que par leurs antennes II rudimentaires. Scina stenopus Stebbing SEDES LEO MD 234, plo LH Aras décztbocette «espèce d'aprés deux femelles prises sur la cóte d'Afrique, au large de Sierra Leone, par 100 brasses (183 métres) de profondeur. Garbowski (5, p. 71, pl. I, fig. 1, pl. VII, fig. 110 à 114, et pl. Saura 124)'acdécrit la meme espéce: sous -Te* nom, de Scina Chuni (v. Stebbing, rr, p.23), d'après trois exemplaires capturés en Méditerranée, au nord de la Grande Syrte et pres de l'ile de Zante, par.200 à 3oo mètres de profondeur. Le NATIONAL a recueilli quatre femelles de Scina stenopus dans trois stations de la mer des Sargasses, entre o et 400 metres de profondeur, et dans une station du courant de Guinée, par la profondeur de 400 à 600 mètres. Cette espèce n'a été trouvée, ni par le croiseur HELGA, ni par les Expéditions danoises. Au cours des campagnes du Prince de Monaco, Scina stenopus n'a été rencontrée que dans l'Atlantique, ou le filet Richard à grande ouverture et le filet Bourée en vitesse l'ont (352) gu E AS ey capturée dans vingt et une stations comprises entre 27° 43 et 46° 15° de latitude N. et entre 8° 00’ et 42° 40° de longitude W. Quarante-trois exemplaires ont été obtenus : vingt et un mâles, vingt-deux femelles. Chez un mále adulte de la station 3089, les antennes II atteignent la longueur des antennes I. Une femelle ovigere de la station-2714 (17 juillet 1908, lat. 35° 56' N., longit. 8° 00’ W., filet Richard à grande ouverture, o-14007 mètres) mesure 16"" de longueur totale. Scina cedicarpus Stebbing Le jeune male décrit par Stebbing (ro, p. 356, pl. LII, B) avait été pris par le BUCCANEER dans la méme station que Scina stenopus. Stebbing a rencontré deux máles et une femelle de cette espece dans le plankton du golfe de Gascogne, recueilli entre o et 150 brasses (274 mètres) de profondeur ; le croiseur HELGA en a capturé un exemplaire dans l'ouest de l'Irlande, par la profondeur de 400 brasses (732 metres). Un seul exemplaire de Scima cedicarpus a été pris par la PRINCESSE-ALICE (Stn. 1549, 6 septembre 1903, golfe de Gascogne, ‚lat. 45° 30 NS longit.' 5° 50 W., filet “Richards grande ouverture, o-1500 mètres). C'est un male presque adulte, ses antennes inférieures étant déjà coudées, bien que le flagellum soit encore court. Il n'atteint pas tout à fait 4"" de longueur. Scina curvidactyla Chevreux Aux quatre stations mentionnées dans ma note précédente (4, p- 3, fig. 2), il faut ajouter la station 2269, entre le Portugal et les Acores, lat. 37? 13' N., longit. 19? 10' W., filet Richard à grande ouverture, 0-3000 mètres. Quatre jeunes exemplaires, dont le plus grand ne dépasse pas 4"" de longueur. Cette espèce a donc été rencontrée par la PRINCESSE-ALICE dans trois stations situées du large de la cóte du Portugal et dans deux stations de la Méditerranée occidentale, situées, l'une, au vol- sinage du cap Palos, prés Carthagene, l'autre, à l'est de Minorque. Les exemplaires ont tous été pris au moyen du filet Richard à grande ouverture. Une seule femelle, semblant adulte, a été obtenue. Elle mesure 6™™ de longueur et ne diffère du mále que par ses antennes inférieures rudimentaires. Le THOR a capturé un male de Scina curvidactyla dans le détroit de Gibraltar, au cours d'une pêche bathypélagique. Scina incerta Chevreux Aux cinq stations mentionnées dans ma note précédente (4. p. 1, fig. 1), il faut ajouter les stations : 2092, à l'ouest des Canaries, lat. 289 50' N., longit. 40% 14' W., filet Richard à grande — 13 — y ouverture, o-1500 mètres. Un jeune male de 5"" de longueur. — 2194, parages des Açores, lat. 39° 36" N., longit. 26° 05’ W., filet Richard à grande ouverture, 0-2500 mètres. Un mâle adulte, long de 6mm, 5. — 3518, dans l'ouest des Acores, lat. 38° Bein. longit. 44* 55 -W.., filet Richard à grande ouverture, o-2000 mètres. Deux femelles, dont la plus grande atteint 7" de longueur. Cette espèce, dont onze exemplaires des deux sexes ont été obtenus, en y comprenant le male capturé par l'AIRONDELLE dans l'Atlantique, par ! dep metres de profondeur, au moyen du filet à gouvernail (2) p. 123, pl. XLV, fig. g:et 12), n'a jamais été rencontrée en dehors des campagnes du Prince de Monaco. Scina marginata Bovallius (= Scina submarginata Tattersall) Tattersall (14, p. 12, pl. II, fig. 1 à 8) a décrit, sous le nom de Scina submarginala, une forme de l'ouest de l'Irlande qui différerait de Scina marginata par l'absence d'une dent distale au propode des gnathopodes et par les proportions relatives du pédoncule et de la branche interne des uropodes, ce pédoncule étant plus long que la branche chez l'espèce nouvelle, alors qu'il est plus court que la branche chez Scina marginata. Ce dernier caractère n'est pas valable puisque, chez la Scina marginata bien typique capturée par lHIRONDELLE (2, p. 122 pl. NIV, fig. 8 et pl. XV, fig. 1), le pédoncule des uropodes est beaucoup plus long que la branche interne. Quant au prolon- gement distal du propode des gnathopodes [, l'examen des nombreux exemplaires obtenus par la PRINCESSE- ALICE m'a montré qu'il variait avec l’âge de ces Amphipodes. Chez une jeune femelle de 2”, 5, de longueur, de la station 2082. et.chez une jeune femelle de 3mm, de la station 2885, ce prolongement est à peine sensible. Il n'existe pas chez un jeune male de 2025, de la station 2185. Chez un jeune mâle de 3™™, 5, de la station 2149, l'un des gnathopodes I présente un prolongement obtus, tandis que le propode de l'autre n'est pas prolongé. A partir de la taille de 4"", 5, la dent du propode des gnathopodes I est bien accentuée. Il en est ainsi, en particulier. chez un male adulte de la station 2876, dont les antennes II atteignent le double de la longueur des antennes I. Chez tous les exemplaires obtenus, le pédoncule des uropodes est plus grand et généra- ralement beaucoup plus grand, que la branche interne. Scina marginala est assez répandue dans la Méditerranée et dans I’ Atlantique nord. Elle a été, prise au sud de l'équateur par le NATIONAL. ll est remarquable que la PRINCESSE-ALICE et l''JIRONDELLE IT n'aient jamais rencontré cette espèce en (352) Méditerranée alors que les Expéditions danoises Pont prise dans une seule station de l'Atlantique et dans treize stations de la Méditerranée. Au cours des campagnes du Prince de Monaco, cette espèce a été rencontrée dans dix sept stations de l'Atlantique, comprises entre 26°'07 et 47038 5o de latitude IN. erene 9240 ET S de longitude W. Elle a été prise à la surface dans trois de ces stations (Stn. 520, 22 juin 1895, lat. 38° 32' N., longit. 16° 36 W., chalut de surface. Un màle. — Stn. 815,10 juillet 1897, lat. 3o? 47 N. longit. 24°53 W., chalut de surface. Une femelle. — Stn. 3506, au large de New-York, lat. 39? 59' N., longit. 58° 23° W., filet fin étroit. Une femelle). Vingt-deux exemplaires ont été obtenus : neuf máles, douze femelles, et un jeune exemplaire, de sexe douteux. Le plus grand male ..atteint ser la plus grande temelle mino de longueur. Scina pacifica (Bovallius) Bien que cette espèce ait une distribution géographique très étendue, on n'en connaissait, jusqu'ici, que peu d'exemplaires. La femelle décrite par Bovallius avait été trouvée dans le Paci- fique, sur la côte du Nicaragua. Une femelle ovigère a été prise par le BUCCANEER au sud du golfe de Guinée. Le NATIONAL, qui a capturé cette espèce dans une station de la mer des Sargasses et dans deux stations des parages de l'équateur, en a obtenu seulement quatre exemplaires. Le croiseur HELGA en a pris deux exemplaires, un mäle et une femelle, dans l'ouest de l'Irlande. Enfin,les Expéditions danoises ont recueilli une femelle ovigere dans le détroit de Gibraltar et un mále, dans la Médi- terranée orientale, entre la Créte et l'Egypte. La PRINCESSE-ALICE a obtenu Scina pacifica dans dix sta- tions de l'Atlantique nord et le nombre des exemplaires recueillis est de dix-neuf : cinq mäles, quatorze femelles et jeunes. Les stations sont comprises entre 26? 37' et 39? 44' de latitude N. et entre 8° oo’ et 42% 40’ de longitude W. Un male et quatre femelles, dont deux femelles ovigères, proviennent de la station 2153 (21 aoüt 1905, S. W. des Acores). Un mále adulte a été pris dans l'ouest du détroit de Gibraltar (Stn. 2714, lat. 35% 56' N., long. 8° oo' W.; filet Richard à grande ouverture, o-1400 ? metres). Les péréiopodes IV de ce mále portent une petite dent distale au bord antérieur de l'article basal. Cette dent, qui se retrouve chez certains exemplaires de S. crassicornis et de S. similis, et qui est, tantót trés accentuée, tantót à peine visible chez S. Rattrayi, semble de nulle valeur comme caractère spécifique. — j) — Cette espece n'a jamais été prise au cours des péches de sur- P ) P face. Les males adultes et les femelles ovigères mesurent 4™™ de longueur. Scina similis Stebbing On ne connaissait que deux exemplaires authentiques de cette rare espèce. La femelle qui a servi à sa description (ro, p. 362, pl. LIV, A) a été prise par le BUCCANEER dans l'Atlan- tique sud, au voisinage de l'équateur, par 50 brasses (91 mètres) de profondeur, et le THOR a capturé un mâle en Méditerranée, dans le détroit de Messine. Lo Bianco assimile avec doute à cette espèce une Scina provenant des parages des iles Lipari. La PRINCESSE-ALICE a recueilli Scina similis, au moyen du filet Richard à grande ouverture, dans deux stations de l'Atlan- tique nord (Stn. 2022, lat. 34° o2' N., longit. 12? 21' W., 0-4000 mètres. Un jeune mâle de 3,5 de longueur, une femelle longue de 30. — Sto. 2153, lat. 35? 04" N., longit. 32° 11” W., 0-2000 mètres. Deux femelles longues de 3", Chez les exemplaires de la station 2022 et chez l'une des deux femelles de la station 2153, le bord antérieur de l'article basal des péréiopodes IV porte un petite dent distale. * Scina concors Stebbing Cette espéce, décrite par Stebbing (xo, p. 360, pl. LIII, B) d'après un mâle adulte pris par le BUCCANEER un peu au sud de l'équateur (lat. 4° 26' o7" S., longit. 10° o1’ o8" E.), par une profondeur de 135 brasses (247 metres), n'avait jamais été retrou- vée depuis. La PRINCESSE- ALICE l'a capturée dans une station de l'Atlantique nord (Stn. 2092, lat. 28° 50” N., longit. 40% 14 W., filet Richard à grande ouverture, o-1500 mètres. Un mâle adulte). Le telson de ce mâle est tronqué à l'extrémité, comme chez l'exemplaire décrit par Stebbing, et porte deux petites épines distales. > Scina Rattrayi Stebbing Cette espèce, décrite par Stebbing (xo, p. 338, pl. LIII, A), d’après une femelle capturée par le BUCCANEER dans la même station que Scina concors, est assez répandue dans l'Atlantique nord. Le NATIONAL l'a prise dans une station de la mer des Sargasses et dans septstations situées entre la latitude de 5°,01’ S. et 12°,03° N. Stebbing en a rencontré un exemplaire dans le plankton du golfe de Gascogne. Elle semble trés répandue dans l'ouest de l'Irlande, où OCEANA, le croiseur HELGA et le THOR l'on capturée dans de nombreuses stations. En Méditerranée, (352) 23 Beet Lo Bianco a signalé sa présence aux environs de Capri, entre le cap Corse et Monaco et dans les parages des îles Lipari. Scina Raltrayı a été obtenue par l'HIRONDELLE et par la PRINCESSE- ALICE dans vingt-trois stations de l'Atlantique nord, comprises entre mod er 47? 02 de latitude N, et entre 8° oo” et 42° 4o' de longitude W. La PRINCESSE-ALICE en a pris un exemplaire en Méditerranée, au. nord de la Corse (Stn. 2001, 20 avril 1905, lat. 42° 58' N., longit. 8° 56' 3o" E., filet Richard à grande ouverture, o- 1500 metr es). Une femelle ovigere provient de la tue 2875 (8 août 1909; à l'ouest du cap Finisterre, lat. 435-0490 SIN, eee 19° 42’ W., filet Richard à grande ouver- ture; Dene métres). Cette espèce a été prise une seule fois à la surface (Stn. 1755, Io "aout -1904, slaty 29.57. Ns, lonpit. 172 20: Wy dle imrem vitesse. Deux femelles). Le nombre des mâles recueillis est sensiblement égal à celui des femelles. Les máles adultes atteignent jusqu'à 6"" de lon- gueur. Scina borealis (G. O. Sars) Cette espèce, décrite par G. O. Sars d'apres des exemplaires provenant des parages des iles Lofoten, a été retrouvée, depuis de les côtes occidentale et méridionale de Norvège. Le FRAM l'a prise dans l'océan Arctique, par 8o? de latitude N. et 134? de longitude E. Le RINK en a recueilli un exemplaire dans ‘un fjord du sud du Groenland. Elle est commune dans l'Atlan- tique nord et dans la Méditerranée. A.-O. Walkera signalé sa présence dans l'océan Indien. Pour plus de détails sur ses dis- tributions géographique et bathymétrique, je ne puis que ren- voyer au mémoire de Stephensen (ro, p. 30). La PRINCESSE-ALICE et l'HIRONDELLE IT ont rencontré 5cina borealis dans cinquante-six stations de l'Atlantique nord et dans dix-neuf stations de la Méditerranée occidentale. Les stations de l'Atlantique sont comprises entre 20. 97 eNA DP M de latitude N.: et entre 4° 38° 3o" et 44° 55’ de longitude W. En Méditerranée, la limite orientale des stations est 8° 56° 3o" de longitude E. Cette espèce a été trouvée à la sur E dans quatre stations de l'Atlantique (Stn. 430, 6 juillet 1894, lat. 34° 41" N., loppi 8° 10° W., chalut de surface, 17 exemplaires. — Stn. 520, > JUIN. 1895, Jat. 33°32" N. , longit. 16° 36° W. , chalut de sur- mes I exemplaire. — Stn. 815, 10 juillet 1897; lat. 30% 47435 longit. 24° 53° W., chalut de surface, 3 exemplaires. — Stn. 1872, 11 septembre 1904, lat. 4599; 35° Ni 5 lomgit. 244404 Wir filet fin en vitesse, 1 exemplaire). Le nombre des males recueillis est sensiblement égal à celui des femelles. Chez les mâles très adultes, le troisième article nn "À OG LA... dac NER RU SP VI MR peek a PSE we + 5 À des antennes II est fortement renflé dans sa partie distale. Les plus grands mâles atteignent 8™™ et les plus grandes femelles, 9"" de longueur. Scina uncipes Stebbing On ne connaissait que quatre exemplaires de cette rare espèce : Le jeune male qui a servi à sa description (ro, p. 363, pl. LIV, B), provenant d'une péche du BUCCANEER dans l'Atlan- tique, par 7? 54' de latitude N. et 17225” de longitude W., à 50 brasses (91 metres) au-dessous de la surface, une jeune femelle prise par le NATIONAL dans le courant sud-équatorial, par la profondeur de 5oo à 700 métres, et décrite par Vosseler sous le nom de Scina spinosa (v. Stebbing, rr, p. 23), une femelle capturée par le croiseur HELGA dans l'ouest de l'Irlande, par 750 brasses (1371 metres) de profondeur, et une femelle prise dans les mémes parages au cours des péches bathypélagiques du T'HOR. La PRINCESSE-ALICE a recueilli Scina uncipes au large de la cote du Portugal (Stn. 2882, 10 août 1909, lat. 41° 29° N., longit. 15° 44' W., filet Richard à grande ouverture, 0-2000 mètres. Une femelle de 5"" de longueur). L'HIRONDELLE II a rencontré cette espéce dans les parages de Madere (Stn. 3118, 10 août 1911, lat. 32°30’ 3o" N., longit. 17° oo’ W., filet Richard à grande ouverture, o-2380 mètres. Un male adulte, long de pus: 3 Scina lepisma (Chun) Chun a pris un mále de cette espéce entre Tenerife et Canaria, Stebbing en a rencontré un exemplaire màle dans le plankton du golfe de Gascogne (xx, p. 27, pl. III, B)etle THOR a capturé un exemplaire du méme sexe par 51? oo' de latitude N. et 11° 43' de longitude W. La femelle de cette espèce restait donc inconnue. > La PRINCESSE-ALICE a pris Scina lepisma dans quatre stations situées entre le sud des Canaries et les Açores (Stn.1768, 17 aout 1904, lat. 27’ 43’ N., longit. 18° 28’ W., filet Richard a grande ouverture, 0-3000 mètres. Un exemplaire. — Stn. 1781, 21 aout 1904, lat. 31° o6' N., longit. 24° o6' 45” W., fosse de Monaco, filet Richard à grande ouverture, 0-5000 mètres. Un male. — Stn. 2099, r1 aout 1905, lat. 30%04' N., longit. 42? 29° W.. filet Richard à grande ouverture, 0-1500 mètres. Un male. — Wil 2199121 a08t51905, lar." 359.04" N.; longit. 32° r1 W. filet Richard à grande ouverture, o-2000 mètres. Un mâle). (352) EAT. L'HIRONDELLE II a pris une femelle de Sciza lepisma dans les parages de Madère (Stn. 3118, 10 août 1911, lat. 32° 30’ 30” N., longit. 17° oo" W., filet. Richard à grande ouverture, 6-2380 mètres). Gette femelle mesure. 3™™ de lomeueur. Ses lamelles incubatrices sont extrémement développées, ce qui semble indiquer qu'elles avaient contenu récemment des embryons. Elle ne diffère du màle décrit et figuré par Stebbing que par ses péréiopodes I, dont le carpe, subégal en longueur à l'article méral et au propode, n'est pas glandulaire. Les péréiopodes II sont semblables à ceux du male. Acanthoscina acanthodes (Stebbing) Cette espéce a été décrite par Stebbing (ro, p. 352, pl. LI) d'après une femelle prise par le BUCCANEER au large de la côte occidentale d'Afrique, par 7° 54' de latitude N. et 17° 25’de longitude W., à 5 brasses (9 mètres) de profondeur. Le NATIONAL en a obtenu sept exemplaires, tous femelles, dans six stations de l'Atlantique, situées dans les parages de l'équateur, au moyen de pêches verticales effectuées entre o et 5oo mètres de profondeur, et Vosseler a décrit cet Amphi- pode sous le nom d’Acanthoscina serrata (v. Stebbing, II, p. 18). Le croiseur HELGA a pris une femelle d’A. acanthodes dans l'ouest de l'Irlande, par la profondeur de 750 brasses (1371 metres). Les Expéditions danoises n'ont jamais rencontré cette espèce au cours de leurs recherches dans la Méditerranée et dans l'Atlantique. La PRINCESSE-ALICE a capturé A. acanthodes dans neuf stations de l'Atlantique, comprises entre 27°04’ et 37 3o' de latitude N. et entre 17° 46 et 42? 29’ de longitude W. Toutes les péches ont été effectuées au moyen du filet Richard à grande ouverture. Les exemplaires obtenus, tous femelles, sont au nombre de onze. Le mále de cette espèce reste inconnu. - Acanthoscina macrocarpa Chevreux En dehors des stations 1849 et 1851, citées dans une note précédente (3, p. 2, fig.), cette espèce a été obtenue par la PRINCESSE-ALICE dans les stations suivantes, au moyen du filet Richard à grande ouverture : Stn. 1856, y septembre 1904, parages des Acores, lat. 36°46 N., longit. 26° 41° W., o-3250 mètres. Deux femelles. — Stn. 2099, 11 août 1905, sud-ouest des Acores, lat. 30° 04’ N., longit. 42° 29” W., o-1500 mètres. Une femelle. — Stn. 2269, 14 septembre 1905, dans l'est des Acores, lat. 37° 13’ N., longit. 10° 10° W., o-3000 métres. Un EDT ed / > D jeune mâle. 7 — 19 — Cette espèce n'a jamais été rencontrée en dehors des cam- pagnes du Prince de Monaco. Acanthoscina spinosa Chevreux Cette espèce n'est connue que par une femelle provenant de la station 2022 (4, p. 7, fig. 4). Scinidvze des campagnes NOMBRE DE STATIONS MODE DE PECHE Nombre D re An e a An Profondeur(| jl Surface. Nombre Nombre | d'exemplaires Méditerranée | Atlantique (LS un yee de stations | de stations Parascina Fowleri Stebb. 12 12 it AS o (eit 9 DN Scina crassicornis (Fabr.) 17 39 44 12 114, 0” et Q | — megameros nov. sp. I 1 Lh | — Vosseleri Tatt. che 3 49 | — stenopus Stebb. 21 21 43, o? et Q | — ædicarpus Stebb. I I wr ROY — Alberti nov. sp. l | I 1Q — curvidactyla Ed. Ch. 2 3 5 iL; OF eio — incerta Ed. Ch. 9 9 yOu et — marginata (Boy.) 17 r4 3 OE — pacifica (Bov.) 10 10 10518 7 et — similis Stebb. 2 2 4, 07 et Q — concors Stebb. I I on — Rattrayi Stebb. I 23 23 I 46 o? et Q — borealis G. O. Sars Tes 56 7 4 345, 0” et Q — uncipes Stebb. 2 2 o RO — lepisma (Chun) 5 5 A -- pusilla nov. sp. I 1 roe — inermis nov. sp. I l 10,19 Acanthoscina acanthodes (Stebb.) 0) 9 11 9 c macrocarpa Ed. Ch. 5 5 9; a et. O dE spinosa Ed. Ch. 1 I 1Q | | (1) Filet Richard a grande ouverture, filet Bourée en vitesse. (352) En dehors des quatre formes nouvelles, on voit que dix- huit espèces connues de Scinide ont été rencontrées au cours des campagnes, alors que le nombre total des espèces connues est de vingt-trois. Les cinq formes qui n'ont pas été retrouvées sont les suivantes : Scina longipes (Dana), du Pacifique, considérée comme « obscure » par Stebbing et que Vosseler assimile, avec assez de o à Scina Edwardsi Garb. (Scina crassicornis Fabr.) Scina Tulber 21 (Bov.), du cap Horn, forme tellement voisine de S. pacifica | Bov. ) que leur auteur n'est pas éloigné de consi- dérer cette denies espéce comme une variété de la premiere. Scina Lamperti Vosseler, trouvée par le NATIONAL dans trois stations situées entre l'équateur et 12? 18' de latitude N. Scina latipes Stephensen, dont l'unique exemplaire connu a été pris par le THOR un peu en dehors de la baie de Cadiz. Scina Clausi (Bov., dont le type provenait du nord de l'Atlantique (60° N., 15% W.), retrouvée par le NATIONAL en assez grand nombre dans deux stations du nord de l'Atlantique, dans quatre stations de la mer des Sargasses et dans dix stations de l'Atlantique tropical. Jl est surprenant que cette espèce n'ait jamais été rencontrée par les autres expéditions océano- graphiques. ADDENDA Pour compléter cette révision des Scinidæ, je ne crois pas hors de propos de donner ici la description d'une nouvelle espèce de Scina prise par la MELITA dans | Atlantique et dans la Méditerranée. Scina Stebbingi nov. sp. MELITA, Stn. 306, 3o janvier 1890. Au large de la cóte du Sahara, Jat. 189 51° N., longit. 16° 49" W.., chalut de surface, 5 heures du matin. Un jeune mâle, une femelle. — Stn. 702 7 février 1902. Côte d'Algérie, de 1 à 3 milles dans le N. E. du cap de Garde, filet bathypélagique trainé à 20-25 mètres au- dessous de la surface, 10! 