Pen ET D a ne ee D PP rh re En De PAU # ED en A … = # 4# PRET na EC TE Ce L Book SMITHSONIAN DEPOSIT. re NP FE £ ES S.à mr MON PEU) d b L HR RE À ne ci - Ÿ t Fe 5 9 Bess à Mb-/6 BÜBLETIN D'INSÉCTOLOGIE AGRICOLE JOURNAL MENSUEL C DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’APICULTURE ET D'INSECTOLOGIE ENTOMOLOGIE APPLIQUÉE 116952 er SAENIOUL 2. GPANNÉR 0 Ge P'AURLS AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, 67, RUE MONGE ENT HSON/4T APR 1 8 1997 LIERARIES INSECTOLOGIE AGRICOLE No 1. SIXIÈME ANNÉE. Janvier 1881 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Le Philloxéra en Australie. — Encouragements à la sérici- culture. — Sur divers insectes nuisibles à des plantes crucifères comes- tibles, par M. Discox. — Lettre relative à l'OEstre du cheval, par M. R. Si- VESTRE. — Note sur la Vrillette de la farine, par M. Savarp. — Société centrale d’apiculture et d’insectologie : séance de décembre 1880.— Liste des lauréats de l’enseignement insectologique. — Insectes nuisibles : Dermestes, par M. E. Vranne. — Le Dacus oleæ, mouche ennemie de l'o- livier, par M. Varény Maver., — Conférences sur les insectes nuisibles aux céréales (suite), par M. E. Vianwe. "Ci60De 11693: Le Philloxéra en Australie Les vignobles australiens paraissent envahis en certains points par le Phylloxéra vastätrix (Planchon), ou par une espèce voisine. C'est ce que vient de constater une commis: sion nommée par le gouvernement de ce pays et dont faisait partie notre compatriote, M. Louis Boutan, jeune naturaliste, prépärateur-adjoint au laboratoire de M. Lacaze-Duthiers, à la Sorbonne, et attaclié à la section française de l'exposition australienne de Melbourne. Dans une excursion faite par la commission aux vignobles du district de Geelong, à quinze lieues environ de Melbourne, M. Louis Boutan fut d’abord frappé de l'aspect des taches si reconnaissables, pareilles à celles de nos vignobles français. Partout, en examinant les racines, on n'y découvrit aucun insecte; mais, information prise, il fut constaté que ces vignobles avaient été submergés accidentellement pendant plusieurs mois. Dés lors la dispari- tion de l’insecte s’expliquait sur ces vignobles en plaine, M. Louis Boutan eut l’idée d'examiner les vignobles placés sur les coteaux avoisinants et qui n'avaient pas été submer- gés. Les taches caractéristiques s’y montraient, et là, l’exa- men des racines constata en abondance l'existence du Phyl- loxéra. De nombreux échantillons de racines, couvertes . d'insectes destructeurs ont été recueillis et mis dans des 2 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. tubes de verre scellés. L'identité de l'espèce avec celle de l'Europe ne pourra être bien établie que dans des dessins très exacts et lorsque des spécimens originaux entre deux verres seront parvenus à la commission australienne. En effet, celle- ci, prise à l’improviste par cette découverte inattendue, n’avait pas les documents nécessaires; mais au retour de la mission française, un mémoire détaillé de M. Louis Boutan nous édifiera à cet égard. Encouragements à Ia sériciculture Le ministre de l’agriculture vient de créer des primes et des prix pour les départements de la Drôme, l'Ardèche et le Gard, qui seront distribués aux concours régionaux de la région. Ces récompenses sont ainsi réparties : 4" CATÉGORIE. — Magnaneries mettant à l'éclosion de 3 à 5 onces de graines. —1®%* prix, médaille d'or et 1,000 fr.; 2 prix, médaille d'argent grand module et 600 fr.; 3° prix, médaille d'argent et 400 fr.; 4 prix, médaille de bronze et 300 fr. 2° CATÉGORIE. — Magnaneries mettant à l'éclosion de À à 2 onces de graines. — 1°" prix, médaille d’or et 600 fr.; % prix, médaille d'argent grand module et 400 fr.; 3° prix, médaille d'argent et 300 fr.; 4° prix, médaille de bronze et 200 fr. Un objet d’art de la valeur de 500 fr. pourra être décerné aux lauréats des premiers prix. Sur divers insectes nuisibles à des plantes Crucifères comestibles PAR M, LE CAPITAINE DILLON Navet. — Le navet, Brassica asperifolia, H. Fr., est de la famille des crucifères; il a été cultivé de tout temps pour l'alimentation; c’est une des nombreuses variétés de choux dont les plus connues sont : les navets de Freneuse, des Sablons; des Vertus, ceux Boule-d'or et longs d'Alsace. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 3 Les navets sont d'une grande ressource pour l’économie domestique et surtout pour la nourriture des bestiaux. Comme le chou, le navet est un léger stimulant etun anti- scorbutique-doux. On le nomme vulgairement navau. Il est principalement attaqué par la mouche du navet (Anthomyia brassicæ Robineau Desvoidy.) Cetinsecteest de l’ordre des Diptères ; c’est par conséquent une mouche; elle a sept millimètres de longueur. L'abdomen est cendré et garni de poils noirs. Les ailes sont hyalines. La femelle de cette mouche, dans le mois de mai, après avoir été fécondée, pond ses œufs sur le collet des jeunes navets. L’éclosion ayant eu lieu, la petite larve pénètre dans la chair du navet, la ronge en descendant et en y établissant son habitation. Elle arrive à toute sa taille au mois de sep- tembre et octobre; alors elle se forme en pupe dans sa gale- rie, de laquelle elle sort insecte parfait au printemps suivant et s’accouple; puis pond, comme il est dit. — Cet insecte ronge également les radis et la tige des choux. Destruction. — Après la récolte des choux, il faut arracher les tiges et les brüler. Pour les navets atteints, il faut les nettoyer et les débarrasser de leurs larves. On ne connaît pas encore d’ennemis naturels à cet insecte. Autres ravageurs du navet. Le charançon du navet. Ronge la tige en avril. Le papillon blanc, veiné de vert. Ronge les feuilles en mai et août. Le vert gris ou vert court. Ronge la racine en juillet et et jusqu’en automne. Les altises ou puces des jardins. Larves et insectes ! dévo- rent les feuilles en mars et mois suivants. Dix espèces au moins attaquent les cruciféres. 4. Ce n’est qu’à l’état de chenilles ou de larves que les insectes com- munément sont nuisibles; lorsqu'il en sera autrement, mention en sera faite. — Nota. On dit chenille pour les Lépidoptères et larve pour les au- tres ordres. 4 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. Lettre relative à l’'OEstre du cheval PAR M. R. SILVESTRE Chamarande (Seine-et-Oise), le 7 octobre 1880. Monsieur le secrétaire de la Société centrale d’insectologie, Je lis aujourd’hui seulement le numéro de votre Bulletin de février 1880, et j'y trouve un article signé Damade (Théo- phile), instituteur à Montesson (Seine-et-Oise), dans lequel article l’auteur dit que l'Œstre de cheval pond ses œufs à la surface de la peau de l'animal, en écartant les poils sous les. quels il se cache, et il termine en disant que le pansage soi- gné est le seul préservatif et d'un effet constant pour la des- truction de cet insecte. Il y a trente ans que je connais l’œstre femelle du cheval, et toujours j'ai remarqué que cet insecte pond ses œufs à l’ex- trémité des poils du poitrail et des jambes de devant, et cela en volant, sans jamais se poser sur l'animal et toujours quand ilest dehors. L'insecte est facile à reconnaître à cause de son long abdo- men qu'il replie pour poser ses œufs; comme il en pond une grande quantité, etque cette opération dure longtemps, il est rare que la personne qui conduit le cheval ne l’aperçoive et ne cherche à le tuer. Les œufs sont toujours tres visibles et tres faciles à reconnaître; les paysans disent que ce sont des lentes, par allusion aux œufs de poux auxquels ils ressemblent, et ne s’en occupent pas davantage. La plus grande partie des chevaux de labour gardent d'une année à l’autre ces œufs qui persistent même après l’éclosion. Le moyen de détruire les larves qui sont dans l'estomac des chevaux est de faire avaler de l’aloès à ces animaux. Certainement que, pour toutes personnes qui connaissent les œufs d'œstre, il est très facile de les enlever au pansage ; mais comme la plus grande partie des palefreniers ou charre- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. Hi) tiers ne les connaissent pas, ils se contentent de laver les jambes du cheval, ce qui n'empêche pas l'insecte d'éclore. Le moyen le plus efficace serait de faire connaître l’insecte dans tous ses états ou d'expliquer aux charretiers que ce qu'ils prennent pour des lentes sont les œufs d’un insecte tres nui- sible à leurs chevaux. Je regrette, monsieur le secrétaire, d'avoir fait cette rec- tification aussi tard et vous prie d’agréer mes salutations sincères R. SILVESTRE, Membre de la société d'horticulture d'Etampes, Note sur la Vrillette de la farine (Anobium paniceum, Fab.) PAR M. KE, SAVARD Longueur, 3 mill.; largeur, 1 1/3 mill. Ce Coléoptère est d'un brun rougeàtre ou d'un fauve marron clair pubescent ; les antennes sont composées de onze articles, un peu plus clairs que le corps, dont les trois derniers sont allongés, sépa- rés, plus gros que les autres; la tête est rentrée sous le cor- selet, de la même couleur que le corps; les yeux sont noirs, le corselet est peu élevé, n'ayant pas de bosse bien formée à sa partie postérieure ; les élytres sont convexes en dessus, cylindriques, arrondies à l'extrémité, proportionnellement moins longues que chez les autres espèces du genre, à stries formées de points enfoncés, et recouvrent les ailes membra- neuses ; les pattes sont jaunâtres. Cette espèce se trouve dans les maisons et dans les collec- tions d'insectes. Sa larve recherche les substances amylacées, ce que fait aussi l’insecte parfait; on les rencontre dans la farine, le pain, les pains à cacheter, la colle de farine, les papiers, collés elle ravage les collections d'insectes; cette larve s'établit aussi dans le liège qui garnit le fond des boîtes. Son goût dominant pour la farine a fait donner à l’insecte le nom vulgaire de Vrillette de la farine. 6 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. On ne connaît pas de moyen bien assuré pour préserver les charpentes, les boiseries et les gros meubles neufs des dé- gats produits parles Vrillettes. On peut essayer de recouvrir les pièces de charpente en bois tendre d’une couche épaisse de peinture en goudron cachant le bois. Pour les boiseries, on les peint à l’huile à-deux ou trois couches bien appliquées; il est vraisemblable que les larves ne s'y introduiront pas. On peut encore empoisonner le bois. destinés aux charpentes, aux boiseries et aux meubles, en introduisant dans la sève des arbres que l’on veut abattre pour ces ouvrages les liquides préservateurs, comme des dissolutions salines de fer, de cuivre, de mercure, d’arsenic, etc., qui feront périr l'arbre et qui éloigneront les insectes du bois mis en œuvre. On pour- rait encore laisser tremper les pièces faconnées pour meubles dans ces dissolutions jusqu’à ce qu’elles en fussent saturées. Quant aux vieux meubles envahis, on doit les frotter d'une éponge imbibée d'essence de térébenthine, de manière à faire pénétrer la liqueur dans les trous occupés par les larves ou les insectes. On obtient par ce moyen un double avan- tage, celui de faire périr les animaux destructeurs et de donner du lustre aux meubles. Ce procédé est très avanta- geux pour les tables, les chaises, armoires, etc., construites en noyer ou en mérisier, polies ou vernies. Les parasites de l'Anobium paniceum sont l'Entedon longi- ventris et l'Eulophus pilicornis, de la tribu des Chalcidiens. (Hyménoptères térébrants entomophages.): Société centrale d’apiculture et dinsectologie SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1880. — PRÉSIDENCE DE M. DE GINESTOUS Le secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté, après une réclamation de M. Lesueur sur la proposition de propagande qu'il a faite et qui revient à la séance de ce jour, et une réclamation de M. de Ginestous sur l'établissement d’une station séricicole BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 1 dans l'extrême Orient. Relativement à cette dernière ques- tion, le secrétaire donne lecture de la lettre suivante qui a été adressée à M. le ministre de l’agriculture : « A la dernière séance de la Société centrale d’apicul- ture et d’insectologie, un membre a appelé l'attention de l’as- semblée sur l'importance de la création d’une station sérici- cole dans l'extrême Orient, et l’a entretenue desavantages que notre sériciculture retirerait de cet établissement, qui pour- rait nous procurer : « 1° Des mûriers ayantune puissance sétifère plus grande que les nôtres; | « 2 Des espèces de vers pouvant mieux résister aux affections morbides. « La Société centrale d’apiculture et d'insectologie donne d'autant plus son adhésion à cette fondation qu'étant occupée à établir une station séricicole dans son jardin d’ex- périmentation du pare de Montsouris, elle sera à même d'y essayer l'introduction de plantes et de vers indemnes de toute dégénérescence. « En conséquence, elle se joint aux sociétés agricoles qui ont pris l'initiative et charge son secrétaire général d’adres- ser au ministre de l’agriculture et du commerce le vœu que le gouvernement se préoccupe des voies et moyens de réali- ser cette importante création. « J'ai l'honneur d’être, etc. » Le secrétaire général donne lecture de la liste des lau- réats arrêtée par le jury de l’enseignement insectologique. (Voir plus loin cette liste.) M. Maurice Girard fait remarquer qu'un exposant méri- tant, M. Ernest Olivier, de Besancon, n’a été classé dans aucune section; il propose que la Société lui accorde un diplôme de mérite. Adopté. l M. Lesueur a la parole pour développer sa proposition de propagande. Il désirerait que la Société envoyàt aux institu- teurs primaires les statuts de la Société et une circulaire pour 8 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE. : leur demander leur concours. Il dit qu'on pourrait commencer par un ou deux départements, M. le secrétaire général pense que les adhésions recueillies ne couvriraient pas les frais. M. Maurice Girard propose qu'on use des journaux spéciaux que lisent les instituteurs, pour adresser un appel à ceux-ci. La majorité de l'assemblée se rallie à cette proposition. M. Lesueur fait, relativement à la comptabilité de la Société, une autre proposition qu'il retire après quelques observa- tions de plusieurs membres. M. Notelle demande que le Bulletin donne les conférences qui ont été faites sur le phylloxéra et qu’il rapporte les séances du Congrès, relativement au phylloxéra, cause ou effet; il s'établit, entre lui et M. Maurice Girard, une discussion qui est renvoyée à la séance prochaine. M. le secrétaire fait le dépouillement de la correspon- dance. — Sontofferts à la Société les ouvrages suivants : par M. Maurice Girard: Note sur des Insectes et sur un Mollusque; Compte rendu à la Société des agriculteurs de France de l'exposition des Insectes de 1880; Notice nécrologique sur le D' Boisduval; par M. Charles Bureau, d'Arras ; une éduca- tion de l’Æyperchiria Lo, en 1879 ; par M. J,-P. Mazaroz : plu- sieurs brochures sur le phylloxèra. — Remerciements. La séance est levée. L'un des secrétaires, DELINOTTE. Liste des lauréats de l'enseignement insectologique CONCOURS DE 1880 Instituteurs présentés par la Société au ministre de l'in- struction publique pour les palmes d’officier d'académie : MM. ; . Maillet, instituteur à Faverney (Haute-Saône). Marquis, instituteur à Chevillé (Sarthe). Dardenne, instituteur à Mouron (Ardennes). Lagier, instituteur à Beaume-de-Venise (Vaucluse). Nalot, instituteur à Châteaudun (Eure-et-Loir). BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLS. 9 Prime. — MM. Brion, de Villette (Calvados), prime de : 25 fr. et rappel de médaille; Grandfont, à Thaumiers (Cher), prime de 95 fr. et médaille de première classe; Vivet, à Villerable (Loir-et-Cher), prime de 925 fr. et médaille de première classe; Philippe, à Magneux (Haute-Marne); prime de 25 fr. et rappel de médaille de première classe ; Clerc, à Beaume-les-Dames (Doubs), prime de 95 fr. et rappel de médaille. Diplôme de mérite. — MM. Chalumeau, à Ciry-le-Noble (Saône-et-Loire); Jannel, à Montlandon (Haute-Marne); La- cuve, à Combrand (Deux-Sèvres). Médaille de première classe. — MM. Demimuid,à Saint-Urbain (Haute-Marne); Humbert, à Esboz (Haute-Saône) ; Baraillon, à Levainville (Eure-et-Loir) ; Singlas, à Chäâteaudun (Eure-et- Loir); Vaillant à Margny-les-Compiègne (Oise); Bachy, à Semeries (Nord). Rappel de médaille de premiére cuasse.— MM. Lavenne, à Cra- mans (Jura); Dallemagne, à Pautaines (Haute-Marne); Poir- son, à Belley (Aïn); Mavré, à Noiseau (Seine-et-Oise) ; Pla- menail, à Saint-Agnant (Charente-Inférieure); Delaruelle, à Dieudonné (Oise); Clercy, à Nougein (Corrèze). Méduille de deuxième classe. — MM. Morain, à Vitray en Beauce (Eure-et-Loir); Fortépaule, à Bray (Loiret); Durand, à Leurville (Haute-Marne); Marchand, à la Ferté-Chevresis (Aisne); Baudry, à Cours-de-Barres (Cher) ; Jollibois, à Silly, (Oise); Girardon, à Lagarde (Vaucluse); Girardin, à Lohay- ville (Meuse); Petitfour, à Orquevaux (Haute-Marne); Patte, à Elincourt (Oise) ; Renart, à Reynel (Haute-Marne). Rappel de médaille de deuxième classe. — MM. Roche, à Brinay (Cher): Le Riche, à Gezaincourt {Somme). Médaille de troisième classe. — Marchal, à Chambroncourt (Haute-Marne): Savre, à Pouques (Nievre); Bidal, à Traves (Haute-Saône) ; Abadie, à Horgues (Hautes-Pyrénées); Cazet, à Villeneuve (Côte-d'Or); Feuillet, à Orange (Vaucluse); Hyenne, à Montreuil (Marne); Ferry, à St-Quentin (Aisne). Mention honorable, — MM. Bagelet, à Collondres (Cantal); 10 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. ‘Prades, à Ferrussac (Haute-Loire); Tournadre, à Montaigut- le-Blanc (Puy-de-Dôme)'. = = — a ——— Insectes nuisibles PAR M. ED. VIANNE DERMESTES. — Les dermestes forment un genre de la famille des dermestides; très reconnaissables à leur corps oblong, leurs antennes de 10 articles, dont les 3 derniers forment massue, leurs hanches antérieures saillantes et leurs pattes non comprimées; à l'état de larves, ils sont remar- quables par les longues touffes de poils qui terminent leur abdomen. Le type du genre est le DERMESTE DU LARD (Dermestes l— a (ORNSENNN FC TE l n - 2 CS | LS É | NE : | 7), SYSRER || III IR W 5 | RER 5 WI MER à À HN = SI à ë & Si # j À EM ||| qi ä | At ' nu Fig. 1. — Dosègre du lard, grandeur naturelle et grossi. ardarius, Linn.) 1 a 7 mill. Noir, avec quelques poils cendrés sur le disque du corselet ; la moitié antérieure des élytres est fauve clair avec trois points noirâtres sur chacune. La larve de cet insecte est un véritable fléau; dans nos maisons elle attaque toutes les matières animales et si elle mange du lard 1. L'époque où les primes et les médailles seront remises sera indiquée incessamment. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE. d1 comme son nom l'indique, elle ne dédaigne pas les pelleteries, les peaux et les fourrures. Une autre espèce, le DERMESTE RENARD (Dermestes vulpinus), pour être répandue d’une manière moins générale, n’en est pas moins abondante. Il y a une trentaine d’années elle causa de si grands ravages dans les pelleteries emmagasinées dans les docks de Londres, qu’une récompense de 500,000 francs fut proposée pour un remède propre à sa destruction. Cette espèce a 7 mill. Noir, à poils roussâtres sur la tête; élytres terminées par une petite épine à la suture. ë Il existe encore plusieurs espèces de Dermestes, toutes sont également nuisibles et ont les mêmes mœurs. On les fait périr assez facilement au moyen d’une évapo- ration de benzine ou de sulfure de carbone ; seulement il faut renouveler l'opération à diverses reprises, car les vapeurs qui se dégagent de ces matières n’attaquent ni les nymphes ni les œufs. | PYRALE DE ROSER (Zortrix ou Cochylis Roserana, Frœlich).— Cette pyrale est une des plus petites du genre. Elle a de 10 à 12 millimètres d'envergure; ses ailes supérieures sont jaune ocreux pâle, traversées, vers le milieu, par une bande brune qui s’élargit vers le bord extérieur, ellés sont en outre légè- rement pointillées de roux : les ailes inférieures sont d'un gris plus ou moins foncé avec la frange blanchâtre. La chenille se montre dans le courant de mai, elle est jaune verdâtre, avec la tête brune et quelques petits poils épars sur le corps; elle s'attaque principalement aux grappes, qu'elle enveloppe d’une soie très fine au moment de la florai- son de la vigne; elle se nourrit de quelques grains à l’état rudimentaire, et le reste pourrit par suite de l'humidité qui reste retenue dans la grappe par la soie qui l’enserre. La métamorphose s’accomplit dans les grappes qui lui ont servi de nourriture. (M. de Roser a fait en 1829 une étude très sérieuse de cet insecte, qui commettait alors de grands dé- gâts dans le Wurtemberg.). | Les vignes de l’île de Reichenau, située dans le lac de Con- 12 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. stance, sont aussi fréquemment visitées par cette Pyrale. La Pyrale de Roser est commune dans les environs de Paris, elle parait dans le courant de juin eten juillet; nous l'avons sou- vent vue voler en grand nombre, le soir, et avons remarqué qu'elle semblait affectionner les framboisiers; son vol est court, au moindre mouvement des branches elle s'envole pour se reposer immédiatement à quelques mètres de distance. Une seconde génération de chenilles paraît en septembre, elles passent l'hiver à l’état de chrysalides ; c’est cette géné- ration qui paraît au printemps à l’état parfait. Cet insecte n’est pas très répandu en France; mais il n'en est pas de même en Italie et dans le sud de l'Allemagne, où il commet souvent des dégâts considérables. Comme la plupart des petits insectes, la chenille de cette petite Pyrale échappe aux moyens de destruction dont l'homme dispose. On ne peut que tuer le papillon lorsqu'on réussit à le prendre, et visiter scrupuleusement la vigne au moment de la floraison afin de découvrir les grappes attaquées, et enle- ver au moyen de petites pinces la chenille qui s’y trouve cachée. ZÆSTYNOME EDILE, Æ'stynomus Œdilis. — Le genre Æsty- nome, dont quelques auteurs ont fait le genre Œdilis, a été créé pour un Coléoptère de la famille des Longicornes, tribu des Lamiens, caractérisé par : la tête courte, perpendiculaire, sans col ; yeux réniformes, derniér article des pulpes fusi- formes, jambes antérieures ayant vers l'extrémité un sillon oblique. L'ŒÆdile se reconnaît à ses antennes grèles, nues, le premier article allongé presque aussi long que le troisième; corselet épineux de chaque côté; chez les mâles, les antennes ont quelquefois plus de deux fois la longueur du corps ; celui- ei a de 15 à 20 mill. Il est gris cendré, avec des nébulosités plus foncées, et quatre tubercules jaunes, placées en lignes transversales sur le corselet. Cet insecte est assez commun dans les contrées boisées en Pins; on le rencontre au mois de mai sur les stipes des Conifères; il se déplace un peu embar- rassé qu'il est dans son vol par ses longues antennes. Sa BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 13 larve est apode et commet beaucoup de dégâts dans les pinières. Ed. V. Le Dacus oleæ, mouche ennemie de l'olivier PAR M. VALÉRY MAYET La récolte de l'olivier eût été belle en 1880 sans les ravages d'un insecte qui l’a en grande partie compromise. Il est très rare que la muliplication de cette espèce attei- gne d’une façon sensible la récolte des olives en Languedoc, le fléau est plus spécialement provençal; mais cette année il n'en a pas été ainsi. De divers côtés des plaintes nous sont arrivées et les oliviers de l’école d'agriculture de Montpellier ayant été très attaqués, nous avons été bien placés pour étudier la cause du dommage. Le ravageur est une petite mouche grise, à pieds et à añ- dennes jaunes, longue de quatre à cinq millimètres, et qui a reçu des entomologistes le nom de Dacus oleæ, Il y a deux générations par an, l'une qui paraît en juillet et l’autre en septembre. L’œuf est déposé dans le fruit; la larve, qui ressemble à un petit asticot d'un blanc jaunâtre, ronge la pulpe et y pratique des galeries. La larve adulte quitte l’olive et, pour se tranformer en nymphe ou chrysa- lide, s'enfonce dans le sol, Si le fruit est entassé dans un cel- lier, elle se contente, pour passer à l'état de nymphe, d'un endroit obscur et un peu humide. C’est sous cette forme de nymphe que l'insecte passe l'hiver. Plusieurs auteurs se sont occupés des métamorphoses de cette mouche. Je citerai : en France, MM. Boyer de Fonsco- lombe, Mérul de Serres et Guérin-Menneville: en Italie, M. Passerini, de Florence. Quand l’olive est attaquée par une ou plusieurs larves, elle se dessèche souvent et tombe. La première génération de l'insecte ne détruit pas toujours le fruit. Celui-ci peut conti- nuer à grossir et mürir, quoique de mauvaise qualité; mais 14 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. il n’en est pas de même à la seconde génération : l’olive, presque mûre, tombe et se pourrit sur le sol. Il faut avoir grand soin de faire ramasser les olives tom- bées. Non seulement on peut les utiliser en les donnant aux volailles, aux dindes surtout; mais encore la larve du Däcus, qui n’est souvent pas sortie du fruit, est ainsi détruite. Il faut de plus, quand on s’aperçoit du mal, presser tout de suite après la cueillette. On tue ainsi les neuf dixièmes des larves qui, sans cela, quittent l’olive et vont assurer la con- tinuité du fléau pour l’année suivante. (Messager agricole.) - CONFÉRENCES SUR LES DÉGATS OCCASIONNÉS AUX CÉRÉALES PAR LES PARASITES VÉGÉTAUX ET ANIMAUX PAR M. ED. VIANNE (Suite. — Voir 1880.) Je crois avoir établi que les cultivateurs perdent : Par l'excès de la semence qu’ils doivent employer pour prévenir les dégâts occasionnés par les Acares, les Iules et autres insectes, un hectolitre par hectare : hect. 7.000.000 Par la carie, le charbon, la rouille et l’ergot, au moins'autant,! Soit: EU RENE VERRE" POMCTIDDOENNR Ceux occasionnés par les Limaces ne peuvent pas être estimés à moins d’un demi-hectolitre en moyenne par hectare, soit. . . . . . . . . . . . . 3.500.000 C’est donc de ces seuls faits une perte de 17,500,000 hec- tolitres de blés que la culture éprouve chaque année. Nous ne prétendons certes pas qu'il est en son pouvoir de faire disparaître complètement le mal, mais nous avons la con- viction qu'on peut l’atténuer notablement; pour cela, il fau- drait agir d'un commun accord et opérer sur de grandes sur- faces, il y va non seulement de l'intérêt général, mais encore de l'intérêt individuel des producteurs. Cette première série de pertes n’est pourtant pas la seule BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE, 15 que la culture subisse, il s’en faut de beaucoup même, qu’elle soit la plus importante; les insectes qui ravagent les récoltes commettent des dégâts bien autrement considérables; nous croyons donc utile d'appeler l'attention sur les principaux de ces déprédateurs. Nous les diviserons en plusieurs groupes. 1. Ceux qui mangent le blé en terre : En premiere ligne nous placerons l'IULE A POINTS ROUGES et l’ACARE DES BLÉS. Ces deux insectes ‘ pullulent dans cer- taines contrées et y occasionnent des dégâts tels que les cultivateurs se voient obligés de doubler leurs semences pour obtenir une quantité suffisante de plants. Jusqu’en ces der- niers temps on constatait bien ces dégâts, mais on ne savait a quoi les attribuer. M. Bidard, le savant professeur de chimie, à Rouen, a, le premier à notre connaissance, appelé l'attention sur ces deux dévorants qui attaquent le blé au moment de la germination; ils rongent le cotylédon, et alors c’est une plante perdue. Ilest de fait que, si l'on pouvait dé- truire ou tout au moins diminuer le nombre formidable de ces dévastateurs, les cultivateurs pourraient employer moins de semence tout en obtenant des résultats plus certains. L’al- ternance des cultures de céréales et le sulfatage des semences sont jusqu'à présent les seuls moyens de destruction que nous ayons à notre disposition contre ces ennemis. Le ZABRE Bossu est un Coléoptère de la famille des Cara- biques, c’est le seul genre de cette famille qui soit nuisible; touslesautressont carnivores et, par conséquent, éminemment utiles, puisqu'ils nous viennent en aide pour la destruction des autres insectes, ce qui prouve qu’il y a des mauvais sujets dans toutes les familles, même chez les insectes. Le Zabre bossu ou Carabe bossu, ainsi nommé on ne sait trop pourquoi car il n’est pas plus difforme que les autres Carabes, a de 12 à 15 mill. de longueur, ses élytres sont noir brun, brillantes, striées ponctuées; le labre, les antennes et les pattes sont roussàtres. Cet insecte est commun partout; sa . 1. Le mot insectes est pris ici dans le sens général de Livné. (La Réd:) 16 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. larve est nocturne, elle creuse des galeries de 040 à 060 de profondeur au fond desquelles elle se tient pendant le jour; le soir, elle remonte à la surface du sol et attaque les plantes au collet de la racine, chaque pied attaqué est une plante perdue. La larve se transforme en nymphe au mois de juillet et bientôt apparaît à l’état d'insecte parfait. Sous cette dernière forme on l’a accusé d'attaquer le blé dans les épis, mais cela n’est pas prouvé, il est plutôt probable que, revenant aux bonnes habitudes de sa famille, il fait la chasse aux nombreux petits insectes qui se cachent entre les glumelles des épillets. Le tuer lorsqu'on le rencontre est le seul moyen de des- truction dont on dispose, TaupiNs. — Les Taupins, auxquels on donne vulgairèement le nom de Maréchaux en raison de la faculté qu'ils possèdent de sauter pour retomber sur leurs pattes en faisant entendre un petit son sec, sont, à l’état parfait, complètementanodins, Mais il n’en est pas de même de leurs larves auxquelles on a donné le nom de Cordes à boyaux ou Vers fil de fer des Anglais, Elles sont d’un blanc jaunâtre plus ou moins roussâtre! la tête est brune, aplatie, terminée par deux mâchoires et deux petites antennes, elles ont six pattes écailleuses brunes et sont for: mées par douze segments, le dernier recouvert par une petite plaque cornée, et terminée par un appendice faisant fonction de patte anale. Ces larves passent l'hiver en terre; au prin- temps elles reviennent à la surface et s'empressent de r'eg'a- gner le temps perdu en dévorant les jeunes plantes. Les blés sont principalement atttaqués par le 7! Crachewr, il à de 7 à 8 mill. Brun noir assez luisant recouvert d'une pubescence courte; la tête et le corselet sont noirs ; les élytres sont ellipti- ques convexes, de la largeur du corselet, et portent chacune 9 stries ponctuées — pattes et antennes ferrugineuses. (A suivre.) Le Gérant : H. HAMET. on ScEaux. — imprimerie Charaire ét fils, N° 2. SIXIÈME ANNÉE. Février 1881 EEPEL'ESLTN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE: Trichine et Trichinose. — Dacus ole2. Mouche keïroun. — Note sur les insectes nuisibles aux Crucifères, par M. J. Nicoras. — Larve de longicorne attaquant les charpentes de chêne, par M. Maurice Girarp. — Société centrale d’apiculture et d'insectologie : séance de janvier 1881. — La Mouche bleue de la viande, par M. Savarp. — Confé- rences sur les insectes nüisibles aux céréales, par M. E. VIANNE. Ærichine et Trichinose En présence de l'émotion produite dans le public par la question de la trichine et de la récente prohibition des viandes salées de porc provenant d'Amérique, la Rédaction du Bulle- Fig. 2et 3. — Trichines très grossies dans des kystes. Fig. 4, — Muscles avec kystes grossis. tin d'Insectologie agricole a pensé qu'il était utile de donner à nos lecteurs quelques explications sur ce sujet d'actualité. La trichine ! appartient aux helminthes parasites de la classe des vers, c'est-à-dire à un type dégradé des annelés ou 1. D'un mot grec qui veut dire poil, à cause de la forme très mince el très grêle du ver. — Les figures sont tirées de la Zoologie de P. Ger- vais, librairie Hachette. 18 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE. insectes, dans le sens de Linné. L'espèce, décrite entomolog1- quement par M. Richard Owen, a reçu le nom de china spiralis owen, d’après la forme spiralée que prend le petit ver enroulé sur lui-même dans les kystes où il séjourne à l’état de larve dormante dans la chair des animaux trichinés. Quand la viande infectée est introduite dans l'intestin d'un animal vivant, les kystes sont dissous, les trichines larvaires et sans sexe sont mises en liberté dans l'intestin grêle, et, dès lors, apparaissent des désordres variés, à caractère souvent typhoï- que constituant la trichinose, affection étudiée avec soin en Allemagne par M. Virchow. Jusqu'a présent, la trichinose a été constatée chez l’homme, le porc, le lapin, le rat, la souris, le cochon d'Inde, le chat, le chien, le cheval, le bœuf et le mouton. Elle ne parait pas pouvoir se développer chez les oi- seaux, qui semblent manger impunément des viandes tri- chinées. Les larves, devenues libres dans l'intestin, grandissent rapidement et deviennent sexuées, avec prédominance du sexe femelle. Les trichines adultes s’accouplent dansl'intestin grêle ; les femelles, ovo-vivipares, produisent un très grand nombre d'embryons filiformes d'une extrême petitesse. Ces derniers pénètrent dans les glandules intestinales, puis se glissent entre les interstices du tissu conjonctif et des fibres lamineuses, cheminant de proche en proche, jusqu’à ce qu'ils trouvent des fibrilles musculaires où ils puissent s'en- kyster et prendre l'état larvaire. Les trichines larvaires ont 0,05 à 0,08 millimètres de longueur, les kystes sont longs de 0,55 millimètres sur 0,25 de large; les mâles adultes ont une longueur de 1,5 millimètre, les femelles, de 2,5 à 3 mil- limètres. Les embryons, véritablement microscopiques, ont seulement 8 à 10 millièmes de millimètre de longueur, l’ex- trémité antérieure ou tête n'offrant que 2 à 3 millièmes de millimètres. La mise en liberte, dans l'intestin, de la larve enkystée de la trichine dure quelques heures, l’état adulte est atteint en deux ou trois jours. La ponte alieu du quatrième au cinquième jour ettire à sa fin le septième jour; dès ce BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 19 moment, les embryons minuscules ont pris le chemin des masses musculaires, et ils y ont pénétré dès la fin de la pre- mière semaine. On comprend que ces migrations, qui se font par milliards de sujets, altèrent gravement lasanté del'animal dansles tissus duquel elles s'effectuent. Dans un millimètre de viande infec- tée, il y a aa moins dix petits kystes dans chacun desquels se trouvent une ou plusieurs trichines. Une cotelette de porc peut en contenir 100,000 en moyenne. Lorsque celles-ci arri- vent dans l'intestin, avant de se rendre dans les muscles, chaque couple de trichines peut y pondre jusqu’à 42 millions de ces animalcules, ce qui, à 100,000 trichines par cotelette, montre l'énorme quantité introduite dans l'organisme. La trichinose s’est présentée plusieurs fois en France, mais a été d'ordinaire confondue avec des fièvres typhoïdes ou muqueu- ses. Une observation bien authentique a été faite, en mars 1878, à Crépy-en-Valois (Oise), par M. le docteur A. Jolivet, et le caractère de la trichinose a été mis en évidence par un de nos plus savants médecins, le docteur A. Laboulbène, qui a exposé tous les détails de ce fait important, dans la séance du 15 février 1881 de l’Académie de médecine. Un pore, élevé ettué chez un boulanger de la petite ville, fut distribué à un grand nombre de personnes qui mangèrent de sa chair. Un échantillon de celle-ci, envoyé plus tard à Paris, fut reconnu plein de trichines par le docteur Laboulbène. Sur 21 personnes qui firent usage de la viande du porc tri- chiné, il y eut 17 malades à divers degrés de la trichinose, dont un cas de mort sur une jeune fille de quatorze ans, pâle et de faible constitution; quatre personnes, qui avaient fait subir à la viande du porc une longue cuisson, n’éprouvèrent aucun mal. Dansles premiers jours, les malades ont eu une violente diarrhée, correspondant à l'irritation intestinale produite par les trichines mises en liberté; puis vint un gon- flement de la face et surtout des paupières, dû àala pénétration des trichines dans les muscles faciaux, où elles provoquent un épanchement séro-albumineux, tant intra-musculaire que 20 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. périphérique. En outre, les malades eurent de très vives dou- leurs dans tous les muscles, à la façon d'un rhumatisme aigu, et ceci est caractéristique de la trichinose et dû au passage des larves; en outre, fièvre violente, langue chargée et blanche, soif ardente, et chez quelques-uns, albuminurie ou présence de l’albumine dans l'urine. Chez la jeune fille, qui suc- comba, survint une broncho-pneumonie double (fluxion de poi- trine des deux poumons), complication redoutable de la trichi- nose, signalée dans plusieurs épidémies d'Allemagne. La fin de la maladie fut indiquée par un gonflement du bas des jambes, une fausse obésité avec essoufflement; cela correspond à la période de réparation de l'organisme fatigué, au bout d’un moisenviron, réparation qui s'effectue après l’enkystement des trichines dans les masses musculaires. Le porc d'où prove- naient ces accidents avait été nourri dans un réduit fréquenté par de nombreux rats et avait dû manger un ou plusieurs de ces animaux, qui sont infestés de trichines dans une propor- tion considérable. Il est probable que bien des cas de trichi- nose se seraient produits pendant le siège de Paris, sans la parfaite cuisson de ces pâtés et de ces hàchis suspects, d’ap- pellations diverses, où entrèrent souvent des viandes de rats. Il est nécessaire de faire subir aux viandes salées d'Amé- rique un examen microscopique pour reconnaitre les kystes à trichines, et, mieux encore, comme l’a proposé M.J. Chatin à l'Académie des sciences (séance du 28 février 1881) d'en faire manger aux cochons d'Inde et d'examiner s'ils ont pris la trichinose. Au reste, il ne faut pas exagérer le danger: une cuisson parfaite des viandes pendant plusieurs heures, de sorte que l'intérieur atteigne 75° centig., tue complètement les trichines dans les kystes, et, comme en France on a l'habi- tude de manger les viandes bien cuites, cette précaution suf- fit pour empêcher la trichinose. (La Rédaction). Erratum de janvier 1881. Page 1, lire Phylloxéra ; page 13, lire Marcel et Guérin-Méneville. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE. 21 Dacus oleæ, — Mouche keïroun Dans la séance du 12 janvier 1881 de la Société entomolo- gique de France, M. Hippolyte Lucas a donné d’intéressants détails sur les dégâts commis en Provence, en 1880, par la larve du dacus oleæ (diptères brachycères), dégâts qui ont été particulièrement considérables sur les olives destinées à être détritées par les moulins à huile de M. Émilien Jourdan, si- tués à la ferme de Fongrave, près Salon (Bouches-du-Rhone). Il est difficile de détruire ce diptère et cela est même impos- sible. Le meilleur moyen d’atténuer le mal causé par cet insecte est de faire hâtivement la récolte des olives et de détriter le plus tôt possible. En agissant ainsi, comme l’a fait observer, il y a déjà longtemps, Guérin-Méneville, qui avait étudié tout particulièrement cette intéressante question, on peut encore obtenir une certaine quantité d'huile, tandis que, en attendant la cueillette ordinaire des olives, on laisse aux larves du dacus oleæle temps dese développer et de ronger tout à leur aise le parenchyme du fruit, ce qui enlève le peu d'huile qu’on aurait pu obtenir, si on avait attendu moins longtemps pour détriter. On a signalé deux ennemis pour le dacus oleæ. Le premier est une fourmi noire à tête rouge, probablement le myrmica scutellaris, Olivier, qui recherche les cicatrices faites aux olives dans lesquelles le dacus a déposé ses œufs, afin de s'emparer de ceux-ci. L'autre est un chalcidien (hyménoptères térébrants à abdomen pédiculé), l’'eumolpus urozonus, Dalman, qui dépose, au moyen de sa longue tarière de ponte, un œuf dans la larve du dacus. Il sort de cet œuf une larve qui vit des tissus de la mouche de l’olive et arrête ainsi sa propagation funeste. En Provence, la mouche de l’olive est appelée mouche keiroun ou seulement le feéroun. M.Bertrand, propriétaire à Chateau- neuf, près Grasse, a, l’année dernière, proposé à la Société d'agriculture des Alpes-Maritimes un liquide peu dispendieux pour détruire cette mouche. La Société a expérimenté ce 22 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. remède ! qui a donné de bons résultats, mais elle pense que, pour arriver à l'extinction du mal, il faut appliquer le procédé Bertrand d'une manière générale. La Rédaction. Note sur les insectes nuisibles aux Crucifères PAR M. J. NICOLAS Secrétaire de l'Association horticole lyonnaise Le n° 4 (6m année) du Zulletin d’insectologie agricole con- tient une note de M. le capitaine Dillon, sur divers insectes nuisibles à des plantes crucifères comestibles. M. Dillon, dans la partie « autres ravageurs » de cette note, omet de signaler plusieurs insectes appartenant à l’ordre des coléoptéres et qui exercent des ravages sérieux sur ces plantes à la fois co- mestibles ‘et industrielles : on me permettra de signaler les Meligethes, de la famille des Nitidulides, qui sont aussi fu- nestes à ces plantes que les puces de terre ou alfises. Deux espèces, trouvées habituellement dans les fleurs, méritent d'être signalées: ce sont : Weligethes æneus, (Fabr.) et M. viridescens, (Fabr.) Ces deux insectes sont très petits, 2 à 3 millimètres de long, leur corps est oblong, presque carré, légèrement con- vexe, tête en forme de museau très court, les antennes sont courtes, terminées par une massue presque arrondie; à l'état de repos, elles sont logées sous les flancs du corselet. Les ély- tres sont tronquées à leur extrémité et laissent à découvert le bout de l’abdomen. Le Meligethes œneus, est ordinairement d’un vert bronzé ou bleuâtre, pattes d'un brun foncé, corselet à peine rétréei en avant, jambes antérieures à dents égales, longueur 2 à 3 millimètres et demi. Le 1. viridescens est un peu plus gros que le précédent, d'une couleur plus bleuâtre, avec des pattes rousses, et ayant 3 millimètres de long. 4, Voir Bulletin 81 de la Société centrale d'agriculture, d’horticulture et d'acclimatation de Nice et des Alpes-Maritimes (Nice 1880). BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE, 23 La larve de ces deux insectes vit aux dépens des organes floraux du colza, du chou, du navet, et non seulement la larve, mais aussi l’insecte parfait ; en chassant les insectes au para- pluie, après avoir secoué les tiges de ces cruciféres, j'ai trou- vé de ces insectes, qui avaient les palpes, les antennes et même tout le corps recouvert de pollen, et ils sont tellement abondants que le parapluie en était noir; donc larve et in- secte sont nuisibles. Suivant toute probabilité, ils doivent se nourrir de subs- tances polliniques, et empêchent ainsi la fécondation de l’o- vaire, et, lorsque les années ne sont pas fertiles en graines, les cultivateurs mettent aisément sur le compte du brouillard cette stérilité. D'après feu Ed. Perris, qui a décrit la larve de ces deux insectes (1), la femelle déposerait ses œufs sur les boutons à fleurs, la larve s'y introduirait aussitôt après son éclosion, se logerait dans la silique dont elle détruit les graines (2) et, arri- vée à son complet développement, se laisserait tomber à terre et s’y enfoncerait pour se transformer en nymphe. Quant à la destruction, comme ces insectes sont très agi- les, il est assez difficile de pouvoir proposer un système; seu- lement, le matin, avant que les rayons du soleil leur aient donné de la vigueur, je crois qu’en secouant les tiges des plantes, sur un parapluie ou sur une nappe, et ayant près de soi un réchaud sur lequel on verserait les insectes qui se- raient tombés dans la nappe, pour les brüler, on pourrait se débarrasser par ce moyen, si ce n'est de tous, tout au moins d’une bonne partie, et on détruirait en même temps des cha- rançons, altises et autres insectes causant des dégâts sur ces plantes économiques; je ne connais pas d'insectes vivant en parasites, soit sur les larves, soit sur l’insecte parfait de ces Nitiduliens. M. Dillon ne signale qu'un charançon, ce ne peut être que le Ceutorhynchus napi Schænherr. J'ai trouvé sur ces plantes 1. Annales de la Société linnéenne de Lyon, 1876. 2. Revue horticole, 1875, 24 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE, et en assez grande quantité les C’. assümilis Sch. et C. sulcicol- lis Sch. Dans notre région lyonnaise, le Barèdius Chlorizans fait, certaines années, de très grands ravages dans les cultu- res de ces utiles crucifères. Restent à signaler plusieurs autres insectes appartenant à des ordres différents, dans celui des Diptères, famille des Né- mocères, tribu des Gallitipulaires, la Cécydomyie du chou, Cecydomyia brassicæ, (Wtz.,) petite mouche d’un millimètre et demi, noire, assez commune, etqui, lorsqu'elle est abondante, fait des dégâts considérables; les larves, au nombre de deux à douze et plus, dans la même silique, sucent les graines, les font avorter, en même temps que lasilique se plie en deux ou se courbe, blanchit, s'ouvre dans le sens de la longueur. Dans les hémiptères, la pentatome ou punaise du chou, Pentatoma oleracea L., qui, à l’état soit de larve, soit d’insecte parfait, attaque les feuilles, les crible de trous avec son bec ou suçoir, pour en sucer la sève; ces piqûres, à force de se multiplier, font que les feuilles se desséchent, deviennent ru- gueuses; la plante devient languissante et meurt. Dans le même ordre, mais dans les hémiptères aphidiens, il faut citer le puceron de la rave, Aphisrapæ (Curtis), ilressemble beaucoup à celui du chou, Aphis brassicæ L.. que l’on trouve sur les mêmes plantes où il exerce d'aussi grands dégats. Il est considéré par Boisduval comme une variété de celui du chou. L'un et l’autre se tiennent sous la face inférieure des feuilles, ainsi que sur les boutons à fleurs, eten empêchent le développement. Dans les lépidoptères, la Piéride de la rave, Péeris rapæ L, connue sous le nom de petit papillon blanc du chou, demême gros- seur et envergure que celui cité par M. Dillon, papélion blanc veiné de vert, Pieris napi L; ses ailes sont blanches, tachées de noir, les œufs sont d’un blanc jaunâtre, de forme légèrement pyramidale, cannelés, déposés un à un sous les feuilles. La chenille, de 0, 025 mil. de long, est grosse comme une plume de corbeau, d’un vert gai, est couverte de très petits poils courts, et, comme sa congénère, elle ravage les feuilles. Il est certain que ces plantes doivent avoir d'autres para- BULL£ATIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 25 sites, appartenant aux insectes, car, plus une plante est culti- vée, plus aussi les insectes trouvent de la facilité pour leur développement et pour se rendre nuisibles à nos récoltes. J. NIcoLAS, Secrétaire de l'Association horticole lyonnaise. Larve de Longicorne attaquant les charpentes . de chêne M. Maurice Girard a communiqué l'observation suivante à la Société entomologique de France. «Il y a déjà longtemps, M. le docteur Laboulbène a porté à la connaissance de la Société le fait d’une larve de longicorne rencontrée dans le bois d’une chaise et qui lui a donné l'kes- pepophanes cinereus (Villers, Linn,)kolosericeus Rossi, nebulosus. Oliv.). L'année dernière, j'ai fait connaître les grands ravages causés par les larves de cette es- pèce, dont les adultes ont eté obtenus, et qui com- promettaient gravement les charpentes de chêne d’une maison de campa- gne, à Agonac (Dordo- gne).Je viens de recevoir un échantillon de boise- ries de sapin, provenant de l’école normale pri- maire de Châteauroux (Indre). Le bois est res- pecté à la surface, ce qui fait qu'on ne s’aperce- Fig. ÿ, Æstynome édile, vait nullement des dégats; mais l’intérieur est réduit en minces lamelles friables et en poussière. On a trouvé, dans 26 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. ces boiseries, des larves de divers âges, tout à fait pareilles à celles de l’hesperophanes d’Agonac. Le directeur de l’école a conservé plusieurs autres morceaux de ces bois, afin d’obte- nir des adultes. Il est certain qu'on doit, dès à présent, comp- ter ce longicorne parmi les destructeurs des bois secs etouvrés d’essences diverses. » — Nousavons donné, page 12, ladescription d’un longicorne qui à fait beaucoup de ravages l’année dernière dans la Solo- gne, l'Æstynome édile que nous figurons ici. Le spécimen qui a servi au dessin de cette figure, de grandeur naturelle quant à l'insecte, a été récolté sur le châle d’une provinciale qui visitait l'Exposition des insectes de l’année dernière à l'Oran- gerie des Tuileries et qui, probablement l'avait ainsi apporté FO . à son insu à Paris. {Voir fig. 5, ci-contre.) Société centrale d’apiculture et d’insectologie SÉANCE DU 22 JANVIER 1881. — PRÉSIDENCE DE M. SIGAUT L'assemblée adopte le procès-verbal de la dernière séance et décide que, vu le petit nombre de membres présents que le mauvais temps a retenus, on se bornera à énumérer les pièces qui devaient être dépouillées. Elles se composent; 4° d’un rap- port manuscrit, sur l'abeille chypriote, que le consul de France à Chypre adresse au ministre de l’agriculture ; 2° d’une note de M. Faille, à Reynel (Haute-Marne), sur la préférence particulière des abeilles italiennes pour certaines fleurs ; 3° d’une demande de MM. Goby, de Grasse, pour que la Société cherche les moyens d'empêcher la falsification de la cire; 4 d'une communication du secrétaire général sur une alloca- tion de 500 fr. votée par le conseil municipal de Paris pour le cours d'apiculture du jardin du Luxembourg. L'assemblée nomme une commission de trois membres pour la vérification des comptes : elle se compose de MM. Lesueur Malessard et Vienney. Le renouvellement du bureau est ren- voyé à la réunion de février et la séance est levée. Le secrétaire : DELINOTTS. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE, 27 La Mouche bleue de la viande (Calliphora vomitorix, R. D,) PAR M. E, SAVARD Personne n'ignore qu'on a beaucoup de peine à conserver, pendant quelques jours, la viande fraiche, en été, etqu'iln'est pas facile d'empêcher qu’elle ne soit envahie et gâtée par les vers. Dès que les vers y sont, elle devient molle, gluante dans les parties attaquées, elle se corrompt et se pourrit en peu de temps. Ces vers proviennent d'œufs pondus par une grosse mouche (1) que l’on voit voler et bourdonner dans les appar- tements et les cuisines, que l'on aperçoit surtout autour des gardes-manger où l’on conserve la viande fraiche, cherchant à y pénétrer pour y pondre ses œufs. Elle les dépose par tas plus ou moins nombreux sur la chair fraîche de toute espèce qu'elle rencontre. Ces œufs sont blancs, lisses, allongés, ar- qués, et portent une petite languette à bord cannelé le long du bord concave. On les appelle vulgairement chiures de mou- che, Ils éclosent au bout de vingt-quatre heures, et il en sort des vers ou larves qui s’enfoncent aussitôt dans la viande pour y prendre leur nourriture, À mesure qu'ils mangent, ils rendent par l’anus un liquide qui l’amollit et la corrompt promptement ; c'est dans cet état qu’elle leur convient, et ils périraient sur la chair vivante ou sur de la viande sèche. Ils mangent avidement et prennent tout leur accroissement en quatre, cinq ou six jours, selon la température. Il y a des moments où ils rendent par la bouche une matière gluante. Les larves, ayant pris tout leur accroissement, quittent la viande sur laquelle elles ont vécu et s’enfoncent dans la terre pour se changer en pupes, ce qui a lieu au bout de deux ou trois jours, et même moins. Cette pupe est cylindrique, ar- rondie aux deux bouts, de couleur rougeûtre; on voit, à cha- que extrémité, deux petits tubercules saillants qui représen- tent les stigmates. L'insecte reste dans cet état pendant . 1. Tous les insectes qui, sous leur dernier état, n'ont que deux ailes membraneuses et qui sont privés de mandibules portent lenom de diptères. 28 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. quinze à vingtjours en été, mais les pupes qui se sont formées en automne n’éclosent qu’au printemps suivant. Cette mou- che se montre pendant toute la belle saison ; elle est très fé- conde et a plusieurs générations dans l’année, au moins une par mois pendant les chaleurs. Elle cherche à s’introduire dans les appartements et gâte les meubles, les glaces, les ri- deaux, les papiers de tenture, par les excréments demi liquides qui s'échappent en gouttelettes de son corps. On préserve la viande de boucherie et autre du contact de ces mouches, en tenant les provisions soigneusement renfer- mées dans un garde-manger en toile métallique. On doit vi- siter la viande avec le plus grand soin avant de la renfermer et n’y laisser ni œufs, ni larves. Si une de ces mouches entre dans la salle à manger ou dans l'office, il faut la prendre et la tuer. On ditqu'elles ne pondent pas sur la viande exposée au grand air ni sur la viande sèche. Ce diptère est classé dans la famille des Athéricères, dans la tribu des Muscides, la sous-tribu des Musciens, et dans le genre Calliphora, de Robincau-Desvoidy. Son nom entomo- logique est Calliphora vomitoria et son nom vulgaire mouche bleue de la viande. Calliphorà vomitoria, (Linn.) — Longueur 7 à 14 mill. Les antennes sont noires et descendent à peu près jusqu’à l’épis- tome; le troisième article est quadruple du deuxième, fauve à la base, surmonté d'une soie plumeuse des deux côtés, les palpes sont ferrugineux; la face est d’un fauve ferrugineux, excepté sous les antennes, où elle est noire; les côtés du front sont d'un brun doré et la bande frontale est noire; les yeux sont d’un brun rougeâtre; le corselet est d’un bleu noi- râtre rayé de cendré; l'abdomen est ovoïde, court, de la lon- gueur et de la largeur du corselet, d'un bleu brillant à reflets blanchâtres; le troisième segment est bordé de soies noires ainsi que le dernier; les pattes sont noires, ciliées; les ailes sont hialines à nervures noires; la première cellule posté- rieure atteint le bord avant le sommet de l'aile; les cuillerons sont noirs, bordés de blanc. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 29. On n’a pas encore signalé les parasites des larves de la Calliphora vomitoria. On est porté à croire que les Hymé- noptères pupivores, du genre Æigites se développent dans le corps de ces larves et des larves des genres voisins. E. Savarp. CONFÉRENCES SUR LES DÉGATS OCCASIONNÉS AUX CÉRÉALES PAR LES PARASITES VÉGÉTAUX ET ANIMAUX PAR M. ED. VIANNE (Suite. — Voir p. 14.) T, Obscur — un peu plus grand, 8 à 9 mill., forme ellip- tique pointue, tête et corselet noirs, élytres d’un brun plus ou moins roussätre — antennes et pattes d’un brun roux. Taupin Rayé, un des plus malfaisants, brun virant au roux, oblong elliptique, long de 8 à 10 mill., élytres marquées al- ternativement de lignes claires et de lignes foncées. Cette espèce est excessivement commune, ses larves s’accommodent de toutes les plantes, même des ligneuses. — Elle atteint 2 cent. de longueur, sa forme est sub-cylindrique, mince, d'un jaune uniforme, plus rarement brunâtre, la tête est un peu carrée et présente en dessus deux sillons longitudinaux ; les antennes sont triarticulées, très courtes ; ses ravages sont quelquefois considérables dans les blés. Malheureusement on ne possède aucun moyen de destruction; ajoutons qu’il vole bien et se déplace facilement. Il ÿ a encore plusieurs autres espèces de taupins que nous croyons inutile de signaler; elles ont toutes les mêmes mœurs, HANNETON (Melolontha vulgaris), — Type de la tribu des Mélolonthides. Il apparaît de fin avril à fin mai, vit une dou- zaine de jours, se tient, pendant le jour, attaché à la partie in- férieure des feuilles qu'il ronge. Le soir, les sexes se recher- chent; après l’accouplement, le mäle meurt, et la femelle se met en devoir de chercher un endroit convenable pour faire 30 BULLETIN D'INSECTOULOGIE AGRICOLE. sa ponte. Elle s'enfonce à une dizaine de centimètres de pro- fondeur ; au fond de ce trou elle pond une trentaine d'œufs d'un blanc jaunâtre, de la grosseur d’un grain de millet. Quelques semaines après la ponte, il sort de chaque œufun petit ver ou larve d’un blanc grisâtre, recourbé en arc, mou, gras, à tête cornée et à pattes faibles. La première année la famille reste réunie et commet peu de dégâts ; à l'approche de l’hiver elle s’enfonce plus profondément en terre pour se mettre à l'abri du froid. Au printemps, pressée par la faim, Fig. 6. Chrysalide. Fig. 7. Larve. elle revient vers la surface en ayant soin de ne pas se montrer à découvert, puis elle se disperse. Les dégâts commis par les Hannetons sont énormes; on n’exagère pas en les estimant en moyenne à 100 millions de francs par an, puisque, dans le seul département de la Seine: Inférieure, on compte le dommage à vingt-cinq millions dans les années de hannetons ; il est tel rosiériste, dans les environs de Paris, qui estime à 6,000 fr. par an les pertes que lui font éprouver les vers blancs, qui sont, comme on sait, des larves de Hannetons, (/g.7.) Les Hannetons ne sé montrent en abondance que tous les trois ans, cela s'explique par la durée de leur développement, C’est en juillet de la 3° année que les vers blancs, alors gras et dodus s’apprètent à subir leur transformation; ils s’en- foncent alors profondément en terre et y construisent une coque ovoïde dans laquelle ils s’enferment pour se trans- former. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 31 Connaissant les mœurs des Hannetons, il semblerait que l'on puisse facilement parvenir à les détruire, d'autant plus qu'ils sont très visibles et que leurs mouvements sont lents; il n’en est rien, pourtant, et, malgré les offres de primes, le moyen radical de destruction est encore à trouver. Le plus grand obstacle provient de ce que les Hannetons naissent successivement pendant près de six semaines et que, pour être réellement utile, il faudrait que le Hannetonnage se \\ (il | [us S (y (ANT IN, 4 | ; a A Vu Fig. 8, — Hannetons, poursuivit énergiquement et avéc ensemble pendant tout ce laps de temps; puis il faudrait que cette chasse se fit de grand 32 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. matin, alors que l'insecte est encore engourdi, et surtout avant l’accouplement, car, après, le malest fait, etautant vaut laisser mourir l’insecte naturellement. Si on ne peut pas détruire les Hannetons, parce que leur chasse ne se fait pas avec ensemble, chaque propriétaire de jardin peut au moins préserver sa propriété. Pour cela il faut faire la part du feu, sauf à y revenir après la ponte. On sait que le Hanneton cherche pour pondre les terres meubles et qu'il évite les mauvaises odeurs; ces deux points acquis, il faut, dans chaque jardin que l’on veut préserver des vers blancs, préparer une plate-bande en terre saine, pour attirer les femelles, puis sur tout le reste du terrain, semer de la naphtaline, dont la forte odeur est répulsive pour ces insectes. Après l'époque de la ponte on bêche la plante-bande réservée et on détruit la plupart des œufs, un second labour fait après l'éclosion détruit les petites larves qui ont échappé à la pre- mière façon. Les volailles aiment beaucoup les vers blancs; profitant de cette connaissance, un cultivateur de Seine-et-Marne, M. Giot, a eu, il y a déjà quelques années, l’idée de conduire ses poules aux champs, et de les parquer sur les terres que la charrue ouvrait : pour cela il disposa l'intérieur d’un vieil omnibus en forme de poulailler et y installa deux à trois cents jeunes vo- lailles; celles-ci comprirent bientôt ce que l’on exigeait d'elles et firent un énorme carnage de vers blanes. On rit beaucoup de cette idée, on plaisanta même pas mal de ce qu'on appela une lubie. Mais, l’année suivante, on remarqua que M. Giot avait des récoltes, tandis que tout était dévoré chez les rieurs : aussi eut-il bientôt des imitateurs. Or ce qui se fait en grand dans les champs, peut se faire en petit dans les jardins et les potagers ; la seule précaution à prendre, c'est de mettre de l’eau à la disposition des volailles, car cette nourriture les altère beaucoup. (A suivre.) En. VIANNE. Le Gérant : H. HAMET. Sceaux. — Imprimerie Charaire et fils. N° 3. SIXIÈME ANNÉE. Mars 1881. B'EÉMBILENEIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Maladie des Jacinthes à cause helminthique. — La Vanesse Morio, par M. E. Savarp. — Catalogues de papillons, par M. Maurice GinarD. — Société centrale d’ apiculture et d’insectologie : séance de fé- vrier 1881. — Note sur un Coléoptère à aspect de fourmi. — Nouveau procédé pour la destruction du kermès du figuier, par M. P. GENNADIUS. — Les fleurs et les insectes, par M. Gaston BONNIER. Maladie des Jacinthes à cause helminthique Dans la séance du 14 avril 1881, de la société centrale d'horticulture de France, un de nos plus savants botanistes, M. Prillieux, qui s'occupe spécialement des maladies des végétaux, a fait une communication importante, prélude d’un travail tres étendu et dont nous sommes heureux d'offrir la primeur aux lecteurs du Bulletin. Depuis trois ou quatre années, dans le midi de la France, ainsi qu'aux environs de Nimes, les jacinthes de l’espèce dite jacinthe romaine, péris- sent d'une maladie qui amène finalement la pourriture des tuniques. ou feuilles épaisses de bulbe; celles-ci prennent une teinte brune, partielle d’abord, puis totale. Cette affection a aussi détruit les jacinthes en Algérie ; elle parait aussi très répandue en Hollande, ainsi que près de Harlem, et dans le nord de la Prusse. Le mal commence par des tâches jaunes sur les feuilles, comme des marbrures, qui s'étendent de plus en plus, et, plus tard, le bulbe est altéré dans ses tuniques, et la plante meurt. M. Prillieux a constaté, dans les taches jaunes des feuilles, la présence d'innombrables Anguillules, qui sont de la taille de la Trichine du porc et lui ressemblent beaucoup. Les Helminthes, à qui appartiennent ces minuscules ani- maux, sont aux dernières limites du type entomologique. On 3% BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. trouve dans les taches les œufs, les asexués ou larves, le sexués, male et femelle, à peu près de la même taille dans cette espèce. Plus tard les Anguillules parviennent dans les tuniques altérées des bulbes, où on les retrouve. On sait que divers végétaux sont atteints d’Anguillules. Une espèce, où les sexes sont de taille très différente, cause la nelle des épis de blé; une autre, fait périr le chardon à foulon ( Dipsacus fullonum, Linn.). On a cherché à diminuer les ra- vages de l’Anguillule des jacinthes en amputant dans les bulbes les parties brunies. Il faudra avoir soin d’arracher au début du mal, toutes les plantes à feuilles marbrées de jaune, les emporter et les brüler. Il ÿ a un très grand intérêt à poursuivre l'étude des Helmin- thes des végétaux, qui sont encore très peu connus. On sait en effet que les Helminthes passent souvent par des phases de vie libre et de vie parasitaire, ou exigent des séjours dans des organismes différents pour accomplir leur évolu- tion ; peut-être découvrira-t-on des Helminthes passant des végétaux aux animaux, à l'homme lui-même”? La recherche des causes premières de bien des maladies nous réserve peut-être une surprise de ce genre. (La Réduction. ) Eau Vanesse Morio (Vanessu Antiopa, Linn. — Papillons diurnes, Godart.) PAR M. E. SAVARD La chenille de la Vanesse Morio vit en société sur plusieurs espèces de saule et de peuplier, ainsi que sur le bouleau et même sur l’orme ; elle se tient ordinairement à la cime de ces différents arbres, et n'en descend que pour se transformer. Dans certaines régions au moins, sinon partout, elle semble paraître pour la première fois à la fin de juin, et pour la se- conde à la fin d'août. Les papillons issus des premières che- nilles volent en juillet, et ceux issus des secondes en sep- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. J9 tembre, car il est probable qu'il n'y a réellement qu’une génération avec des sujets hâtifs et des sujets tardifs. Les derniers papillons saisis par les premiers froids avant d’avoir trouvé à s’accoupler., se réfugient dans des creux d'arbres, où ils restent engourdis pendant l'hiver. La chaleur du printemps vient les ranimer, et c’est ainsi qu'on en voit voler des les premiers beaux jours de février. Ils diffè- rent de ceux qu'on trouve en été par la couleur de la bordure de leurs ailes, qui est blanche au lieu d'être jaune comme dans les autres; mais cette différence n'est qu'une altération causée par le froid et l'humidité, auxquels ils ont été expo- sés pendant leur engourdissement, et ne constitue pas une variété dans l’espéèce, Fig, 9, = Vanesse Morio éclosant de sa chrysa- lide. comme le croient quelques amateurs. La Vanesse Morio est une des grandes Fig, 10, — Vanesse Morio, ailes élalées. raretés entomologiques de l'Angleterre, elle n'est pas tres commune dans les environs de Paris. Les chasseurs de pa- pillons parisiens vont jusqu'à Fontainebleau à la poursuite de 36 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE. cette belle espèce ; elle est difficile à prendre, car elle vole avec rapidité et est assez farouche. La chenille du Morio est armée de soixante-deux épines simples et garnies de poils, réparties en nombre inégal sur chaque anneau, excepté sur le premier qui en manque. Cette chenille est très vorace et croît promptement; son papillon, qui ne reste pas plus de dix ou douze jours en chry- salide, aime à sucer les prunes et les abricots qu’on laisse pourrir sur l'arbre ; aussi est-il plus commun dans les jardins fruitiers que partout ailleurs. Cette espèce est répandue dans toute l'Europe, et est absolument la même dans toutes les contrées qu'elle habite. Elle existe aussi dans l'Amérique du nord, formant une race qui offre quelques légères différences comparée au type européen. (V. note à la fin du numéro 5.) BIBLIOGRAPHIE Catalogues de Päpillons, par M. MAURICE GIRARD Les Lépidoptères ou papillons possèdent avec les Coléoptères le privilège d'attirer l'attention de nombreux amateurs d’en- tomologie. Aussi l’expérience acquise par de multiples années de recherches dans une région déterminée se traduit par la réduction de catalogues raisonnés, très précieux par les loca- lités qu’ils indiquent pour les insectes, les époques d’appari- tion, les limites d'extension des espèces nuisibles. Deux catalogues de Lépidoptères ont été tout récemment publiés en France. L'un, qui a paru tout à la fin de l’an- née 1879, par M. Maurice Sand, est un catalogue raisonné des papillons de la France centrale (Paris, E. Deyrolle, éd.), c’est-à-dire du Berry et de l’Auvergne (Cher, Indre, Creuse, Puy-de-Dôme, Cantal). Il offre l'avantage d’être complet, en comprenant les petites espèces souvent si nuisibles formant les groupes des Pyrales, des Tordeuses et des Teignes, cons- tituant les Microlépidoptères passés sous silence dans la plu- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 37 part des catalogues et des traités d’entomologie, en raison de la difficulté que présentent l'étude et la récolte de ces insectes minuscules, dont les écailles des ailes se détachent au moindre contact, comme une impalpable poussière. M. Maurice Sand nous fait connaître le résultat de vingt- cinq ans de chasses, de recherches, d’élevages opérés en tous sens autour du château de Nohant (Indre), résidence il- lustre à jamais dans l’histoire des lettres françaises. Le Berry et l'Auvergne constituent, avec une partie du Bourbonnais et de la Marche, le plateau central de la France situé entre le cours de l'Allier à l’est, celui de la Gartempe à l'ouest, la Loire, de Beaugency à Gien, au nord, le Lot et les monts Lozères au sud. La variété considérable que comporte la confi- guration de cette région, qui offre des plaines basses et des marécages, des plateaux, des collines et même de véritables montagnes, nous explique comment ce catalogue comprend les quatre cinquièmes des Lépidoptères de la France, parce que la région centrale offre un grard nombre de plantes di- verses, des natures géologiques du sol distinctes et des cli- mats différents, selon l’exposition et l'altitude. Nous donnerons comme preuve à l'appui de ces grandes dif- férences : 1° les bruyères et les bois de bouleaux de la So- logne, plateau crayeux dont la faune et le climat séquanien sont identiques à ce que nous trouvons aux environs immé- diats de Paris ; 2 la Brenne, pays humide, qui rappelle le climat maritime par ses milliers d'étangs, ses prairies et ses petits bois de chêne; 3 la région des forêts du Cher et de l'Indre et les plaines cultivées de la partie appelée Champagne (de campus), pays calcaire (oolthe et oxfordien), jouissant du climat girondin, et où déjà se montrent quelques espèces mé- ridionales ; 4° la région des vignes, du froment, des prairies, pays bocager sur le lias ou la base des terrains jurassiques, ayant aussi le climat girondin (Indre, Cher et Allier); 5° la région des châtaigniers et des hêtres, du sarrazin, du seigle, pente nord du plateau central, terrain granitique et climat continental, avec la faune septentrionale; 6° toute la partie . 38 BULLETIN D'INSECTOLOGIF: AGRICOLE, volcanique de l'Auvergne, avec la faune et la flore subal- pines, y compris la région des sapins, jusqu'à la hauteur de 1858 mètres; là nous voyons apparaître des papillons dont l'aspect semble tout à fait étrange au chasseur parisien, comme l’Apollon etle Mnémosyne dans les Parnassiens et les Satyres nègres, du genre Zrebia; 79 le versant sud-ouest (Aurillac, Ytrac, Figeac), avec ses bruyères, ses bois sur le calcaire, où les espèces méridionales dominent ; ainsi, nous y trouvons Æhodocera Cleopotra, c'est-à-dire un papillon ressem- blant tout à fait à notre vulgaire Citron des bois et des jardins parisiens, sauf que le mâle a une large tache orangée au mi- lieu de chaque aile supérieure, l’Argynnis Pandora, V' Anthocha- ris E'upheno ou Aurore de Provence, etc. M. Maurice Sand fait une fort juste remarque, assez attris- tante au point de vue de l'entomologie, et dont nous avons tous vérifié l'exactitude aux environs de Paris, jadis si riches en insectes, et actuellement envahis par les guinguettes, les petites villas, les jardins, au détriment de l’amateur de la nature. Des faits analogues se produisent dans le centre de la France par le défrichement des landes, le déboisement et le desséchement des étangs. Les espèces dont les chenilles vivent de bruyères, de genèêts et de plantes sauvages dispa- raissent peu à peu. Dès aujourd’hui, dans le midi, les bois, les fourrés et les garrigues sont remplacés par la culture de la vigne, cause qui fait remonter certaines espèces méridio- nales vers le centre et sur les contreforts du plateau central, au sud, où la nature calcaire ou volcanique du terrain ne permet pas l’arrachage des bruyères. Dans le Berry, devant les progrès de l'agriculture, beaucoup d'espèces quittent la plaine pour gagner les vallées des montagnes. Quand tout sera blé, luzerne ou vigne, presque toutes les espèces au- ront disparu. Au commencement de 1881, a paru en tirage à part du Pul- letin de la Société d'histoire naturelle de Colmar (1879-1880), le catalogue des Lépidoptères d'Alsace, par M. Henri de Peye- rimhoff, complété et très augmenté en 2° édition, par M. le BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE, 39 D' Macker. Tout ce qui touche la patriotique Alsace nous est doublement cher depuis nos désastres. Au point de vue ento- mologique, le territoire de l'Alsace peut être divisé en quatre régions particulières et distinctes entre elles par la spécialité de leur faune. La première de ces zones est caractérisée par les grands bois humides, dont les types se rencontrent le long du cours de l’'Il, depuis Colmar jusqu'à son’ confluent avec le Rhin; le terrain sur lequel ils reposent est généralement ar- gileux. Les essences y sont très variées ; on y voit en grande quantité le frène, l’aulne, l'orme, le coudrier, le petit érable, le saule, etc.; le chène y est moins répandu, mais atteint un développement considérable qui le rend très productif. Cette première division, qui est la plus restreinte, n’a pas un carac- tère bien absolu comme faune, mais présente en abondance certaines espèces, rares partout ailleurs. Dans la seconde zone sont compris les bois arides de la forêt de la Hardt, s'étendant depuis Saint-Louis, près Bâle, jusqu'à la forêt de Haguenau ; sur ce sol caillouteux, le chêne, le charme et parfois le pin sont les arbres les plus communs, et les clairières sont en outre garnies de buissons de prunellier et d’aubépine. Ces deux premières zones se croisent aux environs de Strasbourg; c'est ce qui explique la richesse entomologique des forêts si- tuées au nord de cette ville, et notamment des bois de Reichs- tett, de Vandenheim et de Brumath, où l’on rencontre la plu- part des espèces communes à ces deux premières zones; en outre, le bouleau qui est fort commun, nourrit des espèces de Lépidoptères étrangères aux autres régions des deux mêmes zones, ainsi Votodonta dromedarius, Melanippe hastaria, etc. Dans la troisième zone se placent les contreforts des Vosges et les montagnes dont les flancs méridionaux sont couverts de futaies de chènes. La forêt de Nonnenbruch, près de Mul- house, tout en appartenant à la plaine d'après son altitude, trouve place dans cette division, grâce à une flore monta- gnarde, et notamment à ses bruyères et à ses genèêts; sa faune est presque tout à fait vosgienne. Enfin, la quatrième zone renferme les grandes forêts de sapins, les bois élevés de 40 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE hêtres, les escarpements et les sommités gazonnées des Vosges. On peut la désigner sous le nom générique de Haute- Montagne, et elle se subdiviserait naturellement en deux groupes, les escarpements et les sommités gazonnées d’une part, les grands bois de l’autre. Dans cette quatrième zone se trouvent l’Apollon et sept espèces d'£rebia ou Satyres nègres. M. le D' Macker fait observer qu'il faut apporter beaucoup de circonspection dans l'indication des époques d'apparition des papillons d'Alsace, car les saisons, et surtout le printemps, y sont très inégales dans leur température moyenne et dans l’époque où elle atteint son degré normal; le climat, marin dans la plus grande partie de la France, tend ici à devenir continental. Beaucoup de papillons peuvent paraître, suivant les années, d'avril au commencement de mai, et même plus tard. Ces variations, qui s’effacent généralement en été lorsque la température est devenue plus stable, sont plus marquées à mesure qu'on s'élève sur les montagnes. Elles ne dépendent plus seulement alors du plus ou moins de chaleur atmosphérique, mais de la plus ou moins grande quantité de neige que l'hiver amasse dans la quatrième zone, et qui, en retardant le développement des plantes, retarde l'apparition des insectes. En mars et avril, l'apparition normale de certaines espèces répandues sur de grandes surfaces est avancée d’une quinzaine de jours si l'amateur va les récolter dans les vallons abrités du vent du Nord ou sur le penchant méridional des collines vosgiennes. Dans la Haute-Montagne, qui renferme beaucoup d'espèces spéciales et remarquables, on peut dire qu’en année ordinaire, le meilleur moment de chasse commence à la mi- juin, quoique parfois il précède cette époque de trois se- maines. On aura de bonnes indications d’après l’aspect des sommités vosgiennes qui demeurent improductives, tant que de grandes étendues de terrain sont encore couvertes de neige. Il faudra tenir compte aussi, dans ces régions de mon- tagnes moyennes, de la différence qui existe entre les ver BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 41 sants exposés au Nord et à l'Est qui sont tardifs, et les ver- sants précoces, tournés du côté du Sud et de l'Ouest. Ces dif- férences sont parfois assez sensibles pour qu'on voie voler, à quelques centaines de mètres de distance, selon le versant et son exposition, deux espèces tout à fait distinctes par l’époque normale de leur apparition en plaine, et parfois même deux générations d’une seule et même espèce. Nous devons remercier la Société d'histoire naturelle de Colmar, et M. le D' Macker en particulier, de l’heureuse idée de reprendre la publication du catalogue des Lépidoptères de l'Alsace, où les chenilles sont indiquées et caractérisées avec soin, en espérant qu'ils y ajouteront le plus tôt possible les Microlépidoptères. Nous pensons que les notions générales que nous venons de présenter sur le centre et le nord-est de notre pays, pourront être pratiquement utiles à une partie des”lecteurs du Aulletin. Société centrale d’apiculture et d’insectologie SÉANCE DU 22 JANVIER 1881. — PRÉSIDENCE DE M. SIGAUT Le procès verbal de la dernière séance, est lu et adopté. Le secrétaire donne lecture d’une lettre du préfet de la Seine qui annonce le vote d’une subvention de 500 fr. par le conseil municipal pour le cours d’apiculture du Luxembourg. MM. Leclerc, Lesueur et Millet pensent que cette somme n’est pas affectée à cet objet. M. Henricy répond qu'ayant signé et présenté la demande, il sait qu'elle était faite uniquement en vue du cours. Il lit l’arrêté qui est joint à la lettre du pré- fet. L'assemblée passe à l'examen des comptes, qu'une commis- sion de trois membres nommée dans la dernière séance à vérifiés. Il résulte de cet examen que le découvert du se- crétairé général, s'élève au 31 décembre à 768 fr. 98 c- Quant à la situation générale présentée par le trésorier, elle accuse un déficit qui pourra être couvert par l'allocation particulière 42 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. du Ministre de l’agriculture que la société attendait l’année dernière pour son exposition et qui est promise pour cette année. On procède au renouvellement du bureau. M. Henricy, vice-président sortant est réelu. Sont également réelus MM. Hamet, secrétaire général, Sigaut trésorier, Pillain ar- chiviste, et comme membres du conseil d'administration . M. Bailly; puis M. Saint-Pée est élu en remplacement de M. Arthaut. Le bureau se compose donc pour 1881, de MM. le docteur Marmottan, président, Henricy et de Lies- ville, vice-présidents ; Hamet, secrétaire général: Delinotte et Malessard, secrétaires, Sigaut, trésorier et Pillain, archi- viste. Ces membres composent le conseil d'administration avec MM. Bailly, Saint-Pée et Vienney. M. Maurice Girard propose que toutes les communications qui concernent l'administration de la société, soient adressées ou renvoyées au conseil, et que l'assemblée ne s'occupe que d'insectologie. Adopté. M. Fallou expose ce qui suit: En 1871, j'ai recu une boite contenant des biscuits de mer qui avaient été conservés pen- dant le siège de Paris. Ces biscuits étaient attaqués par des chenilles d’un lépidoptère de la division des Crombites, l'Ephes- tia, Guenée, /nterpunctella, Hubner. Cette espèce vit ordi- nairement d'insectes desséchés et d'herbes sèches. J'ai conservé cette boîte pendant deux ans, J'ai obtenu plusieurs générations de papillons. Mais les chenilles ont été élevées avec des matières sucrées, tels que marrons glacés et petits fours qu'elles préfèrent de beaucoup aux herbes sèches. Lorsque les chenilles sont pour se chrysalider, elles cher- chent par toute la boîte un endroit avant de se fixer, et c’est en faisant ces allées et venues qu'elles ont tapissé le verre de la boite d’un enduit gommeux, de sorte que le verre sem- ble être dépoli par la main de l'homme. Après cet exposé, M. Fallou montre à la société des exemplaires du papillon provenant de ces chenilles et la plaque de verre vernissée par celles-ci. f.* BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 43 M. Maurice Girard montre des larves de l’#esperophanes nebulosus, Olivier ( Coléoptère, Cérambycien ou Longicorne ) ayant réduit en poussière, à l'intérieur et à l'abri de l'air. des boiseries de sapin de l’École normale primaire de Chà- teauroux (Indre ). V. page 25. M. F. de Boullenois adresse une réclamation sur l'emploi du mot Sétifère qui est, dit-il, tout simplement absurde et impropre sous tous rapports. Ce mot qui a été combattu bien souvent, mais qui cependant se produit toujours, ne pourrait venir que du mot latin seta. Or sea veut dire soie... de co- chon : comprenenez-vous des muriers qui auraient la puis- sance sérefére, c'est à dire de porter aux soies de cochon? Les Romains ne connaissaient pas la soie brute, la soie grège, telle qu'elle sort du dévidage des cocons (Sericaria mort, ils ne connaissaient que les étoffes faites avec cette soie ct que le commerce leur apportait d'Asie. Pour indiquer ces étoffes, ils se servaient des mots sericus, serici, sericæus, se- ricæa, sericœum dont nous avons fait le mot francais aujour- d'hui généralement adopté sérrcicole ( V. dictionnaire Littré). qui cultive, qui concerne tout ce qui a rapport aux muriers, aux vers à soie, à la filature ou dévidage des cocons, à l'em- ploi des soies grèges, et si l'on veut faire un mot spécial pour le murier, on peut et on doit dire sa puissance séricifére ou encore du grec, serigène comme font beaucoup de per- sonnes, mais jamais le barbare impropre sétifere. L'assemblée donne son approbation à l'exposé de M. de Boullenois. M. Geslin-de-Bellême (Orne ) soumet à la société un pro- jet de propagande apicole, et un mode de nourrissage des abeilles qui sont renvoyés à la section apicole. M. Duguet-de-Remancourt, communique des observations sur l’essaimage artificiel, qui sont aussi renvoyées à la section apicole. Le secrétaire présente pour faire partie de la société MM. le capitaine Xambeu à Lyon et Cazet, instituteur à Ville- neuve-sous-Chavigny (Côte-d'Or); l'admission de ces membres est prononcée, L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. #4 BULLETIN D’INSEUTOLOGIE AGRICOLE. Note sur un Coléoptère à aspect de fourmi Un de nos collègues, M. Achille Ramé, a envoyé à la So- ciété, un Coléoptère vivant, trouvé dans l'enveloppe d’un colis, qui provenait indirectement de Bordeaux. Cet insecte, de la tribu des Clériens, qui comprend le Clairon des Ruches bien connu des apiculteurs, se nomme le 7’hanasimus formica- rius, Linn. Les Coléoptères de ce genre, par les étrangle- ments antérieur et postérieur de leur corselet et par leur corps grèle et étroit, ressemblent à quelque distance à des fourmis, quand on les voit se promener sur les écorces, en quête de leur proie. Le 7'hanasimus formicarius est long de 7 millim., un peu velu, ayant la tête noire, le corselet rouge, les élytres ponctuées à la base qui est d’un rouge orangé, puis offrant deux bandes blanches, l’antérieure entière et sinuée, remontant vers la suture des élytres. Cet insecte est très utile et vit sur les chênes, se glissant sous les écorces pour dévorer les larves des Scolytes lignivores. Une autre espèce, un peu plus grande et plus velue, de coloration ana- logue, se trouve sur les pins etsapins et a les mêmes mœurs. Il est fâcheux que ces insectes, bien que répandus partout, ne soient nulle part très communs. ( La Rédaction.) Nouveau procédé pour la destruction du kermés du figuier (Ceroplastes rusci, Linn.) — PAR M. P. GENNADIUS « Les Cochenilles sont des insectes qui causent souvent des dégâts énormes à l’arboriculture méridionale. Ainsi, il y a des années où nos récoltes d’oranges, de citrons, d'olives et de figues sont décimées par différentes espèces de cette famille. Tous les moyens qu'on a proposés jusqu'à ce jour, pour la destruction de ces parasites, sont imparfaits ou inapplicables dans la grande culture. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 45 « Ainsi, le traitement des arbres attaqués, par l’aspersion d'un mélange d’eau et de pétrole (1), quand même il est opéré à l’aide de la pompe-seringue la plus parfaite, n'arrive jamais à atteindre tous les organes aériens de l'arbre. De plus, ce mé- lange, à cause de la nature même des liquides qui la composent, ne peut jamais être assez homogène, de sorte que le pétrole, venant sur l'arbre en grosses gouttes, brûle ses parties les plus tendres. Pour obvier à cet inconvénient, on a eu recours à différents procédés au moyen desquels le mélange, avant d'être projeté sur l'arbre, serait si bien opéré, que le pétrole se diviserait dans l’eau en globules qui ne pourraient pas nuire aux parties tendres. « Mais toutes ces inventions, bonnes en théorie, ont dù être abandonnées, à cause de la main d'œuvre et des dommages causés par le pétrole aux tubes en caoutchouc dont on se ser- vait pour faire passer le mélange de la machine à la pompe. «Je crois cependant que ces insuccès ne doivent pas nous décourager, puisqu’avec le temps on peut arriver ou à perfec- tionner les moyens connus, ou à mettre en pratique les belles expériences de M. Metschnikoff, ou même à profiter de cer- taines connaissances pratiques, acquises par les cultivateurs de pays peu explorés (2). Grâce à ces connaissances, je crois avoir fait une découverte qui sera de quelque utilité aux agri- culteurs du midi de l'Europe. « Le Ceroplastes rusci est l’insecte le plus nuisible au figuier. Ce gallinsecte se multiplie parfois tellement, qu'il arrive à presque couvrir les feuilles, les fruits et les branches de cet (1) Ce mélange, proposé pour la première fois en Italie, est main- tenant, faute de mieux, employé fréquemment contre le Mytilaspis flavescens, Targ., qui sévit sur les Hespéridées de ce pays. Il se com- pose de 9 parties d’eau et de 10 de pétrole. (2) Les effets insecticides de la submersion sont connus en Grèce depuis des siècles, Les vignes de ce pays sont parfois attaquées consi- dérablement par l'Otiorhynchus sulcatus, l'O. impressipennis et l'O. raucus. Les vignerons de l’éparchie d'Élie, qui ont à leur disposition assez d’eau pour se débarrasser de ces insectes, submergent leurs vi- gnobles pendant l'hiver. +6 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. arbre. Le figuier ainsi attaqué s'épuise, et quelquefois on est forcé de l’arracher. En Grèce, j'ai vu des centaines de figuiers, attaques par cette Cochenille, perdre entièrement leurs fruits pendant deux années de suite, ce qui arrive d’ailleurs souvent en Italie, dans le midi de la France (1) et ailleurs. « En Messénie, où le figuier se cultive en grand, quand cet atbre est attaqué par le Ceroplastes, les cultivateurs, vers le mois d'août, après avoir cueilli les fruits les plus sains, en- lèvent et brülent ou jettent à la mer toutes les feuilles et les rameaux les plus attaqués. Par ce procédé, ils arrivent non seulement à diminuer le nombre des parasites, mais à faire disparaître même une partie (souvent assez considérable) des insectes attaches sur les branches et les fruits de l’arbre, les- quels n’ont pas été enlevés. « Cette disparition pour ainsi dire spontanée, j'ai dù l’attri- buer à la déperdition du latex, provoquée par les plaies cau- sées à l'arbre par l'enlèvement de ces feuilles et quelques-uns de ses rameaux. J’ai alors pensé que, si cette interprétation était juste, on pourrait en profiter pour se débarrasser des parasites en forçant l’arbre, au moyen de plusieurs plaies, à perdre une grande quantité de latex. « Pendant le mois de juin 1879, j'ai fait plusieurs incisions longitudinales sur le tronc et les branches les plus grosses de deux figuiers attaqués par ces insectes. Deux mois après, quand je les ai revus, ces figuiers ne portaient plus de para- sites. Îl est vrai que leurs fruits n'étaient pas aussi abondants que les années précédentes; faut-il l'attribuer à la déperdi- tion du latex, ou plutôt aux attaques antérieures des Cero- plastes ? ; «J’espérais pouvoir répéter mes expériences sur une grande échelle l’été dernier; mais, les parasites des figuiers des en- virons du pays que j'habitais ayant été détruits par la rigueur (1) Voir Boisduval, Essai sur l’Entomologie horticole, p. 332; Mi- nistero di Agricoltura, otc. : Relazioni intorno alle condizioni della Agri- coltura nel quinquennio 1870-1874, vol. I, p. 826 Roma, 1876). BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 47 exceptionnelle de l'hiver, j'ai été contraint de remettre mes expériences à une autre époque. » Les Fleurs et les Insectes PAR M. GASTON BONNIER En venant assister à une conférence sur les fleurs et les in- sectes, sujet qui a inspiré tous les poètes, l’on doit s'attendre à voir dérouler devant soiles harmonies de la nature: l'abeille etle papillon qui viennent butiner dans les corolles, la fleur qui leur offre son breuvage parfumé, l’aide mutuelle que se prêtent amicalement l’insecte et la" plante. Malheureusement, ce sujet si poétique a eu le singulier pri- vilège de soulever les plus violentes passions(celles des sa- vants bien entendu), d'exciter, chez les philosophes, les que- relles et les controverses. Comme je m'adresse ici à un auditoire au courant des ré- centes découvertes et des théories nouvelles, haditué à enten- dre discuter les problèmes de la science, je ne surprendrai personne en disant que l'étude des relations entre les fleurs et les insectes,est une question à l'ordre du jour ; que ce sujet, qui semble, au premier abord, ne pas devoir sortir du do- maine de la botanique ou de l’entomologie descriptive, touche aux plus graves problèmes de la science, à l'origine même des ôtres, à l'histoire de leur création. Les faits curieux observés dans cet examen attentif des fleurs et des insectes ont servi de base aux partisans de la théorie des causes finales. Ces mèmes faits fournissent main- tenant desarguments à leurs adversaires, à ceux quiadmettent une théorie opposée. Je veux parler des naturalistes accep- tant cette grande hypotèse de Lamarck, reprise par Darwin, qui sert à exprimer les rapports des êtres de la nature enles rattachant les uns aux autres par une commune origine, en les faisant descendre les uns des autres par des transforma- tions successives; en un mot des adeptes de cette belle théorie de la descendance. / 48 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. Je n'ai pas la prétention, avec la faible expérience scientifi- que que je puis avoir, de venir vous exprimer une opinion personnelle sur ces grandes questions; je me propose simple- ment de vous faire juge des faits que j'ai observés et des ex- périences que j'ai essayé de réaliser. Vous verrez d’ailleurs que, si l’on se place au point de vue du transformisme, les con- clusions que nous pourrons en déduire lui seront plus utiles - que nuisibles. Si vous voulez bien, nous allons chercher ensemble à nous rendre compte des observations qui ontété faites et nous pro- poserons de les vérifier. Considérons d’abord la eur en elle-même, dont ilest né- cessaire de nous rappeler l’organisation. Prenons par exemple la plante connue sous le nom de Gueule-de-loup; elle est cultivée dans les jardins, et souvent elle élit domicile sur les vieux murs. En voici la fleur: à la base, nous y distinguons cette partie verte qui, comme vousle savez, se nomme le calice, au-dessus de cette autre partie, co- lorée ordinairement de vives teintes rouges ou jaunes, c’est la corolle; elle est contournée et repliée de manière à former deux lèvres en avant; les botanistes l’ont comparée à un mas- que antique ; ils disent que c’est une corolle personnée (de per-- sona, qui veut dire masque). C’est ordinairement pour les belles teintes de la corolle, par- fois aussi du calice, que les fleurs sont cultivées dans les jar- dins; mais ces parties ne sont que les enveloppes de la fleur. Elles entourent et protègent ses organes essentiels, ceux qui doivent donner les graines et permettre ainsi à la plante dese reproduire. (A suivre.) 1. Les figures de l’article Morio sont tirées des Métamorphoses des In- sectes de M. Maurice Girard, 1879, 5° édit. Paris, Hachette et Cie. Le Gérant : H. HAMET. Sceaux. — Imp. Charaire et fils. N°4 SIXIÈME ANNÉE. Avril 1881 BEREE'E'FTEN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Conférences sur les dégâts occasionnés aux céréales par les insectes, par M. E. Vranne. — Éducation de l’Attacus Yama-Maï (ver à soie du chêne du Japon), par M. DE Riscar. — Société centrale d’apicul- ture et d’insectologie : séance de mars. — Les Fleurs etles Insectes (suite), par M. Gaston Bonnier. CONFÉRENCES SUR LES DÉGATS OCCASIONNÉS AUX CÉRÉALES PAR LES PARASITES VÉGÉTAUX ET ANIMAUX PAR M. ED. VIANNE (Suite. — Voir p. 29.) Depuis quelque temps, les journaux nous entretiennent des ravages énormes causés dans les cultures de céréales méridionales par une petite mouche. Ce qu'ils appellent une petite mouche est un Coléoptère de la famille des Hanne- tons, auquel on a donné le nom d’Aisoplia Austriaca. — L’Anisoplie d'Autriche est très proche parent de notre petit hanneton horticole (Anisoplia horticola). Les Anisoplies se distinguent des Melolonthes (hannetons) par leur corps ova- laire assez épais, le corselet est plus étroit que les élytres qui sont courtes et un peu tronquées ; les jambes antérieures sont bidentées et les postérieures ne sont pas plus fortes que les autres. L’Anisoplie autrichienne, qui commet en ce mo- ment des ravages considérables en Russie, a 12 à 14 mill. de longueur, le corps est d’un vert sombre, les élytres sont d’un brun-rouge clair, le dessous du corps est velu et les pattes sont noirâtres, la larve ressemble à un ver blanc (larve du hanneton) de première année, elle met deux ans à prendre croissance et vit de racines, elle fait beaucoup de tort dans les cultures. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. ot c> C'est en 1878 que, pour la première fois, on remarqua cet insecte dans la partie méridionale de la Russie, il y exis- tait probablement avant, mais jusqu'alors il était reste ina- perçu. En 1878 quatre provinces avaient souffert des dégâts commis par cet insecte, aujourd'hui dix-huit provinces sont envahies et on estime lesdégâts commis cette an- née à plus de cent millions de rou- bles. L’insectene paraît en grande abondance que tousles deux ans, ainsi il est pro- bable qu’en 1882 il commettra des dégâts considé- rables. Devant une telle cala- -— mité, les culti- - yateurs se sont : émus. Les Zem- stros dans diffe- rentes provin- ces, se sont réu- nis afin d'étudier Fig. 11. — Anisoplic d'Autriche, sa larve et sa nymphe. les mesures à prendre pour dé- truire ou arrêter ce nouveau fléau et ont déjà dépensé des sommes considérables sans résultats sérieux ; de leur côté les paysans ont imaginé un moyen très simple et plus efficace pour se débarrasser de ce funeste ravageur. Ce moyen con- siste à tendre une corde en travers des champs envahis, deux hommes la tenant de chaque bout ia traînent derrière eux et chassent ainsi devant eux l’Anisoplia ; par cette opération, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 51 répétée deux ou trois fois, on parvient à débarrasser le champ opéré, mais c’est au détriment de celui du voisin, où va se poser l’insecte chassé. Ce moyen, qui d’ailleurs ne peut ètre employé que par la petite culture, présente un danger public en étendant la zone de dévastation; aussi, a-t-il jété défendu, ce qui n'empêchera pas le mal d’empirer. Deux savants professeurs d’entomologie, MM. Lindeman et Porchinsky, ont été chargés par le gouvernement russe d'étudier scientifiquement la question, mais leurs conclusions ne sont pas consolantes, car elles consistent simplement à changer la nature des cultures, c’est-à-dire à faire du maïs et du colza au lieu de blé et de seigle, mais rien ne prouve que les nouvelles plantes ne seront pas tout aussi bien atta- quées que les anciennes. On n’a donc d'autre moyen de destruction que de tuer le hanneton lorsqu'on peut le prendre et d’écraser la larve lorsqu'on la trouve. Apres les larves et les chenilles qui détruisent le blé en terre, nous arrivons à une autre catégorie qui commence ses ravages au commencement de la formation du grain. En pre- mière ligne, il faut placer le : CEPHE PYGMÉE (Cephus pygmœus) petite mouche svelte à quatre ailes ou hyménoptère, qui a environ un centimètre de longueur, presque entièrement noire, les première et deuxième paires de pattes sont fauves avec les cuisses noires, les pattes postérieures sont entièrement noires, sauf les arti- culations qui sont grises, les ailes sont transparentes avec les nervures noires. Ces hyménoptères paraissent à l'état par- fait vers le mois de juin et cherchent immédiatement à s’ac- coupler ; l’œuvre de la nature accomplie, le male meurt et la femelle se met en devoir d'assurer la propagation de son es- pèce ; pour cela elle se met en quête d’un champ de blé ou à la rigueur elle se contente d’un champ de seigle et lorsqu'elle a trouvé ce qu’elle désire, elle s'empresse de pondre et dé- pose ses œufs entre le chaume et la feuille, un peu au-des- sous de l'épi, en ayant soin de ne mettre qu'un seul œuf par 02 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE, tige. De cet œuf sort bientôt une petite larve qui pénètre dans l'intérieur du chaume et se met aussitôt à en ronger la partie médullaire, le transport de la sève de la tige à l’épi est bientôt interrompu ; alors ne recevant plus de sève, l’épi se dessèche avant que le grain ait pu se former. Pendant ce temps la larve s’approprie la sève et dévore l’intérieur de la tige toujours en descendant, de telle manière que lorsqu'elle ( ho (| D 4 Fig. 12. — Cèphe pygmée, grandeur naturelle et grossi. a pris toute sa croissance, elle se trouve arrivée à quelques centimètres du sol. Si l’on examine une de ces tiges jaunies avant l’époque de la maturité, on trouve l’épi vide ou ne contenant que quel- ques grains maigres et rabougris, accidents que les cultiva- teurs ne manquent pas d'attribuer à la coulure ou aux in- fluences atmosphériques. Mais il n’en est rien, ce qui d’ail- leurs est facile à vérifier, car si on fend la tige longitudina- lement en partant de l'épi on trouve dans l’intérieur une poussière jaunâtre provenant des débris laissés par la larve, les nœuds sont perforés et on ne tarde pas à rencontrer l’auteur des dégâts sous forme d’un petit ver blanchâtre ayant six pattes rudimentaires, une tête hémisphérique, brune, cornée et munie de deux fortes mandibules. Sa taille varie de 3 à 15 millimètres suivant son degré de croissance. BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 53 Arrivé au bas de la tige, de 12 à 15 cent. du sol, il ronge la tige circulairement de manière que ie moindre vent la renverse, puis il descend jusqu'aux racines, entre les- quelles il établit un cocon dans lequel il passe l'hiver à l’état de nymphe. Comme la plupart des petits insectes dont le nombre défie les moyens de destruction dont l’homme dispose, le Cèphe pygmée échappe aux moyens que nous pouvons employer pour le détruire et préserver nos cultures de ses attaques. Mais la nature y a pourvu en lui suscitant un ennemi natu- turel, c'est un Ichneumon (Pachymenus calcitrator), dont la fe- melle sait découvrir les larves du Céphe jusque dans les chaumes ; dès qu’elle en a découvert une, elle dépose un œuf à côté d'elle, bientôt cet œuf éclôt et la larve se nourrit de la graisse ou plutôt de la nourriture élaborée par la larve du Céphe ; elle à grand soin de n’attaquer aucune partie vi- tale, et ne la tue que lorsqu'elle a atteint toute sa croissance et qu’elle n’a plus besoin de sa mère nourrice. Les dégâts oc- casionnés par le Cèphe pygmée atteignent quelquefois un dixième de la récolte; fort heureusement, ils sont intermit- tents, car l’insecte ne paraît pas tous les ans. Un autre ennemi presque aussi redoutable est la Cécydo- mytie du F'roment. Lorsque les blés commencent à mürir, on remarque sou- vent des tiges dont les épis ne se sont pas développés ou qui ne contiennent que des grains en partie déformés; comme pour le Cephe, les cultivateurs ne manquent pas d'attribuer ces manques aux influences atmosphériques, etc. Cette cause peut quelquefois être la véritable, mais le plus souvent elle est due aux manœuvres d’une toute petite mouche de l'ordre des Diptères, qui paraît vers le mois de juin ou juillet au mo- ment où les blés fleurissent. Cette petite mouche qui n’a que deux mill. est la C'écydo- myte des blés ; elle ne paraît que vers le soir et souvent par légions innombrables. Elle est d'un jaune citron, avec de gros yeux noirs et de longues ailes transparentes. Les femelles D BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE, sont munies d'un long oviducte ; elles pondent dans les épis et déposent leurs œufs entre les glumelles. On trouve quel- quefois 8 à 15 larves dans un épillet, où elles se tiennent réunies en famille. Lorsque les larves ont acquis toute leur croissance, elles gagnent la terre et s’y blottissent. Nous serions également impuissants contre ce petit in- secte si la nature ne lui avait suscité pour ennemi, un hymé- roptère auquel on a donné le nom d’/chneumon (Platygaster). — ci se montre encore la merveilleuse attention de la nature pour la conservation des espèces et le maintien de l'équilibre entre elles. En effet, dès que la Cécydomyie parait, on voit bientôt paraître aussi son parasite. La premiere an- née, la Cécydomyie est peu nombreuse, mais la seconde an- née elle pullule, en même temps l'Ichneumon s’est également multiplié, la troisième année il a pris le dessus, et on trouve plus d’Ichneumons que de Cécydomyies: enfin la quatrième année, ces dernières ont disparu et avec elles les Ichneu- mons, pour revenir quelques années après. — Les Ichneu- mons parasites de la Cécydomyie sont très reconnaissables ; ils sont noirs et de plus ils volent le jour, tandis que la Cécy- domyie est jaune et ne vole que le soir. Après les vers blancs, nom donné aux larves des hanne- tons, viennent les vers gris, qui ne sont autres que des che- nilles de papillons, principalement, de /a Noctuelle des moissons. La NOCTUELLE DES MOISSONS — (Noctuasegetum) moissanneuse, a de 3 à 4 mill. d'envergure, les ailes supérieures sont d’un gris-brun foncé, marbré de tons noirâtres, plus ou moins perdus dans la teinte du fond, avec 3 lignes ondulées trans- versales noirâtres ; la tache réniforme et l'extrémité de la bordure sont d’un brun noirâtre. Les ailes inférieures sont blan- ches dans le mâle, d’un blanc enfumé chez la femelle, princi- palement sur les nervures. — Ce papillon est très commun, de juin en août ; il butine le soir sur les fourrages en fleur. Les chenilles vivent en terre comme les vers blancs, et comme ceux-ci se tiennent courbes en demi-cercle, mais ces larves proviennent de papillons (lépidoptères), ce sont par BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 55 conséquent de véritables chenilles, Elles ont des pattes mem- braneuses, mais celles- ci sont presque entie- rement dépourvues de la couronne de petits crochets que l’on voit chez la plupart des che- nilles; il en résulte qu'elles ne peuvent grimper sur les plan- tes. Elles porteat sur le premier anneau une plaque écailleuse d'un gris ardoisé un peu luisant; la ligne dor- sale et les points ne sont que faiblement marqués, les côtés sont ordinairement plus pà- les que le dos; la tète est noirâtre ainsi que les pattes écailleuses. Cette chenille que les cultivateurs ne con- Fig. 13. — DRE ee MON papillon naissent que trop et à laquelle ils donnent le nom de Ver gris ou court ver, se méta- morphose en terre — elle attaque toutes les plantes herba- cées, et comme elle ne peut grimper sur les tiges, elle sort à demi de terre, et les ronge au collet de la racine. J}>7vY< Nous apprenons avec plaisir que M. A. Clément vient de re- cevoir les palmes d’officier d’Académie pour ses belles planches murales, peintes à l'huile sur crayon noir. M. A. Clément est un des lauréats distingués de nos Expositions, tant pour ses planches murales que pour ses collections d'insectes utiles et nuisibles. 56 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. Édueation du Ver à soie du chêne (Attacus Yama-Mai) Par M. le Marquis DE Riscau L'année dernière, le Bulletin d'Insectologie a donné une ins- truction élémentaire par M. Huin, pour la culture du ver à soie du chène. Les notes qui suivent, que nous empruntons au « Bulletin de la Société d’acclimatation », complèteront ces instructions. — Dans le petit travail que nous entreprenons, nous n’avons pas la prétention de donner un traité complet de tout ce qui a rapport au ver à soie du chène. Nous laisserons à des plumes plus autorisées le soin de faire connaître l’histoire et les motifs de l'introduction de cet insecte en Europe, ainsi que son his- toire naturelle et son anatomie. Nous consignerons simplement ce que nous avons appris par la pratique et l'observation, tout en rendant compte de la méthode d'éducation que nous avons adoptée après sept années d'expérience sur une échelle assez importante. Onsait quel’Attacus Yama-maïestoriginairedu Japon. Il futin- troduit en France par M. Guérin-Méneville en 1861, avec l’aide morale et matérielle de la Societé d’Acclimatation, et en Espagne par M. le marquis de Riscal, en 1871. Du climat. Si Yon considère les positions géographiques du Japon et de l'Espagne, on remarque que ces deux pays sont à égale distance de l'équateur et qu’il doit y avoir une certaine analogie entre leurs climats. Le Japon est situé en 29 et 47 degrés de latitude nord, et l'Espagne entre 36 et 44 degrés. Voici ce que dit l’un des auteurs de l'Encyclopédie moderne : « Le climat du Japon est plus froid que ne le ferait supposer sa latitude. L'hiver y est toujours rigoureux, mais il y règne de grandes chaleurs en été. Au reste, la température est soumise à de brusques variations; les pluies et les tempêtes sont fréquentes ; d’épais brouillards s'élèvent très souvent sur les côtes », BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 07 D’après ce que nous avons reconnu dans nos éducations, le ver à soie du chène se plaît dans un climat tempéré, humide ; il aime les pluies fréquentes; il supporte parfaitement les froids, pourvu que le thermomètre ne descende pas au-dessous de 6 degrés centigrades à partir du jour de sa naissance, vers le 45 avril. Dans les journées où la température se maintient entre 14 et 25 degrés, il mange beaucoup et se développe rapidement.