BULLETIN DES SCIENCES. PAR LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS. ne ANNÉE 1616. RS sd PARIS: IMPRIMERIE DE PLASSAT LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE, D'APRES L'ORDRE-DE RÉCEPTION: NOMS.- Membres emérites. MM. BERTHOLET. .: —.. L'AMARCE::: . cree MONGE 2. NT. FAUNE eriiae RE À DUGRESNES EE 7. LAPLACES. me LES CORREA DE SERRA. TONNELLIER.". : . GILLET - LAUMONT. D'ELEUZE EEE COQUEBERT - MONT- BRET ER NSC ce CHAPTAE MAR er Membres résidans. SELVESTRES A 0 ce BRONGNIART ...... N'AUQUELIN 0.0 HAL E at ue te Bosc ei MATE anoIe die Covier (Georg.).. DomÉRIL. 7 1 2.. : L'ARREN: PR EE CN ASTEMRIER EU LCE TAGCEPHDELS . oe « BUTET SCA EE ARE: PDIOT UE Ne BROCHANT... 6. Cüvrer (Fréd.) .…. cr AU A7; Dates de Réception. 14 sept. 1703. 21 sepf. 1793. 28 sept. 1793. 10 août 1794. 12 JanV. 1797- 17 déc. 1802. 11 Janv. 1806. 51 Juill. 1794. 28 mars 1703. 22 juin 1801. 14 Mars 1703. 21 Juill. 1708. 10 déc. Ia. 9 nov. 14 sept. 28 sept. 13 déc. 12 Janv. 1788. 1789. 1703: 1705: 1703. 1794 Id. 23 mars 170). 20 août 1796. 24 sept. 1796. 2 MATS F797: 1°" Juin : 1708. 14 févr. 1800. 2 févr. 18or. 2 juil. 17 déc. 1802. JANVIER 180r.° 1816, NOMS. MAL RENARD REC NITRBEL: Re POISSON: Ter Le Gay-LussAc...... HACHETTE... AMPÉREr ele D'ARCET PERS. .É ROTRARD IEEE -7-E Du Perrr-Taouars. PARISEME RER PR AMRAGO SE TERRE À NYSTENR AA UE PATGIEREMPRNE CHEVMREUER ee PBULSSAN IDE ET ge DESMAREST ...... GUERSENT: 5... AIDE Te eee ee BLAINYILLE ...... DINETIE NN CTEER DUuLONG LL : BoNNARD ..... es NMAGENDIE...,0 20 UGAS Here. IBESUEUR: «4. MONTÈGRE ..... = Civcar ls ECLÉMENT ..:..:2. MÉMAN: 21200 Cassini (Heury ).. HOURIER. 1-1: -e à BEuDANT. EL JE | Dates de éception, 12 févr. 18053. 11 Mars 1803. 5 déc. 1803. 23 déc. 1804. 24 janv. 1807. 7 févr. 1807. Id. 19 déc. 1807. Fa, 14 Mai 1908. Id. Id. Id. Id. 16 mai 1810. 9 févr. 18ir. Q mars 1811. Id. 29 févr. 1872. 14 mars 1512. 21 Märs 1012. 28 mars 1812. 10 avril 1813. 5 févr. 1814. 12 Mars 1014. 9 avril. 1814. 31 déc. 1814. 15 janv. 1816. 3 févr. 1816. 17NÈT. 7 févr. 1818. V4 Hévr. 1818. Secrétaire de la Société pour 1818, M, N. 22 BzaixviLee, rue Jec.b, n° 5. LISTE DES CORRESPONDANS DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE. NOMS #r MM. GEorFRoY ( ViLLENEUVE ) : DANDRADA..... CHAUSSIER : Man-Mons terra on VAR ET A EAN LES LP NOR CL ROUE 4 JURINE RS = 0 er lus Arte MATRA NCRENS JS ele = cure ecre USD URL ES Re ROC een IE n Bruxelles, REULRRET D UE A Nice. SGHMEISSER . . . . Hambourpo. REMARUBL ES TEEN : 14. HE cru. 0 DATA ERA U EE AUUES Strasbourg, GOSSPR GIE LE RQ .. Genève. EDEN ADN Le Rep re A Nismes. MÉCHERMS M EEE EL . Moscow. BOUCHER re Le ee AL Abbeville. No . —.. Béfort. Borisséz pt Monvizze.... EVA RON ee eee RE 0 à .. Florence. Broussoner (Victor.).... Montpellier. Liir (P.-Aimé)........ Caen. Dr SKassunen Se ARR AE Genève, Vassazi=EanDi..,. - :-... . : Turin. Buniva . Ji. Pur (ice “=... Naples. BLumensace.. GE Lee Gottingue, HERMSTAEDT . - - 55: Berlin. CoqueserT ( Ant.) ...... Aimiens.. Camper ( Adrien)6....... Franeker. Ramonp... : . Madrid. - Vienne, SCHWARTZ ent Me. ...:.. Stockholm. VANTCRERE PEN NEA NES Genève. HE Mounier Londres. HE Davt. 2 ere da eet à Ld. Héricartr-Taury. :....... Ban ENS ...... Châlons-sur- Marne, RÉSIDENCES. Coimbre. Bruxelles: Pavie. Besançon, Cériliy. Caen. Gentve. Zurich. NOMS #r RÉSIDENCES. MM. CosTAz RTE Pres GConniEn: 52000 SCEREIBER CL à Vel Dour HAE Baizzy. SAVAREST ets eme ni le dns lu PVO. Si. 7. 0%: TERRE BROTERON 2... - EN SOEMMERING.....:..... PABLo DE LLAVE........ Baesisson :. 20 Lee PANZER: 0.52 CR CAE D En DrEseranns: eat Dauwsuisson. ....... ARS NVAUDENS em Re a Re Gærrxer fils ...... RE GORARD ANS RUES EE eve CHLADNTS EEE Se LAMOURGUX. #4 4 cons Freminvisce (Christoph.) Baranp ini Poy-FERE DE Cire... MarCEL DE SERRES..... DEsvaux Au D : de Bazocne--..... RATE RASSO LE 2 5 RATER LL Bicor ne Morocues.... HR RISTAN EE SE le AE Omazius D’'HizLoy,..... BEONHARD 2 PEN NME DESSAIGNES 0e AE are DERANGIIS PA se JR AuGuste SainT-HiLaire. ALLUAUD,. LS Léox Duroër DE GRAWENHORST...... : RenwaRDE.. Je Durrocner........ SE D'AuperarD DE FERUSSà CHARPENTIER... 1.2" Le Mans: La Rochelle. Naples. Madrid. Coimbre, Munich. Madrid, Falaise. Nuremberg, Rennes, Toulouse, New-Yorck, Tubingen, Alfort. Wittemberg, Caen: Brest. Angers. Dax. Montpellier, Poitiers, Seez, Nice. Orléans, 1Q. Namur. Munich. Vendôme. Londres. Orléans. Limoges. Saint-Sever. Breslau. Amsterdam. Charrau, prés Château-Re maud, . Agen. Pex. Laval PEN ED IT OR PES NOMS. sr RÉSIDENCES. NOMS Er RÉSIDENCES. MM. MM. D'Homsres-Firmas. ..... Alais. VITDER MEN EE aie mes ee Étampes. À D Ver En ve DER 2, VIS Copenhague. Wacziaus Error LEracn. Londres, Moxgino, 2:52 42 Freyberg. FREXGMAT -eeaesanete Mine mad À MI Ans rETS. Aveusre Bozz ÉMTe Londres. VOGEL SERRES En LORIE ES Muoich. y BERGER- cr se. Genève. Anams (Williams)...... Londres. MorEAU DR JONNÉS...... Martinique. DérnARGE. 2e... CERN) Sceaux. MER G ACER rentes Dax. GASC. LL TRTRTSER Len GRATELOUP. 1. es ce e «0 Dax. Picor pe La Peyrouse.. Toulouse. SAFRAN RRE Philadelphie, QUENTIN LR. rar ce Berlin. Corne ere 10 SOON Dijon, COMMISSION DE RÉDACTION DU BULLETIN, POUR IGI6. MM. Zoologie, Anatomie et Physiologie £ ide ve d'EPS BLaix vice (H.DE)..... B. V. Botanique , Physiologie végetale , É D sroulure, Économie rurale.. H. CAssiNr.......... D AO À à EU © D éralogie, GÉOIOS:E. ERA BEUDANT +. -......sse ÉeS:B Chimie et Arts chimiques... 2... . CHEVREUZ. .... Fi 0Me C. Physique et Astronomie.........? BIO ERPErEE M... B. Mathemaiues eric RAOISSON ere SL Ie P. Médecine et Sciences qui en dé- RÉAL: Ne AO EL ER MAGENDIE....-...,....: F. M. Secrétaire de la Commission......BiLzy....B-Y. Nota. Les Articles ou Extraits non signés sont faits par les Auteurs des Mémoires, BULLETIN DES SCIENCES, PAR LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DELL CSSS CLLLLCLLL TE LILI Mémoire sur la température des habitations et sur le mouvement varié de la chaleur dans Les prismes rectangulaires ; par M. Fourier. (Extrait.) Ox s’est proposé de traiter dans ce Mémoire deux des questions prin- cipales de la théorie de la chaleur. L'une offre une application de cette théorie aux usages civils ; elle consiste à déterminer les conditions mathémaliques de l'échauffement constant de l'air renfermé dans un espace donné. La seconde question appartient à la théorie analytique de la chaleur.-Elle a pour objet de connaître la température variable de chaque molécule d'un prisme droit à base rectangulaire, placé dans l'air entretenu à une température constante, On suppose que la température iniliale de chaque point du prisme est connue, et qu'elle est exprimée par uue fonction enticrement arbitraire des trois coordonnées de chaque point ; il s’agit de déterminer tous les états subséquens du solide, en ayant égard à la distribution de la chaleur dans lintérieur de la masse, et à la perte de chaleur qui s'opère à la supcrficie, soit par le contact, soit par l'irradiation. Cette dernière question est la plus géné- rale de toutes celles qui aient élé résolues jusqu'ici dans cette nouvelle branche de la physique. Elle comprend comme une question particu- lière, celle qui suppose que tous les points du soiide ont recu la même température initiale; elle comprend aussi une autre recherche. qui est un des élémens principaux de la théorie de la chaleur, et qui a pour objet de démontrer les lois générales de la diffusion de la chaleur, dans une masse solide dont [es dimensions sont infinies. La premiere question qui concerne la température des espaces clos, iatéresse les arts et l’économie publique. Ce sujet est entièrement nou- veau; on n'avait point encore cherché à découvrir les relations qui süb- sistent entre les dimensions d'une enceinte solide formée d'une substance connue, et l'élévation de température que doit produire une source constante de chaleur placée dans l'espace que celte enceinte termine. Où exposera successivement l’objet elles élémens de chaque question, les principes qui servent à la résoudre, el Les résultats de Ta softion: Livraison de janvier, L bd Bic 1810. Psa:sique. Aca!. des Sciences. 17 novembre 1617. 1. (zx) PREMIÈRE PARTIE. De la Teripérature des habitations, On suppose qu'ur espace d’une ligure quelconque est fermé de loutes paris, et rempli d'air atmosphérique; l'enceinte solide qui le termine est homogène, elle a-la même épaisseur dans toutes ses parlies , et ses dimensions sont essez grandes pour que le rapport de la surface inté- rieure à la surface extérieure diffère peu de l'unité. L'air extérieur con- serve une (empéralure fixe et donnée; l'air intérieur est exposé à l'action constante d'un foyer dont on connait lintensité: On peut con- cevoir, par exemple, que cette chaleur constante est celle que fournit continuellement une suriace d'une certaine élendue, et que l’on entre- tient à une température fixe. La question consiste à déterminer la Lem-- pérature qui doit résulter de cette action d’un foyer invariable indé- finiment prolongée. Afin d'apercevoir plus distinctement les rapports auxquels les effets de ce genre sont assujettis, on considère ici la tem- pérature moyenne de l'air contenu dans l'espace, et l'on suppose d'abord qu’une cause toujours subsistante mêle les différentes parties de cel air intérieur, et en rend la température uniforme. On fait aussi abstraction de plusieurs conditions accessoires , telles que l'inégale épaisseur de cerlaines portions de l'enceinte , l'introduction Ge l'air par les issues, là diversité d'exposition qui fait varier l'influence de la température extérieure. Aucune de ces conditions ne doft être omise dans les appii- cations : mais il est nécessaire d'examiner en premier lieu les résultats des causes principales; les sciences mathématiques n'ont aucun autre moyen de découvrir les lois simples et constantes des phénomènes. On voit d'abord que la chaleur qui sort à chaque instant du foyer, élève de plus en plus la température de l'air intérieur , qu’elle passe de ce milieu dans la masse dont l'enceinte est formée, qu’elle en aug- mente progressivement la température, et qu'en même temps une parie de celte chaleur parvenue jusqu'a la surface extérieure de l'en- ceinte se dissipe dans l'air environnant. L'effet que l'on vient de décrire s'opère continuellement ; l'air intérieur acquiert une température beau- coup moindre que celle du foyer; mais toujours plus grande que celle de la première surface de l'enceinte. La température des différentes parties de celte enceinte est d'autant moindre, qu'elles sont plus éloi- nées de la première surface ; enfin la seconde surface est plus échauffée que l'air extérieur dont la température est constante. Ainsi la chaleur du foyer est transmise à travers l'espace et l'enceinte qui le termine; elle passe d’un mouvement continu dans l'air environnant. Si l'on ne considérait qu'un seul point de la masse de l'enceinte, et que l'on y plaçât un thermomètre très-pelit, on verrail la température s'élever de (3) plus en plus, et s'approcher insensiblement d'un dernier état qu'elle no peut jamais outrepasser. Cette valeur finale de la température n'est pas la même pour les différentes parties de l'enceinte ; elle est d'autant moindre que le point est plus éloigné de la surface intérieure, 11 y a donc deux effets distincts à considérer. L'un est l’échauffe- ment progressif de l'air et des différentes parties de l'enceinte qui le contient; l’autre est le système final de toutes les températures de- venues fixes. C’est l'examen de ce dernier état qui est l’objet spécial de la question. À la vérité les tempéralures ne peuvent jamais atteindre à ces dernières valeurs ; car cela n'aurait lieu exactement qu’en suppe- sant le temps infini, mais la différence devient de plus en plus insen- sible, comme le prouvent toutes les observalions. 11 faut seulement remarquer que l’état final a une propriété qui le distingue, et qui doit servir de fondement au calcul. Elle consiste en ce que cet état peut subsister de Tui-même sans aucun changement, en sorte qu'il se conser- verait toujours s'il était d’abord formé. Il en résulte que pour connaitre Je système final des températures, il suflit de déterminer celles qui ne changeraient point si elles étaient établies, en supposant toujours que Je foyer retient une température invariable , et qu'il en est de même de Pair extérieur. Supposons que l’on divise l'enceinte solide en une mul- titude de couches extrêmement minces, dont chacune est comprise entre deux bases parallèles aux surfaces de l’enceinte; on considérera séparément l'état de l'une de ces couehes. Il résulte des remarques précédentes qu'il s'écoule. continuellement une certaine quantité de chaleur à travers chacune des deux surfaces qui terminent cette tran- che. La chaleur pénètre dans l’intérieur de la tranche par sa première surface, et dans le même temps une partie de celle que cette masse infi- niment pelite avait acquise auparavant, en sort à lravers la surface op- posée. Or il est évidemment nécessaire que ces flux de chaleur soient égaux pour que la température de la tranche ne subisse aucun chan- gement. Cette remarque fait connaître en quoi consiste l'état final des températures devenues fixes, et comment il diffère de l’état variable qui le précède. Le mouvement de la chaleur à travers la masse de l'enceinte devient uniforme , lorsqu'il entre dans chacune des tranches parallèles dont celte enceinte est composée, une quantité de chaleur égale à celle qui en sort dans le même temps. Le flux est donc le même dans toute la profondeur de lenceinte, et il est le même à tous les inetans, On en connaitrait la valeur numérique, si Pon pouvait recueillir toute la quan- tité de chaleur qui s'écoule pendant l'unité de temps, à travers une surface quelconque tracée parallèlement à celles qui terminent l’en- ceinte. La masse de glace à la température zéro que cette quantité de chaleur pourrait convertir en eau, sans en élever la température, exprimerait la valeur du flux qui pénètre continuellement l'enceintg de (4) | dans l'état final et invariable, Cette même quantité de chaleur est nécessairement équivalente à celle qui sort pendant le même temps du foyer, et passe dans l'air intérieur. Elle est égale aussi à la chaleur que celte même masse d'air communique à l'enceinte à travers la pre- mière surface. Enfin elle est égale à celle qui sort pendant le même temps de la surface: extérieure: dé l'enceinte, :et-se> dissipesdans Pair environnant. Cette quantité de chaleur est à proprement parler. la dépense de la source. : Les quantités connues quai entrent dans le caleul, sont les suivantes : J désigne l’étendue de la surface du foyer: a la température perma- nente de celte surface; b la température de l'air extérieur ; e l’épais- seur de l’enceinte; s l'étendue de la surface de enceinte; # la condu- cibilité spécifique de la matière de l'enceinte; A la conducibilité de la surface intérieure de l’enceinte ; H la.conducibilité de la surface exlé- rieure; g la conducibilité de la surface du foyer. On a expliqué dans des Mémoires précédens la nature des coefficiens k, H, #, K, et les observations propres à les mesurer. Les trois quantités dont il faut déterminer la valeur sont : & température finale de l'air intérieur, B température finale de la première surface de l'enceinte, 7 tempéra- ture finale de la surface extérieure de l'enceinte. On désigne par A l'élé- vation finale de la température ou l'excès a—b, et par ® la dépense de la source ou la valeur du flux constant qui pénétre toutes les parties de l'enceinte. On Re cette quantité ® à une seule unité de surface ; c’est-à-dire que la valeur de ® mesure la quantité de chaleur qui pen- dant l'unité de temps traverse l'aire égale à l'unité, dans une srrface quelconque parallèle à celles de enceinte; ® exprime en unité de poids la masse de glace que cette chaleur résoudrait en eau. Les quantités précédentes ont entr'elles des relations très - simples, que lon peut découvrir sans former aucune hypothèse sur la nature de la chaleur. Il suffit de considérer la propriété que la chaleur a de se transmettre d’une jartie d’un corps à un autre, el d'exprimer les lois. suivant lesquelles celte propriété s’exerce. La connaissance des causes n’est point un élément des théories mathématiques. Quelle que soit la diversité des opinions sur la nature de la chaleur, on voit que les expli- cations qui paraissent d'ailleurs le plus opposées, ont une partie com- mune qui est fort importante, puisqu'on en peut déduire les conditions mathématiques auxquelles les effets sont assujettis. ; d Les propositions fondamentales de cette théorie, ne sont m1 moins simples, ni moins rigoureusement démontrées que celles qui forment aujourd’hui les théories statiques ou dynamiques. Il est nécessaire de faire à ce sujet les remarques suivantes : les coefliciens K, À, H et le coefficient qui mesure la capacité de chaleur, doivent ici être regar- dés comme des quantités constantes : mais en général ils varient avec les températures lorsqu'elles sont élevées. Dans l’état actuel de la phy- sique, on ne connaît que très - imparfaitement les’ variations de res 1Ü106, cocffcieus. Le cocffieient relatif à la capacité ne subit que des varialions presqu'insensibles pour des différences de températures beaucoup plus grandes que celles que l'on considère ici, Le nombre K n’a été mesuré que pour une seule substance : mais diverses observalions montrent qu'il conserve une valeur sensiblement constante pour des températures moyennes. Le coefficient À est plus variable ; il dépend de l'espèce du milieu élastique, de sa vitesse, de sa pression , de la température et de l’état des surfaces. On ne connaît point exact8ment la marche de ses varia- lions; on est seulement assuré que la valeur ne change point lorsque la différence des températures est peu considérable. En général, soit que ces cocfliciens représentent des nombres cons- tans ou des fonctions connues de la température, on exprimera tou- jours par les mêmes équations les propriétés de l'état final, ou celles de l’état variable qui le précède. Ainsi la question est réduite dans tous les cas à une question ordinaire d'analyse, ce qui est le véritable objet de la théorie. Pour que le système des tempéralures«soit permanent , il faut que chaque tranche infiniment petite de l'enceinte reçoive à chaque instant par une surface, et perde par la surface opposée une quantité de chaleur égale à celle qui sort du foyer. Cette condition fournit les trois équations suivantes qui sont pour ainsi dire évidentes d’elles-mêmes. Elles dérivent immédiatement d’une proposition élémentaire dont on a donné ailleurs la démonstration. Ja(a—a)=hs(a— 8) fgta—a)= (8—)) fg(a—a) =Hs (>7— b}. On en conclud, 1 e 1 PAPAS DUT a —b—=(a—b) s 1 1 e 1 Ar. A LUTTE On a désigné par ® la dépense de la rs rapportée à l’unité de sur- S quautité connue est donnée par l'équation : face, l'expression de cette quantité est (a— a), et sa valeur en 1 1 e Le (6) On en cenclud, a —b=® (+ T + en) En désignant par A l'excès de la température fixc de l'air intérieur ”.. ra 1 sur celle de Fair extérieur , et par M le nombre connu LS F ee Fr: (1 on aura À = ©. M. Nous allons maintenant indiquer les résultats de cette solution. 1°, On reconneit d’abord que le degré de l’échauffement, c'est-h- dire l'excès A de la température finale de l'air intérieur sur la tempé- rature de l'air extérieur ne dépend point de la forme de l'enceinte, ni du volume.qu’elle termine , mais du rapport T de la surface, dont la Chaleur sort à la surface qui la reçoit, et de l'épaisseur e de l'enceinte. 2%, La capacité de chaleur de l'enveloppe solide et celle de l'air rentrent point dans l'expression de la température finale. Cette qualité influe sur l’échauffement variable; mais elle ne concourt pas à déter- miner la valeur des dernières températures. 5°. Le degré de l’échauffement augmente avec l'épaisseur de l'en- ceinte, et il est d'autant moindre que la conducibilité de l'enveloppe solide est plus grande. Si on doublait l'épaisseur, on aurait le même résultat que si la conducibilité était deux fois moindre. Ainsi l'emploi des substances qui conduisent difficilement la chaleur, permet de donner peu de profondeur à l'enceinte. L’eflet que lon obtient ne dépend que du rapport de l'épaisseur à la conducibilité spécifique. 4°, Les deux coefficiens } et H, relatifs aux surlaces intérieure et extérieure, entrent de la même manière dans l'expression de la tem- pérature. Ainsi la qualité des superficies où de l'enveloppe qui les couvre procure le même résultat final, soit que cet élat se rapporte à l'intérieur ou à l'extérieur de l’enceinte. 5°, Le degré de l’échauffement ne devient point vul lorsqu'en rend d'épaisseur infiniment petite. La résistance que les surfaces opposent à la tranemission de la chaleur suflit pour déterminer l'élévation de la température. C'est pour cette raison que l'air peut conserver assez long- temps sa chaleur, lorsqu'il est contenu dans une enveloppe flexible trés-mince, Dans ce cas la température de la première surface ne diffère point de celle de la seconde, et si elles ont la même conducibilité rela- tive à l'air, leur tempéralure est moyenne entre celles de l'air intérieur et de l'air extérieur. G°. En comparant la température acquise par l'air intérieur, à la quantité de chaleur qui sort du foyer et traverse l'enceinte, on voit que sans augmenter la dépense de la source, on peut augmenter le #.e ee [a] degré final de l'échauffement , soit en donnant une plus grande épais- 101b. seur à l’enceinte, suit en la formant d'une substance moins propre à cou- duire la chaleur, soit en changeant l'état des surfaces par le pult ou les tentures. 7°. Les coefficiens L, K, I qui dépendent de l’état des surfaces ou de la matière de l'enceinte, sont regardés ici comme des quantités don- nées. En eflel ils peuvent être déterminés directement par l'observa- tion. Mais les expériences propres à mesurer la valeur de K n'ont encore été appliquées qu'à une seule substance (le fer forgé) on ne connait celle valeur par aucune autre malière. IL faut remarquer qu'il entre dans l'expression de la température un coeflicient composé M dont ou peut trouver la valeur numérique par unegobservation, ce qui dispen- serait de mesurer séparément les quantités 2, H,e, K. Ce coefhcient composé est le rapport de l'élévation À de la température à la dépense ® du foyer pour l'unité de surface. 11 exprime la qualité physique que l'on a en vue, lorsqu'en comparant plusieurs habitations, on estinie que les unes sont plus chaudes que les autres. Plus la valeur de ce coefficient est grande, plus il est facile de procurer une haute tempé- ralure dans un espace donné, sans augmenter la dépense de la source. 11 change avec l'épaisseur et la nature de l'enceinte, et mesure préci- sément pour diverses sortes de clôtures, la propriété qu’elles ont de retenir la chaleur, en opposant une résistance plus ou moins grande à son passage daus l'air extérieur. Si le même espase est échauflé par deux-ou par un plus grand nom- bre de foyers de différentes espèces , ou si là premiere enceinte est elle-même contenue dans une seconde enceinte séparée de la première ar une masse d'air, on détermine, suivant les mêmes principes, le Gesré de l'échauffement et les températures des surfaces. Les solulions générales de ces deux questions ont été rapportées dans le Mémoire. On suppose dans la première un nombre indéfini de foyers, qui différent par leurs températures et leur étendue ; on suppose dans la seconde un nombre indéfini d'enceintes qui différent par l'espècs de la matière et par la dimension. Les expressions que celte analyse fournit montrent clairement lef- fet de chaque condition donnée. On voit par exemple que des envelop- pes solides séparées par l'air ,- quelle petile que soit leur épaisseur , doivent contribuer pour beaucoup à l'élévation de la température. On reconnait aussi qu’en divisant l’enceinte en plusieurs autres, en sorteque l'épaisseur Lotal demeurât toujours la même, on procurerait, avec le” même foyer , un très-haut degré d'échauffement, par la séparation des” surfaces. ° Plusieurs des résultats que l’on vient d'indiquer étaient devenus sem” : (8) LEE sibles par l'expérience même, Il est difficile en eflet qu'un long usage ne fasse point connaitre des résultats aussi constans. La théorie actuelle les explique, les ramène à un même principe et en donne la mesure exacte, Au resle toutes les remarques qui précèdent sont beaucoup mieux exprimées par les équations elles-mêmes; il n'y a pas de Jan- gage plus distinct er plus clair. On aurait omis cette énumération, s’il ne s'agissait poibt 1c1 d'une question qui n’a pas encore été traitée, et sur laquelle il peut être utile d'appeler l'attention. - Où sait que les corps animés conservent une température sensible- ment fixe qui est pour ainsi dire indépendante de celie du milieu, La chaleur est inégalement distribuée dans les différentes parties, et leur température est modifiée par celle des objets environnans. Mais il existe certainement une où plusieurs causes propres à l'économie animale qui retiennent la température intérieure entre des limites assez rapprochées. Aiusi les corps vivans sont dans leur état habituel des foyers d'une cha- leur presque constante de même que les substances enflammées dont la combustion est devenue uniforme, On peut donc à l’aide des remar- ques précédentes prévoir êt régler avec plus d'exactitude l'élévation des températures dans les lieux où lon réunit un grand nombre d'hom- mes. J1 sufirait d'y observer la hauteur du thermomètre dans des cir- constances données, pour déterminer d'avance quél serait le degré de chaieur acquise, si le nombre d'hommes rassemblés devenait beaucoup plus grand. - A la vérité il y a toujours plusieurs conditions accessoires qui mo- difient les résultais, telles que l’inégale épaisseur des parties de l’en- ceinte, la diversité de leur exposition, l'eflet résultant'des issues , l'iné- gale distribution de la chaleur dans Pair. On ne peut donc point faire ici une äpplhicalion rigoureuse des règles données par le caleul. Tou- tefois ces règies sont précieuses en elles-mêmes, parce qu'elles con- Lienneut les vrais principes de la matière: elles préviennent dés rai- supnemens vagues, ct des lentatives inutiles où confuses, On résoud cocore par les mêmes principes la question où l'on sup- pose que le foyer est extérieur, et que la chaleur qui en sort traverse successivement des euceinies diaphanes, et pénêtre l'air qu'elles ren- fermeal, Ces résulials fournissent l'explication et la mesure'dés effets que l’on observe, en exposant aux rayons du soleil des thermomètres recouverts par plusieurs enveloppes de verre transparent, expérience : remarquable qu'il serait utile de renouveler. Cette dernière solution a un rapport direct avee les recherches sur l'état de l'atmosphère et sur le décroissement de la chaleur dans les hautes régions de Pair. Lfie fait connaitre que l'ane des causes de ce phénomène est la trans- parence de l'air, el l'extinction progressive des rayons de chaleur qui (9) accompagnent la lumière solaire. En général les théorèmes qui con- ceruent l’échauffement des espaces clos s'étendent à des questions très- variées. On peut y recourir lorsqu'on veut estimer d'avance et régler les températures avec quelque précision, comme dans les serres, les ateliers, où dans plusieurs établissemens civiis, tels que leshôpitaux , les lieux d’assemblée. On pourrait dans ces diverses applications avoir égard aux conditions variables que nous avons omises, comme les iné- galités de l'enceinte, l'introduction de l'air, et l'on connaiirait, avec une approximation suflsante, les changemens que ces conditions apportent dans les résultats. Mais ces détails détourneraient de l’objet principal qui est la démonstration exacte des élémens généraux. Nous avons remarqué plus haut que les trois cocfliciens spécifiques qui représentent la capacité de chaleur, la conducibilité extérieure, et la conducibilité propre, sont sujets à quelques variations dépen- dantes de la température. Les expériences les indiquent; mais elles n’en ont point encore donné la mesure précise. An reste ces variations sont presqu'insensibles, si les différences de température sont peu éten- dues. Cette condition a lieu pour lous les phénomènes naturels qu'em- brasse la théorie mathématique de la chaleur. Les variations diurnes et annuelles des températures intérieures de la terre, les impressions les plus diverses de la chaleur rayonnante, les inégalités de température qui occasionnent les grands mouvemens de l'atmosphère et de l'Océan, sont comprises entre des limites assez peu distantes pour que les coei- ficiens dont il s’agit ayent des valeurs sensiblement fixes. On a considéré jusqu'ici la partie de la question qu’il importe Le plus de résoudre complètement : savoir, l'état durable dans lequel les tem- pératures acquises demeurent constantes. La même.théorie s'applique à l'examen de l’état variable qui précède , et de celui qui aurait lieu si, le foyer étant supprimé, ou perdant peu à peu sa chaleur ; l'en- ceinte solide et l'air qu’elle contient se refroidissaient successivement. Les conditions physiques relatives à ces questions sont rigoureusement exprimées par l'analyse qui'est l'objet du Mémoire. Ainsi toute recher- che de ce genre est réduite à une question de mathématiques pures , et dépendra désormais des progrès que doit faire la science du calcul. Les équations qui se rapportent à l'état permanent sont résolues par les premiersprincipes de l'algèbre ; celles qui expriment l’état précédent, ou le refroidissement progressif, ne sont pas moins simples : mais elles appartiennent à une autre branche de calcul. Ces questions sont ana- logues à celle qui a pour objet de déterminer le mouvement varié de la chaleur dans un prisme rectangulaire. C’est pour cette raison que l'on a réuni dans ce Mémoire les recherches sur la température Livraison de janvier. 2 9e LO 1818. 12, (10) des habitations à celle de la distribution de la chaleur dans les pris- mes. Cette dernière question est l’objet de la seconde partie. On terminera cet exirait de la première partie en rapportant es équations différentielles qui expriment l’échauflement variable de l'air dans une enceinte exposée à l’action constante d’un foyer. Outre les quantités connues dont on a déjà fait l'énumération , on désignera par V le volume de l'air intérieur; par c la capacité de chaleur de ce fluide, ét par C la capacité de chaleur de la substance qui forme l'enceinte. Les températures de l'air intérieur et de l'enceinte ne sont point des quantités constantes comme dans les cas précédens, Iles varient avec le temps. Celle de l’air est une fonction & du temps Z; celle d'un point »2 uelconque de l'enceinte est une fonction » de deux indéterminées dont June est le temps écoulé 7, ét l'autre est la distance x du point à la surface. La variations de température qu’un point quelconque subit à la surface pendant un instant infiniment petit, est proportionnelle à la diflérence entre la quantité de chaleur qu'il reçoit et celle qu'il perd. ILest facile d'exprimer cette condition au moyen des propositions élé- mentaires dont on à donné ailleurs la démonstration. On en déduit les quatre équations suivantes : KE + H(»—2)=0,{ ze} oœ ks da LE (aa) = (a—r) = —, {x=0 } La première est linéaire et aux différences partielles du second ordre ; mais ne devant contenir dans son intégrale qu'une fonction arbitraire. Les deux suivantes se rapportent aux extrémités de l'enceinte ; elles expriment Îles conditions du mouvement de la chaleur à l’uve et à l’autre surface. : La dernière équation différentielle représente les varialions de la température de l'air. Ces équations contiennent tous les élémens phy- siques de la question, et suffisent pour déterminer les inconaues lors- que les températures iuiliales sont données. Pour les appliquer au cas où les températures s'abaissent après la suppression du foyer , il faudrait supposer nulle l'étendue ou la con- ducibilité de la surface qui communique la chaleur. On aurait un résul-- Q(Ex4) {at trés - différent si l'on se bornait à supposer nulle la {empérature de cette surface. On peut aussi déduire de ces expressions générales la connaissance de l'état final ; il suflit de considérer que les variations qui dépendent du temps, doivent être nulles, puisque le système des températures ne subit point de changement. Si en effet on imtroduit cette condition, en omettant les termes différentiels relatifs au {emps , on trouve les mêmes équations que celles qui ont été rapportées plus haut. On les trouverait encore au moyen des intégrales des équations précédentes sen attribuant une valeur infinie au temps écoulé. Au reste, ces considérations sont toutes de la même nature ; elles ne différent que par la manière de les exprimer. On voit par ces remarques que la recherche des tempéra- tures constantes appartient à une question plus étendue, qui comprend tous les états variables, depuis le système entièrement arbitraire des températures initiales, jusqu’au système final qui est toujours le même, quel que soit le premier état. Mais on peut déterminer directement les valeurs constantes des températures. Les résultats de cette recherche offrant des applications multipliées, il est utile: d'en répandre la con- naissance , en les déduisant des premiers élémens du calcul. AI Expériences sur la digestion par M. AsSTLEY Cooper. M. Scudamore rapporte dans son ouvrage sur le rhumatisme, des ex- périences de M, Astley Cooper, faites dans la vue d'établir le degré de pouvoir dissolvant dont jouit le suc gastrique sur les différens alimens, et de tirer quelques conclusions utiles pour le traitement diététique lorsqu'il y à faiblesse de la faculté digestive. On a observé dans l'exécution de ces expériences toutes les règles de méthode possibles. Les substances avaient une forme et un poids bien déterminé, elles étaient ensuite enfoncées dans le gosier de l'animal, ce dernier était tué après un terme donné, et les substances qui ne se {rou vaient pas encore dissoutes par l’action du suc gastrique étaient pesées, leur perte et par conséquent leur degré de digestibilité comme aliment sous l’action de l'estomac d’un chien en santé, élait ainsi estimée. On n'a donné que des alimens crus et toujours le maigre de la viande, à moins que l'expérience ne fasse mention du contraire, Première expérience. Quantité, Mort de l'animal, Perte dans la digestion. Espèce d’aliment, Forme. Porc....... longues et élr, 100. parties. HHEUTEN AD, Mouton..." 0, CEA A PE NV M LOT RENE M ea eue RARES DER NT AUAE SN AE SALE Bœuf....... 5 MépDEciner. . (43 Deuxième expérience: Menton: sure 2 heures. RATE LEO SAN RE PRA EL UE DEN Es D AM MANEREE + A dEr ce MR. ms AE A NO A RTE ARR TN AMENER 9 De Rorc fe ER PAT EAU TRES MR Pate VE 10) Troisième expérience. Porc at tee ARMES MANN SRE res. AS Ie Mouton. 6572625740 JO, Re Eee En + 87e Bœutastii se see ee COCO CONC VRRSRE CRC 0 * .. 37. POLE NM NES CEA LENS pare AARNR IMONON MER RU AR CRAT EN Ten Bons He denses SN OT PEN Ref REA NRe MNeauenerte Il est probable que la faculté digestive du chien pour Le porc dif- fére de celle de l'homme , car chez un homme dont l’estomac est affai- bli, le degré de digestibilité des viandes dont je viens de parler paraît être le suivant: 1°. le mouton, 2°. le bœuf, 5°. le veau, 4°. le porc. On doit aussi attribuer quelque chose à l'absence du gras dans les expériences ci-dessus mentionnées, et surtout du gras de porc. 4heures.… .…. ss. CCE CCC Cinquième expérience. Espèce d'aliment. Forme. Quantité. Terme après lequel on Perte dans [= a tué l'animal, digestion, Fromage.... quarrée. 100 parties. 4 heures. ... 76. IMOULOTI re 0 ARDENNES RENTE am Ar RE AL EE GEL Essonne nHAtMN go de c ere SC MCAUANNONME RER MAN’ Go ST kb tha De SR ET Te EUR PER E 1 SE ep AE Sixième expérience. Bœuf....... long et étroit. 100 parties. 4heuress .... 0. Lapin. 4... Morue. (co fish.) 2isteltele tete tte 10 elec tale totale . 11 paraît d’après cette expérience que le poisson-est aisément digéré.… Sepiième expérience. Fromage... long. et étroit. 100 parties. (EL SES AE EAN en OA + …... . * 0. Joue 29. 70 . (13) Huitième expérience. - On a donné à un même chien 100 parties de Bœuf et 100 parties de pommes de terre crues. Bœufsi... RNA Pomnie de t. 100. ….... use CCC Neuvième expérience. Veau rôti... long et étroit. 100. parties. ........ ë UT Vert bout Er Ana als best GRR SRE let cttite et 30, Dixième expérience. NEO LEUR NA SN ESRI RE ELA RS LA à A Neaubourha Beer RNA sas EU ENS REA 31, , Onzière expérience Muscles.….... 100 parties. 4 heures. ad ei30: Peau NP SL EN EN NT SR et red : 22 Caramel Éroeehecie nee folie: sta ret PAPER TE LE On Die Hendonax. suce rate SAN ER NE CIEe tete HO: OS MÉCNT IDIOONE CIE PIS OTRE PRIOR E 5e : Jen Re e 0: Graisses NES l ESS AT Ro ÉIDE CE ERUIERS TN NAPPES 100. Ce que l’on pouvait apercevoir après l'expérience, était que 1°. dans le muscle, une séparation des fibres par la dissolution graduelle du tissu qui lès unit avait d’abord lieu; et ensuite les fibres elles-mêmes étaient comme brisées et en petit morceaux. La peau était dissoute à sa face inférieure, mais sa face supérieure m'était point altérée. Le cartilage paraissait comme vermoulu. Le tendon avait l'apparence d’une pulpe gélatineuse. Expérience sur la digestion des os. Douzième expérience. Os épais... 100 parties. S'HEUTES VE NME RUE ile ANA RE ae TES ee à 6 heures et demie. ....... . 80. CMDPIALE 2. TR MONA Gheures. tr rer 100 L'estomac de l'homme peut également agir sur les os, et c’est ce que prouve l’expérience suivante. [LSTOIBE NATURELLE, (14) Lundi 28 mars, une jeune fille âgée d'environ quatre ans avala par accident un domino qui parcourut tout le canal digestif en moins de trois jours. Le médecin, M. Maides de Straflord, observant que le do- mino avait alors moivs de volume que ceux du jeu dont il faisait par- tie, le pesa, et trouva qu'au lieu de 56 que les autres pesaient, celui- ci n'en pesait que 54. Il en avait donc perdu 22 par la digestion qu'il avait subi. La surface du domino qui avant d’être avalé était, comme on sait, trouée et noircie, se trouvait alors hérissée d’aspérites analo- gues à de petits boutons. ass ARR ARS SAS Sur quelques points de l'organisation des Mollusques bivalves, par le D. Leach, exposés par H. DE BLAINVILLE. Dans l'exposition des habitudes des mollusques bivalves ou de leur orgauisalion ; on se contente ordinairement, pour expliquer la manière dont ils ferment ct ouvrent les deux pièces de la coquille dans laquelle leur corps est renfermé, de dire que le ligament de la charnière est élastique et disposé de manière à ce qu'il la tiendrait toujours ouverte, si son élasticité n'était contre -balancée par l’action d’un ou plusieurs muscles nommés adducteurs, qui d’une valve se portent transversale- ment à l'autre. Dans cette manière de voir; il faudrait admettre que les muscles seraient toujours en. action ou au moins tiraillés, celle du ligament. élastique étant par sa nature nécessairement constante. AL. le D° Leach vient tout récemment de nous faire voir qu'il n’en est pas ainsi, et que l’état habituel d'une coquille bivalve, qui est d’être un peu entr'ouvert pour le passage du fluide qui doit servir à la nutri- tion ct à la respiration, ne tient pas à la force musculaire évidemment fatigable, mais à une disposition , à une sorte d'équilibre entre des ligamens élastiques. 11 nous a montré, en ellet, qu'outre celui de la charnière, il y en a un ou plusieurs autres intérieurs que jusqu'ici l'on a confondus avec le muscle adducteur, quoique leur structure , leurs usages soient forts différens. Dans les huîtres, par exemple, il occupe la partie supérieure ou postérieure de la masse de fibres trans- versales confondues sous le nom de muscle adducteur. 11 offre évidem- ment un aspect blanchâtre , luisant, en un mot très-différent de celui de l’autre portion qui est beaucoup plus épaisse et évidemment muscu- laire, En effet, si sur un animal bien vivant on irrite celle-ci, elle se contracte, tandis que l’irritation de celle-là ne produit aucun effet sur elle, Aussi la fermeture complète des deux valves est-elle due au muscle et doit par conséquent être vacillante. Si on la coupe entièrement, alors les valves s'écartent un peu et prennent leur état habituel nécessaire à la vie de l'animal, Si on détruit le ligament adducteur, les deux valves (315) s'ouvrent autant que possible par la proédominance du lisament cardi- pal; et si au contraire on détruit celui-ci, les valves se ferment com- plètement. Pour l'explication de ces faits, il faut concevoir que le liga- ment adducteur a été disposé entre les deux valves quand elles étaient complètement fermées, et que le ligament cardinal, au contraire, l'a été quand elles étaient entrebaillées , en sorte que cet état habituel est dû à l'excès de l'action du ligament extérieur sur celle de l'inté- rieur; l’une vient -elle à cesser, l’autre l'emporte , d’où les vatves s'écartent beaucoup ou se ferment tout-à-fait. M. Leach pense que ce ligament adducteur a beaucoup d'analogie avec le ligament cervical d'un assez grand nombre de mammiferes. EL pous a paru en différer essentiellement en ce qu'il n’est pas Jaune comme celi-c1, et surtout en ce qu'il est fbeaucoup moins élastique. Quoi qu'il en soit, ce liyament existe dans Bus les mollusques bivalves, mais un peu modifié ; quelquefois même ilest divisé en deux partics très- distinctes ; l'une à la partie antérieure de la coquille, et l'autre à la postérieure, comme dans les moules, les anodontes , et même les cardiums. |, Un autre point de l’organisation des coquilles bivalves , dont il esf assez difficile de rendre une raison bien plausible, est celui des dents ou éminences , et des cavités de la charnière. M. le D° Leach vient aussi de nous apprendre qu'un de ses amis leur attribuait pour usage prin- cipal de dériver pour ainsi dire le muscle orbiculaire de chaque lobe du manteau , qui après avoir bordé loute sa circonférence , forme en cet endroit une espèce d’anneau pour passer au-dessus de la charnière. Enfin il nous a également fait obs2rver que c'était à tort que lon disait généralement, et nous-même tout le premier, que la frange du manteau de l’huitre est double, ce qu’on regarde comme l'externe n'é- taut rien autre chose que le muscle orbiculaire du manteau de’ tous: les mollusques bivalves. RAA SR ES SAS SR SA Influence des métaux sur-la production du potassium ; par M. V AUQUELIN M. VAUQUELIN ayant traité par le lartre une mine d’antimoine gril- lée, a obtenu un culot métallique, qui avait des propriétés toutes différentes de celles de l’antimoive pur. IL était gris, sans éclat, d’une texture grenue ; lorsqu'on le mettait davs une cloche renversée pleine d'eau, 1l y avait une vive efferves- cence occasiounnée par un dégagement, d'hydrogène très -pur, et Vox retrouvait dans l'eau une quantité notable de potasse. 2 Grammes de mine absolument séparés de loutes scores, produisirent 50 ceuli- #e Etrwre Bsyirioue. Lir@e grammes de gaz. 2 grammes de cette même mahère, exposés à l'air, se sont recouverts au bout de quelques temps d'une couche d’humi- dité du sein de laquelle se dégageait de très-petites bulles de gaz : au bout de 18 heures la matière ne produisait plus d’eflervescence avec l'eau. M. Vauquelin reconnut bientôt que la substance qu'il avait obtenue était un véritable alliage d'antimoine et de potassium ; ce dernier pro- venait de la réduction de la potasse du lartre opérée par les affinités réunies du charbon pour l’oxigène, et de l'antimoine pour le potas- sium. Il produisit le même alliage en chauffant au rouge de lanti- moine de concert avec du tarire, et en combinant directement 17 d’an- timoine avec 1 de potassium. 1 partie de bismuth et 1 de lartre fondus ont donné un alliage qui, comme le précédent, dééémposait l'eau avec effervescence. De l'oxide de plomb chauflé avec du tartre , s’est réduit, et a donné un alliage de potassium de couleur grise, d'une structure fibreuse , cassant, ayant un goût très- alkalin lorsqu'on appliquait la langue sur une partie de la mine récemment mise à découvert. Mais cet alliage différait du précédent en ce qu'il ne produisait pas d'effervescence avec l’eau. G A AAA AAA Du Calice de la Scutellaria galericulata ; par M. H. Cassini. Durant la fleuraison, le calice est un tube cylindrique, horizontal, ouvert et comme tronqué à son extrémité; muni au milieu de sa par- tie supérieure d'une bosse creuse, en forme d’écaille verticale, trans- verse. Durant la préfleuraison, la bosse est presque nulle, et l’ouver- ture du calice est fermée par le rapprochement des deux lèvres. Après la chute de la corolle, le calice se referme comme en pré- fleuraison : mais quand les graines ont acquis leur maturité, il se coupe nettement en deux parties égales suivant une ligne d’articulation ruptile, qui est horizontale, et passe immédiatement au-dessus du pédoncule ; la partie inférieure du calice , qui demeure fixée au pédoncule, et qui porte par conséquent le réceptacle des graines, a la forme d'une pelle; ja partie supérieure, qui se détache entièrement et tombe à terre, est à peu près semblable, sauf la bosse squammiforme ; qui sans doute est destinée à faciliter le développement des graines. Cet exemple d'un ealice infère faisant fonction de capsule, et se séparant complètement en deux valves longitudinales à la maturité, au moyen d’une articulation préexistante, me paraît très-remarquable ; et il est surprenant qu'étant offert par une plante aussi commune, il nait point encore élé observé. PAR Se AE A SA AR NT (3275) - Note sur l'intégration d'une classe particulière d'équations différenticlles; par A. L. Caucuy. ON sait que l’on regarde l’équation différentielle (1) . dy -f(a;r)dxz=d comme intégrée, lorsqu'on a trouvé un facteur propre à convertir le premier membre de cette équation en une différentielle exacte. De plus il est facile de voir que Pdy —Qdx et Pdx +Q dy seront des différentielles complètes, si P et Q désignent deux fonc- tions réelles d'x et d’y liées entre elles par une équation de la forme (2) Pix +VYV—-1)=P—-Q y—1. On aura en effet dans cette hypothèse | +. — V—-i=v—i19 (x +y V—-1) = Æ V/—-1 + + et par suite ap 4Q aP a(—Q) dy 5 dx”? dx 1) dy Il est aisé d'en conclure que si l'on pouvait satisfaire à la condition (3) f(x, 7) = ie ou bien à la suivante f(x, y) = — < par des valeurs de- P et de Q propres à vérifier en même temps une équation semblable à la formule (2); P, ou Q, serait un facteur propre à rendre intégrable l'équation différentielle donnée. Il importe done de savoir dans quel cas on pourra satisfaire aux conditions dont il s'agit, et comment on déterminera dans cetle hypothèse la valeur de P, ou celle de Q. Observons d'abord que si dans l'équation (2) on fait y — 0, on en conclura = (2) 00: Par suite on ne pourra satisfaire à la première des conditions (5) que dans le cas où l’on aurait (4) J (x, 0) =, et à la seconde que dans le cas où l’on aurait (5) NERO NES} Cela posé, concevons que l'on trouve effectivement j (x, o) —0, a Livraison de février. 3 1616, Marvuémarique Académie Royale des Sciences, (18) On aura, pour déterminer, s’il est possible, les valeurs de P et de Q, les deux équations (6) fCar)=%, QaErV1)=PEQV—r. On en tire PY(2,7) ON ND EEE) he lee) DEP R en Vs) ve 2V/—1 ? et par suite () f(2,9) Gén nie rene) El Er Sr de) PA 2/8 2 2Y//—1 C, Soit maintenant df (z;Y) En A Sas = f: (x, ÿ). Si l'on différentie par rapport à y les deux membres de l'équation (7), et que l’on fasse ensuite y — o, on (rouvera (8) Ri(z;:0)P(x)=—-g (x). En intégrant cette dernière équation par rapport à +, on en conclut — ff: (x, 0)d (9) HRÉÉAEN Urs . © désignent une constante arbitraire. Si les valeurs de P ef de ©, qui correspondent à la valeur précédente de @ (x), vérifient l'équation HER x ht; on Q 1 P sera un facteur propre à rendre intégrable l'équation différentielle donnée. S'il arrivait que la fonction f (x, o) fût infinie au lieu d’être nulle, on aurait à résoudre au lieu des équations (6) les deux suivantes Q 1 r A TE A A SES Est EE (CPE AE) MA A 1)=PFQV—-:, et il suflirait en conséquence de remplacer dans les calculs que nous #5 à . I venons de faire la fonction f(x, y ) par — ———, SEqAte f (as ») Pour montrer une application des formules précédentes , supposons que l'équation différentielle donnée soit LT = tag. (r (a + bx)). :(19) os On aura dans cette hypothèse 1818. S(&; 7) = tang. (> (a + bx)), AL a) a ir; 0) at br; ef par suite la formule (9 ) donnera DC) cc NUE) AS Pen a Fit ARS La valeur de @ (x) étant ainsi déterminée, on trouve —ax+-b AL C (a +b x)) Queer tt + b (x: en (r (a +D 2) et comme ces valeurs de P et de Q vérifient l'équation = = tang. C£ (a + bx)); il en résulte qu’on peut rendre l'équation donnée intégrable par le * moyen du facteur P — ARRETE Ga Cr (a + bz)). P=ce Remarque sur l'article précédent. En représentant par a, b, c, k, des quantités constantes, et faisant, pour abréger, a+bzx+cy +kxy =p, l'équation que M. Cauchy a prise pour exemple est un cas particulier de celle-ci: ; dy Fa tang. p; dans laquelle il est facile d'effectuer la séparation des variables. En etfet elle est la même chose que cos. p. d y = Sin. p. dx; mettant pour cos. p et sin. p, leurs valeurs en exponentielles imagi- naires, on en déduit (dx Papi) en VO = (or dy =) d'VTE, zu et » élant deux nouvelles variables, si l’on fait LE PE 21; D NV du on trouvera p=a+(b—cv=)u+(b+ cvs) » + (2 2) k V5; Caire 20 au moyen de celte valeur de p, il sera aisé de mettre l'équation précédente sous la forme: din ER ku* & (c—by = )u AA (or Te À MCE RICO à et maintenant les variables sont séparées. Fe Sur l'acidité du tungstène et de l'urane saturés d'oxygène ; par M. CHEVREUL. LorsQu’ox calcine le tungstate d’ammoniaque , il reste une poudre jaune qui est le tungstène saturé d'oxygène. Plusieurs ‘chimistes ayant observé que cette poudre n'avait point d'action sur le tournesol, en ont conclu que le tungstène saturé d'oxygène devait être séparé des acides. Surpris, non de celle conclusion, mais. de l'observation qui y avait donné lieu , M, Chevreul, voulant s'assurer par lui-même si véri- tablement le tungstène saturé d'oxygène qui n'avait point d'aflinité bien sensible pour les acides, et qui en avait au contraire une très- prononcée pour les alcalis, ne rougissait pas le tournesol, fit chauffer du tungstate’ d'ammoniaque avec du tournesol; il y eut dégagement d'ammoniaque et la teinture fut rougie ; d’où il suit que l’acidité ap- partient bien réellement à l'acide tungstique. M. Chevreul, en communiquant cette observation à la Société, a dit que depuis qu'il l'avait faite , il l'avait trouvée consignée dans l'ex- cellent Mémoire des frères d'Ellhuyart. Le péroxide d'urane a, comme on sait, la propriété de-se dissoudre dans le sous-carbonate de polasse ; mais ce que l’on ignorait, c'est que le péroxide d’urane natifet celui qui provient du nitrate qui a été décom- posé par le feu, fait passer le tournesol au rouge; c’est que le péroxide d’urane chauflé avec une solution de sous-carbonate de potasse s’y dissout sans en dégager d'acide carbonique, et que la solution qui à une belle couleur jaune-citron, suflisamment rapprochée, donne des cristaux évalement jaunes. M: Chevreul se propose de déterminer les propriétés el la propor- tion des élémens de cette espèce d'un nouveau genre de sel, et sur- tout de voir s'il ne serait pas possible qu'un corps dépourvu de la propriété de se dissoudre dans la potasse caustique, et jouissant de celle de se dissoudre dans le sous-carbonate de cette base, ne rou- girait le tournesol qu'autant que celui-ci serait uni à un sous-car- bonate alcalin. M. Chevreul a observé que le péroxide d'urane faisait passer J’hé- matine au bleu, ce qui le rapproche des bases salifiables. ANS AAA AA AS A (Car) Observations sur l'ouragan des Antilles ; par M. MOREAU DE JoNNÉS , correspondant de la Société Philomatique. JL demeure constant, par des renseignemens officiels, que les princi- pales circonstances de ce phénomène désastreux sont celles énoncées ci-après. Avant l'ouragan, dans la nuit du 20 au 21 octobre dernier, une forte. brise du nord soufllait, par un temps clair, dans les parages de la Martinique. Elle durait encore à minuil; à une heure et demie le vent s'augmenta et le ciel s'obscurcit; au point du jour, l'ouragan avait alteint sa plus grande violence, et vers six heures du matin il formait de puissans tourbillons. Pendant loute sa durée le vent soufila des points du compas, compris entre le nord et le sud-ouest. Lorsqu'il commença à tomber, vers cinq heures du soir, il passa à l’est-sud-est, et bientôt après à l’est. De l'examen de ces circonstances résultent les observations suivantes: 1°, Cet ouragan a eu lieu un mois apres l'équinoxe de septembre, larsque l'éloignement du soleil est tel qu'une température moins ar- dente a déja remplacé dans les Antilles la chaleur de l’hivernage , et lorsque la domination des vents alisés a déja fait cesser les vents variables, qui pendant la saison des pluies soufilent de l'hémisphère austral. 2°. Sans admettre ou rejeter l'hypothèse dans laquelle , selon l'opi- nion générale des habitans de l'Archipel, l'époque des ouragans serait déterminée par une influence astronomique, il y a lieu toutefois de remarquer qu'icl ce grand phénomène atmosphérique a précédé la pleine lune d'octobre de quatre jours. 50, Cette époque offre une anomalie sans exemple dans la périodi- cité des ouragans, qui depuis près de deux siecles n’ont jamais exercé leurs ravages plus tard qu'au mois d'août, à l'exception cependant de celui de 1780, qui eut lieu le 10 octobre, 4. 11 y a un imtervalle de près de deux mois entre l'époque du dernier ouragan et celle de la pleine lune d'août, qui a été rendue célèbre et redoutable par une série d’ouragans la plus nombreuse qu’on uisse former, dans les 55 dont on a gardé le souvenir, depuis la co- En de l'Archipel, 50. De longues observations faites dans les Antilles francaises m'ayant donné pour résullat que les vents alisés, dont les courans soulflent des points du compas compris entre le nord et l’est, succèdent constamment à la fin de l'hivernage aux vents de l'hémisphère aus- tral, il sortait de ce fait inédit l'indication de la cause des ouragans de l'Archipel, que cette circonstance remarquable devait faire attribuer 1 01110 Académie Rovale des Scien ces. 26 janvier 1818, (22) eomme ceux de la mer des Indes, aux effets du rénversement des moussons ; mais l'époque tardive du dernier ouragan semble opposer une objection à cetie explicalion naturelle. Go, En ellet, au 21 octobre, la présence du soleil depuis un mois dans l'hémisphère austral avait dû y produire la rarélaction atmos- phérique , d'où résulte l'établissement des brises du nord; et cette théorie est parfaitement d'accord avec le fait, puisque ces brises ré- gnaient dans les parages des Antilles au moment de l'ouragan. 7°. La force de ces brises alisées augmentant ainsi que leur frai- cheur et leur vitesse en raison de l'éloignement du soleil , il s’ensuit que les chances de la possibilité d'une réaction des vents du sud diminuent chaque jour en proportion de cet éloignement ; ce que prou- vent le raisonnement et l'observation, et ce qui rend extraordinaire, et peut-être inexplicable cette même* réaction des vents du sud, à une époque où il est difficile de concevoir que l'atmosphère de l'Atlantique n’eût pas une plus grande densité au nord qu’au sud des Antilles. 8°, L'’ouragan du 21 octobre ayant prouvé cette anomalie, il faudrait peut-être pour arriver à son explication se rappeler que dans le sys- ième général des vents, il y a une propagation d'effets qui lie les phé- nomènes polaires avec ceux de la zone équatoriale; cette considéra- tion diminuerait la hardiesse ou la témérité de l'idée que, puisque la réaction puissante des vents du sud suppose une densité moindre dans l'atmosphère septentrionale, 1] pourrait y avoir quelques rapports de causes entre le désastre de l’Archipel et la fonte des glaces du pole boréal, dont la débâcle vient, par un exemple extraordinaire ou même unique, d'ouvrir aux navires baleiniers un passage jusqu'a l'Océan arc- tique, et de disperser les glacons de cette mer jusqu'aux latitudes des Etats-Unis. 9°. Le désir d'attirer l'attention des savans sur celte circonstance remarquable étant le seul objet de cette note, je me bornerai à ob- server ici que la brise carabinée du nord qui régnait avant l'ouragan , et le vent du sud-est, qui pendant la tempête a produit le plus de désastres par son impéluosité, sont {ous deux des vents de la haute mer, sur lesquels les terres continentales n'exercent aucune action. 10°, Sans adopter aucune conjecture sur l'influence que le lever ou le coucher des astres sont supposés exercer sur l'atmosphère, 1l est à remarquer que c’est au point du jour que l’ouragan a atteint sa plus grande violence et que c'est à son déclin que le vent est tombé. 119, Pendant cette grande tempête le vent est passé du nord au sud par l'est, parcourant les points du compas jusqu’au sud-ouest et à l'exclusion des aires de vents, qui de ce point s'étendent par l'ouest vers Le nord; exclusion singulière, que le premier j'avais observée dans les (b35:) nement) , , . … RS [e] temps ordinaires (1), et dont les causes inconnues semblent résister 1 0 1 0. même à la puissance de l'ouragan, et empêcher que dans la mer des Antilles les vents ne soufflent de l’occident. : 12, Et enfin, le défaut du concours des phénomènes de l'électri- cité, et surtout l'extension de l'ouragan jusque dans la province conli- nentale de Caracas, tandis qu'il n'avait jamais dépassé les Limites de atmosphère maritime, ni même atleint les îles de Tabago et de la Trinité, situées en avant du littoral, sont des circonstances qui se joignent à l’époque de ce désastreux phénomène, pour lui donner ua caractère d’anomalie, et faire conjecturer la liaison de ses causes avec de grandes perturbations atmosphériques, dont les effets semblent s'être étendus du pole à l'équateur. a SEE Note sur la cristallisation du mica; par M. Bio7. J'Ar annoncé il y a long-temps que le mica régulièrement cristal- lisé avait deux axes desquels il émane des forces polarisantes , Fun normal à ses lames, l’autre dirigé dans leur plan. Ce résultat, qui était le premier de ce genre qu’on eût observé, a été confirmé par divers physiciens, notamment par une belle expérience du docteur Wollaston, qui, en exposant des lames de mica régulièrement cristallisé devant un appareil de réflexion analogue à celui que Fon emploie pour obser- ver les configurations des anneaux que la polarisation engendre dans les plaques de verre, a reconnu que, sous une certaine incidence qui est celle où, d’après mes observations, les actions des deux axes du mica se neutralisent, il se produit autour d’un centre noir des anneaux analogues à ceux que le docteur Brewster a découverts depuis long- temps dans la topaze, el dont le caractere distincüf est d'être traversés diamétralement par une seule raie noire, tandis que les anneaux fot- més aulour d’un axe unique sont 7ecessairement lraversés à leur centre par deux bandes noires dont lune est parallèle et l'autre per- pendieulaire à la direction de là polarisation primitive du faisceau lu- mineux. Tels sont ‘eux que l'on observe, par exemple, dans le spath d'Islande et le béril taillés perpendiculairement à l'axe de cristallisa- tion. J'ai été curieux d'appiquer la même épreuve aux lames d’une substance {feuilletée tout-a-fait ressemblante au mica, et resardée comme telle par les minéralosistes, mais dans laquelle j'avais reconnu qu'il n'existait qu'un seul axe perpendiculaire au plan des lames, ce qui m'avait conduit à démêler dans les autres les deux genres d'action simultanés qui s'y combinaient. Cette vérification devenait plus intéres- mt mt (x) Tableau du climat des Antilles, page 65, (24) sante encore par la difficulté que d'autres physiciens avaient éprouvée pour vériber mon observalion, le docteur Brewster, par exemple, m'eyant dit qu'il n'avait jamais rencontré de lames de mica qui n’eussent qu'un seul axe. J'ai donc repris celles qui m'avaient présenté cette particularité; et, en les exposant à l'appareil de polarisation qui sert pour observer les anneaux, J'y ai reconnu loutes les apparences qui doi- vent s'observer autour d'un seul axe normal au plan des lames, c'est- a-dire des anneaux circulaires concentriques autour de l'incidence perpendiculaire, et traversés diamétralement par une croix noire formée de deux bandes rectangulaires, l’une parallèle, l'autre perpendiculaire au plan de polarisation primitif, 11 n’est donc pas douteux qu'il existe des échantillons de mica, ou au moins d’une substance considérée comme telle, dont les lames n’ont qu'un seul axe normal à leur surface, tandis que d’autres ont deux axes, l’un normal à la surface des lames, l’autre placé dans leur plan. Si l’on soumet à la même épreuve des plaques de cristal de roche taillées perpendiculairement à l'axe de cristallisation, et suffisamment épaisses pour que les forces rotatoires particulières à ce minéral aient un effet bien marqué, on observe des anneaux circulaires, d’une inten- silé sensiblement constante, dans tout leur contour, et qui ne sont cou- pés diamélralement par aucune bande noire. C'est un résultat néces- saire des forces rotatoires, qui font tourner autour de l’axe du cristal les plans de polarisation des molécules lumineuses, et qui, leur ôtant ainsi à toutes leur polarisation primitive, les rendent toutes réflexibles et par conséquent visibles sur le verre noir qui sert pour les analyser. En outre le centre de ces anneaux, au lieu d’être noir commeil le serait s'il n'y avait de forces polarisantes que celles qui émanent de l'axe, est coloré de la teinte que les forces rotatoires produisent selon l'épaisseur à laquelle la plaque est amenée. Mais cet elfet s’affaislit avec les forces qui le produisent , par conséquent avec l'épaisseur de la plaque cris- tallisée ; et quand les forces rotatoires sout devenues très-laibles, on commence à reconnaitre la croix noire à branches rectangulaires qui caractérise un seul axe et qui traverse diamétralement les anneaux. Je terminerai cette note en disant que, pour observer ces phénomènes de la manière la plus commode et la plus simple, je me sers de deux plaques de lourmaline croisées, entre lesquelles je mets les plaques crislallisées que Je veux soumeltre à l'expérience, précisément comme le docteur Seebeck les place entre deux piles de glaces croisées à angles droits. Mais les plaques de tourmaline ont l'avantage de per- mellre d'observer.les anneaux de très-près, ce qui rend leur confizu- ration plus aisée à saisir, et cette propriété est surtoul utile pour recon- paître les corps qui ont plusieurs axes. Par exemple, quand où soumet à cel àäppareil les lames de mica à deux axes, si l'on place l'œil loin ; Ca5 1 de la seconde plaque de tourmaline, il faut incliner la lame de mica sous une incidence d'environ 35° pour voir les anneaux paraitre ; mais on peut suppléer à cette inclinaison, en appliquant immédiatement les plaques de tourmaline sur les deux surfaces opposées de la lame de mica, et placant l'œil tout près de la seconde tourmaline, de manitre à voir ainsi en même temps par des rayons perpendiculaires et par des rayons très-obliques, en embrassant un long champ de vision; car alors on aperçoit du même coup d'œil deux systèmes d’anneaux situés de pere et d'autre de la normale à la distance de 35°, au lieu qu’en faisant a même épreuve sur les lames de mica qui n’ont qu'un seul axe, on voit un système unique d’anneaux concentriques à la normale, ce qui met en évidence la différeuce de construction des deux substances. PAR AS AS Sur les Organes femelles de la génération, et le Fœtus des animaux didelphes ; par M. H. DE BLAINVILLE. Daxs ce Mémoire, M. de Blainville s’est proposé d’éclaircir quelques points de la génération si singulière des animaux didelphes , et surtout d'étudier les modifications que le fœtus pouvait présenter. Il parle d’abord des organes de la génération de l'individu femelle. Dans les didelphes normaux, c’est-à-dire dans tous, les ornitho- rhinques et les échidnés exceptés, l'organe essentiel ou sécriétur, c’est-à-dire l'ovaire, a tout-à-fait la même structure, les mêmes rapports que dans les mammifères ordinaires; il en est de même du canal vec- teur ou trompe de Fallope, et jusqu'a un certain point de la partie de l'utérus où de la matrice dans laquelle le fœtule est mis en dépôt. On peut en effet tres-bien la comparer avec la corne de la matrice de la plupart des mammileres , et surlout de celle des lièvres ou des lapins; mais au-delà on trouve des différences capitales: la première consiste en ce que les deux cornes, au lieu de se terminer dans le canal excré- teur ou vagin par un seul ou par deux orifices distincts, comme cela a lieu quelquefois, le font dans une sorte de méat commun plus ou moins prolongé en avant, mais constamment aveugle où sans ouver- ture à l'extrémité postérieure de son prolongement; la deuxième supplée à cette sorte d’imperfection, en ce que des parties latérales et posté- rieures de cette poche moyenne, naît de chaque côté un canal à orifice fort étroit, à parois uniquement membraneuses, entièrement libre comme dans les kanguroos ou confondu avec la partie centrale comme dans les sarigues, et qui apres s'être plus ou moins recourbé en dehors vient se terminer dans le vagin par un orifice distinct fort petit, percé obliquement dans ses parois, presque comme les uretères dans la vessie. Livraison de février. 4 Zoozocir. Societé Philomat., Février 1818. (26 ) D'après cela on conçoit que le fœtus, quand il est rejeté au dehors par la mère après avoir vécu un temps plus ou moins long dans la corne de l'utérus, ne peut avoir acquis qu’un volume proportionné au calibre possible des canaux latéraux ; et en effet, d'après les observations de M, Barton, le fœtus d’une sarigue de Virginie, qui est grosse comme un chat, ne pèse qu'un à deux grains quand il vient à la lumière, {1 est presque informe; à peice lui voit-on les rudimens des appendices, et bien mieux 1l est presque gélatineux. De cela seul il est évident que la nature, dont le but est toujours la conservation des espèces, a dù suppléer au peu de durée de la ges- tation utérine par une sorte de gestation mammaire, ces deux sortes de gestalions étant, d'aprés l'observation de M. de Blainville, en rapport inverse; et comme le fœtule était d’une célicatesse extrême, il lui a été disposé un abri particulier daus la poche où sont les mamelles (1). Cette poche est située à la partie la plus reculée de l'abdomen, ét beaucoup moins profonde en avant qu'en arrière, où elle forme une sorte de cul-de-sac; elle est évidemment formée par un repli plus ou moins considérable de la peau, entre les deux lames de laquelle est un muscle sphincter ou orbiculaire plus ou moins déveleppé, mais qui n'est qu’une simple modification du muscle peaussier abdominal d’un grand nombre de mammifères ; elle a en outre un autre muscle évidemment l'analogue du crémaster, qui vient comme lui de l’'épne de l'os des îles, et qui s'épanouit sur ses parties latéraleset postérieures ; c’est celui que Tyson a nommé trochléateur, on ne sait trop pourquoi, car son usage principal est évidemment de soutenir la poche, sur laquelle il ne peut, à ce qu'il semble, avoir aucune autre action, C'est au fond de cette poche que se trouvent rangés d'une manière difiérente, suivant les espèces, les manielons provenant, comme on le pense bien, des masses mammaires plus ou moins développées au dessous de la peau, et qui à l’époque de la non lactation sont si petits, que Tyson a nié que ces animaux eussent des mamelles , tandis qu’au contraire pendant l'allaitement ils sont si longs, qu'ils doivent pénétrer jusqu’à l'estomac du jeune animal. Voilà réellement tout ce qui compose la poche ou bourse abdomi- nale, qui est par conséquent entièrement indépendante des muscles de l'abdomen sur laquelle elle peut pour ainsi dire glisser avec la peau: M. de Blainville ne devrait donc pas parler de ce qu’on nomme les os marsuplaux, puisqu'ils ne paraissent avoir aucune action sur la bourse, et en eflel ils existent dans tous les didelphes, quoique tous n’ayent pas la poche qui vient d’être décrite; mais il le fait justement, pour faire (1) I est probable que les espèces qui n’ont pas de poche, produisent leurs petits dans un état plus avancé. C27) voir que le nom qu'on leur donne est extrûmement mauvais; en effet Tyson les appelle janitor marsupü, ossa marsupialia. Ces os sont, comme tout le monde sait, situés au devant des os pubis, mais non articulés avec eux; leur forme est comprimée, un peu recourbée en dehors, leur développement variable ne paraît pas être en rapport avec celui de la poche, Ils sont réellement compris dans les fibres des mus- cles de l'abdomen ; en effet tout leur bord externe donne insertion à des fibres terminales du muscle oblique interne; l'interne au contraire est entièrement occupé par l’origine d’une autre portion triangulaire du même muscle qu'on à regardé, mais à tort, comme une espèce de muscle pyramidal. Le grand droit de l'abdomen s'y insère également, mais à la lèvre supérieure de leur bord interne. Où trouve aussi qu'au côté externe de la base, s'attachent quelques fibres du muscle pectiné, D'après cela il est aisé de voir que leurs mouvemens doivent être très- peu considérables, et c’est ce qui est en eflet vrai, et qu’en outre ils ne doivent réellement avoir aucupe action sur la poche qui est entiè- rement cutanée, Quel est donc leur usage? M. de Blainville avoue franchement qu'il n'en sait absolument rien , pas plus que de leur analogue dans les autres animaux vertébrés. Au reste, cela est assez peu important pour le but prin-ipal de ce Mémoire. Quant aux modifications qu'offre le fœtus, après avoir rapporté quelques observations de V, Barton qui ont montré qu'il naît à un état extrêmement peu développé, presqu'informe et gélalineux, M. de Blainville ajoute ce qu'il a vu ,sur un jeune sujet de Kanguroo, qui p'avait encore aucune trace de poils, et surtout les observations qu'il a faites sur un fœtus de didelphe quatre œil, d'à peine trois quarts de pouce de long. En thèse générale on ne trouve presque aucune des, dispositions du fœtus des autres mammifères, où du moins de celles qui tiennent à la circulation, à la respiration; ainsi on ne voit à l'extérieur aucune trace d'ombilie, ce qu'avait éxalement observé M. Barton; mais en outre à l'ivtérieur M. de Blainville n’a pu aper- cevoir, quelque soin qu'il ait mis dans cette recherche, ni veine ombi- licale, ni ouraque, pas même de ligament suspenseur du foie. On doit en conclure qu'il n’y avait non plus aucun reste de canal arté- riel et probablement de trou de Botal, ce qu’il n’ose cependant as- surer d’une manière positive; mais bien certainement i n’y a pas d'artères ombilicales. Il n’a pas non plus été possible d’apercevoir de thymus, et les capsules surrenales étaient assez peu considérables, quoique les testicules fussent encore dans l'abiomen. M. de Blain- ville à trouvé au contraire que les poumons étaient considérablement développés, même proportionnellement avec le foie, et bien com- plétement spongieux. Aussi les orifices des narines formés par de sim ples pelits trous ronds tres-différens de ce qu'ils sont dans l’état adulte, a — — 1810. (28) étaient-ils parfaitement ouverts. La bouche l'était également, mais seulement assez pour recevoir le mamelon, car tout le reste de son étendue , qui est très-considérable dans les sarigues , était fermée au moyen de la membrane épidermique du jeune animal, qui passait sans interruption jusqu’au mamelon de la mère. Du reste toutes les ouver- tures des organes des sens étaient entièrement nulles, et la dispro- portion de la tête et des membres était à-peu-près aussi considéra- ble que dans les véritables fœtus; il n’y avait non plus aucune appa- rence de poils, etc. D'après cela M. de Blainville se hasarde à proposer l'opinion que ces aimaux n’ont peut-être jamais de placenta, et passent de suite de l’état d'ovule ou de fœtule à celui de sujet à terme. Voici comment il lui semble qu’on peut concevoir la chose. Dans tous les mammi- fères véritables le fœtus, avant d'arriver à se nourrir d’une manière indépendante, est susceptible de tirer de sa mère sa nourriture dans deux endroits distincts, et de deux manières différentes, c’est-à-dire, dans l'utérus, du sang, au moyen du système vasculaire; et l’autre aux mamelles, du lait, au moyen du canal intestinal. Or c’est une observa- tion que ces deux espèces de nourriture sont à peu près en rapport inverse, c'est-à-dire que plus l’une est longue, plus l’autre est courte ; de manière à ce qu’il serait possible de concevoir que l’une seule püt suflire, ou qu’un Jeune sujet püt sortir presqu'à l’état d'ovule, etalors Ja nutrition utérine serait nulle et la mammaire extrémement longue, c’est le cas des didelphes normaux; dans ce cas on concoit qu'il n'y aura pas besoin du système vasculaire qui forme le placenta : mais si au contraire l'éducation et la nutrition utérines sont extrêmement longues, il est possible de concevoir que le fœtus sortira du sein de sa mère en élat de se sufhire sous le rapport de la nourriture, et il n'y aura pas besoin de mamelles. C’est peut-être le cas des ornitho- rhinques et des échidnés, et en effet la disposition et la terminaison des cornes ,ou mieux de chaque utérus, dans le vagin, paraissent confirmer cette hypothèse. Pour terminer ce qu'il y aurait à dire sur la génération des didel- phes, il faudrait maintenant rechercher par quel moyen un fœtus aussi débile, aussi imparfait, est mis dans la poche, ou mieux attaché au mamelon, puisque plusieurs espèces n’ont pas de poche. Il ÿ a quatre ou cinq opinions à ce sujet, que M. de Blainville expose successive- ment, mais qui ne lui paraissent aucunes à l’abri de plusieurs objections très-lortes. 11 propose cependant d'appuyer celle qui admet qu'il passe directement de l’utérus dans la poche, en disant que le ligament rond dont on ne connaît pas l'usage dans les mammifères ordinaires, pour- rait en être le moyen, car il ne doute pas que la poche de la femelle: ne soit jusqu’à un certain point l’analogue du scrotum du mâle, etc. aan a ( 29) Sur une nouvelle espèce de Singe Cynocéphale; par M. YRÉDÉRIC CUVIER. I y a déjà plusieurs années que M. Frédéric Cuvier crut devoir établir en une espèce distincte, un singe à museau très-proéminent, ayant beaucoup de rapports avec le mandrill, si ce n'est que la face n'était pas colorée : il fui donna le nom de $. Leucophæa; mais comme il n'avait vu qu'un individu femelle, qui n'était pas même adulte, 1l n’était pas certain lui-même si ce ne serait pas quelque jeune âge d’une espèce connue. Aujourd'hui, que la ménagerie du Muséum possède deux individus de ce même singe, l'un mâle et l’autre iemelle, et au moins très-voisins de l’âge adulte, il croit pouvoir assurer que c’est bien une espèce distincte qui a tout-à-fait la forme, les proportions du mandrill, dont elle ne diffère essentiellement que parce que la face est entièrement noire, et n'a pas ces plis et cette belle couleur bleue que celle du mandrill véritable offre dans les deux sexes et à tous les âges. Pour faire sentir ce rapprochement, il Jui donne pour nom francais le nom de Drill, et pour dénomination latine celle de Cyn. Leucophœus. On ignore au juste la patrie de cette espèce, mais il est probable qu’elle vient d'Afrique. MR AR ARR A AA RAS SAS Pic d'Adam. LE 16 décembre, le docteur John Davy lut à la société royale une relation de la montagne appelée le Pic d'Adam, dans l'ile de Cey- lan. Cette montagne a élé long-temps fameuse par le concours des pélerins qui y accouraient de toutes les parties de la contrée , en con- séquence d'une tradition supersliticuse portant que ce fut de son som- met que le Dieu indien Boodha monta au Ciel et qu'il y laissa l'im- pression de ses pieds. L'auteur suppose que la montagne est entre 6ovo et 7000 pieds angl. (:829 et 2154 mètres) de hauteur. Elle offre, à son sommet, un plateau de forme presque circulaire. Ce sommet est couronné d’un bouquet d'arbres du genre Rododendron, mais d'une espèce qui, dit-on, ne croit pas ailleurs. Ces plantes sont réputées sacrées, de sorte qu'il fut impossible de s’en procurer un échantillon pour en faire l'examen. La montagne est composée de gneis, dont les principes constiluans existent en proportions très-différentes dans ses diverses parties. Dans quelques endroits la hornblende prédomine au point de changer presque entièrement le caractère de la roche ; mais celle-ci passe par des degrés insensibles à l’état de gneis plus par- fait sans présenter de limite exacte de séparation. L'auteur observa QHAAnStRCE des gemmes qui proviennent de Ceylan, disseminées ans le gneis qui compose là montayne. CRT sat set Eatianretitherenr d 1816, Zoornete, Socitté Philomat, Février 2818, HisToimz RATURELLX. Annals of Plilosopts, Janvier 18:8. FisToiRE NATURELLE. Annals of I hilasoph, Janvier 1816, Forar1Que. (30) Pétrification. (Société Géologique.) Le 21 novembre 18 7, on lut à la société une lettre de M. Winch, dans laquelle il faisait mention de ja découverte d’un arbre d'euviron 25 à 50 pieds de lon sueur, avec ses branches, dans un lit de pierres à feu (firestone , espece de houlle sablonneuse à High Heworth, près Nevveastle. Quant au tronc el aux principales branches de ces débris orsaniques, ces parties sont siliceuses; landis que l'écorce, les pelites branches, les feuilles sont converties en houille; M. Winch retnarque que les petites veines de honille appelées var les mineurs Coalpipes, tuyaux de houille, doivent en général leur origine aux petites bran= ches des arbres. M. Winch observe comme un fait remarquable et intéressant que, tandis que les troncs d'arbres, trouvés dins la mine d'alun de Whitby, sont minéralisés par le spath calcaire, par le ter argileux, et par les pyrites ferruyineuses, et leur écorce convertie en jayet; les troncs d'arbres enfouis dans les grès de Newcastle sont tou- Jours miuéralisés par le silex, tandis que leur écorce est chanvée en houille commune. ESS en Apercu des Genres nouveaux formés par M. HENR1 CassiNt dans la famille des Synanthérees. SEPTIÈME FASCICULE (:). or. Dimorphanthes. Ce genre, de la tribu des Astérées, est voisin des Erigeron, Trémorpha, Baccharis. 1 diffère des deux premiers par l'absence d’une couronne radiante, liguliflore, et du troisième , parce que chaque calathide réunit les deux sexes. On doit encore moins le confondre avec le Conyza, puisque ce dernier genre est de la tribu des inulées. Calathide discorde : disque pluriflore, régulariflore, androgy- niflore, rarement masculiflore ; couronne plurisériée , mulliflore, tubu- liflore, féminitlore. Péricline de squames imbriquées, linéaires, aiguës, rarement ovales. Clinanthe planiuseule, alvéolé. Ovaire oblong , com- primé, hispidule ; aigrette de squamellules filiformes, barbellulées. Corolles de la couronne tubulées, grêles, tridentées, ou comme tron- quées au sommet, rarement terminées en une sorte de languette irré- gulière, très-courte, avortée. Je rapporte à ce genre les Erigeron sicu- lum, Gouani, @Ægyptiacum, chinense, etc. DÉLAI "INR PRET CRE 15 7 A) REIN RO QU PS PES (1) Zovez les x Fascicules précédens, dans les Livraisons de décembre 1816, jenvier, février, avril, mai, septembre et octobre 1817. (Sr) 02. Fimbrillaria. Genre de la tribu des Astérées, voisin du Dimor- phanthes, dont il difière par le clinanthe fimbrillé, et ayant pour type le Z'accharis ivæfolia. Calathide discorde, subglobuleuse : disque plu- riflore, régulariflore , androgyniflore ou masculiflore ; couronne multi- sériée, multiflore, tubukflore, féminiflore. Péricline inférieur aux fleurs du disque, arrondi; de squames irrévulièremert imbriquées, appli- quées, oblongues-linéaires, coriaces-foliacées. Clinanthe plane, garni de très-longues fimbrilles charnues , irrégulières, inévales et dissem- blables, entregreflées imférieurement. Ovaire comprimé , obovale, his- pide, à bourrelet apicilaire ; aigrette de squamellules filiformes, bar- bellulées,. 95. Elphegea. Genre de la {ribu des Astérées. Calathide radiée ; disque pluniflore, régulariflore , masculiflore; couronne subunisériée, liguli- flore, féminiflore. Péricline égal aux fleurs du disque , hémisphérique, obimbriqué; de squames bi-trisériées, à peu près égales ; appliquées, linéaires-lancéolées, coriaces , uninervées, membraneuses sur les bords et au sommet ; les extérieures plus grandes. Clinanthe planiuscule, papillifère. Ovaire hispide, à bourrelet basilaire : aigrette irrégulière , de squamellules inégales, flexueuses, filiformes, épaisses , barbeilulées. Faux-ovaire des fleurs du disque réduit au seul bourrelet basilaire qui porte l’aigrette. Corolles de Ja couronne à languette entière au sommet. Elphegea hirta, H.Cass. C’est une plante rapportée de l'ile de France par Commerson , et qui, dans l'herbier de M. de Jussieu, est nommée avec doute Conyza litliospermifolia, Lam. Les feuilles sont ovales , et très- hérissées, ainsi.que la tige , de poils roides , articulés, analogues à ceux des Borraginées ; les calathides, composées de fleurs jaunes , sont dis- posées en corymbe où panicule. 94. Lepiscline. Genre de la tribu des Inulées, ayant pour type le Gnaphaltum cymosum, et remarquable par son clinanthe. Calathide in- couronnée , équaliflore , pauciflore, régulariflore, androgyniflore, oblon- gue, Péricline à peu près égal aux fleurs, cylindracé ; de squames im- briquées ; les extérieures ovales, scarieuses ; les intérieures appliquées , oblongues , coriaces, avec un grand appendice inappliqué, arrondi, scarieux , coloré. Clinanthe petit, plane, muni de squamelles inférieures aux fleurs, irrégulieres , oblongues , tronquées. Ovaire à bourrelet basi- -laire; aigrette de squamelluies unisériées, libres, égales, filiformes, barbellulées. » 95. Sogalgina. Ce genre, de la tribu des Hélianthées , et peut-être de la section des Milériées, a pour type le Galinsoga trilobata , et il diffère du genre Gu/insoga par la couronne biliguliflore. Calathide radiée ; dis- que mulüflore, régulariflore , androgyniflore; couronne unisériée, biligu- 1 0 1 6, (1520 liflore, féminiflore, Péricline inférieur aux fleurs du disque, subelobu- leux, de squames Imésales, paucisériées , imbriquées, larges, arrondies, foliacées, avec une bordure membraneuse. Clinanthe convexe , à squa- melles inférieures aux fleurs, demi-embrassantes, ovales -acuminées , membraneuses, uninervées. Ovaire obovoide, non-comprimé, pubes- cent ; aigrette de squamellules unisériées, inégales, entregreffées à la base, fililormes , charnues, barbellées sur les deux côtés. Corolles de la couronne à tube long, à languette extérieure large, elliptique, tri- lobée au sommet, à languette intérieure beaucoup plus petite , divisée jusqu’à sa base en deux lanières linéaires , obtuses. 96. Ogiera. Genre de la tribu des Hélianthées, section des Hélian- thées-Millériées , voisin des Milleria, Dysodium, Siegesbeckia, elc., dont il diffère surtout par la calathide incouronnée. Calathide incou- ronnée , équaliflore, pauciflore, régulariflore, androgyniflore. Péricline égal ou supérieur aux fleurs ; de cinq squames foluformes, unisériées, larges, ovales. Clinanthe petit, plane; à squamelles inférieures aux fleurs, ovales, acuminées, membraneuses, subscarieuses, uninervées. Ovaire grêle, allongé, hispide surtout au sommet, devenant une CYp- sèle allongée, subcylindracée, obovée, obscurément tétragone, hé- rissée de tubercules subglobuleux, terminée au sommet par un gros col très-court, sans aigrette. Corolle à lobes frangés. Anthères libres et noires. Ogiera triplinervis , H. Cass. Tige herbacée , rameuse; feuilles oppo- sées, un peu pétiolées, ovales, à peine dentées, triplinervées , hispides, parsemées de glandes en-dessous ; calathides de fleurs jaunes, solitaires, situées dans la dichotomie de la tige et des branches, portées sur des pédoncules courts et grêles. 97. Evopis. Genre de la tribu des Arctotidées, ayant pour type le Rohria cynaroides, Vahl, qui diffère des vrais Rohria par le péricline et par l’aigrette. Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore, an- drogyniflore; couronne unisériée, liguliflore, neutriflore. Péricline très- supérieur aux fleurs du disque ; de squames régulièrement imbriquées, libres, inappendiculées , appliquées, ovales-lancéolées, coriaces, spines- centes au sommet, uninervées sur la face interne, ridées longitudina- lement, munies d'une petite bordure cornée ,denticulée. Clinanthe épais, charnu , planiuscule, très-profondément alvéolé, à cloisons très-élevées, minces, membraneuses, irrégulièrement tronquées au sommet, engai- nant presque entièrement les ovaires avec leurs aigrettes. Ovaire tout couvert de longs poils fourchus au sommet; aigrette courte, de squamel- Jules subunisériées, à peu près égales, laminées-paléiformes, subulées, coriaces, barbellées sur les bords. Fleurs de la couronne pourvues de fausses-étamines, et dépourvues de faux-ovaire. À (33) 08. Echenaïs. Genre de la tribu des Carduinées, voisin de l’4Jfredia. Calathide incouronnée, équaliflore, multiflore, obringentiflore , andro- niflore. Péricline inférieur aux fleurs, de squames régulièrement im- briquées, appliquées, coriaces; les extérieures ovales-lancéolées, mu- nies sur les bords et surtout au sommet, de longs cils subulés, cornés, spiniformes ; les intermédiaires ovales-oblongues, munies au sommet d’un appendice décurrent, scarieux, blanc, profondément découpé en lanières subulées, dont la terminale est très-longue, spiniforme, cor- née ; les intérieures linéaires, surmontées d’un appendice scarieux, blane, ovale, dentelé, spinescent au sommet, uninervé. Clinanthe garni de longues fimbrilles libres, inégales, filiformes. Ovaire glabre, pourvu d’un plateau, et d’une longue aigretle de squamellules bisériées , iné- ales, libres, filiformes, barbées. Corolle excessivement obringente, à Tobes longs, linéaires. Ktamines à filets hispides , à appendices apici- laires aigus, à appendices basilaires membraneux. Echenaïs carlinoides, H. Cass. (Carlina echinus , Marschall, Flor. Taur. Cauc. ) Tige dressée, presque simple, haute d’un pied, striée, cotonneuse. Feuilles alternes, sessiles, semi-amplexicaules , oblongues , échancrées en cœur à la base, sinuées, dentées, épineuses sur les bords, glabres et vertes en dessus, tomenteuses et blanches en dessous. Cala- thides de fleurs jaunâtres , solitaires au sommet de la tige etdes rameaux. ( Observé dans l’herbier de M. Desfontaines. ) 99. Gelasia. Genre de la tribu des Lactucées, ayant pour type le Scorzonera villosa, qui est voisin des vrais Scorzonera, mais qui en diffère par l’aigrette non barbée, la corolle glabre, le péricline subbi- sérié , à squames extérieures longuement appendiculées. Calathide in- couronnée , radialiforme, multiflore, fissiflore, androgyniflore. Péricline égal aux fleurs marginales; de squames bi-trisériées ; les extérieures beaucoup plus courtes, ovales, appliquées , coriaces , surmontées d’un très-long appendice filiforme, inappliqué ; les intérieures ovales-oblon- gues, appliquées, presque inappendiculées. Clinanthe plane, inappen- diculé, ponctué. Ovaire cylindrique, incollifère , à côtes striées en tra- vers, à bourrelet apicilaire , et à aigrette irrégulière, de squamellules très-mnégales, filiformes, épaisses, barbellulées; corolle glabre. 100. Myscolus. Le genre Scolymus de Tournefort et de Linné est composé de deux espèces dont les caractères génériques ont été jus- qu'ici fort mal décrits, et qui ne sont point exactement congénères. Je le divise en deux sous-genres, dont l’un, auquel je conserve le nom de Scolymus, comprend le $. maculatus de Linné, ou $. angiospermos de Gærtner ; l’autre, que Je nomme Myscolus, comprend le $. hispanicus de Linné, ou $. £gymnospermos de Gærtner. Scolymus. Calaihide incouronnée, radiatiforme, multiflore, fissiflore, Livraison de mars. 5 PRESSE EE EH prenne trader eme ] 1818. TursiQuEe. - (:34.) androgyniflore, Péricline ovoïde ,; de squames paucisériées, imbriquées, appliquées , ovales-oblongues, coriaces , à bordure membraneuse, et à. petit appendice spiniforme ; les intérieures ayant la base de leur face interne creusée d’une cavité fermée par deux lèvres longitudinales croi- sées, et dans laquelle un ovaire est complètement enfermé. Clinanthe conique-ovoïde, élevé ; à squamelles imbriquées, courtes, larges, arron- dies, tronquées , munies sur leur face interne. d’une cavité fermée par deux lèvres longitudinales croisées, et enveloppant complètement un ovaire. Ovaire obcomprimé, elliptique , glabre, muni de cinq côtes, d'un col gros et court, et d’une courte aigrette coroniforme. Anthères hérissées de longs poils capillaires , et pourvues d’appendices apicilaires courts, {ronqués , presque échancrés. Myscolus. Calathide incouronnée, radiatiforme ÿmulüflore, fissiflore, androgyniflore. Péricline de squames paucisériées , imbriquées, appli- quées , lancéolaires , coriaces-foliacées, spinescentes au sommet, et à petile. bordure membraneuse ; les intérieures creusées sur leur face interne d’une rainure longitudinale, cylindrique, qui embrasse com- plètement un ovaire et, le bas de la corolle. Clinanthe planiuscule; à squamelles courtes , suborbiculaires, comme tronquées , creusées sur leur face interne d’une cavité qui embrasse un ovaire et la base de la corolle. Ovaire obcomprimé, obovale, glabre, muni de cinq ou six côtes ; point de col; un bourrelet apicilaire; aigrette de deux squamel- Jules correspondant aux deux côtés de l'ovaire, égales, longues, fili- formes , inappendiculées inférieurement , hérissées supérieurement de très-longues barbellules ; on trouve quelquefois une troisième squa- mellule plus courte, et le rudiment d'une quatrième. Anthères munies de longs poils capillaires. Nota. ]l y a deux rectifications à faire-dans mon premier Fascicule, inséré dans le Bulletin de décembre 1816 : le genre Cartesia doit être supprimé, pour les motifs que j'ai énoncés dans le Dictionnaire des Sciences naturelles, lome 7, page 157; et le nom da genre Lageniferæ : doit être changé en celui de Zagenophora. RSA AS SAS SAS Note sur la cristallisation du sucre de cannes ; par M. Bior. AyaxT cherché dernièrement à observer l’action polarisante du sucre solide, pour y reconnaître sil était possible l'existence de la polarisation par rotation que lé sucre liquide manifeste, J'ai été conduit à y recon- naître l’action de deux axes très-énergiques qui y produisent de très- beaux phénomènes d’anneaux. À Pour les observer il faut prendre les cristaux de sucre candi les plus purs; ils ont ordinairement la forme d'un prisme oblique dont la base (35) est un hexagone, à côtés très-inégaux, et dans lequel il y a deux ‘angles opposés beaucoup plus aigus que les autres. 1L'faut user le -cristal de manière à en former une plaque dont les faces soient paral- lèles à la ligne qui divise ces angles aigus en deux parties égales. Pour cela je commence par l’user sur un verre dépoli. légèrement mouillé avec de l'alcool et un peu d'émeri très-fin, puis je donne un com- mencement de poli aux faces en les frottant sur un morceau de tat- ‘fetas bien tendu sur un plan de verre où de métal, et enfin je colle la petite plaque entre deux lames de verre, avec du mastic en larmes, … complète le poli. Si l'on place une plaque ainsi préparée entre leux plaques de tourmaline dont les axes soient croisés à angles droits, «et que l’on regarde à travers ce système la lumière des nuées, en plaçant l'œil très-près des plaques, on voit une belle série d’anneaux colorés concentriques les plus brillans. Leur ensenible est traversé diamétra- ‘lement par une seulé raie noire , caractère de deux axes, et la direction ‘de cette ligne varie à mesure que l’on tourne la lame de sucre sur son “propre plan, sans changer l'incidence. Les anneaux sont absolument pareils dans leur configuration à ceux que donne le mica à deux axes, mais ils en diffèrent en ce qu'ils s’obliennent sous l'incidence perpen- diculaire, au lieu que ceux du mica exigent une incidence d'environ 55 degrés, comptés de la normale à la surface des lames. De ces analogies et de ces différences il résulte que le sucre de cannes cristal- lisé a deux axes de polarisation, dont l’un est normal aux lames taillées comme je viens de le dire, et l’autre est situé dans leur plan. Par l'effet de cette constitution même , les forces polarisantes qui font tourner la lumière, lesquelles sont très-faibles dans le sucre li- quide, deviennent, dans le sucre solide, tout-à-fait inobservables, parce que les forces émanées des deux axes anéantissent leurs eflets en Teur enlevant la lumière par l’excès d'énergie qu'ils possèdent, S'il n'y avait eu qu’un seul axe dans le sucre, on aurait pu affaiblir indi- viduellement l’action de cet axe en faisant passer les rayons dans le cristal parallèlement à sa direction. Alors les forces rotatoires, quel- que faibles qu’elles puissent être, seraient devenues sensibles dans cette direction-là. Tel était le but que je nrétais proposé en taillant le sucre comme je viens de le dire, mais l'existence des deux axes m'a empèché d'obtenir le résultat que j'espérais , parce que leur direction étant différente, l’un des deux conserve toujours son énergie quand l'autre est affaibli, et cela suflit pour anéantir l'effet des forces rota- toires. Il m'a pourtant semblé apercevoir des traces légères de ces dernières forces dans la ligne noire qui traverse diamélralement les anneaux, Car elle doit être etelle est en effet légèrement interrompue ‘par elles. CSSS ESS EEE EE SEE SEE OO. MinÉRALOGIE. Acad. des Sciences. 9, 23 et 39 mars 1818. ‘géologique ni (36) Recherches sur les causes qui déterminent les variations des formes cristallines d'une même substance minérale ; par F. S. BEUDANT. (Extrait.) Ox sait qu'une même espèce minérale est susceptible de se présenter sous des formes cristallines plus ou moins variées, et souvent même très-éloignées en apparence les unes des autres. On connaît la théorie au moyen de laquelle M. Haüy est parvenu à faire concevoir physiquement comment certaines formes en appa- rence très-différentes, peuvent se rencontrer dans la même substance, et à établir géométriquement leurs rapports mutuels. Mais si cette théorie, à laquelle la minéralogie doit les progrès qu’elle a faits en France depuis vingt ans, nous fait facilement concevoir comment un minéral, dans le système cristallin qui lui est propre, peut affecter un nombre plus ou moins grand de formes cristallines diffé- rentes liées entr'elles par des rapports géométriques invariables, elle ne peut en aucune manière nous faire connaître les causes qui déter- minent ce corps à affecter dans un cas telle forme plutôt que telle ow telle autre parmi celles qu’il est susceptible de prendre. La détermination des causes qui provoquent ces variations de forme, est l’objet du Mémoire dont nous donnons ici l'extrait. On conçoit que pour parvenir à la solution de ce grand problême de philosophie minéralogique, il fallait commencer par rassembler les différens faits qui pouvaient être fournis par la nature; mais malheu- reusement à cet égard on ne peut acquérir que des données assez vagues, car d’une part les observations des minéralogistes n'ayant pas été jus- qu'ici dirigées sous ce point de vue, il n'existe rien dans les auteurs qui y ait rapport; d'un autre côté, les échantillons rassemblés dans les collections ne portent pas d'indications assez précises de leur position Los circonstances accompagnaules, pour faire un sujet assez rigoureux de comparaisons et d'observations. Cependant, l’en- semble des faits qu’on peut recucillir conduit à voir que les formes cristallines ne sont pas jetées au hasard dans la nature; on reconnait au contraire assez fréquemment : 1°, Que les formes cristallines d’une substance déterminée sont semblables lorsqu'elles se trouvent dans des gisemens et des associa- tions analogues ; 20 Que les formes cristallines sont différentes dans des associations et des gisemens différens. La chaux carbonée, l’arragonite, la chaux phosphatée, le pyroxère, lamphibole, le feldspath, etc., fouruissent des exemples frappans de ces (37) deux cas; et diverses exceptions qui semblent se présenter d'abord, ne sont absolument qu’apparentes. On ne saurait pourtant tirer des observations qui se rapportent à ces deux cas aucunes conclusions positives qui puissent résoudre complé- tement le problème proposé ; car, comme nous trouvons toujours dans la nature les cristaux tout formés, les similitudes ou les différences qu'ils présentent dans les divers gisemens et les diverses associations, ne nous mettraient pas à même de prononcer rigoureusement sur la manière dont les différentes circonstances ont pu agir pour modifier les formes ; on serait encore réduit à des conjectures qu'on ne pourrait ériger en principe que d’après des expériences directes. 11 suit de là que ce problème ne peut être résolu que dans nos labo- ratoires, où nous pouvons composer et décomposer les sels à volonté, les faire dissoudre et cristalliser, et les placer dans toutes les circons- tances imaginables. 11 est clair que si, par une série d'expériences sur les sels, on vient à découvrir quelques causes certaines de variation des formes cristallines, on pourra ensuite par analogie les appliquer aux substances minérales, puis les discuter et les vérifier d'après les indica- tions fournies par la nature. Jusqu'ici les chimistes ont fait peu d'observations relatives à ce sujet. Leblanc, comme on sait, a observé que l’alun par une addition de base cristallisait en cube; que le sulfate de cuivre dans la même circons- tance affectait des formes particulières; que le mélange du sulfate de cuivre et du sulfate de fer donnait lieu à une cristallisation en rhom- boëdres ; enfin il soupçonnait que les matières étrangères dont les sels pouvaient se surcomposer , devaient donner lieu à des variations dé formes. On sait que la soude muriatée mélangée d’urée cristallise en octaèdre, tandis que dans l’eau pure elle affecte toujours le cube. Ces diverses observations, les seules qui aient été faites dans les laboratoires, sont encore en trop petit nombre, et n’ont pas été dirigées assez immédiatement vers l’objet de la question minéralogique, pour pouvoir en tirer des conclusions qui lui soient généralement appli- cables; de sorte qu'il fallait nécessairement recourir à des expériences particulières de divers genres; mais comme il serait impossible dans un simple extrait de les rapporter toutes, nous en citerons seulement les principaux résultats. La température, l'état barométrique et électrique de l'atmosphère, la température et l’état de concentration de la solution, la forme et la nature des appareils, elc., n’ont aucune influence pour faire varier les formes cristallines des sels; il en résulte seulement plus ou moins de grosseur et de régularité dans les cristaux. Les matières étrangères eu suspension permaucnte dans une solution, 1816, H (38) ne produisent aucune variation dans les cristaux qui se précipitent ; mais lorsque ces matières forment des précipités au milieu desquels la cris- tallisation peut s’opérer, il peut arriver deux cas : k 10, Si le précipité est formé de particules incohérentes, la cristalli- sation d’un sel ne peut s'opérer au milieu de lui que dans le cas où il surnage une petite portion de liquide. Les cristaux en se formant en- trainent une portion de la matière étrangère, et ils sont toujours d’une forme plus simple et plus régulière que celle qu'ils auraient adoptée en se formant librement dans un liquide pur. 2°. Si le précipité est de consistance éélatineuse, la ciistallisation peut s'opérer au milieu, sans qu'il y ait de liquide surnageant ; les cris- taux n'entraînent alors aucune portion de matière étrangère; ils ne subissent point de variations, mais ils sont toujours isolés et parfaite- -ment nets dans toutes leurs parties. Les mélanges chimiques qui se trouvent dans la solution d’un sel, sans être susceptibles d'agir chimiquement sur lui, nide se mélanger avec lui dans l'acte de la cristallisation, paraissent influer sur la forme des cristaux qui se précipitent; c’est ainsi que la soude muriatée prend la forme cubo-octaèdre dans une solution d'acide borique, et que l’alun prend la forme cubo-icosaèdre en cristallisant dans l'acide muriatiqne. Toutes les fois que plusieurs sels en solution dans un même liquide -sont susceptibles de se mélanger chimiquement par la cristallisation , il -en résulte toujours, pour celui dont le système cristallin domine, des -formes particulières différentes de celles qu'il affecte lorsqu'il est pur, qui difftrent entr'elles suivant la nature du corps mélangé, et qui sout constamment les mêmes avec le même mélange. ; La surabondance d’un des principes constituans d’un sel dans sa +o- lution , détermine dans les formes cristallines un grand nombre de modifications particulières; ces variations peuvent être produites de dit- férentes manieres , soit en ajoutant directement de l'acide à la solution, soit en supprimant une portion d'acide par un moyen quelconque, etc. On voit, d'après ces résultats, qu'il existe quatre causes fondamen- tales, qui dans les sels donnent lieu à des variations cristallines plus ou moins remarquables ; savoir : 1°. Les mélanges mécaniques de matière élrangère qu’un sel peut entraîner dans sa cristallisation ; è 20, L'influence des corps étrangers qui se trouvent en solution avec un sel, sans que les cristaux qui se précipitent en soient mélangés en aucune manière ; 3°. Les mélanges chimiques de malières étrangères qu'un sel peut entrainer avec lui dans sa cristallisation; k 4°. La surabondance d’un des principes constituans d’un sel dans sa solution. (59) , Ces quatre causes modifiantes générales ont produit dans différens 1818. sels des variations de formes que nous allons maintenant rapporter. SULFATE DE FER. Ce sel cristallise constamment, En rhomboèdres simples, par le mélange chimique du sulfate de cuivre ou du sulfate de nikel. En rhomboèdres tronqués au sommet, par le mélange de sulfate de zinc ou de sulfate de magnésie. En rhomboèdres tronqués sur les angles solides latéraux, par le mé- lange de sulfate d’alumine. ÆEn rhomboèdres tronqués à la fois sur tous les angles solides, par Paction du borate où du phosphate de soude, ou en cristallisant dans l'acide muriatique. SULFATE DE CUIVRE, Ce sel, soumis à différentes épreuves particulières, a présenté, La forme primitive tronquée sur les arêtes latérales obiuses, en cris- tallisant dans l’eau mélangée d’acide sulfurique. La forme primitive tronquée sur les arétes latérales aiguës, très- allongée dans le séns du prisme, et modifiée par quelques facettes très-étroites à la base, en cfistallisant dans une solution de nitrate de cuivre. La forme primitive tronquée sur toutes les arétes latérales, par le: mélansé du sulfate de nikel et du sulfate d’alumine. Enfin des formes 1rès-variées qui jusqu'ici n’ont pas élé décrites, par l'effet des mélanges des states de soude, de potasse, d'ammonia- que, d'étain, de mercure, ou par l'effet de la perte d’une portion- de son acide, etc. ALUN. Dans des circonstances diversés, ce sel donne, L'octaèdré complet, lorsqu'il est pur et amené à un état bien fixe de combinaison. Le cube, lorsque la solution est privée d'une portion d'acide, soit par l'action d’un carbonate, soit par celle du sous-borale de soude. Le cubo-octaèdre, en cristallisant dans l'acide nitrique, ou par suite de la cristallisation rapide d’une solution qui renferme en même-temps de l’alun cubique et de l’alun octaëdre. Le cubo-icosaèdre, en cristallisant dans l'acide muriatique. Le cubo-octo-dodécaèdre, par l'addition d’une petite quantité de borate de soude à une’solution d’alun pur. SOUDE MURIATÉE. ' Ce sel cristallise, En cube, dans l’eau pure. (40 ) ÆEn octaèdre, par le mélange d’une quantité suflisante d’urée. ÆEn cubo-octaèdre, par le mélange d’une petite quantité d'urée, ou par l'influence du borate de soude, ou mieux encore de l’acide borique. ÂAMMONIAQUE MURIATÉE- Ce sel cristallise, J En octaèdre, dans l’eau pure. En cube, par le mélange d’une certaine quantité durée. En cubo-octaèdre, par l'influence d’un sel de cuivre dans la solution. SULFATE ACIDE DE POTASSE. Ce sel cristallise, En espèce de tétraèdre irrégulier, dans l'acide sulfurique concentré. ÆEn rhomboèdre complet, dans l'acide sulfurique étendu de son volume d’eau. En rhomboèdre tronqué au sommet, dans l'acide sulfurique étendu du double de son volume d’eau. En cristaux plus ou moins compliqués, à mesure que l’acide devient moins abondant dans la solution. SULFATE DOUBLE DE POTASSE ET DE MAGNÉSIE. Ce sel affecte, Un prisme oblique à base rhombe, lorsque le sulfate de magnésie est surabondant dans la solution. Le même prisme tronqué sur les deux angles solides obtus, en cristal- lisant dans l'eau mélangée d'acide sulfurique. ; Le méme prisme modifié sur les angles solides aigus, lorsque le sul- fate de potasse est surabondant. LE SULFATE DOUBLE DE POTASSE ET DE CUIVRE aflecte un prisme oblique à base rhombe, lorsque le sulfaté de cuivre domine, et des Jormes plus ou moins compliquées, à mesure que les proportions des sels composans varient, ou que la quantité d’acide est plus ou moins abondante dans la solution, etc. Application aux substances minérales. 11 est à présumer que la variation des formes des cristaux naturels a eu un grand nombre de causes qu’il nous est impossible d’assigner ; néanmoins, en comparant ces cristaux avec ceux qu'ont fournis les expériences ci-dessus, on reconnait déjà entr'eux assez d’analogie pour pouvoir conclure avec quelques probabilités que les quatre genres de causes modifiantes reconnues pour différens sels, sont au moins au nombre de celles qui provoquent les variations cristallines que pré- sentent les minéraux; en effet, 19, On trouve que dans la nature, comme dans les expériences, les mélanges mécaniques simplifient les formes’ cristallines; c’est ce que (41) présentent l’axinite chloritifére, la chaux carbovatée quarzifere, le quartz hématoide, etc. 20, On est conduit à concevoir que les différens corps naturels dissous dans le même liquide ont pu, aussi bien que les sels soumis à l'expérience, s’influencer mutuellement sous lerapport de leur eristalli- sation. On sait, en effet, que les substances minérales ont rarement crislallisé seules, et l’observation fait voir qu’assez fréquemment Îles formes cristallines d’une même substance sont différentes dans les divers geures d'association. Par exemple, on sait que larragonite qu'on ren- contre dans les masses argileuses mélangées de chaux sulfatée, diffère par la cristallisation de celle qu’on rencontre dans les minérais de fer, et de celle qu’on trouve parmi les produits volcaniques ; on peut citer un très-grand nombre d'exemples analogues dans presque toutes les substances minérales, 5°. Les mélanges chimiques qu’un corps naturel peut avoir entraînés dans sa cristallisation, prraissent produire des effets analogues à ceux que présentent les sels dans le même cas; car la chaux carbonatée mélangée de fer et de manganèse, tend toujours à prendre le rhomboëdre primitif dont les cristaux sont très-contournés et groupés irrégulière- ment; la chaux carbonatée mélangée en proportions variables de carbo- nate de magnésie (ou, si l’on veut, d’après M. Wollaston, le carbonate double de chaux et de magnésie mélangé de carbonate de chaux) affecte ordinairement le rhomboëdre primitif; c’est ainsi qu’on la trouve dans toutes les roches talqueuses des Alpes; mais dans l’état actuel de la science, il est difficile de citer un grand nombre d’exemples positifs. 4°. Quant aux modifications cristallines occasionnées par les varia- tions entre les proportions relatives de base ou d’acide dans la solution ou dans le corps, il faut nécessairement recourir à de nouvelles expé- riences d'analyse, pour connaitre si cette cause existe dans la nature, comme un grand nombre de circonstances peuvent le faire soupconner. D'après cet exposé, on voit combien il serait important de se livrer à des recherches ultérieures minéralogiques et chimiques, pour appli- quer plus rigoureusement aux minéraux les différens principes que l'expérience nous fait connaître; c’est un nouveau champ d’observa- tions quipourra conduire à des conséquences très-importantes lorsqu'on aura acquis des données assez certaines. D'une part, la connaissance des causes qui ont déterminé telle ou telle modification cristalline d’un minéral, pourra jeter quelque jour sur la géologie, puisque l'examen des cristaux pourra indiquer avec quelques probabilités la nature du liquide qui remplissait tel ou tel filon, qui couvrait telle ou telle contrée, et quelles sont les circons- tances de ce genre qui se sont succédé dans les diverses localités. Livraison de mars. ô see» 27 ne ram em rar 1818. Zooroc1r. Acad. des Sciences. 1815. (42) D'un autre côté, la cristallographie, qui déjà fournit un caractère cerlain pour la distinction des espèces, pourra peut-être acquérir un jour un plus haut degré d'importance, et conduire à fixer au moins dans quelques cas, par la seule détermination des formes, quelles sont les Penn relatives des principes constituants d’un corps, quelle est a nature des substances qui s’y trouvent mélangées, et quelles sont les circonstances qui ont accompagné sa formation. C’est ce qu'on peut faire aujourd'hui avec certitude, à l'égard des sels qui ont été l'objet des diverses expériences. ass sasss AA AAA Mémoire sur la métamorphose du canal alimentaire dans les insectes ; par M. DuTRoCHET, D° M., correspondant de la Société Philomatique. M. Durrocner, dans ce Mémoire, lu depuis plusieurs années à l'Académie des sciences, et dont plusieurs circonstances ont retardé jusqu'ici la publication, a fait sur plusieurs insectes de chaque ordre de la classe des hexapodes, des observations assez nombreuses pour en tirer plusieurs conclusions générales ; ainsi il regarde comme prouvé que le canal alimentaire des insectes parfaits, quelque diflé- rent qu'il soit de celui de leurs larves, n’est cependant que le même canal modifié de diverses manières, et adapté à la nature du nouvel aliment dont l’insecté doit faire usage. Il fait voir que la membrane fine, diaphane, semblable à un épi- derme et dépourvue d’adhérence avec les autres membranes de l’es- tomac, qu’elle double, et que l’on savait depuis long-temps que la chenille rend par l’anus lorsqu'elle se dépouille de sa peau pour se métamorphoser , ne s’observe pas seulement chez ces espèces de larves, mais chez plusieurs autres, quoiqu'on ne puisse pas dire que celte disposition soit générale, la larve du grand hydrophile en étant cer- tainement privée. La disparition des principaux corps de trachées des larves lors de leur métamorphose, est un fait qui lui parait constant ; mais il ne lui semble pas encore étayé sur un assez grand nombre d'observations, pour qu'il puisse affirmer sa généralité. 11 est d'ailleurs probable, ajoute M. Duatrochet, que les trachées de l’insecte parfait ne sont que des modifications des trachées de la larve, et que si lon voit la grosse trachée de cette dernière s’oblitérer et disparaitre, cela vient de ce que souvent l’insecte parfait respire par des ouvertures trachéales placées autrement au’elles ne le sont chez la larve. 11 résulte encore des observations de M. Datrochet un fait {rès- important pour la physiolooie, c'est le développement et peut-être, (45) dit-il, la formation, chez les insectes parfaits, de vaisseaux sécréteurs étrangers aux larves de ces mêmes insectes. En effet, il montre que chez la nymphe du fourmi-Lion il se développe un appendice aveugle, qui, d’abord vide, se remplit ensuite d’un fluide noïrâtre; appendice qu'il considère comme un gros vaisseau sécréteur, correspondant à lui seul au système des vaisseaux -biliaires supérieurs qui s’observent chez beaucoup d'insectes. ]l a également fait voir dans la nymphe du grand hydrophile, la naissance et le développement des innombrables vais- seaux qui versent dans le troisième estomac de l’insecte parfait le fluide jaune qui s'y observe; d’où il regarde comme prouvé que, dans certains cas, il se développe sur les parois du canal alimentaire des vaisseaux sécréleurs qui naissent et s'allongent par une sorte de vé- gétation. M. Dutrochet a en outre retrouvé dans toutes les larves, sans excep- tion, l'épiploon graisseux que l’on connaissait dans les chenilles. Enfin, ces observations ont dévoilé quelques particularités curieuses de l'anatomie des insectes, et notamment l'absence de l'anus chez fes larves d'abeille et de guêpes, et l'existence de la panse chez plusieurs diptères, comme dans la mouche abeilliforme, Æristalis tenax (1); la mouche à viande, zzusca vomitoria ; le taon de bœuf, fans bovinus. B. V. ARS SARA SA Mémoire sur le mouvement des fluides élastiques dans des tuyaux cylindriques; par M. Poisson. CE Mémoire est divisé en quatre paragraphes. Le premier contient une manière nouvelle d'envisager la question du mouvement de Pair dans un tuyau cylindrique : au lieu d'exprimer par deux fonctions arbitraires la loi des vitesses et celle des condensations de l'air à l’ori- giüe du mouvement, on suppose qu'il n'y a d’abord ni condensation ni vitesse dans toute la colonne d'air, et qu'elle est mise en mouvement par les vibrations de la tranche fluide située à l’une des extrémités du tube; on regarde la vitesse de cette tranche comme donnée pendant toute la durée du mouvement ; on l’exprime par une fonction du temps, et cette fonction arbitraire est la seule qui entre dans les expressions u'on trouve pour la vitesse et la condensation des différentes tranches Aides à un instant quelconque. On examine en détail les principales supposilions qu'on peut faire sur la loi des oscillations de la première tranche fluide, et les différens modes de vibrations qui en résultent pour la colonne entière. On examine aussi la condition admise jusqu'ici (1) Helophilus tenax, (Meigen.) Marnémariques. Institut, 30 mars 1818, | (44) comme nécessaire, suivant laquelle la condensation de l'air doit être constamment nulle à chaque extrémité ouverte du tube; on fait voir que la théorie des instrumens à vent est réellement indépendante de celte supposition, et que le son fondamental et les autres sons d’un {tuyau donné ne seraient pas changés, s'il y avait à la fois vitesse et condensation à chaque extrémité ouverte, pourvu que le rapport de l'une à l'autre restât constant pendant toute la durée du mouvement. Jans le second paragraphe, on considère d'une manière directe et générale le mouvement de lair dans un tuyau composé de deux cylin- dres de différens diamètres. On parvient, pour déterminer les tons de ces tuyaux, aux formules que D. Bernouilli a données (1) pour ie même objet, mais qu'il a déduites d’une hypothèse particuhere sur le: mode de vibralions des molécules fluides. Le troisième paragraphe est employé en entier à la solution d’un problème dont il ne parait pas qu'on se soit encore occupé. IL s'agit de déterminer le mouvement de deux fluides élastiques difiérens , con- tenus dans un même tuyau cylindrique, et séparés l’un de l’autre par une section perpendiculaire à son axe. On fait voir que chacune des ondula- tions produites dans l’un desfluides, parvenue à l'endroit de leur jonction, se divise en deux autres, dont l’une est réfléchie dans Le premier fluide, et l’autre transmise dans le second. On détermine les vitesses des molé- cules fluides dans ces deux opdes partielles : en somme, elles reprodui- sent les vilesses qui avaient lieu dans l'onde primitive, et l’on vérifie aussi que la somme des forces vives de toutes les molécules en mouvement, est la même avant et apres la formation des deux nouvelles ondes. Quels que soient Les rapports entre les densités des deux fluides et entre les lon- gueurs des parties du tuyau qu'elles occupent, ce tuyau peut toujours faire entendre des sons réguliers et appréciables. Voiciles formules que l'on trouve pour les déterminer. La longueur totale du tuyau est représentée par 7 + '; celle de la artie occupée par l’un ‘des gaz, est /; celle de la partie occupée par l'autre est Z ; on désigne par e le rapport de la vitesse du son dans le: second gaz à sa vitesse dans le premier, et par Æ la longueur d'un tuyau rempli du premier gaz, et bouché à l’une de ses extrémités, qui serait à l'unisson du tuyau donné. On trouve LES 2x æ désignant le rapport de la circonférence au diamètre, et æ une: quantité déterminée soit par l'équation r ae à tang. —. fang. x = — , O7 E EA 2? EEE RÉ (1) Mémoires de l'Académie de Paris, année 1762. k (45) quand le tuyau donné est bouché à l'extrémité de laquelle aboutit la partie /', soit par celle-ci : SS T cot, - EL tang. x + — —O}: quand le tuyau donné est ouvert à ses deux extrémités. Ces équations donneront une infinité de valeurs différentes pour x; les valeurs cor- respoudantes de Æ répondront au ton fondamental et à la suite des autres tons que ‘peut rendre Île tuyau donné. M. Biot s'est proposé, de son côté, de déterminer ces tous par l'expérience, dans le cas du tuyau bouché. On trouvera, dans le Mémoire dont nous rendons compte, la comparaison des résultats de la théorie à ceux qu'il a obtenus; les différences qu'on remarquera sont en général peu considérables ; néanmoins, dans le cas où les deux gaz superposés däns le tuyau sonore sont l'air et l'hydrogène, tous les tons observés sont sensiblement plus bas que ceux qui résultent de la théorie; mais cet abaissement est beaucoup moindre que celui qui a déjà été remarqué par M. Chladni dans le cas de l’hydrogène seul. On a vu dans le Bulletin de décembre 1816, que M. Biot attribue cette anomalie de l'hydrogène à l’mfluence de l'embouchure par laquelle on souffe dans le tuyau sonore; il se propose de continuer les expériences qu'il a déjà faites pour vérifier celte conjecture. Le quatrième et dernier paragraphe renferme les solutions complètes de plusieurs questions analogues à celles qui font l’objet principal du Mémoire, et que l’on a traitées dans les trois premiers. Ces questions conduisent à des équations aux différences mêlées; leur objet, qu’on peut seulement indiquer dans cet Extrait, est de déterminer le mou- vement de l'air et d’un corps pesant, contenus l’un et l’autre dans un même tuyau cylindrique, vertical ou incliné; le mouvement d’un corps pesant suspendu à l'extrémité d’un fil extensible et élastique, attaché par son autre bout à un point fixe; enfin les vibrations d’une corde composée de deux parties d'inégales densités. Les Mémoires de Péters- bourg (1) renferment deux solutions de ce dernier problême, l’une d’Euler et l’autre de D. Bernouilli, qui sont loin de s’accorder ensemble ; la nouvelle solution coincide avec celle de D. Bernouilli, et l’on fait voir que c’est en effet celle de ce géomètre qui doit être regardée comme exacte. P. ARS AS Spath fluor en Ecosse. Le spath fluor, quoique abondant en Angleterre , est un des mi- néraux simples qu'on trouve le plus rarement en Ecosse. Jusqu'ici il (z) Années 1771 et 1772. BE AA IT RD LENS TR Cuimre, \nnals o[ Plilosoph. Mars 1818. (46 )- n'a été rencontré qu'en deux endroits : 1°, à Monallrée, dans le comté d'Aberdeen, où il forme un des principes constituans d'une veine de galène, dans le granit; 2°. à Papa-Stour, une des iles Shetland, dans une roche amygdaloïde, en cavités vésiculaires, avec la calcé- doine, le spath calcaire et le spath pesant. Le professeur Jameson, il ya quelques mois, pendant le cours de son excursion minéralogique de Renfrewshire , a rencontré de nouveau cette rare substance, près du village de Gourock, dans le porphyre, en cavités vésiculaires. ARS RAR RAS AAA AS Lampe sans flamme; par Tromas Gil. EsQ. Extrait d'une lettre de ce Gentleman. CETTE Lampe est un des résultats des nouvelles découvertes en chimie. Sir H. Davy a trouvé qu'un fil fin de platine, chauffé jusqu'au rouge et tenu dans la vapeur de l’éther, continuait à rester incandescent peudant quelque temps; voici une application dé cette découverte : Roulez en spirale un fil fin de platine, d'environ + de pouce d'épais- seur; placez-le partie autour de la mêche d’une lampe à esprit-de-vin, et partie au-dessus; allumez la lampe, et laissez-la brüler jusqu’à ce que le fil de platine soit devenu rouge; éteignez la lampe, alors la vapeur de l'alcool maintiendra la partie supérieure du fil de platine dans son état d'incandescence, anssi Long-temps qu'il y aura de l'alcool, et par conséquent à bien peu de frais. On aura donc un appareil toujours prêt à allumer de l’amadou ou du papier préparé avec le nitre, et par ce moyen on pourra se procurer de la lumière à volonté, avec des allumettes ordinaires, etc. Cette lampe donne assez de lumière pour distinguer l'heure, à une montre, pendant la nuit; elle conserve une chaleur constante; elle n'a pas besoin d’être mouchée ; une personne en a déjà conservé une en activité pendant plus de soixante heures. M, Gill a trouvé, par expérience, qu’un fil de platine roulé autour d'une mêche composée de douze fils de coton, pareils à ceux qui servent pour les lampes ordinaires, exigeait une demi-once d’alcool pour durer huit heures en état d’incandescence, Une légère odeur acide, plutôt agréable qu’autrement, se dégage de cette lampe durant son ignition , par suite de la décomposition de l’alcool. C'est la même chose avec l'éther. Cette lampe surtout est bien une lampede sûreté, puisqu'il n’en peut jaillir aucune étincelle de feu; ajoutez à cela qu'elle est tout-à-fait privée de l'odeur désagréable et de la fumée des lampes à huile. Les personnes qui ne savent pas en quoi consiste ce nouvel appareil, ne peuvent le voir sans surprise rester si long-temps en élat d'incan- descence. BASS RAS SAS ES RTE RS : (47) Description de trois plantes servant de LyYpes aux nOUVCaAiT genres Paleolaria, Dicoma et Triachne; par M. HENRI Cassin. J'Ar proposé le genre Paleolarià dans mon 1° fascicule, publié dans le Bulletin de décembre 1816; et les genres Dicoma el Triachne, dans mon 2° fascicule, publié dans Je Bulletin de janvier 1817. Paleolaria carnea, H. Cass. Tige haute de trois pieds, ligneuse, comme sarmenteuse, rameuse, grêle, cylindrique, pubescente. Feuil- les la plupart allernes, quelques-unes opposées, presque sessiles , longues de deux pouces, linéaires, très-entières, un peu charnues, uninervées , pubescentes, Calathides disposées en panicule corymbiforme à l'extrémité des tiges, et composées chacune d'environ vingt fleurs de couleur de chair. Calathide incouronnée, équaliflore, pluriflore, régulariflore, andro- gyniflore, oblongue, cylindracée. Péricline inférieur aux fleurs, cylin- dracé, irrégulier; formé de squames subunisériées, un peu mégales, appliquées, linéaires, foliacées. Clinanthe petit, plane, inappendiculé. Ovaire allongé, subcylindracé, pubescent. Aigrette de plusieurs squa- mellules unisériées , inégales, paléiformes, lancéolées, membraneuses, munies d’une énorme côte médiaire. Corolle à tube court, à limbe long, cylindracé , à lobes allongés. Anthères munies d’appendices api- cilaires obtus, et dépourvues d’appendices basilaires. Cette plante, de la famille des Synanthérées, et de la tribu des Adénostylées, est cultivée au jardin du Roi sous le faux nom de Kuhnia rosmarinifolia. Dicoma tomentosa, H. Cass. Racine simple, pivotante. Tige herbacée, haute de deux pieds environ, droite, rameuse, cylindrique. Feuilles alternes, sessiles, spathulées, entières, couvertes, ainsi que les branches, d’un duvet laineux, grisâlre. Calathides solitaires au sommet des rameaux. Calathide incouronnée, équaliflore, pluriflore, régulariflore, andro- gyniflore. Périclive supérieur aux fleurs, subeylindracé ; formé de squames imbriquées, appliquées, ovales-lancéolées, coriaces, membra- neuses Sur les bords, uninervées , surmontées d’un long appendice en . forme d'arête spinescente. Clinanthe plane, dépourvu de squamelles et de fimbrilles, mais alvéolé, à cloisons membraneuses. Ovaire court, subcylindracé, hérissé de très-longs poils roux, dressés. fourchus. Aigrelte double: l'extérieure composée de squamellules nombreuses, plurisériées, inégales, filiformes, fortement. barbellulées ; l’intérieure de squamellules plurisériées, paléiformes-laminées, lancéolées, mem- braneuses. munies d'une forte nervure. Corolle à limbe plus long que le tube, divisé presque jusqu'a la base, par des incisions à peu près Beraintque. ( 48 ) égales, en cing lanières longues, étroites, linéaires. Ftamines à filets glabres, a articles anthérifères _grêles, à authtres munies de Jongs appendices apicilaires linéaires, aigus, coriaces, entregreliés, et de longs appendices basilaires plumeux ou barbus à rebours, les barbes étant rebroussées en haut. Style analogue à ceux des Carlinées. Cetie plante, de la famille des Synanthérées, et de la tribu des Car- Jinées, parait avoir été recueillie au Sénégal par Adanson, et se tro. dans les herbiers de M. de Jussieu, où je l'ai étudiée. Je présume que mon genre Dicoma est voisin du genre $/obæa de Thunbers, Triachne pygmæa, H. Cass. Petite plante ligneuse, haute de deux pouces, diffuse, ramassée en peloton, rameuse, à rameaux rap- prochés en faisceau , entièrement couverte de feuilles. Feuilles alternes, ou plutôl disposées en spirale, rapprochées immédiatement, imbri- quées, sessiles, semi-amplexicaules, ovales-aiguës, dentées-ciliées inférieurement; mucronées, épaisses et recourbées supérieurement ; elles sont coriaces, persistantes, vertes sur la partie supérieure de la plante, grises ou décolorées sur la partie inférieure. Calathides sessiles, au sommet des rameaux, où elles sont réunies en une sorte de capi- tule, c’est-à-dire, rapprochées les unes des autres, et séparées seule- ment par quelques feuilles florales interposées, qui semblent se confon- dre avec les squames extérieures du péricline, Calathide incouronnée, radiatiforme, quinquéflore, labiatiflore, an- drogyniflore. Péricline double; l’intérieur, ou vrai péricline, formé de cinq squames subunisériées, égales, ovales-mucronées, se recouvrant par les bords; l'extérieur formé d'environ trois squames un peu plus courtes, membraneuses, ovales-aiguës, qui peut-être ne sont que des bractées ou feuilles florales. Clinanthe petit, inappendiculé. Cypsèle obovoïde, munie de quelques côtes saillantes. Aigrette très-longue , enveloppant la corolle, caduque, composée de trois squamellules paléi- formes, linéaires inférieurement, ovales supérieurement, membraneuses- coriaces. Corolle semblable à celle du Triptilium. Etamines à arti- cles anthérifères longs, gros, striés; à anthères munies de longs appen- dices apicilaires entregreflés, de très-longs appendices basilaires mem- branéux, et dont les loges et les connectifs sont très-courts. Style ana- logue à ceux des Nassauviées. Cette plante, de la famille des Synanthérées , et de la tribu des Nassauviées, ne diffère que par laigrette du Caloptilium où Sphæroce- phalus de M. Lagasca; et elle se rapproche beaucoup du Nassauvia et du Triptilium. Je lai analysée dans l’herbier de M. de Jussieu, où elle se trouve confondue avec le Perdicium recurvatum, et où il est dit qu'elle vient du détroit de Magellan. A NO A AN (49) Sur plusieurs espèces nouvelles d'animaux de différentes classes ; par M. le D° Leacu. Das l'appendice n°. 