20 a 14°30. Un jeune mâle, une femelle. Male (de la Stn. 702). — Corps long de 4"", ne portant pas de carène dorsale. Segments profondément délimités les uns des autres. Segments n et III de l'urosome coalescents. E GMT ES rd A TX. ne e FO et f, Nm 1? MR ee S LETT 9f Antennes I atteignant un peu plus du tiers de la longueur du corps, absolument lisses, ne portant ni dents ni soies. Antennes II atteignant un peu plus du tiers de la longueur des antennes I et comprenant cinq articles. Yeux ovales, de taille moyenne. Gnathopodes I et II subégaux. Propode aussi long que le carpe dans les gnathopodes I, un peu plus long que le carpe dans les gnathopodes II. Dactyle atteignant à peu pres la moitié de la longueur du propode. Fic. 5. — Scina Stebbingi. — A, antenne supérieure; B, antenne inférieure; C, gnathopode antérieur ; D, gnathopode postérieur ; E, F, G, H, péréiopodes I, III, IV, V; I, urosome, uropodes et telson. (< 40). Péréiopodes I et II robustes et allongés, subégaux. Carpe \ beaucoup plus long que Particle méral. Propode un peu plus court que le carpe. Dactyle petit, légerement courbé. Péréiopodes III très robustes, un peu plus longs que les péréiopodes I et II. Article basal lisse sur ses deux bords, mais se prolongeant pour former une forte dent, qui atteint plus du double de la longueur de Particle ischial. Carpe un peu plus j long que l'article méral et dilaté dans sa partie médiane. Pro- y pode grêle, courbé, beaucoup plus court que le carpe. Dactyle | court, large à sa base et terminé en pointe aiguë, fortement | courbée. 5 (352) nd m Pereiopodes IV a peine aussi longs que les péréiopodes I et II. Article méral et carpe robustes, d'égale taille. Propode un peu plus court que le carpe. Dactyle semblable á celui des péréiopodes III. Péréiopodes V plus gréles, mais presque aussi longs que les péréiopodes IV. Article méral et carpe d'égale taille. Propode un peu plus court que le carpe. Dactyle semblable à celui des péréiopodes III et IV. Uropodes robustes. Branche interne des uropodes I beau- coup plus longue que le pédoncule. Branche externe relative- ment allongée, un peu courbée, atteignant pres du quart de la longueur de la branche interne. Uropodes If atteignant l'extré- mité des uropodes I. Branche interne beaucoup plus longue que le pédoncule. Branche externe courbée, n'atteignant guère que le cinquiéme de la iongueur de la branche interne. Uro- podes III dépassant de beaucoup l'extrémité des uropodes I et II. Branche interne beaucoup plus longue que le pédoncule, qui est de méme longueur que la branche externe. Uropodes des trois paires lisses sur leurs deux bords. Telson triangulaire, atteignant le tiers de la longueur du pédoncule des uropodes III. Femelle (de la Stn. 702). — Longue de 3™™, ne diffère du mäle que par ses antennes II rudimentaires. Les deux exemplaires de l'Atlantique, plus petits que ceux de la Méditerranée, mesurent un peu moins de 3"" de longueur. Les antennes II du male ne dépassent pas celles de la femelle en longueur, mais en différent par leur aspect plus robuste et par leur forme courbée. Ces exemplaires s'écartent un peu de ceux de la Méditerranée par la présence de soies rares et courtes au bord interne des antennes I. Chez les exemplaires de l'Atlantique, le corps était rouge, les appendices, d'un blanc rosé, les yeux, d'un rouge vif. Chez les exemplaires de la Méditerranée, le corps était d'un blanc opalescent, translucide, l'appareil digestif, d'un rouge corail, les yeux, rouges. Cette espèce se rapproche de Scina inermis par l'absence de dents sur les bords de l'article basal des péréiopodes III, mais cet article se termine par une dent longue et robuste chez l'espèce de la MELITA, tandis qu'il est à peine prolongé chez la forme de la PRINCESSE-ALICE. D'autre part, Scina Stebbingi est bien caractérisée par la forme crochue des dactyles des péréio- podes III, IV et V et par la grande longueur des péréiopodes V, caractère qui la distingue de toutes les Scina connues, sauf de S. Lamperti, bien différente, d'autre part. Je dédie cette espéce au savant carcinologiste Th.-R.-R. Stebbing, en témoignage de bien sincére amitié. [v Ux oo © 10. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE Bovarrius (C.), Contribution to a monograph of the Amphipoda Hyperiidea. 1. K. Svensk. Vet.-Akad. Handlingar, XXII, no 7. Stokholm 1887. CHEVREUX (Ed.), Amphipodes provenant des campagnes de l « Hiron- delle ». Résult. des campagnes scient. accomplies sur Son yacht par S. A. S. le Prince Albert ler de Monaco. XVI. Monaco 1900. CHEVREUX (Ed.), Liste des « Scinidæ » de la « Princesse Alice » et description d'une espece nouvelle. Bull. Mus. océanog. de Monaco, no 37, 20 mai 1905. CHEVREUX (Ed.), Sur quelques Amphipodes pelagiques nouveaux ou peu connus, provenant des campagnes de S. 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O.), Amphipod Hyperiidea of the Sealark’ Expedition to E the Indian ocean. Trans. Linn. Soc. London, XIII, part b octobre. i 200: eR > AVIS Le Bulletin est en dépôt au Musée Océanographique. Les numéros du Bulletin se vendent séparément aux suivants et franco. : Nos 329. — Sur le venin de la Muréne. (Murena Helena, L.), par te Dr W. Kopaczewskt......... A OOo dabas Sune ds. 330-335. — Recherches sur le Sérum de la Mure (Murena Helena L.), (Surre — HI-VIII), par le Dr W. Koraczewskı 336. — Mycose chez une Tortue de mer.(7halassochelys caretta L.), EIN ANO On eiea iieis Sin LEUR 337. — Le Comité royal Thalassographique italien, par L. Jöusin.. 338. — Le Mésorhéomètre et la mesure des courants pélagiques entres la Surface etle fonds par Yves DEDAGE. 2» ‚een 339. — Etudes preliminaires sur les cai cn recueillis au : cours des croisiéres de S. A. le Prince de Monaco. 5* Note : Moschites verrucosa (Verrill) par L. JouBiN.... 340. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. > 6° Note : Vitreledonella Richardi Joubin, par L. Jousın. 341. — La biologie des huitres et l'industrie ostréicole, par J. L. DANDAN eE tas OA oa ya bla e Scr 342. — Sur la Dissémination et la Naturalisation de quelques Algues marines, par C: SAUVAGEAU Ss della e 343. — Note préliminaire sur les Antipathaires recueillis par la Princesse-Alice, de 1903 à 1913 inclusivement, par GRE NGRAVIE A EAA EOS, DR OE de 344. — Note sur une Actinie VEO SIS n. g., Topsenti n. sp.) et un Annélide Polychéte (Hermadion Phi: n. Sp. Com- mensaux d'une Eponge siliceuse bid i oculata Topsent) par Ch. GrAVIER.......... DO E EE SI IOS Aside 345. — Considérations sur la biologie dd Thon commun (Orcynus thynnus LA, par Louis ROULE......... 2. ees diei alters ed aja sf 346. — Note p sur les Hexactiniaires recueillis au cours des croisières de la Princesse-Alice et de l'Hirondelle de 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GnavikR..... RT , 347. — Tableaux anal; tiques des Annélides Polychétes des côtes Le France. — J. (Aphroditiens, Amphinomiens, Hesioniens, Spherodoriens er Alciopiens), par Pierre FAuvEL........ 348. — Observations sur la nourriture des Thons de l'Atlantique sermo alalonga Gmelin) par L. JouniN et L. Roure..... G lalonga Gmelin) par L. J CEMR 349. — Note sur l’utilisation des Hydravions pour la pêche et les recherches océanographiques, par L. JouBiN............ 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul Grosss.. 351. — Études préliminaires sur.les Céphalopodes recueillis au cours des croisieres de S. A. S. le Prince de Monaco. 7° Note: Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp., par [2 TÓDRIN. epa nee hr den RE NEE NP 352. — Révision des Scinidæ provenant des ois py de/S. ALS. le Prince de Monaco, par Ed. (CHEVREUX sey tee ra is aah zx MONACO. — IMPR. DE MONACO. CS prix Fr, D 4» 2:43 AUTE 2T y 2 » thy) 1 50 2.1» Kia) BAID 29 2050 1 50 I » re) 4 » D 2 50 iba dm d: N° 353. 22 Mai 19109. eee FEIN DE INSTITUT OCEANOGRAPIIOUE (Fondation ALBERT ler, Prince DE Monaco) Sur le chondriome des Cellules adipeuses Par le Dr F. LADREYT MONACO | N AVIS Les auteurs sont priés de se conformer aux indications suivantes : 19 Appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrés internationaux. 2° Supprimer autant que possible les abréviations. 30 Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications bibliographiques. 4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin. 5» Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou à l'encre de Chine. 6» Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers calques les recouvrant. 70 Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur papier procédé. So Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le texte en donnant les dessins faits d'un tiers ou d'un quart plus grands que la dimension définitive qu'on désire. Les auteurs reçoivent 50 exemplaires de leur mémoire. Ils peuvent, en outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le manuscrit. ———— e EB + _ Adresser tout ce qui concerne le Bulletin à l'adresse suivante : Musée océanographique (Bulletin), Monaco. BULLETIN DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT I‘, Prince de Monaco) No 353. — 22 Mai 1919. == = = == Sur le chondriome des Cellules adipeuses (1) Par le Dr F. LADREYT Le conjonctif intestinal du Siponcle (Sipunculus nudus L.) présente une sorte de pannicule adipeux constitué par des éléments globuleux ou piriformes dont le volume est fonction de l'activité sécrétoire des cellules connectives aux dépens desquelles ils se développent. Le chondriome des adipocytes est constitué par de très nombreuses mitochondries de taille variable et des chondriocontes courts, trapus, nettement bacilliformes qui paraissent se développer aux dépens des grains mitochon- driaux. D'une facon générale, le développement de l'appareil mito- chondrial est en raison directe de celui des éléments dans lesquels il évolue : dans la cellule conjonctive sécrétoirement quiescente, nous n'observons que de très rares mitochondries ; au contraire, les cellules adipeuses jeunes sont littéralement farcies de mitochondries granuleuses. A cóté de ces formations, nous observons des vacuoles tingibles par le rouge neutre en coloration post vitale et des vésicules plus ou moins volumi- neuses, incolores et trés réfringentes. L'évolution de ces éléments, dont la morphologie est essentiellement variable, parait étroitement liée à celle du chondriome. En effet, dans les cellules connectives sécrétoirement quiescentes, nous n'ob- servons pas de vacuoles; les cellules adipeuses jeunes, oü l'appareil mitochondrial est bien développé, présentent quelques vacuoles à paroi sidérophile ; à la fin de l'évolution sécrétoire (1) Dans cette courte note, je donnerai peu d'indications bibliogra- phiques. J'ai surtout emplové les méthodes de Regaud, de Dubreuil, etc. Y —9 — = de Padipocyte, mitochondries et chondriocontes disparaissent à peu près complètement ; à leur place se sont développées de nombreuses vacuoles à périphérie sidérophile et des vésicules adipeuses. L'examen de ‘très nombreuses préparations m'a conduit presque fatalement à admettre une relation très étroite entre les mitochondries volumineuses et les vacuoles de petite taille. En effet, j'ai pu observer maintes fois, au milieu d'une de ces mito- chondries, une tache claire trés nette ; d'abord ponctiforme, cette tee grandit, envahit Pin le grain mitochon- drial tout entier qui, à ce stade, n’a de colonie qu'une calotte périphérique d'autant plus mince que l'évolution est plus avancée. J'ajoute que, pendant toute cette évolution, la portion tingible de la vacuole présente les mémes réactions tinctoriales que les mitochondries : quand l'écorce périphérique ne se colore plus, nous avons une vésicule adipeuse. Que Nous croyons pouvoir conclure de ces observations : 1° La vacuole à paroi sidérophile (vacuole à lipoïde) est une mito- chondrie dans laquelle le complexe albuminoïde-lipoïde s'est plus ou moins totalement dissocié excepté, toutefois, à la péri- phérie de l'élément ; 2° la vésicule adipeuse est une vacuole à lipoide où le complexe albuminoïde-lipoïde, s'est complètement transformé en graisse. | Le chondriome des cellules adipeuses, chondriome si abondant pendant la période d'activité sécrétoire de ces éléments qu'il faut avoir suivi son évolution pour pouvoir le rattacher aux rares mitochondries des cellules conjonctives sécrétoirement quiescentes, se développe par les amitoses tres actives des mito- chondries primitives ; par contre, je n'ai jamais observé la scissiparité longitudinale ou le sectionnement transversal, des. chondriocontes pas plus, du reste, que les phénoménes de chon- driodiérese décrits par Voinow (1). Les cellules adipeuses peuvent évoluer sur place ; toutefois, chez les animaux inanitiés ou pendant la période de maturité sexuelle, les adipocytes diapédésent vers le Coelome oü ils paraissent jouer le role de formations vitellogenes (F. Ladreyt) (2). Quand l'évolution se fait sur place, le dw: des cellules. adipeuses complètement développées (cellules adipeuses quies- (1) Société de Biol. 1916. GC RAcLSC. Paris 1918. 22 centes) se réduit à de trés rares mitochondries et chondriocontes; au contraire, dans les adipocytes migrateurs, nous observons le plus souvent, sinon toujours, de nombreuses mitochondries et quelques bàtonnets disséminés dans les trainées cytoplasmiques intervésiculaires. Si l'on admet avec M. Portier que l'utilisation des réserves graisseuses est non seulement la mobilisation de la ınatiere grasse mais encore celle des ‘mitochondries non évoluées, ne peut-on pas supposer, avec quelque vraisemblance, que les mitochondries « neuves » de nos adipocytes migrateurs sont destinées à réapprovisionner l'organisme et spécialement les éléments reproducteurs en organites de synthèse ? (mito- chondries-électosomes-symbiotes). Quelle est la valeur morphologique des éléments qui cons- tituent le chondriome ? Répondent-ils à des dérivés nucléaires ? (Aléxeieff) (1). Ne représenteraient-ils que les résidus d'un réticulum cytoplasmique particulièrement chromophile ? (Ret- terer) (2). Aucun fait ne m'autorise à confirmer l’origine nucléaire de l'appareil mitochondrial ; d'autre part, le Cytoplasme de nos éléments est très nettement homogène et ne présente, In vivo et après fixation, aucun réticulum. Les mitochondries sont-elles des symbiotes ? Au point de vue fonctionnel, rien ne paraît s'opposer à cette conception. Les symbiotes de nos adipocytes sont-ils des Bactéries ? (P. Portier) (3). Mes observations ne me permettent pas actuellement de prendre position dans la question. Conclusions. — 1% Le chondriome des cellules adipeuses est constitué par des mitochondries et des chondriocontes bacilli- formes dont le développement est fonction de l'activité sécrétoire des cellules conjonctives. 2? Par dissociation probable de leur complexe albuminoide-lipoide, les mitochondries et les batonnets se transforment en vacuoles à lipoide qui, à leur tour, évoluent en vésicules adipeuses. 3? Les adipocytes migrateurs présentent des mitochondries « neuves » destinées, vraisemblablement, à réapprovisionner les cellules carencées de l'organisme et, en particulier, les éléments reproducteurs, en organites de synthèse. (Travail de l'Institut Océanographique (Laboratoire du Musée de Monaco). — Présenté par le Prof. P. Portier à la Société de Biologie de Paris le 12 Avril 1919). (1) €. R. Soc. de Biol. 1917. (2) C. R. Soc. de Biol. 1914-1915-1917, etc. (3) Les Symbiotes, 1918. iParis-Masson et Cie). (353) pi er MAI YE OC rd T y'a pat T i AVIS Le Bulletin est en dépôt au Musée Océanographique. Les numéros du Bulletin se vendent séparément aux suivants et franco : Nos - z 330-335. — Recherches sur le Sérum de la Muréne (Murena Helena L.), (Suire — HI-VIII), par le Dr W. Koraczewskı 336. — Mycose chez une Tortue de mer.(7'halassochelys caretta L.), pareAm guste EXTUre le dee: ee eee EI , 337. — Le Comité royal Thalassographique italien, par L. Jousin.. 338. — Le Mésorhéométre et la mesure des courants pélagiques entre la surface et le fond, par Yves DEraGE............ 339. — Études préliminaires sur les Céph alopodes recueillis au cours des croisières de S. A: S. le Prince de Monaco. 5° Note : Moschites verrucosa (V errill), par L. Jousin.... 340. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 6° Note : Vitreledonella Richardi Joubin, par L. Jousin. 341. — La biologie des huitres et l'industrie ostréicole, par J. L. DANFAN iS rata atlas cava lalola TODO OG npe nA 342. — Sur la Dissémination et la Nana de quelques Algues marines par OS AUVAGEAU Eee ala Met ele 343. — Note préliminaire sur les Antipathaires recueillis par la Princesse-Alice, de 1903 á 1913 inclusivement, par Cu. GRAVIER; sert rennes SO OD ER Ders are 344. — Note sur une Actinie (Thoracactis n. g., Topsenti n.sp.)et un Annélide Polychéte (Hermadion SE dam n. sp.) com- mensaux d'une Eponge siliceuse (Sarostegia oculata Topsetit} par Ghia GRAVIER TELE are ae eii e S PE eee 345. — Considérations sur la biologie ae Thon commun (Orcynus thy NUS MES) DAL SOS ROUVE ae een: Ran HUS rc otn 346. — Note préliminaire sur les Hexactiniaires recueillis au cours des croisières de la Princesse-Alice et de l Hirondelle de 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GRAVIER......:...... 347. — Tableaux xe des Annélides Polychétes des cótes de France. — (Aphroditiens, Amphinomiens. Hésioniens, Cerat et Alciopiens), par Pierre FAUvEL........ 348. — Observations sur la nourriture des Thons de l'Atlantique (Germo alalonga Gmelin) par L. Jounin et L., RouLr..... 349. — Note sur l'utilisation des Hydravions pour la péche ct les recherches océanographiques, par L. JOUBIN............ 50. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul Grorss.. 51. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 7° Note : Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp., par ITO HINC. Mo eee rmn Side o SQ S EUR ae Sale iste Mont MI CE 352. — Révision des Scinidæ provenant des campagnes de S. A. S. le Prince de Monaco, par Ed. Cu&vnEUX..........:...... 353. — Sur le chondriome des Cellules adipeuses, par le Dr F. FAURE ND a= ee gaiski YAA fn NT Sats INE RR MONACO, — IMPR, DE MONACO, * prix En 4 » EX pr. 241» 9 2 » D 2307» 1:50 2 » 1 » 2» 2 y 2 50 1 50 I » I » 4 » Lu » 2650 I» N° 354. I5 Juin 19109. BULLETIN L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT ler, Prince DE Monaco) Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermométres á renversement Rédigées par M. Mieczyslaw OXNER Assistant au Musée Océanographique. MONACO E =, Les auteurs sont priés de se conformer aux indications suivantes : 19 Appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrés internationaux. 2° Supprimer autant que possible les abréviations. 30 Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications bibliographiques. 49 Ecrire en italiques tout nom scientifique latin. 5» Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou à l'encre de Chine. 6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers calques les recouvrant. 70 Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur papier procédé. 8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le texte en donnant les dessins faits d'un tiers ou d'un quart plus grands que la dimension définitive qu'on désire. Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur mémoire. Ils peuvent, en outre, en faire tirer un nombre quelconque —. faire la demande sur le manuscrit. Adresser tout ce qui concerne le Bulletin à l'adresse suivante : / Musée océanographique (Bulletin), Monaco. dd sat - + BULLETIN DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT I”, Prince de Monaco) No 354. — 15 Juin 1910. Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermometres à renversement Rédigées par M. Mieczyslaw OXNER Assistant au Musée Oceanographique. A. — Conservation et transport. S 1. — Les thermomètres doivent être toujours conservés et transportés dans une position verticale, le grand réservoir de mercure en bas. $ 2. — Pour le transport en bateau ou en chemin de fer, on les emballe soigneusement dans une caisse ayant la forme d'une pyra- mide à base tres large et sommet coupé, étroit. 