—- Quand il fait froid, il mange également beaucoup, mais les sommeils sont prolongés. — Quand la chaleur est en excès, on est obligé de l’asperger d’eau très souvent; sinon, il mange peu, se cache à l'ombre des feuilles ou descend à terre. Le taillis de Deheson, propriété de M. de Riscal, où se fait l’édu- cation, est situé à 930 mètres au-dessus du niveau de la mer; à 1°, 35’ 4’ longitude ouest du méridien de Madrid; latitude, 390, 27’ 52". En 1877, nous avons obtenu d'excellents résultats, grâce à la bonne répartition des pluies. En 1878, l'éducation a très bien marché jusqu'à la fin du mois de juin, mais l’absence de pluie en juillet et les fortes chaleurs lui ont fait un tort con- sidérable et ont occasionné une diminution très sensible dans le poids de la récolte des cocons. Les arrosages dont il sera question plus loin ne peuvent pas suppléer complètement au manque de pluie. Taillis. — Nourriture. Tous les chênes français, pédonculés ou sessiles, conviennent pour la nourriture du Yama-maiï}En Espagne, c’est le chêne Tauzin qui fournit son alimentation. Dans les environs de Paris, c’est le chêne rouvre, et dans le reste de la France, c’est le chêne blanc ou bien le chêne de Bourgogne. Il peut se nourrir pendant quelques jours seulement, et, en cas de nécessité, avec la feuille de cerisier, de châtaignier et même avec l'herbe tendre de houque laineuse ou d'autre gra- minée. Mais il ne faudrait pas compter sur cette alimentation extraordinaire, qu’il ne peut supporter que momentanément, quoiqu'il l’accepte volontiers, 58 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. Le taillis où l’on se propose d'élever le Yama-maï peut être âgé de cinq à dix ans. On y trace des petits sentiers en ligne droite de 50 centimètres de largeur divisant les terrains en bandes régulières de 2 mètres ou de 3 mètres. Si le terrain est long, on le coupe par d’autres sentiers perpendiculaires aux premiers et distants entre eux de 30 ou 40 mètres. Ces sentiers sont destinés à la circulation et à la malveillance. Si le taillis dépasse la hauteur de 2 mètres, on doit courber les brins les plus élevés et les attacher au moyen d’une ficelle à un autre brin voisin, de manière que la main d’un homme ou d’une femme de taille ordinaire puisse atteindre les plus hautes brindilles. Il est bon de laisser de loin en loin un brin beau- coup plus haut que les autres, c’est là que viendront se percher de préférence les oiseaux et l’on pourra les tirer plus facilement à coups de fusil. On peut également, pour remplir ce but, ficher en terre une gaule de bois sec garnie de ses branches et dépourvue de feuil- les, dépassant de plus d’un mètre la hauteur du taillis. Eaux d'arrosage. Si l’on a une source où un ruisseau à proxi- mité, on en profitera pour y puiser l’eau nécessaire pendant la période de sécheresse. S'il n'existe pas d’eau, on sera obligé d’en amener en dérivant le cours d’eau le plus voisin ou bien en creusant un puits. Dans les temps pluvieux ou froids, l’eau n’est pas nécessaire. Dans les journées chaudes, il faut asperger fréquemment les vers à soie sur le taillis au moyen d’une seringueà fleurs, ayant à son extrémité une pompe à trous d’une finesse suffisante pour obtenir l'effet d’une pluie fine. Pour un taillis de 30 ares de superficie, il faut environ 1 mètre cube d’eau par jour dans les temps de grande chaleur et de sécheresse. Les pluies coïncident presque toujours avec l’abaissement de la température; elles mouillent non seulement les feuilles et les insectes, mais encore le tronc et les racines de l'arbre sur lequel vivent les vers à soie; elles fournissent de l'eau au sol en plus ou moins grande quantité et, en favorisant la nutrition BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 09 de l’arbre, elles amènent conséquemment de meilleures condi- tions pour la nourriture des insectes. Par les arrosages à la main, nous ne pouvons pas espérer obtenir tous les bons effets d’une pluie copieuse, mais nous pouvons maintenir les vers à soie en bonne santé et leur per- mettre d'accomplir régulièrement toutes les phases de leur existence. Habitation, matériel, ustensiues. — Si le taillis est situé dansle voisinage de la maison du cultivateur, il n’est besoin d'aucune construction spéciale : une simple chambre, exposée au nord, ayant une aération suffisante, peut remplir le but. Les fenêtres seront munies de toile métallique, pour empêcher la fuite des papillons dans le cas où l’on se proposerait de faire de la graine. Si l’on ne veut pas s'occuper du grainage, la chambre servira seulement pour faire éclore la graine au début de l’é- ducation, pour entretenir les jeunes vers pendant quelques jours avant de les poser sur les taillis et ensuite pour emma- gasiner les cocons. Dans le cas de la production de la soie seule,le matériel con- sistera en deu ou trois boîtes de bois blanc, dont le couvercle sera percé de petits trous, ‘où naïtront les jeunes vers, un thermomètre, un ou deux sécateurs pour nettoyer le bois mort du taillis, quelques pots en terre où cruches pouvant contenir 4 ou 5 litres d’eau; quelques.mètres de toile grossière pour faire, dans certains cas, un abri aux jeunes insectes ; un nombre de pompes à main en rapport avec l'étendue du taillis; il sufñt d’une pompe pour 20 ares. Si l’on veut produire de la graine, il faudra en plus une cage à papillons. Travaux préparatoires, Dans le courant du mois de mars, on dispose le taillis pour l'éducation du Yama-mai; on trace les sentiers comme nous l'avons dit, en coupant raz-terre les pous- ses de chènes sur une largeur de 50 centimètres, en lignes droites autant que possible. Ensuite on nettoie le sol en enlevant la feuilles tombées pour les brûler, ainsi queles grandes herbes qui peuvent s’y rencon- trer. Cette opération fait découvrir les nids de guêpes, et dé- 60 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. truit un grand nombre d'insectes qu'il importe beaucoup de faire périr; elle peut être faite par des enfants. Au moyen du sécateur ou de la serpette,on enlève les brindilles de bois mort. Si les feuilles de l’année précédente ne sont pas toutes tombées, on les arrache à la main. On fait les travaux nécessaires pour se procurer l’eau d’ar- rosage. FR (A suivre.) Société centrale d’apiculture et d’insectologie, Séance du 16 mars 1881. — Présidence de M. pe GiNesrous Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observation. Le secrétaire donne lecture de plusieurs documents administratifs. Il annonce qu’à la séance du 7 mars courant la commission des sciences physiques et naturelles a voté, sur le rapport de M. Maurice Girard, l'admission des cinq années parues, du Zulletin d'insectologie agricole, pour les bibliothèques des écoles normales. M. Millet demande que la Société s'associe à un vœu émis par la société des agriculteurs de France en faveur de la con- servation des oiseaux destructeurs des insectes nuisibles. Cette proposition est admise sans opposition. M. Joubert entretient l'assemblée sur une Cicadelle, insecte dont les larves terreuses déposées en grand nombre sur les sarments de vigne et sur les échalas de vignobles phylloxérés, avaient fait penser que ce parasite était un ennemi de la vigne. Il dit que si l’on est peu fixé à cet égard, on l’est mieux à l’égard deses transformations. M. Millet communique une note sur un insecte qu'on trouve dans le guano. Il promet de développer cette note pour le Bulletin de la Société. M. Lesueur signale le frai qu'il a obtenu de grenouilles en captivité. M. Duguet, de Remaucourt (Meuse), écrit qu'il est de ceux qui désirent que lalégislation soit fixée à l'égardde la distance des ruchers, si on ne laisse pas aux apiculteurs l'entière liberté avec la responsabilité, | BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 61 M. Le Riche, instituteur à Gezaincourt (Somme), offre pour la bibliothèque de la Société, le deuxième fascicule des Notes et Études sur l’apiculture à l'Exposition universelle de 1878. Remerciements. Sont présentés pour faire partie de la Société: MM. Gri- gnet, propriétaire à Fontenac (Gironde); Minvielle, institu- teur à Nousty (Basses-Pyrénées), et Chevallon, instituteur à Lhuis (Ain). L'admission de ces membres est prononcée et la séance est levée. L'un des secrétaires : DELINOTTE. Les Fleurs et les Insectes PAR M. GASTON BONNIER (Suite, — Voir p. 47.) Pour voir l'intérieur de la fleur, coupons-la dans sa lon- gueur. Nous pouvons remarquer alors, en dedans de la corolle et du calice, les parties internes. Vous reconnaissez ces filets épaissis à l’extrémité, ce sont les étamines; puis au fond de la fleur, l'ovaire, cette proémi- nence verte, à l’intérieur de laquelle nous distinguons les ovules qui doivent devenir les graines; en haut l'ovaire se prolonge en un long tube qui se termine par une partie plus large qu’on nomme le stigmate. Portons maintenant notre attention sur l'extrémité des éta- mines, nous en verrons sortir une sorte de poudre jaune, c’est le pollen. Ce pollen, produit par les étamines des fleurs, n’est pas formé comme une poussière quelconque. Regardons-en une parcelle au microscope. Nous voyons que tous les grains qui composent cette poussière sont parfaitement égaux et qu'ils ont une forme déterminée. Ils renferment une substance vivante qui à un rôle particulier à remplir. Quel est ce rôle du pollen? Si, par un moyen quelconque, on empêche le stig- mate de recevoir cette poussière, jamais les ovules ne se transforment en graines, le fruit ne se forme pas. Si, au con- traire, le pollen arrive sur le stigmate, il se produira le fruit renfermant les graines. 62 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. Ainsi donc, sans pollen, il n’y a pas de graines pro- duites. Mais au fond de la fleur, au-dessous de l'ovaire, nous aper- cevons une gouttelette brillante; déchirons la corolle et por- tons cette petite goutte sur notre langue, comme savent si bien s’y prendre lesécoliers qui font l’école buissonnière quand ils sucent les corolles des fleurs. Nous sentirons alors que ce liquide aun goût agréable et sucré. Les botanistes, comme vous le savez, ont été jusqu'à comparer ce liquide sucré des fleurs au breuvage des Dieux; ils l’ont appelé le nectar. D'où vient ce nectar? Si nous observons la fleur avec soin, nous saurons découvrir qu'il est produit à la surface d’un or- gane spécial que nous voyons ici et qu'on nomme le nectaire. Pour mieux nous rendre compte de cette production, obser- vons le nectaire au microscope, en le grossissant beaucoup. Vous voyez que c’est un tissu particulier où viennent s’accu- muler les matières sucrées à l’époque de l’épanouissement de la fleur. Vous entrevoyez ici, à sa surface, plusieurs petits ori- fices; c'est par là que peut sortir le liquide. Regardons l'une de ces petites ouvertures en augmentant encore le gros- sissement. En voici une vue de face. Ici, au-dessous, c’est une partie du nectaire située près de lamême ouverture ; vous ob- serverez la petite cavité où l’eau, amenée dans la fleur par la transformation et transformée en eau sucrée par son passage à travers le tissu du nectaire, peut venir se réunir et sortir à un certain moment, en dehors des tissus de la fleur. Quel est le rôle de ce nectaire, de cet emmagasinement de sucres à la base de la fleur? Pendant très longtemps on n’a pas trouvé que le nectaire eût pour la fleur une utilité directe. On a laissé de côté l'étude de cet organe, sans le mettre au nombre des caractères de la plante, et l’on a même été jus- qu'à dire que le nectar était une matière de rebut, inutile au végétal et qu'il rejette. Nous reviendrons d’ailleurs sur cette question. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 63 En résumé, en examinant cette fleur nous trouvons qu'elle produit deux matières différentes; l’une est une poudre vivante, le pollen, dont nous comprenons bien le rôle: il sert à transformer les ovules en graines; l’autre est un li- quide sucré, le nectar, dont nous ne voyons pas encore le rôle utile. Mais avant de chercher à résoudre cette dernière question, il est nécessaire que nous disions quelques mots des insectes qui butinent les fleurs. Prenons encore un exemple particulier, les abeilles; allons près d'une ruche. On en construit qui peuvent s'ouvrir facile- ment; telle est cette ruche à cadres que je mets sous vos yeux. Après avoir eu le soin de nous munir d’un chapeau à voile et de gants pour ne pas être piqués, ouvrons une ruche telle que celle-ci, pour regarder à l’intérieur. Nous y trouvons des rayons de cire, ainsi que vous l’apercevez ici, dans lesquels les abeilles ont construit une quantité de petites cellules ré- gulières. Détachons un fragment de l’un de ces rayons de cire ; enlevons délicatement avec une plume d'oiseau les abeil- les qui le recouvrent, et regardons-le avec attention. Vous distinguez ici quelques alvéoles réguliers ; ils ont la même forme, mais ne renferment pas les mêmes choses. Dans ceux qui sont à la base, fermés par des couvercles bombés, nous trouverions des larves d'abeilles en voie de développement : ces cellules, plus sombres, sont remplies d’une matière jaune on rougeatre, que nous pouvons reconnaître; c’est du pollen de fleurs. Dans ces autres cellules claires, plus nombreuses, nous ne trouverons ni pollen ni larves, mais une matière transparente et très sucrée ; c’est le miel ; nous verrons qu’il est fait avec le nectar, le liquide sucré des fleurs. À quoi servent ces provisions de miel et de pollen? Si nous observions les abeilles au moyen d'une ruche qui ait une paroi de verre,nous pourrions remarquer qu'elles font avec ces deux substances une bouillie dont elles nourrissent leurs petits, c'est-à-dire les très jeunes larves. Le miel, en outre, est mis en provision pour leur propre nourriture, [er Æ= BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. Comment les abeilles rapportent-elles le pollen? Plaçons-nous, sans bouger, à l'entrée d’une ruche par un jour de beau temps, et examinons les abeilles qui rentrent. Vous voyez celles-ci qui rapportent sur leurs pattes de der- rière deux masses de pollen; cette autre, qui est là au milieu, a aussi recueilli du pollen sur ses pattes ; mais en outre, vous remarquez ces sortes de plumet qu'elle porte sur la tête; en se plongeant dans des fleurs d’orchidées, elle en a enlevé les masses polliniques avec le dessus de sa tête. Et le nectar, ce li- quide sucré qui sert à faire le miel, de quelle manière le trans- portent-elles ? Si nous prenons une de ces abeilles par les aï- les, de manière à n'être pas piqué, en pressant un peu sur sa poitrine, nous verrons apparaître sur sa bouche une goutte de liquide sucré. C’est le nectar, qui est recueilli dans une poche située en arrière de la bouche, pour être déposé dans les cel- lules où il se transforme en miel. Nous parlerons aussi des bourdons, autres espèces d’insec- tes qui recherchent avidement le liquide sucré des fleurs ; il ne faut pas les confondre avec les abeilles màles ou faux- bourdons dont ils se distinguent par leur corps plus gros, plus trapu, bien plus velu, souvent orné de vives couleurs, rouge, jaune rayé de noir, comme celui que représente cette figure. Ainsi les deux substances que produit la fleur : le pollen et le nectar, sont recueillies par des insectes qui s’en servent pour leur nourriture ou pour celle de leurs petits. Nous avons vucommentces matières sont produites, etcommentelles sont utilisées par les visiteurs des fleurs ; examinons maintenant comment se fait la récolte, car, comme vous le savez, c’est là le point le plus important du sujet qui nous occupe. A la fin du siècle dernier, un observateur allemand, Chris- tian-Conrad Sprengel, a consacré une grande partie de son xistence à observer les insectes visitant les fleurs. (A suivre.) Le Gérant : H. HAMET. Sceaux. — Imprimerie Charaire et fils. N° 5. SIXIÈME ANNÉE. Mai 1881, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE: Le Tyroglyphe ou Ciron du fromage, par M. Cossox, Société centrale d'Apiculture et d’'Insectologie: Séance d'avril, Guêpes carton- nières, par M. E. Savanr», et note par M. Ram. Les dimensions du Phyl- loxéra de la vigne, (/a Réd.). L'Hylarge des pins, par M. MAURICE GIRARD. Le Tyroglyphe ou Ciron du fromage Dans certains départements du centre de la France où l’on fabrique des fromages maigres avec du lait écrémé, on a l'habitude, aussitôt qu'ils sont égouttés et formés, de les saupoudrer de certains animalcules qu’on conserve avec soin pour cet usage. Ces petits animaux sont ce qu’on appelle vulgairement cirons du fromage. Ils ont aussi les honneurs de la table, puisqu'on leur livre en pâture cet aliment avant de le servir à la consommation de l’homme. Honneurs assuré- ment immérités ; si l’on'demandait aux ménagères la raison de leur croyance aux vertus de ces animaux dans la prépara- tion des fromages, elles seraient fort embarrassées de donner une réponse plausible, à moins que ce fût celle-ci, qui coùte- rait un peu à leur amour-propre : Nous faisons comme les moutons de Panurge. Examinons un peu les titres et qualités du ciron fro- mager. | C'est une des cinq parties du genre qui a été décoré par les entomologistes modernes du nom de 7 yroglyphe, mot formé de la langue grecque et que signifie sculpteur du fromage; il est classé dans les arachnides acariens. Cet animalcule appelé Tyroglyphus siro, Tyroglyphus domesticus, par les célèbres La- 66 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. treille et Linné, a pour congénères les 7. longior, T. Siculus, T. echinopus, et T, entomaphagus. L'espèce qui nous occupe se trouve accidentellement sur la croûte de quelques fromages avancés, comme le roquefort, et en outre dans les farines avariées. Le tyroglyphe domestique est visible à l'œil nu et forme comme la transition avec les animalcules qui demandent pour être vus l’emploi du micros- cope. Les femelles plus grosses que les mâles ont une longueur qui varie de 20 à 30 dixièmes de millimètres. Comme tous les organismes placés par leur petitesse aux derniers degrés de l'échelle animale, ces arachnides se distinguent par une pro- digieuse fécondité quand ils sont placés dans des conditions favorables. C'est ainsi que les tyroglyphes se multiplient avec une rapidité telle, que, déposés sur la caséine à une tempéra- ture au-dessus de 25 degrés. deux individus suffisent pour en reproduire plus de 20,000 au bout d’un mois. Cette trop nombreuse colonie produit alors sur le fromage blanc une croûte colorée plus ou moins épaisse, qui a déjà subi une fermentation avancée et dont la saveur est àcre et désagréable, tandis que l'intérieur du fromage est encore blanc et privé de cette saveur piquante qu'on recherche dans les fromages. Cette croûte colorée n’a d'autre effet que de donner aux fromages ainsi traités une fausse apparence de maturité, qui n’est en réalité qu’un trompe-l'œil. Au moment de la consommation, il est très difficile de de- barrasser le fromage de cette population parasite passablement génante pour ne pas dire davantage. Les huit pattes de ces petits arachnides sont, par leur conformation, autant de cram- pons qui les font adhérer solidement au corps qu'ils habitent. Mais dès que le fromage est entamé, c'est comme la brèche ouverte d’une ville assiégée par laquelle des légions d’animal- cules voraces pénètrent dans l’intérieur de la place qu'ils in- festent de leur présence. Une population qui décuple si rapidement exige beaucoup de vivres. C’est la meilleure substance de nos fromages qui en fait les frais. Ces agapes, qui se continuent sans fin dans le BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 67 silence de nos caves, finissent par absorber une quantité ap- préciable de matière caséeuse qui se trouve ainsi sacrifiée en pure perte. Une croûte profondément creusée et sillonnée accuse le pas- sage de ces voraces animaux. Ces fromages sont consommés en grande partie dans les campagnes où on les fabrique. J'ai vu souvent les campagnards en manger sans prendre garde aux nombreux tyroglyphes qui les recouvrent et qui passent ainsi dans les intestins. Je trouve là un véritable danger pour la sante. La chimie expérimentale nous apprend bien que le caillé, pendant les manipulations qu’on lui fait subir, se recouvre spontanément d'une certain nombre d'organismes vivants, cryptogames et infusoires, qui sont les véritables agents de la fermentation caseique. Mais là nous avons affaire à des êtres microscopiques, invisibles, parfaitement négligeables à cause de leur innocuité.C'est une intervention étrangère, naturelle, opportune, qui se fait à notre avantage en opérant une trans- formation lente et graduée de la matière caséeuse, à l'encontre des tyroglyphes employés à profusion, qui produisent cette fermentation rapide et désordonnée, contraire à toutes les règles de la fabrication fromagere. Ce dernier procédé, que je combats, n'est jamais employé dans la préparation des fromages renommés du commerce ; et ceux qu’on recouvre ainsi de tyroglyphes sont réduits à la consommation locale ou à celle des populations ouvrières du voisinage, parce qu'ils seraient difficilement acceptés de la classe bourgeoise des villes. Il serait à souhaiter que toutes les ménagères qui ont un culte pour le tyroglyphe, comme j'en ai connues, examinassent de pres ce petit arachnide dont la vue au verre grossissantest loin d’être réjouissante. Nous savons déjà que le ciron a une parenté zoologique fort suspecte. Sur un corps trapu, molasse, semi-transparent, d’un gris sale, se dressent du côté de l’ab- domen, de nombreuses verrues surmontées de soies d’inégale longueur, et dont l’une, à l'extrémité du corps, se distinguc 68 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE. par sa teinte rouillée et vineuse; c’est la bouche, sorte de rostre terminé en suçoir. Qu'on se figure une hideuse agglo- mération de poils de bosses, de pattes, d'ongles et d'appendices gélatineux ; à première vue, cela tient du ver, de l’araignée, du pou et du sarcopte. Si l’on promène la loupe pour avoir une vue d'ensemble, on aperçoit comme une populace avinée qui grouille, rampe, se vautre, se démène et se culbute sur un amas sordide et pulvérulent composé surtout de larves, de victuailles et d'excréments. Ce tableau peu flatteur, mais non chargé, donne une idée de l’arachnide qu’un entomologiste a baptisé du nom parfaitement justifié de 7°. sordidus. Tous ces griefs réunis constituent, à mon avis, un dossier largement suffisant pour motiver la condamnation du 7yro- glyphus siro. Est-ce à dire que j'appelle sur lui les foudres ad- ministratives? L'ennemi que je combats ne mérite pas tant d'honneur. Mais je voudrais dire et redire aux ménagères que la première condition pour faire de bons fromages, c’est de ne pas écrémer à outrance le lait destiné à cette fabrica- tion. Quant aux cirons, au lieu de les mettre à l’engrais en les gorgeant de caséine, on ferait beauconp mieux de laisser crever de faim ces vilaines bêtes ou de les jeter au feu. C’est tout ce qu’elles méritent. Telles sont, monsieur le directeur, les observations specia- les que j'ai eu l’occasion de faire de mes recherches sur le. lait et ses dérivés. Si vous jugez, comme moi, qu’il soit utile de les faire connaître aux populations rurales, vous voudrez bien leur accorder la publicité de votre estimable journal. Je suis convaincu qu'il suffira de renseigner sur l’inutilite et le danger de la pratique que je combats pour arriver à la faire disparaître. Cosson, pharmacien de 1" classe. Société centrale d’Apiculture et d’Insectologie, SÉANCE DU 20 AVRIL. — PRÉSIDENCE DE M. DE GINESTOUS. Le procès verbal de la dernière séance est lu et adopté. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 69 Le secrétaire général fait part de la mort de M. Arthaut, ancien membre du conseil d'administration de la Société, et très dévoué à son œuvre. Le président témoigne les vifs re- grets que l’assemblée éprouve de cette perte. M. Ramé entretient l'assemblée du résultat des éclosions qu'il a obtenues de diverses chrysalides qu'il possédait : A acus Yama-mai (ver à soie du chêne), le mâle est né le 25 mars, la femelle n’est née que le 5 avril; grand Paon de nuit, mâle et femelle le 10 avril, le premier mal développé; Acronycta ac- eris (Omicron ardoisé), nés fin mars. Même date pour l'Acro- nycta Psi, le Psi. Ce matin, 20 avril naissance du Péilodontis palpina où Museau. M. Savard exhibe un nid de guêpe cartonnière d'une espèce très petite. M. Ramé entre dans des détails sur les guêpes inventeurs du papier et du carton. M. Cuny, d’Entre-deux-Eaux, communique son mode de pra- tiquer les essaims artificiels avec sa ruche en paille de forme carrée, jaugeant environ 40 litres. M. Geslin, de Bellème demande qu’à l’occasion du concours régional qui aura lieu prochainement à Alencon, la Société centrale provoque un groupement d’apiculteurs de l'Orne et de la Sarthe pour la formation d'une société, comme il en existe dans l'Eure et Loir, la Somme, l'Aube, ete. Le prési- dent répond que c’est aux apiculteurs de la localité à prendre l'iniative de ce groupement, et engage vivement M. Geslin à prendre part à ce concours et à ouvrir une liste d'apiculteurs qui formeront le premier noyau. Cet honorable correspondant demande ce que la Société pense du moyen électrique contre les abeilles, publié par un journal allemand, la Deutsche presse. Le professeur du Luxembourg répond qu'il s'agit dans cette affaire de l’asphyxie momentanée, dont les effets ont été inter- prétés par un traducteur ignorant et enthousiaste. M. Hamet entretient l'assemblée de la situation de l'établis- sement de la Société au pare de Montsouris. Il dit que l'édu- cation des vers à soie du mürier pourrait commencer l’année prochaine si les constructions sont faites cette année. Quan 70 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE. à l’éducation des vers à soie du chêne, il faudra attendre plu- sieurs années; les chênes plantés poussent lentement dans ce terrain rapporte. Le secrétaire présente pour faire partie de la Société M. Ges- lin, apiculteur à Bellême (Orne). L’admission de ce membre est prononcée et la séance est levée. L'UN DES SECRÉTAIRES : DELINOTTE, Guêpes cartonnières, Genre Charterqus., — Nrdre des hyménoptères, — Espèce Char- tergus apicolis. PAR M. He SAVARD. C'aractères. Première dent des mandibules très courte, rap- prochée des autres; celles-ci pointues, égales entre elles, éga- lement espacées. Prolongement du bord antérieur du chaperon angulaire. Abdomen sans pédicule. Pattes moyennes. Radiale s'avancant plus près du bout de l'aile que la troi- sième cubitale. Deuxieme cubitale pas beaucoup rétrécie vers la radiale, Troisième cubitale un peu dilatée vers le limbe. Tous les différents guëêpiers de nos Guëpes d'Europe, que nous trouvons construits, si industrieusement, soutiendraient mal la comparaison avec ceux d'une espèce de (ruèpes d’Amé- rique; ils ne nous sembleraient plus que des ouvrages gros- siers. L'enveloppe, les cellules et les piliers sont composés de fibrilles de bois, détachées par les mandibules des guëpes. Elles sont mêlées d'une liqueur gluante, et par une nouvelle préparation, elles deviennent une espèce de pâte, et pren- nent, sous la pression des mandibules, la forme d’une sorte de papier. 4. Qui fait du carton. BULLETIN D'INSEGTOLOGIE AGRICOLE. 71 Dans l'état de mollesse, on conçoit facilement que cette matière adhère aux endroits sur lesquels elle est posée, et qu’ensuite elle s'étende sous la pression des mandibules pour prendre la forme que désire lui donner l’industrieuse guêpe. Fig. 44, — Nid de guêpe cartonnière, C'est une espèce de vase solide qui soutient une forte pression. Il est fait d’un carton qui ne le cède en rien au plus beau, au plus fort que nous sachions faire. Si l’on remet ce vase entre les mains d’un de nos ouvriers en carton, et qu'il l'examine, il ne lui viendra jamais dans l'esprit par qui il a été fait. Les environs de Cayenne sont un des pays de l’Amérique où on les trouve; ils restent exposés aux injures du temps: ils sont suspendus par leur partie supérieure, et la plus me- nue, à une branche d'arbre. Au bout de cette partie est une espèce de long anneau, ou plus exactement un tuyau de deux ou trois pouces, dans le-? quel passe une branche plus ou moins grosse; la branche a été le noyau sur lequel le tuyau a été construit et fixé. Depuis le bout supérieur jusqu'à l'inférieur, le diamètre du nid va en Ha BULLETIN D'INSECTOLOGIR AGRICOLE. augmentant. Cette espèce de boîte de carton est de figure conique ou sphérique et fermée par en bas; elle a un fond de même matière que le reste des parois, convexe en dehors, et qui s’allonge plus qu'ailleurs à son milieu. Le trou qui est à sa partie basse a environ cinq lignes de diamètre. C'est la seule et unique porte qui donne entrée et sortie aux guêpes. Ce nid est occupé en partie, comme celui d’autres guëpes, par des gâteaux disposés par étages. On en compte jusqu’à onze dans un guêpier, on peut en trouver plus dans d’autres. Comme les gâteaux des autres guêpes ils sont remplis de cel- lules hexagonales et seulement sur leur face inférieure ; enfin le carton est différent, comme le reste de l'architecture des guëpiers de nos guëêpes communes, qui ne font que du simple papier. Nous ajouterons à la note de M. E. Savard une communica- tion du même genre adressée par M. A. Ramé, professeur, directeur des cours théoriques professionnels de la chambre syndicale du papier. — Ïl y a plusieurs genres de fabrication de nids de guëêpes, ceux de nos contrées sont plus généralement faits en papier. Voilà qui peut paraître étrange mais cela est cependant très vrai, et même d’un papier parfaitement bien collé et imper- méable qui, étant satiné, pourrait très bien recevoir l'écriture. La seule différence que l’on puisse signaler, c'est que la main de l’homme a fait intervenir dans la fabrication une manifestation de plus, celle du blanchiment. Revenant au nid en question, qui, celui-là, n'est pas en pa- pier, mais bien en carton, et qui plus est en carton-paille tel que l’employaient les relieurs d'autrefois, notamment le roi Henri Il, qui fut l’un des plus célèbres de son temps, nous dirons que ce nid est tout entier fabriqué avec du carton-paille de résistance et d’une force telle qu’une voiture de pierre pourrait écraser les alvéoles qui sont à l’intérieur, briserait le nid dans sa forme mais ne pourrait jamais anéantir la ma- tière qui peut résister aux chocs les plus violents. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 13 La pâte de l'enveloppe préparée par chaque insecte est faite de la même façon qu'opèrent aujourd'hui nos fabricants de papier et de carton. On va même jusqu’à dire que les Chinois, profonds observateurs, ont découvert le procédé employé et ont créé le commencement de l'industrie du papier à la suite de sérieux et minutieux examens de l’histoire naturelle des Insectes. Les cellules ne sont pas en cire, mais bien en carton ; une galerie spéciale, qui mène à l'ouverture et conduit aux loge- ments de chaque étage, est précieusement ménagée. De même que les anciens faisaient pourrir le chiffon au début de leur art, de même les guêpes n’emploient que des matières arrivées à ce degré. Ce que nous regardons comme mauvaises herbes croissant au bord des marais, au bord des ruisseaux est le meilleur des produits de fabrication. Les fibres ligneuses et les racines qui ont été à un moment séchées par l’ardeur du so- leil, pourrissent dans l’eau; mais les filaments ne sont pas détruits, la cellulose existe toujours, la partie végétale solide n’est pas anéantie, la guêpe va chercher par petites parties ces brins de paille plus ou moins désagrégés, coupe avec ses mandibules des fragments quelquefois aussi gros qu'elle-même, puis les défile, les triture et les rend à un état pareil à celui du chanvre roui, les pétrit, et les humectant d'une salive glu- tineuse, réunit les parties les unes aux autres; toutes les ouvrières travaillant ensemble arrivent rapidement à un ré- sultat surprenant ; le travail intérieur dont la pâte ne paraît pas aussi imperméable semble avoir été fait après l'enveloppe. Cette dernière, qui ressemble au papier mâché ou carton- pierre, pour arriver à un degré d'imperméabilité qui défie et la pluie et le soleil, est enduite de parties de vernis et de gomme, ce qui lui donne l'aspect d'une carapace de citrouille ou de gourde. Les guêpes apportent chacune leur contingent et lissant avec leur langue l’enduit ou vernis qu'elles ont ainsi préparé, arrivent de la sorte à une solidité que le genre humain peut envier. Voici les observations que j'ai pu recueil- lir et si j'ai pu être assez heureux pour intéresser vos nom- T4 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. breux lecteurs sur ce sujet aride, j'en serai le premier satis- fait. Les guèpes cartonnières, en particulier, ont un assez grand nombre d'espèces, encore mal connues, de l’Amérique méri- dionale chaude; ce que nous disons sur les guêpiers est à titre genéral. Les dimensions du Phylloxéra de la vigne Beaucoup de livres donnent des images nécessairement grossies du Phylloxéra de la vigne; des planches murales des- tinées aux cours publics et aux Ecoles primaires, soit déjà éditées. soit en préparation, reproduisent, les diverses phases du funeste insecte, avec une amplification énorme, destinée à le faire voir de loin à un grand nombre de personnes. On s’habitue vite à ces grossissements grandioses, et ceux des instituteurs notamment, qui n'ont pas encore vu le Phyl- loxéra et qui peuvent le rencontrer d’un jour à l’autre, à me- sure que ses ravages s'étendent, se font peu l’idée des gran- deurs réelles de ce minuscule insecte, qui compense son extrème faiblesse par ses multitudes, offrant ainsi un exemple des effets considérables que peut présenter l’action des petites forces simultanées.C'est surtout cette petitesse qui a empêché tant de personnes de voir dans le Phylloxéra ce qui est réel- lement la cause de la maladie de la vigne. Nous pensons rendre service aux lecteurs du Zulletin d'In- sectoloqie agricole en mettant sous leurs yeux les dimensions réelles du Phylloxéra rapportées au millimètre, dans les diverses formes de son cycle vital si complique : 1° Femelles agames, sans ailes et rostrées, soit des racines, soit des galles des feuilles. Œuf récemment pondu, 0,24 millim: de long sur 0,13 de large. — Femelle aptère des racines, environ 0 75 millim. de long sur 0,50 de large; femelle aptère des galles un peu plus large que la précédente. Leslarves, après leurs diverses mues, BULLRTIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 75 ont des dimensions intermédiaires entre celles de l’œuf et de la femelle adulte pondeuse. 2° Femelles agames, ailées et rostrées. Nymphe de la femelle ailée un peu plus allongée que la femelle aptère, dont elle provient après une mue. — Femelle ailée, un peu plus d'un millimètre de longueur. Elle pond sur les bourgeons, parfois sur les ceps ou sur la terre,des œufs de deux sortes : œuf mâle, de 0,26 millim. de long sur 0,13 de large : œuf femelle, de 0,40 millimètres de long sur 0,20 de large. 3° Sexués sans ailes ni rostre. Ce sont de véritables avortons, ne prenant pas de nourri- ture, courant cà et là sur les ceps, le mâle s’accouplant avec la femelle, puis celle-ci pondant sur le cep seul l'œuf d'hiver, qui renouvellera au printemps suivant la génération des femelles agames, d’abord sans ailes, des racines et des galles. Sexué mâle, 0,27 millim. de long sur 0,13 de large; sexué femelle, 0, 48 millim. de long sur 0,20 de large. — Œuf d'hi- ver : en automne : 0,25 à 0,28 millim. de long sur 0,11 à 0,10 de large ; au printemps suivant : 0,36 millim. de long sur 0,16 de large; cet œuf s’est gonflé par le développement de l’em- bryon qu'il contenait. (La Rédaction). K'Hylurge des Pins et ses ravages Par M. Maurice GIRARD On sait que la Sologne, suivant l’usage des sols infertiles, offre de grandes plantations de pins, des espèces Pin silvestre et Pin maritime. Le rigoureux hiver 1879-1840, ayant détruit cette dernière espèce, les Scolytiens pinivores, qui jusqu'alors répartis sur d'immenses surface,ne causaient pas de dommage appréciable, se sont rejetés exclusivement sur les Pins sil- vestres, dont ils ont envahi les forêts, car ils ne pouvaient plus vivre du bois mort des Pins maritimes. Ce sont des in- 76 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE. sectes qui volent très bien, surtout à l’aide du vent qui en- traîne leurs corps légers. Aussi le déménagement n’a pas été difficile, et, dès l’été de 1880, les ravages, bien plus sensibles sur une surface de pineraies réduite, étaient signalés de toutes parts en Sologne et appelaient l'attention de la Société des Agriculteurs de France à sa session de février 1881. La cause principale, sinon unique, du mal est un Scolytien ré- pandu dans toute l’Europe et nommé l’Aylurge piniperde (ancien Hylésine). Dans les pineraies de M. Des Francs, à Saint-Cyr-en-Val, près d'Orléans (Loiret), dans les quelques jours de soleil qui eurent lieu en février 1881, les ouvriers forestiers étaient fort incommodés par de véritables essaims de ces minimes in- sectes qui les entouraient et pénétraient sous leurs vêtements par le col et les manches. Ces ouvriers prétendaient qu'ils étaient piqués par ces sortes de mouches, prenant pour des piqûres soit les morsures des mandibules, soit la sensation que produit le contact de ces Scolytiens, rugueux comme des pe- tites rapes. Des dégâts anologues, produits dans l'Isère, furent indiqués à la même sesion. En Sologne le mal continue très gravement cette année même, et j'ai reçu,à plusieurs reprises de Sologne et aussi de Touraine, des échantillons de jeunes branches de Pin silvestre attaquées par les larves de ce Æa- vageur des forêts, nom général qu’on donne souvent aux Scoly- tiens. Elles sont perforées en long, comme un tuyau de pipe, et on trouve en ce moment (fin mai 1881), dans ces tuyaux, soit la larve avancée, soit la nymphe, soit même fadulte venant d'éclore. Au reste la grande majorité des larves se tient au pied des arbres, sous les écorces. Le Coléoptère qui cause de si grandes alarmes en ce mo- ment appartient aux Scolytiens, peu éloignés des Charancçons, à larves pareilles, aveugles, sans pattes et courbées, les adul- tes ayant un rostre obtus et beaucoup plus court. Différents des Anobiens ou Vrillettes, qui n’attaquent que les bois morts et même ouvrés depuis longtemps, les meubles, les char- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE, tr pentes, les boiseries, les frises de parquet, les Scolytiens s'en prennent aux arbres vivants et sur pied,mais affaiblis par diverses causes. Ce sont eux, en effet, dont les femelles per- cent les écorces et creusent, entre écorce et aubier, ces gale- ries, si visibles souvent sur nos buches et où elles disséminent leurs œufs. Les larves embranchent leurs galeries sur celle de la mère, galeries qui vont en s’élargissant à mesure que la larve grossit. Les arbres jeunes et vigoureux sont épargnés do’rdinaire, car les afflux de sève forcent les femelles à re- brousser chemin et tuent les larves. Ce fait là est spécial aux Scolytiens, ce qui n’a pas été compris et a fait se propager cette erreur que les insectes en général n'attaquent que les végétaux déjà affaiblis par la maladie et ne sont pas la cause du mal; de là le Phylloxéra-effet et tant d'erreurs analogues, qui mènent tout droit aux absurdités des générations sponta- nées. Le genre Æylurgus, Latreille, détaché aujourd’hui des an- ciens /ylesinus, est formé d’espè- ces spéciales aux arbres résineux ou arbres verts, à feuilles persis- tantes, et l'espèce la plus redou- table, qui ravage en ce moment la France, est l'A. Piniperda, Linn., insecte répandu dans toute l’Eu- rope et spécial aux pineraies des Pins silvestres, maritimes et la ricios. Il est long de 4 à 5 millime- tres, selon les sujets plus ou moins bien nourris (les variations de Fig. 15. taille sont fréquentes par cette Hylurge pimperde, adulte. cause chez les insectes), à rostre ou museau très court, à corps cylindroïde, d'un brun marron plus ou moins foncé, avec le prothorax ou corselet ponctué, retréci en avant en long tronc de cône, comme un groin, ce qui doit aider la femelle à creuser son trou de ponte, ce corse- let rugueux et dur fonctionnant comme la rape donton se sert 78 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. en chimie pour percer un bouchon; les élytres, un peu plus claires que le corselet, sont ridées, crénelées en avaut, deux fois aussi longues que le prothorax etun peu plus larges, avec des stries ponctuées entre lesquelles d'autres points sont dis- posés en lignes. Les intervalles impaifs, à partir de la suture des élytres, portent à l'extrémité de petits tubercules couron- nés de poils raides et courts, qui garnissent aussi quelques autres parties du corps. L'espèce n’a qu'une génération par an. Les adultes ont passé l'hiver engourdis et cachés sous la mousse, dans les branches tombées et déjà creusées au centre, dans les an- ciennes galeries de ponte des années précédentes. Ils s'en- volent de bonne heure en essaims considérables, de janvier à mars, selon la temperature et la latitude, en remontant du sud au nord de la France, et selon l'altitude si on est en pays de montagne. Les femelles fécondées perforent les écorces des souches de Pins restées en terre, celles des Pins coupés ou renversés par le vent, et aussi celles des Pins en pied, mais affaiblis et maladifs. On s'aperçoit de leur présence par la vermoulure rejetée des galeries et souvent par la résine qui se concrète en tubes autour des trous d'entrée. Les galeries entament à la fois le liber et l’aubier, un peu sinueuses et obliques à leur base, puis, se relevant de bas en haut, pa- rallèles à l'axe de la stipe et un peu élargies à leur extré- mité ; chaque femelle pond environ cent vingt œufs, dissémi- nés dans la longueur de sa galerie. Les larves sortent des œufs au bout de très peu de jours et sillonnent assez régulié- rement le liber de galeries qui, au moins au début, sont à angle droit avec la galerie de ponte creusée par la mére; les galeries des larves sont terminées par de petites chambres élargies où elles se transforment en nymphes et l'adulte sort, le plus souvent, en pratiquant un trou à l'écorce. La multi- plication des galeries de ponte et des galeries de larves occa- sionne des écoulements excessifs de sève, amenant le dépé- rissement, et même parfois la mort des Pins. Le développement des larves devient rapide en mai, et les BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 79 adultes prennent leur essor en juin et au commencement de juillet. Ces adultes sont encore plus nuisibles que les larves ; comme ils doivent passer l'hiver, il faut qu'ils se nourrissent pour atteindre l'époque où ils seront engourdis par le froid. L'adulte pratique à la base des pousses d’un an, de deux ou trois ans, un trou par lequel il pénètre jusqu'au centre de la branche. Il creuse la jeune tige en suivant son axe et géné- ralement s'échappe par une seconde ouverture pratiquée près du bourgeon terminal. Parfois, revenant sur ses pas, il sort par son trou d'entrée. Les rameaux perforés se dessèchent et tombent sur le sol, principalement après les coups de ventun peu violents. Sil’on fend quelques-uns de ces débris ligneux à la fin de l'été ou en automne, on trouve dans chaque tuyau de quelques, centimètres de longueur, un, deux et jusqu'à cinq insectes. Les arbres attaqués sont alors facilement reconnais- sables à leur cime maigre ét pointue, comme taillée aux ciseaux par ces Jardiniers de la forêt. À leurs pieds, du reste, le terrain est couvert de rameaux transformés en petits tubes. La destruction directe des Hylurges est impossible à es- sayer, non plus que celle des autres Scolytiens, à cause de leur extrème petitesse et de leur vol en immenses essaims ailés que le vent transporte partout. En présence de telles multi- tudes il est absolument illusoire de compter sur le concours des oiseaux insectivores, D'abord, pour l'Hylurge qui s'envole au premier printemps, on peut dire que les oiseaux de passage ne sont pas encore arrivés et que les oiseaux, en général, ne sont utiles qu'au moment des nichees. Au reste on abuse beaucoup trop des petits oiseaux, thème sempiternel de bavards ignorants et matière à romances senti- mentales, surtout pour la race féminine des'poètes. Un moyen qu’on emploie avec succès dans les circonstances ordinaires, quand les Hylurges ne sont pas trop nombreux, est celui des arbres-pièges. On abat ca et là quelques Pins sur lesquels se portent avec prédilection les Scolytiens, en raison de l'affaibiissement con- sidérable de la seve, 80 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE, Quand ces arbres sont, en quelque sorte, saturés d'Hylurges on les emporte loin de la pineraie pour les débiter. Il faut opérer plus énergiquement quand il y a des dévastations grandioses, comme celles de 1880 et 1881. On aura soin d'en- lever les souches, opération parfois coûteuse, mais très effi- cace, car elles sont des refuges prédestinés pour les Hylurges. En outre, il faudra écorcer immédiatement tous les Pins abat- tus et faconnés en buches, qui demeurent en tas dans la forêt. Entin, aux dernières semaines de l'été et surtout en automne, à la suite d’un orage ou d’une tempête de vent qui jonchera de nombreuses pousses le sol d’un massif, on réunira ces pousses au rateau; on les transportera ensuite à la brouette, ou à l’aide de paniers ou de sacs, sur une place vide, et on li- vrera aux flammes vengeresses d’un feu clair de branchages tous les coupables enfermés dans leurs tuyaux, de manière à diminuer beaucoup les multitudes des essaims du prin- temps. Les meilleurs moyens sont, comme toujours, contre les in- sectes, les intempéries, telles que les gelées blanches tar- dives et surtout les ennemis naturels tirés de la classe des insectes. Il y a d'utiles Coléoptères, de la tribu des Clériens (celle du clairon des ruches né du Ver rouge des apiculteurs. Ce sont des insectes ornés de jolies couleurs, à aspect de fourmis, et dont il a été récemment question dans le Bulletin, à propos de l’espèce adressée par notre collègue M. Rame. Les Tèllus ou Thanasimus formicarius et mutillarius font sous les écorces, et surtout à l’état de larves carnassières, un grand carnage de larves funestes des Scolytiens ; malheureusement ces auxiliaires ne sont pas assez nombreux. Nos grands alliés sont les entomophages internes, les Hyménoptères à tarière, principalement des tribus des Chalcidiens et des Braconiens. (A suivre.) Le Gérant : H. HAMET. ScEAUX. — Imprimerie Charaire et fils. N° 6. SIXIÈME ANNÉE. Juin 1881. EBEPE LE TIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE: Manière de recueillir et de conserver les insectes, par QuopvLiEec. — Education du ver à soie du chêne (suite) par M. de Riscar. — Conférence sur les insectes nuisibles aux céréales (sxite) par M. E. Vraxxe. — Société centrale d’Apiculture et d’Insectologie, séance de mai 1881. — L'Hylurge des pins (fx) par M. Maurice GirarD (fin.) Les Insectes (bibliographie) par A. L. Brenn. oo) Entomologie pratique, Maniére de recueillir. et de conserver les insectes 1. S'il est vrai, ainsi que l’affirment beaucoup d’entomologistes, que les insectes fassent subir à l’agriculture une perte supé- rieure à la valeur du coton ou à la moitié de la valeur moyenne de la moisson, il est grand temps, me semble-t-il, que les jeunes gens de la campagne apprennent les noms, étudient l’ana- tomie, observent les mœurs de ces fléaux de nos campagnes. Ils sauront ainsi reconnaitre les moyens de s’opposer à leur multiplication, de les détruire ou de leur déclarer une guerre intelligente. Il y a beaucoup à faire dans ce sens, et chaque jour nous apporte de nouvelles découvertes, à mesure que le nombre des entomologistes observateurs et expérimentateurs va en augmentant, à mesure qu'on avance dans l’application pratique de l’histoire naturelle, Comment les fils des agriculteurs commenceéront-ils leurs études d’entomologie? En premier lieu, ils auront à se fami- liariser avec les premières notions de cette science ; ensuite 1. Traduit par Louis QuoëDvLiEG. 82 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. ils travailleront à se former une collection qui peut ètre la source de renseignements précieux, même si le jeune ento- mologiste ne dépasse pas le seuil du temple de la science. Bien des fils de cultivateurs pourraient former une bonne collection d'insectes avec moitié plus de facilités que les cita- dins, pourvu qu'ils eussent seulement le goût de commencer. Un des meilleurs entomologistes américains a pris goût à l'étude des insectes alors qu’il était apprenti tailleur; il recueillait des mouches et des guêpes de couleurs brillantes et les fixait avec une épingle à la muraille de sa boutique. — Bien des entomologistes en renom ont eu des débuts tout aussi modestes. Il est probable que l’idée d'étudier et de recueillir les insectes n’est venue qu’à un petit nombre de fils de fermiers; l'un d'eux m'écrivait dernièrement, en m'annonçant qu'il allait étudier l’entomologie : « Jamais je n’ai supposé qu'un jeune homme de la campagne püt recueillir des insectes; j'y voyais seulement un passe-temps pour ceux qui ont des loisirs à consacrer à ces recherches et à ces études. » C’est une grave erreur. Un jeune campagnard a toutes les facilités désirables; c’est autour de lui qu'il peut le mieux étudier les insectes, ennemis acharnés du cultivateur, qu’il peut les suivre dans toutes leurs métamorphoses, qu’il peut à la fois se rendre matériellement utile à l’agriculture et concourir au progrès de la science. Si les fermiers connaissaient un peu plus d'entomologie, s'ils étaient initiés aux particularités du monde des insectes qu'ils dédaignent si profondément, ils sauveraient chaque année bien des milliers de francs que leur font perdre ces bestioles. On ne saurait apprécier au juste les torts qu'elles causent à l’agriculture, mais on peut se faire une idée de l'importance de ce fléau, d’après ce qu'en dit l'American ento- mologist du mois de septembre 1868, qui assure que leurs déprédations dépassent, en Amérique, la valeur totale de la récolte du coton. « En somme, nous restons certainement au- dessous de la vérité, en affirmant que, en moyenne, notre pays perd annuellement une somme de trois cent millions de BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE. 83 dollars ! par les déprédations des insectes nuisibles. » Parlant ensuite des travaux du docteur Fitch sur les insectes nui- sibles de l'État de New-York, il affirme, suivant l’opinion d'agriculteurs éclairés, que ces écrits font réaliser, pour un seul État, un bénéfice de cinquante mille dollars par an. Siles efforts d’un seul homme ont pu produire ce résultat surpre- nant, quel ne sera pas le succès des efforts de plusieurs hommes, travaillant tous avec zèle au bien-être général? Certains insectes sont nuisibles, d’autres ne le sont pas, d’autres même sont utiles; il faut que l’agriculteur soit à même de reconnaître ses amis et ses ennemis, et il n’apprendra à les distinguer qu'en observant les mœurs des insectes mêmes. Je ne présente point ici un traité d’entomologie, ce n’est qu'un recueil d'indications pratiques sur la maniere de recueillir et de conserver les insectes; j'ai l'espoir qu'elles pourront éveiller chez quelques personnes le goût de l’ento- mologie, et que par là j'aurai contribué à répandre l’étude de cette science attrayante. Les /nsectes, aussi bien que les vers et les crustacés (clo- portes, homards, etc.), appartiennent à la division du règne animal connu sous le nom de Arfculata ou Artrculés, c’est- a-dire composés d’anneaux ou segments. Les insectes se dis- tinguent en ce qu'ils ont le corps formé de trois parties bien tranchées : la tête, ie thorax et l'abdomen; en ce qu'ils ont deux antennes, quatre ailes et trois paires de pattes. Chez les mouches, la seconde paire d'ailes fait défaut ? ; quelques insectes, peu nombreux à la vérité, n’ont pas d'ailes. La classe des insectes est ordinairement divisée en sept groupes, que l’on appelle ordres, et qui se subdivisent en familles, tribus, genres et espèces. Un insecte, une fois sorti de l'œuf, prend la forme appelée /arve, qui, quand elle a achevé sa croissance, se dépouille de sa peau, consolide ses tégu- ments externes et devient une nymphe; elle reste sous cette 1. Le dollar vaut 5 fr. 34. (La Rédaction.) 2. La seconde paire existe, mais peu reconnaissable, sous la forme des balanciers. (La Rédaction.) 8: c BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. é iorme jusqu’à ce qu’elle soit arrivée au terme de ses méta- morphoses et en sort à l’état d’insecte parfait. On dit que les transformations sont complètes quand les changements d'un état à l'autre sont bien tranchés, comme on le voit fig. 16. Tel est le cas pour les abeilles, les papil- Fig. 146. — Abeille grossie, lons, etc. Chez les sauterelles, les blattes, etc., les transfor- mations sont incomplètes, parce qu'à aucune période de son existence l’insecte ne devient immobile ni ne cesse de prendre sa nourriture, mais qu'il grandit en changeant plusieurs fois de peau, jusqu’à ce qu'il arrive à l’état parfait. Dans la classe des insectes, les femelles différent des mâles en ce qu’elles sont plus grandes en général et de couleurs moins brillantes; elles sont souvent ornées de dessins différents et ont ordinai- rement un anneau de moins à l'abdomen. On les désigne ordi- pairement par les signes suivants : mâle et femelle d (A suivre.) Éducation du Ver à soie du Chêne, par M. Le Marquis DE Riscat (Suite, — Voir p. 56.) £closion. — On doit tenir la graine de Yama-nai dans l’en- droit le plus froid de la maison, à partir de l’époque où les ® BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE. 85 fortes gelées ne sont plus à craindre, jusqu’au moment où se montrent les premières feuilles de chêne. Vers le 16 avril en Espagne, un peu plus tard en France, la végétation du chêne se met en mouvement. Quand les feuilles font leur apparition, la boîte qui contient la graine est apportée dans l'appartement où doit avoir lieu l’éclosion. L’éclosion à lieu rapidement aussitôt que la température s'élève à un degré convenable. Le thermomètre étant placé à l'air libre, à l'ombre et au nord, voici la température la plus avantageuse observée au dehors : 45 avril, 6 heures du matin, 11 degrés centigrades ; à midi, 18 degrés; à six heures du soir, 14 degrés; maxima à l'ombre, 18 degrés. L’épaisseur de la graine dans la boîte ne doit pas dépasser 3 centimètres, afin que les petits vers puissent arriver facile- ment à la surface. On place dans la chambre des bouquets de rameaux dechèêne, garnis de feuilles, sur des pots remplis d’eau, comme s’il s’agis- sait de bouquets de fleurs dans un vase. On dépose quelques petits rameaux portant de jeunes feuilles à peine écloses sur Ja graine dans la boîte. Lorsque ces petits rameaux sont gar- nis de jeunes vers, on les transporte sur les pots; on en met un nombre suffisant sur le premier pot avant de commencer le second, à raison de deux ou trois vers par feuille. Si le temps est convenable, lorsque le bouquet de ra- meaux est dépouillé de ses feuilles par les jeunes vers, c’est- à-dire après trois ou quatre jours, on peut transporter ceux- ei sur les arbres. Pour cela, il suffit de casser les brindilles du bouquet et de les accrocher avec les vers qu’ils supportent aux branches de l'arbre ; on casse les brindilles avecles doigts, ou, plus commodément, avec une petite pince en fer en forme de ciseaux. Si le temps est froid, peu propice et que le vent soit assez fort pour faire tomber les brindilles avant que les vers soient passés sur les feuilles de l'arbre, il faut attendre le beau temps et placer les vers d’un bouquet épuisé sur un nouveau bouquet de rameaux frais. 86 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. Le ver à soie, en naissant, a une longueur de 5 millimètres; on peut. le mettre sur les arbres quand il atteint 10 millimé- tres, si le temps le permet. Dans les petites éducations on fera bien de le nourrir en pot pendant une quinzaine de jours; il sera toujours, pendant ce temps, à l'abri de tous ses ennemis et des intempéries qui peu- vent survenir. Pendant le jour on place les pots devant la maison, au soleil, si celui-ci n’est pas trop ardent.iSi le soleil chauffe trop, on met les pots à l'ombre. On connait que la chaleur est trop élevée si le thermomètre placé au soleil mar- que plus de 20 degrés. Si la chambre est petite et les pots nombreux, et que le temps ne permette pas de mettre les vers sur les arbres, on peut placer les'pots dehors au pied d’un mur, à l'abri du vent. Onles préserve des grandes pluies et du grésil au moyen d'une toile tendue au-dessus d’eux à l’aide de quelques piquets et de quelques perches clouées sur les piquets à une hauteur suffisante pour qu'il soit possible de circuler sous cette espèce de tente. Les plus jeunes vers seront rentrés la nuit dans la chambre; les plus forts peuvent passer la nuit sous la tente sans incon- vénients. Lorsque dans les premiers jours de leur mise en arbre, il survient du froid qui les engourdit et du vent qui les secoue cet les fait tomber à terre, on ramasse les vers tombés et on les remet en pots en attendant des jours meilleurs. Plus tard cette précaution est inutile; si l’on en rencontre quelques-uns à terre, on les replace sur une feuille de l’arbre. Premier sommeil. — Pendant le premier âge, le ver est d’une couleur jaune, rayée de noir; lorsqu'il a quatorze à vingt jours d'existence, il atteint 2 centimètres de longueur et il entre dans le premier sommeil. Il reste immobile, attache à une feuille ou à une brindille par les pattes postérieures, la tête haute ; il prend une couleur noisette. 1l demeure en cet état pendant trois jours si le temps est bon, quatre ou six jours s’il fait froid; après quoi, quittant sa première peau, dont il sort en la déchirant, il se remet en mouyement. La BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 87 couleur est alors devenue jaune blanchätre ou blanc sale. Deuxième sommeil. — Il y a entre le premier et le second sommeil ordinairement dix jours d'intervalle, pendant lesquels le ver s'occupe à manger jour et nuit si le temps lui convient. S'il fait chaud il se tient à l’ombre le jour sous les feuilles et mange pendant la nuit; s’il fait froid il mange surtout le jour. Le second sommeil, comme le premier, peut varierde durée; il est de trois à six jours. La couleur, après le second som- meil, est vert clair. Troisième sommeil. — Le Yama-maï entre dans le troisième sommeil dix jours après être sorti du second. C’est l’époque des grandes chaleurs, c’est alors qu'il réclame le plus de soins. Le troisième sommeil dure, comme le précédent, de trois à siX jours. L’insecte conserve sa couleur vert clair et il est alors orné de points argentés et brillants, placés sur une ligne de chaque coté du corps, en arrière de la tête. Il n’y a pas une parfaite constance dans le caractère que présentent ces taches. Le nombre des points brillants varie de deux à quatre de chaque côté. Quatrième sommeil. — Le quatrième sommeil se produit or- dinairement dix jours après la sortie du troisième. Il dure également de trois à six jours, après quoi le ver se remet à manger jusqu'au moment où il se dispose à filer, ce qui arrive généralement vingt jours après le dernier sommeil. F'ilage ou coconnage. — Lorsque le ver à soie du chène est arrivé au point où il ne mange plus, il éprouve une sorte de purgation quise termine par un écoulementde quelques gouttes de liquide clair par l'anus. Puis il cherche un endroit conve- nable pour filer son cocon. Il Le place ordinairement sur la face inférieure d’une feuille entière ou bien sur une petite branche abritée sous des feuilles. Pour obtenir la fixité des deux ou trois feuilles voisines, il les relie ensemble par quelques fils de soie, puis il travaille en s’enfermant dans le cocon qu'il fabri- que et qu'il met environ cinq jours à confectionner. Le cocon est complètement fermé et d’une couleur blanche 88 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE, teintée de vert clair. A l'intérieur du cocon, l'insecte est passé à l’état de chrysalide. Eclosion des papillons. — Accouplements. — Ponte. — La chrysalide demeure dans le cocon pendant environ 30 à 35 jours, après lesquels elle perce son enveloppe eten sort à l’état de papillon, qui secoue ses ailes, se met à marcher et ensuite prend son vol. Les mâles et les femelles se recherchent et s’ac- couplent. L’accouplement peut durer un ou deux jours, après quoi le mâle meurt, ses ailes sont brisées; la femelle se met à pondre. Après la ponte la femelle meurt à son tour, elle a vécu six ou sept jours depuis sa sortie du cocon. En résumé, un ver à soie de chêne, né le 45 avril et accom- plissant régulièrement toutes les phases de son existence, doit entrer dans son premier sommeil le 4 mai dans son deuxième, le 47 mai ; dans son troisième, le 30 mai; dans son quatrième le 10 juin. Il sort du dernier sommeil le 15 juin. Il commence son cocon le 5 juillet et le termine le 10. Le papillon sort du cocon le 15 août. L'accouplement et la ponte se terminent le 22 août. | Les vers qui naissent après le 15 avril arrivent à la fin de leur existence avec la même régularité. Les naissances peu- vent se prolonger jusqu’au 30 avril et même davantage ; ceux ués à cette dernière époque éprouveront pour toutes les phases le même retard que pour la naissance. Les vers dont la naissance a lieu au moment de l’apparition de la feuille de chêne et qui se développent en même temps qu’elle, sont dans les meilleures conditions et se font remar- quer par leur vigueur et leur volume plus considérable. (A suivre). Conférence sur les insectes nuiïsibles aux céréales. PAR M. Ep. VIANNE (Suite. — Voir n. 49.) Un ennemi plus redoutable encore que les deux précédents (Le Cèphe pygmée et la Cécydomyte) est le CLHOROPS ou mouche BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 89 aux yeux d'or, dont l'espèce la plus redoutable pour le culti- vateur est le C'Alorops linéolé. C'est un tout petit diptère de la section des Muscides ou Mouches, qui n’a pas plus de 3 mill. de longueur, de couleur jaunâtre avec les antennes noires et une tache triangulaire noire sur le sommet de la tête, le corselet est marqué de 5 lignes noires longitudinales, l’abdo- men est jaune, traversé par des bandes noires avec 2 points Fig. 17. — Cécydomyie attaquant un épi de blé. Cécydomyie et sa larve fortement — Épillet (grossi) attaqué par les larves-grain grossies. de blé (grossi) auquel sont suspendues deux larves, noirs à la base; les pattes antérieures sont jaunes avec les tarses noirs, les autres sont également jaunes avec les deux derniers articles des tarses noirs. Les mœurs de cette mouche sont restées longtemps igno- rées; maintenant on sait que les Chlorops se réunissent sou- vent pour hiverner en nombre immense, sous les tuiles, les ardoises, les plafonds des granges, des greniers, et restent là dans un état d'engourdissement jusqu’au printemps. On les voit apparaître vers la fin de mai ou le commencement de 90 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE. juin, alors que les céréales commencent à épier.— La femelle dépose à /a base de l'épi dans la cannelure de la feuille, un œuf, puis elle passe à une autre tige. De cet œuf sort bientôt une petite larve, oblongue, jaunâtre, sans pattes, qui se met im- médiatement à ronger la surface de chaume qui alors est très tendre et yérace un sillon longitudinal de 1 à 2 mill. de pro- fondeur s'étendant de la base de l’épi au premier nœud. Arrivée à ce point elle a pris toute sa croissance, elle remonte alors jusque vers le milieu du sillon ets'y change en nymphe, l'insecte parfait se montre vers le mois de septembre, celui- ci ne vit que quelques semaines, pond sur les jeunes blés que bientôt les larves détruisent. On évalue à un septième de la récolte les pertes que cet in- secte fait subir aux cultivateurs. On ne connaît d'autre moyen de destruction que d'enlever les plantes jaunes, gonflées ou flé- tries, de détruire pendant l'hiver les amas d'insectes et enfin l'alternance des cultures. Le meilleur moyen de destruction vient de la nature, tou- jours jalouse de maintenir un juste équilibre; c'est un petit Ichneumon du genre Alysia, qui sait découvrir la larve du Chlorops et dépose sur elle un de ses œufs qui, bientôt, donne naissance à une larve qui viten parasite sur celle du Chlo- rops et finit par la détruire ; cela n'empêche pas les dégâts l’année de l'apparition de ces insectes, mais l'Alysia finit par dominer et alors les Chlorops disparaissent pour quelques années. Parmi les dévastateurs de grains en croissance, nous de- vons mentionner l'AIGUILLONNIER. — (Agapanthia marginella) connu sous les noms de Saperde marginelle, Calamobie Mene- ville (Guérin-Meneville). C’est un coléoptère de la tribu des cérambyciens ou longicornes ; sa taille n’est pas grande : 10 à 12 mill. On le distingue à son corps étroit, allongé, cylindrique ; sa couleur est noire; ses antennes sont plus longues que le corps; les pattes sont égales et de longueur moyenne. L’Aïguillonnier paraît vers le mois de juin — la femelle perce la tige au-dessus du nœud supérieur et y fait passer un BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 91 œuf qui bientôt produit une petite larve, laquelle aussitôt remonte jusqu’à l'épi en rongeant l'intérieur, ne laissant intact que l’épiderme, de sorte que la sève étant interceptée, le grain ne peut se former; l’épi blanchit se dessèche et tombe au moindre coup de vent, on dit alors que le blé est aiguil- lonné. Une fois ses déprédations commises, la larve descend Eig. 18. — Chloraps aïlaquant un épi. Chlorops .grossi. jusqu’à 7 à 8 c. de terre et reste blottie pendant tout l'hiver dans le chaume. On ne possède d’autres moyens de destruction contre cet insecte que le déchaumage, le brulis et l'alternance des cul- tures ; dans quelques contrées de l’ouest où il se montre sou- vent en grand nombre, on estime les dégâts qu'il commet dans les blés à un cinquantième de la récolte. Après cette catégorie nous devons examiner les insectes qui attaquent le grain formé. En première ligne, nous place- rons l’ALUCITE, petit papillon nocturne de 6 à 7 mill. de long, portant dans le repos ses ailes repliées le long du corps, de manière à former une espèce de toit arrondi; les ailes sont d'un gris jaunâtre à reflets métalliques, garnies à leur bord 92 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE, postérieur et à leur extrémités d’une frange touffue. Ce pa- pillon a été introduit en France vers l'an 1750; c’est du moins à cette époque qu'on l’a observé pour la première fois dans la Charente-Inférieure, d'où il ne tarda pas à envahir les pro- vinces voisines, en 1780 le Limousin, 1787 l'Indre, 1826 le Cher. Il se montre actuellement dans les 14 département du Centre, où il paraît confiné; pourtant, on a signalé sa présence dans la Beauce. ._ L’Alucite paraît à l’époque de la formation des grains, on voit alors les femelles fécondées, voltiger autour des épis pour déposer leurs œufs dans le grain. Elles ont soin de n’en mettre qu’un seul dans chaque grain et de le déposer dans la rainure ou sillon. Ces œufs sont rouges. Au bout de huit jours, il sort de chaque œuf une petite chenille armée de fortes mâ- choires qui dévore tout l’intérieur du grain ne laissant intact que l'enveloppe extérieure. On n’aperçoit sa présence que par l’échauffement du grain, — Je battage énergique en tue un grand nombre, on emploie aussi des appareils disposés pour élever la température à 50 degrés, suffisants pour détruire les larves sans altérer le grain. Le grain alucité contracte une mauvaise odeuret est même refusé par les cochons. La propagation de ces insectes est vraiment effrayante, ainsi un seul couple faisant deux pontes de 80 œufs par an pourrait produire en 2 ans — 80,000,000 de chenilles; heu- reusement ces chenilles sont molles et ne peuvent résister aux chocs, ce n'empêche pas qu’elles commettent des dégâts considérales. | Dans les départements septentrionaux l’alucite est rem- placée par la fausse teigne. Fausse teigne. — En entomologie on appelle teigne une tribu de petits papillons nocturnes dont les chenilles, de couleur blanc-jaunâtre, se métamorphosent dans des four- reaux fixes ou portatifs, affectant généralement la couleur des substances dont ils se nourissent; quand les étuis ne sont BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 93 pas fixes et que la chenille peut les emporter, l’insecte prend le nom d’œcophore ou teigne qui veut dire porte-maison, et celui de fausse-teigne lorsque l'étui est fixe. Cette dénomi- nation n'est pas tout à fait exacte, mais, puisqu'elle est adoptée par la plupart des naturalistes. nous n’avons pas à la discuter. La fausse-teigne est proche parente de l’alucite avec la- quelle elle a souvent été confondue ; toutefois, comme nous le verrons, elle ne procède pas de la même manière. La fausse- teigne a la taille de l’alucite, soit 6 à 7 mill. La couleur est plus foncée, le gris y domine, et on y remarque des taches transversales plus foncées. Au repos les ailes sont serrées contre le corps et forment une espèce de toit incliné de chaque côté. C’est dans le grenier que la fausse teigne attaque le blé ; dans le commencement, la chenille se tient presque à la surface, cachée entre 2 ou 3 grains qu’elle a ras- semblés au moyen de fils très fins, pour se former un four- reau. Elle sort en partie de son fourreau pour attaquer le grain le plus à sa portée et l’agglutine avec les autres, et ainsi de suite. Les grains de la surface sont dela sorte quelquefois tous liés et forment comme un tapis sur 1 ou 2 c. d'épaisseur. Lors- que la croissance des chenilles est complète, elles abandon- nent le grain pour se transformer, à cette époque on en voit des quantités sur les murs et on peut les écraser, Les papil- lons se cachent dans les greniers; ils sont assez faciles à détruire. On détruit aussi les chenilles par le pelletage des grains, opération facile puisqu'il n’y a que la surface du tas atteinte. Société centrale d’Apiculture et d’Insectologie. SÉANCE DU 18 MAI, — PRÉSIDENCE DE M, DE GiNEsTous, Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le secrétaire général donne lecture de plusieurs pièces admi- nistratives, entre autres, d’une lettre du Ministre de l’Agri- 9% BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE. culture et du commerce, qui demande que la Société désigne un délégué pour la réunion qui aura lieu à Versailles pendant la tenue du concours régional, dans laquelle réunion on étu- diera les modifications à apporter audit concours. L'assemblée désigne M. Hamet, qui sera chargé de rappeler les vœux de l’année dernière : 10 Que l’apiculture soit portée dans le programme des con- cours de toutes les régions où la culture de l'abeille est sus- ceptible d'être améliorée; qu’une prime de 50 francs soit affectée au rucher le mieux tenu du département où aura lieu le concours; que des médailles soient données aux meilleurs produits apicoles exposés; 20 Que l'insectologie générale figure également au pro- gramme des concours régionaux ; que des médailles soient données aux collections et monographies d’insectes que les cultivateurs ont le plus d'intérêt à connaître. M. Maurice Girard expose divers faits relatifs aux insectes nuisibles ; ainsi les ravages considérables du scolyte des pins, (Hylurgus piniperda, Linné), en Sologne et dans l'Isère; les dégâts causés aux plantations d'ail dans le Limousin par une Teigne, (l’Acrolepia assectella, Zeller); les dégats commis à Boulogne-sur-Seine, par deux Coléoptères, tous deux d’un beau vert brillant, une Chrysomèle (Gastrpohyza raphani, Fabr.), sur l'oseille cultivée, et une Altise (Crepidodera chloris, Foudras), sur des peupliers exotiques, dont M. Maurice Girard montre les feuilles percées de petits trous. Tous ces sujets feront l’objet de notes pour le Zulletin. M. Asset dit que le poussier de tabac répandu sur le sol après avoir arraché les feuilles de l’oseille est un des remèdes les plus efficaces pour se débarrasser des insectes qui atta- quent l’oseille. M. Trouillet pense que le jus de tabac étendu d’eau rendrait des services dans cette circonstance. Il dit que l'emploi de ce jus avec 19 parties d’eau le débarrasse de la lisette bleue du framboisier. 11 emploie d’ailleurs avec succés ce remède contre les puce- rons et autres insectes qui attaquent les jeunes pousses des < BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. 95 arbres fruitiers. 11 rappelle que l’année dernière, il a con- signé ce remède dans le Zulletin. M. Hamet signale la sortie d'essaims par une température s'élevant peu au-dessus de celle des caves. Un correspondant signale la sortie d'un essaim secondaire à 7 heures du matin et par une température au dessous de 10°. Le professeur du Luxembourg entretient l'assemblée des améliorations qui ont été apportées dans les boîtes de trans- port des abeilles mères, à une grande distance. Il montre une boîte occupée qu'il a reçue la veille par la poste, et que lui a envoyée M. Pometta, de Gudo (Suisse italienne). Il y avait deux boites réunies du côté de la toile métallique. Pas une abeille ne paraît avoir souffert. Dans l'intérieur de la boîte est placé un petite tube en fer blanc contenant de l’eau; une mèche ménagée à l’un des bouts laisse suinter un peu de liquide qui sert à désaltérer les abeilles. Sont offerts à la Société : 1° Xeport ou Insect injurions to sugar cane, adressé par le département de l'Agriculture des États-Unis ; 2° Cours d'Apiculture, traduction de la 4° édition en langue grecque vulgaire, offert par M. Hamet ; 3° notice sur la meilleure méthode de cultiver les Abeilles, par M. Eugène Baud. Remerciements. Le secrétaire général annonce la mort de M. P. Richard, l’un des membres de la première heure, et qui fut longtemps secrétaire des séances. Le Président exprime au nom de la Société les vifs regrets qu'occasionne la perte de ce membre dévoué. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. L'un des Secrétatres : DELINOTTE. L'ilvliurge des Pins et ses ravages par M. MAURICE GIRARD Les femelles minuscules, microscopiques même parfois, s’introduisent dans les galeries des Hylurges, percent avec leur tarière la peau des larves et laissent un œuf dans chaque 96 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE, blessure. Il en sort une larve affamée de tissus animaux, ron- geant peu à peu, d’abord la graisse, puis les organes vitaux essentiels de la larve de l'Hylurge, se transformant et nais- sant à la place du Scolytien frappé de mort dans son berceau. On peut dire que ces Hyménoptères sont le seul secours effi- cace des forestiers, et que sans ces auxiliaires quasi-providen- tiels nous n’aurions pas de forêts, ni de plantes fourragères, oléagineuses ettextiles, ni de céréales ni de légumes. C’est à tort qu'on les nomme parasites. Le parasite, dans le sens an- tique de ce mot, vitaux dépens desa victime, sans la détruire ; ceux-ci la tuent dans sa descendance. Ces entomophages vont se multiplier de plus en plus, en raison de l’abondance crois- sante du festin. Dans quelques années ils aurout rétabli l'e- quilibre actuellement détruit en tant de lieux par la mortdes Pins maritimes ; de nouvelles plantations répartiront les en- nemis sur de grandes surfaces et répareront ainsi les désastres du grand hiver 1879-1880, dont nous subissons en ce moment une conséquence indirecte !. Les insectes La librairie J. B. Baillière et fils, 19, rue Hautefeuille (près le boulevard Saint-Germain), vient d'éditer sous le titre de : Les insectes, par A. L. Brehm, une publication qui mérite d'attirer l'attention de ceux qui désirent s'initier aux mœurs des insectes. Elle se composera de 200 livraisons ou 20 séries avec 40 planches, sur papier teinté et 1500 dessins intercalés dans le texte. Il paraît 2 livraisons par semaine; à HO cent. la livraison. On peut s'abonner pour 6 mois moyennant 8 fr. ou 16 fr. pour un an. A. La gravure de l'Hylurge piniperde (voir n° 4, p. 71) est tirée des Métamorphoses des Insectes, Paris, Hachette et Cie, 5e édit., de M. Maurice Girard. Nous en remercions les éditeurs. (La Rédaction.) Le Gérant : H. HAMET. mo oo ET ED oo Sceaux, — Imprimerie Charaire et fils N° 7. SIXIÈME ANNÉE Juillet 1884. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Conservation des insectes (Suite). — La Doryphore et la Cocci- nelle, par MAURICE GIRARD. — Société centrale d'Apiculture et d’Insectologie, séance de juin. — Les ennemis du Cresson, par M. ERNEST OLIVIER. — Altises, Fourmis et Pucerons, par le Dr EUGÈNE ROBERT. — Entomologie viticole, la Cicadelle de la Gironde, par P. CH. JOUBERT. Manière de reeueillir et de eonserver les insectes, (Suite v. p. 81.) Coléoptères. — Ces insectes se distinguent par la dureté de leur corps, la force de leurs mâchoires robustes et leurs ailes supérieures (élytres) fort épaisses, dont la jonction forme une ligne longitudinale, et qui servent d’étui aux ailes de la seconde paire, qui sont membraneuses. Leurs larves ont ordinairement six pattes vraies et souvent une fausse patte à l'extrémité anale. Dans les nymphes, les pattes et les ailes sont libres. Les transformations sont complètes. Pour recueillir les coléoptères il faut se munir d’un filet à faucher, d’une boîte de chasse et de plusieurs petits flacons d'alcool, destinés à faire périr et à conserver les insectes capturés. Le filet à faucher a la même forme que le filet à papillons ; seulement le sac est en toile de coton au lieu d’être en mousseline. Le filet à papillons peut servir de filet à faucher, mais il s’'endommage promptement. Un filet à pê- cher est d’une grande utilité pour capturer les coléoptères aquatiques. Il doit être fait d’un tissu grossier attaché à un cercle d'un pied au moins de diamètre. Quelques boites de deux pouces de profondeur, que l’on emporte dans ses po- ches, peuvent remplacer la boîte de chasse, bien que pour celui qui ne restreint pas ses recherches à quelque groupe, 98 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE il soit préférable d’avoir une boite très simple à faire et très peu coûteuse. Les dimensions les plus convenables sont 25 centimètres de long sur 18 de large et 5 de profondeur sur les côtés. Le fond peut être arrondi pour mieux s’adapter aux reins. A une extrémité est placé un coussin à épingles, et à l’extérieur du couvercle une poche contenant des bandes de papier et divers menus objets. On fait cette boite aussi lé- gère que possible et on la porte suspendue en sautoir ou attachée à la ceinture. Les insectes de couleurs délicates ne doivent séjourner dans l’alcool que le temps nécessaire à les faire périr; quand ils sont morts, ils doivent être piqués et déposés dans la boîte de chasse. Quelquefois, quand ils ne sont pas tout à fait morts, on étend un peu de benzine sur les côtés de leur corps. L’épingle au moyen de laquelle on fixe le coléoptère doit être passée dans l’élytre droite, de facon à sortir en dessous au milieu de l'intervalle qui sépare la seconde et la troisième paire de pattes, sinon l’insecte pour- rait être endommagé. Il est toujours bon de disposer les pattes et les antennes dans une disposition naturelle, de façon que toutes les articulations soient faciles à examiner. Quand on désire montrer les ailes inférieures, il faut se ser- vir de l’étaloir décrit plus loin. Quand un insecte est trop pe- tit pour pouvoir être percé d’une épingle, on le fixe sur une bandelette triangulaire à travers laquelle on passe l’épingle; les bandelettes seront en papier de Bristol que l’on décou- pera d’abord en bandes larges de6 millimètres, puis transver- salement. On obtient ainsi des bandelettes sur lesquelles on fixe les insectes, soit au moyen de la gomme ordinaire, soit avec un mélange de noix de galle épaissie, de gomme arabi- que et d’eau ; la colle doit être assez solide pour que l’insecte soit maintenu dans la position qu’on lui donne. Quand on possède deux ou plusieurs exemplaires d’une même espèce, il est bon d’en placer un ou deux de facon à montrer le des- sous du Corps. On trouve des coléoptères partout. Les Cicindélides qui BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 99 voltigent dans les plaines chaudes et sablonneuses ou sur les sentiers exposés au soleil, sont faciles à prendre, quand on les laisse se poser et qu’on les couvre brusquement avecle filet. On trouve les Carabides dans les endroits humides, sous les pierres, les bois, le limon et l’écorce des arbres; un petit nombre vivent sur les feuilles des arbres et des plantes herbacées. D’autres familles sont aquatiques ; telles sont les Disticides, les Gyrinides, les Hydroplutides, que l’on prend au moyen du filet à pêcher. En draguant le fond des maré- cages et en examinant les plantes et les détritus amenés à la surface, on prendra maintes petites espèces. Les Silphides (Escarbots), vivent dans les animaux morts et quelquefois sur les fleurs. Beaucoup de Staphylinides se trouvent dans les substances animales et végétales en décomposition ; quelques petites espèces du même groupe vivent sous l'écorce des arbres et dans les nids de fourmis. Les Lamelli- cornes, ainsi nommés à cause de leurs antennes lamellées se nourrissent la plupart de végétaux. Aussi sont-ce des insectes nuisibles. On les trouve en été sur les plantes, les fleurs, les arbrisseaux, etc. Les Copris et les genres voisins hantent les excréments. Les Buprestides (Richards) dont la larve vit dans le bois, se trouvent en été se chauf- fant au soleil sur les troncs d’arbres ou sur du bois sec. Leurs voisins, les Elatérides (Taupins), vivent sous les écor- ces ou dans le bois pourri. Ces vers lisses et luisants longs et grêles qui font tant de tort aux jardins produisent des Elatérides. Les mouches à feu ou lucioles (Lampyrides) vivent le jour sur les fleurs, du moins les mâles. Les Cléri- des, insectes agiles et brillants ressemblant à des fourmis, habitent les nids de bourdons et les ruches. Un insecte de la famille des Téneébrionides infeste les celliers; eette famille rappelle par son aspect les Carabides et, comme ceux-ci, les Ténébrionides vivent sous les pierres, l’écorce des arbres, etc. Plusieurs vivent dans les champignons. Les Curculionides dévorent les grains, les semences, les fruits ; plusieurs espèces vivent dans le bois, sous les écorces, sur 400 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE les plantes et les fleurs, etc. Les larves des Zongicornes attaquent le bois; les insectes parfaits, qui comptent parmi les plus beaux représentants de l’ordre des Coléoptères, se trouvent en grand nombre au printemps, autour des scieries, des dépôts de bois, des ateliers de construction et dans les forêts, beaucoup d'espèces vivent en été sur les fleurs. Les Chrysomélides se nourrissent exclusivement de feuilles de plantes. Les Coccinellides qui sont des insectes utiles, font la guerre aux pucerons. (A suivre.) La Doryphore et la Coccinelle. Nous avons reçu, il y a quelques jours, la lettre suivante : « Monsieur le directeur, « J'ai lu dans le Manuel général du 7 décembre 1878 et du 4 janvier 1879 la description de la Doryphore, faite par M. Ch. Delon, j'en ai, dans le temps, entretenu mes élèves et les ai constitués surveillants pour la commune que j'habite. Au- jourd’hui, l’un de ces gardiens m'apporte à examiner un insecte à l’état de larve qu’il a trouvé sur les pommes de terre du jardin de l’école et je lui ai reconnu une telle ana- logie avec la Doryphore (larve) que j'en ai auguré que ce devait être tout au moins un individu du même groupe. « C’est pourquoi je prends la liberté, Monsieur le Direc- teur, de vous adresser une petite boîte contenant la larve ci- dessus désignée. Elle s’y trouve en trois phases différentes : quatre ou cinq sont à l’état de larves dévorantes ; une autre est attachée par la queue à une feuille et une autre, dans la même situation, est presque réduite à l’état de nymphe. Puissé-je me tromper dans mes prévisions ! « Si, cependant, vous reconnaissiez que mes appréhen- sions sont fondées, je vous prie de vouloir bien, Monsieur le BULLETIN D'INSECTOLOCIE AGRICOLE 101 Directeur, signaler ma découverte à qui de droit. Dans tous les cas, je vous serai toujours fort obligé de vouloir bien me faire connaître votre appréciation par la voie du Manuel. « Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, les respec- tueuses salutations de votre fidèle abonné, « Émile MELLÉ. « Instituteur à Coivert par Loulay (Charente-Inf.). » Nous avons transmis la lettre et la boîte de notre corres- pondant, à l’obligeant et compétent auteur du Cataloque des animaux utiles et nuisibles, M. Maurice Girard, lequel nous charge de transmettre la réponse suivante à M. Mellé. CD: « Paris, 27 juin 1881. « Monsieur, « A la date du 18 courant, vous avez adressé à la direction du Manuel général des insectes trouvés par vos élèves sur les feuilles de pomme de terre du jardin de l’école. Ils étaient tous à l’état de nymphes quand ils m'ont été remis, et pres- que toutes ces nymphes sont parvenues en ce moment à l’état adulte et m'ont donné, ainsi que je l’avais prévu, la Coccinelle à sept points, une de nos Bêtes à bon Dieu les plus grosses et les plus communes. C’est à l’état de nymphe seu- lement qu'il est possible de confondre cet insecte avec la Doryphore des pommes de terre, car la larve et l'adulte sont fort différents. La nymphe de la Coccinelle est à fond jaune, avec des séries de bandes transverses noires ; elle est atta- chée à une feuille par l'extrémité postérieure, où se trouvait chez la larve une espèce de ventouse visqueuse. Si on touche ces nymphes, elles se secouent par des saccades brusques, et l’entomologiste Mulsant les compare à un mort qui se re- dresserait dans son suaire. La nymphe de la Doryphore est de grosseur au moins double de celle de la Coccinelle, et l'adulte pareillement ; elle est en entier d’un rouge brique, [02 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE gisant sur le sol et non attachée. Il est important de recom- mander à vos élèves de respecter ces Coccinelles ; ce sont des protecteurs des champs et des jardins, $e nourrissant exclu- sivement de Pucerons et de pétites chenilles, surtout quand ces Coccinelles sont à l’état de larve. Les enfants n'aiment que trop ces utiles et sijolies bestioles, et, dans leur igno- rante sollicitude, les font souvent mourir de faim, en les enfermant dans des boîtes, avec du pain ou des feuilles. « Vous avez fort bien agi, Monsieur, en ne répandant au- cune alarme et en consultant la direction du Manuel général. Voilà plusieurs fois, tant en Allemagne et en Angleterre qu’en France, que ces nymphes de Coccinelles sont prises pour la trop célèbre Doryphore. Il y a trois ans, un propri- étaire dans la Vendée n’a pas eu votre prudente réserve, et, à propos des mêmes nymphes qui me furent adressées à cette occasion, il écrivit au préfet et au ministère de l’agriculture. Je dus envoyer aussitôt un rapport à ce ministère pour empêcher des alarmes sans aucune raison. Il faut toujours surveiller l'apparition de la Doryphore, qui peut se présen- ter en France d’un moment à l’autre; elle a été constatée sur les pommes de terre dans divers pays de l’Europe, et notamment à notre frontière, dans les provinces Rhénanes. « Agréez, monsieur, l'expression de toute ma considé- ration, « Maurice GIRARD. » Société centrale d’'Apiculture et d’EInsectologie. Séance du 15 juin 1881.— Présidence de M. de Ginestous. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le secrétaire général donne lecture de plusieurs pièces administratives. M. Maurice Girard, qui annonce ne pou- voir assister à la réunion de ce jour, fait présenter un échantillon de boiserie attaqué par la plus grosse de nos vrillettes, l’Anobium lessellatum, provenant d’un vieux bâti- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 103 ment de l'École préparatoire de Sainte-Barbe. M. Millet dit qu'il pourrait montrer des morceaux de bois, pris dans le cœur de chêne, remplis d'Anobium. Il attire l'attention de l’Assemblée sur l'importance de l'injection par le sulfate de cuivre des bois destinés aux constructions. Il dit que le moyen est facile et peu coûteux, et qu’il donne au bois une très longue durée, attendu que les insectes ne l’attaquent pas. Ce membre entretient ensuite l’Assemblée du petit hanneton de la Russie (Anisoplia Austriaca) et d’autres in- sectes dont les ravages épouvantent les cultivateurs. On s'occupe des remèdes spéciaux, mais on croit que l’alter- nance est le remède le plus efficace. M. de Ginestous, rend compte de la campagne séricicole dans le midi qui est beaucoup plus satisfaisante que les années précédentes. Il signale des localités où toute trace de maladie à disparu. Plusieurs membres ajoutent qu’on serait heureux de pou- voir constater le même résultat en ce qui concerne le Phylloxera, mais cet ennemi de la vigne continue d'étendre ses ravages, quoi qu'on fasse. Une discussion sur cet objet, établit qu’on n’a pas fait grand chose de souverain. Plusieurs correspondants font part de la situation de leur rucher et annoncent que l’essaimage a été assez déve- loppé. D'où il résulte que les apiers se remontent et que dans un an ou deux les désastres de l’hiver de 1879-80 seront en grande partie réparés. e secrétaire général donne lecture du règlement établi par les élèves de l’école de Thaumiers (Cher) dans le but de la protection des animaux utiles à l’agriculture (insectes et oiseaux). Le Directeur du musée civique d'histoire naturelle de Gènes (Italie) demande l’échange du Bulletin. Accepté. M. Miot de Semur présente pour faire partie dela Société, M. E. Masson, percepteur au Meux (Oise). L’admission de ce membre est prononcée. La séance est ensuite levée. L'un des secrétaires : DELINOTTE. 104 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Les ennemis du cresson. par M. Ernest OLIVIER, Le cresson (Nasturtium officinale L.) estune plante vivace de la famille des crucifères qui croit spontanément dans les sources, les fontaines, les ruisseanx d’eau claire et fraiche. La saveur piquante et spéciale de toutes ses parties, son feuillage d'un beau vert foncé et ses fleurs blanches le font aisément reconnaitre. C’est un assaisonnement des plus recherchés, et en salade, ses feuilles constituent un aliment aussi sain qu'agréable. Il y a longtemps que la voix du peuple l’a proclamé La santé du corps. Le moindre filet d’eau coulant sur un fonds sablonneux, est suffisant pour faire une cressonnière artificielle. Les graines germent rapidement, et les plants quand ils sont bien enracinés se renouvellent d'eux-mêmes pourvu que les racines soient constamment baignées dans l’eau et que l’on ait soin de veiller à ce que d’autres plantes, qui végétent dans les mêmes conditions, ne viennent s'emparer du ter- rain. Mais on doit redouter les dégats commis par les larves de quelques coléoptères de la famille des phytophages, entre autres de deux espèces d’altises, les Phyllotreta undulala et Psylliodes napi. Le premier est noir avec une bande jaune ondulée sur les élytres ; les antennes sont noires avec les premiers articles, jaunes. Le second est d’un bleu foncé avec les deux pattes anté- rieures et la base des antennes d’un beau jaune doré. Les larves sont très petites et quelquefois en très grand nombre; elles rongent le limbe des feuilles, tantôt en com- mençant par le centre, tantôt par les bords. Les insectes parfaits mangent aussi beaucoup et il arrive parfois qu’on ne peut plus trouver dans toute la cressonnière une seule feuille intacte. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 105 Un mode de destruction qui m’a réussi consiste à saupou- drer les feuilles de plâtre bien sec. Au point de vue culinaire, cette substance ne présente aucun inconvénient, car le plâtre ainsi répandu est bientôt entrainé par le vent, la pluie, et au pis aller, du reste, on en est quitte pour laver à grande eau les feuilles avant de les employer. Les insectes parfaits sont plus difficiles à détruire, mais en agissant sur les larves on arrive en même temps à s’en débarrasser. Un autre procédé plus efficace, mais plus coûteux et que l'on peut employer quand on a une cressonnière de peu d'étendue consiste dans des arrosages d’eau additionnée d’une très légère quantité de phénol ou d'acide phénique. L'usage apprendra vite dans quelles proportions il faut employer ces substances pour détruire les insectes sans nuire à la plante, et les proportions du reste doivent varier d’après l’age et l’état de végétation de la plante. Altises, Fourmis et Pucerons. A voir le piteux état dans lequel se trouvent les choux, dans notre canton, on serait tenté de croire qu’ils portent l'empreinte des chaleurs intenses extraordinaires que nous venons d’essuyer; nous ne le croyons pas. En effet, si nous examinons les feuilles flétries de la précieuse crucifère, le légume par excellence des petits ménages, nous voyons le parenchyme rongé par un petit coléoptère tétramère, d’une abondance extrême. Pour peu qu’on touche à la plante, il s’en échappe, de tous côtés, comme une fusée, un petit insecte noirâtre dont un congénère extrêmement joli prend le nom d’altise rubis lorsqu'il vit sur les saules. C’est scien- tifiquement l’altise potagère, vulgairement la pucette, tirant son nom de la propriété qu’elle a de sauter comme la puce, ce qui la rend pour ainsi dire insaisissable. Voilà, suivant nous la cause du dépérissement des 106 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE choux. 11 va sans dire qu’on a essayé une foule de moyens de destruction qui laissent malheureusement encore beau- coup à désirer; aussi ne revenons-nous sur le compte de cet insecte que pour faire remarquer qu’on peut lui imputer, sans trop de témérité, l'avortement des choux. Puisque nous en sommes sur le chapitre des insectes, qui s’en donnent à cœur joie dans le cours de cet été si favo- rable à leur pullulation, (les guêpes sont cependant fort rares) on peut se procurer le spectacle d’une singulière invasion de petits êtres animés des plus mauvais instincts. Voici d’ailleurs le fait qui ne manque pas d'intérêt par le temps qui court; il est de bonne compagnie. Il n’est pas rare, en cette saison, de rencontrer sur les routes, des bandes de fourmis en train de les traverser en ligne directe ou d’un bord à l’autre. Suivons-les, et nous ne tarderons pas à les voir du côté opposé de la chaussée, disparaître comme par enchantement, dans de petits trous, creusés sur les accotements pour en ressortir brusquement, chaque fourmi tenant entre ses mandibules qui une nymphe qui une chrysalide, d’une de leurs congénères. En moins de &2mps qu'il m'en faut pour raconter ce pillage effréné, toute la bande est retournée à son point de départ sans avoir laissé dé retardataire (1). Quelle discipline! C’est une véri- table raZzzia accomplie par une petite espèce de fourmi rousse (ce n’est pas cependant la Formica rufa ou des bois, mais la nôtre n’en est pas moins très guerrière) aux dépens d’une autre espèce sinon aussi grande, du moins plus grêle, partant plus délicate, et d’un gris plus cendré. Rien de plus curieux à observer que l’agitation extrème des fourmis qui vont en fourrageurs, tandis que les victimes sont là, au bord de leurs nids dévastés la bouche béante, sans oser faire la moindre résistance. Et avec quelle ardeur les pillardes s’en retournent-elles comme des voleurs de grand chemin (4) Il y a mieux que cela, c’est que les éclopées par le passage des voitu- res ou des piétons n’abandonnent pas leur proie et font tous leurs efforts pour rejoindre leur gîile commun. C’est l’avare qui meurt en étreignant sa bourse. BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 107 qu'elles sont? Rien ne les arrête, aucun obstacle : si c’est une borne ou une grosse pierre saillante qui se trouve sur leur passage, elles ne lévitent pas, elles l’escaladent; elles passent au milieu des herbes aussi facilement que si elles n’existaient pas, tant il est vrai que l’amour du butin, double, triple les forces ! Que vont devenir les œufs ou plus exactement les chrysa- lides qu’elles ont aussi dérobés?(1) Ce n’estpas pour en faire une nourriture, mais bien des esclaves ou des ilotes lorsque la dernière métamorphose aura lieu ou que les nymphes seront devenues des insectes parfaits. Toujours la loi du plus fort aussi bien inhérente aux hommes qu’aux bêtes! N'est-ce pas dans un cadre excessivement réduit ce qui se passe dans les peuplades de l’intérieur de l'Afrique ? Poursuivant nos observations entomologiques, nous dirons aussi un mot d’un certain puceron qui s'adresse aux fèvres de marais. Celui-ci, aphis fabæ, a été si commun cette année, que ce n’est pas exagérer en disant que des lignes entières de cette magnifique papilionacée ont été lit- téralement envahies par un puceron noirâtre. C'était au point de ne plus laisser percer la teinte verdâtre naturelle de la plante. (Les gousses font cependant exception sans doute à cause du duvet qui les recouvre et les protège contre le gallinsecte) ; et chose singulière, malgré cette surchage de parasites, la plante a l’air encore de vouloir rapporter. C’est pour le coup que les fourmis doivent être embarassées en pré- sence d’une pareille pâture ! Quels sont les pucerons qu'elles entreprendront de traîner dans leurs nids pour les parquer comme des vaches laitières? Abondance de biens ne nuit pas, dit le proverbe, mais dans le cas présent, il nous semble que c’est l’effet contraire, aussi voit-on les fourmis redescendre des tiges les mains vides, s'étant contentées de prendre, sur place, les sucs que distillent les pucerons et qu’elles sont si habiles, à soutirer de leurs corps. D' E. ROBERT. (1) Les véritables œufs de fourmis sont d'une ténuité extrême. 108 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE ENTOMOLOGIE VITICOLE La Cicadelle de la Gironde. — {ysteropterum grilloïides. Fabricius. Le 23 juillet 1879, nous avons signalé pour la première fois un nouvel insecte découvert, dans le vignoble bordelais par MM. Petit et Coudray de Tourne (Gironde), insecte qui se construit un nid de terre, qu’il fixe très industrieuse- ment, non seulement sur les sarments, mais encore sur les échalas. Nous ajoutions que ce nouveau parasite de la vigne, n'avait aucun rapport avec le phylloxera, qu’il appartenait à l’ordre des hémiptères-homoptères, famille des Cicadaires, genre Jssus, en d’autres termes que c'était une petite cigale sauteuse. Le 24 avril 1880, nous avons publié sur le même sujet deux lettres de notre savant hémiptériste M. Signoret, au- quel nous avions remis quelques sarments couverts de nids de terre, sarments que nous tenions de M. Hamet, secrétaire de la Société centrale d’apiculture et d’insectologie. Dans la deuxième lettre de M. Signoret, nous relevons le passage suivant : « Dans l’état où sont les insectes que vous m’avez envoyés, il m'est impossible de dire à quelle espèce ils appartiennent. Votre Jssus pourrait bien être l’Issus grilloïides ou l’Issus coleoptratus de Fabricius, ou bien encore l’Issus flavescens d'Olivier, ou même un autre genre. » Il s'agissait donc, à cette époque, de trouver l’insecte à l’état partait et afin d'aider les chercheurs, nous don- nions la description de l’Issus coleoptratus tel qu’il est décrit dans l'ouvrage sur les hémiptères d'Amyot et Serville. Nous avons publié, en outre, dans notre numéro du 1er mai 1880, une lettre de M. de Ia Chassaigne, secrétaire de la section de viticulture de la Société des Agriculteurs de France, venant confirmer nos premières indications, et nous BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 109 signalant MM. Petit et Coudray comme les premiers obser- vateurs du nid de terre, qu'on rencontre sur les ceps et les échalas des vignes de la Gironde. Enfin, dans notre numéro du 26 mai 1880, nous avons donné le texte d’une lettre de M. Émile Blanchard, membre de l’Institut, dans laquelle cet entomologiste, déclare qu’il ne sait rien sur cette Cicadelle dont l’histoire est à faire. Dans cette lettre, nous lisons le passage suivant : « La matière granuleuse, qui enveloppe les œufs est, selon toute probabilité, une sécrétion. Malgré l'apparence, on n’imagine pas qu'une Cicadelle, un insecte suceur récolte de la terre. » Telle était l’état de la question an mois de février 1881, c'est-à-dire au moment de l’ouverture de la session annuelle de la Société des Agriculteurs de France. La section d’entomologie agricole et la section de viticul- ture réunies, à laquelle M. de la Chassaigne avait présenté MM. Petit et Coudray, furent appelées à étudier la Cicadelle de la Gironde. Comme on savait que nous avions traité le premier la question, on nous fit l’honneur de nous convo- quer, à l'effet de prendre part à la discussion. Nous nous rendimes avec d'autant plus d'empressement à l'invitation, que nous étions désireux d’entrer en relation avec MM. Petit et Coudray, auprès desquels, nous pensions bien recueillir d’utiles renseignements. En effet, nous avons trouvé dans MM. Petit et Coudray, qui n’ont jamais étudié les sciences naturelles, deux obser- vateurs du plus grand mérite. Si ces deux hommes eussent été à même d'étudier, au lieu d’être deux simples manou- vriers, ils seraient aujourd’hui, nous ne craignons pas de le dire, deux savants distingués. La Société des Agriculteurs de France a été de notre avis, etelle a voté une somme de 400 fr. à MM. Petit et Cou- dray au Tourne par Langoiran (Gironde), pour leurs études pratiques et leur collection, relatives aux insectes qui atta- quent la vigne. 110 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE MM. Petit et Coudray nous ont remis non seulement des échantillons des insectes, rencontrés par eux, sur toutes les vignes de la Gironde, mais encore des notes très intéres- santes sur l'existence, les mœurs, les métamorphoses de la Cicadelle. Il y à, dans ces notes, quelques erreurs, nous sommes bien obligés de le dire, ce qui, du reste, n’influe en rien sur l’incontestable mérite de nos deux observateurs. Ainsi MM. Petit et Coudray semblent croire encore, qu’il y a quelques rapports entre le Phylloxera et la Cicadelle. C’est une grosse erreur. En outre, ils ont vu une mouche sortir du nid des cica- delles et ils en ont conclu que cette mouche, allait fécon- der les œufs déposés dans les nids et qu’elle n’était qu’une forme momentanée de la Cicadelle, ce qui est encore une erreur. Cette dernière affirmation nous a d’autant plus étonné, que cette mouche, observée à la loupe, appartient à l’ordre des hyménoptères, groupe des ichneumons. Nous avons donc remis les tubes qui nous avaient été confiés par MM. Petit et Coudray à M. Signoret qui a répondu : « Les mouches que vous me signalez sont les femelles d’un hyménoptère, qui pondent leurs œufs, sur les œufs de l’Issus. J'ai aussi observé un autre hyménoptère, mais celui- là doit sortir non du nid de la Cicadelle, mais bien du nid du Lecanium vitis. » À cette occasion, M. Signoret ajoute : « Il serait très intéressant de connaître ces deux parasites qui vivent : l’un aux dépens des œufs de la cicadelle, l’autre aux dépens des œufs du lecanium de la vigne. Appelez donc sur ces insectes l’attention de MM. Petit et Coudray et deman- dez-leur qu’ils fassent en sorte de nous envoyer des indi- vidus de ces deux hyménoptères, afin que je puisse les étudier et les déterminer. » Nous avons communiqué le desideratum de M. Signoret à MM. Petit et Coudray, et ces deux observateurs, nous ont BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 111 déjà fait plusieurs envois de ces parasites insectivores, nous avons renvoyé ceux-ci à l'examen du savant hémipté- riste; la question est donc à l’étude, et nous espérons que M. Signoret, voudra bien, à ce sujet, nous communiquer le résultat de ses observations. Quant à nous, une seule ques- tion nous intéresse, en ce moment, c’est celle de la Cica- delle. Suivant MM. Petit et Coudray, elle cause de graves dom- mages à la vigne, elle l’épuise au point d’en déterminer sa mort. Nous ne saurions accepter cette assertion sans con- trôle ; nous avons seulement observé que l’insecte, sous sa première forme, alors qu’il n’a guère qu’un quart de milli- mêtre de longueur et qu’on le renferme, vers le mois d'avril, dans un bocal contenant des feuilles de salade, ronge le parenchyme de celle-ci et y creuse de nombreuses stries ; par suite la jeune Cicadelle, en liberté, peut bien attaquer le bourgeon de la vigne et déterminer son atrophie. La Cicadelle de la Gironde est un insecte connu depuis longtemps. Fabricius l’a décrit en 1775, dans son Systéma entomologiæ, sous le nom d’Issus grylloides. Olivier un peu plus tard, sous celui d’Issus flavescens. Enfin, Amyot et Serville lui en donne le nom d’Hysteropterum du grec ustereo manquer et pteron ailes. En effet, les élytres de cet insecte sont ovales, arrondies, aussi larges à leur extrémité qu’à leur base, un peu bombées en coquille. Les ailes sont rudimen- taires ou nulles, les autres caractères sont ceux des Jssus. Mais, chose étrange, c’est que si l’insecte a été décrit, les auteurs n’ont jamais rien dit des nids de terre, dans les- quels il dépose ses œufs, Fabricius, Olivier, Panzer, Reau- mur, Léon Dufour, Amyot et Serville sont muets à ce sujet, etjustement, ce qui devait particulièrement appeler l’atten- tion des naturalistes, à été passé sous silence. A propos de ce nid, on se rappelle l’opinion de M. E. Blan- chard : « la matière graveleuse, dit-il, est probablement une secrétion. » Eh bien, non! ce n’est pas une secrétion, c’est bel et bien de la terre semblable à celle qui forme 112 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE la majeure partie du sol viticole de la Gironde, composé d'éléments siliceux, calcaires et ferrugineux. Seulement, dans le nid, cette terre est agglutinée, maconnée au moyen d’une secrétion, que l’insecte femelle a sans doute la fa- culté de produire, au moment où il sent le besoin d’abriter sa progéniture. Nous reviendrons, du reste, sur la cons- truction des nids terreux de la cicadelle. Voulant nous assurer, comme nous l’indiquait notre vue, aidé d’un fort grossissement, si ces nids étaient bien composés de terre, nous en avons remis un échantillon à notre collègue, M. Jay, qui nous a renvoyé le bulletin d'analyse ci-après. Eau et matières organiques. (Larves et leur humidité naturelle). 21,31 Silice CHSILIGARE. 2 sms are some Ge ODA ape de HE ee. dus ae oise esse ee LÉO CairhONA de CRAUX... 