4, joint à la relation de l'expédition anglaise envoyée à larecherche de la source de la rivière Zaire au Congo, M. le D' Leach a fait connaître plusieurs espèces tout-à-fait nouvelles d'animaux dont nous allons rapporter les caractères. Hirundo Smithit, Hirondelle de Smith. De couleur noire lustrée d’un bleu d'azur en dessus, blanchâtre en dessous; la queue et les plumes des ailes noires, la première avec une bande blanche; la partie supérieure de la tête châtain, les plumes extrêmes de la queue très-longues. De l'ile Chisalla. Plotus Congensis, VAnhinga de Congo. Noir; la tête et le cou d'un brun châtain; le dos et la couverture des ailes rayés de blanc. Sterna senex (Leach}). D'un noir cendré; le sommet de la tête gris; le ventre avec une très-faible teinte de châtain. Coluber palmarum (Leach}), la Couleuvre des palmiers. Rougeâlre en dessus, blanchâtre en dessous; les écailles dorsales et latérales ovales, très-allongées et carénées. Trouvée sur les palmiers à Embomma, Coluber Smithii (Leach}), la Couleuvre de Smith. D’un gris brun en dessus, blanchâtre en dessous; les côtés, et surtout antérieurement, ornés de taches blanches triangulaires, bordées de couleur de suie; les écailles dorsales et latérales hexagones, un peu plus étroites à leurs extrémités; le dos est très-faiblement marqué de quelques bandes étroites blanches et tachetées de noir. Très-commune sur la terre près d'Embomma. Silurus Congensis (Leach), le Silure du Congo. Les narines supé- rieures, les angles de la bouche et chaque côté de la nuque pourvus d'un filament; le premier rayon de la nageoire dorsale et des nageoires pectorales dentelé du côté de la pointe, qui n’est pas en connexion avec le second rayon, beaucoup plus long et plus atténué; les divi- sions de la queue pointues. Observations. Le premier rayon de la nageoire dorsale est dentelé seulernent vers la pointe, la partie qui n’est pas réunie étant sans au- cunes dents; le premier rayon de la nageoire pectorale est dentelé au dessus de la partie qui n’est pas attachée, et les dentelures sont continuées en bas jusque près de son milieu. Cette espèce est voisine du Sylurus mystus (Geoffroy, Poissons du Nil), mais peut en être aisément distinguée par les caractères de la Livraison d'avril. 7 1016, Zoozoaix. ( 50°) ‘ nagcoire pectorale et la présence du filament de la nuque, et peut- être par la longueur de ceux des angles de la bouche. Pimelodus Cranchii (Leach), le Pimelode de Cranch. La nuque, les narines et l'angle de la bouche pourvus d'un filament; le premier rayon des nageoires pectorales plus court que le second, très -fort, sillonné, et fortement dentelé en arrière; le premier rayon de la na- geoire dorsale épais, strié et sans dents; les divisions de la queue lancéolées. Observ. Le front est obtuset arrondi; la partie supérieure est irré- gulièrement sillonnée, et le ventre marqué de stries disposées en ayons; la bouche est grande, les filamens des narines très-courts, et ceux des angles de la bouche un tiers plus longs que ceux de la nuque; la nageoire dorsale postérieure courte et peu charnue. Oxyrhynchus deliciosus (Leach}); l'Oxyrhynque délicieux. Écailles sillonnées d’une manière concentrique, celles du dos arrondies, celles des côtés et du ventre très-larges ; les dents antérieures et postérieures linéaires et très-pointues. Cette espèce de poisson paraît devoir être rapportée au genre Oxy- rbynchus d’Athénée ; il diffère de son congénère, Mormyrus anquilloïdes (Geoftr.), Poissons du Nil, pl. vir (par la forme de ses écailles qui dans cette espèce sont uniformes), et par la forme de la nageoire dorsale, qui dans l'Oxyrhynque délicieux est plus aiguë à son extré- mité supérieure et postérieure. Ce poisson est très-commun dans la rivière de Congo, et sa chair d'une saveur exquise, Parmi les animaux mollusques, M. Leach fait connaïtre un nouveau genre et six nouvelles espèces. G. Cranchia (Leach}). Corps ovale, en forme de sac; les nageoires rapprochées et libres à leur extrémité, une bride derrière le cou, le réunissant avec le sac, et une autre de chaque côté. Sp. 1. Cranchia scabra (Teach), la Cranchie rude. Le sac couvert de pelits tubercules qui le rendent rude. Sp. 2. Cranchia maeulara (T:each}), la Cranchie lisse. Le sac lisse, orné de taches ovales et distantes. On ignore au juste la patrie de ces animaux de la famille des Sépiacées, mais il est probable qu'ils proviennent des mers d'Afrique. G. Loligo. Calmar. Les trois espèces nouvelles de ce genre que décrit M. le D' Leach, différent réellement beaucoup des espèces d'Europe, en ce que les sucçoirs dont les tentacules courts et longs sont armés, peuvent être terminés par des appendices en forme d'ongles. A ce sujet M. Leacb dit qu’on conserve dans la collection du collése des chirurgiens à Londres, une partie de tentacule d’un grand animal inconnu de cette: (5) classe, dans lequel tous les sucoirs sont formés de crochets extrème- ment forts et libres. (1) Les espèces nouvelles de ce genre sont: 1°. Loligo Banksii (Leach), le Calmar de Banks. Les petits tenta- cules pourvus de sucoirs simples et globuleux; les nageoires formant par leur réunion une figure rhomboïdale. j Cette espèce, quand elle est vivante, est d'une couleur de clair pâle ; le corps est jaunâtre en arrière, parsemé irrégülièrement de taches noirâtres teintées de pourpre; la face externe des tentacules marquée de rousseurs pourprées; la partie inférieure des nageoires sans taches. Elle a été trouvée sur les côtes de Guinée. 2. Loligo Leptura (Leach). Les sucoirs des petits bras ainsi que ceux de l'extrémité des grands armés d'ongles ; la queue étroite et abrupte. Le corps et la face externe des bras sont lisses, avec un petit nombre de tubercules disposés en lignes longitudinales. Elle a été prise à peu près dans les mêmes parages. 3°. Loligo Smithii (Leach)},le Calmar de Smith. Les petits bras avec des ongles à leurs suçoirs; les ongles des grands pourvus ahtérieure- ment d’une membrane; la queue graduellement atténuée. Le corps et les bras sont tuberculés extérieurement ; les tubercules sont pourpres avec les bords blancs, et disposés en lignes longitudimales. Dans la classe des Cirripèdes : 1°. Cineras (2) chelonophilus (Leach}. Corps lancéolé, porté sur un pédoncule abrupte ; les écailles supérieures petites et pointues en ar- rière; l’inférieure étroite et linéaire. Les bandes pourpres de cette espèce sont très-faibles, et les écailles sont couvertes par une membrane épaisse qui la rend très-opaque. L'espace compris entre les écailles supérieures et postérieures est très-grand. Elle a été trouvée adhérente en grand nombre au col, aux jambes, etc. de plusieurs tortues, au 560 15” 0”, N. Lat.; 16,32,0 W. Long. 2°. Cineras Cranchii (Leach). Corps tronqué obliquement en dessus; le pédoncule plus abrupte ; écailles supérieures linéaires avec les extré- milés obtuses; l’écaille inférieure avec un sommet un peu gibbeux. Observ. Les trois bandes de chaque côté sont très-fortes, et les deux antérieures souvent interrompues. 3°. Cineras Olfesii. Corps pointu supérieurement; les écailles supé- " (1) Elle a probablement appartenu à la Sèche onguiculée de Molina, qui pèse quelquefois cent cinquante livres. Ve (2) Ce genre, établi par le D° Leach, comprend les espèces d’Anatifes presque entiérement membraneuses et sans appendices auriformes, ee TOMO: Cuimis, (52) rieures appointies à leurs deux extrémités, et surtout à l'inférieure; l'écaille inférieure un peu coudée vers son milieu. Trouvée sur le Fucus natans (Linn.) Pentalasrmis (Hill.). C'est le genre Anatife des auteurs. A. Ecaille ou valve inférieure simplement arquée; les écailles laté- rales lisses. 1°. P. Cheloniæ (Leach). Les écailles supérieures larges, arrondies à la pointe; l’écaille inférieure convexe. Trouvée sur les tortues Lat. N. 35,15,0, W. Long. 16,32,0. 2°. P. Hillü (Leach). Écailles supérieures étroites, tronquées obli- quement en avant; écaille inférieure carénée inférieurement, ce qui la fait paraître prolongée en arrière. B. Écaille inférieure simplement arquée, les latérales côtelées. 5°. P. spirulæ (Leach). Plus convexe; les écailles supérieures pro longées antérieurement. Une variété a les côtes épineuses. Trouvée en grande abondance ; adhérente à la coquille flottante de la spirule. Lat. 22, o, 0, N. Longit. 19, 17, 0, W. 4. P. dilatata ( Leach). Les écailles plus grandes et dilatées anté- rieurement; écaille inférieure avec dez stries granulées (souvent avec 2 ou 4 dents en arrière). Lat. 0, 14, 0, N. Long. 6, 18, 52, E. Adhérente à la coquille de l'Jantine fragile. C. Ecaille inférieure fléchie subitement au milieu. 5°. P. Donovani ( Leach). Ecaille inférieure avec une petite ligne longitudinale élevée ; angle rectangulaire; coude obtus avec une petite ligne transversale élevée. Prise Lat. o, 58, 0,S. Long. 7, 50,0, E. 6°. P. spirulicola (Leach). Ecaille inférieure étroite, carénée du sommet à l'angle ; angle rectangulaire, coudé, proéminent. Trouvé sur des coquiiles de spirule, La. 22,0, 0, N. Long. 19, 17, 0; W. B. V. RAA IAA SET AIS SSS Sur le nouvel alcali fixe, appelé Lithion. M. ARVEDSON ayant analysé une substance pierreuse que M. D'An- drada avait décrite sous le nom de péfalite, en a retiré 0,80 de silice, 0,17 d'alumine et 0,03 d’un nouvel alcali que les chimistes suédois ont nommé lithion ; il a obtenu ce résultat en traitant la pétalite par le sous-carbonate de baryte, comme s'il eût voulu y rechercher la pré- J sence de la soude ou de la potasse. . Le lithion a une saveur alcaline, et la propriété de faire repasser au bleu le papier rouge de tournesol, 11 a pour ueutraliser les acides plus de capacité que le magnésie. (551 à Ta plupart des sels de lithion sont très - fusibles ; le sulfate et le muriate se liquéfient avant de devenir rouges. Le sulfate de lithion cristallise facilement; les cristaux ne contien- nent pas d’eau de cristallisation; la dissolution de ce sel n’est préci- pitée ni par l'acide lartarique, ni par le muriate de platine. Le muriate est plus déliquescent que le muariate de chaux. Le nitrate de lithion cristallise en rhomboïde; il est très-déliquescent. Le sous-carbonate de lithion entre en fusion dès qu’il commence à devenir rouge. Il a une saveur alcaline; il est peu soluble dans l’eau. Sa solution évaporée donne de très-petits cristaux prismatiques. (C2 RAR AAA AAA RAA ARS Sur une nouvelle substance simple, appelée Selenium ; découverte par M. BERZELIUS dans les pyrites de Fahlun. Daxs une fabrique d'acide sulfurique où lon brüle le soufre retiré des pyrites de Fahlun, il se dépose sur le fond de la chambre de plomb une masse rougeâtre, qui est formée de soufre et d'une très- petite me de la nouvelle substance. M. Berzelius n'a pas encore publié le procédé au moyen duquel il a isolé le séiénium d’avec le soufre. Le sélénium en masse est gris, et jouit d'un éclat métallique très- fort. Sa densité est de 4,6 environ. Il est dur et friable comme le soufre. Par la trituration il se réduit en une poudre rouve. À 100 degrés il se ramollit, et chauffé un peu plus il se liquéfie. Si on le laisse refroidir, il conserve une sorte de ductilité qui permet de le pétrir, de l’étendre , de le réduire en fils fins, lesquels, vus par réflexion, ont l'apparence d’un métal, et vus par transmission, sont entièrement transparens, et d’une couleur rouge très-foncée. Le sélénium chaufté dans une cornue entre en ébullition, se réduit en une vapeur jaune, qui se condense en fleurs d une belle couleur de cinabre, Lorsqu'il se sublime au milieu de l'air, sans prendre feu, il répand une fumée rouge qui n’a pas d’odeur parliculière. Si on approche la flamme d'une bougie de cette vapeur, la flamme devient bleu d'azur, et une odeur de raifort ou plutôt de tellure se manifeste. Le sélénium s'allie avec les métaux ; avec la plupart il déoage de la lumière. Re Le séléniure de potassium est d’un blanc grisâtre, et a l'aspect mé- tallique ; il se dissout promplement dans l’eau et sans effervescence. La solution est jaune et a un goût de suifure de potasse. Lorsqu'on y mêle un acide, il se dégage du gaz hydro-sélénique dont l’odeur est celle de l'acide hydro-sulfurique, mais ce gaz s’en distingue cependant en ce qu'il preduii des sensations douloureuses sur la membrane pitui- Cuinir, MÉDECINE. | (54) taire, et qu'il y détermine une inflammation. La solution de séléniure de potassium exposée à l'air se recouvre d'une pellicule de sélénium. Lorsqu'on y verse de l’acide muriatique il se dépose du sélénium, de même qu'un hydro-sulfure sulluré laisse précipiter du soufre par le même acide. Le sélénium forme avec les alcalis fixes des séléniures qui sont d’un rouge de cinabre. Les séléniures de chaux et de baryte sont insolubles. Le sélénium est dissous par les huiles grasses, L’acide nitrique chaud dissout le sélémum. La solution évaporée dans une cornue, laisse un acide concret cristallisé qui se sublime faci- lement en aiguilles : c’est l'acide sélénique. L’acide sélénique a un goût acide, il rougit fortement le tournesol; il est très-soluble dans l’eau et dans l’alcool. La solution aqueuse est décomposée par l'acide hydro-sul{urique, il se produit de l’eau et un. dépôt orangé. L'acide sulfureux enlève l'oxigène à l'acide sélénique ; le sélénium réduit se précipite. Les séléniates de potasse et de soude cristallisent difficilement et attirent l'humidité. Le séléniate de baryte se dissout dans l’eau et n’est presque pas soluble dans l'alcool. La solution aqueuse eristallise en aiguilles dont les extrémités se recouvrent d'un anneau d'autres aiguilles plus fines; les interstices que laissent ces aiguilles se remplissent de nouvelles aiguilles de manière que le séléniate de baryte parait sous la forme de cristaux globuleux parfaitement lisses. Le séléniate d'ammoniaque exposé au feu se décompose, un peu d’ammoniaque se volatilise , puis de l'acide sélénique; ensuite il se dégage de l’eau, du gaz azote et du sélénium. Un morceau de zinc mis dans une solulion de séléniate alcalin avec un peu d'acide muriatique précipite le sélénium à l’état de pureté. En employant l'acide sulfurique, on obtient du sulfure de sélénium au lieu de sélénium pur. C} SES as aa Notesur l'emploi de quelqu es sels de morphine comme médicamens; par M. MAGENDIE. Si dans la plupart des cas, le médecin doit être très-réservé quand il s’agit d'essayer sur un malade un médicament nouveau, il existe aussi des circonstances où le malade et le médecin sont également inté- ressés à faire de semblables essais. Quel praticien n'a point rencontré dans la classe aisée de la société, de ces êtres malheureux, doués d’une imagination active , d'un esprit cultivé, et attaqués d’une maladie chronique qui les mène à la mort PE (55) par des progrès à peine sensibles? Pendant les premières années de leur mal, leur confiance se place successivement dans plusieurs médecins qui tentent chacun des moyens différens de traitement ; l'inciicacité des remèdes fait encore choisir d’autres médecins dont les conseils n’ont pas plus de succès ; plusieurs années s’écoulent de celte mamiére, et la maladie n’en continue pas moins sa marche progressive ; les ma- lades rebutés se livrent aux charlatans qui ne manquent pas de pro- mettre une prompte guérison, et qui, après avoir échoué, sont chassés comme :ls auraient dû l'être avant d’avoir agi. Viennent ensuite les remèdes de familles, les recettes, les pratiques magnétiques, les plaques aimantées, etc. Enfin, les malades tourmentés par les douleurs aiguës et autres accidens graves, qui accompagnent l'accroissement de leur maladie, en reviennent à prendre lesiavis d’un médecin. C’est alors que la conduite de celui-ci est difhicile ! quel traitement mettra-t-il en usage? Toute espèce de moyens hygiéniques, d'eaux minérales, de médicamens, de préparations pharmaceutiques, ont déjà été employés sans succès, et ont perdu toute confiance de la part du maladé ; cependant il faut calmer les accidens qu’il éprouve ou du moins tenter de le faire; il faut s'emparer de son espritet fixer, s’il est possi- ble , son imagination, dont les écarts sont presque aussi douloureux que le mal lui-même. Ne sera-t-on pas heureux d'avoir à essayer, sur un tel malade, une substance dont on puisse raisonnablement attendre quelques bons effets ? Telle est la position où je me suis trouvé l’année dernière, pour une demoiselle âgée de vingt-quatre ans, et atteinte depuis dix ans d’une maladie que je crois être un anévrisme de l'aorte pectorale. Traitée tour-à-tour par des médecins instruits, et par d’autres qui devraient l'être, par des commères, des charlatans , des pharmaciens, des magnétiseurs, des herboristes, etc. , elle a; rigoureusement parlant, épuisé toutes les ressources de l’art et de l’'empirisme, et, qui pis est, il n’en est aucune sur laquelle son opinion ne soit arrêtée et qu’elle re regarde comme insignifiante ou nuisible. Cependant cette demoiselle était tourmentée par des insomnies con- tinuelles , des douleurs extrêmement vives dans la région du diaphragme et dans les membres inférieurs qui sont en partie atrophiés. J'employai d'abord l'acide prussique avec quelque avantage: mais je: fus obligé de le cesser après environ six semaines , parce qu’il occa- sionnait des rêves pénibles et fatigans. Je me décidai alors à essayer les sels de morphine , que les expé- riences sur les animaux m'avaient fait connaître comme puissamment narcotiques ; je fis préparer, chez M. Planche, pharmacien, quatre: pilules contenant chacune un quart de grain d’acétate de morphine avec quantité suffisante d’excipient. Je conseillai à la malade d’en prendre: PER ELSEN TU L EP N 1018, (56 ) une le soir en se metfant au lit, et une seconde le matin, au moment de son lever. LE Dès le soir, elle prit une pilule en se couchant ; mais n'éprouvant pas de soulagement sensible au bout d’une demi-heure, elle crut pou- voir en prendre une seconde, Quelques minutes après l'avoir avalée, elle s’'endormit profondément, ce qui ne lui était pas arrivé depuis plusieurs mois. Son sommeil fut paisible pendant trois ou quatre heures ; vers le milieu de la nuit elle se réveilla, se plaignit d’éprouver des nausées, mais se rendormit aussitôt. La même chose arriva plusieurs fois. Vers les six heures, elle fit quelques efforts de vomissement, et rejeta une petite quantité de mucosité et de bile; elle ne dormit plus, mais elle resta plongée dans un état de calme et de bien-être qu’elle n'avait pas encore éprouvé ; j'omets de dire qu’elle ne ressentit aucune douleur pendant la nuit. Je la vis dans la matinée ; elle était, ainsi que ses parens , dans une satisfaction fort grande du sommeil et du calme de la nuit, et de l’état paisible qui durait encore. Toutefois je ne me mépris pas sur les effets du sel de morphine. IL était évident que la dose en avait été portée trop loin , et que la malade avait éprouvé un véritable narcotisme ; mais je reconnus en même temps qu'on pourrait retirer de bons effets de cette substance, en en graduant la-quantité d’une manière convenable. . En conséquence, je fis faire des pilules où entrait seulement un hui- tième de grain d’acétate de morphine, et je recommandai d'en prendre tout au plus deux en vingt-quatre heures. De cette manière, j'obtins des effets sédatifs tels que je pouvais les désirer. La malade fait usage de ces pilules depuis six mois, et toujours avec avantage ; elle en détermine elle-même maintenant le nombre d’après les effets produits, et, ce qui pourra paraitre remarquable, c’est qu’elle n'en voit pas l'action s’aflaiblir ; aujourd'hui même elle n’en pourrait pas prendre au-delà de quatré en vingt-quatre heures , sans éprouver quelque inconvénient, tel qu'une céphalalgie violente ou des nausées. J'ai essayé sur celle même personne de remplacer l’acétate de mor- phine dont je viens de parler, par le muriate de la même base; mais je n'ai pas eu à me louer de cet essai ; car il a fallu jusqu’à un grain et demi de ce sel pour produire un effet narcotique : encore était-il très- imparfait ; aussi la malade n’a-t-elle pas voulu en continuer l'usage. Le sulfate de morphine, que j'ai aussi essayé sur la même personne, a une action plus faible que l'acétate, mais beaucoup plus forte que celle du muriate; sa puissance narcotique est aussi plus complète, le sommeil qu'il procure est plus exempt de rêves ; en un mot, sa manière d'agir se rapproche de celle de l’acétate, bien qu’elle soit sensiblement moins énergique, (37) La malade continue d’en faire usage depuis plus de quatre mois, concurremment avec les pilules d'acétate ; elle nomme celles-ci les pilules Jortes, et celles de sulfate Les pilules faibles ; les unes et les autres con- tiennent, comme je l'ai dit plus haut, chacune un huitième de grain de sel , et quantité suffisante d’excipient. Selon qu’elle souffre plus ou moins, qu’elle a plus de peine à s'endormir, elle prend les pilules fortes ou les faibles, et quelquelois elle en combine l’action, Il y a environ trois semaines que la malade, pressée par ce désir de changer de remède, qui s'observe si fréquemment dans le cours des maladies chroniques , me pria de lui donner d’autres pilules ; je lui proposai l’extrait-commeux d’opium, dont j'aurais été bien aise de com- parer les effets avec ceux des sels de morphine. Mais elle s’y refusa formellement, m'assurant, ce quelle m'avait déjà dit plusieurs fois, que les préparations d’opium lui avaient toujours été nuisibles et ne lui avaient procuré aucun soulagement : soupconnant que son imagination pouvait l'avoir trompée à cet égard, je lui proposai le sel essentiel de Derosne , sans lui dire que ce füt une substance opiacée ; elle consentit à en faire usage, mais je pus me convaincre qu’elle avait dit vrai relati- vement à l’opium, car un demi-orain de sel essentiel qu’elle prit en quatre pilules dans le courant de vingt-quatre heures, excila une agila- ton extrême et une céphalalgie des plus intenses ; la malade prit le parti de revenir aux pilules de sel de morphine, et Les continue en ce moment. Ayant acquis ces données sur les propriétés des sels de morphine , je les ai employés en diverses autres occasions avec un avantage marqué ; J'ai pu constater aussi les différences indiquées dans le mode et linten- sité de leur action. Je citerai entr'autres une dame qui est atteinte d’un squirrhe à la mamelle droite, et qui a le bon esprit de se refuser à toute espèce d'opération. Elle prend depuis deux mois un quart de grain d’acé- tate de morphine par jour, et ne fait d’ailleurs aucun autre remède : les douleurs lancinantes , très-vives et très-fréquentes, qu’elle éprouvait, se sont calmées en grande partie , et ne se montrent plus qu’à des inter- valles assez longs. Je pense donc que l’acétate et le sulfate de morphine peuvent être employés avec avantage comme médicamens narcotiques. ARR RAA RAA A Description de quatre plantes servant de types aux nouveaux genres Oliganthes, Piptocoma, Dimerostemma et Ditrichum; par M. HENRI Cassini. J’Ar proposé les genres Oliganthes, Piptocoma et Dimerostemma, dans mon second Fascicule publié dans le Bulletin de janvier 1817 ; Livraison d'avril. 8 Boranique, (58) et le genre Dirrichum, dans mon troisième Fascicule publié dans le: Bulletin du mois suivant. Oliganthes triflora, H. Cass. Tige probablement ligneuse, striée, tomenteuse. Feuilles alternes, pétiolées, ovales-lancéolées, entières, tomenteuses en dessous. Calathides composées de trois fleurs purpu- rines, et disposées en corymbes terminaux. Calathide incouronnée, équaliflore, triflore, régulaniflore, androgy- niflore. Péricline très-inférieur aux fleurs, oblong, formé de squames régulièrement imbriquées, appliquées, arrondies, coriaces, calleuses au sommet. Clinanthe petit, inappendiculé. Ovaires courts, obpyra- midaux, subtétragones; aigrettes caduques, composées chacune de plu- sieurs squamellules bisériées, laminées, linéaires, barbellulées sur les deux bords, parsemées de glandes; les extérieures courtes, les inté- rieures longues, arquées au sommet. Corolles parsemées de glandes,. et divisées en cinq lobes longs, linéaires. Cette plante, de la famille des Synanthérées, et de la tribu des Vernoniées, section des Éthuliées, a été recueillie à Madagascar, par Commerson, et se trouve dans l’herbier de M. de Jussieu, où je lai observée. Piplocoma rufescens, H. Cass. Arbrisseau couvert d’un coton rous- sâtre formé par un amas de poils disposés en étoiles. Tige ligneuse rameuse, cnbéalth ac. Feuilles alternes, courtement pétiolées, ovales, entières, à face supérieure ridée, scabre, hispidule, à face inférieure nervée, subréticulée, cotonneuse. Calathides disposées en corymbe ter-. minal; chaque calathide composée d’environ douze fleurs probable- ment purpurines. Calathide incouronnée, équaliflore, pluriflore, régulariflore, andro-- yniflore.. Péricline inférieur aux fleurs, court, ovoïde-cylindracé,. ormé de squames imbriquées, appliquées, ovales, coriaces. Clinanthe petit, inappendiculé. Ovaires pentagones, striés longitudimalement, surmontés d'une double aigrette ; l’extérieure coroniforme, coriace, irrégulièrement découpée; l'intérieure composée de cinq squamellules. très-caduques, laminées, linéaires, à peine, denticulées sur les bords. Corolles arquées en dehors, et découpées en cinq lobes longs, demi-- lancéolés, parsemés de glandes. Cet arbuste, de la famille des Synanthérées, et de la tribu des Ver-- noniées, section des Ethuliées, constitue un genre immédiatement voisin du précédent. dont il ne diffère essentiellement que par l’aigrette extérieure. Je l'ai étudié dans l’herbier de M. de Jussieu, sur ua échan- üllon rapporté de Saint-Domingue par Desportes. Dimerostemma brasiliana, H. Cass. Plante très-velue sur toutes ses parties. Tige herbacée, droite, à longs rameaux simples, dressés. Feuilles: ( 59 ) ‘alternes, disfantes, courtement pétiolées, un peu décarrentes sur leur étiole, Jongues d'environ deux pouces et demi, ovales, dentées-créne- js comme triphnervées. Calathides terminales, solitaires, composées de fleurs jaunes. Calathide incouronnée, équaliflore, mulüflore, régulariflore, andro- gyniflore, subglobuleuse. Péricline à peu près égal aux fleurs, irrégu- lier, formé de squames diffuses, paucisériées , inégales; les extérieures plus grandes, bractéiformes, ovales, dentées; les intérieures plus petites, squamelliformes, oblongues, entières. Clinanthe planiuscule, muni de squamelles égales aux fleurs, demi-embrassantes, oblongues, aiguës et comme spinescentes au sommet. Ovaires un peu grêles, pourvus d’une aigrette irrégulière, variable, composée de deux squamellules paléi- formes, coriaces, lrès-grandes, demi-lancéolées, entregrefiées inférieu- rement ,»souvent découpées irrégulièrement. Corolles à tube court, à linibe long. Cette plante, de la famille des Synanthérées, et de la tribu des Hé- lianthées, section des Héléniées, constitue un genre voisin du 7rat- tenikia, Pers., dont il diffère par l’aigrette. Je l'ai observée dans les herbiers de MM. de Jussieu et Desfontaines, sur des échantillons ap- portés de Lisbonne par M. Geoffroy, et originaires du Brésil. Dürichum macrophyllum, H. Cass. Plante herbacée, probablement très-élevée. Tige simple (dans l'échantillon incomplet), épaisse, cylin- drique, striée, pubescente. Feuilles alternes, sessiles, longues d'environ un pied , larges de trois à quatre pouces, oblongues-lancéolées, sinuées latéralement et irrégulièrement, de manière a former des lobes iné- gaux, irréguliers, larges, aigus; vertes, et très-scabres ou âpres par l'effet de petits poils épars, courts, épais, coniques; la base de la feuille auriculée et décurrente sur la tige, offrant l'apparence de stipules, Calathides nombreuses, disposées en une panicule corymbiforme, terminale, et composées de fleurs jaunes. Calathide incouronnée, équaliflore, pluriflore, régulariflore, andro- gyniflore. Péricline supérieur aux fleurs, cylindracé, irrégulier, formé de squames peu nombreuses, bisériées, diffuses : les extérieures très- courtes, inégales, inappliquées ; les intérieures très-longues, inégales, appliquées, squamelliformes, oblongues, coriaces, à sommet foliacé, acuminé. Clinanthe plane, garni de squamelles supérieures aux fleurs, squamilormes, terminées par un appendice subulé, membraneux, Cypsèles comprimées bilatéralement, obovales , glabres, munies d’une aigrette composée de deux longues squamellules opposées, l’une anté- rieure, l’autre postérieure, filiformes, épaisses, à peine barbellulées. Corolles à tube hérissé de longs poils membraneux. Cette plante, de la famille des Synanthérées, et de la tribu des Hé- Hiszo1BE NATURELLE. ( Go ) lanthées, section des Prototypes, constitue un genre immédiatement voisin du Salmea de M. Decandolle, et du Pezrobium de M. R. Brown, avec lesquels il doit être rangé entre le Spilanthus et le Verbesina. Je l'ai analysée dans l'herbier de M. de Jussieu, où elle est étiquetée avec doute, d'après Vahl, Coryza lobata , L. aa AA AA Lithoyasa. ( Vases de pierre.) CE nom est donné à un objet nouveau, mais utile, fait d’une espèce particulière de pierre, ayant la forme des vaisseaux adoptés pour ra- {raichir le vin, conserver le beurre frais, etc. Ces nouveaux vases doi- veut leurs propriétés au pouvoir d'absorption et d'évaporation que possède la pierre, et ils sont supérieurs aux articles de poterie appliqués au même usage, étant tout-à-fait privés de cette odeur d'argile que conserve la poterie sans vernis. Les vases employés pour rafraichir le vin (the win coolers) exigent seulement d'être plongés dix minutes dans l’eau froide, avant d’être propres à recevoir la carafe qui contient le vin; les vases destinés à conserver le beurre frais (the butter preservers ) trempés dans l’eau de Ja même manière, sont prêts à recevoir le vaisseau qui contient le beurre, et dans cet état ils le tiendront frais dans le temps le plus chaud, et ils garderont leur humidité un jour ou deux. Des pyramides élégantes, faites de cette même pierre, propres à faire venir d'excellentes salades antiscorbutiques , requièrent seulement d’être saturées d’eau. La graine distribuée également dans les compar- timens extérieurs, produira en huit ou dix jours une belle récolte en vert, d’une qualité supérieure, qu’on pourra manger propre et fraîche, en la cueillant sur les pyramides placées sur la table; il faudra seu- lement avoir la précaution de remplir d’eau le trou central de ces pyramides, et remplacer journellement l’eau qui disparaît. Ces appareils ne peuvent qu'être hautement utiles aux personnes qui sont à bord d’un vaisseau , ou Ce RE D un climat chaud. On peut les avoir au n.° 448 dans le Strand. … SARA AA AA AA Chromate de fer dans les Isles Shetland. Le Dr Hibbert, qui visita dernièrement les îles Shetland, dans là vue d’en déterminer la structure sous le rapport géognostique, a trouvé dans l'isle d'Unst des masses considérables de chromate de fer. A (61) QUESTION D'ANALYSE ALGÉBRIQUE; PAR M. FOURIER. ETANT donnée une équation algébrique @ x = o dont les coefficiens sont exprimés en nombre, si l’on connaît deux limites a et b entre lesquelles une des racines réelles est comprise, il est facile d’ap- procher de plus en plus de la valeur exacte de celte racine. Le procédé le plus simple que l’on puisse suivre dans cette recherche, est celui que Neuton a proposé. Il consiste à substituer dans l'équation 6x —=o a + y au lieu de x. On omet dans le résultat tous les termes qui con- tiennent les puissances de y supérieures à la première, et l’on a une équation de cette forme 77,7 — 7—=0, dans laquelle les quantités 77 et sont des nombres connus. On en conclut la valeur de y, qui, étant . 3 ES £ 72 ajoutée à la première valeur approchée a, donne un résultat a + — LP) beaucoup plus voisin de la racine cherchée que ne l'était la première valeur a. Désignant ce résultat par a’, on emploie de nouveau le même procédé pour obtenir une troisième valeur a” beaucoup plus rappro- chée que a’, et l’on continue ainsi à déterminer des valeurs de plus en plus exactes de la racine réelle comprise entre les premières limites a et b. On pourrait aussi appliquer ce calcul à la limite b, considérée comme une première valeur approchée, et l'on en déduirait des valeurs successives qui seraient de plus en plus voisines de la même racine. Cette méthode d’approximation est un des élémens les plus généraux et les plus utiles de toute l'analyse; c’est pour cela qu'il importe beaucoup de la compléter et d'obvier à toutes les diflicultés auxquelles elle peut être sujette. On a remarqué depuis long-temps que si les deux premières limites a et b ne sont point assez approchées, aucune d'elles ne peut servir à donner des valeurs successives de plus en plus exactes. 11 peut arriver que la seconde valeur a’, déterminée par la règle précédente, soit plus éloignée de la racine que ne l'était la première limite à, en sorte que les substitutions successives, au lieu de conduire à des valeurs appro- chées de la racine, donneraient des nombres qui s’éloigneraient de plus en plus de cette racine. se: L'inventeur supposait que la valeur de la racine était déjà connue à moins d’un dixième près de cette valeur. Mais il est évident que cette condition, ou n’est point nécessaire, ou n'est point suflisante selon la grandeur des coefliciens. L'illustre auteur du Traité de la Résolution CE 1916. MarmémaTiIQUuES. Societé Philomat. Avril 3818 li IT HT. IV. (62,) des équations numériques, remarque (1) que cette question a d'autant plus de difficulté, que la condition qui dôit rendre l'approximation exacte, dépend des valeurs de toutes les racines inconnues. On voit donc qu'il est nécessaire d’assigner un caractère certain, d'après lequel on puisse toujours distinguer si les limites sont assez voisines pour que l'application de la regle donne nécessairement des résultats convergens. De plus, la méthode dont il s’agit fournit seulement des valeurs très- peu différentes de la racine ; mais elle ne donne point la mesure du degré de l'approximation , c’est-à-dire, qu’en exprimant le résultat en chiffres décimaux , on ignore combien il y a de ces chiffres qui sont exacts, et quels sont les derniers que l’on doit omettre comme n’appar- tenant point à la racine. On peut se former une idée du degré de l’approximation en ayant égard à la valeur de la quantité que l’on néglige, lorsqu'on omet les puissances supérieures de la nouvelle inconnue. Mais cet examen suppose beaucoup d'attention, et si l'on cherche des règles certaines et exactes propres à le diriger dans tous les cas, on trouve celle que nous indiquons dans l'article VI. Certaines méthodes d'approximation ont l'avantage de procurer des valeurs alternativement plus grandes ou moindres que l’inconnue. Dans ce cas, la comparaison des résultats successifs indique les limites entre lesquelles la grandeur cherchée est comprise, et l'on est assuré de l’exactitude des chiffres décimaux communs à deux résultats consécutifs, mais la méthode que nous examinons n’a point cette propriété. On démontre au contraire que les dernières valeurs qu’elle fournit sont toutes plus grandes que l’inconnue , ou qu'elles sont toutes plus petites. On parviendrait à la vérité à connaïire combien il y a de chiffres exacts, en faisant plusieurs substitutions dans la proposée; mais en opérant ainsi, on perdrait l'avantage de la méthode d’approximation, dont le principal objet est de suppléer à ces substitutions. A l'égard des dernières valeurs approchées que l’on obtiendrait en em- ployant la seconde limite b, elles passent toutes au dessous de la racine, ou toutes au dessus, selon que les valeurs données par la première limite a sont inférieures ou supérieures à cette racine; amsi le propre de la méthode d’approximation dans son état actuel, est de ne jamais donner des valeurs alternativement plus grandes ou plus petites que l’inconnue. Les remarques que l'on vient de faire conduisent aux questions suivantes : (1) Traité de la résolution des équations numériques. Lagrange , première édition, page 140; édition de 1808, page 129. (65) r°. Lorsque deux nombres & et bsubstitués dans une équation 9x=0 fournissent deux résultats de signe contraire, et lorsque l'équation à une seule racine réelle entre ces deux limites à et b, peut-on découvrir un moyen de reconnaitre promptement et avec certitude si cette pre- mière approximation est sufhisante, pour que les substitutions opérées suivant la méthode de Neuton, donnent nécessairement des valeurs de plus en plus approchées; et comment doit-on distinguer ce cas de celui où les substitutions pourraient conduire à des résultats divergens ? 20, L'application de la méthode ne pouvant donner que des valeurs qui sont toutes plus grandes ou toutes plus petites que la racine cher- chée, quel procédé faut-il suivre pour mesurer facilement le degré d’approximation que l’on vient d'obtenir, c’est-à-dire, pour distinguer la partie du résultat qui contient des chiffres décimaux exacts appar- .tenans à la racine ? L'objet de cette note est de donner des règles certaines et générales pour résoudre les deux questions que l’on vient d’énoncer. Pour satisfaire à la première question, il faut différentier successi- vement la proposée 6 x — 0, en divisant par la différentielle de la va- riable. On formera ainsi les fonctions 9'x, @’x, @”’x, elc., et l’on substituera chacune des deux limites a et b à la place de + dans la suite complète x, @'x, @”’x, ®”’x.... elc.; on obtiendra ainsi deux séries de résultats dont il suffira d'observer les signes. 10, Il suit de l'hypothèse même, que le signe du premier terme dans la suite correspondante à la limite a, diffère du signe du premier terme dans la suite que donne la substitution de b. S'il n’y a aucune autre différence entre les deux suites de signes, c’est-à-dire, si tous les termes, excepté le premier, ont le même signe dans l’une et l’autre suite, l’ap- plicalion de la méthode donnera nécessairement des valeurs de plus en plus approchées ; il est impossible que dans ce cas on soit conduit à des valeurs divergentes. 2°, Si la condition que l'on vient d’exprinier n’a pas lieu, on recon- paîtra que les deux limites a et à ne sont point assez approchées, et l’on substituera un nombre intermédiaire, en examinant si le résultat de Ja: substitution, comparé à celui de & où à celui de 2, satisfait à cette con- dition. On arrivera très-promptement au but par ces substitutions, et l'on ne doit en général commencer l'approximation que lorsqu'on aura trouvé deux suites de signes qui ne diffèrent que par le premier: terme, résultat qu'on ne peut manquer d'obtenir si lon connaît deux limites a et d’une racine réelle. 3°. Pour trouver les valeurs convergentes, il ne faut pas employer indifféremment l’une ou l'autre des limites ; il faut en général choisir: celle des deux limites pour laquelle la suite des signes contient aw Ve (64) premier terme @x et au troisième @”x deux résulats de même signe. Nous désignons ici cette limite par + et l'autre par 8. Si lon ne se conformait point à la remarque précédente, et que l’on employât la limite 8, qui donne ao x, et à @”x des sisues contraires , on pourrait être conduit à des résultats divergens. On pourrait aussi obtenir des valeurs de plus en plus approchées : mais dans ce cas elles seraient de la même espèce que celles qui proviennent de la première limite «. 4°. Les valeurs approchées que l’on déterminera seront toutes plus petites que la racine, si la limite choisie x est au dessous de cette racine; et elles seront toutes plus grandes, si la limite choisie + est celle qui surpasse la racine. 5°, I n'est pas rigoureusement nécessaire que les deux suites de signes ne different que par les signes des premiers termes ga et eb. La condition absolue à laquelle les deux limites a et b doivent satisfaire avant que l’on procède à l’approximation; est la suivante : On comparera les deux suites Pas NPC. No are TEr No ULl TENENIeLCs POIL ED. Sp BIAPREGIE PNR REC Il est nécessaire, premièrement, qu’en retranchant les termes @a et ob, les deux suites de signes restantes aient autant de variation de signes l'une que l'autre; et secondement, qu’en retranchant aussi les deux termes 9’a et ®’b, les deux suites restantes aient encore autant de va- riations de signes l’une que l'autre. Lorsque cette double condition n’a pas lieu, la méthode d’approximaltion ne doit point être employée; il faut dans ce cas diviser l'intervalle — à des racines. Mais si les deux conditions sont remplies, les approximations linéaires seront nécessai- remeut convergentes. Cette convergence aura lieu à plus forte raison si la condition énoncée dans le paragraphe (1°.) du présent article est satisfaite. Nous passons à la solution de la seconde des questions énoncées dans l’article 1V, paragraphe (2°.); voici l'énoncé de la solution : 10. Si l’on connait deux limites a et b entre lesquelles une racine réelle est comprise, et si l’on détermine une valeur plus approchée #', suivant le procédé de l’article I., et en se conformant aux règles exposées dans les paragraphes (1°.), (2°.), (3°.) de l’article V, on . . » = È , . y mesurera comme il suit le degré d’approximation que l’on vient d'oh- . . L2 . tenir. L'expression de 2° est & — 22, où l'on désigne par + celle des œ deux limites a et b qui donne le même signe pour @x et @*x On S e8 préndra pour seconde valeur approchée 8° la quantité 8— -—; le diviseur ©'« sera le même dans l'expression de +’, et dans celle de £/, La racine cherchée sera loujours comprise entre +’ et &7, (65) Par conséquent les chiffres décimaux exacts qui appartiennent à la racine, sont les chiffres communs qui se trouvent au commencement de &’ et au commencement de 8'; les chiffres suivans doivent êtré omis. On continuera ainsi l'approximation, en joignant toujours à la valeur donnée par le procédé connu une autre valeur approchée 8 qui serve de limite, et l'on déterminera facilement par ce moyen les chifires exacts de la racine. 2°, On détermine la première valeur approchée &’ en substituant « au lieu de x dans l’expression x — . OUxr —px: ne on pour- rait trouver une seconde valeur approchée £8', en substituant la même A(pæ) Ari? finie &æ — 8 des deux limites. Mais cette règle que nous avions donnée autrefois, parce qu’elle est clairement indiquée par les constructions, ne fait pas connaître le degré de l'approximation aussi facilement que celle qui est énoncée dans le paragraphe (1°.) du présent article. 5°. Cette règle du paragraphe ( 1°.) de cet article, qui sert à obtenir une seconde valeur approchée 8', complette l'approximation , puis- qu'elle donne toujours des limites opposées à celles qui se déduisent du procédé de l'article I. On connait par là combien les : pproximations de ce genre sont rapides. On en conclut que si l’on empléie une valeur approchée & pour déterminer une nouvelle valeur +’, et si la première x contient déjà un très-grand nombre 7 de chiffres décimaux exacts (c’est-à-dire qui appartiennent à la ra: :e cherchée), la seconde va- leur æ' contiendra un nombre 27 de ces chiffres exacts. Le nombre des chiffres qui appartiennent à la racine devient double. à chaque opération. On a fait depuis longtemps une remarque semblable par rapport aux chiffres décimaux que fournit la méthode d’extraction des racines carrées; mais ce résultat convient à toutes les équations; quelle que soit la nature de la fonction @x, c'est un caractère commun aux approximations du premier degré qui proviennent des substilu- tions successives. Voici l'énoncé exact de cette proposition : si le nombre des chiffres déja connu est 7, une seule opération en fera counaitre plusieurs autres en nombre 7’, et n' est égai à » plus ou moins un nombre constant k, qui est le même pour toutes les opérations. 4. On peut aussi se dispenser de calculer séparément la valeur de la seconde limite 8’ suivant la règle du paragraphe (1°.) du présent article; il suflit de déterminer la première de ces limites «’, et de connaitre d'avance le nombre des chiffres exacts qu'elle doit contenir. limite & dans l’expression + — @ x : A x désisnant la différence Livraison de mai. 9 1818. LATE ( 66 ) On y parviendra au moyen des équations suivantes : ; et g"" (A) Eu ee Den D UE 2 ne VD 2er Pda AS HE A2 Pr Q' A Q. Diapns Ja première donne l'expression déjà connue de z', et la seconde montre que pour trouver une seconde valeur approchée 8", il faut retrancher de æ' le terme #0, à étant la différence connue des deux limites x et 8. Dans les applications numériques, cette différence est une unité es 1 3 1 6 décimale d’un ordre donné, par exemple, (=) (7) ,» etc., Le 10 10 coefficient Q est un nombre constant commun à toutes les opérations ’ 17 : : à k g'' (A PE qui se succèdent. Dans l'expression Pie on désigne par À celle des ; 29 «a deux limites & ou 8, qui, étant ,substituée pour x dans 9” x, donne la plus grande valeur numérique, abstraction faite du signe. Daos le calcul du quotient Q il sufhit de trouver le premier chiflre, en observant de prendre toujours ce chiffre trop fort. Ou connailra facilement par ce moyen jusqu'où l’approximation doit être portée, dans le calcul de la cl pa è HET . quantité æ’' ou &æ — —— On s'arrêtera donc dans la division au dernier gp" a. chiffre dont l’exactitude est assurée. La plus grande limite doit tou- jours être prise trop forte, et la moindre limite trop faible; ces deux nouvelles limites + et 8 doivent différer d'une unité décimale d’un certain ordre. Connaissant ces limites, on continuera l'application des mêmes règles. | Les bornes de cet écrit ne nous permettent point de rapporter la démonstration des propositions précédentes; nous nous proposons de l'insérer dans quelques-uns des Numéros suivans : elle se déduit des principes connus de l'analyse algébrique, et il y a une partie de cette démonstration que l'on peut aussi rendre très-sensible par des cons- fructions, comme nous l'avons indiqué autrefois dans nos premiers Mémoires, et dans ceux de 1807 et 1811. Si l'on prend four exemple l'équation + — 2x — 5 = 0, à laquelle Neuton et plusieurs autres analystes ont appliqué leurs méthodes d’'ap- proximation, on trouvera qu'en choisissant pour les premières limites a et b, les valeurs à —.2,09455 b = 2,00456 les nouvelles valeurs seraient a'— 2,0945514815 d b'= 2,0945514816 (67) les limites suivantes a” et »? contiendraient un nombre double de chif- fres communs. Les propositions que l’on vient de rapporter ne conviennent pas, seulement aux équalions algébriques, elles s'appliquent à toutes les équations déterminées @ x = 0, quel que soit le caractère de la fonc- tion @ x. Nous omettons aussi diverses remarques concernant la manière de procéder aux substitutions successives. C’est par l'usage même des règles qui viennent d’être énoncées, que l’on reconnaîtra combien elles rendent les calculs faciles et rapides. Aucune méthode d’approximation n'est done plus simple et plus générale que celle qui est rapportée dans l’article 1., et qui est connue depuis l'invention de l'analyse différentielle. Mais il était nécessaire d'ajouter à l’opération principale les règles qui servent à distinguer 1°. si les premieres limites sont assez approchées, 2°. à laquelle de ces limites l'opération doit s'appliquer, 30, quel est le nombre des chiffres exacts que peut donner chaque partie de l'opération. Pour connaitre l’origine de la question qui vient d’être traitée, et les progrès successifs de cette méthode d’approximation, on peut con- sulter : l’Alsèbre de Wallis; Neuton, De Analysi per œqualiones infinitas; Raphson, Analysis œæqualionum universalis ; les Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris, année 1744; Lagrange, Réso- lution des équations numériques. ARR A AT Sur une nouvelle espèce de Dauphin; par M. DE FRENINVILLE, correspondant de la Société Philomatique. LE 2 Janvier 1818 quatre individus d’une espèce de cétadé appar- tenant au genre Delphinus de Linnæus, sont échoués sur la grêve de £ 5 UE A » Din SX Ÿ Main, pres de Saint-Pol-de-Léon, département du Finistère. M. de Freminville, officier de marine, s'est trouvé à portée d'en faire une description et une fisure qu'il a envoyées à la Société. Le plus grand des quatre individus avait vingt-un pieds de lon- gueur totale, depuis le bout du museau jusqu'a l'extrémité de la queue, et son poids a été évalué à quatre mille livres. La plus grande circonférence, qui se trouvait justement au milieu du corps, était de dix pieds. La forme générale de celte espèce est très-remarquable, en ce qu’elle est fort peu amincie vers les extrémités, ce qui la rend lourde et massive. La partie postérieure, au lieu d'aller insensiblement en diminuant vers la queue, s’attéoue brusquement près de la nageoire caudale , et offre en cet endroit une sorte d’élranglement. La tête est ronde, trés-obluse, et déclive en pente uniforme, mais rapide, depuis le sommet jusqu'au museau. Celui-ci n'a pas la forme 1 0 1 6. Histoire narurri or Société Philoxnat. Avril 1518. Cn1MIE, (68 ) de bec particulière aux dauphins proprement dits; il est obtus, et formé par un renflement en forme de lèvre, dont la saillie est d'environ quatre pouces dans toute la circonférence de la mâchoire supérieure. Cette mâchoire est armée de quarante dents, l'inférieure de trente- deux seulement; mais malheureusement M. de Freminville ne dit rien de leur forme n1 de la manière dont elles sont disposées. L'œil est d'une petitesse extraordinaire et placé dans la mème ligne et tout contre l'angle des mâchoires. La nageoire dorsale est située presqu'au milieu du dos; elle est arquée antérieurement, et échancrée postérieurement. La couleur de ce dauphin est un brun foncé, presque noir sur le dos, plus pâle sur les flancs, et blanchâtre sous le ventre. La peau, assez mince, était séparée des muscles par une couche de lard épaisse de six pouces. M. de Freminville pense, avec raison, que ce Dauphin ne peut ap- artenir au Dauphin férès de Bonnaterre, et en effet celui-ci est un véritable Dauphin, mais que très-probablement c'est à l'Orque de Fabricius et de M. de Lacépède, ou au Grampus d’Hunter qu'il doit être rapporté. MM. Desmarets et de Blainville, dans un rapport verbal qu'ils ont fait à la Société sur la note de M. de Freminville, ont montré que c'était bien plutôt auprès de la nouvelle espèce décrite dans ces derniers temps par M. Le Maout, et que M. Cuvier a nommée D. Globiceps, qu'il fallait le placer, parce que l’un et l'autre ont la tête très-bombée, et la lèvre supérieure terminée en bourrelet. 11 est même probable que c’est celle que Duhamel a figurée, mais sans en donner aucune description (Traité des pêches, seconde partie, pl. 10. fig. 5.); en effet elle montre ce bourrelet de la lèvre supérieure dans la même propor- tion, le ærofil de la tête absolument semblable, l'évent à la même place, ne dorsales et pectorales situées aux mêmes endroits, et celles-ci ayant également une sorte de dilatation et de lobe interne, qu'on n'observe pas dans le D. Globiceps. B. V. AAA SSI AAA RAA S SARA NAS SENS Note sur le Livhion ; par M. VAUQUELIN. M. VAUQUELIN, après avoir extrait le Zithion de la pétalite et con- firmé les expériences de M. Arfredson, a ajouté les laits suivans à l’histoire de cette nouvelle base salifiable. 1°. Le lithion a une saveur caustique comme les autres alcalis fixes; il agit fortement sur le papier de tournesol rougi, et sur la teinture de, violette : sa solution aqueuse, évaporée à l'air, absorbe promptement l'acide carbonique atmosphérique. 2, Le sulfate de lithion cristallise en petits prismes carrés qui sont (69 ) d'un blanc éclatant. Ce sel a une saveur salée, et non amère comme les sulfates de potasse et de soude. IL diffère encore du sullate de potasse en ce qu'ilest plus soluble, et qu’il se fond à une température moins élevée. 5°, Le nitrate de lithion est déliquescent; sa saveur piquante le distingue des nitrates de polasse et de soude. 4°. Le sous-carbonate de lithion est peu soluble; il est efHorescent. Quand on mêle deux solutions concentrées de sulfate de lithion et de sous-carbonale de potasse, il se produit un précipité de sous-carbonate de lithion. Ce sel est beaucoup plus soluble que le sous-carbonate de magnésie et le sous-carbonate de chaux. Le sous-carbonate de lithion est soluble dans environ 100 fois son poids d’eau froide, et, quoique étendue d’eau, sa dissolution fait effervescence avec les acides, et agit fortement sur les couleurs bleues végétales. La dissolution de ce sel précipite en flocons blancs le muriate de chaux, les sulfates de ma- gnésie et d'alumine ; elle précipite les sels de cuivre, de fer, et d'argent, sous des couleurs absolument semblables à celles des précipités qu'on obtient avec les sous-carbonates de soude et de potasse. 5°, La chaux, la baryte, enlèvent l'acide carbonique au lithion. 6°. Il ne précipite point le muriate de platine comme le sous- carbonate de potasse. { 7°. Le lithion dévase l'ammoniaque des sels ammoniacaux. 8. Le lithion en s’unissant au soufre donne un sulfure de couleur jaune, très-soluble dans l’eau, et qui est décomposé par les acides aves les mêmes phénomènes que les sulfures alcalins ordinaires. Il paraît, par l'abondance des précipités qu'y font naitre les acides, que le Zithion sature beaucoup de soufre. Pour connaître la capacité de saturation de cet alcali, et le rapport de son oxigène avec celui des acides qu'il neutralise, M. Vauquelin a fait les expériences suivante: 1°. 490 milligrammes de sulfate de lithion cristallisé fondus dans un creuset d’or, se sont réduits à 450 milligrammes, ce qui donne 12 + d’eau pour 100. 2°. Les 430 milligrammes restant, décomposés par la baryte, ont fourni 875 milligrammes de sulfate de baryte, qui contiennent 297,5 d'acide sulfurique, ce qui donne pour la composition de cent parties de ce sel desséché : Acide sulfurique......... Go,2o Oxide de lithion....... 11 4187,80 100,00 Comme on sait que le rapport entre l'oxigène de l'acide sulfurique et celui des bases qu'il sature, est comme 5 à r, et que dans les G),20 101 le] Ô. ASTRONOMIE. (70) d'acide sulfurique trouvés dans 100 de sulfate de lithion, il y a 41,52 d'oxisènce; il est évident, si la loi ne souffre pas ici d'exception, què les 51,80 d’oxide de lithion existans dans 100 parles de sulfate, contiennent 15,84 d'oxigène; d’où il suit que 100 parties de cet oxide seraient formées de : j Mithiont SARA RIRE Na 56,50 Oxipéne er PE EN EE 0 100,00 quantité qui est plus grande que celles qui se trouvent dans tous les autres alcalis connus jusqu’à présent. C. AAA SAS RAS SAIS AS AS FUNDAMENTA ASTRONOMIÆ, etc. Fondemens de l'Astronomie pour l'année 1755, d'après les observations faites à Greenwich par Bradley, depuis l'an 1750 jusqu'à l'an 1762; par M. BesseL, des Académies de Berlin et de Pétersbours, correspondant de l'fnstitut de France. Kænisbers 1818. LE travail important que nous annoncons était attendu avec impa- tence de tous les astronomes, qui en avaient déjà vu quelques frag- mens dans diverses éphémérides et dans les Ærchives de Kænisberg pour les sciences physiques et mathématiques. Pradley est l’un des plus grands astronomes qui aient jamais paru, et il avait sur tous ceux de son temps l'avantage d’avoir à sa disposition les plus grands et les plus beaux instramens qu’on eût encore vus. Ainsi, pour établir les points fondamentaux de l'astronomie à cette époque, on ne pouvait faire un meilleur choix que celui de son recueil, dont les astronomes n'ont été en pleine possession que plusite quarante ans après la mort de l’auteur. Bradley lui-même en avait tiré, ou fait tirer par ses ad- joints, un catalogue de 387 des principales étoiles, et des tables de ré- fraction presque universellement adoptées pendant long-temps ; mais on n'avait fait usage que d’une partie de ses observations. M. Bessel a tout recommencé, tout discuté, et pour ces calculs il a profité des progrès que l'analyse et l'astronomie ont faits depuis trente ans. Son premier soin a été de rechercher quelle pouvait être la précision des instru- mens et le degré de confiance qu’on devait leur accorder. 1l est résulté de cet examen, que le secteur qui avait servi à la découverte de l’aber- ration et de la nutation conservait invariablement la même exactitude; que le mural avec lequel on observe vers le nord était beaucoup moins sûr et plus variable; mais que le grand mural, tourné vers le midi, méritait véritablement la réputation dont il a jouir. M. Bessel en (71) détermine avec soin, pour diverses années, ce que les astronomes ap- pellent l'erreur de Collimation. Bradley supposait nulle cette erreur, qui cependant était le plus souvent de plusieurs secondes, dont il aurait fallu tenir compte pour avoir des déclinaisons parlaitement exactes. Les erreurs de la lunette méridienne étaient à pen près du même ordre, et M. Bessel n’a pas manqué d'y avoir égard dans tous ses calculs; car heureusement toutes ces erreurs sont de nature à se dé- celer elles-mêmes par les irrégularités qu’elles produisent dans les observations ; et quand une fois elles sont reconnues, il est toujours aisé d’en détruire les effets en allongeant un peu les calculs. La partie la plus difficile et la plus épineuse du travail elle qui concerne les réfractions. C’est sur la totalité des observations de Bradiey, comparées aux formules avalyliques de MM. Kramp et Laplace, que M. Bessel a calculé sa table, qu'il a rendue aussi conforme qu'il était possible à toules ces observations. Mais, maluré lous ces soins, cette table confirme l’opinion de tous les astronomes, que, depuis 80° de distance au zénith jusqu'à 90°, il est impossible d'accorder les obser- vations avec la théorie. Aiusi vers 89° + l'erreur des tables ou plutôt l'irrégularité des réfractions d’un jour à l’autre peut varier de 2 minutes; vers 88 + l'irrégularité se réduit à une minute et un liers; de 87 à 87° É les variations De sont plus guère que d’un quart de minute; de 76 à 85° l'incertitude est encore de quelques secondes; heureusement on a peu d'occasions d'observer à ces hauteurs : a toutes celles où passent les planètes, l'erreur est vraiment insensible; mais c’est un avantaye dont peuvent jouir également les tables qui se sont partagé la confiance des astronomes. L'incertitude des réfractions se porte en partie sur l'obliquité de l'écliptique; ainsi l'on ne doit pas être surpris de voir que M. Bessel donne à cet angle 2" environ de moins que n'avait jait Bradley, d'accord en ce point à ce qu'avaient trouvé dans le même temps Lacaille; Mayer et Legentil. Cette nouvelle obliquité, gomparée à celles qui ont été observées de nos jours à Paris, Greenwich, Palerme et à Milan, ne donne pour diminution séculaire que 45”7; les autres astronomes n’ont jamais trouvé que 44, 46 ou 48” tout au plus. Les théories modernes paraissaient demander 52” où 50” {out au moins, mais on m'est pas encore assez parfaitement sûr des masses des planètes pour déterminer à priori cet élément si délicat et si essentiel. L'erreur des réfractions se porle encore plus entièrement et plus directement sur la hauteur du pole; et pour celle de Greenwich, on supposait communément 51° 28° 40* en nombre rond. L'éditeur de Bradley, M. Hornsby, avait diminué ce nombre d’une demi-seconde ; M. Bessel ne le diminue que de quatre dixièmes : la différence est iusensible, Mais M. Pond, avec un nouvel instrument, trouve 2" à (72) retrancher du nombre de Bradley, et cependant M. Pond emploie encore les réfractions de Bradley, qui auraient dû lui donner une petite augmentation plutôt qu'une diminution si considérable. 11 en résulte que, malgré les progrès continuels des arts et des sciences, l'astronomie offrira toujours des points si difficiles et si compliqués que jamais peut-être on ne pourra les déterminer à 1” près; ce qui au reste est plus que suffisant. Parmi les résultats intéressans que nous offre le volume de M. Bessel, nous citerons la précession luni-solaire qu'il fait de 50*,340497, et la précession générale qu’il a trouvée de 50*,176068; plus une correction théoriq roportionnelle au nombre des années, et qui n’est pas d’un quarante-millième de seconde par an. La constante de l’aberration lui paraît de 20*,7973, ou tout au moins de 20°,475. Bradley ne la faisait que de 20* en nombre rond, mais les observations qu'il avait employées donnaient plus véritablement 20*25. C'est aussi ce qu'on avait trouvé depuis par les éclipses du premier satellite de Jupiter ; c’est encore un point bien diflicile à constater, mais l'incertitude n’est pas d’une grande conséquence. De tous ces résultats, les plus précieux sans contredit ce sont deux catalogues d'étoiles. Le premier n’en offre que 48, mais ce sont celles dont on se sert dans les recherches un peu importantes ; le second en offre 5222, qui pour la plupart n'avaient jamais été calculées, du moins d’après les ob$ervations de Bradley. M. Bessel' en donne les positions pour 1755 et 1800, avec les mouvemens annuels à ces deux époques. Ce dernier catalogue sera d'autant plus utile à tous les astro- nomes, que l'éditeur a eu le soin de le comparer aux catalogues du même temps et aux catalogues plus modernes. Communément les diffé- rences sont légères, quelquefois aussi elles surpassent de beaucoup les erreurs qu'on est en droit de soupçonner dans les observations ; alors elles indiquent avec beaucoup de probabilité des mouvemens propres qu'il faudra combiner avec la précession générale. Avec tous ces secours, qu’ils devront au zèle infaligable de M. Besse], les astronomes auront toute facilité pour calculer le reste des observa- tions de Bradley, et pour en tirer des tables encore plus exactes du soleil, de la lune et de toutes les planètes anciennement connues. A la suite de la préface, on trouve une liste des souscripteurs qui se sont empressés d'assurer la publication d’un travail si éminemment utile; mais cette liste ne nous paraît pas complète, car nous n’y avons apercu le nom d'aucun des astronomes de Paris, et nous savons que l'Institut, le Bureau des longitudes et plusieurs de nos compatriotes s'étaient fait inscrire à Gotha, où l'ouvrage s’imprimait. AA A AA ANS AAA NE (734) Apercu des Genres nouveaux formés par M. Henri CASSINI dans la famille des Synanthérées. HUITIÈME FASCICULE (1). 101. Holocheilus. Genre de la tribu des Nassauviées , immédiatement voisin du genre Trixis de Browne et de Lagasca, dont il diffère par l'indivision de la lèvre intérieure de la corolle, et par la nudité da cli- nautbe. Calathide incouronnée, radiatiforme , pluriflore , labiatiflore , androgyniflore. Péricline inférieur aux fleurs ; de squames subunisériées, à peu près égales, ovales-oblongues. Clinanthe planiuscule , inappendi- culé. Ovaire oblong , cylindracé , hérissé de poils papilliformes ; aigrette de squamellules nombreuses, inégales, plurisériées, entregreflées à la base , filiformes , barbellulées. Corolle à lèvre extérieure ovale, triden- tée au sommet ; à lèvre intérieure plus courte et plus étroite, ovale- lancéolée , indivise ou bidentée. Étamines à article anthérifère épaissi, à connectif court, à appendices apicilaires longs, linéaires, entregreftés ; à appendices basilaires longs, subulés. Style de nassauviée. Holocheilus ochroleucus , H. Cass. Tige herbacée, baute de plus d'un pied, dressée, cylindrique, striée, simple, nue supérieurement, divisée au sommet «en quelques rameaux pédonculiformes, longs , simples, nus, terminés chacun par une calathide de fleurs jaune-pâle. Feuilles alternes , sessiles, semi-amplexicaules, parsemées, ainsi que la tige et le péricline, de poils subulés, articulés, roides : les feuilles radicales longues de quatre pouces, larges, pétioliformes vers la base, obovales- suborbiculaires , bordées de grandes crénelures arrondies; les caulinaires inférieures longues de près de deux pouces, oblongues , dentées ,chaque dent terminée par une callosité; les supérieures progressivement plus etites, à partie inférieure subcordiforme, dentée , à partie supérieure ancéolée, entière. 102. Sclerobasis. Genre de la tribu des Sénécionées. Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore , androgyniflore ; couronne unisériée, pauciflore , liguliflore , féminiflore. Péricline inférieur aux fleurs du disque , cylindrique ; de squames unisériées, contiguës , appliquées, égales, oblongues-aiguës, foliacées, membraneuses sur les bords laté- raux. Clinanthe à face supérieure plane , alvéolée, ayant les cloisons membraneuses, peu élevées ; à face inférieure subhémisphérique, cou- verte de grosses côtes subéreuses, rayonnantes, confluentes au centre, distinctes à la circonférence, en nombre égal à celui des squames du (C0) Voyez les sept Fascicules précédens dans les Livraisons de décembre 1816, janvier, fevrier, avril, mai, septembre, octobre 1817, février et mars 1818. Livraison de mai. 10 1818 BoTANIQUE. (74) péricline, alternant avec elles, et aboutissant à leurs bases. Ovaire cyln- drique, strié, glabre ; aigrette de squamellules filiformes , capillaires, barbellulées. Sclerobasis Sonneratit, M. Cass. Tige herbacée, de deux pieds au moins, droite, cylindrique, striée, pubescente. Feuilles alternes , ses- siles, semi-amplexicaules, longues de deux pouces, larges d’un pouce, obovales - elliptiques , irrégulièrement dentées-sinuées, rudes; à face supérieure glabre et scabre ; à face inférieure réticulée , et couverte de filamens imitant la toile d'araignée. Calathides de fleurs jaunes, disposées en une grande panicule terminale, irrégulière. ( Plante de l'herbier de M. de Jussieu, recueillie par Sonnerat dans ses voyages. ) 103. Sarcanthemum. Genre de la tribu des Astérées, voisin de l'E/yhe- gea, el ayant pour type la Conyza coronopus, Lam. Calathide subglo- buleuse, discoide : disque pluriflore, régulariflore, masculiflore; cou- ronne plurisériée, mulüflore, ambiguflore ,féminiflore. Péricline un peu inférieur aux fleurs, hémisphérique; de squames imbriquées , appli- quées , ovales-oblongues, corféées , munies d'une bordure membraneuse, Clinanthe plane ; garni sous le disque de petites lames, et sous la cou- ronne de squamelles inférieures aux fleurs et un peu variables. Ovaires de la couronne comprimés, obovordes, glabres, striés , pourvus d'un bourrelet basilaire, et offrant un rudiment presque imperceptible d'ai- grelte coroniforme. Faux-ovaires du disque réduits añ seul bourrelet basilaire, qui porte une longue aisrette chiffonnée, irrégulière, de squa- mellules entresretfées à la base, flexueuses, filiformes-laminées , Inap- pendiculées. Corolles de la couronne tubuleuses-lisnilées, très-épaisses inférieurement , grêles supérieurement , ligulifornes au sommet. Co- rolles du disque ayant la partie inférieure du limbe formée d'une subs- tance épaisse, coriace-charnue. . 104. Pentanema, Genre de la tribu des Inulées. Calathide radiée ; disque multiflore , résulariflore, androgyniflure ; couronne unisériée , habitée : féminiflore, Péricline égal aux fleurs du disque, subhémis- phérique ; de squames imbriquées : les extérieures appendiciformes , étalées, foliacées , linéaires, hérissées de poils ; les intermédiaires appli- quées, linéaires, coriaces-membraneuses, uninervées , ciliées-franvées , surmontées d’un appendice inappliqué, subulé, anelogue aux squames extérieures ;‘les intérieures linéaires-subulées , analogues aux intermé- diaires , mais inappendiculées. Clinanthe convexe, inappendiculé. Ovaire oblong , hispidule, à gros bourrelet basilaire cartilasineux ; atgrelte lon- gue , de cinq squamellules unisériées, distancées , à peu pres égales , filiformes, inappendiculées. Corolles de la couronne à languette linéaire, tridentée au sommet, hérissée de longs poils capillaires sur la face extérieure. : C75) su Pentanema divaricata, H. Cass. Plante (de l'herbier de M. de Jussieu) hérissée, sur presque toutes ses parties, de poils longissimes , capillaires, articulés. Tige herbacée, grêle, cylindrique, divisée en branches diva- riquées. Feuilles alternes, sessiles, longues d'un pouce, ovales, obluses, très-entières, membraneuses , munies de poils épars sur les deux faces, plus nombreux sur les bords. Pédoncules opposés aux feuilles, solitaires, divereens , longs d’un pouce, filiformes, terminés chacun par une petite calathide de fleurs jaunes. . 105. Lasiopogon. Genre de la tribu des Inulées , ayant pour type le Gnaphalium muscoides , Desf. Calathide discoïde : disque pauciflore, régulariflore , androgyniflore; couronne plurisériée, multflore, tubuli- flore, féminiflore. Péricline supérieur aux fleurs, accompagné de quel- ques bractées foliiformes ; et formé de squames subunisériées, à peu près égales, appliquées, linéaires, subcoriaces, munies d'une bordure membraneuse, et d’un appendice inappliqué, subradiant, oblong , sca- rieux - roussâtre, Clinanthe plane, ivnappendiculé. Ovaires oblongs gla- bres; aigrettes caduques , de squamellules filiformes, barbées, à barbes Jongissimes, capillaires. Corolles de la couronne tubuleuses , grêles, comme tronquées au sommet. 106, Perotriche. Genre de la tribu des Inulées , voisin des Seriphium et S'æbe, dont il diffère par l’aigrette nulle. Calathide uniflore, régula- riflore , androgyniflore, Péricline presque égal à la fleur, cylindracé ; d'environ huit squames paucisériées. inégales , appliquées, oblongues, scarieuses, spinescentes au sommet. Clinanthe ponctiforme , inappendi- culé. Ovaire grêle, cylindracé , glabre, inaigretté. Anthères à longs appendices basilaires subulés, membraneux. Calathides nombreuses , immédiatement réunies en capitule, sur un calathiphore conoïdal et nu. Perotriche tortilis, H. Cass. ( Plante de l'herbier de M. de Jussieu. ) Tige ligneuse . rameuse, grêle, cylindrique, cotonneuse ; toute couverte jusqu'au sommet de feuilles rapprochées , alternes, sessiles, linéaires- subulées , très-entières, coriaces, uninervées, spinescenles au sommet, d'un vert-grisâtre, cotonneuses en dessus, glabriuscules en dessous, tordues en spirale, Capitules terminaux, solitaires, globuleux, entourés d'un assemblage de feuilles qui forment une sorte d'involucre. Fleurs jaunes. 107. Edmondix. Genre de Ja {ribu des Inulées, ayant poar type le Xeranthemum sesamoides, XL. ,et voisin de l'Anaxeron, Gærtn., dont il diffère par l’aigrette, etc. Calathide incouronnée ,équaliflore , multiflore, régulariflore , androgvyniflore. Péricline très-supérieur aux fleurs, radié; de squames imbriquées, appliquées , extrêmement petites, linéaires , coriaces , surmontées d'un grand appendice ovale -oblong, scarieux, 1818. (76 ) coloré, radiant ; les appendices de la rangée contiguë aux fleurs, très- petits, semi-avortés , ordinairement suborbiculaires et bilobés. Clinanthe plane, entièrement garni d'appendices anomaux, d'autant plus courts qu'ils sont plus près du centre, caducs, subulés, triquètres, épais, coriaces , roides, à angles membraneux, aliformes. Ovaires grêles, cylin- dracés ; aigretle longue, caduque, de squamellules unisériées , égales, filiformes, barbellées supérieurement , à barbelles larges, obtuses. Anthères à longs appendices basilaires membraneux. 108. Riencurtia. Genre de la tribu des Hélianthées, section des Mil- lériées, voisin du äzélleria. Calathide subeylindracée, demi-couronnée, discoïde : disque tri-quadriflore , réralatifote: masculiflore ; demi-cou- roune uniflore, tubuliflore, féminiflore. Péricline inférieur aux fleurs du disque, oblong ; de quatre squames égales, appliquées , ovales-oblon- gues, coriaces, uninervées, terminées au somimet par une petite corne calléuse ; ces quatre squames sont subbisériées à la base, deux opposées embrassant à la base les deux autres, qui sont aussi opposées et qui croisent les précédentes ; il y a souvent en outre une cinquième squame plus petite , située intérieurement. Clinanthe petit, inappendiculé. Ovaire de la fleur femelle, comprimé, obovale, glabre, inaigretté. Faux-ovaires des fleurs mâles, très-longs et filiformes. Corolle de la fleur femelle, tubuleuse, trilobée au sommet. Corolles des fleurs mâles s’épanouissant successivement , à tube court, à limbe long, à cinq lobes bordés de longues papilles sur leur face interne, et munis au sommet de longs filets membraneux. Riencurtia spiculifera, H.Cass. Plante ( de l'herbier de M. de Jussieu) herbacée , haute de plus d'un pied et demi sur l'échantillon Sa munie sur toutes ses parlies de poils roides, épars. Tige dressée , offrant sous chaque articulation un nœud épais et arrondi. Branches opposées, divariquées, formant une sorte de panicule à la partie supérieure de la plante. Feuilles opposées ,courlement pétiolées, longues de deux pouces, étroites, oblongues-lancéolées-aiguës, trinervées, munies de quelques pelites dents rares, très -distancées. Derniers rameaux simples, nus, longs, filiformes, droits, terminés chacun par environ cinq épis verli- cillés, à peu près égaux, courts, arqués ; chaque épi formé d'un axe filiforme denté, hispide, portant plusieurs calathides très -rapprochées , disposées alternativement sur deux rangs, sur le côté intérieur de l'axe, el accompagnées de bractées squamilormes imbriquées , alternes sur deux ranss, situées sur le côté extérieur du même axe; ces bractées ‘sont ovales-lancéolées, uninervées, bordées de quelques longs cils. 109. Prerophyton. Genre degla tribu des Hélianthées, section des Pro- totypes ; différant du ’erbesina dont la couronne est féminiflore, et du Coreopsis dont les ovaires sont obcomprimés; ayant pour type le Co- (172 reopsis alata, et comprenant les autres faux Coreopsis à tige ailée, tels que l’Alternifolia , ete. j ; Calathide radiée : disque multiflore , régulariflore , androgyniflore ; couronne unisériée, liguliflore , neutriflore. Péricline à peu près égal aux fleurs du disque, irrégulier ; de squames bi-trisériées , un peu inégales , sublancéolées , foliacées supérieurement. Clinanthe plane, garni de squa- melles à peu près égales aux fleurs, oblongues-lascéolées , subcoriaces. Ovaires du disque comprimés bilatéralement , oblongs , tétragones , à angles saillans, presque aliformes ; aigrette de deux squamellules oppo- sées ( antérieure et postérieure ), confondues par la base avec l'ovaire, égales, courtes, très-épaisses, triquètres, à peine barbellulées. Fleurs de la couronne pourvues d’un faux-ovaire, et dépourvues de style. 110. Nemauchenes. Genre de la tribu des Lactucées, voisin du Zacin- ha, dont il diffère principalement par les cypsèles collifères. Calathide “incouronnée, radialiforme , multiflore, fissiflore , androgyniflore. Péri- cline inférieur aux fleurs extérieures, ovoide, accompagné à sa base de quelques petites squames surnuméraires ; et formé de squames uni- sériées, égales, embrassantes, sublancéolées, membraneuses sur les bords latéraux, à partie supérieure foliacée, à partie inférieure gibbeuse, épaisse, osseuse, hérissée etc didnces coniques, spinescentes. Clinan- the plane, muni de courtes fimbrilles piliformes. Cypsèles intérieures oblongues, à côtes hérissées d’aspérités, et à long col fiiforme, portant une aigrelte de squamellules nombreuses , très-inégales, caduques, fili- formes, barbellulées. Cypseles extérieures , embrassées par les squames du péricline, comprimées bilatéralement , oblongues, munies sur l’arête antérieure d’une aile qui se prolonge au dessus de l’aréole apicilaire en une corne spinescente ; point de col; une aigrette. Nernauchenes ambigua , H. Cass.( Crepis pungens? aspera ? rhaga- dioloides ? ) Plante ( de l'herbier de M. Desfontaines ) annuelle; à tige droite, divisée en quelques longues branches, et munie de gros poils rares ; à feuilles alternes , sessiles, amplexicaules, ovales, dentées, à calathides terminales et latérales, composées de fleurs jaunes. Nota. Dans le deuxième fascicule ( Bulletin de janvier 1817 }, ajoutez à l'article Gymnanthemum , que ce genre a pour type le Baccharis sene- galensis, Pers. ; et à l'article Cælestina , que la plante qui sert de type à cegenre est sans doute l’Ægeratum corymbosum, Pers. Dans le troisiéme fascicule ( Bulletin de février 1817 ), ajoutez à l'article Monarrhenus, que ce genre a pour type le Conyza salicifolia, Pers. ; et à l’article Eriotrix, que ce genre a pour type le Baccharis lycopodioides , Pers. Dans le cinquième fascicule ( Bulletin de septembre 1817), ajoutez à l'article Diplopappus, que ce genre comprend l'Inula gossypina, Micb., lAster annuus, L., et plusieurs autres espèces. RAA AA A AS SA Éntéeiumtnmiinth] a , 1810. Zoozocrte. Société Philomat, Juin 1817. (78) Mémoire sur la classe des Sétipodes, partie des Vers à san rouge de M. Cuvier, et des Annélides de M. de Lamark ; par M. H. DE BLAINVILLE. M. DE BLAINVILLE, dans ce Mémoire, après avoir donné une: histoire critique de tout ce qui a été fait sur ce groupe d'animaux que Pallas avait parfaitement indiqué dans son Mémoire sur les Aphrodites, mais qui n'a été bien circonscrit que par MM. Cuvier et de Lamarck, entre dans des détails circonstanciés sur Forganisation interne et externe de ces animaux, fort remarquables dans sa manière de voir, parce qu’on y trouve l’origine des appendices de locomotion, de mastication et même de respiration, tels qu'ils sont, avec quelques modifications, dans tous les entomozoaires, ou animaux articulés, 11 regarde, par exemple, les trachées des insectes aériens comme pro- venant, pour ainsi dire, des branchies des néreides rentrées et subdi- visées dans le corps de l'animal; il voit l'origine des mâchoires d'abord cornées, puis presque entièrement calcaires dans une modification plus ou moins considérable des faisceaux de fibres cornéo-calcaires, faisant partie de l’appendice complexe de chaque anneau de ces mêmes néreides; et enfin les tentacules plus ou moins développés, plus ou moins nom- breux qui se trouvent sur le premier ou sur le second anneau, ne sont pour lui qu'une modification du filet Lentaculaire de l’appendice com- plexe, ce qui formera par suile les antennes, C'est d'apres ces recher- ches préliminaires, qu'il traite ensuite de leur classification où de leur disposition méthodique. 11 rappelle d'abord quelles out été celles pro- posées par ses prédécesseurs, les noms classiques sous lesquels ils ont été désignés, et qu'il propose de remplacer par celui de Sésipodes, ou mieux de Chétopodes, Uré de ce que tous les animaux qu'il y range oût pour caractère commun d’avoir un plus où moins grand nombre de leurs articulations pourvues d'un faisceau plus où moins considérable de soies roides, dorées, cornéo-calcaires, Les subdivisions primaires qu'il propose dans cetie classe, sont basées sur la forme générale du corps où sur la similitude ou la dissemblance des articulations qui le composent quant aux appendices dont elles sont pourvues; ainsi il y établit trois ordres, qu'ilnomme, le premier, Hétéromériens, le second, Subhomomériens, et le troisième, /omomériens. Onrv. I. HÉTÉROMÉRIENS, Heteromerata. Dont les anneaux sont dissemblables, soit par eux-mêmes, soit par la forme ou la nature des appendices dont ils sont pourvus. Tous vivent dans des tubes fixes, dont ils ne sortent jamais, et ont les branchies sur les premiers anneaux du corps. Il contient trois familles : la première, qui comprend les anis (79°) maux les plus parfaits, est celle des Serpules de Linné, dort la forme du corps rappelle assez bien celle de certaines larves d’hexapodes; leur organisation est en effet plus compliquée que dans les groupes suivans. Les caractères sont : Corps assez court où médiocrement allongé, composé d'articulations nombreuses, dissemblables; les antérieures formant une sorte de thorax, les postérieures une espèce d’abdomen. Appendices composés de soies seulement, er disposées en crochet ; brauchies sur le premier anneau ; la bouche simple et non armée; ten- tacules de forme singulière et variable ; contenu dans un tube conique, plein, calcaire, libre ou adhérent par l’une de ses faces, droit ou enroulé d'une manière plus ou moins régulière, et percé à ses deux extrémités. Les genres de cel ordre sont : 10. SERPULE (Liun.). Corps assez court; les branchies en forme de lanières nombreuses, unipectinées , disposées de chaque côté en une espèce d'éveniail. Tentacules supérieurs au nombre de deux, dont l’un avorte, pour ainsi dire, tandis que l'autre est dilaté, probosciforme, et sert d'opereule à un tube appliqué, adhérent aux corps soumarins, et preuant une forme rampante irrégulière. 2°, SprRORBE ( Daulin). Spirillum. Ocken. Animal lout-à-fait sem- blable a celui des serpules, mais contenu dans un tube euroulé en spirale d’une manière assez régulière. 39, SpiROBRANCHE (Bv.). Corps médiocrement allongé; branchies formées par un axe autour duquel s’enroule en spirale la bandelette branchiale; les tentacules formés, ou mieux très-probablement recou- verts par une pelite coquille servant d’opercule; têt fort mince, cal- caire, entièrement caché. Ce genre est élabli avec le S. gigantea de Linné. 4e CoxcHoserPuLE (Bv.). Corps tout-à-fait semblable à celui des serpules; branchies formées par deux peignes très-courts; un des ten- tacules formant une masse operculaire très-épaisse, couverte par une petite coquille en {orme de bonnet, l'autre avorté. Ce genre comprend le $, triquerra de Linné, qu’on trouve en abon- dance dans nos mers. 5o, Buxone (Guettard). C/ymèêne. Ocken. Corps fort allongé, com- posé d’anueaux augmentant peu à peu de l'anus à la tête, avec des appendises simples; tête ou renflement céphalique, conique, entouré d'une couronne de branchies filiiormes, portant sur un collet mince; tube conique fortement tortiilé, coupé extérieurement de lames, reste de l’évasement de son ouverture. Ce genre, qui comprend le S. contortuplicata et ‘filograna de Liunœus, pourrait bien être de l’ordre suivant : 1810. (80 ) Go. DENTALE (Linn.). Corps conique, un peu courbé, terminé pos- térieurement par un appendice pyriforme, et antérieurement par un renflement céphalique en forme de bouton pyramidal , enveloppé d'une sorle de capuchon, et entouré à sa base d’une frange probablement branchiale. Tube calcaire, conique, droit ou presque droit, et non adhérent. 70. SILIQUAIRE. Animal fout-à-fait inconnu, contenu dans un tube irrégulièrement contourné, épais, à peu près cylindrique, à ouverture ronde, avec une fente marginale qui se conserve dans toute la longueur du tube, et d'autant moins qu'on s’approche davantage de son sommet. S. Anguina de Linné. 11 faut encore ranger dans cette famille les genres ARTOLON de M. Denys de Monfort, CAmpuLorTE de Guettard, et OcrE&ALE d'Ocken, formé avec le Sabella rectangulum de Gmelin. Fam. II. Les AmpairriTes. Corps quelquefois assez allongé, très- déprimé, enveloppé d’une peau irisée tapissant le tube; composé d’un grand nombre d'articulalions serrées, peu longues, pourvues d'appen- dices fort petits, composés le plus souvent de soies seulement, et, en outre, d'espèce de boutonnières ou stigmates étroits ou latéraux. Quel- ques-uns des anneaux antérieurs différant sensiblement des postérieurs, soit par la grandeur ou la forme de leurs appendices ; le premier, toujours le plus grand, porte souvent les branchies ou quelques or- ganes tentaculaires; la bouche n'est jamais armée. Le tube, constam- ment vertical, non adhérent, est formé de grains de sable ou de corps étrangers agelutinés par un suc visqueux. ‘ Si l’on suivait la forme du corps, les cistènes devraient être placés les premiers; mais, d’après la disposition des branchies, M. de Blain- ville les range dans l’ordre suivant : 10, AMPHITRITE, Ou Ventilabrum. Corps quelquefois assez allongé, composé d’un grand nombre d’articulations presque semblables, dé- croissant insensiblement de la première à la dernière, et ayant chacune un pelit pinceau de soies et une sorte de stigmate ; les branchies formées par un grand nombre de lanières semi-pinnées disposées en forme d’éventail au-dessus de la bouche, qui est accompagnée de barbillons ; deux tentacules coniques plus où moins longs à la partie supérieure de chaque éventail branchial. Tube plus ou moins caché, vertical, cy- lindrique , composé de grains de sable très-fins, ou seulement de vase. 20, SPIROGRAPHE (Viviani.). Corps en tout semblable à celui du geure précédent ; mais les branchies, situées de même, sont formées par des lanières nombreuses, portées par une bandelette coutournée çn spirale; la bouche tout-à-fait sans tentacules. Le tube est de boue ou à peine calcaire, (81) 50, TereBELLE. Corps fort lone, cylindrique, à articulations presque semblables ; les antérieures étant les seules avec les espèces de stismates du genre précédent; les appendices courts et crochus; une sorte de bande rentlée sous l'abdomen ; branchies au nombre de {rois où quatre paires, chevelues, sur les premiers anneaux ; bouche pourvue de longs cirrhes nombreux. Tube vertical presque cylindrique, plus où moins caché, et composé de gros grains de sable ou de fragmens de coquilles agglutinées. 49. Paeruse. (Ocken.) Corps fort long, à articulations snbsem- blables, décroissantes de la première à la dernière, pourvues d'appen- dices simples et peut-être de sligmates. Branchies? Deux faisceaux de longues soies dorées sur le premier anneau; bouche entourée de ten- tacules fort courts et supérieurement pourvue de deux autres tentacules beaucoup plus longs. Tube d'argile. Ce genre, que M. de Blainville avait désigné sous le nom de Pen- naria avant de connaitre l'ouvrage de M. Ocken, ne renferme que l’Amphitrite plumosa de Muller; elle fait le passage aux deux genres suivans. 5o, Cisrène. (Leach.) Æmphirrite. (Ocken.) Corps court, divisé en thorax et en abdomen ; branchies latérales, pinnatifides ou arbusculaires aux premiers anneaux; des espèces de peignes cornés au-dessus de la bouche, qui est entourée de cirrhes nombreux. Tube composé de grains de sable agglutinés. Ce genre, qui devrait peut-être être placé à la tête de cette famille, est établi sur l'Amphitrite belgique de Pallas. Go. SaBeLre, Chrysodon. (Ocken.) Corps court, divisé en thorax et en abdomen; branchies en forme de petits filets très-fins, sur deux ranss, remplissant un espace ovalaire situé à la partie supérieure des premiers anneaux; point de tenlacules proprement dits; bouche entourée d'un grand nombre de soies courtes, disposées sur trois rangs, et for- mant une sorte d’opercule. Tube composé de grains de sable agglutinés, adhérens les uns aux autres, et fermé par cet opercule. SU : Sabella alseolata de Gmelin, et le genre Psamatotus de uettard, ORrp. II. LEs SuBHoMoMERtENS, Subhomomerii. Cet ordre ne contient qu’un seul genre, celui des Ærénicoles, qui est, pour ainsi dire, intermédiaire au premier et au troisième. G. ARENICOLE. (lamarck.) Corps alonsé, cylindrique, formé de deux parties assez bien distinctes, la postérieure plus courte, obtuse, l'antérieure plus longue, plus grosse, appointie antérieurement, et dort Îles articulations nombreuses se renflent de 4 en 4; celles-ci pour- vues de chaqué côté d’un double rang d'appendices simplement cornés Livraison de juin. 11 (82) antérieurement, et en outre branchiaux postérieurement; bouche tout- à-fait terminale, reversible, et garnie intérieurement de petits ma- melons. Ce sont des animaux fixes, qui vivent dans des trous. Oro. III. Les HomoméRiexs, Homomerii. Le corps ordinairement alongé, composé d’anneaux semblables, toujours nu ou non contenu dans un tube, ou du moins pouvant en sortir et ramper. Fam.I. Les APHRODITOIDES, Aphroditoidæ. Le corps peu alongé, ovale, déprimé ; chaque anneau pourvu d’une écaille de chaque côté. APHRODITE. Corps ovalaire, convexe en dessus, plane en dessous, et pourvu d’une espèce de pied, composé d’anneaux à peu près sem- blables, pourvus chacun d’une paire d’appendices complexes et d’une écaille qui la recouvre en dessus, le tout caché par une sorte de bourre de soie, ouverte seulement à la base de chaque appendice. Le type de ce genre est 4. aculeata, très-commun dans nos mers. Lepipowore, Lepidonotus. (Leach.) Corps ovalaire, quelquefois alonsé, convexe en dessus, plane en dessous, formé d’anneaux pres- que semblables, ayant chacun une paire d’appendices complexes, re- couverte à leur base par une écaille plus ou moins développée, et visible. Dans ce genre entrent toutes les espèces d’Aphrodites, excepté l'Aculeata. Famille. Les NErrIDEs. Nereide. Corps fort alongé, un peu déprimé, composé d’un très-grand nom- bre d’anneaux presque égaux, décroissant un peu en arrière; le premier sensiblement plus grand, pourvu en dessus d’un nombre de tentacules assez variables, mais le plus ordinairement au nombre de cinq; les appendices variables et semblables pour chaque anneau; la bouche tout-à-fait antérieure, et quelquefois étendue inférieurement dans'les trois premiers anneaux, et pourvue plus ou moins profondé- ment de crochets ou de véritables mâchoires ; anus terminal, appen- dices tentaculaires du dernier anneau ordinairement fort longs. AMPHINOME (Brug.). Corps plus ou moins alongé, déprimé, com- posé d’articulations presque semblables, pourvu de chaque côté de deux rangées de tubercules sétifères et cirrhigères, et de branchies en forme d’arbuscule ; la bouche simple et sans tentacules ; l'anus ter- minal, et accompagné de deux espéees de tentacules longitudinaux. Ce sont les espèces décrites par Pallas, et ensuite par Bruguicre, BRANCHIONEREIDE, Branchionereis (Bv.). Corps alongé, à articu- lations assez grandes, ayant à la partie supérieure d’un grand nombre de leurs appendices des branchies bien visibles ; anneau antérieur (83 ) ourvu de tentacules où de cirrhes fort longs, au nombre de 5—8; ‘orifice antérieur du canal intestinal armé de mächoires simples, cornées et quelquefois doubles. M. de Blainville met dans ce genre les Nereida norwegica, pin- nata, bifrons, céliata, radiata , aphroditois. MEGANEREIDE , Meganereis (Bv.). Corps fort alongé, déprimé, très-large, composé d'un très-grand nombre d’articulations très-peu longues, à appendices petits, dont la plupart ont une branchie fort distincte, pinnée ou non; cinq longs tentacules et des points noirs sur Je premier anneau; des mâchoires complexes, calcaires, dont la paire postérieure réunie forme une lèvre inférieure. 1 Dans ce petit genre, qui comprend les très-grandes Nereides, M. de Blainville ne connait encore que deux espèces, l’une qu'il pins hi Gigas, et l’autre N. Leachi, qu'il doit à l'amitié de M. le © Leach. LEPIDONEREIDE , Lepidonereis (Bv.). Corps formé d’un grand nombre d'articulations à peu près cylindriques, à appendices semblables, pour- vus à leur racine supérieure d’une écaille, terminé antérieurement par une sorte de trompe ovale, rétractile, armée de crochets cornés; cinq tentacules et des points noirs sur le premier anneau. M. de Blainville range dans ce genre les N. scellifera, l’anulligera, maculata, flava, viridis, cœea, clava,etc. ACERONEREIDE, ÆAceronereis ( Blainv.). Corps de même forme, à anneaux nombreux, médiocres, à appendices semblables et comme formés d’une double écaille, terminé antérieurement par une tête ovale ou trompe exerte, pourvue à son orifice d’une couronne de très-pelites cornes charnues et d’un double crochet à l'intérieur; point de ten- tacules ni de points noirs. Ce genre est établi sur une belle espèce de Nereide, que M. de Blainville doit encore à M. le D Leach. CIRRONEREIDE, Cirronereis (Blainv.). Corps peu alongé, composé d’un assez petit nombre d’articulations longues et presque égales, pour- vues d’appendices dont les cirrhes sont fort longs, tout-a-fait semblables aux tentacules du premier anneau, qui sont accompagnés de points noirs; point de mâchoires. Les N, prolifera, cirrigera, mucronata, appartiennent à ce sous- genre. PoDonEREIDE, Podenereis (Blainv.). Corps également assez peu alongé, composé d’anneaux semblables; les appendices supportés par de très-longs pédoncules ; le premier anneau est pourvu de longs ten- tacules et de points noirs; la bouche parait ne pas être armée. Il contient les N. punctafa et corniculata. ( 84 NEREIDE, MVereis. Corps alongé, cylindrique, composé d'un assez grand nombre d’articulations presque égales ; les appendices formés de deux parties ou tubercules, sans branchies proprement dites, ni écailles, ni longs pédoncules, ni cirrhes remarquables; le premier anneau plus large, pourvu de tentacules fort longs et de points noirs; la bouché avec une trompe et armée de dents. 1°. Espèce avec des dents, N. versicolor, noctiluca, incisa, pusilla, pelagica, annularis, fimbriata. 2°. Espèce avec une trompe, N. cœrulea, longa, prismatica, crassa, ebranchiata. SPIONEREIDE, Spronereis. Spio. Gmel. Espèces qui vivent dans une espèce de tube ou fourreau gélatineux, et dont la tête est pourvue de tres-longs tentacules. Espèce. $. seticornis et mul/icornis. Dans cette même famille doit sans doute être placé le genre Polydore de M. Bosc, fort remarquable en ce que la bouche terminale n’est pas armée , et que le premier anneau, plus gros que les autres, n’est pourvu que d'une seule paire de tentacules fort gros et aussi longs que le corps; que les appendices sont composés d’un faisceau de soïes en dessus; et d'un pédoncule rétractile et de branchies en dessous, et surtout parce que les derniers anneaux n’ont pas d’appendices, et forment une queue terminée par une sorte de ventouse; mais il est assez difhcile de déter- miner sa place. Fam. LomBricoipes, Lombricoidæe. Corps alongé, cylindrique, appointi aux deux extrémités, l'anneau antérieur étant par conséquent fort petit, et n’offrant aucune forme de tête ni de tentacule; bouche constamment non armée. SquamoLomBric. Les lombrics à écailles. (Blainv.) Corps alongé, cylindrique, composé d'un grand nombre d'anneaux bien distincts, pourvus chacun d’appendices composés d'une écaille pellucide, recou- vrant un fascicule flabelliforme de soies dorées et d’un cirrhe. Ce genre, qui comprend des TL. squammosus, armiger et fragilis ? est évidemment fort rapproché de certaines espèces de Nereides, dont il ne diffère essentiellement que par l'absence des tentacules. CirrozomgBric. (Blainv.) Corps alongé, cylindrique, obtus aux deux extrémités, formé d’un grand nombre d’anneaux bien distincts, semblables, pourvus d’appendices composés de trois cirrhes fort longs de chaque côté. Le L. cirrhatus est le type de ce petit genre. TusiLompric. (Blainv.) Corps dont les articulations semblables, fort grandes, peu nombreuses, étranglées dans le milieu, portent de chaque côté au point de larticulation une soie simple et très-courte, (85) et qui est contenu dans un tube flexible ouvert aux deux extrémités. Les L. sabellaris, tubicola et lumbricalis appartiennent à ce genre. LomBric, Lumbricus. Corps alongé, cylindrique, appointi aux deux extrémités, à articulations très-nombreuses , semblables, pourvues d'appendices composés de très-pelites soies seulement , sans aucune trace de cirrhes n1 de tenfacules. Les espèces qui restent dans ce genre ainsi circonscrit , sont les L. Zerrestris, variegatus , vermicularis, ciliatus, lineatus, tubifer. 2 2 2 2 Nuïs. Corps alongé, un peu déprimé, formé d’articulalions peu P SE b P ) visibles autrement que par les appendices, qui sont toujours composés de soies seulement, ordinairement assez alongés et sans aucune trace Û 5 de cirrhes ni de tentacules ; la bouche terminale , quelquefois pro- ? 2 bosciforme. C’est un genre évidemment mal connu, et qu'il paraît assez difficile de distinguer de celui des Lombrics proprement dits, à moins que par le peu de distinction des anneaux. Il comprend un assez grand nombre d'espèces. AAA Examen chimique de la Cochenille et de sa matière colorante ; par MM. PELLETIER et CAVENTOU. (Extrait.) L'espèce de cochenille que les auteurs ont soumise à leurs re- cherches analytiques, est celle connue sous le nom de Cochenille mestèque (Coccus cacti); ils la traitent successivement par différens agens chimiques. L’éther procure une matière grasse , jaune, demi- solide, acide et odorante. Cette matière grasse est d'autant moins co- lorée en jaune rougeâtre, que l’éther dont on s’est servi est d’une pesanteur spécifique moins grande. Sa composition est soumise à la même loi que celle des graisses des mammifères; elle est formée de stéarine, d’élaine, d’un acide volatil susceptible de former un hydrate avec l’eau, et dont l’odeur étendue est celle que répandent les décoc- tions de cochenille; enfin, c’est à la présence d’un peu de principe colorant ronge, qu’est due la couleur jaune qu’a toujours cette graisse avant d’avoir été purifiée. L'alcool que l’on fait agir immédiatement après l’éther sur la coche- nille, donne une teinture colorée en rouge, et qui, filtrée bouillante, se trouble par le refroidissement, et laisse déposer des cristaux rouges, solubles dans l'eau. Ils sont composés de matière grasse qui a échappé à l’action de l’éther , de principe colorant rouge, et d'uu peu de matière animale. Soumis à l’action de l’éther, ce fluide en extrait le prétendu principe colorant jaune de la cochenille, et qui est une combinaison de matière grasse et de principe colorant rouge, Csimir, (86) Le principe colorant rouge ne se dissout dans l’éther que lorsqu'il est accompagné d’une certaine quantité de matière grasse, tandis que l'alcool dissout ce principe dans l’un et l’autre cas, C’est sur ces pro- riétés qu'est basé le moyen d'obtenir le principe colorant ronge à Fétat de pureté. On y parvient en faisant dissoudre dans l'alcoo! les cristaux rouges purifiés de toute matière animale, et en précipitant cette teinture par un volume égal d’éther, Le mélange se trouble, et laisse déposer le principe colorant rouge à l’état de pureté; la liqueur surnageante relient toute la maiicre grasse et un peu de principe co- lorant rouge. Du principe colorant rouge. Il est d'un rouge pourpre éclatant, adhère avec force aux vases dans lesquels on le précipite; il a un aspect grenu et cristallin; il n'éprouve aucune altération de la part de l’air atmosphérique; il fond à 50° +, et se décompose à une température plus élevée, comme toutes les matières végétales très-hydrogénées. L'eau le dissout en toute proportion, et quelque concentrée que soit la dissolution, elle ne donne jamais de cristaux. L'alcool le dis- sout aussi, et avec d'autant moins de facilité, qu’il est plus déflegmé. L’éther est sans action sur lui; tous les acides faibles le dissolvent, mais aucun ne le précipite; ils en avivent beaucoup la couleur, qui de rouge passe à l’écarlate, à l’orangé et puis au jaune. Dans ce cas la couleur rouge n’est point altérée, et on peut la faire reparaitre par l'addition d’un alcali. Le chlore détruit la couleur rouge avec énergie; l’iode donne le même résultat, mais plus lentement. Les alcalis agissent en sens inverse des acides, ils font passer la couleur rouge au cramoisi ; et si l'action de l'alcali est continuée long-temps, la couleur revient au rouge carminé, puis au rouge pâle, puis enfin au jaune ; mais alors la substance a éprouvé une modifica- tion particuliere, et elle ne présente plus les mêmes propriétés avec les réactifs. L’alumine en gelée sépare totalement le principe colorant rouge de ses dissolutions aqueuses, et forme une laque d’un rouge vif à la tem- pérature ordinaire; mais celte laque passe au violet lorsqu'on l’expose a une température plus élevée; on produit le même effet en versant dans la liqueur quelques gouttes d’un acide quelconque. Lorsque l'on fait agir au contraire l’alumine dans une dissolution aqueuse de principe colorant rouge, rendue violette par un alcali, la laque qui se forme est d'un rouge vif, malgré l'influence de l’'alcali, et, ce qui est remarquable, elle ne change jamais de couleur lorsqu'on La chauffe au milieu du bain. Tous les sels font éprouver des changemens à la couleur de la matière (587 y colorante rouge; aucun ne la précipite, si l’on en excepte les sels. de plomb; ainsi que les protochlorures de mercure, nitrate de mercure et de bismuth, mais ces derniers sels précipitent eux-mêmes en partie par l’eau. ‘ Après un grand nombre d'expériences, les auteurs sont amenés à tirer les conclusions suivantes : 1°. que les métaux susceptibles de plusieurs degrés d’oxigénation agissent comme les acides lorsqu'ils sont au maximum d’oxigénation, et comme alcalis, lorsqu'ils n’ont pas atteint le plus haut degré d’oxigénation auquel ils peuvent parvenir; 29. que cette influence alcaline peut s'exercer au milieu d’une liqueur acide , lorsque ces oxides sont susceptibles de former avec le principe colorant une combinaison insoluble, tandis qu’elle est totalement dé- truite par l'excès d'acide, lorsque loxide ne produit, comme la soude et la potasse, que des combinaisons solubles. _ Parmi les substances végétales, on a remarqué que les éthers, les huiles fixes et volatiles, étaient sans action sur la matière colorante, et que la morphine se comportait absolument à son égard de la même manière que les alcalis. Les matières végétales connues sous le nom de tanin, de substances astringentes, etc., ne forment aucun précipité dans la solution du principe colorant. Tous ces résultats sont suffisans pour caractériser la nouvelle ma- tière colorante, et lui donner un nom particulier. MM. Pelletier et Caventou l'ont appelée Carmine , parce qu’elle fait la base du carmin. La cochenille, épuisée de toute matière soluble par l’éther et l’alcool, laisse une espèce de charpente gélatineuse, translucide, blanchätre ou brunäâtre, qui fait en quelque sorte la chair de la cochenille. C’est une substance très-azotée, qui jouit de propriétés tout-à-fait particu- lières; elle se décompose au feu, comme toutes les matières animales, se dissout dans l'eau bouillante avec difficulté; et cette dissolution, traitée par les réactifs, présente des phénomènes qu’on n’observe avec aucune autre substance animale connue : mêlée avec partie égale d’al- cool, elle ne donne de précipité qu’au bout de quelques heures; elle est précipitée en flocons blanchâtres par tous les acides et le chlore, mais l’iode ne lui fait éprouver aucun changement. Tous les sels acides la précipitent et sont ramenés à l’état neutre, et une grande quantité de sels neutres forment avec elle des combinaisons insolubles : tels sont l’alun, les sels de cuivre, de fer, d’étain, de mercure, de plomb, etc. Le nitrate d'argent jouit de la même propriété, et comme il ne pré- cipite pas la carmine, il doit être regardé comme un bon réactif pour reconnaitre la pureté de celle-ci. La noix de galle précipite la matière animale, mais l'effet n'a lieu qu'au bout de quelques heures. Les alcalis facilitent la dissolution dans l’eau de la matière animalo ; ils n’en altèrent pas la nature. | 181868. ( 88 ) Toutes ces propriétés caractérisent la matière animale de la coche pille, Les auteurs se proposent de la rechercher dans d’autres insectes, et de revenir sur cette substance singulière. En résumant tous les faits précédens et ceux qui sont le résultat de l'examen des cendres de la cochenille, on voit que cet insecte se compose : 10. [Je carmine; 2°. D'une matière animale particulière; stéarine, 3°. D'une matière grasse composée de 4 élame, acide odorant ; 4°. Des sels suivans : phosphate de chaux, carbonate de chaux, bydrochlorate de potasse, phosphate de potasse, polasse unie à un acide orgauique, Après avoir considéré la cocheni!le sous le point de vue analytique, les auteurs font des re-herches propres à jeter du jour dans la teinture en cochenille et dans la préparation du carmin; ils examineut succes- sivement la décoction de cochenille et les diflérens carmins du com- merve, ils en préparent par des procédés nouveaux, et établissent la juste idée que l’on doit se faire de la vérilable naiure de ces couleurs si recherchées. La décoction de cochenille étant composée principalement de car- mine, de maiière animale et de matière grasse, il en résulte qu’elle doit résenter avec les réactifs des phénomènes relatils à la nature de ces trois substances, et particulièrement des deux premières. On peut expliquer maintenant pourquoi lesacides donnent des précipités colorés daus la décoction de cochenille, pourquoi la plus grande partie des sels présentent le même résultat et d’une manière plus ou moins marquée. Cela tient à la matière animale, qui, en formant une combi- paison insoluble avec les réactifs employés, entraine toujours une uantité de carmine, dont la couleur est modifiée d'après la nature du réactif. Ainsi elle est rouge avec les acides; violette avec les sels de plomb, de cnivre, d'élain au minimum, de zinc ; branâtre avec le sullate de fer; rouze avec les sels d’étain au maximum, elc, Le carmin est une combinaison triple de matitre animale , de carmine et d’un acide. On peut en préparer en faisant une décoction de coche- nille dans laquelle on a ajouté un peu de sous-carbonale de soude, afin de faciliter la dissolution d’une plus grande quantité de malière animale; par l'addilion d’un acide en excès, on oblient un précipité floconneux d’un beau roue, mais dont la couleur devient très-foncée par la dessiccation. Ces carmins étendus sont très-beaux. Tous les carmins du commerce sont des mélanges de véritable carmin et de laque carminée; ils sout en outre sophistiqués par une quantité de ( 89 ) | vermillon qui fait les 0,15 de leur poids. La laque carminée est une combinaison de carmine et d'alumine, et la matière animale qu’elle aurait pu retenir est étrangère à sa composition. La parfaite connaissance de la propriété de la carmine et de 11 matière animale, devait nécessairement donner une explication satisfaisante de ce qui a lieu dans la teinture en cochenille ; c’est ce que les auteurs ont fait en terminant leur Mémoire. On emploie, pour teindre en écarlate, le surtartrate de potasse et le prochlorure d’étain ; ces deux sels agissent par leur excès d'acide qui avive la carmine et précipite la matière animale ; l’oxide d’étain forme une combinaison triple avec la carmine, et la matière animale qui se précipite et se fixe sur la laine. Dans la teinture en cramoisi, on emploie l’alun, quien effet fait passer au cramoisi la couleur du bain , et la dissolution d’étain n'y est employée qu’en moins grande quantité, parce qu’elle s'oppose à l’action de l’alun. ES 1 Second Mémoire de M. Epwaros, Docteur en médecine, sur l’Asphyzxie. M. Enwanps a lu à l’Académie des sciences, dans la séance du 1 juin, un second Mémoire sur l’Asphyxie, dans lequel il a examiné l'influence de la température sur la submersion des batraciens dans l'eau. On se rappelle que M. Edwards n'éludie les phénomènes de l'asphyxie dans toutes les classes des animaux vertébrés, que pour arriver à connaitre plus complétement l’asphyxie de l’homme. Des expériences très-nombreuses l'ont conduit à déterminer deux influences bien marquées de la température à cet égard. 1°. Celle de l'eau dans laquelle les animaux sont plongés pendant l'expérience ; 29, Celle de l’afr pendant un certain nombre de joursavant l'expérience, Relativement à la température de l’eau, il a constaté que les limites des diverses durées de la vie des batraciens plongés sous de l'eau à des températures différentes, correspondent à zéro et à 42 degrés cen- tigrades. La plus longue durée de leur existence y a lieu près de zéro, tandis qu'ils ÿ meurent presque subitement à 42°, qui est à eu près la température des animaux à sang chaud. Entre ces limites A durée de leur vie va en diminuant avec l'élévation de température. M. Edwards a constaté qu'un pelit nombre de degrés, même à des températures moyennes, produisent de grandes différences dans la durée de la vie de ces animaux plongés dans l’eau. IL a remarqué qu'ils ne s’engourdissent pas dans de l’eau à zéro, fs." y.jouissent de l’usage de leurs sens et des mouvemens vo- ontaires ; seulement ils y sont moins ailes, et leur mobilité aug- mente avec l'élévation de température. | Livraison de juin. 12 1018. MÉDECINE. PuysiQuEe. cad. des Sciences, 15 juin 1816. C90 ) M. Edwards, en examinant l'influence des saisons sur la durée de Ja vie des batraciens plongés sous l’eau, a déterminé que lorsque la. température de l’eau où ils sont plongés est la même, ainsi que toutes les autres conditions, excepté la saison, ils vivent cependant plus long-temps sous l’eau lorsque la température de l'air avant l'expérience a élé plus basse. * En général la durée de l’existence de ces animaux, plongés sous l’eau, dépend du rapport des deux conditions énoncées plus haut; ainsi lorsque ces deux conditions agissent dans le même sens, la durée de la vie des batraciens, plongés dans des quantités déterminées d'eau aérée, est d’autant plus grande que la température de Feau pendant lPex- périence et celle de l'air un certain temps auparavant approchent da- vantage de zéro. Mais l'influence de la saison ne s'étend pas à tous les degrés de chaleur de l’eau dans l’échelle qui se trouve entre les limites de zéro et de 42° centigrades. A ce dernier terme, et même à des températures encore plus inférieures, la saison froide antérieure me prolonge pas la vie des batraciens ; ils meurent donc aussi subitement en été qu'en hiver, lorsqu'on les plonge dans l’eau à 42°. M. Edwards examinera, dans un troisième Mémoire qu'il doit lire dans peu, l'influence de l'air contenu dans l’eau. F°M: . ARR SRI ARS AA AS Note sur un perfectionnement du Colorigrade ; par M. B10T. J’ar décrit dans mon Traité de Physique un instrument que j'ai appelé Colorigrade comparable, et qui est, pour les couleurs, ce que le thermomètre est pour les températures. Si l’on adopte les idées de Newton sur la lumière, les teintes successives produites par cet instru- ment doivent offrir toutes les couleurs que peuvent réfléchir les corps naturels; mais, quelque opinion que l'on conserve àälleet égard, il est du moins incontestable que l'instrument produit une série de teintes nombreuses, identiques avec celles des divers anneaux colorés, réfléchis et transmis, que l’on obtient entre deux objectifs posés l’un sur l’autre, ou sur les bulles d'eau savonneuse. 11 n’est pas moins évident, par sa construction autant que par l'observalion même, qu'il les produit toujours et partout, exactement les mêmes, avec la plus minutieuse régularité, ce qui suffit pour lui mériter le nom de comparable. Enfin le nombre des nuances est si considérable, qu’il s’en trouvera toujours quelqu’une pour représenter d’une manière sinon rigoureuse, au moins irès-approchée, la couleur propre d’un corps quelconque que l'on voudra comparer aux nuances données par l'instrument, - Dans la disposition que j'avais indiquée, toutes ces variétés de teintes étaient produites par le seul changement d'inclinaison de deux lames de mica d'égale grandeur, et d'épaisseur égale, collées l’une sur l’autre avec de l’huile de térébentine, et disposées de manière que les axes Cor ) situés dans leur plan fussent croisés à angles droits. Ce croisement détruit dans l’action du système l'effet des axes plans, du moins sous l'incidence perpendiculaire ; et lorsqu'on incline les lames, l'action de l'axe normal se montrant presque seule, produit {toute la série des anneaux, en commencant par le noir qui répond”à la tache centrale, Cette disposition, d’ailleurs satisfaisante quant aux résullats, était assez délicate à bien exécuter. Ces deux lames, quoique laillées dans la même feuille, n'avaient pas toujours l'égalité d'épaisseur nécessaire pour la netteté des phénomènes; il y avait aussi beaucoup de soin à prendre pour croiser les axes plans exactement à angles droits : toute négligence dans ces conditions essentielles diminuait la beaulé et la nettelé des teintes successives. Le désir de rendre cel instrument aussi parfait qu'il peut l'être, m'a engagé à chercher dans la théorie quelque autre disposition plus simple qui produisit les mêmes successions de couleurs, et j'y suis parvenu de la manière que je vais expliquer. Je n’emploie plus deux lames de mica collées lune à l'autre, et dont les axes plans soient croisés rectangulairement; J'en emploie une seule, que j'extrais d’une feuille bien transparente, et Je la choisis telie que, sous l'incidence perpendiculaire, elle enlève à la polarisa- tion primitive le blanc du premier ordre, ou quelqu'une des nuances de blanc bleuâtre plus voisines. du commencement de la table de Newton; j'adapte cette lame dans le colorigrade, de manière que son axe plan soit dans le plan d'incidence, par conséquent perpendiculaire à la tige de rotation qui fait tourner la lame. D'après cette disposition, la lame seule, amené: successivement sous diverses incidences, déve- loppe déja toutes les teintes comprises depuis le commencement des anneaux jusqu'au jaune da second ordre. Pour obtenir les teintes suivantes, j'ai plusieurs autres lames préparées de même, que je place séparément ou ensemble dans le trajet du rayon lumineux, mais tou- jours sous l'incidence perpendiculaire : instrument contient une cou- lisse destinée à les recevoir. Ces lames sont collées sur des cartes carrées, dont un des côtés est paralièle à leur axe plan, de facon qu'en les introduisant dans celte direction, leur action s'ajoute à celle de la lame mobile, et produit des teintes plus basses dans l’ordre des anneaux, ‘apres quoi l'inelinaison de la lame mobile fait obtenir les teintes suivantes. Si au contraire on introduit les lames fixes de ma nière que leur axe plan soit perpendiculaire à celui de la lame mobile, l’action de celle-ci se retranche de la leur, et lon fait remonter les teintes dans le sens des anneaux colorés. On peut. donc, par celte méthode, obtenir successivement toutes les teintes que la série renferme; mais, de pius, on les observe avec une pureté parfaite et avec une lenteur de dégradation qui permet d'en saisir toutes les nuances, parce que, d'une part, la minceur de la lame mobile fait que , sous chaque incidence, on n’aperçoit qu’une teinte parfaitement uniforme dans RERO PE 1810. (1930) toute l'étendue du diaphragme par lequel on observe, quoique dans cette étendue il n’y ait pas rigoureusement une obliquité égale dans tous les rayons visuels; et en second lieu, cette même cause rendant plus lentes les variations de l'action de la lame mobile, pour des inclinaisons di- verses, produit dané les teintes données par les lames fixes, des modi- fications plus lentement graduées. Avec cette disposition*nouvelle, le Colorigrade n’est d'aucune difficulté à construire , et la beauté des couleurs qu'il présente ne pourrait être égalée par aucun moyen matériel. Lorsque la lumière blanche tombe obliquement sur un corps quel- conque, elle y subit deux sortes de réflexions : l’une dirigée dans le prolongement du plan d'incidence même ,et telle que l'angle de réflexion égale l’angle d'incidence; celle-ci s'exerce indistinctement et également sur tous les rayons, et donne par conséquent une image blanche : l'autre réflexion s'exerce sur les rayons qui pénètrent la substance même du corps ; elle les renvoie de tous côtés, comme par un rayonnement, et elle agit principalement sur certains rayons qui forment la couleur propre du corps. Pour exclure en très-grande partie la première espèce de réflexion et voir les corps uniquement avec leurs couleurs, j'avais depuis long-temps indiqué un procédé fondé sur les lois de la polarisation ( Mémoires de l’Institut pour 1811, page 236); et en effet, ce procédé fait paraître les corps avec des teintes incomparablement plus vives. Mais, d'après les analogies fondées sur les phénomènes de la polarisation par réfraction, on pourrait soupconner qu’une portion de lumière blanche, correspondante à celle qui se réfléchit du dehors, pénètre l'intérieur du corps, et se réfléchit sans décomposition avec et comme celle qui forme sa couleur propre; alors cette couleur serait toujours mêlée de blanc. Pour avoir égard à cette circonstance dans limitation de la teinte, M. Arago m'a suggéré de rendre le verre polarisant du colorigrade mo- bile dans son inchnaison, ce qui est très-facile; alors il n'exercera plus la polarisation complette, et conséquemment il mêlera de blanc les couleurs des anneaux donnés par la lame de mica intérieure : seulement si l’on veut employer cette addition, il faudra 1°. désigner l'inclinaison donnée dans chaque cas à la glace; 20. caractériser la position où l'on aura placé le corps coloré relativement à la lumière qui tombe sur lui; 5°. enfin éviter de se placer dans la direction du faisceau réfléchi ré- gulièrement, afin d’atténuer le plus possible son influence. Je terminerai celte Note en faisant remarquer que le mica dont jai fait usage, et auquel le procédé précédent est applicable, est le miea de Sibérie, appelé communément Ferre de Moscovie. Cette in- dication est essentielle, car dans les substances désignées sous le nom de mica, il en existe plusieurs dont les actions sur la lumière sont très-différentes, comme je le développerai plus en détail dans un Mémoire que je me propose de soumettre incessamment à l’Académie, A BELGE PRENDRE MIN (95 ) a ereereree 1010. Extrait d'un Mémoire de M. LÉMAN, sur les Rosiers. M. LÉMAN a commencé en 1808 ses recherches sur les meilleurs ca- Borantqoue. ractères à employer pour la distinction des espèces du genre Rosa, et sur Pres la méthode de classitication convenable à ce genre nombreux et difficile. Société Plilomat. Il parait que ses observations, jusqu'à présent inédites, avaient été g'meieses communiquées par lui à quelques botanistes , qui ont pu en profiter. Dans le Mémoire dont nous faisons l'extrait, l’auteur, après avoir démontré l'insuffisance des caractères employés avant lui, établit la préférence qu'on doit accorder à ceux qu’il propose; ensuite il fait l'application de sa méthode, d'abord aux seuls Rosiers indigènes dans les environs de Paris, puis à toutes les espèces sauvages ou cultivées qu'il a pu observer lui-même, et dont plusieurs sont nouvelles. Nous regrettons que M. Léman n'ait point donné les caractères distinctifs des soixante-cinq espèces dont se compose son tableau général, ou au moins ceux des seize espèces inédites ; c’est pourquoi nous nous bornerons à présenter son tableau particulier des Rosiers de nos en- virons, qui ne laisse rien à désirer, et qui suflit pour faire apprécier les avantages de sa méthode. 1. Foliolis simpliciter dentatis. A. Stylis coalitis...........4% (1. R. arvensis, Linn.) B. Stylis liberis. a. Pedunculis glabris nudisve. +Foliüs glabris. * Germinibus subglobosis. (2. R. pimpinellifolia, Lion.) ** Germinibus ovato-oblongis. (5. R. lutetiana, Lém.) + +Foliis villosis.... (4. R. dumetorum, Thuil.) + + + Petiolis villosis. (5. R. urbica, Lém.) b. Pedunculis hispidis. +Foliis villosis...... (6. R. rusticà, Lém.) ++Foliis glabris. * Germinibus ovato-oblongis. (7. R. andegavensis, Bast.) ** Germinibus globosis. (8. R. spinosissima, Linn.) II. Dentibus foliolorum latere inferiore serratis. a. Pedunculis hispidis. +Foliis margine nudis. (9. R. verticillacantha, Mér.) ++Folis margme glandulosis. (10. R. pumila, Jacq.) (94) 6. Pedunculis glabris nudisve. +Folüs maroine glandulosis. (ir. R. Diserrata, Mér.) ++Foliis glabris. * Germinibus globosis. (12. R. eglanteria, Tinn.) ** Germinibus ovalo-oblongis. | (15. R. canina, Linn.) + ++Foliis pubescentibus, (14. R. 1omentella, Lém.) HE. Dentibus foliolorum utroque latere serratis glandulosisve. a. Pedunculis hispidis. +Foliis eglandulosis, subtüs villosis. (15. R. pubescens, Lém.) + +Foliis eglandulosis, utrinque villosis. (16. R. villosa, Linn.) ++ +Folüs glandulosis. * Germinibus globosis. (17. R. tenuiglandulosa, Mér.) ** Germinibus ellipucis. (18. R rubiginosa, Linn.) *** Germinibus elongatis. (19. R. histrix, Lém.) +++ +Foliis glabris. (20. R. nemoralis, Lém.) b. Pedunculis glabris nudisve. +Foliis glandulosis... (21. R. sepium, Thuil.) Nous avertissons ceux qui voudront faire usage du tableau ci- dessus, que les caractères qui y sont exprimés doivent être étudiés sur les branches florifères, et non sur les branches gourmandes, où ils sont généralement altérés, suivant l'observation de M. Léman. EC: ARS SAS SAS BASS SAS SAS SAS Extrait d'un Mémoire sur le Pouvoir réfringent des milieux de l'œil; par M. CHossAT, de Genéve. L'AUTEUR s’est servi pour ses expériences d’une méthode indiquée d'abord par Euler, mais que Brewster développa le premier, et qui consiste 1°, à former avec la substance que l’on veut éprouver une len- tille microscopique plus concave, en la pressant entre deux verres, l'un plan, l’autre convexe; el 20, à déterminer par l’observalion la longueur du foyer de cet objectif composé, pour en déduire le pouvoir réfringent. Après avoir indiqué deux circonstances auxquelles l'exactitude des résul- tats est essentiellement liée, savoir, la légère incertitude du foyer précis d’un microscope composé, et la variation dans l'étendue de la vision (95) distincte selon les observateurs, l’auteur, après avoir donné le moyen d’en apprécier l'effet, passe à la détermination du pouvoir réfringent. MEMBRANES. 1°. La cornée étant trop épaisse chez certains animaux pour la soumettre dans son intégrité à la pression entre les verres, l'auteur a dû se contenter de faire ses expériences sur des lambeaux séparés de cette membrane ; il remarque que deux causes peuvent déterminer sa perte de transparence, la compression et l’absorption qu'elle exerce sur les liquides dans lesquels on la plonge. Il a obtenu pour le pouvoir réfringent les résultats suivans : Homme. Ours. Éléphant. Bœuf. Dindon. Carpe. 1588115850 2,34 |01,54 1 2,352f0 1,35 Ces pouvoirs réfringens diffèrent très-peu de celui de l’eau, ce qui provient sans doute de ce que l'épaisseur de la cornée dépend en très-grande partie du liquide interposé entre ses lames. 2°. Membrane de l'humeur aqueuse. M. Chossat n’a déterminé son pouvoir réfringent que sur l'éléphant et le bœuf, à cause de la gêue qu'apporte à l'expérience la facilité avec laquelle la membrane se rompt et se roule sur elle-même : il a obtenu pour l'éléphant 1,349; pour le bœuf 1,359. 3°. Capsule cristalline. Les résultats obtenus pour cette membrane, sont : à Homme. Ours. Éléphant. Bœuf. Dindon. 1,35 | 1,36 | 1,549 | 1,34 | 1:00 4°. Membrane hyaloïde. L'auteur n’a pas déterminé le pouvoir ré- fringent de cette membrane, qu'il serait très-difhcile d'isoler de l'humeur vitrée; on ne saurait d’ailleurs y avoir égard dans le calcul. Humeurs. 1°. Couche muqueuse de la cornée. Son pouvoir réfringent pour le dindon et la carpe est 1,557; il est par conséquent supérieur à celui de l'humeur aqueuse de ces mêmes animaux. 2°. Humeur aqueuse. Les résultats des expériences physiques et chimiques s'accordent à faire regarder ce liquide comme très-peu différent de l’eau; et en effet les résultats obtenus sont : Homme. Ours. Cochon. Éléphant. Bœuf. Dindon. Carpe. 1,358 | 1,349 | 1,338 | 1,358 | 1,338 | 1,344 | 1,549 3°. Humeur vitrée. On doit lui appliquer ce qui vient d’être dit de l'humeur aqueuse; les résullats obtenus sont : Homme. Ours. Cochon. Éléphant. Bœuf, Dindon. Carpe: 1 ,539 | 1,349 | 1,559 | 1,340 | 1,538 | 1,358 | 1,549 Dans ces expériences, l'humeur vitrée n’a point été séparée de la membrane hyaloïde; l’auteur a observé par-là un fait très-remarquable, savoir le peu de transparence du corps vitré; il s’en est assuré par des expériences très-précises faites avec une excellente lunette polyatée 1818. (96) de M. Cauchoix, qui lui-même a bien voulu répéter l'expérience. M. Chossat a trouvé que ce phénomène tenait à la présence de lhya- loide au milieu de l'humeur vitrée, ce qui suppose un pouvoir réfrin- gent un peu différent dans ces deux milieux. Il n’en conclut pas que cette perte de transparence existe sur le vivant; la déformation du corps vitré dans l’expérience suffit peut-être pour expliquer ce phénomène. 4. Cristallin. L'auteur s'occupe d’abord d’un phénomène qui revient souvent dans les expériences sur ce corps, savoir sa perte ns pa- rence momentanée : deux causes, selon lui, peuvent la produire, £°. la pression dont l'effet se voit très-bien en comprimant un cristallin de bœuf entre deux verres; 2°. l'abaissement de température jusqu'à con- gélation, cause déja connue de Petit (Acad. des Scienc., 1725). Des observations ultérieures ont appris à l'auteur qu'il en existait deux autres beaucoup plus importantes pour les expériences, la dessication du cristallin et l'absorption qu'il exerce sur les liquides ambians. Une précaution essentielle dans les expériences de réfraction sur le cris- tallin, est d'opérer promptement et autant que possible dans un milieu chargé de vapeurs, vu que la dessicalion augmente le pouvoir réfringent de ce corps. L'auteur n’a point pu éviter toujours cette cause d'erreurs, et surtout dans Les expériences sur l'œil de l'ours et de l'éléphant; aussi ne regarde-t-1l point comme exacts les derniers nombres de la colonne relative à ces animaux. En opérant avec les précautions ci-dessus, on arrive pour l’homme, le bœuf, etc., à un noyau central de réfraction constante, ce qui n’a point ordinairement lieu quand on permet au cris- tallin de se dessécher librement. Voici le tableau des résultats obtenus : Homme. Ours. Cochon. Éléphant. Bœuf. Dindon. Carpes. 1.598 L'1:2080| 15980. 111,300 4:70) 13827184; 074 1,395 | 1,396 | 1,595 | 1,587 | 1,403 | 1,557 | 1,387 1,420 | 1,416 | 1,399 | 1,405 | 1,416 | 1,592 1,415 1,436 | 1,424 | 1,415 | 1,452 | 1,306 | 1,456 1,442 1,424 | 1,458 | 1,509 | 1,442 1,490 1,450 | 1,440 | 1,403 |°1,450 I ,463 I ,432 I reste encore un 36 noyau central, trop : »450 A pour êlre nus I »420 en expérience. M. Chossat a recherché si dans le cristallin le pouvoir réfringent croissait selon une loi déterminée : ses essais mullipliés ont été infruc- tueux; néanmoins il attribue ce peu de succès à la grossièreté des moyens qu'on est obligé d'employer dans cette recherche. L'obscurcissement de la cornée, du cristallin, et peut-être du corps vitré au moyen de la pression, ne militent point, selon l'auteur, en faveur de l'ajustement de l'œil, par une cause qui agirait en comprit mant cet organe. A (9) ô . 7 - Remarques sur les rapports qui existent entre i& propagation des ondes à la surface de l'eau, et leur propagation dans une plaque élastique ; par M. Poisson. Daxs la derniège Séance de l’Académie ( celle du 8 juin) M. Fourier a lu un Mémoire sur les vibrations des plaques élastiques, dans lequel il a spécialement considéré la propagation des ondes ou des sillons, comme il les a nommés, dans une plaque d’une étendue infuie, La détermination de ce mouvement dépend des mêmes considérations que celle de la propagation des ondes à la surface de l’eau ; et l'analyse montre, entre ces deux genres de phénomènes, des rapports que l'on ne saurait découvrir sans son secours, et qui sont assez curieux à remarquer. Ces rapports singuliers tiennent à ce que les lois de ces deux mouvemens sout renfermées dans des équations aux différences partielles de même nature, savoir, des équaliovus linéaires à coëfhiciens constans, qui ne sont pas du même ordre par rapport au temps et par rapport aux distances des points mobiles au lieu de l’ébranlement primitif, mais avec cette différence, que l'équation du problème des ondes est du quatrième ordre par rapport au temps, et du second par rapport aux coordonnées; tandis que dans l’autre problème elle est au contraire du second ordre par rapport au temps, et du qua- trième par rapport aux coordonnées. De la vient que tout ce qui se dit du temps ou des distances dans le premier problême, doit s’ap- pliquer aux distances où au temps dans le second, et vice versé. Ainsi j'ai trouvé, dans mon Mémoire sur la Théorie des ondes (1), qu'il se propage deux espèces d'ondes différentes à la surface d’un fluide d'une profondeur infinie : la distance des ondes de la première espèce au lieu de l'ébranlement primitif, croit comme le carré du temps, et leur mouvement apparent est mdépendant de la largeur et de la profondeur de cet ébranlement ; au coatraire, les ondes de la seconde espèce se provagent d’un mouvement uniforme, avec une vitesse dépendante de l'étendue de l’ébranlement dans le sens hori- zontal; celles-ci succèdent aux premières, et elles ont lieu quand le temps est devenu très-grand relativement aux distances. Or, il se pro- duira de même dans une plaque élastique deux espèces différentes de sillons; dans les uns, les carrés des distances au lieu de l’ébran- lement primitif, seront proportionnels au temps, et leur propagation sera indépendante de la nature de cet ébranlement ; les autres se pro- pageront d'un mouvement uniforme, avec une vitesse dépendante de (1) Bulletin de juin 1817, page 85. Livraison de juiller. 