8 3. — Sur deux flancs de la pyramide on applique deux anses, par lesquelles on saisit la caisse pour la porter. E B. — Prise de température en mer. S 4. — Avant de mettre le thermomètre dans la monture à renversement, on s'assurera : 1? que le grand réservoir à mercure se trouve en bas; 2” que la colonne de mercure du thermométre est ininterrompue et qu'elle a parfaitement rejoint le mercure de la partie capillaire spéciale, la où elle se brise au renversement ; 3? si le petit réservoir supérieur est rempli partiellement de mer- cure, aucune gouttelette séparée de mercure ne doit se trouver ` collée au sommet de ce petit réservoir ; 4? si c'est le cas, secouer fort le thermomètre (tout en le tenant verticalement), jusqu'à ce que la gouttelette séparée ait rejoint la masse du mercure. x D A TO S es | 8 5. — Après avoir mis le thermomètre dans la monture à ren- versement, le erand réservoir eu bas, s'assurer : 1? si le thermo- metre y est bien fixé ; 2? si la monture fonctionne bien. C. — Lecture à bord et correction des lectures brutes. S 6. — A la remontée de l'appareil, on se mettra immédiate- ment à l'ombre et on vérifiera rapidement si la monture a bien fonctionnée. S 7. — En tenant l'appareil à contre-jour, on lira 4 haute voix d'abord la température du thermométre à renversement, en évaluant les centièmes de degrés, ensuite on lira et on inserira la tempér: ture du thermométre auxiliaire, à un dixieme de degré pres § 8. — Des loupes spéciales sont utiles pour évaluer les cen- tiemes de degré du thermomètre à renversement. $ 9. — Chaque thermomètre est muni d'un certificat d'épreuve indiquant les écarts individuels de calibrage, qu'il faut prendre en considération, lors des corrections des lectures brutes. Le tableau suivant, en usage au Musée Océanographique de Monaco, est trés commode. Il évite une perte de temps, gráce aux interpolations, et une perte éventuelle d'un certilicat d'épreuve. On le eompose de facon à avoir les données des certificats de tous les thermometres qn'on possede. Voici un exemple. DONNÉES NUMÉROS DES TBERMOMETHES ET INTERPOLATIONS 2 < d CERTIFICAT COAPENCES der: TANE E SA Qo de 0» à 1099 | — 0003 | + 0002 | + 0000 | E 2 ho » 20 » 3099 | — 0003 | + 0003 | + 0:01 | > 3 80 » 6o » 9999 | — 0003 | + 0902.) — 0001 | 37 + 0003 | — 0002 27 160 » d4o » 17099 | — 0903 | + 0003 | — 0002 | = = | 200 » 189. » 24099 | — 00904 | + 0903 | — 0001 | = S | 240 » 220 » 25099 | — 0904 | + 0003 | + 0000 | S £ e MEE Be 120 OS T — 0002 c.) Vol, (vola) 2 0| ees ee een 131° 94° AAA A REP cn NTC THERMOMETRES AUXILAIRES SE CORRESPONDANTS Eb Eb | — — A "A Qo de 00 a 7049 — (o1 + 000 + 000 x | 10» » 7050 » 17949 + 090 - 001 = 090 200 | » 17050 » 27049 © + 000 = 000 = 090 M y "a D. — Table des corrections pour les thermométres à renver- sement, modèle Nansen-Ekman. $ 10. — Etant donné qu'en pratique la lecture du thermomètre ne peut être faite in situ, c'est-à-dire dans une température identique à celle de la couche d'eau mesurée et, que, pendant la montée, le mercure, séparé par le renversement, aurait pu changer son volume, on calcule les corrections d’après la formule suivante : Gols "TY E s) Corre == 6300 qe 9 ., la température lue au thermometre à renversement et corrigée suivant le $ 9 et le $ 12. IA NES , la température lue au thermomètre auxiliaire et corrigée suivant le $ 9 et le $ 12. Vol...., le contenu du réservoir et de la colonne de mercure du thermomètre à renversement, jusqu'au trait de O°C ; ce volume est gravé sur la tige de ce thermomètre. Exemple el marche à suivre : Su tr Vectures sc brutes sta. bord : I — 109485 1, 20950. 3 12. — Corrections des lectures « brutes » d’après les données de certificat d'épreuve joint à chaque thermomètre : T — 16948 + 0902 = 16°50; t — 20°50 + 0°10 = 20°60. § 13. — Corrections définitives d’après la formule du $ 10: vol. T T t y 46 En AR R09 IUE LIA A Corn == ne ee eo 2% 5.0908 $ 14. — Résultat définitif : 16°50 — 0°08 = 16°42. $ 15. — Les calculs du $ 4 sont simplifiés, en les remplaçant par la « table des corrections » ci-contre : (354) Table des Corrections (1) 0.01/0.02 N. B. — 1° Si T est plus grand que £, la correction (8 14) doit ètre additionnée. 2° Si T est plus petit que /, la correction (8 1 3° Dans la table des corrections ci-dessus, la deuxième décimale est exacte ; la troisiéme et la quatriéme décimale) seule 020250 reste 0°02. (1) Ce tableau est employé à la Deutsche Seewarte depuis longtemps pour ses travaux océanographiques. | doit être soustraite. n (T — t) E vol qu 6300 bti 121.58: "i 121019" 16° | 17° 19° 21310229 | | 0.08|0.09/0.10/0.11/0.13/0.14/0.15/0.17/0.18|0.19 0.20/0.2210.2310.24 0.25/0.27/0.28 LO} Sed EI 219 ¿21112291524 .27| .291| .30| .31 111 .13 .17| .19| .20 2411.25] 227 .30 | .33| .35 .12| .14 .19| .21| .23 .96| .28| .30 .33 | .37| .38 alla ,21|-.98| .25 .29)| .30| „32 .36 | .40| .42 AIT 2a 20 2:27 1133) 35 .39 | 43) 45 .16| .18 .24| .27| .29 .33 .36| .38 .42 .47| .49 La .26| .29| .31 6| .38| .40 .45 .50| .52 .18| .20 .28| .30| .33 .38|| .41| .43 .48 .53| .56 .19| .22 .30| .32| .35 .40|| .43| .46 ‚Sl | .91| .59 .90| .23 -31| .34| .37 .43|| .46| .49 .54 .60| .63 .21| .94 .33| .361 .39 .45| .48| 51 37 .63| .66 2915.25 39:38 ord T 48]! .51| .54 .60 .67| .70 2310.27 .37| .40| .43 50531257 .63 .70| .73 .24| .28 .38| .42| .45 2| .56| .59 .66 Ta) m .26| .29 .40|..44| .47 .55| .58| .62 .69 .77| .80 .27| .30 .42| .46| .49 7|| .61| .65 72 80| .81 21: 10.33/0.34/0.36 .39 .43 .47 ‚ol .96 .60 .64 .69 73 | .81 .86 .90 .94 .99 .99| 1.03 elle a été augmentée d'une unité (en prenant en considération ment, lorsqu'on obténait ainsi un chiffre pair, par exemple: 0° 0150 devient 0°02 ; mais ty Sp tet ON Wy, Su tod ~ | AVIS Le Bulletin est en dépót au Musée Océanographique. Les numéros du Bulletin se vendent séparément aux prix suivants et franco : Nos = í v i Fr. 336. — Mycose chez une Tortue de mer- (Thalassochelys caretta L.), par Auguste PETTIT...... eee n n 2 337. — Le Comité royal Thalassographique italien, par L. JouBIN.. 4 » 338. — Le Mésorhéométre et la mesure des courants pélagiques entre la surface ete fond, par Yves DELAGE. ........... 27» 339. — Études préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 5e Note : Moschites verrucosa (Verrill), par L. Jousın.... 3 » 340. — Études préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 6° Note : Vitreledonella Richardi Joubin, par L. Jounin. 3 » 341. — La biologie des huitres et l'industrie ostréicole, par J. L. DANTAN > leeren das een» Re A AO 342. — Sur la Dissémination et la Naturalisation de quelques Algues marines, par C. SAUVAGEAU................ ... 2 D 343. — Note préliminaire sur les Antipathaires recueillis par la Princesse-Alice, de 1903 à 1913 inclusivement, par (SERNA O ee tic bE eee eee CNT EN 344. — Note sur une Actinie (Thoracactis n. g., Topsenti n. sp.) et un Annélide Polychète (Hermadion Fauveii n. sp.), com- mensaux d'une Eponge siliceuse (Sarostegia oculata Topsent), par Ch. GRAVIER........ OR DAC RER oes ec pice, 2 ae 345. — Considérations sur la biologie du Thon commun (Orcynus thynnus L.), par Louis RourE........... e coerente 346. — Note préliminaire sur les Hexactiniaires recueillis au cours des croisières de la Princesse-Alice et de l Hirondelle de 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GRAVIER............. 2 50 347. — Tableaux analytiques des Annélides Polychétes des cótes de France. — |. (Aphroditiens, Amphinomiens, Hésioniens, Sphærodoriens et Alciopiens), par Pierre FAUVEL........ 1 50 348. — Observations sur la nourriture des Thons de l’Atlantique (Germo alalonga Gmelin) par L. Jousin et L. RouLE..... 1 » 349. — Note sur Putilisation des Hydravions pour la péche et les D. » recherches océanographiques, par L. JouBin......... 1 » 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul GLoess.. 4 » 351. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisières de S. A. S. le Prince de Monaco. 7° Note: Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp., par IO UI RE een O odis IDU q EE I- » 352. — Révision des Scinidæ provenant des campagnes de S. A. S. le Prince de Monaco, par Ed! GHEVREUX........: 22. d eoo; 353. — Sur le chondriome des Cellules adipeuses, par le D* F. LADRE Tas tas Mecs dise oaia tonte ie JOB E EBENE Sos 4 nora 354. — Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermométres à renversement, rédigées par Mi Mieczyslaw:; OXNER: -sms vnam elo Vis aida scl else DEI ENT MONACO. — IMPR, DE MONACO, Per Tr N° 355. | 20 Juin 1919. EDESETIE ETIN DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIOUE (Fondation ALBERT ler, Price pe Monaco) Un poisson nouveau pour la Méditerranée. par J. COTTE. AVIS Les auteurs sont priés de se conformer aux indications suivantes : 10 Appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrès internationaux. 2° Supprimer autant que possible les abréviations. 30 Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications bibliographiques. 49 Ecrire en italiques tout nom scientifique latin. 50 Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou à l'encre de Chine. 6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers calques les recouvrant. 70 Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur papier procédé. So Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le texte en donnant les dessins faits d'un tiers ou d'un quart plus grands que la dimension définitive qu'on désire. Les auteurs reçoivent 5o exemplaires de leur mémoire. Ils peuvent, en outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le manuscrit. Adresser tout ce qui concerne le Bulletin à l'adresse suivante : Musée océanographique (Bulletin), Monaco. E BULLETIN DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT I”, Prince de Monaco) No 355. — 20 Juin 1919. Un poisson nouveau pour la Méditerranée. par J. COTTE. L'étude de nos faunes marines a été poussée assez loin, dans les régions qui avoisinent nos laboratoires, et spécialement en ce qui concerne les animaux volumineux comme les poissons, pour que la découverte d’une espèce de poisson nouvelle pour une de ces régions puisse être considérée comme un hasard heureux-et soulève des problèmes qui méritent de fixer l'atten- tion. Le 28 avril 1919, des pêcheurs au petit chalut (gangui), opé- rant dans les prairies de posidonies au large de Marseille, entre Montredon et l'ile Maire, ont ramené, mêlé aux rascasses (Scorpena), un poisson qui leur était inconnu et qu'ils ont apporté au Laboratoire Marion. Là, le concierge a essayé, sans résultat, de faire vivre dans de l’eau de mer l’animal, dont les mouvements étaient encore vifs; il l'a placé alors dans une solution de formol. C'est à ce moment que le poisson m'a été montré ; il était fort blen conservé et trés frais. Il s'agit de Cottus bubalis Euphr. C'est un animal de l'Océan Atlantique, et plus spécialement des parties septentrionales de celui-ci. Si Le Danois (1) l'indique comme vivant jusque sur les cótes d'Espagne, Moreau (t. 1I, p. 305) dit qu'il est rare au- dessous de la Loire, excessivement rare ou absent dans le Golfe de Gascogne. Les caracteres sexuels de cette espéce ont été donnés par Le Danois (p. 77), et les renseignements descriptifs qu'il fournit complètent fort heureusement ceux de Cuvier et Valenciennes (t. IV, p. 121) et ceux de Moreau. L'individu que j'ai en mains est une femelle, longue de 11°", plus 2°®, 7 pour la nageoire caudale, avec une hauteur de tronc de 3°", 3. Les lames bran- (1) Ed. Le Danois. Contribution à l'étude systématique et biologique des poissons 1 : ed : 2 a uq 819 de la Manche orientale. Thèses Fac. Sc. Paris, 1913. — >) — - chiostèges sont séparées, sous la gorge, par un intervalle de quatre millimètres ; c'est moins que ne l'indique Moreau, mais cela correspond bien au dessin de Le Danois. La plus grande des épines préoperculaires n'est pas recouverte par la peau, sur une longueur de plusieurs millimètres. L'animal a été ouvert: la glande génitale qui a été mise à nu était très aplatie et avait un aspect homogene. Comme les caracteres sexuels sont ceux d'une femelle, il faut admettre qu'elle était loin de son époque de ponte. Le Danois indique une taille de o" 10 à o" 25 pour la femelle, et une période de ponte qui s'étend du 16 janvier au 18 avril, avec un maximum pendant les mois de février et mars. Cette espèce doit être assez polymorphe. Il suffit, pour s'en convaincre, de comparer les dessins qu'en donnent Cuvier et Valenciennes (t. IV, pl. 78), entre eux d'abord, puis avec celui de Moreau et ceux de Le Danois. En ce qui concerne le nom- bre de rayons, les auteurs indiquent: Cuve Val: ave, 8, La 4.9 C. 10 P16 1.9 Günther...... 8, 11-12 9 Moreau ro... 8-9, 12-13 9-10 11-12 T9 10 UE Le Dabois ee 12-13 4 110710 [1-12 15-16 1/3 Soit, pour les dorsales, un total de 20 rayonsd'aprés Cuvier et Valenciennes, de 19 ou 20 pour Günther, de 21 sans doute pour Moreau et pour le Danois. Aussi n'ai-je pas attaché une grande importance au fait que j'ai trouvé 7 rayons seulement à la premiere dorsale et 12 à la seconde, soit un total de 19 (1). La caudale m'a donné 11 grands rayons, avec deux trés courts, un en haut, l'autre en bas. Les travaux scientifiques dont la zoologie marine a été l'objet à Marseille témoignent suffisamment du soin avec lequel Marion et ses éleves ont exploré le golfe de Marseille. Aprés la mort de mon Maitre, l'étude dela faune marine locale n'a pas été interrompue, si elle a été moins active. Les pécheurs nous apportent assez souvent, au Laboratoire Marion, les animaux qui frappent leur attention et qu'ils croient susceptibles de nous intéresser. Aussi peut-on considérer comme assuré que C. bubalis n'est pas arrivé depuis longtemps dans nos eaux. Si son introduction s'était faite 5o ans plus tót, il aurait été enregistré avec les autres Triglidés qui vivent dans notre golfe; on aurait noté avec grand intérét l'existence à Marseille d'une station de cette espèce, disjointe de la grande aire de dispersion dans l'Atlantique et qui aurait pu donner lieu: à des dissertations surles variations des faunes, sur les aires disjointes et sur la disparition des stations intermédiaires. Fort heureusement, (1) Une deuxième femelle, qui m'est fournie après la rédaction de cette note, posséde huit rayons à la premiére dorsale et 11 à la seconde. La somme est encore 19. HE Ju qe d nous ne risquons pas de nous tromper, en ce qui concerne notre Cottus. Nous avons certainement affaire à une espèce introduite, et sans doute à une espèce accidentellement introduite par l'homme. L'histoire des cas de ce genre n'est pas toujours facile à débrouiller. Pour les animaux qui sont transportés à l'état vivant, ou sous forme d'ceuf, les facilités de déplacement sont évidemment trés grandes. On sait qu'on a capturé à Marseille un moustique qui doit être le vecteur habituel de la fièvre jaune (1). Ce sont évidemment des navires qui nous l'apportent, etsi ce Stegomyia avait trouvé chez nous des conditions favo- rables à son développement, il ferait maintenant partie de notre faune. Dans le petit parc de l'Ecole de Médecine de Marseille, jai vu voler à maintes reprises des oiseaux exotiques, évadés du pont des bàtiments qui fréquentent notre port. J'avais émis aussi l'hypothèse d'un apport identique par navires (2) pour expliquer l'existence, pres de l'Ecole de Médecine, d'une petite station isolée d'un Microlépidoptère, Parapodia sinaica ' (Frauenf.), jusqu'alors connu seulement du Sinai et du Nord de l'Afrique. Dans ce cas j'avais tort, sans doute, car j'ai retrouvé, depuis, cet animal sur les bords de l'étang de Berre. Lorsque Darboux et Stephan (3) signalerent l'introduction, dans les eaux du golfe de Marseille, d'une langouste ouest-afri- caine, Palinurus regius Capello, il fut facile dese rendre compte du mode d'importation de cet animal: les bateaux que Marseille envoie sur les cótes du Maroc et qui nous raménent les produits de leur péche, ont évidemment apporté chez nous la langouste africaine, soit que celle-ci se soitéchappée des bateaux qui la trans- portaient, soitque des œufs fécondés soient tombés dans nos eaux. Une explication aussi facile ne peut pas être donnée pour C. bubalis. C’est, paraît-il, une espèce assez peu estimée pour l'alimentation de l'homme et, d'ailleurs, il ne se fait à Marseille aucune importation de poissons vivants de provenance océani- que. On ne peut guère admettre, non plus, que ce poisson soit venu de lui-méme, à travers le détroit de Gibraltar. Celui-ci est ouvert depuis assez longtemps pour que les migrations spon- tanées d’especes ne se fassent plus que trés accidentellement au travers de lui, et sous l'influence de causes trés spéciales. L'état d'équilibre entre les faunes de l'Atlantique et de la Médi- terranée est atteint depuis fort longtemps. D'ailleurs, si j'en crois les auteurs, Cottus bubalis doit être extrêmement rare ou manquer dans l'Atlantique, au niveau du détroit de Gibraltar, et la route est encore longue de Gibraltar à Marseille. (1) Aubert et Guérin. Note surla capture, à Marseille, d'un moustique du genre Stegomyia. Réun. Biol. Mars., in C. R. Soc. Biol., t. LX, p. 579, 1908. (2) J. Cotte. Remarques au sujet de la dispersion de Parapodia sinaica Frauenf. Réun. Biol. Mars., in C. R. Soc. Biol., t. LXV. p. 1117, 1913. (3) G. Darboux et P. Stéphan. Capture de Palinuriens longicornes dans le Golfe de Marseille. Feuille J. Nat., [IV* s.], t. 38, p. 16, 1907. (355) nt erm :H me parait donc difficile de ne pas admettre qu'il y a eu transport fortuit, direct et rapide de l'animal, de l'Océan dans le golfe de Marseille, mais que ce transport a eu lieu sous forme d'œuf. Pour Le Danois, les C. bubalis semblent remonter lége- rement pour pondre, et déposent habituellement leurs œufs dans des crevasses, sous les pierres, dans la zone des Fucus. Je croirais volontiers qu'une femelle a pondu les siens contre un, bateau qui avait grand besoin d'étre nettoyé et qui nous les a apportés, abrités parmi la végétation parasite qui couvrait sa carène. En tous cas, il faut bien supposer que le Cottus péché était; né dans la broundo de posidonies, où il a été recueilli par le filet. J'ai déja indiqué qu'une deuxième femelle, plus petite, morte, mais en excellent état de fraicheur, a été livrée au Labo- ratoire par des pêcheurs, le 17 mai. On ne peut compter sur un,hasard aussi extraordinaireque celui qui aurait fait découvrir les deux seuls exemplaires présents dans notre golfe. D’autres individus vivent dans nos eaux, plus nombreux sans doute que ne le ferait croire la rareté des captures que je connais. Et nous sommes en droit de conclure que C. bubalis est une espèce récemment introduite et en bonne voie d'acclimatation chez nous. A ce titre, il sera intéressant de voir comment il va se comporter dans nos eaux, plus chaudes que celles des régions d'ou il vient, et d'enquéter sur les divers points de biologie que cette introduction pourra soulever. (Travail du Laboratoire Marion.) 2 + pr ^ AVTS : y CT 3 1 Le Bulletin est en dépôt au Musée Océanographique. . , ^ . Les numéros du Bulletin se vendent séparément aux prix suivants et franco : i Nos Fr ] 337. — Le Comité royal Thalassographique italien, par L. JouniN.. 4 » | 338. — Le Mésorhéométre et la mesure des courants pélagiques entre la surface et le fond, par Yves DELAGE............ AN E 339. — Études préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au | cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 5* Note : Moschites verrucosa (Verrill), par L. Jousın.... 3 » , i 340. — Etudes préliminaires sur les Museu ee recueillis au i cours des croisières de S. A. S. le Prince de Monaco. | ! 6* Note : Vitreledonella Richardi Joubin, par L. Jousın. 3 » | à 341. — La biologie des huîtres et l'industrie ostréicole, par J. L. DANTANDE Str Vet a R ET a E a N A e UV 2X6 342. — Sur la Dissémination et la Nara de quelques Algues marines, par C. SAUVAGER U.s -emeena re ee e... 20 343. — Note préliminaire sur les Antipathaires recueillis par fa Princesse-Alice, de 1903 à 1913 inclusivement, par (Gur GRAVIER boe o SEL aaa ern do lso 9 diae Og 23 344. — Note sur une Actinie (Thoracactis n. g., Topsenti n. sp.) et un Annélide Polychéte (Hermadion Fauveii n. sp.). com- mensaux d'une Eponge siliceuse (Sarostegia oculata Topsent) par Ch. GRAVIER....... eee eene 0 AY 345. — Considérations sur la biologie du Thon commun Ilo t thynnus E); Par LOUIS ROULE "here che eee EE) 346. — Note préliminaire sur les Hexactiniaires recueillis au cours | des croisières de la Princesse-Alice et de Hirondelle de | 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GRAVIER.........,... 2 50 | 347. — Tableaux analytiques des Annélides Polychétes des côtes de France. — |. (Aphroditiens, Amphinomiens, Hésioniens, | Spherodoriens et Alciopiens), par Pierre FauvEL........ 1 50 348. — Observations sur la nourriture des Thons de l'Atlantique (Germo alalonga Gmelin) par L. Jounin et L. RouLk..... I » | | 349. — Note sur l'utilisation des Hydravions pour la pèche et les recherches océanographiques, par L. Joupin..... SR op LA UNT 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul GLOESS.. 4 » 351. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisieres de S. A. S. le Prince de Monaco. 7° Note : Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp., par IC ATOUBINS ea lea e Das ida ra AU 352. — Révision des Scinidæ provenant des RN Fs ded Aue ` le Prince de Monaco, par Ed. CHEVREUX. AA RES 235: 12 490 353. — Sur le chondriome des Cellules adipeuses, par le D" F. LADRE Tas Sao als toas ERA ERE eso HAS Aa 1 354. — Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermométres a renversement, rédigées params Mieczyslaw OINERA VS ner ee oa ol ba Cie 125 355. — Un poisson nouveau pour la Méditerranée, par J. Corre. I o» ze MONACO. — IMPR, DE MONACO, a N° 356. 31 Juillet 1919. PEULLETIN DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIOUE (Fondation ALBERT ler, Prince pe Monaco) de S. A. S. Albert I”, Prince de Monaco. l. Diagnose d'un Cypridinide nouveau. Par L. GRANATA MONACO Ostracodes provenant des campagnes scientifiques AV IS Les auteurs sont priés de se conformer aux indications suivantes : 19 Appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrés internationaux. 2° Supprimer autant que possible les abréviations. _ 30 Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications bibliographiques. 4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin. 5» Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou à l'encre de Chine. ‘ i 6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers calques les recouvrant. 70 Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur papier procédé. 8» Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d'un quart plus grands que la dimension définitive qu’on désire. Les auteurs reçoivent 50 exemplaires de leur mémoire. Ils peuvent, en outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le manuscrit. Adresser tout ce qui concerne le Bulletin à l'adresse suivante : Musée océanographique (Bulletin), Monaco. BULLETIN DE L INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT I", Prince de Monaco) No 356. — 31 Juillet 1919. .. Ostracodes provenant des campagnes scientifiques de S. A. S. Albert I", Prince de Monaco. J. Diagnose d'un Cypridinide nouveau. Par L. GRANATA Subfam. CYPRIDININAE Gen. Crossophorus, G. Brady ÜROSSOPHORUS GRIMALDI, n. SP. , Campagne de 1910: Stn. 2990. 18 août. Lat. 43° 45’ 30” N.; Lon. 9° 41’ W. Chalut 2320 m. — 1 exemplaire. Carapace du mâle (fig. 1) mesurant 8™™ de longueur sur 6,5"" de hauteur ; épaisse, trés riche en concrétions calcaires ; resque régulière- EP 8 : A | ment ovale, avec le BEA à = A ~ A bord ventral un S of x peu plus courbé pot que le bord dorsal; i TE bord postérieur ar- | \ rondi; rostre petit, avec l'extrémité ventrale aigué ; incisure courte, \ étroite, arrondie. N / La forme de la ie carapace est tres semblable a celle de Crossophorus imperator Brady, comme le sont d'ailleurs toutes les espèces du Fig. 1. — Carapace. ‘ a TOO 0p A 9 la ra CR Duo Mas ccu MN a AUR peo Se Pen — 2 = genre. Les dimensions sont presque les mémes que celles de C. imperator, tandis que C. gibber G.-W. Müller, et C. africanus Stebbing ont une longueur respectivement de 4 et de 15,5", Premiere antenne (fig. 2) avec un nombre considérable de soles aux seg- ments 2-4; le deu- xième segment porte environ 10 soles sur le bord dorsal et 5 sur le bord ventral; le troisieme respec- tivement 11 et5 le quatrieme, 5 et 4. Dans le premier seg- ment on note la présence d'une grosse glande (fig. 2, gl) qui s'étend par toute sa longueur. Endopodite de la 2° antenne (fig.3) normal; une des nombreuses soies du 2* segment dépasse toutes les autres en lon- gueur. Organe frontal (fig. 4) petit, conique, sans pigment, tel que l'a décrit Müller (1) chez Cros- sophorus africanus. On retrouve aussi les intéres- sants organes (fig. 5) qui représentent dans ces formes les yeux latéraux. Furca (lame droite) avec 23 épines, qui sont, comme dans tous lesreprésentants du genre, == de deux sortes; les unes (épines principales) grosses et raides ; les autres (épines secondaires) Fig. 2. — Premiére antenne — - AR E \ Fig. 4. — Organe frontal. plus faibles. Fe O Les épines principales ont podite de la 2° (fig. 6) la position : 1, 2, 6, 10, Emi 13, 15, 17. La première est à peu pres de 1/3 plus courte que la 2°; les autres sont graduellement plus courtes et moins épaisses. Fig. 5. — (Eil latéral. (1) Ergebn. Tiefsee Exped. Ostracoda, 1006. CE ded Entre la 2* et la 6* se trouvent deux épines secondaires de dimensions décroissantes, et une troisième, presque la moitié plus courte que la 6*, trés faible, sétiforme; entre la 6* et la wae AAT | N, US : ja Fig. 6. — Furca. 10°, trois épines dont l'une, médiane, (la 8*) plus longue et plus épaisse que les deux autres; entre la 10* et la 13%, deux épines de dimensions décroissantes ; une seule épine entre la 13* et la 15* et entre la 15* et la 17* ; la.18* et suivantes sont petites et sétiformes. La lame droite porte 25 épines dont les principales sont les pa. 5510. lal erg c Entre! br 2578t 1a, Se dei Epines 'secon- daires de dimentions décroissantes ; entre la 5* et la 10° quatre épines dont les deux médianes (la 7° et la 8*) semblables aux (356) NE ? | | 1 Ade Wr — 4 — précédentes, les deux autres faibles, sétiformes ; entre la 10° et la 14° trois épines dont Pune, médiane (la 12°), plus longue et plus raide que les deux autres. Deux épines de dimensions décrois- santes entre la 14* et la 17*; une seule épine entre la 17° et la 19*. Malheureusement, je ne possède de cette espèce qu'un seul exemplaire, ce qui rend impossible de déterminer la portée de cet intéressant phénomène d'hétéromorphisme. Les épines de la furca se comportent dans les différentes espèces, comme l'indique le schéma suivant : Nombre total des épines Epines principales C. gibber 10 La: Ta WSL. Me C. inperator 20 MAS O OS C. africanus 21 1:.9..5. 8. TOF (Ou. TN C. Grimaldii j 23 I. 2. 6. 10. 13. 15. 17. 25 1.2: 5. 10r TAHOE Le 3* Appendice thoracique (fig. 7) porte 45-50 soies et montre, à son extré- mité un peu dilatée, une grosse dent à laquelle s'opposent trois appen- dices digitiformes. C. Grimaldii se sépare de C. imperator Brady, dont il est certainement trés voisin, par les carac- téres de la furca et du 3* appendice thoracique, qui porte, dans cette espèce, environ 20 soies, et pré- sente à son extrémité une dent trés longue et 6 appendices digi- tiformes. s Les espèces connues de Crossophorus sont très peu répan- dues. C. imperolor a été trouvé sur les côtes orientales de la Nouvelle-Zélande et dans l'Atlantique Nord ; C. africanus, au Sud de l'Afrique ; C. gibber, dans l'Archipel Malais. C. imperator et C. gibber sont, comme C. Grimaldii, des formes de mer profonde. Je prie S. A. S. Albert I*, Prince de Monaco, de vouloir bien agréer la dédicace de cette espece. Fig. 7. — 3* Appendice thoracique. Firenze. Laboratorio di Zoologia degli Invertebrati, 1919. que Xt. PT AVIS Le Bulletin est en dépót au Musée Océanographique. Les numéros du Bulletin se vendent séparément aux prix suivants et franco : Nos Fir. 339. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 5e Note : Moschites verrucosa (Verrill), par L. JouBın.... 3 » 340. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 6° Note : Vitreledonella Richardi Joubin, par L. Jousın. 3 » 341. — La biologie des huîtres et l’industrie ostréicole, par J. L. DAWTAN «duse SR e mia ejes alada a ae ee sa de ptes ala ETE QR GE IO 342. — Sur la Dissémination et la Naturalisation de quelques Algues marines, par C. SAUVAGEAU................ veee 2 D 343. — Note préliminaire sur les Antipathaires recueillis par la Princesse-Alice, de 1903 à 1913 inclusivement, par Ge PLE ASIN Bon Og oda DEtade Oops eor cv 0) 344. — Note sur une Actinie (Thoracactis n. g., Topsenti n. sp.) et un Annélide Polychète (Hermadion Fauveli n. sp.), com- mensaux d'une Eponge siliceuse (Sarostegia oculata Topsent), par Ch. GRAVIER.............,.........4..... 2 9 345. — Considérations sur la biologie du Thon commun (Orcynus thynnus L.), par Louis RoULE.........................,4 2 D 346. — Note préliminaire sur les Hexactiniaires recueillis au cours des croisières de la Princesse-Alice et de l'Hirondelle de 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GRAVIER............. 2 50 347. — Tableaux analytiques des Annélides Polychetes des côtes de France. — I. (Aphroditiens, Amphinomiens, Hésioniens, Sphærodoriens et Alciopiens), par Pierre FAUVEL........ 1 50 348. — Observations sur la nourriture des Thons de l'Atlantique (Germo alalonga Gmelin) par L. JousiN et L. Rourg..... 1 » 349. — Note sur l'utilisation des Hydravions pour la péche et les recherches océanographiques, par L. JousIN............ L » 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul GLOESS.. 4 » 351. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au ~ cours des croisières de S. A. S. le Prince de Monaco. 7° Note: Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp., par US TOUBING ia Eea nis AA OSO o DU CAO P oe ETH. 352. — Révision des Scinide provenant des campagnes de S. A. S. le Prince de Monaco, par Ed. CHEVREUX................. 2 90 353, — Sur le chondriome des. Cellules adipeuses, par le Dr F. DADREX Tes ste cteve Soest cala DOE platea apo DO ded do BG ToO AGOLT My Neon 354. — Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermométres à renversement, rédigées par M. Mieczyslaw OxNER.........:............usssssees L D 155. — Un poisson nouveau pour la Méditerranée, par J. Corte... 1 » 256. — Ostracodes provenant des campagnes scientifiques de S. A. S. Albert I", Prince de Monaco. — I. Diagnose d'un Cypridinide nouveau, par L., GRANATA.........,... I V RM —————————————————————————————————————— MONACO. — IMPR, DE MONACO. NA GT ers : 5 Août 1910. BULLE TEN DE L'INNTTTUT OCEANOGRAPITQUE (Fondation ALBERT ler, Prince be Monaco) dans l'Atlantique Nord et l'océan Glacial pendant et aprés la guerre. Note de S. A. S. ALBERT, Prince de Monaco. & Marche des mines flottantes MONACO AVIS a Les auteurs sont priés de se conformer aux indications suivantes : 19 Appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrès internationaux. 2% Supprimer autant que possible les abréviations. 3o Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications bibliographiques. 4» Ecrire en italiques tout nom scientifique latin. 5» Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou à l'encre de Chine. 6» Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers calques les recouvrant. 70 Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur papier procédé. 8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le texte en donnant les dessins faits d'un tiers ou d'un quart plus grands que la dimension définitive qu'on désire. Les auteurs reçoivent 5o exemplaires de leur mémoire. Ils peuvent, en outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le manuscrit. Adresser tout ce qui concerne le Bulletin à l'adresse suivante : Musée océanographique (Bulletin), Monaco. BULLETIN DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE ^ 2 (Fondation ALBERT I", Prince de Monaco) No 357. — 5 Août 1919. Marche des mines flottantes dans l'Atlantique Nord et l'océan Glacial pendant et aprés la guerre. Note (') de S. A. S. ALBERT, Prince de Monaco. Direction. — Les eaux de l'Atlantique nord sont fortement influencées dans le déplacement de leur masse superficielle, par le courant du « Gulf-Stream » dont j'ai étudié la marche. il y a longtemps, au moyen d'une méthode expérimentale. Dans ce but, j'ai semé sur certaines régions de l'Océan un grand nombre d'objets en bois, en métal ou en verre construits de maniére à flotter juste au-dessous de la surface pour étre soustraits à l'action directe des vents, mais exposés à celle du courant qui entraine la masse des eaux. Les flotteurs dont j'ai fait usage dans cette vaste expérience parcoururent l'océan Atlantique pendant une vingtaine d'an- nées ; il en fut méme rencontré.derniérement encore. Entre ces flotteurs et les mines flottantes employées pendant la guerre, il existe une analogie qui permet d'appliquer à leur marche des calculs semblables ; mais peut-étre les mines, beau- coup plus massives, se déplacent-elles plus lentement. Or les mines flottantes exposent la navigation à un danger considé- rable qui se prolongera jusqu'à la fin de leur flottage. Et il est certain qu'un assez grand nombre d'entre elles s'est échappé des champs que formaient leurs mouillages. La guerre du Japon et de la Russie présente des exemples de catastrophes surve- (') Séance du 23 décembre 1918. ha: > EM nues par le fait de ces corps errants dont la fin des hostilités n'arréta pas la marche. Comme il n'est guére possible, en principe, de retrouver les mines sur l’immensité de l'Océan, il faut, pour donner une sécurité relative aux navigateurs, étudier et signaler les parages vers lesquels un courant les dirige suivant leur point de départ. Mes longs travaux océanographiques me fournissent les éléments nécessaires pour résoudre cette question, et pour présenter la carte ci-jointe qui donne les résultats obtenus. Les mines parties de la mer du Nord peuvent errer le long des cótes francaise, belge, hollandaise, danoise, ou anglaise de l'Ést, jusqu'à leur transport définitif dans les fjords de la Norvege. Celles qui sont parties de la Manche peuvent d'abord errer centre les cótes francaise et anglaise, sous l'influence des marées ou de quelque tempête, mais elles finissent par entrer dans l'Océan, les unes pour y suivre la marche du «Gulf-Stream» vers le Sud, les autres pour se joindre à celles qui sont parties des cótes et de la mer d'Irlande, et qui gagneront la cóte de Norvège après avoir traversé l'océan Glacial. Les mines parties des cótes francaise, espagnole, portugaise et marocaine de l'Atlantique sont entrées dans la grande cir- culation océanienne, de méme que celles qui seraient parties des iles Canaries, de Madére, des Antilles, des Bermudes ou des Acores Cette circulation est commandée par l'influence du « Gulf-Stream », et l'étude que j'en ai faite autrefois s'est mon- trée exacte pour la vitesse comme pour la direction. D'apres mes recherches, les mines libérées sur la cóte européenne et sur la cóte africaine, depuis la Manche jusqu'à la hauteur des iles Canaries, aprés avoir marché vers le Sud et bordé sans y tou- cher le nord des iles du cap Vert en s'inclinant à l'Ouest, sont progressivement entrées dans le courant équatorial. Dès lors et portées sur celui-ci vers l'Amérique, elles visitent les petites et les grandes Antilles ainsi que les iles Bahamas en bordant surtout la région orientale de ces archipels. Toutefois, elles péuvent accidentellement pénétrer jusqu'à la cóte de l'Amérique centrale, sans entrer dans le golfe du Mexique. Bientót aprés, elles retombent dans le courant du « Gulf- Stream » à la sortie du golfe du Mexique, avec une tendance à se maintenir sur sa lisière orientale, ce qui leur permet de visiter l'archipel des Bermudes et de gagner celui des Acores. =, E Dans la région centrale du tourbillon océanien formé par le « Gulf-Stream» et dont l'axe oscille quelque part vers le Sud- Ouest des Acores, le plus grand nombre de ces mines revenues des Antilles devra tournoyer indéfiniment d’après le régime qui règle la marche du flottage dans l’espace connu sous le nom de Mer des Sargasses. Après avoir flotté ainsi plus ou moins loin dans le Nord, le Sud, l'Est et l'Ouest de l'Archipel des Açores, mais sans dépasser beaucoup le 50° de latitude vers le Nord et le 15% de latitude vers le Sud, sans pénétrer à l'Ouest dans le courant froid qui baigne la côte occidentale des Etats-Unis, mais en parcourant la plus grande partie de l’espace qui sépare les Açores du con- tinent européen, les flotteurs venant de l'Ouest et parvenus au large de la Manche, prés de leur point de départ, se partagent deux routes. L'une, qui les mène vers l'Afrique, les fait rentrer et circuler indéfiniment dans le grand cycle du tourbillon océanien; l'autre les conduit vers le Nord-Est et les répand abondamment sur les côtes occidentales d'Angleterre et d’Irlande. Toutes les mines qui prendront ce dernier chemin se méleront dans les fjords de Norvege avec celles venues de la mer du Nord, pour gagner l'océan Arctique vers le cap Nord etse voir détruites, sans doute, dés leur premiere rencontre avec des glaces. Quelques-unes qui auront quitté la cóte d'Angleterre vers les iles Hébrides pour visiter l'Islande disparaitront aussi dans les glaces. J'ignore si, accidentellement, une ou deux mines revenant de l'Ouest pénétreront dans la mer du Nord par la Manche, cela est possible. Des mines qui auraient été posées sur la cóte des Etats- Unis, seraient entrées dans le grand cycle de flottage apres avoir été prises par le courant polaire étroit qui descend du Nord et longe cette cóte jusque vers l'entrée du Golfe de Mexique. Vitesse. — Quant à la vitesse de translation d'objets tels que ces mines, je la calcule ainsi que je l'ai fait jadis pour mes expériences des flottage, et voici ce ¡que j'en puis dire. Les mines sorties de la Manche pour entrer dans le tourbillon océanien sont descendues vers le Sud et ont gagné la cóte espa- gnole vers le fond du golfe de Gascogne, en deux mois environ. De ces parages, clles ont doublé le cap Finisterre pour continuer à descendre vers le Sud le long du Portugal et du Maroc et pour (357) , CARTE DE DS 2 ÉCUTÉES PAR LE PRINC ^ Wu a nn [el Gn o LA a m o E LA [^2] E a an E < E d =) N a LA an E d E Z < LA E Z © = TIQUE NORD NACO DE 1885 a 1888 POUR ÉTABLIR LA DIRECTION DES COURANTS. lodos RR mE E £x I) itenge ?: L Ed | , 2 A 27 —~ NR LM G INGE Corogne 5 A Wu A E x 7 he PE I? Canaries’! IWS LÉGENDE Parcours des mines échappées aux champs et aux dragueurs pendant la guerre mondiale, et calculé d’après le résultat obtenu par S. A. S. le Prince Albert de Monaco dans ses études sur les courants de l'Atlantique Nord. LR Re atteindre l'archipel des Canaries dix mois après leur départ de la Manche. Trois ans après ce départ, et sans compter quelque temps perdu par la traversée des Canaries, les mines ont franchi l'Atlantique dans une zone où se confondent le courant équa- torial, le courant du « Gulf-Stream » et celui que fait naître le vent alizé. Elles marchent alors à la vitesse de 10 milles par 24 heures pour aborder en nombre considérable les Antilles : surtout l'archipel des Bahamas. Ces mines rejoindront enfin le le Continent européen, au large de la Manche, aprés un flottage de quatre années environ, tandis que, sur la seconde.moitié de leur cycle, plusieurs de leurs groupes seront partis vers le Sud pour visiter les Bermudes, les Acores et Madere. Et les mines qui ne se détacheront pas, alors, du grand essaim parvenu devant la Manche pour monter vers les fjords de la Norvege aprés avoir enveloppé l'Irlande par l'Est et par l'Ouest, recommenceront un nouveau voyage autour de l'Atlan- tique, sur la méme piste que le premier. La vitesse moyenne calculée pour l'accomplissement d'un parcours de ce cycle par les mines, est de 5 milles par 24 heures; Les mines flottantes placées dans la Méditerrannée ne peu- vent se préter à aucun travail permettant de prévoir leur marche, si ce n'est dans une trés petite région située depuis Gibraltar jusqu'à la hauteur des iles Baléares et où les courants généraux apportent les eaux de l'Atlantique, tandis que des contre- courants les ramènent vers l'Ouest, de chaque côté, le long des terres de l'Espagne et del'Afrique. Quant aux mines qui auraient été abandonnées sur la côte orientale des Etats-Unis, elles ont été prises par le courant froid qui va se perdre dans le « Gulf-Stream », vers son origine, à sa sortie du Golfe de Mexique, et par là elles sont entrées dans la circulation générale décrite ici. A vec cette étude, je montre leslignes principales des parcours les plus dangereux, mais je ne puis pas garantir la navigation contre quelques mines qui auraient été isolément entrainées en dehors par des tempétes. D'autre part, les considérations que j'envisage ne garderont leur valeur que si des altérations Iınpre- vues ne viennent pas modifier la flottabilité de.ces engins. Conseils aux navigateurs. — Les mines flotteront peut-étre longtemps sur l'Atlantique puisque mes flotteurs d'expérience ” e l'ont fait pendant près d'un quart de siècle; et le meilleur moyen d'éviter leurs méfaits sera de naviguer autant que possible en dehors du cyclequ'elles doivent parcourir. Cecycle les fera passer et repasser dans les archipels épars sur l'Atlantique; elles s'ag- gloméreront méme autour des iles, attirées par une force spéciale et retenues plus ou moins longtemps par l'influence des marées et des courants locaux, jusqu'à ce que certains vents les re- poussent dans la circulation générale. Peu à peu seulement elles disparaitront en explosant dans un choc produit par leur ren- contre avec une autre épave ou avec les rochers d'une cóte. Les régions les plus visitées par les mines peuvent étre sommairement décrites ainsi: le fond et le sud du golfe de Gascogne entre Bordeaux et le cap Finisterre. La cóte ouest du Portugal, celle du Maroc et l'archipel des Canaries, ainsi que Madere. L'espace compris entre la Manche et les Canaries est particulierement dangereux parce que les vents dominants de cette partie de l'Atlantique exercent une certaine influence sur le transport de la couche superficielle des eaux et contribuent à repousser le flottage de la haute mer vers ces cótes. Entre les Canaries et les Antilles, l'espace visité devient plus large; dans la mer des Antilles, la dispersion augmente et les destructions par la rencontre de récifs également. Le retour vers l'Europe des mines restantes se fait sur un chemin plus étroit jusqu'à l'archipel des Acores oü le danger d'une collision est de nouveau sérieux à cause de l'accumulation du flottage qui s'y produira ainsi que dans la mer des Sargasses, parce que c'est la région centrale du tourbillon engendré par le courant du «Gulf-Stream» et le courant équatorial combinés. Les accumulations de mines flottantes, particulièrement accentuées au centre et sur la périphérie du cycle parcouru, ont été alimentées par un échap- pement continuel de ces objets ‘pendant une période de quatre années. Les navires qui circulent entre l'Europe et les Etats-Unis trouveront leur plus grande sécurité au nord d'une ligne qui s'élève depuis l'entrée de la Manche jusqu'à 50° de latitude nord, et en la suivant jusqu'à 3o? de longitude ouest (Greenwich), pour s'incliner ensuite vers la limite méridionale du Banc de Terre-Neuve. Les eaux chaudes venant d'Amérique vers l’Europe marquent bien la limite septentrionale du danger. D'un point de vue général, les navires qui circulent entre le (357) E ee sud de l'Europe et les États-Unis rencontreront leur plus grand risque au voisinage des cótes européennes et des archipels, jusqu'au sud des iles Canaries, et leur plus grande sécurité sur une ligne passant un peu au nord de Madère pour tangenter la limite sud de la mer des Sargasses. Du méme point de vue, la région centrale de l'Atlantique nord, entre 32? et 43° de latitude nord, 24° et 50% de longitude ouest (Greenwich), présentera le plus de dangers. Il n'est pas impossible, mais il est peu probable que l'on trouve une mine errant sur un point quelconque de l'océan Atlantique nord, à la suite d'incidents spéciaux. Le danger des rencontres avec une mine encore explosible peut durer longtemps, car les simples flotteurs employés dans mes études ont été vus pendant dix à vingt ans sur les divers points de l'Atlantique mentionnés ici. Mais les mines disparai- tront plus vite par le fait de leur suppression automatique. Les côtes des Etats-Unis sont protégées contre ces engins venant d'Europe par le courant polaire qui descend du Nord jusqu’en Floride. Telles sont les conclusions que mes études océanographiques me permettent d'appliquer aujourd'hui à la sauvegarde des navigateurs qui seront longtemps apres la paix, encore menacés par le génie de la guerre « fraiche et joyeuse ». en S08 SS — n Es. ` M. e ph CA bata A^ j x 3 1-77 CUNT AVIS Le Bulletin est en dépót au Musée Océanographique. Les numéros du Bulletin se vendent séparément aux prix suivants et franco : Nos 340. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisières de S. A. S. le Prince de Monaco. 6° Note : Vitreledonella Richardi Joubin, par lL. Jounin. 341. — La biologie des huitres et l’industrie ostréicole, par J. L. 342. — Sur la Dissémination et la Naturalisation de quelques Alguestmarines, pario SAUVMAGEAUS | vv siste |o ae a 343. — Note préliminaire sur les Antipathaires recueillis par la Princesse-Alice, de 1903 à 1913 inclusivement, par EEG a WA ooo odo gb dO OLEO UO ood 344. — Note sur une Actinie (Z'horacactis n. g., Topsenti n. sp.) et un Annélide Polychéte (Hermadion Faweli n. sp.), com- mensaux d'une Eponge siliceuse artes oculata PG pSe mt) apar Ch GRAVIER SE tran stc e 345. — Considérations sur la biologie Ha nen commun (Orcynus thynnus L.), par Louis ROULE sr naaa RUN 346. — Note préliminaire sur les Hexactiniaires recueillis au cours des croisières de la Princesse-Alice et de l'Hirondelle de 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GRAVIER............. 347. — Tableaux analytiques des Annélides Polychétes des cótes de France. — I. (Aphroditiens, Amphinomiens, Hesioniens, Sphærodoriens et Alciopiens), par Pierre FauvEL........ 348. — Observations sur la nourriture des Thons de l'Atlantique (Germo alalonga Gmelin) par L. Jounin et L. Rourk..... 349. — Note sur l'utilisation des Hydravions pour la péche et les recherches océanographiques, par L. JouBin............ 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul GLogss.. 351. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisières de S. A. S. le Prince de Monaco. 7° Note: Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp., par IST) DES doo Odo BOO E og Cb dors os 352. — Révision des Scinidæ er des campagnes de S. A. S. le Prince de. Monaco; par Ed. CHEVREUX.........:.-..... 353. — Sur le chondriome des Cellules adipeuses, par le Dr F. IEMs) opine ae aioe RON Toto dc Das SC Ce acer 354. — Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermométres à renversement, rédigées par M Mieczyslaw OXNER a. Metals e e snis isis mp ic aei EN a 355. — Un poisson nouveau pour la Méditerranée, par J. Corre... 356. — Ostracodes provenant. des campagnes scientifiques de S. A. S. Albert I”", Prince de Monaco. — I Diagnose d'un Cypridinide nouveau, par L. Granata Ce CRE . — Marche des mines flottantes dans l'Atlantique Nord et l'océan Glacial pendant et aprés la guerre. Note de S. A. S. ALBERT Prince de MONACO RER tanse Beate a ee ee MONACO. — IMPR. DE MONACO. Er. 15) 50 50 » N° 358. | 5 Août roro. Prove Lebel N DE L'INSTITUT OCEANOGRAPIIOUE (Fondation ALBERT ler, Prince be Monaco) Sur un procédé de sondage en mer, a bord dun bateau en marche, basé sur la propa- gation du son dans l'eau. Par M. MARTI. MONACO AVIS Les auteurs sont priés de se conformer aux indications suivantes : 1° Appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrés internationaux. 2° Supprimer autant que possible les abréviations. 30 Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications bibliographiques. 4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin. 5» Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou a l'encre de Chine. 6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers calques les recouvrant. 7° Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur papier procédé. 8e Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le texte en donnant les dessins faits d'un tiers ou d'un quart plus grands que la dimension définitive qu'on désire. Les auteurs regoivent 50 exemplaires de leur mémoire. Ils peuvent, en outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le manuscrit. Adresser tout ce qui concerne le Bulletin a l'adresse suivante : Musée océanographique (Bulletin), Monaco. BULLETIN DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT I”, Prince de Monaco) No 358. — 5 Aoüt 1919. Sur un procédé de sondage en mer, á bord d'un bateau en marche, basé sur la propa- gation du son dans l'eau. Par M. MARTI. . Principe du procede. — On fait detoner une petite charge d’explosif dans l'eau, à côté du bateau en marche. Un micro- phone, immergé à une très faible profondeur et fixé au bateau à une distance connue du point d'explosion, recueille d'abord la détonation, puis l'écho provenant de la réflexion sur le fond. Ces deux bruits sont enregistrés sur un chronographe per- mettant de lire avec une grande précision l'intervalle de temps qui les sépare. | Etant donnés cet intervalle de temps et la vitesse moyenne du son dans l'eau de mer, dans les conditions de l'expérience, une formule simple donne la hauteur d'eau, en tenant compte de la profondeur du point d'explosion, de celle du microphone, de leur distance mutuelle et de'la vitesse du bateau. Des méthodes analogues, basées également sur le temps mis par le son pour aller de la surface au fond et revenir, ont déjà été proposées (bathymetre de l'ingénieur norvégien Berg- graf, etc.) mais elles n'ont pas recu jusqu'ici, à notre connais- sance, la sanction de l'expérience. Expériences réalisées. — Dans les expériences faites en vue d'étudier les conditions d'application de ce principe, on a utilisé des microphones en usage dans la Marine et des appareils — D — inscripteurs employés par le Service du repérage par le son aux Armées. La réception et l'enregistrement des bruits ont donné lieu à quelques tàtonnements ; les principales difficultés rencontrées résultent, d'une part de la grande différence d'intensité- qui existe entre le premier bruit (réception directe) et le second (écho), d'autre part de ce que, pour les profondeurs moyennes, l'intervalle de temps qui sépare ces deux bruits est trés court. Finalement des expériences faites dans la Manche, le 21 mai 1919, par des fonds compris entre 60" et 160" ont donné des résultats tres satisfaisants. Résultats obtenus. — Précision. — La précision des lectures des tracés est d'environ ~~ de seconde, ce qui correspond à une approximation de 1" pour la profondeur. ll est probable qu'on arrivera sans difficulté à la précision de o", 50. Ces chiffres ne tiennent pas compte de l'incertitude sur la valeur de la vitesse du son dans l'eau, due principalement à ce que les températures des différentes couches sont, en général, impar- faitement connues. Par petits fonds, l'erreur due à la vitesse du son est négligeable devant l'erreur de lecture ; par grands fonds, au contraire, elle est prédominante. Si l'on évalue à 2° C. l'incertitude sur la température moyenne de l'eau, l'indétermi- nation sur la profondeur est de — (soit 3" pour des fonds de 1000"). Mais il y a lieu de remarquer que cette erreur a, dans une méme région, un caractere systématique ; on pourra, dans un levé hydrographique, la mesurer en des points particuliers et en tenir compte aux alentours. Une étude plus approfondie de la répartition des températures des mers aux différentes sai- sons réduira d'ailleurs dans l'avenir cette incertitude. Sondage en marche. — Les bruits parasites, lorsque le bateau est en marche (bruit des hélices, choc des lames sur le bateau, secousses qu'elles impriment au microphone, etc.), ont pu étre suffisamment éliminés pour que l'écho sur le fond s'enregistre nettement, et ceci avec une charge d'explosif relativement trés faible (28 d'explosif pour des fonds voisins de 200"). L'expérience a eu lieu par mer assez agitée, à la vitesse de 10 nœuds, vitesse moyenne des bàtiments de commerce. Il n'est pas dou- teux qu'on arrivera à opérer à des vitesses tres supérieures. PEN VE Lorsqu'on augmente la charge d'explosif, on enregistre plu- sieurs échos successifs du son sur le fond après réflexion sur la surface. Avec 258 d'explosif, on a pu enregistrer le deuxième et même le troisième écho sur le fond. Application du procédé. — Tel qu'il est exposé ici, ce pro- cédé de sondage n'est applicable qu'au delà d'une certaine profondeur, car il est indispensable que les appareils inscrip- teurs soient revenus au repos lors de l'arrivée de l'écho. Avec les appareils employés, cette condition n'était réalisée que par des fonds supérieurs à 5o". L'étude de l'amortissement des organes inscripteurs permettra sans doute de diminuer cette profondeur limite. D'autre part, étant donnés les résultats des expériences rela- tives à la propagation des bruits d'explosions sous-marines à grandes distances dans le sens horizontal, il est certain que la perception de l'écho sur le fond est possible par les plus grandes ‘profondeurs des mers;il suffira d'augmenter la charge d'explosif. Ce procédé parait donc résoudre pour les grands fonds le probléme du sondage en marche qui n'a été résolu pratiquement jusqu'ici que pour les petits fonds. Son application simple et économique permettra d'en développer l'emploi et de l'utiliser : 1° Pour les levés hydrographiques des cartes d'atterrages ainsi que pour l'établissement de cartes détaillées des grandes profondeurs, en particulier pour les routes de navigation et les trajets de càbles sous-marins ; 2" Pour la navigation elle-méme par temps de brume, en se placant d'apres la sonde sur ces cartes d'atterrages ou sur ces cartes de routes. Perfectionnements. — Le Service hydrographique de la Marine poursuit l'étude de ce procédé de sondage, en vue d'aug- menter sa précision,de mettre au point son emploi par trés grands fonds, de diminuer autant qu'il sera possible la limite des petits fonds en decà de laquelle il ne serait pas applicable, enfin de le rendre utilisable sur des navires en marche à grande vitesse. ( Comptes rendus de l'Acad. des Sciences de Paris, t. 168, p. 1100, séance du 2 juin 1910.) (358) xa UH oL N Bär: M di dao za Vor gium + ' iges VM Mee ea AVIS Le Bulletin est en dépót au Musée Océanographique. Les numéros du Bulletin se vendent séparément aux prix suivants et franco : Nos Fr 341. — La biologie des huîtres et l'industrie ostréicole, par J. L. DANTAN JAM MRICS d edo DOO tA VIA aer ADOOS Coco MENU 342. — Sur la Dissémination et la Naturalisation de quelques Algues marines, par C..SAUVAGEAU...... cene ss 2 W 343. — Note préliminaire sur les Antipathaires recueillis par la Princesse-Alice, de 1903 à 1913 inclusivement, par CH: GERAWIBERZS dont alla elei viole ete ot Ko vint o eroe Ue er ELE AER ER 344. — Note sur une Actinie (Thoracactis n. g., Topsenti n. sp.) et un Annélide Polychéte (Hermadion Fauveii n. sp.), com- mensaux d'une Eponge siliceuse (Sarostegia oculata Topsent) par Ch. GnaAVIER.....--. vele e er err 2.50 345. — Considérations sur la biologie du Thon commun (Orcynus thynnus I»), par.Louis RoUEE:- 20.6... dede eR nase Te ee RUN 346. — Note préliminaire sur les Hexactiniaires recueillis au cours des croisières de la Princesse-Alice et de l'Hirondelle de 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GRAVIER............. 347. — Tableaux analytiques des Annélides Polychétes des côtes de France. — I. (Aphroditiens, Amphinomiens, Hésioniens, Sphærodoriens et Alciopiens), par Pierre FauvEL........ 1 50 348. — Observations sur la nourriture des Thons de l'Atlantique (Germo alalonga Gmelin) par L. Jousin et L. Rourg..... 1 » 349. — Note sur l'utilisation des Hydravions pour la peche et les recherches océanographiques, par L. JougiN............ I D 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul GLosss.. 4 » 35;. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 7° Note : Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp., par to 50 [iJ OUBING. re: A e RS nian a alee NN ST bin eles ae ee Do» 352. — Révision des Scinidæ provenant des campagnes de S. A. S. le Prince de Monaco, par Ed. CHEYREUX, 2... 0.1.0. 1221142190 353. — Sur le chondriome des Cellules adipeuses, par le Dr F. L'ADRÉVT: Mon ER SEO ETIN ocre CADET m P Pod Toe 354. — Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermométres à renversement, rédigées par M. Mieczyslaw OxNER.......-. eee IIO» 355. — Un poisson nouveau pour la Méditerranée, par J. Corre... 1 » 356. — Ostracodes provenant des campagnes scientifiques de S. A. S. Albert [*, Prince de Monaco. — I Diagnose d'un Cypridinide nouveau, par L. GnaNaTa........ e rese I » 357. = Marche des mines flottantes dans l'Atlantique Nord e l'océan Glacial pendant et aprés la guerre. Note de S. A. S. ALBERT, Prince de)» Monaco: tes ic seis ora jets een Tied 358. — Sur un procédé de sondage en mer, a bord d’un bateau en marche, basé sur la propagation du son dans l'eau, par Me MARTIN cic Comme pour Semisuberites, sil ne s'agit pas d'un oubli, Carter a dú, sans le dire, changer d'avis sur le classement du (1) Hansen (A.). Den Norske Nordhavs-Expedition, xui, Spongiadæ,1880, pu ee T UTE (2) Je laisse de côté l'indication de provenance de Reniera infundibuli- formis Hansen ; il doit s'étre glissé une erreur d'impression au sujet du numéro de station, car il ne se trouve pas au tableau récapitulatif. (3) Carter (H.-J.). On Holasterella, a Fossil Sponge of the Carboni- ferous Era and on Hemiasterella, a new Genus of Recent Sponges (Ann. and Mag. of Nat. Hist., ser. 5, vol. 111, p. 141-150, pl. xxi). (QE. c.,. p. 357: (359) a n genre Hemiasterella. Quelle est donc sa place naturelle ? En l'absence d'une diagnose générique, Vosmaer (1) a renoncé à la chercher. Mais Sollas (2) la marqua parmi les Axznellide, pour avoir attribué aux membres de cette famille, telle qu'il la con- cevait, la possession normale d'asters en fait de microsclères. Il se demanda même si son genre Epallax, qui avait pour type E. callocyathus, de VArchipel Malais, ne faisait pas double emploi avec Hemiasterella. Lendenfeld, en 1890 (3), les con- serva tous deux et, exploitant á la fois les idées de Carter et de Sollas, les réunit parmi les Axinellides dans une sous-famille des Hemiasterelline. Quoique les mégasclères d'Epallax callocyathus Soll., dis- posés en files longitudinales cimentées par de la spongine, soient uniquement des oxes, il est douteux que le genre Epallax mérite d'étre maintenu. Sollas a fait acte de prudence en expri- mant des réserves à ce sujet, mais je ne comprends pas qu'il ait rapporté à son genre Dorypleres (synonyme de Jaspis Gray), où les oxes s'entrecroisent d'une facon désordonnée, Hemiaste- rella affinis Carter, que son auteur a distinguée de H. typus seulement à cause de ses oxes, puisqu'elles ont l'une et l'autre méme consistance, méme nervation superficielle et méme struc- ture interne. I] eût été plus rationnel, à la rigueur, en consi- dération de la forme de ses mégascléres, d'en faire un Epallax. Le mieux me semble être de grouper ces trois espèces dans le genre Hemiasterella en lui attribuant une compréhension plus vaste. Je suis convaincu, en effet, que le genre Kalastrella Kirkpatrick, introduit dans les Spirastrellides (4), se confond avec Hemiasterella. Par leur spiculation, les Éponges de Kirkpatrick plaident en faveur de cette fusion, car elles ne possèdent pas exclusivement des styles comme H. typus ou des oxes comme H. affinis ex H. callocyathus, mais un mélange des deux. Elles ne laissent pas d'indécision sur la place à leur assigner. Leurs mégascleres variés, dérivant de l'oxe, à la facon de ceux des Axinella, et leur charpente oü la spongine entre pour une forte (1) VosMAER (G.-C.-J.). Spongien (Bronn's Thierreich, Bd. 2, p. 361). (2) SoLLas (W.-J.). Report on the Tetractinellidæ (Rep. on the scientific resuits of the Voyage of H. M. S. Challenger, Zoology, vol. xxv, p. 434). (3) LenDENFELD (R: von). Das System der Spongien, p. 400 (Senckenb. naturf. Gesellsch., Frankfurt A. M.). (4) Kirkpatrick (R.). Descriptions of South African Sponges, Part III, p. 238 (Marine Investigations in South Africa, vol. 1, Cape Town, 1903). c as proportion les inscrivent tout naturellement parmi les Axinel- lides, indépendamment de leurs microszleres. Si le fait que ces spicules sont des asters n'est nullement, comme l'ad mettait Sollas, l'indication principale d'un tel classement, du moins n'y fait-il pas obstacle puisqu'on a déjà reconnu la nécessité de ranger dans cette famille d'Halichondrines (1) des genres pour- vus d'asters, tels que Adreus Gray et l'ibulinus Gray. C'est à côté d'eux que prend place le genre Hemiasterella Carter, avec la définition : Axinellides cyathiformes pourvues d'oxyasters en quantité considérable. Je suis conduit à cette maniere de voir par la comparaison que j'ai pu faire avec les diverses Éponges précitées d'une autre Hemiaslerella ayant, comme les H. vasiformis Kirkp., des oxes passant à des styles et à des strongyles. J'en ai pris connaissance d’après treize spécimens faisant partie d'un lot de Spongiaires rejetés à la gréve de Mahanoro (cóte orientale de Madagascar) et donnés par M. Camille Pirame au Musée e MUS d de Monaco. Ce sont, comme leurs congénères, des Éponges cyathiformes (fig. 2 et 3) ; toutefois, la coupe qu'elles dessinent est irrégu- lière. Ses bords n'ont pas la méme hauteur tout au- tour et? wise sont ün' peu découpés. Sa cavité n'est pas circulaire mais s'étire et prend un grand diamè- tre. Ses parois, solides et très peu flexibles à l'état sec, sont cependant minces depuis le fond. Son pédi- Fig. 2. — Spécimen desséché de Hemiaste- celle n'est simple que sur rella omp aema n. sp. vu de côté. Réduc- les petits individus ; d'ha- . "de 14 environ. bitude, il se compose de plusieurs colonnes s'élevant d'une base commune élargie et se soudant par leurs faces en regard seule- ment ; les faces restées libres forment des saillies alternant avec des dépressions irrégulières et, dans son ensemble, le pédicelle est épais et compliqué. Cette particularité autant que la variété (1) Topsent (E.) Spongiaires des Açores, p. 137 (Résult. des camp. scient. accomplies sur son yacht par Albert ler, Prince Souverain de Monaco, fasc. xxv, Monaco, 1904). (359) ee des mégasclères me fait appeler ces Hemiasterella H. compli- cata n. sp. La complication du pédicelle se trouve, d'ailleurs, souvent accrue par ce fait que quelques-unes des colonnes montant de la base commune, après concrescence avec les autres sur une certaine longueur, s'écartent et s'étalent en de petites lames foliacées ou méme constituent les pédicelles de. petites coupes surnuméraires attachées latéralement à la prin- cipale. En tous cas, le pédicelle reste relativement court (ro à r20), la cavité, simple, étant toujours profonde. Désséchées, comme elles m'ont été remises, ces Éponges sont blanches ; il existe, en effet, sur toute l'étendue de leurs faces un revétement oü les asters abondent au point de former une incrustation. Pourtant, en des points oü elle s'est trouvée accidentellement mise à nue, sur des déchirures de la base, sur certains bords eflilochés, la charpente apparait brun clair à cause de la spongine qui entre dans sa constitution (1). Le squelette est, en effet, fibro-spiculeux. Ses fibres, disposées par faisceaux, composent des lignes ascendantes, dichotomes, serrées, d'inégale grosseur, mais s'amincissant, de proche en proche, Fig. 3. — Spécimens desséchés de Hemiasterella complicata n. sp. Réduction de 1/4 environ. plus ou moins vers le haut. Ces lignes, mises en relief par la dessiccation, dessinent comme des nervures sur la face externe des coupes; elles se laissent tout au plus deviner du cóté opposé. On ne peut plus, à cet état, distinguer d'orifices aqui- feres entre elles, méme dans la cavité, oü serait la place des oscules. Fait plus surprenant par rapport à ce quia été signalé chez les autres Hemiasterella, il n'y a nulle part d'hispidation (1) La photographie rend noirátres les portions dénudées. > distincte. En dehors, en se rétractant contre les lignes squelet- tiques, la chair a pris un aspect crevassé, réticulé. En dedans, la surface montre souvent comme un semis de petites éminences obtuses qui rappellent en diminutif celles qui s'observent sur les Adreus fascicularis desséchés : elles me semblent corres- pondre à des paquets de mégasclères entrecroisés, libres de liens, mais enfouis dans la croûte superficielle. Une immersion prolongée dans l’eau assouplit l'Éponge et, gonflant ses parties charnues, rend ses surfaces plus unies ; mais elles demeurent glabres et imperforées. Le plus beau des spécimens examinés mesure environ 6 cent. de hauteur et 8 cent. sur 5 de largeur ; son pédicelle, détérioré, ne se préte à aucune mensuration, mais