2 dures ne vos CS SÉate de Cha. 52 done see sous sc) COR MSIE ES Ne 0 UN 99,14 Pertes et éléments indosables....... 0,86 100,00 Ainsi donc, les éléments constitutifs des nids terreux sont les mêmes que ceux qui composent la majeure partie des terres de la Gironde. P. Ch. JOUBERT. (À suivre.) Le Gérant : H. HAMET. Paris — Typ. RINUY, 41, rue Davy. N° 8. SIKIÈME ANNÉE Août 1881. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : La Cicadelle de la Gironde (suite), par M. CH. JOUBERT, — La Pyrale des pommiers, par M. A. HUMBERT. — Education du Ver à soie du chêne, par M. DE RiSCAL. — Destruction de l’Araignée rouge des Camé- lias. — Pentatome .ornée. — Les Fleurs et les Insectes, par M. Gaston BONNIER. — Pentatome des fruits. La Ciendelle de la Gironde. — /Jysteropterum grylloides. Fabricius. (Suite v. p. 108.) Avant de suivre l’insecte dans son évolution, il nous paraît nécessaire de le décrire ; Tête grande, transversale, arrondie antérieurement. Ver- tex présentant une ligne élevée, qui le sépare du front, avec uné ligné analogue postérieurement ; front large, ayant une carène longitudinale au milieu. Yeux gros ova- laires. Ocelles nuls. Antennes très courtes, le second arti- cle en masSue, tronqué, creusé à son extrémité, troisième article très petit, inséré dans une cavité, soie terminale longue. Bec ne dépassant pas le sternum. Thorax en losange, plus large que long, prothorax très court rebordé antérieu- rement:; mésothorax, à peu près de la même dimension que le prothorax. Elytres en ovale, arrondies aussi larges à leur extrémité qu’à leur base, un peu bombées en coquilles. Ailes rudimentaires ou nulles, les autres caractères sont ceux des 1ssus. Abdomen gros, court; deux plaques vul- vaires assez courtes dans les femelles. Pattes assez fortes, de moyenne grandeur. Jambes ayant trois épines vers l'extrémité. Dans cette description, il n’est nullement question du nid de terre, qui a été, malgré l'importance capitale de cette particularité, complètement oublié par tous les auteurs ; il nous paraît cependant intéressant de rappeler ici diverses 414 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE observations faites au sujet de la reproduction du genre cigale, en général. Nous lisons dans Réaumur : « Les branches auxquelles les cigales ont confié leurs œufs, sont aisées à reconnaitre, on y remarque de petites inégalités, de petites élévations, formées par une portion du bois qui a été soulevé. Ces élé- vations sont à la file les unes des autres et quelquefois assez bien alignées, mais toujours sur le même côté du brin de bois. Voilà bien la disposition qu’occupe les nids de la Cica- delle de la vigne, mais notre Hysteropterum ne se contente pas de soulever l’écorce pour y faire son nid, il construit sur cette écorce un refuge en terre, dans lequel il loge méthodiquement ses œufs. Réaumur ajoute : « qu’il a observé dans quelques brins de bois deux espèces différentes de vers blancs : Les vers de la première espèce avaient six longues jambes, les au- tres n'avaient pas de jambes. Il crut d’abord que ce ver sans jambes, devait, plus tard, se transformer en un ver hexapode, mais au printemps ces vers sans jambes, devin- rent de petites mouches noires, luisantes de la classe des Ichneumons. Les femelles de cet ichneumon portent leurs œufs dans les nids où les cigales ont logé les leurs. Ce sont les mortels ennemis des cigales. « Les vers des cigales sortent du nid par la même ouver- ture par laquelle les œufs y ont été introduits et vont cher- cher la terre dans laquelle ils s’enfoncent. » Pontedera, un autre naturaliste, prétend que la mère a soin de luter l’ouverture de chacune des cavités, où les œufs sont logés, avec une gomme capable de résister aux injures du temps. Tels sont les observations qui ont été faites sur la géné- ration du groupe cigale. Il nous reste maintenant à mention- ner les travaux de MM. Petit et Coudray. Mais nous devons à l’obligeance de M. de la Chassaigne, communication d’un mémoire, rédigé par M. Duthil, pro- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 115 priétaire à Capian (Gironde), qui lui aussi a suivi l’évolution de l’insecte. Ce mémoire contient de graves erreurs ento- mologiques que nous éliminerons, mais nous conserverons avec soin tout ce qui intéresse directement la multiplication de la cicadelle. Tous les faits confirment, du reste, très exactement, les observations de MM. Petit et Coudray. (A suivre.) P.-Ch. JOUBERT. ns La Pyrale des pommiers. La Pyrale des pommiers (Carpocapsa pamonanu. Tinn.), appartient au sous-ordre des lépidoptères nocturnes (1). C’est un petit papillon qui a de six à dix millimètres de longueur et qui se montre durant tout l'été et jusqu’à la fin d'octobre. Les premières ailes sont grises avec taches noires pointillées de rouge et d’or; les deuxièmes ailes sont noi- râtres. La femelle, aussitôt accouplée, va pondre un œuf sur l'œil de la pomme et comme elle est très féconde, il suffit Fig. 19. Pyrale du pommier. d’un seul de ces insectes pour endommager tout un pommier, quoiqu’elle ne dépose jamais qu’un œuf sur le même fruit. (1) Beaucoup plus exactement ; Hétérocères (la Réd.). 416 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE La chenille qui sort de l’œuf ést rosée, à tête brune, et à peine grosse comme un fil. Elle a seize pattes et une longueur de douze millimètres. Elle s’introduit dans l’intérieur du fruit en creusant une galerie pleine d’excréments noi- râtres ; elle ronge la pulpe qui entoure les pépins, puis elle creuse jusqu’à la peau qu’elle perce d’un petit trou rond qui lui sert pour respirer et pour évacuer ses excréments. Les fruits ainsi creusés tombent avant d’être mûrs ; lors- que la pomme est sur le sol, la larve s’en échappe et pénètre dans l’intérieur du sol où elle reste pendant les froids de l'hiver, entourée d’un cocon. En avril, elle se transforme en chrysalide ; elle reste quinze jours dans cet état pour en sortir métamorphosée en papillon. Cet inseete est très nuisible et très fréquent. Il n’existe guère de moyen bien efficace pour s’en débar- rasser. Néanmoins, on peut cueillir les fruits attaqués, lorsqu'on apercoit le petit trou rond creusé par l’insecte. Un moyen plus efficace encore, c’est de ramasser tous les matins les fruits tombés avant que la larve aiteu le temps de sortir. On tire parti de ces fruits en les faisant cuire pour la nourriture des pores et de certains animaux de basse-cour. À. HUMBERTI. Education du Ver à soie du chène. Par M. le marquis de BISCAL. (Suite V. p. 84.) Éducation, soins. — Nous avons dit comment se fait l’é- closion de la graine. Cette éclosion a lieu sous l’influence de l'élévation de la température et en raison du temps écoulé depuis la ponte de l’œuf. — Les vers à soie qui naîtraient avant qu'il y ait de la nourriture mourraient infaillib!cment de faim. Il faut donc, à partir de l’époque des grands froids, sur- veiller chaque jour le thermomètre placé dans l’apparte- ment où est déposée la graine (les œufs), et si la tempéra- ture de cet appartement arrive à dépasser + 10 degrés BULLETIN D'INSECTOLOCIE AGRICOLE 417 du thermomètre centigrade, s’empresser de chercher un en- droit plus froid, ou bien prendre des mesures pour abaisser la température, soit en tenant les fenêtres ouvertes la nuit et fermant hermétiquement le jour pour empêcher l’introduc- tion des rayons du soleil, soit en faisant usage de glace ou de neige conservée à cet effet. On sera très rarement obligé de recourir à ce dernier moyen. A Guadelupe, à la latitude de 39° 27°, il ne nous est pas encore arrivé de nous servir de glace pour empêcher l’'éclosion prématurée. Lorsqu'on voit apparaître les feuilles des taillis de chène, il suffit d'ouvrir la chambre à éclosion et d'exposer la graine à la température ambiante pour que les vers à soie naissent spontanément. A la naissance, on doit surveiller les boîtes à graine au- moins cinq à six fois par jour, recueillir les petits vers sur de jeunes rameaux garnis de feuilles tendres, sur lesquels ils savent se placer eux-mêmes et emporter rameaux et vers sur le bouquet de rameaux de chêne posé dans un pot à côté. Pour une éducation de 500 grammes, il faut au moins 20 pots sur lesquels on peut placer 2500 vers par pot. A cette époque de la vie de nos insectes, la meilleure tem- pérature est de 14 à 18 degrés. Il ne faudrait pas chercher à obtenir cette température au moyen d’un feu de cheminée, car la fumée est très nuisible aux vers à soie, elle les engourdit et leur üte complètement l'appétit. Au bout de 4 ou 5 jours, les vers peuvent être transportés sur les arbres si le temps le permet et si la végétation pro- met de pouvoir fournir la nourriture. Il nous est arrivé de nourrir les vers à soie en pot pen- dant plus de 15 jours. Une gelée survenue le 30 mars 1878 surprit les bourgeons de chêne en train de s'ouvrir ; ces bourgeons furent perdus : ceux qui leur succédèrent ne purent supporter les vers à soie que le 23 avril ; les premiers vers étaient nés le 1 de ce mois. Nous étions obligés de 118 BULLETIN D'’INSECTOLOGIE AGRICOLE chercher pour les nourrir des brins de chêne épargnés par la gelée dans des sites bien abrités et exposés au midi. Une fois que les vers à soie sont sur les arbres, les seuls soins qu’on puisse leur donner pendant le mois d'avril et de mai consistent à les préserver de leurs ennemis, dont nous parlerons bientôt. La quantité de vers que doit porter un brin de taillis dépend naturellement de la quantité de feuilles qu’il offre pour la nourriture de l’insecte. Pour un taillis de six ans, 40 vers à soie par pied sont suffisants. Il faut que le ver trouve sur son arbre le double des feuil- les nécessaires à sa nourriture, car à l’époque des chaleurs la partie qui n’est pas consommée lui sert d’abri pour se garantir du soleil et quelquefois peut lui servir de refuge en cas de grande averse ou de grêle. Au mois de juin arrivent généralement les chaleurs et la sécheresse. Dans certaines années privilégiées où les pluies sont réparties régulièrement dans les mois consacrés à l'éducation, on arrose peu. Sous l'influence de la chaleur sèche, le ver à soie perd sa vigueur et son appétit, il se tient à l’ombre sous les feuilles, il ne se développe pas en volume, il reste stationnaire, il perd son temps. Si l’on ne vient pas à son secours en l’arrosant copieuse- sement, il traine une existence misérable, reste deux ou trois fois trop de temps pour dormir et changer de peau, arrive au jour où il doit filer sans force pour accomplir sa tâche, et produit un mauvais cocon qui lui sert de tombeau, car le soleil impitoyable l’étouffe dans cette retraite. C’est alors qu'il faut faire usage de la pompe à main; les femmes apportent l’eau daus des cruches ou des seaux, et les hommes, armés de pompes, font jaillir l’eau par dessus le taillis, de manière qu’elle retombe sous forme de pluie. On voit alors l’insecte humer un goutte d’eau et manger avec avidiié. Quand il y a peu de rosée, les arrosages commencent à BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 119 neuf heures du matin; ils se répètent chaque deux heures pour le moins, surtout l’après-midi. Le nombre d’arrosages peut varier de 5 à 10 dans un jour. La quantité d’eau néces- saire pour un taillis de 38 ares est de 1,500 litres par jour. Du 30 juin au 5 juillet, la plupart des insectes ont terminé leur accroissement et se disposent à filer. Si le temps a été favorable, le ver à soie peut peser 20 grammes; il mesure alors 10 centimètres de longueur et 6 centimètres de circon- férence. Si au contraire les circonstances climatériques ont été contre lui, il peut ne peser que 10 grammes. La récolte des cocons commence le 10 juillet ordinaire- ment; elle se poursuit pendant une quinzaine de jours. On ne doit prendre chaque jour que les cocons finis ; on les reconnaît à leur consistance, à la résistance qu’ils opposent lorsqu'on les presse entre le pouce et le premier doigt ; ceux qui sont jugés trop mous sont laissés en place un ou deux jours de plus. Chaque jour on ne commence la cueillette qu'après que la rosée ou l'humidité de la nuit a disparu, c'est-à-dire vers huit heures et demie du matin. Les paniers de cocons sont apportés à la maison et serrés en couche peu épaisse sur un sol sec ou sur des tables, où on les laisse en repos pendant quatre ou cinq jours, dans la crainte que quelques vers n’aient pas terminé leur travail. On ferme les ouvertures de l’appartement du côté du soleil, on aëre du côté de l’ombre. Après ce laps de temps, on choi- sit les cocons que l’on veut conserver pour graine; ce sont naturellement les meilleurs. On reconnait ceux qui doivent donner des papillons fe- melles à leur volume plus considérable et à leur forme plus arrondie. Ceux qui doivent donner des mâles sont moins gros et plus effilés. On prend pour graine égale quantité de ces deux sortes de cocons. Le poids moyen des cocons a été de 5 grammes, en 1877. (A suivre.) HDestruetion de l’arnignée rouge des Camellia. M. Liabaud, horticulteur à Lyon, donne, dans le Lyon 120 BULLETIN D'INSECTOLOGIE. AGRICOLE horticole, les renseignements suivants pour la destruction de Paraignée rouge sur les camellia. « Depuis longtemps, je = 2 = 2 cherchais à débarrasser mes camellia de l’araignée rouge qui tisse à la face supérieure de leurs feuilles une très fine toile qui en obstrue les stomates et en paralyse la végé- tation. J'avais sans succès fait usage de la fleur de soufre, l’araignée n’y faisait pas attention. Derniérement, j'ai eu l’idée d’éssayerla cendre de bois; je la projetai par petites poignées lancées avec force sur mes camellia, j’obtins un plein succès ; le lendemain, la plupart des araignées étaient mortes ou sur le point de mourir. » « J'attribue au carbonate de potasse contenu dans les cendres, lé résultat que j'ai obtenu. J'engage fortement les horticulteurs etles amateurs à répéter l'opération qui m'a si bicn réussi, lorsqu'ils auront à se débarrasser de de cet insecte. » Re Pentatosme ornée. (Pentatoma ornatum). Cette Punaise est bien connue des jardiniers maraichers, dont elle ronge les légumes et empeste ceux qu’elle épargne. Sa taille est de 10 à 12 millimètres, sa forme est ovyalaire, Fig. Pentalomes ornées. l’'écusson est noir avec une tache fourchue, rouge ; les élytres BULLETIN : D INSECTOLOGIE AGRICOLE 121 sont rouges avec le bord interne noir et quelques taches noires vers l'extrémité. Lorsqu'on touche cette pentatome, elle répand une liqueur d’une odeur très pénétrante qui infecte les légumes sur lesquels elle passe. Elle dépose ses œufs en très grande quantité et par petites bandelettes serrées sur la face inférieure des feuilles. Geoffroy qui a partieulièrement étudié cet insecte, dit que ces œufs sont ronds, gris, pointillés de noir avec des bandes brunes aux deux extrémités. Au moment de l’éclosion la petite punaise soulève la partie supérieure de la coquille, qui se lève comme un couvercle et se met immédiatement en devoir de piquer les feuilles. Cette punaise ne peut se détruire qu’en lui faisant la chasse, et il ne faut pas oublier de visiter le revers des feuilles où se trouvent les œufs. On à proposé anssi l'emploi de la sciure de bois, phéniquée ou coaltarée, l’arrosage avec de l’eau chargée d'huile lourde, etc., tout cela n’est pas mau- vais, mais, la plupart du temps, ces moyens sont plus nui- sibles aux plantes qu'aux insectes et il en résulte que le remède est pire que le mal. Les fleurs ct les imsectes, par Gaston BONNIER. (Suite v. p. 61.) Sprengel s’assied devant une fleur, la fleur de Gueule-de- loup, par exemple, et, avec une patience germanique, il attend indéfiniment qu’il vienne un insecte sur la fleur. Sur cette fleur, il voit arriver un bourdon comme celui que je vous ai montré il y a un instant; ce bourdon, pour atteindre le nectar qui est au fond de la fleur, écarte les deux lèvres de la corolle, introduit sa tête dans la fleur et allonge sa trompe de facon à aspirer la gouttelette de liquide sucré. Sprengel crut voir dans cette visite de l’insecte l’explica- tion du nectaire et du nectar, auxquels nous n'avons assign* aucun rôle. Il remarqua que parfois les poils que recouvrent le corps du bourdon, en frolant les étamines, entrainent 122 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE avec eux la poussière pollinique et la portent sur le stigmate, et que, par suite, l’insecte facilite, sans le vouloir, la for- mation des graines. Dès lors, pour l’observateur allemand, le rôle du nectaire serait de rendre indirectement service à la fleur. Cet organe produirait un liquide sucré, dans le but unique d'attirer le bourdon, lequel, venant prendre le nec- tar, en touchant d’une facon inconsciente le pollen et le stigmate, provoquerait la production des graines. Bien plus, toute l’organisation florale serait disposée dans ce but. La couleur et l’odeur de la fleur auraient pour rôle de la faire apercevoir de loin à l’insecte qui est censé lui être indispensable, la forme même de cette corolle; cette disposition en deux lèvres, servirait à ce que les bourdons seulement puissent la visiter à l'exclusion d’autres insectes qui opéreraient mal, prétend-on, le transport du pollen. Il n'y aurait que les bourdons, dont la force puisse écarter les bords de la fleur de Gueule-de-loup, dont la trompe soit assez allongée pour atteindre le fond de la fleur, où se trouve le liquide sucré. Sprengel prétendit même que chaque fleur avait son insecte, chaque insecte sa fleur était pour ainsi dire moulée sur le visiteur qui lui est destiné. Dans son trés curieux ouvrage appelé Le Secret de la nature découvert, il alla jus- qu'à imaginer deux fractions du créateur, l’une chargée de construire les insectes, l’autre occupée à combiner la forme des fleurs ; de temps en temps, elles se passaient réciproque- ment les mesures, afin de les faire concorder. C’est ainsi que les insectes à longue trompe, comme le bourdon dont vous voyez ici la tête figurée, sont, dans son idée, destinés uniquement aux fleurs profondément creusées en un long tube; ceux à courte trompe, comme cet éristalis, seraient réservés pour les fleurs à tube très court, ou pour æelles dont la corolle est largement étalée ; les abeilles qui, comme vous le voyez, ont une trompe de longueur intermé- diaire, devraient seulement aspirer le nectar dans les fleurs à tubes de profondeur moyenne. CERF - BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 198 Ces idées avaient été complétement oubliées, lorsque, ré- cemment, les darwinistes les ont reprises à un autre point de vue. Ils ont voulu appliquer à ces faits la loi de la concur- rence vitale. Comme Sprengel, ils admettent une adaptation parfaite entre la fleur et l’insecte; comme lui, ils donnent au nectaire et à la couleur de la corolle un rôle extérieur, un but attractif pour les insectes; mais, au lieu de supposer avec les finalistes que les fleurs et les insectes ont été créés les uns pour les autres, ils imaginent qu'ils se sont créés les uns les autres, et que c’est eux-mêmes qui ont déterminé leurs adaptations réciproques. Dans l’histoire des êtres or- ganisés et de leurs transformations aux divers âges de la terre, ils supposent que peu à peu les nectaires des fleurs se sont développés, que dans la lutte pour la vie, en même temps que certaines fleurs se creusaient, certains insectes allongeaient davantage leur trompe. Voici quelle est à ce sujet la conclusion de sir John Lub- bock. « Aux abeilles, nous devons la couleur de nos fleurs et les parfums de nos champs. Non seulement la forme et les contours actuels, les brillantes couleurs, la douce odeur et le miel des fleurs ont été peu à peu développés par la sélec- tion inconsciente exercée par les insectes, mais l’arrange- ment même des couleurs, les bandes circulaires, les lignes radiales, la forme, la grandeur et la position relative de tous les organes de la fleur sont disposés par rapport aux visites d'insectes, de facon à assurer le grand objet que ces visites sont destinées à effectuer. » Voilà donc la question résolue, si nous admettons cette théorie. Tout. s’expliquerait même, la forme et la couleur de la fleur. La corolle serait un phare indicateur qui désigne à l'in- secte le nectaire qui doit l’attirer, et l’insecte en visitant la fleur transporte le pollen soit sur le stigmate de la fleur mé- me, soit sur celui d’une autre, ce qui produitsouvent, dit-on de meilleures graines. Le but unique du nectaire serait 124 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE extérieure à la fleur. Cet organe serait uniquement construit pour les insectes. Cette théorie est certainement très ingènieuse et très séduisante. J'en fus moi-même fort épris, et c’est dans l’espoir de la vérifier que j'entrepris l’étude des relations entre les fleurs et les insectes. Les êtres de la nature qui, en général, s’entre-dévorent, se prêtent ici une aide mutuelle; il est dif- cile de concevoir quelque chose de plus charmant. Cependant, puisque nous faisons une recherche scientifi- que, nous dirons-nous satisfaits par l'application d’une in- génieuse hypothèse? Oui, si elle explique tousles faits, si elle est vérifiée par l'observation et par l’expérience. C’est ce qui nous reste à voir. Pour vérifier si tous les faits concordent bien avec la thé- orie qu’on nous propose, faisons ensemble, si vous le voulez bien, quelques excursions dans la nature. Commencons par une course à Meudon, nous irons plus loin ensuite. Avant d'entrer dans le bois, si nous sommes au commence- ment de l'été, nous pouvons trouver des Gueules-de-loup en fleur sur les murailles; approchons-nous et observons les insectes qui viennent y prendre le nectar. Vous voyez ici un bourdon qui écarte les deux lèvres de la corolle pour aller prendre le nectar ainsi que l’a décrit Sprengel; mais à la ba- se de cette autre fleur vous distinguez deux petits trous faits ‘dans la corolle. Qui les a percés? Si nous restons quelque temps en observation, nous pourrons voir des bourdons qui, comme celui-ci, perforent la corolle en face du nectar pour le prendre directement. Mais alors que devient l’adaptation dont on nous à parlé? À quoi sert que la forme de la corolle ait été combinée pour le bourdon? Pourquoi les organes de la fleur sont-ils si bien disposés pour que le bourdon trans- porte le pollen? L’insecte a trouvé trop compliqué tout ce système disposé pour lui; pour s’éviter la peine d’écarter les deux lèvres et les étamines, d’allonger péniblement sa trompe jusqu’au fond de la corolle, il à pensé qu’il est plus simple de percer l'enveloppe de la fleur juste en face du nectar, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 195 sans toucher en rien aux étamines ni aux stigmates. Il vole le liquide sucré, car il va sur la fleur, sans payer son passage en l’aidant à former ses graines. Mais ce simple trou percé dans la corolle par le bourdon a des conséquences bien plus graves encore pour la théorie dont nous avons parlé. Le bourdon, comme nous l’avons vu, a une très longue trompe; seul, il pouvait atteindre jusqu’au fond de la fleur de Gueule-de-loup; mais maintenant qu’il a déchiré la corolle à la base, voilà que les abeilles et une fou- le d'insectes à trompe moyenne ou à courte trompe, non adaptés à la fleur de Gueule-de-loup, vont pouvoir atteindre le nectar sans difficulté. On voit, en effet, les abeilles, par exemple, venir en quantité sur les fleurs de Gueule-de-loup, lorsque les bourdons leur ont frayé le passage en trouant les corolles. Beaucoup de corolles d’autres!espèces de fleurs nous présenteraient ainsi des trous percés soit par des bour- dons, soit par d’autres insectes. Mais allons-nous renoncer à une théorie aussi séduisante parce que beaucoup de fleurs manquent leur butet ont le tort de se laisser perforer par les bourdons? Certainement non. Entrons dans le bois; nous trouverons facilement dans les taillis cette jolie fleur, dont vous apercevez les grandes co- rolles claires, tachées de rose, se détachant nettement sur le fond sombre du feuillage, et que son odeur pénétrante à fait nommer la mélisse des bois. Installons-nous à côté d’une touffe de ces fleurs et observons les insectes visiteurs. Atten- dons, nous n’en verrons aucun. Attendons encore. Eussions- nous une patience supérieure à celle de Sprengel, revenant tous les jours à la même place, nous ne trouverons pas d’in- secte venant sur la fleur de la mélisse des bois; à moins qu’une mouche ne vienne se poser sur le bord de la corolle comme elle se poserait sur une feuille. Nous aurions même pu abréger cette longue attente en coupant en long la fleur de mélisse; la raison de cette absence de visiteurs est très simple, il n’y a pas de nectar dans la fleur. 126 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Et pourtant, tout était disposé pour cette attraction des in- sectes dont on nous parle: le parfum de la fleur, la grande corolle visible, et jusqu'aux taches rouges allongées qu’on y observe et qui, d’après Sprengel, indiquent à l’insecte la route qu’il doit suivre pour atteindre le liquide sucré. Il y a bien d’autres fleurs sans nectar et dont la corolle est revêtue de brillantes couleurs. Il suffirait de citer les coque- licots, les lis, les tulipes, les jacinthes, les anémones, les hé- lianthènes et toutes les fleurs à corolles éclatantes que vous avez iCi SOUS VOS Yeux. On pourra répondre, il est vrai, que l'exception confirme la règle, ce qui n’est pas une explication bien scientifique; ou bien encore on nous répondra que ces fleurs ont dégénéré mais que leurs ancêtres, à une autre époque de l’histoire du globe, avaient du nectar dans leur corolle; de cette manière on peut tout expliquer. Mais laissons ces fleurs qui ne se conforment pas à la thé- orie; nous pourrons à la lisière du bois de Meudon obser- ver en été des champs où l’on cultive des gesses pour faire du foin. Si elles ne sont pas encore fleuries, le champ est vert comme un champ d'avoine. Il n’y a pas une seule fleur et cependant nous pouvons remarquer un grand nombre d’abeilles et de bourdons qui se dirigent vers ce champ ou qui en viennent. Regardons alors avec attention l’une des tiges de ces gesses. Vous y voyez ces abeilles etces bourdons qui y sucent un liquide sucré. Mais le liquide sucré n’est pas produit dans des fleurs. Il suinte à la surface de nectai- res qui sont développés à la base des feuilles, et là, sur le nectar découvert tous les insectes à courte ou à longue trompe, sans aucune adaptation de formes, semblent s'être donné rendez-vous. Il y a un nectaire, du nectar, des insec- tes visiteurs et pas de fleurs! Cela ne concorde guère avec ce qu’on nous à dit sur le rôle du liquide sucré; dans quel but ici attirerait-il les insectes qui ne peuvent aider à pro- duire les graines, puisque la plante n’a pas encore de fleurs? Abandonnons ce champ pour retourner dans le bois; si BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 497 plusieurs jours de chaleur ont succédé à des jours de pluie, nous entendrons parfois un bourdonnement singulier dans les hautes branches des chênes. Montons sur la pente d’un coteau pour voir ces branches de plus près, nous les trouve- rons encore couvertes d'insectes mellifères; vous voyez ces abeilles, ces bourdons de diverses sortes qui viennentlécher avec leur trompe la surface des feuilles de chêne. On peut s'assurer qu'ils viennent y prendre un liquide sucré qu’on nomme la miellée et qui, comme l’a montré M. Bertholot, contient les mêmes sucres que le nectar. Là encore, aucune adaptation, aucun service rendu à la plante par l’insecte. En somme, dans cette excursion à Meudon nous venons de trouver un certain nombre de plantes qui ne nous ont pas satisfait au point de vue de l’adaptation rigoureuse qui de- vrait exister entre les fleurs et les insectes, et nous voilà un peu ébranlés. Cherchons alors, si vous le voulez bien,ce qui se produit à ce point de vue, lorsque la flore tout entière change d’as- pect. Pour cela, il nous faudra faire de plus grands voyages que celui de Meudon. Je choisirai naturellement des contrées que j’ai eu l’occasion de visiter. Pour étudier les modifications qui peuvent être produites aux diverses latitudes, nous irons en Norvège; pour voir comment l’altitude peut faire varier les plantes et leurs rap- ports avec les insectes, nous monterons jusqu'aux sommets des Carpathes ou des Alpes. Commencons par la Norvège. A peine serons-nous débar- qués dans ce pays, nous promenant dans la campagne ou dans les bois, que nous remarquerons, dans la vêgétation, des teintes singulières, des tons auxquels nous ne sommes pas habitués. Un paysagiste francais écrivait peu de jours après son arrivée en Scandinavie : « Dans ce pays-ci, je n’y comprends plus rien, ce sont les mêmes arbres, les mêmes prairies, les mêmes bois, les mêmes fleurs qu’en France et je ne puis jamais employer les mêmes couleurs pour les re- produire. » 128 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE Sur le bord d’un chemin, je suppose, nous serons surpris par l’aspect d’une marjolaine d’un pourpre foncé, nous croi- rons avoir découvert une nouvelle espèce que nous pour- rons dédier à l’un de nos amis ou tout au moins une plante spéciale, un Origanum Norvegicum; et pourtant si nous cherchons le caractère botanique de cette plante, nous trou- verons que c’est la marjolaine ordinaire, l’Origanum vulga- re; NOUS finirons par nous apercevoir que toutes les corolles des fleurs sont beaucoup plus colorées en Norvège que cel- les des mêmes espèces en France. Voici, par exemple, la bruyère ordinaire avec la teinte qu’elle à ordinairement en Norvège, et ici, un brin de la même espèce de bruyère cueil- li aux environs de Paris; vous voyez que sa couleur rose est beaucoup plus pâle. (A suivre.) Pentatome des fruits (Pentatoma baccarum Audinet-Serville). Cette Punaise est bien connue des jardiniers sous le nom de Punaise grise des jardins; les dégâts qu'elle occasionne a ne sont pas très importants, mais elle laisse partout où elle passe une odeur très fétide, qui gâte les fruits qu’elle touche, principalement les groseilliers et les frambroisiers. Elle est facile à reconnaitre à ses antennes noires,annelées de jaunâtre, ainsi qu’à de nom- breuses petites taches d'unjaune fauve qui se trouvent sur les côtés du Corps. Fig. Pentatome des fruits. Sa couleur est le plus ordi- nairement d’un brun un peu roussätre ou d’un brun nébu- leux, mélangé de taches brunes un peu jaunâtres. Cette pentatome n’est pas abondante, cela n'empêche pas qu'il faut la détruire et l’écraser lorsqu'on la rencontre. Le Gérant : H. HAMET: Paris — Typ. RINUY, 41, rue Davy. N° 9. SIXIEME ANNÉE Septembre 1881 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Les accessoires de l’école du village, par M. MAURICE GiRARD, — Le Charançon du riz, par M. E. SAVARD. — Cicadelle de la Gironde (suite), par M. P. CH. JouBERT. — Le Doryphora, par M. ER. OLIVIER. — La sériciculture nouvelle, par M. BALBIANI. — Note sur la maladie des Ecrevisses, par M. JosePH GREPIN. — Les fleurs et les insectes (suite), par M. G. BONNIER. — Du rôle que jouent les infiniment petits, dans la matu- ration et la fabrication des fromages, par DUCLAUX. Les accessoires de l’écele du village (1). par M. MAURICE GIRARD. Le jardin de l’école sera le sujet d'enseignements indirects très importants, surtout parce qu'ils sont généralement inconnus dans nos campagnes. Dans tous les pays de sériciculture, l’instituteur fera une petite éducation de grainage, en nourrissant les vers à soie avec des feuilles de mürier blanc (Morus alba, Linn.), qui est l’espèce la mieux appropriée. Partout le jardin présentera quelques ruches d’abeilles, dont une au moins à l’état de ruche d'observation, avec un volet mobile, permettant de voir à volonté le travail intérieur des industrieux insectes. Outre leur utilité pour donner aux élèves quelques notions trés élémentaires d’apiculture, la présence des abeilles aura l'avantage de favoriser la production de beaucoup de fruits et de graines, en opérant sur les fleurs de continuelles fécon- dations croisées, qui sont les plus efficaces. Les animaux qui peuvent rendre des services au jardin de l’école, ou qui lui portent préjudice fourniront à l’institu- teur les sujets de leçons de choses, de dictées et d’entretiens fréquents, auxquels les enfants porteront un vif intérêt. L’instituteur leur ordonnera énergiquement de respecter les nids des oiseaux qui seront dans le voisinage de l’école, (1) Extrait du Manuel général de l'instruction primaire, Hachette, 1881. 130 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE car, au printemps, tous les oiseaux sont insectivores, ceux appelés Becs-fins le demeurent toute leur vie ; il leur fera connaitre les grands services que rendent l’Engoulevent, l’Effraie ou Chouette des clochers et diverses petites espèces de chouettes. Ils devront faire tous leurs efforts pour s’op- poser à ce que l’on tue ces excellents auxiliaires de l’agri- culture, que la stupidité des paysans ignares cloue si sou- vent sur les portes des fermes etdes granges. L’instituteur apprendra à ses élèves combien sont utiles les Chauves-souris, les Hérissons et les Musaraignes, en leur faisant bien distinguer ces dernières des souris et des mulots, ennemis du jardinier. Il les engagera à ne jamais détruire les lézards, encore moins les orvets, objets des contes les plus ridicules et grands destructeurs de limaces, à ne pas tuer les crapauds et les salamandres, sujets de la répulsion la plus sotte et la plus déplorable; des représen- tants de ces reptiles et batraciens insectivores feront même bonne figure dans le jardin. Ce sont surtout les insectes qui offriront aux élèves les meilleurs types pour les services et les méfaits. L’institu- teur leur recommandera de ne pas écraser les carabes, de les apporter même dans le jardin, ainsi que tous les vers luisants (larves et femelles du lampyre noctiluque) qu’ils trouveront dans l’herbe et sous les buissons, car ce sont d'excellents destructeurs des limaces, des escargots et des chenilles. Les enfants aiment tant les jolies bêtes à bon Dieu ou coccinelles qu’il les font mourir de faim, avec une tendre sollicitude, en les enfermant dans des boîtes avec du pain et des feuilles. L’instituteur leur recommanderaau contraire de les lui apporter pour les mettre sous les châssis, afin d'y propager leurs larves qui dévorent les pucerons. Il leur fera voir les amas de petits cocons jaunes du Microgastre aggloméré, parasite interne des funestes chenilles des pa- pillons blancs du chou et de la rave, et dira aux élèves que sans eux, ils ne mangeraient pas de choux en certaines années. sn BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 131 Le Charançcon du Riz. (Sitophilus orizæ, Schœnherr.) par M. E. SAVARD. Parmi les nombreuses variétés de Riz cultivées dans l'Inde et dans certaines parties de l'Amérique, il en est quelques-unes qui, se semant à l’époque de la saison des pluies, réussissent à l’aide de cette circonstance, sur les terrains élevés et sans le secours de l’inondation. C’est ce qu’on appelle Riz secs ou Riz de montagne. Plus d’une fois on a tenté de les naturaliser en Europe, et surtout en Pié- mont, où l’insalubrité des rizières inondées où on cultive le riz ordinaire décime la population de certains villages. Ces essais ont toujours été infructueux ; le seul Riz de Carro, variété précoce et fort intéressante, a donné quelques espé- rances qui nese sont pas réalisées. Cependant les journaux d'agriculture ont plusieurs fois annoncé des récoltes com- plètes et des succès décisifs obtenus de la culture du Riz sec dans plusisurs de nos départements de l’est. Les annonces en question n'étaient fondées que sur une erreur d'espèce. Ce prétendu Riz sec, dont on nous à souvent envoyé des échantillons n’est autre chose que l’engrain commun (Triti- cum monococcum), appelé encore Froment locular ou petite Épeautre. Pour prémunir les cultivateurs contre la méprise que nous venons de signaler, il suffit de leur rappeler que les véritables Riz sont tous paniculées, comme le Millet (Panicum miliaceum) et l’avoine commune, tandis que la petite Épeautre porte un épi raide, aplati, dont les grains sont serrés et disposés sur deux rangs comme dans l’Orge.. Depuis quelques années, les essais du Riz sec de la Chine, repris en Italie avec plus de suite, ont eu des résultats beau- coup plus heureux que précédemment ; il en a été récolté des quintaux par simple arrosement ; on peut donc fonder sur cette variété remarquable de nouvelies espérances. Comme le blé, le Riz est exposé à être rongé par un petit Charancon qui s’en nourrit à l’état de larve et d’insecte par- fait. On trouve quelquefois ce dernier en abondance dans les magasins où l’on conserve ce grain, et il n’est pas rare d’en 132 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE trouver les cadavres dans les provisions qu’on achète chez les épiciers pour les besoins du ménage. Je ne sais si on à fait des observations particulières et suivies sur cet insecte et si son histoire est bien connue. Il est du même genre que le Charancon ou Calandre du blé (Sitophilus granarius), il ressemble presque entièrement à ce dernier et l’on peut con- jecturer, avec beaucoup de vraisemblance, qu’il en a les mœurs etles habitudes, c’est-à-dire que la femelle place ses œufs dans le riz, un dans chaque grain, en ayant soin de percer, avec son rostre, un petit trou pour le recevoir et le cacher. La petite larve sortie de l’œuf mange la farine con- tenue dans l’écorce sans altérer la forme du grain et agran- dit son logement à mesure qu’elle consomme sa provision. Parvenue à toute sa croissance, elle se change en nymphe dans son habitation et bientôt après en insecte parfait qui perce la peau du riz pour se mertre en liberté, prendre ses ébats et recommencer à pondre comme ses parents. Chaque larve consomme la valeur d’un grain et chaque insecte en ronge plusieurs autres en partie pour se nourrir. Il à plu- sieurs générations pendant la belle saison et l’animal multi- plie considérablement en peu de temps, en sorte qu'il cause beaucoup de dommages dans les magasins qu'ila envahis. Telle est, par conjecture, l’histoire de ce petit insecte qui est de la famille des Porte-Bec, de la section des Fracticor- nes, de la sous-tribu des Calandrites et du genre Sitophilus. Son nom entomologique est Sitophilus orizæ, et ses noms vulgaires Charancon du riz ou Calandre du riz. Sitophilus orizæ, Schœnh. Longueur, 3 millimètres. Sa forme est allongée; tout le corps est brun; les antennes sont coudées, d’un brun-ferrugineux, terminée en massue ovalaire ; le rostre est long, légèrement courbé, aminci à sa base,un peu plus épais à l'extrémité, presque de la longueur du corselet; la tête est arrondie; le corselet est presque cylindrique, mais un peu rétréci en devant, fortement ponc- tué, déprimé en-dessus ; les élytres sont de la longueur du corselet, de la mème largeur que ce dernier, arrondies en * BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 133 arrière et ne couvrant pas entièrement l'extrémité de l’abdo- men ; elles portent des stries ponctuées et sontmarquées de deux taches ferrugineuses, l’une à la base, l’autre à l’extré- mité. Les pattes sont courtes, de la longueur du corps. La Calandre du riz, comme celle du blé, ne vole pas, n'ayant pas d'ailes sous les élytres. Cet insecte est commun dans les pays étrangers où on cultive le riz comme nous cultivons le blé en Europe. Les procédés indiqués pour la conservation du blé peuvent être employés pour la conservation du riz. Si on le garde dans des caisses ou des tonneaux hermétiquement fermés immé- diatement après la récolte, en ayant soin de ne l’y placer que nettoyé, sec et exempt de Charancons, il sera préservé deces insectes, qui ne pourront pas pondre leurs œufs dans les grains, et alors il pourra se conserver fort longtemps. On n’a pas encore signalé les parasites et les ennemis naturels de cette espèce. E. SAVARD. Cicadelle de la Gironde. (Suite v. p. 113.) M. Duthil établit ainsi qu'il suit l’évolution vitale de la . Cicadelle de la Gironde : 10 avril — Eclosion des insectes et disparition de ceux-ci. 13 avril — Leur retour. 21 avril — Nouvelle disparition. 16 mai — Réapparition des insectes. — 1re métamorphose. 20 mai — 1'e mue. — 2 métamorphose. 28 mai — 2 mue.— 3° métamorphose. 4 juin — 3% mue. 13 juin — 4 mue. 21 juin — 5° mue. 6 juil. —6® et dernière mue : insecte parfait. 29 juil. — accouplement. 3 août — Confection des nids. A en juger par l’aspect de l’insecte, celui-ci conserve ses 134 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE facultés perdant la mue et les perd pendant la métamorpho- se, avant laquelle il semble éprouver un certain trouble. Le phénomène de la mue, comme celui de la métamor- phose, s'opère chaque fois en modifiant l’aspect de l’insecte. Pendant la période de la mue, le corps de l’insecte se rac- courcit, devient large et lègèrement plat, de couleur gris bleu. La houppe soyeuse qui garnit la partie postérieure de la Cicadelle est relativement grande. Dans lamétamorphose, le corps s’allonge et s’arrondit, la houppe devient plus fine et plus longue que dans la mue. A la quatrième mue l’insecte double de grosseur et est très vif. La cinquième mue se fait par dépouille, le corps devient deux tiers plus long que gros; sa forme est arrondie, sa couleur d’un gris clair. De chaque côté de son corps, on dis- tingue les étuis ou plutôt les élytres, qui doivent contenir les ailes ou seulement leur rudiment comme dans le genre Hysteropterum. À ce moment, l’insecte est apathique au point de se laisser toucher. À la sixième mue, l’insecte devient plus long, sa couleur grise s’éclaircit et devient blanchätre. Les élytres sont entièrement formées, mais au contact de l'air, celles des femelles deviennent d’un violet foncé, celles des mâles d’un jaune clair, et c’est la majeure partie. Les femelles grossis- sent jusqu’à la ponte. L’accouplement qui dure plusieurs heures a lieu dès que les insectes sont pourvus de leurs élytres. Je vais essayer, dit M. Duthil, de décrire le nid ou coque terreuse. D'après mes observations, il est généralement construit du 15 juillet au 15 août. Je crois pouvoir affirmer que c’est de la véritable terre soumise à une agglutination au moyen d’une sécrétion de l’insecte. Pour m'en convaincre, j'ai renfermé dix insectes mâles et dix insectes femelles dans un bocal, dans lequel j'avais pré- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 139 alablement placé de la terre, j'en ai obtenu des coques ter- reuses tout comme en plein champ. Dans un deuxième bocal où je n'avais pas mis de terre, j'ai renfermé le même nombre d'insectes, j'ai obtenu un sem- blant de nid, contenant de un à quatre œufs, tandis que dans le bocal ou j'avais placé de la terre, il y en avait de douze à dix-huit. La coque terreuse, ajoute M. Duthil, est généralement pla- cée dans le sens longitudinal du bois sur lequel elle est construite. Elle est presque toujours exposée au sud-est. Les œufs sont symétriquement rangés, en forme de fer de lance et sur deux rangs. Selon la durée plus ou moins longue de l'hiver, l'éclosion est avancée ou retarde de quinze jours à un mois. Au moment de l’éclosion, les parois de la coque terreuse s’'entr'ouvrent, la tête de l’insecte apparaît et l’on distingue deux points violets qui sont ses yeux; ils sont relativement très gros, comme pendant toute la durée de l'évolution vitale; puis arrivent les pattes au nombre de six, les deux de derrière sont armées de vingt-deux griffes. La couleur est, en ce moment, d’un jaune orange. Dès que les deux dernières pattes apparaissent, la larve donne les premiers signes de la vitalité. L’éclosion dure de douze à quinze minutes, selon la tem- pérature qui influe beaucoup. J'en ai vu, dit M. Duthil, s’ef- fectuer par une température de quatre degrés au-dessus de zéro. Un fait assez bizarre, c’est que, passé neuf heures du matin et quelle qu’ait été la température du jour précédent, on ne rencontre plus d’éclosion. De jaune et allongé qu'est l’insecte en naissant, il se rac- courcit et brunit dans l’espace de cinq à six minutes, puis il devient cuivré et enfin d’un gris bleu. Tous ces change- ments s’opêrent en moins d’une heure. Immédiatement après sa sortie du nid, l’insecte commen- ce à marcher, quelques minutes après, il court et saute. Si vous cherchez à le prendre au moment ou il ne peut encore 136 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE sauter, il se laisse tomber. Une heure après sa naissance, il est presque imprenable; à l’aspect de l’observateur, il s’ef- face derrière le cep ou derrière l’échalas. Deux heures après l’éclosion, ajoute M. Duthil, il est inu- tile de chercher les Cicadelles qui viennent de naïtre, elles se sont retirées dans le sol, du moins j'en ai la croyance. S'il en était autrement, on en rencontrerait, attendu que sur un seul tuteur, sur lequel depuis neuf jours avait lieu l’éclosion, j ai récolté, au dixième jour, 540 insectes. Si l’éclosion des jours précédents avait été dans les mêmes proportions, il y aurait eu sur le cep de vigne plus de 5000 individus. Il est de toute impossibilité qu’une pareille quan- tité d'insectes, puissent tous échapper à un œil tant soit peu exercé; d’où il faut conclure qu’ils sont allés s’enfouir dans le sol. Trois jours après leur disparition, on les rencontre de nouveau, ils sontalors bleus. Il leur pousse postérieurement un commencement de houppe, formée d'une espèce de soie blanche. Après une huitaine de jours la longueur de cette houppe est égale à celle du corps. À ce moment, affirme encore M. Duthil, l'insecte disparaît de nouveau pendant quinze jours à trois semaines, après lesquelles, il reparaît méta- morphosé. Il lui pousse alors une nouvelle houppe garnie cette fois d'un duvet blanc, qui, comme dans le premier cas, arrive à égaler en longueur, celle de son corps. (A suivre.) P.-Ch. JOUBERT. Le Doryphorna. Malgré toutes les craintes qu'avait fait concevoir sa rapide propagation en Amérique, le Scarabée du Colorado ou Doryphora ne semble pas devoir se répandre sur notre con- tinent. Il ne s’est pas multiplié dans les localités ou on en a rencontré accidentellement quelques individus qui ont même disparu sans laisser de progéniture. | Cependant il ne faut pas nous croire complètement à l’abri BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 4191 d’une invasion qui peut vraisemblablement se produire un jour ou l’autre et tous les cultivateurs doivent redoubler de vigilance afin de pouvoir lutter dès la première apparition de ce funeste coléoptère. En Angleterre, toutes les mesures coercitives sont encore en vigueur: les commissions fonctionnent toujours et ne perdent pas de vue la mission dont elles sont chargées, qui est de rechercher et de détruire les Doryphora dès leur introduction dans le pays. C’est ainsi que le tribunal de simple police de Yealmpton, en vertu de la loi de 1877 sur les insectes destructeurs, vient de condamner à cinq livres d'amende un fermier con- vaincu d’avoir chez lui des doryphores vivantes. À laséance de la Société enthomologique de Londres du 2 mars de cette année, M. Jenner Weis a montré un échan- tillon vivant de doryphore pris à Londres où il avait été apporté dans un tonneau de pommes de terre provenant d'outre-mer. Comme on le voit, nous sommes toujours menacés, et une vigilance extrême est nécessaire pour pouvoir s'opposer dès le début à la marche envahissante de ce fléau. ERN. OLIVIER. La sériciculture mouvelle. par M. BALBIANI (1). Depuis tant de siècles que l’art de tisser les étoffes est en possession de la soie de notre Bombyx du mürier, celle-ci a toujours constitué la plus belle des matières textiles d'ori- gine animale ou végétale. Mais la cherté de ce produit, l'impossibilité de cultiver partout le mürier qui sert de nour- riture aux vers, les épidémies qui, à diverses reprises, ont ravagé les magnaneries, toutes ces causes réunies ont naintes fois fait songer à chercher parmi les espèces indi- gènes ou étrangères des auxiliaires du précieux insecte. (1) Ceci est le rapport sur la sériciculture à PExposition universelle de 1878, publié depuis peu, c’est-à-dire trois ans après la fermeture de PExpo- sition. (La rédaction.) 138 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Déjà au siècle dernier, le président de Bon avait proposé d'utiliser la soie des araignées pour en faire des tissus, etil présenta même à l’Académie des sciences des bas et des gants qu’il avait fait fabriquer avec cette matière. À la même époque, en apprenant à connaître les grands bombycides asiatiques et américains, les naturalistes ne furent pas seu- lement frappés de l’ampleur de leurs formes et de la beauté de leurs couleurs : une pensée utilitaire se glissa parmi leur admiration, et ils se demandèrent si leurs volumineux cocons ne fourniraient pas une soie utile, même à côté de celle de notre bombyx de mürier. Mais c’est surtout depuis une trentaine d'années, à l’occasion de quelques éducations heureuses de bombycides exotiques faites dans notre pays, que l’idée de l'emploi industriel de leur soie s’est fait jour dans les esprits. En signalant à l’Académie des siences les essais tentés à titre de curiosité scientifique, quelques natu- ralistes, V. Audoin, Guérin-Méneville, Emile Blanchard. émirent l’opinion que l’industrie séricicole tirerait proba- blement un parti avantageux de la naturalisation de ces espèces étrangères qui pourraient remplacer le ver à soie dans les contrées où le climat ne permet pas l'élevage de ce dernier. M. E. Blanchard surtout montre que cette expérience était d'autant mieux fondée que plusieurs de ces producteurs de soie peuvent vivre aux dépens de nos végétaux indigènes, que leur éducation se ferait par conséquent sans avances de culture et par suite de beaucoup moins de frais que celle du bombyx du mûrier qui exige des plantations spéciales. Les chenilles de ces lépidoptères, disait M.E. Blanchard, se nour- rissent de plantes très semblables à celles de notre pays et viventparfaitement sur les espèces quicroissent en France.., c’est-à-dire que ces animaux peuvent être élevés dans notre pays sans qu'on soit obligé de leur consacrer aucune cul- ture. Dans le voisinage des bois on leur trouverait sans frais (1) Emile Blanchard, De l'acclimatation de divers bombyx qui produi- sent la soie (compte-rendu de l'Académie des sciences, t. xx111, 1849, p. 670). BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 139 une nourriture abondante. Les aubépines qui servent de clô- ture seraient également utilisées pour la nourriture de ces bombyx. Les gens les plus pauvres de nos campagnes trou- veraient autour d’eux la nourriture de leurs nouveaux vers à soie, et ils obtiendraient ainsi un produit d’une assez grande valeur. Les femmes, les enfants, toutes les personnes incapables de se livrer à un labeur penible, suffiraient pour s'occuper un peu chaque jour et pendant quelques semaines des soins à donner à ces chenilles. » Nous avons cru devoir remettre sous les yeux du lecteur ces lignes, qui résument parfaitement l’intérêt qui s'attache à cette question des nou- veaux vers à soie, intérêt tout aussi actuel aujourd’hui qu'il y atrente ans, lorsqu'elles furent écrites. (à suivre). Note sur In maladie des écrevisses (1). D'après les travaux de M. le professeur Dr C. O. Harz Par M. Joseph GREPIN La maladie des Ecrevisses, qui sévit d’une facon si désas- treuse depuis plus de quatre ans dans les cours d’eau de la France, de l'Allemagne et de l'Autriche, a été, de la part de M. le professeur Harz, de Munich, l’objet des plus sérieuses recherches, lesquelles ont fourni des renseignements très intéressants sur les différentes phases de l’épidémie, sur ses (1) La maladie des écrevisses, qui dépeuple depuis plusieurs années les cours d’eau de la France, a été l’objet, dans plusieurs séances, des préoccu- pations de la Société. Nous sommes heureux de pouvoir offrir sur ce sujet à nos lecteurs un important travail traduit de l’allemand et qui vient de paraître dans les Bulletins de la Soctété d’acclimatation. L'auteur attribue le mal à un Distome, Helminte parasite d'un groupe encore très incomplètement étu- dié. Les Distomes ou Douves sont des vers très plats, munis de deux ven- touses, un peu de la forme d’une limace, large, déprimée et très mince. Le tvpe est la Douve du foie, ou Distoma hepaticum, Linn., qui infeste le foie des moutons, surtout ceux qui paissent dans les prés humides et contractent la cachexie aqueuse; on a quelquefois trouvé cette Douve dans le foie des ber- gers. On n’est pas encore certain de son mode de transmission aux moutons ; on suppose qu'ils en avalent les larves en broutant par mégarde des limaces ou des colimacons sur les herbes. (la Rédaction). 140 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE causes et ses caractères, ainsi que sur les moyens de la pré- venir(l). Cette maladie parait avoir fait sa première apparition en Alsace-Lorraine, dans les eaux de l'Ile et de ses affluents; de là, elle s’est répandue très rapidement dans le duché de Bade, le Wurtemberg, la Bavicre, la Prusse et l’Autriche. Elle à été également constatée en Suisse. Aspect de la maladie. Les signes qui la caractérisent sont les suivants : L'animal atteint cesse de manger et se couvre de taches! il marche sur la pointe des pattes ; ses mouvements sont raides et embarrassés : il paraît avoir perdu le sentiment de la peur; il évite les coins et les endroits couverts quil recherche à l’état normal, et il se tient de préférence vers le milieu de la rivière ou du réservoir qu’il habite, afin, sans doute, de se préserver, dans l’êtat de souffrance où il est, de tout contact de son semblable, ou plutôt de tout mouvement que celui-ci pourrait lui inprimer. Il parait très excité, très irrité; il est même agressif envers ses congénères qui l’approchent de trop près ; il Les pince vigoureusemeut et d’un mouvement convulsif sans lâcher prise. Dans ce cas, et surtout quand l’attaqué est également malade, il arrive que les deux combattants ne ces- sent de s’étreindre et ne se séparent qu'avec perte de plu- sieurs membres. De là la présence de pattes et de pinces arrachées que l’on constate au fond des réservoirs infectés. [à suivre). Les fleurs ef Îles imseetes, par Gaston BONNIER. (Suite.V: p.121.) Pour confirmer la théorie de Sprengel, on a attribué aux insectes la coloration plus grande dont se revêtent toutes les fleurs sous les hautes latitudes. On a imaginé queles co- (1) Le journal viennois Fischerei- Zeiluny a publié (voy. numéros du & décembre 1830 au 16 mars 1881) un mémoire dans lequel M. le docteur Harz a résumé les résultats de ses intéressantes recherches : Ueber die soge- nante Krebspest, ihre Ursuehe und Verhutung. BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 14 rolles nombreuses se trouvent en présence d’un nombre moins grand d'insectes; elles s'adaptent à la région où elles se trouvent en se colorant pour les attirer; chaque fleur se farderait, pour ainsi dire, davantage pour engager Les insec- tes à lui rendre visite. ; Cette idée peut sembler assez étrange et, cependant, comme la théorie précédente, elle est enseignée officiellement dans beaucoup d'écoles en Europe. On pourrait d’abord remarquer que si toutes les fleurs se colorent plus, c’est absolument comme si aucune ne se colo- rait davantage, puisque, par rapport à la visite des insectes, c’est le point de vue relatif qui est seul à considérer; mais afin de voir si l’on peut admettre que les fleurs se sont colo- rées avec plus d’éciat pour attirer les insectes moins nom- breux dans ces pays, nous pouvons répéter une expérience bien simple qui à été faite par M. Flahault, mon compagnon de voyage en Scandinavie. Prenons à Paris un paquet de graines d’une espèce de fleur des Phlox, si vous voulez; séparons le paquet en deux parties égales. Semons la moitié des graines en France et allons se- mér l’autre en Scandinavie. Dans les deux pays elles vont donner des fleurs. Compa- rons-en les teintes, les voici. Vous voyez que celles de Scandinavie sont beaucoup plus foncées. Il en est de même pour les teintes de ces Tagetes et de ces Lobelia. Ainsi du premier coup ces plantes ont eu des corolles plus éclatantes. Pour adopter la théorie qu’on nous propose, il faut donc admettre que les graines que nous avons portées de Paris en Suède se sont dit à elles-mêmes, pendantle trajet, qu'on les emmenait dans une contrée où il y a un peu moins d'insectes, et qu’alors en y germant elles se sont em- pressées de se revêtir de couleurs plus fortes! Il nous est donc impossible d'admettre cette explication ; c'est simplement sous l'influence directe des conditions physiques du milieu que la couleur des fleurs se modifie. 149 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE Pendant la saison des fleurs les jours sont beaucoup plus longs en Suéde eten Norvège que dans nos pays. Voici une figure qui vous montre la durée moyenne du jour et de la nuit pendant la belle saison, aux diverses latitudes ; vous voyez qu'à mesure qu’on s’avance vers le nord, la durée du jour augmente de plus en plus. Divers expérimentateurs ont prouvé que les modifications de teintes que nous avons observées sont dues à l’action de cette lumière peu intense et presque continue. En Norvège, nous pourrions constater aussi par expérience que les fleurs ont plus de nectar qu’aux environs de Paris ; il y a même des fleurs, comme celle des Potentilles, qui n’ont pas de nectar chez nous et qui en ont en Scandinavie. Voici la manière très simple dont j'ai procédé pour déter- miner le volume de nectar produit chez les mêmes fleurs dans les deux pays. Les plantes étaient placées comme celles-ci sous des cages de toile, afin d'empêcher les insectes de visiter les fleurs et de venir en aspirant du nectar trou- bler les mesures comparatives. Un des côtés de ce cube de toile peut se soulever, comme vous le voyez, et au moyen d’une pipette effilée et graduée qui remplace la trompe de l’insecte, on peut mesurer le liquide sucré que contiennent les fleurs. Ces deux courbes vous représentent les volumes de nectar observés aux différentes heures de la journée sur une même espèce de trèfle, d’une part, en Norvège; d'autre part, en Normandie. Vous voyezque, dans les mêmes conditions, les fleurs en produisent beaucoup plus en Norvège. De telles modifications dans la production du liquide sucré, qui trou- blent l’adaptation, sont dues aussi à l'influence des condi- tions physiques différentes. En nousélevant dans les Carpathes ou dans les Alpes, nous pouvons rencontrer successivement les mêmes phénomènes qu’en nous avançant vers le nord. On sait par exemple que dans les prairies alpines les fleurs sont plus colorées à me- sure qu’on s'élève, parce que l’atmosphèére absorbe de moïns BULLETIN D INSECTOLOCIE AGRICOLE 143 en moins la lumière. Les fleurs des mêmes espèces sont aussi plus nectarifères dans les hautes régions. S'il nous reste encore des doutes après les nouvelles ob- servations que nous venons de faire, et il peut nous en rester, car la théorie qu’on nous présentait avait bien des côtés attrayants, nous pouvons nous adresser à l'expérience. La couleur des corolles est-elle disposée pour attirer les abeilles ? Voici quatre morceaux d’une même étoffe, de même gran- deur, mais de couleurs différentes; je les place sur un fond vert; vous ne distinguez pas celui qui est vert, les autres se voient parfaitement. Si on les recouvre d’un mème poids de miel ou de liquide sucré, et qu’on les place à la même dis- tance de cette ruche, en comptant toutes les minutes le nom- bre des abeilles qui viennent sur chaque carré, ou en pesant d’une manière précise le poids de sucre qu’elles enlèvent dans le même temps, nous verrons qu’elles viennent aussi bien dans le carré vert que sur les autres. La couleur leur est bien indifférente, c’est le sucre qui leur importe. (A suivre.) Du rôle que jouent les infiniment petits, dans la maturation et la fabrieation des fromages. L'industrie fromagère n’est pas encore arrivée au degré de sûreté et de perfection qu'ont atteint beaucoup d’autres industries agricoles. Les déceptions y sont fréquentes, même dans les fabrications les plus anciennes et les plus soignées. Il en sera ainsi tant qu'on n'aura pour guide que l’empirisme. M. Duclaux, professeur de l’Institut national agronomique et maitre de conférences à la Sorbonne, s’est proposé de rechercher s’il ne serait pas possible de donner à cette industrie les bases scientifiques qui lui manquent. Il a étudié, depuis quatre ans déjà, ce difficile problème dans le Cantal, sous les auspices du ministre de l’agricul- ture, dans une sorte de laboratoire rural, qu’il se propose 144 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE de transporter successivement sur différents points de la France. Ses études l’ont amené à attribuer un rôle prépondérant aux infiniment petits, non-seulement dans les opérations de la fromagerie, mais encore dans toutes celles qui ont le lait pour matière première. Les germes de ces êtres micros- copiques sont présents partout. Il y en a surle pis de la rache, sur les vêtements et les mains du vacher, dans les vases où l’on met le lait, sur tous les agrès de la laiterie. Le microscope ne réussit pas toujours à les déceler, surtout à l’origine ; mais aucun échantillon de lait n’en est exempt. Il suffit, pour démontrer leur présence et pour se rendre compte, dans une certaine mesure, de leur importance, d’ex- poser dans un endroit chaud un petit flacon rempli de lait qu’on aura coloré en bleu avec quelques gouttes d’une disso- lution de carmin d’indigo. On le voit se décolorer dans un temps d'autant plus court qu’il est plus peuplé d’êtres microscopiques, et se colorer de nouveau, on l’agite quelque temps au contact de l'air. Les êtres qu’il renferme, ayant besoin d’oxigène, l’'empruntent à l’indigo, qui devient blanc et bleuit de nouveau si on lui permet de s’oxider. Au bout d’un temps plus ou moins long, ces êtres sont devenus assez nombreux pour pouvoir être aperçus au microscope, etils ne tardent pas alors à provoquer la coa- gulation du lait. Mais ils peuvent produire ce résultat par deux voies bien différentes. Tantôt c’est que le lait'est deve- nu acide par suite de l’apparition de ferments qui transfor- ment son sucre en acide lactique. Dans ce cas, le chauffage n’est pas un moyen de conservation, à moins qu’il ne soit pratiqué tout à fait à l’origine; mais il réussit sion a la précaution de saturer au préalable le lait avec un peu de carbonate de soude ou de borax. (A suivre.) Le Gérant : H. HAMET. Paris, — Imprimerie RINUY, 41, rue Davy. N° 10. SIXIÈME ANNÉE Octobre I881 POLCEELN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMVNAIRE : Les accessoires du jardin de l'école, par M. MAURICE GIRARD — Les insectes ennemis des mâches, par M. DiLLON. — Du rôle des infi- niment petits dans les fromages, par M. DucLaux. — Société centrale d'agriculture et d'insectologie, séance de Juillet 1881. — Les fleurs et les insectes, (Fin) par M GASTON BONNIER. Les accessoires du jardin de Féeole. Suite V. p. 129) par M. MAURICE GIRARD. Le jardin offrira malheureusement bien plus d'exemples d'espèces nuisibles. C’est aux jours les plus brumeux de décembre et de janvier que l’instituteur montrera aux élèves qu’il faut enlever les bagues d’œufs en spirale de Bombyx neustrien, goudronner les amas d'œufs couverts de poils roux du Bombyx disparate, couper, enlever et brüler les bourses de feuilles liées ensemble et pleines des petites che- nilles de la Chrysorrhée ; d'habitude on fait ces destruc- tions bien trop tard, et inutilement, car beaucoup d'œufs sont éclos et les petites chenilles sont sorties des bourses qui les abritaient en hiver. Au premier printemps il faut montrer aux élèves comment on détruit les premières toiles à chenilles des Yponomeutes du prunier et du pommier; en été, ils seront exercés à chercher la livrée, ou chenille du Bombyx neustrien, et la chenille de la Chrysorrhée sur les feuilles des arbres fruitiers ; les enfants pourront voir par eux-mêmes combien la récolte de fruits sera augmentée par cette pratique. L'instituteur apprendra aux élèves à rechercher au pied des plantes potagères les vers gris ou chenilles des Agrotis, sous les feuilles, celles des Triphènes et de diverses noctuel- les, à écraser en bêchant les chrysalides de ces noctuelles, si bien nommées fèves par les jardiniers, d’après leur aspect. 140 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE En outre, les élèves devront s'exercer à rechercher des che- nilles qui rongent les capitules des composées et les ombel- les des œillets, à enlever les feuilles minées par les chenil- les de diverses teignes, comme celles du poireau, du lilas, etc., ou par des larves mineuses de certaines petites mou- ches ; ils sauront qu’il faut enlever et brûler les pommes, poires et abricots attaqués par les Carpocapses, quels sont les procédés de destruction les plus efficaces à employer contre le Puceron lanigère du pommier et contre le Kermès coquille du poirier, etc. L’instituteur leur apprendra les services que nous rendent les araignées, animaux articulés qu'on ne doit jamais détruire à la campagne, et, par contre, les méfaits des lima- ces et escargots et comment on perd son temps contre ces mollusques, en les aspergeant de cendre ou de chaux. Le seul moyen est deles couper en deux avec un fer tranchant, s’il s’agit de limaces, et d’écraser les escargots très complè- tement, de peur qu’ils ne guëèrissent de leurs blessures et ne réparent leurs coquilles. Nous pourrions multiplier beau- coup de ces exemples ; nous préférons renvoyer à notre Catalogue raisonné des animaux utiles et nuisibles de la France, publié sous les auspices du ministère de l'instruction publi- que (2e édit. 1879, Paris Hachette et Cie). Nous nous permettons de terminer cette étude du jardin de l’école par quelques conseils aux instituteurs dictés par le vif intérêt que nous portons à ces excellents et dévouêés fonctionnaires, et par le désir de les éclairer sur certains dangers que présenterait pour eux une manière erronée de comprendre les devoirs que leur impose l'enseignement agricole. A propos du jardin d’abord, ils doivent rester dans les limites et les principes de la {culture potagère, qu’il ne faut pas confondre avec la culture maraîchère; elle repose sur des conditions spéciales d'exploitation, et ne peut être pratiquée que par les gens de la profession ; le maraïcher, préoccupé de la vente la plus lucrative de ses produits, cherche sur- BBLLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 147 tout, soit à obtenir des primeurs, soit à retarderses légumes. En généralisant ce principe, nous dirons à l’instituteur qu'il ne doit jamais entrer dans la pratique d’une profession déterminée. Ainsi, pour l’agriculture, il se trouve entouré d'hommes dont certains, échappant à la routine, ont appris par expérience des détails spéciaux, inhérents au pays, au sol, au climat, et qui pourraient renvoyer l’instituteur à ses livres et à ses lecons s’il s'occupait trop de leurs méthodes ; l’instituteur ne doit donner aux enfants que des conseils généraux et élémentaires sur la ferme, les champs et les bois. Les nouveaux programmes amènent dans les écoles nor- males des lecons de chimie et des manipulations; que l’ins- tituteur se garde bien d’entrer dans le domaine de la sta- tion agronomique, de faire, par exemple, des dosages d'azote et de phosphate de chaux des engrais, opérations dans les- quelles échouent souvent les pharmaciens, bien plus exer- cés que lui; en raison des fraudes continuelles de ce genre de commerce, il se jetterait volontairement dans les nids à procès. Il ne faut pas davantage que les brèves notions d'hygiène, acquises à l’école normale, amènent l’instituteur à essayer de la médecine ou de la pharmacie. Outre les infractions à la jurisprudence spéciale à ces matières, l'instituteur pour- rait encourir, en cas d'accident, les plus graves responsa- bilités et compromettre sa position. C’est en obéissant tou- jours aux prudentes réserves que nous lui indiquons, que l’instituteur, grâce aux nouveaux enseignements sCientifi- ques, verra s’accroître dans une proportion considérable, l'estime dont il est entouré, en raison des grands services rendus à tous. Maurice GIRARD. Les insectes ennesmfs de Ir Mèche par M. le capitaine DILLON. La mâche cultivée, Valerianella olitoria F1. Fr. est une plante qui croît en France, dans les blés, dans les vignes, etc. 148 BULLETIN D'INSECGTOLOGIE AGRICOLE On la cultive dans les jardins et on la sème en septembre pour en avoir pendant l'hiver et au commencement du prin- temps. Les jardiniers l’appellent vulgairement Doucette, Bourcette, Salade de chanson, Clairette, Blanchette, Poule grasse, Chu- quette, Gallinette, Orillette, Herbe royale. La mâche est rafraichissante et détersive, et peut corri- cer l’âcreté des humeurs ; elle est atteinte par : Le Taupin-cracheur (Elater sputator. Fab.). Cetinsecte est de l’ordre des Coléoptères ; il a 7 à 8 millimètres de longueur ; il est brillant, couleur de poix, muni d’une courte pubes-. cence jaunâtre. Sa larve est allongée et jaunâtre; elle res- semble beaucoup à celle qu’on trouve dans la farine, sous le nom de ver de farine. De même que ses congénères, cetinsecte est vulgairement. appelé Maréchal et Toque-marteau, en raison sans doute du. saut qu’il fait, et du petit bruit qui se produit en même temps. — Cette espèce est très commune; elle ronge les, racines des mâches, des carottes, des salsifis, des choux, de la laitue, de la chicorée etc. $ Destruction. Répandre sur le sol des tiges de laitue de laquelle cet insecte est très friand, et sur lesquelles il se rend pendant la nuit; on l’y trouve le matin; alors secouer les tiges sur un linge. On en détruit beaucoup par ce moyen. On ren indique pas d’autre que nous sachions. Autres ennemis des mâches. La Noctuelle potagère qui attaque les feuilles en juin, août et septembre. La Courtilière, qui attaque également les raci- nes, et soulève les jeunes plantes en été. On a indiqué ailleurs le moyen de détruire ces ennemis. DILLON. Du rôle des infiniment petits dans In fabrication des fromages, par M. DUCLAUX. Quelquefois, au contraire, la coagulation survient sans changement dans la réaction légèrement alcaline du lait. M. Duclaux a démontré que le phénomène était dû à ce qu’il BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 149 se développait dans le lait des êtres sécrétant une diastase identique à la rrésure des estomacs des jeunes mammifères ruminants, et ayant comme elle son maximum d’action au Noisinage de 40 degrés. C’est là la température critique quand on chauffe un lait ainsi constitué. Quand on l’a dépas- sée, on peut être sans crainte, et il suffit d’une courte ébul- lition pour détruire la présure qu'il contient et tuer les fer- ments qui la produisent. Tous ces faits rendent raison des pratiques adoptées par les grands laitiers qui approvision- nent Paris et expliquent les insuccès auxquels ils viennent quelquefois se heurter. Dans la pratique de la fabrication des fromages, on n’uti- lise que bien rarement cette diastase coagulante des micro- bes du lait. On la remplace presque toujours par la présure de veau. Le coagulam qu'on obtient avec elle retient inévi- tablement une proportion, variable avec le procédé opéra- toire, de sérum, avec ses éléments solubles, parmi lesquels le plus important, le plus dangereux pour la bonne tenue du fromage, est le sucre de lait. Pour le faire disparaitre, on est obligé d’avoir recours aux infiniment petits. Ces êtres deviennent ici des auxiliaires indispensables, et sont même si étroitement liés aux pratiques si diverses qui précèdent la mise en forme ou à la presse, qu’on peut dire que chaque mode de fabrication a les siens, dont il ne pourrait pas se passer et qui ne sauraient être remplacés par d’autres. M. Duclaux examina en détail leur mode d’action dans la préparation des trois grandes catégories de fromages, aux- quelles on peut assigner pour types le Brie, le Gruyère et le Hollande, c’est-à-dire les fromages affinés et les fromages à pâte ferme, cuits et non cuits. À partir du moment où le fromage est retiré de la presse, la main de l’homme n’a pour ainsi dire plus à intervenir, et la maturation devient l’œuvre exclusive des infiniment petits, que les manipulations préliminaires ont introduits dans le gäteau du caséum ou qui vont se développer à sa sur- face. L'action qu’ils exercent est double. Le gros du phéno- 150 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE mène résulte de ce qu'ils secrètent, en outre de la présure que nous signalions tout à l'heure, une deuxième diastase toute différente qui ne coagule pas le lait, mais redissout, au contraire, le coagulum formé en le transformant, sans doute par voie d'hydratation, en une substance nouvelle, soluble dans l’eau. Tous les ferments de la caséine sécrétent cette diastase:; mais elle est plus abondante ou plus active chez ceux qui ont le plus besoin d'oxygène, chez les aérobies dont la pratique semble avoir reconnu depuis longtemps la bonne influence. et qu’elle favorise de son mieux, bien que d’une fàcon inconsciente, en donnant à ses fromages affinés de formes plates ou allongées qui assurent un contact aussi intime que possible avec l'air. Il n’est pas sans intérêt de faire connaître la méthode employée par M. Duclaux pour isoler cette diastase et en étudier les effets. On ensemence dans du lait un des ferments aérobies de la caséine, et de préférence celui que M. Duclaux appelle filament tenu. Le développement a lieu, et, au bout de huit jours, le lait, qui a subi une coagulation passagère, se trouve transformé en un liquide opalin, où la seconde dias- tase, celle qu’il s’agit d'isoler, l'emporte de beaucoup en qua- lité sur la diastase présure. On filtre ce liquide sur un filtre en porcelaine dégourdie, qui ne laisse passer aucun orga- nisme, quelque petit qu’il puisse être. Puis le liquide filtré limpide, est mis pendant une heure, à 35°, en contact avec vingt fois son volume de lait écrémé. Il se fait un coagulum qui retientla présure. La seconde diastase reste en solution. On réunit le caillé en gâteau, on filtre. On évapore dans le vide le liquide filtré et, quand il est assez réduit, on le pré- cipite par l’alcool, en ayant soin de séparer rapidement le précipité de l'alcool qui l’a produit. On obtient ainsi une masse muqueuse qui, introduite dans du lait, la transforme en un liquide jaune et opalin, d’une saveur spéciale. Mis en contact avec du caillé, cette même diastase le redissout en quelques minutes et en fait nn liquide translucide, ayant la fluidité du lait On voit BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 151 qu’elle diffère complétement de la diastase-présure, qu'on trouve isolée dans l'estomac du veau, et qui, comme neus l’avons vu plus haut, coagule le lait, mais ne touche pas au coagulum qu’elle a formé. Produite au voisinage des microbes, cette diastase se répand peu à peu, par voie de diffusion, dans la pâte qu’elle transforme, dans une mesure d'autant plus grande qu'elle est elle-même plus abondante, en un produit nouveau, mou, jaunâtre et à demi translucide. On le voit agir à l'œil nu pendant la maturation du Brie et du Camenbert, où, formée à la surface, grâce aux végétations cryptogamiques qui s’y trouvent, elle pénètre peu à peu vers le centre, en jaunissant couche par couche, la pâte sur tout son parcours. enr Socitté eentrale d’'spiculture et d’Insectologie Séance du 20 juillet 1881. — Présidence de M. Henricy. Le procès verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le Secrétaire général donne lecture d’une lettre du Ministre de l'agriculture qui alloue une somme de 1,500 francs à la Société (allocation annuelle), et une seconde lettre qui annonce l'allocation particuliére de 2,000 francs qui n'avait pu être faite l’année dernière pour les frais d'installation de lexposition des insectes. Cette somme liquide les reliquats dus par la Société. L'assemblée vote de sincères remerciments à M. Tirard, ministre de l’agriculture et du commerce. Le secrétaire donne ensuite lecture d’une lettre du chef de cabi- net du Ministre de l’Instruction publique par laquelle la demande faite par la Société pour que les palmes d'officier d'académie soient accordées aux cinq instituteurs jugés les plus méritants au dernier concours, n’est pas admise, les maitres ne remplissant pas, dit la réponse, les conditions exigées par le décret du 27 décembre 1866. Plusieurs mem- bres font remarquer que c’est à titre exceptionnel, comme cela s'accorde tous les jours, que ces demandes ont été fai- tes, et que le décret invoqué n’est pas applicable dans cette 152 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE circonstance. L'assemblée espère que la Société sera plus heureuse à l'avenir. Madame la baronne de Pages adresse les renseignements suivants : 1°. Les récoltes séricicoles ont été excellentes cette année et les éducations de vers à soie ont généralement réussi. 20, Le gouvernement a accordé une récompense nouvelle aux éminents travaux de M. Pasteur et peut-être serait-il courtois à notre société d'écrire à cet illustre savant pour le féliciter. 3°. À la demande du ministère, et bien que n'exposant plus depuis nombre d'années, j'ai consenti cette année à prendre part au concours régional de Versailles pour mon- trer des produits de 1880 et prouver la possibilité d’intro- duire avec bénéfice et succès la sériciculture dans la zone du nord de la France. L'assemblée remercie Mw* de Pages de sa communication et la félicite de sa persistance à défen- dre et à prouver la sériciculture. Plusieurs apiculteurs font connaître l’état de leurs ruches et signalent lachaleur exceptionnelle qui règne depuis quel- ques jours. Ils ajoutent que cette chaleur jointe à l'absence de pluie depuis le commencement du mois, ont fossé pres- que toutes les fleurs. Néanmoins la présence de faux- bourdons se prolonge dans les ruches. Un apiculteur de la Haute-Marne et un autre du Loir-et- Cher signalent la prise d'arrêté municipal dans leur loca- lité, qui rend impossible la culture des abeilles. Le prési- dent dit que les apiculteurs de ces départements, comme de tous ceux où les réglements font tache d'huile, doivent se constituer en société pour pouvoir combattre efficacement la réglementation. {l signale celui d’Eure-et-Loir qui était le plus atteint il y a quelques années et qui voit le mal décroître depuis que la société apicole de ce département est intervenue. Il dit que sous un régime démocratique, l’admi- nistration compte avec les groupes fortement constitués et que la victoire finit par être du côté de ces derniers. Il BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 153 engage donc vivement les apiculteurs des divers points menacés de se grouper, l'union faisant la force. M. Hamet signale avoir surpris une abeille se faisant des pelottes de mastic de vitrier non durci. Il signale aussi une ruche devenue orpheline, parce que la jeune mèêre a dû périr en allant se faire féconder, ce qui est commun au milieu de Paris, où lies hirondelles — oiseaux insectivores — sont très abondantes. Il dit qu'ayant donné du jeune cou- vain de chypriote à cette colonie indigène, il a eu la chance de voir que la nouvelle jeune mère qui en est sortie à été fècondée par un faux bourdon de chypriote d’une colonie de ruches composée d'une douzaine de ruches de races diverses. M. Maurice Girard communique qu'il a recu une lettre de M. Feuillebois, de Palestro (Algérie) dans laquelle cet apiculteur l’entretient du butin que les abeilles font sur l’Eucolyptus qu’on à introduit depuis quelques années en Algérie, et signale qu’un certain nombre de butineuses suc- combent par une cause qui lui est inconnue. Il demande si ce ne serait pas la présence du triongulin. M. Hamet répond que probablement la cause est due au miel narcotique que les insectes trouvent là. Il dit que le miel narcotique se pro- duit exceptionnellement sur quelques plantes et selon cer- taines circonstances atmosphériques qui n’ont pas été suf- fisamment étudiées. M. Baudel, de Constantine (Algérie) envoie des épis de blé qui contiendraient une larve en ayant dévoré les grains. Cette larve n’est pas trouvée ; elle a dû disparaitre dans le voyage. Mais l’Assemblée pense qu'on à affaire à la Cécydo- mye (V. p. 88). M. Millet entretient l'assemblée des insectes qui ataquent les bois de construction, et il dit que les moyens d'éviter ces attaques consistent dans l'injection dans les bois d’un liquide minéral, tel que le sulfate de cuivre, qui éloigne les insectes et conserve les bois injectés. M. Gennadius, professeur d'agriculture à Athènes offre une brochure en langue grecque sur l’insectologie. 154 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE Remerciement. Sont présentés pour faire partie de la Société MM. Picod, instituteur à Benonces (Ain) ; Huter Chevalier à Happencourt (Vosges); Bochaix, instituteur à Montagnieu (Ain); l’abbé L. Percie du Sert à Annonay (Ardèche). L’admission de ces membres est prononcée et la séance est levée. L'un «les secrétaires : DELINOTTE APPRIS Les fleurs et Îles insectes, par M. Gaston BONNIER. (Suite et fin, V. p. 121.) Autre expérience: prenons cette fleur bien connue, la capucine ; les bourdons, et parfois les abeilles, viennent y chercher du nectar; vous voyez la corolle colorée, et sur la pétale inférieur de petites dents disposées en palissades, pour guider l’insecte plus sûrement dans sa route vers le sucre, nous dit-on, et pour le forcer à transporter le pollen. Eh bien! sur d’autres fleurs de capucines, enlevons ces pétales si bien disposées à faire voir la fleur et pour lui faire remplir son rôle utile à la plante; si nous n'avons pas arraché le nectaire qui se trouve ‘dans ce prolongement en éperon, nous verrons les insectes venir tout aussi bien sur la fleur, et les graines produites par ces fleurs sans corolles sont aussi bonnes que les autres. Nous ne pouvons donc pas dire que la couleur des fleurs ait pour but d'attirer les insectes. Alors pourquoi cette cou- leur? demandera-t-on. Nous pouvons demander aussi pour- quoi les papillons, pourquoi les oiseaux, pourquoi les rochers sont colorés, pourquoi les bois sont verts et pour- quoi le ciel est bleu. Il est vrai que mon camarade M. Chap- puis, qui vient de faire avec M. Hautefeuille de si belles découvertes, vous expliquera dans quelques semaines que c’est parce qu’il contient de l'ozone qui possède une belle couleur bleue. Mais alors pourquoi l'ozone est-il bleu? Il faut prendre garde, en voulant répondre à toutes ces ques- tions, de parler comme cet individu que rencontre Henri Heine et qui lui explique que le ciel est blen parce que cette BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 455 teinte se marie agréablement à la couleur verte des feuil- lages et que les feuilles des arbres sont vertes parce que ce vert des feuilles fait ressortir l’azur du ciel. Au reste, en lisant certaines pages des auteurs qui sou- tiennent que les fleurs sont disposées pour les insectes, on croirait parfois qu’on lit une page des Études de l& nature de Bernardin de Saint-Pierre. Aussi lorsqu'on nous dit que la forme et la grandeur des différentes fleurs sont disposées pour diverses tailles d’in- sectes, ce qui n’est en rien vérifié par l'observation, on pense involontairement à ce passage du livre de l’auteur Ge Paul et Virginie. , J1 parle des différents fruits : «€ Il n’y a pas moins de convenance dans les formes et les grosseurs des fruits. Il y en a beaucoup qui sont taillés pour la bouche de l’homme, comme les cerises et les prunes; d'autres pour sa main, comme les poires et les pommes; d’autres beaucoup plus gros, comme les melons, sont divisés par côtes et semblent destinés à être mangés en famille: il y en a même, comme la citrouille, qu’on pourrait partager avec ses voisins. » Toutes les grandeurs sont représentées et chacune a son but pour l’homme. Au reste, dans la plupart des cas, nous ne pourrons con- stater aucune adaptation entre les formes de l’insecte et de la fleur qu'il visite; voyez ce papillon, le sphinx de l’'euphorbe : sa trompe est très allongée et cependant la fleur sur laquelle il butine est largement ouverte ; elle est en outre peu visible, verdätre et sans coloration spéciale. Dans certaines circonstances, nous pourrons même obser- ver le contraire d’une adaptation. Sans parler des nombreux coléoptères qui dévorent les fleurs et des fleurs qui dévorent les insectes, supposons que nous observions certaines espè- ces d’asclepias, dont les fleurs sont visitées par les abeilles. Parfois nous verrons celles-ci accrochées par les pattes aux appendices de la fleur. L’effort que fait l’insecte pour se dégager ne fait qu'amener sa perte; letissu élastique et irri- 156 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE table des organes floraux le retient plus fortement. Souvent, on peut voir le sol autour de la plante, jonché de cadavres d’abeilles, c’est là, on en conviendra, unesingulière fâcon de s’entr'aider. En résumé, des observations et des expériences que nous venons de faire, il résulte que nous ne pouvons admettre que le nectaire a seulement un rôle extérieur à la fleur; nous ne pouvons pas dire que le nectaire est fait pour former un liquide sucré qui attire le visiteur et lui fait transporter le pollen. Nous avons trouvé du nectar en dehors des fleurs et, d'autre part, nous avons vu qu’un nombre considérable de fleurs ne produisent jamais dans leur corolle aucun liquide sucré. Mais il ne suffit pas de faire des objections à une explica- tion proposée : il faut en présenter une autre. Si nous avons détruit, il faut édifier. S'il n’est pas vrai de dire que le rôle général de cette pro- vision de sucre est de fournir le miel aux insectes, à quoi sert-elle ? Quel est le rôle du nectaire? Ce rôle est direct; c’est pour la plante elle-même, pour la fleur ou pour la feuille, que cette provision de sucre est accu- mulée. Tout d’abord nous pouvons remarquer que toutesles fleurs qui n’ont pas de nectar ont cependant, comme les autres, une provision de sucre à leur base, dans l’intérieur de leurs tissus; seulement ce sucre ne transpire jamais au dehors sous forme de nectar. Il en est de mème de la plupart des feuilles. Quelle peut être la fonction de cette provision de sucre qui se produit à la base d’une partie de la plante, feuille ou fleur ? Pour nous en rendre compte, examinons ce que devient cet emmagasinement de sucre lorsque la feuille se développe, ou lorsque la fleur devient fruit. Prenons un exemple. Voici une fleur connue sous le nom de Rue, elle m’a pas de nectar ; mais vous voyez cependant BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 157 au-dessous de f’ovaire cette masse colorée en jaune, c’est une provision de sucre, ç’est le nectaire; au moment où la fleur vient de s’ouvrir, ilest beaucoup plus gros que l'ovaire lui-même. Suivons maintenant le développement du fruit, voici l'ovaire transformé qui grossit peu à peu, et à mesure qu'il grossit, tout le tissu du nectaire diminue, s’atrophie et enfin disparaît presque complètement. Tout le sucre qu’il renfermait estallé nourrir le fruit en voie de développement, les graines qui se forment. Quard le fruit s’est complètement accru, il n’y a plus de sucre dans le nectaire. Il en serait de même pour une feuille; la provision de sucre qui esi à sa base se détruit et est assimilée par les tis- sus de la feuille jusqu’à ce qu’elle ait atteint sa grandeur définitive. » Cette provision de sucre peut se comparer à celle qui se fait dans la racine d’une betterave, à la fin de sa premiere année de végétation. À quoi sert ce sucre qui est dans la betterave? à la plante elle-même. Dans la seconde année, elle consom- mera cette provision pour produire ses feuilles et ses tiges fleuries ; elle se nourrit aux dépens de ce sucre accumulé. Il y à plus, on peut suivre le mécanisme de la destruction du sucre dans les nectaires des fleurs ou des feuilles, comme dans ia betterave. Au moment où les matières sucrées sont mises en provision, elles contiennent surtout du sucre cris- tallisable ordinaire, du sucre de canne ; on peut le prouver en le faisant cristalliser dans là matière sucrée elle-même, comme vous le voyez ici. Mais ensuite, lorsque la provision est enlevée par la plante pour développer ses feuilles ou ses fruits, ce sucre cristallisable est peu à peu détruit et trans- formé en glucose dont voici l'apparence dans le liquide. C’est sous {cette dernière forme que la provision est assimi- lée. Cette transformation du sucre de canne en glucose assi- milable se fait sous l'influence d’un corps azoté qu’on nomme un ferment soluble et qui se produit alors dans le tissu à sucre. C’est le même corps que celui que Mitscherlich a découvert dans la levure de bière. 158 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE Et le nectar, alors, qu’en faites-vous? me dira-t-on. Le nectar, nous l’avons vu, ne se produit pas toujours au-dessus des tissus sucrés ; on peut même dire que dans la majorité des cas il ne se forme pas. Le nectar est simple- ment dû à la transpiration du végétal. Le matin, on apercoitsur un très grand nombre de plantes, dans l’herbe des prairies, à l'extrémité des feuilles dentées, de petites gouttelettes d’eau transparentes où se produisent de charmants jeux de lumière. Il ne faut pas les confondre avec la rosée. Elles sont faites d’une eau presque chimique- ment pure, d’une eau qui à passé à travers le filtre le plus parfait qu’on puisse imaginer : à travers tous les tissus de la plante. Les gouttelettes d'eau que la plante transpire sur ses feuilles sont tout à fait comparables aux gouttelettes de nec- tar, seulement le nectar n’est pas de l’eau pure, c’est de l’eau qui a traversé une provision de sucre, c’est de l’eau sucrée. Et c’est pour cela même que les gouttelettes de nectar demeurent plus longtemps que les autres à la surface des tissus sans s’évaporer. On sait, en effet, que le sucre retarde l’'évaporation. | On peut prouver par plusieurs procédés différents que le nectar est dû à la transpiration. Je me bornerai à indiquer l'expérience suivante. Prenons une plante qni n’a jamais de nectar dans les con- ditions ordinaires, mais qui, comme toutes les plantes, pos- sède une provision de sucre à la base de ses fleurs et faisons- la transpirer fortement; puis, en l’arrosant beaucoup et en l’exposant au soleil, mettons-la brusquement sous une clo- che, dans un air saturé d'humidité et à l’obscurité; nous verrons alors perler abondamment dans les fleurs des gout- telettes sucrées. J'ai pu ainsi rendre artificiellement nectarifères un grand nombre de fleurs, comme ces jacinthes, ces tulipes, ces ané- mones, qui n’ont pas de nectar dans les conditions naturelles. Ajoutons que si on abrite une fleur nectarifère contre les insectes, le peu de sucre qui a été transpiré au dehors n’est BULLETIN D'INSECTOLOCIE AGRICOLE 159 pas perdu pour la plante, il est réabsorbé par elle et rentre dans lestissus lorsque le fruit se développe. Ainsi done, sans nier que l'intervention des insectes, fré- quemment nuisible, puisse être souvent utile, nous devons conclure que le nectaire est un organe disposé pour la plante elle-même et qu’il n’est pas disposé pour l’insecte. De même que le sucre accumulé dans la betterave est emmagasiné, en réserve, par la plante pour nourrir ses feuil- les et ses fruits et non pas pour sucrer notre café; de même que la feuille de chou est faite pour le chou et non pour le lapin qui la mange. Comme l’a dit Claude Bernard, ce n’est pas en dehors de l'organisme qu’il faut chercher la loi de la finalité physiolo- gique; « elle est dans chaque être en particulier et non hors .de lui, l'organisme vivant est fait pour lui-même. Il travaille pour lui et non pour les autres. » Je dois ajouter, en,terminant, que les partisans de l’adap- tation absolue entre les fleurs et les insectes ne s’en sont pas tenus aux hypothèses que je vous ai signalées. Ils ne se sont pas contentés des insectes, ils ont fait appel à d’autres ani- maux pour venir aider les fleurs à produire des graines. Vous savez qu’en Australie il y a beaucoup d'espèces de kanguroos. On y trouve aussi beaucoup d’arbres à toutes petites fleurs qui appartiennent au groupe des Protéacées. Or l’on a observé parfois certains de ces kanguroos qui, pour leur dessert probablement, léchaient les fleurs de ces arbres afin d'en sucer le nectar. D'où plusieurs mémoires sur l’adap- tation réciproque des Protéacées d'Australie et de la langue des kanguroos. Les fleurs de ces arbres seraient faites pour les kanguroos et les kanguroos pour les Protéacées. Dans l'Amérique du Sud, ce sont les colibris et quelques autres oiseaux que l’on pretend chargés d’aller transporter le pollen des fleurs. | Un entomologiste allemand observa une fois un colimacon sur des fleurs de Chrysosplenium, une petite plante qui pousse au bord des ruisseaux : l'observateur regarde avec 1 60 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE soin le colimacon, et il remarque qu’il n’a mangé qu'une partie des fleurs, entrainant avec son liquide visqueux du pollen pris sur les autres fleurs; il suppose alors que si le colimacon s’en va ensuite sur un autre Ghrysospleniwm il peut avoir transporté le pollen sur les fleurs de cette autre plante; il lui aura ainsi rendu service à condition qu’il ne la dévore pas complètement. Cette observation a été le point de départ de la théorie de l'adaptation réciproque entre les fleurs et les mollusques, ce qu’on à nommé la malacophilie. Deux auteurs belges, en appliquant cette idée à l’histoire du globe, ont mème fourni aux géologues l'explication de la présence nombreuse des coquilles de mollusques dans les terrains. La chose est toute simple : c’est qu'’autrefois les plantes formaient leurs grai- nes avec l’aide des mollusques etnon avec celle des insectes. La malacophilie était dans toute sa splendeur! Vous voyez à quelles exagérations, à quelles théories sau- grenues l'on peut être entrainé, lorsqu'on laisse de côté l’ob- servation positive des faits et la méthode expérimentale rigoureuse. Et maintenant, pouvons-nous nous demander, aurons-nous fourni des arguments aux adversaires de la théorie de la descendance en assignant à tous les organes des fleurs un rôle pour la fleur elle-même? Si je suis parvenu à vous con- vaincre, ce qui m'était difficile dans un temps si court, vous penserez certainement que, bien au contraire, ainsi que jele disais en commencant, nous lui avons rendu service; qué, loin d'enlever une pierre à cet édifice, nous l’aurons débar- rassé d’un ornement qui le surchargeait et qui compromet- tait sa solidité. La science doit rejeter les idées préconçcues, de quelque source qu’elles viennent; et sa seule vraie puissance, c’estla recherche impartiale de la vérité. GASTON BONNIER. Le Gérant : H. HAMET. Paris. — Imprimerie RINUY, 41, rue Davy. Ne II. SIXIÈME ANNÉE Novembre 1881. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Note sur la Maladie des écrevisses par M. J. CRÉPIN (Suite). — La Fauvette des roseaux, oiseau insectivore. — Insectes ennemis de l’épi- nard, par M, DiLLON. — Education du ver à soie du chêne, par M. de RiscaL, (Fin). — La Sériciculture nouvelle, par M. BALBiANI, (Suite). — La ligue des marchands de soie au Japon. Note sem Ia smmaladie des écrevisses (Suite v. p. 139.) Bientôt, la partie postérieure de l’animal et surtout l’ori- fice de l’anus se tuméfie et prend une couleur rougeâtre toute particulière et de nature transparente. A un degré plus avancé, les yeux perdent leur mobilité ainsi que leur sensibilité ; on peut toucher ces organes sans qu'ils se rétractent; la queue reste sans mouvement. Les pinces et les pattes s’agitent parfois avec spasme et se meuvent avec irrégularité et souvent d’un seul côté; elles finissent plus tard par se raidir, et à chaque attouchement de l'observateur, le crustacé semble éprouver de vives dou- leurs. Le tissu musculaire se relache ensuite et les pinces ne se resserrent plus qu'à peine. L’enflure ainsi que la rou- geur de la partie postérieure du corps augmente ; la tumé- faction de l’anus est telle, que l’orifice reste grand ouvert. Ses pattes ne pouvant plus la porter, l'écrevisse se cou- che sur le dos, afin, sans doute, de rendre ses souffrances plus supportables. Les pattes natatoires remuent alors pério- diquement, et en alternant, de 62 à 65 fois par minute. La forme de l’abdomen (vulgairement appelée la queue) est for- tement voütée, et les articles ou somites qui la composent semblent vouloir se séparer; on voit même avancer distinc- tement entre les deux premiers segments abdominaux la membrane qui les relie, et, chez les individus mâles, on 162 BULLETIN 1 INSECTOLOGIE AGRICOLE apercoit souvent les vaisseaux spermatiques. La nageoire caudale est recourbée iatérieurement et forme avec le corps même de la queue un auzle d’une ouverture de 50 à 60 degrés reposant sur la pointe. Une demi-heure avant la mort, la fente de l’anus s'ouvre pour se refermer aussitôt, et ce phé- nomène se réitère toutes les 25 ou 30 secondes. Ces mouve- ments etceux des pattes natatoires cessent enfin presque subitement, et la mort arrive après quelques jours seule- ment de maladie. On n’a jamais vu revenir à la santé une écrevisse présentant les symptômes décrits ci-dessus. Après la mort, le tissu musculaire est ramolli et désorga- nisé; les chairs sont aqueuses ef même en quelque sorte fondues. Par contre, le cœur, les vaisseaux sanguins et le sang, le foie, les organes générateurs et les conduits qui s’y rattachent, les branchies, ainsi que les deux glandes vertes qui s’y rapportent, ne présentent aucune particularité anor- male. Le tube intestinal est en partie vide, et semble plus adipeux qu’à l’état normal; des Bacillariées se trouvent en abondance dans les matières fluides qui y séjournent. Mais toutes les recherches faites n’ont permis de constater la présence d'aucune espèce d’Acglya où de Saprolegnia, quoi- qu'il y ait eu présomption à cet égard ; il paraît donc certain que la maladie des écrevisses n’est due à la présence d’au- cun organisme végétal dans le corps du crustacé. Causes de la maladie. — Après s'être livré à un examen très attentif de la maladie, sur un grand nombre d’écrevisses atteintes, le professeur Harz croit devoir attribuer le mal à la présence dans le tissu musculaire d’un parasite signalé pour la première fois par M. Baer et nommé par lui Distoma cirrigerum, à cause de son grand développement de son organe sexuel. Les ravages exercés par ce Distome, sa pro- gression dans le corps de son hôte, sa transmigration et les différents aspects qu’il revêt, lui donnent beaucoup d’ana- logie avec la trichine. On le trouve d'ordinaire au nombre de 100 à 200 sur une seule écrevisse. Il se tient enkysté surtout dans l’abdomen et la nageoire caudale. 11 habite BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 163 aussi les muscles des pinces et des pattes, l'estomac, lin- testin, et même les organes de la génération. Sa nature intime est malheureusement peu connue; on ne juge de son action que par celle des parasites similaires que l'on con- nait mieux. De là la grande réserve observée dans les as- sertions émises sur ce Distome, et la difficulté que l’on rencontre à procéder aux expériences nécessaires pour constater s’il constitue réellement la cause de la maladie des écrevisses. Néanmoins, l'opinion du professeur Harz ne manque pas de bonnes assises, comme on peut en juger par les quelques arguments qui suivent : Le Distoma cirxjgerum s'est trouvé dans toutes les écre- visses, sans exception, offrant les signes de la maladie. Par contre, on n’a trouvé aucun de ces parasites dans les nombreuses écrevisses saines que l’on a visitées. Les écrevisses examinées provenaient des pays géogra- phiquement les plus opposés, avaient tontes les mêmes symptômes de maladie et contenaient le même parasite. Maintenant si l’objection venait à surgir qu’il eût fallu une quantité innombrable de ces parasites pour produire une aussi grande destruction, attendu que les écrevisses ont péri par millions dans les cours d’eau contaminés, il serait facile d’y répondre en rappelant la fécondité extraordinaire du Distoma lanceolatum, dont un seul individu peut produire jusqu’à un million d'œufs. Le Distoma cirrigerum se trouve dans l’écrevisse tantôt en kyste, tantôt à l’état libre. Le kyste qui l’enveloppe n’est pas, comme on pourrait le croire, un tissu fibreux, mais bien une membrane incolore, vitreuse, épaisse, molle el élastique, entièrement indépendante de l'être qu’elle ren- ferme ; elle est insoluble dans l’eau. La forme du kyste est rarement ronde, elle est plus souvent allongée et un peu ovoide. Sa largeur varie entre 498 millièmes, et sa longueur de 500 à 747 millièmes de millimètre. Le Distome enkysté peut survivre de trois à quatre jours à l’'écrevisse qui le renferme, mais très souvent il périt en 164 BULAETIN 1) INSECTOLOGIE AGRICOLE même temps que son hôte. M. Harz a pu conserver pendant plusieurs jours dans de l’eau pure un de ces vers extraifs artificiellement de son kyste. On ne peut préciser combien de temps ce Distome vit dans le corps de l’écrevisse, mais onle dit très rustique; ainsi, d’après Siebold, il vivrait quelques mois dans ces conditions, et, d’après Leuckart et Filippi de deux à trois ans. Le Distome non enkysté ou à l’état ambulatoire mesure de Om,001411 à 0®,001826 de longueur sur 0®,000705 à 0m,000896 de largeur; il est incolore et généralement de forme aplatie; pourtant, dans le cours de ses transfor- mations, il prend parfois une forme cylindrique. Son corps est plus large à l’avant qu’à l'arrière. La forme de ce para- site est, d’ailleurs, peu constante; il arrive que sa partie postérieure s’élargit de manière à la faire prendre pour la partie antérieure. Renfermé dans son kyste, le Distome a la peau fortement plissée en sens oblique. A l’état libre, on remarque ces mêmes plis sur les parois de devant jusqu’à la rencontre et même au-delà de la ventouse abdominale; mais le reste du corps est généralement lisse. Il y a toutefois sur le dos des plis obliques assez serrés, dans lesquels viennent se con- fondre quelques autres, arrivant, les uns, en ligne droite de la partie postérieure du corps, les autres en lignes ‘courbes, par suite du contour qu'ils ont décrit autour de la ventouse abdominale et de l’appareil génital féminin. En dehors de la forme de son corps qui varie comme il est dit plus haut, cet entozaire présente aussi la particularité de n’avoir pas la ventouse abdominale placée toujours de la même facon. Ainsi, chez les uns, elle est située sur la ligne médiane du corps et très rapprochée de la ventouse céphalique; chez les autres, cette symétrie n’existe plus ; la deuxième ventouse a plus ou moins dévié de’côté et fait même parfois saillie sur le corps de l’animal. Le disque des ventouses presente une forme ou presque circulaire ou légèrement ovale. Celui de la ventouse cépha- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 165 lique, située au-dessous du corps et presque à l’extrémité, mesure environ 0%,000308 à 0®,000373 de largeur et celui de la ventouse abdominale, de 0®,009259 à Om,000332. Au centre de ces ventouses, rayonnent sur la circonférence des petits plis très rapprochés. J. CREPIN (1). (à suivre). Pisenux insectivores. La fauvette des roseaux. — Un jeune naturaliste normand, M.Ch. Fréchon, écrit au Journal de Rouen que la fauvette des roseaux détruit énormément d'insectes, et des plus nui- sibles. La tipule, est son mets favori. Quel est le jardinier qui ne connaît pas la larve de cet insecte qui détruit les tiges et les racines de ses primevères, et surtout de ses frai- siers ? Je ne parle pas des papillons; chacun connait les ravages occasionnés par les chenilles. Et les cousins, ces moustiques insupportables qui s’attaquent à l’homme et aux animaux ! Bref, la fauvette des roseaux figure au premier rang des oiseaux utiles, et par là mème elle est digne de toute notre sollicitude. Son nid est un petit chef-d'œuvre. Adroitement suspendu à trois ou quatre tiges de roseaux, il se balance gracieuse- ment au gré du vent; il estplus profond que large, les parois en sont épaisses, et le bord est recourbé en dedans. Enscoies ennesnis de l’épinard. Tipule tachetée. — Noctaelle gamma, etc. On croit que vers le milieu du xiv® siècle, l’épinard com- mun (spinacia leracea, L.) a été apporté en Espagne par les Arabes, puis a été introduit:en France. La culture de cette plante demande une bonne terre; un climat humide lui convient, tel que le Nord de la France, la Belgique et J’Angleterre, pays où l'usage en est très répandu. On donne aussi à l’épinard le nom d’épinoche. (1) Page 139, Ilgne 17, lisez : CREPIN. 