13 1818. MATBÉMATIQUES. Société Philomat. Juin 1818. (98 ) sa largeur; ceux-ci auront lieu quand les distances seront très-grandes par rapport au temps, et ils arriveront avant les autres en chaque point de la plaque. Si l'ébranlement primitif est symétriqué autour d’un centre et renfermé dans un cercle d’un rayon donné, la vitesse de chaque sillon de la seconde espèce sera en raison inverse de’ ce rayon, et proportionnelle à l'épaisseur de la plaque et au degré de son élasticité de figure, c’est-à-dire, au degré de tendance qu’elle a à reprendre sa figure plane. Les ondes et les sillons de la seconde espèce sont formés par des oscillations très-rapides des points du fluide et de la plaque, dans un sens perpendiculaire à la surface ; la durée de ces oscillations est cons- tante pour une même onde comme pour un même sillon, et elle ne dépend que de la vitesse de sa propagation. La largeur de chaque onde ou de chaque sillon de la seconde espèce , reste aussi toujours la même pendant leur mouvement apparent; si lon compare la durée des oscil- lations à cette largeur, on trouve, relativement aux ondes, que cette durée est proportionnelle à la racine carrée de la largeur, comme Newton l'avait dit dans le livre des Principes; et, relativement aux sillons, on trouve réciproquement celte largeur proportionnelle à la racine carrée du temps des oscillations. Les ondes et les siilons de l’une et l’autre espèce, s’affaiblissent en s’éloignant du centre de l’ébranlement pri- milif; mais, dans la première espèce, les hauteurs décroissent suivant les carrés des distances à ce centre, tandis que dans la seconde, elles ne décroissent que suivant les simples distances; ce qui fait que les ondes et les sillons de la seconde espèce sont les plus saillans, et doivent être regardés comme la parlie principale du genre de mouvement que nous décrivons. Les équations différentielles des deux problèmes se résolvent par des intégrales définies quadruples, lorsque l’on considère la question dans toute sa généralité ; et seulement doubles, quand on ne considère la propagation du mouvement que dans un seul sens, c'est-à-dire, quand. on suppose la surface fluide et la plaque élastique réduites à de simples lignes. Relativement aux lames élastiques, les intégrations s'eHectuent en partie, et les intégrales se rabaissent à des intégrales doubles dans le premier cas, et simples dans le second. Celle circons- tance simplifie l'analyse relative à ce problème; mais elle ne modifie nullement les rapports que nous venons dénoncer entre la propaga- tion des ondes et celle des sillons. L Au reste, celte propagation des sillons dans les plaques élastiques infinies, est une question de pure curiosité, qu'il ne faut pas confondre avec la propagation du son dans es mêmes plaques .: celle-ci se fait toujours d'un mouvement uniforme; la vitesse ne dépend ni de l’ébran- lement primitif mi de l'épaisseur de la plaque; elle ne dépen« que de ( 99 ) l'élasticité propre de la matière qui la compose, laquelle se mesure, comme dans le cas d’un simple fil élastique (1), par l'extension dont celte matière est susceplible pour une force donnée. A A AS AS Sur l'utilité des lois de la polarisation de la lumiere pour manifester l'existence et la nature des systèmes cristallins ; par M. BIior. Ox sait qu'il existe des minéraux dont la forme primitive n'a pas élé jusqu'ici complettement déterminée, parce que l'on n’en a pas encore trouvé de cristaux dont les faces fussent suffisamment nombreuses et prononcées. Telle est la famille minérale désignée sous le nom de Hica. On sait aussi que, dans certains cas, la forme extérieure, quoique exis- tante, n’est pas un indice sufhisant d’un état cristallin intérieur, parce qu'il n’est pas possible de suivre les conséquences internes de la forme, par le clivage. Tel est, parmi beaucoup d'autres, le cas des cristaux de sels mélangés, récemment étudiés par M. Beudant. Il était utile d’avoir, pour ces occasions, un indice expérimental qui püt pénétrer dans l’intérieur des substances, y manifester l'existence ou la non existence du système cristallin, et montrer sa continuité ou sa discon- tinuité, sa variation ou sa constance. L'objet du Mémoire de M. Biot est de faire voir que l’on peut trouver un pareil indice dans les phéno- mènes de polarisation émanés d'axes rectilignes, tels que sont ceux que produisent les corps transparens régulièrement cristallisés. Après avoir définit ce caractère et donné les moyens de le reconnaitre avec certitude, il en a fait l’application aux substances que les minéralo- gistes ont jusqu'à présent réunies sous le nom de Mica, d'après l'analogie résultante de leur aspect feuilleté, et de la propriété dont leurs feuillets jouissent de se laisser déchirer parallèlement aux côtés d’un hexagone régulier. En soumettant ces substances aux épreuves de la lumiere, elles ont présenté des différences nombreuses et carac- téristiques ; les unes, par exemple, possèdent deux axes de forces polarisantes, les autres un seul axe; et, parmi ces dernières, une seule, le mica de la vallée G’Alla en Piémont, exerce la polarisation attractive, tandis qu’elle est répulsive dans tous les autres. Ces deux grandes divisions elles-mêmes ont offert encore des différences multipliées dans l'intensité absolue des forces simples et dans les rapports d’in- tensité des deux axes dans les systèmes composés ; de là résultait l'indication de différences internes dans la nature de ces substances, (+) Bulleun de décembre 1816, page 190, Acad. des Sciences, 22 juin 1816. | ( 100 ) ou dans leur étal d'agarégalion , où dans ces deux qualités à-la-fois, L'analyse chimique de plusieurs d’entre elles, faite par M. Vauquelin, a montré que ces dulérences élaient réelles. En rapprochant les compositions que ce savant chimiste a trouvées, on voil que les prin- cipes consliluans sont jusqu’à présent les mêmes dans les micas de chacune des grandes divisions à un axe el à deux axes; mais ils dif- férent d'une de ces divisions à l'autre, et dans chaque division les mêmes principes varient, sinoh par leur nalure, du moins par leurs proportions. Ainsi on trouèe des micas à uu axe qui contiennent jusqu'a 20 pour 100 de magnésie, landis que les micas à deux axes jusqu'ici analysés n’en contiennent point; mais Ceux-ci different entre eux par les proportions.de leurs principes, lesqueiles sont tout-à-fait variables, sans qu’on cesse a’v observer l’homogénéilé de composition, la transparence et la continuité régulière d'uu système cristallin inté- rieur. La plupart de ces substances n’existant pas en cristaux complets, nous ne pouvons pas savoir si leurs formes primilives offrent des différences correspondantes à cette diversilé de composition et d'action sur la lumière; mais du moins il paraît que, dans les circonstances où les a formées la nature, les élémens qui les composent ont pu se réunir réguliérement, el par conséquent se combiner suivant des rapports de proportion qui semblent n'avoir rien de fixe; ce qui ne doit point surpreudre, si l’on fait attention que beaucoup de forces élravzéres, lelles que la pression et l'électricité, par exemple, ont pu modiher les actions des forces chimiques, et forcer les élémens à s'unir dans des proportions différentes de celles qui seraient résullées de leur. upion spontanée. La fawille des micas ayant élé privée du caractère si important de la forme, il est peu étounant qu'elle présente les diver- sités que M. Biol y'a trouvées, en l'étudiant par un caractère au moyen duquel le système cristallin devenait pour ainsi dire visible à ses eux. Comment les minéralogistes desront-ils la distribuer en conséquence de cette diversité? C'est une question qu'il n’a pas cru de son ressort de considérer. Dans ce Mémoire, M. Biot a employé le système des forces pola- risantes seulement comme un indice affecté par la nature du système cristallin, sans avoir besoin de supposer que ces forces fussent ou non accompagnées de celles qui produisent la double réfraction ; mais d'autres recherches l’obt depuis convaineu que les forces polarisantes et les forces de double réfraction sont toujours liées les unes aux autres dans les cristaux à deux axes comme daus les cristaux à un axe. de sorte que les différences de polarisation qu'il a trouvées indiquent et nécessitent des différences correspondantes dans le mode de division des rayons doublement réfractés par ces substances, ARS SAS AAA SANS SAT ASS SD Céror) Extrait d'un Mémoire de M. Léon Durour, Correspondant de la Suciété Philomatique, ayant pour titre : Recherches anatomiques sur les Scolies et sur quelques autres insectes hyménoptères. LA Scolie des jardins, qui est un des plus grands hyménoptères d'Europe, est la Seule espèce que l’auteur ait soumise à ses recherches. Apres en avoir signalé les traits extérieurs, il passe à l'examen suc- Cessif du système nerveux, des organes de Ja respiration, de la dises- üon, de Ja génération et de l'appareil du veniv. Le système nerveux consiste, comme dans tous les insectes, en un cordon principal formé de deux nerfs contisus, et en sept ganglions de chacun desquels naissent trois nerfs. : Dans le chapitre qui traite de l'organe respiratoire, il décrit 10. les sgmates, qu'il divise en thorachiques et en abdominaux ; 29, les trachees, qu'il distingue en vasculaires et en vésiculaires. Ces dernières, placées principalement à la base de l'abdomen, sont favorables à un Séjour plus eu moins prolongé de Fair Dans la Xylocope et les #oimbus, chacüne des deux grandes vésicules abdominales émet un tube grisâtre, élastique, qui ne s’observe point dans la Scolie, et qui se dirige vers le stismate (horachique. M. fufour pense que ce lübe n'est pas étranger à la production du bourdonnement, Dans l'examen des organes de la digestion, l’auteur parle 10. de l'épiploon, qui consiste en petites granulalions adipeuses ; 2°, des paisseaux hepaliques, dont le nombre est d'une vinglainé environ; 5°. Gu zube alimentaire, où 1 décrit l'æsophage, un premier estomac membraneux, un second estomac musculeux, séparé du précédent par une valvule pylorique, l'arfestin, qui, avant de se terminer par le reclum, Ofre un cœcum plus où moips renflé, parcouru par six ban- delettes musculeuses. Dans la X#/ocope, celte dilatation intestinale présente six espaces ovales formés par une membrane diaphane, que Ni. Dufour considère comme Îles points d'attache de cordes muscu- leuses qui fraversent le ecœcum, et dont la contraction détermine les émissions fécales produites au gré de l'animal. Les orsanes de la génération sont considérés séparément dans les deux sexes. Les mâies ont 10. des organes pr parateurs, qui consistent en Lesticules et en vésicüles séminales. Les zesiicules sont au nombre de deux bien distinets, formés chacun par les replis d’un seul vaisseau spermatique, qui en arrière se continue en un caval, déférent. Dans la X/ocope, ils se présentent sous la forme d’une vésicule ovale, et le canal déférent, avant de s'aboucher À la vésicule, a un reuflement Sphérudal. Chaque testicule du Zombus est essentiellement composé de quatre boyaux agolomérés confluens à leur base. Dans l'Aréhidie RE EPS EPP à ——_—_———— 1818. ZooLocie. Socëté Philomat, CH1MI1E, Acad. des Sciences. ( 102) uu seul corps presque globuleux renferme les deux vaisseaux sperma- tiques qui-dans les autres hyménoptères sont séparés. Les »ésicules séminales de la Scolie forment de chaque côlé un corps ovoide, oblong, et se terminent en arrière par un conduit spermatique commun. Elles sont cylindroides dans la X7/ocope, en massue dans le Bombus, fili- formes dans l'Anthidie. 2°. Les organes copulateurs, ou plutôt les pièces qui constituent l'armure de la verge, n'ont été que mentionnés par l’auteur dans l'explication des figures qui accompagnent le Mémoire. Les organes générateurs femelles se divisent pareillement en prepa- rateurs et en copulateurs : 1°. les premiers comprennent les zubes ovigères, qui sont au nombre de trois de chaque côté dans la Scolie ct l’Anthidie, de quatre dans le Bombus et la Xilocope, de deux seulement dans le Polystes. Un autre organe, sur les fonctions duquel l'auteur n’est pas encore bien fixé, mais qui fait partie de l'appareil générateur, s'abouche dans l’oviductus sous la forme d’un tube allongé borgne. 11 pense, avec Swammerdam, qu'il pourrait être destiné à lubréfier les œufs à l'époque de la ponte. 2°. Les organés copulateurs de la Scolie sont exprimés dans la planche consacrée à l'anatomie de cet insecte. Le cinquième et dernier chapitre traite de l'appareil du venin. 1°, L'organe sécréleur consiste en deux tubes filiformes flexueux, qui dans la Scolie s'ouvrent isolément dans le réservoir, tandis qu'ils offrent un canal déférent assez long dans la Xÿ/ocope et le Zombus. 2°, L'organe conservateur ou le réservoir est membraneux, vésiculeux ; il recoit vers le milieu de sa longueur les tubes sécréteurs, tandis que dans la Xilocope et le Bombus ceux-ci s'insèrent à son extrémité. 5°. A l’article de l'organe excréteur du venin, M. Dufour parle d’une bourse musculo-membraneuse placée entre le rectum et l’oviductus, renfermant intérieurement une vessie, et destinée peut-être à l'éjacu- lation du venin. 11 n’a encore observé cette bourse que dans la #colie ; le dard est dentelé vers sa pointe, et fixé par une bifurcation à des muscles qui servent à ses mouvemens de projection et de rétraclion. RAR SAR RSS SES SIA ANS Note sur le Caméléon ntinéral; par MM, CHEviLLOT et EDWARDs. Daxs un premier Mémoire sur le Caméléon minéral, nous avons examiné sa composition, et nous avons déterminé qu'il était toujours formé d’oxide noir de manganèse, d’oxigène et de potasse, quelle que fût sa couleur, et que la diversité des nuances qu'il offre à l’état solide dépend de la proportion de ses parties constituantes; qu'il y a une de ces combinaisons susceptible de cristalliser et de former des aiguilles pourpres par dissolution dans l’eau et évaporation, ( 105 ) Dans un second Mémoire, nous avons examiné les propriétés de ce corps, qui est remarquable par son action sur les corps combustibles et par la variété des couleurs qu'il peut produire. Nous avons d'abord fait voir qu'il y a un Caméléon de soude so- luble, mais qui ne parait pas cristallisable, un Caméléon de barite et de strontiane, tous deux insolubles. Les cristaux de Caméléon rouge sont du manganésiate de potasse neutre. Ce sel, par sa forte action sur les corps combustibles, se rapproche beaucoup du chlorate de potasse. L'action du Caméléon de potasse sur les corps combustibles dépend de la grande quantité d'oxisène qui entre dans sa composition, et de la facilité avec laquelle il le laisse dégager à une température peu élevée. Un gramme de cristaux de Caméléon rouge dégage par la chaieur 8 centilitres d’oxigène. Ce déyagement s'effectue à une tempé- rature de 225 à 270° centis., chaleur inférieure à celle qui produit la décomposition de l’oxide noir de manganèse. Il reste une poudre noire qui donne og'am-,541 d’oxide noir de manganèse, et le reste en Camé- leon vert; d’où il résulte une différence notable entre ce Caméléon et celui que l’on forme de toutes pièces par Îa chaleur: car dans les cristaux il y a une grande prédominance d’oxide noir de manganèse et d’oxigene, tandis qu'on ne peut faire un Caméléon de toutes pièces sans un grand excès de potasse. La chaleur ne dévage point tout l’oxigène du Caméléon, et cela doit être, car 1l ne se forme point de Caméléon par le feu sans un excès de potasse; dans la décomposition des cristaux par le feu, cet alcali doit retenir un peu de manganèse et d’oxigène. Le Caméléon chauffé avec lhydrogène à une douce chaleur, produit upe absorption par l'union de son oxigène avec ce gaz. Cette action a lieu avec dégapement de calorique et de lumière, produisant soit une ignition, soit une flamme. Le phosphore et le soufre, chauflés léoèrement avec la poudre des cristaux de Caméléon, détonnent avec flamme, La triluration produit le même effet : le charbon, J'arsenic et l’antimoine chauffés de même avec les cristaux de Caméléon, brülent avec dégagement de calorique et de lumière, mais ne détonnent point. Lorsqu'on verse une dissolution concentrée de potasse sur une dis- solution également concentrée de cristaux de Caméléon rouge, on en change successivement la couleur en la faisant passer au pourpre foncé, à l'indiso, au bleu et au vert. Dans ce cas, le Caméléon rouge qui est neuire, s’unit à des proportions croissantes de potasse, constitue ainsi diverses combinaisons de Caméléon avec excès d'aleali, dont chacune est caractérisée par une couleur différente, Aunsi le Caméléon vert est celui qui contient Le plus de potasse (104) en excès; el lorsqu'on le verse dans une dissolution neutre de Camé- léon rouge, il doit nécessairement en changer la couleur en parta- geant sa potasse avec lui. Leurs gravités spécifiques sont différentes ; car lorsqu'ils se trouvent mèêlés avant qu'une combinaison intime se soit opérée, pour constituer une seule couleur, le vert occupe la partie inférieure du vase, et le reuge se voit à la partie supérieure, IL faut des quantités considérables de dissolution de potasse pour changer la couleur d’une dissolution concentrée de cristaux ; il en faut beaucoup plus si la dissolution est étendue, de sorte que l’action de l'eau affaiblit l'action de la potasse pour le Caméléon rouve, et oppose par conséquent, suivant la quantité que l’on emploie, au changement du rouge au vert; c'est pourquoi l'eau peut changer en rouge une disso- lution de Caméléon vert, parce qu’elle enlève une partie de l'alcali en excès. La chaleur favorise cette action, en augmentant l’afäinité de l'eau pour la potasse; c’est ainsi qu'une dissolution verte peut passer promp- tement au rouge par une élévation de température. L'agitation produit un effet contraire, en favorisant la combinaison de la potasse avec le Caméléon rouge ; ces deux effets opposés de l'agitation et de l'élévation de température sont rendus sensibles par l'expérience suivante : Lorsque par l’ébullition on a changé le Caméléon vert en rouge, et qu'on le laisse refroidir, il conserve sa couleur rouge; mais si on l'agite pendant quelques minutes, lorsque la potasse y est en propor- tion convenable, on la fait passer au vert. On peut ainsi changer lusieurs fois la couleur dù rouge au vert, et réciproquement , en alternant lébultition et l'agitation. Une dernière condition qui influe sur la coloration, est la tendance aux proportions déterminées et à la cristaliisation. Lorsqu'on fait Éva- porer du Caméléon vert ne contenant pas un trop grand excès d'alcali, il devient d'abord rouge, ainsi que nous venons de le dire; mais par l'évaporation la potasse se concentre tellement que, malgré la tem- pérature, sa tendance à se combiner avec le Caméléon augmente , ce qui peut aller au point de produire la couleur verte; l’autre partie du Caméléon rouge se soustrait à l’action de la potasse, par la ten- dance à la cristallisation , et forme dans la liqueur des cristaux pourpres. En ayant donc égard aux cinq conditions que nous avons énoncées, qui sont la proportion de potasse, celle de l'eau, l'agitation, la tem- pérature et la tendance à la cristallisation , on peut se rendre compte des phénomènes variés que He la dissolution du Caméléon dans l'eau. L'action des autres alcalis sur une dissolution de Caméléon rouge, donne lieu aux résultats suivans : Lorsque l’on verse une solution de soude dans une solution de cristaux de Caméléon rouge, elle verdit (“æ05") la liqueur, en la faisant passer par les nuances intermédiaires, si on l'emploie dans des proportions convenables : en ce cas, il se forme une combinaison double; c’est un Caméléon de potasse et de soude ; il en est de même de la baryte et de la strontiane. Les combinaisons doubles qui en résultent sont solubles, tandis que les Caméléons de baryie et de stronliane sont insolubles. La dissolution de chaux étant frès-étendue, ne produit qu’une faible teinte de vert. L'action des acides est remarquable. Les acides versés en petite quantité dans une dissolution de Caméléon vert, le rougissent en enlevant l'excès de potasse; mais l’action des acides concentrés sur les cristaux non dissous est bien différente. Dès que l’on a versé sur les cristaux une certaine quantité d'acide sulfurique à 66°, l'acide les dissout, une couleur verte se manifeste, mais ce vert n’est plus un vert-pré, ou un vert du troisième ordre des anneaux colorés que produit l'addition de l'alcali. Le vert qui résulte de l'action de l'acide sulfurique est un vert-olive ou un vert du second ordre des anneaux colorés. Si, dans cette dissolution verte par l'acide sulfurique, on verse une très-petite quantilé d’eau, elle passe au jaune- serin; en ajoutant encore un peu. d’eau, une belle couleur orangée y succède : par une autre addition d’eau, il se développe un rouge éclatant, et en dernier lieu la teinte que Newton a appelée rouge- écarlate. Ainsi on peut faire parcourir au Caméléon toute la série des anneaux colorés depuis le vert du second ordre jusqu'au vert du troi- sième, en employant pour le second l'acide sulfurique successivement affaibli, et pour le troisième des proportions croissantes d’alcali. Si les acides commencent par dissoudre le Caméléon rouge, soit at leur action propre, soit à l’aide de l'eau qu'ils contiennent, ils es décomposent plus ou moins promptement suivant leur degré de concentration, leur température, et leur affinité pour la potasse ou même pour l’oxigène. Ainsi, l'acide nitrique concentré, dès qu'il dissout les cristaux de Caméléon rouge, produit une effervescence, et la décomposition, qui à mesure qu’elle avance rend la couleur plus pâle, jusqu'a ce qu’elle soit totalement détruite, s'opère en quelques heures; la liqueur est incolore, il y a un précipité brun; et lorsqu'on a soin de recueillir dans un appareil convenable le gaz qui se dégage, on trouve que c'est de l'oxygène, et qu’un gramme E à cristaux de Caméléon rouge fournit dix centilitres de ce gaz; cette décomposition se ferait très-lentement si l'acide était affaibli. Telle est la décomposition du Caméléon qui s'opère par les acides. La décomposition spontanée est due aux causes suivantes : Une disso- lution de Caméléon renfermée dans un récipient sur le mercure, se décompose peu-à-peu sans dégagement de gaz en précipitant un oxide brun de manganèse, parce que le mercure absorbe l'oxygène en excès. Livraison de juilles, 14 1816. BorTiniQuer. Société Philomat, 16 mai 1818. ( 106 ) Un Caméléon liquide avec un grand excès de potasse se décompose dans des vaisseaux fermés par le peu de carbone qui reste dans la potasse après sa préparation dans l'alcool, ou par quelque substance végétale qi peut se trouver dans l’eau ; l’oxide précipité est de l’oxide brun. À vaisseaux ouverts, non-seulement ces mêmes causes peuvent agir, mais aussi les particules végétales et animales qui flottent dans l'air et qui se trouvent successivement en contact avec la liqueur, la décomposent en lui enlevant de l'oxygène. Les substances végétales ont une si grande tendance à décomposer le Caméléon, que lorsqu'on verse de l'acide sulfurique sur une poudre de cristaux et de licopode, il se forme une vive inflammation. Sur une anomalie remarquable du mode de fécondation dans la Campanule à feuilles rondés; par M. HENRI Cassini. (Extrait.) Le slyle dela Campanula rotundifolia consiste en une tige eylin- drique, divisée supérieurement en trois branches prismatiques, à trois faces, et arrondies au sommet; chaque branche offre une face exté- rieure convexe ; violette, hérissée, ainsi que la partie supérieure de la üge , de longs poils caducs analogues aux collecteurs des synanthérées, et deux faces intérieures planes, blanchâtres , couvertes de. papilles slismatiques très-1pparentes, très-distinctes, en forme de filets cylin- driques, transparens, perpendiculaires au plan qui les porte, et très- serrés les uns près des autres. Si l’on observe l’état des organes sexuels, avant l’époque où la corolle doit s'épanouir, on reconnait que les trois branches du style sont rap- prochées en un faisceau; qu'elles sont étroitement unies et presque cohérentes par leurs faces intérieures, sur lesquelles les papilles stig- imatiques sont déj manifestes; et que les cinq anthères forment par leur rapprochement une sorte de tube qui engaine exactement le faic- ceau desbranches du style, ainsi que la partie supérieure de la tige, qui est hérissée de poils comme les branches. Un peu plus tard, mais toujours avant l'épanouissement de la corolle, les anthères s'ouvrent sur leur face intérieure; au moment de leur déhiscence, elles semblent devenir cohérentes par l'effet d’une sorte d'agelutination peu solide et peu durable; en même temps tout le pollen des cinq anthères s'attache à la surface hérissée de poils des branches du style et de la partie supérieure de sa tije, de manière que cette surface se trouve entierement couverte d’une couche très-épaisse de pollen. Bientôt après. la corolle s'épanouit ; en cet instant, les anthères, «léja vides, se courbent, se séparent, se roulent, abandonnant la couche épaisse de pollen, qui adhère fortement à la surface hispide du s'yle, et qui y persiste tres-long-temps. ( 107 ) Enfin, lorsque la fleur est très-avancée en âge, la couche de p en se détache et disparait, en même temps que les poils qui la retenaiént, et dont il ne reste d’autres vestiges sur le style que de petites aspérités. C'est alors seulement que les trois branches du style, qui depuis l'épa- nouissement de la corolle n'étaient presque plus cohérentes, s'écartent l'une de l’autre, divergent, se courbent en dehors, se roulent en spi- rale, et étalent les papilles qui constituent le stigmate. | Cette description que fait M? H. Cassini des organes sexuels et de leur disposition respective aux différentes époques, prouve qu'à aucun instant il n'a pu s'établir une communication directe entre le stigmate et le pollen. L'auteur pense que, dans la plante dont il s’agit, et peut-être dans beaucoup d’autres, la fécondation peut s'opérer, et s'opère en eflet, par la communication du pollen avec une partie quelconque du style, el sans qu'il soit nécessaire que cette communication s'établisse par le stigmate. Voici les raisonnemens sur lesquels il fonde cette hypothèse. Le style et son stigmate sont, en général, composés l'un et autre d’un tissu cellulaire presque homogène et continu dans toutes ses parties. Le stigmate, qui occupe une partie déterminée de la surface du style, ne diffère ordivarement du reste de cette surface que parce que les cellules qui le “onstituent sont plus développées, plus dilatées, et formées de membranes plus tendres, plus poreuses, plus perméables ; de sorte que l'introduction du fluide spermatique dans l’intérieur du tissu est plus facile sur cette partie de la surface du style que sur toute autre. Mais il n’y a de différence que du plus au moins; et si l’on con- sidère que l'homogénéité du tissu végétal permet tres-souvent qu'une partie. remplisse les fonctions d'une autre, et que la continuité de ce üssu facilite à l’intérieur la commuuication des fluides en divers sens, -on concevra qu'il n’est pas impossible que, chez certaines plantes, les cellules de la surface non stiymatique du style soient perméables au fluide spermatique, et quece fluide, introduit ainsi par une voie insolite dans l’intérieur du style, parvienue indirectement aux conduits destinés à charrier ce fluide du stigmate aux ovules. Il n’est donc pas absurde de présumer que la fécondation peut quelquefois s'opérer à la surface d'une partie quelconque du style, presque aussi facilement qu'à la surface du sligmate lui-même. A ARR AR ARS A RS Réflexions sur un Mémoire de M. Portal, relatif au Vomisse- ment; par M. MAGENDIE. J'AssisTAIS à la séance de l'Académie des Sciences, lorsque M. Portal y lut l'année dernière son Mémoire sur le Vomissement ; él J'avoue que ce ne fut pas sans surprise que j'entendis ce savant 1810. MEÉDucixer. ( 108 ) professeur attaquer, par des assertions dénuées de preuves évidentes et par de simples raisonnemens, une doctrine appuyée sur des expé- riences nombreuses reconnues exactes par l’Aradémie elle-même, et par lous ceux qui ont pris la peine de les répéter. Le lecteur se rappellera peut-être qu’en 1812 je présentai à l’Institut un Mémoire dans lequel jétablissais, par une longue suite d’expé- riences, que l'estomac n’était pas l'agent principal du vomissement, mais bien la pression qu’exercent sur cet organe les muscles abdo- minaux quand on vomit. MM. Cuvier, Pinel, Humboldt et Percy furent désignés pour cons- tater l'exactitude des faits que j'avais avancés dans mon Mémoire. Je répétai toutes mes expériences devant ces savans; elles furent telles que je les avais annoncées : aussi les commissaires déclarèrent qu'ils admettaient ma théorie du vomissement, qu'ils avai-nt vu et touché, et que leur conviction était pleine et entière. En effet, ces Messieurs avaient vu l'estomac se gonfler et se remplir d'air, au lieu de se con- tracter pendant le vomissement ; ils avaient vu le vomissement cesser, si on soustrayait l'estomac à la pression des muscles de l'abdomen; enfin ils avaient vu vomir un animal chez lequel l'estomac était rem- placé par une vessie de cochon, etc., etc. À celle époque, je me fis un devoir et un plaisir de répéter mes expériences devant toutes les personnes qui voulurent en constater par elles-mêmes l'exactitude, et depuis il ne s'est pas passé d'année que Je ne les aie faites publiquement dans mes cours; en outre, elles ont été répétées en Angleterre, en Suisse, en Allemagne, et personne n'en a contesté la réalité, Toutefois un de mes condisciples, M. Maingault, poussé, j'aime à le croire, par l'intérêt de la science, fitimprimer un Mémoire contradictoire à mes expériences, non qu'il avançât avoir vu l'estomac se contracter pendant le vomissement, mais il citait des faits qui lui paraissaient impossibles à expliquer par la théorie exposée dans mon Mémoire, Ainsi il avait vu qu'un chien couché sur le dos, et auquel on avait coupé les muscles abdominaux, et même le diaphragme, rejetait encore par la gueule, dans certains cas, le liquide contenu dans son estomac; et M. \ aingault en concluait que l'estomac devait nécessai- rement être l'agent de celte expulsion. Ce travail fut présenté à la Société de l'Ecole de Médecine. et MM. Legallois et Béclard furent chargés de l’examiner; mais comme ces Messieurs ne trouvèrent pas les faits cités par M. Maingault contradictoires à mes résultats, celui-ci se piqua, relira son Mémoire, et le fit imprimer avant le rapport des commissaires. MM. Legallois et Béclard n'en publièrent pas. moins les résultats des recherches expérimentales qu'ils avaient faites à cette occasion; et C 109 ) ces résultats, qui confirment entièrement ma théorie, ou plutôt celle de Bayle, sont insérés dans le Bulletin de la Société de l'Ecole de Médecine , 1813, N°. X. Cependant j'avais présenté à l’Institut, au mois d'octobre de la même année, uu Mémoire dans lequel j'examinais, par de nouvelles expé- riences, l’iuflueuce de l'æsophage sur le vomissement ; j'y décrivais le phénomène observé par M. Maingault, et j'en donnais une explication, en harmonie avec la théorie du vomissement, comme on peut le voir dans mon Mémoire imprimé dans ce Bulletin, année 1813. En rap- prochant ce travail de celui de MM. Legallois et Béclard, il devient évident que les objections faites à ma doctrine du vomissement n’ont aucuue valeur pour quiconque a quelque sévérité de logique; aussi n’avait-elle plus été attaquée depuis cette époque, d’une manière qui mérilât attention. C'est dans ces conjonctures que paraît le Mémoire de M. le profes- seur Portal ; il s’y propose de détruire la théorie que j'avais reproduite, et de rétablir l’anciense doctrine, où l’on considère l’estomac comme l'agent principal du vomissement, et la contraction des muscles abdo- mipnaux comme simplement accessoire. Pour arriver à ce but, il n’y avait qu’un moyen, c’était de montrer, par de nouvelles expériences, que l'estomac se contracte à l'instant du vomissement ; or, c’est ce que M. Portal n'a pas fait, et ce qu'il n'a pas pu faire, puisque cet organe non-seulement ne se contracte pas dans cet instant, mais au contraire le plus souvent se gonfle et se remplit d'air. M. Portal a donc suivi une autre marche : après avoir rappelé les diverses opinions des auteurs sur le vomissement, il se prononce pour la contraction de l'estomac, et en donne pour preuve, 10, les expériences de M. Maingault; 2°. deux expériences qu'il a faites lui-même en 17713 3°. des raisonnemens déduits d'observations pa- thologiques. Je ne répéterai point ici ce que j'ai dit tout-à-l’heure, relativement aux expériences de M. Maingault ; je remarquerai seulement que M. Portal ne cite point celles de MM. Legallois et Béclard. Voici les deux expériences de M. Portal, telles qu’il les rapporte sous la date de 1771, c’est-à-dire, il y a quarante-sept ans. Expériences sur le Vomissement, etc. « On a donné à un chien » une certaine dose d’arsenic; à un autre chien, une grande quantilé » d’une pâte faite avec de la noix vomique. Ce premier chien a été » bientôt tourmenté par le vomissement, le hoquet, et par les convul- » sions. » C’est pour lors qu’on lui a ouvert le bas-ventre; les muscles droits » ont élé coupés en travers, ainsi que l’aponévrose des obliques et » des transverses. Cependant les vomissemens ont continué. On a vu 1016 ( Bo ) le ventricule se contracter et se relâcher alternativement, et toujours » lorsque le diaphragme était refoulé dans la poitrine ou pendant l'ex- » piraion, Plusieurs fois on a comprimé le veutrieule qui était plein » de matière alimentaire, dans le temps que le diaphragme était en » contraction, pour voir si l’on pourrait faire refluer la matière dans » l’æsophage, où exciter le vomissement. Ces tentatives ont été inu- » tiles; le diaphragme resserrant fortement l'extrémité inférieure de » l’œsophage lorsqu'il est en contraction. » « Le chien qui avait avalé la noix vomique continua d'éprouver de » violens vomissemens, quoiqu’on lui eût ésalement ouvert le ventre. » Je ne sais si les personnes qui désirent de la précision dans les expé- riences , seront satisfaites de celles que je viens de transcrire textuelle- ment ; quant à moi elles ne me paraissent rien moins que concluantes. En effet, un animal ayant avalé de l’arsenic, on lui a coupé les muscles droits et l’aponévrose des muscles larges de l'abdomen : or, d'après mes recherches et celles de MM. Levallois et Béclard, rien ne s'opposait à ce que le vomissement continuât, puisque la partie musculaire de ces muscles était intacte, et qu'elle pouvait resserrer la base du thorax, comprimer l’estomac, et soutenir ce viscère lorsqu'il était pressé par la contraction du diaphragme. Quant au resserrement et à la dilatation alternative de l'estomac, je nie formellement ce phénomène, comme ne layant jamais vu, quoique j'aie cherché à le voir sur plus de deux cents animaux; et relativement à l’impossi- bilité de faire passer les matières contenues dans ce viscère au moment de l’abaissement du diaphragme, j'offre à M. Portal de lui faire voir ce passage autant de fois qu'il le désirera, et cela dans linstant de J'abaissement du diaphragme, par conséquent dans l'inspiration. D'ailleurs, j'ai répété publiquement cette année, dans mon Cours de Physiologie expérimentale, l'expérience de M. Portal telle qu’elle est indiquée par lui; les personnes présentes ont pu se convaincre que nou-seulement lestomac ne s'est point contracté dans les efforts en vomissement, mais que cet organe s’est gonflé et distendu jusqu'à décupler de volume. Il n’est guère facile de concevoir comment les personnes qui disent avoir fait des expériences sur le vomissement, n’ont point noté cette distension de l'estomac par l'air, phénomène qui est à peu près constant et de toute évidence. Quant à la seconde expérience de M. Portal, j'ignore quelles étaient les propriétés de la noix vomique en 1771; mais il est certain que maintenant elle n'est point vomitive pour les chiens, et même le meilleur moyen d'empêcher la mort d'un chien empoisonné avec cette substance , est dé le faire vomir, Dans ses raisonnemens, déduits de faits pathologiques, M. Portal admet toujours comme positive la contraction de l'estomac à l'instant Y ml te ts (rune) du vomissement, contraction que je n’admettrai qu'après l'avoir vue. Je crois inutile d'en entreprendre la réfutation : différant autant sur le prineipe, nous ne pouvons manquer de différer sur les conséquences. Je persiste donc, malgré tout le respect que j'ai pour l'autorité de M. le professeur Portal, à regarder comme démontré que la contraction des muscles de l'abdomen et celle du diaphragme sont les puissances qui déterminent principalement le vomissement par la pression qu'ils exercent sur l’estomac. a Monographie de la Couleuvre couresse des Antilles, Coluber cursor (Lacépéde); par M. MoOREAU DE JONNESs. LES principaux résultats de ce Mémoire, dans lequel son auteur, apres une description détaillée de cette espèce de couleuvre, remar- quable par la vitesse de sa reptation, qui lui a valu le nom spécifique qu'elle porte, combat le préjugé admis dans les Antilles qu’elle est Vantagoniste acharné du Trigonocéphale-fer-de-lance, dont il a donné l'histoire dans un premier Mémoire, sont : 1°, Que lors de la colonisation de la Martinique , il y avait dans celte île trois espèces d'Ophydiens, savoir : le Trigonocéphale-fer- de-lance, et deux espèces de serpens non venimeux. 20, Qu'il n’y a plus maintenant dans cette ile que deux espèces de cet ordre, la Vipère-fer-de-lance et la Couresse, 50. Que l'espèce perdue, qui semble avoir appartenu au genre Boa, et qui a été confondue avec le Coluber cursor, est celle dont la force musculaire et la mâchoire puissante triomphèrent du Trigonocéphale- lancéolé, ce que, par une erreur prolongée jusqu'a ce jour, l'opinion vulyaire et les voyageurs ont attribué à la Couresse. 3. ARR IRAN SARA IIS SAS Sur une nouvelle espèce de Tenthréde; par M. Bosc. CETTE espèce, que M. Bosc appelle la Tenthrède du Bolet, est noire; la lèvre, l'anus et la base des cuisses, blancs; les deuxieme, troisième et quatrième anneaux de l'abdomen, ferrugineux, ainsi que les cuisses et les jambes. C'est de la Tenthrède cylindrique qu’elle se rapproche le plus. Sa larve est brune en dessus, blanche en dessous; elle creuse des galeries cylindriques dans le bolet du pommier, boletus culicularis (Bulliard ), aux dépens duquel elle vit, et dans lequel elle creuse des galeries cylindriques, d’où sort l’insecte parfait dans le courant de mai, Bv. PT A me men ce ne = er rer 1816: Zoozocys. Acad. des Sciences, 7 Q,n 90 mars 1015, Zootocir, Société Philomatiq. Juin 1818. H1STOIRE NATURELLE, Cr) Bois fossile trouvé près Lichfield; par T. J. DouwiN, Docteur cn médecine. Au Docteur Thomson. Lichfeld, nov. 15 18r7. Mox cHEr Moxsreur, Lorsque j'eus le plaisir de vous voir à Lichfield, vous exprimâtes un désir de connaître la nature des lieux où se trouve, dans ce voisi- page , le bois fossile siliceux ; je saisis l’occasion de vous informer que je visitai l'endroit tout récemment, en remplissant les devoirs-de ma place. Oa les trouve dans le gravier, d'environ trois pieds d'épaisseur, lequel est à un pied au dessous de la superficie de la prairie, sur un lit d'argile, dans un pays plat, près d’Allesley, à deux milles au nord de Coventry. Le gravier est mêlé avec une grande proportion de terre araileuse. Les fragmens de bois sont très-irréguliers, avec des angles aigus, tandis que presque toutes les autres pierres sont arrondies, où usées par l'effet du frottement. Ces fragmens diffèrent par l'espèce des arbres dont ils sont les débris. Dans quelques-uns, il y a une différence notable dans l’état de l'écorce. La plupart de ces morceaux sont fendillés, à partir des cercles concentriques , et les fissures sont remplies de cristaux de quartz, M. Bree d’Allesley, mon ami, qui a uve grande collection de ces fossiles intéressans, croit que quelques débris d’ani- maux ont élé trouvés par hasard, au même endroit, dans le même état. CSSS Sc. Plombagine. Ox a découvert assez récemment une nouvelle mine de cette utile substance au milieu d’une roche schisteuse, dans le comté d'Inverness ; elle se partage, sur une étendue de non moins de cinquante pieds, en cinq ramifications, dont quelques-unes ont de douze à quinze pouces d'épaisseur. On en a enlevé plusieurs tonnes l’été dernier. : A mesure que les mineurs pénétraient plus avant, la mine semblait s’a- méliorer considérablement, et lesdiférens filons s’épaissiret se réuniren un seul. Il n’y a que deux autres mines de ce minéral d’exploitées dans la Grande-Bretagne ,une près de Cumnoc en Arysbhire, l’autre à Borradale en Cumberland, Le produit de la dernière est siestimé, que les plus beaux morceaux se vendent deux ou trois guinées la livre. (a pound-weight.) ERRATA. Dans la rédaction de l'Extrait du Mémoire de M. Chossat, on s’est servi par inadvertance du terme ge Pouvoir réfringent, au lieu de celui de Rapport de réfraction. Page 94, lig. 57, plus concave, lisez : plan concave. Page 95, lig. 23, 1,34, disez : 1,357. Itid,, ligne 42, polyatée, tisez : polyarde. SE nm Ré nc Cho) Observations sur des combinaisons nouvelles entre l'oxisène et divers acides; par M. TRÉNARD. C'EsT en traitant le peroxide de barium par les acides, que je suis parvenu à faire ces nouvelles combinaisons, qui pour la plupart sont très-remarquables, et dignes de fixer l'attention des chimistes. La première que j'ai obtenue est celle que l'acide nitrique peut former avec l’oxisène. : Lorsqu'on humecte le peroxide de barium préparé en saturant le barite d'oxigène, il se délite, tombe en poudre et s'échaufle à peine : si, dans cet état, on le délaie dans dix à douze fois son poids d’eau, et si l’on verse dessus peu à peu de l'acide nitrique faible, il s'y dissont facilement par l'agitation , sans qu'il se dégage de gaz, et de telle manière que la dissolution est neutre ou sans action sur le tournesol et le curcuma. En ajoutant alors à cette même dissolution une quantité convenable d'acide sulfurique, il se produit un précipité abondant de sulfate de barite, et la liqueur filtrée ou décantée n’est plus que de l'eau chargée d'acide milrique oxigéné. Cet acide est liquide, incolore; il rougil fortement le tournesol, et ressemble par presque foules ses propriétés physiques à l'acide nitrique. Soumis à l'action du feu , il ne tarde pas à laisser dégager de l’oxigène; cependant la décomposition n’est complète qu'autant qu'on le maintient en ébullition pendant quelque temps; il suit de là qu'il serait difficile de le concentrer par l& chaleur sans l'altérer. Le seul moyen qui m'ait réussi consiste à le placer dans une capsule sous le récipient d'une machine pneumatique, à mettre sous le récipient une autre capsule pleine de-chaux, et à faire le vide à 10 ou 12 centimètres près. J'ai obtenu ainsi un acide assez concentré pour donner, en le distillant, ouze fois son volume d'oxivène ; tandis qu'auparavant ilen donnait tout au plus .un volume et demi. 1 s’unit tres-bien à la barite, à la potasse, à la soude, à l’ammo- niaque, el les neutralise ; mais Je.doute qu'on parvienne jamais à faire crislalliser ces sels. Pour peu qu'on les échaulte, ils se décomposent et abandonnent leur oxigène; ils se décomposent encore, du moins tel est le nitrate oxigéné de barite, en les abandonnant à une évaporalion spontanée ; la décomposition se produit au moment de la cristallisation. Il sufñit même pour les décomposer de les placer dans le vide; au reste ils partagent cette dernière propriété avec les dissolutions de carbonates saturés qui, dès que le vide est fait à quelques millimètres près , entrent en une vive ébullition et passent à l’état de sous-carbonate. Les nitrates oxigénés dans leur transformation en nitrates ne changent pas d'état de saturation. Livraison d'août. 15 1818. Carmier. Académie Royale des Sciences. 27 juillet 1818. Ci14 } L'on voit done qu'en se combinant avec les bases salifiables l'acide nitrique oxigéné, au lieu de devenir plus stable, acquiert au contraire plus de facilité à abandonner son oxigène; cela est si vrai, qu’en ver- sant dans une dissolülion neutre et concentrée de nitrate oxigéné de potasse une dissolution concentrée de potasse, l’on y produit une effervescence assez vive due à un dégagement d’oxigène; la potasse agit sans doute sur le nitrate proprement dit. Ainsi les Pases salifjables se comportent relativement à l'acide nitriqne oxigéné, comme les acides ordinaires par rapport à cerlains peroxides, comme l'acide sulfurique, par exemple, par rapport à l’oxide noir de manganèse. Je n'ai pas manqué de mettre l'acide mitrique oxigéné en. contact avec les métaux; j'ai vu qu'il n’agissait pas sur l'or, qu'il dissolvait très-bien les métaux que l'acide nilrique est susceptible de dissoudre, et que cette dissolution avait lieu en général sans dégagement de gaz et avec production de chaleur. Cependant il arrive quelquefois qu'il se dégage un peu d’oxigène d’abord, c'est lorsque l’action est trop vive ; c'est ce qui a lieu avec le zinc et l'acide concentré, au point de con- tenir onze fois son volume d’oxigène. L'une des questions les plus importantes à résoudre, était de savoir combien. l'acide nitrique oxigéné contenait d’oxigène. Pour cela je commencai par analyser le deutoxide de barium : à cet effet, je chauffai une certaine quantité de barite avec un excès d'oxigène dans une petite cloche courbe sur le mercure; cette base, pour passer à l’état de peroxide, absorba presque autant d’oxigène qu'elle en contient; or, comme je m'assurai que la barite extraite du nitrate renferme toujours un peu de peroxide, j'en conclus que dans le deutoxide la quantité d’oxigène est double de ce qu’elle est dans le protoxide. Mais dans les nitrates neulres la quantité d’oxigène de l'acide est à la quantité d'oxi- gène de l'oxide comme 5 à. 1 ; par conséquent, dans les nitrates oxigénés neutres, le rapport entre ces deux quantités est celui de 6 à r; et par conséquent, dans l'acide nitrique oxigéné, l'azote serait à l'oxigène en volume comme 1 à 3. Je raisonne ici dans l'hypothèse où l'acide serait pur, c’est-à-dire, où l’acide ne serait point un mélange d'acide nitrique et d'acide nitrique oxigéné.. Les acides phosphorique, arsenique et probablement borique, sont capables, comme l'acide nitrique, de se charger d’oxigène ; ils le re- tiennent beaucoup plus fortement, It en est de même des arséniales et des phosphales oxigénés, si bien que j'espère qu'on pourra obtenir ces sels à l’état solide. | Je n'ai point encore pu oxigéner l'acide sulfurique ; tous les essais que j'ai faits à cet égard ont été sans résultat décisif, Mes expériences sur l'acide acétique ont été beaucoup plus con- eluantes. Cet acide dissout le deutoxide de barium presque avec la ur (129%) “nème facilité que le fait l'acide nitrique; il ne se produit point d’ef- fervescence, et l’on obtient par le procédé décrit précédemment un acide qui, saturé de potasse et chauffé, laisse dégager une grande uantité d’oxigène ; seulement il se dégage en même temps une quan- tité très-notable d'acide carbonique, ce qui prouve que l'oxigène, à Faide de la chaleur, se porte partie sur le carbone et sans doute sur l'hydrogène de l'acide. Guidé par les expériences précédentes, j'examinai aussi l’action de acide hydro-chlorique liquide sur le peroxide de barium. J'avoue que je croyais qu'il en résulterait de l’eau et un hydro-chlorate de barite ; il en fut tout autrement : j'oblins de l'acide hydro-chlorique oxigéné que J'isolai par acide sulfurique ; ce fait me sembla si extraordinaire, que je mulüpliai les expériences pour le constater ; l’une des plus décisives est la suivante : J'ai pris un fragment de barite qui, pour passer à l’état de deutoxide, a absorbé 12 ecntil., 41 de gaz oxigène; je l'ai ensuite fait déliter, et l’ai dissous dans l'acide hydro-chlorique étendu, après quoi je l'acide sulfurique j'en ai précipité toute la barite. La liqueur était telle, qu’elle ne précipitail plus ni par l'acide sulfurique, ni par le nitrate de barite. Dans cet élat, je l'ai saturée de potasse, et l'ai portée peu à peu à l'ébullition; j'en ai précisément retiré toute la quantité d’oxigène ab- sorbé primitivement par la base, à quelques parties près. Que l’on ajoute que, par l'évaporation, l'acide hydro-chlorique oxigéné ne laisse aucun résidu ; que l’on observe, de plus, que la barite après son oxi- génation exige, pour passer à l'état d'hydro-chlorate neutre, la même quantité d'acide qu'avant d’être oxigenée; que l'hydro-chlorate qu’elle forme alors ressemble à l’hydro-chlorate ordinaire, et l'existence de l'acide hydro-chlorique oxigéné ne devra plus paraître douteuse. Je lai obtenu seulement au point de concentration où il contenait quatre fois son volume d’oxigène. C'est un liquide très-acide, incolore, à peu près sans odeur, et qui rougit fortement la teinture de tournesol. Chauflé jusqu'au degré d’ébullition, il se décompose et se transfome en oxigène et en acide hydro-chlorique. Saturé de potasse, de barite ou d'ammoniaque, il se décompose bien plus promptement, et ne laisse dégager encore que de loxigène. 11 dissout le zinc sans effer- vescence ; il n’altaque pas l'or à la température ordinaire, du moins dans l’espace de quelques minutes. Son action sur loxide d’argent est très-curieuse; ces deux corps donnent lieu à une aussi vive ellerves- cence que si l’on versait un acide sur un carbonate; c’est que, comme il se forme de l’eau et un chlorure par la réaction de l’oxide d'argent et de lacide hydro-chlorique, l’oxigène combiné avec celui-ci devient libre tout-à-coup, et reprend l’état de gaz. La propriété qu'a l'acide hydro-chlorique oxigéné d’être décomposé 1818. IisToisE NATURELLE, à ( 116) par l'oxide d'argent de manière que l’oxisène de l’acide devienne libre, nous permettra probablement de faire plusieurs autres acites oxigénés. C'est ainsi qu'avec l'acide hydro-chlorique oxigéné et une dissolution de fluate d'argent, l'on peut espérer d’obteïir de l'acide flüorique vxigéné. Dans l’acite hydro-chiorique oxigéné, l’oxigène et l’hydroyène sont daos les proportions nécessaires pour füre l’eau. Tels sont les principaux résultats que j'ai obtenus jusqu'à présent; ils nous font connaître une nouyelle classe de corps qui sert peul- être nombreuse en espèces; il faudra les rechercher, en étudier les propriétés, examiner les différentes circonstances dans lesquelles ils seront susceptibles de se former; voir si d'autres Corps que les acides pe pourraient point s’oxiséner ; de là, comme l'on voit, le sujet d’un assez long travail, dout je me propose de présentér les parties à l’Aca- démie, à mesure que je les terminerai. Depuis la lecture de ces observations, je me suis assuré que, par le procédé que j'ai indiqué pour obtenir lPacide fluorique oxigéné, on pouvait nou-seulement se procurer cet acide, mais encore l'acide sul- furique oxigéné ; je crois wrème qu'il sera facile d'obtenir de cette manière tous les aciles susceptibles de s’oxigéner. L'acide fluorique oxigéné n’abandonne que difficilement son oxigène. L’acide sulfurique le laisse dégager beaucoup plus facilement. RAS IRIS AR IS AES ASS Sur un nouveau genre d'insectes, de l'ordre des Hyménoptercs (Pinicole); par M. BRÉBISSON, Correspondant de la Société. CARACTÈRES génériques : Antennes de douze articles, fitiformes; lé premier conique, alonsé; le second très-court; le troisième, un peu comprimé, est aussi lon; que les neuf suiyans ; ceux-ci, qui sont cylindriques ét beaucoup plus minces que les précédens, ont leur dérniér article très-court ; elles sont enserrées pres la base delà lèvre supérieure, etéloignées l'ane de l'autre. Mandibuies fortes, lridentées, se terminant en pointe. Palpes maxillaires de cinq articles; le premier’ alongé; le second très-lony ; les troisième el quatrième plus courts, et. s'amincissant ; le cinquième, engore plus mince, se’ términe'en érôchet. Ces/palpes,. dans l'état de repos, sont repliés de!chaque côté de la têle, entre cette derniere, €{ le Corselet. Palpes labiaux de déuxou trois artictes, doute déraier est Honqu£é. Yeux. latéraux, et ün. pou saillans. mers Trois petits veux lisses, Tête traneulaire un. peu "Comptimée. Cr) Premier segment du corselet linéaire et arqué; le second large à sa base, qui sert d'insertion aux ailes. Ailes grandes, très-réticulées, se moulant un peu autour du corps; leur stiymuate, ovale, alongé, est seulement un peu plus opaque que le reste de l'aile; trois cellules marginales, la première est la plus petite; trois cellules sous-marginales, la premitre recoit la première nervure récurrente, la seconde recoit la seconde, la troisième im- parfaite alteimt le bout de l'aile. . Pattes grêles et alongées, dont les cuisses sont un peu comprimées; cinq articles aux {arses. Abdomen conique, entièrement sessile, terminé (dans la femelle) par une longue et forte larrière, comprimée, appoinlie el de trois pièces. Le mâle ne diffère de la femelle que par l'absence de la tarrière, qui est remplacée par deux crochets latéraux. M. Brébisson propose de donner le nom de Pinicol& à ce genre, voulant indiquer par là que l'espèce qui le compose, et qu'il appelle Pinicole de Jules, Pinicola Jubii, se trouve toujours sur les arbres résineux. Sa longueur est de 1 ? à 2 lignes. À à Elie est noir-brunâtre, avec quelques taches jaunes, dont une partie Rest 1 constante ni régulière. La bouche, les palpes, le tour des yeux, le dessous du corps et les pattes sont jaunes; les antennes sont rous- Sâlres ; les ailes grandes, byalines, ont leurs nervures d'un jaune pâle; la tarière est. grise, Cet insecte semble faire peu d'usage de ses ailes; il est lent, et marche cependant plus volontiers qu'il ne vole; bien peu de ceux que M. Brébisson a pris ont cherché à user de ce moyen pour s'échapper. Il l'a toujours trouvé sur des arbres résineux el conifères, et sur des genévriers, ou sur le gazon qui avoisinait ces arbres, à la Tour, près Falaise, dans les premiers jours du mois de mai. On le trouve pendant quinze à vingt jours. Bv. RS A A Extrait d'une Note de M. AuBert Du PETIT-THOUARS, sur la fécondation des Campanulacées. M. Henri Cassrniayant lu à la Société, dans sa séance du 16 mai, des observations tendantes à établir que, dans la Campanule à feuilles rondes, la fécondation ne peut pas s’opérer sur le sligmate (rt), M, du Petit-Thouars a présenté, à la séance suivante, d’autres obser- valuons qui paraissent contraires aux idées de M. H. Cassini. (x) Voyez l'extrait du Mémoire de M. H. Cassini, dans le Bulletin du mois précédent ne. eme sent eme | 1816. Boranique. Societé Philomatiq, 23 mai 1818. ( 118 ) lo ciiet, M. du Petit-Thouars observe que chez les Campanula, Lobelia, Scævola, et autres plantes rapportées par M. de Jussieu à la famille des Campanulacées, les anthères s'ouvrent avant l’épanouis- sement de -la fleur; et il prétend qu'a ceite même époque de la pré- fleuraison, les divisions du style ou du stigmate sont un peu écartées les unes des autres, et qu’elles ne deviennent toüt-à-fait conniventes qu'a l'époque de la fleuraison; d’où il conclut que la fécondation des Campanulacées s'opère durant la préfleuraison par la communication immédiats du pollen avec le stigmate, qui est facile alors, puisque le stigmate est entr'ouvert. A celte occasion, M. du Petit-Thouars dit avoir trouvé, chez les ÆCampanules, une nouvelle preuve de son opinion , que les grains constituant le pollen sont parfaitement isolés ou libres dès leur origine, et qu'ils se forment par une sorte de coagulation, pour ne pas dire cristallisation. 11 rapporte aussi au même sujet une observation fort importante sur l'inflorescence et l’ordre d’épanouissement. Selon lui, la fleur terminale s’'épanouit la première chez toutes les Campanulacées, et probablement chez toutes les Borraginées , ainsi que chez beaucoup d’autres plantes ; et voici l'explication qu’il en donne : Il ya, dans toutes ces plantes, trois formations successives de fleurs, et ces fleurs s’épanouissent suivant l’ordre de leur formation. La fleur terminale est la seule qui soit produite par la première formation, c’est-à-dire, qui appartienne à la pousse primitive ou au bourgeon primordial, lequel est garni de feuilles latérales et terminé par cette Heur; dans Vaisselle de chacune des feuilles du bourgeon primordial, il se forme un bourgeon secondaire portant, comme le premier , une seule fleur terminale et des feuilles latérales; de sorte que toutes les fleurs qui terminent les rameaux latéraux, sont le produit de la seconde formalion, et doivent par conséquent s'épanouir après la fleur qui ter- mine la tige; enfin un simpl: bouton de fleur nait dans l'aisselle de chacune des feuilles des rameaux latéraux; ainsi les fleurs axillaires des rameaux latéraux n'étant que de troisième formation, doivent s'épanouir les dernières. Cette t'éorie peut jeter un nouveau jour sur les rapports entre le mode d'inflores-ence et l’ordre d'épanouissement, malère qui a déjà été très-approfondie par M. R. Brown, dans ses Observations sur la Jarmille des Composces (1). H A0: (1) Voyez, dans le Journal de Physique de juin 1818, la suite des observations sur la famille naturelle des plantes appelées Composées, par Robert Brown, traduites de l'anglais et annotées par Henri Cassini, AS RSA A AA ERgU) à Extrait d'une Note de M. DuroNT, sur lAtriplex. . Ts résulte des observations de M. Dupont sur les Æ/riplex, que les caractères de ce genre doivent être rectifiés, et présentés de la manière suivante : ATRiPLEx. Monoïque. Fleurs mâles : périgone quinquéparti; cinq étamines iusérées à la base du périgone, et opposées à ses divisions ; rudiment de pistil au centre. Fleurs femelles uniformes, ou de deux sortes : dans les unes (communes à toutes les espèces), périgone bi- parti, prenant un accroissement considérable après la fécondation; ovaire libre, surmonté de ‘deux stigmales styliformes ; caryopse vertical, comprimé, renfermé entre les deux divisions conniventes du périgone ; dans les autres (propres à quelques espèces seulement), périgone Sn Pa ovaire comme danskes précédentes; caryopse horizontal, éprimé , accompagné à sa base par le périgone, qui ne s’est pas accru sensiblement. H::C. aa A Sur l'analyse de la: Fève de Saint-Ignace; par MM. PELLETIER: et CAVENTOU. EN examinant chimiquement Ja Fève Saint-Tenace (Zenatia, genre voisin des {/rychnos), j'ai, conjointement avec M. Caventou, trouvé que cette semence renfermait une matière blanche cristalline très-peu soluble dans l’eau, très-soluble dans l'alcool; c’est à cette matière que la Fève-Saint-Jonace doit ses propriétés vénéneuses et son excessive amertume. Cette matière, à des doses extrêmement petites, est un poison des plus violens, et fait périr les animaux au milieu des attaques horribles du tétanos. Nous avons aussi retrouvé la même malière dans la noix vomique unie à un acide et à de la matière grasse ; dans cet état, elle constitue le principe amer de MM. Desporte et Braconnot. Nous sommes dans ce moment occupés de l'examen de cette singulière substance , qui, sous beaucoup de rapports, peut être comparée à la Picrotoxine, tandis que, sous plusieurs autres, elle se rapproche de la Morphine; elle nous semble plus active et plus amère que la Picrotoxine, elle paraît aussi être moins soluble dans l’eau; et si nous ne nous sommes pas fait illusion, elle se rapproche: de la Morphine par des propriétés be. Nous nous occupons de son examen ultérieur; mais la difficulté qu'on éprouve à obtenir des quantités notables de celle substance à l’état de pureté, cst un obstacle que nous ne pourrons surmonter qu'avec: le temps. RAS NS A PANNE RSR UE BEAUTE EREAEPE ENS 18186. Botanique: Caimrr, Société Philomati(g: 1" août 1818, HisTOIRE NATURELLE. (455 Sur un nouveau genre de mollusques, Cryptostomce, Cryptostomus; par M. DE BLAINVILLE. LE nouveau genre d'animaux mollusques dont M. de Blainville parle dans ce Mémoire, a été établi pour un animal fort remarquable par l’immensité de son pied et la disposition de sa bouthe, qui est tout-1-fait cachée sous le bord antérieur de la coquille, celle-ci parfai- tement semblable à celie du Sigaret , près duquel ce nouveau genre doit être placé. Ses caractères génériques sont : corps linguiforme, formé en très-crande partie par un pied fort long, plus étroit en avant, élargi en arriere, débordant de toutes parts, et de beaucoup, la masse des viscères, canaliculé de chaque côté, peu convexe en dessus, et recou- vert, dans une pelile partie de son étendue, par une coquille en tont semblable à celle des Sigarets. Bouche entièrement cachée sous le rebord antérieur et supérieur dn pied, et vers laquelle convergent les sillous de celui-ci: deux tentacules comprimés et appendiculés à leur base. Le corps de cet animal, considéré en totalité, a la forme d'une espèce de langue, tout-à-fait plane en dessous et un peu bombé en dessus; mais la plus grande partie est formée par le pied, qui est réellement énorme, et quatre à cinq fois plus grand que le corps proprement dit. La partie antérieure de ce pied, c’est-à-dire celle qui se trouve déborder la coquille en avant, est beaucoup plus longue que: la postérieure, et se Lermine antérieurement par une pointe mousse; elle offre de chaque côté un sillon ou demi-canal, qui commence un peu en arrière de l'extrémité antérieure, un peu plus près du côté droit. Ces deux sillons conduisent dans une grande rainure transver- sale où se voient la bouche et les tentacules, dont la plus grande partie est cachée par le rebord avancé de la coquille, et dans laquelle se terminent aussi de chaque côté des silions semblables, creusés sur le rebord de la partie postérieure du pied, qui est plus mince et plus large que l'antérieure. Le bord antérieur du sillon transversal, dont il vient d'être parié, est formé par un rebord tranchant, libre, échancré à peu près dans son milieu, el plus profondément encore vers son bord gauche ; en le soulevant d'arrière en avant, on trouve la bouche qui est un peu infundibuliforme, et en arrière, une bande horizontale tran- chante, libre en arrière, adhérente par son Lord antérieur, et ‘donnant paissance , à chacune de ses extrémités, à un fentacule assez court, conique, qui est aussi appendiculé à sa base ; à droite, sous ce mince rebord du pied, est la terminaison de l'organe de la génération mâle; en soulevant au contraire, d’arrière en avant, le bord du manteau qui forme la partie postérieure du sillon transversal, et recouvert par la coquille, on voit, 1°. la fente transversale un peu oblique, qui conduit (tsar |) dans la cavité branchiale, au plancher de laquelle est appliqué un peigne branchial unique et oblique, non symétrique ; 2° la terminaison de l’anus par un canal flottant, et dirigé de gauche à droite ; et enfin, outre la-glande anale, tout-à-fait au point de réunion du bord du manteau avec le pied à droite, un orifice infundibuliforme pour la terminaison des organes femelles. Le corps, proprement dit, ou la masse des viscères, le cœur, les branchies, etc., forment sur le cinquième moyeu du pied une petite masse un peu aplatie et contournée en spi- rale ; elle est entièrement renfermée dans une coquille très-plate, très- déprimée, à ouverture très-grande , entière, dont le bord postérieur était renfermé dans une sorte de rainure que lui offrait, à cet effet, le bord antérieur de la partie postérieure du pied, et qui, dans toute son éten- due, était recouverte par un épiderme fort épais, d’un brun jaunûtre, qui se continuait évidemment avec la peau ; en sorte que cette coquille doit être regardée comme intérieure : et en effet, elle n’était pas colorée. L'organisation du Cryptostome a, du reste, beaucoup de rapports avec celle des mollusques, dits gastéropodes. La masse des viscères se com- pose de deux parties, l’une supérieure, formée par les organes de la respiration , de la circulation, et qui est recouverte par la coquille ; et une autre tout-à-fait inférieure, séparée de la première par une sorte d'étranglement qui occupe le bord de l'ouverture de la coquille, et qui est placée dans une excavation du pied et formée des viscères de la di- gestion : l’estomac est double : le postérieur est assez grand et membra- neux; le foie en est distinct et indivis ; la masse buccale est médiocre ; la cavité qui la renferme ainsi que le premier estomac et Le ruban lin- gual, est séparée de celle du foie par une sorte de diaphragme ; le système nerveux central a un ganglion inférieur quadrilatère , entouré d’une substance comme grenue, et fournissant de chaque côté quatre rameaux, dont un antérieur pour la partie antérieure du pied, et les autres pour les parties latérales et postérieures; etc. Ce genre ne contient encore que deux espèces , qui, toutes deux, ont.été observées dans la Collection du Muséum Britañnique , con- servées dans l’alchool, et dont on ignore la patrie. 1°. Cryptostome de Leach ; Cryptostomus Leachii.(Bv. ) Cette espèce se distingue de la suivante par plus de longueur proportionnelle. En effet, la largeur est plus de deux fois dans la longueur; la partie anté- rieure du pied est proportionnellement plus longue que la postérieure, comparativement avec ce qui a lieu dans la suivante; les tentacules sont en outre plus petits, plus coniques et plus étroits, plus distans, et les appendices de leur base sont plus petits. 2°. Le Cryptostome raccourci; Crypiostomus breviculus. (Bv.) Le corps est plus large que la moitié de sa longueur, ce qui le fait paraître plus déprimé, plus court et plus large : la partie antérieure du pied est Livraison d'aoûr. 16 En 1816. [ATHÉMATIQUES. cad. des Sciences, 3 août 1818. (1222) presque égale à la postérieure ; les tentacules sont beaucoup plus grands, plus larges, plus déprimés et plus rapprochés, et les appendices latéraux de la bande tentaculaire plus grands. La coquille de cette dernière espèce n’a pas été observée; maïs il n’y a aucun doute qu'elle doit offrir des différences au moins de proportion avec celle de la précédente, Bv. RAA RAA A AS AS Sur la Figure de la Terre , et la Loi de la pesanteur à sa surface ; par M. DE LAPLACE. Les géomètres ont jusqu'a présent considéré la terre comme un sphéroide formé de couches de densités quelconques, et recouvert en entier d’un fluide en équilibre. Ils ont donné les expressions de la figure de ce fluide, et de la pesanteur à sa surface; mais ces expressions, quoique fort étendues, ne représentent pas exactement la nature. L'Océan laisse à découvert une partie du sphéroïde terrestre ; ce qui doit altérer les résultats obtenus dans l'hypothèse d’une inondation générale , et donner naissance à de nouveaux résultats. A la vérité , la recherche de sa figure présente alors plus de difficultés; mais le progrès de l'analyse, surtout dans cette partie, donne le moyen de les vaincre, et de considérer les continens et les mers, tels que l'observation nous les présente. C'est l'objet de mon analyse, dont voici les principales conséquences. La terre élant un sphéroïde peu différent d’une sphère , et recouvert en partie par la mer, la surface de ce fluide supposé en équilibre et fort peu dense, est du même ordre que celle du sphéroïde. Ainsi, cette surface est elliptique, lorsque le sphéroïde terrestre est un ellipsoïde ; mais son aplatissement n’est pas le même que celui du sphéroïde. Généralement les deux surfaces, quoique du même ordre, ne sont pas semblables : seulement elles dépendent l’une de l'autre. La théorie des attractions des sphéroïdes , exposée dans le troisième livre de la Mécanique céleste, m'a conduit aux expressions les plus simples de cette dépendance réciproque, et de la loi que suit la pesanteur sur chacune des surfaces. L'expression de cette loi est du même ordre que celle du rayon terrestre , et il en résulte ce théorême général , quelle que soit la densité de la mer : « La pesanteur à la surface du sphéroïde, réduite au niveau de la mer, » en n'ayant égard qu’à la hauteur au-dessus de ce niveau, suit la même » loi qu’à la surface de la mer.» Cette loi, bien déterminée par les observations du pendule , fera connaître la figure de la mer, au moyen d’un rapport très-simple que l'analyse établit entre elles : les observations du baromètre donneront ( :125 ) l'élévation des continens au-dessus de la mer. On connaitra donc les figures de la mer et du sphéroïde terrestre, et les lois que la pesanteur suit à leurs surfaces, par le concours de ces observations qu’il importe de multiplier, en leur donnant une grande précision et en ayant soin de les rendre comparables. Le théorême précédent sur la pesanteur s'étend aux degrés des méridiens et des parallèles : ces degrés, mesurés sur le sphéroïde , et réduits au niveau de la mer, en n'ayant égard qu'a la hauteur, suivent les mêmes lois qu'à la surface de la mer. L'expression de la pesanteur à laquelle je parviens, donne ce résultat singulier, savoir que le sphé- roïde terrestre étant supposé homogène et de même densité que la mer, quelles que soient d’ailleurs la figure, l'élévation et l'étendue des continens, l’accroissement de la pesanteur à la surface de la mer est égal au produit du carré du sinus de la latitude, par la force centri- fuge à l'équateur; augmentée d’un quart. Des plateaux de densités quelc:nques et de hautes montagnes dont on recouvrirait les continens, changeraient la figure de la mer, sans altérer la loi de la pesanteur à sa surface. à Dans le nombre infini des figures que comprend l'expression ana- lytique des surfaces de la mer et du sphéroïde terrestre, on peut en choisir une qui représente l'élévation et les contours des continens et des iles : ainsi, je trouve qu’un petit terme du troisième ordre, ajouté à la partie elliptique du rayon terrestre, suffit pour rendre, confor- mément à ce que l'observation semble indiquer, la mer plus profonde et plus étendue vers le pôle austral que vers le pôle boréal, et même pour laisser ce dernier pôle à découvert. Mais la figure du sphéroïde terrestre est beaucoup plus compliquée; cependant, au milieu des iné- galités qu’elle présente, on reconnait, par les expériences du pendule, que sa surface et celle de la mer sont, à fort peu près, elliptiques. Le rayon de la surface de la mer, diminué du rayon du sphéroïde, est l'expression de la profondeur de la mer : cette expression, lorsqu'elle devient négative, représente l'élévation des continens ; d’où 1l suit que la profondeur de la mer est peu considérable et du même ordre que les élévations des continens au-dessus de son niveau. La petitesse de cette profondeur, sur laquelle les observations du pendule que l'on fait maintenant dans les deux hémisphères répandront un nouveau jour, est un résultat important pour la géologie. Elle explique, sans l'intervention de grandes catastrophes, comment la mer a pu recouvrir et abandonner le même sol à plusieurs reprises. On conçoit, en effet, que si, par des causes quelconques, telles que les éruptions des volcans soumarins, des cavités se forment au fond de la mer, ses eaux, en les remplissant, découvriront un espace d'autant plus étendu que la mer est moins profonde. Si, dans la suite des temps, 1818. (124) ces cavités sont comblées , soit par l'éboulement de leurs parois, quand de fortes secousses souterraines les ébranlent, soit par les ma- üères que les courans y apportent, la mer viendra recouvrir l’espace qu'elle avait abandonné. Je viens de considérer l'Océan comme un tout dont les diverses parties communiquent entre elles; ce qui a lieu pour la terre; car les petites mers isolées, telles que la mer Caspienne, ne sont, à propre- ment parler, que de grands lacs; mais on peut supposer au sphéroide terrestre une figure telle que l'Océan ne puisse y être en équilibre, qu’en se divisant en plusieurs mers distinctes. L'analyse nous montre qu'alors l’équilibre peut s'établir d’une infinité de manières, et que les surfaces de ces mers sont semblables, c’est-à-dire, assujetties à une même équation : seulement leurs niveaux peuvent être différens. Si lon imagine une atmosphère incompressible, très-rare et peu élevée ;. qui enveloppe toutes ces mers et le sphéroïde terrestre, sa surface extérieure sera semblable à celle des mers; en sorte que l'élévation des points de cette surface qui correspondent à chaque mer sera constante; mais elle pourra être différente d’une mer à l’autre. Une communication qui viendrait à s'ouvrir entre ces mers les réduirait au même niveau, et ce changement pourrait à la fois inonder et découvrir des parties considérables de la surface terrestre, 11 suit de là que si l'Océan était dans un parfait équilibre, sa communication avec la mer Rouge et avec la mer Méditerranée maintiendrait au même niveau ces deux mers. La différence observée entre leurs niveaux est donc la partie constante de l'effet des causes diverses qui troublent sans cesse cet équilibre. La pesanteur et les degrés des méridiens et des parallèles, mesurés sur le sphéroïde et réduits au niveau de l'atmosphère que je viens de considérer, en n'ayant égard qu’à la hauteur, sont les mêmes qu'a cette surface. C'est encore l’ellipticité de cette surface que donnent les deux inégalités lunaires qui dépendent de l’aplatissement de la terre, en sorte welle est à-la-fois déterminée par ces inégalités, et par les mesures es degrés et de la pesanteur. Les ellipticités obtenues par ces trois moyens, sont à très-peu près les mêmes, et égales à. Cette iden- tité remarquable prouve la petitesse des causes perturbatrices de la figure elliptique de la terre. Tous ces résultats subsisteraient encore, dans le cas où de vastes plateaux et de hautes montagnes recouvriraient une partie du sphéroïde terrestre. : L'analyse fait voir que l'équilibre de la mer est toujours possible, quel que soit l'axe de rotation du sphéroïde terrestre. Si la masse ou la densité de la mer était infiniment petite, l'axe principal de rotation de la terre serait celui du sphéroïde. La mer étant peu profonde, et sa densité n'étant qu'un cinquième environ de celle de la terre, on (125 ) CE ET) conçoit qu'en écartant un peu, dans tous les sens, l'axe de rotation, 1010. de laxe principal du sphéroïde , la série de ces écarts doit en offrir un qui donne à la terre entière un axe de rotation invariable. On voit ainsi généralement la possibilité de cet axe dont toutes les observa- tions astronomiques établissent l'existence; et qui, dans le cas où la mer recouvrirait tout le sphéroïde terrestre, serait un axe principal de ce sphéroïde, en supposant les densités de ses couches, diminuées de la densité de la mer. RS A A AA Note communiquée par M. MoREAU DE JoNNEs, Correspondant de la Société Philomatique. Ox écrit des Antilles que, dans plusieurs des îles de cet archipel, Acad. des Sciences, il y a eu huit tremblemens de terre depuis le mois de décembre jusqu’à Août 1818. la fin de mai. On a remarqué qu'ils se sont fait sentir constamment le soir, de neuf à onze heures, et qu'il y en a eu un chaque mois, excepté en avril, où l’on en a éprouvé deux. La dernière oscillation du sol qui a eu lieu à la Martinique, a pour époque le 21 mai, neuf heures et demie du soir. IL n’est résulté aucun accident de ces phénomènes, qui sont trop communs et généralement trop peu redoutables dans les Indes occi- dentales pour exciter un grand intérêt; mais la périodicité qu'ils ont affectée cette année est digne de remarque sous les rapports géologi- ques, et il est possible que son observation se lie avec celle des trem- blemens de terre de l'Amérique méridionale, où paraît être situé le ‘centre de l’action volcanique, dont la propagation se fait sentir du sud au nord, dans les iles de l'archipel des Antilles. RAA AR A AA AAA Sur l'intégrale de l'équation relative aux vibrations des plaques élastiques ; par M. Poisson. CETTE équation, telle que je l'ai trouvée dans mon Mémoire sur Marnémariques. les surfaces élastiques, est : d2 ds z d' z dt z Société Philomat, FUN CA GMA Ne: (1) Août 1818. 2 est le temps écoulé depuis l'origine du mouvement, + et y sont les coordonnées d’un point quelconque de la plaque, comptées dans son plan, z exprime l’ordonnée du même point perpendiculaire à ce plan, a est un coefficient constant proportionnel à l’épaisseur de la plaque et à son élasticité propre. ( 126 ) Pour l'intégrer, je désigne par z* une autre fonction de x, y et z, qui satisfasse à l'équation d'r ne 2" d*' 2" ) dt EU, dx* dy° 1 (2) m étant un coefficient indéterminé. En différenciant cette équalion par rapport à 7, il vient d' z ds PA d3 z' — —= 71 _ a . dt dx? dt dy* a) et si l’on met dans le second membre de celle-ci, à la place de dz! : — sa valeur tirée de la précédente, on a d 2: d' 21 ar d* x =n (— +2 ——— Tr) ë de d x* dæ dy dyt 7°? d'où il résulte que si l’on fait »2= — a2, on satisfera à l'équation (1), en prenant z = z'. De cette manière, on n'aura qu’une intégrale particulière de cette équation ; mais si lon prend successivement m=+ay—ietm—— ay — 1, l'équation (2) donnera deux valeurs de z', dont la somme exprimera l'intégrale complette de l'équation (1). La question est donc réduite à intégrer cette équation (2). Or, M. Laplace a donné l'intégrale de l'équation CEA dz ta Oued ES : sous cette forme : (*) — 2 = fe p(x+22V mt) da; : e étant la base des logarithmes dont le module est l'unité, @ une fonc- tion arbitraire, et l'intégrale relative à « étant prise depuis «4 — — k { © jusqu’à & = + —. De plus, il est aisé d'étendre cette forme d’intégrale à l'équation (2), par rapport à laquelle on aura = er lie Le due z = Île e p(x+2aVmt,ÿ +20 Wme) da dé; l'intégrale relative à € étantaussi prise depuis (= — _ jusqu’à 6 = + —. Maintenant, si nous mettons successivement dans cette formule + a Vi et — a ya à la place de 7», et que nous fassions la somme (*) Journal de l'École Polytechnique, 15 cahier, page 238. me (127) des deux résultats, nous aurons, pour l'intégrale complette de l'équa- 1€ lon (1), Pied 2 RTE RES sfle e p(x+2aVWaty/—=T; 7 +26 Vaty—:) da dé Le 10. ee” =: I ys 22°€a + ff e V(x+aav= ay 3,7 +26 Var) dé d6; ® et L étant les deux fonctions arbitraires que cette intégrale comporte. Pour montrer comment ces fonctions se déterminent d’après l'état initial de Lx plaque, supposons qu’à l’origine du mouvement qui répond à 1—=0, l'équation de la surface était z = f (x,y), et que tous les points sont partis du repos sans vitesses primitives ; on devra avoir à cet instant, D — «7 = 6 (ETOIE x, L(z,r l æ Île dé. Sr) = (ot "+ C2) CRC CRE IL faudra aussi qu’on ait = = 0, quand ? — 0; par conséquent, si l’on développe la valeur générale de z suivant les puissances de £, il faudra que le coeflicient de la première puissance soit égal à zéro, condition que l'on remplira en supposant les deux fonctions @ et + égales entre DUB 2 — 6 elles. Donc, à cause de fe da = f° dé = V5, on aura e(xy)=4(8I)= f(x) Il est facile de faire disparaître les imaginaires qui entrent dans la va- € VV VV dans la première intégrale, et Peter VESTE dans la seconde, leur générale de z, en mettant à la place de x et 6 ce qui ne changera rien à leurs limites ; introduisant de plus là fonc- tion donnée f à la place des fonctions arbitraires @ et 4, et changeant les exponentielles imaginaires en sinus et cosinus réels, il vient 2= + f] sin. (2 +) f(x + 24 Wat, + 2Ë Var) da de. On donnera encore une forme différente à cette expression, en faisant TH+24aVat=p, Y+26 Var =; ce qui la change en = ff q) sin. Sr) dp dg; Aat Carmes. anals of Philosoph. 1818. (128) les intégrales relatives aux nouvelles variables » et g étant toujours . s: Le 1 I prises entre les limites — — et + —. Le) Sous cette dernière forme, l'intégrale de l'équation (1) coïncide avec celle que l’on trouve en résolvant d’abord cette équation par une série infinie d'exponentielles réelles ou imaginaires, et sommant en- suite cetle série par des intégrales définies, ainsi que l’a fait M. Fourier dans son Mémoire sur les vibrations des plaques élastiques. Cet accord entre deux solutions, trouvées par des moyens aussi différens, servirait, s’il en était besoin, à confirmer ce que nous avons démontré pré- cédemment (*}) sur la généralité des intégrales exprimées par des séries d'exponentielles ; généralité qui n’a pas toujours été admise par les géomètres, mais sur laquelle il nous semble qu’on ne peut plus maintenant conserver aucun doute. P. 5 RSS AR AS Composés de phosphore. LE 9 avril 1818, sir H. Davy a lu à la Société Royale de Londres un Mémoire sur les combinaisons du phosphore avec l'oxygène et le chlore. L'auteur commence par rappeler les dernières analyses des composés de phosphore, qui ont été faites par M. Berzelius et par M. Dulong. Comme ces analyses ne s'accordent point entre elles ni avec les pre- miers résultats de sir H. Davy, il résolut de traiter de nouveau ce sujet, et spécialement d'essayer de découvrir la composition de l'acide phosphorique. Le meilleur moyen qu’il trouva d’en venir à bout, fut de brûler dans l'oxygène la vapeur de phosphore, à mesure qu’elle sort d’un petit tube; en adoptant ce procédé, il trouva qu'il était composé de 100 de phosphore et de 154 + d'oxygène. Il examine ensuite l'acide phospho- reux qui contient la moitié de l'oxygène qui entre dans l'acide phos- phorique. Sir H. Davy est disposé à admettre l'existence de l'acide an- noncé par M. Dulong sous le nom d’acide hypophosphorique. A l'égard de l’acide phosphatique du même chimiste, 11 ne l’admet point comme un composé de phosphore proprement dit. En admettant que dans l’eau l'oxygène est à l'hydrogène (en poids) dans le rapport de 15 à 2, sir H Davy donne pour le rapport du phosphore à l'oxygène, celui de 45 à 15 dans l’acide hypophosphorique, celui de 45 à 50 dans l'acide phosphoreux, et celui de 45 à 60 dans l'acide phosphorique. (1) Bulletin du mois de novembre 1817. (Grx29t) Note relative aux vibrations des surfaces élastiques et au mouvement des ondes; par M, FOURIER. J'A1 présenté à l’Academie des sciences, dans sa séance du 8 juin de cette année, un Mémoire d'analyse qui a pour objet d'intéorer plusieurs équations aux différences partielles, et de déduire des inté- grales la connaissance des phénomènes physiques auxquels ces équa- tions se rapportent. Après avoir exposé les principes généraux qui m'ont dirigé dans ces recherches, je les ai appliqués à des questions variées, et j'ai choisi à dessein des équations différentielles dont on ne connaissait point encore les intégrales générales propres à exprimer les phénomènes. Au nombre de ces questions se trouve celle de la propaga- tion du mouvement dans une surface élastique de dimensions infinies. Ce dernier exemple a donné lieu à des remarques insérées par M. Poisson dans le Bulletin des sciences du mois de juin 1818, et qui ont précédé l'extrait du Mémoire que l'on se propose d'insérer dans ce recueil. Comme il peut être utile que (RE mêmes questions soient traitées par des principes différens, et qu'il résulte presque toujours de ces discus- sions quelque lumière nouvelle, j'ai examiné sous un autre point de vue les rapports qu’il peut y avoir entre les expressions analytiques du mouvement des ondes à la surface d’un liquide, et celles des vibrations d’une surface élastique. J’indiquerai d’abord le motif qui m'a déterminé à choisir pour exemple cette dernière question. L'auteur des remarques que l’on vient de citer s'était lui-même occupé il y a quelques années des propriétés des surfaces élastiques. L'équation différentielle du mouvement était déjà connue; il en a donné en 1814 une démonstration fondée sur une hypothèse physique, et a fait imprimer en 1816 le Mémoire qui la contient. Pour déterminer, au moyen de l'équation différentielle, les lois auxquelles les vibrafifons sont assujetlies, il aurait été nécessaire de former l'intégrale de cette équation. Sur ce dernier point l’auteur du Mémoire s'exprime en ces termes : « Malheureusement cette équa- » tion ne peut s'intégrer sous forme finie que par des intégrales dé- » ‘finies qui renferment des imaginaires; et si on les fait disparaître, » ainsi que M. Plana y est parvenu dans le cas des simples lames, on » tombe sur une équation si compliquée, qu’il paraît impossible d’en » faire aucun usage. » (*) Ayant eu pour but, comme je l'ai annoncé au commencement de (*) Mémoires de l’Institut de France, année 1812, seconde partie. Mémoire sur les surfaces élastiques, par M. Poisson, page 170. Livraison de septembre. 17 MATHÉMATIQUES, { 150) cette Note, de considérer principalement des équations dont on n'avait point encore obtenu les intégrales applicables, il était uaturel que je comprisse parmi ces exemples l'équation différentielle des surfaces élastiques; rien n’était plus propre à montrer l'utilité de la méthode que j'emploie. Ayant donc fait l'application de cette méthode à la question dont il s’agit, j'ai reconnu que l’intésrale peut être exprimée sous une forme très-simple, qui représente clairement l'effet dynamique. Voici les résultats de cette recherche : L'équation différentielle est dv d*u dtv dv re Dee ie la Es te l'intégrale est CB) = Efaafdfe(,8) sin. (EEE); les intégrales par rapport à « et 8 doivent être prises entte les limites — _ et + = Une seconde partie de l'intégrale qui se déduit facile- ment de la première, contient une autre fonction arbitraire. On doit omettre cette seconde partie lorsque les impulsions initiales sont nulles. Si l’on fait abstraction d’une dimension, l'équation précédente (A) devient celle du mouvement des lames élastiques. Cette dernière équa- tion était démontrée depuis très-long-temps, mais on n’en connaissait point l'intégrale. Nous citerons à ce sujet les expressions d’Euler dans son Mémoire sur les vibrations des lames élastiques. « ...... Ejus integrale nullo adhuc modo inventiri poluisse, ità ut contenti esse debeamus in solutiones particulares inquirere. » (*) On avait alors en vue sous le nom d’intégrale générale une formule analogue à celles qui avaient été découvertes pour d’autres équations, et qui ne conte- naient point d’intégrales définies. L'emploi de ces dernières expressions n'avait point encore reçu l'extension qu'il a aujou*d’hui; on en a déduit l'intégrale générale d’un grand nombre d'équations, et ces formules représentent les phénomènes d’une manière aussi claire et aussi com- plette que celles qui étaient l’objet des recherches précédentes. Si l’on développe l'intégrale de l'équation des lames élastiques en une suite ordonnée selon les puissances d’une variable, on voit que la suite peut être sommée par les intégrales définies ; mais il est évident .que l'expression à laquelle ce procédé conduit, ne peut servir pour la résolution de la question physique ; elle présente sous une forme extrêmement compliquée, et au moyen d’une multitude de signes (*) Act. Academ. petropol,, anno, 1779; pars-prior, pag.l109. (Gr3ra) d'intégration, une fonction qui est très-simple en elle-même. Nous . 3 . f Z ASETE $ Re, prions le lecteur de consulter à ce sujet les Mémoires de l'Ecole , Ta ro rQ ee. C polytechnique, tome X, année 1815, pages 385 et 580; et de comparer les résultats aux suivans : L'équation différentielle est d'u dv ( —— — = 0, 2 dx à dx* f l'intégrale est 1 » b ee — SEE . (— (a— x) (2) Vr VE, da @a Sin. Rider = L'intégrale pour « doit être prise depuis 4 = — — jusqu'à & — + ch o « est la fonction arbitraire qui représente l'état initial, les impulsions initiales sont nulles. L'objet que nous nous sommes proposé dans notre Mémoire n’était pas seulement de donner des intégrales que l’on n’avait point obtenues par d'autres méthodes; mais il consistait surtout à prouver que ces expressions peuvent représenter les effets naturels les plus complexes, et qu'il est facile d’en déduire la connaissance de ces effets. J’ai exa- miné dans cette vue les résultats du calcul ; et considérant, par exemple, le cas où les dimensions de la surface sont infinies, j'ai démontré que l'intégrale (2) exprime de la manière la plus claire les lois de la pro- pagation du mouvement et tous les élémens du phénomène. La solution de cette question a donc un objet très-utile, parce qu’elle est propre à faire bien connaître les formes que l'analyse emploie dans l'expres- sion des phénomènes : elle ne pouvait, d’ailleurs, être résolue qu’au moyen de l'intégrale générale de l'équation des surfaces élastiques; elle suppose à la fois les progrès de la science du calcul et ceux des méthodes d'application. | Nous allons maintenant considérer les rapports que cette question peut avoir avec celle du mouvement des ondes. Les équations différentielles du mouvement des ondes s’intègrent très-facilement au moyen des théorèmes qui seryent à exprimer une fonction quelconque en intégrales définies. Nous avions donné depuis long-temps ces propositions générales dans nos recherches sur la pro- pagation de la chaleur, et nous en avions déduit les intégrales des équations qui se rapportent à cette dernière théorie. Ce sont les mêmes principes que nous avons appliqués à la détermination du mouvement dans les surfaces élastiques; voici les résultats qu'ils fournissent dans ces trois questions : Pour la première, l'intégrale qui exprime la diffusion de la chaleur 1810. (x52%) dans un prisme infini, est 3 (1) 2= 2 fax ja fau cos. (ux—ux) 7 HS pour la seconde question, l'état variable de la surface du liquide est ainsi exprimé » » (2) p= — f da fa [ du cos. (mx — pa) cos. (1Va), x] et dans la question des lames élastiques, l’intégrale est % » CSN D— fa: Je [dx cos. (wx — wma) cos. (142). Dans chacune de ces équations, la fonction arbitraire fx représente l'état initial, z est le temps écoulé, z est la température variable, ou l'ordonnée variable d’un point quelconque dont x est l'abscisse, les limites de l'intégrale sont pour x, — — et —; et pour # ces limites 1 sont o, et —. o Il y a donc une analogie manifeste entre les trois questions. En les comparant aujourd'hui, on ne peut manquer d’y reconnaître des rapports multipliés. On retrouve cette analogie dans les trois équations du quatrième ordre, auxquelles satisfont les valeurs précédentes de »; mais ces rapports n’ont été remarqués qu'après que les questions ont été résolues. Pour chacune des deux équations (1) et (3) on peut effectuer dans le second membre l'intégration relative à la variable “, ce qui donne une autre forme à la fonction ». C’est ainsi que l’équation (3) se transforme dans l'équation précédente (b). On peut dans ces cas ob- tenir les intégrales par divers procédés, sans recourir aux théorêmes qui expriment les fonctions en intégrales définies. Nous avions déjà fait observer, dans notre Mémoire du 8 juin der- nier, les rapports que l'analyse établit entre la propagation de la cha- leur et les vibrations des surfaces élastiques, en sorte que les formules ne diffèrent que par la valeur d’une même indéterminée, qui est réelle dans un cas, et imaginaire dans l’autre. L’analosie dont nous parlons ne résulte point de la nature physique des causes ; elle réside tout entière dans l'analyse mathématique qui prête des formes communes aux phénomènes les plus divers. 11 existe aussi des rapports analytiques entre le mouvement des ondes et les vibrations des surfaces élastiques, mais la considération de ces rapports n’ajoute rien aujourd'hui à la connaissance des phé- (11350) nomènes. 11 est évidemment beaucoup plus simple de chercher les lois du mouvement des surfaces élastiques dans l'intégrale elle-même, que de recourir indirectement à l'examen d’une question différente qui n’est résolue que dans un cas particulier. Il est nécessaire, pour l’objet que nous traitons ici, d'insister sur ce dernier point. Les équations différentielles du mouvement des ondes, telles qu’on les connait aujourd'hui, supposent que les mêmes molécules ne cessent point de se trouver à la surface. L'auteur du Mémoire où cette question est traitée, a considéré le cas où les impulsions initiales sont nulles, les ondes étant déterminées par l'émersion d'un corps que l’on a peu enfoncé dans le liquide; il remarque que pour satis- 1 016. faire à la condition relative à la surface, il est nécessaire, lorsque le_. mouvement a lieu selon une seule dimension, que la hauteur ou flèche du segment soit une assez petite quantité par rapport à la largeur de la section à fleur d’eau. L'auteur en conclut que la figure du segment plongé doit se confondre sensiblement avec l'arc d’une parabole, et que l’on peut toujours introduire dans le calcul l'équation de cette dernière courbe, quelle que soit la forme du corps. Nous n’adoptons point cette conclusion, et nous pensons qu’elle altère essentiellement la généralité de l'intégrale. De ce que le rapport de la flèche à la dimension horizontale du segment est un petit nombre, il ne s'ensuit pas que la fioure du segment se confonde sensiblement avec l'arc parabolique : car les rapports des ordonnées des deux courbes qui répondent à une même abscisse peuvent différer beaucoup de l'unité; ils pourraient être, par exemple, 1 +, 2, 5, 4, etc. Lorsqu'on prend x? l'expression X @ — =) pour représenter l’ordonnée de la courbe qui termine le segment, 2 étant la longueur de la flèche, et Z celle de la section, on ne désigne qu’un cas très-particulier. Pour conserver à la question sa généralité, il est absolument néces- saire que la valeur de l’ordonnée contienne une fonction arbitraire de x, et c’est par là seulement que la théorie donnerait l'explication exacte des faits indiqués par les expériences. La condition relative aux molécules de la surface est obscure en elle-même ; mais en l'adoptant, il suffit, pour y assujettir le calcul, de supposer qu'une ligne d'une forme quelconque, passe par les extré- mités de la section à flèur d’eau, et de multiplier par un petit coef- ficient la fonction arbitraire qui représente l’ordonnée. 11 en résulte que le segment est peu enfoncé dans le liquide, et que sa forme est d'ailleurs arbitraire. Lorsqu'on ne procède pas ainsi, les résultats auxquels l'analyse conduit, expriment indistinctement les conditions communes à tous les cas particuliers possibles, c'est-à-dire, les lois générales de la propagation des ondes, et les conditions spéciales propres au cas que l’on a considéré. (154) Indépendamment de cette discussion, il est certain qu’en ce qui concerne les points de la surface dont le mouvement apparent est uniforme, on n’a déterminé par l’analyse les lois de la propagation des ondes, que pour le cas où la figure du segment plongé serait celle d'un arc de parabole. Nous indiquerons maintenant en quoi consiste la solution que nous avons donnée de la question des vibrations des surfaces, et nous con- sidérerons le cas linéaire, qui est celui de la lame élastique. Les théorêmes dont j'ai fait mention, et qui avaient servi à donner les intégrales dans la théorie de la chaleur, conviennent aussi à l'équation diflérentielle des surfaces élastiques. Cette application exige seulement un examen Vers attentif, parce que l'équation est du quatrième ordre, et que l’on doit introduire ici deux fonctions arbitraires. Ayant obtenu l'intégrale par ce procédé, on parvient à effectuer une des intégrations, et l’on trouve l'expression (2) que nous avons rapportée plus haut. Il ne reste plus qu’un seul signe d'intégration, et sous ce signe la fonction arbitraire qui représente l’état initial. IL s'agissait ensuite d'interpréter ce résultat, et de reconnaître l'effet dynamique qu'il ex- prime; il fallait surtout découvrir ces conséquences sans altérer la généralité de l'intégrale, afin d'être assuré qu'elles ont lieu, quelle que puisse être là forme initiale de la surface. Les questions de ce genre dépendent de deux élémens principaux, savoir : 1°. l'intégration de l'équation différentielle; 2°. la discussion de l'intégrale applicable à toutes les formes possibles de la fonction. Nous nous sommes attachés à résoudre complètement ces deux difhcultés. Nous n’exposerons point les résultats de notre analyse concernant les lois finales des vibrations, mais nous indiquerons ceux qui expriment l’état de la lame vibrante après une valeur moyenne du temps. Le système considéré dans toute son étendue, et pour un même instant, est formé d’une infinité de plis 6u sillons, alternativement placés au-dessus et au-dessous de l'axe. L’intervalle qui sépare deux points conséculifs d’intersection de la courbe avec l'axe est d'autant plus petit, que les points sont plus éloignés de l’origine. La distance de l’origine à chacun des points d'intersection, augmente comme la racine carrée du temps. La profondeur de ces sillons alternativement supérieurs et inférieurs, ou la distance de leur sommet à l’axe, abstraction faite du signe, n’est pas la même pour les différens points; si on pouvait l’observer en un même instant dans tous les points de l'axe, on trouverait qu’elle dé- croit d’abord, lorsqu'on s'éloigne de l'origine ; qu’elle devient nulle, ce qui, pour les parties assez éloignées, détermine un point de contact ; qu’ensuite elle augmente par degrés, et atteint un maximum beaucoup moindre que le précédent; au-delà elle diminue, et devient nulle de (Cx362) nouveau. Cette profondeur est alternativement croissante et décrois- sante dans toute l'étendue de la lame ; mais celle des sommets les plus élevés, mesurée pour un même instant, diminue en s’éloignant de l'origine. Les points de contact qui marquent les alternatives sont en nombre infini; ils sont séparés par des intervalles égaux ou qui tendent à le devenir. Chacun des points d'intersection s'éloigne, comme nous l'avons dit, avec une vitesse variable, et leur distance à l’origine augmente comme la racine carrée du temps écoulé. IL n’en est pas de même des points de contact : ils glissent sur l'axe, et le parcourent d’un mouvement uniforme; les plus hauts sommets, dont chacun est placé entre deux points de contact consécutifs, ont aussi des vitesses cons- tantes. Les intervalles qui séparent deux points d’intérsection consé- cutifs croissent, avec le temps, comme les racines carrées du temps; mais les intervalles qui séparent deux points de contact consécutifs, croissent proportionnellement au temps. La loi du mouvement des points d’intersection ne dépend ni de La forme ni de l’étendue de la dépression initiale. Cette étendue détermine principalement la vitesse et la distribution des points de contact et des points de plus haut sommet. La loi suivant laquelle la profondeur des plis ou sillons varie dans chaque intervalle entre deux points de con- tact, résulte de la forme du déplacement initial. Nous ne pouvons ici donner plus d’étendue à cette description; les formules représentent distinctement les états successifs du système, en sorte qu'on est assuré de n’omettre aucun des élémens du phénomène. On voit maintenant en quoi cette solution, qui s'applique à toutes les formes initiales que l’on peut concevoir, diffère de celle qui a été donnée pour la question des ondes, quoique l’une et l’autre puissent se déduire des principes qui ont servi à déterminer les lois analytiques du mouvement de la chaleur. Au reste, la discussion qui s’est élevée aura un objet utile si elle contribue à appeler l’attention des géomètres sur les théorêmes qui expriment les fonctions arbitraires en intégrales définies, et sur leur usage dans les applications de l'analyse à la physique. Nous nous proposons de rappeler ces théorêmes dans un article subséquent, de citer plus expressément les ouvrages où ils ont élé donnés pour la première fois, et d'en indiquer les diverses appli- cations. La Note qui précède se rapporte à celle qui a été insérée dans le Bulletin du mois de juin. L'auteur de cette dernière Note a publié dans le Bulletin de juillet un second article concernant les vibrations des surfaces élastiques, ce qui nous donne lieu d'ajouter les remarques suivantes : 1101 8% cad. des Sciences. 13 juillet 1818. (156 ) | \ 10. Nous avons rapporté dans le Mémoire présenté à l’Académie des Sciences, le 8 juin 1818, différens procédés de calcul qui conduisent à l'intégrale de l'équation ( A). Le premier résulte de l'application des théorêmes qui expriment une fonction arbitraire eu intégrales définies. L'objet direct de cette application n’est pas de sommer une série in- finie, mais de déterminer une fonction inconnue sous le signe d’inté- gration, en sorte que le résultat de l'intégration définie soit une fonction donnée. Le second procédé consiste à découvrir une valeur particulière telle LA ec a + y Ur . Le à V4 que v — — sin. (=) qui, étant prise pour », satisfait à l’équa- tion (A), et dont on peut déduire facilement la valeur générale de ?. Nous avons prouvé aussi que cette même intégrale peut se déduire du développement en série. Lorsqu'on est une fois parvenu à connaître l'intégrale d’une équation différentielle, il est facile d'arriver par d’autres voies à ce même résultat; mais il nous avait paru utile d'indiquer ces procédés différens dans une recherche nouvelle dont les principes ne sont pas généralement connus. 2°. La généralité de ces intégrales se démontre par des principes rigoureux, sans recourir à la considération indirecte du développement de l'intégrale en série ordonnée , selon les puissances d’une des variables. 50. Il importe surtout de remarquer que la forme de l'intégrale doit changer avec la nature de la question. Si la surface élastique dont on veut déterminer le mouvement n'avait pas les dimensions infinies, par exemple, si cette surface était un rectangle dont les arêtes sont appuyées sur des obstacles fixes, il faudrait employer l'intégrale sous une forme totalement différente de celle que nous avons donnée dans notre Mémoire. Ces deux résultats sont entre eux une relation néces- saire, et l’on peut toujours déduire l’un de l’autre; mais il est beau- coup plus facile de les conclure directement des conditions proposées, et c’est un des principaux avantages des théorêmes que nous avons cités. aa sans sas AAA AA Suite des Recherches de M. EpwarDs sur l’Asphytie. Daxs un troisième Mémoire sur l’Asphyxie , M. Edwards, en continuant d'examiner les causes qui peuvent faire varier les phéno- mènes que présente l’asphyxie, s’est occupé de l'influence de l'air contenu dans l’eau. 11 résulte de ses expériences sur la vie des Batraciens plongés sous l'eau, que de petites quantités d’eau aérée et des quantités égales d'eau privée d'air par l’ébullition, ne produisent guère de différence bien p (157) sensible sur la durée de la vie de ces animaux ; mais que ces diffé- rences deviennent très-marquées lorsqu'on augmente la quantité d’eau aérée, et que, dans de certaines limites, la vie de ces animaux est d'autant plus longue, qu’on emploie de plus grandes quantités de ce liquide. L'examen des'conditicns diverses dans lesquelles ces animaux peu- vent se trouver à cet égard, l’a conduit à la connaissance de quelques faits très-curieux ; il a constaté que les Batraciens peuvent subsister un temps considérable sous l’eau aérée sans venir respirer à la surface, et que la durée de leur existence en ce cas dépend de trois conditions principales : 10. La présence de l’air dans l’eau ; 20, La quantité et le renouvellement de ce liquide; 50. Sa température. Ainsi, dans 12 litres d’eau aérée (de la Seine) qu’on renouvelle une fois toutes les vingt-quatre heures, les grenouilles (R. esculenta et temporaria), le crapaud (commun), les salamandres (crétées et abdo- iminales), peuvent subsister plusieurs mois dans l’eau sans venir res- pirer à la surface, tant que la température est comprise entre o et 10 degrés centigrades; mais lorsque la température s'élève à 12 ou 14 degrés, ces Batraciens meurent tous dans l’espace d’un à deux jours. Si, au lieu d’eau aérée stagnante, qu'on ne change qu'une fois toutes les vingt-quatre heures, on fait l'expérience dans de l’eau cou- rante, un certain nombre de ces animaux y survivent à cette tempéra- ture, mais la plupart y périssent ; il y en à même qui résistent à 22 degrés. En recherchant les rapports de l'air avec les organes de ces animaux, M. Edwards a constaté qu'ils ne respirent pas l'air de l’eau au moyen de leurs poumons, mais que cet air entretient leur vie en agissant sur la peau. En examinant les rapports de l'air contenu dans l'eau, et de l’élé- valion de température, avec la vie de ces animaux plongés dans ce liquide, M. Edwards a déterminé qu'ils avaient une influence inverse. Il résulte de ces expériences, qu'entre o et 10 degrés, l'influence vivifiante de l'air contenu dans l’eau, lorsque ce liquide est en quan- tité suffisante, l'emporte sur l’action délétère de l'élévation de tempé- rature; mais à 10 degrés, l'influence de l'élévation de la température commence à prévaloir sur l’action vivifiante de l'air contenu dans l’eau ; de sorte qu’en général les Batraciens adultes, afin de pouvoir subsister dans l’eau aérée à la température de 10 à 12 degrés et au-delà, sont obligés de s'élever de temps en temps à la surface, pour respirer l'air de latmosphère. LL AAA AA A AA AR Livraison de septembre. 18 sy eee 1810. ( 158 ) Monographie du Mabouia des murailles, ou Gecko Mabouia des Antilles; par M. MOoREAU DE JONNEs, Correspondant de la Société Philomatique. HISTOIRE NATURELLE. . r . IL résulte des faits énoncés dans ce Mémoire : 1°. Que le Mabouia des Antilles, ou plus spécialement le Mabouia des murailles, est un Gecko platy-dactyle, et qu'il n'appartient point, commwe l’a cru Daudin, au genre des Ânoîys. 2 MOueLcEteMeSpeCeneES ti: Le Mabouia de Rochefort, Dutertre et Labat; La petite Salamandre brune, de Sloane ; La grande Salamandre américaine, de Klein; Le Lézard sputateur, de Sparman ; Le Gecko sputateur, de Bosc et Cuvier; L’Anolys sputateur, de Daudin; Et encore le Gecko porphyré, et le Gecko à queue épineuse, du même auteur. 5° Que le nom spévifique de sputateur n’ayant d'autre fondement qu'une fable faite à plaisir pour abuser de la crédulité d'un voyageur, il convient de la remplacer par l'appellation de Mabouia, donnée à ce Saurien dans les anciens auteurs qui l'ont mentionné, et dans les contrées dont il est indigène. 4. Qu'il y a d'autant plus de motifs de lui assigner ce nom spé- cifique, qu'on ne peut continuer de l'appliquer, comme l’a proposé Daudin, au Zacerfa aurata, de Linné et de Lacépède, qui ne porte point dans les Antilles le nom de AMfabouia, et dont la synonymie n'a pas moins besoin d’élucidation que celle du Gecko Mabouia ; puisque dans l’histoire des reptiles de Daudin, cette espèce en cons- titue trois, savoir : le Scinque Schneïderien, le Scinque Gallivasp, et le Scinque Mabouia. 50, Que les caractères spécifiques du Gecko Mabouia sont : des doigts élargis sur toute leur longueur, garnis au-dessous de deux rangs d’écailles transversales, terminés, chacun, par un ongle crochu, le dos parsemé de points tuberculeux, et la queue d'écailles épi- neuses; des plaques transversales sous la queue, et des pores sous les cuisses. 6°. Que ce Saurien est un animal casanier, antomophage , noc- turne, n'ayant ni venin, ni armes défensives; étant faible, peu agile, mais doué de la faculté de marcher sur des plaus très-inclinés, et même sur les plaloggs dont la surface unie semble devoir rendre impossible toute espête de station ou de locomotion. 7° Et enfin, qu’on trouve ce Gecko Mabouia en Amérique, dans les contrées continentales qui avoisinent au midi l'archipel des An- Acad. des Sciences, 17 août 1818. (159) ülles, et qu'il est également répandu dans les îles même de l'archipel, depuis la Trinité jusqu'à la Jamaïque, continuant de s'y multiplier, maluré la haine et la guerre acharnée dont il est l’objet. ARR AAA A AA A ÆApercu des genres nouveaux formés par M. HENRI CASSINI dans la famille des Synanthérées. NEUVIÈME FASCICULE. (r) 111. Æpaltes. Genre de la tribu des vernoniées?, ayant pour type l'ethulia divaricata. Calathide globuleuse, discoïde : disque pluriflore, révulariflore, masculiflore ; couronne plurisériée, multiflore, tubuliflore, féminiflore. Péricline égal aux fleurs; de squames imbriquées, ovales- aiouës, scarieuses sur les bords. Clinanthe plane , inappendiculé. Cypsèles inalurettées. L'£thulia conyzoides, véritable type du genre Ethulia, diffère du Sparganophorus ; dont les cypsèles portent un bourrelet apicilaire coroniforme, très-remarquable, et surtout de l’£palres dont la calathide est couronnée. 112. Gyplis. Sous-genre de l’Eupatorium; tribu des Eupatoriées ; différent des vrais Eupatorium par le péricline. Calathide subglobuleuse, incouronnée , équaliflore, multiflore , régulariflore , androgyniflore. Péricline à peu près égal aux fleurs, de squames bi-trisériées, irrégu- lièrement imbriquées, appliquées, spalulées; à partie inférieure co- riace ,oblongue, plurinervée, striée ; à partie supérieure appendiciforme, foliacée-membraneuse, élargie, arrondie. Clinanthe planiuscule, inap- pendiculé. Ovaires oblongs, pentagones ; aigrette de squamellules iuégales, filiformes, longuement barbellulées. Corolles jaunes. Style à base velue. Gyptis pinnatifida, H. Cass. Tige herbacée, baute de plus d’un pied, dressée, -simple, épaisse, cyhndrique, striée, pubescente , dé- pourvue de feuilles en sa partie supérieure. Feuilles inférieures opposées, longues de quatre à cinq pouces, semi-amplexicaules, pétioliformes in- féricurement, ovales, variables, munies de poils épars; tantôt simple- ment lobées, à lobes dentés; tantôt bi-tripinnatifides. Feuilles supé- rieures älternes. Calathides très-nombreuses , entassées, disposées en fausse-ombelle corymbée au sommet de la tige. Cette plante, recueillie (1) Voyez les huit fascicules précédens dans les livraisons de décembre 1816, janvier, février, avril, mai, septembre, octobre 1817, février, mars et mai 1818. ESA TENTE CET NP TEDITA 18 1 O. BoraniqQue. (140 ) à Montevideo par Commerson, est nommée Cans l'Herbier de M. de Jussieu Eupatorium sophitfolium ? J'ai vu dans le même Herbier deux autres espèces de Gypris. 115. Trilisa. Sous-genre du Liatris, tribu des Eupatoriées, différent des vrais Ziatris par l’aigrette non plumeuse, et ayant pour type la L. odoratissima. Calathide incouronnée, équaliflore, pluriflore , régu- lariflore , androgyniflore. Péricline inférieur aux fleurs, de squames paucisériées , imbriquées, intradilatées , ovales, foliacées. Clinanthe inappendiculé., Ovaires munis de dix côtes; aigrette de squamellules filiformes, épaisses, très-hérissées de fortes barbellules coniques. Les Trilisa différent des ZLiarris, comme les Carduus des Cirsium. Cependant les Trilisa ne peuvent former qu’un sous-genre, et non un genre, parce que j'ai observé un ZLiarris à aigrette barbellée, et par conséquent intermédiaire entre les vrais Liarris dont l'aigrette est barbée, et les Trilisa dont l’aigrette est barbellulée. Les Trilisa ont la plus grande affinité avec le Carphephorus, qui n’en diffère que par le clinanthe squamellifère; et j'ai observé sur la Trilisa odoratissimé que le clinanthe portait accidentellement quelques squamelles. 114. Euryops. Sous-genre de l’Orhonna ; tribu des Sénécionées. Calathide radiée : disque mulliflore, régulariflore , androgyniflore; cou- ronne unisériée, liguliflore, féminiflore. Péricline égal aux fleurs du disque, plécolépide; de squames unisériées, entregreffées inférieure ment, appliquées, égales, oblongues, coriaces-foliacées. Clinanthe convexe, alvéolé, inappendiculé. Ovaires du disque et de la couronne oblongs , glabres, striés ; aigrette caduque, de squamellules nombreuses, plurisériées, inévales, filiformes, longuement barbellulées : les squa- mellules extérieures rabattues sur l'ovaire, où au moins chiflonnées. Style à branches non terminées par un appendice conique. Les Euryops, ou faux Ofhonna, tels que FO. pectinata , VO. tenuis- sima, elc., diffèrent des vrais Ozhonna, tels que l'O. cheirifolia, YO. coronopifolia, etc., par le disque androgyniflore, par les ovaires glabres, par l’aigrette longuement barbellulée, et à squamellules extérieures rabattues ou chiffonnées, par le style inappendiculé. 115. Faustula.* Genre ou sous-genre de la tribu des Inulées, section des Gnaphaliées, ayant pour type la Chrrsocoma reticulata, Labill. Calathide incouronnée, équaliflore, multiflore, régulariflore, androgy- niflore. Péricline presque égal aux fleurs; de squames imbriquées, appliquées , oblongues, coriaces, laineuses, à sommet appendiciforme, glabre, scarieux. Clinanthe plane, inappendiculé. Ovaires courts, épais, cylindracés; hérissés de poils roides, très-longs, couchés, fourchus au sommet; aisrette de squamellules égales, unisériées, entregreflées à la base, filormes, barbellées sur Tes deux bords ; les barbelles (141) supérieures plus longues et plus épaisses. Anthères munies d’appendices basilaires subulés. | 116. Harpalium. Sous-genre de l’Xelianthus ; tribu des Hélianthées ; différent des vrais Helianthus par Y'aigrette, le péricline et les squa- melles. Calathide radiée : disque multiflore, réguiariflore, androgyni- flore; couronne unisériée, liguliflore, neutriflore. Péricline inférieur aux fleurs du disque, hémisphérique; de squames imbriquées, appli- quées, ovales, obtuses, subcoriaees, nullement appendiculées. Cli- nanthe convexe, garni de squamelles inférieures aux fleurs, demi- embrassantes, subfoliacées, oblongues, arrondies au sommet, Ovaires comprimés, obovales-oblangs, hispides ; aigrette de plusieurs squamel- lules unisériées, paléiformes, membraneuses, caduques , dont deux grandes, lancéolaires, l’une antérieure, l’autre postérieure, et les autres petites, oblongues, latérales. Harpalium rigidum, H. Cass. Tige herbacée, haute d’environ cinq pieds, dressée, rameuse, cylindrique, garnie de poils roïdes. Feuilles opposées, presque sessiles, lancéolées, pas sensiblement dentées , d’une substance ferme et roide, d’un vert glauque ou cendré, munies sur les deux faces de poils courts et roides. Calathides grandes, solitaires, au sommet des rameaux nus et pédonculiformes ; fleurs jaunes. (Cultivé au Jardin du Roi.) 117. Glyphia. Genre à placer avec doute parmi les Hélianthées-Tagé- tinées. Calathide quasi-radiée : disque multiflore, régulariflore, andro- gyniflore; couronne unisériée, liguliflore, féminiflore. Péricline à peu près égal aux fleurs, irrégulier; de squames inégales, subbisériées, appliquées, oblongues fsubmembraneuses, veinées , parsemées de quel- ques glandes éparses. Clinanthe plane, hérissé de fimbrilles courtes, inégales, entre-greffées, subulées, membraneuses. Ovaires oblongs, subcylindracés, striés, hispidules, à bourrelet basilaire cartilagineux ; aisrette longue, irrégulière , de squamellules nombreuses, inésales, filiformes, barbellulées. Corolles de la couronne à tube long, à lan- guette courtef, large, ovale, entière, pourvue de quelques glandes oblongues. Glyphia lucida, H. Cass. Plante très-glabre. Tige probablement ligneuse, rameuse, flexueuse, comme sarmenteuse, peut-être volubile, cylindrique, striée. Feuilles alternes, presque sessiles, longues de deux pouces, ovales, acuminées au sommet, tres-entières, membraneuses, luisantes, parsemées d'une mullitude de glandes transparentes, assez larges. Calathides disposées, à l’extrémité des rameaux, en petites panicules , dont les principales. ramifications sont accompagnées de bractées prolongées au sommet en un appendice subulé, arqué, spi- niforme ; fleurs jaunes. (Plante de l'Herbier de M. de Jussieu, re- cueillie à Madagascar par Commerson.) der, Cr42) | 118. Eriocline. Sous-genre de l'Oszcospermum; tribu des Calendu- lées; différent des vrais Os/cospermum par le clinanthe, et ayant pour type l'O. spinosum. Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore, masculiflore ; couronne unisériée, liguliflore , féminiflore. Péricline un peu supérieur aux fleurs du disque; de squames bi-trisériées, irrégulièrement imbriquées, appliquées, intradilatées, ovales-acumi- nées, coriaces-foliacées; les ‘intérieures appendiciformes au sommet. Clinanthe convexe, hérissé d’une multitude de longs poils laineux, capillaires, frisés, emméêlés. Ovaires réguliers, oblongs, épais, arrondis, inaigreltés. Faux-ovaires extrêmement courts, inaigrettés. 110. fctinus, Genre de là tribu des Arctotidées, section des Gor- tériées. Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore, androgyni- flore; couronne unisériée, liguliflore, neutriflore, Péricline supérieur aux fleurs du disque, plécolépide; de squames plurisériées, irrégu- lièrement imbriquées, entregreffées à la base, foliacées, subulées, hérissées de très-lonoues soies denticulées. Clinanthe.... (probable- ment alvéolé). Ovaires hérissés de poils longissimes; aigretle coroni- forme , denticulée au sommet, chaque dent prolongée en un long poil. Corolles de la couronne à languette longue, quadrilobée au sommet. Ictinus piloselloides, H. Cass. Tige herbacée, rameuse, grêle, cy- lindrique, striée, hérissée de poils qui sont garnis eux-mêmes d’autres poils très-petits. Feuilles alternes, sessiles, spatulées , hispides et vertes en dessus, tomenteuses et blanches en dessous. Calathides solitaires au sommet de la tige et des rameaux ; fleurs jaunes. (Plante de l'Herbier de M. de Jussieu, recueillie par Sonneratau Cap de Bonne-Espérance.) 120. Maniisalca. Genre ou sous-genre de la tribu des Centauriées, ayant pour type le Centaurea salmantica. Calathide discoïde : disque multiflore, subrégulariflore, androgyniflore ; couronne unisériée, am- pliatiflore , neutriflore. Péricline très-inférieur aux fleurs, ovoide ; de squames régulièrement imbriquées, appliquées , inferdilatées , ovales-oblongues, coriaces, munies au sommet d’un petit appendice subulé, spiniforme, réfléchi. Clinanthe plane, fimbrillifère. Ovaires glabres, munis de plusieurs côtes longitudinales, séparées par des rides transversales. Aigreite double : l’extérieure semblable à celle de la plupart des Centauriées; l’intérieure irrégulière, unilatérale, longue, composée de trois ou quatre squamellules entregreffées, qui forment une large lame membraneuse. Coroiles de la couronne à limbe pro- fondément divisé en cinq ou six lanières égales, longues, linéaires, et contenant trois ou quatre rudimens d’étamines avortées, en forme de longs filets. Etamines à filets glabriuscules. AA RAA AS AA A cames sas er (143) Nouveaux faits sur la polarisation de la lumière ; par M. Bior. Lorsqu’ux rayon blanc primitivement polarisé en un seul sens par la réflexion est transmis à travers diverses substances, tant solides que fluides, on sait qu'il perd sa polarisation primitive, avec celte particu- larité singulière que les divers rayôns simples qui le composent se trouvent, après la transmission, polarisés dans des sens divers, comme si leurs plans de polarisation avaient tourné inégalement de la gauche vers la droite, ou de la droite vers la gauche de l'observateur ; c’est en effet ainsi que le phénomène se passe, et cette rofation est réglée par les lois suivantes : 1°. Dans chaque substance, l'arc de rotation décrit par le plan de polarisation d’une même molécule lumineuse, est proportionnel à l'é- paisseur de ceite substance qu’elle traverse ; 20. Pour une même substance et une même épaisseur, les arcs de rotation des molécules lumineuses de réfrangibilité diverses, sont ré- ciproquement proportionnelles aux carrés des longueurs de leurs accès. Avec ces deux lois on peut calculer la distribution des plans de polarisation d’un rayon blanc qui a traversé une épaisseur quelconque d’une substance donnée, pourvu que l’on connaisse, par observalion, la rotation imprimée par une épaisseur donnée de cette substance à un rayon d’une réfrangibilité connue. La distribution des plans de polarisation étant ainsi déterminée, on peut assioner /a proportion de chaque rayon simple qui se réfractera soit ordinairement, soit extraor- dinairement, dans un rhomboïde de spath d'Islande, dont la section principale aura une direction donnée relativement à la polarisation primitive ; enfin, connaissant ces proportions, on peut calculer la teinte composée qui résultera de leur mélange dans l’image ordinaire et dans l’image extraordinaire donnée par le rhomboïde. Les résultats ainsi obtenus se trouvent minutieusement conformes à l'observation, tant pour l'intensité que pour la teinte, dans {oute la succession d'épaisseur où la coloration des images est sensible. Quant à la cause physique de cette rotation, on peut prouver par des expériences : 1°, qu'elle lient aux particules mêmes des substances indépendamment de leur état d’aggrégation ; 2°, que les particules douées de cette propriété ne la perdent point en passant dans les états divers de solide, de liquide et de gaz; et qu’elles la conservent, même sans altération, dans des combinaisons très-énergiques où on les engage, de sorte qu’on ne peut la ieur ôter qu’en les décomposant. Es CE RTE EE] 1810. PaysiQue. hilosoph. Magaz. Avril 1818, (144) Perfectionnement dans la purification du gaz hydrogène carburé, dégagé de la houille. I est suffisamment counu que la production du gaz hydrogène carburé, dégagé du charbon de terre, et la propriété qu'il a de servir pour l'éclairage, varient beaucoup, selon les circonstances dans les- quelles on lobtient et les moyens employés pour le purifier. Pour purifier ce gaz de la portion de gaz hydrogène sulfuré dont il est tou- Jours plus ou moins souillé, on l’a jusqu'ici soumis à l’action de la chaux vive, soit à l’étatsec, soit combinée avec l’eau dans des vaisseaux particuliers, construits de manière à mettre la chaux en contact avec le gaz sur une grande surface. Ce procédé doit naturellement être fort imparfait, à cause de la faible action du gaz hydrogène sulfuré sur la chaux. En preuve de cette assertion, il suffit d’examiner le gaz qui sert à l'éclairage de Londres. Qu'on en remplisse une éprouvette, et qu'ensuite on y plonge un morceau de papier trempé dans une disso- lution de nitrate d'argent ou de sur-acétate de plomb, à l'instant le papier deviendra brun. On a eu recours tout récemment avec succès à une nouvelle ma- nière de se débarrasser du gaz hydrogène sulfuré; en considérant la facilité, le bon marché et la promptitude avec laquelle on peut em- ployer ce moyen en grand, on à raison de croire qu'il deviendra grandement avantageux à fous ceux qui préparent du gaz hydrogène carburé. Ce procédé consiste à faire passer le gaz brut, à mesure qu'il se dégage du charbon de terre, à travers un cylindre de fer échaullé, ou un autre vaisseau contenant des fragmens de fer métallique, ou un oxide quelconque de fer, au minimum d’oxidalion. Par exemple, ces rognures de fer blanc qu'on met au rebut, feront très-bien l'aflaire, ainsi que le minérai de fer argileux. Il faut disposer ces matières de façon qu’elles présentent la plus grande surface possible. Avec ces pré cautions, le gaz hydrogène sulfuré est décomposé par le fer mélal- lique, et on oblient le gaz hydrogène carburé dans un grand état de pureté. Si ce fer est à l’état de métal, il acquiert par ce procédé une struc- ture crystalline, et il donne beaucoup d'hydrogène sulfuré en jetant dessus de l'acide sulfurique ou de l'acide muriatique étendu, ce qui prouve que ce fer est converti en sulfure. On recueille aussi à l’extré- mité du vaisseau quantité d'acide sulfurique et d’acide sulfureux. Le gaz ainsi traité ne cause point d’odeur désagréable durant sa combustion, et sa pureté est attestée, en ce qu'il n’exerce aucune ac- tion sur la dissolution de plomb, d'argent ou de tout autre métal blanc, A AS AAA (145 ) Nouvelles Observations sur les Acides et les Oxides ovigénés ; + par M. THÉNARD. J'Ar annoncé, dans mes précédentes Observations, que les acides hydro-chlorique , nitrique, etc., étaient susceptibles de s'oxigéner plusieurs fois. IL était important de déterminer la quantité d’oxigène qu'ils pouvaient prendre ; c'est ce que j'ai fait pour l'acide hydro- . chlorique, comme je vais le dire succinctement. J'ai pris de l'acide ‘hydro-chlorique liquide au point de concentration où, en le combinant avec la barite, il en résultait une dissolution qui, par une légère évapo- ration, laissait déposer des cristaux d’hydro-chlorate. J'ai saturé cetacide de deutoxide de barium réduit en pâte molle par l’eau et la trituration, ensuite j'ai précipité la barite de la liqueur par une quantité convenable d'acide sulfurique; puis j'ai repris l'acide hydro-chlorique oxigéné, Je lai traité par le deutoxide de barium et l’acide sulfurique pour l’oxi- géner de nouveau, et je l'ai ainsi chargé d’oxigène jusqu’à quinze fois. Cette opération se fait les cinq à six premières fois sans qu’il se dei de gaz oxisène, surtout si l’on ne sature pas complètement acide hydro-chlorique, et si l’on verse l’hydro-chlorate dans l'acide sulfurique ; mais au-delà 1l est difhcile de ne pas perdre un peu d’oxigène; la majeure partie de ce gaz toutefois reste unie à l'acide. J'ai obtenu ainsi un acide 18518. Cuimre. Académie Royale des Sciences. 14 septembre 1818. qui contenait trente-deux fois son volume d’oxigène à la température de 20° et sous la pression de 0,76°, et seulement quatre volumes et demi de gaz hydro-chlorique, c’est-à-dire que le volume de l’oxigène étant 7, celui de l'acide hydro-chlorique n’était que de r. Quoique l'acide hydro-chlorique oxigéné préparé par la méthode que je viens de décrire contienne une grande quantité d’oxigène, il n’en est point encore saluré; il peut en recevoir une nouvelle portion, mais, pour la lui faire absorber facilement, il faut emplover un nouveau moyen. Ce moyen consiste à mettre l’acide hydro-chlorique oxigéné en contact avec le sulfate d'argent ; à l’instant il se forme du chlorure d'argent insoluble et de l’acide sulfurique oxigéné très-soluble. Lorsque celui-c1 est séparé par le filtre, on y ajoute de l'acide hydro-chlorique, mais en moindre quantité que n’en contient l'acide hydro-chlorique oxigéné dont on se sert d’abord; alors, dans le mélange d'acide sulfu- rique oxigéné et d'acide hydro-chlorique, on verse assez de barite seu- lement pour précipiter l’acide sulfurique ; tout-à-coup l’oxigène aban- donnant l'acide sulfurique pour s'unir à lacide hydro-chlorique, fait passer celui-ci au summum d’oxigénation. L'on voit donc que l’on peut transporter tout l’oxigène de l’un de ces deux acides à l’autre, et, pour peu qu'on réfléchisse, l’on verra aussi que, pour obtenir de l'acide sulfurique au summum d'oxigénation, il n'y aura qu'à verser de l’eau Livraison d'octobre. 