BULLETIN DES SCIENCES, PAR LA SOCIÉTÉ PIILOMATIQUE DE PARIS. RAR RS RS RS Æ / 4 = | LÉ | = PARIS, IMPRIMERIE DE PLASSAN. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE, ae AU JUILLET 1814, D'APRÈS L'ORDRE DE RÉCEPTION. NOMS. Membres émérites. MM. BERTHOLET....... HAMARCRE SEAL SCET MONGES SL ETAT Enr SR DUCHESNE. MAPHACE- MT CORREA DE SERRA. MONNELLIER. . .-... GiLLET - LAUMONT. DELEUZES 5 Re Membres résidans. SILVESTRE. er 0e BRONGNIART...... VAUQUELIN. 20.700 ACROIS LP rre CoQUuEBERT - MoxT- Cuvier (Georg.).. DuMÉRI nee. Dates de Réception. 14 sept. 1703. 21 Sept. 28 sept. 1793. 10 août 12 Janv. 17 déc. 11 Janv. 31 Juill. 1794. 28 mars 22 juin &© © © © + O1 O1 G1 Ia. 23 mars 20 août 1706. 24 sept. 5 déc. 1796. 2 Mars 1797. 20 août 1797. 1 Juin 1798. 21 Juill, 1798. 21 juin 1709. NOMS. BUTET ES... sata BORA Maure Cuvier (Fréd.) .. MERBEE: 1 =. 704 TéENARD ITS PORSON AMIE ER FEACHETRE. 0, ANIRÉ RES). es ee D'ARGENT GTRARPA TE 0 à. Du PEerir-Taouars. PARIS Lecce DESMAREST ...... GUERSENT... .. . ... B'ATÉLETE 600 BINET Eee cel MAGENDIE.. ...... ÉTCAS ERNST LE LESUEUR ECOLE MONTÈGRE ,....., 14 févr. 5 oct. 2 févr. 2 juill. 17 déc. 29 févr. 14 Mars 21 Mars 28 mars 10 avril 5 févr. 12 MAIS 9 avril. Dates de Réception. 1800. 1800. 1801. 1801. 1802. 1803. > 1003: 1003. 1804. 1807. . 1807. 1807. 1808. 1810, IY. TOIT. 1811. 1812. 1812. 1012. 1812. 1815. 1811. 1814. 1014 LISTE DES CORRESPONDANS PHILOMATIQUE. D'É LÀ SOCIÉTÉ NOMS Er RÉSIDENCES. MM. G£orrror ( VILDENEUVE). DARDRADA EAP RER UN .. Coimbre. CHAUSSIER AS ee en BoxtARDE ee lnLe Arnay-le-Duc. VaneMons. 2 RTS Bruxelles. VAS PACS APE .. Pavie. CHANTRAN 2 ae 208 ele dlein soie à Besancon. RAMBOURG. LM QUE Cérilly. MRourrLom. de Le Orléans. INTRA ER AN A Caen. JURINE SR ee TUE Genève. RATRELLDE Se ct teet ee ce smente zu. Ms ue ... Zurich. KOTR AE. LEE Bruxelles. LEULÉRE!: » = ete ete c'e à Nice. SCÉMEISSER > 2 «eee de Hambourg. REIMARUS 2 Ve JUN CU ‘ 1d. HAN Die MALTE DORSSEES Strasbourg. GOSRESENp A UNIL ee Po Genève. GriEtor ee a CEE PES Vanloo. TEDENAT. 0. eee. 2 ..... Nismes, TSCHER ee en ie aroln ie ete NL bE Moscow. BOUCHER eue © 2 à 21e NE RES Abbeville, NORD IRAN SANS Béfort. Boissez pe Monvizze.... BABRONE 2 en .. Florence. Broussoner (Victor.)..2. Montpellier, Latn (P.-Aimé ) :.....:. Caen. DelSaussune ll EN Genève. Vassari-EanDr......./... Turin, BINIVA ae sen D Id. Born (iPierret)e ee Naples. Brumensacu..........:. Gottingue. HERMSTAEDT ............ Berlin. Coquesert (Ant.) ...... Amiens, Camper ( Adrien)........ Franeker. RAMONDA RUE Re pe Clermont - Fer- rand. VAN SR CR EEE Madrid. Parissor DE BEaAuvois.... SCHREIBER: c'uine ecoleic sales Vienne. SCEWARTZ AN INN UE IE Le Stockholm. MAUGHER- ee ete de 2e Genève. MoUNG: : 2181.250.8)523 Londres. PANNE SE to leie e accroie A HEricART-Tuury......... Brisson: eau Châlons - sur - Marne. (COGNAC CORDIER NE 1e cesse res NOMS er RÉSIDENCES. MM. Le Mans. Fieurrau DE Bezrevur.. La Rochelle, Banaxie 426.0 SANVARESDS ete ee ele a ele ele Naples. PAVON ER eee Er ie iMadride BROrERO #2 0e 220 Coimbre. SOEMMERING .-......... Munich. PABro DE LLAVE........ Madrid. BREPISSON ee em eeeiete Falaise, PARZERS nos en eelnie le Nuremberg. DEsGrANDS ee ee Rennes. DavBuisson. -:.-....... Toulouse. WVARDEN ete el ie oiufe ele New-Yorck. GÆRTNER fils .......... Tubingen. GiRARD LIEN MAR LEA Alfort. GCHLADNL: Re à =ieletete Wittemberg. LAMOUROUX......:--.... Caen, Fremnvizse (Christoph.) Brest. BATARDIS de CESR Angers. Poy-FER£é, DE GCÈËRE..... Dax. Mancez pe SEerRes..... Montpellier, DesvAux 2 2 NE Poitiers. BazoGus:5. L'AR . Seez. RTSSO meme Nice. PBicor pe Morocues.... Orléans. MRISTANT ee uote see eoleste Id. < Omazius D'HarLoy...... Empunnes, pres Liège. DEONHARDIS 20. certe Hanau DESSAIGNES . . . .. DEAD SES Vendôme DEsAncrrs Apart Rome. AuGuste Saint-Hilaire. Orléans. APLUAUDE RER se eee eisel Limoges. Leon Durour::22.1.. Saint-Sever. GRAWENHORST. ee Breslau. CATORT ee ee UE TIRE REINWARDT.---..-..... Amsterdam. DurROCHET.... ... Charrau, près Château-Re- naud. D'Auperarp DE FEerussac. Oleron. CHARPENTIER... Bex. ERICLERCA. 222 etc Laval. D'Homsres-Firmas. ..... Alais. JACORSOMS.- -M-- 2e. Copenhague, MONTELRO ----- 2-1 MILED Le tee ese Angers. VOGE MEET -eeeee cc Hanovre, ADAMS ...... Hearts . Londres, COMMISSION DE REDACTION DU BULLETIN, POUR I814. MM. Zoologie, Anatomie et Physiologie GIARGS apte ne à cette ee CCE DESMARESTS eme A. D. Botanique, Physiologie végétale , Agriculture, Économie rurale.. MIRBEL.......:........ B. M. Minéralogie, Géologie.......,... BRoNGNIART (Alexandre). A. B. Chimie et Arts chimiques. ....... CHEVREUENMRE ect rer €. Physique et Astronomie......... PARAGOL ajelete a fe eo cire fs A. Mathémaniques:.:. nest. POISSONP EC re trs P. Médecine et Sciences qui en dé- , DETIAETHA ER à elle stelatels ehleie sise lool MAGENDIE 5 -0e F. M. Secrétaire Rédacteur, ota. Les Articles où Extraits non signés sont faits par les Auteurs des Mémoires. BULLETIN DES SCIENCES PAR LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE. DE PARTS. SA td TT Note sur deux Poissons non encore décrits du genre Callionyme et de l’ordre des Jugulaires; par M. LE SUEUR. Aux cinq espèces conservées par M. de Lacepède, dans le genre Callionymus de Linné , et à la sixième décrite et figurée par feu M. de Laroche (1), M. Le Sueur vient d’en ajouter deux autres qui n’ont pas encore élé observées, quoiqu’elles se trouvent sur nos côtes. Il les fait connaître de la manière suivante. 1° Le CALLIONYME Risso ( Callionymus Risso ) est très-voisin du C. dracunculus de Linné, par ses formes générales et par la disposi- tion de ses nageoires dorsales, bien cependant que le nombre de leurs rayons soit diérent, comme on pourra en juger par le tableau qui termine cet article, et que leur hauteur respective ne soit pas pro- portionnelle; en effet, dans le C. dracunculus la première dorsale est un peu plus haute que la seconde, tandis que dans le C. Risso cette dernière, au contraire, est du double plus élevée. Sa couleur générale est un brun peu foncé parsemé de pelites taches rondes et plus claires, très-uniformément répandues. Sa nageoire anale est blanchâtre et bordée de bleu. Sa ligne latérale est à-peu-près droite, Dans cette espèce, les ouvertures des ouies sont plus écartées que dans la suivante, d’ailleurs très-voisine, quoiqu’elle en diffère par ses couleurs, par ses nageoires pectorales plus pointues, et par les aisuil- lons des opercules qui sont plus grêles et plus recourbés. La fig. 16 (PL. 1"* ci-jointe) représente ce poisson en dessus et de profil, de grandeur naturelle ; la fig. 16 a les aiguillons des opercules grossis; et la fig. 16 & l'anus qui se termine en mamelon, avec un appéndice. Ce Callionyme, dont la longueur totale n’excède pas six centimètres, a été trouvé par M. Le Sueur sur les rivages de Nice. 11 parait que M. Risso, auquel il a été dédié, ne l'a pas connu : du moins ce natu- (1) Callionymus pusillus , trouvé prés de l'ile d'ivica, l'une des Baltares. Ann. Mus. d'hist nat., tom. XI, p. 330, Pl. 25, fig. 16. Livraison d'août, avec 2 PL, n° I et IL. 1814. ZooLoGie. Société Philomat, Décemb. 1812. (6) raliste n'en fait pas mention dans son Zchtiologie du département des Alpes-Maritimes. 2.9 Le CALLIONYME ÉLÉGANT ( Callionymus elegans } s'éloigne en- core plus du C. dracunculus que le précédent, par la hauteur de sa seconde dorsale qui est {rois fois plus considérable que celle de la pre- mière; et il diffère particulièrement du C. Risso par le nombre des rayons de la première dorsale qui est ici de quatre, tandis qu'il n’est que de trois dans le premier poisson : il se fait remarquer par ses couleurs, en ce que son corps est agréablement varié de dessins oscellés, assez réguliers, d'une couleur blanchâtre sur un fond brun. ( L'on se rappellera que le C. dracunculus est d’un brun uniforme, et que le C. Risso, marqué de très-petites taches rondes uniformément répan- dues, a sa nageoire anale bordée de bleu. ) Le C. élégant ne présente point ce dernier caractère. Sa ligne latérale est sinueuse et comme ramifiée ; tandis qu'elle est droite et simple dans le C. dracunculus. Ses nageoires ete sont assez arrondies. Les aiguillons de ses oper- cules, beaucoup plus développés que ceux du C. Risso, sont moins grêles et moins recourbés en arrière. La membrane branchiostège a quatre à cinq rayons. L’appendice de l’anus est très-court. Ce poisson n’a guère plus de sept centimètres de longueur. La fig. 17 le fait voir en-dessus et de profil, de grandeur naturelle; et la fig. 17 a représente les aiguillons des ouies grossis; ils sont en palte d’oie, avec un appendice dirigé en avant et difficile à apercevoir. M. Le Sueur a trouvé ce callyonyme près du Hâvyre, sur des fonds sableux, TABLEAU des espèces du genre CATLIONYME. 1e. Dors. 2°. Dors. Caud. * Yeux rapprochés. CA PIYra ETC AC ee -RTON- Re = LOMOR EL: NAS ER vdracnnenlus Pac MAR ET NON. = lONesre TO eee Je — sagitta. Lac...... 4 1... g ..... 10 ..... D ..... 11 2... — japonicus. Lac.... 4 ..... a pe nd ce SD OP E L' EDE — pusillus. Laroche. 4 ..... 6 ..... CHE DÉRARCT SEULE — iso. Le STeur- AE ee NON 0-0. 0H--c--1OeE- — elegans. Le Sueur. 4 ...:. 9 ..... 10 ..... 9 ..... 19 ..... genes (72) 18 14. Description des Coquilles univalves du genre RissoA de M. de Freminville; par M. A.-G. DESMARETS. Ce genre, dont l'établissement a été jugé nécessaire par M. C. de Zoozoëcrx. 4 Fremiville, correspondant de la Société Philomalique, porte le nom USER de M. Risso, habile naturaliste, qui le premier a observé les espèces Société Philomat. dont il est composé, aux environs de Nice, soit à l'état vivant, sur les rochers qui bordent la mer, soit à l’état fossile , dans la couche de formation marine, élevée à plus de douze mèires au-dessus du niveau actuel de la Méditerranée, qu'il a décrite dans le Journal des Mines (août 1813, n° 200), et Nouv. Bull. Soc. Phil., t. II, p. 330. Ce genre peut être ainsi caractérisé : Rissoa. ( Rissoa.) Coquille wnivalve, oblongue ou turriculée, le plus sourent garnie de côtes saillantes longitudinales ; ouverture en- tière ovale-oblique , sans canal à la base, sans dents ni plis, ayant ses deux bords réunis ou presque réunis, le droit renflé et non refléchi; point d’ombilic. 1® Espèce. R. A côtes (R. costata ). Coquille turriculée à huit ou neuf tours, dont le dernier est assez développé, avec son bord droit ou externe arrondi et garni d’un bourrelet; marquée de stries fines, pointillées, et parallèles entre elles, sans côtes longitudinales: les autres tours présentant des côtes saillantes , renflées, dont le nombre diminue à mesure qu'ils sont plus rapprochés du sommet de la coquille. Cette Rissoa, qui est d'un blanc transparent plus ou moins grisâtre, a pour caractère constant la couleur violette du tour de sa bouche; de plus, quelques-unes de ses stries sont marquées de lignes colorées brunâtres, interrompues , et dont le nombre varie selon les individus , mais qui est assez ordinairement borné à quatre, également distantes entre elles. (Voyez PI. +, fig. 1.) > Espèce R. OBLONGUE ( R. oblonga ). Coquille turriculée , jau- nâtre, formée de sept ou huit tours; le dernier étant médiocrement développé, et garni de demi-côtes élevées, longitudinales et supérieures, sans stries ni bandes transversales ; les autres tours supportant des côtes longitudinales renflées ; contour de la bouche légèrement fauve , avec deux taches de même couleur sur le bord droit et extérieur; celui-ci moins arqué que dans l'espèce précédente. Cette espèce se rapproche beaucoup de la Rissoa à côtes, mais elle en diffère néanmoins en ce qu’elle est un peu moins renflée, que le bord droit de son ouverture n'est point arrondi, qu’elle ne présente point de stries transversales sur ses tours de spire, et que le dernier de ceux-ci offre des demi-côtes saillantes. ( Foyez PL 1, fig. 3.) (8) %e Espèce. R. VENTRUE (R. venrricosa). Coquille ventrue, ovale- aiguë, composée de cinq ou six tours, le dernier médiocrement renflé, présentant des indices de côtes longitudinales supérieures, et des stries transverses très-fines ; les autres garnies de côtes en long, moins mar- quées que celles des deux espèces précédentes. Cette coquille est d’un blanc plus ou moins jaunâtre , avec le tour de la bouche violet. ( Foyez FER Te.) 4° Espèce. R.TRANSPARENTE ( R. hyalina ). Coquille ventrue, ovale- pointue , formée de cinq ou six tours lisses, sans aucune strie ni côte longitudinale ; chaque tour garni supérieurement d'un sillon qui fait paraitre la suture double. Elle est d’un blanc transparent, avec le bord droit de la bouche brunâtre ou violet, et quelques bandes étroites d’un fauve très-clair, disposées assez régulièrement en bandes longitudinales, qui se réunissent au sommet de la coquille. ( Voyez PL r,fg. 6.) . 5° Espèce. R. VIoLerTe (R. violacea ). Coquille ovale-pointue, à six ou sept tours garnis de côtes longitudinales et de stries pointillées transverses ; une bande violette sur le milieu du dernier tour, qui se continue en violet plus foncé sur le bord inférieur de chacun des autres tours; bouche violette, bourrelet de son bord droit d’un beau blanc. Cette espèce est la plus petite du genre. ( Foyez PL r, fig. 7.) Ge Espèce. R. AIGUE (R. acuta), Coquille aciculée, à huit ou neuf tours de spire tres-alongés, dont le dernier est fort renflé, avec un bourrelet saillant sur tout le contour de l'ouverture, point de stries transverses, mais des côtes longitudinales peu marquées et moins nombreuses que dans les espèces qui précèdent; elle est blanche, avec son sommet jo A teint de violet, sans aucune tache, bande ou fascie colorée. Cette coquille, au premier aspect, a l'apparence d’un maillot ( pupa ) ou d’une clausilie, mais sa bouche ne présente point les dents qu’on remarque dans les espèces de ces derniers genres. (Voyez PL 1, fig. 4:) 7° Espèce. KR. TREILLISSÉE ( R. cancellata ). Coquille ovale, sub- globuleuse, courte, à parois épaisses, composée de quatre ou cinq tours marqués de côtes transverses et de côtes. longitudinales égales entre elles, et laissant des points enfoncés dans leurs entrecroisemens ; couleur d'un jaune fauve terne et uniforme ; bords de la bouche blancs ; ces mêmes bords moins réunis entre eux que dans les autres espèces, ce qui rapproche cette Rissoa des zurbo, dont elle diffère ce- pendant, parce que sa forme générale n’est point conoïde, parce qu'elle u'est point ombiliquée, et parce que sa bouche n’est poigt ronde, mais ovale. Les stries qu'on remarque sur la partie intérieure du bord droit rappellent celles qui existent dans les cancellaires, mais on ne saurait la confondre avec ces coquilles dont l'ouverture est échancrée à la | (9:) base, un peu canaliculée, et dont la columelle est plissée. ( Foyez PL. 1, fig. 5.) s Les individus de cette espèce qui ont été usés par le frottement sont à-peu-près lisses, et ne conservent que les petits creux qui se trouvent entre les côtes des individus en bon état. Ces creux sont disposés en quinconce, comme les petites cavités des dés à coudre. ù Dans son Mémoire sur la presqu'île de Saint- Hoôspice , M. Risso donne le nom de R. plicara à une huitième espèce, qu’on décrira par la suite. A. D. Second Mémoire de M. Henri CASSINI, sur les Synanthérées (1): Daxs son premier Mémoire sur les synanthérées, M. Henri Cassini avait donné l'analyse du style et du stigmate de ces nent Celle des étamines fait la matière du second Mémoire, qui a été lu à la première classe de l’Institut, le 1 2 juillet 1815. Nous allons indiquer quelques-uns des résultats de ce nouveau travail. M. Henri Cassini cousidère, dans une étamine de synanthérée, trois parties principales : le pédicule, Varticle anthérifère, et l'anthère. W distingue dans l’anthère un connectif, deux loges, quatre valves, dont deux antérieures et deux postérieures; le pollen, un appendice terminal, deux appendices basilaires. Le pédicule nait sur l'ovaire, mais sa partie inférieure est greffée au tube de la corolle. L'article anthérifère est ordinairement de même forme que le pédicule, mais beaucoup plus court, et de substance différente: il est articulé par sa base sur le sommet du pédicule; mais il est continu par son sommet avec la base du connectif. M. Henri Cassini pense que chaque globule de po/len est une masse cellulaire, et que le sperme logé dans les cellules s’en échappe par transpiration. Les appendices basilaires n’existent pas loujours. L’appendice termi- nal ne manque presque jamais. Les anthères d’une fleur de synanthérée sont presque toujours entre- greflées latéralement, de manière à former un tube. Cette sorte de grefle s'opère au moyen d'un gluten interposé, et elle a lieu sur la face externe des valves postérieures près de leurs bords. M. Henri Cassini croit, sans pouvoir l’affirmer, que chacune des deux loges de l’étamine des synanthérées est divisée en deux logettes par une cloison. (1) L’extrait du premier Mémoire se trouve dans le nouveau Bulletin des Sciences, n.® 76. Décembre 18r2. Livraison d'août, avec 2 PI., n° Tet IT. 2 181 4. BoTan1QUE: Institut. 12 Juillet 1613. (10) , Ha observé les étamines de plusieurs carrpannliretes } lobéliacées, dipsacéss, valériinées, rubiacées; et il a trouvé dans toùtes quelque différenee essentielle qui les distingue dés étamines des syÿnanthérées. Après avoir tracé les caractères généraux des étaminés des synanthés rées, M. Henri Cassini expose ceux qui'sont particuliers aux étamines des Zactucces, à celles des carduacées, et à celles dé ehacuné des hui£ éections qu'il a formées dans lordre dés asterees ( rerhonies\, hé- lianthes , eupatoires , solidages} inules Ÿ chrÿsanthémes, tussilagés, arctotides ). L L'ordre des carduacées, considéré sous le rapport des étamines, paraît devoir être divisé én trois sections: 1° celle des chardons, dans laquelle les pédicules sont greffés avec la corolle jusqu’au sommet du tube de celle-ci; 3° celle des échirops, dans laquelle les pédicules sont greftés ne la base des incisions du limbe ; 5° cellé dés xeranthémes, dans aquelle lés pédicules sont entièrement libres: La première section, celle des chardons, qui est la plus nombrénse , ourra être subdivisée en deux tribus, dont la premièré comprendrait es pédicules hérissés , et la seconde , les pédieules glabres. La plupart des sections que M: Henri Cassini avait précédemment établies dans l’ordre des astérées , d'apres les diverses modifications du style et du stigmate, peuvent, jusqu'à un certain point, être également caractérisées par celle des étamines. Ce dernier organe offre aussi un caractère propre à diviser la section des chrysanthémes en deux tribus parfaitement naturelles : celte des chrysanthémes proprement dits; dans laquelle les pédicules ne sont greffés qu'à la partie inférieure seulement du tube de la corolle; et cellé des seénecons ; dans laquelle ils sont greftés jusqu’au sommet du tube. la cousidération des étamimes donne lieu de penser que les calendula et leurs analogues devront former une section particulière, voisine de celle des hélianthes. M. Henri Cassini annonce encore la formation d’une autre section nouvelle, composée des geures xanfhium, ambrosia, ia. Les rapports évidens de ce groupe avec la tribu des chrysanthèmes , et sur-tout avec le genre artemisia qui en fait partie, lui persuadent que les ambrosiacées appartiennent à l'ordre des astérées. L'auteur termine son Mémoire par des considérations générales, dans lesquelles il prétend que le principal caractère que l’étamine fournit, pour caractériser la classe des synanthérées, ne consiste point, comme on l'a cru jusqu'ici, dans la connexion des anthères, mais dans l'existence d’un article anthérilère, organe très-distinct, très-remarquable, quoique les botanisies ne semblent pas l'avoir apercu. IL remarque qu’en général, et sauf exceptions, y aune concordance manilesle entre les caractères des étamines et ceux du style et du stig- (ax) mate ; en sorte que la classification établie dans son premier Mémoire par lesicaractères du style.ét du shymaie, se trouve presque entièrement confirmée dans celui-e1 par le caractère des étamines. |: Néanmoins il avoué-que cette concordance ordinaire est souvent troubléé par quelque discordance (x); 1l confesse avec la même sincérité que presque tous les caractères qu'il à proposés comme ordinaires, soit dans son premiér Mémoire, soit davs celui-ci, sont sujets à des anoma- lies ou exceptions plus ou moins graves, plus ou moins nombreuses, Mais, selon lui, les véoétaux n'ayant pas un seul organe qui ne soit sujet à plusieurs anomalies, et leurs organes n'offrant pas un seul carac- dère qu ne soit modifié où même démenti par plusieurs exceplons, il faut, pour former une méthode naturelle, n'avoir jamais égard qu'aux caractères ordinaires, et faire abstraction des caractères insolites. D'où il suit qu'une classification naturelle ne peut se fonder que sur la réunion des caractères ordinaires de tous les principaux organes ; alu que, dans tous les cas où les caractères ordinaires d'un organe penvent se-trouver en défaut , les caractères ordinaires d’un. ou de plusieurs autres organes, se présentent pour lever le doute, prévenir ou rectilier l'erreur. M. Heori Cassini soupconne que la section des hélianthes et celle des chrysanthêmes devront être immédiatement rapprochées. 11 fait remarquer que l’ordre des astérees ne peut être caractérisé ni pe le style et le stigmate, ni par les étamines, et il en conclut que, si a corolle et l'ovaire ne le caractérisent pas mieux, cetordre devra être supprimé, et remplacé par ses seclions, qui des-lors s'élèveront d'un degré, et deviendront des ordres du même rang que les lactucées et les catluacées,. . Enfin, le résultat capital du Mémoire dont nous donnons l'extrait est que, les diverses modifications de l’organemäle se trouvant généralement, chez les synanthérées , en rapport avec celles de l'organe femelle et avec les affinités naturelles, l'analyse des étamines confirme presque entièrement la classification établie dans le premier Mémoire de M:Henri Cassini , la rectifie en quelques points, l'élend et la perfectionne, Ce concours des deux organes analysés fait augurer avec vraisemblance que la même classification sera également confirmée par les analyses dela corolle et de l'ovaire. (1) Par exemple, les caractères des étamines replacent les carduactes au milieu dela série des trois ordres, tandis que les caractères du style et du stigmate les avaient rejetées à la fin. LA 161 4. Paysique. urn. de Physique. Octobre 1813. (12) Sur la Phosphorescence des gaz comprimés ; par M. DESSAIGNE: « Dépuis plusieurs années, M: Mollet, physicien de Lyon, avait fait connaitre le fait curieux d’une lumière qui paraît à la bouche du canon d’un fusil à vent lorsqu'on le décharge des l'obscurité. En 1810, dans un Mémoire sur la phosphorescence par collision, que j'ai lu à l'Institut, après ‘avoir fait connaître plusieurs faits dans lesquels l'apparition lumineuse ne se produit que par l'écart des parties, j'avais conclu qu’il y a, pour la lumière eachée dans les corps, deux modes d’excitation, l'un qui est le résultat d’une pression, et l’autre qui se produit dans l'expansions « Depuis, les chimistes français nous ont fait connaitre deux mixtes, dans lesquels l'excitation lumineuse a également lieu par un mouvement expansif au moment de leur décomposition. « J'ai pris un vase de verre cylindrique, connu en physique sous le nom de casse-vessie ; j'ai fermé son onfice supérieur avec une vessie mouillée, que j'ai bien tendue et ficelée tout autour du vase ; j'ai laissé sécher naturellement à l'air cette vessie, jusqu'a ce qu’elle ne recelât plus dans sa substance aucune humidité ; après quoi j'ai posé le casse- vessie sur le plateau d’une machine pneumatique, et j'ai fait le vide dans l'obscurité. Au moment où l'air, par sa pression, a fait éclater la vessie pour se précipiter dans le vide, ur éclair très-vif a illuminé 1out l'inté- rieur du récipient: « Cette expérience fait spectacle lorsqu'elle a lieu pendant la nuit: la lumitre qui se dégage est blanche et intense comme celle de la com- bustion du gaz oxigène avec le gaz hydrogène dans l’eudiomètre de Volta; mais elle est circonscrite dans son épaisseur, et se prolonge jusqu'au fond du vase. On ne peut mieux la comparer qu’à ces traits de feu qui sillon- nent les nuées dans un tems d'orage. « Lorsque la vessie se casse d'elle-même avant que d'avoir fait entière- ment le vide, la lumière, qui se dégage alors, est faible, rougeâtre, et ne paraît qu'au fond du vase. En général, elle est d'autant plus forte et abondante, que le vide est plus parfait an moment où l’on casse la vessie, Lorsque la rupture de la vessie se fait simultanément par deux points différens, l’on voit deux points lumineux ; dans le cas contraire, on n’en voit qu'un. « Les éclairs qui précèdent le bruit du tonnerre dans les orages ne seraient-ils pas produits de la même manière ? » (15) Note sur le gisement de quelques Coquilles terrestres et fluviatiles ; par M. MARCEL DE SERRES. UXxe des formations où l'on peut espérer, avec le plus de certitude, de trouver des coquilles fluviatiles fossiles, paraît être celle des lignites ; car il devient tous les jours de plus en plus probable que ces hgnites ont végété dans les lieux même où on les rencontre aujourd’hui. Quoi qu'il en soit, cette formation, bien plus récente que celle des houilles, ne se trouve jamais, selon la remarque de M. Voigt (1), que dans les terrains de transport. Les couches de lignites ou de bois bitumineux se rencontrent en effet le plus souvent entre des couches ou assises d'argile grisâtre ou bleuâtre et de sable. Sur ces substances, il s’est encore élabli postérieurement des couches de sable, de glaise, et même de tourbe. Du reste, ces recouvremens étant très-accidentels, 1l est, en général, assez superflu de les mesurer et de les caractériser avec soin, car, à de fort petites distances, ils sont déjà tout autres. Les lignites ont toujours pour toit une couche d'argile qui prend par-tout un aspect feuilleté , et de là vient que plusieurs auteurs l'ont prise à tort pour de l'argile schisteuse, et lui ont donné ce nom. La véritable argile schis- teuse ne vient que dans les terrains houillers, et cette erreur n’a pas peu contribué à faire confondre les houilles avec les lignites. Cependant les premières sont d’une formation bien plus ancienne, sur-tout les houilles schisteuses et pulvérulentes qui se montrent toujours dans les montagnes secondaires de la plus ancienne formation. On ne les trouve pas seulement dans le voisinage et sur le penchant des montagnes primitives, mais sur des points assez élevés de ces montagnes. Quant à la houille schisteuse, elle est accompagnée de couches d'argile schisteuse mêlée avec une sorte de grès semblable à la grauwacke, et propre à cette formation. La houille lamelleuse vient, au contraire, dans la formation des grès secondaires, où elle s’y trouve le plus souvent en couches de un à deux pieds de puissance; son toit et son mur sont une argile ou limon gris. Le mode de sa formation a, du reste, de grands rapports avec celui de la houille schisteuse , quoi- que l’époque de sa première formation soit de beaucoup postérieure. Enfin, toujours suivant le même observateur que nous avons cité plus haut, la houille limoneuse ne se trouve que dans la plus récente des formations de calcaire secondaire , et elle lui est exclusivement propre. A Eee (:) Traité sur la houille et le bois bitumineux, Journal des Mines, t, XXVII, p-6 et suiv. Le — 1814. GÉOLOGIE. Annal, du Mus. (142) Les coquilles fluviatiles fossiles, au milieu de la formation des lignites, sont aussi un fait bien coustaté depuis lony-tems, etil parait que c'ést à M. Faujas de Saint-Fond que! la première Commaissance en est due. 11 a en eflet décrit avec soin celles qui existent dans les mines de lignite de S.-Paulet (r), mais probablement les ampullarres qu'il'a considérées comme marines sool aussi bien fluviatiles que les mélamies et des planorbes , avec lesquelles on les rencontre. Ce lqui le prouve, c’est que, depuis les observations de M. Faujas, on a trouvé dans cette même mine des paludines, et c’est a M. Desmarets, si connu par son exartitude , que nous devons la connaissance de ce fait (2). Quant aux coquilles que nous avons observées dans les mines de lignile: de Cézenon, viljage situé dans le département de l’Héraut, et près de Béziers, nous ne pouvons avoir de doute sur leur gere d'habitation , puisque celles qu'on peut y reconnaitre appartiennent loutes au genre planorbe, ou aux ambrèttes. Les mines de lignite de Cézenon sont exploitées avec peu de régu- ité ; à peine y compte-t-on plusieurs ouvriers. Aussi, dans l'étatactuel des travaux, il est fort difhcile de reconnaitre l’ordre de superposition des diflérentes couches; mais, autant que M. Marcel a pu s'en assurer, voici celui qui lui paraît le plus constant: Au-dessous d'une couche de terre végétale généralement un peu épaisse , on observe d’abord un calcaire secondaire coquiller, de la plus nouvelle formation, et dont les afleuremens sont au niveau du sol. Ce calcaire solide, renfermant des moules de cérithes, offre encore d'autres coquilles marines dont les genres paraissent amalogues à ceux qui exisiermt maintenant, Au-dessous de ce calcaire, on observe une marne calcaire endurcie , à couches plus où moins épaisses, et dans laquelle on n’a point observé de fossiles. Immédiatement après , vient un calcaire fétide un peu bitumineux et encore assez solide, dont l'épaisseur des couches est assez variable, si l'on peut se fier à ce que «disent les ouvriers. Le calcaire bitumineux noiâtre rempli de coquilles évidemment fluviatiles, parmi desquelles on reconnait très- bien des planorbes et des ambrettes, vient ensuite, Ce calcaire com- pact , à cassure irréguliore et raboteuse, offre une couleur d’un brun légèrement moirâtre; mais en se décomposant à d'air, il prend une puance d'un gris assez clan: il a, du reste, fort peu l'aspect des autres calcaires de la formation d’eau douce, qui ‘ont {ous un tissu plus ou moins che. Quant aux coquilles que ce calcaire renferme, elles sont le plus souvent tellement altérées, que leur couleur passe au blanc (1) Annales du Muséum d’histore naturelle, t,XIV, p.314 — 354. (2) Journal des Mines, n° 199. Juillet 1813. (5) le plus parfaït, muance que fait encore ressortir davantage la couleur sombre du cak-aire. Alu-dessous de cette roche se montre une argile bitumineuse: noirâtre, qui repose sur une argile feuilletée également bitumineuse : celle-ei se distingue facilement de la couche précédente par son aspect luisant et même éclatant, et enfin parce qu'elle se délite en feuillets très-prononcés. Après les argiles feuilletées paraissent les lignites, d’abord ceux qui conservent encore le lissu et l'aspect du bois, et puis les compacts, distingués aussi par leur cassure con- choide et éclatante. Comme les ouvriers qui exploitent ceite mine s'arrêtent lorsqu'ils sont arrivés aux couches de lignites, il est difficile de savoir sur quoi ils reposent. Du reste, tous les ouvriers ont assuré l'auteur que les argiles feuilletées revenaient après les ligniles ; et, autant que M. de Serres a pu le reeonnaitre, il lui à paru que ce fait élait exact, La seule coquille fluviatile parfaitement entière que M. Marcel de Serres a pu jusqu’à présent détacher du caleaire bitumineux, est un planorbe qui se rapproche d'une espèce assez commune dans nos mares, le vortex de Muller, Verm. Hist., n° 345, p. 158, et de Draparnaud, tab. 2, fig. 4. Geollroy a décrit cette espèce sous le n° 5, et il la ca- ractérise par la phrase suivante: « Le planorbe a six spirales à arrête. » Cependant, quoiqu'il y ait entre l'espèce fossile et le vortex quelques. analogies, elles ne portent guère que sur la taille et l’ensemble des formes; car, du reste, elles différent complétement, ainsi que notre déscripüon et notre figure vont le prouver. Le planorbe des mines de Eézenon n'a pas non plus de ressemblance avec les espèces fossiles déjà décrites : aussi le croyons-nous totalement nouveau, ainsi que nous le ferons observer plus tard. PLANORBE RÉGULIER. ( Planorbis regularis. ) ( Voyez PL. 1, fig 15. } Ce planorbe a au moins quatre tours de spire , remarquables par la régularité qui existe entre eux; car ils grossissent si insensiblement, que ce nest qu'a l'extrémité du dernier que le renflement devient bien sensible. Ii n'offre pas de carènes, aussi ses tours sont-ils très-arrondis, et presque aussi convexes en dessus qu'en dessous. Il en résulte que les tours sont très-prononcés. Le point central ou l’ombilie de la coquille est un peu enfoncé en dessous, et beaucoup moins en dessus. Autant qu’on peut en juger, l'ouverture de la bouche a la forme d’un ovale alongé et comme anguleux. Nous n’osons, du reste, assurer que le bord supérieur de la bouche fût plus avancé que l'inférieur. La couleur de ce lanorbe est d’un brun rougeâtre foncé; mais probablement cette cou- rs n’est qu’une suite de l’altération qu'il a éprouvé, et d’un peu d’oxide de fer dont il est pénétré. Comparé avec les espèces fossiles déjà décrites, on voit aisément qu’on 18 14. (16) ne peut guère l'assimiler aux planorbis cornea et Prevostiana , figurés par M. Brongniart (1); et quoique ces+planorbes n'aient que quatre tours de spire, ils en diffèrent considérablement, sur-tout: par la gran- deur de leur dernier tour, et le peu de régularité qui existe dans l’ac- croissement des tours de la spire. Le même caractère sépare également , d'une manière tranchée , notre planorbe d'avec le planorbis lens décrit par M. Brongniart, dans le Mémoire que nous avons déjà cité. On ne peut pas non plus confondre le planorbe réculier avec ceux figurés par M. Brard (2): son planorbe arrondi n'offre bien également que quatre tours à la spire , mais il diffère tellement du nôtre par sa taille et par sa concavité dans un sens, et par sa convexité dans un autre, qu'il est impossible de leur trouver la moindre analogie. Notre planorbe s'éloignant encore davantage des autres espèces fossiles connues jusqu’à présent, et même de toutes Les espèces vivantes , doit être regardé comme entièrement nouveau. Dans l’état actuel de la géologie , ilest assez important de noter les lieux où se trouvent les différentes espèces de coquilles à l'état fossile, sur-tout si en même temps on peut en faire connaitre le gisement. C’est sous le premier rapport qu'il est intéressant de savoir qu'une espèce de paludine qui paraît bien peu différente de celle qu’on observe dans les étangs saumâtres de la Méditerranée , et même de l'Océan, existe fossile près de Fribourg en Suisse. La fig. 8, pl. 1, que nous Joignons à notre description, fera juger facilement combien peu diffèrent ces co- quilles. C’est à l'excellent observateur, M. Sionnet , que nous devons la conpaissance de ce fait: malheureusement nous n’avons rien pu savoir sur le gisement de ce fossile. Nous devons également au même natu- raliste , la connaissance d’un gisement assez singulier de coquilles ter- restres à demi-fossiles, et qui offre cette particularité de renfermer des espèces qu’on ne voit plus vivantes dans les mêmes lieux. Ce gisement est, du reste, assez curieux pour mériler d'étre décrit avec plus de détail. Sur la rive gauche du Rhône, aux portes même de Lyon, en ga- gant la route de Paris, on voit d’un côté le Rhône étendre son lit dans une plaine basse et unie, tandis qu’il est borné, du côté de la ville, par un exhaussement du sol dont l'élévation moyenne peut être de 80 à go toiscs. Cet escarpement, que le Rhône a rendu presque perpendicu- laire dans certaines parties, est en général formé par un sol de transport, au milieu duquel on distingue des bancs plus où moins épais de galets dont l’inclinaison constante est toujours opposée au cours du Rhône, ce qui annoncerait que ces bancs de cailloux roulés n’y ont point été trans- (1) Annales du Muséum d’hist. natur., t. XV, p. 357 — 405. (2) Annales du Muséum , t. XIV , p. 226 — 440, (17) portés par cette rivière. Quoi qu'il en soit, c’est au-dessus de ces escar- pemens, presque partout formés par des bancs calcaires, marneux et argileux, que se trouvent les coquilles dont nous parlons, dans une couche marneuse fort tendre et jaunâtre. Ces coquilles s’y trouvent en très-grande abondance à six ou huit pieds au-dessous du niveau du sol, surtout dans le canton de Saint-Foix, et à la Croix-Rousse, dans la campagne même de M. Gilibert, les unes sont tout-à-fait blanches, et les autres n’ont perdu qu’une partie de leur couleur ; mais Les deux espèces que l’on y rencontre ne se trouvent plus vivantes dans les mêmes lieux. La première est une coquille terrestre, connue depuis long-tems des naturalistes sous le nom d’helix arbustorum, et très-bien figurée par Draparnaud. Lorsqu’elle est bien entière, ce qui est rare, son test semble avoir pris plus de solidité ; quand au contraire elle est toute exfoliée , comme cette exfoliation ne se fait que peu à peu, son empreinte seule subsiste. Cette coquille, du reste, parait généralement plus petite que l’espèce vivante , mais cette différence, si toutefois elle est constante, n’est pas, d'apres l'avis de MM. Faure-Bignet et Sionnet, assez tranchée pour permettre de les séparer. La seconde coquille à demi-fossile, si l’on peut s'exprimer ainsi, est le /ymnœus elongatus de Draparnaud, qui ne diffère de l'espèce vivante que par la blancheur et l’altération de son test. Ce serait en vain qu’on chercherait dans les lieux où l’on trouve ces deux coquilles, et même à une assez grande distance, les espèces ana- logues vivantes ; elles ne s’y rencontrent plus maintenant. Ainsi ces co- quilles doivent avoir été transportées dans les terrains où on les voit aujourd’hui : lorsque la masse qui les enveloppe aura pris une plus grande solidité, on aura des bancs de calcaire marneux renfermant des coquilles terrestres et fluviatiles analogues à nos espèces vivantes. Du reste , avec les deux espèces que nous venons de signaler, on en trouve plusieurs qu’on voit vivantes dans les lieux mêmes où elles sont demi- fossiles. Ainsi on y observe l’helix aspersa, nemoralis et carthusiana fort communes aux environs de Lyon ; à la vérité, ces dernières se trouvent à l'état fossile en moins grand nombre que les deux espèces dont nous avons parlé en premier lieu. Eofin nous terminerons ces observations, en faisant remarquer que les espèces fossiles analogues aux vivantes sont peut-être moins rares qu'on ne le croit. Nous ajouterons aux analogues connus, l’auriculæ myosotis de Draparnaud, pag. 55, n°. 1, que M. Delavaux, professeur au Lycée de Nismes, a trouvé fossile dans une marne bleuâtre qu’on avait creusée dans les travaux qu'a nécessité le nouveau canal du Rhône à Marseille, cette espèce existe à cinq ou six pieds de profondeur près de Boisvieil; à peu de distance de Foz-les-Martigues , département des Livraison d'août, avec 2 PI, n.° I et IL. 3 ones 1814. ZooLoc1r, Société Philomat, | (18) | Bouches-du-Rhône. Du reste, nous n'avons pu avoir de plus amples détails sur son gisement, mais la figure que nous donnons de cette auri- cule fossile (Pl. 1, fig. 9),ne peut lasser le moindre doute sur son identité avec l'espèce vivante. Elle n’a même éprouvée d'autre altération que la perte de ses couleurs ; toutes ont en effet une teinte d’un blanc légèrement rosé, en sorte qu'avant conservé tous les caractères qui la distinguent, il n’est pas possible de la méconnaitre. Note sur les Ancyles ou Patelles d'eau douce, et particulièrement sur deux espèces de ce venre non encore décrites, l'une fossile et l'autre vivante ; par M. A.-G. DESMARETS. LA distinction des terrains qu’on suppose avoir été formés sous les eaux douces, a été fondée principalement sur l'observation dés co- quillages fossiles appartenant aux genres /ymnœus et planorbis, que renferment ces terrains; et, de plus, elle a été appuyée par la dé- couverte de corps organisés, aussi fossiles, mais presque microscopiques, qui accompagnent ces mêmes coquillages, et qui ont, dans la nature vivante, leurs représentans , soit parnn les petits animaux du genre des cypris et de l’ordre des entromostracées , soit dans les fruits ou capsules des. plantes aquatiques connues sous le nom de charagne chara. ) ; Celles des productions naturelles qui semblaient devoir caractériser le mieux la formation des terrains d’eau douce, c’élaient sans doute les débris de ces-petits coquillages placés par la plupart des nataralistes dans le genre parella de Linné, et que Geoliroy et Praparnaud en ont séparé pour en former un genre particulier, auquel ces naturalistes obt imposé la dénomination d'arcyle. Jusqu'à présent les recherches des observateurs n'avaient pu apporter la preuve de l'existence de coquilles semblables ou analogues à celles-ci dans les couches de la terre , lorsque le hasard la présenta à M. d'Omalius de Halloy, dans le voyage qu'il entreprit, l'année dernière, en Allemagne. Ce savant géologue trouva en effet, aux environs d'Ulm en Bavière, des frag- mens d'un calcaire gris-jaunâtre à grain frès-fin, fort semblable à la pierre de Château-Landon , et il remarqua sur l'un de ces fragmens une empreinte de palelle fort bien conservée. IL a remis, depuis, cette empreinte à M. Desmarest, en l’engageant à la comparer avec les ancyles ou patelles d'eau douce, qui ont été reconnus Jusqu'à ce jour. M. Desmarest s’est occupé de cet objet, et il résulte de ses re- cherches que le nombre des espèces d'ancyles se monte à cinq main- tenant, savoir : quatre vivantes et une fossile. 11 a cru devoir préciser (19) les caractères distinctifs de ces cinq coquilles, et en donner des figures exactes, ( Foyez la PI. 1°, ci-jointe.) ra, 1® Espèce. L'ANCYLE DES LACS (ancylus lacustris ). Geoff, Drap. Elle est pellucide, blanchâtre, ovale tres-alongé, avec un de ses bords légèrement sinueux ; son sommet est peu élevé, placé près de l’ane des extrémités de la coquille, et légèrement recourbé. Îl n'y a point de stries divergentes sur la surface extérieure de cette espèce. ( Foyez PL r, fig. 10, grandeur naturelle.) | 2 Espèce. L'ANCYLE DES FLEUVES ( anc. fluviatilis). Drap. Elle est blanchâtre , transparente, mince. Ses bords forment un ovale peu alongé , légèrement sinueux sur un côté; le sommet est assez élevé, recourbé , et sert de point de départ à une infinité de très-petites stries qui se rendent en divergeant aux bords de la coquille. ( Foyez PL. x, fig. 12, grandeur naturelle, avec le sommet grossi. ) 5° Espèce. L'ANCYLE RIVERAIN ( anc. riparius ). Desm. La coquille de cet ancyle est épaisse, peu transparente, brune en dehors, nacrée en dedans ; ses bords forment un ovale peu alongé, assez ‘régulier. Son sommet est élevé, recourbé, et sert de point de départ à un certain nombre de faces où méplats peu distincts, qui se rendent en divergeant aux bords de la coquille, et qui sont marqués de stries, beaucoup moins apparentes dans les individus de cette espèce que dans ceux de la précédente, quoique ces derniers soient quatre Pis plus petits. Cette coquille, qui acquiert une longueur de huit millimètres sur une hauteur de cinq millimètres, a été trouvée aux environs de Lyon, par M.Faure- Biguet, qui l'a envoyée à M. Brongniart. Elle est représentée PI. 1", fig. 11, de grandeur naturelle. 4° Espèce. L'ANCYLE ÉPINE DE ROSE (anc. spina rosæ). Drap. Cette coquille, découverte par. M. Daudebard de Ferrussac fils, à Lauzerte , département de Lot-et-Garonne, est la plus petite du genre, et rappelle, par sa forme, celle des épines de rosiers. Elle a le sommet très-aigu et incliné; son bord est arrondi d’un côté et droit de l’autre, en sorte que sa base représente à peu près une moitié d'ovale, prise dans le sens de la plus grande dimension. ( Voyez PL 1, fig. 15, grossie et de grandeur naturelle. Copiée de l'ouvrage de Draparnaud. ) 5° Espèce. L’ANCYLE PERDU ( anc. deperditus ). Desm. On ne saurait confondre cette espèce, trouvée par M. d'Omälius de Halloy, avec l'ancylus lacustris, dont la forme est beaucoup plus alongée, ni avec l'ancylus spina rosæ, dont le sommet est tres-prolongé ,'et l'ouverture semi-ovalare. Elle se rapproche, beaucoup plus de lancylus fluviatilis ou de l'arcylus riparius, mais son sommet est plus excenirique que celui de ces deux derniers, et sa hauteur est sur-tout moins considé- rable, autant qu'on en puisse Juger néanmoins, d’après le moule en cire qu'on a pris sur la seule empreinte qu'on ait pu examiner de cette 1814. MinéRALOGIE. Annales de Chimie, N° 262, P: 99- (20) coquille éme: plus, elle ne présente ni les stries divergentes, ni les méplars aussidivergens qu’on observe dans ces deux derniers ancvyles. M. Desmarest, en reconaissant ces diflérences, qui, selon lui, séparent l'ancyle perdu de tous ceux qu’on a observés vivans jusqu'a ce jour, n'ose pas cependant assigner de caractères positits à cette espèce; il attend, pour le faire, que les circonstances l’aient mis à même d'examiner de nouveau fragmens de la pierre calcaire d'Ulm renfermant des débris ou des empreintes de cette coquille. A. D. Analyses de plusieurs substances minérales ; par M. JoHN. 1°. Analyse de l’agalmatholite de la Chine; tale glaphique, Haüy ; bidelstein de Klaproth, et valsairement pierre de lurd. Variété jaune de cire. Silices homes inemttnne 55 Oxide de manganèse. ..une trace, Alumine 25e rie SE) IBOTASSE fe PA As eee 6,25 Chaux rtneer PR TO ei TEL DATI AON dan plie de 000 Oxidede Her PERRET ENNE Variété rouge. à SiiCe Le enihsase NO OXIdE UP IHANTANESE METRE Auminese:c certe tre )0 2 POlASSE tente en 6 Chase EE ee ENS aus LM SAS + TEST Oxide defer,.., ee 01570 2°. Analyse de la gabronite. Sites ES mA ee EM Haus E Het RMS Alamine 2% Mann Aa Potasse.et soude, ..: 14, -tr7325 Magnésie. ..... ic ONE NT 590 ———— Oxide de fer manganésifere. 125 100,00 3° Analyse du fossile nommé /ytrode. Sihces ie ARR AUTO Soudemiennmer S DRTIS ESRI Ce) Alumine 4e dr OT IOMIBAU RPC CSL EL AO, Oxide defense ter see A FRUE : Magnésie........ Chaux. . :... cc. 12,79 MOxidede manganèse. . É neReetes 4". Analyse du Razoumoffskin, minéral qui se trouve à Kosemutz, accompagné de pimelite et de chrysoprase. SCENE NE PANNE ER 5o Magnésie , oxide de fer et AMumme.moner cn IR 70/1068 Chaux EE PÉCC TETE ER EM D AMITNEL EE 20 Potasse. ... ,4..144..04/.. 10,37 Oxide de Nickek:.,41.55,Mo,7b (21) 5°. Analyse du zircon, trouvé à Friederschwaern en Norwège. ACCES e RRPIG4 Oiride de fer... 20,0 SCO ARE TA Oxidéde titanes 00000000 tr 101,50 6°, Analyse du wavelite terreux. Alumine enr sn emo Er7 4 Potasse.s se ile eu. Moi bo Faure bide See r00 Chan hr Rene 100,00 Mapnésie...\...es sise 110569 Mémoire sur quelques points de l'anatomie de TŒil; par M. Epwaros. L'AUTEUR y donne un procédé facile pour reconnaitre l'existence de la membrane de l'humeur aqueuse. 11 a examiné avec soin cette mem- brane , sous le rapport de sa situation, de son trajet, de ses limites et de ses propriétés. Elle forme dans le fœtus, pendant l'existence de la membrane pupillaire, un sac sans ouverture, qui tapisse la chambre antérieure, par conséquent la face postérieure de la cornée, ainsi que la face antérieure de l'iris et de la membrane pupillaire. A cette époque il n’y a point d'humeur aqueuse dans la chambre antérieure; elle ne pénètre point dans la chambre postérieure, comme on l'avait présumé d'après Demours. Dans l’homme et les quadrupèdes, cette membrane est du genre des séreuses. M. Edwards a constaté, dans les oiseaux et les poissons, l'existence d’une membrane analogue quant à sa situation et son trajet, mais différente par son tissu. Chez l’homme et les qua- drupèdes, elle ne paraît pas contribuer sensiblement à la sécrétion de l'humeur aqueuse. M. Edwards passe ensuite à l'examen de la structure de l'iris. Selon lui elle est formée, chez l’homme et les quadrupèdes, de plusieurs membranes, 1° d'un plan moyen, formé de fibres, et qui constitue le tissu propre ; 2° d’une portion de la choroïde qui tapisse sa face posté- rieure, el constitue ce qu’on appelle l’wvée; 5° d’une autre portion de la choroide qui revêt la face antérieure du tissu propre; 4 d'une partie de la membrane séreuse de l'œil ( membrane de l'humeur aqueuse ), qui recouvre celte portion de la choroïde, et forme la tu- nique antérieure de l'iris. M. Edwards a trouvé que la membrane pupillaire est formée anté- rieurement par une portion de la membrane de l'humeur aqueuse, postérieurement par une continuation de la choroïde qui revet l'iris; il n'a pu déterminer si le tissu propre entre dans sa formation. 1814. ANATOMIE. Institut, GioLocrtr. Institut, (22) Il reconnaît que la lame interne de la choroïde, ou la ruyschienne, et la lame externe de cette membrane, ont une existence indépendante, puisqu’à l'iris elles sont séparées par son tissu propre. C'est la ruys- chienne qui contribue à former les procès ciliaires, et qui revêt la face, postérieure du tissu propre de l'iris. C’est la lame, externe de la choroïde ui revêt la face antérieure du tissu propre-de l'iris. Il finit par indiquer quelques points d'anatomie et de physiologie de l'œil, qui seront l’objet d'un autre Mémoire ; tels que la source de l'humeur aqueuse, qu'il rapporte aux procès ciliaires; l'existence de l'artère du corps vitré et du cristallin, qu’on peut reconnaitre sans le secours de l’injection, etc. F.M. Nouvelles Observations sur le prétendu homme témoin du deluge de Scheuzer; par M. G. Cuvier. M.Cuvier avait fait voir, dans un précédent Mémoire (1), que la pé- trification d'(Eniugen, donnée par Scheuzer pour un anthropolithe, prise ensuite par J. Gesner pour un Silure, était une portion de squelette d’un amphibie du genre Protœus, ayant environ un mètre, et plus grand par conséquent qu'aucun de ceux que l’on connait; mais il n'avait établi cette opinion el ses preuves que sur les figures qu’il connaissait de ce fossile. A yant eu l’heureuse occasion de l’examiner lui-même à Harlem, il a pu y observer des petites parties caractéristiques que les figures et les descriplions avaient négligé de faire connaître, et a pu, par un adroit travail, découvrir d’autres parties cachées dans la pierre, qui ont confirmé, par des preuves surabondantes, le rapprochement qu'il avait fait. Ces preuves sont tirées principalement d'une grande quantité de petites dents fines et serrées qui garnissent le bord circulaire des deux mâchoires; de l'os maxillaire supérieur qui se termine ayaut d’avoir atteint l'os jugal, etc., comme dans les salamandres; de l'articulation de la tête sur l’atlas par deux condyles; du mode darticulation des vertèbres, des rudimens de côtes portées sur les apophyses transverses des vertèbres dorsales ; de la présence des extrémités antérieures, com- posées d’un humérus, d’un cubitus et d’un radius distincts; des quatre os du métatarse, et de la main avec ses quatre doigts et leurs pha- langes égaux en nombre à ceux des salamandres. e Enfin on y a découvert aussi les os de Fépaule répondant à la partie ossifiée de l'omoplate des salamandres. Par tous ces caractères, l'animal d'Œningen semble d’abord appartenir au genre des salamandres ; mais me à (1) Ann. du Mus., tom. XIE, p. 411. (23 ) : deux pièces osseuses placées en arrière du crâne ; représentent parfai- tement les os qui, dans le Siren. lacertina, soutiennent les branchies. Ce caractère et l'ossification terminée, de ce reptile, considération qui ne permet pas d'en faire une jeune salamandre, le distinguent de ce genre, pour le ramener à celui des protées, ainsi que M. Cuvier l'avait déjà annoncé. A. B. Mémoire sur le genre Bananier; par M. DEsvaux. ( Analyse.) LEs deux piècés du périanthe qui entoure les étamines et les pistils Boraxiquer. du Bananier, ont recu différens noms. Tournefort et ceux qui ont adopté 1614. ses principes les regardent comme un calice; Linnæus, au contraire, et Société philomat ses sectateurs, leur donnent le nom de corolle. La partie extérieure de ceite enveloppe florale est une lame alongée, tronquée , découpée à son sommet, dont la base entoure le sommet de Fovare, excepté dans un seul point. Quelques-uns la nomment pérale extérieure, d'autres la nomment division extérieure du calice.M.Desvaux la regarde comme un calice coloré, et il pense que la foliole intérieure est une corolle, facon de voir qui ne s'accorde pas avec les analogies admises par la plupart des botanistes. . Les élamines, communément au nombre de cinq, sont placées in- térieurement ; quelquefois 1l y en a six, et c'est même le nombre le plus naturel : mais il arrive souvent que celle qui se trouve le plus près de la corolle, avorte. Quelquefois le rudiment de cette sixième étamine est très-apparent ; et d'autres fois, à la place de ce rudiment , se trouve une lame nectarifere. On remarque aussi, Inais assez rarement, une sorte de pétale adossé au premier; en examipant sa position, on reconnait que ce n’est autre chose que la sixitme étamine dont le filet s’est dilaté et changé en pétale. “a L'auteur fait un examen critique des espèces ou variétés qu’on a réunies à Ce genre. Linnæus, dans le Musa cliffortiana , ne distingue qu’une seule espèce de Bananier, à laquelle il réunit plusieurs variétés, que Bauhin, Plu- mier et autres avaient regardées comme des espèces distinctes. Dans les ouvrages qu'il publia ensuite, il en distingua trois, savoir : le Musa sapientum, le Musa paradisiaca, et le Musa troglodytarum. Suivant cet auteur, les fleurs mâles du Musa sapientum persistent , tandis qu’elles tombent aussitôt après leur épanouissement dans le Musa paradisiaca; c’est le seul caractère par lequel il distingue ces deux plantes; MM. Adanson et Loureiro assurent que cette différence n'est pas constante. L'un et l'autre Bananiers ont l'épi incliné. et Institut. Juin 1814. (34) Linnæus donne pour caractère distinctif du Musa troglodytarum un épi redressé, mais il est de fait que l’épi de cette plante est courbé dans plus des deux tiers de sa longueur. La seule différence consiste en ce que les fleurs fertiles étant placées à l'endroit où l’épi sort d’entre les feuilles, les fruits n’ont pas assez de pesanteur pour le courber dans cette partie. D'après ces considérations, M. Desvaux regarde les trois espèces mentionnées ci-dessus comme de simples variétés. Aublet a distingué une nouvelle espèce de Bananier sous le nom de Musa humilis; mais on a reconnu depuis qu’elle appartenait au genre Heliconia. Loureiro, qui avait eu occasion d'observer dans l'Inde un grand nombre de Bananiers, chercha à distinguer les espèces qu'il avait sous les yeux, et il crut en reconnaitre cinq ; mais les caractères, fondés sur la présence ou sur l’absence des graines, et sur la forme des fruits, sont insufhisans. L'espèce que Loureiro nomme Musa nana, parce qu’elle ne s'élève qu'à la hauteur de quatre à cinq pieds, et dont les He sont toutes fertiles, pourrait peut-être être regardée comme une espèce distincte ; cependant l'organisation des fleurs des Bananiers est telle, que toutes les fleurs peuvent devenir fertiles lorsqu'il n’y en a qu'un petit nombre sur l'épi. Quant à la petitesse de la plante, elle ne peut servir de caractère distinctif, Les deux Bananiers dont M. Jacquin a publié la description dans l'Hortus schœnbrunensis, l'un sous le nom de Musa rosea, l'autre sous celui de Musa maculata, ne sont, suivant M. Desvaux, que deux variétés du Musa say ientum. Le premier n’a rien de remarquable, sinon que les bractées des fleurs stériles s’écartent en forme de rose, tandis qu’elles se renversent dans la plupart des autres espèces. Le Musa maculata a les feuilles rétrécies à la base, mais cette différence ne suilit pas pour caractériser une espèce, lorsque les autres parties ne présentent aucune différence sensible, ah M. Desvaux admet avec raison, comme espèce distincte, le Musa coccinea , cultivé dans nos serres, ainsi que la plante publiée par Bruce, sous le nom d’ersete, et il fait mention de plusieurs Bananiers cités par Rumph, Rheed et autres auteurs, parmi lesquels se trouveraient peut-être des espèces distinctes, si l’on était à même de les observer sur les lieux où 1ls croissent spontanément. Il n’y a donc, jusqu'à ce Jour, suivant M. Desvaux, que trois espèces de Bananiers bien caractérisées pour les botanistes ; savoir : le Musa sapientum, le Musa coccinea, et le Musa ensete. B. M. (25) Mémoire sur l'étendue géographique du tersain des environs de Paris; par J. 3, D'OmaLivus D'HALLOY. (Voyez PL. Il, fig. 12.) LE terrain des environs de Paris, que les belles découvertes de MM. Cuvier et Brongniart ont rendu si célèbre dans l’histoire de la géologie, ressemble à une ile immense, placée sur le vaste bassin de craie, qui s’avance comme un golfe dans le nord-ouest de la France. 11 occupe une surface d'environ 170 myriamètres carrés, sous la forme d’un polygone irrégulier, allongé dans le sens du nord au sud, dont le plus grand axe peut être représenté par une ligne tirée de Laon à Blois. Le contour de ce Polygone passe dans le voisinage des villes de Laon, La Fère, Noyon, Clermont, Beaumont, Gisors, Nantes, Houdan, Chartres, Châteaudun, Vendôme, Blois, Orléans, Cosne, Montarois, Nemours, Nogent-sur-Seine, Sezanne , Epernay et Rheims. La partie de ces limites qui est au nord de la Seine, se distingue aussi bien sous le rapport physique que sous le rapport géologique ; partout le terrain parisien se présente comme une chaine de collines plus ou moins dentelées, qui s'élèvent au-dessus des plaines formées par le pays de craie. Entre la Seine et la Loire, le terrain parisien s'abaisse en même tems que la craie s'élève, de sorte que ces deux terrains finissent par se confondre sous un même niveau. Enfin, la pe- tite pointe qui termine le bassin de Paris au sud-est, depuis Gien juqu'à Cosne , est encaissée dans la vallée de la Loire et dominée par des col- lines craieuses. Cette forme extérieure des limites vient de la disposition intérieure des divers matériaux qui composent le terrain du bassin de Paris, car, quoique ces matériaux nous paraissent dans la partie centrale super- posés horisontalement les uns sur les autres, ils ont une pente vers le sud assez prononcée, pour qu'ils représentent, jusqu’à un certain point, des espèces de coins placés comme des tuiles d’un toit, mais avec cette circonstance particulière que c’est le coin inférieur qui atteint la plus grande hauteur. Pour saisir plus facilement cette disposition, il faut remarquer que, d’après plusieurs observations rapportées dans ce Mémoire, et des con- sidérations qui pour la plupart avaient déjà été indiquées par MM. Cuvier et Brongmiart, l’auteur range les dix formations particulières du terrain de Paris en quatre étages ou formations principales, de la manière suivante : 1.0 La première formation marine qui, outre le véritable calcaire à cérite, comprend dans ses assises inférieures l’argile plastique, les sables qui accompagnent cette argile, et les terres noires pyriteuses employées à la fabrication du sulfate de fer. Livraison d'août, avec 2 PI., n° I etIT. 4 1814. GioLzocte, Înstitut. 16 août 1815. (26) 2. La première formation d'eau douce qui renferme le calcaire sili- ceux, le gypse, le premier calcaire et les premières marnes d'eau douce. Dans les parties les plus basses du bassin, les extrémités de cette forma- tion alteruent avec quelques couches marines qui se rattachent au ter- rain précédent et à celui qui suit. 5° La seconde formation marine , où se rangent les marnes marines du gypse, les sables et grès sans coquilles , et les sables et grès marins supérieurs. é 4° La seconde formation d'eau douce dont lesmeulières sans coquilles paraissent être un membre subordonné. ! Le calcaire à cérite qui forme l'étage inférieur, s'élève dans les col- lines de Laon à 300 mètres au-dessus de l'océan, s’abaïisse ensuite en descendant vers le midi, s'enfonce sous les autres formations , etdisparaïit tout-à-fait au sud de la Marne et de la Seine. La première formation d’eau douce commence à quelques distances au nord de ces deux rivières, n’alteint pas, du moins dans le voisinage de Paris, un niveau supérieur à 150 mètres, s'enfonce ensuite, et cesse de se montrer aux environs d’une ligne qui passerait par Houdan, Arpajon et Nemours. Les terrains du troisième étage ne sont.pas. aussi concentrés que ceux du premier, ils commencent plus au nord que la première formation d’eau douce, mais n'y forment que des lambeaux isolés. Du reste ils, suivent la même règle d’abaissement vers le sud, et disparaissent au midi d’une ligne tirée de Chartres à Nemours. Il ne demeure plus alors que le second terrain d’eau douce, qui de- vient très-puissant, repose immédiatement sur la craie, constitue la ré- gion connue sous le nom de Beauce, et s’abaisse en s’approchant de la. Loire, où il se cache sous un dépôt sableux. L'auteur pense que ce dernier sable ne peut être considéré comme un véritable attérissement, mais il n'ose prononcer s'il ap- partient à un dernier terme de la formation d’eau douce, ou sil pro- vient des sables de l’ancienne craie qui auraient été rejetés, par une catastrophe quelconque, sur les parties les plus basses du terrain d’eau douce. M. d'Omalius fait remarquer que cette distribution géographique des divers matériaux du bassin de Paris, divise cette contrée en régions physiques, qui se distinguent par leur aspect et leurs productions agricoles. La formation de la craie, qui sert de base commune à tous ces ter- rains, présente dans son ensemble une succession de couches, plus ou moins différentes, mais qui passent de l’une à l’autre par une série de nuances insensibles. L'auteur y détermine cinq Pre A princi- pales, ainsi qu'il suit : (27) 1.9 La craie ordinaire est communément à grain fin, de couleur - blanche, et renferme des silex présque toujours noirâtres. 2° La craie à silex pâles est en général d’un grain moins fin et d’une cohésion plus faible que la craie ordimaire ; elle contient une plus grande quantité de sable, quelquefois de l'argile et même de la chlorite dans sés assises inférieures; elle est souvent très-avantageusement employée à l'amendement dés terres. Les silex y sont fort abondans, communément blonds ou brun jaunâtres, quelquefois gris de cendre, rarement noi- râtres ; il y en a qui perdent leurs caractères minéralogiques et passent au jaspe, au grès calcarifère, et à des brêches ou poudingues qui, ns leur apparence jaspoide, manifestent clairement une origine analogue à celle des autres rognons siliceux. 3. Le tuffeau, dénomination qu'on donne dans les départémens de l'ouest à une craie grossière, gublquetéis tendre et friable, d’autres fois assez dure pour former de belles pierres de taille; sa couleur la plus ordi- naire est le blanc jaunâtre, prenant souvent une teinte de verdâtre pro- duite par de la chlorite. Les silex y présentent à peu près les mêmes cir- constances que dans la modification précédente, et sont encore plus généralement blonds. * 4° Les sables et les grès de la cräie sont presque toujours mélangés de calcaire , quelquefois de chlorite ; ils passent d’autres fois au pou- dingue à ciment ferrugineux , mais offrent aussi dans certaines circons- tances des bancs tout-1-fait purs. La surface de ce terrain, ordinairement friable, a été quelquefois remaniée par les eaux, de manière à donner l'idée d’un dépôt d'alluvion ; mais la disposition de ces sables en cou- ches régulières qui plongent sous la craie à silex pâles, ou bien alternent avec le tuffeau, et les passages insensibles qui lient ces diverses subs+ tances, joints à l'existence de nombreux fossiles très-bien conservés , persuadent l’auteur, qu'on ne peut s'empêcher de considérer ce terrain sableux comme un membre de la formation de l’ancienne craïe. 5. Les argiles de la craie sont ordinairement marneuses, rarement plastiques, quelquefois chloritées. Les alternatives dé quelques-unes de ces modifications ne permettent pas toujours d'en déterminer la superposition. On peut cependant remar: quer que le terrain argilleux forme constamment le premier termé dé la série, que même ses assises inférieures appartiennent plutôt à l’ancien calcaire horisontal qu'à la formation de la craie, tandis que la craie or- dinaire est toujours le plus nouveau de ces dépôts, et qu'elle est inymé- diatement précédée par la craie à silex pâles. Il'existe des fossiles dans tous les systèmes de la formation dé la craïe; les uns, comme les bélemnites et les térébratules, leur sont comniuns avec le calcaire alpin; d’autres, comme les ammonites, appartiennent également au calcaire alpin, mais ne s'étendent pas jusqu'à la craie | 1814. Miprcixe. Société Philomat. Séance du 28 mai, (28) ordinaire. Les oursins, au contraire’ appartiennent à toute la formation; Ja gryphée orbiculaire et un grand spondyle semblent caractériser les tufleaux et les sables de la craie. La partie centrale du grand bassin craieux, indiqué ci-dessus , est formée de craie ordinaire, qui, sur les bords de la Manche, s'étend jusqu’à la mer; mais, dans le reste du contour, on trouve les diverses modifications d'ancienne craie , avec cette différence, que souvent un ou deux systèmes, prenant un développement considérable , masquent les autres qui n'existent qu’en rudiment, et déterminent seuls Le carac- tère de la contrée. C’est ainsi que le terrain sableux domine dans le Perche et sur les plateaux entre la Sarthe et le Loir; que la Tourraine est formée d’une base de tufleau, surmontée d’une couche de sable et de silex qui paraît n'être que de la craie sableuse lavée ; que toute la bor- dure qui sépare la craie de Champagne des pays de ave horisontal est de nature argilleuse. 11 y a encore cette différence générale, que, du côté du sud-ouest, les terrains d’ancienne craie occupent un espace très- considérable, tandis qu’à l’est ils ne se montrent que dans une bande étroite. Enfin le dépôt de terrain parisien n'étant pas placé exactement au milieu du bassin craieux , sa partie méridionale, c’est-à-dire, celle qui est au sud de Chartres et de Nemours, repose sur l’ancienne craie. Observations pratiques sur l Ectropion , avec la description d'une nouvelle opération pour la guérison de cette maladie, et sur la maniere de fermer une pupille artificielle; par WitriaM ADaMs, Membre du Collége Royal de chirurgie de Londres, etc. (Ezxtrait d'un rapport fait à la Société Philomatique , par .. MM. BLaINvizee et MAGENDIE.) L'ouvrace de M. Adams est divisé en trois chapitres ; le premier chapitre traite de l’Ectropion. Rd Pour l'intelligence de ce que nous allons dire, il faut savoir que l'Ectropion est une maladie qui consiste en un renversement des pau- pières, à la suite duquel ces organes cessent de recouvrir la partie an- térieure de l’œil. Cette maladie est non-seulement hideuse , mais elle est excessivement à charge au malade par les douleurs atroces que lui cause le contact de l'air, celui d’une lumière, et sur-tout celui du moindre corps solide avec la conjonctive ; il existe en outre un écoulement continuel de larmes sur la joue, et une ophtalmie habituelle qui, au bout d’un certain tems, est suivi de l’obscurcissement de la cornée et de la cécité. } dar M. Adams s’est principalement attaché à l’Ectropion qui n'intéresse que la paupière inférieure, et qui est causé par le boursoufflement pri- , (29) mitif de sa membrane interne. Pour guérir celte maladie, il est d'usage d'emporter avec des ciseaux la membrane boursoufllée afin de la re- mettre de longueur avec la peau, à peu près comme font les tailleurs quand ils emportent de la doublure d’un vêtement dont l'étoffe s'est rétrécie. M. Adams ayant opéré de cette manière plusieurs personnes atteintes d'Éctropion , vit chez toutes la maladie récidiver ; il crut en trouver larat- son dans l'étendue trop considérable que conserve la peau de la paupière après l’excision de la conjonctive , c’est pourquoi il conseille Heese un lambeau triangulaire comprenant toute l'épaisseur de la paupière, y compris le cartilage tarse. Ce lambeau doit avoir à peu près la forme d'un triangle isocèle, dont le petit côté correspond au bord libre de la paupière. Après l'avoir enlevé, M. Adams rapproche les bords de la plaie par un point de suture ; la réunion est ordinairement effectuée après quelques jours. En suivant ce procédé, l’auteur pense que l’on préviendra toujours la récidive, il cite plusieurs observations à l'appui de son opinion ; dans tous les malades opérés de cette manière, l'opé- ration a été simple et n’a été troublée par aucun accident. Ce procédé qui, à la connaissance des rapporteurs, n’a point étéem- ployé en France, leur paraît ingénieux et remplit parfaitement le but que l’auteur s’est proposé. Le second chapitre du livre de M. Adams n’est pas moins intéressant que le premier, il y traite de l’opération nécessaire pour établir une pu- pille artificielle. L'auteur parle d’abord des circonstances qui nécessitent cette opération, au nombre desquelles il cite particulièrement l’oblitéra- tion de la pupille, l’obscurcissement partiel de la cornée transparente, la procidence de l'iris, etc. Dans cette opération M. Adams attaque l'iris dans la face postérieure, selon le procédé de Scarpa; il recommande de faire l'ouverture aussi grande que possible, sur-tout si l’on opère pour une oblitération de la pupille avec transparence complète de la cornée. Dans le cas où la transparence de la cornée est peu étendue avec adhérence de l'iris, on doit introduire l'instrument au travers de la cornée, et attaquer l'iris par la face antérieure, de manière à détruire d’abord les adhérences, et ensuite à pratiquer l'ouverture vis-à-vis la portion transparente de la cornée. M. Adams a fait une heureuse application du pouvoir qu'a l'extrait de bella-dona de dilater la pupille. . Dansles cas où l’obscurcissement de la cornée est peu étendu et placé vis-à-vis la pupille, on introduit tous les matins entre les paupières une goutte d'extrait de bella-dona, on produit une grande dilatation de la pupille, et l’on rend ainsi la vue au malade. Une personne soumise à ce traitement pouvait lire les plus petits caractères ; quand l'influence du remède cessait, cette même personne | 1814. (30) à ne pouvait distinguer’les objets les plus grands. Ici M. Adams discute la question de savoir si l'application continue de la bella-dona ne pourrait pas avoir des inconvéniens. IL conclut pour la négative. L'un des rapporteurs pourrait cependant dire, à cette occasion, qu’il a vu des animaux empoisonnés par le contact de substances vénéneuses ayec ka conjonctive, ce qui doit engager à ne pas négliger toute précaution dans l'application de la bella-dona sur cette membrane. M. Adams parle ensuite d’un procédé employé par feu M. Gibson de Manchester, dans le cas où l’obcurcissement central de la cornée est très-étendu , et où l'application de la bella-dona ne peut avoir aucun bon effet. Ce chirurgien faisait une incision à la cornée à une ligne de sa jonction avecila sclérotique, et d'environ trois lignes en lon- gueur. Après l'écoulement de l'humeur, une petite portion de l'iris se présente au travers de l’ouverture, et alors M. Gipson, avec des ci- seaux courbes, emporte la portion de l'iris qui s'était porté dans la plaie de la cornée, de manière à former une pupille artificielle à peu près circulaire. M. Adams fait plusieurs objections à ce procédé, entr'autre celle de produire une opacité considérable dans la portion de la cornée qui est restée transparente. Il y a substitué un autre procédé, qui consiste à tirer le bord de la pupille au travers d’une petite ouverture faite dans la cornée, et à laisser dans un état de strangulation la portion de l'iris qui paraît au dehors, cette portion est détruite peu à peu par le nitrate d'argent. Quinze observations , dont les détails sont fort curieux, terminent le second chapitre, et servent de preuves à la doctrine de l’auteur. Le troisième chapitre du livre de M. Adams a pour objet la ca- taracte. L'auteur expose d’abord ses idées sur les causes de cette maladie, il ne reconnaît pas de cataracte scrophuleuse, il en admet une vénérienne, dont le caractère essentiel serait l’opacité de la capsule cristalline, le cristallin conservant toute sa, transparence. Cet auteur cite ensuite un grand nombre de cataractes observées sur des enfans nouveaux nés. A cette occasion, M. Adams croit avoir observé que si plus d’un enfant nés de la même mère naissent avec cette cataracte, tous.ceux qui viendront après en seront atteints, et même que ces cataractes seront de nature semblable. L'auteur reconnaît l'hérédité de la cataracte, il en cite plusieurs exemples très-intéressans. La méthode de traitement que M. Adams paraît préférer le conduit à parler de la force absorbante de la chambre antérieure et postérieure de l'œil, et de la faculté dissolvante de l'humeur aqueuse. IL cite plu- sieurs faits à l'appui de son assertion, entr'autre le, suivant : M, Chine, célèbre chirurgien anglais, opérait une cataracte par extraction, la pointe (3x ) de son instrument cassa et resta dans la chambre antérieure, on l'y vit se rouiller, se dissoudre, et enfin disparaître par la voie de l'absorption. Les instrumens dont il fait usage pour les diverses opérations sur lœil, ne diffèrent pas de beaucoup de ceux qui sont employés commu- nément. NANERECT | Notre auteur procède ainsi qu'il suit pour opérer la cataracte solide chez les adultes et les enfans; il emploie le couteau representé sur les planches qui accompagnent son ouvrage sous le n.° 4; espèce d'aiguille fort étroite, applatie, et dont les bords sont tranchans. L’œil étant fixé par un spéculum, il plonge l'instrument dans la selérotique, une ligne derrière l'iris, les faces étant parallèles à cette membrane ; il le fait pé- nétrer dans la chambre postérieure, ensuite dans la chambre antérieure, jusqu'à ce que la pointe soit très-voisine du bord nazal de la pupille ; alors, faisant exécuter à l'instrument un mouvement de demi-rotation, il donne un coup en arrière, de manière à couper par le milieu la len- tille et la ca Fe ; par différens mouvemens il coupe ensuite les deux moitiés en A ae portions, en mettant un soin tout particulier à dé- tacher la capsule et ses adhérences aux procès ciliaires, après quoi, re- plaçant l'instrument de champ comme il était en entrant dans l'œil, il fait, en agissant avec le plat, passer les portions de cristallin et de la capsule dans la chambre antérieure, où elles sont ensuite promptement absorbées: M. Adams met beaucoup d'importance à ce que l’on divise en même- tems la capsule et le cristallin ; non-seulément, ditl, on évite par là une cataracte secondaire ; mais il est bien plus facile de couper la cap- sule que si le cristallin avait primitivement été enlevé de sa cavité, La section horisontale du cristallin à l'avantage d'empêcher la capsule de’ se détacher trop tôt de ses adhérences aux procès ciliaires,, et le cristallin de rouler sur lui-même et de passer en: totalité dans la chambre anté- rieure ; ce procédé a beaucoup d'analogie avec celui qui est employé en France sous le nom de procédé du broiement. Pour la cataracte fluide , c'est le même iustrument et à peu près le même procédé d'opérations, avec la différence qu’on n’a à s’occuper que de la capsule cristalline, qui est ordinairement opaque. M. Adams préfère, pour opérer la cataracte capsulaire, une aiguille qui diffère un peu de celle qui a été décrite par Scarpa et de celle dont nous nous servons pour l'opération par abaissement ; le procédé opé- ratoire consiste à mettre en lambeaux la capsule, et la soumettre à la force absorbante des chambres de l'œil. Quand la capsule est trop épaisse et qu'il est difficile de la déchirer M. Adams se contente de la détacher deses adhérences, la capsule revient sur elle-même et occupe, jusqu’à ce qu'elle soit entièrement absorbée un point de la chambre postérieure ou antérieure. Comme à raison de 101 4. ANATOMIE. Société philomat, (32) son poids elle en occupe la partie inférieure, elle ne s'oppose point au passage des rayons lumineux. Si la capsule est adhérente à la face pos- térieure de l'iris, M. Adams , au lieu de la partager en lambeaux et de la faire passer dans la chambre antérieure, comme Scarpa le conseille , se contente de la séparer avec précaution de toutes ses adhérences , et de la laisser seulement attachée par un point de sa circonférence aux procès ciliaires, en sorte qu’elle ne puisse balotter, et qu’elle reste fixée à la face postérieure de l'iris où elle est absorbée plus ou moins promptement, et où d’ailleurs elle cause peu d'irritation. M. Adams a vu de ces capsules rester ainsi dans la chambre posté- rieure plus de deux mois sans provoquer aucun accident, ni même gêner la vision; en général il est fort avantageux de les partager en plu- sieurs portions , car alors l'absorption est plus prompte. M. Adams a un procédé particulier pour opérer les cataractes solides chez les vieillards ; à cet âge le centre du cristallin est tellement dur; que l'aiguille ne peut l’entamer. Alors M. Adams se sert d’un instrument un peu plus fort, avec lequel il coupe le cristallin par tranches verticales, ayant soin d'éviter de rien changer à la situation de la partie; les frag- mens sont poussés dans la chambre antérieure. La place qu'ils occupaient est remplie par l'humeur aqueuse qui ramollit ce qui reste du cristallin et permet de le couper entièrement par tranches dans une seconde ou une troisième opération, en même tems qu’elle empêche le cristallin de se rapprocher de l'inis. 11 ne faut pas mettre trop d'intervalle entre les opérations, car le noyau du cristallin pourrait se détacher, venir toucher l'iris, causer de lirritation, et passer enfin dans la chambre antérieure, où, en raison de sa dureté, il ne serait pas absorbé, et où il nécessiterait, pour son extraction, l’incision de la cornée. Cette dernière partie de l'ouvrage est encore suivie d’un grand nombre d'observations intéressantes et très-bien faites. : L'ouvrage est terminé par un post scriptum, où l'auteur élève des doutes , qui paraissent fondés, sur les signes auxquels on reconnaît la complication de l’amaurose avec la cataracte; il cite encore des exemples à l'appui de ses idées. F. M. Extrait d'une lettre du chevalier BLAGDEN à M. le comte BERTHOLET. « Ox a trouvé un fœtus dans l'abdomen d’un garçon mort à l’âge d'environ seize ans. La tête et une des jambes manquent; le reste est passablement bien conformé. L'insection du cordon ombilical s'était faite au péritoine, près de l’épine du dos. On en prépare la descrip- tion. Ce cas ressemble assez à celui qui arriva aux environs de Rouen il y a près de dix ans. » (35) A Treatise on new Philosophical Instrumens for various purposes in the arts and sciences with experiments on light and colours ; by David BREwsTER. 1 vol. in-6° de 427 pag. et de 12 pl., imprimé à Edimburgh en 1815. L’ouvrAcE dont nous allons présenter l'analyse est divisé en cinq livres. Dans le premier, l’auteur donne une description détaillée des micro- mètres qui peuvent être appliqués, soit aux télescopes ou lunettes astronomiques, soit aux microscopes proprement dits. Quelques-uns de ces instrumens sont entièrement nouveaux : d’autres présentent de simples modifications sur lesquelles il nous serait difficile d'avoir une opinion arrêtée, jusqu’à ce qu'il nous ait été possible de terminer des expériences que nous avons déjà commencées, et qui nous fourniront peut-être par la suite l’occasion de revenir sur cet objet intéressant. Nous nous trouverons obligés, par les mêmes raisons, de passer au- jourd’hui légèrement sur le second livre, où l’auteur donne la description d'un nouveau goniomètre à réflexion, pour la mesure des angles des cristaux ; d’un autre instrument du même genre, à double image ; d’un micromètre angulaire à fils, et de quelques autres appareils destinés à donner l’angle formé par deux lignes, lorsque l'œil ne peut pas être placé à leur point de concours. Dans le troisième livre de son ouvrage, M. Brewster s'occupe des instrumens qui peuvent servir à mesurer promptement des bases ou des distances. Tout le monde sait que, pour résoudre ce problême, il suffit de mesurer l'angle que soutend une mire de dimensions connues et placée d’une manière convenable, verticalement, par exemple; bien entendu qu’une erreur d’un certain nombre de secondes dans l'évaluation de cet angle occasionne, toutes choses égales, une erreur d'autant plus grande sur le calcul de la distance, que l'angle est plus aigu. Mal- heureusement, dans la plupart des micromètres, les erreurs auxquelles on est exposé augmentent, au-delà de certaines limites, à mesure que l'angle devient plus ouvert. Aussi le sextant à réflexion, qui n’a pas ce défaut, et qu’on peut appliquer d’ailleurs à des observations si utiles et si variées , nous semble-t-il être l'instrument le plus propre à résoudre toutes les questions de ce genre. Quoi qui en soit, plu- sieurs physiciens et artistes très-habiles ont cherché à suppléer à l'usage des instrumens à réflexion par des moyens qui, s'ils n’ont pas la même exactitude, ont du moins l'avantage de n'exiger presque aucune pratique de la part de celui qui les emploie. Au nombre de ces instrumens on doit placer en première ligne la lunette à cristal Livraison d'août, avec 2 PL, n° I et IL. 5 1814. Ouvrace NOUVEAU, (34) de roche de M. Rochon, dont les astronomes peuvent tirer un parti si avantageux pour la mesure des petits angles, et le micrometre de Ramsden, dont on se sert encore dans la marine anglaise. Ce micro- mètre, qu'on pourrait appeler un héliomètre oculaire, peut s'adapter à toutes sortes de lunettes, car il nediffère d’un oculaire ordinaire qu’en ce que la lentille est coupée par le: milieu; les objets sont simples lorsque les centres des deux demi-lentilles concident, mais pour peu que ces centres soient éloignés, il se forme deux images, et l'intervalle qui les sépare devient d'autant plus grand, que les deux segmens de l'oculaire sont plus éloignés de la position primitive. On voit en un mot que le mouvement des images, qui, dans l’héliometre de Bouguer, s’oblient par le déplacement des deux moitiés de l’objectif, est pro- duit, dans l'instrument de Ramsden, par le déplacement des deux moitiés de la lentille oculaire. M. Brewster a imaginé une troisième combinaison, qui permet également de séparer plus ou moins les images d’un objet éloigné; pour cela il place, entre l'objectifet l’oculaire d’une lunette, un second objectif coupé par le milieu , et qui de plus est mobile le long du tuyau. Les centres des deux demi-objectifs ne coïncident pas, mais leur écartement est constant pendant les observa- tions. Cela posé, on voit facilement que si l’on fait mouvoir cet objectif le long de l'axe, le grossissement de la lunette variera très-sensible- ment; en sorle que, pour apercevoir avec netteté l’objet qu’on observe, il faudra continuellement déplacer l’oculaire : mais il est clair en même tems que les centres des deux images s’éloigneront ou s'approcheront l'un de l'autre, tout comme s'il avait été possible de séparer les deux demi-lentilles dans la direction de leur diamètre commun. Qu'on substitue en un mot une lentille double au double prisme de verre ordinaire dont M. Rochon se servait anciennement dans la construction de ses micromètres , et l’on aura le nouvel instrument du docteur Brewster. Tout le monde sait que, pour mesurer le diamètre d'un objet avec un micromètre ordinaire, on cherche à le comprendre le plus exactement possible entre deux fils, dont l’un est fixe et l’autre mobile, à l’aide d’une vis. M. Brewster propose de laisser les fils à une distance in- variable, et d'augmenter, par un moyen optique, la grandeur apparente de l'objet qu'on veut mesurer, jusqu'au moment où il remplit exacte- ment l'espace compris entre les deux fils fixes. Dans le premier cas, la valeur qu'on cherche est exprimée en révolutions de la vis; dans le second, les angles sont mesurés par les changemens qu'il faut apporter aux grossissemens pour que le diamètre apparent de l’objet qu'on ob- serve soit égal à l'intervalle invariable des fils fixes, et l’on n'a plus à craindre les erreurs considérables que le téms perdu de la vis peut occasionner. La variation graduelle du pouvoir amplifiant peut d’ailleurs s'obtenir, comme l'indique M. Brewster, en plaçant entre l'objectif de (35) la lunette et son foyer une lentille qui soit mobile le long &u tuvau (1). | ‘Nous ne donnerons aucun détail sur un genre particulier de micro- mètre que M. Brewster croit propre à mesurer des distances pendant la nuit, ni sur le parti qu’on peut tirer du changement de foyer d’une lu- nette pour résoudre ce même problème lorsque les distances sont petites, et nous passerons de suite à la partie la plus intéressante de l'ouvrage, je veux dire aux résultats que l’auteur a obtenus sur les pouvoirs réfractifs et dispersifs d’un grand nombre de substances. Le moyen le plus généralement employé pour mesurer la force réfractive d’un corps est de le façonner en prisme, et de déterminer ensuite la déviation que les rayons éprouvent en le traversant. Pour un liquide, on peut, à l'exemple d’Euler, l’introduire entre deux ménisques, et déduire la valeur de son pouvoir réfringent de l'observation de la distance focale de la lentille composée; mais ces deux méthodes, les plus précises que l’on conuaisse, sont insuffisantes ou inapplicables lorsqu'il s’agit de ces corps dont on n’a que de très-petits échantillons, ou qui ne sont que très-imparfaitement diaphanes ; dans ces cas, on peut avoir recours à la méthode que le docteur Wollaston a publiée dans les Transactions philosophiques pour 1802, car elle s'applique également bien aux substances opaques ou transparentes, quelque petits ue soient les fragmens dont on peut disposer. Voici maintesant le procédé du docteur Brewster. Si l’on pose une lame plane de verre devant la lentille objective d’un microscope, on forme une petite chambre plano-concave, terminée d’un côté par la surface convexe de la lentille, et de l’autre par celle du verre plan, et qui, étant remplie d'air, n’altérera pas la distance focale de l'instrument ; mais lorsqu'on introduit dans ce même espace un liquide quelconque, de l’eau, par exemple, c’est comme si l’on ajoutait à la composition primitive du microscope une nouvelle lentille d’eau plano- concave, dont l'effet sera d'augmenter sensiblement la divergence sous laquelle les rayons qui partent d’un point déterminé auraient rencontré la lentille objective. 1] résulte de là que si ce point se voyait d'abord distinctement, il faudrait, pour lui conserver ensuite la même netteté, (à) Un instrument entièrement semblable à celui-là avait été employé par Roëmer et Lahyre, comme on peut le voir dans le Recueil de l'Académie des sciences pour 1701. M. Brewster n'avait sûrement pas connaissance de ces Mémoires , car il propose, dans un autre chapitre de son ouvrage (page 76), de substituer des fils de verre aux fils métalliques ou d’araignée dont on se sert communément dans le micromètre, et cela sans citer Lahyre, qui avait eu la même idée il y a plus de cent ans, et qui de plus avait décrit avec détail les moyens ingénieux dont on se sert pour obtenir ces filamens; ce même astronome parait aussi s'être occupé le premier des micro- mètres qu'on peut tracer sur verre avec la pointe d’un diamant. ( foyez Mémoires de l'Académie, 1701, pag. 119 et suivantes.) 1814. : (36) l'éloigner davantage de l'objectif, et compenser par là le surcroît de divergence qu’occasionne l'interposition de la lentille d’eau. 11 est clair encore que cette divergence sera d'autant plus grande, que la force réfringente de cette nouvelle lentille sera elle-même plus considérable; en sorte qu'on pourra prendre pour mesures de cette force les distances diverses auxquelles il faudra placer l’objet pour la vision distincte. On en déduira ensuite le rapport du sinus d'incidence au sinus de réfraction par des formules assez simples. Lorsque la substance dont on veut mesurer ainsi la réfraction est molle et peu diaphane, on presse le verre plan contre l'objectif du microscope, à l’aide d’une vis, et par là on réduit la couche interposée à un degré de ténuité très-grand. M. Brewster a obtenu ainsi des lentilles plano-concaves parfaitement transparentes, d’aloës, de poix, d'opium , de caoutchouc, ete. En appliquant cette méthode microscopique à l'examen des qualités réfractives des différentes parties dont l'œil se compose, M. Brewster a trouvé que l'humeur aqueuse et l'humeur vitrée ont exactement la même réfraction, et qu’elle est un peu plus considérable que celle de l’eau pure. Quant au fluide blanchâtre qui est compris entre le cristallin et sa capsule, il réfracte sensiblement plus que les précédens. Dans ces expériences, comme dans celles que d’autres physiciens avaient déjà faites sur des animaux d'espèces différentes(r) , on a trouvé que la densité du cristallin augmente très-rapidement en allant de la surface au centre, en sorte que cetle augmentation, qui doit contribuer si puissamment à la netteté de la vision, peut être regardée comme une loi générale de l’organisation animale. Hauksbée avait déjà déterminé anciennement les pouvoirs réfringens d’un grand nombre d'huiles essentielles et volatiles; M. Brewster a beaucoup augmenté cette liste, et a découvert plusieurs résultats inté- ressans. La grande force réfractive de l'huile de cassia, par exemple, pourra trouver d’'utiles applications dans plusieurs recherches d'optique, car ce liquide réfracte la lumière plus fortement que le flint-glass le plus lourd dont les opticiens se soient servis jusqu'a présent dans la construction des lunettes astronomiques. Le rapport du sinus d'incidence au sinus de réfraction, pour un rayon qui passerait de l'air dans le phosphore, est, suivant M. Brewster, 2,224 ; par où l'on voit que la réfraction de ce combustible est comprise entre la réfraction du diamant et celle du soufre. M. Wollaston avait trouvé un nombre beaucoup plus petit, mais cette différence a tenu probablement à la présence d’une légère couche d'acide phosphorique, RE QUE DT ge TE TEE TNT EEE (x) Les fluides dont M. Brewster a mesuré la réfraction , avaient été extraits des yeux d'une jeune merluche et d'un agneau. (137) et l'on aurait tort d’en rien conclure contre l’exactitude des principes sur lesquels sa méthode se fonde. Lola ‘Jane Le chromate de plomb ( plomb rouge de Sibérie) jouit d'une double réfraction environ trois fois plus considérable que celle du spath cal- caire; et, ce qui mérite d'être remarqué, chacune de ces réfractions est plus grande que celle du diamant. | pa non Le rapport du sinus d’incidence.au sinus de réfraction, pour le réai- ar, est 2,549; ce même rapport, pour le diamant, n'atteint pas 2,50; d’où il résulte que le chromateide plomb etle réalgar sont, parmi tous Les corps diaphanes connus, ceux qui réfractent le plus fortement la lumière. Le chapitre III du quatrième livre est consacré à l'examen des pouvoirs dispersifs. Pour les déterminer, M. Brewster se sert d'un risme à angle variable, qui ne nous paraît pas différer bien essen- tiellement de l'ingénieux instrument que M. Rochon présenta à l'Aca- démie des sciences en 1776, et qu'il a décrit depuis, sous le nom de diasporamètre, dans le Recueil de Mémoires sur la mécanique et la physique, imprimé en 1783. Dans les deux méthodes, on fait varier l'angle du prisme qu’on oppose à celui dont on veut mesurer la dis- persion, en faisant tourner ce premier prisme parallèlement au plan qui partage son angle en deux parties égales, ou, ce qui revient au même , parallèlement à une de ses faces. Il y a cependant entre les deux instrumens cette différence essen- tielle, que celui de M. Brewster ne détruisant les couleurs que dans un seul sens, il faut toujours viser à un objet rectiligne, tandis ue la forme de la mireest indifférente lorsqu'on se sert du prisme variable de M. Rochon, qui fait disparaitre les couleurs dans toutes les directions. On pourra Et lorsqu'on le jugera convenable, diriger la lunette du diasporamètre au soleil et à la lune, par exemple, et observer par suite très-exactement l'instant de l’achromatisme, car les couleurs sont d'autant plus apparentes dans une position donnée des prismes, que la lumière est plus vive. Le chromate de plomb et le réalgar, qui réfractent si fortement la lumière, occupent encore la premiere place dans la table des pouvoirs dispersifs. Pour le premier de ces minéraux, M. Brewster a trouvé que la dispersion est égale à six dixièmes de la réfraction, ce qui pa- raitra énorme si l’on compare cette dispersion à celle du crown-plass, qui, déterminée par Newton et plusieurs autres physiciens, n’est pas seulement évale aux trois centièmes de la réfraction. La dispersion de l'huile de cassia n'est surpassée que par celle du chromate de plomb et du réalgar; et comme les échantillons de ces corps sont rares et très-peu diaphanes , on pourrait dire, à la rigueur, que l'huile de cassia est la plus dispersive de toutes les substances dont on peut tirer quelque parti en optique. Nous avons annoncé plus haut que l'humeur aqueuse et l'humeur 181 4. (38) vitrée ont la même réfraction ; leurs pouvoirs dispersifs paraissent aussi être parfaitement égaux entre eux et à celui de l’eau distillée, en sorte que ces deux liquides ont exactement les mêmes qualités optiques. Dans la table de M. Brewster, comme dans NE que Wollaston avait publiée en 1802, dans les Transactions, les corps composés d’a- cide fludrique occupent la dernière place; la dispersion du spath fluor ne surpasse pas, suivant ces déterminations, le centième de la ré- fraction. M. Brewster a trouvé par sa méthode deux expressions très- différentes de la force dispersive du spath calcaire, du carbonate de plomb, etc., etc., dont les unes correspondent à la réfraction ordinaire, et les autres à la réfraction-extraordinaire, et en conelut que les corps doués de la double réfraction ont aussi deux pouvoirs de dispersion ; l'auteur regarde ce résultat comme le plus intéressant et le plus sin- gulier qu’on puisse déduire de ses expériences (1). Le chapitre IV du quatrième livre, dont il nous reste encore à parler, est uniquement consacré aux phénomènes de la polarisation de la lumière. M. Brewster annonce d'abord qu'un faisceau lumineux se polarise entièrement en traversant une agale taillée perpendiculairement aux lames dont elle se compose. On pourrait ajouter que le genre de la polarisation est directement contraire à celui que les rayons auraient acquis en se réfléchissant sur les lames, en sorte que, dans cette expérience, l’agate agit exactement comme une pile de plaques. Un rayon polarisé qui rencontre une agate la traverse en partie, ou est entièrement réfléchi, comme le dit M. Brewster, suivant que les lames sont perpendiculaires où parallèles au plan de polarisation. C'est précisément ainsi, comme il est facile de s'en assurer, que se comporterait une pile de plaques dont les élémens seraient parallèles aux lames de l’agate, En suivant ainsi pas à pas les phénomènes que l’agate présente, on reconnait bientôt qu’elle n’imprime aucune nouvelle proprieié à la lumière, et qu’elle doit simplement être assimilée à la pile de plaques dont Malus avait décrit les propriétés au commencement de 18rr. (loyez le Moniteur du.... mois de mars, et Nouv. Bull. Sc., vol. II, pag. 252, 291 et 320.) (1) M. Brewster avait été prévenu par M. Rochon dans la découverte de la double dispersion des cristaux. ( Voyez le Recueil de Mémoires que nous avons cité plus haut, année 1785 , p.316. ) Gette double dispersion estmême la principale difficulté qu'on ait rencontrée lorsque, pour mesurer le diamètre du soleil, on a voulu substituer des prismes de cristal d'Islande aux prismes de cristal de roche dont on se sert avec lant de succés dans la mesure des petits angles. Obligé de renoncer à Temple) du car- bonate de chaux à cause des couleurs qu'on ne pouvait détruire, M. Rochon a imaginé divers moyens d'augmenter la séparation des images avec le cristal de roche, mais sans pouvoir, même dans ce cas, anéantir entièrement l'effet de la double dispersion. (39 } Lorsqu'on soumet un rayon déjà polarisé à l’action d’un cristal doué de la double réfraction, il se décompose en deux rayons, qui sont polarisés, l'un par rapport à la section principale du cristal, et l’autre par rapport à un plan perpendiculaire à celui-là, excepté dans le seul cas où le plan primitif de polarisation serait lui-même perpendiculaire ou parallèle à la section principale. On déduit de là un moyen très- simple de reconnaitre si un corps est doué de la double réfraction, quelles que soient son épaisseur et sa forme extérieure. ( Foyez, dans le Moniteur du 3r août 1811, el dans le Nouv. Bull. Sc., vol. IT, pag. 558, 371 et 587, l'extrait d’un Mémoire de M. Arago.) Lorsqu'un corps est composé de molécules dont les axes ne sont pas parallèles, il semble dépolariser la lumière dans tous les sens; c’est là le cas de la corne, de l'ivoire ( Foyez le Mémoire de Malus, Moniteur du 4 septembre 1811), du savon transparent, et même de certains fragmens de verre ordinaire, comme j'ai eu l’occasion de m'en convaincre. (1) Quelques corps enfin, tels que le diamant, le sel gemme, l’ambre, le spath fluor, etc., ne paraissent exercer aucune action particulière sur la lumière polarisée qui les traverse; mais ceci ne tient pas, comme le docteur Brewster paraît le croire, au sens des coupes, mais à la seule circonstance que ces corps ne jouissent pas de la double ré- fraction. Les expériences que l’auteur rapporte, relativement à la dépolari- sation colorée de la lumière par le mica, ne diffèrent pas de celles qui avaient été faites en France plus de deux ans auparavant, et imprimées par extrait dans le Moniteur du 51 août 1811. La lumière que les métaux réfléchissent est partiellement polarisée ; mais lorsqu'on examine cette lumière avec un cristal doué de la double réfraction, la différence d'intensité des deux images est tellement faible, qu’elle avait échappé aux premières expériences de Malus. Ce même physicien avait prouvé ensuite que les métaux dépolarisent les rayons dans les mêmes circonstances que les corps diaphanes, et il avait cru pouvoir en conclure qu'ils agissent aussi de même sur les rayons naturels. On a, depuis, montré la vérité de cette conjecture, en inter- posant une lame de mica, de sulfate de chaux, etc., entre le miroir de métal et le cristal de spath calcaire dont on se sert pour analyser la lumière réfléchie. Avant l’interposition de la lame, Écistehés d'un certain nombre de rayons polarisés se serait manifestée par une inégalité difficile à apercevoir entre la vivacité des deux images; la présence de la lame transforme celte différence d'intensité en une différence de teinte d'autant plus aisée à reconnaitre, que les couleurs des deux (x) Le verre qui a été refoulé, quelle que soit sa nature, a presque toujours des axes, et semble par conséquent devoir être assimilé aux Corps cristallisés. dl 1614. | ( 40 ) images sont complémentaires, et par conséquent très-différentes l'une de l’autre. Tels sont les deux moyens dont on s'était servi en France pour reconnaitre d'abord que les miroirs métalliques et les miroirs diaphanes exercent des actions analogues sur la lumière déjà polarisée ; et ensuite, Ce qui pourrait ne pas être regardé comme une conséquence immédiate du premier résultat, que la lumière razurelle est elle-même partiellement polarisée après sa réflexion sur un miroir de métal (x). Ce dernier procédé est celui que M. Brewster rapporte dans son ou- vrage (2). Le même moyen, appliqué à l'analyse de la lumière que l’atmo- sphère réfléchit, prouve qu’ellé est partiellement polarisée ( Voyez les Mémoires de l’Institut pour 1811, imprimés en 1812). M. Brewster parait penser que ce résultat, auquel il est arrivé de la même manière, peut servir à démontrer la fausseté de l'opinion avancée par Eberhard et Euler, que notre atmosphère a une couleur propre; mais né faudrait- il pas pour cela que les rayons qui forment le bleu du ciel fussent entièrement polarisés ? A plus forte raison ne peut-on en rien conclure coutre l'explication plus ancienne, el d’ailleurs si vague, de, Otto- Guericke, Wolf, Muschenbroek, etc. (3). * À peine les éxpériences de Malus eurent-elles fait Connaitre que les rayous réfléchis ont des propriétés différentes de celles desrayons directs, qu'on sonsea à analyser la lumière de la lune avec un cristal doué de la double réfraction, afin de soumettre à une épreuve décisive l'idée, (1) Voyez, dans le Nouveau Bulletin des Sciences, vol. IL, pag. 30, le Mémoire où Malus a donné ses expériences sur la dépolarisation des rayons par les miroirs opaques où diaphanes ; et, dans les Mémoires de l'Institut pour 1811, les remarques que j'avais eu l’occasion de faire sur la polarisation partielle qu'éprouve la lumière naturelle en se réfléchissant sur un métal, (>) Pour compléter ce qui a rapport aux métaux, il faudrait assigner l'angle de la polarisation pour chacun d'eux, et déterminer la proportion de lumière polarisée qui est contenue, Sous toutes les incidences, dans le faisceau refléchi, Tel sera l'objet d’une note que nous insérerons dans une des prochaines Livraisons. (3) La méthode dont je me suis servi pour déterminer la quantité de rayons polarisés ui sont contenus, sous tous les incidences possibles , dans 1e aisceaux réfléchis par me miroirs métalliques , m'a aussi fait connaître avec exactitude l'angle de Ja polari- sation sur l'air, et la loi suivant laquelle varie le rapport de la lumière polarisée à Ja lumière totale, à mesure que les points qu'on observe sont plus ou moins éloignés du soleil. Je reviendrai sur cet objet avec plus de détail dans une autre circonstance ; je me contenterai de rapporter aujourd'hui, par anticipation, un phénomène, qui me semble digne de remarque. Lorsque le soleil se couche, la lumière que nous réfléchit le point de l'atmosphère diamétralement opposé à cet astre contient un bon nombre de rayons polarisés par réfraction : à une certaine hauteur , variable avec celle du soleil, et dans le même azimuth, les rayons jouisseut des propriétés de: la lumière ordinaire ; passé ce point, et en se rapprochant du soleil, la lumière est polarisée par réffeæion. (41) adoptée par quelques observateurs, que les parties obscures de cet astre sont des mers. À dire vrai, cette expérience était presque mutile, car les astronomes, qui dans ces derniers tems s'étaient beaucoup occupés de la mesure des diamètres des astres avec la lunette à cristal de roche de M. Rochon, n'auraient pas manqué d’apercevoir un phénomène aussi frappant que la disparition totale de quelques taches sur une des images de la lune, lorsque d'ailleurs, par opposition, les mêmes points “auraient eu au contraire, dans l’autre image, une intensité double de celles des parties circonvoisinés. Quoi qu'il en soit, en répétant fré- quemment ces épreuves pour toules les positions de la lune, et avec des lunettes qui permettaient de:distinguer les plus petites parties de cet astre, on n’a jamais aperçu, je ne dirai pas de polarisation complète, mais pas même de polarisation partielle assez sensible pour qu'elle püt se reconnaitre facilement par la différence d'intensité ; mais en posant une lame convenable de mica, de sulfate de chaux ou de cristal de roche devant l'objectif de la lunette prismatique , on voit les deux images de la lune se teindre, dans toute leur étendue, de couleurs complémen- taires très-pâles, et qui sont cependant plus visibles dans les parties obscures, telles que mare crisium, mare serenitatis, etc. , que dans les taches brillantes de mnanilius, aristarque, etc. Je n'ai pas besoin de dire que c’est seulement dans le voisinage de la quadrature que l'expé- rience réussit, et que le jour de l'opposition, par exemple, les deux images de la lune seraient blanches, et auraient exactement la même intensité. Je suis entré dans quelques détails sur cette question, dont M. Brewster annonce vouloir s'occuper, afin de montrer, par un exemple très-simple, le parti qu’on pourra tirer des nouvelles propriétés de la lumière dans plusieurs recherches d'astronomie physique. M. Brewster a consacré un paragraphe entier du livre qui nous occupe, à la description des couleurs qui prennent naissance dans les fissures de certains cristaux de carbonate de chaux; ces phénomènes, qui avaient été déjà examinés anciennement par Benjamin Martin et M. Brougham, ont été rattachés depuis par Malus aux lois ordi- naires de la double réfraction, (Foyez le Traité de la double réfraction.) Nous regrettons que la trop grande étendue de cet extrait nous prive du plaisir que nous aurions eu à rendre compte du cinquième livre, où l’auteur a réuni les expériences intéressantes qu'il a faites sur les réfractions très-inégales que les rayons d’une même teinte éprouvent eu traversant des milieux de nature différentes. Les opticiens trou- veront dans ce livre, le dernier de l'ouvrage, des observations curieuses, dont ils pourront tirer parti dans une foule de circonstances, sur les combinaisons qui, dans la construction des instrumens d'optique, doi- vent conduire à l’achromatisme le plus parfait possible. Livraison d'août, avec 2 PI., n° Tet IL. 6 } 18 14. Caimie. Institut, 14 mars 1814. (42) Nouvelles observations sur l'alcool et l'éther: sulfurique ; par M. Th. de SAUSSURE. Ces recherches ont pour objet de déterminer la proportion des élémens de l'alcool et de l'éther. (1) ANALYSE DE L'ALCOOL. $. 1 Décomposition de ce liquide. Parmi les différens procédés qu'on peut suivre pour décomposer l'alcool, l’auteur a choisi celui qui consiste à faire passer lentement la vapeur de ce liquide dans un tube de porcelaine incandescent. 815,37 de liqueur alcoolique qui contenait 70%,14 d'alcool de Richter, et 115,25 d’eau, ont donné 1.2 05,05 de charbon ; 2° 05,41 d’un mélange de cristaux volatils et d'huile essentielle brune. M. de Saussure a regardé ce produit comme étant formé de carbone 0%,287, d'oxygène 0f,082, d'hydrogène 05,041. 3.9 165,59 d’eau (2) unis à 0%,65 d’alcool de Richter, cela réduit la quantité d'alcool décomposé à 69f',49. 4° Un produit gazeux formé de 1,181 d’eau et d'hydrogène per- carboné, qui pesait 59%,069, à la sécheresse extrême, et qui occupait un volume de 77,924 litres à zéro du thermomètre, et à la pression de 0”,76. (3) La somme de ces produits, soustraite de la quantité d’alcool em- ployée, donne une différence de 55,42. M. de Saussure l'a répartie sur tous les produits. (1) Les données qui servent de base au calcul des analyses de M. de Saussure sont les déterminations de MM. Biot et Arago, sur les pesanteurs spécifiques des gaz, le poids du décimètre cube d’air atmosphérique étant 16,293 à zéro, à 0",76 de pression, et à la sécheresse extrême. M. de Saussure a admis que, dans les mêmes circonstances, le décimêtre cube de gaz acide carbonique contient 08',5378 de carbone, ou que 100 parties en poids de ce gaz sont formées de 72,63 d'oxygène et 27,37 de carbone, 100 parties d'eau en poids contiennent 88,5 d'oxygène et 11,7 d'hydrogène , le volume de ces gaz étant dans le composé :: 1 : 2. (2) Cette eau tenait en dissolution un peu d'acide acétique, ainsi qu'un atome d'ammoniaque et d'acide muriatique. 3) Ce gaz contenait une quantité d'acide carbonique qui n’excédait pas —, Ë q que q pas > (45) $. II. Analyse du gaz hydrogène oxycarboné. Le décimètre cube de ce gaz sec à la température de zéro et à la pression de 0”,76, pèse 0,7 5804. à ss Cent mesures de ce gaz, qu’on fait détoner sur le mercure avec 300 mesures de gaz oxygène consument, 121,95 m. de ce dernier.Il se pro- duit 81,15 m. de gaz acide carbonique, par conséquent, le volume du gaz oxygène consumé est au volume du gaz acide carbonique pro- duit comme 3 : 2, et il y a eu 40,80 m. de gaz oxygène employées à brûler une quantité d'hydrogène qui est représentée par 81,60 mesures. Ces quantités de carbone et d'hydrogène sont dans le rapport qui cons- titue le gaz hydrogène percarboné ;, mais comme elles ne représentent pas les 100 mesures du gaz analysé, et que celui-ci ne contient pas d'azote , il faut conclure qu'il s’est produit de l’eau aux dépens d’une portion du gaz même, que, conséquemment, on peut représenter ce dernier comme étant formé d'hydrogène percarboné et d’eau réduits à leurs élémens. M. de Saussure regarde le gaz hyd. oxyg.. carboné sec comme étant formé en poids , de Carbone. .... 57,574 100 parties de g. hyd. percarboné. Oxygène..... 28,466 ou Hydrogène... 13,960 47,6 d’eau. 100,000 $. III. De la proportion des élémens de l’alcool. D'après les données précédentes, l'alcool de Richter doit être formé en poids, de Carbone: 2 51,98 Oxygène...... 34,32 Hydrogène.... 13,70 100,00 On trouve qu'il y a 9,15 d'hydrogène en excès sur 58,87 d'eau réduite à ses élémens, et aue cet hydrogène en excès est au carbone dans le rapport de 1 : 5,68 jqui est celui du gaz percarboné, d'où il suit que l'alcool peut être représenté par les élémens de CRT MEN PAZ PETCATDONE. Le eheeiels ee else TOO J00Mdeau het eee et este Me à DD 63,58 1814. (44) Analyse de V'éther sulfurique. L'éther sulfurique qu’on fait passer dans un tube de porcelaine in- candescent, se comporte à la manière de Falcool. — Le gaz hydrogène oxycarboné qu'on en obtient peut être représenté, comme celui de l'alcool, par de l'hydrogène percarboné, plus de l’eau réduits à leurs élémens; mais ces produits s’y trouvent dans une proportion différente ; dans le gaz de l'alcool, l'hydrogène percarboné est à l’eau :: 100 : 50(1); dans le gaz de l'éther, le rapport :: 100 : 33,33. M. de Saussure a fait l'analyse de l’éther de la manière suivante : il à introduit, au moyen d’un petit flacon 05,54 d’éther sulfurique (dont la pes. sp. était de 0,7155 ) dans 525,81 centimètres cubes de gaz oxygène sec à zéro et à 0°,76 de pression, le gaz a occupé un espace égal à 687,25 cent. cubes; il a fait détoner ce gaz avec quatre fois son volume de gaz oxygène, et il a vu que les 0°,54 d’éther avaient con- sumé 1027 centimètres de gaz oxygène et avaient produit 682,8 cent. de gaz acide carbonique, d’où il suit que l’éther est formé en poids, de Carbone 67,98 : Oxygène... 17,02 Hydrogène... 14,40 100,00 Il y a dans ces produits 12,07 d’hydrogène en excès sur 19,05 d'eau réduite à ses élémens , et l'hydrogène en excès est au carbone daus le rapport de 1:5,65, d’où il suit que l’éther sulfurique peut être représenté par, Gaz hyd. percarboné... 80,03%........ 100 Hat Per eee RE IOODe Lee Un20 IL est très-vraisemblable que si l’on pouvait obtenir l'alcool parfaite- ment privé d’eau étrangère à sa composition, on le trouverait repré- senté par les élémens de 100 p. d'hydrogène percarboné et 5o p. d’eau ; ar conséquent il contiendrait deux fois autant d'eau élémentaire que l'éther. L'éther étant de l'alcool moins une certaine quantité d’eau, et le gaz hydrogène percarboné étant de l'alcool moins de l'eau, on conçoit comment, en employant parles égales d'alcool et d'acide sulfurique on obtient l'éther, et comment, en employant quatre parties de cet acide et une d'alcool on produit le gaz hydrogène per- carboné. Ç. (1) Ou, d’après l'expérience, :: 100 : 47 Bull des Setences 2814, PLIT \ del, et mad. Jour À ne crmpa ÿ NIK NULITTURETÉ HR CRAN Ardoise Argde de dessous la Craie determine Ancien calcaire horusontal Jehiste mucace Grarite Ancien Calcaire hortsontal Agile de dessous la Crae J'able gres rouge Argie a gryphutes arquees Coupe du Terrntre Guéret (Creuse) et [irson (Aisne.) £ trot SAUT fV LI" IC'T4 (45) Sur une nouvelle espèce d'insecte du genre Cymothoa de Fabricius ; par M.LE SUEUR. UN poisson des côtes de la terre de Whit ( Nouvelle Hollande), du genre Balistes, ou plutôt d’un genre voisin de celui-ci, et que MM. Le Sueur et Péron en ont séparé en lui donnant le nom de Balistapode, leur a présenté un accident singulier. Sur la partie moyenne latérale et inférieure de ce poisson, on remarquait une ouverture située en arrière , par laquelle sortaient des organes qui semblaient appartenir à un in- secte. M. Le Sueur ayant fait l'ouverture de cette Baliste, s’aperçut qu'elle renfermait effectivement un insecte aptère assez semblable au pou des Baleines, lequel se trouvait situé entre la peau extérieure et l'estomac de ce poisson. : Cet insecte ( PL 2, fig. 12, A, B,C, grand. nafur. )était une femelle, et rappelait, par la masse d’œufs ou plutôt de petits éclos qu’elle portait sous son ventre, le Bopyrus squillarum de Latreille. Le ventre de l'animal était appliqué contre la peau de la Baliste, le dos était tourné du côté de l'estomac de ce poisson, et les organes branchiaux sortaient seuls par l'ouverture dont nous avons parlé. En cherchant à déterminer cet insecte à l’aide de la méthode de Tatreille (Genera crustaceorum et insectorum ), 1 est facile de se convaincre qu'il appartient au genre Cymothou, parce qu'il est aptère, qu'il a sept paires de paites, que sa tête est distincte, qu'il a quatre antennes ( dont la paire antérieure est la plus forte), que ses pattes sont courtes, marginales, et terminées par un seul ongle crochu.(Foy.fig. 12, D, la seconde paire, et Gg. E la sixième paire.) Le corps est formé de sept segmens; la tête (fig. F et G )est petite, arrondie, avec un chapeau triangulaire en dessus et en avant, garnie de quatre petites antennes sétacées, lesquelles sont formées chacune de six articulations; les yeux sont très-noirs, composés et en réseaux ; on voit au dessous de la tête deux organes longitudinaux assez sem- blables aux palpes extérieures des crustacées brachiures, et ayant à leur partie externe une sorte d’appendice formé de trois articula- tions. La bouche est peu distincte, et située sous le chaperon. ( Voyez fig. G.) Les sept segmens du corps sont légèrement convexes en dessus, le quatrième est le plus large, ei l'ensemble de tous présente un ovale médiocrement allongé. La queue, qui vient ensuite, est plus longue que large , et légèrement carénée, En dessous, le ventre est très-renflé, ou plutôt semble renflé par la présence des petits, au nombre de plus de trois cent cinquante. Ces Livraison de septembre. 7 1 81 4. ZooLoGirs Societé Philomat, (46) petits sont contenus par six larges écailles attachées aux côtés de l’ani- mal , et imbriquées entre elles ( Foyez fig. B et C.). Les pattes sont latérales, les antérieures les plus fortes; toutes, formées de cinq arti- culations, sont raccourcies, repliées l’une sur l’autre, et terminées par un ongle crochu, Les branchies (fig. H à } situées sous la queue, et composées de huit à dix paires de lames disposées en deux séries, et de longueur inégale entre elles, sont protégées par deux écailles ( fig. H b et fig. K ) aussi à recouvrement. Au côté extérieur de chacune de ces lames se trouve un organe (fig. He, Ice et Kc) formé de deux articulations, destiné vraisemblable- ment à neltoyer les branchies en jouant entre leurs lames. Celles-ci, examinées avec une forte loupe, au lieu d’être striées, comme celles de la plupart des animaux à branchies, sont pointillées assez finement. La couleur générale de cet insecte est le blanc sale; les pattes et les lames qui recouvrent les branchies sont jaunâtres. En écartant les lames de l'abdomen, il est facile de se procurer les petits. Ils ont tout au plus une ligne de long ( Voyez fig. L.) ; leur forme est allongée, comparativement à celle de leur mère; leur tête est sem- blable, mais plus grosse à proportion; leurs sept segmens pédigères sont les plus larges, et leur queue, assez allongée, est formée de cinq seg- mens très-courts , et d’un sixième plus développé, semblable à ct de l'adulte. Les paties sont aussi plus grêles, plus allongées, et moins crochues. Peut-être les petits que M. Le Sueur a examinés étaient-ils des mâles, et la différence qu'on observe dans leurs formes ne provient-elle que de la différence de sexe, Il est à remarquer que cette espèce est la seule qui vive sous la peau des poissons, et il est diflicile d'imaginer par quel moyen elle parvient à se placer sous la peau des Balistes, qui est assez coriace, attendu qu'elle n’est pourvue d'aucun organe propre à percer celte peau. Il parait que cette Cymothoa est commune dans les parages de la terre de Whit, car les deux seuls individus de la Baliste que MM. Le Sueur et Péron ont rapportés en étaient pourvus. On sait que les autres espèces du même genre, connues jusqu’à ce jour, se placent sur les ouïes ou sur les autres parties molles des pois- sons ou des cétacées. A cause de la ressemblance que l'on croit remarquer, au premier aperçu, de cette espèce avec le Bopyre, M. Le Sueur lui impose la dénomination de CYMOTHOÉE BOPYROIDES , Cymothoa Bopyroïdes. (47) Mémoire sur les Surfaces élastiques ; par M. PoissoN. CE Mémoire est divisé en deux parties. La première est relative aux surfaces flexibles et non élastiques dont M. Lagrange a déjà donné l'équation d'équilibre, dans la nouvelle édition de la Mécanique analy- tique (1). Je parviens à la même équation par un moyen différent, qui a l'avantage de montrer à quelle restriction particulière elle est sub- ordonnée. Elle suppose, en effet, chaque élément de la surface égale- ment tendu en tous sens; condilion qui n’est pas remplie dans un grand nombre de cas, et qui serait, par exemple, impossible dans le cas d’une surface pesante et inépalement épaisse. Pour résoudre com- plètement la question, il a fallu avoir égard à la différence des tensions qu'éprouve un même élément dans deux sens différens ; on trouve alors des équations d'équilibre qui comprennent celles de la mécanique analytique , mais qui sont beaucoup plus générales, et aussi plus compliquées. La surface flexible présente, dans un cas particulier, un résultat digne d’être remarqué. Si l’on suppose tous ses De pressés par un fluide pesant, on obtient pour son équation celle que M. Laplace a trouvée pour la surface capillaire, concave ou convexe ; d'où il résulte que quand un liquide s’élève ou s’abaisse dans un tube capillaire, il prend la même forme qu'un linge flexible et imperméable qui serait rempli d’un fluide pesant. Après avoir trouvé l'équation d'équilibre d'une surface flexible dont tous les points sont tirés ou poussés par des forces quelconques, il ne reste plus, pour en conclure léquation de la surface élastique, qu’à comprendre au nombre de ces forces celles qui proviennent de l’é- lasticité : la détermination de cette espèce particulière de forces fait l'objet de la seconde partie de mon Mémoire, et voici sur quel prin- cipe elle est fondée. Quelle que soit la cause de l'élasticité des corps, il est certain qu’elle consiste en une tendance de leurs molécules à se repousser muluelle- ment, et qu'on peut l’attribuer à une force répulsive qui s'exerce entre elles suivant une certaine fonction de leurs distances. D'ailleurs il est naturel de penser que cette force, ainsi que toutes les autres actions moléculaires, n’est sensible que jusqu’à des distances imperceptibles ; la fonction qui en exprime la loi doit donc être regardée comme nulle des que la variable qui représente la distance n’est plus extrêmement petite : or on sait que de semblables fonctions disparaissent en général (1) Tome I, page 149. 1614. MATHÉMATIQUES. Institut. 1°r août 1814. (48) dans le calcul, et ne laissent dans les résultats définitifs que des inté- orales tolales ou des constantes arbitraires qui sont des données de Tobservation. C’est, en effet, ce qui arrive dans la théorie des réfrac- tions, et mieux encore dans la théorie de l'action capillaire, l’une des plus belles applications de l'analyse à la physique qui soient dues aux géomètres. Il en est de même dans la question présente, et c’est ce qui a permis d'exprimer les forces provenant de l’élasticité de la surface en quantités dépendantes uniquement de sa figure, telles que ses rayons de courbure principaux et leurs différences partielles. Substituant donc ces expressions à la place des forces , dans je équations générales de l'équilibre des surfaces, données dans la première partie du Mémoire, ou parvient enfin à l'équation de la surface élastique qu'il s'agissait de trouver. 11 serait impossible de donner dans cet extrait le détail des calculs qui conduisent à cette équation ; nous nous contenterons donc de la faire connaitre, en renvoyant, pour sa démonstration, au Mémoire même. Soient x, y, z, les coordonnées d’un point quelconque de la surface, que nous appellerons 1; considérons z comme fonction de x et y, et faisons, pour abréger, ZT dz Eh, dy EM = V'itp+g=ek 8 Soient aussi ? et ?’ les deux rayons de courbure principaux de cette surface, qui répondent au point 7; désignons par P et Q deux fonc- tions de ces rayons, savoir : 1 1 D AC de sorte que l’on ait, d’après les formules connues, I dz1 d'z Mere TN re dy CRIER dx D? ) Représentons par x, y, z, les forces données qui agissent sur le point quelconque 77, parallèlement aux axes des x, y, z; supposons ces forces telles que la formule Xdx + Fdy + Zdz soit la différentielle exacte d’une fonction de x, y, z, et désignons son intégrale par 11. Enfin, supposons la surface élastique également épaisse dans toute son étendue, et soit « son épaisseur constante : son équation d'équilibre sera (49 ) A AN PTE drP 2DTONGUP 1 +p? Ci SE CEE UE (a Es is [ RUN Tes MEN "NE ay k ‘dy PRE dy + 4Q]=2-p?X = qF—4Pn (a) 2 Le coëfficient 7 représente ici une constante ‘ee dépend de l'é- lasticité naturelle de la surface; il est nul dans le cas des surfaces flexibles et non élastiques, ce qui réduit leur équation d'équilibre à Z—pX—qgF—-KkPn=o; résultat qui coïncide avec celui de la mécanique analytique que j'ai cité plus haut. À L Non seulement l'équation (a) suppose l'épaisseur constante; mais elle ne convient aussi qu’à une surface élastique naturellement plane, et elle ne comprend pas les surfaces, telles que les cloches et autres, dont la figure naturelle est courbe. Si l’on y supprime tout ce qui est relatif à l’une des deux coordonnées x et y, par exemple à y, la surface se changera en un cylindre parallèle à l'axe des x, et l’'équa- tion (z) devra alors coïncider avec l'équation ordinaire de la lame élastique; c’est, en eflet, ce qu'il est aisé de vérifier après quelques transformations faciles à imaginer. J'ai donné à la fin de ce Mémoire une autre manière de parvenir à l'équation de la surface élastique, déduite du principe des vitesses virtuelles. On sait ce qu'on entend par momens des forces, dans l'énoncé de ce principe; or, en déterminant les momens des forces élastiques en un point quelconque de la surface, et en ayant égard aux autres forces données qui lui sont appliquées, on trouve qu'elle est parmi toutes les surfaces de même étendue, celle dans laquelle l'intégrale double. ICE) ulead est un #7aximum Où un 7ninimum : p, p', 11 et À représentant les mêmes quantités que ci-dessus, et l'intégrale devant s'étendre à la surface entière. On peut donc trouver immédiatement son équation, au moyen des formules générales du calcul des variations; et cette manière d'y parvenir est plus simple que la première dont j'ai fait usage; mais elle conduit à une équation beaucoup plus compliquée que l'équation (a): ce n’est même que par un artifice particulier que Je suis parvenu à vérifier l'identité de ces deux équations. Au reste dans une pareille matière, il n’était pas inutile de conserver deux méthodes aussi différentes l'une de l'autre, et qui conduisent cepen- dant au même résultat. (50 ) La recherche des équations d'équilibre des surfaces élastiques ap- partient à la mécanique générale; c’est uniquement sous ce rapport que Je lai considérée dans ce Mémoire ; mais cette théorie comprend comme application une des branches les plus étendues et les plus curieuses de l’acoustique. Je veux parler des lois que suivent les vibrations des plaques élastiques, des figures qu’elles présentent, et des sons qu’elles font entendre pendant leur mouvement. En effet, l'équation fondamen- tale qui doit servir à déterminer les petites oscillations d'une plaque sonore, se déduit de son équation d'équilibre, par les principes ordi- vaires de la mécanique. Supposons donc que la plaque s'écarte très-peu d'un plan fixe qui sera celui de x, y, et négligeons, en conséquence, toutes les quantités de seconde dimension, par rapport à z et à ses différences partielles : l'équation (a) se réduira d’abord à ; = Be 0dEz d*z dfz d* z Z—pX—qP=n(rs trs) +me FPMO ar) De plus, faisons abstraction du poids de la plaque, et supposons, comme dans les problèmes des cordes et des lames vibrantes, que chaque point de la plaque reste, pendant le mouvement, dans une même perpendiculaire au plan fixe; z étant la variable qui représente le tems, il faudra faire alors L daz X=0o,F=o,Z=—e——; l'intéorale n se réduira à une constante arbitraire, que j'appellerai c; et l'équation du mouvement sera enfin d? 2 d z d? z AE d* z d* z ns) de Dre VOA Bee ss à 7) = 0. & dE se (ie sex) hit dx dx? dy= eg J'ai démontré , dans mon Mémoire, que cette constante c dépend des forces qui tirent la surface à ses extrémités, et qui produisent ce qu’on appelle la tension. Elle est nulle quand ces forces n'existent pas; ce qui réduit notre équation à IT (b) Mais si l’on voulait considérer les surfaces tendues, telles que les tam- bours, par exemple, il faudrait, au contraire, conserver la constante c, et supposer 2 =— 0; ce qui donne, en changeant le signe de c, d' dtz d* z diz Re cie Ci di dx* dax? dy dy az dz a Ha raie Niger ho équation déjà trouvée par Euler, et qui est aussi celle dont MM. Biot (51) et Brisson se sont servis pour déterminer quelques propriétés des vibrations des surfaces tendues. Il y a environ cinq ans, la première classe de l'institut a proposé , comme sujet de prix, la théorie mathématique des vibrations des plaques sonores, vérifiée par la comparaison avec l'expérience ; mais, depuis cette époque, on n'a reçu qu'une seule pièce digne de l'attention de la classe (1). Au commencement de ce Mémoire, l’auteur anonyme pose, sans preuve suflisante, où même tout-à-fait sans démonstration, une équation qui est précisément notre équation (D). 