166 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Il est mieux d’en semer dans les mois d'août et de sep- tembre qu’en toute autre saison. La terre doit être profon- dément labourée et bien fumée. Les épinards sont employés comme aliment : c’est une nourriture saine. On peut considérer cette plante comme émolliente et laxative. Elle a pour ennemis : | La tipule tachetée (Tipula maculosa, Hoff.) Cet insecte fait partie de l’ordre des diptères. Le mâle à 13 millimètres de longueur. La femelle est un peu plus grande. Ils sont tous deux d’un jaune vif avec trois lignes de points noirs sur le dos. Les ailes sont d’un jaune enfumé. Les œufs sont répandus sur la terre et en grande quantité. Les larves parvenues à toute leur taille ont 19 millimètres de longueur et sont de la grosseur d’une plume de corbeau environ. Au printemps elles se changent en nymphes. Cet insecte doit avoir deux ou trois générations par année. Sa larve est très abondante dans les mois de mai et de juin, et cause de grands dommages dans les jardins en attaquant les épinards, les carottes, les laitues, les fraisiers, etc. Destruction. — Chercher les larves en fouillant au pied des plantes malades, et cela, dès le matin. On peut encore employer des arrosages insecticides, et qui ne nuisent pas aux plantes. La tipule, ainsi que d’autres espèces d'insectes, ont des ennemis naturels dans les féléphores, coléoptères à élytres faibles et molles. La Noctuelle gamma (plusia gamma, Dup.) est un lépidop- tère de la famille des nocturnes. Cet insecte a 28 millimètres d'envergure. Son corps est gris; ses ailes supérieures sont mélangées de gris et de noirâtre, avec une ligne blanche argentée et en forme de gamma près du bord postérieur. Les inférieures sont moitié grisätres et moitié noirâtres. La chenille de cette noctuelle vit sur les plantes potagères, principalement sur l’épinard, la laitue, le chou et sur la plupart des légumineuses. Le papillon se montre pendant toute la belle saison; il a deux générations dans l’année. Il BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 167 prend en volant sa nourriture dans la corolle des fleurs en y introduisant sa trompe. Destruction. —. Rechercher les chenilles ; elles ont 25 mil- _limètres de largeur; elles sont d’un vert d'herbe et marquées de six lignes dorsales blanches ou bleuâtres, très fines, et de deux raies jaunes latérales. Pour le papillon le prendre avec un filet de chasse. Il à un ennemi naturel dans une mouche; c'est une tachinaise qui pond sur le dos de la chenille quatre cu cinq œufs, lesquels éclosent peu après; les petites larves alors entrent dans le corps de la chenille et la dévorent. D'autres ennemis fontaussi la guerre à la chenille de ce papillon, ainsi qn’à d’autres espèces: ce sont les silphes, vulgairement boucliers. (Coléoptères) Autres ennemis de l’épinard : la fipule potagere; sa larve dans la terre attaque les racines demaïi en août. La noctuelle potagère qui ronge les feuilles en juin, août et septembre. La Courtillière qui attaque et culbute les jeunes plantes en mai et mois suivants. Le noctuelle C. noir, qui ronge les feuilles en février et mars. La noctuelle du salsifis, qui ronge Îles feuilles en juin. DILLON. ASIA Hdnention du ver à soie Œn ehène par M. de RiscaL (fin, v. p. 116.) EDUCATION (suite). — Les cocons destinés à la fabrication de la soie sont exposés au soleil dans l’endroit le plus brûlant qu'on ait à sa disposition, en ayant soin qu’ils ne soient pas recouverts les uns par les autres, que la couche soit de l'épaisseur d’un seul cocon et que le thermomètre puisse atteindre 35 degrés au moins. Les chrysalides, dans ces conditions, sont promptement étouffées à peu de frais. Les cocons pour graine sont rangés dans les cases à papil- lons, la tête en haut. Le côté de la tête se reconnait en ce qu’il est plus étroit et en ce qu’il présente un point plus fai- ble où le papillon doit percer une ouverture pour s'échapper. La cage est formée d’un léger bâtis de bois blanc et de mousseline claire. La mousseline est clouée sur le bâtis 168 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE avec de petits clous de tapis. Elle représente un parallé- lipipède trapézoïdal ; elle s'ouvre par les deux extrémités | et a deux petites portes sur la partie de dessus. Sa longueur | est de 2m 50; la largeur Om65 en haut et 0" 30 en bas; hauteur, 0m 50. i Pour placer les cocons, on dispose à l’intérieur de la cage six rangs de ficelle de chaque côté et on suspend les cocons à ces ficelles au moyen de petits S en fil de fer mince. Une cage de cette dimension peut recevoir à la rigueur 1500 co- cons, mais il vaut mieux n’en mettre que 1200. Pendant le temps de la sortie des papillons et de la ponte, on doit visiter les cages plusieurs fois par jour pour retirer les papillons morts et chasser la poussière qu’ils produisent en brisant leurs ailes dans leur vol et en se choquant les uns contre les autres. Ce nettoyage des poussières se fait au moyen d’un soufflet de cuisine. Les papillons mâles meurent après l’accouplement; les femelles meurent après la ponte. — Les papillons ont géné- ralement une couleur gris-cendré, surlesailes quatre points fort élégants formés de petits cercles concentriques de cou- leur plus foncée. Quelques individus, par exception, sont d’un jaune serin ou d’un jaune-orange. On laisse les œufs au repos dans la cage pendant 20 jours avrès le ponte. Après ce temps, on les recueille et on les conserve dans des boites en bois percées de petits trous. — Les cages sont disposées sur de petits tréteaux dans une chambre fraiche et aérée. La chambre que nous avons fait construire à cet effet a sept mètres de longueur sur cinq mètres de largeur et contient six cages ; elle est percée de cinq fenêtres et une porte coupée. Les fenêtres sont garnies de toile métallique. Chaque papillon femelle pond généralement quatre-vingt- quinze centigrammes d'œufs. Un gramme contient cent qua- rante-cinq œufs. Les œufs renferment une petite chenille vi- vante qui se met en mouvement si l’on brise la coquille de l'œuf. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 169 Des ennemis du yama-inui. — Parmi les ennemis du ver à soie de chêne, il en est qui sont à craindre pendant tout le temps que dure l'éducation : tels sont les rats et les oiseaux, D’autres, comme certains insectes, sont à craindre à des époques déterminées. On chasseles rats parles moyens ordinaires, en leur tendant des pièges, en placant des sou- ricières amorcées avec du fromage dur, aux alentours du taillis ; ou bien on entretient quelques chats dont la pré- sence suffit pour les éloigner. Les oiseaux sont écartés à coups de fusil, ou par des épou- vantails, ou par un enfant jouant du tambour de basque autour du bosquet. Il est bon de détruire les nids d'oiseaux trouvés aux alentours. Parmi les insectes, ceux qui apparaissent les premiers sont les perce-oreilles et les fourmis. On tueles perce-oreilles en versant de l’eau bouillante dans les fentes des vieux bois où on les prend le matin, ou en les écrasant lorsqu'on les trouve sous des pierres. L'eau bouillante est également employée contre les nids de fourmis. Lorsque ceux-ci sont très grands et placés dans une clairière, on les recouvre d'herbe sèche et de paille et on y met le feu. Il faut faire en sorte que la fumée ne soit pas dirigée sur les vers à soie. Les fourmis ne sont à craindre que quand les verssont très petits et qu’elles peuvent les emporter. Plus tard, à l’époque du deuxièine sommeil, elles ne les touchent plus. Il y a deux ou trois espèces d'araignées qui sont à crain- dre pendant tout le temps de la vie des vers à soie. Il en est de mème de la rédure masquée. On n’a d'autre moyen de la détruire que de l'écraser quand on la rencontre. À la fln du mois de mai et pendant les mois de juin et juillet, les vers à soie sont ättaqués par deux sortes de sau- terelles vertes : l'une à ailes très courtes (Locusta viridis- sima)(1)et l'autre à ailes très longues Decticus verrucivorus). (1) Ey à à probablement une erreur de détermination, car la grande sauterelle verte à les ailes très longues (la Rédaction) . 170 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Ces sauterelles dévorent les vers à soie: on les tue facile- ment, elles sont en très petit nombre et très visibles. Le Colosoma sycophanta (Coléoptère carnassier) se rencon- tre quelquefois, mais en petit nombre, il est peu à craindre. A la fin de l’éducation, les guëpes sont à redouter; on doit rechercher leurs nids et les détruire. Il arrive souvent aussi que l'éducation est terminée lorsque les guêpes font leur apparition. Tous ces ennemis ne sont ni si nombreux, ni si terribles qu’on serait tenté de le supposer; on en vient à bout assez facilement avec des soins et dela vigilance. Du reste, à part les rats, les déprédations n’ont guère lieu que de jour, et les personnes chargées de l’éducation, étant toujours présentes, peuvent s’y opposer avec avantage. Conditions générales. — Les taillis qui conviennent le mieux pour l'éducation du Yama-mnai sont ceux dont la hau- teur est comprise entre 2 mètres et 1 "50, d’une végétation vigoureuse, exposés au S.-E. et abrités autant que possible des vents du Nord. Pendant tout le temps que dure la consommation des feuilles par les vers, la croissance du taillis est arrêtée, le bois n’acquiert aucun volume en plus, mais l'éducation peut se répéter indéfiniment sur le même taillis sans le faire périr. Nous en avons la preuve au Dehison, où lemèême taillis sert depuis huit années consécutives. Chaque année, les feuilles se présentent avec la mème vigueur et la mème abon- dance. Les brins n’ont rien gagné en hauteur, presque rien en circonférence des tiges; celles-ci se sont garnies de brin- dilles près de terre, l'écorce est devenue dure et crevassée ; la production des feuilles est tout aussi précoce que dans les taillis voisins. Lorsqu'il nous est arrivé de mettre trop de vers à soie sur un carré de taillis, les insectes ayant dévoré toutes les feuilles, les arbustes se sont trouvéscomplètement dénudés ; nous avons été obligés de faire passer les vers sur un carré voisin. Alors le carré épuisé de feuilles se remet à bour- BULLETIN D'INSECTOLOCIE AGRICOLE 171 geonner et produit de nouvelles feuilles. S'il survient une bonne pluie en ce moment, il lui suffit d’un mois pour se regarnir entièrement. Mais ces deuxièmes feuilles ne con- viendraient plus à l’alimentation des vers à soie, elles sont trop tendres. Il faut donc porter au débit de l’éducation le produit an- nuel ordinaire du taillis, lequel, dans nos montagnes d’'Es- tramadure, est à peu près insignifiant, parce qu'il n’est pas utilisé, par suite du manque de voies de communication. L'éducation du Yama-mai exercée sur une surface d'un hectare, occupe six personnes pendant quatre mois environ; elle nécessite 1,600 grammes de graine, et peutproduire une moyenne de 350 kilogrammes de cocons. La sérieiculture nouvelle, par M. BALBIANI, (V. page 137.) Ces essais de Bombyx étrangers, entrepris d’abord comme une distraction scientifique, ne tardèrent pas à passer dans le domaine industriel des applications pratiques et à se multiplier dans toutes les parties de la France et même de l'Europe. Nous ne tracerons pas ici l’histoire de cette nou- velle branche de la sériciculture, histoire encore bien jeune, car elle date d’un quart de siècle au plus. Pour être dépourvue des détails pittoresques ou merveilleux qu'on rapporte au sujet de l’introduction en Europe du ver à soie du mûrier, elle n’en présente pas moins un haut intérêt par les difficultés contre lesquelles eurent à lutter les premiers éducateurs pour plier aux conditions de notre climat la nature rebelle de ces nouveaux venus. En tête des plus zèlés promoteurs de cette industrie nouvelle, il faut placer Guérin-Méneville, dont la mort regrettable, survenue depuis l'Exposition universelle de 1867, a laissé la place vide à celle de 1878. Il est en effet peu de ces nouveaux pro- ducteurs de soie dont Guérin-Méneville n’ait tenté ou encou- ragé l'introduction en France, ou à la propagation desquels il n'ait contribué pour une part plus ou moins large. Devant me 172 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE borner ici à l'exposé des progrès réalisés pendant ces dix der- nières années, c’est-à-dire depuis l'Exposition universelle de 1867, je renverrrai, pour ce qui concerne la période anté- rieure, au rapport publié par M. Emile Blanchard à loc- casion de cette dernière (1). FA A cette époque, l’épizootie, que depuis une vingtaine d’au- nées faisait de si cruels ravages dans tous les pays séri- cicoles de l’Europe, était dans toute sa violence; rien en faisait prévoir la fin, et l’on craignait, sinon lextinction totale de nos races indigènes de vers à soie, du moins’ la prolongation indéfinie de la crise qui pesait sur notre in- dustrie séricicole, et qui encore aujourd’hui est loin d’être entièrement conjurée. Cette apprpéhension fit qu'on déploya une ardeur nouvelle dans les tentatives de propagation des insectes séricigènes nouvellement importés, afin de com- bler les vides causés par le fléau. Trois espèces surtout présentaient alors les plus grandes chances pour pouvoir être acclimatées chez nous. En tête se trouvait le ver à soie de l’ailante (Attacus cynthia), espèce de la Chine, intro= duite et propagée en France par Guérin-Ménerville. Onsait que cette espèce s’est si bien naturalisée dans notre pays, qu'en moins de dix ans elle s’est complètement émancipée des soins de l’homme, et qu’actuellement elle vit et se mul= tiplie spontanément sur les ailantes' de nos parcs et demnos promenades. Malgré cet avantage si grand, la faveur dont jouissait naguère ce ver a beaucoup diminué, surtout depuis que Guérin-Méneville n’est pas là pour stimuler le zèle"des éleveurs. À l'Exposition Universelle de 1867, on ‘pouvait déjà pressentir ce résultat ; il s’est bien plus accusé encore par la rareté et le peu d'importance des produis de l’Attacus cynthia qui figurèrent à celle de 1878. La principale cause de cette défaveur est la constitution (1) Exposilion universelle de 4867 (Rapport du jury international publié sous la direction de M. Michel Chevalier, t. XI, 4868. p. 4039 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 173 du cocon du ver à soie de l’ailante. Ce cocon est ouvert et formé de flls fortement incrustés par la matière Sgommeuse ou le grès, ce qui ne permet de l'utiliser qu’a la manière des déchets de la soie du Bombyx du mürier, c’est-à-dire par le cardage et non par le dévidage en soie grège, qui donne les étoffes les plus belles et les plus solides. Cependant cette difficulté industrielle parait levée aujourd’hui par la découverte récente, due à un sériciculteur, M. Christian Le Doux, d’un procédé permettant de dévider les cocons du cynthia et d'en former un fil à plusieurs brins comparable à celui qu’on obtient avec les cocons du ver à soie du mürier. Ajoutons que le procédé opératoire de M. Le Doux ne néces- sitera de la part des filateurs aucune dépense nouvelle, les appareils qui servent à la préparation de la soie grège ordi- naire peuvent être employés également au devidage des cocons de l’Aftacus cynthia; par conséquent les industriels, qui par des motifs d'économie se sont toujours montrés hos- tiles jusqu'ici à toute innovation, n'auront plus de raison plausible pour ne pas utiliser les nouveaux cocons. D'un autre coté l’ailante ou faux-vernis du Japon s’est naturalisé dans notre pays aussi complètement que la chenille qui se nourrit de sa feuille ; il pousse partout, même dans de mauvais terrains, de sorte que les éducations de lAttacus cynthia pourront se faire presque sans frais et devenir ainsi une source de sérieux bénéfices. IL. Si le ver à soie de l’ailante faisait assez triste figure à l'Exposition de 1878, il n’en était pas de même de ses deux congénères les Bombyx de chêne de la Chine et du Japon (Attacus Pernyi et Yama-mai) dont les produits formaient sans contredit la partie la plus intéressante et la plus ori- ginale de l'exposition séricicole. Ce résultat n’a pas lieu de nous surprendre, car les qua- lités précieuses de leur soie avaient appelé depuis longtemps l'attention des éleveurs sur ces deux séricigènes. Cette soie est la plus belle après celle du Bombyx du mürier, et se laisse 174 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE travailler avec la même facilité. Les vers sont robustes, résistent bien aux intempéries de notre climat, et, par dessus tout, leur éducation peut se faire à peu de frais, comme celle du bombyx de l’ailante. La feuille de chêne, dont ils font leur nourriture, qui se perd annuellement par masses énormes, dans nos parcs et nos forêts, serait éla- borée par le ver en matière textile, de même que l’alfa, cette herbe si longtemps inutile des plaines de l’Algérie, a fini par trouver son emploi en se transformaut en papier. Du reste, le Yama-mai est domestique depuis longtemps au Japon, où il est élevé en pleine campagne. Or, dans la partie septentrionale de ce pays, notamment dans l’ile Niphon, où l’on s’adonne particulièrement à l'éducation du Yama-mai, le climat ne diffère pas sensiblement de celui de nos parties tempérées de l’Europe; dans certains districts, la tempéra- ture s’abaisse même assez souvent pour que les feuilles de chène soient atteintes par la’gelée. Rien ne s'oppose par conséquent à ce que l'élevage du Yama-mai prenne la même extension chez nous qu’au Japon. La possibilité des édu- cations en grand et en plein air ressortait déjà des nombreux essais faits en France et dans d’autres pays de l'Europe, notamment des expériences si concluantes de M. Cersonnat, qui, en 1865, dans la Mayenne, récoltait 2000 cocons dans une seule éducation, et de celles non moins décisives de M. de Bretton,en Autriche, où 300,000 œufs furent recueillis, également dans un seul élevage, en 1866. Cette possibilité s’est affirmée de nouveau à l'Exposition universelle en 1878. Tout le monde a pu admirer, dans la section espagnole, la splendide vitrine de M. le marquis de Riscal, renfermant 25,000 très beaux cocons provenant de ses éducations faites à Alia et Guadelupe (province de Caceres), en Estramadure. Les vers sont élevés en plein air, sur un taillis de chènes appartenant à l’espèce du chêne tanzin (Quercus tauza). D’après les derniers résultats publiés, la récolte à Guade- lupe s’est élevée, en 1876, à 17 kilog. de cocons, et la graine recueillie a été dans les proportions de 92 pour 1. Ces BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 175 résultats font le plus grand honneur de MM. Bonafé et Morin, chargés de diriger les éducations de M. de Riscal, et qui ont fait à la Société d’acclimatation de Paris un inté- ressant rapport sur les procédés d'élevage qu'ils ont em- ployés avec tant de succès. (A suivre). Paris, le 21 novembre 1881. MONSIEUR LE RÉDACTEUR, En commençant dans le Bulletin d'insectologie agricole la publication de mon rapport sur les Insectes utiles de l'Exposition universelle de 1878, vous vous étonnez (et non sans raison) qu'il ait paru trois ans après la fermeture de l'Exposition. Permettez-moi de vous donner à cet égard quel- ques renseignements. Mon rapport a été remis en Octobre 1879 à M. le Ministre de l’agricul- ture et du commerce. Ce n’est qu’au mois de mars de la présente année 1881 que les épreuves n’ont été communiquées et que j'ai donné le bon à tirer. Mon rapport ne paraissant pas, j'envoyai aux informations à l’Imprimerie pationale. [l dormait tranquillement dans un tiroir de l'imprimerie ; il n'avait été ni lu, ni corrigé et bien moins encore tiré. Enfin au mois d'octobre il s’est décidé à paraître et je me suis hâté de vous en adresser un exemplaire ainsi qu'à plusieurs autres membres de la Société d’insecto- logie. Agréez, Monsieur le Rédacteur, les salutations sincères de votre dévoué collègue. G. BALBIANTI. P. S. Dans le passage de mon rapport que publie le Bulletin n° 9, Septembre 1881, je relève des erreurs telles que celle-ci : P. 138, 2m alinéa : M. Blanchard surtout montre que cette expérience était d'autant mieux fondée ... au lieu de ; montra que cette espérance. Même alinéa : Que leur éducation se ferait par suite de beaucoup moins de frais... au lieu de : & beaucoup moins de frais. Je vous serais reconnaissant, puisque le Bulletin veut bien reproduire mon travail, de faire corriger avec plus de soin cette réimpression. 176 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Ha ligue des marchands le soie au Japon. Les journaux francais du Japon nous apportent la nou- velle d’une étrange résolution que viennent de prendre les marchands de Yokohama et qui ne tend à rien moins qu'à monopoliser entre leurs mains le commerce des soies. Comme en Chine, où les corporations sont tellement puis- santes qu’elles causent la ruine des maisons européennes sur lesquelles elles mettent linterdit, la corporation des marchands de soie de Yokohama a prétendu accaparer toutes les balles destinées à l’exportation pour les vendre à sa guise. Ce qu’il y a de grave, c’est que le gouvernement japonais, qui a trop souvent des velléités de commercer pour son propre compte, semble prêter son appui à cette ligue contre les étrangers. Les remontrances que ne manqueront pas de faire à ce sujet les consuls étrangers au gouvernement japonais n’au- ront pas, nous le craignons beaucoup, la chance d’être écoutées. Le gouvernewent répondra que le commerce doit- être libre dans ses allures, et que s’il plait aux marchands japonais de se liguer pour accaparer un produit japonais, lui, gouvernement, ne peut s’y opposer. Il citera l'exemple de la Chine, où la liberté des associations est poussée à un excès de coalition dontnous n'avons aucune idée en Europe. Enfin, ilya ce fait grave, c’est qu'à Londres comme à Lyon, des marchands japonais sont établis et que rien me peut les empêcher d’y recevoir les soies de leurs compa- triotes du Japon. De plus, pour l'exportation des graines des vers à soie, — qui, soit dit en passant, a été de 930,000 cartons en 1880 — les Japonais se sont tout à fait affranchis de l'entremise des maisons étrangères. (A suivre.) Le Gérant : H. HAMET. * ñ Paris. — Imprimerie RINUY, 41, rue Davy. N° 12. SIXIÈME ANNÉE Décembre I881. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Détermination d'insectes. — Note sur la Maladie des écrevisses par M. J. CRÉPIN (Fin). — Société centrale d’Apiculture et d'insectologie, séance de novembre. — Du rôle des infiniment petits dans les fromages par M. Duccaux (Fin). — Le Puceron des racines par M. DE DOUVILLE. — Table des matières. Détermination d’Enseetes demandée à la Rédaction du Bulletin d’Insectologie. lo M. A. Jouve, à Toulouse. Deux Élatériens (Coléoptères): Agriotes sputator, Linn. et Adrastus rutilipennis, Illiger, petite espèce à élytres d’un fauve brillant. La larve de l’autre espèce est très nuisible aux racines des gazons. 2 M. Dermigny, à Péronne. Orthoptères. — Ectobia Lapponica, Linn., la Blatte Laponne, une des petites espèces de nos bois. Névroptères. — Larve de Libellulla depressa, Linn. Coléoptères. Scarabées : — Rhizotrogus solstitialis, Linn., 3 exemplaires, 2 femelles, 1 mâle. Rhizotrogus œstivas, Olivier, 2 exemplaires, 1 mâle var., 1 femelle. Rhizotrogus rufescens, Fabr., 3 exemplaires. Phyllopertha horticola, Linn., 6 exemplaires, espèce nuisible. Anomala Frischii, Fabr., espèce assez nuisible. Longicornes : Ægosoma scabricorne, Fabr. Purpuricenus Kælleri, Linn. Hesperophanes nebulosus. Olivier. Dorcadion fuliginator, Linn. | Dorcadion (mauvais état, indéterminable). Pogonocherus fascicularis, Panzer, très bel exemplaire. 178 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Clytus detritus, Mulsant. Clytus quadripuntatus, Fabr., 4 exemplaires. HÉMIPTÈRES. Reduvius personatus, Linn., chassant aux mouches et aux punaises de lit dans les maisons. Larve du même insecte, s’entourant pour l'affût de flocons de poussière qui lui sont un masque protecteur. Larve de Nepu cinerea, Linn., punaise aquatique nuisible aux alevins. Graphosoma lineatum, Linn. Pyrates stridulus, Fabr. Acylocerus neglectus, Herrich-Schæffer. Larve de Enoplops scapha, Fabr. Pœciloscitus unifiasciatus, Fabr. Lyqus lucorum, Meyer. Ces deux dernières espèces sont de petites Capsides habi- tant toute l’Europe. AVIS IMPORTANT. — Les personnes qui envoient des insectes à déterminer sont priées d’attacher à chaque épingle un numéro; cela évite une grande perte de temps pour l’éti- quetage et le danger de casser des échantillons en les dépiquant. Exvratusam. — Juillet 1881, page 99, Disricines, lire DYTISCIDES. Août page 120, légende de la figure, lire fig. 20, page 198, lire fig. 21. Note sur In maladie des écrevisses (Suite et fin, v. p. 139.) Tube digestif. — La bouche du Distome, située au centre de la ventouse céphalique, s’ouvreet se referme en fréquentes et vigoureuses contractions; elle est suivie d’un pharynx d'ouverture ovale, épais et musculeux. L’œsophage s'étend jusqu’à la ventouse abdominale, la dépasse même un peu, et se partage en deux ramifications intestinales en forme de massues qui, s’'étendantdans la partie postérieure du corps, s'arrêtent tout court un peu avant l’extrémité de celui-ci. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 179 Le tube digestif est rempli d’une matière grumeleuse et grisâtre qui, par l'effet” des mouvements onduleux de l'animal, remonte tantôt vers la ventouse céphalique, tantôt se refoule dans les extrémités des ramifications intestinales. Le système excrétoire consiste en un simple tube droit, qui s'étend au-dessous de la partie postérieure du corps et se termine en une ouverture située à l'extrémité de celui-ci. En cet endroit, on remarque chez quelques individus une vésicule contractile assez grande chez les uns, très réduite chezles autres; onla trouve même quelquefois en triple, ayant l’aspect de trois poires minuscules à queues courtes. On voit, en outre, chez certains individus deux petits vaisseaux qui serpentent sur les parages de la ventouse abdo- minale jusque dans ceux des testicules, où ils se terminent en petites vésicules ; mais la fonction de ces deux conduits dans l’économie de l’animal est restée inexpliquée. Le système nerveux a son siège dans un double ganglion qui s'étend dans le voisinage de la ventouse céphalique et porte sur ses côtés de fines ramifications. M. Harz a cru remarquer que le Distoma cirrigerum tel qu’on le trouve dans l’écrevisse n’est pas, quoiqu'il présente des traces d’organe génital, capable de se reproduire. Il faut qu’il parvienne, comme les autres espèces de la même famille, dans le corps de certains volatiles ou de poissons pour acqué- rir la faculté de se reproduire. Pour expliquer sa propagation dans un cours d’eau et sa facon de pénétrer dans le crustacé (car on prétend que le mal ne se propage pas directement d’écrevisse à écrevisse), M. Harz croit qu’on aura répandu avec des détritus de chairet d’intestins de poissons des nuées d'œufs de Distoma dans le bassin ou la rivière occupée par les écrevisses. Celles-ci auraient absorbé une partie des œufs avec les détritus précités, et Le reste des œufs, devenus cercaires, auraient recherché les crustacés pour s'attacher aux parties molles des articulations et pénétrer ensuite dans les tissus musculaires, s’y enkyster, s’y développer et déter- 180 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE miner progressivement dans l’économie de l'animal atteint les perturbations par lesquelles se manifeste la maladie. Mesures prophylactiques. — Il faut écarter les poissons des eaux habitées par les écrevisses, afin que ces dernières ne recoivent pas les cercaires de Distoma cirrigerum qui peuvent se trouver à l’état d'œufs mêlés aux fèces des pois- sons. Par la même raison, on évitera de nourrir les écrevisses avec des détritus de poisson. Les hirondelles sont, entre autres volatiles, conductrices du Distome en question; il y a donc lieu de s’ingénier à ne pas les laisser approcher d’un endroit où l’on cultive l’écrevisse. Il est même recomman- dable de ne pas employer pour les écrevisses une eau provenant directement d’un lieu où il y a du poisson, car cette eau peut charrier les œufs microscopiques et les cercaires du parasite. Pour utiliser comme pâture d’écre- visses des intestins ou autres détritus de poissons, il faudra les soumettre à une cuisson de quinze à trente minutes à une température de 100 degrés au moins. Mais il est préfé- rable de nourrir les écrevisses, en variant successivement, de froment, d'orge, de seigle, de maïs et surtout d'avoine émondée, en laissant tremper préalablement ces grains pour les amollir pendant douze à vingt-quatre heures. Il est bon, toutefois, de leur donner tous les huit ou quinze jours soit de la viande, soit du foie de cheval ou de lapin, frais et haché, mais jamais de poisson. Il importe surtout de ne donner, dans aucun cas, aux écrevisses des viandes décomposées ou portant même mauvaise odeur. Observations générales. — La maladie des écrevisses offre, entre autres particularités, celle de se propager en amont des cours d’eau, et de ne laisser à l’écrevisse contaminée, cuite même après la mort, aucun goût qui permette de la distinguer de l’écrevisse cuite à l’état de santé. Les chairs sont excellentes et plutôt plus grasses. Les écrevisses malades peuvent être livrées sans aucun danger à la consom- mation ; il est parfaitement démontré qu’elles ne peuvent en aucune manière nuire à la santé publique. BULLETIN D'INSECTOLOCIE AGRICOLE 181 La maladie des écrevisses parait n'avoir été observée nulle part avant ces dernières années. M. Harz a consulté à cet égard bon nombre d'auteurs, même d’époques assez reculées, et jamais il n’a trouvé aucune allusion à une épidémie du genre de celle dont il s’agit. On a vu des destruc- tions d’écrevisses dues à des causes qui ont pu être bien déterminées, comme la souillure des eaux par le déverse- ment de matières chimiques provenant de fabriques ou d'usines. On a remarqué aussi que la mue enlève également tous les ans un grand nombre d’écrevisses, et pour ainsi dire toutes celles qui sont peu robustes ou affaiblies. Une autre maladie, appelée la rouille, en détruit bon nom- bre aussi: mais comme le mal est dû à l’accumulation d’un grand nombre de ces crustacés dans un espace restreint, on y remédie facilement en leur donnant plus d'espace, de l’eau fraiche et de l’obscurité. Cette maladie se manifeste par des taches qui sont le résultat de chocs que ces animaux essuient en se mouvant les uns sur les autres. Une grande chaleur (quand l’eau dépasse 22 degrés centi- orades, et que l’écrevisse ne trouve pas d’abri) peut égale- ment déterminer la mort du crustacé. On prétend aussi — et des marchands d’écrevisses en sont très convaincus — que l’écrevisse ne peut supporter l’odeur du porc; il suffirait du voisinage d’un de ces animaux pour détruire toutes les écrevisses d’un tonneau de transport, aussi les marchands précités prennent-ils toutes leurs pré- cautions pour soustraire leurs écrevisses aux émanations d’une étable de pourceaux dont ils pourraient faire la ren- contre sur leur chemin. Les quelques notes qui précèdent suffisent pour donner une idée des efforts soutenus, des recherches conscien- cieuses et difficiles auxquelles s’est livré M. Harz pour découvrir le principe secret de la maladie qu’il nommeraïit volontiers Distomalosis astacina(Distomatose des écrevisses). Dans son travail, le savant professeur passe en revue et commente les renseignements divers qui lui ont été fournis 182 BULLETIN D 'INSECTOLOGIE AGRICOLE des endroits où sévit l'épidémie. Il reproduit et discute les opinions qu’il a recueillies à ce sujet auprès des hommes les plus compétents, et ce n’est que pourvu de tous ces élé- ments qu’il aborde le champ de ses propres observations. La maladie, une fois reconnue, il essaye de tous les moyens thérapeutiques qu’il croit propres à la vaincre, ét ceux mêmes qui lui sont conseillés d’autre part, mais il s’apercoit bien vite que ce traitement restera inefficace, tant par les difficultés de son application qué par la force de résistance du principe du mal, c’est alors qu’il s'applique à la recherche des mesures prophylactiques, qu’il arrive à déterminer, mais qu’il avoue n’être praticables que par l’ini- tiative privée. Aussi fait-il un chaleureux appel à celle-ci en faveur de la culture des écrevisses. Il représente cette industrie comme à la veille de disparaître, si l’on n’arrive pas par une production artificielle à combler les pertes qui augmentent journellement dans les cours d’eau. Il fait ressor- tir ensuite, indépendamment des ressources que constitue l’écrevisse à l’alimentation publique comme mets recherché, les grands avantages pécuniaires qu'offre ce crustacé à toute personne qui voudrait s'occuper de sa culture; sa rareté et par suite sa cherté s’accentuent, en effet, tous les jours; sa fécondité est grande, son élevage facile et simple, et sa nour- riture” peu coûteuse. Société centrale d’Apiculture et d’Insectologie _ Séance du 16 Novembre 1881. — Présidence de M. Sigaut. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observation. Il est donné lecture de PRES docu- ments ministériels. L'ordre du jour porte : Prochaine exposition des insectes; magnanerie de Montsouris; communications diverses. Le Secrétaire général dit que 1882 est l’année où devrait avoir lieu l'exposition bisannuelle des Insectes; maïs il expose que les manifestations de la Société demandent à recevoir BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 183 des modifications importantes, tant au point de vue de l'installation, qu’à ceux de l’époque et du lieu de l'exposition. Ces modifications ont besoin d’êtreétudiées. Eñ conséquence il propose : 1° Que l'exposition prochaine soit ajournée à 1883, ainsi que le concours insectologique entre les insti- tuteurs. Après avoir discuté divers motifs présentés à l'appui de cette proposition, l’assemblée décide que la prochaine exposition des insectes n’aura lieu qu’en 1883. Plusieurs membres font des propositions sur la date de l’année et sur le lieu où devra avoir lieu l'exposition. M. Maurice Girard désirerait qu’elle ait lieu en juin; M. Lesueur propose qu'elle ait lieu du 15 juin au 15 juillet, au Palais de l'Indus- trie. Pensant que l'établissement de la Société au Parc de Monsouris sera édifié l’année prochaine et qu’il pourra être inauguré dans la première partie de 1883, le Secrétaire général propose : 1° Que la prochaine exposition ait lieu à Montsouris, pour l'inauguration de la Société, et 2° que la date du 14 juillet, dont la fète amène beaucoup de provin- ciaux à Paris, soit prise pour cet objet, c’est-à-dire que l'exposition ait lieu du 15 au 2 juillet, ou du 1% au 15 ou 20 juillet. L'assemblée discute ces diverses propositions; elle s'accorde à diminuer la durée du temps de l'exposition, mais elle réserve d’étudier davantage les autres points et d’en délibérer dans le cours de la session actuelle. Plusieurs membres proposant qu’une exposition spéciale d’apiculture ait lieu le jour où il y a une fête annuelle au Parce de Mont- souris. L'assemblée est d’avis que la question des expositions spéciales, soit d’apiculture, soit de sériciculture, demande également à être étudiée avant qu’une délibération définitive soit prise. Le Secrétaire général expose que les müriers de Mont- souris permettront de commencer une éducation de vers à soie l’année prochaine. Il propose que l’Assemblée délibère sur la construction de la magnanerie à édifier. Le Secrétaire est prié de s’entendre avec la section de sériciculture pour le plan de cette construction. 184 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE M. Maurice Girard communique la note suivante : J'ai recu de M. E. Vavin, président de la Société d'horti- culture de Neuilly, des chenilles terricoles, dites Vers gris, de l’Agrotis exclamationis, Linn., qui, ainsi que celles de sa congénère. A. segetum, catal. de Vienne, font de grands ravages dans les potagers en rongeant les pommes de terre, les racines des choux, navets, carottes, salades, etc. Par une remarquable exception, qui motivait l'envoi de M. Vavin, elles ne touchent aucunement aux racines du Soja hispida ou pois oléagineux du Japon, légumineuse herbacée qui croit aux Indes, aux Moluques et au Japon. Cette plante dont le grain, rond à l’état sec, prend dans l’eau la forme d’un petit haricot, est introduite en Europe depuis le commen- cement du siècle et certaines variétés se cultivent très bien. La graine est un aliment très nutritif pour l’homme, les fanes et les cosses forment un bon fourrage pour le bétail. Au Japon on retire en outre de la graine, de l’huile et une sorte de beurre végétal. Il faut espérer que l’immunité dont jouit cette plante à l'égard des vers gris sera un puissant encouragement à sa culture, déjà préconisée par la Société d’acclimation et à laquelle consacrent en particulier tous leurs efforts M. E. Vavin et M. Blavet, d'Étampes. M. Falaise fils, de Billancourt, m'a adressé un Myriapode, qui était très phosphorescent et laissait derrière lui une longue trainée lumineuse. C’est le Geophilus electricus, qui court sur les mottes de terre et dont la phosphorescence est très vive par les temps lourds et orageux. Il vit de dédritus et n’est ni utile ni nuisible. M. Asset fait remarquer, sur la première communication, que le ver gris a été trés nom- breux cette année et qu’il a occasionné de grands ravages aux environs de Paris. Plusieurs membres font remarquer que le Soja hispida est une plante du midi. M. Maurice Girard répond que plusieurs variétés peuvent s’acclimater dans notre climat. Le professeur du Luxembourg entretient l’assemblée de la loque. Il dit que les moyens de guérison présentés jusqu'à BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 185 ce jour, ne sont pas d’une efficacité complète. Il signale plusieurs cas : 1° La population italienne avec mère d’une ruchée loqueuse fut donnée, l’année dernière, à une colonie indigène orpheline ayant des provisions dans de bonnes conditions ; néanmoins il fut présenté à la réunion un peu de sirop de sucre (un demi kil. additionné d’un peu d’acide salicylique) à la suite de laréunion. La colonie se comporta bien jusqu’au mois de mai. Son premier couvain n'avait pas été affecté; elle se trouvait assez populeuse et promettait un essaim; mais à partir de ce moment elle eut du couvain loqueux et s’affaiblit. 2° Une colonie (essaim artificiel) fut placée dans une ruche ayant logé précédemment une colonie atteinte de loque. Quoique cette ruche eût été désinfectée selon la recette, elle n’a pas moins communiqué la loque à ses nouveaux habitants. 3° L'été dernier (au commencement de juillet), des cadres qui avaient séjourné dans une ruche loqueuse, mais qui avaient été soigneusement désinfectés et avaient ensuite recu des rayons gaufrés, furent donnés à une colonie très populeuse, etils communiquèrent la loque à cette colonie. Il conclut de ces faits et d’autres analogues qu’il a constatés précédemment, que toute mère de colonie loqueuse doit être détruite; que toute ruche ayant logé une colonie loqueuse, et les cadres ou les porte-rayons ayant séjourné dans cette ruche, doivent être mis au feu, c’est-à- dire qu’il est imprudent de s’en servir. Cet avis est partagé par les praticiens présents à la réunion. M. Maurice Girard dit que des apiculteurs attribuent la loque au manque de nourriture. Sont présentés pour faire partie de la Société : MM. Froville, instituteur à Epinay-sur-Orge (Seine-et-Oise), présenté par M. A. Clément; A. Lucante, naturaliste à Courrensan (Gers), par M. Maurice Girard; C. Huel, agriculteur à Armenonville- les-Gatineaux (Eure-et-Loire) par le Secrétaire-général. L’amission de ces membres est prononcée et la séance est levée. L'un des Secrétaires : DELINOTTE. 186 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. Du rôle des infiniment petits dans la maturation et Ia fabrication des fromages, par M. DUCLAUX. Cette caséine transformée est inodore et très peu sapide. Ce n’est donc pas à elle seule que le fromage doit ses pro- priétés. Les ferments nese le préparent, en effet, que comme matière alimentaire pour le faire fermenter, c’est-à-dire, le détruire plus ou moins complètement. La portion sur laquelle ils agissent ainsi est toujours minime; mais en revanche, les produits qu’ils forment ont des qualités orga- noleptiques très prononcées. On y trouve, en effet, des ma- tériaux analogues à ceux qui donnent sa saveur au bouillon de viande, et en outre, et surtout, des sels ammoniacaux à acide gras, parmi lesquels les acides butyrique et valé- rianique. Enfin, il y a toujours un peu de carbonate d’am- moniaque qui rend la masse légèrement alcaline. C’est de ce mélange complexe de substances sapides et odorantes avec le fond commun provenant de la diastase que résultent toutes les qualités du fromage. La nature et la proportion des produits constituants sont variables de l’un à l’autre, suivant les êtres qui sont intervenus, les cir- constances dans lesquelles ils ont agi. Il est donc impos- sible de pousser plus loin l’étude générale de la maturation. On peut pourtant affirmer qu'ici encore les ferments aérobies, sont à préférer aux anaëérobies, dont on comprendra facile- ment la funeste influence, lorsqu'on saura qu’ils sont par excellence les ferments de la putréfaction. La Socièté a été bien inspirée en renvoyant en dernier ressort le jugement sur les recherches de M. Duclaux à la section des cultures spéciales. Tout ce qui précède montre bien que la fabrication des fromages repose essen- tiellement sur une culture spéciale : la culture d’êtres mi- croscopiques appropriés. L'art du fabricant consiste à activer le développement des uns, à modérer celui des autres dans la mesure des exigences, soit du goût des consommateurs, soit de celui du commerce BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 187 Tous ces faits ne sont pas seulement importants au point de vue théorique et pratique ; ils rendent compte aussi, sur le terrain physiologique, des qualités alimentaires du fro- mage, qui est par ses produits sapides un excitant de l’esto- mac, et par sa caséine transformée un aliment à moitié digéré pour nous par les ferments qui l’habitent. La caséine du lait ne peut pas, en effet, être absorbée telle quelle. Elle a besoin d’être coagulée dans l’estomac : dans le jeune animal, par l’action de la présure, dans l’adulte, par l’aci- dité du suc gastrique. Une fois précipitée, elle ne subit plus d'action nouvelle, de dissolution, de digestion de la part des parois de l’estomac. C’est le pancréas qui, chez les mamni- fères, est chargé de la rendre soluble et absorbable, et, chose singulière, la diastase qu’il secrète pour cela est tout à fait identique à celle des infiniment petits qui président à la maturation du fromage. Un bon morceau de camenbert apporte donc dans l’organisme un aliment presque assimila- ble, et, en outre, des ferments figurés et un excédant de diastase soluble qui peuvent se substituer aux cellules normales et aux diastases actives du canal digestif. Dans ce qui précède, il n’a pas été question de la matière grasse, qui ne joue aucun rôle dans le phénomène de la maturation. Elle subit seulement une saponification plus ou moins avancée, sousl'influence du carbonate d’ammoniaque résultant de la vie des ferments. La variation du goût pro- venant de ce chef est insignifiante en regard de celle qu'amène la fermentation de la caséine. C’est de ce fait qu'est parti M. Duclaux pour essayer de corriger les défec- tuosités que présente trop souvent le fromage du Cantal. Plusieurs causes interviennent pour faire de ce fromage . un produit inférieur. À raison de son mode de fabrication, il est assez aqueux pour que la vie des ferments ysoit facile. Ses formes massives laissent le champ libre aux anaérobies, que le manque de propreté dans la préparation laisse tou- jours s’introduire dans la pâte. Son poids et sa richesse en matière grasse font qu’il s'écrase lorsque, par suite de sa 188 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE maturation rapide, la caséine a disparu et que la pâte a perdu sa fermeté initiale. Tout cela fait qu'il ne peut ni voyager ni durer longtemps. Alors même que son goût serait irréprochable, son marché serait très limité eomme espace et comme temps. M. Duclaux croit qu’on peut éviter tous ces inconvénients en le fabriquant avec du lait partiellement écrémé. La pâte est alors plus sèche, les fermentations secondaires moins faciles et moins promptes, la tenue du fromage meilleure, sa durée plus longue. Le moment de la maturité est d'autant plus retardé que le fromage est plus maigre et plus pressé. On est donc maitre de conformer la fabrication aux besoins commerciaux. De plus, et conformément aux résultats qui ont été signalés plus haut, le goùt que prend ce fromage maigre, avec le temps, est tout-à-fait identique à celui qu’on recherche dans le fromage du Cantal. Le type restant le même, l’ancien marché demeure ouvert, et on aura la liberté, dont on ne jouit pas maintenant, de l’étendre ou d’en cher- cher un nouveau. Sur les fromages qu'a faits M. Duclaux, l'expérience date déjà d’un an et semble concluante, ces fromages n'étant pas actuellement plus avancés qu’il ne le sont au bout de trois mois avec l’ancienne fabrication. Il est donc permis d'espérer que du travail de M. Duclaux sortiront des résultats pratiques sérieux. Dès à présent, la fabrication des fromages est éclairée sous le rapport théo- rique. Le rôle des infinimeut petits n’est pas seulement soupconné, comme on pouvait le déduire de certaines pra- tiques, mais démontré, et le mode d'action des microbes est déjà assez bien déterminé pour que la pratique puisse pro- fiter des résultats scientifiques obtenus. Votre section des cultures spéciales vous propose de récompenser ce remarquable travail de M. Duclaux par la grande médaille d’or de la Société. (Ces conclusions ont été adoptées.) L. PASTEUR, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 189 Le Puceron des raeires. Le Puceron des racines qui vit en parasite sur les parties souterraines des graminées et qui a causé, il y a quelques années, des paniques en faisant croire que le phylloxéra passait des racines de la vigne à celles du blé, a recu des naturalistes les noms de fhizobius radicum (Kirby), Forda formicaria (Von Heyden), Rhizolerus vacca (Hartig). Le Puceron du blé est d’un jaune clair; il est un peu plus gros que le Phylloxéra de la vigne et, par conséquent, très visible à l'œil nu; {quand la plante qu’il a attaquée vient à mourir il se hâte de se transporter sur une autre racine, il va ainsi de plante en plante et comme il vit comme tous ses congénères en nombreuses familles, on remarque bientôt au printemps dans les champs attaqués, des ronds dont le cercle s'agrandit jusqu'au moment de la récolte. Le Puceron du blé fait périr les céréales et les graminées des prairies et des pelouses par les succions comme par les morsures des vers blancs. Les nombreuses nodosités qu’on constate sur les racin?s, ne laissent aucun doute sur l’œuvre de destruction accomplie par cet insecte. Il y à quelques années, en 1872, croyons-nous, M. le baron de Serres-Monteil, grand propriétaire à Orange, un de nos viticulteurs les plus distingués, dont toutes les vignes ont été détruites par le phylloxéra, appela l’attention de M. de l’Espine, l'honorable Président de la Société d'agriculture de Vaucluse, sur l’état de souffrance dans lequel se trou- vaient les blés sur une étendue de plusieurs kilomètres, entre Orange et Châteauneuf. D'abord M. de l’Espine n’attacha qu’une faible attention à la communication de son collègue, car partout autour de lui il ne voyait que des blés vigoureux et des agriculteurs très confiants dans une excellente moisson; il se rappela cepen- dant que, une dizaine d'années auparavant, ses blés avaient été attaqués en Provence par une maladie semblable, c’est- à-dire qu’au printemps, il avait remarqué des ronds dans ses champs delblé; et que dans ces ronds, déjà très éclaircis, 190 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE beaucoup de plantes avaient une triste apparence et qu’un assez grand nombre mouraient. Les ronds s’agrandirent beaucoup dans le mois de mai; les épis devinrent blancs avant de se remplir et s’il n'eut pas moissonné le 30 ou 31 mai, il est plus que certain quela moisson se fût fondueet qu’elle eût été nulle. La Société d'agriculture de Vaucluse nomma une commis- sion qui se transporta sur la propriété de M. de Serres- Monteil, à Châteauneuf; celui arracha quelques plantes malades etles soumit à l'examen des membres de la commis- sion, qui constatèrent facilement la présence de nombreux pucerons sur les racines du blé. Après cette première constatation, la commission visita plusieurs champs de blé dans la plaine, le puceron fut trouvé partout, même dans des champs où on n'aurait pu soup- conner sa présence. Le même année, cet insecte causa des pertes considérables dans plusieurs localités du Gard et dans un certain nombre de communes des Bouches-du-Rhône. Il ne faut pas confondre le puceron des graminées, qui est généralement en société avec les fourmis, avec le puceron troglodyte. Ce dernier vit exclusivement sur les racines du pissenlit, du chardon des champs, de l’artichaut, dela laitue, de la scarole, de la chicorée; etc. Cet ennemi des maraîchers dont les mâles et les femelles sont aptères, cause des dégâts considérables dans les jardins pendant les mois d'automne et même pendant les hivers doux et pluvieux. M. Maurice Girard conseille comme moyen de destruction les arrosages avec du sel de fer ou avec une solution étendue de sulfo-carbonate de potasse. Il recommande aussi la dé- coction d'Euphorbe, de Quassia amara, de Datura stramo- nium, de feuilles de noyer, de tabac, additionnées d'un peu de sel de cuisine. DE DOUVILLE. Les lauréats du concours de 1880 qui n’ont pas reçu leur médaille sont priés de la réclamer au Secrétariat. Le Gérant : H. HAMET. TABLE DES MATIÈRES Accessoires de l’école de Village ..….. 429, 145 HSHnome CB chere, 0e alusielte 12 A AOL LION de e HU US el 90 PLIS St ETAPE ES ST 105 RG 2h ee sa pare fuir er te) cent ae same ÿe 91 Araignée rouge des Camélias . . . . . 119 PA biblioeraphie si nriuue.,, Eutue ce 36, 96 Catalogue des papillons . . . . SE 36 CODE DYPMÉE NTM CAS TUE 51 Gharancon-du PIS NA, 1e DRE 131 Gicadelle.de.la,Gironde 44 2 4UT EL s 108, 113, 133 G CON ITOMADE "ANUS SNS 65 DO CIHEDIe Se de RS lee ie lite 1e 100 Coléoptère à aspect de fourmi . . . . 44 Conférence insectologique . . . . . . 14, 29, 49, 88 Conservation des insectes . . . +. . 81, 79 Cresson (insectes ennemis). . . . . . 104 DAC OS NONEE S PEL een NS EME EREUn . LH AVA | ARMES TES UNE NS ERNST TEE 10 D Détermination d'insectes. . . . . . . 177 Destruction du kermès du figuier. . . 41 PROD OR an ie de ere lite ue eo ee 100, 136 Rerevisses (maladie dés) 27" + . 139, 161 E } Encouragements à la Sériciculture . . 2 Hnanemis.di Cresson: 44t snsniimidris 104 BALOMOIOMIE DrablqUe sie 81, 97 Fausse teigne des Céréales. . . . . . 91 F IMÉTHET (NEPMIES QU) MNT Te ru ts Al Hietssetingecese Lie 9 ANRT 17, 61, 121, 140, 154 Hotline heure baton ii lai ptert eue 105 djuGuêpes cartonnières 4, moe 70 nt HANHeLON. ef een ur Ne RE As 29 EP GER DITS AN AMDERES NU AIR SES 75 Infiniment petits et fromage. . . . . 143, 148 IMSÉCIES (DIDIOBTADINE) SENS ES AUS 96 1 Insectes ennemis des céréales . . . . 14, 29, 49, 88 _ = lé CT TCNALES 20. 2, 22 — — des épinards . . . . 165 — 21 des mactess 2 «1. 147 J { Jacinthes (maladie des) . . . . . “:» 33 K Keïroun (V. Dacus olæe) . . . . . . Kermès du figuier. . . . . .. AA RAA As Al L | Lauréats de l’enseignement. . . . . . 8 Longicorne (larve attaquant les charpentes) 29 Mâches (insectes ennemis). .« « « + + 147 Maladie des”écrevisses. . ." 2 . EM 139, 161 M ; Marchands de soie du Japon . . . . . 176 Mouche bleue de la viande. . . . . . 27 Monche:de l'olivier: .r::.:5.1. 0.404 IS 2 N Noctuelle des moissons . . . « . .. 54 0 LESirede cheval. ns Pan etes 4 Oiseaux insectivores: ANIME ele 165 Pentatome des'fruits (ep 128 Péntatome Orne EE RAM TER RS 120 PHCERONS 2106 ne AA ASS ENE ë 105 bé Phylloxéra (dimensions). "1%.7207: 74 Phyiloxéra en Australes". eee 1 Pyrale des DOMIMIENS MN" SUEMENS 115 Pyraleides LOSIérs PRNERE LE OSSI 11 R Rapport sur la Sériciculture. . . . . 151,195 47 | Ravages de l'Hyluree ss nee Eds 75 Sériciculture (encouragement) . è 2 SL Sériciculture nouvelle. 7000 137, ASTP27E Séances de la Société(compte-rendu)6, 26, 4, 60,68, 95, 102, 118 a LAUDIRS UE TOR NOR DEN 16 Tr nus ét driehinose su. LUE 17 ni Evroglyphel tte. AFS RE ME 65 VARESSE. MOPIO SENS Re Er RER 34 V NEr blanc 4 SIT Er RME PNR 29 Ver à soie du chêne (éducation) . . . 56, 84, 116, 167 Vrillette de la firineres 25 ere D FIGURES Figures: L. Dermesté duilard 7". 10". 10 — 294: TriChINES. ue LATE 17 — 5. Longicorne (Æstinome Sur 25 — 67: Ver DIADCr IRAN | 30 — 8: Hangeton. 4.0 ROMANE " 81 — 9. Vanesse morio (chrysalide) . 35 — 10. Vanesse morio (papillon) . . 39 — 11. Anisoplie d'Autriche) . . . . 90 wi 42. Céplie pygmée Le Rue D2 — 13. Noctuelle des moissons . . . D9 14. Nid de guëpe cartonniêre . . 71 15) Hylürge des nine MUR, 17 nl rAbelllé grosse AE ct 84 — 17. Cécydomye, larve, œufs. . . 89 + 12: Chlorops. … +. UNSTIRRRe 91 — 19. Pyrale du pommier . . .. . 115 20. Pentatome, ornée : + . .4 4 120 — 21. Pentatome des fruits. . . . 128 Paris. — Imprimerie RINUY, 41, rue Davy. INSECTOLOGIE AGRICOLE 17% 4 b | JP AMAERNRE Re De PS À è TE PSN Me AS Lu qe BULLETIN D'ENEUTOLUUIE AGRICOLE JOURNAL MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D'APICULTURE ET D'INSECTOLOGIE ENTOMOLOGIE APP LIQUÉE 7° ANNÉE 1882 PARIS AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, 67, RUE MONGE, 67 re] + À PT N' 1. SEPTIEME ANNÉE Janvier 1882 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE TR PP PS PPT om 7 PPPIPPLPPS PILIERS PPS SE PIS SOMMAIRE : Le Bombyx de la ronce, par M. E. SAVARD. — Société centrale d'Apiculture et d'Insectologie, séance de décembre dernier. — Biblio- graphie: Les Insectes, par A. E. BREHM. — Fourmis mellifères. — Une piqûre de mouche charbonneuse ; note pour prévenir les effets de ces piqüres, par Al. ie capitaine XaMBEu. — Traitement particulier de M. E. LESUEUR. — Remède infaillible, par M. C. MiLLET. — Corres- ARPMANGE, par M. Eugène ROBERT. — Échenillage. ‘>69 4i6982 Le Bombyx de Ia ronce. Ù Bombyx rubi (noctTuRxes Latreille, Godart). PAR M. E. SAVARD. Les ailes supérieures du Bombyx rubi sont d'un brun-roux, plus intense au bord terminal, avec deux lignes blanchâtres transverses, peu sinuées. L'espace terminal offre, en outre, unebandeflexueuseextérieurement, forméed'atômes grisâtres. Ailes inférieures de la couleur des supérieures, d'un brun-gri- sätre, où d'un brun-roussâtre, avec les mêmes dessins que le mâle, et femelle en outre plus grande. La chenille, avant d'arri- ver au tiers de sa grosseur, c'est-à-dire avant la quatrième mue, est d'un noir velouté, avec les poils du dos un peu fauves,et les incisions des anneaux marquées par des lignes d'un jaune- orangé. Après cette mue, les lignes jaunes sont remplacées par des bandes d'un beau noir de velours, et le reste du corps est couvert de poils d'un roux foncé, excepté ceux des flancs etdu ventre quisontd'un gris sale. Ces poils, qui partent immé- diatement de la peau, sont ras et lustrés surles côtés, et longssur le dos, où ils tendent à se réunir en fascicules séparés sur chaque anneau. On voit en outre, sur le bord antérieur des trois ou quatre premiers anneaux, une ou deuxtaches fauves, qui sontun reste des lignes orangées de la première livrée. La tête et les pattes sont d'un brun noirâtre et les stigmates 2 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. invisibles. Cette chenille croit lentement, car, sortie de l'œuf à la fin de mai, elle n’a pas encore atteint toute sa taille dans les premiers jours d'octobre. Elle continue de manger et de croître jusqu'aux premiers froids; alors elle se cache dans ja mousse où sous les feuilles sèches pour hiverner. Beaucoup meurenten hivernant, surtout dans les éducations en captivité. Toutefois elle se réveille, et mange ce qu'elle trouve autour d'elle, chaque fois que la température se radoucil, et arrive ainsi à la fin de mars ou au commencement d'avril, époque à laquelle elle file sa coque et se transforme en chrysalide. Son papillon paraît un mois après, c'est-à-dire dans la pre- inière quinzaine de mai. Ainsi, elle met près d'un an à devenir insecte parfait. La coque est grisâtre, molle, allongée, d'un tissu léger, et attachée ordinairement au-dessous d'une feuille de plante basse ou entre des gazons. La chrysalide est d'un noir-bleuâtre, avecles premières inecisions du ventre jaunâtres, et l'extrémité anale garnie de poils roussâtres. La chenille dont il s’agit est connue dans certains cantons sous le nom trivial d'anneau du diable, probablement parce qu'elle a plus qu'aucune autre l'habitude de se rouler sur: elle-même dès qu'on la touche, et peut-être aussi parce qu'elle oceasionne parfois quelques démangesisons aux mains qui la prennent, propriété commune au reste avec la plupart des chenilles du même genre. Quant à l’épithète de polyphage- qui lui a été donnée par ses premiers observateurs, elle est assez méritée, en ce qu'elle paraît s'accommoder de toute es- pèce de plantes: on assure même l'avoir vue manger des feuilles sèches de chène, des pelures de pomme, et jusqu'à de la croûte de pain. Je doute fort néanmoins qu'on parvint à conduire à bien celle qu'on soumettrait à un pareil régime. Toujours est-il que c’est sur la ronce frutescente (Rubus fru- ticosus), ronce commune des bois, qui porte en juin et no- vembre une quantité de bouquets de fleurs blanches sem- blables à de petites roses, qu'on la trouvele plus ordinairement, d'où vient le nom de Bombyx rubi donné a son papillon: On la rencontre fréquemment, à la fin de septembre et au com- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 9 menéement d'octobre, dans les bois, sur les bord des chemins, le long des fossés, dans les clairièresremplies de bruyères, dans les prairies, etc.; mais comme elle est fort difficile à conserver pendant l’'hiver,et celafaute de préeautionsconvenables, comme nousle dirons plus bas, les chasseurs n’élèvent que lesindividus ui, dans l’état de liberté ont résisté aux rigueurs de cette sai- son, c’est-à-dire ceux que le hasard leur fait rencontrer à la fin de mars ou au commencement d'avril, car elle est aussi rare à cette époque qu'elle est commune en automne. Il en ré- sulte que cette espèce reste assez rare à l’état parfait et n’est jamais bien commune dans les collections. Cependant il n’est pas aussi difficile qu'on le pense de conserver vivantes jusqu'au printemps les chenilles qu'on trouve en automme: il suffit pour cela de les tenir en plein air dans de grandes boîles garnies de mousse, et couvertes d'une toile métallique, avec la préeaution de leur donner n'importe quelle verdure à manger, chaque fois que le thermomètre marque plusde einq degrés au-dessus de zéro, car elles sortent alors de leur engour- dissement, et mourraient de faim si elles ne trouvaient à leur portée de quoi se sustenter. Ainsi, c'est moins le froid que le défant de nourriture qui tue la plupart de celles qui passent l'hiver en captivité. Le Bombyx de la ronce est répandu dans toute l'Europe, au nord comme au midi. Jel'aitrouvé aux environs de Paris, dans les bois de Bondy et Fontainebleau. On le rencontre dans tous les autres bois, volant &e trois heures de l'après-midi jusqu'au coucher du soleil, très rapidement et avec de continues crochets, de sorte qu'il est fort difficile à prendre au filet. E. SAVARD. Société eentralc dapicultuwre et d’inseetologie, Séance du 21 décembre 1851. PRÉSIDENCE DE M. SIGAUT. Le procès-verbal de IR dernière séanée est adopté après une réclamation de M. Geslin. M. Geslin fait des réserves sur la 4 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE désinfection des ruches et ne saurait la condamner après des essais plus complets. Il dit que des Américains arrivent à dé- sinfecter complètement les ruches et les cadres des colonies loqueuses, non en les lavant à l’eau froide (eau étendue de car- bonate de potasse, etc.), mais en les lessivant et en les faisant bouillir dans la solution. Il pense que, dans ce cas, le levain de la loque (le mycoderme) est réellement détruit. Il demande que des expériences soient faites dans ces conditions, afin qu'on sache à quoi s'en tenir sur cette question. — M. Hamet dit qu'il est porté à croire que l'ébullition détruit le germe du mal, comme l'ébullition tue la trichine dans le porc qui y est soumis. Mais il ajoute qu'il n’est pas facile d'y soumettre une ruche de la dimension de celle de M. de Layens, par exemple, qui demanderait une chaudière de brasseur. Plusieurs mem- bres répondent qu'on peut démonter ces ruches ef en sou- mettre les pièces à l’ébullition, ou bien encore qu’on pourrait placer ces pièces dans un four chaud ou les soumettre à un jet de vapeur à 100 degrés et plus. L'essentiel est que la dépense et le temps employé ne constituent pas une valeur plus grande ue celle des matériaux assainis; autrement, il vaut mieux les brûler. Le secrétaire général entretient l'assemblée du projet de ma- gnanerie à Monisouris et propose que les matériaux de l'an- cien rucher du Luxembourg soient employés pour la construc- tion de cette magnanerie. Cette proposition est adoptée. M. Maurice Girard donne lecture d'une note de M. Xambeu, qui à été piqué par une mouche charbonneuse l'été dernier; cetie note relate les moyens employés pour la guérison. L'as- semblée délibère que cette note sera publiée. MM. Millet et Lesueur proposent des moyens de guérison qui seraient plus simples et plus à la portée de tous que celui employé par M. Xambeu et promettent des notes sur ces moyens. — M. Savard envoie l'étude de la chenille du Bombyx de la ronce dont la publication dans le Bulletin est égalément demandée. —_ Un entretien a lieu sur le transport des abeilles qu’on de- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 5 mande à l'étranger, mères fécondées et fragments de colonies. Le professeur du Luxembourg dit que le mode employé précé- demment à contribué à rendre un certain nombre de mères loqueuses ou à les altérer d'une façon quelconque. Il importe donc que ce mode soit changé, et il ajoute que la création du colis postal permet ce changement. L'expédition coûtera un peu plus que par la voie de la poste comme échantillon sans valeur, mais elle arrivera dans de meilleures conditions, parce que les expéditeurs pourront agrandirlaboîte d'envoi et ajou- ter un certain nombre d'ouvrières dont la présence sera fa- vorable à la santé de la mère. MM. Saint-Pée et Asset ajoutent que si l'expéditeur est tenu à un peu plus de frais qu'il fera d'ailleurs payer, le transport comme colis postal coûtera moins au destinataire que ne coûtait le même colis par chemin de fer etcomme petit paquet. En somme, il y aura double avantage pour le destinaire, payer moins cher de transport et être plus certain de la valeur de la marchandise qu'il recevra. D'ailleurs la voie de la poste (échantillon) pourra continuer d'être em- ployée, mais pendant les mois chauds seulement (juin, juil- let, août). — M. Vambera, de Prague, offre à la Société son petit Traité d’apiculture en langue Tchèque et appelle son atten- tion : 1° sur la manière qu'il emploie pour élever des mères 2° sur le moyen de s’y prendre pour éviter que les colonies à mères vierges ne deviennent orphelines. Voici le procédé simple employé pour éviter l'orphelinage à la suite d'un acci- dent arrivé à la mère qui va se faire féconder. Dans la ruche dans laquelle il introduit un essaim secondaire, une colonie à mère vierge, il place le soir ou le lendemain un morceau de rayon contenant des œufs d'ouvrières et présente en même temps un peu de nourriture à celte colonie. Dans le cas où il erriverait un accident à la mère dans ses excursions nuptiales et qu'elle ne rentrerait pas, sa colonie possède des éléments pour se faireunce autre mère. Le rayon donné est en outre un indicateur pour la direction des édifices, et de plus ja nature de sescellnles carnies d'œnf: d'ouvrières engage les abeille, à (6) BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE l'allonger de cellules semblables. Il trouve un avantage à donnerle rayon garni d'œufs et à stimuler la colonie pen- dant quelques jours. Sont offertes les publications entomologiques suivantes, dont l'échange avec le Bulletin est demandé : Psyche Organ of the Cambridge entomological Club (19 li- vraisons, de janvier 1880 à juin 1881), offert par M. George. Dimmock, Report of the Entomologist of the united states departement of agriculture or 1880, par M. H. Comstock. Washington, 1882, avec 16 planches, contenant surtout des Cochenilles. L’échange de ces publications est accepté. M. Maurice Girard offre une Note sur une chenille qui attaque l'ail et Le poireau. Remerciement. Sont présentés par le secrétaire général pour faire partie de la Société : MM. Antonin Soucaille, officier d'Académie, à Béziers (Hérault); Vallès, coléoptériste, à Paris. L’admission de ces membres est prononcée. Sont également admis, comme membres correspondants honoraires: MM. Vambera, à Prague, et Giovanni Roli, de Zara-Dalmatie (Autriche). La séance est ensuite levée. L'un des secrétaires des séances : DELINOTTE. Bibliographie. — Merveilles de La nature. LES INSECTES . PAR" AE. * BREHM (1): Ce livre, dont la 5° livraison vient de paraître, est tout à la fois une biographie des animaux, et un voyage autour du monde, en compagnie d'un naturaliste qui comprend la phy- sionomie des animaux et qui se plaît à raconter ses impres- sions personnelles, ses souvenirs de voyages et à fixer l'état de la science. 4, Librairie J. B. Baillière et fils, à Paris. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE dl Les figures intercalées dans le texte et les planches tirées hors texte sur papier teinté ont été semées dans le livre avec prodigalité : quelques-unes sont le premier dessin fidèle du sujet qu'elles représentent; toutes, exécutées sous les yeux de l'auteur, d'après nature, font revivre les animaux sous la phy- sionomie qui leur est familière, harmonieusement encadrés dans les paysages de leur patrie : ce sont des portraits photo- graphiés avec un si vif sentiment de la nature que, sous les figures noires, on croirait deviner les couleurs naturelles de chaque animal, ou des tableaux de genre pris sur le fait, dans la vie intime des animaux. Cet ouvrage est ainsi à la fois un riche aibum et un livre intéressant qui parle à l'esprit et aux yeux. A ces mérites divers qui en disent assez la valeur, est venu se joindre le précieux concours qu'a bien vouiu nous prêter M. Künckel d'Herculais, aide-naturaliste au Muséum, qui s'est déjà fait connaître par de savants travaux et de brillantes vul- garisations, etqui notamment dans une introduction originale a présenté le tableau complet de la vie des insectes. Pour les savants et pour ceux qui se livrent spécialement à l'étude de la zoologie, ce livre sera, grâce au véritable esprit scientifique et à la méthode sévère de l’auteur, un précieux auxiliaire, assez sérieux pour l'instruire, assez original pour charmer. Pour les praticiens, agriculteurs, industriels, il s'occupera de l’'acclimatation et de la domestication des espèces nouvel- les, de la destruction des insectes nuisibles, de la protection due aux insectes utiles, de leur éducation et de l'emploi des produits qui font la richesse de nos manufactures, etc. Enfin à tous ceux, petits ou grands, qui cherchent dans les lectures sérieuses des joies douces et des émotions vraies; à ceux qui, ne possédant sur l'histoire naturelle aucune notion positive, désirant s'initier à l'étude des merveilles innonbra- bles de l'univers qui se révèlent chaque jour à nos yeux, il apportera profit et plaisir, une instruction amusante et un amusement instructif ; il excitera l’active curiosité de l'enfant, 5 qui retrouvera l'image et l'histoire des BULLETIX D'INSE@TOLOGIE AGRICOLE animaux qui se présen- tentchaque jour à son observation; ilseraun sujet de méditation pour l’âge mûr; mis à la portée de tous les âges et de tous les CAT _ 14 (O[N91DSE] 29 NP 6 ‘SOULOABI SUHp d49}do}d!) T pl SSUOI R odo drprl ‘Soul “Oo; | ain V {LH il (| EE: — I} ft ni | la ; ts it EN (NI ji esprits, s'adressant à toutes les inlelligences, comme à toutes les positions sociales, il répandra partout, au foyer de la famille comme dans l'atelier, les salutaires lecons de la science. Aujourd'hui que la science a sa place faite dans le domaine BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 9 de la littérature et occupe tous les bons esprits, nous nous plaisons à croire que ce livre répond à un besoin, et que cette encyclopédie, où le vrai luxe de l'exécution est uni à un bon marché inusité, prendra sa place dans la bibliothèque de famille. lourmmis rmellifères. Myrmecocystus melliger, SLAVE. C'est à titre de curiosité que le Bulletin d’insectologie relate quelques particularités sur les fourmis mellifères, qu’on trouve dans diverses contrées du Mexique, particulièrement aux environs de Dolorès, où les habitants les désignent sous le nom de Pusilas. Selon l'ouvrage que vient de publier le Rév. M. Cook, de Philadelphie (The Honey Ants of thc Garden of the Gods...). 1e sont les ouvrières majeures, chez ces fourmis, qui produi- sent le miel. Mais au lieu de l’emmaga- siner dans des alvéoles comme lesabeilles, les bourdons, etc., elles le conservent dans leur propre abdomen, qu'elles ont alors fort développé, en forme de boule, semblable à une moyenne cerise. Elles vont cueillir ce miel sur des galles de chêne, le Quercus undulata, produites, elles-mêmes par la piqûre d'un insecte, un Cynips. C’est lorsqu'elles ont fait am- ple récolte que leur abdomen se gonfle Fig. ?. outre mesure. Elles s’en reviennent alors Fotrmimellifére au logis, se cramponnent au plafond de leurs galeries souter- raines et demeurent là immobiles à la disposition de toute la communauté pour lanourriture journalière. Constituées elles- mêmes récipients pour la conservation du précieux liquide, c'est en le dégorgeant dans la bouche de celles qui viennent 10 BULLETIN D 'INSECTOLOGIE AGRICOLE en requérir, qu'elles le dispensent jusqu'à complet épuise- ment, après lequel elles périssent très probablement. Au Mexique, on va à la recherche des nids à l'époque où ces fourmis se trouvent généralement obèses; on s'empare de leurs habitants auxquels on arrache la tête et le thorax ; et l’on re- cueille l'abdomen. On en remplit des plats que l’on sert sur les tables sans autre préparation. Une piqüre de Mouche char bonneuse. NOTE Pour prevenir les effets de ces piqüres 1 Pt PAR M. LE CAPITAINE XAMBEU. Pendant les grandes manœuvres de la 28% division d'infanterie, dans la Drôme, en automne dernier, les che- vaux eurent beaucoup à souftrir de la piqûre des mouches ; l'avant-dernier jour des opérations, c’est-à-dire le vendredi 23 septembre, à Beaumont, à 4 heures du soir, pendant l’ins- tallation au bivouac et au moment où je mangeais un mor- ceau sur le pouce, je me sentis vivement piqué sur le dessus de la main gauche, mais d’une piqûre inusitée ; un coup d'œil sur ma main, et j'eus à peine le temps de voir une petite mouche qui s’envola aussitôt. Je n’attachai sur le moment aucune importance à cette piqûre, je terminai à la hâte mon petit repas afin de m'’as- surer avant la tombée de la nuit de l'emplacement des grand-gardes que le général de division devait venir visi- ter dans la nuit même, et ma tournée faite, je montai à che- val pour me rendre à Montélégier où était le général de Mi- ribel que j'accompagnai pendant son inspection aux avant- postes; durant le trajet, qui ne se termina qu'après minuit. je ne ressentis aucun effet de la piqûre, je pris une botte de paille pour couche, je m'y allongeai après m'être couvert de BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 11 mon manteau et j'allais commencer à m'endormir quand se produisirent de vifs élancements à ma main en même temps qu'un léger frisson de fièvre; l'heure avancée, la fatigue pri- rent le dessus du mal, le sommeil me gagna, à quatre heures et demie du matin je me dégageai de ma couche en proie à un léger malaise. La journée devait se passer en manœuvres, le service exi- geait que je fusse sur pied de bonne heure, l’action recom- mençait, — à cheval et en avant, — j'allais, sans doute, mais vers midi une somnolence pénible s’'empara de moi, je mets pied à terre pendant un intervalle de repos, involontairement, je jette mes regards sur ma main que je venais de déganter, j'y aperçois un petit point blanc avec une légère auréole vio- lacée, indice caractéristique de la pustule maligne. La re- prise de la manœuvre ne me donnepas le temps de regarder, encore moins de réfléchir davantage, il fallait aller jusqu'à Valence en suivant l’action, qui devenait de plus en plus vive. Il fallait encore faire ce jour-là le cantonnement de mon régi- ment, de sorte que le travail incessant détourna complète- ment mon attention, ma main continuait d'être gantée, je ne voyais pas la pustule se former, la manœuvre m'absorbait, les élancements se continuaient, mais je n'avais ni la latitude ni les moyens d'apporter un soulagement à mon mal. Je-fais mon cantonnement à Valence où nous arrivons à la tombée dela nuit. Durant le repas du soir, je parlais de la pi- qûre et des effets qui s'ensuivaient; un de mes camarades me fait observer que son aspect était de nature à m'inspirer de l'inquiétude, — en effet le point blanc de la veille s'était agrandi en s'élevant eu une petite protubérance et le pour- tour violacé avait pris beaucoup d'extension; en me couchant j'appliquai des compresses d’eau fraîche ; mais, aussitôt cou- ché, les élancements se tirent sentir avec une intensité de plus en plus vive, la fièvre me gagna, je passai une nuit très agitée; après la revue du matin, je me décidai à aller acheter de l'acide phénique, je me rappelai avoir lu des exemples de guérison par l'emploi de ce médicament: je versai à plusieurs 1 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE reprises de l'acide sur ma main, principalement à l'endroit de la piqûre, et, si je ne réussis pas du coup à apporter du sou- lagement à la douleur que je ressentais, je crois du moins que j'arrêtai les effets du mal; le point de jonction du bras à l'a- avant-bras était engorgé, le dessous de l’aisselle était aussi gagné; à partir de ce moment et jusqu'à mon arrivée à Lyon, c'est-à-dire pendant quatre jours de route, j'appliquai de l'acide phénique sur la main que je tenais constamment re- couverte de compresses d'eau phéniquée, la pustule aug- mentait de volume, l’auréole violacée avait cependant cessé d'augmenter,mais les mouvements des bras devenaient de plus en plus difficiles ; à ma rentrée à Lyon je me décidai à suivre un traitement régulier, car j'étais loin d'être rassuré: trois fois par jour je plongeai pendant un quart d'heure mon bras dans un bain d’eau de mauve, j'appliquai entre temps sur ma main des emplâtres faits de mie de pain avec du lait, jadditionnai mes boissons comme mes médicaments d'un peu d'acide phénique; les soins, le repos et les émollients rendirent les mouvements à mon bras devenu presque inerte, la pustule suppura, la fièvre diminua, et à partir du cinquième jour de mon arrivée il y eut un mieux qui s'accentua de jour en jour, la suppuration se ralentit et au bout du quinzième jour de traitement je pus constater une amélioration marquée. Il n'en a pas moins fallu continuer les soins indiqués pendant tout le mois d'octobre; alors seulement je cessai de prendre des bains, d'appliquer des emplâtres, je continuai néanmoins de faire usage d'acide phénique à l'extérieur et à l'intérieur. L'épiderme de ma main subit par trois fois une vraie transfor- mation, par trois fois des peaux se détachèrent, l'acide phé- nique, caustique très puissant, avait attaqué l'épiderme et un peu le derme. Quoique aujourd'hui la guérison ne soit pas complète, tout danger a disparu, la fièvre a cessé, il ne reste de la pustule qu'une petite protubérance toujours renfermée dans un disque vineux. Conclusion. — Si la piqûre reçue provenait d'une mouche charbonneuse, ce qui ne me laisse pas le moindre doute, Les BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 135 moyens employés ont dû écarter les suites redoutables qui surviennent en pareil cas. Quels sont ces moyens? L'emploi de l'acide phénique à l'extérieur comme caustique et à l’intérieur comme préservatif de l’inoculation du principe charbonneux, des compresses d'eau phéniquée et des bains émollients. En présence du danger qui nous menace à chaque instant en été, devant le nombre de victimes inconscientes que fait le charbon, il serait utile, jecrois, de faire connaître aux insti- tuteurs les recommandations suivantes, afin qu'ils puissent les propager dans les campagnes, où l'on cite tant de eas de mor- talité inconnus dont quelques-uns peuvent être mis sur le compte du charbon. Dès qu'une personne est piquée par une mouche et qu'une inflammation se produit avec élancements intérieurs, étendre tout de suite sur la partie atteinte de l'acide phénique, que l'on trouve à bon compte dans toutes les pharmacies ; appliquer des compresses d'eau dans laquelle on aura versé quelques gouttes d'acide ; renouveler souvent ces compresses, verser dans chaque verre d'eau ou de vin destiné à la boisson une goutte d'acide phénique, faire prendre à la partie malade des bains émollients, et, si la suppuration s'établit, en favoriser la sortie par des emplâtres faits de mie de pain avec du lait ou de la farine de lin. Il serait encore bon de faire connaître aux gens de la cam- pagne que toute mouche, au moins et surtout les Simulies et les Stomoxes, peut par sa piqûre inoculer le charbon, que la pustule maligne est une des maladies les plus redoutables et qu'une médicationimmédiate est nécessaire. La mouche que j'ai vue sur ma main ressemble en tous points à celle qui tracasse tant en été les chevaux et les bes- tiaux ; elle persiste jusqu'aux premiers froids et c'est au moyen de son dard buccal long et acéré qu'elle produit sa piqûre Lyon,8 décembre 1881. Capitaine XAMBEU, De la Société francaise d'entomologie. 14 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Fraitement particulier. Après avoir écouté avec beaucoup d'intérêt la notice de: M. Xambeu, sur la piqûre charbonneuse, dont il à été victime, je pense qu'il est de mon devoir de compléter le traitement qu'il indique. Aussitôt qu'une personne se trouve piquée, la sensation qu'elle éprouve est comme une piqûre d'aiguille ; elle doit immédiatement, presser les chairs, afin d'en faire sortir le virus charbonneux; il est préférable de faire, à l'endroit piqué, une petite incision, de sucer la plaie en ayant le soin de cracher le sang qui en est sorti. Si vous avez un flacon d'acide phénique ou d'alcali volatil muni de son aiguille en verre, vous piquez l'endroit avec cette: aiguille, qui y dépose une gouttelette d'acide ; cela suffit pour: arrèter le mal dans son germe. Ensuite, panser avec quelques: compresses phéniquées ou phénolées. Les personnes piquées qui n'ont pas toujourssur elles d'acide phénique, phénol ou alcali, devront, après l'incision et la pres- sion, laver desuiteavec de l’urine,enattendantunecautérisation. plus efficace. Le breuvage indiqué par M. Xambeu est excellent mais il serait dangereux de l’employer à plus forte dose. Il ue faut, comme il le dit, qu'une seule goutte d'acide phénique:- dans un verre d'eau ; quatre ou cinq d'alcali, dans un verre- d'eau s’emploient également. Pour les piqûres d'abeilles,. guépes, frelons, retirer l’aiguillon, qui souvent, reste dans la piqûre, et traiter de la même manière. Pour les morsures de vipère et de chien enragé, faire les incisions aussi profondes que possible, bien faire saigner, cautériser plusieurs fois et ligaturer au-dessus de Ja plaie, afin d'intercepter la circulation du sang. Il est toujours prudent pour ces deux derniers cas de voir un médecin. E. LEStEUR. Reméède facile et infaillible contre le charbon. Quand on à reçu une piqüre ou une tache de sang d'un ani- mal charbonneux, il faut,desuite ou au bout de quelques heures, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 15 faire usage de Li-chiorure de mercure (Nulgairement sublime corrosif) en poudre. On découpe en forme d'anneau une petite rondelle de cuir, peau, carton, Hège ou molleton; on l'apolique sur le point charbonneux qu’on recouvre d'une pincée de bi- chlorure. On met par-dessus un morceau de linge sec plié en trois ou en quatre ; et on maintient le tout avec une bande de toile bien serrée. La douleur est vive pendant quelques heures: mais, dès le lendemain, tout danger à disparu. C. MILxer, Ancien inspecteur des forêts. C'orrespondanec Sézanne, 4 janvier 1882 Monsieur le Professeur, Pour peu que le temps soit doux, fyt-ce même en plein hiver, comme ça été le cas dans ces derniers jours de décembre et au commencement de janvier, on voit voltiger ou plutôt planer dans les bois dépourvus de feuilles un petit diptère dont le nom ne me revient pas. Lorsqu'il il y a plusieurs individus sur le même point, on dirait qu'is se recherchent. Pour la plupart des observateurs, ces petits insectes ont l'air de danser. En effet, ils s'entre-croisent incessamment, sans s'écarter beaucoup des endroits qu'ils sem- blent avoir choisi pour leurs ébats. Ne pouvant accepter cette ex- piication tantsoit peu bucolique, j'ai longtemps cru qu'il y avait un autre motif que le plaisir de voltiger ou de danser qui anime ainsi ces légers diptères, celui du rapprochement des sexes; mais contre mon attente, je n'ai jamais pu saisir la moindre tentative d'ac- couplement; au contraire on dirait qu'il y à répulsion. Qu'y a-t-il donc ? Sans vouloir tout à fait rejeter le besoin de rapprochement, entre des sexes différents, voilà ce qui me paraît le plus plausible dans la circonstance, ou du moins ce que je crois avoiriobservé dans les bosquets de la maison que j'occupe à Sézanne. Le temps était fort doux, très calme, le soleil brillait avec éclat quoique nous fussions à la fin de l'année, lorsqu'au lieu de voir plusieurs de ces petits insectes se réunir en ayant l'air par leurs entre-croi- sements de se livrer à une espèce de danse aérienne, je n’en vis qu'un, puis un autre, enfin un troisième se comporter exactement de la même manière, sans chercher à se rapprocher le moins du monde. L'idée alors me vint que ce chassé-croisé pourrait bien 16 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE être tout simplement un effet de la pesanteur. Quelque léger que soitle moucheron ou l'insecte, il m'a paru que parvenu à une cer- taine hauteur, il se laissait choir pour recommencer son ascension. (Le besoin de société n'est sans doute pas étranger à la persistance avec laquelle il reste toujours à la même place et même c’est peut- être la raison principale). Je ne prétends pas avoir trouvé le nœud de cette énigme qui m'intrigue depuis si longtemps; mais ce que je puis affirmer, c'est que mes deux ou trois moucherons ont fait ce manège-là assez longtemps jusqu'à la disparition des rayons solaires au milieu desquels ils paraissaient se complaire; car, une fois lumière et chaleur disparues, ces légers insectes cessent brusquement leurs ébats pour se réfugier sans doute sous les feuilles qui jonchent la terre. Excusez-moi de-vous entretenir d'une pareille futilité, pour ne pas dire niaiserie; mais dans l'étude des infiniment petits, il y a encore tant de choses à noter que je n'ai pu résister au désir de vous communiquer cette petite interprétation vaille que vaille. Dans l'affirmation, si vous croyez devoir la publier, je vous serai infiniment obligé de donner à mon insecte son véritable nom scientifique, car je suis ici à Sézanne sans livres ni collection pour me renseigner ou ime remémorer, passant tout mon temps à des recherches préhistoriques. * Agréez je vous prie... Dr Eugène Robert. NoTA. — Je répondrai le mois prochain. M. G. Echenillage D’après la jioi du 26 ventôse an IV, tous propriétaires, fermiers et locataires sont tenus d'écheniller, avant le 19 février de chaque année, les arbres, haies, buissons, etc. Ils sont tenus de brûler sur-le-champ les bourses et les toiles qui sont tirées des arbres, etc. , et ce dans un lieu où il n'y a aucun danger de communication de feu, soit pour les bois, les arbres et les bruyères, soit pour lés maisons et les bâtiments. On Ôte principalement les bourses du Bombyx cul brun (Ziparis Chrysorrhea), de la livrée (Bombyx Noustria), du Liparis sa- licis, etc. Le Gérant : H. Hammer. Imp. de la Soc. de T yp.- NolzeTTe, 8, r. Campagne-Première. Paris. N° 2. SEPTIÈME ANNÉE Fevrier 1882 SOLE LIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE PRPIRRI. ._… PP mu PPT RPRPPPPS PS PP LSLPII SOMMAIRE : La Cicadelle de la Gironde, par M. Ch. JouBERT. — Insectes ennernis de l’arroche, par M. DiLLox. — Recette pour détruire le tigre des poiriers et le blanc des pommiers, par M. DuvaL. — Autres recettes pour la destruction du puceron lanigère, par M.F. ViGau. — La sérici- culture nouvelle (suite) par M. BALBIANI. — Séance de la Société centrale d'apiculture et d'insectologie. — De la Pyrale de la vigne et des moyens de la combattre, par M. JAUSSON. La Cicadelle de la Gironde. (Suite et fin, voir 6° année.) Les 3, 4, 5et 6 août 1880, continue M. Duthil, nous avons consacré le temps nécessaire pourétudier minutieusement l'in- secte pendant qu'il construisait son nid, et en même lemps qu'il faisait sa ponte. Ace moment il a > millimètres de lon- sueur sur 3 de ciconférence; il est par suite très visible à l'œil nu. Voici ce que nous avons observé : Comme les insectes avaient été élevés dans une serre de 30 mètres carrés, où nous allions les voir tous les jours, ils étaient habitués au bruit, ce qui m'a permis de les obser- ver avec une loupe et de remarquer les moindres particulari- tis de leurs mouvements. L'un d'eux à supporté, à moitié de sa ponte, un déplacement, puis il est revenu vers son nid, qu'il a continué et achevé, en laissant toutefois un petit intervalle entre les deux parties successivement construites. L'insecte fait son nid en reculant, et de bas en haut. Ainsi, s'il veut le placer dans une position verticale, ce qui est assez général, il tourne la tête en bas, et il imprime à son anus un mouvement d'oscillation très rapide, puis il dépose un œuf; l'oscillation recommence et un deuxième œufarrive. Ce ma- nège continue, jusqu à ce que l'insecte ne puisse plus déposer d'œuf sans reculer. 18 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Dès que la moitié de sa ponte est faite, sans remuer les pattes toujours avec le même organe, il recouvre les œufs d'unelé- gère couche de terre. Cela fait, il recule à peu près de la lon- sueur desoncorpsetcontinuesa ponte. Pendant qu'il construit son nid, il ne se déplace qu’une seule fois. Nous pouvons affir- mer que la première couche de terre qui recouvre les œufs est déposée en même temps que ceux-ci, que les pattes de l'insecte ne jouent aucun rôle dans cette opérationet que, le nid achevé,le constructeur ne se retourne même pas pour exa- miner son œuvre, qu'il abandonne pour ne plus y revenir. Il meurt peu de temps après la ponte. La terre qui compose le nid prend en peu d'instants une grande consistance. La construction du nid exige quinze à vingt minutes Il résulte de mes études et de mes expériences, dit en ter- minant M. Duthil, «que la conservation des vignobles dépend beaucoup des soins qu'y apportent leurs propriétaires. «Un nettoyage complet du cep est nécessaire; de plus, ce nettoyage doit être suivi d'un échaudage ou d’un flambage. «Au moyen d'un nettoyage à fond, suivi d'un échaudage énergique, j'ai personnellement conservé en bon état mon vignoble, qui occupe une superficie de quarante hectares en pays phylloxérés. C’est la meilleure preuve de l'efficacité du traitement : » Nous l'avons dit au début de cette étude, il y a dans les notes qui nous ont été communiquées par MM. Petit et Cou- dray, et par M. Duthil, de nombreuses erreurs que nous avons éliminées autant que possible, afin de ne conserver que ce qui pouvait intéresser l’histoire de la Cicadelle. Ainsi la mouche noireet la mouche jaune n'ont aucun rapport avec l'Æysteropterum, ce sont des ichneumons qui vontpondre, comme du reste l'avait déjà observé Reaumur, dans le nid ter- reux de la Cicadelle et dans le nid cotonneux du Zecanium vitis. Ces ichneumons sont des ennemis, des cannibales, qui semblent avoir mission de s'opposer à la grande multiplication des parasites de la vigne. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 1:10) La Cicadellen’a également aucun rapportavecle Phylloxéra. Le Phylloxéra a son existence propre, comme la Cicadelle à la sienne. Les mouches ou ichneumons en ont encore moins, car elles appartiennent à un autre ordre, à l’ordre des hyménoptères. L'une de ces mouches tue la Cicadelle dans son nid, en dé- truit une grande quantité à l’état d'embryon. L'autre va pondre dans le nid du ZLecanium et vit aux dé- pens de ses œufs. MM. Petit et Coudray, ainsi que M. Duthil, confondent tous ces insectes et les regardent comme des transformations d’un même individu. C'est là leur erreur. Pour eux, la Cicadelle, l’ichneumon noir, l'ichneumon jaune, le Lecaniuwin sont même insecte et s'ils ne disent pas catégoriquement que le Phylloxéra est une conséquence biologique de la Cicadelle, on sent qu'ils ie pensent; on est même convaincu, après la lecture attentive de leurs notes, qu'ils en sont persuadés. L'idée d'unité est tellement invétérée chez MM.Petitet Cou- dray, que ces deux observateurs nous ont dernièrement envoyé deux tubes, accompagnés des deux notes suivantes : «Tube n° 3 — Renfermant une feuille de blé sur laquelle « sont déposés des millions de petits œufs. « Tube ne 3 bis — Les mêmes œufs que nous avons déta- « chés, afin que vous puissiez mieux les observer. » Or, ces œufs ne sont autre qu'un champignon bien connu sous le nom de rouille des céréales (wredo) qui se développe sur les deuxsurfaces de la feuille, sous l'aspect de petites proé- minences éparses ou rangées plus ou moins régulièrement en séries linéaires dans la direction de la fibre. A sa maturité, ce champignon se déchire et laisse échapper une poussière jau- nâtre,composée de capsules ou sporanges, contenant des gra- nules qu'on désigne sousle nom de sporules ou organes repro- ducteurs. Ces observations ne sont point des critiques et ne diminuent en rien l’incontestable mérite de MM. Petit et Coudray et de M. Duthil, car grâce à eux, nous possédons aujourd'hui l’his- 20 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE toire biologique d’un insecte dont on avait, jusqu à présent, incomplètement observé l’évolution. Quant à son action pernicieuse sur la vigne, nous la croyons très restreinte, et, jusqu'à preuve du contraire, nous n'atta- chons pas une grande importance à ses dévastations. Il est bon cependant d'y veiller. Dans tous les cas, son mode très apparent de reproduction permet une prompte répression. I! suffit de racler le bois de la vigne et de brûler les raclures. Le gant Sabaté nous paraît même suffisant pour écraser le nid et s'opposer par suite à la propagation de l’insecte P. Ci. JousERT. Eusecies cnnesnis de l'Arroclhe. L'Arroche des jardins, Atripleæ hortensis L. est une plante originaire de l'Asie; elle est de la famille des Chénopodées. On en distingue de trois variétés : la blonde, la rouge et la très rouge. On luidonne aussi les noms de Bonne-Daine, Arronse, Foliette, Prudefemme, Armot et d'Erode. — Tout terrain lui sonvient; elle est cultivée dans les potagers et on s’en sert en cuisine pour adoucir l'acidité de l’oseille. On peut aussi la manger seule préparée comme l'épinard. Elle est attaquée par : Le Puceronde l'Arroche(Aphisatriplicis, Fab).Gethémiptère est d'un noir mat, ovale, fortement bombé; ses antennes sont d'un brun obscur. Vers la fin du printemps et en été, ce pu- ceron se trouve parfois en grand nombre sur l'Arroche; ses dégâts sont très sensibles. Destruction. Employer des arrosages avec des liquides insec- ticides : soit des décoctions de tabac ou de noyer; faire aussi des fumigations de tabac. Autres destructeurs de l’Arroche : la Mouche de la betterave, rongeant les feuilles tout l'été (genre Pegomyia). Le Taupin cracheur, Agriotes sputator, Linn qui ronge les feuilles et les racines. DiLLox. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 2 Recette pour détruire Le tigre des poiriers et le Hilance des pomenicrs, PAR M "DUVAT.: Faire fondre dans l’eau chaude 1 kilog. de sulfure de po- tasse; la quantité d'eau doit être suffisante pour couvrir le sulfure; retirer du feu après la fonte. Ajouter peu à peu, et en agitant toujours, 250 grammes de fleur de soufre. Laisser re- froidir. Appliquer pendant l'hiver, sur toutes les branches des poi- riers y compris les lambourdes, au moyen d'un pinceau; il faut couvrir toute l'écorce et donner deux ou trois couches à une quinzaine de jours d'intervalle; une seule ne suffirait pas. Pour le blanc des pommiers, appliquer seulement sur les branches atteintes, en ayant soin de gratter préalablement les parties où se trouve le puceron, afin de l’atteindre avec certi- tude. Si l'effet n’est pas complet dès la première année, recom- mencer l'hiver suivant. Autres recettes pour la destruction du puceron Ianigéère. On à beaucoup cherché quelque moyen pouvant sûremen détruire le puceron lanigère, cette espèce funeste qui cause de si grands ravages sur les pommiers. Les huiles gras- ses et les pétroles tuent parfaitement les pucerons, et sou- vent du mème coup, les parties berbacées du végétal touché meurent aussi. On a conseillé également de brüler les familles de puceron lanigère en promenant au-dessous des branches une flamme claire. Evidemment cette opération ressemble beaucoup au pavé de l'ours de la fable; si l'insecteestgrillé, l'arbre est rôti, le résultat du procédé est désastreux, et quelque agilité qu'on y mette, on portera toujours une véritable perturbation dans 22 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. la vie de l'écorce et des bourgeons, en supposant d’ailleurs, ce qui n’est pas, qu'on puisse toujours régulariser le flam- bage ; on le voit, ce moyen indiqué par M. Dubreuil est im- praticable. Pour arriver à un résultat pratique, il fallait avant tout pou- voir toucher l’insecte facilement sans endommager la plante, même pendantsa végétation ;leshuiles bouchent les stigmates de l'insecte, et par la même raison elles empêchent la plante de respirer, ce qui occasionne la mort des deux. Il fallait avoir recours aux dissolvants qui ont la propriété, sans nuire aux plantes, de dissoudre la matière glauque du puceron, et de permettre ainsi à une substance insecticide qu'on peut y ad- joindre de le tuer facilement. La potasse, la soude et l'alcool remplissent admirablement cette condition; l'ammoniaque liquide, même concentré, n’a aucune action sur l’insecte. La pharmacie livre un produit qui remplit parfaitement ces conditions, c’est lesulfure de potasse, composé à partieségales de soufre et de potasse : la potasse dis- sout la matière glauque, et le soufre, par sa propriété insecti- cide, tue lepuceron. Après avoir préparé une solution concen- trée de cette substance, et à l’aide d’un pinceau, on l'étend sur le puceron, à la façon du peintre qui veut faire pénétrer de la peinture dans une anfractuosité. Cette substance n’est pascoû- teuse, et elle est appelée à rendre des services très grands et très variés dans l’arboriculture et l’horticulture pour la des- truction de tous les champignons parasites. Un autre moyen consiste à employer l'alcool étendu d'eau; le résultatestétonnant : une seule goutte d'eau-de-vie déposée sur une famille de pucerons lanigères dissout instantanément le duvet blanc, ainsi que la matière colorante rouge marron de l'insecte et le foudroie; rien n’est plus rapide que l’action de l'alcool, et rien n'est plus commode. Lequel des deux moyens employer de préférence? Ils sont excellents l’un et l’autre ; le puceron est fort long- temps sans se représenter aux endroits où ila été traité par le sulfure de potasse, à cause du soufre qui y reste déposé; il BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 23 fl n’en est pas de même avec l'alcool, qui est très-volatil et qui ne laisse pas de trace de son emploi. On ne doit pas considérer cette particularité du sulfure de potasse comme un avantage sur l'alcool, car il faut bien admettre qu'en détruisant avec tous les soins possiblesle pu- ceronlanigère, on n'arrivera pas à en purger une propriété en deux ou trois opérations; on ne les voit pas tous sur la tige ou sur les branches du pommier quand on opère, il en reste sur les racines, qui monteront plus tard à l'arbre. Or si on opère avec l'alcool, il en reviendra dans ces endroits de pré- dilection; si on a opéré avec le sulfure de potasse, il ira s’éta- blir ailleurs, attaquer de nouveaux points dont la peau est sai- ne; d’où un inconvénient. Il faut de plus remarquer que sur les jeunes pousses, toujours si fragiles et si délicates, l'alcool, étendu d'eau, est d'un emploifacile; avec lesulfure de potasse il faut brosser légèrement, ce quipeutblesser les feuilles et Les les bourgeonstrès tendres; avecl'alcool, une simpleapplicaton, sans frottement, ou le liquidé lancé avec un pulvérisateur réussit très bien à tuer le puceron vert, le puceron noiret une foule d’autres insectes qui font le désespoir du jardinier. sera, d’ailleurs, toujours facile de dénaturer cette sorte d'eau-de- vie avec de l’aloès, du tabac ou toute autre substance, ce qui s’opposera à cequ'on en changela destination. Toutes ces subs- tances, les sulfures depotasse et de soude et l'alcool, n’ont au- cune action nuisible nisur les fleurs, et mêmelesulfure de po- tasse, à dose convenable, jouit d'une actionbienfaisante sur la végétation. Les feuiilesdu rosier, du pyrèthre, des arbres frui- tiers,etc., supportentparfaitement le contact du sulfure de po- tasse, même concentré; les feuilles du pommier paraissent S'y prêter moins facilement. F. Vicau. La sériciculture nouvelle, PAR M. BALBIANI (Suite. Voir 6° année) L'Italie a fait aussi de sérieux efforts pour introduire chez elle le ver japonais. Comme spécimen de ses éducations d'A- LA) 4 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE rezzo (Toscane), M. Brizzolari avait exposé un jeune chêne por- tant parmi son feuillage desséché les gros cocons vert pomme du Fama-maï. M.Brizzolari a réussi à acclimater ce ver à soie en Italie avec autant de succès que M. Riscal en Espagne. Pour donner une idée de l'importance des résultats obtenus par cet éducateur, disons que,dans les derniers cinq ans, il a récolté d'une manière presque régulière 26 kilogrammes de cocons pour 100 grammes de graine mise en incubation (1). Il était moins facile de soumettre le ver à soie du Japon aux conditions plus rigoureuses de notre climat du nord de la France. C'est cependant le résultat qu'a obtenu M.F.Bigot aux portes mêmes de Paris, à Pontoise. Commencées en 1870, les éducations de M. Bigot ont été poursuivies depuis cette épo- que avec le zèle le plus louable. Dès 1875, cet éleveur a pu annoncer à la Société d'acclimatation que la naturalisation du Yama-maï sous le climat de Paris pouvait être considérée dé- sormais comme un faitaccompli. Malgré les vicissitudes de nos saisons, toute l'éducation se fait en plein air; les vers mangent parfaitement les feuilles de nos chênes indigènes, et l’éclo- sion de la graine coïncide chaque annéeavec l'épanouissement des bourgeons de chêne, sans qu'il soit besoin de recourir àla réfrigération artificielle pour retarder l’éclosion des œufs. Ce sont bien là les signes d'une acclimatation parfaitement assurée. Avant de quitter les éducations de M. Bigot, disons quel- ques mots de ses intéressantes expériences de croisement des Attacus Yama-mat et Pernyi,bien qu'elles ne présentent qu'un intérèt purement physiologique et n'aient conduit jusqu'à présentà aucune application pratique. M. Bigot s’estassuré que les mâles de Yama-maï, s'accouplentavec la plus grande faci- lité avec les familles de Pernyt et que le résultat de ce croise- ment est la ponte d'œufs féconds assez nombreux. Il est beau- coup plus difficile d'obtenir inversement le croisement des 4. 100 grammes de graine de Yama-mai correspondent, comme on le sait, pour le rendementen Cocons, à environ 12 ou 14 gremmes de graines de ver à soie du mûrier. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 29 4 mâles de Pernyt avec les femelles de Fama-maï, et ces unions restent le plus souvent stériles. Les vers hybrides pré- sentent au premier âge une coloration qui n’est exactement ni celle de l'espèce mâle, ni celle de l'espèce femelle, ou le résultat de leur combinaison, comme cela s’observe souvent dans ces sortes de croisements; mais après la première mue,tous les vers ont une tendance à se rapprocher du type Pernyt, et cette tendance ne fait que s'assurer davantage avec les mues sui- vantes. Le cocon participe pour la forme et la couleur aux ca- ractères du cocon dans chaque espèce; il est gris brun avec une teinte verdâtre. Il serait intéressant de poursuivre ces expériences et de s'assurer si ces hybrides peuvent se reproduire entre eux et pendantcombien degénérations ils conservent leurs caractères intermédiairesou mixtes. D’après tout ce que nous savons de ces croisements d'espèces différentes, il estplus que probable qu'au bout d'un certain nombre de générations ils finiraient par retourner au type de l’une des deux espèces dont ils sont issus. C'est ce qui a été remarqué pour les produits du croise- ment du ver à soie de l’ailante (Attacus Cynthia)etdu ver à soie du ricin (A. Arrindia), obtenu autrefois par Guérin-Méneville Au rapport de M. de Quatrefages, ces hybrides, élévés au Mu- séum d'histoire naturelle, étaient presque tous revenus dès la septième génération au type de Cynthia. La Belgique elle-même, bien que son climat soit peu favo- rable à la sériciculture, n’a pas voulu rester en arrière dans les tentatives d’acclimatation des nouveaux vers à soie. Dans l'exposition de M°° Simon de Faisseaux et son fils (de Bruxelles), disposée d'une manière intéressante pour l'étude de l’insecte et de ses produits, on remarquait, parmi de beaux échantillons de cocons et de soie grège du Bombyæx mori, les produits naturels et ouvrés de l’Attacus yama-maï. Ces édu- cateurs sont bien près d’avoir réussi à acclimater le ver japo- nais en Belgique. En 1878, ils ont mis à éclosion 4.000 œufs: l'éducation, faite sur chênes vifs de la Campine belge à pro- duit 2.000 cocons obtenus sur chêneaux de six ans. L'éclo- 26 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE sion, qui a eu lieu du 18 avril au 5 mai, coïncidait parfaite- ment avec l'épanouissement des feuilies de chêne, et les pertes ont été relativement minimes. Pendant la durée de l’éduca- tion, les vers ont supporté des pluies persistantes, des vents violents et une température variant de — 5 degrés centigra- des à + 27 degrés centigrades. Le grainage s’est fait dans de bonnes conditions. Du reste, les intempéries du climat de la Belgique ne constituent pas le principal obstacle contre le- quel eurent à lutter les éducateurs; les pertes occasionnées par les animaux destructeurs, oiseaux et souris, sont bien sensibles et d'autant plus fâcheuses qu'on n’a pas encore réussi à garan- tir contre ces déprédateurs les vers dans les éducations en plein air. La Belgique sera probablement l'extrême limite à laquelle pourra s'étendre vers le Nord l'élevage du Farna-mai en Eu- rope. Déjà en Angleterre, si nous en croyons M. Alfred Wailly, l'acclimatation de ce ver devient inpossible, à cause des gelées tardives, fréquentes dans ce pays, qui font périr les jeunes chenilles. L'Atiacus Pernyi n'y paraît pas prospérer beaucoup mieux. M. Wailly espère de meilleurs résultats des bombycides de l'Amérique du Nord, notamment de L’Attacus Polyphemus, es- pèce polyphage, à laquelle le climat froid ethumide de l’Angle- terre paraît mieux convenir qu'à ses congénèrés asiatiques. III L'autre espèce de ver à soie du chêne (Attacus Pernyi), originaire du nord de la Chine, a été, elle aussi, depuis une dizaine d'années, l’objet de nombreuses tentatives de propa- gation dans les divers pays de l'Europe: ce qui s'explique du reste par les excellentes qualités de son cocon, qui est ferme comme celui du Yama-maï, volumineux et donne au dévi- dage une soie souple et brillante, plus estimée même par cer- taines personnes que celle de ce dernier. Mais le Pernyi diffè- re, Comme on sait, du Fama-mai en ce qu'il est bivoltin BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE DE c’est-à-dire se reproduit deux fois dans la même saison, à la manière de certaines races de vers à soie du müûrier. Sous le climat de la France et des autres pays tempérésde l'Europe, les sujets formant la deuxième génération n’ont pasle temps d'ac- complir toutes leurs métamorphoses dans la mème année, mais hivernent à l’état de chrysalidesqui n’éclosent que le prin - temps suivant. Il arrive même souvent, lorsque la saison est froide, que les vers sont retardés dans leur développement jus- qu'à ce que les feuilles de chêne viennent à manquer, ec pé- -rissent ainsi faute de nourriture. Beaucoup d'éducateurs, re- butés par les difficultés causées par ces particularités de l'évo- lution de l'A.Pernyi et les échecs répétés qui en ont été la con- séquence, ont délaissé cette espèce ea faveur du Fama-mai, qui est univoltin et à cause de cela plus facile à élever. Ces obstacles créés par l’évolution du Pernyi n'existent pas dans les contreés méridionales de l'Europe, où le développe- ment s'effectuant plus rapidement que chez nous, permet de faire deux éducations entières dans le cours de la même sai- son .Aussi c'est un succès complet que nous avons à enregis- trer en signalant les essais d'éducation du Pernyi faits par M {Perez de Nueros dans la province de Barcelone (Espagne).Les détails nous manquent encore sur les procédés d'élevage de M. Perez de Nueros, et nous ne pouvons que constater ici les heureux résultats qu'on a pu apprécier dans la section espa- gnole de l'Exposition universelle de 1878. Nous avons signalé précédemment la réussite non moins complète des éducations de Yama-maï entreprises par M. de Riscal darisle même pays; de sorte que l’on peut dès à présent féliciter l'Epagne de la double conquête qu'elle a faite des deux précieux auxiliaires du ver à soie du murier. Le nouveau monde fournit aussi son contingent de bomby- cides producteurs de soie, dont la propagation en Europe est tentée depuis un temps plus ou moins long. Ce sont pour la plupart des espèces originaires du Canada ou des parties tem- pérées des Etats-Unis, telles que les Aftacus Cecropia, Luna, Prometheus, Polyphemus, etc. Mais les éducations entreprises 28 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE avec ces espèces ne sont guère sorties jusqu'ici du cercle de simples essais d'amateurs. Cependant, si l’on considère l’analogie que le climat de leur pays natal présente avec le nôtre, la facilité avec laquelle on peut les élever, car la plupart sont des espèces polyphages, enfin l'excellente qualité de la soie que fournissent plusieurs d'entre elles, on trouvera dans toutes ces circonstances de sé- rieux motifs pour tenter des éducations en grand qui auraient certainement chance de réussir. Quel intérêt n’aurions-nous pas à acclimater chez nous des espèces séricigènes que l'on peut nourrir avec le hêtre, le chêne, le châtaignier, le saule, le plataue, en un mot avec les végétaux les plus divers et les plus répandus. Cela revient à dire qu'on pourraitles élever partout. C'est à ces espèces surtout qu'on peut appliquer ces paroles de M.E. Blanchard que nous rappelons au commencement de ce travail : « Les gens les plus pauvres de nos campagnes trou- veraient autour d'euxla nourriture deces nouveaux vers à soie. Jsobtiendraient ainsi un produit d'une assez grande valeur. » Enfin une dernière espèce, l’Attacus Aurota, de l'Amérique du Sud, que l'on commence à domestiquer au Brésil pour la beauté et l'abondance de sa soie, pourraitêtre acclimatée si, non en France, dont le climat ne lui conviendrait sans doute pas, du moins en Algérie, où il serait aussi facile de cultiver le ricin dont la chenille se nourrit. (A suivre). Société centrale d’apiculture et d’issectolegie. Séance du 18 janvier. — PRÉSIDENCE DE M. HENRIOY. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. On procède au renouvellement des membres du bureau et du Conseil d'administration sortants. Ces membres sont réelus: ce sont, MM. le D' Marmottan, président; de Liesville, vice-président, Delinotte et Malessard, secrétaires des séances; Saint-Pée et Vienney, membres du Conseil d'administration. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 29 Le bureau se compose donc, pour 1882, de MM. Marmottan, président; Henricey et de Liesville, vice - présidents ; Vignole assesseur, Hamet, secrétaire général; Delinotte et Malessard, secrétaires des séances; Pillain, archiviste; Sigaut, trésorier, et ajoutés à titre de membres du conseil administratif : MM. Bailly, Saint Pée et Vienney.— sont nommés membres du bureau de Ia section d'insectologie générale; MM. Maurice Girard, président; Millet, vice-président; Ch. Joubert, secré- taire; E.Lesueur, secrétaire adjoint. Section de sériciculture, MM. le Marquis de Ginestous, président; Frédéric de Boulle- nois, vice-président; M”° la baronne de Pages, secrétaire. Vu l'absence du trésorier, la vérification des comptes est ajournée à la séance prochaine. On s'occupe de la correspondance. M. Berthault, de la Roche- sur-Yon, signale que, quoi qu'il fasse, il à toujours quelque cas de loque, qui à été apportée dans son rucher par une co- lonie italienne. Mais il a constaté que la terrible maladie exis- tait à l'état endémique dans le pays. Aussi existe-t-il, dans cette partie de la Vendée, ce dicton populaire : « Pourles abeilles quand ça va bien, ça va bien; mais quand ça com- mence à décliner, tout est perdu. » Une discussion s'établit sur la valeur des proverbes populaires, et l’on tombe d'ae- cord que la lumière en a fait mentir un certain nombre. Celui sur les abeilles ne doit pas résister aux soins intelli- sents, bien qu'il soit difficile d'extirper la loque dans les can- tons où elle est développée et où les apiculteurs ne se çcon- certent pas pour la combattre. M. Baud, de la Chaux-sur-Champigny (Jura), commu- nique le moyen qu'il emploie pour obtenir des essaims pri- maires de ruches qui n'ont pas de dispositions à essaimer, et pour empêcher l'essaimage secondaire sur celles qui en ont donné un primaire. Lorsqu'il entend le chant des mères sur une ruche qui à essaimé, il se hâte d'enlever de cette ruche toutes les cellules maternelles avec couvain, moins une, et il greffe les cellules maternelles enlevées dans les souches 30 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE dont il veut obtenir un essaim primaire. Ce moyen lui réussit presque toujours. Sont présentés pour faire partie de la société: MM. l'abbé Saint-Jean, à Labets ( Basses Pyrénées); Ed. André, natura- liste, à Beaune (Côte-d'Or) ;Fr. Cerny, instituteur, à Guissan ( Aude ). L'’admission de ces membres est prononcée et la séance est ensuite levée. L'un des secrétaires : DELINOTTE. De la Pyrale de la vigne et des moyens de la combattre (l). Dans les circonstances si critiques que traverse la viticul- ture, il semble que tout ce qui ne se rattache pas au Phylk loxéra, tant pour arrêter ses ravages que pour réparer les dé- sastres qu il a causés, doit être sans intérêt. Là où le mal est si grand, que l'existence de la vigne et notre fortune sont compromises, il semble presque puéril de s'occuper des maux accessoires qui, alors que nous étions en pleine prospérité, pouvaient nous paraître sérieux, mais qui le sont bien peu en présence du grand fléau. En effet, si la récolte, le revenu étaient. amoïindris, perdus même, par le fait des diverses maladies des insectes si variés qui, depuis plusieurs années, se sont rués sur ce précieux arbuste, il ne succombaït pas, le capital restait toujours, on pouvait attendre une solution. Néanmoins, l’année dernière, un des insectes les plus dan- gereux, la Pyrale, a fait assez de mal pour que j'aie pensé que son étude et celle des moyens de la combattre ne manque- raient pas d'actualité et pourraient être utiles à bon nombre d'entre nous. Cette étude m'a paru d'autant plus importante que, de tous les insectes ampélophages, la Pyrale est celui dont les effets sont les plus persistants; qu’elle n’abandonne pas de bien longtemps les vignobles dans lesquels elle à élu domicile, alors que les autres, tels que l’altise, le gribouri ou 1. Mémoire lu au comice agricole de Béziers, séance du 5 février 1882. BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 5h écrivain, l’attelabre ou cigareur, la noctuelle ou porquet, dispa- raissent sans cause connue après une ou deux années, et que la Cochylis elle-même, dont les ravages peuvent être comparés au moins à ceux de la Pyrale, disparaît souvent spontanément, sans que l’on ait fait aucun traitement pour la détruire. La pyrale (Pyr, feu), nom qui lui a été donné comme ex- primant les ravages qu'elle occasionne (2) (il semble que le feu ait passé dans les vignobles où elle sévit avec intensité), est un des insectes destructeurs qui a été le mieux étudié. M. Au- douin, dans son magnifique ouvrage sur les insectes ennemis de la vigne, la décrit avec la plus minutieuse exactitude; c’est là que je puise les quelques détails techniques ci-après : La Pyrale est un insecte de l'ordre des Lépidoptères, qui comprend tous ceux que l’on désigne sous le nom de papil- ons. Les lépidoptères subissent des métamorphoses complètes, c'est-à-dire qu'ils sont au nombre des insectes qui passent successivement par quatre élats durant lesquels leur organi_ sation intérieure et extérieure, leur genre de vie, toutes leurs habitudes enfin, si on les compare entre eux, ne présentent aucune similitude. Ces quatre états sont: le papillon, l'œuf, la chenille et la chrysalide. Le papillon de la Pyrale est jaunâtre, à reflets plus ou moins dorés; il est de la forme d’un ovale coupé par le milieu, sa tête étant à la partie restée intacte. Il a deux paires d'ailes, dont la paire supérieure forme gouttière; elles portent une tache et trois bandes plus ou moins brunes. Le papillon mâle est plus petit que le papillon femelle : il a 10 millimètres au plus, celui de la femelle en a 15. La tache etles bandes brunes sont très peu sensibles sur ce dernier, quelquefois même n'existent pas. Les papillons com- mencent à se montrer du 10 au 20 juin. La durée moyenne de leur vie est d'environ dix jours ; quelques-uns périssent très (2) Ceci est erroné ; le mot Pyrale est un nom général donné à des petits papillons attirés par les lumières (la Réd.). 92 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE peu de temps après leur accouplement, souvent deux, trois jours après leur sortie de la chrysalide. Dans l’action du vol, les papillons s'élèvent peu au-dessus du sol, et leur vol n'est pas de longue durée; ils partent Fig. 3, Pyrale de la vigne, transformations d'un cep pour aller à un autre qui n'est pas bien éloigné. Le matin et le soir au crépuscule, on en voit beaucoup voltiger. Dans lé jour, ils sont presque toujours immobiles, à moins qu’ils ne soient effrayés par quelques mouvements. Quand il fait beaucoup de vent, ils se cramponnent aux feuil- les et aux tiges et se déplacent très peu, même aux heures crépusculaires. Ils affectionnent principalement les bas-fonds et les versants des coteaux. Ils sont sensiblement moins abon- dants dans les terrains élevés. L. JAUSSON. (A suivre). Le Gérant : H. HAMEr. Imp. de la Soc. de T yp.- No1zETTE, 8, r. Campagne-Première. Paris, mer F6 RÉ Eee No 4. SEPTIÈME ANNÉE Avril 1882 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : De la pyrale de la vigne et des moyens de la combattre {suiîte), par M. JAUSSAN. — Société centrale d'apicuiture et d'insecto- logie, séance de mars 1882.— Bibliographie, par M. MAURICE GIRARD.— Les Bourdons des champs (suite). RPPPLSLPIPIS nr De la pyrale de la vigne etdes moyens de la combattre (suite, voir p. 33 ). Après l'éclosion, on trouvera un certain nombre de pa- pillons de pyrales et quelques ichneumons; souvent même le nombre des individus sera plus grand que celui des chrysa- lides enfermées, car l'ichneumon peut avoir déposé plu- sieurs œufs dans lamême chenille. Plusieurs espèces d'ichneu- mons attaquent les chenilles des pyrales, et quand ces in- sectes se multiplient beaucoup, cela peut amener de grands changements dans la marche du fléau. Néanmoins, malgré le concours de cet allié, il est prudent de ne pas s'endormir dans une fausse sécurité, et de ne pas compter sur les intempéries des saisons, car les grands froids niles inondations n'ont jamais amené de changement dans la propagation du terrible insecte. Aïde-toi, le ciel t'aidera. DES MOYENS DE COMBATTRE LA PYRALE Les mœurs de la pyrale étant bien connues, deux moyens de la combattre se présentaient; ou la poursuivre et l'enlever aussitôt que, sortant de sa léthargie et quittant sa retraite d'hiver, elle gagnait les jeunes bourgeons pour y chercher sa nourriture et parcourir les différentes phases de son existence; ou bien, l’atteindre par un procédé quelconque, alors qu'elle était encore sous les écorces, et l'empêcher ainsi de commencer ses ravages. Le premier de ces moyens paraissait tout naturellement 50 BULLETIN D’INSECTOLOGI EAGRICOLE indiqué, mais on dut y renoncer bientôt. Lorsque les pontes de l’année précédente avaient été très considérables, toutes les jeunes pyrales ne montant pas en même temps sur les bourgeons, il arrivait qu'une fois les premières enlevées, il y en avait tout autant quelques jours après; quand l'invasion était grande, on ne pouvait pas dominer la situation, et, de plus, cela coûtait fortcher. Cependant comme en certains cas, au début d'une invasion, par exemple, ce procédé peut rendre des services, j'en parlerai plus tard incidemment, ainsi que de quelques autres qui sont à l'étude, mais qui, n'ayant pas donné des résultats bien certains, ne doivent être conseillés qu'à titre d'essai. Je ne vous parlerai que de ce qui est bien connu, indiscutable, de ce qui a déjà fait ses preuves. Les deux moyens les plus employés, je pourrais même dire “les seuls, sont l'échaudage et le clochage. Tous deux donnent des résultats certains, efficaces; leur combinaison permet d'opé- rer sur de très grandes surfaces, à des prix relativement peu élevés qui rendent cette opération très avantageuse, même dans les conditions les plus défavorables de vente du vin ou de production. Je vais avoir l'honneur de vous entretenir, avectous les détails nécessaires, de ces opérations si impor- tantes. De léchaudage. L'échaudage ou ébouillantage consiste à répandre sur le tronc et les bras de la souche une certaine quantité d'eau bouillante; cette eau, imbibant les écorces et pénétrant jus- qu'au bois, tue les chenilles de pyrales qui s'y sont réfugiées pour y passer l'hiver. La première idée de l'échaudage re- monte à l’année 1845; elle est due à un viticulteur de la Bour- gogne, M. Raclet, de Romanèche.Il fit construire des petites chaudières en fonte qui pouvaient être portées par deux hom- mes, dans lesquelles les femmeset les enfants venaient prendre l’eau en ébullition pour arroser les souches. Depuis lors, ce matériel a été bien perfectionné, le travail a été rendu plus facile, l'économie plus grande ; mais tout l'honneur de cette BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 51 découverte revient à M.Raclet, da Romanèche, Les chaudières dont nous nous servons aujourd'hui sont en cuivre, avec grille tubulaire; elles sont d'un transport facile etn'emploientquetrès peu decharbon.Tousnos constructeurs chaudronniers les fabri- quentavecla plus grande intelligence et la plus grandesolidité. La première condition, et la plus importante pour bien opé- = rer, est que l’eau soit à une température aussi élevée que possible, pour cela, il ne faut pas la transporter à une dis- tance trop grande; elle pourrait serefroidir dans le trajet, et, perdant en outre une partie de sa chaleur à réchauffer les écorces, elle pourrait ne pas arriver à une température suffi- sante pour produire un effet utile. La température nécessaire paraît. osciller entre 60 et 80 degrés. Pour arriver à un résul- tat satisfaisant, il faut placer la chaudière au centre d'un carré de 14 souches, de façon à ce qu'il y ait 7 souches devant, au- tant derrière et de chaque côté. La distance à parcourir sur les perpendiculaires, quand la vigne est plantée sur 1 m. 50, est alors de 9 m. 75, et dans les diagonales, de 15 m.75. Pour servir une chaudière, il faut un homme qui alimente le feu et cinq femmes pour distribuer l'eau; une d'elles aide l’homme à la 5hanger de place. Il faut, de plus, si l’on a deux chaudières, deux hommes transportant l’eau à pied-d'œuvre, soit que l’eau ne soit pas éloignée, et alors ils la puisent dans le fossé ou réservoir, ou bien ils la transportent dans des fûts pleins que l’on aura amenés à la vigne. En adnfettant une distance de deux kilomètres de la vigne à l’entrepôt d'eau, il faut, pour deux chaudières, une mule ou un cheval et son conducteur. Une fois la chaudière en place, le feu bien allumé, l’eau entre bientôt en ébullition: on le reconnaît quand la machine se met à siffler; les vapeurs qui se sont dégagées se sont ac- cumulées dans la portion restée vide de la chaudière, et, quand elles ont acquis une assez grande tension, elles s'é- chappent par la petite ouverture qui leura été ménagée et qui est en forme de sifflet; c’est le signal de la mise en train. Chaque chaudière est munie de deux robinets par lesquels ù 2 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Qt s'écoule l'eau; chaque femme estmunie d’une cafetière en mé- tal d'une contenance d'un litre. Le chauffeur ne doit permet- tre de prendre de l’eau que quand le sifflet est en action. Aussitôt qu'une cafetière est remplie, le chauifeur doit ver- ser une quantité égale d'eau froide dans la chaudière: cela est très important, car, en remplaçant tout de suite la quantité relativement petite qui a été enlevée, l'ébullition ne s'arrête pas ; tandis que, si on enlevait 5 ou 6 litres et qu'on remiît en une seule fois la même quantité d'eau froide, il y aurait un temps d'arrêt, temps perdu par conséquent. Le chauffeur doit veiller à ce que la chaudière soit tou- jours pleine ; cela lui est très facile, en ouvrant de temps en temps un petit robinet placé en face de lui et qui indique le niveau de l’eau. a Chaque femme, une fois sa cafetière remplie, doit aller le plus rapidement possible à la souche qu'elle doit ébouillan- ter; elle doit commencer par le bas, décrire comme une spi- rale et monter graduellement jusqu'à l'extrémité des ceps. Elle doit aller lentement, pour que la chaleur ait bien le temps de pénétrer. Si elle commençait par le haut, l'eau qui s'éaoulerait le long dela souche se refroidirait rapidement par le fait de l’évaporation, et, quand on arriverait sur ces parties, on aurait à réchauffer cette eau et les écorces, ce qui aug- menterait la difficulté. Si l'on passe trop rapidement, on éco- nomise sañs doute un peu d’eau, mais il pourrait se faire que le maximum d'intensité de chaleur ne parvint pas là où il doit agir. Il faut tâcher de pénétrer dans tous les replis, dans toutes les anfractuosités et, si c'est possible, sous tous les ceps qui sont dans une position horizontale ; en un mot, il faut appor- ter le plus grand soin; un échaudage bien fait produit des ré- sultats merveilleux. Pour éviter le refroidissement dans le trajet, on pourrait recouvrir les cafetières en gros drap ou en étoffe de laine épaisse. Quand on à terminé le carré formé par les 14 sou- ches de côté, on transporte la chaudière 14 rangées en avant. 32 Le BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 53 En partant, le chauffeur doit mettre sa chaudière au plein et ajouter un peu de charbon; l'ébullition ne s'arrête pas ou re- prend avant que la nouvelle installation soit terminée; on recommence de la même facon, et ainsi de suite.Dans lajour- née, le chauffeur doit nettoyer son feu et vider l’eau contenue dans la chaudière ; car si, pendant la nuit, il survenait une gelée, celle-ci pourrait éclater. Il doit même la renverser, si l'on avait à craindre quelque bourrasque de vent. Depuis quelques années, on a modifié le système de distri- bution d’eau bouillante d’une manière, à mon avis, très avan- tageuse. Trouvant de la difficulté à se procurer le nombre de femmes vouiues pour cette opération, et obligé de les rempla- cer par des hommes, ce qui la renchérissait beaucoup, un propriétaire, dont j'ai le plus vif regret d'ignorer le nom;,-eut l'idée de supprimer les cafetières et d’ébouillanter directement la souche au moyen ‘de tuyaux en caoutchouc placés à cha- cun des robinets; avec cette nouvelle organisation, l’équipe se compose du chauffeur et de trois femmes: une femme qui aide à transporter la chaudière et met à pied-d’œuvre l'eau et le charbon répartis dans la vigne par les ouvriers chargés de ce soin, et deux autres qui manient chacune un des tuyaux en caoutchouc. Dans ce nouveau cas, il faut changer plus souvent la chaudière de place. Si, en effet, on mainte- nait la première disposition des 44 souches en carré, il fau- drait, pour atteindre la dernière souche de la diagonale, un tuyau de 16 mètres, ce qui serait extrèmement gènant ; on ré- duit le carré à 8 souches de côté; un tuyau de 5 m. 50 est suffisant pour atteindre l'extrémité de la diagonale. Chacun decestuyaux est muni d’une petitelance en fer-blanc de O0 m40 à 0 m.50 delong, et terminée par un bec recourbé.Pouropérer dès que la machine est en ébullition, le chauffeur ouvre les deux robinets et l’eau s'écoule par les tuyaux; son passage est très rapide, actionné qu'il est par la tension de la vapeur maintenue par les parois supérieures de la chaudière. On peut l’augmenter encore en chargeant la petite soupape de sûreté, dont elle est munie. Le jet d’eau chaude jaillit de D4 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 0 m. 50 à 0 m. 60 en dehors de l'extrémité de la lance. La fem- me procède à l’ébouillantage, comme il a été dit, avec la ca- fetière, elle va d'une souche à l’autre sans discontinuer, sans perte de temps. Une fois le carré terminé, le chauffeur, prenant les mêmes précautions, porte la chaudière 8 rangées en avant. Les femmes chargées des tuyaux les tiennent ramassés dans la main, en ayant soin de tenir la lance élevée bien au-dessus du niveau de la chaudière. Quand elles commencent le nou- veau carré, il est bon de laisser écouler sur le sol un peu d'eau, celle qui est restée dans le tuyau pendant le trajet et la du- rée de la nouvelle installation ayant pu se refroidir. (A suivre.) Société centrale d’apiculture et d’insectologie. Séance du 15 mars 1882 — PRÉSIDENCE DE M. MAURICE GIRARD « Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le secrétaire général entretient l'assemblée de l'état de la question relative à l'établissement de la Société. Voici une note qui a été, par ses soins, envoyée à la presse sur l'Ecole d'insectologie de Montsouris. « Depuislongtemps la Soctété centrale d'apiculture et. d'in- sectologie, dont M.le D' Marmottan est le président, poursuit la fondation d'une école d'insectslogie. Cette école doit être établie au pare de Montsouris, dans un terrain de près de 4.000 mètres, que la ville de Paris a, dans ce but, concédé à ladite Société. — L'école d'insectologie comprendra l'étude et la pratique des insectes auxiliaires, et la recherche des moyens efficaces de combattre les insectes nuisi- bles. « Déjàla Société a commencé l’enseignement pratique en ce qui concerne les abeilles. A la suite de son cours public d'api- culture au jardin du Luxembourg, en avril et mai, M. Hamet, secrétaire général de la Société, fait, en mai et juin, des répé- titions à Montsouris où est construit un rucher expérimental. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 55 Sous peu la Société sera en mesure de donner un enseigne- ment séricicole ; elle s'occupe de la construetion d'une ma- gnanerie et ses plantations de müûriers vont pouvoir permet- tre des éducations de vers à soie. — Elle ne pourra s'occuper des insectes auxiliaires (les amis des plantes) et des insectes nuisibles que quand sera faite la construction du pavillon, indispensable pour loger ses collections, ses appareils et ses divers moyens d'études. « Nous apprenons que M. le Préfet de la Seine doit deman- der prochainement au conseil municipal de voter le crédit nécessaire pour la construction de ce bâtiment. « Il importe d'appeler l'attention &es agriculteurs : 1° sur les ravages croissants des insectes nuisibles; 2° d'étudier les moyens de combattre efficacement ces ravages, qui se chif- frent annuellement par des centaines de millions; 3° de pro- pager le plus possible les connaissances de ces moyens, afin de sauvegarder nos récoltes. — Sans parler du terrible phyl- loxera qui est arrivé à diminuer de plus d'un tiers l'étendue de nos vignobles, il faut vivement se préoccuper des insectes ennemis de nos céréales dont les ravages s’élendent de plus en plus, ainsi que de tous les insectes qui attaquent les autres plantes cultivées. « L'école d'insectologie de Montsouris réunira une sorte de Parc aux insectes qui mettra sous les yeux du public : 4° les insectes cultivés, avec l'application des méthodes rationnelles pour en tirer bon profil ; 2° les insectes auxiliaires au milieu de leur élément et de leur travail; 3° les insectes nuisibles à côté de leurs dégâts. — Il faut montrer au public, afin de lui apprendre à les conserver avec soin, les mammifères, les oi- seaux et les reptiles qui détruisent les insectes nuisibles ; il faut les lui montrer de façon à ce qu'il comprenne qu'il y a là un intérêt matériel et non la satisfaction d'une simple curio- sité; c’est l'inverse de ce que produit la vue de la plupart des - Collections de nos musées. « L'enseignement qu'il s'agit de fonder comprendra donc l'étude des insectes utiles, étude ayant surtout pour but de 06 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE découvrir les maladies qui les déciment, et, au moyen d'une éducation plus rationnelle, d'accroître leurs produits ; l'étude des auxiliaires les plus utiles pour nous débarrasser des nuisibles. « La Société d'apiculture et d'insectologie compte atteindre le but qu'elle poursuit par les leçons régulières qu'elle don- nera sur les diverses branches de l’insectologie générale, par des conférences, par des exhibitions périodiques (exposition des insectes) et des expositions permanentes, ainsi que par des expériences publiques. » M. Lesueur demande que l'attention publique soit appeléesur la prochaine exposition des insectes, qui aura lieu l’année prochaine (1883), afin que dès maintenant les collectionneurs se mettent en mesure de pouvoir y figurer. M°° la baronne de Pages entretient l'assemblée de séricicul- ture ;elle dit que les Chinois font la graine dansla plaine pour les éducations sur la montagne, et viee versa. Elle ajoute qu'il est bon que nos éducateurs imitent cette manière de procé- der. Elle signale un établissement polonais de grainage où l'on pourrait se fournir avec plus de chance que dans l'Italie et ailleurs où la maladie est développée. Le secrétaire parle de la vigueur extraordinaire des mûriers plantés à Montsouris, et dit qu'une éducation de vers pourraitêtre faite cette année si la magnanerie était édifiée. Il pense qu'il faudra plus viser au grainage qu'à autre chose. Quant aux chênes plantés il y a deux ans, ils prospèrent peu jusqu'à ce moment : le sol rap- porté, composé de platras et terre mélangés, dans lequel ils se trouvent, paraît peu leur convenir. M. de Souhy, de Mauléon, présente une ruche composée de 9 cadres mobiles, et qui se divise en trois parties. Plusieurs membres critiquent certaines parties’ de cette ruche, notam- ment sa capacité peu étendue. M. Hamet répond qu'on n'est pas astreint àces dimensions, non plus qu'au nombre de cadres donnés, ainsi qu'à leurs dimensions. Le président croit être l'interprète de l’assemblée en adressant des remercîments à M. de Souhy pour l'envoi de sa ruche qui sera placée dans la collection des instruments de la Société. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 57 M. Maurice Girard offre, pour la bibliothèque de la Société, une note portant pour titre: « Les Tenthrèdes des Pins. » Remerciment. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Le Secrétaire : DELINOTTE. Bibliographie, — Zes Parasiteset les maladies de la vigne, par M. En. ADR, 1 vol. gr.in -12avec grav., Beaune, 1882. Le goût de l'entomologie appliquée tend peu à peu à se- répandre. Des membres de la Société entomologique de France arrivent comprendre que la classification et la collec- tion ne sont pas le but unique de la science, qu'il faut join- dre la pratique à la théorie et chercher à améliorer les con- ditions vitales de l'humanité, en détruisant les ennemis de nos cultures. Un des membres de cette Société, et qui, en même temps, est un de nos collègues, M. Edmond André, de Beaune, ne s'est pas contenté de publier un excellent traité des hymé- noptères de France, dont nous avons déjà rendu compte à plusieurs reprises dans notre Bulletin, il vient de faire paraître un livre appelé à rendre de grands services aux viticulteurs. Après des considérations générales sur le parasitisme et sur le développement hors de proportion des insectes nuisibles en raison même des cultures intensives dues à l’homme civi- lisé, M. André passe en revue les principaux ennemis de nos vignobles, en ayant soin de donner pour chacun d'eux un index des ouvrages qu'il est important de consulter. La pyrale de la vigne (Œnophthira Pilleriana, Denis et . Schiffermuller) est undes parasites les plus anciennement connus. Ce lépidoptère disparaît souvent pendant plusieurs années, en se remontrant de temps à autre par invasions désastreuses ; dans le seul arrondissement de Beaune, cet insecte enlève chaque année environ un tiers de Ja récolte, . ce qui représente plus d'un million de francs. Le signalement des trois états de la pyrale précède l'étude des dévastations. 58 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Lesinsectes ennemis, surtout hyménoptères entomophages internes chneumoniens, braconiens, chaicidiens, proctotru- piens, sont ensuite passésenrevue. Comme nous n'avons pas d'action pour multiplier à volonté ces auxiliaires, il afallu re- courir aux procédés insecticides. Comme les petites chenilles de la pyrale passent l'hiver engourdies sur les ceps et sur les échalas, il faut les y échauder à l’eau bouillante ou à la va- peur; M. André fait connaître les meilleurs appareils. La pyrale de la grappe (Cochylis Roserana, Frohlich) est un ennemi de la vigne presque aussi redoutable que le pré- cédent. Le papillon à deux générations par an et ses petites chenilles sont connues sous les noms de ver à tête rouge et de ver coquin; elles entourent de leurs fils de soie les jeunes grappes et, plus tard, les grappes plus âgées, s'apprêtant à müûrir. Nous n'avons guère de secours à attendre que celui des insectes carnassiers. Les autres papillons nuisibles aux vignes sont diverses noctuelles, des genres Agrotis, Tri- phcœæna, etc., dont les chenilles ou vers gris attaquent soit les racines, soit les bourgeons. Le coléoptère le plus hostile aux vignobles est un chryso- mélien, l’eumolpe de la vigne(Adoæus vitis, Fabr.) contre le- quel, à Dijon, après plusieurs processions solennelles, fut prononcée, en grande pompe ecclésiatique, une sentence d'excommunication en 1553. On appelle souvent cet insecte l'écrioain, à cause des entailles linéaires qu'il laisse sur les feuilles en les rongeant. La larve, bien plus funeste que l’'a- dulte, creuse ses galeries dans les racines et fait souvent périr les ceps. Le ramassage au filet et les poulaillers roulants ont été employés contre les adultes. Les autres coléoptères nui= sibles sont : d’une part, de gros ‘charançons du genre Otio- rhynchus, enterrés au pied des ceps et grimpant la nuit dévo- rer les bourgeons; les Rhynchites,qui roulent les feuilles ; les Peritelus grisens et subdepressus ; enfin, dans les Pyrénées- Orientales, un longicorne nocturne, le Vesperus Xatarti (Mul- sant.) En passant ensuite aux insectes dégradés, M. Ed. André pré- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 59 sente une intéressante histoire du phylloxera de la vigne, compris dans les aphidiens (le Phylloxera Vastratix, Plan- chon), offrant trois formes distinctes qui reprennent une vita- lité nouvelle dans l'œuf d'hiver, issu des sexués aptères et sans rostre. Le sulfure de carbone et le sulfo-carbonate de potasse ont été, jusqu'ici et de beaucoup, les meilleurs insecticides, capables de faire vivre les vignes en tolérance avec le funeste puceron. Les insuccès proviennent ou de l’avarice ou du man- que de surveillance des propriétaires de vignes, c’est-à-dire d'une mauvaise application des traitements. Les cochenilles de la vigne, des espèces Puwlvinaria vitis (Linn). Dactylopius vitis (Niedelsky), Aspidiotus vitis (Si- gnoret),sont étudiées,par M.Ed. André, ainsi que divers hémip= tères et un orthoptère, l’'Æphippigera vitium, à ailes avortées, semblant porter une selle sur le dos et dont les dégâts sont peu graves. Le livre de M. André, dont nous ne saurions trop recom- mander la lecture aux propriétaires de vignes, se termine par l'étude d'un minuscule acarien, le Phytoptus vitis, phyto- phage piquant les feuilles de vigne, et par celle des inollus- ques gastéropodes nuisibles, puis de divers cryptogames. MAURICE GIRARD. On trouvera l'ouvrage de M. André aux bureaux de l’Znsec- tologie agricole. (LA RÉDAGTION). Les bourdons des champs (suite, voir p. 36). La femelle ronge alors cette masse de cire dans le milieu, elle pétrit avec ses mandibules les parcelles de cire qu’elle en retire et les pose sur les bords du creux; peu à peu elle amincit les bords de la capsule, et en l’approfondissant da- vantage, elle donne plus de hauteur à ses parois; elle recule un peu el travaille la matière en tournant autour de sa cel- lule jusqu’à ce qu'elle lui ait donné la forme du calice d'un gland. Cela fait, elle retourne chercher de la cire, qu'elle 60 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE vient poser sur le bord de la cellule; elle en apporte assez en deux ou trois fois pour élever ses bords de trois ou quatre Tignes. Dès que la cellule est achevée, elle en polit l’intérieur, en arrondit les contours, en épaissit les parois et en relève les bords. C'est là qu'elle doit déposer ses œufs; c’est là que ses petits passent une partie de leur vie. Mais elle a soin de pourvoir à leur nourriture. Elle dépose dans le fond de la cellule une épaisse couche de pollen, mais elle l’étend de manière à laisser à ses œufs le plus grand espace possible. Lorsque la femelle a achevé la cellule et l’a approvisionnée, elle se met à pondre; mais elle essaie auparavant si le bout de son corps peut y entrer: quand elle la trouve trop étroite, elle en sort et revient l'agrandir ; elle essaie une seconde fois et si les dimensions de la capsule ne sont pas exactement celles qui conviennent au bout de son ventre, elle évase plus ou moins les bords de l’alvéole; elle réussit enfin à leur don- ner une mesure exacte, et on Ja voit alors s'établir sur la cellule. Cependant elle fait de vains efforts pour pondre ; mais elle a été instruite à faire usage d'un instrument qui favorise ses efforts, et dont j'ai longtemps ignoré l'utilité, cet instru- ment est l’aiguillon dont le bout de son corps est armé, et dont elle ne se sert presque jamais comme d'une arme offensive, Lorsque la femelle est établie sur l'alvéole, et qu'elle est prète à pondre, elle fait sortir son aiguillon et, le poussant fortement en arrière, elle l’enfonce dans le bord de la cellule, qu'elle perce &e part en part. Les pattes postérieures embras- sent en.même temps la cellule. Sile beau temps persiste, le travail s'accélère, sinon, il se ralentit. Les larves, à peine écloses, dévorent leur morceau de nourriture en s'y creusant des cavités. Leur activité a bientôt fait d'amincir les parois, mais d'autre nourriture apportée du dehors vient combler les vides. Les larves ressemblent beaucoup à celles des abeilles ; elles croissent rapidement et se tissent une coque transparente et fermée. Ces coques éparses sans ordre les unes à coté des autres, ou reliées étroitement entre elles suivant ie nombre BULLETIN D'INSEUTOLOGIE AGRICOLE 61 des larves de même âge, et plus ou moins pressées l’une contre l’autre, ont été considérées longtemps comme les cel. lules des bourdons. Sitôt qu'elles sont ouvertes et vidées par leurs premiers habitants, on les remplit de nourriture pour prévenir la disette des mauvais jours, qui ne permettent pas de quitter le nid et de butiner sur les fleurs. Mais, fait remarquer Pierre Huber, avant de leur confier leurs provisions, les ouvrières viennent enlever sur les bords les lambeaux de soie que les jeunes bourdons y ont laissés, elles égalisent de leur mieux les contours de ces coques et les enduisent d’une épaisse couche de cite. Chaque espèce de bourdons perfectionne ses pots d'une manière différente: les uns élèvent au-dessus du bord des coques de longs tubes évasés et composés de cire; d'autres y construisent des espèces de tubes, remplis au milieu, rétrécis à l'ouverture; quelquefois ils se contentent d'ajouter à leurs bords internes un anneau de cire, d’autres fois, ils rendent à la coque sa forme originale et ils ne laissent qu'une petite ouverture à sa partie supérieure; enfin ils montrent qu ils ne sont pas in- férieurs aux abeilles dans l’art de l'économie; entre quatre pots allongés au moyen de ces tubes il se fait nécessairement un vide; les bourdons savent en profiter; ils forment un cin- quième pot, lui donnent un bord, l’arrondissent comme celui des autres et s’en servent comme d’un réservoir. Il n’a pas la même forme que ceux qui l'entourent, il est quelquefois un peu carré; S'il était régulier il ne remplirait peut-être pas tout à fait le vide qu'on à laissé entre les autres pots, d'ailleurs la grossièreté et l’irrégularité de l'ouvrage laissent peu de champ à la géométrie. Les bourdons regardent alors toutes les coques comme de solides réservoirs, auxquels ils peuvent confier leurs pro- visions ; quand ils reviennent de la campagne, ils cherchent à l'instant à décharger leur estomac (jabot) du miel qu'ils ont recueilli dans les fleurs ; ils visitent les pots comme pour s'assurer s'ils sont bien construits ; puis ils y font entrer leur tête, et une partie de leur corselet, ils ouvrent leur bouche, 62 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE et raccourcissent leur corps et dégorgent le miel dans le ré- servoir, puis retournent aux champs. Ces coques servent également à emmagasiner le pollen. Lorsqu'un bourdon vient de la campagne, ses corbeilles rem- plies de petites pelotes de pollen, souvent de la grosseur d’un pois, il monte sur un pot,cramponneses jambes de la première paire sur le bord convexe de la coque; il y fait entrer celles qui sont chargées de poussière fécondante, ainsi que celles de la seconde paire; il serre et presse les jambes postérieures entre les deux autres; celles-ci poussent en même temps les deux pelottes en avant; ces pelottes glissent le long des jambes et glissent dans le réservoir. Le bourdon retire alors ses pattes hors du pot; il se retourne et descend, la tête la première, dans le réservoir; il étend alors avec ses dents le pollen sur le fond du vaisseau et y mêle quelquefois un peu de miel qu'il a rapporté dans son estomac. On voit donc, en général, que les bourdons savent profiter de tous les avantages que la nature leur présente, et qu'ils savent faire servir les même choses à des usages diffé- rents. On voit souvent près de 60 de ces pots dans un seul nid; j'en ai compté, au moment de la floraison du tilleul, plus de quarante, qui furent remplis de miel dans un seul jour; quand ils sont pleins, les bourdons en rétrécissent l’ou- verture, mais ils ne la ferment presque jamais. Ces insectes ne savent pas se nourrir les uns les autres, comme le font les guèpes et les abeilles ; c’est dans ces pots toujours ouverts que chacun d'eux puise à son tour le miel dont il a besoin. Les bourdons savent aussi construire des pots de cire sans le secours des coques, ils leur donnent ordinairement un fond de cire, d'autre fois ils ils ne font qu'élever les tubes de cette matière sur le parquet ou sur les bords de leurs gâ- teaux. Le miel dont ils remplissent leurs magasins est aussi doux que celui des abeilles; il est plus coulant et plus clair, il a BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 63 aussi un goût particulier, mais il ne laisse pas de saveur âpre à la gorge (1). Ces provisions ne servent guère que pour la nourriture journalière; d’ailleurs ilest rare que tous les pots soient pleins, et les vivres sont bientôt consommés. Au début il n'éclôt des cocons que des ouvrières, qu’on re- connaît à leur petitesse particulière. Elles viennent en aide à la mère primitive, apportent de la nourriture, relient entre eux les cocons transformés en petites tonnes; pour le consolider, elles couvrent leurs nids de légers brins de mousse et elles la solidifient au moyen d'une couche de cire fort mince qu'elles contruisent au-dessous. Les bourdons ne vont pas au loin récolter les brins de mousse, ils se contentent de les recueillir au voisinage immédiat de leur habitation, car la femelle guidée par un secret instinct a installé son nid à portée d’une riche provision de mousse. En captivité, lors- qu'on leur refuse les matériaux nécessaires, ou lorsque la nature les a placés trop loin de la mousse et des brins d'herbes, ils savent s'en passer et contruisent le toit de leur demeure avec des débris de feuilles ou tous autres matériaux, ou exclusivement avec de la cire. « Le hasard, raconte P. Huber, m'a fait découvrir un trait de leur industrie que la nature ne m'eût certainement jamais _offert.J'avais recouvert un nid de bourdons avec une cloche de verre, comme je le fais ordinairement; les bords de la cloche ne portaient pas exactement sur la table où elle était placée ; il y avait même certains endroits où le plateau était si fort voilé, qu'un bourdon aurait pu passer sous les bords de la cloche avec la plus grande facilité. Je remplis les vides avec de la toile grossière ; je la fis même entrer fort avant 1. La différence qui existe entre le miel des abeilles et celui des bour dons provient de la grande quantité d’eau que contient ce dernier, eau qui n'est pas évaporée dâns ie nid ; ce qui fait quil est plus doux, moins sucré, moins âpre à la gorge que celui d’abeilles. Cependant il est àpre quand il à été récolté sur certaines fleurs telle que celles de l'aconit, par exemple. H. H, 64 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE dans la cloche ? afin de la fermer plus sûrement. La ruche étaitétablie dansmon cabinet; un long canal vitré, adapté à la porte du nid, conduisait les bourdons hors de la fenêtre par une ouverture que j'avais pratiquée dans le bois même de la croisée, et, au moyen de ces préparatifs, je pouvais observer sans risquer d'être piqué.Je vis bientôt les bourdons attaquer les morceaux de toile qui fermaient leur ruche; ils en arra- chaient les fils les uns après les autres ; ils les cardaient avec leurs mandibules, et les coupaient aussimenus que des brins de coton ; ils réunissaient ensuite ces brins avec leurs jambes; ils en formaient des flocons qu'ils poussaient derrière eux, à mesure qu'ils les avaient cardés. Plusieurs bourdons étaient continuellement occupés à ce travail, tandis que d’autres individus de la peuplade s'occupaient à pousser avec leurs jambes ces petits morceaux de coton contre le nid même; ils travaillèrent à effiler cette toile pendant plus d'un mois, ils en entourèrent leur nid d'un tas épais au moins de trois centi- mètres en certains endroits, et qui s'élevait jusqu’à la moitié de la hauteur du nid. Quand ils eurent effilé une plus grande quantité de toile, ils en couvrirent entièrement l'enveloppe, comme ils auraient fait avec de la mousse, et même ils en firent entrer sous l'enveloppe une assez grande quantité pour fermer tous les vides qu'elle pouvait laisser entre son bord et celui du gâteau. « D’autres bourdons déchirèrent la couverture d’un livre dont je m'étais servi pour recouvrir la boîte où je les avais logés ; ils coupèrent ces lambeaux de papier en fort petits morceaux qu'ils réunirent au-dessus de l'enveloppe de leur nid. » (À suivre.) La prochaine exposition des insectes aura lieu en 1883 vers le mois de juin. Le Gerant : H. Hammer. Imp. de la Soc. de Typ.- NoIzeTTE, 8, r. Campagne-Première. Paris. Ne 5. SEPTIÈME ANNÉE Mai 1882 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE LPS L PIS SDS LS SPP PPS LS PPS LP SL SSL LE LPS LS SSL DS SSL PPS DS ESS SP LS SL PSS DEL P PL DS PPS SPL SSL PSS RSI TE SOMMAIRE : Relation des fourmis avec les pucerons et les gallinsectes, {suite), par M. Ed. ANDRÉ. — Le Drytique trés large, par M. E. SAvaRD. — Insectes ennemis de la scorsonère, par M. i ILLON. — Société cen- trale d'apiculture et d'insectologie. (Séance d'avril I882.) — Note pour contribuer à l'étude de divers insectes nuisibles, par M. MAURICE GirArDp. — Les bourdons des champs (suite). PR PDP SSP LPS PPS PSS DSL PS PS PSS RSS EDS SELS PPS SL RTS SP DT PPS LPS EDP SPL PPS PPS SPIP ISS Relations des fourmis avec les pucerons et les gallinsectes (suite, V. p. 49.) Certaines espèces de fourmis, comme les Dolichoderus les Pheidole, les Leptothorax,ete., ne paraissant pas rechercher les pucerons ni les gallinsectes ; d’autres comme les Camponotus. Formicea, Crematogater, etc., vont les trouver sur les plantes qu'ils habitent, sans s'en occuper autrement que pour leur réclamer la liqueur nourricière ; mais un certain nombre d'es- pèces telles que les Myrmica et surtout les Lasius, les en- tourent de soins particuliers et construisent, pour ce petit bétail, de vraies étables afin deles avoir constamment à leur portée et les mettre à l'abri des attaques de leurs ennemis ou des visites des fourmis étrangères. Les Lasius niger, alienus, etc., établissent des chemins couverts en terre maçonnée qui, partant du nid, vont re- joindre la plante où se trouvent les pucerons qu'ils con- voitent. Ces chemins arrivés au pied du végétal, se continuent le long de sa tige en galeries maçonnées dans lesquelles les pucerons se trouvent renfermés ; souvent même ces galeries s'élargissent en forme de cases, et servent à la fois de retraite pour lé bétail et de chambre d'éducation pour les larves que les fourmis y transportent à certaines heures du jour, Le Lasius brunneus entretient de très gros pucerons qui fré- 66 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE quentent l'écorce des arbres, .et il les enferme sur place sous des voûtes construites au moyen des détritus de l'écorce pourrie. Quand on détruit ces voûtes, les Lasius emportent leurs pucerons, comme ils feraient de leurs larves ou de leurs nymphes. | Les Myrmicea (lœvinodis, scabrinodis, etc.) enferment également leurs pucerons dans des cases en terre dont les unes communiquent avec le sol par une galerie qui descend le long de la tige, et dont d'autres sont complètement isolées et munies seulement d'une petite ouverture pour l'entrée et la sortie des fourmis (1). Ces pavillons, placés souvent à 20 ou 30 centimètres au-dessus du sol, sont généralement tra- versés par la tige de la plante qui les supporte, et parfois les feuilles voisines sont utilisées pour en constituer la char- pente. Les Lasius jaunes (flavus, umbratus, eic.) ont une vie tout à fait souterraine et ne sortent presque jamais de leur nid, Ils ne vont donc pas sur les arbres à la recherche des pucerons, et n'étant ni chasseürs, ni,butineurs, on pourrait se de- mander de quoi ils vivent, si Huber ne nous avait appris qu'ils élèvent, dans leurs nids, des pucerons de racines, et que les produits liquides que leur fournissent ces vaches d'un nouveau genre constituent leur unique nourriture. C'est en creusant des canaux souterrains que les fourmis vont chercher les pucerons sur les racines qu'ils habitent, et elles les trans- 1.Ce n’est pas seulement leur précieux bétail que les fourmis renfer- ment dans ces cases protectrices ; elles emploient encore le même procédé à l'égard d'une autre source de nectar, ainsi que nous l’apprend le D: Adler, dans son magnifique travail sur la génération alternante des cynipides. Il existe, nous dit-il, certaines galles de chêne, et notamment celles produi- tes par l'Andricus Sieboldion estaceipes,Hartig,dont l'enveloppe rouge laisse suinter une secrétion gommieuse très recherchée par les fourmis, Pour pouvoir jouir de cette liqueur sans être dérangées, elles construisent avec de la terre et du sable un revêteraent complet autour des galles, et tout en travaillant pour leur propre compte, ces fourmis, rendent un très grand service aux larves de Cynipides en protégeant leur habitation contre les attaques de divers parasites (D'ADLER : Ueber den etc.). ue ©. 2 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 67 portent dans leur demeure en les installant sur d'autres racines qui traversent le sol de leurs galeries. Ce qui démon- tre toute l'importance qu'elles attachent à leur bétail, ce sont les soins assidus dont a si bien rendu compte Huber, dans son admirable livre tant de fois cité. «Elles avaient grand soin des pucerons, dit-il, et ne leur faisaient jamais de mal; ceux-ci ne paraissaient point les craindre ; ils se laissaient transporter d'une place à une autre, et lorsqu'ils étaient déposés, ils demeuraient dans l'endroit choisi par leurs gardiennes ; lorsque les fourmis voulaient les déplacer, elles commencaient par les caresser avec leurs antennes, comme pour les engager à abandonner leurs racines, ou à retirer leur trompe de la cavité dans laquelle elle était insérée; ensuite, elles les prenaient doucement par dessus ou par dessous le ventre avec leurs dents, et les em- portaient avec le même soin qu'elles auraient donné aux larves de leur espèce. J'ai vu la même fourmi prendre succes- sivement trois pucerons plus gros qu'elle, et les emporter dans un endroit obscur. Il Y en eut un qui lui résista plus : longtemps que les autres; peut-être ne pouvait-il retirer sa trompe engagée trop profondément dans le bois. Je m'amusai à suivre tous les mouvements que se donna la fourmi pour lui faire lâcher prise; elle le caressait et le saisissait tour à tour jusqu à ce qu'il eùt cédé à ses désirs. Cependant les fourmis n'emploient pas toujours les voies de la douceur avec eux; quand elles craignent qu'ils ne leur soient enlevés par celles dune autre espèce et vivant près de leur habitation, ou lorsqu'on découvre trop brusquement le gazon sous lequel ils sont cachés, elles les prennent à la hâte et les emportent au fond des souterrains. J'ai vu les fourmis de deux nids voisins se disputer leurs pucerons; quand celles de l’un pouvaient entrer chez les autres, elles les dérobaient aux véritables possesseurs ; et souvent ceux-ci s'en emparaient tour à tour; car les fourmis connaissant tout le prix de ces petits ani- maux, qui semblent leur être destinés, c'est leur trésor; une fourmilière est plus ou moins riche selon qu'elle a plus ou 68 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE moins de pucerons; c’est leur bétail, ce sont leurs vaches et leurs chèvres. C’est encore Huber qui nous a appris que les œufs des pu- cerons sont l’objet, de la part des fourmis, des même: soins que ceux de leurs propres femelles ; qu'elles les lèchent, Les nettoient et les transportent comme nous leur avons vu faire à l'égard de ceux de leur espèce. Ces œufs, dont parle Huber, et qu'il dit contenir des puce- rons tout formés, sont les produits de la génération parthéno- génésique, et non les véritables œu's fécondés qui sont beau- coup plus rares et que le célèbre Genevois ne paraît pas avoir observés.Malgréses patientes études.il n’a pas,d'ailleurs,épuisé la somme des merveilles que nous offrent les fourmis dans leurs rapports avec leurs animaux domestiques, et j'ai à rap- porter des observations qui élargissent beaucoup le champ de notre admiration pour l'instinct de prévoyance qui caractérise quelques espèces. Mais, pour bien faire comprendre ce qui me reste à dire, il est nécessaire que je rappelle, en quelques mots, les phases singulières qui constituent le cycle évolutif des Aphides, et qui, entrevues par Bonnet et Réaumur,et étudieés : depuis par plusieurs naturalistes, ne paraissent avoir été à peu près déterminées que tout récemment, par suite des belles et persévérantes recherchesde M. Lichtenstein, de Montpellier. (À suivre.) En. ANDRÉ. Le Dytique très Jarge, (Dytiscus latissimus, Lixx.) Cet insecte se trouve dans les étangs, dans les mares et dans les ruisseaux. C’est un gros coléoptère amphibie qui passe la plus grande partie de sa vie dans l’eau, mais qui se transporte, en volant, d'une eau douce stagnante dans une autre lorsque la nourriture commence à lui manquer dans la première. Il est carnassier et vit de petits animaux aqua- tiques qu'il saisit à la nage. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 69 Sa larve est accusée de dévorer le frai du poisson dans les étangs et de causer un assez grand préjudice dans ceux où elle se multiplie. Elie est fort grosse et très allongée. Son corps est formé de douze segments recouverts d'une plaque écailleuse; elle est ventrue au milieu, rétrécie aux extrémités, particul'èrement en arrière où les derniers anneaux forment un cône allongé, garni surles côtés d'une frange de poils flottants avec lesquels l'animal pousse l’eau et fait avancer son Corp:. qui est terminé par deux filets coniques, barbus et mobiles. Dans l'entre-deux sont deux petits corps cylin- driques, percés d'un trou à l'extrémité et qui sont des conduits aériens auxquelsaboutissent les deux trachées; on distingueen outre cependant des siigmates sur les côtés de l'abdomen. La tête est grande, ovale, attachée au corselet par un cou,avec des mandibules grandes, très arquées, des mâächoires, une lèvre avec des palpes. Les trois premiers segments portent chacun une paire de pattes assez longues dont les tibias et les tarses sont borcés de poils qui sont utiles à la natation. Le premier segment est plus grand que les autres et est protégé en-des- sous comme en-dessus par une plaque écailleuse. Les larves de ces insectes se suspendent à la surface de l'eau au moyen des deux appendices latéraux du bout de leur queue qu'elles tiennent à sec pour respirer. Lorsqu'elles veulent changer subitement de place, elles donnent à leur corps un mouvement prompt et vermiculaire, et battent l’eau avec leur queue. Elle se nourrissent plus particulièrement de larves de libellules et de celle des cou- sins, et dévorent une grande quantité de très petits poissons dans les étangs. Comme elle sont extrèmement voraces, on doit Les regarder comme des insectes nuisibles dans ceux de ces étangs où s'opère la fraie. Lorsqu'elles ont pris toute leur croissance, elles quittent l'eau, gagnent le rivage et s'enfon- cent dans la terre; mais il faut que cette terre soit toujours mouillée ou très humide ;elles s'y pratiquent une cavité ovale et s'y renferment. Cette espèce est très peu commune aux environs de Paris, 70 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE on la cite des Andelys ;c’est surtout une espèce du N.-E. de la France L'insecte parfait se montre quinze ou vingt jours après la transformation de la larve en nymphe. Il fait partie de la famille des carnassiers, de la tribu des hydrocanthares et du genre Dytiscus; sonnomentomologiqueest Dytiseus latissimus et son nom vulgaire dytique très large. Dytiscus latissimus, Lin: longueur, 40 ïnill., largeur,23 mill. Ilest d'un brun-verdâtre foncé, luisant; les antennes sont fauves, filiformes, de la longueur du tiers du corps; les palpes sont fauves; le devant de la tête, le chaperon sont jaunes; on aperçoit faiblement une ligne en chevron, sur le front, d'une couleur fauve, le corselet est transversal, en trapèze,avec Les angles antérieurs avancés, bordé d'une bande jaune tout autour ; les élytres sont dilatées au bord extérieur en une lame tranchante, bordées de jaune le long de ce bord et portent une petite bande transverse de la même couleur vers leur extrémité ; elles sont marquées de deux stries pone- tuées entre la suture et le bord; le dessous du corps et les pattes sont ferrugineux; les trois premiers articles des tarces antérieurs sont dilatés en palette circulaire; les quatre pattes postérieures sont comprimées et ciliées; le sternum est pro- longé en deux épines divergentes. La femelle est semblable au mâle; mais chacune de ses élytres est sillonnée de onze stries et ses tarses antérieurs ne sont pas dilatés en palette. On ne connaît aucun moyen de se délivrer de cet'insecte nuisible, si ce n’est de le pêcher avec une trouble en canevas ou un filet à mailles serrées, lui et sa larve. et de les tuer, ce qui est facile, car il vient à la surface de l’eau pour respirer. Pour exécuter cet acte important de la vie, il soulève un peu ses élytres de manière à laisser passer l'air entre elles et son corps, et lorsque les stigmates en ont pris ce qui leur con- vient, il les rabat et se renfonce dans l’eau. Dès qu'il est inquiété ilse cache dans les herbes et les roseaux, qui em- pêchent de le voir quand il s'élève à la surface pour respirer. On peut encore l’atteindre en trainant la trouble sur le fond 1 2 ‘4 | k à ; | F dot te nt total. + blé nd. de os DS ds 0. ni BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 71 de l'étang ou de la mare. Quant à la larve, comme elle se tient à la surface de l’eau, soutenue par la queue et ayant la tête en bas, pour respirer, on saisit ce moment pour l'enlever avec la trouble. | E. SAvarD. Insectes enmemis de Ia scorsonère. La scorsonère d'Espagne, Scorzonera hispaniea. Linn., croît naturellement dans le midi de la France et particulièrement en Espagne; elle est cultivée dans nos jardins comme plante alimentaire. C'est une bonne ressource pour les ménages. Les maraîchers en sèment en assez grande quantité. Elle demande une terre douce et légère. Comme propriété médicinale, elle est émolliente et sudo- rifique ; autrefois on lui croyait encore d’autres vertus et dont aujourd'hui l'efficacité n’est pas reconnue. On lui donne aussi de nom de salsifis noir, en raison de sa couleur. Elle à pour ennemi le Taupin (Elater lineatus.Fan.). Cet insecte est un coléoptère; il a environ 10 millimètres de longueur, il est finement rayé de brun foncé et de brun clair. Sa larve est jaunâtre et allongée ; elle attaque les racines des scorsonères, des laitues, etc.; plantes qu'elle fait EME si l'on n'y prend garde. Destruction. Répandre sur le sol des tiges de laitue dant cette larve est très friande et sous lesquelles elle se rend pendant la nuit, et le matin on la trouve. Secouer alors les tiges sur un linge, ce que nous avons déjà indiqué de faire pour le Taupin erachewr.Mais on pourrait encore chercher au pied des plantes qui paraissent souffrir et tuer l'ennemi qui les ravage. Autres ravageurs de la scorsonère: La Noctuelle potagère, qui ronge les feuilles en juin, août et septembre ; La Courtilière, qui attaque les racines en mai et suivants; La Tipule tachée, qui attaque les racines de mai en août. DILLON. 72 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Seciété centrale d’apiculture et d’inscetologie Séance du 19 avril. — PRÉSIDENCE DE M. DELINOTTE Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopt. L'assemblée revient sur les modifications à apporter à la loi sur les abeilles votée en première lecture par le Sénat. Le secrétaire donne lecture de l’article 8, tel que la Société d'api- culture de la Gironde l'a modifié, réservant le principe de liberté consacré par la loi de 1791. Après discussion, la majo- rité se rallie à la rédaction proposée, mais en y ajoutant ces mots «et en se conformant autant que possible aux habitudes locales ». L'article est done ainsi rédigé : « Art. 8. — La culture des abeilles n’est soumise à aucune restriction. Toutefois ies ruches qui ne seront pas à vingt mètres de distance des propriétés voisines ou de la voie pu- blique devront, si le propriétaire des ruches en est requis, en ètre séparées par une clôture d'au moins deux mètres de hauteur. « Lespréfets pourront, en ce qui concerne la voie publique, en cas de réclamation motivée, après avis des conseils généraux, et en se conformanut autant que possible aux habi- tudes locales, augmenter soit la distance à observer, soit la hauteur des clôtures, sauf en tous cas l’action en dommage s'il ya lieu. » M. Malessard propose que l'assemblée émette le vœu sui- vant qui est voté à l'unanimité: « L'assemblée émet le vœu que le secrétaire général de la Société soit entendu par la commission du Sénat avant le vote définitif de la loi sur les abeilles. » M. Garnier, de Signes, pose cette question: « D'où vient qu'une mère italienne fécondée (elle pondit en route) reçue du Tessin, au mois de janvier dernier, pond des ouvrières doutes italiennes pur sang, absolument identiques à celles de l'essaim qu'elle accompagnait, et qu'elle ne pond que des mâles noirs. Si, par extraordinaire, elle s'était accouplée, dans l'établissement d’où on me l'a expédiée, avec un mâle noir, la parthénogénèse ne nous apprend-elle pas que les BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 73 males issus de cette mère devraient tous appartenir à la race de cette dernière et que les ouvrières sew/es devraient parti- ciper des caractères des deux producteurs. » Le professeur du Luxembourg répond que ces mâles noirs n'ont pas été pondus par la mère italienne, mais par une ouvrière pondeuse, indigène, qui s’est introduite et qui à été acceptée dans la ruche. Il cite un fait analogue qu'il a ob- servé au rucher-école du Luxembourg, il y à quelques an- nées. — Il prie le correspondant de s'assurer dans quelles cellules ces mâles noirs ont été élevés et dit que ça a dû être dans des cellules d'ouvrières. Un peu plus tard, ajoute-t-il, le colonie de M. Garnier élèvera des mâles jaunes, ceux-ci pondus par la mère italienne, ou du moins c'est ce qui à eu lieu au Luxembourg. M. Hamet cite un fait qui établirait que la loque, ou son principe, existe lorsqu elle n’est pas encore apparente. L'an- née dernière, la colonie chypriote qu'il avait au Luxembourg (petite colonie envoyée à l'exposition des insectes, en 1880, par M. Fiorini), a été pendant un moment très prospère (vers la fin de maietle courant de juin). A ce moment (commen- cement de juin) il prit sur cette colonie un peu de couvain d'ouvrières, parfaitement sain à l'apparence, pour le donner à une colonie indigène qui avait essaimé quelque temps aupa- ravant et qui était devenue orpheline par suite de la sortie nuptiale de la jeune mère. La colonie chypriote en question devint complètement loqueuse vers août. Du couvain chy- priote provenant de cette colonie et donné à la colonie indi- gène, naquit une mère qui se fit féconder par un mâle de la souche chypriote dont on vient de parler. Cette nouvelle colonie populeuse et bien garnie fut elle-même atteinte de loque pendant l'hiver que nous venons de traverser. La cause doit être attribuée, pense-t-il, soit au couvain qui a formé la mère, soit au faux bourdon qui a fécondé cette mère.Les ruches étaient séparées par d'autres ruches indigènes et italiennes qui sont restées indemnes. M. Hamet ajoute que la colonie affectée a été logée en ruche cylindrique en paille, que sa 74 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE population a sensiblement baissé, et que les abeilles ont néanmoins approprié les cellules ayant du couvain mort. M. Delinotte donne à l'assemblée l’état de la colonie d'abeilles logée dans la statue de Casimir Perier, au Père- Lachaise. M. Vicat propose que des essais soient faits pour détruire les insectes morts par suited’une épidémie.M.de Glatigny en- tend par la communication de M. Vicat qu'il faut récolter les insectes morts par suite d'épidémie, etles faire sécher en les enfermant soigneusement, en les pulvérisant et ea les semant près d’autres insectes qui ne sont pas atteints. M. Vicat répond que c'est ainsi qu'il comprend cette application. Il dit avoir opéré sur une petite échelle,et avoir obtenu de bons résultats. Le secrétaire général fait part de la mort de M. Vianne, membre de la Société, qui n'assistait pas à nos réunions men- suelles, mais qui donnait un large concours à nos expositions des insectes. On se rappelle les intéressantes conférences sur les insectes nuisibles aux céréales , qu'il a faites à l'exposition de 1880 et qui ont été reproduites l’année dernière dans le Bulletin. Le président dit qu'il est l'interprète de la Société en exprimant la vive douleur qu'elle éprouve de la perte de ce collaborateur méritant. M. Hamet présente, pour faire partie de la Société (section d’apiculture), M. Chazelles, propriétaire à Paris. L’admission de ce membre est prononcée. A été offert par l'éditeur, pour la bibliothèque de la Société, ayant pour titre :«ŒExtrait du Guide to practical work in ele- mentary entomology, par le professeur J. Henry Comstock. Remerciment. L'un des secrétaires des séances, MALESSARD. Note pour contribuer à l'étude de divers insectes nuisibles PAR M. MAURICE GIRARD Vers la fin du mois de mars 1882, fut adressée à la Société : des agriculteurs de France une collection de boutons à fruits BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 75 de poiriers, venant des environs d'Arbois, dans le Jura, et en- levant l'espoir de recueillir même un seul fruit sur des cen- taines d'arbres. Ces bourgeons, qui me furent envoyés, con- tenaient chacun une larve recourbée, blanche, sans pattes. C'est celle d'un charançon, l’Anthonomus pirt (Kozrar), qui passe toute sa vie et celle de la nymphe dans les bourgeons à fruit. Il en est sorti l'adulte au commencement de mai. C'est un petit charançon, voisin du charançon des noisettes vé- reuses. Comme lui, il est muni d'un long rostre grèle; il est de coloration d'un brun violacé, avec deux bandes blanchâtres sur les élytres. Cette espèce se montre tous les ans dans les pépinières de M. Jamin, à Bourg-la-Reine (Seine). Les dégâts en sont là très restreints, grâce à la précaution qu'on a d'enlever et de brûler chaque année les bourgeons attaqués, aisés à reconnaître quand les bourgeons sains ont passé à l'état de fleurs de poirier. On ne peut songer à atteindre l'adulte très petit; il s'envole au soleil, si le temps est clair. Par les temps couverts, il se cache dans les fentes des coré- ces, où sa couleur le dissimule aux regards, ou bien se laisse choir sur le sol et se cache au milieu des herbes ou des feuil- les sèches. — À la date du 30 mars 1882,jereçus quelques chenilles dela part d'un de mes anciens élèves de l'École d'horticulture de Versailles, M. A. Levieil, actuellement chef de culture de la maison Salomon, à Thomery (Seine-et-Marne). Dans cette lo- calité, qui est le pays par excellence du chasselas dit de Fon- tainebleau, tous les habitants possèdent des vignes de treille. Chaque année, à l'époque où les bourgeons de vignes com- mencent à faire leur apparition, vers huit heures du soir et munis d'une lanterne, les possesseurs de vignes font la chasse à deux chenilies dévastairices, grands ennemis de la vigne cul- tivée en espalier. L'une, la plus grosse et la plus nuisible, nom- mée à Thommery la jardinière, ayant assez l'aspect d'un ver gris (chenille d’Agrotis), commence à brouter les bourgeons vers le bas du cep et continue ainsi jusqu'au dernier de l'extré- mité, sans en oublier un seul. Le tort occasionné consiste en 76 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE un trou fait de part en part dans le bourgeon jusqu'à son point de naissance, de sorte que tout l'intérieur en est détruit et qu'il ne reste plus que l'enveloppe. Les jardinières peuvent, en une seule nuit, détruire un pied de treille entier ; la récolte de l’année en est non seulement perdue, mais il ne reste plus de bons bourgeons pour l'année suivante. Cette chenille est celle d'une noctuelle, à ailes supérieures grises et nnageuses, à ailes inférieures jaunes, avec une bande marginale noire. [a Noctuelle compagne, 7r/phæna Comes (Hvexer), Syn.: Orbona, (Fagrraus). C'est une espèce polyphage, commune dans tous les potagers. M. Constant, dans son catalogue des lépidop- tères de Saône-et-Loire, nous apprend que, dans les jardins d'Autun, cette chenille, au premier printemps, ronge perdant la nuit les bourgeons de tous les arbres fruitiers et qu'il la recherchait à la lanterne pour la détruire. L'autre chenille de Thomery est celle d'un Phalénien; on la nomme dans le pays la bague, à cause de la boucie que fait son Corps en marchant (chenille arpenteuse); elle produit exactement les mêmes dégâts que la précédente; comme elle est moins grosse, le tort est moindre. Cette chenille est très facile à voir le soir, car, aussitôt qu'elle aperçoit la lumière, elle se laisse tomber et pend en l'air, suspendue par un fil de soie. Je n'ai pu obtenir l'adulte des trop peu nombreux sujets envoyés par M. Levieil, et je suis obligé de m'abstenir d'hypo- thèses sur je nom exact de cette Phaalène des bourgeons de la vigne d'espilier. — Notre collègue, M. Faure, présidentdu ci mice agricole de Brioude (Haute-Loire), m'envoya, au commencement de mai 1882, d'assez gros Charancons, qui lui étaient adressés par des viticulteurs des environs, comme rongeant entièrement les bourgeons des vignes, de la pointe à la base. Cet insecte adulte était l'Æyloùius abictis Linx.),ou Charancon du sapin, d'un noir brunäâtre avec des taches jaunes, qui, à ma connais- sance, n'était signalé que parmi les ennemis des conifères. Je répondis à M. Faure que je craignais queique ramassage accidentel et je l'engageai à vérifier par lui-même les faits BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 7 qu'on lui annonçait; M. Lichtenstein, de Montpellier, à qui M. Faure avait aussi adressé ces Charançons, lui donna exac- tement le même conseil. Le 17 mai, M. Faure, accompagné de trois membres du comice agricole, se rendit sur les vignes attaquées, qui se trouvent à 8 et 10 kilomètres de Brioude. En fouillant la terre au pied des ceps dont les bourgeons avaient été coupés la nuit précédente, il trouva soit le Charançon déjà cité, soit de petites chenilles de Noctua crassa, communes dans les jar- dins potagers de Brioude et qui, probablement, rongent aussi les bourgeons des vignes, à la façon du 7r'phæœna orbona de- Thomery. M. Faure s’est su ré par lui-même, sur plus de vingt souches dont les bourgeons venaient G être fraichement coupés, que le coupable était bien le Charançon qu'il m'a envavé à deux reprises à l'état adulte. Les vignerons qui étaient présents ont déclaré l'avoir pris sur le fait, sur les bourgeons, de trois à quatre heures du matin, avant le lever du soleil. Comme il se trouve, écrit M. Faure, près d'une des pièces de vignes que nous avons visitées, une petite toufie depins de Bordeaux, de 3 à 4 ares environ, à 200 mètres environ de la vigne la plus fortement attaquée, je m'y suis dirigé, afin de voir si les pins n'étaient pasle point de départ des Charançons. Plus on approchait du bois, moins on ren- contrait de dégèt, et les trois ou quatre parcelles de vignes qui l'entourent n'avaient aucun bourgeon coupé. Entré dans le bois, dit M. Faure, j'ai bien secoué les petits pins, pour savoir si je ne ferais pas tomber de Charançons dans mon para- pluie ouvert et renversé; il m'a été impossible d'en trouver aucun, pas plus qu'en fouillant au pied des arbres. Iln’y avait également aucun bourgeon coupé. Les Charancçons causent plus de dommage chez tel proprié- taire que chez tel autre, paraissant cependant placés dans les mêmes conditions, leurs vignes se bornant et formant à peu - prèsles mêmes coteaux. Ainsi, dans la commune de Lavaudieu, les vignes les plus attaqueés sont celles de M. Pierre Pialloux, sur 25 à 50 ares, près de la touffe de pins dont nous avons 78 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE parlé,puis une seconde parcelle de la même grandeur à cinq ou six cents mètres de la première ;les vignesquiles séparent ont. beaucoup moins de mal, et, sur plusieurs même, on ne put trouver un seul bourgeon coupé. Dans la commune de Cha- niat, on constata du dommage sur les vignes du maréchal, M.'Touchebœuf. Il rapporta aux membres du Comice, que, si l'année dernière comme cette année, il n'avait pas prévu le mal, toute la récolte d'une de ses vignes eût été anéantie. Heureusement qu'il sut faire des appats-pièges avec beaucoup d'intelligence. Il avait souvent rencontré le matin une grande -quantité de ces Charançons, soit sous un fagot oublié, soit sous une botte d'échalas. Il imagina de faire de petits fagots avec des branches d'arbres verts, sapins ou pins, et de les placer, de distance en distance, dans les vignes. En les visitant tous les matins, il faisait généralement une chasse très abon- dante. Les appats-pièges sont, comme on sail, usités en horti- culture. On les façconne avec des planches ou avee de vieux pail- lassons, qu'onarrose la veille. Les Limacesd’unepart,et, d'autre part, des insectes lucifuges, comme les Fourtilières, les forfi- cules, etc, cherchant la fraîcheur et l'obscurité, viennent se placer sous ces engins. Nous espérons que l'intéressante communication de M. Faure engagera les lecteurs du Bulletin d'Insectologie à rechercher dans leurs vignes l’Æylobius abie tis; il est important de savoir si on consiatera des degäts- dans d'autres localités qu'à Brioude avant d'admettre définiti- vement l'insecte parmi les ennemis, déjà trop nombreux, de nos vignobles. Maurice GIRARD, Les bourdons des champs (swi0, Voir p.29). « Les bourdons savent encore tirer partie des vieilles coques tissées par leurs larves lorsqu'elles appartiennent à des gâteaux abandonnés ; elles les effilent eten font une bourre ou une espèce de ouate dont elles recouvrent leur nid en guise de inousse. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 19 Bref, leur activité ne connaît pas de bornes. Depuis le matin, de bonne heure, jusqu'au soir très tard, on peut voir et entendre les bourdons affairés. Dans les jours sombres et maussades, alors que tout autre insecte se tient caché au fond de son trou, ou bien le soir, tard, quand les insectes diurnes sont allés déjà se reposer, on rencontre encore quel- que bourdon isolé qui chante de fleur en fleur ; or, ce n’était pas qu'il s'agisse pour lui de passer la nuit dans le sein d’une des grosses fleurs, ou d'y attendre qu'un orage, une ondée aient cessé, car Walberg les a vus, dansle nord, en Finlande, en Laponie, travailler pendant les claires nuits d'été. L’ex- pression de paresseux, dont s’est servie la femme-poète, ne peut s'expliquer que s’il s'agit de comparer les mouvements lourds et pesants des bourdons au vol souple et rapide des abeilles. À une époque plus avancée de l’année, on voit apparaître de petites femelles, qui ne pondent que des œufs mâles ; ensuite apparaissent des mâles. Enfin, vers l'automne, appa- raissent aussi de grandes femelles, destinées à passer l'hiver. I paraît-évident, d’après le témoignage de P. Huber, que les petites femelles de bourdons sont destinées à fournir un plus grand nombre de mâles aux jeunes et grandes fe- melles, puisqu après les avoir pondues et soignées, elles périssent comme les ouvrières au commencement de l'au- tomne. Les mâles. auxquels elles donnent naissance, servent, comme je m'en suis assuré, à féconder les grandes femelles qui paraissent à la même époque, et qui, sans ce supplé- ment,auraient couru le risque de ne pas trouver de mâles dans leur habitation et de rester infécondes. Voici en quels termes notre observateur raconte comment il a été conduit à découvrir ces faits pleins d'intérêt. « Le 7 du mois d'août, à minuit, j'aperçus une grande agitation dans le nid ; c'était un nid de bourdons rouges et noirs, par conséquent de Bombus lapidarius : il s'agissait d'une ponte extraordinaire. « Plusieurs bourdons étaient occupés à faire une cellule 80 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE decire ; cettecellule était bien moins grande que les alvéoles ordinaires, etles bords étaient moins élevés ; ils y travaillaient encore quand la femelle, mère de la peuplade, vint sur la cellue, :es chassa et donna quelques coups de dents au bord de la pe ite coupe ; elle fut contrainte de se retirer à cause de la fureur de queiques-uns d'entre eux, qui s’approchèrent d'elle en baitant des ailes, et qui la poursuivirent jusqu au bas du nid : ils ach2vèrent alors la cellule ; quand ïls lui eur2nt donné les dimensions convenables,je vis l’un d'entre eux s'établir sur l’alvéole, comme s'il eût l'intention de pon- dre : un autre y inséra de même l'extrémité de son corps ; et tindis qu'ils étaient ainsi occupés à pondre conjointement, je vis revenir la vieille mère : le bruit et le battement de ses a!es annonÇaient d'avance sa colère ; elle se jeta sur lure des petites pondeuses, lui monta sur le dos et réussit à la chasser à coups de dents (mandibules) : elle chassa l'autre de la même manière. « Dès que la cellule fut vacante, elle y enfonça la tête, prit les œufs qui venaient d'être pondus, et put les manger avec avidité. » | « Bientôt lune des petites femelles revint sur la cellule, lui rendit sa première forme, et se mit à pondre; la vieille mère revint encore avec sa jalousie ordinaire, chassa la pon- deuse, et enfonça sa tête dans la cellule : j'ignore si la petite pondeuse erut avoir pondu ou si elle n’aperçut pas le larcin de la vieille femelle, mais le fait est qu'il ne resta point d'œufs dans la cellule, et qu'elle la referma dès que la femelle se fut retirée, elle s'écarta pour chercher de la cire et fermer plus. soigneusement sa cellule mais d’autres individus qui étaient vraisemblablement aussi de petites femelles vinrent aussitôt et lui rendirent sa propre forme. (A suivre.) Le Gerant : H. HAMET. Imp. de la Soc. de Typ.- NoizeTTE, 8. r. Campagne-Première, Paris. N° 6. SEPTIÈME ANNÉE Juin 1882 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE PSPPISIPDSS PPS TES ELITE SOMMAIRE : Relation des fourmis avec les pucerons et les gallinsectes, (fin), par M. Ed. ANDRE. — Le Taon des bœufs, par M. E. SAvarp. — Note sur un moyen de destruction des insectes dans les serres, par M. E. Boisarp. — La Guêpe du Jacquez, par M. F. CasaLis. — Société centrale d'apiculture et d'insectologie. (Séance de mai 1882.) — — Les bourdons des champs (suite). Relations des fourmis avec les pucerons et les gallinsectes (suite, V. p. 65.) Nous abrégerons ici la relation de M. Ernest André relative aux pucerons, dont l’histoire propre est accidentelle et acces- soire dans un article consacré seulement à leurs relations avec les fourmis. M. Lichtenstein a découvert des faits nou- veaux, encore peu expliqués, relatifs à des services qui se- raient rendus par les fourmis à certaines espèces de puce- rons, du genre Schisoneura (HAUSMANN), pucerons qui n'ont pas de cornicules anales. C'est à ce genre qu’'appartient le funeste puceron lanigère du pommier, importé du Canada sous le règne de Louis XVI. M. Lichtenstein a étudié le S. venusta. (PASSERINI) qui vit de racines de graminées du genre Setaria. Des femelles agames de migration, par consé- quent munies d'ailes, arrivent en juillet au collet des plantes. Elles doivent pondre des œufs sur les racines et elles sont incapables de creuser le solet de pénétrer sous terre. Des fourmis se présentent, arrachent les ailes aux pucerons el creusent des canaux dirigés vers les racines. Les Schizoneura profitent de ces issues, qui sont intentionnelles ou acciden- telles de la part des fourmis, pour aller se fixer par leur suçoir sur les racines de Sétaire, et fournir, eux et leur descendance souterraine et radicicole, des jus sucrés aux fourmis. Cette 82 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE phase des Schizoneura est analogue aux femelles, agames, aptères et vivant sur les racines du phylloxera. Dans une autre partie de leur vie multiforme, les pucerons doivent donner des nymphes munies de fourreaux d'ailes, qui sorti- ront de terre. Là, prenant des aïes, elles deviendront des femelles aïlées agames, qui, pareilles à la phase ailée du phylloxéra, iront pondre, sur des plantes aériennes, des œufs mâles et femelles de deux grandeurs, toujours comme chez le phylloxera, et d’où naîtront des sexués, destinés à s’accoupler, et à renouveler la vitalité du cycle, épuisée par de nom- breuses générations de femelles sans mâles. Ce sont encore les multiples canaux dont les fourmis ont perforé le sol qui permettent la sortie aisée des nymphes. Cette fois les fourmis n'arrachent plus les ailes des nouveaux pucerons ailés, comme elles l'avaient fait pour les précédents, dont l'entrée en terre leur était utile. Nous rattacherons à notre sujet, toujours par un résumé sommaire du travail de M. E. André, la question des commen- saux des fourmis, soit carnassiers et ennemis, soit hôtes affec- tionnés de la maison. Nous ferons ici, dans l'intérêt des lec- teurs du Bulletin d’Insectologique agricole, une revue rapide des articulés myrmécophiles. On peut-dire qu'ils appartien- nent presque à tous les ordres des insectes et à diverses classes d’articulés. Les coléoptères sont ceux qui fournissent aux fourmis le plus de commensaux, principalement dans les Staphyliniens (Zomechusa, Aleochara, ete.), puis dans les genres Pselaphus, Claviger, Scydmenus, etc; viennent ensuite les tettigomètres dans les hémiptères, un très curieux orthop- tère sauteur, Myrmecophila acervorum (PANZER), rencontré notamment dans les fourmilières des boïs de Sèvres, près de Paris, par Audouin: des hyménoptères, des diptères Syrphiens, du genre Microdon, à larves ressemblant à des limaces arrondies, des thysanoures, etc; des araignées du genres Ænyo,des Acariens, enfin un petit crustacé isopode Platyarthrus Hoffmanseggi (Branpr). Certains de ces com- mensaux sont l’objet de soins véritablement affectueux de BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 83 la part des fourmis. Elles brossent et lèchent les CZaviger aveugles, et, dit-on, les nourrissent à la becquée, les por- tent au soleil, les promènent. Il est très probable qu'elles recherchent des sécrétions spéciales de ces insectes parasites des fourmilières, peut-être des odeurs suaves pour elles ; selon certains auteurs, les fourmis voient dans leurs commen- saux des jouets et des animaux de luxe, comme nos minus- cules chiens de salon. Le Taon des hœufs. (Tabanus bovinus, Linx.), PAR M. E. SaAvarn Le taon des bœufs habite les bois et les pâturages; il se jette sur les bestiaux et moins souvent sur l’homme ; c’est la plus grande de nos espèces. Ils percent la peau avec leur dard et font jaillir de la blessure le sang qui ruisselle de la peau. Ces insectes sont redoutés des chevaux, des bœufs, des vaches et autres animaux qu'ils tourmentent horrible- ment, et qu'ils poursuivent. Ils commencent à se montrer dès le 15 mai et continuent à paraître pendant tout l'été. Ce sont les femelles qui sont le plus à craindre et qui ont le plus besoin de sang pour leur nourriture ; ils sont trèscommuns et volent en bourdonnant. La larve est jaunâtre, longue, cylin- drique, rétrécie aux deux extrémités ; elle a la tête cornée, étroite, allongée, munie de deux grands crochets mobiles, cour- bés en dessous ; elle vit dans la terre, mais on ne sait de quoi elle se nourrit; elle s’y transforme en pupe; chaque segment de cette dernière est terminé par six pointes écailleuses qui lui servent à remonter à la surface du sol, à en sortir en par- tie afin que l’insecte puisse se dépouiller de son enveloppe et prendre son essor dans l'air. Son nom entomologique est Tabanus bovinus, et son nom vulgaire taon des bœufs. En Bourgogne, on l’appelle tavin, gros tavin pour le distinguer des autres taons qu'on désigne sous le nom général de tavin. 84 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Tabanus bovinus, Lin. — Longueur, 27 mill. Ilest d’un brun noirâtre; les palpes, la face, le front sont jaunâtres; ce dernier présente des taches et une bande noires; les antennes sont noires, ayant la base blançchâtre et le troisième article marqué de cinq divisions; le thorax porte des bandes noires et est garni de poils jaunâtres; le bord postérieur des seg- ments de l'abdomen est fauve et chacun d'eux porte sur le dos une tache triangulaire blanchâtre; les pattes sont brunes, avec les tibias jaunes, sauf l'extrémité qui est noire; les ailes sont hyalines, divergentes, ayant le bord extérieur jaunâtre et les nervures brunes. E. SAvVARD, Note sur un moyen de destruction des insectes dans les serres S Ce procédé, que je recommande à mes collègues horti- culteurs et amateurs, consiste dans l'emploi de la vapeur du jus de tabac qui, se déposant sur les plantes à l’état de buée, détruit infailliblement les insectes, tels que: acarides, éhrips, eoccus ou Cochenilles, kermès, pucerons, etc. Voici les résultats que j'ai obtenus, au bout de trois années d'expériences, dans une serre dont la capacité est de 60 à 75 mètres carrés. Ayant acheté 2 litres de jus de tabac à la manufacture des tabacs, je les ai fait bouillir à petit feu sur un fourneau placé dans la serre. Une heure et demie ou deux heures après, par suite de la vaporisation, la masse réduite au tiers était dans un état visqueux, presque solide ; après l'avoir délayé dans un litre et demi d’eau, j'ai fait bouillir d'une façon plus éner- gique, jusqu'à ce que tout se fut converti en vapeur et se fut fixé sous forme de buée sur toutes les parties des plantes. Je n'ai remarqué aucune altération, même parmi les plantes les plus tendres, telles que les andiantum, les jeunes blechnum brasiliense, les coleus, etc., seules, quelques jeunes pousses d'adiantum ont un peu souffert ; mais il faut dire qu’elles étaient sur des tablettes BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 85 A la rigueur, si l’on craint pour certaines plantes que l’on veut cependant débarrasser des insectes, on les protégera contre une action trop violente en les bassinant dans le cours de l'opération. Si, au contraire, elles n'ont pas d'insectes, il suffira de les bassiner avant l'opération ou de les sortir. Il en sera de même pour quelques fleurs sur lesquelles l’action du jus du tabac pourrait être trop énergique, les fleurs d'orchi- dées par exemple. Il suffira de les mettre, suivant leur forme, dans un cornet ou dans un sac de papier qu'on retirera quelques heures après l'opération. Il en sera de même pour les fruits d’ananas sur le point d'arriver à leur maturité, — On peut rester dans la serre pendant l'opération sans être in- commodé. | Une certaine quantité des insectes tombe sur le sol. Il n’y a pas à s'inquiéter de ceux qui restent sur la plante, car ils sont morts. Les plantes ainsi privées d'insectes sont à l'abri de leurs attaques pendant six mois, au moins pour les kermès et les coceus. Les pucerons, acarides et thrips reviennent plus tôt sur les plantes; contre eux, il faut renouveler l'opération un peu plus souvent; mais il ne sera pas nécessaire qu'elle soit aussi énergique, il suffira d’un litre de jus de tabac et d’un litre d'eau. — Il est essentiel dans les serres chaudes, que la température soit aussi basse que possible, afin de ne pas compromettre la santé des plantes. Je n’ai pas eu occasion de faire des expériences en plein air: mais je suis convaincu de leur réussite et je ne puis qu'en- gager à les essayer. Il suffirait pour cela d’avoir un appareil simple et portatif pour faire bouillir le jus de tabac, et de distribuer la vapeur au moyen d'un tuyau. Les expériences devront être faites le matin, par un temps calme et sec, car l'humidité qui recouvre les végétaux empêcherait le contact entre eux et la buée de jus de tabac (1). E. Borzarn (B. de la S.d’horticulture de Soissons.) .LM.Trouillet recommande l'emploi du jus de tabac au dixième (9 parties d'eau)avec lequel on'bassine les branches et les bourgeons envahis. (La Réd.) 86 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE La guêpe du Jacquez(1) Dans ses intéressantes et spirituelles causeries sur les vignes américaines, M. U. Molines signale à l'attention des viticul- teurs un insecte, encore fort rare heureusement, qui s'attache d'une manière toute spéciale au Jacquez. Ce nouvel ennemi, que M. Molines appelle la guêpe du Jacquez, parvient en quelques jours à disséquer assez minutieusement un Jacquez, pour faire d’un cep ombreux et luxuriant qu'animait la sève et que remuait la brise, un squelette végétal anguleux, raïdi et bientôt desséché. Personne, que nous sachions, n'avait encore signalé cette guêpe ; aussi allons-nous laisser à M. Molines le soin de nous la faire connaître. « La guêpe du Jacquez, dit-il, s'attaque aux feuilles, et, son œuvre de destruction rapide s'explique par l'époque de pleine végétation où l'attaque se produit et aussi par une bizarrerie de mœurs de cet insecte. « C'est peut-être au hasard que la guêpe du Jacquez prend possession d'un des ceps du clos, ou peut-être tout simple- ment celui où elle a pris naissance ; mais, une fois le choix fait, il devient irrévocable. Elle se pose sur une feuille, et, décrivant prestement des échancrures comparables à celles du ver à soie sur la feuille de mûrier, elle dévore sans merci le parenchyme ou partie verte jusqu'à ce qu'il ne reste que les nervures ; lorsque cette feuille ne lui fournit plus d’aliment, elle passe à la feuille voisine du même sarment. Lorsque celui- ci est dépouillé, elle cherche un autre rameau, mais apparte- nant toujours au même cep. Si elle est dérangée, elle vole, va, vient, s'éloigne, et revient infailliblement à la feuille, au ra- meau, au cep attaqué et condamné. Je ne connais d'exemple d'un instinct semblable chez les animaux que dans ces tau- 4. Le Jacquez est une variété de vigne américaine, introduite dans ces derniers temps. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 87 reaux de course, dits collants, qui s'acharnent toujours après le même homme, le même vache (1). » M. U. Molines se propose de capturer cet hyménoptère pour le faire déterminer par les entomologistes. Il sera intéressant de savoir si cet insecte est indigène ou s'il a été importé d'Amérique avec quelques plants de Jacquez. En tout cas, il a dû être fort rare en France, jusqu'à présent, puisque per- sonne ne l'avait encore signalé à l'attention des cultivateurs. F. Cazauis Société centralc d’apicalture et d’insectologie, Séance du 18 mat 1882. — PRÉSIDENCE DE M. HENRICY, Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Garnier, de Signes, répond ce qui suit aux objections qui lui ont été faites dans la dernière réunion relativement à la ponte des mâles indigènes qu'il attribuait à une abeille de race étrangère. « J'ai l'honneur de vous informer que la mère italienne dont je vous avais entretenu pond maintenant des mâles jaunes. Les mâles noirs devaient donc leur naissance à une ouvrière pondeuse provenant du couvain ajouté à la colonie étrangère pour la fortifier. Il est possible que cette ouvrière pondeuse ait déposé quelques-uns de ses œufs dans des cel- lules d’ouvrières ; mais le plus grand nombre assurément ont dû être élevés dans les cellules de mâles des rayons que j'avais placés exprès au centre du couvain (la ruche est à ca- dres) et d’où j'ai vw sortir les mâles noirs dont la présence me surprit tant. Il faut dire qu'un passage d'Oettl (voir l'Apicul- teur de février 1867, p. 150), qui me tomba sous les yeux, lors- que je compulsai la collection de votre journal, pour y trouver 1. Un congénère de cette guêpe, en admettant que ce soit une guêpe, le frelon, s'attaque quelquefois aussi aux jeunes rameaux de frène qu'il dé- cortique entièrement. L4 Rédaction. 88 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE l'explication du phénomène, paraît bien établir l'existence de pareilles mères. Voici ce qu'il dit: « Je n’eus pas plus de succès avec une seconde mère que « j'achetai de M. Dzierzon; elle ne produisit que quelques « abeilles jaunes parmi des noires, et seulement des bowrdons & noirs. » « Ma crainte qu'il en fût ainsi pour la mienne se trouve donc maintenant dissipée et je n’ai que des remerciements à adresser à M. Mona pour la beauté et la fécondité de la mère qu'il m'a envoyée. | « La possession de cette colonie m'a permis de faire quel- ques observations que je vous soumets : « 1° Je lis partout que l'abeille italienne est de la même taille que l'abeille noire. Il faut alors que l'abeille de Pro- vence soit plus grande que l'abeille des autres parties de la France, car elle est sensiblement plus grande que lita- lienne; « 2° Le 4 mai, examinant les abeilles qui butinaient dans un champ de sainfoin, pour y dézouvrir quelques-unes de mes italiennes, je dus, pour en rencontrer trois, en fixer guwel- ques centaines, ce qui me paraît être la proportion entre la ruche italienne que je possède, à l'exclusion de tout autre apiculteur dans la localité, et le nombre de ruches indigènes qui se trouvent à portée dudit champ de sainfoin. Mais à cin- quante pas de là, sur une touffe de sainfoin isolée au milieu d'un pré de luzerne et de fromental, j'aperçus deux italiennes ; y repassant le jour même et les jours suivants, j'y en ai toujours compté deux ou trois ; preuve évidente que l'abeille s'adonne à certains lieux, à certaines plantes, et y retourne assidûment jusqu'à ce qu'elle n'y trouve plus rien à ré- coller. » M. Geslin présente quelques observations sur la loque, en ce qui concerne le cas dont il a été parlé dans la dernière séance, et dit qu'elle peut être produite par des causes acci- dentelles. Le professeur du Luxembourg ajoute que la plu- part des colonies venant de l'étranger qui sont atteintes de la BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 89 loque ont contracté cette affection en voyage ; les mères qui souffrent du froid comme du chaud dans le transport sont sus- ceptibles de devenir loqueuses. M. Peret, de l'Hérault, soumet un insecte dont il désire avoir le nom etles mœurs; cet insecte est remis à M. Maurice Girard qui est prié de le déterminer. Celui-ci répond que cet insecte est un diptère, appartenant à la famille des Asiles. Mais il a besoin de l’étudier pour connaître l'espèce. M. Ramé donne des renseignements sur l'éducation qu'il a faite du paon de nuit. Des papillons sont nés huit mois après la ponte des œufs d'où ils sont sortis. M. Maurice Girard entretient l'assemblée de différents objets qui sont rapportés dans le n° 5 du Bulletin. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Pour extrait : l'un des Secrétaires, E. MALESSARD. Les bourdons des champs (suite V. page 78) « Je crus reconnaître alors cette petite pondeuse que j'avais prise sur le fait le 2 août, elle était la plus grande des petites femelles de ce nid; elle monta sur la cellule, élargit son orifice, éleva ses bords, se mit à pondre, et fit deux œufs devant moi. Peut-être en eût-elle fait davantage sans la vieille mère qui revint en battant des ailes, la poussa hors de la cellule, la chassa bien loin, et finit par manger ses œufs.Celle-ci fut aidée dans ce travail par une des petites femelles dont j'ai parlé plus haut et que j'avais marquée avec de la couleur lorsqu'elle était occupée à pondre dans la même cellule. « La petite femelle qui venait de pondre reparut à son tour avec les signes de la colère ; elle chassa toutes les ou- vrières de dessus le gâteau, referma sa cellule quoique vide, et fit la garde autour d'elle avec une activité étonnante; elle se coucha sur son ouvrage ; quand je la vis bien résolue à ne plus pondre, je l'enlevai avec la vieille mère, et je les enfermai 90 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE dans un poudrier pour savoir si tous les bourdons qui se mettaient sur ces cellules étaient de véritables pondeuses; mais je ne pus m'en assurer, parce que les ouvrières détrui- sirent la cellule. II était trois heures du matin,je me retirai, et je renvoyai au lendemain la suite de mes observations. » « A six heures du matin, il ne restait plus de vestige de la cellule, et je rendis à leur nid les deux individus que j'avais faits prisonniers. Ce jour-là, à six heures du soir, l'agitation recommença ; une large et épaisse cellule se faisait remarquer sur les gâteaux; la vieille mère, qui ne pondait plus depuis fort longtemps et qui était devenue stérile à force de pondre, était montée sur la cellule ; elle en déchirait les bords avec acharnement, sans avoir pour but d'enlever les œufs qu'elle pouvait contenir, car elle était ouverte, et d’ailleurs elle n'en contenait pas un. « C'était donc par jalousie et non par besoin. «Il m'importait de savoir si les œufs de ces petites femelles viendraient à bien; et, pour satisfaire ma curiosité, j'enlevai pour la seconde fois la vieille femelie, et j'observai encore les manœuvres des individus qui restaient encore dans le nid. | « L'agitation monte à son comble. « Les petites femelles se poursuivaient les unes les autres ; trois ou quatre d'entre elles voulaient pondre à la fois; elles se disputaient la cellule avec une rage étonnante. Celle qui parvenait à la posséder un instant pondait quelques œufs et devenait l’objet de la jalousie des autres ; celles-ei se jetaieni sur elle, harcelaient le bout de son ventre et la faisaient dé- guerpir à coups de dents. « La plus grosse d’entre elles parvenait toujours à s'empa- rer de la cellule, mais elle n’en pouvait jouir que faiblement, car les autres s’acharnaient à la chasser, et comme elle se sentait la plus forte, elle se retournait et les précipitait au bas du gâteau avec la rage des vieilles mères. Quand elle avait pondu, elle était obligée de garder sa cellule, plutôt peut-être par jalousie que par amour pour ses petits. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 91 « Gette suite d'observations fut dérangée cette année-là par les teignes ; elles mangèrent les cellules où les petites femel- les avaient pondu, et je ne pus savoir de quel sexe auraient été les individus qui en seraient sortis ; mais, depuis lors, j'ai mis tous mes soins à le découvrir. « Dès le 21 juin de l’année 1797, les petites femelles m'offri- rent les mêmes scènes; elles furent quelquefois encore plus animées; le 22, j'enlevai la mère ; le 23, je la replaçai dans son nid; elle paraissait robuste et bien portante, mais un quart d'heure après je la trouvai expirante sous le gâteau. Les rivales continuèrent à pondre pendant plus d'un mois. Le 25, de petits vers naquirent dans une cellule où elles avaient pondu le 21. Le 4 juillet, ces neuf vers filèrent leurs coques ; le 6, ces coques changèrent de forme; le 18, leurs habitants les ouvrirent pour en sortir ; je les observai avec soin, et je les reconnus tous pour des mâles. « Les grandes et jeunes femelles ne se mélèrent pas aux scènes singulières dont on a parlé, .et n'étaient point en butte à la jalousie des petites femelles, tandis que la mère com- mune en était quelquefois la victime. La nature, en privant les jeunes femelles de la faculté de pondre dans le nid où elles étaient nées, les soustrayaient à la fureur toujours dange- reuse de leurs rivales, et c'était peut-être à cette seule pré- caution qu'était attachée la conservation de l'espèce. « Les mâles de la dernière ponte fécondaient les grandes femelles pendant cette première période de leur vie. Celles-ci, destinées à fonder de nouvelles colonies, n'étaient pas inutiles à la communauté; elles travaillaient comme de simples ouvrières dans le nid où elles avaient pris naissance ; elles s'occupaient comme elles à y récolter le miel, le pollen. Je les ai vues chargées de pelotes à leurs jambes, vider dans des pots à miel celui qu’elles avaient recueilli sur les fleurs, elles faisaient de la cire, elles savaient la sculpter, elles devaient même savoir construire des cellules quand elles auraient à commencer de nouveaux nids; mais avant ce terme, elles ne faisaient jamais d’alvéoles. 92 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE « Elles paraissaient donc ignorer l'art de bâtir, et cette fa- culté reste suspendue jusqu'au retour du printemps: à celte époque, le sentiment de leur maternité leur rend tout leur instinct, el réveilie en même temps, chez les jeunes mères, l'idée d'œufs qu'elles ont à pondre, et celle des cellules dans lesquelles ils doivent être déposés. « Si les ouvrières construisent quelquefois des cellules, ce n'est que lorsqu'elle ont été commencées par la mère com- mune, ou par de petites femelles, elles ne les continuent peut-être jamais d'elle-mêmes. S'il était possible de soumettre les nids de bourdons comme les ruches d'abeilles, à une observation incessante, peut-être pourrait-on confirmer le récit de Godart: chaque nid de bour- dons posséderait une trompette qui, le matin de bonne heure, grimpe sur le faîte pour y faire vibrer ses ailes, et dont l’ap- pel résonne pendant un quart d'heure afin d'éveiller les habi- tants pour le travail; ce détail supposerait, dans l'existence de ces insectes, d'autant plus d'intelligence qu'à ce moment rien n’est encore éclairé. Ce trait de mœurs est loin d'être réellement démontré. Le miel qu’on trouve dans les cocons vides paraît destiné à transformer la larve en une grande femelle spéciale, si l’on admet qu'il faille à cette future mère une nourriture meil- leure qu'aux autres membres de la famille. Au début, il doit bien y avoir quelques contestations entre la mère primitive et les graades femelles ; mais elles se résolvent complètement et sans combat, grâce au caractère facile des bourdons. Res- terait à savoir si cette aïeule est encore en vie quand celles-ci font leur apparition; c’est là une question à iaquelle je répon- drais plus volontiers par la négative que l’affirmative. Dans une famille qui comprend une centaine de têtes, on compte à présent environ vingt-cinq mâles et quinze femelles ; le reste est composé d'ouvrières. C'est du milieu de septem- bre au milieu d'octobre, que les grandes femelles s'accou- plent; elles attendent sur un tronc d'arbre, un mur ou quel- que autre lieu élevé, en plein soleil, le passage d’un mâle, qui, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE * 93 l'opération terminée, tombe à terre épuisé, et succombe. Les autres membres de l'association meurent çà et là successive- ment ; seules, les grandes femelles, nées au mois d'août, vi- vent pendant l'hiver. C'est une chose très aisée, dit Réaumur, que de voir l'inté- rieur des nids de bourdons et. d'examiner comment tout y est disposé ; on peut le découvrir sans s’exposer à aucune aven- ture fâcheuse. Quoique les bourdons soient armés d'un fort aiguillon, et quoique le bruit qu'ils font entendre semble menaçant, ils ne laissent pas d'être assez pacifiques. Quand on Ôte le toit de leur habitation, quelques-uns ne manquent pas d'en sortir par en haut; mais ils ne cherchent point à se jeter sur celui qui les a mis à découvert, comme le feraient les abeilles en pareil cas ; plusieurs même alors n’abandon- nent pas le nid. Ils en ont toujours usé au mieux avec moi; il n'y en à jamais eu un seul qui m'ail piqué, quoique j'aie mis sens dessus dessous des centaines de nids. « Si l’on enlève le toit de mousse dont les bourdons recou- - vrent leur nid, dit P. Huber, on entend d'abord les ouvriers et la mère battre des ailes vivement, et ce bruit aigu et le si- gne de leur colère ou de l'alarme qu'on leur cause ; on les voit alors venir sur leurs gâteaux avec agitation, lever une patte, puis une autre du même côté, puis la troisième, et se renverser tout à fait sur le dos ; elles recourbent en haut leur anus, et présentent à l'observateur indiscret ieur aiguillon, qui sort ac- compagné d'une goutte de venin : quelquefois, dans leur co- lère, elles lancent cette liqueur, qui ne fait néanmoins aucun mal, si elle n'est précédée d'une piqûre ; le venin est cepen- dant acide, puisqu'il rougit les teintures végetales. « Les bourdons setiennent sur la défensive jusqu’à ce qu’on les ait mis dans la nécessité d'attaquer, par le dérangement de leur nid, ou par l'enlèvement de leurs petits, alors l’obser- vateur doit rester sans mouvement auprès du nid, les bour- dons s’apaisenf, et il peut, avec de l'adresse, visiter les gà- teaux et même les enlever aveg leurs habitants. L Dès qu’on cesse de les inquiéter, disent Réaumur et Huber, 24 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE ils songent à recouvrir leur nid, etn’attendent pas même, pour se mettre à l'ouvrage, que celui qui a fait le désordre se soit éloigné. Si la mousse du dessus a été jetée assez près du pied du nid, comme on l'y jette, même sans penser qu'on doit le faire pour épargner de la peine à ses mouches, bientôt elles s'occupent de la remettre à la première place. Les bourdons de trois sortes, c'est-à-dire les grands, ceux de moyenne grandeur et les petits, y travaillent. Nos bourdons ressem- blent encore en ceci aux villageois, auxquels nous les avons comparés ; tous se croient nés pour le travail et tous travail- lent. Il n'y a point parmi eux, comme parmi les abeilles, des mouches qui aient la prérogative de ne rien faire, de passer leur vie dans l’oisiveté. Francois Huber raconte un trait de bonté, qui prouve la bienveillance des bourdons et leur caractère facile, à ceux qui chercheraient à les décrier. Nous avons vu, dit-il, dans un temps de disette, les abeilles venir piller un nid de bourdons placé dans une boîte entr'ou- verle assez près du rucher ; elles s’en étaient presque empa- rées ; quelques individus restés, malgré le désastre de leur nid, allaient encore aux champs et rapportaient le surplus de leur nécessaire dans leur ancien asile : les abeïlles les sui- vaient à la piste et rentraient avec eux dans le nid, elles ne les quittaient point qu'elles n'eussent obtenu le fruit de leur ré- colte ; elles les léchaient, leur présentaient leur trompe, les enveloppaient et ne les relâchaient que lorsqu'ils avaient vidé le liquide sucré dont ils étaient dépositaires ; elles ne cherchaient pas à faire périr l’insecte auquel elles devaient leur repos ; l’aiguillon n’était jamais tiré, le bourdon lui- même s'était accoutumé aux exactions dont il était l’objet ; il cédait son miel et reprenait le vol ; ce manège d'un nouveau genre dura plus de trois semaines ; des guêpes, attirées par la même cause, ne s'étaient point familiarisées de cette ma- nière avec les anciens propriétaires du nid ; les bourdons seuls restaient le soir au logis : ils disparurent enfin, et les insectes ne revinrent plus. 95 En dépit de leurs retraites dissimulées, il ne manque pas D'INSECTOLOGIE AGRICOLE d'insectes qui pénètrent dans les nids des bourdons. Sans BULLETIN (W#01100p2Y 1) *OIIU}IIOS JS9 UOTJUOTIPIU ANOT J9 SOTIOUO SOP J9 Sojeu sep onb qjuo,u see ‘ suopanoq stexa op sed quos eu ‘snjiod sex sonbytpqour ‘soxoydouque so'T ‘20 *OT[O UE] J0 oJeUr ‘ouToo18uor o1o0n0,] “D jo / — “epjourez ‘serpent sep oxouydoqjue fa — ‘oyjouwe] Je oqeur ‘osnj{o oxoydogque] ‘p39 2 — ‘e[[OUe] Je eqUU “oesstiou 10 doque,T ‘Q 19 » Ê J 9 p =) Q 1 Ep =} el, [T5 Mr n { FL DAT) ï Hi 2 ‘emparent de leurs personnes et les iseaux, qui S parler des o s, les musaraignes, les t les principaux destruc- r épine sur des mangent ou les empalent 1S Son mulots, la belette et les puto teurs de leurs nids. (A suivre.) 96 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE ERRATUM Le metteur en pages du Bulletin a sauté un feuillet des Bourdons des champs que nous donnons, et qu'il faut lire avant l’article de la page 59. « La mère s'installe alors sur les crocus, sur les châtons des saules, sur les rares prémices de la floraison nouvelle, avec ses autres cousins et cousinés affamés, et entonne dans leurs joyeux concerts, la basse la plus profonde que peuvent imiter les autres insectes bourdonnant, fredonnant ou sifflant. Selon l'expression d'une femme poèête ; Lourdement blottis dans les fleurs, grondent Les contrebasses., les Bourdons paresseux. Dès lors le travail commence avec ardeur. Quoi ! le travail ? Mais cette femelle paraît être en fête ! Festoyer et travailler, pour elle c’est tout un; ses jours de travail sont jours de fêtes. Elle a découvert quelque vieux nid abandonné, quelque tertre de taupinière, couvert de gazon, sur lequel les fourmis n’ont encore élevé aucune prétention, ou le souterrain ser- pentant du même animal, ou quelque trou de mulot dégradé; elle en agrandit elle-même l'intérieur, suivant les besoins. L'emplacement choisi varie suivant les espèces ; mais il leur faut toujours une entrée cachée et commode. C'est là qu'elles rapportent les sucs des fleurs qu'elles mélangent avec le pollen, aménageant le tout en petits tas; sans aucun art. « On voit souvent, rapporte Pierre Huber, cette mère fort agitée courir ça et là sur le nid, s'arrêter sur un massif de cire, enlever quelques parcelles de cire, puis se remettre à courir ; s'arrêter, enfin déposer la cire qu'elle rapportait et réitérer ce manège jusqu'à ce qu'elle ait élevé un petit tas, auquelelle puisse donner une certaine forme. Le Gerant : H. HAMET. Imp. dela Soc. de Typ. - NorzeTTe, 8, r. Campagne-Première. Paris, N 8 SEPTIÈME ANNÉE Août 1882 BERÉPETEN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : De la Pyrale de la vigne et des moyens de la combattre (suite,) par M. JAUSSsAN. — Le puceron vrai de la vigne, par M. Licx- TENSTEIN.— Protection due aux oiseaux insectivores.— Insectes nuisi- bles au cardon, par M. DILLoN. — Sériciculture nouvelle (suite), par M. BazBrani.— Les Guêpes, et les raisins par M. CH. CHEVALIER.