19 (146) de barite dans l'acide sulfurique oxigéné, de manière à précipiter seu- lement une partie de l’acide. Toutes ces opérations, avec un peu d'habitude, se font sans aucune espèce de difficulté. En combinant les deux méthodes dont je viens de parler, j'ai pu obtenir de l'acide hydro-chlorique oxigéné qui contenait en volume près de seize fois autant d’oxigène que d'acide hydro-chlorique réel. IL était si faible d’ailleurs, que d’un volume d’acide l’on ne retirait que 3"”63 de yaz oxigène sous la pression de 76 cent., et à la température de 1805 centigrades, L’acide hydro-chlorique oxigéné n'a présenté de nouveaux phéno- mènes dignes de remarque. Récemment préparé, il ne s’en dégage pas de bulles lorsqu'il vient d’être filtré, mais bientôt après l’on en voit de très-petiles partir du fond du vase et venir crever à la surface de la liqueur, dans le cas même où l'acide n’est oxigèné qu’une seule fois. Présumant que cette décomposition lente pouvait provenir de l’action de la Iumière, j'ai rempli presque entièrement un petit flacon d'acide, et après en avoir assujetti Le bouchon; j'ai renversé le vase, et l'ai placé dans l'obscurité, Au bout de quelques heures il a fait explosion, l'acide contenait plus de trente volumes d’oxigène; cependant ce. même acide, mis sous le récipient de’ la machine pneumatique, ne laissait dégager qu’une très- petite parlie du gaz qui s’y trouvait renfermé. "J'avais cru jusqu’à présent que l’oxigène se dégageait tout entier de l'acide hydrc-chlorique à la température de l'ébullition : le contraire m’est parfaitement démontré. Ayant fait bouillir de l’acide hydro-chlorique oxigéné pendant une demi-heure, j'y ai encore retrouvé de l’oxigène. C'est par l’oxide d'argent que l’on peut démontrer la présence de loxigène dans l'acide hydro-chlorique oxigéné qui a été soumis à l’ébullition : à peine le contact a-t-il lieu, que l’oxigène se dégage tout-à-coup. Cet oxide nous offre ainsi le moyen de déterminer rigou- reusement Ja quantité de gaz oxigène contenu dans l'acide hydro-chlo- rique oxigéné; l'analyse n’exige même que quelques minutes : l’on prend un tube de verre gradué, on le remplit presque entièrement de mercure, On y verse ensuite un volume déterminé d'acide, puis on achève de remplir le tube avec du mercure, et on le renverse sur le bain; enfin, on y fait passer un excès d’oxide d'argent en suspension dans l’eau, et tout-à-coup on lit le volume de l’oxisène contenu dans l'acide. On apprécie d’ailleurs la quantité de chlore, et par suite la quantité d’acide hydro-chlorique, en décomposant une partie de l'acide même par le nitrate d'argent. (1) (x) Comine j'ai reconnu , depuis la lecture de ce Mémoire, qu'une partie de l’oxigène dégagé provenait de l'oxide d'argent, il faut tenir compte de cet oxigène, (Voir a cet effet le Mémoire suivant.) É ie": Pr 147 À (147) Le dégagement d'oxigène de l'acide hydro-chlorique oxigéné est si rapide, qu'il y aurait du danger à opérer sur un acide faible qui con- tiendrait vingt-six à trente volumes d’oxigène. Le tube échapperait probablement des mains de celui qui ferait l'opération, ou bien même se briserait; aussi rien n’égale la violence de l’effervescence qu’on produit lorsqu'on plonge et qu’on agite l'extrémité d’un tube chargé d’oxide d'argent dans quelques grammes de acide dont nous venons de parler; comme cet acide se trouve de suite détruit, l’oxigène est rendu à son élat de liberté, et s’élance avec force en projetant le liquide au loin. Versé sur du sulfate, ou du nitrate, ou du fluate d'argent, l'acide hydro-chlorique le plus oxigéné possible ne produit aucune efferves- cence; tout son oxigène s’unit à l’acide du sel, tandis que l'acide hydro- chlorique forme avec l’oxide d’argent de l’eau et un chlorure. J'ai déjà fait plusieurs tentatives pour savoir si les acides oxigénés pouvaient prendre d’autant plus d’oxigène qu'ils renfermaient plus d'acide réel; ou si l’eau, par sa quantité, n’avait pas une influence sur la plus ou moins grande oxigénation de l'acide : mes essais ne m'ont pas encore permis de résoudre complètement cette question. J'ai également tenté, sans succès bien marqué jusqu’à présent, d’oxigéner la magnésie et l’alumine ; mais je suis parvenu à suroxigéner plusieurs autres oxides, savoir, celui de zinc, celui de cuivre et celui de nikel; on ne réussirait pas, ou du moins on ne réussirait que très- imparfaitement, si on se contentait d'ajouter de l'acide oxigéné aux dissolutions salines de ces trois métaux, et si l’on précipitait Fa liqueur par la potasse. 11 faut dissoudre les oxides de ces métaux dans de l'acide hydro- chlorique oxigéné, trois à quatre fois, et décomposer l’hydro-chlorate oxigéné par de la potasse ou de la soude, en ayant soin de n’en mettre qu'un pelit excès. 11 y a même une précaution de plus à prendre pour la préparation du sur-oxide de cuivre : c’est de mettre le deutoxide de cuivre dans l'acide hydro-chlorique oxigéné par portion ; de manière-que l’acide hydro-chlorique oxigéné soit en excès; si oxide était prédomi- pant, la majeure partie de l’oxigène se dégagerait. Dans tous les cas, l'oxide se précipite en masse gélatineuse ou à l’état d’hydrate. Celui de zinc est jaunâtre, celui de cuivre d’un vert olive, et celui de nikel d’un vert-pomme sale peu foncé. Les deux premiers laissent désager une portion de leur oxigène à la température ordinaire; lorsqu'on les fait bouillir avec l’eau, le dégagement est bien plus abondant; toutefois ils n’abandonnent pas, surtout celui de zine, tout l’oxisène qu’ils ont ab- sorbé, car lorsqu'on les dissout ensuite dans l'acide hydro-chlorique et qu’on chauffe sa liqueur, on oblient une nouvelle quantité de gaz. L'oxide de nikel se décompose aussi à la température de l'ébullition, enr Le 1010, Caimir. Académie Royale des Sciences. 5 octobre 1818. (148 ) et même sa décomposition commence au-dessous. Traité par l'acide bydro-chlorique, il se dissout comme les oxides de zinc et de cuivre, et se désoxigène par la chaleur sans-qu’il se manifeste de chlore. Ajoutons encore que ces différens hydrates oxigénés reprennent sensiblement les couleurs qui caractérisent les oxides ordinaires après les avoir fait bouillir dans l’eau; ainsi l’hydrate de zinc passe du jaune au blanc, celui de cuivre du vert-olive au brun-foncé, etc. M. Rothoff, chimiste suédoïs, avait déja annoncé que le deutoxide de nikel se décomposait par la dessiccation. ; Ces nouveaux hydrates ressemblent, comme on le voit, à ceux de barite, de strontianeet de chaux (x), et forment une classe analogue à celle des acides oxigénés. Probablement que j'en découvrirai plusieurs autres. RAA RAA AR RAA Cinquième série d'Observations sur les Acides et les Oxides ovigénés ; par M. THÉNARD. Læs faits dont se compose cette série d'observations sont si remar- quables, qu'ils causeront probablement quelque surprise, même aux chimistes les plus distingués; je vais les rapporter le plus succinctement possible. 19, Les acides nitrique et hydro-chlorique oxigénés dissolvent l’hydrate de deutoxide de mercure sans effervescence; mais lorsqu'on verse ensuite un excès d'alcali dans la dissolution , il se dégage beaucoup d’oxigène, et l’oxide de mercure, qui reparait d’abord sous la couleur jaune, ne tarde pas à se réduire. 20. Cet hydrateWse réduit également en le mettant en contact avec le nitrate et l'hydro-chlorate oxigénés de potasse; on le voit passer du jaune au gris, et l’on voit en même temps beaucoup d’oxigène se dégager, 50. De l’oxide d’or extrait de l’hydro-chlorate d’or par la barite et contenant un peu de cette base qui lui donnait une teinte verdâtre, fut mis en gelée dans l'acide hydro-chlorique oxigéné : à l'instant une vive effervescence eut lieu, elle était due à l’oxigène ; l'oxide devint pourpre, et quelque temps après il était complètement réduit. 4. Les acides nitrique, sulfurique et phosphorique oxigénés font ” (x) Voici les observations que M. Thénard a faites sur'ces derniers hydrates. Lorsqu'on verse un excès d’eau de barite dans l'acide nitrique ou l'acide hydrochlo- rique oxigéné, et à plus forte raison suroxigéné, il se forme un-précipité cristallin d'hydrate de deutoxide de barium. Ge précipité est très-abondant en paillettes nacrées, et peu soluble dans l’eau ; celle-ci à 10° le décompose et le transforme en gaz oxigène ou en barite ou protoxide de barium. La strontiane et la chaux sont susceptibles d’être suroxidées toutes deux, de même que la barite, par les acides suroxigénés. L'hydrate de deutoxide de strontiane ressemble beaucoup à celui de barium; celui de chaux est en paillettes plus fines. (149) passer d’abord loxide d'or au pourpre, comme l'acide hydro-chloriqué oxigéné; mais l’oxide, au lieu de prendre ensuite l'aspect de l'or précipité par Je sulfate de fer, devient bruni-foncé. Cesexpériences ne tendent= elles pas à prouver qu'il existe réellement un oxide pourpre d'or? 50, Lorsqu'on verse de acide nitrique oxigéné sur de l’oxide d’ar- gent, une vive effervescence a lieu; elle est due tout entière à l’oxigène, comme dans les cas\ précédens ; une portion de l’oxide d'atveñt se dissout; l’autre se réduit d’abord et se dissout ensuite elie-mênie, pourvu que l'acide soit en quantité convenable. La dissolution étant faite, ssi l’on y ajoute peu-à-peu de Ja potasse, il'se produit une nouvelle effer- vescence et un précipité d’un violet noir-foncé ; du moins, telle’ est toujours la couleur du premier dépôt. Ce dépôt est insoluble dans Fammo- njaque, et est, selon toute apparence, un protoxide d'argent semblable à celui qu’un chimiste anglais a observé en examinant les produits de lammoniaque sur loxide d'argent, Ge. Les acidessulfurique et phosphorique oxigénés réduisent partiel lement aussi l’oxide d'argent, en donnant lieu à une efférvesténce. .70. J'ai déjà parlé de l’action de loxide d'argent ‘sur l'acide hydro- chlorique oxigéné, et J'ai dit queces deux corps, par leur réaction; don- naient lieu à de l’eau, à un dégagement d'oxigène, et à un chlorure d'argent ; mais ce chlorure est violet. Or le chlorure violet, de quelque manière qu'il soit produit, laisse toujours un résidu métallique, lorsqu'on le traite par l'ammoniaque ; phénomène que M. Gay-Lussac à observé sur le chlorure blanc devenu violet par l'action de la lumière: ‘l'suit de là qu’en traitant l'acide hydro-chlorique oxigéné.par oxide d'argent, une petite partie de l’oxigène qui se dégage provient de l’oxide même. Par conséquent pour déterminer, d'après le procédé que j'ai indiqué précédemment (pag. 54 de ce cahier), la quantité d’oxisène de l’atide hydro-chlorique oxigéné par l’oxide d'argent, il faut tenir compte de loxigène provenant de cet oxide. A cet effet, il suffit de faire une seconde expérience, dans laquelle on recueille le chlorure d'argent produit et mêlé à l'excès d'oxide d'argent; l'on traite le mélange par l’ammoniaque, et l’on obtient pour résidu le métal de l’oxide réduit. La quantité de ce résidu fait connaître précisément la quantité d'oxigène cherchée. Je ferai remarquer, au sujet du chlorure violet, qu'il correspond probablement au protoxide d'argent ; je ferai aussi remarquer qu’en exposant du chlorure blanc d'argent à la lumière, il se dégage une odeur analogue à celle du chlore, et que la liqueur ne devient point acide. Il serait donc possible qu'une portion du chlore se dégageñt directement. .8°. Aussitôt qu'on plonge un tube chargé d’oxide d'argent dans une dissolution de nitrate oxigéné de potasse, il se produit une violente 4 ( 150 ) effervescence : l’oxide d'argent se réduit, l'argent se précipite, tout l’oxisène du nitrate oxigéné se dégage en même temps que celui de l'oxide; et la dissolution, qui ne contient plus ensuite que du nitrate de potasse ordinaire, reste neutre si-elle l'était d’abord. 9°. L'oxide d'argent se comporte avec l’hydro-chlorate oxigéné de potasse, de même -qu'avec le nitrate oxigéné. 102. Qu'on mette de l'argent {rès-divisé dans du nitrate ou de l’hydro- chlorate oxigéné de potasse, tout Poxigène du sel se déyagera encore tout-a-coup; l'argent ne sera pas attaqué, et le sel restera neutre comme auparavant; l’action serait beaucoup moins vive, si le métal était moins divisé; dans tous les cas, il paraît qu’elle est moins forte sur l’hydro- chlorate que sur le nitrate. 11°. L'argent n'est pas le seul métal capable de séparer l’oxigène des nitrates et hydro-chiorates oxigénés de potasse; le fer, le zinc, le cuivre, le bismut, le platine possèdent aussi cette propriété. Le fer et le zinc s’oxident et donnent lieu en même temps à un dégagement d’oxigène; les autres ne s’oxident pas, du moins sensiblement. Tous avaient été employés en limaille. J'ai aussi essayé- l'action de l'or et celle de létain : ces métaux n’agissent, pas sur les dissolutions neutres, ou du moins l'on voit tout au plus quelques bullesse dégager de temps en temps. 12°. Plusieurs oxides, autres que ceux d'argent et de mercure, peu- vent également décomposer les nitrate et hydro-chlorate oxigénés de potasse ; je citerai particulièrement le péroxide de manganèse et celui de plomb; il ne faut même que très-peu de ces oxides en poudre pour chasser tout l’oxigène de la dissolution saline; l’effervescence est vive. Je crois que le péroxide de manganèse ne subit aucune altération ; il serait possible que celui detplomb fût ramené à un moindre degré d’oxidation. 15°. L'on sait que l'acide nitrique est sans action sur le péroxide de manganèse et sur le péroxide de plomb; mais il n’en est pas de même de l'acide nitrique oxigéné. Il les dissout l’un et l’autre avec la plus grande facilité. La dissolution est accompagnée d’un grand dégagement d'oxigène. La potasse produit dans celle de manganèse un précipité noir floconveux, et dans celle de: plomb un précipité couleur de brique : celui-ci est moins oxigéné que le péroxide de plomb, car, en le traitant par l'acide nitrique, on obtient du nitrate de plomb et un résidu puce; au moment où l’on ajoute là potasse, il y a vive effervescence. 140. Les sulfates, phosphates et fluates oxigénés se comportent avec l'oxide d'argent , l'argent, et probablement les autres corps, de même que le nitrate -et l’hydro-chlorate oxigéné de potasse. La plupart des sels aicalins oxigénés sont doués aussi des mêmes propriétés que les sels de potasse oxigénés. % me 4 (1521) 15°, Enfin, le sable et le verre pilé sont sans action sur les acides et les sels oxigénés. ! Quelle est la cause des phénomènes que nous venons d'exposer ? Voilà maintenant ce qu'il s’agit d'examiner. Pour cela, qu'il nous soit ermis de rappeler ceux que présentent l’oxide d'argent el l'argent avec fe nitrate oxigéné neutre de potasse. L'argent très-divisé dégage rapi- dement l’oxigène de ce sel; il ne s’altère point, et le nitrate oxigéné devient nitrate neutre. L’oxide d'argent dégage plus rapidement encore que l'argent l’oxigène du nitrate oxigéné ; lui-même est décomposé; il se réduit, l'argent se précipite tout entier, et l’on ne trouve dans la liqueur que du nitrate neutre de potasse ordinäire. Or, dans ces décompositions l'action chimique est évidemment nulle : il faut donc les attribuer à une cause physique; mais elles ne dépendent ni de la chaleur ni de la lumière, d’où il suit qu’elles sont probablement dues à l'électricité. Je chercheraï à m'en assurer d’une manière positive ; je chercherai aussi à savoir si la cause, quelle qu’elle soit, ne pourrait pas être produite par le contact de deux liquides et même de deux gaz : de là découlera peut-être l’explication d’un grand nombre de phéno- mènes. J'ai déjà annoncé que quelques acides végétaux étaient susceptibles d'absorber l’oxigène ; je me suis assuré depuis que la plupart possédaient cette propriété. Cette absorption ‘est facile à opérer, en versant de l'acide hydro-chlorique oxigéné sur la combinaison de l’oxide d’argent avec l’acide végétal. Quelle que soit l’oxigénation de l'acide hydro-chlo- rique, il ne se dégage aucun gaz au moment de la réaction ; il s’en dégage même à peine, du moins avec les acides nitrique, oxalique, E lorsqu'on porte la liqueur à l’ébullition. [’acide n’éprou- verait-il pas une altération qui en ferait un nouveau corps? Avant d'émettre une opinion sur celte question, il faut faire des recherches que j'ai seulement commencées, et que j'espère bientôt terminer. ESS AAA RAA AAA Observations sur la germination des graines de Raphanus es d'autres Crucifères; par M. HENRI Cassini. (Extrait.) M. Henrt Cassini ayant remarqué sur les raves et radis deux ap- pendices en forme de rubans , qui rampent sur deux côtés opposés de cette racine depuis son sommet jusque vers son milieu, a pensé que ces appendices étaient les restes d'une coléorhize qui s’était ouverte en deux valves, et que par conséquent le Raphanus sativus était endorhize ; quoique dicotylédon, Pour s’en assurer, il sema des graines de petit ra dis rose, et lorsque la N CE 1816. Boranique. Société Philomat, 18 Juillet 1818, ( 152) germination eut fait des progrès nolables fil déterra une partie des plan- tules qui avaient déjà pres de deux pouces de long. A cette époque, it n'aperçut encore aucune {race des deux appendices; mais il AA | qu'à uue cerlaine distance de l'origine des cotylédons, il y avait une sorte d’articulation ou de nœud, c'est-à-dire une transition brusque, ou changement subit, quoique très-léger, de substance, et quelquefois de rosseur, de forme, de direction, de coioration.. Au bout d'un certain temps, les plantules qu'ilavait laissées croître étant devenues suffisamment grandes, il les déterra, et il reconnut que la partie comprise entre les co- tylédons et espèce d'articulation observée précédemment, était un cau- dex descendant, lequel formait en grossissant cette tubérosité arrondie et charnue qui est l’un de nos alimens ; que ce caudex se dépouillait en même temps de bas en haut de son écorce dont l'accroissement était beau- coup plus lent que celui de la partie qu’elle recouvrait; et que cette écorce, divisée en deux lanières longitudinales toujours exactement correspon- dantes aux deux cotylédons, demeurait fixée au sommet du caudex, et formait ainsi les deux appendices rubanaires qu'on doit considérer comme une coléorhize bivalve. M. Henri Cassini a aussi observé les premiers développemens du Radis noir (Raphanus niger, Mérat), qui est une espèce distincte. Les graines de cette plante, qu'il a semées, lui ont donné des plantules qu'il a laissé croître pendant un assez long temps, après lequel il a reconnu qu'il y avait, commeidans l'espèce précédente, une sorte d’articulation à l’extré- mité inférieure du caudéx : mais que la coléorhize , quoiquetrès-manifeste, ne s’ouvrait et ne se détachait qu'a celte extrémité inférieure seulement.1l n’a pas suivi plus long-tems la croissance de ses radis noirs ; cependant il soupçonne que, dans celte espèce, la décortication ne s'opère pas au-dessus de la base du caudex, et il suppose que l'écorce de ce caudex se prête au prodigieux grossissement qu’il éprouve , de manière qu’elle n’est “point forcée de s'ouvrir ni de se détacher, et qu'elle continue toujours à le couvrir et à lui adhérer. Le Raphanus raphanistrum, dont plusieurs botanistes font un genre particulier, a offert aussi constamment à M. H. Cassini une coléorhize bivalve semblable à celle du radis ordinaire etsituée demême, c’est-à-dire que les deux lanières correspondaïent aux;deux cotylédons, et qu’elles étaient séparées l’une de l’autre jusqu'au sommet du caudex; mais ces lanières étaient restées adhérentes au caudex dans toute leur étendue. L'auteur a observé à peu près la même chose sur quelques individus de Sinapis arvensis et de Sinapis alba. Ù Il a cru aussi apercevoir des vestiges d’une coléorhize sur le caudex du Chou. 11 a remarqué que, quand la giroflée de Mahon était déjà grande et près de fleurir, il y avait presque toujours, sur la partie analogue au cau- Cu539 dex du Raphanus, à quelque distance au-dessous des cotylédons, des traces plus ou moins manifestes d’une décortication ordinairement in- complète et unilatérale. Le cresson alénois parvenu au même âge, ne lui a semblé offrir au- cune apparence de coléorhize. Cependant il est tenté d’y admettre une décortication insensible, manifestée par la présence de lambeaux fila- menteux d’épiderme à demi pourri, qu'il a remarqués sur le caudex. M. H. Cassini fait résulter de toutes ces observations, 1°. que le Ra- phanus sativus, quoique dicotylédon , est évidemment endorhize et cons- tamment pourvu d’une coléorhize bivalve; 2°. que cette coléorhize rest autre chose que l'écorce même du caudex, laquelle ne se continue point sur les racines proprement dites, mais s'arrête et s'ouvre à la base du caudex, et se détache ensuite presque entièrement depuis cette base jusqu’au sommet, en se divisant en deux lanières longitudinales très-régu- lières, et qui correspondent constamment aux deux cotylédons ; 3°. que plusieurs autres crucifères, plus ou moins voisines de la précédente, sont aussi endorhizes ou coléorhizées, mais d’une manière moins mani- feste , moins constante et moins régulière ; 4°. qu'il y a des crucifères qui ne sont point endorhizes, au moins sensiblement. L'auteur en conclut que les caractères proposés par M. Richard, pour la division primaire des végétaux sexifères , sont beaucoup moins im- portans di he l'a prétendu. RAA SRI AA ARS AAA AAA Extrait d'une Note de M. DerRANCE sur l'Enothère à fleurs blanches. LA sécheresse est généralement favorable à la dissémination des grai- nes, chez les plantes pourvues d'une capsule destinée à s'ouvrir en plu- sieurs valves. Cependant M. Defrance vient d'observer une capsule, dont la déhiscence, loin d’être favorisée par la sécheresse, ne s’opère au con- traire qu’à l’aide de l'humidité. Cette capsule appartient à une plante que l'auteur désigne seulement par le nom d’Enothère à fleurs blanches, et qui est très-probablement, selon nous, lÆnothera tetraptera des bo- tauistes. Quand le fruit est mûr, la sécheresse fait d’abord diviser en quatre la partie supérieure de la capsule, qui demeure en cet état tant qu'elle p’est pas mouillée; mais dès qu’elle est atteinte par la pluie, elle s'ouvre comme une fleur à quatre pétales, et laisse à découvert les graines que la pluie fait tomber à terre. Tant que la pluie dure, les capsules restent ouvertes ; mais quand la sécheresse revient, elles se referment jusqu'a ce qu'une nouvelle pluie les fasse rouvrir. EH. C. PA AAA ON A Livraison d'octobre. 20 1 810. Boraxique. Société Philomatiq. 22 août 1818. BorTaxiQue. ociété Philomat, 29 août 1818. Caimre, C154) Révision de la famille des Bignoniacées; par C. KuNTH: M. Browx paraissait d’abord disposé à diviser la famille des Bigno- niacées en trois où quatre familles distinctes. Il a commencé à éloigner des Bignoniacées le genre Pedalium pour en former, conjointement avec le Josephinia, une famille particulière sous le nom de Pedalinées. Ces caractères ont été de nouveau examinés par M. Kunth. II ne les a pas trouvés suffisants pour constituer une nouvelle famille, et il pense que celle des Bignoniacées doit être conservée à-peu-près telle que M. de Jussieu la établie. Les genres Sesamum, Martynia et Cranio- laria doivent former, avec les Pédalinées de M. Brown, une seconde section des Bignoniacées. M. Kunth désigne cette section sous le nom de Sésamées, pour la distinguer des vraies Bignoniacées, qui ont la graine entourée d’une membrane en forme d’aile, et dans laquelle il range les genres {ncarvillea, Juss., Catalpa, Juss., Tecoma, Juss., Bignonia, Juss., Oroxylum, Vent., Spathodia, Beauv., Am- Philophium (nouveau genre de M. Kunth, qui a pour type le Bignonia paniculata),Jacaranda, Juss., Platycarpum, Bonpl., Eccremocarpus, Ruiz et Pav., Cobæa, Cav., Tourretia, Domb. 11 indique aussi les nombreux rapports qu'a le Crescentia avec les Bignoniacées, et il propose de placer ce genre à la suite de cette famille. an AA Sur la combustion de l'alcool au moyen de la lampe sans flamme; par JOHN DALTON. M. J. DazrTon, en réfléchissant sur le phénomène que présente la lampe sans flamme , de continuer la combustion de la vapeur d'alcool au moyen d’un fil de platine roulé en spirale, fut conduit à penser qu'il était possible que le carbone de cette vapeur passât à l'état d’oxide de carbone au lieu de produire de l'acide carbonique, comme cela arrive dans la combustion ordinaire. Pour savoir si cette conjecture. était fondée, il fit l'expérience suivante : 11 fit brûler la lampe sans flamme sous une cloche de verre d’une capacité de 120 pouces cubiques, jusqu'à ce que le fil cessät d'être visible dans l'obscurité. Alors il remplit un flacon de l'air de la cloche pour en faire l'examen, et ce qu’il y a deremarquable, c’est que la lampe ne fut pas plus (ôt en contact avec l'air de l'atmosphère, que le fil de pee redevint incandescent; ce qui prouve que la combustion sous a cloche avait lieu lors même que le fil était obscur. L'air qui avait servi à la combustion contenait, pour 100, 14 + d’oxigène, et 4 environ d'acide carbonique; il fut impossible d’y trouver de l’oxide de carbone. La conjecture de M. J. Dalton n’était donc pas fondée. (155) Il voulut savoir ensuite le rapport qu'il y avait entre la combustion dont nous venons de parler et la combustion ordinaire. En conséquence il plaça la lampe à alcool, enflammée, sous la cloche qui avait servi à faire l’expérience précédente; il l'y laissa jusqu'à ce qu’elle s’éteignit spontanément. Après la combustion, l'air de la cloche contenait, pour 100, 16 + d’oxigène et 3 d'acide carbonique. Une nouvelle expérience fut faite avec la lampe sans flamme ; celle-ci s’éteignit quarante minutes après avoir été placée sous la cloche. A cette époque l'air contenait, pour 100, 8 d’oxigène, et presque la même quantité d'acide carbonique. L : M. J. Dalton a fréquemment observé que la combustion de l'huile, de la cire, du suif, elc., opérée dans l'air atmosphérique jusqu'à ce que la combustion fût terminée, diminuait l’oxigène de 4, 5, ou 6, pour 100 d'air; ainsi, la lampe sans flamme brûlerait dans des milieux où la combustion ordinaire ne pourrait pas avoir lieu. ARR AAA RSA Considérations sur les organes de la génération ; par H. DE BLAINVILLE. Les organes de la génération sont originairement de la même nature dans quelque degré d'organisation que ce soit, et sont par conséquent composés des mêmes parties, du moins dans ce qu’ils ont d’essentiel ; mais dans ce qu'ils peuvent emprunter à l'appareil extérieur, il est évident qu'il peut y avoir des différences plus ou moins considérables, suivant le degré de perfectionnement de l'animal. Cette nature est évidemment femelle, et par conséquent le sexe mâle n’en est qu'une simple modification. | C’est ce que l’on peut prouver de deux manières, ou en envisageant la série animale comme ne formant, pour ainsi dire, qu’un seul ani- mal, dont chaque degré correspondrait à un degré de développement d’un animal choisi; ou bien en envisageant l’animal le plus compliqué possible, et en regardant chaque nuance de son développement comme correspondant à un degré d'organisation de la série animale. Mais pour bien être en état d'entendre cela, il fautadmettre, ce qui est indubitable, que dans quelqu’animal que ce soit, pair ou rayonnné, l'appareil de la génération est constamment double ou symétrique, ou mieux qu'il est formé de deux parties ou côtés semblables, à moins qu'il n’y ait quelque anomalie. Dans les animaux actinomorphes ou à forme radiaire, l'appareil de la génération, en aussi grand nombre qu'il y a d'appendices ou de rayons, est évidemment pair, comme dans les Astéries, les Oursins, les Méduses, les Polypes même, du moins ceux que l’on a pu jusqu'ici HiSTOLRE NATURELLE. ( 156 ) anatomiser, animaux que l'on peut réellement regarder comme com- posés d'un certain nombre d’autres qui se sont disposés autour d’un centre au lieu de le faire à la suite les uns des autres; on sait que pour chaque rayon il ÿ a un organe générateur véritablement composé de deux parties, mais se réunissant pour communiquer à l'extérieur par un orifice commun, ou au moins que l’organe est parfaitement semblable à droite et à gauche de l’axe de chaque rayon. Dans le cas où le canal intestinal n’a qu'un orifice, la terminaison des organes de la génération se fait d’une manière symétrique ou ré- gulière autour de la bouche (1}); dans le cas contraire, c’est-à-dire quand il y a un anus, cette (erminaison se fait du côté et avec l'anus, toutes les excrétions dans un animal se faisant toujours d’un même côté, Ce que je viens de dire de la duplicité de l'appareil de la génération ‘dans les animaux actinomorphes, est encore beaucoup plus évident chez les artiomorphes, ou animaux pairs, qui peuvent être considérés comme une série d'animaux simples, disposés les uns à la suite des autres. En effet, chez tous, sans exception (2), on trouve que l'organe mâle ou femelle est toujours double ou symétrique; et comme dans tous ces groupes le canal intestinal a constamment deux issues, la ter- minaison de l'appareil générateur se fait toujours avec l’anus, dans le plus grand nombre de cas, par un orifice unique, mais aussi quelquefois par un orifice double, comme dans les Crustacés. Dans les Actinomorphes il n’y à jamais de sexe mâle (5); c’est un caractère distinctif de ce groupe, et par conséquent les deux côtés de chaque appareil sont tout-à-fait semblables et femelles. c’est-à-dire qu'ils sécrètent des œufs, qui d'eux-mêmes sont susceptibles de recevoir l'éveil et de vivre. Dans les Artiomorphes articulés ou non, dans le plus grand nombre de cas, les deux côtés -de l'appareil sont tout-à-fait semblables, et par conséquent ou restent femelles, ce qu'ils étaient originairement, ou éprouvent à-la-fois la même modification, qui les convertit également en sexe mâle. Mais on trouve aussi un certain nombre dé ces animaux qui natu- (r) C'est ce qui me fait douter que dans les Hydres il y ait une génération dite Ep 2e à je pense bien plus volontiers que les orifices des appareils générateurs sont à la marge de la bouche, comme dans les animaux radiaires, qui n’ont point d’anus. (2) Les oiseaux, comme je l'ai montré depuis long-temps , ont réellement deux ovaires. (3) Cette observation, outre plusieurs autres, comme l'existence d’un systémr ner- veux locomoteur abdominal, montre que les vers intestinaux, au moins les lombricoides, ne peuvent être rangés parmi les Actinomorphes, et sont bien véritablement des A. articulés. (197), rellement ont un côté mâle et l’autre femelle, comme tout le groupe des limaçons, et peut-être un plus grand nombre de mollusques qu'on ne pense. L’anatomie pathologique, ou des monstres, vient confirmer ce fait, qu’un côté de lappareil peut être indépendant de l’autre. On a trouvé en effet des monsires appartenant même à l'espèce humaine, qui d’un côté étaient mäles et de l'autre femelles. On conçoit parfaitement que dans les animaux mammifères, où les rapports des sexes sont compli- ués, il est impossible d'admettre qu'il puisse exister d’hermaphro- loue même incomplet, c’est-à-dire que le même individu pût agir et patir avec un individu semblable à lui, ou avec des individus de sexe différent, comme il y en a des exemples dans les animaux mollusques; mais dans les poissons, où la similitude des organes mâles et femelles est presque complète, où Je mâle agit sur les œufs de la femelle souvent sans la connaître, on peut concevoir que dans le cas dont nous parlons, el qui est assez fréquent, le demi-mäle de lindividu pourrait agir à l'extérieur sur les œufs qu'y aurait produits l’autre moitié femelle, et par conséquent donner lieu à l’hermaphrodisme véritablement suffisant. S'il n’en est peul-êlre pas ainsi dans les animaux supérieurs, c’est que l'appareil propre de la génération emprunte à l’appareil extérieur un appendice remarquable. Quelquefois aussi dans ce sous-règne on trouve des animaux chez lesquels un côté avorte presque complètement, mais non, je crois, totalement. Ainsi j'ai montré que les oiseaux chez lesquels on n’admet assez généralement encore qu’un ovaire, en ont réellement deux, mais que le droit est extrêmement faible, et n'acquiert jamais peut-être de développement au contraire du gauche : fait incontestable, mais dont on n’a pas encore, du moins que je sache, trouvé une raison plausible. Il en est peut-être de même des animaux mollusques, où l’on dit ne trouver qu’un sexe mäle ou femelle ; il se pourrait que réellement l'autre fût oblitéré au point d’être difficilement apercu. L'appareil de la génération mâle ou femelle peut se composer de: deux parties tout-à-fait distinctes, mais qui finissent par s'influencer réciproquement , savoir, la partie essentielle et la partie adjonctive ; celle-là peut bien exister seule, mais celle-ci, non : à la première appartient l'organe sécréteur ou ovaire, et son canal excréteur dans toute son étendue, c’est-à-dire depuis sa sortie de l’organe jusqu’à son orifice extérieur; à la seconde, ce que l'on peut appeler l'organe excitaieur, et qui est, pour ainsi dire, emprunté à l'appareil externe sensitif ou locomoteur, au point qu’en l’envisageant comme une paire d'appendices, on pourrait avancer que les animaux vertébrés ou arti- culés internes en peuvent avoir trois paires, sans compler ceux des mâchoires, comme les articulés externes Les plus parfaits. 1810. (1:58 ) Jamais les Actinomorphes n’ont autre chose que la partie essentielie de l'appareil, et de plus ïl est toujours femelle, et par conséquent toujours semblable sur chaque individu. Il en est de même de la partie des animaux pairs, que forme la classe des mollusques acéphalophores, ce qui me fait également croire qu'ils n'ont jamais que le sexe femelle. Dans les Céphalophores il commence à en être autrement, et l’on trouve quelquefois un organe excilateur fort singulier. Enfin dans les animaux articulés externes ou internes, on en trouve également fort souvent, mais souvent aussi il »’y en a pas du tout comme dans la plupart des poissons et des reptiles nus ou gymnodermes: Les animaux sont produits avec la même disposition d'organes de la génération. Ils sont, pour ainsi dire, zeutres, etce n’est que par la suite que des circonstances, qui nous sont entièrement inconnues, font rester l'individu femelle, ou le font passer à l’état de mâle. On peut prouver que l'appareil de la génération dans ce qu’on nomme le sexe mäle, est tout-à-fait semblable à ce qui a lieu dans le sexe femelle, en prenant l'espèce la plus compliquée, d'après cet axiome, que qui prouvele plus prouve le moins; ainsi dans les animaux mam- mifères et dans l’homme même : L'ovaire dans la femelle est représenté par le £esticule dans le mâle; l’un et l’autre sécrètent un fluide, mais qui dans un sexe est expan- sible, libre, et dans l’autre est enveloppé dans une membrane, ou ce qu'on nomme un œuf (1). L'un est aussi essentiel que l’autre, et une des différences que ces organes présentent, du moins dans le groupe d'animaux que nous examimons, c’est que jamais l’ovaire ne peut s'apercevoir jusqu'à un certain point à l'extérieur, et qu'il reste cons- tamment à la même place (2), tandis que le testicule situé dans le jeune âge sur les parties latérales des lombes, descend dans le bassin, y reste quelquefois, et d’autres fois tend à sortir ou sort tout-à-fait de la cavité abdominale, en la prolongeant pour ainsi dire au-dehors; il est alors renfermé dans une sorte de poche qu’on nomme scrotum, qui n’est autre chose que l’analogue du repli qu'on a désigné sous le nom de zymphe dans la femelle, et dont il va être parlé tout-à-l’heure, A la suite de l'organe sécréteur vient le canal que je nomme vecteur; dans la femelle c’ést la zrompe, dans le mâle c’est le canal déférent : l'épidydyme même de celui-ci et les tubes séminifères qu’on croyait 1) Dansles végétanx il y aurait encore une identité plus parfaite entre l'œuf produit de la femelle et le fluide séminal produit du mâle, sil est certain que le pollen ne soit qu’une grande quantité de petites capsules contenant l'aura seminalis. (2) C'est cependant un fait à vérifier; car il se pourrait qu'à une certaine époque de l’âge du fœtus, l'ovaire se trouvât sur les parties latérales des lombes , et ne fût pas encore dans le bassin. C159 ) particuliers au sexe mâle, se retrouvent aussi dans les ligamens larges de la femelle, comme l’a fait voir Rosen-Muller. Dans l’un comme dans l’autre sexe, il peut y avoir dans un endroit quelconque de ce canal vecteur, une vésicule de dépôt, c’est-à-dire, un renflement considérable dans lequel viendront aboutir les canaux vecteurs, et qui conservera plus ou moins long-temps le produit de la sécrétion qu'ils y auront apporté. C'est ce qu'on nomme wterus dans la femelle, et vesicules seminales dans le mâle. L'importance bien plus grande du premier fait qu'il manque bien moins souvent que le second; cependant, dans presque tous les animaux ovipares il n'y a pas plus de matrice que de vésicule séminale. De cette vésicule de dépôt sort un canal commun ou excréteur qui vient s'ouvrir à l'extérieur par un orifice de forme un peu variable, mais toujours situé dans la ligne médiane, et entre la terminaison du canal intestinal et celle de l'appareil de dépuration urinaire. A l’ouverture de ce canal, dans le sexe femelle et à la racine de son prolongement dans le mâle, se trouve de chaque côté un repli particulier de la peau, présentant une modification particulière, et qui commence au-dessus de la racine de l'organe excitaleur; c’est à ce repli de la peau que vient aboutir le ligament rond dans la femelle, qui existe également dans le mâle, du moins à un certain âge, et abso- lument dans les mêmes rapports. Ce repli est appelé rnymphes ou petites lèvres dans la femelle, et scrotum dans le mâle. La différence principale qu'ils offrent, c’est que dans la femelle il est rarement prolongé assez pour être visible à l'extérieur, et que les deux parties ne se soudent jamais entre elles, comme cela a lieu dans le mäle. Outre ce premier emprunt à l'appareil sensorial, il ÿ en a un second beaucoup plus important et plus apparent; c’est celui de l'organe que l'on peut nommer excitateur, clitoris dans la femelle, pénis dans le mâle; la situation, la structure ou composition anatomique, la forme même sont tout-à-fait semblables, et les différences que ces deux organes présentent, ne tiennent qu’au plus ou moins grand développement, et surtout à la manière dont le canal excréteur de l'appareil générateur se combine avec celui de Pappareil dépurateur. Dans l'individu femelle, le canal excréteur des organes de la génération, considérablement élargr pour recevoir l’organe excitateur mâle, et pour la, sortie du produit de la génération, se termine, du moins le plus ordinairement, d’une manière tout-à-fait indépendante de celui de l'appareil urinaire, l’un en arrière et l’autre en avant à la racine de l'organe excitateur. Dans lindividæ mâle il n’en est pas ainsi : le canal excitateur-généraleur s'ouvre de bonne heure dans celui de l’appareil urinaire, et celui-ci, en outre, au lieu d’être fort court, comme cela a ordinairement lieu dans la femelle et indépendant de lorgane excitateur, s'applique à sa face inférieure. ares 1818 ( 160 }) se prolonge dans {oute son étendue, et même le dépasse en se dilatant sous une forme souvent extrêmement bizarre et caractéristique très- probablement de l'espèce, pour former ce qu’on nomme le gland. Tout cet appareil extérieur est enfin toujours entouré par un repli, ou mieux un bourrelet de la peau appelée grandes lèvres, qui existent dans le mâle comme dans la femelle; et qui forment une sorte de fer-à-cheval assez serré, ouvert en arrière, et recouvert d’une plus ou moins grande quantité de poils. Comme dans la femelle l'organe excitateur est ordi- nairement assez peu développé, ainsi que les nymphes, les grandes lèvres sont assez considérables pour recouvrir le tout, mais, dans le mâle, l'entrainement au-dehors des nymphes par la sortie des organes sécréleurs, et surtout la grande saillie de l'organe excitateur, ne per- mettant plus aux grandes lèvres de s'étendre assez pour recouvrir tout cela ,alors elles fe forment plus qu’un simple bourrelet mais bien sensible. La femme hottentote offre, sous ce rapport, une disposition tout-à-fait semblable à ce qui se voit dans le sexe mâle, et cela par la même raison, la grande saillie des nymphes. Ainsi donc pour convertir, pour ainsi dire, un sexe en un autre, du mois en apparence el quant à la terminaison du canal excréteur et de ses rapports avec celui de la dépuration, il faudrait supposer que dans la femelle le canal excréteur , beaucoup plus rétréci, s’ouvrirait dans celui de l’appareil de la dépuration urinaire, et que celui-ci se pro- longerait, s’accolerait au-dessous du clitoris, qui prendrait lui-même un irès-orand développement; enfin que les ovaires, au lieu de rester dans l'abdomen, descendraient dans les nymphes, qui en se prolongeant s’acco- leraient l’une contre l’autre, en conservant cependant toujours, et d’une manière évidente, la trace de cette union dans ce qu’on nomme le raphé. Au contraire, pour convertir le sexe mâle en femelle, il suffirait que le testicule remontät dans la cavité abdominale et y restât fixé, d'où s’ensuivrait que le scrotum n’existerait plus, se parlagerait en deux, et que chaque partie se réduirait à n'être plus qu’une petite lèvre ou nymphe; le canal déférent serait la trompe, la vésicule séminale l'utérus, et le canal éjaculateur le vagin; mais il faudrait que là il se terminâl sans Communiquer avec l’urèthre: celui-ci deviendrait aussi beaucoup plus court, et se terminerait à la racine de l'organe excitateur. Mais s'il est aisé de faire un rapprochement déjà sensible entre l’ap- pareil reproducteur femelle et le mâle chez les animaux les plus élevés, et même dans l'espèce humaine, cela devient de plus en plus évident à mesure que l'on descend l'échelle animale et même à la fin, c’est-à-dire dans les derniers animaux chez lesquels les sexes sont séparés; 1l est souvent assez diflicile de les distinguer, comme dans certains animaux articulés, et surtout dans les vers; l'Ascaride lombricoïde en est un exemple remarquable, ainsi que le Scorpion, qui est cependant beau- coup plus élevé. (( 161 ) [a pathologie, ou mieux l'anatomie des anomalies, c'est-a-dire de ce qu'on nommé hermaphrodites, confirme évidemment ces idées : on sait qu'il en est de deux sortes, la première, dans laquelle c’est une femelle pour ainsi dire à demi-mäle, et dans la seconde ,un mâle à demi- femelle. Dans ces deux cas il y a ordinairement stérilité , dans le premier très-probablement, par le peu de développement de lovaire et de Putérus. Il y en a au contraire un considérable dans les organes exci- tateurs : les nymphes sont très-ocrandes et quelquefois extrêmement prolongées, et surtout l'organe excitateur l’est encore davantage, de manière à ce que le repli extérieur de la peau ne pouvant plus contenir ces organes, ils deviennent presque entièrement extérieurs, et simulent réellement un appareil mâle. Les femelles deviesnent alors presque masculines; elles sont plus fortes, plus colorées, la voix est plus pleine, plus rauque ; la barbe se développe, les goûts même changent, etc. Dans le second cas, au contraire , les organes essentiels ou sécréteurs sont de même plus petits ; ils restent à l'intérieur, ou viennent se placer sur les parties latérales de la racine du pénis dans des espèces de nymphes, et alors il n’y a pas de scrotum. L'organe excitateur est extrêmement petit, quelquefois même alors comme caché entre des grandes lèvres, et il se peut même que le canal commun n'arrive pas jusqu'a son extrémité ; l’on a même vu des cas où les deux orifices étaient distincts, c'est du moins ce qu'il est aisé de concevoir. Dans ce cas de faux hermaphrodite, l'individu est de faible complexion, lymphatique, peu pileux; sa voix est faible, etc. L'anatomie comparée vient encore établir de nouveaux points de comparaison entre le sexe femelle et le sexe mâle, même dans les mammileres; ainsi, outre un grand nombre d’autres qu'il serait trop long de faire connaître, il en est qui ont le clitoris percé, c’est-à-dire, . chez lesquels le-canal de l’urètre se prolonge le long du clitoris; mais l'appareil générateur a toujours son orifice propre. Il arrive cependant aussi que dans cerlains mammifères femelles 1l n’y a à l'extérieur qu’un seul orifice, comme dans l'éléphant; plusieurs rongeurs, etc.; mais c’est celui du vagin, l'ouverture de l’urètre se faisant dans son intérieur ; c’est par conséquent le contraire de ce qui a lieu dans le sexe mile, où le canal excréteur de l'appareil générateur s'ouvre dans celui de l'appareil dépurateur. Le sexe femelle est le plus important ; c’est le premier qu’on aperçoit dans la série des animaux, comme dans l’origine de tout animal, Qu'il soit le plus important, c’est un fait tellement mis hors de doute par les recherches de Spallanzani et par l'observation seule, qu'on peut concevoir qu’une femelle puisse produire sans le concours du mâle, ce qu’on ne peut faire de celui-ci, qu'il ne mérite pas de nous arrêter plus long-temps. Livraison de norembre. 21 1018. CuiMie. ( 162) 11 est également évident que dans tous les animaux rayonnés sans exception il existe seul, et que ces animaux se reproduisent parfaite- ment et sont tous semblables. Si l'on veut étudier avec soin de jeunes fœtus d'un animal mammi- fère quelconque à des âges différens, on se convaincra aisément que plus on approchera du moment de l'imprégvation, et plus on trouvera tous les individus d’une même portée semblables, el l’on verra que la similitude est dans le sexe féminin, en sorte qu’on peut dire qu'il est un instant variable suivant l'espèce, et d'autant Le éloigné du moment de l'imprégnation que l'animal est moins parfait, où il est presque impossible d’apercevoir la moindre différence entre les indi- -vidus. En sorte que l’on peut concevoir que tous les animaux naissent, ou mieux commencent à paraître semblables, sous le rapport des organes de la génération ; que l’état sous lequel les sexes apparaissent d’abord est plutôt femelle que mäle, ou mieux, peut-être, qu’ils sont tous neutres; et qu'ensuite, par des circonstances dont la nature nous est inconnue et nous le sera sans doute éternellement, telle ou telle partie éprouve un léger changement dans sa nature et dans son développement proportionnel, de telle sorte qu’il en résulte un individu femelle ou un individu mâle. Mais quelles sont ces conditions ? 11 est probable que cela tient à quelque chose dépendant de la mère plutôt que du père; et en effet on sait que dans certains genres d'insectes, des indi- vidus qui seraient nés neutres sous le rapport des organes de la génération, quoique parfaits sous tous les autres, peuvent être convertis en femelles actives, par un simple changement dans la quantité de nourriture dans l’état de larve. 2 AAA Sur le Cadmium. Extrait du Journal deScHWwEIGER, vol. 21,p. 297. Daxs l'automne de 1817, le professeur Stromeyer fut chargé de visiter les pharmacies de la principauté d'Hildesheim. Dans plusieurs d’entre elles, il ne trouva que de loxide de zinc carbonaté au lieu d’oxide de zinc. Ce corps était blanc, mais rougi au feu il devenait jaune, quoiqu'il ne contint ni fer ni plomb. Le professeur Stromeyer ayant examiné cet oxide avec plus d’atten- tion, trouva, non sans beaucoup d'étonnement, que cette couleur était due au mélange d’un oxide métallique auquel on n’avait pas fait atten- tion jusqu’à ce moment. Il réussit, par un procédé très-simple, à le séparer de l’oxide de zinc, et même de réduire complétement le métal. Il l'a rencontré aussi dans la tuthie et dans tous les autres oxides de zinc, ainsi que dans le zinc lui-même. Cependant il n'existe ( 163 ) qu'en très-petite quantité dans tous ces corps; ce qu'on ÿ en trouve s'élève à peine d’un millième à .un centième. Voici les propriétés principales qui caractérisent le nouveau métal. Sa couleur approche de celle du platine; il a un éclat métallique très- vif, et il prend un beau poli. Le grain en est très-serré; fondu, il a une pesanteur spécifique égale à 8,750, celle de l’eau étant 1. Il est très-ductile, et on peut aisément en faire des James très-minces, soit à chaud, soit à froid, sans qu'il se déchire. Il paraît aussi doué d’une cohésion assez forte et supérieure à celle de l’étain. 11 fond avant de rougir; sa volatilité est très-grande. 11 se transforme en vapeur à une température qui ne paraît pas s'élever beaucoup au-dessus de celle à laquelle le mercure se volatilise; cette vapeur est imodore; elle se condense en gouttelettes aussi facilement que la vapeur mercurielle. Ce métal est permanent à l'air; mais il brûle trés-facilement, et il se change en un oxide jaune qui se sublime en grande partie sous la forme d'une vapeur d’un jaune-brun. Fail-on cette expérience à la flamme d'un chalumeau, il se couvre d’un dépôt qui est aussi d’un jaune tirant sur le brun. Au reste ce métal en brülant ne répand aucune odeur sensible. IL est dissous par l'acide nitrique avec dégagement de vapeur nitreuse. Les acides sulfurique et nitrique l’attaquent aussi, et la production du gaz hydrogène accompagne cet eflet. Ces dissolutions sont toutes in- colores. Ce métal ne paraît former qu’une seule combinaison avec l’oxigène ; l'oxide qui en provient a une couleur jaune-verdâtre, laquelle devient jaune-orange à une forte chaleur rouge, et tourne ensuite au brun, si on continue la chaleur rouge. Cet oxide au reste est infusible, même quand on le chauffe au blanc dans un creuset de platine couvert; on le réduit aisément avec le charbon, ainsi qu'avec toutes les substances ui contiennent ce combustible. IL n’est pas soluble dans les alcalis fixes, mais il est un peu dans l’'ammoniaque ; il se comporte avec les acides comme une base salifiable. Les sels qu'il forme sont blancs; ceux qu'il produit avec les acides sul- furique, nitrique, muriatique et acétique, cristallisent aisément et sont très-solubles ; au contraire, les phosphates, les carbonates et les 6xa- lates sont insolubles : les alcalis fixes le précipitent, en blanc, des dissolutions des premiers sels, sans que ce précipité soit redissous par un excès du précipitant; l’'ammoniaque, au contraire, qui le précipite d’abord en blanc, le redissout, si on en ajoute un excès. La lessive du sang le précipite en blanc. Îl est précipité de ses dissolutions acides, en jaune, par l’acide hydro- sulfurique et par les hydrosulfates. Faute d'attention, il est aisé de confondre ce précipité avec l’orpiment; mais il en diffère par la pro- Caimur. (164 ) priété d'être pulvérulent, et surtout par la manière dont il se comporte au chalumeau. A en juger par quelques essais, celte combinaison de l'acide hydrosulfurique avec l'oxide du nouveau métal peut devenir utile en peinture; elle fournit un jaune qui couvre bien, est durable, et, sous ce point de vue, ne paraît pas inférieur au jaune de chrôme. Ce métal, enfin, est réduit de ses dissolutions acides par le zinc, tandis qu'il précipite le cuivre, le plomb, l'argent et l'or, lorsqu'ils sont dissous dans les acides nitrique et hydrochlorique. Le professeur Stromeyer a proposé de donner à ce métal le nom de Cadmium, parce qu'il l'a trouvé d’abord dans l’oxide de zinc, qu’on appelait et qu'on appelle peut-être encore quelque part cadmie des fourneaux. On lit davs les Æanales de Physique de Gilbert, vol. 29, cinquième cahier de 1818, pag. 05 et suiv., que le même métal a été trouvé dans l'oxide de zinc de la Haute-Silésie, par M. Hermann, Directeur des fabriques de produits chimiques à Shonebeck, par le D° W. Maisener, de Halle, et par le professeur Karsten, de Berlin. On avait confisqué cet oxide chez M. Hermann, sous prétexte qu'il contenait de l’arsenic, parce que l'hydrogène sulfuré le précipitait en jaune ; c’est ce qui donna occasion à ce savant d’en faire l'analyse, et de le donner à d'autres chimistes pour l’examiuer. RAS SAS ISA SRE AS SAS SAS Nouveau métal, découvert par le docteur DE VEsT. Le pocrEuR DE Vesr, professeur de chimie à Gratz, a découvert dans la mine de nickel de Schladmig, en Styrie, un métal qui diffère de {ous les mélaux connus. Il n’est réductible que quand il est combiné avec l’arsenic : ses oxides sont blancs ainsi que les sels qu'il forme. S'il est précipité de ses dissolutions salines, le précipité est blanc par le prussiate de potasse, blanchâtre par l’infusion de noix de galle, et noir par l'hydrogène sulfuré : ce dernier précipité est aisément soluble dans Jes acides; il ne l’est plus si la dissolution contient un excès d'acide. ; L'oxide supporte une chaleur de plus de 150 degrés de Wedgwood avant de fondre, et il reste blanc avec ou sans laccès de l’air. Au surplus il est très-difficile d'extraire le nouveau métal de la mive de nickel, parce qu'il reste dissous dans l’ammoniaque , comme le nickel et le cobalt. Le professeur Gilbert propose de nommer ce métal Pestium, tant pour rappeler le nom de M. Vest que celui de la déesse Vesta, et donner ainsi un nom mythologiqne à ce métal, comme à la plupart des autres métaux. AAA SAS (165 ) Apercu des genres ou sous-genres nouveaux formés par M. HENRI CassiN1 dans la famille des Synanthérées. DIXIÈME ET DERNIER FASCICULE. (x) 121. Æudorus. (Tribu des Sénécionées.) Calathide oblongue, dis- coïde : disque multiflore, régulariflore, androgyniflore ; couronne uni- sériée, pauciflore, ambiguiflore, féminiflore. Péricline un peu inférieur aux fleurs, cylindracé; de squames unisériées, contiguës, égales, ap- pliquées, demi-embrassantes, linéaires, aiguës, un peu noirätres au sommet; accompagnées à la base de plusieurs petites squames surnu- méraires , irrégulièrement disposées, inégales # inappliquées, linéaires. Clinanthe plane, subalvéolé, à cloisons incomplètes, charnues , dentées. Ovaires cylindriques, munis de côtes, hérissés de poils charnus ; aigrette de squamellules nombreuses , filiformes, striées longitudinalement, barbellulées. Corolles de la couronne à limbe comme palmé, ou fendu en dedans jusqu’a la base, profondément tri-quadrilobé, à lobes très- arqués en dehors; contenant des rudimens d’étamines demi-avortées. Eudorus senecioides, H. Cass. (Cacalia senecioides, H. P.) Plante herbacée, haute de cinq pieds. Tiges simples, dressées, droites, angu- leuses, striées, pubérulentes. Feuilles alternes : les inférieures, longues d’un pied et demi, à partie inférieure pétioliforme, à partie supérieure lancéolée, munie de quelques petites dents inégales; les supérieures, progressivement plus courtes ,sessiles, ovales-lancéolées, denticulées sur les bords, glabriuscules, subcoriaces-charnues. Calathides en panicule terminale ,subcorymbiforme ; fleurs jaunes. (Cultivée au Jardin du Roi.) 122. Felicia. (Tribu des Astérées.) A pour type l’Æ4ster tenellus, et diffère très-peu de l'Henricia. Calathide orbiculaire, radiée : disque mulüflore, régulariflore , androgyniflore ; couronne unisériée, liguliflore, féminiflore. Péricline égal aux fleurs du disque, orbiculaire , convexe; de squames nombreuses; subbisériées , à peu près égales, appliquées, linéaires-subulées. Clinanthe convexe, inappendiculé, ponctué. Ovaires obovales, très-comprimés, hispides; aigrette plus courte que l'ovaire, de squamellules unisériées , égales, caduques , filiformes, blanches, munies de très-longues barbellules. 123. Galatea. (Tribu des Astérées.) Ce sous-genre de l’Aszer com- prend les espèces de ce genre qui ont la couronne composée de fleurs neutres, et le péricline de squames inappendiculées, appliquées, co- (x) Voyez les neuf fascicules précédens dans les livraisons de décembre 1816, janvier, ia s ë Ge 5 février, avril, mai, septembre, octobre 1817, février, mars, mai, septembre 1818. 1 8618. Boraxiqur. ( 166 ) riaces , vraiment imbriquées; tels sont les 4. dracunculoides , trinerris, punctatus, etc. 124. Eurybia. (Tribu des Astérées.) Ce sous-genre de l’Aszer com- prend les espèces de ce genre qui ont la couronne féminiflore comme les vrais As/er, et le péricline de’squames appliquées comme les Ga/atea ; tels sont les 4. chrysocomoides, tripolium, corymbosus , etc. Le sous- genre comprenant les vrais s/er se distingue des deux autres par la couronne féminiflore, et le péricline de squames inappliquées, appendi- ciformes ; tels sont les 4. novi-belgi, longifolius, amplexicaulis, etc. 195. Nauplius. (Tribu des Inulées.) Je forme dans le genre Buphtalmum quatre sous-senres indépendamment du Diomedea. Le sous-genre comprenant Jes vrais Buphtalmum, a pour type le B. sali- cifolium , et se distingue des trois autres principalement par le péricline de squames inappendiculées, appliquées. Le sous-genre Nauplius à pour type le B. aquaticum, et offre les caractères suivans. Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore, androgyniflore ; couronne uni- sériée, liguliflore, féminiflore. Péricline irrégulier, involucriforme; de plusieurs bractées foliiformes, grandes, inégales, irrégulières, diffuses. Clinanthe plane, garni de squamelles inférieures aux fleurs; embras- santes , oblongues, arrondies au sommet, membraneuses, uninervées. Ovaires obovoïdes, anguleux, hispides; aigrette de squamellules uni- sériées, libres, inégales , paléiformes , membraneuses, irrégulièrement laciniées supérieurement. Corolles de la couronne tridentées au sommet. Anthères presque dépourvues d’appendices basilaires distincts. 126. Molpadia. (Tribu des Inulées.) Sous-genre du Æzphralmum, ayant pour type le 8. cordifolium, WValdst. Calathide orbiculaire, ra- diée : disque multiflore, régulariflore, androgyniflore; couronne uni- sériée, multiflore, liguliflore, féminiflore. Péricline égal aux fleurs du disque, suborbiculaire ; de squames imbriquées : les extérieures à partie inférieure appliquée, ovale-oblongue , Coriace, à partie supérieure appendiciforme, inappliquée, foliacée ; les intérieures appliquées, li- néaires-oblongues, terminées par un appendice inappliqué, élargi, ar- rondi, subscarieux, un peu frangé sur les bords. Clinanthe très-large , planiuscule; garni de squamelles inférieures aux fleurs, très-étroites, a de roides. Ovaires cylindriques, glabres ; aigrêtte coro- niforme, très-courte , irrégulière, subcartilagineuse, portant quelquefois une longue squamellule filiforme, à peine barbellulée. Fleurs de la couronne à languette linéaire, très-étroite. Fleurs du disque à anthèrés munies de longs appendices basilaires barbus. 127. Pallénis. (Tribu des Inulées.) Sous-genre du -Bwphtalmum , ayant pour type le B. spinosum. Calathide radiée : disque multiflore, révulariflore , androgyniflore ; couronne bisériée, mulüiflore, liguliflore, ( 167 ) féminiflore. Péricline très-supérieur aux fleurs du disque ; de squames paucisériées , obimbriquées , très-courtes, appliquées, coriaces, sur- montées d'un très-grand appendice foliiforme , étalé, ovale, spinescent au sommet. Clinanthe plane, garni de squamelles égales aux fleurs, de- mi-embrassantes, coriaces, acuminées-spinescentes. Ovaires du disque comprimés, obovales, hispidules, portant une aigrette coroniforme, membraneuse, laciniée ; ovaires de la couronne obcomprimés, orbi- culaires, munis d’une bordure aliforme, et portant une aigrette coro- niforme dimidiée-postérieure. Corolles de la couronne à tube large, épais, coriace; à languette étroite, linéaire, tridentée au sommet ; souvent un long appendice filiforme, laminé, naît de l'intérieur du tube, en avant du style, et simule une languette intérieure. Corolles du disque à tube très-épais, coriace-charnu, muni d’un appendice lon- gitudinal aliforme. Anthères presque dépourvues d’appendices basilaires distincts. 128. Maruta. (Tribu des Anthémidées, ) Ce sous-genre de l’Ænthemis a pour type l’4. cotula, qui diffère des vrais Ænthemis par la couronne composée defleurs neutres, par les ovaires hérissés de pointstuberculeux, et par le clinanthe cylindracé, inappendiculé inférieurement , garni supérieurement de squamelles inférieures aux fleurs, très-grêèles, subulées. 129. Ormenis. (Tribu des Anthémidées.) Ce sous-genre de l_47- themis a pour type l'A. mixta, qui diffère des vrais Ænthemis par le clinanthe cylindracé, très-élevé, garni de squamelles inférieures aux fleurs, coriaces, enveloppant complètement l'ovaire et la base de la corolle, par la base des corolles du disque, prolongée en un appendice ovale sur la moitié supérieure et antérieure de l'ovaire; par la base des corolles de la couronne, continue à l'ovaire. 150. Helicta. (Tribu des Hélianthées.) Calathide radiée : disque mul- tiflore, régulariflore, androgyniflore ; couronne unisériée, décemflore, liguliflore, féminiflore. Péricline de cinq squames unisériées. Clinanthe squamellifère. Cypsèles hispidules ; aigrette coroniforme ,membraneuse, irrégulièrement et inégalement dentée. Corolles du disque à tube nul. Etamines à filets non-greffés à la corolle ; à anthères noires, portant de gros tubercules glanduliformes sur l’appendice apicilaire et le haut du connectif. Ce genre, peu différent du Stemmodontia, a pour type une plante à tige ligneuse, à feuilles opposées, qui a été cultivée au Jardin du Roi sous le faux nom de Verbesina mutica. 131. Meteorina. (Tribu des Calendulées.) Ce genre, qui a pour type le Calendula pluwialis, diffère essentiellement du Calendula par la présence de fleurs réellement hermaphrodites, ce qui entraîne d’autres différences remarquables. ( 168 ) 132. Lamyra. (Tribu des Carduinées.) Ce sous-genre du Cirsium à pour type le Carduus stellatus, L., qui diffère des vrais Cérsium par plusieurs caracteres, et surtout par les squames du péricline qui portent à la base interne de leur appendice une grosse callosité subéreuse, ainsi que par les cypsèles qui sont très-grosses, arrondies, sans côles, glabres, hsses et luisantes. 153. Tyrimnus. (Tribu des Carduinées.) Ce sous.genre du Carduus a pour type le C. leucographus, qui differe des vrais Carduus princi- palement par les étamines à filets monadelphes, et par la corolle dont les divisions sont denticulées en scie sur les bords, et surmontées d’un long. ARPEAGIEE triquètre, arrondi au sommet, subcorné, pareïllement denticulé. 154. Theodorea. (Tribu des Carlinées,) Ce sous-genre du Saussurea a pour type le $. amara (Decand.), qui diffère des vrais Suussurea par le péricline dont les eme intérieures sont surmontées d’un appendice inappliqué , flabelliforme, scarieux, coloré. 155. Gatyona. (Tribu des Lactucées.) Calathide incouronnée, radia- tiforme, multifore, fissiflore, androgyniflore. Péricline égal aux fleurs centrales, globuleux inférieurement; de squames unisériées, égales, linéaires, embrassantes ; accompagnées à la base de quelques petites squames surnuméraires, éparses, subulées, Clinanthe plane, alvéolé, à cloisons charnues, denticulées. Cypsèles intérieures cylindracées, atténuées supérieurement en un col court, munies de côtes longitu- dinales arrondies, striées transversalement; cypsèles marginales très- lisses, munies sur la face intérieure d’une aile longitudinale membra- neuse. Aigrettes de squamellules inégales, filiformes, barbellulées. Corolles glabriuscules. A Gatyona globulifera, MH. Cass. (Picris globulifera, H. P.) Plante herbacée, haute d'un à deux pieds, Tige rameuse , cylindrique, glabre, à partie supérieure dépourvue de feuilles, et divisée en longs rameaux nas, grêles, simples ou bifurqués. Feuilles alternes, sessiles, semi-amplexi- caules, glabres : les inférieures longues de six pouces, subspathulées, pétioliformes inférieurement, obovales supérieurement, irrégulièrement sinuées-dentées ; les supérieures progressivement plus courtes, sessiles, obovales-oblongues , sagittées à la base, sinuées- dentées. Calathides solitaires au sommet de la lise et des rameaux; péricline blanchätre, subtomenteux; fleurs jaunes, rougeülres en dessous. Cette plante, cultivée au Jardin du Roi, constitue un genre très- voisin du Nemauchenes, et qui a aussi beaucoup d’afhnilé avec les Crepis, les Barkhausia et les Picris. k On pourrait croire que mon genre Nemauchenes, décrit dans le hui- tième fascicule (Bulletin de mai 18:8), n'est autre chose que le (169). Medicusia de Mænch : mais ce botaniste attribue à son genre une aigrette sessile et plumeuse ; tandis que le nôtre a l’aigrette simple et stipitée. Nota. Je suis loin de prétendre que les cent trente-cinq genres, ou sous-genres, que j'ai proposés dans mes dix fascicules, doivent être tous définitivement conservés. J'ai voulu seulement présenter des observa- tions exactes et neuves sur des espèces qui offrent des caractères plus ou moins différens de ceux des genres où elles ont été placées. Ce sont des matériaux pour les botanistes plus capables que moi d'apprécier la valeur des caractères, et de juger s'ils suffisent ou non pour consti- tuer de nouveaux genres ou sous-venres. J'aurais pu étendre bien davantage ce recueil; mais les notes que je n'ai pas employées pourront trouver place dans la Syrnanthérographie, que j'espère publier inces- samment. J'ai donné à presque tous mes genres ou sous-genres des noms insi- gnifians, et le plus souvent mythologiques, parce que je pense, contre l'opinion commune, qu'un nom générique est d'autant meilleur, qu'il est plus insignifiant et moins désagréable à l'oreille. Analyse de minéraux; par M. le comte DuniN BORKOWSKY, Extrait par M. DE BONNARD. Depuis que M. Berzclius a étendu à la minéralogie la connaissance des proportions exactes des principes constituans, dit M. le comte Borkowski, l'analyse des minéraux a acquis un intérêt nouveau, puisque dans la détermination des espèces minérales, la nature des principes et la quantité de ces principes sont maintenant d'une égale importance. L’a- nalyse de l’Egeran, substance que Werner a introduite comme espèce distincte dans son dernier tableau systématique des minéraux, va nous fournir une nouvelle preuve de la justesse de cette considération, en même temps qu'elle nous montrera comment les recherches docimas- tiques peuvent servir de points de repère même à ceux des minéra- logistes qui ne rendent pas un hommage exclusif au système chimique. M. le comte Borkowsky rapporte, avant son analyse, la caracteris- tique que M. Breithaupt a donnée de l’Egeran, parce qu’elle a été faite sur les nombreux échantillons qui ont servi à Werner pour déterminer celte espèce, et parce qu’elle convient d’ailleurs parfaitement aux échan- tillons que l’auteur pos:èile; il joint à cette description l'indication de caractères physiques et chimiques qu’il a observés lui-même. Caractères extérieurs. Couleur. D'un brun rougeätre, passant rarement au brun hépatique. Forme extérieure. Tantôt en masse, et lantôt cristallisé en prismes Livraison de septembre. 22 cn 1 616. MinÉRALOGIE, (170) quadrangulaires, dont les faces latérales sont un peu convexes, et dont les angles paraissent tantôt droits, tantôt un peu différens de l'angle droit; ce qui provient sans doute, dans ce dernier cas, tant de ce que les pans sont fortement striés dans leur longueur, que des troncatures ou des bisellemenuts qui remplacent quelquefois les bords latéraux. Les faces terminales sont toujours parfaites. Eclat. A l'extérieur, éclatant, et très-éclatant sur les faces termi- nales; à l’intérieur, peu éclatant. D'un éclat vitreux, qui se rapproche un peu de l'éclat gras. Cassure. La cassure est lamelleuse, et présente un double clivage, dont les deux sens se coupent à angle droit, parallèlement aux pans du prisme. Onremarque aussiune cassure transversale, compacte et inégale, se rapprochant quelquefois de la cassure âmparfaitement conchoïde. L’Egeran en masse présente presque constamment des pièces séparées scapiformes , minces el {rès-aiguês, lantôtdivergentes en faisceaux , tantôt entrelacées. Transparence. Faiblement translucide sur les bords. Dureté. Dur, mais à un faible deoré. Ductilité. Aigre. Pesanteur specifique. 3,294. L'Egeran a été trouvé à Hassau, près d’Egra, en Bohême. D'après les expériences de M. Borkowsky, l’Egeran n’exerce aucune action sur laiguille aimantée, même quand on a dérangé l'aiguille de sa direction, en suivant la méthode indiquée par M. Haüy pour essayer les minéraux faiblement magnétiques. L’Egeran n’est électrique ni par chaleur ni par frottement; ces propriétés lui sont communes avec J’Idocrase , ainsi que la plupart de ses caractères extérieurs. L’Egeran fond au chalumeau beaucoup plus facilement que l’'Idocrase, et avec bouillonnement. M. Breithaupt remarque que l’Égeran se dis- tingue essentiellement de l’Idocrase par la couleur et par la structure des pièces séparées. Le premier de ces caractères, dit M. le comte Borkowsky, ne peut pas être regardé comme important, et on doit d'autant moins lui donner d'importance dans le cas actuel, qu’on trouve en Piémont des Idocrases dont la couleur diffère beaucoup plus de celle des Idocrases du Vésuve et de Sibérie, que celle-ci ne diffère de lEgeran; mais la structure est un caractère assez essentiel pour faire douter de l'identité des deux substances. (1) Sans entrer dans les détails de l’analyse qui a été faite avec beaucoup (1) On trouve dans les Annales des mines, première livraison de 1818, une note de M. Cordier sur Egeran, dans laquelle il conclut à la réunion de cette substance à l'espèce de l'Idocrase. La même opinion ayait été émise par M. de Montciro, dans sa correspondance avec M. Haür. (1784) de soins par M. le comte Borkowsky, nous ferons connaître seulement les résultats. « L'échantillon d'Egeran a donné, sur 100 parties : STICES 0 AE Rte DAT Alumine. .......6 PUS PRE 2 Chaux: MR Et AS Magnésie.. .... CREER Her isTners Manganèse ….. Potasse...... CCC 5 2 1 ossr.e ORALE Le 2 ect En ne faisant même aucune attention à la magnésie et à la potasse, dit l'auteur de l'analyse, les seules proportions des autres principes suffisent pour établir une différence essentielle entre l’Egeran et l'I- docrase. En effet, en comparant les résultats ci-dessus indiqués avec ceux obtenus par Klaproth, dans l'analyse de l'Idocrase, et appliquant à ces résultats les principes posés par M. Berzelius, on voit que e Oxigè Onigè Oxigène Silice. (de léilice.) Chaux. (ie ape) Alumine. CE PA l'Idocrase contient. 35 (17,57) 33 (9,24) 22 (10,27) l'Egeran contient... 41 (20,35) 22 (5,88) 22 (10,27); d'où il résulte que l’Idocrase est un silicias-alumini-calcicus de M. Ber- zelius, tandis que l'Egeran est un silicias aluminicus uni à un bésilicias calcicus. M. le comte Borkowsky fait observer ensuite que-la présence de la magnésie et de la potasse dans l’Egeran, vient à l'appui de la sé- paration des deux substances, et confirme la justesse des principes du célèbre chimiste suédois; qu’ainsi l’Egeran paraît devoir constituer une espèce distincte dans le système minéralogique, et rester comme un nouveau et dernier témoignage de l’admirable perspicacité de Werner, qualité, ajoute-t-il, qui est peut-être ensevelie à jamais avec ce grand minéralogiste. 20, M. le comte Borkowsky a aussi analysé le Tantalite de Bavière et la Meïonite. La Meionite lui a donné pour résultats, sur 100 parties, Oxigène, (après M. Benclon) SCENE MIN A ON RUE (22,03) Aluminc re CNE ENS; HN (15,17) Chaux 7e MAI 0 NS ( 5,60) Soude.:s ER MN 0,5 MOTAL. 0:71 ... 99 eee 1018. Cuimir, Académie Royale des Sciences. 23 novembre 1818. (172) Cette substance forme donc, d’après le système de M. Berzelius, un silicias aluminico-calcicus, dont l'expression serait CS + 5 AS. La Tantalite de Bavière a donné à l'analyse : Oxide de tantale........... 95 Oxidendetfer Per ett As eo Oxide de manganèse. ...... Oxide d'étan: #0 20e nus HOTAD Pre: Rec RENNOUS Les détails de cette dernière analyse ont été envoyés par l’auteur à A. l'éonbard en janvier 1816; on les a insérés dans le 12° volume de l'Annuaire de Minéralogie; son résultat concorde entièrement avec celui que M. Vogel à publié depuis dans le Journal de Chimie de Schweigger. . RSS SARA AAA RSS Observations sur l'influence de l'eau dans la formation des acides oxigénés ; par M. THÉNARD. J'AI fait voir dans mes premières recherches sur les acides oxigénés, qu'en mettant de l’oxide d'argent en contact avec de l'acide hydrochlo- rique oxigéné, tout l’oxigène de celui-ci se dégageait à l'instant même, et qu’au contraire il restait tout entier dans la liqueur lorsque, au lieu d’oxide d'argent, on employait cet oxide uni aux acides sulfurique , nitrique, fluorique, phosphorique, etc. etc. Quelie conséquence devait- on tirer de ces expériences ? Que l’oxigène pouvait s’unir aux acides par l'intermède de l’eau, et qu'il ne s’unissait point à l’eau seule; car si cette dernière union eût été possible, pourquoi ne se serait-elle pas faite à mesure que l’acide hydrochlorique eût été détruit par l’oxide d'argent. Mais il est évident que cette manière de raisonner ne doit plus paraître exacte, depuis que J'ai démontré que l’'oxide d'argent, Par- gent et beaucoup d’autres substances avaient la propriété de produire des altérations chimiques paruneaction purement physique : il devenait donc nécessaire de faire de nouvelles recherches, pour savoir si l’eau seule ne serait pas susceptible de s’oxiséner. D'abord j'ai pris de l'acide hydrochlorique oxigéné, j'y ai mis peu- à-peu de l’oxide d'argent, de manière que l'acide fût complètement détruit, sans que pour cela il y eût exces d'oxide : mais chaque fois que je mettais de l’oxide, il se produisait une effervescence très-sensible, el, en dernier résultat, la liqueur filtrée, c’est-à-dire l’eau, ne retenait point d’oxigène. k Voyant que celle opération et plusieurs autres; que Je ne rapporte point ici, ne réussissaient point, je tentai l’oxigénation de l'eau par l'acide sulfurique oxigéné et Peau de baryte. A cet effet, je versai peu- (175) à-peu de l’eau de baryte dans de l’acide sulfurique oxigéné, en ayant soin d'agiter constamment la liqueur. Lorsque j'approchai du point de saturation, je remarquai que l’efervescence qui jusque-là n'avait point été sensible, devenait assez vive, et que le sulfate de baryte se préci- pitait alors en flocons. J’achevai la saturation le plus tôt qu'il me fut possible, et je filtrai, J’obtins une liqueur qui ne contenait ni acide sulfurique ni baryte; du moins elle ne précipitait ni par le nitrate de baryte, ni par l'acide sulfurique; cependant elle renfermait beaucoup d’oxigène. Evaporée jusqu’à siccité, elle ne laissait qu’un résidu à peine appréciable, qui n'avait probablement aucune influence sur l’oxigé- nation du liquide. (1) L'eau, d'après cela, paraît donc capable de pouvoir être oxigénée, et je sais déjà qu’elle peut prendre plus de six fois son volume d’oxigène. L'eau oxigénée placée dans le vide n’abandonne pas l’oxigène qu’elle contient, et se distille à la température ordinaire sans éprouver d’alté- ration, tandis qu’elle le laisse dégager tout entier à la température de 1000. Mise en contact avec l’oxide d'argent, elle le réduit tout-à-coup en se désoxigénant elle-même, de sorte que l’effervescence est très- considérable. L'argent à l’état métallique la désoxigène presque aussi bien qu’à l’état d’oxide : il en est de même de l’oxide puce de plomb. L'eau de baryte, l’eau de strontiane et l'eau de chaux forment avec elle une foule de paillettes comparables à celles qui se produisent par le mélange d'un acide oxigéné et de ces dissolutions alcalines. 1/eau oxigénée possède d’ailleurs beaucoup d'autres propriétés, que je ferai connaitre par la suite. Mais si l’eau est susceptible de s’oxigéner, existe-t-il des acides réellement oxigénés? L'eau oxigénée abandonne beaucoup plus faci- lement son oxisène lorsqu'elle est pure, que lorsqu'elle contient un peu d’un acide tel que l'acide phosphorique, l'acide fluorique, l'acide sulfurique, l'acide hydrochlorique, l'acide arsénique, l'acide oxalique, etc. etc. En effet, que l’on prenne de l’eau oxigénée, qu’on la chaufle au point d'en dégager beaucoup de gaz oxigène, et qu'on ÿ ajoute un eu de l’un de ces acides qui pourront être chauflés d'avance, et à Étant même le dégagement de gaz cessera. Les acides sulfurique, phosphorique, oxalique, fluorique, peuvent même être chauftés pen- dant plus d’une heure sans perdre, à beaucoup près, tout l’oxigène qu'ils contiennent (2): ainsi leur présence dans l’eau oxigénée aug- mente donc l'afinité du liquide pour l'oxigène. (1) Il sera pourtant nécessaire de rechercher si ce faible résidu n'a réellement aucune influence. (2: L'acide fluorique l’abandonne un peu plus tôt que les autres acides, lorsque l'expérience se fait dans le verre, parce que Le verre se trouve attaqué. memes >] 1819. PuysiQUE. C174) 11 me paraît en être de même du sucre, de plusieurs autres substances végétales, et de diverses substances animales; et s’il n’était permis d'aller plus loin, je dirais que vraisemblablement la plupart des corps ont sur l’eau oxigénée une action qui tend à unir plus intimement l'oxi- gène à l'eau, ou à l'en séparer. RAS ARR RAA AAA AAA AAA Sur quelques résullats scientifiques déduits des observations faites dans l'expédition anglaise au pole nord; par M. Bior. Les expéditions envoyées par le gouvernement anglais au pôle nord, ont fixé sur elles l'attention de toute l'Europe. Déjà plusieurs des ré- sultats scientifiques obtenus par les marins qui les composent, sont connus , et publiés par des voies diverses avec une libéralité à laquelle on ne peut trop applaudir. En effet, des observations qui ont pour but d'étendre et de perfectionner la connaissance de notre globe, inté- ressent également toutes les nations. Parmi les renseignemens de ce genre les plus précieux , on remarque des extraits de plusieurs lettres du capitaine Ross, commandant de l’Isabella, et de son lieutenant Robertson, qui ont été publiées dans l'Edinburg Magazine d'octobre dernier. Nous en avons tiré les résultats suivans. A mesure que les vaisseaux se sont élevés à de plus hautes lati- tudes, on a remarqué davantage l'influence exercée sur les aiguilles horizontales des boussoles, par les forces magnétiques propres au corps des vaisseaux mêmes, et provenant vraisemblablement des masses de fer qui entrent dans leur construction, où qui s’y trouvent placées pour d’autres usages. Déjà, dans d'autres voyages, plusieurs navigateurs avaient aperçu des irrégularités analogues; mais le capitaine Flinders est, à ce que nous croyons, le premier qui en ait reconnu la véritable cause, et qui s’en soit rendu un compte exact. Il vit très-bien qu’elles dépendaient de l’action magnétique du bâtiment lui-même, qui, agis- sant comme un aimant sur l’aiguille des boussoles, combinait sa puis- sance avec celle du magnétisme terrestre, et influait ainsi sur leur direction. 11 trouva même que l’altération ainsi produite dans la décli- paison véritable, suivait une loi régulière dans les différens azimuths que l’on donnait à l’axe du navire; et cette loi est celle qui aurait lieu si l’on tournait, autour d’une aiguille horizontale, un aimant d’une 1in- tensité constante, dont l'axe serait toujours parallèle à lui-même, et le centre maintenu à une même hauteur. En suivant les effets de cette influence dansgdes lalitudes très-diverses, tant boréales qu'australes, Flinders reconnut qu’elle devenait insensible sur l'équateur magnéti- que, mais qu’à partir de ce terme, elle augmentait progressivement avec (175) la latitude, soit australe, soit boréale; etil trouva que, pour chaque latitude, l'intensité de la force perturbatrice était sensiblement propor- tionnelle à l'inclinaison magnétique comptée de l'horizon, c'est-à-dire, à l'angle que la résultante des forces magnétiques terrestres forme avec le plan horizontal. La premitre idée qui se présente pour expli- quer celte relation, consiste à considérer la force magnétique du vaisseau comme ayant une énergie conslante qui se transporte à diverses lati- tudes. En effet, une pareille cause produirait en chaque lieu sur l'aiguille hcrizontale des déviations qui suivraient la loi observée par Flinders relativement à la direction de l’axe du navire; et de plus, ces dévia- tions auymenteraient avec l'inclinaison magnétique, parce que la force directrice horizontale n’est qu’une composante qui se déduit de la force totale en multipliant celle-ci par le cosinus de inclinaison, de sorte que plus l'inclinaison est grande, plus le cosinus est petit, et par con- séquent plus la direction doit être influencée par une force perturba- trice constante. Mais, quelque probable que cette idée puisse paraitre, on trouve, en l'appliquant aux observations de Flinders, qu’elle n’est oint conforme à la vérité, car les perturbations observées à diverses Études étant ainsi calculées, indiquent une force variable. D’après cela, il devient évident que la force dont il s’agit tient à l’aimantation ins- lantanée que le globe terrestre imprime , suivant la résultante des forces mavnétiques, à toutes les masses de fer doux; aimantation que l’on rend sensible en inclinant une barre de fer doux suivant la direction de la résultante terrestre, et la présentant par son extrémité supérieure ou inférieure à l’un des pôles d’une aiguille aimantée horizontale; car une des extrémités attire ce pôle, l’autre le repousse; et si l’on renverse la barre, son état magnétique se renverse aussi instantanément, de sorte que l'attraction ou la répulsion est toujours produite par l'extrémité qui est placée de même relativement à l'horizon. On conçoit qu’une action de ce genre peut seule varier avec linclinaison des forces terrestres ; mais sa direction et son énergie dépendent de la forme ainsi que de la situation des masses de fer qui sont présentées à l’action de l’aimant terrestre, et ainsi l'expérience seule peut indiquer, dans chaque cas, la loi que l'on doit attribuer à ces quantités. En admettant celle que Flinders a observée, on trouve qu’elle suppose l’action magnétique du vaisseau dirigée constamment suivant la résultante des forces magnétiques , et sou intensité proportionnelle à l'inclinaison même; mais il paraît difficile d'admettre la réalité ou au moins la généralité d’une telle relation. Les nouvelles observations des navigateurs anglais, faites dans des latitudes où la résultante des forces magnétiques approche extrêmement de la verticale, et où, conséquemment, la force directrice horizontale est fort petite, devaient offrir et ont offert en effet des indices extré- 1818. (176) mement énergiques de l'influence du fer contenu dars les navires. Les déclinaisons observées à bord en plaçant axe du bâtiment dans divers azimuths, présentent entre elles des différences énormes; et, en les comparant aux vraies valeurs des déclinaisons observées dans le même lieu , mais sur la glace, par conséquent dans une position non influencée par le fer du navire, on voit qu’elles font autour de cette dernière des écarts considérables. Voici un exemple de ces phénomènes, pris dans un lieu dont la latitude était 710 2° 30" boréale, et la longitude 540 17’, à l’occident de Greenwich. La déclinaison de la boussole observée sur la glace était de 759 29° ouest; et l’inclinaison, qui parait n'avoir pas été observée , devait différer peu de 850, Maintenant la déclinaison observée à bord de l’Isapella, dans diverses positions de ce batiment, a présenté les valeurs suivantes, où les positions nord, sud, Guest, est, sont comptées relativement aux points cardinaux apparens, tels que la boussole les indiquait. Déclinaison observée. La proue au nord........ . Nr MASIMouest nord-est. ....... 70. 50: ESP SCA E 64 56. sud-est. ........ GYM SUP R E 1NMT OL Mr: sud-ouest. ...... 84. 38. OUEST RES PEU 93.1 1 53. nord-ouest...... (Oo. 20. En soumettant ces observations au calcul, on voit aisément qu'elles ne peuvent pas être représentées par la règle de Flinders, c’est-à-dire en supposant une force perturbatrice constante dans tous les azimutbhs, et qui se combine avec la force magnétique terrestre. IL faut rendre cette force variable à mesure que le vaisseau tourne; et, en efFt, si, comme tout l'indique, elle est produite par l’aimantation momen- tanée que le magnétisme terrestre imprime au fer contenu dans le navire, son intensité doit en général varier avec la portion que la masse entière du fer prend par rapport à la résultante des forces ma- gnéliques de la terre, et elle ne pourrait rester constante dans tous les azimuths, que si cette masse était sphérique ou sphériquement distri- buée; mais peut-être que la variation produite par le changement d’azimuth existait aussi, quoiqu’à un degré plus faible, dans les obser- vations de Flinders, et que seulement ses effets y sont devenus insen- sibles, à cause de l'énergie beaucoup plus considérable de la force directrice horizontale dans les points du globe où ce navigateur s’est transporté. Ca71) Au milieu de ces anomalies inévitables que la déclinaison présente quand on s'élève à de hautes latitudes voisines des pôles magnétiques de Ja terre, l’inclinaison qui exprime dans chaque lieu, la direction de la résultante totale des forces magnétiques, offre des lois beaucoup plus régulières; ce qui montre qu’elle est toujours principalement déterminée par l’action générale du globe, et que les forces perturbatrices locales y exercent seulement de légères altérations. C’est même à de hautes lati- tudes, près des pôles magnétiques, que ces altérations semblent être les plus faibles, soit qu’en effet les forces perturbatrices y soient moin- dres, ou dirigées d’une manière plus défavorable, ou qu’enfin la force principale, plus énergique dans ces contrées, l'emporte par l’accrois- sement de son action. Au contraire, les perturbations locales de l'inclinaison sont les plus fortes dans les lieux où la direction générale des forces terrestres est horizontale, e’est-à-dire près de l'équateur magnétique ; car la plus considérable de toutes a lieu dans la mer du Sud, près de l'archipel des îles de la Société, et tout près de l'équateur magnétique même, qui se trouve par là ramené de onze degrés vers le sud. D’après ces considérations, on devait s'attendre que les obser- vations d’inclinaison faites par les officiers de l’Isabella près du pôle magnétique boréal, s’écarteraient peu des valeurs assignées par l’action sénérale du globe. En effet, si l’on calcule ces inclinaisons pour les lieux où les observations sont faites, en partant des élémens que j'ai donnés dans mon Traité de Physique, et qui sont extraits d'un Mémoire publié autrefois par M. de Humboldt et moi sur le magné- tisme terrestre, on les trouve presque exactement conformes à l’obser- valion. Cette comparaison est l’objet du tableau suivant : Longitude Latitude Inclinaison Inclinaison de Grecnvich. boréale, observée. calculée. Excès du calcul. 550. 42’. occid. | 680, 22’. 01830. y’. 0830 335 5o | + 00. 26’. 5o Do on Ag Al7o Se 20118102 40 4784 MAT ULONIEE Tr. 162.25 ST WA NO TA A NoNB4" Ma Mol60 an" 30)" PLr6 "350 60. 22 0 Ho to)ll8 5 %o)66 1/30 20/12) re 05,26 On voit donc que ces inclinaisons, les plus grandes que l'on ait jamais observées, auraient pu se prédire à un degré près, c’est-à-dire presque aussi exactement qu’on peut les mesurer dans de pareilles circonstances, d’après la position seule des lieux d'observation; mais on ne pourrait pas déduire des mêmes données théoriques les déclinaisons, qui ont dû être beaucoup plus influencées par les causes locales. La connaissance de ces causes est un des objets que les voyages nautiques nous donneront, lorsqu'ils seront conduits par des observateurs habiles, tels que les officiers de l'expédition anglaise, et le capitaine français Livraison de décembre. 23 1816. MATuEMATIQUES. ( 178 qui maintenant navigue pour cet objet dans la mer du Sud. On peut dès à présent espérer que les résultats de ces deux voyages, surtout si celui du pôle nord est recommencé le printemps prochain, nous met- tront en état de prédire, à très-peu près, pour chaque lieu de la terre, tous les élémens des phénomènes magnétiques , c'est-à-dire l'inclinaison , la déclinaison et l'intensité des forces. Seconde Note sur les fonctions réciproques ; par M. AVGUSTIN L. Caucuy. Nous avons déjà inséré dans le Bulletin de 18:17 un article sur les Fonctions réciproques de première et de seconde espèce. Ces Fonctions se trouvent complettement définies par les deux équations Gi) 1 =) fe Ga) cos @naf Ti}, D F@= (ET) 4 sin am def =}, dans lesquelles désigne une quantité positive, et dont chacune sub- siste lorsqu'on échange entre elles les deux fonctions f et @, ou bien Jet +, qui sy trouvent renfermées. Ainsi, en admettant les équations précédentes, on aura G) eU)= Do cos. (+). d> Leu ©. ve)= CC) 00 sin Ge {TT} et l’on en conclura, par suite, © J@œ =2/ffr0 cos. (4x). cos. (u»). du. d? ee me (6) f(x) es ro. sin. Çu x). sin. (u»). du. dy, ou, ce qui revient au même, D ff Eco #6 #2) qu afrET TE) (8) Îro. con onu ads {: Es La a (0. 1=0,»—EX C 179 ) Ces dernières formules, qui suflisent pour élablir les propriétés des Fonctions réciproques, sont celles dont M. Poisson et moi nous nous sommes servis, chacun séparément, pour intégrer les équations diffé- rentielles du mouvement des ondes. Au moment où j'ai rédigé sur cet objet l’article déjà cité, je ne connaissais d’autre Mémoire où l’on eût employé les formules en question, que celui de M. Poisson et le mien; mais, depuis cette époque, M. Fourier m’ayant donné communication de ses recherches sur la chaleur, présentées à l’Institut dans les années 18a7 et 1811, et restées jusqu'a présent inédites, j'y ai reconnu les mêmes formules. Quoi qu'il en soit, comme on en à déjà fait, et qu’on peut en faire encore de nombreuses applications, je crois que les géo- mètres en verront avec quelque intérêt une démonstration simple et rigoureuse. Pour établir les équations (7) et (8), nous chercherons les limi- tes vers lesquelles convergent, tandis que « diminue, les intégrales doubles | (9) / Emarr0) cos. p (? + x). du. dr, (10) fe r0 cos. uw (? — x). du, dy; en partant de ce principe, que si N désigne une fonction de » toujours positive depuis » =», Jusqu'à » =», , et 7’ une valeur quelconque de » intermédiaire entre », et »,, on pourra choisir cette valeur intermédiaire »’ de manière à vérifier l'équation VOLE LL Cela posé, on trouvera ÎE 10) cos. a (4 + x). du dv = fo rire (2) Of LES) = arc. tang, — PAC > désignant une quantité positive; et l'os en conclura en faisant « = o Î@.c08.# (v + x). du. d psqes}e 0 Xf(w)=0, HiFr0» RQ = Qu o Y—=vr—=œ 1816. ( 180 ) du moins toutes les fois que / (7) demeurera constamment finie pour des valeurs positives de ». ! On aura, au contra re, NE (»). cos. u (» — x). du. dv 2.9 ad Y—0© = fs Cent | rt ” ad —=0 AN center er == (= + arc. tang. ©). J (»'), et en faisant += 0 fo cos. p (»—x). du. dy =7f(r). Cette dernière équation prouve déjà que l'intégrale (8) n'est pas nulle en général, mais égale à l’une des valeurs du produit 7 f (+). Il reste à déterminer exactenant cette valeur. Pour y parvenir, J'ob- serve que, si l’on fait V=X + &U; u désignant une nouvelle variable, on aura æ [F5 ad y { = # “ au) du PPT SEC EST JG TEE) ue æ du æ = frce+er) 3 1 d + fau) RER r du de a= * + [ra+au) CE u Il 8 (181) 1818. 7 A du Aù =f(xz +au) | —— Ê ' Jr faces À = 1 7. * du Née +f(xz+au TE PRRE si ) ? du eee PTE HO Caicne D pen fn J'ITE lu © u', u”, u”” désignant trois valeurs de z respectivement comprises entre les limites des trois intégrales correspondantes. On en conclura, en effectuant les intégrations Je , h—= 03 4 — © Î: #*Hf(y).cos. um (v—x) dus a! } = 03 » —XO ba æ = — (are tang, — — arc tang. ne +au) œ a+ L e + 2 arc. tag. —f(x+au) CET + (= — arc. tang. 2) SC +au”), et par suite en faisant 4 = 0, puis observant que zu” est compris entre — «° xet + a«°x, 1% = 0 — © Î:o cos. & (?— x). du dy fee = 7. f(x), du moins toutes les fois que (>) restera constamment finie pour des valeurs positives de ». Sur une nouvelle espèce de Rongeur de la Floride, par M. Oro, de Philadelphie. M. G. Ord, correspondant 'de la société philomatique , dans une Hisromr yaruneute. lettre, en date du 1‘ octobre 1818, adressée à cette Société, a donné une description d’une nouvelle espèce de rongeur, qu'il nomme rat de la Floride, zzus floridanus, mais qui nous semble appartenir au petit groape des loirs. ( 182 ) De sept pouces et demi de long du bout du museau à la racine de la queue , qui a quatre pouces et demi, le corps de ce joli animal est re- marquable par la finesse et la doueeur des poils qui le recouvrent, et que M. Ord compare à ceux du polatouche. Comme, dans ce dernier, on ne voit aucune trace de ces espèces de soies, plus ou moins roides el aplaties, qui existent chez toutes les espèces de véritables rats; la forme de la tête est aussi assez semblable à celle du polatouche; les yeux sont également très-grands et bruns; les oreilles sont grandes, minces, presque ovales, couvertes de poils si fins qu’elles paraissent nues; les moustaches, fort longues, sont blanches dans leur partie antérieure, et noires dans la postérieure ; les membres antérieurs sont terminés par des pieds blancs pourvus de quatre doigts et d’un petit pouce onguiculé ; les ieds postérieurs ont cinq doigts; tous les ongles sont blancs et couverts à leur base de longs poils blancs ; la queue, qui est également blanche en dessous et brune en dessus, est couverte d’écailles si petites et si bien cachées par les poils, qu’elles sont à peine visibles. Le corps et la tête sont couverts en dessus d’une bourre extrêmement fine, couleur de plomb, entremélée: de poils jaunâtres et noirs; ceux - ci sont plus nom- breux sur la ligue dorsale et sur le sommet de la tête, mais partout ils recouvrent la bourre. Sur les côtés la couleur jaune prédomine ; les bords de l'abdomen et de la poitrine sont de couleur de bulle, et toutes les parties inférieures d’un blanc superbe, teinté de couleur de crême. L'individu observé était mâle; il a été trouvé à l’est de la Floride, dans un ancien grenier d’une plantation ruinée et déserte. Lorsqu'il fut éveillé, d’après M. Ord, il courutà une courte distance, revint ensuite assez près de lui pour qu'il lui fût possible de le toucher avec son fusil, avant qu'il se retirât : son air était doux et par conséquent très-différent de celui du rat commun, qui est au contraire à la fois méfiant et hardi. (Note du rédacteur.) D'après cette courte description et l'excellente figure que M. Ord y a jointe, quoique ce zoologiste n'ait malheureuse- ment rien dit du système dentaire de cet animal, et encore moins du squelette, il est fort probable, d’après la nature du poil exfrèmement fin et doux, la forme de latête, la physionomie générale, les couleurs et leur disposition , et enfin l'absence presque totale d’écailles sur la queue qui est entièrement couverte de poils, et même les mœurs et les habitudes, que ce n'est pas un rat, mais bien ün loir qu’il faudra par conséquent nommer loir de la Floride, myoxus floridanus. Pour dé- cider d’une mânière certaine si c’est une éspèce de ce genre, il faudra savoir si, pourvue de clavicules, l’'humérus est percé d’un trou à son condyle interne, si le cœcum manque, et enfin si le nombre, la forme et la proportion des dents molaires sont comme dans les loirs, c’est-à- dire au nombre de quatre de chaque côté de chaque mâchoire ; les deux extrêmes étant les plus petites. DE Bv. AA A RS AIS OS AS (183) Description des espèces servant de types à quatre genres de plantes récemment proposés; par M, H. Cassini. J'ai proposé les genres. Henricia et Hyÿmenatherum, dans mon 2° Fascicule, publié dans le Bulletin de janvier 1817; le genre Goriocau- lon, dans mon 5° Fascicule, publié dans le Bulletin de février 1817 ; et le genre Diglossus, dans mon 4° Fascicule, publié dans le Bulletin de mai 1817. Je vais faire connaître les espèces sur lesquelles j'ai cru pouvoir établir ces quatre nouveaux genres de la famille des Synan- thérées. - Henricia agathæides , H. Cass. Arbuste? Tige ligneuse, rameuse, pubescente. Feuilles alternes, pétivlées, ovales, dentées en scie, ri- dées, nerveuses, fermes, paraissant coriaces, hérissées de poils courts et roides. Rameaux terminés par un corymbe de calathides peu nom- breuses , à disque jaune, composé de fleurs très - petites et très-nom- breuses, et à couronne blanche. Calathide subalobuleuse , radiée : disque multiflore, régulariflore, androgyniflore ; couronne umnisériée , hguhflore, féminiflore. Péricline égal aux fleurs du disque, subhémisphérique, formé de squames bisé- rices, égales en longueur, appliquées : les extérieures foliacées, ovales- aiguës ; les intérieures membraneuses, scarieuses, un peu élargies supé- rieurement, obtuses et arrondies au sommet. Clinanthe convexe, inap- endiculé. Ovaires cylindracés, hérissés de poils ; aigrette de squamel- ules filiformes, barbellulées. Cette Synanthérée, de la tribu des Astérées, constitue un genre voisin du Zellis, et surtout de l’Ægarhæa ; maïs il diffère de ce dernier par la forme de la calathide, qui est subglobuleuse, par le péricline de squa- mes bisériées, dissemblables, et par les ovaires cylindracés , non-com- primés. Je lai étudié dans l’herbier de M. de Jussieu, sur un échan- tillon recueilli par Commerson à Madagascar. L’Aster 1enellus apparlient peut-être à ce genre. Hymenatherum tenuifolium , H. Cass. Petite plante annuelle, diffuse, à tiges auguleuses, à feuilles opposées, pinnées, filiformes, à calathides solitaires , terminant les rameaux , et composées de fleurs jaunes? Calathide radiée : disque multiflore, régulariflore , androgyniflore ; couronne unisériée, liguliflore, féminiflore. Péricline inférieur aux fleurs du disque, turbiné, plécolépide ; formé de dix ou douze squames unisériées , entregreffées presque Jusqu'au sommet qui est arrondi, mu- nies de grosses glandes. Clinanthe plane, absolument inappendiculé. Cypsèles longues, grêles, striées, glabriuscules ; aigrette presque aussi longue que la cypsèle, composée d'une dizaine de squamellules subuni- sériées, dont la partie inférieure, plus courte, est simple, large, lami- Boranique. (184) née, membraneuse, et la supérieure divisée en deux ou trois filets iné- gaux, roides , barbellulés , de couleur rousse. Fleurs de la couronne, au nombre de dix, à limbe de la corolle très-large, ovale, velouté en dessus. Fleurs du disque à style divisé en deux longues branches. Cette Synanthérée, de la tribu des Tagétinées, constitue un genre voi- sin du Clomenocoma, dont il diffère principalement par le clinanthe inaç- pendiculé et le péricline de squames unisériées, entregreflées. J'ai ob- servé celle plante dans l’'herbier de M. de Jussieu, où il est dit avec doute qu’elle vient du Chili. Goniocaulon glabrum , H. Cass. Tige herbacée, haute de deux pieds au moins, droite, rameuse, glabre , trés-lisse, munie de côtes saillantes, cartilagineuses. Feuilles res alternes, sessiles ,semi-amplexicau- les, longues, étroites, presque linéaires, aiguës , glabres, munies sur les bords de quelques dents spinuliformes, très-petites, et très-écartées les unes des autres ; feuilles inférieures. ...... Calathides rassemblées en fascicules à l'extrémité des rameaux, et composées chacune de quatre à six fleurs jaunâtres ? ou rougeâtres ? Calathide incouronnée, équaliflore, pauciflore, régulariflore, androgy- niflore, oblongue, cylindracée. Péricline à-peu-près égal aux fleurs , cy- lindracé; formé de squames imbriquées , appliquées, ovales , aiguës, glabres, striées, coriaces, membraneuses sur les bords. Clinanthe très- etit, garni de fimbrilles membraneuses, longues, inégales. Ovaires gla- Fe. aigrette longue , composée de squamellules très-nombreuses, mul- tisériées, très-régulièrement imbriquées, laminées-paléiformes, roides, coriaces , submembraneuses , scarieuses , inappendiculées, finement denticulées en scie sur les bords; les extérieures courtes, étroites, linéaires ; les intérieures longues, larges, un peu élargies de bas en haut, arrondies au sommet ; point de petite aigretfe intérieure. Corolles à tube court, à limbe long. Etamines à filets hérissés de poils, à anthères mu- nies de longs appendices apicilaires cornés. Style à deux branches libres. Cette Synanthérée, de la tribu des Centauriées, section des Chry- séidées, constitue un genre voisin des Chryseis, Cyanopsis et Volutaria, dont il diffère principalement par l’absence des fleurs neutres. J’ai ob- servé l'échantillon dans l’herbier de M. de Jussieu , où il est dit qu'il lui a été donné par Vahl en 1709, et qu'il vient de Tranquebar. Diglossus variabilis , H. Cass. Plante herbacée, probablement an- nuelle, haute de six pouces, glabre. Tige rameuse, un peu diffuse, tor- tueuse , striée. Feuilles opposées, pinnées, linéaires, grêles, à pin- nules linéaires, munies de très-petites dents rares, aculéiformes. Cala- thides portées sur de longs pédoncules grêles, axillaires et terminaux, et composées de fleurs jaunes. Calathide demi-couronnée , tantôt discoïde , tantôt quasi-radiée : dis- que mulliflore, régulariflore ; androgyniflore ; demi-couronne bi-tri- ( 185 x flore, liguliflore, féminiflore, tantôt inradiante, tantôt quasi-radiante. Péricline, presque égal aux fleurs du disque, et subcylindracé, pléco- lépide, formé de cinq à six squames unisériées, entregreffées, uniner- vées, glandulifères , arrondies au sommet, qui porte un petit appendice sétiforme. Clinanthe conique, inappendiculé, Rvéolé Ovaires grêles, striés ; aigrette plus longue que la corolle, composée de squamellules peu nombreuses, unisériées, les unes paléiformes et plus courtes, les autres triquètres-filiformes, barbellulées , alternant avec les premières. Languette des fleurs femelles toujours très-petite et souvent anomale, tantôt plus courte que le style et entièrement incluse dans le péricline, tantôt plus longue que le style et un peu exserte. Cette Synanthérée, de la tribu des Tagétinées, constitue un genre ou sous-genre immédiatement voisin du Tagetes, dontil diffère par sa cou- ronne composée seulement de deux ou trois fleurs au plus, situées du même côté, et entièrement ou presque entièrement cachées dans le péri- cline. J'ai observé, dans l’herbier de M. de Jussieu, deux échantillons recueillis au Pérou par Joseph de Jussieu : la calathide est discoïde dans l’un, et quasi-radiée dans l’autre; il y a encore entre eux, sur d’autres points, plusieurs différences assez légères. Doit-on les considérer comme constituant deux espèces ou deux variétés ? RAA AAA AAA AAA AAA Notice sur la luxation de la cuisse, suivie d’une observation » remarquable sur celle appelée en haut et en avant; par M. le baron LARREY. Les membres inférieurs chez l’homme, pour servir à sa sustentation verticale et à la transposition d’un lieu à un autre, doivent présenter dans leurs rapports avec le bassin ou la base du tronc, la double faculté de se mouvoir en tout sens et de conserver l’équilibre du sujet dans tous ses exercices. La nature, pour remplir en même temps et avec précision ces deux fonctions, a établi entre la cuisse et le bassin un genre d’articulation qui réunit à une grande mobilité une telle solidité, qu'a moins de trés-orands écarts ou les eflorts les plus violens, les pièces qui la composent ne peuvent se disjoindre, et lorsqu’enfin ces pièces s’écartent assez pour produire un déplacement total du membre, ce qui est encore rare, la luxation ne se fait que vers les points du pourtour de l’arti- culation, où la tête du fémur trouve le moins de résistance à son évulsion de la cavité articulaire qui la renferme. En effet, en se représentant, dans l’état frais, la conformation de l'articulation coxo-fémorale, l’on voit qu’elle est formée par une tête Livraison de décembre. 24 Mépecixe, ' ( 186 ) recue dans une cavité proportionnée à sa masse et à son diamètre, fixée dans cette cavité par un ligament très-fort, et retenue au pourtour de son domicile par des bandeleties fibreuses, des tendons, et plusieurs couches de muscles. Malgré toutes les précautions sagement établies par la nature, non-seulement la tête de l'os fémur se déplace en entier de la cavité cotyloïde, en bas et en dedans, en bas êt en dehors, et successivement en haut et en arrière, les points de sortie les plus faciles, mais elle franchit aussi quelquefois, comme Hyppocrate l'annonce (1), le point supérieur et antérieur du rebord saillant, osseux et fibreux de cette cavité, de manière à produire la quatrième espèce de luxation, très-rare er haut et en avant. IL faut en effet que les puissances qui produisent cette luxation agissent avec une grande force pour opérer un tel déplacement , et il ne m'a rien moins fallu que l'exemple qui s’est oflert à mes yeux, pour être convaincu de la possibilité de ce genre de luxation. C’est un grenadier à cheval, du deuxième régiment de la Garde, qui m'a fourni cet exemple. ? Ce cavalier, nommé Ris (André), d’une constilution athlétique, taille de cinq pieds six pouces, équipé de toutes pièces, obligé de mettre pied à terre dans une manœuvre de cavalerie qui se faisait au Champ-de- Mars, le 8 septembre dernier, son cheval, effrayé du feu d'artillerie qu’on faisait en même temps , se cabra, tandis que le grenadier cherchait à franchir de sa jambe droite le manteau et le porte-manteau attachés sur le derrière de la selle du cheval; la jambe est accrochée par l'éperon très-long de sa botte, à l’une des extrémités de la valise, et au même instant le cheval se renverse avec son cavalier. C’est dans cette chute terrible que la cuisse s’est luxée en haut et en avant. Si ce grenadier n’avait reçu de prompts secours de ses camarades, il aurait infailliblement péri sous le poids énorme de son cheval et de son armure. Il fut relevé et transporté de suite à l'hôpital du Gros- Caillou, où je le vis six ou sept heures après. Au premier aspect et sans toucher le malade, il me fut facile de reconnaître la luxation et son vrai caractère ; le membre était tellement écarté et renversé sur le bassin, qu’il formait une équerre avec celui du côté opposé; le pied etle genou étaient déviés en dehors, la fesse et l’'éminence trokautérienne étaient remplacées par une dépression profonde; la tête du fémur faisait une saillie prononcée au pli de laine sous les vaisseaux cruréaux, qui en étaient fortement distendus. 1e membre était déja tuméfié, de couleur marbrée, et complètement immobile. Le cavalier éprouvait des douleurs vives et déchirantes à (x) De Articulis, 1, z, (187) l'aîne et au bas-ventre, tandis que la jambe était engourdie el le pied froid. Le chirurgien-major du régiment, M. le docteur Gras, et les autres officiers de santé présens, reconnurent avec moi le genre de luxation que j'avais d’abord signalée. 11 est évident que dans cet état de dépla- cement de la tête du fémur, les ligamens orbiculaire et inter-articu- laire avaient été rompus, car cette éminence osseuse se trouvait ap- puyée sur la branche horizontale du pubis, tandis que le trochanter était en rapport avec la cavité cotyloïde. L’oflicier de santé de garde, M. Boisseau, avait déjà appliqué les émolliens sur la partie affectée, et il avait saigné le malade; il n’y avait donc qu'à procéder à la réduc- tion du membre; en conséquence, je disposai toul ce qui était nécessaire à cette opération. Le malade étant placé sur une table basse garnie d’un matelas, un lac très-fort passé sous le pli de la cuisse, croisé sur l'épaule droite et assujetti aux pieds de la table, un deuxième passé autour de la poitrine, et plusieurs autres posés sur l'extrémité luxée, plusieurs de mes plus forts élèves el quatre grenadiers furent chargés de soutenir le malade, de le fixer sur son lit, et de faire l'extension du membre; je me plaçai moi-même de manière à pouvoir déprimer et ramener avec mes mains vers la cavité articulaire la tête du fémur, tandis qu'avec mon épaule droite, placée sous la cuisse luxée, je rétablirais promptement le parallélisme de l'extrémité inférieure de l'os avec la supérieure. Nous avions vainement fait plusieurs extensions, et l’on désespérait du succès de nos manœuvres, lorsque , vivement touché du danger qui menaçait le militaire si on le laissait dans cet état, je redoublai d'efforts, et je réduisis, seul, la luxation, en élevant tout-à-coup avec mon épaule l'extrémité inférieure de la cuisse, tandis que j'abaissai avec mes deux mains la tête du fémur portée au devant de la branche horizontale du pubis. Par ce double mouvement simultané, et exécuté avec force et promptitude, la luxation fut réduite, à la grande surprise des assistans et à la mienne; le choc de la tête de l'os dans sa cavité articulaire se fit entendre, et du même instant le malade éprouva un soulagement inexprimable qui le ravissait, Nous fixämes le membre dans ses rapports naturels et respectifs, au moyen d’un bandage approprié. Une embrocation d’eau -de- vie camphrée fut faite sur la région articulaire; le malade fut saioné et mis à l'usage des boissons rafraichissantes et antispasmodiques. Malgré ces précautions et l'emploi de ces moyens, des symptômes inflammatoires se déclarèrent dans le pourtour de l'articulation iliofémorale, avec réten- tion d'urine, de très-vives douleurs à l’aine, et surtout le côté interne de la cuisse et de la jambe jusqu'à la plante du pied. Ces symptômes 1010. ( 188 ) locaux furent suivis d'un mouvement fébrile, de chaleur très-forte au bas-ventre, et d’insomnie. Je remédiai d’abord à la rétention au moyen du cathéterisme; une sonde de gomme élastique fut laissée dans la vessie pen les premiers jours, et je disSipai inflammation qui s'était mani- estéeà la cuisse et autour de son articulation, par l'application réitérée des ventouses scarifiées et celle des cataplasmes émolliens sédatifs, des lave- mens anodins et les boissons muciiagineuses à la glace. Tous les accidens se dissipèrent graduellement, le malade alla de mieux en mieux, ses fonctions se rétablirent, et, après quarante jours de repos, le grenadier sortit de l'hôpital pour reprendre incessamment son service au régiment. … Depuis Hyppocrate, qui a parfaitement décrit ce genre de luxation, jusqu'à nos jours, on avait à peine pu croire à la possibilité de sa for- mation; cependant Desault et le professeur Boyer en ont vu chacun un exemple, mais ils n’ont pas observé la rétention d'urine indiquée par Hyppocrate, et que nous avons vue chez notre malade. Elle était l'effet de l'inflammation qui s'était propagée au col de la vessie par l'irritation que les nerfs honteux ou génitaux, fournis par le plexus crural, avaient reçue de la violente distention opérée sur ce plexus par le déplacement et la saillie extérieure de la tête du fémur. Si cet accident ne s’est pas offert chez les sujets des observations des célèbres chirurgiens que nous avons cités, c’est parce que le déplacement de la tête du fémur chez les sujets n’a pas élé aussi étendu que chez notre grenadier. Avant sa sortie de l’hôpital, le membre affecté placé à côté du mem- bre sain, présentait une élongation contre nature d'environ quatre lignes, longueur qui paraissait cesser lorsque le sujet était debout. Ce phéno- nème dépendait de la rupture du ligament interarticulaire. Le membre, abandonné à son poids, tend à reprendre sa ligne droite ; le point d’in- sertion de la tête du fémur dans sa cavité articulaire étant détruit, il se laisse abaisser lorsque le sujet est couché, et de la une élongation contre nature dans le membre, laquelle doit disparaître lorsque le sujet est de- bout, parce que la tête s'enfonce par le poids du corps dans la cavité cotyloïde. C’est principalement cette cause ( la destruction du ligament intermédiaire) qui produit le même phénomène dans la fémorocos- calgie (x). Ce grenadier a été obligé «pendant quelque temps, de s'appuyer sur une canne, et de marcher avec précaution pour conserver l'équilibre. Cette observation m'a paru intéressante sous plusieurs rapports ; peut- être l’est-elle aussi sous celui du mode de réduction ; du moins, elle concourra, Je pense, à faire vérifier les écrits et les sentences du divin vieillard de Cos. (1) Voyez cette maladie, dans le quatrième volume de mes Campagnes. eee 2e ee ( 189 ) Nouveau procédé pour purifier le gaz hydrogène carburé, et en méme temps pour augmenter la quantité qu'on peut en extraire d'une quantité donnée de charbon de terre. Extrait d’une lettre de S. Parker à M. Trrrocn, rédacteur du. Philosophical Magazine. AvyaAnT fait passer le gaz brut à travers un système de trois tuyaux de fer placés horizontalement dans un fourneau, communiquant en- semble par un canon de fusil, et maintenus à la température du rouge sombre, je trouvai, à mon grand étonnement, que, par ce procédé, on obtenait d’une quantité donnée de charbon de terre, beaucoup plus de gaz que par la méthode ordinaire; je trouvai en outre que le gaz était parfaitement pur, tandis que la quantité de goudron produit durant l'opération, était beaucoup moins considérable que celle qu'on retirait en pareil cas par le procédé commun. Le liquide recueilli dans un vaisseau interposé entre l'extrémité des tuyaux de fer en incandescence, traversés par le gaz, et le gazomètre qui recevait le gaz, ne contenait aucune trace d'ammoniaque, mais au contraire il rougissait instanta- nément le papier de litmus. Il avait une saveur acide et stiptique, ainsi qu'une odeur sulfureuse et piquante. Il était de couleur noire; étendu de beaucoup d’eau, il produisait un précipité insoluble avec le muriate (hydrochlorate) de baryte, C'était de l'acide sulfurique. IL est donc évident qu'il s'opère un changement considérable dans le gaz hydrogène carburé brut; quand on le fait passer dans un tuyau de feren incandescence. Le gaz hydrogène sulfuré qui accompagne toujours ce produit gazeux , à mesure qu’on l'extrait du charbon de terre, est sans doute décomposé durant lopération, et c’est à cette décomposition qu'il faut attribuer la production de l'acide sulfurique. Mais par quels moyens s'effectue cette décomposition? C’est ce qu'il ne n'appartient pas de dire. Il est clair que l'ammoniaque se décompose en même temps que le gaz hydrogène sulfuré, puisque le liquide qu’on retire de celte distillation, loin d'être alcalin, est décidément acide. D'ailleurs le muriate de baryte et l’acétate de plomb montrent qu'il contient de l'acide sulfurique fortement chargé de gaz acide sulfureux, L'augmentation du, gaz doit être attribuée, sans aucun doute, à la! décomposition qu'éprouve le goudron durant l'opération; car il. est suffisamment prouvé, que cette substance peut être entièrement trans- formée en gaz hydrogène oxicarburé. Le gaz produit de.cette manière est parfaitement débarrassé de gaz hydrogène sulfuré, aussi bien que d'acide carbonique; car il ne trouble 11010: Cnimire. HISTOIRE NATURELLE, C190 ) ni la transparence d’une dissolution de plomb, ni l’eau de baryte, and on ke fait passer à fravers ces liquides. D'après.ces considérations, il y a lieu de croire que l'épuration du gaz hydrogène carburé dont on fait usage de plus en plus pour se procurer de la lumière, peut s’effectuer d’une manière plus économique, en le forçant de traverser des tubes de fer en incandescence, qu’en employant la chaux vive. Le sujet est digne d’un examen sévère, tant sous le point de vue de la théorie, que par rapport à la pratique. NOUVELLES SCIENTIFIQUES. Le Serpent de mer d'Amérique. Extrait d'une Lettre de T. SAY EsQ., de Philadelphie, au D. Leach. J’ar bien du regret que plusieurs journaux savans d'Europe aient répété sérieusement le conte absurde qui a pris son origine sur nos côtes de l’est, au sujet du serpent de mer, conte attribué ici à un défaut d'observation, joint à un degré extraordinaire de frayeur. Vous avez probablement été informé que le capitaine Rich a expliqué toute l'affaire. Il prépara une expédition tout exprès pour prendre ce léviatan; il réussit à enfoncer son harpon dans l’objet qui était reconnu par tout son équipage pour être le véritable serpent de mer, et que plusieurs d’entre eux assuraient, par serment, avoir vu précédemment. Mais, lorsqu'on eut tiré ce prétendu serpent hors de l’eau, et qu'on fut à portée de le bien voir, on fut parfaitement convaincu que ce monstre, auquel la: frayeur avait donné une longueur gigantesque de cent pieds, n’était rien autre chose qu'un poisson incapable de faire le moindre mal (Schomber tynnus), de neuf à dix pieds. L'Histoire naturelle est probablement redevable au capitame Rich d’avoir purgé ses pages de ce conte indigne d'elle; c’est une léçon pour se tenir en garde contre toutes les merveilles dont la crédulité est si avide. Aérolithe. Les journaux, Russes décrivent un aérolithe qui tomba au village de Slobodka, dans le gouvernement de Smélensko, le 29 juillet, suivant les Russes, ou le 1r août, selon notre: manière de compter. La pierre pesait sept livres; la surface en était rude et recouverte d’ane croûte brune; on voyait à travers, et par places, la substance de la pierre elle-même, d’une couleur grise, et parsémée de taches d'une apparence métallique: Ce corps descendit avec une telle violence, qu'il pénétra! plus d’un pied dans la terre. CS AA A A TABLE DES MATIÈRES. HISTOIRE NATURELLE, ZOOLOGIE. Sur quelques points de l’organisation des mollus- ques bivelves, par le docteur Leach, exposés par M. de Blainville. Page 14 Sur les organes femelles de la génération, et les fæ- tus des animaux didelphes, par M. H. de Blain- ville. 25 Sur une espèce de singe cynocéphale, par M. Fré- déric Cuvier. 29 Mémoire sur la métamorphose du canal alimentaire däns les insectes, par M. Dutrochet, docteur en médecine. 2 Sur plusieurs espèees nouvelles d'animaux de diffé- rentes classes, par le docteur Leach, Sur une nouvelle espèce de dauphin , par M. de Fre- minville, 67 Mémoire sur la classe des sétipodes , partie des vers à sang rouge de M. Cuvier , et des annelides de M. de Lamark, par M. H. de Blainville. 78 Extrait d’un mémoire de M. Léon Dufour, ayant pour titre : Recherches anatomiques sur les sco- MINÉRALOGIE Sur le pic d'Adam (île de Ceylan), par John Dalton. 29 Pétrification remarquable, par M. Winck. . 30 Recherches sur les causes qui déterminent les va- riations des formes cristallines d’une même subs- tance , par M. E.S. Beudant. 36 Spath fluor , en Ecosse. 45 Laithovasa (vases de pierre ). 60 lies et sur quelques autres insectes hymenop- tères. 101 Monographie de la couleuvre couresse des Antilles, coluber cursor (Lacépède ), par M. Moreau de Jonnès. 117 Nouvelle espèce de tenthrède, par M. Bosc. ibid. Sur un ONE d'insectes de l’ordre des hy- menoptéres ( Pinicole), par M. B'ébisson. 116 Sur un nouveau genre de mollusques, eryptostome , cryptostomus , par M. H. de Blainville, 120 Monographie du mabouia des murailles, ou gecko- mabouia des Antilles, par M. Moreau de Jon- nés. 138 Considération sur les organes de la génération, par M. de Blainville, 155 Sur une nouvelle espèce de Rongeur de la Flo- ride, par M. Ord, de Philadelphie. 18r Nouvelles scientifiques. 190 Le Serpent de mer d'Amérique. Jbid. Âérolithe. ÿ Ibid. ET GÉOLOGIE. Chromate de fer dans les îles Schetland. 60 Bois fossile trouvé par T. J. Douwin, docteur en médecine. 112 Plombagine ( nouvelle mine de), en Ecosse. 1bid. Tremblemens de terre aux Antilles, par M. Mo- reau de Jonnès. 125 Analyse de minéraux, par M. le comte Dunin Borkowski, par M. de Bonnald. 169 BOTANIQUE, AGRICULTURE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Du calice de la scutallaria galericulata , M. H. Cassini. Genres nouveaux , formés par M. H. Cassini, dans la famille des synanthérées; septième, huitième, neuvième et dixième foscicules, pages 30, 73, 139 et 165 Description de trois plantes servant de types aux nouveaux genres paleolaria , dicoma et triachne, par M. H. Cassini. 7 Description de quatre plantes servant de types aux nouveaux genres oliganthes, piptocoma , dime- rostemma et districhum , par M. H. Cassini. 57 Extrait d’un mémoire de M. Leman, sur les ro- siers. 73 Sur une anomalie remarquable du mode de fécon- par 16 dation dans la campanule à feuilles rondes, par M. H. Cassini. 106 Extrait d’une note de M. Aubert du Petit-Thouars, sur la fécondation des campanulacées. 117 Extrait d’une note de M. Dupont, surl’atriplex. 119 Observations sur la germination des graines de ra- phanus et d’autres crucifères, par M. H. Cas- sini. . 11 Extrait d’une note de M. Defrance , sur l’énothère à fleurs blanches. 153 Révision de la famille des Bignoniacées, par CG. Kuntb. 154 Description des espèces servant de types à quatre genres de plantes récemment proposés, par M. H. Cassini. 183 CHIMIE. Influence des métaux sur la production du potas> sium, par M, Vauguelin. 15 Sur l'acidité du tangstène et de l’urane saturés d'oxy- gène, par M. Cheyreul. 20 (192) Sur le nouvel alcali Gxe | appelé lithion,, lpar M. Arvedson. 5a Sur le sélénium, découvert par M Bersélius. 53 Note sur le lithion, par M. Vauquelin. Sur la matière colorante de la cochenille, par MM. Pelletier et Caventou. : Caméléon minéral , par MM. Chevillot et Ed- wards. 102 Combinaisons nouvelles de l'oxygène avec divers acides, par M. Thénard. 113 Analyse de la fève de Saint-Ignace, par MM. Pel- letier et Caventou. 119 Composés de phosphore, par sir H. Davy. 128 Nouvelles observations sur les acides et les oxides PHYSIQUE ET Sur l'ouragan des Antilles, Jonnés. 21 Sur la cristallisation du mica, par M. Biot. 23 Sur la cristallisation du sucre de canne, par M. par M. Moreau de Biot. 34 Lampe sans flamme, par M. Thomas Bill. 46 Fondemens de l’astronomie , par M. Bessel. 70 Perfectionnement du colorigrade, par M. Biot. 90 Pouvoir réfringent des milieux de l'œil, par M. A oxygénés, par M. Thénard. 145. Cinquième série d'observations sur les acides et les oxides oxygénés, par M. Thénard. 148 Combustion de l'alcool au moyen de la lampe sans flamme, par M. John Dalton. 154 - Sur le cadmium, découvert par M. Stromeyer. 162 Sur le vestium, par M. Vest. 16 Obervations sur l'influence de l’eau dans la forma- tion des acides oxygénés, par M. Thénard. 172 Nouveau procédé pour purifier le gaz hydrogène carburé, et en même temps pour augmenter la quant qu’on peut en extraire d’une quantité onnée de charbon de terre. 1 ASTRONOMIE. Chossat. Utilité des lois de la polarisation de la lumière, par M. Biot. 99 Nouveaux faits sur la polarisation de la lumière, par M. Biot. 143 Purificatien du gaz hydrogène carbure. 1 Sur quelques résultats scientifiques déduits des ob- servations faites dans l'expédition anglaise au pole nord, par M. Biot. - 173 MATHÉMATIQUES. Mémoire sur la température des habitations et sur le mouvement varie de la chaleur dans les pris- mes rectangulaires, par M. Fourrier. 1 Note sur l'intégration d’une classe particulière d’é- quations différentielles, par M. Cauchy. 17 Mémoire sur le mouvement des fluides élastiques dans des tuyaux cylindriques, par M. Poisson. 43 Question d'analyse algébrique, par M. Fourrier. 6x Remarques sur les rapports qui existent entre la propagation des ondes à la vitesse de l’eau, et leur propagation dans les plaques élastiques , par M. Poisson. 97 Sur la figure de la terre et la loi de la pesanteur à sa surface, par M. la Place. 122 Sur l'intégrale de l'équation relative aux vibrations des plaques élastiques, par M. Poisson. 125 Note relative aux vibrations des surfaces élastiques et au mouvement des ondes, par M. Fourrier. 129 Seconde note sur les fonctions réoiproques, par M. Cauchy. 178 MÉDECINE ET SCIENCES QUI EN DÉPENDENT. Expériences sur la digestion, par Astley Cooper. 11 Note sur l’emploi de quelques sels de morphine, comme médicamens, par M. Magendie. 54 Second. mémoire de M. Edwards, docteur en mé- decine, sur l’asphyxie. 9 Réflexions sur un memoire de M. Portal, relatif au vomissement, par M. Magendie, 107 Suite des recherches de M. Edwards, sur l’as- phyxie. 136 Observations de la luxation de la cuisse, suivie d’une observation remarquable sur celle qui est appelée en haut eten avant, par M. Larrey. 185 DE L'ImPriMERIE DE PLASSAN, nu DE Vaucrnarp, N° 15. BULLETIN DES SCIENCES, PAR LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS. Re ANNÉE 1019. PS “ PARIS, IMPRIMERIÉE DE PLASSAN. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÈTÉ PHILOMATIQUE, AU 1%. JANVIER 1819, D'APRES L'ORDRE DE RECEPTION. NOMS. (Dates de Réception. | NOMS. | Dates de Réception. Mernbres emeérites. MM. MAI. 3 BERTHOLET ....... 14 Sept. 1705. a JTE Le 5 de PE Lebinee AS Rep e Rus ÉÉRARSIS A cie È Le ï oë. Moner 38 Sept. 1705. ta. ane C0 ER es ar 10 août 1794. A péRe . ‘à févr: bn DucHESNER 00 12 janv. 1707- . D'Asc eo lee als sie 7 Fa 1007. TARLACR SE ue 17 déc. 1802. ee on 10) déc. «18 CoRREA DE SERRA. | 11 janv. 1806. Du PeriaT TEE s 9 Id UE TONNELLIER. ..... . | 51 Juill. 1794. | par AR Ne 14 mai 1808 GizLET-LAuMonT. | 28 mars 1795. Abel NA 1d DELEUZE CU 22 juin 1801. Lio URLS Id, CoQuEBERT - MoxT- Ga er US Id. Phaune resserre . TT ve PuISSANT . .. ..... 16 mai 1810. os... , . DESMAREST ...... 9 févr. 1811. Membres résidans. GUERSENT........ 9 mars 1811. SILVESTRE.. ......, | ro déc. 1788 | BaILLET. ....... Ia. Bron tn ne Id. BLAINVIELE : 5-0 29 févr. 1872. VAUQUELIN. ....... 9 nov. 1789. | BINET........... 14 mars 16712. HALLE: 200020 14 sept. 1795. | DuLonc.......... nn PRONMA NT due 28 sept. 1795. | Bonnarp........ 28 mars 1812. MACRO 0: RD: 15 déc, 1793. | MAGENDIE.. ...... 10 avril 1815, Bosc Ms ee 12 janv. 1794. | Lucas........... D févr: xx Crorrror Sur LESUEUR.-.. + 12 Mars 1814. FAIRE UNIT Id. Caucuy fils....... 31 déc 181% Cuvier (Georg.).. | 23 mars 1795. | CLÉMENT ........ HNERMRE DONC Ra AN 20 août 1796. || LÉMAN........... 3 févr. 1816. LARRET Ad 24 sept. 1796. | Cassinr (Henry). | 17 éd. LASTEYRIE........ 2 mars 1797. || FOURIER......... 7 févr. 1818. LACEPÈDE......... 1 juin 1798. | BEupanr......... | 14 févr. 1818. Fu 0 NE 14 HéVT. 1000. PETEP:-C-2.02270 21 févr. 1816. BIO EC 0 2 févr. 1801. | ROBIQUET........ É avril. HUE BROCHANT........ 2 juill. 1801. | Epwarps........ | 25 idem. Cuvier (Fréd.).... | 17 déc. 1802. || PELLETIER....... 2) mai 1818. THENARDE eue 12 févr. 1803. | H'° CLOQUET ..... 9 idem. Secrétaire de la Société pour 18:19, M. H. pe BLAINvice,rue Jacob, n° 5. LISTE DES CORRESPONDANS DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE. NOMS Er RÉSIDENCES. MM. GE£orFroY ( VILLEXEUVE ). è D'ARDRADA SL SR ne Coimbre. GHAUSSIER. ME ee Van-Mows: 34.81.20 Bruxelles. MALTE on EE Pavie. CHANTRANS Se ta os Besancon, RAMPOURG SSL ANTAN Cérilly. NiGOAS ee drire Caen. JuninE 1 "0.1.:2142 Genève. LATRELTE Vite à où - de à i USER Re EU EUTS Zurich. Norte Bruxelles. ReDARREUTEL TE ee Nice. SCEMEISSER cie see ec Dieie fe Ha mbourg. REIMARUS Re mere des Id, 5 Bai AN DENON LAS ALES Strasbourg. GOSSE RAT LL RE LR sn Genève, MEDENATA NU TS 4 REA e Nismes. RIBCHER ne C IA e Moscow. Bonenene puits * Abbeville LÉNOrR ES RNA EU Béfort. Boissez De Monvirce.... FABRONT cine et + Florence. Broussoxer ( Victor.) .... Montpellier, Larr ((P.-Aimé)......:.. Caen. , DelSAnssSuRE Len. Genève, VassamisEANDI.. ..,...... Turin BNP RS NEA E EN à Id, Pure (Pierre) .. -...... Naples. BLuMENBACH........... + Goltingue. HERMSTAEDT . :.... 55.0 Berlin. Coquesert (Ant.) ...... Amiens. Camper ( Adrien) ........ Franeker. RAMOND: 220 PANNE LEA SR SR RS TD Madrid. Parissor DE BEauvois.... SOHREIBERS - ee ele sara siele sim Vienne. SERWARTZ nt de Stockholm! VENTE NE EE Genève. HMMOURG: : = 54) de Londres, 156 DD SSSR 14, Héricarr-Taury......... BÉTSSONE ANNEE Eu, Chälons - sur- Marne, NOMS er RÉSIDENCES. MM COSTAZ = 4. 2m er vente, CORDIFRSS 2 Ne Na SCHREIBER SE See Gr EN Grenoble. DODUN: ERA NE PUR Pr Le Mans. Freuriau DE Becceyue.. La Rochelle, 1520 0 119 DE AR ER RENE DAVARES Re ee doute ei LE Naples PAVON NU Or men Rs Madrid, BROTERO NS MEN MLIANNE Coimbre. SOEMMERING …........ Munich. Paso DE ÉLAVE.. - .:. 2.2 Madrid. BRERISS 0m DR EME Falaise. PANZER SE 2e ete Nuremberg, Désézanbs. . .L à. 4.5... Rennes. DAUBUISSONS A en CE Toulouse. NVARDEN: 1 ARS Re New-Yorck. GÆrTNER (fils .......... Tubingen. GARARD PR MERE UE Alfort. GCarADN Eure CS Wittemberg. Lamouroux............ Caen. Fremnvizze (Christoph.) Brest. BATARD {fe 1e 2e eretele Angers: Poy-FEeré pe CÈRE..... Dax. s Maroc: pE SERRES... . : Montpellier, DEsvaux re ent Poitiers, BiZocee’»...l4 220 :. Seez. Rabso= 55: nice ms Nice. Bicor ne Morocues.... Orléans. TRISTAN à 3 2 CRC Id. Omarius D'HaLzoy...... Namur. LEONHARD ........... Heidelberg: DEsSAlGNES A ae) D Vendôme. DÉSAN EME NMENNAN Londres. Aucuste SainT-Hicaire. Orléans, ATÉTAUDE ER eee Limoges, Léox-Durour.........: Saint-Sever DE GRAWENHORST,...... Breslau. RerNWaRDT =... : 2.2 Amsterdam. Dumocrer.. 