celui d'autres individus, mieux conservés sous ce rapport, ne dépasse guère 12?" de longueur. Les parois, méme au niveau des grosses nervures, n'atteignent pas 2™ d'épaisseur. Les lignes squelettiques se composent de fibres paucispiculées qui, se tenant rapprochées par de fréquentes anastomoses trans- versales ou obliques, figurent un réseau dense à lignes prin- cipales ascendantes, plus ou moins compliqué suivant l'im- portance relative des nervures. | Les mégascléres qu'enrobe la spongine se montrent très poly- iu morphes: typiquement, ce sont | Hc M HE des oxes, mais ils se modifient : ; i i pour la plupart par atténuation : : plus ou moins accusée de leurs - pointes (fig. 4); aussi, le mélan- ge comprend des oxes épais {oMMo2-0MM025) avec quelques oxes grêles (o""006) à bouts par- | ticulierement acérés; des oxes à | | | bouts atténués et abrégés ; des | styles à base plus ou moins ar- ` rondie et à pointe plus ou moins Fig. 4. — Extrémités de mégasclères de efilee ; enfin, des strongyles — Hemaserélecomplicate, Live degau- purs. Tout cela à peu près de la d | ‘ méme longueur (o""6 à o""75) et de la méme épaisseur (0""025 au plus), et tout cela plus ou moins courbe, quelquefois méme (359) flexueux à la facon des spicules des Phakellia. Les mégasclères indépendants qu'on rencontre dans le revêtement super- ficiel, également variés de forme mais avec prédominance manifeste des styles, se distinguent, en général, de ceux de la charpente fibro-spiculeuse par une épaisseur moindre (o™™015- o™™017) pour une longueur quelque peu supérieure (o""66-o"Mgg). Les asters, innombrables et de grosseur trés inégale (fig. 5), se mélent sans ordre sur les deux faces du corps ; les plus super- ficielles, cependant, se montrent presque toutes de petite taille. Peu d'entre elles dépassent o™05 de diamètre, et peu restent / = e Fig. 5. — Oxyasters de tailles diverses de Hemiastereila complicata. X 1000. au-dessous de o""or. Elles ne développent pas moins de cinq rayons ; les plus belles en ont surtout sept. Sur les autres, il est fréquent d'en compter neuf et les plus petites peuvent en avoir jusqu'à douze. Ces asters, à proprement parler, ne forment pas de centrum. Ce sont des oxyasters, mais méme quand elles sont de petite taille, il leur arrive tres fréquemment d'atténuer leurs pointes. Elles les ornent, en outre, de faibles épines, plus facilesà voir, d'ailleurs, sur les pointes obtuses que sur les pointes acérées. D'après le matériel dont je dispose, je crois pouvoir indiquer Hemiasterella complicata comme une Éponge littorale, à sup- port solide, commune à Mahanoro. Aucune autre Hemiasterella ne s'est encore trouvée aussi bien représentée. — 11 — La comparant à ses congénères, on constate qu'elle se dis- tingue par ses mégasclères de Hemiasterella typus Carter, à qui on ne connaît que des styles, et de H. affinis Carter et H. cal- locyathus (Sollas), qui ne possèdent que des oxes. Ses asters peuvent moins entrer en ligne de compte parce que les rayons un peu moins nombreux de celles de H. callocyathus sont déclarés raboteux au bout et parce que, tout en disant lisses et pointus les rayons des asters de ces deux espèces, Carter les a figurés avec des bouts généralement épais. Par la variété de ses mégasclères, Hemiasterella complicala se rapproche davantage des Éponges de la côte du Natal décrites par Kirkpatrick. Je crois, cependant, devoir faire une distinc- tion entre H. vasiformis et sa prétendue variété minor, qui pourraient bien, en réalité, représenter deux espèces au lieu d'une. Il est remarquable, en effet, que, contrairement à toute attente, les trois spécimens de Hemiasterella vasiformis, malgré leur petite taille, produisent des mégasclères beaucoup plus longs et surtout plus de deux fois plus gros que ceux du type, de taille bien supérieure, de H. minor ; et aussi que, en contraste avec ces mégascléres si robustes, ils aient des oxyasters n'atteignant que o""03 de diamètre au lieu de o™™06. Les dimensions des spicules, tant mégasclères que micros- clères, de Hemiasterella complicata correspondent assez bien à celles de H. minor. Mais la complication de son pédicelle, l'état toujours glabre de sa surface, la minceur de ses parois, le man- que absolu d'oscules béants à sa face interne, peut-étre aussi l'absence de centrum sur ses asters, forment un ensemble de caracteres à prendre en considération. C'est en étudiant davan- tage la faune des Spongiaires du pourtour de Madagascar et de la cóte orientale de l'Afrique qu'on verra ce qu'il faut réunir ou séparer de Hemiasterella vasiformis, H. minor et H. complicata. 1359) AVIS Le Bulletin est en dépôt au Musée Océanographique. Les numéros du Bulletin se vendent. séparément aux suivants et franco : Nos 342. — Sur la Dissémination et la Naturalisation de quelques Algues marines, par C. SAUVAGEAU.......:.......4 2... 343. — Note préliminaire sur les Antipathaires recueillis par la Princesse-Alice, de 1903 à 1913 inclusivement, par Ca GRAVIER Se en vamo ais pie oa RU NN OSLEOCAAU OS e 344. — Note sur une Actinie (7 horacactis n. g., Topsenti n. sp.) et un Annélide Polychète (Hermadion Fuuveli n. sp.), com- mensaux d'une Eponge siliceuse (Sarostegia oculata Topsent), par Ch. GRAVIER:......,,.44.. esse 345. — Considérations sur la biologie du Thon commun (Orcynus thynnus L.), par Louis RouLe.:...:........:. ss... 346. — Note préliminaire sur les Hexactiniaires recueillis au cours des croisières de la Princesse-Alice et de Hirondelle de 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GRAVIER:............ 347. — Tableaux analytiques des Annélides Polychétes des côtes de France. — I. (Aphroditiens, Amphinomiens, Hésioniens, Spherodoriens et Alciopiens), par Pierre FauvEL........ 348. — Observations sur la nourriture des Thons de PAtlantique (Germo alalonga Gmelin) par l. Jousın et L. RouLs..... 349. — Note sur l’utilisation des Hydravions pour la péche et les recherches océanographiques, par L. JOUBIN............ 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul Grosss.. 351. — Etudes préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisières de S. A. S. le Prince de Monaco. 7° Note: Cycloteuthis Sirventi nov. gen. et sp., par Low si EEE RE NES 352. — Révision des Scinidæ provenant des campagnes de S. A. S. le Prince de Monaco, par Ed. CHEVREUX+.. 0... «o..om. vu... 353. — Sur le chondriome des Cellules adipeuses, par le D* F. TTAB REY Tso € a seat tea eere Ie eie e MAN eerie ANRT EN EAE REESE 354. — Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermométres à renversement, rédigées par M. Mieczyslaw OXNER........ eee ee eee eee cromadas 355. — Un poisson nouveau pour la Méditerranée, par J. Corte... 356. — Ostracodes provenant des campagnes scientifiques de S. A. S. Albert I*, Prince de Monaco. — I Diagnose d'un Cypridinide nouveau, par L. GRANATA...,..4:,.4., 357. — Marche des mines flottantes dans l'Atlantique Nord et l'océan Glacial pendant et aprés la guerre. Note de S. A. S. AEBERT, PIANE de MONACO. piece qeu cas et Im Rs So AA 358. — Sur un procédé de sondage en mer, à bord d'un bateau en marche, basé sur la propagation du son dans l'eau, par MEMORTI Ero o Lilo vis there e I TEMA ape La RO cre ta EAS Ma le 359. — Notes sur les genres Semisuberites et Hemiasterella, par E. (JOBSENTC. EI ovis place) ete a ad ie EE MONACO. — IMPR, DE MONACO, prix Fr. 2.19 Do» PRES 2.29 2 50 1 50 I » I » 4 » Do» 2 50 Í- P I» ui» [y I » Do» 2 » SS ——————————————————————————————— ———— t N° 360. 15 Octobre 19109. BWEEE TAN DE L'INSTITUT OGEANOGRAPITOUE (Fondation ALBERT ler, Prince pk Monaco) y Par J. THOULET MONACO | Planimétrie DELA Carte bathymetrique générale des Océans. AVIS Les auteurs sont priés de se conformer aux indications suivantes : 12 Appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrès internationaux. 2» Supprimer autant que possible les abréviations. 30 Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications bibliographiques. 4» Ecrire en italiques tout nom scientifique latin. 5» Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou à l'encre de Chine. 6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers calques les recouvrant. 7» l'aire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur papier procédé. So Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le texte en donnant les dessins faits d'un tiers ou d'un quart plus grands que la dimension définitive qu'on désire. Les auteurs reçoivent 5o exemplaires de leur mémoire. Ils peuvent, en outre, en faire tirér un nombre quelconque — faire la demande sur le manuscrit. Adresser tout ce qui concerne le Dulletin à l'adresse suivante : Musée océanographique (Bulletin), Monaco. BULLETIN DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT 1”, Prince de Monaco) No 360. — 15 Octobre 1919. Planimétrie DE LA Carte bathymétrique générale des Océans. Par J. THOULET A la suite du Congrès International de Géographie de Berlin, en 1899, j'ai présenté à une Commission spéciale nommée à cet effet, réunie à Wiesbaden et dont j'avais l'honneur de faire partie, le projet détaillé d'une carte ou plutót d'un atlas général en 24 feuilles représentant la bathy- métrie de l'ensemble des Océans. Mon «projet a été adopté et l'atlas a été exécuté et méme publié en deux éditions grace à la munificence du Prince de Monaco, à l'échelle de 1/1000000. Comme toutes les cartes marines, il a été établi en projection de Mercator. J'ai fait les calculs de son carroyage. Ce mode de projection permet de placer avec une extréme facilité sur la carte, par l'intersection de deux droites perpendiculaires entre elles, un point dont on connait les coordonnées géogra- phiques et inversement, d'obtenir les coordonnés géographiques d'un point quelconque situé sur la carte. En revanche il a l'inconvénient de déformer les surfaces car, dans le quadrillage du canevas, de degré en degré, l'une des dimensions des rectangles ne change pas tandis que l'autre s'allonge de plus en plus à mesure qu'on se rapproche davantage du póle et il $c dE xni O en est évidemment de méme des contours géographiques établis d'après ce carroyage. Chacune des feuilles de cet atlas est susceptible d’être décuplée et même centuplée pour la repré- sentation à plus grande échelle de telle ou telle région océanique particulière. On pourra en outre s'en servir pour y figurer par des tracés limités et par des teintes la répartition des diverses caractéristiques des eaux ou du sol océaniques au point de vue de la lithologie, de la distribution thermique, de la salure, de la pycnométrie, de la répartition de l'ammoniaque et autres. En océanographie, on a donc souvent besoin d'évaluer des superficies placées dans des régions différentes et qu'on se propose de comparer entre elles, aires isobathes, surfaces occupées par des terrains de méme nature lithologique et d'autres encore. Le présent travail se propose de faciliter cette opération. Si l'on suppose le globe terrestre carroyé de degré en degré, en latitude et en longitude, tous ces petits trapèzes sphériques, au nombre de 360 pour chacune des 89 zones d'un hémisphere, c'est-à-dire en tout de 32040 pour un hémisphere entier, seront égaux lorsqu'ils feront partie d'une méme zone mais deviendront de plus en plus petits à mesure qu'ils se rap- procheront du póle. Si donc, pour chaque zone comprise entre deux paralléles de latitude successifs, de degré en degré, on calcule l'aire du trapeze sphérique de 1? de cóté qui est la 360* partie de cette zone, il suffira de compter le nombre d'espaces de 1? de cóté appartenant à chaque série et contenu dans l'intérieur du contour à mesurer sur la carte, pour connaitre l'aire limitée par ce contour, quelle que soit la région occupée. La planimétrie définitive sera obtenue par une suite de multi- plications suivie d'une addition finale. La surface d'une zone est égale au produit de la circonférence d'un grand cercle 27 R par la hauteur h de cette zone. 9 — a) — So 25 Reh 2 Considérons une zone ayant DNA A pour grande base l'Equateur i A +. terrestre de rayon OA et pour / we petite base la circonference du ee |) ol MA petit cercle de rayon O’A’-de \ | % latitude AOA — 9’ et pour ae Hauteur W = AM R Sin: v cette zone aura pour airé SR RE sino et celle du trapeze sphérique de 1° de côté sera NAS ERI m ee a en formule calculable par logarithmes. La carte bathymetrique generale des océans ayant été établie dans l'hypothèse de la Terre rigoureusement sphérique et d'une circonférence équatoriale ayant exactement 40 000 000 sin 9 mètres de longueur, c'est sur cette valeur que seront basés les calculs des trapèzes. Le rayon terrestre sera alors jg e E enr E — 6 366 183 métres. 215 9700 -%. La surface d’un hémisphère sera 25% — 921.047 320 529 457 metres carrés celle du demi-fuseau de 1% entre l'Equateur et le póle sera Bal, 4 \2 294 649.320.529 157 360. 360 ou 707 353 684 kilometres carrés. Cette valeur multipliée successivement par sin 89°, sin 88°... — 707 353 684 803 metres carrés t. sin 2°, sin 1? donnera les aires des zones comprises entre PEguateim et lat. 89°, lat. 885... lat. 2° et lat. 1% Pour avoir les trapèzes sphériques 89°-90° (qui est un triangle), 889-805, 879-889... 19-29, 0°-1°, on n'aura qu'à retrancher la valeur de chaque 360* de zone ainsi obtenue du précédent 360* de zone de latitude immédiatement supérieure. On formera ainsi un tableau des aires des trapèzes sphé- ` riques de 1° de côté entre l'Equateur et les divers cercles de latitude de degré en degré. (360) TABLEAU Demi-=fuseau entre l'Équateur et Latitude won) Oh SE SS SUN ASS AS ETS! - N = ow O4 u mu rn [ Trapeze sphérique de 1o carré || & = Trapèze sphérique de 10 carré | Aire = = | Aire du | | RC end > E n — M— — — al du demi-fuseau es 3 = | demi- fuseau es | Entre les [3 S| s (10) 28 Entre les |= S| s (19)* Km? Se E 3.2 Km’ ‚une | Latitudes |$ . | Km? (132.3 Latitudes [£ _ | Km? | -= pan = 707 333,08 |» » » 44 | 491 371 | 44-45 | 44 | 8 806) 707 249 89-00 | 89 104 || 43 | 482 416 | 43-44 | 43 |. 8.955 700 920 88-89 | 88 225 42. | 473 314 | 42-43 2 | 9 102] 700 587 LO OE e7 539 41 | 404 008 | 41-42 | 4t | 9 246 705 654 86-87 | 86 754 40 | 454 680 | 40-41 | 40 | 9 388 704 005 85-80 | 85 909 39 |445 15 20-40 1. 9941 1905265 703 482 84-85 | 84 I 184 38 | 435 492 | 38-39 | 38 | -9 662 702 084 83-84 | 83 ı 398 32 | 425 698 | 37-38 |.37 | 9 794 700 473 82-83 | 82 I 612 36 | 415 774 | 36-37 | 36 | 9 924 695 048 81-82 | 81 r 825 35:4: 405923 |: 135: 3 3D MEDIOS 090 610 80-81 | 80 | 2 037 34 | 395.549 | 34-35 | 34 | 10 174 694 361 79-80 | 79 | 2 249 33 1983 234 | 33-2345] 32 TEO 1205 691 899 78-70. | 78 | 2 461 32 | 3740842 4p «30599 ) (032. rome 089 227 17-782, 772140224072 Sif | 9159| 304-92 4 STO ese M 680 345 FOTO 2 882 30 | 335 678 P. 30-31-1130 1016037 083 254 23-70. he 7 3 091 29 | 342 933 29-30 | 29 | 10.745 679 955 TATI Fh 0069: 290 28 | 332 084 | 28-29 | 28 | 10 849 070 448 73-744 0:73 3-507 27 | 323-133 |: 27-26 4. 27 13105057 672730 722730, RAS T 26 | 310 084 | 26-27 | 26 | 11 049 608 810 DITS UTI 3 917 25 | 298 942 23-200) 2501 1 0749 004 698 70-71 | 70 | 4 ı21 24.| 287 708. | 1224-23, 24 | 192334 660 37 00-70.1.69.,|-74: 324 23.4], 270: 396: 193-24. 4 3232] amio» 055 850 68-09 ON 4^ 524 22 | 204 980 23-23 22 | 11 406 651 125 67-68 | 67 72 2T E23 vac 21-934 ST ae 040 202 66-67 66 1 e 20 | 241 ER 20-21 | 20 | 11 504 041 083 65-66 | 05 5 119 19 | 230 293 19-20 19 | 11 037 035 768 64-65 | 04 Were IS | 218 586 18-19 | 18 | 11 707 030 200 03-04 | 03 5 508 17 | 200 811 17-18 Va 700 624 559 02-03 02 5 7ot 16 104 974 10-17 10 | 11 837 | 618 668 01-62 v1 5 891 15, ST 15-16 15 | U1 897 612 581) 60-01 bo 6 070 PAZ 14-15 14 | 11 955| 00! 323 59-60 59 6 200 Rule ale oo a © 13-14 192022002 599 873 * 58-59 | 58 6 450 12 | 147 008 12-13 12:4,12/:053 393 239 52-58 | 52-1 6 534 1101 194 979 | Tite" "T4 22^ 007 580 425 50232156] 16.814 10 | 122 831 10-11 10 | 12 139 579 432 55-56 55 6 993 9 | 110 655 0-10 Q/4o6d 195 572 509 54-55 | 54 | 7 169 5 Q8 445 8-9 & | 1278404 504 920 53-54 | 53 7 343 7 80 205 7-8 7 | 12- 240 557 404 32-93 1092 7 516 6 73 039 0-7 6 | 12 206 540 720 [39535 47 2 7 087 5 01 650 5-6 5 11% 280 541 867 1..50-52 ¡504 91854 4 49 343 | 4-5 4 | 12 307 | 533 849 40-50 40 8 018 5 37 020 3-4 SADO 525 609 | 48-49 | -48 | 8 180 2 24 686 2-5 2' FAT 517 328 | 47:48. | 47 | 8 341 I 12 345 1-2 Ei) 12 341 508 830 | 40-47 [6 8 409 O » O-I OMS 345 300 177 15-406 42 8 653 | E | | | | | I| — i>: — Les nombres du tableau peuvent servir pour toutes les cartes quel que soit leur mode de projection malgré la difficulté qu'on trouve toujours à carroyer graphiquement une carte dont les méridiens et les paralléles se projettent suivant des lignes courbes mais ils sont surtout précis avec des cartes en projection rectiligne de Mercator du genre des cartes marines et en particulier avec les feuilles de la grande carte bathymétrique générale des océans. Connaissance Paire 5 (19) du trapeze sphérique de 1° de côté, à toutes les latitudes, il sera facile de calculer de méme pour toutes les latitudes l'aire du trapeze de 10’ de côté s (19) ^ S (19) S (10) = 36 ^ celle du trapeze- de» 1 deccóté s (1) — E 3600 et ainsi de suite. On obtiendra ainsi les aires des trapèzes ayant pour côtés des arcs de 5°, 10°, 20° selon le carroyage et le mode de projection de la carte où sont figurées les aires à évaluer. Au point de vue océanographique, les erreurs provenant du fait que, dans ces opérations, on traite les trapèzes sphériques appartenant à une même zone de 1° comme des carrés rectilignes sont iffiniment moindres que celles commises pratiquement et inévitables dans le cours des diverses opérations exécutées à la mer ou même dans le laboratoire et qui se rapportent à la détermination du point ou de la cote de sondage s'il s'agit d'aires topographiques, à l'analyse des sédiments s'il s'agit d'aires lithologiques, aux dosages de calcaire ou d'ammoniaque s'il s'agit d'aires chimiques, à la détermination de températures ou de densité in silu s'ibs'agit d'aires physiques. (360) AN d , ‘suivants et franco : Nos Er. 343. — Note préliminaire sur les Antipathaires recueillis par la Princesse-Alice, de 1903 à 1913 inclusivement, par Cn. VIR TAE UNACUM DEUM ap I MER: 153» 344. — Note sur une Actinie (7 horacactis n. g., Topsenti n. sp.) et un Annélide Polychète (Hermadion "Fauveii n. sp.) com- mensaux d'une Eponge siliceuse (Sarostegia oculata Topsent) par Ch. GRAVIER. ........- eere tee éperesees 345. — Considérations sur la A de Thon commun (Orcynus thynnus L.), par Louis Route. oras eee 346. — Note préliminaire sur les SCR recueillis au cours des croisières de la Princesse-Alice et de Y Hirondelle de 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GRAvIER............. 347. — Tableaux es des Annélides Polychétes des côtes de France. — I. (Aphroditiens, Amplunomiens, Hesioniens, Sphærodoriens et Alciopiens), par Pierre FauvEL........ 1 50 348. — Observations sur la nourriture des Thons de l'Atlantique (Germo alalonga Gmelin) par L. Jounin et L. RouLn...... I » 349. — Note sur l'utilisation des Hydravions pour la péche et les recherches océanographiques, par L. JouBiN............ I » 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul GLosgss.. 4 » 351. — Études préliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisiéres de S. A. S. le Prince de Monaco. 7* Notei: DNUS HAS d Sirventi nov. gen. et sp., par f. ORIS a AO JU ODE ao HEART TEEN to = Le] x ie) Vv o 352. — Révision des Scinidæ provenant des campagnes de S. A. S. le Prince de Monaco, par Ed. CugvnEUx............... Ss 353. — Sur le chondriome des Cellules adipeuses, par le D" F. LADRES Detsen sto A DLE Sisi o SN N ty) © 354. — Indications importantes concernant la conservation ct la manipulation des thermomètres à renversement, rédigées par M. Mieczyslaw OxnER........:..:...............0. UT D 5. — Un poisson nouveau pour la Méditerranée, par J. Corre... 1 » 6. — Ostracodes provenant des campagnes scientifiques de S. A. S. Albert I”, Prince de Monaco. — I Diagnose d'un Cypridinide nouveau, par L. GnaNaTA....... s... T W 357. — Marche des mines flottantes dans l'Atlantique Nord et l'océan Glacial pendant et APTER la oes Note de S. A. S. ALBERT, Prince de Monaco.. A Conc gen aug IE RENE nre Do» 358. — Sur un procédé de sondage en mer, à deed d'un ERATI en marche, basé sur la propagation du son dans l'eau, par M. MARTE .....- BEIN Teen A Sick EATA an N 359. — Notes sur les genres Semisuberites et Hemiasterelia, par E. : DORSEN T coru scr e pe VORARBEITEN ACC 360. — Planimétrie de la Carte bathymétrique £ TE des Océans, par J. THOULET ............... wess. Es etats a ER AA UP AVIS Le Bulletin est en dépôt au Musée Océanographique. Les numéros du Bulletin se vendent séparément aux prix i MONACO. — IMPR. DE MONACO. N° 361. I" Decembre 1910. EDTEETII L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT ler, Prince DE Monaco) de l'épithélium intestinal. Par le Dr F. LADREYT. MONACO Les celluies géantes normales AVIS Les auteurs sont priés de se conformer aux indications suivantes : 19 Appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrés internationaux. 2° Supprimer autant que possible les abréviations. 30 Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications bibliographiques. 49 Ecrire en italiques tout nom scientifique latin. 5o Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou à l'encre de Chine. 