— Des- truction des cousins. De la Pyrale de la vigne et des moyens de La combattre (suite, voir p. 97). Le lot n° 3, resté deux ans, a perdu 538 kil. ; il a perdu, sur le n° 2, 319 kil. On peut donc dire qu'une année de non traitement a fait perdre, par lot composé de 640 souches, 269 kil. de raisin ; ce qui fait 421 kil. par 1.000 souches, et par hectare de 4.000 sou- ches, 1.600 kil.; déduisant un tiers pour le poids du mare, il reste par hectare 1.120 litres de vin en plus. Y a-t-il profit à échauder ? Le prix de revient de l'opération nous le démontrera. Ce prix peut varier, mais non d’une ma- nière sensible ; si l’on a traité des souches très fortes, comme les Aramons de quarante ans, des Carignans, des Alicantes très âgés, il est bien évident que, ayant une plus forte surface à échauder, des écorces plus épaisses à traverser, il faut plus de temps, plus d'eau, plus de charbon que pour des souches moyennes ou petites. Le prix maximum de revient que l’on pourrait adopter se- rait le coût de mon traitement de l'an dernier, où je n'opérai que sur de très fortes souches. Il s’est élevé à 15 fr. 20 par 1.000 souches, 60 fr. 80 par hectare. Il se compose de la ma- nière suivante : 114 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Traitement de 1.000 souches. 6 journées de mules attelées, à 10 francs . . 60 fr. » #00:kilog: decharbon, à francs. . +551 CHOMmIRRS » 205 journées de femmes, à 2 francs . + & L + 1 410 » 200": = "lemésadiers, à 28170: 25 00 650 » 47 — de surveillant, à 4 francs + + . . 68 » Amortissement de quatre chaudières, à 50 francs. 200 Tuyaux (durée de deux ans admise) . . . . . . 72 Total 1:27 11 ME GOO IE Il a fallu, pour 1.000 souches, 51 kil de charbon ; par hec- tare, 204 kil. Chaque chaudière a fait chaque jour 1.340 sou- ches. En 1874, l'échaudage me coûta 55 fr. 60. En 1872, où je ne traitai que des souches moyennes, le prix de revient ne fut que 37 fr. 50. Il y a donc tout avantage à se défendre. ù 411 hectol., 20 sauvés par hectare, à 25 francs l'hect. 280 fr. » A déduire, frais de traitement évalués à. . . . 60 80 Reste net 2422009102 Ce bénéfice n’est pas à dédaigner, d'autant plus qu'il y a en- core beaucoup de marge quant au prix de vente. Le elochage. — On peut encore atteindre lajeune pyrale ca- chée sous les écorces, par l’asphyxie, en la mettant dans un milieu saturé de gaz irrespirable. L'acide sulfureux à été choisi comme étant le plus facile et le meilleur marché à produire. On couvre la souche au moyen d'une cloche en métal, sous laquelle on fait brûler du soufre. Après dix minutes, les pyrales sont asphyxiées. Ce procédé a été appelé elochage-sulfurisation. Ici encore j'ai le regret de ne pouvoir nommer celui qui a eu l’idée pratique de cette ingénieuse application, et il est bien regrettable qu'il ne puisse être signalé à la reconnais- sance des viticulteurs. Beaucoup moins de modestie, un peu BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 115 moins de paresse, feraient faire assurément de bien grands pas aux choses agricoles. Beaucoup de pratiques extrêmement utiles, qui sont cantonnées dans un petit rayon, rendraient de grands services si elles étaient vulgarisées. Le grand avantage de la sulfurisation est de n’exiger qu'un personnel très peu nombreux, et de pouvoir être employée à une époque où les travaux agricoles ne sont pas d'une impor- tance telle qu'il faille les exécuter à jour fixe ; en sorte que l'on peut, sans inconvénient pour cela, détacher un certain nombre d'ouvriers. Un ouvrier peut aisément manœuvrer vingt cloches; chaque cloche, restant dix minutes sur la souche, fait six souches à l'heure et quarante-huit par journée de travail de huit heures. Les vingt cloches feront, par conséquent, 960 souches par jour- née ; mettons 900 seulement. Si l'on fonctionne pendant trois mois, admettant vingt jours de travail par mois, soit soixante jours, une équipe de vingt cloches et un seul ouvrier traiteront 54.000 souches, soit 13 hectares 50. Les cloches doivent êtreen métal inoxydable, en forme de cône tronqué, et munies de deux poignées pour en faciliter la manœuvre. Leur dimension doit être en rapport avec le dé- veloppement des souches du vignoble à traiter : le prix de chaque cloche est de 10 à 12 francs. On emploie indifféremment, pour produire l'acide sulfureux, des mèches soufrées, ou du soufre en canon concassé. Ce der- nier est beaucoup moins cher et, à mon avis, doit être pré- féré; mais la manœuvre est toujours la même. Je prends pour type l'emploi du soufre en canon. L’ouvrier, après avoir mis ses vingt cloches en ligne, pose sur chacune d'elles un petit vase en métal ou en poterie très bon marché, dans lequel il a mis quelques morceaux de soufre de la grosseur d’une noix. On emploie généralement de petites casseroles en tôle, du prix de 20 ou 25 centimes. Il les allume au fur et à mesure, et, lorsque la combustion se fait bien, il constate l'heure à sa montre, et, prenant le premier vase, il le pose au pied de la 116 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE première souche de la ligne et le recouvre aussitôt avec la première cloche ; il fait de même pour la seconde, et ainsi de suite. Le changement ne dure pas plus de quatre minutes. Une fois la vingtième cloche en place, l'ouvrier remonte vers la première et, dans son trajet, si quelqu'une laisse passer la va- peur, il ramène un peu de terre avec le pied pour boucher la fuite. Arrivé à son point de départ, à la première cloche par conséquent, il allume un vase ou une casserole en sus des vingt qui servent à la manœuvre, et dès que dix minutes sont écoulées, il la dépose au pied de la première souche de la se- conde rangée et la couvre avec la première cloche. Il ramasse la casserole laissée à découvert, y ajoute quelques morceaux de soufre, 20 à 25 grammes, deux ou trois morceaux de la grosseur d'une noisette, la met au pied de la seconde souche de la deuxième rangée, la recouvre aussitôt, et ainsi de suite; le changement de la vingtième cloche fait, il lui reste une cas- serole qu'il alimente et qui lui servira pour la première souche de la troisième rangée. Cette opération est, on le voit, extrêmement simple ; quelques précautions seulement doi- vent être prises. Quand on quitte le travail, soit à l'heure des repas, soit à la fin de la journée, il faut bien se garder de laisser les cloches sur les souches; il faut les enlever et les déposer dans les intervalles. Le séjour trop prolongé des souches dans cet air raréfié produirait sur elles la même effet que sur les pyrales, elles seraient étouffées. On a constaté bien souvent des lignes entières ne poussant pas : c’étaient celles que l’on se rappe- lait très bien avoir laissées couvertes pendant la durée du repas. Il faut s'abstenir de traiter immédiatement après les pluies; l’eau ayant la propriété d'absorber une très grande quantité d'acide sulfureux, le traitement ne serait que peu efficace. Il faut laisser la terre se ressuyer à la surface, et si elle estencore un peu humide, augmenterla production de l'acide sulfureux. Il faut cesser le traitement dès que la vigne pleure, avant mème que le bourgeon s’entr'ouvre, sans cela, tous les bour- geons seraient infailliblement brûlés. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 117 Il est bon que la vigne soit déchaussée ou bien qu'on y ait fait passer la gratteuse. La terre étant ameublie, la cloche y pénètre aisément, les fuites sont moins considérables: et, si l’ouvrier a le soin, quand la cloche est posée, de lui donner un petit mouvement circulaire en appuyant dessus, l'obtura- tion est aussi complète que possible. Par un temps calme et beau, on est dans les meilleures con- ditions. — Un vent trop fort est préjudiciable. ie prix de revient, amortissement du matériel compris, est moins élevé quand on emploie le soufre en canon que quand on se sert de mèches soufrées. On peut l’établir ainsi par hec- tare : Avec le soufre en canon. 100 kil. soufre à 23 francs (25 grammes par souche) 2 LD ND AT (0 OÉUN ARE ENS ir Een RP A AOL 17068710 Amortissement. . . . re venir done 2e div és mt ve HN ECC MOtal Pre 42 fr. 00 Avec les mèches soufrées. 400 mèches à 0 fr. 0127 (37 fr. le 100) 29 mèches ARR PR NE AIO IN SONO LION TELUS Te 50 fr. 80 NT TE MNT r UN MALO LR LAN AO LOUE 14 40 ATOS Semen trs ee PB 2 UN M, AU VIA SIT 4 60 Fo rlee 67 fr. 80 L'’amortissement est calculé sur une durée de quatre ans. Une équipe de 20 cloches à 12 francs l’une, 240 francs, soit / par an, 60 francs. Un équipe fait 13 hectares 50, c’est donc 4 fr. 60 par hectare. (À suivre). Le Puceron vrai de 1a vigne. (Aphis vitis.) PAR M. J. LICHTENSTEIN Depuis que mes études favorites se sont portées sur les in- sectes nuisibles à la vigne, et en particulier sur les Homop- 118 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE ières, Cochenilles ou Aphidiens, soit en langage ordinaire les Pucerons, je tâche de retrouver les fléaux signalés par les au- teurs anciens pour comparer leur action actuelle sur nos vi- gnobles à celle qu'ils pouvaient exercer antérieurement. C'est à la suite de ces études que j'ai pu établir qu'aucun de mes prédécesseurs n'avait connule Phylloxera, qui est bien certainement d'origine récente et venu du nouveau monde, tandis que Strabon a déjà parlé de la Cochenille blanche fari- neuse, Connue aujourd'hui sous le nom de Dactylopius vitis,et - que Réaumur a décrit admirablement et très bien figuré le Gallinseete de la vigne, dont le nom scientifique est aujour- d'hui Pulvinaria vitis. Mais, tandis que je retrouvais et pouvais aisément classer les Cochenilles, je ne savais que faire pour retrouver le vrai Puceron de la vigne, dont Scopoli citait les ravages en Car- niole, et qu'il baptisait du nom d'Aphis otitis en 1763. Fabri- cius le citait également en 1775, avec la mention: Labitatin vite vinifera. Mais, depuis lors, cet insecte semblait avoir disparu, car Kaltenbach, en 1843, en citant ses deux vieux prédécesseurs, disait : « J'ai vainement cherché ce Puceron sur nos vignes, je n'ai jamais pu le trouver; j'ai également interrogé tous mes amis, sur les bords du Rhin, le tout sans succès. » (Monogra- phie der Pflanrenlause, 1843.) L'auteur le plus récent et notre contemporain, le profes- seur Passerini, de Palerme, dit encore, dans sa Flora degli Afidi (1875-1879) : « L’Aplhis vitis de Scopoli, indiqué par son auteur et par Géné comme propre à la vigne, n’a jamais été trouvé par moi ; je ne sais donc pas ce que c’est. » Je lecherchaïis aussi, comme mes savants devanciers, depuis une dizaine d'années, lorsque le 30 du mois dernier (mai), me trouvant à la campagne de M. H. Pagézy, près de Montpellier, mon attention fut attirée par des fourmis allant et venant ra-. pidement sur une très belle pousse de Jacquez, cépage amé- ricain très vigoureux, et l’un de ceux qui viennent le mieux dans le département de l'Hérault. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 119 Quand on voit des fourmis en nombre sur un vegétal quel- zonque, il est à peu près certain qu'elles vous conduisent à une colonie de Pucerons, si vous suivez leurs traces ; et, en effet, en examinant de plus près le bourgeon de Jacquez, je vis queles vrilles étaient garnies de petits Pucerons vert foncé, à queue et nectaire noirs et presque d'égale longueur. Prévenu comme je l’étais par mes études, je n’eus pas de peine à reconnaître l’insecte de Scopoli, qui manquait encore à ma collection, et je vais me mettre à l’observer pour me rendre compte de son cycle biologique et du degré de no- cuité qu'il peut avoir sur les vignobles. Il est assez extraordi- naire que ce soit par un cépage américain que se trouve un Puceroneuropéen, car ce n’est que sur le Jacquez que je le trouve assez abondamment, quoique en petites colonies, à présent que je suis prévenu. Cestaussi surtout afin d'attirer l'attention du viticulteur sur ce nouvel ennemi, que je me hâte de publier cette réap- parition d'un insecte du siècle dernier, en attendant d'en don- ner l’histoire complète. Je ne voudrais pourtant point effrayer nos vignerons en leur parlant de cet Aphidien comme d'un nouvel ennemi ; il est très probable que son action se bornera à faire recoquiller quelques bourgeons, sans avoir d'autre influence sur la récolte. En attendant, je me permets d'envoyer à la commission du Phylloxera un exemplaire de ce puceron en préparation mi- croscopique. Jules LICHTENSTEIN. Protection dune aux oiseaux insectivores. M. Millet, un de nos membres les plus compétents en ornithologie, a présenté dermièrement, à la section d’entomo- logie appliquée de la Société des agriculteurs de France, le résultat de ses savantes recherches, prolongées pendant de longues années. Le nombre des insectes nuisibles étant presque infini, 120 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE M. Millet s'est borné à dresser un tableau qui renferme, en neuf séries, ceux qui sont les plus nuisibles à l’agriculture, savoir : insectes nuisibles aux céréales, aux légumineuses, aux crucifères de grande culture, à la betterave et à la pomme de terre, aux plantes potagères, aux fleurs, à la vigne, aux arbres fruitiers, aux arbres des forêts, des parcs et des ave- nues. Les dommages annuels sur les principales cultures attei- gnent le dixième, le cinquième, parfois même le quart des récoltes, soit au minimum 350 à 400 millions. Dans cette éva- luation ne sont pas compris les centaines de millions de phyl- loxeras. Parmi les remèdes, se place au premier rang la conservation des oiseaux auxiliaires. D'après les études de M. Millet, on compte en France envi- ron 70 espèces d'oiseaux auxiliaires, savoir : 25 sédentaires et 45 migrateurs. Par une loiremarquable, le nombre des espèces utiles dépasse de beaucoup celui desespèces nuisibles, et c'est précisément le contraire chez les insectes (1). Leur activité est prodigieuse, leur vue d'une finesse extrême, leur voracité insatiable. Ils font une guerre incessante aux insectes, quel que soit leur état (œufs, larves, chrysalides, adultes). La Pro- vidence les avait placés à côté des insectes dévastateurs commeun modérateur nécessaire au rétablissement de l'équi- libre général. Mais l’homme les détruit et ne détruit pas les insectes; l'équilibre est rompu. Pour établir d'une manière précise et indiscutable les ser- vices que les oiseaux, en général, rendent à l’agriculture, M. Millet a entrepris et suivi une série d'études, non inter- rompues depuis trente-cinq ans, sur le régime alimentaire de toutes les espèces d'oiseaux qu'on trouve en France, habi- tuellement ou temporairement. Par l'examen des débris trouvés dans leur estomac, ou des pelotes rejetées par les oiseaux de nuit, il à pu déterminer 1. Assertion très douteuse (la Réd.) BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 121 expérimentalement, pour chaque catégorie d'oiseaux, non seu- lement la proportion dans laquelle ces oiseaux se nourissent d'insectes et autres petits animaux, mais aussi les espèces qu'ils recherchent et détruisent particulièrement, et par suite les cultures qu'ils protègent contre leurs ennemis natu- rels. Ces recherches, faites sur plusieurs milliers d’estomacs recueillis chaque année dans les diverses régions de la France et aux différentes époques de l’année, établissent que la plu- part des oiseaux sont, pour l’agriculture en général, des alliés utiles, puissants et même indispensables. Ces résultats, du reste, concordent en tous points avec les observations consignées dans les meilleurs ouvrages d'orni- thologie publiés soit en France, soit à l'étranger. Protégeons donc l'oiseau, pour qu'à son tour l'oiseau nous protège. C'est le vœu qu'ont émis la Société des agriculteurs de France et la Société d'Insectologie. Insectes nuisibles au Cardon, PAR M. LE CAPITAINE DILLON. Le Cardon cultivé, Cinara carduneulus L. est de la famille des Carduacées et originaire de la Barbarie. On le dit aussi du midi de la France. Cette plante est épineuse et vigoureuse; on doit la cultiver comme l’artichaut, seulement il lui faut plus d’eau. Lors- qu elle est assez forte, on la blanchit en rapprochant les feuilles, souvent longues de 2 mètres; on la lie, puis on la couvre avec de la grande litière, de manière à la priver de lumière, ce qui la fait blanchir; ce résultat obtenu, on la livre à la consom- mation. Ce Cardon à des variétés cultivées sous les noms de: Car- dons de Tours ot Cardons d’Espagne. On lui donne le nom vul- gaire de carde, cardonnette, chardonnette et chardonnerette. Ses ennemis sont : 122 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Le THRIPS VESSIE-PIED (érips physapus. Halid.).Cetinsecte,que les jardiniers appellent mouche notre, est un Thypsanoptère (ordre particulier) de Haliday; sa longueur est de 1 mill. 1/2; ilest noir avec des ailes courtes bordées de poils assez longs. Les larves sont allongées et jaunâtres ; elles habitent les mêmes lieux que l’insecte parfait, lequel prend sa nourriture au moyen de pièces buccales très allongées situées sous la tête. On le trouve sur beaucoup de plantes, particulièrement sur le Car- don, le Melon, etc., auxquels il fait beaucoup de tort. On n'indique pas de moyen radical pour le détruire. Les autres ennemis du Cardon sont : | Le Puceron noir de l’Artichaut, qui ronge les feuilles en été, la Tipule potagère, dont la larve dévore les racines en mai jus- qu'en 196. DILLON. La Sériciculture nouvelle. (Suite et fin. V. p. 109) PAR M. BALBIANI x La facile transmission de la pébrine de notre ver à soie ordinaire aux chenilles des autres lépidoptères résulte des expériences que j'ai faites autrefois sur un certain nombre d'espèces. Ainsi j'ai montré qu'il suffit de nourrir même pen- dant un seul repas les chenilles au premier âge de Gas!ropa- cha Neustria (vulgairement la Livrée) avec des feuilles sau- poudrées de poudre obtenue par le broyement de papillons corpusculeux du Bombyx du mürier pour les voir presque toutes succomber rapidement à la pébrine. On obtient le même résultat en associant dans une même éducation les petites chenilles sauvages avec des vers à soie corpusculeux. Dans ce cas, la transmission est produite par l'absorption que font les premières des feuilles salies par les excréments des vers malades. Après la mort on trouve tous les organes farcis de corpuscules aux différents âges de leur développe- ment, absolument comme chez les vers àsoie ue ont succombé à l'infection corpusculeuse. TANT BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 123 Il est cependant certaines espèces de lépidoptères qui res- tent absolument réfractaires à la pébrine, quelle que soit l'intensité de l’action contagieuse à laquelle elles sont soumi- ses. Telles est l'espèce nuisible et commune dans nos pays qui porte le nom de Bombyx cul-brun (Ziparis chrysorrhæa). C’est en vain que j'ai cherché à déterminer chez les chenilles de cette espèce, prises à différents âges, l'infection corpuscu- leuse par les divers moyens qui la produisent si facilement chez le ver à soie du mürier, le Gastropacha Neustria et d'autres espèces. Les chenilles de Bombyx cul-brun peuvent manger impunément les feuilles les plus chargées de corpuscules et arrivent au terme de leur développement sans présenter aucun symptôme de maladie. L'examen microscopique ne montre aucun corpuscule dans leurs organes intérieurs, sauf ceux qui ont été ingérés avec les aliments, et qu'on retrouve par milliers dans le canal intestinal, où il se trouvent rassemblés comme dans un tube inerte, sans manifester aucune tendance à franchir les parois de cet organe. Ces différences dans l'aptitude des animaux à subir l’action des agents infectueux est un fait des plus ordinaires dans l'histoire des maladies parasitiques. On les explique générale- ment par l'influence exercée par la race ou l'espèce, sans pré- ciser en quoi consiste cette prédisposition ou cette immunité à l'égard d'une même cause d'infection. Je hasarde l'expli- cation suivante comme une tentative pour rattacher à une simple différence anatomique la manière très inégale dont les divers lépidoptères se comportent en présence des agents de l'infection corpusculeuse. Cette différence consisterait dans l'épaisseur et la densité variable, suivant les espèces, de la tunique interne du tube digestif, tunique formée chez tous les insectes par une couche chitinisée homogène, qui s'étend comme un vernis sur toute la surface interne du canal intes- tüinal. Pour comprendre la relation existant entre ces diffé- rences de la membrane interne de l'intestin et l’aptitude à l'infection, il me faut rappeler la manière dont, d'après mes observations, le corpuscule se comporte après qu'il est 124 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE introduit dans le tube intestinal du ver. Au contract des pa- rois de ce tube, il se ramollit et se transforme en une petite masse de substance homogène qui se déplace lentement à la surface de l'intestin, puis perfore la membrane interne et parvient ainsi dans les couches plus profondes de la paroï. Là, cette petite masse grossit rapidement en absorbant les sucs nutritifs ambiants, et forme dans son intérieur de nouveaux corpuscules, tesquels, mis ensuite en liberté, se multiplient comme le corpuscule primitif. Leur nombre augmente ainsi rapidement, et ils parviennent, de proche en proche, jusque dans les organes les plus éloi- gnés, même dans ceux de la reproduction oùils infectent aux sources mêmes de la vie les germes des nouvelles générations. Or, on comprend que, si la membrane interne de l'intestin est mince et délicate, elle se laisse facilement traverser par les corpuscules, tandis que, d'autres fois, elle puisse être plus ou moins consistante, suivant son degré de chitinisation, et devenir alors une barrière infranchissable pour les corpus- cules qui ont pénétré dans le canal alimentaire des vers. Ces organismes deviennent alors inoffensifs pour l'animal, comme le sont les bactéries du charbon introduites dans l’intérieur du tube digestif des animaux supérieurs, où elles n’ont aucune action nuisible, tandis qu’elles envahissent le corpstout entier et déterminent une mort rapide lorsqu'elles ont pénétré dans le système circulatoire. [Il y a toutefois une différence entre les corpuscules du charbon et les corpuscules de la pébrine introduits dans les voies digestives, c’est que les premiers conservent leur inocuité à l'égard de toutes les espèces ani- males, tandis que les seconds ne sont inoffensifs que pour certaines espèces et nuisibles pour d'autres. Nous ignorons jusqu'ici si les espèces séricigènes dont on tente actuellement l’acclimatation en Europe sont toutes égale- ment prédisposées à contracter l'infection corpusculeuse, ou s'il n’y a pas parmi elles des espèces plus résistantes que les autres, ou peut-être même complètement réfractaires. Des expériences spéciales pourraient seules nous éclairer à cet BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 125 égard; elles vaudraient la peine d'être entreprises. Si, parmi les bombycides exotiques, le Fama-mai a paru plus fréquem- ment atteint que ses congénères, le Bombix du mürier excepté, cela peut tenir à ce que les éducations du premier ont été plus multipliées et faites sur une plus grande échelle que chez les autres. Si les expériences dont nous parlons venaient à démontrer que ces espèces se comportent d'une manière iné- gale au point de vue de l'aptitude à contracter la maladie, on ferait sagement de chercher à acclimater de préférence celles qui, toutes choses égales d'ailleurs, présenteraient la plus grande résistance relative, pour ne pas dire une immunité absolue; car il est peu probable que les différences puissent aller jusque là chez des espèces appartenant toutes à un r1èême genre ou à des genres très voisins. Hâtons-nous d'ajouter que l'éducation sur les arbres en plein air, qui est le véritable criterium d'une acclimatation parfaite, diminuerait, dans une forte proportion, les chances de propagation de la maladie. Par cette méthode d'élevage, on n'aurait presque plus à craindre le contact des feuilles avec les matières excrémentielles chargées de corpuscules et l'ab- sorption consécutive de ceux-ci par les vers sains. On sait, en effet, que la principale: voie de propagation de la pébrine parmi les vers d'une même chambrée est précisément l’ingestion de feuilles souillées par les corpuscules mélés aux résidus de la digestion. L'éducation à l'air libre sur les arbres rapprocherait nos espèces industrielles du genre de vie des espèces sauvages, chez lesquelles on n’observe jamais ces épizooties meurtrières qui ont ravagé nos magnaneries et dont notre sériciculture ressent encore vivement les pertes qu'elles lui ont causées. BALBIANI. 126 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Les Guêpes et les Raïisins. Les entomologistes et les arboriculteurs sont complètement divisés sur la question de savoir si les guêpes entament ou non la peau des fruits, et notamment des raisins. M. le docteur Boisduval dit à ce sujet, dans son ouvrage l’'Entomologie horticole : « Les guëpes sont considérées par les arboriculteurs comme un véritable fléau; elles entament les fruits en ayant soin de s'adresser aux plus müûrs et aux plus sucrés. Quelques personnes doutent cependant qu'elles perforent la peau; elles pensent, au contraire, qu’elles ne font que profiter de ceux qui sont préalablement entamés par les limaçons, les oiseaux et les souris, ou fendus naturellement à la suite de la pluie ou dela chaleur. » Nous sommes absolument de cet avis. Nous croyons pouvoir affirmer que les guêpes n'entament pas la peau ni des cerises, ni des prunes, ni des abricots, ni des pêches; mais comme ces fruits sont fréquemment attaqués par les oiseaux et les limaçons, les guêpes se précipitent dessus sitôt que la peau du fruit est entamée sur un point quelconque. Les prunes,qui se fendent si facilement sous l’action de la chaleur et de la pluie, sont dévorées par les guêpes et par les mouches. Préservez vos fruits contre les attaques des oiseaux et des limaçons, ne les laissez pas trop mûrir sur l'arbre, et vous les récolterez parfaitement intacts. Il en est de même des raisins. Les animaux qui attaquent les raisins sont fort nombreux : tous les oiseaux d'abord, et notamment les merles, qui dévo- rent une grappe de raisins en moins d'une minute ; les lima- çons qui, cachés sous les feuilles et derrière les treillages, entament tous les grains les uns après les autres, les souris, et enfin les mouches et notamment les guëpes. Pour soustraire le raisin aux attaques de ces nombreux ennemis, on n’a pas trouvé d'autre moyen que d’envelopper complètement chaque grappe dans des sacs de crin, de canevas ou de papier ; ce moyen est non seulement lent et coûteux, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 127 mais il a le grand inconvénient d'entraver la maturité et d'occasionner la pourriture. En effet, d'une part, la grappe est soustraite en tout ou en partie aux rayons du soleil, elle ne se dore pas suffisamment et n’accomplit qu'imparfaitement sa maturité ; d'autre part, ce sac concentre sur la grappe l'humidité des pluies et des brouillards de lautomne, la pourriture accomplit son œuvre et détruit presque totalement une grappe avant qu'on ait eu le temps de s’en apercevoir. Ces sacs, du reste, ne sont pas un obstacle ni pour les limaçons, ni pour les souris, qui font des trous et à ceux qui sont en papier, et à ceux qui sont en canevas. On emploie aussi des toiles claires, c’est encore le meilleur préservatif contre les oiseaux; mais ces toiles, indépendam- ment de leur installation qui ne laisse pas que d'être embar- rassante et aussi assez coûteuse, ont également l'inconvénient d'arrêter les rayons du soleii et de concentrer l'humidité sur les raisins, enfin ne soustraient pas les grappes des limaçons, qui y sont, au contraire, parfaitement à l'abri. Les cultivateurs de chasselas n’emploient ni l’un ni l’autre de ces moyens ; ils ne couvrent pas leurs treilles; ils croient, avec juste raison, qu'il faut laisser les raisins entièrement exposés à l’action de l'air et du soleil, mais ils les abritent contre l'humidité; ils détruisent les oiseaux ou les éloignent; ils font la chasse aux colimacons et suppriment les guépiers quand ils Les découvrent. Nous avons, nombre de fois, observé avec attention les manœuvres des mouches et des guêpes sur les raisins, nous croyons pouvoir affirmer, de nouveau, que ni les mouches, ni les abeilles, ni même les guëpes, n’entament la peau du fruit; elles s’abattent sur une grappe, parcourent la plupart des grains, s'ils sont tous sains, elles volent à une autre, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'elles aient trouvé un grain entamé, soit par les oiseaux, soit par les pluies qui, l'année dernière surtout, ont occasionné la fente et la pourriture d'une grande quantité de grains. Lorsque le raisin est bien mür, la partie du grain exposée à 128 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE la pluie se fend ou subit un commencement de décomposition qui amène la pourriture ; à ce moment, la guêpe l'attaque avec facilité; souvent la fente est très petite, et c’est ce qui a fait croire que la guêpe perçait la peau, mais elle l'était déjà. Quand on voit une grappe attaquée parles mouches, noires, grises, bleues ou jaunes, car toutes s'y mettent, on peut être certain que cette grappe contient des grains crevés ou avariés ; c'est un indice qui permet deles visiter et de les enlever. Nous dirons donc, pour nous résumer : élojignez les oiseaux de vos treilles par des effarouchoirs ; les ficelles garnies de lanières de papier ou plutôt de calicot sont très efficaces. Protégez vos raisins d'espalier contre les pluies et les brouil- lards au moyen d'auvents assez larges ; faites la chasse aux limaçons, ce qui est facile, et ne craignez pas les guêpes. Vos chasselas se doreront, seront bien sucrés et se conser- veront parfaitement sur la treille jusqu'à la fin d'octobre, et ensuite tout ou partie de l'hiver, selon les soins que vous leur donnerez. CH. CHEVALIER. (La Maison de campagne.) RECETTE DESTRUCTION DES COUSINS. — On sait que les désagréables in- sectes auxqueis on a donné le nom vulgaire de cousins, pro- bablement parce qu'ils ont une affection toute particulière pour l'espèce humaine, déposent ieurs œufs dans l’eau, où les larves éclosent. Pour arrêter la multiplication de ces petits vampires, M.Fon- taine conseille, dans le Journal d'hygiène, de tenir les puits, citernes, abreuvoirs, toujours hermétiquement fermés. Au- cun réceptacle destiné à recevoir de l'eau ne doit être laissé ouvert, sauf quelques dépôts d'eau stagnante, réservés aux œufs et aux larves, dans lesquels on déposera de la chaux commune, à raison de 500 grammes pour 450 litres d’eau, si cette eau n'est pas destinée à la boisson. Les cousins ne ré- sisteront pas à ce procédé et seront infailliblement détruits. Le Gerant : H. HAMET. Imp. de la Soc. de Typ.- No1zeTTe, 8, r. Campagne-Première. Paris. lé en N 9. SEPTIÈME ANNÉE Septembre 1882 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE ELLE EEE SIP SSI SPIP SPIP PSLPPT EP SSEPPTPL PSI PTS RPLPSPPPPPSPPRIIS SOMMAIRE: De la Pyrale de la vigne etdes moyens de la combattre (suite et fin,) PAR M. L. JAUSSAN. — Etat de la sériciculture, par M. le comte de RETZ. — OEstre du bœuf, par M. E. SAVARD. — La destruction de l'œuf d'hiver du Phylloxera, par M. BALBIANI. — Le grillon cham- pêtre, par M. MAURICE GIRARD. — Ver luisant mâle, par M. ALEXANDRE LABOULBÈNE.— Le nématode ennemi de la betterave et Guêpes. cran REP P ILE RIDE ESS SELS PPS SSL SPL PS PPT PSS SDL LT SLT PSS EPL SL SSII De Ia Pyrale de la vigne et des moyens de Ia combattre (suite et fin. V. p. 113). PAR M. JAUSSAN Je ne saurais trop vous engager à les utiliser, et à ne pas vous laisser abattre par cette lutte incessante et toujours re- nouvelée que nous devons livrer pour conserver nos précieux vignobles. Cet ennemi est visible, il peut être plus aisément atteint; ne négligeons pas de le faire. En dehors de ces deux procédés, il en est d’autres qui ne sont que des palliatifs ou qui ne sont pas assez étudiés, qui n’ont pas assez fait leurs preuves pour qu’on puisse encore en conseiller l'emploi, sauf à titre d'expérience. Le plus connu est un instrument appelé pyrophore, inventé par M. Bourbon, constructeur, à Perpignan. Comme son nom l'indique, cet instrument produit, au moyen d'huiles minérales, une flamme très vive que l’on promène sur la souche pour brüler les écorces, ainsi que tous les insectes qui s'y sont réfugiés. Cette idée est très séduisante, mais les résultats acquis sont encore tellement discutés, que Je crois prudent d'attendre, tout en nous tenant au courant de ce qui pourra être fait et dit à ce sujet. Un autre instrument dû encore à un inventeur de Perpignan 130 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE M. Vallette, a fait son apparition l’année dernière; il est très ingénieux aussi, mais mérite aussi la sanction de l'expérience. On s'en sert au mois de mai, quand les pyrales sont sur les bourgeons. Il est composé de deux plateaux demi-circulaires avec une échancrure à leur centre, de façon à embrasser le corps de la souche ; ils sont entourés d'un petit rebord de 0205, pour empêcher que les insectes qui y seront tombés, puissent s'échapper. Sur chacun d'eux est un petit réchaud destiné à brûler des matières faisant beaucoup de fumée. Ces réchauds allumés et les plateaux posés au pied de la souche, on les couvre avec une cloche en métal d'un diamètre un peu inférieur à celui des plateaux. Après trente secondes on l'en- lève, et l'on voit pyrales et insectes divers tomber dans le pla- teau. Cette opération, qui paraît très délicate, pourrait être fort utile dans les cas où l’échaudage n'aurait pas réussi ou si les traitements divers n'avaient pas pu être effectués. C’est en- core un moyen très séduisant qu'il faut suivre, étudier et ex- périmenter. M. Audouin, dans le bel ouvrage dont je vous parlais au début, ne connaissait pas les moyens que je viens de vous dé- crire, car son livre date de 1842; il en avait eu cependant une sorte d'intuition. Il avait remarqué, en Bourgogne et dans le Beaujolais, que les échalas placés auprès de chaque souche contenaient dans leurs fentes, surtout quand ils étaient vieux, de grandes quantités de pyrales. Ce qui le mit sur cette voie fut la différence bien sensible qui existait entre les souches qui avaient des échalas neufs et les autres; illes faisait en- lever et mettre dans un four à plâtre récemment éteint. Le ré- sultat fut très marqué; on essaya aussi de les arroser avec de l’eau bouillante, et de les placer dans de grandes cloches ap- propriées que l’on remplissait d'acide sulfureux. Audouin trouva ces moyens d'un emploi trop difficile et trop coûteux et conseilla l'Écimage, qui consiste à enlever les feuilles au mo- ment où les jeunes pyrales s’y réfugient et a cueillette des ponles : des femmes et des enfants parcouraient les vignes, M es 0. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 131 enlevant les feuilles sur lesquels les œufs étaient déposés. Ces feuilles, mises dans des sacs, étaient emportées et brûlées hors de la vigne. D’après lui, trente ouvriers, ayant travaillé onze jours, avaient enlevé 1.134.000 plaques d'œufs, qui, à soixante œufs par plaques, donnaient le chiffre de 68.040.000 pyrales détruites. Ce moyen serait-il bien pratique dans nos vignes? Jel’ignore; il m'a paru cependant assez intéressant pour que j'aie cru de- voir vous le signaler. M. Audouin à essayé aussi de poursuivre les pyrales à l’état hibernant, par le décorticage et le badigeonnage des ceps avec différentes compositions. Il a employé : Huile de résine et eau de chaux; Le même mélange avec colle de farine ; t Un lait de chaux à consistance sirupeuse; Huile de résine et colle de farine; L'eau de savon, l’eau de chaux, le brai minéral, l'huile de cade, tout fut sans effet sensible. Il a essayé aussi de les détruire lorsque, quittant leur retraite d'hiver, elles gagnaient les bourgeons. Il chercha à leur barrer le chemin au moyen d'un cerele ou anneau agglutinant qui, entourant le cep près de l’origine des bourgeons, devait en défendre l'approche aux chenilles. On enduisit successive- ment des liens composés de brins de laine et des anneaux formés de drap ou de toile, et on les plaça sur différentes branches d'un même cep. On fit aussi quelques applications annulaires sur le cep même. Le caoutchouc pur se maïintint liquide pendant quelque temps, mais les chenilles le franchissaient. D’autres matières qui furent employées tuèrent le cep. On a essayé d'enduire les jeunes bourgeons avec le chlorure de chaux dissous dans l’eau, l'huile de pétrole, l'huile de ré- sine, l'huile de houille, le vernis de lin et de caoutchouc, le caoutchouc pur liquide, la mélasse de betteraves, une solu- tion aqueuse de sublimé corrosif, une solution alcoolique du même, une solution aqueuse d'acétate de plomb, une solution 132 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE de chlorure de calcium, une solution de sulfate de cuivre, un lait de chaux fait avec une solution de sous-acétate de plomb. On s'est servi encore de quelques subtances réduites en poudre, pensant que les bourgeons mouillés ensuite par la rosée s'enimprégneraient mieux; on a employé le chlorure de chaux, la chaux vive, le plâtre, le sel de soude, la chaux éteinte avec une dissolution arsenicale, la chaux éteinte avec une préparation mercurielle ; mais, soumises à ces divers procédés, les vignes souffrirent plus ou moins, suivant la nature des ma- tières employées, et les larves sortirent intactes, même des préparations mercurielles et arsenicales. Il ne faut donc pas s’attarder à. ces procédés qui n’ont donné que des résultats absolument négatifs; tenons nous en à ceux qui ont déjà fait leurs preuves. Pour me résumer, Messieurs, nousavons à notre disposition, pour combattre la pyrale, deux moyens très efficaces : l’échau- dage et le clochage ; exécutés dans des circonstances favorables et avec un peu de soin, ils donnent des résultats certains. Leur mode d'emploi est pratique à tous les points de vue. Pourquoi ne pas nous en servir? Les jours de nos vignobles sont pour ainsi dire comptés; employons donc toute notre énergie à les prolonger. Je répèterai donc encore: Aïde-toi, le ciel t'aidera. L. JAUSSAN Vice-président du Comice agricole de Béziers, État de la sériciculture en France. D'APRÈS M. LE COMTE DE RETZ Dans une période de dix ans, de 1846 à 1855, la production moyenne annuelle était de 24 millions de kil. de cocons, vendus 95 à 100.000 millions de francs. L'année la plus prospère, 1853, avait même donné 26 millions de kil. vendus 117 millions de francs. En 1856, la production descendit à 7.500.000 kil. de cocons qui, vendus BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 133 7 fr. 60 donnèrent encore un revenu de 57 millions de francs. Depuis lors, la quantité de cocons a diminué d'année en année et les prix, au lieu d'augmenter en raison de la rareté de la marchandise, ont constamment diminué à cause de l'introduction toujours croissante des cocons étrangers. En 1880, la production totale n’était plus que de 4 millions de kilogrammes. En 1881, d'après les documents statistiques publiés par le ministère de l’agriculture, la production s'est élevée à 9 millions de kil. environ, valant 36 à 38 millions de francs. Ces détails intéressants ont été fournis dernièrement à la Societé des agriculteurs de France, par M. le comte de Retz, un habile sériciculteur du Midi. Sur 370.000 onces environ élevées en 1881, nos races françaises ont fourni près de 320.000 onces; les races japonaises, très inférieures en qualité, ne sont comprises que pour 23.000 onces. C'est un grand progrès à constater, il pou- vait nous donner l'espoir de la régénération complète de nos anciennes races locales et la reproduction de nos belles soies des Cévennes, sans rivales dans le monde entier. Ce progrès est dû surtout à ce qu'il a été élevé une plus grande quantité de graines cellulaires faites d'après ie système de M. Pasteur. Néanmoins, iln”y aencore qu un petitnombre de propriétaires qui fassent ainsi leurs graines eux-mêmes, 12.000 environ sur 170.000, d'après la statistique officielle, et en 1881, il n’aurail été fait en France que 232.532 onces de graines pour la cam- pagne suivante. Il resterait donc à demander à l'étranger 150.000 onces environ. Les éducateurs sont complètement découragés après vingt-cinq ans de lutte infructueuse, en voyant que, même en réunissant leurs chambrées, ils n'en retirent pas un revenu suffisamment rémunérateur. Cet état fâcheux tient : 1° à l'augmentation du prix de la main-d'œuvre et des frais d'éducation; 2 à la diminution considérable de la feuille de mürier; 3° et surtout au bas prix 134 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE des cocons qui a pour cause la concurrence croissante des cocons étrangers. Depuis vingt-cinq ans le salaire des ouvriers et ouvrières employés à l'éducation des vers à soie s'est élevé de 70 0/0 et plus. Les hommes quittent les champs et vont travailler dans les mines ou les usines; les filles et femmes vont dans les villes oudanslesnombreusesfabriques detousgenres quisesont créées dans le pays; le prix du combustible, de la bruyère, etc., a augmenté dans de grandes proportions. Après l'invasion de la maladie, certains propriétaires, surtout dans les plaines, arrachèrent leurs müriers pour planter des vignes : on sait ce que le phylloxera a fait de ces dernières. D’autres, et c’estle plus grand nombre, se contentè- rent de semer des céréales dans les plantations de mäûriers, sans laisser aucun vide aux pieds des arbres, les privant par conséquent des binages nécessaires à la végétation et épuisant la terre par ce surcroît de récoltes ; il en est résulté une mor- talité effrayante de ces arbres qui ont besoin d'une culture soignée pour réparer la déperdition de sève que leur fait subir la cueillette de leurs feuilles au printemps. Depuis 1855 la production des müûriers à diminué de plus de 60 0/0. On n’en plante pas de nouveaux et les anciens continuent à périr faute de soin, de façon qu’on peut prévoir d'une manière à peu près certaine que, si l’on continue à agir de la sorte, la production de la matière première n’allant qu'en décroissant, il viendra un moment où il n'y aura plus de müriers et, par conséquent, l'industrie de la soie disparaîtra de nos contrées méridionales. La troisième et la principale cause de cet état de souffrance provient du bas prix des cocons et des exigences des ache- teurs. En 1881, les cocons de bonne qualité se sont vendus 4 et 4,50 le kil. Le prix de 1866 était de 7,60. Les cocons de qualité médiocre ou inférieure étaient radicalement repous- sés par certains filateurs ou achetés à moitié prix. Plus mal- heureux que les viticulteurs qui au moins vendent très bien BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 135 leurs vins, quandils en ont, les éducateurs, quand ils ont des cocons, ne peuvent les vendre qu’à un prix inférieur à celui de revient, et s'ils veulent les transformer eux-mêmes en soie en les faisant filer, le kilog. de soie grége leur revient à 76 fr. 70, lorsqu'ils ne peuvent le vendre que 70 fr. Tout cela, au dire de M. le comte de Retz, est la conséquence inévitable de la concurrence des cocons étrangers. Depuis l'invasion de la maladie, l'introduction de ces cocons n’a fait qu'augmenter d'année en année, de façon que, lors même que la maladie disparaîlrait, cette branche de notre agriculture méridionale qui faisait la richesse de nos campagnes en même temps qu'elle répondait aux besoins de luxe et d'élégance de nos grandes cités, ne pourrait subsister dans les conditions que nous fait cette concurrence, et il ne faut pas perdre de vue qu'en dehors des produits de l'Europe la valeur des cocons étrangers s'élève à près de 200 millions de francs. Le conseil principal qu’on doit, dit M. de Retz, donner aux éducateurs, est celui de faire eux-mêmes leurs graines; pour cela, il faut commencer par faire des éducations pour graines, élever des vers destinés seulement à la reproduction des œufs; il faut opérer le choix des reproducteurs dès les premiers âges des vers, en s’armant d'une sévérité excessive envers tous les sujets qui laissent quelque chose à désirer pour la vigueur et la santé, continuer cette sélection d'âge en âge jusqu à la transformation des papillons. Alors il faut suivre complètement les indications de M. Pasteur au point de vue de l’accouplement et de la ponte cellulaire, en exami- nant avec soin, au microscope, papillons et œufs, et rejetant impitoyablement tout ce qui présenterait la moindre trace de corpuscules. Avec des œufs faits dans ces conditions, on pourrait espérer de bons résultats. Tenez, augmentez vos plantations de müriers. 136 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE L'Œstre du bœuf (Æypoderma bovis, Réaumur.) PAR M. E. SAVARD. On voit fort souvent sur le corps des bœufs et des vaches des petites bosses, des espèces de tumeurs d'où suinte une humeur qui colle les poils environnants. Ces tumeurs sont à peine visibles en hiver, mais elles pren- nent un rapide accroissement au printemps et parviennent à leur plus grande dimension vers le milieu de mai; elles ont alors jusqu'à 40 millimètres de tour à la base sur 27 milli- mètres de hauteur; l'ouverture d'où sort l'humeur se trouve quelquefois au sommet, où vers la base. On remarque que ce sont les jeunes bêtes de deux à trois ans qui en sont le plus chargées, celles qui ont le poil le plus frais et qui jouissent de Fig. 9. Œstre du bœuf (grossi). la meilleure santé ; elles en portent jusqu'à trente ou qua- rante sur le même individu, placées sur le dos, près des cuisses et des épaules; ces tumeurs sont quelquefois isolées, d'autres fois plusieurs se touchent. Chacune d'elle renferme un ver ou une larve parasite qui BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 137 en est la cause et qui se nourrit de l'humeur qui en est sé- crétée. Cette larve ne possède ni dents, ni crochets à sa bouche pour déchirer la chair; elle ne fait que pomper la sanie qui l’'environne. Elle parvient au terme de sa croissance vers le 15 mai; elle a alors 28 à 30 millimètres de long sur 16 milli- mètres de diamètre à l'endroit le plus renflé de son corps; mais il y en a de plus petites. Elle est de couleur brunâtre, apode, allongée à la partie antérieure qui est plus pointue que la partie postérieure. Le corps est composé de onze seg- ments y compris celui de la bouche; le huitième est celui qui a le plus de diamètre ; elle est un peu aplatie du côté du dos; le corps est divisé longitudinalement en huit sillons, dont six plus profonds que les deux autres : il y en a deux sur le dos, quatre sur les côtés et deux sous le ventre. Les an- neaux du Corps sont garnis de spinules écailleuses; chacun d'eux en porte deux rangs; celles du rang antérieur sont di- rigées vers le derrière; celle du rang postérieur vers la tête; sous le ventre les dixième, onzième segments en sont privés, sur le dos les trois premiers en possèdent. C'est à l'aide de ces épines que la larve se meut dans la tu- meur et qu'elle excite l’irritation qui produit l'humeur dont elle se nourrit. La bouche n’est point armée de crochets; elle consiste dans une cavité entourée de mamelons et de deux boutons écailleux à son bord antérieur, à côté desquels se trouvent 1eux mamelons charnus, plus petits que les premiers. Le dernier segment est terminé par un plan circulaire sur le- quel se trouvent deux petites plaques écailleuses brunes en forme de croissant, dont la concavité est tournée en dedans et dans lesquelles sont placées les ouvertures qui donnent entrée à l'air que la larve respire. C’est pour exécuter cette opération qu'elle tient presque toujours les plaques écailleuses à l'ouverture qui existe sur la tumeur, qui, en outre, sert à l'évacuation de ses excréments. G est aussi par cette ouverture qu'elle sort de son habitation lorsqu'elle a pris toute sa croissance, mais ce n’est pas sans -de longs efforts qu’elle parvient à la dilater pour y introduire 138 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE ses deux derniers segments qui sortent les premiers; c’est par une pression continuée pendant deux jours qu'elle y par- vient. Sortie de son berceau, elle tombe à terre et se traîne péniblement à la recherche d'un abri sous une pierre ou sous une motte de terre, où elle reste immobile et se change en pupe de couleur noire. L'insecte éclôt quarante à cinquante jours après. La tumeur se guérit presque aussitôt que lalarve ea est sortie. Les OEstres sont des diptères d'une taille assez forte, res- semblant à des mouches velues dont le corps est souvent orné de bandes colorées et font partie de la famille des Athéricères de la tribu des OEstrides, et sont répartis dans différents genres de cette tribu. Le nom entomologique de cette espèce est Zypoderma bovis et son nom vulgaire Œstre du bœuf (fig. 9). Hypoderma bovis, Réaumur. Longueur, 12 à 13 millim. Il est velu et ressemble à un bourdon: les antennes sont brunes, courtes, de trois articles, le dernier en palette arrondie sur- montée d’une soie; la tête est noire, avec la face etle front couverts de poils blancs ; l'ouverture buccale est petite, en forme de y; il n'y a ni trompe, ni palpes distincts; le corselet est jaune antérieurement, d'un noir luisant dans la partie moyenne et fauve postérieurement; l'abdomen est de trois couleurs en dessus et en dessous : sa partie antérieure est blanche ou jaunâtre, la partie moyenne est noire et l'extré- mité d’un jaune orange; les pattes sont brunes, avec les tarses plus pâles et les cuisses plus foncées; les ailes sont brunes, sans taches, moins transparentes vers la côte; la première cel- lule postérieure est entr'ouverte à l'extrémité, la nervure transversale de la cellule discoïdale est très oblique. L’abdomen de la femelle est terminé par une tarière ou oviscapte rétrac- tile, de quatre pièces rentrant les unes dans les autres, qu'elle fait sortir lorsqu'elle veut pondre, ce qui arrive aussitôt que l'accouplement est accompli. Elle vole au-dessus du bœuf ou de la vache qu'elle a choisi, développe son oviscapte, fait des- cendre un œuf à l'extrémité et se pose un instant sur l'ani- BP de BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 139 mal, ce qui suffit pour le dépôt de l'œuf sur la peau. Dès qu'une bête a été touchée ainsi, elle entre en fureur, elle court en mugissant, étendant le cou et la queue dans la ligne de son corps et cherche l’eau pour s'y plonger; tout le trou“ peau partage son agitation et donne des marques évidentes de la crainte que lui cause cet insecte. Cependant, lorsqu'il se pose sur son dos, il ne cherche pas à le chasser avec sa queue. Les bestiaux qui pâturent dans les bois et les prairies qui les avoisinent sont plus exposés aux atteintes des OEstres que ceux qui vivent éloignés des forêts. On ne fait ordinairement rien pour détruire les larves qui vivent dans les tumeurs ; elle ne paraissent pas nuire à la santé des bœufs et des vaches lorsqu elles ne sont pas en très grand nombre; on regarde comme les meilleures bêtes du troupeau celles qui sont atteintes par ces insectes (1). E. SAVARD Destruction de l'œuf d'hiver du phrylloxera. PAR M. BALBIANI Le Journal officiel vient de publier le rapport de M. Bal- biani au ministre de l'agriculture, sur le meilleur mode de destruction de l'œuf d'hiver du phylloxera. Des trois moyens préconisés contre l’œuf d'hiver, savoir: la décortication superfi- cielle des souches, le flambage des écorces et le badigeonnage avec des substances insecticides, M. Balbiani n’a pu expéri- menter que le badigeonnage. L'essai des trois procédés ne peut être en effet tenté que durant l'époque même où ils devront être mis en usage. c'est-à-dire pendant la saison froide, moment où la végéta- tion rend inoffensives ces opérations. Il résulte de ces opérations que ce sont les badigeonnages 4. Voir un article sur le même sujet, avec figure, 5° année du Bulletin. Ar 7 140 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE faits avec un mélange de goudron de houille (9 parties) et d'huile lourde (1 partie) qui sont les plus efficaces. Ils l’emportent sur tous les mélanges d'huile avec de d'eau, parce qu'au lieu d’être dans un état instable comme ces mélanges, l'huile forme avec le goudron un amalgame fixe et homogène qui n’expose pas aux mêmes dangers. Le goudron a pour effet de modérer l’action trop éner- gique de l’huile lourde sur le cep, de la répartir d’une ma- nière plus égale dans le tissu de l'écorce et de l’y mainte- nir plus longtemps. En détachant des lambeaux de l’écorce d’une vigne badi- geonnée avec le mélange goudronné, on s'assure que leur face profonde présente la même teinte noire uniforme que la surface extérieure et que la matière a traversé presque toute l'épaisseur de l’écorce jusqu’au contact du bois. Les œufs placés sous les lamelles corticales se sont tous mon- trés noirs et altérés ; mais lors même que quelques-uns se trouveraient épargnés et viendraient à éclore, ce qui n’est pas probable, les jeunes insectes ne pourraient circuler dans les galeries de l’écorce que remplit une matière qui reste longtemps poisseuse et dans laquelle ils s’englueraient. La seule précaution à prendre dans l’emploi de ce mélange c’est d'éviter son contact avec les bourgeons qui seraient in- failliblement détruits, comme les feuilles et autres parties vertes touchées par le pinceau. Cette condition suffit pour “rendre l’opération sans danger pour la vigne. En résumé, parmi les substances dont on a expérimenté l'action en badigeonnage pour la destruction des œufs d'hi- ver, l’huile lourde associée au goudron de houille dans la proportion de 1/10° est celle qui nous a donné les meilleurs résultats. Il est à regretter, dit en terminant M. Balbiani, que le sulfocarbonate de potassium ne se soit pas montré plus efficace, car les opérations agricoles eussent été singu- lièrement simplifiées si lon avait pu employer une seule et même substance pour le traitement interne et le traite- ment externe des vignes. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 141 Ajoutons que la faveur dont celle substance jouit à juste titre comme insecticide pour les colonies souterraines du phylloxera eût beaucoup contribué à triompher de l'espèce d'indifférence que la plupart des viticulteurs témoignent pour les opérations dirigées contre l'œuf d'hiver, ce régéné- rateur et ce propagateur des colonies radicicoles. Le mélange d'huile lourde etde goudron est d’ailleurs d'une préparation et d'un emploi des plus faciles, puisqu'il suffit de mêler intimement les deux substances dans les pro- portions indiquées et d'étendre le mélange à l’aide du pin- ceau sur tout le bois pouvant offrir des retraites aux œufs d'hiver, à la seule reserve des bourgeons. La question éco- nomique est d'ailleurs toute en sa faveur : aux usines à gaz de Paris, le prix de revient du goudron est de 15 fr. et celui de l'huile lourde de 20 fr. seulement les 100 kilogrammes. Dans les départements où ces produits de la distillation de houille ne sont pas utilisés au même degré qu'à Paris pour d'autres applications industrielles, ce prix est moins élevé encore. Le Grillon champêtre (Gryllus campestris LINN.) PAR M. MAURICE GIRARD. Les Giillons sont des insectes de l’ordre des Orthoptères, munis de pièces buccales broyeuses, présentant quatre ailes, les supérieures ou pseudélytres à demi coriaces, les infé- rieures membraneuses et se repliant au repos en éventail sous les précédentes; de plus. les Orthoptères n’ont que des métamorphoses incomplètes, sont agiles et mangeurs à tous leurs états, tantôt sans ailes, tantôt à ailes rudimen- taires sous des fourreaux, tantôt enfin ailés et adultes. Les Grillons proprement dits font partie de la tribu des Grylliens, voisine de celle des Locustiens ou Sauterelles vraies, qu'il ne faut pas confondre avec les Afridiens ou Criquets, que le vulgaire appelle à tort Sauterelles. 142 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Les Grylliens sont des Orthoptèressauteurs, et cette faculté du saut est liée à de très grosses cuisses postérieures, organes musculaires du saut. Ce sont, comme aussi les Locustiens, des cymbaliers, du moins les mâles. Les pseudélytres ont de fortes nerveuses et un espace membraneux très sec et plus ou {moins trans- parent, nommé miroir. Dans le frottement d’une pseudélytre sur l’autre, une nervure de l’une frotte sur le miroir de lautre et froisse vivement la membrane sèche; il en résulte une stri- dulation assez aigre, Fig. 10. Grillon champêtre. nommée le cri-cri du Grillon; c’est le moyen que la nature a donné aux mâles pour appeler les femelles, afin d'opérer la reproduction, L'ab- domen des Grylliens se termine par des appendices spéciaux en forme de filets, une paire de cerques, articulés, existant dans les deux sexes, une paire de s/yles, inarticulés, pro- pres aux mâles seuls. Enfin les femelles ont au dehors, un long oviscapte ou tarière de ponte recourbée en forme de sabre, qui leur permet de pondre leurs œufs à une certaine profondeur, entre les grains de terre. Une espèce intéressante, commune dans toute la France, est le Grillon champêtre (Gryllus campestris, Linn.), d'un brun noirâtre, à grosse tête pointue en dessous, à large corselet brillant. Il se creuse des terriers (fig. 10) dont il tournel’orifice au midi, caril est très frileux. Si on lui présente une paille, il la saisit avec ses mandibules et se laisse tirer hors de son trou, d’où le proverbe de certains pays: plus sot qu un gril- lon. Ces insectes sortent la nuit pour chasser. On trouve rarement les femelles, qui sont très sédentaires. Les mâles se promènent le soir et font entendre leur stridulation, à la BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 143 recherche des femelles, surtout à la fin de l’été et au début de l’automne. Au printemps on ne trouve guère que des larves sans ailes, qui ont passé l'hiver engourdies; les adul- tes sont morts. Comme beaucoup d’Orthoptères, les Grillons sont omnivores ; ils rongent les petites plantes des terrains secs, végétaux insignifiants qui sont autour de leurs trous; mais ils dévorent des chenilles et des larves, souvent d'’in- sectes nuisibles. Aussi on peut ranger les Grillons au nom- bre des insectes qui rendent des services. Les enfants sont enclins à capturer les Grillons et par suite à les faire périr. Les instituteurs feront bien de leur enseigner à respecter les Grillons, auxiliaires agricoles. MAURICE GIRARD. Ver luisant mâle (Lampyris noctiluca, LINN.) Par M. LE D° ALEX. LABOULBÈNE. Dans une dernière séance de la Socécté entomologique de France, M. le D' A. Laboulbène a donné les détails suivants sur les mœurs de cet insecte. « Au moment, dit-il, où je constatais avec regret, vers le milieu d'août, la pénurie entomologique de presque tous les insectes, si abondants avant les grands froids, j'ai trouvé au fond d’une cuvette en porcelaine, dans ma chambre, un mâle de Lampyris moctiluca. J'en ai profité pour l’exami- ner à loisir. « La lumière phosphorescente du Lampyris mâle est faible, mais elle est réellement émise par l’insecte et à sa volonté, je m'en suis assuré plusieurs fois. Le soir, cet insecte est fort agile, il marche avec vivacité, il vole facilement ; dans la journée, il se tient tranquille. Il avance, les antennes en avant, les jambes et les tarses écartés du corps; il grimpe sur les parois lisses d’un vase en porcelaine et s'accroche fortement au moyen des ongles des tarses. Quand il contre- fait le mort, il rentre les pattes et les antennes, mais non collées au corps, à moitié repliées seulement. Il ressemble à un Zelephorus dans la même situation. Mis surle dos, il ouvre un peu les élytres, étend ses ailes et arrive àse re- 144 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE tourner sur le ventre. Les yeux énormes et globuleux du Lympyris mâle lui permettent d’apercevoir de loin la bril- lante lumière que répand la femelle. Celle-ci relève souvent l'extrémité de l'abdomen, et il n’est pas rare de rencontrer auprès d'elle, sur la terre ou les brins d’herbe environnants, plusieurs mâles courant et s'agitant. J'en ai, de la sorte, ré- colté de toutes les tailles. J'ai, en vain, cherché à voir l’ac- couplement, mais les œufs, blancs et gros, pondus par la femelle en captivité, sont manifestement phosphorescents et lumineux dans l'obscurité. «Le ZLampyris noctiluca brille et répand de la lumière à l’état d'œuf, de larve, de nymphe et d'insecte parfait. » (Bulletin de la Société entomologique de France). Insecte parasite de la betterave et Guêpes. On signale de la Belgique et de l'Allemagne, un ennemi redoutable, le nematode, qui a envahi de nombreux champs de betteraves (Nematodes, genre de coléoptères pentamères, famille des sternoxes).En examinant les betteraves attaquées, on compte des milliers de parasites. Les plantes attaquées par ces insectes sont des plus chétives ; la plupart des feuilles sont jaunes et rouillées; la racine est toute courte et couverte d'une grande quantité de radicelles tellement épaisses qu'elle cachent entièrement la racine même. Ce chevelu est rempli de rnema- todes, on les distingue à l’œil nu; de la grosseur d'une petite tête d'épingle, ces larves|sont d’un blanc un peu jaunûâtre. A la loupe, on les voit ayant exactement la forme d’un citron. Les guépes a propos du raisin (NV. p. 126). — Cette année (1882) les guêpes ont été très abondantes en septembre dans les environs de Paris, et sont tombées d’une façon calamiteuse sur le raisin qui commençait à mürir. A leurs dégats indé- niables sont venus s'ajouter ceux occasionnés par les es- cargots des vignes. Cet derniers vont jusqu’à percer les sacs en toile dont on se sert pour abriter les grappes de chasselas. Le Gerant : H. HAMET. Imp. de la Soc. de T yp.- No1zetTs, 8, r. Campagne-Première. Paris. Lis No 40. SEPTIÈME ANNÉE Octobre 1882 BÉRALE TEEN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Le Charançon du blé, par M. Savarp. — Note sur les Guêpes, par M. ASsET. — Le carabe doré, par M. A. HUMBERT. — La Criocère de l’asperge, M. A. HUMBERT. — Insectes ennemis du Topi- nambour, par M. DiLLON. — Société centrale d'apiculture et d'insec- tologie : Séance de juillet 1882. — Note sur les Blattes. Recette pour la destruction. — Les Abeilles solitaires (suite). PPPPPPPLIPPIPPS PSS SPP PPS SSP PS SLPPIIPIS PRRRPPPPPI PPS SDL PPSLI LIT Le Charancon du blé (Sitophilus granarius, Linn, Curculio, Réaum.) PAR M. E. SAVARD Le Charançon du blé est un Coléoptère de la famille des Cur- culioniens. Ces insectes se reconnaissent aisément à leur tête prolongée en museau ou en trompe, à leur bouche toute rudi- mentaire, à leurs antennes souvent coudées après le pre- mier article. Les Curculioniens ont reçu le nom vulgaire de Charançons et celui de Rlynchophores, mot qui veut dire Porte bec, et cela en raison de la conformation particulière de leur tête. Les Curculioniens vivent exclusivement de matières végétales, leurs larves sont privées de pattes, de consistance charnue, et plus épaisses antérieurement que vers l'extrémité, avec une tête très petite ; elles vivent dans l'intérieur des végétaux soit dans les tiges, les troncs, les racines ou dans les graines. Les caractères spéciaux qui font distinguer le Charançon du blé, ou Calandre, sont d'abord: l'abdomen dont l'extrémité est à découvert, puis les antennes coudées qui sont armées d'une massue plus ou moins comprimée. Lorsqu'on regarde ce Charançon, on voit un petit insecte d'un brun plus ou moins foncé, qui, avec sa trompe, a trois millimètres de longueur, son corselet a la mème étendue que les élytres 10 146 BULLETTN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE et forme à peu près la moitié du corps. Les élytres ne sont guère plus larges que le corselet, un peu arrondies à leur extrémité et présentant des rainures longitudinales dans toute leur étendue. Il n’y a pas d'ailes sous ces élytres. Les Charançons causent de grands ravages dans les greniers, car j'ai vu des sacs de blé de deux ans dont les grains étaient complètement perforés. C'est vers la fin d'avril ou au commencement de mai, dès les premières chaleurs du printemps, qu’on les voit apparaître sur les sacs de blé ou qu'on les trouve dans les fentes du plancher. Alors com- mence la fécondation. La femelle, après avoir été fécondée, entre dans un tas de blé, y pénètre à cinq ou six centimètres de profondeur pour y être tranquille; puis elle choisit le grain dans lequel elle veut pondre son œuf, et, à l’aide de sa trompe et de ses mandibules, elle y fait un petit trou ordi- nairement dans le sillon où l'enveloppe est le plus tendre. Et- comme si elle voulait mieux cacher l'endroit où elle va dépo- ser son œuf, elle dirige ce petit conduit obliquement et le bouche avec un enduit de la couleur même de la semence attaquée, de sorte que l'œil le plus exercé n’en saurait décou- vrir le trou. Elle attaque ainsi une quantité de grains égale à la quantité d'œufs qu’elle doit pondre. L’œuf déposé dans le grain ne tarde pas à éclore ; il en provient une petite larve, al- longée, molle, ayantle corps formé de neuf anneaux, avec une tête arrondie de consistance cornée, munie de deux fortes mandibules, au moyen desquelleselle agrandit chaque jour sa demeure, en se nourrissant de la substance farineuse dont est composé son berceau. Parvenue au terme de son accroisse- ment, elle est alors longue de 3 millimètres environ, elle se métamorphose en nymphe, sommeille dans cet état durant huit ou dix jours, et se transforme enfin en une nouvelle Calandre, capable de perpétuer la race destructive, après avoir brisé l'enveloppe qui la tenait enfermée. Le grain rongé à l'intérieur par la larve des Charançons n’est uullemment altéré dans sa forme ni dans sa couleur, maïs si on le jette dans l’eau, il surnage, tandis que le blé sain se préci- BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 147 pite au fond du liquide. Les Charançons mâles vivent à peine . quelques jours après la fécondation. La femelle prolonge son existence jusqu à la fin de la ponte, et comme elle a beaucoup d'œufs à pondre, elle vit plus longtemps. Quand le grain lui manque pour pondre,elle tombe dans un état d'engourdisse- ment qui nest pas la mort et qu'elle prévoit sans doute, car elle choisit une retraite pour s’engourdir. Le voisinage du grain, dont l’odorat l’avertit probablement, la réveille; elle pond, puis elle meurt. C’est donc surtout à l'état de larve que le Charançon cause le plus de dégâts. Moyen de destruction. — On a vanté autrefoislarecette sui- vante : On remplit un grand chaudron defeuilles de persicaire, on met sur les feuilles une livre et demie de sel marin, deux ou trois gousses d'ail et environ un bon seau d’eau, On fait bouillir le tout ensemble, et on arrose avec cette décoction le plancher du grenier, les murs et les tas de blé, sans les remuer; cette aspersion, dit-on, est à peine faite que le Cha- rançon quitte avec précipitation les tas de blé, et lorsqu'il passe sur les endroits arrosés, il périt en devenant rouge comme une écrevisse cuite. On peut encore prendre les Charançons par la gourmandise. Vers la fin de septembre, à l'époque ou les noix sont mûres, on dépose une grande quantité d'écorces dans les greniers; les Charançons ne tardent pas à quitter le blé pour venir se jeter dessus, où ils meurent empoisonnés. Les moyens efficaces sont le pelletage, le chauffage à l'air chaud, les tarares à choc et surtout les silos, avec sulfure de carbone. E. SAvARD. — Voir ce qui a été publié antérieurement sur le Charan- çon et sa destruction: 1"° année p. 31; 2° année pp. 48 et 178. Note sur les Guêpes Sous ce titre « Les Guêpes et les Raisins » le Bulletin d'in- sectologie agricole, août ‘1882, publie un article, dans lequel son auteur, contrairement à l'opinion du D' Boisduval, croi 143 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE pouvoir affirmer que les Guèpes n'entament pas la peau des fruits, notamment du raisin. J'affirme, et nombre d’arboriculteurs sont de mon avis, que l'opinion du D' Boisduval doit prévaloir sur celle de M. Ch. Chevalier. » Quel est en effet le vigneron qui, dans les années où le raisin est sain et murit bien, n’a point observé maintes fois les Guêpes attaquant le fruit de la vigne, sans qu'il soit entamé par les oiseaux et les souris, ni pourri par la pluie. J'observais l'année dernière encore, au commence- ment de la maturité du raisin, une grappe dont un grain, était attaqué par plusieurs Guêpes, quand une nouvelle venue se pose sur un grain à côté. Je les laissai une ou deux minutes etles chassai après. Je vis fort bien que ces grains étaient bien piqués et ils ne l’étaient pas avant la venue de ces Guëpes. Par les années humides, la constatation du fait est moins facile, car l'humidité fait pourrir le raisin et alors les Guêpes n'ont pas à le percer pour le sucer. Quand les raisins sont en sacs, les Guêpes percent très bien ceux-ci lorsqu'elles ne trouvent plus à s'attaquer aux grappes qui ne valent pas la peine d’être mises abritées. Les Guëêpes sont non seulement frugivores, elles sont aussi carnivores. Ayant tué un jour dans la matinée un pin- son, je le laissai à terre; le soir, il était à moitié dévoré par les Guëêpes. J'ajouterai pour terminer que tous les effarouchements qu'on emploie pour effrayer les moineaux ne les effrayent guère, non plus que l'emploi de petites glaces auxquelles ces oiseaux s’habituent vite. Ge qu'il y a de meilleur pour pré- server les raisins des Guêpes comme des oiseaux, ce sont les sacs. Ceux en crin coûtent plus cher que ceux en fil ; mais le Guëpes et les escargots percent ces derniers. ASSET BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 149 Le Carabe doré (|) Parini les insectes communs qui sont utiles à l’agriculture, il faut citer le Carabe doré (Carabus auratus, LiNN.). Il est désigné vulgairement par différents noms, selon les provinces : ici, c’est le sergent ou le vinaigrier, là c'est la cou- turière ou la jardinière ; plus loin, c’est la catherine ou cathe- rinette. Cet insecte fréquente de préférence les jardins et les champs; on le rencontre à toute heure du jour dans les allées, sur les chemins et même sur les grandes routes qu'il traverse. Les ignorants qui le rencontrent l'écrasent impitoyablement et avec répugnance. C'est un tort. Le Càrabe est un de nos auxi- liaires, et doit être rangé parmi les insectes protecteurs de l’agriculture. Nuit et jour, cet utile insecte, toujours à la recherche des ravageurs de nos champs et de nos jardins, détruit limaces, escargots, colimaçons, lombrics, larves, chenilles, vers blancs, hannetons, etc. Maiutes fois nous avons eu l’occasion de le voir à l’œuvre, il perçait le ventre des hannetons et des mans et il dévorait leurs intestins. Il serait très utile d'introduire cet insecte dans les serres, les châssis, enfin, dans tous les endroits où la présence des in- sectes nuisibles est signalée. La larve du Carabe que l’on rencontre communément au frais, sous les pierres d'un certain volume, est aussi utile que l'insecte parfait. Le genre Carabe se subdivise en différentes espèces qui sont toutes éminemment utiles. - A. HUMBERT. P.S. Voir ce ,;qui a été dit du Carabe doré et du Carabe pourpré, avec fig., 4re année p. 117; 2e année p. 12; 5° année, p. 38. (1) La Rédaction a cru devoir insérer les deux courtes notes de M. l'Insti- tuteur A. Humbert, dans l'espoir qu'il trouvera des imitateurs. 11 serait, agréable aux lecteurs du Bulletin d'avoir destravaux étendus des institu- teurs, surtout avec des remarques entomologiques spéciales aux localites qu'ils habitent. 150 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE La Criocère des asperges Un insecte qni est émiremment nuisible aux asperges, c'est la Criocère (Criocère asparagi), de la famille des chrysomèles. C'est une larve de couleur verdâtre, produite par un joli insecte oblong, bleu et rouge, que l'on voit en grand nombre sur les tiges. C'est le seul insecte que nous connaissons qui soit nui- sible aux asperges. Le ver de la Criocères’attaque spécialement aux aiguilles ou feuilles d’asperges et aussi à l'écorce des tiges. Il y a peu de moyens pratiques de se débarrasser de cet insecte. Néanmoins, on peut essayer du procédé suivant: Préparer une solution concentrée de savon noir, prendre un pinceau et barbouiïller de ce liquide la tige dans toute sa lon- gueur, dès l'apparition de ce ravageur. Renouveler L'Appestes au bout de huit jours. A. HUMBERT. Voir 5° année, p. 91, pour moyen de détruire les larves des Criocères. Insectes ennemis du topinamhour Le topinambour ou poire de terre, Æelianthus tuberosus L. est de la famille des Composées et originaire du Brésil ou du Mexique. On lui donne aussi le nom d'artichaut de Jéru- salem. Cette plante est cultivée en France dans les jardins, et ordi- nairement dans un des coins, en raison de ce qu’on n'’arrache pas les topinambours chaque année, et qu'on n’en fait la récolte qu'à mesure des besoins. On la cultive aussi dans les champs; elle sert alors à la nourriture du bétail, où bien on la dis-- tille. Le tubercule résiste aux plus grands froids; il n'est pas “désagréable à manger, et il a le goût de l’artichaut cuit; il BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 151 ressemble à une pomme de terre allongée ; sa peau est brune et sa chair est blanche. On peut aussi nourrir les bestiaux avec les feuilles et les tubercules de cette plante qui a à souf- frir des attaques du: aupin obseur (Elater obseurus, de Géer). Get insecte est de l'ordre des Coléoptères; il a 9 mill. de longueur, ilest brun couleur de poix, et couvert d’une pubescence jaunûtre. Les insectes de ce genre ont, comme on le sait, la propriété de sauter étant sur le dos et en faisant entendre un petit bruit. ; Les larves du Taupin obscur rongentles racines du topinam- bour et autres plantes, et leur sont parfois très nuisibles. La femelle, dans le mois d'août, dépose ses œufs au nombre de six, contre les racines; ces œufs éclosent et Les petites larves se mettent à ronger les racines. Elles croissent lentement, puisqu'elles mettent cinq ans pour arriver à toute leur taille. Après ce temps, elles descendent profondément dans la terre, ce qui arrive vers la fin de juillet; elles s'enferment alors dans une petite coque où elles se transforment en nymphes, et vers le 10 août, elles se montrent insectes parfaits, s’accou- plent, et les femelles font leur ponte comme il est dit. A leur premier état de larve, elles ressemblent beaucoup pour la forme et la couleur aux larves qui vivent dans la fa- rine, et auxquelles on a donné le nom de vers de farine; dans certains pays, on les nomme encore fi! de fer et corde à violon. Destruction. Chercher aupied de la plante qui paraît souffrir des attaques les larves des Taupins; les ayant trouvées, les dé- truire soit en les écrasant ou de toute autre manière. Autres destructeurs du topinambour: Le Taupin eracheur, qui attaque les racines. Le Ver gris ou ver court,et aussi appelé chenille de terre, qui attaque les racines en août et jusqu en automne. DILLON. 152 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Destruction des fourmis sur les pelouses, gazons,etc. On éloi- gne les fourmis en semant de la chaux carburée sur les en- droits qu'elles fréquentent. La chaux carburée, que l'on se procure dans les fabriques d'acides pyroligneux (vinaigre de bois), est d’un prix minime. Société centrale d’apiculture et dinsectologie Séance du 19 juillet 1882. PRÉSIDENCE DE M. F. DE BOUILLENOIS Après la lecture du procès-verbal de la dernière séance qui est adopté, le secrétaire général annonce à l'assemblée que, dans la séance du 5 juillet courant, le conseil municipal de la ville de Paris a voté les fonds nécessaires (38.000 francs) pour la construction de l'établissement de la Société au pare de Montsouris. De vifs remerciements sont exprimés par l'as- semblée. M. Maurice Girard fait à l'assemblée plusieurs communi- cations ayant rapport à l'entomologie appliquée. Souvent il a eu à faire connaître combien ilest difficile d'avoir des obser- vations vraies sur les insectes réellement nuisibles, beaucoup de personnes, en voyant les premiers insectes venus trouvés autour des végétaux attaqués, sans chercher à savoir s'ils sont vraiment les auteurs du mal. Ainsi j'ai reçu de la Société nan- taise d'horticulture, avec doutes trop justifiés, des insectes accusés de manger les boutons de rosier et de s'introduire dans les fleurs des poiriers William; or, ces insectes étaient Calliphora vomitoria, Linn.,ou la Mouche bleue de la viande, dont la larve ne vit que dans la chair sur laquelle la femelle a pondu ses œufs, ou parfois dans les plaies mal soignées des animaux, Bibio Marei, Linn., la Mouche de S‘-Marc, ayant une larve qui habite la terre humide où elle se nourrit unique- ment de détritus, enfin Æmpis ciliata, Fabr. Or les Empis BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 153 sont des Mouches carnassières d'insectes vivants, notamment de Bibions, qu’elles emportent au vol pour sucer leur sang. Cet exemple montre toute la circonspection qu’il faut apporter en pareilles matières. M. Maurice Girard areçuunelettre datée du 5juillet, de notre collègue M. P. Feuillebois, de Palestro (province d'Alger). Il est dit que la floraison de l'Eucalyptus Red Gum s'effectue depuis quelques jours et que l’'empoisonnement en grand par uarcotisme recommence pour les abeilles. Une quinzaine de ces abeilles ramassées mortes et envoyées par M. Feuillebois sont présentées à la Société. On peut remarquer que toutes offrent la trompe sortie d'une manière démesurée et dressée en avant de la tête. C’est un caractère de l'empoisonnement par les fleurs de l'Eucalyptus. Enfin M. Maurice Girard a reçu à plusieurs reprises, par les soins de la Société centrale d’horticulture de France, des é“han- tillons de vignes malades provenant de diverses localités de l'arrondissement de Pontoise (Seine-et-Oise). Ni sur les feuil- les, les bourgeons, les jeunes grappes, les racines, il n’a pu trouver trace d'insectes ou de cryptogames. I] doit y avoir une altération essentielle dans la végétation même. M”° de Pages communique la note suivante: «Dans mon voyage à Avignon pour l'inauguration de la statue de mon oncle Philippe de Girard, j'ai visité non seulement des ma- gnaneries, mais des fabriques de soies. L'une m'a surtout frappée au point de vue de notre musée séricicole de Mont- souris, car la fabrique en question dévide et emploie les co- cons exotiques et en fait des étoffes admirables. On m'a pro- mis, pour notre musée, une série complète d'échantillons, étoffes et grèges. Mais il importe d'être installé et d'avoir une vitrine convenable, car ce serait péché de laisser gâter ces belles choses ! « Quant aux abeilles, l'incurie est absolue dans le Midi. Dans tout le Vaucluse, qui abonde en fleurs, on a laissé périr de faim les ruchers, et on tue les essaims qui survivent pour prendre le miel. Quant aux ruches, il faut les voir pour se 154 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE rendre compte de l'ignorance qui préside à leur construction et installation. Des conférences apicoles seraient bien ur- gentes. » M. Savard met sous les yeux de l'assemblée un morceau d'écorce d'orme attaquée par le Seolytus fraxint. I montre des grains de blé enmagasinés depuis deux ans qui logent des Charançons ou calandres. Le président de la Société d'horticulture de l'arrondissement de Senlis adresse un appel à toutes les sociétés agricoles et horticoles pour la destruction des hannetons qui devront apparaître très nombreux au printemps de 1883. M. Lescuyer, dé S'-Dizier, offre à la Société deux exem- plaires de la brochure portant pour titre: Des oiseaux de la vallée de la Marne pendant l’hiver de 1879-1880. Remercie- ments. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Pour extrait, l'un des secrétaires : DELINOTTE. Note sur les Blattes Les Blattes sont des Orthoptères coureurs, à pattes égales, absolument omnivores et très voraces à tousleurs états ; leur corps aplati permet à ces in- sectes de passer par des fentes très étroites, de pénétrer dans les armoires et les caisses pour manger les provisions qui y sont contenues. La Blatte des cuisines ou Blatte orientale, domestique dans les maisons, S est nommée vulgairement ea- Fig. 11 Blatte orientale, mâle. fwrd, ravet, bête notre. Le mâle a des ailes sous ses pseudélytres, mais trop courtes pour servir au vol; la femelle en est privée. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 155 Destruction des Blattes. — Les Blattes font souvent beau- coup de mal, et le meilleur moyen de les détruire, c’est de les prendre au piège. Les meilleurs pièges se composent de boîtes plates dont le couvercle est remplacé par quatre lames de verre inclinées vers le centre. On place dans cette boîte quelques aliments du goût des Blattes, et on facilite à ces insectes l'accès au sommet de la boîte au moyen de petites planchettes inclinées. Les Blattes sortent de leurs refuges, pendant la nuit, montent sur la boîte, glissent sur les plaques de verre et tombent prisonnières dans le fond. Là où il y à beaucoup de Blattes, dans les boulangeries, par exemple, c’est par centaines que ces insectes tombent dans les boîtes: on les détruit en les jetant dans l’eau chaude. Les pièges pourraient être construits en fer-blanc. Nota. Les figures de l'Hypodermedu bœuf, du Grillon cham- pêtre et de la Blatte orientale sont empruntées aux Métamor- phoses des insectes, de M. Maurice Girard ; 5° édit. Paris, Hachette et Cie — Remerciments aux éditeurs, Les abeilles solitaires (1). Nous allons opposer aux abeilles vivant en société, dont nous avons parlé jusqu'ici, les abeilles qui vivent isolées, mais qui se servent pour leurs récoltes des mêmes organes. Elles vivent seulement par groupes du mâle et de la femelle, et ne comprennent point de femelles trophiées ou neutres faisant le métier d'ouvrières. Chaque femelle se contente de ses propre forces pour assurer le sort de sa couvée. 1. Nous continuons d'emprunter aux Merveilles de La nature — LES IN- SECTES — de A.E. Brehm (8° série), l'histoire naturelle de tous les insectes qui portent le nom d'abeille, etqui butinentsur les fleursnectar et pollen, et qui, par conséquent, font concurrence à notre abeille domestique. LES INSECTES, de Brehm, paraissent par livraisons à 10 centimes, et par série, de 40 livraisons brochées, à 4 franc. Librairie J. B. Baillière et fils, 19 rue Hautefeuille, à Paris 156 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Ces Apides se distinguent de leurs congénères, vivant en société, par une particularité physiologique d’une haute im- portance, qui entraîne une modification anatomique absolu- ment caractéristique; ils ne produisent pas de cire; aussi leurs pattes postérieures ne présentent plus cette disposition spéciale de l'insertion du premier article du tarse sur la jambe, qui transforme ces organes en une pince délicate des- tinée à saisir sous le ventre les lamelles de cire, au fur et à mesure de leur formation. Les abeilles solitaires se divisent en trois grands groupes: les Podilégides (abeilles perce-bois); les Mérilégides, et les Gastrolégides. Les Podilégides, — caractères. — Chez ces abeilles (Podilé- gides), qui ramassent le pollen sur les jambes et les tarses des pattes postérieures, la disposition des jambes postérieures rap- pelle exactement celle de nos bourdons (bourdons des champs); les femelles possèdent une corbeille, qui manque cependant chez certaines espèces de nos pays; le premier article des jambes postérieures est pourvu en dessous de poils épais qui servent à la récolte, et qui sont implantés à la manière des brosses dont nous avons déjà parlé. Les mâchoires sont rectilignes; leur surface présente un pointillé irrégulier, et leur face interne est pourvue d’une sorte de dent. Au repos, la lèvre inférieure ou langue, pres- que cylindrique, dépasse à peine la tête; lorsqu'elle s'étire, elle atteint la longueur du corps; elle est conformée comme celle des abeilles domestiques. Les palpes labiaux sont di- morphes. Maœurs, habitudes, régime. — Les Podilégides construisent dans les talus, sur le bords des routes, ou des sablonnières, dans les vieux murs de pisé, dans le mortier qui relie les pierres des vieilles murailles, ou dans le vieux bois à demi pourri, des nids composés de cellules en forme de dés placés ! à la suite les unes des autres, de manière que le fond de l'une soit le couvercle de l’autre. Ces hyménoptères, munis de brosses, et qui récoltent à BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 157 l’aide de leurs jambes, aménagent leurs cellules ainsi que les autres abeilles solitaires non parasites; elles emploient des matériaux variés, mais point de cire. Elles les remplissent de nourriture (mélange de miel et de pollen), pondent leur œuf par-dessus, et ferment les cellules. Lorsque la larve et la nymphe ont terminé leur évolution, l'abeille parfaite ronge l'opercule de sa loge, et sort, peut-être dix ou onze mois après que l'œuf a été pondu par la mère; mais elle ne trouve pas autour d'elle les soins caressants d’une ouvrière, comme l'abeiile domestique ou le bourdon; elle partage le sort du plus grand nombre des animaux, qui n’ont à leur disposition que les seules forces de leur nature pour soutenir leur courte existence. Les mâles naissent les premiers; et nous les trouvons sur les fleurs où ils séjournent et où ils cherchent une femelle. Celle-ci, de son côté, abandonne son lieu de naissance, pour chercher à se nourrir; et la connaissance se fait aisément, souvent plusieurs prétendants l’entourent de leur vol et la poursuivent. L'inclination réciproque se manifeste d’une fa- çon variable suivant les espèces; mais toujours le favo- risé expie sa conquête par une mort prochaine. La femelle fécondée a droit à une vie plus longue, pour s'occuper des préparatifs de la couvée. Si la récolte de miel est fructueuse, si l’été reste beau d'une façon continue, le travail en profite, et la femelle peut fonder une plus riche postérité; si le mau- vais temps persiste, au contraire, et l'empêche de sortir du nid, le travail est retardé, les heures ne peuvent être mises à profit, il n'y a qu'un petit nombre d'œufs pondus quand la mort apporte à la pèlerine fatiguée le repos définitif. Plus d'un parasite profite des absences de cette mère labo- rieuse pour déposer un œuf dans les cellules remplies; cet œuf éclot avant l'habitant légitime, si la larve parasite se nour- rit du miel; il éclot plus tard si le parasite doit dévorer la larve d'abeille elle-même. Il faut ranger au nombre de ces traîtres : plusieurs hyménoptères de cette famille même des Apides, puis d’autres appartenant à des groupes différents 158 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE tels que les Chrysides et les Ichneumons ; les diptères, tels que les mouches du genre Bombilius et du genre Anthrazx; des Coléoptères, les Trichodes et les Sitarts. Les Anthophores. — Caractères. — Les Anthophores pré- sentent sur l’aile antérieure autant de cellules que les espèces précédentes. Il a une cellule marginale, arrondie en avant, et pourvue d'un petit prolongement; elle ne s'étend pas, en arrière, aussi loin que la dernière des trois cellules sous-mar- ginales qui sont closes et de dimensions presque égales entre elles. Les griffes de leurs pattes sont bifides ; les épines des jambes postérieures sont simples ; les antennes filiformes sont à peu près égales dans les deux sexes, et sont à peu près longues comme la moitié du corps. Les yeux accessoires sont disposés en triangles. Les palpes maxillaires comptent six ar- ticles. Ce n’est pas seulement par l'aspect trapu de leur corps mais aussi par l'épaisseur de la coloration de leur fourrure, que ces abeilles rappellent les bourdons. Toutefois un exa- men attentif, du moins pour les femelles, ne permet pas d'hèsiter entre les deux genres. La différence entre les sexes consiste en ce que les mâles sont dépourvus de brosses, tandis qu'ils ont des poils variés sur les tarses des jambes moyennes, et que généralement la partie inférieure de leur face est d’un blanc d'ivoire; chez les femelles, cette partie, ainsi que la moitié supérieure, est noire. Chez elles le dernier article, très petit et très aigu, pos- sède des soies courtes et serrées, de sorte que sa pointe sem- ble être munie d'une bordure. Ces différences entre les deux sexes d'une seule et même espèce sont malheureusement si grandes que, comme nous l'avons déjà dit à propos des bour- dons, il ne suffit pas de les apercevoir, il faut observer ces in- sectes en liberté pour appareiller les couples régulièrement. Distribution géographque.— Les Anthophores s'étendent sur toute l'Europe et l'Afrique septentrionale. Elles ne font pas absolument défaut dans l'Amérique du Sud et l'Asie. Maœæurs, habitudes, régime.— Tes Anthophores bâtissent dans la terre sablonneuse, sur les talus ensoleillés des che- “ich BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 159 mins creux, dans les sablières, dans le mortier sableux qui remplit les interstices des murs, dans les creux d'arbres, dans les conduits en terre glaise, qu'elles cloisonnent pour former des cellules. Elles font leur apparition à une époque avancée de l’année, et volent avec une grande rapidité de fleur en fleur, avec un bruit légèrement sifflant. On peut, en avril ou en mai, voir un groupe de mâles, alignés les uns derrière les autres, vol- tiger de haut en bas et de bas en haut le long d’un mur ou d’un tas sablonneux, où se trouvent de nombreux nids dont les femelles viennent d'éclore. Si l’une d'elles se sent attirée vers les mâles, elle se pose à l'orifice d'entrée; le mâle se jette sur elle, la saisit, et tous deux disparaissent dans les airs. La plupart du temps, la femelle fécondée recherche pour sa couvée, son lieu de naissance, et y organise son intérieur; car ‘on trouve, plusieurs années de suite, dans les vieux murs en pisé, des nids disposés les uns derrière les autres. Maïs avec le temps, ces insectes peuvent avoir été détruits, ou chassés par des parasites importuns à qui la place a paru bonne. L’'Anthphore hérissée ou à pieds poilus. Caractères.—L'Antho- phore hérissée est recouverte entièrement d'un poil épais ; sa couleur est rousse ou jaune-brun sur le thorax et la base sur l'abdomen jaune de l'appareil récolteur, noire sur le reste du COTpS. Chez le mâle, la base des palpes, de la tête, de la lèvre su- périeure, des joues et de la naissance des mâchoires, est d'une belle cuuleur jaune; sur les pattes moyennes, on remarque, au niveau du premier et du cinquième article, une dilatation foliiforme, pourvue de poil noirs et épais. L’Anthophore obtuse. Caractères.— Dans cette espèce, la femelle présente exactement la même taille et les mêmes allures que dans l'espèce précédente, mais elle est entière- ment recouverte de poils noirs, sauf les poils qui lui servent pour récolter et qui sont d’un rouge de rouille. Le mâle est un peu plus petit, un peu plus élancé; c’est lui que Le Peletier a désigné sous le nom « d'Anthophora pilipes », 160 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Il porte des poils, couleur de renard, c'est-à-dire jaune-roussà- tre, sur la tête, le thorax, et la naissance de l'abdomen ; plus en arrière, les poils deviennent plus rares et noirs. Les premiers etles derniers articles des pattes moyennes sont élargis et présentent des poils disposés en étoile; mais toute la face postérieure est dépourvue de ces longues touffes de poils que nous avons signalées chez l'espèce précédente. Mœurs, habitudes, régime. — Le mâle vole plus tard que la femelle, qui volontiers choisit pour lieu d'incubation, sur ies Sept-Montagnes et dans le bassin parisien, les creux des rochers qui donnent au terrain trachytique son aspect si particulier. L'Anthophore des murailles. Caractères. — La femelle est un peu plus petite que celle des espèces précédentes; elle est entièrement couverte de poils noirs, sauf à la pointe de l'abdomen qui est d'une couleur rouge de rouille. Le mâle différerait à peine de l’espèce précédente, quant à la couleur, n'était le reflet grisâtre de ses poils qui ont un aspect foncé. Les marques que nous avons signalées sur les pat- tes moyennes dans l'espèce précédente, font ici défaut. (À suivre.) ERRATUM. — Dans l'article Grillon champôtre (Bull. d'insectologie agricole, 1882, p. 141) se trouve une faute d'impression : Afridiens au lieu de Acridiens. En outre, par suite d'un manque de mémoire, l'auteur a donné à la femelle une tarière de ponte recourbée en sabre. Il faut lire, au contraire, une tarière grêle et droite, comme une épée. Ce carac- tère est général chez les Grylliens et peut très bien se vérifier sur la femelle du Grillon domestique, le Cricri du foyer, commun dans les boulangeries. (La Rédaction.) Le Gerant : H. HAMET. CPLPLPPPSP IS Imp. dela Soc. de Typ.- Noizerrs, 8, r, Campagne-Première, Paris, al D Css, à N° 11. SEPTIÈME ANNÉE Novembre 1882 BURPR ET TN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SLT ST SSSR SSL ST RSS PSS SDS PP PL SSL LL PSS LS SLT LL LS SL LL LL SL SI LL SPL IL LS LIL SPL SL SSL L LL LES LL LL PL P LITE SOMMAIRE : Le Geotrupe changeant, par M. E. SaAvarp. — Fourmi mel- lifère. — Le Curculionite, ennemi des carottes, par M. J. FALLOU.—$S0- ciété centrale d’apiculture et d’insectologie, séance d'octobre 1882. — Les Insectivores terrestres, par M. MAURICE GIRARD.— Destruction des fourmis.— Exposition des insectes en 1883. PP LPINTI IIS RAS RSA ANA ELA ARALAZS RRPPINPPINIIN Le Géotrupe changeant (Geotrupes mutator, Marsham) PAR M. E. SAVARD Les Géotrupites se font remarquer entre tous les Scara- béides par leurs antennes de onze articles. Ils comprennent un nombre d'insectes peu considérable. Les espèces de ce genre sont presque aussigrosses que nos Hannetons communs. Leur nom rappelle qu'ils perforentla terre. Demœurs variées, ils fouissent ou percent la terre, ilslacreusent particulièrement danslesprairies, sous les bouses de vachesetdechevaux, dessé- chées à leur surface. On en trouve parfois aussi dans les cham- pignons pourris. Au mois d'août dernier, en parcourant laforêt de Montjeon (1), j'ai vu un si grand nombre de Géotrupes et de Staphylins odorants, qu’on en trouvait écrasés dans les chemins. Les Géotrupes volent surtout le soir. On les entend bourdonner, par les belles soirées d'été, dans le voisinage des fumiers. _ Géotrupes mutator : Corps hémisphérique, ovalaire ou un peu oblong, plus ou moins convexe. Tête un peu dilatée de chaque côté au-devant des yeux. Epistôme assez grand, séparé du front par une ligne angulée transverse souvent indistincte, plus ou moins rhomboïdal, rebordé, le plus souvent unitu- 1, Près le Havre (Seine-Inférieure). 11 162 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE berculé. Yeux entièrement divisés par les canthus. Labre in- férieur à l’épistôme, transverse, coupé carrément en avant ou à peine sinué. Mandibules arrondies en dehors, généralement plus ou moins sinuées avant le sommet, en pointe simple avec une dent interne au-dessous, offrant de plus une lame membraneuse, densément ciliée, le long de leur bord interne, Mâchoires à lobe externe corné dans la moitié basilaire de sa face supérieure, plus ou moins coriace dans le reste de sen étendue, très densément velu supérieurement dans toute sa seconde moitié; l’interne un peu plus petit, situé à la basedu précédent, coriace, très densément velu dans toute sa partie supérieure el finement cilié intérieurement au-dessous, muni d'une espèce de crochet corné nullement atténué vers le sommet, un peu échancré au bout, situé vers son extré- mité, mais un peu en dedans de sa partie dorsale et en majeure partie masqué par la pubescence qu’il ne dépasse nullement. Palpes maxillaires à premier article petit, deuxième un peu obconique, troisième subégal en longueur au précédent, mais légèrement plus épais, dernier un peu plus long que le troisième, légèrement fusiforme. Menton transverse, profondément incisé en avant et de plus oblique- ment coupé de chaque côté. Languette submenbraneuse assez large, mais pas très saillante, divisée par une incision médiane plus ou moins marquée en deux lobes finement velus. Palpes labiaux à premier article médiocre, deuxième un peu plus long et un peu plus épais, subovalaire ou ovale oblong, fortement sétuleux, dernier glabre subégal en lon- gueur au précédent mais plus étroit, oblong ou ovale oblong. Antennes à premier article un peu allongé, deuxième court, un peu globuleux, trois à huit graduellement plus courts et un peu plus épais ; massue transversalement ovalaire. Pro- notum transverse, et un peu plus large que les élytres en ar- rière. Écusson médiocre. Élytres laissant fréquemment à dé- couvert l'extrémité du pygidium, à épaules plus ou moins angulées. Jambes antérieures multidentées extérieurement, les postérieures quadrangulaires, offrant sur leur face externe BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 163 de deux à quatre crètes ciliées transverses. Tarses postérieurs à premier article plus long que les suivants. Le Geotrupes mutator, Marsham, est une espèce commune dans toute l'Europe et ainsi nommée à cause de sa couleur très variable, verte plus ou moins foncée, ou bronzée ou noire, le dessous du corps d’un bleu violet. Le plus gros des Géotrupes d'Europe, noir en dessus, est le Geotrupes stercora- rtus, Linn. Fourmi mellifere. Nous donnons les détails qui suivent pour compléter ce que le Bulletin a publié sur la fourmi mellifère (V. p. 9). —Un entomologiste américain, le révérend docteur Mac Cook, a eu l’idée d'aller examiner sur les lieux mêmes ces insectes extraordinaires. Étant parti pour le Nouveau-Mexique, où ont été décou- vertes les premières fourmis à miel, Myrmecocystus melli- gerus, Wesmaël, le révérend s'arrêta dans le Colorado, à Mani- tou, endroit situé à l’entrée du « Jardin-des-Dieux », où il se trouva en présence des fourmis qu’il cherchait. Il ne continua pas son voyage, et fit à Manitou même, pendant plusieurs semaines, toute une série d'observations qu’il vient derésumer dans le dernier numéro du Recueil de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie. D’après les observations de l’entomologiste américain, les fourmis à miel ont l'abdomen gonflé en forme et de la gros seur d'un petit grain de raisin, qui sert de réservoir pour emmagasiner le sucre ou le miel. La contrée connue sous le nom de Jardin-des-Dieux est à 6.180 pieds au-dessus du niveau de la mer. Elle em- brasse un espace d'environ 2 milles de long sur 1 de large, et est traversée de chaînes de montagnes qui sont couronnées au sommet par des rochers de grès rouge, dont les formes bi- zarres, ayant souvent l'aspect de divinités ou d'idoles païen- nes, ont sans doute suggéré le nom qui a été donnéà la ré- gion. 164 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Le sol, tout en haut, là où le rocher n'est pas exposé à l'air, est un lourd gravier, sur lequel poussent des touffes d'herbes et ça etlà quelques pinset cèdres peu élevés, tandis que dans les vallons croissent des héliantes sauvages, des roses et de nombreux fourrés de chênes rabougris. Toutlelong de ces mon- tagnes, à leur cime et sur leurs pentes à l’est et au sud-est on rencontre des nids de fourmis à miel. L'architecture extérieure de ces nids ressemble à une pe- tite levée ou digue de gravier. La plus grande de celles qu’a visitées le révérend Mac Cook mesurait autour de la base trente-deux pouces, et avait environ trois pouces et demi de haut. La porte est une simple ouverture en forme d'enton- noir percée au centre de la levée. D'abord verticale, elle se continue ensuite en une pente légère, qui s’abaisse à un angle plus ou moins abrupt et mêne une série de gale- ries et de chambres. Tandis que les planchers et Les murs sont tout à fait unis, les voûtes ou toits sont laissés en terre et en cailloux. Les ga- leries et les chambres sont divisées en étages. La chambre de la mère est un appartement presque circulaire, de quatre pouces de diamètre. Les chambres à miel, de grandeur variable, sont généra- lement ovales, delquatre à cinq ou six pouces en longueur sur trois ou quatre puuces en largeur. Elles ont des toits voûtés ; les côtés ont d’un demi à trois quarts de pouce de hauteur et vont en augmentant jusqu’à un pouce et demi au centre. Une étude attentive semble prouver que les fourmis à miel sont des insectes nocturnes,-et que leur miel est fourni par la sève sucrée de la noix de galle, produite par une espèce de Cynips sur les branches du Quercus undulata. Le miel des fourmis a un goût agréable ; il est légèrement acide en été, par suite d'un reste d'acide formique. C’est une solution presque pure de sucre de fruit, mais qui ne donne aucune trace de cristallisation. Les Mexicains et les Indiens mangent volontiers du miel de fourmi, qu'ils regardent BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 165 comme une friandise. Les Mexicains pressent l’insecte pour en extraire le miel. Ils en font aussi une liqueur alcoolique. Il faut environ 960 fourmis à miel pour produire une livre de miel. Le Cureulionite (/1/o/ytes Coronatus) ennemi des carottes. PAR M. J. FALLOU (1) Depuis plusieurs années, j'ai pu constater que la culture des carottes a été compromise dans les environs de Cham- prosay (Seine-et-Oise), par les larves d'un Curculionite, le Molytes coronatus, qui détruit la racine de ce légume de telle façon qu'elle nepeut plus serviràl'alimentation, étant perforée de toutes parts, Mes observations, plusieurs fois répétées, me portent à penser que c'est dans le mois de mai que l’insecte dépose ses œufs en terre. Dès leur naissance, les jeunes larves pénètrent dans la carotte versson extrémité, puiselles remontent dans la racine et y formentdes galeries en tous sens, mais s'arrêtent constamment avant le collet. Ces larves sont ainsi constam- ment enterrées à une profondeur variable de 10 à 12 centi- mètres, et restent inertes un temps assez considérable avant de se transformer en nymphes, car elles ne donnent l’insecte parfait qu'environ deux ans après la ponte, ainsi que j'ai pu le constater. Une première éducation tentée par moi en octobre 1879 n’a eu aucun résultat; les larves que j'avais conservées s'étant desséchées et ayant péri. J'ai été plus heureux dans une se- conde étude: je récoltai, au mois d'octobre 1880, une grande quantité de ces mêmes larves; je les plaçai dans un grand tonneau où je plantais des carottes ; ayant recouvert mon appareil d’une toile métallique, afin de nepas laisser échapper l'insecte parfait; je laissai le tout passer l'hiver à l'air libre. 1. Bulletin des séances de la Société entomologique de France. 166 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Au mois de mai 1881, ne voyant aucune éclosion, j'enlevai la terre, et à la profondeur que j'aidéjà indiquée, je trouvailes larves développées, comme engourdies, mais non transformées en nymphes. Je recouvris mes larves de terre et n'y touchai plus ; et ce n’est seulement que du 25 mars au 12 avril 1882 que j'ai obtenu les insectes parfaits. Ces faits semblent démontrer que le Molytes coronatus met deux ans à subir ses métamorphoses, et prouvent que cet in- secte, non encore signalé comme nuisible aux agriculteurs, est cependant un ennemi dangereux de l’une de nos cultures. Les moyens de destruction autres que celui de tuer la larve de Curculionite, quand on l’aperçoit, sont à trouver. Société centrale d’Apiculiure et d'Insectologie Séance du 18 octobre 1882. — Présidence de M. Henricy. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le président dit que l’ordre du jour appelle le programme à arrêter pour la prochaine exposition des Insectes. Il ajoute que, par suite de démarches faites près de l'administration de la ville de Paris pour savoir quand la construction de Mont- souris serait prête, il n’a pu être suffisamment renseigné, mais qu'on à promis de le fixer prochainement à cet égard. Il propose que la discussion sur le programme soit renvoyée à la prochaine séance. Cette proposition est adoptée. Relativement à l'établissement de la Société au parc de Montsouris, le secrétaire général dit que la plantation de chênes, faite il y a deux ans en vue d'éducations de vers à soie nourris par les feuilles de cet arbre, est à refaire, et la terre à changer pour que cette plante y prospère ; il dit que cela nécessitera une dépense de 50 à 100 fr. L'assemblée vote cette dépense. Le secrétaire expose que la question relative aux distinctions qui devaient être accordées aux instituteurs désignés par la Société au Ministre de l'instruction publique pour les palmes d'officier d'académie n’a pas été résolue dans la dernière ses- DE BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 167 sion. Il propose que la Société accorde à ces lauréats un diplôme de mérite avec une médaille de bronze grand modèle. Cette proposition est adoptée. M. Maurice Girard communique la note suivante : « J'ai visité, le 23 septembre dernier, à Plumetôt, près la Délivrande (Calvados ), un très beau rucher appartenant à M. F. Gosselin, Il est situé en plein air, dans une prairie, au milieu d'un grand jardin ; aussi, toutesles ruches, au nombre de 90, gardent toute l’année leur couverture de paille. Ce sont des ruches normandes, en paille cousue, posées sur plateau et avec calotte ronde. La plupart avaient encore leur calotte conservée comme nourrissement d'hiver. D'après les cultures locales, on récolte tour à tour du miel de colza, très blanc et avec peu d’arôme, puis du miel de sainfoin, un peu moins blanc mais plus aro- matisé. Les meilleures de ces ruches ont donné 20 kilog. de miel, la cire déduite, la ruche restant garnie de provisions pour l'hiver. La récolte de 1882 est moyenne. Dansles années très mellifères, M. Gosselin emploie une pratique usitée dans le Gâtinais. [lculbute complètement desruches, en les surmon- tant d’une bâtisse de cires vides, etobtient ainsi, en quelques jours, abondance de miel, sans couvain ni pollen. J'ai été heureux de trouver, dans un village éloigné, un apiculteur intelligent et au courant des bonnes méthodes apicoles. » M. Hamet ajoute qu’on trouve par-ci par là, dans le Calvados, des apiculteurs avancés à côté d’autres arriérés. Ceux-ci ne progressent pas, parce qu'ils restent isolés, parce qu'ils ne communiquent pas avec leurs voisins et surtout avec les sociétés apicoles. M. Maurice Girard rend ensuite ue à l'assemblée d’une visite qu'il a faite, comme membre d'une commission de la So- ciété centrale d'horticulture de France, dans la serretempérée chaude, dirigée par M.Boizard, à l'hôtel de M” la baronne douai- rière de Rothschild, à Paris. Redoutant avec raison l'emploi de _ la fumée de tabac, nuisible à beaucoup de plantes délicates des serres, M. Boizard a essayé, comme insecticide, une buée ni- cotinée obtenue en faisant bouillir à siccité, dans un poëlon de 168 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE fonte, du jus de tabac à 14° Baumé, tel que le livrent les manufactures nationales, à la dose d'un litre par 25 mètres cubes d'air. Les plantes n’ont éprouvé aucun dommage. L'effet toxique est foudroyant sur les Cousins et sur diverses petites Mouches qui voltigent dans les serres. Il y a eu destruc- tion complète des Thrips et presque complète des Kermès, dont les coques femelles couvrent les plantes et sous lesquelles sont les œufs. Il y avait cependant encore sur les Cycas quel- ques grosses coques contenant des petits vivants, rosés et bien dodus ; mais la presque totalité avaient disparu. Il n’y a paseu destruction des Cochenilles, ainsi du Pou blanc des serres, Dactylopius adonidum, Linné. Il a paru évident à la commis- sion que, en répétant trois fois par an, pendant une nuit, la production de vapeur d'eau nicotinée, on arrivera, non pas à tuer tous les insectes d'une serre, chose impossible, mais à n’en laisser subsister qu'un nombre insignifiant. M. Asset présente une note, portant pour titre « Les Guêpes et les raisins » qui réfute ce qui a été publié dans le Bulletin, sous la signature de M. Ch. Chevalier. L'assemblée se prononce pour la publication de cette note (V. p. 147). M. Savard donne la description du Géotrupes mutator qui sera imprimée dans le Bulletin. M. Humbert envoie une note sur la Criocère de l’asperge et une sur le Carabe doré; ces notes sont renvoyées à la rédaction du Bulletin. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Les Insectivores terrestres. PAR M. MAURICE GIRARD (1). Ordres des Insectivores. Les Insectivores étaient pour Cuvier, de même que l’ordre précédent, celui des Chauves-Souris ou Cheiroptères , une 1. Nous donnons ici un extrait de la Zoologie publiée par notre collabo- rateur M. Maurice Girard, à la hbrairie Ch. Delagrave, 15, rue Soufflot, à Paris. C'est Là le meilleur moyen qui puisse permettre de juger cet ouvrage. destiné aux instituteurs et institutrices. On leur demande des leçons de choses ; il faut leur procurer les ressources nécessaires pour ce nouvel enseignement si justement en faveur aujourd’hui, (La Rédaction). BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 169 famille de son grand ordre des Carnassiers, c’est-à-dire des Mammifères quise nourrissent de proie vivante. Le groupequi va nous occuper est formé d'animaux de petite taille ; par conséquent leur nourriture doit consister en proies minimes : Insectes, Millepieds, Cloportes, Vers de terre, Annélides d’eau douce, Mollusques de terre et d'eau douce. Il y a certaines ressemblances entre les Insectivores etles Chauves-Souris de même régime. Les animaux des deux ordres ontdes habitudes nocturnes et sont extrèmement voraces, surtout les Insec- tivores, dont la plupart des espèces consomment par jour un poids d'aliments supérieur à celui de leur corps; comme si la nature ne voulait laisser aucune phase d'existence des In- sectes à l'abri d'une destruction nécessaire, les Insectivores font sur la terre le genre de chasse qui est, dans les airs, l’a- panage des Chauves-Souris et des Oiseaux. Les Insectivores présentent les trois espèces de dents, non séparées par des barres. Les canines n’ont pas une forme rigoureusement fixe et caractérisée, ainsi que chez les Carnivores. Des dents comme des poignards s'élèvent, tantôt à la place des canines, tantôt tout à fait par derrière, dépassant le niveau des mo- laires. Celles-ci ne sont destinées ni à mâcher ni à broyer, mais à mordre et perforer ; on trouve sur. leur couronne des pyramides aiguës, comme des scies à double rang, alternant avec des dentelures en lame de couteau ; avec une pareille armature, en quelques coups de mâchoires, les téguments des plus durs Coléoptères ou les coquilles toujours assez minces des Mollusques de terre ou d'eau douce sont troués et cassés, et l'animal, qui serait incapable de triturer des subs- tances coriaces, n’a plus dans la bouche que des chairs ju- teuses, des organes mous, des liquides. Les Insectivores ont tous les doigts courts, munis de griffes, et les mamelles ven- trales, deux caractères-très différents de ceux des Chauves- Souris. Naturellement on rencontre les Insectivores en nombre d'autant plus grand que le pays est plus riche en Insectes; ils sont surtout propres aux zones tempérées du globe et aux 170 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE contrées humides des tropiques, leur nombre diminuant à mesure qu'on s'avance vers les régions glacées du pôle boréal ou vers les pays privés d'eau, où l'extrême chaleur amène une saison de sécheresse très nuisible à la vie des petits ani- maux. Ce sont des êtres peu intelligents, moroses, craintifs défiants, solitaires. La plupart vivent sous terre ou dans des endroits très cachés; d’autres fréquentent le bord des eaux douces, dans lesquelles ils se plongent souvent pour chercher leur proie; enfin, parmi les genres exotiques, il en est qui habitent les arbres. Comme ces petits animaux sont très vo races et que les insectes pendant l'hiver restent très cachés, la plupart à l’état de nymphes où d'œufs, que les vers blancs s’enfoncent profondément dans le sol, les Insectivores, qui ne trouveraient plus à vivre et ne peuvent émigrer à la façon des Oiseaux, tombent dans leurs retraites en léthargie hiber- nale, la circulation et la respiration presque entièrement sus- pendues; c'est là uniquement une question de température. Dans l'extrême Midi de l'Europeet surtout plus au Sud encore, ils demeurent toute l’année en vie active, occupés à chasser et à tuer. Les instituteurs doivent apporter un soin tout par- ticulier à prescrire avec vigilance, aux élèves et à leurs pa- rents la conservation de ces animaux si utiles à l’agriculture ; il faut les défendre contre l'ignorance et la sottise populaires, toujours acharnées contre les animaux nocturnes, soit qu'ils volent dans l'air, soit qu'ils s’abritent sous la terre; aussi nous leur recommandons les groupes d'Insectivores de France, les Musaraignes, les Hérissons, les Taupes. Les Musaraignes, d'après leur taille et même leur forme, pour les gens qui ne savent pas observer, sont habituellement confondues avec les Souris et les Mulots, et de là leur nom (Mus araneus ou terraneus, rat souterrain); un de leurs gen- res est nommé scientifiquement Soreæ, ce qui peut prêter à erreur à l'égard de véritables Rongeurs, d'un régime tout autre. Les Musaraignes ont le corps couvert de poils ordi- naires et les membres antérieurs établis sur le même type que les postérieurs. Le corps est mince, le cou court, le mu- BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 171 seau allongé et plus ou moins en forme de trompe, les pattes postérieures un peu plus longues que les antérieures, les doigts libres, courts, munis d'ongles crochus, au nombre de cinq à chaque patte, la queue longue ou courte, annelée, écailleuse, recouverte de poils, les yeux petits, les oreilles courtes, fermées par un oreillon, habituellement trois paires de mamelles (quatre chez la Musaraigne d’eau). Sur les flancs est une glande qui sécrète un liquide d’odeur forte et désa- gréable plus ou moins musquée, ce qui fait que les Chiens et les Chats tuent bien les Musaraignes, mais ne les mangent pas. La dentition les sépare tout de suite des Souris et des Mulots. En avant et sur l'os inter-maxillaire en dessus estune paire de fortes incisives ou crochets, arquées, avec une grosse dentelure en arrière; puis, en arrière de ces dents, en partie sur l'os inter-maxillaire, en partie sur le maxillaire, sont trois, quatre ou cinq petites dents dites intermédiaires, enfin, àlamêmemâchoire supérieure, quatrepairesde vraies molaires insectivores, à couronne hérissée de pointes. La mâchoire inférieure offre en avant une paire de grandes incisives, à couronne plus longue que la racine, en forme de couteau ob- tus ; la grande incisive inférieure est suivie de chaque côté de deux petites dents intermédiaires, et, après celles-ci, de trois vraies molaires décroissantes. On voit donc que, chezles Musaraignes, il n'y à pas de canines à forme ordinaire et que ces animaux ont 28, 30, 32 dents, suivant le nombre de leurs dents intermédiaires supérieures. Avec une pareille armure dentaire et en raison de leur férocité, en entier à notre pro- fit vu la petite taille, on peut dire que les Musaraignes dé- peupleraient la terre, si elles avaient la grandeur et la force du Lion. Telles qu’elles sont, rapaces, courageuses et agiles, elles réclament notre protection toute spéciale, à titre d’excel- lents auxiliaires. Un premier groupe de Musaraignes a toutes les dents blan- ches, les oreilles plus longues que le poil, le pelage non ve- louté, la queue arrondie, portant de longs poils isolés. La principale espèce est la Musaraigne Musette, du genre Sorex- 472 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGBICOLE à 28 dents, de 6 à 7 centimètres de long pour la tête et le corps, et 3 c. 5 pour la queue (fig. 11). Elle est grise, d’un cendré blanchâtre en dessous, un peu lavée de fauve rous- sâtre en dessus, parfois même de noir, les lèvres blanches, les moustaches longues et noires, les pattes et la queue brunes. Cette espèce se rencontre dans toute l'Europe, sauf l'extrême Nord, aussi bien en pays montagneux qu’en plaine, dans les champs et les jardins, ne craignant pas le voisinage Fig. 11. La Musaraigne musette. des lieux habités, même l'intérieur des villages, passant vo- lontiers l'hiver dans les granges et les étables. Elle se loge de préférence sous terre, s'emparant des trous de Mulot et des taupinières abandonnées, où se retirant dans les fentes et les crevasses des rochers et des murailles ; si le sol est mou, elle s'y creuse un petit couloir, mais toujours très près de terre. Son cri est une sorte de sifflement perçant et tremblotant. La Musette est bien plus nocturne que diurne, ne sortant guère de sa retraite pendant le jour, surtout au soleil. La vue et l'ouïe lui servent peu, mais son odorat est très subtil. Elle flaire constamment après la proie, attaquant les Mulots et Campagnols et les Musaraignes de son espèce qu'elle saisit pour les dévorer. La femelle se bâtit un nid avec dela mousse, de l'herbe, des feuilles, des tiges, dans quelque trou de mur ou sous des racines, avec plusieurs ouvertures latérales, mol- lement rembourré ; elle y metbas à lafin du printemps decinq BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 173 à dix petits, nus, ayant les yeux et les orgilles fermés. Les plus sots préjugésrègnent encore dans les campagnes à l'égard dela Musette; son contact est regardé comme venimeux, mortel même; quoique ses petites dents puissent à peine entamer notre peau ou celle des Chevaux, on ne craint pas de dire que sa morsure leur cause au paturon des plaies incurables et produit chez eux le charbon, etc. Ge petit animal si utile doit donc être pour les instituteurs le sujet de Zeçons de choses, où ils combattront ces stupides croyances. Dans l’extrème midi de ls France, en Provence et en Algérie, mais très rare, fréquentant les jardins, où elle se cache dans le fumier, est la Musaraigne étrusque, trouvée d'abord en Toscane. C’est le nain des Mammifères, moindre que le plus petit Oiseau-Mou- che, de la grosseur d'un fort Bourdon, longue de 35 millimè- tres, plus une queue de 25, ne pesant qu’un gramme et demi. Ses dents sont toutes blanches, mais au nombre de 30, le pe- lage d’un brun clair ou d’un gris roussâtre ; les pattes, cou- vertes de poils blanchâtres, et le bout du museau très effilé sont de couleur de chair, la queue noirâtre en dessus, hé- rissée de poils raides, les oreilles très grandes, bordées de blanc, à contour demi-circulaire. Un autre groupe de Musaraignes a les pointes de toutes les dents colorées en jaune rougeâtre, les oreilles plus courtes que le poil,le pelage velouté, analogue à celui de la Taupe, la queue quadrilatère ou comprimée, à poils égaux. La Mu- saraigne carrelet, beaucoup moins commune que la Musette, mais ayant la même taille, les mêmes mœurs et les mêmes localités (genre Amphisorex), doit son nom à la forme de la queue, qui est quadrangulaire et terminée tout à coup par une pointe fine. Elle a trente-deux dents, les grandes incisives inférieures festonnées ; sa couleur est d'un brun noirâtre en dessus, cendrée en dessous, avec une ligne rousse le long des flancs. La plus grande de nos Musaraignes est la Musaraigne d’eau (genre Æydrosorex, à34 dents), d'après cette loi, harmoni- quement expliquée par le principe d’Archimède, que, dans un groupe naturel de Mammifères, les espèces de la plus forte 174 BULLETTN D'’INSECTOLOGIE AGRICOLE taille sont celles qui passent ou toute leur vie ou une grande partie de leur vie dans l’eau. Elle a près de 10 centimètres de longueur, plus environ 5 centimètres de queue. Son pelage est fin, doux et épais, si serré que l’eau ne peut le pénétrer, d'un marron noirâtre en dessus, d’un blanc plus où moins lavé de roux clair en dessous ; une petite tache blanche existeau- près de chaque œil (c’est encore un caractère de Mammifère aquatique). Les pattes ne sont pas palmées, maisont les doigts encourés de poils raides, formant, à la volonté de l'animal, une rame quand il étale les doigts, et, au contraire, se rele- vant pendant la course, de manière à ne pouvoir s’user; la queue est un peu comprimée et comme ciliée. La Musaraigne d’eau nous rend bien moins de services que les espèces ter- restres, car elle chasse beaucoup aux animaux des eaux dou- ces, mangeant, outre les Annelés et les Mollusques, des petits Mammifères, des Oiseaux, des Reptiles, des Grenouilles, des Tritons et des Poissons. Elle passe sa période de repos dans des trous des berges ou à peu de distance, courant aussi dans les prairies avoisinantes. On rencontre cette espèce jus- qu'à 2.000 mètres d'altitude, dans toute l'Europe et dans une partie de l'Asie, sa limite Nord est l'Angleterre et les côtes de la mer Baltique, sa limite Sud l'Espagne et l'Italie. A côté de la Musaraigne d’eau se place le petit groupe des Desmans, Insectivores encore plus aquatiques. Ils ont Les cinq doigts réunis par une membrane palmaire qui laisse les on- gles libres, les oreilles externes nulles, les yeux très petits, la queue allongée, annelée, écailleuse, peu touffue. La partie la plus. curieuse de ces animaux est le nez, en véritable trompe, formée de deux conduits minces, cartilagineux, soudés entre eux, mis en mouvement par cinq muscles, pouvant se con- tourner en divers sens et saisir de petites proies ; c’est un puis- sant organe de tact. Les Desmans ont, sous la racine de la queue, une glande lobulée, sécrétant un muse très tenace dont l'odeur persiste sur les peaux de ces animaux montées pour les collections. Les yeux sont entourés de blanchâtre. Les Desmans, qui sont munis de 44 dents, se nourrissent 4 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 475 surtout de larves d’Insectes, d’'Annélides et de Mollusques d’eau, et encore de Grenouilles et même de Poissons; ils se creusent dans les berges des ruisseaux des retraites qui com- mencent sous l’eau et qui s'élèvent de manière que le fond reste à sec au-dessus des plus hautes eaux. Nous trouvons dans le département des Hautes-Pyrénées, à partir de Tarbes, et dans les montagnes du Nord de l'Espagne, le Desman des Pyrénées (fig. 12), curieux animal toujours rare, qui est long de 13 à 14 centimètres, en outre la queue à peu près de même longueur, écailleuse, cylindroïde, sauf au bout où elle est Fig. 12. Le Desman des Pyrénées. amincie et un peu comprimée. Les ongles sont forts, le poil d'an brun fauve et luisant, d’un gris argenté sous le ventre ; des moustaches pectinées ornent les lèvres supérieures; les côtés de la trompe sont couverts de poils blancs, les pattes de devant de poils bruns, celles de derrière étant nues et écail- leuses, la queue d'un brun foncé avec des poils blancs. Dans la Russie orientale, bassins du Volga et du Don, existe, fort commun, le Desman de Moscovie, dont la taille bien plus grande atteint celle d'un Hérisson ou d’un gros Rat. La queue est étranglée à sa racine, puis écailleuse et comprimée et en faucille dans presque toute sa longueur. Les glandes à muse ont un développement considérable et une chambre où l'on 176 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE retient l’animal captif en est bientôt infectée. Les Brochets qui dévorent ces Desmans ontune chair immangeable parle muse dont elle est imprégnée. Les paysans des environs de Moscou coupent la queue de ces Desmans, avec les glandes musquées, et mettent le tout dans leur sac à tabac, afin de le parfu- mer. (À suivre.) DESTRUCTION DES FOURMIS, — Voici encore un autre moyen pour détruire les fourmis : on prend une pipe de 5 à 10 cen- timètres que l’on bourre de tabac frais ; on ajuste le bout du tuyau à un soufflet de cuisine dont on a préalablement bien bouché le trou qui sert de prise d'air. On allume le tabac ; on ouvre la fourmilière, puis, soufflant doucement, on dirige la fumée sur les fourmis et sur leurs larves et nymphes ; une pleine pipe de tabac suffit pour une opération; toute fourmi touchée meurt instantanément : les larves ou nymphes enfer- mées ne sont pas ramassées; on arrose ensuite. Si le lende- main on voit d’autres fourmis, ce qui est probable, on recom- mence l'opération; rarement une troisième est nécessaire. Pour les plantes en pots, on insuffie d’abord la fumée par le trou inférieur du pot, puis par-dessus la motte. La fumée dirigée sur les feuilles peut les brûler. Dans tous les cas, il ne faut pas chasser toutes les fourmis du jardin, car elles sont les révélateurs de la cloque chez les pêchers; elles signalent la maladie avant que l'œil l’aperçoive, car les feuilles ne sont pas encore contournées ; les fourmis viennent sur les feuilles huit jours avant qu on ne voit cette crispation. Exposition des Insectes. L'exposition des insectesutiles etdes insectes nuisibles aura lieu en 1883, du l‘ au 20 juin. Le programme de cette ex- position sera incessamment envoyé à ceux qui se proposent d'y prendre part. Le Gerant : H. HAMET. RL S LS LPS PSS DS SSL SSL PES PL SL SEL SSL LPS LS LS PE SELS ELLE ETS Imp. de la Soc. de Typ.- No1zsTTs, 8, r. Campagne-Première. Paris, N 12. | SEPTIÈME ANNÉE Décembre 1882 BUELETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE RLLPPPPIIRLLLIPIISII PLIS PÉTILPLLS LIL L LP LPS I LS SL LL LE LS PL LPS DELL DS PPS SPL SP LS LPS SSL PTE LL SPP LL PIS Te SOMMAIRE : Les papillons blancs. — Société centrale d'apiculture et d'insectologie; séance du 15 novembre 1882. — Liste des membres de la Société. — Table des matières. — Table des figures. PEINE APP PPIPIIPPPPAPPPSAPS Les papillons blanes et leurs ennemis. Ces papillons blancs, que l’on ‘voit fréquemment voltiger dans les campagnes depuis le printemps jusqu'à l'automne, appartiennent au genre Preride de la famille des Rhopalocères ou Diurnes. Deux espèces au moins sont particulièrement nuisibles, àl'état dechenille, aux plantes potagèresetà quelques plantes d'ornement. Ce sont les Prérides du ehou (Pieris brassicæ) et les Piérides de la rave (P. rapæ). Tout le monde les connaît, car quel est l'enfant qui ne s’est amusé à les at- RSS Fig. 13. — Piéride du chou, papillon femelle traper dans les jardins ou les promenades ? Plus d’un débu- tant en entomologie a certainement commencé par ces espè- ces, précisément parce que cesontles premières qui seson pré- sentées sous son filet, 12 178 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE : £ n+. La plus grande, Piéride du chou (Pieris brassieæ), mesure 55 à 60 mill. d'envergure. Le mâe a les ailes d’un blanc assez M opaque, avec le sommet des supérieures marqué d’une tache * noire et la côte des inférieures avec une tache de même cou- leur. Le dessous des ailes inférieures est d’un jaune de beurre d'une fraîcheur délicieuse lorsque le papillon vient de sortir de sa chrysalide. La femelle est, en dessus, d'un blanc plus M jaunâtre surtout aux ailes inférieures, et d’un aspect plus transparent que chez le mâle. Ce qui la distingue surtout du M premier, ce sont trois taches noires qui, en plus de celle du : sommet, viennent orner l'aile supérieure: deux rondes sur le milieu ou disque, et une longitudinale sur le bord interne. On voit cette espèce, depuis le mois de mai jusqu'en septembre, voltiger principalement sur les choux et y pon- dre des œufs d’un blanc jaunâtre, pyrami- daux et canneiés. Elle les place sur le revers *# desfeuilles, rangés par plaques’, debout les. ups à côté des autres. Les petites chenilles qui en sortent se répandent par petites familles sur les choux et autres crucifères, qu'elles rongent et percent d'une façon désastreuse Vers le mois d'août, elles ont pris tout leur « accroissement qui est de 45 mill. environ. Elles \ sont d'un cendré bleuâtre, avec trois raies jaunes longitudinales, une sur le dos et une de chaque coté du ventre; ces raies ou ban- « des sont séparées par de petits tubercules « noirs, donnant naissance chacun à un petit = FEU Ghe poil blanchâtre. Elles se disposent AIQES à se. nille etchysalide métamorphoser en chrysalides, en se dirigeant de la piéride du ; ; « Fr: chou. souvent loin du lieu de leur naissance, sous un abri quelconque : une corniche, un interslice entre les pierres d'une muraille ou encore les rides de l'écorce d'un « arbre. Comme toutes les chenilles du genre Piéride, elles « tapissent la place avec de la soie, sy acçcrochent parles pattes BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 179 postérieures, puis s’entourent d'une ceinture de cette sub- stance. C’est dans cette ceinture que s'opère le changement en chrysalide; cette dernière est d’un blanchâtre tacheté de noir et de jaune. Le papillon sort de la chrysalide au bout d'une quinzaine de jours et va recommencer de nouvelles pontes ; la plupart des chenilles qui en naîtront passeront l'hiver en chrysalide, celles qui r’auront pas eu le temps de se métamorphoser hiverne- ront dans un abri et ne se chrysalideront qu'au printemps suivant. La petite espèce (Pieride de la rave Pieris rapæ) ressem- ble en petit à l'espèce précédente. Elle à de 25 à 30 mill. d’en- vergure ; le mâle a sur le disque des ailes supérieures un point noir qui n'existe pas chez celui de la Piéride du chou. Si les papillons se ressemblent beaucoup, les chenilles et Les chrysalides, au contraire, diffèrent totalement. Elles sont d'un vert tendre, veloutées de petits poilstrès courts, avectroislignes longitudinales jaunes, une sur le dos et les autres sur les cû- tés, au-dessus des pattes. Elles sont extrêmement nuisibles aux choux, aux navets, aux raves, au cresson, .au réséda et à la capucine, et vivent soliaires en pénétrant ordinairement dans l'intérieur de ces plantes. Les chrysalides sont d'un cen- dré plus ou moins pâle, quelquefois lavé d’incarnat et ponctué de noir. Le papillon paraît depuis le mois de mars jusqu'en au- - tomne; la femelle dépose ses œufs un à un sur le revers des . feuilles. | On peut sinon détruire, mais diminuer le nombre de ces - deux espèces en leur faisant la chasse au filet lorsqu'elles viennent pondre, ou en écrasant les chrysalides attachées aux 2 clôtures des potagers; on peut encore facilement détruire | les œufs de la Piéride du chou, aisés à découvrirsouslesfeuilles, * où ils sont par séries de trente ou quarante. 1 Mais comme la nature a toujours mis le remède à côté du . mal, elle a créé, en plus des oiseaux qui en font leur pâture, 2 plusieurs ennemis destinés à diminuer la trop grande abon- 180 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE dance de ces espèces nuisibles. Il y a d'abord un tout petit Hyménoptère noir, à pattes fauves, avec les ailes très transpa- rentes, portant un point noir à la côte des supérieures. À l'aide de sa tarière, il pond une certaine quantité d'œufs à la fois dans une même chenille ; les petites larves éclosent, se nour- rissent de lasubstance graisseuse de leur victime, sans attaquer tes organes importants, de sorte que la chenille arrive au terme desa croissance, mais ne peut arriver à sa chrysalide, parce qu'à ce moment les petites larves la tuent en sortant de son corpset filent chacune autour d'elle un petit cocon jaunâtre qui sembleune miniature du cocon de ver à soie. Il est très fré- quent de rencontrer ainsi, sur la clôture des polagers, des che- nilles de Piéride du chou toutes ratatinées et entourées d'une vingtaine au moins de ces petits cocons. Ge petit hyménoptère appartient au genre Microgaster, de la famille des Ichneumo- niens, de la tribu des Braconides. I a reçu le nom de Glome- rator, à cause de cette habitude. Un autre petit Hyménoptère, de 2 mill. de longueur, d'un vertnoirâtre, brillant, finement ponctué, à pattes en partie jaune pâle, à tête large, portant des antennes en massue, place toute sa ponte sur une seule chrysalide de Piéride, au moment où elle est encore molle, c’est-à-dire lorsque la chenille vient de quitter sa dernière peau. Les larves entrent dans la chrysalide et se nourrissent de sa substance jusqu'à leur entier accroissement, puis se Chry- salident elles-mêmes dans leur habitation, de sorte qu'au lieu « d'un papillon on voit sortir, au bout d'une quinzaine de jours, une myriade de jolis petits moucherons vert doré, qui se répandent et vont faire de nouvelles victimes. Ce petit Hymé- noptère est le Péeromalus puparum, famille des Pupivores, 3 tribu des Chalcidilese La Pimple instigateur (Pimpla instigator), grand Ichneu-m monide de couleur noire, ponctué, à pattes fauves, à antennes Ë grêles presque aussi longues que le corps, à abdomen presque % cylindrique rétreci à la base et pourvu, chez la femelle, d'une tarière droite de la longueur de la moitié de 'abdomen, dé_ a TT + be BULLETIN D’INSEGTOLOGIE AGRICOLE 181 pose un seul œuf dans une chenille de Piéride du chou; la larve vit dans cette chenille sans l'empêcher de se chrysalider et se métamorphose, à nu, dans l'intérieur de la chrysalide, puis sort à l’état parfait de cette dernière, à la place du pa- pillon. Il y a encore des insectes de l'ordre des Diptères, qui pon- dent sur les chenilles; les larves s'introduisent dans leur victime et en sortent peu de temps avant la chrysalidation de cette dernière; après l'avoir tuée par épuisement, elles se métamorphosent elles-mêmes, sans changer de peau, à côté de leur proie, en une pupe cylindrico-elliptique qui donne naissance à des mouches cendrées, à thorax fascié, à abdomen marqueté de taches soyeuses et ornées de poils ou plutôt d'épines raides. Elles appartiennent aux genres Doria et Phryxe. Le papillon blanc veiné de vert S'appelle Préride du navet (Pieris napi), parce que sa chenille vit principalement sur les navets. Ilest de la taille de la Piéride de la rave et s'en dis- tingue aisément par le dessous des quatre ailes dont les ner- vures sont bordées de vert olive, lesquelles se voient en trans- parence sur la partie supérieure. Il est moins commun que les deux espèces précédentes, et fréquente plutôt les champs et les lisières des bois que les jardins. Aussi sa chenille n'est-elle nuisible qu'exceptionnellement, comme cela arrive en Angleterre dans les champs de turneps. Elle est veloutée, d'un vert foncé sur le dos, plus pâle sur les côtés, avec les stig- mates roux placés chacun sur une petite tâche jaune. On la trouve à la fin du printemps et à l'automne, dans les champs, sur toutes les crucifères agrestes, et dans les jardins, sur les résédas, la capucine, ia rave, le navet el même sur les choux. Le papillon paraît en avril ou mai et même quelquefois dès la fin de mars, puis en juillet et août. La femelle est parfois, surtout dans les contrées montagneuses, d’une couleur rem- brunie en dessus, et constitue ainsi la variété que l’on a appelée Bryonieæ. (A suivre.) Me >, : *, L TC DEN re i Société centrale d'apiculiture et d'inseetologie 182 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1882. PRÉSIDENCE DE M. MAURICE GIRARD. Le procès-verbal de la séance précédente est lu ei adopté. L'assemblée s'occupe du programme de l'exposition des insectes, qui aura lieu en 1883. Elle en arrête l’époque et la durée. Cette exposition aura lieu du 1° au 20 juillet. Une commission de cinq membres, composée de MM. Fallou, Maurice Girard, Hamet, Saint-Pée et Savard, est chargée de reviser le programme de l'exposition de 1880 et de le modifier s'il y a lieu. | Un appel est fait à tous les membres pour présenter les questions qu'ils désirent voir traiter aux congrès insectologi- ques et apicoles qui auront lieu au moment de l'exposition. Le premier traitera des questions d'insectologie générale et de sériciculture ; le second ne s'occupera que de questions api- coles. Les questions posées doivent être adressées au secré- tariat de la Société, rue Monge, 67. M. Maurice Girard montre à l'assemblée des branches de pin, adressées à l’école d'horticulture de Versailles, et dont les branches sont rongées à l’intérieur par les larves d'un des Scolytiens les plus nuisibles aux arbres verts, lÆylurgus où Dendroctonus piniperda, Fabricius. M. Fallou appelle l'attention de l'assemblée sur le curculio- nite dont il a étudié les mœurs ; il dit que la larve est un en- nemi des carottes. (Voir p. 165.) M. Maurice Girard offre le premier fascicule de son ouvrage intitulé la Zoologie. Il en expose le plan et signale surtout la “partie qui à trait à l’insectologie. L'assemblée félicite l’auteur et demande que cette partie soit reproduite dans le Bulletin de la Société. (Voir les Znsectivores terrestres, p. 168.) M. Lorgany, d'Aix, fait part de la campagne qu'il a entre- prise contre l'étouffage répandu dans sa région; il espère arriver en quelques années à réduire sensiblement le nombre des routiniers en faisant accepter aux moins endurcisl'emploi BULLETIN D'INSECTOLOGTE AGRICOLE 183 ._ d’une ruche à" cadres et à rayons mobhiles qu'il expérimente depuis quelques années déjà, et dont le fonctionnement est » simple et facile. Il annonce que, par suite de ja grande séche- - resse qui a régné cette annéeen Provence, quand ailleurs onse > plaignait de la persistance de la pluie. la récolte de miel a été - peu abondante. L'assemblée félicite ce membre correspondant . de la propagande des bonnes méthodes qu'il fait autour de lui. M. Hamet entretient l'assemblée du nourrissement des ru . chées insuffisamment pourvues. On lui a demandé jusqu'à quelle époque il était convenable d'alimenter les abeilles. Il répond qu'on peut alimenter au rucher, avec de la nourriture liquide, tant que la température permet aux abeilles de sortir. » Il y a donc des années, et des latitudes, où l’on peut encore ‘alimenter dans le courant de novembre et d’autres où l'on ne Me doit plus, et il ajoute que plus la saison avance, moins il faut ajouter d’eau dans l'alimentation. Plus tardivement, . c’est-à-dire quand il gèle, on doit alimenter dans la cave par des aliments liquides les abeïlles qui ne sont pas captives de- . puis trop de temps, qui ont encore sorti depuis une quinzaine de jours. Toutefois il convient de limiter la nourriture pour - les besoins de la saison rigoureuse. Il faut surtout que la . nourriture donnée soit très saccharine. Autrement on pourrait occasionner non la dysenterie, maïs la constipation, qui se fait sentir dans les ruches nourries trop tardivement et dans celles dont les abeilles ont été butiner dans les raffineries par les derniers beaux jours de l’automne. Il ajoute qu'à laide des tablettes de sucre cuit au boulé, on peut nourrir pendant - tout l'hiver les ruches à cadres laissées au rucher, M. Asset dit qu'on ne doit plus nourrir quand le temps devient froid; que pour ètre certain d'éviter tout accident, il faut alimenter en septembre. M. Saint-Pée lui fait remarquer -qu'on n'est pas toujours à même de nourrir en septembre, surtout quand on à beaucoup de ruches à alimenter, et qu'en outre,des colonies qui paraissaient avoir un poids suffisant au commencement de septembre ônt perdu sensiblement depuis, parce qu'elles possédaient encore du couvain quand on les a 184 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE soupesées la première fois. Il faut done mieux alimenter ces « ruches tardivement que de les laisser s’éteindre. ; M. Hamet ajoute qu'au point de vue des abeilles l’alimen- tation faite tôt vaut assurément mieux que celle faite tard. Mais la bourse de l’apicuiteur est plus ménagée par le nour- rissement tardif que par le nourrissement hâtif. Car les abeilles nourries en septembre dépensent plus que celles \ nourries un mois ou six semaines plus tard; elles dis- traient un quart de cette alimentation pour élever du. couvain. Lorsque l'alimentation est faite rapidement avec de bons produits dans la deuxième quinzaine d'octobre ou la première de novembre pour la région de Paris, on n'a pas d'accidents sensibles à redouter pour l'hygiène des abeilles, et alors cette alimentation nécessite moins de dé- pense, ce qui est à considérer surtout par les mauvaises an- nées. M. Maurice Girard fait hommage à la Société du premier fascicule de sa Zoologie (Paris, Delagrave, 15rue Soufflot), destinée surtout aux écoles normales d'instituteurs et d'insti- tutrices. Un extrait de la préface fera parfaitement connaître le plan qui a été suivi dans cet ouvrage. « Il est nécessaire de donner aux instituteurs et institu-« trices des notions exactes sur les animaux utiles et nuisibles de la France, en se renfermant par contre dans des limites très sommaires pour les espèces exotiques. Un maître se trou-" verait très embarrassé s'il ne pouvait pas répondre à des questions concrètes de Zoologie appliquée. Le cultivateur lui demandera, directement ou par ses enfants, des détails rela= tifs au loup, ennemi de ses troupeaux, à la fouine, au putois,« à la belette, aux émouchets, animaux qui tous guettent COn-M tinuellement sa basse-cour, aux mulots, qui dévorent ses grains en réserve, aux hannetons et aux vers blancs, aux al-J tises des colzas, à l'eumolpe de la vigne, au terrible phyllo=M xera, au puceron lanigère du pommier, aux cochenilles des. arbres à fruits, aux petites mouches qui anéantissent parfois ; les récoltes de céréales ou celle des olives dans l’extrèmen BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 185 midi, aux limaces et aux colimaçons, si nuisibles aux légumes dans les années humides, etc. Il se trouverait fort mal satis- fait si l'instituteur ou l'institutrice ne peuvent que lui réciter des généralités d'organisation sur les Mammifères, les Oiseaux, les Coléoptères, les Hémiptères, les Diptères, les Mollus- ques, etc. Ce qu'il désire avant tout, c’est la détermination spécifique de ses ennemis, c'est l'exposé des meilleures pro- cédés pour en débarrasser la campagne, ou au moins, en diminuer le nombre. L'instituteur et l’institutrice doivent en outre faire connaître aux élèves, et en s’aidant pour cela de petites collections scolaires et de tableaux en couleur, non seulement les espèces funestes, mais, dans toute la France, les abeilles et leur éducation, l'élevage des vers à soie dans les régions séricicoles, et, partout, les animaux qui sont les auxiliaires du cultivateur et dont la destruction doit être in- terdite aux enfants, si enclins à écraser indistinctement tous les petits animaux. I! faut qu'on puisse leur dire: Voici les amis, voilà les ennemis! Enfin l'étude des mœurs des ani- maux, dans ses curieux détails, fournira d'excellents som- maires à développer pour les leçons de choses, de manière à ce que les enfants, même les plus jeunes, puissent parfaitement comprendre. Les enfants, rebelles à l'abstraction et à la géné- ralisation, sont puissamment intéressés par tout ce qui frappe leurs yeux. M. Fallou offre à la Société trois exemplaires d’une bro- chure ayant pour titre: Æssai d'éducation de plusieurs Bom- byciens séricigènes fait à l'air libre, à Champrosay (Seine-et- Oise). — Remerciment. M. Hamet présente comme membre de la Société, M. Huet, à Armenonville (Eure-et-Loir); M. Saint-Pée présente M. Bonfils, à Paris; M.Savard présente M. Meunier, à Paris. L'admission de ces membres est prononcée et la séance est levée. Le Secrétaire DELINOTTE 186 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE LISTE DES MEMBRES MM. Président. . . . . . . Le docteur MARMOTTAN, député de la Seine. ( DE LIESVILLE. Vice-Présidents. . . . ? C. HeNRICY, ex-membre du Conseil municipal de l Paris. ASsesseur, . . . . . .« VIGNOLE, président de la Société de l'Aube. Secrétaire general. . . M, Hamer, professeur au Luxembourg. Secrétaires des séances DELINOTTE ef MALESSARD. Émiie BEUVE, à Troyes. Secrétaires correspon-| DUMONT LEGUEUR, à Amiens. dants (Membres hono-{ CAYATTE, à Billy (Meuse). raires) « « . . « . . [ FAURE-POMIER, à Brioude. D' BouRGEoIS, à Beauvais. PÉSOMEN AC U-te Le ME STC AU AICRNSIC TRE OR C PIELAIN: Membres du conseil ajoutés au bureau: MM. SaAINT-PÉE, BAILLY et VIENNE Y. BUREAU DE LA SECTION D’'INSECTOLOGIE Président - . . . . . . Maurice GRAR», Vice-Président. . . .« . M. MILLET. SÉCTÉTUTTE NRC JOUBERT: Secrétaire adjoint. . . E. LESUEUR. BUREAU DE LA SECTION DE SÉRICICULTURE Président . . . . . . . M. le marquis DE GINESTOUS. Vice-Président. . . . . Frédéric DE BOULLENOIS. Secrétaire. . . . . . . M la baronne DE PAGES. MEMBRES TITULAIRES PAR ORDRE D'INSCRIPTION (A, apiculture. — T, insectologie. — S, Sericiculture.) MM. A. Siau, à Perpignan (Pyrénées-Orientales), S. Labeau, professeur d'agriculture à Perpignan, I. Miot, substitut à Semur (Côte-d'Or), I. D. Barnsby, D' du Jardin des Plantes à Tours, I. La Société d'horticulture de Senlis (Oise), I. A. Marquis, instituteur à Chevillé (Sarthe), A. Adam, président de la S. d'horticulture, à Épinal, I. F. Morin, instituteur à Berchères-les-Pierre (Eure-et-Loir), I. E. Galzy, fabricant de poudres insecticides, à Lyon (Rhône) 1. Lacuve, instituteur à Périgné (Deux-Sèvres), I. LAS BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 187 : Chalumeau, instituteur à Ciry-le-Noble (Saône-et-Loire), I. Bossuet, à Castres de Gironde ( Gironde), A, Dennler, instituteur à Enzheim (Alsace), A. L. Creuzy, instituteur à Maisse (Seine-et-Oise), I. La Société d'agriculture et d'acclimatation à Nice, I, Dorey, instituteur aux Sables d'Olonne (Vendée), I. Puls, pharmacien à Gand (Beïgique), I. Vicat, fabricant de poudres insecticides, rue Jules-César, 9, Paris, I. Fréd. de Boullenoiïs, rue de Fleurus, 1, Paris, S. Bachy, instituteur à Séméries (Nord), L. Trouillet, horticulteur à Montreuil-s.-Bois (Seine), I. Lelièvre, instituteur à Saint-Aubin-s.-Erquery (Oise), I. Dermigny, président de la Société d'horticulture à Péronne (Somme), I. P. Boiteau, vétérinaire à Villegouge (Gironde), I. Raveret-Wattel, rue des Accacias, 20, Paris, I. Le Président de la Société d'horticulture à Étampes (Seine-et-Oise), Henry Delamain, à Jarnac (Charente), T: La Société d'agriculture de Draguignan (Var), I. Allègre, notaire à Rochefort (Charente-Inférieure), I. Faurie, notaire à Salons (Corrèze), I. J. Olive, instituteur à Bretteville-l'Orgueilleuse (Calvados), IL. Le directeur de la Bibliothèque p. à Molay (Calvados), I. Bouyssou, instituteur à Neuville (Corrèze), I. Lagier, instituteur public à Avignon (Vaucluse), I. Le Comice agricole d'Abbeville à Villers-s.-Mareuil (Somme), I. Jannel, instituteur à Montlandon (Hte-Marne), A. Gory-Bouteau, à Belleville (Deux-Sèvres), I. A. Siomboing, principal de collège de Nions (Drôme), I. Alp. Houry, à Mer (Loir-et-Cher), I. Le Mis de Turgot, rue Tronchet, 27, Paris, I. Mazeret, instituteur à Levignac (Lot-et-Garonne), I. À, Mérier, instituteur à Marans (Charente-Inférieure), I. Bailly, rue de Vaugirard, 112, à Paris, À. N. Cornil de Lavergne, à Brives (Corrèze), S. Le Riche, instituteur à Gezaincourt (Somme), A. Henry Rousseau, professeur à Joinville-le-Pont (Seine), I. E. Savard, dessinateur, rue Fondary, 62, à Paris, I. Ad. Tuleu, à Montmagny (Seine-et-Oise), I. Rudolph Turecki, chimiste, rue de Sèvres, 45, à Paris, I. Henri Eude, rue Saint-Martin, 7, à Paris, L. Mallet, opticien, boulevard Bonne-Nouvelle, 3, Paris, I. 188 BULLETTN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE H. Jekel, entomologiste, rue de Dunkerque, 62, Paris, I. A. G. Labis, à Aiguillon (Lot-et-Garonne), S. Lesueur, rue Taitbout, 79, à Paris, I. Marie, instituteur à la Folie (Calvados), I. D: de Ferry de la Bellone, à Apt (Vaucluse), S. Tavoillot, instituteur à Villemanoch, (Yonne), 1 Andrieux, instituteur à la Ferté-s.-Aube (Haute-Marne), I. De la Sicotière, sénateur, rue de Fleurus, 3, Paris, I. Lescuyer, ornithologiste, à Saint-Dizier (Haute-Marne), I. Faivre du Paigre, instituteur à Hière-Paroisse (Doubs), I. Perregaux, maire à Jullien (Isère), I. Delaruelle "instituteur à Dieudonne (Oise), I. A. Baudel, à Constantine (Algérie), I. Roqueblave, rue Bergère, 24, à Paris, I. Degrenne, maître de pension, à Aunay-s.-Odon (Calvados), I. Grandfont, instituteur à Thaumiers (Cher), I. Sigaut, à Gentilly (Seine), A. Nalot, instituteur à Châteaudun (Eure-et-Loir), I. Frin, inspecteur d'académie à Constantine (Algérie), I. E. Girardon, instituteur à la Garde-Paréol (Vaucluse), I. Chalumeau, instituteur à Sainpuits (Nièvre), I. Le Montagner, à l'Eau-Courante (Morbihan), I. Aillaud, rue Saint-André-des-Arts, 47, à Paris, I. Wattieaux, marchand de fer, à Soissons (Aisne), I. L'abbé Provancher, à Cap-Rouge (Calvados), I. Baraillon, instituteur à Levainville (Eure-et-Loir), I. H. Dallemagne, instituteur à Rauthaines (Haute-Marne), I. Cloris Baudet, rue Monge, 12, à Paris, I. Frédérick d'André, professeur d'agriculture à Récollet (Lozère), I. Haushalter, à Bouxwiller (Alsace), S. Vienney, à Asnières (Seine), A. Dr Gopert, à Mont-de-Marsan (Landes), I. Debraine, instituteur à Chatou (Seine-et-Oise), A. Boyer, instituteur à Trinité-Victor (Alpes-Maritimes), I. Remy, naturaliste, à Lorient (Morbihan), I. Poirson, inspecteur primaire à Belley (Ain), I. L'abbé Lelong, à Reims (Marne), I. V. Millet, à Nancy (Meurthe), I. C. Bureau, pharmacien à Arras (Pas-de-Calais). S. Société d’arboriculture d'Épinal (Vosges), I. Dr Vivier, à Montignac (Charente), I. Maurice Malé, agronome, à Versailles (Seine-et-Oise), I. Prosper Guyot, publiciste, rue Yavin, 36, à Paris, I. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 189 Lavenne, instituteur à Cramans (Jura), I. Société d'encouragement à l’ind. et à l'agri., à Athènes (Grèce), I Renard Dubois, rue de la Banque, 16, à Paris, A. Saint-Pée, rue Vieille-du-Temple, 64, à Paris, A. Millet, avenue de Tourville, 27, à Paris, I. Pietro Pilati, à Bologne (Italie), A. Faille (Alphonse), à Reynel (Haute-Marne), A. Guillaumin, rue de Buffon, 73, à Paris, I. , Berthelin, instituteur à Bligny-en-Othe (Yonne), I. Gilbert Regnier, à Rhèges (Aube), A. Beauvière, instituteur à Ambouville (Haute-Marne), I. D' Thomas, à Tauziès (Tarn), I. V. Clément, sériciculteur à Avignon (Vaucluse), S. J. Burnet, instituteur à Aiguebelle (Savoie), I. Curely, professeur à l’école nationale de Châlons-s.-Marne, I. Humbert, instituteur à Choppendu (Haute-Saône), I. E. Glatigny, rue Sainte-Anne, 14, à Paris, I, Asset, horticulteur à Sèvres (Seine-et-Oise), A. Jacquelin, à Chaville (Seine-et-Oise), A. Ern. Olivier, aux Ramillons (Allier), I. Association horticole lyonnaise à Lyon, I. P. Fortrat, à Amiens (Somme), I. Ch. Thomas, instituteur à Beaumont (Haute-Saône), I. Malessard, rue Bréguet, 6, à Paris, A. Léopold Lorgany, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), A. Geslin, professeur au Vésinet (Seine-et-Oise), A. E, Chatenay, jardinier à Cnamprosay (Seine-et-Oise), I. Fallou, rue des Poitevins, 10, à Paris, [. Chevallier, rue des Quatre-Fils, 4, à Paris, I- Borelly, prés. de la s. des sciences et arts horticoles, au Havre, I, Jolibois, instituteur à Silly-le-Long (Oise), I. Ramé, rue d'Aboukir, 11, à Paris, I. P. Gennadius, inspecteur d'agriculture, à Athènes (Grèce), 1. Cazet, instituteur à Villeneuve-s.-Charigny (Côte-d'Or), I. Pouzet, opticien à Genève (Suisse), I. Cloux, à Tracy-le-Val (Oise), I. Créances, professeur au collège à Avranches (Manche), I. Philippe, cirier à Saint-Amand (Manche). A. Mirand, opticien, rue Galande, 57, à Paris, I. Clément, naturaliste, rue Lacépède, 43, à Paris. Bourgeois, rue Meslay, 9, à Paris, I. Notelle, rue Réaumur, 49, à Paris, [. D' Rousseau, à Noisiel (Seine-et-Marne), A. 190 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Singlas, instituteur à Châteaudun (Eure-et-Loir), I. Postel, Dr de l’école normale de Bourges (Cher), I. Morel, artiste peintre, rue Saint-Maur, 247, à Paris, I, Bravet, rue Saint-Sauveur, 41, à Paris, I. Ferrier, instituteur à Chazey-Bons (Ain), I. Grignet, propr. à Fontenac (Gironde), I. R. Friedlander, à Berlin (Prusse), I. Minvieille, instituteur à Nousty (Basses-Pyréuées), I. Vaillant, instituteur à Marigny-les-Compiègne (Oise), I. Xambeu, capitaine, à Lyon (Rhône), I. A. Jouve, à Toulouse (Haute-Garonne), I. Chavalon, instituteur à Lhuis (Aïn), I. Mailles, instituteur à Faverney (Haute-Savoie), I. Bibliothèque nationale de Palerme (jtalie), I. E. Masson, percepteur à Compiègne (Oise), I. Picod, à Benonces, (Ain), [. Huter Chevalier, à Happoncourt (Vosges), I. Société d'agriculture et d'insectologie de Toulon (Var), I. A. Rochaix, instituteur à Montagnieu (Ain), L; Clerc, D’ de l’école laïque de Pontarlier (Doubs), 1. Froville, instituteur à Épinay-s.-Orge (Seine-et-Oise), I. A. Lucante, naturaliste, à Courrensan (Gers), I. Edmond André, entomologiste à Beaune (Côte-d'Or), I. Paul Argellier, à Saint-Étienne (Loire), I. Vallès,; rue Dauphine, 18, à Paris. I. Ministère du commerce à Buda-Pesth (Hongrie) Î. Fre. Breignet, à Marmande (Lot-et-Garonne), I. Chazelles, rue Folie-Méricourt, 108, à Paris, A. Fe. Meunier, rue du Commerce, 72, à Paris, I. Huet, à Armenonville (Eure-et-Loir), A. AVIS ESSENTIEL. — Cette livraison termine La septième année du BULETTIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE. Celle de janvier commencera la huitième année. MM. les sociétaires et abonnés sont priés d'en- voyer le montant de leur abonnement par un mandat de poste au secrélaire de la Société centrale d'apicultur et d’insectologie. (M. Ha- met), rue Monge, 67, à Paris. Ils voudront bien profiter de cette occasion pour donner l'adresse des personnes qui s'occupent d’in- sectologie et qui pourraient recevoir Le BULLETIN — Les abonnements continuent à moins d'avis contraire. SO Se S EEE Le Gerant : H. HAMET. É ete TABLE DES MATIÈRES À NHeNESNSOIITAITES.. 12 MEN EN E STAR Lite Ut 155 ATENESAIOMSUR 10). CHE MARNE Nr LEE Le SCOOTER RE 45 B PRG TI PAU), aies à Dee neue futile oi et NS PEUT PAR o1 BASES TTUCLION, ee Len US ae ne LS UN Riel LA NE A BONES TON ATONCER SNA To ein o, Sausre te SDDHLVENE 1 BOUMONSETESICRAMNS A HR ANA TR sen 36, 59, 18, 89 C CRATESTOT ET MR 2 RNA CR Dale Ce enter TPS TES ALP 149 ChÉRANCONTAUDIÉENMME SMS REA IS ONE CIRE 145 Gréddelée delai Girondes rte es OT ES MP NRIIE UE 17 Criocère des asperges. . . . . . À 28 SOA EME EN AU 150 CÉMMESDONMUANC CNRS A LUE TN SET M EC ONDES Ut 15 CURÉMOMILE MAN ANNME LS 4 M ARTS us 2e DES NT ete TE AGS D DeSinivuionder teur dhiver ET EME MALE 7 Sr ATARI 139 —= TES COUSINS. M ME Te SENS OMAN 128 — TOSRINSECIESCTOS SELLES en ee AN = iLer rte DR 84 DR Rene Te SUR, RS Ps Or Ne 68 E BIG CAHIERS AR PE US TE ME MM SN à Bad dr Se Are 10 HT SADISEBICSMUISIDlE SEM RM 14 F HOTTE TIRE RENE AE PRE RENE Eee An er 9, 163 HONrMIS eUDUCeLONS M RElAIONS ELEC CUS EE 33, 65, 81 | G GOIINSECICS Se eme e Vos dethe de Melanie de Ie eee Te 33, 0, 81 Été chaneeant) LU 42 2124 ete les A 161 CHORALE URE MN PE M Tata te Mel LENOIR RS URRE 14] GUESS TUETAC QUE ZEN PR NE ES LE QUE CON Re 86 CRE DES LT AISINS EE de ET mens Le PP MONA 126, 1141 Il Insecte ennemi des carottes. . . . . . Re PRIE re E SU NUE 165 odrdsiiede.la betterave nt. NS A A NE RARES ARTE 144 IMSCeEANeS) MBIDIOSr ADIEU. UN EN NT ATIE 6 RP ITEMS NEr I A TOCILE LADA N 1e ARSRE CRAN EME CtE 20 _ MT ERA SRE re 0 MN RE ne ELLE LR PRESS 41 _ HR TES MSC DES ONE a net Cote dE ME NE 71 — CE Carlo UN D y 2 LAS. PAPE SMIC 121 = UD ODINATIDOUL A CM er etes I EUR, CRONIEER Insectes nuisibles (note sur les) .. . . . . AR SO CNE Hd ME TE 74 InSeCHIVOLESMERTES TES MN EN RO EL ne Er 168 192 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE L IiSteides membres (de 1418001616 1-Re N ECMEERCE 186 M Merveilles dela nature 0:60 UMP NE, NOMME STE PAR RER 6 Motche Charbonneuse AM METEMAMENE NN RON EEE 9 N Note sur les insectes des serres. . . . . . . . 11 2 RARES S{ (n ObStre dub Œ te, NP ME EN Re EME RE RENTE 136 Oiseatxinsectivores: 21.) PAR RS ee COCO NC IE 149 b BADlons blancs Sr ee ele CIC CO EE 177 Parasilestte laine. mt MENT CC COR UCI UC ANNE 91 Phvloxera{Œuis d'hiver)" CCE NRC CM NT TE HIT EVE 139 Piqure de mouche chambonneuse . . . . . - . . . . . + . ... 10 PrOtECHION des OISEAUX MAO OU UE RME EN AN 119 Énéerondlanisère: Destruclion-t.. cr. © Eee » e 2% COANINIE 21 pe OST EE RL ON M RE NS à à 117 PIICeLONS EL IOULMISE LE MR Re CR TE 35, 265, 81,418 480 Bvraletiela vienne ete Cr En ec Let cRIQie 30, 45, 50, 97 S Séances de la Société . . . . . 3, 28, 42, 54, 12, 81, 103, 152,166, 1 SCOMeMdeSITUCLeUT er EN MN EN NE AC CP SP IEe 106 Sériciculture en France (état (te la) ee CU DRE 132 = NOUVELLE APE RECENT RME ER 23,109, 1422 | AL TAON MAD ŒUT: 110MERE RE MAENE RÉ E TE NS NA TAIES HA Et FPS Ternmite ten AlEéTIe MR ENT EN ON RER PEN CUEONTERE PEACE 101 Meretdu poirier (dESTTUCHON EVER NME TEE 21 V Ver lisant : 2 nur NS MN RAR ne NN SRE ‘143 FIGURES Orthoptère des cavernes. . . . . .. . . eh in CESR 1 LÉCNT ES 8 Houranimiellifèretest. nee LES RC SENTE TE ER 9 Pyraletde lasvigne Trans{0rmatiOns NE CN TORRES 32 Bourdongs des CHAMPS. 7 #4 nu SR LUN EN EEE 40 ADIHPDHOPES à … + «2e + 0 A UEUE oi Do RÉPONSE ER oue PU0D SCOIMLO TES CTUETEUT er AE RENE Mel E RES SREREN EEE 107 DEStre dub EU: oem, Co Luis DT ROME SUCRE 136 Con IChaMDÉLTE. EN ee DOM LATE NS RE TE RER 142 MusanaientMUSBILE.).,: L'or. AUS ee RUN REINE" EL NS 172 Desmanides-PYrENEES 11002 000 TR PASS TE MEME CUS PRMAURES 175 PAPIONS Lans? 0 PERTE CLAIR SET RUE, Je LORS 177, 178 PLIS LLPPLS PI LPPIIITS Imp. de la Soc. de Typ. - NoIzETTE, 8, r. Campagne-Première. Paris. PPPPPISPPIPPS PP LPS LL PSS IL LLPI PRIS | /MESMNSDITE" V4 TEA | # 1 7 : No 1. HUITIÈME ANNÉE Janvier 1883 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE LIISPLIIPSIESI PS IS L PLIS SPI PPS PRPSITIS LISPLDSPPIPIR SOMMAIRE : Les infiniments petits. — Le rouget (autre trichine), par M. CHARLES LETORT. — Loi belge sur les oiseaux insectivores.— Règle_ ment et programme del'exposition des insectes en 1883, au Palais de l'Industrie. D rente D LE Les infiniment petits. LE ROUGET, AUTRE TRICHINE Allons, bon ! voici maintenant une autre maladie du porc. M. Dumas a reçu une lettre que lui aadressée M. Pasteur, à Bollène (Vaucluse), pour étudier une maladie spéciale du porc. ÿ: Il s'agit de quelques résultats nouveaux concernant une désastreuse maladie des porcs; elle est assez grave pour que l'on évalue à plus de vingt mille le nombre des animaux morts, cette année, du mal rouge, dans les porcheries des départements de la vallée du Rhône. Le mal rouge des porcs est produit par un microbe spécial, facilement cultivable en dehors du corps des animaux. Il est si ténu qu'il peut échapper à une observation même très attentive. C’est du microbe du choléra des poules qu'il se rap- proche le plus. Sa forme est encore celle d’un 8 de chiffre, mais plus fin, moins visible que celui du choléra. Il diffère essentiellement de ce dernierparses propriétés physiologiques. Sans action sur les poules, il tue les lapins et les moutons. Imoculé à l’état de pureté au porc, à des doses pour ainsi dire inappréciables, il amène promptement la maladie et la mort, avec leurs caractères habituels dans les cas spontanés. Il est surtout mortel pourla race blanche, dite perfectionnée, la plus recherchée par les cultivateurs. . 2 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Le docteur Klein a publié à Londres, en 1878, un travail étendu sur le rouget, qu'il appelle pneumo-entérite du porc; mais cet auteur s'est entièrement trompé, dit M. Pasteur, sur la nature et les propriétés du parasite. Il a décrit comme microbe du mal rouge un bacille à spores, plus volumineux même que la bactéridie du charbon. Très différent du vrai microbe du rouget, le bacille du docteur Klein n’a, en outre; aucune relation avec l’étiologie de cette maladie. Après s'être assuré par des épreuves directes que la maladie ne récidive pas, M. Pasteur et ses collaborateurs ont réussi à l’inoculer sous une forme bénigne, et l'animal s’est montré alors réfractaire à la maladie mortelle. Quoique des expériences nouvelles et de contrôle soient encore nécessaires, ils ont, dès à présent, la confiance que, à dater du printemps prochain, la vaccination par le microbe vi- rulent du rouget atténué, deviendra la sauvegarde des por- cheries. C'est la grâce que je vous souhaite, car malgré la trichine, malgré le rouget, malgré la ladrerie, le pore, quoi qu’on dise, est encore un des meilleurs amis de l'homme. Pour moi, ce qu'il y a de meilleur dans l’homme, ce n’est pas le chien, c’est le cochon. De grands esprits l'ont souvent proclamé avant moi, et je persiste à croire qu'ils ont eumille fois raison. CHARLES LETORT Loi belge sur Les oiseaux insectivores. — Art. 1er. Il est défendu de prendre, de tuer ou de détruire, d'exposer en vente, de vendre, d'acheter, de transporter ou de colporter les oiseaux insectivores, ainsi que leurs œufs et couvées. Art. 2. Sont considérés comme oiseaux insectivores, en (out temps, les espèces désignées ci-après: L'accenteur mouchet ou traine-buisson, les fauvettes, les gobe-mouches ou becfigues, le grimpereau, les hirondelles, les hoche-queue, bergeronnettes ou lavyandières, l'hippolais ou contrefaisant; les mésanges, les pouil- lots ou becs fins, le roitelet huppé, le rossignol, le rouge-gorge, les rouge-queue, thythis et rossignol de muraîlle, la sittelle ou torche-pot, les traquets, tariers et motteux, le troglodide ou roi. telet. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 3 EXPOSITION DES INSECTES UTILES ET DE LEURS PRODUITS DES INSECTES NUISIBLES ET DE LEURS DÉGATS Par les soins de la Société centrale d’Apiculture et d’Insectologie SOUS LE PATRONAGE DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE DANS LE PALAIS DE L'INDUSTRIE EN (1883 — ST BTE ——— La Société centrale d’apiculture et d’insectologie poursuit les exhibitions d'insectes utiles et d'insectes nuisibles qu'elle a inaugurées en 1866, au Palais de l'Industrie, à Paris. Sa prochaine exposition bisannuelle des insectes aura lieu au Palais de l'Industrie, du 1° an 22 juillet 1883. Par ses exhibitions et son enseignement, la Société centrale d'apicul ture et d’insectologie cherche : d’une part, à préconiser les meilleures méthodes pour propager les insectes utiles, les préserver de toutes ma- ladies épidémiques et tirer le plus grand profit de leurs produits; de l’autre, à étudier les insectes destructeurs de nos cultures, de nos jar- dins, de nos forêts, de nos vergers et de nos constructions, et s'efforcer par tous les moyens dont la science et l'observation disposent d’atténuer leurs ravages, et de les faire eux-mêmes disparaître. Comme auxiliaires de ses efforts, la Société signale les parasites que la nature prévoyante place toujours à côté des êtres malfaitants pour empêcher qu'ils ne se développent outre mesure; elle recommande la conservation des petits mammifères, des reptiles et des oiseaux qui se nourrissent d'insectes nuisibles et contribuent, de cette manière, à la conservation de nos ré- coltes. Le programme de l'Exposition de 1880 comprenait cinq divisions, qui ont été conservées, mais la quatrième a été mise hors cadre. La pre, mière embrasse tous les insectes utiles rangés en six classes. Chaque- espèce, autant que possible, doit être présentée à ses divers états d'œuf de larve, de chrysalide et d’insecte parfait. En cas d'affections morbidest on devra exposer des sujets ayant la maladie à ses différentes périodes: 4 = BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE le AE: Il en sera de même des produits que l’on en retire; on les exhibera à. leurs divers degrés de transformation. Chaque série d'insectes devra être accompagnée des végétaux dont elle se nourrit. Les mémoires, mono- graphies et autres documents imprimés ou manuscrits relatifs à chaque espèce figureront également à l'exposition, quand bien même ils ne se- raient point accompagnés de collections. En outreles concurrents sont invités à joindre à leurs échantillons une note sur leurs méthodes d'édu- cation, en indiquant le prix de revient de leurs produits et les prix aux- quels le commerce les achète. On indiquera aussi les dommages causés par les maladies. — Les pertes que la sériciculture seule éprouve par suite de la gattine s'élèvent, depuis 1854, à plus de 60 millions par année. La seconde division est consacrée aux insectes nuisibles, qui forment dix classes. Ici deux voies s'offraient à la Société. Fallait-il classer les insectes nuisibles d’après les familles et les espèces, abstraction faite des végétaux qui les nourrissent, ou bien fallait-il prendre pour base de la classification les planteselle-mêmes qu'il s'agit de protéger, et considérer à part chacune des espèces qui les dévorent ? La Société a préféré cette dernière classification, qui n’est point scientifique, il est vrai, mais qui est plus facile à saisir de la part des praticiens et se prête beaucoup mieux à leurs recherches. Les six premières classes de la seconde division embrassent donc tous les végétaux employés dans nes cultures y com- pris les arbres fruitiers et forestiers. La septième classe est spéciale aux insectes qui attaquent les bois employés dans les constructions ; la hui- tième aux insectes destructeurs des matières organiques sèches, les crins, plumes, laines, etc. La neuvième, aux parasites de l’homme etdes animaux domestiques. Enfin la dixième classe comprend les insectes nuisibles à la pisciculture. Ce qu'il y a de particulier à dire de cette division, c’est que bon nombre de destructeurs dont elle est formée sont presque microscopiques, et. que, parfaitements décrits et classés par les entomologistes, on ignore encore les mœurs et les tranfornations de quelques-uns, chose la plus essentielle à connaître. Ici, comme pour les insectes utiles, les collections devront, autant que possible, offrir des sujets à leurs divers états d'œufs, de larves, de chry- salides et d'êtres parfaits. A côté de chaque destructeur on placera les végétaux qu'il dévore, afin que l'on ait un tableau fidèle de ses dégâts. Les notes explicatives insisteront principalement sur les diverses trans- formations que subit l'espèce et quel serait, à travers toutes ces méta- | BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE fs) morphoses, le moment le plus opportun pour la saisir et la détruire. En l'absence de collection, les mémoires sur l'histoire naturelle de chaque insecte sont également admis à concourir. Mais dans les travaux qu'ils nous destinent, les entomologistes devront moins s'appliquer à la des- cription des espèces, quiest à peu près connue, qu'à la recherche des mœurs et des métamorphoses restées un mystère, et qui sont les seules utiles à connaître au point de vue agricole. Il est à désirer que la science ne s'occupe pas seulement de la théorie, mais surtout des applications utiles. Les pertes que les insectes nuisibles causent à l’agriculture chaque année se chiffrent par des centaines de millions. Il nous sufira de rap- peler la cécydomie et l'alucite pour les céréales ; le phylloxera, la pyrale et l'eumolpe pour la vigne ; le dacus pour l'olivier, etc. La troisième division comprend tous les AUXILIAIRES ; d’abord les in- sectes carnassiers, tels que carabiques, staphylins, etc., qui font une guerre sans relâche aux innombrables pucerons, papillons, etc. Puis les mammifères, les reptiles et les oiseaux insectivores. Ici nous inno- MONS : NOUS OUVRONS DES CONCOURS pour les animaux vivants de cette utile division ; nous CRÉONS DES PRIMES pour les bandes les plus com- plètes et les sujets les plus présentables. C'est une ménagerie de ces animaux qui ont tous besoin de protection et de multiplication, que la Société d'apiculture et d’insectologie veut montrer, s’il est possible, au public. On peut remarquer que le mot INSECTES, dans le sens de notre expo- sition, est entendu comme le comprenait Linnée, c’est-à-dire les Anné- lides actuels, renfermant les Insectes proprement dits, les Myriapodes, les Arachnides, les Crustacés, les Annélides et les Helminthes. Une quatrième division hors cadre est formée d'animaux différents des insectes, puisqu'ils appartiennent aux Mollusques, mais que les agri- culteurs sont habitués à confondre avec les insectes nuisibles, et par les ravages et par les moyens employés à leur destruction; ce sont les Limaces et les Escargots. —Une division complémentaire réunira tout ce Qui à trait aux arts et aux industries dans lesquels les insectes figurent. k Pour que les expositions donnent tout ce qu'on doit attendre, il ne suffit pas de réunir les produits et de rapprocher les hommes, il faut encore que ces derniers puissent conférer, enseigner et s'instruire mu- tuellement. C’est ce qui a eu lieu à chacune de nos expositions: des conférences publiques y ont été faites et des questions d'insectologie, posées à l'avance, ont été traitées en congrès. — Aux dernières expo- 6 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE : sitions nous avons ajouté — et nous comptons les renouveler, — des. projections oxidriques des insectes microscopiques et de leurs dégâts. Cest ainsi que la plupart des visiteurs ont pu faire connaissance avec le” redoutable phylloxera. La Société centrale d'apiculture et d’insectologie fait appel aux entomoz logistes français et étrangers, aux agriculteurs et à tous ceux que la question des Insectes intéresse, pour les engager à préparer, dès main- tenant, des éléments qui rendront instructive et brillante son Exposition de 1883. RÈGLEMENT $ 1. — Durée et obj et de l'Exposition. ART. 1°. Du 1er au 22 juillet 1883, aura lieu à Paris, au Palais de l'In- dustrie, par les soins de la Société centrale d’'apiculture et d'insectologie une exposition: {° des insectes utiles : 2° de leurs produits bruts et en. premières transformations : 3° des appareils et instruments employés à la préparation de ces produits; 4° des insectes nuisibles, ainsi que des, divers procédés de destruction ; 5° de tout ce qui a trait à l'insectologie. ART. 2. Les exposants des colonies et des pays étrangers serontadmis. Is pourront se faire représenter, ainsi que les exposants français. $ 2. — Admission, réception, installation et enlèvement des objets. ART, 3. Les personnes qui désirent prendre part à cette Exposition de= vront en faire la déclaration avant le 15 juin prochain. Cette déclaration, sera adressée franco, au Secrétariat de la Société, rue Monge, 67, Paris. ArT, 4. Les exposants devront joindre à leur déclaration ou demande d'admission : 1° la liste des objets qu'ils désirent exposer ; 2° lemplace ment superficiel qu'ils peuvent occuper ; 32 une note explicative indi quant les procédés de production, les divers emplois, enfin tous 1e détails qui peuvent être utiles pour le jury et les visiteurs. k ART. 5. Les exposants de produits, d'appareils et d'instruments, sont invités à indiquer, autant que possible, le prix de vente. K ART. 6. Les objets d'exposition devront être envoyés, avant le 25 juin; BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Ÿ etinstallés avantla veille du jour de l'ouverture. Ils seront adressés franco au Commisaire de l'Exposition. ART. 7. La Société centrale d’apiculture et d’insectologie fera des dé- marches près les compagnies des chemins de fer pour qu'il soit fait une remise de 50 p. 100, c’est-à-dire pour que le retour aït lieu franco. ART. 8. Les frais généraux d'installation pour tout ce qui a trait à la science et à l’agriculture seront supportés par la Société ; mais les ex- posants auront à leur charge les frais de montres et de vitrines spé” ciales qu'ils voudraient établir. En outre les exposants marchands au- ront à payer 4 francs le mètre d'étendue. ART. 9. L'enlèvement des objets exposés ne pourra se faire que le len- demain de la fermeture de l'Exposition et sous la surveillance de la Com- mission d'organisation ou du Commissaire, son représentant. 3. — Commission d'organisation et surveillance de l'Exposition. 9 ART. 10. Une Commission d'organisation nommée par le Conseil d'ad- ministration de la Société et constituée en Jury d'admission, est chargée d'examiner préalablement tous les produits présentés. — Cette Commis- sion a le droit de refuser tous les objets qui lui paraîtraient ne pas avoir de rapport au but de cette exhibition. — Elle fixera, en les modifiant, s'il est nécessaire, les dimensions de l’espace demandé. Les exposants seront tenus de se conformer à toutes les mesures d'ordre ou de disposition qui leur seront indiquées par la Commission d'organisation ou le Commissaire. ART. 11. Le secrétaire général de la Société est le délégué de la Com- mission d'organisation. Il sera chargé, à titre de Commissaire, de la sur- veillance de l'Exposition. $S 4. — Jurys. ART. 12, Il sera nommé des Jurys spéciaux pour chaque classe (Api- culture — Sériciculture — Insectologie générale — Enseignement). La moitié des membres du Jury seront désignés par le Conseil d’adminis- tration de la Société, et l’autre moitié par les exposants présents le jour de l'ouverture. — Le Secrétaire général fera partie de droit de chaque Jury, qui aura à désigner son président et son rapporteur. ART. 13. L'’acceptation des fonctions de Juré prive, sans exception, du droit de concourir, mais non du droit d'exposer. ART, 14. En cas de réclamations motivées de la part des exposants, les 8 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE décisions des Jurys pourront être infirmées par le Conseil d’administra- tion de la Société, si ces décisions étaient contraires aux règlements de la Société. $ 5. — Des Récompenses. ART. 15. Les récompenses consisteront en: Abeilles d'honneur, di- plômes de mérite, médailles d’or et d'argent du Ministre, médailles de première, deuxième et troisième classes de la Société. L'attribution en sera laissée à la disposition du Jury qui, dans chaque classe, pourra donner tel ordre de distinction qu il jugera nécessaire. ART. 16. Le Conseil d'administration déterminera le nombre maximum des médailles qui pourront être données dans chaque classe. ART. 17. Pour tout ce qui n'est pas prévu au présent règlement, le Conseil d'administration devra statuer, à la majorité des voix, selon l’article 11 des statuts de la Société. ARTICLE ADDITIONNEL. Un concours est ouvert entre les instituteurs qui enseignent l'insectologie (culture des insectes utiles, protection des auxiliaires, et destruction des insectes nuisibles). Le concours sera fermé le 20 juin. Des primes en argent (100 — 50 — 25 fr.), des livres et des médailles seront donnés aux plus méritants. Les concurrents devront envoyer des travaux d'élèves qui pourront eux-mêmes être récompensés. Ces travaux figureront à l'Exposition des Insectes de 1883. Commission d'organisation : MM. le Dr MARMOTTAN, député de da Seine ; Maurice GIRARD, secrétaire du Conseil d'administration de la Société d’acclimatation; MILLET ; P. CH. JOUBERT ; DE GINESTOUS, président de la Section d’entomologie et sériciculture des agriculteurs de France ; Fréd. DE BOULLENOIS ; SAINT PÉE, SAVARD, BAILLY, FALLOU ; H. HAMET, pioIpSseur d'apiquss au Luxem- bourg ; C. HENRICY, DELINOTTE, et SIGAUT, trésorier. Le Secrétaire général, Le Président de la Société H. HAMET. d'apiculture et d’insectologie Dr MARMOTTAN. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 9 PROGRAMME DE L'EXPOSITION DES INSECTES UTILES ET DE LEURS PRODUITS DES INSECTES NUISIBLES ET DE LEURS DÉGATS OBJETS QUI FIGURENT A L'EXPOSITION PREMIÈRE DIVISION INSECTES UTILES 1": CLASSE INSECTES PRODUCTEURS DE CIRE ET DE MIEL 1° Abeilles et leurs produits, bruts et fabriqués. s 2° Appareils propres à la culture des abeilles (les ruches de tous les systèmes, etc 30 Pooareis Ce AU pour la préparation des produits (mello-extracteur, pres- ses retc.). 4° Exemples des maladies qui atteignent les abeilles (loque, etc. moyens cu- ratifs ; les ravages qu'occasionnent dans les ruches certaines espèces d'insectes (fausse teigne ou gallérie, sphinx tête de mort, etc.). 5° Mammifères, oiseaux, reptiles, etc., qui attaquent les abeilles. Appareils et k moyens propres à détruire ceux-ci. 6° Herbiers apicoles. 1° Ouvrages et mémoires manuscrits ou imprimés sûr l'Apiculture. 8 Exemples de domestication des différents insectes producteurs de cire ou de miel. — Collection des espèces et de leurs produits. 1° MÉLIPONES ET TRIGONES. 20 GUÈPES MELLIFÈRES. 3° FOURMIS MELLIFÈRES. — On connaît depuis quelques années une fourmi du Mexique qui produit du miel que l'on utilise dans le pays. 4° INSECTES HÉMIPTÈRES producteurs de cire. On suppose que le pela des Chinois est une cire qui provient d'un insecte de la classe des hé- miptères : Coccus cerifera. Echantillons des produits. 5° Cire des Andaquies, du Japon, etc. 6 Echantillons de matières analogues ; cire de carnauba, de palmier, de myrica. cerifera gale (espèce indigène), etc. T° Essai d'analyse de cires mélangées à ces matières, de cérésine (cire minérale), de cire de palmier, de carnauba, etc. (cires végétales). schantillons. 2e CLASSE INSECTES PRODUCTEURS DE SOIE 1° Collections des vers à soie appartenant aux différentes espèces et races. 2° Produits, — cocons, soies grèges, soies moulinées. 8 Sujets atteints de maladies, moyens curatifs, 4 Appareils propres à l'éducation des vers et à la préparation des produits. Modèles plans ou dessins. 5° Culture des végétaux servant à leur nourriture. . 10 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 6° Sujets relatifs aux essais d’acclimatation de nouvelles espèces (Attacus du chêne, du ricin, de l’ailante, etc.). : # COMESRENS des insectes à l’état de ver ou de chenille et à l'état de” papillon. ÿ Collections des produits : cocons, soie cardée et filée, soie dévidée et" moulinée. f 5° Mammifères, oiseaux et insectes ennemis des vers à soie. Appareils et moyens propres à les détruire. | 8° Expériences sur la valeur séricigène des feuilles du müûrier qui croissent dans" divers pays. 90 Ouvrages et manuscrits ou imprimés relatifs à l'éducation des différents vers” à soie, à la production de la soie, etc. | 3: CLASSE INSECTES TINCTORIAUX | 40 CRHSEHDNS des insectes pouvant être employés pour la teinture. Cochenilles etc. : 1° Kermès animal, du chêne coccifère. Coceus illicis. 2° Cochenille du nopal, Mestèque ou Sylvestre. Coccus cacti. 3° Cochenille laquée. Coccus lacea. | 2° Appareils propres à la récolte et à l'éducation des insectes, ainsi qu'à la pré- paration et à l'utilisation des produits. : 3° Produits naturels et fabriqués. Cochenille, Kermès, Laque, Lac-Lack, Lac- dye, etc., Nopals, Figuiers, Chêne, Croton, etc. 4° Culture des végétaux propres à nourrir les cochenilles. 5° Diverses espèces de Cynips et leurs noix de galle. 6° Essais d'utilisation des galles qui croissent sur nos végétaux indigènes ( pom- mes de chêne, etc.), ou de différentes galles exotiques qui ne seraient pas encore employées dans l’industrie. T° Ouvrages et mémoires sur les insectes tinctoriaux, sur leur élevage et sur leurs applications dans les arts, l'industrie, etc. | 4 CLASSE INSECTES COMESTIBLES 1° Œufs d'hémiptères (Notonecte el Corise) du Mexique, avec lesquels on fabri- que le pain nommé hautté. : 2° Calandre palmiste (Curculio palmarum Linn.) et sa larve ou ver palmiste. 3° Criquets divers que les indigènes mangent en Afrique, en Australie, etc. 4 Le Larine nidifiant (Larinus nidificans, Guid.) et son nid enduit de Trehata ou sucre des nids des Persans. | 5° Chrysalides comestibles, Eurycanthes comestibles, ete... 6° Notices sur ces insectes. 5e CLASSE INSECTES EMPLOYÉS COMME AMORCES DE PÈCHE 1° Criquets salés pour la pêche du hareng et de la sardine. 2° Locustes et Criquets, Semblides, Phryganes, larves et fourreaux d'Ephémères, chenilles, papillons et mouches servant d'amorces. 3° Lombrics et vers de vase. 4 Mouches artificielles servant à la pêche. 5° HÉEureS pour la pêche des Squales à la ligne de fond ; Arénicoles ou vers de sable. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 11 6° CLASSE INSECTES EMPLOYÉS EN MÉDECINE 1e Cantharides, mylabres, meloës. 2° Produits préparés, cantharidines. , 3° Notices et monographie sur ces insectes et sur leurs applications. 7: CLASSE INSECTES EMPLOYÉS COMME ORNEMENT 4° Insectes en cadres pour ornements ; tableaux; peintures, etc. 2° Insectes montés en bijouterie et pour parure. Insectes phosphorescents (pyrophères, etc.). ARR DEUXIÈME DIVISION INSECTES NUISIBLES 1" CLASSE INSECTES QUI ATTAQUENT LES CÉRÉALES 1° Collections des insectes qui attaquent les plantes sur pied, ou des dessins représentant ces mêmes insectes. Saperde ou Aiguillonnier. — Thrips des céréales. — Puceron du blé. — Noctuelle du blé. — Alucite des céréales. — Cèphe. — Cécidomyie du froment. — Oscine dévastante. — Chlorops de l'orge, etc., etc., etc. 2° Collections de leurs parasites. 3° Collections des altérations produites sur les végétaux par ces insectes, 4 Collections des insectes qui attaquent les céréales dans les greniers. Calandre ou charançon du blé. — Teigne des grains. — Calandre ou cha- rançon du riz, etc., etc. 5° Collections des altérations produites par ces insectes. 6° Appareils et moyens propres à les détruire, notices, etc. 2e CLASSE INSECTES NUISIBLES A LA VIGNE 4" Collections des insectes sous leurs différents états de larves, de chrysalides et d'insectes parfaits, ou des dessins représentant ces mêmes insectes. Travaux et études sur le Phylloxera vastatrix. Pyrale de la vigne. — Cochylis de la vigne. — Tordeuse hépatique. — Procris RS Vues — Euchlore de la vigne.—Rhynchites, vulgairement wrbees, béches. — Ecrivain ou Eumolpe de la vigne, connu également sous le nom de eribouri. Altise, connue sous les noms vulgaires de babo, pucerolle, de puce des jardins. — Vespère ou capricorne de la vigne. — Coche- nille de la vigne.etc., etc. 2 Instruments et moyens propres à la destruction des insectes nuisibles à la vigne. 3° Altérations produites sur les plantes par ces insectes. 4° Mémoires sur ces insectes. Collections. 12 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 3: CLASSE INSECTES NUISIBLES AUX PLANTES INDUSTRIELLES 1° Aux pommes de terre. Doryphora. — Vers gris. — Vers blancs. — Teigne de la pomme de terre. 2° Aux plantes saccharifères. 1° BETTERAVES : Mouche de la betterave. — Casside nébuleuse. — TFau- pins. — Vers gris, etc., etc. 2° CANNE A SUCRE : Borer de la canne à sucre. 3° Aux plantes oléagineuses. 1° CoLza : Altise. — Charançon. — Puceron, etc., etc. 2° OLIVIER : Mouche des olives. — Scolyte de l'olivier. — Mineuse des feuilles de l'olivier. — Mineuse des noyaux de l'olive. — Psylle de l'o- live. — Gallinsecte de l'olivier. — Thrips de l'olivier, etc., etc. 30 ue Charançon du pavot. — Puceron du pavot. — Mouche du pa- vot, etc. 4o Aux plantes textilles. lo CHANVRE : Altise du chanvre. — Teigne du chanvre, etc., etc. 2° Lin : Altise. — Phalène du lin. 3° CorTox : Noctuelle du coton. — Gallinsecte du coton, etc. 5° Aux plantes tinctoriales. 1° GARANCE. 2° PASTEL. 30 INDIGO.. 6° Au houblon. 7° Au chardon à foulon. 8° Au tabac, etc. 9% Altérations produites sur ces végétaux par les insectes destructeurs. 10° Notices et travaux sur ce sujet. 4° CLASSE INSECTES NUISIBLES AUX PLANTES FOURRAGÈRES, POTAGÈRES, ORNEMENTALES, ETC. 1° A la luzerne, au trèfle, au sainfoin et autres fourrages. Mouche ou agromyze pied noir, Colaspe noir. Bombyx de la luzerne. — Apion du trèfle. — Bombyx du trèfle. — Puceron du sainfoin. — Cha- rançons des luzernes, etc. 2° Chou, moutarde et autres crucifères. Altise. — Papillons du chou. — Mouche du chou. — Tipule potagère. — Puceron du chou, etc. 3° Pois, fèves, lentilles et autres légumineuses. Bruche du pois. — Teigne des pois verts. — Noctuelle potagère. — Bru- che de la fève. — Puceron de la fève. — Bruche de la lentille. — Bruche des haricots. 4 Asperges, artichauts, fraisiers, salades et autres plantes. Criocères de l’asperge; puceron des racines. — Casside verte, etc. 5° Plantes d'ornement, rosiers, dahlias, cinéraires, héliotropes, géraniums, tu- lipes, lis. LE HÉEronS, tenthrèdes, criocères, altises, etc. 6° Plantes de serre, cactus, orchidées, etc. Thrips, cochenilles, kermès, etc. 7° Rosiers, tenthrèdes, pucerons, etc. L 8° CHARIBRNSS et autres cryptogames comestibles, diptères des champignons et truffes. BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 13 5 CLASSE INSECTES NUISIBLES AUX ARBRES FRUITIERS ET AUX FRUITS 4° Aux pommiers. Scolytes du pommier. — Charançons des pommiers. — Puceron lani- gère. — Bombyx livrée. — Yponomeutes du pommier. — Carpocapse, etc. 2° Aux poiriers. Charançon du poirier. — Tigre. — La Larve-limace, etc. 3° Aux néfliers. 4° Aux cerisiers. Tenthrède du cerisier. — Pyrales des cerises, etc. 5° Aux pruniers. Scolyte du prunier. — Bostriche du prunier. — Charançon du prunier. Carpocapse, etc. — Puceron du prunier. — Pyrale du prunier, etc. 6° Aux abricotiers. Charançon des abricotiers. — Carpocapse, etc. 1e Aux pêchers et brignonniers. Puceron du pêcher. — Teigne du pêcher, etc. 8° Aux amandiers. 9 Aux groseillers et cassis. Mouche à scie du groseillier, etc. 10° Aux orangers, citronniers. — Cocciens, Fumagine, etc. 11° Aux figuiers. 12° Aux noyers. 13° Myriapodes nuisibles aux fruits. Collections de ces insectes. Degctons des altérations produites sur les végétaux par les insectes destruc- eurs. Notices et monographies sur ce sujet. 6° CLASSE INSECTES NUISIBLES AUX ARBRES FORESTIERS ET D'ALIGNEMENT A. Essences feuillues. 1° Aux chênes. 2° Aux ormes. 3° Aux hêtres. 4° Aux peupliers et aux bouleaux. 5° Aux pins et autres arbres. Scoytes. — Bostriches. — Charançon. — Capricornes. — Pucerons. — Ker- mès. — Bombyx. — Noctuelles. -— Tordeuses. — Buprestes, etc. B. Essences résineuses. . Pins, sapins, mélèze, etc. Bostriches. — Charançons. Lophyres Bombyx. — Tordeuses, etc. Notices et monographies sur les ravageurs forestiers. Collection de bois rava- gés. Etudes spéciales sur le Ver blanc, sur le Bombyx processionnaire, sur le Corœbus bifasciatus: procédés et appareils pour les détruire. 14 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 7 CLASSE INSECTES QUI ATTAQUENT LES BOIS EMPLOYÉS DANS LES CONSTRUCTIONS 1° Les Termites sous leurs différents états. 20 Altérations produites par les Termites. 3° Les Vrillettes (Anobium), les Rhyncoles, les Lyctes, etc. ° Collections des altérations produites par les Vrillettes, les Rhyncoles. 5° Les Limexylons qui attaquent les constructions navales. 6° Notices et moyens de destruction. 7° Échantillons des bois ravagés par le Limexylon naval. 8: CLASSE INSECTES DESTRUCTEURS DES MATIÈRES ORGANIQUES SÈCHES, ET DES PROVISIONS DE NOS DEMEURES 1° Insectes qui détruisent les matières premières : laine, crin, plumes, étoffes, fourrures, etc. 2° Insectes qui détruisent les collections d'histoire naturelle, les livres, etc. 3° Dégâts produits par ces insectes ; moyens de destruction. 4° Tableaux comparatifs de ces insectes et autres pouvant servir à reconnaître la provenance de certains produits (Laines, crins, cotons, etc.), chaque pays ayant ses espèces particulières. — Notices. 9: CLASSE INSECTES CARNASSIERS NUISIBLES A LA PISCICULTURE Dytiques, Hydrophiles, Libellules, Nèpes, Ranâtres, Notonectes, etc. 10° CLASSE PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX DOMESTIQUES De l'homme. Du bœuf. Du cheval. Du mouton. Du porc. Des poules. Des pi- geons, etc. (Cousins. — OEstres. — Acariens, etc,) Moyens de destruction. — Insecticides. 11° CLASSE ANNELÉS, ENTOZOAIRES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX Ténias, Trichine, Ascarides, Oxyures, Ligules. — Notices, dessins et monogra- phies à ce sujet. TROISIÈME DIVISION LES AUXILIAIRES 1'° CLASSE COLLECTIONS 1 Insectes carnassiers (carabiques, staphylins, etc.). 2°Insectes parasites et destructeurs deschrysalides (ichneumons). À . 14 7 # i * à | BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 15 30 Insectes destructeurs de limaces et de colimacçons. . 4° Myriapodes utiles. 5° Arachnides. 6° Mammifères, oiseaux, reptiles insectivores, batraciens. Taupes, Chauves-Souris, Hérissons, Chouettes, Becs-fins, Hirondelles, Engoule- vents, etc. Lézards, Crapauds, Grenouilles, Salamandres, Tritons, etc. 2° CLASSE AMIMAUX VIVANTS 4e Insectes et auxiliaires vivants : 20 Reptiles, Oiseaux insectivores vivants. 3° Aquariums de Batraciens, d'insectes aquatiques et d’annélides. 4° Arachnides vivants. 5e Crustacés : Ecrevisses, Homards, Langoustes, Crabes, etc. 3° CLASSE INSTRUMENTS DIVERS 40 Nichoirs artificiels et moyens de propagation ou de défense des oiseaux in- sectivores. k 20 Instruments d'optique pour l'observation des insectes, etc. 8° Préparations micrographiques. 4o Instruments pouvant être utilisés à la destruction des insectes; Pompes, Instruments de culture à main, Pals à insecticide, Échenilloirs, Coutel- lerie, Pièges, etc. 5° Engrais insecticides, poudres toxiques. 6° PR 4 manuscrits traitant des insectes en général et de leurs pro- uits, etc. o QUATRIÈME DIVISION MOLLUSQUES (Hors cadre.) MOLLUSQUES NUISIBLES A L'AGRICULTURE Limaces, Escargots, etc. Moyens de destruction des Mollusques nuisibles à l'agriculture. — Mémoires, etc. Mollusques fluviaux et maritimes. DIVISION COMPLÉMENTAIRE INSECTOLOGIE APPLIQUÉE AUX ARTS ET A L'INDUSTRIE 1° Tableaux, peintures et sculptures d'insectes ou de leur habitat. 2° Objets divers où les insectes ont été pris pour modèle et pour ornement bijoux, camées, parures, imitations, fantaisie, etc., etc. Les médailles seront accordées aux meilleures imitations de la nature. P. S. — On peut se procurer, au secrétariat de la Société, rue Monge, 67,des feuilles pour les demandes d'exposition. Ces feuilles contiendront des rensei- gnements sur le mode d'envoi, etc. D capes BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE JA (te n H. HaAuET. Première. Paris, eTant : G 8, r.Campagne- Le EE EP NolzETTE, Imp. de la Soc. de Typ. N° 2. HUITIÈME ANNÉE Février 1833 BUERETILN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Biographie de Swammerdam. — Société centrale d'apicul- ture et d’insectologie, séance du 20 décembre 1882. — Les papillons blancs (suite et fin). — Ordre des insecivores (suite), par M. MAURICE GIRARD. Abeilles solitaires (suite), divers genres. Biographie de Swammerdam Personne n'ignore qu’en 1610, Galilée, ayant recu de Hol- lande le verre grossissant, construisit le télescope, le braqua et vitle ciel. Mais on sait moins communément que Swam- merdam, s’emparant avec génie du microscope ébauché, le tourna en bas, et le premier entrevit l'infini vivant, le monde des atomes animés! Ils se succèdent. A l’époque où meurt le grand italien (1637), naît ce Hollandais, le Galilée de l'infini- ment pelit (1637) (1). Jean Swammerdam naquit à Amsterdam, le 12 février de l'année que nous venons de citer, au milieu d'un cabinet d'histoire naturelle. Son père, apothicaire, était un de ces zélés collectionneurs comme on commençait à en voir en Hollande. Tout ce que les vaisseaux pouvaient apporter des deux Indes en minéraux, plantes, animaux bizarres et extraordinaires, il l'acquérait à tout prix. Ces merveilles du monde inconnu, en contraste par leur éclat, leur magnificence tropicale avec le terne climat qui .es recevait, frappèrent le jeune Hollandais d'une vive curiosité et de je ne sais quelle dévotion passionnée de la nature. Aussi 1. Nous empruntons ces lignes à Michelet, de son livre l'Insecte, édité par la maison Hachette, qui a bien voulu mettre à notre disposition le cliché de la figure de Jean Swammerdam.(Voir fig. 1, page précédente.) 18 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE est-ce avec une ardeur toute particulière qu'il s'occupe de mettre en ordre et d'étudier toutes ces curiosités, et qu'à ses moments de récréation il s'esquive dans la plaine pour re- cueillir des insectes, objet de ses affections. Nous ne suivrons pas Swammerdam dans ses travaux gigan- tesques. Nous dirons seulement qu il passa seize ans à recueils : lir, observer et disséquer des insectes, et qu'il parvint à en ras- sembler près de trois mille espèces différentes, dont il a fait l'histoire naturelle de plusieurs, depuis l’œuf jusqu’à l’insecte parfait. Il poussa l'exactitude et la curiosité jusqu'à couver pour ainsi dire les œufs de quelques espèces, afin d'y aper- cevoir la formation des premiers germes, ou du moins les progrès de l'incubation et les premiers développements de l’animalcule. 5 L'abeille fut du nombre des insectes que Swammerdam étudia avec le plus grand soin. L'origine de la cire et l’ar- chitecture des rayons furent ce qui le frappèrent d’abord. N'ayant trouvé aucune matière cireuse dans le pollen, il douta que la cire en sortit, ainsi qu'on le pensait alors. Ce- pendant il ne découvrit pas son origine. Mais il fut plus heu- reux dans ses recherches sur la moisissure des rayons et sur les détériorations qui en sont les conséquences. Sa description de la fausse teigne ne laisse rien non plus à désirer. Il mit un mois entier pour observer, décrire et dessiner les organes des abeilles. Il observe d’abord et décrit le double es- tomac de l’ouvrière, les différentes parties qui constituent l’aiguillon, le système nerveux, la moelle épinière, les stigmates et le cœur, que l'Italien Malpighi avait découvert avant lui. Chez l'abeille mère, il découvre le double ovaire et les oviductes, dans lesquels il distingue des œufs de diffé- rentes grosseurs. Enfin, chez le mâle, il observe principale- ment les organes de la fécondation, qu'il décrit avec beaucoup d’exactitude. Il n’est pas de parties de l’abeille qu'il n’étudie avec soin: antennes, yeux, bouche, trompe, ailes, pattes ; tout est décrit comme cela ne l'avait pas été encore. Les métamor- phoses du couvain l’arrêtent d’une manière particulière. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 19 C’esten 1672 qu'il acheva son histoire naturelle des abeilles, qui fait partie de sa Bible de la nature (Biblia naturæ, seu historia insectorum), ouvrage monumental, quine fut publié que cent ans après sa mort par les soins de Boerhaave, et qui plus tard fut traduit en français par Guenau. Swammerdam a fait paraître, en 1669, à Utrech, l'Histoire générale des Insec- tes, et à Amsterdam, en 1675, une histoire de l’insecte appelé l'Ephémère, dont la traduction latine parut à Londres en 1681. Chassé de la maison paternelle, Swammerdam vint se réfu- gier en France, où il se lia d’étroite amitié avec le publiciste Thévenot, qui l’aida de sa bourse. Car, comme la plupart de ceux qui se dévouent à la science ou à l’humanité, notre grand naturaliste était pauvre en écus, ce qui, aux yeux du vulgaire, n’est jamais recommandable, fût-on Socrate ou Galilée. Il désirait alors vendre sa riche et rare collection, fruit d'un long travail; mais les acheteurs ne s'étant pas présentés, il résolut d'aller les chercher ailleurs. Ce fut vainement. Epuisé de fatigues et d’ennuis, il mourut à quarante-trois ans, le 27 février 1680, après avoir légué ses manuscrits au seul ami quil eût, ami fidèle de toute sa vie, et que lui- même,en mourant, il appelle «incomparable, » au Français Thévenot. H. HAMET Société eentrale d’apieulture et d’insectologie. SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1882. — PRÉSIDENCE DE M. HENRICY Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la der- nière séance qui est adopté. L'assemblée s'occupe de la nomination de la commission d'organisation de l'exposition des insectes. Elle se compose de MM. Marmottan, Henricy, Maurice Girard, de Ginestous, Hamet, Millet, Bailly, Fallou, Ch. Joubert, de Boullenois, Saint-Pée, Delinotte, Savard, et Sigaut. — Le secrétaire gé 20 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE néral est prié de se préoccuper immédiatement du lieu où se fera l'exposition. M. Savard présente à l'assemblée la larve et l'adulte du Clytus arcuatus, Linn., petit longicorne s'attaquant au bois du chêne et du châtaignier. Il promet une note sur cet in- secte. M. Maurice Girard présente à la Société des insectes qui viennent de lui être remis par un membre de la Société centrale d'horticulture de France, à l’état d'adultes et de nymphes, et qui se trouvaient le mois dernier en nombre immense dans les jardins des environs d'Auxerre (Yonne), couvrant toutes les plantes, les arbres, les murs. C'est un insecte très commun, de l’ordre des Hémiptères-hétérop- ières, la Lygée aptère (Pyrrhocoris aptera, Linn.), {a Punaise rouge des jardins, Ae Stoll, à couleurs rouges et noires. Au- trefois les paysans des environs de Paris l’appelaient Ze Suisse, à cause de l'uniforme rouge des troupes suisses au service de la France. Cette Punaise, dénuée des glandes à odeur infecte de beaucoup de Pentatomes, est dépourvue d'ailes membraneuses, même à l’état adulte (1) par persis- tance d’un caractère larvaire. Elle n'est pas réellement nui- sible et n’endommage pas les plantes ou très peu, suçant des détritus variés et aussi des insectes morts ou écrasés. Notre collègue, M. A. Clément, a trouvé aussi tout récem- ment cette espèce, en nombre énorme et exceptionnel, à Montlhéry (Seine-et-Oise). Si on veut détruire, ou au moins écarter les légions de cette Lygée, il faut projeter de la pou- dre de tabac, déchet des manufactures nationales, ou le mé- lange de sable et de naphtaline brute dont on se sert contre les Altises. M. Hamet entretient l'assemblée de l'hivernage des abeilles. Il donne lecture de la lettre suivante d'un correspondant du Canada, M. Rocher, sur la longue réclusion des abeilles dans ce pays sans qu'elles paraissent en souffrir. 4. M. Fallou fait remarquer qu’on en rencontre quelquefois des ailées. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 21 < Hier, 3 novembre, écrit ce correspondant, j'ai encavé mes ruches au nombre de 55. Elles doivent séjourner dans leur quartier d'hiver jusque vers le 20 avril prochain sans avoir une seule fois l’occasion de sortir de leurs ruches pour se vider. Cependant, malgré la longueur de leur réclusion, elles sont généralement en bonne santé au printemps. Nous ne constatons que très rarement des cas de dysenterie. Pour leur confort, nous pratiquons des ventilateurs à nos caves au moyen de cheminées ; nous en pratiquons aussi aux ru- ches. Nous ne les dérangeons que dans le mois de mars, épo- que où l’on s'assure si les colonies ont assez de nourriture pour achever leur hivernement; si non, nous leur fournissons le complément au moyen de notre sucre d'érable, que nous introduisons dans des cadres mobiles. Il est rare que nous perdions des colonies en nous conformant à ces règles. «Je vous fais ces observations, parce que cette longue ré- clusion paraît être en opposition avec une certaine école qui écrit que les abeilles doivent sortir de temps en temps pour se vider. Peut-être que Gans les climats chauds ce mode ne réussirait pas; quoi qu'il en soit, il est ici d’une application sûre. Tant il est vrai que la Providence est toujours sage et qu’elle a voulu que tous les dons du Créateur fussent acces- sibles aux citoyens de tous les pays. » M. Hamet dit que des faits établissent que, dans notre cli- mat tempéré, où les hivers sont très irréguliers, où de décembre à mars, la température extérieure monte quelque- fois à 12 ou 15 degrés au-dessus de zéro, les abeilles, après, une réclusion de quelques semaines, éprouvent le besoin de sortir pour se vider. Les abeilles des colonies fortes, mises en cave, lorsque la gelée devient vive, éprouvent elles- mêmes le besoin de sortir, parce qu’elles s’adonnent, dès Noël— dans notre elimat— à l'éducation du couvain. Le pro- fesseur rappelle les expériences d’ensilage des ruches qui ont été tentées et qui ont été abandonnées, parce qu’en somme elles ne donnaient pas les résultats avantageux qu'on en attendait. Cependant, ajoute-t-il, l’encavement 22 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE des petites colonies pendant l'hiver (de six semaines à trois mois) est incontestablement avantageux dans le nord de la France. Les abeilles de ces ruches consomment moins, partant elles fatiguent moins que celles laissées au rucher. M. Henricy cite certaines localités des Alpes, couvertes de neige pendant l'hiver, où les abeilles sont quatre mois et plus retenues prisonnières dans leur ruche. M. Glatigny met à ce propos, sous les yeux de l’Assemblée, une communication insérée dans le Bulletin de la Société centrale d'horticulture, il y a déjà longtemps, qui rapporte une expérience faite aux environs de Munich. M. Maurice Girard offre, de la part de la maison Hachette, deux séries de bons points insectologiques à l’usage des écoles. La 1°° comprend: le phylloxéra d'hiver, les formes du phylloxéra, l'œuf d'hiver et les galles, les radicelles des vi- gnes, le vulcain, la chrysomèle du peuplier, le papillon blanc duchou, la coccinelle à sept points, le hanneton com- mun, la chrysope perle ou vulgaire, la mante religieuse. La 2 comprend : la libellule déprimée, la cochenille du nopal, les bourdons, le grand papillon blanc du chou, les guêpes, le sphinx à tête de mort (chenille), le papillon à tête de mort (papillon), les ruches et les gâteaux, les habitants des ruches, les constructions des abeilles, les ennemis des abeilles (2 planches). Chaque bon point porte au verso une notice de l'image quise trouve au recto. L'assemblée vote des félicita- tions aux auteurs et éditeurs de ces bons points (1). M. Mallet présente, de la part de M. P. Francezon, une bro- chure portant pour titre: Notes pour servir à l'étude sur la soire, suivies d’une étude sur les étouffoirs chimiques. Remer- ciements. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. 4. L'auteur des lithochromies de ces bons points instructifs est notre collègue, M. A. Clément (/a Réd.). BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 23 Les papillons blancs et leurs ennemis, (Suite, voir 1882, n° 12). La Piéride du navet a pour parasites les Téromales et un Ichneumonien, l’Æemiteles melanarius, dont le mâle est en- tièrement noir et ponctué avec les ailes à nervures et stig- mates bruns, la femelle, très différente en ce qu'elle a presque tout l'abdomen rouge et les cuisses et tibias de même cou leur; sa tarière égale la moitié de la longueur de l'abdomen. Ce dernier parasite, qui a 7 mill. de long, tarière comprise, sort parfois d’une seule chrysalide en nombre incroyable. On voit voler dans certains bois, au mois de mai, une pha- lène qui a l'aspect de petits individus de la Piéride du navet ; en effet, ses ailes blanches, avec le dessous orné de nervures rembrunies, simulent assez bien, quand elle vole, la livrée du papillon diurne en question; mais dès qu’on parvient à la saisir, on est vite détrompé à la vue de ses antennes filiformes et de la position deses ailes fermées en toit, quiindiquent un Hétérocère ou papillon dit nocturne. Gette phalène est nom- mée Siona dealbata. La plus belle de nos Piérides proprement dites françaises, est la Préride daplidice. De la taille de la Préride de la rave, elle présente, sur un fond plus blanc que celui des autres, de larges taches noires au sommet des ailes supérieures et divi- sées par quatre taches blanches, puis une autre discoïdale car- rée, noire, coupée longitudinalement par une nervure blanche. La femelle a, en plus, le dessus des ailes inférieures bordé largement de noir entrecoupé par cinq taches blanches plus ou moins carrées et placées sur le bord, contre la frange qui est également blanche. Le dessous des quatre ailes présente, chez les deux sexes, tous les dessins noirs du dessus, mais d'un vert jaunâtre finement piqueté de noirâtre; de la base au milieu du disque, cette couleur s'étend largement avec deux taches médianes blanches placées l’une au-dessus de l’autre. Toutes ces marbrures du dessous des ailes inférieures appa- raissent par transparence sur le dessus desdites ailes. Le 24 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE corps est noir, avec des poils soyeux blancs, comme chez les autres Piérides. Cette espèce, dont la chenille vit sur le réséda sauvage et sur d'autres plantes dans les prairies séches et les jachères, est bien moins répandue que les espèces précédentes et n'est nullement nuisible. Elle paraît en avril et en mai, puis en juillet et août, principalement dans les lieux arides et in- cultes. Les chenilles des Piérides que nous venons de citer vivent sur des plantes basses ; celle qui va nous occuper vit, au con- traire, sur les arbres: c'est la Piéride gazée ou de l’aubépine (Pieris eratægt). Le papillon est de la grandeur de la Piéride du chou ; les quatre ailes sont arrondies, dépourvues de frange blanche avec les nervures noires, peu garnies d'écailles et en partiestransparentes, surtout chez la femelle, quia le milieu des ailes supérieures diaphane; le dessous des inférieures est un peu jaunâtre et finement pointillé de noir. Le corps et le pattes sont noirs. Il paraît en juin et quelquetois dès la fin de mai. La femelle dépose ses œufs par tas sur les branches de l’aubépine, des pruniers, du poirier, du pommier, du ceri- sier et de l’amandier. Les petites chenilles éclosent à l'automne et se filent immédiatement une toile commune dans laquelle elle se pratiquent de petites cellules pour s'abriter du froid et de l’humidité. Au printemps, elles sortent de cettetoile pour se nourrir des bourgeons, et c’est alors qu’elles font un tort considé- sable aux arbres fruitiers, car elles sont très voraces. Chaque soir, elles rentrent dans leur domicile commun et même n'en sortent pas pendant les jours pluvieux. A chaque mue, se trouvant logées trop à l’étroit, elles se construisent une nou- velle bourse soyeuse d'où elles ne sortent définitivement qu'après la dernière mue, pour se répandre sur toutes les branches. Lorsqu'elles ont atteint toute leur taille, elles me- rurent 35 mill. de longueur; elles sont assez jolies: la tête est d’un noir luisant, le dos brun noirâtre marqué de deux bandes longitudinales fauves avec les côtés et le dessous BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 25 d'un gris plombé, le tout garni de poils fins, blancs, mêlés de quelques poils noirs. La chrysalide est anguleuse, comme celles des autres Piérides, d’un blanc verdâtre avec deux ban- des latérales jaunes et tâchées de noir brillant. Gette espèce est, dans certaines années, et surtout dans le Midi de la France, tellement commune, qu'elle devient un véritable fléau dans les jardins fruitiers et les vergers.Lorsque les amandiers sont dépouillés de leurs feuilles deux années de suite par ces chenilles, ils périssent. Il paraît qu'en Sibérie ce papillon est parfois tellement abondant que l’on croirait, lorsqu'il vole, voir des flocons de neige. fl va sans dire que, pour détruire cette espèce ou plutôt pour en diminuer le nombre, il faut rechercher les bourses dans les branches des arbres, pendant les jours de pluie, pour les brûler. La Piéride gazée a pour ennemis naturels les Micerogaster et un Pimpla. Une petite espèce de Piéride, appelée fort improprement Piéride de la moutarde (Leucophasia sinapis), puisque sa che- nille ne vit que sur des légumineuses (la Gesse des près et le Lotier corniculé), vole dans les bois et les prés qui les avoi- sinent pendant les mois de mai, juillet et août. C'est un gracieux lépidoptère, d’un blanc de lait, de 38 mill. d'enver- gure, à corps très grêle et à ailes oblongues, dont les supé- rieures ont presque toujours une tache apicale arrondie, noi- râtre, et le dessous des inférieures d’un blanc jaunâtre avec deux bandes grisâtres. Elle n’est aucunement préjudiciable. Enfin, pour terminer cette revue des papillons blancs diur- nes, mentionnons encore la jolie Anthocharide aurore (An- thocharis cardamines), également inoffensive, puisque sa chenille vit sur plusieurs espèces de crucifères sauvages, principalement la cardamine des prés. Au mois d'avril et de mai, elle égaye les bois, les champs et les pares. Une couleur vive orangée décore la moitié antérieure des ailes supérieures du mâle et tranche sur le fond d’un blanc pur, relevé encore par le dessous des inférie res, agréablement marbré de vert 26 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE tendre, La femelle manque de la tache aurore, mais à le sommet des ailes supérieures largement saupoudré de noir. Nora. — Les deux gravures qui accompagnent l’article Pa- pillons blanes (1882, ne 12) sont tirés des Métamorphoses des insectes, de M.IMAURICE GIRARD, 5° édit., Hachette et Cie. Re- merciments aux édit. (LA RÉD.) Ordre des insectivores (suite) Voir n° 11. PAR M. MAURICE GIRARD Le groupe des Hérissons est formé d’Insectivores d'un seul genre, dont le corps est couvert plus ou moins de piquants en dessus, le museau, les pattes, le ventre n'ayant que des poils ordinaires, soyeux, assez rudes ; de pareils poils sont entre- mêlés aux piquants. Ceux-ci ne sont pas des poils soudés, chacun d'eux étant un poil unique, amplifié. La dentition est en partie celle des Carnivores. Ces animaux sorit lourds, bas sur pattes, à queue courte presque rudimentaire, à museau un peu prolongé en grouin, lespattes ayant cinq doigts ongui- culés à chaque paire, les oreilles bien dévelopées ; les espèces sont dispersées en Europe, en Asie et en Afrique. Le Hérisson commun (Erinaceus Éuropœus) (fig. 2) est de toute l'Europe, sauf la bordure arctique, et de Syrie, et s'élève sur les monta- gnes jusqu à la limite des arbres et au delà. La taille varie de 25 à 30 centimètres de longueur, la queue de 3 centimètres seulement. Le corps est ramassé, épais et court. La face est d'un jaune blanchâtre ou d’un jaune roux, avec le museau allongé et recourbé en avant, la bouche largement fendue, les oreilles larges, les yeux noirs et petits, le nez et les lèvres bruns, avec des taches noires, une tache blanchâtre en arrière del’œil, le cou etle ventre d’un roux-jaunâtre clair, lespiquants, longs de 2 centimètres environ, d’un brun clair, blanchâtres à la pointe, portant des sillons longitudinaux, séparés par des côtes saillantes, l’intérieur creusé de grandes cellules. La fe- melle est un peu plus grande que le mâle, a le museau plus pointu, le corps plus épais, la couleur plus claire, plus gri- BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 21 sâtre ; les piquants se prolongent moins sur le front. Les mâ- choires sont armées de trente-six dents (fig. 3), savoir: supérieurement trois paires d'incisives, dont les antérieures les plus longues sont écartées l’une de l’autre, trois paires de dents à une seule racine, une grosse dent carnassière, c'est-à- dire à couronne tranchante, jouant avec sa congénère de l’autre mâchoire comme une paire de ciseaux, enfin trois paires d'arrières-molaires à tubercules pointus, les deux premières à peu près carrées et surmontées de quatre tubercules; infé- rieurement quatre paires de denis à une seule racine dont la première est la plus longue, une carnassière et trois arrière- molaires insectivores, Fig. 2. — Le Hérisson d'Europe. Le Hérisson d Europe habite indifféremment la plaine ou la montagne, fréquentant les forêts, les prairies, les champs, les jardins. Il se choisit un gîte dans les buissons épais, au pied des haies, entre les fortes racines d'une souche d'arbre, sous les tas de pierres ou de bois, de fumier, de feuilles sèches, dans les trous des murs de clôture, etc. Au déclin de l’au- tomne, il y transporte des herbes et des feuilles sèches, qu'il 28 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE dispose en une boule creuse, au centre de laquelle il s'enroule et s'endort, pendant tout l'hiver, d'un sommeil très profond. Le Hérisson a de trois à sept petits à chaque portée; ils naïs- sent nus et d'un gris rosé, montrant sur le dos des cercles d'un brun noir. Daus les endroits où il règne une tranquillité parfaite, cet animal sort en plein jour; mais à l'ordinaire, très craintif et circonspect, il ne rôde que le soir et pendant la nuit, s'avançant lentement, marchant sur les plantes de ses quatre pattes, le nez contre le sol, flairant tout ce qu'il ren- contre. À la moindre crainte du danger et grâce. à ses muscles peauciers très puissants et très amples, pouvant cacher tête et pattes, il se roule en un corps ovale assez régulièrement arrondi, tout hérissé par les piquants dressés, offrant seule- ment un sillon profond qui aboutit au ventre et au fond duquel on trouve le museau, les quatres pattes et la queue. Le Chien qui s'attaque à cette boule à pointes est contraint de se retirer, la gueule ensanglantée, rebuté en outre par l'odeur infecte de l'urine du Hérisson, qui ne tarde pas à suinter jusque sur l'extérieur de la boule. 