1.1.2 20 Charrau , prés Chäteau-Re- naud. D’Aupesanp pe FEervssac. Acens CHARPENTIER... ...... Bex. Le GLERG... 000000 0° 0 LAVER EE APE RP EE VD 2 CI PR CE PE NOMS sr RÉSIDENCES. NOMS rr RÉSIDENCES. MM. MM. D'Howsres-Firmas. ..... Alais. Freycrner: ess a JacorsonL- 22222200 Copenhague. Aucuste Bozzr Graxvizre Londres. MonrelxO .. 2.2.2 Freyberg. BERGER:: 255%. FOR Genève, MILLET eee e Angers. Moreau DE Joxnés...... Martinique. VoSEL EEE pates Let Munich. MEYRAG: «12002 2328 ete 0 Dax. Apams (Williams)...... Londres. GRATELOUP.- 2-0. Dax. DErRANGE - 2221222 Sceaux, SAT: Rte ls Philadelphie. Cas CRIE CS LUS COLE EEE CRE AECERREE Dijon. Kurt nai. Ber'in. OnD LS ES RES Philadelphie, Vareainilir. s2 MU Etampes. Parisson LEE Etre Glasgow. Waiczuam Erronp Leacu. Londres, [ COMMISSION DE RÉDACTION DU BULLETIN, POUR 1819. MM. Zoologie, Anatomie et Physiologie GRUBLELTE ESS. a Bo e BLAINVILLE (A. DE)..... B. Y. Botanique, Physiologie végétale , Agriculture, Économie rurale.. H.Cassinr.............. H. © Minéralogie, Géologie........... BEUDANTE PER "7e F.S.B. Chimie et Arts chimiques........ CHEVREUL...... FOBPone - CG Physique et Astronomie......... MBIOTE EEE CRC eCrEle 20e B. Mathematiques .......... se... PoIssoN..... cts dre P. Médecine et Sciences qui en dé- pendent........ nee me ie LTAGENDIEE «22 0e cer Secrétaire de la Commission. .....BiLLy....B-Y. Nota. Les Articles ou Extraits non signés sont faits par les Auteurs des Mémoires. BULLETIN DES SCIENCES, PAR LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE. DE PARIS. GPS ISLE SL LLLCS LL LILAS L'LLT Note sur le Séléniur. L& soufre que l’on extrait de la mine de Fahlun, en Suède, contient un corps métallique particulier, qui a été découvert par M. Berzelius de la manière suivante : on employait ce soufre à faire de l'acide sulfurique ar la combustion dans une chambre de plomb; il se déposait au fond de cette chambre un sédiment d’une couleur lévèremént rougeâtre, dont M. B. chercha à faire l'analyse pour découvrir la cause de, sa couleur. 11 y trouva du soufre mêlé avec une très-pelite quantité d'une substance particulière, qu’il nomma sélénium; du nom grec de la lune, à cause de la grande analogie entre ce nouveau corps et le métal tellu- rium , dont le nom est tiré de celui de la terre, Ze/lus. On retire le sélénium de ce soufre rougeûtre par les moyens suivans : On fait digérer le soufre avec de l'acide nitro-muriatique jusqu’à ce que la couleur rouge ait disparu. On décante le liquide, eton lave le soutre, Les eaux de lavage mêlées à l'acide décanté sont exposées à un cou- rant de gaz hydrogène sulfuré, qui précipite des sullures de sélénium, d’arsenic , d’étain , de mercure et de cuivre. Ce précipité est redissous de nouveau par l'acide nitro-muriatique. Qn verse dans la dissolution du muriate de barite, qui précipite l'acide sulfurique; on filtre et on distille à siceité, dans une cornue, ce liquide filtré. La masse est ensuite exposée à une plus forte chaleur, qui fait sublimer de l'acide sélénique en cristaux aciculaires mêlés de séléniate d’oxide de mercure. Au fond de la cornue restent des séléniates de barile et de cuivre, ainsi que de l’arséniate de barite. On neutralise l'acide sublimé mercurifère par de la potasse causti- que, qui précipite de l’oxide rouge de mercure ; on filtre, on évapore à sec et on chauffe le sel au rouge pour en séparer les dernières portions de mercure. On pulvérise la masse fondue, on la mêle avec un poids égal de muriate d'ammoniac, et on expose le mélange au feu dans une Livraison de janvier. L 1019. Cuimre, (2) cornue. 11 se forme du séléniate d'ammoniaque, qui se décompose par la chaleur, et qui donne de l'eau, du gaz azote et du sélénium réduit. Une partie du dernier se sublime, mais la plus grande partie reste mêlée avec le muriate de potasse. On traite le mélange par l’eau, le sel est dissous , et le sélénium ne l’est pas; on sèche ce dernier, et on le dis- tille dans une petite cornue de verre à une température qui commence à devenir lumineuse. Le produit de la distillation est du sélénium pur. Le sélénium a les propriétés suivantes : fondu et refroidi brusque- ment, sa surface est polie et brillante, et sa couleur est foncée tirant sur le brun. Sa cassure est vitreuse, d’uñ brillant métallique et d’une couleur grise. Lentement refroidi, sa surface prend une couleur de plomb foncée, devient raboteuse, et sa cassure est grenue, d'un brillant mat et de la même couleur que la surface. 11 se fond a une température un peu plus élevée que 100°, il se ramollit long-temps avant de couler, et, dans cet état, il a une telle viscosité qu’on peut le tirer en longs fils, précisément comme de la cire d'Espagne. Si ces fils sont minces à un certain degré, ils sont transparens et d’une très-belle couleur de rubis. A une chaleur presque rouge, il commence à bouillir, donne des va- peurs jaunes , et distille en gouttelettes noires et brillantes. Chaufté dans un vaisseau d’une grande capacité, ilse sublime sans ébullition, et les vapeurs, condensées par le courant de l'air, se déposent en forme d’une poudre rouge de cinabre. Le sélénium est friable, moins cepen- dant que le soufre; il donne une poudre rouge, mais qui s’aglutine aisément, et prend alors une couleur grise et un aspect métallique. Le sélénium est un très-mauvais conducteur de l'électricité et du calorique. Sa pesanteur spécifique est 4. 32. 1l a une faible aflinité pour l’oxigène, et conserve par conséquent son brillant métallique après être fondu. Chaufté par un corps brûlant, par exemple, exposé au contact de la flamme d’une chandelle, il donne une couleur bleue d’azur aux bords de la flamme, brûle et forme un oxide gazéiforme, qui a l'odeur de radis ou deraves. Cet oxide ga- zeux est un peu soluble dans l’eau, mais il ne se laisse point combiner ni avec les alkalis ni avec les acides. L’odeur de ce corps est précisément la même que celle attribuée au tellure. M. B. est de l’opinion que le tellure ne donne point cette odeur, qu’autant qu'il contient du sélé- nium, et fonde cette opinion sur ce que le tellure aurifère et argentifère ( or graphique ) ne donne aucune trace d’odeur de radis. Si on chauffe le sélénium dans du gaz oxigène jusqu’à ce qu’il com- mence à entrer en ébullition, il prend feu et brûle avec une flamme faible, en donnant naissance à de l’acide sélénique qui se condense en forme d'aiguilles cristallines. Le sélénium donne ce même acide, si on le traite par de l'acide nitrique ou par de l’acide nitro-muriatique. L’acide sélénique se sépare d’une solution très-rapprochée en prismes striés, (5) ressemblans à ceux de nitrate de potasse. C’est de l'acide sélénique avec eau de combinaison. L'eau peut en être séparée par la chaleur; l'acide anhydre se sublime ensuite en aiguilles longues , qui sont des prismes tétraédres ; il est soluble, tant dans l'alkool que dans l’eau; 100 p. de sélénium se combinent avec 40, 55. p. d’oxisène. L’acide sélénique donne avec les alkalis les terres et les oxides métal- liques des sels particuliers. Sa capacité de saturation est de 14. 57, et l'a- cide contient deux fois autant d’oxigène que la base dont il ést saturé. Les sels neutres à base d’alkali resüituent la couleur bleue au papier de. litmus , tout comme les arséniates, phosphates et borates correspondans L’acide sélénique donne deux classes de sels à excès d'acide , dans lesquels la base se.combine avec deux et quatre fois autant d'acide que dans les séléniates neutres. Les séléniates neutres à base d’alkali sont très-solu- bles dans l’eau , mais tous les autres sont peu solubles ou insolubles. Les sursels au contraire sont tous solubles. Les séléniates se décomposent par le carbone à la chaleur rouge, mais le sélénium reste en combinai- son avec la base ou avec le radical de la base, si cette dernière se laisse aussi réduire. L’acide sélénique se combine avec l'acide muriatique-anhydre Cette combinaison est produite par l’action du gaz oximuriatique sur le sélé- nium. L’acide double est une masse blanche cristalline, qui se laisse aisément sublimer. Elle a une très-forte aflinité pour l’eau avec laquelle les deux acides se combinent, mais ils se séparent l’un de l'autre au moment où ils s'unissent à l’eau. L’acide double anhydre, traité par un excès de sélénium, se combine avec lui, et donne une substance huileuse brune, qui se laisse décomposer par l’eau et qui donne les deux acides, en laissant le sélénium isolé. Si la solution a été saturée de sélénium, le résidu est trois fois la quantité dujsélénium contenu dans l'acide sélénique que l'eau a dissous. 11 s'ensuit donc que dans l’oxide de sélénium combiné avec l'acide muriatique, le radical était combinéavec un quart de la quantité d'oxygène qui se trouve dans l'acide. L’acide sélénique est aisément décomposé , si on le mêle avec de l'acide muriatique, et si on y ajoute ensuite un morceau de zinc ou de fer. Une autre manière d’en précipiter le sélénium, c’est de mêler à la so- lution, d'abord de l'acide muriatique, et ensuite du sulfite d'ammoniaque, Après quelques momens, le sélénium se dépose en flocons rouges de cinabre. Cependant il ne se précipite pas entièrement à froid ; il faut pour cela le faire bouillir fortement, en y ajoutant de temps en temps quelques gouttes de sulfite d'ammoniaque. Le précipité ainsi produit est noir et pesant. Le sélénium se combine avec l'hydrogène, et donne un gaz qui a le goût, l'odeur, et en général les caractères du gaz hydrogène sulfuré. Il se combine avec les alkalis, les terres et quelques oxides métalliques, (4) et forme des hydroséléniures, Les hydroséléniures alkalins ont le goût hépatique des hydrosulfures. La meilleure manière de se procurer ce gaz, c'est de dissoudre du séléniure de fer dans de l'acide muriatique. l'est soluble dans l’eau et dans l’alkool. Les solutions se troublent en gonlact avec l'air, et déposent du séléniure en flocons rouges. Si on fait passer du gaz hydrogène sélénié dans de l’ammoniaque caustique, et si ensuite on laisse le liquide exposé à l'air, le sélénium se sépare de son oxygène, else dépose, ant sur la surface que sur les parois du vaisseau, avec des signes d’une cristal isation en cubes, et avec une couleur grise, — Le gaz hydrogène sélénié est dangereux à respirer; il est absorbé par les humeurs de la membrane du nez, et s'y décompose par le contact de l'air. Le sélénium se dépose et s'attache même à la membrane, et pro- duit une sorte de ae qui peut avoir des suites dangereuses ,'si le gaz a pénétré jusque dans les poumons. 11 faut très-peu de ce gaz pour produire des effets pernicieux sensibles. Le sélénium se combine avec le soufre en toutes proportions. L’acide sélénique est décomposé par le gaz hydrogène sulfuré. Le précipité est d'abord d’un beau jaune de citron. Mais si on ajoute un excès d'acide, et si on chaufte le mélange, le précipité s’agglutine, forme une masse élastique cohérente, et sa couleur change en un orangé foncé. 11 durcit par le refroidissement, Le sélénium se combine aussi en toutes proporkiions avec le phosphore. Il se combine avec les métaux, et produit à cette occasion une igni- tion avec la plupart d’entre eux. Les séléniures ont beaucoup de res- semblance avec les sulfures correspondans. Le sélénium est diflicile à en séparer complétement par le grillage ; il s'en dégage avec une odeur de radis. Le sélénium se laisse dissoudre dans une lessive de potasse caustique ar l’ébullition. La solution est rouge de bierre. Il se combine aussi par Ë voie sèche, tant avec les alkalis caustiques qu'avec leurs carbonates, en en chassant l'acide carbonique. Si l'alkali en est parfaitement saturé, l'eau décompose la combinaison et précipite le sélénium en flocons rouges, dont la quantité augmente par des nouvelles additions d’eau. Le même phénomène a lieu avec le tellure, qui donne une combinaison avec la potasse d’une couleur rouge extrêmement belle, mais qui ne souffre point d'addition d'eau sans que le tellure se précipite en forme d'une poudre noire, et que la masse devienne incolore. Le sélénium se combine aussi avec les terres alkalines par la voie sèche, tant avec cel- les-ci qu'avec les autres lerres et avec tous les oxides métalliques ; il se laisse combiner en précipitant leurs dissolutions par une dissolution de séléniure de potasse préparée par la voie humide. Les séléniures ont une couleur de chair plus où moins foncée. Le sélénium se dissout tout comme le soufre et le phosphore dans (5) des huiles grasses, Elles en prennent plus de consistance et une couleur rouge, qui disparait lorsqu'aprés leur refroidissement elles se congèlent. Les huiles n’en éprouvent aucune décomposition, comme cela a lieu avec le soufre. M. Berzelius a trouvé le sélénium dans trois minéraux. Deux viennent d’une mine abandonnée à Skrickerum en Smolande, en Suede. Ceux-ci sont (a) : un séleniure de cuivre. Cette mine contient de la chaux carbonalée, qui en plusieurs endroits est tachée de séléniure (b). L'autre est un séléniure double d'argent et de cuivre, qui forme des rognons disséminés dans la gançue de cette mine. M. B. l’a appelé Eu- kaerike ( d'un mot grec qui veut dire : qui vient à temps ), puisque le hasard lui fournit ce minéral, lorsqu'il était sur le point de figir son travail sur le sélénium. Comme on ne travaille plus cette mine, on n’a point d’autres échantillons de cette substance, que ceux qui se trouvent déjà dans les collections, où ce minéral a été appelé Bismuth natif de Skrickerum. M. Alzelius, professeur de minéralogie et de chimie à Upsal, trouva déjà, il y a long-temps , que l’Eukaerike ne contient point de bismuth, et rendit probable qu’il devait contenir du tellure. A la demande de M. B., il en fournit une quantité suflisante pour l'examen de ce minéral, — Le troisième minéral, qui contient du sélénium, a été trouvé par M. Ksmark à Tellemashen, en Norwege. 11 l’a consi- déré comme une mine de tellure. Ce minéral est une cembiuaison de sélénium, de bismuth et de tellure; on n’en a pas encore eu une quan- tité suffisante pour l'analyse exacte ; et comme d’ailleurs le sélénium et le tellure ont presque toutes les propriétés communes, il est fort diffi- cile de les séparer. M. B. l’a fait dans une expérience quantitative, où il n’eut à sa disposition qu'a-peu-près un cinquième d’un grain de la sub- stance pure, en faisant griller cette dernière dans un tube de verre incli- né ; celube avait les deux bouts onverts, et on appliqua la chaleur exté- rieurement au point où étaient les parcelles du minéral. En inclinant le tube plus ou moins, il ÿ détermina uu courant d'air suffisant pour oxider le tellure et le bismuth, et insuffisant pour oxider le sélénium, qui par conséquent se sublima avec sa couleur rouge, mêlé avec de l’oxide de tellure, duquel il se laissa ensuite séparer par une douce chaleur, qui le transporta à un endroit plus haut dans le tube. Malheureusement tous ces minéraux sont d’une si grande rareté, qu’on n’en peut procurer même des échantillons pour les minéralogistes. Mais si la présupposition de M. B. est exacte, que l'odeur de rave, produite par plusieurs mines de tellure, est due à la présence du sélénium, il est à espérer que dans les mines de la Transylvanie, où, à ce que l’on prétend, on a commencé à en séparer le tellure pour le besoin des chimistes, on voudra aussi essayer s’il ne s’y'trouve point aussi de sélénium. M. B. croit que la meilleure manière de les séparer, sera de les oxider, de les BoTAnxiQue. Société Philomat, 30 mai 1818. (6) combiner ensuite avec de la potasse, qui doit extraire de l'acide séléni- que en laissant une grande partie du tellurate de potasse non dissoute, et ensuite de distiller le mélange sec des deux sels avec de l'acide sul- furique ; l'acide sélénique se sublimera, et dans la cornue restera du sul- fate acide de potasse et du sulfate d’oxide de tellure. AR RAR A A AS Extrait d'un Mémoire de M. GoDEFROY, sur Le Phallus impudicus. L'aureur prélend que ce champignon est un de ceux qui se refusent le plus évidemment à l'application du système suivant lequel on consi- dère le blanc de champignon comme une tige souterraine, et le chapeau avec son pédicule comme un organe destiné à porter l'appareil de la reproduction. Son observation sur ce point est directement contraire à celle de M. Henri Cassini, publiée dans le Bulletin de juin 1817; car ce botaniste affirme que les Phallus naissent sur des filets radiciformes anastomosés ou réticulés, qui rampent horizontalement dans la terre, et qu’on doit considérer comme un T'hallus ; idée conforme à celle de Du- chesne , qui comparait le chapeau pédiculé des grands champignons aux . sculelles des Lichens ( Jussieu, genera Plantarum, page 5. ). Dans un article sur les champignons, rédigé par M. de Beauvois, et inséré daus le Dictionnaire de Botanique de l'Encyclopédie méthodique, on voit que ce botaniste a reconnu que le blanc de champignon est com- posé de filets qui donnent naissance aux champignons, et qu’il a fait cette observation non-seulement sur l’Agaricus campestris , mais en- core sur l’Ægaricus integer, sur les Lycoperdon, sur le Phallus impu- dicus, et sur beaucoup d’autres champignons. Mais M. de Beauvois n'avait pas remarqué que les filets dont il parle fussent anastomosés ou réticulés , ce que M. H. Cassini a reconnu sur le Phallus impudicus , et ce qui est le point le plus important, puisque c’est là ce qui prouve que ces filets ne sont point des racines, mais un T'hallus analogue à celui des Lichens : aussi M. de Beauvois n'indique nullement cette analogie du blanc de champignon avec le Thallus des Lichens; et mème long-temps après, dans le Dictionnaire des Sciences naturelles (tom. 4, page 447 ); ce botaniste dit positivement que le blanc de champignon est une masse de racines filamenteuses. Il en résulte que c’est Duchesne, et non M. de Beauvois, qui doit être considéré comme le véritable auteur de l'ingé- nieux système dont il s’agit, et que la preuve de ce système semble être acquise par l’observation de M. H. Cassini. M. Godefroy, en suivant tous les degrés du développement du Phallus impudicus, a remarqué les faits suivans. (7) Lorsqu'un Phallus a lerminé son existence, sa racine, qui estrestée fixée au sol, offre un pelit bouton blanc qui croit rapidement, surtout du huitième au douzième jour. Vers cette époque, le tissu cellulaire qui le remplissait se divise en deux parties, dont Pune forme le chapeau avec son pédicule, et l’autre le volva. Dès le dixième jour , le chapeau et son pédicule remplissent le volva, dont l’accroissement cesse à-peu- près à cette époque ; mais le pédicule , continuant de croitre, est forcé de se resserrer jusqu’à ce qu'il soit devenu assez fort pour rompre l’en- veloppe qui le retient. Le volva crève ordinairement le quinzième jour ; et la substance gélatineuse (1) dont il est formé subit alors une fermen- tation qui produit une chaleur très-sensible. Sa rupture s'opère avec un bruit analogue à celui qu’on fait entendre en frappant deux doigts Jun contre l’autre; et au même instant, le pédicule s'élance avec force, et atteint ordinairement deux décimètres de hauteur en trois minutes environ. M. Godefroy a recueilli le gaz qui se dégage au moment de la rup- ture du volva : un moineau plongé dans un volume d'air dont ce gaz formait la quinzième partie , a péri presque aussitôt. Il a aussi éprouvé qu’on faisait mourir la plante en ouvrant le volva, le douzième ou le treizième jour, époque où l'odeur infecte de la liqueur ui couvre le chapeau ne se fait pas encore sentir. Au contraire, si lon fit cette opération le quatorzième ou le quinzième Jour, époque où l’odeur a toute sa force, la plante croît, mais non pas subitement, comme lorsqu'elle crève elle-même son enveloppe. H. C. RAA AA a Orbite parabolique de la comète découverte à Marseille le 26 novembre 1818, calculée par MM. BouvaRD et NICOLLET. Passage par le périhélie, le 25 janvier 1819, à 11° 59 temps moyen, complé de minuit à Paris. Déncelpénmpele ii 0 = 0550605 Longitude du nœud ascendant, ..... — 5290. o'. 20” Longitude du périhélie, sur lorbite, — 144 26. 11 Inclinaison de lorbite, ..... à Ha EL UNE SES OR Se Mouvement héliocentrique : ..,.... direet. Ces élémens représentent les observations faites à Paris et à Mar- seille , à 3° près. Dans les premiers jours de février, la comète pourra être observée le matin avant le lever du soleil. (x) M. H. Cassini a employé avec succès cette substance en guise de colle, 1019. ASsTROoNOMIE, STOIRE NATURELLE, STOIRE NATURELLE, (8) Sur un nouveau genre de vers intestinaux , découvert par M. Ruopes et établi par M. Bosc. M. Ruopes a découvert ce ver sous la paupière d'un bœuf malade, en 1818, et il en a envoyé une description et un dessin colorié à M. Bosc, qui a pensé que ne pouvant êire introduit dans aucun des genres connus, quoique plus rapproché des Strongles que d'aucun autre, il devait former un genre nouveau, THALAZIA, THALAZIE. Les caractères qu'il lui assigne, sont: corps allongé, cylindrique, alténué aux deux bouts, lerminé antérieurement par une bouche à trois valvules, entourée de quatre sligmates ovales, et postérieuremént et en dessous par une longue fente bilabiée ; canal aérien multilobé. Ce genre ne contient encore qu'une espèce, que M. Bosc dédie à la personne qui l’a découverte, sous le nom de THALAZIE DE RHODES. Son corps est lisse, mou, blanc, légèrement diaphane, L'intérieur est presque à moitié rempli par uo gros intestin couleur de rouille, sinueux dans le milieu de sa longueur, et par quatre canaux aériens noirâ- tres, se réunissant au liers environ de la longueur totale, en un seul canal pourvu de chaque côté d'environ soixante appendices creux terminés en pointe, d'autant plus écartés et plus larges qu'ils sont - plus postérieurs. La tête est formée par une bouche circulaire entourée d’un anneau rayunné de noir, et fermée par trois valvules fixées à cet anneau. On y voit aussi quatre stigmales ovales, presque com- pletitement transparens, divisés en deux par une ligne noire longitu- divale ; c’est de ces orifices que partent les canaux aériens. La queue est terminée par une pointe conique, sous laquelle s'ouvre une large fente fortifiée d’un rebord épais, et que M. Rhodes regarde comme l'anus, et pouvant servir en même temps comme une espèce de ven- touse pour fixer l'animal. H. DE Bv. Sur un nouveau genre de coquilles (Hipponix); par M. DE FRANCE. Depuis long-temps M. de France possédait dans sa riche collection de fossiles, des espèces de plaques calcaires feuilletées, provenant des falunières de Grignon et de Valogne, et ayant quelques rapports avec des valves d’huîtres, mais en diflérant essentiellement parce qu'elles offrent une large impression musculaire en forme de fer à cheval, sans . (C9) | aucune trace de chatnitre, ce qui l'avait conduit à penser que c’élait de véritables acardes , genre qui parait ne pas exister. Mais, ayant eu Voccasion d'observer sur plusieurs de ces plaques, qui sont toujours adhérentes, un moule intérieur tout-à-fait semblable à celui qui serait formé dans la cavité de la coquille que M. de Eamarck a nommée patella cornucopia, et ce moule offrant aussi une impression musculaire en fer à cheval ,1l fut conduit à penser que certaines espèces de Cabôchons ont Ja faculté de se créer une sorte de support fixé, tandis que d'autres ne l'ont pas; et en effet il découvrit un de ces Cabochons fôssilés ‘en- core posé sur son support, et il a trouvé un de ces supports à l'état frais ou vivant. Ce sont ces espèces qu'il sépare des autres Cäbochons pour en former un petit genre, quil propose de nommer Hipponix. Ses caractères sont : Coquille univalve, non spirale, conique, concave et simple en dessous, à sommet porté en arrière; support adhérent; impression musculaire en fer à cheval, tant dans la coquille que’ sur le support. of 89119 ‘Les espèces sont au nombre de quatre : 19. L’H. Mirrare, 4. Mirrata. Coquille en bouclier à sommet plus ou moins porté en arrière, et chargée de crêtes circulaires parallèles au bord; attache semi-circulaire, Espèce vivant sur les côles de la Guadeloupe. A RES ENS SE 20, L’H. CORNE D’ABONDANCE. 4. Cornucopia. Coquille, conique, -à support adhérent, à sommet porté en arrière, de petites côles rayon: -pantes du sommet jusqu'au bord, et coupées transversaiement par des stries parallèles à ce dernier;: très-forte impression musculaire. Des falunières de Hauteville près Valogne, où J'on trouve des individus qui ont jusqu’à trois pouces de haut, deux et demi de large, et dont le support a quelquefois deux pouces, d'épais. . \ 50, L’H. DiATÉE , A: Dilarata. Coquille, conique, saplatie, ru- gueuse, à support adhérent, à bord sub-orbiçulaire et à sommet incliné. Très-voisine de la précédente; de la, falunière de Grignon. 4. L’'H.pE Sower8y, H.| Sowerbii. Coquille très-aplatie; avec, le sommet-porté en arrière, et une impression musculaire très-forte ; le support, fort épais, et composé par des lames appliquées fort oblique- ment les unes sur les autres, de manière. à.former une sorte de A bc Cette espèce se trouve fossile dans les falunieres de Hauteville ; mais ce n’est que par conjecture que M. de France réunit le support à la coquille, car il n’a jamais observé l’un avec l’autre. ‘of oR Br: l PARA PARA, Livraison de janvier. 2 1819. MarREMATIQUES. (10) Note sur l'intégration des équations aux différences partielles du premier ordre à un, nombre quelconque de variables ; par M. Aucusrin L. CAucuy. Jusqu’A présent il n’est aucun traité de calcul différentiel et inté- gral, où l'on ait donné les moyens d'intégrer complètement les équations aux différences partielles du premier ordre, quel que soit le nombre des variables indépendantes. M'étant occupé il y a plusieurs mois de cet objet, je fus assez heureux pour obtenir une méthode générale propre à remplir le but désiré. Mais, après avoir terminé mon travail, J'ai appris que M. Pfaff, géomètre allemand, était parvenu de son côté aux intégrales des équations ci-dessus méntionnées. Comme il s’agit ici d'une des questions les plus importantes du calcul intégral, et que la méthode de M. Pfaff est différente de la mienne, je pense que les géomètres ne verront pas sans intérêt une analyse abrégée de l’une et de l’autre. Je vais d’abord .exposer la méthode dont je me suis servi, en profitant, pour simplifier l'exposition, de quelques remarques faites par M. Coriolis, ingénieur des ponts ét chaussées, et de quelques autres qui me sont depuis peu venues à l'esprit. id a} Supposons, en premier heu, qu'il s'agisse d'intégrer une équation aux différences partielles du premier ordre à deux variables indépén- dantes. On a déjà pour une intégration de cette espèce plusièurs méthodes différentes, dont l’une (eelle de M. Ampère) est fondée sur le changement d’une seule variable indépéndante. La méthode que je propose, appuyée sur lé même principe däns l'hypothèse admise, se réduit alors à ce qui suit. " Soit 1 (1) AC Y3 Us P g)=o ‘4 l'équation donnée, dans laquelle x et y désignent les deux variables indépendantes, z la fonction inconnue de ces deux variables, ‘et p, q les dérivées partielles de z relatives aux variables x et y. Pour que lon puisse déterminer complètement la fonction cherchéé w, il ne suffira pas de savoir qu'elle doit vérifier l'équation (x); il sera de plus nécessaire qu’elle ma LE Mr à une ‘autre condition, par exemple, à obtenir une certaine! valeur particulière ‘fonction de, pour une valeur donnée de la variable +. Supposons en conséquence que la fonction z doive recevoir; pour x =%*x,, la valeur particulière g (y) : la fonction g, ou la dérivée partielle de x rélativement à y, recevra dans cette hypothèse la valeur particulière @’ (y). Dans la même hy- pothèse, la valeur générale de z sera, comme l’on sait, complette- ment déterminée. 11 s’agit riainténant-de-valculer cette valeur; on y parviendra de la manière suivante. Cu) Remplaçons y par une fonction de, x, et d'une nouvelle. variable indépendante y,. Les quantités 4, p, g, qui étaient fonctions de x et y, deviendront elles-mêmes fonctions de x et de y,; et l’on aura, en différentiant dans cette supposition, du dy (6) Te ERA da? du _ dy CAN Et das Si l’on retranche l’une de l’autre les deux équations précédentes, après avoir différentié la première par rapport à y,, et la seconde par rapport à x, on en conclura dp__ d9, dy dy da D an Te de 7 te dy Si, de plus, on désigne par X dx + Y dy + U du + P dp +Q dq la différentielle totale du premier membre de l'équation (r}), on trouvera, en différentiant cette équation par rapport à y, , 4904 5 So pi 4: G) Ÿ dy. y o dy5 Li F dy: et par suite, en ayant égard aux équations (3) et (4), dq dy dy dg @) (L+au +R En h(Q + Brie. Observons maintenant que, la valeur de y en fonction de x et de LA étant tout-à-fait arbitraire, on peut en disposer dé manière à ce qu’elle vérifie l'équation différentielle À M Q-PS=o, et qu'elle se réduise à y,, dans la supposition particulière x — x.. La valeur de y en x et y, étant choisie. comme onviént de le dire, les valeurs particulières de z et de q correspondantes à x\= +,, savoir, g (y) ete’ (y) deviendront respectivement '@. (y.) et @',(J.). Représen- tons ces mêmes valeurs par z,, q,. On aura 3 { Le A (Yc) (8) Fa laG) - uant à la formule (6), elle se trouvera réduite par l'équation à séque. par. }6q (7) dy N\ dy & (Hubs non : d et comme, y renfermant y, par hypothèse, Fe ne peut être cons- 1819. (12) tamment nul, la même formule deviendra ; d (9) Y+qUu+p io. Cela posé, l'intégration de l'équation (1) se trouvera ramenée à la question suivante : Trouver pour Y, uy, p,:q quatre fonctions de x et de v., qui soient propres à vérifier les equations (1), (2),(3),(7), (9); et dont trois, savoir Y, U, q, se réduisent respectivement à ÿ., Le; dans la supposition x = x,. Nous ne parlons pas de l'équation (4}, parce qu’elle est une suite nécessaire des équalions ( 2} et (5). Quant à la valeur particulière de p correspondante à x — x,, elle n’entrera pas dans les valeurs générales de y, 4, p, q déterminées par les: conditions précédentes. Si on la désiyne par p., elle se déduira-de la formule= - (20) A CS Jo) Us Poe) Je) 10: Il est essentiel de remarquer que les valeurs générales de y, 4, p, q en fonction de x et de y, resteront complettement déterminées , si, parmi les conditions auxquelles elles doïvent satisfaire, om s’abstient de compter la vérification de l'équation (3). Cette dernière condäion doit donc être une conséquente immédiate de toutes les autres. Pour le démontrer, supposons ‘un: instant que, les autres étant vérifiées, les deux membres de l'équation (3) soient inégaux. La différence entre ces deux membres ne pourra êlre qu’une fonction de x et de y.. Soit # cette fonction, et x, ce qu’elle devient pour x = x. On aura T0 er dy bon 69 Jeao Etes (mn) PRE CP de (pe pts on 0 dy, 0 dy, : e Jo On trouvera, par suite, au lieu des équations (3) et (4), d d: { : TU — q 1 + %;, (2)-) ap dg dy : dy : dq de 1q dy, dx ‘dy; de 1 dy} de {| puis, au lieu de l'équation (6), la suivante : dq dy dy\ dq sde GS) (uHqu PO) (QUES 0: Cette dernière séra réduite par les équations (7) et (9), que l'on suppose vérifiées, à 28 (14) U a+ P L —= ©. QT dzæ (15) ] PSV U : En lintégrant et considérant -- comme une fonction de x etde y., on ee Ê dx e) (5) & — #4, eUYSIE æ /; et par suite, en eyant égard a la seconde des équations (11), on aura généralement (16) to: Les deux membres de l'équation (3) ne sauraient donc être inégaux dans l’hypothèse admise. Cn doit en conclure que les quantités y, 4, P; q satisfont à toutes les conditions requises, si ces quantités, con- sidérées comme fonctions de x, vérifient les équations (1), (2). (7), (o), et si, de plus, y,w, q se réduisent respectivement à ÿ,, 4 = @ (94); et q —=9(3.), pour x = x, Il est mutile d'ajouter que p doit obtenir dans la même supposition la valeur particulière p,; en elfet cette valeur particulière ne sera pas comprise dans les intégrales des équalions (1), (2), (7), (9), attendu qu'aucune de ces équations ne ren- ferme 2. dæ trouvera cn dy |. à Si dans l'équation (2) on substitue la valeur de __. tirée de l’é- quation (7), on trouvera , Éric Qasno Eros En ep Sie rm De plus, si lon différentie l’équation (1) par rapport à x, on obtiendra la suivante : : dy du dp dg :. GP RE ee AUS NE AO ES, dy iidu rdp : :- Pere tirées des formules (7), (17} et ue les valeurs de q : urs dæ 2 dx 2? (9), réduisent à QD PO SE A D Cela posé, on pourra substituer l'équation (17) à l'équation (2), et léquation (19) à l’une des équalions (1), (17), (7), (9). Si d'ailleurs en observe que, dans le cas où l’on considère y, u, p, qg comme fonctions de x seulement, on-peut compréndre les équations (7), (9), (17) et (ig) dans la formule algébrique dæ _dy __ du eoo1dpolith d 9 CD Un Q rem ERN — (eu 1919. (14) on conclura définitivement que, pour déterminer les valeurs cherchées des quantités y, u, p, q, ë/ suffit de les assujettir à quatre des cinq équations comprises dans les deux formules F(&s 35 Us Pr 9) = 0 (21) dæ "dy __ ‘ du dpi His dq P Q 7 Pp+Qg X+pU Y+qu? si à recevoir, pour x = X,, les valeurs particulières Y,, U.; Po; es dont les trois dernières sont déterminées en fonction de la première par les équations (8) et (10). Supposons, pour fixer les idées, qu’à l'aide de l'équation F(x,7,4,p; q)=0 on élimine p des trois équations comprises dans la formule ° d d d'u, d (22) VE PT P Q Pp+Qg Y+qu En intégrant ces {rois dernières, on obtiendra trois équations finies qui renfermeront, avec les quantités ZX, 0 u, q;, les valeurs particulières représentées par Los Ver P (Ye)s P° (Ye). Si après l'intégration l’on élimine g, les deux équations restantes ren- fermeront seulement, avec les quantités, variables x, y, x et la quan- tité constante x,, la nouvelle variable y,, dont l'élimivation ne pourra s'effectuer que lorsqu'on aura assigné une forme particulière à la fonction arbitraire désignée par @. Quoi qu'il en soit, le système des deux équa- tions dont il s’agit pourra toujours être considéré comme équivalent à l'intégrale générale de l'équation (x). Comme, dans tout ce qui précède , on peut substituer la variable x à la variable y, et réciproquement; il°en résulte que les intégrales des équations (21) fourniront encore la solution de la question proposée, si Von considère dans ces intégrales y, comme constante, x, comme une nouvelle variable que l’on doit éliminer, et z,, p,, g, comme des fonctions de cette nouvelle variable déterminées par des équations de la forme L 7 (x); it { Pe =? (x); (24) PAC Ve Uoy Pas %) — 0. Appliquons les principes que nous venons d'établir à l'intégration de l'équation aux différences partielles (25) P == xÿ = 0 (15) On aura dans cette hypothèse P=g,Q=pUl=0,X=—y,Y= Z; et par suite la seconde des formules (21) deviendra dot SE NU ME dp VE APN 2pq CE deu EE ou, si l’on réduit toutes les fractions au même dénominateur pg = x, pour les supprimer ensuite, (26) pdx =qdy =idu= xdp = ydq. On tire successivement de la formule précédente dp __ dx dq _ dy A DAiM + : (27) en or RObr Mr en die: Leo puis, en intégrant, et ayant égard à l'équation de condition p,q, =x,}., Ps Fu gs Yo? pue Le (a —a)=T (y — y) (29) à Ë Lo 2 2 a Ce me D A fem À — 7). Si l'on multiplie l’une par l’autre les deux valeurs de 4 — 7, que fournit l'équation (29), on aura (50) (GUY = (x — 20) (RE 0) à En joignant celte dernière à l'équation (29) mise sous:la forme (3:) Bu) = — x) );, et remplaçant Z, par e(y.), q, par €’ (72:3 on trouvera, pour les deux formules dont le système doit représenter l'intégrale générale de l'équation (25), [x—eG)l = as) re), [z D) (72) | g' (To) — (> T1 To) To Dans ces deux dernières formules x, désigne une constante choisie à volonté, et y, une nouvelle variable qu'on ne-peut éliminer qu'après avoir fixé la ‘valeur de la fonction arbitraire ©. 11 ést bon de remarquer que la Seconde des équations (32) n’est autre chose que la dérivée de la ‘première relativement à la variable 7. k Si l’on réunit l’équation (30) à l'équation (29) mise sour la‘forme (33) Pau U)E Le (Pre) que l'on considère y, comme constante, x,comme variable, puis, que (82) 1819, (16) l'on remplace w, par ® (x) et p, par &"(x.), on obtiendra deux nou- velles équations, savoir: ; À [ue Ca)T= (ea) ose), (54) D. meet me core 2 BRU [u—r(r)lr ae -r) x dont le système sera encore propre à représenter l'intégrale générale de l'équation (25). La seconde des équations (34) est la dérivée de la première relativement à x.. On prouverait absoluwuent de la même manière que l'intégrale géné- rale de l'équation aux différences partielles (55) pq —u—=0 est représentée par le système de deux formules très-simples, savoir : de l'équation (56) ( _— Le) = (xx) (Y—7)) et de sa dérivée prisé relativement à l’une des quantités x,, y, con- sidérée comme variable, z, étant censée fonction afbitraire de cette même variable. LP ANrE e\ La méthode que lon vient d'exposer n’est pas seulement applicable à l'intégration des équations aux différences partielles à deux variables indépendantes; elle subsiste, quel que soit;le nombre des variables indépendantes, ainsi qu’on peut aisément s’en assurer. 3 Prenons pour exemple le cas où il s'agit d'une équation aux diffé- rences partielles à trois variables indépendantes. Soit (37) PEER) = cette équation, dans laquelle # désigne toujours une fonction inconnue des variables indépendantes +, y, z, et p, q, r les dérivées partielles de z relatives à ces mêmes variables, Pour déterminer complètement la fonction &,il ne suflira pas de savoir qu’elle doit vérifier l’équation (37). 11 sera, de plus, nécessaire que cette nchon soit assujettie à une autre condition, par exemple, à obtenir une certaine valeur particulière pour une valeur donnée de x. Supposons en couséquence que la fonc- tion z doive recevoir, pour x = x,, la valeur particulière @ (y, ,2). Les fonctions q et r, ou.les dérivées partielles de 4 relatives à y et à z obtiendront respectivement dans la même hypothèse les valeurs due ) , dela) d, > que je désignerai, pour abréger, par &’ (7, z) ete, (y, x). Il s'agit maintenant de calculer la valeur générale de y. On y par- viendra de la manière suivante. EST ee ER Re | (17) Remplacons y et z par des fonctions de x et de deux nouvelles varia- 1919. bles indépendantes y,, z,. Les quantités #, p, q, r, qui étaient fonctions de æ, y, z, deviendront elles-mêmes fonctions de x, 7, 2; et l'on aura, dans celte supposition, d d' d'z (58) =p+q ee tree, du dy ne dz ù : dy. dy, dys (59) du, ! dy . dz AE q PER + 7 HS On tire des trois équations précédentes dd d'y dy dq dr, \dz dz dr (40) dJ . de. CENT EN dy dax” di dE dy. ? dy ___dgq dy dy dq dr dz dz dr dc de, dan lb de des ludo) dei Si, de plus, on désigne par Xdx+Ydy + Zdz + U du + Pdp + Qdq + Radar la différentielle totale du premier membre de l'équation (57), on trou- vera, en différentiant successivement cette équation par rapport à y, et par rapport à z,, dg N\ dy ( (@ a Dee dx dy. + (z+ru+PT) dæx dy dq dz Ur RO Pa ae CR) ner ie (41) dq dz dr dz LS DA 2 rar CUT A de ir dy dq dz C'CDMENS re me CR Pr Observons maintenant que, les valeurs de y et de z en fonction de x, Jos & Étant tout-à-fait arbitraires, on peut en disposer de manière à ce qu’elles vérifient les équations différentielles dy er à dei o? (42) . R— P 0; dæ et que de plus elles se réduisent, pour + =x,, la première à Yes la seconde à z,. Les valeurs de y et de 3 étant choisies comme on vient de le dire, les équations (42) donneront Livraison de février. 3 (18) qi T'EGURPEE Ne (45) a Z+rV+P VE 0h et, si l’on fait en outre (44) Us = P(Yos Ze) Ge = ©" (CAM To —= 9, (Tes Fo) on reconnailra facilement que la question proposée se réduit à intégrer les équations (38), (42) et (43), après y avoir substitué la valeur de p tirée de l'équation (37). et en ÿ considérant y, z, 4, g, r, comme des fonctions de +, qui doivent respectivement se réduire à Mes Ze5 Los Ge pour x=x,. Si entre les intégrales des cinq équations (58), (42) et (43) on élimine g et r, il restera seulement trois équations finies entre les quantités x, y, z, u, la quantité constante x,, les nouvelles variables y, Z; ettrois fonctions de ces nouvelles variables, savoir : 7, =@ brie), =? (re, ZT — (Tes Z). Le système de ces trois équations finies, entre lesquelles on ne pourra éliminer 7, et z, qu'après avoir fixé la valeur de la fonction arbitraire @ (7; 2), doit être considéré comme équivalent à l'intégrale générale de l'équation (37). Les valeurs de y, z, , q, r, déterminées par la méthode précédente, satisfont d’elles-mêmes aux équations (39). En effet, si l’on suppose du dy Z a Last du dy OUTaU Re. de TT PR NE Me puis, que l'on différentie successivement l’équation (37) par rapport à 7. et par rapport à z,, en ayant égard aux équations (38), (42) et (45), on trouvera du Ux+P 1508 dé UC+P——=0o; et par suite je core we A ns FE LS U ; 5 : Fe étant considéré comme une fonction de Æy Vos Lo Et &) €, désignant les valeurs de « et de 6 correspondantes à x =x,. De plus, comme (19) ces valeurs seront évidemment données par les équations st du, y —= dy. dy. , , + és El (Pos 7) —2 (No3%) =0; du, dz, CM TT To 7e = (To) Zi) —®: (Vs Z) — 0; on en conclura généralement %æ — O0; 6 0: Si l'on différentie par rapport à x l'équation (37), et que dans l'équation dz du dq dr dx? da? dx”? dx ? dx ? leurs valeurs tirées des formules (38), (42) et (43), on trouvera que cette équation dérivée se réduit-à d (45) X+pU+P< Si de plus on désigne par p, la valeur particulière de p correspondante à x — x,, cette valeur particulière satisfera évidemment à l'équation (46) (os Jo) Zo 3 LP Po) os Ts) — 0. Enfin, si l’on observe que, dans le cas où l’on considère y, z, v, p, q,r comme fonctions de x, on peut comprendre les équations (38), (42), (43) et (45) dans la formule algébrique dérivée ainsi obtenue on substitue, pour — O, d'oadygindssss du He d'pEMIES dq GER Voter ro PRENDRE cA+QU — (Du js dr PL on conclura en définitif, que, pour déterminer complètement les quantités y, z, u, p,q, r, il suffit de les assujétir à six des équations comprises dans les deux formules (37), (47), et à recevoir, pour x = 2,, les valeurs particulières y,, z, 4, P., QG; r., dont les quatre dernières se trouvent exprimées en fonction des deux premières par les équations (44) et (46). d Appliquons ces principes à l'intégration des équations aux diffé- rences partielles (43) PATATE Dans cette hypothèse, la formule (47) deviendra dæ __ dy de jadis Dep CRM E gel pr PAU Pie Daveiez ad? ou, si l'on réduit toutes les fractions au même dénominateur 1819. (20) pqgr =xyz, pour le supprimer ensuite, (49) pdx=qdy=Tdz=; du =xdp=7ydq = 2dr. On tire de cette dernière dp 2: dæ. .dqg "dy dr SE : pe 2eme ve Ole OC CEE CD : x P É : ‘a du=5.-— xdx =5 D De zdz, puis, en intégrant, p æ r 51 A (59 P- CATE Ya? r ? Pe 2 2 (2—2°) & | à S? Il » | 5 | S Il culs Si maintenant on multiplie l’une par l’autre les trois valeurs de 4 —, que fournit la formule (52), ou seulement deux de ces valeurs, en ayant égard à l'équation de condition (53) PTT = Ne Les on trouvera (GO (au) = 7 (2x) 5e) (2), Lo 2 2 D 7 2 al ee UE Gen E 2 (u—u,) Il | #|S #|S (5) Ÿ &@—u) = VE 2 2 2 2 = (2°—2r) (2 —2), q = (ax) (7e). aber 4) et dans les deux dernières équations (55) (un) = où += Enfin, si dans l'équation ( on remplace zu, par ® Cara) g par ? (9; Ze) 7, Par , (Ye) Z ); on obtiendra trois formules dont le système représentera l'intégrale générale de l'équation (48), savoir : (56) [u—o0, z)] = (ext) (Pre) (2), [x — ? (Jo =) P° (Por Ze) = = (axe) (2—2)7e) (57) Se 9 [u—e (Jo z.) |] Ps (Vos Ze) = 3 (ax) (J—9S) 2e Dans ces trois formules x, désigne une quantité constante, et y, 4 (21) deux nouvelles quantités variables que l’on doit éliminer après avoir fixé la valeur de la fonction arbitraire © (y, z). On peut remarquer que les équations (57) sont les dérivées de l’équation (56), prises successivement par rapport à y, et par rapport à Zo. En général, si l’on considère 4, comme fonction de x, Jo; 2: et que l’on fasse du du du 8 D — = CN das dla ue les trois équations (55) ne seront que les dérivées de l'équation (54) prises relativement à x,, »,, 3; et, si dans l’équation (54) réunie à deux des équations (55), l’on regarde l'une des trois équalions x, y,, z comme constante et les deux autres comme variables, on obtiendra un système de trois équations finies propre à représenter l’intégrale géné- rale de l'équation aux différences partielles PIT—xyz = 0. En appliquant la méthode ci-dessus exposée à l’équation aux diffé- rences partielles (59) pIT—u—=0, on trouverait que l'intégrale générale de cette dernière peut être re- présentée par le système de trois formules très-simples, savoir, de l'équation : 2 3 (6o) (u—u;) —=8(x—x)(r—7,)(z—2);, dans laquelle z, est censée fonction arbitraire de x,, y,, z, et des deux dérivées de la même équation relatives à deux des trois quan- tités x,, ÿs» + lorsque l’on considère une de ces trois quantités comme constante et les deux autres comme variables. L'extension des méthodes précédentes à l'intégration des équations aux différences partielles, qui renferment plus de trois variables in- dépendantes, ne présentant aucune difficulté, je passerai dans un second article à l'exposition du travail important de M. Pfaff sur les objets que je viens de traiter. = lo RAA AAA AS RSA ARS RAA Sur la longueur du Pendule à secondes, observée à Unst, la plus boréale des îles Shetland ; par M. Bior. Daxs la notice que j'ai publiée l’année dernière sur les opérations entreprises en Angleterre et en France pour la détermination de la figure de la terre, j'avais annoncé que la longueur du pendule aux iles Shetland s’accordait avec l’aplatissement déduit de la théorie de 1019. ASTRONOMIE. Fa la lune, ou de la comparaison des degrés observés à des latitudes très-distantes. J'avais conclu cet accord d’après une seule série du Pendule décimal, que j'avais choisie au hasard parmi celles que j'avais faites, et que j'avais calculée à Unst avant de partir. Je puis aujourd’hui donner plus de certitude à cet aperçu. J'ai fait à Unst trois systèmes de mesures du Pendule : dans le premier, j'ai employé une boule de platine, différente de celle qui nous a servi en Espagne et en France et dont le métal m'avait été donné, pour cet effet, par MM. Cuocq et Couturier, de Paris. La longueur du Pendule, qui était sexagésimal, était mesurée avec une règle de fer dont nous avions, M. Arago et moi, déterminé la longueur à Paris, en la comparant au mètre des archives. Dans le second système d'observation, j'employai la même règle, mais une boule de platine, qui avait servi aux expériences de Borda, et qui était aussi la même dont nous avons fait usage en France et en Espagne ; enfin, dans le troisième système, j'employai de nouveau la même boule, mais je rendis le Pendule décimal, et je mesurai sa longueur avec la même régle qui nous a servi à Bordeaux, Clermont, Figeac et Dunkerque, afin d’avoir des résultats immédiate- ment comparables à ceux que nous avions obtenus sur l'arc de France et d’Espagne. Le second système d’observations vient d’être complette- ment calculé, en partie par moi, et en partie par M. Blanc, jeune homme aussi distingué par la précision que par l'étendue de ses connais- sances; et voici les résultats qu'il a donnés : Latitude du lieu de l'observation, 6o°. 45". 35“ boréale. Longueur du Pendule à secondes sexagésimales, réduite au vide, et au niveau de la mer, 0",994948151. Le temps a été déterminé par quarante-neuf séries de hauteurs du soleil, prises avec un cercle répétiteur de Fortin, tant le matin que le soir, et calculées de manière à éviter les effets des erreurs constantes dont cet instrument pouvait être susceptible. On les observait avec un excellent chronomètre décimal de Breguet , qui, toutefois, ne servait que de compteur, car ses indications étaient transportées par des com- paraisons, aussitôt avant ou après chaque série, et souvent, à ces deux époques, à une excellente horloge du même artiste, qui servait pour les mesures du Pendule, et dont la marche pendant près de deux mois a offert la plus grande régularité. De plus, ces résultats ont été con- firmés par des observations de passages d'étoiles à une lunette fixe. L'indication de la latitude n’est sûre qu'a quelques secondes, parce u’on l’a calculée seulement par trois ou quatre séries du soleil et des étoiles , faites au sud du zénith. Cela suffisait, et au-delà, pour le Pendule; mais le calcul exact de la latitude devra être effectué plus tard sur l’ensemble des séries du soleil et des étoiles, qui est de 55. Enfin il faudra faire à ce résultat une correction dépendante du rayon (25 ) de courbure du couteau employé pour la suspension. Cette correction sera sans doute extrêmement petite; car le tranchant du couteau dont j'ai fait usage, étant observé au microscope avec un excellent micro- mètre, tracé sur verre par M. Le Baillif, s’est trouvé d’une largeur moindre que - — de millimètre, ce qui fait moins de + de millimètre pour le rayon de ce tranchant, en le supposant sphérique. Mais la correction dépendante de cette cause sera donnée directement, tant par Les observations que j'ai faites à Unst sur des Pendules de diffé- rentes longueurs avec un même couteau, que par celles que j'ai faites à Edimbourg sur des Pendules de longueurs égales, suspendues par des couteaux différens. Il est facile de voir que la longueur précédente du Pendule com- binée avec celle de Formentera , de Paris ou de Dunkerque, et avec l’ensemble de ces dernières, donne un aplatissement tout-à-fait con- cordant avec celui que l’on déduit de la théorie de la lune ou de la comparaison des degrés mesurés à de grandes distances. Mais, pour en déduire cet élément d’une manière définitive, il faut attendre que les deux autres systèmes d'observations aient été calculés. 11 est bien pro- bable toutefois que leurs résultats différeront peu de celui qui précède ; car sur les onze séries déjà calculées, celle qui s’écarte le plus de la moyenne, n’en diffère que de -- de millimètre, et l'écart est au-dessous de —- de millimètre pour toutes les autres. Au reste, M. Blanc a com- mencé le calcul des autres séries, et nous les aurons avant peu. Toutes ces observations ont élé faites dans l'ile d'Unst, dans la maison de M. Th. Edmonston. Le système des séries dont je présente ici le résultat, a été observé après le départ du capitaine Mudge, qui m'avait assisté dans le premier seulement, ayant été forcé de me quitter ensuite à cause de l’état fâcheux de sa santé. RAR RAR AA AA Extrait d'un Mémoire sur le mode de traitement le plus conve- nable des mines de cobalt et de nickel, et sur les MOYENS d'opérer la séparation de ces métaux ; par M. LAUGIER. M. Laucier voulant préparer une certaine quantité de nickel et de cobalt purs pour ses démonstrations au Jardin du Roi, fit usage du moyen indiqué par M. Tuputi, dans le travail qu'il a inséré dans les Annales de chimie, pour la purification du nickel. Quoiqu'il eût suivi très-scrupuleusement le procédé décrit par M. Tuputi, il ne tarda pas à se convaincre que le nickel obtenu con- tenait encore, outre un peu de fer, une quantité très-sensible de cobalt. Après beaucoup d'expériences tentées dans la vue de séparer entiè- CRC PRE 0 8 LME D CEE 1919. CuimieE. Iastitut, 10 août 1818. (24) rement le cobalt de ce nickel, il s’en est tenu au procédé suivant, qui lui a parfaitement réussi. Il traite le carbonate de nickel impur, encore humide, par l'acide oxalique, dont il ajoute un léger excés; le fer seul se dissout dans cet acide ; les oxalates de nickel et de cobalt, aussi insolubles dans l’eau que dans l'acide oxalique, sont lavés avec soin, puis desséchés à Fair. On divise le résidu sec et on le triture avec un excès d’ammoniaque, qu'il sufhit d'employer étendue d’une fois et demi son poids d’eau; on chauffe le mélange au bain de sable, sans donner assez de chaleur pour le faire bouillir; on décante la liqueur colorée en bleu-violâtre, et on ajoute de l’ammoniaque sur le résidu jusqu’à ce que la dissolution en soit complète. Si l’on renferme cette dissolution des oxalates de nickel et de cobalt dans un vase exactement bouché, les oxalates finissent par se déposer en cristaux de la même couleur que la dissolution, sans qu'il se fasse de séparation. 11 n’en est pas de même si l’on expose la dissolution ammoniacale à l'air dans une capsule; au bout de quelques heures l’oxalate double de nickel se dépose en cristaux lamelleux de couleur verte très-belle, tandis que la liqueur qui retient le sel double de cobalt, prend une couleur rose d'autant plus foncée, que ce dernier sel y est plus abondant. On décante le liquide, on lave le dépôt à l’eau froide, qui se colore en rose tendre, et on peut redissoudre une seconde fois le sel double de nickel, pour s'assurer s'il contient encore du cobalt. On est assuré que les deux mélaux sont à l’état de pureté, lorsque, d’une part, le sel double de nickel dissous dans l’'ammoniaque ne donne plus de liqueur rose après le dégagement de l'excès d'ammoniaque, et que, de l'autre, le sel double de cobalt dissous dans lammoniaque ne laisse plus déposer de nickel. On décompose ensuite les oxalates triples par la calcination, pour en obtenir les métaux ou leurs oxides. Il est facile d'expliquer ce qui se passe dans l’expérience dont on vient de rendre compte. Les oxaiates de nickel et de cobalt sont tous deux solubles dans un excès d’ammoniaque, mais à mesure que l'excès s’en dégage, chacun ayant conservé la portion d’ammoniaque nécessaire à sa saturation comme sel double, ont une mamière toute différente de se comporter avec l'eau. Le sel double de nickel y est absolument insoluble, le sel double de cobalt y est entièrement soluble, même à froid. C’est sur cette propriété opposée qu'est fondée leur séparation. Elle est exacte au point que, par le moyen indiqué, on peut recon- paitre la présence dans le nickel de quelques lee de cobalt. L'auteur du Mémoire a fait de suite l'application de son procédé à Ja mine de cobalt de Tunaberg, et ily a découvert plusieurs centièmes de nickel dont on n’y soupconnait pas l'existence, puisque les chimistes (25 ) Klaproth, Tassaert , et, en dernier lieu, M. Stromeÿer, n’en font aucune mention dans leurs analyses de cette mine. M. Laugier pense qu'au moyen de son procédé, l'analyse des mines de nickel et de cobalt deviendra très-facile à l'avenir, lors même qu’on agira sur de très-pelites quantités. On dissout la mine dans l'acide nitrique sans la griller, si l’on a pour but de faire l'analyse exacte; on filtre la dissolution, et, sans l'évaporer pour en séparer l’excès d'acide, on ÿ fait passer une quantité sufhisante d'acide hydrosulfurique, qui sépare l’arsenic et le cuivre. On précipite tous les métaux par le carbonate de soude, et on traite successivement les carbonates par l'acide oxalique et lammoniaque. Par le procédé de M. Tuputi, il est impossible de faire une analyse exacte des mines de nickel, attendu que les diverses portions d’arsé- niates, qui chacune renferme les trois métaux , exigeraient un traitement particulier. L'auteur conclut des principaux faits exposés dans son Mémoire, qu'il a 10. séparé une grande quantité de cobalt du nickel présumé le plus pur; 2°. découvert, dans la mine de cobalt dite de Tunaberg, du nickel dont on ne soupconnait pas l'existence ; 3°. indiqué une méthode plus simple et plus facile de procéder à l’analyse des mines de cobalt et de nickel; 4°. que son procédé est préférable à tous ceux que les chimistes ont employés jusqu’à ce jour pour la séparation de ces métaux. AAA AAA RAA AA AA HELVINE. (Helyin. Wenxen. ) Werner a donné ce nom à une substance assez rare qu’on trouve dans les collections depuis plusieurs années. M. Mohs l’a décrite le premier, dans le catalogue du cabinet de M. Van der Null, comme un minéral non déterminé, qu'il a placé, par appendice, à la suite du grenat; mais c'est à M. Freiesleben que nous devons les rensei- gnemens les plus exacts sur cette substance. La couleur de l’'Helvine est communément le jaune de soufre, qui passe quelquefois au jaune brunätre; très-rarement c’est le vert serin décidé. Les cristaux de couleur jaune présentent quelquefois une teinte jaune de miel sur leurs angles. Cette substance se présente disséminée dans la gangue, ou cristallisée. Les cristaux ont la forme d’un sé/raèdre régulier, tantôt complet, tantôt avec les angles solides tronqués (nous ajouterons.…. quelquelois aussi modifiés par des pointemens réguliers à trois faces). Leur surface est communément unie et très-brillante: mais quelquefois les faces du tétraèdre sont ondulées, comme si elles résultaient de la réunion de Livraison de février. 4 | 1819. MinNÉRALOGIE. Freiesleben'ssæchs* Min, Beytræge.1817- (26. } plusieurs petites facettes qui ne seraient pas exactement dans un même plan. A l'extérieur l'Helvine présente l’éclat du verre, — A intérieur, son éclat varie entre le brillant et le peu éclatant; il s'approche un peu de l'éclat gras. — La cassure est en partie unie à grains fins, en partie imparfaitement lamelleuse ; dans ce dernier cas seulement la substance parait se présenter en pièces séparées grenues. — Les cristaux sont transparens (ou translucides; les pelites masses disséminées sont souvent opaques). — L’Helvine est demi-dure et fragile. On n’a encore rencontré cette substance que dans les déblais de quelques anciennes exploitations. M. Freiesleben cite, d'après les ren- seignemens qu'il a pu se procurer, 1°. les déblais d’une ancienne ex- ploitation nommée Friedefürst , près de Bermannsgrün; ceux d’une exploitation du Pfarrwalde, entre Breitenbrunn et Krandorf; 59, la mine de Brüder-Lorenz; 4°. la mine de Glücksburg. Toutes ces mines sont à peu de distance, el aux environs de Schwarzenbery en Saxe ; elles ont été ouvertes sur des couches métalliques qui se trouvent dans le gneiss ou le micaschiste. On trouve dans les déblais de la mine de Friedefürst, plusieurs autres substances dont M. Freiesleben a donné des descriptions très- étendues. Ce sont des grenats dodécaèdres, de couleur jaunâtre ou verdâtre; une substance qui ressemble à l’allochroite; de l'argile en- durcie; de la chlorite; de la chaux carbonatée ou de la chaux fluatée ; du schieferspath (chaux carb. nacrée, de hauy) ; du feldspath et peut- être du braunspath (chaux carb. ferro-manganesifére- Hauy); de l'amphibole vert radié; du quartz, du plomb. sulfuré, du zinc sulfuré brun ; rarement de la pyrite et du fer carbonaté. Dans les échantillons répantlus dans les collections, on voit ordi- pairement l’Helvine accompagnée de quelques-unes de ces diverses substances, mais surtout de chlorite, schieferspath, de chaux fluatée et de zinc sulfuré, etc. Nota. La description de l’'Helvine que nous venons de rapporter ne s'accorde pas, quant au système cristallin, avec celle qu'on trouve dans les Annales des mines (1818, 1ère Livr, pag, 9), où la forme primitive de cette substance est regardée comme un rhomboïde aigu, dont les angles plans sont d'environ 108 degrés et 72 degrés. Mais, d’après les échantillons que nous avons pu voir ou nous procurer en Allemagne, nous sommes portés à croire, avec M. Mohs et M. Freiesleben, que le tétraèdre régulier est la seule forme à Ace puissent conduire les modifications que présentent les cristaux d'Helvine. Sans doute il est fort remarquable de trouver le tétraèdre régulier dans une substance pierreuse, puisque jusqu'ici il ne s'était rencontré (27) que dans {rois substances métalliques, le cuivre pyriteux, le cuivre oris (qui peut-être appartiennent à la même espèce), et le zinc sulfuré. Il serait bien à désirer qu’on püt faire l'analyse de ce nouveau minéral, pour fixer nos idées sur la place qu'il doit occuper dans la méthode. Quelques minéralogistes allemands pensent qu’il pourrait bien être une variété du grenat ; mais il pourrait bien se faire aussi qu'il dût sa forme à une substance étrangère intimement mélangée. F: S. B. AA RAS RAS SARA AA A SAS Conglomerat de ponce de la contrée de Ncuwied, sur le Rhin. M. NoGGERATH, à qui l’on doit beaucoup de travaux minéralo- giques et géologiques sur les volcans qui avoisinent les bords du Rhin, vient de donner quelques détails sur un Conglomerat de ponce qui se trouve dans une petite plaine située entre Engers et Bendorf, sur la rive droite du fleuve, au pied des montagnes de transition qui aboutissent à Sayn, à une licue au sud-est de Neuwied, Ce Conglomerat se trouve immédiatement sous la terre végétale, qui est elle-même remplie de fragmens de ponce; il forme des couches dont l'épaisseur est d'une toise à une toise et demie, et en quelques points jusqu'a quatre toises. Il est principalement composé de fragmens arrondis de ponce, qui renferment du feldspath vitreux, du fer oxidulé et quelques grains de haüyne. Ces fragmens sont liés entre eux par une pâte terreuse, qui paraît n'être autre chose que le résultat de leur trituration , et qui, en général, a peu de consistance, Toute la masse paraît souvent divisée en petites couches horizontales, d’une épaisseur variable, qui ne sont pas nettement séparées, et qui résultent de ce que la pâte est cà et là plus ou moins abondante. M. Noggerath cite comme une chose fort rare des impressions de feuil- les et des glands ( Eicheln) qui se trouvent dans ces masses de ponces, particulièrement à la séparation des couches : il rapporte les assertions de quelques ouvriers, qui prétendent qu’on y a trouvé des morceaux de fer provenant des agrès des vaisseaux ou bateaux (schiffsgeræthsschaften); mais il ne croit pas que le fait soit vrai. Sous la masse de Conglomerat on trouve un sable fin, composé de grains de ponce, d’amphibole, de pyroxène, de fer titané arénacé, de fragmens de basalté poreux, qui, par leur abondance dans le mé- lange, donnent à la masse une couleur noire, d'où est venu le nom de sable noir. On n’a pu rien voir au-dessous de celte couche de sable ; mais il est vraisemblable, d’après la proximité des montagnes de transition, que la grauwacke n’est pas à une grande profondeur. G£ozoair. Taschenbuch fur die Mineralogie von Leonhard. 1818: Institut. Février 1810. (28 ) M. Noggerath pense que les ponces qu'on trouve ainsi sur la rive droite du Rhin, proviennent des montagnes volcaniques qui se trou- vent vis-à-vis à la gauche, Il fait remarquer à ce sujet, qu'il y a des vallées qui, des montagnes volcaniques de l'abbaye de Laach, descen- dent vers le Rhin, et s'ouvrent pour la plupart vis-i-vis de Neuwied, Engers, Bendorf, ete. , et que ces vallées mêmes sont remplies jusqu’à une certaine hauteur par du #rass, qui renferme très-peu de ponce. 11 croit que les alluvions qui ont probablement suivi les éruptions volcaniques, ont pu transporter leurs produits plus où moins loin, sui- vant qu'ils étaient plus ou moins pesans. C'est ainsi que le trass est reslé Ans les vallées-qui se trouvent à la gauche du Rhin, tandis que les ponces et les corps les plus légers ont pu être portés plus loin jusqu’au pied des montagnes de transition qui se trouvent à la droite du fleuve ; ils s’y sont déposés, et ont formé les Conglomerats de ponce, dont les couches horizontales donnent la preuve d’un dépôt mécanique tranquille. (1) S. F° B: RAR RSS SAS AS 4 | Mémoire sur la Théorie des instrumens à vent; par M. Porssox. J’A1 lu à l’Académie, au mois de mars de l’an dernier, un Mémoire sur le mouvement des fluides élastiques contenus dans des tubes cylin- driques (2), où j'ai considéré sous un nouveau point de vue, cetle question déjà ancienne parmi les géomètres. La Théorie des instrumens à vent que je présente aujourd’hut, est une application de ces premières recherches, et elle a pour but principal de faire disparaître les diffé- rences essentielles que l’on a rencontrées jusqu'ici, entre l'observation et le calcul appliqué à cetobjet. Le premier $ de ce nouveau Mémoire est employé à rappeler, d’une manière succmcte, la Théorie admise jusqu'a présent, afin d'en montrer l’insuflisance et de faire sentir la nécessité de celle qu'on propose d’y substituer. Relativement à la Théorie ordinaire, telle que Lagrange l’a donnée dans les anciens Mémoires de Turin, et D. Bernoulli dans les Mémoires de Paris de 1762, on remarque d’abord que si, après avoir ébranlé d’une manière 2 (1) Nous remarquerons, en passant, que l'explication de M. Noggerath conduit à conclure, qu'à Pépoque de la formation des Conglomerats de ponce, le Rhin n'avait pas son cours réglé comme aujourd'hui, car il aurait certainement entraîné avec lui l'allavion qui transportait toutes ces matières. Or, comme les faits démontrent que le dépôt s’est formé sous l’eau, il faut admettre qu'à la place où coule aujourd’hui le Rhin, setrouvait à cette époque un amas d’eau sans mouvement bien sensible. Ces conséquences peuvent conduire à beaucoup d’autres d’une grande importance, Si lexplication d’où l’on est part se trouve bien justifiée. (2) Bulletin des Sciences, mars 1818. (29 ) quelconque l'air contenu dans un tube, on l'abandonne à lui-même, l'expérience prouve que les vibrations deviennent insensibles au bout d'un temps très-court el presque inappréciable ; il est donc nécessaire , pour produire un son d'une certaine durée, qu'elles soient entretenues par une cause qui continue d'agir sur le fluide; et ce ne sont pas, comme on a coutume de le faire, les vibrations dues à l’état initial du fluide, mais bien celles qui résultent d’une cause constante, qu'il importe de déterminer. Une autre difficulté que présente la Théorie ordinaire des instrumens à vent, c’est qu'on assimile les embouchures des tubes à leurs extrémités ouvertes, et qu’on y regarde comme nulle la condensation du fluide; or, la manière dont il faut souffler dans un tube pour lui faire rendre un son, est beaucoup trop compliquée, pour qu’on puisse déterminer, à priori, ni la vitesse ni la condensation du fluide intérieur près de l'embouchure. L'expérience seule peut dé- cider si la densité du fluide en ce point est invariable; et comme la durée des vibrations conclue du ton observé, s’écarte sensiblement de celle qui aurait lieu, dans la supposition d’une densité constante, il faut rejeter cette hypothèse, et n’en faire aucune autre, s’il est possible. D'après ces considérations, voici comment J'ai envisagé la question qui fait l’objet de ce Mémoire. Je revarde la vitesse du fluide à l'embouchure du tube, comme donnée arbitrairement, et exprimée par une fonction périodique du temps, dont je ne spécifie pas la forme; cette vitesse est produite et entretenue en soufflant d'une manière quelconque dans le tube, ou tout autrement; le but qu'on se propose est d’en déduire la vitesse et la densité du fluide dans toute la longueur du tube, et l’on détermine même, par l'analyse, les variations de densité qui ont lieu à l’embou- chure, et qui répondent à l'expression donnée de la vitesse en ce point. Soit que le tube soit ouvert ou qu'il soit fermé à l’autre extrémité, je suppose, comme dans mon premier Mémoire, qu'il s'y établit un rapport constant entre la vitesse et la condensation du fluide, rapport dont je détermine la valeur dans différentes circonstances, et dont je montre qu'on doit admettre l'existence dans tous les cas. En vertu de ce rapport, le mouvement de la colonne fluide devient bientôt pério- dique, régulier et indépendant de son état initial ; c’est à cette époque qu'il importe surtout de le déterminer, afin de connaître le ton qui sera produit : or, on parvient à ce résultat général qu’excepté une classe déterminée de tons, qu’en effet l’observation n’a jamais pré- sentés, aucun autre ton n’est incompatible avec une longueur donnée du tube. Ainsi, quelles que soient l'étendue de l'embouchure et la manière de souffler, la durée des vibrations sonores, dans un tube ouvert à l'extrémité opposée à l'embouchure , ne peut être un sous- multiple impair du quadruple de sa longueur divisée par la vitesse du 1019. (50 ) son ; et, dans un tube fermé, elle ne peut être un sous-multiple pair de cette même quantité; mais aucun autre mode de vibrations n’est contraire aux lois du mouvement des fluides, de sorte que la théorie ne fournit pas le moyen de déterminer le ton Île plus bas ni la série des tons plus élevés qu'un instrument peut rendre, d’après sa longueur et la nature du fluide qu'il contient. Sur un autre point, l'analyse conduit à des résultats précis et déterminés qui peuvent être comparés à l'expérience. En eflet, quel que soit le ton rendu par un instrument et donné par l'observation, l'analyse montre que les entres et les rœuds de vibra- tions (1) sont équidistans sur toute la longueur du tube, et que les points de l’une et l'autre espèce se succèdent alternativement, à partir de l'extrémité opposée à l'embouchure : l'intervalle compris entre deux de ces points consécutifs sera égal au quart de l’espace parcouru par le son dans le fluide qui remplit le tube, pendant la durée d’une de ses vibrations; il serait double, et égal à la moitié de cet espace, si l'on ne considérait que des points d’une seule espèce. Le dernier de ces points, en se rapprochant de l'embouchure, peut être un ventre ou un nœud; sa distance à l'embouchure est toujours moindre que l'intervalle compris entre un ventre et un nœud consécutifs. Or, ces résultats peuvent être vérifiés par l'observation, et ils le sont déjà complettement par l’'expé- rience que D. Bernoulli a faite, pour fixer le lieu des nœuds de vibra- tions sur un tube sonore. (2) 11 serait à désirer que cette ingénieuse expérience fût répétée, comme M. Biot se l’est proposé (3), sur des tuyaux remplis de différens gaz, substitués à l’air atmosphérique. Ce serait le seul moyen exact de con- naître la vitesse du son dans ces fluides, laquelle s’obtiendrait en me- surant l'intervalle compris entre deux nœuds consécutifs, et le divisant par la durée d’une demi-vibration, conclue du ton rendu par le tuyau. En la comparant à son expression analytique, donnée par la théorie du son, on pourrait aussi connaître le développement de chaleur pro- duite par la compression dans les gaz des natures diverses (4); et, en répétant l'expérience à différens degrés du thermomètre, on saurait si la température du gaz influe sur ce développement. Ces résultats généraux sont exposés dans le second $ de mon Mé- moire ; dans le troisième, j'applique les mêmes considérations aux tubes composés de deux cylindres de diamètres différens; et dans le quatrième, EE —————— (1) On appelle ventres, les points du tube où la condensation du fluide est cons- tamment nulle, et nœuds de vibrations, ceux où sa vitesse est toujours égale à zéro, (1) Voyez le Traité de Physique de M. Biot, tome Il, page 132. (2) Bulletin des Sciences, décembre 1816. {2) Journal de l'École Polytechnique , quatorzième cahier, page 360. Crus) je considère aussi de la même manière les vibrations de deux fluides différens, superposés dans un même tube. Dans l'un et l'autre cas, se détermine, 1°. la classe de ions qui ne peuvent pas être rendus par le tube; 20. la distribution des ventres et des nœuds de vibrations, cor- respondante à un ton donné par l’observation. C'est tout ce que l'on peut demander à la théorie, si l’on ne fait aucune hypothèse relative- ment à la condensation du fluide à l'embouchure; mais si l’on veut que cetle condensation soit constamment nulle, la série des tons qu’un tuyau peut rendre, dans les deux cas dont nous parlons, est déterminée par des formules qui se trouvent déjà dans mon premier Mémoire. Les expériences que M. Biot a faites sur les tons des gaz superposés (1), ont été comparées à ces formules ; et quoique, le plus souvent, le calcul et l’observation s'accordent suffisamment, il y a cependant des cas, surtout lorsque l’un des deux gaz est l'hydrogène, où la différence est assez grande pour montrer que ces formules ne renferment pas tous les tons possibles, et que l'hypothèse d’une densité constante à l’em- bouchure n’est pas toujours admissible. P. Description d'un nouveau genre de plantes; par M. MH. Cassini. ENALCIDA. (Famille des Synanthérées. Tribu des Tagétinées.) Ca- lathide discoide : disque pluriflore, régulariflore, androgyniflore ; cou- ronne unisériée, pauciflore, anomaliflore, féminiflore. Péricline égal aux fleurs, oblong, cylindracé, plécolépide, composé de cinq squames unisériées, entregreflées jusqu’au dessous du sommet, qui forme un lobe triangulaire , libre. Clinanthe petit, subconoïda!, alvéolé, à cloi- sons un peu trangées. Ovaires excessivement longset srêles, sublinéaires, anguleux, bispidules ; aigrette composée de plusieurs squamellules uni- sériées, paléiformes, coriaces, dont une située sur le côté extérieur, beaucoup plus longue, lancéolée, libre ; les autres beaucoup plus courtes, oblongues, tronquées au sommet, entièrement entregreflées. L'aigrette des fleurs marginales est composée de squamellules égales, oblongues , tronquées, entregreffées. Fleurs de la couronne , au nombre de cinq environ, cachées par le péricline, à corolle courte, entièrement engainée dans l’aigrette , ayant le limbe presque avorté, cochléariforme. Fleurs du disque à corolle quinquéfide, à style divisé en deux lonyues branches divergentes. Gi ÆEnalcida pilifera, H. Cass. Plante herbacée, glabre. Tige rameuse, munie de côtes saillantes. Feuilles opposées et aliernes, sessiles, pinna- Same (1) Annales de Physique et de Chimie, mars 1818. BoraniQue. BoTAnIQUE. (52) tifides ou bipinnatitides, linéaires, munies de quelques grosses glandes éparses, à base souvent laciniée sur les côtés, à pinnules linéaires, entières, aiguës, terminées chacune par un filet subcapillaire. Cala- thides solitaires à l'extrémité de rameaux pédonculiformes, et formant par leur assemblage au sommet de la tige, une sorte de corymbe ou -de cyme. Péricline parsemé de glandes oblongues, comme pubescent au sommet. Corolles jaunes, parsemées de glandes. Je décris cette plante sur un petit échantillon sec que m'a donné M. Godefroy, qui l'avait recueilli au jardin de botanique de Rennes, en 1815, et qui ne sait rien de plus sur son origine. L’Ænalcida est un genre voisin du Diglossus et du Tagetes, dont il diffère par l’aigrette et la couronne; le Diglossus se trouve exactement intermédiaire entre l’'Enalcida et le Tagetes. eee ee Genera et species plantarum , quæ aut n0Væ sunt, aut nondum recté cognoscuntur ; auctore Mariano LAGAsCA. Matriti. 1816. Quoique cet opuscule du savant botaniste espagnol porte la date de 1816, 1l n'est connu en France que depuis fort peu de temps, par un certain nombre d'exemplaires que l’auteur a envoyés à son ami, M. Dufour, naturaliste français. On y trouve le signalement plus ou moins détaillé de 411 espèces, dont la plupart sont nouvelles, et de vingt-six genres nouveaux, dont quatorze appartiennent à la famille des Synanthérées. Deux des nou- veaux genres, le Cevallia et le Ferdinanda, sont figurés sur deux planches gravées avec soin. Les botanisies remarqueront surtout le genre Cevallia, complette- ment décrit par l’auteur, qui le rapporte à la famille des Borraginées, quoiqu'il ait le port d'un ÆEchinops, l'ovaire adhérent au calice, les étamines périgynes, et point de corolle. Cette plante, recueillie par Née à la Nouvelle-Espagne, est très-singulière. La belle dissertation de M. Lagasca sur les Chénantophores, ou Synanthérées à corolle labiée, publiée en 1811, dans un cahier intitulé Amenidades naturales de las Españas, est trop peu connue en France, parce que cet opuscule y était fort rare : nous croyons donc faire plaisir aux botanistes en leur annonçant que M. Dufour vient d’en recevoir aussi plusieurs exemplaires. (1) ÉPRC (x) Les exemplaires de l’un et de l’autre opuscules sont déposés à Paris, chez Roussel, marchand de minéraux, quai des Miramionnes, où l’on peut se les procurer, _ AA RAA DS A AS ; (33) Extrait d'un Mémoire de M. CuossaT, correspondant, relatif à la courbure des milieux de l'œil dans différens animaux. LE mécanisme par lequel la vision s'opère dans l’homme et dans les animaux , a depuis long-temps attiré l'admiration et excité les recherches des naturalistes, des anatomistes et des physiciens. Un grand nombre d'entre eux ont travaillé à déterminer la construction de cet organe, la disposition de ses parties, et les propriétés physiques par lesquelles elles pouvaient agir sur les rayons lumineux. L'ensemble de ces tra- vaux, aussi importans que difhciles, a donné une idée très-satisfaisante du mode général par lequel la vision s’accomplit, c’est-à-dire, qu’ils nous ont fait considérer l’œil comme un instrument d'optique, construit à la manière de nos lunettes et agissant de même; mais, quant aux détails de sa construction, détails qui seuls peuvent mettre en état d'apprécier ses effets d’une manière précise, on n’a pas encore réussi à les déterminer assez exactement pour les pouvoir soumettre au calcul, et pour pouvoir assigner mathématiquement la route, les réfractions et l’exacte convergence desrayons lumineux qui arrivent à la rétine en dif- férens sens. Telle est cependant la seule épreuve par laquelle on puisse être assuré d’avoir une explication complète de l'organe, et de connaître précisément le jeu de ses diverses parties; mais on en est encore si loin, que pour quelques-unes, par exemple, pour la membrane plissée qui existe dans l'humeur vitrée des oiseaux , et que l’on appelle le Peigne, on ne sait pas même à quoi elle sert, ou tout au plus peut-on se per- mettre à cet égard des conjectures; et, pour d’autres résultats qui dé- endent des modifications que les parties subissent, par exemple, pour a cause qui produit la netteté de la vision à des distances différentes, et dans les oiseaux très-diverses, on n’est pas beaucoup plus avancé. Il est évident que l'explication de ces propriétés, de ces phénomènes, ne doit plus se tirer de simples apercus, mais d’une détermimation précise des formes des parties et de leurs rapports entre elles. Cette précision, déjà si difficile à obtenir par elle-même, combien ne le devient-elle pas davantage quand il s’agit de l'appliquer à la mesure d’un organe aussi délicat que l'œil, et dont les parties peuvent si aisément s’oblitérer ! . M. Chossat, dont nous avons déjà rapporté des recherches très-bien faites sur les pouvoirs réfringens des diverses matières solides ou fluides dont l'œil se compose, a attaqué ce second problème, beaucoup plus. difficile, et il l'a fait par une méthode qui, lorsqu'elle est employée avec adresse et avec les précautions qu'il y a mises, nous paraît offrir tous les- degrés d’exactitude que l’on peut désirer dans ce genre de dé- termination. Livraison de mars, avec PI. 5 1019. Puxsrqur. Société Philomat, novembre 1818. (54) Ti na point, comme l’avait fait autrefois Petit, appliqué sur Îles diverses parties de l'œil des courbes découpées qui s'accommodaient à leur configuration, ce qui ne peut offrir qu’un mode de comparaison très-peu exact; il n'a pas non plus essayé de juger de la courbure par la réflexion de la lumière, comme le D' Young l'avait tenté pour la cornée de l'homme; car ce moyen, très-délicat, n'aurait pas été appli- cable à toutes sortes de surfaces; M. Chossat s’est borné à dessiner les parties de l'œil, mais il les a dessinées non par aperçu ou par un sentiment d'imitation toujours plus ou moins infidèle, il l'a fait exacte- ment, et de manière à avoir une copie rigoureuse, en même temps qu'agrandie, des formes qu’il voulait apprécier. 11 s’est servi pour cela du mégascope imaginé par M. Charles. Cet instrument , réduit à sa plus grande simplicité, consisterait en une len- tille convergente, fixée dans Le volet d'une chambre obscure. Si l’on place un objet hors de la chambre, sur l’axe de la lentille, et au-delà de son foyer principal, il se formera dans la chambre une image que vous pourrez recevoir sur un verre dépoli ; cette image sera d'autant plus grande que l’objet aura été placé plus près du foyer principal de la lentille; si l’objet est droit, l'image sera renversée, mais renversé, l'image sera droite. Si vous variez la distance de l’objet au foyer prin- cipal, l’image variera en grandeur et en netteté, de manière que vous pourrez choisir le degré de grossissement qui vous paraîtra le mieux accorder ces avantages. Vous améliorerez encore l'effet, en substituant, à la lentille simple, un système de lentilles combiné de manière à di- minuer les défauts d’achromatisme. T'el est le mégascope. L'image reçue sur le verre dépoli, s’observe par derrière ce verre. Lorsque l'appareil est construit avec le soin nécessaire, elle est très-belle, très-brillante, et ses contours sont si fidèlement conformes à l’objet, que les plus petits détails, par exemple, les traits d’une mignature se reproduisent par- faitement ressemblans. Cette épreuve de similitude est, pour la vue, aussi délicate, que l’est, pour l’ésale propagation des sons, la parfaite conservation du mouvement d’un air que l’on entend d’une grande distance. D'après cela, pour dessiner les diverses parties de l'œil, M. Chossat n'a eu qu’à les placer devant le mégascope, et en prendre le dessin sur le verre dépoli; il s’est borné à un grossissement de huit ou dix fois, qui lui a paru accorder la netteté de l’image avec une grandeur sufl- sante. L'œil du bœuf, par exemple, occupait ainsi sur le tableau un espace de plus de quatre décimètres. Mais, pour pouvoir tirer des conséquences géométriques de ces dessins, il fallait connaître bien exac- tement quelle coupe de l'œil ou en général de la partie observée se peïgnait sur le tableau; c’est à quoi M. Chossat est parvenu , au moyen de précaulions variées qu’il a rapportées dans son Mémoire. (35) Pour suivre la marche des rayons depuis leur entrée dans l'œil jusqu'a leur arrivée sur la rétine, il suffisait, comme le remarque M. Chossat, de connaître les courbures antérieures et postérieures de la cornée, celles du cristallin, et enfin la configuration de la rétine. En effet, l'humeur aqueuse étant limitée par la cornée et par le cristallin, comme l'humeur vitrée l’est par le cristallin et par la rétine, les surfaces de ces liquides sont les mêmes que celles de ces corps. M. Chossat, dans son Mémoire, ne s’est encore occupé que de la surface antérieure dé la cornée et des deux surfaces du cristallin. Pour observer la cornée, il place l'œil entier dans un petit godet fixé au fond d'une cuve remplie d’eau , dont les parois sont des glaces paral- lèles. L’œil repose sur sa sclérotique, qui presse seulement avec l'excès de son poids sur celui de l’eau environnante. Pour qu’il reste ainsi assujetti dans une position fixe, les dimensions du godet sont telles, que la partie postérieure de l'œil en soit complètement embrassée. Quant au cristallin, beaucoup plus délicat que la cornée et infiniment plus facile à altérer dans sa forme, M. Chossat le laisse reposer sur une couche de mercure, au fond de la cuve toujours remplie d’eau, par laquelle il se trouve presque entièrement soutenu. Or, comme le cristallin surtout aurait pu être déformé par l'introduction de Peau qu'il absorbe très-sensiblement, M. Chossat a déterminé, par des expé- riences très-soignées, quelle progression celte absorption suivait, à quelle quantité elle s'élevait, et enfin comment elle se distribuait dans son intérieur: il s'est assuré aussi que cette absorption ne pro- duisait dans les dessins, et par conséquent dans les formes réelles, aucune altération qui pût être sensible dans l'intervalle que duraient ses expériences, surtout en ayant soin, comme il l’a toujours fait, de prendre les yeux d'animaux tués depuis un petit nombre d'heures. Cet examen minutieux, mais indispensable pour ses recherches, lui a offert en outre l’occasion de soupconner, comme une chose très- vraisemblable, que la couche de liquide bombée qui parait quelque temps après la mort derrière la surface antérieure du cristallin, et qui y forme comme une sorte de ménisque transparent, est produite par l’ab- sorption cadavérique que le cristallin fait des autres humeurs de l'œil qui sont contiguës avec les surfaces, où peut-être encore du liquide contenu dans la substance du cristallin même, si, comme nous croyons nous le rappeler , cette humeur se développe également dans Îles cristallins que l’on a retirés de l'œil, et isolés immédiatement après la mort. Au moyen des précautions que nous venons d'expliquer, M. Chossat a obtenu, sur le verre dépoli du mégascope, des dessins exacts; il s’est assuré que le transport de ces dessins sur le papier, par l’action de calquer, ne pouvait y introduire que des différences négligeables, car la répétition des calques donnait toujours les mêmes courbures. Il (56) ne reslait donc qu'à diriger les sections de manière à pouvoir déduire de leur ensemble la forme des surfaces par une discussion géométrique. C’est la marche qu'a suivie M. Chossat; mais, quoiqu'il l'ait appliquée aux yeux de plusieurs animaux, il s'est borné à choisir l'œil du bœuf pour l’exposition de sa méthode, dans le Mémoire qu'il vient de publier. Il a commencé par examiner la surface extérieure de la cornée: et, dans celle-ci, il a pris d’abord une coupe dirigée transversalement, c’est- à-dire horizontale, si l'animal est supposé dans la position de la station ; il en est résullé une courbe ovale. M. Chossat s’est assuré que l’on pouvait mener à travers cette courbe une ligne droite, telle que les ordonnées perpendiculaires à sa direction fussent égales pour les mêmes abscisses. La courbe était donc de nature à admettre un axe, dans le sens géométrique de ce mot; d’ailleurs, l'inspection seule indiquait une courbe du second ordre. Or, dans une telle courbe, lorsqu'on connaît la direction de l'axe et le sommet, deux points donnés suffisent pour déterminer tous les autres. M. Chossat a donc pris deux des points dont les coordonnées paraissaient devoir être be plus sûres, par leur position ; et, en les introduisant dans les équations des courbes du secoud ordre, il en est sorti les élémens d’une ellipse, qui en effet s’est trouvée ensuite salisfaire parfaitement à tous les autres points dans toute Famplitude, d’ailleurs considérable, que le dessin a pu embras- ser, Le grand axe de celte ellipse était dirigé d’avant en arrière; mais, par une circonstance fort remarquable, que M. Sommering le fils vient d'indiquer aussi de son côté dans l'œil du cheval, la direction de cet axe ne passe point par le milieu apparent de la cornée, et n’est point perpendiculaire à la corde que lon mènerait par ses extrémités; il s’écarte de cette perpendiculaire en dedans, d'environ 10° dans tous les bœufs de sept à neuf ans; ainsi, le sommet de l’ellipse n’est pas situé au milieu de la surface de la cornée, qui est extérieurement visible ; il se rapproche de dix degrés vers les naseaux. La section horizontale de la cornée étant ainsi connue, M. Chossat a étudié une section verticale; mais, d’après ce qu’on vient de dire sur la position non symétrique du sommet de F'ellipse par rapport à la surface apparente de la cornée, il y avait de la difficulté à diriger cette section suivant le grand axe de lellipse horizontale, ce qui était cependant nécessaire pour avoir une seconde section principale de l’ellipsoïde, st toutefois un ellipsoïde était la forme réelle de la cornée. M. Chossat a cherché à remplir cette condition le mieux possible : il a trouvé que, dans ce sens, la section de la cornée était encore une ellipse, dont le grand axe était horizontal , mais cette fois il coïncidait avec l’axe apparent de la section; en outre, et autant qu'on pouvait les approcher par des moyens graphiques, cette ellipse lui a paru identique avec l'ellipse horizontale. De cette similitude il a conclu que la surtace extérieure de (37) i la cornée du bœuf est un ellipsoïde de révolution dont le grand axe, qui est celui de révolution, est dirigé d'avant en arrière , quoique non pas parallèlement à l'axe apparent. En comparant les rapports des axes de cette surface avec les rapports de réfraction qu'il avait déterminés précédemment pour la substance de la cornée, M.'Chossat à trouvé entre ces nombres précisément la relation indiquée par Descartes pour la destruction de l’aberration de sphéricité, relativement aux pinceaux parallèles qui arrivent dans le sens de l’axe, ce qui est un rapproche- ment au moins curieux. M. Chossat ne s’est point occupé de la surface pos‘érieure de la cornée; on pourrait la supposer à-peu-près parallèle à la surface antérieure ; mais ce parallélisme même est un fait nécessaire à établir par des mesures, et il est douteux qu'il soit général. . Eu appliquant les mêmes principes au cristallin avec l'accroissement de soins que la délicatesse de cet organe nécessite, M. Chossat à pareillement observé les courbures de ses déux surfaces. Ce sont en- core toutes deux des ellipsoides de révolution engendrés aussi autour d'un axe qui va d'avant en arrière; mais ici cet axe de révolution est le plus petit des deux, au lieu qu'il était le plus grand pour la cornée. En outre, les deux ellipses du cristallin n’ont point les mêmes cour- bures, la postérieure est plus convexe, ce qui est contraire à la con- dition que l’on emploie ordinairement dans les grands objectifs de nos lunettes, pour diminuer l’aberration de sphéricité ; enfin 1 directions même des axes de ces ellipses sont différentes entre elles, comme M. Chossat s’en est assuré d’une manière non douteuse par des coupes adroitement dirigées; et, pour les deux ellipses, cette direction s’écarte de l'axe du corps de l'animal, en sens contraire de l'écart que l’axe de la cornée présentait, précisément comme si cette ebliquité opposée avait quelque effet pour compenser laut re. Ce genre de configuration n'est point particulier à quelques individus; il s’est offert dans tous les yeux de bœuf que M. Chossat à examinés, Toutefois il ne faudrait pas conclure de ces observations que chez d'autres animaux la surface de la cornée et du cristallin fussent aussi elliptiques; l'étude de la nature, pour peu qu'on la suive, détrompe bientôt de ces généralisations prématurées ; ici un seul point suffira our suspendre toute conclusion trop étendue: c’est que la cornée de l'éléphant dont M. Chossat a rapporté aussi la mesure dans son Mémoire ù lui a présenté une courbure non plus elliptique, mais hyperbolique, comme il l’a expressément remarqué, Tels sont les principaux résultats contenus dans le Mémoire dont nous venons de vous rendre compte; ils sont très-curieux par eux- mêmes, imporlans par leurs conséquences, et, ce qui est une conditiom essentielle de leur valeur, ils sont établis avec une recherche d’exac- titude qui en assure la durée. HisToIRE NATURELLE: Société Philomatiq. décembre 1818. (38 ) Explication des Figures. Fig. 1ère. — Coupe horizontale de la cornée. E — Côûté externe de Fœil, J — Côté interne de l'œil. EBJ — Portion de la circonférence de la cornée. EAT — Coupe horizontale de la surface de la cornée. CA — Axe vrai de l’ellipse incliné en dedans. CA! — Axe apparent. Fig. 2. — Coupe verticale de la même cornée. SS' — Côtés supérieur et inférieur de l'œil. SBS' — Portion de la circonférence de la cornée. SAS" — Coupe verticale de la surface de la cornée. AB — Axe de la section. Fig. 3. — Section horizontale du cristallin. J — Côté interne. E — Côté externe. J2E — Surface antérieure du cristallin, Ja'E — Surface postérieure du cristallin. JE — Grand axe apparent. Ja — Grand axe vrai de la surface antérieure, Cz — Petit axe vrai de la surface antérieure. Ja" — Grand axe vrai de la surface postérieure. C'a«! — Petit axe vrai de la surface postérieure. mm — Portion du cristallin immergé dans le mercure pendant l'expérience. Fig. 4. — Section verticale du même cristallin. SS Côtés supérieur et inférieur du cristallin. S6S — Surface antérieure du cristallin. Sb'S — Surface postérieure. SS — Grand axe apparent. aa — Grand axe vrai de la surface antérieure. a' a! — Grand axe vrai de la surface postérieure. mm! — Portion immergée dans le mercure. rie rose Histoire de l'œuf des oiseaux avant la ponte; par M.H.Durrocxer, D. M. correspondant de l'Académie des Sciences. L'œur de la poule encore dans l’ovaire, est contenu dans deux membranes vasculaires qui ont les mêmes vaisseaux, et qui secrètent la matière émulsive du jaune. En ouvrant avec précaulion la seconde de ces membranes, on en trouve une troisième, blanche, diaphane, d’une extrême finesse, et qui ne lui est nullement adhérente ; elle n’a pas de vaisseaux, parait entièrement de nature épidermique, et enveloppe immédiatement la matière émulsive du jaune. M. Dutrochet ignore l'origine de cette membrane, qu’on n’aperçoit pas dans les premiers temps du développement de l'œuf dans l'ovaire. La cicatricule est située vers l'endroit où se trouve le pédicule qui attache l'œuf à l'ovaire. La membrane épidermique du jaune s’enlève de dessus la n n & 0727277272 272100 fe 4er à "a s'ar mu LE. *] an è Ms 4 Nu PA re tu iv È À + 2 14 Le w" \ | MA JR At Mgr, # PO EN CU or LE qu | 4 sc EU AURES Li We a van ri PR Sn DRE (QE La Er Log 0 At A Aie HER (39) cicatricule avec beaucoup de facilité. A la partie opposée du pédicule, lorsque l'œuf approche de sa maturité, on voit une raie blanchâtre qui occupe le tiers du cercle de cette petite sphère, C’est par là que l'œuf s'échappe pour tomber ou être saisi par la trompe, en sorte que la poche d’où il est sorti a quelque ressemblance avec la capsule bivalve de certains végétaux; du reste, elle s'oblitère peu-à-peu, et finit par disparaître. L'œuf arrivé dans l’oviducte avec une seule membrane, en prend bientôt une seconde, formée à la surface interne de cet organe par l'irritation que sa présence y occasionne ; c’est la membrane chalazifère du vitellus, dont la saillie forme les chalazes; autour de cette seconde membrane l'œuf recoit une couche épaisse d'albumen, qui est entourée par une première pseudo-membrane, résultat des sucs concrétés pro- duits par la surface interne de l’oviducte; c’est le premier feuillet de la coque, puis, par une seconde, le second feuillet de la coque. Alors l'œuf est arrivé au milieu de l'oviducte; plus loin il reçoit l'enveloppe calcaire qui se colle sur les membranes de la coque, et alors l'œuf, composé de six membranes, 1°. vilelline, 20. chalazifere, 3°. albumi- neuse, 40. et 5°. première et seconde de la coque, 6°. calcaire, ne tarde pas à être expulsé. D'après ces observations, M. Dutrochet conclut que l'embryon con- tenu dans la cicatricule n’a aucune adhérence organique avec fa mère, parce qu'il n’adhère pas à la membrane propre du viteilus, et que celle-ci n’adhère pas elle-même à la capsule vasculaire qui la contient, ce qui lui paraît être en harmonie avec ce qui existe dans les végétaux. De ce que l’œuf contenu dans l'ovaire n’a qu’une seule membrane au-dessous de laquelle la matière du jaune est à nu, M. Dutrochet en conclut aussi la confirmation de ce qu'il a établi dans ses recher- ches sur les enveloppes du fœtus, c’est-à-dire, que l'opinion de Haller sur la préexistence du poulet à l’action fécondante du mâle, est erronée; et si l’on peut encore employer, pour l'appuyer, les observations de Spallanzani sur quelques batraciens, où il semble que l’œuf devienne le tétard, M. Dutrochet y oppose le mode de développement de l'œuf du crapaud accoucheur, chez lequel l'embryon naît bien évidemment d’une cicatricule, et où son développement est tout-à-fait semblable à celui de l'embryon des oiseaux, des serpens et des lézards; en sorte qu'il admet pour les autres. batraciens une illusion qui lui a paru à lui-même complète et inévitable, mais qu'il explique en disant que dans tous ces animaux l'embryon nait d’une cicatricule cachée par la” peau ordinairement noire de-cet œuf, que l'embryon se développe sous celte peau, qui cest la membrane propre de l'œuf, et qu'il se lapproprie en quelque sorte en lui devenant adhérent. as PPS PP ee 1819. 1810. ZooLocrte. Société Philomat, Janvier 1819. (40) Note sur un mammifere de l'ordre des rongeurs , mentionné par quelques auteurs, mais dont l'existence n'est pas encore géné- ralement admise par les naturalistes ; par M. A. DESMAREST, M. DesmaResT ayant eu l’occasion de pouvoir examiner avec soin plusieurs peaux, malheureusement incomplètes, d'un animal quadru- pède, envoyées de Buenos-A yres comme provenant d’un lièvre du Brésil, a dû rechercher à quelle espèce elles pouvaient avoir appartenu, et si cette espèce avait été reprise par les zoologistes les plus récens. Quoique plusieurs de ceux-ci n’en fassent pas mention, il s’est cependant aisé- ment apercu que l'animal dont elles proviennent n’était autre chose que le lièvre pampa de D. Félix d’Azzara, que le D. Shaw, dans sa z00- logie générale, a nommé Caria patagonicha, et qui parait en effet se trouver dans toute l'extrémité occidentale de l'Amérique méridionale au Brésil et sur la terre des Patagons, et dont plusieurs voyageurs, et même Buffon, ont parlé à tort comme d'un lièvre proprement dit. M. Desmarest, par une description exacte des fourrures qu'il à observées, et qui se trouve parfaitement concorder avec ce que dit d'Azzara, montre aisément que le D. Shaw a eu raison d'en faire une espèce de Casia, Linn., à cause du nombre des doigts, qui est de quatre en avant et de trois en arrière, l’absence presque totale de queue, et le petit nombre de mamelles, qui n’est que de quatre, et surtout par le système dentaire ; mais comme, dans ces derniers temps, on a subdivisé ce genre Cavia, Linn., en quatre petits genres, il lui semble que c’est près des Agoulis proprement dits que cet animal doit être placé, quoiqu'il en difiére un peu par le nombre des mamelles ; aussi parait-il porté à admettre que la grandeur assez considérable de ses orcillés, la nature de son poil, qui est presque aussi doux que celui des lièvres, pouvant le faire considérer comme formant une sorte de assage de la famille des lièvres à celle des cavias; on pourra, surtout Lane son système dentaire sera mieux connu, en fure le type d'un petit genre nouveau, qu’il propose de désigner sous le nom de Dolichotis, à cause de la longueur assez considérable de ses oreilles, M. Desmarest termine son Mémoire en faisant des vœux pour que cet animal, qui atteint jusqu'à deux pieds et demi de long, dont la chair est excellente, qui est facile à nourrir, et qui s'attache aisément au domicile de l’homme, soit importé et naturalisé dans nos climats, qui doivent lui convenir, puisque le cochon d'Inde, qui est introduit en Europe depuis la découverte du nouveau monde, apparüent à la même famille et vient des mêmes pays. H. Dg Bv. ADD IINNNINIIY VII (41) Sur l'existence de véritables ongles à l'aile de quelques espèces d'oiseaux; par M. H. DE BLAINVILLE. Jusqu’rct les ornithologistes, même les plus exacts, n'ayant le plus souvent fait leurs descriptions que sur des oiseaux empaillés, n'ont pas fait atlention à l'existence ou à l'absence d'un organe que les ana- fomisles ne paraissent pas non plus avoir aperçu; ce qui leur aurait cependant encore fourni, aux premiers, un caractère zoologique de plus, et aux seconds un nouveau point de comparaison de l'aile des oiseaux avec la main des mammifères : c'est des ongles véritables qui peuvent se trouver à celle-là dont il est question; ou bien, peut-être, on les a confondus avec des apophyses immobiles enveloppées de cornes qui arment le poignet de certaines espèces. M. de Blainville s’est assuré que l’autruche a ses deux premiers doigts armés de deux véritables ongles très-développés, crochus, et dont l'usage lui est in- connu; que dans les martinets il y en a également un bien prononcé au premier doigt, tandis qu'il n'y en a pas dans les engoulevents, par exemple. 11 paraît que plusieurs autres petits oiseaux, de l'ordre des véritables passereaux , en ont aussi; mais jusqu'ici M. de Blainville ne peut assurer si ce caractère pourra servir à confirmer certaines familles, ou s'il tient aux habitudes de quelques espèces. Sur un nouveau caractère ostéologique servant à distinguer les animaux quadrupèdes onpulés en deux sections; par M. H. DE BLAINVILLE. LA Zoologie doit à M. le professeur Cuvier la distinction des animaux mammifères ongulés en deux sections assez tranchées, caractérisées à l'extérieur par le système des doigts complets ou incomplets des extré- mités postérieures, qui peut être impair où pair. A ce caractère extérieur M. Cuwvier en ajoute quelques autres, et entre autres la présence d’une sorte d'apophyse d'insertion du muscle grand fessier, à laquelle on a donné le nom de troisième trochanter dans le groupe à système de doigts impair, comme dans le tapir, le rhinocéros, le cheval. 11 y a déjà long- temps que M. de Blainville en a observé un autre, dont la connaissance peut être de quelque importance, surtout dans les recherches sur les ossemens fossiles, où l’on ne saurait avoir trop de moyens pourse diriger ; c'est que, dans toute la section à système de doigts impair, les apophyses transverses des deux derniers vertèbres lombaires, s’articulent les unes avec les autres dans une partie de leur étendue, et la dernière avec le bord antérieur de l'os sacrum, ce qui n’a jamais lieu dans tous les animaux ongulés à système de doigts pair, c’est-à-dire dans les hippo- polames, les cochons et les ruminans. AA A Livraison de mars. G HisTOIRE NATURELLE, GEoLoG1E. Société Philomatiq. 3 avril 1819. (42) Notice sur le gissecment des Anthracites de Schænfeld, en Saxe; par F. S. BEUDANT. IL n'y a encore que peu d'années qu'on regardait les Anthracites (1) comme appartenant presqu'exclusivement aux terrains primilifs; ceux des Alpes surtout ont lons-temps conservé cette prérogative, et Dolomieu les considérait comme démontrant l'existence du carbone, indépen- damment des végétaux et des animaux. Cependant ce célèbre géologue avait observé lui-même, dans quelques lieux, que les Anthracites se trouvaient accompagnés par de véritables poudingues (grauwackes ); circonstance qui les aurait fait rapporter au moins aux terrains de tran- sition, si on eût eu des idées plus précises sur cette espèce de formation, introduite alors depuis peu dans l’école allemande. à Depuis celte époque, non-seulement on a observé que les Anthracites étaient partout accompagnés de grauwacke, mais on y a reconnu en- core des impressions végétales plus ou moims nombreuses, qui décelaient une origine postérieure à la création organique. Enfin toutes les obser- vations ont concouru à démontrer évidemment, que ce combustible n’appartenait point à la formation primitive, et qu'il se trouvait, ausst bien dans les Alpes que partout ailleurs, au milieu du terrain de transition. : IL est cependant resté une incertitude, qui s’est propagée jusqu’à résent parmi nous, relativement aux Anthracites du territoire de Schænfeld, à quatre lieues au sud-est de Freyberg, en Saxe. Le célèbre Werner parait les avoir considérés comme primitifs jusque vers les derniers temps de sa vie. Son opinion était appuyée, sur ce que cette masse charbonneuse était encaissée dans du porphyre; qu'on n'avait reconnu dans ce gissement aucune malière de transport ; enfin qu'on n'y avait découvert aucun vestige de corps organisé. | Cette singulière position d’une matière charbonneuse , qui partont ailleurs se trouve toujours accompagnée de matière de transport et de débris organiques, m'avait depuis long-temps extrêmement frappé, et Schænfeld était un des points que je désirais le plus visiter, dans le peu de temps que je pouvais consacrer à la Saxe. J'ai été assez heureux pour pouvoir ÿ exécuter, à mon retour de Hongrie, quelques-uns des projets que j'avais formés, quoique J'y sois arrivé à une époque où ordinairement les neiges couvrent toute la contrée. . Le village de Schænfeld est situé dans une petite vallée qui descend des montagnes qui forment les limites de la Bohême et de la Saxe, Qt TE RS ET SE Te EU (1) Je parle ici oéologiquement , etjene comprends pas sous le nom d'Anthracite, de véritables lignites qui en ont presque entièrement l'aspect et les proprietes, inais qui appartiennent à des terrains beaucoup plus modernes, (45) entre Altenberg et Zinnwalde. Cette vallée, connue sous le nom de Weisseritz ou Hasserritz, se dirige d’abord du sud-est au nord-ouest, et prend ensuite une direction à-peu-près nord-est, pour aboutir dans les plaines de l'Elbe, à travers lesquelles le ruisseau de Weisseritz se porte jusque dans les faubourgs de Dresde. Toute 1 base de la contrée de Schænfeld est formée de gneiss ; cétte roche se montre à nu dans le fond de toutes les petites vallées qui des- cendent dans la vallée principale, mais bientôt elle est recouverte par des masses de porphyre qui paraissent appliquées sur elle en gissement transoressif (äbergreiffende lagerung). (1) C'est au milieu de ces por- phyres que se trouve l'Anthracite. A la droite de la vallée, qui dans cette partie se dirige du sud-est au nord-ouest, on reconnait un porphyre rouge-terne, très-fin, à base de feldspath compacte, à cassure inégale, dans lequel on voit briller beaucoup de petits cristaux de quartz byalin et quelques petits cristaux de feldspath rouge lamelleux; on y observe, quoiqu'assez rarement, quelques petites taches verdâtres, et des paillettes de mica gris. Ce porphyre est quelquefois un peu caverneux, et l’on rencontre dans ses cavités de la chaux fluatée de couleur violette. A la gauche de la vallée, je n'ai rencontré, dans plusieurs courses que j'ai faites en diverses directions, que du porphyre gris, dont les parues altérées à l'air sont quelquefois jaune-rougeâtre; la pâte, éga- ement de feldspath compacte , est en général plus fine que dans les porphyres rouges précédents, et son éclat est plus céroïde. Les petits cristaux de feldspath lamelleux, ordinairement peu nombreux, s’ distinguent souvent très-bien par leur couleur blanchâtre et leur demi- transparence ; les cristaux de quartz y sont rares ; on y voit aussi parfois quelques petites lamelles de mica. Sur la hauteur des montagnes composées de ce porphyre, on trouve çà et là, à peu de profondeur dans la terre, des morceaux anguleux souvent volumineux, d’une roche fissile à structure porphyroïde, dont la pâle, quelquelois assez terreuse, est de couleur grise. On y voit disséminé du feldspath laminaire blanc, extrêmement tendre, quoique d'un éclat vitreux , qui le plus souvent se présente comme des fragmens un peu roulés : on y voit aussi des cristaux de quartz et des lamelles hexagonales de mica gris. En pénétrant dansles galeries, qu'on a creusées pourextraire la masse charbonueuse, on reconnait bientôt quatre couches d’Anthracite, dont (1) C’est-à-dire que la masse porphyrique repose sur les tranches des couches de gneiss, Ce mode de gissement peut déja conduire à soupconner que cette roche appar- tient à la formation de transition, car jusqu'ici on n’a jamais observé de tels gissemens dans les roches réellement primitives. 1819 (44) trois sont assez épaisses, et la quatrième, qui est la plus haute, fort mince Ces couches paraissent en général plonger au sud-est, sous l'angle de 20 à 30 degrés; mais elles souffrent quelquelois des déran- gemens, et on les voit en certains points plonger à l’est, tandis que dans d’autres elles plongent au nord-ouest. Dans la partie la plus pro- fonde, on voit sous la masse charbonneuse un porphyre gris, tout-à-fait analogue à celui des montagnes qui forment la partie gauche de la vallée. Par-dessus la couche la plus haute, on voit une masse de roche que l'on pourrait, au premier moment, considérer comme élant le même porphyre altéré (1); mais nous verrons bientôt que c’est au con- traire un premier dépôt d’une matière terreuse, qui devient ensuite successivement plus fine, et forme alors un vrai feldspath compacte, qui sert de base au porphyre. La matière charbonneuse est un Anthracite frès-difficile à brüler, extrêmement brillant, très-dur, qui se divise en feuillets plus ou moins épais, et dont la poussière a éminemment l'odeur de celle du charbon de bois. Au milieu de la masse se trouvent des nids lenticu- laires, minces et plus ou moins étendus, d'une matière siliceuse très- dure, colorée en noir par le charbon, et traversée par des petites veines de chaux carbonatée ferro-manganésifère ; elle peut être regardée comme une variété de kieselschiefer. Ailleurs ces mêmes nids ne présentent qu’une matière terreuse assez tendre, colorée également en noir, et remplie de petits feuillets {rès-minces d’Anthracite. C’est dans ces nids, et surtout à la séparation des pelites couches qu'ils présentent, que j'ai reconnu des portions de charbon de bois qui ont une texture fibreuse, et semblent être des fragmens de végétaux herbacés carbonisés. Quelquefois, mais plus rarement, on y voit des empreintes végétales bien distinctes, analogues à celles que pourraient laisser des roseaux; j'en ai recueilli moi-même d'assez bien caracté- risées, pour ne laisser aucun doute, et j'en ai vu de fort belles dans les collections de Freyberg. La masse principale qui sépare les différentes couches d’Anthracite, est un véritable poudingue parfaitement distinct (s/einkohlenconglo- merat, Werner, poudingue argüloïde, Brongniart), dont la pâte est une argile colorée en noir, par des portions plus où moins fines de matière charbonneuse. Les fragmens , ou plutôt les cailloux roulés, qui s’y trouvent empâtés, sont tous des roches primitives ; ce sont des mica- schistes quartzeux à feuillets ondulés et des quartz micacés : ils sont ———— (1) Telle a été l'idée de Weruer; telle est celle que M. de Bonnard a rapportée dans son Essai géognostique sur l’Erzgebirge (Journal des Mines, 1815, tom. 38, pag- 295), mais en remarquant que la désagrégation arrivait jusqu'au point que la roche semblait devenir un véritable grès des houilleres. (45) le plus souvent de très-pelites dimensions, mais quelquefois leur volume est au moins d’un pied cube, Je n'ai pu remarquer nulle part le moindre fragment de porphyre d'aucune espèce. Auprès des couches de charbon, on trouve des couches de ma- tières roulées beaucoup plus fines, schisteuses, composées d'argile et de sable quartzeux mélangé d’une grande quantité de mica (schieferthon, Werner); elles sont colorées par la matière charbonneuse, qui y est plus ou moins abondante, Au-dessus de la masse d'Anthracite et des poudingues à pâte noire ui la recouvrent, on voit une masse de roche d’un aspect tout-à-fait différent, et qui, comme nous l'avons déja dit, peut être prise, au premier moment, pour un porphyre altéré. Cette masse, qu'il est diffi- cile de bien voir dans les galeries, tant à cause du boisage que parce qu'on est entré latéralement sans la traverser, peut être étudiée dans tous ces détails, dans un puits de recherche qu'on a creusé depuis quelque temps. Cette masse présente dans sa partie inférieure, et au milieu d’une pâte que je décrirai bientôt, des fragmens anguleux de gneiss porphy- roïde, quelquefois d’un grand volume , qui renferme des nœuds de quartz hyalin laiteux, bleuâtre, et des nœuds de feldspath blanc, très- altérés el extrêmement tendre. Ce gneiss est toujours plus ou moins décomposé, mais la décomposition se manifeste dans les différens blocs jusqu'au point qu'on ne pourrait plus reconnaître la nature de la roche, si on n’établissait les passages par des échantillons bien choisis. Quand la décomposition est arrivée à son dernier période, le quartz, le feldspath et le mica, qu'il n'est plus possible de reconnaitre, se mélangent et se confondent en une pâte grise très-tendre, d’un aspect terreux, et qui sert de ciment aux morcaux qui n’ont pas subi ce degré d’altération. En étudiant plus particulièrement cette pâte terreuse, on la voit d’abord remplie de petits fragmens anguleux d’une matière blanchätre, jaunâtre ou verdätre, dont il serait impossible de déterminer immédiatement la nature, mais qui, comparée aux différens degrés d’altéralion du gneiss, parait être évidemment la même roche encore plus décomposée. Ces fragmens altérés diminuent successivement de grosseur dans les diffé- rentes parties de la masse, et finissent par se confondre insensiblement avec la pâte, qui prend à mesure un aspect plus homogène. On arrive ainsi, par une série de nuances, jusqu’à des roches semblables à celles dont j'ai déjà parlé, comme se trouvant en plaques éparses au milieu des terres, et où je croyais déjà reconnaitre des portions roulées de feldspath. Enfin la pâte s’épurant, en quelque sorte, de plus en plus, finit par prendre tous les caractères d’un feldspath compacte de couleur grise; la matière feldspathique même, triturée, ou peut-être même dissoute par les eaux au milieu desquelles se formaient toutes ces | 1819. (46) masses, a cris{allisé de nouveau dans la pâte, et la roche présente alors un véritable porphyre à pate de feldspath compacte gris et à cristaux de feldspath blanc transparent. Tous ces genres d’altérations des fragmens de roches primitives, tous ces passages de la pâte depuis l'état terreux Jusqu'à celui de feldspath compacte et jusqu'aux porphyres, se montrent dans toute leur évidence dans la nombreuse suite d'échantillons que j'ai recueillie moi-même sur les lieux, lorsque je cherchais la solution du problême dont je viens de m'occuper. On ne peut plus douter, d’après les faits que je viens d'établir, que les Anthracites de Schœænfeld , regardés pendant long-temps comme appartenant aux terrains primitifs, ne doivent être dorénavant rangés dans les terrains plus modernes; ils sont accompagnés, comme toutes les masses charbonneuses reconnues jusqu'ici, par de véritables pou- dingues qui ne peuvent être révoqués en doute; ils renferment, en outre, des impressions végétales qui établissent une preuve d’un autre. genre de leur peu d'ancienneté : ils ne peuvent donc, tout au plus, appartenir qu'aux terrains de transition. Mais il y a plus encore, et peut-être sera-t-on même porté à les faire descendre jusque dans la formation secondaire. Ea effet les Anthracites de Schænfeld ne sont point accompagnés de vérilables grauwackes grossières ou schisteuses, comme ceux que nous connaissons dans le terrain de transition. Les roches arénacées qui enveloppent leurs cou- ches, sont au contraire des poudingues à pite argileuse, des argiles sablonneuses schisteuses (steinkohlen conglomerat et schicferthon, Werner ), précisément comme celles que l’on voit dans les terrains houillers, D'un autre côté, le gissement même de cet Anthracite a beaucoup d'analogie avec celui des houilles. On sait qu’en plusieurs endroits (et même en France) la houille est accompagnée de porpbhyre , et que cette roche se montre souvent {ant au dessus qu’au dessous des grès des divers genres, qui forment des masses plus ou moins considérables, au milieu desquelles le combustible est placé. Or, c’est précisément ce qui existe à Schænfeld, si ce n’est que la masse de grès houiller paraît jusqu'ici être. très-peu épaisse, Le porphyre que nous avons décrit a tous les caractères de ceux qu’on trouve dans les houillères, et sans sortir des environs de Freyberg; on ne peut manquer de l’assimiler, à la couleur près, aux porphyres de Tarand, de Mohorn et de Chemnitz (Kemnirz). On voit de part et d’autre les mêmes passages, depuis l’état le plus compacte et le plus homosène, jusqu'à l’état terreux et celui de véritable poudingue. Ainsi tout me paraît conduire à faire ranger la formation d’Anthracite de Schœnfeld parmi les premiers dépôts des terrains secondaires, c’est- à-dire au milieu même de la formation de grès rouge, désigné par les (47) Allemands sous le nom de Rothliegende; maïs, sans me livrer entiè- rement à cette conclusion, qui n’est qu'une opinion particulière que je crois probable, je me bornerai à celte conséquence immédiate des faits que j'ai rapportés, que cette masse charbonneuse n'appartient pas aux terrains primitifs, el qu'elle est, comme toutes les autres, postérieure à la première apparition des végétaux à la surface de la terre. AAA ET ASS Théorie élémentaire de la botanique, ou Exposition des prin- cipes de la classification naturelle et de l'art de décrire et d'étudier les végétaux ; par M. À. P. DE CANDOLLE. Seconde édition, revue et augmentée. Les principaux changemens qu'offre la nouvelle éditiow, et qui perfectionnent beaucoup cet excellent ouvrage, sont : 1°. l'addition d’un article sur les dégénérescences des organes ;, qui n’est qu’un déve- loppement propre à éclaircir et à compléter tout ce qui avait été dit dans l’article précédent sur les avortemens; 2°. l'extension donnée à l'histoire des adhérences ou greffes naturelles des organes, d’où cet article tire un degré d'importance beaucoup plus considérable qu'il n’en avait dans la première édition; 3°. l'addition d'un chapitre contenant des considérations générales sur l’ensemble de la théorie, et la réponse à quelques objections; 4°. quelques rectifications dans le tableau général des familles naturelles; 5°. l'addition dans la glossologie, de l'explication d’un nombre considérable de termes, les uns anciens et qui avaient été négligés dans la première édition, les autres, en quan- tité beaucoup plus grande, introduits dans la science depuis sa publi- cation ; 6°. quelquesdéveloppemens relatifs aux herbiers et aux planches botaniques. H°\C: RAA AS AA AA Description d’un nouveau genre de plantes; par M. H. Cassint. ENDOLEUCA: (Famille des Synanthérées. Tribu des Inulées, Section des Gnaphaliées.) Calathide incouronnée, équaliflore, quinquéflore régulariflore, androgyniflore. Péricline supérieur aux fleurs, cylindracé double : l'extérieur, plus court et persistant, formé de cinq squames unisériées , égales, appliquées, oblongues, coriaces, laineuses en-dehors surmontées d’un appendice inappliqué, lancéolé, scarieux, roux, pro= longé en une arête spinescente, recourbée; le péricline intérieur, plus long et caduc, formé d'environ cinq squames unisériées, égales, ap- pliquées, oblongues, coriaces, glabres, surmontées d’un appendice étalé, lancéolé, pétaloïde, très-blanc. Clinanthe petit, planiuscule, inappendiculé. Ovaires oblongs, glabres; aigrette longue, caduque, 1819. Boraxrquez, Doriniqre £uIMIE, (48) composée de squamellules unisériées, égales, libres, blanches, à partie imférieure filiftorme et barbellulée, à partie supérieure élargie , épaissie et inappendiculée. Corolles à cinq divisions. Anthères pourvues d’ap- pendices basilaires subulés, barbus. Calathides réunies en capitules, à calathiphore petit, inappendiculé; à involucre nul. Endoleuca pulchella, H. Cass. Petit arbuste, ayant le port d’une bruyère. Tige diffuse, divisée en rameaux grêles, cylindriques, laineux, très-garnis de feuilles. Feuilles alternes, irrégulièrement éparses, ses- siles , longues de trois à quatre lignes, étroites, lancéolées, acuminées, spinescentes au sommet, très-enlières , coriaces ; à face supérieure concave, tomenteuse; à face inférieure convexe, un peu laineuse sur les jeunes feuilles, très-glabre sur les feuilles adultes, qui sont con- tournées de manière que la face supérieure devient l’inférieure. Capi- fules solitaires, d'abord terminaux, puis devenant sessiles à l’aisselle des branches, par l'effet du développement ultérieur de la plante. qui se ramifie immédiatemert au-dessous des capitules. Chaque capitule est composé de quatre à sept calathides immédiatement rapprochées et nues. Corolles vérdatres intérieurement, rougeätres supérieurement. J’ai observé celte jolie Synanthérée dans un-herbier de M. de Jussieu, composé de plantes recueillies par Sonnerat dans ses voyages. 11 est infiniment probable que ce naturaliste l’a trouvée au Cap de Bonne- Espérance, Elle constitue un genre assez remarquable, voisin de mon Petalolepis, mais bien distinct de lui, comme de tous les autres genres de ce groupe naturel très-intéressant. RSA AAA AS Extrait d'un Mémoire intitulé : Observations sur la décompo= sition de l'amidon par l'action de l'air et de l'eau, aux températures ordinaires; par M. THÉODORE DE SAUSSURE. DE l’amidon qu'on avait fait bouillir dans l'eau, resta exposé pen- dant deux ans à une température de 200 à 25° sous une cloche de verre. A la fin de ce temps, le tiers environ était converti en ure matièresucrée, qui présentait toutes les propriétés du sucre produit par l'action de l'a- cide sulfurique sur l'amidon. M. Th. de Saussure vit qu'il s'était formé une espèce de gomme, pareille à celle qu'on obtient en grillant lamidon. Il recueillit encore une autre substance, qu'il nomma amidine, laquelle était insoluble dans l’eau et dans les acides, et donnait une couleur bleue avec l'iode, S'il y a de l'air sous la cloche, on a de l’eau ct du gaz acide carbonique en quantité considérable, et il se dépose du charbon; s’il n'y a pas d’air, il ne se forme point d’eau, il se dégage seulement un peu de gaz acide carbonique et de gaz hydrogène, mais “ ne se dépose point de charbon. A AA A (4) Anatomie d'une Larve Apode, trouvée dans l'abdomen d'un Bourdon; par MM. LACHAT et AUDOUIN. 1019. AyaxT ouvert l'abdomen d'un Bourdon femelle (.Apis lapidaria), à Histoire naruREr Le. Foccasion de recherches sur les organes générateurs, MM. L. et A. trou- vèrent au-dessous du vaisseau dorsal, au-dessus de l'estomac et entre celui-ci et l’'aiguillon, une Larve Apode, qu'ils reconnurent appartenir à un Diptère, et, d'après M. Latreille, au Conops rufipes ; déjà elle avait fait le sujet d’un Mémoire, dans lequel M. Bosc la considérait comme le type d’un nouveau genre de la classe des vers intestinaux , sous le nom de Dipodium; mais il la supposa ensuite appartenir à celle des insectes. L’anatomie démontre celle assertion. Cette Larve, formée de onze anneaux, est pourvue d’une bouche que surmontent plusieurs mamelons et qu'accompagnent deux lèvres et deux crochets; on voit de chaque côté, en dessus et en dessous, deux lignes longitudinales, résultant de l'assemblage de plusieurs légers enfoncemens qui se succèdent depuis les premiers anneaux jusqu'à une fente verticale qui constitue l'anus. On remarque, en outre, à la partie postérieure deux plaques cornées faisant les fonctions de stigmates. Son enveloppe est formée de deux membranes, l’une extérieure et l'autre intérieure ; la première s'étend depuis les lèvres jusqu'aux orifices stigmatiques; la seconde se fixe aux mêmes points que l’extérieure, et à un corps oblong situé à la base de l’estomac. 1 Les organes digestifs se composent d’une bouche munie de deux lèvres et de deuxcrochets : les lèvres placées horizontalement entre les crochets, se meuvent de bas en haut et de haut en bas; les crochets situés plus en dehors, et latéralement, ont l'extrémité postérieure unie aux tégumens, au tube digestif et aux dernières divisions des trachées ; une sorte de pivot devient le centre de leurs mouvemens, sans leur permettre toutefois de se mettre en contact l’un avec l’autre. L’œsophage naît de la base des crochets ; situé entre le sommet des trachées et sur le canal salivaire, il descend entre les deux branches de celui-ci, et donne insertion à deux poches sphériques accolées l’une à l’autre. Bientôt après l’estomac commence; il décrit d’abord plusieurs contours, puis aboutit à une petite sphère qui lui adhère postérieure- ment, et qui a présenté quelques débris de vaisseaux; il se rétrécit ensuite, donne naissance à deux troncs principaux, se divisant chacun en deux branches qui montent vers les premiers anneaux du corps; ces deux troncs, dont la nature est bien connue, communiquent dans l'estomac ; ils limitent son étendue et l’origine du colon; ce dernier se redresse sous le nom de rectum, et aboutit à l'anus. Au dessous de l'organe digestif, on observe un autre appareil, formé Livraison d'avril. 7 MinNÉRALOGIE. (50) ar un canal qui semble s'ouvrir dans la bouche, et qui se divise inférieurement en deux branches beaucoup plus grosses, fermées et arrondies à leur extrémité ; ses rapports de connexion et de structure établissent l'analogie de ces vaisseaux avec le canal soyeux de la chenille. Mais l'appareil caractéristique, et qui semble le plus important, parce qu'il se lie plus intimement à la maniere de vivre de cette Larve, est celui de la respiration. Deux éminences situées à la partie supérieure et postérieure du corps, d’une couleur marron-clair, font communiquer l'air dans les trachées ; elles sont corné:s et réniformes; elles paraissent criblées de plusieurs trous qui ont l'aspect de points blancs, et qui résultent eux- mêmes de la réunion d’une infinité de points plus petits et très-brillans ; chacune de ces nombreuses ouvertures n’aboutit pas à autant de tra- chées distinctes, mais à un tronc aérien commun qui remonte sur les côtés, devenant de plus en plus mince à mesure qu’il se ramifie, et se terminant insensiblement à É partie antérieure, après avoir rencontré vis-à-vis les trois premiers anneaux du corps et de chaque côté, trois plaques, indices des stigmates chez l'insecte parfait, et avoir fourni deux gros rameaux à l’origine de l’œsophage. Tel est le résumé des faits principaux observés dans l'anatomie de cette Larve; ils se rattachent à un travail plus étendu et à quelques considérations générales, que l’un des auteurs se propose de faire con- naître un jour. Statuant sur le principe de l'unité de composition, il a entrepris l'analyse de toutes les parties constituant l’insecte à ses différens états, il les a étudiées comparalivement, et il est arrivé, en suivant cette marche philosophique, à des résultats entièrement neufs qu'il publiera bientôt. AAA AS AA AAA AT Analyse de quelques Minéraux ; par J. BERZELIUS. (Extrait.) 1. VWAWELLITE. On a considéré cette pierre comme un hydrate d’alumine, d'après les expériences de M. Davy et de Klaproth; mais comme la proportion entre l’eau et l'alumine, indiquée par le résultat de l’analyse, n’est ni celle dans laquelle on les trouve réunies dans l’hydrate artificiel , ni d’ac- cord avec les rapports admis par les proportions chimiques, M. Berzelius conjectura que la Wawellite pouvait être un sous-fluate, parce que dans l'analyse l'acide fluorique aurait dû se précipiter avec l'alumine. En effet, lorsqu'on chaufle cette pierre dans un morceau de tube de baro- mètre, fermé par un bout, elle laisse dégager une eau acide, qui, évaporée, laisse le verre dépoli. (SGEN M. Berzelius fit digérer la Wawellite en poudre avec de l'acide sul- furique concentré dans une capsule de platine, qu'il avait couverte d’une plaque de verre Le dégagement du gaz acide iluorique élait très- sensible, mais fort peu considérable relativement à la quantité de pierre: employée. L’acide sulfurique décomposa la pierre, et laissa une masse soluble dans l’eau bouillante. La dissolution précipitée par l’ammonia- que, donna de l’alumine; mais cette alumine, jetée sur un filtre et lavée avec de l’eau pure, commenca à s'y dissoudre en petite quantité; et cette solution se troubla en tombant dans le liquide ammoniäcal, qui avait déjà passé. Le liquide déposa par l’évaporation une masse gélatineuse, qui, avec les propriétés de l’alumine, avait celle de se ramollir au feu. M. Berzelius en conclut que l’alumine devait contenir encore un autre acide, mais un acide fixe, tel que l'acide borique ou le phosphorique. Ayant reconnu la présence du dernier, il fit l'analyse de la Wawel- lite de la manière suivante : 2 grammes de Wawellite en poudre ont été mêlés avec un gramme et demi de silice pure et avec six grammes de sous-carbonate de soude sec, et le mélange a été chauffé au rouge dans un creuset de platine. La masse frittée, traitée par l’eau, a donné une dissolution de phos- phate, de fluate et de carbonate de soude, tenant un peu de silice, qui était dissoute par une petite portion de soude rendue caustique par la chaleur. En ajoutant du carbonate d’ammoniaque au liquide, la plus grande partie de la silice a été précipitée. On a évaporé l'excès d’ammoniaque. Le liquide a été filtré et saturé avec de l'acide muria- tique en excès, puis abandonné vingt-quatre heures dans une capsule, pour laisser dégager l'acide le on l’a ensuite saturé d'ammo- niaque, qui a précipité encore quelques traces de silice, que l’on à séparée. Le liquide introduit dans un flacon de verre, a été mêlé d’abord avec de l’ammoniaque caustique, et ensuite avec une solution de mu- riate de chaux, aussi long-temps qu'il s’est formé un précipité; on a lavé le précipité une couple de fois par décantation, et on l’a ensuite jeté sur un filtre, où il a été lavé par des affusions d’eau bouillante. Ce précipité était un mélange de fluate et de sousphosphate de chaux; il pesait 1.5625 gr. 1] a été dissous par de l'acide muriatique; on y a ensuite ajouté de l'acide sulfurique concentré, et on à fait évaporer jusqu'à ce que les vapeurs acides n’eussent plus d'action sur le verre dont la capsule était couverte. La masse refroidie, qui contenait de l'acide sulfurique en excès, a été mêlée avec de l'alcool, qui a laissé du gypse, et qui a dissous de lacide phosphorique et de l'acide sulfu- rique. Le gypse lavé et séché au feu pesait 2.055, équivalant à o.5-8534 de chaux pure. Le liquide acide étendu d'eau fut précipité par du mu- rate de baryte, et ensuite par un mélange de muriate de baryte et 1819. (52) d'ammoniaque caustique. 