69 Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers calques les recouvrant. 7° Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur papier procédé. 8» Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le texte en donnant les dessins faits d'un tiers ou d'un quart plus grands que la dimension définitive qu'on désire. Les auteurs reçoivent 50 exemplaires de leur mémoire. Ils peuvent, en outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le manuscrit. Adresser tout ce qui concerne le Bulletin à l'adresse suivante : Musée océanographique (Bulletin), Monaco. (Fondation ALBERT I", Prince de Monaco) No 361. — 1er Décembre 1919. Les cellules géantes normales de l'épithélium intestinal. Par le Dr F. LADREYT. La cellule géante, dit Prenant', est une cellule « de très grande taille, de trop grande taille méme » de forme très irré- guliére (cellules des tumeurs à myéloplaxes, cellules géantes irritatives, etc.) présentant un grand nombre de noyaux ; mais, ajoute le savant histologiste « toutes les cellules qui atteignent de grandes dimensions ne doivent pas étre rangées dans la caté- gorie des cellules géantes. » Cette diagnose differe sensiblement de celle que nous propose Guieysse* pour qui la cellule géante « c'est-à-dire celle qui contient un grand nombre de noyaux» ne peut être définie par sa forme ou par sa faille; « elle peut étre réellement géante, comme elle peut étre assez petite ; une cellule ne contenant que deux ou trois noyaux avec . peu de protoplasme sera à peine plus grande qu'une cellule p épithélioide simple et pourtant ce sera déjà une cellule géante ». D'autre part, seules devraient étre considérées comme gigan- toblastes les formations « anormales, tératologiques, par excès de taille sur des cellules de méme ordre » (Prenant) : par con- séquent, ni les ovules, ni les cellules musculaires striées ou les protistes géants ne doivent étre rangés parmi les cellules ' Revue generale des Sc. Paris. 1910. 2 Arch. d'Anat. micr. IQ IO. RA géantes ! O. Duboscq ' a montré toute l'intransigeance de cette théorie et je n'ai rien à ajouter aux conclusions du savant protistologue; je me propose simplement d'établir que dans les épithéliums absorbants ou sécréteurs se développent des éléments qui, pour étre normaux, n'en sont pas moins des gigantoblastes ; cette étude nous permettra, je crois, de préciser le concept de cellule géante et d'élargir le cadre trop étroit qui limite, actuellement, l'étude du gigantisme cellulaire. 1° Epithélium intestinal de Scyllium Canicula L. — Typi- quement, l’épithélium intestinal des Roussettes est constitué par de beaux éléments à bordure en brosse dont le cytoplasme plus ou moins granuleux ou légérement fibrillaire présente un noyau uni ou plurinucléolé dans lequei la chromatine est distribuée sans ordre apparent sous forme de mottes géné- ralement volumineuses. Pour comprendre la morphologie du noyau épithélial de l'intestin des Roussettes, il est nécessaire de suivre l'évolution de cet élément, non seulement sur des animaux d'àges différents mais encore sur toute la surface de la villosité intestinale. D'une facon générale, le noyau typique ne se rencontre que dans les sjllons intervilleux ; dans cette région, c'est un élément de 20 à 3o y, ovoide ou plus ou moins allongé dont les caracteres de jeunesse sont a(lirmés par les tres nombreuses figures de mitose que nous présentent ces cryptes rénovatrices. Au fur et à mesure que nous nous avancons sur le flanc de la villosité, les noyaux perdent leur régularité, se creusent d'encoches latérales ou de sillons médians; certains semblent repliés sur eux-mémes ou comme tordus suivant leur grand axe, d'autres paraissent constitués par des amas nucléaires plus ou moins volumineux. Au sommet de la villosité, les transformations sont encore plus profondes et il n'est pas rare d'y rencontrer des cellules oü l'appareil nucléaire est représenté par 10, 15, 20 noyaux résultant des divisions multiples d'un noyau primitif. Comme dans les cellules géantes réactionnelles, cette caryodiérèse se fait suivant deux types principaux : l'étranglement et la fissuration. Dans notre épithélium, cet étranglement est tres irrégulier, d'oü l'aspect moniliforme des noyaux qui en sont le siége; c'est plutót une sorte de bourgeonnement à la suite duquel prennent ' Archives de Zool. exp. 1918. COME m naissance des amas nucléaires de taille et de stucture variables, bourgeons bipolaires ou latéraux suivant la localisation plus spéciale du phénomène. La fissuration n'offre rien de parti- culier et parait souvent se superposer au bourgeonnement. En derniére analyse, ce qui caractérise surtout les phénoménes amitosiques de ces noyaux épithéliaux, c'est la rapidité du processus de fragmentation. Ces phénoménes sont trés com- parables à ceux qui président à la formation de certaines cellules géantes réactionnelles et cette homologie parait s'expliquer par le caractere polyénergétique de certains noyaux épithéliaux et des noyaux des cellules géantes du tubercule, par exemple. Nous rencontrons ces amas nucléaires chez tous les Scylliums ; toutefois 11 m'a semblé que ces formations étaient d'autant plus nombreuses que l'animal était mieux alimenté: c'est ainsi que les Roussettes sacrifiées aprés une longue période de jeüne ne présentent qu'un petit nombre de noyaux frag- mentés et encore n'en trouve-t-on qu'au sommet des villosités ; au contraire, chez les Scylliums examinés en pleine digestion, les noyaux irréguliers et les amas nucléaires sont trés nombreux et situés aussi bien sur les flanes qu'à la pointe de la villosité intestinale. Il existe un parallélisme trés étroit entre cette caryodiérèse et l'évolution du corps cytoplasmique de la cellule épithéliale. C'est ainsi qu'au sommet des villosités où ce phé- nomène est en quelque sorte exagéré, toutes les cellules absorbantes sont atteintes de géantisme el ne présentent. jamais de miloses ; ce double caractere établit une ligne de démar- cation très nette entre la pointe de la villosité er le sillon intervilleux. 2” Epithélium intestinal de Maja Squinado Rond. (organe entérique et intestin moyen). — Chez Maja, la cellule hépato- pancréatique est tout à fait semblable à celle de l'intestin des Vertébrés ; c'est un élément plus ou moins volumineux à bordure en brosse dont le noyau hyperchromatique présente un ou plusieurs nucléoles. Comme chez les Roussettes, l'évo- lution du noyau est fonction de celle du corps cytoplasmique et la morphologie des constituants cellulaires est conditionnée par leur localisation dans l'épithélium entérique. A l'extrémité des culs de sac hépato-pancréatiques, par exemple, les éléments épithéliaux (25 à 40 y) répondent assez exactement au schéma de la cellule intestinale qui tapisse les sillons intervilleux ; (361) — he == de plus le caractère rénovateur de cette région est attesté par les figures de mitoses que présentent ses formations épithéliales ; dans la partie moyenne du cœcum entérique, la morphologie cellulaire se modifie profondément; là, certains éléments, creusés d'une énorme vacuole, peuvent atteindre jusqu'à 200 y : dans ce cas, ils présentent une grande quantité de noyaux auxquels ont donné naissance l'étranglement et la fissuration d'un noyau primitif. De méme que chez les Roussettes, le volume des cellules et la multiplicité des éléments nucléaires sont fonction de l'état de jeúne ou d'alimentation des animaux étudiés. J'ai observé des faits absolument comparables dans l'intestin des Siponcles, Phascolosomes, Ciona, etc. : les décrire serait m'exposer à de fastidieuses longueurs. Une question se pose. Quelle est la valeur morphologique des éléments plurinucléés dont nous avons étudié l'évolution ? Il n'est pas douteux que ce sont des cellules « de grande taille, de trop grande taille méme », affectées de géantisme, c'est à dire « de l'anomalie propre aux individus qui dépassent la taille accoutumée des individus de leur espèce. »' : à mon avis, ce sont des cellules géantes typiques. Entre un Myxidium Liber- kuhni, un polycaryocyte épithélial de Scyllium ou de Maja, une cellule géante de tubercule, il y a une parenté indéniable ; chose curieuse, il arrive fréquemment, chez les Roussettes et les Majas, que certaines cellules intestinales se fusionnent par disparition des parois latérales; ces larges plages de cyto- plasme oü sont répandus une multitude de noyaux ne répon- dent-elles pas à certains gigantoblastes typiques dont elles rappellent, du reste, la genése? Peut-étre l'homologie de certaines cellules à ferment (Siponcles, Annélides, Ciona, etc.) et des cellules géantes est-elle, à priori, moins évidente ; en effet, elles ne dépassent pas tératologiquementles éléments de méme espèce. Mais alors, pourquoi la cellule épithélioide binucléée, dont le géantisme n'est pas plus évident que celui d'une glande unicellulaire d'Invertébrés, est-elle considérée comme une cellule géante ? Cet exemple nous montre toute l'insuffisance de la définition classique du géantisme cellulaire. Quel est donc le caractere essentiel de cette anomalie? A mon sens ce qui ' LauLANiÉ, These de méd. Lyon 1888. — D — donne à la cellule géante son facies particulier et conditionne son évolution, c'est la richesse chromatique de son noyau ; d'une facon générale,les formations que nous avons étudiées présen- tent, au début de leur évolution tout au moins, un caractere dont la constance nous a frappé. Leurs noyaux sont atteints d'une sorte de pléthore chromatique ; ce sont des noyaux polyénergides «c'est-à-dire des éléments qui renferment, en puissance, un nombre plus ou moins élevé de noyaux ; en d'autres termes, la cellule géante est une formation dans laquelle un noyau polyénergide est susceptible de donner nais- sance, par des mitoses ou des amitoses multiples, à un certain nombre de noyaux fils; c'est pourquoi je considere comme cellules géantes un certain nombre de cellules absorbantes et glandulaires de l'intestin. Voyons, maintenant, dans quelles conditions se forment les cellules géantes normales. L'hypertrophie cellulaire est la résul- tante inéluctable de la suractivité de l'élément épithélial nor- mal : ceci demande une justification. La cellule absorbante est une glande unicellulaire qui puise dans le contenu intestinal les matériaux qu'elle livrera à la circulation aprés leur avoir fait subir des remaniements plus ou moins nombreux. Les éléments localisés à la pointe des villosités sont les plus actifs ; en effet, l'absorption débute toujours dans cctte région et, quand les substances absorbables sont en trés faible quantité dans la lumière intestinale, quand l'intestin n'est pas distendu, les cellules des extrémités villeuses sont les seules qui sont en contact avec le chyme. Ces observations ne sont pas de simples vues de l'esprit mais sont basées sur l'étude du chondriome de la cellule absorbante ou sécrétrice dont l'évolution nous ren- seigne trés exactement sur la physiologie de l'élément épithélial. Même chez les Roussettes carencées par un long jeûne, l'appa- reil mitochondrial des cellules localisées au sommet des villosités n'est jamais dans un état statique absolu; de méme, des le début de l'absorption intestinale, c'est encore dans cette région que se manifeste tout d'abord la fragmentation des chondrio- contes. Ce surmenage fonctionnel n'est pas sans retentir sur la structure intime du trophocyte. Sous l'influence de cette absorp- tion, en quelque sorte incessante, la Membrane cellulaire se modifie tandis que les réactions dont l'élément épithélial est le siege provoquent l'accumulation de matériaux de déchet ou de (361) ET mn réserve dont la masse s'ajoute à celle des produits dialysés : ainsi se réalisent un ensemble de conditions (distension, chan- gement de tonicité, intoxication, etc.) tout à fait comparables à celles qui provoquent la formation de certaines cellules géantes pathologiques ; l'élément s'hypertrophie et perd la faculté de se diviser.Cette évolution ne sort pas du cadre de nos connaissances; le méme phénomène se produit dans les éléments dont la structure intime a été modifiée par certains agents, comme l'ont démontré expérimentalement Morgan, Læbe, Gérassimoff, Bataillon, etc. Le géantisme prolonge, en quelque sorte, la vie individuelle de la cellule, mais, comme le fait trés justement observer O. Duboscq ', sa lignée s'éteint. « Pour vivre long- temps, une cellule n'a qu'à devenir géante ». Nous retrouvons exactement les mêmes phénomènes dans l'épithélium entérique de Maja Squinado Rond. ; le seul schéma de l'évolution de la grande cellule vacuolaire est particulie- rement démonstratif. Cet élément existe en puissance à l'ex- trémité du cœcum : la cellule à grande vacuole est, en effet, un élément épithélial qui s'est différencié par simple vieillis- sement ontogénétique. Dans le fond des sillons que dessine l’epithelium hépato-pancréatique, la cellule entérique de la pointe du ccecum est un trophocyte banal, le plus souvent uninucléé ; à mesure qu'on se rapproche de la partie moyenne du cœcum, région où est localisée l'activité fonctionnelle de l'organe, les caractères de l'élément épithélial se modifient : le corps cytoplasmique s'hypertrophie, et, comme corollaire, le noyau présente des amitoses multiples. Sur les saillies épithéliales de la région moyenne du ccecum, l'évolution est encore plus accentuée : une vacuole énorme se creuse progres- sivement dans le polycaryocyte dont l'activité fonctionnelle se traduit, à ce stade, par l'absorption, la sécrétion, l'excrétion, la mise en réserve etc.: par conséquent, il existe un paral- lélisme étroit entre la localisation, la différenciation morpho- logique et la physiologie de la cellule entérique ; c'est du reste exactement ce que nous avons constaté dans l'épithélium intestinal de Scyllium canicula L. : le sillon intervilleux (région régénératrice), le flanc et la pointe de la villosité intestinale (zónes fonctionnelles) correspondent nettement à " Loc. ‘cit: 1918. — Fi — l'extrémité, aux parties moyenne et antérieure du coecum enté- rique de Maja tant au point de vue morphologique qu'au point de vue physiologique. CONCLUSIONS I. — Tout élément épithélial, absorbant ou sécréteur, est susceptible de se transformer en une cellule géante normale dont la morphologie et la genèse reproduisent les caractères classiques des cellules géantes tératologiques. II. — Le volume et la complexité nucléaire des cellules épithéliales sont fonction de la localisation de ces éléments qui, elle même, conditionne l’activité absorbante ou sécrétrice du trophocyte. III. — Dans les cellules normales de l'intestin, la caryo- diérèse ne joue aucun rôle dans la rénovation intestinale : les cellules binucléées,qui sont les premiers indices de géantisme des éléments épithéliaux, ne sont pas des cellules régénératrices mais des polycaryocytes au début de leur évolution. IV. -- Ainsi qu'en témoigne l'évolution du 'chondriome des polycaryocytes intestinaux, et contrairement aux conclusions de Weigert, Baumgarten etc., la formation des cellules géantes n'est pas toujours la preuve d'une dégénérescence : le poly- caryocite épithélial est un élément exclusivement adapté aux fonctions de nutrition; c'est un trophocyte typique dont l'activité est indéniable. V. — L'intégrité morphologique et fonctionnelle de la cellule géante parait être assurée par l'incessante rénovation de ses noyaux ; quand, dans l'appareil nucléaire, les phéno- mènes de dégénérescence l'emportent sur les faits de rénovation, le polycaryocyte présente des signes d'involution sénile qui aboutissent progressivement à la mort et à la disparition de l'élément épithélial. V]. — En derniére analyse, 4 stades paraissent synthétiser l'évolution de certains éléments épithéliaux de l'intestin. 12 La cellule uninucléée fonctionne à la fois comme trophocyte et comme élément rénovateur (stade de jeunesse) ; 2? la cellule intestinale se transforme en polycaryocyte et perd ses facultés régénératrices (stade de maturité) ; 3% le polycaryocyte devient (361) O A UN AT = ut RIS T V iu Ce paucinucléé, son pouvoir d'assimilation s'atténue progres- sivement et tend à disparaitre (sénescence) ; 4? la cellule géante meurt. Comme le polycaryocyte ne se rénove pas, sa lignée s'éteint avec lui'. Il nous est donc permis de supposer que l'involution sénile et la mort de l'intestin sont fonction du plus ou moins grand nombre de cellules géantes vieillies qui tapissent les parois de cet organe; en d'autres termes, la jeunesse, la maturité, la sénescence et la mort d'un organe peuvent étre déterminées par la physiologie normale des éléments qui le constituent. D'oü nous concluons que dans certains cas, les faits d'involution et méme de dégénérescence totale (vieillesse, mort, par exemple) sont des phénoménes essentiellement « naturels ». (Travail de l'Institut Océanographique. Laboratoire du Musée de Monaco.) - ' C'est peut étre entre les deux derniers termes de cette évolution que s'intercale, dans certains cas; la greffe leucocytaire qui provoque le rajeunissement cellulaire ou prolonge l'existence de l'élément épithélial. Cf. F. Ladreyt, C. R. Ac. Sc. Paris Septembre 1919). TAN "^ eU Ve, y en ee AVIS Le Bulletin est en dépôt au Musée Océanographique: Les numéros du Bulletin se vendent séparément aux prix suivants et franco Nos Er. 344. — Note sur une Actinie (Thoracactis n. g., Topsenti n. sp.) et un Annélide Polychète (Hermadion en n. sp.) Com- mensaux d'une Eponge siliceuse EAR di oculata Topsent), par Ch. GRAVIER.......... un: Boone a eee 345. — Considérations sur la biologie du Thon commun (Orcynus thynnus I) par Iouis ROULE. 259... A. Faber vie» 346. — Note préliminaire sur les EA cundis recueillis au cours des croisières de la Princesse-Alice et de on i de 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GRAVIER..... Deo, ase exer, 347. — Tableaux Ager tiques des Annélides Polychétes des cótes de France. — |. (Aphroditiens, Amphinomiens, Hésioniens, Sphær odoriens et Alciopiens), par Pierre FauveL...... ALTAR 348. — Observations sur la nourriture des Thons de l’Atlantique (Germo alalonga Gmelin) par L. Jousın et L. RouLE..... I » 349. — Note sur l'utilisation des Hydravions pour la péche et les recherches océanographiques, par L. JouniN........... KEN CE) 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par Paul GLogss.. 4 » 351. — Etudes préliminaires sur les Cephalopodes recueillis au E cours des croisieres de S. A. S. le Prince de Monaco. "es Note: EKUE Sirventi nov. gen. et e par SJOUBIN SO HOO OTT AEB OSH OR cado ta SE SO Sc LI 352. — Révision des Scinidæ vcn des dons de SAT le Prince de Monaco, par Ed. CuEvnEUX............... : 2 50 353. — Sur le chondriome des Cellules sap i pap eee le D: F. LADREX «ie oe teria alot len nie ASE SO UE gs | 354. — Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermomètres à renversement, rédigées par M. Mieczyslaw Oxner. A O eee te EN 355. — Un poisson nouveau pour la Medie rABÉS. Ban CORTE UIT 356. — Ostracodes provenant des campagnes scientifiques de S. A. S. Albert I", Prince de Monaco. — I Diagnose d'un Cypridinide nouveau, par L. GraNaTA............. I 9 357. — Marche des mines flottantes dans l'Atlantique Nord et l'océan Glacial pendant et is la guerre. Note de S. A. S. AUBERT MPrinceidejMOUIdCO; 0. euet ee RER quete Hs d 358. — Sur un procédé de sondage en mer, à bord d'un batea en marche, basé sur la propagation du son dans l’eau, par M- MAR PERS cereus sese NET eta alos Me S RIA UR d wo uy) 359. — Notes sur les genres Semisuberites et Hemiasterella, par E, TOPSENT 00. m0... laa beraja a, aaa ete EA 360. — Planimétrie de E Carte bathymétrique générale des Océans, PARA MDAQUEETE 217. ee E rene sonner ee de T.» 361. — Les cellules Lane normales de l'épithélium PORET panlen D AN CEA E enoje ao ele 115 V ee viste ias o à PEN MONACO. — IMPR, DE MONACO. N° 362. Dun A O Décembre TER. Bick Le FIN L'INSTITUT OCLANOGRAPIIOUE (Fondation ALBERT ler, Prince pe Monaco) Stations fixes en plein Océan et Notation de la nuance de la Mer. Par J. THOULET MONA Mh LOU MONACO UN / 7 ps > À £40 S Wi " Y € ni — d AVIS Les auteurs sont priés de se conformer aux indications suivantes : 19 Appliquer les règles de la nomenclature adoptées par les Congrés internationaux. 2» Supprimer autant que possible les abréviations. 30 Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications bibliographiques. - 4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin. 5° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou a l'encre de Chine. 6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers calques les recouvrant. 7° Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur papier procédé. 