11 y a satisfait par des intégrales particulières, composées d'exponentielles, de sinus et de cosinus ; et en cela il suit l'exemple qu’Euler a donné en plusieurs endroits, relativement à l'équation des lames vibrantes. A chacune de ces intégrales, répond une figure particulière de la plaque sonore, et le son qu’elle rend dépend en général du nombre de lignes nodales qui se forment pendant ses vibrations. L'auteur calcule le ton relatif à chaque figure, puis il compare le ton calculé à celui que donne l'expérience pour une figure semblable : il trouve un accord satisfaisant entre ces deux résultats; de sorte que l'équation des plaques vibrantes , quoi- qu'elle ne füt pas jusqu'ici démontrée à priori, était du moins sufti- samment justifiée par l'expérience. Cette comparaison est la partie de son travail qui a motivé la mention honorable de la classe: elle porte sur un grand nombre des expériences de M. Cbladni, et sur beaucoup d’autres qui sont propres à l’ingénieux auteur du Mémoire dont nous parlons. Il y aurait une autre espèce de comparaison bien plus difficile à entreprendre, qui serait relative à la figure produite d’après une manière donnée de mettre la plaque en vibration. On pourrait aussi désirer que les résultats du calcul fussent déduits de l'intégrale géné- rale, et non pas de quelques intégrales particulières de l'équation (b). Malheureusement cette équation ne peut s'intégrer sous forme finie que par des intégrales définies qui contiennent des imaginaires sous les fonctions arbitraires; et si on les fait disparaitre , ainsi que M. Plana y est parvenu dans un cas pareil (celui des lames vibrantes ), on tombe sur une équation si compliquée, qu'il parait très-difficile d’en faire aucun usage. Pour indiquer ici tout ce qui a été fait jusqu’à présent sur les sur- faces élastiques , je dois aussi faire mention d’un Mémoire sur les vibrations des plaques sonores, qui se trouve dans le volume de Péters- bourg pour l'année 1787. En partant d’une hypothèse trop précaire, l'auteur est conduit à une équation différentielle, qui n’est point exacte, et qui revient à l'équation (b), en y supprimant le terme multiplié —————————————————————————— (1) Cette question doit encore rester au concours jusqu’au 1°* octobre 1815, 1814. ZooLoGie, Societé Philomat. (52) d4z ae Il y satisfait aussi par des intégrales particulières, composées d'exponentielles, de sinus et de cosinus; mais il remarque lui-même que les conclusions qui s'en déduisent ne sont pas d'accord avec les expériences de M. Chladni; et maintenant, que nous connaissons la véritable équation du mouvement des plaques, nous voyons clairement la cause de cette discordance, P. Mémoire sur quelques Flustres et Cellépores fossiles, par MM. À. G. DESMAREST et LE SUEUR. CE Mémoire est extrait d’un grand travail entrepris depuis long- tems par MM. Le Sueur et Desmarest, sur les polypiers phytoïdes , tels que les sertulaires, les flustres et autres genres voisins, et notam- ment sur ceux qui ont été rapportés des côtes de la Nouvelle Hollande par MM. Péron et Le Sueur. Ce travail, prêt à paraitre, contient les descriptions et les figures très-détaillées de plus de cent vingt espèces nouvelles. Les planches, au nombre de quinze, sont déjà gravées et terminées. Après avoir fait remarquer que les flustres et les cellépores sont, avec les alcyons, les seuls po/ypiers non entièrement pierreux (La- marck) qu'on ait encore observé à l'état fossile, MM. Desmarest et Le Sueur passent à la description des espèces qu'ils ont eu l'occasion d'examiner et de décrire. Les flustres fossiles sont au nombre de huit, et les cellépores de deux seulement. Les premières différent génériquement des dernières en ce que leurs cellules sont toujours contiguës, le plus souvent hexagonales ou polysonales; que les cloisons qui les séparent sont perpendiculaires au plän sur lequel elles sont établies; que leur partie supérieure est aplatie, formée, dans quelques espèces, d’une substance calcaréo-membraneuse, et, dans d’autres, d’un tympan simplement membraneux, et qu’elles composent quelquefois à elles seules des ex- ansions libres à une ou deux faces cellulifères. Les cellépores, au contraire, toujours incrustantes des corps étrangers, et ne formant point d'expansions libres, n’ont jamais de tympan membraneux fermant leurs cellules en dessus, et les cellules dont les cloisons ne sont point perpendiculaires sont toujours plus ou moins globuliformes , et ir- régulièrement placées les unes relativement aux autres. Au reste, ces distinctions sont très-légères, et plusieurs espèces forment le passage entre ces deux genres. A l’état vivant, néanmoins, les ceilépores se font distinguer des flustres, en ce qu'elles sont plus soïides, et qu'il entre plus de matière calcaire dans la composition de leurs cellules. (55) r. Frustrre Mosaïque ( Flustra tessellata ). Epaisse , incrustante; cloisons arrondies antérieurement ; ouverture en avant, petite, presque ronde ; dessus des cellules plan et épais. Elle est d’un blanc d'ivoire très-luisant. On la trouve sur les corps fossiles de la craie, tels que les oursins, les belemnites, etc., des environs de Paris. ( Foyez Plita; fig. 2; der. natur., c grossie. ) 2. FLUSTRE EN RÉSEAU ( Ælusrra reticulata). Médiocrement épaisse ; formant des expansions libres à deux faces cellulfères ; cellules ovales- allongées, à cloisons très-saillantes; ouverture médiocre, un peu trans- versale. On la trouve dans les sables des environs de Valogne, avec les baculites , les belemnites, ete. ( Foyez PL. 2, fig. 4.) 5. FLUSTRE A CELLULES CARRÉES ( Xlustra quadrata). Incrustante, formant des expansions très-régulièrement radiées ; cellules carrées ou arallèlogramiques. Elle a été trouvée sur un moule intérieur de coquille Éivalve voisine des mactres, dont on ne connaît pas la localité. On ne voit dans cette flustre que le fond des cellules, mais la disposition de celles-ci est tellement remarquable, qu’elle suffit pour faire établir cette espèce. (Poyez PI. 2, fig. 10;x gr. nat., » grossie.) — Du cabinet de M. de Drée. 4. FLUSTRE ÉPAISSE ( Flustra crassa ). Très-épaisse , incrustante ; cellules courtes, arrondies, à cloison saillantes, avec le dessus déprimé; ouverture grande et en croissant. Cette flustre, remarquable par sa solidité, a été trouvée à Grignon, incrustant une petite huître, et parmi les fossiles découverts daus les fossés de la citadelle de Gand. ( Foy. PL. 2, fig. 1 ; a gr. nat., à grossie.) 5. FLUSTRE BIFURQUÉE ( Flustra bifurcata). Libre, à expansions en forme de fucus dichotomes , bifurquées aux extrémités, et garnies de cellules hexagonales sur les deux faces. On ne connaît que l'empreinte de celle-ci; mais la disposition bifurquée de ses frondes ou expansions orte à la considérer comme une espèce voisine de la flustra truncata d’Ellis, dont les extrémités sont néanmoins tronquées nettes. ( Voyez PL. 2, fig. 6.) 2 représente la flustre entière et de grandeur naturelle; la fig. 7 offre l'empreinte de cette flustre grossie, et l’on y remarque principalement des globules qui ont été formés dans la cavité de l’ou- verture, qui élait ronde, La fig. o fait voir les vestiges des cloisons, qui sont comme cordonnées. Celte espèce se trouve à Grignon , dans un banc de calcaire tendre appartenant au deuxième système ou aux couches moyennes de la formation du calcaire à cérithes. G. FLUSTRE CRÉTACÉE ( Flustra cretacea ). Epaisse, incrustante, à cellules ovales-allongées, sans doute pourvues d’un tympan membra- neux dans l’état de vie, mais en étant He à l’état fossile. ( Voyez PL 2, fig. 3; e gr. nat., / grossie.) Dans celle-ci, les contours ovales sont formés par les cadres ou rebords qui supportaient le tympan. Livraison de septembre. 1814. (54) Elle a été observée sur une coquille fossile des environs de Plaisance absolument analogue au murex tritonis de nos mers. 7. FLUSTRE A PETITE OUVERTURE ( Flustra microstoma ). Peu épaisse , incrustante, à cellules peu distinctes, ovales, légèrement bombées, avec une ouverture ronde très-petite au milieu. ( Foyez PL 2, fig. 9; z gr. nat., # grossie. ) Elle est rarement en bon état de conservation, et se montre presque toujours dépourvue de la partie supérieure des cellules, de façon qu'il ne reste plus que les cloisons. (Voyez fig. u.) Elle est assez commune sur les grandes huîtres fossiles de Sceaux , qui appartiennent à la formation marine, supérieure à celle des gypses des environs de Paris. 8. FLUSTRE UTRICULAIRE ( Flustra utricularis ). Incrustante, à ex- ansions très-développées; cellules ovoïdes légèrement aplaties, plus a postérieurement, avec l'ouverture placée en avant, et assez petite. ( Voyez PL 2, fig. 8; r grossie, s gr. nat. ) Celle-ci est la plus commune sur les oursins de la craie, où elle est ordinairement en mauvais état, et ne laisse voir que la base des cloisons de ses cellules, qui forment comme un réseau de dentelle assez fin. Ce caractère est celui qui la rattache davantage au genre des flustres qu’à celui des cellépores, dont elle a la forme slobuleuse des cellules. 9. CELLÉPORE MÉGASTOME ( Cellepora megastoma ). Incrustante, à expansions irrégulières peu développées; cellules très-distinctes, ovoïdes, avec l'ouverture presque centrale très-grande, ( Foyez PI, 2, fig. 5; k gr. nat., / grossie. ) — Sur les corps fossiles de la craie des environs de Paris. 10. CELLÉPORE GLOBULEUSE ( Cellepora globulosa ). Incrustante , à cellules globuleuses bien distinctes, et à ouverture moyenne, trans- verses ( Voyez PI 2,fig. 7; p grand. natur,, g grossie.) — Dans la craie. Malgré leurs nombreuses recherches, MM. Le Sueur et Desmarest n’ont jamais trouvé de flustres ou de cellépores sur les fossiles des terreins antérieurs à la craie, mais ils en ont, au contraire , observé sur ceux de tous les terrains de formation marine qui lui sont posté- rieurs. Ainsi la craie des environs de Paris elle-même contient deux flustres (FL. essellata et utricularis) et deux cellépores (C. megastoma et zlobulosa). Les environs de Valogne, qui renferment les mêmes fossiles que la montagne de S.-Pierre de Maestricht, et qui sont par conséquent analogues à la craie, renferment la 7. reticula/a. Le calcaire à cérithes en a offert deux ( les fl. crassa et bifurcata }; et peut-être doit-on lui attribuer aussi la f/. quadrata. Le terrain marin postérieur à la formation des gypses en présente aussi une ( la fl. microstoma ). (35) Enfin les fossiles de Plaisance, peut-être les plus réceñs de tous Les fossiles, portent une dernière espèce bien caractérisée, la lussra cre- lacea. A.D. Extrait d'un Mémoire sur lIridium et lOsmium, métaur qui se trouvent dans le résidu insoluble de la: mine de platine , traitée par l'acide nitromuriatique ; par M; V AUQUELIN. PREMIÈRE PARGT1E. De l’Iridium. IL est d’un blanc d'argent ; il est extrêémement peu fusible. Ta petite uantité d'Iridium que M. Vauquelin est parvenu à fondre jouissait d'une certaine ductilité. 11 n’est attaqué par aucun acide simple; l'acide nitromuriatique, le plus concentré, ne le dissout que très-difficilement. L'Iridium rougi dans un creuset avec la potasse ou le nitre, s'oxyde ; la masse noire qui en résulte, traitée par l’eau, se réduit en deux combinaisons, l'une avec excès d’alcali qui est soluble et qui donne une couleur bleue au liquide, et l'autre avec excès de base qui est insoluble et sous la forme d’une poudre noire. Celle-ci forme avec l'acide muriatique, un sel bleu soluble dans l’eau. Sulfure d'Iridium. L'Tridium se combine au soufre, lorsqu'on présente les corps l’un à l’autre dans un grand état de division, Par exemple: si l’on chauffe 100 parties de muriate ammoniaco d’Iridium, qui représentent 45 part. de métal pur, on obtient un sulfure pesant Go part.: donc 100 part. d'Iridium absorbent 35,54 part. de soufre. Alliage d’Iridium. L'Tridium s’unit à l'étain, au cuivre, au plomb et à l'argent, lorsque ces métaux ont été chauflés au rouge blanc. Quatre parties d'étain et une partie d'Iridium, donnent un alliage d'un blanc mat, dur et malléable. L’alliage de quatre parties de cuivre et une d’Iridium est rouge pâle; il paraît blanc quand il a été limé. Il est ductile et beaucoûp plus dur que le cuivre. BE parties de plomb et une d'Iridium, forment un alliage blanc et dur. 1814. Caimie. Societé Philomat. et Institut. 31 janvier 1814. (56) L'orsqu'on chauffe deux parties d'argent et une partie d'Tridium , il y a une portion de ce métal qui n'entre point en combinaison. L'Iridium s'allie à l'or ; il n’en change pas la couleur , suivant M. Tenvant. Muriate d’'Iridium. Quand on fait bouillir l'acide nitromuriatique sur l'Iridium, on obtent constamment un muriate au maximum d'oxydation qui est de couleur rouge. Quand on dissout au contraire dans l'acide muria- tique la combinaison de potasse avec excès d'oxyde d'Iridium, on obtient un sel bleu dont la base parait contenir moins d’oxigène que celle du muriate rouge. Le muriate bleu bouilli avec le contact de l'air, passe au vert, au violet, au pourpre et au rouge jaunâtre, probablement en absorbant du gaz oxygène. l Le muriate bleu n'est précipité par aucun alcali, et s'il forme alors des sels doubles , il faut qu’ils soient très-solubles dans l’eau, Mais si ce muriate contient de l’oxyde de fer ou de titane, l’alcali en sépare des flocons verts. S'il contient de la silice ou de l’alumine, le précipité est bleu. M. Vauquelin est porté à croire, d’après la forte affinité de l'oxide bleu d'Iridium pour l’alumine, que cet oxyde est le principe colorant du saphir. ; L'’hydrogène sulfuré, le sulfate de fer vert, le fer, le zine et l’étain décolorent le muriate bleu. En ajoutant de l'acide muriatique Oxy- géné la couleur reparaît; si l'on en met un excès, la couleur au lieu d'être bleue est pourpre, mais il parait que l'oxydation n’est pas changée pour cela, car la liqueur redevient bleue quand on l'expose à l'air Ce qu'il y a de remarquable, c’est que si lon verse de l'acide muriatique oxygéné dans le muriate rouge d'iridium qui a été décoloré par du sulfate de fer, la couleur passe immédiatement au rouge, et ne change pas lorsque l'excès d'acidé qu'on peut y avoir mis vient à se dissiper. te Ù Le muriate rouge d'Iridium ne passe au bleu dans aucune circons- tance. Lorsqu'il est concentré il est converti entièrement, par l'ammo- niaque, en un muriate double qui est d'une couleur pourpre si foncée, qu'il parait noir comme du charbon. C'est ce sel qui colore en rouge le muriate ammoniaco de platine qu'on précipite d'une dissolution de platine brut. 140 . Muriate Ammoniaco d'Iridium. Ce sel desséché donne à la distillation du gaz azote de l'acide mu- riätique, du muriate d’'ammoniaque, et 45 pour 100 de métal. Vingt parties d’eau froide en dissolvent une de ce sel: la solution (57) en rouge orangé. Une partie de sel peut colorer 40000 parties d’eau. L'ammoniaque, l'hydrogène sulfuré, le fer, le zinc et l'étain décolo- rent la solution. L’acide muriatique oxigéné rétablit la couleur. Muriate de Potasse et d'Iridium. On produit ce sel en mêlant du muriate de potasse avec du mu- riate d'Iridium; vu en masse il parait noir, mais il est pourpre quand il est divisé, Cent parties de sel cristallisé, chauflées fortement, se réduisent à 5o parties, lesquelles consistent en 57 parties de métal, 15 de muriate de potasse. DeEuxiÈME ParTie. De l'Osmium. M. Vauquelin pense que ce métal divisé est noir ou bleu foncé si le précipité qu’on obtient en mettant une lame de zinc dans une solu- tion aqueuse d'oxyde d’osmium n’est pas un sousoxyde (x). L'orsqu'on chauffe de l’osmium ainsi précipité dans une petite cornue, on obtient du peroxyde d'osmium, qui est sous la forme de cristaux blancs, ensuite un sublimé bleu, et un résidu noir qui prend par le frottement le cuivré de l’indigo. M. Vauquelin croit que ce métal est volatil. L’osmium chauffé avec le contact de l'air atteint le maximum de son oxydation, il exhale une odeur forte, qui est un des caractères de l’oxyde qui se produit, Oxyde d'Osmium. Il est incolore, transparent, et très-brillant ; la saveur en est forte et caustique, l'odeur suflocante. IL est plus fusible que la cire; il est flexible, et se volatilise comme le camphre quand il est renfermé dans un flacon qui contient de l'air ; il noircit par le contact des ma- tières végétales humides; il est assez soluble dans l’eau. La solution devient bleue par la noix de galle, etc. L'oxyde d'osmium n'est point acide, cependant les alcalis s'y combinent, et neutralisent un peu ses propriétés. TE (2) Les expériences de M. Vauquelin paraissent le faire croire; car ce précipité chauffé dans un tube de verre, dégage une portion de peroxyde à une température extrêmement basse; et si lon chaufle de même le résidu fixe dans un tube dont la capacité soit égale à celle du premier, on n’obtiendra plus de sublimé, quoique la température soit la même que dans la première opération, 1814. Pays10LOG1E VÉGÉTALE, Ouvrage nouveau. (58) Osmnium et gaz muriatique oxygéné. L'osmium mis dans un flacon où l'on fait arriver du gaz muriatique oxygéné, se fond, devient vert, se dissout, et forme une liqueur d’un rouge brun. Cette liqueur a une odeur d'oxyde d’osmium et d'acide mu- riatique oxygéné. Etendue d’eau, elle devient bleue par la noix de galle, et donne un précipité de cette couleur quand on y met du zinc. Osmium et acide muriatique. L'osmium est dissous par cet acide. La liqueur est d'abord verte, puis jaune rougeâtre. Beaucoup d’osmium se volatilise. M. Vauquelin pense que l’osmium est allié à l'iridium dans la poudre noire. L'osmium ne s’unit point à liode. G. Mémoire sur l'Organisation des Plantes ; qui a remporté le prix proposé par la Société Théylérienne, en 78 12; par M. Diéterich Georg KiEsEr, professeur à l'université d'Iéna. Organisation générale de la plante. LA plante entière est formée de globules (1) entremêlés de zubes per- pendiculaires. 11 y a donc dans les plantes deux formations différentes : 1° /a /orma- tion cellulaire; 2° la formation tubulaire. Il n'y a pas de formation intermédiaire, si ce n’est dans les conifères, où les cellules, remplaçant les trachées, deviennent poreuses et contiennent de Fair (2); et dans l'if, où les cellules poreuses ont des fibres spirales. La formation cellulaire comprend les cellules du parenchyme de l'écorce et de la moelle, les cellules allongées du liber et du corps ligneux, et les cellules transversales des rayons médullaires. EEE nn) (1) Gette idée est empruntée de M. Tréviranus, qui pense que les végétaux sont formés par la réunion de globules qui jouissaient primitivement d’une vie propre. J'ai combattu cette doctrine, qui me paraît tout-à-fait erronée. ; (2) Rien de mieux prouvé, ce me semble, que les trachées , aussi bien que les fausses-trachées et les vaisseaux poreux, servent principalement de canaux à la sève. Je sais que ces tubes contiennent de l'air quand ils ne sont pas remplis de liqueur; mais cela ne suffit pas pour établir que ce sont des poumous analogues à ceux des ani- maux. (59 ) La formation vasculaire ou tubulaire comprend les 7rachées ou vaisseaux spiraux, les {vbes poreux ou ponctués, les fausses-trachées ( vaisseaux réticulaires de l'auteur, et vaisseaux annulaires de M. Bernhardi ), et les vaisseaux moniliformes ou en chapelet. Les pores corticaux appartiennent, par leur structure, à la formation cellulaire ; par leurs fonctions, à la formation vasculaire. Formation cellulaire. Toutés les cellules sont originairement des vésicules allongées, remplies de fluide: c’est ce qu’on peut voir clairement dans les con- ferves ; mais dans les plantes d’un ordre supérieur, ces cellules se ro réciproquement , et prennent la forme de dodécaëdres al- ongés. La membrane des cellules est unie et sans pores (1). Les cellules se pressant réciproquement sont renfermées dans une grande cellule de même remplie de fluide. La membrane de cette grande cellule constitue lépiderme (2). Les petites cellules contenues dans cette grande cellule laissent entre elles des espaces aux endroits où il y a lamoindre résistance; c’est aux angles des dodécaèdres. Ces espaces, remplis nécessairement de fluide, et ayant une forme triangulaire, sont les canaux intercellulaires du docteur Tréviranus. On les voit facilement dans le parenchyme des plantes succulentes, telles que la citrouille, le zropæolum majus (5). Il y a trois modifications qui résultent de la formation originaire des cellules : 1° Les cellules ordinaires, dont la forme est celle d’un dodécaëdre allongé, tronqué aux deux extrémités ; 2° Les cellules allongées du corps ligneux et du liber. La forme originaire est de même celle d’un dodécaëdre allongé et tronqué aux extrémités; mais ce dodécaèdre est tellement allongé, qu’on n’en re- go QG) J'ai souvent observé des pores sur les parois des cellules. Les fentes qui coupent transversalement les cellules de certains lycopodes ne sont autres choses que des pores très-allongés. (2) Selon mes observations, le üssu cellulaire est continu dans toutes ses parties, et le terme de ce tissu forme lépiderme. L'idée d’une grande cellule qui, suivant M. Kieser, renfermerait toute la plante comme dans un sac, me parait bien hasardée. (3) Si Le tissu cellulaire est continu dés son origine, il est clair qu'il n'y a point de cellules distinctes, et par conséquent point de canaux intercellulaires ; or la conti- nuilé du tissu est un fait que je crois avoir démontré. Je crains bien que M. Kieser, de même que M. Tréviranus, n'ait été séduit par quelque illusion d'optique, 181 4. (Go ) connaît presque plus la forme originaire, et qu’on prend les canaux intercellulaires, avec leurs parois, pour des fibres disposées selon la longueur de la plante (x). 5° Les cellules des rayons médullaires, allongés en sens horizontal. Les vaisseaux propres ne sont originairement que des canaux inter- cellulaires, comme on le voit dans le tilleul (2). Ces canaux grossissent, et deviennent les réservoirs des sucs propres, quand il y en a. Les /acunes sont de grandes cellules (3) remplies d'air, formées régulièrement, et dont les parois sont construites par des cellules ordinaires. M. Kieser soupçonne que dans les jeunes plantes toutes ces cellules à au sont remplies de cellules rondes qui se dessèchent dans la plante adulte. Formation vasculaire. I y a trois espèces de srachées : 1° Les /rachées proprement dites, que M. Kieser nomme vaisseaux spiraux simples, et qui, à son avis, donnent naissance aux deux autres espèces ; 2° Les vaisseaux poreux, qu'il nomme »vaissseaux spiraux poreux où ponciués ; 3° Les /ausses-1rachées, qu'il nomme vaisseaux spiraux réticu- laires. Les trachées sont formées d'une ou de plusieurs fibres disposées en hélices, dont les interstices sont vides. Les vaisseaux poreux ou ponctués sont formés d'une ou plusieurs fibres spirales dont les interstices sont remplis par une membrane poreuse. Dans les plantes jeunes, il n’y a que des trachées. Ces vaisseaux deviennent des vaisseaux poreux dans la plante adulte; c’est la raison pourquoi l’on ne trouve de trachées dans le bois, que proche le canal médullaire, et qu'on n’en trouve jamais dans l'intérieur des couches ligueuses (4). (x) J'ai vu aussi ce que Duhamel nomme des fibres , et j'ai reconnu que c'était les parois latérales des cellules, dont le plan, disposé obliquement, se montre en per- spective ; de sorte qu'on en apercoit à la fois les deux bords parallèles, et que l’espace intermédiaire parait former un tube. (2) Les vaisseaux propres sont, pour la plupart, des Zacunes du tissu cellulaire. (3) Les /acunes sont des déchiremens du üssu cellulaire. (4) Les trachées ne se changent point en vaisseaux poreux. Celles qu'on trouve au centre des arbres sont de première formation; et quelle qe soit la durée des individus, elles ne subissent point de métamorphose. Si les couches ligneuses ne contiennent jamais (Gi) Les trachées du corps ligneux ne sont que des vaisseaux poreux ; mais les spires y sont tellement éloignées les unes des autres, qu’on les néglige facilement, et qu’on les croit seulement formées d’une membrane criblée de pores ou de petites fentes. Les fausses-trachées, que l’auteur a observées particulièrement dans le /ropeolum et dans l’êmpatiens, ne sont d'abord, dit-il, que de simples trachées ; mais, dans les plantes adultes, les spires se soudent entre elles par le moyen de fibres longitudinales, et il reste des interstices allongés en sens horizontal. Ces vaisseaux se distinguent des vaisseaux poreux en ce qu'ils n’ont point de membrane poreuse (1). Si les fibres spirales de toutes ces espèces se soudent en anneaux, il en résulte des vaisseaux annulaires. Il y a donc des vaisseaux annu- laires dans les plantes à trachées comme dans les plantes à fausses trachées (2). Les vaisseaux en chapelet, où moniliformes, sont des trachées qui, dans les nœuds où l’organisation végétale tend davantage vers la for- mation cellulaire, tendent de même vers cette formation, et éprouvent, par suite de cette disposition, des étranglemens d'espace en espace. Les vaisseaux se montrent donc dans les plantes munies de trachées et de vaisseaux poreux de même que dans les plantes munies de fausses-trachées , mais ils n’ont point de diaphragmes aux étrangle- mens (3). Dans la vieillesse, tous ces vaisseaux se remplissent de petites cel- lules rondes qui tirent leur origine des parois, et rapprochent par cette conformation les vaisseaux spiraux de la formation cellulaire ; de même que les veines des animaux s'ossifient par l’eflet de l’âge, et perdent leur sensibilité. Malpighi et le docteur Tréviranus ont très- bien observé ce phénomène; MM. Rudolphi et Link l'ont nié. de trachées, c’est qu'il ne s’en produit jamais dans Ja couche annuelle, qui passe de l'état de liber à celui d’aubier , et qui d’aubier devient bois. (1) La transformation des trachées en fausses-trachées n’est pas mieux prouvée que celle des trachées en vaisseaux poreux. (2) Si l’on trouve dans la même plante des trachées, des fausses-trachées, des vaisseaux poreux, des vaisseaux annulaires, qui ne sont qu’une sorte de fausses-trachées, c’est parce que tous ces vaisseaux ou tubes apparüennent au même type ; fl ne sont que des modifications les unes des autres; mais ces modifications sont originaires, el non pas le résultat de la soudure de la lame de la trachée. (5) M Kieser reconnait que les trachées, les fausses-trachées , les vaisseaux poreux, les vaisseaux en chapelet, opt la même origine : c’est ce que j'ai établi dans tous mes Mémoires d'anatomie Sépcules mais il suppose une transformation que je n’admels pas. Les vaisseaux moniliformes sont, suivant moi, de formation originaire; c’est-à-dire que dès que le tissu est assez nettement dessiné pour qu'il soit possible d'en distinguer la siructure, on peut y constater l’existence des vaisseaux moniliformes, et qu'on les retrouve sous le même aspect dans les bois les plus avancés. Livraison de septembre. 9 1814 (62) Fonctions des organes élémentaires. La formation cellulaire sert au mouvement de la sève. La sève coule dans les canaux intercellulaires; et, parce que ces canaux sont dans toutes les directions, la sève coule dans toutes les parties de la plante (1). C'est dans ces canaux que vraisemblablement se produisent les nouvelles ceilules:les grains d’amidon qui y sont renfermés paraissent en produire la matière; mais elles ne sont certainement pas les rudi- mens des nouvelles cellules. Par la propriété hygrométrique propre aux parties végétales, les sucs contenus dans les cellules et dans les canaux intercellulaires commu- niquent ensemble, et, par suite de cette propriété, les grains d'amidon traversent les parois des cellules. Le suc monte dans le bois et descend dans l'écorce ( ou peut-être dans les fibres du liber) par les canaux interceliulaires. Le suc cru est préparé dans les feuilles, et il devient , au moyen de la respiration qui se fait par les pores; un svc nourricier, qui est la véritable sève (2). Cette sève descendante dépose, après avoir été em- ployée à la formation des parties nouvelles, les sucs propres et autres matières analogues. Ces sucs propres ( les résines, les gommes, la cire, la matière sucrée des nectaires, les huiles, les corps pierreux dans quelques écorces et dans quelques fruits) sont les résidus du suc alimentaire, et doivent être considérés , par conséquent, comme les vrais excrémens de la volante. La formation vasculaire ne sert qu’à la respiration et à la préparation de la sève. La respiration est la dernière fonction des parties élémentaires de la plante. La plante, tout-à-fait végétative, n’a que la fonction nutritive. Si Von veut comparer la plante à l'animal, on doit dire que les canaux intercellulaires représentent les vaisseaux sanguins et lymphatiques, et aussi le canal intestinal, et que les trachées représentent les pou- mons. Les pores de l’épiderme qui servent à la respiration communiquent avec les vaisseaux : es l'épiderme qu'Hedwig a déjà reconnus pour tels, E {1) L'observation et l'expérience se réunissent pour prouver, ce me semble, que les grands déplacemens de la sève ont lieu dans les vaisseaux, et que les déplacemens lents et presque insensibles s’opérent 4 travers le tissu cellulaire. (2} Le suc cru de M. Kieser est la sève de tous les physiologistes; le suc nourricier du même auteur est le cambium de Duhamel, (65) mais dont plusieurs naturalistes ont nié l'existence. Ces vaisseaux rampent à la surface des feuilles, en lignes serpentines, et y forment quelquefois des héxagones, ce qui a fait que M. Sprengel a pris ces à s ÉrIE rs vaisseaux pour les parois des cellules subjacentes, quoiqu’elles s'en distinguent fort bien, et qu’on les reconnaisse facilement dans les grands hexagones des vaisseaux de l’épiderme (1). PR M. Kieser soupçonne que, dans l'eguisetum, les vaisseaux de l’épi- derme aboutissent aux canaux intercellulaires de la tige. Formation du Bois et du Liber. La sève dépose le cambium entre le corps ligneux et le liber. TI se forme une nouvelle couche de bois vers le centre, et une nouvelle couche de liber vers la circonférence, couches qui diffèrent l'une de l’autre par leur structure (2). Les vieilles couches meurent, celles du bois se détruisent, en com- mençant par le centre, et l'arbre se creuse; celles du liber se dessèchent et forment l'écorce morte du tronc. Avec ces deux couches annuelles se forme aussi le parenchyme cellulaire, qui devient rayons médullaires dans la partie ligneuse, et écorce proprement dite dans la partie corticale. ; Telles sont les idées fondamentales de da théorie que M. Kieser présente sur la physiologie végétale. On y reconnait l'alliance des opinions d'Hedwig et de celle du docteur Tréviranus. B. M. Journal de l'Ecole Polytechnique, 16° cahier, tome IX. CE nouveau volume contient: 1. Un Mémoire de M. Petit, sur la théorie de l’action capillaire, présenté à la Faculté des sciences de Paris, comme l’une des deux thèses exigées pour le grade de docteur. 2.° Deux Mémoires de M. Binet jeune, dont il a été rendu compte dans le Nouveau Bulletin des Sciences (t. I, p. 312, et t. I, p. 243) : . ». . . La . du tissu cellulaire adhérent à cette membrane, M. Sprengel a suivi l'opinion que J'avais publiée quelque tems avant, dans le Journal de physique. Je suis encore convaincu que ces vaisseaux n'existent pas. L'illusion d'optique, qui a fait voir à M. Kieser des canaux intercellulaires, Jui fait découvrir des vaisseaux rampans sur l’épiderme. Cette erreur affecte toute sa théorie et en détruit les bases. .,@) Le cumbium développe et nourrit le liber; le liber se partage entre le bois et l'écorce, et accroît la masse de l’un et de l’autre : voilà mon opinion rédwte à sa plus simple expression, (1) En avançant qe les lignes qu'on aperçoit sur l’épiderme ne sont que les parois 181 4. MaTuÉMATIQUES. Ouvrage nouveau. — Cuimie. Société Philomat, et Institut. 31 Janvier 1812. (64) l'un sur la théorie des axes conjugués et des momens d'inertie des corps; l'autre sur un système de formules analytiques, et leur appli- cation à des considérations géométriques. 3.° Trois Mémoires de M. Cauchy, l’un sur les nombres, et les deux autres sur les polyèdres. On a rendu compte des deux derniers dans le Nouveau Bulletin (t. IT, p. 325, et t. IT, p. 66). C’est dans l'un d'eux que se trouve la démonstralion de l'égalité des polyèdres com- posés des mêmes faces, que M. Legendre a fait passer dans la dernière édition de ses Elémens de Géométrie. 4° Un Mémoire de M. Gaultier, sur les moyens généraux de construire les cercles déterminés par trois conditions, et les sphères déterminées par quatre. 5. Un Mémoire de M. Hachette, contenant la théorie et la description de l’héliostat. 6° Un Mémoire de M. Poisson , sur les intégrales définies, dont le but est de déterminer les valeurs de plusieurs classes de ces intégrales, par FPintégration des équations différentielles dont elles dépendent, On en a vu un exemple dans le n° 50 du Nouveau Bulletin des Sciences. 7 Un Mémoire du même, sur un cas particulier du mouvement de rotation des corps pesans. La solution de ce cas comprend la théo- rie de la machine ingénieuse que M. Bohnenberger a imaginée pour représenter le phénomène de la précession des équinoxes, et qui se trouve maintenant dans la plupart des cabinets de physique de Paris. Dorénavant il paraîtra tous les deux ans un volume du Journal de l’Ecole polytechnique. Chaque volume sera assez considérable pour former à lui seul un Zome ; et pour celte raison on supprimera la dénomination de cahier, qu'on avait conservée jusqu'a présent. Le tome X paraîtra à la fin de cette année. £ Sur la combustion de l'argent par le gaz oxygène ; par M. VAUQUELIN. M. VAuQUELIN ayant placé 4 grains d'argent dans la cavité d'un charbon embrasé, a observé que quand on dirigeait-un courant de gaz oxigène sur le métal, il se produisait un cône de flamme dont la base était colorée en jaune, ke milieu en pourpre et la pointe en bleu; et qu’en recevant la fumée qui se dégageait dans un verre renversé , on obtenait un enduit jaune brunâtre, qui était dissous en grande partie à froid par l'acide nitrique très-étendu d’eau; les ue grains de métal ont disparu en moins d’une minute. M. Vauquelin pense que l'argent brûle en même tems que le charbon, et qu'il est la cause de la couleur jaune de la flamme de ce dernier. C. (65) Caractères du Dawsonia, du Buxbaumia et du Leptostomum, genres de la famille des Mousses ; extrait d'un Mémoire de M. Robert BROWN, imprimé dans le volume X des Transactions Linnéennes. DAIrsSONIA. R. B. Peristomium penicillatum, ciliis numerosissimis , capillaribus rectis œqualibus è capsulæ parietibus, columelläque ortis. Capsula hinc plana, indè convexa. Calyptra exterior è villis implexis, interior apice scabra. D. polytrichoides. R. B. Hab. in Noyæ Hollandiæe or& orientali, extra tropicum. Ce genre, qui ne renferme qu’une espèce, a de l'aflinité avec le Polytrichum par ses feuilles, ses fleurs mâles et sa coiffe, et il se rapproche du Buxbaumia par la forme de sa capsule et la structure de sa columelle; mais il se distingue de tous les genres de la famille par l’organisation singulière de son péristôme. BuxBAUMTIA, L. (Genus emendatum) capsula obliqua, hinc convexior, v. gibba. Peristomium intra marginem, quandoque dentatum, membranæ exterioris ortum, tubulosum, plicatum, apice apertum. LEPTOSTOMUM, R. B. Capsula oblonga, exsulca; operculo hemi- spherico mulico. Peristomium simplex, membranaceum, annulare, planum, indivisum, et membrana interiori ortum. 1. L. inclinans, R. B. Foliis ovato-oblongis obtusis, pilo simplici , capsulis inclinatis obovato oblongis. Hab. in insula Van-Diemen. 2. L. erectum, R. B. Foliis oblongo-parabolicis obtusis, pilo simplici, capsulis erectis oblongis. Hab. in Noræ Hollandiæ ora oriental, extra 1rOpicum. 5. L. Gracile, R.B. Folis ovato-oblongis acutiusculis, pilo simplici, Jolit dimidium œquante, capsulis oblongis æquilateris inclinatis. Hab. in Nova Zelandia. 4. L.Menziesii, R.B. Foliis oblongo-lanceolatis acutis, pilo simplici, Jolio quater breviore, capsulis oblongis inclinatis arcuato recurvis. Hab in America australi. B. M. 1814. Boraxique. Mépecixr. Iosttut. 1°T août 1814. (66) ÆErxtrait d'un rapport fait à la première classe de l'Institut, sur l'ouvrage de M. Orfila, intitulé Toxicologie générale ; par MM. PINEL, PERCY ec V AUQUELIN. UXx traité complet de toxicologie manquait à la médecine et à la Jurisprudence; ceux que nous possédons sont incomplets ou inexacts : on recherche en vain dans les uns les moyens de reconnaitre les poisons , dans les autres on ne trouve aucune description des lésions organiques produites par la malière vénéneuse, et la réunion de toutes les connaissances particulières sur cet objet serait loin de former un ensemble qui pût suflire à tous les cas. L’utilité d’un traité complet de toxicologie était donc évidente ; mais pour le composer il fallait se livrer à de nouvelles recherches, telles que les connaissances actuelles l’exigent; il fallait se livrer à une longue suite de recherches, c’est ce que M. Orfila a entrepris et qu’il se propose de poursuivre et d'achever. Il décrit d’abord les caracteres physiques des poisons dans leur état ordinaire ; il fait connaitre ensuite les propriétés chimiques de ces substances, en notant particulièrement les phénomènes qu’elles présentent par l'action des réactifs. : 11 expose les diflérences que le poison mêlé aux divers alimens présente avec les mêmes réactifs. IL a étudié en outre les modifications que la bile, la salive, le sue gastrique peuvent leur faire éprouver. En faisant ces expériences, M. Orfila a varié les quantités des poisons depuis la plus petite dose qui serait incapable de produire l'empoisonnement, jusqu’à celle qui serait beaucoup plus que suffisante pour le produire, ce qui n’est pas indifférent quant aux effets occasionnés par les réactits. L'auteur recherche ensuite la manière dont les poisons agissent sur l'économie animale, et, dans cette vue, il a tenté un grand nombre d'expériences sur les animaux vivans. L'auteur s'occupe ensuite des contrepoisons ; il recherche ce qu'ont dit jusqu'ici les médecins sur les contrepoisons ; il les a soumis à de nouvelles épreuves ; il a fait voir combien ces moyens sont infidèles, même ceux auxquels on attachait le plus de confiance ; il propose de les remplacer par d’autres moyens dont il a reconnu l'efhcacité par un grand nombre d'expériences ; tels sont l'albumine pour l'empoisonne- ment pour le sublimé corrosif, le sucre en morceau pour le vert-de-gris, M. Orfila traite ensuite des poisons relativement à la médecine légale. Dans la première partie de son premier volume , M. Orfila traite des poisons mercuriaux, arsenicaux, antimoniaux et cuivreux. 1Aop le (67) Recherches chimiques sur plusieurs corps gras, et particulièrement sur leurs combinaisons avec les alcalis ; par M. CHEVREUL. Deuxième MÉMOIRE. Examen chimique du savon de graisse de porc et de potasse. ( Extrait.) Analyse du savon. LE sAvVON qui a été l’objet de cet examen avait été préparé avec 250 grammes de graisse de porc (1) et 150 grammes de potasse à l'alcool, dissous dans un litre d’eau. Le liquide dans lequel il s'était formé contenait du carbonate ef de l'acétate de potasse, un principe odorant et du principe doux des huiles. Le savon ayant été dissous dans plusieurs litres d'eau bouillante, a déposé à la longue beaucoup de matière nacrée, formée de margarine et de potasse (2). Comme un excès d’alcali s'oppose à la séparation de cette matière, on a décomposé le savon qui la surnageait par l'acide tartarique, et l’on a saponifié la graisse qu’on en a retiré avec la plus petite quantité de potasse possible; par ce moyen on a épuisé la graisse de toute la margarine qu’elle pouvait donner à l’état de matière nacrée, et l’on a obtenu un savon formé d’une graisse fluide à 7°. Les liqueurs rovenant des dissolutions de savon qui avaient été décomposées par Féide {artarique , contenaient un peu d'acide acétique de principe odorant et de principe doux, et une combinaison d’un principe orangé, de graisse fluide, d'acide tartarique et de potasse. Il y avait en outre de la crème de tartre, qu'on a précipitée par l'alcool. De la graisse fluide. M. Chevreul l’a obtenue à l’état de pureté, en la faisant chauffer dans l'eau avec deux fois son poids de carbonate de barite; en traitant par l'alcool bouillant la combinaison qui en est résultée, il s’est déposé pendant le refroidissement de la liqueur un savon de barite qui a été (1) La graisse dont on a fait usage est celle qui porte le nom de panne ; elle avait été exactement puriliée par de nombreux lavages et deux filtrations au travers du papier joseph. (2)_ Voyez le Nouveau Bulletin des Sciences, par la Société philomatique, 1, IX, page 569. Ÿ ge emnee 1 8 14. Cuimte. Institut. 2 novembre 1815, (68) décomposé par l'acide sulfurique; la graisse fluide qui en est provenue avait les propriétés suivantes : Elle était incolore; elle avait une odeur et une saveur rances, une esanteur spécifique de 898, celle de l'eau étant 1000. Elle se cristal- isait en aiguilles à la température de 10 degrès centigrades; elle était insoluble dans l’eau et soluble dans l'alcool en toutes proportions. Quand on la distillait dans une cornue, on obtenait une huile presque incolore, une huile citrine, un peu d'huile brune, de l’acide acétique, du gaz acide carbonique et hydrogène carburé, et une petite quantité de charbon. La graisse fluide jouit des propriétés acides, comme la margarine; elle rougit fortement la teinture de tournesol; elle décompose à chaud les carbonates de potasse et de barite. Elle se combine à la potasse en deux proportions. La combinaison neutre est soluble dans l'eau, celle avec excès de graisse ne l’est pas, elle correspond à la matière nacrée. I] paraît que dans la première combinaison les élémens sont dans un rapport peu différent de celui des élémens du savon neutre de margarine; car 25 parties de potasse à l'alcool qui contenaient 18,5 p. d’alcali caustique, et qui étaient dissoutes dans 510 p. d’eau, ont saturé 100 p. de graisse fluide. La dissolution de savon qu’on oblient se réduit à la longue en potasse et en savon, avec excès de graisse qui se dépose. Presque_tous les acides la décom posent, même le carbonique, quad la température à laquelle on opère est peu élevée. Le savon avec excès de graisse est gélatineux ; ilse délaye dans l’eau ; il se dissout dans l'alcool, et la solution rougit fortement la teinture de tournesol, absolument comme le fait ceile de matière nacrée. Quand on ajoute de l’eau à la liqueur rougie, le tournesol repasse au bleu, parce que le savon neutre qui s'était produit redevient savon avec excès de graisse, ef l'alcali qui s’y était d’abord combiné, se reporte sur la matière colorante. y Lorsque le savon soluble agit sur une étoffe tachée par de l'huile, il se réduit en savon avec excès de graisse, en cédant à l’huile une uantité d'alcali qui la convertit en une combinaison analogue. — Telle est, en général, la manière dont les savons agissent sur les corps gras. ÿ La barite s’unit à la graisse fluide dans le rapport de 28,95 à 100. C. (69) Dissertation sur l'histoire naturelle des Pétrifications, sous le point de vue de la Géognosie ; par M. DE SCHLOTTHEIM. Depuis quelques ‘années, les naturalistes soupconnent dans la. succession des phénomènes de la formation du globe, l'existence de deux lois générales et importantes : 1.° une différence presque totale entre les corps organisés qui vivent actuellement à la surlace du globe, et ceux dont on trouve les dépouilles enfouies dans des couches ; 2.° des différences remarquables entre les dépouilles enfouies à diverses pro- fondeurs et à diverses époques dans fé couches du globe. Leibnitz, Michoelis professeur de Gœttingue, Deluc, Werner, Blumenbach, de Buch, etc., ont avancé quelques idées sur l'existence de ces lois; mais personne n'avait encore entrepris de les prouver par des recherches particulières et convenablement dirigées. Tant qu’on ne décrivait les pétrifications que d’une manière vague et non systé- matique, tant qu'on ne désignait celles qui se présentaient dans les diverses couches que par des dénominations générales, il n’était pas possible d'arriver à admettre ou à rejeter les lois dont l'existence était soupconnée. C’est aux travaux de M. Cuvier, remplissant la double condition de la détermination précise des espèces fossiles et de celles des Zerreins qui les renfermaient; c’est à la méthode suivie dans la description géognostique des environs de Paris, qu’est dû un des plus grands pas que la géologie ait fait dans cette direction. M. Schlottheim qui, en 1804, avait déjà décrit avec précision et figuré un grand nombre d'empreintes de plantes fossiles, et qui, dans cet ouvrage, avait déjà émis son opinion sur l'importance de la déter- mination précise des pélrifications pour l’étude de la géognosie, vient d'aider très-eflicacement , par le Mémoire que nous annoncons, les progrès de la géognosie, fondés sur la considération des corps organisés fossiles. Ia, le premier, présenté le tableau général de l’énumération des pétrifications qui paraissent être propres à chaque sorte de terrein. Il n'a pu, il est vrai, qu'ébaucher ce tableau, parce qu'ainsi qu'il le dit lui-même, les matériaux nécessaires à ce travail ne sont encore ni assez nombreux ni assez bien préparés, pour qu’on puisse présenter autre chose qu'une ébauche. M. Schlottheim, en donnant dans ce Mémoire une liste des pétrifi- cations qu'il croit particulières à chaque terrein, ne se contente pas d'indiquer ces pétrifications par de simples noms génériques, mais il les désigne par des noms d'espèces. Tantôt il prend ces noms dans les auteurs systématiques, tantôt il assigne des noms à des espèces décrites ou figurées par des auteurs connus; dans d’autres circonstances, il Livraison de septembre. 10 1814. GEOLOGIE. C. C. Leonhard's taschenbuch fur die gesammiLe minera- logie. im année , 1815. (70) paraît que ses dénominations se rapportent à des descriptions qui lui sont particulières et qu’il ne fait pas connaître, et dans ce cas ces citations deviennent beaucoup moins utiles. Malgré l'importance de ce Mémoire, il n’est guère susceptible d’être extrait, à cause de ces longues listes qui en font la partie essentielle ; nous nous contenterons donc de le faire connaitre, en indiquant pour chaque terrein les pétrifications qui nous paraissent les plus caracté- ristiques; mais cet extrait ne peut en aucune manière tenir lieu du Mémoire original. Terreins de transition. — Pétrifications des psammistes schistoïdes. (Grauwake.) On y trouve quelques ammoniles trop imparfaites pour être déterminées, des coralliolites, de grandes orthocératites, l’orshoceratites gracilis de Blumenbach, quelques moules de coquilles mal conservés, des empreintes de plantes analogues aux roseaux, et des tiges de palmiers qui paraissaient différens de ceux des houilles. Dans le schiste argileux de ces mêmes terreins, se trouvent le rilobites paradoxus, les hystérolithes qui paraissent être les noyaux des zerebratulites vul- sarius et paradoxus. M. de Schlottheim en exelut les véritables tro- chites, qui sont des portions d’encrinites. Dans le calcaire de transi- tion se présentent des madrepores en abondance, dont les espèces ne sont pas assez caractérisées pour être déterminables; des coralliolites orthoceratoïdes de Picot Lapeyrouse, l'echidnis diluviana de Montfort, des espèces de trilobites, l’or/hoceratites anachoreta, Vammonites annulatus. M. Schlottheim assure n’avoir vu aucun véritable trochite ou portion d’encrine dans le calcaire de transition. Terrein de sédiment. — V’auteur rappelle, à l’occasion des em- preintes de plantes qu'on observe dans les terreins houliers, ce qu'il a dit à ce sujet dans sa Flore de l’ancien monde. I] n'a vu dans ces terreins aucune trace d'animaux marins, et il n’y connaît d’autre co- quille que le mytilus carbonarius, qui, suivant lui, a pu vivre également dans l'eau marine ou dans l’eau douce. Il a remarqué, parmi les vé- cétaux, des empreintes qui paraissent dues à un casuarina, et il fait observer que les fruits de palmier qu'on y rencontre quelquefois, sont très-différens de ceux qu’on trouve dans le lignite terreux de Liblar, près Cologne. Enfin, il dit que tous les végétaux des terreins houilliers qu'il a eu occasion de voir, présentent ces deux considérations remar- quables, qu'ils sont à très-peu près les mêmes par toute la terre, et que par-tout ils appartiennent aux genres qui vivent actuellement dans les pays méridionaux. Les ammonites et les nummulites de Lamark (lenticulites de l’au- teur ) sont, suivant M. Schlottheim, les pétrifications caractéristiques des celcaires des Alpes. Deux seuls oursins s’y présentent, ce sont l'echinites occulatus, et l'echinites campanulatus. (QAR Les pétrifications du schiste bitumineux sont assez remarquables ; les poissons et un quadrupède ovipare du genre des monitors s'y pré- sentent pour la première fois : les empreintes de plantes qu'on y voit n'appartiennent point au fougères, ou du moins on n’en à pu recon- nailre jusqu'à présent aucune partie bien caractérisée. On y trouve aussi un trilobite différent des précédens, de belles espèces de penta- crinites. Le gryphites aculeatus, le terebratulites lacunosus , etc. La houille du calcaire compact alpin ( Zechstein ) ne présente au- cune empreinte de plante, mais souvent des coquilles. Au reste, la distinction des différentes formations de houille ne nous a pas paru élablie d’une manière assez claire pour que nous puissions rapporter à chacune d'elles les pétrifications qui paraissent leur être propres. Le calcaire du Jura est si riche en pétrifications, que nous ne sa- vons lesquelles citer de préférence. L'auteur fait remarquer qu’elles se présentent principalement dans la marne, le sable, et les lits de schiste fétide posés entre les couches de ce calcaire. Il convient que, dans certains cas, ce calcaire est très-diflicile à distinguer de celui des Alpès, et il dit qu'il serait important de déterminer si les pétrifications sont les mêmes dans ces deux calcaires, ou si elles sont différentes. L'auteur remarque, avec lous les géognostes, que les pétrifications sont rares dans le grès; mais cependant il donne la liste d’un assez grand nombre d'espèces, qu'il tâche de rapporter aux différentes for- mations de grès encore plus difficiles à distinguer que les différentes formations de houille. Le gypse, subordonné au grès bigarré, n’a offert jusqu'a présent aucune véritable pétrification. S'il est difficile de choisir parmi les nombreuses pétrifications des calcaires de sédimens anciens, celles qui paraissent devoir plus parti- culiérement les caractériser, ce choix devient encore plus difficile à faire parmi les pétrifications innombrables de calcaire coquiller pro- prement dit des géognostes allemands ( Muschelflætzkalk ), aussi n’en nommerons-nous aucune. Nous ferons seulement remarquer que, d’après la liste donnée par M. Schlottheim, les oursins y sont très- rares, tandis que les ammonites, les térébratules, etc., y sont très- communs. Dans la craie, au contraire, les oursins, ou du moins les animaux de cette famille deviennent très-abondans, et les ammonites fort rares. M. Schlottheim rapporte à la formation de la craie le terrein de la montagne de Saint-Pierre, près Maestricht,et par conséquent les grands reptiles sauriens qu’on y a trouvés. Calcaire de sédiment nouveau, et gypse. — C'est le terrein des en- virons de Paris. L'auteur renvoie à la description qu’en ont donnée MM. Cuvier et Brongniart, C’est, comme on sait, dans ces terreins qu'apparaissent pour la première fois, dans les couches de la terre, des 1814. (72) débris d'oiseaux et de mammifères terrestres. M, Schlottheim semble rattacher, mais à tort, les terreins coquillers friables de Grignon, Cour- tagnon , Chaumont, aux terreins d’alluvion, et partager l'opinion peu fondée, et qu'on peut presque regarder comme un préjugé, que ces terreins renferment beaucoup de coquilles parfaitement semblables à celles qui vivent dans nos mers actuelles. * Les détails donnés par MM. Cuvier et Brongniart, dans leur dernier travail, dont il paraîtrait que M. Schlottheim n'avait pas encore eu connajssance, prouvent l’antériorité de ces couches et les différences constantes que les pétrifications qui y sont renfermées présentent avec les corps qui peuplent actuellement les mers. Nouvelle formation des trapps. — Nous avons vu avec plaisir que M. Schlottheim énoncçait sur ces terreins deux opinions que nous par- tageons. Premièrement, qu'ils sont d’une époque postérieure à celle de la formation de la craie; secondement , que ee basaltes proprement dits ne renferment pas de pétrifications. Toutes celles qu’on a fait voir à l’auteur appartenaient ou à des morceaux de calcaire enveloppés dans du basalte, ou à des fragmens de calcaire de transilion altérés et poreux qui faisaient partie de quelques couches de brèche volcanique ou /rass, et qu'on avait pris mal à propos pour du basalte. En traitant des pétrifications propres à la formation des lignites, que l’auteur regarde comme appartenant à l’époque des trapps de sédiment, et qu'il nomme szeinkohlenlager, il dit n'y avoir jamais vu que des débris de coquilles ou de végétaux, soil terrestres, soit fluviatiles, et jamais aucune trace d'animaux marins. Il y reconnait des empreintes de fougères semblables à celle des anciennes houilles ; mais comme il cite à cette occasion les empreintes qu’on trouve dans le minerai de fer qui accompagne en Angleterre la plupart des anciennes houilles, nous soupçonnons que dans ce cas l’auteur a confondu deux formations distinctes, et qui appartiennent à des époques tout-à-fait différentes ; et nous persistons à croire qu'on n'a encore reconnu aucune empreinte de fougère dans les véritables formalions de lignite, dans celles qui sont au dessus de la craie, ou qui sont même quelquefois interposées en couches beaucoup moins puissantes et moins continues , soit dans la craie, soit dans le calcaire qui est immédiatement inférieur à la craie, L'auteur termine ce Mémoire, très-étendu et très-important , par quelques considérations générales sur l'apparition successive des corps organisés à Ja surface de la terre. Ces considérations sont une consé- quence naturelle des faits rapportés dans son Mémoire ,et que nous venons d'indiquer très-superhciellement. A. B. € 175 } Mémoire sur la composition de la mächoire supérieure des poissons, et sur le parti qu'on peut en tirer pour la distribution méthodique de ces animaux ; par M. G. CUVIER. Daxs ce Mémoire, l’auteur, convaincu que l'étude de la texture des os , des organes relatifs au mécanisme de la respiration, de la position et du nombre des nageoires, de la nature et de la quantité des rayons de ces nageoires, n’a fourni jusqu’à présent que des caractères insufh- sans pour l'établissement de familles naturelles dans la classe des poissons, s’est proposé de rechercher ce qu'on pourrait attendre des organes qu'on n'a pas encore pris en considération, et il s'attache spé- ciaiement à l'examen des mâchoires de ces animaux en ce qui touche leur composition. Il rappelle que, dans l’homme et les mammifères, l'ensemble des os de la face tient fixement au crâne, et n’est susceptible d'aucun mou- vement; que, dans les oiseaux et les poissons, ces os, long-tems sub- divisés, prennent assez uniformément de la mobilité, en changeant ja nature de leurs articulations; tandis que, dans les reptiles, on trouve des variations nombreuses, telles que chacune des autres classes y est représentée à certains égards dans quelques genres. 11 pense que l'étude particulière, sous ce rapport, de la classe des reptiles, peut amener à scomparer avec précision les oiseaux et les poissons, soit entré eux, soit avec les mammiferes. Après être entré dans le détail de la composition de la face dans les différens ordres de la classe des reptiles, et avoir prouvé que la struc- ture de la face des poissons est, pour ainsi dire, une combinaison de celle des serpens avec celle des grenouilles, M. Cuvier détermine que cette face des poissons, abstraction faite des opercules et de la mâchoire inférieure , se compose, lorsqu'elle est complète , des os suivans : 1. lesintermaxillaires (maxillaires des ichthyologistes) ; 2.° les maxillaires (labiaux ou mystaces des ichthyologistes ); 5.° les palatins ; 4.° les apo- phyres ptérygoides internes; 5.” les externes ; 6.° la caisse, formant, avec es apophyses tant internes qu’externes, l'arcade palatine ; 7.° le temporal, qui suspend cette arcade au crâne, en arrière, en s’articulant avec le mastoidien et le frontal postérieur ; (hi le Jugal, qui le termine vers le bas, et fournit l'articulation à la mâchoire inférieure, On doit y joindre les zazeaux qui entourent ou couvrent les narines, et les sous-orbisaires, os particuliers aux poissons, et qu'on peut considérer comme dé- membrés des maxillares supérieurs ou des jugaux. M. Cuvier compare ensuite les os de la face des poissons dans un grand nombre d'espèces. Dans les truites et les saumons, les intermaxillaires sont immobiles, 1 0 1 4. ZooLoct1e. Institut. 29 mars 1814. (74) et disposés à peu près comme ceux des mammifères. Les maxillaires , armés de dents comme eux , y continuent les bords de la mâchoire supérieure. La rangée intérieure de dents appartient au palatin (comme dans les serpens à mâchoires mobiles ). Celle qui occupe le milieu du palais tient au vomer. La même structure a lieu dans les éperlans, les corégons el les poissons tirés de la famille des saumons, auxquels M. Cuvier donne Le nom de curimats. Elle est plus ou moins altérée dans les characins des ichthyologistes, les harengs proprement dits, les élops, le notoptère capirat, Lacep. (ou clupea synura Schn.), l'esox chirocentrus, VLacep. (ou clupea dorab, Gmel. ), le genre erythrinus de Gronovius, le genre amia de Linné, le genre polypterus de Geoftr. Le brochet ordinaire est intermédiaire entre cette structure et celle du plus grand nombre de poissons ; chez lui, l'intermaxillaire, très- petit et au bout du museau, porte seul des dents; les dents latérales sont portées par les palatins; les maxillaires bordent la mâchoire, et sont nus. Dans la plupart des poissons , l’intermaxillaire forme seul le bord de la mâchoire supérieure, et porte les dents, tandis-que le maxil- laire , remplissant les fonctions d’os labial, n’est qu’une sorte de double lèvre ou de moustache, dont l'usage est de favoriser plus ou moins la protractilité de l’intermaxillaire. Tels sont les poissons des genres cy- prin, cobitis (excepté l'anableps), fistulaire, centrisque, syngnathe , mugil, athérine, sphyrène, labre, spare, sciène, gasteroste, perche, scombre, coryphène, zeus, chætodon ; et tous les genres qui en ont été détachés , scorpène, cotte, trigle, gobie, cépole, blennie, gade, vive, uranoscope ,.callionyme, pleuronecte , stromatée, ammodytes, ophi- dium , eycloptère, lépadogastre, Baudroie , etc. Les callionymes et les spares, notamment le sparus insidiator, dont M. Cuxier forme son genre EPIBULUS, les sp. smaris et mœna ( genre sMARIS, Cuv.), quelques lutjans (corveus, Cuv.), les zées, les capros et le mené, sont les poissons dans lesquels la protractilité est la plus marquée. Après avoir décrit le mécanisme de ce mouvement dans différentes espèces , M. Cuvier passe à l'examen des poissons anomaux , où le maxillaire, sans remplir son rôle propre en formant une partie du bord de la mâchoire supérieure, n'exerce pas non plus la simple fonction d’os labial. Ainsi, dans les poissons de la famille des silures, ce maxil- laire n’est que le principal barbillon(le genre loricaire excepté). Les aspredo de Linné ont pour intermaxillaires deux petites plaques oblongues couchées sous le museau, et portant les dents à leur bord postérieur. : Dans les anableps, les intermaxillaires sont sans pédicules , et sus- pendus sous le bord du museau, formé en dessus par les maxillaires, qui s'élargissent et se touchent. 75) Dans le genre serrasalme de M. de Lacepède, le maxillaire est ré- duit à un petit vestige collé en travers sur la commissure des mâ- choires. Le genre zézragonoptère de Seba, auquel ôn a rapporté à tort le salmo bimaculatus, a la même structure de mâchoire, mais il en diffcre par d'autres caractères. M. Cuvier fait le genre MYLETES des characins à dents prismatiques triangulaires , tels que le raë du Nil ou salmo dentex d'Hasselquist , et le salmo niloticus de Forskahl, ainsi que de quelques espèces des mers d'Amérique, dont le ventre est comprimé et dentelé. Leurs mâchoires na conformées comme celles des poissons des deux genres pré- cédens. Son genre HYDROCIN, qui comprend le characin dentex de Geoffroy ou le sa/mo dentex de Forskahl, a les maxillaires un peu plus déve- loppés, mais sans dents dans celte espèce, ou garnies de petites dents comme dans le salmo falcatus et odoe de Bloch; ce qui rapproche ce genre des truites et des éperlans, dont il ne diffère que par l'absence de dents à la langue, aux palatins et au vomer. Le genre CITHARINE de M. Cuvier, qui renferme le serrasalme citha- rine de M. Geoffroy , et le characin nefafh du même, ou sa/mo egyptius de Gmelin, présente les mêmes petits maxillaires situés à la commissure des mâchoires ; les intermaxillaires de ces poissons portent de petites dents, quelquefois en soie ; ils sont étendus en largeur seulement. M.Cuvier comprend, sous le nom générique de sAuRUSs, des poissons dont la gueule très-fendue présente un long intermaxillaire sans pédi- cules, suspendu par un simple ligament, et un maxillaire réduit à un simple vestige membraneux. Ce sont : le salmo saurus de Linné, qui n’est peut-être que le genre syrodus de Lacepède, fondé sur des imdi- vidus qui auraient perdu leur nageoire adypeuse; le sa/mo fœtens, le s. tumbil, Vosmère galonné, Lacep.,le salmone varié, id. , et l'osmère à bandes, de Risso. L’espadon, l'un des poissons anomaux les plus remarquables, a ce prolongement du museau qu'on a nommé épée, formé de cinq os réunis ensemble et avec le crâne d’une manière immobile. Ces os sont les deux intermaxillaires sur les trois quarts de la longueur de l'épée, l'ethmoide au milieu et vers la base, et les deux maxillaires sur les côtés. Cette conformation appartient également au scomber gladius qu istiophore, Lacep., qui est du même genre. L'orphie (esox bellone) a aussi son bec formé par les intermaxil- laires, avec les maxillaires en forme de petites lames appuyées de chaque côté à sa base. 11 en est de même dans le scombrésoce, Lacep. (esox saurus ) Schn. (76) Dans les exocefs, les intermaxillaires sans pédicules forment tout le bord de la mâchoire, et les maxillaires sont derrière. Les lepidostées (esox osseus L.) présentent à M. Cuvier l’anomalie la plus frappante. Les bords du museau sont garnis de onze os de chaque côté, tous réunis par des sutures transversales, tous armés de dents. Les antérieurs peuvent être considérés comme des intermaxillaires , et les autres comme des subdivisions des maxillaires. Les anguilles ont leurs maxillaires plus courts que l'intermaxillaire; ils sont larges, caverneux , et donnent de l'épaisseur au bout du museau. Jls ne sont que des vestiges dans les #urènes et les ophisures. Dans ces trois genres, le vomer forme la pointe antérieure du museau, les inter- maxillaires sont latéraux. M. Cuvier a reconnu l'existence d’opercules minces, petites et cachées sous la peau dans les murènes (z#wræna, Thunb., murenophis, Lacep., gynothorax, B1.), que l'on croyait privées de ces organes. La même obser- valion s'applique aux synbranches ( znibranchaperture, Lacep. ), qui appartiennent, sous beaucoup de rapports, à la famille naturelle des anguilles. Les gymnotes, à l'exception du gymn. acus, qui est un ophidium, ont les intermaxillaires formés comme dans les anguillés ; leurs maxil- laires sont forts petits, et rejetés en arrière vers les angles de la bouche, comme dans les serrasalmes, les tétragonoptères, les mylètes, les citharines, etc. Toutes ces dispositions que nous venons de détailler, et qu’on re- marque dans l'appareil maxillaire des poissons, ne peuvent au plus fournir que des caractères génériques ; leur importance n’est pas assez grande pour qu'elles puissent servir à faire distinguer des familles. Il en est cependant deux très-remarquables, en ce qu’elles s'accordent avec le reste de l’organisation pour servir d'indices extérieures aux familles des sclérodermes et des chondroptérygiens. 1.9 Dans les sclérodermes (diodons, tétrodons, balistes et ostracions) la mâchoire supérieure et l’arcade palatine sont composées des mêmes pièces que dans tous les autres poissons, mais l’adhérence de l’arcade palatine, et son immobilité qui résulte de l’engrénage du palatin et du temporal avec les frontaux antérieurs et postérieurs, les en dis- tingue suffisamment pour engager à en former un ordre particulier. A l'occasion de ces poissons, M. Cuvier fait remarquer que, sur la foi des premiers auteurs, on a continué jusqu'a ces derniers tems à les regarder comme ayant un squelette cartilagineux, comme étant dépourvus de rayons branchiostèges, et respirant par des poumons. Il est de fait que leur squelette est osseux, souvent très-dur, qu'ils ont de nombreux rayons, et qu'ils respirent par des branchies. 2.9 Dans les chondroptérygiens, (les lamproiïes , les raies , les 677 J squales, les chimères, les esturgeons et les polyodons) qui ont déjà tant de caractères communs, on en trouve un de plus bien frappant, dans les différences qui existent dans la composition de la mâchoire supérieure. Le maxillaire et l’intermaxillaire n’y sont jamais les or- ganes essentiels de la manducation, mais 1ls y restent toujours en vestiges ; ils y sont remplacés le plus souvent par une pièce qui ré- pond à l’arcade palatine des autres poissons, et dans un seul genre, par le vomer. (Chimœæra.) ! Quoique les chondroptérygiens aient entre eux beaucoup de traits de ressemblance, il est remarquable que leurs caractères communs au plus grand nombre, manquent toujours néanmoins dans quelques- uns. Celui que M. Cuvier a observé, appartenant à tous sans exception, devient de première importance, et doit leur servir de caractère d'ordre. s Dans l'ange (squalus squatinus), le maxillaire et l’intermaxillaire ne sont que deux petites pièces cachées dans l’épaisseur des lèvres, et suspendues fe des ligamens aux côtés de l’arcade palatine, laquelle est garnie de dents, et supportée par un pédicule qui lui est commun avec la mâchoire inférieure et los hyoïde, et qui s'attache d'autre part au frontal postérieur et au mastoidien. Il en est de même dans les squales ; mais ces os sont encore plus petits. Les raies ont pour inter- maxillaire un petit cartilage caché dans l'épaisseur des lobes des na- rines, et le maxillaire semble être un autre cartilage qui s'étend de la fosse des narines à la nageoire pectorale, Dans le polyodon, le vestige de maxillaire est couché le long de l'arcade palatine, ou mâ- choire supérieure, et presque aussi fort qu’elle. L’esurgeon a le tube qui forme sa bouche composé des palatins qui en font la voûte, des maxillaires immobiles et attachés sur les côtés des palatins, de la mâchoire inférieure qui forme le bord d’en bas, et de vestiges d’inter- maxillaires perdus dans l'épaisseur des lèvres. Dans la chimère, les dents supérieures sont adhérentes au crâne même, ou plutôt au vomer, ce qui fait que la mâchoire supérieure parait immobile ; on retrouve cependant à l’état de vestiges dans l'épaisseur de la lèvre, l’inter- maxillaire, le maxillaire et l’arcade palatine; le pédicule ne porte ici que l’os hyoïde et le vestige d’opercule. Dans les /amproies cet anneau cartilagineux garni de dents qui sert de base à leurs lèvres charnues, est formé de la réunion et de la soudure des deux mâchoires, dont la supérieure est l’analogue de l'arcade palatine ; leur point de réunion présente un vestige de pédicule qui ne s'étend pas jusqu’au crâne; au dessus de l'anneau, et sous l'avance éthmoïdale, on trouve une pièce voûtée qui répond aux intermaxillaires, et, de chaque côté, un peu en arrière, on rencontre une pièce oblongue et oblique, qui n’est que le maxillaire. Enfin les #zyxines n'ont que des vestiges membra- Livraison de septembre. 11 1814. (78) neux de mâchoires, et les ammocètes n’ont pas même de parties dures à la langue. Cette organisation des mâchoires rattache par un nouveau caractère les lamproies et les myxines à l’ordre des chondroptérygiens, dont on avait été tenté de les écarter, à cause de la structure de leur épine dorsale, pour les rapprocher des vers à sang rouge; et, de plus, les observations de M. Cuvier lui ont démontré que cette structure, qui semblait devoir les faire éloigner des animaux vertébrés, se retrouve dans des chondroptérygiens universellement reconnus pour tels, les esturgeons et les polyodons. Quant à l'ammocète, quoiqu’elle n’ait aucune partie solide dans tout son Corps, sa ressemblance avec les lamproies ne permet pas de l'en séparer. A. D. Sur des dépôts de corps marins, observés sur les côtes de la Charente- Inférieure et de la Vendée ; par M. FLEURIAU DE BELLEVUE. Au lieu nommé les Buttes de Saint-Michel, près de Saint-Michel en l’Herm, sur les côtes du département de la Vendée, à environ 6000 mètres du bord de la mer, on voit trois collines élevées d’en- viron 15 mètres au dessus du niveau des plus hautes marées, et occupant une étendue en longueur d'environ goo mètres. Ces collines sont entièrement composées de coquilles marines, prin- cipalement d’huitres et de coquilles qui accompagnent ordinairement ces mollusques, elles ont une forme assez irrégulière, et ne présentent aucune indication ni de stratification , ni de couches pierreuses ; elles sont situées au milieu d’un terrein marécageux, et en été les eaux de la mer viennent quelquefois battre leur pied. Les coquilles qui les composent sont toutes parfaitement semblables à celles qui vivent actuellement dans les mers qui baignent ces côtes. Ce sont principalement l’ostrea edulis, accompagné de l’anomia ephippium, du pecten sanguineus, du modiola barbata, du murex im- bricatus, du buccinum reticulatum, d’un turbo non décrit, et nommé sur les lieux guignette de sart, et d’un petit balane blanc. Sur cette même côte, mais constamment sous les eaux de la mer, et à plus de 20 mètres au dessous du sommet de la plus haute de ces collines, se trouvent des bancs d’huiîtres vivantes, qui, par leur forme, leur disposition et les espèces de coquilles qui les composent, sont absolument semblables aux collines décrites par M. Fleuriau de Bellevue. Les coquilles des Buttes de Saint-Michel ont conservé leur couleur, leur nature , elles ne présentent aucun indice de pétrification ; elles ont la plupart leurs deux valves, elles sont disposées entr’elles comme leurs (79) espèces analogues le sont dans la mer. Elles sont quelquefois dans l'intérieur des collines fortement agolutinées, ce qui s’observe également dans l'intérieur des bancs d’huîtres. L’'intégrité de ces coquilles, l’ordre dans lequel elles sont disposées, ne permettent guère de supposer qu’elles aient pu être long-tems bat- tues par les vagues daus une retraite successive et lente des eaux de la mer, ni qu’elles aient pu être accumulées ainsi à 15 mètres au dessus des plus hautes marées connues, par des mouvemens extraordinaires de la mer qui auraient eu lieu dans ces parages. La disposition régulière des couches du terrein environnant, qui sont horizontales et entières, c’est-à-dire , sans aucune indication de boule- versement ni même de fracture, ne permet guère d'admettre que ce terrein, en se soulevant par des causes intérieures, ait fait sortir ces bancs ou collines d’huitres du fond de la mer. Enfin ces collines sont comme isolées au milieu d’autres collines qui n'ont avec elles aucune analogie de structure, et qui ne renferment aucun débris de corps organisés appartenant aux mers actuelles. C’est done un terrein d’une origine tout-à-fait particulière et tout-à- fait nouvelle, en comparaison de tous ceux que nous connaissons. Ce fait et ce terrein ne sont cependant pas uniques, et ils paraissent avoir les plus grands rapports avec ceux qui ont été observés dans quelques autres lieux. M. Risso a fait connaître dernièrement (1) dans la presqu’ile de Saint-Hospice, près Nice, une formation qui ressemble beaucoup à celle des côtes de la Vendée; on se rappelle qu'il a observé à 17 mètres au dessus du niveau de la Méditerranée un terrein composé d’un sable calcaire renfermant une très-vrande quantité de coquilles à peine al- térées, et presque toutes parfaitement semblables à celles qui vivent actuellement dans cette mer. M. Olivier (2) a vu près de Maïta, dans la presqu'ile comprise entre ’Hellespont et le golfe de Saros, un gres tendre qui, dans l’anse de Sestos, porte à plus de 7 mètres au dessus du niveau de la mer, un bane assez épais de coquilles marines dont les espèces analogues vivent dans la Méditerranée. M. Olivier nomme parmi ces coquilles l’ostrea edulis, les venus chione et cancellata, le solen vagina, le buccinum reticu- latum , le cerithium vulgare, etc. On voit encore sur la côte d'Asie, au-delà de la colline d’Abydos et dans la plaine , les mêmes coquilles que celles du banc de Sestos. M. Péron a vu, sur la côte Nord de la Nouvelle-Hollande, baie des Chiens-marins, à environ trois mètres d’élévation au-dessus des plus (1) Nouveau Bulletin des Sciences, t. III, 1813 , p. 339. (2) Voyage en Turquie , t. LE, p. 41. 1814. ZooLocre. Institut. ( 80 ) hautes marées, un terrein composé de coquilles altérées dans leur texture, mais ayant conservé cependant leur couleur, et qui ne diffé- rent que par leur épaisseur, leur volume et leur poids, L. coquilles qui vivent encore dans ces mers. Enfin, le dépôt des coquilles marines des environs de Plaisance, situé dans un lieu peu élevé au dessus du niveau de la mer, composé d’un terrein meuble et limoneux, et renfermant une très-grande quan- tité de coquilles parfaitement semblables aux espèces vivantes, pourrait bien appartenir à la même époque de formation, quoique les coquilles y soient plus altérées et qu’elles soient situées à une élévation beau- coup plus grande que les précédentes. A. B. Observations et recherches critiques sur différens Poissons de la Méditerranée et, à leur occasion, sur des Poissons des autres mers plus ou moins liés avec eux; par M. G. CUvIER. Ox sait quelle étonnante confusion règne dans la synonymie d’un grand nombre d’espèces d'animaux comprises dans le Syszema nature. Les unes sont reproduites jusqu'à deux et trois fois dans un seul genre, et quelquefois même dans des genres ou des ordres différens, tandis que d’autres sont confondues pour n’en former qu'une seule. IL est à remarquer que les doubles ou triples emplois proviennent du défaut d'exactitude dans les premières descriptions qu'on a faites des animaux, et du besoin de classer qu'ont éprouvé plusieurs natura- listes, à la tête desquels il convient de placer Gmelin. Quant au mé- lange de plusieurs espèces en une seule, il est singulier , dit M. Cuvier, qu'ils ont lieu de préférence dans les objets les plus communs, les plus usuels, parce que c’est principalement à leur égard qu’on s’en est rapporté aux premiers écrivains qu'on supposait les avoir suffisamment examinés, et parmi ces objets si négligés , les poissons de la Médi- terranée sont, de tous, ceux qui l'ont été le plus. C’est dans la vue de rectifier la synonymie de plusieurs de ces poissons que M. Cuvier s'est livré au travail dont nous allons rendre compte, et dans lequel il a mis en pratique le principe qu’il a avancé le premier , que, dans l’état actuel de l'histoire naturelle, il y a plus d'utilité et plus de difficulté à éclaircir l'histoire des espèces anciennes qu'à publier des espèces nouvelles. I" MÉMOIRE. Sur lARGENTINE. C'esr le poisson dont on se sert en Italie pour colorer les fausses perles. Il appartient à la famille des saumons, quoique beaucoup de (81) naturalistes l'en aient séparé, parce qu'ils n'avaient pas observé sa petite nageoire adipeuse dorsale , qui est l'un des caractères les plus re- marquables des saumons. JR ‘ La synonymie de l'argentine est des plus embrouillées , aussi M. Cuvier s’applique-t-il à l’éclaircir. Salvien, Belon et Paul Jove ne font point mention de ce poisson; Rondelet le décrit sous le nom de pezite sphy- rène, mais il ne fait point mention de la nageoire adipeuse. Gesner et Aldrovande copient Rondelet. W illughby ou son éditeur Ra ont, au contraire, ajouté à la description qu'il en donne. Artédi a suivi W il= lughby , et É premier a fait de l'argentine un genre distinct de celui des saumons. Linné (Syss. naz., 4° édit.) copie lui-même Artédi; en- suite il introduit dans le genre argentina un poisson qui appartient à celui des brochets ( Mus. princip., n° 55). Gronovius en introduit deux autres; mais l'un a des dents aux deux mâchoires, et conséquemment west point une argentine; et l’autre, qui est de Surinam, présente tous les caractères des anchois. Enfin ce même auteur ( Zooph., lib.5, c.4) joint l’argentine au menidia de Brown et aux anchois de Rondelet. En résumé, il parait que son argentine n’est que la melette, espèce du genre anchois dont 1l sera question ci-après. La neuvième édition du Sys. nat., publiée par Gronovius, attribue aux argentines des caractères qui ne conviennent qu'aux anchois. Dans la dixième, le naturaliste suédois retire du genre argentine la seconde espèce, pour la placer dans celui des brochets, sous le nom d'esox hepsetus, en lui rapportant, à tort, le piquitingua de Marcgrave et le ménidia de Browp», qui sont de véritables anchois. La douzième édition renferme une espèce de plus, l'argentina carolina, qui est une espèce d'élops. Forskahl décrit deux argentines, l’une, qu’il nomme _4.machnata , qui est maintenant l'elops saurus; et l'autre, qu'il appelle 4. glosso- donta, qui parait être un poisson très-différent. Pennant (Brit. Zool.) a substitué à la véritable argentine celui que M. Risso a décrit depuis sous le nom de serpe Humboldt. 11 résulte de toutes ces contradictions que l’argentine (et sur-tout celle de l'édition du Sysz. nat. de Gmelin) n’est qu'une combinaison arbitraire de la véritable argentine et d’un anchois. Cependant Gouan, Duhamel d’après Poujet et Brunnich , onf eu connaissance de l'argentine, et ils ont été suivis en partie par Forster (Enchir), Bonnaterre (Encycl.), et M. de Lacepède. Ce dernier, en conservant toutes les espèces de Gmelin, donne une indication du nombre des rayons branchiaux telle, qu'aucune de ces espèces n’y répugne. Schaw a suivi Gmelin, et M. Risso n’a point reconnu la véritable argentine, puisqu'il lui attribue une langue lisse et une dorsale unique. 1814. (82) L’argentine, telle que la décrit M. Cuvier, n’a que huit à dix pouces de longueur. Ses formes générales sont assez semblables à celles de la truite, mais sa tête est plus grande à proportion. L’œil est grand, placé au milieu de la longueur de la tête. Le museau est médiocre,un peu déprimé horizontalement; la bouche petite, les deux mâchoires presque égales , sans dents ; lintermaxillaire très-mince; le bord antérieur du vomer garni d’une rangée de très-petites dents pointues; la langue armée de plusieurs dents fortes et aiguës, comme dans les truites; le bord postérieur du préopercule droit sans dentelures ni épines ; les autres pièces operculaires lisses, et brillant du plus vif éclat de l'argent ; le crâne presque transparent ; la membrane branchiale a six rayons ; le corps sans écailles visibles; la ligne latérale droite; la queue, plus comprimée vers sa nageoire, a une échancrure sur son bord postérieur ; les nageoires pectorales, placées fort bas, ont treize rayons; la première dorsale, située à peu près au milieu du corps, en a dix; les ventrales onze ; l’anale aussi onze ; la seconde dorsale, située au dessus de l’anale, est très-petite, et adipeuse; la caudale est fourchue, et formée de vingt-quatre à vingt-six rayons; chaque côté du corps présente une bande argentée de l'éclat le plus vif. Quel- ques parties internes de ce poisson, et notamment la vessie natatoire et Le péritoine, présentent la même couleur d'argent; l’estomac est d’un noir foncé, et son pylore est garni de huit ou dix cœcums allongés. Le foie est jaune, etc. M. Cuvier pense que l’argentine doit former un sous-genre distinct de ceux des zruites et des osmères, parce qu’elle n’a point de dents aux mâchoires; et de ceux des ombres où corégons et des characins, parce qu’elle en a sur la langue ; et que, comme l'a fait Schneider, le genre argentina, tel qu'il est dans Linné et dans ceux qui l'ont suivi, doit être rayé du système. I Mémoire. De la Mr1eTTr, espèce de petit poisson du sous- genre des anchois, placé tantôt parmi les athérines, tantôt parmi les brochets ; et des caractères des anchois en général. L’axcaois ( Clupea encrassicolus) présente la plupart des caractères des harengs ou clupées, mais il en diffère par un trait distinctif que M. Cuvier a saisi le premier. Au lieu des maxillaires larges et arqués en avant qui forment les côtés de la mâchoire supérieure des harengs, et des intermaxillaires très-petits qui ne permettent à la bouche d'être rotractile que par les côtés, l’anchois , à la suite d’un ethmoïde sail- ant et d’intermaxillaires très-petits, a de très-longs maxillaires droits, constituant une gueule fendue jusque derrière les yeux, ce qui donne (85) à ce poisson une physionomie particulière, qui lui a valule nom de lycostomus ou gueule de loup. La melette, petit poisson très-commun, remarquable par la large bande d'argent qui règne le long de ses flancs, présente les mêmes ca- ractères. Il a été figuré par Duhamel, mais confondu à tort par ce natu- raliste avec l’aphia phalerea de Rondelet, qui est une sardine. Il a été décrit par Brunnich, et appelé depuis c/upea brunnichii par Schneider. Commerson l’a considéré comme étant un anchois à mâchoire infé- rieure courbe ; ensuite M. de Lacepède en a donné la description sous le nom de clupée raie-d’argent, et l'a figuré, d’après Commerson, sous le nom de stolephore commersonien. Ce genre stolephore de Lacep. correspond aux athérines à nageoire unique de Gmelin, et parmi celles-ci M. Cuvier regarde comme étant très-voisine de la melette l’asherina brownii, dont le dessinateur a oublié les ventrales. L’argentine de Gronovius n’est autre chose que la melette, et il paraît qu’on doit aussi lui rapporter le piquitingua de Marcgrave ( Bras. 159). Ce dernier, confondu par Linné avec la menidia de Brown (arherina browni) et avec l’argentine de ses amcænitates 1, 321, formait son esox hepsetus de la dixième édition du Syst. nat. M. Cuvier regarde aussi l’athérine de John White ( Foyage à Botany- Bay, p. 206, fig. 1.) comme voisine de la melette, et il pense qu'il conviendra de faire de nouvelles observations pour déterminer préci- sément les espèces auxquelles appartiennent les poissons dont il vient d’être fait mention, et qu’il regarde, sinon comme identiques, du moins comme tellement semblables, qu’on ne peut trouver de caractères suffisans pour les distinguer dans les descriptions et les figures qu’on en a données. En atiendant, ils doivent être réunis à l'anchois vulgaire, aux clupea atherinoïdes et malabarica de BI., et au piquitinga de Marcgr., pour former le genre ANCHoIS , de la famille des harengs, caractérisé par son ethmoïde proéminent, sa gueule très-fendue, et ses maxillaires longs et droits. I: MÉMOIRE. Du Mur imberbe, ou APocoN. LE poisson dont il est question dans ce Mémoire paraït n'avoir été vu, et décrit d’après nature, que par Willughby, M. Risso et M. Cuvier. D’après ce dernier, l'APOGON n’a tout au plus que six pouces de long. IL est court, médiocrement comprimé, et singulièrement ventru dans sa partie moyenne. Sa tête est courte et obtuse, et n’a point ce prolongement vertical ou oblique qu’on remarque dans les mulles. Ses deux mâchoires sont munies de dents très-fines et très-serrées, 18 14. (84) eu velours. Le vomer est garni d’un chevron de pareilles dents, les pharyngiens en ont de plus fortes; il n’y en a point sur la langue. La membrane branchiostège a sept rayons, l'œil est grand. La préoper- cule, dentelée sur ses bords, a un double rebord formé par une pièce saillante. L'opercule est garni d’une petite épine à son bord postérieur, et sa surface est, comme le corps, garni de larges écailles. La ligne latérale suit la courbure du dos, dont elle est rapprochée. Les deux dorsales sont distantes; la premiere a six rayons épineux dont le second est le plus long ; la seconde un seul épineux et neuf rameux; les pectorales, dix, mous; les ventrales, un épineux et cinq rameux ; l’anale, deux épineux et huit rameux; la caudale, plutôt quarrée que fourchue, en a vingt rameux. — La couleur de l’apogon varie suivant les saisons; le fond en est rouge, et tire plus ou moins au jaune. Le bout de la queue présente toujours de chaque côté une large tache noirâtre. La base de la caudale et chacun de ses angles en oftre une semblable, ainsi que la pointe de la seconde dorsale. L’entre-deux des yeux est brun. Tout le corps est parsemé de petits points noirs, plus sensibles qu'ailleurs sur les joues et sur les opercules. D’après cette description, il est facile de voir que l’apogon se rap- proche davantage des perches que des mulles, et qu’il ne peut mieux être distingué méthodiquement des perches que par l'intervalle sensible qui sépare les deux dorsales, tandis que dans les perches elles sont contiguës, et s'unissent même souvent par leurs bases. D'ailleurs, lor- ganisation interne est à peu près la même. Le nom de mulle imberbe avait d’abord été donné par Rondelet au poisson qui est maintenant la srigla lineata de Bloch, mais Willughby l'a transporté à celui dont nous venons de donner la description, d’après M. Cuvier : c’est le re degli trigli des Maltais. M. de Lacepède, le premier, l’a séparé des mulles pour en former le genre apogon. L’apogon a été figuré par Gesner, p. 1275, sous le nom de corvulus. Gronovius en a fait son genre amia, qu'il ne faut pas confondre avec celui que Linné nomme aussi amia, lequel est un abdominal de la famille des harengs. Laroche ( Ænn. mus., t. XIII.) l'avait confondu avec la perca pusilla de Brunnich. C'est lui qui est figuré sous le nom d’orthorinque fleurieu, par M. de Lacepède, d’après un dessin de Com- merson intitulé aspro ; et il est à croire que le dipterodon hexacanthe, Lacep., gravé d'après un autre dessin de Commerson, et portant aussi le nom d'aspro, n'est encore que le mulle imberbe, ou du moins une espèce très-voisine. Enfin M. Max. Spinola l’a décrit récemment comme un être nouveau, sous la dénomination de centropome rouge. ( Ann. mus, X, PL 28, fis. 2.) (85) IV° MÉMOIRE. Sur la DoNzE1LrE imberbe. RoNDELET, le premier, décrit un petit poisson de la Méditerranée, qu'il rapporte à l’ophidum indiqué vaguement par Pline. 11 en dis- üngue celui qu'il nomme ophidium jaune, où ophidium imberbe, parce qu'il n’a point de barbillons. Willughby, Artédi et Linné suivent et copient Rondelet, en laissant l’oph. imberbe dans le mème genre que l'oph. barbatum , qui est la donzelle. La donzelle barbue, qui forme le type du genre, a le corps allongé, comprimé, diminuant par degré de hauteur en arrière, la dorsale et l'anale s'étendant sur sa longueur et s’unissant avec la caudale. Tous les rayons de ses nageoires sont articulés; la peau est semblable à celle des anguilles; la tête est courte; les ouïes sont ouvertes comme dans les poissons ordinaires, et ont sept rayons branchiostèges ; de etites dents en carde garnissent les intermaxillaires , les mandibu- es les palatins et l'extrémité antérieure du vomer ; l'abdomen n'occupe que le tiers de la longueur du corps, et la troisième vertèbre porte en dessous des plaques osseuses, destinées à retenir la vessie natatoire. La donzelle imberbe, ou du moins le petit poisson que M. Cuvier regarde comme celui ainsi appelé par les auteurs cités ci-dessus, ressemble par tout son port à la donzelle barbue, mais n’a point de barbillons ; sa dorsale est beaucoup plus basse ; sa couleur est jaune, IL présente aussi les plaques osseuses qui retiennent la vessie nata- toire. L'ophidium imberbe de Schoneveld(Ichth., p. 53 ), celui de Schlam- mer (Anar, xiphiæ, p. 25 ), et sans doute celui de Linné ( Fuun. suec.), ne sont que le blennius gunnellus. L’ophidium imberbe de Gronovius, qui cite à tort Petiver et Aldrovande, fig. 549, était un individu des- séché et dépourvu de ses barbillons, de l'espèce de l'ophidium bar- batum. Pennant n’a vu et représenté qu’une espèce d'anguille. M. Montaigu (Mém. soc. Werner., t. 1, pl rr, fig. 2), fait mention d'un poisson entièrement différent des précédens : il semble que ses ouvertures branchiales sont conformées comme dans les anguilles, et non comme dans les ophidies; la dorsale a soixante-dix-sept rayons, J'anale quarante-quatre, et la caudale dix-huit ou vingt. M. Risso (Zchth. de Nice, p. 98) paraît avoir décrit la même espèce, mais sa description est incomplète , et il est à souhaiter qu'il publie de nouveaux renseignemens sur ce poisson, qui formerait un troisième ophidiurmn. : Les ichthyologistes qui précèdent ont regardé comme étant l'ophidium Livraison d'octobre. 12 1814. (#6) imberbe des poissons bien différens ; d’autres, au contraire, ont décrit cette ophidie sans la reconnaître. Ainsi Brunnich (Zch. mass., P: 15)en parle sous le nom de fierasfer où gymrotus acus, et M. Risso l'appelle notoptere Fontanes ; mais il est évident que les caractères qui lui appartiennent ne sont point ceux du genre notoptère ni ceux du genre gymnote, on y reconnait, au contraire, l'oph. imberbe de Rondelet, de Willughby et d’Artédi, et celui que M. Cuvier pense appartenir à la même espèce. Nous ne donnerons point le détail des caractères de ce poisson, dont nous avons tracé c1-devant les traits principaux, comparativement avec l’oph. barbatum ; nous nous bornerous à dire qu’il est le ferasfer des Marseillais et l'aurin des Niçards. M. Cuvier termine ce Mémoire en prouvant, par la comparaison des deux ophidium vivans, avec un poisson fossile des carrières de Monte Bolca, regardé comme appartenant au genre ophidium par les natura- listes qui ont arbitrairement imposé des noms aux ichthiolites du Véronais, que rien n'est moins certain que l'assemblage prétendu dans ce gisement, de poissons des mers éloignées, avec nos poissons vulgaires et avec des poissons inconnus. Ce poisson fossile, loin d'être un ophidium, s’en éloigne par une foule de caractères dont les principaux sont, r.° d’avoir les nageoires dans le milieu du corps, beaucoup plus hautes; 2.° de ne point pré- senter les pièces osseuses qui soutiennent la vessie des ophidies ; 3.° d’avoir les rayons branchiostèses concentriques à l’opercule, comme dans les anguilles, les inférieurs étant les plus longs; 4.° enfin d’avoir le museau pointu, et non obtus comme dans les ophidium. Ces caractères, qui éloignent ce fossile des ophidies, le rapprochent des anguilles. Aussi M. Cuvier n'hésite pas à le placer dans le genre murend. Un autre fossile appartenant, comme le premier, à la collection du Muséum, mais élant bien moins conservé, se rapproche encore plus des anguilles que des ophidies. Enfin la fig. 2 de la pl. 38 de l’Zchthiologie véronaïse, représente une troisième espèce bien peu caractérisée, et qu'on ne saurait attribuer à l’un ou à l’autre de ces genres. Ve Mémoire. Sur le RAsoN ou R4sorR(Corpyhæna novacula L.) et sur d’autres poissons rangées dans le genre des Coryphènes qui doivent étre rapprochés de la Jamille des Labres. Après avoir tracé l’histoire du genre coryphæna d'Hasselquifz, et rapporté tous les changemens qu'il a subi jusqu'à ce jour, et notam- (87) ment la distinction faite par M. de Lacepède, du coryphæna veli/era et du C. pompilus sous les dénominations génériques d'o/igopode et de centrolophe, M. Cuvier propose une séparation de plus. Le C. novacula n’a de commun avec la dorade ou vraie coryphène CC. hippuris) qu’un front tranchant et vertical, et, sous tous les autres rapports, il se rapproche des labres. Ce poisson est de médiocre longueur; il n’a que peu de rayons à la dorsale ( vingt-trois ) et à l’anale ( quinze ou seize); ils sont roides et poigoans ; les écailles du corps sont grandes, et les nageoires verticales en sont dépourvues; la ligne latérale est interrompue. Ainsi que dans les labres, les lèvres sont doubles et charnues. Le front, en apparence semblable à celui des coryphènes, est cependant formé de pièces différentes; dans ces derniers, la saillie tranchante est formée par une crète qui rèsne sur le dessus du crâne, et qui est composée en partie par le frontal et en partie par l'interpariétal. Dans le C. no- vacula, au contraire, c’est le museau qui se développe dans le sens vertical, et le tranchant est soutenu par l'ethmoïde, les deux inter- maxillaires et les deux sous-orbitaires qui se prolongent vers la bouche; d’où 1l résulte que l'œil est tout au haut de la tête. Tous les détails ostéologiques, que nous ne rapporterons pas, rap- rochent ce poisson de la girelle, qui doit former un sous-genre des abres. Les mâchoires sont garnies de dents coniques, et les antérieures sont crochues ; les dents pharyngiennes sont en forme de pavé: c’est aussi ce qu’on observe dans les labres. D'ailleurs, les coryphènes sont plus alongés, les rayons de leur dor- sale et de leur anale sont très-nombreux, et tous sont flexibles; le corps ainsi que les nagcoires anales et dorsales sont couverts de très - petites écailles; la ligne latérale est non-interrompue ; les lèvres ne sont point charnues , elc. D'après cette comparaison, M. Cuvier se détermine à séparer le rason des coryphènes pour le placer dans la famille des labres. La forme de sa tête suffit néanmoins pour le faire distinguer sous le nouveau nom générique de XyYrICHTE ( Xyrichlys ). Outre cette belle espèce de la Méditerranée, remarquable par les bandes bleues et rouges en travers dont ele est ornée, et par le goût délicieux de sa chair, M. Cuvier place dans le même genre le rason bleu d'Amérique de Plumier (coryph. cærulea BI.), et le rason à cinq taches des Indes orientales (C. pentadactyla). Les coryph. psirtacus et Zineata de la Caroline appartiennent vraisemblablement à ce même genre. Les coryph. acuta, sima, virens, hemiptera, branchiostega, japonica et clypeata, ont été décrits si imparfaitement, qu'il est nécessaire 1814. (88) de les rejeter hors du système, où ces espèces ne font que porter la confusion. VI MÉMoiRe. Sur le PeTir CASTAGNEAU, appelé Sparus chromis par tous les auteurs, qui doit devenir le type d'un nouveau genre nommé CuroMis , el appartenant à la famille des Labres. LE CASTAGNEAU, pelit poisson , frès-commun sur les côtes de la Méditerranée, mal décrit et mal figuré par Belon ( De Æ4q. 266, 267), un peu mieux par Rondelet ( De Pisc. 152), l'a été passablement par Willughby, p. 550, et, depuis ce dernier auteur, n'a été l'objet d'observations d'aucun naturaliste, si l'on en excepte Brunnich et M. Risso. C'est à tort qu'Artédi le placa dans son genre sparus; puisque les caractères assignés à ce genre ne peuvent lui convenir, quelque vagues qu'ils soient. M. Cuvier, ayant eu occasion d'observer le castagneau , s'est assuré qu'il a des rapports beaucoup plus marqués avec les labres qu'avec les spares, et ses recherches l'ont conduit à rapprocher de ce poisson, pour en former un genre sous le nom de chromis, plusieurs espèces disséminées dans d'autres genres par les auteurs. Les curomis ont l'aspect général des labres, les lèvres charnues et doubles, la bouche un peu protractile, leur ligne latérale interrompue, les os pharyngiens conformés comme dans les labres, les cheilines, les scares, le xyrichtes, etc.; leur canal intestinal est continu, sans cœæcum, ou avec deux très-petits près du pylore, comme dans ces mêmes poissons. Quant au caractère générique des chromis, il consiste principalement dans la forme des dents, ant maxillaires que pharyngiennes, qui sont erêles et serrées sur plusieurs rangs, comme les soies d’un gros ve- Jours. Les genres que nous venons de citer présentent des dents coniques ou en crochets sur les maxillaires , et des dents hémi- sphériques ou en pavé sur les os pharyngiens; leurs nageoires ventrales, dorsales et anales sont terminées par des filamens. Les espèces du genre caromis sont, 1.” le castagneau commun(chromis castanea),abondant sur les côtes de Provence, où on le mange en friture, quoiqu'il soit peu estimé; 2.°le botty du Nil ou Zabrus niloticus d'Hassel- quitz, auquel M. Cuvier donne le nom de chromis nilotica : celui-ci! quelquefois long de deux pieds, est l'un des meilleurs poissons de l'Egypte ; 5.° le labrus punctatus BI., auquel il faut peut-être rapporter la variété du sp. annularis de M. Lacepède, formée d'après un dessin (89) de Commerson ; 4.° le labre filamenteux, Lacep.; 5.° le sparus saxa- zilis de Linné, qui est une perca de Bloch et une cichla de Schneider ; G. Le sparus surinamensis B1.; et 7.° le labre-quinze-épines de M. La- cepède (de Commerson ). M. Cuvier ne connaît ces deux dernières que par les figures qu'en ont données les auteurs qui les ont décrites. VII: Mémoire. Sur les divers genres confondus parmi les LuTIrANs et les ANTHIAS, et principalement sur plusieurs Lutjans qui doivent étre ramenés à la famille des Lasrrs, sous le nom sous-2énérique de CRÉNILABRE. Les poissons qui entrent dans ce nouveau sous-genre des labres ne sont en effet que des labres à préopercule dentelée, tels que les Zabrus lapina X., merula id., viridis id., melops id.; es lutjanus chrisops BIS erythropterus id., notatus id., linkii, virescens, venes, norwegicus, rupestris, bidens, et tous les lutjans de Risso, à l'exception de ses Zut- jans anthias et lamarck. Quant à l'anthias placé d'abord par Bloch parmi les lutjans, et séparé ensuite par le même auteur pour former un genre particulier, il se fait remarquer par son museau écailleux, sa gueule fendue, ses dents en carde, l’épine très-marquée, et les dentelures qu'on observe à son opercule. Ce poisson, qui serait un épinelephe de Bloch et un holo- centre de M. de Lacepède, entrera dans un démembrement des Lo- locentres que M. Cuvier appelle serrans. M. Cuvier fait remarquer que Bloch a décrit une seconde fois son anthias sous le nom de perca pennanti. ( Mém. Soc. des Natur. de Berl., X.) Le lutjan lamarck de Risso et une autre espèce ,du même, forment un nouveau pelit sous-genre, sous le nom de corycus (soufflet), à cause de la grande protractilité de leur bouche. Les vrais lutjans ont la gueule fendue, les dents maxillaires et pha- ryngiennes en carde, les antérieures en crochets. Ils appartiennent évidemment à la famille des spares. M. Cuvier y place le Zutjanus ZLutjanus BI. le lui. brasiliensis Schn., et l'alphestes sambra. A la suite des lutjans proprement dits, vient le sous-genre des Dra- copzs, qui, outre la dentelure, ont à leur préopercule une forte échan- crure. Tels sont l’holocentrus benghalensis B1. (qui est le même que la sciena kashmira Forst.) ; le labre-huit-raies Lacep. ; l'holocentrus quinque lineatus BI.; le spare-lepisure Lacep.; les Zurjanus, bohar, gibbus et niger Schn.; et le poisson de Seba, IT, 27, 11, que M. Cuvier nomme diacope sebe. Il forme le genre DiAGRAMME de l’anthias diagramma Bloch, de 1814. (90) l'orientalis, du macolor-renard, de la perca pertusa Thunb. (Nouv. act. Stock. 1795, pl. VIT, fig. 1 ), etc. Ce sont des lutjans à dents en velours, à bouche peu fendue, et dont la mâchoire inférieure est percée de gros pores. Un genre Scoropsis, qu'il établit, comprend des espèces nouvelles pes outre les dentelures de la préopercule, en ont aussi, et même ’épineuses, aux sous-orbitaires. L'anthias macropthalmus de BI. et le boops Schn. (p. 308) lui four- nissent son genre PRIACANTHES. Ils ont la gueule oblique, le museau écailleux jusque sur les maxillaires, la préopercule dentelée, et termi- née vers le bas par une épine plate, Herbe dentelée. Enfin le genre PRisTIPOMES comprend les espèces à dents en velours et à préopercule simplement dentelée. Ce sont les /u/janus hasta BI., luteus, surinamensis ; Ve grammistes furcatus Schn. , le sparus virginia- nus Catesb., les perca juba et unimaculata BI. VIII MÉMOIRE. Sur une subdivision à introduire dans le genre des LABRES. LE genre des labres, débarrassé de toutes les espèces qui appar- tiennent à d’autres genres ou qui sont susceptibles d'en former de nouveaux, est encore si nombreux, qu'il est CAE el même nécessaire, de chercher à le subdiviser. M. Cuvier prélère aux caractères qu’on emprunte de la nageoire caudale ceux qu'il tire des opercules et de la ligne latérale. Son premier sous-genre, celui des LABRES proprement dits, renferme les espèces dont les joues et les opercules sont couvertes d’écailles comme le corps, et dont la ligne latérale suit la même courbure que le dos; ce sont les labrus vetula, guttatus B., carneus, fasciatus , mela- gaster, quinque maculatus, punctatus, maculatus, etc., les labres à deux croissans , hérissés et lisses de Lacepède, et le 2odianus-bodianus de Bloch, qui n’est qu’un labre. Le second sous-genre, celui des GIRELLES ( julis ), comprend leg espèces dont la tête est nue, et dont la ligne latérale, arrivée vis-à-vis la fiu de la dorsale, se courbe pour descendre verticalement , et reprendre ensuite sa direction horizontale; ce sont les /abrus julis BI., gioffredi Risso, pictus Schn., brasiliensis BL., lunaris id., viridis id., cyano- cephalus id., chloropterus, malapterus, les labres malapteronote, hé- braïque, parterre, le spare hémisphère, le labre tenioure, le spare bra- chion Lac., les Zabrus bifasciatus, Livittatus, macrolepidotus et melapterus de Bloch, etc. Le genre des labres est le type d’une famille très-naturelle, qui se compose des genres labre, xyrichte, chromis, cheilines, cpibulus de Cor) M. Cuvier (c’est le sp. insidiator ), crenilabre du même, coris, holo- gymnos et gomphores de M. de Lacepède. IXe Mémoire. De l’état actuel du genre SPARUS, et des de- membremens dont il est encore susceptible. Le genre spArus d’Artédi, adopté par Bloch et M. de Lacepède, ren- ferme, selon les ichthiologistes modernes, tous les poissons acanthopté- rygiens thoraciques , à dorsale unique, sans lèvres charnues, sans den- telures ni épines à leurs opercules, et qui n’ont d’ailleurs ni les carac- tères des gobies, ni ceux des scombres, ni ceux des chætodons, etc. Ces caractères, presque tous négatifs, ont en ce cas, comme ailleurs, l'inconvénient de rapprocher des êtres très-dissemblables. Bloch, à la vérité, a proposé de séparer des spares les brama et les cichla, mais ces distinctions ne sont pas heureuses ou sont in- suffisantes. M. Cuvier procède de la manière suivante à une distribution jdes spares qui lui semble plus régulière. 1. Il retranche les espèces dont il a été question plus haut, et qui devaient rentrer dans les genres /abres, cheilines, chromis, etc.; toutes sont pourvues de lèvres charnues, et ont leur pharyngien inférieur unique et bien armé. 2.° J1 sépare aussi le brama raii de Bloch, qui se rapproche davantage des coryphènes par son front vertical, son museau court, et ses nageoires dorsales et anales écailleuses. Ce poisson a ses dents en cardes aux mâchoires et aux palatins. 5. La saupe (sp. salpa ) et le bogue (sp. boops), qui ont une seule rangée de dents tranchantes tout autour des deux mâchoires, forment le nouveau genre Boops. M. Cuvier rapporte avec doute à ce genre le sp. chrysurus Bloch. 4° Les spARES proprement dits ont sur les côtés de leurs mâ- choires des dents en pavés arrondis; ils sont ovales et comprimés ; leur pharyngien inférieur est double ou fourchu, avec des dents en cardes ; leur museau est peu protractile; leurs écailles sont grandes ; ils ont deux, trois ou quatre cœcums. — Ces poissons se nourrissent principalement de fucus. On peut les subdiviser de la manière sui- vante: 1* Sous-genre. Les SARGUES. Dents antérieures plates et tranchantes comme les incisives de l’homme. Ce sont les sp. sargus BL, et deux ou trois espèces élrangèeres confondues avec lui; le sp. annularis Laroch. (An. mus. XIII), qui est le sp. haffura de Risso; le sp. acutirostris Laroc.(id.), qui est lannularis de Risso; le sp. puntazzo Laroc., le Sp. ovicephalus, ete. 1814. Mér£oroLocts (92) 2. Sous-genre. Les DAURADES. Quatre ou cinq dents coniques en avant, sur une seule ranvée seulement. Ce sous-genre est le plus nombreux ; il renferme principalement la daurade sp. aurata B1., (qui est la même que le sp. buffonite Tacep. le sp. spinifer Lacep. ); le sp. mylio Lacep., qui est le même que le labre-chapelet Lacep. ; le labre- mylostome id.; le sp. perroquet 4. ; le sp. bilobé; le sp. annularis B1., différent des espèces ainsi nommées par Risso et Laroche ( Joyez les sargues) ; les sp. forsteri, miniatus, berda, grandoculis, haran, sarba, hurta, etc. 5.° Sous-genre. Les PAGREs. Dents antérieures grêles, serrées sur plusieurs rangs, dont le premier est le plus grand, formant une espèce de brosse. Ce sont: le pagre ordinaire, ou sp. argenteus Schn. ; le sp. pagrus B].; le sp. erythrinus; le sp. mormyrus, ete, 5.9 M. Cuvier forme le genre CANTHÈRE des spares dont la bouche est médiocre, le museau peu protractile, et dont toutes les dents sont grèles, et forment une espèce de brosse ou de velours; tels sont les sp. cantharus, le sp. brama BI., le sp. controdontus Laroc., le labre- macroptère Lacep., ou labre-iris zd., et le labre-sparoïde. G.° 11 comprend, dans son genre PicaREL (smaris)les sp. mœna Rond., smaris Larocb., erythrurus B1., alcyon Risso, osbec, zebra, le sp, bilobé Risso, le labre long museau ou spare breton Lacep., etc., qui ont tous le museau très-protractile, la bouche garnie d'une petite bande, ou même d'une seule rangée de petiles dents en velours, et dont le corps est plus allongé que celui des autres poissons de la même famille. 7°. Il réserve le nom de CicLes aux espèces à gueule fendue et à dents en velours, tels que le cichla occellaris Schn. et le labre fourche Lacep., ou son caranxomore sacrestin, et peut-être le labre hololepi- dote du même, et la perca chrysoptera CATESBY. 8.° Enfin il forme son genre DENTEx, des espèces dont les dentsconiques sont sur un seul rang, les antérieures étant les pluslongues, et plas ou moins arquées; ce sont les sp. dentex BI., anchorago id., cynodon id., macropthalmus id., falcatus id., et peut-être le harpé bleu doré de Lacep. A. D. Résultats des Observations RODPARE faites à Clermont- Ferrand, depuis le mois de juin 1806 jusqu'à la fin de 1815, par M. RamoOND. Lus à l'Institut le 20 juin 1814. ( Extrait.) Les observations dont nous allons rendre compte ont été faites avec trois baromètres de Fortin, souvent comparés entre eux, et avec celui de l'Observatoire royal de Paris; toutes les hauteurs du mercure ont élé ramenées à la température de 12°5 du thermomètre centisrade. Le (93) baromètre à toujours été observé à midi (fems vrai ), le matin, aptes midi et le soir, aux -heures critiques des oscillations diurnes. La hauteur moyenne du baromètre, pour l'heure du midi, est de 727,92; ce résultat, fondé sur 2267 observations, différe extrêmement peu de celui que M. Ramond avait déduit des deux premières années. Par une moyenne entre 7296 observations, M. Kamond a trouvé la valeur des oscillations diurnes. En prenant la hauteur de midi pour point de comparaison; le baromètre est plus haut le matin de 38 cen- tièmes de millimètre, plus bas après midi de 56, et plus haut le soir de 35; en sorte que l’abaissement moyen du jour est de 94 centièmes, et l'ascension du soir de 89. Ces "nombres s'accordent singulièrement avec ceux que le même auteur avait tirés des deux premières années. (loyez Mémoires de l’Institut pour 1808, page 105.) La plus grande élévation du baromètre qu’on ait observée à Cler- mont pendant sept années et demie, est de 743,52, la moindre, de 702,58; mais la variation moyenne est de 35"°,6. Les nombres que nous venons de rapporter sont particuliers à Clermont, et pourraient servir, au besoin, à calculer la hauteur de cette ville au dessus du niveau de la mer; mais les mêmes moyennes relatives aux différentes saisons, nous apprendront de plus de quelle manière se modifient, chaque mois, les causes qui déterminent l'ascen- sion ou l'abaissement du mercure dans le baromètre. Voici un extrait des tableaux de M. Ramond : Hauteur moyenne Hauteur moyenne MOTS. du baromètre à midi. | du thermometre à midi. Janvier. . . 07,729 71- + 1,2. Février. LE 0 ,728 99. + 6,9. (Mars: ©. lol ,727 -784 # - 9,4: Avril. . 0 ,725 85, + 12,5. Mai. 0 ,726 92. + 19 7: i 0 ,729 42. + 20,2. © ,728. 78. + 22,6. o ,728- 85. + 21,9. Septembre. o ,728 98. + 19,0 (Octobre. , 0 ,726 49. +149 Novembre. 0 ,726 25. + 9,2 rs 0 ,727 06. + 5,2. Mn 0,727 92. + 13 ,5. Livraison d'octobre. 13 (94) T1 résulte de ce tableau que le mercure est dans la plus grande élévation en janvier; qu'il descend ensuite jusqu'au mois d'avril, où il est le plus bas ; remonte jusqu'en juin; se soutient pendant les mois de juillet , août ctseptembre, puis redescend jusqu'en novembre, et qu’a partir de cette dernière époque il remonte rapidement pour atteindre la hauteur de jan- vier. La moyenne barométrique de l'été surpasse celle du printems, qui est la plus petite de toutes, de plus de 2 millimètres. M. Ramond a remarqué, de plus, que les variations diurnes sont elles-mêmes sujettes à l'influence des saisons; le printems est l’époque des plus fortes oscillations, et l'hiver des moindres; il y a un tiers de millimètre de différence. Quant aux variations accidentelles, au contraire, elles sont au maximum en hiver, et au minimum en été; leur étendue moyenne surpasse 55 millimètres dans la première saison et ne s'élève pas à 16 dans la seconde. Afin de mettre le lecteur à portée d'apprécier ce qu'il peut y avoir de particulier à Clermont dans le tableau que nous-venons d'extraire de lintéressant Mémoire de M. Ramond , nous allons rapporter deux tableaux semblables que nous avons formés d’après une nombreuse suite d'observations du thermomètre et gu baromètre faites à Strasbourg et à l'Observatoire royal de Paris. JNHNININ à Fe] . 1 B " + * Observations faites à Strasbourg depuis le commencement de l'année 1807, jusqu'à la fin de 1812; par M. HERRENSCHNEÏIDER. Mars. 6" 6. + 8,1 Avril ee Juillet. . . Août. se. + Moyennes Moyennes MOIS: du Baromètre à midi. | du Thermomètre &midi. Janvier, . . 0",7539. + o°,2. Mai eee Septembre. Février, . : og. + 5 ,4. 6 Jun... 61. à | Octobre. . . | Novembre. OL © 070 1010, 6 1OMNOMOME = Le (es) ë ++++++++ z Es; | Décembre. | Moyennes. . 0 ,7512. + 12 ,9. La cuvette du baromètre de M.le professeur Herrenschneider était de niveau avec le pied de la tour de Strasbourg. (95) Moyennes des Observations faites à Paris depuis l'année 1806 inclusi- vement, jusqu'à la fin de 1813. Moyennes Moyennes du Baromètre à midi. |du Thermomètre à midi. Janvier. , . 0,757 95. + 39,7. Février. . 0 ,757 14. + 7 4. Mars. . à 0 ,757 94. + 8,9. (Avril. . . 0 ,756 00. Mao: AURA 0 ,755 Go. UE (Juin... !:. 0 ,758 94. + 20 ,7. Juillet. . | © 756 82. + 23 ,6. 'Août, . 0 ,757 55. 221,6. Septembre. © 757 99 +18 ,7 Octobre. , . 0 ,756 15. + 14 ,4 Novembre. 0 ,755 97- En Ep Décembre, 0 ,756 40. + 4,9 Moyennes. . 0 ,757 02. + 13 ,6. | Dans ces tableaux, comme dans celui de M. Ramond, les moyennes barométriques ont élé ramenées à la température de + 1 :°,5 du thermo- mètre centigrade . en supposant, d’après les expériences de MM.Taplace et Lavoisier , que le facteur de la dilatation du mercure est pour chaque degré centésimal = ; il était d'autant plus nécessaire de faire cette correction, qu’elle est tantôt positive et tantôt négalive, et que, pour le mois de juillet, par exemple, elle s'élève à plus de 177,5. AAA SAS SAS AAA Mémoires sur la détérmination du nombre des racines réelles dans les équations aloébriques, lus à l'Institut dans le courant de 1815 ; par M. CaucHY. Les géomètres se sont beaucoup occupés de la question qui fait l'objet de ces Mémoires, et qui peut être envisagée sous deux points de vue différens, selon qu'il s’agit des équations littérales, où selon que lon considère une équation dont tous les coëfliciens sont donnés en nombres. Dans le second cas, le problême se résout complètement, en formant par les règles connues une équation auxiliaire dont les racines sont les carrés des différences entre celles de la proposée, ce 1814. MaTRÉMATIQUES. Institut, 1813. (96) qui fournit le moyen d’assioner une quantité moindre que la plus etite de ces différences et, par suite, de déterminer non-seulement É nombre des racines réelles, mais aussi des limites entre lesquelles chacune des racines est comprise; mais relativement aux équations littérales, la question consiste à trouver des fonctions rationelles de leurs coëfliciens, dont les signes déterminent dans chaque cas particu- lier le nombre et l'espèce de leurs racines réelles : or ce n’était jusqu’à présent que pour les équations des cinq premiers degrés qu’on était parvenu à former de semblables fonctions, et M. Cauchy s’est proposé de compléter cette partie de l'algèbre, en donnant une méthode appli- cable aux équations littérales de tous les degrés. Cette méthode est fondée sur la considération des courbes paraboliques, dont Stirling et Degua avaient déjà fait usage pour le même objet: on doit la regarder comme une extension de celle que Degua a donnée dans le volume de l'Académie des Sciences pour l’année 1741, et comme une applica- tion des principes posés par ce géomètre. , Pour en donner une idée, supposons que l'équation proposée soit représentée par fx= 0 ; faisons f x égale à une nouvelle indéterminée »; l'équation y=fx appartendra à une courbe parabolique, c'est-à- dire à une courbe composée d’une seule branche qui s'étend indéfini- ment dans le sens des abscisses positives et dans celui des abscisses négatives. Les intersections de cette courbe avec l'axe des abscisses répondront aux racines réelles de l'équation proposée; or l’inspec- tion seule de la courbe suffit pour montrer que le nombre de ces intersections surpassera au plus d'une unité le nombre des ordon- nées maxina tant positives que négatives. Lorsqu'il n'y aura qu’un seul maximum entre deux intersections consécutives ; le nombre des inter- sections sera précisément égal à celut des MaxÈMa augmenté d'une unité; mais si la courbe éprouve plusieurs sinuosités entre une inter- section et celle qui la suit immédiatement, | ordonnée partant de zéro, passera par plusieurs maxèma et minima successifs avant de redevenir nulle, et il est facile de voir que le nombre de ces 14xima SUrpassera. toujours d’une unité celui des minima, d'où il résulte que le nombre total des intersections diminué d’une umité est Loujours égal au nombre total des ordonnées m1axima, moins le nombre des ordonnées 77éni- ma (1). 3 ché Û À Ce principe n’est pas modifié par les portions extrêmes de la courbe qui se prolongent indéfiniment au dessus et au dessous de laxé des abscisses, et dont chacune contient un nombre éval de maxima et de qq À . (x) Dans tout ceci, le maximum et le minimum se rapportent aux grandeurs des exdouaées , abstraction faite de leurs signes, ( 97 ) minima. 1 a également lieu par rapport à la totalité de la courbe, et lorsque l'on considère séparément la partie qui répond soit aux ab- scisses positives soit aux négatives. En effet il est aisé de voir, par un raisonnement semblable au précédent , que, dans l’une des deux parties, l'excès du nombre des ordonnées maxima sur celui des ordonnées mi- nima est égal au nombre des intersections, et que, dans l’autre partie, il est égal à ce nombre diminué d’une unité. Mais pour savoir de quel côté cette unité doit être retranchée, on observera que les intersections répondant aux racines réelles de l'équation f x = 0, il suflit de savoir si le nombre des racines négatives est pair où impair, ce qui se décide, comme on sait, par le signe du dernier terme. Les plus grandes et les plus petites ordonnées de la courbe que nous considérons répondent aux abscisses délerminées par la différentielle première de l'équation f x= 0, c’est-à-dire, en employant la notation de M. Lagrange, par l'équation /! x=—=0. Si donc on la sait résoudre, on connäitra le nombre total des ordonnées m7axima et minima, et il ne s'agira plus que de distinguer les unes des autres. Or, aux sommets des ordonnées maxima positives ou négatives, la courbe tourne sa conca- vité vers l’axe des abscisses; elle est au contraire convexe vers cet axe aux sommets des ordonnées minima. Relativement aux premières, les deux quantités f x et f " x sont des signes contraires, et leur produit est négatif; par rapport aux secondes, ces quantités sont de même signe, et leur produit est positif. Donc, en substituant toutes les racines réelles de l'équation fx =—=0 dans la fonction fx >< f"x,on connaïtra par les signes de cette quantité combien la courbe a d’ordonnées de chaque espèce, soit dans la partie des abscisses positives, soit dans la partie négative; d’où l'on conclura, d’après les principes précédens, le nombre et les signes des racines réelles de l'équation f x = o. Cette solution du problême suppose, comme on voit, la résolution de équation f' x= 0 d’un degré inférieur d’une unité à celui de la pro= posée. Elle est due à Degua, qui l'a exposée, avec tous les développe- mens nécessaires, dans le Mémoire cité plus haut. On y trouve aussi les règles qu'il a données pour reconnaïtre, sans résoudre aucune équation, si la proposée a toutes ses racines réelles, ou bien si elles sont en partie réelles et en partie imaginaires, Mais ce géomètre croyait impossible de fixer le nombre des racines imaginaires quand il en existe, à moins de résoudre une équation du degré immédiatement inférieur à celui de la proposée. Tel est le point où Dugua a laissé la question, et où M. Cauchy l'a reprise dans les Mémoires dont nous rendons compte. Au lieu de résoudre l'équation /’ x — 0, formons-en une autre dont Xes racines soient les valeurs du produit f x f" x prises avec des signes 1814. C8) | contraires , et correspondantes à toutes les racines réelles ou imaginaires de /! x — 0. Cette équation auxiliaire s'obtiendra par les règles de l'éli- mination , et elle sera du même degré que f’ x —o, c’est-à-dire du de- gré 7 — 1, si l’on suppose que 7 marque le degré de la proposée / x = 0. Or les valeurs de f x" x, qui répondent à des racines imaginaires de J' x=—0o. pourront quelquefois être réelles ; mais alors ce produit fx f" x aura nécessairement des racines égales. Si donc on suppose d'abord que l'équation auxiliaire n’a pas de racines égales, il sera certain que le nombre de ses racines positives moins le nombre de ses racines néga- tives sera égal à celui des racines réelles de la proposée diminué d’une unité. Ainsi la détermination de ce dernier nombre, pour une équa- tion du degré 7, se trouve ramenée à celle de la différence entre les nombres de racines positives et de racines négatives pour une autre équation du degré 7 — 1. Voici comment M. Cauchy résout ce second roblême. Soit z l’inconnue de l'équation auxiliaire, et Z — o cette équation, de manière que Z désigne un polynome en z du degré 7— 1, M. Cauchy forme une seconde équation auxiliaire dont les racines sont les valeurs du produit ZZ" multipliées par celles de z et prises avec des signes contraires , c’est-à-dire les valeurs de la fonction — 777, qui répondent aux racines de Z'— 0; Z'et Z”, désignant à l'ordinaire les deux pre- mières fonctions dérivées de Z. Cette seconde équation auxiliaire s’ob- tiendra, comme la première, par les règles de l'élimination, et elle sera du même degré que Z’ —o, ou du degré 7 — 2. Si l’on suppose qu’elle n’a pas de racines égales, elle jouira d’une propriété qui consiste en ce que la différence entre le nombre de ses racines positives et celui de ses racines négatives, étant augmentée ou diminuée d’une unité, don- nera la même différence relativement aux racines positives et négatives de l'équation Z—o. Cette différence, pour la première auxiliaire, se conclura donc de celle qui a lieu pour la seconde, et il suflira de savoir si l'on doit augmenter ou diminuer celle-ci d'une unité. Or cela dé- pendra uniquement des signes des derniers termes dans les équations Z—oetZ'—o; car si elles ont toutes deux un nombre pair ou toutes deux un nombre impair de racines positives, auquel cas leurs derniers termes seront de même signe, il faudra diminuer d’une unité la diffé- rence relative à la seconde auxiliaire pour en conclure celle qui se rapporte à la première ; et, au contraire, il faudra l’augmenter d'une unité, lorsque l’une de ces équations Z— 0 et Z’ —o aura un nombre air et l’autre un nombre impair de racines positives, c’est-à-dire Énae leurs derniers termes seront de signes différens. En observant donc que le dernier terme du polynome Z/ est de même signe que l'avant-dernier du polynome Z, M. Cauchy énonce cette règle gé- nérale : (99 ) L’excès du nombre des racines positives sur celui des racines néga- tives de l'équation Z—o est égal au même excès, par rapport à la seconde équation auxiliaire, diminué ou augmenté d’une unité, selon que le produit des coëfliciens des deux derniers termes du polyÿnome Z est une quantité positive ou négative. Hi ; Concevons d’après cela que l’on forme une troisième équation auxi- liaire qui se déduise de la seconde, comme celle-ci se déduit de Z—o ; puis une quatrième qui se déduise de la troisième, aussi de la même manière, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’enfin on soit parvenu à une équation du premier degré, ce qui formera un nombre 7 —1 d’équa- tions, puisque la première Z— 0 est du degré » — 1, et que le degré s’abaisse d’une unité en passant d’une auxiliaire à la suivante. Sup- posons que, dans chacune de ces 7 — 1 équations, on fasse le produit des coëfhiciens des deux derniers termes; 1l résulte de la règle qu'on vient d’énoncer , que la différence entre les nombres de racines positives et de racines négatives de la première auxiliaire Z —o, sera égale au nombre des dE de cette espèce qui seront négatifs, moins le nombre de ceux qui seront positifs ; donc aussi, d'après la relation qui existe entre cette auxiliaire et la proposée X — 0, le nombre des racines réelles de celles-ci, diminué d’une unité, sera éval à cette même diffé- rence entre les nombres des produits de signes différens. Ainsi, par les signes de 7— 1 fonctions rationelles des coëfficiens de la proposée, on pourra juger du nombre de ses racines réelles. Pour qu’elles le soient toutes, 1l faudra que toutes ces fonctions soient néga- üves: et pour qu’elles soient toutes imaginaires, il suflira que le nom- bre des positives surpasse d’une unité celui des négatives. Si, par exemple, la proposée est du sixième degré, il y aura pour la réalité de toutes ses racines cinq conditions déterminées ; mais, au contraire, pour qu'aucune de ses racines ne soit réelle, il faudra que trois sur cinq quantités soient négatives, condition qui peut être remplie de dix manières différentes. L : La règle que M. Cauchy a donnée pour déterminer la différence entre les nombres de racines positives et de racines négatives de la première auxiliaire, peut également s'appliquer à la proposée elle-même; et comme celle-ci est du degré 7, il en résulte qu’en formant un nombre x de fonctions de ses coëfliciens, on pourra, d'après leurs signes, déterminer la différence entre les nombres de ses racines réelles de l’une et de l’autre espèces; on en connait déjà la somme au moyen des 71 fonctions précédentes; donc, au moyen de 27—1 fonctions rationnelles des coëfliciens de la proposée formées suivant des lois déterminées, on pourra connaitre le nombre et l'espèce de ses racines réelles, ce qui est la solution générale du problème que M. Cauchy s’est proposé de résoudre, 1814. Mipecine. Jastitut. 12 septembre 1814. ( 100 ) Au reste, quoiqu’on n'ait besoin, en dernière analyse, que des deux derniers termes de chaque équation auxiliaire, il n’en faut pas moins les former toutes en entier ; car chacune d'elles est nécessaire au calcul de la suivante. Les calculs deviendront extrêmement compliqués et presque inexécutables , quand il s'agira d’équation d’un degré un peu élevé ; mais cette difculté parait lenir en grande partie à la nature de la question, et elle n’a pas empêché M. Cauchy d'appliquer sa méthode aux équations complètes des cinq premiers degrés pour lesquels il a formé les systèmes de fonctions dont les signes déterminent le nombre et l’espèce de leurs racines réelles. Dans l'exposé que nous venons de faire de la méthode de M. Cauchy, nous avons supposé qu'aucune des équations auxiliaires n’avait des racines égales. Lorsque le contraire arrive pour une ou plusieurs d’entre elles ou pour leurs équations primes, ou enfin pour la proposée elle-même, les principes sur lesquels M. Cauchy s'est appuyé ne sont plus généralement vrais, et en même temps les regles qu’il en a déduites deviennent 1llusoires. En effet, il est facile de voir que, dans le cas des racines égales, quelques-uns des produits dont il faut considérer les signes se trouveront égaux à zéro; on ne saura plus alors si l’on doit les compter parmi les fonctions posilives ou parmi les négatives ; par conséquent les règles précédentes ne seront plus immédiatement applicables. Pour résoudre cette difficulté, M. Cauchy a proposé différens moyens qui nous semblent laisser encore à désirer, et pour lesquels nous renverrons le lecteur aux Mémoires mêmes, qui parai- tront dans le prochain volume du Journal de l'Ecole Polytechnique. P. Extrait d'un Rapport fait à l’Institut, classe des sciences phy- siques € mathématiques, sur un Manuscrit intitulé Seconde partie du premier volume du Traité de Toxicologie-géné- rale, présenté par M. OrriLla; par MM. PINEL, PERCY et VAUQUELIN. Cetre seconde partie (1) de l'ouvrage de M. Orfila contient l'exposé de l’action que produisent sur l’économie animale les préparations de tain, du zinc, de l'argent, de l'or, du bismuth, des acides minéraux ; ; AS ; ; | concentrés, des alcalis caustiques, du phosphore, des cantharides, du plomb, de l'iode; et un appendice sur les contre-poisons du sublimé (1) Voyez l'extrait de la première partie ; page 66. (@ron) corrosif, de l’arsenice, et du foie de soufre; l’autre suit, dans la manière de procéder, le même ordre qu'il a établi dans la premitre partie. Il commence par la partie chimique et médico-légale , ensuite il examine l'effet des poisons sous le rapport physiologique. 