1] en résulta 2.452 de sousphosphate de baryte, équivalents à 0.668 gr. d'acide phosphorique. D'après la quan- tité de gypse obtenue, les acides fluorique et phosphorique pesaient o.5-7071, par conséquent le poids de l'acide fluorique était de 0.041. La partie insoluble de la masse frittée était un silicate double d'alu- mine et de soude; elle a été traitée par les procédés qu'on suit dans l'analyse des pierres siliceuses, 2 gr. de Wawellite chauffés dans un petit appareil distillatoire, ont donné 0.536 d’eau : la derniere goutte qui resta dans le col de la cornue était très-acide, et contenait de la silice gélatineuse; le résidu chauffé à un feu plus fort, a perdu encore Of03. L'analyse a donné : Alumine ...... ES SAS RE ES AN AN NES Acide phosphorique........... 99-10 Acide fluorique................. 2.06 Chance. SOPME 0 ot. 0.50 Oxides de fer et de manganèse.... 1.25 Faute ioncubiriee 20200 09.36. L'acide phosphorique y est combiné avec deux fois autant d'alumine que dans le phosphate neutre; en retranchant cette quantité, qui, pour 53.4 p. d'acide phosphorique, est 32.2 p., ce qui reste de l'alumine forme un fluate neutre avec l'acide fluorique. La quantité d’eau est telle, que le sousphosphate en contient une quantité dont l’oxigène est égal en quantité à celui de la base; et le fluate en contient une portion dont l’oxigène est six fois celui de la base. Il est difficile de déterminer si ce partage de l’eau est fondé ou non. Si le fluate d'alumine n'en con- tient pas, 1l faut considérer la Wawellite comme la combinaison du phosphate neutre avec le trihydrate d'alumine, ce qui ne parait pas vraisemblable. 2. PLOMB GOMME. Cette pierre a été trouvée en très-petite quantité à Huelgoot. On l'a considérée comme une Wawellite plombifére. Elle a été analysée de la manière suivante : La pierre a été chauffée dans une petite cornue faite à la lampe; l'eau a été reçue dans un petit récipient, qui contenait un morceau de potasse caustique, pour s'emparer de gaz acide sulfureux qui se dégage de la pierre. On aensuite traité la potasse par de l'acide mtro-muriatique, pour convertir l'acide sulfureux en acide sulfurique, et on a précipité ce dernier par du muriate de baryte. La pierre, privée d'eau, a été digérée avec de l'acide muriatique (55) concentré, et le muriate d'alumine a été dissous de l'alcool. Le muriate de plomb insoluble dans l'alcool a été séché et pesé, et on l'a ensuite dissous dans de l’eau, pour voir s’il y avait aussi du phos- pbate de plomb; il était soluble en entier, excepté des traces de silice. L'alumine a été précipitée par de l’ammoniaque; reprise par de la polasse caustique, elle a laissé un peu d’oxide de fer, d’oxide de man- ganèse, et de carbonate de chaux. L'analyse a donné : Oxide;deiplomb st ra, 4014 ATUMIRES NES CRU per He O7:00 À RADIO ANS D PA ER NE RS A a APE e 18.8 Acide sulfureux. ..... ï SNRRE 0.2 Chaux, oxides de fer et de manganèse, 1.8 Sie ar hell center) MAO 0) Ce minéral est donc une combinaison d'alumine avec l'oxide de plomb. On ne saurait douter que c’est l’alumine qui, dans cette com- binaison , joue le rôle d’acide, toutcomme cette terre le fait par rapport à l'oxide de zinc dans le gahnite, et par rapport à la magnésie dans le spinelle. L'oxigène de l’alumine est six fois celui de loxide de plomb, tout comme cela a lieu dans les aluminiates de zinc et de magnésie. L'oxigène de l’eau est un peu moins que six fois celui de l’oxide de plomb, conséquence nécessaire de ce qu’une pelite quantité d'acide sulfureux s’est introduite dans la combinaison, et en a chassé une portion d’eau correspondante. 3. CRAITONITE. Cette pierre, décrite pour la première fois par M. de Bournon, vient du même endroit que l’anatase, et se trouve souvent dans les mêmes échantillons. Ohlla considéra comme contenant de la zircone ; c’est une erreur. La Craitonite est un fer oxidulé litané, qui contient près de la moitié de son poids d’oxide de titane. Elle est entièrement soluble dans de l'acide muriatique concentré, si on les fait digérer ensemble. La petite quantité qu’on a pu soumettre à l'expérience ana- lytique, n’a pas permis d’en faire aucune analyse; il a fallu se contenter de quelques expériences approximatives. Rien n’est, d'ailleurs, plus facile que de s'assurer de la présence du titane dans la Craitonite, par une expérience au chalumeau : faites-en dissoudre un petit fragment dans du phosphate ammoniaco de soude, et traitez le globule dans une flamme pleine et rousse, de manière que les oxides soient réduits au minimum. Le globule, qui est encore coloré, perd de sa couleur pendant le refroidissement, et devient plus pâle; mais au moment où 1919. e (54) il se fige, une autre couleur commence à paraitre, et elle augmente jusqu'à ce que le globule soit entièrement refroidi. Cette couleur est: un rouge sale, mêlé de jaune. Les minéraux qui contiennent du fer avec de l'acide tungstique ou avec de l’oxide de titane, présentent tous ce phénomène, d'une couleur rougeâtre produite par le refroidisse- ment. Pour distinguer si c’est l'acide tungstique ou l’oxide de titane, on ajoute au globule une parcelle d'étain métallique, on chauffe de nouveau quelques momens dans la flamme intérieure; l’étain s’oxide aux dépens de l’oxide dissous, et son oxide se combine avec l’oxidule de fer. L’acide tungstique, à moitié réduit, donne alors une couleur verte, ou, plus rarement, la couleur bleu d'azur qui lui est propre. L’oxide de titane donne le pourpre bleuâtre, qui lui est particulier, ou, si l'expérience n’est pas bien conduite, une couleur rougeatre très-foncée, et ces couleurs n’alteignent à leur maximum que lorsque le globule est parfaitement refroidi. Par ce moyen on découvre la pré- sence de l’oxide de titane, même dans le fer oligiste de l'ile d’Elbe, dans le fer spéculaire volcanique, etc. (1) 4. L'Eucrasr. Cette pierre, qui long-temps a été extrêmement rare, appartient , d’après les expériences de M. Vauquelin, au genre de la glucine. Elle a été frittée dans un creuset de platine, avec quatre fois son poids de souscarbonate de soude. La masse s’est dissoute dans de l'acide muria- tique, en laissant une poudre blanche, qui n'était pas de la pierre non décomposée ; c’était une combinaison de glucive et d’oxide d’étain , que l’on a décomposée en la faisant fondre avec du sursulfate de soude. La masse refroidie s’est dissoute sans résidu dans l’eau : on ena préci- rm (1) La Craitonite , si éminemment distincte de toutes les substances connues par la composition chimique que M. Berzelius vient de reconnaître, ne l’est pas moins par les formes cristallines qu'elle affecte. Ces formes appartiennent à un système cristallin rhomboïde; les cristaux les plus nets qu’elle présente, dérivent d’un rhomboïde très- aigu, dont les angles plans ds faces sont de 18% et 1624, C'est par erreur que, dans la quatrième livraison du Journal des Mines 1818, ces angles sont indiqués comme étant ceux que les faces forment respectivement entre elles : M. le comte de Bournon dit expressément que ce sont les angles plans; ce serait d’ailleurs une absurdité géomé- trique trop évidente, pour qu’elle n'ait pas frappé depuis long-temps tous les cris- tallographes. Eu partant du système cristallin de la Craitonite et de celui de l’Helvine, qui est bien évidemment le Tétraèdre, comme nous l'avons indiqué dans le Bulletin de la Société pour le mois de février dermer, il est impossible de pouvoir en aucune manière comparer ces deux substances; mais, outre celte incompatibilité cristallo- graphique, les caractères chimiques s’y opposent d’une autre manière, car l'Helvine essayée suivant les principes de M. Berzelius, ne donne pas la moindre trace d’oxide de titane, EF, S.'B. pité l’oxide d'étain par le gaz hydrogène sulfuré. Quant à la partie dis- 1819. soute par d'acide muriatique, elle a été analysée de la même manière que les émeraudes. L'analyse a donné : Silicet.emrater 1043.20 5 Alumine......... 50.55 Glicime A NEane 21.78 Oxide de fer..... 2h22 Oxide d'étain.... 0.70. 98.47 Ces quantités se rapprochent sensiblement du rapport d’un atome de glucine, de deux d’alumine, et de trois de silice; dans ce cas l’euclase serait composée d’un atome de silicate de glucine et de deux atomes de silicate d’alumine: et en calculant, d’après cette idée, sa composi- tion en centièmes, serait STE AS Sa APS Alumine........ MST:85 Glucines.##.017 125-8687 100.00. 5. CALAMINE DE LIMBOoURG. Nous devons Ja connaissance de la nature des pierres dites Calamines, à M. Smithson; mais son analyse ne détermine rien sur la quantité d’eau de cristallisation qui se trouve dans l'espèce de Calamine que M. Haüy a appelée oxide de zinc électrique. Une nouvelle analyse a donné : Sibcer cut sis urtias 6 AP242004 Oxideide/zinc.-tt21507.7.00:6306 DAUE 00 000 ETC DER Sen ne 4 72400 Acide carbonique. ....... . 0.450 Oxides de plomb etd'étain, 0.300. 99-940. Si l’on considère l’acide carbonique dans cette pierre comme ayant formé l’hydrocarbonate de zine (c’est-à-dire la même combinaison qui se forme lorsqu'on précipite l’oxide de zinc moyennant un carbonate alkalin ;, les proportions entre l’oxide de zinc, la silice et l’eau, qui restent, est telle, que les deux premiers contiennent une quantité égale d'oxigène, et l’eau en contient la moitié autant, de manière que cette Calamine est composée d’un atome d’eau et de deux atomes de silicate de zinc. (56 ) 6. Ox1DE D'URAXE D AUTUN. On a considéré ceite pierre comme de l'oxide d'Urane pur, mais elle contient l’oxide combiné avec de la chaux et avec beaucoup d’eau. La seule méthode de séparer l’oxide d'Urane d'avec la chaux, qui a réussi, c’est de dissoudre la pierre dans de l'acide muriatique, d’y ajouter de l'alcool, et de précipiter la chaux par un mélange d’acide sulfu- rique et d'alcool. On précipite ensuite l’oxide d'Urane par l'ammo- niaque caustique, on le dissout dans du carbonate d'ammoniaque , et on a pour résidu les substances étrangères. L'analyse a donné : Chant sitio æecs SERGE LB acte 007 OrilediUrane ere RE PER CETTE 72.16 (ME E MES tr Sodoogne 10 5 00 15:70 Oxide (d'étaim: :.-..: ROLE CELLES HO: Silice, oxide de manganèse, magnésie. o.8o Ganguer, MGR, CRETE, SA 48360 98.77. Cette combinaison est donc un uranate de chaux avec eau de com- binaison, dans lequel l’oxide d'Urane contient trois et l’eau six fois l'oxigène de la chaux. L’oxide d’Urane de Cornouailles est la même combinaison, colorée par de l’arséniate de cuivre; mais l’oxide d’Urane jaune pulvérulent, que l’on trouve à Joachimsthal, paraît en différer; 1l semble n'être que de l’oxide d'Urane combiné avec de l’eau, sans au- cune substance alcaline, parce qu’il donne de l’oxigène, et devient vert à une température qui ne décompose point l'oxide d’Autun. 7. PHOSPHATE DE MANGANÈSE DE LIMOGES. Cette pierre a été analysée par M. Vauquelin, qui la trouva un phosphate double de fer et de manganèse. Ensuite M. Darcet fils ayant trouvé que la quantité du fer variait avec la couleur, considéra le fer comme accidentel, et on l’a en conséquence considéré généralement comme du phosphate de manganèse. On a dissous la pierre dans de l'acide muriatique, on a précipité par de l’hydrosulfure d’ammoniaque, et le liquide filtré a ensuite été évaporé jusqu'à en dégager le gaz hydrogène sulfuré. On en a alors précipité l'acide phosphorique par un mélange de muriate de chaux et d’ammoniaque ; les sulfures précipités ont ensuite été grillés, dissous par l'acide muriatique, et séparés par le succinate d’ammoniaque. L'’oxide de manganèse a été traité par de l'acide nitrique faible, qui en a extrait du phosphate de chaux avec un peu d’oxide de manganèse. On en a précipité par de l’acide oxalique un mélange de chaux et de manganèse, qui, décomposé au feu, a ensuite été traité par de l'acide aitrique étendu et froid, qui a dissous du carbonate de chaux avec (579 effervescence. L'analyse a donné : Acide phosphorique...., 32.78 Oxidule de manganèse... 32.60 Oxudule de rer. HOT :70 Phosphate de chaux.... 3.20. Une seconde analyse faite sur un autre morceau, a donné le même rapport entre les deux oxides. Cette circonstance, ajoutée à celle que les oxidules de fer et de manganèse font des sels doubles avec plusieurs autres substances acides, telles que l'acide tungstique, oxide de tan- tale, la silice, paraît donc venir à l’appui de l’idée de M. Vauquelin, que cette pierre doit être considérée comme un sousphosphate double. Le sousphosphate double, composé d’un atome de sousphosphate de fer et d’un de sousphosphate de manganèse, sera composé de Acide phosphorique..... 35.23 Oxiduleide; fer.) :21152:77 Oxidule de manganèse... 34.00. AAA RAR RAS SAS AA D ASS Recherches sur le principe qui assaisonne les fromages ; par M. PROUST. ON savait depuis long-temps que le glutineux était susceptible d’é- prouver une fermentation spontanée à la température ordinaire, et qu’il produisait alors de l'acide carbonique, de l'acide acétique et de l’ämmo- niaque; mais on ignorait, avant la publication du travail de M. Proust, que la même fermentation donnait naissance à deux substances nou- velles, que ce chimiste a appelées acide caséique et oxide caséeux. Fermentation du glutineux. Une livre de glutineux introduite dans une cloche pleine d’eau, et exposée à une température de 10° R., avait donné au bout de trois jours environ 48 pouces cubes de gaz acide carbonique et 38 pouces d'hydrogène pur. Le glutineux, qui avait été comprimé avec une ba- guette de verre, fut tiré de la cloche quelques jours après; il était à l'état d’une pâte grise, filante, acidule, sans mauvaise odeur ; introduit de nouveau dans la cloche, ila donné, en moins de huit jours, 30 pouces d'acide carbonique et 30 d'hydrogène. £ M. Proust pense que ce sont ces gaz qui font lever la pâte de la farine de froment, et non les gaz produits par le sucre de cette farine. 11 admet que le pain frais contient en outre de l'acide acétique et de l'ammoniaque, et une portion d’air atmosphérique, qui a été introduite dans la pâte lorsqu'on l’a battue et malaxée. Le glutineux qui a cessé de produire des gaz, gardé sous quelques Livraison d'avril. 8 1810. Cnimie, C58 ) pouces d’eau dans un bocal recouvert d’une plaque de verre, produit du phosphate, du carbonate, de l’acétate, du caséate d’ammoniaque, de l’acide hydrosulfurique, de la somme, et enfin de l’oxide caséeux ; il arrive un moment où Feau est tellement chargée de ces matières, que la fermentation s'arrête; c’est pourquoi il est nécessaire de jeter la matière sur une toile, de passer de l’eau dessus, et ensuite de la remettre dans le bocal avec de l’eau pure. Les lavages évaporés dégagent de l'acide hydrosulfurique, du carbo- nate et de l’acétate d’ammoniaque : quand ils sont réduits à la consis- tance de sirop, on couvre lamasse d’alcoo!i et on agite : l’oxide caséeux est précipité, on le recueille sur un filtre, on ajoute de lalcool à la liqueur filtrée, on sépare la gomme : on décante la liqueur, on la distille, on ajoute de l’eau au résidu, avec 2 onces environ de carbo- nate de plomb, on fait bouillir; on obtient de l’acétate et du caséate de plomb, en dissolution dans l’eau, et un résidu insoluble, formé de phosphate de plomb et de l'excès de carbonate de plomb; on filtre , on fait passer un courant d'acide hydrosulfurique dans la li- queur pour précipiter le plomb, on fait évaporer à consistance de sirop, l'acide acétique est volatilisé, ‘et l'acide caséique reste. On en recon- naît la pureté quand il ne trouble ni l’eau de chaux, ni les solutions de plomb, d’étain et de platine. Fermentation du caillé du lait. Le caillé du lait donne tous les produits du glutineux par la fermen- tation, avec celte différence seulement, que les gaz sont moins abon- dans, que l’acide GRAINE est un peu moins foncé en couleur que celui du glutineux, enfin que cet acide et l’oxide caséeux sont pro- duits en plus grande quantité que par le glutineux. De l'acide caséique. Il a l'aspect et la consistance d’un sirop de capillaire. Sa saveur est acide, amère et fromageuse. Il se congèle en une masse grenue. Le chlore ne lui fait point éprouver de changement. L’acide nitrique le convertit trè:-promptement en acide oxalique et en acide benzoïque; il se forme ensuite du jaune amer. Il précipite le nitrate d'argent en blanc; le précipité jaunit, puis devient rougeâtre. Le muriate d’or est précipité en jaune. Le sublimé corrosif l’est en blanc, Il est sans action sur les dissolutions de fer, de cobalt, de nickel, de manganèse, de cuivre et de zinc. IE précipite en blanc par la noix de galle. (59) 11 donne à la distillation du carbonate d’ammoniaque, de l'huile , de l'hydrogène huileux, un charbon volumineux. 1l n'y a pas d'odeur prussique développée pendant l'opération. Caséate d’ammoniaque. ILestincristallisable ; sa saveur est salée , piquante , amère fromageuse, mêlée d’un arrière-pout de viande rôlie. Il est acide, Oxide caséeux. On le purifie en le faisant dissoudre dans l’eau bouillante, on filtre, on fait évaporer, l’oxide se dépose par la concentration et le refroidis- sement, on jette le tout sur un filtre, on lave l’oxide qui y reste avec un peu d'eau froide, on le fait sécher. Ca Il est blanc, léger, comme l’agaric des drogueries, insipide; l'eau ne le mouille pas; 1l se dissout dans ce liquide à la température de 60°; cette solution répand une odeur de mie de pain. L'alcohol bouillant n’en dissout qu'une très-petite quantité ; par le refroidissement il dépose de petits grains cristallins. L’éther chaud, les acides, ne le dissolvent pas. La potasse le dissout rapidement. L’acide nitrique le dissout promptement à chaud; il se dégage du gaz nitreux ; il se produit de l’acide oxalique et un peu de jaune amer. Distillé, une partie se sublime sans décomposition, une autre se réduit en une huile concrète, abondante en charbon; il ne se produit que des traces d’eau et d’ammoniaque. Cet oxide peut être distingué à la vue, dans les vieux fromages de Gruyère et de Roquefort. C. ms Nouveaux résultats sur la combinaison de l'oxigéne avec l'eau ; par M. THENARD. JE suis enfin parvenu à saturer l’eau d’oxigène. La quantité qu’elle se trouve en contenir alors, est de 6r7 fois son volume, ou le double de celle qui lui est propre. Dans cet état de saturation, elle possède des propriétés toutes particulières ; les plus remarquables sont les suivantes : Sa densité est de 1,453; aussi lorsqu'on en verse dans de l’eau non oxigénée, la voit-on couler à travers ce liquide comme une sorte de sirop, quoiqu’elle y soit très-soluble. Elle attaque l'épiderme presque tout-à-coup, le blanchit, et produit des picotemens dont la durée varie en raison de la couche de liqueur qu'on a appliquée sur la peau : si cette couche était trop épaisse, ou si elle était renouvelée, la peau elle- même serait attaquée et détruite. Appliquée sur la langue, elle la 1,04 9; Caimie. Acad. des Sciences. 19 mars 1819. MarSEMATIQUES. (60 ) blanchit aussi, épaissit la salive, et produit sur le goût une sensation difficile à exprimer, mais qui se rapproche de celle de l'émétique. Son action sur l'oxide d'argent est des plus violentes : en effet, chaque goutte de liquide que l'on fait tomber sur l’oxide d’argent sec, produit une véritable explosion, et il se développe tant de chaleur, que, dans l'obscurité, il y a en même temps désagement de lumière très-sensible. Outre l’oxide d'argent il y a beaucoup d'autres oxides qui agissent avec violence sur l’eau oxigénée : tels sont le péroxide de manganèse, celui de cobalt, les oxides de plomb, de platine, de palladium, d’or, d'iri- dium, etc., etc. Nombre de métaux très-divisés donnent lieu au même phénomène. Je citerai seulement l'argent, le platine, l'or, l'osmium, l'iridium , le rhodium et le palladium. Dans tous les cas précédens, c’est toujours l’oxigène ajouté à l’eau qui se dégage, et quelquefois aussi celui de l'oxide ; mais, dans d’autres, une partie d’oxigène se combine au métal même, C’est ce que nous présentent l’arsenic, le molybdène, le tungstène, le sélénium. Les métaux s’acidifient, souvent même avec production de lumière. J'ai eu de nouveau l’occasion de reconnaître bien évidemment que les acides rendent l’eau oxigénée plus stable. L'or très-divisé agit avec une grande force sur l’eau oxigénée pure; et cependant il est sans action sur celle qui contient un peu d'acide sulfurique. RS A A A AS Note sur le Festium. Nous avons annoncé, dans la Livraison de novembre 18:18, la dé- couverte, par M. Vest, d'un nouveau métal, auquel M. Gilbert avait donné le nom de Vestium. M. Faraday ayant examiné cette substance, a trouvé qu’elle était formée de nickel, de soutre, de fer et d’arsenic. M. Wollaston est arrivé à la même conclusion; il la regarde comme principalement formée de sulfure de nickel, mêlé d’un peu de fer, de cobalt et d’arsenic. DES Sur le mouvement d’un système de corps, en supposant les masses variables ; par M. Poissox. En combinant le principe de d’Alembert avec celui des vitesses virtuelles, on parvient à une équation qui renferme la solution de tous les problèmes de dynamique, de même que le second de ces deux principes contient la solution de toutes les questions de statique. Cette équation ; que l'on doit à Lagrange, est aussi générale qu'il est possible, sous le rapport de la liaison mutuelle des corps du système, et rela- tivement aux forces qui leur sont appliquées; mais on peut la rendre encore plus générale, en considérant les masses de ces corps comme (61) variables suivant des lois quelconques. Pour cela, soit #7 la masse d’un de ces corps au bout du temps z; désignons par x, y, z ses trois coor- données, et par X, Y, Z les forces accélératrices qui le sollicitent, suivant leurs directions. Supposons que l’accroissement dm de sa masse pendant l'instant d/, soit composé de plusieurs parties qui viennent s'ajouter à la masse 77, avec des vitesses différentes; et, pour fixer les idées , imaginons qu'il existe, par exemple , deux de ces parties, en sorte qu’on ait dm =udt + u'dt; petx' étant des quantités qui dépendent de 7 d’une manière quelconque, et qui peuvent être positives ou négatives. Par rapport à la partie wdt, soient p, g, r les composantes de la vitesse suivant les coordonnées æ, y, 2, immédiatement avant l'instant où elle se joint à la masse "”; et, par rapport à l’autre partie #’dt, soient p’, q', r' les quantités analogues. Au bout du temps z, la quantité de mouvement de la masse m1 suivant l'axe des x, est 2 3 si ce corps devenait libre, cette quan- tité augmenterait pendant l'instant dt, de mX dt + pudt + p'u'dr, en ayant égard à la fois à l'accroissement de la masse et à l’action de Ê : () la force X; mais, par le fait, elle augmente de 4 (a Te); la quan- tité de mouvement perdue par ce corps, suivant l’axe des x, est donc ME? d mXdi + pudt +p'u di— d (me x suivant l'axe des y, elle est ENT, dy mY dt + qudt + g'u'dt — à (m TE), et suivant l'axe des z, mldt + radt + r'w dt — d CE : Or, d'après le principe de d'Alembert, il doit y avoir équilibre dans le système entre les quantités de mouvement perdues à chaque instant pe tous les corps qui le composent ; en appliquant donc à ces forces e principe des vitesses virtuelles, et faisant usage des notations usitées, on aura 2] (mxd + padt + p'h'dt— d (m 2) ) dx + (mxas + qudt + q'u'dt — dm er) )25 + (mzat+ ru dt + r'u'dt — d (rm FD IPCICCT 1810. PuxsiQue. (62) la caractéristique Æ indique une somme qui s'étend à fous les corps du système, et dx, d'y, d'z sont des variations de x, y, z, qui doi- vent satisfaire, dans chaque problème particulier, aux diverses condi- tions auxquelles les corps sont assujéttis. Si l’on fait w—0, w'=0, et qu'on regarde »7 comme Constante, cette équation coincide avec la formule générale de la mécanique analytique. Un métaphysicien allemand, M. de Buquoi, a publié en français, il y a environ quatre ans, un opuscule intitulé : Exposition d’un nouveait principe général de dynamique. 1| m'a paru que ce nouveau principe n'est autre chose que celui de Lagrange, étendu, comme on vient de le faire, au cas des masses variables; mais je dois avouer que je n'ai pu rien comprendre au genre de raisonnement qui a conduit l’auteur à ce résultat, et par lequel il prétend en donner la démonstration, in- dépendamment d'aucun autre principe de mécanique. P. ESS LS Observations sur l'origine des étamines, dans les fleurs monopétales ; par M. H. Cassini. Ox sait que, dans presque toutes les fleurs à corolle monopétale, les étamines naissent ou semblent naître sur la corolle même. Plusieurs botanistes pensent que, dans la réalité, elles tirent leur origine de la partie qui porte la corolle, et que les deux organes sont greffés ensemble iuférieurement. Les autres, considérant cette explication comme une hypothèse gratuite, veulent que l'origine des étamines soit au point où elles commencent à se montrer comme un organe distinct. Mes obser- valions sur les Synanthérées m'ont fourni des argumens qui me semblent convaincans en faveur de la première opinion. Dans le Cen'aurea collina, j'ai trouvé presque toujours les filets des étamines parfaitement libres jusqu’à la base, et n’adhérant nullement au tube de la corolle; mais dans une fleur de cette plante, deux des cinq filets élaient greffés à la corolle depuis la base, jusqu’au sommet du tube, les trois autres filets demeurant libres. Ces anomalies n’ont rien d'étonnant, si l’on admet que l’étamine naît de l'ovaire : mais si l'on veut qu’elle ne prenne naissance qu'au point où elle se sépare de la corolle, il faudra supposer, ce qui est bien invraisemblable, que le Centaurea collina offre une insertion absolument différente de celle qui a lieu dans les autres Synanthérées; bien plus, il faudra admettre. deux insertions diverses réunies dans la fleur dont j'ai parlé; et re-* marquez qu’en ce cas, les deux étamines insérées au sommet du tube de la corolle devraient porter leurs anthères plus haut que les trois étamines insérées sur l'ovaire; or, les cinq anthires se trouvent abso- Jument à la même bauteur. (65) Dans l’Znula helenium, dans l'Eupatorium altissimum, et dans plu- sieurs autres Synanthérées, les filets des étamines font saillie mamfes- tement sur la surface intérieure du tube de la corolle, et on les en détache facilement sans endommager ce tube. Les nervures du tube subsistent après l'évulsion des filets, et se prolongent d’ailleurs dans le limbe de la corolle au-dessus des points où les filets commencent à être libres. Donc l'existence des filets est indépendante de celle des nervures sur lesquelles ils sont greffés. Dans les Synanthérées où les filets des étamines ne sont greffés qu'à. la partie inférieure seulement du tube de la corolle, on remarque que la substance de celte partie inférieure est beaucoup plus épaisse que celle de la partie supérieure. On observe fréquemment, dans ces mêmes Synanthérées, que les cinq filets d’étamines d’une même fleur se séparent du tube de la corolle, les uns plus haut, les autres plus bas; ce qui n'empêche pas que les cinq anthères ne soient au même niveau. Remar- quez que cette différence entre les cinq étanines d’une même fleur est accidentelle et variable dans la même espèce, dans le même individu. AAA A A A A AA Nova Genera et Species plantarum, quas in peregrinatione ad plagam œquinoctialem orbis novi, collegerunt, descripserunt , et partim adumbraverunt, AM. BONPLAND et À. DE HUMBOLDT. Ex schedis autographis A: Bonplandi in ordinem divessit CaroL. SicisM. KuNTH. Tous quartus. Luteti@æ Parisiorum. 1616. (Mense septembré 1817 typis describi Cæœpius , abso- lutus eodem mense 1818. Ce quatrième volume; entièrement consacré à la famille des Synan- thérées, n’est pas encore publié, mais il est imprimé dans le format in-folio ; le premier exemplaire a été présenté et déposé à l'Académie des sciences, le 26 octobre 1818, et un autre exemplaire a été com- muniqué par M. Kunth au rédacteur de cet article, le 1‘ décembre de a même année. M. Kunth divise d’abord la famille des Synanthérées en six sections principales, qu’il nomme Chicoracées, Carduacées, Eupatorées, Ja- cobées, Hélianthées, Anthémidées; puis il subdivise sa section des Carduacées en six sections secondaires, sous les noms de Oroséridées, Barnadésicées, Carduacées vraies, Echinopsidées, Vernoniacées, Astérées. : M. Kunth n'assigne aucun caractère quelconque à aucune de ses sec- tions principales ou secondaires ; mais il se contente de donner à chaque section un nom indiquant l’uu des genres qu’elle comprend. Voici la liste exacte des cent seize genres, tant anciens que nouveaux, qu'il a décrits et classés suivant sa méthode. | (64) Section I. Chicoracées (page 1). Hypochœæris, Apargia, Hieracium. Section IT. Carduacées (page 4). 1. Onoséridées (page 4). Leria, Chaptalia, Onoseris, Isotypus, Homanthis, Mutisia. 2. Barnadésiées. (page 15). Barnadesia, Dasyphyllum, Chuquiraga, Gochnatia, Triptilium. 3. Carduacées vraies (page 17). Cnicus, Calcitrapa. 4. Echinopsidées (page 19). Lagascea, Elephantopus, Rolandra, Trichospira, Spiracantha. 5. Vernoniacées (page 25). Pacourina, Ampherephis, Vernonia, Turpinia, Odontoloma, Dia- lesta, Pollalesta, Baecharis, Conyza, Gnaphalium, Elychrysum. 6. Astérées ( page 69). Erigeron, Aster, Diplostephium, Andromachia, Solidago, Grindelia, Xanthocoma. Section IT. Eupatorées (page 82). Kuhnia, Eupatorium, Mikania, Stevia, Ageratum, Cœlestina, ÆAlomia, Piqueria. Section IV. Jacobées (page 120). Perdicium, Dumerilia, Kleinia, Cacalia, Culcitium, Senecio, Ci- neraria, Werneria, Tagetes, Bœbhera. Section V. Hélianthées (page 156). Melananthera, Platypteris, Verbesina, Encelia, Spilanthes, He- liopsis, Diomedea, Wedelia, Gymnolomia, Helianthus, Viguiera, Ximenesia, Coreopsis, Bidens, Cosmos, Georgina, Rudbeckia, Sy- nedrella, Heterospermum, Guardiola, Tragoceros, Zinnia, Balbisia , Galinsogea, Piilostephium, Wiborgia, Achyropappus , Parthenium, Hymenopappus , Schkuhria, Pectis, Eclipta, $Selloa, Eriocoma , Meyera, Centrospermum, Melampodium, Xanthium, Ambrosia, Iva, Jægeriu, Unxia, Espeletia, Polymnia, Siegesbeckia, Milleria, Fla- veria, Monactis, Eaillieria, Cacosmia, Allocarpus, Calea, Leon- tophtalmum, Actunea, Helenium. Section VI. Anthémidées (page 235). Chrysanthemum, Pyrethrum, Hippia, Soliva. Les genres présentés comme nouveaux par M. Kunth, sous les noms de Pollulesta, Ampherephis, Diplostephiun et Werneria, avaient été antérieurement établis et publiés par M. Henri Cassini, sous les noms de Oliganthes, Centratherum , Diplopappus et Euryops, dans les Bul- letins de la Société Philomatique de janvier 1817, de février 1817, de septembre 18:17, et de septembre 1818. H'C: ANNE AIO SAN NN AN C65) Notice sur le dépôt salifere de Villieska; en Gallicie, par F. S. BEUDANT. ON 2 donné depuis long-temps diverses notices sur le dépôt salifère qui fait le sujet des exploitations de Villiczka. Les superbes travaux exécutés dans ces mines ont souvent excité l'enthousiasme des voya- geurs, et donné lieu à des descriptions pompeuses dans lesquelles l'amour du merveilleux a mêlé une foule d'indications extraordinaires et tout-à-fait inexactes. Nous ne nous proposons ni de réfuter sérieu- sement ces erreurs de limagination, qui es ne peuvent plus aujourd'hui tromper personne, ni de donner une description détaillée de tout ce qui est capable de fixer l'attention dans ces immenses sou- terrains. N'ayant pour but que de faire connaître quelques observa- tions géologiques, nous nous bornerons à donner ici un léger aperçu sur ce qui concerne l'exploitation, et sur ce qu’il y a de plus remar- quable dans la mine. Tous les travaux sont exécutés à Villiczka sur une grande échelle, avec uve parfaite régularité et même avec luxe. De belles galeries, larges et élevées, établissent une circulation facile entre tous les tra- vaux d’un même étage; de superbes escaliers taillés dans la masse saline, eu construits solidement en charpente au milieu des diverses excavations, communiquent depuis la surface du sol jusqu'aux travaux les plus profonds. Indépendamment de ces beaux ouvrages, qui sont essentiels à l’ex- ploitation même, et qui contrastent déja d’une manière frappante avec ceux des mines en général, on a ajouté en quelques points des déco- rations particulières : ici c’est une salle spacieuse agréablement ornée, construite au milieu d’une des cavités qui résultent de l'exploitation des amas de sel; là c’est une chapelle, dont les colonnes, les statues, etc., sont taillées dans le sel même; ailleurs ce sont des terrasses, au bord des excavations , des portes figurant l’entrée d'un château fort, un obélisque rappelant la visite de l'empereur François, toutes construites régulièrement en pierre de sel. Dans d’autres points, ce sont des ins- criptions qui rappellent la présence des souverains; des radeaux ornés, sur lesquels ils ont parcouru les amas d’eau ou lacs de Ja mine; des peintures sacrées, dédiées par la vénération des ouvriers aux patrons des travaux ; enfin on rencontre à chaque pas des traces des magnifiques illuminations qui ont eu lieu, à diverses époques, au milicu de ces profondeurs. Tels sont en général les faits réels qui ont été embellis par mille fictions poétiques, et auxquels on a ajouté des rêveries de tous les genres. Mais, quoiqu’un trop grand nombre d'ouvrages aient présenté à la Livraison de mai. Q eee: | 1819. Giozoers. Société Philomatiq. (66 ) curiosité des lecteurs des faits exagérés et des indications fausses sur l’ensemble de ces grandes excavations souterraines, néanmoins plusieurs voyageurs nous ont donné des idées assez exactes de la nature et de la disposition intérieure de ce grand dépôt salifere : on les trouve con- signées dans différens ouvrages français et étrangers ; nous les rappor- terons d’abord brièvement ici, et nous y ajouterons les observations que nous avons pu faire, ainsi que les conséquences géologiques auxquelles nous avons été conduits. Ce dépôt est une immense masse d’argile (que les ouvriers nomment haldà), au milieu de laquelle se trouvent non pas des couches de sel (ni des débris de couches, comme quelques auteurs l'ont prétendu), mais des amas extrêmement volumineux auxquels on a donné différens noms, d’après leurs positions respectives et le degré de pureté que pré- sente le sel. Après avoir traversé une couche de sables grossiers et mouvants di composent le sol de la plaine, on trouve presque aussitôt dans l'argile des amas considérables, irréguliers, isolés les uns des autres, d’un sel extrêmement mélangé de parties argileuses et sablon- neuses. Ces amas sont l’objet des travaux du premier étage de la mine, et leur ensemble constitue ce qu’on nomme ha première masse de sel, ou le sel vert (grünsalz). Au second étage, des amas disposés de la même manière dans la masse d'argile, présentent un sel plus pur, qu’on nomme spiza, dont on exploite une immense quantité pour lexporta- tion à l'étranger. Enfin, un sel plus pur encore, ordinairement très- flamelleux , qu'on nomme szbik, forme d’autres amas, qui sont exploités par un troisième élage de travaux : c’est à travers ces dernières masses qu'on est parvenu, suivant les officiers des mines, à la profondeur de 170 toises, mesure de Vienne, qui correspondent à environ 312 mètres. Ces différens amas de sel, ainsi que la masse d'argile salifère qui les renferme, sont d’une grande solidité. Chacun des amas que lon at- laque est exploité presqu’en totalité, et il en résulte d'immenses exca- vations dont les parois se soutiennent d’elles-mêmes (1). C’est la soli- dité de ces masses, jointe à la facilité avec laquelle on peut les entamer, qui a permis de tailler au milieu d’elles ces beaux escaliers, ces larges galeries, et toutes les décorations d'architecture dont nous avons parlé. La sécheresse que l’on remarque généralement dans ces mines, m'a pas échappé à l’attention des naturalistes; mais le même phénomène se présente dans toutes les mines de sel, et il contraste souvent, d’une manière frappante, avec l’extrême humidité des portions de oalerie qui traversent un terrain d’une autre nature avant d'arriver au dépôt salifére. AR PR RON MICSE FER FRE SORTE (1) On n’exploite dans les parties inférieures que les amas dont la position , rela- ci / : É AFÈ , PT. uivement aux galeries et aux €xCavations supérieures, est telle, qu'une nouvelle cavité ne puisse nuire à la solidité du reste. (67) On a aussi indiqué, mais d’une manière assez vague, les débris organiques qui se trouvent dans ces mines. M. Schulters (1) dit qu'il n’est pas rare de trouver des coquilles marines, des ammonites, par exemple, au milieu même des bancs de sel; que l'argile qui recouvre le sel renferme de la houille et des pétrifications. Townson dit qu’on lui a donné de petites coquilles bivalves, qui se trouvent dans l'argile salifère qui enveloppe la masse de sel nommé spiza (2). Enfin on a cité des dents d’éléphant, des ossemens de quadrupèdes; mais, à cet égard, j'observerai qu’on a confondu les dépôts d’attérissements qui se trouvent dans la plaine avec le véritable dépôt salifère. Sous les rapports géologiques, la seule conclusion que l’on puisse tirer des différents ouvrages parvenus à ma connaissance , même les plus récents (3), est que le dépôt salifere de Villiezka se trouve au pied d’une grande chaîne de montagnes composée de grès et d'argile, qui s'étend jusque dans la Buchovine et dans les plaines de la Hongrie; que toutes les masses de sel, comme aussi toutes les sources salées soit de la Gallicie soit de la Hongrie, se trouvent exactement dans la même position : mais je ne connais rien dans ces ouvrages qui puisse conduire à déterminer avec quelque probabilité l'ancienneté relative de ce dépôt, et établir positivement les différences ou les ressemblances qu’il peut avoir avec les autres dépôts connus. Il est vrai que la position du dépôt salifère de Villiczka, au pied septentrional des Karpathes et au bord des immenses plaines de la Pologne, est en général peu favo- rable à des recherches qui puissent déterminer ses relations avec d’autres terrains; tout le sol des environs ne présente que des terrains d’alluvion, et ce n’est qu’à une assez grande distance qu’on peut recon- paître les roches qui avoisinent ordinairement les masses de sel : il faut dès lors combiner diverses observations pour parvenir à déterminer les limites géologiques entre lesquelles ce dépôt se trouve circonscrit. D’après mes observations barométriques, Villiczka se trouve à en- viron 260 mètres au-dessus du niveau de la mer; or, comme d’après l'indication des mineurs, le point le plus profond des travaux se trouve à environ 312 mètres au-dessous du sol, il en résulte qu’on est descendu dans ces mines à environ 30 mètres au-dessous du niveau actuel de l'Océan. Auprès de la ville, commencent des montagnes qui s'élèvent successivement à mesure qu'on s’avance vers le sud. Toutes ces mon- tagnes sont composées de grès, à l'exception de quelques points isolés où l’on trouve du calcaire alpin, qui, dans la partie la plus rapprochée (x) Journal des Mines, tome 23, page 82. (2) Voyage en Hongrie, traduction française, tome 3, page 49. (3) Schindeler. Bemerkungen über die Karpatischen Gebirge, — Vienne, 1815, 1819 (68) des plaines, ne se montre qu’à la hauteur d'environ 860 mètres (660 mètres au-dessus de la ville); mais 1l disparaît subitement sous les grès qui s'élèvent vers ces mêmes points à environ 800 mètres. Ainsi la masse salifère qui se trouve, d’une part, fort loin du calcaire alpin, dans le voisinage duquel sont ordinairement les dépôts de même genre, se trouve, de l’autre, à une grande profondeur au-dessous des parties sail- lantes de cette roche, et au bord d’une plaine extrêmement étendue. Cette première observation paraît peu favorable à l’idée d’un dépôt subordonné au calcaire alpin. Cette immense formation de grès se trouve à Villiczka, immédia- tement sur la masse salifére; mais partout ailleurs elle repose immé- diatement sur le calcaire alpin. En effet, les montagnes calcaires qui se trouvent sur les bords de la Vistule, paraissent s’enfoncer profon- dément sous les sables qui recouvrent la plaine, et sous les grès qui descendent des Karpathes. Dans la chaîne de montagnes qui forme la limite paturelle entre la Hongrie et la Gallicie, le même calcaire est encore visiblement recouvert par les mêmes grès, et en quelques points on reconnaît la superposition immédiate. La conclusion à laquelle conduisent naturellement ces faits, est que le dépôt salifère se trouve placé entre le calcaire alpin et cette formation de grès, dont il s’agit maintenant de déterminer le degré d'ancienneté. Je n'ai rien vu autour de Villiczka qui puisse fournir quelques données à cet égard; mais heureusement on poursuit cette masse de grès, sans discontinuité, à travers la montagne, depuis les plaines de la Pologne jusque dans les plaiues de la Hongrie; là on le voit, d’une part, reposer sur un calcaire oolithique rempli de pétrifications particulières , et qui paraît appartenir à la formation de calcaire du Jura; d’une autre part, ce grès est re- couvert par un calcaire coquillier postérieur au Jura, et analogue au calcaire parisien. D'après cela, il me semble que cette grande forma- tion de grès est très-probablement la même que celle à laquelle on a donvé en Thuringe le nom de grès bigarré, ou grès argileux (bundter sandstein, Werner, thoniger sandstein, Freiesleben), dont elle a en effet aussi {ous les autres caractères. Lorsqu'on vient à étudier la nature même du dépôt salifère de Villiczka, on y observe des circonstances qui semblent lui donner un caractère particulier. En effet, dans tous les dépôts de sel que nous connaissons, on n’a jamais {rouvé aucun veslige de corps organisé ; à Villiczka, au contraire, les débris organiques sont abondants : ce sont des bois épars au milieu du sel, et des coquilles marines qui se trouvent dans l'argile salifère. Les bois sont extrêmement abondants dans la masse dé-sel: nommée spiza, dontil est presque impossible de casser un morceau qui en soit absolument privé. Les uns sont passés à l’état de jayet, el on y reconnait ( 69 ) difficilement le tissu organique; les autres sont simplement à l’état bi- tumineux, et conservent tout leur tissu. 11 y a des troncs et des frag- ments extrêmement gros, comme aussi des branches très-minces. On m'a assuré qu'on trouvait quelquefois des feuilles cordiformes un peu allongées. J'ai vu chez le directeur un fruit de forme sphérique assez bien conservé, et de la grosseur d’une noix, plissé à l'extrémité saillante sur l'échantillon. Ce fossile m'a paru être d’une nature li- neuse (comme l'enveloppe des noix, que les botanistes désignent sous e nom d’enveloppe osseuse), et passé à l’état bitumineux; mais je ne saurais dire à quél genre de plante 1l appartient. Ce qui m'a le plus frappé dans ces bois bitumineux, est l'odeur extrêmement forte et nauséabonde qu'ils répandent, et qui est très- analogue à l’odeur de truffe exaltée au dernier point. Cette odeur de- vient insupportable dans une .chambre où se trouvent rassemblés quelques échantillons frais; mais dans la mine elle est modifiée par quelques circonstances, peut-être par l’acide muriatique, qui la ren- dent moins forte et moins désagréable ; on ne saurait pas même la reconnaître dans les travaux, où l’on trouve plutôt une odeur fade, analogue à celle qu'on observe dans les endroits renfermés et mal- propres. Mais ce qui est surtout ici extrêmement remarquable, c’est que cette odeur est précisément celle que répandent, pendant leur putréfaction, une grande quantité d'animaux mous, comme les aplysies, les holo- turies, quelques espèces de méduses, etc. J'ai eu souvent occasion d'observer ce phénomène sur les côtes où ces animaux sont journel- lement jetés par la vague; il a eu lieu constamment dans le cours de diverses expériences que J'ai faites sur les mollusques et d’autres ani- maux mous, et dont j'ai consigné ailleurs les résultats, L’alcoo! dans lequel on conserve ces animaux prend aussi la même odeur d'une manière très-forte, surtout lorsque les bocaux sont mal bouchés. Ce rapprochement me parait d'autant plus digne d'attention, que je ne connais aucune putréfaction végélale qui produise une odeur sem- blable, et je suis porté à croire que celle que développent les masses de sel de Villiezka peut être due, comme sur nos côtes, à la décom- position des matières animales, peut-être même à celle de quelques animaux du genre de ceux que je viens de citer. Les coquilles se trouvent particulièrement dans les argiles salifères, et je n’en ai pas observé dans la masse de sel. Les plus grosses sont des coquilles bivalves, de quatre à cinq lignes de diamètre. Lorsque je les ai recueillies, elles n'ont paru appartenis au genre Telline:; -mais elles sont tombées en poussière, el n'ont liissé que leur empreinte, de sorte que je ne puis aujourd'hui vérifier ce rapprochement. Outre: ces coquilles bivalves, la masse argileuse est remplie de coquilles (70) univalves microscopiques, chambrées, fort analogues à celles qu'on trouve en si grande abondance dans les sables fins de nos mers, dans quelques dépôts marins assez modernes , comme aux environs de Paris, et qui font partie des genres Rofalite, Renulite, Discorbite, etc. ; j'avais même cru y reconnaitre des Mi/liolites, mais je ne puis les retrouver sur les échantillons que j'ai rapportés. Si je n'ai pu trouver moi-même des débris d'animaux dans la masse de sel pur, il existe à Paris, dans le cabinet du Roï, un morceau de sel de Villiczka (de la variété que les mineurs nomment sel vert, grünsalz), qui renferme un fragment bien distinct de madrépore ; c'est un corps pierreux de forme conique, dont la surface est lisse, et dont l'intérieur est formé de lamelles isolées qui rayonnent du centre à la circonférence. Peut-être ce corps peut-il être regardé comme une espèce du genre Turbinolite, mais tout au moins paraît-il appartenir à un des genres voisins de celui-ci. (1) Le gypse m'a paru beaucoup moins abondant dans les mines de sel de Villiczka que dans celles que j'ai visitées dans d’autres contrées ; il n’y forme pas de bancs ou de nids aussi considérables, mais on y rencontre, comme on sait, du gypse anhydre lamelleux très-com- pacte, de couleur bleuâtre ou grisätre, qui est connu depuis long-temps sous le nom de prerre de Trippes ; il est en rognons peu considérables, ou en veines étendues, extrêmement contournées. On prétend qu'il y a des masses de gypse anhidre saccaroïde dans le fond des travaux, mais je ai pu les voir, quoique je les aie cherchées. 11 y a aussi du gypse . fibreux, mais également peu abondant à Villiczka; on le trouve en plus grande quantité à Bochnia, surtout dans les masses d'argile qui forment des collines au-dessus de la ville. L'argile salifère me parait présenter à Villiczka toutes les variétés que lon connaît ailleurs dans les mines de sel, mais dans quelques points elle est plus sablonneuse et très-micacée; c’est plus particuliè- rement alors qu’elle renferme de petites coquilles microscopiques. Les faits principaux que je viens d'établir placent, comme on le voit, le dépôt salifère de Villiczka entre le calcaire alpin et une formation de grès, que je crois être la même que le grès bigarré ou grès argileux de la Thuringe ; mais la présence du gypse anhydre, quoique moins abondant ici que dans les salines du Tyrol ou du Salzburg, la nature de l'argile salifère qu'on y observe, annoncent une grande analogie entre ce dépôt et ceux que nous connaissons ailleurs, et semblent lier plus intimement sa formation au calcaire alpin qu’à celle du grès qui le recouvre. On sait en effet qu’on ne trouve pas ordinairement du (1) De Born a cité aussi un fossile semblable, dans les mines de sel de Gmünden, sn Autriche. Voyez Born’s Bricfe , page 184. (ao gypse anhydre dans le grès bigarré, et que si on y observe souvent des argiles, elles diffèrent essentiellement de Pargile salifère par tous leurs caractères. Mais quelle que soit l’analogie qu’on remarque entre la nature du dépôt salifère de Villiczka, et ceux du Tyrol ou du Salzburg, nous me pouvons pourtant croire qu'il soit subordonné au calcaire alpin. Ea position de ce dépôt au bord d’une immense plaine , fort loin des mon!agnes de calcaire alpin, et à 6oo mètres au-dessous de celle qui en est la plus rapprochée, semble plutôt conduire à admettre un dépôt dans un golfe et dans les anses que les montagnes laissaient entre elles. Telle est non-seulement l’idée qu’on peut concevoir relativement au dépôt salilère de Villiczka, mais encore à l'égard de tous ceux qui se trouvent en différents endroits entre la Pologne et la Transilvanie; tous sont également au pied des montagnes, au bord des plaines, et toujours assez loin du calcaire alpin. D'un autre côté les coquilles bivalves que nous avons rappelées, et dont le genre nous paraît plus nouveau que ceux qu’on trouve dans le calcaire alpin, ces petites coquilles microscopiques chambrées que nous ne connaissons eucore que dans des dépôts assez modernes, enfin celte grande quantité de bois dont la seconde masse de sel est pénétrée, donnent au dépôt salifére de Villiczka un caractère fort remarquable. En résumant nos observations, nous pensons que ce dépôt repose sur le calcaire alpin, sans lui être subordonné; qu’il est recouvert par une formation de grès, trés-probabiement semblable à celle qu'on a nommée grès argileux ou grès bigarré; mais sa nature, à l'exception des débris organiques qui lui donnent toujours un caractère (rès-re- marquable, le rapprochant et même l'identifiant en quelque sorte avec les dépôts salifères du Salzburg, nous serions conduits à désirer que ceux-c1 fussent examinés de nouveau, pour savoir s'ils ne reposeraient pas aussi sur le calcaire alpin, sans lui être subordonnés, comme ceux de Hall, en Tyrol. Nows avons trop peu séjourné dans le Salzburg, pour pouvoir rien dire à cet égard; mais l'ingénieur des travaux , M. Schenk, dontles connaissances en géologie sont fort étendues, ne croit pas que ce dépôt soit subordonné au calcaire, mais simplement adossé. Ce qu'il y a de certain, c’est qu'à peine on quitte le calcaire dans cette contrée, qu'on trouve une formation de grès fort analogue à celle des Karpathes, et que c’est vers la limite des deux formalions qu'on rencontre les mines:de sel, — Voyez, à l'appui de cette opi- mon, l'ouvrage de M. Héron de Villefosse sur la richesse minérale, & l'article des mines de sel du Salzburg. RS RSS AS AAA AA 1819. Extrait d’une Lettre da 11 février 1819. HHSTOIRE NATURELLE, C72) Existence simultanée de Mollusques marins et fluviatiles dans le golfe de Livonie. IL résulte des expériences faites il y a quelques années par M. Beudant, que les mollusques marins peuvent être habitués à vivre dans les eaux douces, comme aussi les mollusques fluviatiles à vivre dans les eaux salées ; mais on n’avait pas encore observé positivement dans la nature, la réunion de ces deux sortes d’animaux dans les mêmes eaux. Une lettre de M. Freminville, lieutenant de vaisseau, adressée à l'un des membres de la Société Philomatique , annonce aujourd’hui le fait suivant : « La faiblesse de la salure des eaux de la mer Baltique est encore plus sensible dans le golfe de Livonie que partout ailleurs ; elle est telle, que les mollusques d’eau douce y vivent très-bien, et que j'ai trouvé sur les rivages, des unio, des cyclades, des anodontes, vivant pêle-mêle avec des cardium , des tellines, des vénus, coquilles qui habitent ordinairement les eaux les plus salées. » VV Er Tr E-1S:B- A Sur la Patella distorta, de Montagu ; par M. H. DE BLAINVILLE. C’EsT une chose véritablement étonnante, et en même temps jusqu’à un certain point déplorable, que l’espèce d’incurie avec laquelle la plupart des livres généraux d'histoire naturelle sont compilés ; chaque auteur s'isole, pour ainsi dire, au milieu des auteurs de sa patrie, et encore souvent en en rejetant un certain nombre, qu'il déclare po- sitivement ne pas connaître ; aussi, ne profitant pas de ce que les autres ont pu ajouter à la science, plusieurs ouvrages, quoique publiés récemment, restent plus ou moins reculés pour un certain nombre de parties. C’est ce que l’on trouve d’une manière évidente, surtout chez la plupart des zoologistes anglais. Ces réflexions ont été naturellement suggérées à M. de Blainville, en examinant une petite coquille bivalve, qu'il a eu tout nouvellement l'occasion d'acheter, dans la belle collec- tion de M. Valenciennes. Elle avait été rapportée, par son neveu, de Londres, comme la Patella distorta de Montagu, le conchyliologiste anglais et avec raison; elle était étiquetée comme extrêmement rare ou unique, comme devant former un nouveau genre et même une nou- velle famille. Alléché par cette annonce un peu fastueuse, M. de Blainville l’a achetée, même assez cher, croyant vraiment avoir trouvé quelque chose de nouveau ; mais, hélas ! lorsqu'il a pu l'observer à son aise, il a bientôt reconnu que ce n’était ni une famille, ni un genre, ni même une espèce nouvelle, en un mot, que c'était la Patella ano- (78) inala de Muller, dont on a fait dans l’école française le genre Orbicule, quoiqu'’ileüt été établi avant par Poli ,sous la dénomination de Criopus, Cripoderma. Malgré cela, M. de Blainville est néanmoins satisfait d’avoir pu étudier à son aise ceile coquille, parce qu'il a pu donner les caractères du genre qu’elle forme, et ensuite parce que son examen la conduit à des considérations plus importantes sur le passage des mollusques conchylifères univalves aux mollusques conchylifères bi- valves. Il traitera, dans un Mémoire subséquent, de ce passage. Cette Notice n’a pour but que de donner les caractères du genre Criope, ou Orbicule, établi par M. de Lamarck. Les meilleurs auteurs le définis- sent une coquille composée de deux valves, dont lune plane, infé- rieure, imperforée, adhérente, et l’autre patelliforme, avec le sommet incliné sur le bord. Le fait est que presque rien n'est vrai dans cette définition : en effet, la valve inférieure, qui prend souvent la forme du corps sur lequel elle s'applique, est effectivement assez mince, mais quelquefois elle est bombée en-dessous et concave en-dessus ; elle a une fente ou ouverture étroite, longitudinale, située aux deux tiers environ de la longueur totale par où passe le muscle de l'animal qui l’attache aux rochers, en sorte qu'on ne peut pas dire que celle coquille soit réellement adhérente, comme dans les huitres, par exemple, et l’on voit en effet en dehors un espace arrondi, corres- pondant à l'épanouissement de ce muscle. A l’intérieur, on trouve au bord antérieur de la fente, une petite lame ou apophyse saillante, comprimée; et enfin, à l'endroit correspondant au bord postérieur de l’espace circonscrit extérieurement , on remarque de chaque côté une petite fossette d’arliculation ou de charnière ; du reste, il n’y a aucune trace de ligament proprement dit, et le bord de la valve est partout égale- ment tranchant. La valve supérieure est également plus où moins diffé- rente, suivant ce qu'est l'inférieure; elle est sensiblement plus épaisse, et ressemble un peu à une patelle irrégulière, où à un cabochon qui serait très-petit : on voit cependant, à l'endroit du bord vers lequel se trouve le sommet, une sorte d’échancrure qui indique que ce sera dans cet endroit que le ligament s’établira dans les genres de véritables bivalves. À la face intérieure, qui est assez peu concave, on trouve deux petites tubérosités transverses, correspondantes aux deux cavilés de la valve inférieure, et l’extérieure offre, outre un sommet évident, très- surbaissé, mais non incliné , peu symétrique, des stries d'accroissement, qui indiquent que la valve est composée de couches à peu près comme les cabochons , et de petits sillons irradiés du sommet à la circon- férence. D’après cela, voici comme M. de Blainville propose de caractériser ce genre. Coquille subostracée, assez irrégulière, adhérente aux corps sous- Livraison de mar. 10 CÉBSIET CELA TRIER pense ee 1810: Cie. L (74) marins, au moyen d'une sorte de pédicule musculaire fort court, et composée de deux valves placées l’une sur l’autre, et à peine articulées. La supérieure patelliforme, très-déprimée, à bords irréguliers, à sommet verlical et bien distinct, quoique très-surbaissé, symétrique quoique plus rapproché du bord postérieur, offrant à l'intérieur deu tuber- cules ovales, transversaux, peu saillans, disposés symétriquement de chaque côté de l'axe de la valve, et à la partie postérieure d’une large impression viscérale qui en occupe la partie la plus profonde ; l'inférieure de forme encore plus variable, et dépendante de celle du corps sur lequel elle est appliquée, mais généralement plus plane, plus mince, sans sommet, et ayant extérieurement, et au-dessous à sa place, une sorte de large dépression, indice de l’adhérence musculaire, traversée par une fente longitudinale communiquant à l’intérieur au milieu de l’impression viscérale interne; en arrière deux petites fos- settes transverses peu profondes, pour les dents de la supérieure, et en avant de la fente une apophyse verticale très-comprimée et lon- gitudinale. ae Note sur l'acide produit par l'action de l'acide nitrique, le chlore, et l'iode sur l'acide urique ; par M. VAUQUELIN. Depuis plus de huit mois M. Vauquelin se livre, pendant tous les momens qu'il a de loisir, à des recherches sur l’action de l'acide nitrique, du chlore et de l’iode sur lacide urique , annoncée par M. Brugnatelh, et revue par M. Prout. $ Nous ne donnerons pas ici communication de toutes les expériences que l’auteur a faites à ce sujet, nous nous bornerons à en exposer les principaux résultats. L M. Vauquelin n'a rien pu tirer d'utile des Mémoires de MM. Bru- gnatelli et Prout, parce que, 1°. l’un ne donne point le procédé qu'il a suivi pour préparer ce qu'il appelle acide purpurique, et que ce que l'autre en dit, lui a paru inintelligible; 2°. parce que ces chimistes sont en contradiction dans un grand nombre de points, sur les pro- priétés de l'acide qu'ils ont découvert. M. Vauquelin a vu que l'acide urique peut éprouver les mêmes chan- gemens, et donner les mêmes produits, soit qu’on le fraite par l'acide nitrique, le ehlore ou l'iode; mais ces produits peuvent changer de nature, suivant que l’on pousse plus où moins loin l'action de ces agens. ; Si cette action est ménagée, il se forme une grande quantité d'une malière colorante, particulière, et peu d'acide. Si elle est poussée plus loin, sans cependant passer certaines limites, l'on obtient peu de (75) matière colorante, et une plus grande partie d'acide; enfin, si cette action est prolongée pendant long-temps, ces deux substances dispa- raissent, et l’on n'obtient que de l'acide oxalique et de l'ammoniaque. Ainsi, en variant les doses de ces corps, et la manière de les faire agir sur le calcul, on peut obtenir à volonté divers produits, et dans des proportions très-variées. Les meilleures proportions à employer pour obtenir la matière co- lorante, consistent dans 100 parties d'acide nitrique à 34°, mêlées à 100 parties d’eau et dans 50 parties d’acide urique pulvérisé; il faut exposer les corps à une chaleur douce. La dissolution qui en résulte est d’une belle couleur rouge écarlate, En ajoutant à cette dissolution de nouvelles quantités d’acide nitrique, et en faisant bouillir, la cou- leur rouge disparaît, et une teinte jaune lui succède. Si dans la première dissolution on met du lait de chaux très-divisé , la chaux se dissout d’abord; mais quand le point de saturation ap- proche, une matière de couleur rouge, cristalline et brillante, se dépose. Le même lait de chaux, mis dans la seconde dissolution, c’est-àa- dire celle où on a mis de l'acide nitrique, produit une matière blanche ou légèrement jaunâtre, mais également cristalline et brillante. Cette dernière matière est la combinaison de la chaux avec l'acide nouveau, formé par l’action de l'acide nitrique sur l'acide urique. La première est une combinaison semblable, à laquelle s’est jointe une certaine quantité de matière colorante, également formée aux dépens de l'acide urique. Après avoir purifié ce sel par des cristallisations répétées, M. Vau- quelin le décompose par une quantité suffisante d’acide oxalique, et il obtient l’acide à l’état de pureté. Cet acide est blanc, fusible, d’une saveur acide très-prononcée, soluble en grande quantité dans l’eau et dans l'alcohol, saturant peu de base, fournissant, par sa décomposition au feu, de l’hydrocyanate et du carbonate d'ammoniaque , de l'huile empyreumatique et du charbon. 11 précipite en blanc l’acétate de plomb, le muriate d’étain et le nitrate de mercure, mais il ne précipite point le nitrate d'argent ; ses combinaisons salines même ne le précipitent pas. Dissous dans l'a- cide nitrique, et évaporé à siccité, il ne prend point de couleur rouge, La combinaison de l'acide du calcul avec la chaux ne précipitant pas la dissolution d'argent, et cette même combinaison réunie à la matière colorante précipitant ce sel d'argent en un beau pourpre, M. Vauquelin a profité de cette propriété pour séparer la matière colorante de l’acide. En conséquence il a mêlé à la dissolution colorée du nitrate d’ar- gent, jusqu’à ce qu'il ne se soit plus formé de précipité ; ce précipité était du plus beau pourpre. La liqueur étant éclaircie et sans couleur, a été décantée ; elle (76) contenait l'acide dont nous avons parlé; en y ajoutant un peu d’eau de chaux pour neutraliser l'excès d'acide nitrique, l'acide nouveau se précipitait en combinaison avec l'argent ; le dépôt a été lavé à plusieurs reprises, délayé dans une petite quantité d'eau, puis décomposé par la quantité nécessaire d'acide hydrochlorique. Le chlorure d'argent séparé, M. Vauquelin a obtenu une liqueur d’un beau rouge, dans laquelle il n'y avait ni argent ni acide bydro- chlorique. Voici quelles sont les propriétés de cette matière colorée : elle n’est ni acide, nialcaline; les acides la détruisent et la rendent jaune ; rien ne peut la rétablir. Si on n’y mêle qu'une petile quantité d'acide, celle couleur passe à l’écarlate avant de disparaître. Les alcalis, les oxides de plomb, d'argent et de cuivre la font tourner au violet, mais ne la détruisent pas. La chaux n’agit pas aussi fortement sur sa nuance ; sa combinaison avec cette substance conserve sa couleur rouge; elle s'attache aux oxides métalliques, aux sels neutres, aux substances végétales et animales, mais elle ne résiste pas long-temps à l'action de l'air et du soleil, qui la font passer au jaune. 11 suit de ce qui précède, qu'il se forme par l’action de l'acide nitrique, du chlore et de l’iode sur l'acide urique, un acide particulier qui est sans couleur, el une matière colorante azolée, qui n’est point acide, mais dont les propriétés ont cependant plus d’analogie avec les corps de cette classe qu'avec les alcalis. C’est cette matière colorante qui, mêlée avec l'acide particulier du calcul, a fait croire à MM. Brugnatelli et Prout, que cet acide était coloré par lui-même, et qui a engagé Fun à lui donner le nom d'acide Érytrique, et l’autre à le désigner par celui d'acide Purpurique, noms. ui, comme on voit, ne lui conviennent pas. . ! M. Vauquelin a fait un grand nombre d'expériences sur cet acide, et sur ses combinaisons avec différens corps dont il a étudié les pro- priétés; il a de même soumis la matière colorante à beaucoup d’épreu- ves, dont quelques-unes lui ont donné des résuliats curieux. 11 a examiné avec soin le mode suivant lequel lacide nitrique, le chlore et l’iode agissent sur Facide urique, et les diverses matières qui en résultent suivant les circonstances. Ce qui lui a demandé le plus de temps, c’est la recherche d’un procédé simple et exact pour isoler l'acide de la matière colorante. Il publiera incessamment ses expériences avec tout le détail qu’elles exigent, pour que les résultats en puissent être facilement compris. Il faudra chercher des noms pour ces deux matières; en attendant, Fanteur propose de donner provisoirement à l'acide, le nom d'acide Urique suroxigéné, et à la malière colorante celui d’Erytrine. C: RAA RS SAS ESS SAS (979 Note sur un tube de sûreté qui paraît promettre de prévenir les dangers que présente l'emploi du chalumeau de Brooke ; par DM. BERZELIUS. "M. Berzeuus a fail faire par M. Picci, successeur de Dumoutier, un tube de sûreté pour le chalumeau de Brooke, qui lui a paru par- faitement atteindre au but qu'il s'était proposé. C’est un tube en cuivre jaune, dont le diamètre intérieur n’a pas tout-à-fait les trois quarts d’un pouce, et qui a deux pouces de longueur. On a introduit dans ce tube de petites plaques rondes, d’une toile métallique très-fine, d’un dii- mètre égal au sien, et on les a mises les unes sur les autres jusqu'à ce que le tube en fût rempli. En plaçant ce tube entre le réservoir du gaz comprimé et le bout du chalumeau, la flamme du Jet allume pe pourra point reculer, parce qu'elle rencontrera dans le tube une suite de toiles métalliques, et le tissu métallique dans l’un des bouts sera incandescent, avant que l’autre soit encore chaud. M. Barruel aîné ayant témoigné à M. Berzelius le désir d'essayer ce tube, l'expérience a été faite de la manière suivante, On a atlaché le tube par un bout à une vessie remplie de deux mesures de caz hydrogène et d’une de gaz oxigène; on a ensuite, dans un appareil convenable, chargé la vessie du poids de plusieurs livres, on a ouvert le robinet, et on à enflammé le gaz à l'extrémité du tube où l’ouver- ture est d’un tiers de pouce de diamètre. Le gaz a brûlé avec une grande violente, et l'intérieur du tube a paru incandescent ; cependant la flamme ne s’est point propagée dans la vessie, une partie du gaz y restait encore après la cessation de la flamme, à cause de l'inégalité des surfaces entre lesquelles la vessie était comprimée. Le tube était si chaud, qu’on pouvait à peine le prendre entre les mains; la première couche du tissu métallique avait été fondue au milieu , et percée d’un trou rond d’une ligne de diamètre, mais la seconde couche était intacte. Dans le chalumeau de Brooke, le tube de sûreté ne pourra jamais être exposé à des circonstances aussi favorables au rebroussement de la flamme qu'il y était dans l'appareil précédent, et il remplira d'autant mieux son objet, que le tube mince, qui conduit le gaz vers le bout ouvert, vient en plein contact avec le tissu métallique, de manière u'il ne se forme point entre eux de petite cavité, dans laquelle la nine rétrograde pourrait continuer à brüler. Ce tube de sûreté, à raison de la grande quantité de toile métallique qui entre dans sa construction, élant un peu cher, M. Berzelus en a fait faire un autre, de la manière suivante : Un tube de Cinq pouces de longueur et d'un tiers de pouce de diamètre à été rempli de fils minces de cuivre rouge, pressés l’un contre l’autre, formant ainsi un grand nombre de tubes presque capillaires, environnés d'une Cuimrs, BoTAxIQUE. Acad. des Sciences. 19 avril 1819, (781) grande masse d'un métal qui est très-bon conducteur de la chaleur. JL paraissait probable que ce tube remplirait le but proposé d’une manière encore plus sûre que le précédent; mais il a présenté une dificulté de construction que lon n'avait point prévue, c’est que les fils de cuivre devant être coupés par le bout pour rendre la surface unie, le pelit changement de forme du bout de chaque fil a bouché leurs interstices et les a rendus imperméables. A Extrait d'un Mémoire de M. TURPIN, sur les Graminées. ae M. Turpix a présenté à l’Académie des sciences un Mémoire sur l’inflorescence des Graminées et des Cypérées, comparée avec celle des autres végélaux sexifères, suivi de quelques observations sur les Disques ou Phycostêmes. Parmi un grand nombre d'observations importantes et neuves que renferme ce Mémoire, nous avons particulièrement remarqué les suivantes, que nous allons énoncer très-brièvement. La fleur est solitaire et axillaire. Cette loi, que l’auteur présente comme générale, sert de base à tout son système sur l’inflorescence. Il établit d’une manière incontestable que les fleurs des Graminées, comme celles des Cypérées, sont nues, ou dépourvues de calice et de corolle, et seulement accompagnées de feuilles rudimentaires ou florales; et il démontre également que l'inflorescence de ces plantes ne diffère point de celle des plantes dicotylédones. Les feuilles, et les bourgeons qui naissent dans leur aisselle, sont ou alternes distiques, ou alternes en spirale, ou opposés. L'écaille, ou feuille rudimentaire , la plus extérieure du bourgeon, est tantôt interposée entre le bourgeon qui la porte et la tige de la plante, tantôt située latéralement, tantôt enfin adossée au pétuole de la feuille dans l'aisselle de laquelle est né le bourgeon. ; Ces deux propositions générales sont présentées par M. Turpin, comme le préliminaire de l'histoire de la végétation des Graminées, qu'il trace depuis la germination jusqu’à la floraison. Les feuilles des Graminées sont alternes distiques; elles portent des bourgeons dans leurs aisselles, ce qui n’a presque jamais lieu chez les Cypérées, d’où l’auteur conclut qu'il est de la nature des Graminées d'être rameuses. Dans toutes les Graminées, l’écaille la plus extérieure du bourgeon tourne le dos à l’axe qui a donné naissance à celui qui la porte; et la foliole dans l’aisselle de laquelle naît la fleur, présente absolument la même disposition. L’inflorescence des Graminées offre des feuilles réduites à l’état de bractées, et beaucoup plus rapprochées que sur la tige, mais disposées de même. Ces feuilles florales sont de deux sortes. Les premières, (79 ) auxquelles M. Turpin conserve le nom de bractées, sont tout-à-fait comparables aux feuilles des Palmiers, dans l'aisselle desquelles nait le rameau pourvu d’une spathe; elles sont situées au-dessous des au- tres, elles tournent le dos en dehors, et sont munies d’une nervure médiane. Les secondes, que l’auteur nomme spathelles, à cause de leur analogie avec les spathes des Palmiers, terminent toujours un rameau très-court né dans l’aisselle d’une bractée ; elles sont bicarénées, dépourvues de nervure médiane, et ont les bords rentrans et embras- Sans. Comme les spathes des Palmiers, les spathelles des Graminées regardent la feuille ou la bractée dans l’aisselle de laquelle le court rameau qui les porte est né; elles s’adossent comme elles à l'axe du rameau et de la tige; et, comme elles, closes dans l’origine, elles se fendent pour laisser épanouir la fleur nue, solitaire et axtilaire qu'elles contienvent. M. Turpin ajoute que la bractée et la spathelle n’appar- tiennent jamais au même axe ou au même degré de végétation. Il s'ensuit que l’épi simple n'existe point dans les Graminées, Au contraire, ce mode d’inflorescence est presque général chez les Cypé- rées, qui n’ont que des bractées et point de spathelles. Cette diflé- rence entre les deux familles est en harmonie avec les caractères res- pectifs de leur végétation, simple chez les Cypérées, rameuse chez les Graminées. La fleur des Graminées se compose de trois parties, le pistil, les étamines et le phycostême. Dans le Bambusa gadua, qui parait offrir la fleur la plus complete, le phycostême est formé de trois écailles qui entourent les étamines, et dont l’une, plus faible, est située entre le pistil et la spathelle; les étamines, au nombre de six, sont situées entre le pistil et le phycostême, de manière que trois étamines alternent avec les écailles, et que les trois autres, plus courtes, leur sont opposées; enfin, le pistil consiste en un ovaire surmonté d’un style terminé par trois stiymates, Dans la plupart des Graminées, les trois étamines qui seraient op- posées aux écailles du phycostême, sont nulles; les trois stigmates sont réduits à deux, et l’écaille située entre l'ovaire et la spathelle est entièrement avortée. M. Turpin assimile au phycostême des Graminées, non-seulement les soies de quelques Cypérées, l’utricule des fleurs femelles des Carex, el les poils des Æriophorum, mais encore les disques ou nectaires de tous les autres vépélaux. Suivant lui, la fleur la plus complète se compose de deux systèmes d'organes : le pistil, ou la partie femelle, constitue le premier système le second système est formé du phycostème, des étamines, de la co- rolle et du calice. Ces quatre organes, dont quelques-uns peuvent disparaître, sont tous susceptibles, dit l’auteur, de porter des anthères. Le) 2 OMS F ( 80 ) Il considère done le phycostème comme une partie dépendante et imparlaite du système male des végétaux, comme un organe tout-à-- lait analogue aux étamines, ou représentant des élamines imparfaites ; et c'est pourquoi il a fabriqué le nom de phycostême, pour le subs- liluer à ceux de disque et de nectaire. Le phycostême occupe le plus souvent le rang le plus intérieur ; d'autres fois il vient se placer sur le même rang que les étamines; en d'autres cas, il se place derrière elles ; rarement il recule jusque derrière la corolle. Dans tous les cas, il accompagne les étamines et la corolle, et il a toujours la même insertion qu’elles. Ses divisions sont opposées à celles de la coroile, et alternes avec celles du calice, aussi bien qu'avec les étamines. L °C. ss ARR AAA AS Description d’un nouveau genre de plantes; par M. H. Cassini. Fauyasra. (Famille des Synanthérées; tribu des Sénécionées. ) Cala- thide incouronnée ,équaliflore, multiflore , régulariflore, androgvniflore. Péricline inférieur aux fleurs, subcylindracé, formé de dix à douze squames unisériées, égales, conligués, appliquées, linéaires - oblon- gues, aiguës au sommet, striées longitudinalement, coriaces, entre- sreffées inférieurement, libres supérieurement. Clinanthe planiuscule, inappendiculé. Ovaires grêles, cylindriques, striés, glabres; aigrette composée de quatre squamellules longues, égales, filiformes, barbel- lulées , flexueuses. Les corolles ont le tube dilaté à sa base. Les élamines avortent dans les fleurs extérieures. Faujasia pinifolia, H. Cass. Arbuste glabre. Tige rameuse, cylin- drique, couverte d'écailles sèches , imbriquées, qui sont les bases per- sistantes des feuilles tombées. Rameaux rapprochés en faisceaux, dressés, simples, grêles, longs d'environ cinq pouces, tout couverts de feuilles d’un bout à l’autre. Feuilles très-rapprochées, dressées, souvent arquées, longues de huit lignes, larges d’un tiers de ligne, linéaires, aiguës et presque spinescentes au sommet, très-entières, épaisses, coriaces, roides, lisses, planes sur la face interne, convexes sur la face externe, munies d’une nervure qui, au lieu de former une saillie sur la face externe, y produit au contraire un sillon enfoncé. Calathides nombreuses, formant à l'extrémité de chaque branche un corymbe régulier, dont les dernières ramifications pédonculiformes sont garnies, jusqu'a la base des calathides, de bractées subulées. Fleurs jaunes, J'ai observé cette plante dans un herbier des Iles de France et de Bourbon, reçu au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, en janvier 1819. Elle constitue un genre voisin de l’Eriorrix et de l’'Hubertia, mais qui me paraît suflisamment distinct par l’aigrette. AA AS AA AA AA (8) Mémoire sur un nouvel alcali végétal [la Strychnine), trouvé dans la five Saint-lonace, la noix romique, etc. ; par MM. PELLETIER et CAVENTOU. (Extrait.) LA manière active et analogue dont les Strychos agissent sur lé- conomie animale, devait nécessairement faire conjecturer que leur propriété résidait dans un seul et même principe, qui avait Jusqu'ici échappé à l'attention des chimistes. C’est pour confirmer cette hypo- thèse que le travail dont nous rendons compte a été entrepris. MM. Pelletier et Caventou ont été assez heureux pour isoler le prin- cipe dont ils n'avaient fait d’abord que soupconner l'existence , et ils ont vu qu'il joignait à la propriété de cristalliser, celle très-remar- quable de saturer les acides et de former des sels régulièrement cris- tallisables, Voici, en peu de mots, comment MM. Pelletier et Caventou parvinrent à leur découverte: ils s'étaient aperçus qu’en traitant la féve Saint-Jgnace, qui d'abord avait fixé leur attention, par l'éther sulfu- rique, on obtenait par l'évaporation de celui-ci une matière grasse, jouissant de la faculté de faire périr les animaux dans les attaques du té- tanos; et que cette même semence, épuisée par l’éther, donnait, par suite de son traitement par l'alcool, une matière extraclive jaune et très- amère, jouissant également de la propriété tétanique. Présumant que dans un végétal quelconque une même propriété ne pouvait résider dans deux substances aussi différentes, et crovant d’ailleurs avoir ob- tenu la matière grasse à l'état de pureté, ils firent tous leurs efforts our séparer celle-ci, qu'ils pensaient exister encore en quantité no- table à l’état de combinaison dans la matière jaune. C’est dans le cours de ces expériences, dont le résultat confirma leur opinion fondamen- tale, que MM. Pelletier et Caventou trouvèrent que la matière extrac- tive élait un sel à base d’un nouvel alcali végétal, altéré par de la gomme et un peu de matière grasse, et que celle-ci, que l'éther leur avait d'abord procurée, devait elle-même ses propriétés à une petite quantité du même sel que l’éther bouillant avait enlevée, C’est cet alcali que les auteurs appelèrent Szrychnine; ils répétèrent les mêmes expériences sur la noix vomique, et le bois de couleuvre, et ils par- vinrent aux mêmes résultats. Nous allons faire connaïtre les princi- pales propriétés de cet alcali. De la Strychnine, et de son mode d'extraction. Cette base s'obtient très-facilement; il suffit de traiter la matière extractive jaune-amère obtenue par l'alcool, avec de la magnésie et un peu d’eau. L’acide, qui d’abord saturait la Strychnine, s’unit à la Livraison de juin. IT 1019. Caine, ( 82 ) maonésie, et la nouvelle base, en raison de son peu de solubilité, se précipite, et reste mélangée dans la magnésie en exc°s. Après une ébullition de dix à quinze minutes, on jette le tout sur un filtre, on lave le précipité qui y reste avec un peu d’eau froide, afin d’en- lever le plus de malière colorante possible, et lorsque les eaux de lavage passent presque incolores, on traite alors par de l'alcool bouil- lant, qui ne dissout que la Strychnine. Les différentes dissolutions al- cooliques donnent l'alcali très-pur et cristallisé, par leur concentration. Le mode d'extraction de la Strychnine, de la noix vomique, diffère un peu du précédent, en raison de la grande quantité de matière grasse dont la Strychnine est altérée lorsqu'on l’obtient par le procédé décrit plus haut. IL faut, avant de traiter la matière extractive jaune de la noix vomique par la magnésie, la traiter d’abord par du sous- acétate de plomb, qui sépare la gomme en partie, ainsi que la matière grasse, et de la matière colorante. Le plomb en excès dans la liqueur étant ensuite séparé par le gaz hydrosulfurique, il ne suffit plus que de rapprocher la liqueur, et se comporter alors à son égard comme on le fait directement avec la matière extractive jaune de la fève Saint-Ignace. A l’ésard du Bois de couleuvre, il faut suivre le même procédé que pour la noix vomique. La Strychnine ainsi obtenue, jouit des propriétés suivantes : Elle se présente sous forme de cristaux microscopiques, qui sont des prismes à quatre pans, terminés par des pyramides à quatre faces un peu sur- baissées; elle n’a point d’odeur, mais sa saveur est d'une amertume insupportable, et laisse un arrière-goùt qu'on peut comparer à celui que procurent certains sels métalliques ; elle n'éprouve aucune action à l'air; elle n’est point fusible ni volatile; chauffée à feu nu, elle donne tous les produits des malières végétales non azotées. L'expérience répétée avec le deutoxide de cuivre a donné les mêmes résultats. Malgré sa saveur si prononcée, la Strychnine est cependant très-peu soluble dans l’eau: 100 grammes d’eau, à la température de 10°, n’en dissolvent que 0,015; elle demande donc 6667 parties d'eau pour se dissoudre a cette température ; l’eau bouillante en dissout un peu plus du double. 1l est à remarquer qu’une solution de Strychnine faite à froid, et qui n’en contient par conséquent que == de son poids, peut être étendue de 100 fois son volume d’eau, et conserver encore une saveur très- marquée. 4 J La propriété la plus remarquable de la Strychnine est de s’unir aux acides et de former dessels. Nousallons décrire les principaux d’entre eux. Des sels de Strychnine. Du sulfate. L'acide sulfurique s’unit très-bien à la Strychnine, et il résulte de cette union un sel neutre soluble plus à chaud qu’à froid, ci ( 85) et qui n’exige guère qne dix parlies d’eau pour se dissoudre à la fem- pérature ordinaire. Si ce sel est bien neutre, il cristallise en cubes transparens ; s’il est avec excès d'acide, il donne des aiguilles très- déliées. Ce sel jouit, ainsi que tous ceux de Strychnine, d’une excessive amertume ; ils sont décomposés par toutes les bases salifiables solubles, qui en précipitent la Strychnine. Le sulfate de Strychnine n’éprouve aucune altération à l'air; il perd 3 pour 100 lorsqu'on le dessèche ; il est formé de : base, 90,500, et acide, 9,5. De l'Hydrochlorate. Ce sel est plus soluble que le précédent, et cristallise en aiguilles ou en prismes très-déliés, qui se groupent entre eux sous forme de mamelons. Ces prismes, regardés à la loupe, pa- raissent être quadrangulaires ; ils deviennent opaques par leur exposi- tion à l'air, et laissent dégager leur acide hydrochlorique lorsqu'on les chauffe au point de décomposer la base. Du Phosphate. L’acide phosphorique forme avec la Strychnine un sel parfaitement cristallisable, mais qui n’est jamais neutre ; lorsqu'on le prépare directement, il faut avoir recours à une double décompo- sition, Ce phosphate cristallise en prismes quadrangulaires très-prononcés. Du Nürate. Lorsque l’on met de l'acide nitrique très-étendu d’eau en contact avec de la Strychnine, celle-ci est dissoute, et, par une évaporation ménagée, on obtient un nitrate en belles aiguilles nacrées d'un blanc éclatant : ce sel est très-soluble dans l’eau, beaucoup plus à chaud qu'à froid, cristallise très-ficilement, et se prend en masse lorsque, dans une dissolution aqueuse peu éloignée de son point de saturation , on ajoute un pelit excès d'acide nitrique. Lorsqu’au lieu d'acide nitrique très-faible on se sert du même acide concentré, et qu'on le met en contact avec la Strychnine , aussitôt celle-ci prend une couleur rouge de sang, qui passe au jaune-verditre lorsque l’action de acide est prolongée, et enfin finit par disparaitre. Cette succession de couleurs paraît suivre inversement la marche des anneaux colorés du troisième ordre. L’acide nitrique concentré fait prendre les mêmes couleurs aux sels de Strychnine. Si, lorsque la Strychnine est ainsi rougie par l'acide nitrique con- centré, on met dans la liqueur des corps désoxigénans, comme le proto- hydrochlorate d'étain , l'acide sulfureux, l’acide hydro-sulfurique, etc. ; aussitôt la couleur rouge disparait, et la Strychnine a repris la faculté de rougir encore par le même moyen. On peut répéter cette expé- rience plusieurs fois, jusqu'a ce que la Strychnine soit passée à l'état jaune, parce qu'alors les moyens désoxigénans ne suffisent plus, la couleur jaune reste permanente , et on ne peut plus réobtenir la Strychnine à son premier état. Les auteurs rapportent un grand nombre d'expériences qu'ils ont (84) faites, pour s’éclairer au sujet de ces phénomènes intéressans; ils ont vu que la Strychnine amenée à l'état rouge était encore alcaline, et qu’elle conservait également cette propriété à l'état jaune, mais à un degré moins marqué. Ils concluent de là que l'acide nitrique con- centré jouit de la propriété d'oxigéner cette base à deux degrés diffé- rens, et ils regardent en conséquence la Strychnine rouge comme un protoxide, et ils sont disposés à croire, d’après la même raison, que la Strychnine jaune est un deutoxide. Lorsque la {Strychnine est amenée à l’état jaune, il est à remarquer qu'elle a perdu son amertume et sa propriété vénéneuse en très-grande partie, et qu’elle perd bientôt aussi son alcalinité en la soumettant plus long-temps à l’action de l'acide nitrique; elle devient neutre; enfin, elle finit, en dernier résultat, par donner des marques d’acidité. Cet acide obtenu en quantité très-petite, a paru aux auteurs être de l'acide oxalique. Du Carbonate. L’acide carbonique s’unit à la Strychnine, et forme avec celte base un sous-sel qu’on peut obtenir par double décomposi- üon ; il est peu soluble dans l’eau, mais se dissout très-bien dans l'acide carbonique. On peut obtenir cette combinaison en faisant passer un courant d'acide carbonique dans de la Strychnine délayée dans de l’eau. Les acétate, oxalate et 1artrate de Strychnine peuvent être obtenus à l'état neutre, et cristallisent régulièrement et avec facilité lorsque, sur-{out, ils sont avec excès d'acide. Cependant l’acétale neutre, en raison de sa grande solubilité, cristallise difficilement. L’acide hydro- cianique dissout très-bien la Strychnine, et forme avec elle un sel qui cristallise, mais dont les auteurs n’ont pu déterminer la forme; il peut être évaporé à siccité sans se décomposer. De l'action de la Strychinine sur les corps combustibes et sur les acides. Le soufre ne peut se combiner avec la Strychnine, soit par la voie sèche, soit par la voie humide. Lorsque l’on fait chauffer ensemble du soufre et de la Strychnine, celle-ci ne tarde pas à se décomposer et à dégager de l'hydrogène sulfuré. Le carbone n’a aucune action sur celte base. Il n’en est pas de même de l’iode. Si l'on fait bouillir dans eau de liode et de la Strychnine, l’eau est décomposée, il se forme des acides iodique et hydriodique, qui se combinent avec la base, la dissolvent et la saturent. La liqueur filtrée bouillante donne, par le refroidissement, des cristaux d’iodate et d'hydriodate. Le chlore donne des résultats analogues. Action de la Strychnine sur les sels métalliques. La Strychnine peut séparer de leur dissolution saline la plupart des oxides métalliques. Lorsque l’on fait bouillir de la Strychnine dans (55) une dissolution de sulfate de cuivre, une grande partie de l’oxide est précipité et reste mélangé avec l'excès de Strychnine; mais si l’on filtre ja liqueur, on voit qu'elle est devenue verdâtre, et elle donne, par l'évaporation spontanée, des cristaux en aiguilles très-déliées, qui parais- sent êlre un sel triple de base d’oxide et de Strychnine. - Action de la Strÿchnine sur quelques produits des végétaux. Les acides exceptés, il n’y a pas d'action sensible entre la Strychnine et les autres produits des végétaux, tels que la gomme, le sucre , l’amidon, etc.; elle est insoluble dans les graisses et les huiles fixes; elle se dissout au contraire dans les huiles volatiles bouillantes, et cristallise par le refreidissement. Les éthers sont sans action sur elle. Ici MM. Pelletier et Caventou terminent l'histoire de la Strychnine, et ils reprennent ensuite l'analyse de la féve Saint-Ignace, que nous allons parcourir rapidement. Après avoir épuisé la féve de Saint-Tonace par l’éther et l'alcool, MM. Pelletier et Caventou la traitent successivement par l’eau froide, l'eau bouillante; ils cherchent ensuite à obtenir l'acide qui se trouve naturellement combiné avec la Strychnine ; enfin ils incinèrent une partie de féve de Saint-Ignace , pour reconnaitre la composition des cendres qu’elle produit, et ils établissent ensuite une comparaison entre la composition de cette graine et celle de la noix vomique et du bois de couleuvre. MM. Pelletier et Caventou regardent l'acide qui sature la Strychnine dans la fêve Saint-Jonace, comme particulier; ils prouvent qu’il est le même dans la noix vomique; ils proposent, en conséquence, de l'appeler Acide igasurique , du nom malais par lequel les indigènes désignent aux Grandes-Indes la féve Saint-Tinace. On rencontre cet acide en très-pelite quantité; c’est pourquoi les auteurs n'ont pu étudier longuement ses propriétés. Quoi qu’il en soit, voici les moyens qu'ils indiquent pour lobtenir, On prend Ja maunésie d’où on a extrait la Strychnine par l'alcool bouillant, et on la traite par l’eau bouillante ; par là le sel magnésien se dissout en totalité. On précipite la liqueur par l'acétate de plomb, et le précipité, bien lavé et délayé dans l’eau, est soumis à un courant de g4z acide hy- drosuifuriqne qui sépare le plomb et met l'acide en liberté, On rap- proche la liqueur par lébullition, et on l'abandonne à elle-même ; elle donne des cristaux durs et grenus, qui sont Pacide cherché. 11 est très-soiuble dans l’eau et dans l'alcool; il a une saveur acide et très-styptique, s'unit aux bases alcalines et terreuses, et forme des sels sulubles dans l’eau et l'alcool. Sa combinaison avec la barvte est trés-soluble, et cristallise difficilement en petits champignons. Sa com- binaison avec l’animoniaque ne forme pas de précipité dans les sels ERNEST 1 6119; (86) d'argent, de mercure et de fer; mais elle se comporte d’une manière particulière avec les sels de cuivre; la dissolution de ceux-ci passent de suite au vert d'émeraude, et il se fait un précipité d’un blanc ver- dâtre, très-peu soluble dans l'eau. Cet acide diffère de l'acide méconique, en ce qu'il n'apporte aucun changement dans la dissolution des sels de fer. IL résulte des expériences de MM. Pelletier et Caventou, que la féve Saint-Ignace est composée : 10. d'igasurate de Strychnine; 2°, d’un peu de cire; 3°, d’une huile concrète; 4°. d’une matière colorante jaune ; 5°, de gomme; 6°, d’amidon. 70. de bassorine ; 80. de fibre végétale. Les auteurs ont analysé la noix vomique par les mêmes procédés; et ils y ont trouvé les mêmes produits, mais en proportions Mbéteités ‘ un kilogramme de féve de Saint-Jenace a donné 12 grammes de Strychnine parfaitement pure, tandis que la même quantité de noix vomique n’en a fourni que 4 grammes; mais la noix vomique contient une plus grande quantité de matière grasse et de matière colorante jaune. Le bois de couleuvre , encore plus chargé de matière grasse, contient encore moins de sel de Strychnine; la matière colorante jaune y est plus abondante, et la fibre ligneuse remplace entièrement la bassornie et l’amidon. DEUXIÈME PARTIE. Expériences physiologiques. Dans celte seconde partie de leur Mémoire, MM. Pelletier et Caventou s’attachent à prouver que la Strychnine est de toutes les parties des semences qui la fournissent, le seul principe vénéneux : c'est en elle que réside cette énergie puissante que possèdent la noix vomique et la féve Sant-Tynace; son activité est si grande, qu’un quart de grain sufhit pour tuer, en plus ou moins de temps, les chats, les chiens, les lapins, etc., à qui on l’administre. Les auteurs rapportent un grand nombre d'expériences qu'ils ont faites à ce sujet, et pour lesquelles nous renverrons à leur Mémoire ; cependant nous ne pas- serons pas sous silence les faits les plus intéressans : | La Strychnine oxigénée est vénéneuse, mais à un degré moins éner- gique que dans l’état naturel ; à l’état de deutoxide, cette base, quoique encore alcaline, a perdu presque toute son amertume et ses propriétés délétères. MM. Pelletier et Caventou ont cherché une sub- (87) stance qui pût s'opposer aux effets dangereux de la Strychnine, mais leurs efforts à ce sujet ont été infructueux. Ce poison, l’un des plus violens que l'on connaisse, n’a point d’antidote; cependant, les auteurs rapporlent une expérieuce qu'ils ont faite, et qui pourra servir dans plusieurs cas. Ë j Ils ont fait avaler à un lapin G grains de morphine dissoute dans l'acide acétique; il a suceombé au bout de quelques heures. Ils ont répété l’expérience avec un quart de grain de Strychnine sur un autre lapin, et le résultat a été le même. Enfin, bien convaincus, par ces essais, que la morphine et la Strychnine, prises à ces doses, donnaient la mort d'une manière différente, MM. Pelletier et Caventou ont réuni 6 grains de morphine et un quart de grain de Strychnine; le lout a été dissous dans l'acide acétique, et administré à un lapin ; ÿ/ ra point eu d'attaques tétaniques, et a vécu sans manifester aucun accident; ce qui tend à justifier l'emploi de l’opium , à forte dose, days le cas d'em- poisonnement par la noix vomique. RAR ARS SAS SARA AAA AS Sur un acide nouveau formé par le soufre et loxivène ; par MM. Gav-Lussac et WELTER. LA découverte de ce composé-porte à quatre le nombre des acides que le soufre est susceptible de produire en s’unissant à l’oxigène. Les auteurs lui ont donné le nom d’Æcide hyposulfurique, parce qu'il contient moins d’oxigène que l'acide sulfurique, et plus que l'acide sulfureux ; les sels qu’il forme doivent en conséquence porter le nom d’Ayposulfates. On obtient le nouvel acide de la manière suivante : On fait passer du gaz acide sulfureux dans de l'eau, ‘qui tient du péroxide de manganèse en suspension; il se produit deux sels neutres solubles, du sulfate et de l’hyposulfate de manganèse; on verse un excès de baryte dans la dissolution, tout l'acide sulfurique et l’oxide de manganèse sont pré- cipités; on sépare l'excès de baryte par un courant de gaz acide car- bonique; on fait chauffer pour précipiter tout le carbonate de baryte ; on filtre ; on fait cristalliser l’hyposulfate de baryte, puis on le redissout dans l’eau, et on le décompose par la quantité d'acide sulfurique strictement nécessaire pour neutraliser la baryte qu'il contient ; l'acide hyposulfurique mis en liberté reste en dissolution dans l’eau. Le nouvel acide est inodore et a une saveur acide; on n'a pu l’obtenir à l'état de gaz permanent; sa solution, exposée dans le vide avec de l'acide sulfurique, à la température de 10°; se concentre; quand elle a une densité de 1,547, elle commence à se réduire en gaz sulfureux Annales de Chimie et de Physique. | ( 88 )- et en acide sulfurique. La chaleur du bain-marie détermine la même décomposition. A froid, le chlore, l'acide nitrique concentré, le sulfate rouge de manganèse, ne l’altèrent pas. 11 dissout le zine sans se décomposer et il y a dégagement d'hydrogène. Des Hyposulfates. L'acide hyposulfurique neutralise très-bien les bases salifiables, et toutes les combinaisons qu'il forme avec elles sont solubles. Les hyposulfates ne donnent de gaz acide sulfureux lorsqu'on les mêle avec des acides, que dans les cas où la température du mélange s'élève soit spontanément, soit artficiellement. Ces sels, exposés à une température élevée, se convertlissent en gaz sulfureux et en sulfates neutres; mais à une basse température, ils ont en général beaucoup de stabilité. L'air n’a point, ou presque pas d'action sur leurs solutions. L’hyposulfate de chaux cristallise en lames hexagonales, groupées ordinairement en rosaces. L'’hyposulfate de strontiane ne donne que de petits cristaux. L’hyposulfate de potasse cristallise en prismes cylindroides tronqués perpendiculairement à leur axe. L'hyposulfate de manganèse est déliquescent. L'hyposulfate de baryte cristallise en prismes quadrangulaires , ter- minés par un grand nombre de facettes; il ne s'altère pas quand on l'expose à Fair, et même dans le vide desséché par l'acide sulfurique, 100 parties d’eau à 8,14 en dissolvent 13,94 parties; le chlore n’a pas d'action sur cette solution. Au feu, il décrépite, donne de l’eau pure, de l'acide sulfureux; il laisse du sulfate, 100 parties de ce sel séché à l'air, laissent, par la calcination, 70,097 arties de sulfate de baryte; 100 parties de ce sel, mêlées avec du chlorate et du carbonate de potasse, calcinés au rouge, puis préci- pitées par le chlorure de barium, donnent une quantité double de sulfate de baryte. D'où il suit que l'hyposulfate de baryte peut être considéré comme formé de ; Rues Une proportion de baryte.,.......,. 00107300 Une proportion d’acide sulfurique. ..... «1115000 Une proportion d’acide sulfureux........ 40.00 Deux proportions d’eau............ NUS 26 Ou enfin de Une proportion de baryte....... à: + 97,00 Une proportion d'acide hyposulfurique. .. 90,00 Deux proportions d'eau......,.....,,,. 22,64; (89) Par conséquent, l'acide hyposulfurique qui neutralise une propor- tion de base, est formé de Deux proportions de soufre.....,,..... 40 Cinq proportions d’oxigène......,....... Do Et son nombre proportionnel est...... 4 00! MM. Gay-Lussac et Welter partagent les acides du soufre en deux groupes : Premier groupe. Monte Acide hyposulfureux .. pes 4 2 prop. de soufre, 2 prop. d'oxisène, hyposulfurique. . DORE ; Deuxième groupe. Acide sulfureux....... . sers 2 LME formés Ds scie etes ef 102) sulfurique. . .... De ee IN NO On voit que le soufre se combine à des quantités d’oxigène, qui sont entre elles comme 1; 2; 2,5; 3. C. sr = Extrait d'un Mémoire sur les Vaisseaux lymphatiques des oiseaux; par M, MAGENDIE. LA découverte des Vaisseaux lymphatiques est une de celles qui illus- trent le dix-septième siècle; mais les anatomistes de celte époque, si bril- lante pour les sciences, les lettres et les arts, se bornèrent à étudiér les Vaisseaux lymphatiques de l'homme et ceux des animaux mammifères. Ce ne fut que dans la seconde moitié du siècle dernier que plusieurs auteurs prétendirent les avoir trouvés dans les oiseaux, les reptiles et les poissons. Jusque-li on avait pensé qu'ils n’existaient point dans ces trois classes d'animaux, et l’on s’appuyait même fortement sur cette idée, pour nier qu'ils fussent les agens exclusifs de l'absorption. En 1763 G. Hewson, dans une lettre adressée à J. Hunter, et in- sérée dans le tome 58 des Transactions philosophiques, annonça qu'il les avait découverts chez les oiseaux. Selon Hewson, il existe dans ces animaux des Vaisseaux lympha- tiques qui naissent des membres inférieurs et des organes digestifs; ils se réunissent autour du tronc éliaque, forment dans cet endroit un plexus considérable; et de là se rendent, par deux troncs volumineux, qui sont deux vrais canaux thoraciques, dans l’une et l’autre veine sous-clavières; toutefois, dans leur trajet, ces vaisseaux ne rencontrent aucune glande, comme cela se voit chez l’homme et les mammifères. Les oiseaux ont encore des vaisseaux de même genre au cou; ceux-ci se terminent par deux troncs différents, l’un à droite, l'autre à gauche, dans les veines sous-clavières, non loin de l'insertion des canaux thora- ciques ; en outre, ces vaisseaux du cou des oiseaux traversent, en se Livraison de juin. 42 1 8108 (go) rendant à leur destination, plusieurs glandes lymphatiques cervicales, disposition semblable à celle qui existe chez l'homme et les mammi- fères. Hewson déclare, à l'occasion de ces derniers vaisseaux, que ce n'est pas lui qui les a trouvés le premier, et que l'honneur de leur découverte appartient à J. Hunter, dont il est le disciple. Il y a environ trois ans que je lus, pour la première fois, cette lettre de Hewson dans les Transactions philosophiques; elle me parut remar- quable. Comment s'est-il fait, me dis-je, qu’un anatomiste aussi habile, aussi ingénieux que J. Hunter, ait vu les vaisseaux lymphatiques du cou des oiseaux, et qu'il n'ait point aperçu ceux des organes digestifs, qui devaient se présenter, en quelque sorte, d'eux-mêmes à son ob- servation ? Hewson dit, à la vérité, que si ces vaisseaux ont échappé, jusqu’à lui, à l’investigation anatomique, c’est qu’ils sont remplis d'un chyle transparent et presque incolore; mais cette raison n’en est pas une pour ceux qui savent que dans plusieurs mammifères, même très- petits, la transparence et ke défaut de couleur du chyle n’empêchent pas de trouver avec facilité les vaisseaux chyleux et le canal thoracique, - Cette réflexion m'engagea à disséquer avee soin le système lympha- tique des oiseaux : je me livrai d'autant plus volontiers à cette recher- che, que les: auteurs d'anatomie comparée les plus célèbres, et même M. Cuvier, me parurent n'avoir point étudié eux-mêmes ces organes, et s’en êlre rapporté à la description d’Zewson. L'anatomiste anglais ayant fait sa découverte sur l’oie, je dus choisir cet animal pour mes premières dissections. Je commençai par le point que je croyais le plus difficile, savoir, les vaisseaux lymphatiques du cou : je les découvris sans difficulté, formant, à droite et à gauche des vertèbres cervicales, un tronc de la grosseur d’une plume de pigeon ; ils étaient pleins d’une liqueur trans- parente et incolore, et se rendaient l’un et l’autre dans les veines sous- clavières, après avoir traversé une glande lymphatique située à leur insertion dans la veine, ou, pour mieux dire, servant d’intermédiaires aux vaisseaux et à la veine. Ayant aussi bien réussi pour les vaisseaux du cou, je crus que je trouverais bientôt les vaisseaux de l'abdomen et les canaux thoraciques qui, d'après la planche d’'Hewson, avaient , dans certains endroits, trois ou quatre millimètres de diamètre, En conséquence, j'ouvris le bas- ventre et la poitrine avec toutes les précautions convenables ; mais je ne fus pas peu surpris de n’apercevoir aucune trace de vaisseaux lympha- tiques dans le mésentère, quelque soin et quelque attention que je misse à mon observation. Je cherchat alors le plexus considérable, qui, d’après Hewson, embrasse l'artère mésentérique supérieure; je ne fus pas plus heureux; enfin ce fut en vain que je voulus trouver le double canal thoracique. . Cor) Je me gardai bien de rien conclure de cetle première dissection ; j'en fis donc nne seconde, et même une troisième, en redoublant de précautions et de soins, mais ce fut inutilement : je trouvai toujours aisément les vaisseaux du cou, mais je ne rencontrai aucune trace des vaisseaux chyleux, ni du canal thoracique. Je crus cependant devoir continuer mes recherches sur les mêmes animaux, pendant la digestion, c’est-à-dire, au moment où les vais- seaux chyleux et le canal thoracique (supposé qu'ils existent) devaient être distendus par le chyle. Ces nouvelles tentatives n'eurent pas plus de succès que les précédentes. Les recherches que je viens de faire connaître à l'Académie, eurent lieu pendant l'été de 1816; depuis celte époque, j'ai disséqué plus de cinquante oiseaux de {ous genres, carnassiers et autres; je me les suis procurés vivants, et je les ai ouverts après les avoir fait manger au moment où leur digestion était en pleine activité. J'ai pu ainsi me con- vaincre que les vaisseaux chyleux et les canaux thoraciques n'existent pas chez les oiseaux; que les seules traces des vaisseaux lymphatiques se voient au cou, où l’on rencontre, comme dans les mammiferes, des vaisseaux et des glandes lymphatiques , assez souvent remplis, chez les oiseaux vivants, par une lymphe diaphane et sans couleur. (1) Quelle circonstance anatomique aura donc pu abuser Hewson, et lui faire commettre une erreur aussi grave que celle où il est tombé? L’explication ne serait pas difficile à donner, s’il ne s'agissait que des vaisseaux chyleux; car les nerfs qui se portent aux intestins chez les oiseaux, sont considérables, nombreux, demi-transparents, et af- fectent une disposition vasculaire, qui les ferait facilement prendre pour des vaisseaux chyleux, si on n'avait le soin, comme je l'ai fait, de les suivre avec le scalpel jusqu’au plexus soléaire, qui leur donne naissance. Pour les canaux thoraciques, il me paraît beaucoup plus difficile de rendre raison de la méprise de Hewson; car cet anatomiste ne se borne oint à décrire ces canaux, mais il les a fait graver, et il dit les avoir injectés : or, 1l n'existe aucuns vaisseaux , aucune branche veineuse, qui, partant de l'abdomen, aillent se rendre à la veine sous-clavière; l'azigos même n'existe point chez l'oiseau, qui manque aussi d’artères intercostales aortiques. La veine sous-clavière ne reçoit que les branches qui existent chez les mammiferes, savoir : l'axillaire, les jugulaires (x) Je n'ai jamais vu les vaisseaux et les olandes que chez loie; mais comme en dis- sèquant d’autres oiseaux , je n'ai pas donné à cette partie de mon travail toute l'attention possible, je n’en tirerai dans ce moment aucune conséquence, (Depuis la lecture de ce Mémoire à l'Académie des Sciences, j'ai disséqué un très-grand nombre d'oiseaux, et je me suis assuré que l'oie est le seul qui présente des vaisseaux et des glandes 1ÿm- phatiques au cou; le canard, si voisin de l’oie, n'en offre point. Je w’ai pas encore pu me procurer de cygne. Co2) internes et externes, la mammaire interne, quelquefois double , et lintercostale supérieure. La seule disposition anatomique qui pourrait, peut-être, avoir été la cause de l'illusion de l’anatomiste anglais, serait les canaux artériels, qui vont quelquefois de la parlie moyenne de l'aorte aux artères pulmonaires, lesquelles sont accolées aux veines sous- clavières; mais comme ces vaisseaux sont entièrement oblitérés quel- ques jours après la naissance, il resterait toujours à savoir comment Hewson a pu les injecter. (1) Le fait anatomique que je viens de faire connaître, et que chacun pourra facilement constater, est une puissante preuve à l'appui d’un fait physiologique que j'ai consigné dans un Mémoire, lu à la première classe de l'Institut en 1809, savoir : que les veines sanguines jouissent de la faculté absorbante ; que ce sont ces veines, et non les vaisseaux chyleux, qui, dans les intestins des mammifères, s'emparent des boissons, des médicaments, des poisons, etc. , enfin detout ce qui n’est pas le chyle. (2) J'espère ajouter encore à l'évidence de ces résultats, en cherchant à démontrer, dans un prochain Mémoire, que les reptiles et les poissons sont ent èrement dépourvus de Vaisseaux Jymphatiques, et que les or- ganes décrits, sous ce nom, par Hewson, Monro, eic., ne sont autre chose que des veines sanguines. ass PAS AS A Nouveaux Eléments de Botanique, appliquée à la Médecine, à l'usage des élèves qui suivent les cours de la Faculté de Médecine et du Jardin du Roi; par Achille RicHarb, Æide-Démons- trateur de Botanique à la Faculté de Médecine de Paris. Quoique le titre et la forme de cet ouvrage n’annoncent qu’un traité très-élémentaire et propre seulement aux éleves, ce livre peut cepen- dant offrir, sous un cerlain rapport, quelque intérêt aux botanistes de (2) Mes dissections ont été principalement faites sur des oiseaux vivants , afin d'éviter de confondre les artères et les veines avec les vaisseaux lymphatiques, comme cela peut arriver chez l'animal mort, où les petits vaisseaux sanguins sont souvent entièrement vides de sang, et pourraient, par le peu d'épaisseur et la transparence de leurs parois, être pris pour des lymphatiques. (2) Pourquoi, dira-t-on, et m'a-1-on déjà dit, les oiseaux ont-ils des vaisseaux lym- phatiques au cou et n’en ont point ailleurs? Je répondrai, comme on devrait répondre souvent dans les sciences d'observations, que je l'ignore, et qu’on s’aventare beaucoup en cherchant le pourquoi des ouvrages de la nature: (La question va devenir bien plus pressante, maintenant que je trouve les vaisseaux du cou seulement chez l’oie. Comment est-il possible , me dira-t-on, que beaucoup d'oiseaux manquent d'organes qui existent constamment chez un seul? Maréponse sera la même; j'ajouterai qu'ilne serait peut-être pas inuule aux progrès futurs de l’anatomie comparée, de ne pas ajouter une entière confiance à certaines idées générales relatives à l'organisation des animaux, ) (93) rofession, Ceux-ci n'ignorent pas que le père de l’auteur à depuis féoeens fondé sur d'innombrables observations qui lui sont propres, un corps de doctrine fort important, et dont malheureusement il n'a jamais publié que quelques fragments détachés. On pouvait naturelle- ment espérer que le livre du fils ferait enfin connaître, au moins en abrévé, l'ensemble des idées du père. Quoiqu'il ne paraisse pas que MM. Richard aient eu l'intention de remplir ce vœu des amis de la science, cependant quelques indiscrétions, dont on leur saura beau- coup de gré, leur sont échappées quelquefois, comme malgré eux. On remarquera surtout, sous ce rapport, les chapitres XI et XII sur le Disque et sur l’Insertion, entièrement rédigés par M. Richard père. Nous y avons lu avec surprise (page 258) que, dans la famille des Synanthérées, Le disque porte la corolle et fait corps avec sa base; c’est une erreur trop manifeste pour ne pas l’attribuer à une simple inad- vertance de l'auteur. Nous avons dû remarquer avec satisfaction, dans notre intérêt particulier, que ce botaniste a tout-à-fait abandonné sa division des Synanthérées en monosligmalie et distigmatie, que nous nous étions permis de critiquer, comme étant, selon nous, absolument inadmissible. H. C. ARLES LAS AAA AAA AAA AA AS Description de deux nouveaux genres de plantes ; par M. HENRI CASSINI. Forxicium. (Famille des Synanthérées. Tribu des Carduinées. ) Cala- thide mcouronnée, équaliflore, multiflore, obringentiflore, androgyni- flore. Péricline inférieur aux fleurs, ovoïde; formé de squames nom- breuses, régulièrement imbriquées, appliquées, oblongues, coriaces , surmontées d’un appendice inappliqué, scarieux, roux, uninervé , très- entier, cilié, à partie inférieure ovale-lancéolée, concave et infléchie, à partie supérieure subulée, plane et réfléchie. Clinanthe large, épais, charnu, planiuscule , garni de fimbrilles nombreuses, longues, inégales, libres, filiformes-laminées. Ovaires oblongs, un peu comprimés, gla- bres, lisses ; aigrette longue, composée de squamellules nombreuses, imévales, plurisériées, libres, fililormes, un peu laminées; hérissées de barbes capillaires, médiocrement longues, inévales et irrégulièrement disposées. Corolles peu obringentes, très-arquées en dehors. Etamines à filet garni, au lieu de poils, de très-petites papilles ; appendice apiCi- lare de l'anthère, oblong, obtus au sommet; appendices basilaires courts. Style à branches libres en leur partie supérieure. Fornicium rhaponticoides, M. Cass. Plante herbacée. Tige très-simple, haute de deux pieds, :lressée, épaisse, cylindrique, striée, pubescente, garnie de feuilles inférieurement, presque nue supérieurement. Feuilles 1819. Botanique. (94 ) d'une substance ferme , munies de grosses nervures en-dessous, pubéru- lentes sur les deux faces : les radicales où primordiales, lonçuement limbe ovale -lancéolé, pinnatifide inférieurement ; les intermédiaires sessiles, oblongues, aiguës au sommet, un peu étrécies en leur partie moyenne, presque cordiformes à la base qui est denticulée ; les supé- rieures, d'autant plus courtes qu'elles sont situées plus haut, sessiles, ovales-lancéolées-acuminées, un peu denticulées inférieurement, Cala- thide unique, très-grosse , située sur le sommet dilaté de la tige ; corolles purpurines. J'ai observé celte belle plante au Jardin du Roï, où elle est cultivée depuis long-temps , sous le faux nom de Centaurea rhapontica, et où elle fleurit au mois de mai. Elle constitue un genre immédiatement voisin du Rhaponticum, et surtout du Leuzea, mais bien distinct du premier par le péricline et par l’aigrelte, et suffisamment distinct du second par ie péricline. j: Faceus. ( Famille des Synanthérées. Tribu des Inulées. Section des Gnaphaliées. ) Calathide oblongue, cylindracée , discoide : disque quin- quéflore, régulariflore, androgyniflore; couronne plurisériée, multiflore, tubuliflore, féminiflore. Péricline supérieur aux corolles, mais inférieur aux aigrettes, oblong, cylindracé, formé de squames imbriquées, appli- quées, oblongues , arrondies au sommet, membraneuses-scarieuses , diaphanes, glabres, luisantes, à peine coriaces dans le milieu de leur par- tieinférieure, Clinanthe plane, inappendiculé. Ovaires obovales-oblongs, obcomprimés, tout couverts de longs poils dressés ; aigrette persistante, beaucoup plus longue que les corolles, et s'allongeant beaucoup pen- dant la fleuraison ; composée de squamellules nombreuses, égales, uni- sériées, un peu entregreflées à la base, filiform: s-capillaires, hérissées, surtout en leur partie moyenne, de longues barbes excessivement capil- laires. Corolles de la couronne, tubuleuses, grêles, courtes, comme tronquées au sommet. Carolles du disque, quinquédentées, Facelis apiculata, H. Cass, ( Gnaphalium retusum, Lam, Encycel, } Plante herbacée, annuelle, Racine simple, pivotante, tortueuse, fibreuse, produisant plusieurs tiges simples, dressées ou ascendantes , longues d'environ six pouces, cylindriques, laineuses, garnies de feuilles d'un bout à l’autre. Feuilles alternes , un peu espacées, élalées, sessiles, lon- gues d'environ six lignes, larges d'environ une ligne et demie, comme spatulées, étrécies et linéaires intérieurement, arrondies au sommet, qui est un peu tronqué, et surmonté au milieu d'un petit prolongement subulé; entières, uninervées, laineuses en-dessous; glabriuscules en dessus. Calathides rapprochées sur la partie apicilaire des tiges , qui pro» duit quelques rameaux simples et courts; elles sont courtement pédon: culées, el disposées en une sorte d’ombelle simple au sommet de chaque tige et de chaque rameau ; chaque ombelle composée d'environ qualra (95 ) calathides longues de six lignes, et contenant chacune une trentaine de fleurs; péricline jaune-verdâtre, accompagné à sa base de quelques pétiolées, elliptiques-aiguës, crénelées ; les caulinaires alternes , et pres- que toutes sessiles, semi-amplexicaules, à base un peu décurrente sur la tige; les inférieures longues de cinq pouces, comme pétiolées, à bractées foliiformes ; corolles cachées par les aigrettes et par le péri- cline; celles du disque rougeätres au sommet, celles de la couronne in- colores ; aigrettes blanchatres, saillantes hors du péricline. Cette plante que j'ai observée dans l'herbier de M. de Jussieu, a été. recueillie par Commerson auprès de Buénos-A yres et de Monte-Video. Elle constitue un genre immédiatement voisin du Lucilia, dont il dif- fère cependant par plusieurs caractères génériques, et notamment par l'aigrette plumeuse. ! Poyez la description du genre Lucilia, dans mon troisième fascicule inséré au Bulletin de février 1817. ) AA AS SRI AS AA AS Cousidérations sur les causes météorologiques qui, dans l'année 1812, ont transporté jusqu'à la Barbade des déjections du volcan de Saint-Vincent ; par M. MOREAU DE JONNES. Lors de l’éruption du volcan de Saint-Vincent dans l'archipel des Antilles, en 1812, des substances cinéréiformes, projelées hors du cra- tère, sont venues tomber comme une pluie abondante jusqu'à la Bar- bade, qui est située à 53 lieues à l’esr; ce fait a paru présenter une preuve de l'existence de courants d'air supérieurs à ceux des vents alizés, et se dirigeant dans une direction opposée à la leur. En supposant que ces contre-courants furent les agents du transport des matières cinéréiformes, il semble nécessaire d'admettre : 1°. Que ces matières ont été projetées jusque dans la haute région de l'air où ces courants supérieurs doivent exister ; 2°. Qu'elles n'ont pu être transportées de l’ouest à l’est par des vents de la région basse de l'atmosphère. L'observation des lieux et la connaissance des détails du phénomène semblent à l’auteur fournir des inductions contraires à ces deux hypo- thèses. ; La bouche du volcan de Saint-Vincent étant seulement à Goo mètres au-dessus du niveau de l'Atlantique, le point de départ des éjections n’était pas plis élevé que la limite inférieure des nuages, pendant la saison pluvieuse entre les tropiques. Malgré leur lévereté et leur ténuité extrêmes, si ces éjeclions parvinrent dans leur projection verticale à une hauteur trois fois plus grande, ce qu'il est difficile d'admettre , elles n'atteignirent encore qu'à une élevation de 1800 m'tres, à laquelle.on n'a rien observé dans une longue exploration des montagnes de larcht- ds: | 1819. Acad, des Sciences. 3 ma 1819. (96 ) pel, d'où l'on put conclure l'existence de courants réguliers, supérieurs aux vents alizés. Des faits cités dans le mémoire établissent que la régularité de ces vents n’est pas telle qu'en février, mars, avril et mai, 1l n’y ait assez fréquemment des brises australes, qui varient continuellement de l’est à l'ouest, en passant par le sud ; et, selon l’auteur, ce doivent être ces vents irréguliers, qui, le 1° mai 1812, transportèrent presque simultanément les cendres volcaniques de Saint-Vincent dans l'est jusqu’à la Barbade, et dans le nord jusqu’à la Martinique et la Guadeloupe, situées à 36 et à 95 lieues du foyer de l'éruption. Le bruit des détonnations du cratère entendu dans ces trois îles, y a été porté , avec les éjections cinéréiformes, par ces mêmes brises austra- les; et sa propagation sur des points des compas distants entre eux de 900., ne peut avoir eu lieu presque simultanément que par ces seuls agens, puisque les vents alizés ne varient jamais ainsi. De ces circonstances et de plusieurs autres, déduites dans ce mémoire, l’auteur conclut que le transport des cendres volcaniques de Saint- Vincent jusque dans l'ile de la Barbade, ne donner pas, comme on l'a cru, la preuve de l'existence de contre-courants d’air supérieurs aux vents alizés, AAA AS AAA AS A Wodanium , nouveau métal découvert par M. LAMPADIUS;, de Freibers. C£ nouveau métal s’est trouvé dans un minéral que M. Lampadius avait recu de Hongrie, et qu'on avait pris pour une mine de cobalt. L’anaiyse qu'on en a faite a donné de l’arseuic, du fer, du nickel, du soufre, et 20 pour cent du nouveau méfal, mais point de cobalt. On a désigné le nouveau métal par le nom de Æ#odan ou de Wodanium, emprunté à la mythologie du nord. ( Foyez le Dictionn. de M. Noël, au mot #odan.) La substance dans laquelle est contenu le Wodanium, est rangée parmi les pyrites par M. Breithaut. La pyrite de Wodanium a le brillant métallique; elle est d’un blanc d'étain très-obscur, qui passe au vert et même au brun. On ne la connaît jusqu’à présent qu’à l’état solide ; la cassure n'en est pas unie, elle présente un grain petit et rude, Le Wodanium se distingue par les propriétés suivantes ; sa couleur est d’un jaune päle de bronze, ressemblant à celle du cobalt; sa pesanteur “ous s'élève à 11,740. On peut le forger. Sa cassure PACE des aspérilés; sa dureté est égale à celle du spath fluor; il est ortement attiré par l'aimant. Voyez le Muséum d'Hermbstaedt, XV* vol., pag. 560. A (97) Sur la Fisure de la Terre; par M. LapLace. Les expériences multipliées du pendule ont fait voir que l'accroisse- ment de la pesenteur suit une marche fort régulière et à très -peu près proportionnelle au carré du sinus de la latitude. Cette force étant la résul- tante des attractions de toutes les molécules terrestres, ses observations, comparées à la théorie des attractions des sphéroïdes, offrent le seul moyen qui puisse nous faire pénétrer dans la constitution intérieure de la terre. 11 en résulte que cette planète est formée de couches dont la densité croît de la surface au centre, et qui sont disposées régulièrement autour de ce point. J’ai publié à la fin de la Connaissance des Temps de 1821, le théorême suivant que j'ai démontré dans le second volume des Nouveaux Mémoires de l’Académie des Sciences. « Si l’on prend pour unité la longueur du pendule à secondes à l’équa- » eur, et si à la longueur de ce pendule observée à un point quelcon- » que de la surface du sphéroïde terrestre, on ajoute la moitié de la hau- » teur de ce point au-dessus da niveau de l'Océan, divisée par le demi- ».axe du pole, hauteur que donne l'observation du baromètre, l’accrois- » sement de cette longueur ainsi corrigée sera, dans l'hypothèse d’une » densité constante au-dessous d'une der considérable, égal au » produit du carré du sinus de la latitude, par cinq quarts du rapport dela » force centrifuge à la pesanteur à l'équateur, où par 43 dix millièmes. » Ce théorême est généralement vrai, quelles que soient la densité de la mer et la manière dont elle recouvre la terre. Les expériences du pendule faites dans Îes deux hémisphères s’accor- dent à donner au carré du sinus de la latitude un plus grand coefficient CESR DT ED eee ere 1819. A sTronomir. Bureau des lonoitu- des, mai 1819. à fort peu près égal à 54 dix millièmes. Il est donc bien prouvé par ces” expériences, que la terre n’est point homogène dans son intérieur, et que les densités de ses couches croissent de la surface au centre. Mais la terre hétérogène dans le sens mathématique, serait homogène dans le sens chimique, si l'accroissement de la densité de ses couches n’était dû qu’à l'accroissement de la pression qu'elles éprouvent à mesure qu’elles sont plus près du centre. On concoit, en effet, que le poids im- mense de couches supérieures peut augmenter considérablement leur densité, dans le cas même où elles ne seraient pas fluides ; car on sait que les corps solides se compriment par leur propre poids. La loi des densités résultantes de ces compressions étant inconnue, nous ne pou- vons savoir jusqu’à quel point la densité des couches terrestres peut ainsi s'aecroître. La pression et la chaleur que nous pouvons produire sont toujours très-petites relativement à celles qui existent à la surface et dans l’intérieur du soleil et des étoiles. IL nous est impossible d’avoir une idée même approchée des effets de ces forces réunies dans ces grands corps. Tout porte à croire qu’elles ont existé primitivement à un haut Livraison de juillet. 13 (98 ) degré sur la terre, et que les phénomènes qu’elles ont fait éclore, modifiés par leur dimination successive, forment l’état actuel de la sur- face de notre globe; état qui n’est qu’un élément de la courbe dont le temps serait l'abscisse , et dont les ordonnées représenteraient les chan- gements que cette surlace éprouve sans ce-se, On est loin de connaître la nature de cette courbe ; on ne peut done pas remonter avec certitude à l’origine de ce que nous voyons sur la terre; et 6i, pour reposer l’ima- ginalion toujours inquiète d'ignorer la cause des phénomènes qui nous intéressent, on hasarde quelques conjectures, il est sage de ne les pré- senter qu'avec une extrême circonspection. La densité d’un gaze quelconque est proportionnelle à sa compression, lorsque la température reste la même. Cette loi, trouvée juste dans les limites de densité des gaz où nous avons pu l’éprouver, ne peut évi- demment convenir aux liquides et aux solides, dont la densité est très- grande relativement à celle des gaz, lorsque la pression est très - petite ou nulle. Il est naturel de penser que ces corps résistent d'autant plus à la compression, qu'ils sont plus comprimés ; en sorte que le rapport de la différentielle de la pression à celle de la densité, au lieu d’être constant comme dans les gaz, croît avec la densité. La fonction la plus simple qui puisse représenter ce rapport est la première puissance de la densité, multipliée par une constante, C’est celle que j'ai adoptée, parce qu'elle réunit à l'avantage de représenter de la maniere la plus simple ce que nous savons sur la compression des liquides et des solides, celui de se prêter facilement au calcul dans la recherche de la figure de la terre, Jusqu'ici les géomètres n'avaient point fait entrer dans cette re- cherche l'effet résultant de la compression des couches. M. Young vient d'appeler leur attention sur cet objet, par la remarque ingénieuse que Von peut expliquer de cette manière, l'accroissement de densité des cou- ches du sphéroïde terrestre. J'ai pensé que l’on verrait avec quelque intérêt l’analyse suivante (1), de laquelle il résulte qu'il est possible de satisfaire ainsi à fous les phénomènes connus, dépendants de la loi de densité de ces couches. Ces phénomènes sont : les variations des degrés des méridiens et de la pesanteur, la précession des équinoxes, la nuta- tion de l'axe terrestre, les inégalités que l'aplatissement de la terre pro- duit dans le mouvement de la lune; enfin, le rapport de la moyenne densité de la terre à celle de l’eau, rapport que Cavendish a fixé, par une très-belle expérience, à cinq et demi. En partant de la loi précé- dente sur la compression des liquides et des sohides , je trouve que si lon suppose la terre formée d’une substance homégène dans le sens chimique, dont la densité soit deux et un quart de celle de l’eau com- (1) Cette analyse paraîtra dans le NEA e de la Connaïissance des Temps pour Pannét 1822, actuellement sous presse. D | sf 2 (99 ) muse, et qui, comprimée par une colonne verticale de sa propre subs- tance, égale à la millionième partie du demi-axe du pole, augmente en densité de 5,5545 milionièmes de sa densité primitive ; on satisfait à tous ces phénomènes. L'existence d’une telle substance est très-admissible, etil y en a vraisemblablement de pareilles à la surface de la terre. Si la terre était entièrement formée d’eau , et si l’on suppose, confor- mément aux expériences de Canton, que la densité de l’eau à la tempé- rature de dix degrés et comprimée par une colonne d’eau de dix mètres en hauteur, augmente de 44 millionièmes , l’aplatissement de la terre : serait — ; le coefficient du carré de sinus de la latitude dans l'expres- sion de la longueur du pendule à secondes, serait 59 millièmes; ct la densité moyenne de la terre serait neuf fois celle de l’eau. Tous ces résultats s’écartent des observations, au-delà des limites des erreurs dont elles sont susceptibles. Je suppose la température uniforme dans {oute l'étendue du sphé- roïde terrestre ; mais il est possible que la chaleur soit plus grande vers le centre, et cela serait ainsi dans le cas où la terre, douée primilive- ment d’une grande chaleur, se refroidirait continuellement. L'ignorance où nous sommes de la constitution intérieure de cette planète, ne nous permet pas de calculer la loi de ce refroidissement et la diminution qui en résulte dans la température moyenne des climats; mais nous pou- vons établir d’une manière certaine, que cette diminution est insensible depuis deux mille ans. Imaginons dans un espace d’une température constante, une sphère douée d'un mouvement de rotation , concevons ensuite qu'après un long temps la température de l’espace diminue d’un degré, la sphère finira par prendre ce nouveau degré de température; sa masse n’en sera point altérée, mais ses dimensions diminueront d’une quantité que je suppose être un cent millième; ce qui a lieu à peu près pour le verre. En vertu du principe des aires, la somme des aires que chaque molécule de la sphère décrit autour de son axe de rotation sera, dans un temps donné, la-même qu'auparavant. Il est facile d’en conclure que la vitesse angu- laire de rotation sera augmentée d'un cinquante millième. Ainsi, en supposant que la durée de la rotation soit d’un jour ou de cent mille secondes décimales, elle sera diminuée de deux secondes par la dimi- nution d’un degré dans la température de l'espace. Si l'on étend cette conséquence à la terre, et si l'on considère que la durée du jour n’a pas varié, depuis Hipparque, d’un centième de seconde, comme je l'ai fait voir par la comparaison des observations avec la théorie de l’équa- tion séculaire de la lune, on jugera que deyuis cette époque la variation de la chaleur intérieure de la terre est inseasible. A la vérité, la dilata- tion, la chaleur spécifique, la perméabilité plus ou moins grande à la chaleur et la densité des diverses couches du sphéroïde terrestre, toules 1 8 19.  