8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le texte en donnant les dessins faits d'un tiers ou d'un quart plus grands que la dimension définitive qu'on désire. Les auteurs recoivent 50 exemplaires de leur mémoire. Ils peuvent, en outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le manuscrit. Adresser tout ce qui concerne le Bulletin à l'adresse suivante : Musée océanographique (Bulletin), Monaco. (Fondation ALBERT I”, Prince de Monaco) No 362. — 15 Décembre 1919. Stations fixes en plein Océan et Notation de la nuance de la Mer. Par J. THOULET Pendant les deux campagnes scientifiques que j'eus l'hon- neur de faire avec le Prince de Monaco à bord de son yacht Princesse- Alice II, j'ai assisté à diverses reprises à des pêches à la nasse en plein océan, à des profondeurs dépassant le plus souvent 1000 métres. La nasse est un filet monté sur une car- casse en forme de prisme triangulaire qu'on envoie au fond après l'avoir lesté de poids très lourds et qui est fixé à un solide cáble en fils d'acier attaché lui-méme à un flotteur capable de retenir tout l'appareil et surmonté, pour le faire reconnaitre de loin, d'un drapeau le jour et d'un fanal la nuit. Le bàtiment, qui, avant d'avoir mouillé la nasse, a donné un coup de sonde pour avoir la profondeur, n'a plus qu'à croiser pendant vingt- quatre heures autour de l'appareil abandonné à lui-méme. Il procéde ensuite au relevage. Il semble que l'océanographie aurait grand profit à utiliser une pareille station fixe pour des observations qui occuperaient des loisirs forcés et ne géneraient en rien les naturalistes obli- gés d'attendre la remontée de la nasse pour récolter les animaux capturés. Ces observations s'appliqueraient à la mesure des caractéristiques, direction et vitesse, des courants sous-marins suivant une méme verticale. Elles sont possibles car il en a été E LAT ho A A Ur » 71 WN > A — 2 — exécuté de pareilles par des ofliciers de la marine américaine chargés d'étudier le Gulf-Stream et obligés de mouiller à grand’ peine leur navire jusque par 1500 mètres de profondeur, puis par le Challenger qui deux fois a profité d’une journée particu- lièrement calme pour établir deux roses de courants, l'une jusqu’à 1100 mètres, la seconde par 370 mètres seulement. Quoique probablement entachées d’une certaine erreur puisque le báti- ment non mouillé a du certainement dériver pendant l'opération, ces deux mesures ont donné des résultats extrémement précieux sur la dérive du Gulf-Stream vers l'Est et sur ce curieux phéno- mene de la circulation océanique d'un fleuve marin qui, à l'inverse des fleuves continentaux, coule à contrepente. La connaissance de la circulation, il faut l'avouer, offre de grandes lacunes. La navigation sous-marine ne perdrait rien à mieux savoir ses lois et peut-étre les naturalistes y trouveraient-ils l'explication de certains faits encore inexpliqués relatifs aux migrations des poissons et susceptibles de fournir de précieux renseignements à l'industrie des péches. Pour exécuter leurs mesures, les officiers américains se sont servis du double-flotteur de Mitchell composé de deux vases en cuivre de surface égale, dont l'un est un cylindre creux et ouvert qui est immergé à la profondeur voulue aprés avoir été relié par un fil métallique au flotteur de surface qui a la forme d'une bouteille cylindrique bien bouchée et surmontée d'un petit drapeau afin d'étre plus visible. Aprés avoir observé le courant tout à fait superficiel fortement influencé par le vent régnant, on procede à l'étude successive des divers courants inférieurs dont la direction et la vitesse, à l'aide d'une cons- truction géométrique simple, sont données par la direction etla vitesse de la bouteille superficielle du systéme des deux flotteurs. Le Challenger a fait usage d'une drague à courants ordi- naire, composée de deux chassis rectangulaires de grande surface se croisant à angle droit sur chacun desquels est tendue une toile à voiles huilée. Le système est relié également par un fil métallique à une bouée trés apparente quoique de surface incomparablement plus petite que le double chassis; elle sert E, de flotteur et on néglige son influence sur le déplacement total de la drague. On pourra méme se servir de simples bouteilles accouplées, en verre ordinaire, de Hautreux, dont on a soin de peindre les couples ou tout au moins la bouteille flotteur de surface avec de la peinture à l'huile blanche pour la bouteille unique destinée à flotter seule, jaune, verte, rouge et d’autres couleurs pour les autres bouteilles. Les distances d'éloignement à partir de la station fixe de départ qui est le flotteur de la nasse seront mesurées soit par un fil (fil de ligne à pêcher) stéariné et soutenu par quelques bouchons de liège en boules, de distance en distance, soit par une lunette stadia visant un mât de hauteur connue faisant fonction de mire installé sur le flotteur de la nasse. L'azimuth sera déterminé avec un compas sur l'embarcation chargée de suivre et de relever les flotteurs. Du reste, deux ou trois essais préliminaires en faible profondeur et avec un nombre restreint de flotteurs permettront mieux que toute description de régler la facon la plus convenable de pratiquer l'opération. On se rappellera qu'un courant de 1 nœud — 1 mille — 1852 mètres à l'heure correspond à une vitesse de 0.5144 mètre par seconde; la durée d'une observation soit par le flotteur de Mitchell, soit avec la drague, soit avec les bouteilles accouplées n'exigera donc que quelques minutes. Il serait bon d'exécuter toujours les opérations aux mémes profondeurs tout en restant, bien entendu, libre d'en faire d'intermédiaires lorsqu'on le croira utile. Les profondeurs qui semblent étre préférables sont : surface, 5, 10,20,50, 100 et, au- delà, de 100 en 100 mètres jusqu'à 1000 mètres, puis ensuite, ce qui probablement sera assez rare, de 200 en 200 métres en intercalant 500 mètres dans la série jusqu'à 2000 mètres. C'est par ces profondeurs successives que passeront les plans horizontaux des cartes de courants. En réalité, pour les courants, il n'y aura guère besoin, sauf dans quelques rares cas particuliers, de dépasser 200 ou 300 mètres. Pendant ce temps, on pourrait, à bord du bátiment, exécuter un second sondage en placant aux mémes profondeurs des (362) is bouteilles à recueillir des échantillons d'eau, chacune munie de son thermometre. Ces échantillons, avant d'étre mis en bouteille pour étre analysés au retour, dans le laboratoire, au point de vue de la détermination de leur salinité, seront passés à Paréométre afin de connaitre leur densité im situ S! avec correction de compressibilité s'ils ne proviennent pas de la surface. En résumé il faudra établir, autant que possible pour chaque profondeur, le poids exact par rapport au poids de 1000 grammes de 1 décimètre cube d'eau distillée à + 4°, de 1 décimétre cube de l'eau mer in situ à l'endroit méme où on l'a récoltée en train d'exécuter le travail. qu'est pour elle la circulation océanique à laquelle elle participait. On notera enfin, pour chaque opération, la date,l'heure, la direction et la force du vent, l'état de la mer ainsi que la hauteur baro- métrique de manière à posséder toutes les données nécessaires pour se rendre un compte précis des plus importantes variables susceptibles d'avoir une influence sur la circulation océanique. ‘La représentation graphique des résultats fournis par les flotteurs se fera sous la forme de rose ou de verticale de courants. Pour plus de clarté dans les explications, on prendra comme exemple l'expérience exécutée par le Challenger le 24 avril 1873 dans l'ouest des Bermudes, par 32? 18' lat. N et 65° 38" long. NV. Les résultats obtenus directement sont les suivants : Prof. Direction Milles à l'heure surface N 600 E 0.24 | | 90 N 750 E 0.46 | 180 N 87° E 0.36 | | 370 S. goe- E 0.22 | 550 S 400 E 0.08 | | | 730 S 65 E 0.11 910 N 650 E 0.06 1100 courant nul courant nul IO s Rose de courant. — A partir du point de croisement des deux lignes NS-EW, on trace, dans la direction N 60° E, le nord étant en haut comme sur les cartes, la flèche de longueur = 24%", si on adopte l'échelle de ro0"" ou ro?" par mille ou nœud de vitesse à l'heure ; puis successivement et à partir.du méme point, dans la direction N 75? E, la flèche de 46"" et ainsi de suite. On obtient alors le schéma ou rose Fig. 1. Aupres de chaque fléche ou inscrira les indications diverses s'y rapportant ainsi que le montre la figure. Verticale de courant. — Les fléches sont les mémes que sur les roses, seulement, au lieu de les faire toutes diverger du méme point, on les distribue sur une verticale. La Fig. 2 est en quelque sorte la projection sur le plan vertical dont la Fig. 1 est la projection sur le plan horizontal avec cette seule différence que les tleches sont séparées verticalement les unes des autfes d'une distance constaute dont la profondeur réelle est indiquée à la base de chacune d'elles. La position de chaque fleche est supposée tracée dans le plan horizontal correspondant à chaque profondeur relevé ensuite de 9o? de manière à s'appli- (362) e — quer sur la verticale suivant la ligne NS. Ce second mode de représentation semble plus clair que le premier. Les indications de vitesse et de direction sont inscrites le long de chaque fléche. 1 nœud à l'heure ou 1852 mètres en 3600 secondes équivaut u à 1 metre en O E 1.944 secondes et par conséquent 0.5144 O22 mètres en une seconde. Avec ces données et connaissant la vitesse uniforme de chute par seconde d'un corps grave dans X leau de mer, variable à mesurer directe- go ment par expérience, il sera facile de résou- 180 À dre le problème sui- 22 18 laf N vant susceptible de 37° ; n 7 trouver son appli- 65 58 long W cation en océanogra- 550 phie. « Connaissant le point et la vitesse de chute d'un corps à la surface de l'Océan, la rose ou la verticale des courants en ce point et la pro- 910 e fondeur, déterminer la trajectoire du corps, la durée totale de sa chute et la position du point 110010 oü 1l se déposera sur le fond. » Ce probléme trouvera aussi son application seil. en géologie synthétique car il établit une rela- tion entre la nature d'un sédiment,la profondeur et la circulation de l'Océan que lé recouvrait ainsi que les conditions climatiques, thermiques et autres de la surface. Si l'on avait pour l'Atlantique Nord, par exemple, une ving- taine de ces schémas tous se rapportant aux mêmes profondeurs indiquées plus haut, en complétant leurs indications avec la connaissance des températures et des densités in situ dans les mémes plan horizontaux, on aurait sur la circulation profonde 7 de cette portion d'océan une notion presque complète autre- ment nette et précise que celle que l’on possède aujourd’hui et il suffirait pour cela d’une seule campagne océanographique. Il serait à désirer que des recherches systématiques soient faites sur la couleur de la mer, la question a été à péine étudiée jusqu’à présent malgré son intérêt théorique et surtout pratique pour les pêcheurs. On a affirmé, en effet, sans en fournir de preuves véritablement scientifiques que la présence du plancton ou tout au moins de certaines espèces de plancton faisait virer au jaune la nuance ordinaire de la mer. S'il en était vraiment ainsi, ne serait-on pas en droit d’espérer établir avec une certitude approchée, un dosage rapide du plancton au moyen d'une simple évaluation de nuance? En tous cas la question mérite d'autant plus d’être étudiée que la science possede dès à présent tous les moyens nécessaires pour l'aborder. Il ne s'agit pas, bien entendu, de la couleur de la mer telle qu'elle apparait à un spectateur la considérant de terre ou du haut du pont d'un navire, ou à un peintre désireux de la reproduire sur un tableau. Cette couleur n'est pas mesurable car elle se compose d'un nombre considérable d'éléments différents : couleur propre de l'eau, état du ciel, mode d'éclairage, matériaux divers en dissolution ou en suspension et d'autres encore. La véritable nuance est celle d'une tranche d'eau de longueur infinie et également éclairée sur toute sa longueur observée par transparence en se servant du miroir incliné à 45°. On sait que l'instrument se compose d'un miroir incliné à 45°, porté à l'extrémité d'une tige en bois longue de 2 mètres environ qu'on plonge dans l'eau verticalement et qu'on observe en se placant exactement au-dessus. La nuance vue est alors trés différente de celle qu'apercevrait un spectateur considérant la mer à la facon ordinaire. On compare cette nuance à une gamme de teintes établie par Forel de la facon suivante. On prépare deux solutions, une bleue et une jaune. La première est une solution de 1 gramme de sulfate de cuivre (362) te ne dans 190 grammes d'eau à laquelle on ajoute ensuite 9 grammes d'ammoniaque liquide. La seconde est une solution de 1 gramme de chromate de potasse neutre dans 199 grammes d’eau. On mélange par centiemes les deux solutions c'est-à-dire 99 de bleue et 1 de jaune, 98 de bleue et 2 de jaune, 97 de bleue et 3 de jaune et ainsi de suite ; chacun d'eux est placé dans un tube en verre blanc de 6 ou 7 centimètres de longueur et de I céntimètre de diamètre, scellé ensuite à la lampe et auquel on donne un numéro représentant le pourcentage de jaune dans 100 de liqueur de telle sorte que o représente la solution bleue pure, 100 la solution jaune pure et, par exemple le numéro 17, le mélange de 17 de jaune avec le complément à 100, c'est-à-dire 83 de bleue. Les teintes de la mer sont comparées à cette gamme et numérotées en concordance. En réalité l'on n'a jamais besoin de toute la gamme et la quantité de jaune dans la teinte d'une mer ne dépasse pas un numéro relativement faible. C'est pourquoi Forel avait fait choix de 10 numéros qu'il désignait par des chiffres romains de I à X et dont les degrés paraissent un peu espacés les uns des autres pour les teintes les plus communes. Il semble donc préférable de conserver l'échelle primitive en espacant de deux en deux les numéros successifs dans les limites usuelles. L'expérience directe fixera surle meilleur choix à faire d'ailleurs différent selon la région maritime à étudier. Malheureusement les solutions présentent le grave inconvé- nient de se décomposer assez rapidement, méme en tube scellé. Afin d'y obvier, j'ai employé deux solutions aqueuses de bleu de diamine et d'acide picrique qui ont été mélangées de facon à donner une teinte identique à celle d'un numéro quelconque entre o et roo de la gamme de Forel et dans laquelle j'ai déposé un verre de plaque photographique trés mince recouvert d'une couche de gélatine, bien entendu non sensibilisée, et découpé ensuite en petites plaquettes rectangulaires de 3> 2 centimètres environ. En y laissant séjourner plus ou moins longtemps les plaquettes, on en colore la gélatine. Lorsqu'on juge atteinte la nuance désirée, on arréte le trempage, on lave à l'eau pure, on laisse sécher et l'on vérifie au colorimètre de Duboscq. Si ed cs la teinte est trop faible, on replace les plaquettes dans le bain etl'on recommence la vérification par comparaison. En procédant ainsi avec précaution, par tàtonnements, on parvient sans difli- culté à donner exactement aux plaquettes la méme teinte que celle du numéro du liquide type choisi examiné par transparence sur une épaisseur de ı centimètre. Chacune de ces plaquettes recouverte d'un second verre mince pour protéger la gélatine, . les deux verres étant maintenus accolés au moyen d'une étroite bande de papier en entourant les bords, représentera un nu- méro de Forel susceptible de se conserver sans se modifier à la condition de n'étre pas inutilement exposée au soleil et d'étre conservée dans une boite opaque. L'expérience seule fera connaitre le nombre des numéros réellement nécessaires ; il sera certainement de beaucoup infé- rieur aux cent que comporte l'échelle totale. Je n'ai pas à insister ici sur un procédé que j'ai employé pour assombrir les teintes sans modifier d'ailleurs leur nuance résultant des proportions relatives de bleu et de jaune. Je me bornerai à rappeler que je me suis servi dans ce but de verres gélatinés semblables à ceux de l'échelle mais colorés simple- ment d'une teinte noire d'intensité régulièrement croissante et à travers lesquels on examine par transparence les plaquettes vertes de la véritable gamme. Pour les observations à bord, on installerait à travers la paroi du navire, à environ 1 mètre au moins au-dessous de la ligne de flottaison, un hublot rond de 7 à 8 centimètres de diamètre fermé par un verre épais, bien transparent et facile à nettoyer intérieurement et extérieurement. La distance entre la ligne de flottaison ct le hublot doit être telle que ce hublot, par les roulis ordinaires, demeure entièrement sous l’eau afin d'éviter autant que possible le passage brusque de la couleur du ciel à la couleur de l'eau qui troublerait la vue et nuirait à l'exacte évaluation de la nuance de la mer. Le hublot continuellement sous l’eau remplacerait le miroir à 45° et c'est au travers qu'on observerait la teinte de la mer. L'observateur serait placé dans une soute obscure éclairée par une ampoule électrique ne modifiant pas les nuances, abritée elle-mème par un écran (362) opaque afin de conserver à la vue toute sa sensibilité ; les diverses plaquettes de la gamme seraient examinées en les regardant sur le fond blanc d’une plaque de porcelaine ou, tout simple- ment d’une assiette fixée verticalement et bien éclairée. Peut- être sera-t-il bon de prolonger le hublot dans l'intérieur de la cabine par un tube noirci suflisamment long pour éviter un éclairage général donné par la lumière colorée arrivant à travers la mer. Si méme on désirait atténuer la lumière de la lampe électrique afin de faciliter la comparaison, il suflirait de faire traverser aux rayons lumineux un écran constitué par des verres légerement dépolis ou teintés de noir dont il serait facile de faire varier à volonté le nombre. Mais la précaution semble devoir étre assez inutile. On obtiendrait ainsi une identité complète aussi bien comme nuance que comme assombrissement entre la teinte de la mer et celle du numéro type correspondant dela gamme de Forel. Cette disposition générale offrirait l'avantage inappréciable de réduire la durée de l'expérienee à quelques instants et de permettre d'exécuter celle-ci à n'im- porte quel moment de la journée. J'avoue avoir vainement cherché un moyen de mesurer en cours de route la transparence de la mer en méme temps que sa couleur. Je souhaite qu'un autre océanographe soit plus heureux que moi. En attendant, si j'étais chargé d'une pareille étude, je profiterais de tous les moments d'arrét du bàtiment pour exécuter une mesure de coloration dans la soute et, aussitót apres, le long du bord une nouvelle mesure avec un miroir à 45% et une mesure de transparence au moyen d'un disque blanc de Secchi de 30°" de diamètre, selon la méthode ordinaire. ap "m ~ be Y e € vt x 3 Jb a Alu z . ' be! v. te AVIS Le Bulletin est en dépôt au Musée Océanographique. Les numéros du Bulletin se vendent séparément aux suivanis et franco Nos 344. — Note sur une Actinie (7 horacactis n. g., Topsenti n. sp.) et un, Annélide Polychète (Hermadion Fauveli n. sp.), com- mensaux d'une Eponge siliceuse td oculata Topsent), par Ch. GRAVIER: es 2E. AS as AE deben oe 345. — Considérations sur la biologie E Thon commun (Orcynus thynnus L.), par Louis ROUTE AMA NC que RCE d 346. — Note préliminaire sur les Hexactinjaires recueillis au cours des croisières de la Princesse-Alice et deg V Hirondelle de 1888 à 1913 inclusivement, par Ch. GRAVIER............. 347. — Tableaux analy tiques des Annélides Polychètes des côtes de France. — I. (Aphroditiens, Amphinomiens, Hésioniens, Syher ve: et Alciopiens], par Pierre Fauvkr........ 348. — Observations sur la nourriture des Thons de l'Atlantique (Germo alalonga Gmelin) par L. Jousin et L. Roure..... 349. — Note sur l'utilisation des Hydravions pour la peche et les recherches océanographiques, par L. Joupin............ 350. — Les Plantes marines. Leurs utilisations, par $e GLOESs.. 351. — Etudes preliminaires sur les Céphalopodes recueillis au cours des croisières de S. A. S. le Prince de Monaco. 7° Note :+Cycloteuthis Sirventi nov. gen, et sp., par D CIOUBIN: EHER HN CHE GEI P ne A US OS DR 352. — Révision des Scinidæ eo Med des campagnes de S. A. le Prince de Monaco, par Ed. CHEVREUX. co... ..o..oo.... as 353. — Sur le chondriome des Cellules adipeuses, par le Dr F. I ADREYI WS. eise Ea E a TP ota E o AS 354. — Indications importantes concernant la conservation et la manipulation des thermométres à renversement, rédigées. par Mz MiecZysla wi O XNER.- EE CESR sia ETIN Serius leia 355. — Un poisson nouveau pour la Méditerranée, par J. Corre... 356. — Ostracodes provenant des campagnes scientifiques de S. A. S. Albert I°, Prince de Monaco. —. I Diagnose d'un Cypridinide nouveau, par L. GRANATA..........¢- 357. — Marche des mines flottantes dans l'Atlantique Nord et l'océan Glacial pendant et aprés la guerre. Note de S. A. S. ALBERT, Prince de Monaco.....:...... dedo HEIN LIRE A Bor Sk 358. — Sur un procédé de sondage en mer, à bord d'un bateau en marche, basé sur la peon du son dans l'eau, par M. VAST N SE NR AT AT ABE US I te Gay 359. — Notes sur les genres Serien bert ie et Hemiasterella, par E. (D OPSENT A vee ee lee CRE RE OTE, Mer m ERE 360. — A ie de la Carte bathy u generale des Ocean: DAT Vou AOU ETES UNE EURER ES LS NET RE Ne ME de lala 361. — Les aie. géantes normales de l'épithélium cu par le Dr F. EADREYT. a TA T 362. — Stations fixes en plein ''céan et Notation de la nuance dea Mer, spar EROULE RA malas AR oa MONACO. — IMPR, DE MONACO. pS prix wt. DE 2-19 2 50 1 50 I » I » 40» LADY 2 50 T^ To Le 15.9 I » 1) 25 9 I » 12-306 I » ADA a » 22 el di ee er pe ES | ITA A SUEDE - re AN | - r PEE ~ € : : and PA dd Fo : fervare ts = ANOS ere - t Mae " er > ET S Eve rac ; A , sg » ^ ^ ] n ste | ee 2 4 : À $ , » - wa = " Hi D ^ s meat LEE x # a ont " | S Emi a ARA 217 L ors Mie sem er ot > e- | " CENTS je > T d QUI r " - prow 2) ^ » ^ A | D : a A