1.0 Le muriate d’étain injecté dans les veines à la dose de trois quarts de grains agit promptement sur le système nerveux, et produit la mort au bout de dix à douze heures. Introduit dans l’estomac, il détruit la vie en enflammant et corrodant ce viscère. Six expériences ont donné les mêmes résultats. 2.9 Une dissolution concentrée de sulfate de zinc agit en stupéfiant le cerveau lorsqu'elle est injectée dans les veines. Introduite dans l'estomac à la dose d’une once, elle ne produit que les vomissemens; mais si on lie l'æsophage , l'animal meurt au bout de deux ou trois jours , et l’on trouve l'estomac enflammé. Six expériences ont confirmé ces faits. 5.° Un tiers de grain de nitrate d'argent dissous dans deux gros d’eau, introduit dans la circulation, donne la mort en cinq ou six heures, en agissant sur le poumon et sur le système nerveux. Introduit dans l'estomac à la dose de trente-six grains, il n’est pas absorbé, et l'animal ne meurt qu'au quatrième ou cinquième jour, par suite de inflammation que produit ce caustique. Six expériences ont produit des résultats conformes. ‘ 4° Trois quarts de grain de muriate d’or, dissous dans un gros d'eau et injectés dans les veines, ont donné la mort au bout de six à sept heures, en attaquant fortement les poumons. Introduit dans l'estomac à la dose de douze grains, il fait périr l'animal en cinq ou six jours, et l'estomac est corrodé ; par conséquent il n’y a pas eu d'absorption. Cinq expériences sont à l'appui de ces effets. 5. Le nitrate de bismuth injecté dans les veines porte sa principale action sur le système nerveux, et lue les animaux. Introduit dans l'estomac, il l'enflamme, le corrode, et agit en même temps sur le poumon, en détruisant la vie très-promptement. 6.° Quelques gouttes d’un acide ou d’un alcali injecté dans les veines proc le mort tout à coup, en coagulant le sang; l'acide sulfurique le charbone comme dans nos vases. Introduits dans l'estomac, ils le corrodent et le perforent, et les animaux meurent en quelques heures, après des vomissemens sanguinolens , et souvent au milieu des convul- sions les plus horribles. La coagulation du sang est remarquable de la part des alcalis, puis- qu'ils empêchent ce fluide de se coaguler lorsqu'il est hors du corps. Il résulte de tous ces faits que la même substance vénéneuse peut exercer son action meurtrière sur tel ou tel organe, selon le point avec lequel elle a été mise en contact. Livraison d'octobre. 14 18 #4 ( 102) 7° L'ammoniaque et son sous-carbonate injectés dans les veines coagulent aussi le sang, mais agissent fortement sur le système nerveux. Introduits dans l'estomac à la dose d’un gros ou deux, ils produisent la mort en peu de tems, et agissent sur le cerveau. 8. Le muriate de baryte injecté dans les veines, introduit dans l’es- tomac ou appliqué à l'extérieur, fait périr les animaux très-promptement, au milieu de convulsions effrayantes, en agissant sur le système ner- veux. Six expériences ont prouvé cette propriété. M. Brodie avait déjà annoncé une partie de ces résultats. 9.2 Le phosphore dissous dans l'huile et injecté dans les veines pro- duit la mort tout à coup, en se convertissant en acide phosphoreux, qui s’exhale FE les narines , ainsi que M. Magendie l'avait déjà vu. Introduit dans l'estomac en petits cylindres, il passe à l’état d'acide phosphoreux, qui corrode les tissus de cet organe , et occasionne la mort dans l’espace d’un jour ou deux. On trouve dans l'estomac de l'animal moins de phosphore qu’on n’en avait employé. Lorsqu'on dissout le phospore dans l'huile avant de le faire prendre à l'animal, il se transforme en acide phosphorique, la vie est détruite au bout de quelques heures, et l'estomac est rempli de trous. Six expé- riences ont prouvé ce fait. 10. L'acétate de plomb introduit dans l'estomac à la dose d'une once et demie, occasionne des vomissemens abondans, et la mort ar- rive dix, douze ou quinze heures après. On trouve à l’ouverture une véritable inflammation des parties qui composent le canal digestif. S'il est curieux de chercher les effets que produisent les corps nui- sibles qui y sont introduits, soit par les vaisseaux, soit par la bouche ; il est encore plus curieux, et sur-tout plus utile, de chercher les moyens d'empêcher les eflets délétères de ces corps, ou au moins de les arrêter quand ils ont déjà commencé: c’estide quoi s’est occupé M. Orfila dans la partie médicale de son ouvrage. 1.” Le lait est le véritable contre-poison du muriate d’étain, sub- stance avec laquelle on s’est quelquefois empoisonné. Le lait est complètement coagulé par ce sel; le coagulum renferme beaucoup d'oxyde d’étain et d'acide murialique, et ce coagulum n'est pas véné- neux. Trois expériences ont prouvé la même chose. 2° Le muriate de soude est le véritable contre-poison du nitrate d'argent, puisqu'il a empêché les eflets corrosifs de ce sel; deux expé- riences l’ont démontré. 5.° La magnésie calcinée, proposée par Pelletier comme le moyen le plus sûr d'arrêter l'action des acides, réussit en eflet très-bien, plusieurs expériences l'ont démontré; mais il faut que ce remède soit administré très-promptement. 4° Les sulfates de soude et de magnésie sont les véritables contre- ( 105 ) poisons des sels de plomb et de baryte. 11 résulte de Paction réciproque de ces substances des sels qui purgent et font rendre beaucoup de sulfate de baryte et de plomb. II fautemployer ces antidotes en grande quantité et à plusieurs reprises. M. Orfila a observé que le sulfure de potasse, conseillé par Navier pour arrêter les eflets des sels métalliques, n’est d'aucune utilité. 5,9 L'acide acétique est le remède le plus efficace dans l'empoison- pement par les alcalis; M. Orfila a fait plusieurs expériences qui le constatent. G.° L'iode produisant sur les substances organiques mortes des effets fort analogues à ceux qu’exerce l'acide muriatique oxigéné, M. Orfila a été curieux de connaître quels seraient les effets qu'il produirait dans l'économie animale vivante. Introduit dans l'estomac en petite quantité, il agit comme un stimulant léger, et détermine le vomissement. A la dose d’un gros il fait constamment périr les animaux auxquels on a lié l'œsophage, en produisant des ulcérations à la membrane mu- queuse. A la dose de deux ou trois gros il agit de la même manitre sur les animaux dont l'æsophage n’a pas été lié, et qui sont plusieurs heures sans vomir. Il produit rarement la mort lorsqu'il a été admi- nistré à la dose d’un gros ou deux, et que les animaux le rejettent peu de tems après par des vomissemens. Il ne détruit jamais la vie appliqué à l'extérieur. 11 agit sur l’homme comme sur les chiens. M. Orfila ayant pris une fois deux grains d’iode, éprouva des nausées; une autre fois quatre grains, il eut des nausées avec resserrement de la gorge, des vomisse- mens, et une légère oppression; une autre fois six grains, mêmes symp- tômes, et de plus une accélération du pouls, et des coliques. , Dans un appendice à son ouvrage, M. Orfila fait voir que le charbon n’est point le contre-poison du sublimé corrosif et de l'acide arsenieux (arsenic blanc ), comme M. Bertrand l'annonce; car 1.° les animaux qui ont pris six grains de l'un ou de l’autre de ces poisons, mêlés avec quatre fois autant de charbon que M. Bertrand en a employé, sont morts au bout d’un jour ou deux lorsqu'on leur à lié l’œsophage, et l'estomac s’est trouvé fortement corrodé. Or, ce qui constate l'essence d’un contre-poison des substances corrosives, c’est d'empêcher la cor- rosion. 2.° Presque tous les animaux qui ont pris ce mélange, ct qui n'ont point eu l’æœsophage lié, sont morts après avoir vomi plusieurs fois, et l'estomac s’est trouvé fortement enflammé. Deux seulement , sur vingt de ces animaux qui ont été soumis à ces expériences, ont échappé, parce qu'ils ont vomi sur-le-champ le poison enveloppé dans le charbon. ; Pour prouver que le charbon n'avait agi que comme enveloppe, on 1814. _Paysique. (104) a donné à ces deux animaux six grains du même poison enveloppé dans l'argile; il ont vomi aussitôt, et se sont rétablis. L'eau de charbon n'est pas plus efficace. Dans le même appendice, M. Orfila établit par des expériences, 1.° que le sulfure de potasse est un poison corrosil énergique; 2.° qu’à la dose d’un gros il produit la mort en dix-huit ou vingt heures lorsqu'on a lié l'æsophage, en déterminant l'inflammation et l'ulcération des membranes de l'estomac , et en agissant sur le système nerveux ; 3.° qu'a la dose de trois ou quatre gros il tue les animaux en trois ou quatre heures de tems, si on les a empêché de vomir. L'auteur a fait toutes ces expériences sur des chiens. F. M. Sur une Chambre obscure et un Microscope périscopiques ; par M. William-Hyde WoLLasToN. ( Extrait.) L'errer d’une lentille ordinaire est, comme tout le monde sait, de faire converger un faisceau quelconque de rayons parallèles vers un 5 q ] À P ee phliloso- point qu'on nomme le foyer, et dont la position dépend à la fois de la phiques pour 1612. force réfringente du verre , et de la courbure plus ou moins considérable 2° Partie, de ses surfaces ; mais il faut remarquer que cette réunion en un point unique se fait avec d'autant plus d’exactitude que la lentille a moins d'ouverture. L'expérience et le calcul montrent, en effet, que les rayons qui tombent près des bords d’une lentille formée de deux segmens sphériques, se réunissent plus tôt que ceux qui avoisinent son axe, en sorte qu'avec une ouverture un peu considérable, l'image d’un objet qu'on recevrait sur une surface plane ne serait Jamais parfaitement distincte, quelle que fût d’ailleurs la position de l'écran. Ce défaut , que les géomètres ont appelé Paberration de sphéricité, v'est pas sensible dans les besicles dont on se sert habituellement, par la raison que la pupille a peu de diamètre et est très-rapprochée du verre, en sorte que les rayons qui, partant d’un point donné, peuvent atteindre le fond de l'œil, n’embrassent sur le verre lenticulaire qu’une étendue fort petite, et à très-peu près égale à celle de la pupille. 11 résulte de la que la grande ouverture qu'on donne aux verres des lunettes, ne contribue presque point à augmenter l'intensité des images qui se peignent au fond de l'œil, mais qu’elle est utile sous ce rapport, qu’elle permet d'apercevoir plusieurs objets, soit à la fois, soit successivement, sang que l'observateur soit obligé de tourner la tête : il est clair seulement qu’alors les points diversement situés se verront par des portions plus ou moins rapprochées des bords de la lentille, et que puisque ces diflé- (105 ) rentes parties ont des foyers inégaux, on n’apercevra pas avec la même netteté tous les objets qu'on peut embrasser d’un même coup-d'œil. Si, par exemple, les rayons qui tombent parallèlement à axe du verre se réunissent exactement sur la rétine, ceux qui viendront dans une autre direction se réuniront avant de rencontrer cette membrane; les points d'où les premiers rayons émanent se verront distinctement , tandis que les autres donneront, en même tems, une peinture d'autant plus diffuse, qu'ils formeront un angle plus grand avec l'axe. L’œil peut, il est vrai, à cause de la grande mobilité dont il jouit, adapter successivement sa conformation à la convergence particulière des fais- ceaux qui passent par les différentes parties de la lentille; mais ceci doit, à la longue, fatisuer considérablement cet organe, et ne corrige pas d’ailleurs le défaut qu'ont les lunettes de ne montrer distinctement qu’un seul objet à la fois. Le docteur Wollaston avait indiqué, en 1804, une construction qui semble remédier à une partie de ces inconvéniens, et qui consiste à substituer un ménisque convexe-concave aux lentilles bi-convexes dont on se sert habituellement. Si la surface convexe du ménisque est du côté de l’objet, ses différentes parties se présenteront presque perpendi- culairement aux divers points qui peuvent envoyer des rayons dans l'œil, et l’aberration de sphéricité sera, sinon entièrement détruite, du moins considérablement atténuée. Tels sont les principes de ce genre particulier de lunettes que le docteur Wollaston a appelées périscopi- ues (x), parce qu’elles peuvent servir à voir distinctement dans tous es sens. Le même physicien propose aujourd’hui, dans le Mémoire qui fait l’objet de cet article, d'apporter des modifications analogues aux chambres noires et aux microscopes. À Si l’on suppose que, dans une chambre noire ordinaire, formée avec une lentille bi-convexe , l'écran parallèle à la lentille sur lequel les images des objets éloignés viennent se peindre soit placé à une dis- tance telle que les points qui avoisinent l’axe se voient distinctement les objets latéraux seront diffus, et dans un degré d'autant plus grand qu’ils seront plus loin du centre du tableau. Cette diffusion provient de deux causes, savoir, premièrement, et comme nous l'avons remar- qué plus haut, de ce que les rayons qui traversent obliquement la lentille se réunissent plus près de sa surface que ceux qui la rencon- ne ——_—. pe (1) Il paraît que les opticiens s'étaient déjà servis, très-anciennement, de ce genre de verres, auquel ils ont substitué depuis des lentilles bi-convexes, parce que les ménisques sont plus difficiles à travailler, Quoi qu'il en soit, au demeurant, de la date de cette invention, il restera toujours au docteur Wollaston le mérite AV Ur le premier les raisons qui doivent faire préférer les ménisques aux lentilles ordinaires. 1614 ( 106 ) trent perpendiculairement, et en second lieu, de ce que les points de l'écran sont d'autant plus éloignés du centre de la lentille qu'ils s'é- cartent davantage de celui auquel l'axe aboutit. Or on peut corriger en grande parte ces défauts, soit en donnant une courbure convenable à l'écran, soit, comme le docteur Wollaston le propose, en substituant à la lentille un ménisque dont la concavité serait tournée du côté de l'objet, et la convexité du côté de l’image. 11 est facile de voir en effet que, dans un verre de cette forme, les pinceaux obliques se réuniront plus loin que ceux qui tombent parallèlement à l'axe, et que, par-là , si l’on adopte des courbures convenables, on pourra com- penser la plus grande distance à laquelle sont placés les points de l'écran sur lesquels les pinceaux obliques vont se peindre. L'auteur dit s'être assuré, par expérience, que cette nouvelle con- struction a sur l'ancienne des avantages marqués. Le ménisque dont il se servait avait 22 pouces anglais de foyer , son ouverture était de quatre pouces, et les courbures de ses surfaces dans le rapport de 1 à 2, environ. Il avait placé à un huitième de la distance focale de la lentille, et du côté concave , un diaphragme circulaire de 2 pouces de diametre, destiné à marquer la quantité et la direction des rayons que le ménisque devait transmettre. Nous allons terminer cet extrait par la traduction du paragraphe qui est relatif au microscope periscopique. « Le plus grand défaut des microscopes auxquels on applique de « forts grossissemens est le manque de lumière; il est par conséquent « utile de donner à la petite lentille toute l'ouverture qui est compa- « tible avec la netteté de la vision. Mais si l’objet qu’on observe « soutend un angle de plusieurs degrés de chaque côté du centre, on « ne pourra obienir la distinction nécessaire pour toute la surface, à « cause de la confusion occasionnée par les grandes incidences des « rayons latéraux, à moins qu’on ne se serve d'une petite ouverture, « et ceci diminue proportionnellement la clarté. F « Pour remédier à ces inconvéniens, je pensai que le diaphragme « qui lunite l'ouverture de la lentille pouvait être placé avec avantage « à son centre. Pour cela je me procurai deux lentilles plans-convexes « de même rayon, et en appliquant leurs surfaces planes sur les « deux côtés opposés d’une lame mince de métal dans laquelle on « avait pratiqué une petite ouverture, je me procurai l'effet désiré, « puisque j'avais ainsi une lentille double convexe dont les surfaces « étaient rencontrées perpendiculairement tout aussi bien par le pin- « ceau du centre que par les pinceaux obliques. L'ouverture qui donne le plus de netteté avec une lentille de ce genre doit avoir pour diamêtre le cinquième environ de la distance focale; et si « l'ouverture est bien centrée, le champ de la vision occupe un espace (107) RE « de vingt degrés en diamètre. IL est vrai que l’on perd une portion de 1614. « lumière en doublant le nombre des surfaces, mais ceci est plus que « compensé par l'augmentation d'ouverture qui, dans cette construction, « est compalible avec la netteté de la vision. » À RAA SR Mémoire sur l'[ntégration des Equations aux différentielles partielles ; par M. AMPÈRE. M. AmPÈRe ne s’occupe dans ce Mémoire que des équations aux Maruémariques. différences partielles à trois variables, dont une est fonction des deux ———— autres. IL expose d’abord des considérations générales qui conviennent Institut. aux équations de tous les ordres, et qui se rapportent au nombre et 11 juillet 1814. à la forme des quantités arbitraires que doit reufermer l'intégrale gé- nérale d’une équation d’un ordre donné, à la manière dont ces quan- tités se multiplient à mesure qu’on différentie l'intégrale par rapport à l’une ou à l’autre des -deux variables indépendantes, et enfin aux conditions que doivent remplir les quantités comprises sous les fonc- tions arbitraires. Nous allons, autant qu’il sera possible, faire connaître dans cet extrait les idées de l’auteur sur ces trois points différens. M. Ampère part du principe qu'une équation aux différences par- tielles étant donnée, son intégrale, pour être générale, ne doit four: nir, par l'élimination des fonctions arbitraires, aucune équation diffé- rentielle qui ne pourrait pas se déduire également de la proposée. Il en conclut que, si l'on différentie l'intégrale jusqu'à un ordre quel- conque, le nombre des quantités arbitraires contenues dans le système d'équations qu'on obtiendra de cette manière, ne devra jamais être moindre que le nombre de ces équations, mais le nombre de celles que la proposée fournit en la différentiant jusqu'au même ordre. Supposons, par an que celle-ci soit une équation du premier ordre, et qu'on la différentie, ainsi que son intégrale, jusqu’au troi- sième ordre: on formera deux systèmes, l’un de dix et l’autre de six équations; or le nombre des arbitraires contenues dans le premier ne pourra pas être plus petit que quatre, sans quoi l’on en déduirait, en les éliminant, plus de six équations, c’est-à-dire plus d'équations que n'en peut fournir l'équation donnée du premier ordre. Il y en aurait donc parmi elles qui ne pourraient pas se déduire de cette dernière par voie de différentiation, ce qui serait contre le principe que nous venons d’énoncer. Comme les constantes arbitraires restent toujours les mêmes, et augmentent pas en nombre dans les différentiations successives, il suit ( 108 ) de ce principe qu’elles ne peuvent jamais, en quelque nombre qu’on les prenne, servir à compléter les intégrales des équations aux diffé- rences partielles. 11 n’en est pas de même des fonctions arbitraires ; elles produisent , en les différentiant, d’autres quantités qu’on doit traiter dans les éliminations comme des inconnues indépendantes des fonctions dont elles sontdérivées; et c’est pour cette raison que l'intégrale qui contient de semblables fonctions peut satisfaire au principe en question dans foute sa généralité. Lorsqu'une fonction arbitraire est comprise sous le signe d'intégra- tion, elle peut s’y trouver de deux manières essentiellement distinctes : il peut arriver que l'intégrale ne contienne pas d'autres variables que la quantité renfermée dans la fonction arbitraire, et alors l'intégration donne pour résultat une nouvelle fonction de cette même quantité ; ou bien l'intégrale renferme, hors de la fonction arbitraire, une seconde variable qui doit être traitée comme constante dans l'intégration , ce que M. Ampère appelle avec raison une intégration partielle. divise les intégrales des équations aux différences partielles en deux classes : la première, dont il s'occupe presque exclusivement, comprend toutes les intégrales qui ne renferment pas les fonctions arbitraires sous des signes d'intégrations partielles ; la seconde se compose de toutes celles qui contiennent des intégrales partielles , lesquelles peuvent être d’ailleurs des intégrales indéfinies ou des intégrales définies prises par rapport à une variable qui n’entre pas dans l'équation différentielle donnée. Ces deux classes d’intégrales se distinguent l’une de l'autre en ce que, relativement à celles de la première classe, le nombre de nou- velles arbitraires qui paraissent à chaque ordre de différentiation ne peut jamais surpasser celui des fonctions arbitraires distinctes que l'intégrale contient, ce qui n’a pas lieu par rapport aux intégrales de la seconde classe. D'après cette propriété, et en s'appuyant toujours sur le principe ci-dessus énoncé, M. Ampère démontre qu'une inté- grale de première classe, pour être générale et sous forme finie, doit contenir un nombre de fonctions arbitraires distinctes égal à celui qui marque l’ordre de l'équation aux différences partielles à laquelle elle correspond. On a déjà remarqué qu’au-dela du premier ordre il existe des équations dont les intégrales générales renferment un moindre nombre de fonctions arbitraires; il faut donc ,en vertu de ce nouveau théorème, que ces intégrales n’appartiennent pas à la première classe, et en eflet celles qu’on a trouvées jusqu'ici sont exprimées en séries ou sous forme d'intégrales définies (1). (1) Journal de l'Ecole Polytechnique, treigième cahier, page 109, et quinzième cabier , page 242, (109 ) Lorsqu'on différentie successivement une intégrale de première classe, il n'arrive pas toujours que les nouvelles arbitraires qui dé- rivent des fonctions qu’elle renferme se présentent dès les premières différentiations. M. Ampère examine à quoi tient cette circonstance, puis il démontre que si une dérivée paraît pour la première fois dans une différence partielle d’un certain ordre, elle sera en même tems contenue dans toutes celles du même ordre, et qu'il y aura une arbi- traire de plus dans chaque ordre plus élevé. Ce théorême n'admet d’ex- ception que dans le cas particulier où la quantité contenue sous une fonction arbitraire se réduit à l’une des deux variables indépendantes de l’équation aux différences partielles donnée. Il sert à M. Ampère pour résoudre, sans supposer aucune intégration, un problême que nous 2e pouvons point indiquer dans cet extrait, et qui est relalif à la forme de l'intégrale dont est susceptible uñe équation donnée. Quand une intégrale est exprimée sous forme finie, il est évident quelle perdrait cette propriété si l’on venait à changer les quantités renfermées sous les fonctions arbitraires. Ces quantités ne peuvent denc pas être prises au hasard, et, au contraire, elles doivent avoir un caractère particulier qu’il serait important de connaître. M. Ampère le détermine en eflet dans le cas où l'intégrale est supposée appartenir à la première classe ; il trouve alors, quel que soit l’ordre de l’équation donnée aux différences partielles, des équations du premier ordre auxquelles doivent satisfaire les quantités contenues sous les fonctions arbitraires dans son intégrale. Ces équations $ont celles que M. Monge a données pour déterminer les courbes qu’ appelle caractéristiques, et qui sont, comme on sait, les lignes trés- remarquables suivant les- quelles deux surfaces différentes qui répondent à une même équation aux différences partielles peuvent avoir, sans se confondre, un contact d’un ordre aussi élevé qu'on voudra. P. AAA AA A A Recherches chimiques sur les corps gras, et or és sur leurs combinaisons avec les alcalis. Troisième MÉMOIRE, De la saponification de la graisse de pore, et de sa composition. M. Caevreus ayant obtenu, par la saponification de la graisse, 1.° une masse savonneuse formée de margarine, de graisse fluide, d'huile volatile et d’un principe orangé; 2.° une eau mère contenant du principe doux des huiles, de l’acétate et du sous-carbonate de Livraison d'octobre, 15 Cuire. Institut, 1813, ? ( 110 ) polasse, recherche dans ce Mémoire si ces composés sont tous des produits essentiels de la saponification, et s'ils existent tout formés dans la graisse. 11 fait voir que l'acide acétique est un produit accidentel, car 190 grammes de graisse saponifiée par la potasse à la chaux, n'ont donné qu'une quantité d'acide représentée par of,o1 d’acétate de barite, tandis que le même poids de graisse saponifiée par la potasse à l'alcool, dont on s'était servie pour faire le savon qui a été l’objet de l'analyse rapportée dans le deuxième Mémoire de l'auteur, a donné une quan- tité d'acide représentée par 0f,15 d’acétate. Îl en est de méme de l'acide carbonique, car 16,5 de graisse sa- pouifiée, dans une cloche renversée sur le mercure, par 10 grammes de potasse qui contenait 50 centimètres cubes de gaz acide carbonique, ont donné un savon dont lacide muriatique a dégagé 31 centimètres vubes de ce gaz. Le gaz oxigène n'est point nécessaire à la saponification , puisqu'une solution de potasse faite avec de l’eau qui a bouilli pendant long-tems, saponifie très-bien la graisse qui a éprouvé une fusion prolongée, et qui a été soustraite au contact de l'air. Les résultats précédents étant absolument négatifs pour la théorie de la saponification, M. Chevreul établit un parallèle entre la graisse uaturelle et celle qui a été saponifiée, Graisse naturelle. Elle est blanche, l'odeur en est faible. Un thermomètre plongé dans la graisse fondue à 50°, descend à 25,93, il reste quelque tems sta- tionnaire, et remonte à 27° quand on l'agite avec la graisse. 100 grammes d'alcool bouillant à 0,816, n'ont pu dissoudre que 25,80 de graisse. La graisse n’a aucune action sur le tournesol. É 100 grammes de graisse saponi- fiée produisent 45,42 de matière soluble dans l’eau. Graisse saponifiée. Elle a une légère couleur citrine, une odeur désagréable. Un thermomètre plongé dans cette graisse fondue à 50°, descend de 40 à 59, et remonte à 40,5 par l'agitation. À la température de 60°, 100 grammes d’alcool bouillant ont dis- sous plus de 200 gr. de graisse sa- ponifiée. La graisse saponifiée rougit for- tement le tournesol. La graisse saponifiée s’unit à la potasse avec la plus grande facilité sans rien céder à l'eau et sans éprouver de changement sensible, de sorte que la graisse éprouve, par une seule saponification, tous les (xx à) changemens qu'elle peut recevoir de l’action des alcalis. La graisse sapomiiée est formée de margarine et de graisse fluide, car, en la favant avec l'alcool, on obtient des cris- taux de margarine presque pure, puisqu'ils ne se fondent qu'a 51,5. Le peu de rapport qui existe entre la graisse saponifiée et la graisse naturelle, semblait indiquer que la graisse éprouvait un changement de mature de la part de l’alcali, car 1l était peu vraisemblable que la graisse naturelle fût un composé de principe doux et des corps trouvés dans L1 graisse saponifiée. Pour savoir jusqu’à quel point cette opinion était fondée, M. Chevreul fut conduit à examiner la graisse sous le rapport de sa composition immédiate. d Ayant traité cette substance par l'alcool bouillant un grand nombre de fois, et ayant séparé la portion qui se déposait par le refroidissement de la liqueur, de celle qui restait en solution, M. Chevreul est parvenu à séparer de la graisse deux substances principales, dont l’une se fondait eutre le 36 et Le 38°, et l’autre entre le 7 etle 8°. Ces deux substances. étaient peu solubles dans l'alcool , Car 100 p. de ce liquide bouillant n'en ont dissous que 1,8 de la première, et 3,21 de la seconde; elles n'avaient aucune espèce d'action sur le tournesol, et ne différaient guère de la graisse naturelle que par leur fusibilité; d’an autre côté chacune d'elles donnait, par la saponification, les mêmes produits que la graisse d’où elles avaient été extraites, mais ces produits étaient en des proportions différentes; ainsi on obtenait de la première peu de principe doux, peu de graisse fluide et beaucoup de margarine ; de la seconde, peu de margarine, une quantité notable de principe doux, et beaucoup de raisse fluide. Puisqu’on retrouve dans Les deux substances provenant de la graisse toutes les propriétés de cette matière , il en faut conclure qu'elles n’ont point éprouvé d’altération dans le cours des procédés employés pour les séparer l’une de l'autre, que conséquemment il faut les regarder comme des principes immédiats , et qu'il y a entre elles le même rapport de propriétés qu'entre la margarine et la graisse fluide. M. Chevreul termine son Mémoire par la considération suivante sur la saponification. Les principes immédiats qui constituent la graisse ne paraissent pas susceptibles de s'unir directement à la potasse ; pour que cette union ait lieu, il est nécessaire qu'ils éprouvent un change- ment dans la proportion de leurs élémens. Or ce changement donne naissance à trois corps au moins, la margarine, lu graisse fluide et té rniné ete rnaredens) 1 8 1 4. CHimir, Iosutut, Août 1814. (era ) le principe doux; et ce qu'il faut remarquer, c’est que ce changement à lieu sans qu’il y ait absorption d'aucun corps étranger à la graisse, et sans qu'il y ait une portion d’un de ses élémens qui s’en sépare, de sorte: que ces élémens se retrouvent en entier dans les produits de la sapo- nification combinés dans un ordre différent de celui où ils l’étaient dans la graisse. Puisque le changement de proportion d’élémens que subissent les principes immédiats de la graisse est déterminé par l'action de l’alcali, il estévident que tous les principes de nouvelle formation, ou le plus grand nombre , doivent avoir beaucoup d’afhinité pour les bases solifiables. Or c’est ce qui distingue sur-tout la margarine, la graisse fluide et même le principe doux, des principes de la graisse non saponifiée. Comme l'idée que nous avons de lacidité est inséparabie d’une grande affinité pour les alcalis, il s'ensuit que des corps dont la formation aura été déterminée par l’action de ces agens, devront posséder plusieurs carac- tères des acides; dès lors la grande affinité de la margarine et de la graisse fluide pour les bases salifiables, la propriété qu’elles ont de rougir le tournesol, de décomposer les carbonates alcalins pour s'unir à leur base, n’ont plus rien de surprenant, et conduisent naturelle- ment à ce résultat, que si l’on fait dépendre l'acidité d’une grande tendance à neutraliser les propriétés alcalines, des corps opposés de nalure aux acides oxigénés pourront la posséder aussi bien que ces. derniers. C. RAA AA AS AAA ASS AS Mémoire sur l'Iode ; par M. Gay-Lussac. IL y a déjà plusieurs années que M. Courtois découvrit en France; dans la soude de varec, une substance qui se volatilisait en vapeur pourpre, et qui était douée de propriétés qui la distinguaient des corps: connus. Au commencement de 1812, il fit part de sa découverte à MM. Clément et Desormes, qui l'annoncèrent publiquement à l'Institut, le 20 novembre 18:15, dans une note composée de leurs propres ob- servations et de celles de M. Courtois. Dans la séance du 6 décembre, M. Gay - Lussac, qui avait recu quelques jours auparavant, de M. Clé- ment, une certaine quantité de la nouvelle substance, avec l'invitation de l'examiner d’une manière spéciale, lut un Mémoire dans lequel il établissait Les rapports qu’elle avait avec le chlore, et proposait de lui donner le nom d’iode. Les rapprochemens que M. Gay - Lussac avait faits furent pleinement confirmés par M. Davy, qui se trouvait alors. à Paris, et qui consigna ses observations dans une lettre datée du rx décembre, qui fut lue à l’Institut le 15 du même mois. Depuis cette: Une époque, M. Gay-Lussac s’est livré à une suite de travaux exfrémement importans dont nous allons rendre compte. Ils ont été le sujet de plu- sieurs lectures faites à l’Institut dans les premières séances du mois d'août. Propriétés de l’Iode. L’iode à l’état solide est d’un gris noir; à l’état de vapeur, d’un très- beau violet, Il a une odeur analogue à celle du chlore, et une saveur âcre. Il cristallise en paillettes , en lamies rhomboïdales , et en octaèdres alongés. 11 est friable, et susceptible d’être porphyrisé. 11 détruit les couleurs végétales, mais avec moins de force que le chlore. A la température de 17°,il a une pesanteur spécifique de 4,948. Il se fond à r07°, et se volatilise, sous la pression de 0",76 de mer- cure, entre 175 et 180°. Il n’est pas conducteur de l'électricité. Il n’est point inflammable; on ne peut même le combiner directe- ment avec l'oxygène. M. Gay-Lussac le considère comme un corps simple, et le place entre le chlore et le soufre, parce qu'il a des aHinités plus fortes que celui-ci et plus faibles que le premier, et que ses combinaisons ont les plus grands rapports avec celles de, ces corps; comme eux il forme des acides en s’unissant avec l'oxygène et l'hydrogène. M. Gay-Lussac établit la nomenclature suivante, qui nous parait devoir être adoptée à cause de sa simplicité. 11 appelle les combinaisons acides du chlore et de liode avec l'oxygène acides chlo- rique et iodique, et joint le mot hydro au nom spécifique des acides contenant de l’hydrogène. De-là les noms d’acide hydrochlorique, d'acide hydriodique, d'acide hydrosulfurique, pour désigner l'acide mu- riatique, la combinaison d’iode et d'hydrogène, et enfin l'hydrogène sulfuré. M. Gay-Luüssac appelle chlorure et iodure le résultat de la combinaison du chlore et de l’iode avec les combustibles et les oxydes, et il établit en principe que le nom générique d’une combinaison qui est formée de deux élémens susceptibles de s'unir à l’hydrogène doit dériver du nom de l'élément dont l’aflinité pour. l'hydrogène est la plus forte. Le même principe est applicable aux composés dans lesquels il n'y a qu'un élément qui puisse se combiner à l'hydrogène. De la combinaison de l’Iode avec les corps simples, et en particulier de l'acide hydriodique. PHOSPHORE ET I1ODF. 1 phosphore, 8 iode, donnent une combinaison d’un rouge orangé brun, fusible à 100°, volatile. Lorsqu'on la met dans l’eau il y a dé- gagement de gaz hydrogène phosphuré ; formation d'acides phosphoreux 1 8 14. (Car4) et hydriodique ; et un dépôt de phosphore ; Feau reste incolore. 1 phosphore, 16 iode. Matière d'un gris noir, fusible à 29°.— Lors- qu'on la met dans Feau il ne se dégage pas de gaz hydrogène phosphuré, il se produit des acides phosphoreux et hydriodique ; l’eau ne se colore point. 1 phosphore, 24 iode. Matière noire, fusible en partie à 46°. — L'eau la dissout et se colore en brun; elle contient des acides phosphorique et phosphoreux, de l'iode et de l'acide hydriodique. 1 phosphore, 4 iode. Deux composés différens ; lun est analogue à la combinaison de 1 de phosphore et de 8 d’iode ; l'autre, qui est rouge, paraît dépourvu d'iode, et analogue à ce qu'on appelle oxyde rouge de phosphore. HYDROGÈNE ET I1O0DE. C’est avec l’iodure de phosphore, contenant au plus un neuvième de phosphore , qu'on prépare le gaz hydriodique, On met l’iodure dans une petite cornue, on l'arrose avec un peu d’eau, le gaz se dégage, on le recoit dans des cloches alongées pleines d'air, qui sont arrangées comme les flacons d’un appareil de Woulf. On ne peut le recueillir sur le mercure, parce que ce métal le décompose : il se forme de l'iodure de mercure, et il reste du gaz hydrogène pur, dont le volume est la moitié de celui du gaz qui a été déeomposé. Le zinc et le potassium se comportent comme le mercure. Hs gaz hydriodique a l'odeur du gaz hydrochlorique, et une saveur acide. JL à une pesanteur spécifique de 4,443 (1). IL est en partie décomposé par la chaleur rouge. La décomposition est complète s'il est mêlé avec l'oxygène; il en résulte de l'iode et de l'eau, L'iode n’a qu'une très-légère action sur la vapeur d'eau; il en décompose une portion, et produit des acides iodique et hydriodique, qui restent en. dissolution dans l’eau décomposée; l'iode doit donc être placé entre le chlore et le soufre, par la manière dont il agit sux l'eau. Le gaz hydriodique est très-soluble. dans l’eau ; il peut la rendre fumante. La dissolution non fumante a une densité de r,7; elle bout à 128°, On peut préparer l'acide hydriodiqne liquide en recevant le gaz hydrosulfurique dans de l’eau où l’on a mis de l'iode; celui-ci en- lève l'hydrogène au soufre. L'acide hydriodique liquide se colore par le contact de l'air, une portion. de son, hydrogène s'unit au gaz oxy- gène, et l’iode déshydrogéné reste en dissolution dans l'acide qui na pas été décomposé. {1) Par le calcul, M: Gay-Lussac a trouvé 4,4288. ( 119 ) L’acide sulfurique, l'acide nitrique et le chlore enlèvent l'hydrogène à l'acide hydriodique ; il se produit de l’eau , et l'iode est séparé. L’acide sulfureux et l'acide hydrosulfurique ne laltèrent point. L’acide hydriodique, traité par! le peroxyde de manganèse et en gé- néral par les oxydes qui donnent du chlore avec l’acide hydrochlorique, donne de Jl’iode et de l’hydriodate, ou de l'iode et un iodure. 11 donne un précipité orangé avec les dissolutions de plomb, un précipité rouge avec les dissolutions de peroxyde de mercure, un pré- cipité blanc, insoluble dans l’ammoniaque, avec le nitrate d'argent. Les hydriodates ont le plus grand rapport avec les hydrosulfates et les hydrochlorates. Iode et gaz hydrogène. À froid il n’y a pas d'action, à la chaleur rouge la combinaison s'opère. 100 p. d'iode absorbent 0,849 d'hydrogène, Iode etcharbon. Is n’ont d'action mutuelle à aucune témpérature, lode et soufre. Combinaison d’un gris noir, rayonnée; l'iode s'en dégage quand on la distille avec l'eau. , zote et Iode. Ces corps, à l'état libre,ne se combinent point ensemble, mais il n’en est pas de même lorsqu'on met l’ivdure d'ammoniaque (1) en contact avec l’eau ; une portion d’alcali se décompose, son hydro- gène forme de l’hydriodate d'ammoniaque en s’unissant à une portion d'iode et à l’alcali non décomposé, et son azote s’unit à l’autre por- tion diode; le sel ammoniac reste en dissolution, et l’iodure d’azoté se dépose. On obtient le même résultat en mettant de l’iode en poudre dans de l’'ammoniaque liquide. L’'iodure d'azote est pulvérulent et d’un brun noir; il détone par la chaleur et le plus léger choc, en dégascant une lumière violette. L’hydriodate d’ammoniaque et l’eau Le décomposent par l'aflinité qu'ils exercent sur l’iode. L’iodure d'azote a été découvert par M. Courtois. M. Gay-Lussac à trouvé que le poids de l'azote est à celui de l’ivde dans le rapport de 5,8544 à 156,21, ce qui donne en volume le rapport de 1 à 3. Lorsque 4 volumes de gaz ammoniac dissous dans l'eau réagissent sur l’iode, il y en a 1 de décomposé; il donne naissance r.° à 1,5 vo- lume d'hydrogène qui s'unit à 1,5 volume diode , d’où résultent 3 volumes de gaz hydriodique, qui neutralisent précisément les 3 volumes de gaz ammoniac non décomposés ; 2.° à 0,5 d'azote qui s'unit à 1,5 d'iode, ee ne NP ER jen 1 (1) On obtient l'iodure d’ammoniaque en recevant du gaz ammoniac sec dans une cloche où l’on a mis de l’iode. Sur-le-champ les corps donnent naissance à un liquide visqueux tès-éclatant , d’un brun noir. Ce liquide n’est point fulminant, (Colin. ) VON ( 116 ) La force avec laquelle l'iodure d'azote détone tient ‘sur-tout à la rapidité avec laquelle il se décompose, car r gramme de combinaison, à la température o et à la pression de 0,"76, ne produit que 0"",1152 de fluides aériformes. M. Gay -Lussac est porté à croire que la détonation des matières fulminantes qui se décomposent en corps simples tient à ce que ces corps venant à se séparer instantanément, à cause de la faible affinité qui les réunit, frappent l'air ou tout autre fluide avec assez de force pour en faire Jaillir de la chaleur et de la lumière, L'iode s’unit, à une température peu élevée , avec le potassium, le zinc, le fer, l’étain, l’antimoine et le mercure. Pendant que la com- binaison se fait, il se dégage peu de chaleur, et rarement de la lu- mière. Zinc et iode. La combinaison de ces corps est incolore; elle est fu- sible et volatile, elle se condense en cristaux quadrangulaires, et elle est déliquescente, sa solution aqueuse ne éidéilice pas ; les alcalis en précipitent de l’oxyde de zinc, et l’acide sulfurique concentré en dé- gage de l'acide hydriodique et de l'iode, parce qu’il se produit de l'acide sulfureux. On peut considérer l’iodure de zinc dissous dans l’eau comme un hydriodate ou comme un iodure. On obtient une dissolution semblable en traitant l’oxyde de zinc par l’acide hydriodique. L'iode , en réagissant sur le zinc en excès au milieu de l’eau légère- ment chaude, ne donne lieu à aucun gaz; on obtient une liqueur transparente et incolore. En admettant que la combinaison soit à l’état d’iodure , on trouve que 100 diode se combinent à 26,225 de zine D'après ce résultat et la composition de l'oxyde de zinc et de l’eau M. Gay-Lussac établit que le rapport de l'oxygène à l’iode est de 10 à 156,21, celui de l'hydrogène de 1,5268 à 156,21. . Fer et iode. Cet iodure est brun, fusible à la température rouge. IL colore l’eau en vert. Potassium et iode. La lumière qui se dégage pendant la combinaison paraît violette à travers la vapeur de l'iode. Cet iodure prend un aspect nacré en se refroidissant ; sa solution aqueuse est neutre; il est volatil à la température rouge. Etain et iode. L'iodure d’étain est jaune orangé, très-fusible. Mis dans une quantité d’eau sufhisante, il donne de l’oxyde d’étain qui se dépose en flocons, et de l'acide hydriodique qui se dissout. Antimoine et iode. Cette combinaison présente à peu près les mêmes phénomènes que la précédente. Mercure et iode. Ces corps se combinent en deux proportions : la combinaison au minimum d’iode est jaune, l’autre est rouge. Celle-ci contient une quantité d'iode double de la premicre. Les iodures de plomb, de cuivre, de bismuth et argent, ainsi que C117) ceux de mercure, sont insolubles dans l'eau ; ceux des métaux frès- oxydables, au contraire, y sont solubles. Ce résultat peut faire croire que ceux qui sont dans ce dernier cas passent à l’état d’hydriodate quand ils sont en contact avec l’eau. Les acides nitrique et sulfurique concentrés décomposent tous les iodures, ils oxydent le métal, et l’iode est dégagé. Le gaz oxygène, à une température rouge, les décompose tous, à l'exception des iodures de potassium , de sodium , de plomb et de bismuth. Le chlore chasse l’iode de tous les iodures. - L’iode décompose le plus grand nombre des phosphures et sulfures. La composition des iodures est très-facile à déterminer d’après celle de l’iodure de zinc, par la raison que les quantités d’iode qui se com- binent à un métal sont proportionnelles à la quantité d'oxygène que celui-ci absorbe; ainsi 100 parties d'iode se combinent à 26,225 de zinc, qui absorbent 6,402 d'oxygène. Qu’on cherche maintenant la quantité d’un métal quelconque auquel cet oxygène peut s'unir, et l’on aura la quantité de ce métal qui s’unit à 100 d’iode. Un métal peut former autant d’iodures qu’il est susceptible de degrés d’oxydation. Substances oxydées qui agissent sur l’iode à la manière des combustibles. Le gaz sulfureux n’a point d'action sur l’iode, mais quand ces corps ont le contact de l’eau, il se produit de l'acide sulfurique et de l'acide hydriodique, au moyen d’une portion d’eau qui est décomposée ; mais ce résultat n’a lieu qu’à une température basse, car à 128° il se re- produit de l’eau et de l'acide sulfureux. Les sulfites, Les sulfites sulfurés, l’oxyde blanc d’arsenic, et l’hydro- chlorate d’étain protoxydé, déterminent pareillement, avec le concours de l’iode , la décomposition de l’eau. Plusieurs substances organiques hydrogénées cèdent leur hydrogène à l’iode, ainsi que MM. Colin et Gaultier de Claubry l'ont observé. ACTION DE L'IODE SUR LES OXYDES. Æ. ACTION DE L'IODE SUR LES OXYDES SECS. L’iode qu’on fait passer sur les oxydes de potassiitm, de sodium, de bismuth et de plomb, chauffés au rouge obscur dans un tube de verre, en dégage l'oxygène, et forme un iodure avec le métal. Tout l'oxygène des oxydes est dégagé , car si l’on fait l'expérience avec les sous- Livraison d'octobre. 16 1814. C138) carbopates de potasse ou de soude, on obtient 1 volume d'oxygène ef 2 d'acide carbonique : or c’est le rapport dans lequel ces corps se trouvent dans les sous-carbonates. L'iode ne décompose pas le sulfate de potasse; mais quand il est en contact à chaud avec le fluate alcalin de potasse , 11 réduit. l'excès d'alcali en iodure métallique, on obtient de l'oxygène, et le tube de verre dans lequel on a fait l'opération se trouve corrodé. IL est probable que c’est l’action de la chaleur qui décompose le fluate à mesure que l'iode dégage l'oxygène de la, portion d'alcali qui est en excès. Il n’a point d'action sur les peroxydes d'étain et de cuivre, mais il convertit à chaud les protoxydes de ces métaux en iodures métalliques et en peroxydes, sans qu'il y ait dégagement d’oxyaèhe. I! s’unit à la baryte, à la stronfiane et à la chaux sans les ramener à l'état métallique. Les composés sont des sous-iodures analogues aux sous-sulfures de ces bases, | 1] n’a aucuge action sur les oxydes de zinc et de fer. 11 faut conclure de ces faits, À 1.” Que ce n’est pas tant la condensation de l'oxygène dans les oxydes métalliques qui s'oppose à leur réduction par l’iode, que la faible afli- nité de ce principe pour le métal ; | 2.9 Que l'iode est moins puissant que le chlore, car celui-ci chasse l'oxygene de la baryte, de la strontiane, de la chaux.et de la magnésie, et même des sulfates de ces bases, suivant les dernières observations de M. Gay-Lussac ; 5.2 Que l'iode est plus puissant que le soufre, car ce combustible ne désoxyde ni la potasse ni la soude; et s’il réduit un plus grand nombre d’oxydes métalliques que liode, cela ne tient pas tant à son affinité pour le métal qu’à celle qu'il exerce sur l'oxygène pour former un acide LazEUX ; s FL. 4° Que l’iode se rapproche du soufre par son peu d’aflinité pour les oxydes; car, à l'exception de la baryte, de la strontiane et de la chaux, il ne peut rester uni avec aucun autre oxyde à une température Tou?e. B. ACTION DE L'IODE SUR LES OXYDES HUMIDES. 1.0 Sur les Oxydes alcalins. Quand on verse une solution concentrée de potasse sur l’iode, cette substance se dissout avec rapidité ; et la liqueur dépose ube ‘ma- tière blanche sablonneuse qui est formée de potasse et d'acide iodique, et l’eau retient de l'hydriodate de potasse ou de l’iodure de potassium en dissolution. 11 y a deux manières d'expliquer ces résultats. Dans la Crr0) premitre, que nous adopferons, on admief que les deux élémens d'une portion d’eau qui se décompose forment de l'acide iodique et de l'acide hydriodique; dans la seconde, que l'acide iodique se forme aux dépens d'une portion de potasse, et que le potassium réduit forme un iodure avec l’iode qui n’est pas acidihé. Quand l'alcali domine, la liqueur est d’un jaune orangé: quand c'est Fiode, elle est d'un rouge brun très-foncé, parce qu'il y a beaucoup d'iode de dissous dans l’hydriodate, et maloré cela la liqueur est alcaline. 1! parait que la solution saturée d’iode, contient une quantité de cette substance , à l’état de dissolution, égale à celle qui a été acidifiée par les deux élémens de l’eau. La soude se comporte comme la potasse; il en est de même de la barvte, de la strontiane et de la chaux. Les iodates de ces bases étant moins solubles que ceux de potasse et de soude, il est plus-facile de les obtenir à l'état de pureté. On peut cependant obtenir les iodates de potasse et de soude à l’état de pureté par le procédé suivant: on verse sur une quantité déterminée d'iode assez de solution de soude où de potasse pour avoir une liqueur presque incolore; on évapore la liqueur à siccité; on traite le résidu par Palcool à 0,82 de densité, L'iodate n'est pas dissous. On le lave plusieurs fois avec de nouvel alcool; on rassemble toutes les liqueurs aléooliques , on les distille , on obtient un hydriodate alcalin qu’on neutralise par VPacide hydrio- dique. Quand à l’iodate, on le fait dissoudre dans l’eau, on neutralise un exces d'alcali qu'il contient par l'acide acétique, on fait évaporer à siccité, et, au moyen de l'alcool, on sépare l'acétate de Fiodate neutre. 2.” Sur les Oxydes dans lesquels l’Oxygène est condensé, mais moins que dans les précédens. 11 paraît que les oxydes qui ne neutralisent pas complètement les acides , comme ceux de zinc, de fer, etc., n’exercent pas d'afhinités assez puissantes sur les acides de l’iode pour déteriniñer la formation de ces derniers lorsqu'on les met dans l’eau avec l’iede. 3.° Sur les Oxydes dans lesquels l'Oxygène est peu concentré. Quand le peroxyde de mercure est exposé à une température de 60 à 100°,avec de l’eau et de l’iode, il y en a une portion qui est ré- duite à l’état métallique et qui forme du sous-iodure rouge, tandis que l'autre portion s'unit avéc l'acide iodique qui s’est formé, et produit du sur-odate de mercure qui est dissous par l’eau, et du sous-iodate qui reste mêlé avec l'iodure. ( 120 ) L'oxyde d'or traité de la même manière donne de l’iodate acide d’or et du métal réduit. Ces faits ont été observés par M. Colin. De l’Acide iodique. Cet acide n'ayant pu être produit jusqu'ici que par le concours des bases, il s'ensuit qu’on ne peut l'obtenir à l’état libre qu’en le séparant de ses combinaisons salines. Le procédé que M. Gay-Lussac met en pratique consiste à traiter à chaud l’iodate de baryte par l'acide sulfu- rique étendu de deux fois son poids d’eau. Mais quoiqu’on n’emploie qu'une quantité d'acide insuffisante pour neutraliser toute la baryte, on obtient toujours l'acide iodique mêlé d'acide sulfurique, parce que, probablement, dès qu'il y a une certaine proportion d'acide 1odique de PQ celle qui reste fixée à la base surmonte l’aflinité de l'acide sulfurique. 11 parait que l'acide iodique ne peut exister qu’autant qu'il est com- biné avec une base ou avec l’eau; au moins n’a-t-il pu être obtenu que dans l’un ou l’autre de ces états. IL a une saveur aigre, une consistance roue quand il est con- centré ; la lumière ne le décompose pas; une chaleur de 200° le réduit en iode et en oxygène. Les acides sulfurique et nitrique ne le décomposent pas. L'acide sulfureux et l'acide hydrosulfurique en séparent l’iode. L’acide hydriodique le décompose, il se produit de l’eau et de l'iode. e L’acide hydrochlorique concentré le décompose, il se forme de l’eau et il se dégage du chlore. 11 donne, avec le nitrate d'argent, un précipité blanc qui est très- soluble dans l'ammoniaque. 11 reproduit tous les iodates en se combinant avec les bases. L'’acide iodique est formé de Tode : ©) :1-) 700. Oxygène. .… 31,927. Cette quantité est le multiple par 5 de la première quantité d'oxygène qui peut s’unir avec l'iode. Combinaison de l’Iode avec le Chlore. L’iode sec absorbe rapidement le chlore en dégageant une chaleur de 100°. Quoiqu’on fasse passer une grande quantité de chlore sur liode, on obtient deux combinaisons : un chlorure, qui est jaune, et un sous-chlorure, qui est rouge. : (121) Tes deux chlorures sont déliquescens et acides, la solution du chlo- rure est incolore, celle du sous-chlorure est d’un jaune d'autant plus orangé que la liqueur contient plus d'iode ; toutes les deux décolorent la dissolution sulfurique d'indigo. On peut envisager la nature de ces dissolutions de plusieurs manières; mais M. Gay-Lussac est porté à croire que celle de chlorure est formée d'acide iodique et d'acide hydrochlorique, et que la seconde contient de plus de liode. Dans cetle supposition on admet que les chlorures décomposent l’eau. La dissolution de chlorure saturée par un alcali se change com- plètement en iodate et hydrochlorate; la lumière et la chaleur en dégagent du chlore et la convertissent en sous-chlorure; elle dissout de l’iode et devient sous-chlorure. La solution de sous-chlorure n’est décomposée ni par la lumière ni per la chaleur; quand on y met un peu d’alcali, on en précipite de iode; si l’on y en ajoute un excès, on obtient de l’iodate, de Fhydrio- date et de l’hydrochlorate. En sursaturant de chlore le sous-chlorure, et en exposant le mélange dans un flacon où l’on renouvelle l’air pour en dégager l’excès du chlore, on obtient une dissolution de chlorure. L'hydrochlorate de potasse ou de baryte versé dans la solution des chlorures donne de l’iodate et de l'acide hydrochlorique. DES HYDRIODATES. Préparation. Ts peuvent être produits en général par la combinaison directe de l'acide die avec les bases. Ceux de potasse, de soude, de baryte, de strontiane, de chaux, peuvent l'être, ainsi que nous l'avons dit, en faisant réagir les bases et l’iode sur l’eau. Les hydriodates de zinc, de fer et des métaux qui décomposent l’eau peu- vent se faire en mettant dans ce liquide les iodures qu'ils ont formés. Propriétés génériques. Le chlore, l'acide nitrique et l'acide sulfurique concentrés, en séparent l’iode. ï Les acides sulfureux, hydrochlorique et hydrosulfurique, ne les dé- composent pas à la température ordinaire. Ils donnent , avec la dissolution d'argent, un précipité blanc in- soluble dans l’ammoniaque; avec le nitrate protoxydé de mercure, un précipité jaune verdâtre ; avec le sublimé corrosif, un ‘précipité rouge orangé, très-soluble dans un excès d’hydriodate; enfin, avec le nitrate de plomb, un précipité d'un jaune orangé. Tous ces précipités sont des iodures. L’acide borique liquide ne décompose pas les hydriodates ; l'acide hydrochlorique liquide ne les altère pas non plus; mais, à l'état gazeux, il décompose les iodures; son hydrogène se combine à l’iode et forme du gaz hydriodique, et le chlore s’uuit avec le métal, 1814. (2182 ) Hydriodate de Potasse. La solution de ce sel donne des cristaux d'iodure de potassium, parce que l'hydrogène et l'oxygène, qu'on peut supposer unis à l'iode et au potassium, se réunissent pour former de l’eau. L'iodure cristallisé se fond et se volatilise à la température rouge. 100 parties d'eau en dissolvent 143 d'iodure de potassium. On peut concevoir qu'il se reproduit alors de l'hydriodate. L'iodure de potassium est formé: L’hydriodate de potasse : Jode. . . . . 100. Acide hydriodique. +. 100. Potassium. . . 351,342. Poatasse-nuus-troimabsn 20771abs Hydriodate de Soude. 11 cristallise en prismes rhomboïdaux applatis assez volumineux, qui sont très-déliquescens, quoiqu’ils contiennent beaucoup d’eau. Par la dessication ils se changent en iodure de sodium. 100 parties d’eau à 14° en dissolvent 173 d'iodure de sodium. Iodure de sodium. Hydriodate de soude. Tode: WF FAC MC 00! Acide hydriodique. .: 100. Sodium. . . . 19,536. SUAEME ACL 0 0 24,728. Les hydriodates de potasse et de soude sont les seuls qui ne soient pas décomposés par la calcination à Fair, Hydriodate de Baryte. - Il cristallise en prismes très-fins. | Exposé à l'air pendant un mois, il s’est altéré; l'oxygène de Fair à formé de l’eau avec une portion d'hydrogène, et l'iode mis à nu a été dissous par de l’hydriodate non altéré. IL s’est produit en même tems du carbonate de baryte. Chauffé sans le contact de l'air, il se réduit en eau et en iodure de baryum. Si l’on dirige sur cet iodure un courant de gaz oxygène ou d'air atmosphérique, le baryum se convertit en baryte, une portion d'iode se dégage, et l'autre reste fixée à la baryte. L'iode ne réduit pas la baryte, ainsi que nous l'avons dit; mais l'acide hydriodique qu'on fait passer sur cette base donne de l'eau et un iodure de baryum. Cette décomposition a lieu avec un dégage- ment de lumière. à Iodure de baryte. Hydriodate de baryte. TdMURS. le. or E.SMTOE Acide hydriodique. . 100. Baryum. . + + « 54,735. Baryte. +! : 21. . 7 60,627. { 1125 )) Hydriodates de Strontiane et de Chaux. Ils sont très-solubles dans l’eau. Le dernier est très-déliquescent. Par l'action de la chaleur ils se réduisent en iodures métalliques qui ont des propriétés analogues: au précédent, Hydriodaie d'Ammoniaque. I1 se compose de volumes égaux de gaz ammoniac et de gaz hydrio- dique ; il est volatil et déliquescent ; il cristallise en cubes. Quand on le chaufle, 1il y en a ure petite portion qui se décompose. Hydriodate de Magnésie. Il est déliquescent. Chauffé sans le contact de Pair, il laisse dégager son acide, et il reste de la magnésie pure. Lorsqu'on fait chauffer dans de l'eau de l’iode et de la magnésie, on obtient 1.° un précipité rouge puce qui est de l’iodure de magnésie; 2. une dissolution légère d'hydriodate et d'iodate de magnésie. En faisant concentrer cette liqueur, les deux acides se décomposent, par la raison que la magnésie ne les sature point assez fortement pour empêcher l'oxygène de lun de se porter sur l'hydrogène de l'autre ; il se forme de l’eau et des flocons puces d’iodure de magnésie. Les iodates et hydriodates de potasse de soude et même de baryte ne se dècomposent pas mutuellement, quel que soit leur état de con- ceutration; mais la décomposition a lieu pour ceux de strontiane et de chaux. IL est probable que c’est la faible affinité des oxydes de zinc et de fer pour les acides de l’iode qui s'oppose à ce qu’on obtienne des iodates et des hydriodates quand on fait réagir ces oxydes sur l’eau et l'iode. Hydriodate de Zinc. On le prépare en dissolvant liodure de zinc dans l’eau. M. Gay- Lussac n'a pu le faire cristalliser. d Exposé à la chaleur, il se réduit en un iodure qui est fusible et volatil. En se condensant il prend la forme de cristaux prismatiques. Cet iodure est décomposé à chaud par l'oxygène. L'iodure est formé : Hydriodate. oder EM TO) Acide bydriodique. . 100. TinCs cie He 20,225: Oxyde de zinc. . . 32,352. Les hydriodates de manganèse, de nickel, et de cobalt paraissent 1814. (124) solubles, car l’hydriodate de potasse ou de soude versé dans la dissolu- tion de ces métaux n’y fait point de précipité. 11 paraît, au contraire, que toutes les dissolutions des métaux qui ne décomposent pas l’eau sont précipitées par l'hydriodate dé soude , en iodures, ou réduites à l’état métallique. Le précipité de cuivre est d’un blanc gris ; Celui de plomb, d’un beau jaune orangé ; Celui de protoxyde de mercure est d’un jaune verdâtre ; Celui de peroxyde de mercure, d’un rouge orangé ; Celui d'argent est blanc; Et celui de bismuth, marron. La différence d’affinité du chlore, de l’iode et du soufre pour l’hydro- gène peut faire concevoir la raison pour laquelle il y a plus de chlorures solubles dans l’eau que d’iodures, et plus dbBires que de sulfures. Eu effet, ces composés doivent exercer sur l’eau une action d'autant plus forte , toutes choses égales d’ailleurs, que l'hydrogène est plus fortement attiré par l’un des corps du composé. Il n’est dont point étonnant 1.° que parmi les sulfures il n’y ait que ceux formés de métaux très- oxydables, comme le baryum, le potassium, etc., qui décomposent l'eau et donnent naissance à un hydrosulfate ; 2.° que les iodures dont les bases font des hydrosulfates forment aussi des hydriodates, et qu'il en soit de même des iodures de fer, de zinc, et en général des métaux quifdécomposent l’eau; 3.° que presque tous les chlorures soient dans le cas de former des hydrochlorates en se dissolvant dans l’eau. De ces rapprochemens il résulte évidemment que les composés dont nous venons de parler sont d'autant plus propres à former des composés solubles dans l’eau, qu’ils sont formés d’un métal plus combustible et d’un radical doué d’une plus forte affinité pour l’hydrogène. Hydriodates iodurés. Tous les hydriodates, en dissolvant une quantité notable d'iode, prennent une couleur d’un rouge brun ; mais ces composés ne peuvent être comparés aux sulfites sulfurés , car ils perdent l'iode qu'ils ont dissous lorsqu'on les expose à l’air ou à la température de 100°, et la présence one n'apporte aucun changement sensible de com- position dans l'hydriodate. AAA ANR ( 1251) Des lodates. On prépare les iodates alcalins par les procédés que nous avons indiqués plus haut; on peut obtenir les autres espèces par la combi- naison de l'acide avec les bases, ou par la voie des doubles décom- positions. ; A Ja chaleur d’un rouge obseur , tous les iodates sont décomposés ; le plus grand nombre donne du gaz oxygène et de l'iode , et quelques- uns du gaz oxygène seulement. Tous sont insolubles dans l’alcool d’une densité de 0,82. Quelques iodates fusent sur les charbons ardens; celui d’ammoniaque est fulminant. Tous sont solubles dans l'acide hydrochlorique ; il se dégage du chlore , il se forme de l’eau et du sous-chlorure diode. L’acide sulfureux les décompose; il y a formation d’acide sulfurique et l’iode est mis à nu. L'acide hydrosulfurique en sépare l’iode. Les acides sulfurique, nitrique et phosphorique n’ont d'action sur les iodates qu'autant qu'ils s'emparent d’une portion de leur base. Todate de Potasse. Il est en petits cristaux qui se groupent sous la forme cubique. T1 fuse sur les charbons à la manière du nitre:; il est inaltérable à l’air. 100 parties d’eau à 14,25 en dissolvent 7,45 ; il se réduit, à une chaleur rouge, en gaz oxygène et en iodure de potassium neutre. L'iodate de potasse est formé : OSvaenenttepe. fe 122,59 lodure de potassium. . 77,41 pe iode M M58;057 potassium. . 18,475 Or 18,475 de potassium prennent ee d'oxygène pour se conver- ür en potasse, il en reste 18,817 pour la quantité qui sature 58,957 d’iode, d’où il suit que Pacide iodique est formé: En poids de one A R® En volume de À Es A DT ; oxygène. . 31,927 oxygène. . 2,5 D’après ce qui précède, il suit que, quand on dissout l’iode dans la potasse, il se forme pour 100 d’iodate de potasse 386,067 d’iodure de potassium (c’est-à-dire cinq fois plus que n’en donne l’iodate par sa dé- composition ), ou 407,381 d'hydriodate. Todate de Soude. Il cristallise en petits prismes ou en petits grains qui paraissent cu- Livraison de novembre. 17 CRE EEE TEE © ———— ——_û_—— 1814. Insutut, Août 1814. (1 126:) biques ; il fuse sur les charbons, comme le nitre ; il est dépourvu d’eau de cristallisation; 100 d’eau à 14,25 en dissolvent 7,3. I donne à la disullation 24,452 d'oxygène pour 100, et une très petite quantité d’iode ; c’est pourquoi l'odure restant donne une solu- üon aqueuse un peu alcaline. Il conuent : CAPES STE RUES (NUS AONCINE ON Jodure de, sodium. . . . . 75,563 Cet iodate , ainsi que le précédent, peut prendre un excès de base. Les iodates de soude et de potasse A see légèrement par la per- cussion quand ils sont mélangés avec le soufre. L'iodate de potasse ne pourrait remplacer le nitre avec avantage dans la fabrication de la poudre ; puisque la quantité de gaz qu'il donne rela- tivement à celle de ce dernier est dans ke rapport de 1 à 2,5. 139 «402 Jodate d'Ammoniaque. ) On obtient ce sel en saturant l'acide iodique par l’ammoniaque ; il cristallise en peuts grains ; il détone par la chaleur, en répandant une faible Jumière violette, IL est formé : gaz ammoniaque 2 En volume vapeur d'iode. . à OXYSÈNE.l . . - 42, En décomposant ce sel par la chaleur, on obtient de l'eau et volumes égaux d'oxygène et d’azute. acide iodique. . 100 En poids. : I Ammoniaque, . 10,94 Todute de Barite. Il est en poudre blanche pesante; il perd un peu d’eau de cristalli- sation avant de se décomposer par le feu ; il se réduit enfin en gaz oxygène, en vapeur d'iode et en hydrate de barite pur ; il ne fuse pas sur les charbons. 100 parties d’eau en dissolvent 0,16 à 100°, AU OUPS ENTIr LL lee 0,09 ES? Il est composé de : AordecrLutuenth ét ot «AU. 100 Bahiiens UC. mrasrou. 25. 115008 046,540 Jodate de Strontiane Il parait cristalliser en octaèdres ; il donne de l’eau de cristallisation avant de se décomposer par le feu, er se comporte de la même manière que le précédent. ( 127 ) 100 parties d’eau en dissolvent . . :. 0,75 à 106, BU: 20 UN RABAT MEN HN OO 4" LS": Jodaté de Chaux. I! est pulvérulent ; il peut cristalliser en prismes quadrangulaires 100 parties d’eau en dissolvent . . . . 0,98 à 100° CRD AA Cr bel de e sale 202244: 19’, On peut obtenir les autres iodates par la double décomposition. L'iodate d'argent est blune, insolüble dans Veau, ués-soluble dans l'ammoniaque , en quoi il diffère de Fhydriodaté, qui ne s'y dissont as ; l'acide sulfureux, versé dans la solution ammoniacale, en précipie de l’iodure d'argent qui est insolublé dans l'ammoniaqué, L’iodate de zine n'est que twès-peu soluble dans l’eau ; il fuse légè- rement sur les charbons. La dissolution de plornb, de nitrate de mercure protoxydé, de fer, peroxydé, de bismuth et de cuivre, mélés avec liodate de potasse , donnent des précipités blancs, solubles dans les acides, Les dissolutions de mercure peroxydé et de manganèse ne sont pas précipitées. * A n'existe pas d’iodates iodurés. M. Gay-Lussac termine l'histoire des bydriodates et des iodates par examiner si les deux sels quon peut obtenir en faisant réagir l’eau de potasse sur l’iode sont produits dès que l’iode est dissous, ou s'ils ne se forment qu’au moment où une cause quelconque em détermine la séparation. Il adopte Ja première opinion, parce qu'en ajontant un excès d’alcali à deux dissolutions neutres d'iodate et d’hydriodate de otasse, on obtient une liqueur semblable à celle qu'on obtient avec Fes , liode et la potasse, S'il n’y a pas de décomposition, quand on méle deux#dissolutions neutres ele et d'hydriodate de potasse, quoique cependant les deux acides de liode, comme tous ceux produits simultanément par les deux élémens de l’eau, se détruisent lorsqu'on les mêle ensemble, cela tient à ce que l'affinité de la base pour les acides est suffisante pour surmonter celle de l'oxygène pour lhydrogène ; mais elle ne les sur- monte que faiblement, car l'acide carbonique, qui ne décompose pas les iodates et les hydriodates séparément, mis dans le mélange Ep deux sels, décompose une petite portion de chaque sel, et les atides séparés se décomposent réciproquement, mais la décomposition n’est pas com- plète. Ether hydriodique. On méle deux parties en volume d'alcool absolu, et une d'acide hydriodique d’une pesanteur de 1,700 de densité; on distille au bain- À ( 128 ) marie ; on obtient un produit neutre, qui est l’éther hydriodique ; on le purifie en l’agitant avec Peau ; il tombe au fond de ce liquide. Le résidu de la disullauon contient de l'acide hydriodique et de l'eau. L'éther hydriodique est neutre; il est incolre ; il a une odeur éthérée particulière ; il se colore au bout de quelques jours, parce qu'il y a de l'iode qui est mis à nu; la potasse et le mercure le décolorent sur-le- champ. Il a une densité de 1,9206 à la température de 22°,5. Il bout à 64°, Il n'est point inflammable; le potassium s'y conserve uès-bien ; la potasse ne l’alière pas, à moins que cela ne soit peut-être à la longue; l'acide sulfurique le brunit promptement ; les Dee niwique, sulfureux et le chlore ne le décomposent pas. Quand on le fait pssser dans un tube rouge, on obtient un gaz in- flammable carburé, de l'acide hydriodique uès-brun, un peu de char- bon, et un produit très-remarquable que M. Gay-Lussac considère comme une espèce d’éther formé d’acide hydriodique et d’une matière . végétale diflérente de l'alcool. Cet éther est moins odorant que l’éther hydriodique proprement dit; il est insoluble dans la potasse et les acides ; il se End dans l’eau bouillante, et par le refroidissement il se fige en une matière qui ressemble à la cire blanche, et se volaulise à une température plus élevée que l’éther bydriodique, Conclusions générales. 1.” L'iode est un corps simple. 2.° On doit le placer entre e chlore et le soufre. 5.° Il parait que plus un corps condense l'oxygène , et moins il con- dense l’hydrogène ; ainsi le carbone a plus d’aflinité pour l'oxygène que le soufre, le soufre plus que l'iode , et l'inde plus que le chlore , tandis que c’est abSolument l'inverse pour l'hydrogène. : 4.° L’azote doit être rangé parmi les comburens, immédiatement . le soufre, parce que l'acide nitrique ressemble aux acides iodique et chlo- rique par la facilité avec laquelle il se décompose, et parce que l’azote prend, comme le chlore et l'iode, deux fois et demie son volume d'oxygène. 5.° Quelques iodates se rapprochent entièrement des chlorates, mais la plupart ont plus d’analogie avec les sulfates. Les iodures, les sulfures et les chlorures se comportent en général de la même manière avec l’eau ; et l’action du soufre, de l'iode et du chlore sur les oxydes , avec ou sans le concours de l’eau , est entièrement semblable. PA AA RS (129) Mémoire sur les combinaisons de l’Iode avec les substances végétales et animales; par MM, CoziN et H. GAULTIER DE CLAUBRY. 1.° Zode et substances organiques formées de carbone , d'hydrogène et d'une proportion d'oxygène plus grande que cette nécessaire pour con- vertir l'hydrogène en eau. A froid il n’y a pas d'action; à une température suflisante pour dé- composer la matière organique, il se produit de l'acide hydriodique. Lorsqu'on fait bouillir le mélange dans l’eau, il se dégage de la vapeur d’iode ; et si la matière organique est soluble, elle est dissoute sans éprou- ver d’altération, 2.° Jode et substances organiques formées de carbone d'oxygène et d’une quantité d hydrogène plus grande que celle nécessaire pour convertir l'oxygène en eau. Lorsque ces corps sont en contact, soit à la température ordinaire, soit à celle de 100°, il se forme de l'acide hydriodique qu’on peut en séparer au moyen de l'eau. Telle est l’acuon de l'iode sur le nee les huiles fixes et volatiles, l'alcool, l'éther et les graisses ani- males. 5.° Jode et substances végétales formées de carbone , plus d'oxygène et d'hydrogène dans les proportions qui constituent l’eau. A froid il y a formauon de composés plus où moins colorés, dont l’eau bouillante ne dégage ie d’iode ou n’en dégage qu’une portion ; à la température de 100°, il ne se produit pas d'acide hydriodique, mais il s’en forme à la température où la substance végétale peut se dé- composer. . La combinaison la plus remarquable qu'on ait observée est celle d’iode et d’amidon. Ces corps s'unissent en deux proportions , la combi- naison neutre est bleue ; celle avec excès d’amidon est blanche, c’est un sous-iodure. On faitla première en triturant de l’amidon sec avec un excès d'iode également sec Les matières deviennent noires; on les dissout dans la potasse , et on sature l’alcali par un acide végétal : le composé bleu d’a- midon est précipité. Le salep, l'empois, le mucilage de racine de guimauve , la fécule de la pomme de terre, se comportent comme l’amidon. 1 8 14. Institut. 21 mars 1814. Boraxique. Institut, Juin 1814. ( 130 ) Le composé bleu est dissous par l’eau froide ; la dissolution est vio- Jette , elle devient bleue par un excès d’iode. Si l’on fait bouillir pendant un tems suflisant cette combinaison d’amidon et d'iode avec l’eau, elle »erd de l’ivde, se décolore, et la combinaison blanche est produite. La cohition évaporée laisse un amidon un peu jaunâtre, qui repasse au bleu’si Fon y ajoute l'iode qu'il a perdu. L'acide nitique, le chlore, Facide sulfurique très-concentré, un courant de gaz hydrochlorique , font reparaitre la couleur bleue de la dissolution qui a été décolorée par la chaleur, alors ils se combinent ou ahèrent l'excès d’amidon. L'acide sulfureux décompose la combinaison d'iode et d’amidon :; celui-ci se dépose, et il se produit de l'acide hydriodique et de l'acide sulfurique. L’'acide nitrique concentré la décompose en réagissant sur Famidon. L'hydrogène sulfuré la décompose ; il se précipite de lamidon et du soufre, eu il reste dans la liqueur de l'acide hydriodique. La potasse, la soude dissolvent la combinaison Héue alcaline. Les auteurs du Mémoire considèrent la liqueur comme des dissolutions de sous-iodure d'amidon et d’iode dans la potasse. L'alcool froid convertit la combinaison bleue en sous-iodure ; à une température voisine de l'éballition , il sépare tout l'iode de lamidon à l'état d'acide hydriodique. Un corps huileux ajouté à Falcool accélère Ja décomposition. C. RAA AS AS SA Sur les organes de la fructification des Mousses ; par M. Pauissor DE BEAUVOIS. Survawr M. de Beauvois : 1. La poussière qu'Hedwig et ses sectateurs regardent comme des séminules dans les Mousses , ressemble d'abord à une pâte molle, de même que Le pollen des anthères des phénogames (1). 2.° Cette pâte se change insensiblement en Po 5.° Les grains de ceute poussière sont unis les uns aux autres par de petits filamens, et on yÿ aperçoit plusieurs loges ( ordinairement (1) ILest très-vrai que dans les Mousses , aussi bien que dans les Eycopodiacées , la poussière qui passe, généralement, pour un amas de séminules, forme d'abord une masse pâleuse ; il est vrai aussi que les ovules des phénoyames n'ont jamais offert ce caractère: mais cela ne prouve point du tout que la poussière des Mousses et des Lycopodiacées ne puisse reproduire des Mousses et des Lycopodes. É t ne CET SEE AE SEE Gasr) TT wois ) remplies d’une liqueur comparable à l’eura seminalis (y: 181 4 4° Ces grains sont entremèlés d’autres grains opaques, ovoïdes, qu'il ne faut pas confondre avec de petits Corps transparens de formes va- riables, que l’auteur soupconne être sortis des grains de la pous- sière (2). hs 5.° La columelle d'Hedwig varie de forme dans les genres diflérens , et varie peu dans l'intérieur d’un mène genre (3). Elle est surmontée d'une espèce de chapiteau, qui se prolonge jusque dans fopercule er tombe avec lui. Jamais la poussière n’est atiachée à ce corps central (4). 2 ————— (x) La poussière des Lycopodiacées est composée, de même que celle des Mousses , d'un nombre infini de petits globules. Par l'effet de la maturité, chaque grain de la poussière des Lycopodiacées se parlage en trois, quatre; cinq segmens de sphère. Cette séparation s'opère sous les yeux de l’observateur, qui, après avoir semé ces petits corpuscules sur l'eau, les examine à l'aide du microscope. Au moment où les sermens se désunissent , il semble que les grains éclatent. Voilà, je pense, ce qui a fait dire à M. R. Brown, que la poussière des Lycopodiactes éclataït sur l’eau comme le pollen. Cependaot il y a une grande différence daus la manière dont se comporte la poussière séminale et celle des Lycopodiacées Chaque grain de pollen, formé d’un tissu cellulaire trés-délicat, crève en un point quelconque, et la liqueur qu'il contient s'écoule par l'ouverture et s'élend sur l’eau comme uue goutte d'huile. Quand la petite bourse est bien vidée, elle devient transparente , el quelquefois elle se déforme. La poussière des Lycopodiacées ne crève point; elle se divise en un petit nombre de corpuscules opaques et auguleux ; et c'est dans cet état de div sion qu'on la trouve fréquemment daus les capsules arrivées à maturité. Ne pourrait-on pas soupconner que les loges observées par M. de Beauvois , dans les grains de la poussière des Mousses indiqueraient une organisalion analogue à celle des grains de la poussière des Lyco- podiacées ? A la vérité, M de Beauvois dit que les loges des grains des Mousses paraissent remplies d'une humeur quon ne peut mieux comparer qu'à l'aura seminalis, observé par Néedham et} lusieurs autres physiciens, dans la poussière Ces anthères des végé- taux phanérogames ; maïs celle observation a été faite probablement avant l’enticre maturité des grains, à une époque où toute leur substance approchait de l’état mucila- gineux ; et pour ce qui est de la ressemblance de la liqueur avec Foura seminalis, je n’en puis rien dire, car, quoique j aïe observé le pollen d'un grand nombre de végelaux, je n'ai jamais remarqué que l'aura seminalis différât sensiblement, avant son émission, de toute autre liqueur incolore et transparente. C'est en s’échappant comme un jet, et en s'étendant sur l’eau à la manière d’une goutte d'huile, que cette liqueur se caractérise. Elle est chargée souvent de petits grains moins lransparens, qui quelque- fois disparaissent apres plusieurs secondes. J'ignore si la poussière des Mousses a offert à M. de Beanvois les mêmes phénomènes; il ne s'explique pas à cet égard. (2) Les grains opaques et les grains transparens mêlés à la poussière ne seraient-ils pas des séminules avortées ? Je soumets celte facon de voir au jugement de M. de Beauvois. (5) Il en est souvent de même du placenta, que Linné désigne sous le nom de colu- melle. Voyez, par exemple , la famille des Primulacées. (4) La poussière est attachée à de petits filamens, mais ces filamens, où sont-ils allachés ? Serait-ce à Ja paroi qui circouscrit la cavité de l'urne ? M. de Beauvois n'en ( 182) 6.° Après la chute de l’opercule et du chapiteau, le corps central est percé à Son sommet, sans doute, dit M. de Beauvois, pour faciliter la sortie des petits grains qu'il contient (r). De tous ces faits l’auteur se croit en droit de conclure, 1.° que la poussière contenue dans l’urne des Mousses ne peut pas être la graine de ces plantes ; 2.° que le petit corps central ne peut pas être une simple columelle, puisque la poussière n’y est jamais atiachée, et que ce corps lui-même est rempli d'une autre poussière. (2) Linné a dit, dans son PAtosophia botanica : Semina sunt aut nidu- lantia, aut suturæ adnexa, aut columellæ affixa , aut receptaculis insi- dentia ; ox, la poussière des Mousses n'a point ces caractères, et elle offre ceux de la poussière fécondante, donc on ne saurait la regarder comme un amas de séminules. Tel est en substance le raisonnement de M. de Beauvois. Cet observateur déclare qu'il n’a jamais vu s'ouvrir les bourses membraneuses qu'Hedwig nomme des anthères; mais il ne nie pas qu'elles ne puissent s'ouvrir, il ne nie pas non plus qu’elles ne puissent lancer une poussiere. Il pense seulement qu'on ne saurait conclure de ces faits que les bourses soient, dans les Mousses, les représentans des anthères des phénogames. Pourquoi ne er de plutôt, dit-il, des capsules dont les graines sortent avec une espèce AT au moment de leur maturité, comme cela arrive dans certaines plantes (5)? Il ya dit rien. Comme il faut bien que ces flamens tiennent originairement à quelque chose, tant que les points de leur insertion seront inconnus, on ne pourra pas affirmer qu'ils n’ont jamais eu de liaison avec la columelle. Au reste ceci est peu important pour éclaircir le fond de la question. (1) J'ai vu dans le Bryum scoparium, l'espèce de chapiteau que M. de Beauvois com- pare à un sligmale, el j'avoue que rien à mes yeux n'autorise celle comparaison ; mais il y a des stigmates de tant de formes, que je ne serais pas surpris qu'il y en eût de semblables à ce chapiteau. (2) L'intérieur de la columelle est formé d’un tissu cellulaire. Dans les loges de ce tissu , qu'Hedwig a pris mal à propos pour un réseau, on découvre souvent des grains extrémement petits. Hedwig les a observés le premier. M. de Beauvois a confirmé l'observation d'Hedwig ; mais il pense qne ces grains sont des séminules, et que la columelle est un pistil. J'avoue que je ne partage pas ce sentiment. M. de Beauvois m'a montré ces petits grains, el ils m'ont paru tout à fait semblables aux corpus- cules amilacées ou résineux qu’on trouve quelquefois dans le tissu cellulaire des phé- nogames. J’ajouterai qu'il n'y a aucun exemple, dans les phénogames, de pistil qui, arrivé à sa maturité, soit remplide tissu cellulaire ; et de graines qui, à aucune époque, soient logées dans les cellules mèmes de ce tissu. Cette disposition des germes repro- ducleurs ne se trouve guère que dans le Lycoperdon et autres Gasteromiques , plantes de l'ordre le plus inférieur ; mais M. de Beauvois veut que la poussière de ces plantes soit un pollen, ainsi il éloigne la seule analogie qui pouvait forlifier son opinion. (5) Hedwig voulant établir les rapports qui existent entre les parties mâles des phé- (335) deux organes qui paraissent destinés à la génération, l’urne et la pe- tite bourse ; nécessairement, de ces deux organes, l’un est la porc male et l’autre la partie femelle (1). L'observation démontre que lurne n'est pas la pas femelle ; elle est donc la partie mäle, et la bourse la partie femelle. : C’est au mois de juin qu’on a observé l'explosion des prétendues an- thères du Polytrichum commune ; mais à cette époque Furpe est mure, sa poussière se disperse, et l’action des anthères deviendrait inutile (2). Nouvelle preuve que les bourses ne sont pas des anthères. A la vérité, Hedwig déclare qu'il a vu germer la poussière du Funaria hygrometrica ; mais il y a de petits corps opaques mêélés à la poussière ; ces petits corps sont de vraies sénuinules, et ce sont eux qu'Hedwig « vus germer (5). nogames et celles des Mouses, a eu tort de désigner les bourses membraneuses de ces dernières sous le nom d'anthères. L'anthère est un petit sac qui contient le pollen, et le pollen renferme la liqueur fécondante. Or, les bourses membraneuses des Mousses contiennent une liqueur el non pas une poussière, el ces bourses sont à nu; pat conséquent, si nous devons chercher les organes mäles dans ces corpuscules, nous y trouverons les analogues des grains du pollen. M. de Beauvois ne serait sans doute pas disposé à ÿ voir des capsules remplies de semences , s’il avait observé leur explo- sion; il pourrait bien encore nier que ce sont des grains de pollen , mais il conviendrait u moins que l'illusion est complète: c’est lout ce que je prétends prouver ; car je n’apercois dans tout ceci qu’une suile d'hypothèses plus ou mojns probables, et rien de plus. (1) Sans doute, si le développement d'organes sexuels est une condition d'existence indispensable dans les Mousses, mais si les Mousses n’ont point de sexes, comme le veulent plusieurs habiles botanistes , le raisonnement de M. de Bcauvois n'a plus de fondement. Je le répète, l'opinion que les cryptogames de Linné ont des parties mâles et femelles est purement hypothétique. (2) De tous les argumens de M. de Beauvois contre le système d'Hedwig, celui-ci me parait, sinon le plus fort , du moins le plus séduisant. Comment admettre, dit-il, que les bourses membraneuses du Polytrichum sont des organes mâles, quand nous voyons qu'elles ne sont en état de lancer leur liqueur que lorsque les séminules, arrivées à maturilé , ne sauraient éprouver leur influence ? ... Ce raisonnement n’est cependant que spécieux. Un organe quelconque peut manquer dans une espèce ; ou bien il peut exister el ne pas remplir les fonctions pour lesquelles il semble avoir été formé ; où encore il peut exister et remplir ses fonctions. Si donc il élait démontré que les bourses membraneuses du Polytrichum ont tous les caractères apparens du pollen , il deviendrait très-probable que ces bourses sont des organes mâles, quoiqu’elles soient iuuliles à la fécondité des pistils; or, la ressemblance des bourses membraneuses du Polytrichum avec le pollen n’est pas douteuse. (5) I est certainement plus aisé d'observer la germination d’une fève ou d’un gland que celle d’une séminule extraite de l'urne du Funaria hygrometrica ; mais les obser- yations d'Hedwig ont été faites avec un soin et une patience admirables ; il a dessiné la germination de la sémioule à différentes époques , ct il nous montre cette petite graine encore attachée à la plantule qu’elle à produite. Il n’y a guère d'apparence Livraison de novembre. 18 1814. Ouvrage nouveau. (154 ) ‘Une columelle ‘sert de support au grain. Ecoutons Linné : columella est pars connecténs parietes tnternos cum semintbus. Semina columellæ affixa. Mais la poussière de Furne n’est point attachée au corps central qu'Hedwig a nommé columelle , et:ce ‘corps a toutes les xpparences d’un oyaire surmonté de son stigmale; d’ailleurs , il contient de petits grains. Hedwig lui-même les a vus, et'les a représeniés fixés ‘anx lignes d’un réseau intérieur ; ne parait-il donc pas évidentque cette prétendue co- Jumelle est le véritable organe femelle des Mousses (1)? B. M. RSR ASIA SAS SAS L'Attraction des Montagnes et ses effets sur les fils aplomb ou sur les niveaux des instrumens d'astronomie , constatés et dé- terminés par des observations astronomiques et gcodésiqtres Jaites en 1810, à l'ermitage de Notre-Danie-des- Anges, sur le Mont de Mimet, et au fanal de l'ile de Planier, près de Marscille, etc. ; par Le baron be Zac. ( 2 vol. in-8° , impri- més à Avignon en 1814.) La première tentative qu'on‘ait faite pourévaluer la déviation qu’une montagne peut occasionner dans la direcuon du fil aplomb date de 1758; c'est-à-dire de l'époque où nos académiciens mesuraient le degré du Pérou ; le voisinage (is Chimborazo semblait singulièrement prapre à ce genre-de recherche. Bouguer avait trouvé , par'un ealeul approxi- matif , et en’supposanit la montagne entièrement solide , que lefier sur- passserait 1507; mais malheureusement-les chservations donnèrent un nombre beaucoup plus peut, puisque la double déviation fut seulemertt de 15”; du reste ,s1, vu la pettesse du quart de cercle donton se ‘servait eules discordances'des mesures de ar on'peut à peine -conclure de ce travail que la montagne avait exercé une action sensible sur le‘fil aplomb, à plus forte raison n'est-il pas permis de compter sur l'évalua- on numérique de l'effet. M. Maskelyne ayant entrepris , -en 1775, une semblable opération sur la montagne Schehallien en Ecosse trouva, à l'aide -dlun excellent qu'il ait confondu deux espèces de grains qu'il connaissait fort bien, et qui ent, d’après M. de Beauvoisdui-mème, des caractères très-distincts. (1) Je.ne prétends point que le système d Hedwig ne doive laisser aucun doute, mais je crois que, jusqu'à présent, c'est encore le seul qui offre quelques probabilités. Les objections de M. de Beaurois, toutes puissantes qu’elles sont ,ne le renversent pas. Girab secteur de dix pieds, que la déviation s'était élevée à 5”,8. Depuis éeute époque les astronomes ont fait jouer un grand rôle aux atrac- tions locales, et ont expliqué par là des discordances que, très-souvent, ileût été peut-être plus naturel d’atiribuer à de simples erreurs d’obser- vation ; C'est ainsi, par exemple, que le père Liesganig rejetait sur Fat- traction des montagnes de Syrie les fautes grossières qu'il avait com- ‘mises daus toutes les parties de son üpération ; M. Zach à démontré récemment qu'il s'était glissé de graves erreurs dans la mesure du degré du Piémont : jusqu'alors l’action du mont Rosa avait tout expliqué. On voit par ce peu d'exemples que la question que M. Zach a traitée dans son ouvrage, se lie aux recherches jes plus délicates de l'astronomie, et qu’elle mérite toute l'attention des savans. Au sud-ouest de Marseille, et à 16 mulle mètres du continent, se trouve une petite île qu'on appelle Planter, et qui n’est qu'un large rocher isolé et à fleur d’eau; au nord de la même ville, et à une distance de 15 ou 16 mille mètres , existe une montagne calcaire qui a environ 800 mètres d’élévation au-dessus de la mer, et qu’on appelle dans le ays la montagne de Mimet. Les ruines d’un ancien couvent ( Notre- Bed nes) situé à mi-côte ont servi d’observatoire. À cette sta- tion le mont de Mimet pouvait exercer une action sensible sur le fil aplomb , tandis qu’à Planier on n'avait à craindre aucune attraction locale ; pour découvrir celle du mont Mimet, il devait done sufire de prendre astronomiquement la différence de latitude entre Notre-Dame- des-Anges et Pianier, et de la comparer à cette même différence déter- minée géodésiquement, Tel est en effet le système d'opérations que AE. de Zach a exécuté. La première section de son livre renferme les observations astrono- miques faites à Notre-Dame-des-Anges. La latitude a été mesurée avec un cercle répéuiteur de M. Reichen- bach, de 12 pouces de diamètre, et à niveau mobile; on s’est servi exclusivement des trois étoiles méridionales à du serpentaire , £ et & de Paigle. L'auteur rapporte avec tous les détails nécessaires les observa- tions brutes et les divers élémens dont il s’est servi dans le calcul; ainsi un premier tableau nous donne, pour chacun des trois chronomètres qu'il employait, les tems des midis et des minuits vrais conclus par des bauteurs correspondantes; un second tableau renferme les élémens ürés des tables solaires dont on a besoin pour calculer la marche de ces chronomètres (1); un troisième présente enfin leurs équations et leurs mouvemens diurnes pour tout le tems que les observations ont duré. (1) Je n'ai pas besoin de dire que ces élémens sont tirés des tables que M. de Zach a publiées à Gotha en 1804; mais comme elles différent extrêmement peu de celles que CEE ETAIENT DIRES a ———————————— ] 1014. ( 136) Toutes les parties de ce travail sont présentées avec les mêmes déve- loppemens, en sorte que le lecteur pourrait suivre les calculs à vue ou les recommencer avec de nouveaux élémens. M. de Zach a fait dix séries de distances au zénith de 4 du serpentaire composées de 30 répétitions chacune, ce qui donne en tout 500 observations. Les’ discordances extrêmes entre les résultats partiels de chaque série s'élèvent seulement à 5”,45. Pour £ de l'aigle, ces diflérences montent à 4”,4, et pour & de l'aigle à 4”. On voit que ces mesures confirmeront la réputation d'ex- cellent observateur que M. de Zach s'était déjà acquise par beaucoup d’autres u'avaux. Le second article de la première section renferme les observations ui ont servi à déterminer fa différence de longitude entre Notre-Dame- de haues et l'observatoire de Marseille. M. de Zach s'est servi pour cela des signaux de feu qu'il allumait à des époques fixes à Notre-Dame- des-Anges : tandis que M. Pons, qui est bien connu des astronomes par le grand nombre de comètes qu'il a découvertes, les observait à Marseille. Par une moyenne entre 65 déterminations ; la différence de longitude entre ces deux stations a été trouvée égale à 29”,95; la plus grande dif- férence entre les résultats partiels est seulement de 1”,95; par où l’on voit que cette méthode, qui a été employée pour la première fois dans une occasion semblable et presque dans le même lieu , par MM. Cassini de Thury et Lacaille, est susceptible de beaucoup d’exactitude (1). nous devons aux travaux de M Delambre , les. astronomes qui seraient tentés de refaire les calculs que l'ouvrage reuferme pourront, sans inconvénient, se servir des tables francaises. ; : (1)M. de Zach a joint à ce chapitre quelquesremarques historiques sur la détermination des longitudes que les astronomes liront avec intérêt ; mais je n’oserais pas assurer qu'ils païtageront son opinion lorsqu'ils le verront assimiler les observalions des échipses des satellites de Jupiter à celles des éclipses de lune. Voici les propres expressions de M. de Zach: « L'ombre de la terre , projetée sur le disque de la lune et accompagnée de sa « pénombre, laisse une si grande incertitude sur l'instant des phases, qu'on s’y trompe « souvent de plusieurs minutes. « Les éclipses des satellites de Jupiter ne sont pas plus marquées ; ete. » Il est vrai que, plus bas, il porte l'incertitude à 46 ou 40” ; mais ces limites mêmes me semblent exagérées, du moins pour le premier satellite. Je n’ignore pas qu'on trouve parfois de pareilles différences, même dans les observations de Greenwich; mais il est clair pour loule personne non prévenue, ou qu'il s'est glissé quelque erreur dans ces observations, ou qu’elles ont été faites dans des circonstances défavorables : or ce n'esi pas, ce me semble, sur quelques exceptions qu'il faut se déterminer à frapper de réprobation une méthode dont la géographie peut tirer de trés-grands avantages. M. de Zach insiste aussi avec détail sur les diverses causes d'erreur qui peuvent se rencontrer dans l'observation des occullations d'étoiles, mais il aurait pu ajouter que ces causes ne sont pas conslantes, et que la moyenne entre plusieurs résultats partiels doit être peu éloignée de la vérité, Ne serait-ce pas seulement dans le but de (187) Pour orienter la chaine de triangles qui devait joindre la station septentrionale à l'ile de Planier, M. de Zach a fait au premier point une nombreuse série d'observations d’azimuth, qui sont rapportées dans le woisième chapitre du premier livre. , M. de Zaëh a apporté à la détermination de cet élément plus de soin que ne semblait en exiger l'usage qu'il devait en faire pour objet principal de son opération ; mais celte circonstance fui a fourni l’occa- sion de publier des remarques utiles sur les diverses méthodes dont on peut se servir pour observer un azimuth, et sur-lout sur l'emploi des théodolites répétiteurs de M. Reichenbach. La juste confiance que M. de Zach accorde aux instrumens de cet habile artiste, me semble cepen- dant l'avoir conduit, dans ce cas, à une conclusion liasardée. Cet astronome ayant mesuré l'azimuth de ÂVotre-Dame-de-la-Garde de Marseille par deux séries d'observations, dont lune était faite en visant au premier bord du soleil et Fautre au bord opposé, les a calculées en prenant le diamètre de cet astre dans les tabies ; les résultats paruels, dans chaque série, s'accordent bien entre eux, mais les moyennes dif- fèrent de près de 13. M. de Zach en conclut que le demi-diamètre du soleil, dans la lunette de son théodolite, surpasse de 67,3 celui des tables qui a été déterminé avec des lunettes d'un pius long foyer; mais s'était-il bien assuré d'avance que la manière de placer le fil de la lunette sur le bord du soleil ne pouvait pas l'induire en erreur ? L'opinion ancienne que l'irradiation est plus considérable dans les petites lunettes que dans les grandes, a beaucoup perdu de son crédit depuis la découverte des lunettes achromatiques. M. de Zach attribue la différence de 15/,6 dont il s’agit ici « a la couronne lumineuse formce par l’aberration de lumière, qui, dans les petites lunettes moins parfaites, est toujours plus forte que dans les grandes. » Si par le mot vague d’aberration il entend, comme je dois le croire, celle de réfrangibilité, J'observerai qu'à cause de la méthode qu'il a suivie dans ses mesures fortifier ses objections que M. de Zach ajoute qu'on a été plus d’un siècle à déterminer à 5” de tems la différence de longitude entre Paris et Greenwich. Cet astronome sait en effet mieux que personne qu'Halley supposait déjà cette différence de 9/ 20° dans l'appendice des lables carolines; que Du Séjour trouvait g'10° par l’éclipse de soleil de 1764 et par celle de 1769; qu'Oriani ayait confirmé ce résultat par l'éclipse de 1778 ; que Maskelyne, avant la jonction en 1787, admettait également g/ :0’,et que tous les astronomes , dans leurs calculs habituels, se servaient de cette même différence, que la jonction des deux observatoires a ensuite confirmée ( Voyez la préface des premières tables du soleil, publiées en 1792, par M. de Zach lui-même, d’où j'extrais ces nom- bres » Tout ce qu'on peut déduire de ce que M. Lalande insérait encore une fausse lougitude dans la connaissance des tems de 1789, c’est que cet astronome avait eu tort de changer, d'apres ane senle observation de Sbort (un passage de mercure sur le soleil, si je ne me trompe); la longitude mopenne qu'on avail trouyée précédemment. (133) d'azimuth:, le bord du soleil à été toujours observé au cemre de sa lunette ; par conséquent les franges colorées qui peuvent provenir de l’imperfeetion de l'achromatisme ont dù être , dans cette position, beaucoup moins étendues que si on avait mesuré directement le soleil avec un micromètre, Car, dans ce cas, les bords du disque auraient dé très-près des limites du champ. J’ajouterai à ces doutes que M: Quénot avait trouvé, par une nombreuse suite d'observations faites avec’ un cerele répétiteur à réflexion, précisément le contraire de ce que M. de Zach annonce. Kest fächeux que cet astronome, qui con- maissait certainement le travail de M. Quénot, puisqu'il a été inséré dans la connaissance des tems de l'an 12, n'ait pas cru à propos de rechercher là cause de Popposition frappante qui se trouve entre leurs résultats. Les détails dans lesquels nous venons d'entrer nous permettront de passer segerement sur les observations que renferme la sevende partie de l’ouvrage, et à Faide desquelles M. de Zach x déterminé la latitude de Planier, sa longitude et un azimuth ; nous nous contenterons même de dire que là, comme à Notwe-Dame-des-Anges, on a observé & du ser- pentaire , æ et £ de Faigle avec le cercle répétiteur, et que la longitude a été prise avec des signaux de few que M. Pons faisait, à des heures fixes, sur la terrasse de l'observatoire de Marseille. Ea troisième partie est consacrée aux opérations géodésiques,, c’est- à-dire aux détails de la mesure de la base et des angles des triangles qui joignent les deux stations extrèmes. La base avait 2504",5528, lon- gueur bien suflisante pour Fobjet que M. de Zach se proposait. Chacun des angles des triangles a été répété au moins dix fois avec un théodolite de Reichenbach ; sur les 7 triangles dont se compose la chaîne , l'erreur de la somme des trois angles a été une seule fois de 5’’, quatre fois au-dessus de 3", et deux fois nulle. M. de Zach s’oceupe, dans la quatrième partie , de la détermination de l'arc du méridien compris entre les parallèles de Notre-Dame-des-Anges et de l'ile de Pianier; il fait ses calculs d’après les formules que M. De- lambre a publiées dans l'ouvrage intitulé : Méthodes analytiques pour la détermination d'un arc du méridier , ete., etc. Trois combinaisons dif- férentes lui donnent exactement les mêmes résultats, tant pour la dis- tance des deux stations que pour leur différence de longitude ; l'auteur a pris pour aplatissement =; mais, vu la petitesse de l'arc qu'il s'agit de calculer, l’incertitude qui peut rester encore sur la véritable valeur de cet élément n’aura ici aucune influence sensible (1). (0 M. de Zach remarqie qu'il y a erreur de signe dans l'expression d'une quantité auxiliaire d’ qui entre dans toutes les formules de Mi Delambre; mais cette erreur est -( 139;) Dans la cinquième partie, la dernière du premier volume,M..de Zach compare des calculs de ia section précédente aux mesures astrono- miques, la tiangulation lui avait appris que le paralièle de ‘Notre- Dame-des-Anges est éloigné de celui de Planier de 12’ 3°,11 ; les obser- yations asinonomiques donnent pour cette même distance 12! 1//,15. La différence de ces a nombres ou 1//,98 est. d’après l’auteur, l'effet de lauraction du Mont-Mimet. Quant à la différence de longitude , célle qu'on déduit des observations géodésiques est plus grande de 10,67 que la différence déterminée astronomiquement. ii Dr. Tels:sont des résuliats-de l'opération de M. de Zaah3 mais il restait à prouver que la-petite différence de 1!/,98 qu'il a trouvée entre les deux amplitudes ne peut pas être attribuée aux erreurs d'observation; :or c'est la en elïet le but que l’auteur s’est proposé dans le chapitre sui- vant, dont voici le titre : R « Prenves de l'exactitude de:nos opérations.et de ileur résultat, qui « constate que leffet de lauraction a-été réellement observé , avec plu- « sieurs autres résultats qui ont été déduits de Fensemlile denes obser- « valiOns. » L'auteur examine d'abord toutes les causes d'incertitude qui penvent affecter l'apération.géodésique , euprouve,-cewme semble, sansxéplique, ‘que les erreurs probables des azinnuths n’onvpu altérer que:de quantités insensibles fa valeur de larc-compris entreles deux stations-extrèmes. Quant aux observations astronomiques, nous allons successivement ‘passer en revue les vérificauonsique Al. de Zach s’est procurées,, et qu'il croit propres à lever tous:-les doutes. Chacune des trois tétoiles observées à Notre-Dame-des-Anges er à Planier donne'la ième valeur pour l'amplitude de Pare (1). une simple faute typographique, comme M. de Zach aurait pu s’en convaincre, soil en consultant la base du système métrique, soit même simplement en jetant un coup d'œil dans l'ouvrage qu'il cile , sur l'expression analytique de la normale. M. de Zach dit ailleurs qu'il ÿ.a:un terme faux (tome 2, :page 212 de Ja base du système métrique) dans la formule que M. Delambre a donnée pour réduire au méridien les distances au zénith qu'on observe hors de ce plan. Ceci ,je l'avouerai, m'avait d'abord faitcraiudre, qu'ilnese fûglissé de graves erreurs dans le calcul de la méridienne de France; mais je me suis bientôt rassuré lorsque j'ai vu que, pour découvrir et rectifier la faute que M. de. Zach relève, il suffisait de tourner le feuillet et de prendre à la page 215 le terme qui avait été imprimé incorrectement à la page 212. (1) Geei prouve que s'il y'avait erreur dans le cercle, elle affectait également les -observations de chacune des étoiles, et nullement que l'erreur a été la même à Planier et au Mont-Mimét. L'accord des trois résultats partiels est d'autant moins étonnant, que « du serpentaire, & et £ de l'aigle ,ont des hauteurs peu inégales; du reste l'amplitude -que dontie # du serpentaire-diflère de 0,46 ,de celle qu'on déduit des deux étoiles de l'aigle, (10) M. de Zach avait mesuré en 1808, en 1810 et en 1812, les latitudes de trois points des environs de Marseille, qui sont assez éloignés des montagnes pour qu'on puisse admettre que de attracuons locales n’ont pas altéré la position du fil aplomb ; or, comme ces latitudes s’accordent avec celle de Planier, l'auteur en conclut que, dans cette dernière sta- üon, son cercle n'était aflecté d'aucune erreur (1). ————————_—————p2 (x) Je remarque d’abord qu'à Marseille les latitudes ont été prises avec la polaire, et que celle de Pianier a été déduite des observalions de # de l'aigle. Or les astronomes pe rejetterent-ils pas entièrement les conséquences qu’on peut tirer de cette vérification, lorsqu'ils remarqueront que la déclinaison que M. de Zach adopte pour # de l'aigle résulte uniquement de quatre séries d'observations faites à Milan en 1808, ét que de plus elle diffère de 2",5 soit de celle que M. Poud a trouvée récemment avec le bel instrument de Troughton, soit de celle qu’on a déduite de treize séries faites à Paris avec le grand cercle répétiteur de M. Reicheubach ? M. de Zach paraïl compter beaucoup sur la circonstance qu'il avait mis « Le plus court « intervalle entre les observations faites à Notre-Dame -des-Anges et celles faites à « Planier, efin qu'elles pussent étre considérées comme simultanées. .... » 1| ajoute plus bas:« Si mon cercle donne quelque erreur-pour des observations absolues, elle « aurait élé détruite et complètement éliminée en ne prenant que les différenees de nos « observations (p.56). » Ceci suppose que l'erreur qui peut se trouver dans un cercle est Loujours la même, et c’est en eflet là l’opinion que M. de Zach professe ( W. p.34); mais le contraire me paraît facile à démontrer, même à l’aide des propres observations de cet astronome. En effet, dans le mois de juin 1808, M. de Zach trouvait , par la polaire, la latitude de Milan = 45° 28! 11"/,70, lout aussi bien avec son cercle qu'avec celui de M. Oriani. -Or, à la même époque, le premier de ces instrumens donnait par arcturus 45° 28/ 1.97, tandis qu'avec le second on trouvait 45° 28 4,35. Ce résultal, comine on voit , diffère du précédent de 2°38, quantité plus considérable que celle que M. de Zach a trouvée pour l'attraction du Mont-Mimet. Pourrail-on maintenant s'auloriser d’une différence de 2” pour affirmer que celle montagne a exercé une action sensible sur le fil aplomb, lorsque deux cercles semblables, de mêmes dimensions, également parfaits, puisqu'ils étaient l'un et l’autre de Reichen- bach , placés dans le mème lieu (l'observatoire de Milan), maniés par le mème astro- nome ( M. de Zach ), donnaient les mèmes jours des résultats identiques lorsqu'on observait la polaire, et des résullats qui différaient constamment les uns des autres de plus de 2” lorsqu'on observait arcturus ? Supposons pour un moment que l'erreur des observations méridionales ait tenu uniquement au cercle de M. Oriani, et voyons si nous n’aurions pas quelques motifs pour croire que le cercle de M. de Zach est également sujet à de légères anomalies ; or, si cet astronome daigne se ressouvenir des ob- servalions qu'il a insérées dans la Bibliothèque britannique, il verra qu’en 1808 cent tatre-vingls répétitions failes avec son cercle de 12 pouces lui donnaient pour Ja latitude de Milan 459 28/ 1,76, et qu'en 3809 il trouvait 1,1 de plus; mais si ces remarques prouvent que le cercle de 12 pouces de M. de Zach peut donner des erreurs en plus ou en moins d’une seconde, il en résullera, ce me semble, incontestablement ue cet instrument n’était pas propre à faire découvrir une attraction de 2//. El m'aurait été facile de fortifier ces objections par des exemples tirés de la méri- dionne de France, mais il m’a paru plus convenable de me borner aux propres obser- (rar) Les bornes dans lesquelles nous sommes forcés de nous renfermer, ne nous permettront pas de rendre compte de plusieurs chapitres de l’ouvrage de M. de Zach, qui du reste ne se lient que très-indirectement à l’objet principal de son opération; nous allons cependant en rapporter les titres. ) La septième partie est consacrée à la détermination « des hauteurs des « Stations au-dessus de la mer Méditerranée. » L’auteur s’est servi in- distinctement pour cet objet des distances réciproques au zénith, de la dépression de l'horizon de la mer, et du baromètre. La comparaison des résultats qu'il trouve, dans une même station, par chacune de ces méthodes , lui fournit les moyens d'apprécier l'exactitude dont elles sont susceptibles. Dans la huitième partie, M. de Zach nous donne la « description « géométrique de la ville de Marseille et de son territoire.» Ce savant s’est livré, dans ce chapitre, à des recherches intéressantes pour décou- vrir dans quelle partie de la ville actuelle, Pythéas a pu faire, 550 ans avant notre ère, cette fameuse observation du solstice d'été, que Stra- vations de M. de Zach, et de ne discuter même que celles qu'il avait faites avec l'instrument dont il s’est servi dans sa nouvelle opération. - Mais quelle peut être , enfin , la cause des anomalies que présentent les petits cercles ? Dans la Connaissance des temps pour 1816 on a cherché à en rendre compte , en supposant que les rayons irréguliers dont l’image d’une étoile est toujours accom- pagnée, dans une pelite lunette, peuvent tromper l'observateur sur la position du véritable centre de l’astre; M. de Zach rejette cette explication, qu'il traite « d'hypothèse gratuite, qui n’explique rien, absolument rien , qui n’est pas même « admissible ». L'auteur de l'hypothèse avait eu le soin, en la publiant, de l’accom- pagner des observations dont elle semblait découler: M. de Zach n’aurait-il pas dû également mettre le public dans la confidence des raisons qu’il peut avoir pour la rejeter? Qu’aurait dit cet astronome si, au lieu de montrer, comme nous venons de le faire ,avec tous les détails convenables, qu'il ne résulte aucunement de sa nouvelle opération que le Mont-Mimet a attiré le fil aplomb de 2", nous nous étions contentés de dire « qu’elle ne prouve rien ; absolument rien , qu’elle n’est pas même ad- « missible ? » Du reste je dois, en terminant cette note, m’empresser de rassurer les astronomes qui pourraient craindre que cette question ne restât long-tems indécise. Il résulte en effet d’une anecdote que M. de Zach rapporte ( page 53 ), qu’en publiant seslettres dans la Bibliothèque britannique, ce savant tendait un piége dans lequel sont tombés ceux qui ont cherché la cause des défauts qu’il reprochait aux cercles répétiteurs. « Sa réponse n’était pas encore prête à cette époque; « mais il la donnera quand elle le sera ». Si cepeudant M. de Zach tient ses promesses par ordre de date, il nous expliquera auparavant la différence singulière de plusieurs secondes qu’on trouve entre les obliquités de l’écliptique de l'été et de l'hiver. Les astronomes attendent avec d'autant plus d'impatieuce la solution que M. de Zach a promise i/y a deux ans, que l’anomalie dont nous venons de parler avait fait craindre qu'il n'yeût quelque légère erreur dans les tables de réfraction, j Livraison de nosembre. 18 PEER EEE Lee 18 14. PuysiQuUe. Société Philomat. (142) bon nous a conservée dans le chapitre V du IL.° livre de sa Géographie. Il détermine également les positions des observatoires de Gassendi, de Dominique Cassini, de Chazelles, de Louville, du père Feuillée et de plusieurs amateurs d'astronomie. L'ouvrage est terminé par une table des « longitndes et latitudes des « principaux lieux dans la partie méridionale de la France, détermi- « nées, soit par des observations astronomiques , Soit par des Opérations « géodésiques » ; et par quelques réflexions relatives à l'opération que le docteur Maskelyne avait faite au pied du mont Schchallien, en Ecosse, pour déterminer l’auraction de ceue montagne, A RSS SSSR RS SAIS SASS Note sur la Chaleur rayonnante ; par M. Poisson. M. Lesuie a démontré, par des expériences très-ingénieuses, que les rayons calorifiques partis d’un même point, pris sur la surface d’un corps échauflé, n’ont pas la même intensité dans tous les sens. L’intensité de, chaque rayon , comme celle de toutes les émanauons, décroit en raison inverse du carré des distances au point de départ; à distance égale, elle est la plus grande dans la direction a à la surface ; et, sui- vant M. Leslie, elle est proportionnelle pour tout autre rayon au cosinus de l’angle compris entre sa directon et cette normale. Cette Joi conduit à une conséquence utile dans la théorie de la chaleur rayonnante, Qui, je crois, n’a pas encore été remarquée. Il en résulte ; en effet, que si l’on a un vase de forme quelconque 4 fermé de toutes parts, dont les parois intérieures soient par-tout à la même DE Eau ture et émettent par tous leurs points des quantités égales de cha eur, la somme des rayons calorifiques qui viendront se croiser en un même point du vase sera toujours la même, quelque part que ce point soit placé; de sorte qu'un thermomètre qu’on ferait mouvoir dans l’inté- rieur, du vase, recevrait constamment la même quantité de chaleur, et marquerait par-tout la même température; ce que 1 on peut regar- der comme étant conforme à l'expérience. Cette égalité de température dans toute l'étendue du vase ne dépendant ni de sa forme, ni de ses dimensions, doit tenir à la loi même du rayonnement, et c’est ce que je me propose de prouver dans cette note. AE Pour cela, appelons O un point fixe pris dans l'intérieur du vase ; soit M un point quelconque de sa surface intérieure; tirons la droite OM,et, par le point M, menons intérieurement une normale à la surface. Désignons par « l'angle compris entre cette normale et la Ç 145 ) droite, MO : si cet angle est aigu, le point O ‘recevra un rayon de chaleur parti du point M; si, au contraire, il est obtus, le point O ne recevra aucun rayon du point M. Nous supposerons, pour simpli- lier, que le point O reçoit des rayons de tous les points du vase, c'est-à-dire, que l'angle « n’est obtus pour aucun d'eux : on verra sans difhiculté comment il faudrait modifier la démonstration suivante, pour l'étendre au cas où une partie des parois du vase n’enverrait pag de rayons au point O. Soit a l'intensité du rayon normal, émis par le point M, à l'unité de distance; cette intensité, à la même distance et dans la direction MO, sera exprimée par & cos. #, d’après la loi cilée ; et si nous représentons par r la longueur de la droite MO, cos. « a É , ns . nous aurons ——;, pour l'intensité de la chaleur reçue par le point O, suivant la direction MO. De plus, si nous prenons autour du point M une portion infiniment petite de la surface du vase, et si « À a © COS. « Ur nous la désignons pare, nous aurons de même ———; pour la quantité T de chaleur émise par cet élément » et parvenue au point O. Or, on peut partager la surface du vase en une infinité d’élémens semblables ; il ne reste donc plus qu'à faire, pour tous ces élémens, la somme des S. & à a w CO: à quantités telles que ——, et l'on aura la quantité totale de chaleur T reçue par le point O. Cela posé, concevons un cône qui ait pour base l'élément », et son sommet au point O; décrivons de ce point comme centre et du rayon OM, une surface sphérique; et soit «’ la portion infiniment petite de cette surlace interceptée par le cône. Les deux surfaces © et o' peuvent être regardées comme planes; la seconde est la projection de la première, et leur inclinaison mutuelle est égale à l'angle +, compris entre deux droites qui leur sont respectivement perpendi- culares : donc, en vertu d’un théorême connu, on aura & —= o cos. #, . a & COS, & et la quantité — T2 : a w° 2 deviendra —. Décrivons une autre surface Z sphérique, du point O comme centre, et d’un rayon égal à l'unité; representons par 8 l'élément de cette surface intercepté par le cône qui répond aux élémens » et 4’; en comparant ensemble 4 etw!, qui sont deux portions semblables de surfaces sphériques, on aura & =r4, et par conséquent a © COS, æ a uw! Ta 7 Maintenant, la quantité a est la même pour tous les points du vase, 181 4. C144) puisqu'on suppose qu’ils émettent tous des quantités égales de chaleur; il s'ensuit donc que la somme des produits tels que ag, étendue à toute la surface du vase, sera égale au facteur a multiplié par l'aire d'une sphère dont le rayon est pris pour unité. Donc, en appelant 7 le rapport de la circonférence au diamétre, et observant que 4 7 est l'aire de la sphère, nous aurons 4 ra pour la quantité de chaleur qui arrive au point O; et l’on voit que cette quantité est indépendante de la po- sition du pomt O, ce que nous voulions démontrer. On peut aussi remarquer qu'elle ne dépend pas de la forme ni des dimensions du vase; d’où il. résulte que si le vase est vide d'air, et qu'on vienne à en augmenter ou diminuer la capacité, la température marquée par un thermomètre intérieur demeurera toujours la même ; et c’est, en effet, ce que M. Gay-Lussac a vérifié par des expériences susceptibles de la plus grande précision. Ces expériences détruisent l'opinion d’un calorique propre au vide; elles montrent, en les rap- prochant de ce qui précède, qu'il w’y a dans l'espace d'autre calorique que celui qui le traverse à l’état de chaleur rayonnante émise par les parois environnantes. Quant aux changemens de température qui se manifestent lorsqu'on augmente ou qu'on diminue tout à coup un es- pace rempli d’air , ils sont uniquement dus au changement de capacité calorifique que ce fluide éprouve par leffet de la dilatation ou de la compression. Si le point O, que nous avons considéré précédemment, était pris sur la surface intérieure du vase, la quantité de chaleur qu’il reçoit de tous les autres points de cette surface serait égale à la cônstante 4 multipliée par l'aire de la demi-sphère dont le rayon est un,et non pas par l'aire. entière de cette sphère, comme dans le cas précédent. Ce produit 2+a est aussi égal à la somme des rayons calorifiques émis dans tous les sens par le point O; d'où il suit que chaque point des parois du vase émet à chaque instant une quantité de chaleur égale à celle qu'il recoit de tous les autres points. ; Généralement, si l’on veut connaître la quantité de chaleur envoyée à un point quelconque O par une portion déterminée des parois du vase, il faudra concevoir un cône qui ait son sommet en ce point, et pour circonférence de sa base le contour de la parois donnée ; puis décrire de ce même point comme centre, et d'un rayon égal à l'unité, une surface sphérique ; la quantité demandée sera égale au facteur a multiplié par l'aire de la portion de surface sphérique interceplée par le cône. Ainsi toutes les fois que deux portions de surfaces rayonnantes, planes ou courbes, concaves où convexes, seront comprises dans le même cône, à des distances différentes de son sommet, elles enverront à ce point des quantités égales de chaleur, si le facteur a est supposé le même pour tous les points des deux surfaces. ‘ (145 ) L'analogie qui existe entre la lumière et la chaleur rayonnante porte à croire que l'émission de la lumière doit se faire, comme plusieurs physiciens l'ont déj: pensé, suivant la loi que M. Leslie a trouvée pour la chaleur ravonrante. Dans cette hypothèse, tout ce que nous venons de dire relativement à la chaleur s’appliquera également à la lumière, et la règle que nous venons d'énoncer sera aussi celle qu'on devra suivre en optique pour déterminer l'éclat d’un corps lumineux vu d'un point donné, ou, ce qui est la même chose, la quantité de lumière que ce corps envoie à l'œil de l'observateur. RAR A Description des terreins de Schiste argileux (thonschiefer) et de Psammite schistoïde ( grauwacke ) du Thurinserwald'et de Frankenwald; par M. De Horr. L'osser de l’auteur n’a pas été de donner simplement une description locale de la disposition de ces terreins dans les pays qu'il désigne ; mais son but principal parait avoir été de montrer l’identité de formation de ces roches , et de prouver que les psammites , roches essentiellement composées de parties qui semblent réunies par agrégation, peuvent devoir leur formation et leur structure au moins autant à l’acuon chi- mique ou de dissolution qu’à l’action mécanique ou d’agrégation. La partie examinée par l’auteur est celle qui est à l’ouest de la Saale et de la Rodach. Le caractère extérieur principal de ces montagnes, composées de de psammite et de schiste, est tiré de leur forme. Les vallées, vers leur origine, sont peu profondes et peu inclinées, mais, vers leur extrémité inférieure , elles deviennent étroites, profondes, et bordées de rochers escarpés. Elles sont moins déchirées que les montagnes de porphyre qu'on voit à l’ouest, mais plus élevées et à pentes beaucoup plus rapides que les montagnes de sédiment qui les environnent. Le psammite du -Thuringerwald a été très-bien décrit par Trebra : c'est une roche d’une structure grenue, composée souvent de quarz, de felspath et d’un peu de mica , également répandus dans une masse argiloïde verdätre ; on y voit, en outre, des veines et des noyaux de quarz. Ces parties, par leur liaison intime avec la masse, pourraient être, suivant l'opinion de MM. de Heim et d'Omalius-d Halloy, que M. de Hoff est disposé à partager , de formation contemporaine avec la masse, et ne seraient pas alors, comme on l’a pensé assez généralement , les débris résultant de la destruction des granites repris et rempatés dans une nouvelle base, 1814. GÉOLOGIES+ Leonhard’s taschen- buch fur die ge- sammle nunéralo- gie elc. 7.‘ année, 1813. 1." partie. (146) ,: Les naturalistes qui ont étudié cette partie du Thuringerwald n’ont jamais vu dans ce psammite aucune trace de corps organisés. Le schiste argileux , dit M. de Hoff, est placé sur le psammite schis- toïde , ainsi qu'on peut le voir dans un grand nombre de lieux que l’auteur cite, et il est avec cette roche en stratification où gisement concordant ( gleich formiger schichtung oder lagerung ). On en istingue trois variétés, reconnaissables par leur position et par leur caractère minéralogique. La première, et la plus inférieure, a une structure plus feuilletée , ses feuillets sont droits, elle renferme peu de quarz, tant en filets qu'en rognons, et donne la meilleure ardoise. On y voit des lits ( /ager) de calcaire; la seconde est en feuillets plus épais, renferme plus de silice, et passe même au jaspe schisteux (kiese/schiefer). Elle contient du minerai de fer et des bancs de schiste coticule ( vez schiefer ). La troisième variété est la plus superficielle , et en même temps la plus élevée. Elle est encore plus pénétrée de silex que les précédentes ; elle est aussi en feuillets épais , grisätres et tachetés. On n'a vu aucun débris de corps organisés dans ces schistes. Ils sont souvéat séparés, el surtout la seconde de la troisième variété, par des bancs de quarz qui renferment des traces de minerai de fer, d’arsenic , de zinc et de plomb sulfurés. M. de Hoff soupconne que l'or des sables de la Schwarza vient. des sulfures décomposés de ces bancs de quarz. Nous avons dit qu'on trouvait dans la première varété du schiste argileux des lits de calcaire, et cette circonstance est très-importante pour déterminer l'époque des formations de ces schistes. ÿ Ce calcaire est grisitre, noirtre, noir foncé, brun, brun rouge, rouge avec des nuances de jaune; il est mélangé et traversé de parties et de veines de caleaire spathique blanc ; ces couleurs sont disposées de manière à former un marbre veiné ou tacheté; il renferme, en outre, des feuillets minces et onduleux de schiste. ; Il est en couches et en stratification concordante dans le schiste argi- leux, et non en masses isolées, par conséquent de même formation que le schiste, C'est la seule roche, de toutes celles qu'on décrit ici, qui renferme quelques pétrifications, très-rares il est vrai. M. de Hoff y a trouvé lui-même , pres de Sieinach , des trochites (1); et M. de Heim y cite des vis et quelques coquilles bivalves mal conservées qu'on ne peut déterminer, On trouve dans ce terrain, comme dans pans tous ceux qui lui ressemblent, quelque part qu'ils soient, des lits d'ampelite graphique et d'ampelite alumineuse ( algunschiefer ). M. de Hoff a remarqué qu'ils (1) Vulgairement entroque, mais peut-être rapportés par erreur à ce genre. Voyez Schlottheim. (147: ) étaient plus ordinairement dans le voisinage des lits de calcaire. Enfin on trouve ‘aussi dans cette contrée des lits de minerai de fer c’est du fer oxydé, ochreux et argileux ; il n’est pas en stratification concordante comme les autres roches mentionnées plus haut, mais il parait avoir été déposé dans des cavités isolées de la montagne, et semble être des portions isolées du grand dépot de minerai de fer dont la masse principale est dans le Rothenberg, Il parait que ces dépôts de minerai appartiennent plus parüculièrement aux lits calcaires. Vers le nord-ouest, le schiste argileux se cache sous un grand dépôt de quarz sur lequel paraissent très-probablement être placés les por- phyres à base d'argilolite, de trapp et de pétrosilex de cette contrée. On n’a pas encore vu précisément celte superposition, mais des règles d’analogie er des conséquences tirées des inclinaisons prolongées des couches, loutes preuves rapportées par M. de Hoff, nous ont paru de nature à laisser peu de doute sur cette superposition , qui d’ailleurs n’a rien de nouveau, ni par conséquent d'opposé aux faits observés ailleurs. Elle prouverait que ces porphyres, qu'on a considérés comme primitifs , appartiennent à la formation de transition, puisqu'ils recouvrent des roches caractéristiques de cette grande formation. _ A l’occasion de ceite classe intéressante de terrain, M. de Hoff fait remarquer qu'elle prend tous les jours une si grande extension, qu'on ne saura bientôt Dre où trouver de véritables terrains primiufs , et qu'on sera peut-être conduit à réunir ces deux classes de terrains, car les terrains de transition présentant dans beaucoup de cas la même structure cristalline , le même mode de formation chimique , et plusieurs des roches qui constituent les terrains nommés primitifs, on ne peut plus les en distinguer que par la cireonstance des roches qu'ils recouvrent, et qui renferment des débris d’autres roches, et sur-tout des restes de corps organisés; mais quand cette circonstance n'est point connue, on n'a aucun moyen sûr de déterminer cette classe de terrain, et rien ne nous dit qu'il n'y a pas au dessous des vrais gra nites, de ceux qui sont regardées comme les plus anciens, des roches de sédiment renfermant des pétrifications (1). Cependant, pour né pas devancer les faits, M. de Hoff propose de laisser le nom de terrains primitifs à ceux qui, ayant d’ailleurs les caractères extérieurs de cés terrains, ne sont placés évidemment sur aucune roche de sédiment. AS B: (3) M. Brongniart, sans avoir eu l'avantage de connaître la manière de penser de M. de Hoff à ce sujet, avait émis à peu près la mème opinion dans sa notice sur la F à Ab : géognosie du Cotentin. Voy:ezJ. d. M. , févr. 1814, SSSR AA AS 1814. Méprcxe. Ouvrage nouveau. (148) Traité des Maladies chirurgicales et des opérations qui leur conviennent; par M. le Baron BOYER, professeur de chirurgie pratique à la Faculté de médecine de Paris , etc., etc. Quaxp, après vingt-cinq ans de succès dans la pratique et dans l’en- seignement d’une science, un savant es les observations nouvelles qu'il a pu recueillir, il fait une chose utile et mérite bien de la science ; mais qu'un chirurgien tel A M. Boyer se dérobe à sa renommée et à ses nombreuses et utiles occupations pour mettre au jour non-seulement les observations nouvelles que sa longue et brillante pratique ont dû lui fournir, mais pour écrire un traité complet de chirurgie, dans lequel en général, et particulièrement la chirurgie francaise , est présentée avec tous les perfectionnemens qu'elle a recus jusqu’à l’époque actuelle, voilà certes une entreprise digne des plus grands éloges, et l’auteur a bien mérité non-seulement de la science, mais encore de son pays et de l'humanité. M. Boyer a suivi, dans l'exposition de la chirurgie, la même mé- thode qu'il suit depuis vingt ans dans son enseignement. Or cet ensei- gnement a toujours attiré un concours nombreux d'élèves nationaux et étrangers ; il s'y est formé un grand nombre d'hommes habiles, dont les noms sont deja célèbres, et c’est maintenant pour un chirurgien un titre honorable en tous pays que d’avoir été élève de M. Boyer. La consé- quence à en déduire, relativement à la méthode qui est adoptée dans l'ouvrage, est évidente; comment pourrait-on ne pas en reconnaitre la bonté ? Et cependant, d’après les principes généralement admis aujour- d'hui, cette méthode est essentiellement vicieuse 5 elle est en partie fon- dée sur une physiologie surannée ; elle réunit les objets les plus dispa- rates, et sépare ceux qui ont la plus grande analogie : c’est une espèce d'ordre alphabétique. Mais que réponde à l'expérience qui a constaté l'utilité de ceue méthode d'enseignement sur plusieurs milliers d'élèves? L'importance des classifications en médecine ne serait-elle pas aussi grande qu’on le pense en ce moment? A Si l'on peut avec raison faire Are reproches à l'ouvrage de M. Boyer pour la distribution générale es maladies, on ne peut qu'ad- mirer la manière dont chaque maladie en particulier est décrite, ses causes prochaines et éloignées , ses symplômes , sa marche, sa termi- naison , ce qui la distingue des autres maladies avec lesquelles on pourrait la confondre , etc. Les divers moyens curatifs sont exposés avec une clarté et une précision remarquables ; et comme c’est au fond la description des faits particuliers qui forment effectivement la science ; que dans l'exercice de la médecine, il n'y a ni £lasse ni genre à établir, ( 149 ) fe | mais seulement des maladies particulières à reconnaître et à traiter, 18 14. on peut aisément rendre raison du succès de l’enseignement de M. Boyer, et de celui qu'aura son livre, malgré les reproches qu'on peut à la rigueur faire à la classification qu'il a adoptée. F. DL. CR ad Sur un Squelette humain fossile de la Guadeloupe ; par M. Ch. KœNIG. Lrs naturalistes qui observent avec attention et qui sont savans dans Gioroerr. l'anatomie comparée, conviennent tous qu’on ne connaît jusqu’à Ha aucun reste de eièce humaine, ni aucun des produits de son industrie, qui soit véritablement pétrifié, ni mème fossile, c'est-à-dire enfoui dans des couches vieilles et solides de la terre, et d’une formation ancienne ; et par formation ancienne on entend tout ce qui est antérieur à l’état actuel de la surface des continens : il est donc très-important, pour apprécier la vérité de ceue généralité, de constater avec le plus grand soin non-seulement l'espèce de l’être auquel appartiennent des os trouvés dans la terre, mais sur-tout la nature et la disposition du terrain dans lequel on trouve des ossemens ou tout autre indice de l'existence d’un être organisé. La réponse à la première question , à celle qui est relative à la dé- termination de l'espèce, ne parait pas douteuse ; il paraît bien constaté que les squelettes qu’on trouve incrustés dans de la pierre, sur un rivage de la Guadeloupe, appartiennent à l'espèce humaine, quoique la tête, une des parties lee du squelette , y manque. Cette solution rend la seconde considération, celle qui a pour objet la nature du terrain, beaucoup plus importante, et malheureusement, malgré les détails que M. Kœænig a rassemblés, et dont il a très-bien su apprécier la valeur, il est très-difficile de rien prononcer encore sur l'époque de formation de ce terrain , c’est-à-dire à savoir s’il fait partie des couches déposées avant ou pendant la dernière catastrophe de la terre qui a laissé nos continens dans l’état où nous les voyons, ou si ce terrain est d’une formation nouvelle, locale, et due à des causes semblables à celles qui agissent encore à la surface du globe, telles que les éruptions volcaniques, les eaux thermales tenant en dissolution de la chaux carbonatée, etc. Les squeleues humains de la Guadeloupe sont connus par les natifs de ceue île, et nommés par eux Galibr. On les trouve dans cette partie séparée es un bras de mer de l'ile de la Guadeloupe proprement dite, et que l’on nomme la Grande-Terre, dans un parage qui est sous le Livraison de novembre. 