stTro>omir. ( 100 ) choses inconnues, peuvent mettre une différence sensible entre les ré- sultats relatifs à la terre, et ceux de la sphère que nous venons de con- sidérer, suivant lesquels une diminution d’un centième de seconde dans la durée du jour répond à une diminution d’un deux-centièmes de degré. dans la température. Mais cette différence ne peut jamais élever d’un deux-centièmes de degré à un dixième la perte de la chaleur terrestre, correspondante à la diminution d’un centième de seconde dans la durée du jour. On voit même que la diminution d’un centième de degré près de la surface suppose une diminution plus grande dans la température des couches inférieures; car on sait qu’à la longue la température de toutes les couches diminue suivant la même progression géométrique ; en sorte que la diminution d’un degré près de la surface répond à des diminutions plus grandes dans les couches plus voisines du centre. Les dimensions de la terre et son moment d'inertie diminuent donc plus que dans le cas de la sphère que nous avons imaginée. IL suit de là, que si, dans la suite des temps, on observe quelque changement dans la hauteur moyenne du thermomètre placé au fond des caves de l'Observatoire, il faudra l'attribuer, non à une variation dans la température moyenne de la terre, mais à un changement dans le climat de Paris, dont la tempé- ralure peut varier par beaucoup de causes accidentelles, 11 est remaz- quable que la découverte de la vraie cause de l'équation séculaire de la lune nous fasse connaître en même temps l'invariabilité de la durée du jour, et celle de la température moyenne de la terre, depuis l'époque des plus anciennes observations. Ce dernier phénomène nous porte à penser que la terre est parvenue maintenant à l’état permanent de lempérature qui convient à sa posi- tion dans l’espace et relativement au soleil. On trouve par l'analyse, que, quelles que soient la chaleur spécifique, la perméabilité à la cha- leur et la densité des couches du sphéroïde terrestre, Faccroissement de la chaleur à une profondeur très-petile par rapport au rayon de ce sphéroïde, est égal au produit de cette profondeur, par l'élévation de température de la surface de la terre au-dessus de l'état dont je viens de parler, et par un facteur indépendant des dimensions de la terre, qui ne dépend que des qualités de sa première couche relatives à la chaleur. D'après ce que l’on sait de ces qualités, on voit que si cette élévation était de plusieurs degrés, l'accroissement de la chaleur serait très-sensi- ble aux profondeurs où nous avons pénétré, el où cependant les obser- vations ne l'ont pas fait reconnaître. SAS SAS SARA RAA AS ASE SAR Note sur l'invariabilité du jour moyen; par M. Porssox. lL ne sera pas inutile d'expliquer, à l’occasion de Farticle précédent, comment les tables actuelles du soleil et de la lune, appliquées aux { 101) éclipses observées par les anciens astronomes, mettent en évidence Pinvariabilité de la durée du jour , qu’on peut regarder comme l’élément le plus essentiel des calculs astronomiques : de tous les mouvements célestes, celui de la lune, à cause de sa rapidité, serait le plus propre à déterminer la variation de cette durée, si elle existait. Soit Z la longitude de la lûne à une époque donnée, calculée d'apres les tables, en ayant égard à toutes les inégalités périodiques qu’elles renferment, et aux équations séculaires du moyen mouvement et de anomalie moyenne; soit /’ la longitude du soleil à la même époque, calculée aussi par les tables actuelles ; si l’on sait qu’à cette époque il y a eu éclipse de soleil ou de lune, la différence /— Z’ devra être un multiple de 180°; mais, à raison des petites imperfections qui peuvent encore exister dans les tables, et plus encore à cause de l'erreur qu’on a pu commettre sur l'instant de la conjonction ou de l'opposition, /— {7 différera d'un multiple de 1800, d’une petite quantité que nous dési- gnerons par $; ainsi, en faisant abstraction du multiple de deux angles droits, nous aurons /—{’ = 5 pour chaque éclipse observée. M. Bouvard a calculé cette quantité $ relativement à 27 éclipses très-anciennes, ob- servées par les Chaldéens, les Grecs et les Arabes; les valeurs qu'il a trouvées sont tantôt en plus, tantôt en moins, et toutes lrès-pelites ( 1) : la plus grande de toutes répond à une éclipse observée 382 ans avant l'ère chrétienne , et elle est égale à — 27/,45”. Il y a eu deux éclipses observées l’année suivante, pour lesquelles les valeurs de Ssont + 58° et — 5/,52". La plus ancienne a eu lieu 720 ans avant notre ère; la valeur de $, qui lui correspond, n’est que de 2". L'année suivante les Chaldéens ont encore observé deux autres éclipses, pour lesquelles cette différence $ est 12’ 57” et 6’ 38”. La pelitesse et l'irrégularité de ces valeurs de S suffisent pour montrer qu’elles sont principalement dues aux erreurs des observations, et qu’elles ne décèlent aucune inéoalité inconnue dans le mouvement de la lune, ni aucune variation sensible dans la durée du jour; mais, pour ne laisser aucun doute sur ce dernier point, nous allons calculer quelle serait l'expression de la quantité $, en admettant une augmentation continuellement croissante dans la longueur du jour. Pour fixer les idées, prenons pour unité de temps la durée du jour au 1° janvier 1800 ; soit + la quantité constante dont cette durée aug- mente d’un jour à l’autre, de sorte qu'après un nombre 7 de jours, elle soit devenue 1 + æ (4 — 1 ); soit aussi 7 le mouvement moyen diurne de la lune au 1° janvier 1800: n (1 +a),n(1+2x),n(1 + 3 æ)etcs, seront les nombres de degrés décrits par la lune, le 2, le3, le 4, etc.; et « . ‘ ._anmb(t—:1 l'arc total décrit pendant un nombre de jours , sera égal à 71+ ES) , 2 (1) Connaissance des temps pour l’année 1800. 1819. (ro2%) . : ant L . ou simplement à 77€ + Te lorsque z sera un nombre {rès-considé- rable. Le terme 7# est déja compris dans le calcul de la longitude /; donc, en ayant égard à la variation du jour, la longitude vraie de la ant lune au bout du temps /, deviendra 7 + ;— Celle du soleil à la an! t même époque, sera exprimée par /’ + , n' désignantle moyen mouvement diurne du soleil au 1° janvier 1800. Si done nous attribuons la différence 3 à la variation du jour, nous aurons, pour chacune des éclipses observées, l'équation a (n —n') t 2 Soit z le nombre de siècles contenus dans le nombre # de jours : un siècle est une période de cent années juliennes, de 365 jours et un quart chacune; cette période comprend donc 36525 jours; ainsi l’on aura £ = 36525 j. Soit aussi 56525 a = 6, 56525 n —=m, 56525 n! —=m'; l'équation précédente deviendra (RES mort ER 2 La quantité 6 représentera l'augmentation séculaire de la durée du jour ; metm' seront, à très-peu près, les moyens mouvemens séculaires de la lune et du soleil à l'époque actuelle, lesquels sont déterminés uni- quement par les observations modernes; si donc on fait une suppo- sition sur la valeur de 6, on aura immédiatement celle de 5, qui ré- pond à chacune des anciennes éclipses. Supposons, par exemple, que la durée du jour ait augmenté d’un dix millionième depuis les plus anciennes éclipses chaldéennes, c’est-à- dire depuis 720 ans avant notre ère; nous aurons alors 6 ; — 0,0000001 eté — 25,2; d'ailleurs, en négligeant les fractions de degrés, on a m—m! = 445265 ; d'où il résulte $ = 33’ 40”, tandis que, suivant le calcul de M. Bouvard, cette différence est de — 2” pour l'éclipse de 720, et de 12’ 57“ et 6’ 58” pour celles de 719. Au lieu de considérer isolément chacune des anciennes éclipses, il vaudrait mieux les faire concourir toutes à la détermination de la quantité 6, en formant, au moyen de l'équation précédente et des 27 valeurs de S$ calculées par M, Bouvard, un nombre égal d'équations de condition, et prenant ensuite la somme de toutes ces équations; mais, à raison de l'oppo- sition des signes des valeurs de 5, leur somme se trouve encore très- petite, et l’on n'obtient de cette manière qu’une valeur de 6 tout-à-fait insensible. De toute cette discussion on peut conclure, avec M. Laplace, que = à. ( 105 ) la durée du jour n’a pas varié d’un dix-millionnième de sa longueur, ou d'un centième de seconde centésimale, dans un intervalle de 20 à 25 siècles, qui nous sépare des observalions grecques et chaldéennes. Ce résultat important est parfaitement conforme à la théorie, En effet, le jour moyen solaire dont il s’agit ici dépend de deux éléments : la rotation de la ierre, et le mouvement moyen du soleil en un jour, projeté sur l'équateur; la théorie prouve que la durée de cette rotation est constante : quant au second élément, elle fait voir qu'il est sujet à une équation séculaire, provenant de l'inégalité séculaire de la pré- cession et du changement dans l’obliquité de l’écliptique; mais, en même temps que la théorie indique cette cause de variation dans la durée du jour, elle montre que son effet est absolument insensible peudant une longue suite de siècles. (1) A AS Mémoire sur plusieurs points importants de la Théorie de la chaleur ; par MM. PETIT et DULONG. Les auteurs se sont proposé, dans ces recherches, d'appliquer à l'étude des phénomènes de la chaleur les considérations que suggère la théorie des proportions chimiques relativement à la constitution des corps. Ce rapprochement les a conduits à découvrir des relations très - simples entre des propriétés dont on n'avait point encore apercu la liaison. Les résullats contenus dans cette première partie de leur travail concernent plus particulièrement les chaleurs spécifiques. Les procédés les plus ordinairement employés pour la mesure des capacités, l'immersion des corps dans l’eau ou la fusion de la glace, quoique assez exacts, quand ils sont mis en pratique avec les précautions convenables, ont cepen- dani l’inconvénient de nécessiter l'emploi d’une masse de matière beau- coup plus considérable que celle dont on peut ordinairement disposer. C'est ce qui a déterminé les auteurs à pertectionner la méthode fondée sur la comparaison du temps de refroidissement. Cette méthode, comme l'on sait, a été employée depuis long-temps avec succès par plusieurs physiciens. Mais, pour qu’elle püût s'appliquer indistinctement à toutes les substances solides, il fallait modifier les conditions du refroidisse- ment, de manière à se garantir des erreurs qui pouvaient résulter du Le de conductibilité de certaines substances, surtout quand on ne peut es obtenir que sous la forme pulvérulente. MM. Petit et Dulong y ont réussi en réduisant à de très-petites dimensions le volume soumis à l'expérience, en diminuant l'énergie du rayonnement par une enveloppe métallique polie, et en supprimant presque entièrement la perte due au contact de l'air, eu opérant dans le vide. (1) Mécanique céleste, tom. IT, page 323. DEEE NAT LEEDE EE 1810. PuysiQue. Acad. des Sciences, Avril 1819. (104 ) Ii est évident d'ailleurs que la théorie élait insuffisante pour donner une notion positive de la valeur de ce procédé appliqué à telle subs- tance en ‘particulier; et que le seul moyen d’en connaître l’exactitude était de comparer les déterminalions auxquelles il conduit avec celles que fournit le calorimètre ou la méthode des mélanges. Ce n’est qu’a- près un grand nombre de vérifications semblables, pour les cas les plus défavorables, que les auteurs se sont livrés avec sécurité à l'emploi du nouveau procédé. La table suivante renferme les capacités de treize corps simples dé- terminées par ce moyens. La capacité de l’eau est prise pour upité. Soufre... 0,1880 Argent... 0,0557 Cobalt... 0,1498 Etain..... 0,014 Here... 0,1100 Platine... 0,0335 Nickel... o0,r035 OPEN 0,0208 Cuivre... 0,0949 Plomb.... 0,0293 Tellure.. 0.0912 Bismuth.. 0,0288. VATAELER 0,0927 Ces nombres, qui indiquent les rapports des capacités pour un même poids de différentes substances, ne laissent apercevoir aucune loi. Mais si l’on remonte aux chaleurs spécifiques des particules matérielles, il a impossible de méconnaître la relation simple qu’elles ont entre elles. Pour ‘passer des quantités précédentes aux chaleurs spécifiques des atomes, il faudrait les diviser par le nombre de particules contenu dans un même poids de chaque substance : or, il est clair que ces nombres de particules sont des poids égaux de matière réciproquement propor- tionnels aux densités des atomes. On peut donc arriver au résultat cherché, en multipliant chacune des capacités déduites de l'expérience pe le poids de l'atome correspondant. Ce sont ces divers produits que ‘on a réunis dans le tableau suivant : Produits des Poids de chaque atome par la capacité correspondante. Soufre.... 3780, Argent.... 3750, Cobalt.... 3683. Etain. .... 8779- Here 3731. Platine.... 3740: Nickel.... 5819. Dr. LATE NS 7D; Cuivre. ... 3755. Plomb.... 3794: Tellure.... 3675. Bismuht.. 3830. TA AN PARURE 5736. Ces produits, qui expriment les capacités des atomes de différente pature, approchent tellement d’être égaux entre eux qu'il est impos- sible que les différences qu’on y remarque ne tiennent pas aux erreurs inévitables, soit dans la mesure des capacités, soit dans les analyses ( 105 ) chimiques qui ont servi de base au calcul. Fes auteurs en concluent la la loi suivante : Les atomes de tous les corps simples ont exactement la méme capacité pour la chaleur. MM. Petit et Dulong ont aussi déterminé par leur procété les capa- cilé d’un assez grand nombre de combinaisons chimiques. Mais quand on cherche à remonter à la capacité des atomes composés, on se trouve bientôt arrêté par le nombre de suppositions également vraisemblables, entre lesquelles il faut choisir. En effet, si jusqu’à présent la fixation du poids spécifique des atomes simples n’a pu être soumise à une règle certaine, à bien plus forte raison celle du poids des atomes composés a-t-elle été déduite de suppositions purement arbitraires. Les auteurs, au lieu d'ajouter leurs propres conjectures à celles qui ont déjà été avancées sur ce sujet, aiment mieux attendre que le nouvel ordre de considérations qu'ils viennent de présenter ait pu être appliqué à un assez grand nombre de corps, et dans des circonstances assez variées, pour que l'opinion qu'ils adopteront puisse être fondée sur des raisons décisives, Ils sel bornent à dire qu’en faisant abstraction de toute suppo- sition particulière, leurs observations tendent à établir cette loi remar- quable ; savoir, qu'il existe toujours un rapport simple entre la capacité des atomes composés et celle des atomes simples. MM. Peut et Dulong partent de ce fait pour combattre la théorie généralement admise sur la production de la chaleur dans les phéno- mènes chimiques. Ils font voir que cette théorie se réduit à de pures assertions dénuées de preuves, qu'il est impossible d’ailleurs de con- cilier avec les résultats que nous venons de rapporter. Ils pensent que ‘la plus grande partie de la chaleur, développée dans les phénomènes chimiques, est due à la même cause qui produit l'incandescence des corps placés entre les deux poles d'une pile voltaique. Fls terminent leur mémoire en présentant quelques conjectures sur l’utilité des con- sidérations précédentes pour les progrès ultérieurs de plusieurs théories physiques. RAA RAA SAAB RAS AAA SAS Relation d'un phénomène ; par TL. A. D'HOMBRES-FIRMAS, correspondant de la Société. On a tué chez un fraiteur d’Alais un chevreau femelle, dans lequel on a trouvé un petit fœtus bien formé. Plusieurs personnes l'ont vu; je regrette bien de n'avoir pu l'observer moi-même, mais je puis as- surer que les sieurs Champagne , qui l'avait acheté, Dumas, garcon boucher, qui l'a égorgé, et Jamme, commis de l'octroi, l’un des té- moins présens, desquels j'ai pris les renseignemens que je vais vous transmetire, méritent touie confiance, Livraison de juillez. 14 BESREPEDSEIERP EN PENPNER SA 1819. HISTOIRE NATURELLE. ( 106 ) Ce petit chevreau, porté à Alais par un paysan des environs, parais- sait âgé de quinze jours à trois semaines; il n'avait pas encore mangé, il était bien constitué, fort et gras, et pesait environ 5 kilogrammes quand il fut ouvert. Le boucher vit avec beaucoup d'étonnement, et fit remarquer au traiteur et à tous ceux qui se trouvaient chez lui, que sa matrice était gonflée, qu'elle contenait une peau pleine d'un liquide clair, dans lequel nageait un corps charnu de la grosseur du petit doist. Tous le reconnurent pour un embryon, et le comparèrent à ceux qu'ils avaient observés maintefois dans les boucheries, lorsqu'on y ésorgeait des brebis pleines depuis peu de temps. Ils ne purent se tromper sur la position de la matrice; saus être anatomistes , les bou- chers connaissent fort bien cet organe et ses fonctions; quant à ce qu'ils ont pris pour un fœtus, en supposant qu’il n’eût pas été aussi bien formé qu'ils le prétendent, la présence d’un corps étranger dans l'utérus, son enveloppe pleine d’eau, indiqueraient toujours une sorte de génération, Dans les monstruosités par excès, deux embryons mous peuvent être rapprochés, comprimés par une chüte de l'animal, par un coup qu'on lui donnera peu après qu'il aura concu; et l'on comprend comment deux jumeaux peuvent être liés d’une facon bizarre, com- ment un enfant peut naïtre avee quatre jambes ou quatre bras, etc. L'exemple le plus étonnant de celte pénétration de germes est, sans contredit, celui décrit par M. Dupuytren, un fœtus trouvé dans Île mésocolon d’un garcon de quatorze ans! (1) Mais une petite femelle paraissant fécondée avant de naître, est encore plus extraordinaire, quoique d’autres classes d’animaux nous offrent ce phénomène. (2) Il n’y a que deux manières de l'expliquer : il faut que le chevreau et le fœtus qu'il renfermait soient contemporains ou datent tous les deux de la même époque; pendant près de cinq mois que leur mère commune les a portés ou que le chevreau a tété, il a pris son accrois- sement ordinaire, tandis que son jumeau, nourri imparfaitement, n'a pu se développer dans son intérieur : ou bien, si l’on ne vent pas ad- mettre cette imterposilion de germes, il faut supposer, avec quelques naturalistes , la préexistence des fœtus à la fécondation, une suite d'êtres emboités les uns dans les autres depuis la création du monde, et se développant successivement. Je m'arrête, il ne m'appartient pas de pénétrer de pareils mystères; l'auteur de la nature n’a pas voulu sans doute nous les laisser appro- (x) Voyez le Rapport fait à lÉcule de Médecine en 1805, extrait dans le Journal de Physique de ventose an xiu, lom. Lx, pag. 23. (2) Bonnet, Réaumur, Lyonnet ont reconnu qu’une femelle de puceron qui avait recu le mâle, transmettait son influence à 5es descendans femelles, qui succes- sivement produisaient seules plusieurs générations. Jurine découvrit que plusieurs espèees de monocles avaient la même propriété. (Cio7) londir, puisqu'ils n’ont pu l'être par les recherches et la sagacité des Haller, des Bonnet, des Réaumur, des Spallanzani, et que les savans physiologistes qui leur ont succédé conviennent que tous les systèmes sont encore iusuflisans pour expliquer la génération. RAR A A Sur les caractères du genre Condylure, d'Iliger; par M. Des- MAREST, professeur de Zoologie à l'Ecole vétérinaire d'A lfort. 1 119; Depuis que le pelit animal quadrupède américain auquel Gmelin Hisrome narurere. a donné le nom de Sorex cristatus a été introduit daus les systèmes zoologiques, il a été placé successivement dans les genres taupe ou musaraigue, ou bien on en a fait un petit groupe distinct, sous la dénomination de Condylure. Depuis l'établissement de ce genre, qui est dû à M. Illiger, M. G. Cuvier, dans son règne animal distribué suivant l’organisation, avait cru ne pas devoir l’adopter, disant s'être assuré, par l'inspection du système dentaire du Sorex cristatus, que c’est une véritable taupe et non une musaraigne. C’est ce que M. Desmarest avait admis dans l’article Condylure du nouveau dictionnaire d'Histoire naturelle; mais c'était tout-à-fait à tort, comme il s'en est convaincu depuis l'inspection immédiate et comparative d’un individu bien con- servé de cette espèce de mammifère, que lui a envoyé M. Lesueur, en sorte qu'il suppose que M. Cuvier a examiné un crâne de taupe véri- table pour celui d’un Condylure. Cela estrendu évident dans le Mémoire de M. Desmarest, parune comparaison exacte du système dentaire de la taupe et de celui du Condylure; nous ne rapporterons que la description de celui de ce dernier. Dans le Condylure, les incisives de la mâchoire supérieure sont au nombre de trois de chaque côté, anomales, im- plantées dans les os prémaxillaires ; la première très-large, contiguë à celle de l’autre côté, est creusée en cuiller : la seconde ressemble toul-à-fait à une canine très-longue, comprimée , un peu triangulaire à sa base où elle offre un petit tubercule de chaque côté : la troisième, un peu distante, la plus petite de loutes les dents de la mâchoire su- périeure, est simplement conique, un peu comprimée et légèrement recourbée en arrière. A la suite de ces trois incisives viennent sept autres dents, dont les antérieures, plus petites, distantes entre elles , assez larges, offrent en avant et en arrière de la base un petit lobe pointu. Les quatre molaires véritables, plus grosses, composées cha- cune de deux replis de l'émail, formant deux tubercules aigus du côté intérieur , sont creusées obliquement en gouttière du côté externe, et ont un talon en capsule à la base interne; la première est plus petite que la seeonde, qui l’est plus que la troisième, la plus grosse de toutes, 4 Quatrième l'étant un peu moins, ; FL À la mâchoire inférieure, qui est très-mince, on trouve deux inci- ( 108 ) sives aplaties, proclives, en forme de cure-oreille; cinq fausses mo- laires, distantes entre elles; la première, la plus grande, à trois lobes, dont le médian est le plus grand , et l’antérieur très-effFacé ; la seconde presque semblable, mais plus courte, plus comprimée, ason lobe pos- térieur plus apparent; la troisième a quatre lobes, dont un antérieur, un médian le plus grand , et deux postérieurs ; la quatrième est de même forme, si ce n’est qu’elle est un peu plus épaisse par la rentrée en dedans du premier lobe postérieur; la cinquième ne diffère de la quatrième que par la largeur, plus considérable, et presque égale à celle de la première vraie molaire. M. Desmarest ne compte ensuite que trois dents de celte dernière sorte; elles présentent, comme les supérieures, des replis d'émail formant pointe , mais dans une disposition inverse, et le dedans de la dent, au lieu d’un talon en cupule, présente une muraille perpendiculaire deux fois échancrée à son sommet, chaque échancrure correspondant à la gouttière qui descend de l’une des deux pointes. En sorte que le nombre total des dents de chaque côté des mâchoires du Condylure est de dix en haut et de dix en bas, distribuées comme l'indique la formule suivante : | STE HANO Jai 7. dont quatre vraies, incisives —, canines —, molaires, —, : : 2 o 5 ? dont trois vraies; tandis que dans la taupe le nombre total est en haut et de chaque côté de onze, et en bas également de onze, ou ANSE 3 ; 1 2 7 INCISIVES 45 canines — , molJaires RE 1 M. Desmarest décrit ensuite avec détails les différentes parties du Condylure, et entre autres les singulières pointes cartilagineuses, mobiles, à surlace granulée, qui ornent l'extrémité de son museau soutenu par un boutoir; il montre que les extrémités postérieures sont proportion- uellement plus longues que celles des taupes, et qu'il y a au dessous du pied une large écaille membraneuse, qui n'existe pas dans celles-ci; les moustaches sont composées de poils rudes assez longs, et dans une direction horizontale ; les poils qui bordent le côté externe des mains sont également roides , mais du reste ce sont tous les caractères des taupes. Il s'agit maintenant de savoir si ce genre doit contenir, outre le S. cristatus de Gmelin, son Talpa longicaudata, comme le pense M. Illiger; M. Desmarest n'ayant pas vu le système dentaire de celle-ci, n'ose prononcer; mais comme elle vient du même pays que le Condy- lure à crêtes, il ne lui paraît pas impossible que ce soit le même animal. Quant au nom de Condylurus , imaginé par M. Illiger. M. Desmerest fait voir qu'il est assez mauvais, puisqu'il est fondé sur une disposition probablement artificielle de la queue, qui, par la dessication, offre des espèces de nœuds ou d’articulations, provenant de celles 5 vertèbres. H. DE Bv. RS A A ( 109 ) De l'influence que la réfraction ordinaire et la réfraction extraor- dinaire exercent sur l'absorption des rayons lumineux, dans leur passage à travers certains corps cristallisés; par M. BIOT. Tous les minéralogistes savent que la tourmaline se rencontre ordi- nairement en prismes plus ou moins colorés, qui sont le plus souvent opaques dans tous les sens, mais qui, quelquefois, sont opaques seu- lement dans le sens de leur axe, et transparents dans les autres; on en trouve même, rarement à la vérilé, qui sont transparents dans lous les sens. En étudiant les modifications imprimées à la lunuère par des plaques de tourmaline verte, comprises dans la seconde classe, j'ai depuis long-temps fait voir que de pareilles plaques, lorsqu'elles sont suffisamment épaisses, polarisent perpendiculairement à leur axe toute la lumière qui les a traversées, d’où il suit que si on les expose à un faisceau de lumière naturelle, elles ne laissent passer que les rayons qui subissent la réfraction ordinaire à travers leur substance. J'ai montré aussi que cette absorption du rayon extraordinaire est progres- sive; car si l’on taille une aiguille de tourmaline en prisme dont te tranchant soit parallèle à son axe, et qu'on regarde un objet délié, par exemple une épingle blanche à travers le bord le plus mince de ce prisme, on voit deux images de l’objet, dont lune est donnée par la réfraction ordinaire, l'autre par la réfraction extraordinaire; mais si l’on déplace lentement l'œil, de manière à faire passer les rayons par des parties plus épaisses du prisme, on voit l'image ordinaire S’'affaiblir peu à peu, jusqu’à ce qu’enfin l'épaisseur qu’elle traverse étant sufhisamment grande, elle s’'évanouit en totalité. En décrivant ce phénomène dans mon Traité de physique, j'ai fait remarquer que l'absorption du rayon ordinaire dans cette circonstance ne se fait pas d’une manière uniforme sur toutes les couleurs; car, des deux images qui se montrent, même aux épaisseurs les plus petites, l'extraordinaire, celle qui doit subsister, est constamment blanche, ou du moins de l'espèce de teinte que la tourmaline peut transmettre; mais l'ordinaire, qui doit s'évanouir, étant comparée à l’autre, paraît vert- Jjaunâtre, c’est-à-dire que, presque dès son entrée dans le cristal, elle a perdu ses rayons violets et bleus en plus grande proportion que les autres rayons; et, comme ces molécules restent encore dans l’autre image, il en résulte qu’elles sont plus aisément absorbées par la tour- maline quand elles sont polarisées paralellement à son axe, et qu’elles subissent la réfraction ordinaire, que lorsquelles sont polarisées per- pendicalairement, et qu’elles subissent la réfraction extraordinaire. Je viens de trouver une propriété analogue dans la topaze jaune du Brésil; et elle y est d'autant plus évidente, qu'aucun des deux faisceaux n'étant complétement absorbé par cette substance, au moins dans les limites d'épaisseur où je l'ai étudiée, on peut en suivre plus aisément et plus complétement les modifications. eue 1619. (Sarot) J'ai fait cette observation sur une très-belle fopaze du Brésil d’un jaune-orangé, que je dois à la bienveillante générosité de M. de Souza. Comme je destinais celle topaze à des expériences de double réfrac- tion, je déterminai d’abord la direction de ses deux axes, puis je la fis tailler en un parallépipède dont je représenterai le système des faces par A B C. Les faces A et B étaient perpendiculaires aux bases na- turelles données par le clivage; mais les faces A étaient dirigées per- pendiculairement au plan qui contient les deux axes et les faces B parallèlement à ce plan. Les faces C étaient parallèles aux bases natu- relles. Cela posé, un rayon blanc, polarisé en un seul sens, a été transmis successivement à travers chaque système de faces, sous l'iccidence per- pendiculaire, et l’on a successivement tourné la plaque de manière que le rayon fût réfracté tout entier ordinairement ou lout entier extraor- dinairement. Cela posé, voici les phénomènes qui se sont présentés : 10, Lorsque le rayon est transmis à travers les faces À, perpendicu- laires aux bases et au plan des deux axes, il donne toujours une image blanche soit qu'il se réfracte ordinairement ou extraordinairement ; 2, Lorsque le rayon esttransmis à travers les faces B perpendiculaires aux bases, mais parallèles au plan des deux axes, il est blanc quand il subit la réfraction extraordinaire ; mais, quand il subit la réfraction ordinaire il est jaune-orangé ; 50, Les mêmes varialions de teintes s’observent quand le rayon passe à travers les faces C parallèles aux bases naturelles données par le clivage, et elles ont le même rapport avec les deux réfractions ; de là il résulte que, si le parallépipède a des épaisseurs égales perpendiculai- rement aux faces À et perpendiculairement aux faces B, un objet blanc vu à travers les faces À paraîtra sensiblement blanc, et à travers les faces B paraîtra jaune, par l'effet de l'absorption prédominante des rayons violets et bleus qui subissent la réfraction extraordinaire quand ils sont transmis dans ce dernier sens. C’est ce qui a lieu en effet dans le cristal qui a servi à mes expériences. L'exposition de ces résultats fait voir qu'ils dépendent de la manière dont les particules colorantes de la topaze jaune sont, je ne dis pas distribuées, mais disposées dans chacune des molécules intégrantes de ce minéral; ils dépendent aussi de la cause, encore inconnue, qui détermine l'absorption des rayons lumineux dans les corps : sous ce double rapport, ikrm'a paru utile de les signaler; ils sont d'autant plus singuliers, que , dans la topaze comme dans la tourmaline, l'image extraordinaire est celle qui conserve sa couleur primitive, quand il se produit des variations de teinte, tandis que l'image ordinaire est altérée quoique la double réfraction de ces deux corps ne soit pas de même vature, la tourmaline étant un cristal à un seul axe avec une double réfraction répulsive, et la topaze un cristal à deux axes dont la double réfraction est attractive. En outre, toutes les topazes Jaunes du Erésil, étant taillées de la même manière, produisent ces phénomènes avec des @rrrdi) degrés d’intensités très-divers; les unes donnant une diffésrence de teintes extrêmement marquée, lesautres une simple inégalité de nuances à peine sensible; et, ce qui esl bien remarquable, ce faible pouvoir peut se rencontrer dans celles qui sont le plus fortement colorées. La réfraction extraordinaire aurait-elle done, dans certaines circonstances, la faculté d'imprimer au rayon transmis, une modification conservatrice qui le préserverait de l'absorption ? C’est ce que des expériences ulté- rieures pourront éclaircir. (1) Note sur le Myosurus minimus; par M. Henri Cassini. LA racine de cette plante offre une particularité remarquable. 11 y a une sorte de caudex cylindrique, blanc, dur, ayant toutes les ap- parences d’une racine : son extrémité inférieure donne naissance à une toufie de vraies racines fibreuses, filiformes, un peu rameuses; et de son extrémité supérieure nait une loufle de feuilles et de pédoncules. Il n'y a point de tige proprement dite, à moins qu'on ne veuille con- sidérer comme telle ce caudex, qui participe de la nature des tiges et de celle des racines. Remarquez qu'il se términe brusquement à ses deux bouts, sans se prolonger par la base dans aucune des racines, ni par le sommet dans aucun des pédoncules. Comme la plante croît dans les lieux un peu inondés, je soupconne que l'usage de ce caudex est d'élever la toufle des feuilles et pédoncules à la surface de l'eau, tandis que les racines sont fixées dans la terre. AAA SR AA RAA AAA Description de la Panphalea Commersonii; par M.H. Cassini. EX examinant les Synanthérées de l’herbier de M. de Jussieu, je trouvai, parmi ses chicoracées, une plante fort remarquable, étiquetée par Vahl Zapsana crassifolia. Je n’eus pas de peine à me convaincre que cette plante ne pouvait appartenir ni au genre Lapsana, ni même à la tribu des Chicoracées ou Lactucées, mais bien à la tribu naturelle des Nassauviées, el je crus pouvoir en faire un genre nouveau sous le nom de Ceratolepis. Heureusement, avant de le publier, j'ai reconnu que j'avais été devancé depuis long-temps par M. Laoasca, qui, dès l'année 1811, avait publié le même genre, sous le nom de Panphalea, dans sa Dissertation sur les Chénantophores, insérée dans les 4meni- dades naturales de las Espanas. Voici la description donnée par ce botaniste : Calÿx simplici serie heptaphyllus, œqualis, calyculatus calyculo brevi, undecimflorus. Corolla œqualis; labuun interius bidentatum. Re- (1) Pendant l'impression de cet article, j'ai vu dans quelques journaux scientifiques anglais que la Société Royale, dans une de ses séances, avait entendu un Mémoire du docteur Brewster, concernant l'absorption de la lumière polarisée par les corps doués de la double réfraction. Les termes vagues dans lesquels cette annonce est conçue, ne m'ont pas permis de concevoir nettement quels sont les principaux résultats du savant Anglais ; mais, d’après les inductions que j'en ai pu tirer, je serais porté à croire que nos vues sur ce sujet sont fort différentes. 18109. (ax) ceptaculum foveolatum. Pappus nullus. Polygamia œqualis. = Planta herbacea, undique lucida (hinc generis nomen). Folia radicalia cor- data, sublobata, petiolata ; reliqua sessilia, alterna, linearia , indivisa. Rai alterni, apice uniflori. Dpt Comme le Panphalea est une plante rare et peu connue, j'ai pensé ge les bolanistes me sauraient gré de leur en donner une nouvelle escription, plus complète et plus détaillée que celle qu’on vient de lire. Panphalea Commersoni, H. Cass. (Panphalea, Laoasca. Lapsana crassifolia, Vahl, manuscr. Herb. de Juss.) Plante herbacée, glabre, luisante et comme vernissée sur toutes ses parlies vertes. Racine tu- béreuse, sphérique, noirätre, produisant plusieurs tiges et plusieurs feuilles radicales. Tiges longues d’un demi-pied, grèles, anguleuses, ramifiées supérieurement. Feuilles alternes , coriaces , longuement pétiolées sur la racine et sur les tiges, sessiles sur les rameaux : les radicales cordiformes à la base, obtuses au sommet, divisées peu pro- fondément en sept lobes inégaux; les caulinaires inférieures larges, obtuses, trilobées ; les intermédiaires ovales, très-entières; les supé- rieures , garnissant les rameaux, linéaires-lancéolées, très -entières. Calathides petites, solitaires à l’extrémité des derniers rameaux, qui sont longs, grèles, pédonculiformes, et disposés en panicule corym- biforme. Fleurs jaunes. Calathide incouronnée, radiatiforme, pauciflore (dix ou douze fleurs), labiatiflore , androgyniflore. Péricline inférieur aux fleurs, subcylin- dracé, formé de huit ou neuf squames subbisériées, égales, oblongues, un peu élargies de bas en haut; à partie moyenne coriace et prolongée au sommet en une dent spinescente, à parties latérales membraneuses et prolongées chacune en une dent aiguë, molle; trois petites squames surnuméraires, inégales, ovales-acuminées, accompagnent la base du péricline. Clinanthe petit, inappendiculé, Cypsèles obovoïdes, noires, hérissées de poils épars, gros el courts, membraneux; aisrette nulle. Corolles profondément divisées en deux lèvres : l’extérieure large et terminée par trois pelites dents; l’intérieure plus étroite, plus courte, roulée, tantôt profondément bifide, tantôt paraissant indivise. Anthères munies de très-longs appendices apicilaires et basilaires, L’échantillon de l’herbier de MN. de Jussieu, sur lequel j'ai fait ma description, a été recueilli en 1767, près de Monte-Video, par le célèbre voyageur naturaliste à qui J'ai dédié cette. espèce. M. Lagasca place le Panphalea entre le Panargyrus et le Calopti- liurn, deux genres que je n’ai pu observer, mais qui, d’après les des- eriptions de ce botaniste, me semblent en eflet presque indubitable- ment appartenir à la tribu naturelle des Nassau viées, dont le Panphalea fait très-certainement partie. ERRATA de la Livraison de juin :819. Trois lignes transposées de la page 94 à la page 95, rendent inintelligibles les des- cripüons du Fornicium rhaponticoides et du Facelis qe Le lecteur est prié d'effacer les troisième, quatrième et cinquième lignes de la page 95, et de les replacer entre la seconde et la troisième lignes de la page 94. (Cixn52) Mémoire sur l'intégration de plusieurs équations linéaires aux A Res partielles, et particulièrement de l'équation générale u mouvement des fluides; par M. Poisson. 1819: L'éÉQuATIoN dont on s’est principalement occupé dans ce Mémoire, Marnémariques. est celle-ci : d'os div d? =, PTT 0 denied 0) dans laquelle à est un coeflicient constant. C’est de la quantité ®, déterminée par cette équation, que dépendent, comme on sait, les lois des petits mouvements des fluides élastiques, lorsqu'on suppose cons- tantes la densité naturelle et la température du fluide. Les essais qu’on a tentés pour en trouver l'intégrale complète, en conservant les quatre variables indépendantes 4, x, y, z, ont conduit à des résultats si com- pliqués, qu'il serait impossible d’en faire aucun usage. Cependant lin- tégrale à laquelle je suis parvenu est d’une forme très-simple; et voici, en peu de mots, le procédé dont j'ai fait usage pour l'obtenir. En désignant par U une fonction quelconque de x, y, z, nous ferons, pour abréger, Sn EU En æ? dy? d 2° et nous conviendrons de représenter par SU, SU, SU, etc., ceque devient SU lorsqu'on y met SU, SU, SU, etc., à la place de U; à ; nm m—1 en sorte qu’on ait généralement $ U=8.5 U. Au moyen de cette notation , l'intégrale complète de l'équation (1) en série ordonnée suivant les puissances de 7, sera at? ah t af £° Ne Eee ral M re ENT M at a t5 + LV + & d V + ae el V + etc.; U et V étant les deux fonctions arbitraires. La première partie se déduit de la seconde, en la différentiant par rapport à 7, et y mettant U à la place de V; si donc nous faisons a? t añ 15 T=iV+ — 4 ——— d° etc. nt re UN 4 il nous suflira de chercher l'expression de cette quantité T sous forme finie, par le moyen des intégrales définies. D'après les analogies connues entre les puissances et les différences, nous aurons È d V=(g +k +k) V; Livraison d'août. 15 Acad. des Sciences. Juillet 1819. Cu14) pourvu que dans le développement du second membre, les lettres £» hk, k Soient des san d'opérations qui indiquent des différentielles relatives à x, y, z, divisées respectivement par dæ, dy, dz. De cette manière, la série précédente deviendra ; a°t° ai Li a , fs + se + L° + 1) + 23LE HP HR) + ete.) PIN: 2. 9.4 Or, j'ai démontré dans le Mémoire, que si lon fait g° + 77 + k —p?, on aura, quelle que soit la fonction f, ce résultat général: 41 Hi (g cos. u + À sin. # sin. » + # sin. cos. ») sin. u du dy ? = 2» {JC cos.) sin, 8 dù; (2) les intégrales élant prises depuis 4 = 0, » —=0,5= 0, jusqu'à uw = 7, » — 27,0 — +, etr désignant, à l'ordinaire, le rapport de la circon- férence au diamètre. Soit, de plus 2 6 UPIH8S g cos. 4 + h Sin. & sin. » + K sin. 4 cos.» = &; an +1 . 0 2n = en prenant successivement f2=a , fa = « , et supposant z un nombre entier et positif, on conclut de cette équation (2), 2%, . RDS |: sin. 4 du dy = 2"P_ |, an +1 anti . ce Sim. Z du dp = 0; et, au moyen de ces résultats, on peut écrire la valeur de T sous cette forme : na ÿ ft4 24 À = ffe at à qe e LC PL s + etc.) 4 V sin.z du dr, La 2 2. 5 Vas 4 ou, ce qui est la même chose, t ata ? T= ff" V sin. 4 du dy; 17 e étant la base des logarithmes népériens. Mais x’, y’, x! étant trois quantités quelconques , on a, en vertu des mêmes analogies que nous venons de citer, u f } a # #27 : ; À e” ce J(R502) = fs +zip tt pl, are 0)s remettant donc pour « sa valeur, et faisant V = f(x, y, z), nous aurons alu . , . e e V—=f(x+arcos.u,y + atsin.wsin. y, z + at Sin, # cos.» ); (ab 9 au moyen de quoi la valeur de T se trouve exprimée sous forme finie, comme on le désirait. Si nous faisons de même U = F (x, y, z), nous déduirons l’ex- pression de la partie de 6 qui dépend de U, de cette valeur de T, en la différentiant par rapport à 4, et y substituant la fonction F à j. Donc, en comprenant le diviseur 47 dans les fonctions arbitraires F et /, nous aurons pour l'intégrale complète de l'équation (+) sous forme finie : pA ? jte + atcos.u, y + atsin.usin.»,z+at sin.wcos.») tsin. 4 du dy +8 ffEcr + atcos.u, y + atsin.usin.»,z + afsin.zcos.») tsin. x du dr; les limites des intégrales étant toujours 4u=0 etu=7, »—oet»—27r. On pourra se servir de cette formule pour résoudre, par rapport au mouvement des fluides, des problèmes qui n’ont pas encore été résolus, où qui ne l'ont été que dans des cas particuliers. Je me propose de faire de ces applications l’objet spécial d’un autre Mémoire. Les autres équations aux différences partielles que j'ai considérées dans celui-ci, sont moins importantes que l'équation générale da mou- vement des fluides; d’ailleurs les intégrales de la plupart d’entr'elles étaient déjà connues; mais je les ai obtenues par des procédés nou- veaux, et sous des formes qui ne sont pas toujours les mêmes que celles des intégrales connues. Toutes les intégrales qu’on trouvera dans mon Mémoire ont l'avantage de se prêter facilement, d’après leurs formes, à la détermination des fonctionsarbitraires qu'elles contiennent; en sorte que non-seulement elles satisfont de la manière la plus géné- rale aux équations dont elles sont les intégrales complètes, mais on doit encore les regarder comme étant les solutions définitives des problèmes qui ont conduit à ces équations. P. AAA AA SAS ES Mémoire sur la Théorie des machines à jeu; par MM. DESORMES et CLÉMENT. (Extrait.) C'esr une des questions les plus intéressantes de la philosophie na- turelle , que celle de la puissance mécanique du feu ; sa solution im- porte également à la science et à l’utilité publique. On manquait jusqu’à présent des données nécessaires pour y parvenir; mais MM. Desormes et Clément viennent de les déterminer par des expériences, et d’en faire l’application à cette grande question. Ils ont reconnu quelle quantité de chaleur exigeait la constitution de la vapeur d’eau à toutes les pressions PaysiQuE. Acad. des Sciences, 16 et 23 août 1819. ( 1:16) et à toutes les températures, et ils ont fait connaître suivant quelle loi décroissait la force élastique des gaz, par suite de leur dilatation mé- canique. En ajoutant à ces notions nouvelles l’usage de la loi de Mariote et de celle de MM. Dalton et Gay-Lussac sur l’influence de la chaleur sur le volume des gaz, ils sont parvenus à établir une théorie complète de la puissance mécanique du feu appliquée aux gaz et aux vapeurs. Leur ouvrage se divise en trois parties. Dans la première, ils rendent compte de leurs nouvelles expériences sur la quantité de calorique que contient la vapeur d’eau à des températures et à des pressions très- différentes. IL en résulte qu’un poids donné de vapeur d’eau constituée à quatre atmosphères de pression où à une atmosphère, et qui retourne à l'état liquide et à une température semblable, abandonne la même quantité de chaleur. Ainsi un kilogramme de vapeur d’eau existant sous une pression de quatre atmosphères qui serait conduit dans un calorimètre de Lavoisier, où il se condenserait entièrement et reviendrait à la température de la glace fondante, liquéfierait 7 k°. 500 de glace, comme s’il existait d'abord sous d’autres pressions, telles que 3, 2 ou à atmosphères. Cependant les températures de la vapeur à toutes ces pressions sont fort difiérentes enir'elles, mais les volumes sont d'autant plus grands qu’elles sont plus basses, ce qui établit une parfaite compensation, et la simi- ltude est complète. MM. Desormes et Clément croient pouvoir conclure de leurs expé- riences cette loi générale, savoir : qu'une masse donnée de vapeur constituée jusqu'à la saturation de l’espace, contient la même quantité de calorique, quelles que soient la température et la tension, De là ils déduisent qu'une quantité donnée de vapeur une fois consti- tuée à une température quelconque, peut se dilater où se condenser sans perdre l’état élastique, quelle que soit la température qui résulte des modifications qu'éprouvera son volume, pourvu que la quantité de calorique reste la même. sont ainsi fixé l'unité de calorique qui constitue la vapeur dans toutes les circonstances où elle peut exister; et, pour déterminer la puissance mécanique que ce calorique peut offrir dans ces circonstances, il ne leur resie qu'à reconnaitre comment la force élastique est modifiée par l’ex- pansion, par le changement de chaleur spécifique, par le refroidissement, C'est un fait constant que la dilatation mécanique d’un fluide élastique le refroidit. La cause de ce refroidissement esl l'augmentation de sa cha- leur spécifique. Cette vérité a été établie par MM. Delaroche et Bérard, et par MM. Desormes et Clément, dans les deux Mémoires présentés, en 1812, au concours ouvert par l'Institut sur la chaleur spécifique des gaz. C117) Ces deux derniers physiciens avaient de plus donné la loi suivant laquelle avaient lieu les changements dans la chaleur spécifique des gaz par leur expansion. Selon eux, les augmentations de chaleur spécitique sont exactement proportionnelles aux augmentations de volume ; ainsi la chaleur spécifique d’une quantité donnée d'air élant 1000 à o#*, l'addition d’un espace égal au premier volume l’augmentera de 400, et celle d’un troisième, d’un quatrième volume, d'autant. Admettant ensuite que les températures sont en raison inverse des chaleurs spécifiques, on conclut sans peine la température de l'air sous tous les volumes où la dilatation mécanique peut le présenter. On peut donc obtenir sa force élastique dans toutes É circonstances. MM. Desormes et Clément admettent cette loi pour tous les gaz et pour les de de sorte qu'avec la connaissance de la chaleur Spéci- fique des fluides élastiques à une température donnée, ils peuvent en déduire la force élastique à toutes les températures. C’est ainsi qu'ils peuvent parvenir à déterminer le rapport entre une quantité donnée de calorique, et la puissance mécanique qu’elle peut produire dans tous les fluides élastiques. Ce n’est cependant pas ainsi qu’ils procèdent pour déterminer la puis- sance mécanique de la vapeur d'eau, parce que sa chaleur spécifique leur est inconnue, parce qu'il est trèes-difficile de la rechercher par l'expérience. Mais ils ont recours à la table de la force élastique de la vapeur d’eau, laquelle a été fournie par l'expérience. Cette Lable leur donne le rapport entre la force élastique et la température, rapport qui leur suffit pour assigner les changements de volume subis par une quantité de vapeur, à tous les degrés de l'échelle thermométrique où l'expérience a été faite. Dans la seconde partie de leur travail, les auteurs se livrent au calcul de la puissance mécanique que peut présenter l'emploi d’une quantité donnée de calorique aux gaz et à la vapeur d’eau ; ils emploient à recon- vaitre le maximum de puissance mécanique, l'hypothèse d’un grand vase plein d’eau, au fond duquel une action chimique ferait naître une quantité donnée de gaz ou de vapeur permanente. L'introduction du gaz au fond de ce vase ne peut avoir lieu sans faire déborder un volume d'eau égal au sien, par un déversoir placé à la plus srande hauteur de Peau dans le vase. La puissance mécanique produite est alors égale à la masse d’eau montée du fond du vase, multipliée par la hauteur. Mais ce n’est pas à cet effet que se borne la puissance du gaz ou de la vapeur : si on l’abandonne à elle-même, elle s’élévera spontanément, arrivera à des régions où la pression sera moindre; le volume augmen- tera, et de nouvelles quantités d’eau sortiront du gaz; de nouvelles quantités de puissance mécanique seront réalisées. MM. Desormes et Clément se sont appliqués à déterminer le maxi- 1819. ( 118) mum de puiseance de la vapeur d’eau dans les limites où son existence peut être utile, éntre une préssion de 5 atmosphères et une pression de + d'atmosphère, et ils ont trouvé qu’un kilogramme de vapeur re- présente alors 115 unités de puissance mécanique. (L'unité = 1 mét. cube d’eau X 1 mét. de hauteur.) Dans la troisième partie du Mémoire que nous analysons, on applique la théorie aux machines à vapeur connues. On les distingue en trois classes : la première se compose des ma- chines qui n'emploiïent pas la vapeur à une pression supérieure à une atmosphère, mais où elle est condensée. La seconde comprend les machines à haute pression sans conden- sation. Dans la troisième se trouvent les macites à détente. Elles emploient la vapeur à la plus haute pression convenable, et profitent de sa détente jusqu'a des points divers. Les premières machines se trouvent avoir leur maximum de puis- sance mécanique borné à 17,68 unités. Les secondes peuvent à peine atteindre 16,64 unilés ; mais le maximum des troisièmes peut s'élever jusqu’à 115 unités. Aucune des machines connues ne réalise le maximum que lui assi- gne la théorie; toutes en sont encore très-éloignées, et la plus parfaite des machines à détente ne nous présente qu'environ -= de la puissance de la vapeur du feu qu’elle emploie. Tel est le résultat auquel parviennent MM. Desormes et Clément. S'il est peu flatteur pour l’art de la mécanique, il est bien satisfaisant pour la société, puisqu'elle a ainsi l’espérance de voir de brillants et utiles progrès se réaliser et lui offrir la puissance mécanique, cette source immense de richesses, à un prix beaucoup moindre que celui auquel nous avons su l'obtenir jusqu’à présent. Lorsque la science découvre ainsi, par l'étude de la nature des choses, toute l’utilité dont elles peuvent être pour l'humanité, elle a rempli toute sa destinée, elle a pénétré jusqu'a la connaissance des lois les plus secrètes de la nature, et elle en remet l'emploi aux arts utiles, qui doivent s’empresser d’en profiter. a AA A A Sur les propriétés des eaux de la mer. Extrait d'un Mémoire du docteur MARCET, lu à la Société royale de Londres, le 15 et le 20 mai dernier, Les recherches exposées dans ce Mémoire avaient été commencées, il y a plusieurs années, de concert avec feu M. Tennant. Afin de les rendre aussi complètes qu’il était possible, on prit toutes les précautions { 119.) imasinables pour recueillir des échantillons de toutes les eaux du globe. Dans le cours de ces recherches, on avait trois choses principales en vue : leur pesanteur spécifique, leur composition chimique et leur température, La conclusion générale de tout le travail fut que la composition des eaux de la mer dans toutes les parties de l'Océan est la même , à très-peu de chose près, tant par rapport à la nature des matières salines que relativement à leurs proportions respectives , et qu’elles ne diffè- rent les unes des autres que par les quantités absolues de sel qu’elles contiennent. En parlant de la composition générale des caux de la mer, le D’ Marcet a constaté la découverte importante faite par le Dr Wolaston, qu’elles contiennent toutes de la potasse. Le Dr Wolaston estime que la quantité de cet alcali est un peu au-dessous de la deux- millième partie de l’eau, à sa température moyenne ; il pense que cette substance existe à l’état de sulfate. Le D Marcet a reçu des échantillons d’eau de mer, recueillis pen- dant les deux dernières expéditions vers les régions boréales. En cum- parant les étiquettes qui accompagnaient ces envois, il a remarqué que dans les mers du Groenland là température augmentait uniformément avec la profondeur, tandis que dans la baie de Baflin c'était tout le contraire. Quant à la composition de ces eaux, le D' Marcet trouva que les échantillons pris à la surface, n'étaient pas en général plus riches en sel que ceux qu’on avait puisés à de grandes profondeurs , à moins que la surface n'eût été récemment dégelée ; dans ce cas, la quantité de matière saline était sensiblement moindre à la surface. ARR ARR AS LAS SARA ARR Note sur les Nerfs mésentériques du Pic-Verd ; par M. MAGENDIE. LORSQUE je présentai à l’Académie des sciences mon Mémoire sur les vaisseaux Jympbhatiques des oiseaux, un membre de l’Académie me dit qu'il avait vu les vaisseaux chyleux sur un Pic-Verd gelé. Ce faitunique, opposé à tous ceux que j'avais rapportés dans mon Mémoire, pouvait être parfaitement exact, sans que les miens cessassent de l'être ; car un fait ne peut jamais en détruire un autre : cependant j'étais bien- aise de le constater par moi-même, ne füt-ce que pour le confirmer. Je me procurai donc ce printemps cinq Jeunes Pics-Verds, très- forts et très-agiles, et un adulte récemment tué ; j'examinai leur mésen- tère, soit à jeun, soit pendant la digestion, avec la plus scrupuleuse attention; je n’y découvris aucun indice de vaisseau chyleux. Sous ce rapport ils ne différaient point des autres oiseaux que j'avais disséqués : ANATOMIE. The London medical and physical journal, Août 1819. ( 120 ) mais les nerfs qui se portaient aux intestins m'offrirent une disposition toute particulière ; ils étaient renflés cà et là, ce qui leur donnait un aspect très-différent de celui qu’ils ont ordinairement. Ce sont probablement ces organes qui, altérés dans leur couleur par la congélation, auront (si je ne me suis pas abusé moi-même) fait illusion au savant anatomiste dont j'ai parlé au commencement de cette note. M. Roulin, candidat en médecine, qui depuis plusieurs années veut bien m'aider dans mes recherches, ayant eu l’occasion de disséquer cette année à Rennes un Pic-Verd et un Pic-Noir, a fait sur ces deux ani- maux les mêmes observations que je faisais en 11ême temps à Paris. Sur l’'Urine de diverses espèces d'animaux. LE docteur John Davy, dans ses recherches sur les propriétés de l'Urine de diverses espèces d'animaux, a fait quelques découvertes qui sont particulièrement mtéressantes pour les physiologistes ,et qui tendent à montrer la justesse des assertions de M. Magendie, relativement à l'influence des alimens tirés du règne animal, dans la production de l'acide urique. Le D° Prout s’est assuré, il y a quelques années, que l'urine du Boa constrictor élait composée en entier d'acide urique; le D' Davy a prouvé tout récemment que l’Urine de différentes espèces de serpents est de la même nature. Lorsqu’elle vient d'être évacuée, elle est d’une consistance butireuse, mais elle devient promptement dure, par l'exposition à l'air; on a toujours trouvé que c'était de l'acide urique, resque pur. L’Urine des lézards a été aussi dans le même cas. Celle de l'Alligator, outre l'acide urique, contient beaucoup de carbonate et de phosphate de chaux. L’Urine de tortue présentait un liquide conte- nant des flocons d'acide urique, et tenant en dissolution un peu de mucus et de sel commun, mais point de traces d’urée. Dans le traitement des maladies calculeuses, lorsque les concrétions sont composées principalement d'acide urique, et paraissent sous la forme de sable et de gravier, nous avons eu fréquemment l’occasion de remarquer de quelle importance majeure il est que la magnésie (qui est la meilleure des substances alcalines dans le plus grand nombre des cas, puisqu'on peut en prendre à volonté sans inconvénient), se trouve dans un état de pureté, quand on en fait usage dans ces affec- tions ; des malades qui en avaient pris long-temps à l’état de carbonate, savs en retirer aucun bénéfice, ont éprouvé le plus prompt soulagement de l'usage de la terre pure.” A AA A ( 121) Extrait d'un Mémoire de M. BeubanT , sur la pierre d'alun ct la roche aluminifère. Depuis long-temps on savait qu'il existait dans la Hongrie des pierres d’alun tout-à-fait semblables à celles de Tolfa dans les Etats Romains. Géoroatr. . . CR LA A M. Beudant, dans le voyage qu'il vient de faire dans ces contrées, a Acad. des Science recueilli sur cette substance des observations qui fixent à la fois sa nature, son gisement et son origine. À 11 faut d’abord distinguer la pierre d’alun proprement dite, de la roche aluminifére, qui ont été souvent confondues entre elles dans les collec- tions. L'une est une substance qui doit trouver place, comme espèce particulière, dans les classifications minéralogiques; l’autre est une roche composée, dont la détermination appartient à la géologie. La pierre d’alun pure se présente en masses fibreuses ou compactes, ou en cristaux révuliers. Le système cristallin, considéré par MM. Gis- mondi, Brochi, Haberlé, comme appartenant à l'octaèdre régulier, dé- rive évidemment, d’après M. Beudant, d’un rhomboëdre très-voisin du cube, dont les faces sont inclinées entre elles d'environ 92 à 95". Les cristaux qu’on observe dans les cavités des roches sont quelquefois des rhomboëdres parfaits, mais le plus souvent ce sont des rhomboëdres basés qui présentent alors l'apparence d’un octaèdre , et qui ont trompé les naturalistes qui les ontexaminés. L’angle que la face du sommet fait avec les faces adjacentes est d'environ 121 à 125%. La petitesse des cristaux empêche d’en déterminer la valeur rigoureusement. \ C’est à la présence de cette substance cristalline que les roches doivent la propriété de donner de l’alun per calcination. Ces roches présentent en Hongrie toutes les variétés qu’on observe à Tolfa dans les Etats Ro- mains ; tantôt c’est une pâte feldspathique qui renferme plus ou moins de cristaux de quarz disséminés, et qui est remplie de cavités, tapissées de cristaux de pierre d’alun; tantôt ce sont des masses compactes, à cassure plus ou moins terreuse, où la pierre d’alun est intimement mé- langée avec des matitres argileuses et siliceuses. Ces roches aluminifères forment des amas plus ou moins considéra- bles au milieu d’autres roches auxquelles elles passent insensiblement par toutes les nuances imaginables, et qui résultent de la décompos:- tion et du remaniement des ponces. M. Beudant fait voir que ces con- glomérats ponceux, d'abord bien évidents, se modifient successivement de mille manières, et finissent par donner naissance à des roches ho- mogènes, compactes ou celluleuses, siliceuses ou felispathiques, au mi- lieu desquelles il se forme des cristaux de quarz et de feldspath, d’où résultent de véritables porphyres. Ces produits de nouvelle formation renferment cà et là des débris organiques soit des plantes herbacées, Livraison d'août. 16 27septembre 1819. PaysiQUE. Acad. des Sciences, Septembre 1810. ( r22) soit des bois, passés l’un et l'autre à l’état siliceux. Ils forment ordinai- rement la partie supérieure des montagnes, et reposent sur les conglo- mérats ponceux grossiers ; c’est ce qu'on voit distinctement dans le comitat de Beregh, où se trouvent plusieurs exploitations de pierres d’alun, et aussi dans la contrée de Tokay, où les roches aluminiftres, quoique moins abondantes, se présentent encore dans les mêmes rela- lions. : Aiïnsi les roches aluminifères , dont le gisement a été jusqu'ici très-mal eonnu, font évidemment partie d’une formation porphyrique nouvelle, qui renferme des débris organiques, et qui provient de la dé omobsition et du remaniement des ponces; il en résulte que ces produits, regardés par les uns comme volcaniques, et par les autres comme de formation neptunienne, ont nécessairement participé à la fois des deux. origines. M. Feudant compare ensuite Les pierres d'alun de la Hongrie sous le rapport de la nature et du gisement, avec celles qui sont connues jus- qu'ici dans diverses localités. TT fait voir que celles de Tolfa, dans les Etats Romains, sont absolument semblables ,'et qu’il est assez probable qu’elles sont formées également aux dépens des poncés qui se trouvent aussi en plusieursendroits, dans la contrée de Civita-Vecchia, sous forme de conglomérat. Les collections des îles de Milo et d'Argentiera dans l’ar- chipel grec, présentent aussi des minérais d’alun de même genre, ainsi que des conglomérats ponceux qui offrent toutes les nuances de couleur, de consistance, d'aspect général de celles qu’il a observées en Hongrie. Il fait voir enfin que, d’apres les observations qu’ila faites il ÿ a quelques années, la brèche siliceuse du Mont-d’Or, dans laquelle M. Cordier a reconnu dernièrement la présence du sous-sulfate d’alumine et de po- tasse, appartient aussi aux conglomérats trachytiques; elle fait partie d’une masse solide très-siliceuse, qui repose sur des conglomérats ponceux blancs, qui ressemblent tout-à-fait à ceux qu’on retrouve un peu plus bas au Capucin, à la vallée de Prentigarde, et dans tout le bassin de la vallée des Bains. M. Beudant conclut de ces comparaisons, qu'il est extrêmement probable que partout, comme en Hongrie, les véritables pierres d'alun font partie du conglomérat ponceux, et proviennent du remaniement des substances volcaniques par les eaux. AAA AS AAA AS AS Considérations sur la Théorie des phénomences capillaires; par M. DE LAPLAGE. J'Ar donné dans deux suppléments au dixième livre de La" Mécanique céleste une Théorie de ces phénomènes, fondée sur l'hypothèse d'at- tractiops entre les molécules des corps qui cessent d’êtré $ensibles à des ( 123) distances sensibles. Déja Newlon, dans la question très-étendue qui termine son Optique, avait attribué à ce genre d'attraction les phénomènes capillaires et tous les phénomènes chimiques. Ilavait ainsi posé les vrais fondements de la chimie ; mais ses idées, justes et profondes, ne furent pas alors mieux comprises que sa Théorie du système du monde ; elles ont même été adoptées plus tard que cette Théorie. A la vérité ce grand géomètre n'ayant pas soumis au calcul, comme il l'avait fait pour les lois de Képler, la loi principale des phénomènes capillaires, savoir l'éléva- tion ou la dépression des liquides dans un tube eapillaire et cylindrique, en raison inverse de son diamètre, on pourrait élever des doutes sur la cause à laquelle il attribuait ce phénomène général ; car il ne suffit pas pour expliquer les effets de la nature, de les faire dépendre vaguement d'un principe, il faut prouver par le calcul que ces effets en sont une suile nécessaire. Personne ne sentait mieux que Newton la nécessité de celte règle; mais il a sans doute été arrêté par les difficultés du problème, comme à l'égard de plusieurs points du système du monde, qu'il s'était contenté d'attribuer, sans preuve, à l'attraction universelle, et que l'analyse perfectionnée a fait dériver de ce principe. Clairaut est le premier qui ait entrepris d'appliquer l'analyse aux phénomènes capil- laires, dans son bel ouvrage sur la figure de Îa terre; il suppose que les molécules du verre et de l’eau s’attirent réciproquement suivant une loi quelconque, et après avoir analysé toutes les forces qui en résultent pour soulever l'eau dans un tube de verre, capillaire et cylindrique, il se contente d'observer, sans le prouver, « qu'il ya une telle loi à donner » à l'attraction, qu'il en résulie que l'élévation de l’eau dans le tube » sera en raison renversée du diamètre , ainsi que l'expérience le donne. » Mais la difficulté du problème consiste à faire voir l'existence de cette loi, et à la déterminer. C’est l'objet que j'ai rempli dans ma Théorie de l'action capillaire. D'après cette Théorie, l'élévation et la dépression des liquides dans les tubes capillaires, en raison inverse du diamètre de cés tubes, exigent que l'attraction moléculaire soit insensible à des distances sensibles; toute loi de ce genre satisfait à ce phénomène. L’a- valyse qui m'a conduit à ce résultat, m'a donné pareillement l’explica- ton des phénomènes nombreux et variés que présentent les liquides dans les espaces capillaires : j'ai multiplié le plus qu'il m'a été possible ces phénomènes, et j'ai trouvé constamment les résultats du calcul d'accord avec l'expérience; aussi ai-je eu la satisfaction de voir ma théorie adoptée par tous les géométres qui l'ont approfondie. Mes savans confrères Haüy et Biot l'ont exposée avec autant de clarté que d’élé- gance dans leurs Trailés de physique, et un jeune physicien bien connu de l'Académie, M. Petit, en a fait le sujet d'une dissertation in- -téressante. Il faut done exclure toutes les lois d'attraction, sensibles à des distances sensibles et diflérentes de la gtavilation universelle. 1019. (124) Hanskbée avait déjà reconnu, par l'expérience, que l'épaisseur plus ou moins orantie des parois d’un tube capillaire, n’a aucune influence sur l'élévetion du liquide, et il en avait conclu que l'attraction du tube est insensible à une distance sensible; mais l'élévation du liquide à raison inverse du diamètre du tube, le prouve d’une manière beaucoup plus précise. Une remarque importante est que la même attraction moléculaire agit d’une manière très-différente dans les phénomènes chimiques et dans les phénomènes capillaires. Dans les premiers, elle exerce toute son énergie; elle est très-faible dans les seconds, et dépend de la cour- bure des espaces capillaires qui renferment les liquides. L'effet chimique de lattraction est exprimé par l'intégrale de la différentielle de la dis- tance, multipliée par une fonction qui dépend de cette attraction, et qui diminue avec une extrême rapidité quand la distance augmente. L’intésrale du produit de la même différentielle par la distance , divisée par le rayon de courbure de l’espace, exprime l'effet capillaire. 11 est facile d'en conclure que cet effet est d’un ordre très-inférieur à celui de l'effet chimique, quand la distance à laquelle l'attraction devient insen- sible est très-petite relativement au rayon de courbure. Dans la nature, les molécules des corps sont animées de deux forces contraires : leur attraction mutuelle, et la force répulsive de la chaleur. Quand les liquides sont placés dans le vide, ces deux forces se font à très-peu près équilibre; si elles suivaient la même loi de variation rela- tivement à la distance, l'intégrale qui exprime l'effet capillaire serait insensible ; mais si les lois de leur variation sont différentes , et si, comme cela est nécessaire pour la stabilité de l'équilibre, la force ré- pulsive de la chaleur décroit plus rapidement que la force attractive, alors l'expression intégrale des effets capillaires est sensible, dans le cas même où l'expression intégrale des effets chimiques devient nulle, et les phénomènes capillaires ont lieu dans le vide comme dans l'air, con- formément à l’expérience : la théorie que j'ai donnée de ces phénomènes embrasse l’action des deux forces dont Je viens de parler, en prenant pour l’expréssion intéorale de l'effet capillaire la différence des deux intégrales relatives à Pattraction moléculaire et à la force répulsive de la chaleur, ce qui répond à l’objection du savant physicien M. Young, qui reproche à cette théorie de ne point considérer cette dernière force. Comment ces forces attractives et répulsives dont l’action est si diffé- rente dans les phénomènes chimiques et dans les phénomènes capillaires agissent-elles dans le mouvement des liquides ? C'est une question que les vrais géomètres jugeront très-difficile, Une longue suite d'expériences précises et variées, l'emploi de toutes les ressources de l'analyse, et pro- bablement encore la création de nouvelles méthodes, seront nécessaires pour’ cet objet. Après avoir reconnu l'influence de la courbure des sur- (1291) faces dans les espaces capillaires, j’essayai d'appliquer mon analyse au mouvement d’oscillation des liquides dans les tubes recourbés très-étroits. On conçoit, en effet, que dans ce moment la courbure de la surface du liquide change sans cesse, ce qui produit une force variable qui tend à élever ou à déprimer le liquide, suivant que la surface est concave où convexe. Cette force a sur le mouvement du liquide une influence sen- sible lorsque Le tube est fort étroit, et quand les oscillations ont peu d'étendue. Quelques expériences me paraissent l’indiquer ; mais le frot- tement du liquide contre les parois du tube, et la viscosité des molécules liquides, ou la difficulté plus où moins grande qu’elles éprouvent à glisser les unes sur les autres, deux causes qu’il est presque impossible de soumettre au calcul et de combiner avec le changement de sa surface, me firent abandonner cette recherche. L'effet de ces causes est remar- quable, même dans les phénomènes capillaires, et l’on doit user de pré- cautions pour s’en garantir. On l’éprouve journellement dans les obser- vations du baromètre, qu'il faut légèrement agiter pour avoir la hauteur du mercure due à la seule pression de l'atmosphère. Cet effet s'observe encore lorsque l’eau s'élève dans un tube de verre capillaire. Newton, Hanskbée et M. Haüy n’ont trouvé, par leurs expériences, que la moitié de la hauteur observée par M. Gay-Lussac. Les premiers employaient des tubes secs, dont les parois opposaient par leur frottement et par l'air adhérant à leur surface une résistance sensible à l'ascension de l’eau ; le second ; pour anéantir cette résistance, humectait ces parois ; il obtenait ainsi une hauteur toujours la même, et double à peu près de la précé- dente. Le frottement et la viscosité des liquides doivent être principalement sensibles dans leur écoulement par des canaux étroits; ce phénomène composé ne peut donc pas nous conduire aux lois de l'attraction molé- culaire. Quand on veut remonter à un principe général, la méthode phi- losophique prescrit d’en considérer les effets les plus simples. Ce fut par les lois simples da mouvement elliptique, que Newton découvrit le prin- cipe de la pesanteur universelle, qu’il eût difficilement reconnu dans les inégalités nombreuses et compliquées du mouvement lunaire. On doit pareillement rechercher les lois des attractions moléculaires, en consi- dérant leurs effets dans les phénomènes de la statique chimique et dans ceux que présente l'équilibre des liquides contenus dans les espaces ca- pillaires. Ces phénomènes ne laissent aucun lieu de douter que ces at- tractions soient insensibles à des distances sensibles; ils prouvent encore qu’elles s'étendent au-delà du contact ; autrement l'expression intégrale des effets capillaires serait nulle, ainsi que l'influence de la masse dans les affinités chimiques, influence dont M. Berthollet a si bien développé les effets, et à laquelle la théorie capillaire prête l'appui du calcul. Mais s'il est indispensable d'admettre, entre les molécules, des substances BorantiQue. ( 126 ) L ondérables , des forces qui s'étendent à une petite distance des surfaces, il serait contraire à tous a phénomènes de supposer cette distance ap- préciable. De pareilles forces seraient sensibles dans les observations astronomiques et dans les expériences du pendule; surtout elles se se- raient manifestées dans la belle expérience de Cavendish pour déterminer la densité de la terre. Dans toutes ces observations très-précises, on n’a reconnu que les effets de la pesanteur universelle. Quelques physiciens, pee expliquer les phénomènes du magnétisme, avaient introduit des orces attractives et répulsives, décroissantes comme le cube de la dis- tance; mais Coulomb, qui joigvait à l’art de faire avec précision les expériences, l'esprit d'investigation qui sait les diriger vers un but inté- ressant, reconnut que les forces de l'électricité et du magnétisme suivent la même loi que l'attraction universelle. Ces forces présentent quel- quefois, par leur décomposition , des résultantes qui décroissent en raison du cube de la distance, comme il arrive aux attractions du soleil et de la lune dans le flux et le reflux de la mer. Mais si les phénomènes com- posés qui sont les effets de ces résultantes ne conviennent pas pour faire découvrir les lois primordiales, ils sont très-propres à vérifier ces lois, quand on peut les soumettre au calcul. Le savant physicien dont je viens de parler avait fait, dans cette vue, uu grand nombre d'expériences dé- licates touchant la manière dont l'électricité est répandue sur la surface de divers globes électrisés en contact, ou en présence les uns des autres; mais les explications qu'il en a données, ;quoique ingénieuses, étaient imparfaites, et ne pouvaient acquérir l'exactitude désirable qu’au moyen d'une analyse plus profonde que celle dont il a fait usage. Cet objet a été complétement rempli par M. Poisson, daris deux beaux Mémoires insérés parmi ceux de l’Institut. L'accord de ses calculs avec les expériences de Coulomb, est une vérification importante de la loi des forces électriques, Ces applications de la haute analyse ont le double avantage de pertec- tionner ce puissant instrument de l'esprit humain, et de nous faire pé- uétrer profondément dans la nature dont les phénomènes sont Les résultats imathémaliques d'un pelil ombre de lois générales. RAS ASS SARA RAS AS Extrait d'un Mémoire de M. AUBERT DU PETIT-THouaARs, sur la transformation des parties de la fructification en feuilles. L’aurEuR a observé un individu monstrueux de erbascum pyra- midatum, qui lui a offert les particularités suivantes. Toutes les parties de la fleur, excepté les étamines, manifestaient une tendance à se métamorphoser en feuilles. Dans plusieurs fleurs, l'ovaire élait très-allongé, élargi au sommet, biloculaire; chaque loge / (137) contenant une sorte de tige divisée au sommet en rameaux (erminés chacun par un globule formé d’une petite feuille roulée. Dans d'autres fleurs, le pistil était remplacé par deux feuilles opposées, renfermant deux autres feuilles plus petites qui croisaient les premières, et qui contenaient elles-mêmes le rudiment d’un troisième ordre de feuilles. M. du Petit-Thouars décrit une autre monstruosité non moins re- marquable, qu’il a observée sur le navet (Brassica napus ). Les étamines étaient la partie qui conservait le plus souvent sa forme ordinaire; mais quelquefois elles étaient converties en branches portant des feuilles verticillées. Le pistil était ordinairement changé en une branche, portant à quelque distance au-dessus de sa base deux feuilles opposées, entre lesquelles se trouvaient {rois rameaux, terminés tantôt par des feuilles, tantôt par des fleurs. D’autres fois les deux feuilles se gonflaient, se rapprochaient, se joignaient par les bords, de manière à former une vraie silicule entièrement close, surmontée d’un style, et contenant deux rameaux repliés qui quelquefois sortaient de leur enve- loppe. Plus rarement, des siliques peu défigurées en dehors, mais ren- flées au sommet, contenaient, à la place des graines, des feuilles re- coùrbées. L'auteur pense que ces observations confirment son système sur l'origine de la fleur, suivant lequel le calice, la corolle et les étamines résulteraient de la transformation d’une feuille, et le pistil de celle du bourgeon né dans l’aisselle de cette feuille. Les feuilles de ce bourgeon s’agoelutinant ensemble forment le péricarpe ; les ovules sont constitués par de nouveaux bourgeons nés du précédent, mais dont les feuilles isolées, repliées, et incapables par elles-mêmes de produire d’autres bourgeons, forment des sacs stériles jusqu’à ce qu'ils soient fécondés par l'organe mäle. M. du Petit-Thouars ne croit point à la préexistence des germes, parce que l'embryon, dès qu'il est perceptible à la vue, n’adhère aucunément à l’ovule. H. C. Description d'une nouvelle espèce de Piqueria; par M. H. Cassini. Cavanilles est l’auteur du genre Piqueria, dont il n’a décrit qu'une seule espèce, sous le nom de Piqueria trinervia. M. Kunth a décrit deux autres espèces de ce genre, sous les noms de Pilosa et d'Artemisioides, dans le quatrième volume de son ouvrage intitulé Nova genera et species Plantarum. Ce volume, déjà imprimé dans le format in-folio, n’est pas encore publié, mais un exemplaire a-été déposé à l'Académie des Sciences, le 26 octobre 1818, et un autre exemplaire m'a été commu- niqué par l’auteur, le premier décembre de Ja même année. 1819. Boraxique, (2128 Dan J'ai trouvé, dans l’herbier de M. de Jussieu, parmi ses Eupatoires, une plante innommée, recueillie au Pérou par Dombey, et que j'ai reconnue appartenir au genre Piqueria. Celle quatrième espèce, qui diffère beaucoup des trois autres, et qui même exige quelque modifi- cation dans les caractères attribués au genre, me parait par cela même assez remarquable pour mériter d’être connue des botanistes. Piqueria quinqueflora ; H. Cass. Tige ligneuse, longue d’un pied dans l'échantillon incomplet, droite, rameuse, cylindrique, glabre inférieu- rement, couverte supérieurement de poils cotonneux, roussätres, peut- être glutineux sur la plante vivante. Feuilles opposées, pétiolées, gla- briuscules , munies de trois nervures principales, et parsemées de glandes transparentes, irrégulières : pétiole long d’un demi-pouce; limbe ayant environ un pouce et demi de longueur et autant de largeur, presque triangulaire, inégalement lobé, à lobes aigus, un peu dentés. Calathides disposées en corymbes au sommet de la tige et des rameaux ; corymbes composés d’une innombrable multitude de calathides sessiles ou presque sessiles, rapprochées en plusieurs faisceaux, et comme entassées au sommet des ramifcations , qui sont accompagnées de quelques bractées, et qui semblent enduites d’un vernis visqueux, ainsi c'es périclines. Corolles jaunes. Calathide incouronnée, équaliflore,; quinquéflore, régulariflore, an- drogyniflore, oblongue, cylindracée. Péricline à peu près égal aux fleurs, cylindracé, formé de cinq squammes unisériées, égales, appliquées, em- brassantes, oblongues, subulées au sommet, subfoliacées, striées lon- gitudinalement. Clinanthe petit, plane, inappendiculé. Oxvaires oblongs, épaissis de bas en haut, glabriuscules, munis de cinq côtes et d’un pelit pied articulé; aigrette nulle. Corolles à cinq divisions. Anthères dé- pourvues d’appendices basilaires, e même d'uppendice apicilaire. Style d'Eupaloriée. Dans mon second Mémoire sur les Synanthérées, publié dans le Journal de Physique d'avril 1814, j'ai annoncé ( page 279) que le Piquerix trinervia offrait une anomalie Fe dans toute celle grande famille, en ce que ses élamines étaient abso ument privées d’appendices apicilaires. Le Piqueria quinqueflora, que je viens de décrire, présente la même particularité. Je regrette beaucoup que M. Kunth, d’ailleurs si exact dans ses descriptions, ait négligé cette observalion intéressante sur les deux espèces nouvelles qu'il a décrites, mais il est infiniment probable que ce singulier caractère est propre à loutes les espèces du genre Piqueria. A AA A SA RS { 129 } Sur la diversité des couleurs qu'offrent certains minéraux lorsque les rayons lumineux les traversent en différens sens; par M. BioT. J'as présenté i! ya quelque temps dans le Bulletin, (1819, page 109), des chservations desquelles il résulte que la double réfraction, eu s'exer- çaol sur la Jumière, donne.quelquefois à certains rayons une facilité plus ou moins grande pour être absorbés uu transmis selon l'espèce de réfraction qu’ils subissent, et le sens de polarisation qu'ils en recoivent. J'ai rappelé des effets de ce genre, que j'avais depuis long-temps ob- servés dans. la tourmaline, et J'en ai exposé de nouveaux, qne certaines lupazes jaunes du Brésil n'avaient présentés. On doit rapporterà la même cause certains phénomènes de coloration, dont M, Arago avait, long-temps auparavant, remarqué l'existence dans Quelques morceaux de sulfate de baryte, et dont il avait bien voulu me donner communication, par une Note que j'ai insérée dans le Recueil de mes premières recherches sur la polarisation. A l’époque où M. Ara2o découvrit la séparation de couleurs qui s'opère daas les rayons. nola- risés, lorsqu'on leur fait traverser des lames minces de mica, de chaux sulfatée, et qu’on les analyse ensuite avec un prisme doué de la double réfraction, il chercha si la transmisson à travers des cerps épais ne pourrait pas aussi donner lieu à de pareils phénomènes; et il trouva qu'on obtenaitencore des images colorées en employant, au lieu de la- mes minces, des plaques de cristal de roche épaisses, perpendiculaires à l'axe; mais, dans ces expériences, comme dans les précédentes, il fallait toujours que la lumière transmise fût préalablement polarisée, pour qu'elle se séparät en deux faisceaux colorés quand on l’analysait après son passage ; et la lumière naturelle, observée de même, ne pré- sentait aucun phènomène de coloralion. Enfin M. Arago trouva que, pour certains morceaux de sulfate de baryçte, celte condition n’était plus nécessaire. La lumière directe- étant transmise à travers leur substance, et analysée ensuite par un prisme doué de la double réfraction, se ré- solvait en deux images colorées, l'une violacée, l’autre jaune-verdûâtre, d'où, par une conséquence naturelle que M. Arago a également re- marquée, il arrivait qu'en faisant traverser les mêrtes morceaux par un rayon blanc préalablement polarisé, ce rayon sortait violacé ou jaune-verdâtre, selon le sens dans lequel on tournait leur section prin- cipale. Cette dernière observation prouvait que la lumiëére ainsi trans- mise élait altérée dans sa composition, et allérée diversement pendant son passage, selon l'espèce de réfraction qu’elle subissait. Mais de quelle cause intérieure l'altération provenait-elle? M. Arago crut ne devoir rien décider à cet égard, d'autant que l'existence de quelques fissures dans l'intérieur des morceaux où il avait observé ces phéno- Livraison de septembre. 17 1819. Paysique. ( 150) mènes, pouvail, par analogie avec ceux que présente parfois le spath d'Islande, faire douter s'ils étaient dus à une réflexion intérieure sur les fissures, ou à une absorption réelle. A la vérité M. Arago avait bien reconnu que le phénomène se produisait encore dans certains points où les fissures n'étaient pas apparentes, mais le seul soupçon de leur exis- tence justifiait la réserve à laquelle il crut devoir s'arrêter. Aux différences déja reconnues par M. Arago entre les couleurs ainsi produites et celles que présentent les lames minces de mica et de sulfate de chaux quand on les expose à la lumière polarisée, on peut ajouter les suivantes : d’abord, que, dans la coloration accidentelle produite par les morceaux de sulfate de baryte, les deux faisceaux colorés qui émergent ensemble sont polarisés à angles droits, et se comportent ainsi dans le prisme cristallisé avec lequel on les analyse; au lieu que la lumière po- larisée qui à traversé des lames minces, limpides, à réfraction double, se comporte tout autrement, et se sépare dans le prisme qui l'analyse, comme si une portion, colorée d’une certaine teinte avait conservé sa polarisation primitive, landis que l'autre portion, colorée de la teinte complémentaire aurait acquis une polarisation nouvelle, dirigée à une distance angulaire égale de l’autre côté de la section principale de la lame cristallisée. Enfin, dans ces lames, si la lumière incidente est blanche, la lumière transmise est blanche aussi, et en général les couleurs des deux faisceaux transmis sont telles qu’elles reproduisent la couleur de cette lumière, au lieu que, dans les effets accidentels produits par les morceaux de sulfate de baryte, la couleur de la lumière incidente éprouve en général une altération sensible pendant sa transmission. Séparant donc ces phénomenes , que des lois si différentes distinguent, il me reste à montrer que les couleurs observées par M. Arago dans cer- tains morceaux de sullate de baryte, tiennent à la même cause que j'ai assignée pour les tourmalines et pour les topazes jaunes du Brésil, je veux dire à ce que quelques-uns des rayons simples qui composent la lumière blanche, acquièrent en traversant ces substances une facilité _particulière pour se laisser absorber par elles, selon l’espècede réfrac- tion et de polarisation qu'ils ont subie. M. Arago a bien voulu m'’offrir lui-même les moyens de constater ces faits, en me conwantun des morceaux de sulfate de baryte où il avait ob- servé la propriété dont il s’agit. Ce morceau a la forme d’un parallélipi- ède rectangle; en l'exposant à la lumière polarisée, ÿ y ai reconnu tous Fe effets que M. Arago avait annoncés, et les mêmes que j'ai décritsdepuis pour la topaze jaune, c’est-à-dire la diversité des couleurs de la lamière transmise, selon le sens dans lequel on tourne le cristal relativement à la direction de la polarisation primitive, et la colorativn différente des deux images dans lesquelles se résout la lumière directe qui les à traversées, Jorsqu'on les analyse avec un prisme achromatique doué de la double (8x1:) réfraction. On y remarque aussi, comme dans la topaze jaune, que l'in- tensité de ces variations de teintes est différente selon le systéme des faces à travers lesquelles les rayons sont transmis. Mais il y a encore cela de singulier, que la nature même des deux teintes ainsi observées en dif- férens sens n’est pas constante : par exemple, à travers deux des faces opposées du parallélipipède, l'une des images est d'un violet foncé, l'autre verd-jaunâtre; à travers deux autres faces une des images est d’un violet-bleuâtre , l’autre presque blanche ; enfin à travers le troisième système de faces, l’une des images est d’un jaune-verdätre très-sensible, el l’autre d’une teinte violette à peine colorée. Je n'ai pas encore cherché à comparer la direction des axés de cristallisation avec chacune de ces teintes. : Un autre phénomène qu'il ne faut pas omettre, parce qu’il donne une confrmation frappante des dispositions a l'absorption que certains rayons acquièrent en traversant ce parallélipipède, c'est que, si l’on recoit à tra- vers sa substance la lumière blanche des nuées, sans autre intermé- diaire , elle parait violette ou jaune-verdâtre, selon le système de faces opposées par lesquelles elle parvient à l'œil; ce qui montre évidemment que les rayons colorés de la teinte complémentaire à celle qu’on. ob- serve, éprouvent, dans chaque cas, une aBsorplion prédominante, faci- litée par le genre de réfraction, et.conséquemment par le sens de la polarisation qu'ils ont subie. . Ces vbservalions, jointes à celles que j'avais faites précédemment, m'ont donné lieu de penser que beaucoup de cristaux, qui paraissent colorés quand on les regarde par transmission, pouvaient devoir leur coloration à une cause pareille; et que, si quelques-uns d’entre eux pré- sentent des couleurs différentes, -quand on les reparde ainsi dans des sens divers, cela tient à ce que leur double réfraction, s’exerçant avec une inégale énergie dans ces différens sens, y modifie diversement les dispositions des rayons pour être absorbés. Toutes les épreuves que jai pu faire jusqu'ici ont confirmé cet apercu. En les effectuant, j'ai trouvé qu'un très-grand nombre de-cristaux pro- duisaisnt des phénomènes analogues à ceux que nous venons de décrire. On peut s'en assurer avec facilité, en transmettant à travers leur substance la lumière blanche des nuées, et analysant cette lumière, après sa transmission, par le meyen d’un prisme achromatisé, doué de la réfraction double ; ce prisme sépare les faisceaux que le cristal a pola- visés par réfraction dans des sens divers; et, s'ils sont colorés, il vous permet de vous en apercevoir en vous les faisant observer séparément. Ce procédé est un de ceux que M. Arago a employés pour étudier les morceaux de sullate de baryte, comme je l'ai dit tout-àl’heure. Or peut aussi, au lieu d’un double prisme, employer avec avantage une simple plaque de tourmalise lésèrement brune, et l'une épaisseur seulement 1810. : ) ( 152.) suffisante pour polariser en un seul sens le faisceau lumineux sur lequel on opère. Alors, en lournant la plaque, chacune des images diversement polarisées est transmise à son tour, et l’on peut remarquer la différence ou l'identité de leurs teintes. En appliquant l'un et l'autre procédé à la topaze jaune, dont j'ai parlé dans ma première Note, elle m’> présenté les mêmes alternatives de blanc et d’oransé qu'elle avait dornées avec la lu- misre polarisée ; des lames de tourmaline, vertes, bleues, jaume-verdätre , blanc-jaunâtre , rouge, qui étaient toutes taillées parallèlement à l'axe des aiguilles, étant observées de même, m'ont donné des variations de teintes analogues ; les couleurs des images étaient : pour les tourmalines vertes, blanc-verdätre et brun-rougeätre ; pour les bleues, blanc-bleuätre et brun-rougeätre ; pour les jaunes, jaune-verdâtre et rouge-sombre; pour les blanc-jauaätres, blanc-verdatre et jaune-rougeâtre , enfin pour les rouges , deux rouges d'inégale intensité. Les mêmes essais appliqués à des plaques taillées perpendiculairement à l'axe, m'ont toujours offert des Knages égales, soit en intensité, soit en teinte, quoique quelques-unes de ces plaques fussent très-vivement colorées. Mais, avec des plaques parai- lèles à l'axe des aiguilles, j'ai revu des différences de teintes très-sensibles* dans des cristaux d’épidote de Chamouni, que je dois à la-complaisance de M. Surret. Ces cristaux, vus à l'œil nu, paraissent d’un verd-sombre; les faisceaux doublement réfractés qui en sortent, étant séparés par le double prisme, sont l’un vert-clair. l’autre brün-rougeàtre. Une petite émeraude d’un vert assez vif, observée à travers deux faces parallèles à son axe, im'a présenté des Gifférences notables d'intensité dans ses deux unages ; l'effet a été encore plus marqué dans une autre émeraude plus belle, appartenant à M. Sorret; j'ai observé aussi une différence de coloration sensible dans les deux images données par un certain mica à deux axes, qui m'a été envoyé de Wilna. On sait que les coryndons présentent Ski ose des teintes un peu différentes, selon le sens à travers lequel on les regarde : la substance que M. Haüy a nommée dychroïte, c'est-à-dire à deux couleurs, pos- sede cette propriété d’une manière encore plns marqnée et surtout plus constante, paraissant d’un gris bleuâtre en un certain sens, et d’un beau bleu-sombre dans le sens pernendiculaire. Il était naturel de penser que ceschangemens tiennent aussi à la même cause que ceux que je viens de décrire; c’est ce que l'expérience m'a confirmé. J’ai pris un coryndon taillé, qui, vu par transmission dans un certain sens, paraissait d’un beau bleu; la lumière transmise à travers sa substance étant analysée avec le double prisme, a donné deux images, l’une d’un blanc pâle lésèrement verdâtre, de la couleur de l’aigue-marine; l’autre, d’un bieu-violacée extrêmement intease. Les rayous directs qui traversaient le coryndon dans ce sens, étæient donc réfractés doublement par lui et polarisés en deux faisccaux, dont lun, le blanchâtre, perdait dans son trajet très (155) eu de ses molécules, et à peu près dans une proportion égale sur tous es rayons simples; landis que l’autre faisceau , polarisé autrement , perdait presque la totalité de ses rayons rouges, orangés, jaunes, verts, et se trouvait réduit à la portion la plus réfrangible du spectre. Ainsi, quand on recevait ensemble dans l'œil ces deux faisceaux transmis, sans les séparer par la double réfraction d’un prisme cristallisé, le manque des rayons les moins réfrangibles dans un d’entre eux, devait se faire sentir dans leur ensemble par la prédominance des autres, et y pro- duire une teinte de bleu tres-marquée. Pour rendre l'observation plus facile, il est bon d’enchässer le coryndon dans un trou de même forme percé dans une carte noircie , afin de ne laïsser parvenir à l'œil que la lumière qui a traversé sa substance. La même précaution est applicable aux autres expériences du même genre que j'ai décrites plus haut. Dans un autre coryndon beaucoup moins coloré, et laissant seule- ment soupconner une leivte de lilas très-légère, les deux faisceaux co- Icrés se sont trouvés l’un lilas, l’autre blanc. 11 faut remarquer que la teinte trahsmise à l'œil nu ne dépend pas uniquement dé l’absorption que subit un seul des faisceaux, mais de celle qu’ils subissent à la fois tous les detix, de sorle qu'ils pourraient être isolément colorés, et que la lumière totale, composée de leur système, parûl incolore, La petitesse de ces coryndons, et l'impossibilité de modifer leur forme, ne m'a pas permis de reconnaitre le sens de leur cristallisation, ni par conséquent ‘d'essayer si la coloralion des faisceaux serait nulle danse sens de leur axe, maïs j'ai bien remarqué qu’elle est loin d’avoir dans tous les sens la même intensité. (1) Cette différence est bien plus frappante dans la substance que V: Haüy a nommée dychroite. J'ai pris ua morceau de cette substance, qui, vu par transmission dans un certain sens, paraissait bleu-foncé, et dans un autre blanc-erisätre. Les faisceaux transmis dans le premier sens étant analysés, ont paru tous deux bleus, et à peu près de mêim : intensité vt de même teinte; mais, dans le second sens, leur différence était extrê- memenut marquée; l’un était presque blanc, l’autre d’un bleu-violacé nn (x) J'ai revn depuis les mêines phénomènes dans la plupart des échantillons de coryndon que possède le cabinet particulier du Roi, collection précieuse, que M. le comte de Bournon ouvre avec une complaisance infinie à toutes les recherches scieu- tifiques; j'y ai vu des exemples de coryndons presque blancs à la vue simple , par L'eflet d’une absorption complémentaire exercée sur Les deux faisceaux qui les traver- saient, quoique ces faisceaux, vus séparément, parussent colorés. Des coryndons d’un rouge vif m'ont offert ane coloration La faisceaux toute différente des autres, Les coryn- dons jaunes ont donné deux faisceaux de même teinte. Enfin un trés-bel échantillon , dont une partie est colorée én bleu et l’autre parfaiteinent. limpide, m'a donné des faisceaux diversement colorés dans la première, et dans la seconde deux faisceaux parfaitement blancs, (134) lrès-sombre : celui-ei avail donc perdu dans son trajet une proportion cousidérable de ses rayons les moins réfrangibles, Ces deux faisceaux arrivant ensemble à l’œi!, quand on regardait le cristal dans ce seus par vision directe, le bleu-sombre de luu modifait le blanc de lautre, et produisait la teinte grise qui s’observe alors; au contraire, dans le pre- mier sens , les deux faisceaux perdaul à peu près également leurs con- leurs, quoique toujours leurs rayons les moins réirangibles en plus grande abondance, leur ensemble devait encore paraitre de cetle même teinte commune, c’est-à-dire bleue, quand l'œil les recevait simulta- nément. Le même phénomène doit s'observer plus ou moins dans toutes les subsiances qui inpriment aux faisceaux qu'elles polarisent une faci- lité d'absorplion diverse ; car cette facilité étant inégale en différens sens, ces substances doivent toujours être dychroïtes d’une manière plus ou moins marquée. C’est en effet ce que j'ai remarqué fort uettement dans l'épydote, l'idrocrase, le mica vert du Vésuve, le sulfate de baryte violacée, la topaze jaune du Brésil, etc:, ces deux dernières à la vérité accidentellement ; mais ces exemples suffisent pour montrer que le nom de dychroïte ne peut plus être caractéristique d’un minéral, Lorsqu'on regarde par transmission une aiguille d’épidote un peu épaisse, dans un sens transversal et perpendiculaire à sa longueur, on observe qu’elle change de couleur quand on la tourne, elle passe du verd au brun-rougeûtre. La double réfraction est donc inégale dans ces diHérens sens, et en conséquence elle n’émane' point de l'axe des ai- guilles ; aussi, en taillant une plaque perpendiculaire à cét axe, on ob- serve encore dans cette direction une différence de teinte très-marquée entre les deux faisceaux, ce qui n’a pas lieu pour la tourmaline; mais c'est que celle-ci est un cristal à un seul axe, au lieu.que l’épidote a deux axes, suivant les observations de M. Brewster. J'ai déjà fait remarquer, en parlant des topazes, que leurinflnence sur l'absorption et sur la coloration des faisceaux qui les traversent ne pouvait pas dépendre seulement de la quantité de molécules colorantes qu’elles renferment ,puisque quelques-unes, les colorées que les autres, et pour- taut très-limpides, ne donnent aucun signe de variation. J’ai remärqué la même chose sur les coryndons; E serais porté, d’après cela, à croire . qu'il faut une faible proportion de particules colerantes pour que la . double réfraction puisse en maîtriser la faculté absorbante; et que lors- ue ces particules sont très-abondantes, elles agissent sur la lumière d'uné manière indépendante, comme ferait un mélange non ceristallisé : et peut-être, dans le premier cas, les particules colorantes sont-ell& en effet combinées intimement avec la substance du corps cristallisé, et font partie essentielle de sa molécule intégrante, ou au moins sont ré- gulièrement groupées autour d'elle ; tandis que, dans l’autre, elles sont pour la plupart seulement disséminées parmi les molécules intégrantes, ( 155 ) sans avoir un état régulier d'aggrégation ; c'est ce que pourront décider de nouvelles expériences, que Je me propose de faire sur les déviations même que les rayons subissent par l’une et l’autre réfraction dans les substances qui produisent de pareils phénomèues , afin de voir si la pré- sence.des particules colorantes exerce quelques différences sur ces dé- vialions. Ces expériences ne seront pas sans intérêt, puisqu'elles peuvent nous donner des faits positifs sur cette question si débattue en minéra- Jogie : Dans quels cas, et jusqu’à quel point, les particules colorantes accidentellement disséminées dans un minéral, peuvent-elles faire une parlie essentielle de sa molécule intégrante ? ; B. SARA SSI SSL SELS SAS VAS SAS Note sur l'anatomie du Cygne domestique; par M. MAGENDIE: Depuis long-temps je cherchais, sans pouvoir y réussir, à me pro- curer un cygne, afin de voir si cet animal présentait des vaisseaux lymphatiques au cou, comme cela existe chez l’oie commune; J'ai pu enfin me satisfaire le mois dernier, et j'ai disséqué, avec toute l’atten- tion dont je suis capable, un cygne à bec rouge, de trois ans, mort d’une inflammation générale des membranes séreuses qui tapissent et inter- ceptent les cavilés thoracique et abdoininales. . J'ai trouvé à droite et à gauche du cou un vaisseau lymphatique étendu depuis la tête jusqu'a la veine peut, qui par analogie, être nommée sous-elavière; dans ce long trajet ce vaisseau ne subit aucune division, ne reçoitaucune branche des organes voisins, du moins que j'aie aperçu, excepté les cinq ou six, dont iltire son origine, dans le voisinage de la maichoire inférieure. Ce vaisseau était cà et là renflé, à la manière des lymphatiques des mammifères; comme ceux-ci il présentait des valvules, mais très-écartées les unes des autres. Sa terminaison se fait, comme elle a lieu dans l'oie, par une sorte de corps glanduleux, nommé assez improprement glande lymphatique. Il diffère essentiellement des véritables glandes de ce nom qu se voient chez les mammifères ; sa forme est allongée et très-étroite; il a plus d’un pouce de long et à peine deux ligues de large, et une d'épaisseur ; sa cotdeur était celle du sang veineux, mais foncée; sa consistance peu supérieure à celle d’un caillot de fibrine : je n'ai pas pu réussir à le faire traverser par le mercure, avec lequel j'avais injecté le vaisseau qui s'y terminait. - Du reste, je n’ai trouvé nulle autre part dans l’animal de trace du ne lymphatique : sous ce rapport il était donc encore semblable à l’oie. ee eee 2 AniTowis (156!) Recherches sur les Poissons toricofères des Indes occidentales ; par M. MOREAU DE JONNES. CE Mémoire a pour objet : $ 1°. De déterminer zoologiquement les espèces de poissons et de crus- tacés des Indes occidentales qui deviennent par fois toxicofères. _ 2°. De prévenir autant que possible les empoisonnemens que pro- duisent ces espèces, en les indiquant aux-navisateurs et aux troupes | européennes qui généralement en ignorent les ellets vénéneux. 3°. De déterminer les symplèmes pathologiques de ces empoisonne- mens, afin qu'on en reconnaisse la cause, el qu'on en puisse combattre les effets dangereux. 4°. De fixer l'attention des médecins et des voyageurs instruits sur les circonstances de ces empoisonnemens, dont l'examen peut conduire à rem- placer des remèdes empyriques et incertains par un traitement rationnel. - 5°. Et enfin de détruire, par les épreuves des expériences et du rai- sonnement, une série d'opinions conjecturales accréditées et propagées depuis deux siècles, et considérées comme fondées sur des faits irréfra- gables, quoiqu’elles ne soient que des erreurs. - Les Poissous Loxicotères de la mer des Antilles sont les espèces sui- vantes : Diodon orbicularis, Tetraodon mola, Bulistes monoceros, Clupeu thrissa, Esox brasiliensis, E. marginata, Muræna conger, Sparus psit- tacus, $S. erythrinus, Spliyræna becuna, Scomber thynnus, S. carangus. Les crustacés sont : Le Cancer ruricola et le C. bernhardus, L. Il résulte des faits et expériences déduits dans ce Mémoire, qu’il n° a aucune espèce de fondement à attribuer, comme on le fait générale- ment, les efteis dängereux des espèces susnommées, soit à leur séjour dans des fonds de mér traversés par des filons de mines de cuivre, soit aux médusés, aux polypes ou aux drupes du mancenilier, Æippomane mancar/la, L., dont on prétend qu'ils sé nourrissent, ; On peut conjecturer, avec vraisemblance, que leurs effets vénéneux n'élant pas dans la dépendance immédiate de leur nourriture ni de lexr séjour, provieunent d'un ét&l pathologique, d'où résulte, comme dans les mammiferes, unealtération morbide ,uve transformation de substance animale, ou l’exallation de quelque principe préexistant, On n’a point de données assez posilives pour déterminer si cet état pathologique cons- titue une maladie sui generis, ou seuiement une maladie semblable ou analogue à celle dont les poissons d’£urope fournissent des exemples, mais qui acquiert, par l'action du climat de la zone torride, le plus haut degré d’aggravation. Les effets délélères des poissons de l'Atlantique équa- toriale ne sont peut-être que le maximum des effets nuisibles que cause, sur les bords de la Méditerranée, l'habitude de lichthyopbagie ; et il est du moins remarquable que les uns et les autres ont un caractère commun très-prononcé : celui d'agir spécialement sur la peau, et d'y faire naitre des affections analogues. A DR A A CrS 70) “Application du Calcul des Probabilités aux operations géodésiques de la meridienne de France; par M. DE LAPLace. LA partie de la méridienne qui s'étend de Perpignan à Formentera, s'appuie sur la base mesurée pres de Perpignan. Sa longueur est d'envi- ron 460 mille mètres, et elle est jointe à la base par une chaîne de vingt- six triangles. On peut craindre qu’une aussi grande longueur, qui n'a point été vérifiée par la mesure d’une seconde base vers son autre extré- mité, ne soit susceptible d’une erreur sensible provenant des erreurs des vingt-six triangles employés à la mesurer. 11 est donc intéressant de dé- terminer la probabilité que cette erreur n’excède pas quarante ou cin- quante mètres. M. Damoiseau, lieutenant-colonel d'artillerie, qui vient de remporter le prix proposé par l’Académie de Turin, sur le retour de la comele de 1759, a bien voulu, à ma prière, appliquer à celle partie de la méridienve, les formules que j'ai données pour cel objet, dans le second Supplément à ma Théorie analytique des Probabilités. 11 a trouvé qu'à partir de la latitude du signal de Burgarach, quelques minutes plus au nord que Perpignan, jusqu'à Formentera, ce qui comprend un arc de la méridienne d'environ 466006 mètres, la probabilité d’une erreur s, est proportionnelle à l'exponentielle —9.n5? c47:48350,606 c est le nombre dont le logarithme hyperbolique est l'unité; » est le nombre des triangles employés; 8° est la somme des carrés des erreurs observées dans la somme des trois angles de chaque triangle ; enfin s est l'erreur de l'arc total, la base de Perpignan étant prise pour unité. Jcin est égal à 26. En prenant pour unilé d'angle, la seconde sexasésimale, on a 10,170 Mais le nombre des triangles employés n'étant que 26, il est préférable de déterminer par un plus grand nombre de triangles, la constante 8 qui dépend de la loi inconnue des erreurs des observations partielles: Pour cela, on a fait usage des cent sept triangles qui ont servi à mesurer la méridienne depuis Dunkerque jusqu’à Formentera. L'ensemble des er- reurs des sommes observées des trois angles de chaque triangle est, en les prenant toutes positivement, 173,82 : la somme des carrés de ces er- reurs est 445,217. En la multipliant par <#, on aura pour la valeur de &* 8—108,134. Cette valeur, qui diffère peu de la précédente, doit être employée de pré- férence. Il faut la réduire en parties du rayon du cercle, en la divisant Livraison de septembre. We 1819. Marmemariques. {158 par le carré du nombre de secondes sexagésimales que ce rayon ren- ferme ; alors l’exponentielle précédente devient ce (689:797)°.s". 2 en sorte que la base de Perpignan étant prise pour unité, (689,797) est ce que je nomme /e poids du résultat ou de l'arc mesuré depuis le signal de Burgarach jusqu'a Formentera. Cette base est de 117096”,40; on en a conclu pour les probabilités respectives que les erreurs de l'arc dont il s'aoit, sont comprises dans les limites Æ6o", £5of, +40”, les fractions suivantes qui approchent fort près de l'unité, 1245695 32545 1164 31745655 32346? 1165 On ne doit donc avoir aucun doute raisonnable sur l’exactitude de l'arc mesuré. Les limites entre lesquelles il y a un contre un à parier que l'erreur tombe, sont Æ8”,0987. Si l’on mesurait sur la côte d'Espagne une base de vérification égale à la base de Perpignan, et qu'on la joignit, par deux triangles, à la chaine des triangles de la méridienne , on trouve, par le calcul, que l'on peut parier un contre un, que la différence entre la mesure de cette base et sa valeur conclue de la base de Perpignan, ne surpasserail pas un tiers de mètre : c’est à peu près la différence de la mesure de la base de Perpignan, à sa valeur conclue de la base de Melun. On a vu dans le Supplément cité, que les angles ayant été mesurés au moyen d’un cercle répétiteur, on peut supposer la probabilité d’une erreur æ dans la somme observée des trois angles de chaque triangle, . \ , Q —#x° ” VE proportionnelle à l’exponentielle € , k étant une constante, d’où il suit que la probabilité de cette erreur est dr.Vk.c he AE 7 désignant le rapport de la circonférence au diamètre. * ù En la multipliant par æ, prenant l'intésrale depuis + nul jusqu'à x infini, et doublant cette intégrale , on aura visiblement l'erreur moyenne, en prenant positivement les erreurs négatives. Cette erreur moyenne étant donc désignée par £, on aura 1 == Vhx On aura la valeur moyenne des carrés de ces erreurs, en mullipliant par a° la différentielle précédente, et lintégrant depuis x=—;:, Jusqua æ infini; en nommant donc &’ cette valeur, on aura 1 2fc ’ ce" — oo — . ES + ns (139) û EF, = —. SRE" On peut ainsi obtenir 0, au moyen des erreurs prises toutes en plus, de la sonime observée des angles de chaque triangle, Dans les cent sept triangles de la méridienne, cette somme est par ce qui précède, 173,82; on peut ainsi prendre pour e, 22%; ce qui doune pour 26e", ou pour €* 267 173,82 \2 gr f 12% ) = 107,78. " 2 107 Cela diffère très-peu de la valeur 108,134 donnée par la somme des carrés des erreurs de la somme observée des angles de chacun des cent sept triangles. Cet accord est remarquable. ! En supposant l'angle d’intersection de la base de Perpignan, avec la méridienne qui passe par l’une des extrémités de ceile base, bien dé- terminé; on aurait exactement l'angle d'intersection du méridien avec le dernier côlé de la chaine des triangles qui unissent cette base à l'ile de Formentera, si la terre était un sphéroïde de révolution, et si les angles des triangles étaient exactement mesurés. L'erreur provenant de cette seconde cause, dans le dernier angle d’intersection, est par les formules De là on tire = #2 du second supplément cité, proportionnelle à l’exponentielle & ; , en exprimant cette erreur par ?87r,quidens le cas présent devient 6”,8997.r; d'où il suit que les limites entre lesquelles on peut parier un contre un que l'erreur tombe, sont Æ35”,2908. Siles observations azimutales étaient faites avec une très-prande précision, on déterminerait, par cette for- mule, la probabilité qu’elles indiquent une excentricité dans les paral- lèles terrestres. On peut apprécier l'exactitude relative des instrumens dont on fait usage dans les opérations géodésiques, par la valeur de &’ conclue d’un grand nombre de triangles. Cette valeur conclue des cent sept triangles de la méridienne, est 22, La même valeur conclue de quarante-trois triangles employés par la Condamine, dans sa mesure des trois degrés de l'équateur, est 2, ou près de dix fois plus grande que la précé- dente. Les erreurs également probables, relatives taux instrumens em- ployés dans ces deux opérations, sont proportionnelles aux racines carrées des valeurs de 6. D'où il suit que les limites Æ8”,0987, entre lesquelles nous venons de voir qu’il est également probable que tombe l'erreur de l’are mesuré depuis Perpignan jusqu’à Formentera, auraient élé E25"u22 avec les instrumens employés par la Condamine : ces limiles auraient surpassé Æ 40", avec les instrumens employés par La Caille et Cassini, dans leur mesure de la méridienne. On voit amsi combien Pintroduction du cercle répétiteur dans les opérations séodé- siques a été avantageuse. AA A A AE NAS 1,919 ASTRONOMIE. Cao }- Note sur les deux Cométes découvertes en 1819 ; par M. BouvaRo. LA première des deux Comètes découvertes celle année a été trouvée le 12 juin, par M. Pons, astronome adjoint de l'Observatoire royal de Marseille. Cette Comète a été observée à Marseille depuis le 13 juin jusqu'au 22 juillet, époque de sa disparition ; elle a été également ob- servée à Milan, par M. Carlini. L'annonce de la découverte de cet astre ne fut connue à Paris que le 28 juin. On s’est occupé de suite à le chercher, mais il a été impos- sible de le trouver, soit à cause des vapeurs de l'horizon, soit à cause de la présence de la lune, Le 3 juillet on était encore à sa recherche, lorsqu'on fut prévenu que l'on en voyait une fort brillante au nord-ouest, près de l'horizon, située dans la constellalion du Lynx. Les recherches pour trouver la Comète du Lion ayant été jusqu'alors infructueuses, on a pensé. qu'elle avait déjà disparu, et qu'il élait par conséquent inutile de s’en occuper plus long-temps; c'est ce qui détermina les astronomes de Paris à l'aban- donner, afin de suivre exclusivement la nouvelle. Dans les premiers jours de son apparition, la Comète du Lynx était fort brillante; son noyau de figure, un peu ovale, se distinguait assez bien , et il paraissait presque terminé; sa queue avait à peu près six degrés de longueur et environ vingt minutes de largeur; sa direction presque perpendiculaire à l'horizon, et à peu près opposée au soleil. Dans les quinze premiers jours de juület, la Comète n’a pas changé sensiblement d'éclat; sa lumière assez vive permettait de l'observer peu de temps après le coucher du soleil; ensuite elle s’est affaiblie insen- siblement jusqu’à la fin du mois d'août, époque à laquelle on a cessé de l’observer à Paris. Pendant l'apparition de cette Comète, on a fait à l'Observatoire royal cinquante observalions , {ant à la machine parallactique, que dans le méridien. Les positions de cet astre observées hors du méridien ont été déduites dela comparaison de la Comète aux étoiles du dernier catalogue de M. Piazzi, le seul qu’on doive employer pour ce genre d'observation. L'orbite parabolique de cette Comète a été calculée sur l'ensemble des observations faites à Paris; voici ces élémens : Instant du passage au périhélie, le 28 juin 1819, à 5" 20° 24”, temps moyen à Paris, compté de minuit. Distance périhélie. ..... 0,341008, celle de la terre au soleil étant prise pour unité. | @s Lonertadè du périhélie.-.::.::.:12870) 8:54" Longitude du nœud ascendant.... 273 Inclinaison de l'orbite........... 60 44 Mouvement héliocentrique..... .-Hedirect- ; On a comparé aux éléments précédens seize observations distribuées à peu près également pendant le temps de son apparition; les plus fortes erreurs sont de 35° pour la longitude, et de 50” pour la latitude. L'accord de ces éléments avec les observations citées, prouve que cet astre décrit une ellipse extrêmement excentrique, et qu'il sera très- probablement impossible de déterminer la durée de sa révolution. L- = L=2 AAA RAA RAA LA AA SAS RAA AS Examen analytique du genre Kiago de Linné; par M. H. Cassir. LinNÉ a composé son genre Filago de sept espèces, qu’il a nommées pygmea, germanica, pyramidula, montana, gallica, arvensis, leon- 10podiunt. : La première espèce ( Filago pygmœæa) est la seule qui présente exac- tement tous les caractères assignés à ce geure par Linné ; il est donc in- dubitable que c’est sur cette seule espèce que Linné a décrit les carac- tères du genre Filago, que c’est pour cela qu'il a eu soin de la placer à la tête du genre, et qu'il n’a rapporté au même genre les six autres espèces, que d’après leurs ressemblances extérieures avec la première, et sans vérifier leurs caractères génériques. Ainsi le Filago prgmæa est le véritable type du genre Fi/ago; d’où il suit que le genre E£vax de Gæriner ne peut être adopté. En effet l’Evax est absolument le même geure que le Filago proposélong-temps auparavant par Linné ; car l’Evax a pour objet l'espèce même qui sert de {ype au Fïlago, et les caractères assignés par Gærtner à son Ævax ne diflèrent en rien des caractères attribués au Æilago par Linné. J’ai vérifié avec soin ces caractères, et je les décris de la manière suivante. FizAGo, Lino. Erax, Gœrtn. (Famille des Synanthérées. Tribu des Joulées. Section des Gnaphaliées.) Calathide oblongue, discorde : disque pauciflore , régulariflore , maseculiflore; couronne plurisériée , multiflore , tubuliflore, féminiflore. Périciine supérieur aux fleurs , formé de squames subunisériées, appliquées, ovales, larges, concaves, scarieuses, coriaces, membraneuses sur les bords, et surmontées d'un appendice subulé. Clinanthe oblong, inappendiculé au sommet qui est occupé par le disque, et garni du reste de squamelles analogues aux squames du péricline et supérieures aux fleurs, mais d'autant plus pe- tites qu’elles sont plus intérieures. Ovaires de la couronne obcomprimés, obovales, glabres, inaigreltés ; faux-ovaires du disque, grêles, glabres, inaiorettés. Corolles de la couronne tubuleuses, grêles. Les calathides | 1019. BoTANIQuE. (142) sont immédiatement rapprochées en capitule terminal globuleux, sur un calathiphore nu et entouré d’un iuvolucre; elles sont peu nom- breuses, el la calathide centrale est plus grande que les latérales. La secoude espèce ( Filago germanica ) diffère de la première par deux caractères génériques : 1°. le disque est androgyniflore, au lieu d'être masculiflore ; 2°. les ovaires du disque sont aigrettés, au lieu d'être maigretiés. Celte espèce doit être prise pour Lype d’un genre particulier, très-distinct de tout autre; je nomme ce genre Gifola, et Je le caractérise de a manière suivante. GiFoLa. (Synanthérées. Inulées. Gnaphaliées. ) Calathide ovorde- pyramidaie, pentagone, discoïde : disque sexflore, régulariflore, andro- gyn'flore ; couronne mullisériée, mulüflore, tubuliflore, féminiflore. Péricline un peu supérieur aux fleurs, formé de cinq squames uaisé- riées, égales, appliquées, embrassantes, concaves, ovales-oblongues, membraneuses-foliacées, surmontées d’un appendice subulé, membra- peux-scarieux. Clinanthe cylindrique, long, grêle, axiforme, inappen- diculé au sommet qui est occupé par le disque, et garni du reste de squamelles plurisériées , imbriquées sur cinq rangs, un peu supérieures aux fleurs, embrassantes, et absolument semblables aux squames du péricline. Ovaires oblongs, papillulés ; aigrettes du disque composées de squamellules unisériées, égales, longues, filiformes, capillaires, à peine barbeilulées, libres, caduques, s’arquant en dehors; aisrettes de la couronne , nulles: Corolles de la couronne tubuleuses, longues , grê- les, filiformes. Les calathides sont immédiatement rapprochées en ca- pitules globuleux ; chaque capitule est composé d'un grand nombre de calathides portées par un calathiphore nu, La dernière rangée intérieure de la couronne, cuntiguë au disque, est ordinairement aigrettée. Le Gnaphalium car liflorum de M. Desfontaines constitue un genre très-analogue au Gifola, mais qui en diffère suffisamment par l'aigrette très-plumeuse supérieurement, par les squames et les squamelles sca- rieuses et colorées, et par quelques autres caractères moins imporlans. Je le nomme //loga, et je le caractérise Comme il suit. JrLoca. (Synanthérées. Inulées. Gnaphaliées.) Calathide subeylin- dracée, discoïde : disque pluriflore, régulariflore, androgyniflore; cou- ronne plurisériée ; tubuliflore, féminiflore. Péricline un peu supérieur aux fleurs, formé de squames subumisériées, à peu près égales, appli- quées, concaves, ovales-lancéolées, acuminées, coriaces-scarieuses , dorées, inappendiculées. Clinanthe cylindrique, court, inappendieulé au sommet qui ést occupé par le disque, et garni du reste de squameiles imbriquées, un peu supérieures aux fleurs, et absolument semblables aux squames du péricline. Ovaires oblongs, glabres; aigrettes du disque composées de squamellules unisériées, égales, caduques, fliformes, (145 ) nues inférieurement et barbellées supérieurement ; aivrelles de la coa- ‘ronne, nulles. Corolles de la couronne fabuleuses, lonoues, grèles, filiformes. Les calathides, rapprochées pour la plupart en capitules très- irréguliers, sont séparées les unes des autres par des bractées, La troisième espèce de Filago, nommée pyramidata , w'a point enrore os sous mes yeux : je ne puis donc rien aflirmer sur elle; cependant a description de Linné me persuade qu'elle appartient au seure G/fola. Les quatrième et cinquième espèces, nommées montana et ga/lica, différent génériquement du Gifola, en ce qu'il n’y a que deux rangs de fleurs femelles, et un seul rang de squamelles, que les squames du péricline sont inférieurement ossifiées, gibbeuses, et enveloppent com- plétement les ovaires, et qu’enfin le clinanthe est plane. Je réunis donc ces Ceux espèces en ungenre où sous-veure particulier, dont le F. gallica doit être considéré comme le type; le F. montana offrant quelques ano- malies, qui le rapprochent du F. arsensis. Locrra. (Synarthérées. Inulées. Gnaphaliées.) Calathide ovoide-pyra- midale, pentagone, discoïde : disque quinquéflore, régulariflore, andro- gvoiflore; couronne bisériée, décemflore , tubuliflore, féminiflore. Pé- ricline égal aux fleurs, formé de cinq squames unisériées, égales, appli- quées, allongées, lancéolées-obtuses, munies d’une large bordure mem- braneuse , scarieuse au sommet, et ayant leur partie inférieure ossifiée, gibbeuse, concave, enveloppante; quelques petites squames süurnumé- raires accompagnent extérieurement le péricline. Clinanthe plane, muni de cinq squamelles unisériées, situées entre les deux rangs de la cou- ronne, égales aux fleurs, oblongues-lancéolées-obtuses, planes, coria- ces, membraneuses sur les bords. Ovaires du disque et du rang intérieur de la couronne oblongs, droits, un peu papillulés ; à aigrette composée de squamellules unisériées, évales, longues, filiformes, capillaires, à peine barbellulées, caduques. Ovaires du rang extérieur de la couronne, oblongs, arqués en dedans, glabres, inaigrettés, enveloppés étroite- ment et complétement par la partie inférieure des squames du péricline. Corolles de la couronne, tubuleuses, longues, grêles, filiformes. Corolles du disque, quadrilobées. La sixième espèce ( Filago arvensis ) se rapproche beaucoup des vrais Gnaphalium, tels que les G. luteo-album, sylvaticum et wliginosum : mais elle en diffère par le péricline, dont les squames sont unisériées, égales, nullement scarieuses ; et par des fleurs femelles, à ovaire inai- gretlé, situées en dehors du péricline, et protégées par des squames surnuméraires. Ces différences suffisent, selon moi, pour autoriser la proposition du sous-genre suivant. OczirA. (Synanthérées. Inulées. Gnaphaliées.) Calathide ovoide, discoïde : disque pauciflore , régulariflore, androgyniflore; couronne plu- 1819. (144) risériée, mulutiore, tubuliflore, féminiflore. Péricline égal aux fleurs, formé de squames unisériées, égales, appliquées, linéaires-lancéolées, planiuscules, foliacées, laineuses extérieurement, coriaces à la base, munies d'une bordure membraneuse, quelques squames surnuméraires, irrégulièrement disposées , inégales, analogues aux vraies squames, mais plus courtes, accompagnent extérieurément le péricline. Clinanthe plane, inappendiculé. Ovaires du disque et de la couronne, oblongs, papillulés : à aisrette composée de squamellules unisériées, égales, lon- gues, filiformes, capillaires, barbellulées, caduques. Corolles de la couronne, tubuleuses, longues, grêles, filiformes. Quelques fleurs fe- melles, à ovaire inaigrelté, sont situées entre les squames surnuméraires et les vraies squames du péricline. La septième el dernière espèce ( Filago leontopodium) doit servir de type à un genre particulier, voisin de l’Æntennaria, et nommé Leon- 1opodium, ainsi que M. R. Brown l’a déjà proposé. Mais comme ce bo- taniste n’a point indiqué les caractères de ce genre, je crois utile d’ex- poser ici ceux que J'ai observés, et qui ne s'accordent pas entièrement avec les descriptions qu’on trouve dans les livres. LEoNroponium. (Synanthérées. Inulées. Gnaphaliées.) Calathide discoïde : disque multiflore ou pauciflore, régulariflore, masculiflore ; couronne unisériée ou plurisériée, tubuliflore, féminiflore. Péricline à peu près égal aux fleurs, formé de squames imbriquées, appliquées, ovales-oblongues , coriaces, laineuses cxtérieurement, munies d'ane large bordure scarieuse, brune, irrégulièrement lacérée. Clinanthe con- vexe, fovéolé, inappendiculé. Ovaires de la couronne oblongs, hispi- dules, pourvus d'un bourrelet basilaire, et d’une aigrette longue, cadu- que, composée de squamellules égales, unisériées, entregreffées à la base, filiformes, barbellulées, non épaissies supérieurement. Faux- ovaires du disque, grêles, et pourvus d’une aigrette à Squamellules épais- sies en la parlie supérieure, qui semble formée de barbelles entre- greffées. Corolles de la couronne, tubuleuses, grèles, dentées au sommet. Anthères munies d'appendices -basilaires. Les calathides sont disosées en une sorte d’ombelle terminale, en- lourée à sa base d'un involucre de bractées foliformes; la calathide centrale est sessile, son disque est multiflore, et sa couronne est uni- sériée; les autres calathides sont élevées chacune sur un court péaon- cule, qui porte en outre au sommet une ou deux bractées foliformes , figurant un involucelle dimidié , situé sur le côté extérieur de Ja caläthide : ces calathides extérieures ont le disque pauciflore, et la couronne plu- risériée. DOS TE DE (145) Mémoire sur plusieurs orsanes particuliers qui existent chez les oiseaux et les reptiles; par M. MAGENDIE. IL est arrivé plus d’une fois dans les sciences physiques qu’en cher- chant à confirmer une hypothèse par l’expérience, un savant a décou- vert des phénomènes qu’il avait pour ainsi dire prévus; mais il est arrivé lus souvent encore qu’en cherchant de cette manière, on a trouvé des Er auxquels on n’avait nullement pensé, et qui ont eu, dans certains cas, les conséquences les plus importantes et les plus heureuses. C’est un exemple de ces observations inattendues qui fait l’objet de ce mémoire. Pour compléter le travail que j'ai eu l’honneur de présenter à l’Aca- démie sur le système lymphatique, j'ai disséqué cette année un grand nombre d'oiseaux et de reptiles, et tout en m'assurant que ces animaux sont pour la plupart dépourvus de vaisseaux lymphatiques, ainsi que je l'ai annoncé, j'ai reconnu qu'ils possèdent des organes particuliers , que les anatomisies ne me paraissent point avoir remarqués. De ces organes , les uns sont situés au cou, et les autres dans la poi- trine ; leurs formes, leurs dimensions, leur structure, sont extrêmement variées suivant les classes mais aussi suivant les ordres, les genres, et les ‘espèces; c'est du moins ce qui me semble résulter de mes obser- vations. Je vais essayer d’en décrire les principaux caractères, et d’abord je par- lerai de ceux qui sont situés au cou. Tous les oiseaux que j'ai examinés, m'ont presenté à droite et à gauche du cou, non loin de la tachée-artère, un appareil glandiforme, qui s'étend en général de la mâchoire inférieure , et de la partie inférieure et posté- rieure de la tête jusqu’au thorax. Dans les gallinacés, beaucoup de passereaux , les grimpeurs, les échas- siers, et les palmipèdes, cet appareil est composé de corps isolés, plus ou moins nombreux, de volume et de forme variables, tantôt contigus et tantôt assez éloignés les uns des autres. Dans les oiseaux de proie diurnes et nocturnes, l'appareil ne forme presque toujours qu’une seule masse, et s'étend d’une manière continue de la mâchoire au thorax, et quelquefois jusque dans cette cavité. La couleur de ces corps est en général rougeâtre, mais il en existe de gris et même de jaunes. Es consistance est plus constante; le plus sou- vent elle se rapproche de celle des glandes salivaires des animaux à mamelles. Quant à leur parenchyme, il est homogène et tout-à-fait suë generis ; je ne connais aucun ussu animal qui ofire avec lui quelque analogie évidente. Livraison d'octobre. 