20 Journal Physique. ( 150 }) vent, et qui s'appelle Ia Moule. Ts sont inscrustés et comme enveloppés dans une pierre fort dure, et situés au-dessous de la ligne de la ‘haute mer. Hs forment, avec la pierre qui les entouré, des blocs qui paraissent comme séparés du reste de k masse, et qui ont environ 25 décimètres de long sur 6 à 8 d'épaisseur. La pierre devient d’autant plus dure qu'elle approche plus du squelette, et elle y devient même, dit-on, d’une dureté supérieure à celle du marbre statuaire. Cette roche est calcaire , et se dissout completement dans l'acide ni- 1ritque. D M. Thonpson dit avoir trouvé un peu de phosphate de chaux dans la partie qui est la plus voisine des os. Sa structure est généralement grenue, mais à grains distincts, serrés, et agrégés fortement sans ciment apparent; dans quelques parties de la masse, ces grains sont confluens et forment une masse plus ou moins poreuse. ls sont de plusieurs sortes , les uns paraissent être des petites parties résultant de la trituration d’un calcaire compacte; les autres sont des débris de zoophytes de différentes espèces ; plusieurs d'éntre eux sont rouges , et paraissent venir du millepora miniacea de Paas (1). On a trouvé adhérens ‘ou enveloppes dans cette même pierre un fragment de madrepore blanc, une hélice voisine de lhelix acuta de Martini; un turbo qui parait ètre le turbo pica, conservant encore quelques-unes de ses taches ; un grand morceau de basalte, et une poudre noire qui parait ètre de charbon de bois. Le squeleue situé dans le bloc, apporté par sir Alex. Cochrane, était très-peu enfoncé dans ce bloc. Il est utile de faire sur la disposition de ce squelette les remarques suivantes. Les os, à la sortie du bloc, étaient entièrement friables, mais ils de venaient plus durs par leur exposition à l'air; beaucoup des os sont fracturés, et portent l'empreinte d’une violente secousse ; la tête manque, comme on l’a déjà dit, ainsi que plusieurs os des extrémités. Les os des cuisses et des jimbes semblent avoir été difatés par la pierre calcaire qui a rempli leurs cavités ; le tibia était fendu presque dans toute sa lon- - (1) J'ai sous les yeux un fragment de éelte pietre ; il ést entièrément composé de grains de calcaire compacte, jaune isabelle très-päle, mêare dans ses parties les plus denses , qui n’offrént aucune cavilé. Ces grains, sans êlre régulièrement ovoides, approchent cependant de celte forme, et sont à peu pres de la grosseur du millel. On n’y voit aucun débris de coquille; mais, comme Je dit M. Kœnig, quelques grains fosätres épars cà et là, dans lesquels on peut quelquefois découvrir la structure organique du corail. Plusieurs parties de ce morceau présentent des pores nombre dans lesquels les grains sont en saillie et én partie isolés On voit alors très dislinetement, sur-lout à l’aide d’une loupe, qu'ils sont tous enveloppés d'une incrustation caleaire luisante qui en a arrondi loutes les aspérilés, et l’ôn voit que c'est celte incrüslatiôn qui, par son abondance dans certaines parlies; a lié ces grains ensemble, ce qui rend célle piérre compacte dans ses parties. (151) gueur, et la fente est remplie de pierre calcaire. Ces circonstances fort remarquables semblent indiquer que la pierre calcaire qui enveloppe ce squelette a été dans une sorte d'état de fluidité, ou au moins de grande mcllesse. Ces os ont été analysés par M. Davy, qui y a trouvé tout le phos- phate calcaire et presque toute la gélatine qu'ils devaient contenir. Tels sont les faits rapportés par M. Koœnig. Il ne cherche pas à ex- pliquer la posion de ces squelettes humains dans cette pierre calcaire dure, ni à découvrir l’époque où ils y ont été déposés; mais il fait remarquer que cette dépendance de l'ile de la Guadeloupe qu'on ap- pelle la Grande-TFerre est un terrain plat, composé de pierre calcaire principalement formée de débris de zoophyte avec quelques mornes ou élévations de calcaire coquillier, dont, suivant quelques auteurs, Ja straulication est très-irrégulière et semble avoir été derangée, tandis que la Guadeloupe proprement dite est un terrain entièrement volca- nique. Peut-on, d’après ces détails, conclure que ces squelettes humains soient véritablement fossiles dans l’acceptuon que nous avons donnée à ce mot au commencement de cet Fu pe La présence d’un volcan, et l'influence que ces terrains ont sur la disposition, et même sur la nature de ceux qui les environnent , peut avoir été la cause de la for- mation de la roche calcaire très-hétérogène qui enveloppe ces squelettes, dont les os paraissent avoir été altérés par la même cause. I nous semble donc qu'on ne peut pas encore assurer qu'on ait trouvé de véritables anthropolithes, A. B. PS AAA Sur la chute de Pierres qui a cu lieu dans le département de Lot-ei-Garonne le 5 septembre 1814. Extrait d'une lettre de M. J. Lamouroux , Ex-Pharmacien des armées, à M. le comte de Villeneuve, Préfet du département ; — ct sur La CoMmpar raison de ces Pierres avec celles d'autres lieux, conservées dans le cabinet de M, de Drée, à Paris; par M. LÉMAN. « Lundi, 5 septembre, à 11 heures 45 minutes du matin, on apperçuf, dans le département de Lot-et-Garonne et dans ceux qui l'avoisinent , un nuage très-élevé et d’une couleur blanchâtre, Les habitans d'Agen l'observèrent au N. N. O.; ceuxqdu Temple et des environs presque à leur zénith; ceux de Mouclar au S. O.; ceux de Castelmoron à l'E. t 1814. GroLocre. Société Philomat, (Ca527) S. E.; enfin les habitans de Clairac le virent à l'Est. D'après ces diffé- rentes observations, le nuage devoit être placé directement sur la com- mune du Temple, un peu du côté de Castelmoron ; environ au 1° 35” longitude ouest de Paris, et au 44° 30’ latitnde nord. Ce nuage fut long-temps immobile, sil faut ajouter foi au récit de plusieurs personnes qui disent l'avoir observé près d’une heure avant la détonation; il était facile de te remarquer, le temps étant parfaitement serein, et agité seulement par un léger vent du N. N. O. plus ou moins sensible, sui- vant les lieux. « A 11 heures 45 ou 46 minutes, on entendit dans l'air une forte détona- tion semblable à plusieurs coupsde canon , de gros calibre, répétés : les 4 ou 5 premiers coups n'éloient pas très-rapprochés, mais les derniers imilaient un roulement si terrible, que les hommes et les animaux en furent cfrayés; au même instant le nuage parnt se précipiter vers la terre, en tournant sur lui-même; et arrivé à une certaine distance de la surface du sol, distance qui ne peut être évaluée à moins de deux lieues, il se divisa en plusieurs parties, qui se terminèrent en rayons d'une cou- lear bleuâtre, rouges à l'extrémité : quelques personnes ont assuré avoir vu, un moment avant la détonation , un éclair très-sensible, mais qui ne fut pas observé généralement à cause de la lumière du soleil. D'au- tres prétendent n'avoir vu le nuage qu'après la détonation; mais tous s'accordent sur la couleur blanchâtre de ce nuage, sur sa forme oblongue et sur son diamètre apparent de 7 à 8 pieds. « Aussitôt que le nuage se fût divisé, les rayons dont je viens de parler se dissipèrent peu à peu, en laissant dans l'air un léger brouillard vi- sible surtout autour du disque du soleil; un quart d'heure après, tout avoit disparu. « L'éclair vu par plusieurs personnes, la couleur blanchâtre du nuage, la manière dont il s’est divisé par rayons ; tout porte à croire que, s’il eût paru la nuit, il auroit répandu la plus vive lumière. « Peu de secondes après la division du nuage, des pierres sont tom- bées sur la terre et ont été dispersées dans une circonférence d'en- viron une lieue de rayon; elles étaient très-chaudes au moment de leur chute. « Ces pierres ressemblent, par leurs caractères généraux, à toutes celles du même genre que l’on a observées jusqu'à ce jour; elles en diffèrent par des veines marbrées d’un gris foncé et par des globules d'un genre particulier, dont l’intérieur se trouve parsemé ; ces caractères leur donnent beaucoup de ressemblance avec les pierres de Bénarès. « La quantité de ces uranolithes, déjà trouvée, peut être évaluée à 25 où 50 kilogrammes; il en existe une du poids de 9 kilogrammes entre les mains de M. Prugnières, propriétaire, aux Brethous, près Castelmoron. Elle n’est pas entière; on a dû en avoir extrait au moins (153) un kilogramme et demi. Une autre d’un volume égal a été trouvée à la distance d'environ mille toises de la première, dans la direction du nord ; cette dernière a été brisée par des paysans, qui en ont dispersé les morceaux. L'une et l’autre tombant dans une terre peu compacte, y ont fait des trous de 8 à 10 pouces de profondeur, dans une direc- tion inclinée de quelques degrés du sud au nord. Quelques-unes trou- vant un terrain plus ferme n’ont pu y pénétrer, entr'autres, celles qui sonttombées au Temple, qui, après leur chute, ont fait plusieurs bonds également du sud au nord. Une de ces pierres offre des empreintes res- semblant, très-grossièrement, à celles des pattes d’un chien où de quel- qu'autre animal du même genre. Plusieurs de ces pierres paroissent être “des fragmens d’une masse plus considérable, en ce que la surface des par- ties qui semblent s'être détachées avant la chute , est un peu moins noire que celle des autres, et que les inégalités en sont moïns arrondies; les cassures failes après la chute sont d’un gris blanchâtre. » Observation. Un échantillon de l’aérolithe d'Agen, déposé dans le -cabinet de minéralogie de M. de Drée, à Paris, comparé avec les aérolithes de différens lieux qui s'y trouvent réunis, a montré la plus grande analogie avec l’aérolithe provenant du cabinet de M. de Trudaine à Montigny, présumée être tombée à Liponas, en Bresse, le 7 septembre 1755. l’une et l’autre présentent des veines marbrées d'un gris foncé, quelquefois lrès-déliées, et qui leur donnent un caractère particulier propre à les faire reconnaitre aussitôt. Les globules qui forment la presque totalité des pierres de Bénarès se retrouvent, mais en très-petit nombre, dans l’aérolithe d'Agen; mais ce qu’elle offre de plus remar- quable c’est une très-grande quantité de grains méiailiques brillans beaucoup plus abondans que dans aucune des pierres avec lesquelles nous l'avons comparée, qui existent chez M. de Lirée, et dont voici la liste avec les caractères particuliers à chacune. 1.0 Subschisteuse. 1. Ensisheim, septembre 1492. 2.° Globules métalliques très-nombreux, point de veines. 2. Maurkirchen, Bavière, 20 novembre 1768. — Gris clair, globules assez gros, épars. 5. Eichstaedt, 19 février 1785. — Globules très-petits. 4. Bénarès, au Bengale, 29 décembre 1798. — Globules beaucoup plus gros. | te 1814. (154) 3.° Globules très-rares, aspect uniforme. 5. Lucé, dans le Maine, 13 septembre 1768. — Gris blanc, quelques taches de rouille, des points brillans assez nombreux, sur un fond terne. 6. Woltdcottage, dans le Yorkshire, 15 décembre 1795.— Semblable à la précédente Les points métalliques plus nombreux. 7. Sienne , 16 juin 1794. — Gris blanc terne, quelques points gris bleuâtre, points métalliques brillans, épars. 8. Sales, près Villefranche, département du Rhône, 12 mars 1598. — Gris elair, çà et la plus foncé, parties mètalliques brillantes éparses. 9. Charsonville , près Orléans , 25 novembre 1810, — Semblable à la précédente, mais un peu plas foncée en couleur. £ 10. Toulouse, 10 avril 1802. — Gris bleuâtre pointillés de gris, grains métalliques brillans très-petits, des globules épars. 11. Barbotan, près Bordeaux, 24 juillet 1790.— Semblable à la pré- cédente ; de plus, de nombreuses taches de rouille, et de petites lignes ou veinules gris foncé qui serpentent dans la pierre. 4° Ayant l'apparence de brèche. 12. Weston, dans le Connecticut, 14 décembre 1807.— Granulaire, friable , terne, fond gris de cendre, parties blanches éparses, plus riches en grains métalliques. * 15. L'Aigle, département de l'Orne, 26 avril 1814. — Contexture serrée, grains métalliques brillans épars, parties blanches très-uom- breuses, d’inégale grandeur. 14. Liponas? en Bresse, septembre 1753. — Granulaire, parties frag- mentiformes, gris cendré, très-nombreuses ; de toutes grandeurs, sur un fond gris bleuâtre très-divisé et formant comme un réseau; des taches de rouille éparses et de nombreux grains métalliques brillans dans les parties gris cendrées. 15. Agen, 5 septembre 1814. — Semblable à la précédente, parties fragmentiformes d'un gris blanc , grains métalliques brillans très- nombreux. 5° D'apparence charbonneuse. 16. Saint-Etienne près d’Alais, 5 mars 1806. — Noire, à points brillans, légère et friable. (155 ) 6. Fer natif. 17. De Sibérie. — Scoriforme, de nombreux globules vitreux jaune olive. 18. Du Tucuman. — Compacte ou un peu cellulaire, grains vitreux décomposés, de couleur de rouille et très-rares. 19. Du Sénégal. — Gris, poreux çà et là, grains vitreux très- petits, épars, et faciles à confondre avec les parties du fer qui sont rouillées. SL BARS AAA ARAS ARS IAA ENS Sur une nouvelle variété d'Arvile nalive ou sous-sulfate d'aluriine. M. Wessrer, bibliothécaire de la Société Géologique de Londres, a découvert, sur la côte sud d'Angleterre, à neuf milles à l'est de © 1814. MivérALoGIE: Brighton ( presque en face de Dieppe }, un minéral plus blanc que la Socitt Philomit. 8 | { ppe ); Ï q craie, et qui a les caractères et propriétés suivantes : Ce minéral est blanc, mais d'un blanc assez mat; sa texture, quoique finement grenue, est assez compacte et homogène. Elle parait se trou- -ver en masses moyennes, à surface extérieure comme mameloneuse ; elle est traversée par des veines ocreuses qui présentent des lamelles de gypse. On sait que l'argile native de Halle, délayée dans une petite quantité d’eau et examinée au microscope, semble presque entièrement com- posée de petites aiguilles ou petits prismes transparens aplatis, mais trop pelits cependant pour qu'on puisse en déterminer la forme. L'alumine native de Brighton présente absolument la mème structure, et difière en cela, comme celle de Halle, de l'alumine faite artificielle- ment, et de toutes les argiles examinées jusqu’à présent sous ce point de vue (r). Cette substance, analysée par le docteur Wollaston , a été reconnue par ce célebre chimiste pour de l'alumine presque pure combinée à (1) Cette description et l'observation de la structure particulière de ce minéral ont êté faites par le rédacteur de cet extrait, sur des échantillons qui lui ont été donnés par M. Greenoush, Ourrage nouveau. (156 ) une petite portion d'acide sulfurique, par conséquent pour un sous- sulfate d'alumine. On voit que ce minéral a un grand nombre de points de ressem- blance avec l'alumine ou argile native de Halle en Saxe. Il s’en trouve des veines dans la craie, et quelquefois couvrant la surface de cette roche calcaire. Elle est presque toujours accompagnée de gypse. Elle est placée à une grande hauteur vers la cime des escarpemens de craie de la côte, et l'on n’a pu en recueillir que sur les masses de craie tombées au pied de la falaise. En regardant ces rochers avec allention, on croit remarquer que cette substance forme une veine ou une couche qui s'étend à environ un demi-quart de lieue. A. B. RSA RAS AS AAA Théorié analytique des Probabilités ; par M. LAPLACE; seconde édition. Chez M" V° COURCIER. Ex annonçant, dans le n.° 61 du Nouveau Bulletin, la première édition de cet ouvrage, nous avons fait connaître toutes les questions traitées par l’auteur; nous allons maintenant indiquer les augmentations considérables qu'il a faites à la seconde édition: elle renferme de plus que la première, 1.9 Une introduction qui est elle-même une nouvelle édition, per- fectionnée et augmentée, de l’Essai philosophique sur les Probabilites , publié par M. Laplace il y a environ un an. Cet Essai, qu’on a aussi réimprimé in-8°, est par rapport à la Théorie analytique, ce que l'Ex- position du système du monde est relativement à la Mécanique céleste. 2.9 Un chapitre de la plus haute importance, sur la probabilité des témoignages , et sur celle de la bonté des jugemens rendus par les tribunaux. 3.2 Enfin des Ædditions placées à la fin du volume, contenant des dé- monstrations nouvelles de plusieurs formules employées dans l'ouvrage. M. Laplace y rapporte aussi la méthode d’interpolation qui a conduit Wallis à son théorême sur l'expression de la circonférence en produit infini ; et il montre le rapport de ce théorême avec celui de Sürling sur l'expression du terme moyen du binome élevé à une puissance quelconque. : A AA BAT PA (57) Observations sur le genre Glaux ; par MM. Auguste DE SAINT- HiLaïRE et DUTOUR DE SALVERT. UX calice monophylle à cinq divisions, point de corolle , cinq étamines périgynes, un ovaire supérieur et uniloculaire, un récep- tacle central libre, chargé de cinq ovules enfoncés dans sa substance, des semences sans périsperme, un embryon droit à radicule tournée vers l’ombilic : tels sont les caractères assignés jusqu'ici au genre Glaux par la plupart des auteurs. Si tous ces caractères élaient exacts, il est bien certain que celte plante devrait être rangée, comme on l'a cru, parmi les Salicariées, mais elle s'éloigne réellement de cette famille, par ce qu'il y a de plus essentiel dans les parties de la fructification. L’ovaire globuleux et terminé en pointe, est uniloculaire ; comme dans certaines Salicariées; mais M. de Saint-Hilaire a fait observer ailleurs que dans ces dernières plantes, le réceptacle était en forme de colonne, tandis que dans le Glaux il est globuleux et soutenu par un petit pédicule caché dans sa substance. Cette différence est déja de quelque importance, puisqu'elle tient, comme M. de Saint- Hilaire l'a prouvé, à l'organisation intime du réceptacle, mais il existe d’autres différences qui frapperont d'avantage, M. de Saint-Hilaire a observé les semences du Glaux, et il assure qu'elles ont un périsperme et que leur embryon n'a point sa radicule tournée vers l’ombilic. Les graines de cette plante sont brunes, chagrinées, irrégulières, anguleuses , et ont leur surface extérieure (celle qui regarde les parois de la capsule), plus large et un peu convexe. L'amande composée d’un périsperme charnu et d’un em bryon droit , placée transversalement dans le périsperme et parallèle à l'om- bilic. Ces caractères importans éloignent tout-à-fait le Glaux des Salir cariées, puisque dans celles-ci l'embryon a sa radicule tournée vers lombilic, et qu'elles n’ont point de périsperme. Une certaine ressemblance extérieure entre le Glaux et le Corri- giola est sans doute ce qui a fait croire aussi que Le premier de ces deux genres pouvait appartenir aux Portulacées; mais il est clair que cette ressemblance ne peut autoriser le rapprochement dont il s'agit, car, si les Porrulacées ont un périsperme comme le Glaux, ce corps est chez elles d’une nature bien différente, et, comme l’on sait, l'embryon y est roulé autour du périsperme. Il est encore un caractère extrêmement essentiel qui éloigne le Glaux, non seulement des Salicarices et des Portulacées, mais Livraison de decembre. 21 ne ape] TUE Boraniourx. Société Philomat. 19 novembre 1814. (158 ) encore de toute la classe à laquelle ces deux familles appartiennent. M. de Lamark a dit : il ÿ a longtemps que les étamines du Glaux n'étaient point périgynes, mais incérées sous l'ovaire; cette obser- ation négligée par les auteurs qui ont écrit depuis, est exacte. C'est donc parmi les plantes dont les étamines sont hypogynes qu'il faut chercher la place du Glaux: Aucune apétale ne présente Jes mêmes caractères, et c’est également en vam qu'on les chercheraït parmi les polypétales. A l'exception du défaut de corolle, une famille de monopétales seule les réunit tous, et cette famille est celle des Primulacées. Chez elles comme dans le Glawx, le calice est mono: phylle, l'insertion est hypogyne, le style est simple, le stigmate en tèle, l'ovaire supérieure et uniloculaire. Dans le Glaux comme dans les Primulacées, les étamines sont alternes avec les divisions du calice, et le placenta charnu, globuleux, et soutenu par un petit pédiculle caché dans sa substance , se termine par un filet qui s'enfonce dans le style et se brise après la fécondation. Dans Îles mêmes plantes, les ovules sont également inerustés dans le réceptacle ; les semences sont irrégulières et ont leur surface extérieure plus large et un peu convexe; enfin l'embryon y est également droit, parallèle à lombilie et situé dans un périsperme charnu. Une resseniblance aussi parfaite dans tous les détails de la fructification, ne permet cerlæinement pas d’éloigner le Glaux des Primulacées, et l'on pourrait dire en quelque sorte que cette plante est une Primulacée apétale. Quelques auteurs ont assuré que dans son pays natal, les fleurs du Glaux élaient pourvues d’une corolle. C’est dans les lieux où il croit naturellement que M. de Saint-Hilaire la étudié, et il a trouvé sa fleur constamment incomplète; mais s’il était vrai qu'il eût quel- quo une corolle et qu’elle fût monopétale, ce serait an rapport de plus que cette plante aurait avec les Primulacées; et ce rapport serait d'autant plus grand que les étamines du Glaux étant alternes avec le calice, seraient, comme dans les Primulacées , opposées à la corolle, sil en existait une. M. de Saint-Hilaire termine son Mémoire en présentant les carac2 tères du genre Glaux,ainsi qu'il suit : Gzaux. Calix campanulams, 5 - fidus , coloratus. Corollao. Stamina quinque hypogyna. Stylus unicus. Stigma capitalum. Capsula unilo- cularis 5- valyis. Semina receptaculo centrali globoso affixa. Peris- permun carnosum. Embryo rectus umbilico parallelus. AS L L AAA RAR RAA RS LL hnnéatentmstdit ts tte tetes Gen ee (159) Mémoire sur l'expression analytique de l’élasticité et de la roideur des courbes à double courbure ; par M. J. BiKET. Quaxp une cause quelconque détermine un changement de forme dans une ligne matérielle à double tourbure , en la concevant par- tagée dans sa longueur en élémens infiniment petits ; ce changement peut être rapporté pour chacun de ses points à trois espèces distinctes de variations; 1.° à une extension ou contraction de l'élément de la courbe dans le sens de sa longueur; 2.° à une augmentation ou une diminution de l'angle de contingence formé par deux élémens infi- niment pets consécutifs, ou à une flexion de la courbe; 5. à une augmentation ou à une diminution de l'angle de contingence compris par deux plans osculateurs consécutifs répondant au même point, et cela peut être nommé une torsion, Si la courbe matérielle est élastique, c’est-à-dire, si elle s'oppose aux changemens de forme que des forces tendent à lui imprimer, on pourra toujours considérer cette résistance en chaque point, comme provenant de trois espèces de forces s'opposant aux trois sortes de variations dont nous venons de parler. La force contraire à l'extension ou à la contraction longitudinale des élémens de la courbe s'appelle la tension; celle qui résiste à l'ouverture ou à la diminution de l'angle de contingence est nommée communément l’élasticité de l'angle de la courbe, ou plus simplement l'élasticité de la courbe," parce que c’est la seule avec la tension que l’on ait considérées jusqu’à présent. Ja troisième force tend à empêcher l'angle de contingence de deux lans osculateurs consécutifs de changer : cette nouvelle sorte d’élas- ticité s'exerce par le moyen de la torsion de l'élément de la courbe. Ce genre de force se développe principalement dans les courbes à double courbure, et les géomètres paraissent jusqu’à présent avoir entièrement négligé de le considérer ; aussi M. Lagrange, en s'occupant du problème que nous traitons ici, est-il parvenu à des équations, exactes sans doute, pour les courbes qui ne seraient douées que des deux premières espèces d’élasticité, ou pour les courbes planes sollicitées par des forces situées dans leur plan, mais qui sont loin de convenir au problème général des courbes à double courbure élas- tique. Qu'on se figure, par exemple, un fil métallique plié en forme d'hélice, comme le sont les ressorts appelés ressorts à boudins. Si une force agit de manière à rapprocher ou à éloigner les deux extrêmités de ce ressort, on voit assez que le changement de forme qu'il éprouvera aura lieu sur - tout aux dépens de la torsion du fil métallique. 1 0 1 4. Mirurmariques. Insütut. »2 août 1814. Cnrimiz Insutnt, Août 1814. ( 160 } Les trois espèces d'élémens géométriques que je viens de consi- dérer comme variables dans une courbe élastique, sont constans pour une courbe roide, et les géomètres savent qu’il en résulte que les équations indéfinies que fournissent ces deux problèmes, doivent se présenter absolument sous la même forme, ou doivent pouvoir y être ramenées ; et qu’elles ne différent que par leur objet; c’est-à-dire par les choses qu’elles doivent déterminer. IT est très-singulier que l’au- teur de la Mécanique analytique, qui a insisté sur cetle remarque dans plusieurs occasions, en ait négligé l'application dans le problème des courbes élastiques à courbure double. Il eût été conduit à consi- dérer le genre des forces de torsion, qui se présentent d’ailleurs si naturellement dans cette question. Elles ont même un autre avantage dans l'expression de la roideur ; c’est de faire éviter les forces provenant des indéterminées que M. Lagrange emploie à multiplier les variations de certaines fonctions différentielles, qui doivent être constantes dans une courbe rigide et invariable de forme. En examinant quelles sont ces forces, on reconnait que deux d’entre elles sont infinies, l’une du premier ordre, l’autre du second ordre. La raison de cette circons- tance extraordinaire se trouve dans la fonction que ces forces sont destinées à remplir; c'est ce qu'on verra suffisamment dans le cours de mon mémoire. M. Lagrange n'ayant pas cherché la signification géométrique particulière de chacune des trois quantités différentielles qui doivent être invariables, semble n'avoir pas aperçu l'inconvénient dont je parlé; et pour cette raison, mon travail est surtout propre à compléter et à éclaircir plusieurs chapitres de la Mécanique ana- lytique. Ayant été conduit à considérer de nouveaux élémens dans les courbes et les polygones construits d’une manière quelconque dans l'espace, on trouvera dans mon mémoire quelques nouvelles expressions et de nouvelles formules relatives à leur géométrie. AAA AAA AAA RAA AAA RAS | Observations sur le chlore , par M. Gay-Lussac. M. Gay-Lussac commence par établir que les muriates se changent tous en chlorures métalliques lorsqu'on les fond ou seulement qu'on les dessèche, et que quelques-uns éprouvent ce changement lorsqu'ils cristallisent, Ce principe est la conclusion naturelle des faits suivans : 1.9 La baryte, la strontiane, la chaux, l’'oxyde de zinc secs, exposés ( 161 ) à la température d’un rouge obscur, au contact de gaz hydrochlorique ont donné de l’eau; 2.° 1 gramme de potassium contenu dans un creuset a été plongé dans un ballon rempli de gaz hydrochlorique. La combinaison ayant eu lieu, le creuset a élé pesé, on a eu par ce moyen le poids du chlorure de potassium ; on à dissous le chlorure dans l’eau, on a fait évaporer et dessécher le résidu, on l’a pesé ; puis on l’a fait rougir, et on l’a pesé de nouveau. Les poids trouvés dans les deux pesées étaient égaux à celui du chlorure. D'après la détermination que l’on a faite des élémens des muriates secs dans l'hypothèse où ces sels étaient formés d’un oxyde métallique et d’un acide, il est extrêmement facile de reconnaitre la composition des chlorures, il suffit d'ajouter au poids de l'acide, celui de Poxygène qu'on à supposé uni à la base pour avoir le poids du chlore; c’est par ce moyen que M. Gay-Lussac admet que le chlorure d'argent estiormel dep. Lien $ chlore......... es aroente 4e 22"505,59 chlores PEPNE LUI 00 potassium. ..... 111,510 potassium...... 100 oxygène ...::.. 20,425 D'après ces données le rapport de l'oxygène au chlore est de 10 à 45,99, ou en nombres ronds de 10 à 44. L'analogie qui existe entre les iodates et les muriates suroxygénés a conduit M. Gay-Lussac à rechercher si la nature de ces composés ne serait point analogue. Il à trouvé par le calcul que s’il en était ainsi, l'acide des muriates suroxygénés devait être formé pus 1 oxygène 111,68, en quoi ce corps différerait de l’euchlorine de M. Davy, quiest composé de chlore. ..100, d'oxygène 22,79; ce dernier nombre multiplié par 5 donne 113,95 qui se rapproche assez de 111,68, pour faire croire que l'acide des muriates suroxygénés contiendrait cinq fois autant d'oxygène que l’euchlorine. * M. Gay-Lussac regarde l’euchlorine comme un oxyde de chlore analo- gue au protoxyde d'azote, parce qu'il contient deux volumes d'azote et un volume d’oxysène. Pour savoir sil y avait un acide de chlore M. Gay-Lussac a préparé le muriate suroxygéné de barite par le procédé de M. Chennevix, il Ya décomposé par l'acide sulfurique, et a trouvé dans la liqueur un véritable acide de chlore qui doit être nommé chlorique. Le chlorure de potassium... 4 La potasse doit être formée... 4 Des propriétés de l'acide chlorique. … L’acide chlorique est incolore et inodore, il a une saveur très- acide ; A rougit la teinture de tournesol sans la détruire ; il n’altère point 1 8 14. ( 162 ) le sulfate d’indigo ; la lumière ne le décompose point, il prend par la concentration une consistance un peu oléagineuse, la chaleur en volatilise une partie, et réduit l’autre en chlore et en gaz oxygène. L'acide hydrochlorique le réduit en chlore et en eau. L'acide sulfureux en sépare le chlore et devient sulfurique. L'acide hydrosulfurique ie décompose; on obtient de l'eau, du soufre et du chlore. L'acide chlorique reproduit fous les chlorates en se combinant avec les bases. Le chlorate d'ammoniaque est fulminant ainsi que AL. Chennevix l'a dit. L’acide chlorique ne précipite pas l'argent ni aucune autre disso- Jlution métallique ; il dissout le zinc eu dégageant du gaz hydrogne, IL paraît que l'eau ou une base salifiable est nécessaire à son existence. De la quantité de chlorate qui se forme quand on fuit passer le chlore dans l'eau de potasse. On trouve parle ealeul, que quand on fait passer du ehlore dansune dissolution de potasse , il doit se former 100 de chlorate et 300,2 de chlorure, si on admet que le chlore s’oxyde aux dépens de la potasse, ou 556,8 d'hydrochlorate, si l’on admet qu'il s'oxyde aux dépens de Peau. M. Chennevix au lieu du premier rapport a {rouvé par l'expérience celui de 100 à 595,4 M. Gay-Lussac a trouvé celui de 100 à 349 lorsqu'il s’est servi d’une solution de potasse concentrée, et celui de 100 à 512, lorsqu'il a employé de la potasse dissoute dans trois fois son poids d’eau. M. Gay-Lussac attribue la différence du résultat calculé de celui trouvé par l'expérience, à l'oxygène qui se dégage pendant la saturation de la liqueur alcaline par le chlore, et pendant les opérations qu'on fait subir à la même liqueur, avant de déterminer la: proportion du chlorate et du chlorure. De l'action du chlore sur les oxydes métalliques. Le chlore se comporte avec les oxydes de la même manière que l'iode, et l'acide chlorique se produit à peu près daus les mêmes cir- constances que l'acide iodique. Du chlorure d'azote. L'analogie indique que ce composé est formé de 3 volumes de ( 163 ) chlore et dé 1 volume d'azote ; maïs, au lieu de ce rapport, M. Davy à trouvé celui de 4 à r. ; M. Gay-Lussac se demande si Por, Pargent et le mercure fulminant ne sont pas des azotures métalliques. C: ARR RAA A A AS Mémoire sur les équations aux differences partielles ; par M. AMPÈRE L'Aaureur considère une classe particulière d'équations aux diffé- rences partielles du second ordre à trois variables , savoir : les équa- tions linéaires, par rapport aux plus hautes différences. La plus géné- rale de cette classe renferme quatre termes dont trois sont multipliés par les différences secondes et le quatrième en est indépendant ; les coëfficiens de ces quatre termes sont d’ailleurs des fonctions quel- conques des {rois Variables et des deux diflérences premieres; or, M. Ampère se propose de transformer cetfe équation en une autre, qui ne contienne plus qu'une seule différence seconde; et il. y par- vient, en effet, lorsque lon connaît deux intégrales premières de lé- quation proposée, couiénant chacune une constante arbitraire, Sil s'agissait d’une équation linéaire , non-seulement par rapport aux dif- férences du second ordre, mais aussi par rapport aux dilférences pre- mières et à la variable principale, cette transformation n'exiserait , comme on sait, qu'un simple changement des deux variables indé- pendantes, et cs nouvelles variables seraient déterminées en fonctions des anciennes par l’intésration de deux équations différentielles ordi- maires. Mais relativement aux équations plus générales que M. Am- ère a considérées, il faut changer à la fois Ies trois variables, et le choix de l’inconnue qu'il faut prendre pour la nouvelle variable prin- cipale, fait la difficulté du problème qu'il s’est proposé de résoudre, Pour rendre plus faciles à saisir les résullats auxquels il est parvenu, ous allons les présenter sous un point de vue différent du sien, qui conduit néanmoins aux mêmes conclusions. Supposons, d’abord, que l’on ait trouvé d’une manière quelconque, une intégrale particulière de l'équation proposée , contenant trois cons- tantes arbitraires, et que l’on transforme les variables de cette équa- tion en trois autres qui soient les trois constantes de l'intégrale; l’une d'elles deviendra la variable principale ; elle sera donc regardée comme fonction des deux autres qui seront les deux variables indépendantes dont on pourra fixer, comme on voudra, le rapport avec celles qu'elle 1814. MATHÉMATIQUES. Institut. Septembre 1814, à (164) remplace ; c'est-à-dire que l’on pourra se donner à volonté deux équations entre les nouvelles variables et les anciennes. Dans cette question, comme dans beaucoup d'autres où l’on fait varier les cons- fantes d’une intégrale, on reconnaît sans peine que pour donner à la transformée la forme la plus simple, il faut prendre ces deux équations de manière que les deux différences premières ne changent pas par la variation des constantes. On trouve, alors, pour cette transformée, une équation linéaire par rapport aux différences secondes, de même forme que la proposée, et qui contient, en général, les trois diffé- rences secondes de la variable principale. C’est à cette espèce de trans- formation que se rapporte celle que M. Legendre a donnée pour in- tégrer, ou du moins pour rendre tout-à-fait linéaire l'équation de l'aire vimimum, et d'autres semblables, telle que l'équation qui comprend la propagation du son dans une ligne d'air, lorsque les oscillations du fluide ne sont pas regardées comme infiniment petites. Maintenant si l'intégrale particulière d’où l’on part, n’est pas prise au hazard, mais qu’elle provienne d’une intégrale première contenant déja une constante arbitraire, que l’on a ensuite intégrée avec deux autres constantes, cette circonstance donne lieu à une réduction de la transformée. En effet on prouve aisément qu'alors, une des trois différences secondes disparait dans cette équation, ce qui peut déjà la rendre plus facile à traiter. De plus si les coëfficiens des secondes difiérences dans l’équation proposée, sont les (rois termes d’un carré, on prouve aussi que deux termes disparaissent à la fois dans la trans- formée, et qu’elle est réduite à ne plus contenir que la différence se- conde relative à l’une des deux variables indépendantes, ce qui est la forme la plus simple à laquelle elle puisse être ramenée. On peut re- marquer à cette occasion, que, d'après la théorie connue (1), une pareille équation ne comporte qu'une seule fonction arbitraire dans son intégrale complète : il en sera donc de même de toute équation li- néaire par rapport aux différences du second ordre, dans laquelle les coëfficiens de ces différences ont entre eux la relation des trois ter- iwes d'un carré; proposilion qu'on pouvait bien supposer, mais que personne avant M. Ampère n'avait complètement démontrée. Enfin si l’on est d'abord parvenu à trouver deux intégrales pre- mières de l'équation proposée, renfermant chacune une constante ar- bitraire, et qu’en les employant simultanément, on ait obtenu l'in- tégrale avec trois constantes qui est la base de toute cette analyse; il arrive alors que l’équation transformée perd deux de ses termes, (1) Journal de l'Ecole Polytechnique, treizième cahier , page 107. (165 ) de sorte qu'elle ne contient plus qu'une seule différence du second ordre; savoir : celle qui est prise une fois par rapport à chaque va- riable. Ce résultat est l’objet principal du Mémoire dont nous rendons compte. Il suppose, comme on voit, la connaissance de deux inté- grales premières dans le cas général, et d’une seule, dans le cas par- üculier dont nous venons de parler; et l’auteur observe [ui-même, que malheureusement il n’y a pas de méthode directe pour les trou- ver dans tous les cas. Lorsqu'en outre la transformée à laquelle il conduit, se trouve linéaire par rapport aux différences premières et à la variable principale, on peut alors lui appliquer les méthodes de M. Laplace qui donnent son intégrale sous forme finie, toutes les fois qu’elle en est susceptible, et sous forme d’intégrales définies dans beaucoup: d’autres cas. M. Ampère rapporte dans son Mémoire, diffé- rens exemples d'équations qui deviennent ainsi tout-à-fait linéaires, au moyen de sa transformation. 11 les intègre ensuite par les méthodes ci- tées; et il montre par-là que cette transformation, quoiqu’elle ne soit pas toujours praticable, donne cependant une sorte d'extension aux moyens d'intégration connus jusqu'ici. P. DA ARR RAR RAS RS Sur une nouvelle manière de retirer l'Osmium du platine brut; par M. LAUGIER. Pour obtenir losmium, l’un des quatre métaux du platine brut, on n’a employé, jusqu'à présent, qu'un moyen, celui de traiter la poudre noire qui résiste à l’action de l'acide nitromuriatique que l’on fait agir sur le platine, à l’aide de la potasse. La masse alcaline étendue d’eau et sursaturée d'acide nitrique est ensuite soumise à la distillation, pendant laquelle l'eau passe chargée de l’oxyde d’osmium aussi volatil que ce liquide. Cette volaulité de l’oxyde d’osmium, et plus encore l'odeur extrê- mement forte de l'acide distillé sur le platine brut, a fait soupconner à M. Laugier que cet acide pouvait bien être chargé d’une quantité quelconque d'oxyde d’osmium. 11 parait que ce fait avait été entrevu plusieurs années auparavant par M. Tennant qui s'était contenté de dire qu'il passait de l’osmium pendant la distillation. M. Laugier, pour vérifier le soupçon qu'il avait formé, a saturé l'acide avec plusieurs bases alcalines. La chaux lui a paru préférable ; la distillation presque entièrement saturée par la chaux a été soumise à la distillation, et il a obtenu une grande quantité d’eau chargée d'oxyde d'osmium. Livraison de décembre. 22 1 014 Carmrr. Société Philomat. 19 novembre 1814. Crimir. Société Philo mat. 19 novembre 1814. (166 ) Le procéié de M. Laupier est facile, expéditif, peu cotteux , et met à la disposition des chimistes une quantité d'osmium qui, jus- qu'a présent, avait été perdue pour eux. RAS SRE AS AS AAA Expériences sur la purification et la réduction des oxydes de Tilane et de Cérium ; par M. LAUGIER. CE Mémoire, qui renferme un assez grand nombre d'expériences , dont la description serait trop longue pour être rapportée dans le Bul- letin , qui a pour objet de faire sur-tout connaitre les résultats des tra- yaux des membres de la société, établi les faits suivaus : 1°. L'acide oxalique et l’oxalate d'ammoniaque sont employés avec succès pour réunir sur-le-champ la plus grande partie du titane con- ienu dans une dissolution muriatique impure de ce métal, laquelle, après leur action, reste parfaitement limpide, | .. 2° Ces réactifs, en isolant ainsi le titane, facilitent la séparation du fer qui v est mêlé. : 3. L'oxyde de litane provenant de l’oxalate, mis en pâte avec de l'huile et {fortement chauflé, est en partie réduit, et la portion ré- duité a une couleur jaune pure. 4° L'acide oxalique est le meilleur réactif pour séparer le cérium du fer; la séparation de ces deux métaux s'opère complètement par ce moyen. à 5.° L’oxyde de cérium provenant de l'oxalate, mêlé à de l'huile en quantité suffisante pour former une pâte, et fortement chauflé dans une cornue de porcelaine, se convertit en un carbure noir mêlé de points brillans, qui se trouve peser exactement le même poids que Foxyde employé. Ë G? Ce carbure encore chaud a la propriété de s’enflammer à l'air comme le meilleur pyrophore: placé sur du papier, il y met le feu, et repasse, à mesure qu'il brüle, et que le charbon se consume, à l’état d'oxyde rouge. , 7.” Cette propriété de s'enflammer spontanément fait soupçonnor que le métal avait été privé de son oxygène, dont le charbon a pris la place. k 8° Le cérium n'est pas volatil à la chaleur rouge que peut éprouver uve cornue de porcelaine dans un fourneau à réverbère, A AA SA I (167 ) Sur la présence de la Strontiane dans l'arregonite d'Auvergne; par M. LAuGier. LE carbonate de chaux et l’arragonite offrant une cristallisation très- différente, on a dû soupçonuer que ces substances différaient aussi par leur composition, et beaucoup de chimistes se sont occupés de leur analyse comparée. Presque {ous ont conclu de leurs expériences, que ces deux subs- tances étaient identiques, et qu'elles étaient formées de quantités semblables de chaux, d'eau et d'acide carbonique. M. Stromayer est le seul qui aït annoncé que l'arragonite diffère du carbonate de chaux, en ce qu’elle renferme une petite quantité de strontiane. Cette: contradiction entre lopinion de M. Stromayer et celle de beaucoup de chimistes distingués, a engagé M. Laugier à vérifier un fait attesié par le premier, et nié par les autres. Il a fait usage du procéilé de M. Stromayer, etil a obtenu d'abord une malière blanche , pulvérulente , qui ne peut être du nitrate de chaux, puisqu'elle ne se dissout point dans l'alcool, et qu’elle ne s’humecte point à l'air, et qui, dun autre côté, n'est pas de la chaux, parce qu'elle est beaucoup soluble dans l'eau , et que l’eau qui la tient en dissolution ne se trouble point à l'air. ‘Cette matière dissoute dans l'eau et abandonnée au repos, se cris- tällise régulièrement, et présente les propriétés du nitrate de stron- tiane. Les cristaux qu'on en obtient sont transparens, solides, d’une saveur âcre, piquante, d’une forme octaëdrique, ct donnent une cou- leur purpurine à la flamme d’une bougie. M. Laugier a obtenu ces cristaux en abréseant le procédé de M. Stromayer; au lieu d'attendre que le nitrate de chaux, évaporé en consistance de miel, fût devenu liquide à l'air, et que les cristaux de nitrate de slrontiane se fussent déposés, il a traité de suite la masse de par l'alcool, à 40°, qui ne dissout que le nitrate de chaux, 41 a fait son expérience sur 140 grammes d’arragonite. AS RS SAS AA SAS Cuirmir Société philomat. 19 novembre: 1814. ZooLoG1r. Institut. octobre 1814. ( 168 ) Observations sur la bouche des papillons, des Phalènes et des autres insectes lépidoptéres ; par M. J. C. SAVIGNY , de l'Ins- titut d'Egypte. Ox sait que chez beaucoup d'insectes les organes de la nutrition différent infiniment de ceux de leurs larves, et que, sous ce rapport, on doit surtout remarquer les papillons ou lépidoptères dont toutes les chenilles, quelles qu’elles soient, sont munies de mandibules plus ou moins cornées, destinées à triturer des matières solides végétales ou animales , tandis que les insectes parfaits qui proviennent de ces chenilles ne sont pourvus que d’une trompe flexible, spirale, plus ou moins développée, et quelquefois même presque nulle, dont l'usage est de s’insinuer dans le calice des fleurs, afin d’en sucer le nectar. Jusqu'à présent on avait regardé cette trompe des lépidoptères comme un organe qui leur était particulier, et qui n'avait aucune analogie avec les parties qui servent à l'assimilation des alimens dans les in- sectes des autres ordres. M. Latreille seulement avait annoncé (1) qu'on pouvait regarder les deux pièces qui forment la trompe des papillons comme occupant la place des mâchoires; mais ce naturaliste n'a pas développé cette idée, et a continué, ainsi que M. Delamarck, à donner le nom de 7rompe à l'organe en question. M. Savigny, portant toute son attention sur les différentes parties de la bouche des lépidoptères, a acquis de son côté la conviction de l'analogie qui existe entre les deux parties de leur trompe et les mâ- choires des autres insectes ; et de plus il a retrouvé dans les premiers les autres organes, plus ou moins modifiés, que l'on observe dans la bouche des insectes broyeurs. 11 leur reconnait deux lèvres, une supérieure et une inférieure, deux mandibules, deux mâchoires et quatre palpes, dont deux maxillaires et deux labiaux. ; La lèvre supérieure est très-petite et très-peu apparente, mince, membraneuse, demi-circulaire, ou plus souvent alongée et pointue, appliquée exactement à la base de la trompe et reçue dans sa suture moyenne de manière à fermer exactement le léger écartement qui se trouve entre les deux filets. Les mandibules, aussi très-petites, sont appuyées sur les deux cô- tés de la trompe et sont trop écartées pour pouvoir se toucher par leur sommet. Leur mouvement est assez obscur, et dans certains gen- res, comme dans les sphinx, elles paraissent plutôt soudées au cha- a ————————— (1) Dans une note de son Genera inseci. et crust. ,t. 1., p. 169, (169 ) Er qu'articulées. D'autrelois elles font corps avec la base de la èvre supérieure. Elles sont cornées, très-lisses dessus et dessous, vi- des à l’intérieur, tantôt applaties, tantôt renflées, plus ou moins co- niques, divergentes, parallèles ou convergentes, pointues ou ebtuses selon les genres, mais dans tous bordés de cils très-épais sur leur tran- chant intérieur. Les méchoires ont leur tige fixée à la tête et à la lèvre inférieure ; mais leur lame terminale est libre, grêle, souvent très-longue, flexible fistuleuse, arrondie en dehors, sillonée en dedans d’une goutière dont les bords sont imperceptiblement crénelés, et qui s’adaptant avec la goutière de la lame correspondante, forme ainsi un cylindre creux qui est la langue ou la trompe des lépidoptères. Chacune de ces mä- choires porte un palpe inséré précisément au même point que les palpes maxillaires des autres insectes; ces palpes sont ordinairement très-petits, mais cependant quelques lépidoptères les ont assez déve- loppés; et, comme ceux-ci ont leurs quatre palpes apparens, Fabricius les a distingué pour en former ses genres Tinea, Phycis et Crambus, que M. Latreille réunit dans sa famille des crambites. Ces palpes maxillaires sont composés tantôt de deux articles très-courts, comme dans les papillons, les hespéries, les phalènes, les noctuelles, les py- rales, les ptérophores, ou un peu plus longs, ainsi que dans les sésies et les zygènes; tantôt ils le sont de trois, comme dans les botys, les gal- leries, les crambes, les alucites, etc. Ces articles varient selon les genres dans leurs formes et leur longueur proportionnelle, IL est à're- marquer que lorsque les palpes maxillaires sont de deux articles, la trompe est foujours nue ou simplement pubescente, tandis que lors- qu'ils le sont de trois, cette rt est toujours écailleuse. -La lèvre inférieure est une simple plaque triangulaire ordinairement écailleuse, unie par une membrane aux deux tiges des mächoires , et supportant à sa base les deux palpes labiaux. Ceux-ci, faciles à observer dans la plupart des lépidoptères, sont com- posés de trois ou de deux articles, dont les formes et les proportions varient à l'infini. Tel est le résultat de l'examen attentif que M. Savigny a fait des organes de la nutrition dans les lépidoptères, et qu'il a porté égale- ment dans les autres ordres d'insectes, assez loin pour pouvoir avancer que lorsque l’on aura mieux étudié la bouche de tous ces petits ani- maux, on trouvera que quelque forme qu’elle affecte, elle est tou- jours essentiellement composée des mêmes élémens. Cependant les hymenoptères présentent, outre les parties qui composent ordinai- rement la bouche des insectes broyeurs , deux organes , dont un, décrit par Réaumur , a reçu de M. Savigny le nom d’épipha- rix. Son usage est de cacher, conjointement avec la lèvre supé- 1814. Pnysiques. Lu à l'Institut le 27 décembre 1613. (170) rieure , l'ouverture du pharinx, sur la position duquel M. Saviguy ne se trouve pas d'accord avec les naturalistes qui l'ont précédé; ceux- ci le croient placé au dessous de la lèvre inférieure ou la langue, qui est le vrai tube suceur. Selon lui, il parait certain que le pharinx des hymenoptères est situé au-dessus de la langue comme dans les autres insectes. Dans quelques-uns, en outre de cet épipharinx, M. Savigny a observé une nouvelle pièce qui s'emboite avec lui, et qui peut porter, à raison de sa position, le nom d'hypopharinx. Les mêmes organes se retrouvent tous, soit ensemble, soit séparé- ment, dans la bouche des diptères. La trompe de ces insectes, comme daus les hymenoptères, est formée par la lèvre inférieure, elle existe presque toujours, ainsi que les mâchoires qui portent les palpes, mais qui se confondent quelquefois avec la lèvre inférieure, et qui sem- blent disparaitre. Les mandibules ne se voient que dans quelques genres, notamment dans celui des taons, où elles ont la forme de deux lames très-déliées; et dans ces mêmes insectes, l’hypopharinx et l’épi- pharinx sont la soie ou les deux soies intermédiaires. La lèvre supé- rieure est encore uve soie ou une écaille plus large qui couvre les autres. M. Savigny a présenté à la première elasse de l'institut les dessins qui doivent accompagner plusieurs Mémoires qu'il se propose de lui communiquer, et qui tendront à établir principalement, 1°, que les hémiptères, soit herbivores, soit. carnassiers, ont la bouche composée d'une lèvre supérieure, de deux mandibules, de deux mâchoires, d'une langue et d’une lèvre inférieure, quelquefois palpigère, et 2°. que dans fous les acères de M. Latreille ( sans en excepter ceux auxquels il n'accorde qu'un simple suçoir ), on trouve deux mawdi- bules, deux mâchoires, une langue ou une lèvre inférieure, et quel- quefois même une lèvre supérieure. Il ajoute que dans ces insectes, il existe deux pharinx. As D: ESS SANT AS LILAS SIA S VAS Nouvelle application de la théorie des oscillations de la lu- nicre ; par M. Bior. EX étudiant les directions diverses suivant lesquelles les molécules lumineuses tournent leurs axes lorsqu'elles traversent un grand nom- bre de corps cristallisés doués de la double réfraction, j'ai été con- duit à reconnaitre qu'elles éprouvent dans l’intérieur même de ces corps des mouvemens de plusieurs sortes, tantôt oscillant autour Ci7r) de leur centre de gravité, comme le balancier d’une monlre, tantôt tournant sur elles-mêmes d’un mouvement continu. Ces résultats une fois établis par l'expérience, j'en ai déduit par les calculs une infinité de phénomènes dont jusqu'alors il n'avait pas élé possible d’assigner la véritable cause, ou qui même étaient tout-à-fait inconnus. Mais je n'avais encore appliqué ces recherches qu’à des substances dont la double réfraction est très-faible, si faible que les images des points lu- mineux vues à travers des plaques à surfaces paralleles, de trois ou quatre centimètres d'épaisseur, ne sont pas sensiblement séparées. Au- jourd’hui je les étends même aux substances dont la double réfraction est la plus énergique, telles que l’arragonite et la chaux carbonatée rhomboidale ; et je suis arrité à voir que, dans ces cristaux, comme dans tous les autres , les molécules lumineuses commencent par osciller autour de leur centre de gravité jusqu'à une certaine profondeur, après quoi elles acquièrent aussi une polarisation fixe, qui range leurs axes en deux sens rectangulaires. Pour observer ces phénomènes dans un cristal quelconque, il faut atténuer sa force polarisante jusqu'a ce que les molécules lumimeuses qui le traversent, fassent, dans son intérieur, moins de huit oscilla- tions. L'on y parvient, soit en formant avec le cristal donné, des lames suf- fisamment minces, soit en les inclinant sur un rayon incident polarisé de manière à diminuer l'angle que le rayon réfracté forme avec l'axe de double réfraction ; soit enfin, ce qui est le plus commode, en employant ces deux moyens à la fois. On parviendra encore au même but en transmeltant d’abord le rayon incident à travers une plaque de chaux sulfatée d’une épaisseur convenable, dont l'axe forme un angle de 45° avec le plan primitif de polarisation. Car, lorsqu'un rayon est ainsi préparé, pour qu'il se ré- -solve en faisceaux colorés, il n’est plus nécessaire que la force pola- risante de la seconde lame soit très-faible, il suffit qu'elle combatte et affaiblisse assez les premières impressions qu'il a reçues, pour que la différence des nombres d’oscillations opérés dans les deux plaques soit moindre que huit. J'ai trouvé ainsi que, sous des conditions exactement parcilles, la force polarisante du spath d'Islande est exprimée par 18,6, celle de la chaux sulfatée étant :; c'est-à-dire qu'il faut une épaisseur de chaux sulfatée égale à 18,6, pour détruire les modifications imprimées aux rayons lumineux par une épaisseur 1 de spath d'Islande. Or jai, depuis long-temps, fait voir que le cristal de roche agit exactement comme la chaux sulfatée. Ce rapport sera donc aussi celui du spath d'Islande, comparé au cristal de roche. Maintenant, si l’on compare les forces répulsives de ces deux substances telles que Malus les à conclues de leur double réfraction, on trouve leur rapport éval à 1814. Lu àl'Institut le 22 mai 1034. (172) 17,7; c’est-à-dire presque le même que celui des forces polarisantes, et je n’oserais point répondre de la différence. Toutes les autres substances que J'ai pu soumettre à une pareille épreuve , m'ont offert la même égalité. Ce qui acheverait de montrer, si cela était encore nécessaire, que la théorie des oscillations de la lumière atteint ces phénomènes dans leur naissance, et les ramène à la considération des véritables forces par lesquelles ils sont produits. ARIRA AAA SIA AA SS Sur les propriétés physiques que les molécules lumineuses ac- quiérent en traversant les cristaux doués de la double réfrac- tion ; par M. Bior. Daxs l'ouvrage que j'ai publié sur la polarisation de la lumière, J'ai été conduit à conclure que les molécules lumineuses , en tra- versant les corps cristallisés, n’éprouvent pas seulement des dévia- tions géométriques dans la position de leurs axes; mais acquièrent encore de véritables propriétés physiques, qu’elles emportent ensuite avec elles dans l’espace, et dont les affections permanentes se ma- nifestent dans les expériences, par des affections toutes nouvelles. Les preuves sur lesquelles J'ai établi ce résultat, quoiqu’elles me pa- russent certaines, dépendaient d’une discussion trés-délicate, el exi- geaient le rapprochement d'un assez grand nombre d'expériences, ce qui pouvait les rendre moins sensibles pour les personnes qui ne les auraient pas suivies avec beaucoup d'attention. C'est pourquoi j'ai cherché des moyens moins détournés de mettre en évidence une con- séquence aussi extraordinaire, et J'ai trouvé dans la théorie même que j'en avais déduite, les procédés les plus simples pour l'établir directement. Je commence par polariser un rayon blanc au moyen de la ré- flexion sur une glace. Je le transmets ensuite perpendiculairement à travers une plaque naturelle de chaux sulfatée, d’une épaisseur e qui excède 4 de millimètres, et dont l'axe forme un angle de 45° avec le plan de polarisation primitif, Les deux faisceaux ordinaires el ex- traordinaires qui en résultent, sortent tous deux suivant la même di- rection; en outre, d'après la théorie que j'ai établie, ces deux fais- ceaux sortent blancs; et si l'épaisseur n’est que de quelques centi- mètres, ils se comportent comme étant polarisés à angles droits, l’un dans le sens de la polarisation primitive, l’autre dans un sens rectan- gulaire. J'exclus ce second faisceau par la transmission à travers une pile de glaces, disposée de manière à le réfléchir en totalité, sans agir C175) aucunement sur le premier faisceau qui reste seul visible à travers la pile. Alors si l’on compare celui-ci avec un rayon polarisé dans Île même sens, par la seule réflexion sur une glace, on voit qu'ils sont ou du moins qu'ils paraissent parfaitement semblables quant à l'ar- rangement géométrique des particules et au sens de la polarisation; car ils se comportent absolument de la même manière, quand on les éprouve par un prisme de spath d'Islande, ou par la réflexion sur une glace inclinée. Dans le premier cas ils se résolvent également en deux images blanches qui s’évanouissent et renaissent aux mêmes li- mites; dans le second ils se réfléchissent de la même manière, et échappent ensemble à la réflexion. De plus, si on leur fait traverser des lames minces de chaux sulfatée de cristal de roche, etc., ils don- nent également des images colorées, et colorées des mêmes teintes, et ils cessent tous deux d’en donner quand ces lames ont atteint cer- taines limites d'épaisseur. Mais avec tant de ressemblances, ils offrent une différence capitale : c’est qu'au-delà de ces limites, l'épaisseur augmentant toujours, le rayon polarisé par la simple réflexion, ne donne jamais plus de couleurs, au lieu que le faisceau qui a d’abord traversé l'épaisseur e de chaux sulfatée, recommence à en donner de nouveau quand l'épaisseur de la seconde lame de cette substance entre dans les limites e + de millimètre. Il conserve donc en cela la trace durable des impressions physiques qu'il avait d’abord subies en traversant la première plaque cristallisée ; ces impressions sont relatives à l'épaisseur e de cette plaque, au lieu que le rayon polarisé par la seule réflexion, est modifié complètement comme s'il avait traversé une plaque cristallisée d’une épaisseur infinie. Je me borne ici à ce seul fait; mais la différence des deux rayons se manifeste encore dans plusieurs autres phénomènes que la théorie sait également prévoir, et qu'il aurait été, je pense, assez difficile, pour ne pas dire impossible, de deviner autrement. Découverte d'une Différence physique dans la nature des Jorces polarisantes de certains cristaux ; par M. Bior. Daxs mes précédentes recherches sur les cristaux doués de la double réfraction, jai fait voir que l’on pouvait obtenir des fais- ceaux colorés extraordinaires et ordinaires, avec des plaques épaisses comme avec des lames minces, en opposant les actions polarisantes Livraison de décembre. 23 1814. PaysiQUEe. Insutut. 25 avril 1014, C174) successivement exercées par deux de ces plaques sur un même rayon lumineux. Lorsque les plaques sont de même nature, l'opposition s’o- père toujours en croisant à angles droits leurs axes de double réfrac- tion. Mais lorsqu'elles sont de nature différente, il faut, dans cer- tains cas, croiser les axes, dans d’autres, les rendre parallèles. Ce dernier cas a lieu, par exemple, quand on combine les aiguilles de beril avec celles de quartz. Lorsque les axes de ces deux substances sont placés de la même manière relativement à un rayon polarisé, les impressions qu’elles Jui communiquent sont telles que, si elles sont successives, elles s’entre-détruisent, et au contraire, elles se con- tinuent et s'ajoutent ensemble si les axes sont croisés à angles droits; ce qui est précisément l'inverse de: ce qu’on observe quand on com- bine ensemble deux plaques tirées d'un même cristal. Ainsi dans cette sorte d'aimantation que les cristaux font subir aux particules Iumi- neuses qui les traversent, il faut distinguer deux modes d’impressions différens et opposés l’un à l’autre, comme le sont les deux électri- cités vitrée et résineuse, où les deux magnélismes boréal et austral. Je les nommerai , par analogie , la polarisation quartzeuse et la po- larisation bérillée. Voici une liste de quelques substances qui se rangent dans lune ou l’autre de ces dénominations: Polarisation quartzeuse. Polarisation bérillée. Cristal de roche. Chaux carbonatée rhomboïdale. Chaux sulfatée. Arragonile. Baryte sulfatée. Chaux phosphatée. Topase. Beril. s Tourmaline. Quand on combinera ensemble deux des cristaux dont la polarisation est de même nature, il faudra croiser leurs axes pour obtenir la diffé- rence de leurs actions, et au contraire il faudra les rendre parallèles si leurs polarisations sont différentes. On voit par ce tableau, que la forme primitive d’un cristal n’a pas de rapport évident avec l'espèce de polarisation qu'il exerce, de même qu’elle n’en a pas non plus avec les propriétés électriques des minéraux. (175) Mémoire sur la classification méthodique desarimaux mollusques, et établissement d'une nouvelle considération pour y parvenir ; par M. H. de BLAINVILLE. ( Extrait.) M. de Blainville, continuant ses recherches sur la classification mé- thodique des animaux, basée sur leur anatomie , après s'être succes- sivement occupé des quatre classes d'animaux veriébrés, traite, dans ce Mémoire, du groupe auquel on donne assez généralement aujour- d'hui le nom de mollusques, qu'il pense cependant n'être pas assez bien circonscrit. Après une histoire succincte de la Zoologie considérée sous ce point de vue, dans laquelle il cherche ce que chaque auteur a ajouté suc- cessivement à la science, et sur quelle partie de l’organisation il a établi ses subdivisions, il s'arrête spécialement à faire voir que c’est à Poli, M. de Lamarck et sur-tout à M. Cuvier, que l’histoire métho- dique des mollusques doit ses plus grands progrès. 11 croit cependant, appuyé sur un assez grand nombre d’observalions nouvelles qu’il a eu l'occasion de faire dernièrement pendant son séjour à Londres, que les méthodes les plus modernes rompent encore un assez grand nombre de rapports naturels ; et son Mémoire a essentiellement pour but de tâcher d'y remédier et de faire connaître une nouvelle considération qui lui paraît être d'un résultat plus avantageux que celle employée jusqu'ici, spécialement pour les mollusques que M. Cuvier a nommés Gastro- podes, dans la subdivision desquels on a le plus varié. N'admettant pas d’une manière rigoureuse les subdivisions premières du règne animal, auxquelles ce savant zoologiste a donné, dans ces derniers temps, le nom d'Embranchement, et que M.de Blainville avait déjà cru désigner sous le nom de Type nerveux, dans les généralités du cours de Zoologie fait à l’'Athénée en 1811, il pense que les animaux assez généralement compris sous le nom de dE doivent être, d’après la forme du système nerveux et les organes de la locomation, ou mieux d’après la forme du corps considérée en général, subdivisés en trois groupes primaires. Le premier qu'il nomme avec M. Cuvier Embrenchement ou Type des mollusques. Et les deux autres ne formant que ce qu'il a cru devoir désigner sous le nom de Sous-Types, dans une nouvelle manière d’envisager tout le règne animal dont il a fait le sujet d’un mémoire particulier, et qu'il se propose de publier incessamment ; c’est-à-dire des animaux dont le système nerveux et la forme générale du corps sont réellement 1814. ZooLoGix. Société Philomat. 2 novembre 1814. (176) intermédiaires à deux types d'organisation. Les deux sous-types dont il est ici question, sont le premier Tes Articulo-Mollusques, et le second les Mollusc-Articulés, noms composés de ceux des types auxquels ils sont intermédiaires. Le type des mollusques proprement dits est ensuite partagé en deux seules subdivisions secondaires ou c/asses , d’après la présence ou l'ab- sence de la tête, comme l’a déjà fait M. de Lamarck, c’est-à-dire en mol- lusques Céphalés et en mollusques Æcéphalés. Mais à ce seul caractère dont on a tiré le nom de la classe, s’en joignent beaucoup d'autres au moins aussi importans que M. de Blainville énumère et qu’il serait trop long de rapporter ici. à Prepant ensuite la première classe de ces mollusques , pour y établir les subdivisions tertiaires, il prend en considération les organes de la respiration qui lui ont paru entrainer avec eux le plus de rap- ports vraiment naturels; mais ce n’est pas d’abord à la position ni à À forme de ces organes qu'il s'arrête, comme l'ont fait jusqu’a présent les plus célébres zoologistes, mais à leur disposition qui peut être symétrique ou non, ce qui se trouve fort heureusement concorder avec la forme symétrique ou non des corps protecteurs, ou coquilles qui se trouvent le plus souvent à l’extérieur dans ces animaux, mais dans des degrés diférebs de développement. Ainsi la classe des mollusques Céphalés est divisée en deux sous- classes ou sections. 1°. Les moilusques Céphalés à organes de la respiration et à corps protecteurs ou coquilles symétriques quand il y en a. 2°. Les mollusques Céphalés à organes de la respiration et à coquilles non-symétriques. c Les ordres qu'il établit ensuite dans chacunede ces sous-classes, le sont sur la position, la forme et l'usage des organes de la respiration, c’est- à-dire constamment sur le même organe, d’où il a pu tirer une ter- minologie entièrement semblable ; c’est ce qui la porté à proposer de changer quelques noms, quoique recus d’après de grandes autorités. Son premier ordre dans la première sous-classe est celui pour lequel il propose le nom de Cryptodibranches, ce qui veut dire double branchie cachée ;-le caractère principal de cet ordre est effectivement d’avoir ces organes pairs bien complètement symétriques et cachés dans une large excavation entre le corps proprement dit et la peau ou le man- teau , qui alors est entièrement ouvert antérieurement pour per- mettre au fluide ambiant de parvenir jusqu’à l'organe respiratoire. C’est à cet ordre que MM. Cuvier et de Lamarck ont donné le nom de Céphalopodes tiré de la disposition et de l'usage supposé des tentacules. qui couro nnent la tête, mais qui a du être changé pour plusieurs rai- sons que rapporte M. de Blainville dans son Mémoire. Crr7 ) Le second ordre est nommé par lui Pférobranches, c’est-à-dire à branchies servant d'ailes (1); quoiqu'il ne soit pas tout à fait exclusif, ce nom indique cependant assez bien le principal caractère de cet ordre, qui est d’avoir les organes de la respiration à peu près comme dans le précédent , mais sorties hors du manteau qui est alors fermé et servant de nageoires. IL correspond à la famille des pséropodes de MM. Cuvier et de Lamarck en en retranchant le genre hyale et peut-être le pneumoderne que M. de Blainville, dans un mémoire particulier sur cet ordre lu devant la Société Philomatique, regarde comme appar- tenant à la classe des mollusques Acéphalés. Le troisième est celui des VNucléobranches; son caractère essentiel est d’avoir les organes de la respiration à la partie supérieure et moyenne du dos, formant avec le cœur une sorte de noyau , disposition qu’on a voulu indiquer dans sa dénomination. 11 comprend des genres que MM. Lesueur et Péron avaient cru devoir réunir à la famille des ptéro- podes, mais bien à tort, et dont M. de Lamarck a fait le premier un ordre distinct sous le nom d’Hétéropodes. M. de Blainville donne au quatrième ordre le nom de Polybranches, voulant indiquer par-là que les organes de la respiration sont subdivisés en un assez grand nombre de petites branchies ; mais son caractère prin- cipal est réellement d’avoir ces organes disposés sur deux rangs, de chaque côlé du corps de l'animal et tout-à-fait à découvert, ce que M. Cuvier a désigné sous le nom de Nudibranches, qui pourrait même être conservé sans inconvénient. Les genres qu'il devra renfermer sont les mêmes que ceux que M. Cuvier y place, si ce n’est le genre Doris que M. de Blainville range dans un ordre particulier ; ils peuvent être subdivisés en deux petites familles bien naturelles dont il indique les caractères. Quoique M. de Blainville conserve au cinquième ordre de ces mol- lusques Céphalés, un nom imaginé par M. Cuvier; il n’y range pas tout-à-fait les mêmes genres. Ainsi, sous le nom d’n/érobranches , c’est-à-dire de mollusques dont les branchies sont inférieures et dont le caractere le plus général est d’avoir ces organes en forme de petites lamelles rangées à la file les unes des autres sous le rebord du man- teau débordant le pied de toute part, il ne range, ni le pleurobranche dont les branchies ne sont pas symétriques, encore moins les Oscabrions qu'il ne regarde pas comme de véritables mollusques et dont il sera parlé plus bas, ni même les genres Fissurelle, Emarginule, Scutifére, tous démembrés du genre Patelle de Zinné, qui ont une forme et (1) Peut-être devra-t-on préférer ceiui de Preéodibranche ; qui indique que les: branchies servant de nageoires ne sont qu’au nombre de deux, | 1814. ( 178 ) une position de branchies toutes différentes de ce qui a lieu dans celui- ci et dont M. de Blainville forme son sixième ordre, sous le nom de Cervicobranches. Son caractère principal est d’avoir les branchies sy- métriques doubles en forme de peigne, et placées sur la partie antérieure et supérieure du dos, ou mieux sur le cou. Enfin, son dernier ordre de mollusques Céphalés symétriques, est celui auquel il donne le nom de Cyclobranches , ce qui indique la dis- position des branchies rangées en cercle autour d’un centre commun, soit qu'elles soient externes ou internes. Cet ordre est nouveau et formé avec deux genres connus, les doris et les omchidies, et un troi- sième que M. de Blainville fait connaître pour la première fois. La seconde sous-classe des animaux mollusques Céphalés, c’est-à- dire à organes de la respiration et à coquilles non-symétriques, est également subdivisée d’après la disposition des organes de la respiration. Le premier ordre correspond en très-grande partie à celui de mol- lusques gastéropodes pulmonés de M. Cuvier, sauf le genre Onchidie, dont nous venons de parler. Son caractère le plus remarquable est d’a- voir l'organe de la respiration formé par une véritable cavité palmo- naire, ne respirant que de l'air en nature; d’où M. de Blainville a tiré le nom de Pulmo-branches. L'ordre second a un nom imaginé par M. Cuvier pour des mollusques dont les organes de la respiration sont non-symétriques, el plus ou moins recouverts par une sorte d’opercule , c’est celui des Tectibranches. 11 y place les mêmes genres que M. Cuvier, et anciennement connus, une couple de genres nouveaux , et peut-être le genre pleurobranche, qui cependant, comme il le fait observer, pourrait former un ordre parti- culier, Le troisième ordre de cette sous-classe, et de beaucoup le plus nom- breux, renferme tous les animaux mollusques non-symétriques, dont l'organe respiratoire a la forme d’un peigne, d’où M. Cuvier, qui l’a établi, a tiré le nom de Pectinibranches que lui conserve M. de Blain- ville, tout en averlissant qu'il n’est pas exclusif, puisque nous avons déjà vu dans la section des mollusques céphalés symétribranches, l’ordre des Cervicobranches, dont les branchies ont la même forme. Comme cet ordre est fort nombreux, il propose de Je subdiviser, comme l'ont fait presque tous les auteurs, d'après la disposition et la forme du bord antérieur du manteau et de la coquille , en trois grandes familles ; 1.” A ouverture large et entière (x). (1) I place d’une manière définitive, dans cette famille, le genre sizaret, et en retire la Navicelle de M. de Lamarck, qui lui semble trop parfaitement régulière pour que Janimal ne soit pas un cervicobranthe. (270 ) 2. A bord antérieur de la cavité branchiale prolongée en tube, ne correspondant qu'à une simple échancrure de la coquille. 3. A bord antérieur du manteau comme dans la famille précédente, mais concordant avec un tube plus où moins long de la coquille. La deuxième classe du type des véritables mollusques, ou celle des Acéphalés, peut aussi, d’après notre auteur, être subdivisé en deux premières sections ou sous-classes, d’après la régularité ou l'irrégularité des organes respiratoires ; les mollusques Acéphalés à branchies symé- triques et ceux à branchies non-symétriques. La première sous -classe est ensuite sous-divisée en deux ordres et pourrait l'être en trois. Le premier, qui comprend les genres Zingule, Térébratule, Orbicule et de plus très-probablement les ÆAyales et peut-être même le preu- moderne, comme M. de Blainville croit l'avoir démontré dans son mé- moire particulier sur la famille des ptéropodes de Péron, a ses bran- chies paires, fort régulières , attachées sur les faces du manteau sans former de lames distinctes, d’où notre auteur a tiré le nom de Pallio- branches, pour désigner cet ordre, auquel M. Cuvier, en le formant, avait donné le nom de Brachiopodes. Le deuxième correspond à l’ordre des Acéphalés de M. Cuvier, mol- lusques , qui, outre un très-orand nombre de caractères moins impor- tans ont tous celui d’avoir les branchies, sous forme de doubles lames de chaque côté du corps, entre lui et le manteau, d’où M. de Blain- ville a cru devoir tirer la dénomination de T/rabranches qu'il propose pour la désigner. Comprenant un très-grand nombre de genres qu'il a fallu chercher à diviser en familles, il croit que dans l’état actuel de la science, les divisions peuvent portersur la disposition du manteau , à-peu-près comme on l’a fait pour les mollusques’ céphalés pectinibranches. Les familles qu'il propose, d’après l'ouverture plus ou moins grande du manteau, répondent à peu près aux genres établis par Poli, il en donne successive- ment les caractères; nous nous contenterons, afin d’abréger, de les énoncer ici; ce sont : les ostracées, les anomiés, les subostracées, les mytilacées, les arcacées, les lymnacées, les cardiacées , les 1ellina- cées, les pholadacées, les tubulacées. } Le groupe qui vient ensuite est celui qui comprend les Æscidies: quoique ces animaux aient évidemment les plus grands rapports avec l'ordre précédent et surtout avec les pholades; ladhérence presque constante du pied, l'absence de coquille ont du le déterminer à les séparer un pe plus complètement, en en formant au moins un sous- ordre dans le précédent, auquel on pourra donner la dénomination de mollusques acévhalés tétrabranches nus. Enfin le type des véritables mollusques, se termine dans la méthode 1814. ( 180 ) proposée par M. de Blainville, par la sous-classe des mollusques Acé- phalés à branchies non-symétriques , qui ne renferme qu’un ordre et mieux, qu'un genre qui est celui des Biphores , évidemment rapproché du groupe précédent, mais qui cependant en est extrêmement distinct par beaucoup de points de l'organisation, que M. de Blainville fait connaitre avec soin, Après avoimainsi terminé ce qui regarde les subdivisions secondaires et tertiaires à introduire dans le type des véritables animaux mollusques, M. de Blainville parle de ce qu'il a cru devoir nommer sous-types, d’après des considérations qu'il serait trop long de donner ici , sur-tout parce qu'il se propose de le faire incessamment d’une manière dé- taillée dans le mémoire sur une nouvelle manière d'envisager le règne animal dont il a été parlé plus haut. Le premier de ces sous-{ypes a été depuis long-temps établi par M. de Lamarck en classe distincte sous le nom de Cirrhipèdes, ce qui indique réellement un des caractères les plus remarquables des animaux qu’elle renferme. Dans sa méthode, M. de Blainville propose celui de Mollusc- articulés, ce qui indique des animaux intermédiaires aux deux types des animaux mollusques et des animaux articulés, et cependant plus rap- prochés du premier. Il donne les raisons sur lesquelles il s'appuie pour adopter cette opinion, qui aureste est celle de MM. Cuvier et de Lamarck, mais qu'il serait trop long de détailler ici. Enfin le deuxième sous -1ype comprend des animaux que les zoolo- gistes les plus systématiques, comme Linné et son école avaient, sui- vant M. de Blainville, mieux placés que les méthodistes les plus mo- dernes, ce sont les oscabrions (chiton ) que les Linnéens, portant leur première attention sur le nombre des pièces de la coquille, avaient en effet rangés sous le nom de multivalves avec les animaux du sous-type précédent , tandis que MM. Cuvier, de Lamarck et les imitateurs de ces célébres zoologistes , les mettent avec les patelles. M. de Blainville pro- pose de désigner ce sous-type, sous le nom d’articulo-mollusques, se réservant de faire connaître dans un mémoire particulier, les raisons tirées de l'anatomie comparée de ces animaux, sur lesquelles il établit son opinion. Il se borne à avancer que la disposition du système ner- veux, n'est ni celle des mollusques, ni celle des animaux articulés ; ce qu'il était pour ainsi dire aisé de deviner à priori par la forme articulée du corps, sur-tout à la partie supérieure, BRAS VS SAS SAS AAA ARS ( 181 ) Recherches sur l’Apoplexie ; par S. 4. Rochoux, docteur en mé- decine, médecin du gouvernement à la Martinique, associé correspondant de la Société de la Faculté de médecine de Paris, aide d'anatomie à la méme faculté et interne à la maison de Santé du faubours Saint-Martin. 1 vol. in-8°; à Paris, chez Méquignon-Marvis, rue de l’École de Médecine , n° 9. La connaissance de l’apoplexie remonte à la plus haute antiquité. La fréquence de cette maladie, son invasion subite et inopinée, les in- firmités affligeantes qui en sont souvent la suite, plus souvent encore la mort qu’elle produit fout-à-coup, ont dû en faire pour l’homme un objet d'épouvante. Les mêmes raisons ont dû en faire pour les médecins un sujet d’études et de méditations ; aussi, dans tous les temps, y ont-ils attaché beaucoup d'importance ; et presque tous les auteurs de quelque mérite qui ont écrit sur la médecine, ont traité de l'apoplexie d’une manière plus ou moins spéciale. IL semblerait donc que l’apoplexie ne peut manquer d’être une maladie bien connue, dont les causes, les symptômes, les caractères nosologiques sont net- tement déterminés, qu'il n’y a aucune incertitude sur les moyens de la prévenir et de la traiter, et cependant, si lon parcourt les auteurs qui en ont parlé, on est loin d'arriver à ce résultat; non-seulement ils varient sur les divers moyens à employer, soit pour prévenir, soit pour traiter cette maladie ; mais ils ne s'entendent même pas sur le sens qu'on doit attacher au mot apoplexie , dont la signification est très- restreinte pour les uns, tandis qu’elle est fort étendue pour les autres. C'est pour faire cesser. ces incertitudes et pour fixer l’idée qu’on doit attacher au mot apoplexie, qu’a écrit l’auteur du livre que nous annoncons. L'ouvrage est divisé en cinq chapitres : le premier, destiné à tracer l'histoire de l’apoplexie, est divisé en deux sections: la première, qui a pour objet l'apoplexie dans son état de simplicité, se compose de quatre articles : le premier contient les observations particulières, le second , la description générale de la maladie; le troisième renferme des réflexions sur les symptômes; le quatrième présente des réflexions sur les lé- sions organiques qu’elle produit. La seconde section traite des com- plications les plus ordinaires de l’apoplexie ; dans des articles différens sont exposées les complications 1.° avec épanchement séreux dans les ventricules du cerveau, 2.° avec le ramollissement de cet organe. Dans un troisième article on trouve des réflexions sur ces deux ma- ladies, considérées seulement comme consécutives. Le second chapitre est consacré à faire connaître les circonstances Livraison de décembre. 24 1814. Méoecixr. Ouvrage nouveau, ZooLoGier. Mém. du Mus. d'Hist* yat,, 1°" cahier, ( 182) où le diagnostique de la maladie est facile ou difficile, où même sui- van l'expression de l’auteur, tout-à-fait impossible. Un article a pour objet les maladies dont le siége est dans le crâne, et qui simulent l’apo- plexie; un autre article träite des maladies qui ont un siége différent des précédentes et qui produisent cependant les mêmes effets, L'auteur examine encore dans ce chapitre les circonstances dans lesquelles il est impossible de prononcer sur la nature de la maladie, soit parce que ses symptômes sont peu tranchés, soit parce que d’autres maladies se dé- rangent de leur marche ordinaire de manière à induire en erreur. Le troisième chapitre traite du siégÿe de l’apopletie, deux sections le composent. Dans la première , l’auteur traite particulièrement du siése de la maladie; dans la seconde, il présente des réflexions phy- siologiques sur les conséquences qu’on peut déduire des faits contenus dans la première section, relativement au système de Gall. Le quatrième chapitre renferme l’histoire des causes de lapoplexie, la première seclion comprend les causes prédisposantes, la seconde les causes eflicientes. Chacune de ces sections est divisée en deux articles, où sont exposés r.° les opinions des auteurs; 2°, des remarques criliques sur ces opinions. Une marche fort analogue a été suivie par l'auteur, dans le cinquième chapitre qui a pour objet le traitement de l’apoplexie. Une premiere section est consacrée au traitement curatif, une seconde traite du traitement préservatif. L'ouvrage dont nous venons d'indiquer le plan est remarquable par Je grand nombre de faits importans qu’il contient, par la logique sévère ui y règne, la nouveauté de plusieurs vues; ét si mainteriant les mé- dune ne s'accordent point sur la valeur du mot apoplexie, ainsi qne sur lesmoyens de guérir et de prévenir les maladies qu'il faut désigner par ce nom, ce ne sera pas la faute de M. Rochoux. mes RAR AAA SR Norice sur un poisson célèbre, et cependant presque inconnu des auteurs systématiques , appelé sur nos côtes.de l'océan A16Lr ou Marcre,'et sur celles de lal Méditerranée, Umvra, Frcuro et Poisson RorAr, avec une deseription abrégée de sa vessie natatoire.; par M. CG. Cuvier. Dans ce Mémoire, M. Cuvier propose aux naturalistes de rétablir le genre Sue ( Sciena.) tel qu'il avait été fondé, par Artedi. Il le com- pose des espèces suivantes : 1°. le coracin, corp. ou corbeau ( sciæna (183 ) nigra); 2°. le daëne (sc. Cirrhosa) ; 5°. le maigre, aigle, umbra, fegaro ou poisson royal ( sc. umbra ); 4°. les premiers johnëus de Bloch; 5°..le donchurus barbatus de Bloch; et 6°. le pogonias fascé de Lacepède. Il pense néanmoins que ces deux derniers et le sc. cirrhosa, devront être considérés comme des sous-genres dans le grand genre £ciæna tel qu'il le compose. Tous'ies poissons du genre Sciæra ont en commun, leur forme gé- nérale, leur tête renflée et mousse, écailleuse partout et composée d'os caverneux ou relevés de parties saillantes. Leur mâchoire inférieure percée de pores très-apparens ; leur seconde dorsale très-longue, jointe à- la première qui est épineuse; l’anale courte ; leur estomac en long cul desac ; leurs cæcums au nombre de dix ou douze ; leur vessie natatoire grande et garnie le plus souvent d’appendices latéraux plus ou moins nombreux et compliqués; leurs grosses pierres d'oreilles, connues dans l’ancienne pharmacie, sous le nom de pierres de colique et qu'on por- tait au col pour prévenir ou guérir cette maladie, etc. Quant aux caractères spécifiques propres au maigre ( sc. wmbra ), qui est l’objet principal de ce Mémoire, 1ls consistent principalement, daus sa grande taille ( 1 à 2 mètres), sa forme générale qui approche de celle de la carpe, son museau mousse et peu bombé, sarni d’é- cailles , aussi bien que les joues et les opercules à l'exclusion des maxillaires et des intermaxillaires , l’absence de lèvres charnues ni simples ni doubles et de dents sur les os maxillaires, les palatins, le vomer et la langue, tandis que le bord de chaque mâchoire est garni d’une rangée de dents pointues et un peu crochues , avec une seconde rangée de dents beaucoup plus petites derrière les premières, à la mâ- choire supérieure et placées entre celles-ci à la mâchoire inférieure. (Le Cirrhosa et le corp ont les dents en velours, avec une rangée extérieure de dents plus forte chez les vieux individus de la dernière espèce.) Dans le maigre on remarque encore trois pores enfoncés, de chaque côté de la mâchoire inférieure, près de la symphise., La membrane des ouies a sept rayons dont les trois derniers très-pros. Les os sous-orbi- taires sont peu considérables et fort loin de couvrir les joues. Le préo- percule a son bord dentelé dans la jeunesse, ce qui disparaît avec l’âge. L’œil est grand avec l'iris argenté. La première dorsale a neuf rayons épineux, dont le troisième est le plus élevé; la seconde dorsale ‘en a de 27 à 30, dont le premier seul est épineux. Ces deux nageoires se touchent et leur membrane se continue de l’une à l’autre. Les pectorales ont 16 rayons, et les ventrales 6, dont un seul épineux : leur étendue est médiocre. L’anale est petite, a 9 rayons, dont un seul épineux, mais fort peu épais (dans le corp on trouve toujours au contraire deux très-fortes épines à la nageoire anale. ) La caudale a 17 rayons branchus; DES MCE DE DT SEQ 1814. (184) son bord postérieur est à peu près rectiligne : dans ce poisson les écailles sont obliques, ce qui est très-apparent. La couleur du maigre est le gris argenté, plus brun vers le dos. La première dorsale, les pectorales et les ventrales sont d'un assez beau rouge; les autres nageoires sont d’un brun rougeâtre ( dans le corp toutes les nageoires sont noires. ); la ligne latérale est droite et se pro- longe jusqu’au bout de la nageoïire caudale. On compte dans son squelette 24 vertèbres dont 12 appartiennent à la queue; 11 paires de côtes qui ne se réunissent pas en dessous, 10 cœcums à l’origine du canal intestinal, 1 vessie natatoire très-com- pliquée dont M. Cuvier donne la description et la figure, laquelle pré- sente principalement 56 productions branchues de chaque côté, com- muniquant par autant de trous avec l'intérieur de la vessie, et dont le plus grand nombre (les plus petites ou les postérieures ) sont engagées dans un üssu cellulaire épais, rougeâtre et d'apparence glan- duleuse, etc. Voici la synonymie exacte de cette espèce, Umbrina, Salvien, fol. 115. — Peis-rei, Rondel. fol. 135. — Sans doute le Zatus de la Méditerranée ; de Strabon et d’Athénée.— Umbra, Belon, pag. 117 et 119.— Duhamel, (pêches rie. part., sect. VIT, pag. 157, pl. 1 fig.5.) — Aigle des pécheurs de Dieppe en 1815. — Cheilodiptère Aigle, Lacepède, suppl. tom. V, p.685. — Perca ZLabrax ( descript, de la vessie aérienne ) Cuvier , lec. d’anat. comp. t. V.p. 278. ) — Perseque Vanloo (Fésous ) Risso, icht. de Nice, p- 295, pl. IX £ 50. — Umbrina des Romains, en 1814. Toutes les autres descriptions de ce poisson données par les au- teurs, sont inexactes en ce qu’elles se compliquent souvent de traits caractéristiques propres aux deux autres espèces de sciènes , le corp et le cirrhosa. Willughby, Rai, Artedi et Linné ont princi- palement jeté beaucoup de confusion dans Fhistoire de ces trois poissons. \ On trouve les maigres également dans la Méditerranée et dans l'Océan. Cependant leur patrie paraît être larégion méridionale de la Méditerranée, car on ne les pêche jamais que lorsqu'ils ont atteint un certain volume sur les côtes de France et d'Italie; et ceux que l’on prend aussi sur nos côtes du nord ou de l'Ouest, sont de très-grande taille : sa chair était très-estimée en France au seizième siècle, et à Rome, sous Sixte IV. Au sujet de ce poisson, M. Cuvier rapporte, d'après Paul Jove, une anecdote très-plaisante sur un parasite Romain, nommé Tumisio. Maintenant le maigre est fort peu estimé, et à peine en paraît] un ou deux individus par an, chez les marchands de comestibles de Paris. A. D. (185 ) Mémoire sur les intégrales définies ; par M. CAvcuy. LA considération des intégrales doubles est un moyen que les éomètres ont souvent employé, soit pour trouver les valeurs des intégrales définies, soit pour,les comparer entre elles. M. Laplace s'en est d’abord servi dans SOA Mémoire sur les fonctions de grands nombres; M. Legendre, dans la première partie de ses Exercices de Calcul intégral ; et j'ai eu aussi plusieurs fois l’occasion d'en faire usage. C’est sur cette considération qu'est fondée la première partie du Mé- moire de M. Cauchy. 11 prend une fonction de y, que je désignerai par Y;ily met, à la place de y, une autre fonction de deux variables x et z; et il observe qu’on a identiquement : dy dy\, d ( Y dz) = d ( Y +) 2 dz dx d’où il résulte, en multipliant par 4x dz, et prenant ensuite l'intégrale double, dy BHIÈRE RELERETE Ces intégrales sont indéfinies ; mais si l’on suppose que l'intégrale re- lative à x est prise depuis x = a jusqu'à > = a”, et l'intégrale relative à z, depuis z = b jusqu'à z= L'; que de plus on fasse d 7 Yi =f(z,2), = F(z,2), l'équatic:: précédente deviendra, en passant aux intégrales défininies, Sf(a, b)drx— Sf(x,b)dr= JF(a!,z)dz- SF(a;z)dz. (1) Elle établit, comme on voit, une relation entre quatre intégrales dé- finies différentes, qui peut servir à leur détermination ; mais M. Cauchy montre,en outre, comment on peut la partager en plusieurs autres équa- tions, ce qui donne le moyen d’en tirer un plus grand avantage. D'abord il suppose que la fonction prise pour y, soit de la forme y =m+ny/—1; l'équation (r) contient alors une partie réelle et une partie imaginaire ; elle se subdivise donc en deux autres, que l’auteur décompose de nouveau, par un moyen que nous ne pouvons pas indiquer ici. Comme on peut prendre pour Y telle fonction de y qu'on veut, et y substituer ensuite, à la place de y, une infinité d'expressions différentes , il semble que l'équation (r) et celles qui s’en déduisent devraient déterminer ERREUR SET REC MEET SE 1,6 1 4. TATUÉMATIQUES. Insütut. 22 août 1614. ( 186 ) quelques intégrales nouvelles; mais parmi les nombreux exemples que l’auteur a rassemblés dans la première partie de son Mémoire, je n'ai remarqué aucune intégrale qui ne füt pas déjà connue, ce qui tient sans doute à ce que son procédé, quoique très-général et très- uniforme, n'est pas essentiellement distinct de ceux qu'on 4 employés Jusqu'ici. Voici un des résultats les plus généraux qu’il obtient. Soit V une fonction de +; suppossons qu'en y substituant ( a + by —:1)x à la place de cette variable, elle devienne P+QyY/—7:; supposons aussi que les produits P x° et Q x" soient nuls, pour les valeurs x = o et æ=};en prenant les intégrales entre ces limites, et en faisant, pour abréger, 7 Va +6, a =r cos. 0, b = r sin. 6, M. Cauchy trouve qu’on a, en général, 1e dr ee [Var Ana fes tarte fNz" 'èz e. T Le On obtient immédiatement ces formules par la simpie observation qu'en substituant (a+by/—1)x à la place de x,les limites de lin- tégrale restent les mêmes ; de sorte qu'on a Es RER de= (a+ by). fCP+QV=n eds; mettant pour a et b leurs valeurs,et partageant cette équation en deux autres, on trouve les formules citées ; mais par la manière dont M. Cauchy y parvient, on voit que ces formules sont sujettes à des conditions relatives aux valeurs extrêmes de P x" et Q x*, et à quel- ques autres exceptions; ce qui prouve que l'emploi du facteur ima- ginaire a + by/— 1 nest pas toujours légitime. Dans la seconde partie de son Mémoire, M. Cauchy observe que l'équation (r) est quelquefois en défaut, et que cela arrive quand les fonctions comprises sous le signe / deviennent = pour des valeurs de x et de z comprises entre les limites de l'intégration. En effet, on sait qu’une fonction de deux variables qui se présente sous cette forme est réellement indéterminée; elle est susceptible d’une infnité de va- leurs différentes, et elle en prend deux, qui ne sont pas les mêmes, lorsqu'on y substitue dans deux ordres différens les valeurs parti- culivres dés variables qui la rendent # Si donc on a une intégrale 116 887 ] JTe(x,2)d xdz, et ques (x, 2) passe par l’indéterminé pour des valeurs ze etz=€, comprises entre les limites de l'intégration, il arrivera que l'élément 6 (#, € )dx dz,\quileur correspond, aura deux valeurs différentes, selon qu’on y fera d’abord x=2 et ensuite z= €, ou selon que lon commencera par z=c€; donc l'intégrale double, qui est la somme de tous les élémens, n'aura pas non plus la même valeur, selon que lon commencera l'intégration par rapport à l'une ou à J'autre variable ; donc aussi les deux membres de équation (r)pourvont quelquefois n’être pas égaux, puisqu'ils représentent les résultats d’une intésration double, faite dans deux ordres différens. A celte remarque de M. Cauchy, on doit ajouter qu'au moins l’une des deux valeurs de 4 (x,z), correspondantes à æ = « et z=€, doit être infinie ; car si elles étaient toutes deux finies, on pourrait négliger l'élément &( 4, €) dx dz, sans que l'intégrale /fe(x, z) dx dz en fût altérée; et alors sa valeur serait encore la même, quoiqu'on eût effectué l'intégration dans deux ordres différens. M. Cauchy, après avoir indiqué les cas où l'équation (r ) devient fautive, détermine la quantité À, qu'il faut alors ajouter à l’un deses deux membres pour rétablir l'égalité. IL fait voir qu’elle est exprimée par une ou plusieurs intégrales simples, d’une espèce particulière, et qu'il nomme zrtégrales singulières. Ce sont des intégrales prises dans un intervalle infiniment petit ; et effectuées sur une fonction contenant elle-même une quantité infiniment petite, qu'on ne doit supprimer qu'après l'intégrauon. Ces intégrales ne se présentent pas ici pour la première, fois; on en rencontre une semblable dans le problème d’un corps pesant sur une courbe donnée, lorsque le mobile approche d’un point où la tangente est horizontale : sil en est à une distance infini- ment petite, et que sa vitesse soit nulle, le temps qu'il emploie pour l'atteindre tout-à-fait, a une valeur finie qui est déterminée par une intégrale de lespèce dont nous parlons. Le propre de ces intécrales est d’être indépendantes de la forme de la fonction soumise à DiNtee gration ; ainsi, dans l'exemple que nous citons, la valeur du temps né dépend pas de l'équation de la courbe, mais seulement de la lonvueur du rayon de courbure au point que l’on considère ; et c’est une cir- constance semblable qui permet à M. Cauchy de donner sous une forme très-simple la valeur générale de la quantité A. Ce que le Mémoire dont nous rendons compte contient, selon nous, de plus curieux, c'est l'usage que l’autenr fait des intégrales qu'il nomme singulières, pour exprimer d’autres intégrales prises entre des limites finies. Il parvient ainsi à plusieurs résultats déj connus. Cette manière indirecte de les obtenir ne doit pas être préférée aux mé- thodes ordinaires, mais elle n'en est pas moins très-remarquable, et digue de l'attention des géomètres. IL obtient par ce moyen les valeurs 1614. Ouvrage nouveau. ( 188 ) de quelques intégrales qu’on n'avait pas encore explicitement consi- dérées, mais qui rentrent dans d’autres intégrales déjà connues, ou qui s’en déduisent assez facilement. Par exemple, M. Cauchy donne la valeur de l'intégrale cos. bæ dx cos. ax 1+zx? prise depuis += 0 jusqu'àxz =2; or elle est comprise dans celle-ci: ? sin. cæ.sin, 2ax dx —— —————— ———————— (1 +2acos.2axz+a) 142? dont on obtient la valeur en la reduisant en série suivant les puissances de «, ainsi que M. Legendre l’a pratiqué relativement à une intégrale un peu moins générale (*). L'iniégrale de M. Cauchy se déduit de celle que nous citons,en y supposant «=1, c=a+b, ct faisant ensuite les réductions convenables. P. ARR ARS AS RS ES Recherches expérimentales et mathématiques sur les mouvemens des molecules de la lumiere autour de leur centre de gravité ; par M. Bi1oT. 1 vo. in-4.° ; chez Firmin Didot. 3 Cet ouvrage renferme les divers Mémoires que M. Biot a lus à Institut, sur la polarisation de la lumière pendant les années 1812 et 1815. 11 y a joint une exposition générale de ce genre de phénomènes, dans lle il rappelle d’abord les belles découvertes de Malus, et celles des divers autres physiciens. 11 les présente dans l’ordre le plus propre à établir une liaison entre elles, et avec tous les détails néces- saires pour qu'en puisse en répéter les expériences et en saisir les résultats; de sorte qu’on peut regarder ce volume comme renfermant tout ce qu’on sait aujourd’hui sur celte partie si nouvelle et si im- portante de l'optique. (*) Exercices de calcul intégral , quatrième partie , page 123. AS AS A (139 ) Moyennes des observations du baromètre et du ‘thermometre , faites à la Havane pendant les années 1810, 1811 et 1812; communiquées par don JOSE JoAQUIN de FERRER , correspon- dent de [Institut Baromètre. Thermomètre centigrade, Janvier. ....... 01000: Oro rene PH LE RÉVrIEr creer ee OO SO Trente ec 29, 2: NTars ere. 47092290... 00 DD HAVE bee ON 7USONE pere OUT Mai DODGE DOI NO CEE Doboom ble 28e IH 0BES CS MO Goo eco oot it bo 28, 4. JIE6... ue 0704 SAR rennes 28, 5. AOÛ. 2 2. OO de ecntoe sv 28, 8. Septembre..... 0,000 ONE oeese 27, 8. Octobre... ..... DR RON Aero ele cie sise 26, 4. Novembre..... HIS ECS OPEN SV SE Décembre. .... 0,100 10e celtes 23,0 Te La plus petite hauteur du baromètre, pendant ces trois années, eut fieu le 25 octobre 1810, et était égale à 0,"7447,2; on observa la plus grande hauteur le 20 février 1817, et elle fut de 0," 78226. La différence entre ces deux nombres ou 0,"03754, est la plus grande variation ba- rométrique qu’on ait jamais observée dans cette île. Les deux extrêmes du thermomètre ont été observés les 14 août et le 20 février 1812. A la première de ces deux époques, le thermomètre s'était élevé à 30°,0; et à la seconde il était descendu à 16°,4. Dans un puits de 100 pieds de profondeur, le thermomètre se soutient, dans l'air, à 24°,4; en contact avec l’eau, il marque 0°,8 de moins. Ces observations ont été faites avec des baromètres anglais et des thermomètres de Farenheit; mais nous avons tout réduit à l'échelle centigrade, afin que le lecteur puisse plus facilement comparer ces ré« sultats avec ceux que nous avons insérés dans une des précédentes li- vraisons. - A. RAA RAA RAA ARR AAA Livraison de décembre. D ut 1814, “4 CRETE SSSR PELLE TE CNET SRSNREPRRTT REP | EEE RCE SE 22 PLAIT 2 DRASS RE D ARABE EN VAT MERE ESC EE TION TABLE des noms des Auteurs des Mémoires ou Articles dont on a donne les extraits, et renvoi à ces extraits. Apams ( Willlam), page 28. AMPÈRE, 107; 163. AuGusre DE SaINT-H1iLAIRE , 157. Brner, 159. Bror , 1703 172 , 173. BLacpen , 32. BLAINVILLE (DE), 175. Brewsrer (David ), 33. BRONGNIART , 195. Browx (Robert), 65. Boxer, 148. Cassrar (Henri), 9. Caucux , 95 , 185. CuevreuL , 67, 109. Coin, 129. Cuvier ( Georges), 22 , 73, 80 , 182. Desmanesr (A. G.),7,18, 52. DessaAIGNES , 12. Desvaux, 23. Durour DE SALVERT, 197. Enwars, 21. Ferrer (Jose Joaquin pr ), 169. Freurtau DE BELLEVUE , 78. FREMINVILLE, 7e Gauruier De Crausry (H), 129. Gax-Lussac, 112, 162. Hosr, 145. Jon, 20. Kreser ( Dietrich-Georges), 58. Koznic , 149. Lamouroux ( J.), 151. LapLAce, 706. Lauctrer, 165 , 166, 167. LEMAN, 151. Le Sueur, 5, 45, 52. Mancez DE SERRES, 13. Omazius D'Hazrox (J.J.n’), 25. Onrvxrira, 66, 100. Parissor pe BEAuvois, 130. Porsson, 47 ; 142. RamonD , 92. Rocnoux, 181. SaussurE (Thomas DE), 42. Savicnx (J. C.), 166. ScaroraeiM, 69. Vauquezin, 55, 64. Wazrasron (W.H.), 104. Zacu (DE), 134. SAIS AR ASS RAA ERRATA ET ADDITIONS. Pages 5,àla marge, 1812, lisez 1813. 9 ; ligne 2 de la note , n° 76 , lisez n° 63. 45, lignes 13 et 25, fig. 12, lisez fig. 11. 154, ligne 5, Woltdcottage , lisez Woldcottage, Ibid. , Vigne 22, 1814, lisez 1803. 109 , ligne 13, après alcalis, ajoutez, par M. Cnevreur. 177, ligne 1 de la note, Pieéodibranche , lisez Piérodibranche. oo EXPLICATION: DES PLANCHES. Planche 1". Fig. 1, Rissoa à côtes, Rissoe costata. Page 7. 2. R, ventrue, R.-ventricosa. p. 8.@ 3. R. oblongue. À. oblonza: p. 7. 4. R. aiguë. R. acuta. p. 8. 3 5. R. treillissée. R. cancellata. p. 8. 6. R. transparente, R. /yalina. p. 8. 7-R. violette. R. iolacea, p. 8. 8. Paludine fossile d’auprès ke Fribourg en Suisse, p. 16: 9. Auricula myosotis Drap. p, 17: 10. Ancyle des lacs. Ancylus lacustris Drap. p.19. 11. Ancyle riverain. Ancylus riparius Desm. p. 19. 12, Ancyle fluviatile. Ancy/ns fluviatilis Drar. p. 19. 15. Ancyle épine de rose: Ancylus spina rosæ. Drap. P- 19. 14. Ancyle perdu. Ancylus deperditus. Des. P: 19. 15. Planorbe régulier. P/anorbis regularis, P- 15. 16. Callionyme Risso. Cal/ionymus Risso, Le Surur , p- 5., grandeur naturelle; — 16 a, aiguillons des opercules grossis. — 16 4, anus terminé en mamelon, avec un appendice, 37. Callionyme élégant. Callionymus elegans, Lx Sueur, p. 6, grandeur naturelle. - — 17 & aiguillons des ouies grossis, Planche II, Fig. 1. Flustre épaisse. Flustra incrassata. Page 53. a grandeur naturelle, 3 grossie. 2. Flustre mosaïque. Flustra tessellata. p.53. d grandeur naturelle, c grossie, 3. Flustre-crétacée. Flustra cretacea. Ibid. e grandeur naturelle , f grossie 4. Flustre en réseau F/ustra reticulata. Ibid. h. grandeur naturelle, g z grossie. 5. Cellepore mégastome, Cellepora megastoma. p. 54. k gr. natur., / grossie. 6. Flustre bifurquée. Flustra bifurcata. p. 55. n gr. natur., m empreinte grossie ;- o vestige des cloisons. 7- Cellepore globuleuse. CeZlepora globulosa. p;:54. p gr. natur., q grossie, 8. Flustre utriculaire. Flustra utricularis. p- 54. r grossie, s gr. natur. 9. Flustre à petite ouverture. Flustra microstora. P- 54. 4 gr. natur, w grossie. 10. Flustre à cellules quarrées, Flustra quadrata. p. 54. x gr. natur, » grossie, 11. Cymothoée bopyroïde. Cymothoa bopyroïtdes. Le Sueur. p. 45. A BC, individu femelle de grandeur naturelle , vu en dessus, en dessous et de profil; D une patte de la deuxième paire; E une patte de la sixième paire ; F tête de l'animal; G'sa bouche ; H & Branchie ; H b'et K écailles qu protègent les branchies; He, Le, K c, organe bisarticulé qui accompagne les branches ; L petits. 32. Coupe du terrein de la partie de \à France comprise entre Guéret ( Creuse) et Hirson ( Aisne). Voyez page 25. TABLE DES MATIÈRES. HISTOIRE NATURELLE. ZOOLOGIE. Note sur deux poissons non décrits du genre Callionyme et de l'ordre des Jugulaires; par M. Le Sueur. Page 5 Mémoire sur la composition de la mâchoire supérieure des poissons, et sur le parti u’on peut en ürer pour la distribution méthodique de ces animaux; par M. G. Cuvier. 73 Observations et recherches critiques sur différens poissons de la Méditerranée et, à leur occasion, sur des poissons des au- tres mers plus ou moins liés avec eux ; par M. G. Cuvirr. ù 80 — 1° Mémoire. Sur l’argentine. Ibid. — 2° Mémoire. De la melette, espèce de petit poisson du sous-genre des anchois, placé tantôt parmi les athérines, tantôt parmi les brochets; et des caractères des anchois en général, 82 — 5° Mémoire, Du mulle imberbe , ou apogon. 83 — 4° Mémoire, Sur la donzelle imberbe, 85 — 5e Mémoire. Sur le rason ou rasoir ( Cor- pyhœnu novacula EL.) et sur d’autres poissons rangés dans le genre des cory- hènes qui doivent être rapprochés de la Émile des labres. 86 — 6° Mémoire. Sur le petit castagneau, appelé sparus chromis par tous les au- teurs, qui doit devenir le type d’un nou- veau genre nommé chromus , et apparte- nant À a famille des labres: 88 — 7° Mémoire. Sur les divers genres con- fondus: parmi les lutjans et les anthias, et principalement sur plusieurs lutjans qui doivent être ramenés à la fanulle de labres , sous le nom sous-générique de crénilabre. 89 — 8° Mémoire. Sur une subdivision à intro- duire dans le genre des labres. 90 — 9° Mémoire. De l'état actuel du genre sparus, et des démembremens dont 1l est encore sasceptible. 9É Notice sur un poisson célèbre , et cependant presque inconnu des auteurs systémati- ques, appelé sur nos côtes de l'Océan, AIGLE OU MAIGRE, et sur celles de la Mé- diterranée, UMBRA, FEGARO, et POISSON ROYAL, avec une description abrésée de sa vessie natatoire, par M. G. Cuvier, 182 Descripuion des coquilles univalves du genre rissoa de M, de nie ; par M. A.G. Desmarest. 7 Notessur les ancyles ou patelles d’eau douce, et particulièrement sur deux espèces de ce genre non encore décrites, l’une fossile et l’autre vivante; par M. A. G. Desma- rest. 18 Mémoire sur quelques flustres et cellépores fossiles; par MM. À. G. Desmarest et Le Sueur, Hat Mémoire sur la classification méthodique des animaux mollusques , et établissement d’une nouvelle considération pour y par- venir; par M. H, de Blynville ( extrait }: 175: Sur une nouvelle espèce d’insecte du genre- cymothoa de Fabricius ; par M, Le Sueur. 45° Observations sur la bouche des papillons, des phalènes et des autres insectes lépi- doptères ; par M. J. C. Savigny, de l'ins- titut d'Evypte. 168: (194) BOTANIQUE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Second Mémoire de M. Henri Cassini sur les synanthèrées. Page 9 Mémoire surle genre bananier ; par M.Des- vaux (analyse ) 23 Caractère du dawsonia , du buxbaumia et du leptostomum , genre de la famille des mousses ; extrait d'un Mémoire de M. Robert Browx , imprimé dans le vol. X des Transactions linéennes. 65 Sur les organes de la fructification des MINÉRALOGIE Analyse de plusieurs substances minérales; par M. John. 20 Sur une nouvelle variété d'argile native ou sous-sulfate d'alumine. 155 Note sur le gisement de quelques coquilles terrestres et fluviatiles; par M. Marcel de Serres. 13 Nouvelles observations sur le prétendu homme témoin du déluge de Scheuzer ; par M. G. Cuvier. 22 Ménoire sur l'étendue géographique du terrain des environs de Pari,; par J. J, d'Omalius d'Halloy. (Voyez pl. IT, fe. 112.) 25 Dissertation sur l’histoire naturelle des pé- trifications , sous le point de vue de la géognosie; par M. de Schlotheim. Ga © 4 A Q # Sur des dépôts de corps marins observés mousses; par M. Palissot de Peauvois. 130 Chbservations sur le genre glaux , par MM. Auguste de Saint-Hilaire et Dutour de Salvert. 157 Mémoire sur l'organisation des plantes, qui a remporté le prix proposé par la Société theylérienne en 1512; par M. Dietrich Georges Kieser, professeur à l’université d'léna. 58 ET GÉOLOGIE. sur les côtes de la Charente-Inférieure et de la Vendée; par M. Fleuriau de Bellevue. 78 Description des terrains de schiste argileux (thonschiefer) et de psammite schistoïde (crauwacke ) du Thuringerwald et de Fraukenwald ; par M. de Hoif. 145 Sur un squelette humain fossile de la Gua- deloupe ; par M Ch. Kœnis. 149 Sur la chute de pierres qui a eu lieu dans le département de Lot-et-Garonne le 5 septembre 1814. Extrait d’une lettre de M. J. Lamouroux , ex-pharmacien des armées, à M. le comte de Villeneuve, préfet du départem nt, et sur la compa- raison de ces pierres avec celles d’autres lieux , conservées dans le cabinet de M. Dedrée, à Paris ; par M. Léman. 154 CHIMIE. Nouvelles observations sur l'alcool et l'ether sulfurique ; par M. Th. de Saussure. 42 Extrait d'un Mémoire sur l'iridium et l’os- mium , métaux qui se trouvent dans le résidu insoluble de la mine de platine traitée par l'acide nitromuriatique ; par M Vauquelin. 55 Sur la conbustion de l'argent par le gaz oxyoène; par M. Vauquelin. 64 Recherches chimiqnes sur plusieurs corps gras, et particuhèrement sur leurs com- binaisons avec les alcalis ; par M. Che- vreul. ÿ 67 Recherches chimiques sur les corps gras, et particulièrement sur leurs combinai- sons avec les aicalis; troisième Mémorne. De la saponification de la graisse de porc et de sa composition ; par M. Chevreul. 109 Mémoire sur l'iode ; par M. Gay-Lussac. 112 Mémoire sur les combinaisons de l'iode avec ( 195 ) les substances vésétales et animales; par MM. Colin etH.Gauthier de Claubry. 129 Observation sur le chlore; par M. Gay- . Lussac. 161 Expériences sur la purification et la réduc- tion des oxydes de titane et de cérium ; PHYSIQUE ET Sur la phosphorescence des gaz co mprimés ; par M. Dessaigne. 12 À treatse on new philosophical instramens for various purposes in the arts and science with experiments on light and colours ; David Brewster. 1 vol in-8° de 427 pag. et de 12 pl, imprimé à Edim- bourg en 1815. 33 Résultat des observations météorologiques faites à Clermont-Ferrand depuis le mois de juin 1806 jusqu’à la fin de 1613 ; par M. Ramond. Lu à l'Institut le 20 juin 1814. 92 Sur une chambre obscure et un microscope périscopiques ; par M. William Hydes Wallaston. 104 L’attraction des montagnes et ses effets sur les fils aplomb ou sur les niveaux des instrumens d'astronomie , constatés et déterminés par des observations astrono- miques et géodésiques faites en 1810 , à par M. Lauoier. 166 Sur une nouvelle manière de retirer lPos- mium du platine brut; par M. Lausier. 165 Sur la présence de la strontiane dans Par- ragonite d'Auvergne ; par M.Laugier. 167 ASTRONOMIE. l'ermitasge de Notre-Dame-des-Anses , sur le Mont de Mimet, et au fanal de l'ile de Planier, près de Marseille , etc ; par le bar n de Zach. 2 vol. in-6°, imprimés à Avionon en 1814. 134 Note sur la chaleur rayonnante ; par M. Poisson. 142 Sur les propriétés physiques que les mo- lécules lumineuses acquèrent en traver- sant des cristaux doués de la double ré- fraction ; par M. Biot. 171 Nouvelle application de la théorie des os- cillations de la lumière ; par M, Biot. 170 Découverte d’une différence physique dans la nature des forces polarisantes de cer- tains cristaux; par M. Pot. 173 Moyennes des observations du baromètre et du thermomètre, faites à la Havane pendant les années 1810, 181r et1812; communiquées par don Jose Joaquin de Ferrer, correspondant de l’Institut. 189 MATHÉMATIQUES. Mémoire sur les surfaces élastiques; par M. Poisson. 47 Journal de l'Ecole Polytechnique, seixième * cahier, tome IX. 65 Mémoire sur la détermination du nombre des racines réelles dans les équations al- gébriques, lu à l'institut dans le courant de 1615 ; par M. Cauchy. 99 Mémoire sur l'intégration des équations aux différentielles parüelles ; par M. Ampere. 107 Théorie analytique des probabilités; par M. Laplace ; seconde édition, Chez ma- dame Courcier. 156 Mémoire sur l'expression analytique de l'élasticité et de la roideur des courbes à double courbure ; par M. Binet, 159 Mémoire sur les équations aux différences partielles ; par M. Ampère. 163 Mémoire sur les inttyrales défimes ; par M. Cauchy. 185 MÉDECINE ET SCIENCES QUI EN DÉPENDENT. Mémoire sur quelques points de l'anatomie de l'œil ; par M. Edwars, 21 Observations pratiques sur l'Ectropion À avec la description d’une nouvelle opéra- (196 ) tion pour la guérison de cette maladie , et sur la manière de formèr une pupille artificielle ; par M. William Adams, mem- bre du collège royal de chiruroie de Londres, 3 , 28 Extrait d’une lettre du chevalier Blagden à M. le comte Bertholet. 32 Extrait d’un rapport fait à la première classe de l’Institut , sur l’ouvrage de M. Orfila , intitulé Toxicologie générale ; par MM. Pinel, Percy et Vauquelin. 66 et 100 Traité des maladies chirurgicales et des opérations qui leur conviennent ; par tres M. le baron Boyer, professeur de chi rurgie pratique à la faculté de médecine de Paris. 148 Recherches sur l'apoplexie ; par M.S. A. Rochoux , docteur en médecine , méde- decin du gouvernement à la Martinique, associé correspondant de la Société de la Faculté de Médecine de Paris, aide d’a- natomie à la même faculté, etinterne à la maison de santé du faubourg Saint-Mar- tin. à vol.in-8°; à Paris, chez Méquignon- Marvis, rue de l'Ecole de Médecme, n°9. 482 Fin de la Table des matières. BULLETIN DES SCIENCES, LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS. | ANNÉE 1019. Rs PARIS, IMPRIMERIE DE PLASSAN. LiSTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATNQUE, AU ASE JANVIER 1815, D'APRÈS L'ORDRE DE RÉCEPTION. (NOMS. Membres eémérites. MM. BERTHOLETLAENNE HAMARCE 20, PIC NONGERE ALL A PDJUSHESNES . ME H'APLACES AS. Ces CORREA DE SERRA. TONNELLIER. .... >: GILLET - LAUMONT. DELEUZE- Re ee ur. Membres résidans. SIÉVESDRE- Ati. BRONGNIART N'AUQUELINE Lac 2 à T'ACROIX = EE Ce he COQUE BERT - MOXT- ALLÉS A EURE PRONE EI) E Sat BOSCEAM PE CURE TPARREY- ect IDESCOSTILS 2670 ASTEXRIE 22 IDREMERT.: 1-0 HAGEPEDR eee onto ee CHAPFEAL: Saber BUTET Troc ente Dates de Réception. 14 sept. 21 sept. 28 sept. 10 août 12 Janv. 17 déc. 11 janv. 51 juill. 28 mars 22 juin 10 déc. Id. 9 nov. 15 déc. 14 mars 14 sept. 28 sept. 12 Janv. 14. 25 mars 20 août 24 sept. 5 déc. 2 mars 20 août 1° Juin 21 Juill. : 14 Hévrs 1705. 1703. 1705. 1704 1797: 1802. 1806. 1794- 1703: 1801. 1788. 1789. 1795. 1703. 1703. 1705. 1794 1705. 1796. 1706. 1796. 1797 1797- 1708. 1798. 1800. NOMS. MM. DECANDOLLE..... Cuvier (Fréd.) .. NIERBEEREC EPST ÉAGHETTE AS AMPÊRE...-eseee D'ARGENT Du Peritr-Taouars PARISET ARAGOLTN TES Eee NESTEN rte Lier HAUGIERL ASS. ROARD EEE CHEVREUL...., Se PuISSANT GUERSENTE EC 0e BAILLETELR CE Le JLAINVILLE ...... BINET EME 4 MILESUEUR SNA TAN MONTÉE CREME 0 - LCAUCGRME 8: 00 Dates de Réception. 11 Mars 12 févr. 5 déc. 23 déc. 24 janv. 7 févr. 1d. 19 déc. Id. 14 Mai Ia. 1d. Id. Id, Ia. 16 mai 9 févr. mars ; Id. 29 févr. 14 mars 21 mars 28 mars 10 avril 5 févr. 12 Mars 9 avril. «1311 déc. 1800. 10017 . 1801. 1802. 1803. 1803. 1803. 1804. 1807. 1807. 1807. 1808. 1810. 1811. 1811. 1812. 1012, 1612. 1812. 1813. 1811. 1014, 1814. 1814. LISTE DES CORRESPONDANS DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE. NOMS MM. Grcorrrot ( Vizpzxeuve). DANDRADA SEM TAN TAR CHAUSSIER . BonxarD ET J'OHRINEA lee Do KOORS- EE TÉCDRRE A us de te o Scumeisser ... Reimarus . Tecra GLILOR: ne sde ete 8 ao à TEDENAT... - :. Pisces On NNNe BovcnEr aura le None: tr Bossez DE Monvicre.... Fasront. ... Broussoxer (Victor)... Lair (P.-Aimé) DE SaussURE . . . DARRNE VassAnr-PANDI: 2.5 ee. DUNLVA Ze. RU Pucr(iPiecne)H 202 BLumenracu..... ns Hernmsraenr “Coquesert (Ant.) ...... Caurer ( Adrien). ...... Ramonp. ....... Parssor pe BEauvois.... SGHREIBER. . ... .. rs SCENARTAINAN. ere lerse cr ete Hericarr-Taury. Brisson ..... Costiz. 2. CORDIER. à ec one stee SGHREIRER Die» e = = ele e 21210 0 9 DODUR ete Dre nee RÉSIDENCES. Coimbre. Arnay-le-Due. Bruxelles. Pavie, Besancon. Cérilly. Caen. Geneve. Zurich. Bruxelles. Nice. Hambourg. 1d, Strasbourg, Genève. Vanloo. Nismes. Moscow. Abbeville. Béfort. Florence. Montpellier, Caen. Genève. Turin. Id. Naples. Golingue. Berlin. Amiens. Franeker. Madrid. Vienne. Stockholm. Genève, Londres, 1d, Châlons - sur - Marne. Le Mans. NOMS MM. Fieuriau DE BELLEvVUuE.. PBarczy. SAVARESI .. :... NE PArON ee eu Le BRODERO A. sen SOEMMERING .....:..... Paco DE LLAVE........ BREBISSON rs... . 5... Le PAS DER vise oi letele lei à meta DESGLANDS ue uses ire Davsuisson. 2-0: \VARDEN Le etai n ain eietales GzæÆRTNe fils...... GIRARDAL SR GAADAEM SE ANAN EEE L'AMOUROUX. . cuite Freminvicze (Christoph.) BararD sr Poy-Feré pe CÈRr..... MARCEL DE SERRES..... DESYAUX 22/2 te AS Bazocue .. Bicor pe Morocurs.... IRIS TAN Remettre Owarius D'Hazcoy...... ‘LEoxmanD ., DESsAIGNES DEsaAnNcTis . :... AuGustE Sainr-HiLaiRe. ATLUAUD ER Ml ce dei Leon Durour..... GRAWENHORST. ...... REINWARDT. ..... DurrocuerT... D'AuprsanDp DE FEnussac. CHARPENTIER. ... Le CLEerc--- teur D'Homeres-Finmas. ..... JACOBSON .…. .. MONTÉIRO!S cjoie 21e » alu else Micrer VocEL LAPUELES Apaus (Williams) DERRANGE SR ra etet GATE t er RÉSIDENCES. La Rochelle. Naples. Madrid. Coimbre. Munich. Madrid, Falaise. Nuremberg. Rennes. Toulouse. New-Yorck. Tubingen. Alfort. Wittemberg. Caen. Angers. Dax. Montpellier, Poiuers, Seez. N'ce. Orléans, Id. Emptinnes, près Liege. Hanau. Vendôme. Rome. Orléans. Limoges. Saint-Sever. Breslau. Amsterdam. Charrau , près Clèteau-Re- naud. Bex. Laval. Alais. Copenhague. Angers. Hanovre. Londres. Sceaux. COMMISSION DE REDACTION DU BULLETIN, POUR 1815. MM. Zoologie, Anatomie et Physiologie annales fs Lette eee DESMARESE 260 RTE A. D. Botanique , Physiologie végétale, Agriculture, Économie rurale.. MIRBEL................ B. M. Minéralogie, Géologie........... BRONGNIART (Alexandre). A. B. Chimie et Arts chimiques........ CHEVREUL =. sr C. Physique et Astronomie.......... ARAGOMM A eee ee ES Mathématiques :......... bare fe POISSON 2. een ee B: Médecine et Sciences qui en dé- DER ee Je eeCe EcE NIAGENDIE eee F. M. Secrétaire Rédacteur, D EM ANS be KP Se - RARE S. ES Nota. Les Articles ou Extraits non signés sont faits par les Auteurs des Mémoires. BULLETIN DES SCIENCES, PAR LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS. A RS Sur la conversion de l’amidon en matière sucrée ; par M. Tn. de SAUSSURE. Ex répétant le procédé au moyen duquel M. Kirchoff est parvenu à changer l’amidon en matière sucrée par l'acide sulfurique très-étendu d’eau, M. Th. de Saussure s’est convaincu , ainsi que MM. Delarive et Vogel l'avaient déja observé, que cette conversion avait lieu sans le contact de l'air, sans le dégagement d'aucun gaz, et enfin sans que l'acide sulfurique fût décomposé ou fixé; mais il a vu en outre que Yon obtenait plus de matière sucrée que l’on avait employé d'amidon. Il a conclu de ces observations réunies, que l’amidon se changeait en sucre en fixant de l’eau, et que l'influence de l'acide sulfurique se bor- nait à rendre la solution d’amidon plus fluide qu’elle ne l’est ordinai- sement et à facilitér par là la combinaison de ce principe avec l’eau. L'analyse a effectivement prouvé que la matière sucrée contenait une plus grande quantité d’eau réduite à ses élémens, que l'amidon d'où elle provenait. 100 parties d’amidon desséché à la température de 100° ont donné : Carbone. 1344 45,5 Oxyaene RE") 00246,35x Hydrogène......… 5,90 AZOtE MOI EL oo 100,00 100 parties de sucre d’amidon traitées comme le précédent ent donné, Garbone 2 118 6%,29 Oxyrener CL - 5587 Hydrogène...... 6,84 100,00 IT suit de ces analyses, que 100 parties d'amidon contiennent 50,48 parties d’eau réduite à ses élémens, et 3,76 parties d'oxygène en excés, et que 100 parties de sucre contiennent 55,44 parties d'eau réduite à ses élémens, et 4,26 d'oxygène en excès. Livraison de janvier 1815. 1 0'PD. Fxtrait de la Bibliothèque britannique. (6 M. de Saussure a frouvé, Re 18 faite des cendres, que 100 d'a- midon séché à r00°, donnaient 110,14 parties de sucre également des- séché. Ce résultat indique que l’eau fixée par l’amidon est à peu près la moitié de la quantité qu’on déduit de l'analyse; mais la première dé- termination n'est pas susceptible d'une aussi grande précision que la se- conde. Le sucre de raisin paraît être identique avec le sucre d’amidon, car tous les deux sont fusibles à 100; ils ont une saveur douce, fade et fraiche ; ils passent à la fermentation alcoolique ; ils cristallisent de même en groupes globuleux; ils ont à peu près la même solubilité dans l’eau et dans l'alcool faible; enfin ils sont formés des mêmes élémens unis sen- siblement dans la même proportion. M. Th. de Saussure a retiré de 100 parties de sucre de raisin : * Carbone... 30,71 Oxygène....... 50,57 Hydrogène...... 6,78 100,00 Le sucre de canne diffère de celui de raisin, car celui-ci contient entre 4a et 45 de carbone et de l’eau réduite à ses élémens. M. Th. de Saussure a fait ces analyses en brûlant cinq ou six cen- tigrammes de matière végétale, très-divisée et mêlée avec cirquante fois son poids de sable siliceux, dans un tube de verre contenant 200 cen- timètres cubes de gaz oxygène. M. Th. de Saussure a fait les analyses suivantes par le même procédé: Gomme arabique (x). Carbone ....... 45,84 Oxygène....... 43,26 Hydrogène. .... 5,46 On trouve dans ces produits 7,05 d’oxy- gène en excès, sur 46,67 parties d'eau réduile à ses élémens. Azotetr. 0 10 0;/44; Manre. Carbone .L-.1:-00003 Ces produïts contiennent 06,77 d’hydro- 2 A $ k AT SA Oxygène....... 53,60 gène en excès, sur Gv,7 parties d’eau ré- Hydrogène .….... 7:87) duite à ses élémens. Fil de coton. Carbone ire 47:82 L’oxvet l'hvdroci Oxvyène........ 45.80 “oxygène et lhydrogene se trouvent Ho dass Goc{ dans les proportions requises pour former ANzoternr Fire HP O5 l'eau. , re (a) La gomme adragante a donné des résultats presque semblables, RSR A A SAS (AE A Sur l'existence des Hydriodates et des Hydrochlorates ; par M. Gay-Lussac. Lorsqu’ox met l'iode dans une solution de potasse, il se produit un iodate; mais est-ce l'oxygène d’une portion de potasse, où l'oxygène d’une portion d’eau qui forme l'acide iodique ? 11 faut admettre, dans Le premier cas, qu’il se produit de l'ivodure de potassium, et dans le second, de l’hydriodate de potasse. L'iode dégageant l'oxygène de la potasse et de la soude, à une température rouge, on peut croire que le même résultat a lieu au milieu de l'eau, et que l’aflinité de lacide iodique pour la portion d’alcali qui ne perd pas son oxygène, contribue à l'ef- fectuer ; mais l’iode ne décompose la barite, la strontiane, la chaux et la magnésie à aucune température, en conséquence, 1l peut arriver que l'afinité de l'iode pour le métal et l'afinité de l'acide iodique pour l'alcali ne soient pas suffisantes pour désoxyder ie métal; alors il doit se former un hydriodate : c’est ce que M. Gay-Lussac cherche à établir, en ne dissimulant pas les objections qu'on peut faire à cette opinion. Il prend les chlorures pour objet de discussion, parce qu'ils sont mieux connus que les iodures, ct qu'ils sont absolument dans le même cas. Première objection. est dificile d'admettre qu’en dissolvant un chlo- rure dans l’eau, il se forme un hydrochlorate, et qu’en évaporant la dissolution il se reproduise un chlorure. Réponse. Si les hydrochlorates de potasse, de soude et de barite sont changés en chlorures par lacte de la cristallisation, il n’en est pas de même des hydrochlorates de chaux et de magnésie : il faut, pour que ce résultat ait lieu, exposer ces derniers à une température élevée, et à cette température, il se dégage de l'acide hydrochlorique, de l'hydrochlorate de magnésie, conséquemment l'acide hydrochlorique ne réduit pas la magnésie dans celte circonstance, Si l’on admet 1.° que le chlorure de calcium dissous dans l’eau mêlé avec du sous-carbonate d’ammoniaque, décompose l'eau pour former de l'hydrochlorate d'ammoniaque et du carbonate de chaux; 2,° que Vhydrochlorate d'ammoniaque chauHé avec de la chaux, reproduit du chlorure de calcium, du carbonate d’ammoniaque et de l'eau, il est évi- dent que l'on admet que l’eau peut se composer et se décomposer par uue variation de température peu considérable et par des forces peu énergiques (telles que celles qui operent la double décomposition des. sels ); or pourquoi la dissolution d’un chlorure dans l’eau et sa cris- tallisation ne détermineraient-elles pas la formation et la décomposi- bon de ce liquide. Deurième objection. Mais si l’eau est décomposée par les chlorures ,il 110410; Institut. Août 1814. MÉcAniQUE. Insutut, 2 décembre 1814. (8) devrait se produire une élévation de température plus ou moins con- sidérable, quand on dissout un chlorure dans l’eau. Reponse. Si l’eau se décompose et se recompose facilement dans les doubles décompositions salines, il faut que l’état de condensation de ses élémens soit peu différent de celui où ils sont dans l’hydrochlorate ; conséquemment les variations de température qui sont une suite de la décomposition et de la recomposition de l’eau, doivent être peu sensibles. : S'il est vrai que le barium et le calcium soient à l’état de chlorure, lorsqu'ils sont dans l’eau; et il est évident qu’en les mêlant avec du sulfate d'ammoniaque , la décomposition d’eau qui aura lieu devra pro- duire beaucoup de chaleur, or, le chlorure de calcium et le sulfate d'am- . moniaque, mêlé à volume égal, produisent une élévation de température de 0,5 degré, et le mélange de chlorure de barium et de sulfate d'am- moniaque, une élévation de 2 degrés. Si l’on regarde le dernier résultat favorable à l'existence du chlorure de barium , le premier ne l’est guère pour l'existence du chlorure de calcium. : Enfin l'analogie qu'il ya entre les sulfures, les iodures et les chlorures, appuie encore l'existence des hydriodates et des hydrochlorates, car il est de la dernière évidence que le sulfure de potassium dissous dans l'eau, se change en hydrosullure de potasse, et il en est de même des sulfures à bases de métaux très-combustibles. M. Gay-Lussac conclut de cette discussion, que la plupart des chlo- rures et des iodures décomposent l’eau en s'y dissolvant; ceux qui peu- : . 2 vent s’y dissoudre, sans altération, sont les chlorures et les iodures dont les métaux sont peu combustibles. C. ER A A A AS Rapport sur l'élévation de l'eau de la Seine à Marly ; par MM. CARNOT , POISSON et PRONY. IL résulte de ce rapport, que M. Brunet est le premier qui ait établi un appareil permanent, Por à élever l'eau en un seul jet, du niveau de la Seine jusqu’à l’aqueduc qui la conduit ensuite de Marly à Versailles, c’est-à-dire, à une hauteur d'environ 160 mètres (500 pieds). En théorie , l'élévation de l'eau à toutes hauteurs est possible au moyen d’une pompe foulante, et en employant une force suffisante ; mais dans la pratique, il faut trouver des tuyaux capables de résister, sans se briser, aux pressions et aux chocs qu'ils éprouvent. Quand la colonne (9) fluide est en repos, la pression qu’elle exerce en chaque point est pro- portionnelle à sa hauteur au-dessus de ce point, de sorte que dans le cas d'une élévation de 160 mètres, elle est énorme à la partie inférieure du canal de conduite; cependant, ce n’est pas en cela que consiste la plus grande difficulté, et l’on trouve aisément des tuyaux assez forts et surtout assez bien fabriqués pour supporter une semblable charge ; ce qui fait cette difficulté, c’est principalement l’intermittence du jet, qui produit une suite de chocs dus au retour de la colonne fluide sur elle- même, et à ses changemens brusques de vitesse, lesquels chocs, en se ré- pétant continuellement, finissent par rompre les tuyaux les plus forts qu'on puisse employer. Le problème qu'on avait à résoudre à Marly, con- sistait donc à éviter toute intermittence et à produire un jet aussi continu qu'il était possible; et c’est à quoi M. Brunet est parvenu, en faisant usage d'un réservoir d'air, ainsi qu'on l'avait déja pratiqué en de sem- blables occasions ; mais dans la circonstance présente, ce moyen a des inconvéniens graves que l’expérience n’a pas lardé à manifester, et qui ont forcé de labandonner pour en employer un autre. MM. Cécile et Martin, qui sont maintenant chargés de l'élévation de l’eau à Marly, ont entierement supprimé le réservoir d'air; ils font simplement usage d’un systême de pompes , arrangées de manière que les pistons de la moitié d’entr'elles s’abaissent, tandis que ceux de l’autre moitié s'élèvent : la vitesse de l’eau dans le canal particulier à chaque pompe, est variable et intermittente; mais ces canaux se réunissent très = près de leur origine, en un seul tuyau de conduite qui se continue sans interruplion jusqu'a l’aqueduc, et dans lequel la vitesse de l’eau est à-peu-près constante ; d’où il résulte que dans ce long tuyau, la colonne fluide n’a plus de retours sur elle-même, et n’exerce plus que de très-légers chocs sur les parois qui la contiennent. Nous ne pouvons pas indiquer dans cet extrait le mécanisme ingénieux que ces auteurs employent pour transmettre le mouvement à leur système de pompes, non plus que tous les autres détails de l'exécution de la machine, qui méritent l'attention des praticiens; nous ferons seulement connaître le produit effectif de la machine provisoire, et le produit présumé de celle qu'on se propose d'établir définitivement. Dans l'état actuel, l’eau est poussée dans le grand tuyau de conduite, par quatre pompes qui jouent comme nous venons de le dire. Le mou- vement leur est transmis au moyen d’une des roues de la vieille ma- chine; elles fournissent ainsi au bassin de l’aqueduc, cinq pouces de fontainiers par chaque tour de roue. Le jour de la visite des commis- saires de l'Institut, la roue faisait un tour en 14 secondes, ou, à peu près, quatre tours par minute ; et, par conséquent, la machine devait produire et produisait en effet un peu plus de 20 pouces de fontainiers. Dans le projet définitif, l’eau doit être poussée par douze pompes au Livraison de janvier. 2 110 19: ZooLoc1ie. Institut. Dcenbre 1814. (re? lieu de quatre; et MM. Cécile et Martin évaluent leur produit À plus de 75 pouces, ce qui surpasse d’un quart, la quantité d'eau demandée par le gouvernement pour le service de Versailles. 11 faut observer aussi ue celte machine, composée d’un systême de pompes alternatives, à d'ailleurs l'avantage d’être indépendante du moteur que l'on prélérera d'employer. Elle peut également être mise en mouvement par la chute d’eau de la Seine , au moyen d’une ou plusieurs roues, ou par uné pompe à feu, qu'on paraît vouloir appliquer à cet usage. : SARA SA BRAS SAS SAS Mémoire sur les Ascidies et sur leur anatomie ; par M.G. Cuvier. Rondelet nomma, d'après Aristote, Thetyum, les mollusques qui sont l’objet de ce Mémoire; mais il en distingua à tort ses mentulæ marine, qui doiventleur être rapportées. Gesneret A Idrovande les con- foncirent avec les thethyes de Belon qui ne sontque des alcyons. Linné, (Sysz. Nat, 4% édit. ), les nommant #hethys, remarqua le premier l'analogie qui existe entre eux et les animaux des coquillages bivalves ; puis joignant l'être fabuleux nommé microscomus par Bartholin, à l’as- cidie à laquelle Redi applique la même dénomination , il en fit un genre particulier qui disparut néanmoins dans sa 10.° édition : dans celle- ci, les ascidies sont appelées priapus, et les shetis se rapportent à nos aplysies, avec lesquelles cependant se trouventconfondues les #etis d'aujourd'hui. C'est à Baster que le nom d'ascidie est dû. Cet auteur est avec Bohatsch et Plancus, l’un de ceux qui décrivirent les animaux de ce genre avec le plus de'soin. Après eux ‘viennent Oth. Fr. Muiler, Oth. Fabrictus, Diquemarre et Pallas, dont Brugière et Gmelin ont ras- semblé les observations, mais presque sans critique. Linné dans sa 12°. ‘édition, adopta le genre ascidie de Baster, el depuis, cette distinction s'est maintenue. On'sait que ces animaux de forme peu régulière et tout à fait mous, sont fixés par leur base sur-les corps étrangers et rassemblés.en groupes plus ou'moïis considérables ; et que chacun d'eux offre supérieurement deux ouveriures dont une est plus développée que l’autre. On avait cru pendant longtemps, que la première de ces ouvertures était l'issue antétieure d’un 1ntestin qui admeltait l’eau et quela seconde était l'issue postérieure de cet intestin qui réjetait cette eau. On n'avait d’ailleurs que des notions fausses ou vagues sur leurs autrés organes , qu'on croyait très- simples; M. Cuvier ( Bull, Phil. n° x.), en les regardant avec Linné comme les analogues nus, des testacés bivalves, compara leur enve- Cu) loppe extérieure qui est toujours plus ou moins coriace, à la coquille de ceux-ci: et il reconnut le premier que le corps, beauccup plus petit, renfermé dans celte ES y était comme attaché par ses deux ouvertures, dont l’une conduisait l’eau entre les branchies, jus- qu’à la bouche, et l'autre était l'anus. Il remarqua aussi que l’estomac et le canal intestinal étaient enveloppés dans la masse du foie. 1] à ajouté depuis quelques nouveaux détails à ces premières recherches, dans ses Lecons d'anaïomie comparée. Enfin, dans le Mémoire dont nous don- nons l’extrait, il traite à fond l’histoire naturelle des ascidies, et il ajoute de nombreuses observations à celles qu'il avait publiées jusqu'alors sur ces animaux. Il commence par décrire la forme générale commune à toutes les ascidies, ensuite il examine leur enveloppe extérieure qu’il regarde comme une sorte de sac dont les parois presque cartilagineuses et trans- parentes sont garnies d’une multitude de troncs veineux et artériels. Ce sac est doublé à l’intérieur par une autre membrane mince el séreuse ou un peu coriace, selon les espèces, mais toujours garnie de vaisseaux. Le corps proprement dit de l'animal est compris dans ce sac; mais il ne le remplit pas, il y a entre eux un espace assez considérable, qui saus doute contient un fluide propre à l’auimal : toutefois parait-il très- probable que l'eau de la mer ne peut s’y introduire, Ce n’est que par les bords des deux ouvertures dont nous avons parlé, que le corps est joint au sac extérieur qui le contient. É Le corps est enveloppé daus une tunique propre, laquelle a une lame extérieure séreuse, un tissu musculaire, des vaisseaux, des nerfs très- ramiiés, et c’est à elle qu’adhère le plus fort ganglion nerveux qu'on cbserve dans ces animaux, Cette tunique a deux productions dont l'une se reud à la première ouverture du sac et ne renferme que le col de la cavité branchiale, et l’autre ne comprend que l'anus et sans doute les organes de la génération. La cavité branchiale est souveut spacieuse et s'enfonce plus on moins - dans l'intérieur de la tunique propre du corps; elle communique au- dehors par un col où tube d'introdnction plus étroit qu’elle même, garni de tentacules très-déliés , destiné à avertir l'animal de la présence des objets nuisibles qui pourraient se présenter avec l’eau qui se rend aux branchies et à la bouche, en portant à cette dernière les petits animaux qu'elle contient. Le tissu de cette cavité consiste en une infinité de petits vaisseaux qui se croisent à angle droit, et interceptent des mailles quadrangulaires subdivisées elles-mêmes par des vaisseaux plus petits. Tous ces vaisseaux aboutissent définitivement à 2 troncs principaux silués de chaque côté de la cavité, et que M. Cuvier regarde, l'un comme l'artère, l'autre comme la veine des branchies. Cetie conformation parait indiquer que (12) les ascidies n’ont qu'un seul ventricule gauche ou aortique au cœur, ainsi que cela s’observe dans les gastéropodes et les acéphales. Le cœur de ces mollusques est difficile à voir à cause de sa minceur et de sa transparence ; sa position varie selon celle de la bouche et la dimension de la cavité branchiale, sa forme est généralement oblongue et amincie des deux bouts : son péricarde n’est pas traversé par le rectum comme celui des acéphales. La bouche située au fond de la cavité branchiale , diffère de position suivant la forme de cette cavité ; son ouverture est ronde, ou en fente ou sillonnée selon les espèces; elle n’a jamais de lèvres. L’æsophage court et plissé en long, communique à un estomac simple, médiocre- ment développé, souvent adhérent au foie qui dans ce cas y verse la bile par divers orifices , ou bien par un seul canal lorsqu'il est isolé. L'intestin est simple, ne fait qu'un ou deux replis, n’a pas de cœcum, a ses parois formées d’un tissu glanduleux qui y répand vraisemblablement quelque liqueur particulière; il se termine par un anus ouvert dans la seconde production du corps dont nous avons parlé plus haut. Lorsqu'on ouvre ce canal, on ne trouve dans l'estomac qu'un magma très-atténué, et dans les intestins que des excrémens terreux, moulés en petits filets courts. M. Cuvier regarde comme servant à la génération, un organe glan- duleux blanchâtre, placé entre les replis de l'intestin, avec le foie, mais dont le canal excréteur suit le rectum et débouche tout près de son extrémité. Il a vu quelquefois de petits grains qu’il est disposé a prendre pour des œufs, entre le sac branchial et la tunique propre du corps. Le système nerveux n’est pas toujours facile à observer; néanmoins, dans quelques espèces, on voit un ganglion situé dans l'épaisseur de la tunique, lequel donne des branches faciles à suivre, dont deux se ren- dent à l'æsophage et l'entourent d’un anneau, ce qui porte (par analogie) à les regarder comme le cerveau. M. Cuvier passe ensuite aux observations particulières que lui ont fournies les diverses espèces qu'il a examinées. La forme et la dimension du sac branchial, lui indiquent les moyens de subdiviser de la manière suivante les mollusques qui appartiennent à ce genre. 1.2 Sac branchial plissé longitudinalement descendant jusqu’au fond de la tunique propre, sans s’y recourber. Une ascidie qui appartient à cette division est le r7icroscomus de Redi, auquel il faut sans doute rapporter le mentula marina informis de Plancus, et l’ascidia sulcata de Coquebert ( Bull. Soc. Phil., n° r.) A l'extérieur elle est rugueuse, coriace, de forme variable, et d’une couleur grise jaunâtre; ses orifices en mamelons , légèrement siriés en rayons; son corps, proprement dit, muni d'une lame musculaire très- épaisse, et ses productions garnies de fibres longitudinales et de fibres (15) annulaires bien distinctes ; son sac branchial ayant douze à quinze plis saillans et longitudinaux en dedans, avec cinq peiits replis en forme de valvules à son entrée, au dessous desquels sont d'abord une mem- brane circulaire festonnée, garnie de filamens, et encore en dessous, une rangée de tentacules convergens, courts et fourchus à leur extrémité; sa bouche grande et plissée; son estomac, entouré par le foie, qui y verse la bile au moyen de plusieurs vaisseaux, ayant son pylore garni de cinq petites papilles. Son intestin ne formant qu'un repli, et l'anus qui le termine élant embrassé par deux valvules semilunaires placées à la base du second orifice ; le cœur et les nerls étant difficiles à observer. Eette espèce est l’une des plus grandes du genre (elle a jusqu’à six pouces de longueur ). 2,° Sac branchial non plissé, descendant jusqu’au fond de la tunique propre sans s'y recourber. M. Cuvier place dans cette division une ascidie qu'il croit pouvoir rapporter à l’a/cyonum phusca de Forskaël (figuré pl. 27, fig. DE), lequel diffère beaucoup de lanimal décrit sous ce nom par le même auteur, quoiqu'il soit du même genre. Son sac extérieur est mince, demi-transparent, élastique, légèrement cartilagineux, lisse en dehors, produisant des ramificalions qui le fixent sur les corps étrangers, ayant ses orifices en mamelons striés. La tunique propre de son corps'est mince et transparente ; sa cavité branchiale n’est point plissée, et pré- sente à son col une rangée de tentacules lonss et très-fins ; son estomac est membraneux, peu plissé; son intestin forme un seul repli, et en- suite se roule en spirale avant de donner le rectum. 3.9 Sac branchial descendant jusqu'au fond de la tunique propre, se recourbant ensuite, et remontant jusqu'au milieu du corps. Dans cette division doivent être placées les deux ascidies suivantes : D'abord l'espèce, qui parait être le pudendum marinum alierum de Rondelet, ou la véritable ascidia mentula de Linné, et non celle de Muller et de Gmelin. Celle-ci a son sac extérieur mamelonné ou comme bosselé, cartilagineux, jaunâtre, avec une arrête intérieure servant à maintenir la cavité branchiale, La tunique propre de son corps est mince, mais musculeuse, avec le systême nerveux assez développé. Son estomac est sillonné en long, Ensuite l'ascidia mentula de Muller, où reclus marin de Dicque- marre, et qu'il ne faut pas confondre avec l’ascidia rustica de Bru- guière. Sa forme est ovale aplatie, et son sac extérieur peu bosselé. Elle diffère à peine de la précédente. 4° Sac branchial, ne pénétrant pas jusqu'au fond de la tunique propre. M. Cuvier place dans cette division l'espèce décrite par Redï, op. rrrt 21,6; Planchus, Conc. min. not, 5, fig. 5; Muller, Zool. dan. 55; e, 1161: Marunr vriques. Institut. aoûL 1914. (14) Gmelin (sous le nom d’ascidia canina). 1] croit devoir y réunir le sac animal de Dicquemarre, où asc. virescens de Bruguière, le zethyum de Bohatsch, le 1hetyum sociabile de Gunner, Mém. de Drontheim, 111, 111,5; l’ascid. intestinalis de Gmelin, et peut-être les ascid. patula et corrugata de Muller. Dans cette espèce, le sac extérieur est mou, mince et transparent, légèrement rugueux , scabre en dehors, et doublé d’une membrane plus opaque et plus consistante ; la tunique propre du corps est transparente, avec des faisceaux de fibres musculaires longitudinales ; l'estomac est lisse à l’intérieur. M. Cuvier range aussi dans celte division l’ascidia clavata de Bolten ( Pallas, spicil.), qui est voisine de la précédente; sa cavité branchiale est très-petite ; son estomac peu ou point dilaté, et ses intestins allongés. Tel est le précis du Mémoire de M. Cuvier sur les ascidies. Il résulte des nombreuses observations qu’il renferme, que ces animaux doivent trouver leur place, dans un systême naturel, a côté des bivalves ou mollusques acéphalés , et sur-tout auprès de ceux qui sont pourvus de siphons. Ils leur ressemblent principalement par le manque d'organes de la locomotion , par la forme de leur cerps renfermé dans un sac à deux tuyaux, ainsi que par la position de leur bouche au fond de ce sac et au-delà des branchies. Leur différence principale consiste dans celle que présente l’organisalion de ces dernières parties, Les sa/pa se rapprochent jusqu'a un certain point des ascidies, mais elles sont libres, ct se meuvent au moyen des contractions de leur sac branchial. C'est à leur genre qu’on doit joindre les dagÿsa de Banks, dont une sur-toul est très-voisine de la salpa 1ileri de M. Cuvier. A. D. ARS SARA SSSR ES Mémoire relatif à la réalité et aux signes des racines des équa- sions ; par M. Duboursuet. Ce Mémoire renferme de grands tableaux dans lesquels l’auteur a exposé l'analyse complète de tout ce qui peut arriver dans les équa- tions du cinquième et du sixième degré, relativement au nombre des ra- cinés réelles, à leurs signes, à l'évalité de deux ou d’un plus grand nombre de racines, et même à l'expression de quelques unes d’entre elles lorsque certaines relations ont lieu entre les coëfficiens de ces équations. Ces tableaux sont au nombre de 8 pour les équations du cin- quième degré, et de 16 pour celles du sixieme. La méthode qu'il a suivie pour les former, est fondée sur la discussion des courbes. 11 construit, par exemple, l'équation générale du sixième degré, au moyen d'une | | Gb: D) section conique rapportée à ses axes principaux , et d'une courbe para- bolique du troisième ordre. La question consiste alors à reconnaitre la possibilié de l'intersection de ces deux courbes; le nombre de points dans lesquels elles peuvent se couper où se toucher , et la situation de ces points à droite ou à gauche de l'origine des abscisses. Pour y parvenir, l’auteur emploie ditférentes considérations, fondées sur la forme de ces courbes, et s'appuie particulièrement sur un prin- cipe qui ne serait pas exact si on l’énoncait sans restrictions, mais qui est toujours vrai, dans les cas où il en fait usage. Ce principe consiste en ce que, si deux courbes se coupent en deux points, Pordre de gran- deur des sous-tangentes, se renverse en passant d’une intersection à l'autre, c’est-à-dire, que celle des deux lignes qui a la plus petite sous- taugente à la première intersection, a au contraire la plus grande à la seconde, JL n’est vrai qu'autant que la langente de chaque courbe ve devient pas parallele à lune des abscisses, entre les deux intersections, ainsi que l’auteur le suppose toujours dans les applications qu'il en fait. 11 en conclut qu'entre ces deux points, les sous-tangentes des deux courbes deviennent égales pour une même abscisse, ce qui lui fournit une équalion de condition qui n’est que du quatrième degré, et dont, par conséquent, on connait le nombre et les signes des racines réelles. Maintenant que M. Cauchy a donné une méthode directe et appli- cable aux équations littérales de tous les degrés, (1) pour déterminer le nombre et les signes de leurs racines réelles, les recherches de M. Du- boureuet ont moins d’iniérêt qu'à l'époque, déjà tres-éloignée, où il les a entreprises; mais les résultats auxquels il est parvenu, peuvent néanmoins être utiles, et lon doit lui savoir gré du travail immense qu'ils supposent. Ee RAA ARS SARA AA LAS Tentamen experimentale qua dam de Sanguine complectens etc. ;: par J. Davy. Voici les principaux résultats de cette thîse, soutenne à Edimbourg, par M. John Davy, frère du célcbre chimiste de ce nom; 1.” le sang artériel et le sang veineux ont à peu près la même capacité pour le calorique, la légère différence qui sous ce rapport existe quelquefois —————————_————— (1) Voyez page 95 de ce Bulletin, année 1814, DER SOPET PERS PETER PES 1819. Mépeaixs. Ouvrage nouveau, Boraxique. Institut, 1814. (16) entre ces deux espèces de sang; paraît dépendre de la proportion d’eau plus grande que contient le sang veineux. 2.° La température du ventricule gauche et du sang tiré de la carotide est plus élevé d’un ou deux degrés que celle du ventricule droit et du sang tiré de la veine jugulaire. 5. La température des diverses parties du corps est d'autant plus basse qu’elles sont plus éloignées du cœur. 4* Aucune chaleur apparente n’est produite dans la coagulation du sang. 5.° Le sang artériel se concrète plutôt que le sang veineux. 6.° Le sang qui sort en dernier lieu d’une veine ouverte depuis quel- que temps se concrète plutôt que celui qui en est sorti auparavant, et sa pesanteur spécifique est moindre. 7° La densité du sang veineux est un peu plus grande que celle du sang artériel ; il en est de même pour la densité respective du serum de ces deux espèces de sang. 8° Le sang de la femme est un peu plus léger que celui de l’homme. 9°. Peut-être la densité du sang augmente-t-elle dans les maladies inflammatoires. 10°. La densité des particules rouges du sang est à peu près à la den- sité de l’eau comme 1130 : 1000. Ces résultats sont déduits d’un grand nombre d'expériences faites sur l'homme et les animaux; l’auteur annonce qu’il conlinue ce genre de recherche. F. M. ARR ARS RES SAR AS Mémoire sur les plantes auxquelles on attribue un placenta central libre , et revue des familles auxquelles ces plantes ap- partienuent ; par M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE. Parmi les dicotylédones à fleurs complètes , il en est un assez grand nombre auquel on attribue un placenta central /bre dans un fruit uniloculaire. L'auteur établit en thèse générale, des placenta n’a toujours été libre, et que ce caractère n'est que le résultat d’un com- mencement de destruction. 4 (47) 1°. De la famille des Primulacées. (1) De toutes les familles de monopétales , celle des Primulacces est la seule dont le fruit uniloculaire renferme un placenta central. Du fond de leur ovaire, s'élève un support au sommet duquel nait le pla- centa, qui, le plus souvent, est globuleux et dont la substance, s'épan- chant inférieurement autour du support, l'emboîte plus où moins et quelquefois le cache entièrement. Avant la fécondation, le placenta est surmonté par un fe celluleux qui pénètre dans le style; mais après émission du pollen, les ovules, prenant de l'accroissement, se pres- sent autour du filet, il se brise, et c’est alors seulement que le placenta devient bre. Quelquefois le #/et subsiste encore long-temps après la fécondation. Quelque soit l’usage du Z/er, il est évident que Forganisation des ovaires de Primulacées, particulière à cette famille, sufrait pour en exclure les genres Tozzia, Menyanthes, Globularia. Le Menyanthes dont les ovules sont pariétaux , a élé rejeté avec juste raison parmi les Gentianées. L'auteur, conjointement avec M. Desvaux, ayant trouvé deux loges dans un ovaire desséché de Tozzia, pense que cette plante doit être placée, comme l’a dit M. Decandolle, parmi les Scrophularinées. La place des Globulaïres est moins facile à déterminer. La présence d’une corolle dont l'insertion est hypoyyne, ne permet pas de les rap- procher des Thymélées ni des Proléacées. On ne peut non plus les placer, comme on l’a proposé, entre les Nycraginées et les / ysima- chies; car elles n’ont de commun avec ces dernières que l'insertion hypogyne, et elles différent des Nycraginées par la position de l'ovule dans l’ovaire, celle de l'embryon dans la graine, et la nature du péri- sperme. M. Auguste de Saint-Hilaire, croit que c’est auprès des Dip- sacées qu'il faut ranger les Globulaires, parce qu'à l'exception du double calice, elles présentent tous les caractères des Dipsacees,un récep- tacle muni d’un involucre et garni de paillettes, une corolle irrégulière et tubulée, quatre élamines, un ovule également atitahé au sommet (1) M. de Saimt-Ililaire a rapproché des Primulacées, comme on l’a vu dans le Buñetin de décembre 1814 , le genre Glaux. Adanson avait déjà reconnu cette analooie; il paraît que M. de Saint-Hilaire l'ignorait. C’est aussi Adanson qui avait observé que le Glaux portait quelquefois, non pas une corolle, mais un petale. On ne peut ouêre révoquer en doute la vérité de ce fait, avancé par un si excellent botaniste, B.M. Livraison de jansier 1815. 3 (18) de la loge et enfin un embryon droit à radicule tournée vers l'om- bilic, située dans l'axe d'un périsperme charnu. À la vérité, les G/o- bulaïres ont un ovaire libre, et les auteurs ont attribué aux Dipsacées un ovaire adhérent, mais s'il est des Scabrieuses où l'ovaire est réelle- ment adhérent, il en est beaucoup d’autres où il est parfaitement libre. Il n’en est pas du Semolus comme des Globulaires. Malgré son ovaire demi-inférieur, ce.genre doit rester parmi les Primulucées, puisqu'il a, comme elles , des étamines insérées devant les divisions de la corolle, que son placenta est organisé comme le leur, que son périsperme est charnu et que son embryon est placé transversalement dans la graine et parallèle à l'ombrlic ; caractère que l’auteur a rencontré dans toutes les semences qui, comme celles des Primulacées et du Samolus, sont incrustées dans un placenta charnu et qui sont anguleuses avec la sur- face extérieure convexe. Non loin du Samolus M. de Jussieu plaçait le Conobea, qu’Aublet avait décrit comme ayant un placenta central libre ; mais ce caractère apparent n'est que le résultat de la déhiscence. M, Auguste de Saint- Hilaire, a reconnu deux loges dans l'ovaire, et dans chaque loge un placenta qui couvre presqu’entièrement Ja cloison. De plus, il a trouvé dans la semence, un embryon droit à radicule tournée vers l’ombilie, occupant l'axe d'un périsperme charnu. Ces caractères sont ceux des Scrophularinées qui réclament encore le Conobea à cause de sa corolle labiée et de ses étamines didynames. L'auteur soupconne aussi qu'on a mal à propos aitribué au Mecar- donia de Ruis et Pavon un placenta central dans une capsule uni- loculaire, et il pense que ce genre dont la corolle est labiée, les éta- mines didynames et la capsule à deux valves, doit être placé parmi les Scrophularinées près du Calytriplez. M. de Jussieu avait laissé parmi les plantes dont la place est incer- laine, l'Eriphia de Brown; mais on pourrait être tenté de l’admettre parmi les Primnlacées, à cause de sa corolle régulière et de son fruit indiqué comme ayant une seule loge avec un placenta central. La des- cripuon de Brown, étudiée par M. Auguste de Saint-Hilaire, lui fait croire que le fruit est réellement à deux loges ; et comme ce fruit est succulent, il propose de placer l’Eriphia parmi les So/anées à moins que l'avortement d’une des cinq étamines, ne fasseiconsidérer ce genre comme plus voisin du Cyrtandra, rangé jusqu'ici à la suite des Sero- phularinées. ; ; alQe Quoique dans les monopétales, l'inégalité de la fleur annonce un fruit biloculaire ou tendant à le devenir, les genres U/ricularia el Fingri- cula , présentent une exception à cette espèce de regle. L'auteur a trouvé leur ovaire absolument organisé comme celui des Primulacées ; ainsi = cuis ? PR (19) ces genres doivent rester à la suite de cette famille; mais à l'exemple de MM. Richard et Brown; on peut en former, sous le nom de Zen- tibulariées, un groupe distinct bien caractérisé par l'irrégularité de la fleur, le nombre des étamines, etc. 4 ol à Le genre Zimosella, placé par M. de Jussieu au milieu des Primu- lacées, a été rejeté parmi les Personées par Ventenat et Decandolle. Non seulement M. de Saint-Hilaire a trouvé dans les graines un peris- perme et un embryon semblables à ceux des Personées ; mais encore la structure de l'ovaire, décrit jusqu'ici d’une manière incomplète, con- firme à ses yeux Le sentiment des deux auteurs cités plus haut. IL a vu dans cet ovaire une cloison qui s'étend jusqu’à la moitié de la longueur du péricarpe; un peu au-dessous de la base de la cloison commence dans chaque loge un placenta charnu, et lorsque les deux placentas ar- rivent au sommet de la cloison, ils se confondent et ne forment plus qu'une seule masse terminée par un #/es qui, avant la fécondation, pé- nètre dans le style. Lors de la déhiscence, la capsule s’ouvre, comme dans les Personées, parallèlement aux placentas, ces deux valves se détachent de la cloison , et l'on ne voit alors qu'une seule masse libre, ce qui a fait dire à tant d'auteurs que la Limoselle avait un placenta central libre dans une capsule uniloculaire. La Limoselle appartenant donc en quelque sorte aux Primulacées par la partie supérieure de son ovaire etaux Personées par ses autres caractères, se liera aux Len/ibulariées par Fivrégularité de sa corolle, et aidera ainsi à former une chaîne non-interrompue depuis les Pri- mulacées les plus régulières jusqu'aux Personées. A la vérité, jus- qu'ici les Rhinanthées ont été placées à la suite des Primulacées , tandis que les Personées en étaient fort éloignées ; mais comme les Rhinanthées et les Personées avaient élé séparées uniquement à cause de la différence qu'offre la déhiscence de leur capsule et que les deux modes de déhiscence se rencontrent dans un même geure, el sont quelquelois réunis dans une même capsule ; M. de Saint - Hilaire propose , à l'exemple de M. Brown, de confondre les deux groupes dont il s’agit sous le nom de Scrophularinées. De cette ma- mère, la Zimoselle pourra occuper la place qu'elle doit avoir à la suite des Lentibulariées ; et puisqu'on ne peut lui donner cette place sans confondre les Rhinan/hées et les Personées, par la même, la nécessité de cette réunion achève d'être démontrée. $ Il. De la famille des CARYOPHFLLÉES. Pour retrouver des plantes qui offrent un placenta central dans une capsule uniloculaire, il faut arriver jusqu'aux Ceryophyllées ; mais # ( 20 ) l'organisation du placenta dans cette famille, ou plutôt de ses placentas réunis, ne lui donne pas le moindre rapport avec les Primulacees. Quand l'ovaire des Caryophyllées est à une seule loge, il est tra- versé par un axe en forme de colonue et qui, avant la fécondation, ne présente aucune interruption dans toute sa longueur. Cet axe est'composé d'autant de f£/ets blancs et extérieurs, presque toujours cylindriques , qu’il y a de styles, et d'une substance verte in- terposée entre eux. ; Les groupes longitudinaux d’ovules sont en nombre égal à celui des styles et des fflers, et alternes avec ces derniers. Les cordons ombili- caux naissent à droite et à gauche des filets, mais seulement au point où ceux-ci s'appliquent sur la swbsrance verte et centrale. Jamais la substance verte ne s'élève jusqu'au sommet de l'axe, et J'on ne trouve pas d’ovule au-delà du point où elle s'arrête. Au-des- sus de ce même point les f/ets, sont immédiatement appliqués les uns sur les autres, mais ils n’ont entre eux qu’une adhérence légère. En passant par le péricarpe , ils se confondent et ne forment plus qu'un seul tout qui sort à l'extérieur, divisé en autant de branches qu'il y a de styles ; mais par une singularité remarquable, les styles et par con- séquent les branches qui pénètrent dans leur intérieur, se trouvent alternes avec les lets de l'axe qui les produisent. Après la fécondation, tout change dans l'ovaire; l'axe se brise au sommet ; il devient libre, et bientôt sa partie supérieure qui était nue et privée de la substance verte et centrale, s'oblitère entièrement. Les métamorphoses s'étendent souvent jusqu'aux ovuies. Dans le Dianthus, “par exemple, ils ont la forme d’une virgule et sont atiachés par le gros bout, tandis que la semence mure est elliptique, applatie et a son ombilie placé au milieu de son grand diamètre. L'organisation qui vient d’être décrite trouve cependant plusieurs ex- ceptions de différente nature. Voici les deux plus remarquables. L’axe du Gypsophila muralis, dépourvu de substance centrale est unique- ment composé de deux lets entièrement couverts d’ovules, Celui des Buffonia est aussi formé simplement de deux filets et tout-à-fait à leur base, qui est un peu renflée, sont attachés deux ovules. Après l'analyse extérieure des parties qui composent l’axe des Ca- ryophyllées , l'auteur entre dans des détails sur l’organisation interne de ces mêmes parlies. Les filets blancs sont formés d’une légère couche extérieure de tissu cellulaire et d’un faisceau de fibres de forme variée, toujours appliqué sur un tissu cellulaire intérieur. La subsrance centrale se compose de tissu cellulaire et d’un ou plusieurs faisceaux de fibres, et c'est toujours devant le tissu cellulaire que sont placés les ftlels blancs et extérieurs. ï (21) Bans les genres à plus de deux styles, c'est-à-dire ceux où les #/es ‘sont rapprochés , la substance centrale de Yaxe contient autant de faisceaux. de fibres rayonnans qu'il y a de #/ets ou bien un seul fais- ceau de fibres qui se projette en autant de rayons. ci le nombre des placentas est égal à ceux des filets qui alternent avec les rayons cen- iraux et avec les placentas. Dans les genres à deux styles où les filets sont frès-écartés, le fais- ceau central fournit un nombre de branches et de placentas double de celui des styles et des }r/ets. 4 Dans tous les cas, l'extrémité des faisceaux du centre ou des bran- ches du faisceau central , aboutit à l'extérieur sur les côtés du faisceau des #lers; et les ovules produits par les rayons du faisceau central, ont constamment aussi par leurs cordons ombilicaux une communica- tion latérale avec les filets. L'auteur considère comme nourriciers, les faisceaux du centre qui n’ont aucune communication avec le style, et il regarde comme autant de conducteurs les faisceaux des filets qui passent dans les styles et se brisent après la fécondation. 11 résulte de là que dans les genres de Caryophyllées à deux styles, -un seul conducteur suffit à deux placentas, et dans les autres genres -où les placentas et les conducteurs sont en nombre égal , le même con: ducteur est en communication avec la moitié de chacun des deux placentas les plus voisins. Excepté dans le Mollugo verticillata , Vauteur a ‘trouvé les styles par- faitement distincts depuis leur origine. Les stigmates sont latéraux et formés par une suite de glandes qui, commençant plus ou moins bas ; s'étendent jusqu'au sommet des styles du côté qui regarde l'axe de la fleur. En général, l’auteur distingue deux sortes de stigmates. Dans cer- taines plantes l’épiderme du style s’entrouvre pour laisser à découvert la surface stigmatique boursoufflée, couverte de papilles ou de glandes; ici les limites du stigmate sont faciles à déterminer. Chez d’autres es- èces aucun épiderme ne s'étend, à quelque époque que ce soit, sur k partie du pistil destinée à être stigmatique, parce que les sucs vis- queux qui sans doute arrivent au stigmate dès le premier âge de la fleur, empêchent les cellules extérieures de se durcir; dans ce dernier cas, al n’y a pas toujours de limites bien fixes entre le style et le stigmate. L'auteur pense que les stigmates des Caryophyllées doivent être rap: portés à ceux de la premiere sorte. La distinction des styles, leur nombre égal à celui des stigmates, et la position latérale de ceux-ci, invariable chez les Caryophyllées, for- ment aux yeux de l’auteur, des caractères encore plus importans pour cette famille que la situation de l'embryon; car dans l'Holosteum et Livraison de février. 4 1845. Ca) ke Dianthus, par exemple, cette situation n'est pas la même que dans les autres genres. Les caractères des styles et des stigmates aideront donc à exclure plusieurs genres du milieu des Caryophyllées, entre autres, l'Elatine et le Linum. Celui-ci doit former avec le Lechea une famille des Linées , déjà indiquée avec doute par M. Decandolle. M. Auguste de Saint-Hilaire observe qu'il a trouvé dans le Zinum, un embryon droit à radicule tournée vers l'ombilic, entourée d'un périsperme charnu. + Le Donatia qui avait été mal connu jusqu'ici et qu’on avait placé parmi les Caryophyllées, doit sortir de cette famille à cause de ses stig- mates en tête, de ses étamines périgynes, de son ovaire adhérent et bi- loculaire, et de son périsperme charnu. L'auteur le rapporte à la fa- mille des Sarifragées. Le Sarothra ne doit pas non plus rester chez les Caryophyllées. Les points glanduleux qu’on observe sur les feuilles, paraissent seuls avoir inspiré à quelques botanistes, l'idée de le ranger parmi les Millepertuts. Sa corolle Po natale l'éloigne également Es Gentianées. Ce genre et le Frankenia dont on avait également fait une Caryophyllée, pré- sentent des étamines en nombre déterminé, un style unique, une cap- sule trigone, de nombreux ovules attachés aux parois de- l'ovaire , . un embryon droit à radicule tournée vers l'ombilic , placée dans l'axe d’un périsperme charnu. Tous ces caractères sont ceux des 710- lettes, mais les deux genres dont il s’agit en diffèrent parce que leur capsule, au lieu de s'ouvrir entre les placentas, s'ouvre par leur mi-. lieu. Si les botanistes croient que ce caractère, joint à la différence de ort, ne permet pas d'intercaller le Sarothra etle Frankenia dans la famille des Violacées, on-en pourra former un nouveau groupe sous : le nom de Frakeniées. M. de Saint - Hilaire adopte le genre Drosophyllum ; formé par M. Linck avec le Drosua Lusitanica L. ; mais il ne croit pas, comme : le botaniste allemand, que ce nouveau genre doive faire partie des Cu- ryophyllées ; car s'il présente ainsi qu’elles, un placenta central , il s'en éloigne par ses feuilles alternes et glanduleuses , et par son embryon extraire conique dont la radicule aboutit à l’ombilic et dont les cotylédons sont appliqués contre le périsperme qui est charnu. ce caractère assez rare, et ceux des feuilles ne permettent pas d'éloigner le Drosophyllum des Drosua, quoique ceux-ci ayent leurs ovules: attachés à des placentas pariétaux. En D PRE Se A ( 23 ) _$ II. Des Portulacées. Les Portulacées à fruit uniloculaire ont, comme les Caryophyllées, leur ovaire traversé par un axe séminifère qui se brise après l'émission du pollen. Dans le Portulaca, l'axe est composé de cinq filets distincts chargés d'ovules jusqu'aux deux tiers, entre lesquels aucune substance verte n'est interposée et qui se confondent en un seul faisceau, avant de pénétrer dans le style. On avait attribué au Montia trois semences attachées au fond de la capsule; M. de Saint-Hilaire a reconnu dans l'ovaire un axe filiforme composé de trois filets, et il a vu que les trois ovules étaient attachés tout-à-fait à la base de cet axe qui est un peu épaissie ; après la fécondation, l'axe brisé s’oblitère, et les ovules pa- raissent simplement attachés au fond de la loge. L’ovaire du Claytonia est organisé comme celui du Montia ; cependant l’auteur n’a pas re- connu trois branches dans l’axe central, et l’analogie seule les lui fait supposer. Avec un style trifide et trois stigmates, le J'a/inum présente unaxe parfaitement simple et tout entouré d’ovules. Dans le Telephium, l'ovaire est traversé par un axe composé de trois filets, la partie supé- rieure de son péricarpe est uniloculaire, mais dans sa partie inférieure trois cloisons tombent sur les filets de l'axe; c’est dans l'angle des cloi- sons seulement que sont attachés les ovules, et jusqu’au point où finis- sent les cloisons et les ovules, il existe une substance verte interposée entre les filets : on voit par cette description que le T'elephium {orme un passage entre les Portulacées uniloculaires et celles à plusieurs loges. : ù È ; D'après ce qui précède, il est clair que la structure intérieure de l'axe des Portulacées n’est point uniforme comme chez les Caryo- phyllées. Dans celui du Portulaca, chaque filet doit réunir tout à la fois des faisceaux conducteurs et des nourriciers. Il en est de même de l’axe parfaitement simple du Talinum. Le renflement qui existe à la base de l'axe du Montia et du Claytonia, annonce la présence des nour- riciers unis aux conducteurs, mais ce sont ces derniers qui seuls s’élè- vent au-dessus du renflement. Le Te/ephium présente une structure plus analogue à celle des Caryophyllées, puisque chez lui on trouve une substance-verte entre les filets, que les ovules s'arrêtent où cesse la substance verte et qu’ainsi il existe dans l’axe de cetie plante comme chez les Caryophyllées deux, systèmes vasculaires bien distincts. Si l’axe des Portulacées ne présente pas des caractères constans , il n’en est pas de même de leur style que l'on trouve toujours unique et divisé en un certain nombre de branches stigmatiques. Il ne s’agit ici / (24) que des Por/ulacées à fruit uniloculaire, les autres ont besoin d'être: xevus. Le Bacopa qui a le port de la Gratiole, doit être éloigné des Por- tulacées , et malgré l’adhérence de la base du calice, il passera dans la famille des Scrophularinées, parce que sa corolle est monopétaie, que son ovaire est biloculaire , et que ses semences oblongues et étroites ne peuvent renfermer un embryon circulaire. Le Turnera, dont la physionomie n’est point celle des Portulacées, doit également sortir de cette famille, puisque sa capsule n’a point d'axe central, qu’elle est formée de trois valves séminiferes, et qu’enfin ses semences présentent un périsperme charnusucculent dans l'axe duquel est un embryon droit à radicule lournée vers l’ombilic. M. Auguste de Saint - Hilaire discute les rapports de ce genre avec tous ceux de la 14°. classe de Jussieu, qui offrent aussi des placentas pariétaux ; et il prouve que, malgré ses étamines en nombre déterminé, son ovaire Libre et ses trois styles, le T'urnera doit être réuni aux Loa- sées dont il a tous les caractères importans, et dans lesquelles M. de Saint-Hilaire a trouvé un périsperme el un embryon absolument sem- blables à ceux du genre dont il s’agit. L'absence d’un axe central, des semences couronnées par une aigrette, le défaut de périsperme et un port totalement différent de celui des Por- tulacées, éloignent le Tamarix de cette famille. Ce n’est pas avec plus de fondement qu'on a voulu le rapprocher du Reaumuria ; où les éta- mines sont hypogynes et en nombre indétérminé, dont l’ovaire présente des singularités remarquables, et où l'embryon est entouré jusqu’à la radicule, par un périsperme farineux. M. Auguste de Saint-Hilaire trouve qu'aucune famille n’a autant de rapport avec le Tamarix, que les Sa: licariées , et c’est auprès d'elles qu'il place ce genre en le faisant pré- céder par les Onagrariées. L'absence du périsperme lui donne des rap+ ports avec ces deux groupes; l’aigrette de ses graines et leur position en établit d’autres en particulier entre lui et l'Epelobium ; enfin il se rapproche des Salicariées par ses étamines en nombre déterminé, par son ovaire libre, ses tiges arborescentes, etc. L'auteur pense au reste que le Tamarix est destiné à être le type d’une nouvelle famille à las quelle on pourra donner le nom de Tamaricinées , et il prouve déjà par la comparaison des T. germanica et gallia qu'il y a plus de dif- férence entre ces deux espèces qu'entre une foule de genres générale- ment adoptés. (La suite à la Livraison prochaine.) Dhs see ne) (25) De la différence chimique entre l'arragonite et le spath calcaire rhomboïdal, par M. Stromeyer. M. Stromeyer prouve dans ce ‘mémoire que l'arragonite différe du spath calcaire , en ce qu’elle contient, outre le carbonate de chaux, du carbonate de strontiane et de l’eau combinée. Voici les résultats de son travail. Le spath rhomboïdal d'Islande. Spath rhomboïdal d’ Andréasberg. Chan AE DOM en US 5 Acide carhonique.....43,70................ AA Protoxyde de manganèse ehhumalomedelent 240101. ele nee O0, 2008.: Eaude décrépifation. .. 0,00.................-, 0,1000. 100,00 100,000. Le protoxyde de manganèse se trouve à l’état de carbonate dans ces minéraux ; quant à l’eau contenue dans le spath d’Andréasberg, elle n’y est pas chimiquement combinée, elle est simplement interposée entre les lames des cristaux. OM Extrait d'unMémoire lu à la Soc. royale des Sac deb tingue le 31 juillet 1813. Arragonite du Bear. d’Arragon. d'Auvergne. Carbonate de chaux. . 2948249. .:.:....04,5757.......,..07,7227: —de strontiane....... 4,0856..,..,.., 3,9662.,..,.,,.. 2,0552 —de manganèse ethy-- drate de peroxydede fer 0,0939......... 0,7070(1)..... (2)0,0098. Eau de cristallisation. . 0,9831......... 0,5000....,,,,.. 0,2104. 99:9855 99:9459 99:9987. . Le protôxyde de manganèse contenu dans quelques variétés d’arrago- nite est à l’état de carbonate; il est la cause de la couleur rougcâtre que prend l’arragonite lorsqu'on la calcine dans un creuset. L'hydrate de fer est accidentel. IL y a des parties d’ sont absolument dépourvues. L'eau contenue dans l’arragonite y est en véritable combinaison , aussi arragonile qui en ro, (1) Cette arragonite ne contient pas d'oxyde de manganèse, mais o,7070 d’hyd 1 ? r peroxyde de fer , du sulfate de chaux et du sable. F k 1 pa eds (2) L'arragonite d'Auvergne ne contient que 0,0098 d'hydrate de peroxyde de fer, - (26) observe-t-on, que quand on chauffe l'arragonite dans un tube à baro- mètre, il se dégage de l'eau et l'arragonite s’eflleurit ; les dernières por- tions d’eau se dégagent avec du gaz acide carbonique. Le spath calcaire, au contraire, ne s’effleurit jamais par la chaleur. Les variétés qui con- tiennent de l’eau interposée décrépitent sans perdre leur transparence. M. Stromeyer a trouvé le carbonate de strontiane dans toutes les variétés d’arragonite qu’il a examinées; ille regarde comme étant essentiel à leur composition , par la raison que les mêmes variétés le contiennent dans une proportion qui est constante; ainsi l’arragonite du Bearn et d'Arragon contiennent deux fois autant de carbonate de strontiane que l’arragonite d'Auvergne, et celle-ci deux fois autant que celle d'Iberg et de Ferroë. M. Stromeyer en considérant l’arragonite comme un composé de carbo- nate de chaux, de carbonate de strontiane et d’eau, explique pourquoi elle diffère du spath calcaire par ses propriétés physiques. Il nous reste à exposer le procédé de M. Stromeyer pour reconnaître la strontiane dans l’arragonite. 11 a neutralisé une certaine quantité d'acide nitrique par 10 grammes d’arragonite. Il a fait évaporer la dissolution à consistance de miel, et Ja portée dans un lieu froid. La liqueur s'est troublée et a déposé des cristaux octaëdres de nitrate de strontiane. Il a décanté l’eau-mère, l’a fait concentrer légèrement et l'a abandonnée à elle-même. Il a répété cette opéralion jusqu’à ce qu'elle ait cessé de donner du nitrate de stron- tiane. Puis il a rassemblé tous les cristaux de ce dernier sel , les a fait dessécher et les a traités par l'alcool absolu pour en séparer le nitrate -de chaux. , : M. Stromeyer n’a pas trouvé de carbonate de strontiane dans le flos ferri, que M. Cordier avoit rapproché de l'arragonite. a Sur un mode particulier de polarisation qui s'observe dans la Tourmaline, par M. BioT. Ex étudiant l'action de la tourmaline sur la lumière, j'y ai re-. connu la singulière propriété d’avoir la double réfraction quand elle Institut. est mince, et la réfraction simple quandelle est épaisse. Pour mettre ces phénomènes en évidence, j'ai fait polir les faces inclinées d’une grosse tourmaline, de manière à en former un prisme dont ke tranchant füt pa- rallèle à l'axe de l'aiguille ,qui est aussi celui du rhomboïde primitif, Si l'on regarde la flamme d'une bougie à travers ce L' en dirigeant le rayon visuel dans la partie la plus mince, on voit deux images d'un éclat PrysiQuE. Janvier 1815. (27) sensiblement égal, dont l’une, ordinaire, est polarisée dans le sens de l'âäxe de la tourmaline, et la seconde, extraordinaire, l’est dans un sens perpendiculaire à cet axe. Mais à mesure que l'on ramène le rayon visuel dans la partie du prisme la plus épaisse, l’image ordinaire s’affaiblit et enfin elle disparaît entièrement, tandis que l'image extraordinaire continue à se transmettre sans éprouver d'autre diminution d'intensité que celle qui provient de l'absorption. Par une suite de ce fait, les plaques de tourmaline, dont les faces sont arallèles à l’axe de l'aiguille, ont lorsqu’elles sont suffisamment épaisses , a propriété de polariser-en un seul sens toute la lumière qu’elles trans- mettent ; et ce sens est perpendiculaire à leur axe. Conséquemment si on les présente à un rayon. préalablement polarisé dans cette direction, elles Le transmettent, mais s’il est polarisé parallèlement à leur axe elles le rejettent en totalité; et généralement la quantité qu’elles en trans- mettent va en décroissant d’une de ces limites à l’autre. Cette propriété est extrêmement commode pour découvrir tout de suite et sans équi- voque le sens de polarisation des rayons lumineux. Ces phénomènes ont beaucoup d'analogie avec ceux que M. Brewster a découverts dans l’agate. En examinant ceux-ci, je me suis assuré uils n’ont lieu, comme dans la tourmaline, qu’au-delà de certaines Limites d'épaisseur ; car en amincissant suffisamment l'agate ; on lui rend toutes les propriétés qui appartiennent aux cristaux doués de la double réfraction... B. AAA Sur la nature des forces qui produisent la double réfraction, par M. Bror.. Lorsqu'un rayon de lumière pénètre dans un cristal dont la forme primitive n’est ni l’octaëdre régulier ni le cube, on observe en général qu’il se divise en deux faisceaux inégalement réfractés. L'un, que l’on nomme le faisceau ordinaire, suit la loi de réfraction découverte par Descartes, et qui est commune à tous les corps cristallisés ou non cris- tallisés ; l’autre suitune loi différente et plus compliquée; on le nomme le faisceau extraordinaire, Huyghens à déterminé cette dernière loï, par observation, dans le carbonate de chaux rhomboïdal vulsairement appelé spath d'Islande ; et il Va exprimée par une construction aussi ingénieuse qu'exacte. En combinant cefait avec les principes généraux de la mécanique, comme Newton-avait combiné les lois de Kepler avec la théorie des forces cen- trales, M. Laplace en a déduit l'expression générale de la vitesse des particules lumineuses qui composent le rayou extraordinaire. Cette Paysique: Institut. Janvier 1815, Caimre, Æxtrait d'un rapport fait à l’Insutut le 23 janvier 1815. y (28) j expression indique qu'elles sont séparées des autres par une force émanée de l'axe du cristal, et qui dans le spath d'Islande , se trouve être répul- sive. On croyait généralement qu'il en était ainsi dans tous les autres cris- taux doués de la double réfraction. Mais de nouvelles expériences m'ont fait découvrir que; dans un grand nombre, le rayon extraordinaire est attiré vers l’axe au lieu d’êtrerepoussé. De sorte que, sous le rapport de cette propriété, les cristaux doivent être partagés en deux classes, l’une que je nomme à double réfraction attractive, l'autre à double réfraction répulsive. Le spath d'Islande fait partie de cette dernière; le cristal de roche est compris dans lautre. Du reste il m'a paru que la force, soit attractive, soit répulsive, émane toujours de l’axe du cristal et suit tou- jours les mêmes lois; de sorte que les formules de M. Laplace s’y appli- quent toujours. Des recherches précédentes n'avaient déja conduit à reconnaître une opposition singulière dans la nature des impressions que divers cristaux impriment à la lumière en la polarisant. J'avais exprimé cette opposition par les termes de polarisation quartzeuse et de polarisation bérillée ; d'après les noms des substances'qui me l'avaient offerte d’abord. A pré- sent, je trouve que tous les cristaux doués de la polarisation quartzeuse sont attractifs, et tous ceux qui exercent la polarisation bérillée sont répulsifs. Le spath d'Islande est dans ce dernier cas. Ces résultats montrent qu'il existe dans l'action des cristaux sur la lumière la même opposition de forces que l’on a déjà reconnue dans plusieurs autres actions naturelles, comme les deux magnétismes et les deux électricités. C'est à quoi conduisent également les autres observa= tions que j'ai déjà publiées sur les oscillations et les rotations des parti- cules lumineuses. B. AAA AAA AAA AAA AAA AA Note sur les aérolites tombées aux environs d'Agen, le 5 sep tembre 1814; par M. VAUQUELIN. Les aérolites qui font l'objet de cette note, ne diffèrent de celles qui ont été précédemment analysées, que par l'absence du nickel, elles contiennent, comme celles-ci, et à peu près dans les mêmes propor- tions de la silice, de la magnésie, du fer, du soufre, et destraces de chaux et de chrome. EE, 4 ! M. Vauquelin pense que la silice qu’on obtient à l'état gélatineux des aérolites en général , y était unie avec la magnésie. Quant au soufre, Ad : ; il s'y trouve certainement en combinaison avec le fer, car lorsqu'on (29 ) dissout dans l'acide sulfurique ou muriatique, du fer qui a été séparé mécaniquement d’un aérolite, il se dégage un mélange de gaz hydro- gène et de gaz hydrogène sulfuré ; il est tres-vraisemblable que le soufre n’est pas combiné avec la tolalité du fer, qu'il ne sature que la portion qui est nécessaire pour constituer le proto-sulfure de ce métal. S'il en est ainsi, la plus grande partie du fer doit être à l'état de pureté, car le gaz hydrogène est plus abondant que le gaz sulfuré. Lorsqu'on traite les aérolites par les acides faibles, la totalité du chrome reste mélangé à la silice et lui donne une teinte grise. Le chrome est à l’élat métallique, car il est insoluble dans les acides, et on ne peut en opérer la dissolution qu’en traitant par la potasse le résidu où il se trouve. Ce métal parait être libre de toute combinaison , puisqu'on lapercoit assez souvent dans les aérolites en parties assez vGlumineuses qui sont absolument isolées de tout corps étranger. . PSS « Reclerches sur l'existence de l'Iode dans l’eau de la mer et dans les plantes qui produisent la soude de Varec, ct analyse de a 1, : plusieurs plantes de la famille des Algues ; par M. GAULTIER DE CLAUBRY. à LE but principal de l’auteur, en entreprenant ce travail, a été de rechercher la présence de l’iode dans l’eau de la mer et les fucus; ce n’est que pour donner plus d'intérêt à ses recherches, qu'il a fait l'a- nalyse complète de ces plantes. Parmi les substances de nature végétale qu'on rencontre dans les fucus, il en est une que M. Gaultier a particu- lièrement examinée, c’est la matière sucrée qui s’efileurit à la surface de leurs feuilles. $ Ier, De la matière sucrée du Fucus. Elle est sous la forme de petites aiguilles soyeuses, dont la solubilité dans l'eau chaude est telle, qu’elles se fondent à une douce chaleur dans leur eau de cristallisation. Elle est très-soluble dans l’alcool bouillant, la dissolution saturée se prend en masse par le refroidissement. L’acide nitrique la convertit en acide oxalique sans qu’il se forme d'acide malique. Elle n’est pas susceptible de fermenter et de se convertir en alcool. Elle forme avec l’iode un composé verdâtre d'une saveur amère et piquante sur lequel l'eau froide n'a pas d'action. Le chlore dissous dans l’eau ne la convertit pas en acide malique. Livraison de février. 5 DOM: Cuimir, Ouvrage nouveau. (50) L’acide sulfurique concentré et froid, la tient en suspension parfaite sans la charbonner. ” La chaux, la barite et la potasse s’y unissent, et forment des com- posés dont la saveur est amère et désagréable. Elle ne rend pas l'huile miscible à l’eau. La matière sucrée des Fucus est analogue à la partie cristallisable de Ja manne, et du suc d’oignon qui a éprouvé la fermentation alcooli- que. Le fucus siliquosus est celui qui donne le plus de matière sucrée. M. Gaultier pense qu’elle n’existe pas toute formée dans la plante; mais qu’elle provient de la décomposition d’une matière gommeuse. $S I. De l'Iode dans le Fucus. M. Gaultier s’est assuré que l’eau enlevait de l’hydriodate de potasse aux fucus, en opérant de la manière suivante : il a fait bouiilir de l’eau avec le fucus; à. a filtré et fait concentrer la liqueur, le chlore et le sublimé corrosif n’y ont point dénoté la présence de l’iode, mais quand 1l y a eu mis de l’amidon et ensuite de l'acide sulfurique, il s’est pro- duit une belle couleur bleue, parce que l'acide hydriodique a été décom- posé par l'acide sulfurique, et que l'iode mis en liberté a formé avec l'amidon une combinaison bleue. M. Gaultier assure que par ce moyen on reconnait des quantités d’iode qui échappent au sublimé corrosif et au chlore. M. Gaultier s’est ensuite convaincu que l'iode était à l’état d’hydrio- date de potasse, en traitant le /#cus saccharinus par l'alcool chaud , fai- sant évaporer la liqueur à siccité , reprenant par l’eau, faisant con- centrer fortement la solution aqueuse, et traitant le résidu par l'alcool concentré ; celui-ci dissout de l’hydriodate de potasse, qu’on peut obtenir cristallisé et séparé d’une petite quantité d'hydrochlorate de magnésie qui se dissout avec lui, en traitant par l'acide sulfurique étendu, puis par l'ammoniaque, et reprenant par l'alcool. ; d On peut, en traitant à chaud par Pacide sulfurique concentré, les fucus desséchés et réduits en poudre, obtenir de l'iode. : $ III. De l'analyse des Fucus. Le fucus saccharinus contient : 1. en substances solubles : La mutière sucrée dont nous avons parlé, Une matière mucilagineuse qui donne de l’acide saccholactique quand on la traile par l'acide nitrique. Une matière végélo-animale, analogue à l’albumine. Une matière colorante verte. De l'acide oxalique et de l’acide malique, qui sont probablement combinés avec la potasse. Ë (CE ) Du sulfate de potasse. Du sulfate de soude. Du sulfate de magnésie. De l’hydrochlorate de potasse. De lhydrochlorate de soude. De l'hydrochlorate de magnésie. Du sulfite sulfuré de soude. De l'hydriodate de potasse. 2.% En malières insolubles. Du sous-phosphate de chaux. Du sous-phosphate de magnesie. De l’oxyde de fer, probablement à l’état de phosphate. De l’oxalate de chaux. De la Silice. La lessive des cendres du fucus saccharinus contient Du sulfate de potasse. de soude. s de magnésie. De l'hydrochlorate de soude. —— de potasse. de magnésie. Du sous-carbonate de soude. —— de potasse. De l'hydriodate de porasse. Du sulfite sulfuré de soude. Le fucus digitatus, le vesiculosus, le serratus, le siliguosus, le filum, ont donné des résultats à peu près semblables quant à la nature des produits, mais très-différens quant aux proportions. Les fucus digitatus et serratus contiennent moins d’iode que le Jucus saccharinus, mais ils en contiennent plus que le vesiculosus , le siliquosus et le filum. $ IV. Recherche de l'iode dans l'eau de la mer. x M. Gaultier n’a pu trouver de traces sensibles d’iode dans 60 pintes d’eau de mer réduites à cinq onces de liquide. L’eau sur laquelle il a opéré avait été prise à Fécamp et au Hâvre. Elle était parfaitement limpide C. | MarnémaTiques. Société Philomat. Janvier 1815, MixénALocie. Mém. du Museum d'His. natur., t. 1, Sur les centres de Développoïdes; par M. HACHETTE. Si par tous les points d’une courbe plane, on mène des droites qui fassent avec les tangentes à cette courbe un angle constant, ces droites sont les tangentes d’une seconde courbe qu'on nomme développoïde de la première ; la développoide devient une développée, lorsque l’angle constant est droit. Ayant mené, par un point quelconque d’une courbe, une tangente à sa développoïde, le point de contact est le centre de développoïde. Réaumur a le premier démontré que le lieu de tous ces centres, pour un même. point et pour des inclinaisons variables, était un cercle d’un diamètre égal au rayon de courbure, qui correspond à ce point de la courbe plane proposée. La proposition analogue pour les trois dimensions, est celle-ci : « La sphère est le lieu de tous les centres de développoïdes, qu'on » obtient en passant d’un point quelconque d'une surface courbe, à > tous les points infiniment voisins des sections planes de cette surface » menés par une même droite qui lui est tangente; la section normale » qui passe par la même tangente, a, pour rayons de courbure au point » commun à toutes les sections planes, un diamètre de cette sphère. » Cette proposition est une conséquence du théorême de Meunier sur la courbure des sections planes d’une surface, dont les plans passent par une tangente à cette surface. D’après ce théorême, tous les cercles osculateurs des sections planes, pour le point de contact’ de la surface et de la tangente, sont sur une même sphère ; d’où il suit que tous les cercles dont les diamètres sont égaux aux rayons des cercles osculateurs, appartiennent à une autre sphère. Réaumur a démontré que les cercles de la seconde sphère, sont les lieux des centres des développoïdes des courbes planes; done ces centres sont sur une sphère dont le diamètre est égal au rayon de courbure de la section normale, qui passe par la tangente commune à toutes les sections planes de la surface courbe proposée. Sur une loi de la cristallisation appelée Loi de Symétrie , par M. Hauy. Pan les lois remarquables auxquelles est soumise la cristallisation de tous les corps, quelle que soit d’ailleurs leur nature ou même leur ori- gine, l’une des plus intéressantes par ses conséquences, des plus simples, | 3311) et cependant des moins bien appréciées jusqu’à présent par les miné- ralogistes, est celle qui a été observée depuis long-temps par M. Hauy, et à laquelle il a donné le nom de loi de symétrie. Cette loi détermine quels sont, sur une forme primitive quelconque, les angles plans et les côtés des faces sur lesquelles les décroissemens doivent être les mêmes, ou doivent être différens. Tous les angles identiques dans une forme primitive, c’est-à-dire, tous ceux qui ayant exactement la même valeur, et leurs côtés respective- ment égaux, donnent naissance, lorsqu'il y a lieu, à des décroissemens égaux, et par conséquent à des facettes qui sont semblablement situées et également inclinées par rapport aux faces du cristal primitif sur les- quelles elles se sont formées. Tous les bords identiques dans une forme primitive, c’est-à-dire , tous ceux qui sont d'évale longueur et qui appartiennent à des faces d’évale D 5 q PI DC dimension et également inclinées entre elles, donnent naïssance à des décroissemens égaux, etc. L’inverse est également vrai, c’est-à-dire, que des angles ou des bords non identiques ne donnent jamais naissance à des facettes qui soient en même temps produites par la même loi de décroissement, également situées et également inclinées par rapport aux faces du cristal primitif sur lesquelles elles se sont formées. Ainsi dans un cube, ou dans un octaèdre réguler, tous lesanpgles et toutes les arêtes sont identiques ; dans un prisme droit à base carrée, les angles et les bords des bases le sont entre eux, mais ne le sont pas avec les angles et les bords des pans, qui eux-mêmes ne le sont dans chaque pan que deux à deux pris parallélement ; dans un rhomboïde, les angles des sommets et les trois bords supérieurs partant de ces sommets sont identiques entre eux, mais ils ne le sont ni avec les anples , ni avec les bords inférieurs, etc. Cette loi ne souffre d'exception non expliquée que dans le cobalt gris partiel. Mais d’ailleurs elle est si précise, que la plus légère différence de valeur entre des angles établit aussitôt des lois de décroissement diffé- rentes sur ces angles différens ; ainsi quoique les rhomboïdes que la cha- basie et Le fer oligiste ont pour forme primitive ne différent du cube que de 5 à 4°, dans les cristaux secondaires de ces espèces toutes les faces secondaires ne sont point identiques comme cela auroit eu lieu dans le cas où leur forme primitive eut élé un cube. L'identité ou la différence des faces ne se manifeste pas seulement par l'effet de la différence des lois de décroissement qui s’y produisent, le défaut d'identité est indiqué par un moyen encore plus grossier, sil est permis de le dire: ainsi les faces identiques ont toujours le même éclat dans la division mécanique, tandis que cet éclat diffère suivant que les faces, d'un parallélipède par exemple, ont plus ou moins détendue. ne metres one À 1015. MATHÉMATIQUES, Société philomat. Janvier 1815, (34) Les différences que l’on remarque dans les décroissemens qui ont lieu sur des parties identiques dans les tourmalines, les topases, la magnésie boratée et autres minéraux électriques par chaleur, s’expli- quent très-bien par l'influence qu'a eue celte propriété particulière sur les phénomènes de la cristallisation. M. Hauy donne comme application des lois que nous venons d'exposer, la description de deux nouvelles variétés de chaux anhydrosulfatée, et quelques observations sur la détermination de la forme primitive de ce sel. La première, qu'il nomme Périoctaèdre, est un prisme droit à huit pans; les pans qui remplacent les arêtes verticales de la forme primitive sont inclinées de 140° 4’ sur la face M de cette forme, et de 129° 56’ sur la face T', ce qui doit, d’après la loi de symétrie, prouver que la base du prisme de la forme primitive est un rectangle et non un carré. Le signe de cette variété est M :G1 TP. La seconde variété est nommée progressive; c’est un parallipipède rec- tangle dont les angles solides des bases sont remplacés par trois facettes obliques, deux sont des trapèzes, et la troisième est un triangle; ces facettes se rejettent sur les faces latérales M de la forme primitive, tandis que les faces T n’en offrent aucun indice, nouvelle application de la loi de symétrie ,æt nouvelle preuve que la base du prisme qui re- présente la forme primitive est un rectangle. Le signe de cette variété est MT A33A A22A AttA P. Cette variété présentant des facettes inclinées sur la base, a donné x M. Hauy les moyens de déterminer la hauteur du prisme primitif de la chaux anhydrosulfatée, ce qu'il n'avait pas pu faire jusqu'à présent ; il a reconnu que les trois dimensions de ce prisme, c’est-à-dire, les côtésC, B,G , étaient entre eux comme les quantités 50 y 21 y 17. A. B. ASS RAA AAA ASS Sur quelques propriétés des intégrales doubles et des rayons de courbure des surfaces; par M. RODRIGUE. SorexT x ,7, + les coordonnés d’un point quelconque d’une surface ; soil aussi CL E2 JE dz CET (CS LANEESS d z A ia are El di "ap M. Rodrigue considere l'intégrale double (J'UT1—S) dx dy prise dans des limites données, et dans laquelle U est une fonction dep et g; il observe que l’on a CtAUE ee np ; : ME p dg __dp d3q À (r—s)dide (rar 7) dx dy; (35) or, l'analogie de cette formule avec celle qui sert à changer les variables dans les intégrales doubles , est manifeste, de sorte que si l’on veut subs- tituer les variables p et q aux variables x et y, on aura WF UT — 52) dr dy = /JU'dp dg; d'où M. Rodrigue conclut que l'intégrale proposée est une fonction de p etq, indépendante de l’équation de la surface, et dépendante unique- ment des limites de l'intégration. 11 vérifie ce résultat en montrant que la variation de cette intégrale ne renferme que des termes relatifs à ces limites ; il montre aussi qu'il existe dans tous les ordres de différences partielles , des formules qui jouissent d’une semblable propriété. 11 considère ensuite spécialement l'intégrale (ré — s) dæ dy. 7: (HER PE 98 JA dans laquelle la quantité sous le signe //, représente l'élément de la surface divisé par Le produit des deux rayons de courbure principaux. D'après ce qu'on vient de dire, elle est la même chose que > dp dq je CH IP ET JO Si l’on y change les variables p et 4, en d’autres Xet F, fonctions des premières, elle deviendra L _ Mens 22 sa Canne a re (Es 2 ax) 1X 47; et si l’on prend — X — YF ST 4 on aura enfin formule qui représente l'aire d'une portion de sphère dont le rayon est égal à l'unité. Pour déterminer cette portion de sphère qui répond à une portion donnée de la surface que l’on considère, M. Rodrigue donne cette cons- truction : « Concevez une sphère d’un rayon égal à l'unité; faites mou- « voir son ra yon, ensorte qu'il soit successivement parallèle à toutes « les normales de la portion de surface que vous considérez; l'aire sphé- « rique décrite par l’extrémité de ce rayon sera la valeur de l'inté- « grale, » S'il s'agit d’une portion quelconque de surface développable, le rayon mobile ne décrira qu'une simple courbe, et l'intégraie sera nulle ; ce qui est d’ailleurs évident, puisqu'on a alors r4—5s2=0. Dans le cas d’une surface fermée et convexe dans toute son étendue, telle qu’un ellipsoïde, on aura ? RAZRET 2 (=) ds ar CE PE ET 1815. ZooLocir. Institut. Janvier 1815. (36) l'intégrale étant prise pour la surface entière, et + désignant le rapport de la circonférence au diamètre; pour une surface ouverte, telle qu'un paraboloïde , la valeur de l’intégrale serait simplement 2 + ; enfin pour une surface en partie concave et en partie convexe, elle aurait diffé- rentes valeurs dont M. Rodrigue donne des exemples en considérant les hyperboloïdes à une et à deux nappes. Au reste, une considération géométrique fort simple montre que dans tous les cas cetle intégrale se réduit à une quadrature sphérique. En effet, en désignant par ds et ds”, les élémens des deux lignes de cour- bure principales qui se coupent au même point, et observant que ces lignes sont perpendiculaires l’une à l’autre, on voit que l'élément de la surface peut être représenté par le produit ds ds’; appelant en outre ? et p’ les deux rayons de courbure principaux, l'intégrale deviendra ds das! TEE : d: ds! , . or les fractions — et “—- sont les élémens de deux cercles décrits ? ( d’un rayon égal à l’unité, et perpendiculaires entre eux; leur produit est donc l'élément de la sphère du même rayon; et par conséquent l'intégrale représente l'aire d’une portion de cette sphère. Cette démons- tration du théorème de M. Rodrigue a été donnée par M. J. Binet. . SS EEE EEE Notice sur les Glandes odoriférantes des Musaraignes ; par M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. Ces glandes, ovales et oblongues, sont placées de chaque côté du corps, sur les hypocondres : elles s'ouvrent à la surface de la peau , qui dans cet endroit n’est couverte que de poils rares et courts. L’odeur qu’elles exhalent et qui se conserve très-long-temps après la mort de l'animal, et même dans les peaux bourrées, est tout-à- fait semblable à celle du musc.M. Geoffroy-Saint-Hilaire pense que c’est elle qui empêche les chats de manger ces animaux. Cette observation confirme les rapports évidens que les Musaraignes ont avec les Desmans (Mygale),Cuv., chez lesquels, d’après Pailas, des espèces de glandes, probablement analogues, sont situées dans la racine de la queue, en même temps que la position différente con- firme aussi la séparation de ce genre , ainsi que MM. Cuvier et Geof- froy-Saint-Hilaire avaient cru devoir l’établir sur d’autres caractères. ( Extrait du procès-verbal de la Société, du 28 janvier 1815. ), ADR AS (37) Fin du Mémoire sur les plantes auxquelles on attribue un plu- centa central libre , et revue des familles auxquelles ces plantes appartiennent ; par NM. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE. (1). &. IV. Des Paronychiées ; digression sur le double point d'attache des ovules et sur le mycropyle. Si le Tamarir et le Turnera doivent être éloignés des Portulacées, il n'es est pas de même du Scleranthus , sa graine ne permet point de le rapprocher des TAymélees, ni ses feuilles des Czenopodium. La struc- ture de son ovaire semblable à celui de la Corrigiole, prouve qu'il ne doit pas être mis à une grande distance des Portulacées. En eflet, dans l'un et l'autre genre, le jeune fruit est libre, uniloculaire et mono- sperme; l'ovule a la forme d’une virgule et son tronc étroit est tourné vers le sommet du péricarpe. Un long cordon ombilical, naissant du fond de la loge, va se rattacher au point intermédiaire entre le gros bout et le bout étroit, et celui-ci tient en outre au sommet de la loge. Le Mniarum laissé autrefois parmi les genres dont la place est incer- taine, doit suivre le Sc/eranthus, dont il diffère à peine. C’est aussi près de ces genres qu’il faut ranger le Queria réduit à ses_ véritables espèces, puisqu'il a le même port; que ses feuilles sont également connées, linéaires , subulées ; qu’il n’a point de corolle ; que son ovaire à une seule loge renferme un seul ovule attaché à un long filet qui naît du fond de la loge ; et qu’enfin ses étamines, quoique in- sérées extrêmement bas, sont réellement périgynes. Le Minuartia et le Lrflingia, dont les étamines sont également pé- gynes, doivent sortir, comme le Queria, de la famille des Caryophyllées ; et quoiqu'ils aient une corolle et des ovules en nombre indéterminé, attachés à un axe central, ils resteront auprès du Queria, dont ils of- frent d’ailleurs les autres caractères. Voila donc cinq genres , les Scleranthus, Mniarum , Queria, Mi- nuartia, L@flingia qui, avec une physionomie semblable, présentent encore pour caractères communs, des tiges étalées, des feuilles con- nées, linéaires, subulées, des fleurs sessiles, des étamines périgynes en nombre déterminé, un ovaire libre, et enfin un embryon roulé cir- {1) Voyez page 16, la première partie de ce Mémoire. Lisraison de mars. 6 (38) culairement ou demi-circulairement autour d’un périsperme farineux. Ce groupe auquel l'auteur propose de donner le nom de Seléranth£es se divisera en deux sections. La première, composée des genres Mi- nuartia et Læœflingia, distinguée par la présence d’une corolle et par des ovules en nombre indéterminé, doit se placer immédiatement à Ja suite des Caryophyllées. La deuxième section qui a plus de rapport avec les Portulucées, sera caractérisée par l'absence de la corolle et par un ovaire monosperme. Ce groupe par ses rapports avec les Caryo- phytllées et les Portulacées, prouve tout à la fois la nécessité de laisser la r4t. classe de Jussieu, à la suite de la 15e. et celle de rapprocher les Portulacées des Caryophyllées. La physionomie des Sc/éranthées leur donne plus d’analogie avec cette dernière famille qu'avec les Portulacées ; mais un nouveau groupe va combler l'intervalle, On à rangé parmi les C&ryophyllées deux genres qui n’ont pas la phy- sionomie de la plupart d'entre elles, et qui doivent nécessairement sortir de cette famille, parce que leurs étamines sont bien certainement périgynes: ce sont le Polycarpon et l’'Hagea.leur calice est un peu urcéolé à la base, et les étamines et la corolle sont insérées au sommet de l’urcéole ; mais comme celui-ci est continu avec le pédoncule , et que l'ovaire est élevé à la hauteur de l’arcéole par un petit pédicelle qu'on n'a pas aperçu, On a cru que les étamines étaient hypogynes. Le Facies de ces plantes est celui de la plupart des Æmaranthacées ; mais c’est principalement avec la dernière section de cette famillé que la res- ‘semblance est frappante, puisque, dans cette section, comme chez le Polycurpon et l'Hage, les feuilles sont opposées et munies de stipules scaricusés. | La dernière section des _Æmaranthacées doit elle-même être séparée des deux qui la précèdent; car dans celles-ci les étamines sont bien certainement hypogvnes, tandis qu’elles sont périgynes dans la dermière. Cette dernière section jointe au Polycarpon et à l'Hagea, formera sous le nom de Paronychiées un groupe bien distinct qui, outre ses éta- mines périsynes, ses feuilles opposées et stipulées, son ovaire libre et uhiloculaire , son embryon roulé:circulairement ou demi-circulairement autour d'un périsperme farineux (x), présentera encore des bractées searieuses, des calices membraneux sur les bords , des fleurs d’un'aspect souvent argenté. L'auteur rélrouve ces caractères dans le Gymnocarprs placé par L. de Jussieu parini les Portulacées , et il le rapporte aux Parbry chiées. [2 Lé (1) L'Ilecebrum verticillatum , qui doit former un genre parüculier, présente une exception à ce caractère, (39) Ce groupe se divise naturellement en deux sections. L’une qui com- prend les genres Polyearpon et Hagea, se distinguera par des ovules en nombre indéterminé attachés à un axe central. L'autre qui embrasse la dernière section de la famille des Æmaranthacées , et de plus le &ymno- carpus, sera caractérisé par un ovaire monosperme, où l’ovule est altaché à un cordon partant du fond de la loge. Quoique les Paronychiées se distinguent des Scléranthées par leur Facies, par des feuilles simplement opposées et munies de stipules ; cependant il existe entre ces deux groupes des rapports si intimes qu'il est impossible de ne pas les réunir en une seule famille qui portera le nom de Paronychiées, et seradivisée en deux groupes principaux, celui des Scléranthées, et celui des Paronychiées proprement dites, dont chacun comprendra deux sections. Outre la série extrêmement naturelle qui résultera de l’établissement de ceite famillé, sa formation contribuera à en circonscrire plusieurs autres d’une manière plus parfaite. Ainsi on ne trouvera plus de stipules dans toute la septième classe de Jussieu. Celles des Æmaranthacées qui ont le plus de rapports avec les Caryophyllées, s'en trouveront rappro- chées d'avantage. On ne verra plus de genres à élamines périgynes parmi les Amaranthacées et les Caryophyllées, ete. Cette dernière famille présentera cependant une exception à cette règle dans le &zellaria aquatica où l'auteur a vu et fait voir à plusieurs boltanistes un calice urcéole jusqu’au tiers portant les étamines et les pétales au sommet de l’urcéole, Cette plante est d'ailleurs absolument organisée comme les carvophyllées, et l'auteur pense qu’on fera bien de la laisser dans cette famille, en reconnaissant ainsi que la méthode natu- relle admet tous les genres d'exception. Cependant pour mieux signaler celle-ci il propose de faire du Szellaria aquaticu un genre qu'il dédie à M. l'abbé de Larbre ; auteur de la Flore d'Auvergne, et qu'il caractérise comme 1l suit : F ‘ Calix 5 fidus basi urceolatus: petala 5 bipartita perigyna. Stamina ro perigyna. Ovarium uniloculare polyspermum, loculis ax1 centrali aflixis. Capsula apice sexvalvis. A la suite des Caryophyllées, M. Aug. de Saint-Hilaire place la section des & cléranthées à fleurs poly pétales. A près la seconde section de cegroupe distinguée par des ovaires monospermes, viendront celles des Parony- chiées proprementdites, qui présentent le même caractère; et enfin la sec: tion des Paronychiées à fruit polisperme se nuancera avec les Portula- cées.M. de Saint-Hilaire continue cette série, en motivant lesdivers rappro: chemens qu'il propose. A la suite des Portulacées il placeles Crassulées, puis les Fcoïdes, (x ) ensuite les £axifragées précédées par le Donatia , (2) Parmi les Ficoïdes, M, Dutour de Salvert et l'auteur ont trouvé des plantes (40 ) les Groseillers, les Nopalées, les Loasées, les Myrtées, les Mélastomées, les Fuchsiées ou onagraires à fruit succulent ,«les Combrétacées, les Cercodiennes, les vraies Onagraires , le Tamarix, les Salicariées, ete. M. Aug, de Saint-Hilaireaditen parlant du Scleranthuset de la Corrigiole, ue leur ovule en forme de virgule étoit attaché à un long cordon ombi- hcal partant du fond de l'ovaire, et qu’en outre il tenait par son bout étroit au sommet du péricarpe. L’ovule a done ici un double point d'attache ; mais ce caractère n’est point particulier aux deux genres dont il s’agit. M.de Saint-Hilaire l’a retrouvé avec des modifications très-variées etsouvent fort singulières dans uve foule de genres à ovaire monospermes appartenant aux familles des Polygonées , des Chenopodées, des Plum- baginces, des Urticées, des Labiées. La seconde attache subsiste plus ou moins de temps après la fécon- dation, et elle a toujours lieu de la même manière dans les mêmes espèces, dans les mêmes genres et souvent dans la même famille. L'auteur démontre qu’elle n’est point un reste de cette adhérence qu’on observe entre le péricarpe et la surface entière de l’ovule, lorsque l'ovaire commence à se former. - Ce n’est pas par le second point d'attache que les sucs nourriciers parviennent à l’ovule, puisque celui-ci continue à se développer, long- temps après que la seconde attache est rompue ; mais sa destruction, qui le plus souvent a lieu aussitôt après l'émission du pollen, indique déjà que cette même-astache a des rapports avec la fécondation. M. Turpin a dit qu’outre l’ombilie , il existait dans les graines une autre cicatrice, qu'il appelle le Micropyle, et qui est destinée au PE des vaisseaux spermatiques. M. de Sdint-Hilaire elite à prouver que le second point d'attache n’est autre chose que l'origine du micropyle ; que celui-ci et l’ombilic ne sont pas toujours rapprochés, et que dans un grand nombre de plantes, les Polygonées, par exemple, où les deux points d'attache se trouvent aux extrémités de l'ovule, le micropyle et lombilie se retrouvent également aux deux mêmes extrémités dans la semence. M. Turpin avait avancé que la radicule est toujours tournée vers le micropyle. Avant qu'oneûtreconnu qu'ilexiste un double point d'attache pour certains ovules, et que le micropyleet l’ombilic peuvent n'être pas toujours rapprochés, les Polygonces, les Orties, etc., présentaient une exception remarquable au principe de M. Turpin, puisque chez ces plantes, la radicule regarde l'extrémité opposée à l'ombilic. L'exception cesse aujourd'hui, puisque c'est à cette même extrémité qu'est Le second point d'attache, et par conséquent le micropyle. TR ————————…— — — — dont l'ovaire, quoique multiloculaire, renferme des ovules attachés à des placentas pariétaux. : re ci C4r) De ces observations M. A. de Samt-Hilaire déduit la loi carpologique suivante: Lorsque le second point d'attache chez l'ovule où le. micropyle sur lasemence sontopposés à l’ombilic, l'embryon doit étre dirigé en sens - contraire de la graine et vice versa. Ainsi il suffira de connaitre le second point d'attache pour connaïtre aussi la direction de la radicule dans la semence, ce qui sera fort avantageux pour déterminer les rapports des plantes dont les graines ne mürissent pas dans nos climats. $ V. Des Salicariées. La famille des Sa/icariées est la dernière où se trouvent des genres uxquels on a attribué un placenta central libre dans une capsule uni- tre : mais chez quelques-uns d’entre eux, ce caractère est inexact dans toute son étendue. La capsule du Pemphis est bien certainement à trois loges au moins dans une grande partie de sa longueur. Celle du Suffrenia est biloculaire. Dans lAdenaria genre inédit de M. de Humboldt, la capsule parcit également uniloculaire avec un placenta libre ; cependant elle est réelle- ment à deux loges, mais la cloison très-mince et couverte d'ovules peut échapper aisément à l'œil de l'observateur. C’est aussi parce que la cloison a fort peu d'épaisseur dans le Zyhrum hyssopifolia, que Scopoli a attribué quatre logés > son fruit qui n'en a réellement que deux. Dans chaque loge, les sem:nces sont attachées sur deux rangs; en coupant le péricarpe transversalement, on n'apercoit point la cloison, et l’on peut croire qu'il exyte autant de loges que de rangs d’ovules. 1l résulte de là que l’on ne dot point faire un genre par- ticulier du Zy1hrum hyssopi/olia. De ce qui précède, il ne faudroit pas ‘onclure cependant qu'aucune Salicariée n’est uniloculaire, Voici ce 40€ l'auteur a vu dans le Cuphœæa DÉSCOSISSÈM. à L'ovaire de cette plante, surmoré d'un style latéral, représente assez bien le pistil des Légumineuses 1 est uniloculaire, et renferme un axe un peu arqué, en forme & Colonne, qui n'est point central, mais qui se trouve rejeté contre-®S parois du péricarpe du côté opposé à celui au-dessus duquel ve le style. Le sommet de l'axe ne peut pénètrer dans le style, p:iSque ce dernier n'est point placé au-dessus de lui, et que d'ailleur Eaxe est terminé par trois ovules; mais au- Anse: cotdonel oi ilicaux de cés ovules, il nait de l'axe deux filets parallèles ; qr>- s’élevant obliquement, vont se rattachér au péricarpe, immédir ment au-dessus du style, où ils s'enfoncent sans se confondre. Ces fils ; élastiques et d’une roïdeur remarquable, subsistent Fxtrait de la Bibliothèque britannique. (42) encore quelque temps après la fécondation, et doivent être destinés , comme ceux des Caryophillées, au passage de Aura seminalis. L’axe présente sous son épiderme une couche épaisse de tissu cellu- laire, et un faisceau de fibres central en forme de fer à cheval; de ce faisceau partent des rameaux vasculaires ascendans, qui donnent nais- sance aux cordons émbilicaux. j Le Rofala, que M. de Jussieu avait admis parmi les Caryophillées, et dont les étamines sont certainement pérygines, doit passer dans la famille des Salicariées, où il est déjà, dans l'herbier de l’auteur des ordres naturels. Le Rotala sera placé entre lAmmania et le Suffrenia, et ces trois genres, ainsi rangés, cffriront une diminution bien nuancée, dans les parties de la fleur. nr of B-ME 7 AR RAS A AS A A Quelques expériences sur la combustion du diamant et du carbone; par M. Davy. M. Davy a opéré la combustion du diamant et du carbone, dans un petit ballon de verre rempli de gaz oxygène : le combustible était placé sur une capsuie de platine percée de plusieurs trous ; il était chauffé au moyen d'une grande lentille. On jugeait de la condensation du gaz oxygène par la quentité de mercure qui entrait dans un tube de verre étroit qu'on adaptait 1 ballon. La disposition de cet appareil à permis d'observer que le diamant fortement chauffé continue à brûler, après même qu’on l'a retiré &1 foyer de la lentille ; la lumière qu'il dégage est fixe, d’un rouge tréSbrillant, et la chaleur produite est si grande, que dans une expérience oO l'on avail fixé des fragmens de diamant à la capsule au moyen d'un fil denatine, ce fil fut fondu, quoique le com- bustible ne se trouvât plus exp.sé au foyer. M. Davy s'est convaincu Quelle diamant se consumait sans qu'il y eût formation d'eau et condensatit apparente dans le volume de gaz oxygène; il s'est assuré que lout heu qui avait été employé à la combustion était converli en acide Srbonique; et qu'il n’y avait cu aueun autre produit de formé ou de dégag, M, Day n'a jamais observé de couleur noire sur les diamans qui aVient brülé pendant quelque temps ; le seul changement physique qu ils € gent éprouvé étoit la perte de leur lustre. ) : L'acidé carbonique produit par lé, diamant toutes les propriétés de l'atide carbonique ordinaire ; car le polass, | brûle avec une flanme rouge, et l'on obtient de la polasse:et du Carbon ; l’ean absorbe moius de son volume de ce gaz; et acquiert loutes'es hropriétés d’une = (45) dissolution aqueuse d'acide carbonique ; comme celle-ci elle précipite l'eau de chaux et le précipité, décomposé par l'acide muriatique, donne la même quantité de gaz que le marbre de Carrare; et enfin il fournit du-charbon et de la potasse quand on le décompose à chaud par la va- peur de potassium, j Le diamant exposé dans le chlore pendant plus d’une demi-heure, à l’état d’ignition intense, n'éprouve aucun changement. La plombagine de Barowdal, le charbon formé par la réaction de l'acide sulfurique sur l’huile de térébenthine, le charbon formé par la réaction du même acide sur l'alcool ainsi que Le charbon de chêne brulés comme le diamant, ont donné des traces sensibles d’eau, quoique chacun de ces corps eût été aussi bien desséché qu'il est possible (x); on ne peut d'apres cela, se refuser à admettre dans ces combustibles, une combinaison de carbone et d'hydrogène. On doit conclure des expériences de M. Davy : r.° que le charbon et le diamant ne contiennent pas d'oxygène, ainsi qu'on l'avait soupçonné; 2.° que le diamant peut brüler dans le gaz oxyoène comme la plomba- gwe, et que s’il brüle en général moins facilement que le charbon, cela tient au rapprochement de ses parties et à l'absence de l'hydrogène ; 5.° que la couleur noire du charbon n’est pas due à une combinaison de carbone avec les métaux des alcalis et des terres, ainsi qu'on pour- rait le présumer d'après la couleur noire que prend le diamant par le contact prolongé de la vapeur de potassium, puisque le charbon de té- rébenthine est noir, et qu'il brûle cependant sans résidu ; 4.° que la seule différence chimique qui existe entre le charbon et le diamant, est que le premier contient de l'hydrogène ; mais comme le poids de cet élément est quelquefois inférieur à la 2 parlié du poids du charbon, comme l’on peut enlever l'hydrogène au charbon, en chauf- fant celui-ci dans le chlore, sans lui faire perdre sa couleur noire et son pouvoir conducteur de l'électricité, M. Davy pense avec M. Ten- nant que c'est plutôt à Ia cristallisation des molécules du diamant, qu'a la présence de lhydrogène dans le charbon, qu'il faut attribuer la cause des différences qu'on observe entre ces deux corps. C: (1).Les deux derniers charbons avaient été traités par l'acide nitrique, ayant d'être exposés à une lempérature Lrès-éleyée. ARR RAR AR ARS SAS 4 10 10 Puysique. Socicté Philomat. (44) INouvelles Expériences sur la lumière; par M. BREWSTER, d'Edimbourg. ( Extrait d'une lettre écrite par M, Brewsier à M. Biot, en date du 24 janvier 1815.) « Depuis que je vous ai écrit j'ai élé frès-heureux dans la conti- nuation de mes expériences. Voici un extrait,de quelques-uns des ré- sultals que j'ai obtenus. » 1.9 La structure qui donne deux images diversement polarisées peul êlre communiquée par simple pression à des substances qui ne la possèdent pas naturellement, et alors cet arrangement de particules se défait lorsque la pression cesse. J'ai obtenu ces singuliers résultats avec des gelées animales, particulièrement avec de la gelée de pieds de veau et avec de la colle de poisson. Les expériences sur la colle de poisson doivent être faites immédiatement après qu’elle est coagulée, car elle acquiert d'elle-même l'arrangement de particules qui polarise la lumière lorsqu'elle est restée tranquille durant quelques heures. » 2,9 J'ai réussi à imiter les phénomènes de la nacre de perle, avec des gelées animales, qui, dans des circonstances particulières, ont leurs surfaces couvertes de stries si fines, qu'il y en a souvent jusqu’à trois mille dans la longueur d'un pouce; ces stries produisent les mêmes phénomènes de coloration que la nacre de PLU » 5.° Lorsqu'un rayon de lumière est transmis à travers deux plaques de verre à surfaces parallèles, d'une égale épaisseur, et inclinées l'une à l’autre d'un petit angle, on aperçoit de tres - belles franges colorées qui sont toujours parallèles à la commune section des glaces inclinées et qui diminuent en grandeur à mesure que l'inclinaison mu- tuelle des plaques augmente. Les franges centrales sont composées de bandes lumineuses et noires, et celles qui sont de chaque côté de celles - ci ont des bandes rouges et vertes. Le phénomène est le même lorsque les glaces sont en contact où placées à toutes distances l’une de l’autre; 1 se produit encore lorsqu'un fluide est interposé entre elles ; mais il cesse absolument lorsqu'on étend une couche de fluide sur la surface extérieure de l’une où de Pautre. La largeur des franges est inversement proportionnelle à l'épaisseur des plaques qui les pro- duisent.» (1) Cette dernière découverte de M. Brewster étant extrêmement re- marquable, je me suis empressé de la vérifier. Pour cela, je me suis d'abord servi de deux morceaux de glace coupés sur les bords d’un (x) Ce qui suit est une note de M, Biot. ee (45) même miroir plan, à surface parallèles, qui avait été travaillé par M. Cauchoix. Chacune de ces glaces avait d'épaisseur environ 5 mil- limètres. Je les ai posées l’une sur l’autre en les séparant à leurs ex- trémités par de petites bandes coupées dans une même carte, et dont je mullüipliais à volonté le nombre, suivant que je voulais augmenter a distance des glaces et leur inclinaison. J'ai obtenu ainsi les franges colorées que M. Brewster annonce. Je les ai obtenues, même quand la distance des glaces était au moins de deux millimètres. Mais je dois prévenir que l'expérience est assez délicate quand on veut la faire sur d'aussi orandes distances et sur des glaces aussi épaisses, car il est alors très-facile de sortir des limites d’inclinaison où le phénomène se produit. Je lai obtenu beaucoup plus aisément avec des lames de verre plus minces, mais qui avaient cependant encore au moins un demi - milli- mètre d'épaisseur. Alors il m'a paru que, pour une distance donnée, le phénomène commençait à se produire avec ces lames , lorsque le rayon incident formait un angle beaucoup plus considérable avec leur sur- face. Il paraît aussi qu'à ce degré de minceur le parallélisme des surfaces de chaque lame, n'est plus une condition rigoureusement nécessaire; car celles dont je me suis servi, n’ayant pas été travaillées pour cet objet, étaient un peu prismatiques : il est d’ailleurs facile de s’assurer que la lumière qui produit les franges, a été réfléchie plusieurs fois d’une plaque à l’autre, ce qui explique pourquoi les franges cessent de se produire quand on mouille l’une des surfaces extérieures , comme M. Brewster l’a remarqué. Ces belles expériences ont évidemment le plus grand rapport avec celles que Newton a exposées à la fin de son optique, relativement aux anneaux colorés formés avec des plaques épaisses de verre dont les deux surfaces étaient sphériques et d’un rayon presque égal. Dans les expériences de Newton, le rayon incident tombe d’abord perpendicu- lairement sur la plaque ct la traverse une fois : une grande partie se ré- fléchit de même perpendiculairement sur la seconde surface, et sort par où elle était entrée ; mais la portion de lumière réfléchie irrégulie- rement à cette seconde surface rayonne dans tous les sens à partir du point de réflexion. Les molécules lumineuses qui en font partie tra- versent donc une seconde fois la glace, mais däns une direction diffé- rente; et ainsi la longueur de leurs accès change, tant par l'étendue différente du trajet qu'elles parcourent, que par l’obliquité de leurs directions par rapport aux surfaces réfléchissantes. Delà il résulte qu’en revenant à la première surface du miroir, quelques-unes de ces parti- cules se trouvent dans les dispositions convenables pour sortir, d’autres pour rentrer. Connaissant donc la longueur de leur trajet primitif, celui qu’elles parcourent dans leur retour, et la proportion suivant laquelle les accès des particules sont modifiés par l'obliquité, on peut calculer Livraison de mars. 7 1815. Pays1oLOG1E ANIMALE Lu à Finsütut le 11 octobre 1813. (46 ) dans quel point chaque couleur devra sortir, et dans quels autres elle devra de nouveau être réfléchie en dedans: puis en suivant la lumière émer- gente dans l'air, d'après la loi ordinaire de la réfraction, on peut calculer le diamètre des anneaux qui devront ainsi se former sur un carton blanc à une distance donnée du miroir. C’est ce qu'a fait Newton, sur des pla- ques qui avaient jusqu'a un quart de pouce d'épaisseur; et les résultats se sont trouvés exactement conformes à ses calculs, même lorsque les particules en traversant la première fois la plaque, éprouvaient plus de 34386 accès. Maintenant dans les expériences de M. Brewster, l'égale épaisseur des deux plaques et la petite inclinaison de leurs surfaces me parait remplacer l'effet de l’égale courbure des deux surfaces réfléchis- santes dans les expériences de Newton, l’inclinaison des plaques ayant, pour changer la longueur du trajet, la même influence que la sphéricité. Il me semble donc présumable que les deux résultats doivent pouvoir se calculer par les mêmes formules, et c’est ce que je me propose dans peu de vérifier ; mais dans tous les cas, j'ai pensé que les physiciens ver- raient avec plaisir ces détails sur des expériences qui paraissent devoir nous faire tout-à-fait connaître le mode par lequel se produisent les an- peaux colorés. RAS SRE SAS AS AA Mémoire sur © Œsophage; par M. MAGENDIE D. M. P. A l’époque où j'ai eu l’honneur de répéter devant les commissaires nommés par la première classe de l’Institut, mes expériences sur le vomissement, ces Messieurs, et particulièrement M. Cuvier, m’enga- gérent à faire de nouvelles recherches, pour savoir quel rôle joue l’æsophage chez un animal qui vomit ; le récit des premières tentatives que J'ai faites, por répondre au désir de MM. les commissaires, forme l’objet de ce Mémoire. Avant tout, je dois dire que les physiologistes se sont peu occupés de l'œsophage, soit qu'ils n'aient point attaché d'importance à l'étude de cet organe, soit que l’æsophage placé profondément au cou et dans la poitrine, ait échappé à leur investigation. On s’est contenté jusqu'ici de constater sa faculté contractile. C’est ainsi qu’on a examiné le cou d'un animal au moment de la déglatition ou de la rumination, et l’on a reconnu que la contraction de l’œsophage est la cause principale de la progression des alimens et des boissons. On a mis à découvert l'œsophage dans toute sa longueur sur un animal récemment mort, on l'a irrité de diverses maniéres, et on y a excité des contractions plus où moins énersiques; de plus, on a fait sur l’homme et les animaux malades, cerlaines remarques qui ont démontré en même temps la contractilité de l’æsophage, et l'utilité de cette propriété. (47) Haller est encore sur ce point celui qui a fait les expériences les plis péremptoires, à la vérité elles ne sont qu'au nombre de quatre , mais elles lui ont suffi pour établir l'irritabilité de l'æsophage , et c'était là le but principal d'Haller. Je n'ai trouvé aucune expérience faite directement dars l'intention de déterminer l'action de l'æsophage dans le vomissement ; le sujet de recherche proposé par MM. les commissaires, était donc entièrement neuf. Pour arriver à le traiter d’une manière convenable, je me suis proposé d'étudier d'abord l’æsophage dans Pinstant où l’on peut le supposer en repos, Je ne me suis point repenti d’avoir suivi cette marche, car dès mes premières expériences, J'ai reconnu un phénomène important, et qui Jusqu'ici, Je crois, parait s'être soustrait à l'observation des physiologistes ; savoir : que l'æsophage dans son tiers inférieur, est continuellement auimé d'un mouvement alternatif de contraction et de relâchement qui semble indépendant de toute irritation étrangère. Ce mouvement m'a paru limité à la portion du conduit qui est envi- ronné par le plexus des nerfs de la huitième paire, c'est-à-dire , à son tiers inférieur environ; il n’en existe aucune trace au cou, non plus qu'a la partie supérieure de la poitrine. La contraction se montre à la manière du mouvement péristaltique ; elle commence à l’union des deux tiers supérieurs de l’æsophage, avec son tiers inférieur, et se prolonge jusqu’à l'insertion de ce conduit dans l’estomac. La contraction une fois produite, continue un temps variable , ordinairement c’est moins d’une demi-minute. Contracté de cette manière dans son tiers inférieur, l’œsophage est dur comme une corde fortement tendue ; quelques personnes à qui je l'ai fait toucher, dans cet état, l'ont comparé à une baguette. Quand la con- traction a duré le temps que je viens d'indiquer, le relâchement m'a paru arriver tout-à-coup et simultanément dans chacune des fibres con- tractées, dans certains cas cependant le relâchement m'a paru se faire des fibres supérieures vers les inférieures ; l'æsophage examiné durant l'état de relâchement, présente une flaccidité remarquable et qui con- traste singulièrement avec l’état de contraction. Le mouvement alternatif dont je parle , est sous la dépendance des nerfs de la huitième paire. Quand on a coupé ces nerfs sur un animal, le mouvement cesse complètement, l’æsophage ne se contracte plus, mais il n'est pas non plus dans l'état de relâchement, ses fibres soustraites à l'influence nerveuse se raccourcissent ; c’est ce qui produit relativement au toucher, un état intermédiaire à la contraction et au relâchement (1). (x) Ce mouvement n'existe pas dans le cheval; mais chez cet animal les piliers du diaphragme ont sur l'extrémité inférieure de l’œsophage une action bien différente de celle qu'a ce muscle sur l’œsophage dans les autres animaux. (48) Lorsque l'estomac est vide ou à demi rempli d'alimens, la contraction de l’æsophage revient à des époques beaucoup plus éloignées ; mais si l’estomac est fortement distendu par une cause quelconque , la contrac- tion de l'œsophage est ordinairement plus énergique , et elle se prolonge beaucoup plus long-temps. Je l'ai vu dans des cas de cette espèce se continuer plus de dix minutes ; dans les mêmes circonstances , c'est-à-dire , lorsque l'estomac est rempli outre mesure, le relâchement est toujours beaucoup plus court. Si durant la contraction dans l’æsophage, on veuf, par une pression mécanique exercée sur lestomac, faire passer une partie des alimens qui y sont contenus, dans l’æsophage, il faut, pour y réussir, employer une force très-considérable, encore le plus souvent n’y parvient-on pas. Il nr'a semblé même que la pression faisait croître l'intensité de la con- traction de l'æsophage, et qu’elle la prolongeait. Quand , au contraire, c’est dans l'instant du relâchement que l’on com- prime l'estomac, il est très-facile de faire passer les matières qu'il contient dans la cavité de l’'æœsophage ; si c’est un liquide, par exemple, la. plus légère pression, quelquefois même le simple poids du liquide, ou la tendance qu'a l'estomac à revenir sur lui-même, peuvent seuls amener ce résultat. Il ne sera pas inutile, je pense, d’insister un instant sur cette entrée accidentelle du liquide dans la cavité de l’œsophage. Si l’estomac n'est pas très-distendu par le liquide, on ne remarque pas le plus souvent qu'il en passe dans l’æœsophage, à moins que l’a- nimal étant couché sur le dos et l'abdomen ouvert, le liquide ne tende r son poids à y pénétrer; cependant le liquide entre presque toujours Fais en remplit brusquement l'estomac par un moyen quelconque, je l'ai fréquemment vu, en poussant rapidement dans l'estomac une seringuée d’eau, à travers le pylore. Quand l'estomac est à nu, et qu'on le distend outre mesure, le liquide n'entre pas ordinairement dans l’æsophage , ainsi que nous l'avons dit, parce que la distension de l'estomac est une cause qui fait prolonger la contraction de l’æsophage. Le passage d’un liquide de l'estomac dans l’æsophage, est suivi tantôt de son retour dans l'estomac, et c’est le cas le plus fréquent, ou bien. le liquide est rejeté au-dehors; ce cas.est beaucoup plus rare, je lai cependant vu plusieurs fois. Le retour du liquide dans l’estomac, dépend, comme on doit le penser, de la contraction de l’æsophage; la contraction, dans ce cas, a beaucoup. d’analogie avec celle qui s'observe dans la déglutition, quelquefois elle suit immédiatement l'entrée du liquide, et dans d’autres cas l’œsophage se laisse distendre considérablement avant de repousser le liquide dans la cavilé de l'estomac. æ : h (49 ) La connaissance du phénomène que je viens de décrire doit éclairer, ce me semble, plusieurs actes importans de la vie, qui sont encore peu connus sous le rapport de leur mécanisme ; tels sont : la régurgitation , les vomituritions, l’éructation, ete. Cette connaissance ne peut encore manquer de faire entrevoir comment des malades peuvent avoir pendant plusieurs jours, quelquefois durant plusieurs semaines , l'estomac dis- tendu par des gaz; comment on voit dans certains cas de maladie, des liquides s'accumuler en quantités énormes dans l'estomac sans qu’il s’en échappe une seule goutte par l'œsophage, ce que j'ai eu occasion de remarquer récemment sur le cadavre d'une jeune femme qui avait succombé à une affection organique du rein. Pourquoi certains gour- mands conservent dans leur estomac pendant la durée de la digestion des quantités prodigieuses d’alimens et de boisson? Pourquoi quand l'estomac d’un moribond, est rempli de boissons, celles-ci s’échappent par là bouche’peu de temps après la mort? Pourquoi enfin l'estomac peut être comprimé très-fortement dans les efforts qu'on fait pour uriner ou pour aller à la garde-robe, etc., sans que les matières qu'il contient s’introduisent dans l’æœsophage ? Après avoir examiné l’œsophage dans le moment où on pourrait le croire en repos, je l'ai observé au moment de la déglutition, et j'ai reconnu qu'Haller avait très-bien décrit l'action de l’œsophage dans cet instant. Tout ce qu’a dit ce grand physiologiste, m'a paru parfaitement exact pour les deux tiers supérieurs du canal, l'action du tiers inférieur est essentiellement différente, et Haller n'a point fait cette distinction. Haller dit que le relâchement de chaque fibre circulaire suit immédiate- ment la contraction , et cela est vrai pour la portion du conduit placé au cou et dans la partie supérieure de la poitrine ; mais cela n’est plus exact pour la portion inférieure, où l’on aperçoit que la contraction de toutes les fibres circulaires se prolonge assez long-temps après l'entrée des ali mens ou des boissons. dans l'estomac. Dans cet instant, là membrane muqueuse de l’extrémité cardiaque de l'æœsophage, poussée par la con- traction des fibres circulaires, forme un bourlet assez considérable dans la cavité de l’estomac. Voici maintenant quelques observations que j'ai faites sur un assez . grand nombre d'animaux , elles ne montrent point le rôle que joue l’œso- phage dans l'acte du vomissement, mais elles peuvent jeter quelque jour sur l'influence qu'il exerce dans la production de ce phénomène. Si l’on coupe en travers l’æsophage au cou, l’on peut exciter le vomis- sement en portant des substances vomitives dans l’estomac ou dans le système circulatoire, soit par la voie de l'absorption, soit par celle de injection dans les veines. Il en est de même si l’on coupe l’æsophage à diverses hauteurs dans la cavité de la poitrine, pourvu qu’on évite de le toucher à son attache au diaphragme. Le — | 1815. (50) L'œsophage étant coupé à un pouce au-dessus dü diaphragme, si on le saisit au cou et qu’on l’extraie de la cavité de la poitrine, avec la précau- tion d'endommager le moins possible le plexus des nerfs de la huitième paire, on peut produire le vomissement par les deux moyens indiqués, en sorte qu'il est vrai de dire qu'un animal privé d'æsophage est encore susceptible de vomir, ce qui avait élé nié par quelques personnes. Après avoir fait ces remarques, j'ai sur un animal, ouvert l'abdomen, j'ai séparé l'æsopbage de ses allaches au diaphragme, j'ai appliqué une ligature à l'endroit où il s'iusère à l'estomac pour éviter que les matières contenues dans ce viscère ne tombassent dans l'abdomen, ayant eu soin de ne point comprendre dass la ligature les nerfs de la huitième paire; j'ai coupé l’æsophage immédiatement au-dessus de la ligature, je l'ai saisi au cou et je l'ai extrait en totalité : la plaie de l'abdomen étant réunie par des sutures, J'ai cherché à déterminer le vomissementäpar l'injection de l'émétique dans les veines, et il m'a été impossible d’exciter la moindre nausée ; la dose d'émétique que j'ai employée était cependant très-forte. Voyant que l'injection de l'émétique ne produisait pas le vo- missement, je l'ai introduite à doses évales dans l’estomac, et le vomis- sement n’a pas tardé à paraitre. J'ai répété six fois cette expérience avec le même résultat. Je ne me suis pas arrêté là, j'ai sur plusieurs autres animaux détaché l'æsophage de ses adhérences au diaphragme, j'ai appliqué une ligature près l'estomac, et j'ai coupé transversalement ce canal un peu au-dessous de son passage 1 travers le diaphragme ; mais au lieu de l'extraire comme dans l'expérience précédente, je l’ai laissé dans sa position; j'ai injecté de l'émétique dans les veines, et il m'a été impossible d'exciter des efforts de vomissement, tandis qu’ils furent produits sans peine par le contact de l'émétique avec l'estomac. Deux autres expériences qui suivirent celles-là, et dans lesquelles, après avoir détaché du diaphragme, je m'étais contenté d'appliquer une ligature sur la partie la plus inférieure de ce conduit, me donnerent un résultat semblable; mais avant depuis répété cette expérience plusieurs fois, j'ai vu l'injection de l'émétique dans les veines produire des efurts considérables de‘vomissement. 1 J'ai observé dans ces dernières expériences un phénomène assez sin- gulier: lair qui pendant les nausées cherche à entrer dans l'estomac est arrêté par la ligature et distend læsophage; mais bientôt cct organe se contractant à sa partie inférieure tend à le chasser, l'air en remontant, rencontre de nouvelles portions de fluide qui entrent dans l’æsophage et quise dirigent vers l'estomac ; du choc de ces deux courans, résulte un brait remarquable et qui continue tout le temps que l'animal fait des efforts pour vomir. (51) Je conclus des expériences rapportées dans ce Mémoire : 1.° Que l’œsophage dans son liers inférieur est animé d'un mouvement alternatif de contraction et de relâchement. 2.9 Que ce mouvement est spécialement sous la dépendance des nerfs de la huitième paire. 5.° Que la distension de l'estomac par des gaz, des liquides ou des alimens, paraît être une cause qui prolonge la durée de la contraction de l’æsophage, landis qu’elle semble diminuer le temps du relâche- ment. 4° Qu'une compression mécanique exercée sur l'estomac, paraît être uue circonstance qui augmente la durée et l'intensité de la contraction de l’æsophage. 5.9 Que dans la déglutition, lestiers inférieur de l’æsophage, reste quelque temps contracté immédiafement après l'entrée dans l’estomac d’une portion d’alimens solides ou liquides. 6.° Que le vomissement peut avoir lieu chez un animal privé d’œso- pbage, par l'introduction de l’'émétique dans l'estomac, tandis qu'il ne parait pas pouvoir être excité par l'injection de l'émétique dans les veines. Peut-être serais-je en droit d'ajouter à ces conclusions, que l’adhérence du diaphragme à l’œsophage a une grande influence sur la production du yomissement; mais je me contente pour ce moment de présenter la chose comme probable, en attendant que de nouvelles expériences viennent la rendre positive. Ce serait ici le lieu de rapporter les expériences que j'ai faites pour déterminer la part que prend l’æsophage dans l'acte du vomissement (objet principal de mon travail); c’est ce que j'ai consigné dans un Mémoire particulier, que j'aurai l'honneur de présenter à la classe dans l’une de ses prochaines séances. Sur les moyens de produire une double distillation à l'aide de la méme chaleur; par M. SMITHSON TENNANT. BLacx a montré le premier, par des expériences ingénieuses, que la chaleur qui est nécessaire pour porter l’eau-de la température de 10° centigrades à celle de l'ébullition, est seulement la sixième parlie environ de celle que ce même liquide absorbe dans le passage de l'ébullition à l'état de vapeur. Cette portion de calorique qui est toute entière employée à convertir l’eau en fluide élastique, a été appelée la chaleur Zaterte, parcç qu’elle ne produit aucun eflet sur Le thermomètre ; mais queiles 1815. Paysique. Transact. phlilosop. r614, 2° Partie, (52) que soient les circonstances dans lesquelles la vapeur se condense, la chaleur latente se montre de nouveau; aussi s’est-on servi dans beaucoup de cas de cette condensation pour échauffer divers corps. C’est ainsi, par exemple, qu’en faisant traverser une masse d’eau par un courant de vapeur continu, on finira par élever sa tempé- rature jusqu'à 100°. À ce ferme la vapeur cessera de se condenser, puisqu'elle a précisément la température du liquide qu’elle traverse ; aussi ne semble-t-il pas possible de convertir par ce moyen l’eau en vapeur ; mais on peut remarquer que la chaleur qui est nécessaire pour porter un fluide donné à l’état d'ébullition, dépend de la pression que l'air exerce sur sa surface, de sorte que si cette pression est di- minuée par un moyen quelconque, le fluide, l'eau, par exemple, en- frera‘en ébullition avant 100 deg et pourra par conséquent être distillée par la seule condensation de la vapeur ordinaire : c’est d’après ces principes que l'appareil de distillation de M. Tennant a été con- struit. Qu'on imagine une chaudière semblable à celles dont on se sert dans les laboratoires de chimie pour se procurer de l’eau distillée ; mais qu'on suppose que la plus grande partie du serpentin dans lequel la vapeur vient se condenser soit engagée dans un autre vase semblable au précédent et également rempli d’eau, et l’on aura une idée assez exacte de l'appareil à double distillation. L'ouverture par laquelle le serpentin s'engage dans la seconde chaudière et celle qui sert d’issue à son extrémité inférieure doivent être l’une et l’autre parlaitement lutées. Le second vase porte deux robinets qui sont placés l’un à sa partie supérieure, et l’autre à l'extrémité de son serpentin; pour fare le vide dans cette dernière chaudière, il suffit d'ouvrir les robinets dont je viens de parler, et d'élever la température de leau qu’elle ren- ferme jusqu'à l'instant où les vapeurs commencent à se montrer ; on ferme alors les deux robinets, et toute application ultérieure et immédiate de calorique à cette chaudière devient inutile; on se con- tente ensuite d’échauffer la première chaudière, et la condensation de la vapeur qu’elle fournit, dans le serpentin, suffit pour faire bouillir et pour distiller l’eau qui est contenue dans la seconde. M. Tennant a trouvé ains}, dans quelques expériences, que la quantité de liquide que fournit la seconde distillation, est les rois quarts de celle qui provient de la première chaudière ; il pense même que cette pro- portion serait encore sensiblement augmentée, si on avait la précaution de revêtir le second vase de flanelle ou de toute autre substance capable de retenir le calorique. CF. AN) RAR RAS AS ASS Dee, AA (55) De la différence entre les attractions exercées par une couche infiniment mince sur deux points très-rapprochés l'un de l'autre, situés l'un à l'intérieur, l'autre à l'extérieur de cette méme couche; par À. L. CAUCHY, éngénieur des ponts et chaussées. ON sait que l'attraction exercée par une couche infiniment mince sur un point très-rapproché d’elle a deux expressions différentes, suivant que ce point est situé à l’intérieur ou à l'extérieur. On peut d’abord, vu l'épaisseur infiniment petite de la couche, supposer celle-ci réduite à une simple surface attirante, mais pour laquelle la force attrac- tive en chaque point varieroit proportionnellement à l'épaisseur dont il s’agit. Cela posé, si lon considère deux points situés tout près de la surface et sur une même normale, l’un au dedans, l’autre au dehors, les actions exercées sur ces deux points suivant le plan tangent seront égales entre elles, et les actions exercées suivant la normale différeront d’une quantité égale au produit de quatre fois le rapport de la circon- Jerence au diamètre par la force attractive de la surface. En général /a différence des actions exercées suivant une direction déterminée sera égale à la différence qu'on vient de citer multipliée par le cosinus de l'angle que forme cette direction avec la normale. On trouve une démonstration synthétique de ce théorème dans le premier Mémoire de M. Poisson sur l'électricité. Je vais faire voir comment on peut le déduire des formules générales de l'attraction. , Soient M et N les deux points donnés situés tout près de la surface ue l’on considère et sur une même normale, l’un à l'intérieur, l’autre à l'extérieur. Soient x,, y,, Z, «,, Y,, z, les coordonnées respectives des points Met N rapportés à trois axes rectangulaires; et supposons que la normale menée par ces deux points coupe la surface en un troisième point R, dont les coordonnées soient X, Y, Z. Enfin désignons par E la force attractive au point R, et par x, y, z les co- ordonnées variables de la surface. Si l'on représente par (1) z—Z=P(x—-X)+Q (y —Y) l'équation du plan tangent au point R, les coordonnées du point M sausferont aux équations z—X+P(z —Z)=o, (2) VW re Y LE Q (z Æ Z) UNE Soit encore 8 l'angle formé par la normale avec une droite déter- Livraison d'avril, 5 1815. MATRÉMATIQUES. Insütut. Mars 18154 (54) minée. Si l'on prend cette droite pour axe des z, on aura (3) cos. = ——,--" pes OT MAUER + QU Voyons maintenant quelle est la différence des attractions exercées par la surface suivant cette même droite sur chacun des points M et N. Désignons par © le point de la surface auquel appartiennent les coordonnées x, y, z : soit e la force attractive au même point; et 7, la distance des points O et M, en sorte qu'on ait CH one(G-a) +0) + Ga) Y. Enfin, soit A l'attraction de la surface sur le point M suivant l’axe dz : MIE NNere des x : en faisant à l'ordinaire == =p, 7; — Ja On aura x: T PNA Et Lane net 14 p8 +2) dx dy, 5 P j Tr l'intégrale double devant s'étendre à tous les points de la surface. De même, si l’on représente par B lattraction de la surface sur le point N,et que l’on fasse 12 AINTE (GIL ae (za) +R) +(z— 2.) DE on trouvera Ga) B=- fr te) ex ay la nouvelle intégrale étant prise entre les mêmes limites que la première. Si l’on suppose maintenant les points M et N très-rapprochés lun de l’autre et de la surface donnée; on aura à très-peu pres LT D ah T4 QE. Dans le même cas, les élémens des intégrales doubles qui représentent les valeurs de A et de B seront sensiblement égaux entre eux, tant que les quantités auront une valeur finie; c’est-à-dire, tant que les quantités LT Lis Ÿ Vis Lis LT Las Ÿ Vas L — La) ou, ce qui revient au même, les suivantes z—X,y—Y,z2—2Z £ ne seront pas foutes à la fois infiniment petites. Ainsi, pour obtenir la différence des intégrales doubles qui représentent les attractions A et B, il suflira de déterminer les parties de ces intégrales qui corres- (55 ) pondent à des valeurs de x, y, z très-peu différentes de X, Y, Z. On y parvient de la manière suivante, Considérons d’abord l'intégrale double qui forme le second membre de l'équation (5),.et faisons Hz, =. On aura, en vertu des équations (2) CRAMSEERE, Qi X—x =—Pa. De plus, les points M et R étant censés très-voisins l’un de l'autre, a sera une quantité très-pelite; et, si l’on veut que le point © soit aussi très-rapproché du point R, il faudra supposer en outre (9) TX ar, ÿ— Y=uÿ, z—Z=az/, a’, y', z! étant de nouvelles variables qui pourront obtenir de très- grandes valeurs positives où négatives, mais telles néanmoins que les quantités æ x’, ay', az! restent toujours fort petites. Ainsi, par exemple, si l’on considère 4 Comme un infiniment petit du premier ordre, il sera permis de considérer 2’, y', z! comme des quantités infinies de l’ordre _. pourvu que » soit < 1. Dans cette hypothèse, on aura à fort peu près ezE, (i+P+p)=CG+P+Q)Y— 1 cos. à On aura de plus en vertu de l'équation (1) 2=Pzx +Q"; et par suite les équations (8) et (9) donneront — dx dy = DA A A EE SL AR dy". (Cap) + (= QP + Pa + Qy +) } Cela posé, si l'on désigne par A’ la partie de l'intégrale A, qui correspond à des valeurs de x, y, z fort peu différentes de X, Y, Z, on trouvera HE Pa +Qy' + (io) | Nate fe RE gx dy, pourvu que lon fasse Con) p= (a —PY+O'—Qÿ HP a+ Q5 +1)" ) = (ES +G+P)a +2PQry + +Q)y), PRIE SPRICE ICE MER —_—_—_—_—_—_——— ME 1815. (56) et que l'on prenne la nouvelle intégrale entre les limites x! = — 0 x = +o,7 ——0o,7"— + 0. D'ailleurs entreces mêmes limites on a évidemment "Pz! Le Î = = dx! dy! =. L'équation (10) se réduira donc à E dx! dy! z'=— co, xl — + ce. (aa) AN ge [ cos. à P yl—=— ©, 7! = co. Soit maintenant y! = 2’1: on aura entre les limites o et © de toutes les variables he dy! = z' da' dt P LE = 2 2 1 2 F CS + GE +erQr+Tro eat) » dt _- ftre ES = — .2 0. eo fe T cos. 8 En quadruplant cette valeur, on obtiendra celle de l'intégrale dx! dy! e ne : EE prise entre les limites — et + co des deux variables; et f par suite la formule (12) deviendra (13) A'—=—27TE cos. 6. ° Les calculs précédents supposent la quantité «, ou Z — z,, positive. Si elle eût été négative, on aurait encore trouvé la même valeur de A", mais avec un signe différent. On aura donc généralement (14) A'=+27E cos. 8, le signe supérieur devant être adopté si Z surpasse z,, et le signe inférieur dans le cas contraire. De même, si lon désigne par B' la partie de l’intéèrale B qui correspond à des valeurs de x, y, zx, très-peu différentes de X, Y,Z, on trouvera (597 B'=+t27TEcos. 6, le signe + devant être adopté si z, surpasse Z, et le signe — dans le cas contraire, D'ailleurs, les quantités z,—ZLetz, —Z étant toujours nécessairement de signes opposés, il en sera de même des quantités A! et B/. La dilérence de ces dernières, et par suite celle des quantités À et B, sera donc toujours égale, abstraction faite du signe, à 47E cos. 6; c. q. f. d. AA b. (57) Mémoire sur le mouvement de l'eau dans les tubes capillaires ; par M. GIRARD. . Si l'on appelle g la gravité, D le diamètre d’un tuyau cylindrique implanté dans la paroi d’un réservoir entretenu constamment plein, h la différence de niveau entre la surface de l’eau du réservoir et le centre de l’orifice inférieur: du tuyau, 1 la longueur développée de ce tuyau, u la vitesse uniforme avec laquelle l’eau s'écoule, Enfin à et b deux coefliciens qui doivent être déterminés par l’eb- servation ; on sait que les conditions du mouvement linéaire et uniforme de l’eau dans le tuyau sont donnés par la formule générale : gDh AA M. Girard a rendu compte à la premiére classe de l’Institut, dans les séances des 28 novembre 1814, 16 janvier et 13 février 18:15, des expériences qu'il a faites sur le mouvement de l’eau dans des tubes capillaires de cuivre de 2 et 3 millimètres d'ouverture, sous des pres- sions d’eau qui ont varié depuis 5 jusqu'à 55 centimètres. En appliquant à ces expériences la formule générale qui vient d’être rapportée, on trouve, 1.0 Que sous une charge quelconque, lorsque le tube capillaire est parvenu à une cerlaine longueur, le terme proportionnel au quarré de la vitesse disparait de la formule générale, de sorte qu'elle se réduit à celle-c1: — a + bu. DA ET — à, 4lu laquelle exprime, comme il est aisé de s’en assurer, les conditions de l'uniformité du mouvement Zinéaire le plus simple; 2.° Que dans tous les cas où les conditions du mouvement sont ex- primées par cette formule, les variations de la température de l'eau exercent sur la vitesse d'écoulement de l’eau dans le tube une très- grande influence, de telle sorte que la charge d’eau, la longueur et le diamètre du tube restant les mêmes, la vitesse qui est exprimée par 10 à o degrés de température, est exprimée par 42 à 85 degrés du thermomètre centigrade ; eg re] Se : DA eV - 3.° Que dans tous les cas où la formule Tru = 4 ne satisfait point (1 1015. PuyYsiQuE. Insutut. Novembre 1814, et Janvier et Février 1815, Curie, (58 ) aux observations, c’est-à-dire lorsque la longueur du tube est au dessous d’une certaine limite, les variations de la température n’exercent qu’une lésère influence sur la vitesse d'écoulement, tellement que cette vi- tesse, par un ajutage de 55 millimètres de longueur à 5 degrés de température, étant représentée par ro, elle est représentée par 12 à 87 degrés, toutes les autres circonstances de l'observation étant les mêmes ; 0 » r r , 2 gDAh £ x 4° Qu’à températures égales, l'expression Tia = 4 décroit avec le diamètre du tube mis en expérience; 5.