19 1 010: ANATOMIE. Acad. des Sciensce Novembre 1819. (146 ) Les dimensions totales de ces organes semblent varier avec l’âge. Eu général ils sont à peine visibles chez les oiseaux nouveau-nés; ils se dé- veloppent dans la première année, et diminuent ensuite graduellement jusqu'au point de disparaitre entièrement, comme je l'ai observé sur plu- sieurs oiseaux de proie, et un assez grand nombre de petits passereaux. Ces organes recoivent des vaisseaux sanguins assez nombreux; je n’ai jamais vu de nerfs s’y rendre ; ils n’ont d’ailleurs aucun canal excréteur, ni aucune communication avec les organes voisins; ils sont au contraire entièrement isolés au milieu de la graisse et du tissu cellulaire. Des reptiles d'ordres différents ont aussi au cou des appageils particu- liërs qui ont quelque analogie avec ceux des oiseaux. Plusieurs tortues terrestres m'ont offert au-dessous, et vers le milieu de chacune des trachées, une sorte de grappe glanduleuse, composée d’une dixaine de corps de la grosseur d’un grain de millet. Un jeune crocodile, récemment mort, et que M. Cuvier a bien voulu me laisser examiner, avait sur les deux côtés de la trachée un corps fusiforme d’une couleur jaunâtre, et d’une consistance analogue à celle des organes des oiseaux, et n'ayant, comme ceux-ci, aucune communi- cation avec les organes circonvoisins. Plusieurs autres sauriens, tels que le lézard vert et le lézard gris, ne m'ont rien présenté de semblable. La couleuvre à collier, la vipère de Fontainebleau , l'orvet, m'ont offert, au contraire, un appareil cervical analogue à celui du croco- dille. Aucun batracien, à l'exception de la femelle de la salamandre terrestre qui a deux petits organes sous-cutanés au cou, ne m'a présenté d'appa- reil glanduleux cervical. Telles sont les principales remarques que j'ai faites sur les oiseaux et les reptiles, touchant les organes qu'ils présentent presque tous au cou; je passe à celles que jai recueillies sur les organes contenus dans la poi- trine de ces animaux. Tous les oiseaux, sans exception, m'ont offert dans la cavité du tho- rax, à peu près à la hauteur du larynx inférieur et sur les côtés, deux organes presque toujours adhérents à l'artère qui se porte au cou pour aller ensuite gagner la tête. Le plus souvent ces organes sont de forme ovoïde ou irrégulièrement sphérique, beaucoup d'oiseaux n’en ont qu’un de chaque côté du larynx; sa couleur est rougeâtre, sa consistance assez grande, les vaisseaux san- guins qui s'y portent sont assez nombreux, son volume est quelquelois égal à celui d’une noisette comme dans le cygne, et d'autre fois l'organe est à peine visible, comme dans les petits passereaux. Dans plusieurs oiseaux il est composé de deux et même de trois par- ties distinctes et isolées, l’une qui conserve les caractères décrits, et les autres de forme à peu près semblable, mais de couleur jaune prononcée, (147) et d’une consistance plus considérable , ce qui semble en faire des organes entièrement distincts; dans le perroquet il est rose et à peu près trans- parent. Les tortues et les serpents que j'ai disséqués, avaient tous au-dessus du péricarde, vis-à-vis le bulbe de l'aorte, un organe unique de forme sphé- roïde, de couleur rougeâtre ou jaunâtre, et d’une structure particulière, sans analogie apparente avec l'organe thoracique des oiseaux. Parmi les sauriens et les batraciens, le crocodile seul m'a présenté une disposition à peu près semblable à celle dont je viens de parler. Je n’ai pas remarqué, relativement à cet organe thoracique, les varia- tions de volume en rapport avec les différents âges, comme j'ai dit l'avoir observé pour les organes cervicaux, spécialement pour ceux des oiseaux. J’ai inutilement cherché jusqu'ici, dansles poissons, quelque chose qui rappelât ce que je viens de décrire. Voilà donc de nouveaux appareils organiques à comprendre parmi ceux qui sont propres aux oiseaux et aux reptiles. On pourra peut-être demander comment des organes aussi volumineux, aussi apparents, ont échappé jusqu'ici aux recherches anatomiques, je n'entreprendrai point de l'expliquer ; cependant il me paraît probable que les anatomistes , per- suadés, d’après Hunter, Hewson et Monro, etc., de l'existence des glandes lymphatiques cervicales chez les oiseaux , auront pris les organes que j'ai décrits pour ces glandes, qui en diffèrent pourtant sous une infinité de rapports, et qui d’ailleurs existent concurremment avec ceux-ci chez loie et le cygne, les seuls oiseaux qui, jusqu'à présent, m'aient offert des traces du système lymphatique. Une autre question qui me paraît plus importante, c’est de savoir avec quels organes des mammifères les nouveaux organes propres aux oiseaux etaux reptiles pourraient être comparés avec quelque apparence de raison. L'idée qui s'offre d’abord à l'esprit est de les rapprocher du thymus et de la thyroide; en effet, de ces deux organes l’un existe au cou et l’autre dans la poitrine; ils n’ont point de communication avec les parties en- vironnantes ; et bien qu'ils se rapprochent des glandes par la nature de leur parenchyme, ils n’ont point de canal excréteur ; sous ces divers rap- ports ils auraient donc beatcoup d’analogie avec les organes décrits dans ce mémoire; mais ils en diffèrent essentiellement, en ce que le thymus et là thyroïde sont beaucoup plus développés chez le fœtus qu'après la naissance, tandis que les nouveaux organes prennent au contraire leur accroissement dans la première année de la vie; il est vrai que chez les oiscaux l’organe cervical diminue ensuite comme le thymus, mais l'organe thoracique conserve ses dimensions à peu Le comme la thy- roide. Sous ve dernier point de vue, l'organe cervical des oiseaux devrait être comparé à l'organe thoracique des mammifères, tandis que l'organe © \ L n) cervical de ces derniers, où la thyroïde ressemblerait davantage à l’organe CS ELAN-COSNPAEMELEUT © ET, pe 1819. ANATOMIE COMPARÉE. Société Philomatiq. Novembre 18r9. ( 148 ) pectoral des oiseaux, la même analogie pourrait être établie entre les reptiles et les mamraifères, mais ce ne serait que d'une manière entière- ment conjecturaie. Quoi qu'il en soit, j'ai commencé des expériences pour connaître quelles peuvent être les fonctions des nouvaux organes ; elles ne sont point assez avancées pour que Je puisse en entretenir l’Académie; si j'obtiens quelques résultats qui me semblent dignes de son intérêt, je m'empres- serai de les soumettre à son jugement. AAA AAA ARR RAS AA Sur la dégradation du cœur et des gros vaisseaux dans les Ostéo- zoaires, ou animaux vertébrés; par M. H. D. DE BLAINVILLE. Daxs ce Mémoire, M. de Blainville s’est proposé d'étudier la marche que la nature semble avoir suivie dans la dégradation du cœur et des gros vaisseaux des Ostéozoaires, et de montrer qu’elle se trouve con- corder avec le degré de différence que ces animaux offrent dans les deux états d'adulte et de fœtus, c’est-à-dire que les poissons et les rep- tiles imparfaits sont, pour ainsi dire , analogues aux mammifères à l’état de fœtus. L'homme et les mammifères sont, en effet, les animaux qui présentent le plus de différences entre ces deux états, puisque dans l’un ils ont en eux la source de leur calorique, et que dans l’autre ils le puisent nécessairement hors d’eux; d’où la nécessité d’une sorte d’incubation, après la naissance, dans les deux premières classes d’ani- maux vertébrés. Les poissons sont, au contraire, ceux qui en offrent le moins. M. de Blainville commence par quelques considérations générales ; il définit ce qu'on doit entendre par cœur, , et fait voir qu'il est néces- sairement formé de deux parties, oreillette et ventricule, communiquant entre elles dans une direction déterminée ; l’une vers laquelle arrive le système vasculaire, qu'il nomme aférent, centripète ou rentrant, com- prenant les vaisseaux lymphatiques et les veines, qui appartiennent évi- demment au même système ; et l’autre, d'où sort le système vasculaire efférent, centrifuge ou sortant, qui ne renferme que les artères. 11 n’y a jamais, suivant lui, qu’un seul ventricule, pouvant, il est vrai, être partagé à l'intérieur en deux ou trois cavités ou loges plus ou moins distinctes ; au lieu qu'il est fort possible que l'oreillette soit composée de deux parties distinctes et même assez distantes, comme cela se voit dans plusieurs malacozoaires. En effet, on sait que chez les animaux, où l’on admet deux ventricules et deux oreillettes ou deux cœurs com- lets, la contraction de chaque partie similaire est instantanée, IL donne comme un caractère distinctif du type des ostéozoaires, que rer cn ation (149) chez eux le cœur, et par conséquent la terminaison ou l'origine des gros vaisseaux, sont toujours inférieurs au canal intestinal, et au con- traire supérieurs dans tous les autres animaux pairs; ce qui est juste- ment l'inverse du système nerveux central de la locomotion. Observation qu'il a faile et répandue depuis plusieurs années. 11 pense aussi que dans tous les animaux le système artériel tend à être supérieur au canal digestif, et le système veineux inférieur, ou mieux, latéral. M. de Blainville donne ensuite les différences qu'offrent les animaux vertébrés, en commencant par l’homme et les mammifères. Dans l’homme et les mammiferes adultes, le système circulatoire ren- trant composé de deux parties bien distinctes, le système rentrant gé- néral formé lui-même de deux, système lymphatique et système vei- neux proprement dit, se terminent par un ou plusieurs troncs, ce qui est peu important, dans les deux loges complétement séparées d’une oreillette qui paraît simple à l'extérieur. Ces deux loges auriculaires communiquent largement, chacune dans une loge également distincte d’un ventricule considérable, partagé d’une manière souvent visible à l'extérieur, en deux parties, l’une plus courte, droite et inférieure, et l’autre plus longue, gauche et supérieure. Le système vasculaire sortant ou artériel est par conséquent formé de deux faisceaux bien séparés qui se croisent à leur origine; l’un, le pulmonaire, naissant à gauche de son ventricule et passant au-dessus de l’aortique, qui naît au contraire de la partie droite du ventricule gauche. Tous deux commencent par un seul tronc, les branches qui for- ment l'aorte antérieure sortant de la crosse de celle-ci, Ainsi, il n’y a entre les deux parties du système vasculaire rentrant, et entre celles du système vasculaire sortant, aucune communication immédiate ni médiate. Seulement, entre le tronc de l'artère pulmonaire et celui de l'aorte, on trouve une sorte de ligament presque constam- ment oblitéré; mais qui, dans quelques cas anomaux, peut encore être ouvert de même que le trou de botale : on trouve même quelquefois la paroi qui sépare la loge ventriculaire tout-à-fait perforée; c’est-à-dire qu'on peut trouver comme anomale dans l’homme une disposition nor- male dans des animaux d’un degré inférieur. A ce sujet il fait l’obser- vation importante que beaucoup d'anomalies congéniales de l’homme ne sont que des degrés persistants de son développement. M. de Blainville traite ensuite des différences que peuvent offrir sous ce rapport les animaux mammifères ; il fait voir qu’elles sont peu im- portantes, si ce n’est peut-être dans les espèces susceptibles de revenir a une sorte d'état de fœtus, où de s’engourdir dans l'hiver. Il ne lui paraîtrait pas impossible qu'il se rétablit une communication entre les cavités correspondantes du cœur; de même qu'il lui a semblé que le thy- 1819. (150 ) mus et la thyroïde, qui appartiennent au même appareil, prennent à cette époque plus d’accroissement, et tendent à être stationnaires comme dans les reptiles. Le fœtus des mammiféres offre des différences remarquables : le sys- tème rentrant, sensiblement le même, si ce n’est qu'il s’y ajoute une grosse veine venant du placenta, et que la partie pulmonaire est nulle ou presque nulle, ou en rapport inverse avec celle-ci, se termine dans une seule cavité auriculaire, parce que la cloison qui, dans l’adulte, la partage en deux , est plus ou moins incomplète. Le résultat est à peu près le même pour le système sortant ; en effet, quoique les deux cavités des ventricules soient encore bien nettement séparées par la structure de la cloison, cependant il y a mélange entre les deux fluides qui en sortent, parce que les deux faisceaux vascu- laires, tout-à-fait du reste disposés comme dans l'adulte à leur origine, communiquent entre eux au moyen du canal dit artériel qui se porte du tronc de l’un à celui de l'autre, avant qu’ils aient fourni aucune autre branche de distribution que les coronaires, Aussi dans le fœtus des mammifères les deux sangs sont tout-à-fait semblables, il n’y a pas de calorique indépendant ; c’est une sorte de poisson ou de reptile sous ce rappport. | La classe des oiseaux qui commence le sous-type des ostéozoaires ovipares offre déjà des différences importantes, non-seulement sous le rapport dont M. de Blainville s'occupe dans ce mémoire, mais encore sous celui de la distribution du système vasculaire; mais il n’en traite ici que d’une manière abrégée. Le système rentrant, formant encore deux faisceaux bien distinets, se termine dans une oreillette qui montre déjà davantage qu’elle est réellement unique, par la manière dont le muscle qui la contracte est disposé, et par la structure de la cloison qui n’est presque formée que par les vaisseaux veineux. ‘ Les deux parties du ventricule , quoique offrant à peu près la même osition que dans les mammifères; sont beaucoup plus disproportionnées ; a droite semblantcollée ou appliquée à la base de la gauche qui forme presque tout le cœur. ARTE Le système sortant, quoique également divisé en deux faisceaux dis- tincts, offre cependant des différences qui indiquent celles qui existent dans les reptiles : ainsi le faisceau aortique se compose de trois gros troncs qui naissent presque immédiatement du ventricule lui-même, sans qu'il y ait, pour ainsi dire, de pédicule commun; cestrois troncs sont en allant de gauche à droite, le brachio-céphalique gauche; le brachio- céphalique droit, et enfin l'aorte proprement dite, qui se porte à droite, et.se courbe ensuite pour venir à peu près dans la ligne médiane, Le faisceau pulmonaire offre aussi quelque chose d’analogue, en ce que Cabri) le pédicule d'où il naît est extrêmement court, en sorte que chaque branche semble sortir du ventricule lui-même ; il n’y a cependant qu'un seul orifice dans chaque ventricule pour chaque faisceau du système sortant. Dans les oiseaux à l’état de fœtus, les différences du système vascu- culaire rentrant sont peu considérables; elles ont de l’analogie avec ce qui a lieu dans les mammiféres, en ce que Le faisceau pulmonaire n'ést également développé qu’à sa racine , et que les deux cellules auriculaires communiquent entre elles par un large trou de botale, Les deux cavités ventriculaires sont aussi à peu près comme dans l'adulte; mais les deux faisceaux du système sortant offrent cette diffé: rence importante que leur canal de communication est double, et qu’elle a lieu bien au delà de la naissance de l'aorte postérieure; c’est-à-dire que de chaque branche de l'artère pulmonaire il naît un long canal arté- riel qui se porte en arrière, et va s’emboucher dans l’artère aorte posté- rieure, au-delà de la pointe du cœur. M. de Blainville voit dans cette disposition l’origine de ce qui a lieu dans la première classe des reptiles, où l'aorte a toujours deux origines ou racines. Les oiseaux ne lui ont offert aucune différence notable dans ce point important de leur organisation ; il se pourrait cependant que, dans les oiseaux plongeurs, le trou de botale fût ouvert. Les animaux vertébrés ovipares qu'on a réunis à tort dans la même classe, sous le nom de reptiles, offrent sous le rapport des organes 1819. envisagés dans ce mémoire comme sous tous les autres, des à Fi importantes qui confirment la séparation que M. de Blainville a CF de- voir en faire en deux classes. Dans la première, ou reptiles proprement dits, quoique M. de Blain- ville signale des différences qui tiennent à une véritable dégradation générale, et à une simple dégradation dans les organes de la locomo- üon , il expose ce qu'il y a chez eux de général. Le système rentrant, devenu beaucoup plus considérable, et surtout dans la partie purement veineuse, est encore à $a terminaison partagé en deux faisceaux bien distincts, et par conséquent l'oreillette est divi- sée en deux cavités correspondantes par une cloison complète... Le ventricule plus unique, même à l'extérieur, est encore partagé à l'intérieur en deux loges assez distinctes, situées comme à l’ordinaire, mais fort petites, et qui communiquent plus ou moins complétement entre elles par la spongiosité de la cloison qui les sépare. Quelquefois même on trouve une troisième loge, qui n’est évidemment qu’une partie ou une division de la première loge droite ou inférieure, élargie dans une certaine direction pour la sortie d’un des faisceaux artériels. En effet, le système vasculaire sortant parait au premier abord divisé en trois (152) é faisceaux distincts : 1° celui qui correspond à l'aorte des oiseaux, et qui offre une disposition tout à fait semblable , une division presque immé- diate en trois gros troncs, etc:; 2° l'arlère pulmonaire tout-à-fait à gau- che se divisant ensuite diversement; 3° enfin un assez gros tronc inter- médiaire ou mieux situé immédiatement à droite du précédent. Dans ce tronc, M. de Blainville voit une sorte de canal artériel persistant , ou le moyen de communication des deux systèmes sortants ; mais qui, au lieu de naître de l'artère pulmonaire, naît de la cavité ventriculaire elle-même ; alors il y a eu deux ouvertures ou deux lumières dans cette cavité, d’où les deuxième et troisième loges admises dans le cœur des tortues, des crocodiles, etc. ; c’est cette artère qu’on nomme artère des- cendante-gauche. D'après cela il y a donc dans ces animaux à l’état adulte,non-seulement une communication directe entre la cavité ventriculaire, mais même entre la cavité droite et l'aorte postérieure; d’où M. de Blainville est porté à penser que dans l’état de fœtus, ces animaux pourraient n'avoir pas besoin de communication directe entre les deux loges de l'oreillette, ou du trou de botale; il croit cependant que l’analogie ne permet guère de douter de l'existence de cette communication; ce qu'il ne peut assu- rer, n'ayant pas eu encore l’occasion de disséquer un fœtus decette classe assez grand pour mettre la chose hors de doute. La seconde classe de reptiles, que M. de Blainville a nommée Nudi- pellifères ou Amphibiens, offre encore une simplification bien plus marquée dans les principaux organes de la circulation. Le système veineux ou rentrant acquiert encore plus de prédomi- nance; mais toutes les parties dont il est composé ne forment réelle- ment qu’un seul faisceau, quoique la partie générale et la partie pulmo- naire ne se confondent encore que dans le sinus commun, et même peut- être dans l'oreillette ; mais l'oreillette n'offre plus qu'à peine des traces de cloison dans quelques brides musculaires qui la traversent. Le ventricule est encore, pour ainsi dire , plus unique ; il est tout-à- fait symétrique et symétriquement placé presque sous la gorge : il n’offre qu’une seule petite loge à parois fort épaisses, dont en effet il ne sort qu’un seul faisceau, qui marche directement en avant, et qui, divisé bientôt symétriquement, donne à droite et à gauche un seul tronc d'où partent en avant et latéralement trois branches pour la partie inférieure de la gorge, les parties latérales du cou ou de locciput, et en arrière l'artère pulmonaire; le tronc se continue ensuite, mais avant de se re- courber vers la colonne vertébrale, il donne l’artère brachiale et ver- tébrale, et se réunit ensuite à celui du côté opposé pour former l'aorte descendante. Dans ces animaux, il n’y a donc plus véritablement qu’une seule oreillette et qu’un seul ventricule dans la rigueur du terme; un seul PP PE PS (153) faisceau rentrant et un seul faisceau sortant. Les différences entre l’état adulte et celui de fœtus doivent donc être d’une autre nature, et, en effet, elles consistent en ce que l'organe pulmonaire aérien ne pouvant avoir son développement, il existe surles parties latérales du cou ou pres- que de la tête, plusieurs expansions vasculaires provenant des artères carotides ; mais les veines qui en reviennent rapportent le sang dans le système rentrant général, comme de coutume. À Dans la classe entière des poissons , où le cœur et les organes princi- paux de la circulation sont arrivés au plus haut degré de simplicité dans les ostéozoaires, et qui offrent sous ce rapport la plus grande res- semblance avec ce qui a lieu dans les amphybiens, tout le système vasculaire sortant et se divisant à peu près comme dans ces derniers ani- maux, parait se distribuer én entier dans un nombre un peu variable d’expansions vasculaires , adhérentes aux branches de l’hyoïde, et au lieu de revenir ensuite de ces parties au cœur, les ramifications se réunissent, dit-on, de nouveau de branches en tronc, d’où résulte la véritable aorte, qui fournit ensuite les artères secondaires, tertiaires, etc.; en sorte qu’il semblerait que dansles poissons les deux systèmes sortants des animaux supérieurs seraient bout à bout séparés par un système capillaire. Mais il n’en est pas ainsi, comme l’analogie seule avait conduit M. de Blainville à le penser, et comme il s’en est assuré par une intuition directe. En effet, la similitude est presque parfaite avec les nudipellifères à l’état de fœtus, et bien loin que tout le sang sorti du cœur par la subdivision de l'aorte, se distribue en entier dans les expansions branchiales, la très-grande partie suit le trajet de chaque tronc de cesartères, et c’est leur réunion même qui forme l'aorte; d’où l'on voit que nécessairement la partie du système veineux ou rentrant qui sert des divisions nom- breuses que chaque artère dite branchiale fournit aux branchies, se forme de la réunion successive de ces veinules, et que la terminaison doit se faire et se fait évidemment dans le sinus veineux commun. D'après cela; M. de Blainville établit que les artères dites branchiales des poissons ne sont que des carotides, comme dans les grenouilles et les salamandres; qu'il n’est pas vrai que l'aorte soit la réunion des veines branchiales, et encore moins que tout le sang noir de ces animaux res- pire ou recoit l’action du fluide ambiant, et que c’est dans le sinus com- mun du système rentrant que se fait le mélange du sang qui a respiré et de celui quine l’a pas fait; d’après cela il en conclut que ce qu’on nomme les branchies dans les poissons, ne peuvent être regardées comme ana- logues des poumons des oiseaux, ce qui se trouve au reste appuyé sur d'autres considérations, et que l’on ne peut se servir de l'exemple des poissons pour conclure que l’action impulsive des ventricules se pro- page à travers le système capillaire dans le système veineux ou rentrant. D'après cela il est évident que les poissons ne peuvent offrir de diffé- Livraison d'octobre. 20. 1819. H1STO1RE NATURELLE, (154) rences entre l'état adulte et celui de fœtus, du moins sous le rapport des principaux organes de la circulation; l’état de fœtus est, pour ainsi dire, devenu l’état constant; aussi ne peuvent-ils vivre autrement que dans un fluide; leur calorique est-il emprunté; la différence de couleur des deux sangs est-elle presque nulle, etc. ? RAA AA AS SAS AS Monographie du Scinque doré d'Amérique, Scincus auratus; par M. MOoREAU DE JONNES. IL résulte de cette Monographie : 1°, Que le reptile qui en est l'objet, et qui porte en Amérique le nom de Lézard et d'Andlis, n'appartient ni à l’un ni à l’autre de ces deux genres. 2°. Que c’est un Scinque dont les caractères spécifiques sont : corps alongé, presque fusiforme, long de huit à douze pouces, sans crête ni fanon ; la queue ayant une longueur plus grande que le corps, quand elle n’est pas tronquée; jambes courtes, terminées brusquement par cinq doigts, qui sont armés d'ongles très-crochus, et garnis en dessous par des stries transversales ; paumes des mains couvertes de points tubercu- leux ; écailles lisses, imbriquées, uniformes, brun feuille-morte , nuan- cées de vert, avec des reflets métalliques et comme dorés. 3°. Que de cette espèce unique, examinée par Baudin sur des indi- vidus dont la queue était mutilée et les couleurs altérées, ce naturaliste a fait cinq espèces; savoir : l’anolin doré, le scinque galley-wasp, le scinque mabonia , le scinque schneïdérien et le scinque rembruni. 4°. Que les différens noms assignés à toutes ces espèces étant fondés sur des méprises, on ne peut sans inconvénient continuer de s'en servir, puisque, par exemple, celui de mabonia appartient spécialement à un gecko; que celui de scinque rembruni ne convient qu’accidentellement à ce repüle ; et que l'appellation jamaïquaise de galley-wasp, qui signifie guêpe de cuisine, ne peut être raisonnablement appliquée à un animal entièrement étranger, par ses formes et ses habitudes, à l'insecte et au lieu dont on lui donne vulgairement les noms. 5°. Que toutefois, afin d'éviter l'usage d’une nouvelle appellation, on pourrait adopter, pour nom spécifique de ce reptile, l'épithète linnéenne de déjà Daubenton et M. de Lacépède lui avaient appliquée, et qui oit mériter la préférence, puisqu’en donnant à celle espèce le nom de Scinque doré d'Amérique, Scincus auratus, On indiquerait ainsi une particularité remarquable qu'offre l'aspect de ce saurien, dont les écailles dorsales sont ornées, pendant sa vie, de reflets métalliques , semblables à ceux de quelques poissons. ODA AAA ENT (155 ) Note sur un nouveau genre .d'Annélides; par M. DUTROCHET. Tous les Annélides connus sont dépourvus de membres; ce fait est si général, qu'il forme un des caractères de cette classe d'animaux. Cepen- dant nous trouverons une exception à cette loi générale dans les Anné- lides dont je vais donner ici la description. Ces Annélides n’ont point encore été observés, ou bien ‘ils ont été confondus avec les naïades, auxquelles ils ressemblent beaucoup au premier coup d'œil, mais dont ils diffèrent essentiellement par ün organe de préhension et de progres- sion qu'ils portent à l'extrémité postérieure de leur corps. Cet organe, quoique visible à l'œil nu, ne peut cependant être bien observé qu'au microscope, car les Annélides en question, dont la longueur n'excède pas un pouce, ne sont que de la grosseur d’un crin de cheval ; ils sont dépourvus d’yeux, et leur corpsest, comme celui des naïades, muni de chaque côté d’une rangée de poils; leur queue, plate et élargie, sup- porte des appendices charnus et mobiles, avec lesquels l’animal saisit les corps déliés pour s'y fixer. Ce sont de véritables membres non articulés, semblables , sous ce point de vue, aux pieds des mollusques céphalapodes et aux bras des, polypes. J'ai donné à ce genre nouveau d’Annélides le nom de Xantho (nom mythologique d’une naïade), et j'en ai observé deux espèces : la première a la queue figurée en une sorte de triangle, dont la base, tournée en arrière, est échancrée dans son milieu ; cette surface aplatie supporte dix appendices mobiles et charnus ; en un mot dix pieds placés comme on le voit dans la figure; je désigne cette espèce sous le nom de Xantho decapoda. La seconde espèce, qui est d’un tiers environ moins longue que la première, n’a que six pieds; ils sont im- plantés sur une surface DER dout la pointe est tournée en arrière ; je nomme celte seconde espèce Xantho hexapoda. L’anus dans ces deux espèces est situé à l’origine du réceptacle des pieds. C’est ainsi que je désigne la partie aplatie sur laquelle ils sont implantés. La transparence de ces animaux perrnet de voir le canal alimentaire, qui est composé d’une grande quantité de parties séparées par des étranglements ; on n°y aperçoit point de vaisseaux sanguins. Les xantho vivent dans les eaux dormantes ; elles jouissent, comme les naïades, de la faculté de repro- duire leurs parties lorsqu'on les coupe; cependant il m’a paru que cette faculté était moins étendue chez elles. Si l’on coupe uue naïade en plusieurs morceaux, chaque tronçon reproduit une tête et une queue, et devient ainsi un animal parfait. Toutes les fois que j'ai coupé une xantho en plus de deux morceaux, tout a péri; mais en la coupant seulement en deux, la moitié postérieure reproduit une tête, et la moitié antérieure reproduit une queue munie d’un organe entièrement sem- blable à celui de la partie postérieure. Cette reproduction s'opère dans l'espace de quatre jours. PRINT MANTEAU T RER PSE CE DRE IT OS PE te 1819. MÉDECINE, (156 ) Sur le nombre des décès causés annuellement à Paris par la phthisie pulmonaire ; par M. CHATEAUNEUF. D'ArrÈs un Mémoire lu dernièrement à l’Académie des Sciences sur les maladies de l'organe pulmonaire, qui ont été observées dans Paris pendant les années 1816, 18:17 et 1818, il paraîtrait que la phthisie ne sévit point dans la capitale avec autant, de rigueur qu'on l’a vue jus- qu'ici, bien qu’elle soit cependant une des affections morbifiques les plus fréquentes. Le dépouillement des registres mortuaires de Ja ville de Paris, fait avec beaucoup de soin et d’exactitude, a donné, pour les trois années, 62,44: décès, sur lesquels A BE 604 ont été causés par l’asthme; 1894 par les pleurésies et péripneumonies ; 4459 par des catarrhes ; if, Go71 par la phthisie. TOTAL, : 15,728. Les maladies du système pulmonaire forment donc plus du quart des décès qui ont lieu dans Paris, et elles se partagent entre elles de la manière suivante : L'’asthme enlève un individu sur 100; Les fluxions de poitrine, un sur. 35; Les catharres, un sur....... qe 15; La phthisie, un sur......... 9. Ces faits conduiraient à conclure que la seconde de ces maladies est plus funeste que la première, la troisième plus que la seconde, et la phthisie enfin plus que les trois autres; et en général que l’homme meurt beaucoup plus fréquemment par le poumon que par l'estomac; quoiqu'il faille avancer cependant que les registres de décès présentent un nombre considérable de maladies organiques de ces mêmes viscères: Sydenham à Londres, et M. Bayle à Paris, ont cru, d’après les résultats de leur pratique, que la phthisie faisait périr le cinquième des malades en général. Le Mémoire que nous analysons prouverait qu'il faut réduire ce nombre de moitié; mais on ne doit pas perdre de vue que de ces deux médecins, le premier vivait en Angleterre, où la phthisie semble pour ainsi dire endémique, et que le second, M. Bayle, raisonnait d’après des observations faites à la Charité sur cinq cents malades seule- ment, et qu'il y a loin de la mortalité d’une grande ville à celle d’une salle d'hôpital. On pense généralement que l'automne est l'époque de l’année la plus fatale aux phthisiques. L'auteur du Mémoire a voulu vérifier jusqu’à quel (157) point cette opinion était fondée; voici le résultat de ses recherches. Année commune, composée des trois observées : Printemps.... 1892 décès dus à la phthisie. Blé ee QiO2: Automne..... 1723 Hiver )-#c0 01700 6971 On voit que dans Paris, du moins, l'automne ne serait pas la saison où la phthisie enlève le plus de personnes, mais au contraire qu’il en mourrait davantage au printemps. Sous le rapport du sexe, il succombe un tiers de femmes, à peu près, de plus que d'hommes, dans la ville; mais dans les arrondissemens ruraux, c'est-à-dire dans les villages autour de Paris, la mortalité se partage également entre les deux sexes : au reste, elle n’observe plus là le même rapport qu’à la ville; au lieu d’être d’un sur neuf, il est seu- lement d’un sur onze; mais partout, au dehors comme à l’intérieur de Paris, l'âge de dix à cinquante ans est celui où la phthisie exerce le plus ses ravages. L'auteur a joint à son Mémoire des tableaux curieux qui en augmen- tent l'intérêt, et que nous regretlons de ne pouvoir mettre sous les yeux de nos lecteurs. 1] termine en annoncant l'intention où il est de continuer encore pendant plusieurs années ses observations, afin de donner à leurs ré- sultats tout le degré de certitude possible. On ne saurait trop l’engager à donner suite à ce louable projet. F. M. DST ESS Description du Coleosanthus tiliæfolius; par M. HENRI Cassini. J'ar proposé le genre Coleosanthus, dans mon quatrième Fascicule, ublié dans le Bulletin d'avril 1817, et j'ai décrit en même temps, sous É nom de Coleosanthus Cavanillesii, Vespèce qui sert de type à ce nouveau genre. Depuis cette époque, j'ai trouvé une seconde espèce très-différente de la première, et fort remarquable. Coleosanthus tilivfolius, H. Cass. (Eupatorium macrophy llum, Linné; Vahl, Symb. 5.) Plante herbacée. Tige haute de plus d'un pied (dans l'échantillon incomplet que je décris ), dressée, rameuse, cylindrique, striée, duvetée. Feuilles supérieures alternes, très-distantes, étalées, analogues aux feuilles du tilleul, à pétiole long de plus d’un pouce, à limbe ayant plus de trois pouces de longueur et autant de largeur, cor- diforme, acuminé , inégalement denté-crénelé, muni de cinq nervurés priucipales qui naissent de la base du limbe et se ramifient, à face su- 1819. BoTAntQUueE ( 158 ) périeure glabriuscule et verte, à face inférieure duvetée et grisätre. Feuilles inférieures opposées, à limbe ayant plus de six pouces de lon- gueur et autant de largeur. Les rudimens des rameaux sont situés au- dessus de l’aisselle des feuilles. Calathides nombreuses, réunies en fais- ceaux au sommet des ramifcalions de l’inflorescence, dont l’ensemble forme une panicule corymbiforme, termiuale, nue; chaque calathide est portée sur un pédoncule court qui est pourvu à sa base d’une bractée squamiforme. Fleurs à corolie jaune. Calathide incouronnée, équaliflore, multiflore, subrégulariflore, an- drogyniflore. Péricline égal aux fleurs, subeylindracé, formé de squames régulièrement imbriquées, appliquées, ovales, obtuses, tri-quinqué- nervées, subcoriaces, à bords membraneux, les intérieures presque linéaires et caduques. Clinanthe convexe, fovéolé, hérissé de fimbrilles inégales, filiformes. Ovaires oblongs, épaissis de bas en haut, glabres, noirâtres, portés sur un pied, et pourvus de trois ou quatre arètes sail- lantes; aigrette longue, composée de squamellules nombreuses, iné- gales, subunisériées, filiformes, à peine barbellulées, un peu entre- greffées à la base. Corolles grèles, cylindriques, à limbe non dilaté!, divisé au sommet en quatre ou cinq dents très-pelites, inégales, hérissées extérieurement de quelques longs poils. Anthères pourvues d’appendices apicilaires ovales, obtus, et dépourvues d’appendices basilaires. J'ai observé cette plante dans l’herbier de M. Desfontaines, où elle est nommée Eupatorium macrophyllum, et où il est dit qu’elle vient de Saint-Domingue et de Cayenne. Elle appartient à la famille des Synan- thérées, à la tribu des Eupatoriées, et au genre Co/eosanthus, quoi- qu’elle semble s'éloigner un peu de ce genre par quelques caractères. AAA AAA Description d'une nouvelle espèce de Fimbrillaria ; par M. HENRI Cassini. J'ar proposé le genre Fémbrillaria, dans mon septième Fascicule, publié dans le £Zulletin de février 1818, et j'ai indiqué le Baccharis ivæfolia comme type de ce genre, qui appartient à la famille des Sy- nanthérées et à la tribu des Astérées. La nouvelle espèce que je vais décrire est très-différente de l’espèce originaire. Fimbrillaria tubifera, H. Cass. Plante probablement herbacée. Tige haute d’un pied et simple (dans l'échantillon sec et incomplet que je décris); épaisse, pleine de moëlle, cylindrique, striée, un peu angu- leuse , un peu pubescente. Feuilles nombreuses, alternes; à pétiole long d'environ un pouce et demi, dilaté à la base ; à limbe long de six pouces, large de trois pouces, lancéolé, très-entier sur les bords, un peu tomen- teux sur les deux faces, un peu épais, nervé. Calathides très-nombreu- (159 ) ses, rapprochées en glomérules inégaux sur les ramifications de l'inflo- rescence, dont l’ensemble forme, au sommet de la tige, une grande panicule corymbée. Fleurs à corolle jaune. t Calathide discoide : disque mulüiflore , régulariflore, masculiflore ; couronne plurisériée, mullüflore, tubuliflore, féminiflore. Péricline in- férieur aux fleurs, irrégulier; formé de squames irrégulièrement bisé- riées, un peu inésales, appliquées, elliptiques, subcoriaces, un peu membraneuses sur les bords. Clinanthe plane, hérissé de fimbrilles iné- gales, irrégulières , entregreffées à la base. Ovaires hispidules ; aigrette de squamellules nombreuses, inégales, filiformes , à pee barbellulées. Fleurs de la couronne au moins aussi longues que celles du disque, à corolle en forme de long tube grêle, coloré, arqué en dedans, denticulé au sommet. Fleurs du disque à corolle à cinq divisions, à faux ovaire avorlé, à aigrette semblable à celles de la couronne. J'ai observé cette plante dans un herbier des iles de France et de Bourbon, recu au Muséum d'histoire naturelle de Paris, en janvier 1819. Elle est remarquable par sa couronne de tubes longs, colorés et très-apparens en dehors; ce qui est rare dans une calathide discoïde, et ce qui donne à celle-ci l'aspect d’une calathide radiée, dont la cou- ronne ne serait pas encore épanouie. Je doute si cette plante est une herbe ou un arbrisseau ; et ce que j'ai décrit comme étant la partie su- périeure de la tige, n’est peut-être qu’une branche. RAS SARA SIDE S IS AS AAA RAS Extrait des observations de sir H. DAVY, sur la formation des brouillards dans des situations particulières. Dës que le soleil a disparu quelque part de dessus l’horizon, la sur- face du globe perd du calorique par radiation, et celle perte est d'autant plus grande que le ciel est plus clair; mais la terre et l’eau ne se re- froidissent pas de la même manière. Le refroidissement sur la terre est borné à la superficie, et ne se transmet que très-lentement à l’intérieur; et tandis que dans l’eau au-dessus de 7°, aussitôt que la couche supé- rieure est refroidie soit par le rayonnement soit par l’évaporation, elle tombe dans la masse du fluide, elle est remplacée par l’eau inférieure, qui est plus chaude; et jusqu’à ce que la température de toute la masse soit réduite à 4 ou 5 degrés, celle de la surface ne saurait être la plus froide. Ainsi toutes les fois que l’eau existe en masses considérables, qu’elle a une température presque égale à celle de la terre, ou seulement inférieure de quelques degrés, et qu’elle s'élève au-dessus de 7° au cou- cher du soleil, sa surface durant la nuit, si le temps est calme et clair, sera plus chaude que celle de la terre adjacente. En conséquence, l'air qui repose sur la terre sera plus froid que celui qui est en contact avec Philosoph. Magaz. Octobre 1819. ( 160 ) l'eau. S'ils contienneut l’un et l’autre la vapeur aqueuse qui convient à leur état, et si la situation des lieux permet à l’air froid de la terre de se mêler à l'air plus chaud qui touche à l’eau, il ne peut manquer d'en résulter un brouillard, qui sera en quantité d'autant plus considérable que la terre sera plus élevée, l’eau plus profonde, et l'air chargé de vapeur aqueuse. L'auteur, sir H. Davy, cite ensuite plusieurs exemples particuliers. 11 voyageait au mois de j uin 1818, sur le Danube, de Ratisbone à Vienne, IL examina à plusieurs reprises, durant trois jours, la température de l'atmosphère et celle du fleuve ; et comme dans cet intervalle de temps le ciel fut très-clair, le brouillard se formait le soir sur le Danube, dès que la température de l'air devenait inférieure de 3 à 6 degrés à celle de l'eau ; le matin la disparition du brouillard coïncidait avec l'élévation de la température de l'air au-dessus de celle de l’eau. L'auteur avait observé à peu près les mêmes phénomènes sur le Rhin, en allant de Cologne à Coblentz; c'était le 31 maiet les jours suivans : seulement le brouillard se formait plus tard le soir et disparaissait plus tôt le matin que sur le Danube, parce que l'atmosphère était plus chaude et la rivière plus froide. Sir H. Davy répéta ses observations sur la Raab au mois de juillet ; sur la Save, à la fin d'août; sur l’Izonso, au milieu de septembre, et à plusieurs reprises sur le Tibre, ainsi que sur les petits lacs de la cam- pagne de Rome, au commencement d'octobre ; il n’a jamais eu occasion de remarquer la formation des brouillards sur une rivière ou sur un lac, lorsque la tempétature de l’eau a été inférieure à celles de l'atmosphère, même quand l'atmosphère était saturée de vapeur. Après que les brouillards se sont formés au-dessus des lacs et des ri- vières, leur développement semble dépendre non-seulement de l’action continue de la cause qui les a produits, mais aussi de ce que le calorique rayonnant se dégage des molécules d’eau dont le brouillard est composé, ce qui produit un courant d'air froid qui descend au milieu du brouil- lard, tandis que l'eau y envoie continuellement de nouvelles vapeurs. C'est à ces circonstances qu'il faut attribuer les phénomènes de brouil- lards qui de la surface d’une rivière ou d’un lac s'élèvent quelquefois au-dessus des hauteurs environnantes. EN AAA AS RS PT ( i6G1) Note sur quelques intégrales définies, et application à la trans- formation des fonctions en séries de quantités ‘périodiques ; par M, Dercers, Maître de conférences à l'Ecole Normale. Dans son premier Mémoire sur la théorie du son, et, depuis, dans la Mécanique analytique, Lagrange donna des formules remarquables, soit pour interpoler où pour exprimer une fonction quelconque, par des séries. de quantités périodiques. M. Poisson établit des formules analo- gues, dans son Mémoire sur les ondes; et leur démonstration omise dans l'extrait inséré dans le Bulletin du mois d'aeût 1815, a paru en 1818 dans les Mérmotres de l'Académie des sciences peur 1816. De son côté, M. Cauchy employa des formules semblables, dans ses recherches sur le même problème, couronnées par l’Institut en 1516, el en déduisit les propriétés des fonctions qu'il nomme réciproques (1). M. Fourrier avait aussi donné des théorèmes du même genre dans ses Mémoires sur la chaleur, présertés à l'institut en 1807 et 1817, et dont il a paru un extrait dans les Ænnales de physique et de chimie de décembre 1816. Ces formules sont surtout utiles pour transformer les intégrales des équations linéaires aux différences et aux différentielles partielles, ainsi qu'aux différences mêlées, de manière à assujettir ces intégrales générales à représenter Les valeurs initiales des fonctions que ces équations déter- minent, el à particulariser ainsi les fonctions arbitraires. Elles servent aussi a représenter des fowstions pour telle étendue qu'on veut de leur variable, ce qui est très-important dans les problèmes de mécanique appliquée à la physique, où il faut que les intégrales n’aient lieu que pour l’étendue du système sur lequel agissent les forces. L’utilité de ces formules se trouve amplement prouvée par les diverses applications citées plus haut, et par celles que M. Poisson en a faites dans un Mémoire inséré dans le dix-huitième Cahier du Journal de l'Ecole Polytechnique, où il en a en même-temps exposé la théorie. La lecture de ce Mémoire m'a suggéré les remarques suivantes; elles ont pour but de démontrer directement ces formules, qui ne l’ont été jusqu'ici que comme limites d'expressions du même genre. Je considère d’abord les intégrales f'fr sin. axdx et [fx cos. axdx, et j'établis sur la valeur de ces intégrales, dans le cas de a infini, ou pour parler plus risoureusement, sur leurs limites relatives à l’accrois- sement indéfini de a, un théorème oénéral dont l'application à divers exemples me donne plusieurs formules remarquables déja connues, mais obtenues ainsi par des considérations différentes. Je trouve aussi la va- (1) Bulletins des mois d'août 1817 et décembre 1818. Livraison de nosemtre. 1019. MarTasMAtTIQUES. (11620) ® è leur des intégrales définies JSam fre dx, pour lecasdea infini J' sin æ, z etentre diverses limites de x; et c'est Comme application immédiate de ces résullats, que se présentent les formules citées plus haut. Il est remarquable que les expressions sin. ax et cos. ax, qui devien- nent indéterminées quand & est infini, ne rendent pas telles les inté- grales f'fx sin. axdx et [fx cos. axdr. En effet, l'intégration par par- 3 1 [ER 1 . ties les change en — Jx cos. ax + — [fx cos. axdr et —/xsin. ax 1 AT Mat — — ff/x sin. ardx, résultats que la supposition de a infini rend nuls, si fx reste finie aux limites de l'intégration, et f’x pour toute l'étendue de ces limites. Si f/x devenait infinie pour certaines valeurs intermédiaires b, b', les intégrales proposées se réduiraient aux seuls élémens fb sin. abdx, fb cos. abdx qui sont infiniment petits, si fx reste finte ; et même fx pourrait être infinie, sans que ces portions d’in- tègrales le fussent, car alors l'intégrale définie n’a plus de rapport avec la valeur des élémens. Pour vérifier cesrésultats, évaluons les intégrales dans l'intervalle b—8 à b + 8, 8 étant très-petit, et prenons la limite relative au ! X K décroissement de 8; posantxr=b+uet f(b+u)=A4+Bu +Cu +., # L ACNE il vient f fx sin. axdx = A f sin. a(b+u)du + B fu sin.a(b+u) du... Sif’x est seule infinie, les exposans K; K’ sent positifs et À<{, le pre- mier terme est nul, et les suivans sont numériquement plus petits que le La K -K : : double des intésrales f°4 du, fu du. prises de u = 0 à u — 6 où que K+3 Ki La: RIDE 22, expressions dont la limite est nulle. Si /x est infinie, K+: Æ' +: quelques-uns des exposans X, K’ seront négatifs, mais s'ils sont moin- dres que l'unité, suivant une remarque de M. Poisson, le théorème des intégrales définies a toujours lieu , et les divers termes pourront encore , —K 1—XK se comparer à fu Jy—% 1— étant positif: ffc cos. axdx conduirait au même résultat. Ainsi la li- mite des intégrales [fx sin. axdx et [fx cos. axdx, relative à l'ac- croissement indé ini de a, est nulle tant que fx reste finie entre les limites de l'intégration, ou que devenant infinie pour certaines valeurs de x, son développement, à partir de ces valeurs, contient des exposans né- gatifs moindres que 1. qui donne o pour limite, l’exposant ». sin. a Ces considérations appliquées à l'intégrale fe ï dr, font voir NT ( 163 ) qu’elle est nulle pour toutes les limites qui ne comprennent pas les va- leurso,r,27...—7... qui seules rendent le multiplicateur de sin. ax infini,et à partir desquelles son développement comprend l’exposant — r. Cherchons sa valeur pour les limites —2x” et + x”,x’ et x” élant moindres que r, et supposons d’abord que x soit un nombre entier quelconque ; on déduit facilement des équations connues 2W a Sin. ir = (cos. x LAURE nm LE Mn) ê DURE + Vi Ssin.x) —(cos. x—y—isin.x) et 2 Waisin. x= (cos. x + V—isin.x)—(cos.æ—y/=3sin.x), nes Cos.(i— 1) x+cos.(2— 3) sin. © .... + cos. (—2+3)zx+ cos. (—i+1)x; et, suivant que sera de la 5 : sin. (22+1)æ ; sin. 202 forme 24 + 1 ou 22, on aura LE AE —=2Zcos.2ix +, el --— Sin, æ sin. æ = 22 cos. (22—1)x, le signe Z s'étendant de i=1 à i = la valeur entière qu’on lui assigne dans le premier membre : multipliant par dx ». ; HAE TS o A » s . 1 . . et intégrant il vient f Sin: (25+0)æ 7,5 Sinoie, Li cet fsinaizy £ sin. æ 28 < sin. æ sin. (aè—1)æ — 22) TE HE + c’. Si x reste compris entre o et r,ret 27... et d : é sin. 2æ qu’on fasse z infini, les premiers membres sont nuls, et on a 22 ST sin, (2t—1)x +z+c—=o,et2Z — + c’ =, le signe Z s'étendant de 27—1 , AA : LANEER ES x 1 1 1 1—=1à2—0. Faisant r——il vient,àcausede-—— 1 ——+———,.., 2 : A SUUE 7 sin. 22 7 sin.(22—1)x Re et——22 (ane . Chan- La La c=c'=——,doù——x—=22 : 2 2 Di—1 1 on . geant x en —x dans la première équation , on aura les formules connues, —(7 —x) SIN. Æ + —S1in ue + — Sin 3 et en sin + _—_— — . 2 0 .. == . 9 3 T » Ç X 3 TRE RAI : LE ; > sin. 3Æ + F Sin. 5x...: x varie dans la première de o à 27, si l’on y 1 . 1 . Lite changerenr—x',elle donne — x'=sin.z'— = sin. 2x! + Z Sin.32"..., formule également connue, où x’ peut varier de o à + 7 et de o à —+; elle est vraie pour x/ —=0, mais non pour r'=7. Cela posé, on aura entre les limites — x’ et + x” À . . etl . SA - « fe Giti)eg,—,5snaie +! +axsinain + act fhsiear sin. æ ai 2ù A sin. æ Q sin, (at—1)x" Id ———— —— — APRLS sin, (2è—1)æ". 25—1 2è—1 . (164 ) et quelque. petits que soient x’ et x”, les seconds membres dé ces équations se réduisent à 7 ep vertu des formule; précédentes. Telle est donc la valeur de l'intégrale fs "4x entre des limites moindres que 7, : sin. æ sin. © une quantité infinie quelconque; car si on pose a = à + a’, à étant un vombre entier qui pourra devenir infini et a” une quantité finie, on aura ,. ë ! BTS t , SUN vas ! ge CET EE iæ cos. a'æ y, +f* 32 sin. æ3..]e secund sin. æ , sin, T Sin. æ terme est nul, puisque le multiplicateur de cos. x reste fini, et le >. - » à Q D. © = " premier pouvant se meltre sous la forme f ÉTAT —f sin. 2x. et comprenant la valeur o. Elle est encore celle def dx, a étant Sin, T ; >. 108€ Tax, se rédait à f “4x, par la même raison. sin. æ sin. æ L'intégrale fe ?dx, nulle pour toutes les limites, autres que celles La qui comprennent la valeur o, peut pour ces dernières se ramener à la 2. s , n. ax in. 2e æ—sin. précédente: car on a far = f SM Ædx— J sin. ax 7" dx, æ sin. æ É æsin. æ et le second terme est encore nul. sin. (22+1)x sin. æ Changeons dans l'équation 2 2 COS 22-15 TIEN r(z—«) da a da Lt dngsh , multiplions par EnRe et intégsrons, nous aurons ( f°v. (2i + eee j je r(æ—4) JaT= cos. 70) jade + © fa da. Prenons pour valeurs extrêmes de æ, a —=oetæ— /l; supposons que fa reste finie entre ces limites, et que la variable x y soit loujours comprise, alors le premier membre sera nul, pour loutes les valeurs de « différentes de x; il ne reste donc à l’évaluer que de «= x — 8 àa=x + 8 pour les valeurs de x autres que o ou 7, et de a=0 àa —=8 six = 0, et enfin de a=l—8Baa—=l, sx=/l:faisanta=x+u, les limites de w seront — 8 et + 8, ou o et + 8, vu enfin —8eto, et puisque cette variable reste très-pelite, nous pourrons poser fax = f(x +u) :, K ; = /fx+ Au + Bu ...les exposans X, K/... étant entiers ou frac- tionnaires, mais positifs. Alors 1l suit immédiatement des remarques (165) précédentes, que le multiplicateur de fx se réduit à l'unité, et que les termes donnés par le reste du développement sont uuls, d’où résulte la for- mule, obtenue différemment dans le dernier Mémoire cité de M. Poisson, , ' / JE cos. (EE) je 4 Lffada fe, 2 dans laquelle le premier membre ne représente le second que pour les valeurs de x comprises entre o et Z. Pour les valeurs extrêmes x = 0 elx= 1, il faut mettre pour second membre 10 et —f() à cause des limites de x qui y correspondent. r(æ+e) En faisant x = ads 0 aurait eu fs (2è+ 1)r(æ+4) 24 F (x+e) 2 » . 1 3 Ja = [> cos. EE je Fes fada: 2 sin. l'intégrale du premier membre est nulle dans toute l'étend a? 4 —0 à « =], excepté pour le cas de x=oet x =}, où les valeurs 4 — 0 et x —}, rendent le dénominateur nul : tant que x sera compris entre o et Z, on aura donc ; f° co Gene + A ffsa:=0: ram oetx=l|, il faudr tr Le des pour2=0etx , 1l faudra mettre au second membre (0) et AU) Ces formules, ajoutées et soustraites, donnent encore L } . . jé = {+ /(c cos. TE COS. It) jade + à [sa et fr = 5 [= (sin. _ sin. rt) fada On déduit de ces divers résultats, par le passage du fini à l'infiniment pelit et faisant Z infinie, les suivants : ffess-a (ae) fasas= LU LE Te et fes. a(x+aæ)fadada=0o, les limites de a et a étant o et + co, et la variable x restant comprise entre celles de æ qui pourraient être également — © et + co, dans la première équation. Elles se démontrent directement par les mêmes inci + lintéocrati "re rt à 2 Peel principes; l'intégration, par rapport à a, donne les intégrales définies 1819. CniMie. ( 166 ) At 4 NN ae PC quantité a est infinie, puis on doit T—« T+aæ Le QUE %sin.a(æ—«) prendre entre les limites :—0et = les intégrales 20 Jada, >. to dx, Ta première est nulle pour toutes les valeurs de « . æ _ différentes de x, si fx reste finie : pour l’évaluer entre les limites z— 8 etxz +8, POsOns a = x + 4, FE dent fe +u)=fx D 53 2h +... . 4. il vient fx f a eur du + ..., expression qui se « u u réduit ar fx. Les valeurs extrêmes x = 0, zx = © donnent encore 210 et . r f (co). La seconde intégrale est nulle dans toute l’éten- due des valêurs de #, puisque z et x sont de même signe; il en faut ex- cepter x = 0, alors « = o rend le dénominateur nul, etona = 7 f (0) pour valur. On voit aussi que les limites de #, et par suite celles de x, pourraient être, pour la premiere formule, deux quantités réelles quel- conques, et pour la seconde, deux quantités réelles de même signe. anna AAA RS Sur la nature du Bleu de Prusse; par M. RoBIQUET. M. ROBIQUET a communiqué à la Société Philomatique les princi- paux résullats d'un travail tendant à déterminer la nalure iotime du bleu de Prusse. On sait que les chimistes étaient loin de s'entendre sur la composition de ce corps : selon les uns, c'était un hydrocyanate; selon les autres, c’était un cyanure; plusieurs le considéraient comme un cyaoure hydraté ; et enfin M. Thénard, d’après quelques motifs par- ticuliers, le regardait comme un bhydrocyanate cyanuré. M. Robiquet, pour atteindre le but qu'il s’élait proposé, a soumis le bleu de Prusse a de nouvelles recherches; il a d’abord fait divers essais pour constater ouinfirmer la présence de l'eau dans ce composé. L'auteur croit pouvoir décider la question affirmalivement, et il se fonde sur l'expérience suivante : Si on délaie du bleu de Prusse avec de l’acide sulfurique coucentré , la couleur bleue disparait complétement , et le mélange devient blanc. La couleur se reproduit immédiatement, et avec toute son intensité, lorsque l’on verse de l’eau sur ce mélange. L'expérience réussit évalement bien dans le vide de la machine pneumatique. L’acide sulfurique qui a séjourné sur le bleu de Prusse, ne contient ni oxide de fer ni acide prussique, et quand il est parfaitement isolé du dépôt, il ne donne pas la plus légère teinte de bleu, lorsqu'on l'étend d’eau. Il (167) paraît donc très-probable que l’action de l'acide sulfurique se réduit dans ce cas à enlever de l’eau, et que celte portion d’eau contribue à la colo- ration du bleu de Prusse, de la même manière que pour l’oxide vert de nickel et l’oxide bleu de cuivre. M. Robiquet a constaté de nouveau qu la potasse était un des élémens essentiels du précipité blanc qui se forme quand on verse du prussiate triple de potasse dans du proto-sulfate de fer, et il a vu que le proto- prussiate de fer n'avait point une couleur blanche; c’est en désoxigénant du bleu de Prusse par l'hydrogène sulfuré, qu'il a pu s’en assurer. Ce pbs est jaune et cristallin; il devient bleu aussitôt qu’on ‘expose à l'air. La partie la plus intéressante du travail de M. Robiquet est celle qui traite de l'extraction et des propriétés de l’acide du bleu de Prusse. On avait cru jusqu'alors que le bleu de Prusse était ipattaquable par les acides, et c’est cependant au moyen de l'acide muriatique concentré que l’auteur est parvenu à en dissocier les élémens. Il délaie du bleu de Prusse avec une grande quantité d'acide muriatique très-concentré ; la décoloration s'opère, et il se forme un dépôt jaunätre. On décante la liqueur ; elle est d’un rouge-brun, et ne contient rien autre chose que du tritoxide de fer et de l’acide muriatique ; le dépôt, résidu de cette action, est lavé avec de nouvel acide hydrochlorique; on le sépare autant que possible de cet acide, par simple décantalion, puis on le dessèche dans une capsule entourée de chaux vive et placée sous une grande cloche. Ce résidu étant bien desséché, est traité par l’alcohol, qui le dissout pour la plus grande partie, on filtre, et on le laisse évaporer spontanément ; on oblient de pelits cristaux blancs , grenus, qu'on ésoutte bien du liquide qui les accompagne; on les dissout de nouveau pour les faire cristalliser une seconde fois. Si on les examine à cette époque, on reconnait qu’ils sont sans odeur, mais que leur saveur e:t d’une acidité franche et bien décidée. Cet acide, qui est très-soluble dans l’eau et dans lalcohol, sature complétement et sans reste la polasse pure. On reproduit ainsi un sel en tout semblable au prussiate triple de potasse; ce même acide, ajouté à une dissolution de tritoxide de fer, donne immédiatement un abondant précipité de bleu de Prusse ordi- paire. Si on met une certaine quantité de cet acide sec dans un petit tube, et qu'on l'expose à la température du mercure bouillant, il s’en sépare de l'acide prussique parfaitément pur, et qu'on peut recueillir en disposant lappareil convenablement; ce qui reste dans le tube est d’un brun-rougeatre, et devient presque noir per son contact avec l'air, Ce résidu, quand il a été suflisamment chaullé, n’est plus acide, n’est plus soluble dans l’eau ni dans les alcalis, les acides ne l’attaquent pas; mais si on le chauffe à feu nu, et de manière à élever la température jusqu’au rouge-blanc, alors il se produit une déflagration et une émis- 1919. Cnimic. ( 168 ) sion considérable de gaz azote mélangé d'hydrogène. Cenouveau résidu est composé de fer métallique et de charbon très-divisé ; l'acide sulfu- rique en fait facilement le départ; la dissolution du fer est accompagnée d’une vive effervescence. Si on traite l'acide du bleu de Prusse par de Voxide de cuivre, les gaz qui se dégagent dans cette combustion sont formés d'acide carbonique et d'azote dans le rapport de 2 à r, précisé- ment celui donné par le cyanogène. Lorsque M. Robiquet a fait con- naître ces résultats, il ignorait les nouvelles recherches de M. Porett; il ne connaissait que le premier travail que ce chimiste a publié en 1514, et, d'après ce premier travail, M. Porett élablissait que l'acide de ce prussiate triple était composé d’oxide de fer et d'acide prussique. Depuis, lemême auteur a publié deux analyses de ce même acide, où il reconnait d'abord que le fer y est contenu à l'état métallique, et uni à l'acide prussique moins de l'azote, et, d’après la dernière note, ce serait du fer et le l'acide prussique, plus du carbone. Les expériences de M. Robiquet l'ont, au contraire, porté à conclure que l'acide du bleu de Prusse, qui est le même que celui des prussiates triples, peut être considéré comme du cyanure de fer, uni à de l’acide prussique. 11 déduit de cette opinion, que le bleu de Prusse, ainsi que tous les prus- siates triples, résulte de la combinaison du cyanure et de l’hydrocyarate de fer, et que la couleur bleue est probablement due à la présence de l'eau. Sur l'éclairage par le zaz hydrogène du charbon de terre; par M. CLÉMENT. Daxs une Brochure que j'ai publiée au mois de juin dernier, j'ai soutenu que cet éclairage était presque trois fois plus cher que celui à l'huile, et que d'ailleurs il était fort inférieur sous les autres rapports; jusqu'à présent je n'ai pas élé contredit. A Ja vérilé, on continue de grands (ravaux commencés pour cet objet à Paris, ce qui suppose que les entrepreneurs n’ont pas élé convaincus par ma dissertation; mais, d'un aulre côté, on a suspendu de plus grands travaux également entre- pris dans le même dessein , et on a chargé M. Girard, ingénieur en chef des ponts et chaussées, d'aller étudier de nouveau la question en An- gleterre même, ce qui annonccrait qu’elle est devenue incertaine pour ceux aux yeux de qui elle ne l'était pas. Dans ces circonstances, il nous est parvenu des données précieuses. M. William Henry, de Manchester, a publié de nombreuses expé- riences sur le gaz hydrogène du charbon de terre. (Philosophical Ma- gazine by Tilloch; august and september, 1819.) Les travaux de cet ba- bile chimiste méritent une entière confiance, et peuvent contribuer à éclairer l'opinion sur Le sujet important que j'ai voulu discuter, ( 169) M. Henry rapporte les résultats suivans, de grandes expériences faites sur deux espèces de charbon de terre dans les appareils de M. Lee, à Manchester. ; IL 500 kilo du meilleur charbon (cannel-coal)) ont produit 100 mètres cubes de gaz; ainsi 1 kilogramme donne 200 litres. 500 kilo de charbon de qualité ordinaire, mais bonne, ont produit 85 mètres cubes; et par conséquent 1 kilo donne 170 litres. J'avais admis 190 litres, ainsi je n'avais point atténué le produit. L La qualité des produits gazeux varie beaucoup, suivant Ja période de Ja distillation et suivant la vature du charbon employé. Le mélange de tons les produits du cannel-coùl non purifiés, exige 155 mesures d’oxigène pour 100 mesures de gaz; il s'y rencontre d’ait- leurs 15 mesures d'azote. Le gaz retiré du charbon ordinaire est d’une qualité très-inférieure : il n'absorbe que 100 mesures d’oxigène pour 100 mesures de gaz; aussi l'analyse y fait-elle découvrir beaucoup moins de gaz oléfiant qne dans celui qui provient du meëleur charbon. Autrefois M. Henry avait cru que le gaz du charbon de terre ordi- naire absorbant un volume égal d’oxigène, élait du gaz hydrogène pro- tocarburé pur. Une étude plus soignée lui a fait découvrir qu'il s’y trouvait de petites portions de gaz oléfiant, qui toutefois n'en augmentent pas la combustibilité, parce que la présence d’une certaine quantité d’azole fait compensation, et réduit la valeur du gaz du charbon à celle du gaz hydrogène protocarburé, c’est-à-dire à celle que j'ai admise, dans l'appréciation que jai faite de ce premier gaz pour l'éclairage. Ainsi les nouvelles recherches de M. Henry confirment l’exactitude de cette donnée principale dont je me suis servi, pour établir le rapport entre l'huile et le gaz du charbon de terre. L'examen des produits de la distillation à différentes périodes , a fait reconnaitre que le gazoléfiant était d'autant moins abondant que l’opé- ralion était depuis long-temps en activité, Cela doit être, parce que la température va en augmentant, Dans les trois premières heures ce gaz constituait jusqu’à 15 pour cent du volume, et après 12 heures il n’était plus que de 4 pour cent. Cette proportion est beaucoup moindre dans le gaz du charbon ordis naire, on y rencontre à peine un quart de la quantité de gaz oléfiant trouvée dans les produits du cannel-coal, ét il est remarquable que ni au commencement ni à la fin de la distillation, il ne s’en dégage pas la moindre quantité. Le chimiste anglais regarde coipme certain, que le pouvoir lumineux d'un combustible est proportionnel à la quantité d’oxigène qu'il peut absorber. Je ne partage point cette opinion ; mais si on voulait l'adopiter, il faudrait en tirer la conclusiün qu'a poids égal l'huile est supérieure Livraison de nosembre. 22 BRUT PASS PL CRAN PETER 1819. (170) | au gaz du charbon de terre, et on admettrait encore la proposition que j'ai avancée. En elfet, l’huileabsorbe plus d’oxigène que ce gaz, et cela dans le rapport de 277 à 189, ou de 100 à 67. Je crois que sa supériorité est beaucoup plus grande; je l'ai fixée, dans mon premier écrit, de 100 à 30 environ, d'apres la comparaison de la lumière réellement produite. Effectivement beaucoup d’expériences démontrent ce fait, que la lumière n’est point en rapport avec l’oxigène absorbé, mais qu’elle dépend de la température du foyer où se fait la combustion, température qui elle-même varie beaucoup suivant les circonstances. Une preuve sans réplique, je crois, que la lumière ne dépend pas de la quantité d’oxigène absorbé, c’est la np sans flamme à mèche de platine. Dalton a reconnu dernièrement que l’oxigène employé à la combustion de l’alcohol dans cette circonstance était en même quau- tité que lorsque la flamme était très-visible : ainsi, dans un cas, Ja lu- mière émise est presque nulle ; dans l’autre , elle devienttrés-appréciable, et, dans tous les deux, l’oxigène consommé est en quantité semblable ; donc le principe admis par M. Henry n’est pas fondé, et véritablement le pouvoir luminenx n’est pas proportionnel à la quantité d’oxigène consommée. Il n’est pas possible de supposer que M. Henry ait entendu que les circonstances de la combustion seraient les mêmes, car, dans la plupart des cas, on ne le pourrait pas. Ainsi il est impossible de faire brûler un poids donné de gaz hydrogène carboné avec une flamme égale en volume et en température à celle d’un même poids d’huile, de suif ou de cire. La flamme du gaz sera nécessairement plus volumineuse et d’une tem- pérature moins élevée que celles de ces combustibles, qui elles-mêmes ne seront pas semblables. J'imagine, par exemple, que la quantité de lumière produite par une même bougie serait {rès-différente sur une haute montagne ou dans le fond d’une vallée : sur la montagne, la flamme serait plus étendue, sa température serait plus basse, et par conséquent il y aurait moins de lumière produite que sous une plus grande pression atmosphérique. (1) Ce désavantage de l'étendue de la flamme pour la production de la lu- mière apparent essentiellement au gaz préexistant; il se trouve dans” (1) Je dois prévenir une objection qui pourrait être faite. Les physiciens savent qu'il existe de la lumière inappréciable pour nos sens, et que des phénomènes chimiques peuvent seuls nous révéler. On pourrait donc supposer que la lumière, visible ou non, réellement émise dans toute combustion , est, comme la chaleur, en quantité constante, quelle que soit la température. Mais je ferai remarquer que la lumière dont il est ici question est seulement celle visible, celle utile. et qui peut être vendue; or il paraît hors de doute que celle-ci varie suivant la température de la combustion. J'ai done *aison de soutenir qu’elle n’est point Éhoiienuelle à la quantité d’oxigène absorbée. Rd | (1722) Gen une situation analogue à celle de la flamme de l'huile, du suif où de la 18109. cire, transportée sur une très-haute montagne. ; Je persiste donc à croire, et les nouvelles expériences de M. Henry m'autorisent à le soutenir, que ces combustibles jouissent d’un pouvoir lumineux très-supérieur à celui du gaz du charbon, à poids égal. Mais la question d'économie n’est pas résolue par cette assertion, qu'il serait, d’ailleurs, très-facile de démontrer plus amplement. Il serait possible que, malgré cette infériorité, le gaz se trouvât supé- “rieur, par rapport au prix. Par exemple, il pourrait donner, comme je le dis, trois fois moins de lumière que l'huile; et mériter la préférencé, parce qu'il coûterait quatre fois moins cher. Ce point de la question, le plus important sans doute, n’est pas le moins dificile à éclaircir. La production du gaz et sa distribution sont des opérations assez compliquées, dont il est difficile d'établir par avance un compte clair et précis. Je l’ai essayé dans mon premier écrit sur ce sujet, mais le compte que j'ai dressé est nécessairement éventuel, et je regarde comme plus certain d'admettre comme un minimum de prix, celui auquel on vend le gaz à Londres. Je me suis assuré de nouveau que le prix annuel d’un bec de lumière égal à une lampe d'Argand ordi- paire, brûlant pendant quatre heures par jour, à raison de 30 grammes d'huile par heure, était de 120 francs, et, à moins de quelque erreur sur l'intensité de la lumière, que je ne crois pas possible, je tiens pour certain qu'à Londres une dépense de 1:20 francs en gaz, remplace à peu près 45 kilogrammes d'huile, Je dis qu'à Paris la substitution du gaz à l'huile sera nécessairement moins économique, et que par conséquent on payerait 120 francs la même quantité de lumière qui nous est donnée par 43 kilogrammes d'huile, lesquels coûtent maintenant à 125 fr. les 100 kilo, 56 fr. 25 c. Nous dépenserions donc au moins deux fois autant. Ainsi l'éclairage par le gaz du charbon de terre est une opération beaucoup plus dispendieuse pour la France que celui par lhuile. Les expériences nouvelles de M. Henry n'ont changé en rien la conclusion des premières données que j'avais employées. Mais un nécociant de Londres m'a fait apercevoir une erreur que j'ai commise dans mon pre- mier Mémoire : j'ai cru le prix de l’huile plus élevé à Londres qu’il n’est réellement; un chiffre mal lu m'avait trompé sur ce point, et la vérité est que l'huile n’est presque pas plus chère à Londres qu'a Paris. De là il résulte que l'éclairage par le gaz, que je croyais au moins éco- pomique à Londres, ne l’est pas, el la thèse: que j'avais osé à peine avancer contre l'opinion de tant de personnes instruites en France, il faudrait la soutenir contre l'opinion générale de l'Angleterre. Je n'aurai pas cefte hardiesse; il me sera plus aisé de croire que je me rompe , el je soumets aux parlisans du nouvel éclairage l'humble prière Borax1Que. Ca7a de me tirer de mon erreur. Je déclare que j'ai déja présenté la même prière à Loutes les personnes instruites que j'ai pu rencontrer, que toutes m'ont commandé de croire ce que tout le monde croyait; cependant pas une n'avait une conviction personnelle, pas une n’a pu me démontrer l'utilité du gaz; j'en nommerais vingt qui loutes ont vu l'éclairage en Angleterre et sont revenues pleines de foi, mais qui, loin de dissiper mes doutes, les ont partagés. Voici à quels termes se réduit cette question si simple, et à laquelle je n’ai pu trouver de réponse à Paris; je l'adresse maintenant aux ha- bitans de Londres. Un bec de lumière brülant toute l’année pendant quatre heures par jour, avec une intensité parfaitement égale à celle d’une bonne lampe d’Argand, qui consomme 50 grammes d’huile par heure, coûte 120 francs s'il est entretenu par le gaz; pourquoi lui donne-t-on la préférence sur un bec absolument identique, puisque celui-ci pourrait être entretenu pour le prix de Go francs avec de l'huile? J'ai dif comment j'ai vainement cherché jusqu'ici la réponse à cette question par toutes sortes de moyens : la conversation, des tentatives de correspondances, des publications imprimées, des artieles de Jour- nanx, rien n’a pu déterminer un éclaircissement. Cependant on aurait rendu: un: véritable service au nouvel éclairage en soutenant la croyance générale qui lui est déja favorable; on aurait beaucoup fait pour son succès; el assurément si quelqu'un peut répondre à la question que je présente ici, il peut encore laire une action utile en publiant cette réponse. AE RAA SRE SAS RSS Description des nouveaux senres Garuleum et Phagnalon; par M. HENRI CassiNt. Le caractère essentieliet distinctif du genre Osteospermum, est, ainsi que son nom l'indique, d'avoir les péricarpes osseux, c’est-à-dire, épais et dure, Cependant l'espèce nommée cæruleum par Jacquin, et pinna- t'fidum par Lhéritier, a les péricarpes simplement coriaces, c’est-à-dire minces, flexibles, élastiques, comme dans la plupart des synanthérées ; elle diffère aussi des vrais Calendula par la forme de ses péricarpes, qui ne sont point arqués ni munis d'appendices membraneux ou: spiniformes, et des Meteorina par son disque, qui est masculiflore au lieu d’être andro- yvniflore. Celle espèce doit done être considérée comme le type d'un nouveau genre appartenant à la famille des synanthérées, et à la tribu naturelle des calendulées, dans laquelle je le place entre l'Oscospermum et le Meteorina. Je le nomme Garuleum, el je lui assigne les caractères suivans : Calathidis radiata : discus multiflorus, regulariflorus, masculiflorus ; (173 ) corona umiserialis, multiflora, liguliflora, feminiflora. Periclinium sul- campanulatum , floribus disci paulô brevius, squamis biserialibus, æqua- libus, adpressts, oblongo-acutis, Coriaceo-foliaceis ; interioribus lario- ribus, ovato-lanceolatis, marginibus lateralibus membranaceis. Cli- nanthium convexum. inappendiculatum. Cypsel@ coronæ obovoideo- oblongæ, subtriquetræ, impapposæ; pericarpio sicco, coriaceo, 1enui, extra rugoso, asperitatibus obtecto, tricostato. Pseudovaria disci ob- longa , compressa, levia, impapposa, inovulata. Corolle corone ligula longé , anguslé, apice tridentat&. Styli disci segmentis inferiüs coalitis, superiùs liberis et divergenubus, quorum externa facies collectoribus piliformibus hirsuta , intérna autern facies pulvinis duobus stigmaricis marginales Une fleur de synanthérée peut êlre mâle, soit parce que l'ovaire est dépourvu d’ovule, soit parceque le style est dépourvu de stigmate, soit par le concours de ces deux causes réunies. Le disque du Garuleur: n’est masculitlore que par défaut d’ovules, tandis que celui de l'Ostcospermum est masculiflore, non seulement par défaut d’ovules, mais encore par défaut de stigmates. Garuleum viscosum, H. Cass. ('Osteospermum cœæruleum , Jacq. O. pinnatifidum, Lhérit.) Arbuste haut de quatre pieds, ayant une odeur analogue à celle du souci; rameaux longs, simples, dressés, droits, cylindriques, couverts, ainsi que les feuilles, d’une sorte de duvet ghitineux; feuiiles alternes, étalées, longues de douze à quinze lignes, larges de neuf lisres, à base dilatée, semi-amplexicaule, presque décurrente, à partie inférieure pétioliforme, la supérieure pinnatifide, à pinnules oblongues, incisées ou dentées ; corymbes terminaux de trois, quatre ou cinq calathides larges d’un pouce, à disque jaune et à couronne bleu-de ciel, portées chacune sur un long pédoncule garni de quelques bractées linéaires-subulées. PHAGNALON. (Fam. Syranthereæ. Trib. Z7uleæ. Sect. Gnaphaliecæ.) Calathidis oblonga , discoïdea : discus mulriflorus, regulariflorus, an- drogyni-masculiflorus; corona lata, multiserialis, multiflora, tubuliflora, Jeminiflora. Periclinium floribus æquale, ovoideo-cylindraceum ; squa- mis numerosis, regulariter imbricalis, adpressis, oblongis, coruaceis, uninersiis, appendice auctis decurrente,oblongé aut lanceolatä, scariosd, rufescente. Clinanthium latum, subplanum, foveolatum, rericulatum, reticulo papilluloso. Oraria pedicellulata, oblonga, gracilia, cylindricu, pülosa, cesticillo basilari munita ; pappus ovariorum disci longissimus, ex decem ad Summum squamellulis compositus, uniserialibus, distantibus, ægualibus, quarum pars inferior longa, recta, filijormi-lamellata, membranacea, linearis, marginibus crenatis vel denticulatis, pars autemi superior barbellulis nurmerosis, longis, validis hirsuta; pappus ovariorum coronæ alteri subsimilis, sed minus regularis. Corollæ coronæ longe, - SE 1010. PuysiQue, \cad. des Sciences 17 janvier 1820, (174) gracillinæ, tubulosæ, apice dentatæ. Corollæ disci tubo longissimo , gracili, rarè piloso. Antheræ appendicibus basilaribus destitutæ. Stylo- rum androgynicorum segmenta apice rTo{undata. Je rapporte au Phagnalon les Conyza saxatilis, rupestris, sordida, de Lioné , et iztermedia de Lagasca. Phagnalon saxatile, H. Cass. (Conyza saxatilis, Linné.) Arbuste haut d’un pied et demi; tige grêle, cylindrique, tortueuse; rameaux simples, étalés, droits, grêles, tomenteux, blancs; feuilles alternes , ses- siles, demi-amplexicaules, étalées, longues de quinze lignes, étroites, oblongues - lancéolées, étrécies inférieurement, bordées de quelques dents, uninervées, glabriuscules et vertes en dessus, tomenteuses et blanchôtres en-dessous ; calathides longues de six lignes, solitaires au sommet des rameaux, dont la partie supérieure est nue, très-grêle, roide, pédonculiforme; corolles blanc-jaunâtres. | Le Phagnalon est exactement intermédiaire entre le genre Conyza, tel que je l'ai défini dans le Dicrionnaire des Sciences naturelles (tome X , page 505), et le genre Graphalium, tel qu'il a été limité par M. R. Brown, dans ses Observations sur les Composées. On peut le con- sidérer, si l’on veut, ou comme un genre distinct, ou seulement comme un sous-genre du Graphalium. 11 diffère du Conyza principalement en ce que l’appendice des squames du péricline est scarieux dans le Pha- &nalon ; tandis qu'il est foliacé dans le Conyza, ct en ce que les anthères sont dépourvues dans le Phagnalon des appendices basilaires qui exis- tent très-manifestement dans le Conyza. Le Phagnalon diffère du Gna- phalium bar le elinanthe, par l’aigrette, par les corolles parsemées de poils, par les authères dépourvues d’appeudices basilaires, et par le style à branches arrondies au sommet. . ARR AAA SES Sur une nouvelle Propriété physique qu'acquierent les lames de verre quand elles exécutent des vibrations longitudinales; par M. BIoT. Drpvuis que l'application du.caleul à la physique a fait découvrir tant de rapports intimes entre des phénomènes qui semblaient éloignés les uns des autres par leurs apparences, les vibrations intestines des parti- cules des corps, vibrations que l'organe de l'ouïe nous rend sensibles et nous permet de comparer avec une extrême exactitude, ont dû être, ct ont été en effet, cousidérées comme un des sujets d'étude les plus dignes d’être suivis; parce que la nature de ces mouvemens, leur ra- pidité relative pour le même mode de subdivision, et toutes leurs par- licularités physiques, sont autant d'indices très-délicats et très-sûrs de la constitution intime de chaque corps. Déjà un grand nombre d’induc- (175) tions ingénieuses tirées de ce genre d'expériences, ont montré l'utilité dont il peut être; et ces exemples m'ont fait espérer que lon pourrait voir avec quelque intérêt une propriété nouvelle de l'état vibratoire que j'ai eu occasion de remarquer. : pa M. Savart, qui a présenté à l’Académie des recherches si intéres- santes sur les vibrations des corps élastiques, m’ayant dernièrement communiqué plusieurs expériences nouvelles qu’il avait faites avec une bande de glace longue d’environ deux mètres, et m’ayant représenté les vibrations de cette lame comme aussi remarquables par leur étendue que par la facilité avec laquelle elles s’excitent, Je pensai qu’il serait curieux d'observer si un pareil état de mouvement intestin ne déterminerait pas, entre les particules du verre, des relations de position qui les rendraient capables d'agir sur la lumière polarisée, à la manière des corps dont la structure, sans être complétement régulière, a cependant quelque con- dition de dépendance mutuelle entre ses diverses parlies ; par exemple, comme le font les masses de verre que l’on comprime, et celles que l'on a fortement chauftées et ensuite refroidies rapidement, Il y avait même ici une particularité qni rendait la réussite de l’expérienceplus piquante, mais aussi moins probable; c'était l'opposition nécessairement alternative et excessivement rapide du mouvement des particules dans lesquelles, d’après l’acuité des sons obtenus, les condensations et les dilatations devaient se saccéder jusqu'a sept ou huit mille fois par seconde. Il était difficile de prévoir si une opposition pareille et aussi rigoureusement évale, produirait, dans la lumiere polarisée, quelque modification assez permanente pour pouvoir être observée. C’est ainsi, par exemple, que les alternatives de condensation et de dilatation qui se produisent dans Vair lorsqu'on le met en vibration sonore, ne sont pas sensibles au ba- romètre ; et que le thermomètre n’accuse pas non plus les changemens de température dont ces variations de densité sont accompagnées. M. Savart ayant bien voulu se prêter à cette expérience et nraider lui-même complaisamment à la faire, j'ai préparé un large faisceau de lumière polarisée, que j'ai reçu ensuite sur un verre noir placé de manière que la réflexion y devint nulle; et nous avons d’abord étudié l'état actuel de.structure de la lame de glace, en l’interposant dans le trajet de ce faisceau , et observant si elle le modifiait. Nous avons trouvé ainsi quelques traces de couleurs correspondantes aux teintes des pre- muers anneaux de la table de Newton, et qui, par leur disposition, avaient une analogie évidente avec celles que présentent les bandes de verre qui ont été fortement chauffées et ensuite relroïdies rapidement. 1! y avait toutefois cela de particulier, que ces traces étaient les plus sensibles au milieu même de la longueur de la bande de glace, soit qu’on la regardât par le plat ou par la tranche, et qu’elles allaient en s’affai- blissant avec rapidité des deux côtés de ce miheu, de manière à devenir tout-à-fait nulles vers ses extrémités. Ces couleurs étaient-elles déter- 1019. C176) minées par l’espèce de trempe que conservent presque foujours les lames de verre un peu épaisses, à moins qu'on n'emploie des précautions extraordinaires pour les recuire complétement et avec une parfaite éga- lité? ou élaient-elles l'effet d'un élat d’arrangement imprimé aux parti- cules du verre par les vibrations réitérées qu'on lui avait fait déjà subir? C’est ce que je n’entreprendrai pas de décider. Quoi qu'il en soit, ces traces étaient si faibles, que, lorsque la lame était inlerposée dans le trajet du rayon de manière qu'il traversät son épaisseur, laquelle était d'environ sept millimètres, on apercevait à peiue un faible changement dans la réflexion languissante qui s'opérait sur le verre noir, disposé pour absorber le rayon polarisé; mais si, en tenant la lame de glace par sou milieu, on frottait une de ses moitiés avec un drap mouillé, de manière à v exciter des vibrations longitudinales, tandis qu'on interposait l’autre moitié dans le trajet du faisceau lumi- peux polarisé, à chaque fois que le son éclatait, un vif éclair de lumière blanche brillait sur la surface du verre absorbant, ce qui attestait un changement opéré dans la direction de la polarisation ; et, plus le son était plein et intense, son ton restant le même, plus la lumière ainsi aperçue éfait brillante; mais aussitôt que le son cessait de se faire en- tendre, le verre absorbant reprenait son obscurité, c’est-à-dire que la pRARELIp reprepait sa direction primitive. Si, au lieu de transmettre e faisceau polarisé à travers l'épaisseur de ia lame, qui élait seulement de sept millimètres, on letransmellait à travers sa largeur, qui étaitde trente, aussitôt des lignes, fines de couleurs, analogues aux premiers ordres d’anneaux, paraissaient dans le sens de la longueur de la lame, y modifiaient vivement les stries colorées primitives, et n'offraient plus seulement le blanc-bleuätre du premier ordre, mais descendaient jusqu’à l'orangé. . Nous avons observé les effets produits de cette manière par les trois premiers Lermes de la série des sons que la lame pouvait rendre, et que M. Savart avait préalablement reconnu être /a;, fa et uf,, en appelant ur, lus de huit pieds ouvert de l'orgue; ce qui, d’après la longueur de cette lame, s'accorde avec la vitesse de transmission du son dans le verre, qui a élé indiquée par Chladny. Chacun de ces modes de vibrations a produit des effets de lumière analogues aux précédens; seulement l'éclair a paru plus vif avec le troisième son qu'avec les deux autres, peut-être parce que le, mouvement de vibration qui le produisait était plus régulier et entretenu avec plus de constance. Au reste, dans tous ces modes la réapparition de Ja lumière devenait très-faible à une dis- tance d'environ uu décimétre des extrémilés de la lame , et elle parais- sait nulle où presque nulle à ces extrémités mêmes, où en effet il ne doit s'opérer ni condensation ni dilatation sensible, mais un simple transport des particules; du moins en négligeant la réaction infiniment petite exercée sur la lame par l'air auquel elle communique son mou- vement de vibration. (177) L'arrangement ainsi inprimé aux particules du verre par le mouve- mient vibratoire, et l’action polarisante qui en résultait était (elle, qu'elle ne troublait point la polarisation primitive du faisceau, lorsque la longueur de la lame était parallèle à la direction de cette polari- sation ou lui était perpendiculaire, et le maximum de perturbation avait lieu dans la position moyenne entre ces deux-là. C’est ce que l’on observe aussi dans les lignes centrales d’une bande de verre qui a été chauffée et ensuite refroidie rapidement. Les couleurs développées par la vibration ont aussi, comme celles des lames trempées, la propriété de modifier les couleurs que les lames cristallisées douées de la double réfraction produisent avec la lumière polarisée ; mais l’espece de ces mo- difications n’est pas du tout la même dans les deux cas. Lorsqu'une lame mince d’un cristal doué de la double réfraction, une lame de chaux sulfatée, par exemple, est superposée à une aufre douée du même pou- voir, où à une plaque de verre trempée, il y a un sens de superposition pour lequel les eflets partiels des deux corps superposés s'ajoutent ; et un autre, à angle droit sur celui-là, où ils se retranchent l’un de l’autre; mais lorsqu'une lame mince de chaux sulfatée est appliquée de même sur la bande de verre vibrante, les deux directions rectangulaires dont je viens de parler produisent un même effet, qui paraît n'être ni la somme ni la différence des effets partiels. Cette permanence semblerait indiquer que la lame de verre, pendant qu’elle vibre, prend tour-i-tour deux modes d'arrangement alternatifs, dont la direction d’axes est rectangulaire, ou dont la nature de l’action est opposée, comme celle des cristaux à double réfraction aftractive et répulsive; car ces deux modes d’arrangement se succèdart l’un à l’autre, avec une excessive rapidité, pendant tout le temps que la lame vibre, produiraient chacun dans l’œ@il une sensation permanente de la couleur qu’ils peuvent donner individuellement avec la lumière polarisée, de sorte que les deux sensations étant comme simultanées, elles n’en composeraient qu’une seule, qui alors resterait la même quand la lame mince de chaux sulfatée serait tournée d’un angle droit sur son plan, conformément à ce qu’on observe. Cette suc- cession d'états serait aussi conforme à ce que produisent dans le verre Ja dilatation et la compression, lorsqu'on lui fait subir mécaniquement l’un ou l’autre de ces deux eflets. Quoi qu'il en soit, comme la propriété de produire dans la lumière polarisée des modifications relatives à des lignes fixes, paraïl jusqu'ici liée avec la double réfraction d’une manière assez constante et assez intime pour en devenir un caractère, on voit, par les expériences pré- cédentes , que l’état de vibration longitudinal communique au verre cette propriété, au moins passagérement ; et alors il devient curieux d’exa- miner si une pareille disposition, long-temps entretenue, ne pourrait pas laisser dans le verre quelques impressions permanentes, ou du moins Livraison de décembre. k 23 18 19. MST OIRE NATURELLE. (178 ) assez durables pour subsister pendant quelque temps après que l'état de vibralion aurait cessé : el ne serait-ce pas là ce qui ferait que beaucoup de corps élastiques deviennent plus faciles à mettre en vibration sonore, lorsqu'ils ont été souvent et fortement excilés ; comme si les répélilions fréquentes de ces mouvemens finissaient par donner aux parties le mode d'arrangement le plus favorable pour exécuter les excursions qu'ils exigent ? A ARS A AS AS AA Sur l'animal de la Patella ombracula de Chemnitz ; par M. H. DE BLAINVILLE. LE corps de cet animal que M. de Blainville a eu l’occasion d'observer dans la collection du Muséum britannique, grâces à la complaisance de son savant ami M. le D' Leach, est fort large, déprimé, presque rond, un peu pointu en arrière, et fortement échancré en avant dans la ligne médiane. Assez épais au milieu du dos, qui est tout-à-fair plane, il s'a- mincit peu à peu jusqu'aux bords ,ensorte que ses côlés sont en talus. {a partie moyenne ou plate, formant le dos proprement dit, n’est couverte que par une peau blanche, molle, mince, qui, sans aucun doute, était garantie de l'action des corps extérieurs d’une manière quelconque; en effet celte espèce d’élévation est circonscrile dans sa circonférence par une bande musculaire au bord de laquelle se trouve la partie libre du manteau, lrès-peu sullante, fort mince, et déchirée d’une manière très- irrégulière, ce qui fait supposer à M. de Blainville qu’il y avaitadhérence à quelque corps extérieur au moyen de cette partie. Il pensait d'abord que ce pouvait être une coquille, mais n'ayant trouvé aucun indice d’inter- cellation ou de sillon, pas plus qüe de coquille, il fut conduit à supposer que ce singulier mollusque pouvait adhérer ainsi aux corps sous-marins eux-mêmes, opinion que d'autres parties de son organisation peuvent appuyer, comme on le verra plus loin. Au-delà du bord libre et déchiré du manteau , le dessus de cet animal est le dessus du pied: il est couvert d’une très-orande quantité de tubercules gros et petits, mais entre le bord du manteau et le dessus du pied, se trouve un large espace ou sillon dont la peau est entièrement lisse, el dans la partie antérieure et latérale droite duquelest placée une série ou un cordon de branchies dont chacune forme une sorte de pyramide épaisse, composée , comme de coutume, de lames décroissantes qui tombent sur artère branchiale, subdivision de la grande artère de ce nom, qui règne dans toute la longueur de la série branchiale, que ce qui reste du manteau est bien loin de recou- vrir, À la partie antérieure du dos du pied on voit un autre large sillon, partant à angle droit du milieu du précédent, et qui va former où se {erminer à l'éhancrure assez profonde que nous avons dit être au bord antérieur de l'animal, Au point d'embranchement de ce dernier sillon (179, } avec celui qui fait le tour du dos, existe de chaque côté un organe de fürme singulière, roulé en cornet, et qui n'est qu'une sorte d’entonnoir (apissé à l'intérieur parune membrane finement plissée, el qu’on ne sauwait mieux comparer qu'aux narines de certains poissons. Aussi M. de Blain- ville le regarde comme un organe d’olfaction, conduit d'ailleurs à cette idée par d’autres considérations, qui lui font penser que dans tous les animaux pairs, la première paire d'appendices appartient à cette fonc- tion. En avant de ces singuliers organes, analogues du reste à ce qu'on nomme les tentacules postérieures de la laplysie, et dans le même sillon antérieur est un gros bourrelet quicommunique en arrière par une fente assez courte avec un orifice; celui-ci est la terminaison de. l'organe fe- melle, et le bourrelet contient l'organe mâle. Enfin le sillon se termine en avant dans l’échancrure médiane antérieure, et par suite dans un large entonnoir qui occupe la partie antérieure et un peu inférieuxe du corps, et dont le bord épais est comme fendillé. Dans la partie la plus profonde de cette excavation se trouvent un gros mamelon saillant avec une fente verticale pour la bouche, et de chaque côté une sorte de crête ou d’appendice cutané , assez irrégulièrement dentelé daus son contour, et attaché seulefnent par une espèce de pédicule qui occupe à peu près le milieu d'un des longs bords; ce sont les tentacules buccaux. Toute la partie inférieure de ce singulier mollusque est formée par un disque musculaire énorme, tout-à-fait plat, blanc, lisse, en un mot tout-à-fait analogue à celui des mollusques dits Gasteropodes, par exemple, à celui de l'animal du Yet d’Adanson; mais ce en quoi il en diffère considéra- blement, c’est que tout le côté droit, et même une partie du milieu de ce pied est recouvert par une coquille excessivement plate, à bords irréguliers, à sommet nul ou très-surbaissé, sans cavité réelle, et du reste composée, comme toutes les autres coquilles , de couches appliquées les unes contre les autres. Ktonné de cette singulière anomalie, M. de Blain- ville crut, au premier abord, que ce disque crétacé avait été détaché du dos de l'animal, et placé sous le ventre par artifice; mais en examinant Ja chose avec attention, il s'assura, d’une manière certaine, que les fibres musculaires adhéraient très-fortement dans presque toute l'éten- due de la coquille, qui était noire-bleuâtre dans cette partie, tandis qu'une ligne à peu près du bord, qui était libre, avait une couleur blanche. Quoiqu'il ait été impossible à M. de Blainville de faire une anatomie complète de cette espèce de mollusque, dont il n'existe qu’un seul individu au Muséum britannique, cependant il a pu s'assurer que son organisation a beaucoup de rapport avec celle de la Laplysie; ainsi l’ap- pareil buccal est Fort considérable, il a quatre muscles de chaque côté, qui le portent en avant : à La partie inférieure de la cavité se trouve une petite plaque, formée d’un irès-urand nombre de petites dents brunes, 1819. CS (180) disposées en chevrons; du reste, cette cavité est partagée en deux parties par une sorte de palais qui se porte en arrière; c'est dans la partie su- péfieure qu'est la communication avec un œsophage court, se dilatant pe de suite en un vaste estomac membraneux, compris dans le obe postérieur et Le plus considérable du foyer. Ce viscère, très-volu- mineux, remplit presque loute la cavité abdominale; il verse la bile dans l’estomac par quatre ouvertures fort grandes vers la partie supé- rieure de la courbure de cet vrgane, à l'endroit où il se recourbe en avant et à gauche pour former l'intestin : celui-ci est fort large et assez court; il naît insensiblement de l'estomac, se courbe d’abord en arrière, puis en avant dans le côté gauche du corps, fait un grand arc eu arrière de la masse buccale, et enfin se dirige en arrière pour aller se terminer à la partie postérieure de la série des branchies, par une ouverture ar- rondte percée dans un appendice flottant. Il aété parlé plus haut des organes de la respiration ; quant à ceux de la circulation, le cœur est situé presque transversalement un peu en avant de la moitié antérieure du dos; l'oreillette, plus grande que le ventricule, est à droite, et reçoit une grosse veine brauchiale produite par la réunion de deux branches, revenant l’une de la partie anté- rieure des branchies, et l’autre de la partie droite. Après un rélrécis- sement sensible vient le ventricule, qui est ovale, et d’où partent presque au même point les deu aortes, l’une antérieure, et qui va dans un lobe du foie, aux organes de la génération, à la tête; et autre, postérieure» plus grosse, est pour les parties postérieures du foie, l'estomac, l'ovaire. Les organes de la génération sont presque semblables à ceux de la Laplysie; ils sont situés tout-à-fait à la partie antérieure du corps, sous les branchies transverses au-dessus de Fœsophage et du lobe antérieur du foie; l'ovaire est très-gros, irrégulièrement ovale; de son extrémité amincie naît insensiblement un oviductetrès-épais, qui se porte de suile vers sa {erminaison; le testicule, beaucoup plus petit, a à peu près la même forme; le canal déférent en naît à peu près comme l’oviducte de l'ovaire; à une certaine distance il se renfle en une vésicule de dépôt, devient ensuite presque filiforme et s’accole à l'oviducte, et tous deux se réunissent à l'organe excitateur mäle. Cet organe, dont M. de Blaiu- ville n’a pu voir exactement la forme, lui a paru conique et devoir être très-long; il a vu se terminer dans la cavité de sa gaine deux bourses, dont l’une, plus grande, est en forme de gourde, et l'autre de poire ; lorifice par où sort la verge est celui qui existe dans le tubercule anté- rieur du sillon perpendiculaire; quant à la terminaison distincte de l'oviducte, M. de Blainville avoue ne pas l'avoir vue. Le système nerveux central, situé comme de coutumesur l'æsophage, est formé de chaque côté de trois ganglions ; l’un, le plus gros, le plus exteruc, et cependant le plus antérieur, triangulaire, par un cordon (CLS) transversal assez long qui part de son angle interne, communique avec son analogue; de son angle externe sort un gros filel qui va à une sorte de plexus placé à quelque distance, d’où sortent ensuite les nerfs de la locomotion, et l'angle antérieur forme les nerfs locomoteurs de l'appareil buccal. Le second ganglion, le plus petit, le plus interne, mais moins triangulaire, est immédiatement appliqué sur l'wsophage; son angle interne donne lefilet de communication avec celui du côté opposé, l'antérieur des filets buccaux ; l’externe, un gros filet qui va au plexus, formé par le premier ganglion. Enfin le troisième, qui communique antérieurement avec le premier, forme en arrière un double cordon, dont l'un supérieur, l’autre inférieur, et qui, en se réunissant avec de sem- blables du ganglion du côté opposé, interceptent ainsi l’œsophage. D'après cette description, tant extérieure qu’intérieure, M. de Blain- ville ne balance pas à placer cet animal dans l’ordre qu’il a nommé Monopleurobranches, près des Laplysies, quoique les branchies occu- pent vue bien plus grande étendüe que dans aucun des genres de ce groupe; et certainement, ajoute-t-il, on eût été bien loin de faire ce rapprochement par la considération seule de la coquille ; et en effet l’au- teur qui le premier la fit connaître, Chemnitz, en fit-il une Patelle comme tous ses successeurs, quoique quelques-uns, M. de Lamarck, par exemple, en ait fait un genre distinct; mais ce qui embarrasse da- vantage M. de Blainville, c’est anomalie singulière de la coquille dans sa position, et la disposition de la peau du dos, qui ne permet pas de croire qu'elle pût être sans corps protecteur. 1l revient sur ce point à la fin de son Mémoire ; il discute successivement les raisons qui le portent à penser que l'animal qu'il a vu n'avait pas été altéré, en effet, comme il a été dit plus haut, inclinant d’abord vers cette idée, et que la co- quille avait été transportée, par artifice, du dos sous le ventre, il fit des recherches dans cette vue, et il recounut une adhérence intime de la fibre musculaire avec la substance calcaire : l’art, se demande-t-il, pourrait-il le produire d’une manière si forte, sans substance intermé- diaire? C’est ce qu'il ne croit pas. Mais alors, comment l'animal pour- rait-il ramper ou se servir de son pied, à la manière des limaçons, avec un corps inflexible, et qui en occupe la plus grande partie? cela est éga- lement difficile à concevoir. Mais la septaire ou navicelle n’a-t-elle pas quelque chose d’analogue? et le singulier support que M. de France à découvert exister dans certaines espèces de cabuchons, ne rend-il pas la chose encore plus admissible? 11 est donc possible de concevoir que le mollusque de la Patzella ombracula se mouvait peu ou point du tout. Mais ce qui ne l'est pas, c’est que le dos de l'animal, dont on a pu voir que la peau recouvre les organes Les plus importants, et cepen- dant d’une minceur et d’une transparence Lelles, qu’on peut les aper- cevoir à travers, ne füt pas lui-même mis à l'abri du contact des 1019. (182 ) corps extérieurs par un corps protecteur quelconque, d'autant plus que les bords lacérés du manteau ne permettent pas de douter qu'ils n'aient adhéré à quelque chose. On peut concevoir plusieurs manières d'expli- quer ce fait : ou bien c'était une coquille appartenant à l'animal et qui a été perdue, ce qui est peu probable, tant ce mollusque est bien con- servé; ou bien la coquille, quoique lui appartenant, était encore adhé- rente à quelques corps sous-marins, et la personne qui a recueilli cet animal a bien pu ne pas l’apercevoir ou mêmene pas la détacher, comme cela est arrivé long-temps pour certains bivalves ; ou enfin l'animal adhé- raitpar le dos à la face inférieure de quelque rocher, sans coquille qui lui appartint. M. de Blainville paraît, pencher davantage pour l'opinion moyenne; alors l'animal était ainsi fixé entre le corps auquel il adhérait et à sa coquille inférieure. Ce qui pourrait faire encore admettre cette opinion, c'est que celte coquille, avec ün sommet il est vrai fort pelit, ne paraît pas avoir touché un corps sous-jacent, et que l'espèce d'enton- poir qui précède l'ouverture de la bouche, pourvue de deux espèces d'organes rotatoires, indique un animal qui n’a pour obtenir sa proie d'autre moyen que de diriger un courant d'eau vers son orifice buccal. C'est d’après cette idée que M. de Blainville avait assigné au genre nouveau que doit former ce mollusque, le nom de Gastroplax, pour indiquer la posilion de la coquille et les caractères suivans : corps ova- laire adhérent en-dessus, très-déprimé, pourvu inférieurement d'un large disque musculaire, ou pied, dépassant de toutes parts le manteau . qui est à peine marqué ; nne sorte d’entonnoir en avant, au fond duquel est la bouche et deux tentacules buccaux en forme de crêtes et pé- diculés; deux tentacules supérieurs fendus, et lamelleux à l'intérieur ; branchies nombreuses, et formant un long cordon qui occupe tout le côté antérieur et droit d'un long sillon qui sépare le corps du pied ; anus à la partie postérieure du cordon branchial; organes de la génération : les deux sexes sur le même individu, et dont les orifices distincts com- muniquent entre eux par un Sillon ; coquille non symétrique, tout-à-fait plate en-dessus comme en-dessous, à bords irréguliers, à sommet à peine visible ou excentrique, adhérente sous la partie gauche du pied. Mais, depuis, M. de Blainville ayant parlé de cette singulière ano- malie de la coquille à M. de Lamarck, ce savant zoologiste paraissant croire que la chose est impossible, M. de Blainville est obligé de rester duns le doute, et ne public cette Note que pour éveiller l'attention des vbservateurs, et détruire ou confirmer son hypothèse, ce qui ne peut tarder, une espèce de coquille tout-à-fait analogue à la Patella ombracula ayant été envoyée à M. de Lamarck du golle de Tarente. NES RS BEN A pére ds an té 1819: Description d’une monstruosité offerte par un individu de Cirsium tricephalodes (Decand.), et Considérations sur ce phénomenc ; par M. Henri Cassini. (Extrait.) CETTE monstruosité n'aflecte que les fleurs proprement dites : le Boraxique. péricline qui les entoure et le clinanthe qui les porte n’offrent aucune altération sensible. Les différentes fleurs d’une même calathide se déve- loppent aussi suivant l’ordre accoutumé, c’est-à-dire que les extérieures se développent avant les intérieures. L'ovaire est allongé, cylindrique, velu, plein, sans cavité intérieure, sans ovüle, et il offre tous les caractères essentiellement propres à un pédoncule, à un rameau, à une tige. Cependant on retrouve autour de son sommet le bourrelet apicilaire et l’aigrette supportée par ce bour- relet. Les squamellules de l’aigrette, qui, dans l’état ordinaire, ressemblent à des poils rameux, sont devenues tout-à-fait analogues aux squames du périchne, dont elles ne diffèrent qu’en ce qu'elles sont moins larges et plus longues; ces squamellüles converties en squames, sont manileste- ment articulées par la base sur le sommet de l'ovaire transformé. La corolle a conservé ses caractères essentiels : mais son tube pro- rement dit n'ayant pas pris d’accroissement, est resté presque nul; le re a perdu sa couleur et est devenu vert; d’abord entier, il s’est en- suite déchiré longitudinalement sur un côté par l'effet de l’épaississe- ment du corps contenu dans la corolle, et qui sera décrit plus bas. Il y a, comme à l'ordinaire, cinq filets d'étamines greffés par la base avec le tube de la corolle; mais les anthères qui surmontent ces filets, sont libres où faiblement entregreffées, dépourvues de pollen et des- séchées. Le nectaire, situé sur le sommet de l'ovaire, et qui entoure la base du style, n'a pas subi d’altération bien notable, La partie inférieure et indivise du style est convertie en une tige très- courte, épaisse, charnue, verte, velue, analogue à l'ovaire transformé. Sa partie supérieure , qui, dans l'état naturel, est divisée en deux filets entregreflés incomplétement, offre ici, au lieu des deux filets, deux longues bractées opposées , articulées par leurs bases sur le sommet de la petite tige qui les porte, et analogues aux squames du péricline. Ces bractées sont, dans le premier âge, entregreftées par les bords en leur parlie inférieure, de manière à former un tube : mais bientôt elles sont forcées de se séparer par l’épassissement d’un corps qui se développe entre elles deux. Ce corps est une pelite calathide, qui naît sur le sommet de la partie indivise du style, entre Les bases de ses deux divisions converties en (184) bractées. C'est aussi la présence de ce corps volumineux qui a causé le déchirement de la corolle, mentionné plus haut. Quoique cette pe- tite calathide ne fût pas encore suffisamment développée sur aucune des fleurs, et même qu’elle ne parût pas susceptible de se développer jamais complétement, ila semblé à M. H. Cassini qu’elle était disposée à devenir monstrueuse comme celle dont elle tirait son origine. Tels sont les faits observés par l’auteur, et sur lesquels il fonde un grand nombre de considérations exposées dans son Mémoire lu à la société Philomatique, le 11 décembre 18:9. Nous p’allons rapporter que les considérations principales, et sans leur donner aucun développe- ment, afin de ne pas dépasser les bornes d’un extrait. M. H. Cassini récapitule de la manière suivante ses observations sur la monstruosité du Cérsium : 1°. les organes de la fleur proprement dite sont les seuls qui soient affectés par celte monstruosité, et ils Le sont tous plus ou moins; 2°. la corolle, les étamines et le nectaire sont très- peu altérés, et ils ne sont point du tout métamorphosés; 5°, l’ovule a entièrement disparu, sans laisser aucun vestige de son existence ; 4°. tous les autres organes floraux sont métamorphosés en tiges ou en feuilles; 5°. les organes métamorphosés en tiges sont l'ovaire etle style ; 6°. lesorganes métamorphosés en feuilles sont les squamellules de l'aigrette et les stig- matophores; 7°. la seule partie ajoutée à la fleur est une petite calathide née sur le sommet du style, Le résultat principal de ces observations est d'établir, dans la fleur des synanthérées, une symétrie très-remarquable qui résulte des analogies observées entre le pédoncule où le rameau surmonté du péricline, l'ovaire surmonté de l'aisrette, et le style surmonté des stigmatophores. Ainsi, en faisant abstraction de la corolle, des étamines et du nectaire, qui semblent constituer un système particulier, la fleur proprement dite des synanthérées est très-analngue à deux articles caulinaires consécutifs, folifères, c’est-à-dire à deux portions de tige placées l’une au bout de l'autre, aruüculées l’une sur l'autre, et dont chacune porte plusieurs feuilles autour de son sommet. Un second résullal aussi important que le premier, c’est que la co- rolle, les élamines et le nectaire, qui coustituent ce que l’on peut appe- ler l'appareil ou le système des organes floraux masculins, ont moins d'aualogie avec la lige et les feuilles que les autres organes floraux qui constituent le système féminin. Remarquez que l’auteur attribue le ca lice au système féminin, ce qui est contraire à l'opinion de M. Turpin. ( Voyez le Zulletin de mai 1819, page 76:) Après avoir élabli 1°. que les organes métamorphosés avaient, dans le premier âge, les caractères propres à leur état naturel, 2°. que les métamorphoses résultent d'un dérangçement dans l'ordre naturel de l'ac- éroissement , 5°, que, dans les végétaux, les organes de la génération (185 ) sont plus compliqués que ceux de la nutrition, M. I. Cassini {rouve, dans ces trois propositions, la solution de la question suivante : Pourquoi les organes de la génération se transforment-ils si souvent en organes de la nutrition , tandis que la transformation inverse est si rare, pour ne pas dire sans exemple ? En effet, le changement d’un organe plus compliqué en un organe plus simple peut résulter de ce que, dans le premier âge, il y a eu excès d’accroissement d’une partie de l'organe, et défaut d'ac- croissement de l’autre partie : mais le changement inverse exigerait une addition de parties étrangères à la nature de l'organe, ce qui est une opé- ration beaucoup plus difficile. M. R. Brown prétend que, dans la famille des synanthérées , toutes Jes fois que l'épanouissement des fleurs s'opère successivement et régu- lièrement de la circonférence au centre du groupe, ce groupe est une simple calathide, et que dans le cas contraire, c’est un capitule com- posé de plusieurs calathides ; d’où il conclut que l’inflorescence de l'E- chinops est un capitule. M. H. Cassini a proposé une règle différente, d'apres laquelle il attribue au contraire une simple calathide à l'Echi- nops; et 1l fait remarquer que la règle de M. Brown peut au moins quelquefois se trouver en défaut, puisque rien n’est dérangé dans l'ordre d'épanouissement des calathides monstrueuses de Cirsium, quoiqu'elles soient devenues, par suite de leur monstruosité, de véritables capitules composés de nombreuses calathides. L'ovaire de Cérsium métamorphosé en pédoncule par l'effet de l’'a- vortement de l’ovule opéré dès le principe, confirme l'opinion de M. H. Cassini qui a soutenu que la membrane; pariétale interne, nommée endocarpe par M. Richard, n’existait point dans le fruit des synanthé- rées. Concevez, dit-il, un court pédoncule, et admettez qu'un ovule existe à la base de son axe médullaire, vous aurez tout ce qui con- stitue un Jeune ovaire de synanthérée. Cette analogie de l'ovaire avec le pédoncule, et par conséquent avec la tige, lui fait conjecturer que l’ovule et le bourgeon sont deux germes qui l'un et l’autre tirent leur origine des fibres situées entre l'axe et la surface de la tige ou du pédoncule ; mais que ces deux germes différent principalement en ce que le bourgeon se dirigeant vers la surface de la tige, se développe au dehors, pe que l’ovule se dirigeant vers l’axe du pédoncule, ne peut croître qu'au dedans. 1" Les squamellules de l’aigrette du Cérsium étaient devenues {out-à- fait analogues aux squames du péricline ;et elles étaient manifestement articulées par la base sur le sommet de l'ovaire transformé. Ces faits confirment les propositions suivantes, énoncées autrefois par M. H. Cas- sini : 1°. l’aigrette des synanthérées est un calice; 2°. c’est un calice d'une espèce toute particulière, en ce qu'il se compose le plus souvent d’une multitude de pièces distinctes disposées sur plusieurs rangs con- Livraison de décembre. 24 eee) je] 1019., ( 186 ) centriques; 3°. c’est un calice réellement épigyne, et non point un ca- lice adhérent à l’ovaire ; 4°. les pièces dont l’aigretle est composée sont des espèces de bractéoles tout-à-fait analogues aux écailles ou squames du péricline, d'où 4 suit qu’il convient de les nommer squamellules ; 5°. les squamellules de l’aigrette n’ont point d’analogie réelle avec les appendices filiformes ou laminés, groupés plusieurs ensemble autour de chaque fleur sur le clinanthe, et que l’auteur nomme ffmbrilles ; elles ont au contraire une parfaite analogie avec Les appendices du clinanthe, qu'il nomme sqguamelles, et qui sont de vraies bractées, dont chacune accompagne extérieurement une fleur. L’aigrette transformée du Cirsium représente exactement un péri- cline formé de squames imbriquées ; et puisque l’aigrelte est un calice, il s'ensuit que, bien que la dénomination de calice commun donnée au péricline, soit très-impropre sous le rapport de la situation , beau- coup plus essentiel que celui de la structure, elle est cependant moins absurde que pe le croient les botanistes exacts. La métamorphose des squamellules paraît être résultée 1°. de l’ac- croissement excessif en largeur et épaisseur du filet principal, 2°. de l'avortement presque total des filets latéraux. M. H. Cassini avait dit que le style des synanthérées élait formé d’une tige divisée supérieurement en deux branches, et que, dans la tribu des Carduinées, les deux branches étaient articulées sur la tige, et presque toujours greffées incomplétement ensemble par leur faces intérieures respectives. Tout cela se trouve confirmé par l'observation des fleurs mous rueuses de Cirsium , si ce n’est que les deux parties que l’auteur avait nommées branches du style, sont métamorphosées en bractées analogues aux squames du péricline, ce qui prouve que la dénomina- tion de branches est inexacte. C’est pourquoi M. H. Cassini propose de dire que le style des synanthérées est formé d’un style proprement dit, et de deux stigmatophores. Les autres Considérations présentées dans son Mémoire, ont pout objets la cause de la rareté des monstruosités par métamorphose dans les animauxet de leur fréquence dans les végétaux, l'utilité de l'étude de ces métamorphoses pour la recherche des différents degrésid’analogie entre les organes, les écueils à éviter dans cette étude, le système de l'identité oriyinelle des différents organes, qu'il combat de toutes ses forces, et auquel il veut substituer la théorie des analogies, le système de la préexistence des parties, auquel il préfère celui des formations nouvelles, la nécessité de conformer le langage de la science à la vraie nature des choses, la définition et l'importance des articulations végé- tales, et la réfutation des idées de M. Decandolie sur ce point, la dis- ton des monstruosités par métamorphose, par substitution et par aadihion. 22 ne ( :87 ) Premier Mémoire sur la Zircone; par M. Cuevreur. LE zircon qui a servi aux expériences de l’auteur venait de Ceylan. L’acide hydrochlorique mêlé d'acide nitrique en a séparé beaucoup de peroxide de fer et une trace d'oxide de titane ; mais celui-ci n’est point essentiel à la composition du zircon. (a) 1 partie de zircon qui avait, été préalablement traité par l’eau régale, a été compléteñent attaquée par 2 parties de potasse à l'alcool, avec lesquelles elle a été exposée à une température rouge cerise dans un creuset d'argent ; l’eau a enlevé à la masse qui avait été chauflée, beaucoup de potasse retenant des traces de silice et de zircone. (D) La matière indissoute par l’eau était un composé de silice, de zircone et de potasse, que l’on peut considérer comme une sorte de sel double ; ce composé a les propriétés suivantes : (c) Il est du plus beau blane ; il reste très-long-temps en suspension dans l’eau distillée. 11 se précipite au contraire très-promptement de l'eau de potasse dans laquelle on l’a agité : cela prouve que l’eau pure a une action sur lui que n’a pas l’eau alcalisée; il n’est pas impossible que cela dépende d’une attraction que l’eau pure exerce sur la potasse qu'il contient : dans cette manière de voir, on conçoit pourquoi l’eau, qui est déjà unie à cette base, n’a plus d'action sur le composé. (d) Il est soluble en totalité dans l'acide hydrochlorique faible; en faisant évaporer, la silice se précipite, et il reste dans la liqueur du chlorure. dé potassium, de l'hydrochlorate de zirconestenant ur peu d'hydrochlorate de fer ; lammoniaque précipite ces deux bases. (e) Faisons connaître le procédé que M. Chevreul a suivi pôur obtenir la zircone isolée du fer, résultat auquel on n’était point arrivé avant lui. la fondu de la zircone qui tenait du fer, avec de Ja potasse dans un creuset d'argent; il a épuisé la masse de tout ce qu’elle contenait de soluble dans l’eau. Il est resté un zirconate de potasse mêlé d’oxides de fer, de cuivre et d’argent (les deux derniers provenaient du creuset). Il à versé sur ce zirconate de l’acide hydrochlorique concentré, il y a eu un déga- gement de chaleur, de vapeur d’eau et de gaz hydrochlorique. La matière, à l’état de pâte molle, a été mise dans un cylindre de verre de 1 pouce de diamètre et de cinq pouces de haut; dont un bout avait été effilé à la lampe; il a fait passer ensuite de l’acide hydrochlorique concentré sur la matière, jusqu’à ce que cet acide n'ait plus enlevé à la matière contenue dans le cylindre que de l’hydrochlorate de zireone et du chlo- rurede potassium. Ce que l'on reconnaît : 1°. à ce que le lavage mêlé à l’eau ne précipite point de chlorure d'argent; 2°. à ce qu'il ne se colore point par lacide hydrosulfurique ; 3°. à ce que l’hydrosulfate d'ammo- maque y fait un précipité parfaitement blanc. M. Chevreul a pris la DER Er Rene A ee are 1819. Cuirmir. Institut. Août 1919. ( 188 ) masse lavée à l'acide hydrochlorique; il l’a délayée dans l’eau, a filtré, eta précipité la zircone pure par l’ammoniaque ; il a obtenu un hydrate, qu'il a calciné dans une capsule de verre. On voit que ce procédé est principalement fondé sur ce qu’une quantité d’acide hydrochlorique concentré, insuffisante pour dissoudre une cerlaine quantité d’hydro- chlorate de zircone, suffit au contraire pour dissoudre les hydrochlorates de fer et de cuivre qui sont mêlés à ce dernier. | M. Chevreul soumet ensuite la zircone et le péroxide de titane à un examen comparalif. k : La zircone hydratée desséchée à l'air est soluble dans l'acide hydro- chlorique ; cette combinaison eristallise en petites aïsuilles satinées du plus beau blane. On peut chasser l'excès d'acide de Phydrocblorate par l'évaporation à siccité; en reprenant le résidu par l’eau, ilne se sépare que très-peu de zircone, surtout si la solution qu’on a évaporée élait con- centrée : au reste, en remellant de l'acide hydrochlorique sur le résidu, on finit par le redissoudre en totalité, si l’évaporation n'a pas été poussée trop loin. L’hydrochlorate de titane est coloré en jaune lorsqu'on fait évaporer sa dissolution concentrée à siccité, il y en a une plus grande quautité de décomposée que quand on évapore l’hydrochlorate de zir- cone; et lorsqu'on ajoute de l'acide sur le résidu , on ne parvient pas à le redissoudre : mais ce qui le distingue surtout du précédent, c’est qu’en élendant de 3 volumes d’eau 1 volume d’une solution de chaque hydro- chlorate, on observe, en exposant les deux liqueurs à l'action de la . . . ST . U chaleur, que celui de titane laisse précipiter beaucoup d’oxide ou de sous-hydrochlorate avant même de bouillir, tandis que celui de zircone peut être évaporé à siccité sans déposer aucune matière. L'hydrochlorate de zircone étendu d’eau ne se décompose pas, même au bout de plusieurs mois; celui de titane dans la même circonstance devient laiteux, mais, quoi qu’on ait dit, cette décomposition n'arrive pas au moment même où on y ajoute de l’eau. L’hydrochlorate de zircone précipite en jaune-isabelle par la noix de galle; si la solution est concentrée, le précipité gélatineux retient toute la liqueur entre ses particules : l’hydrochlorate de titane, comme on sail, présente ce dernier phénomène, mais le précipité est d’un rouge- orangé très-vif. L'hydrochlorate de zircone précipite en jaune-serin par un excès de prussiale de potasse ; celui de titane précipite au contraire en rouge-brun. M. Chevreul a observé que les deux précipités étaient solubles dans un excès de prussiate de potasse, et que, dans certaines circonstances, le prussiale de zircone élait presque incolore, et qu’il devenait jaune par un excès de prussiate, quoique celui-ci n’opérât cependant aucun pré- Cipilé dans la liqueur qui avait donné le précipité blanc. La couleur jaune du prussiate de zircone explique comment Klaproth a cru re- ‘(16899 connaître le nickel dans le zircon, parce qu'il obtint un précipité vert en mêlant avec le prussiate de potasse une dissolution de zircone qui contenait un peu de fer. L'hydrochlorate de zircone ne devient pas violet quand on y met un peu de zinc, ainsi que cela arrive à l’hydrochlorate de titane. Les deux hydrochlorates ont une saveur excessivement astringente ; tous deux précipitent la gélatine ; cela prouve qu'ils ont beaucoup plus d’affinité pour les matières animales que les sels d’yttria, de glucine et d'alumine, dont la saveur est sucrée et seulement légèrement as- tringente. Les deux hydrochlorates sont décomposés complétement par une chaleur rouge ; ils perdent leur acide, et leur base reste à l'état de pureté; Ja zircoue est parfaitement blanche, le péroxide de litane est d’un gris- jaunâtre. Enfin les hydrates de titane et de zircone chauffée dans une petite capsule de verre au-dessus de la flamme d’une lampe à alcool, noir- cissent, puis deviennent incandescents, comme s'ils éprouvaient une combustion. La zircone est demi-vitrifiée, et du plus beau blanc quand elle est exempte de fer; quand elle en contient , elle est verdâtre. L’oxide de titane est d’un gris-jaune. : M. Chevreul fera connaître dans un second mémoire la proportion des éléments du silicate et du zirconate de potasse, celle des éléments du zirconate de potasse. Il déterminera la composition de plusieurs sels de zircone, et recherchera si la couleur du prussiate de zircone ne serait pas due à une substance étrangère à la zircone, peut-être à des traces de péroxide de titane. C: 2 AAA AAA RAA AS RS AAA Sur les parties composantes du sang; par siR Ev. HOME. L'AUTEUR essaie de montrer qu’on trouve dans le sang des globules d'une moindre grosseur, et d’une autre nature que ceux qu'on suppose communément exister dans ce fluide. Ces globules furent observés pour la première fois par M. Bauer, pendant qu'il examinait les couches com- posant une tumeur anevrismale. Dans la couche en contact avec le sang circulant, ces globules plus petits furent observés dans le rapport de t à 4, en les comparant avec les globules plus gros; mais dans les autres couches, ils étaient plus nombreux, et dans celle qui avait été formée la première, ils existaient dans le rapport de 4 à 1. M. Bauer estima leur grosseur à un 4800"° de pouce. En faisant une dissection d’une autre tumeur anévrismale, on observa des cristaux de sulfate de chaux, ainsi que de muriate et de phosphate Annals of Philoschphy. (286) de soude. Sir Ev. Home suppose que ces sels, aussi-bien que les glo- bules susmentionnés, ont existé originairement en dissolution dans le serum, et que les globules n’ont commencé à être visibles qu'après la coagulation du sang. Dans la lymphe formée durant une violente inflammation, et coa- gulée, on observa les mêmes globules mêlés avec quelques globules décolorés de saug. Dans la couche supérieure, et la plus ferme de la couenne du sang , ils étaient aussi très-nombreux ; mais on trouva que les parties inférieures, et les plus molles, étaient principalement composées de globules de sang. Pour distinguer ces globules des globules plus gros du sang, l’auteur propose de les appeler globules de /ymphe. L'auteur a cherché à prouver que le gaz acide carbonique, sous le récipient d'une machine pneumatique, se dégageait en quantité beaucoup moins grande du sang couenneux que du sang bien sain, mais qu'il ne se dégageait jamais autant de ce gaz que du sang d’une personne bien portante, lorsqu'il était tiré une heure après un bon diner. M. Bauer trouva les globules de la lymphe et ceux du sang dans le mucus du pilore et du duodenum. Dans le chyle, il trouva les globules de diverses grandeurs. M. Bauer suppose que les globules du sang sont formés dans les glandes mésentériques, à l'exception de la matière co- lorante, qu’ils acquièrent, à ce qu'il pense, par leur exposition à l'air, Ca passant à travers les poumons. TABLE DES MATIÈRES. HISTOIRE NATURELLE. ZOOLOGIE. Sur un nouveau genre de vers intestinaux , découvert par M. Rhodes, et établi par M. Bosc. page 8 Sur un nouveau genre de coquilles (Hipponix) par M. de France. 8 Histoire de l'œuf des oiseaux avant la ponte, par M. H. Dutrochet. 38 Mammifère de l’ordre des rongeurs, par M. A. Desmarest. 4o Sur l'existence de véritables ongles à laile de quel- ques espèces d'oiseaux, par M. H. de Blain- ville. 4 Sur un nouveau caractère ostéologique servant à distinguer les animaux quadrupèdes ongulés en deux sections, par M. H. de Blainville. ibid, Anatomie d’une larve apode , trouvée dans l'abdomen d’un beardon, par MM. Lachat et Audouin. 49 Sur la Patella distorta, de Montagu, par M. H. de Blainville. 72 MINÉRALOGIE Helvine (Hetvin. Wennen.) 25 Conglomerat de ponce de la contrée de Neuwied, sur le Rhin. 27 Notice sur le gisement des Avthracites de Schœn- feld, en Saxe, par F. S. Beudant. ù 42 Analyse de quelques minéraux, par J. Berzelius. 50 Notice sur le dépôt salifère de Villiczka , en Gallicie, BOTANIQUE, AGRICULTURE Extrait d’un Mémoire de M. Godefroy, sur lePhatlus impudicus. 6 Description d’un nouveau genre de plantes, par M. H. Cassini. 31 Gonera ct species plantarum, quæ aut novæ sunt , aut nondümrecté cognoseuntur; auctore Mariano Lagasoa. Matriti 1816. 32 Théorie élémentaire de la botanique, ou Exposition des principes de la classification naturelle et de l'art de décrire et d'étudier les végétaux, par M. A. P. de Candolle. 47 Nouveau genre de plantes, par M. H. Cassini. vbid. Origine des étamines dans les fleurs monopétales, par M. H. Cassini. 62 Nov: goncra et species plantarum, quas collegerunt Am. Bonpland et A. de Humbotdt. 63 Sur les Graminées, par M. Turpin. 78 Nouveau genre de plantes, par M. H. Cassini. 80 Élémens de botanique, par M. Achille Richard, g2 Extrait d’un Mémoire sur les vaisseaux fymphatiques des oiseaux, par M. Magendie. 9 Relation d’un phénomène, par L. À. d'Hombres- Firmas, correspondant de la Société Philoma- tique. 105 Sur les caractères du genre Condylure, d’Illiger, par M. Desmarest. Lab Recherches sur les poissons toxicofères des Indes occidentales, par M. Moreau de Jonnés, 136 Sur la dégradation du cœur etdes sros vaisseaux dans les Ostéozoaires, ou animaux vertébrés, par M. H. de Blunrille. 148 Monographie du Scinque doré d'Amérique , Seineus auratus, par M. Moreau de Jonnés. 154 Sur un nouveau genre d’Annélides, par M. Du- trochet. 155 Sur l'animal de la Patella ombracuta de Chemnitz, par M. H. de Blainville, 178 ET GÉOLOGIE. 65 par F. S. Beudant. Existence simultanée de mollusques marins et flu- viatiles dans le golfe de Livonie, par M. Beu- dant. à 72 Extrait d’un Mémoire de M. Beudant, sur la pierre d’alun et la roche aluminifére. 124 ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Nouveaux genres de plantes, par M. IT. Cassini. 9% Sur le Myosurus minimus, par M. EL. Cassini, 114 Panphalea Commersonii, par M. H. Cassini. ibid. Sur la transformation des ; arties de la fructification en feuilles, par M. Aubert du Petit-Thouars. 126 Nouvelle espèce de Piqueria, par M. H. Cassini, 127 Examen analytique du genre Filago de Linné, par M. H. Cassini. 141 Description du Colcosanthus tiliæfolius , par M. H. Cassini. 157 Nouvelle espèce de Fémbrillaria, par M. H. Cas- sini. 158 Nouveaux genres Garuleum et Phagnaton, par M. H,. Cassini. 172 Description d’une monstruosité offerte par un indi- vidu de Cirsium tricephalodes (Decand.), et Considérations sur ce phénomène, par M. Henri Cassini, 283 (199 ) : CHIMIE. Sur le Sélénium, par M. Berzelius. age À Traitement des mines de cobalt et de nickel, et moyens d'opérer la séparation de ces métaux, par M. Laugier. 23 Décomposition de l’amidon par l’action de Fair et de l’eau, aux températures ordinaires, par M. Théodore de Saussure. 8 Recherches sur le principe qui assaisonne les fro- mages, par M. Proust. 7 Sur la combinaison de l’eau avec l'oxygène, par M. Thénard. 59 Note sur le Vestium. Go Sur l'acide produit par l’action de l'acide nitrique, le chlore et l'iode sur l'acide urique, par M. Vau- elin. 7 Tube de sûreté, par M. Berzelius, 7 Nouvel alcali végétal (la Strychnine) trouvé dans la fève Saint-Jgnace , la noix vomique, etc., par MM. Pelletier et Caventou. Sr Acide nouveau formé par le soufre et l’oxigène, par MM. G.y Lussae et Welter. 87 Wodanium , nouveau métal, par M. Lampadius. 06 Sur la nature du bleu de Prusse, par M. Robiquet, 165 Mémoire sur la Zircone, par M. Cheyreul. 187 PHYSIQUE ET ASTRONOMIE. Comète découverte à Marseille le 26 novembre 1818, calculée par MM Bouvard et Nico et. Sur la longueur du pendule à secondes, observée à Unst, par M. Biot. 21 Sur la courbure des milieux de l'œil dans différens animaux, par M. Chossat. . 35 Sur le Volcan de Saint-Vincent, par M. Moreau de Jounès. 95 Sur la figure de ls Terre, par M. de Laplace. 97 Invariabilité du jour moyen, par M. loisson. 100 Sur plusieurs points importans de la Théorie de la chaleur, par MM. Petit et Dulong. 103 Absorption des rayons lumineux dans leur passage Théorie des machines à feu, par MM. Desormes et Clément. 115 Sur les propriétés des eaux de la mer , par le docteur Marcet. 118 Sur la théorie des phénomènes capillaires, par M. de Laplace. 122 Sur la diversité des couleurs de certains minéraux lorsque les rayons lumineux les traversent en di- vers sens, par M, Biot. 129 Sur les deux Comètes de 1819, par M.Bouvard. 140 Formation des brouillards, par sir H. Davy. 159 Éclairage par le gaz, par M. Clément. 168 Vibrations longitudinales des lames de verre, par à travers certains corps crislallisés, par M. Biot. M. Biot. 154 109 MATHÉMATIQUES. Intégration des équations aux différences partielles du premier ordre, par M. Augustin Cauchy. 10 Théorie des instrumens à vent, par M. Poisson. 28 Sur le mouvement d’un système de corps, en sup- posant les ‘masses variables, par M. Poisson. 60 Sur l'intégration de plusieurs équations linéaires aux différences partielles, et particulièrement de l'é- quation générale du mouvement des fluides, par M. Poisson, 113 Calcul des probabilités, appliqué à la méridienne de France, par M. de Laplace. 137 Sur quelques intégrales définies , par M. Deflers. 161 MÉDECINE ET SCIENCES QUI EN DÉPENDENT. Note sur les nerfs mésentériques du pic-verd, par M. Magendie. 119 Sur l'urine de diverses espèces d'animaux. 120 Sur l'anatomie du cygne domestique, par M. Ma- gendie, 155 Sur plusieurs organes particuliers qui existent chez les oiseaux et les reptiles, par M. Magendie. 343 Sur le nombre des décès mn à Paris par Ja phthisie pulmonaire, par M. de Chateauneuf. 156 pe L'Impnimente DE PLASSAN, nur pe VaucirRanD, n° 15.