° Que linfluence de la température sur les vitesses d'écoulement suit la même loi dans des tubes capillaires d’un diamètre inégal, c’est- à-dire que les différences successives de l'expression _. = a devien- nent d'autant moindres, pour des différences égales de température, que la température est plus élevée ; G.° Que cette loi se manifeste avec d'autant plus de régularité que les observations ont lieu sur des tubes d’un diamètre plus petit, ou, ce qui revient au même, que la linéarité du mouvement est plus par- Jaite; gDA 7.° Que les valeurs du terme Gin — 0 calculées dans les mêmes u circonstances pour deux tubes de diamètres inégaux, différent d'autant plus entre elles que la température est plus basse, et que ces valeurs paraissent tendre à devenir identiques à mesure que la température s'élève, de manière que si leur différence est représentée par 6 à o degrés de température, elle n’est plus représentée que par 1 lorsque la tempé- rature approche de 80 degrés ; | L 8.° Enfin, que la température, qui PE un si grand rôle dans les phénomènes de l'écoulement uniforme de l’eau par des tubes capillaires, n’exerce sur cet écoulement qu’une influence presque insensible lors- qu'il a lieu dans des tuyaux de conduite ordinaires, dont les diamètres sont hors des limites de la capillarité. AAA IA III RS AAA SES Sur l'existence de l'acide carbonique dans l'urine et le sang ; par M. VoceL. M. Prousr avait annoncé l'existence de l'acide carbonique dans l'urine, mais on pouvait croire qu'il était le produit de la décompo- siion de l’urée, M. Vogel à tenté de démontrer qu'il était un des Los (59) principes de l'urine fraîche, en opérant de la manière suivante : Il a introduit un litre d'urine de boisson dans un flacon de deux litres de capacité, auquel il a adapté un tube qui plongeait un peu dans une éprouvette contenant de l’eau de chaux; il a placé cet appareil sous le récipient de la machine pneumatique, il a fait le vide; l'urine s’est couverte d'écume, et il s'est dégagé de l'acide carbonique, qui a précipité l’eau de chaux en carbonate. L’urine de la digestion s'est comportée comme l'urine de boisson. Il en a été de même du sang de bœuf. Le lait récemment trait, et la bile de bœuf fraîche, ont présenté des traces si lévères d'acide carbo- nique, que M. Vogel n’ose pas prononcer sur l'existence de cet acide dans ces deux derniers liquides. Le lait abandonné un jour à lui-même, et placé ensuite sous le récipient pneumatique, a donné une quantité notable de carbonate de chaux. C. ARR RAS RAS RAA Démonstration d'un théorème sur la double réfraction ; par M. AMPÈRE. Les rayons de lumière qui traversent un cristal doué de la double réfraction n’ont pas tous la même vitesse; celle de chaque rayon dépend de sa direction par rapport à un axe, et même, leon deux axes du cristal. Or, en appliquant le principe de la moindre action au mouvement de la lumière dans ces cristaux, M. Laplace a exprimé, par des formules analytiques, la relation qui existe entre les directions et les vitesses, de telle manière que quand la loi des vitesses est donnée, on en conclut celle des directions, et réciproque- ment. M. Ampère, en partant du même principe, exprime cette dé- pendance par une construction géométrique renfermée dans un théo- reme fort élégant dont nous allons donner l'énoncé. Concevons deux cristaux quelconques, superposés l'un à l'autre, et supposons que la lumière passe de l’un dans l’autre, par un de leurs points de contact, suivant toutes les directions possibles. A partir du point de passage, prenons sur chaque rayon émergent une droite dont la longueur soit en raison inverse de la vitesse de ce rayon; les extré- mités de ces droites formeront une première surface dépendante de la loi des vitesses dans le cristal émergent. A partir du même point, prenons sur les prolongemens des rayons incidens, des droites qui soient en raison inverse des vitesses correspondantes à ces rayons, et . REPRENDRE ESS DRE UTS a ————————_— OM: MATHÉMATIQUES. Institut. Mars 1815, (60 ) dont les extrémités formeront une seconde surface dépendante de la loi de ces vitesses. Cela posé, M. Ampère démontre que si, par deux points correspondans sur les surfaces ainsi formées, c’est-à-dire par les extrémités d'un rayon émergent et du rayon incident qui lui cor- respond, on mène des plans tangens à ces surfaces, leur intersection commune se trouvera sur le plan de contact des deux cristaux. Ainsi, étant donnée la direction d'un rayon incident, si l’on veut connaitre celle du rayon émergent, on mènera, par l'extrémité du rayon donné, un plan tangent à la seconde surface; ce plan coupera le plan de contact des deux cristaux suivant une droite ; par cette droite on mè- vera un autre plan tangent à la première surface: le point de contact de celui-ci, joint au point d'émergence du rayon incident, représentera la direction cherchée du rayon émergent. Dans le cas où les rayons incidens sortent du vide, ou de l'air, ou d'un cristal qui n’a pas la double réfraction, leurs vitesses sont constantes, et la seconde surlace que nous venons de construire est une sphère. 1l en est de même de la première surface, si le cristal émergent n'a pas non plus la double réfraction, ou bien si l'on considère les rayons réfractés ordinaires ; alors la construction de M. Ampère coïncide avec la loi connue de la réfraction simple. Dans le spath d'Islande et dans la plupart des autres cristaux, la surface correspondante aux rayons “éfractés extraordinairement est un ellipsoïde de révolution , ainsi qu'il résulte de la loi découverte par Huighens, et constatée par les nom- breuses expériences de Malus. Enfin, d’après ce que M. Biot a prouvé dernièrement (r), cet ellipsoide est aplati dans les cristaux qu'il a nommés attractifs, et alongé dans ceux qu’il appelle répulsifs ; el sui- vant le même physicien, il paraîtrait qu’il en existe d’autres, comme le mica, par exemple, où cette surface n’est. plus un ellipsoide de révolution. L SARA SAS LAS SAIS AAA AS Sur l'extraction de la gélatine des os par le procédé de M, DARCET. Les os sont formés de sels insolubles dans l’eau, et d’un tissu géla- tineux. On peut séparer ces deux sortes de substances, où par l’action de l’eau chaude, ainsi que Papin, Darcet père, et Proust, l'ont proposé, (1) Bulleun des Sciences, année 1815, page 27. SE 5 SG É nn (12) ou par certains acides qui dissolvent les sels sans toucher au tissu géla- tineux. C’est par ce dernier moyen que Stahl et Hérissant démontraient la composition des os et des yeux d'écrevisse (1). La première manière d'opérer, qui a été généralement suivie, présente des difficultés de plus d’un genre, qui se sont toujours opposées à ce qu’elle prit place parmi les procédés usuels de nos arts. La seconde, qui n'était consignée dans les traités de chimie du dernier siècle que comme expérience de curiosité, est devenue, dans les mains de M. Darcet, le fondement d’un art nouveau. Voici le procédé qu'il a mis en pratique dans l'établisse- ment de M. Robert. : Après avoir dissous la partie saline des os dans l'acide hydrochlorique étendu, M. Darcet expose le tissu gélatineux qui reste à un courant d’eau froide et vive, ensuite il le met dans des paniers, qu'il plonge pendant quelques instans dans l’eau bouillante. Par ce moyen il le prive de l'acide et de la graisse qu’il retenait, ensuite il l’essuie avec des linges, et le fait dessécher. 100 parties d’os en donnent 5o de 1issu gélatineux. Le tissu gélatineux ainsi préparé peut se conserver pendant plusieurs années quand il a été complètement privé d'humidité. 11 se dissout promptement et presque en totalité dans l’eau bouillante, et forme un bouillon auquel il ne manque que l'arome pour être ab- solument semblable à celui qui est fait avec la viande de bœuf; mais on peut, jusqu'à un certain point, faire disparaître cet inconvénient en préparant le bouillon avec le quart de la viande qu’on emploie ordinairement, et une quantité de tissu gélatineux correspondante à la gélatine que les trois..autres quarts de la viande auraient fourni; et l'on a cet avantage que ces trois parties de viande donnent deux parties de rôti, c’est-à-dire autant que quatre parties auraient donné de bouilli. L'économie de ce procédé surpasse de beaucoup le prix du tissu gélatineux employé ; c'est ce que les exemples suivans dé- montrent. 1.° 100 livres de viande ne donnent que 5o livres de bouilli, et 100 livres de la même viande fournissent 67 livres de rôti; il y a donc près d’un cinquième à gagner en faisant usage du rôti. 2° 100 livres de viande fournissent 50 livres de bouilli et 200 bouillons. 3.° 100 livres de viande, dont 25 pour faire le bouillon, avec 5 livres de tissu gélatineux, donneront 200 bouillons et 12 : livres de (1) ME la traduction française du Traité des Sels de Stahl, p. 167, et les Mémoires de l’Académie des Sciences. Livraison d'avril. 9 1815. ExtTomoLocre. (62) bouilli, et les 75 livres restant fourmiront 5o livres de rôti. On voit que, par ce moyen, l'on a une quantité égale de bouillon et 50 livres de rôti, de plus 12 + livres de bouilli. A la vérité, l’on a dépensé 7 fr. 50 c. pour le tissu gélatineux ; mais 12 + livres de bouilli sont plus que suffisantes pour couvrir cette dépense. Ce qui achevra de faire sentir toute l'importance du service que M. Darcet vient de rendre à la société par cette nouvelle application de la chimie aux arts économiques, c’est que son procédé est en acti- vité depuis plusieurs mois à l’hospice de clinique externe de la faculté de médecine de Paris, et que les avantages qu'il présente ont été constatés dans un rapport public fait au nom d’une commission de cette même faculté; et enfin nous ajouterons qu'il vient d'être adopté par la maison des sourds-muets et cinq des grands hôpitaux de Paris. Le tissu gélatineux préparé par le procédé de M. Darcet peut être employé pour coller les vins blancs, clarifier le café, faire des gelées, des crêmes, faire la soupe aux soldats et aux matelots. La gélatine qu'il donne , mêlée au jus de viande et de racine, offre aux officiers de terre et de mer un excellent aliment. Enfin le tissu gélatineux produit une colle forte et une colle à bouche supérieures à toutes celles que l'on connait. (8e RAR AAA Strepsiptera, a new order of Insects proposed ; and the characters of the order, with those of its genera, laid down. By the :W. Kirev. — Sur l'établissement dur nouvel ordre d'Insectes nommés STREPSIPTÈRES, ct sur les Caractères de cet ordre et des gcrres qui le CO11pOSEILL. Rossr avait fait connaitre, d'abord sous le nom d’Ichneumon vespa- rum( Bull. Sc. Soc. Phil. , 17e série, mai et juin 1793, p. 49, pl. 4, fig. A B), et ensuite sous celui de Xenos vesparum(F'aun. Etrusc. mantiss. append. p. 114), un insecte dont il croyait devoir former le type d’un nouveau genre dans l’ordre des hymenoptères. M. Kirby ( monopr. apum angle i, pl. 14,n° 11, fig1—0,etii, p. 110 — 114) avait appelé $4ylops melittæ ün autre insecte qui a beaucoup de caractères communs avec le Xenos de Rossi. M. Latreille ayant observé l’un et l'autre, les rapprocha, et annonça le premier que ces insectes ne se rapportaient à aucun ordre jusqu'alors établi ( gener. insect. et crust., tom. 4, pag. ultim.) L Depuis la publication de cet ouvrage, M. Peck; savant entomologiste anglais, découvrit une nouvelle espèce, voisine de celle que Rossi ) 63 ) a fait connaître, et il en communiqua la description à M. Kirby: Enfin ce dernier naturaliste, réunissant les observations de tous ceux qui l'avaient précédés, a établi, dans le Mémoire dont nous ren- dons compte, un ordre nouveau dans la classe des insectes, sous le nom de SrREPsIPTÈRES ( Srrepsiptera, ce qui signifie ailes tordues), lequel renferme et ses s/ylops et les xenos de Rossi, Ces insectes participent, au premier apercu, des formes qui appar- tiennent aux diptères et de celles des hemiptères. Leur grand écusson les rapproche sur-tout de ces derniers; mais leurs autres caractères les placent beaucoup plus près des premiers: en effet, ils n'ont que deux ailes apparentes, ct leur métamorphose est complète, comme cela s’observe dans la plupart des diptères ; de plus leur larve est apode, et sa peau sert d’enveloppe extérieure à la nymphe. Ce qui les dis- tingue principalement, c’est l'existence de deux corps coriaces mobiles insérés à droite et à gauche de la partie antérieure du corcelet, les- quels sont alongés, linéaires, recourbés et comme tordus en dehors à leur extrémité libre. M. Kirby leur donne le nom d’Ælyrres ; mais cette dénomination ne nous paraît pas devoir leur convenir, puisque leur point d'attache est totalement différent de celui qui sert aux véritables élytres, soit des coléoptères, soit des orthoptères où des hemiptères, et que d’alleurs ces parties ne recouvrent en aucune facon les ailes proprement dites. Celles-ci ont la forme d'éventail, et leurs nervures divergent, à partir de leur articulation. Les babitudes de ces insectes les ont fait remarquer: ils sont para- sites d’autres insectes, et notamment des guèpes, solitaires ( polistes Latr.), et des andrènes d'Olivier, dont M. Kirby a fait le genre melite, Leur larve, qui est, ainsi que nous l'avons dit, un ver apode, est composée de onze anneaux ou parties, dont l’antérieure, ou la tête, est séparée par une sorte de col. Cette larve vit dans l’intérieur du corps des insectes que nous venons de nommer, et lorsqu'elle veut se transformer en pupe, elle apparait au dehors, et laisse saillir son corps, renfermé dans sa peau, qui alors est devenue sa coque ; entre le troisième et le quatrième anneau de l'abdomen des hymenoptères aux dépens desquels elle vit. L'insecte parfait, en se développant, se dégage de sa coque, sans doute au moyen des mouvemens qu'il im- prime aux deux moignons coriaces et tordus dont nous avons parlé, et que M. Kirby appelle éytres. Les STREPSIPTÈRES, selon lui, ont pour caractère essentiel : les élytres ne couvrant pas les ailes; et pour caractère artificiel : les élytres, écartées l’une de l’autre, et tordues à leur extrémité; les ailes ouvertes- radiées, et pliées longitudinalement ; leur écusson, très-développé, re- couvrant la plus grande partie de l'abdomen. Quant aux caractères naturels, les principaux sont les suivans : corps oblong ou oblong (ex: (64) alongé, presque cylindrique, coriace ; /éte sessile, plus large que le corps, lransverse et grande ; bouche dépourvue de lèvres supérieure ou inférieure , et de mâchoires; deux mandibules cornées, alongées, linéaires, aiguës, sans dentelures, se croisant, placées sous la tête, et portant à leur base deux palpes, bi-articulés( ce dernier caractère, qui n'appartient qu'aux mâchoires proprement dites, nous fait penser qu'il convient de changer ainsi le caractère que M. Kirby donne à ces insectes : point de mandibules, des mâchoires cornes alongées, etc, ). Antlenres insérées dans une cavité du front située entre les yeux, ayant chacune un péduncule épais à deux ou trois articles, et formées de deux branches alongées, cylindriques, terminées en pointe mousse; yeux proéminens globuleux, presque pédiculés, composés de cellules hexagones très-distinctes et en nombre peu considérable; yeux lisses manquant totalement ; le corselet présentant principalement un écusson triangulaire très-alongé qui recouvre presque la moitié du corps; ailes amples, presque membraneuses, en forme d'éventail lorsqu'elles sont ouvertes; paltes longues, égales, les deux paires antérieures rappro- chées, et les postérieures tres-éloignées, parce que la poitrine se pro- longe beaucoup en dessous du corps; tarses à quatre articles, en forme de pelotes, le dernier dépourvu d'ongles ; abdomen linéaire rebordé latéralement, et formé de huit à neuf segmens. Deux genres composent cet ordre. 1.° SryLops. Antennes fourchues, branche supérieure articulée, yeux pédunculés, formés de cellules distinctes; abdomen mou, rétractile. Une seule espèce le. forme jusqu'à présent : c’est le s/ylops melittæ. 2° Xgexos. Antennes fourchues , avec leurs deux branches non ar- ticulées; yeux pedunculés, formés de cellules; abdomen corné, anus charnu ou mou. On en distingue deux espèces, savoir. Le Xenos de Rossi( Xenos Rossii ). IL.est noir; ses antennes ent leurs branches comprimées ; les tarses sont bruns. On le trouve sur la Vespa gallica ( Polistes Latr. ). Le Xenos de Peck( Xenos Pecki ). Il est d’un brun noir, les branches de ses antennes sont demi-cylindriques, tachetées de blanc ; l'anus est pâle, les pattes jaunâtres, livides , et les tarses bruns. Celui-ci a été observé par M. Peck, sur une guèpe d'Amérique ( Polistes fuscata Fabr.). A. D. s CORTE ee SE (65) Analyse du prétendu plomb phosphaté de Zellerfeld , au Harz, ar M. STROMEYER ; et, à ce sujet, Observation sur le plomb sulfaté ; par S. LÉMAN. Ox a d’abord regardé le plomb sulfaté du Harz comme du plomb phosphaté; la couleur verdätre qu'il offre quelquefois semblait confir- mer cette opinion, émise par M. de Trébra ; ensuite on l’a considéré comme du plomb carbonaté vitreux ( Bleyglas). Le docteur Jordan, essayeur des monnaies à Clausthal, en fit l'analyse; et quoiqu'il ne nous ait point fait connaître la vraie nature de ce minéral, il a prouvé qu'il ne contenait ni acide phosphorique ni acide carbo- nique. Les résultats de son analyse indiquaient : Plomb métallique, 59,05 ; oxygène 58 ; oxyde de fer 0,5; alumine 0,75; eau 1,25 ; perte 0,45. bia M. Stromeyer, chimiste distingué, à qui nous devons l’intéressante découverte de la strontiane dans l’arragonite, guidé par la manière dont le prétendu bleyglas du Harz se comporte, soit au chalumeau, soit avec les acides et les alcalis; et surpris de la grande quantité d'oxygène indiquée, soupconna qu'il y avait erreur dans TX du docteur Jordan; en conséquence il la répéta, et il en a fait connaître les résultats dans un Mémoire lu à la Société royale de Gottingue. Voici son analyse, comparée aux analyses déjà connues du plomb sul- faté. Par Stromeyer. Par Klaproth. Plomb sulfaté Plomb sulfaté de Zellerfeld. d’'Anglesey. De Leadhills,en Ecosse, Oxyde de plomb....... TROT AO ea erslelele ne Banane Denon daue 70,5 Acide sulfurique ....... 26,0146..... EL De DE BE NES 25,75 Manganèse oxydulé.... 0,1654,.......,.. Cr) COVER PAR EU 0,0 Fer oxydulé . ....... CO NTO IRenoxy de ARE de. 0,0 SCENE pie eiaeete CELA RE AE GO ET ASRR ARRETE 0,0 AITIDINE EMELFTACE = - 200: ce else DORE ete 0,0 Perte par la décrépitation .0,1242. AUDE AS LUE E A 0 10 per RTE 2,25 Pertes Asie PA ANIAON2 0 00e atetaie Na RS DAS LUN dis tels 120 ele MED O 100,0000 100 100 Le silice, l’alumine, le fer et le manganèse paraissent accidentels, et proviennent de la gangue qui renferme, au Harz, le plomb sulfaté. Il est facile, au premier coup-d'œil, de confondre cette dernière substance avec le plomb carbonaté, et c’est peut-être une des causes qui ont retardé la découverte du plomb sulfaté dans la nature; maintenant il existe dans différens pays que nous allons indiquer, parce qu'aucun ouvrage de minéralogie ne les à encore tous fait connaitre. 1815. Mnérarocie. Société Philomat, (66 ) Anglesey (ile d'). Le plomb sulfaté s'y présente en cristaux, re- marquables par leur beauté et leur netteté. Ils ont pour gangue un fer ocreux très-poreux, qui parait quelquefois comme imbibé de cette espèce de plomb. Les mines d’Anglesey ne donnent plus de plomb sulfaté ; c'est cependant le plus commun dans les cabinets. Wandlock Head, près Leadills, en Ecosse. Plomb sulfaté en masses vitreuses , volumineuses, sublaminaires, accompagnées de plomb car- bonaté et de plomb sulfuré, Il offre quelques indices de cristallisations. Il est peu connu hors d'Angleterre. San Pedro, au Chili. I en existe un échantillon dans le cabinet de minéralogie de M. de Drée; il provient du cabinet que le célèbre mi- néralogiste espagnol Fontanelli avait rassemblé à Madrid ; le plomb sulfaté y est en masses ou noyaux blancs sublamelleux ou vitreux, et épars dans cette substance terreuse bleue ou verte nommée chryso- colle par M. Werner, et que nos marchands vendent sous les noms d’hydrate de cuivre où d’alumine hydratée, colorte par du cuivre, qui n’est indiquée dans aucun des ouvrages français sur la minéra- lovie. Des mines de S.-Toachim, Bleyfeld et Aaron, district de Zellerfeld, au Harz. Trois superbes échanuilons de celte mine extrêmement rare ont été rapportés du Harz par M.Beurard, bibliothécaire de la direction générale des mines, et sont maintenant dans la collection de M. de Drée. La gangue est un quartz cellulaire, accompagnée de fer ocreux, de plomb sulfuré et de plomb carbonaté. Le plomb sulfaté y est dis- séminé en petits noyaux ou en parties fragmentiformes. On y apercoit aussi quelques petits cristaux octaëdres trop pelits pour juger s'ils ap- parliennent à cette substance. M. Haussman, qui a sans doute été a même de voir des cristaux plus prononcés, trouve que leurs formes ont la plus grande analogie avec eelles du plomb sulfaté d’Anglesey. DNertchinski, en Daourie. Plomb sulfaté terreux compacte et à cou- ches, comme les concrétions. La description de celté variété se trouve dans le catalogue de la collection de minéralogie de M. le comte de Bournon, p. 557,mais sans indication de pays. C’est la plus singulière de toutes. On en voit dans le cabinet de M. de Drée un échantillon qui a été donné avec sa localité par M. Heuland. IL offre dans le centre un noyau de galène, ce qui pourrait donner à penser que c’est à la dé- composition successive de cette substance que le plomb sulfate terreux doit sa naissance, . Linarès, en Andalousie. Plomb sulfaté terreux semblable au précé- dent, mais traversé par des filets ou veines de plomb sulfaté vitreux, ainsi qu'on le remarque dans l'échantillon que nous avons sous les veux. La découverte de ce plomb sulfaté est due à M. Proust. IL est même le premier naturaliste qui ait fait connaitre l'existence du plomb Line ot une (567 2 sulfaté dans la nature, et l’on peut s'en assurer par la lecture d’une de ses lettres imprimée dans le Journal de Physique, 1787, p. 594. IL y fait observer que le plomb sulfaté d'Andalousie se trouve aussi en cristaux implanté dans la galène ou la recouvrant. IL ajoute que l'inspection d’un certain nombre de morceaux donne bien à connaître que ce vitriol ( sulfate de plomb) est secondaire , et formé du débris des galènes. IL est probable qu'on découvrira encore d’autres localités de plomb sulfaté, et que beaucoup de prétendus plombs carbonatés terreux en- durcis rentreront dans cette espèce lorsqu'ils seront mieux connus. Sv RS RAA ASS Note sur la manière d'obtenir le muriate ammoniaco du rhodium régulièrement cristallisé ; par M. LAUGIER. Les chimistes qui ont travaillé sur les métaux du platine brut, n'avaient obtenu le muriate ammoniaco de rhodium que sous la forme d’une poudre rouge, brillante, cristalline. M. Laugier, en répétant les procédés indiqués par MM. Wollaston et Vauquelin, s’est assuré qu'en traitant plusieurs fois de suite la poudre rouge par de Palcool à divers degrés, on pouvait la convertir en beaux cristaux de forme régulière. Ces cristaux, de la longueur d'un centimètre sont presque noirs, luisans à leur surface comme la tourmaline. Lorsqu'on les place entre l'œil et la lunnère d'une bougie, ils ont une couleur rouge de grenat. Ce sont des prismes à quatre faces égales, qui paraissent se rapprocher de l’octaèdre. 11s sont entièrement solubles dans l’eau, et leur disso- lution est semblable à du jus de groseille. “On ne les obtient ainsi cristallisés que quand on abandonne au repos une dissolution qui a été exactement privée de tous sels étran- gers, et même de la portion de sel ammoniac en excès à la composition du sel triple de rhodium. La cristallisation régulière de ce sel est donc la preuve de sa pureté parfaite. Aussi ses cristaux fournissent, par leur réduction à l'aide de la cha- leur, deux à trois centièmes de métal de plus que le sel triple pul- vérulent et impur. On remarque qu'ils ne perdent point leur forme par la calcination, et qu’ils ressemblent à des aiguilles brillantes d’anthracite. PA AS DNS 110102: Caine, Société Philomat. Mars 1815, Cuimis. Institut, Février 1815, (68 ) De l'action de la lumière sur les corps simples et sur quelques composés chimiques; par M. VoGEL; (extrait d'un rapport ait à la première classe de Pinstitut, le 15 février 1815 ; par MM. BERTHOLLET et THÉNARD ). - M. Vogel examine d’abord l’action de l’ammoniaque sur le phos- phore. Lorsque ces deux corps sont placés dans l’obseurité, ils n'agissent pas l’un sur l’autre; lorsqu'ils sont exposés à la lumière diffuse, l’action est presque nulle; mais lorsqu'ils sont frappés par les rayons solaires, bientôt il se dégage du gaz hydrogène phosphoré, la liqueur se charge de phosphore, et il se forme une grande quantité de poudre noire, dont la production a également lieu dans le gaz ammoniaque. Cette poudre, dans son contact avec divers agens, offre des phénomènes qui prouvent qu'elle est composée de phosphore et d’ammoniaque iutimément combinés. | M. Vogel recherche ensuite ce qui arrive au deuto-muriate de mercure dissous dans l’éther. A cet eflet, il partage la dissolution en trois parties, et expose une à l’action des rayons solaires, une autre à celle des rayons bleus, et l’autre à celle des rayons rouges. Celle-ci n'éprouve aucun changement apparent dans l’espace de plusieurs jours, tandis que les deux premières se troublent et laissent déposer une foule de petites paillettes blanches qui sont formées de carbonate de mercure, de mercure doux et d’un peu de sublimé corrosif; d'où il suit qu'une certaine quantité d’éther, et une certaine quantité de sublimé se décom- posent réciproquement. En traitant de la même manière les muriates de fer, de cuivre et d'ortrès-oxidés, ils sont bientôt ramenés au minimum d’oxidation. Le phosphore et la potasse liquide n’agissent pas sensiblement l’un sur l’autre à la température ordinaire, dans l'obscurité ; mais le contact des rayons solaires détermine tout-à-coup une réaction, d’où résulte du gaz hydrogène phosphoré et un phosphate. Le sucre nous présente aussi avec le phosphore une décomposition remarquable; son carbone est mis à nud, et il se forme de l'acide phosphoreux et de l’eau. Toutefois la lumière ne contribue que très- peu à cette décomposition; car le sucre se charbonne presqu'aussi promptement dans l'obscurité que lorsqu'il est exposé au soleil. Outre ces différens faits, le Mémoire de M. Vogel en renferme plusieurs autres relatifs à l’action de la lumière solaire et des rayons rouges et bleus sur quelques couleurs végétales, sur les huiles vola- tiles et sur le mercure doux. A A AAA AAA (69) Sur le nivellement fait en Egypte par les ingénieurs français, sous la direction de M. LePÈèRE, pour l'établissement d'un canal communiquant de la Mer-Rouge au Nil et à la Méditerranée. Ce nivellement résout la célèbre question agitée dès la plus haute antiquité, sur l'élévation de la Mer-Rouge au dessus de la Médi- terranée et au dessus du sol de la basse Egypte. 11 en résulte que les basses mers des vives eaux de la Méditerranée sont antérieures de 8",121 aux basses mers des vives eaux, et de 9",907 aux hautes mers des vives eaux de la Mer-Rouge. On y voit encore que la pente totale du Nil, depuis le Kaire jusqu'à Rosette, sur une distance développée de 452,000 mètres, varie d'environ 11619, Torocrarntir. Institut. 8 mètres des plus basses aux plus grandes eaux. La déclivité moyenne, 5,285 ; 252,000 hauteur de la crue de 1798, qui est le terme de l’abondance, cette lorsque le fleuve atteint son étiage, est de —=0,06020970 ;et à la PRES TIRE : 12,86 déclivité devient ——— 252,000 La différence entre les hautes et les basses mers de vive eau à Soueys est de 1,786. Le Nil, dans ses crues au Kaire,est supérieur aux premières de 2°,96, et aux secondes de 4,74; à son éliage, au même lieu, il est inférieur à la basse mer de Soueys de 2",856. Le point qu'on avait choisi, pendant le nivellement, dans le bassin des lacs amers est remarquable par son abaissement de près de 8 mètres au dessous des basses mers de vive eau dans la Méditerranée, ce qui donne environ 16 mèlres au dessous des basses mers de vive eau dans la Mer-Rouge. D'autres points du sol, et même des lieux habités, sont au dessous des niveaux de l’une et de l'autre mer. Une immense étendue de terrain, très-peu élevée au dessus de la Méditerranée , se trouve très-inférieure à la Mer-Rouge, en sorte que les eaux de cette dernière mer’ pourraient couvrir la surface du Delta. Les craintes que les anciens avaient eues sur cette submersion étaient d'autant plus naturelles, qu'a ces époques reculées le Delta était encore moins élevé qu'il ne l'est aujourd'hui. —=0,0005105. F. A. PR RAA RS AAA Livraison de maï, avec une PI, n° 1. 10 ZooLocie. Société Philomat. 4 mars 1815. F. PL, fig. 1—15. (70°) Mémoire sur l'organisation des Pyrosomes, et sur la place qu'ils semblent: devoir occuper: dans: une! classification. naturelle ; par MLE SUEUR. Les PyrosoMes sont des corps flottans cylindriques, creux, avec une seule ouverture à l’une de leurs:extrémités, et qu’on n’a trouvé jusqu’à présent que dans la Mer Atlantique et dans la Méditerranée. Leur ca- vité interne est assez lisse, et.leur surface extérieure est garnie d'aspé- rités ou de tuberculés fort nombreux. Ces animaux sont éminemment phosphoriques , propriété qui leur a valu le nom qu'ils portent. La forme générale des pyrosomes les rapproche jusqu'à un certain point des béroës, aussi M!de Lamarck a-til placé ces animaux dans la classe des radiaires. La connaissance des pyrosomes est due à MM: Peron et le Sueur; la première espèce fut décrile par eux. dans leur voyage aux terres australes, sous le nom de pyrosoma atlanticum; une seconde le fut ( dans le Nouv. Bull. n.° 69, pl. 5, fig. 2.) par M. le Sueur, qui l’appela Pyr. elegans; et enfin une troisième, qui fait principalement l'objet de ce Mémoire, a été découverte par le même naturaliste, dans la Médi- ‘terranée, près de Nice, et en a recu la dénomination de pyrosoma £giganteum, parce que ses dimensions sont très-fortes. relativement à celles des deux prennères espèces. En effet, ce pyrosome atteint jusqu'à quatorze pouces de longueur. Le pyrosome atlantique n'ayant été vu que pendant la nuit, et dessiné seulement à. la lueur qu'il répandait, M. le Sueur n’a pu faire sur lui les observations qu’il a été à même de faire et de répéter sur les deux autres espèces. Aussi, jusqu’à ce qu’on l'ait examiné de nouveau, ce ne pourra être que par analogie, qu’on le laissera dans le même genre. Quant aux pyrosomes. élégant et géant, M. le Sueur fit la remarque que lorsqu'on remplissait d'eau la cavité centrale qu'ils présentaient, cette eau s'échappait incontinent par petits-jets de toutes les extrémités des tubercules ou parties saillantes dont le corps était recouvert en dehors, et il ne tarda pas à s'apereevoir que chacun de ces tubercules était percé de part en part dans: le sens de sa longueur; l’une de ses ouver- tures étant située dans la grande cavité commune, et l'autre à son extrémité libre. Regardant avec plus d'attention, il remarqua que le canal qui joignait ces deux ouvertures était assez compliqué, et qu'il renfermait des organes assez nombreux et de forme variée. IL essaya de faire passer de l'air de l'ouverture extérieure à l'intérieure, et il ne put y réussir; il conclut de cet essai, que si l’on considérait chacun de ces tubercules comme un animal distinct, la bouche serait située C7) de du côté de la grande cavité du pyrosome, et l'anus à l'extrémité de ce tubercule. Il s’est attaché surtout à l'examen des organes renfermés dans chaque tubercule, et il a reconnu que chacun d'eux communique avec la cavité générale du pyrosome par une ouverture ronde, simple, plus ou moins dilatable, et que cette ouverture donne attache à une enveloppe mem- braneuse qui{apisse tout l’intérieur du tubercule, et qui parait analogue à la seconde tunique, ou tunique propre du corps des ascidies. Cette en- veloppe'est également attachée à l'orifice extérieur que l'on considère comme l'anus, et encore par deux corps comprimés et cordiformes, dia- mélralement opposés l’un à l'autre, situés vers le milieu de la longueur de cette tunique propre, et qui sont peut-être des ganglions nerveux. Deux autres membranes de forme ovale; dont la surface est traversée de lignes nombreuses parallèles entre elles et d’autres lignes qui: les croisent en formantun réseau assez régulier, sont appliquées en dedans de la tunique propre dont nous venons de parler, entre le pans oùse font remarquer deux-organes elobuleux et colorés, et celui où:sont situés les deux corps blanchâtres et en forme de cœur qui fixent la tunique propre du corps contre l'enveloppe externe du tubercule. Ces deux membranes sont latérales, symétriques, et.ne se touchent point; les lignes transversales qu’elles présentent sont, plus apparentes que les longitudinales, et sont doubles. Leur surface ‘intérieure est baignée -par l’eau qui s’introduit dans la cavité, du tubercule, ainsi que le sont les parois du sac branchial des ascidies, avec lesquelles ces membranes ont tellement-d'analogie, que M. le Sueur n'hésite pas de les regarder comme élaut les branchies; de plus, leur composition est analogue à celle.des branchies des Sa/pa, sice n’est que ces dernières ont la forme d’un tube. Dans l'intervalleligqi sépare en dessus ces deux branchies, on re- marque un canal Témgitudinal et tout,droit,-qui a. beaucoup de res- semblance avec l'intestin des £alpa : il se dirige yers l'ouverture extérieure, mais on le-perd de vue lorsqu'il atteint l'extrémité :posté- rieure des branchies. Ses parois renferment de petits corpsglanduleux, analogues à ceux qu’on voit dans quelques ascidies , lesquels versent peut-être, un suc particulier dans lintestin., Vers;sa partie antérieure, cet intestin est adhérent à un corps jaunâtre, opaque, de forme ar- rondie, un, peu aplati et lisse, et qui présente deux. appendices remar- quables; l’un, d'un rouge carminé {rès-vif,, ressemble, pour sa forme au germe d’une plante, 1l communique avec l'intestin, et l'autre, qui offre un repli-en forme d’anse , est, fort, difhicile à voir en entier, M. le Sueurse croit fondé à regarder ce corps jaunâtre comme étant l'estomac; il donne le nom de pylore. à l'appendice de cet estomac qui communique avec l'intestin, et il. présume que l’autre n’est que | 1815. t- (72) l'æsophaze à l'extrémité antérieure duquel serait la bouche proprement dite, qu'il n'a pu apercevoir. Cette bouche, d’ailleurs, présenterait , quant à sa position, une analogie de plus avec celle des Salpa. Il en est de même de tout le systême digestif. P A côté de l'estomac, est un corps aussi globuleux, à peu près de même volume, et de couleur rose; il est formé d’une substance grauuleuse, contenue par des appendices lancéolés, réunis par un centre commun, et ayant l’apparence des divisions d’un calice à sept, huit ou dix parties. l'est logé dans une cavité creusée dans l'épaisseur de la première enveloppe du pyrosome, et n’y adhère point. Il parait lié par une membrane très-fine à l'estomac, et c’est peut-être sur celte membrane que rampent les canaux hépatiques ; mais l'extrême finesse de ces parties n'a permis à M. le Sueur de rien aflirmer à cet égard. Tels sont les organes que présente chaque tubercule des pyrosomes, vu , soit en dessus , soit de côté. En dessous, on aperçoit dans l'intervalle qui existe entre les branchies une sorte de long vaisseau, replié sur lui-même postérieurement, et qui paraît eomme double; ce double vaisseau diminue de diamètre antérieurement et devient d’une ténuité extrême au point où 1} adhère à l'estomac. M. le Sueur a vu dans un biphore de Forskael un organe semblable. Il ne sait quel usage lui attribuer, peut-être ce double vaisseau communique-t-il avec les branchies, mais c’est ce qu’il a été impossible de: constater. D'ailleurs M. le Sueur n’a pu observer rien de relatif aux systêmes circulatoires et nerveux, mais on sait combien ce genre de recherches est difficile dans la plupart des animaux à sang blanc, surtout lorsque Jleuïs dimensions sont peu considérables. 11 a remarqué seulement en dessus et en arrière, au point où l'intestm cesse d'être. visible, un petit corps blançchâtre et cordiforme, duquel partent des filets très-déliés, dont les uns se dirigent vers l'ouverture postéri du tubercule, ou l'anus, et les autres vers les points d’attaches ens de la tunique ropre avec l'enveloppe extérieure. IF pense que ce corps pourrait ben être un ganglion, et les petits filets des nerfs. On doit être d'autant plus porté à le croire ainsi, que les deux points d’aflache dont nous venons de parler sont ,'avec les deux ouvertures, les seuls par lesquels le corps, proprement dit, communique avec son enveloppe externe et peut en percevoir les sensations. | Tous ces détails font voir que chacun des tubercules du pyrosome est un véritable animal particulier, et que le pyrosome entier n'est qu'une réunion d'une multitude d'individus semblables, liés intime- ment par leur base. Cette réunion fournit à M. le Sueur l’occasion de faire remarquer une analogie de plus entre ces animaux et les Sa/pa qu'il ne cesse de leur comparer. 11 pense que cette disposition générale des pyrosomes en forme de sac dépend de la manière dont sont placés. és, (78) les œufs au moment de la ponte, et l’on sait d'ailleurs quelle influence elle exerce sur les Salpa, dont chaque espèce présente des arrangemens différens entre les individus qui li composent. Il a même trouvé des corps globuleux, transparens , situés au dessous du foie et des bran- chies, qui lui ont paru être des œufs, dont chacun renfermerait quatre petits pyrosomes disposés symétriquement , et d'ailleurs fort recon- naissables par leurs doubles branchies, qui sont fort apparentes. La locomotion, des pyrosomes est très-simple ; ils flottent au gré des courans, comme les Sa/pa et les Stéphanomies ; ils paraissent cepen- dant pouvoir se contracter individuellement, et avoir aussi un mou- vemert général , mais fort léger, qui fait entrer dans leur cavité com- mune l'eau qui doit baigner leurs branchies et amener les petits ani- maux dont ils font leur nourriture, On remarque à l'ouverture générale du sac commun, une membrane qui sert en partie à le fermer, et qui parait être une simple expan- sion de l'enveloppe externe des pyrosomes qui entourent celte ouver- ture; elle n’est point l'agent d’une volonté générale, aussi aucune fibre circulaire ne s’y fait remarquer, et l'on ne peut comparer son action à celle d’un sphincter. Quoiqu’on ne puisse rien avancer sur le mode de génération des yrosomes , tout doit porter à penser qu'ils sont hermaphrodites, comme te Salpa et les ascidies. L Leur réunion en forme de rayons les rapproche principalement du Sa/pa pinnata de Forskael. Le Pyrosome géant, qui est l'objet principal de ce Mémoire , diffère du Pyr. élégant, en ce que ses animaux où tbercules sont placés irrégulièrement , que chacun d'eux est déprimé et lancéolé à son extrémité libre, l'anus étant inférieur. Le Pyr. élégant au contraire a ses animaux disposés en verticilles; celui-ci a aussi pour caractère, des branchies moins allongées. Le Pyros. a/antique a ses animaux ir- régulièrement placés, mais non lancéolés; il n’a été observé qu'un seul moment. Explication des figures de la planche 1°, qui concernent le Pyrosome géant. Fig.1. Pyrosome géant, entier , au quart de la grandeur naturelle. a. Ouverture commune à Lous les animaux qui le composent. 13. Portion de ce pyrosome de grandeur naturelle. 2. Un des animaux ou tubercules grossi et vu de profil. À face supérieure. B face inférieure. à ouverture interne ; ou celle qui s'ouvre dans la cavité commune. ouverture extérieure, ou anus. ec branchies. d or- gane considéré comme le foie, e estomac. fprrues cordiformes qui attachent la tunique propre du corps aux branchies et à l'enveloppe externe, 3. Extrémité d’un animal vu en dessous , avec son anus a. 1815. ZooLocir. Société Philomat, 22 avril 1815. 7, P1I., 14—25, (74) 5 et 6. Un des ariimaux très-grossi et vu en dessus fig. 6, et de profil fie. 5. a ouverture interne. à foie. c estomac. d appendice antérieur de l’estomae, qu'on peut regarder comme étant l’ésophage. e appendice postérieur de l'estomac, qui peut porter le nom de pylore. fff canal intestinal dont les parois sont elandu- leuses. gg membranes branchïales. 4 k. corps en forme de cœur qui servent de point d'attache aux branchies , et.qui lient la tunique propre da corps à Fenve- loppe extérieure. z pelits corps qui paraît être un ganglion nerveux, et qui fournit divers filets #44 ete. ! filets qui forment un réséau dont l'usage paroît être de lier les animaux du pyrosome entre eux. m Sorte de vaisseau redoublé sur lui-même, et qui se trouve en dessous dans l'intervalle qu’offrent les branchies , et communi- quant avec l'estomac. o coupe de la tunique propre du corps. 7. Coupe tränsversale &’un animal du pyrosome à la hauteur des branchies. a branchie. à tünique propre. c enveloppe externe. 8. Corps globuleux placé au dessous du foie, entre les branches et Ja tuniqte propre du corps. Voyez fig.5, n, et qu'on peut regarder comme étant des œufs, lesquels semblent renfermer quatre petits anñnatx du pyrosome faciles à distinguer par feurs branches. 9. Le mème vu de profil , de façon à faire voir trois de cestanimaux, 10. Le mème vu en déssous. ‘ 11. Le même vu de facon à ne laisser apércevoir que deux des animaux:seulement, 12, Ces petits globules de grandeur naturelle. 4. Animaux du pyrosome élégant , arossis. a vus de profil. » en arrière. ESS SES SSSS Note sur le Botrylle étoilé (Botryllus stellatus) P421. ; par MM. À. G. DESMAREST et LE SUEUR. Les BorRyLres étoilés se présentent sous la: forme, d'expansions membrano-vélatineuses, qui recouvrent des corps marins de diverse nature , tels que les roches et les plantes marines. Ces expansions ont une sorte de base qui présente une multitude de petits plis très- rapprochés les uns des autres, et sûr laquelle on voit; de distance en distance, des étoiles saillantes formées de rayons dont le nombre varie de trois à vingt. Rondelet parait avoir observé ce corps marin sur une grappe d'œufs de seiches. Gesner et Jonston n'ont fait qûe copier Rondele(.Borlace l'observa de son côté, et en donna une mauvaise figure. Schlosser le rapporta au genre des aleyons, et fut suivi par Pallas dans son Æ/en- chus zoophytorum ; mais ce dernier auteur, sur les observations’ de Gaertner, en fit, dans ses Spicilegia zoologica fasc. 10, un genre par- ticulier , auquel il donfa‘le nom de ‘Borrye£Lus; qui, lui est resté depuis, Gaertner avait remarqué le premier que chaque’rayon des étoiles des botrylles avait-deux ouvertüres distinctes, l’une faisant la fonétion de bouche, et l'autre cellerd'anus: On pouvait conclure de celie observa- 2 (75) tion que chaque rayon était un animal particulier, et chaque. étoile une réunion d'animaux; mais Pallas, entrainé par la ressemblance qu'offre au premier coup-d'œil les botrylles avec les animaux des po- lypiers pierreux , ne vit dans chaque éloile qu’un seul animal dont les rayons n'étaient que les membres ou les tentacules, analogues à ceux des polypes proprement dits. Depuis, les naturalistes ont été partagés entre l’opinion émise par Gaertner et celle qui a été admise par Pallas; Ellis seul a regardé les étoiles de botrylles comme formées d'autant d'animaux différens qu'on y comptait de rayons; et Bruguières, MM. de la Marck, Cuvier, Bosc et Lamouroux ont considéré ces rayons comme étant des mem- bres dépendant d’un même animal. Bruguières, trompé surtout par l’analogie que la forme rayonnante semblait apporter entre les étoiles des botrylles et les animaux des polypiers, compara ces animaux à la madrepore arborescente de Donati, qui est une vraie caryophyllie. + En septembre 1814, MM. Desmarest et le Sueur ont trouvé des Botrylles dont les expansions recouvraient en entier des ascidia vires- cens ( Sac animal de Disques), qui pullulaient sous les bordages des vaisseaux renfermés depuis plusieurs années dans les bassins du Hâvre. Ils formaient autour de ces ascidies une sorte de manteau qui, en les déguisant, les faisait prendre au premier aspect pour une espèce jusqu'alors inconnue. Leurs couleurs assez variées, grise, jaune orangée el surtout bleu indigo, les faisaient principalement remarquer. Ces botrylles, lorsqu'ils commencent à recouvrir une ascidie, sont peu saillans et forment des étoiles éloignées les unes des autres. Ces étoiles ont pour base un encroûtement membrano-célatineux formé d'une multitude de petits plis, dônt quelques-uns passent sur leurs voisins et semblent doublés. Les rayons sont placés sur cet encroûte- ment, et varient beaucoup en nombre, quoique ordinairement il se renferme entre cinq et douze. Cette irrégularité dans le. nombre de ces rayons ne se remarque jamais dans celui des bras ou tentacules des polypes proprement dits. Lorsque ces éloiles sont plus développées et plus nombreuses elles se touchent par leur base, et forment une sorte de tapis ou enveloppe commune qui recouvre extérieurement les ascidies. Les rayons de ces éloilés, sont claviformes, leur extrémité la plus mince élant tournée vers l’intérieur, et la plus épaisse formant le contour extérieur; tous sont liés vers le centre de l'étoile à laquelle ils appar- tiennent par une membrane circulaire commune qui forme une ou- verture plus ou moins dilatable et plus ou moins susceptible de s’al- longer en tube. Leur forme et leur couleur varient beaucoup. Lors- qu'ils sont contractés, ils présentent un plidongitudinal qui n’est pas (76) | apercevable lorsqu'ils sont dilatés. Tous, lorsqu'ils sont épanouis, ont leur extrémité extérieure arrondie, renflée, et présentant en dessus une ouverture circulaire, avec le bord garni de huit filets ou tentacules convergens, dont quatre sont plus grands que les autres, et alternent avec eux. L'autre extrémité se fermine en pointe en dedans de la membrane ciculaire qui forme le centre des étoiles des botrylles, et présente pour chaque rayon une seconde ouverture de laquelle MM. Desmarest et le Sueur ont vu sortir distinctement, sur des sujcts vivans, de petits corps opaques qui leur ont paru analogues aux matières excrémen- tielles rendues par divers petits animaux mollusques ou entomostracés. Ces malières étaient lancées avec assez de force par ces anus, et d’une manière tres-irrégulière. Tout portait à penser que chacun des rayons auxquels ils appartenaient avait sa digestion particulière, et que cette digestion avait lieu dans des temps très-différens pour ces ditfé- rens rayons. Chacun d'eux, avant l'évacuation, éprouvait divers mou- vemens successifs de contraction très-sensibles, et ces contractions se faisaient remarquer, tantôt dans un rayon, tantôt dans un autre. MM. le Sueur et Desmarest ayant irrité quelques rayons successive- ment, ont vu, ainsi que le dit M. Cuvier, chacun de ces rayons se contracter partiellement, ce qui prouve qu'ils ont une sensibilité propre, el porte encore à penser que chacun d'eux est un animal particulier, Lorsqu'on touche, au contraire, le centre des étoiles de botrylles, la contraction devient générale, parce qu’en cet endroit il y a un point de contact commun à tous les rayons. Ce centre est une sorte de cavité ovale, dont l'intérieur est divisé par des cloisons en autant de loges qu'il y a de rayons, et la membrane commune, qui l'entoure, est garnie sur ses bords de dentelures, en nombre aussi correspondant à celui des rayons, et seulement appaz rentes lorsque les botrylles sont dilatés où épanouis. Ces diflérentes loges servent de retraite à ces animaux lorsqu'ils se contractent. Telle est leur configuration extérieure. Quant à leur organisation intérieure, elle est assez diflicile à observer. Néanmoins, avec la pointe d'une aiguille, MM. Desmarest et le Sueur sont parvenus à ouvrir plusieurs botrylles , et ils ont remarqué qu'ils avaient une enveloppe externe et colorée assez épaisse, qui renferme une sorte de sac mem- braneux , transparent, lequel a la plus grande analogie avec la tunique interne ou celle du corps proprement dit des ascidies. Ce sac a deux ouvertures, dont l’une correspond à l’orifice extérieur des botrylles, et l’autre à l’intérieur. La première, qui est la plus large, s'ouvre dans une cavilé assez considérable, dont les parois supérieures et latérales sont revêlues d’une membrane qui présente sept où huit rides trans» yersales, et qui est interrompue en dessous seulement. Gr") Cette membrane , plus colorée que l'enveloppe qui la contient, parait {rès - analogue à celle qui forme les branchies des ascidies, et aussi à celle qui a été considérée comme telle dans les pyro- somes par M. le Sueur. ( Voyez le Mémoire suivant.) Au fond de la cavité que tapisse cette membrane, s'ouvre le canal intestinal ; c’est aussi ce qu'on observe dans les ascidies, où la bouche est située au fond du sac branchial. Ce canal fait deux replis sur lui-même : il se porte d’abord en haut, redescend ensuite, et puis remonte pour se rendre à l'ouverture postérieure du sac qui le renferme. Il présente un renflement assez remarquable près de sa première ouverture, qu’on peut nommer bouche, lequel pourrait être considéré comme un estomac. On ne peut rien distinguer d’analogue au foie. La petitesse de ces animaux n’a pas permis aux auteurs de ce Mémoire de distinguer les différens organes nécessaires aux fonctions des sensa- tions, de la circulatign, de la locomotion ni de la génération ; néanmoins la ressemblance des botrylles avec les ascidies, et notamment l'existence de deux ouvertures, l’une pour la nutrition et la respiration, l’autre pour les déjections, et aussi l'existence d’une cavité branchiale, les portent à retirer ces animaux de la classe des polypes pour les placer dans celle des mollusques, et à les rapprocher principalement des ascidies qui sont fixées comme eux, mais non disposées en roses ou étoiles, et des pyrosomes et des salpa qui, comme eux, sont réunis en sociélé, mais dont les réunions sont libres, et dont le corps est disposé de telle façon, que l’eau peut le traverser. Tous ont pour caractères communs des branchies en forme de membranes, tapissant, en tout ou en partie, la cavülé interne où s'ouvre la bouche. Point de parties solides ou de test. MM. Desmarest et le Sueur pensent, avec M. de Blainville, qui en a fait le premier la remarque, que le Synoicum turgens de Phipps, placé jusqu'ici parmi les alcyons, n'est qu'une réunion d’ascidies au nombre variable de six à neuf, en forme de cylindre fistuleux. Ils croient devoir également rapprocher le Distomus variolosus de Pallas, des Botrylles et des Ascidies,. Ce Diszomus a été placé par Gmelin dans le genre des Alcyons sous le nom d’Æ4/cyonium ascidioides. Explication des figures de la planche 1", qui concernent le Botrylle étoile. Fig. 14. Botrylles étoilés de grandeur naturelle , recouvrant des ascidies, D: 18. Une étoile de botrylle grossie. à encroutement membrano-gélatineux, plissé, qui leur sert de base. # ouvertures extérieures des botrylles, garnies de huit tenta- cules, quatre prands et quatre petits alternant entre eux. « série de points dont on ignore lusage, d ouverture commune ou centrale de chaque étoile ; avec son bord dentelé, e Livraison de mai, avec une planche L. TI Cuimie, (78 ) 9. Une éloile vue en dessus et grossie, laissant voir les cloisons qui séparent en autant de cavités qu’il y a de botrylles l'espace central de cette étoile. 27. Coupe d'une de ces étoiles. 20 . Tunique propre du corps d’un botrylle, laissant voir à l'intérieur les différentes parties qu'elle renferme, a ouverture correspondante à l’orifice extérieur de ces animaux. # cavilé tapissée par la membrane des branchies, qui forme sept ou huit plis transversaux, et est interrompue en dessous. c ouverture antérieure du canal intestinal dans la cavité branchiale, 4 partie renflée du canal. e terminaison visible de l'intesün. f ouverture de la tunique propre, correspondante à l'orifice interne des botrylles. 26. La même tunique vue en-avant. a ouverture extérieure, à portion inférieure de la cavité branchiale qui n’est point tapissée par les branchies. e Z canal intestinal. e ouverture postérieure de la tunique. , 15. La même vue en dessous. &a branchies. à portion de la cavité, qu’elles ne recouvrent point. e intestins. 21. Synoicum turgens de Phipps. oz. au pole boréal, page 202, pl. 13 , grandeur naturelle. 22. Le même, coupé lonsitudinalement et grossi. 23. Le même , coupé transversalement. AA Recherches chimiques sur les corps gras, et particulierement sur HE PEN A PAPA ME leurs combinaisons avec les alcalis. Quatrième Mémoire présenté à l'Institut, le 8 mai 1815, par M. CHEvREUL. CE Mémoire se compose de trois parties distinctes. Dans la première l'auteur examine quelle est l’action de plusieurs bases sur la graisse de: porc, et il compare cette action à celle de la potasse. Dans la se- conde il cherche à conaaître combien un poids douné de. potasse peut saponifier de graisse, et enfin dans la troisième, il rapporte un grand nombre d'expériences dont le but est de déterminer les capacités de saturation de la margarine et de Ha graisse fluide, PREMIÈRE PARTIE. La soude, la barite, la strontiane, la chaux, Foxyde de zinc et le protoxyde de plomb font éprouver à la graisse les mêmes changemens que la potasse. Ainsi, quand on traile au milieu de l'eau chaude de la graisse par l’une ou l'autre de ces bases, on trouve qu'il y a la même quantité de matière soluble dans l'eau de formée aux dépens de la graisse, et que cette matière consiste, si non en totalité, au moins pour la plus grande partie en principe doux des huiles, en second lieu que chaque base a détérminé la formation des mêmes quantités de margarine et de graisse fluide ; car les graisses qu'on sépare de chaque savon au moyen des acides ont la même fusibilité, la même acidité,se comportent avec l’alcool absolument de la même manière que la graisse retirée du savon de polasse. Puisque la barite, la stron- ES = LES (79 ) tiane, la chaux, l'oxyde de zinc, et le protoxyde de plomb forment avec la margarine et la graisse fluide des combinaisons insolubles dans l’eau, il s'ensuit que l'action de ce liquide, comme dissolvant du savon , n’est pas nécessaire pour que la saponification ait licu, et ïl est remarquable que les oxydes de zinc et de plomb qui sont in- solubles, et qui donnent naissance à des composés également insolu- bles produisent les mêmes résultats que la potasse et la soude. De là on peut déduire deux conséquences; la première est que si l’on re- connait dans la suite que l’eau n’est pas décomposée ou fixée pendant la réaction des alcalis sur la graisse, il s’ensuivra que ce liquide n’exerce pas d'action chimique dans certaines saponifications, abstrac- tion faite de l’action qu'il a sur le principe doux ; la seconde est que la saponification s'opère véritablement, ainsi que M. Chevreul a cher- ché à le prouver ailleurs, par l’aflinité des bases pour la margarine et la graisse fluide (et le principe doux peut-être). Sidonc on découvre un jour qu'il y a production d’eau dans la saponification , cela ne sera pas une raison d'attribuer à l’affinité des alcalis pour l’eau le changement de la graisse en acides huileux, puisque ce changement est opéré, et par les bases qui ont une forte affinité pour l'eau, et par les bases qui n'ont pour elle qu’une très-faible affinité, Il suit des expériences de M. Chevreul, que la préparation des em- plâtres par l’oxyde de plomb est une véritable saponification, qu'à la rigueur on pourrait faire des emplâtres avec la graisse provenant d’un savon alcalin seulement, il faudrait tenir compte des proportions re- Jatives de la graisse et de l'oxyde, et savoir quelle est la quantité de graisse que l’oxyde employé peut saponifier; car il peut y avoir dans les emplâtres une portion de graisse non saponifiée. Les. tentatives que l’auteur a faites pour saponifier la graisse par la magnésie ont été infructueuses, ce qui est remarquable eu égard à l'analogie de la magné- sie avec les alcaliss Mais si la magnésie ne change pas la graisse en acides huileux, on ne peut nier cependant qu’elle n'ait pour cette substance une certaine aflinité; car ces corps forment une matière homogène dont la graisse ne se sépare pas, quoiqu’on l’expose dans Veau bouillante. L'alumine et le péroxyde de cuivre noir ne paraissent contracter aucune espèce d'union avec la graisse. D'après ces faits, M. Chevreul propose de ranger en trois classes les bases salifiables par rapport à l'action qu’elles exercent sur la graisse. La première classe renferme les bases dont l'énergie alcaline est assez forte pour chan- ger la graisse en acides huileux eten principes doux ; la seconde, les bases qui comme la magnésie peuvent s'y unir sans lui faire éprouver de changement de nature; la troisième, les bases qui ne conlractent au- cune espèce d’union avec elle, et qui s’en séparent lorsqu'on expose dans l’eau bouillante le mélange des deux corps. ( 8 ) IIe PARTIE. M. Chevreul a fait deux expériences dans la vue de déterminer fa quantité de graisse qu'un poids donné de potasse est susceptible de saponifier. IL résulte de la première, qu’on saponifie un poids donné de graisse en n’employant que la quantité d’alcali nécessaire pour dis- soudre dans l’eau la margarine et la graisse fluide en lesquelles cette graisse peut se convertir. Un léger excès d’alcali paraît nécessaire toutes les fois qu'on veut obtenir un savon ‘aussi dur que possible; car, dans le cas contraire, l’eau agit sur le savon comme dissolvant, au lieu que quand elle contient une certaine quantité d’alcali, elle ne peut le dis- soudre. Le sel marin agit à la manière de la potasse ; mais il n’est pas pro- bable que son action sur l’eau soit assez forte pour enlever autant de ce liquide au savon que la potasse ou le sous-carbonate de cette base. Les sur-savons contenant une quantité d'acides huileux double de celle qui constitue les savons neutres, M. Chevreul a voulu savoir si lon pourrait saponifier la graisse en n’employant que la quantité d’al- cali nécessaire pour la changer en sur-savons; en conséquence il a fait une expérience analogue à la première, avec cette différence que pour la même quantité de graisse il n’a employé que la moitié de potasse. Les matières ayant été bouillies pendant soixante heures ont donné un savon neutre soluble et de la graisse non saponifiée qui formait une émulsion avec l'eau de savon. IIIe PARTIE. Première Section. Des savons de margarine. $. I. Des savons de margarine et de potasse. Narcanne: EEE RCPET «100:-c/- 1002 Potasses eh cree TO 1/4 HO OD Marsanine 45500 100. "1200 BOSS RE RCE ER UT 77-00 On voit que la margarine sature dans la première combinaison une quantité de base qui contient 3 d’oxigène. $. II. Des savons de margarine et de soude. Vingt grammes de margarine ont été mis dans quatre-vingt grammes d'eau tenant douze grammes de soude. On a fait chauffer: les matières se sont combinées avec facilité et ont produit un savon fort dur qui EE (81 ) est resté sous la forme de grumeaux, quoique la température ait été portée jusqu’à l'ébulition de la liqueur. Le savon a été mis à égoutter, soumis à la presse, puis séché au soleil; on l’a fait dissoudre dans lal- cool bouillant, un résidu de carbonate de soude a été séparé. La dis- solution filtrée bouillante, s’est prise en une belle gelée transparente qui est devenue peu à peu opaque en se refroidissant. Cette gelée qui était le savon de margarine saturé de soude a été soumis à la presse entre des papiers joseph, afin d'en séparer la liqueur, et avec elle la soude en excès. Lorsque le savon a été desséché, il a été exposé au soleil. En le décomposant par l'acide muriatique on l’a trouvé formé de Margarine eee URE A Tr00 Soude. AMENER Net T2, 072 mais si l’on admet que 100 de margarine saturent 3 d'oxygène, on a 11,66 au lieu de 12,72. M. Chevreul pense qu’on doit admettre ce nombre, parce qu'il est évident que la pression du savon entre des papiers n’avait pas suffi pour en séparer tout l’alcali qui était en excès et dissous dans l'alcool. Pour déterminer les proportions des élémens de la matière nacrée qu'on obtient du savon de soude et de graisse de porc traité par l’eau ,on la fit bouillir dans l’eau un grand nombre de fois, on la fit dessécher, puis dissoudre dans l'alcool bouillant: celui-ci se prit en masse par le refroidissement, On mit le tout sur un filtre, on délaya le résidu dans l'alcool , on le filtra de nouveau, on le fit sécher, puis on le décomposa par l'acide muriatique, et l'on obtint, Marsarine Lee Re LEE FITO0 Soudeth ire SEL TUND 08 Ce résultat prouve qu’en faisant bouillir le savon de soude dans $- IT. Du Savon de Margarine et de Baryte. Cette combinaison fut préparée de la manière suivante, On fit bouillir de l'eau de baryte dans un ballon; on la filtra encore chaude, dans un malras à long col, contenant de la margarine et un peu d’eau bouillante. En opérant ainsi, on évita parfaitement le contact de l’acide carbonique de l'air, les matières furent tenues en ébullition pendant deux heures, puis on ferma le matras, et quand il fut un peu refroidi , on décanta la liqueur, et on lava le savon à l'eau bouillante, puis on le 1815 (82) traita par l'alcool chaud. Celui-ci n’enleva qu'un atome de combinai- son, qu'il déposa par le refroidissement. Le savon de baryte donna, Maroarine......... une 00 Baryite. 2:64: RARE SET Do EE PRE 28,93 Cette quantité de baryte contient 3,03 d'oxygène. $. IV. Du Sason de Margarine et de Strontiane. On le prépara comme le précédent. Ce savon était formé de Marcanine rot Leu se MILO0 Strontianer rie Jesee M Ia02S Celle quantité de strouliane contenait 2,94 d'oxygène. $. V. Du Savon de Margarine et de Chaux. 11 fut obtenu en mêlant deux solutions aqueuses bouillantes de muriate de chaux et de savon de margarine saturé de potasse. Le pré- cipité fut lavé à l’eau bouillante jusqu’à ce que le lavage ne précipitât plus l'acide oxalique et le nitrate d'argent. Le savon ainsi préparé donna, après avoir été complétement des- séché, Marranme Rai ree TOME MED CE op (GENE dE LT AR EE c AÉRETDE 11,99 La chaux contient 3,1: d'oxygène, ce qui est conforme aux résultats précédens. 6. VI. Des Savons de Margarine et de Protoxyde de Plomb. En faisant bouillir la margarine dans une quantité suflisante de sous- acétate de plomb, et pendant assez long-temps, on a obtenu un savon qui était formé de Margarine. 4 4e heteeltsese dev 1100 Protoxyde deplomb:1.41. 1.01... .,88,78 Or 85,78 contenant 5,98 d'oxygène, on doit considérer cette combi- naison COMME un SOUS-SAVON. On a préparé un savon neutre d'oxyde de plomb en mêlant deux so- lutions aqueuses bouillantes de nitrate de plomb et de savon saturé de potasse. Le précipité lavé jusqu'à ce que l'eau du lavage ne se colorât plus par l'hydrogène sulfuré, fut ensuite exposé pendant douze heures à un soleil ardent. Ce savon donna les proportions suivantes : Margarine. .. .... NO AT O0 Oxyde de plomb..:...1.... 41,78 Or la quantité d'oxyde est sensiblement la moitié de celle contenue dans Le sous-savon, celte analyse confirme donc celle de ce dernier, et ( 85 ) la margarine neutralise un poids d'oxyde de plomb qui contient 2,98 d'oxygine. Seconde Section. Des Capacités de saturation de la Graisse fluide. $. 1. Du Savon de Graisse fluide et de Baryte. On prépara ce savon de deux manières : 1.” En décomposant du carbonate de baryte par la graisse fluide, et traitant le résidu desséché par l'alcool bouillant, la liqueur laissa dé- poser du savon neutre par le refroidissement. 2.° En faisant bouillir à deux reprises de la graisse fluide dans l’eau de baryte, et traitant le savon qui en provint par l'alcool bouillant. Le premier savon était formé : Grasse fluide MR eV RENE EINOTOO TA IOS Se CAPE TERRE EN PTE p Le second: Graissedfnide ten: LP#100 1BANAE 0 00 BE ONE DUO PO So 02002 D'où il suit que 100 de graisse fluide saturent une quantité de baryte qui contient 2,52 d'oxygène. On fit ces déterminations en incinérant le savon dans un creuset de platine, et combinant le résidu à l’acide sulfurique. $. II. Du Savon de Graisse fluide et de Strontiane. Il fut préparé par les mêmes procédés que le précédent. Les deux savons qu'on obtint donnèrent absolument le même résultat, savoir: Grasse tluides so SÉTONHADE een st bee S ele aie lele tn EOS6 Cette quantité de base contient 2,81 d'oxygène. $. III. Du Savon de Graisse fluide et de Potasse. On trouva, par plusieurs expériences, que 100 parties de graisse fluide exigeaient, pour être dissoutes par l'eau, de 15,64 à 16 parties de potasse pure. Cette quantité d'alcali représente de 2,65 à 2,71 d'oxygène. En mêlant des dissolutions chaudes de savon de potasse , de muriate de chaux, de sulfate de magnésie, de sulfate de zinc et de sulfate de cuivre, on obtint des savons dont on va donner l'analyse. Le savon de chaux était blanc, pulvérulent, après avoir été séché au soleil ; il était formé de Graisse fluide. .... tele TLOQ Chaux Mere NA sure OO Cette quantité de chaux contient 2,71 d'oxygène. Le savon de magnésie se ramollissait entre les doigts, il était en grumeaux d’une couleur un peu citrine : il donna 1815, (84 ) Graisse fluide. ...5...... 100 Magnésie....... rene 7,52 qui représentent 2,88 d'oxygène, en admettant la détermination de M. Hisinger. Le savon de zinc était blanc, fluide à la température de 100° ; on le trouva composé de Graissetlinde, ..:220%% "100 Oxvderde zinc. em 0 209 qui représentent 2,87 d'oxygène. Le Savon de cuivre était d'un vert superbe et plus fluide que le pré- cédent ; il contenait : Grasse fluide." 20 Er00 Oxyde de cuivre... 13,03 qui présente 2,78 d'oxygène. 1l est remarquable que la graisse fluide forme avec le péroxyde de cuivre bien set une combinaison colorée qui est analogue sous ce rap- port à plusieurs combinaisons d'oxyde de cuivre avec les COrps OXY- génés. La margarine s'unit également à chaud avec le péroxyde de cuivre et forme un savon vert. Le savon de chrôme préparé avec le muriate de ce métal est d’une couleur violette. Le savon de Nickel préparé avec le sulfate potassé de Nickel est d’un vert jaune assez agréable. On n'a pas eu de quantités suffisantes de ces derniers savons pour en faire l'analyse. Si les expériences qui ont pour objet de déterminer les proportions des savons de graisse fluide n’ont pas donné de résultats aussi précis que ceux déduits de l'analyse des savons de margarine, cependant ces expériences sont suffisantes pour établir que la graisse fluide et la mar- garine ont la plus parfaite analogie avec les acides, que comme eux elles ont des capacités de saturation déterminées, et que leurs combi- pnaisons avec les bases salifiables doivent être considérées comme for- mant une classe distincte des sels. Par conséquent l'art du savonnier consiste à convertir par les alcalis des corps gras en acides huileux, et ces acides en composés qui sont assujettis à des proportions définies. L'observation que l’auteur à faite sur la possibilité d'opérer cette con: version avec la quantité d’alcali strictement nécessaire pour saturer les acides huileux qu’une quantité dennée de graisse est susceptible de produire, et la détermination des capacités de saturation de la marga- rive et de la graisse fluide, ainsi que l'analyse des savons ordinaires, permettent à M. Chevreul d'établir les bases fondamentales de l’art du savonnier, ASSIS SAISIR AA LUus 1 7 NAN cal DA a hi . « « AUS Mat 1816 PET, et. Se. Phil. Cal (85 ) Mémoire sur la distribution de la chaleur dans les corps solides ; par M. Poisson. J'Ar inséré, dans le Journal de Physique du mois de juin, un ex- trait de ce Mémoire, où sont exposés en détail les principes sur lesquels le calcul est fondé , et la manière de parvenir aux équations différen- tielles “de la distribution de la chaleur, soit à l’intérieur , soit à la surface d’un corps solide de forme quelconque. Dans ce Bulletin, je vais donner un exemple de l'analyse qui m'a servi à résoudre ces équations: en réunissant ces deux extraits, on pourra prendre une idée suffisante du Mémoire, qui paraîtra en entier dans un des prochains volumes de l’Institut. Considérons le cas le plus simple, celui d’une barre cylindrique d'une épaisseur assez petite pour qu'on puisse, sans erreur sensible, regarder tous les points d’une même section perpendiculaire à l’axe, comme ayant en même temps des tempéralures évales. Soit x la distance d'une section quelconque à un point fixe pris arbitrairement sur l'axe; désignons par y la température de cette section au bout d'un temps quelconque £ : l'équation qui détermine y en fonction de £ et x sera dy dy dt d x* a et b sont des constantes essentiellement positives; la seconde serait nulle s'il n’y avait pas de rayonnement à la surface de la barre; mais dans tous les cas il est facile de faire disparaître le terme qui la ren- ferme, en faisant la variable y égale à une nouvelle inconnue multi- —bt pliée par e . Nous pouvons donc, sans restreindre la question, nous borner à considérer l'équation 4 d'y ay = A7 —— (1) dt d x? qui se rapporte au cas où le rayonnement extérieur est nul. Cette équation aux différences partielles du second ordre est com- prise parmi celles qui ne comportent qu’une seule fonction arbitraire daus leur intégrale complète, ainsi que je l'ai démontré autrefois par la considération des séries. M. Laplace a depuis confirmé cette pro- position, en intégrant celle même équation sous forme finie, au moyen d'une intégrale définie. L'intégrale qu'il a donnée (*) est celle-ci : — 4! >=7}e p(r+2aayt) da; (”) Journal de l'Ecole Polytechnique, quinzième cahier , page 241. Livraison de juin. 12 | 1815. MatuEmaATiIQuEs. Institut. Mai 1815. (86) @ désignant la fonction arbitraire, e la base des logarithmes népériens, et l'intégrale définie relative à æ étant prise depuis 4 = — : jusqu'a æ=+2. La fonction @ se détermine aisément d'apres l'état initial de la barre. En effet, si l'on suppose 4 0, il vient L ee Pl AE D DT VIT # représentant à l'ordinaire le rapport de la circonférence au diamètre. Soit donc Ge la loi des températures à l’orisine du temps 7; nous aurons 1 . z= =. fx; ® V7 v; 2 et par conséquent à un instant quelconque M = J à Cf(r%s aeÿfit) da. La fonction désignée par f'est censée connue pour toute la Tongueur de la barre; elle n’est assujettie à aucune restriction : elle peut être continue où discontinue, nulle dans certaines parties, et avoir des valeurs quelconques dans d'autres. Si la barre est d’une longueur in- définie, il n’y a pas d'autre condition à remplir que celie de son état initial: cette dernière valeur de y renferme donc alors la solution complète du problème, c’est-à-dire qu’elle fait connaitre au bout d'un temps quelconque la température de tel poiut de la barre qu'on voudra. ‘ Supposons, par exemple, que la barre n'ait été échauffée primili- vement que dans une pelite portion qui s'étendait depuis x —0 jusqu'a æ = /, et que dans toute autre partie, la température initiale était nulle. Alors la fonction fx sera égale à zéro pour toutes les valeurs de sa variable qui tombent hors de ces limites o el /; si donc on fait D he DENT ARE 6 ce qui donne fin d d x! a = — A ——— 2aV” 1? 2al” t? on aura — (rx) ; 4 4 at 1 / PE SVT eD ARTS TPE NT LE ÿ c et comme / x! sera nulle pour toutes les valeurs de x' non comprises entre zéro et /, il s'ensuit qu'il sufira de prendre l'intégrale. relative à x’ depuis æ' = o jusqu'à z' = Z Si l'on considère un point de la Ki67 à barre situé à une grande distance de l'échauffement primitif, la variable x/ sera très-petite par rapport à la distance x, et l'on pourra prendre x à la place de x— 2’. De cette manière on aura simplement AE A Die 24 Et Ar 4 en désignant par A l'intégrale définie f'f2'dx', laquelle indique la somme des quantités de chaleur réparties dans la portion de la barre pri- mitivement échauflée. Or, on voit qu'a une grande distance de ce foyer, la température ne dépend que de cette quantité totale de chaleur, et aullement de la loi de sa distribution primitive, ou de la forme de f x’. Ceite valeur de y est nulle quand 7 — 0; elle le redevient encore quand 7 = :. Si l'on détermine son maxëmum entre ces deux limites, A æl/ (27e)? c'est-à-dire que le maximum de température parvient à une distance très-crande du foyer primitif, au bout d’un temps proportionnel au quarré de cette distance, et que son intensité s’affuiblit en raison de la première puissance, Ces résultats supposent, au reste, qu'on fait abstraction du rayonnement à la surface de la barre: pour en tenir compte il faudrait, comme on l’a vu plus haut, multiplier les valeurs —bt trouvées pour +, par l’exponentielle e Maintenant supposons qu'il s'agisse d’une barre ferminée, dont les deux extrémités sont entretenues constamment à des températures fixes et égales à zéro. Comme la seule fonction arbitraire que renferme l'intégrale de l'équation (1) a été déterminée par l'état mitial de la barre, on ne voit pas d'abord comment on pourra encore remplir les conditions relatives à ses extrémités. Mais j'observe que cette fonction p'est donnée à l'origine que pour les valeurs de la variable qui sont comprises dans l'étendue de la barre, de sorte qu'il est permis de lui ajouter autant d'autres fonctions de la même forme qu’on voudra, pourvu que chacune d'elles soil nulle à lorigine, relativement à tous les points de la barre. Ainsi, en placant le point fixe d’où l’on compte les distances x, au milieu de la barre, et en désignant sa longueur par 2 1, on pourra donner à l'intégrale de l'équation (1) la forme Y = ed LU MORTTOPACEEET ETC +f(4lIx+oaay t)—f,(Gl—x+aaayt)+ etc. —Jf'(— z—-2l#+s5aayt)+f"(x— 4l+2aavt) fx +64 saavt)+f""(x—8l+aaayt)—etc.] da; ,»* A I æ° ,: gi : on trouve qu'il répond à £ = Por qu'il est égal à 1615. (88 ) PSS ete. f',f', ete., indiquant des fonctions dont chacune est supposée nulle pour toute valeur de la variable plus grande que + 7, abstraction faite du signe. En effet, en faisant z— 0, ona y=fxz—f.(2l—x)+ f(4l+x)— f,(61—x)+etc. — f! (aan) + f! (x — al) — f" (—x—61) + etc., et si l’on donne à x une valeur comprise entre xx =— 7 et x =+ 7, cette expression se réduit ày = fx, de manière que fx exprime, comme plus haut, la loi des températures initiales dans toute l'étendue de la barre, ou depuis x = —/ jusqu'à x =+/. Les autres fonctions restant arbitraires, on en peut disposer pour rendre constamment nulles les valeurs de y qui répondent à x = — Zetà x = +/; et pour cela il est évident qu’il faut supposer toutes ces fonctions égales entre elles et à la fonction /: Dans cette hypothèse, la valeur générale de y pourra s’écrire ainsi : == f Can Lx+it+aaayo—feI-x+4il+saav?) +f(x—4l—Ail+aaay 1)—ÿ(—x—2l— 4Ail+ 2uaV1)] da; à représentant un nombre entier indéterminé, ou zéro, et Z indiquant une somme relalive à z qui doit s'étendre depuis z — 0 jusqu'à ë = > Cette valeur de y ne renferme plus rien d’incounu , et elle satisfait à toutes les condilions du problème, de sorte qu’elle en renferme la solution complète. La répétition de la fonction arbitraire, ou plutôt le partage de cette fonction en une infinité de portions qui, à l'origine, répondent à diffé- rens intervalles des valeurs de la variable x, est une considération qui pourra être d’une grande utilité dans béaucoup d'autres questions. En y réfléchissant, on verra qu’elle est tout à fait analogue à ce qui se pratique dans le problême des cordes vibrantes, pour remplir la condition de la fixité des points extrêmes, après que les deux fonctions arbitraires ont été déterminées d’après la figure et la vitesse initiales de la corde. Dans la question présente, si les températures des points extrêmes n'élaient pas fixes, mais qu’au contraire la barre émiît de la chaleur par ses extrémités, la même considération s’appliquerait en- core, avec cette différence qu’alors les fonctions f, f', f''setc., f,, f, etc., ne seraient plus égales : elles seraient liées entre elles par une équation aux Hieene. mêlées qui servirait à les déterminer toutes, au moyen de la première. Les bornes de cet extrait ne me permettent pas de considérer cet autre cas, dont on trouvera l'analyse complète dans mon Mémoire. Ea représentant par une seule variable x’, la quantité qui entre sous C3 (39) chacune des fonctions comprises dans la valeur de y, on lui donne cette autre forme: À (æ=x +4il) LGt=z-a +4} ; 4at 4æ@t M are oz f [< nr (æ—z'—41—4il} __(c+a +2l+4il} Al 4at 4at 1 ee — € ve da; et l'intégrale relative à x’ devra être prise depuis x! = — 7 jusqu'à a!=+7, puisque, hors de ces limites, la fonction fx’ est supposée nulle. Les séries qui entrent dans cette expression sont très-conver- gentes tant que le temps Z est très-petit ; mais elles cessent de l'être quand cette variable devient plus grande. IL faut donc alors en changer la forme: or je ne puis indiquer ici que d’une manière très- rapide comment j'ai effectué cette transformation. J'observe d’abord qu’on a, d’après une formule connue, Le + 4att — 12? 2al”t ) e er a ML + cos. (x —x'+4il)z.dz; l'intégrale étant prise depuis z= o jusqu’à z— E, Je transforme de même les autres exponentielles contenues dans la valeur de y, et toute ré- duction faite, on trouve * — at y=2=:f]e Loos. (x — à — 21): — cos. (x + x’) 2] cos. (21+4i1)z. fx'. dz dx. La somme = cos. ( 21+ 4il)z, renfermée dans cette valeur, peut être regardée comme la limite de la série convergente = (1 — g)'cos. (21+4il)z,et la première se déduira de la seconde, en y faisant l’indéterminée g infiniment petite ou nulle, On trouve aisément g- cos. 2 [/z Z(1—£g) .cos. (2/+4il)z= PB ne lee où l’on voit que cette expression devient infiniment petite en même temps que g, excepté lorsque cos. 4 Z z diffère infiniment peu d’un multiple de la circonférence. Si donc on désigne par 72 un nombre entier positif, et qu’on fasse Alz=2nr+u, il faudra se borner à considérer les valeurs infiniment petites de la 1615. (90. ). variable ; de sorte que ces valeurs ne s’étendront que depuis #1 =— € jusqu'à # — + 6, en représentant par 6 une quanlité positive aussi petite qu'on voudra. Le multiple 7 peut aussi être zéro, et pour ce cas particulier, la valeur de 4 ne doit s'étendre que depuis # — o jusqu’à u= +6, parce que la variable z ne doit jamais devenir névative. Cela posé, en supprimant dans les valeurs de y au numéraleur et au dénominateur, les puissances ou les produits infiniment petits qui doivent être négligés, il vient ; attz° n° Ra C4 0e D - >=]. f L cos. (2 x — 21) 25 — nx | cos. nx. fx'. g du dx' ét la somme x s’étendra depuis 7=—= 1 jusqu'à 7 =}: elle devrait aussi comprendre le terme correspondant à 7 — 0; mais comme il est nul, mous nous dispensons d'y avoir égard, | L'intégration relative à z s'eflectue immédiatement. En intésrant depuis u = — € jusqu'a v=+6,ona : ? gdu je ENS FE SP no à Qrang =); quantité qui sekréduit à æ, quand on y fait g=0o. Par conséquent la valeur de y devient tr n°? : i 0 ET , mn = sf L cos. (œ— a 10) — cos, (x + x) | cos. #. fx’. dx’, Elle se simplifie encore en y distinguant les valeurs paires et impaires de 7. Faisons donc successivement 7 = 2, n= 2541; soit, pour abréger, 2 Wa 25 Mg < 2i+t1)7a! dx! fiv. fa HAE cos. (ALT Le ice — = B,;, u 21 les intégrales étant prises depuis x! =— 7 jusqu'à x'= +/; la valeur de + deviendra enfin — atri —ats (2i+#a)2 dl: AIT PONT (22 Li)rx Yÿ=EA;e Sin, —— + £B:e * COS. Fe ; où les sommes Z devront s'étendre depuis = 0 jusqu'à i =. Maintenant ces séries seront d'autant plus convergentes que le temps z sera plus (oi) EE grand : elles tendront de plus en plus à se réduire à leur premier 1815, terme , et la valeur de y à devenir simplement tr 4e ee 7 æ j & BD. , da’, —= . Dir 0 COS. —. Ti Y £ ? Yan 20 J l On peut observer que quand / = 0,on a . LT yÿ=f x = EX A;sin. ÿ + Z B,; cos. nr " ce qui est effectivement vrai, quelle que soit la forme dela fonction fx, mais seulement pour les valeurs de x qui sont comprises entre z=—letx—=#+l. On trouvera dans mon Mémoire une analyse semblable appliquée à d’autres cas, tels que celui d’un, anneau d’une épaisseur constante, celui d'un parallélépipède quelconque, et enfin le cas d'une sphère dont tous les points également éloignés du centre, élaient à l’origine également échaultés. Dans la pièce qui a remporté le prix de 1812 à l'Institut (*), M. Fourrier a traité les mêmes ‘queslions, et est parvenu aux mêmes résultats que moi, mais en suivant une marche différente qui n'a pas paru exemple de difficultés, et dont j'ai expliqué la difit- rence avec mon analyse dans l'extrait cité au commencement de cet article. 12 (224 7)rx A RAA AS Recherches chimiques sur les Corps gras , et’ particulièrement sur leurs combinaisons avec les alcalis ; par M. CnEevreEuL. Ve Mémoire. Des Corps qu'on a appelés Adipocires. M. CHevreuz examine dans ce Mémoire les matières qu’on a appe- À : : , nan Ë QE ir Cuimie, lées adipocires, c’est-à-dire la substance crystallisée des calculs biliaires Février 18 (”) Ce Mémoire contient un chapitre sur la chaleur rayonnante, qui ne m'était pas connu lorsque j'ai imprimé dans ce Bulletin > une nole sur le même objet {année 1814, page 142). L'auteur démontre , comme moi dans celte note, que d'après la loi d'émission qui résulte des expériences de M. Leslie , tous les points de: l'intérieur d'un vase de forme quelconque recoivent des quantités égales de chaleur lorsque les parois sont par-lout à la même température. Il fait voir de plus, d’une manière très- ingénieuse , que cette égalité n’est pas troublée par la réflexion plus où moins parfaite qui peut avoir leu sur ces mêmes parois; et enfin il donne une explication salis- faisante dé la loi d'émission ‘sur laquelle cés résultats sont fondés, (92) . humains, le spermaceti, et la substance grasse en laquelle se conver- tissent les cadavres énfouis dans la terre. $. Ier. De la substance crystallisée des calculs biliaires humains. Cette substance présente des propriétés qui la distinguent de tous les corps gras connus ; ainsi elle ne se liquefe qu’à la température de 157°* centigrades, tandis que les graisses animales sont parfaitement fluides à une chaleur inférieure à celle de l’eau bouillante. Le produit qu’elle donne à la distillation est en grande partie liquide et huileux, et ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'il n’agit pas sensiblement sur le papier de tournesol, quoiqu'il ne contienne pas d'ammoniaque. Les graisses ordinaires donnent, au contraire, à la distillation des produits dont l'acidité n’est pas équivoque; mais ce qui fait du calcul biliaire une malière grasse particuliere, c'est qu’il n’éprouve aucun changement de la part de la potasse caustique. Dans 30 parties d'eau contenant 5 pere de potasse à l'alcool, M. Chevreul a fait bouillir pendant 100 heures une partie de calcul sans avoir pu le saponifier , ni même lui avoir fait éprouver d'altération notable. M. Powelavait déjà fait cette observation, que M. Bostock avait contredite, en s'appuyant de l’autorité de Fourcroy et de sa propre expérience. Peut-être ces deux chimistes auront-ils pris la silice du verre qui est dissoute par l’alcali pour une it de calcul biliaire saponifié. Ce qu'il y a de certain, c’est qu'en aisant évaporer la liqueur qui avait bouilli sur le calcul, M. Chevreul a obtenu une gelée qui avait l'apparence d'un savon, mais du n'était formée que de silice, de potasse et d'eau; et, en second lieu, c’est qu'en versant un acide dans cette liqueur, qui moussait d'ailleurs comme une dissolution de savon, on en précipitait des flocons de silice qui ressemblaient assez à un corps gras séparé d'un alcali par un acide. 100 parties d'alcool bouillant à 0,816 peuvent dissoudre 18 par- ties de calcul. La solution n’a aucune action sur les couleurs végé- tales. $. Du Spermacet. Le spermaceli a quelques propriétés physiques analogues à celles de la substance précédente, et même de la margarine; mais il en différe absolument par ses propriétés chimiques. 11 se fond à 44°68, il donne à la distillation un peu d’eau acide et un produit solide crystallisé dont le poids est égal aux neuf dixièmes du spermaceti. 100 parties d'alcool bouillant en dissolvent 6,9. La solution n'a aucune (95 ) action sur la teinture de tournesol, ce qui la distingue de celle de margarine. EUR Le spermaceti est très-difficile à saponifier, et M. Chevreul doute qu'il l'ait été complètement par les chimistes qui l'ont soumis à cette épreuve. Il a fallu environ 40 heures de digestion à une température de 80 à 90°, pour saponifier 50 grammes de spermaceti par 18 grammes de potasse dissous dans 120 grammes d'eau. Le savon était sous la forme d’une masse visqueuse et demi-transparente qui devint opaque et solide en se refroidissanf. Cette masse s'était séparée d’une eau mère légèrement colorée en jaune, qui ne contenait qu’une trace de matière colorée rousse et huileuse, et qui était absolument dé- pourvue de principe doux des huiles. Cela prouve que ce principe n'est pas un produit essentiel de toute saponification, ainsi qu’on aurait pu le croire , d’après le nombre des substances grasses qui sont susceptibles de le former. NE É Le savon de spermaceti traité par l’eau s’est divisé, comme celui de graisse de porc, en une portion soluble et en une autre insoluble qui avait un aspect nacré, et qui se rapprochat par cette propriété d'un sursavon de margarine. La liqueur fut séparée de la portion qui s’y trouvait en suspension, au moyen de la filtration. Cette opération dura cinq mois, La matière qui était restée sur le papier perdit son aspect pacré en se desséchant, et prit uve apparence cornée. L'ayant fait dissoudre dans l'alcool bouillant, M. Chevreul a obtenu, par le re- froidissement de la liqueur, un savon crystallisé qui lui a présenté une nouvelle substance grasse jouissant des propriétés acides, comme la margarine et la graisse fluide qui constituent le savon de graisse de porc. L'auteur ne lui a pas donné de nom, parce qu'il veut, avant d'établir la nomenclature des nouveaux corps gras acides et de leurs com- binaisous avec les alcalis , avoir déterminé la proportion de leurs élémens ; en attendant, il désione cette substance par la dénomination de spermaceli saponifié. Ce corps est msipide et inodore ; il se fond entre le 44e et le 46e degrés. Quand on l’a fondu, il ne crystallise point en lames brillantes ar le refroidissement, comme le fait le spermaceti. Il est insoluble dans l'eau ; l'alcool bouillant en dissout plus que son poids; il se dépose en partie par le refroidissement en cristaux lamelleux et briilants. La dissolution rougit la teinture de tournesol, mais moins fortement que la margarine et: la graisse fluide. Le spermaceti sapoziñé se combine tres-facilement aveë la polasse. Le savon qu'on obüent est absolument semblabie à celui que l’eau froide sépare de la masse savonneuse de spermaceti qui a diséré dans l'eau de potasse, de sorte que l’eau froide ne parait pas le décomposer quand elle contient déjr une certaine quantité d'alcali, Livraison de juin. 1 o1 1815. [C 94 ) Le savon de spermaceti n’a pas de saveur bien sensible. 11 est très- soluble dans lacool bouillant, 1 partie de savon mise dans 5000 parties d'eau froide, se gonfle, mais ne se dissout pas: en faisant bouillir, le savon ne sé dissout pas davantage. Une portion se sépare sous la forme d’une matière fondue qui reste à la surface de l’eau, et la plus grande partie reste en flocons également répandus dans la liqueur. Le savon paraît perdre, par l’action de l’eau bouillante , la moitié de son alcali. L'insolubilité du savon de spermaceti dans l’eau bouillante, et sa now altérabilité par l'eau froide, le distinguent de celui de margarine. Le savon de spermaceli est formé : É Spermaceti saponifié...,....,...,,.......100 POSE ee msi see the > cie aurions et 2 it) PAU 4 he clone ciel nat IT O0 C'est le premier composé savonneux qui, après avoir élé dissous dans l'alcool, ait présenté de l'eau à l'analyse. Si l’on calcule la quan- tité d'oxygène contenu dans la potasse et dans l’eau, on trouve que celle de cette dernière est le produit d’une multiplication par 7,5 de la quantité d'oxygène de lalcali. On voit, d'après ce qui précède, combien le spermaceti saponifié diffère de la margarine. En effet, 100 parties du premier paraissent saturer des”quanlités de bases salifiables qui contiennent 1,41 parties d'oxygène, tandis que 100 de margarine en saturent des quantités qui contiennent 3 parties d'oxygène. On a dit plus haut que la masse savonneuse obtenue avec la po- tasse et le spermaceli cédait à l’eau une portion de sa substance ; celle-ci a paru être formée de savon de spermaceti saponifié et d'un savon d’une huile fluide à 25°; mais M. Chevreul ne croit point avoir obtenu cette dernière à l’état de pureté. $. TILL Du gras de cadavre. 24 Le calcul biliaire et le spermaceti doivent être regardés comme des principes immédiats, puisqu'on ne peut en séparer plusieurs corps sans en altérer la nature; mais 1l n’en est pas de même de la matière qui constitue le gras des cadavres. Fourcroy, qui le premier l’a examinée avec soin, l'avait nommée adipocire, parce qu’elle lui semblait participer de la nature de la cire et de la graisse. L’adipocire est non-seulement combiné à de l’ammoniaque, ainsi qu'on l’a dit, mais il l'est encore à la potasse et à la chaux. Ces combinaisons sont à l'état de sursavons. Pour préparer l'adipocire ; Fourcroy a traité à chaud le gras par les (95) acides étendus d’eau ; l'adipocire s’est fondu, et a gagné la surface de Ja liqueur , où il s’est figé en refroidissant. 11 l'a ensuite tenu en fusion pour en chasser l’eau qu'il retenait. T'adipocire obtenu par ce procédé n’est pas un principe immédiat pur, ainsi qu'on l'a pensé Jusqu'ici, mais un composé de plusieurs corps de nature huileuse qui se trouvent tout formés dans le gras. M. Chevreul a été conduit à cette opinion par l'observation suivante. 11 avait traité du gras à plusieurs reprises par l'alcool bouillant, les dissolutions s'étaient troublées ‘par le refroidissement. Les dépôts ayant été recueillis à part, ainsi que la matière qui était restée en solution, il vit que la matière grasse du premier dépôt se fondait à 54°, tandis que celle qui ne s'était pas précipitée spontanément de l'alcool se fondait à 45°, et avait une couleur rouge assez prononcée. Puisque le gras est un savon à bases d’ammoniaque, de chaux et de potasse , il était très-vraisemblable que l'adipocire qui le forme pos- sédait les caractères d’une graisse saponifiée : si l’on se rappelle les faits exposés dans le troisième Mémoire de l’auteur, on voit que ce qui dis- tingue en général une graisse saponifiée de celle qui ne l'a pas été, c’est de se dissoudre en très-srande quantité dans l'alcool bouillant, c’est de rougir la teinture de tournesol, et c’est enfin de s'unir à la pus avec la plus grande facilité et sans perdre de son poids. Que ‘on examine l’adipocire sous ces trois rapports, et l’on observera, 1.° qu'il est dissous en toutes proportions par l'alcool bouillant; 2.° que cette solution roupit le tournesol ; 3.° que l’adipocire s’unit à la potasse, non-seulement sans perdre de son poids, mais encore sans que sa fusi- bilité et ses autres propriétés soient changées. Ayant acquis la certitude que l’adipocire était une graisse saponifiée et qu'il devait être composé de plusieurs corps d’après la considération exposée plus haut, M. Chevreul en a fait l'analyse par la potasse ; car 1l a fait voir dans son troisième Mémoire que la graisse de porc éprouvait par une seule saponification tous les changemens qu’elle peut recevoir par l’action des alcalis; conséquemment Loute crainte d’altérer la nature de l’adipocire par ces réactifs n'aurait point été fondée, d’ailleurs il s'était préalablement assuré que les affinités pour l'alcool des corps qui le constituent, n'étaient point assez différentes pour qu’on pût employer ce liquide comme instrument d'analyse. M, Chevreul a combiné l'adipocire fusible à 45° avec la potasse : il a décomposé le savon! par l’eau. Les résultats ont été 1°, une matière nacrée; 2.° un savon formé par une graisse fluide à 7°; 3.° un principe huileux volalil qui avait l'odeur de l’adipocire. L’adipocire fusible à 54° a donné les mêmes corps; mais dans une proporlion différente , la matière nacrée des deux adipocires était 181). (06 ) formée d'une substance grasse acide, que M. Chevreul regarde comme de la margarine, quoiqu'elle se fondit à 55,5, au lieu que l1 margarine du savon de graisse de pore se fond à 56,56, et qu'elle ne crystallisât pas en aiguilles aussi prononcées que cette dernière; mais elle rou- gissait fortement la teinture de tournesol, elle crystallisait de la même manière en se déposant de l'alcool, elle présentait des combinaisons semblables avec la potasse et la chaux, enfin elle avait la même. capacité de saturation. M. Chevreul a démontré dans son froisième Mémoire que la graisse de pore dans son élat naturel n'avait pas la propriété de se combiner aux alcalis, qu'elle ne l'acquérait qu'en éprouvant un changement dans: la proportion de ses élémens. Ce changement étant le produit de l’action de l'alcali, il en résulte que les corps de nouvelle formation doivent avoir une afhnilé prononcée pour l'espèce de corps qui l'a déterminée. Si l’on applique cette base de la théorie de la saponification au. chan- gement en vras des cadavres enfouis dans la terre, on verra qu’elle pra en expliquer la cause de la manière la plus heureuse. En elfet e gras est principalement formé de deux substances grasses combinées. avec lammoniaque, la chaux et la potasse; l’une de ces substances a sensiblement les mêmes propriétés que la margarine ; l’autre, l'huile fluide, paraît avoir beaucoup d’analogie avec la graisse fluide. JL est done infiniment probable que la cause qui détermine la conversion de la graisse en margarine, en graisse fluide, etc., a déterminé la formation du gras. Cette formation ne parait donc qu'une véritable saponification opérée par l'ammopniaque: qui provient de la décomposition des muscles et autres matières azolées, et par la potasse et la chaux qui proviennent de celle de quelques sels. Telle est la conséquence immédiate des travaux de auteur sur la saponification de la graisse de porc et sur le gras des catlavres, elle est si naturelle que l’on aurait lieu de s'étonner s'il l'avait passée sous silence; mais comme il n’a pas suivi lui-même la conversion des cadavres en gras, il ne propose la théorie qu’il en donne w’avec circonspection, parce que, quelle qu’en soit la vraisemblance, il sent que pour l’établir positivement, il lui manque plusieurs faits, et qu'elle peut paraître en contradiction avec des observations regardées généralement comme bien faites. Ayant terminé ici l'extrait de son travail, M. Chevreul a annoncé à la première classe de l'Institut qu'il avait fait l'analyse de plusieurs espèces de graisses animales, entre autres celle de la graisse humaine, de la graisse de mouton, du beure de vache, etc. RAI II PTIT S HAS SL (97 ) Observations sur l'accouchement et l'allaitement dans les Taupes ; par M. BRETON. Parmi les mammifères, deux espèces sont remarquables par l'étroi- tesse extrême de leur bassin, laquelle rend les accouchemens en appa- rence fort difficiles. Ces deux espèces sont celles du cochon d'Inde ( Cavia cobaya ) et de la taupe ( Talpa Europæa ). M. Legallois a déjà fait connaitre, pour la première, la disposition naturelle qui supplée à ce rétrécissement. Lorsque la femelle est à terme, les cartilages de la symphise du pubis cèdent peu à peu, et le détroit du bassin acquiert le diamètre convenable pour l'accouche- ment. M. Breton, médecin à Grenoble, vient de découvrir de quelle ma- nière s’opérait le part de la taupe. « Comme les mœurs de cèt animal, dit-il, obligent à fouir et à vivre dans des lieux où la largeur de son bassin pourrait nuire à la progression, la nature a remplacé la largeur du diamètre de cette partie du squelette par une disposition singulière. Comme cette ceinture est soudée, dès les premiers temps de la vie de animal, dans sa région sacrée, et que son étroitesse empêcherait le passage de la tête du fœtus, qui est beaucoup plus large, les os pubis se trouvent séparés par un espace de deux ou trois lignes, de sorte que le canal urinaire, le vagin et le rectum se trouvent libres entre le sacrum et lombilic (ce qui ne se remarque dans aucun mammifére), et que lorsque l'accouchement se fait, le vagin est porté en avant, et Fanimal accouche par le ventre. » M. Breton a trouvé le premier les mamelles des taupes, qui jusqu'ici étaient inconnues. Elles sont au nombre de deux, une de chaque côté, au pli de l’aine. Elles sont enfoncées dans la peau, et il faut pour les voir, ou qu'elles soient pleines de lait, ou qu’on fasse saillir le ma- melon en le poussant par derrière. Le lieu qu’elles occupent est un lee plus saillant que les autres, et se trouve recouvert par des poils eaucoup plus serrés et plus fins qu'ailleurs. JADE AIR ISA SARA Journal de l'Ecole polytechnique , dix-septième Cahier. Chez M" V° CourcIEr. Ce volume, de plus de Goo pages, contient les matières dont voici indication abrégée : Zo0LOG1E. Société Philomat, MATHEMATIQUES, (98 ) 1. Un Mémoire de M. Cauchy, sur le nombre des valeurs qu’une fonction peut acquérir, lorsqu'on y permule de toutes les manières possibles les lettres qu’elle renferme. IL y a environ 15 ans, un géomètre Italien, M. Ruffini, démontra qu’il n'existe pas de fonctions de cinq ou d'un plus grand nombre de lettres, dont le nombre de valeurs distinctes puisse être compris entre 2 et 5, M. Cauchy donne, dans son Mémoire, un théorème plus général qui comprend celui de M. Ruflini. 2.” Un second Mémoire du même auteur sur les fonctions qui ne peuvent obtenir que deux valeurs différentes par les permutations des lettres qu'elles renferment. IL existe de semblables fonctions pour tous les nombres de lettres possibles. Elles jouissent de propriétés re- marquables que M. Binet jeune a considérées, en même-temps que M. Cauchy, et qu'il a exposées dans un Mémoire qui fait partie du seizième cahier du Journal que nous annoncons. 5.° Deux Mémoires sur le problème de la sphère tangente à quatre autres sphères, l’un par M. Hachette, et l'autre par M. Binet jeune. 4.9 Des expériences sur la flexibilité, la force et l'élasticité des bois; par M. Dupin, capitaine au corps du génie maritime. Les ré- sultats importans que ce Mémoire renferme intéresseront surtout les ingénieurs chargés des travaux publics. 5.° Le Mémoire de Cavendish sur la densité de la terre, traduit de l'anglais par M, Chompré. 6.° Un Mémoire sur la résolution des équations, contenant une mé- thode nouvelle pour construire par des procédés géométriques, les racines réelles fe équations de tous les degrés; par M. Corancez. Dans l’état actuel de la science, une semblable méthode n’est qu'un objet de pure curiosité, et les moyens que fournit la résolution nu- mérique des équations, sont prélérables à toutes les constructions graphiques. 7° Deux Mémoires de M. Binet jeune, l’un sur la composition des forces et sur la composition des mouvemens, l’autre sur lexpression analytique de l'élasticité et de la roideur des courbes à double cour- bure. On a rendu compte du second dans ce Balletin (année 1814, page 159.) Quant au premier, il a pour objet de donner des valeurs de la résultante et du moment principal d'un système quelconque de forces, en fonctions de quantités dépendantes essentiellement du sys- tème, telles que les intensités des forces, les angles qu'elles font entre elles et les distances mutuelles de leurs directions. 8.2 Un Mémoire de M. Puissant, où il expose une nouvelle mé- thode analytique pour déterminer les effets de l’aberration sur la position des astres, (99) 9° Un Mémoire de M. Plana sur les oscillations des lames élasti- ques. Le but de l’auteur est de donner l'intégrale de l'équation dont -ces osrillations dépendent, sous forme finie par le moyen des intégrales définies, et de la délivrer entièrement des quantités imaginaires qui s’y présentent d’abord. Il parvient, en effet, à un semblable résultat ; mais la forme de l'intégrale est si compliquée, qu'il devient impos- sibile d'en tirer aucune conelusion, ainsi que l’auteur le remarque lui-même, relativement aux lois des oscillations. Nous donnerons, dans une autre occasion, une intégrale de la même équation, d’une forme très-simple et immédiatement applicable à la détermination de ces lois. 10.9 Le Mémoire de M. Cauchy sur les racines des équations, dont on a rendu compte dans ce Bulletin (année 1814, page 95), et celui de M. Ampère, sur les équations aux différences partielles dont nous avops aussi rendu compte (année 1814, page 107.) 11.° Enfin la suite du Mémoire sur les intégrales définies, imprimée dans le seizième cahier du Journal de l'Ecole polytechnique ; par M. Poisson. On y détermine les valeurs de différentes classes d’inté- grales définies que les géomètres n'avaient pas encore considérées ; on y trouve aussi diverses réductions de ces intégrales les unes aux autres, parmi lesquelles la plus remarquable est comprise dans cetie équation : 2n sin. dx hp an ——————— —= f sin x. dx; (1—2a.cos.æ+a*) ARTS les intégrales sont prises depuis x = o jusqu’à x = 200°; a est une constante qu’on suppose plus petite que l'unité; #7 est un exposant quelconque. p: RAA AAA AAA A ÆErémENs de physiologie végétale et de botanique ; par C.KF. BRissEAU MIRBEL. — Première partie, 1 vol. in-8°, avec pl. Paris , chez Magimel. Dans cette première partie, M. Mirbel expose en dix sections les principes de l'anatomie et de la physiologie végétales. Ire SECTION. Après avoir fait connaître les rapports qui existent entre le règne végétal et les deux autres règnes de la nature, et avoir développé les difiérences qui les distinguent, il jette un coup d'œil rapide sur les végétaux , il indique toutes les parties qu’ils nous offrent 1815. Ouvrage nouveau. BoranxiQuE. (100 ) à l'extérieur, et pousse cet examen jusqu’à celui de la graine, d'où il prend occasion de nous montrer les vévétaux classés en trois groupes remarquables, les aco/yledons végétaux privés de cotyledons M. mo- nocotyledons , végétaux munis d'un cotyledon ; les dicotyledons, vé- gétaux munis de deux cotyledons ou plus. Cette première classification trouve de nouveaux caractères dans les sections suivantes. IL® SecrTion. L'auteur y traite du tissu qui compose le végétal, en décrit la structure, et annonce comme idée fondamentale qu'un tissu membraneux, cellulaire et continu, plus ou moins transparent, forme toute la substance des végétaux, et c’est ce qu’il tend à démontrer. 11 signale les diverses modifications de ce tissu sous le nom de tissu cellulaire, vasculaire et épiderme. Ces modifications appuient la classification que nous avons indiquée dans la section précédente. M. Mirbel rapporte diverses opinions émises sur la structure du tissu végétal, et critique les théories de Médicus et de Hedwig, et ce avec d'autant plus de force, que s'occupant depuis long-temps de physiologie végétale , il a été à même de découvrir les défauts de ces théories. 111. Section. Dans les deux sections ci-dessus l’auteur a énumeré les parties qui composent les végétaux sans parler de la manière dont elles se développent, des rapports qui les lient et des fonctions qu’elles exercent. Pour remplir ces trois objets, il reprend les vésé- {aux au moment de leur naïssance, et les suit jusqu'à leur entier dé- veloppement. Dans celte troisième section il s'agit de la germination. Pour mieux nous faire comprendre ce qui a lieu pendant ce premier acte qui décele à nos yeux l'existence d’un nouvel individu , il établit quelques connaissances préliminaires sur la graine et sur ses parties, qu'il ne faut pas confondre ici avec le fruit, qui est un composé des graines accompagné d’autres pa rties destinées à leur conservation. M. Mirbel donne pour seuls caract: res essevliels de la graine, de natrre dans une cavité close et d'offrir un petil corps organisé qui réunit en lui routes les conditions nécessaires pour reproduire une plante sem- blable à celle dont il est issu, dès que les circorstances extérieures Javoriseront sa croissance. Il examine d'abord les enveloppes sémi- nales, savoir l’arille, la forique et le tegmen , souvent très-difliciles à distinguer lorsqu'ils sont isolés ou réunis deux, mais qui suivent l'ordre dans lequel nous les citons lorsqu'ils se trouvent réunis; il examine ensuite l'amande, partie essentielle qui existe dans toutes les graines, et le périsperme qui n'y existe pas loujours, c’est un Uissu cellulaire rempli de fécule amilacé où de mucilage caché sous les enveloppes de ja graine. L’étude de l'embryon et de ses parties complètent les con- naissances nécessaires pour concevoir la germination. Ici l’auteur ex- pose comment elle s'opère, traite des causes qui l'amènent, des (101 ) caractères qu'elle offre et des premières parties qu’elle développe. IV. SecTion. La germination dégage deux corps, l’un dirigé vers le ciel, nommé /a plumule, et destiné à produire la tige, le second descendant en terre, appelé radicule, formera les racines. Les parties auxquelles donnent naissance le développement de ces deux corps sont décrits dans cette section et dans Fordre que voici: 1.° /a racine, 2.° la tige, 5. les branches, 4° les vrilles, les griffes et les tiges grimpantes, 5 le bouton(x), G.° les feuilles, 7 les glandes et les poils, et 8.° les piquans. Les deux premiers articles sont les plus importans à bien connaitre, aussi sont-ils traités avec toute la clarté possible. Ve Sscrion. L'auteur n’a pas cru devoir parler dans la section TV de la fleur et du fruit, dernières parties qui se montrent dans une plante , avant d'avoir expliqué comment s’opérait sa nutrition; et en effet c’est une suite de cette section, puisqu'il y a fait connaitre tous les organes des végétaux. Un exposé, tout à fait neuf, de la composi- tion chimique du végétal, précède celui de l'importante fonction de la nutrition par laquelle les végétaux s’assimilent les principes qui les composent; « l'analyse par le feu fait reconnaitre dans les plantes, du « carbone, de l’oxigène, de l'hydrogène et de l'azote ; du soufre et des « substances terreuses, métalliques ou salines, telles que la silice, l’a- « lumine, les oxides de fer et de manganèse, l'hydriodate de potasse, « les sous phosphates de chaux, de potasse et de magnésie ; les sul- « fates de potasse et de soude, le nitrate de potasse, les hydrochlorates « de potasse, de soude, de magnésie, de chaux , d'ammoniaque, etc. ». L'auteur s’est entouré de toutes les connaissances que la chimie moderne a acauise sur la nature des végétaux pour nous expliquer autant que possible d’où proviennent leurs principes élémentaires, que nous ve- nons de rapporter, et leurs principes immédiats, c’est-à-dire, les acides vévélaux, les gommes, les sucres, l'amidon, les huiles, les aromes, la cire, ie campbhre, les résines et les baumes, l'indiso, les principes colorans , etc., etc., etc., qu'il présente classés chimiquement. 11 considère ensuite la sève, fluide transparent et incolore, formé d’eau tenant en dissolution un peu de gaz acide carbonique, de gaz oxigène, de gaze azote, de terres, de sels minéraux et de matières animales et végétales ; les sucs propres, espèces de fluides gommeux, résineux et oléa_ineux, comme le lait des euphorbes, des pavots, la liqueur jaune LI QG) M. Mirbel réunit sous le nom de bouron , 1.° ce que les botanistes et les agri- culteurs nomment b urgeon ; 2.° la bulbe ou l'oignon ; 5.° le thurion ; 4.° les bulbilles. Dans le style vulgaire le bouton désigne la fleur avant son épanouissement , et quelques botanistes l'employent dans ce sens, Livraison de juin. 14 1819. ( 102) de la chélidoine, ete. Enfin le cambium, mucilage incolore , inodore , gommeux, el qui n'étant contenu par aucun vaisseau, {ransude à tra- vers les membranes et se porte partout où de nouveaux développemens s’opèrent. C’est dans le sein de la terre et dans l'air que les plantes pui- sent à l’aide de la succion tous ces prineipes qu’elles élaborent ensuite, la déperdition et la rranspiration leur enlève linutile ou le nuisible, Ja marche des fluides dans le régetal est encore enveloppée pour nous de beaucoup de nuages, et les causes qui produisent les trois fonctions ci-dessus ne sont encore en grande partie que des probabilités. VIS Secriox. La fleur, cette partie essentielle du végéial, destinée à produire le fruit par lequel lespèce se perpétue, forme le sujet de cette: section; la fleur a été diversement définie par Jungius, Rai, Tournefort, Pontédéra, Ludwig, Linnée et J. J, Rousseau. M. Mirbel la définit cette partie locale et transitoire du végéta!, existant par : la Presence et la jeunesse d'un ou de plusieurs organes males, ou bien d’un on de plusieurs organes femelles, ou encore des organes mâles et femelles rapprochés et groupes, nus ou accompagnés d’enseloppes particulières. L'auteur examine successivement loutes les parties de la fleur en commencant par l'intérieur; ce ‘sont: 1.° l'organe femelle ou le pistil, qui se compose de l'ovaire, du style et du stiymate, dont il fait connatre l'organisation ; 2.° les élamines, organes mâles, formés d’un filet qui porte une ou plusieurs antheres (dans ce dernier cas, M. Mirbel nomme le filet azdrophore), espèce de bourse qui renferme le pollen; 5.° le périanthe, enveloppe immédiate des organes de la gé nération, tantôt simple, tantôt double; etalors la partie extérieure porte le nom de calice, et l'intérieure celui de corolle; 4.° les appendices etles formes anomales du périanthe, comme les bosses, les fossettes , les cornets, les éperons, les capuchons, les lèvres, ete.;5.° les nectaires, espèces de glandes florales ; 6.° les soutiens des-fleurs, le pédoncule, la hampe et le clinanthe, sorte de pédoncule , élargi à son sommet en un plateau chargé de plusieurs fleurs sans pédicelle apparent, ete. ; 7.° les enveloppes distinctes des périanthes, et qu'on peut regarder comme accessoires , telles que les bractées, les calicules, les involucres, les in- volucelles , les spathes , les cupules, etc. ; 8.° l'ivforence ou la disposi- tion des fleurs en termine la description. L'épanouissement des ‘fleurs vient ensuite : on désigne par là l'instant où les enveloppes florales prennent les dispositions les plus propres à facititer la fécondation. Alors les végétaux se trouvent revêtus de la parure la plus brillante et la plus variée: rien de plus intéressant que les phénomènes qui pré- cédent, qui.accompagnentet qui suivent la fécondation. Nous devons au géme poétique et philosophique de Linnée, un horloge et un calen- drier de Flore qui prouvent l'mfluence de la lumière et des saisons :sur l'épanouissement de la fleur, et ceci conduit M. Mirbel à parler de lac- ( 103) tion de la lumière. La fécondation végétale est encore un mystère, nous connaissons les organes extérieurs qui en sont les ministres, çL nous iguorons sa mar-he intérieure, Cependant elle est prouvée par des ex- périences faites sur les étamines et les pistils, par les plantes diviques et les plantes hybrides. Toutelois nos connaissances à ce sujet sont dues presque toutes aux botanistes modernes ; jusqu'à Linnée on n'avait -que des idées vagues et mcomplètes sur l'existence d'organes généra- teurs et fécondateurs dans les végétaux. VIL® Sscrion. Dès quele pollen à saupoudré les sligmates, la fécon- dalion est opérée et l'ovaire est fertilisé. L'auteur explique l’organisa- tion de l'ovaire et en suit Ja croissance depuis le moment où il com- mence à se dessiner dans le tissu ‘interne de la fleur encore en bouton, jusqu'à celui où il constitue le fruit parlait, c’est-à-dire, jusqu'a la ma- turité, Le fruit est composé d'une premiere partie, des graines, diverse- ment fixées dans l’intérieur d’ane deuxième partie, qu'on nomme peri- carpe ; il varié beaucoup dans ses formes et par les appendices qu'il offre, et donne ainsi naissance à beaucoup d'observations physiologiques importantes qui auront sans doute déterminé M. Mirbel à donner ici sa classification artificielle des fruits, déjà publiée dans le Nouyeau Bulletin, t. JL, p. 515, mais avec des changemens notables qui la rendent extrêmement utile. Quelques pages sur la fécondité, générale- ment extrême, des plantes et sur les moyens que la nature emploie pour exécuter la dissémination des graines termine celte section. VIH. Secrion. Les maladies et les causes qui tendent à faire dé- périr les végétaux et à leur donner la mort, font l’objet du commen- cement de celte seclion, qui se termine par des considérations sur la durée de leur vie et sur leur mort naturelle, c’est-à-dire, sur la mort produite par vieillesse. M.Mirbel rappeile qu'il y a des herbes annuelles el bisannuelles dans tous les climats, et montre que le passage d’une tem- pérature à une autre tempéralure, n’est point la cause de la brièveté de leur existence; c'est par l’observation dans tousles âges du tissu végétal qu'il cherche la cause de la mort des plantes, et qu'il en trouve Jexplication ; et c’est ainsi qu'il prouve encore qu'un arbre de la classe des dicotyledons n’estautre chose qu’une suite de généralions accumulées, représentées par les couches coniques et emboïlées qui forment l'arbre, et dont la plus extérieure seule est vivante et peut être considérée comme une herbe annuelle, ce qui est expliqué par une multitude de faits ; en sorte qu'on ne peut se refuser à l'évidence, bien que la chose paraisse hélérodoxe. IXs. Sseriox. Les végétaux qui présentent des pistils et des étamines, c'est-à-dire, des organes mâles et femelles, constituent la classe des plantes zhenogames ; et on appelle au contraire cryplogames et agames les plantes qui n’ont pas encore offert ces organes, ou du moins de 1940: (104) ‘semblables organes. Pour compléter les connaissances qué nous avons en physiologie végétale, l'auteur examine les diverses familles rangées dans la classe des cryptogames, et cet examen successif est nécessité par les grandes différences que présentent entre elles ces familles. Ce sont les sa/viniées, les équisetacées, les mousses, les hépathiques, les lypocodiacées , les fougères , les algues, les lichens, les hypoxylées et les champignons. X.° Secriox. Enfin, des considérations générales sur la végétation, sur les affections, l'habitation et la répartition des plantes sur la terre et sur les causes qu limitent les espèces, soit dans les plaines, les vallées, soit dans les eaux , etc., terminent ces principes élémentaires de physiologie et d'anatomie végétales. En nous résumant, on peut voir que l’auteur commence par nous donner une idée des végétaux en déclinant leurs parties et leurs or- gaves, qu’ensuite 1l les prend au moment de leur naissance, et les suit jusqu'a leur mort, ce qui lui donne l’avantage de n’omettre aucun des organes, d’en bien saisir les fonctions, et de montrer les rapports qui les lient entre eux. Cette marche du simple au composé force nécessairement l’auteur à présenter son sujet le plus clairement pos- sible et débarassé de ces nombreuses hypothèses qui dégoûtent de l'étude de la physiologie végétale. En lisant l'ouvrage on se convaincra ue M. Mirbel a moins cherché à faire connaitre tout ce qui avait été dit sur la philosophie des plantes qu'à présenter un ensemble clair, précis, rempli de faits curieux, la plupart dus à ses observations, et écrit d’un style élégant, raisonné, plein d'intérêt, et qui rend la lecture de ses principes de physiologie et d'anatomie végétales, facile, agréable et très-instructive pour l'élève, et fort attrayante pour les gens du monde. Nous devons ajouter que M. Mirbel n'a point négligé d'expliquer par la physiologie végétale les procédés les plus curieux de la culture, ce qui lie sa théorie à la pratique, et fait de ses élémens un livre d’une utilité générale. Nous ne balancons donc pas à présenter ce travail comme le meilleur que nous ayons maintenant sur la partie physique des plantes, et à le proposer aux botanisies, aux professeurs d'histoire naturelle et à leurs élèves, comme le plus instructif. Un volume de 72 planches, dessinées avec une rare exactitude, accompagne la première partie de cet ouvrage, il représente les diffé- reus ports des végétaux, leurs organes, leurs développemens, ete., etc. Presque tous les dessins ont été faits sur la nature par l’auteur lui- même ; ils scrvent aussi à l’éclaircissement de la deuxième partie, qui vient de paraître, et dont nous rendrons compte dans l'une des pros chaines livraisons de ce Bulletin. es . 0 PAS D NAS SEA SANS AAA AY ( 105 ) Errmens de physiologie vésétale et de botanique; par C. F. Brissau MiRBEL. — Deuxiéme partie. (1) Nous avons vu que, dans la première partie de son ouvrage, l’auteur a traité de à physiologie végétale, et nous avons fait voir la marche qu’il avait suivie. Dans la seconde partie il traite, en quatre sections, des notions élémentaires de la botanique proprement dite. Ire Secrion. Théorie fondamentale. Par là l'auteur entend des cousidérations générales qu'il établit pour fixer ce que c’est que les caractères en botanique, établir leurs définitions, leurs relations, la manière de les appliquer, et surtout sur quelles bases ils sont fondés ; il fait voir que, généralement, les caractères du premier degré sont fixés sur la présence des parties, leurs positions et leurs fonctions, et les caractères secondaires sur les formes et modifications de ces arties, Par la connaissance des caractères, on parvient à celle de Tadividu, de la variété, de l'espèce, du genre, de la famille. Ici l'auteur s'arrête sur l'emploi des caractères et sur les descriptions qui n’ont acquis d'exactitude qu'après la création de nombreux termes techniques qui en abrégent l'étendue; cette création a donné naissance à la ter- minologie botanique qui fait le sujet de la troisième section. Les bo- tanistes désignaienf autrefois les espèces par une phrase, toujours difficile à retenir, surtout lorsqu'il fallait se rappeler beaucoup d'espèces. Linné le premier appliqua des noms, et depuis lors l'étude de Le botanique est devenue plus facile. M. Mirbel explique ce que l’on indique par nom de famille, de genre, d'espèce, et montre sur quoi il at les fonder pour le plus grand avantage de la science; il porte le même examen sur la synonymie, c’est-à-dire sur l'art de rapporter avec exactitude à chaque plante tous les noms et toutes les phrases par lesquels elle se trouve désignée dans les ouvrages; enfin il termine par exposer ce que c'est que système et méthode, dont l'introduction en botanique est due aux botanistes des deux derniers siècles. 11e Secrion. Naissance et progrès de la botanique. — M. Mirbel fail ici une histoire de la botanique depuis les temps les plus reculés jusqu'a nos jours, et fait connaitre les époques les plus remarquables; il a pris pour base l’ordre chronologique, et a suivi la marche employée par M. de Lamarck daps l'Encyclopédie; mais le résumé qu’il place à la En, nous paraît plus propre à fixer dans la mémoire les époques mar- quantes des progrès de la science. Ce sont : ire époque, THÉOPHRASTE, ou la naïssance de la botanique : tout se borne à des connaissances (3) À Paris, chez Magimel, Livraison de juiller. 15 1819. BoTANIQUE, Ouvrage nouveau. ( 106 }) empiriques. 2° ép. DroscoRIDE et PLINE, ou l'é/ude des livres substituée à celle de la nature : même ignorance. 5e ép. BRunsFeLs, Fucns, Traëvs. etc., où l'observation et la comparaison directes des faits : on revient à la nature. 4e ép. GESNER, où les fondemens de toute bonne classification : les caractères les plus importans sont donnés par la fleur et le fruit. 5e ép. Crusrus, ou l’arz de bien décrire les plantes. 6e ép. CæœsALrIN, ou l’irroduction de la première méthode. 7e ép. Les Bauwin, ou /es modeles d'une bonne syÿnonymie. 8e ép. CAMÉRARIUS, ou la connaissance des sexes. 9° ép. TOURNEFORT, ou l’efablissement d'une méthode regulière : les espèces forment les genres, les genres les ordres, lesordres les classes. 10€ ép. LEUWENHOEK, MaAcpicxi, GREew, HALESs, ou /a nuissance de l'anatomie et de la physiologie végétales. 11e ép. LiNNÉ, ou l'invention d'une langue philosophique, 12° ép. BERNARD DE Jussieu, ou l'etablissement des Janilles naturelles. HT.e Secriox. Terminologie botanique. Elle fait connaître les termes techniques employés pour désigner dans les végétaux leurs parties, leurs organes et leurs diverses formes; c’est ce que d’autres natura- listes ont nommé glossologie. Pour rendre son travail plus utile et plus comparatif, M. Mirbel a suivi la même marche qu'il a em- ployée dans la première partie de son ouvrage. Nous osons avancer, sans crainte d’être contredit, que jusqu'ici 11 n'avait pas été publié une terminologie botanique aussi complète, aussi savante el en même temps aussi commode. Des figures aux traits, représentant les formes des diverses parties des végétaux, facilitent beaucoup l'intelligence des termes, et surtout des termes nouveaux et assez nombreux que Pauteur a introduit par suite des nouvelles connaissances que nous avons acquises en botanique; nous regretions de ne pouvoir entrer dans de grands détails sur cette terminologie, que M. Mirbel a fait précéder de deux mots sur l'art et l'utilité de savoir créer ou appliquer à propos les termes. IV.e Secriox. Méthodes artificielles et familles naturelles. M. Mirbel développe d'abord la méthode de Tournefort, qui n'est plus suivie, mais qui fit une si grande révolution en botänique lorsqu'elle parut ; le système de Linné, le plus ingénieux de tous et celui qui a le plus de partisans; enfin la méthode naturelle de Jussieu, ou les familles naturelles, au perfectionnement desquelles tendent toutes les décou- vertes et toutes les recherches botaniques. Par le systême de Linné on ne parvient qu'à la connaissance du nom de la plante; par la méthode naturelle on découvre ses rapports avec les autres plantes, et par cela même l'étude des familles naturelles est celle qui procure des connais- sances plus importantes et plus solides. M. Mirbel donne, d’après une ( 107 ) communication que lui a faite M. de Jussieu, la liste méthodique des familles que ce savant admet en botanique, le nombre s'en élève à cent quarante-une. M. Mirbel donne’ apres les caractères des familles naturelles indigènes ; 1l les divise en trois : caractères fournis par la végétalion, caractères donnés par la floraison, et caractères offerts par la fructification ; il employe strictement dans leur exposé les termes indiqués dans sa terminologie. Enfin, le volume est terminé, 1.° par un mémoire sur les lois générales de la coloration appliquée à la formation d’une échelle chromatique, à l'usage des naturalistes, par M. Mérimée; 2.° par une explication très-étendue des planches; 3.° par une table des noms latins des plantes désignées en français dans l'ouvrage ; 4.° par deux tables, l’une des mots techniques substantifs, l’autre des mots techniques adjectifs ; 5° enfin, d’une liste des mots tirés du grec, avec leurs étymologies. Nous pensons que cette seconde partie mérite d'être accueillie comme la première, et que l'ouvrage entier parait destiné à faire époque dans les annales de la science. S. Le RARE III L I IITEL ESSAIS Extrait d'un rapport fait par M. BioT, sur un Mémoire de MM. DuLonG ei PETIT, relatif aux lois de la dilatation des solides, des liquides et des fluides. élastiques à de hautes Lermpératures. L'esprit d’exactitude qui s'est introduit depuis quelques années dans toutes les expériences de chimie et de physique a fait rechercher avec un soin extrême lout ce qui pouvail servir à la perfection du thermomètre; on a constaté de nouveau la fixité des termes extrêmes de l'échelle thermométrique ; on a donné les procédés les plus propres pour les détermiuer, et comme l’un d'eux est influencé par la pression de l'atmosphère, on a trouvé le moyen de l'en rendre indépendant par le calcul; on a senti la nécessité de diviser cel intervalle fondamental en parties de capacités égales, et l’on a donné des moyens très-sûrs pour y parvenir, malgré les irrésularités inévitables dans le diamètre intérieur des tubes de verre; enfin l’on a reconnu ei assigné toutes les précautions nécessaires pour employer l'instrument d’une manière comparable. Un thermomètre construit et employé selon ces principes devient donc un indicateur très-exact des températures qui l'affectent, quelle que soit la nature du liquide qui le compose, pourvu toutefois que les degrés divers de chaleur auxquels on l'expose n’en changent pas la constitution. Ainsi, sous ce rapport,1l est absolument indifférent 100 Institut, Juin 1815. : ( 108 ) d'employer des thermomètres d’eau, d'alcool où de mercure. S'ils sont construits avec exactitude, les températures seront également bien dé- finies par chacun d’eux ; mais dans les usages ordinaires, on emploie communément le thermomètre à mercure, et cetle préférence est fondée, car le mercure obtenu par la distillation est toujours identique avec lui-même, il ne se laisse point décomposer par la chaleur, sa dilatation absolue est fort sensible, et elle est constamment croissante depuis la température où il se gèle jusqu’à celle où ilse vaporise, propriété que tous les aufres fluides, l'eau, par exemple, ne possèdent pas. C’est pourquoi l’on est dans l'usage de rapporter les dilatations de tous les corps aux indications du thermomeire à mercure, c’est-àx- dire que l’on compare ces dilitations à celles du mercure dans le verre, et qu'on les exprime en fonctions de celles-ci. On a trouvé de cette manière que, depuis les degrés les plus voisins de la congélation du mercure jusque vers celui de l'ébullition de l'eau, les dilatations des oaz, des vapeurs , du verre, des métaux, et en général des corps solides, sont, sans aucune différence sensible, proportionnelles à la dilatation apparente du mercure daas le verre, et par conséquent à sa dilatation absolue. Mais on a trouvé aussi que, pour tous les liquides qui bouillent à des températures beaucoup moins élevées que le mercure, les dilatations, comparées à celles du mercure, deviennent croissantes à mesure que ces liquides approchent du terme de leur ébullition ; d'où il est naturel de conclure, par analovie, que les dilatations du mercure lui-même paraitraient constamment croissantes dans les températures élevées si on les comparait à celles d'un autre liquide dont les points de congélation et d'ébullition fussent beaucoup plus éloignés; ou, ce qui serait mieux encore, si l’on comparait cette dilatation à celle d’un gaz sec, tel que l'air, qui ne changeant pas de constitution dans les plus grandes différences de températures que nous puissions produire, semble devoir par cela même offrir un terme de comparaison plus uniforme que tous les autres corps. Cette recherche est, comme on voit, différente de la détermination des températures. Celle-ci est parfaitement résolue par les divers pro- cédés thermométriques et pyrométriques, pourvu qu'on ait soin de lier leurs indications par l'expérience, de manière à en former une série continue; mais la comparaison de toutes les dilatations à celles d’une substance dont la constitution pourrait être regardée comme invariable serait aussi une chose très-utile ; car si l’on s'était assuré par l'expérience que les accroissemens de volume d'une telle substance fussent, comme cela est très-probable, sensiblement proportionnels aux accroissemens de chaleur qu'on y introduirait, on saurait par cela même comment la chaleur se dissimule dans les autres substances à des températures diverses; on pourrait mesurer les quantités réelles La (109 ) de chaleur que les corps émettent ou absorbent à diverses tempé- ratures; on pourrait graduer les accroissemens de leur volume de manière qu'ils répondissent à des accroissemens égaux de chaleur. C'est ce travail, important pour la chine et la physique, que MM. Pelit et Dulong ont entrepris; la partie de leurs recherches qu'ils ont soumise à l'Institut se rapporte à la première division que nous avons établie, et qui se présente d'elle-même dans cette recherche: c’est la mesure des dilatations du mercure et des corps solides comparée à celle de l'air à de hautes températures. Les auteurs du Mémoire ont d’abord comparé la dilatation de l'air à celle du mercure dans le verre. L'appareil qu'ils ont employé pour cet objet est analogue à celui que M. Gay-Lussac a mis autrefois en usage pour le: même but au dessous du terme de l'ébullition de l’eau. Cet appareil est essentiellement composé d'une cuve métallique en forme de parallélipipède, établie sur un fourneau de même grandeur. On verse dans ce vase un liquide qu'on échaufle à divers degrés. M. Gay-Lussac avait employé l’eau, MM. Petit et Dulong ont employé une huile fixe, pour pouvoir élever davantage la température. Un ou plusieurs thermomètres plongés verticalement dans le liquide, et dont les tiges sortent au dessus du couvercle du vase, servent pour indiquer à peu près sa température, et montrent s'il est nécessaire d'augmenter ou de diminuer le feu ; mais il ne faut pas que le tube qui contient le gaz soit plongé dans l’eau de cette manière, car la température n’est pas la même dans les diverses couches horizontales d'un liquide qu'on échauffe par son fond. Ainsi, pour pouvoir connaitre exactement celle qui agit sur le gaz, il faut placer le tube qui le contient dans une situation horizontale; alors sa température pourra être parfaitement indiquée par un excellent thermomètre à mercure placé vis-à-vis de lui dans la même couche, et disposé aussi horizontalement. Pour rendre l'égalité des températures encore plus certaine, MM. Petit et Dulong avaient introduit dans le liquide des tiges armées de volans qu'on faisait mouvoir, ce qui établissait entre toutes les couches une parfaite mixtion,. Dans les expériences de M. Gay-Lussac, le gaz dont on observait la dilatation était enfermé dans le tube qui le contenait, au moyen d’une petite goutte de mercure qui faisait l'effet d’un piston mobile, et l’on observait sur la graduation du tube le point où le gaz dilaté amenait successivement ce piston. Dans les expériences de MM. Petit et Dulong, le tube à gaz était entièrement ouvert, et avait son extrémité eflilée à la lampe. IL se vidait d'air atmosphérique à mesure que la température du bain s'élevait. Quand on voulait arrêter l'expé- rience, on observait la température indiquée par le thermomètre horizontal, en lirant tant soit peu sa tige hors du bain, puis on fermait | 1015. LS ( r10 ) hermétiquement au chalumeau l'extrémité eflilée du tube de gaz, et l'on observait au même instant la pression barométrique. IL est clair que le volume d'air échaufté contenu alors dans le tube faisait équilibre à celte pression, Cela fait, on enlevait le tube, on le portait dans une chambre voisine à la température ordinaire, puis, lorsqu'il s'était refroidi, on cassait son bec sous le mercure; ce métal sy élevait, forcé par la pression atmosphérique; on observait la hauteur à laquelle il s’arrêlait; on mesurait aussi la température; on avait done ainsi la mesure de l’élasticité de l'air que la chaleur du bain n'avait pas expulsée. Alors, retournant ce tube sans permettre au mercure d’en sortir, on le pesait dans cet état; on le pesait ensuite entièrement plein de mercure : on connaissait ainsi les volumes que l'air chaud et froid avaient successivement occupés. Comme on conuaissait de plus les pressions, il était facile de ramener ces volumes à ce qu’ils auraient été sous des pressions évales, et de comparer la proportion de leur accroissement à la différence de température que le thermomètre à mercure avait indiquée, MM. Petit et Dulong ont fait une série d'expériences de cette manière; ils en ont fait une seconde en ne scellant pas le bec du tube à gaz, mais le plongeant à une température assiguée dans un bain de mercure sec que l'on présentait au dessous de lui, On laissait refroidir lentement tout l'appareil ; alors on observait la hauteur de la colonne du mercure élevée dans le pelit tube, on mesurait la pression atmo- sphérique, et le calcul s’achevait comme précédemment. Ces deux méthodes se sont accordées pour montrer que la dilatation du mercure dans le verre est croissante comparativement à celle de l'air, comme les expériences faites sur les autres liquides devaient le faire présumer. La différence est insensible jusqu'a 100 degrés, résultat que M. Gay -Lussac avait déjà coustaté, et qui importe pour le calcul des réfractions astronomiques. Au dessus de ce terme, le thermomètre à mercure s'élève plus que le thermomètre d'air; et lorsque le premier marque 500 degrés, le second en marque 8 ? de moins. Quoique ce résultat ne donne que la dilatation apparente du mereure dans le verre, cependant on peut en étendre la conclusion générale à Ja dilatation absolue de ce liquide; car, selon toutes les analogies, la variabilité de dilatation d’an corps solide tel que le verre, doit, si elle est sensible, être moindre que celle d’un liquide tel que le mercure; mais quant à la quantité absolue dont la dilatation du mercure précède celle de l’air, il faut, pour la déduire de ce qui précède, connaitre celle du verre ou de tout autre métal dont le mercure peut être enveloppé,. C’est encore ce que MM. Petit et Dulong ont cherché à faire; et comme ils ne doutaient point que la dilatation du verre et des métaux (tr) comparée à l'air ne fut uniforme ou presque uniforme dans les limites de température que le thermomètre à mercure peut atteindre, ils ont d'abord cherché seulement à mesurer les différences de dilatations des corps solides entre eux, ce qui, comme on sait, est loujours dans ce genre d'expériences la détermination la plus facile. Le procédé qu'ils out employé est celui que Borda a imaginé pour apprécier les tempé- ratures des règles de métal destinées à la mesure des bases dans l’opé: ration de la méridienne de France. Ce sont deux règles de différentes natures, posées l’une sur l’autre dans toutes leurs longueurs. Elles sont fixement attachées ensemble par l’une de leurs extrémités. A l’autre extrémité il y a sur l’une des règles une division de parties égales, sur l'autre un vernier dont on lit le mouvement avec un microscope. La quantité dont ce vernier marche entre deux températures fixes est évidemment égale à la différence de dilatation des deux barres. En portant sur ce nivellement un appareil de ce genre à diverses tempé- ratures de plus en plus élevées, jusqu'a 500 degrés du thermomètre à mercure, MM. Peüt et Dulong sont parvenus à cette conséquence inattendue, que, dans les hautes températures, la dilatation des métaux suit une marche plus rapide que celle du thermomètre à mercure, et à fortiori plus rapide que celle de l’air: de sorte que quand un thermo- mètre d'air marquerait 500 degrés sur son échelle, le thermomètre à mercure en marquerait 310, et le thermomètre métallique 520. IL était sans doute impossible de prévoir ce résultat, et l'on était loin de s’y attendre. Toutefois il n'est pas contraire aux analogies; car il ne veut pas dire que la dilatation des métaux comparés à l'air croi plus rapidement que la dilatation absolue du mercure, ce qui serait en effet très-invraisemblable, mais plus rapidement que la dila- tation apparente du mercure dans le verre, laquelle est l'excès de la dilatation propre de ce liquide sur celle de l'enveloppe qui le contient. Or, puisque l'observation du thermomètre métallique donne aux métaux une dilatation croissante par rapport à l'air, il est pro- bable, 1l est même certain, par les expériences de MM. Petit et Dulong, que le verre participe aussi à cette propriété. Alors, l’ac- croissement progressif de son volume doit faire paraître celui du mercure moins sensible, et peut le balancer assez pour rendre sa marche plus lente que celle des métaux considérés isolément, C’est aussi ce que les auteurs du Mémoire ont eu soin de remarquer. Or, si ces idées étaient exactes, la dilatation du mercure dans les métaux, dans le fer, par exemple, devait paraître croissante, ce liquide se dilatant plus que le métal. C'est aussi ce que les auteurs du Mémoire ont vérifié, en pesant les volumes de mercure qui pou- vaient être contenus dans un vase de fer à diverses températures de plus en plus hautes. Entre o et 100° ils ont trouvé la dilatation absolue du 1815, Bo ci£TÉé PniLonaT. Avril 1615. (112) mercure corrigée de celle du fer, exactement telle que l'avaient assignée MM. Lavoisier et Laplace, par des expériences analooues faites dans un matras de verre; mais à des températures supérieures, le mercure s’est dilaté suivant une marche beaucoup plus rapide, car il est sorti du vase de fer en quantité beaucoup plus considérable qu'on ne l'aurait dû obtenir si le fer et le verre eussent conservé des dilatabilités pro- portionnelles. On voit donc qu’en supposant les faits bien observés et les réduc- tions numériques faites avec exactitude, on ne peut douter que le mercure, le verre et les métaux les plus infusibles n'aient des marches croissantes par rapport au thermometre d'air, quand on les expose à des températures plus élevées que le degré de l'ébullition de l'eau, et, ce qu'on aurait été loin de croire, que les différences sont déjà trés-sensibles au dessous de 3ao°. C’est un résultat important que l’on doit aux auteurs du Mémoire. Ne pouvant donc plus regarder aucun de ces corps, si ce n’est peut-être l'air, comme ayant une marche uniforme pour des accroissemens égaux de chaleur, il devient néces- saire de mesurer la dilatation absolue de ce fluide à de hautes tem- pératures, et d'élablir leurs rapports avec les quantités de chaleur qu'elles exercent, après quoi on connait les dilatations de tous les autres corps en le comparant à lui. C’est alors, et seulement alors, que l’on pourra mesurer des quantités de chaleur par le thermomètre, soit d'air, soit de mercure, et que l’on pourra déterminer les vraies lois du refroidissement et de l’échauffement des corps à toutes les tem- pératures. C’est ce que les auteurs ont fort bien senti, et ils se préparent à continuer leurs expériences sous ce point de vue; nous ajouterons qu'il importe de les y encourager, car ce genre de recherches devient aujourd'hui d'une nécessité indispensable pour l'avancement de nos connaissances dans la théorie de la chaleur, ARR RAARS SA SAIS ASS SAR Note sur une substance à laquelle on a donné le nom d'Inuline; par M. GAULTIER DE CLAUBRY. (Extrait d'un Rapport fait à la Societé Philomatique le 22 avril 1815, par MM. CuHEvREUL et THÉNARD. IL existe plusieurs substances végétales qui n'ont point encore été assez étudiées pour être mises définitivement au rang des principes immédiats des végétaux ; telle est l’inuline, dont la découverte est due à M. Rose. M. Gaultier de Claubry se propose, dans son Mémoire, de faire voir que cette substance est réellement particulière, ainsi que la annoncé M. Rose, (1 160) Après avoir répété les expéñiences de ce chimiste, qu'il trouve t{res- exactes , il en tenta de nouvelles. C’est avec l'amidon que l’inuline à le plus de rapport et que M. Gaultier la compare. L'amidon forme gelée avec l’eau chaude, et ne s’y dissout point. Traité par le feu, l'amidon donne de l'huile, etc. ; uni à l’iode, il forme un composé d’un beau bleu; l'acide hydro-chlorique et les alcalis le rendent gélatineux ; l'acide sul- furique concentré le charbonne. L’inuline jouit de propriétés qui sont, pour ainsi dire, opposées; elle se dissout facilement dans l’eau chaude, et s’en sépare en partie, par le refroidissement, sous forme de poudre blanche, et non en gelée. Soumise à la distillation , elle ne fournit point d'huile, caractère qu’elle ne partage qu'avec bien peu de substances végétales. Elle forme avec liode-un composé jaune verdâtre. L’acide hydro-chlorique et les alcalis la dissolvent, sans que la liqueur devienne gélalineuse. Enfin elle se dissout dans l'acide sulfurique concentré, sans odeur d'acide sulfureux, et l’ammoniaque peut la précipiter de cette dissolution. Ces caractères semblent suffisans pour assigner à linuline un rang particulier parmi Jes substances immédiates. LL RAR SAR RAR ARR Mémoire sur la disparition des adhérences celluleuses dans les cavités splanchniques; par M.VirreRMÉ. (Extrait d'un Rapport fait à la Société Philomatique, le & avril 1815, par MM. Du- MÉRIL €t GUERSENT. LE Mémoire de M. Villermé fait, en quelque sorte, suite à la thèse que ce médecin a soutenue l’année dernière à l'Ecole de Médecine de Paris, sur la formation des fausses membranes. 11 décrit avec beaucoup de soin et de vérité, dans la thèse dont nous venons de parler, les différens degrés d’altération qu'éprouvent les fausses membranes qui accompagnent les phlegmasies des membranes séreuses, lorsque l'in- flammation ne se termine pas par résolution. Dans leur dernier degré d'organisation, les fausses membranes se présentent sous l'aspect de lames ou de brides celluleuses plus ou moins lâches, et qui s'étendent de la surface d’un organe à l'autre. Elles sont alors garnies de vaisseaux assez distincts, et ont beaucoup d'analogtie avec le tissu cellulaire dé- pourvu de graisse. Ce sont les altérations secondaires de ces productions celluleuses que M. Villermé s’est proposé d'examiner dans le Mémoire qu'il a présenté à la Société, Il cherche d’abord, dans cet ouvrage, à Lisraison de juillet. 16 | 1815. ANATOMIE. Société Philomat. Car4) prouver une asserlion qu'il avait déjà éntise dans sa fhèso, c'est que Îes adhérences celluleuses se détruisent peu à peu, et disparaissent ensuite entièrement ; et dans la seconde partie de son Mémoire, il tâche d'ex- liquer la cause de ce phénomène physiologique. Selon M. Villermé, beaucoup d'exemples et d'observations prouvent que les adhérences des portions mobiles des intestins entre eux s'ella- cent entièrement peu de temps après qu'on a fait rentrer les hernies par l'opération; mais l'auteur ne rapporte aucane de ces observations et ne cile aucun des auteurs où.il a puisé ces exemples, ce qui aurait été d'autant plus nécessaire que c'était le seul moyen de démontrer la vérité de sa proposition, et que Scarpa et les autres auteurs qui ont traité le plus en détail des différentes adhérences des hernies en géné- ral, n'ont rien dit de semblable à ce que M. Villermé a avancé. Fous les écrivains recommandent particulièrement, au contraire, de détruire les adhérences des hernies avec les doigts, et même avec l'instrument tranchant toutes les fois que les doigts ne suflisent pas et qu'on peut employer le bistouri sans danger d'ouvrir l'intestin. Or cette précaution serait parfaitement inutile si, comme le dit M. Villermé, les adhérences se détruisaient d’elles-mêmes. S'il en était ainsi d'ailleurs, les adhé- rences devraient disparaître dans l’intérieur du sac herniaïfe de ces hernies volumineuses et anciennes, comme elles se détruisent, selon M. Villermé, dans l'intérieur de Fabdomen. Cependant l'observation prouve que ces vieilles hernies ont toujours contracté de nombreuses et fortes adhérences, et tous les praticiens les regardent comme plus fâcheuses à opérer par cette raison. M. Villermé assu r que les adhérences des rateslins disparaissent de même à la suite d’une plaie pénétrante dans l'abdomen quand il y a eu inflammation des organes intérieurs; mais nous avons à regretter ici, comme dans le cas des adhérences des hernies, de ne trouver que des assertions au lieu des faits, qui sont cependant absolument né- cessaires pour décider la question. M. Kibes suivant M. Villermé, a fait des recherches sur des cadavres d'hommes qui longÿ-temps avant leur mort avaient été opérés de la hernie, sur d'autres qui avaient eu des plaies pénétrantes à l'abdomen, et il a observé que les traces des adhérences, qui, suivant toutes les apparences, dit-il, avaient existé , étaient enticrement disparues; il n'a pu même rienapercevoir quiindiquât, sur la surface du péritoine et dans son organisatiou , le lieu de l'ancienne solution de continuité. L'opinion de M. Ribes est sans doute d'un grand poids, parce qu'il voit bien et sans prévention; mais elle n'est fondée dans ce cas que sur des probabilités: car 1l est possible qu'il ne se soit pas formé d’adhérence chez les individus qui ont été soumis à l'observation de M. Ribes, et quant à la disposition des cicatrices du périloine , elles peuvent s’eflacer comme celles de toutes les membranes } Cros ) séreuses, sans qu’on puisse tirer de ce fait aucune conséquence pour la disparition des adhérences celluleuses suite de fausses membranes, IL est bien vrai que des indivilus affectés de pleurésie ou de péri- tonite, qui d'abord respiraient avec peine où ressentaient des douleurs dans le ventre pendant leur convalescence, cessent souvent, au bout d'un temps plus où moins long, d'éprouver ces incommodités. Doit-on cependant conclure de cette simple observation que les adhérences qui ont pu se former dans lun et l'autre cas sont alors détruites ? N’est-il pas possible que ces lames celluleuses se soient simplement alongées, comme 1l arrive assez constamment quand elles sont anciennes? ou qu'enfin les organes soient devenus, par l'effet de l'habitude, moins sensibles aux résistances et aux tiraillemens que les brides celluleuses opposent à leur mouvement. Poursuivons, au reste, l’examen des raisons que M. Villermé donne à l'appui de son opinion. Il prétend que les adhérences celluleuses ne se rencontrent que rarement dans l'enfance, qu’elles sont extrêmement communes chez les adultes , qu'elles diminuent dans la vieillesse, et qu’elles n'existent plus ordinairement dans un âge très-avancé. On observe, il est vrai, moins d’athérences chez les enfans que chez les adultes, parce qu'ils sont beaucoup moins exposés anx maladies in- flammatoires qui en sont la cause; mais ce que nous avons eu occasion de voir dans un assez grand nombre de cadavres de vieillards que nous avons ouverts, ne semble pas prouver que les adhérences soient moins Communes chez eux que chez les adultes; on peut s’en con: vaincre d’ailleurs, comme aurait pu le faire M. Villermé lui-même, par la-comparaison des observations de Morgagni, suivant les âves. M. Rayez, élève interne de la maison de santé du faubourg S.-Martin, a bien voulu faire ce relevé comparatif pour les vingt-trois premières lettres seulement de Morgagni. Ii résulte de cet examen que,sur quarante- un vieillards depuis soixante ans jusques à quatre-vinot-dix ans dont Morgagni a indiqué l’état des poumons, vingt-deux ont présenté des ad- hérences plus où moins nombreuses des plèvres, tandis que sur le même nombre de cadavres de jeunes gens âgés de quinze ans à qua- ranle-cinq, dix-huit seulement ont offert des traces d'adhérence: encore est-il bon d'observer que, parmi les vieillards, vingt-deux étaient morts de maladies dépendantes de la tête, tandis que dans le nombre des adultes, douze seulement avaient succombé à des affections cérébrales, et les ving-neuf autres à des maladies de poitrine. Ce rapprochement d'observations prises au hasard dans Morgagni, n’est done nullement favorable à l'opinion de M. Villermé, puisque les adhérences cellu- leuses paraissent plus communes dans la vieillesse, quoique les phleg- imasies des membranes séreuses soient certainement beaucoup plus rares dans un âge avancé que chez les adultes. ( 116 ) Quoique l'opinion sur la disparition des adhérences celluleuses ne paraisse pas d'accord avec les faits, et ne soit appuyée , comme nous venons de le voir, que sur des probabilités, M. Villermé, trop facile- ment convaincu, cherche à expliquer la cause de cette disparition , au moins problématique. par une nouvelle hypothèse. 11 l'attribue prin- cipalement au frottement des organes les uns sur les autres; mais les fausses membranes une fois organisées ne sont point des corps étran- gers soumis aux lois mécaniques, et elles ne peuvent pas plus se dé- truire par le frottement que les replis de l’aracnoide, du mésentère et des membranes en général. L'auteur cherche en vain à rendre cette idée vraisemblable; il remarque que plus les adhérences sont minces ei légères, moins on y trouve de vaisseaux; que plus elles sont an- cienues, et plus elles sont grèles et comme filiformes dans leur milieu, de sorte qu'il suppose que c’est vers le milieu qu’elles doivent se rompre d'abord. S'il en était ainsi, on aurait surpris quelquefois la nature sur le fait, on aurait vu des lambeaux de brides celluleuses ainsi rompues et pendantes dans les cavités splanchniques : or personne n’en a ja- mais aperçu, au moins que nous sachions. Moroaoni, Lieutaud, Portal, Baillie, Fayle, et tous ceux enfin qui ont fait un grand nombre d'ou- verlures de cadavres , n'ont jamais rien observé de semblable; et M. Villermé s’est condamné lui-même en avouant dans sa thèse qu'il n'avait jamais vu de ces brides rompues et pendantes. Nous ne croyons pas, au reste, devoir nous arrêter à réfuter plus complètement des opi- pions qui nous paraissent au moins hasardées. M, Villermé, dans ce Mémoire, s’est laissé entrainer par son imagination loin de la route qu'il avait d’abord suivie avec succès; mais il a prouvé par sa thèse qu'il ne reconnait, comme tous les bons esprits, d'autre méthode dans l'étude de la physiologie et de la médecine, que celle de l'expérience et de l'observation. (1) (1) Voici un fait qui milite puissamment en faveur d'une opinion à laquelle M. Villermé n'a été amené que par induction, et qu'il a présentée comme très- probable. Un anus contre nature, à travers lequel les matières fécales ne passtrent que pendant doue jours, survint à l’aine d'une femme qui avait une hernie crurale, Getie femme élant morte sept mois après, l'ouverture de son cadavre fit voir que l’anse intestinale qui avait été le siége de l'ouverture accidentelle, et que l’on croyait trouver adhérente à la cicatrice, en était distante de quatre à cinq pouces. Une colonne celluleuse semblable aux adhérences isolées des cavités splanchniques, large à ses deux extrémités, Etroite, presque filiforme à son centre, était étendue de la cicatrice à l'anse de l'intestin, avec la cavité duquel elle ne communiquait point. Gette obser- ation a élé faite à l'Hôtel-Dieu de Paris, par M. le professeur Dupuytren. AAA SARA AAA AA C7) Sur le flux ‘et le reflux de la mer ; par M, TLaApLACE. CE phénomène mérite particulièrement l'attention des observateurs, en ce qu'il est le résultat de l’action des astres, le plus près de nous et le plus sensible, et que les nombreuses variétés qu'il présente sont très-propres à vérifier la loi de la pesanteur universelle. Sur l'invitation de l’Académie des Sciences, on fit au commencement du dernier siècle, dans le port de Brest, une suite, d'observations qui furent continuées pendant six années consécutives, et dont la plus grande partie a été publiée par Lalande, dans le quatrième volume de son Astronomie. La situation de ce port est très-favorable à ce genre d'observations. 11 communique avec la mer par un canal qui aboutit à une rade fort vaste, au fond de laquelle le port a été construit. Les irrégularités du mouvement de la mer parviennent ainsi dans ce port très-affaiblies ; à peu près comme les oscillations que le mouve- ment irréoulier d'un vaisseau produit dans le baromètre, sont atténuées par un étranglement fait au tube de cet instrument, D'ailleurs, les marées élant considérables à Brest, les varialions accidentelles causées par les vents n’en sont qu'une faible partie. Aussi l'on remarque dans les observations de ces marées, pour peu qu'on les multiplie, une grande régularité que ne doit point altérer la petite rivière qui vient se perdre dans la rade immense de ce port. Frappé de cette régularité, je priai le gouvernement d'ordonner à Brest, une nouvelle suite d’ob- servations, pendant une pério'> entière du mouvement des nœuds de l'orbite lunaire. C’est ce qu'on a bien voulu faire. Ces nouvelles observations datent du 1er juin de l’année 1806: et depuis cette époque, elles ont été continuées sans interruption jusqu’à ce jour. Elles laissent encore beaucoup à désirer: elles ne se rapportent ni au même endroit du port, ni à la même échelle. Les observations des cinq premières années, ont été faites au lieu qu'on nomme Za Maure : les autres l'ont été près du bassin. J'ai reconnu que ce changement n’a produit que de très-légères différences; mais 1l eut mieux valu sans doute faire toutes les observations au même endroit, et sur la même échelle. Il est temps enfin d'observer ce genre de phénomènes, avec le même soin que les phénomènes astronomiques. J'ai considéré dans ces nouvelles observations, celles de l'année 1807 et des sept années suivantes. J'ai choisi dans chaque équinoxe et dans chaque solstice, les troissyzygies et les trois quadratures, les plus voisines de l'équinoxe et du solstice. Dans les syzygies, j'ai pris l'excès de la haute mer du soir sur la basse mer du matin du jour qui précède la syzygie, du jour même de la syzygie, et des quatre jours qui la suivent; parce que la haute mer arnive vers le milieu de cet intervalle, Livraison d'août. 17 LED COS | pe 1815. Institut, 10 juillet 1815, (118) J'ai fait une somme des excès correspondans à chaque jour, en doublant les excès relatifs à la syzygie intermédiaire, où la plus voisine de l'équinoxe ou du solstice. Par ce procédé, les effets de la variation des distances du soleil et de la fie à la terre se trouvent dé- truils; car si la lune était, par exemple, vers son périgée’ dans la syzygie intermédiaire, elle était vers son apogée dans les deux syzy- gies extrêmes. Les sommes d’excès, qu'on obtient ainsi, sont donc à fort peu près indépendantes des variations du mouvement et de la distance des astres, Elles le sont encore des inégalités des marées, dif- férentes de l'inégalité dont la période est d'environ un demi jour, et qui, dans nos ports, est beaucoup plus grande que les autres; car, en considérant à la fois les observations aux deux équinoxes ét aux deux solstices, les effets de la petite inégalité dont la période est à peu près d’un jour, se détruisent mutuellement. Les sommes dont il s'agit sont donc uniquement dues à la grande inégalité. Les vents doïvent avoir sur elles peu d'influence; car s'ils élevent la haute mer, ils doivent également soulever la basse mer. J'ai déterminé la loi de ces sommes pour chaque année, en observant que leur variation est à fort peu pres proportionnelle au quarré de leur distance en temps au muximunr; ce qui m'a donné ce maximum, sa distance à là moyenne des heures des marées syzygies, et le coefficient da quarré du temps, dans la loi de la variation. Le peu de différences que présentent à l'égard de ce cocflicient, les observations de chaque année, prouve la répularié de ces observations ; et d’après les lois que j'ai établies ailleurs, sur la probabilité des résultats déduits d’un grand nombre d'observations, on peut juger combien les résultats, délerminés par l’ensemble des Ÿ observations des huit années, approchent de la vérité. J'ai considéré de la même manière les marées quadratures, en prenant les excès de a haute mer du matin, sur la basse mer du soir du jour même de la quadrature et des trois jours qui la suivent, L’accroissement des marées, à partir du ménimu:r, élant beaucoup plus rapide que leur diminution à partir du maximum; Jai dû res- treindre à un plus petit intervalle, la loi de variation proportionnelle au quarré du temps. Hans tous ces résultats, l'influence des déclinaisons des astres sur les marées et sur la loi de leur variation dans les syzygies et dans les quadratures, se montre avec évidence. En considérant par la même méthode, dix-huit marées syzyÿtes équinoxiales, vers le périsée et vers l'apogée de la lune; l'influence des changemens de là distance lunaire sur la hauteur et sur la loi de variation des marées se mani- feste avec la même évidence. C’est ainsi qu'en combinant les obser- valions, de manière à faire ressortir chaque élément que l’on veut connaitre, on parvient à démêler les lois des phénomènes, confondues dans les recueils d'observations. ; Cr19 ) Après avoir présenté les résultats dont je. viens de parler, je les compare à la théorie des marées , exposée dans le quatrième livre de la Mecanique céleste. Cette théorie est fondée sur un principe de dynamique qui la rend très-simple et indépendante des circonstances locales du port, circonstances trop compliquées pour qu'il soit possible de les soumettre au calcul. Au moyen de ce principe, elles entrent comme arbitraires dans les résultats de l'analyse, qui doivent ainsi re- présenter les observations, si la gravitation universelle est en effet la véritable cause du flux et du reflux de la mer. Voici quel est ce principe: L'état d’un systéme de corps dans lequel les conditions primitives du mouvement ont disparu par les résis/ances qu'il éprouve, est périodique comme les forces qui l’animent. En réunissant ce principe à celui de la coexistence des oscillations très-petites, je suis parvenu à une ex- ression de la hauteur des marées, dont les arbitraires comprennent l'effet des circonstances locales du port. Pour cela, J'ai réduit en séries de sinus et de cosinus d’angles croissans proportionsellement au temps, l'expression génératrice des forces lunaires et solaires sur l'Océan. Chaque terme de la série peut être considéré comme représentant l'action d'un astre particulier qui se meut uniformément et à une distance constante, dans le plan de l'équateur. De là naissent plusieurs espèces de flux partiels, dont les périodes sont à peu près d’un demi- jour lunaire, d’un jour, d'un mois, d’une demi-année, d’une année, enfin de dix-huit ans et deini, durée du mouvement périodique des nœuds de l'orbite lunaire. . J'ai comparé, dans le livre cité de la Mécanique céleste, cette théorie aux observations faites à Brest au commencement du dernier siècle, et j'ai déterminé les constantes arbikaires relatives à ce port. I] était curieux de voir si ces conslantes se retrouvent les mêmes par les observations faites un siècle après, ou si elles ont éprouvé quelque altéralion par les changemens que les opérations de la nature ét de l'art ont pu produire au fond de la mer, dans le port et sur les côtes adjacentes. 1l résulte de cet examen, que les hauteurs actuelles des marées, dans le port de Brest, surpassent d'un quarante-cinquième environ les hauteurs déterminées par les observations anciennes. Une partie de cette différence peut venir de la distance des points où ces observations ont été faites : une autre partie peut être attribuée aux erreurs des observations; mais ces deux causes ne me paraissent pas suffisantes pour produire la différence entière qui indiquerait avec une grande probabilité, un changement séculaire dans l’action du soleil et de la lune sur les marées à Brest; si l’on était bien assuré de l'exactitude des graduations de l’ancienne échelle, en tenant compte de son ineli- raison à l'horison. Mais l'incertitude où l'on est à cet égard, ne permet pas de prononcer sur ce changement, qui doit à l'avenir fixer Fattention des observateurs, Du reste, on sera surpris de l'accord des observas 1815. ( 126 ) tions anciennes et modernes entre elles et avec la théorie, par rapport aux variations des hauteurs des marées dépendantes des déclinaisons et des distances des astres à la terre, et aux lois de leur accroissement et de leur diminution, à mesure qu’elles s'éloignent de leur maximum et de leur minimum. Je n'avais point considéré, dans la Mécanique céleste, ces lois relativemeut aux variations des distances de la lune à la terre. Ici je les considère, et je trouve le même accord entre les obsérvalions et la théorie. Le retard des plus grandes et des plus petites marées sur les instans des syzygies et des quadratures, a été observé par les anciens eux- mêmes, comme on le voit dans Pline le naturaliste. Daniel Bernouilli, dans sa pièce sur le flux et le reflux de la mer, couronnée en 1749, par l’Académie des Sciences, attribue ce retard à l'inertie des eaux, et peul-être encore, ajoute-t-il, au temps que l’action de la lune em- ploie à se transmettre à la terre. Mais j'ai prouvé, dans le quatrième livre de la Mécanique céleste, qu'en ayant égard à l'inertie des eaux, les plus grandes marées coïncideraient avec les syzygies, si la mer recouvrait régulièrement la terre entière. Quant au temps de la trans- mission de l'action de la lune, j'ai reconnu par l’ensemble des phé- nomènes célestes, que l'attraction de la malière se transmet ayec une vitesse incomparablement supérieure à la vitesse même de la lumière, 1° faut donc chercher une autre cause du retard dont il s'agit. J'ai fait voir dans le livre cité, que cette cause est la rapidité du mouve- ment de lastre dans son orbite, combinée avee les cireonstances locales du port. J'ai remarqué de plus, que la même cause peut ac- croitre le rapport de l’action de la lune sur la mer, à celle du soleil; et j'ai donné, pour reconnaître cet accroissement par les observations, une méthode dont voici l’idée. Supposons le mouvement du soleil uniforme: Si l’on ne considère que in grande inégalité des marées dont la période est d'environ un demi-jour; la marée solaire se décompose à fort peu près en deux autres qui sont exactement celles que produraient deux astres mus uniformément, mais avec des vilesses différentes, dans le plan de l'équateur, à la moyenne distance du soleil à la terre. La masse du premier astre est celle du soleil, multipliée par le cosinus de l'incli- naison de l'écliptique à l'équateur : son mouvement est celui du soleil’ dans son orbite. Le second astre répond constamment à l'équinoxe du printemps, et sa masse est celle du soleil, multipliée par ld moitié’ du quarré du sinus de l’obliquité de l’écliptique. A l'équinoxe, ces astres sont en conjon-tion, et la marée est la somme des marées produites par chacun d'eux : au solstice, lés astres sont en quadrature, et la marée est la différence de ces marées partielles. Les observations de la marée solaire dans ces deux pointaÿ feront donc connaitre le: rapport des marées partielles, et par conséquent le rapport des actions PAR RE et Un» VOS re “mé. ( rar } des astres sur l'Océan ; et en le comparant au rapport de leurs masses, on déterminera l'accroissement qu'y produit la différence de leurs mouvemens. Cet accroissement est presque insensible pour le: soleil, x cause de la lenteur de son mouvement; mais il est sensible: pour la lune dont le mouvement est treize: fois plus rapide , et dont Faction sur la mer est prés de trois fois plus grande. En comparant , dans le quatrième livre de la Mécanique céleste, les observations des marées équinoxiales et solsticiales dans les syzy- gies et dans les quadratures, je fus conduit par cette méthode à un ac croissement d'un dixième au moins dans le rapport de l’action de la lune à celle du soleil; mais je remarquai qu'un élément aussi délicat devait être déterminé par un plus grand nombre d'observations. Le recueil des observations modernes n'a procuré cet avantage. Ces observations, employées en nombre double, confirment l'accroissement indiqué par les observations anciennes, et elles le portent à un neuvième à peu près. Une autre méthode fondée sur la comparison des marées vers l'apogée et le périgée de’ la lune, et appliquée aux observations tant anciennes que modernes, conduit encore à un résultat semblable. Ainsi l'accroissement de laction des astres sur les marées, dans le port de Brest, ne doit laisser aucun doute. J'ai déterminé ainsi le: rapport des actions. lunaire et solaire, cor rigé de l'effet des circonstances locales. Ce rapport est important dans l'astronomie, en ce qu'il détermine les valeurs de la nutation et de l'équation lunaire du mouvement du soleil, Newton et Daniel Bernoudli l'avaient déduit des phénomènes des marées, mais sans avoir égard à la correction dont je viens de parler, et qu'ils ne soup- connaient pas. Le rapport que j'ai conclu de l’ensemble des observas tions, donne la masse de la lune, ésale à -© de celle de la terre; il donne ensuite en secondes sexagésimales, 0”,7 pour la nutation, ce qui ne surpasse que d’un dixième de seconde, la nutation déterminée par les observations de Maskeline. Ce même rapport donne 7,5 pour la valeur de l'équation lunaire des tables du soleil, ce qui est exac- tement celle que Delambre a’trouvé directement par un grand nombre d'observalions dé cet astre. A la vérité cette valeur suppose la pa- rallaxe moyenne du soleil égale à 8”,59, telle que je l'ai déduite de ma théorie de la lune, comparée à l'inégalité du mouvement lunaire connue sous le nom d’inégalité parallaclique, et que Burckardt a déterminée au moyen d'un très-2rand nornbre d'observations. Mais Ferère, savant astronome espagnol, vient de confirmer cette parallaxe, par un nouveau calcul des passages de Vénus en 1769, dans lequel il a rectifié par ses propres observations, la longitude et la latitude des licux où ce passage a été observé en Amérique. L'accord de toutes ces valeurs, déterminées par des phénomènes aussi disparates, est une nouvelle confirmation du principe de la gravitation universelle. 1815. Bociété philomat, Avril 1815, ( 122) Les résultats des observations étant toujours susceptibles d'erreurs, il est nécessaire de connaître la probabilité que ces erreurs sont con- tenues dans des limites données. On concoit, à la vérité, que la probabilité restant la même, ces limites sont d'autant plus rapprochées, que les observations sont plus nombreuses et plus concordantes entre elles. Mais cet aperçu général ne suffit pas pour assurer l'exactitude des résultats des observations , et l'existence des causes régulières qu’elles paraissent indiquer. Quelquelois même, il a fait rechercher Ja cause de phénomènes qui n'étaient que des accidens du hasard. Le calcul des probabilités peut seul faire apprécier ces objets, ce qui rend son usage de la plus haute importance dans les sciences phy- siques et morales. Les recherches précédentes m'offraient une occasion trop favorable d'appliquer à l’un des plus grands phénomènes de la palure , les nouvelles formules auxquelles je suis parvenu dans ma Théorie analytique des probabilités, pour ne pas la saisir. J'expose ici avec étendue, l'application que j'en ai faite aux lois des marées. Mon but a été, non seulement d'assurer, la vérité de ces lois, mais encore de tracer la route qu'il faut suivre dans ce genre d'applications. Parmi ces lois, les plus délicates sont celles de l'accroissement et de la dimi- nution des marées vers leur z2aximum et leur rninimum, et l'influence qu'exercent à cet égard, les déclinaisons des astres et la variation de leurs distances à la terre. On verra que ces lois sont délerminées par les observations, avec une précision et une probabilité extrêmes; ce qui explique l'accord remarquable des résultats des observations mo- dernes, avec ceux que les observations anciennes m'avaient donnés, et avec la théorie de la pesanteur. Suivant cette théorie, l’action de la lune sur la mer suit la raison inverse du cube de sa distance au centre de la terre; et celte loi représente les observations des marées avec une telle exactitude, qu’on aurait pu remonter par ces obser- vations seules, à la loi de l'attraction réciproque au quarré des distances. C5 552 Expériences de MM, BREWSTER et BIOT sur les larmes bataviques, Les larmes bataviques sont des gouttes de verre qu'on a laissé tomber dans une masse d'eau froide pendant qu’elles étaient en fusion. L'action réfrigérante de l’eau agissant d'abord sur leur surface, la congèle quand leur centre est encore rouge, comme on peut s'en assurer en les formant dans l'obscurité; car on les voit encore rouges au inilieu de l’eau. Lorsque leur couche extérieure est ainsi solidifhiée | | | (123) sur ce moule. rouge, et par conséquent plus dilaté qu'il ne le sèra par la suite, les couches intérieures, à mesure qu’elles se refroidissent , sont contraintes de se conformer aux dimensions quien résultent; et les particules qui les composent, en se distribuant pour y satisfaire, prennent des arrangemens différens de ceux qu’elles auraient pris si foule la masse eût: été soumise à un refroidissement lent et simultané, Si la nature des particules du verre lui permettait de se dilater beau- coup par le seul changement de leur aggrégation, comme il paraît que cela a lieu pour l’eau quand elle approche de l’état de glace, 1l résultérait de ces circonstances un véritable état de cristallisation dans lequel toutes les particules seraient arrangées symétriquement, de manière à remplir tout l’espace qu'on leur Vivre; mais il n’en est pas ainsi, car, dans la partie la plus épaisse de la goutte, qu'on pour- rait appeler le ventre, on observe toujours des vides plus où moins mulliphiés; et peut-être que la rapidité du refroidissement, commu- niqué même aux couches centrales, contribue aussi à produire ces vacuoles. Néanmoins il reste encore destraces manifestes d'un arrange- meut de molécules déterminé, quoiqu’a la vérité fort peu stable ; car si l'on casse le bec de la goutte, elle se brise aussitôt, avec explosion, el se disperse en une multitude infinie de petits fragmens, comme une voûte dont les voussoirs seraient simplement posés à côté les uns des autres, et dont on ôterait tout à coup la clef. Mais le ventre de la goutie est susceptible d'épreuves beaucoup plus rudes; il peut supporler de forts coups de marteaux sans se rompre, et l’on peut aussi l’user et le polir comme le verre ordinaire, quoique avec plus de difficulté, parce que la matitre qui le compose est beaucoup plus dure, D'après la constitution de ces gouttes, ïl était naturel de penser qu'elles agiraient sur Ja lumière comme toutes les autres substances dont les molécules affectent un certain ordre déterminé dans leur arrangement : c’est en effet ce que M. Brewster a le premier observé. Si l'on fait passer un rayon de lumière polarisée à travers une telle goutte, et qu'on l'analyse ensuite avec un prisme de spath d'Islande, on trouve qu'il a éprouvé les mêmes modifications que s'il avait tra- versé un corps cristallisé, mais dont le sens de cristallisation varierait irrégulèrement dans les diverses parties de la masse. Les faisceaux dans lesquels le rayon émergent se décompose sont colorés, comme ils Le sont toujours quand la force polarisante est peu énergique, ou lorsque des forces, même énergiques, se sont presque exactement compensées dans les effets successifs de leur action. De plus, les couleurs des faisceaux partiels varient subitement et sans aucune loi lorsqu'on fait passer successivement le rayon lumineux par différentes parties de la masse vitreuse. Tout cela convient parfaitement à un arrangement de molécules imparfaitement irrégulier. 1815. MÉDECIixE. (324) En considérant l’analogie qui existe entre le procédé par lequel on forme les larmes bataviques, et l'opération de la trempe, analogie confirmée par les rapports de dureté et de fragilité que le verre pré- paré de cette manière semble avoir avec l'acier trempé, je fus conduit à penser qu'on pourrait aussi détremper les larmes bataviques par le recuit, et les ramener ainsi à l'état de verre ordinaire, tant pour leurs qualités physiques que pour leur action sur les rayons lumi- neux, C’est en effet ce que l'expérience a parlaitement confirmé. Ayant choisi plusieurs de ces larmes dont j'avais observé l'action sur la lumière polarisée, je les ai chauflées lentement à un feu doux, jusqu'à ce qu'elles commencassent à rougir, et ensuite je les ai laissé refroidir lentement dans l'air. Après cette opération, j'ai essayé de casser l'extrémité de leur bec; mais cette rupture, qui auparavant les eût fait voler en éclats, n'eut alors aucune suite pareille, Je fis de nouveau polir leur surface, qui avait pris beaucoup de rugosités dans la dilatation de la matière et son retrait sur elle-même ; mais en les faisant traverser de nouveau par un rayon polarisé, je vis qu’elles n'avaient plus aucune influence pour imprimer à ses axes une dé- viation définitive, pas plus que n’en a un morceau de verre ordinaire dont la masse a été refroïdie uniformément. En conséquence, je dus conclure que le recuit avait fait perdre aux molécules l'arrangement forcé, et par cela même en partie régulier, que le refroidissement subit de leur enveloppe leur avait fait prendre, et qu'il avait ainsi détrempé les gouttes vitreuses comme il aurait détrempé un morceau d'acier. RAS ARS SR AS AS Extrait d'une Thèse sur l'odorat, soutenue à la Faculié de Médecine de Paris; par M, Hipp. CLOQUET. En penors du trou sphéno-palatin est un ganglion nerveux, rou- geâtre, un peu dur, triangulaire ou cordiforme , COnvexe dans sa surface externe, aplati du côté interne , et décrit pour la première fois par Meckel. Ce petit corps, plongé dans le tissu cellulaire adipeux de la fente ptérygo - maxillaire , est tellement enfoncé entre les os, que sa préparation exige beaucoup d'adresse et de grandes précautions, On l'a nommé ganglion de Meckel ou sanghon sphéno-palatin; mais Bichat est porté à croire que c'est un simple rentlement nerveux duquel émanent des filets secondaires, M. Cloquet regarde ce ganglion comme absolument analogue aux autres ganglions nerveux ; il se fonde sur les raisons suivantes : 12 tout ganglion est un petit centre nerveux ; de la périphérie duquel partent des filets qui vont s'anastomoser avec les nerfs voisins, ou se (125) perdre dans le tissu des organes; 2.° on ne voit jamais aucun nerf fournir un rameau qui, à sa séparation du tronc, forme un angle aigu en arrière et obtus en avant, de manière à suivre une marche rétro- grade à celle du tronc lui-même; 3.° tous les ganglions communiquent entre eux par des filets nerveux; 4.° leur structure, facile à recon- naître, est tout-à-fait particulière. Or le ganglion sphéno-palatin envoie des filets dans tous les sens aux nerfs et aux organes voisins; il ne peut pas être, comme on l'a prétendu, un renflement de deux filets du nerf maxillaire supérieur qui descendent vers la fosse ptérigo-maxillaire, puisque ces filets, séparés supérieurement, ne forment qu’un rameau simple inférieure- ment, et qu'aucun n’est dans ce cas. Constamment en effet, en s’éloi- gnant du tronc, les filets d'un nerf ont coutume de se subdiviser et non de se réunir; il faut remarquer, en outre, que ceux dont il s’agit descendent dans un sens contraire à la marche du nerf; d’où l’on peut conclure que c’est une ramification simple, émanée du ganglion, qui va, dans un sens rétrograde, s'unir au nerf maxillaire supérieur, et qui se bifurque en chemin. Ce petit corps communique d'ailleurs avec tous les ganglions les plus voisins; ainsi, par le rameau supérieur du nerf vidien qui, dans l'intérieur du rocher, constitue la corde du tympan, il a des rapports avec le petit ganglion de la glande sous- maxillaire; par le rameau inférieur du même nerf, il communique avec le ganglion caverneux et avec le ganglion cervical supérieur; par le nerf naso-palatin, il va rejoindre un autre ganglion, que M. Cloquet a découvert dans le trou palatin antérieur. Celui-ci est une petite masse rougeâtre fongueuse, un peu dure et comme fibro-cartilagineuse, plongé dans un tissu cellulaire grais- seux, etsilué au milieu du canal palatin antérieur au point de réunion de ses deux branches; sa forme la plus ordinaire est celle d’un ovoide, dont la grosse extrémité, tournée en haut, recoit les deux rameaux naso-palalins, tandis que la petite émet par en bas un ou deux filets qui sont transmis à la voûte palatine par de petits conduits osseux particuliers ; là ils se perdent en se ramifiant et en s'anastomosant avec les branches du nerf palatin. De cette sorte le ganglion palatin antérieur a une double communication avec le ganglion sphéno-palatin, l’une à l'aide du nerf naso-palatin, l’autre par le moyen du nerf proprement dit. La dissertation de M. Cloquet renferme, à peu près, tout ce qu'il y a de connu sur les odeurs, sur le sens et les organes de l’odorat ; on trouve aussi des faits nouveaux. (1) F. M. (1) À Paris, chez Crochard, Libraire, Livraison d'août. 18 | 1812. Boranique, Duvyrage nouveau. (126 ) General remarks geographical and systematical en the botany of Terra Australis, où Remarques générales géographiques et physiques sur la botanique de la Terre Australe; par Robert Brown, etc. Extrait par M. Auguste DE SAINT-HILAIRE. Les plantes de la Terre Australe (x) connues jusqu’à présent, sont au nombre de 4160, dont 2900 dicotylédones, 860 unilobées, et 400 acotylédones, en y comprenant les fougères. … Le nombre des dicotylédones de la Terre Australe est donc à celui des monocotylédones comme un peu plus de 6 à 2, ou un peu moins de 7 à 2, tandis que les bilobées et les monocotylédones recueillies jusqu'ici dans les autres parties du globe, sont entre elles comme 9 à 2. M. Brown a inutilement cherché la raison de cette diflérence. De la comparaison d’un grand nombre de Flores, il résulte que depuis l'équateur jusqu’au 30€ degré de latitude nord, les dicotylédones sont aux monocotylédones à peu près comme 5 est à r ; que le nombre des dicotylédones diminue graduellement à mesure qu’on s'éloigne de l'équateur ; et qu’enfin au Gore degré de latitude nord et au 55° latitude sud, les bilobées atteignent à peine la moitié de la proportion dans laquelle elles croissent entre les tropiques. Par une singularité remarquable, les diverses contrées de la Terre Australe s'écartent aussi entre elles des proportions qui viennent d'être indiquées. Ainsi, sous un parallèle compris entre-les 53 et 55e degrés de latitude sud, et que l’auteur appelle le parallèle principal, les dicotylédones sont aux monocotylédones comme 5 à r ou comme 15 à 43 et à l'extrémité méridionale de l'ile de Van Diémen, au 45e degré de latitude sud, où les dicotylédones devraient être moins nom- breuses, elles sont au contraire aux monocotylédones dans le rapport de 4-à, 1. Toutes les plantes de la Terre Australe peuvent être rapportées à cent vingt familles naturelles. L'auteur passe en revue, tant sous le rapport de la géographie que sous celui de la botanique, celles de ces familles qui lui ont offert quelques observations intéressantes. Malvacées. Les Malvacées, suivant l’auteur, peuvent être considérées comme une classe naturelle qui renferme plusieurs ordres, savoir : les Malvacées proprement dites. les S/erculiées, les Chilénacées, les Tiliacées, et uüe nouvelle famille très-voisine de ces dernières, qui se nuance avec elles, età laquelle M. Brown donne le nom de Buttneriacées. 1) Sous le nom de Terre rerrals (Terra Australis) , M. Brown comprend L Nouvelle Hollande, les petites iles adjacentes, et l'ile de Van Diémen, | Cis7) : Butineriacces. Les plantes de ce groupe appartiennent à plusieurs genres encore inédits, aux Æbroma, aux Commersonia, et enfin au enre Lasiopetalum, placé autrefois parmi les ÆEricées, puis parmi es Frangulacées. Dilleniacées. M. Brown regarde les Magnoliées et les Dilléniacées comme deux ordres d'une classe naturelle. Presque toujours parfai- tement distincts, ces ordres se nuancent cependant quelquefois, et il est difficile de fixer entre eux des limites bien précises. Ainsi les stipules des Magnolises se retrouvent dans le Wormia; quelques Dilleniacées ont des ovaires en nombre indéterminé, et il existe des Magnoliées à un seul ovaire. 11 faut rapporter aux Dilleniacées non seulement les genres Dillenia, Wormia, Hibbertia, Candolea, mais encore le Tetracera et le Curatellu, comme l'avait pensé M. de Jussieu, et de plus le Pleurandra et V Hemistema. Pittosporées. M. Brown pense que lesgenres Pirtosporum, Bursera, Billardiera, rapprochés par les auteurs des Celastrinées ou des Fran- gulacées, n’ont aucun rapport avec ces familles, et, sous le nom de Pirtosporées, il en forme un groupe particulier, auquel il rattache quelques autres genres inédits de la Nouvelle Hollande. Polygalées. Les botanistes francais ont cru devoir exclure le genre Polygala de la famille des Rhinanthées, et l'ont rejetté parmi les Polypetales. Adanson, suivant M. Brown, a donné une idée parfai- tement juste du Polygala, en supposant que dans ce genre, comme dans le Securidaca, qui n’en doit pas être éloigné, la corolle , en appa- rence monopélale, est réellement composée de trois pétales unis en- semble par le moyen des filamens soudés. Outre ces trois pétales réunis, On trouve dans le Securidaca les rudimens de deux autres pétales qui ont échappé à Adanson; et il existe un genre inédit voisin du Securidaca qui s'approche encore plus que lui de la régularité, car il a cinq pétales de même grandeur soudés également par l'intermédiaire de cinq filamens monadelphes. Les caractères essentiels de la famille des. Polygalées, à laquelle appartiennent le Xrameria, le Monina le Salomonia, doivent se tirer de la soudure des pétales due à la réunion des élamines, de l'irrégularité de la corolle, de son insertion hypogyne, et enfin de la structure des anthères, qui sont simples et s'ouvrent par leur sommet, Trémandrées. Le genre Tetratheca, et un autre encore inédit, que l'auteur appelle Tremandra, doivent, suivant lui, coustituer un petit groupe parliculier. Les Trémandrées Sont lrès-voisines des Polygalées mais elles s’en distivguent par la régularité de la fleur, par la structure des anthères, par la manière dont le calice et la corolle sont pliés avant leur développement, par l’appendice terminal et non basilaire | 10415: @ra8 ) de la semence, enfin par une sorte de tendance à produire des ovules en nombre indéfini. Diosmées. M. Brown pense que la première section des Ruracées de Jussieu doit former un groupe particulier qui portera le nom de Zygophyllées. Sous celui de Diosmées, il établit un autre groupe, composé principalement des genres Diosma, Fagara, Xanthoxylum, Jambolifera, Pilocarpus, Emplevrum, Dictamnus, etc. Quant aux genres Ruta et Peganum, on pourra les placer à la suite des Diosmées ; mais comme ils ne donneraient qu'une idée imparfaite de cette famille, dont ils s'écartent par leur port et par leur organisation, M. Brown a cru que ce n'était pas de ces genres qu’il fallait emprunter le nom de la famille dont il s’agit, et c'est ce qui l'a porté à supprimer la dénomination de Rutacees. La plante la plus remarquable de la fa- mille des Diosmées a été figurée imparfaitement dans le Voyage de Dampier; ce qu'on prendrait chez elle pour une corolle et pour un calice, n'est réellement qu’un double involucre où sont contenus plusieurs fleurs, et l'enveloppe particulière de chacune se trouve réduite à quelques écailles placées irrégulièrement, mais dont les pislils et les étamines présentent lous les caractères des Diosmées. Un autre genre du même ordre offre des élamines en nombre indéfini évidem- ment pérygines, caractère singulier dans une famille où l'insertion est généralement hypogyne. (1) Myriées. C'est une des familles les plus nombreuses de la Terre Australe, et elle y présente des modifications plus singulières que dans aucune autre contrée. Le genre Æucalyptus, dont on ne trouve qu'une espèce hors de la Terre Australe, en ofire environ cent dans cette partie du globe, et il forme à lui seul plus des quatre cinquièmes des forêts qui la couvrent. L’Eucalyptus globulus, et une autre espèce du midi de l’ile de Van Diémen, s'élèvent à la hauteur de cent cinquante ieds (anglais), et n’en ont pas moins de vingt-cinq à quaranie à la ase de leur tronc. Cunoniacées. Sous ce nom l’auteur indique comme formant une famille particulière, quelques genres réunis autrefois aux Saxi/ragées, et qui s’en distinguent infiniment moins par les caractères de la fruc- tification que par un port tout-à-fait différent. Les genres qui doivent entrer dans le groupe des Cunoniacées sont les #Feinmannia, Cunonia , Ceratopetalum, Calycomis et Codia. Le Bauera fera également partie de cet ordre, mais il y formera une section séparée, A e (1) Dans une famille voisine des Diosmées , celle des Caryophillées, M. Auguste de Saint-Hilaire a aussi trouvé une plante, le Larbrea aguatiea (Stellaria aguatica, Lam.), qui présente des étamines périgynes au milieu de genres où l'insertion est hypogyne. Ce caractère, malgré sa haute importance, n'est danc pas sans exception, C129 ) Rhizophorces. M. Brown ne croit point, comme M. de Jussieu, que les genres Rhizophora et Bruguiera doivent être rapprochés du Loranthus et du Viscum; il pense que le Loranthus a quelque afhnité avec les Protéacées, et il propose de grouper le Rhizophora, le Bruguiera et le Carollia sous la dénomination de Rizophorées. Cet ordre, suivant l’auteur, se rapprochera des Cunoniacces par ses feuilles opposées et ses stipules intermédiaires, mais il en diffère par son embryon et son périsperme. Haloragées. Cette famille est très-voisine des Onagraires, dont elle a fait autrefois partie. IL est très-diflicile de caractériser les Haloragées d'une manière précise, mais on pourra s'en faire une idée juste, en considérant comme type de cette famille le genre Haloragis (Cercodea), dont tous les autres différent seulement par des suppressions de parties ou par la séparation des sexes. (1) Légumineuses. Suivant l'auteur , les Zégumineuses peuvent être considérées comme une classe qui se divise en trois ordres, les Mimosées, les Lomentacées et les Papillonacées. Les premières com- prennent le genre Ménosa de Linné, l’Adenanthera et le Prosopis. Elles se distinguent des deux autres ordres par leurs élamines hypo: gynes, par la coustante régularité de leur corolle, et par la manière dont les pétales sont pliés avant leur développement. Presque tous les Mimosa de la Terre Australe appartiennent à la section du genre Acacia de Willdenow, où un pédoncule dilaté remplit les fonctions des feuilles. Les Lomentacées forment le second ordre des Légumineuses, et comprennent {ous les genres qui, avec des étamines pérygynes, ont une corolle irrégulière, sans être papillonacée, et un embryon droit, caractère qui leur est commun avec les Mimosées, mais qui, parmi les Papillonacces, ne se retrouve plus que dans l’Ærachis et dans le Cercis. Athérospermées. Jussieu avait rapporté les genres Paroma ct Athe- rosperma à la fanulle des Moninées; mais M. Brown fait observer qu'ils en différent par leurs anthères semblables à celles des Laurinées, par l'insertion de la semence, par la nature du périsperme, par les dimensions de l'embryon, et il propose d'en former un groupe parti- culier, sous le nom d’Ætherospermées. Frangulacées. L'auteur n’admet dans cette famille que les genres où le calice est plus ou moins adhérent, les étamines en nombre égal à (1) Cette famille n’est point nouvelle pour les botanistes français. Depuis long-temps M. Richard l’a fait connaître sous le nom d’Hygrobiées, et M. de Jussieu l'avait indiquée dans son Herbier sous celui de Cercodéennes. M. Auguste desSaint-Hilaire a iaté les Cercodeennes entre les Combrétacées et les véritables Oragraires. Livraison de septembre. 19 U 119493 {130 ) ses divisions, l'ovaire à deux ou trois loges monospermes, les ovules dressés, et enfin l'embryon droit sans périsperme, ou plus souvent placé dans l'axe d’un périsperme charnu. Ces caractères sont ceux des genres Rhamnus, Ziziphus, Paliurus, Ceanothus, Colletia, Cryptandra, Plhilica, Gouaniu, Ventilago, el probablement Hovenia. Les Fran- gulacées ont beaucoup de rapport avec les Burinériacées, et par con- séquent il existe aussi une certaine affinité entre les premières et les Malvacées. | Celastrinées. Ce nouvel ordre comprend à peu près les deux pre- mières sections de la famille des Nerpruns de Jussieu; il est très- différent des Frangulacées telles quelles se trouvent circonserites aujourd'hui, et peut-être doit-on les réunir aux Hippocraticees. Szackhousées. Le genre Stackhousia et un autre encore inédit for- ment, suivant M. Brown. un petit groupe particulier, qui doit être placé entre les Célastrinces et les ÆEuphorbiacees. Euphorbiacées. M. Brown pense, avec les botanistes francais, que les parties qui, dans ce genre, avaient été appelées par Linné calice et corolle, forment un véritable involucre, au centre duquel est une fleur femelle entourée de plusieurs fleurs mâles. Cependant ce qui était un calice pour les auteurs français n’est pour lui qu’une bractée, et ce qu'on a ecnsidéré simplement comme un filament d'étamine artienlé, serait composé de deux parties bien distinctes, un pédoncule et la fleur proprement dite dépourvue de calice et réduite à une seule étamine. Cetleopimon, que M.de Jussieu semblerait avoir déjx eue, se trouve confirmée, dit M. Brown, par la découverte d’une Ezphorbiacée de la Nouvelle Hollande, qui, dans un involuere à peu près semblable à celui des £wphorbia, présente plusieurs faisceaux de fleurs mâles à une seule étansne autour d'une fleur femelle, mais où chaque fleur mâle et la fleur femelle offrent un véritable calice résulièrement lobé, l’une x l'arivutation. de son. prétendu filament, et l'autre au sommet de sou pédicule.. Ombellifères. C’est dans le parallèle principal qu'on a trouvé les deux genres les plus: singuliers de ceite famille, lAciirorus, dont l'ovaire ne renferme qu'un: seul ovule même avant Ja fécondation, et le Leucolæna, dont les espèces présentent loutes les nuances inter= médiaires entre l’ombelle la plus composée et un simple rayon uniflore, muni cependant d'un involuere et d'une involucelle, Composces. Un des principaux caractères des Composées se trouve, suivant M. Brown, dans la disposilion des nervures de la corolle qui allernent avec ses divisions au lieu de passer dans leur milieu, et qui se pariagent au semmet du tube en deux branches destinées à suivre les bords des deux divisions voisines: Dans plusieurs genres, d'autres 131 ) ervures passent par le milieu des divisions (1); mais M. Brown les regarde comme secondaires; ayant observé dans le Xanthium et Ÿ_Am- brosia la même disposition de nervure que dans les Composées, il pense que ces genres n'en doivent pas être séparés, et au contraire il en éloigne le Brunonia, où cette disposition ne se retrouve pas. -Goudenovices. Depuis que l’auteur a établi cette famille, MM. de Jussieu et Richard ont cru devoir y joindre le genre Lobelia, et ils ont changé le nom de Goudenoriées en celui de Lobéliacées. M. Brown persiste à croire que les Lobelies doivent rester parmi les Campanu- dacées, parce que la fente du tube de la corolle se trouve à sa partie supérieure dans les Goudenoriées, et à la partie inférieure dans Îles Lobelia; que chez les Goudenoviées la Corolle’ est composée de cinq pétales quelquelois libres, plus souvent soudés, mais dont les bords sont souvent encore visibles; parce que la collerette stigmatique de ces plantes n’a peut-être pas le même usage que les poils du stigmate des Lobélies, et qu’enfin les Goudenoviées sont dépourvues de suc laiteux. M. Brown avait dit que dans les genres Euthales et Velleia Ja base de la corolle adhérait avec l'ovaire, tandis que le calice restait libre. M. Richard a combattu cette opinion, en faisant considérer comme des bractées dans le Felleia ce que M. Brown appelait un calice. Celui-ci répond aujourd’hui que si l’on peut être tenté de re- garder comme des bractées les trois folioles calicinales de quelques Velleia, on ne saurait guère considérer comme telles le calice tubuleux de l’£uthales, et il ajoute que. dans le genre Goodenia, où personne n'est embarrassé pour déterminer ce qui est calice et corolle, certaines espèces laissent voir entre les divisions du calice, la corolle colorée qui adhère jusqu’à sa base avec l'ovaire. Stylidiées. M. Brown, dans son Prodromus, avait décrit le stismate des Szylidiées comme terminant leur colonne sexuelle composée d’un androphore et du style soudés ensemble. M. Richard, au contraire, a cru voir dans la colonne du Szylidium un simple androphore; suivant lui, le style est soudé avec le tube de la corolle, et les appendices latéraux du Zabellum forment le véritable stigmate. Malgré l'autorité de ce savant, M. Brown croit devoir persister dans son ancienne opi- nion : il dit que, sur des échantillons frais, rien n’est plus facile à voir que le stigmate terminal des Sry/idium ; il ajoute que cet organe qui termine aussi la colonne sexuelle du Leusenhookia y est plus visible encore, parce qu'il est formé de longues lanières qui, à aucune épo- que, ne sont cachées par les anthères; enfin il assure que la partie (1) Ce caractère singulier avait été annoncé à la première classe de l’Institut dès le 12 juillet 3813, par M. Henri de Cassini, Note du Réducteur. (132) À décrite par M. Richard comme un sligmate, n'existe pas daus plusieurs espèces de Srylidium, et qu'on n'en découvre aucune trace dans le enre l'ors/era. , Rubiacées. Suivant l'auteur , il est impossible de distinguer les Rubiacées des Apocinées par des caractères lirés seulement de la fructification, et il pense qu’on peut former une sorte de classe na- turelle de ces deux familles, des Æ4sclépiadées, et de quelaues genres placés actuellement parmi les Gentiances. M. de Jussieu croit que les genres Opercularia et Pomax forment un groupe bien distinct. Selon M. Brown üls appartiennent à la famille La Rubiacées. Apocinées. Très-voisines des Rubiacées et des Gentianées, les Apocinées se distinguent des premieres, principalement parce qu'elles n'en ont point les slipules, et des secondes, parce que leur embryon n'est pas aussi petit. Eu égard à ces différences, M. Brown propose de réunir aux Rubiacées, et de considérer comme un ordre particulier intermédiaire entre les Rubiacées et les ÆApocinées, plusieurs genres qui avaient été placés auprès des Gentianées, savoir : le Logania, le Geniostoma, l'Usteria, le Gærtnera, le Pegamea, et peut-être le Fagrva. Le Logania semblerait en quelque sorte infirmer l'importance des stipules, puisqu'il réunit des espèces dont les stipales sont pareilles à celles des Rubiacées, d’autres espèces à stipules latérales et distinctes, et enfin une espèce où on ne trouve aucun veslige de cet organe. Parmi les véritables /pocinées de la Nouvelle Hollande, le genre le plus remarquable est l'Æ4/yxia, qui présente un périsperme et un embryon semblables à ceux d'une famille très-éloignée, celle des 4nnonées. Labices et Verbenacées. On trouve dans la Terre Australe plusieurs genres singuliers qui appartiennent à ces deux familles, entre autres, le Chloantes, qui, avec le fruit des Ferbenacées, présente entièrement Ja physionomie des Labiées. M. Browa avait déjà cherché à démontrer qu'il n’y avait pas dans cette dernière famille de corolle véritablement renversée; aujourd'hui il ajoute une preuve nouvelle à celle qu'il a donnée précédemment. Chez les Labices ordinaires, la lèvre supérieure ofre constamment deux nervures également distantes de son milieu, et dans la lèvre inférieure au contraire, chaque division est traversée par une nervure moyenne, Comme cette disposition de nervures est la même dans les genres auxquels on attribue une corolle renversée que dans les autres genres, l'auteur en conclut que le renversement n'est qu'apparent. Myoporinées. Pour ce qui regarde les parties de la fructification, auteur, dans son Prodromus, avait distingué les Myoporiné-s des Verbenacces, par la présence d’un périsperme et par des ovules sus- peudus. "Il avoue aujourd’hui que chez les Myoporinées le premier de ( 133 ees caractères mérile peu de confiance, et que plusieurs Perbenacées p'ont point des ovules dressés ; il conelut de là qu'on peut réunir aux V'erbenacces le genre Avicennia, qu'il avait d'abord rangé parmi les Myoporinées, à cause de ses ovules suspendus, mais qui n'a point le port de cette famille. Protéacées. Plus de la moitié des Protéacées connues croît dans la Terre Australe : elles forment un des traits les plus frappans de la végétation de ces contrées, mais elles y sont distribuées avec une inégalité très-remarquable. Aucune espèce de la Terre Australe n'a été observée dans les autres parties du globe, et il n’en existe pas ui soit commune aux côtes orientales et occidentales de la Nouvelle Duude, Les espèces qui ont le plus d’affinité avec celles de l'Afrique méridionale, croissent à l'éxtrémité occidentale du principal parallèle, et celles au contraire qui ressemblent le plus aux espèces d'Amérique, se trouvent à l’orient du même parallèle, ou dans l'ile de Van Diémen. Santalacées. I y a une très-grande ressemblance entre l’espèce de baie du Taxus et celle de l’Exocarpus, genre voisin des Santalacées, mais cette dernière n’est réellement qu'un réceptacle charnu et dilaté, tandis que la baie du Taxus doit son origine à un bourrelet étroit et charnu, qui, suivant l’auteur, existe avant la fécondation, et qui alors entoure seulement la base de l’organe appelé cupule par M. Mirbel. M. Brown, dans son Prodromus, avait placé l’Olax à la suite des Santalacées, mais il reconnait aujourd’hui qu'il ÿ a des raisons suffi- santes pour en former un groupe distinct, comme M. Mirbel l’a déjà proposé. Casuarinées. Les Casuarina ne peuvent être rapportés à aucun ordre connu, et c’est avec raison que M. Mirbel les a déjà indiqués comme pouvant faire un groupe parüculier. M. Brown a retrouvé dans les fleurs femelles de toutes les espèces, l'enveloppe de quatre valves sigpalées par M. Labillardière dans le C. quadrivalris. Il soupçonne que les deux latérales ne sont que des bractées, et dans cette suppo- sion, les valves antérieure et postérieure constitueraient le véritable périanthe; mais comme ces dernières, fortement soudées à leur som- met, sont emportées par les anthères, lorsque les filamens commencent à s’allonger, il n’y a bientôt plus de périanthe, tandis que les valves latérales ou bractées persistent toujours. Le fruit des Casuarina est formé par une membrane très-fine, sous laquelle on trouve une couche de vaisseaux en spirale, désignée par Labillardière sous le nom d'éntegumentum arachnoïdeum; Vient ensuite le tégument crustacé, puis une membrane très-mince, exactement appliquée sur l'embryon. Coniféres. Cette portion de la fleur des Conifères, que l’on prevait autrefois pour un pistil qui aurail eu un style perforé, a été décrite 1815. (154) depuis par M. Mirbel comme étant une cupule dans laquelle sont renfermés l'ovaire, et presque toujours le stigmate. Cette opinion se trouve confirmée par l’Ægathis et par une espèce de Podocarpus chez esquels le stigmate sort de la cupule. M. Brown assure même que plusieurs Conifères ont une double cupule. Elle est, dit-il, très- remarquable dans le Podocarpus, où le drupe est formé par la eupule extérieure, percée près de sa base où du point d'insertion. Dans ce genre, la cupule intérieure, organisée comme l'autre, y reste cons- tamment renfermée; mais il n’en est pas ainsi du Dacrydium, qui a également deux cupules. Chez lui, toutes les deux sont d’abord ren- versées et renfermées l’une dans l’autre comme chez les Podocarpus ; mais ici lintérieure se redresse en prenant de l'accroissement , elle perce l’extérieure, qui ne continue point à se développer dans une égale proportion, et forme simplement une coupe autour du fruit mur. Orchidées. Plusieurs Orchidées de la Nouvelle Hollande se font re- marquer par l’expansion des lobes latéraux de la colonne sexuelle, qui quelquefois sont pourvus de rudimens d’anth'res, et doivent par conséquent être considérés comme des filets stériles. Si l'on rapproche cette organisation de celle du Cypripedium, où les lobes latéraux por- tent une anthère et où le lobe moyen est stérile, on ramènera natu- rellement les Orchidées au véritable type des Monocotylédones , c’est- à-dire au nombre ternaire. . Asphodelées. L'auteur avait distingué cette famille ( Prod. FI. Nov. Holl,) par l'enveloppe crustacée de la graine ; mais il avoue aujourd’hui que ce caractère ne mérite pas toute importance qu'il y avait attachée. C'était ce même caractère qui l'avait déterminé à réunir aux Asphodelées l’'Hypozis et le Curculigo; mais comme il est différent sous beaucoup d’autres rapports, il propose aujourd’hui d’en former un groupe séparé, qui porlerait le nom d'Hypoxidées. Joncées. Tant de genres intermédiaires lient actuellement les diverses familles de Monocotylédones à fleurs régulières, qu'il devient très- difhcile de les bien distinguer, et qu’on est souvent obligé d’avoir re- cours à des caractères d’une importance secondaire. Tels sont princi- palement ceux qui ont servi à séparer les Joncées des Asphodelées, savoir, la différence de consistance dans le calice, celle du tégument propre de la graine, la nature du périsperme, et enfin l'ordre qu'on observe constamment dans la suppression des étamines. Graminées. Les Graminées ont naturellement deux enveloppes flo- rales, composées chacune de deux valves; mais dans un grand nombre de genres, ces enveloppes sont sujettes à diverses imperfections, ou même à des suppressions de parties. L’enveloppe extérieure (Glume Jus.) renfermant souvent plusieurs fleurs, doit être considérée comme ( 135 ) un involucre; chez elle, c’est la valve extérieure, ou, si l'on veut, Ja valve la plus basse, qui a le plus de tendance à avorter ; au contraire, dans l'enveloppe intérieure (Calice Jus.), c’est la valve intérieure, c'est-à-dire la plus élevée sur l'axe qui avorte le plus souvent. Cette valve, au lieu d’avoir une nervure dans le milieu, en présente deux évalement distantes de son axe, et M. Brown conclut de ce fait que la valve dont il s’agit est composée de deux autres valves soudées ensemble. Cette hypothèse ramène l'enveloppe intérieure des Granrinées au nombre ternaire qui fait le type des Monocotylédones; mais, selon J'auteur, cette même enveloppe ne représente encore que les trois divisions extérieures du calice des autres unilobées, telles que les Joncées, les Asphodelées, etc. Quant aux trois divisions intérieures, M. Brown les trouve dans ces nectaires ou glumellules qui, dans leur état naturel, alternent avec les divisions extérieures, et sont au nombre de trois comme dans le G/yceria. L'auteur divise la famille des Gra= minées en deux sections; la première, celle des Panicées, présente pour caractère essentiel des épillets de: deux fleurs, dont l’inférieure est imparfaite et souvent même réduite à une simple valve : on doit rapporter à ce groupe l'Ischæmum, V'Holcus, l'Andropogon, etc. La seconde section, celle des Poacées, comprend des genres à une, deux ou plusieurs fleurs, chez lesquels la tendance à l'avortement est tou- jours en sens inverse de la même disposition chez les Panicées : ainsi dans les genres à deux fleurs, l’inférieure est toujours parfaite; dans les genres mulliflores, les supérieures sont souvent imparfaites; enfin ,; dans les genres à une fleur, la valve extérieure du calice (Jus.) est toujours renfermée dans la valve extérieure de la glume (Jus.), et par conséquent, en supposant que dans ces deux derniers genres il eût dû y avoir deux fleurs, ce serait encore la supérieure qui aurait avorté. Après avoir passé en revue les principales fanuiles de plantes qui se trouvent à la Nouvelle Hollande, M. Browir entre dans des détails sur la géographie botanique: de cette contrée. C'est dans le préncipal parallèle, entre: les 36 et 55° deorés de lati- tude sud , et surtout à ses extrémités erientales et occidentales , que l’on trouve les plantes les plus remarquables de la Terre Australe. A mesure que l'on s'éloigne de ce parallèle, fa véséiation perd sa physionomie caractéristique; et dans Îles parties situées entre les. tro-. piques, elle se rapproche de celle de l'Inde. Cependant, dans toute Fétendue de la Terre Australe on trouve en graude abondance les Æucalyptus et les Acacia sans feuilles, et Fauteur pense que la masse de matière végétale que contiennent ces arbres, égale à peu près celle: de toutes les autres plantes de ces: contrées. HOLD: ( 136 ) Les plantes de la Terre Australe se rapportent à cént vingt familles vaturelles, et la moitié d’entre elles à onze seulement, savoir , les Légumineuses, les Composées, les Orchidées, Cyperacées, Graminées;, Fougères, Myrtées, Protéacées, Restiacées et Epacridées. Deux fanulles seules paraissent entièrement bornées à la Terre Australe, les Trémandrées et les Stackhousées, et encore pourrait-on les considérer simplement comme des genres. Un dixième des espèces qui composent actuellement la Flore de ces contrées, a été observé dans d’autres parties du monde. Plus de la moitié de ces plantes est phanérogame : la plupart se retrouvent dans l'Inde et les iles. de l'Océan pacifique; plusieurs appartiennent à l'Europe, et quelques-unes à l'Amérique équinoxiale. Quant aux Cryplogames, qui ne sont point particulières à la Terre Australe, c'est en Europe qu'on les rencontre presque toutes. Plusieurs des familles qui caractérisent la végétation de la Terre Australe, se retrouvent dans l’Afrique méridionale ; mais aussi il existe dans l’une et l’autre contrée, des familles et des genres très- remarquables qui ne sont point communs à toutes les deux. La végétation de la Terre Australe parait différer beaucoup plus de celle de l'Amérique méridionale que de la végétation du midi de Afrique, Si l’on excepte les Composées labiatiflores, aucun groupe commun à l'Afrique méridionale et à l'Amérique méridionale ne manque à la Nouvelle Hollande. Aucune des grandes familles naturelles de l'Europe n'est étrangère a la Terre Australe. Les espèces phanérogames communes à l'Europe et à la Nouvelle Hollande se retrouvent, à quelques exceptions près, dans l'Amérique septentrionale L'’Ouvrage de M. Brown est {erminé par la description détaillée de plusieurs plantes remarquables dont il donne la figure. La plupart de ces plantes avaient déjà été publiées dans le Prodromus Floræ Novæ Hollandiæ ; nous nous contenterons d’en ciler quelques-unes qui n'étaient point encore connues. FLINDERSIA. Sam. 10, dorso urceoli hypogini inserla; a/terna sterilia. Capsula 5 partübilis, segmentis singulis divisis dissepimento longitu- [4 P > SES 5 P 8 dinali, demuüm libero, utrinque dispermo. Semina erecla, apice alata, ; ; P ; L'auteur rapporte ce genre aux Cédrelées, groupe qu'il sépare des Méliacées de Jussieu, à cause de la structure du fruit et des semences ailées. EupovarriA. Operculum superum, integerrimum, deciduum (integu- mentis floralibus prætereà nullis). Szaming numerosa, exteriora anthe- “pt. bn À y mt dt intensifs + <—- (137) tifera, énteriora sterilia petaloïdea imbricata, Ovarium multiloculare, loculis indefinitis polyspermis, stigmata areolæ tot quot loculi, in apice planiusculo ovarii: Bacca polysperma. M. Brown pense que ce genre doit être réuni à la famille des Annonées, dont il forme une section très-remarquable par ses élamines périgynes et son ovaire adhérent. Dans l’Espomatia les étamines inté- rieures stériles et pétaliformes rendent absolument impossible toute espèce de communication entre les étamines fertiles et les stigmates ; mais cette communication se trouve rétablie par de petits insectes qui rongent les étamines pétaliformes, sans jamais toucher aux fertiles. (1) Eupesmia. Calix superus 4 dentatus. Peraia antè connata in oper- cuülum. 4 striatum deciduum. Szamina in phalanges quatuor polyandra cum dentibus calicis alternante basi connata. Capsula 4 loc. polysperma, apice dehiscens. L'Eudesmia appartient à la famille des Myrrées. L'existence des dents du calice prouve que l’opercule n’est formé dans ce genre que par les pétales soudés ensemble, tandis que, dans l’Eucalyptus, il est formé, suivant l’auteur, par le calice et la corolle. ASS RAS LS SSSR LAS Recherches chimiques sur l'Acide chlorique ; par M. V AUQuELIN. (Extrait.) M. VAUQUELIN à préparé l'acide chlorique par le procédé de M. Gay-Lussac, c’est-à-dire, en décomposant par l'acide sulfurique le chlorate de baryte obtenu à l’état de pureté au moyen du phosphate d'argent ; mais avant de faire bouillir le phosphate avec la solution de baryie qui contient les acides hydrochlorique et chlorique, M. Vauquelin prescrit de faire cristalliser les deux tiers de l'hydrochlorate de baryte. On ne peut faciliter l'action du phosphate d'argent sur cé sel par l'intermède de l’acide acétique, par la raison qu'il se forme de l’acétate de baryte qui se mêle au chlorate, et qui le rend très-détonant par la chaleur. M. Vauquelin a trouvé à l'acide chlorique toutes les propriétés que M. Gay-Lussac y a reconnues; il a observé, de plus, qu'il détruisait la couleur du tournesol lorsqu'il était concentré. oo (1) Cette jolie observation tend à confirmer celles du recteur S rengel, que quelques naturalistes ont traitées de fables, A. nS. ü Livraison de septembre. 20 1819. Cuimie, Société Philomat, (1:38) $. I. Chlorates alcalins. Tous ces chlorates peuvent être préparés avec laeide chlorique ‘et les carbonates alcalins ; l'acide carbonique est dégagé à l'état gazeux, Chlorüle de potasse. M. Vauquelin l'a trouvé parfaitement identique avec le sel connu sous le nom de muriate suroxygéné de polasse, ainsi que M. Gay- Lussac l'avait déja observé, Chlorate de soude. 11 cristallise en lames earrées comme le chlorate de potasse; il est irès-soluble dans l'eau sans être déliquescent, 11 donne à la distillation du gaz oxygène, un peu de chlore , et un chlorure légèrement alcahn. Chlorate d'ammoniaque. J1 a une saveur très-piquante; il cristallise en aiguilles fines. 1 parait très-volatil. Au feu il détone, comme le nitrate d'ammoniaque, en répandant une lumière rouge. Soumis à la distillation, on obtient du chlore de gaz azote et une pee quantité de gaz, que M. Vauquelin regarde comme étant de oxygène où de l’oxydule d'azote; enfin il se produit de l’eau et un peu d’hydrochlorate d’ammoniaque. Len $. IL. Chlorates à base terreuse. Chlorate de Srrontiane. ILest neutre, sa saveur est piquante et un peu astringente, 11 est déliquescent, aussi ne l’obtient-on cristallisé que quand sa solution est très concentrée. 1} fuse sur les charbons, en répandant une lumière pourpre. Chlorate de baryte. Il cristallise en prisme carré terminé par une surface oblique, et quelquefois perpendiculaire à l'axe du prisme : sa saveur est piquante et austère. À 10° il exige environ 4 parties d'eau pour se dissoudre; il est insoluble dans l'alcool. 11 contient 6,5 d’eau pour 100. Le sel desséché donne 0,38 de gaz oxygène à la distillation, le résidu est un chlorure alcalin. M. Vauquelin pense que le même effet a lieu pour tous les chlorates dont les métaux ne sont pas susceptibles de sunir au chlore en plusieurs proportions. M. Vauquelin regarde le chlorate de baryte comme étant formé de 46 à 47 de hase, et de 54 à 55 d'acide; et l'acide chlorique comme contenant 0,65 d'oxygène. cer x . C9. $. TL. Chlorates métalliques proprement dits. Chlorate de protoxyde de mercure. L'acide chlorique s’unit au protoxyde de mercure récemment préci- pité, le sel qu’il forme est d’un jaune verdâtre; il est peu soluble dans l’eau. Lorsqu'on l’expose à une température qui serait insuffisante pour séparer l'oxygène du mercure, il se produit une détonation, et le sel se convertit en perchlorure de mercure et en péroxyde rouge; si la température est plus élevée, il se convertit en protochlorure et, en gaz oxygène. Chlorate de péroxyde de mercure. On le forme en faisant digérer l'acide chlorique sur le péroxyde de mercure préparé par le feu. Ce chlorate est assez soluble; 1l a une saveur mercurielle très-forte ; il cristallise en petites aiguilles, dont la solution précipite en jaune par les alcalis. Au feu il se réduit en gaz oxygène, et en un résidu jaune formé de perchlorure et de péroxyde de mercure, Chlorate de zinc. L'acide chlorique dissout le carbonate de zinc; la dissolution éva- porée donne un sel cristallisé en octaëdres surbaissés. Ce chlorate fuse sur les charbons sans détoner; sa solution ne précipite pas le nitrate d'argent. M. Vauquelin a observé que l'acide chlorique dissolvait le zinc sans effervescence, que la dissolution précipitait le nitrate d'argent, et u’elle donnait par l’évaporation un sel diflicilement cristallisable, qui détonait sur les charbons à la manière des chlorates, et qui se réduisait par la chaleur en gaz oxygène, en chlore et en chlorure de zinc mêlé de sous-chlorure, M Vauquelin considère ce sel comme étant formé d'acide. chlorique, de chlore et d'oxyde de zinc. M. Vauquelin ayant fait passer du chlore dans de l’eau où l’on avait mis du carbonate de zinc, a dissous la totalité de ce sel. La liqueur évaporée a donné des cristaux en aiguilles fines déliquescentes sans consistance. M. Vauquelin pense qu'il se produit du chlorate de zinc, du chlorure de ce métal et du chlorure d'oxyde. Acide chlorique et fer. L’acide chlorique dissout promptement le fer sans effervescence : la solution est d'abord verte; elle passe ensuite au rouge sans le contact de l'air, le fer qui n’a pas été dissous s’oxyde également au maximum. La liqueur rouge évaporée se prend en gelée, qui devient demi-trans- 1019. (140 ) parente en séchant, et qui peut se redissoudre dans l'eau. Ce sel rouge ne fuse pas sur le charbon, il donne à la distillation du chlore, de l'acide hydrochlorique ou chlorique, du chlorure et du péroxyde de fer. M. Vauquelin regarde la dissolution au moment où elle se forme comme étant composée de chlorate de protoxyde.et de chlorure de fer ; mais quand elle est devenue rouge, il pense qu'elle n’est plus formée que de chlore et de péroxyde. Quand on fait passer du chlore sur de l’oxyde rouge de fer, on n'obtient pas de chlorate. Chlorate d'argent. © L’acide chlorique dissout très-bien l'oxyde d'argent humide; la dis- solution cristallise en prisme carré terminé. par une section oblique dans le sens des deux angles solides du prisme. Le chlorate d'argent a la saveur du nitrate de ce métal; il se dissout dans environ.x1 parties d’eau à 15°; il fuse sur les charbons, et se convertit en chlorure fondu. IL enflamme le soufre avec lequel on le triture. Le chlorele précipite en chlorure, etil y a dégagement de gaz oxygène. Cela explique pourquoi, lorqu'on fait passer du chlore dans de l'eat où il y a de l’oxyde d'argent, on obtient d'abord du chlorure et du chlorate, et ensuite de l'acide chlorique libre et du gaz oxygène. €Chlorate de plomb. On le prépare en dissolvant la litharse dans l'acide chloriqne ; Ja dissolntion a. une saveur sucrée; elle cristallise en. lames brillantes’, qui fusent sur le charbon et laissent du plomb métallique. 5oo parties de Htharge donnent 740 de chlorale sec., Lorsqu'on fait passer du chlore dans de l’eau où il y a de la litharge, on n'obtient que du chlorure de plomb et du péroxyde, de sorte que l'oxygène d’une portion de l’oxyde se porte en totalité sur l'autre. Ee chlore n’a pas d'action sur l’oxyde pur. M. Vauquelin s’est assuré que le protoxyde de plomb pouvait s'unir au chlorure de ce métal, sans dégagement d'oxygène. Chlorate de cuivre. Le péroxyde de cuivre se dissout dans l'acide chlorique; la disso- lution est d’un bleu verdâtre et toujours acide; elle est verte quand elle est concentrée. Le chlorate de cuivre fusé sur les charbons ; le papier qui a été plongé dans sa dissolution est très-inflammable, 1l fuse avec une lumière verte magnifique. [en AA PR AA <> étoile hr De (rar) Note sur les Hydrochlorates ; par M. CHEVREUL. Lorsque MM. Gaÿ-Lussac et Thénard, et M. Davy eurent étabh leur savante discussion sur la nature du chlore, je professai l'opinion dans laquelle on regarde ce corps comme étant de nature simple, par la raison qu'on ne peut en obtenir d'oxygène qu'autant qu'on le met en contact avec des substances préalablement oxygèuées. Cependant je n’élais pas convaincu que cetle opinion fût la véritable, parce qu'il n’y avait pas un fait qui prouvât absolument que le chlore était dépourvu d'oxygène, et que plusieurs analogies pouvaient faire soupconner d’ailleurs qu'il en contenait. Aujourd'hui la découverte de l'iode a ramené presque tous les chimistes à ranger le chlore parmi les corps simples; mais 1l y a plusieurs faits qui sont susceptibles Ge deux explications, et comme on doit s’efforcer de choisir la véritable, je vais présenter quelques considérations que M. Gay-Eussac n'a en- gagé à publier. Ë | M. Gay-Lussac dans son travail sur l’iode a cherché à établir qu’un grand nombre d’iodures, en se dissolvant dans l’eau, donnaient nais- sauce à des hydriodates, et qu'il en était de même de la plupart des chlorures, lesquels se changeaient en hydrochlorates. Les observations suivantes viennent à l’appui de cette manière de voir, 1. Le protochlorure de fer qui en blanc devient vert en se dissolvant dans l’eau, et cristallise en polyèdres de là même couleur; 2.° le perchlorure de fer donne une dissolution d'un oransé brun, qui cris- tallise en petites aiguilles d'un jaune serin, d’où il résulte que ces deux composés ont absolument les mêmes apparences physiques que les sels de fer qui contiennent évidemment le protoxyde et le pérexyde; 3.9 que le chlorure de cobalt, qui est gris de lin, dissous dans l’eau, produit une liqueur rose, comme le sulfate, le nitrate, l'acétate, etc., de protoxyde de cobalt; 4.° que le chlorure de nikel, qui est jaune d'or, colore l'eau en vert, comme le font le sulfate, le mitrate, l’acé- tate, etc., de protoxyde de nikel: 5.° que le perchlorure de cuivre, qui est jaune canelle, donne une dissolution aqueuse, qui est verte tant qu'elle est concentrée, mais qui devient bleue, comme les disso= lutions d'oxyde de cuivre, quand elle a été sufisamment étendue d’eau. On admet assez généralement que le précipité bleu, qu’on obtient en versant la potasse caustique dans la solution de cobalt , est de l'oxyde pur; on ne s’est fondé jusqu'ici que sur le rapport de cette couleur avec celle des verres de cobait; mais je pense que l'oxyde précipité par la voie humide, contient de l’eau (rt), car le carbonate (1) C’est aussi l'opinion de M, Thénard, Voyez son Traité de chimie, tom, IE, n° 543: 1815. Société philomat. Septembre 1814 Institut. Juillet 1815. (142) de cobalt distillé sans le contact de l'air, donne, suivant M. Proust, un oxyde gris; le muriate de cobalt bleu paraît également contenir de l'eau, car il perd cette couleur à une température élevée, et ce qu'il a de remarquable, c'est qu'il en prend une qui se rapproche de celle de l'oxyde du carbonate, Il semble, d'après ces faits, que l’oxyde pe prend une couleur bleue, qu’autant qu’il est combiné avec de l’eau, un oxyde métallique ou un acide. L'oxyde de cuivre se comporte d'une manière semblable, il forme, avec les matières vitrifiables, des composés verts analogues aux sels de ce métal. = Extrait d'un Mémoire intitulé : Nivellement des Monts-Dores et des Monis- Domes ; par M. RAMOND, M. Ramoxp a présenté à la Classe des sciences physiques et mathé- matiques de l’Institut un nivellement barométrique très-détaillé des Monts-Dores et des Monts-Dômes ; il fait suite au nivellement des environs de Clermont-Ferrand, déja consigné dans les Mémoires de la Classe pour l'année 1808, et reproduit par l'auteur avec quelques augmentations, dans la collection imprimée de ses Mémoires sur la formule barométrique de la mécanique céleste. La ville de Clermont est le point de départ de tous ces nivellemens, et la hauteur absolue de cette ville a été déterminée par une suite d'observations dont l'auteur rend compte dans les Mémoires précé- demment cités. Mais pour mesurer avec plus d'exactitude des mon- fagues fort éloignées de ce point central, il convenait de se procurer des stations intermédiaires, dont l'élévation absolue fut déterminée avec beaucoup d'exactitude; et après l'avoir établie d'après les obser- vations du baromètre, M. Ramond a voulu la soumettre à l'épreuve des opérations trigonométriques. Ces dernières opérations ont été exécutées par M. Broussaud , chef de bataillon du génie, alors occupé dans le département du Puy-de-Dôme, d'un grand travail géodésique entrepris sous ia direction du dépôt de la guerre. La concordance des résultats est extrêmement remarquable, F, maximum de divergence entre les mesures trigonométriques et barométriques a été de deux mètres, et il se rapporte à la différence de niveau entre Clermont et les bains du Mont-Dore, que le cercle répétiteur n’a pu déterminer qu'indirectement et par induction. Quant à la hauteur du Puy-de-Dôme au-dessus de Clermont, les mesures sont d'accord à un mètre près; et pour l'élévation du Puy-de-Sancy au dessus des bains du Mont-Dore, —._ —’# (145) | la différence se réduit à deux décimètres, sur une hauteur de huit cént quarante-{rois mètres. Voila, dit l’auteur, ce que nous apprend la comparaison très-scrupuleuse des deux méthodes, lune appuyée sur des angles mesurés des milliers de fois avec un soin et une patience extrêmes durant les années 1811, 1812 et 1815; l'autxe n’opposant à celte masse de travaux exécutés par des mains très-habiles, que deux douzaines d'observations, faites en quelques heures. Les stations subsidiaires ainsi établies, M. Ramond est parti de là pour déterminer l'élévation absolue de quatre-vingt montagnes et d'environ deux cents points remarquables de cette contrée. Mais en entreprenant ces opérations, il ne se proposait pas seulement d'ajouter aux cartes d'Auvergne l'indication des principaux reliefs du terrein: il voulait surtout fournir des mesures précises aux considéralions d’his- toire naturelle qui en peuvent tirer avantage; et nous allons le voir maintenant, considérant le sol de son nivellement sous le rapport de la nature et de l’origine des terreins, et appliquaut à la géographie phy- sique du pays, l'échelle dont il a successivement mesuré les degrés. La base du nivellement est d'abord un plateau granilique faisant partie de la formation des gneiss, et composé de couches presque ver- ticales qui se dirigent à peu près du nord au sud. On y trouve successi- vement du granit en masse et du granit veiné, des siémtes, du grünstein, du schiste micacé. Son élévalion est sensiblement uniforme. Les mon- tagnes dont il est hérissé lui sont entièrement étrangères; c’est le prit des éruptions volcaniques, et si les volcans n'avaient pas éclaté ,: e plateau ne serait qu'une immense plaine, descendant insensiblement jusqu'aux rives de l'Océan. . De ces superpositions d’origine ignée, les plus anciennes sont les: Vonts-Dores. Ceux-là se composent de laves feldspathiques , de basaltes, de brêches volcaniques et de dépôts ponceux qui ont:pour origine [es projections poudreuses du volcan, ei dont quelques-unes ont été rema- niées par les eaux. Les laves feldspathiques sont tantôt des porphyres et tantôt des klingsteins; elles se sont comportées exactement comme les laves ba- saltiques, et appartiennent à la même époque. Queique le temps et les révolutions en aient détruit une grande partie, il sufht de rapprocher par la pensée ce que l'on y voit par portions, pour se convaincre que les coulées de porphyre et de klingstein ont, comme les coulées de basalte, un chapeau de matières bulleuses et scorifiées , couvrant des passes d’une contexture plus ou moins compacte ; vers la partie in- férieure, la lave se divise ordinairement en tables, et la partie inter- médiaire, quand elle a une épaisseur suflisante, tend à se configurer en prismes, qui ue le cèdent aux prismes basaltiques ni en longueur nt en régularité. Ces prismes n'afleclent aucune direction constante; : 1815. (144) ils sont tour-à-four verticaux, inclinés, couchés, fléchis, divergens d'un centre commun. On ne peut les considérer que comme un effet du retrait, mais ce retrait paraît avoir été prédélerminé par l'existence de divers axes de condensalion autour desquels la matière liquéfiée s’est circulairementgressée, et dont les distances respectives, ainsi que les inclinaisons, ont été réglées soit par l'état de la ep soit par les acci- dens de son mouvement. Le volcan porphyrique parait avoir été unique, et les indices du centre d’éruptiou se rencontrent au faite de la chaine, vers le Puy- de-Sancy. Les coulées basaltiques, au contraire, sont sorties de diverses bouches; mais ces bouches ont été voisines de ce même Puy-de-Sancy, et placées au pourtour du volcan d'où les porphyres sont issus. Là on trouve les coulées dans l'état qui annonce la proximité des cratères ; leurs scories le disputent en fraicheur à ce qu'il y a de mieux conservé en ee genre dans les volcans modernes, et ce n’est du moins pas au Mont-Dore que la volcanicité des basaltes sera jamais l’objet d’une discussion sérieuse. Du Mont-Dore les coulées basaltiques descendent en divergeant de toules parts, et s'étendent du côté de lorient jusqu’à cinquante mille mètres de distance, nonobstant l'interposition actuelle du cours de l'Allier, dont le bassin n’était pas encore creusé au temps de ces antiques éruptions. Une pente totale de sept à huit cents mètres leur a sufh pour parcourir de tels espaces. Celte propriété de s'étendre presque indéfiniment sur des plans médiocrement inclinés, indique dans les basaltes une fluidité plus complète et plus permanente que celle dont les laves modernes sont douées. D'une autre part, leur aspect lithoïde, la rareté relative des parties bulleuses etscorifiées, la fréquence et la régularité des divisions prismatiques, attestent une plus forte com- pression extérieure. Toutes ces conditions ont pu être remplies à l'é- poque où notre planète éprouvait une plus forte chaleur ‘et était par conséquent environnée d’une immense atmosphère. L'émission des basalies est contemporaine des grands animaux qu’une catastrophe quelconque a détruits sans retour; on trouve les restes de ceux-ci dans des terreins de transport, composés en partie des débris de ces mêmes basaltes, et les ér2nemens qui ont mis un terme à cette période, expliquent le bouleversement de l’ancien sol et le déchirement des nappes basaltiques. Outre les layes régulières, l'encroûtement des Monts-Dores contient une immensité de déjections anomales, consistant principalement en produits incohérens amassés sous la forme de brêehes et de tufs; les eaux paraissent avoir eu très-peu de part à l’arrangement de ces ma- tières, et l'apparence de couches qu’elles affectent est généralement due à la périodicité des projections, Quelques portions seulement ont le caractere de dépôts, Ce sont de minces feuillets, tels que les eaux | ) ; PE De Cr4) courantes ont dû naturellement en former, en parcourant des amas poudreux et composés de particules très-légères; on n’y rencontre ni calcaires, ni argiles, ni marnes, comme on ne manquerait pas d'en trouver si les eaux eussent fait partie d’une grande inondation. Le terrein que les laves ont parcouru était à sec; les pluies, les torrens et tout au plus quelques stagnations locales suffisent pour expliquer le peu de sédiments proprement dits que l'on y découvre. Le Puy-de-Dôme et quatre ou cinq montagnes de même sorte, ont beaucoup occupé les naturalistes et donné lieu à beaucoup de conjec- tures sur leur origine. M. Ramond les considère comme une dépendance des Monts-Dores, quoiqu'’elles en soient séparées par un iñtervalle de uinze à dix-huit mille mètres, et jetées comme au hazard sur la ligne des volcans modernes. La roche du Puy-de-Dôme, distinguée par quelques minéralogistes sous le nom de Domite, v’est autre chose qu'un Klingstein grenu, qui se rattache par une suite de nuances intermédiaires à certains porphyres des Monts-Dores, et spécialement à ceux de la Croix-Morand, qui se présente en face des Monis-Dores. Les montagnes de domite offrent trop d'indices de l’action du feu, pour qu'on ne se soit pas accordé à en admettre l'intervention. Les naturalistes qui ont ob- servé ces montagnes, ne différent entre eux que sur la manière dont le feu en a modifié la roche, IL parait plus naturel de voir dans la domite une lave qu'une thermantide, car pour concevoir cette dernière sous une pareille forme, il faut se créer un modèle de pure invention, tandis qu'on a le type de l’autre dans des laves bien caractérisées. Le Puy-de- Dôme et ses analogues sont les restes d’un vaste terrein, dont il existe en outre plusieurs lambeaux; c'est une portion des Monts-Dores qui en a été isolée par les accidens , et que les éruptions des volcans modernes ont réduite ensuite à l’état de morcellement où nous la voyons aujourd’hui. . L'époque des volcans modernes est séparée de celle des volcans an- ciens par le grand évènement qui a donné à la croûte de la terre la forme que nous lui voyons aujourd’hui. Les anciennes vallées ont été en partie détruites; de nouvelles ont été creusées. Là sont descendues de nouvelles laves; ces laves , les bouches qui les ont vomies, les vallées qui les ont reçues, tout est demeuré dans son intégrité, et a conservé un air de récence qui nous en impose. Cependant ces volcans peuvent être fort anciens à l'égard de ceux qui brûlent aujourd’hui; car, autant il est certain que leur éruption est postérieure aux derniers change- mens opérés à la surface de la terre, autant il est vraisemblable qu’elle a suivi ces changemens de très-près, et a fait partie des évènemens qui signalèrent le nouvel ordre de choses, 11 est même permis de douter que l'homme ait assisté à ce grand spectacle. Si notre espèce commen- gait alors d'exister, ou si elle s'était conservée dans quelques lieux Livraison de septembre. 21 | 1819. (146) priviléuiés, il n'y à guère apparence qu’elle eùût déjà pénétré jusqu'à un coin de terre d’où les plus redoutables phénomènes conspiraient à la repousser, ou bien elle y était dans cet état de dispersion et d’avilis- sement qui précède la formation des sociétés, et que prolongent les fléaux de la nature. . IL suffit de considérer ks volcans éteints de F Auvergne, pour recon- paitre dans leur disposition quelque chose de particulier, dans leur enchainement et leur nombre le développement de puissances qui ne s’exercent plus de la même manière. 11s commencent x se montrer sur les limites du département de l'Allier, traversent ceux du. Puy- de Dôme et du Cantal, et s'étendent de à jusqu'aux rivages de læ Méditerranée, en suivant constamment une direction uniforme et voi- sine de la méridienne. Cette longue chaîne se eompose, dans le seul département du Puy-de-Dôme, d'environ soixante et dix montagnes, où l’on reconnaît une cinquantaine de cratères, dont plusieurs d’une conservation parfaite. Les volcans actuellement brülans en. Europe ne présentent rien de semblable; ils sont séparés l’un de Fautre par de grands intervalles, et brülent solitaires au milieu des déjections qu’ac- cumulent leurs éruptions répétées. Ici, au contraire, chaque éruplion s'est frayée une issue distincte, et il est rare qu'un même cratère ait fourni plus d’une ou deux laves. Mais ces cratères se succèdent sans julerruption , et se rangent à la file sur des lignes sensiblement droites et parallèles. Dans les volcans qui brülent aujourd’hui, on concoit un foyer circonscrit qui fournit aux éruptions successives en creusant à la ronde et s’approfondissant toujours. Dans nos volcans éteints, on est fondé à suppeser une trainée superficielle et horizontalement prolongée, où le feu a gagné de proche en proche, et marqué sa marche par des éruptions progressives. Telles sont en raccourci les considérations générales qui composent la première partie du Mémoire de M. Ramond. Ea seconde partie est consacrée aux délaits de son nivellement. Il y range par ordre de terreins les deux cent soixante-huit hauteurs qu'il à déterminées dans le circuit des Monts-Dores et des Monts-Dômes, en ajoutant à l’indication de chaque lieu les remarques de minéralogie particulière qui s’y rapportent. Dans un second Mémoire, l’auteur fut Fapplication de ses divers nivellemens à la géographie physique du pays, Cette application est une des utilités les plus prochaines d’une pareille opération, et elle a ici un imtérêt particulier, en ce qu’elle se rapporte à la partie de la France intérieure où les niveaux sont le plus dérens et les montagnes le plus élevées. Le nombre des hauteurs qu'il a maintenant mesurées, approche de quatre cents; il les employe à marquer les limites des couches miné- rales dans l’ordre de leur superposition, et examine comment les habita- tions, la végétation et la culture se distribuent sur une échelle verticale de dix-neuf cents mètres, entre Le 45° et le 46e degré de latitude, RS UE Re rs 4 Ca47) + Cetexamen comprend celui du climat, l'exposé du calendrier de la végétation, des observations sur l'espèce des plantes spontanément “croissantes où utilement cultivées à différentes hauteurs. Un pareil travail n’est guère susceptible d'extrait, et les faits isolés que nous en tirerions ne donneraient aucune idée de l’ensemble, Nous nous con- tenterons donc d’en présenter ici les principaux résultats. Les hauteurs “exprimées en mêtres sont les limites supérieures des terreins, des cultures, les points culminans des chemins, ceux où s'arrêtent les ha- “bitations de chaque espèce, etc. T'erreins. m. Houtes. m. Porphyre, Jimite supérieure, . + 3 3 . 1895 Chemin du Mont-Dorc au Cantal, : . . 1793 © Cônes basaltiques les plus élevés, . : . +550 Chemins qui traversent la Croix-Moraud : Puys volçañiques, - + . . , . + + . 1450 le moins élevé, 1353, le plus élevé, . _T46e Fiateau granitique, + à . « + « . . 1130 Grandes rontes de Limoges, le Bordèax IGits totéaniques, + + . « + +. + . ‘000 et 'd'Ambètt, entre Todom &t. . +. + To75 Tertein, d'alluvion fluviatile, « + . . , ‘800 Végéttion. Cultüre. ta. Grès pisasphalliques, . . . 4, . « + 560 Sapins, limité Süpérieuié, . +, 4 . 1515 Eaux. th. Séiples, fusqu'a 4 4 4 214) 000 N 134t «Sources de la Dordogne, à % 5 . + +. 700 Pins d'Ecosse, , + . . +1 + + . . rod Région des Jacs, entre 8oom €t «+ . . . x250 Fromens trémois, Chanvre, Noyers, Pru- Cours de Allier aumilieu du Département, 300 niers, Cerisiers à fruits doux . . . 1008 Habrtations. m, Pommicrs en vergers, jusqu'à). 4 e\ > 900 Burons, ou Villages d'été, . . + . . 1400 Clâtaïgniers, jusqu'à . + . . , . . 9730 Villages les ‘plus élevés, . + « . . . 1350 Vignes, Pêchers en pleiu vent," Cerisiers ; Bains du Mont-Dore; 1e ele: 21000 nains à früit acide, Gusqu’à . . . . 600 Villes principales, #ntre 35om et . . 540 Amandiers, Abricotiers à plein vent, . . 400 ne LEE SS Observation d'une blessure dir cerveau, suivie de la paralysie des muscles intrinsèques du larynx, et d'uné lésion singulière ‘ de la respiration ; par M. LARREY. LE sieur Barbin, grenadier de la vieille Garde, étant en marche pendant la campagne de Moscow, fut assailli par un parti de Cosa- ques, reçut un coup de lance à la tête, et resta pour mort sur la place. Cependant, au bout de quelques heures, le blessé fut relevé et trans- porté dans l'hôpital le plus voisin, où il n'arriva que trois jours après T'instant où il avait reçu Ja blessure. Dans ce lieu il fut examiné par les chirurgiens, et l’on reconnut que le fer de la lance avait pénétré obli- quement de haut en bas et de dehors en dedans, dans la cavité du crâne, ayant traversé d'abord l'angle postérieur du pariétal gauche, et s'étant enfoncé ensuite dans le lobe postérieur de l'hémisphère correspondant, Les facultés mentales du blessé restèrent quelque temps suspendués, mais elles se frétablirent bientôt, la plaie parcourut sés périodes, et ni 1815. MÉéDEGixr. Société Philomat. Avril 1615. Societé Philomat. 5 août 1815, (148) parvint à guérison avec assez de promplilude , quoiqu'il se soit fait une exfoliation d'environ deux centimètres quarrés de la substance des os du crâne; maintenant il existe au lieu de la cicatrice un enfon- cement très-marqué. ; Quoique l'hémisphère gauche ait été lésé profondément dans sa artie postérieure, et qu'on puisse présumer même que l'instrument a intéressé les tubercules quadrijameaux ou la partie supérieure du cervelet, les facultés intellectuelles du blessé ne paraissent pas dé- rangées; mais M. Larrey pense que la blessure a porté atteinte aux fonctions de la huitième paire de nerfs, de la neuvième, des nerfs sous-occipitaux, el peut-être, dit-il, à celles des premières paires cer- vicales. M. Larrey appuye son opinion sur les phénomènes qui se sont successivement développés, et sur ceux qui existent encore. La voix, après avoir été rauque et obscure, a fini par s'éteindre er- tièrement, ce qui suppose la paralysie des muscles intrinsèques du larynx; cet organe lui-même n’est pas davs sa position ordinaire, il est évidemment plus bas, ce qui dépend saus doute du défaut d'action de ses muscles élévateurs. La déglutition est difficile, circonstance qui s'entend aisément, puisque les muscles intrinsèques et élévateurs du Jarynx sont paralysés, et que ces muscles sont les agens principaux de la déglutition. Le goût est sensiblement affaibli ; mais le phénomène morbide le plus remarquable qu’éprouve l'individu dont nous parlons, est une lésion à la respiration telle, qu’il ne peut respirer, dans la position verticale, qu’en fermant la bouche, et en serrant fortement Les mâchoires, en sorte que, semblable à certains reptiles, il est présu- mable que Berbin périrait asphixié, si on le forçait à rester long-temps la bc ouverte. Un autre phénomène digne de remarque, c’est qu’on p'a jamais pu exciter de vomissement par l'emploi des émétiques, administrés même à fortes doses; cet effet, joint à ceux déjà décrits, font penser qu'il existe un affaiblissement dans la sensibilité de l'es- tomac et dans la contraction des muscles inspirateurs et expirateurs, et particulièrement du diaphragme. F. M. as Dés hohoeses Note sur le Sucre de diabétes; par M. CHEVREUL. M. Caevreus ayant fait l'analyse de l’urine d'un AUS au commencement de la maladie, l'a trouvée formée de sucre et de tous les malériaux de l'urine ordinaire. L’urine du même malade, analysée au bout de plusieurs mois, a donné un acide organique en partie libre, en partie saturé par la potasse, Huconn de phosphate de magnésie, un peu de phosphate de chaux, de l'hydrochlorate de soude, ,; du sulfate de potasse, du sucre et de l'acide urique , lequel était légè- ( 149 ) réement coloré par l'acidé rosacique. M. Chevreul n’a obtenu l'acide urique que de l'urine fermentée, de sorte qu'il n’assure pas que ce corps füt tout formé dans l'urine; quoique cela lui paraisse très- probable. 11 pense que l'urine contenait de l’urée, quoiqu'il n'ait pu en retirer; il se fonde sur la facilité avec laquelle ce liquide donnait de. l’ammoniaque. M. Chevreul, en faisant concentrer l'urine en sirop clair et l'aban- donnant à elle-même, a obtenu la substance sucrée sous la forme de petits cristaux, semblables à ceux qui se produisent dans le sirop de raisin ; il les a fait égoutter soumis à la presse, puis il les a dissous clans l'alcool bouillant; par une évaporation spontanée et lente, il a obtenu des cristaux d’une blancheur parfaite, qui ont été examinés compara- tivement avec le sucre de raisin, et qui en ont présenté {toutes ‘les propriétés , telles que la cristallisation, la même solubilité dans l'eau et l'alcool, la propriété de se fondre à une douce chaleur, etc. :: M. ER | est parvenu à obtenir la totalité du sucre de l'urine sous la forme solide; il croit que le sucre liquide des végétaux n’est point une espèce particulière, mais une combinaison d’un sucre cris- tallisable, dont l'espèce: peut varier, avec un autre principe qui sur- monte la force de cohésion du premier. ARR AA LS SAS AASS Sur une loi remarquable. qui s'observe dans les oscillations des particules lumineuses lorsqu'elles traversent. obliquement des lames minces de chaux sulfatée où de cristal de roche taillées parallélément à l'axe de cristallisation ; par M. Bior. (1) Lorsqu'un rayon polarisé a traversé un nombre quelconque de plaques cristallisées susceptibles de faire osciller les molécules lumi- neuses autour de leur centre de gravité, et de dévier leurs axes, ce rayon, après sa sortie, se trouve en général composé de plusieurs faisceaux polarisés dans des sens divers, et diversement colorés. Le problème le plus général qu'on puisse se proposer relativement à ces phénomènes} c’est de prédire dans tous des cas le nombre des faisceaux, le sens de leur polarisation, et leurs couleurs. J'ai expliqué’ dans mes précédentes recherches les principes simples et infaillibles par lesquels la théorie du mouvement oscillatoire résout les deux preinières questions. Quant à la nature de la teinte, on la RTL TN PDT CP PIN TTT CITANT terme ll UN, OUEN (r) Ce Mémoire était destiné pour un autre Recueil périodique dont l'impression est suspendue par des circonstances particulières; c’est ce qui en a retardé Ia publication On la imprimé ici tel qu'il avait été fa à l'Institut, sans aucun changement, 1815. Institut, 28 juin 1815, (150 ) détermine à très-peu près en multipliant l'infensité de la force pola- risante par la longueur du trajet que la lumière fait dans le cristal. Ce second principe peut même être regardé comme une conséquence du mouvement oscillatoire. En effet, le nombre des oscillations dans le même espace doit croître avec l'intensité de la force polarisante, laquelle, d'après l'expérience, est proportionnelle au quarré du sinus de l'angle formé par l'axe du cristal avee le rayon réfracté ; et de plus, dans des espaces de longueur inégale, ee nombre doit croître propor- tionnellement à l’espace, la force polarisante restant la même. Il n’est donc pas étonnant que le produit de ces deux élémens détermine le nombre absolu des oscillations, et par conséquent fasse connaitre Ja teinte ; car c'est le nombre des oscillations qui détermine la teinte, en mêlant les molécules lumineuses de couleurs diverses, en vertu de la différence qui existe entre leurs vitesses de rotation. De plus, comme la vitesse des rayons extraordinaires varie avec leur direction dans le cristal, on doit s'attendre que ce changement de vitesse influera sur les nombres d’oscillations qui se feront dans un espace donné, et par suite influera sur la nature des teintes. Mais en supposant que cet effet ait heu, il doit être bien pelit dans la chaux sulfatée et le cristal de roche, où la double réfraction est très-faible, Aussi ai-je reconnu, par l'expérience, que, dans ces deux corps, le produit de la force polarisante par te trajet des molécules lumineuses doit être affecté d'un facteur qui, dans les plus grands changemens d'incidence, n'éprouve que de très-lésères variations. : |. En ayant donc égard à ces {rois élémens, j'aimontré par l'expérience qu'on prédit les teintes données par les plaques avec autant de pré- cision que par l'observation même, et J'ai prouvé cet accord, non- ‘seulement pour des lames très-minces, mais pour des plaques paral- lèles à l'axe, épaisses de près d'un centimètre, et incapables : de donner des me isolément, mais qui en développent de longues séries quand on les croise l’une sur l’autre à angles droits, pour opposer leurs forces conformément à la théorie des oscillations, On a vu dans mes, précédens Mémoires avec quelle fidélité cette {béorie suit et représente l'expérience, Elle détermine si bien le mode d'action des forces qui font osciller la lumitre, qu’elle apprend à imiter les uns par les autres les divers cristaux, en combinant con- venablement les forces qu'ils exercent, comme je l'ai moutré der- nièrement en imitant ayec des morceaux de chaux sulfatée et de cristal de roche les phénomènes plus composés que présentent les James minces de mica, ‘ Aujourd'hui je vais donner un nouvel exemple de ces applications, en déduisant de Ja théorie un phénomène très-curieux que l'on observe avec lés lames de chaux sulfatée et de cristal de roche parallèles à ( au ) laxe de cristallisation. Si l’on expose une pareille lame, sous une incidence quelconque, à un rayon polarisé, mais de manière que l'axe de cristallisation fasse um angle de 45° avec le plan d'incidence, la teinte que cette lame polarise est constante sous toutes les inchinai- sons , et est la même que sous l'incidence perpendiculaire. Dans touté autre position de l’axe par rapport au plan d'incidence, cette constance n'a plus lieu. Si Faxe fait avec ce plan un angle moindre que 45°, les teintes polarisées par la lame montent dans l'ordre des anneaux, à mesure que Pincidence augmente, précisément comme si la lame devenait plus mince ; et au contraire, quand cet angle est plus grand que 45°, les teintes descendent dans l'ordre des anneaux comme si la lame devenait plus épaisse. Pourquoi les teintes sont-elles constantes dans le premier cas, tandis qu'elles varient dans les deux autres en sens contraire? Voilà ce que je me propose d'expliquer. | Or cela résulte uniquement de la mamière suivant laquelle les va= riations de la force répulsive se combinent avec les changemens d'épaisseur dans ces diverses positions; car il arrive que, dans l'azi- mwuth de 45°, ces deux variations sont de signes contraires, et se compensent, tandis que dans tous les autres azimuths elles se sur- passent mutuellement et tour à tour. Pour nous en assurer, formons l'expression générale de ces élémens divers qui déterminent la teinte. Soit, fig. 1, Pl. 11 (1), CT A le plande la seconde surface de la lame, SC le rayon réfracté qui la traverse, C le point d'émergence, CT la trace dw plan d'incidence sur cette surface, et CA la direction de l’axe de cristallisation; comme la double réfraction des plaques, niême épaisses, de chaux sulfatée où de: cristal de roche est si faible que les deux rayons ordinaire et extraordinaire ne se séparent pas d’une quantité sensible en les traversant, nous pouvons, dans le calcul de la force polarisante, supposer que ces deux rayons se confondent, et regarder par conséquent SC comme situé dans te plam d'incidence même, lequel est perpendiculaire à la surface de la lame en T. Maintenant, si du point C comme centre on décrit une surface sphérique qui coupera les trois lignes CT, CS, € A ,en trois points T,S,A,les plans TCS, SCA, TEA, couperont cette sphère suivant un triangle rectangle dont ces trois point seront les sommets, eb l'hypothénuse S A de ce triangle mesurera précisément langle formé par l'axe du cristal avec le rayon réfracté. Or cet arc est maintenant facile à calculer; car si nous le désignons par V', et que nous nom- mions z l'angle FT CA formé par l'axe du. cristal avec la trace du. plan d'incidence, enfin que nous nommions 8° l'angle de réfraction formé par le rayon SC avec la normale GN aux deux surfaces de la lame supposées parallèles, on connaîtra dans le triangle rectangle AST les (x) Cette Planché accompagnera une des’Livraisons suivantes, 1815. (aa ) deux côtés T A = et ST—090° — 8'; on aura donc aisément l'hypo- thénuse S A ou W par la formule : .# cos. SA — cos. ST cos.TA, qui devient ici cos. V — cos. z sin. 8; et par conséquent la force polarisante, qui est représentée en général par sin? V, sera connue, puisqu'on aura _Sin2V —1—cos2;isin28. Calculons maintenant la longueur du trajet que fait la lumière dans cette lame. Soit e l'épaisseur perpendiculaire CN comprises entre ses deux surfaces, cette épaisseur étant réduite à l’échelle de la table de Newton, . . . . e il est visible que le trajet SC aura pour expression Are Faisons le produit de ces deux quantités en y joignant un facteur de la forme 1 + @ Sin.* 8" + b sin.4 8’ dépendant de la variation de la vitesse dans l’intérieur du cristal, nous aurons en général, pour l'expression de la teinte, e sin." V cos. 8! (1 + a sin.® #' + bsin.t 8")? ou en mettant pour sin.’ V sa valeur e (x — cos s sin #) cos. # (1 + asins # + b sin. #)? Toutes les particularités du phénomène viennent de ce que les quantités V , a, b, varient en même temps que l'azimuth£, tandis que e la longueur du trajet est indépendante de cet azimuth, au moins cos. 8! pour nos sens: car, puisque les deux rayons ordinaire et extraordinaire ne se séparent point d’une quantité appréciable, en traversant la lame dans quelque sens qu’on la tourne,on peut toujours regarder le trajet parcouru par le rayon extraordinaire comme sensiblement égal à celui que décrit le rayon ordinaire, et alors il devient indépendant de l’azimuth dans cet ordre d'approximation. Considérons d’abord les variations du facteur 1 + a sin: 8 + bsin* 4’. L'expérience m'a fait voir que les coefficiens a et à sont toujours des fractions moindres que +, et comme elles sont multipliées par sin.’ 8 et sin.* 8, dont la première est aussi une fraction plus petite que —, même dans les plus grandes incidences, on voit que les va- leurs de ce facteur différeront toujours tres-peu de l'unité. De plus, l'expérience m’a encore appris que les coelliciens a et b sont tous (153 ) deux négatifs lorsque 2= o, c’est-à-dire lorsque l'axe de la lame est situé dans le plan d'incidence, tandis qu’au contraire ils sont tous deux positifs lorsque À = 90°, c'est-à-dire lorsque l'axe de la lame est perpendiculaire à ce plan. Or, leurs valeurs intermédiaires étant constamment progressives d’une de ces limites vers l’autre, on conçoit qu'il doit arriver un terme où les quantités a et b deviennent nulles, et, d'après la marche qu'alfecte en général ce genre de phénomènes, le passage du positif au négatif doit se faire dans l’azimuth de 45°, ou très-près de cet azimuth, en sorte que, vers ce point, les variations du facteur doivent être assez petites pour pouvoir être négligées : alors en faisant ; — 45° dans notre expression générale des teintes, elle se réduira à e (1—2sin® 8!) cos, 4! Celte expression peut se mettre sous la forme e (1 — 2 8in2 50. cos"20.), 2 1 — 2 sin. +4! et en effectuant la division, elle devient On voit alors que la teinte observée dans cette position sera la même f qui est du quatrième ordre par rapport aux puissances de sin. 8 , et qui par conséquent sera toujours très-faible. En effet, pour savoir quelle influence il peut acquérir dans les cas extrêmes, calculons-le dans-le cas de la plus grande incidence, qui est celle de 90°, et prenons pour rapport de réfraction celui de 5 à 2, qui résulle des expériences de Newton sur la chaux sulfatée, nous aurons Due : : ñ 2 e sin.+ =6 que sous l'incidence perpendiculaire, au terme près, _ cos. 8° — "412.48 30" frpapfis 54 rh vl= et 2 sin,t 4 —— —= 0.043548 ; ‘ cos, 4! QE en sorte que l'expression générale des teintes sous celte incidence et dans l’azimuth de 45° deviendra . e + e.0,04348. ; On voit ainsi que la plus grande variation de e sera toujours très: faible. Pour évaluer le changemént qui eu résultera sur la teinte, Livraison de septembre. 22 £ 1815. (154) faisons pour e diverses suppositions prises dans les différens: ordres d'anneaux. Par exemple, faisons d’abord e — 457,8, ce qui, dans la table. de Newton, répond au bleu verdâtre du seplième ordre d’anneaux, tout près des limites de la coloration sensible ; nous aurons alors e.0.04548 — 17.091, e + e.0".04348 — 477.70: or le blanc rougeâtre du septième ordre qui succède immédiatement à notre bleu verdâtre a pour expression dans la table 467,6. Par conséquent les variations de couleur de notre lame, dans tonte l'étendue possible des incidences, comprendront à peine la moitié de l'intervalle d'une teinte dans la table de Newton. Supposons € — 18.7, ce qui répond au rouge vif du troisième ordre, nous aurons alors ce qui donnera e.0.04348— 0.813, ce qui donnera e+e.0.04348— 19.513: or la teinte qui suit immédiatement le rouge du troisième ordre est un rouge bleuâtre qui répond à l'épaisseur 20,8. Ainsi les couleurs de la lame ne varient pas non plus de la moitié de l'intervalle d’une teinte dans cet ordre d’anneaux; ici même le changement de nuance ‘serait à peine sensible à cause du peu de différence qui existe entre la nature des deux teintes contiguës. Supposons encore e— 10.8, ce qui répond au jaune du second ordre, nous aurons alors e.0.04348 — 0.47; par conséquent la teinte extrême sera 11.27, précisément l'orangé du même ordre; car cet orangé est représenté par 11.7; de sorte qu'à moins d’être prévenu qu’un change- ment de teinte est possible, on sera porté à attribuer cette variation de teinte à un léger changement de lazimuth pendant qu’on incline la lame; en effet, un changement de 4° dans la position de l'axe sufhrait pour détruire ces petites variations de teintes. On voit donc, par ces essais, que les teintes calculées, d’après notre théorie, pour l’azimuth de 45°, seront constantes où presque constantes sous toutes les inclinaisons. Je n’oserais décider positivement lequel des deux cas a lieu, car je n’ai pas encore eu jusqu'ici d'appareil assez précis pour pouvoir répondre de deux ou trois degrés sur l’azimuth de ces petites lames, si ce n’est quand cet azimuth est égal à o ou à go’, parce qu’alors les images extraordinaires s’évanouissent. 11 serait pos- sible que les cas où la variation est insensible , à cause du peu de différence des teintes qui se suivent, m’eussent masqué de si légers changemens de nuances dans les autres cas. Pourtant J'avais remarqué @r55 ) quelquefois des effets de ce genre qui m'avaient surpris, ct je les avais consignés dans mon premier Mémoire, page 224; mais, comme je viens de le dire, je n'avais pas, dans la mesure des azimuths, des moyens assez précis pour les constater, et à cette époque je n'étais pas encore guidé par une théorie qui m'engageât à m'y arrêter. Au reste, soit que les variations des teintes existent encore dans cet azi- muth, soit que les valeurs du facteur qui dépend probablement de la vitesse les fassent disparaître, on voit du moins qu’elles seront toujours d'une petitesse extrême d’après notre théorie, d'accord en cela avec les observations. Examinons maintenant le changement qui s'opère dans la variation des teintes de part et d'autre de Pazimuth de 45°, et pour cela prenons des valeurs de z très-peu différentes de celles-là, de manière que les varitations du facteur à + a sin.’ 8’ + b sin.4 8° puissent encore être né- gligées ; alors en nommant E la teinte observée dans cet azimuth, nous aurons encore e(1— cos® sin 4!) | ARR EP ra cos. 4! d différencions cette expression en faisant varier seulement l’azimuth ?, nous aurons e sin. 27.sin.* 4! dE — = cos. & —. di. Puisque nous voulons partir de l’azimuth de 45°, il faut faire £ = 45° dans le coefficient de di, ce qui donne RASE A CT dE LE TT di. cos. à Cette expression nous montre que dE sera positif si z augmente, et LEE UC SE 5 S * à négatif s’il diminue. Ainsi, quelle que soit l'incidence où l’on veuille placer la lame, si son axe fait avec le plan d'incidence un angle de k : 45°, lorsqu'on augmentera cet azimuth en tournant la lame sur son plan, les teintes du rayon qu'elle polarise baisseront dans l’ordre des anneaux , Comme si elle devenait plus épaisse; ct au contraire, si l’on diminue ce même azimuth, en rapprochant l'axe du plan d'incidence, les teintes du rayon extraordinaire monteront dans l’ordre des anneaux comme si la lame devenait plus mince. Tous ces résultats sont parfaitement conformes à l'expérience ; mais ici la théorie, en les calculant, nous éclaire sur leur véritable cause : elle nous montre qu'ils dépendent des effets opposés que l'inelinaison produit sur la force polarisante émanée de l’axe de cristallisation et sur la longueur du trajet que la lumière décrit dans l'intérieur du cristal. Quand l'angle de l'axe avec le plan d'incidence est compris entre [0] 2 2 © A . o et 45°, l'augmentation du trajet ne compense pas l’affaiblissement 1815. (156) qu'éprouve la force polarisante, et le nombre des oscillations diminue comme si la lame devenait plus mince. Vers l’azimuth de 45° les effets se compensent, et le nombre des oscillations est, à très-peu de chose près, le même sous les inclinaisons. Enfin, pour des azimuths plus considérables , depuis 45° jusques à 90°, l'augmentation du trajet que décrit la lumière dans l’intérieur du cristal est plus que sufh- sante pour compenser l'affaiblissement de la force polarisante émanée de l'axe, et le nombre des oscillations augmente comme si la lame devenait plus épaisse. Ces compensations doivent avoir lieu de la même manière dans toutes les substances qui font osciller la lumière suivant les lois que nous avons assignées : aussi les observe-t-on également dans les lames de chaux sulfatée et dans les lames de cristal de roche taillées parallèlement à l’axe de cristallisation. Mais ils n’ont pas lieu dans le mica, parce qu'outre l'axe situé dans la plan de ses lames, il en existe encore un autre perpendiculaire à leur plan. Depuis que j'ai été conduit à la connaissance des oscillations de la lumière, j'ai multiplié à l'infini les expériences, et je les ai variées de toules les manières imaginables pour mettre dans une entière évi- dence les rapports qui existent entre la longueur du trajet décrit par les molécules lumineuses et le nombre d'oscillations qu’elles exécutent dans cet intervalle autour de leur centre de gravité. Ce phénomène méritait en effet toute mon altention; car, excepté les accès de ré- flexion et de réfraction que Newton a découverts, je ne crois pas que l'on connaisse dans les particules Iumineuses d'autres modifications qui soient variables et intermittentes dans l'intérieur des corps. Les géo- mètres qui se sont occupés du mouvement de la lumière l'ont regardé comme constant et uniforme une fois que le rayon a pénétré à une profondeur infiniment petite de la surface d'entrée , et ils croyaient qu'alors toutes les forces qui agissent sur les molécules lumineuses se compensaient exactement; mais si cette supposilion est vraie ou peut être regardée comme vraie quant au mouvement de translation, on voit, par mes expériences et par la théorie que j'en ai déduile, qu'il n'en est plus de même pour les mouvemens que pe particules lumineuses exécutent autour de leurs centres de gra= vité. Ces mouvemens peuvent être intermittens et alternatifs pour une même particule de lumière, à mesure qu’en traversant le corps elle tombe dans la sphère d'activité des diverses molécules qui le composent; et si ces molécules sont arrangées d'une manière régu- lière et symétrique, comme cela à lieu dans les corps cristallisés, la succession de leurs actions peut, dans certains cas, imprimer à la lumière des oscillations régulières telles que celles dont J'ai reconnu et assigné les lois. A A A hé Cr) Sur l'application du calcul des probabilites à la philosophie naturelle ; par M. LAPLACE. Quanp on veut connaître les lois des phénomènes, et atteindre à une grande exactitude; on combine les observations ou les expériences de manière à faire ressortir les élémens inconnus, et l’on prend un milieu entre elles. Plus les observations sont nombreuses et moins elles s'écartent de leur résultat moyen, plus ce résultat approche de la vérité. On remplit cette dernière condition, par le choix des méthodes, par la précision des instrumens, et par le soin qu'on met à bien observer : ensuite on détermine par la théorie des probabili- tés, le résultat moyen le plus avantageux, ou celui qui donne le moins de prise à l'erreur. Mais cela ne suffit pas; il est encore né- cessaire d'apprécier la probabilité que l'erreur de ce résultat, est com- prise dans des limites données : sans cela, on n’a qu’une connaissance imparfaite du degré d’exactitude obtenu. Des formules propres à cet objet, sont donc un vrai perfectionnement de la méthode de la phi- losophie naturelle, qu’il est bien important d'ajouter à cette méthode : c'est une des choses que j'ai eu principalement en vue, dans ma Théorie analytique des probabilités, où je suis parvenu à des formules de ce genre, qui ont l'avantage remarquable d’être indépendantes de Ja loi de probabilité des erreurs, et de ne renfermer que des quantités données par les observations mêmes et par leurs expressions analytiques. Je vais en rappeler ici les principes. - Chaque observation a pour expression analytique, une fonction des élémens qu'on veut déterminer; et si ces élémens sont à peu près connus; cette fonction devient une fonction linéaire de leurs correc- tions. En l’égalant à l'observation même, on forme ce qu’on nomme équation de condition. Si l'on a un grand nombre d'équations sem- blables, on les combine de manière à former autant d'équations finales qu'il y a d'élémens; et en résolvant ces équalions, on déter- mine les corrections des élémens. L’art consiste donc à combiner les équations de condition, de la manière la plus avantageuse. Pour cela, on doit observer que la formation d’une équation finale, au moyen des équations de condition, revient à multiplier chacune de celles-ci par un facteur indéterminé , et à réunir ces produits; mais il faut choisir le systême de facteurs qui donne la plus pelite erreur à craindre, Or il est visible que si l’on mulliplie chaque erreur dont un élément déterminé par un systême, est encore susceptible, par la probabilité de cette erreur ; le système le plus avantageux sera celui dans lequel la somme de ces produits, {ous pris positivement, est un Livraison d'octobre. 25 | 1915. Insrirur. Septembre 1815. ( 158 ) minimum ; car une erreur, positive ou négative, peut être considérée comme une perte. En formant donc cette somme de produits, la condition du minimum déterminera le système de facteurs le plus avan- tageux, et le minimum d'erreur à craindre sur chaque élément. J'ai fait voir dans l'ouvrage cité, que ce système est celui des coefli-iens des élémens dans chaque équation de condition; en sorte qu’on forme une premitre équation finale, en multipliant respectivement chaque équation de condition, par son coefficient du premier élément, et en réunissant toutes ces équations ainsi multiphées : on forme une se- conde équation finale, en employant les coefliciens du second élé- ment, et ainsi de suite. J'ai donné dans le même ouvrage, l'expression du minimum d’er- reur, quel que soit le nombre des élémens. Ce minimum donne la probabilité des erreurs dont les corrections de ces élémens sont en- core susceptibles, et qui est proportionnelle au nombre dont le loga- rithme hyperbolique est l'unité, élevé à une puissance dont l'exposant est le quarré de l'erreur pris en moins, et divisé par le quarré du minimum d'erreur, multiplié par le rapport de la circonférence au diamètre. Le coefficient . quarré négatif de l'erreur dans cet ex- posant , peut donc être considéré comme le module de la probabilité des erreurs; puisque l’erreur restant la même, la cran décrott avec rapidité quand il augmente ; en sorte que le résultat obtenu pèse, si je puis ainsi dire, vers la vérité, d'autant plus, que ce module est plus grand. Je nommerai par cetle raison, ce module poids du résultat. Par une analogie remarquable de ces poids avec ceux des corps comparés à leur centre commun de gravilé, il arrive que si un inême élément est donné par divers systèmes composés chacun, d’un grand nombre d'observations ; le résultat moyen le lus avantageux de leur ensemble, est la somme des produits de chaque résultat partiel par son poids, cette somme élant divisée par la somme de tous les poids. De plus, le poids total des divers systèmes, est la somme de leurs poids partiels; en sorte que la proba- bilité des erreurs du résultat moyen de leur ensemble, est propor- tionnelle au nombre qui a l'unité pour logarithme hyperbolique, élevé à une puissance dont l'exposant est le quarré de l'erreur, pris en moins, et multiplié par la somme de tous les poids. Chaque poids dépend, à la vérité, de la loi de Rs des erreurs, dans chaque systême : presque toujours cette loi est inconnue; mais je suis heu- reusement parvenu à éliminer le facteur qui la renferme, au moyen de la somme des quarrés des érarts des observations du systême de leur résultat moyen. Il serait done à désirer, pour compléter nos connaissances sur les résullats obtenus par l’ensemble d'un grand nombre d'observations , qu'on écrivit à côté de chaque résultat, le € 159 ) poids qui lui correspond. Pour en faciliter le calcul, je développe son expression analytique, lorsque l’on n'a pas plus de quatre élémens à déterminer. Mais cette expression devenant de plus en plus com- pliquée, à mesure que le nombre des élémens augmente , je donne un moyen fort simple pour déterminer le poids d'un résultat, quel que soit le nombre des élémens. Alors, un procédé régulier pour arriver à ce qu'on cherche, est préférable à l'emploi des formules analytiques. uand on a ainsi obtenu l’exponentielle qui représente la loi de probabilité des erreurs d’un résultat ; l'intégrale du produit de cette exponentielle par la différentielle de l'erreur, étant prise dans des limites déterminées, elle donnera la probabilité que lerreur du résultat est comprise dans ces limites, en la multipliant par la racine quarrée du poids du résultat ,divisé par la circonférence dont le dia- mètre est l’unité. On trouve dans l'ouvrage cité, des formules très- simples pour obtenir cette intégrale; et M. Kramp, dans son Traité des réfractions astronomiques , a réduit ce genre d’intégrales, en tables fort commodes. Pour appliquer cette méthode avee succès , il faut varier les eir- constances des observations, de manière à éviter les causes constantes d'erreur ; il faut que les observations soient rapportées fidèlement et sans prévention, en n’écartant que celles qui renferment des causes d'erreur, évidentes. IL faut qu’elles soient nombreuses, et qu’elles le soient d'autant plus, qu'il y a plus d’élémens à déterminer; car le poids du résultat moyen croît comme le nombre des observations, divisé par le nombre des élémens. Il est encore nécessaire que les élémens suivent dans ces observations, une marche fort différente ; car si la marche de deux élémens était rigoureusement la même, ce qui rendrait leurs coefficiens proportionnels dans les équations de condition ; ces élémens ne formeraient qu’une seule inconnue , et il serait impossible de les distinguer par ces observations. Enfin il faut que les observations soient précises, afin que leurs écaris du résultat moyen soient peu considérables. Le poids du résultat est par là beaucoup augmenté, son expression ayant pour diviseur la somme des quarrés de ces écarts. Avec ces précautions, on pourra faire usage de la méthode précédente, et déterminer le degré de con- fiance que méritent les résultats déduits d’un grand nombre d’obser- vations. Dans les recherches que j'ai lues dernièrement à la classe, sur les phénomènes des marées, j'ai appliqué cette méthode aux observations de ces phénomènes, J’en donne ici deux applications nouvelles : l’une est relative aux valeurs des masses de Jupiter, de Saturne et d'Uranus ; l'autre se rapporte à la loi de variation de la pesanteur. Pour le premier 1015. ( 160 ) objet, j'ai profité de l'immense travail que M. Bouvard vient de ter: miner sur les mouvemens de Jupiter et de Saturne, dont il a construit de nouvelles tables très-précises. J1 a fait usage de toutes les opposi- tions et de toutes les quadratures observées depuis Bradley, et qu'il a discutées de nouveau avec le plus grand soin ; ce qui lui a donné pour le mouvement de Jupiter en longitude, 126 équations de condition. Elles renferment cinq élémens, savoir : le moyen mouvement de Jupiter, sa longitude moyenne à une époque fixe, la longitude de son périhélie à la même époque, l’excentricité de son orbite, enfin la masse de Saturne dont l’action est la source principale des inégalités de Jupiter. Ces équa- tions ont été réduites par la méthode la plus avantageuse , à cinq équa- tions finales, dont la résolution a donné la valeur des cinq élémens. M. Bouvard trouve ainsi la masse de Saturne égale à la 3512° partie de celle du soleil. On doit observer que cette masse est la somme des masses de Saturne, de ses satellites et de son anneau. Mes formules de probabilité font voir qu'il y a onzé mille à parier contre un ; que l'erreur .de ce dernier résultat n’est pas un centième de sa valeur, ou, ce qui revient à {rès-peu-près au même, qu'après un siècle de nouvelles ob- servations ajoutées aux précédentes, et discutées de la même manière, le nouveau résultat ne différera pas d'un centième, de celui de M. Bouvard. 11 y a plusieurs milliards à parier contre un, que ce dernier résultat n’est pas en erreur d’un cinquantième; car le nombre à pirier contre un, croît par la nature de son expression analytique, avec une grande rapidité, quand l'intervalle des limites de l'erreur augmente. Newton avait trouvé, par les observations de Pound sur la plus grande élongation du quatrième Satellite de saturne , la masse de cette planète égale à la 3012 partie de celle du soleil; ce qui surpasse dur sixième, le résultat de M. Bouvard. Il y a des millions de mulliards à parier contre un, que celui de Newton est en erreur; et l'on n’en sera point surpris, si l'on considère l'extrême difficulté d'observer les plus grandes élongations des satellites de Saturne. La facilité d'observer celles des satellites de Jupiter, a rendu beaucoup plus exacte, la valeur de la masse de cette planete, que Newton a fixée, par les observations de Pound, à la 1067€ partie de celle du soleil. M. Bouvard, par l’ensém- ble de cent vingt-neuf oppositions et quadratures de Saturne, la trouve un 1071 de cet astre; ce qui différe tres-peu de la valeur de Newvton. Ma méthode de probabilité, appliquée aux cent vingt-neuf équations de condition de M. Bouvard, donne un million à parier contre ‘un ; que son résultat n’est pas en erreûr d'un centième de sa valeur: il y a neuf cents à parier coutre un, que son erreur n'est pas d’un cent einquantième. ! M. Bouvard a fait entrer dans ses équations, la anasse d'Uranus comme indéterminée : il en a déduit cetle masse ; égale à la dix-sept (161) mille neuf cent dix-huitième partie de celle du soleil. Les perturba- tions qu’elle produit dans le mouvement de Saturne, étant peu con- sidérables; on ne doit pas encore attendre des observations de ce mouvement, une grande précision dans cette valeur. Mais il est si dificile d'observer les élongations des satellites d’Uranus; qu’on peut justement craindre une erreur considérable dans la valeur de sa masse, ui résulte des observations de M. Herschel. IL était donc intéressant É voir ce que donnent à cet égard les perturbations du mouvement de Saturne. Je trouve qu'il y a deux cent treize à parier contre un, que l'erreur du résultat de M. Bouvard, n’est pas un cinquième de sa valeur : il y a deux mille quatre cent cinquante-six à parier contre un, qu'elle n’est pas un quart. Après un siècle de nouvelles observations ajoutées aux précédentes et discutées de la même manière, ces nombres à parier croitront au-delà de leurs quarrés ; on aura donc alors la valeur de la masse d'Uranus, avec une grande probabilité qu’elle sera contenue dans d’étroiles limites. ; Je viens maintenant à la loi de la pesanteur. Depuis Richer qui recon- nut le premier, la diminution de cette force à l'équateur, par le ralentis- sement de son horloge transportée de Paris à Cayenne; on a déterminé l'intensité de la pesanteur dans un grand nombre de lieux, soit par le nombre des oscillations diurnes d’un même pendule, soit cn mesurant directement la longueur du pendule à secondes. Les observations qui m'ont paru mériter le plus de confiance, sont au nombre de trente-sept, et s'étendent depuis 67 degrés de latitude boréale jusqu’à 5r degrés de latitude australe. Quoique leur marche soit fort résu- lière, elles laissent cependant x désirer une précision plas grande en= core. La longueur du pendule isochrone, qui en résulte, suit à fort peu près la loi de variation la plus simple, celle du quarré du sinus de la latitude ; et les deux hémisphères ne présentent point à cet égard , de différence sensible, ou du moins qui ne puisse être attribuée aux erreurs des observations; mais sil existe entre eux une léeère différence, les observations du pendule, par leur facilité et par la précision qu’on peut y apporter maintenant, sont {rès-propres à la faire découvrir. M. Mathieu a bien voulu” discuter, à ma prière , les ob- servations dont je viens de parler; et il a trouvé que la longueur du pendule à secondes à l'équateur étant prise pour lunité, le coefficient du terme proportionnel au quarré du sinus de la latitude, est cinq cent cinquante-un cent millièmes. Mes formules de probabilité, appliquées à ces observations, donnent deux mille cent vingt sept à parier contre un, que le vrai coeflicient est compris dans les limites, cinq millièmes et six millièmes. Si la terre est un ellipsoide de révolution, on a son aplalissement, en retranchant le coeflicient de la Loi de la pesan- téur, de huit cent soixante-huit cent millièmes, Le coeflicient cinq 1815. ASTRONOMIE. Marmémaniques, Institut. ( 262 } L millièmes répond ainsi à l’aplatissement --; il ÿ a done quatre mille deux cent cinquante-cinq à parier contre un, que l’aplatissement de la terre est au dessous: il y a des millions de milliards à parier contre un, que cet aplatissement est momdre que celui qui répond à l'homogé- néité de la terre, et queles couches terrestres augmentent de densité, à mesure qu'elles approchent du centre de cette planète, La grande régularité de la pesanteur à sa surface, prouve qu’elles sont disposées symétriquement aulour de ce point. Ces deux conditions, suites né- cessaires de l'état fluide, ne pourraient pas évidemment subsister pour la terre, si elle n'avait point eu primitivemnt cet état, qu'une chaleur excessive a pu seule donner à la terre entière, SDS AR RAA Elémens elliptiques de la dernière comète. CETTE comète a élé découverte au mois de mars dernier, par M. Olbers. Son ellipticité est assez sensible, et elle a été observée assez long-temps pour qu'on puisse calculer son orbite AphAe avec exactitude. Voici les élémens déterminés par M. Bessel, d’après l’ensemble de toutes les observations; MM. de Lindenau et Nicolaï en ont trouvé de très-peu différens. Passage au périhélie, août 26,00364 méridien de Paris. Longitude du périhélie, 149°2/29",1 Longitude du nœud, 83°28'46",14 Inclinaison, 44°29 53",7 Excentricité, 0,93112771 Demi-grand axe, 1760964 Révolution sidérale, 75°",89682. Mouvement direct, x D A Mémoire sur la théorie des ondes, déposé le 28 août, et lu le 2 octobre 1815 ; par M. Poisson, Nous supposerons que l'eau n’a reçu aucune percussion à l’origine du mouvement, et qu'elle a été dérangée de l'état d'équilibre, de la manière suivante , la plus facile à se représenter : on plonge dans l'eau , jusqu'à une petite profondeur, un corps de forme quelconque ; on laisse au fluide le temps de revenir au repos, puis on relire subi- ( 163 ) tement le corps plongé; il se forme autour de l'endroit qu’il occupait, des ondes dont il s’agit de déterminer la propagation, soit à la surface, soit dans l’intérieur de la masse fluide. Il n’est question, dans mon Mémoire, que du cas où les agitations de l'eau sont assez petites pour qu'il soit permis de négliger le quarré et les puissances supérieures des vitesses et des déplacemens de molécules; restriction sans laquelle le problème serait si compliqué, qu'on n'en pourrait espérer aucune solution. Je suppose la profondeur de leau constante dans toute son étendue, de sorte que le fond de l’eau est un plan fixe horizontal , situé à une distance donnée au dessous de son niveau naturel, Enfin j'ai traité successivement, dans le Mémoire, le cas d'un fluide contenu dans un canal vertical d’une largeur constante et d’une longueur indéfinie , et celui d’un fluide dont la surface s'étend indéfiniment dans tous les sens; mais, dans cet extrait, je me bornerai à faire con- nailre d’une manière succincte la solution relative au premier cas. Prenons la densité de leau pour unité, et pour plan des co- ordonnées le plan d’une section verticale faite dans le sens de la longueur du canal; soient , pour une molécule quelconque, z l’ordonnée verticale comptée dans le sens de la pesanteur et à partir du plan du niveau, et x l’abscisse horizontale ; désignons par p la pression qu'é- prouve cette molécule, par g'la gravité, et par / le temps écoulé depuis l’origine du mouvement : la théorie générale des petites oscillations du fluide que nous considérons sera comprise, comme on sait, (*) dans ces deux équations d CA EN EN do 000) GR @ élant une certaine fonction de x, z et z, dont les différences partielles relatives à x et z représentent les vitesses horizontale et verticale de la molécule correspondante à ces coordonnées , de manitre qu’on a de dx (Ar) dz dr | dr Mae ve de À la surface, e pression Si ae ou bien elle est une constante ui peut être censée comprise dans la foneti ; ? ? l’ar- de d'un point de te à La ue AE ef Et, u dei Cu ARENA AE À L'ordonnée 2’ étant très-petie, la quantité = l'est aussi, et du a (*) Poyez mon Traité de mécanique, tome IL, page 493. OMS, (164) même ordre que les vitesses et les déplacemens des molécules. Puis donc qu'on néglige le quarré de ces quantités, il suflira de faire z— 0 dans er et en différenliant par rapport à 4, il faudra considérer x : dz' do comme une constante. Donc, à cause de VENUE aura LATE PTPENLE 4 équation qu'il faut joindre à l'équation (1), mais en se souvenant qu’elle n’a lieu que pour la valeur particulière z— 0. Soit À la profondeur du fluide, qu'on suppose constante; la vitesse verticale demeure constamment nulle pour toutes les molécules qui touchent le fond de l’eau; on a donc do == ge = 0; (3) pour la valeur particulière z—h. Les équations (1), (2), (3), sont les trois équations du problême , qu'il s’agit de résoudre simultanément. Je satisfais à la première en prenant @—Zcos.(ax + b) Art PE): À, B, a, b étant des quantités indépendantes de + et z, et la caractéris- tique Z, marquant la somme qu’on obtient en leur donnant toutes les valeurs possibles. Substituant dans l'équation (3), faisant z—#, et ob- M de que cette équation doit être identique par rapport à x, on en conclut — ah Z ÂGE HN Be dEster d'où l’on tire h —ah EST ER PNB Eee T étant une nouvelle indéterminée. La valeur de @ se change en DS (c° (Are) + e” FRERE cos. (ax + b). 11 ne reste plus qu'à satisfaire à l'équation (2). Pour cela je re- garderai T comme seule dépendante de z, et a et b comme des cons- tantes absolues; différentiant par rapport à z et à , faisant z—0,et substituant dans l'équation (2), qui doit être identique par rapport à x, il vient æT a 2 2 TS OA A €? = e + e L'intégrale complète de cette équation, est T = C. sin. ct + C'. cos. cr; mais comme on veut que les vitesses initiales des molécules, c'est à : d d » : : dire, les valeurs de . et D; qui répondent à £ = o, soient nulles pour toute la masse fluide, il est aisé de voir qu’il faut rejeter le ‘second terme de cette valeur, ou faire C'—0 : on aura alors simplement R —2 —h = Pamo( et droeis 1) cos. (a x + B). sin. c, (4) pour la valeur de @, qui satifait à la fois aux équations (r),(2) et (3), et qui répond au cas des vitesses initiales nulles. L’équation de la sur- face qu’on en déduit est, à un instant quelconque, h —ah rai =S € cet PET TU ) cos. (ax + b). cos. ct; et à l’origine du mouvement elle devient MERS Ce a À — ah ÿ z! — + (e +e ): cos. (ax + b). (5) Sous cette forme de série, on ne peut rien conclure de ces valeurs relativement à la propagation des ondes; mais, au moyen d’un théo- rême très-simple sur la transformation des séries, il va nous être facile d'introduire dans la valeur générale de @, la fonction arbitraire qui représente la valeur initiale de z'. Voici l'énoncé de ce théorême, qui, je crois, n'avait pas encore été remarqué. Quelle que soit la fonction fx, continue ou discontinue, pourvu w’elle ne devienne infinie pour aucune valeur réelle de x, on aura pour toutes les valeurs réelles de cette variable Ve: else cos. (ax —ua) me da da; (6) æ désignant le rapport de la circonférence. au diamètre ; l'intégrale double étant prise depuis a — o jusqu’à à —+, et depuis à — —: jusqu’à aæ— +;:;et # désignant une quantité positive qu’on devra supposer in- finiment petite ou nulle après lintégration, Un théorème semblable a lieu pour les fonctions de deux ou d’un plus grand nombre de variables ; la démonstration étant facile à sup- pléer, nous la supprimons dans cet extrait. Pour en faire l'application Livraison d'octobre. 24 1815. ( 166 ) à la question présente, je suppose que la valeur initiale de z’ soit RS qu'il s’agit de faire coïucider avec la valeur donnée par l'équation (5). Or, en comparant celle-ci à l'équation (6), il est évident qu’on les rendra identiques en prenant ; b=—aa, C—= = k — ah)? a C (a 5 + e fe ) et changeant le signe Z en une intégrale double relative à a et «, et. prise entre les limites qu'on vient d'assigner. De cette manière, la valeur générale de @; donnée par l'équation (4), prend la forme: ,c a(h=—z) ; :a(z—2) , ; We: e +e us { sin. c£ . £ eff] 7: = cos. (ax aa). ——.fa da da; e + e : où l'on a supprimé l’exposant infmiment petit & Æ, par rapport aux exposans a (h—2z) et a (z—h). Cette formule renferme la solution complète du problème, car on en déduit, par de simples différentiations par rapportàx, z et r, les vitesses horizontale et verticale du fluide en un point quelconque, la pression que ce point éprouve, et l'ordonnée z' de la surface ; quantités qui seront toutes exprimées sous forme finie, par des intégrales définies doubles. Lorsque l'on considère les deux dimensions horizontales du fluide, on trouve, par une analyse toute semblable à celle que je viens d'exposer, une valeur de @ exprimée par une intégrale définie qua- druple. E Si l'on suppose la profondeur A très-petite, et qu'on néglige ses puissances supérieures à la première, la valeur ci-dessus de c se ré- duira à c—g ha, au moyen de quoi les intégrales définies disparaissent dans l'expression de @ et des quantités qui s'en déduisent. J'ai fait voir en eflet dans mon Mémoire, et il est facile de vérifier, que la valeur de z’ devient alors AT ANUS. 2 DE RS (x +1Vgh) +f(a—1V8h)). Intégrant par rapport à , puis différentiant par rapport à x, on a en même temps de ude LOVEL (f(zriVsh)r f(x Vel). dt dx 2Vh : . dx Ces valeurs de l’ordonnée z° et de la vitesse horizontale ELA reviennent, pour le cas que nou considérons, à la solution que (167) Lagrange a donnée à la fin de la Mécanique analytique, ef suivant laquelle les ondes se propagent , comme le son, avec une vitesse cons- tante, indépendante de l’ébranlement primitif et proportionnelle à la racine carrée de la profondeur du fluide. Ce grand géomètre croit pouvoir étendre les conclusions de son analyse, au cas d’une profon- deur indéfinie, en observant que, d’après l'expérience, le mouvement produit à la surface ne se transmet sensiblement qu'a une très-petite profondeur, qu'il suppose donnée par l'observation ; et qu'il prend pour la quantité que nous avons appelée A. Mais une considération fort simple suflit pour prouver que les choses ne se passent pas ainsi ; car le mouvement n'étant pas interrompu brusquement dans le sens vertical, la profondeur à laquelle il est permis de regarder les oscil- lations de l’eau comme insensibles, n’est pas une quantité déterminée qui puisse entrer, comme on le suppose, dans l'expression de la vitesse à la surface. Dans le cas d’une profondeur infinie, les seules lignes déterminées qui soient comprises parmi les données de la question, sont les dimensions du corps plongé qui a produit les ondes, et l’es- pace qu’un corps pesant parcourt dans un temps déterminé : la vitesse des ondes ne peut donc être fonction que de ces deux sortes de lignes ; par conséquent, si elle est indépendante de l'ébranlement primitif, il faudra, d'après le principe de l'homogénéité des quantités, que l’es- pace parcouru par les ondes dans un temps quelconque 7, soit égal à l'espace + g22, multiplié par un nombre abstrait indépendant de toute unité de temps ou de ligne. Alors le mouvement des ondes serait uni- formément accéléré : si l’on veut, au contraire, qu'il soit uniforme , il faudra nécessairement, d'après le même principe de l'homogénéité, que la vitesse dépende de l'ébranlement primitif, de manière que l'espace parcouru dans le temps z soit une moyenne proportionnelle entre la ligne +. g 7? et l’une des dimensions, où plus généralement À une fonction linéaire des dimensions du corps plongé. C’est au calcul à décider lequel de ces deux mouvemens a effectivement lieu; mais on voit, à priori, qu'ils sont l’un et l'autre également contraires au résultat de la Mécanique analytique. Il était bon pour la généralité, et même aussi pour la rigueur de l'analyse, de considérer, comme je l'ai fait d’abord, le cas d'une pro- fondeur quelconque ; mais je me suis ensuite spécialement attaché à examiner le cas quise présente le plus communément dans la na- ture, celui où la profondeur de l’eau est infinie, ou du moins très- grande par rapport aux oscillations des molécules. En faisant, dans ce cas, À — }, la valeur de c se réduit à c — y/g'a, et l'expression générale de la fonetion @, devient PIRE f —az sn 1V”ga off e . COS, (a x — aa). es .Ja da da 1815. ( 168 ) Je renvoie à un-second article le développement des conséquences . qui se déduisent de cette formule ; J'observerai seulement que cette valeur particulière de @, satisfait, pour toutes les valeurs de z, à l'équation (2), tandis que la valeur générale n'y satisfaisait que pour z — 0; de là il résulte qu'en différentiant la pression p par rapport à z, on a identiquement dp || dz BP. dt. Ë de deb 7e ce qui montre que, dans lé cas d’une profondeur infinie, la pression. est indépendante du temps, c’est -à - dire, qu'une même molécule éprouve la même pression pendant toute la durée du mouvement. La question que j'ai traitée dans ce Mémoire, à été proposée par YInstitut pour sujet du prix de 1816. Une pièce reçue à lexpiration du concours, le 50 septembre dernier , et qu'on ne peut attribuer qu'à un très-habile géomètre, renferme, pour le cas d’une profondeur in- finie, que l’auteur a considéré directement, des formules semblables à celles de mon Mémoire. Nous en rendrons compte aussitôt après le Jugement que la classe en aura porté. El Sur la cause de la coloration des corps ; par M. Bior. Parmi les observations propres à montrer que les couleurs constantes des corps dépendent uniquement du. mode d’aggrégation de leurs par- ticules, on en trouverait je crois difficilement une plus frappante que Ja suivante, qui cependant n’a pas été envisagée sous ce point de vue ; elle est due à M. Thénard. Ce chimiste ayant distillé avec soin du phosphore à sept à huit reprises, dans la vue de l'obtenir extrêmement pur, trouva qu'il avait acquis, après ces opérations, une propriété nouvelle et inattendue. Si on le fondait dans de l’eau chaude, 1l de- venait {ransparent ct d’un blanc jaunêtre,, comme c’est l’ordinaire. Le hissait-on refroidir lentement, il se solidifiait en conservant cette couleur, et restait à demi-transparent ; mais si, dans le temps qu'il était fondu , on le jetait dans de l’eau froide, en l’agitant avec un tube de verre pour lui imprimer un refroidissement brusque, il devenait subitement opaque et absolument noir. Cependant il n'avait point changé de nature; car, en le faisant de nouveau fondre, il reprenait sa cou- Jeur jaune et sa transparence, et les gardait en se solidifiant, si on le laissait refroidir avec lenteur : de sorte que le même morceausolide de phosphore pouvail à volonté être rendu successivement jaune ou noir, traspareut ou opaque. Cette observalion remarquable montre bien, de la manière la plus palpable, que la transparence eu lopacité, la coloration ou la. (109) rivation de toute couleur ne sont que des modifications résultantes de | PR RLEE et des dimensions des groupes matériels dont les corps se composent. En répétant celte expérience avec M. Clément, sur une certaine quantité de ce phosphore que M. Thénard nous avait donnée, nous eûmes occasion d'observer un phénomène qui rénd cette transi- tion d’état encore plus frappante. Ayant jeté notre phosphore fondu dans de l’eau froide, un certain nombre de petits globules, dix ou douze peut-être , restèrent disséminés de divers côtés, sans perdre leur liquidité ni leur transparence. Il parait que, soit par le peu de froideur de l’eau , soit par toute autre cause, leurs molécules s'arrangeaient peu à peu comme par l'effet d’un refroidissement lent; mais si l’on touchait seulement un d’entre eux avec Pextrémité d'un tube de verre, ce léger mouvement, ou peut-être le seul effet d'attraction de la ma- tière solide du verre, déteraunait aussitôt la solidification du globule, et il devenait en même temps absolument noir. Cette épreuve, répétée successivement sur tous, fut toujours suivie du même succès. Le plus léger ébranlement suflisait donc alors pour déterminer les particules à s'arranger de l’une ou de l’autre manière. C’est ainsi que lorsque l’eau a été abaissée de quelques degrés au-dessous du point de la glace fondante, sans cesser d’être liquide, l'injection du plus petit cristal de glace, ou je crois même d'un petit corps solide quelconque qui peut être mouillé par l’eau encore liquide, y détermine à l'instant la congélation. J'ajouterai ici une belle expérience de M. Brewster, qui me paraît des plus propres à confirmer l'influence que l’arrangement des parties: matérielles peut avoir en une infinité de circonstances sur la coloration. Tout le monde conuaît les couleurs vives et brillantes que présente la nacre de perle. Il semble bien qu'elles sont propres à cette substance , autant que celles de tout autre corps naturel; cependant elles résultent uniquement de la constitution de sa surface, et des petites rides imper- ceptibles qui la sillonnent, sans aucun rapport avec la nature de ces particules. Car , si l’on prend l'empreinte de la nacre comme celle d'un cachet sur de la cire noire bien fine, sur de l’alliage de Darcet en fusion, ou enfin sur toute autre substance susceptible de se mouler dans ses ondulations, les surfaces de ces substances acquièrent la même faculté que Celle de la nacre, et font voir les mêmes couleurs. FE: ARR RAR AS ARS A Mémoire sur le genre Sclerotium ; et en particulier sur l'Ersot des céréales; par M. be CANDOLLE. Le but de ce Mémoire est d'établir que l’ergot du seigle et des autres graminées est un champianon parasite, qui se développe dans l'ovaire de 110102 BorTaxiQuez. Institut. 18 septembre18r5, (170) ces plantes et en occupe la place. Pour faire concevoir ses preuves, l’au- teur a été obligé de donner l’histoire du genre encore peu connu dont l'ergot fait partie. Le genre des sclerotiums a été établi par Tode (Fung. mekl. r,, p. 2), en 1790, ct n'a fait encore le sujet des recherches que de très-peu de paturalistes. Il se compose de petites fongosités, charaues à l’intérieur, arrondies, ovales ou allongées, de forme peu constante, toujours dé- pourvues de racines et d'appendices. Leur substance interne est dure, absolument dépourvue des veines qui rendent la chair des truffes mar- brée. La peau qui recouvre cette chair est lisse dans sa jeunesse, puis un peu ridée et souvent légèrement pulvérulente ; sa couleur est blanche ou jaune dans quelques espèces, le plus souvent noire ou d’un pourpre foncé. Les sclerotiums ont été considérés jusqu'ici comme analogues aux trufles ; mais ils paraissent beaucoup plus voisins des clavaires et des helvelles, et appartenir par conséquent à la division des champignons à spores situés à l'extérieur. Ils croissent, comme les clavaires, dans des situations très-diverses ; sous terre, comme le sclerotium subter- ranein ; dans la tannée, comme le sclerotium vaporarium; sous les tas de mousses, comme le sc/erotium muscorum; sur la terre, sous les bouses de vache, comme le sclerotium stercorarium; sur les nervures des chous enfouis en terre , contme le sc/erotium bYassicæ, etc.: il en est qui naissent sur les végétaux mourans comme le sclerotium populneum , sur les feuilles du peuplier ; le scleratium salicinum , sur celles du saule , etc.; d’autres, tels que le sc/erotium corpactum, vivent sur le réceptacle des composées vivantes, et le sclerotium durum dans l'in- térieur des tiges de gentianes ; il en est enfin qui sont de vraies parasites comme le sclerotium cyparissie (1). Ces champignons qui naissent à l’état pulpeux ; offrent ceci de singulier, de perdre souvent leur forme natu- relle, pour se mouler sur les corps qu'ils approchent ; ainsi le sc/erorium compactum, lorsqu'il croit sur les graines du soleil , offre l'empreinte concavye de leurs moindres aspérités. L’ergot est une production parasite comme plusieurs sclerotes , qui a comme eux une station déterminée sur certains végétaux ; il se développe dans l'ovaire des graminées comme plusieurs champignons bien egnnus pour tels ; il offre absolument la nature, la couleur, la forme, la texture des sclerotiums; sa chair est blanche , ferme, homogène , compacte ; sa superficie d'un pourpre noirâtre; son apparence absolument analogue aux sclerotium compactum et stercorarium , sa forme est cylindravée, souvent marquée d'un sillon longitudinal, dû à ce que le champignon, (x) Voyez, pour les caractères de ces diverses espèces de sclerotinms, le supplé- e . mn z, : Ë m5 4 ment ou tome cinquième de la Ælore francaise , qui vient de paraitre chez Desray ; rue Hautefeuille , n° 4, à Paris, (171) s’est, dans sa jeunesse, moulé sur l'enveloppe de la graine : son dévelop- pement est favorisé par l’humidité comme tous les champignons. Tous les détails de sa manière de croître s'expliquent très-naturellement par cette opinion : sa nature chimique elle-même est plus analogue à celle des champignons qu’à celle des graines de graminées; il attaque un grand nombre d'espèces de graminées différentes comme le font plusieurs espèces de puccinia, d'uredo et d'æcidium ; enfin l'odeur, la saveur, et les propriétés vénéneuses de l’ergot, semblent d'accord avec sa nature fon- gueuse, On sait que l'usage du pain , fait avec le seigle ergotté, cause des maladies graves, telles que la gangrène sèche de la Sologne, et sous ce rapport, il est très-important d'établir la manière de détruire cette pro- duction dangereuse ou de prévenir sa naissance. M. de Candolle propose, que dans les pays sujets à l’ergot, on oblige les propriétaires à fournir chaque année , à leur mairie , une mesure convenue d’ergot qu’on ferait détruire sur-le-champ. Ce moyen aurait l'avantage immédiat de, détruire une certaine quantité de cette matière vénéneuse; et si l'opinion de l’auteur sur la classification de l’ergot est vraie, on aurait encore l'avantage de détruire ses corpuscules reproducteurs, et d'en diminuer peu à peu la propagation. L'auteur désigne l’ersot sous le nomde sclerotium clavus, et le carrac- térise par cette phrase : Sclerotium corniforme cylindraceum sulco lon- gttudinali interdüm notatum intüs album extüs purpuro-nigrum. Hab. ovarii loco intrà glumas graminum et præsertèm secali parasiticum. ss Do ed Extrait d'un troisième Mémoire de M. Henri CASssiNi, sur Les Synanthérées (1). Après avoir analysé /e style et le stigmate des synanthérées dans son premier Mémoire, et les étamines dans le second, M. Henri Cassini analyse /a corolle dans son troisième Mémoire, qui a été lu à l’Institut le 19 décembre 1814. Il établit d’abord, comme un principe très-important , que chez les synanthérées toute corolle qui n’est point accompagnée des étaminss est défigurée ou altérée dans ses caractères primituls les plus essen- tiels par une sorte de monstruosité héréditaire, d’où il suit que les corolles des lactucées et les corolles extérieures des capitules radiés, quoique semblables en apparence , n’ont réellement aucune analogie, et que par conséquent les botanistes ont eu grand tort de les confondre sous la dénomination commune de demi-fleurons. (1) L’extrait du premier Mémoire se trouve dans le Bulletin de décembre 1812, et celui du second Mémoire dans la Livraison d'août 1814, OMS IxsTirur. 19 décembre 1814. (172) L’avorilement des étamines a causé la déformation de l'organe qui a le plus d'affinité avec elles, et qui leur est intimement uni. Rien pe prouve mieux les rapports qui existent entre la corolle et les étamines. Ainsi rejetant les corolles des fleurs femelles et neutres, l’auteur n'admet, pour concourir à caractériser la famille et ses tribus, que les corolles des fleurs hermaphrodites ou mâles. Cela posé, M. Henri Cassini reconnaît, dans la corolle des synan- thérées, trois caractères principaux qui appartiennent à toute la famille sans exceplion, et qui la distinguent de toutes les autres familles du règne végétal. 1.9 Chacun des cinq pétales dont se compose la corolle est muni de deux nervures très-simples qui le bordent d’un bout à l’autre des deux côtés, et confluent par conséquent au sommet. Ce caractère est pro- bablement le plus notable de tous ceux que présente la famille ; car il paraît qu'il ne se rencontre nulle part dans le règne végé- tal ailleurs que chez les synanthérées ; c’est pourquoi l’auteur du Mémoire propose de désigner cette famille par le nom de 7évramphi- pétales (x). 2, Durant la préfleuraison les cinq lobes de la corolle, formés par la partie supérieure libre des pétales, sont immédiatement rapprochés par les bords sans se recouvrir aucunement. L'auteur pense que l’exacte clôture de la corolle en préfleuraison n’a pour but que de garantir l'organe mâle; car, dans les fleurs femelles, la corolle est entr’ouverte dès le premier âge, de sorte que le stigmate est découvert. 3.° L’assemblage des cinq pétales constitue un TUBE et un LIMBE, qui diffèrent l'un de l'autre par la forme, par la substance et par l’ordre des développemens, comme l'onglet d'un pétale d’œillet diffère de sa /ame, où comme le pétiole d'une feuille diffère de son disque. Quoique M. Henri Cassini, à l'exemple de M. de Candolle , consi- dère la corolle des synanthérées comme composée de cinq pétales en- tregreflés , il ne prétend pas pour cela que les cinq pétales aient été séparés dans l'origine, et se soient soudés depuis : c’est un fait im- possible à vérifier, et que par conséquent il se garde bien d'affirmer ; mais hi l’'admet comme une hypothèse qui exprime exactement les ana- logies, et représente avec fidélité les affinités naturelles. 11 démontre que l'enveloppe florale des synanthérées doit être con- sidérée comme une cerolle , quoiqu’elle offre l'apparence d’un calyce chez les ambrosiacées, d’où il conclut que la nature confond souvent (x) Dans ses Remarques générales sur la botenique des terres australes , livre écrit en anglais, et publié à Londres en 1814, M, Brown indique aussi ce caractère; mais M. Henri Cassini l'avait déja annoncé dans un précédent Mémoire, (175) ar des nuances le calyce et la corolle, et que, pour les distinguer, analogie est un guide plus sûr que nos subtiles définitions. Combinant ses observations sur la corolle des synanthérées avec celles qu'il a faites précédemment sur le style et le stigmate, et sur les étamines de cette même famille, M. Henri Cassini est conduit à proposer maintenant une classification un peu différente de celle qu'il avait présentée dans ses deux premiers Mémoires. D'abord il reconnait, [avec M. de Candolle, que les synanthérées doi- vent régulièrement être considérées comme une /amille, et non comme une classe du règne végétal. Considérant ensuite que, des trois ordres admis dans cette prétendue classe , celui des lactucées est le seul qui soit parfaitement naturel, et que les deux autres peuvent être divisés en plusieurs groupes aussi naturels que celui des lactucées, il se détermine à abandonner entiè- rement le systême adopté par les botanistes, et à en créer un nouveau suivant lequel la famille des synanthérées offre une série continue de dix-sept tribus naturelles, dans lesquelles il distribue environ cent soixante genres qu’il a complètement ou suffisamment analysés. Ces tribus sont : 1.e les /actucées, 2.° les labiatiflores, 3.° les cardua- cées, 4° les carlinées, 5° les xecranthémées, 6." les échinopsidees, 7° les arctotidées, 8° les calendulacees, 9.° les hélianthées, 10° les ambro- siacées, 11° les anthémidées , 12.° les inulees, 15. les astérées, 14.° les sénécionées, 15° les zussilaginées, 16. les eupatoriées, 17.2 les ver- noniees. L'auteur croit pouvoir s’applaudir de l’enchaînement de cette série, et pourtant il ne se dissimule pas que des tribus liées entre elles par des rapports d’aflinité nombreux et importans, se trouvent situées pré- cisément aux deux extrémités opposées. Pour concilier la conserva- tion de cet enchaînement avec le rapprochement des tribus dont il s’agit, il convertit la série droite en une série circulaire, qui rapproche en effet les vernoniées et les eupatoriées des lactucées et des cardua- cées sans troubler les autres rapports. M. Henri Cassini saisit cette occasion d’exhorter les botanistes à imi- ter la méthode des géographes, qui, forcés dans leurs livres de décrire les diverses régions du globe dans un ordre successif nécessairement arbitraire, joignent à leurs discours des cartes ou figures qui rétablissent les choses dans leur ordre naturel. La plupart des tribus sont plus ou moins bien caractérisées tout à la fois et par le style et le stigmate, et par les étamines, et par la corolle, Mais la valeur relative des caractères fournis par ces trois organes n’est as la même dans toutes les tribus : nouvelle preuve qu’en botanique ‘évaluation des caractères ne peut être établie rationnellement, et qu'il est même impossible d'en généraliser l'évaluation empirique. Ajoutez, Livraison d'octobre. 29 1815. pe: (174) à l'appui de cette proposition , que l’un des principaux caractères fournis par la corolle, pour définir la plupart des tribus, est pris de la structure et de la situation de ses poils, qui, dans cette famille, présentent des formes aussi variées que bizarres. Ce chétif organe caractérise aussi fort bien les genres dans la tribu des lactucées. Ne pouvant suivre l’auteur dans le détail des caractères qu’il assigne à chacune de ses tribus, nous nous bornerons à en extraire quelques observations qui nous paraissent dignes de remarque. M. Henri Cassini démontre , jusqu’à la dernière évidence , que la corolle des lactucées, bien loin de ressembler aux demi-fleurons des radiées , a la plus grande analoyie avec la corolle des carduacées, et qu'elle n’en diffère essentiellement que par l'énorme disproportion des incisions du limbe, dont l’une est excessivement longue, tandis que les quatre autres sont excessivement courtes. Il y a encore cette différence entre les corolles des deux tribus, que, chez les lactucées, les corolles d'un même capitule deviennent très-inégales en fleurissant, celles de l& circonférence (qui s'épanouissent toujours les premières) s'allongeant beaucoup; et les autres d'autant moins qu’elles sont plus près du centre ; disposition qui a le même but que la profonde incision du limbe, celui de dégager et mettre à découvert les organes sexuels. Chez les cardua- cées, au contraire, les corolles d’un même capitule s’allongent beau- coup par le tube en fleurissant ; mais elles s’allonsent toutes évalement, quoique successivement. Certaines corolles de lactucées ont offert à M. Henri Cassini des poils fort remarquables, qu’il nomme poils entregreffés, parce qu'ils paraissent composés de plusieurs poils articulés inégaux, rassemblés en faisceau, et soudés ensemble. 11 annonce que les poils de cette sorte sont très- communs sur l'ovaire des synanthérées. Ce n’est que provisoirement qu'il admet comme tribu dans sa série les labiatiflores de MM. de Candolle et Lagasea. Il attache peu d'importance à la labiation de la corolle ; mais il ne peut porter aucun jugement sur ces plantes, avant d’avoir bien examiné des fleurs réellement Lerma- phrodiles en bon état, et notamment leur style et leur stigmate. La corolle des carduacées offre aussi une sorte de labiation. Chez cette même tribu, il se forme, vers l’époque de la fleuraison, dans l'in- térieur de la substance du tube de la corolle, cinq lacunes closes de toutes parts, qui règnent d’un bout à l'autre entre les nervures. Les échinopsidées qui avaient déjà offert à l'auteur un singulier carac- tère dans la position très-insolite du point de libération des étamines, lui en ont offert d'autres non moins extraordinaires dans la structure de la corolle, remarquable surtout par un petit appendice en forme d'é- caille courte, denticulée, située transversaiement sur la face intérieure de chaque lobe, à l'endroit où il se coude brusquement en dehors. C175) La corolle ne paraît pas pouvoir fournir aucun caractère à la tribu des eupatoriées, dans laquelle l’auteur range le genre Ziarris, qui a effec- tivement le style et le stigmate de cette tribu, mais dont la corolle est analogue à celle des vernoniées. M. Henri Cassini s’est vu contraint de faire six genres nouveaux pour éviter que le même nom générique se trouvât répété dans plusieurs tribus , lorsque les botauistes, méconnaissant les affinités naturelles, ont réuni dans un même geure des espèces appartenant à des tribus diffé- rentes. Ainsi, le cineraria amelloides V.. ayant tous les caractères de la tribu des astérées, ne peut rester dans le genre céneraria, qui appartient à la tribu des sénécionées ; et cette plinte ayant l’imvolucre simple et les feuilles opposées, ne doit pas être incorporée dans le genre aster, déjà beaucoup trop nombreux. C’est pourquoi M. Henri Cassini en fait un nouveau genre sous le nom d’agatæha. C’est par des motifs semblables qu’il propose les nouveaux genres alfredia ( cnicus cernuus L.), diometlea ( £uphtalmum frutescens XL. ), florestina (stevia pedata Willd.), jusonia (erigeron longifolium, E. Jœtidum), aurelia (inula glutinosa ). M. Henri Cassini ne peut, quant à présent, classer dans aucune tribu le doronicum , le kleinia porophyllum et le lagasca. Cette dernière synanthérée est très-remarquable en ce que l'ovaire de chaque fleur est engainé dans un étui complet absolument analogue à celui des dip- sacées. L'auteur termine son Mémoire par des considérations générales fort étendues sur la théorie des classifications naturelles, par lesquelles il s'efforce de réfuter les objections qui ont été faites contre son travail. La multiplicité des caractères qu'il admet, la prolixité de leur signale- ment , les nombreuses et graves exceptions qui les démentent, la minutie et l’'équivoque de ces caractères souvent réduits à des nuances indécises ; la difficulté, la complication et les hésitations fréquentes de sa classifi- cation ; enfin l'impossibilité d'approprier cette classification à l'usage habituel dans la pratique ordinaire Ê la botanique ; tous ces défauts, ou plutôt tous ces inconvéniens, ne sauraient être imputés à l’auteur, si, comme 1l croit le démontrer, ils résultent nécessairement de la nature même des choses. (Cet article nous a été communiqué par M. de Cassini.) B. M. RAR AAA AS A AAA TOM: Soci£ré n'ARCUEIL. 29 mai 1815, (176) Sur une manicre d'imiter artificiellement les phénomènes des couleurs produites par l'action des lames minces de mica sur des rayons polarisés ; par M, BioT (1). Ex cherchnt par l'expérience le mode progressif suivant lequel la olarisation s'opère dans un assez grand nombre de corps cristal- fee (2), J'ai été conduit à voir que les singuliers phénomènes de coloration produits sur des rayons polarisés, par les lames de micæ bien diaphanes et réoulières , tenaient à l'action simultanée de denx axes rectangulaires situés l’un dans le plan des lames, et l’autre per- pendiculairement à ce plan. Le détail des expériences et leur accord avec la théorie des oscillations ne me laissaient aucun doute sur l'existence de ces deux genres de force; j'en ai conclu que si l’on pouvait avec d’autres corps composer des systêmes de forces sem- blables, ces systêmes devraient, si la théorie était juste, produire les mêmes séries de couleurs que le mica; c’est aussi ce que l'expérience a confirmé. D'abord, pour imiter les forces dirigées dans le plan des lames, j'ai employé une lame mince de chaux sulfatée qui, sous l'incidence per- pendiculaire, polarisait l’indigo du second ordre. J'ai en effet reconnu dans ces lames l'existence d’un axe, duquel émanent des forces ana- logues à celles dont je viens de parler. Ensuite, pour produire la force perpendiculaire, j'ai d’abord em- ployé une de ces lames minces de mica qui n’ont point d’axe situé dans le plan de leurs lames ; on est assuré de cette circonstance, parce qu'elles n'indiquent aucune apparence de section principale sous quelque incidence qu’on les mette, et qu’elles donnent constamment les mêmes teintes sous chaque incxlence quand on les tourne dans leur plan. J'ai placé cette lame de mica sur la lame de chaux sulfatée : cela n'a rien changé aux couleurs données par cette dernière sous l’inci- dence perpendiculaire. Mais en inclinant le système dans l’azimuth de 45°, j'ai vu les couleurs changer progressivement dass l’ordre des anneaux, précisément comme dans le mica. Lorsque l'axe de la lame de chaux sulfatée était dirigé dans le plan d'incidence, et qu’on in- clinait le système des deux lames, le rayon extraordinaire, polarisé (x) Ce Mémoire était destiné à entrer dans un autre recueil, c'est ce qui en à retardé la publication. (2) J'ignorais alors que ce mode était le même pour tous les cristaux ; je l'ai progvé depuis, (177) par ce systême, commençait par monter dans l'ordre des anneaux, précisément comme si le système füt devenu plus mince; c’est-à-dire qu'il passait de lindigo du second ordre au violet, puis au rouge du premier ordre, à l’orangé, au jaune pâle, au blanc, au bleu, et enfin au noir ; après quoi, en inclinant toujours, les teintes redescendaient de nouveau dans le même ordre, d’abord au blanc, puis au jaune, etc. La lame de chaux sulfatée seule, dans les mêmes circonstances, ef inclinée de même, ne montait que de l'indigo au violet et au rouge du premier ordre, mais elle n'allait pas plus loin. Voilà ce qui avait lieu quand l'axe de la lame de chaux sulfatée était tourné dans le plan d'incidence. Mais si l’on y placait la ligne perpendiculaire à cet axe, ce qui augmentait la longueur du trajet de particules, en laissant la force répulsive constante , les phénomènes étaient opposés ; les teintes du rayon extraordinaire descendaient constamment dans l’ordre des anneaux , comme si le système fût devenu plus épais; c’est-à-dire qu’en partant de l’indigo du second ordre, elles passaient au bleu, au vert blanchâtre, au jaune brillant, à l’orangé, au rouge, au pourpre, tandis que la lame de chaux sulfatée seule, dans les mêmes circonstances, n'aurait descendu tout au plus que jusqu'au vert blafard et imparfait du second ordre. Du reste, on ne changeait rien aux phénomènes Si, sans toucher à la lame de chaux sufatée, on faisait tourner la lame de mica sur son plan, ce qui est tout simple, puisque la force exer- cée par cette lame émane d’un axe perpendiculare à ce plan lui- même. Tous ces résultats pouvaient se prévoir rigoureusement par Ja théorie. Soient, fig. 1, CZ, CX, deux axes rectangulaires, perpend'- culaires au rayon incident, et dont le premier, CZ, représentera la direction primitive de sa polarisation; soit C A l’axe de la lame de chaux sulfatée, tourné dans l’azimuth AC7Z, que je supposerai {out de suite de 45°,afin de rendre les phénomènes plus sensibles. Le rhom- boïde qui sert pour analyser la lumière a sa section principale située dans lazimuth o. Alors, sous quelque incidence qu'on place le sys- tême , la lumière commence à osciller dans cette lame, que je suppose exposée la première au rayon. Une partie des molécules lumineuses fait un nombre d’oscillations impair, et tourne ses axes dans un azi- muth égal à deux fois 45°, ou à 90°. Cette portion forme le faisceau spécialement polarisé par la lame, el sa teinte, sous l'incidence per- pendiculaire , est l’indigo du second ordre. Le reste des molécules lumineuses ayant fait un nombre d’oscillations pair, reprend sa polari- sation primitive suvant CZ, et, traversant le rhomboïde, y forme un faisceau ordinaire d'un vert pâle, complément de l’indigo du second ordre. Voilà donc deux faisceaux qui sortent de la première lame Fun polarisé suivant CX, l’autre suivant CZ ; c’est alors qu’ils subissent a 1815. (178 ) l'action de l'axe de la lame de mica. Cet axe étant incliné dans le plan d'incidence, exerce sa. force à droïte et à gauche de ce plan. Or les observations nous apprennent que cette force est répulsive, c'est-à- dire qu’elle {end à repousser les axes de polarisation des molécules lumineuses, que C A attirait; en sorte qu’elle fait osciller ces axes dans le sens XZ'X'Z (eee au lieu que CA les faisait osciller dans le sens ZAX et X A7. Par conséquent l'axe de la lame de mica produit sur les couleurs le même effet que produirait un axe attractif qui serait dirigé suivant BB’ à angle droit sur CA. Une partie des molé- cules qui formaient le faisceau CX dans la première lame reste pola- risée dans cette direction, après avoir fait un nombre d'oscillations paires dont les limites sont CX et CZ, et la direction XZ'X'Z. Une autre partie fait un nombre d'oscillations impaires dans les mêmes limites, et se trouve ramenéé dans la polarisation primitive CZ. La même chose arrive aux molécules de l’autre faisceau, qui, en sortant de la première lame, était polarisé suivant CZ. Si l'incidence est telle que l’action répulsive de la plaque de mica soit égale à l'action attractive de l'axe CA ; alors tout le faisceau qui avait changé de polarisation dans la première lame en change aussi dans la seconde, parce qu'il y fait également le même nombre impair d’oscillations, et 1l se trouve ramené suivant CZ en parcourant l'arc XZ'X'Z'; de même le faisceau qui avait conservé sa polarisation dans la première lame la conserve dans la seconde, parce qu'il y fait encore un nombre d’os- cillations pair, et ainsi il reste dirigé comme auparavant; alors toute la lumitre incidente se frouve avoir repris sa polarisation primitive quand elle a traversé le système entier des deux lames, et le rayou extraordinaire donné par le rhomboïde est nul. Généralement, la teinte extraordinaire qui s’oblient sous chaque incidence est la même que celle qui serait produite par une seule lame égale en épaisseur à la différence des actions que les deux lames exercent. 11 se passe ici absolument la même chose que dans les plaques de chaux sulfatée dont les axes sont croisés à angles droits; car on pourrait à l’axe répulsif de la lame de mica dirigé suivant CA dans notre expérience, substituer un axe attractif dirigé suivant la ligne BB, rectangulaire sur CA, et alors les circonstances deviennent absolument pareilles à celles que présentent les lames croisées rectangulaires, lorsque les axes sont situés dans leur plan (x). La même théorie montre également pourquoi, lorsque l'axe de la lame est perpendiculaire au plan d'incidence, les couleurs du rayon EEE een) (1) J'ignorais alors l'existence générale de deux forces de double réfraction, Pune attractive , l'autre répulsive , ce phénomène en était le premier indice, Po eue (179 ) extraordinaire descendent constamment dans l'ordre des.anmeaux; car alors l’action répulsive de l'axe, s’exerçant toujours à droite et à gauche du plan d'mcidence, agit dans le même sens que le premier axe attractif CA qui se trouve alors tourné perpendiculairement à ce plan ; ainsi les molécules lumineuses, après être sorties de la lame de chaux sulfatée, continuent leurs oscillations dans la plaque de mica, comme elles au- raient fait, si les premières forces qui les sollicitaient eussent continué d'agir dans le même sens, mais avec une intensité différente. Les cir- constances sont alors absolument pareilles à ce qui arrive lorsque la lu- mière traverse successivement plusieurs lames de chaux sulfatée, dont les axes sont disposés parallelement ; l’action totale du système est égale à la somme des actions des lames superposées. J Comme les lames de mica qui n’ont point d'axe dans le plan de leurs lames doivent probablement cette propriété à une cristallisation confuse relativement à ce plan , elles sont toujours moins diaphanes que les lames régulièrement cristallisées. Pour éviter ce défaut, j'ai pris une de ces dernières lames très-diaphane et très-mince. Elle était tirée d’une belle feuille de mica, qui m'a été donnée par M. de Drée. Cette lame, sous l'incidence perpendiculaire, polarisait le blanc du premier ordre , et était d’une épaisseur parfaitement égale dans toutes ses parties, comme l’uni- formité de sa teinte l’indiquait. Je l’ai coupée en deux, et j'ai croisé ces deux moitiés l’une sur l’autre. Par ce croisement je neutralisais les actions dés axes situés dans le plan de ces lames ; et, en effet, en expo- sant ce systême au rayon polarisé, sous l'incidence perpendiculaire, on pouvait le tourner sur son plan dans tous les azimuths, sans qu'il déviât, aucunement les axes des particules lumineuses. Mais en inclinant ces deux petites lames, l’action du troisième axe perpendiculaire à leur plan se développait et faisait naître un rayon extraordinaire , dont les cou- leurs, partant d’abord du bleu de premier ordre, allaient continuelle- ment en baissant dans l'ordre des anneaux. Ce nouveau systême de forces pouvait donc être substitué à la lame mince de mica sans axes que j'avais d’abord employée ; et en elfet , les phénomènes qui en résul- térent furent précisément les mêmes. Lorsque l’axe de la lame de chaux sulfatée se trouva dirigé dans le plan d'incidence, l’action ré- pulsive de laxe perpendiculaire des lames de mica fit monter les couleurs dans l’ordre des anneaux beaucoup plus rapidement et plus loin que si la prenuère lame eût été seule. Le rayon extraordinaire arriva au zéro des teintes, le dépassa, et revint de nouveau au blanc du premier ordre. Au contraire, quand l'axe de la lame de chaux sulfatée fut devenu perpendiculaire au plan d'incidence, les couleurs descendirent dans l’ordre des anneaux, comme si le système fût devenu plus épais; mais, de même que dans le cas précédent, les variations fuxent beaucoup plus étendues et plus rapides qu’elles ne l’étaient dans 1815. ( 180 } la lame de chaux sulfatée, lorsqu'on la présentait isolément au rayon polarisé. Dans ces expériences, les lames de mica ne servaient plus que pour produire une force perpendiculaire au plan du système. En conséquence, on devait pouvoir les remplacer par tout autre corps susceptible de pro- duire une force ainsi dirigée, par exemple, par une plaque mince de cristal de roche, taillée perpendiculairement à l'axe. Je pris donc une pareille plaque; mais je la choisis assez mince pour que l’action des forces qui font tourner la lumière y fût tout à fait insensible, de sorte qu’elle n'altérait nullement la polarisation primitive des particules lumi- neuses, pres l'exposait seule et sous l'incidence perpendiculaire au rayon polarisé, Mais en l’inclinant sur ce rayon, la force émanée de l'axe se développant par l'obliquité, produisait un rayon extraordi- naire qui descendait continuellement dans la série des anneau x. Je posai cette petite lame sur la lame mince de chaux sulfatée dont j'ai parlé tout à l'heure, et successivement sur plusieurs autres; j'obtins encore des effets tout pareils à ceux des expériences précédentes, et à ceux qu'aurait produits une simple lame de mica cristallisée. En plaçant tour à tour dans le plan d'incidence l'axe de la lame de chaux sulfatée et la ligne perpendiculaire , et inclinant le système sur le rayon polarisé, il arriva que, pour l'une des deux positions, les couleurs descendirent constamment dans l’ordre des anneaux, comme si le système était de- venu plus épais, tandis que pour l’autre, elles commencèrent à monter comme s’il était devenu plus mince, jusqu'a ce qu'enfin elles arrivèrent au blanc du premier ordre et de là au noir, après quoi elles redescen- dirent de nouveau par les mêmes degrés. Mais quelle était celle des deux lignes qui, par son inclinaison , de- vait déterminer chacun de ces mouvemens opposés? Pour le savoir, il faut 6e rappeler deux choses : la première, que lorsqu'on incline le systême, l'axe de la plaque de cristal de roche reste toujours dans le lan d'incidence; la seconde, que l’action de cet axe est tout à fait de même nature et de même signe que celle du premier axe de la chaux sulfatée, puisqu'il faut les croiser à angle droit pour les opposer l’un à l'autre, comme le prouvent les expériences des plaques épaisses ,taillées parallèlement à l'axe. D'après cela, quand le premier axe de la lame de chaux sulfatée sera dirigé dans le plan d'incidence, son action s’ajoutera à celle de la plaque de cristal de roche; et si l'accroissement que cette dernière éprouve par l'inclinaison surpasse la diminution de l’autre, ce qui dépendra des rapports d'épaisseur des deux lames, les couleurs du rayon extraordinaire descendront dans l'ordre des anneaux comme si le système devenait plus épais: c’est ce qui est arrivé dans l'expérience que J'ai faite. (181) Si, au tontraire, l'axe de la lame de chaux Ssulfatée est dirigé perpendiculairement au plan d'incidence, il se trouve croisé à angles droits avec la section principale de la lame de cristal de roche, et Ja variation des teintes est égale à la différence des actions des deux lames qui composent le systême. Si donc l’action de la lame de cristal de roche augmente par l'inclinaison plus que celle de la lame de chaux sulfatée, ce qui est le cas de notre expérience, leur différence, dans cette position, diminue de plus en plus, jusqu'à devenir nulle et ensuite négative. Alors les teintes du rayon extraordinaire commen- ceront par monter dans l’ordre des anneaux comme si le système de- venait plus mince; elles arriveront au blanc du premier ordre, puis au noir, après quoi l’action de la lame de cristal de roche devenant prédominante, elles redescendront de nouveau par les mêmes degrés comme si le système devenait de plus en plus épais. On voit que la marche de ces phénomènes dépend du rapport qu'ont entre elles té épaisseurs des deux plaques que l'on combine. Si celte épaisseur était telle que l’action de la lame de chaux sulfatée variât par linclinaison, plus que celle de la lame de ‘cristal de roche, celle- ci pourrait ralentir où accélérer la marche progressive des teintes, mais elle ne pourrait pas l’intervertir. Pour réaliser cette considération, j'at substitué à la lame mince de chaux sulfatée, le système de deux pla- ues épaisses de celte substance, croisées l’une sur l’autre à asgles droits: J'ai prouvé qu'un pareil système exposé au rayon polarisé, sous l'incidence perpendiculaire, produit le même effet qu’une seule plaque égale à la différence des plaques superposées. Mais les variations d’intensités produites par les changemens d’inclinaison sur un pareil sys- tême, sont beaucoup plus considérables, comme je l'ai fait voir dans la suite de mes recherches où j'ai donné le calcul et la mesure de leur étendue. Je devais donc n''attendre qu’en plaçant sur ces deux plaques la petite lame de cristal de roche, dont j'avais fait usage dans les expé- riences précédentes, l'accroissement de son action, causé par l’obliquité, ne sufhrait pas pour compenser les variations occasionnées par la même cause dans les deux plaques croisées. Ce fut en effet ce qui arriva. Lorsque l'axe de la plaque la plus forte était dirigé dans le plan d'in- cidence, si l’on examinait le rayon extraordinaire donné seulément par les deux plaques, il montait dans l’ordre des anneaux, comme si ce système fût devenu plus mince. Quand on regardait à travers la por- tion sur laquelle était placée la plaque mince de cristal de roche, les teintes de ce rayon montaient encore dans le même ordre, mais plus len- tement. De même, quand on mettait dans le plan d'incidence l'axe de la plaque de chaux sulfatée la plus faible, les teintes du rayon extraor- dinaire donné par le systême des deux plaques épaisses descendaient dans l’ordre des anneaux; mais elles descendaient plus lentement dans Livraison de novembre, 26 | 1815. ( 182 } la partie où la lame de cristal de roche agissait, parce que celle-ci, par son action croissante , retardait la diminution d'énergie éprouvée par la plaque que linclinaison affaiblissait. Quand on forme ainsi des systèmes composés de lames superposées, il se produit entre elles des réflexions qui, en général, s'exercent inéga- lement sur les deux faisceaux donnés par les lames successives, parce que ces deux faisceaux sont polarisés dans des directions diverses, et se trouvent disposés d’upe manière non symétrique relativement au plan de réflexion. Mais cette dissimilitude n’a pas heu quand on inchme le système dans l'azimuth de 45°, parce qu’alors, dans les deux faisceaux émanés de chaque lame, les axes des molécules lumineuses forment des angles égaux avec la trace du plan d'incidence; ce qui fait que la condition de la réflexion est la même pour chacun de ces faisceaux. 11 se réfléchit donc de chacun d’eux une proportion pareille, et par con- séquent le rayon réfléchi est blanc, de sorte que l'intensité relative des teintes ordinaires ef extraordinaires qui se transmettent, n’est point al- térée. Cette égalité n’a plus lieu dans les autres azimuths , et l'on peut aisément s’en convaincre, puisque même à l'œil nu et sans prisme de spath d'Islande, la lumière qui a traversé obliquement un système de lames ainsi superposées parait colorée ; ce qui ne saurait avoir lieu si la réflexion s’exergait sur chaque faisceau de la même manière, propor- tionnellement à son intensité. Par conséquent, quand on emploie de pareils syslêmes, si lon veut étudier l’action qu'ils exercent, par ré- fraction seulement, sur la lumière incidente qui les traverse, 1l faut né- cessairement les incliner daps l'azimuth de 45°, puisque dans tout autre, les phénomènes se trouvent compliqués par l'inégalité de la réflexion. Aussi n’ai-je cherché à imiter les phénomènes du mica que dans eet azimuth, et seulement pour l’ordre de la succession des teintes que le rayon extraordinaire présente sous diverses inchinaisons ;, car il est évident que les quantités absolues n’étant point très-pelites , ne peuvent pas résulter également d'actions successives et d'actions sis multanées. Les expériences que je viens de rapporter montrent, par un exemple frappant, qu'en eflet les phénomènes de polarisation produits par le: mica, la chaux sulfätée et le cristal de roche, sont, comme je l'ai annoncé, susceptibles d'être ramenés à des forces attractives et répul- sives agissant suivant les directions.et d'apres les lois que J'ai déterminées ;. car en développant ces forces par des, sections eouvenables dans les: corps qui les possédent. et les combinant les unes avec lesautres, con- formément à ce que l1 théorie des oscillations indique, on peut repro+ duire artificiellement tous les phénomènes de polarisation que la na- ture nous présente dans chacun.de ces corps en particulier ; d'où il suit, qu'au lieu d'ayoir à considérer ces phénomènes dans leurs détails , ( 185 ) souvent compliqués et en ‘apparence bizarres, il suffit désormais de considérer généralement des forces connues qui les produisent, ce qui est incomparablement plus simple. RAA VIA LATINA Note sur une difficulté relative à l'intégration des équations aux différences partielles du premier ordre ; par M, Poisson. : Lorsqu'on a une équation aux différences partielles du premier ordre, à trois variables et non linéaire par rapport aux différences, ‘on fait dépendre son intégration de celle d’une autre équation linéaire et à quatre variables. L'intégrale de celle-ci renferme une fonction arbitraire de deux quantités, ce qui semblerait devoir en introduire une semblable dans l'intégrale de la proposée, laquelle ne doit ce- D contenir qu'une fonction d'une seule quantité. Dans les econs sur le calcul des fonctions (*), M. Lagranse dit que cette difficulté l'a long-temps tourmenté, et qu'il est enfin parvenu à, la résoudre, en employant un changement de variables au moyen duquel il fait voir que la fonction double se réduit toujours à une fonction simple; mais cette méthode a l’inconvénient, ainsi que M. Lacroix l’a rémarqué dans la seconde édition de son Calcul intégral (**), dé compliquer la forme générale de l’intégrale, qui se trouve alors re- présentée par le système de trois équations, tandis que dans chaque cas elle doit être exprimée par deux équations seulement. En suivant ane marche différente, on parvient, d’une manière: qui me semble plus directe, à lever complètement la difficulté dont nous parlons, ou plutôt à montrer qu’elle n’est qu'apparente, et l'on a en même temps l'avantage de :conserver à l'intégrale la forme simple qu’elle doit avoir : c’est ce que je me propose de faire voir dans cette note. Représentons l'équation proposée par J(t97:%P:9)=0; () p et q désignant les différences partielles de’ par rapport à x et à y. On tirera de là la valeur de p ‘pour da isubstituer dans dz=pdx+qdy; (2) et l’on disposera de la quantité q4, qui reste indéterminée, pour rendre ‘intégrable cette valeur de dz. Or on sait que g devra alors être donnée 7 par l'équation ANNION AN NE Su de 02 (9) (”) Journal de l'Ecole Polytechnique, douzième cahier , page 312, (**) Tome IT, page 555. 1815. MATHÉMATIQUES. (184) dans laquelle il faudra aussi substituer la valeur des et qui sera, en x, Y, zet q, l'équation auxiliaire dont nous venons de parler. _ L'intégrale de cette équation (3) dépend de trois équations diffé- rentielles ordinaires que nous n’aurons pas besoin d'écrire ; nous représenterons leurs intégrales complètes par a=f.(x,;2,q);, b=f. (x; ÿ,2,q), C—/; (x, 3»2Z g)5. : (4) a, b, c étant les constantes arbitraires : l'intégrale générale de l’équa- tion (3) sera À d'AMD, 0); (5) 11 désignant une fonction arbitraire. Supposons l'une des équations (4), la première, par exemple, résolue par rapport à g; soit g—=+Ÿ(x;7, z, 4) (6) la valeur qu'on en tire; substituons-la dans les deux autres équations, ce qui donne des résultats de cette forme: { b—\,(x, 7, z,a), c = +, EAU Z,a); substituons ensuite ces valeurs de b et c dans l'équation (5), nous aurons a (4i(x,r,z,a) d(&y,z;a)); eb nous pouvons dire maintenant que la valeur la plus générale de 4 qui satisfasse à l'équation (3), et qui ait , par conséquent, la propriété de rendre intégrable l'équation (2), est exprimée par l'équation (6) , en y considérant à comme une quantité donnée par l'équation (7). Cela posé, la valeur de a sera, ou une quantité variable dépendant e de la forme qu'on donnera à la fonction FH, où une constante arbi- traire quand on prendra pour cette fonction une semblable constante. Supposons d'abord que le second cas ait lieu ; concevons qu'on ait intégré l'équation (2}, après y avoir substitué, à la place de p et g, leurs valeurs tirées des équations (1) et (6), et désignons son inté- grale par LR DE à (8) Æ étant la constante arbitraire. Si l'on veut présentement avoir l'inté- grale de la même équation {2), dans l'hypothèse de a variable, il est évident qu'on peut encore supposer qu’elle soit représentée par l’é- quation (8), pourvu qu’on y répardé Æ comme une nouvelle variable, et qu'on détermine convenablement sa valeur, c’est-à-dire, de manière que la différentielle de l'équation (8) reste la même quand a et Æ sont constantes, et lorsqne a et # sont devenues variables, Il faudra donc qu'on ait d'ENT y za CE ja = dk; | (185) or celte équation ne saurait subsister, à moins que le coeflicient de da, dans le premier membre, ne soit une fonction de a et # sans x, Y, 2; ainsi F, désignant une fonction arbitraire , il faudra que l’é- quation qu sert à déterminer a revienne à celle-ci : dE ce Z 5 a) — II, (&, sers (7) laquelle, par conséquent, devra être identique avec l'équation (7). Cela étant, onaura d & = H, (a, k) da; et de cette équation on tirera k= ga, ce qui change les équations (8) et (9) en celles-ci: CHMCILAERI d.qa E(x; %218) 04; Sue rat 0 y 0 (20) qui représenteront l'intégrale générale de l'équation (2). Quant à l'é- quation (7), elle est maintenant superflue, car elle peut être remplacée par l'équation (7), qui devient F d.® _ = N,(a,k) = N,(a, pa), et qui ne fait qu'établir une relation entre les-deux fonctions arbitraires désignées par @ et I, dont la seconde n'entre pas dans les équa- tions (10). Nous pouvons conclure de là: 19 Que l'intégrale générale de l'équation (2), ne contient qu’une fonction arbitraire d’une seule quantité, quoique la valeur de q soit donnée par une équalion renfermant une fonction de deux quantités ; 20 Que, pour l'obtenir, il suflit de connaître une intégrale parti- culière de l'équation (5), renfermant une simple constante arbitraire c’est-à-dire une des trois équations (4) ; ce qui coïncide avec la me. thode ordinaire. On vérifiera sans peine tout ce qui précède, sur l’équation z — pq —0o,que M. Lagrange a prise pour exemple, et parliculièrement li- dentité des équations (7) et (7°). que nous avons démontrée d'une manicre générale. PE: AAA AA RAA RAS AS Note sur l'Ours gris d'Amérique. M. CLiNTON, dans les notes ajoutées à son discours d'introduction lu devant la Société littéraire et philosophique de New-Yorck, en 1815, donne quelques observations assez intéressantes d'histoire natu- relle, parmi lesqueiles nous avons extrait cette note sur l'ours que les Américains nomment ours grisätre ( grissley bear), et dont nous avons OMIS: Zoo1ocir. Société Philomat, ( 186 ) eu l'occasion de voir l'année dernière en Angleterre une pate, qui nous a réellement étonné par sa grandeur, S L'ours blanc, brun ou grisâtre, dit M. Clinton, car il peut être de toutes ces couleurs, depuis le brun jusqu'au blanc presque pur, est d'une taille beaucoup plus considérable que l'ours commun (*). Un individu, tué dans l'expédition de Clarke et Lewis, pesait entre cinq et siX cents livres au moins;il avait huit pieds sept pouces et demi du nez à l'extrémité du pied de derrière; la circonférence était de cinq pieds dix pouces à la poitrine , de trois pieds dix pouces au cou, et d’un pied onze pouces à Ja patte de devant; les ongles avaient quatre poutes trois quarts de long. On a trouvé, empreintes dans le sable ou dans la boue, des traces de ces animaux qui avaient onze pouces de long sur sept pouces un quart de large, sans compter les ongles. Dixon, chasseur indien, a assuré à un ami de M. Clinton avoir vu un individu de quatorze pieds de long. Le pied de devant, couvert de sa peau, que j'ai vu à Londres dans la collection de M. Bullock, paraît avoir appartenu à un individu qui était au moins de cette taïlle ; et même d’une beaucoup plus grande, si l’on admet à la ri- gueur ce qu'en dit M. Bullock dans la description de son muséum, puisqu'il suppose qu'étendue pour saisir sa proie, cette patte couvrirait un espace de quatre pieds sur trois. Quoi qu'il en soit, l’ours argenté d'Amérique est en général plus haut et plus long que l’ours commun, son ventre est plus mince, sa tête plus grande et plus longue, ainsi que ses défenses ou dents canines. Ïl a cinq doigts à tous les pieds, comme toutes les espèces du genre; et les ongles qui es terminent sont beaucoup plus longs mais plus émoussés que dans l’ours commun. Sa queue est plus courte; sou poil plus long, plus fin, plus abondant sur toutes les parties du corps, forme une grande toufle ou une sorte de crinière à la partie supérieure du cou. Les testicules pendent sous le ventre, chacun dans une poche séparée de deux à trois pouces, au lieu d’être, comme dans l’ours commun et les chiens, situés plus en arrière, entre les cuisses. Le foie, les poumons, le cœur, sont plus grands, même proportionnellement à sa taille , que dans l'espèce ordinaire. Cette espèce est très-nombreuse au nord-ouest des établissemens américains , spécialément dans les vastes contrées d'où naissent les différentes sources du Missouri, au-delà du Mississipi; on en a même vu jusqu'a la rivière d'Fudson. j Cet ours est très-féroce, et essentiellement carnivore ; il attaque l'homme partout où il l'aperçoit, et il est très-avide de sa chair; aussi {*) Probäblement sous ce nom on entend en Amérique, l’oxrs noir. ( 187) est-il regardé comme le tyran des forêts de cette partie de l'Amé- rique. Les Indiens ne l’attaquent jamais que lorsqu'ils sont au moins sept à huit réunis ; et lorsqu'ils vont à sa poursuite, ils se fardent, se peignent, et en général ont recours à toutes les cérémonies supersti- tieuses qu'ils emploient en cas de guerre avec une nation voisine. Ils disent que ces ours ont souvent tué les plus braves d’entre eux. On en a cependant vu quelques uns que des Indiens étaient parvenus à apprivoiser. _ La ténacité à vivre de cette espèce paraît être étonnante ; aucune blessure, si ce n’est à travers la tête ou le cœur, n’est mortelle, et souvent il s’en est échappé après avoir été blessés grièvement dans quelque autre partie du corps. Dans l'expédition de Clarke et Lewis, dont nous avons parlé plus haut, ils ont souvent attaqué les chasseurs, t le capitaine Lewis fut poursuivi lui-même par un de ces ours, et ne é échappa qu’en se plongeant dans une rivière. Un de ses hommes en blessa un à travers les poumons; il n’en fut pas moins poursuivi par l'ours en fureur l’espace d’un mille, et il ne fut tiré du danger que par le capitaine et sept de ses sens qui suivirent l'animal à la iste de son sang, et qui lé tuèrent. Îl avait, avec ses griffes, préparé dans la terre une sorte de gite de deux pieds de profondeur sur cinq de long, et était parfaitement vivant quand ils le trouyèrent, ce qui élait au moins deux heures après avoir reçu la blessure. (Bas’s Journ. Lewis et Clark Exped. an Missouri, vol. I.) Le révérend Joha Hechwelder dit que les Indiens de la tribu Mohican ont la tradition d’un animal appelé le grand ours nu (big naked bear); 1ls le disent tout nu, excepté une toufle de poils blancs sur le dos; ils ajoutent qu'il est fort cruel, beaucoup plus gros et plus lon que l'ours commun. Il parait probable , comme le pense M. Clinton, que cet animal est le même que l'ours oris d'Amérique, dont nous venons de parler. C’est à tort que dans les Philosophiques Transactions Am. Soc, tom. VI, on l’a regardé comme l’ursus arctos de Linné, et que le docteur Belknap l'a représenté comme tel dans son Histoire du New» Hampshire. 11 est également probable que c’est de cette grande espèce d'ours que Lossu a parlé dans son Voyage à la Louisiane, en disant que dans ce pays il y a des ours blancs dont le poil est très-fin et moelleux, ce qui, comme l'a fait justement observer Forster dans les notes jointes à sa traduction du Voyage de Bossu , ne peut convenir à l'ours blanc polaire, dont le poil au contraire est dur comme des soies de cochon. IL resterait à déterminer si celte grande espèce d'ours est particulière au continent de l'Amérique. D'après ce que dit Pennant, Arct. Zaology. vol. TE, que dans le nord de la Tartarie il y a des ours ter- restres entièrement blancs, qui parviennent à une très-haute taille; et que les ours argentés, que les Allemands nomment silber baer, à LOS (188 ) cause du mélange des poils blancs avec les poils noirs , ont été trouvés en Europe et dans l'Amérique septentrionale au 70° de latitude, on pourra être porté à penser que cette espèce est commune aux deux continens ; c’est en effet l'opinion vers laquelle parait pencher M. Clinton, mais il ne nous semble cependant pas, ainsi qu’à lui, que ce soit un problème tout-à-fait résolu. Il en est peut-être de même de la question, beaucoup plus intéres- sante à éclaircir, savoir, si les ossemens d'animaux que M. Jeflerson a fait connaitre sous le nom générique de great claw où de Megalonyx, ne proviendraient pas de cette grande espèce d'ours ; on peut dire d'avance que ce doit être à peu près l'opinion de cet homme célèbre. En effet, d'après l'existence chez les nations sauvages de dessins grossiers repré- sentant une espèce de lion, le rapport des anciens historiens de la co- lonie, qu'il existait dans ce pays une grande espèce de ce genre, et enfin, d'après le récit de voyageurs modernes, qui ont entendu pendant la nuit des rugissemens terribles qui effrayaient les chiens et les chevaux, M. Jefferson en avait conclu qu'il devait exister dans ces contrées un grand animal carnassier, et que par conséquent il serait possible que les os qu'il décrivait appartinssent à cette espèce. Or la découverte réelle et certaine de ce grand animal carnassier vivant, milite fortement pour l'opinion de M. Clinton, qui pense que les os décrits par M. Jefferson sous le nom de Mégalonyx, proviennent de cette grande espèce d'ours vivante, tout en avouant que pour que son hypothèse devint une vé- rité, il faudrait une comparaison rigoureuse des squelettes. Nous avouerons également que, malgré la difhiculté de la prouver, du moins, dans l’état actuel de nos connaissances, on pourra être porté à adopter cette opinion, en voyant : 1. Que c’est dans les lieux où se trouve encore, et où devait se trouver beaucoup plus souvent anciennement l’ours argenté, c’est-à-dire, à l’ouest de la Virginie, qu'ont été également trouvés les cinq ou six os les seuls qu'on connaisse du Mépalony, 2.9 Que ces ossemens ont été découverts dans des carrières calcaires très-nombreuses dans ce pays, assez analogues à celles où se sont trouvés en Allemagne les ossemens de l'ours des cavernes. 5.0 Que la taille présumée de l'animal fossile et de l'animal vivant est à peu près la même. 4° Que la forme et la grandeur des ongles se rapporteñt assez bien, 5° Enfin on sera d'autant plus porté à l'admettre, que l'on sera plus convaincu que la connaissance des animaux quadrupèdes même, est loin d’être assez complète pour qu’on puisse regarder comme défi- pitivement perdues d'autres espèces que celles dont on trouve les restes dans la masse même de pierres cristallisées, comme les aroplo- therium, les paleotherium, etc, C:80) Cependant, je le répète, la comparaison du squelette de l'ours argenté avec le peu que nous connaissons de celui du mégalonyx, est le seul moyen d'établir cette opinion d’une manière satisfaisante. H:1B.1VS Sur la déglutition de l'air atmosphérique; par M. MAGENDIE. M. MAGENDIE a présenté à la première classe de l’Institut un Mé- moire contenant des expériences et des observations relatives à la déglutition de l'air atmosphérique; et voici les principaux résultats de ce travail: 1.9 Les animaux, tels que les chiens, les chats, les lapins, les che- vaux, etc., avalent de l'air en grande quantité quand ils éprouvent des nausées, quand ils vomissent , quand on leur injecte dans les veines des dissolutions aqueuses de sels métalliques, ou une dissolution alcoolique d’iode, enfin quand ils font des efforts musculaires consi- dérables. 2.° IL est probable que l’homme avale aussi de l'air lorsqu'il ressent des nausées ou qu’il vomit. 3.9 On rencontre plus communément qu’on ne l’a eru jusqu'ici, des personnes qui on! la faculté d’avaler volontairement de l'air, et d'en remplir leur estomac; chez les unes la présence de l'air dans ce viscére détermine le vomissement, chez d’autres seulement des nau- sées, chez plusieurs des douleurs très-fortes, d'autrefois l'air au con- traire favorise la digestion. 4° Le plus souvent, l'air qui a été introduit dans l'estomac sort au bout d’un certain temps de ce viscère, par le mécanisme de l’éruc- tation ; dans dheque cas, l'air passe par {e pylore, parcourt toute la longueur du capal intestinal, et s'échappe par l'anus. 5.2 En avalant volontairement de l'air, des individus ont pu simuler Ja maladie nomimée ympanite, jusqu’au point de tromper des médecins anstruits et attenlifs. 6.° Chacun peut, en s’y exerçant, parvenir à avaler facilement de l'air. 7° Dans plusieurs maladies, les malades avalent de l'air involontai- rement, et d’une manitre convulsive. On voit distinctement ce phéno- mène morbide dans la tvmpanite hystérique , les affections vaporeuses, et les fièvres graves quand la salive devient épaisse et filante, Un A a que rapporte M, Migendie a été observé par M. le professeur allé. Nous ferons connaître le jugement que l'Institut portera sur ce Mémoire. F. M. Livraison de novembre, 27 1815. MÉDEcine. Institut. octobre 1815. Institut. 23 octobre1815. (190 ) Phénomènes de polarisation successive; observés dans des fluides homogènes ; par M. B10T. AyaxT entrepris depuis quelque temps une série de recherches qui exigeaient que je misse des lames cristallisées dans différens fluides, afin d’y faire pénétrer les rayons très-obliquement à leur surface, j'ai été conduit à la découverte d’un phénomene nouveau, d’autant plus remarquable, qu'il parait tenir uniquement à l’action individuelle des particules des corps sur la lumière, sans aucun rapport quelconque avec leur état d’aggrépation. Ce phénomène est analogue à celui que l’on observe dans les plaques de cristal de roche, quand on y transmet les rayons lumineux paral- lèlement à l’axe de cristallisation. Dans ce cas, la force qui produit la double réfraction et la polarisation régulière est devenue nulle, puisqu'elle émane de l’axe du cristal; mais on voit alors se développer d’autres forces, que les premières effaçaient quand elles étaient plus énergiques, et qui, devenant seules actives, modifient les molécules lumineuses d’une façon toute particulière. J'ai étudié, dans mon ou- vrage sur la polarisation, les caractères propres à ce genre de forces: j'ai fait voir qu’au lieu de faire osciller les axes de polarisation des particules lumineuses comme les autres forces polarisantes, elleg semblent leur imprimer autour de l’axe du cristal un mouvement de rotation continu, plus rapide pour les molécules violettes que pour les bleues, pour les bleues que pour les vertes, et ainsi de suite dans l’ordre inverse de la réfrangibilité. J'ai montré en outre que l'influence de ces forces ne déterminait point seulement des changemens de po- sition dans les particules lumineuses, mais leur communiquait encore de véritables propriétés physiques, semblables à des aimantations per- manentes dont la nature et l'intensité modifiaient les mouvemens qu’elles prenaïent ensuite quand on leur faisait traverser d’autres cris- taux. Par exemple, lorsqu'un rayon lumineux a été simplement po- larisé par réflexion sur une glace, si on le transmet à travers un rhomboïde de spath d'Islande dont la section principale soit parallèle au plan de réflexion, il ne se divise point, et subit tout entier la réfraction ordinaire; mais pour peu que l’on détourne la section prin- cipale du cristal à droite ou à gauche, le rayon se divise, et il se forme aussitôt un faisceau extraordinaire dont l'intensité va croissant de plus en plus, à mesure que la section principale du cristal est plus déviée. Maintenant supposez que le rayon, ainsi polarisé, soit transmis à travers une plaque de cristal de roche perpendiculaire à l'axe, et dont l'épaisseur n'excède pas 3"”,5; si on l'analyse de même avec un rhom- borde de spath d'Islande dont la section principale soit parallèle au plan de la polarisation primitive, on trouve qu’un certain nombre de molé- cules lumineuses ont perdu cette polarisation, mais que d’autres l'ont (ro: ) conservée ; et, ce qui est le point capital, celles-ci la conservent encore quand on fait tourner le rhomboïde d’un angle plus ou moins considé- rable, et qui, par exemple, dans une plaque épaisse de 3*,478, va jusqu’à 80°. Pendant tout ce temps, le faisceau extraordinaire ne fait que s'affaiblir de plus en plus, en abandonnant ses molécules à la réfraction ordinaire, jusqu’1 ce qu’enfin le rayon se trouve réfracté presque tout entier ordinairement lorsque la section principale a été tournée de 80°. Voilà des propriétés bien différentes de celles que possèdent les molécules polarisées par la seule réflexion. Ces modifications, et beaucoup d’autres que J'ai constatées géométri- quement dans mon ouvrage, forment autant de caractères par lesquels on peut reconnaitre l’espèce particulière de forces dont elles sont l'effet. Or je viens de découvrir ainsi qu'elles existent encore dans une autre substance, je ne dis pas solide el cristallisée, ce qui sem- blerait fort simple, mais fluide, et d’une fluidité parfaite, Je veux parler de l’huile de térébenthine la plus pure. L'appareil avec lequel j'ai fait pour la première fois cette observa- tion est sous les yeux de la classe; c’est un tuyau d'environ trois centimètres de longueur, dont les deux bouts sont fermés par des laques de verre, afin de contenir les divers fluides où je plongeais les ames cristallisées que je voulais étudier, Or, quand jai employé ainsi l'huile de térébenthine, je me suis aperçu que le rayon polarisé, transmis à travers l'appareil, présentait des traces à la vérité excessi- vement faibles, mais pourtant reconnaissables, de dépolarisation; le faisceau extraordinaire était d'un bleu sombre presque imperceptible. Alors, en faisant tourner de droite à gauche le prisme rhomboïdal achromatisé qui me sert pour analyser la lumière transmise, je trouvai que ce faisceau extraordinaire allait continuellemennt en diminuant d'intensité, sans changer de couleur, jusqu’à devenir sensiblement nul dans un azimuth d’environ douze degrés; et comme les molécules qui avaient subi primitivement la réfraction ordinaire n'avaient point cessé d'y céder dans cet intervalle, le rayon paraissait polarisé or- dinairement tout entier dans cet azimuth. En tournant le rhomboïde davantage, il se formait de nouveau un rayon extraordinaire très-faible ; mais au lieu d'être bleu, il était d'abord rouge-jaunâtre. Ces carac- tères, tout légers qu'ils étaient, étaient cependant précis, et montraient une identité parfaite entre ce genre de phénomènes et celui que pré- sentent les plaques de cristal de roche perpendiculaires à l'axe. Or je savais que dans ces dernières le développement des couleurs aug= mente à mesure qu’elles deviennent plus épaisses, et que l'amplitude du minimum du faisceau extraordinaire est proportionnelle à leur épaisseur. Je n’hésiterai donc pas à conclure que l'accroissement d'épaisseur dans la masse de térébenthine aurait des conséquences analogues. M. Fortin voulut bien me construire tres-promplement un | TOM Cr92) autre appareil, long de seize centimètres ; et l'ayant rempli d'huile de térébenthine bien pure, je vis en effet se développer les plus belles couleurs quand je le fis traverser par un rayon polarisé. La nature des teintes dans chaque azimuth, leur marche et les lois de leur suc cession , furent identiquement les mêmes que celles que j'ai décrites dans les Mémoires de l’Institut pour 1812, page 226, et qui étaient produites par un plaque de cristal de roche de 2,094, d'où l’on voit que cette action , dans l'huile de térébenthine, est environ quatre-vingt fois plus faible que dans le cristal. Voici, je crois, le premier exemple de phénomènes de polarisation successive produits dans l'intérieur d’un fluide parfaitement homogène, où l’on ne peut supposer aucun arran- gement régulier de particules. Aussi avons-nous vu, par l'exemple du cristal de roche, que les forces qui le produisent sont distinctes de celles que développe la cristallisation. Il n’en est pas de même des phénomènes de polarisation qui dé- pendent des forec attractives ou répulsives émanées d’un axe: celles-là ne peuvent point exister dans un liquide. Aussi, en enfermant de l'huile de térébenthine dans un prisme de verre creux, d’un angle réfringent considérable, mais dont l'épaisseur n’excédait guère un centimètre, non seulement je n’y ai point observé de double réfraction, mais, à cause de la petitesse de l'épaisseur, je n’y ai plus apercu de vestiges . sensibles de dépolarisation. Je me propose d'essayer si d'autres fluides résenteront des propriétés analogues. Dès à présent je sais que l’eau, Fhuile de poisson , l’ammoniaque, n’en offrent point de traces sensibles à des épaisseurs même beaucoup plus considérables que celle où la térébenthine les fait voir complètement, TE: Depuis la lecture de cette note, j'ai trouvé d’autres liquides qui jouis- sent de propriétés analogues. L'huile essentielle de laurier fait tourner la lumière de droite à gauche comme la térébenthine. L'huile essentielle de citron , au contraire, et la dissolution de camphre dans l'alcool, la font tourner de gauche à droite. Ainsi l’on retrouve dans ces fluides l’oppo- sition que j'ai depuis long-temps reconnue entre les actions de ce genre dans des plaques de cristal de roche tout à fait semblables par les carac- tères extérieurs. Si l’on prend deux liquides qui fassent ainsi tourner la lumière en sens contraire, qu’on évalue par l'expérience l'intensité absolue de leur action individuelle, et qu'on les mêle dans des rapports de volume inverses de ces intensités, on produit des mélanges neutres, On obtient ce résultat, par exemple, en mêlant une partie, en volume, d'huile de térébenthine pure, avec trois parties de dissolution de camphre dans l'alcool à 40°. Mais il faut élever la température de l'appareil, parce que ce mélange n’est transparent que lorsqu'il est chaud. Le camphre seul, dissous à froid dans l’huile de térébenthine, diminue sa force rotatoire, mais il ne s’y dissout pas alors en quantité suflisante pour la neutraliser. J'ai lu ces résultats à l'Institut le 30 octobre, I. B, ie. 2 pee + (195) Note sur l'existence des nerfs olfactifs dans le dauphin, et, par analogie, dans les autres cétacés ; par M. H. DE BLAIN VILLE. Daxs le dernier Mémoire que M. de Blainville lut à la Société, sur Ja nourriture des oiseaux-mouches préjugée de la forme de leur langue, il eut l’occasion de faire observer qu'autant l'analogie bien maniée est uu moyen bon et sûr qui conduit à la vérité, autant au contraire elle nous entraine de plus en plus dans de graves erreurs, pour peu que le point de départ ne soit pas bien raisonné. Il en donna un exemple frappant pris chez les oiseaux-mouches, en faisant voir comment d'un fait mal observé on s’est égaré de plus en plus, au point qu'après avoir conclu de la nourriture supposée de ces oiseaux à une structure par- ticulière de leur langue,on est venu, quand on a élevé des doutes sur celle-là, à donner pour preuve le cui bono de la forme de celle-ci, qui était cependant également supposée. La note actuelle offre un exemple tout à fait contraire, c’est-à-dire que l’analogie auraï®dü faire conclure qu'il ue se pouvait pas que les nerfs olfactits fussent entièrement nuls dans les cétacés. En eflet l'anatomie exacte de la très-grande partie des mammifères n'offre pas, à ce qu'il semble, l'exemple d'un organe important qui ait disparu entièrement, et qui n'ait été conservé au moins en rudiment, Ainsi l'existence des dents considérées comme elles doivent l'être, c’est-à-dire comme de véritables poils, se trouve commune à tous les mammifères. Eu effet, M. Geoffroy a démontré iles rudimeus de ces organes dans la mâchoire inférieure d’un fœtus de baleine, et les supérieures sont remplacées par les fanons, ce qui permet de présumer qu'elles se retrouvent aussi dans tous les animaux plus où moins édentés. Le nombre des extrémités, ou mieux des appendices, qu’on nomme membres, parait aussi être constant dans ce premier groupe des ani- maux vertébrés : du moins le dauphin et le marsouin ont-ils bien certainement des rudimens de bassin dans un petit os suspendu dans les chairs, et qui doit être regardé, suivant M.de Blainville, comme l'analogue de l'os ischion. A plus forte raison doit-on retrouver un os pareil dans les lamantins, qui sont encore moins descendus vers la conformation des poissons (*). L'existence du poil qui est propre aux mammifères, du moins dans les animaux vertébrés, semble aussi devoir être regardée comme un caractère distinctif de cette classe, et par conséquent leur être com- mun. Ainsi dans les Tatous, les Pangolins, etc., on en trouve d’é- (5) Cela est certain pour le lamantin de Steller , d’après la description que ce naturaliste en a donnée dans les Mémoires de l'académie de S.-Pétersbourg. Livraison de décembre. 28 D a 1815. ANATOMIE. Soci ‘té Philomat, Juillet 1813. (194 ) videns , qui sortent des intervalles de leurs bandes ou de leurs écailles, Dans les animaux qui vivent dans l’eau, il devient court et très- serré, comme davs le phoque, le morse, etc. Dans le lamantin oxdi- paire, et dans celui de Steller, il y en a encore autour de la bouche, et qui même semblent jusqu'à un certain point servir de dents inci- sives pour arracher probablement l’herbe dont ces animaux se nour- rissent, (**) Quant au reste du corps, il parait, d’après l'observation de Steller, que les poils sont si serrés entre eux, qu'ils forment une enveloppe épidermoïde toute particulière, et il semble qu'il en est tout à fait de même dans les dauphins. Depuis que cette note a été lue à la Société, M. de Blainville a eu l’occasion de voir en Angleterre, dans la célèbre collection de Hunter, un morceau de peau de baleine sur laquelle était fixée une coronule , nommée vuloairement pou de baleine. Au dessous de son sattarhe le derme était couvert d’un très-grand nombre de filets perpendiculares fort longs, blancs, et qui, sans presque aucun doute, doivent être regardés comme les poils non agglutinés, non réunis. Mais c’est surtout dans les organes des sens et leur composition générale qu'il y a une fixité remarquable parmi les mammiferes, malgré les habitudes particulières de certaines espèces qui semblaient, pour ainsi dire, en demander la suppression. Ainsi, chez les animaux qui vivent toujours sous terre ou dans des lieux où la lumière ne pénètre pas, l'organe de la vue, quoique entièrement inutile, se com- pose de toutes les parties qui se trouvent dans l'œil de ceux qui sont le mieux organisés sous ce rapport; mais toutes sont rudimen- taires, et la peau, qui en s'amincissant et se repliant devant lorgane devait former les paupières et la conjonctive, est aussi épaisse, aussi fournie de poils, que dans aucune autre partie du corps. C'est ce qu'on voit dans le zemni où nus yphlus, etc. 11 en est de même de la conque ou appareil auditif externe, la scule partie de l’organe de l’ouie qui soit susceptible d’être oblitérée. Chez les animaux qui étaient appelés à vivre dans un milieu plus dense que l'air, comme l’eau et la terre, les vibrations du corps sonore leur pouvant être transmises par contiguité immédiate , la conque auditive et le canal auditif externe se sont de plus en plus obli- térés; mais toujours il en reste un rudiment, surtout de ce dernier organe. ° À Û è L’avalogie n'aurait donc pas dû permettre de douter qu’il en devait être de même de l'organe de l’odorat dans le cas où un animal serait destiné à vivre dans un milieu où cette fonction ne pourrait avoir lieu, ou dont le siége ordinaire serait employé à un tout autre usage. EE EE (*) Les dents incisives existent cependant dans le très-jeune lamantin ordinaire , comme M. de Blainville croit l'avoir vu le premier ; elles sout au nombre de deux. à: chaque mächoire , et sont très-peutes.. 2 C195) C’est cependant ce qu'on n’a pas fait pour les cétacés. Présumant de la nécessité que ces animaux ont de rejeter l’eau par les narines, modifiées pour l'appareil mécanique de la respiration, à ce qu'il semble à M. de Blainville, et non pas pour la déglutition des alimens, que leur membrane pituitaire ne pourrait plus être assez molle, assez spon- gieuse, pour permettre l’odoration, on s’est laissé conduire à cette conclusion , que l'organe n’existant pas, ou du moins à l’endroit où il devait être, le nerf qui devait l’animer ne pouvait pas non plus exister. En effet, les meilleurs et les plus modernes anatomistes admet- tent unanimement, à ce qu'il semble, que les nerfs olfactifs n'existent pas dans les cétacés. Non seulement l'analogie , comme M. de Blain- ville vient de le faire observer, est contre cette opinion, mais bien plus l’observation directe anatomique; c’est ce dont il s’est assuré avec M. Jacobson, son ami, sur un jeune dauphin de deux pieds et demi de long au plus. Il a vu très-distinctement ces nerfs à leur place ordinaire, sous les lobes antérieurs du cerveau, naissant par deux ra- cines, mais d’une ténuité telle, qu'il fallait, pour ainsi dire, une vo- lonté expresse pour les découvrir, M. de Blainville pense aussi avoir trouvé, du moins en partie, les véritables cavités nazales qui ont été séparées et rejetées sur les côtés de la face, mais il se réserve d'en faire part à la Société , avec d’autres points non moins curieux de l'anatomie du dauphin, quand il aura pu les confirmer sur d’autres individus. Il termine cette note en faisant remarquer qu'il semble que plus un animal mammifère a été disposé par la nature à faire un long séjour sous l’eau, plus les nerfs olfactifs ont diminué de volume, ce qui semblerait conduire à conclure, avec M. Duméril, que l'organe qu'on a jusqu'ici regardé comme celui de l’odorat dans les poissons, ne peut être le siége de l’odoration proprement dite, c’est-à-dire la sensation d'un corps dissous dans un fluide gazeux. Il restera main- tenant à, déterminer si c’est réellement le sens du goût qui a pris sa place, comme le veut M. Duméril, ou si ce ne seraif pas une sorte de démembrement de lodorat plus où moins analogue à l'organe de M. Jacobson; mais c’est ce qui sera peut-être toujoars impossible, l'homme ne pouvant juger des sensations des autres animaux que par analogie avec ce qu'il éprouve au moyen d’un organe identique, et dans les mêmes circonstances, et l'identité de l'organe n'étant rien moins que prouvée, el ne pouvant, même par expérience, se mettre dans la circonstance où sont naturellement les animaux aquatiques. Une autre petite découverte anatomique à laquelle M. de Blain- ville a été conduit encore par l’analogie, est celle de l'existence de deux ovaires dans les oiseaux, qu'il a annoncée depuis long-temps dans ses cours, et spécialement dans celui qu'il fit pour M. Cuvier, au collige de France , en 1811,sur les bases que l'anatomie comparée fournit à la zoologie. H. B. V. 1015: Mirarmariques. Institut. Novembre 1515. (196 ) Démonstration générale du théoréme de Fermat sur les nombres polygones; par À. L. CaAucHY, Ingénieur des ponts et chaussées. Le théorème dont il s’agit consiste en ce que tout nombre entier peut être formé par l'addition de trois triangulaires, de quatre quarrés, de cinq pentagones, de six hexagones, et ainsi de suite. Les deux penses parles de ce théorême, savoir, que tout nombre entier est a Somme de trois {riangulaires et de quatre quarrés, sont les seules qui aient été démontrées jusqu’à présent; ainsi qu’on peut le voir dans la Théorie des nombres de M. Legendre, et dans l'ouvrage de M. Gauss, qui a pour titre Disquisitiones arithmeticæ. J'établis dans le Mémoire que j'ai donné à ce sujet la démonstration de toutes les autres; et je fais voir en outre que la décomposition d’un nombre enter en cinq pentagones , Six hexagones, sept heptagones, etc., peut toujours être effectuée de manière que les divers nombres polygones en question, à l'exception de quatre, soient égaux à zéro ou à l'unité. On peut donc énoncer en général le théorème suivant : Tout nombre entier est égal à la somme de quatre pentagunes, ou à une semblable somme augmentée d'une unité; à la somme de quatre hexagones, ou à une semblable somme augmentée d'une ou de deux unites ; à la somme de quatre heptagones, ou à une semblable somme augmentée d’une, de deux ou de trois unités, et ainsi de suite. La démonstration de ce théorême est fondée sur la solution du problème suivant: Décomposer un nombre entier donné en quatre quarrés dont les racines fassent une somme donnée. Je réduis ce dernier problème à la décomposition d'un nombre entier donné en trois quarrés , en faisant voir que, si un nombre entier est décomposable en quatre quarrés dont les racines fassent une somme donnée, le quadruple de ce nombre est décomposable en trois quarrés dont l’un a pour racine la somme dont il s’agit. Il est aisé d’en conclure que le problême proposé ne peut être résolu que dans le cas où le quarré de la somme donnée est inférieur au qua- druple de l’entier que l’on considere, et où la différence de ces deux nombres est décomposable en trois quarrés ; ce qui a lieu exclusive- ment, lorsque cette différence , divisée par la plus haute puissance de 4 qui s'y trouve contenue, n’est pas un nombre impair dont la division par 8 donne 7 pour reste. Si aux deux conditions précédentes on ajoute celle que le nombre entier et la somme donnée soient de même espèce, c'est-à-dire, tous deux pairs ou tous deux impairs; on aura {rois condilions qui devront être remplies pour qu'on puisse résoudre le problême dont il s’agit. Mais on ne doit pas en conclure que la solution soit possible toutes les fois qu'on pourra satisfaire à ces mêmes conditions. Pour qu'on soit assuré d'obtenir une solution, (197) il faut en outre, et il suit, que la somme donnée soit supérieure , ou évale, ou inférieure au plus d’une unité, à une certaine limite dont le quarré augmenté de deux équivaut au triple du nombre donné. En appliquant ces principes aux nombres impairs ou impairement airs, on reconnait facilement que tout nombre entier impair, ou divisible une fois seulement par 2, peut être décomposé en quatre quarrés, de manière que la somme des racines soit un quelconque des nombres de même espèce compris entre deux limites dont les quarrés soient respectivement le triple et le quadruple du nombre donné. On démontre avec la même facilité que tout nombre entier peut toujours être décomposé en quatre quarrés de manicre que la somme soit comprise entre les deux limites qu'on vient d'énoncer. On doit seulement excepter parmi les nombres impairs les suivans 139; 9511; 1751951295 41; et, parmi les nombres pairs, tous ceux qui, divisés par une puis- sance impaire de 2, donnent pour quotient un des nombres premiers NS TNT) Es À l’aide de ces propositions et de quelques autres semblables, on parvient sans peine, non seulement à prouver que tout nombre entier est décomposable en cinq pentagones, six hexagones, etc. ; mais encore à eflectuer cette décomposition de telle sorte, que les nombres composans soient tous, à l'exception de quatre, évaux à zéro ou à l'unité. AAA RAS ASS AS SARA EN Experiments, etc.; c'est-à-dire, Expériences pour déterminer l'influence de la moelle épinière sur l'action du cœur dans les poissons ; par William CLiIFT. L'auTEuR conclut des expériences qu'il rapporte dans son Mé- moire : 1.9 Que les muscles du corps d'une carpe, quatre heures après que le cerveau et le cœur ont été enlevés, peuvent présenter une contrac- tion énergique. 2. Ces muscles perdent toute faculté d'agir dès l'instant que la moelle épinière est détruite. 3 Lorsque l'eau pénètre jusque dans la cavité du péricarde, et que le poisson est libre dans l’eau, l’action du cœur cesse plus tôt que lorsque cet organe est exposé à l'air et le poisson tenu im- mobile. 4 Que si le cœur est exposé où non au contact de l'air ou de l'eau, son action continue long-temps après que la moelle épinière ef le cerveau sont détruits, et encore plus long-temps quand le cerveau est enlevé sans que sa substance soit lacérée. Transact. phlilosop, an 1815, Æransact. philosoph. an 1815. (108 ) 5.° Que l'action du cœur est un peu accélérée pendant quelques battemens, par l'exposition de cet organe, par celle du cerveau, la blessure du cerveau, par la destruction de la moelle épinière quand elle est encore unie au cerveau, par la section de la moelle près du cerveau; l'enlèvement du cerveau ‘en entier ne produit aucun effet sensible sur l’action du cœur; la destruction de la moelle épiniere, après qu'elle a été séparée du cerveau, ralentit l'action du cœur pendant quelques battemens. F. M. AA ] Experiments, etc.; c'est-k-dire, Expériences faites dans la vue de déterminer le principe d'ou depend l'action du cœur, et les relations qui existent entre cet organe et le systéme ner- veux ; par Wilson PHiLrp, Des expériences contenues dans ce Mémoire, l’auteur déduit les conséquences suivantes : 1. Que les muscles du mouvement volontaire obéissent aux mêmes lois que ceux du mouvement involontaire. 2° Que la différence apparente dans la nature de ces muscles, dépend de ce qu’ils sont sous l'influence de stimulans diflérens. . 5.” Que les uns et les autres sont susceptibles d'être stimulés par le système nerveux. 4 Que la force des deux espèces de muscles est indépendante du système nerveux. : 5. Ce qu'on appelle système nerveux est formé de deux parties distinctes ; l’existence de l’une n’est pas immédiatement dépendante de l'existence de l’autre; l’une exerce les fonctions sensoriales, l’autre transmet les impressions au sensorium et les déterminations de celui-ci, ét sans donner aucune feree au système musculaire, agit sur lui comme stimulus. 6.° 11 y a donc dans les animaux les plus parfaits une combinaison de trois pouvoirs (powers) vitaux distincts, mais ne dépendant pas immédiatement les uns des autres, le musculaire, le nerveux propre- ment dit, et le sensorial. ? 7.0 Que le système musculaire, quoique indépendant du système nerveux, en est cependant tellement influencé, que sa force peut être détruite par l’influence du système nerveux. 8.0 Que les systèmes musculaire et nerveux , quoique indépendans du système sensorial, sont cependant tellement influencé par celui-ci, que leur action peut être détruite. L N 9 Quoique la vie musculaire existe seule dans les animaux moins parfaits, et qu'on trouve aussi la vie musculaire et nerveuse exislant sans la vie sensoriale, elles sont cependant si intimement unies dans € 199 ) Fes animaux les plus parfaits, qu'elles ne peuvent subsister long-temps d'une manière indépendante. 10.0 Que la nutrition, la circulation et la respiration sont leurs moyens d'union (*). 0 (*) Ce Mémoire, dont les conclusions ne sont pas plus intellisibles en anolais qu’en français , contient un grand nombre d'expériences, dont quelques unes sont opposées Le] à celles de Legallois. Je m'occupe en ce moment de les répéter; je publiera, quel qu'il soit, le résultat auquel j'arriverai. F. M. TABLE DES MATIÈRES. HISTOIRE NATURELLE; ZOOLOGTE. Mémoire sur les ascidies et sur leur anatomie; par M. Cuvier. Pise 10 Notice sur les glandes odoriférantes des musaraignes ; par M, Geoffroy de Saint-Hilaire. 36 Strepsiptera, a new order of insects proposed ; and the characters of the order, with those ofits ges era, laid down.By the W. Kirby.—Sur Pétablisse- cut d’un nouvel ordre d’iusectes ommés Strepsi- pères, et sur Jes earactères de cet ordre et des geures qui le composent. Gz: Mémoire sur l’organisation des pyrosomes, et sur la place qu'ils semblent devoir oecuper dans une classification naturelle ; par M. le Sueur. 70 Note sur le Boirylle étoilé (Botryllus stellatus)P ALL; par MM.A. G. Desmarest et Je Sueur. 74 Observations sur l’accouchement et l'allaitement dans les taupes ; par M. Breton. 97 Note sur l'ours gris d'Amérique. 185 BOTANIQUE ET PHYSIOLOGIE VÉGÊTALE. mémoire sur Iles plantes auxquelles où attribue un placenta central libre , et revue des familles aux- uelles ces plantes appartiennent ; par M. Auguste d d Saint-Hilaire. 16 Élémens de physiologie végétale et de botanique , par C.F. Brisseau-Mirbel. r vol, in-8°, avec planches. À Paris, chez Maginel. 99 MINÉRALOGIE De Ja différence chimique entre l’arragonite et le spath calcaire rhomboïdul ; par M. Stromeyer. 25 Note, sur les aérolites tombés aux environs d'Agen, General remarks , etc., ou Remarques générales, géo- graphiques et physiques”sur la botanique de la terre australe ; par Robert Brown. 126 Mémoire sur le genre ScZerotium, et en particulier sur l’ergot dés céréales; par M. de Candole. 169 Extrait d'un woisième Mémoire de M. Henri Cassini, sur les synanihérées. 172 ET GÉOLOGIE. Analyse du prétendu plomb phosphaté de Zellerfeld , au Harz, par M.Stromeyer; et, à ce sujet, Obser- vationsur le plomb sulfaté, par S. Léman. le 6 septembre 18143 par M. Vouquelin. 38 Extrait d’un Mémoire intitulé: Mivellement des Sur une loi de la cristallisation, appelée loi de sy- Monts-Dores et des Monts-Dômes ; par M. Ra- métrie ; par M. Hauy. 32 mond: 142 CHIMIE. Sur la conversion de l’amidon en matière sucrée; par M. Th. de Saussure, Sur l'existence des hydriodates et de hydrochlorates ; par M. Gay-Lussac. Recherches sur l’existence de l’iode dans l’eau de la mer et dans les plantes qui produisent la soude de varec, et analyse de plusieurs plantes de la famille . des algues; par M. Gaultier de Claubry. 29 Quelques expériences sur la combustion du diamantet du carbone ; par M Davy. 42 Sur les moyeus de produire une double distillation à Faide de la mémechaleur; par M. Smitlison Tennant. u 51 Sur l'extraction de la gélatine des os par le procéde de M. Darcet. Go Note sur la manière d'obtenir le muriate ammoniaco du rhodium régulièremeut cristallisé ; par M, Lau- gier. ; 67 De l'action de la lumière sur les corps simples et sur quelques composés chimiques; par M. Vogel; ( ex- trait d’un rapport fait à la première classe de l’Ins- titut, le 15 levricr 1815 ; par MM. Berthollet et Thévard.) 68 Recherches chimiques sur les corps gras, et particu- lirement sur les combinaisons avec les alcalis, Qua- qotwe Mémoire; par M, Cheyreuls 78 1819. { 200 ) ‘ Recherches chimiques sur les corps gras, et parlicu- lièrement sur leurs combinaisons avec les alcalis; cinquième Mémoire, Des corps qu’on a appelés Adipocires; par M, Chevreul. 91 Note sur une substance à laquelle on a donné Je nom PHYSIQUE ET Rapport sur l'élévation de l'eau de la Seine à Marly ; par MM. Carnot, Poisson et Prouy. 8 Sur un mode particulier de polarisation qui s’observe dans la tourmaline ; par M. Bio. 26 Sur la nature des forces qui produisent la double réfracüon; par M. Biot. 27 Nouvellesexpériences sur la lumière ; par M. Brewster d'Edimbourg, (Extrait d’une lettre écrite par M. Brewsier à M. Biot, en date du 24 jauvier 1815.) 44 Sur le flux et reflux dela mer ; par M. Laplace. 117 Expérience de MM. Breuvwster et Biot sur les larmes d'Znuline ; par M Gaultier de Claubrgi 119 Reclierches chimiques sur lPacide chlorique; par M. Vauqueliu. 137 Note sur les hydrochlorates; par M. Cheyreul. 74 ASTRONOMIE, bataviques 122 Sur une loi remarquable qui s'observe dans les oscil- lations des parucules lumineuses lorsqu'elles tra versent obliquement des lames minces de chaux sulfatée ou de cristal de roche taillées parallelement . à l'axe de cristallisation ; par M. Biot, 149 Elémens elliptiques de la dernitre comète. 162 Sur la cause de la coloration des corps; par M. Biot, 168 Sur une manière d'initer aruficiellement les phéno- mènes des couleurs produites par l’action des lawes minces de mica sur des rayons polarisés; par M. Biot. 176 < MATHÉMATIQUES. Mémoire relatif À la réalité et aux signes des racines des équations; par M. Dubourguer. 14 Sur les centres de développoïdes ; par M. Hacheute. 32 Sur quelques propriétés des intégrales doubles et des rayons de courbure des surlaces; pat M. Rodri- gue. 34 De la différence entre Jes attractions exercées par une couche infioñnent mince sur deux points très-rap- rochés Pun de l’autre, sivés l’un à l'intérieur, Paie à extérieur de cette même coucle; par A. L.Canchy, ingénieur des ponts et chaussées, 53 Mémoires sur le mouvement de l’eau dans les tubes capillaires; par M. Girard. 7 Démonstration d’un théorême sur Ja double réfrac- tion; par M. Ampère. 59 Sur le nivellement fait en Égypte par les ingénieurs francais ; sous la direction de M. Lepère, pour l'établissement d'un canal communiquant de la mec ANATOMIE ET Tentamen experimentale quædam de sanguine complectens , etc.; par J. Davy, 15 Mémoire sur l’œsophage; par M. Magendie, D, M. P. 46 Extrait d’une thèse sur l’odorat , soutenue à la Faculté de Médecine de Paris ; par M. Hipp. Cloquet. r24 Sur Ja déglutition de Paie atmosphérique ; par M. Magcudie. 18) Note sur l'existence des nerfs olfactifs dans le dan= phin, et, par analogie, dans les autres cétacées; Rouge au Nil et À la Méditerranée. 6 Mémoire sur la distribuuon de la chaleur dans les corps solides; par M. Poisson, ; .. 85 Journal de JEcole polytechnique, dix- septième cahier. Extrait d'un rapport fait par M. Biot sur un Mé- moire de MM. Dulong et Petit, relatif aux lois de la dilatation des solides, des liquides et des fluides élastiques à de hautes températures. 107 Sur l'application du calcul des probabilités à la phi= losophie naturelle; par M. Laplace. 157 Mémoire sur la thévrie des ondes ; par M:Poisson. 162 Note sur une difficulté relative À l’intégration des équations apx différences partielles Er premier ordre; par M. Poisson, ! 183 Démonstration générale du thèorême de Fermat sur les nombres polygoncs: par M. Cameby3 ivgénieur des ponis et chaussées. 190 PHYSIOLOGIE, pur M. H. de Blainville, \ 193 Experiments, elc.; Cest-à-dire, Expériences pour déterminer l'influence de Ja moelle épinière sur Paction du cœur davs les poissons ; par William Clift. 197 Experiments, etc.; c'est-à-dire, Expériences faites Lx la vue de déterminer le principe d'où dépend l'action du cœur , et les relativus qui existent entre cet organe et Je sysléme nerveux; par Wäilsou Philip, 198 MÉDECINE ET SCIENCES QUI EN DÉPENDENT. Mémoire sur la disparition des adhéreuces celluleuses dans Les cavités splauchniques ; par M. Viilermé. ralysie des muscles intrinsiques du larynx, et d’une lé- sion singuhière de la respiraon ; par M. Larrey. 147 113 Note sur le sucre de diabetes; par M. Chevreul. 148 Obseryation d’une blessure du cerveau , suivie de la pa- Fin de la Table des matières, ERRAT A. Pages 18, ligne 2; située, lisez situé. id. ligne 35, l’ivégalité, lisez l'icrégularité, 394 ligue 17, ces, lisez ses. l 22, ligne 22, placée, lisez placé. d. lighe 3F, Drosua, lisez Drosera Pages 22, ligne 38, Drosua, lisez Drosera. 37, ligne 12, tronc, sez bout 41, ligne 36, au-dessus, lisez au-dessous. id. ligne 3ÿ, au-dessus, lisez au-dessous, | ] el cé 0} | |