1 faut jeter le Hérisson à l’eau, si on veut l'obliger à se dérouler ; on prétend que cette ruse n'est pas inconnue du Renard. Fig. 3. — Mäàchoire supérieure du Hérisson. Le Hérisson vit solitaire dans son gîte, quelquefois réuni à sa femelle sous le même abri. Il se nourrit surtout d'Insectes, de Lombrics et Mollusques terrestres, aussi de Reptiles et de Mulots ; il chasserait aisément aux Souris dans les maisons. Il avale les Cantharides, si vésicantes pour la peau humaine, et paraît supporter impunément le venin de la Vipère; ül aime la viande, et on l’attire aisément avec des restes de cui- sine et surtout avec de la soupe au lait, au point qu’on peut l'apprivoiser par l'habitude. On doit bien se garder de le BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 29 détruire. Il est bon de l’introduire en liberté dans les jardins, et nous engageons les instituteurs à prêcher d'exemple, dans le jardin de l’école. Les anciens employaient la peau du Hérisson en guise de carde, pour peigner les laines ; on uti- lise parfois ses piquants comme épingles des préparations anatomiques dans l'alcool. (4 suivre.) Abeilles solitaires. Suite de l'Anthophore des murailles (V. T° année). Mœurs, habitudes, régime. — Cette Anthophore édifie son nid avec amour, elle habite des trous qu'elle creuse dans les interstices des moellons reliés par du sable qui entre dans des vieux murs, et protège l'entrée de sa galerie par un tuyau courbé, sorte de cheminée formée de grains de sable agglu- tinés qui livre passage à l’habitant et permet de rejeter au dehors les débris formés dans l’intérieur du mur au fur et à mesure qu'elle avance ses fouilles, et s'oppose à l'entrée des parasites, tels que les Mélectes, les Cœlioxys et les Anthrax, qui voltigent aux alentours pour saisir le moment où la femelle est partie à la cueillette, et pénétrer dans le nid pour déposer ses œufs. Latreille, le premier, en 1804, a observé, à Meudon et à Gentilly, les curieux travaux de cette Anthophore; mais c'est au D' Cartereau que nous devons une bonne représen- tation de leurs constructions. LES ABEILLES À LONGUES CORNES OU MACROCÈRES (Macrocera.) Caractères. — Un autre genre d'abeïlles, qui récoltent le pollen à l’aide de leurs jambes, se distingue, chez le mâle, par la longueur des antennes. Le renflement légèrement noueux de la partie antérieure de ces organes les a fait comparer aux cornes d'un bouquetin. C'est de là que ces insectes ont tiré leur nom. | Distribution géographique. — On en trouve plusieurs es- 30 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE pèces dans le sud de l'Europe, en Algérie et dans les contrées plus chaudes. LES EUCÈRES. — Teucera. Nous ne décrirons que cette espèce française et allemande, la ressemblance absolue des caractères essentiels de ces Apides avec ceux des Anthophores et du genre précédent n'engage- rait pas à créer une subdivision; le nombre moindre de ses cellunes sous-marginales empêche seul de les réunir. La marque caractéristique du genre consiste dans l’exis- tence de deux cellules sous marginales seulement, dont la seconde reçoit, près de son extrémité, les deux ner- vures récurrentes. En tout le reste, il est semblable au genre Macrocera. Les yeux accessoires sont disposés en li- gne droite, et les griffes sont bifides. Distribution geographique. — L'Amérique renferme un grand nombre d'espèces, qui ont avec la nôtre la plus grande analogie, au point de vue de la coloration et des différences sexuelles. L’EUCÈRE LONGICORNE OU ABEILLE A CORNES COMMUNES. Eucera longicornis. Caractères. — Cette abeille, qui prend son vol à partir de la fin de mai, a déjà perdu, au milieu de juin, une grande par- tie de ses atours ; les poils sont en partie décolorés, en partie perdus par suite des frottements. À un âge moins avancé, le mâle est couvert sur la tête, sur le milieu du corps et sur les deux premiers anneaux de son abdomen fortement courbé, de poils épais d'un beau rouge de renard ; plus en arrière se trouvent quelques poils noirs isolés. A la fin de juin, l'insecte paraît dégarni et décoloré ; ses cornes imposantes et la colora- tion de la tête et de la lèvre supérieure lui restent à titre d'ornements inaltérables. Le corps de la femelle est très différent; il est un peuplus gros ; ses antennes déjetées et d’une conformation toute ordinaire, ne lui fournissent pas de caractère distinctif: BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 31 l'abdomen est un peu plus bombé,'il se rétrécit davantage en avant et prend un contour elliptique ; par suite, on pourrait le prendre pour une Andrène, d'autant plus que les bords pos- térieurs des anneaux sont ornés de bandes blanches, qui sur les trois premiers anneaux présentent une large interruption médiane (signe que l'on rencontre souvent sur les Andrènes). Mais, remarquez sur les jambes postérieures, une brosse, elle préserve de toute erreur : aucune Andrène n'en possède. Les bandes blanches sont formées de soies courtes et juxtaposées; elles passent, comme toutes les belles choses ! Aussi, il arrive qu'on rencontre, en été, la femelle couverte de poils décolorés et d'un rouge de renard, sur ces mêmes régions, ainsi que le mâle ; et son aspect sera d'autant plus délabré, qu'elle aura plus consciencieusement accompli ses devoirs maternels. Maœurs, habitudes, régime. — Une galerie toute unie, creu- sée en terre, sert à la femelle de chambre d'incubation. Elle est divisée par des cloisons obliques, en cellules, qui se mul- tiplient d'arrière en avant, à mesure que les plus éloignées sont chargées de miel et pourvues chacune d'un œuf. LES XYLOCOPES OU ABEILLES PERCE-BOIS. — Xylocopa. Caractères. — Les Xylocopes nous représentant les mem- bres les plus importants de cette famille des Anthophores. — Leur aspect rappelle celui des Bourdons, avec un abdomen plus mince et moins velu sur la face supérieure; mais ces insectes sont plus grands et une observation plus attentive montre une différence notable dans les caractères essentiels. La parenté des Xylocopes avec ces Hyménoptères est établie non seulement par leur mode d'existence, mais encore par certains points de leur structure. La conformation de la bouche est semblable à celle des fausses-abeilles : les mandibules élargies de la base à l’extré- mité sont terminées, d’un côté, par une pointe. Les palpes des mâchoires sont composés de six articles, dont la lon- gueur va en décroissant ; ceux des lèvres sont formés d'une seule pièce, Les ailes sont plus foncées que chez les bourdons. Les an- 32 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE térieures ont des reflets violets ou bronzés; elles possèdent une Cellule marginale effilée aux deux bouts, dont l’extré- mité postérieure se recourbe en dedans en forme de rostre, et est pourvue d'un prolongement plus ou moins considérable. Les trois cellules sous-marginales sont entièrement closes ; la moyenne, de grandeur à peu près égale à la première, est presque triangulaire ; la troisième est aussi longue que les deux premières réunies. A la naissance de cette cellule abou- tit la première nervure récurrente; la seconde se jette vers son milieu où un peu en arrière. La jambe postérieure, large, n’est pas lisse; elle est pour- vue de poilsépais, qui, avec le premier article du tarseallongé, constituent l'appareil de récolte. Elle porte deux épines ter- minales ; les articles du tarse sont insérés latéralement sur le coté externe de la jambe. Les griffes sont bifides; les ocelles sont disposés en triangle. Non seulement les mâles ont le corps plus petit et les poils moins nombreux sur les jambes postérieures, mais ils diffé- rent encore complètement de leurs femelles soit par leur fourrure, soit par l'élargissement de leurs pattes antérieures (comme chez les Xylocopa latipes de l'Inde occidentale, de Java, etc.), soit par le rapprochement des ocelles au sommet de la tête. Chez les Xylocopes cafres (Xylocopa eafra), par exemple, toute la face supérieure est d'un jaune tirant sur le vert-olive ; tandis que la femelle est noire, et présente. seule- ment des bandes jaunes transversales sur l’écusson, la par- tie postérieure du dos, et les premiers articles abdominaux. Distribution géographique. — Les Xylocopes qui établis- sent leurs rangées de cellules dans le bois, vivent principale- ment dans les régions chaudes de l'Amérique et de l'Asie. Plusieurs espèces très analogues entre elles, et par suite sou- vent confondues, apparaissent dans l'Europe méridionale. L'une d’elles s'étend vers le nord jusqu'à certaines parties de l'Allemagne (Nassau, Bramiberg). Telle est la Xy/ocope violacée, (A suivre.) Le Gerant : H. HAMET. Imp. de la Soc. de Typ. - NoizeTre, 8, r. Campagne-Premiere. Paris. N° 3. HUITIÈME ANNÉE Mars 1833 BUPEE TEEN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE. — Les insectivores terrestres (fin), par M. MAURICE GIRARD Le Clyte à bandes arquées, par M.E. SaAvarp. — Société centrale d’apiculture et d'insectologie, séance de janvier 1883. — Insectes nui- sibles aux choux, par M. A. HuMBERT. — Abeilles solitaires/(sutte). PPPPS PPS PSP PSS PS PES PT SES SDS SSI PS PIS I PIITS Ares PPS RASE Ordre des Insectivores (Suite). PAR M. MAURICE GIRARD Le dernier groupe des Insectivores est celui qui a pour type la Taupe d'Europe, au sujet de laquelle on peut soutenir une controverse, ses services toutefois dépassant de beaucoup ses Fig. 4 — La taupe d'Europe. méfaits. La Taupe d'Europe est un animal essentiellement conformé pour fouir avec la plus grande rapidité dans laterre meuble, on pourrait presque dire pour y nager (fig. 4). Son 34 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE corps est trapu, arrondi et presque cylindroïde d'un bout à l’autre, afin de glisser sans obstacles dans les étroits couloirs qu'elle creuse sous terre : on dirait un sac qui se prolongerait antérieurement en un cône terminé par un grouin, en arrière par un petit appendice velu qui est la queue. Les quatre membres sont courts et, dans la marche, elle se traîne presque à terre. La longueur est de 14 à 15 centimètres, la queue de 2 centimètres environ.La fourrure est courte, épaisse, soigneu- sement lustrée, afin de ne pas laisser prise aux grains de terre, même dans le sol le plus sablonneux ou le plus friable. Il y a dix mamelles à l'abdomen. La femelle est plus élancée et plus petite que le mâle et les petits sont de couleur grise. Le pelage est habituellement noir, reste parfois gris en conservant la Cou- leur du jeune âge, ou prend la couleur isabelle, soit totalement, soit par bandes longitudinales sous le ventre ; il y a des Taupes noires qui ont des taches blanches, ou, très rarement, des va- riétés entièrement blanches. La voix de la taupe est un son sif- flant et aigu. Les yeux sont très petits et cachés sous les poils, les oreilles externes nulles, réduites à un simple rebord cutané, pouvant ouvrir ou fermer le conduit auditif. Les dents de la Taupe, au nombre de 44, ou 11 paires par mâchoire, sont essentiellement disposées pour broyer de petites proies ani- males (fig. 5). Les trois premières supérieures et les quatre Fig. 5. — Mâchoire de la taupe premières inférieures sont à peu près égales entres elles et ressemblent assez aux incisives des Singes ou des Carnivores ; vient ensuite, en haut comme en bas, une forte dent, qui a BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 30 l'aspect d’une canine sans en être une, car elle a deux racines et croise l’inférieure en avant; chacune de ces pseudo-canines est suivie de trois petites fausses molaires à deux racines, et il y en à en outre supérieurement quatre et inférieure- ment trois molaires plus grosses et à tubercules pointus. Les membres de devant et de derrière sont agencés suivant des lois différentes. Les pattes de devant sont larges (fig. 6), en Fig. 6. Pattes de devant. forme de main tournant en dehors et en arrière la face qui est inférieure chez les autres Mammifères ; tous les doigts sont réunis par une palmure qui les serre les uns contreles autres, etsontmunis d'ongleslarges, aplatis, à tranchant mousse, celui du milieu étant le plus long; il ya là une véritable et puissante pelle de terrassier ; les pattes de derrière sont plus faibles, à doigts séparés, terminées par des ongles grêles et pointus ; les Taupes ont une marche plantigrade, et, dans le percement des galeries, rejettentenarrièreles déblais enlevés parles mains et sous les coups de boutoir du museau. Dans les Chrysochlores ou Taupes à poils dorés avec reflets irisés, de l'Afrique aus- trale et du Mozambique, la main n’a plus que trois ongles; la pelle est devenue une pioche. L'organisation exceptionnelle de la Taupe se traduit par certains détails ostéologiques de son squelette, pièce qui se trouve dans tous les cabinets des Écoles normales. Le sternum a une crète ou bréchet, comme chez les Oiseaux, en rapport avec une large attache nécessaire aux muscles qui concourent au mouvement des membres antérieurs; l'omoplate est très longue, la clavicule, au contraire, très courte, l’'humérus estde forme subcarrée, le bassin tellement resserré que c’est en 30 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE avant et non dans le détroit de cette espèce de ceinture que passent les petits lors de la parturition. Si on ouvre l'estomac d'une Taupe, on y trouve des tronçons de Lombrics à demi digérés, des débris jaunâtres de la tête, des mandibules et des pattes du Ver blanc ou larve du Han- neton, des élytres, des segments, des pattes et autres débris cornés et indigérables des Coléoptères, des cuirasses de Mille- pieds et de diverses larves souterraines de toute espèce, une bouillie de la chair des Mollusques terrestres \maïis jamais une fibre de plante, une feuille, un morceau d'écorce, de bois ou de racine; c’est à peine si, avec le microscope, on rencontre cà et là des cellules végétales provenant de l'intestin des An- nelés et des Mollusques avalés par la Taupe. Il est bien prouvé qu'elle ne touche à aucune matière végétale; son appétit est insatiable, sa faim continuelle. Elle consomme en douze heures le poids de son corps en aliments, buvant de l’eau, tant qu'elle peut, avec avidité, dévorant les Mulots et les Oiseaux blessés ou tués qu'elle rencontre, n'épargnant pas les individus desa propre espèce, périssant d'inanition en quelques heures, même si elle est enfermée avec des feuilles, des fruits, des racines. Cet animal est donc pour nous un Carnassier auxi- liaire de première importance, et par sa voracité et parce que n'ayant pas de sommeil hibernal, il chasse en toute saison. Les chasses de la Taupe l'obligent à se creuser chaque jour des galeries souterraines, souvent sur des centaines de mètres d'étendue, en raison de cette faim continuelle dont nous avons parlé, et qui épuise promptement une localité. exigeant chaque jour de nouvelles fouilles. De distance en distance, dans ces chemins de chasse situés à peu de profondeur sous la terre, la Taupe rejetteles déblais, formant des petits monticules de terre grenue, connus de tous le monde, sous le nom de tau- pinières. Il est fâcheux que, par cette méthode de chasse, la Taupe fasse payer cherles services signalés qu'elle nous rend. Pour atteindre les Vers blancs, les Vers gris ou Chenilles de diverses Noctuelles, les larves souterraines des Taupins, des Tipules, etc., la Taupe est forcée de fouiller entre les racines BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 37 L où ces animaux habitent. Aussi beaucoup de racines qui l'entravent dans son travail sont coupées, les jeunes semis sont bouleversés en une seule nuit, les plantes soulevées et déchaussées; les monticules des taupinières gênent beaucoup dans les prairies le travail de la faulx. Ainsion est forcé, dans certains cas, soit dans les jardins, soit dans les champs, de détruire les Taupes en lesprenant avec des pièges. Les institu- teurs recommanderont de n'opérer ces meurtres que quand ils seront absolument nécessaires, toujours avec discernement et modération, car il faut penser aux services espérés pour l'avenir.Outre les galeries de chasse très irrégulières dont nous venons de parler, la Taupe se creuse à proximité un domicile fixe, qui est sa chambre à coucher et le nid où elle élève sa famille. Cette demeure est sous terre, à près d'un mètre de profondeur, d'habitude sous une haie, au pied d'un mur, ou entre les fortes racines d’un arbre. La pièce principale est un réduit en forme de bouteille renversée (fig. 7), bien crépi et NU A \l ji AU ME ni TT "i a ms in ne “ ‘i : boat ï Ÿ NX \ ul ALLER al \\ si ri An Al Ke so) D î sil l | ji \l (ll ARS SNN Nerutoret ? À Fig. 7. — Habitation de la taupe. lissé à l'intérieur, tapissé de mousse, de brins d'herbe, de feuilles sèches. Supérieurement et sur deux étages sont des chemins de ronde circulaires, l'inférieur de plus grand diamè-- 38 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE » tre. La femelle met bas dans la chambre centrale, après un mois degestation, de troisà cinq petits, tout nus, aveugles, du volume d’un gros pois. Les parents viennent les nourrir dans le nid ; ilscroissenttrès vite, vuleur voracité. Après cinqsemaines, lesjeunes Taupes ontà peu près la moitié dela taille des adultes. L’étage supérieur communique à l'étage de ronde inférieur par plusieurs conduits obliques, et, de cet étage partent, en di- vergeant, des couloirs de fuite, sans préjudice d’un dernier issu directement dela chambre centrale. Tousles couloirs de fuite viennent aboutir à la porte d'entrée du nid où commence le grand chemin de communication entre le nid et les galeries de chasse, galerie permanente où la taupe passe plusieurs fois par jour, chaque fois qu'elle sort de chez elle ou qu'elle y entre. Cette galerie lisse et bien battue, est plus large, plus profonde, plus solide que les autres couloirs de chasse et dé- pourvue de taupinières; mais les frottements du passage de la Taupe endommagent les racines des plantes, le gazon ou le fourrage, ou les légumes qui recouvrent la terre; ces plan- tes prennent une teinte jaune, un air de souffrance qui dé- cèle le chemin à l'œil du taupier exercé. C'est là qu il place son piège avec la presque certitude de prendre la Taupe dans la journée ; il a soin de frotter ce piège avec une Taupe récem- ment tuée, car l’odorat de l’animal est son sens le plus exquis: la Taupe ne cesse de flairer avec son grouin, organe à la fois d’odorat et de tact, tout le long de sa route. La Taupe commune d'Europe occupe la majeure partie le ce continent, ses limites australes étant le midi de la France, la Lombardie et le nord de la Turquie. Elle remonte au nord jusqu'en Suède, au centre del’ Écosse, au milieu du'bassin de la Dvwina, en Russie. On ne la rencontre pas dans la plupart des îles Hébrides; elle manque aux îles Orcades et Shetland, aux Féroë et en Islande. En Asie, sa zone d’habitations'étend du Caucase à la Léna. Elle s'élève dans les Alpes juqu'’à 2.000 mè- tres d'altitude. Partout où elle existe elle est commune, car elle se multiplie rapidemen! si l'homme ne s'oppose à son ex- - tension exagérée. MAURICE GIRARD. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 39 Le Clyte à bandes arquées. (Clytus arcuatus. Linn.) PAR M. E. SAVARD. Le châtaignier commun, C'astanea vesea. Arbre de première orandeur, à racines pivotantes, indigène du midi de l'Europe. Une }terre légère, siliceuse, profonde, lui convient; il ne réussit pas dans un sol gras et frais, ni dans les terres cal- caires. On fait choix pour les semis des plus belles châtai- gnes, qu'on met stratifier ; on les garantit de la gelée. En fé- vrier et mars, on les plante dans une terre bien ameublie, mais non fumée, à 0" 50 de distance et à 0" 08 de profondeur, dans des rayons espacés de 0", 80 et dirigés du nord au midi. On donne un léger labour l'hiver suivant, et on bine l'été d'après. Au second hiver on laboure, et on continue ces soins jusqu'à ce que les plants aient environ 0",15 de circonfé- rence. Si on sème en place, on donne un labour profond dès le printemps ; on réitère ce labour au mois d'octobre, on sème alors les châtaignes en les enfonçant à 0", 08. Cette méthode est préférable au semis à la volée. Il est également avantageux de semer en automne, mais il est préférable de faire stratifier les châtaignes, et de semer au printemps, mais sans pincer le pivot; l'arbre devient plus grand et plus vigou- reux. Dans les cantons où les habitants font des châtaignes leur principale nourriture, on les dessèche au moyen de fours spéciaux. Le bois du châtaignier est employé pour la char- pente et la menuiserie. Il dure très longtemps dans l’eau. Le châtaignier est aussi cultivé en taillis, qu'on recèpe tous les cinq ou six ans, plutôt ou plus tard suivant les lieux. Les jeunes baliveaux qu'on obtient ainsi servent à faire des cer- ceaux et du treillage. Le châtaignier est attaqué par des Cé- rambycides, plus connus sous le nom de Longicornes.Ils sont facilement reconnaissables, au moins pour la grande majo- rité des espèces, à la longueur de leurs antennes. Les Clytes, remarquables par leurs bandes jaunes sur fond brun, sont des Coléoptères très agiles et volent rapidement, surtout à la chaleur du soleil. Ils sont répandus dans toute 10 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE l'Europe. La larve du Clytus arcuatus vit dans Les troncs et les branches du châtargnier et des chênes récemment morts. On ne l’a pas observée dans ceux qui, lors de la ponte, ont été dépouillés de leur écorce, ou même qui avaient plus d'un an de coupe. Il lui faut, en effet, une écorce encore fraiche, qu’elle ronge aux branches inférieures, en y pratiquant une galerie sinueuse et irrégulière. C'est vers la fin de l'été qu'elle pénètre dans les profondeurs de l’aubier, devenu né- cessaire, à ce qu'il paraît, à sa nourriture, etses robustes man- dibules y creusent une galerie parabolique dans le sens longitudinal et formant un arc plus ou moins régulier dont une des extrémités se reconnaît à un trou d'entrée bouché par des déjections, et dont l’autre se révélera plus tard, àquel- ques centimètres de distance, par un orifice bien plus grand, fermé pardespaillettes ligneuses, qui correspondent souvent à une cavité de l'écorce. La larve, en effet, qui pressent ins- tinctivement ses prochaines évolutions, ne reste pas longtemps dans les couches profondes d’où l’insecte parfait aurait de la peine à sortir. Elle dirige sa galerie de logement et de nourri- ture vers la surface. Si l'écorce est mince, elle la respecte ; mais si elle est épaisse, elle la taraude aussi en grande partie : puis rentrant à reculons dans le bois, elle s’installe dans la partie supérieure de sa galerie, l'élargit un peu pour y être à l'aise, mais aussi pour se procurer les matériaux du bouchon obturateur quila protège des dangers que lui ferait courir l'enlèvement accidentel de l'écorce, et se transforme en nym- phe. Il faut moins d’un an pour toutes ces opérations. L’in- secte parfait sort par un trou à peu près rond. Le Clytus ar- cuatus se rencontre fréquemment, au mois de juinet juillet, dans les forêts, sur les tas de bois et dans les villes, sur les bûches amoncelées des chantiers. E. SAvARD. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 41 Société centrale d’apiculture et d’insectologie SÉANCE DU 17 JANVIER 1883. — PRÉSIDENCE DE M. MILLET. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le secrétaire général propose que la date de la prochaine exposition des insectes soit quelque peu modifiée concernant la fermeture qui aura lieu le dimanche 22 juillet, et non le 20. Il rend compte des démarches qu'il à faites pour le lieu de l'exposition, et il dit que l'endroit le plus favorable lui à paru être le Palais de l'Industrie. Il s’est entendu avec l'architecte du Palais pour l'emplacement nécessaire, et une demande a été adressée au ministre compétent. Il met ensuite sous les yeux de l'assemblée une épreuve du programme de cette exposition, qui va être imprimé et dis- tribué sous quelques jours. Et enfin, il soumet à l'assemblée les questions apicoles suivantes, qui seront traitées au congrès les 15et 16 juillet; puis, ensuite, des questions insectologi- ques. 1° Quels sont les principaux facteurs ou éléments de l'api- culture rationnelle ? 2 Quelle est la qualité essentielle de toute ruche ? 3° Dans quelles circonstances faut-il provoquer l’essaimage ? Et dans quelles circonstances convient-il de le supprimer? 4° Quel est le moyen le plus simple d'empêcher l'essaimage ? 5° Quel est le meilleur procédé de faire les essaims artificiels ? 6° Établir la différence d'emmagasinement de miel dans une cire vide (bâtisse naturelle), et dans une cire gaufrée (bâtisse rudimentaire). 7° À quel point en est la question de la loque? 8° Quelles observations importantes ont été faites sur l’ac- couplement et la ponte ? ® Quels sont les moyens d'augmenter la production du miel en France, partant, de faire progresser l'apiculture na- tionale ? 42 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Questions qui seront traitées au congrès insectologique du 13 juillet. 4e — Quelle est la nature et l'importance des dégâts causés aux diverses cultures par les insectes nuisibles”? 2% —_ Quels sont les moyens employés ou à employer pour les détruire ? 3e — Quel est en réalité le rôle de certaines espèces d'oi- seaux pour la destruction des insectes et autres petits ani- maux nuisibles ? 4° Quels sont les moyens les plus efficaces de conserver et de propager les oiseaux réellement utiles. 5° — Quels sont les meilleurs modèles de nichoirs artificiels pour la propagation et la conservation de ces oiseaux? 6° — Quels sont les reptiles et les batraciens qui rendent le plus de services à l’agriculture ? 7° — À quel point en est la question du phylloxera ? Quels sont les moyens les plus efficaces et les plus pratiques de le combattre ? Questions séricicoles. 1" — Quels sont les meilleurs moyens de combattre les maledies des vers à soie ? Et quelles sont les causes présumées de ces maladies ? 2° Quels sont les vers à soie auxiliaires qui peuvent s'aceli- mater et nous rendre service. — Insister principalement sur le ver à soie du chène (Aftacus Pernyi) de la Chine. L'assemblée admet ces questions et dit qu'il pourra en être proposé plusieurs autres, soit avant, soit après la discussion de celles-ci. Le secrétaire demande qu'une médaille particu- lière soit donnée à l’auteur qui traitera le mieux par écrit ces questions ou l’une de ces questions. Cette proposition est adoptée. — Un concours est ouvert entre les Instituteurs qui ensei- gnent l'insectologie générale, ainsi que l’apiculture et la sé- riciculture. La Société délivrera des primes en argent et des médailles aux instituteurs qui enverront les meilleurs travaux BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 43 d'élèves sur ces matières, ainsi que des collections des insec- tes nuisibles détruits, etc. M. Fallou entretient l'assemblée d’éducations de ver à soie du chêne (Attacus Pernyi) qu'il a faites l’année dernière dans la forèt de Senart, et montre une collection de très beaux cocons obtenus, ainsi que des papillons de diverses variétés. Il est donné lecture d’une lettre de M.Berthaud,membre cor- respondant, qui s'exprime ainsi: « Je ne fais plus aucune opé- ration dans mes ruches de nature à porter une grande’ pertur- bation dans les colonies, et je ne m'en trouve pas plus mal; avec un Calotage fait de bonne heure, j'ai un essaimage na- turel, modéré, propre à entretenir la prospérité du rucher. Ces essaims logés en bâtisse rudimentaire, avec quelques kilogrammes de miel en rayon, réussissent admirablement bien — les ruches en paille à rayons fixes me produisent au- tant que celles à rayons mobiles, à la condition de donner à ces ruches simples un chapiteau garni de rayons mobiles pour le miel. — Ce n'est pas la forme ou la nature de la ruche qui fait le miel, ce sont les fleurs et l’état de l'atmosphère ; le tout est d'avoir, au moment propice, de fortes populations avec des magasins prêts à remplir. » L'assemblée reconnait que son correspondant exprime là « une maxime fondamentale, un axiome apicole ». On procède au renouvellement du bureau et du conseil d'ad- ministration. On s'occupe d'abord du remplacement à la vice- présidence de M. de Liesville, qui a déclaré à la dernière séance à laquelle il assistait, que ses fonctions de sous-direc- teur du Musée Carnavalet (musée municipal) l'empêchaient de pouvoir suivre assidument les travaux de la Société, et no- tamment de donner son temps à la prochaine exposition, ce qu'ilregrettait vivement. En conséquence, il a demandé à être remplacé comme vice-président cette année. L'assemblée nomme M. Maurice Girard à cette fonction. Sont ensuite réélus les membres sortants : M. Henricy, vice-président ; Hamet se- crétaire général; Pillain, archivites; Sigaut, trésorier, et Baïlly, membre du conseil. Le bureau se compose donc, pour 1885 4% BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE de : MM.le D' Marmottan, député de la Seine, président ; Mau- rice Girard et Henricy, vice-présidents ; Vignole, assesseur; Hamet, secrétaire général; Delinotte et Malessard, secrétaires des séances; Pillain, archiviste; Sigaut, trésorier, et ajoutés à titre de membres du conseil administratif: MM. Bailly, Saint-Pée et Vienney. M. F. Lescuyer, de Saint-Dizier, offre à la Société un exem- plaire de son travail intitulé Considér ations sur la forme et la coloration des oiseaux. Remerciements. Le sécrétaire présente, pour faire partie de la Société, M. Gar- rau, rue Hauteville, 19. Ce membre est admis. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Pour extrait : MALESSARD. Insectes nuisibles aux choux. PAR M. A HUMBERT, INSTITUTEUR Les puces de jardin(Altiea nemorum, Oleracea, Brassicæ, ete.) Ces insectes, dont on distingue beaucoup d'espèces, appar- tiennent à l’ordre des Coléoptères et à la famille des Chryso:- mélines, Ils sont nuisibles et communs; ils se précipitent sou- vent par miliers sur une plate-bande et n'y laissent pas une feuille intacte. Les choux, dans ce cas, seraient infailliblement perdus si on ne se hâtait d'éloigner ces insectes, ce qui est assez difficile. Les puces de jardin sont de petits insectes sauteurs comme les puces, luisants, noirs ou verts; ils passent l'hiver sous les feuilles, sèches, sous l'écorce des arbres et arbustes; leurs larves, de couleur pâle ou jaune d’or, très petites, s'introdui- sent sous la pellicule des feuilles que l'insecte parfait crible de trous. La larve et l’insecte exercent également des ravages; ces derniers durent d'avril à octobre. La feuille du chou n’est pas seule attaquée par ces insectes, mais beaucoup d'autres crucifères. Le meilleur moyen que l'onconnaisse pour s’en débar- BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 45 rasser est de semer, le matin à la rosée, de la cendre sur les feuilles des jeunes plants et autour dela tige (1). La Noctuelle du chou (Mamestra brassicæ). C'est un insecte nuisible et fréquent. Il appartient au sous- ordre des lépidoptères nocturnes; c'est par conséquent un papillon nocturne ; on le voit durant l'été, vers juin et juillet, voltiger au commencement de la nuit au-dessus des haies et des jardins. Le corps de la noctuelle est cendré ; les ailes sont grises à lignes noires et présentent jusqu'à 36 millimètres d'envergure. La chrysalide est ovalaire, pointue, ferrugineuse, cachée en terre. La chenille, d'un vert marbré de noir, atteint 30 millimètres de long ; elle perce les choux pommés jus- qu'au cœur. La présence de cette chenille se reconnaît par les choux percés de trous et remplis de crottins.Le chou attaqué parune seule chenille de noctuelle est pour ainsi dire perdu en entier ; surtout s’il n'a pas une grosse tête,il est percé souvent de part en part, au milieu, etles déjections salissent tellement les feuilles, surtout quand le chou a été mouillé, que la ménagère renonce l’employer pour l'usage culinaire. Il arrivé aussi que l’on ne s'aperçoit pas de la présence de l’insecte dans le chou; ce n'est qu'en l'épluchant pour l'employer que l’on a la déception de voir qu'il n’est bon à rien. Les moyens employés pour détruire la noctuelle sont mal- heureusementpeu faciles à pratiquer ou inefficaces. Le plus pratique serait, selon nous, de faire la chasse aux chenilles ; mais se serait assez difficile, attendu que ces chenilles se tien- nent presque constamment dans leur abri. Un insecte diptère. la Tachina hadenæ, pond sur le corps de la chenille de AZa- mestra brassiecæ des œufs qui produisent à leur tour des lar- ves qui s'introduisent dans la corps de la chenille et la font périr. Elles pénètrent ensuite dans la terre pour devenir pu- pes. 1. Un moyen efficace pour écarter les Altises est de répandre à la volée un mélange de sable etde naphtaline brute (/a« Réd.) 46 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Le ver gris ou ver court (Agrotis exclamationis). Cet insecte-£iest nuisibleet assez commun ; il appartient au sous-ordre des lépidoptères nocturnes, comme le précédent.Ce est plus aux feuilles et à la pomme du chou que le ver gris s’at- taque : il coupe les plantes au collet de la racine, la nuit: lors- qu'il est à l’état de chenille, il est gros comme une plume et long de 40 millimètres, de couleur lilas sombre, à raies bru- ues et à tête noire. Le jour, il reste caché en terre, non loin du pied des plantes. A l’état parfait, c'est un petit papillon de taille moyenne, aux ailes couchées horizontalement, longues, étroites, brunâ- tres, avec des traits noirs dont certains ressemblent àdes points d'exclamation. Le botys fourchu (Pionea for ficealis). Ce petit papillon, de 20 millimètres d'envergure et du sous- ordre des lépidoptères nocturnes, est peu nuisible et peu fré- quent. 1] exerce ses ravages sur les feuilles de chou, en été et en automne. Le botys a le corps blanc jaunâtre, les ailes de même couleur, avec des dessins ferrugineux. Les signes qui décèlent la présence de l'insecte sont des cocons en forme de barillet, lisses, terreux. La chenille verdâtre, rase, amincie, avec des verrues blanches etdes points noirs, estcachée au milieu du chou, qu'elleronge. La Punaise du chou et la Punaise ornée (anciennes Pentalomes). La Pentatome du chou (Sérachia oleracea), qu'il ne faut pas confondre avec la pentatome ornée (Sérachia ornata), appar- tient à l'ordre des hémiptères ou insectes à quatre aïles et à suçoir, et à la famille des Géocorises, qui renferme aussi les punaises de maisons. La Pentatome ornée a 10 millimètres de long; elle est noire avec corselet noir bordé de rouge, écus son noir barré de rouge sur ledos en forme de tache fourchue : les élytres sont rouges, ponctuées de noir. On les rencontre souvent à deux, tête contre tête, et leur odeur est des plus désagréables. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 47 Les œufs noirs et tachés de blanc, sont collés sur la feuille, sur deux rangs. La larve ressemble à l'insecte, à cette différence près que la couleur orange remplace la conleur rouge sur son dos. Les signes particuliers indiquant la présence de l’insecte dans le chou sont les feuilles visqueuses, jaunies, et une odeur dé- sagréable. La pentatome ornée est encore plus répandue dans les jar- dins maraîchers et les potagers que la pentatome du chou. Les mois de juillet et d'août sont l’époque des ravages. Le remède est long, mais efficace : il faut faire une chasse attentive et continue. Il est vrai que l’insecte est parfaite- ment visible à cause de sa grosseur. Lorsqu'on fait la chasse aux pentatômes, il faut avoir soin de soulever les feuilles de choux pour les examiner au revers et chercher à découvrir les œufs qui pourraient y être déposés, ce qui n'est pas diffi- cile ; ils sont en rangs, comme de petits tonnelets à l’extré- mité desquels une petite soupape s'ouvre au moment de l’é- closion ; c’est par là que l’insecte sort, et aussitôt commence ses ravages. La feuille du chou jaunit rapidemeni et ne tarde pas à tomber. A. HUMBERT. Abeilles solitaires (Surtle.). LA XYLOCOPE VIOLACÉE. — Xylocopa violacea. Caractère. — Cette Xylocope, aux ailes violettes, quoi- qu'elle soit d’une taille assez respectable, appartient aux espèces de grandeur moyenne. Sa coloration est entièrement noire, et sa taille est variable. Letroisième article des antennes est aminci vers sa base en forme de pédicule ; il est aussi long que les trois suivants réunis. Chez le mâle, dont l'abdomen ovoïde paraît plus court, les antennes sont courbées à leur pointe en forme d'S et les deux derniers articles sont colorés en jaune rougeâtre, Les han- 48 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE ches postérieures sont armées d’une épine dirigée en bas ; le bordinterne des jambes est régulièrement courbé en S, cou- vertde poils, et présente un prolongement brun-rougeûtre, aplati, lancéolé et échancré. Mœurs, habitudes, régime. — D'après Schenk, au début du printemps, s'envolent des femelles qui ont passé l’hiver. De- puis le mois de juillet jusqu’en automne, on voit de jeunes Xylocopes des deux sexes, rassemblés surtout autour des pa- pillonacées Gerstacker,à Bozen, a pris, pendant deux années différentes, des Xylocopes des deux sexes, sur la Veronica spteata ; Kriechbaum en a pris de même à Trieste et à Fiume dans les premiers mois {du printemps. Gerstacker ne pense pas infirmer les observations de Réaumur, en admettant deux couvées par an; le fait n’a pas été constaté encore chez les abeilles qui habitent le Nord, mais rien de surprenant dans les conditions plus douces des pays méridionaux. On a été bien plus étonné, en 1856, de trouver en Angleterre une Xylocope isolée, et Newmann croit que l'introduction de nom- breux orangers à l’occasion de l'exposition universelle a donné lieu à cette surprise. La femelle, chargée des soins de la couvée, voltige avec un bourdonnement puissant, autour des perches, des palissades, des poteaux, et recherche l'exposition la plus ensoleillée. Ses allées et venues ont pour but de choisir un lieu convenable pour y déposer sa postérité, à laquelle elle consacre sa courte existence. Du vieux bois, un poteau vermoulu, un tronc d'arbre friable déjà dépourvu d’écorce, lui conviennent à mer- veille, et rendent possible son travail. En rongeant avec zèle elle forme perpendiculairement à l'axe ou uu peu obliquement un trou du diamètre de son corps, pénètre de quelques milli- mètres dans l’intérieur, puis se dirige parallèlement à l'axe en se dirigeant vers le bas. (À suivre.) Le Gerant : H. HAMET. LAPPIIA AAA Imp. de la Soc. de Typ. - NoizeTTe, 8, r. Campagne-Première. Paris. N° 4. HUITIÈME ANNÉE . Avril 1833 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE TPPPIISIPIPIPIII RPRPILISIISS LPS SI PLS SSL PPS LPS SSL SPP PSS SPP SOMMAIRE. — Les Hannetons, par M. Ch. FRANGOIS. — Appareil Cloux. — Insectes ennemis du radis, par M. DILLON. — Société centrale d’api. culture et d'insectologie, séance de février 14883. — Vapeur de jus de tabac commeinsecticide, par M. Ad. VANDENHEEDE.— Kermès de l’oranger du myrte et du laurier rose, par M. RAMÉ. — L'Abeille solitaire (suite). PE PR : PRIS PPPILLISPPI SI LLDLS LPS LP ELLES SPL SSL LPS PPS III É Les Hanmnetons. Les hannetons sont, de tous les insectes, ceux qui causent le plus de dégâts ; à toutes les périodes de ieur existence, ils se nourrissent de substances végétales ; à l’état de larves, ils rongent pendant deux, trois, et même quatre années consé- cutives les racines des plantes et s’attaquent même aux ra- cines des arbres. En Europe, ces larves cessent leurs dégâts en hiver, elles s'enfoncent très profondément dans la terre et passent cette saison sans prendre de nourriture. Les hanne- tons devenus insectes parfaits n'attaquent plus les racines, mais les feuilles et les jeunes tiges ; une espèce commune dans le midi de la France attaque les bourgeons et les feuilles tendres des arbres verts. Une autre espèce appelée hanneton de la vigne, parce qu'elle dépouille la vigne de ses feuilles, détruit aussi le feuillage du saule, du peuplier el dela plupart des arbres fruitiers. Les hannetons communs sont trop con- nus pour qu'il soit nécessaire de les décrire. Ils passent la plus grande partie de la journée immobiles, attachés aux bran- ches ; mais après le coucher du soleil, pressés par le besoin de se nourrir, ils volent en bourdonnant d'un arbre à l’autre, heurtant ce qu ils rencontrent. En cet état, leur vie estéphé mère. Chaque individu ne vit qu'une semaine et l'espèce ne se montre que pendant un mois, du moins en grande quan- tité. D0 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Les femelles creusent en terre, à l’aide de leurs pattes de devant, qui sont armées de trèsfortes dents crochues, un trou de 12 à 15 centimètres de profondeur dans lequel elles déposent leurs œufs. Elles les abandonnent aussitôt et revien- nent sur les arbres; elles nesurvivent à cette opération qu'un jour ou deux qu'elles passent sans prendre de nourriture ; les œufs donnent naissance à des larves molles, allongées, d’un blanc sale ; elles ont six pattes courtes, écailleuses. Ces larves qui paraissent privés d'yeux sont connuessous le nom de Mans, Turcs ou vers blancs. Klles vivent trois ou quatre ans en cet état, se changent en nymphes et paraissent au cours de la troisième ou de la quatrième année, sous forme d'insec- tes parfaits. Ces vers blancs s'attachent aux racines des plan- tes et des arbres dont ils font leur unique nourriture ; dès le mois de février, la larve du hanneton, devenue nymphe, perce son enveloppe et sort sous sa dernière forme ; mais alors l'insecte est jaunâtre et mou, il reste encore quelque temps sous terre et ne sort tout à fait que. lorsqu'il y est invité par l'influence d'une douce chaleur. Voici quelques méthodes pour détruire les hannetons : la première consiste à saisir le moment où ces insectes sont au repos, c’est-à-dire pendant la plus forte chaleur du jour et à les enivrer avec la fumée de torches composées de mèches soufrées entourées de poix résine, que l’on passe et repasse sous les arbres. Après cette opération, on secoue légèrement les branches et les han- netons tombent sans avoir la force de s'envoler. On a proposé de faire suivre la charrue par de jeunes dindons qu'on apréa- lablement fait jeûner, et qui sont très friands de ce genre de nourriture ; dans les petits jardins, on peut entourer le pied des arbres de suie, de houille, de cendres, de tourbe qu'on mélange à la terre et qui éloigne les vers blancs, on emploie quelquefois la chaux. On peut donner les hannetons ramassés aux poules, aux canards, aux dindons et aux porcs; les rats, les blaireaux, la belette et la fouine en font périr un grand nombre. La taupe en est friande, mais les services qu'elle rend ne compensent pas les dégâts qu'elle cause en BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 51 creusant ses galeries. Une espèce de carabe appelé le vinai- grier fait plus de tort aux hannetons que tous les animaux que nous venons de citer. Cet insecte attaque et détruit les femelles au moment où elles déposent leurs œufs dans la terre (1). CH. FRANÇOIS. Destruction des Hannetons PAR L'APPAREIL CLOUX — Les auxiliaires, volailles, taupes, etc., ne suffisent pas pour faire la chasse complète aux hannetons. Il faut avoir recours à des appareils destructeurs qui en ont raison d'une manière radicale. Parmi les appareils inventés pour cet objet, il faut placer en première ligne celui de M. Cloux, lauréat et membre de la Société d'insectologie. Pour la description et l'efficacité de cet appareil, nous empruntons ce qui suit à l'Aviculteur : « Jusqu'à présent, tous les moyens de destruction tentés contre l'insecte dévastateur ont été bien impuissants, et l’on était réduit à supporter ses méfaits avec résignation. « Mais aujourd'hui, après les recherches tentées depuis deux ans et les expériences dont les résultats ont été soumis aux principales sociétés savantes et agricoles, les dégâts des hannetons sont bien près d’être modérés, pour celte année, et presque annihilés pour la prochaine période triennale. « L'appareil lumineux, simplement dénommé Piege à hannetons, permet de ramasser les insectes par milliers à la fois, par pleines sachées, en quelques minutes, et l’on peut facilement, avec son aide, débarrasser, en quelques jours, un bois de plusieurs hectares, de tous les hannetons qui le cou- vraient. « Cet appareil, basé sur la grande attraction que la lumière exerce sur tous les insectes en général, consiste en une forte lampe placée au centre de puissants réflecteurs, devant laquelle se trouve une glace. Au pied de la glace est pratiquée une ouverture en forme d'entonnoir aboutissant dans un sac placé au-dessous. 1. C'est le Carabe doré (Carabus auratus, Linn:) (LA RÉp.) 52 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE « Le tout forme comme une lanterne posée sur un bâti mobile pouvant s'élever à volonté suivant la hauteur des bois ou taillis dans lesquels on veut opérer. On place l'appareil dans le bois, le soir à la tombée de la nuit, le plus possible sur les bordures ou aux jonetions des allées ou des avenues. Les hannetons attirés par la lumière viennent en foule se préci- piter sur la lampe et se heurtent à la glace qui l'entoure; ils tombent, par le choc, dans l’entonnoir, et disparaissent dans le sac d'où ils ne peuvent plus sortir. En dix minutes, un sac contenant un hectolitre est facilement rempli. Fig. 8. — Piège à hannetons, BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 53 Le Piège à hannetons est d'un usage à la fois simple et pratique, et son prix minime est amplement couvert en quelques jours par les dégâts qui sont évités tout de suite dans 1e bois, et pour l’année suivante, dans les plaines où les rava- ges des vers blancs seront atténuëés en proportion de la des- truction des hannetons. » La figure montre un des quatre côtés de l'appareil complet. On voit au milieu la lampe qui éclaire en même temps les quatre côtés, et qui attire les hannetons de quatre points opposés. Fig.9. — Côté du piège. Miroir réflecteur, M. Voitelier, de Mantes (Seine-et-Oise), a perfectionné l’ap- pareil Cloux, qu'il à appelé « piège à hannetons » et qu'il a mis à la portée de toutes les bourses. Il a: un piège n° 1, lan- terne à 2 faces, bâti simple, à 50 francs ; un piège n° 2, lan- terne à 2 faces, bâti double, à 75 francs; un piège ne 3, lan- terne à 4 faces, bâti double avec échelle mobile, à 150 francs ; un piège n° 4, appareil complet monté sur chariot roulant; à 300 francs. On pourra voir cet appareil à la prochaine exposition des insectes. 54 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Nous ferons remarquer que cet appareil ne peut rendre de services bien complets qu'au début de l'apparition des han- netons, avant que les femelles fécondées aient eu le temps d'opérer leurs pontes. (La Réd.) Insectes ennemis du radis. Le radis cultivé (Raphanus sativus, Linn.) est originaire de la Chine. Quelques botanistes pensent que ce genre devrait for- mer plusieurs espèces. D’autres croient que ces espèces ne sont que des variétés. Dans les jardins, on cultive les radis connus sous le nom de petits radis roses, blancs, violets, gris et jaunes ; puis le gros radis noir d'hiver, dont la saveur est plus piquante que celle des précédents. Le radis noir a une variété blanche. On fait un grand usage de petits radis sur toutes les tables. Pour le radis noir, é’est un mets réservé pour les estomacs vigoureux ; on le mange coupé en rondelles avec du pain et du sel, et aussi du vinaigre, selon les goûts. Les radis aiment une terre profonde; ils demandent aussi beaucoup d'eau. Le radis cuitivé, que vulgairement on nomme Ravonnet, est attaqué par /’Altise des bois (Altiea nemorum, Fabr.). Ce petit insecte est de l'ordre des Coléoptères ; il a un millimètre et demi de longueur; il est noir. Les élytres ont chacune une bande jaune sur le milieu. Les pattes sont d’un jaune rouille. De même que le radis, toutesles plantes erucifères sont atta- quées par cet insecte, etelles en souffrent beaucoup. La fe melle de cette Altise, dès le mois d'avril, dépose ses œufs sur la face inférieure des feuilles. L'éclosion arrive quelques jours après, et la larve pratique des galeries dans le parenchyme des feuilles. Au bout de six jours, elle arrive au terme de sa croissance et se nymphose. Quinze jours après, l'insecte paraît,et on le voit sur les feuilles des radis, choux, navets, etc. Il fait à ces légumes un tort considérable en les perçant de mille petits trous. BULLETIN D’IN SECTOLOGIE AGRICOLE 55 Ce petit Coléoptère, que vulgairement on appeile encore, comme tous ses congénères, Puces des jardins, Tiquets, Pous de terre et Alirettes, a ordinairement deux générations dans l'année , la dernière passe l'hiver engourdie sous les écorces d'arbres et sous les feuilles, et, dans le mois de mars, on les voit déjà paraître. Destruction.— Dès queles semis de crucifères commencent à se montrer, ne pas perdre de temps, et les couvrir d'une lé- sère couche de sciure de bois imprégnée de goudron dehouille appelé coltar ou coal-tar. On peut les suivre à la fraîcheur du matin ou du soir, à l’aide d'un soufflet, les poudrer de pyrè- thre (poudre Vicat). C'est un moyen qui nous aréussi. On peut en outre semer sur les radis et autres crucifères un mélange de sable et de naphtaline brute. Autres ennemis du radis. — La Mouche du navet, dont la larve ronge les racines en septembre et octobre. Les Altises, vugairement éiquets, etc. (larves et insectes), dévorent les feuilles en mars et mois suivants. DILLON, Société centrale d'apicaliture et d'insectologie SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1883, PRÉSIDENCE DE M. SIGAUT. Le secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté. L'ordre du jour appelle l'examen des comptes de l'année ‘ dernière. Il résulte des livres du trésorier que les recettes se sont élevées, en 1882, à 2.000 francs qui, avec un restant en caisse de 1.372 fr. 40 au 1‘ janvier, donnent un total de 3.372 fr. 40. Ses dépenses se sont élevées à 1.249, fr. 20. Reliquat : 2.122 fr. 90. Les encaissements faits par le secré- taire général se sont élevés à 609 francs, et les dépenses à 421 fr. 05. Reliquat :187 fr. 95. Excédent total des recettes sur les dépenses : 2.310 fr. 85. Une commission de trois mem- bres, composée de MM. Ramé, Savard et Saint Pée est chargée de contrôler ces chiffres. 56 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Le secrétaire général annonce que le ministre de l'instruc- tion publique et des beaux-arts met à la disposition de la Société la partie du Palais de l'Industrie qu'elle a demandée, pour tenir son exposition des insectes, au mois de juillet pro- chain. Par cette autorisation, les installations pourront com- mencer le 25 juin. Le secrétaire dit que déjà plusieurs de- mandes d'emplacements sont parvenues au secrétariat, et il pense que le comité de réception devra circonscrire le plus possible la place donnée aux exposants commerçants d'articles dérivés, car les collections importantes, les produits et les instruments spéciaux devront être abondants. Le secrétaire soumet à l'assemblée un spécimen de #emento d'une société entomologique américaine que la Société pourrait imiter et distribuer aux personnes que ces tra- vaux intéressent. Ce memento contiendrait un extrait des statuts de la Société, le plan de son établissement à Montsouris, le cadre et le but de son enseignement, etc. L'assemblée charge le secrétaire de réunir les matériaux de ce memento. M. Piolet, de Crest (Drôme), signale l'apparition de la loque dans son rucher, l’année dernière, affection qu'il attribue : 1° à l'humidité excessive de la fin de l'été; 2° à un refroidissement du couvain, provenant de l’intermittence de température due aux pluies extraordinaires pour la saison. Toutefois, il dit qu'il r’a pas laissé le mal se développer et qu'il a réuni deux à deux les colonies qu'il a aperçu être atteintes, et que, jusqu'à ce moment, ses réunions paraissent se comporter assez bien. Il ajoute qu'aucun autre cas de loque n’a été constaté dans le voisinage, et que, dans les ruchers voisins, on ne pratique pas l'essaimage artificiel, tandis que lui en fait usage. Il ne lui semble pas non plus que le miel, voire même le pollen que les abeilles ont récolté l’année dernière dans sa localité, fussent pris sur d’autres fleurs que celles queses abeilles fréquentent ordinairement. Il se peut néanmoins que l'humidité exces- sive de 1882 ait altéré ces produits de façon à en faire une cause du mal. Le même signale l'inconvénient que présentent les ruches BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 57 qui ont un dessus épais pour recevoir des chapitaux ou boîtes de supplément ; il dit que les abeilles n'y montent pas si vite que dans celles qui n'ont pas de séparation de ce côté. La re- marque est vraie, mais on peut obvier à cela sur certaines ru- ches, celles en planches, par:exemple, en leur donnant un dessus mobile. L'assemblée s'occupe de divers insecticides proposés pour détruira le phylloxera et les acariens des végétaux. Pour la destruction de ces derniers, le jus de tabac a fait ses preuves; l'assemblée reconnaît aussi que la pratique s’en est emparée avec raison. De même il estétabli que la fumée du tabac, que la vaporisation de la nicotine tue les très petits insectes para- sitaires sans nuire aux végétaux. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. M. À. Humbert adresse une note sur les insectes ennemis des choux. (Voir page 41.) Pour extrait : DELINOTTE Vapeur de jus de tabac commune insecticide. Dans une précédente réunion du Conseil d'administration de la Société régionale d'horticulture du Nord de la France, vous m'avez chargé d'étudier l'effet produit sur les insectes de nos serres par la vapeur du jus de tabac. J'ai voulu attendre la cer- titude du succès avant de venir vous entretenir des résultats acquis par des expériences réitéréessur divers genres d'insectes J'ai reconnu tout de suite queles pucerons nerésistent pas à la première vaporisation, que les cochenilles meurent aussi dans les mêmes conditions, mais que les araignées rouges et les thrips sont plus durs à détruire: deux expériences au moins sont nécessaires. Quant aux autres insectes du genre acarus, il faut plusieurs opérations pour en débarrasser les végétaux. Dans certains genres des Apocynées, des Rubiacées, des Acanthacées, des Palmiers, ete., les insectes habituels semblent fixés sans mouvement à leur écorce. La vapeur du jus de tabac les étourdit; un nettoyage complet les enlève D8 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE définitivement, si l’on recommence de temps en temps. Mais le jardinier est besogneux ; après sa journée, il pourra s’occu- per du travail en question. Comme pour la fumigation, il faut un récheud dans lequel, au dehors de la serre, on fait rougir de la braise par un feu entretenu par le soufflet. Le feu bien rouge, on place le récipient contenant un demi-litre de jus de tabac ouunlitre, selon l'importance dela serre, on introduit les deux objets dans la serre et on recommence à faire marcher le soufflet. Bientôt l’ébullition arrive et la vapeur monte avec force. Cette vapeur se condense en gouttelettes sur toutes les parties des plantes. Au bout d'une demi-heure de vaporisa- tion, le jardinier se retire en laissant le récipient sur le feu. La vapeur continue à se dégager, et le lendemain il trouve les insectes à l’état de cadavres, sur la terre des pots et des sentiers. De tous les insecticides que j'ai employés, c'est, à mon avis, le plus efficace. Nous devons en savoir gré à M. Boiïzard, jardinier chez Me Ja baronne de Rothschild, qui, le premier, je crois, a essayé ce procédé. Avec cela, la culture des plantes de serre est grandement facilitée. Il n’y aura plus de ces plantes à bêtes, comme disaient certains jardiniers du tempspassé. Et quel avantage pour la destruction des insectes établis sur les grands sujets dans les jardins d'hiver où, dans les hauteurs de la coupole, le jardinier arrive difficilement. La cochenille, si difficile à faire disparaître, sera bien forcée de s'y résoudre par ce moyen peu dispendieux et, d’après mes expériences, d'un succès assuré. La vapeur de jus de tabac ne nuit aucunement aux feuilles tendres et aux fleurs; c'est'un avantage que ne donnent pas les fumigations et les aspersions. AD. VANDENHEEDE. 8 février 1883. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 59 Kermes de l'Oranger, du Myrte et du Laurier-rose. LECANIUM LAURI, OU ASPIDIOTUS NERI (Bouché) OU GALLINSECTE DU LAURIER-ROSE LECANIUM HESPERIDUM (CHERMES HESPERIDUM, Linn.) Gallinsecte (pou ow punaise) de l’oranger qui attaque aussi les myrtes. PAR M. A. RAMÉ Les deux insectes paraissent simultanément, sur l’un aussi bien que sur l’autre végétal, quand les plantes sont réunies dans une même serre, Ce sont de petits hémiptères, qui font de très grands ra- yages. Pour mieux dire, ils appartiennent à la première sec- tion des hémiptères, c’est-à-dire celle des homoptères, qui a son tour comprend quatre familles ; c’est dans la première famille, les Coccidiens, que se trouvent classésles Kermès, Cette famille est composée d'insectes anormaux et n’offrant guère Comme caractères communs que d'avoir des antennes filiformes et des tarses d'un seul article; en outre, les fe- melles au moins sont toujours privées d'ailes. Les espèces de galles formées par les femelles adultes sont ovales et ressemblent assez à un petit bateau renversé, dont la longueur est de 4à 5 millimètres sur 3 de large environ, et l’on remarque une petite échancrure à leur extrémité postérieure. Ces petits ennemis ressemblent à des tubérosités ayant la couleur du café ou de la feuille morte, et font partie de la catégorie dite des Coccidiens ; comme ils ont l'aspect de galles, on leur a donné le nom de Gallinsectes. Vers la fin du mois de mai ou dans les premiers jours de juin, ces galles apparentes ont pris tout leur développement. Dans ce temps, leur ventre et le contour de leur corps sé- crètent une sorte de matière cireuse, de coton blanc ou gris poussière qui forme un lit mollet à l’insecte, et c’est sur cette couche douillette qu'il se met à pondre un nombre pro- digieux de petits œufs, qu’il pousse sous son ventre au fur CO BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE et à mesure de leur sortie. Ges œufs se trouvent donc placés en tas sur le lit de coton. L’insecte meurt presque aussitôt sa ponte terminée, et la peau de son ventre, collée contre celle de son dos, forme un couverele qui protège les œufs. Au bout d'une dizaine de jours, ces derniers éclosent et donnent naissance à un excessivement petit animal qui sort de dessous sa mère par l'échancrure dont il a été parlé, et s'éloigne de son nid de quelques pas pour y rentrer prompte- ment. Bientôt toutes ces petites larves quittent définitivement leur retraite et s'éparpillent sur les feuilles voisines et plus particulièrement sur les bourgeons pour y chercher leur vie. Ces petits êtres sont alors d'un ton rougeûtre et en forme ovale allongé; ils sont pourvus de six pattes; leur tête porte deux antennes et leur extrémité postérieure deux soies ho- rizontales. Ils prennent leur nourriture par le moyen d'un petit bec effilé qu'ils enfoncent dans l'écorce ou la côte de la feuille, et sucent la sève qui est leur unique aliment. Les petites larves se déplacent avec agilité dans leur pre- mier âge, mais deviennent plus sédentaires en grandissant. Elles grandissent pendant l'été et une partie de l'automne. Ce sont les blessures qu’elles font et la sève qu'elles sucent qui occasionnent la maladie de l’arbuste, font tomber les feuilles et activent ainsi un dépérissement fatal, si les soins viennent à manquer. e Le gallinsecte qui s'engourdit pendant l'hiver et se ranime au printemps, dès que la sève monte, ne reste pas inactif quand il se trouve dans les serres ou orangeries dont la tem- pérature active la sève nouvelle; il prend ainsi de la nourri- ture et arrive à l'âge adulte. Lorsqu'on examine ces galles au mois d'avril, on en remarque de plus petites les unes que les autres ; de ces petites galles on voit sortir à reculons un très petit insecte d'un brun rougeûtre; il a deux fines antennes, l'abdomen terminé par quatre soies, et porte deux ailes d'un blanc sale bordées antérieurement d'une ligne rouge. Les BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE ôL inférieures avortent comme ailes et deviennent deux longs filets blancs ou balanciers. Ce petit insecte est le mâle ; il est très actif, se promène sur le dos des femelles immobiles et meurt bientôt. Le Coceus adonidum ou Pou blanc des terres, qui vit sur les plantes de serre chaude, produit, les mêmes ravages. Moyen de destruetion. — Le meilleur moyen de destruc- tion consiste en plusieurs opérations distinctes quil faut avoir soin de renouveler souvent, surtout dans l’orangerie = (VW. 1882, p. 84). 4° Envelopper à distance raisonnable les arbustes malades d'une toile lègère et brûler au-dessous de cette toile du tabac ; quelquefois cette opération répétée de deux en deux jours pendant une huitaine, suffit à les faire tomber, mais ne les tue pas toujours ; alors on arrose le sol avec une eau addi- tionnée de 12 parties de nicotine fine. 2° Seringuer un matin en dessus, el deux jours après en dessous, les arbustes avec de la nicotine étendue de 15 fois son volume d’eau. 3° Enfin, prendre son courage à deux mains et laver dessus et dessous toutes les feuilles, les tiges et branches avec de la nicotine étendue de 10, 12 à 15 fois son volume d'eau ; on se sert pour cela d’une flanelle douce. — Ce moyen est efficace. Kermès de l’oranger (Chermes hesperidum, Linn.) Un de ses plus terribles ennemis. Cet insecte se tient à la face inférieure des feuilles; cependant quelques individus s'installent sur la face supérieure, le long de la nervure mé- diane. On les trouve en nombre sur les jeunes branches. Dès lors, il se fait une telle perte de sève par leurs piqüres rassem- blées que l'on croirait, au-dessous de l'arbre, la terre mouil- lée par la rosée. De plus, ces cochenilles enduisent les feuilles d'une matière mielleuse qui attire les fourmis. Tout cela rend l'arbre malade et les feuilles sont envahies par la Fuma- gine, sorte de champignon microscopique noir (Fumago Citré, 62 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Pers.), mucédinée'qui s'étend même aux fruits et en arrête le développement. A Nice, à Cannes, on appelle cette maladie Morphée : elle suit toujours l'attaque du Kermès et amène la mort de l'arbre. Toutes les variétés sont attaquées : orangers, citronniers, cédratiers, bergamottiers, limoniers. Autrefois, on ne connaissait pas d'autre remède que brosser le bois et les feuilles pendant l'hiver. (Voirle Bulletin d'insec- tologie agricole ,1875-76, page 39; 1877, pages 12 et 176; 1881, page 44; 1882, pages 34-84.) Ce Kermès est le seul qui attaque les orangers jusqu'à Paris. Deux autres espèces aussi très nuisibles ne vivent que dans le Midi. Dans le Midi, il y a un parasite, petit insecte du genre Svr- pho, qui place ses larves à côté des cochenilles, et ces larvesles dévorent. On croit même que c'est grâce à la multiplication de ce précieux auxiliaire que les ravages ont presque disparu vers le commencement de ce siècle. M. Maurice Girard a donné une classification de cet insecte et indiqué un moyen de destruction. (Voir Animaux utiles et nuisibles de la France, 2 édit. — Libr. Hachette 1879.) Il recommande l'élagage et la taille, lors de la fructifica- tion, d'où il résulte un aérage qui détruit beaucoup de Kermès par les actions athmosphériques, et en favorisant l'accès des parasites. Les moyens indiqués par les savants ont certainement une efficacité ; mais le moyen de brosser les feuilles ne détruisant pas l’insecte et au contraire enlevant l'épiderme des feuilles, doit être laissé de côté, car il fatigue l'arbre en entier et hâte son dépérissement. Un remède peu dispendieux, très simple et surtout très pratique, est la vapeur sèche d'acide sulfureux. Bien fermer la serre et le matin brûler du soufre pendant 15 à 20 minutes, et n'ouvrir la serre que lorsque le brouillard formé par la fu- mée aura Complètement disparu. Cette opération réitérée à deux jours d'intervalle pendant 4 ou 5 fois donne un résultat BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 63 parfait. On peut aussi allumer des mèches soufrées dont se servent les tonneliers. J'ai expérimenté l'effet du tabac, qui est très bon, mais moins rapide que le soufre brûlé; quant à ce dernier, que j'ai expérimenté séparément, bien entendu, je n'ai eu qu'à me louer du résultat. A. RAME. Abeilles solitaires (Suite). En guise de ciseau, la xylocope emploie chacune de ses man- dibules séparément ; ensemble elles lui servent de tenailles. Elle rejette les copeaux ou la sciure au dehors, et creuse de plus en plus bas, jusqu'à ce qu'elle ait foré un tube régulier qui peut avoir 31 centimètres de long, et qui, à la fin, se courbe vers l'extérieur. Cetie mère laborieuse ne prend de repos que le temps de cueillir sur les fleurs le miel nécessaire pour réparer ses forces. « Enfin la mouche, dit Réaumur, n’est pas seulement ins- truite de la figure, de la capacité du logement qui convient à chacun de ses vers, et de la nature des matériaux dont il doit être fait ; elle sait bien plus que tout cela; elle a des connais- sances dont nous devons être étonnés. Quelle est parmi nous la mère qui sache au juste le nombre des livres de pain, de viande, d'aliments de toutes autres espèces, et la quantité de différentes boissons que consomme l'enfant qu'elle vient de mettre au jour, jusqu'à ce qu'il soit parvenu à l'âge d'homme ? Le ver naissant, pour parvenir à être mouche, n’a pas besoin de prendre des aliments aussi variés que les nôtres; une sorte de pâtée, assez semblable à celle dont les bourdons à nids de mousse nous ont donné occasion de parler, est la seule nourriture. Mais ce que nous devons admirer, c'est que la mouche à laquelle ce ver doit le jour, fait sa quantité de cette pâtée qui lui est nécessaire pour fournir à tout son ac- croissement ; elle la connaît, cette juste quantité d'aliment, et la lui donne. C'est une prévoyance tendre et éclairée dont nous n'avons pas eu occasion de parler jusqu'ici, et dont G4 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE d'autres mouches du genre des abeilles et de celui des guêpes nous donneront des exemples. » Dans la partie inférieure de son logement, elle introduit une mesure bien déterminée du miel et du pollen mélangés, puis elle y place un œuf. Un peu au-dessus, à une hauteur égale au diamètre du tube, elle construit un couvercle avec des anneaux concentriques faits de seciure de bois mâchonnée. La première cellule ainsi formée fournit un plancher pour la second, qui est située au-dessus et qui recevra une ration égale etun œuf. Le travail continue ainsi sans interruption, quandle temps ne sy oppose point, jusqu'à ce que l’espace creusé se trouve rempli de cellules. Mais alors la femelle à fourni tout ce qu'elle pouvait, et ses forces ‘sont à bout. SUPposOns qu'elle soit en activité depuis le début du printemps, toutes conditions égales d'ailleurs, il est probable qu'elle a posé à cette époque les fondements d’une postérité plus nombreuse que dans le temps qui s'est écoulé depuis le mois d'août; en d'autres termes, comme chez les autres espèces, la première portée est plus riche que la seconde. Au bout de peu de jours, la larve sort de sa coque ; son as- pect ne diffère pas de celui que nousavons décrit pour toutes les larves de cette famille. Elle gît légèrement courbée, etrem- plit à peu près, au bout de trois semaines decroissance environ, toute sa cellule; autour d'elle, ou trouve alors des grains noirs, qui ne sont autres que ses déjections. Puis elle se tisse une coque et opère sa nymphose. L'inférieure, étant la plus âgée, termine son évolution la première! la seconde vient ensuite, la supérieure en dernier. L'inférieure veut-elle attendre que sa dernière sœur soit prète pour se frayer une route hors de sa prison ! Pour la se- conde portée, oui : elle redoute l'hiver pour faire son appa- rilion. (A suivre.) Le Gerant : H. HAMET. LP PP PP DEEP PDP PSS ESP PPS PPS SLR SSSR SL PSP PDP EL LED PL PSE EPP DS SSL LÉ PPS PPS LLPLPPLPPPPPPPPRPS hp. de la Soc. de Typ. = NOIZETTE, 8, r, Campagne 4re. Par! Ne 5. HUITIÈME ANNÉE Mai 1883 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE. — Les Reptiles de France, l'orvet, la vipère, par M. E. LE- SUuEUR. —Le sarcopte de la gale par M. E. SAvarp. — Société centrale d’Apiculture et d'Insectologie, séances de mars 1883 et d'avril 1883. — Détermination d'insectes. — Les iarves d’œstres, par M. Ch. FRANÇOIS. —Abeilles solitaires (suite). Les reptiles de France, vivipares et ovipares. PAR M. LESUEUR Secrétaire de la section d'insectologie (l). L'ORVET, v0tpare, Anquis fragilis. Linn. Dans certaines contrées, il est aussi connu sous les noms de Borgne, Sourd, Anveau et Serpent de verre à cause de sa grande fragilité. L'Orvet est de l& grosseur d'un doigt, c'est-à-dire de 2 cen- timètres à 3 centimètres, à l’état adulte ; ilatteint une longueur de 35 à 40 centimètres; la queue est souvent plus forte que la tête, qui est petite; le dosest bronzé et marqué légèrement de petites raies roussâtres longitudinales, le ventre est gris foncé, la tête est recouverte de neuf plaques et le dos de pe- tites écailles fines et lisses, les yeux sont petits et doux, la gueule est garnie de deux petites rangées de dentstrès fines. Ce Saurien à figure de serpent change de peau trois fois pendant l'été. L'accouplement a lieu en avril et mai; la fécondation s'o- père par l’enlacement. Dans les localités où il se trouve beau- coup d'Orvets, il n’est pas rare d'en voir une vingtaine pelo- tonnés ensemble au soleil. La gestation s'opère en quatre-vingt-dix jours environ. Il . 1. Les Reptiles se rattachent complètement au cadre des travaux de notre Société, car un grand nombre d’entre eux sont insectivores(La RÉD.). 66 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE fait ses petits vivants ; rien n'est plus beau à voir qu'une nichée de ces petits Sauriens serpentiformes, gros comme une allu- mette ; leur longueur est de 10 centimètres et leur nuance pa- reille à des fils d'or ou d'argent ; le dos est tranché d'un petit filet noir ; chaque portée est de douze à quinze petits. L'Orvet est très commun en France, se trouve générale- ment le long des vieux murs qui bordent les bois et forêts, dans les fossés ou sous les feuilles, sous les fagots, et cher- chant sa nourriture dans ces diverses stations. Cereptile est très peu sensible au froid ; j’en ai chez moi, depuis quatre ans, à ma croisée, sans jamais les avoir rentrés pendant l'hiver. L’Orvet se nourrit de vers de terre, cloportes, petites che- nilles lisses et autres petits insectes nuisibles, et aussi de li- maces. Ne le détruisez pas, il estutile à l'agriculture. (Toute reproduction réservée.) La vipère (Vivipare). La Vipère est, en France, le seul serpent qui soit venimeux et dont on ait à craindre la morsure. Beaucoup de personnes croient encore que la Vipère a un dard avec lequel elle vous pique; c’est une profonde erreur, et un préjugé qu'il faut détruire ; car, ce qu'elles prennent pour un dard est simple- ment la langue, qui est fourchue et nullement dangereuse; l'on ne doit donc pas dire la piqüre du serpent, mais la mor sure. La Vipère à la gueule garnie de deux rangées de petites dents effilées placées verticalement. À la mâchoire supérieure se trouvent deux dents placées l’une à droite et l’autre à gauche, au niveau de l'œil et que l’on appelle crochets à ve- nin. Ces dents, étant creuses et mobiles, exercent, en mordant, une pression sur la vésicule contenant le venin et je font sor- tir. L’œil est triangulaire, noir et vif; le museau carré, en saillie de chaque côté au-dessus des crochets. La Vipère est facile à reconnaître par sa tête triangulaire BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 67 aplatie, et par la continuité des petites écailles fines recou- vrant le dessus de sa tête. La queue est très courte; une vi- père de 70 centimètres a de 8 à 10 centimètres de queue ; sa longueur extrême est de 70 à 80 centimètres ; le dos est recou- vert d'écailles relevées par une petite arète longitudinale, le ventre est garni de 176 plaques, de la mâchoire inférieure à l’a- nus, et de 32 paires de petites plaques doubles, de l’anus à la pointe de la queue. Sur la tête, il y a deux taches formant un V ou un cœur; vient ensuite une tache noire ovale en tra- vers et se continuant en zig-zag sur toute la longueur du dos ; entre chaque dent de celte chaîne, se trouve une tache se continuant sur toute la longueur, puis viennent ensuite deux autres rangées de petites taches, moins prononcées ef pla- cées en triangle de chaque côté, allant rejoindre les grandes plaques transversales du ventre. Un large trait noirâtre de Om.03 part de l'œil et va rejoindre la première tache du côté; le ventre est d'un bleu gris ardoisé. Il y a trois sortes de Vipères : la rouge, la grise et la noire, que l’on nomme aspic et dont on fait souvent une es- pèce à part. La Vipère fait ses petits vivants, leur nom- bre varie de 9 à 12, ayant une longueur de 12 à 15 cen- timètres; leur morsure est presque aussi dangereuse qu'à l'état aduite. La Vipère se trouve généralement dans les forêts sablonneuses, sous les roches, les pierres, dans les fourrés ; s'enroule pour dormir à mi-ombre, mi-soleil. Elle se nourrit de lézards, de salamandres terrestres, de mulots et de jeunes couvées d'oiseaux, dont elle est très friande, puis, pour digérer, s’enroule dans le nid qu'elle vient de dé- vaster. Elle ne mange pas d'insectes. En captivité, 1& Vipère est difficile à conserver ; elle se laisse mourir d'inanition. Il faut la détruire, elle est dangereuse pour l'homme et nuisible à l’agriculture. NoTa.=— Je crois utile de rappeler le traitement que j'ai déjà indiqué dans le 1° numéro de notre Bulletin, année 1882, contre la morsure de la Vipère, la rage et la piqûre charhon- neuse : 68 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 1° La première chose à faire, quand on à été mordu, est de presser les chairs, afin d'en faire sortir le venin ; 2 La succion, s’il est possible. 3 Ligatures au-dessus de l'endroit mordu, afin d'arrêter la circulation du sang; ouvrir l'endroit avec un canif, laver et cautériser avec de l'acide phénique pur ou, à défaut, de l’al- cali; quelques gouttes d'alcali ou d'acide phénique dans un verre d'eau, comme boisson, sontle complément du traite- ment. Si, malgré ce traitement, la torpeur se faisait sentir, il faudrait éviter le sommeil pendant vingt-quatre heures en marchant beaucoup. Il est toujours prudent de voir un médecin, quand il s'en trouve à proximité. (A suivre.) E. LESUEUR. (Toute reproduction réservée.) Sarcopte de La gale (Sarcoptes scabier, Latr.) PAR .M. E. .SAVARD. La maladie connue sous le nom de gale atteint les hommes et les animaux. Elle est produite par un petit Acarus, une Mite microscopique qui vit dans la peau et s'y multiplie con- sidérablement. La Mite est différente en général selon l’ani- mal qu'elle atteint et selon la gale qu'elle produit. La Mite, dit Linné, habite sous la peau, où elle cause la gale, elle y produit une petite vésicule, d'où elle ne s'éloigne guère. Après avoir suivi les rides de la peau, elle se repose et excite une démangeaison. Celui qui y est accoutumé peut aisément l'apercevoir à l'œil nu en-dessous de la peau ou de l'épiderme, et il est facile de l’ôter avec une épingle. Quand on l'a placée sur l’ongle, elle ne remue presque pas d’abord, mais en l'échauffant avec l’haleine, elle se met à courir avec vitesse. On voit par cette citation que la Mite s'introduit sous l'épi- derme, qu'elle fait une petite blessure dans la peau d'où sort une sérosité qui forme une pustule aqueuse au-dessus de BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 69 la blessure. En rongeant et piquant la peau pour se nourrir, elle occasionne une vive démangeaison qui oblige à se grat- ter, d'où résultent des plaies et des croûtes et une plus grande démangeaison. Les Mites s'accouplent dans leurs nids, pon- dent des œufs qui produisent des petites Mites, qui grandis- sent promptement et s'établissent dansles environs, etdonnent pius d'étendue à la maladie. Quelquefois, pendant la nuit, ces petits animaux sortent de leur demeure et se promènent sur la peau; si alors ils trouvent les mains d'une autre personne, ils passent dessus et portent la maladie sur cette personne. C'est ainsi que le contact d’un galeux, soit au lit, soit dans un lieu chaud, amène ordinairement la gale. Cependant cette Mite paraît nocturne et ne sort de son habitation que pen- dant la nuit, et le contact d'un galeux pendant le jour n’est pas irès dangereux. Fig. 8. — Sarcoplte mäle grossi. Fig.9.— Sarcopte femelle et œuf grossis Sarcoptes scabier, Latr. Longueur, 1/3 de millimètre ; il est blanc, ponctiforme. Vu au microscope, il parait strié en arc de cercle à son pourtour et mamelonné au milieu; l'abdomen est terminé par une petite vessie pédiculée ; le museau est petit. 70 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE La nymphe, outre sa taille, qui est petite, a la quatrième pare de pattes beaucoup plus petite que la troisième et ter- minée par une soie moitié plus courte et plus grêle. La larve se distingue en ce qu'elle est hexapode (c'est la quatrième paire de pattes qui manque) et n’a qu'une seule paire de soies anales, représentée par la plus interne. Œufs. — En ovoïde allongé decouleurgris perle, de mêmes dimensions que la larve sans les pattes. Puisque la gale est occasionnée par un petit animal, une sorte d’araignée, il suffit de faire périr cet animal pour que la guérison soit complète. On peut employer pour cela des frictions faites avec de la graisse mêlée à des substances qui donnent la mort à l’'Acarien, comme le soufre, le mercure, etc. On peut aussi se servir d'essence de térébenthine ou de ben- zine qui le tue sur-le-champ. Il faut que le remède pénètre dans ia peau, qui doit préala- blement être nettoyée et amollie par des lotions d'eau savon- neuse un peu chaude, afin que les pores en soient ouverts. Le remède doit être continué jusqu'à ce que les Mites soient toutes mortes et que les petits sortis de leurs œufs le soient également. Les conseils d'un médecin sont nécessaires non seulement pour le choix du remède, mais encore pour le mode de sonemploi. Le Sarcoptes scabier vit en parasite sur la peau de l’homme. On lui donne aussi le nom de Sarcoptes hominis, Raspail. Linné le désigne sous celui d'Acarus exulcerens. Son nom vulgaire est Mite de la gale, ou Acare de la gale. I. s'établit de préférence dans les parties où la peau est plus fine, telle que l'intervalle des doigts, les poignets, la face interne des membres, les aisselles, les jarrets, les aines, et s’y propagerait indéfiniment si on n'y mettait obstacle par des remèdes. Le cheval, le chien, le chat, lä brebis et d'autres animaux sont exposés à la gale, qui est produite chez chacun d'eux par une Mite particulière. E. SAVARD. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 71 Société centrale d’Apiculture et d'Insectologie Séance du 21 mars 1883. — PRÉSIDENCE DE M. SIGAUT. Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière séance, qui est adopté. — Le Sécrélaire général présente les docu- ments officiels qui sont parvenus au secrétariat et entretient l'assemblée de diverses mesures qui doivent être prises pour l'exposition des insectes du mois de juillet prochain au palais de l'Industrie. L'assemblée décide que le tourniquet à l’en- trée sera supprimé. Un tiquet à souche de 50 centimes sera vendu à l’entrée. M. le Trésorier est chargé de présenter des modèles à la prochaine séance. M. le Président de la Société d'horticulture et de viticulture des Vosges adresse à la Société une boite contenant des insec- tes à déterminer et dont il désire connaître les moyens de se débarrasser. M. Maurice Girard est chargé de déterminer ou de faire déterminer ces insectes et de rechercher les moyens de les détruire. M. Maillet, instituteur à Faverney (Haute-Saône), soumet plusieurs boîtes contenant des insectes à déterminer. Cet envoi est remis à M. Maurice Girard. M. Dubreuil, directeur de l'usine de produits chimiques de Paimpol, adresse une boîte renfermant de l'engrais insec- ticide à base de goémon, et une notice sur l'emploi de cet engrais. Il désire que la Société fasse l'essai de cet engrais au parc de Montsouris. Le secrétaire fait remarquer que jus- qu'à présent, aucun insecte ne commet de dégâts apparents dans l'établissement de la Société, mais qu'on pourrait l’es- sayer dans le jardin du Luxembourg, où le puceron lanigère a élu domicile. Il pense qu'en répandant quelque peu de cet engrais au pied des arbres que le puceron envahit un peu plus tard, on empêchera la transformation de l'insecte dans le sol. Plusieurs membres font remarquer qu'il faudrait opé- rer au pied de tous les arbres attaqués, autrement l'insecte se propagera par le contact. M. Vicat demande si la brochure contient le dosage de cet 12 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE engrais insecticide. Le secrétaire répond que oui, et donne les chiffres suivants : Matières organiques. . . . . . . . . - 66,40 Acide PDhosphorique NN ANTONIN ESA EE CHAUX. 2 2 TEE SE PER TUE POLASSE Ver TE PE ER, EU Te CE NP PES SOUL: LUE La 2 MORE does t tebe ar PT CO PRES AAOTE NS + 2 RM SNA are s 181 ee Il ajoute que son application à la culture maraichère ainsi qu'à la grande culture, varie selon les plantes auxquelles on à affaire. | M. Asset demande un peu de cet engrais pour faire un essai dans sa culture maraichère, et M. A. Larbalétrier éga- lement une partie pour l’expérimenter à Grignon. M. Chalumeau, instituteur à Vérizet (Saône-et-Loire), écrit ce qui suit : & Je suis actuellement à Vérizet en plein vigno- ble mâconnais, où le phylloxéra règne en maître. Là, comme dans mes postes précédents, je continuerai à me faire le dé- fenseur des petits oiseaux. Ces derniers produisent plus d'effets, selon moi, que tous les sulfures ; car, ces ingrédients, disent les vignerons que j'ai consultés, refroidissent le sol et le rendent impropre à la culture. Aussi on n’a aucune con- fiance dans le sulfure de carbone, et les vignerons se refusent à en faire usage. Quelques essais sans résultat, sinon que la vigne périt quand mêmeet que le sol vaut beaucoup moins qu auparavant. La conclusion de tout cela, la voici : Mieux vaul la vigne dévorée par le phylloxéra que le sol compromis par le sulfure. » M. Raveret-Wattel écrit ce qui suit: « Je vous envoie un peu de graine de balsamine géante (/mpatiens qlanduligera) qui m'est envoyée d'Allemagne. Cette plante m'est signalée comme fleurissant très abondamment, en août et septembre, et comme fournissant alors une ressource précieuse pour la nourriture des abeilles. Elle atteint (bien qu'annuelle) une hauteur de 1" 50 à 2 mètres. J'ai pensé qu'il vous serait BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 73 peut-être agréable de faire essayer cette nouveauté au pare de Montsouris, ou que, dans tous les cas, il y aurait peut-être quelque membre de la Société d'insectologie désireux de l’ex- périmenter. » — M. Hamet dit qu'il va faire semer, en avril, une partie de la graine envoyée par M. Raveret-Wattel. — M. Asset donne quelques détails sur le port et la fleur des balsamines et demande que le reste de la graine lui soit donnée pour l’expérimenter. Le Secrétaire présente, pour faire partie de la Société : M. Brun, professeur à Paris, et M. A. Larbalétrier, élève de Grignon, rédacteur zoologiste à la Science pour tous. — M. Jo- £ libois, instituteur à Silly-le-Long (Oise), présente M. Délie, instituteur à Chèvreville, près Montreuil (Oise). L'admission de ces membres est prononcée et la séance est levée. Pour extrait : F. MALESSARD, secrétaire. Séance du 18 avril 1883. — PRÉSIDENCE DE M. HENRICY. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le secrétaire donnelectured'une lettre du ministre de l'instruction publique qui demande quelle question la Société voudrait sou- mettre à la réunion de l’année prochaine des Sociétés savan- tes. Le secrétaire général est chargé de répondre à cetie lettre. M. Maurice Girard adresse à la Société la note suivante : € À la fin du mois de février dernier, M. V. Adam, président de la Société d’horticulture et de viticulture des Vosges, a adressé au Secrétariat de notre Société des larves, appartenant à des Diptères tipuliens, très abondantes dans le terreau des jardins maraichers d'Épinal, soulevant ce terreau et accu- sées de ronger les racines des plantes. Ces larves jaunâtres ont été remises à M. Poujade, au Muséum, avec leur terréau, sans qu'on leur ait donné aucune plante. Après s'être chan- gées en nymphes, celles-ei ont noirei et ont commencé à pro- duire des aduites à la fin de mars. C’est une espèce de groupe des Bibions, commune dans toute l'Europe, du genre Di/o- 74 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE phus,Meigen, ainsi appelé en raison ds deux rangs de pointes en forme de peignes, que présente le prothorax. C'est le Dilophus vulgaris, Meigen, espèce très commune dans toute l'Europe, syn. : febrilis, Linn., forcipatus, Schranck, spinatus, Müller. C’est une petite Mouche toute noire, à corps grêle, les ailes du mâle transparentes, avec les nervures costales noires, les ailes de la femelle rembrunies, à nervures costales bor- dées de blanchâtre. Les larves de tous les Pibio vivent, de détritus, dans le terreau, et ne paraissent pas sensiblement nuisibles. Je rappellerai à la Société le Bi410 Marci, Linn., ou la Mouche de Saint-Marc, qu'on trouve au mois d'avril dans tous les jardins publics de Paris,très commune en certaines années et volant en essaims sur tous les buissons de la ban- lieue. Elle était en nombre immense en 1872 et bien des gens, à tort, attribuaient son abondance aux cadavres enfouis pendant la guerre. « M. Maurice Girard offre ensuite à la Société une brochure avec bois gravés, intitulée : Nofe sur des aberrations observées chez des attaciens exotiques élevés en Europe. — Remercie- ments. » M. Ramé met sous les yeux des membres de la réunion des feuilles d'oranger et de laurier remplies de Kermès vivants. Il présente une note sur ces insectes et sur les moyens de destruction. Une discussion s'engage sur divers moyens prônés de destru c- sion. M. Fallou dit qu'on a proposé un moyen simple et peu coûteux, celui de brûler du soufre sous l'arbre. M. Vicat pense que le soufre en poudre ou bien le sulfure de calcium, peut détruire le Kermès comme il détruit l'oïdium. Plusieurs mems bresrappellent que le moyen proposé par M.Trouillet, l’em- ploidujus de tabac étendu d’eau, rend de bons services dans cette circonstance. L'assemblée décide que la note de M. Ramé sera imprimée dans le Bulletin (voir p. 59). L'assemblée délibère ensuite sur la dépense à faire pour les étiquettes des cent plantes les plus mellifères à l'établissement de la Société au parc de Montsouris; une commission de trois BULLETIN D’'INSEGTOLOGIE AGRICOLE 19 membres, composée de MM. Asset, Hametet Saint-Pée, est chargée de cet objet. Le secrétaire général demande aussi que l'assemblée vote une somme d'une cinquantaine de francs pour une double ronce en fer qu'il est urgent d'établir à certains endroits de l'entourage du terrain de la Société au parc de Montsouris. M. Maillet, instituteur à Faverney (Haute-Saône), envoie de nouvelles boîtes d'insectes à déterminer. L'assemblée s'occupe aussi de plusieurs mesures concernant l'exposition des insectes de juillet prochain au palais de l’In- dustrie. Le secrétaire expose que les abeilles vivantes qui seront envoyées ne pourront être placées que sur une ter- rasse qui sera établie sur la tente édifiée comme annexe, ter- rasse que les visiteurs pourront fréquenter sans sortir du Pa- lais. On pourra au besoin y établir, pense-t-il, une éducation de vers à soie à l'air libre. Plusieurs correspondants envoient des renseignements sur l'état des ruchers. Tous se plaignent de la persistance du mau- vaistemp. Le professeur du Luxembourg signale ce faitopportun: avant la séance, un gardien du Luxembourg estvenule prier d'aller prendre un essaim qui voltigeait sur une pelouse en face de l'habitation du présidentdu Sénat. Il dit qu'il avait d'abord cru à un essaim de Päques et qu'il avait commencé par aller pas- ser dessous les ruches du rucher de la Société pour constater si quelqu'une n’était pas veuve d'abeilles. Il n’en était rien. Arrivé à la pelouse, il vit voltiger très bas, près du sol, quelques centaines d'abeilles qu'il prit à première vue, pour des italiennes, bien que le vol en füt un peu plus saccadé ; mais ayant examiné de près plusieurs de ces abeilles posées à terre, il reconnut bien vite qu'elles n’appartenaient pas aux apiaires domestiques. C'étaient ou des Collettes ou des Andrènes, qui sont des abeilles solitaires. M. A. Larbalétrier offre pour la bibliothèque de la Société un opuscule de dix-huit pages portant pour titre : Le lom- bric ou ver de terre (Lumbricus agricola) considéré aux points 76 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE de vue agricole et horticole. M. le docteur Cramoisy offre une note sur la destruction du puceron lanigère, et par ex- tension, du Phylloxera vastatrir. Des remerciements sont votés aux donateurs de ces travaux. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Pour extrait, DELINOTTE, secrétaire. Détermination d'insectes. Un de nos membres, M. Maillet, instituteur à Faverney (Haute-Saône), a adressé au Secrétariat de la Société deux boîtes de Coléoptères numérotés, récoltés dans sa localité par lui et ses élèves, destinés à son musée scolaire et dont nous lui avons renvoyé les noms, établis par M. A. Poujade, pré- parateur au Muséum de Paris, et que la Société remercie de son bienveillant concours. 1": boîte: Onthophagus Schreberi, Necrophorus mortuorum, Aphodius rufipes, cd. fossor, Onthophagus vacca, 14. cœno- bita, #d. taurus, id. nuchicornis, Aphodius nitidulus, 4. prodromus, id. erraticus, :d. subterraneus, Opatrum sabu- losum, Dermestes undulatus, #4. laniarius, Staphylinus hir- tus, &d.murinus, Philonthus politus, Telephorus rusticus, &d. lividus, cd, fulvus, Cerambyx eerdo,Ronacia sericea. td. den- tipes, id. sagittariæ, &d. impressa, Agapanthia angusti colis, Strangalia bifasciata, mâle, Stenoderus rufus, Mesosa cur- culionoïdes, Leiopus nebulosus, Pogonocherus pilosus, Strangalia armata, id. aurulenta, Saperda populnea. 2 boîte: Harpalus rubripes, id. œneus, #d. rupicola, #d. tardus, Feronia anthracina; £d. vulgaris, cd. crenata, td. cu- prea, td parallela, £d. striola, Bembidium ustulatum, Bem- bidium?, Amara obsoleta, id. trivialis, cé. familiaris, Ancho- menus viduus, &d. variété mœæstus, id. pallipes, 14. prasinus, Brachinus crepitans, d. explodens; Carabus nemoralis, cd. cancellatus, Procrustes coriaceus, Chlænius nigricornis, Dia- chromus germanus Stenolophus teutonus, Calatus cisteloïdes, Anisodactylus binotatus, Catops cisteloïdes, Ilybius ater, Hy- drobius fuscipes, Agriotes lineatus, id. sputator, Corymbites BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE HA tessellatas, Diacanthus latus, Cardiophorus thoracicus, Athous niger, Saprinus? Hister (4 espèces), Phyllopertha horticola, Pyrochroa coccinea, Clytus arcuatus. Les larves d’æœstres Au printemps, les cultivateurs remarquent, chez certains chevaux, une excitation qui ne leur est pas habituelle ; un examen approfondi fait découvrir que l'animal porte à la marge de l’anus, des larves d'insecte qui, en provoquant des déman- geaisons, déterminent cette excitation. Nous allons étudier succinctement les causes et la nature de cette affection. L'œstre est un insecte de l'ordre des diptè- res. Il en est de plusieurs sortes. Ceux qui nous occupent sont l’œstrus equi, el lœstrus hemorrhoïdalis. Ces insectes ont la taille d’une petite abeille, des antennes très courtes, la bou- che rudimentaire, les ailes constamment écartées, et semées d'une bande et de point noirs. On les voit dans les pâturages et dans les champs, en juin et juillet; en septembre, ils ont disparu. La femelle poursuit les chevaux, et à l’aide d’une liqueur visqueuse très tenace qui sort de l'oviducte en même temps que les œufs, elle fixe ceux-ci dans les poils des animaux, principalement sur les membres antérieurs. Au bout de trois semaines environ, la larve éclot et occa- sionne au cheval une légère démangeaison qui le porte à se lécher. C’est ainsi que la larve pénètre dans l'estomac des solipèdes. Elle s'attache à l’aide de deux forts crochets, pla- cés sur les côtés de la bouche, à la muqueuse blanche du sac gauche où elle séjourne de dix à onze mois, et pendant ce temps, elle se nourrit des sucs sécrétés par la muqueuse sto- macale. Parvenue à son entier développement, elle se déta- che spontanément, parcourt le tube digestif, et est évacuée par la défécation. Les chevaux qui ont l'estomac garni de lar- ves d’æstres, sont sujets aux borborygmes, aux coliques, au dévoiement. 1ls ont du dégoût pour les boissons et un appétit vorace et dépravé qui les porte à manger du cuir, du plâtre, du bois, ete. 78 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Quelques auteurs attribuent le vertige abdominal à la pré- sence de larves d'œstres; beaucoup d'animaux choréiques en ont dans l’œsophage. Les larves de l’œstre hémorrhoïdal quittent l'estomac avant leur complet développement et restent dans l'intestin grêle pendant un certain temps. Elles peuvent former une masse de la grosseur d'un œuf de poule. L’irritation vive qu’elles causent détermine la contraction permanente du pylore; des accidents graves peuvent survenir. Arrivées dans le rectum, elles portent l'animal à faire de violents etinutiles efforts pour évacuer. A la marge de l’anus, elles amènent une démangeai- son qui rend l'animal difficile, ombrageux, quelquefois mé- chant. On peut essayer de le débarrasser, soit en introduisant le doigt dans le rectum, pour expulser ces larves, soit en Jui donnant des lavements composés. Ch. FRANÇOIS, vétérinaire à Toul. Abeilles solitaires (Suile). Pour la première portée, qui aterminé son évolution en août, c’est différent. La jeune Xylocope choisit le plus court chemin pour conquérir sa liberté. Elle prend un point d'appui sur sa tête, et n’a besoin que d’une certaine mobilité pour exercer une pression en avant et constater ainsi que la cel- lule est extensible. Elle atteint ainsi l'extrémité du tube, qi n’est rempli que de copeaux: l'instinct lui apprend à se ser- vir de ses mandibules qui constituent d'excellentes pinces, qu'elle essaye pour la première fois en rongeant la mince couche qui la sépare de l'atmosphère chaude de l'été. C’est là, du moins, l'opinion de Le Peletier. Mais Réaumur admet que la mère a foré un second trou à l'extrémité du tube et par- fois même un troisième à mi-hauteur, La seconde Xylocope qui éclot suit la première, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'enfin toute la nichée soit envolée, et que l'habitation se trouve dépeuplée. Dans les pays où ces Xylo copes ont pris droit de cité, elles utilisent sans doute les an- BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 79 ciens nids, et gagnent ainsi, dont les saisons favorables, du temps pour mettre au jour une plus nombreuse postérité que dans Îles cas où leurs mâchoires et leur patience sont astreints sans cesse à renouveler les dures épreuves que nous avons signalées. Nous nous souvenons d’avoir observé dans notre enfance, alors quenous étions au collège Rollin, les manœuvres des Xy- locopes; pour s’éviter unlong travail, ces paresseuxintelligents utilisèrent les trous qu'on avait forés dans les poteaux des appareils de gymaastique pour y fixer différents engins. Fig. 10. — Abeille à culottes hérissées, grossie. LES MÉRILÉGIDES (Merilegidæ).— Caractères. — Les abeilles qui récoltent le pollen à l’aide de leurs cuisses (Werileyideæ) diffèrent des précédentes (voir p.55), en ce que les appareils de récolte sont plus rapprochés du corps; ils se trouvent si- tués simultanément sur les côtés du métathorax ; du premier segment de l'abdomen, au voisinage des jambes postérieures sur les hanches et le bas des cuisses, ce sont des espaces très finement striés, ombragés de poils rangés sur leurs bords comme des £ils et recourbés en biseau ; les jambes posté- rieures, munies de longs poils en dessus comnie en dessous, et leurs tarses, lorsqu'ils sont velus en dessus, servent concur- remment à la récolte des pelotes de pollen jaunàätre qui leur restent appendues ; les hanches et les cuisses paraissent plus longues. Toutes ont un palpe labial d'une seule pièce, en sorte que Latreille les a classées parmi ses Fausses- Abeilles. LEs Dasypobes (Dasypodæ). — Caractères. — Cette espèce \ à pattes velues (fig. 6), mérite d’être mentionnée à cause de 80 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE la magnificence de la femelle, bien que son mode d'existence n'offre rien d'important à signaler. Ce qui ‘donne à ces abeilles leur élégance, ce sont leurs poils d'un rouge de renard, implantés tout autour des jambes postérieures et du premier article de leurs torses, comme les crins d'un goupillon; plus en arrière, depuis le second jus- qu'au quatrième segment, l'abdomen, dont les poils sont noirs et courts, est sillonné par des bandes de poils blancs. L'abdomen se déprime, et figure une ellipse; sa pointe est élargie par de longues franges noires terminales. Le thorax et la base de l'abdomen sont revêtus de poils épais d'une teinte rouge de renard, mêlée de gris; la tête est noire, mais en arrière le gris domine. Leur longueur, qui atteint 11 à 13 millimètres, les classe parmi les plus importantes espèces de cette famille. J. KUNCKEL D'HERCULAIS. (A suivre.) SRRPPIPI LS PDP PP PI PITE Note. — Les deux figures de Sarcopte de la gale (p.69) sont tirées d'ouvrages des éditeurs J.-B. Baillière et fils. —Remer- ciements. INFORMATIONS. — Dans sa séance publique annuelle du 2£ mai 1883, la Société d'acclimatation adécerné à notre collègue, M.]J. Fallou, une grande médaille d'argent, à l'effigie d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, pour ses éducations, entièrement à l'air libre, d'Aftacus Pernyi, G. Mén., ou ver à soie du chêne de la Chine, dans la forêt de Sénart. Une prime de 200 francs a été donnée à M. Blaise, de Choloy(Meurthe-et-Moselle) pour éducation analogue; une médaille d'argent à M. Durand, pour son procédé de destruction des larves d’Acridiens, en Algérie; une médaille de bronze, à M. Huin, pour éducation d'Affacus selene. Le Gerant : H. HAMET. [:ap. de la Soc. de Typ. + NOIZETTE, 8, r, Campagne 4re. Pari N 6. HUITIÈME ANNÉE Juin 1833 BERPETRIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE PSE ISS SI PIS SPL SP PL TSI PSS TS PIS LEPIPSIPISS ETS PPTE SOMMAIRE. — Le Réduve masqué, par M. E. SAVARD. — La Mouche de la betterave, par M. P. JolGNEAUX. — Le Tigre du poirier. — Luite con- tre les insectes. — La Couleuvre lisse, par M. E. LESUEUR. — Société centrale d'Apiculture et d'Insectologie, séance de mai 1883.— Détermi- nation d'insectes. — Abeilles solitaires (suile.) : les Andrènes. RER PPL SES ESS SP PS LPS LS PSS SL SD SPL SPIP SPL PSS LS LIL LS DLL PL PPS IPS RPRPPPPSLSSPI PS Le Réduve masqué. (Reduvius personatus, Linn.) PAR M. E. SAVARD Le Réduve masqué se tient dans les maisons, surtout près des fours et des cheminées. C’est un insecte de l’ordre des Hémiptères et du sous-ordre des Hétéroptères, de 15 à 20 millimètres, oblong, aplati en dessus, brunâtre, dont les élyires horizontales se croisent l’une sur l’autre, et dont les ailes, très développées, servent au vol. Sa tête étroite, portée par un cou distinct, est munie de deux yeux eomposés et de deux petits yeux simples. I] à sans doute besoin de voir très clair, car il vole le soir dans les maisons. Qu'on ne le saisisse qu'avec précaution, si l’on veut absolument le voir de près, lorsque, dans les jours les plus chauds de l'été, il vient voler la nuit autour des lumières, car il pique l'homme, avec son rostre dur, acéré, enduit de salive venimeuse. Les blessures qu'il cause sont très douloureuses, plus que celles que fait l’Abeille, et elle déterminent immédiatement une sorte d'engourdissement dans le membre atteint. Comme le Réduve tue très rapidement divers insectes, no- tamment la Punaise des lits et la Mouche domestique, en les perçant de son long bec, il est probable qu'il sécrète quelque 82 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE venin. Mais on n'a pas, jusqu'ici, en supposant qu'il existe un organe spécial, trouvé l'organe producteur de ce poison. Quoi ew'il en soit, le bec du Reduve est arqué et long de 2 millimètres 1/2 environ. Sa surface est hérissée de poils. Il se compose de quatre articles et renferme quatre soies raides, écailleuses, à Pextrémité lancéolée et très pointue. Cet insecte ailé et nocturne va souvent faire la chasse à d'autres petits insectes, daps les lieux où les Araïgnées tendent leurs toiles. Lorsqu'il marche ou s'embarrasse sur ces toiles, les Araignées n’ont garde de le saisir, car elles redoutent sa piqüre. Elles le laissent prudemment s'agiter dans les fils de leurs rèts où il ne tarde pas à mourir de faim. On à souvent vu le Réduve prisonnier ou mort au sein d'une toile d'araignée, mais;sans connaitre sans doute ni son nom ni son histoire. Cette Punaise a, sous la forme de nymphe ou sous celle de larve, dans les deux cas, avant que les ailes soient développées, une figure tout à fait hideuse et révoltante. On le prendrait, au premier coup d'œil, pour une Araignée des plus laides. Ce qui la rend surtout si désagréable à la vue, c'est qu’elle est entièrement couverte, et comme enveloppée d'une matière grisàtre, qui n’est autre chose que la poussière qu'on voit dans les recoins des chambres mal balayées, et qui est ordinairement mêlée de sable et de parcelles de laine ou de soie, ou d'autres matières semblables qui se détachent des meubles et des habits, qui rendent les pattes de cet insecte erosses et difformes, et donnent à tout son corps un aspect fort singulier. Quels instincts !'quelles habitudes ! Sous ce costume d'emprunt, sous ce manteau étranger à lui-même, l'insecte comme masqué, comme travesti, est devenu deux fois plus gros qu'il n’est réellement. Cet hémiptère marche aussi vite, quand il veut, que les autres Punaises ; mais communément sa démarche est lente et pour ainsi dire à pas comptés, car, après avoir mis une patte en avant, il s'arrête un peu, puis en avance une seconde, laissant, à chaque mouvement, la patte opposée en repos ; il continue ainsi successivement, ce qui le fait paraître marcher comme par secousses et en mesure. 11 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 83 fait à peu près un pareil mouvement avec ses antennes, qu'il remue également par intervalles, et comme en heurtant. Tous ces mouvements ont un air encore plus singulier qu'on ne saurait dire. Grâce à son déguisement, linsecte peut approcher des petits animaux dont il fait sa proie, tels que les Mouches, les Araignées, les Punaises des lits. On l'a vu à l'état parfait, lorsqu'il a des ailes, rejeter son froc, ses ruses, mener ouvertement sa vie. Pour apercevoir la singulière figure de ce Rédurve, il faut lui enlever son costume d'emprunt. Alors on le voit paraître un tout autre animal, et qui n’a plus rien de repoussant. Si on excepte les étuis et les ailes, qu'il n’a . pas encore, toutes les parties ont la figure qu'elles auront, plus tard, après que les ailes se seront développées. E. SAvARD. La Mouche de la betfcrave. M. Alfred Garnesson nous écrit du département de la Marne : — « Dans notre commune, il est d'usage de faire des betteraves fourragères que nous semons au jardin et que nous repiquons ensuite aux champs. Cette année, toutes les planches de semis sont attaquées par une larve d'insecte qui dévore tout le parenchyme des feuilles et ne laisse que l’épi- derme. Aucune plante n'est indemne. Quand toutes les par ties molles sont rongées, la feuille se dessèche, la plante pa- rait morte, et on trouve quelquefois dans la ‘plante recro- quevillée la larve transformée en pupe. Les ravages de ces insectes ont commencé vers la fin de mai et se sont étendus simultanément à tous les semis du pays. Personne ne se rap- pelle avoir vu un pareil dégât dans les plantes. Pour mieux vous éclairer, je vous adresse : 1° des parties de feuilles vertes contenant les larves ; 2° des feuilles POP GUIEES renfermant les chrysalides ou pupes. » Nous avons reçu, en effet, les insectes annonncés au nom- bre de trois dans la feuille verte et de deux dans la feuille sèche. 81 ’ BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE _ Vus à la loupe, les uns les autres se ressemblent. Gesont, à notre avis et sauf erreur, les pupes ou chrysalides delaMouche de la betterave. Ces pupes, en forme de tonneiet de 5 mil- limètres de longueur, de couleur rouge brun, arrondies aux deux bouts, répondent bien au signalement qu’en à donné M. Koltz. Les noms scientifiques de la mouche en question sont les suivants: Anthomyia conformis, Anthomytia betæ, Pegomyia hyoscyami. Ge diptère fournit par an deux générations, une de printemps et une d'automne. Les pupes de la génération au- tomnale passent l'hiver en terre; les mouches qui en sortent avant la levée des betteraves, s'accouplent dans le courant de mai. Les femelles pondent, de préférence, sur le revers des feuilles de la plante, des œufs d’une blancheur éclatante. L'éclosion ne se fait guère attendre et les larves se nourris- sent de la partie verte des feuilles, se développent ray idement en même temps que leur voracité, et vont se cacher en terre dans le courant de juin, se métamorphosent en pupes et de- viennent mouches une dizaine de jours après. [I y à lieu de croire que toutes les métamorphoses ne se font pas en terre dans cette saison chaude, et que d'aucunes peuvent se pro- duire dans les feuilles rongées et roulées. On trouve quelquefois de ces chrysalides dans la plante recroquevillée, dit notre correspondant. Ce quelquefois donne à penser ; c'est un Cas exceptionnel. Quand on n’en trouve pas, c’est qu'elles sont dans le sol, vraisemblablement. Une seconde génération de mouches grises à tête blanche, aux yeux d'un rouge sombre et aux ailes transparentes, se montre en juillet ou en août. Une nouvelle ponte a lieu sur les feuilles des betteraves, et cette fois il y à lieu de croire que les larves sans exception vont se métamorphoser dans la terre et y passer l'hiver. On ne connait malheureusement aucun moyen d'éviter les dommages que causent les mouches de la betterave. Selon nous, on devrait, pendant quelques années, ne plus semer de betteraves dans les jardins où il est d'usage de faire BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 89 des pépinières de cette plante ; on devrait aussi livrer au feu toutes les jeunes plantes attaquées; on devrait enfin, au moins de loin en loin, brûler par un moyen quelconque la partie superficielle du sol des jardins et des vergers où se logent tant de pupes, tant de chrysalides, tant d'insectes nu- sibles de toute sorte qui ne craignent ni l'eau, ni le froid, mais qui ne résistent pas au feu. ‘Ærtrail de la Gazette du Village.) Le Tigre du Poirier (7ngis piri). Tous les horticulteurs ont à se plaindre des dégâts du vigre du poirier. Cet insecte est un hémiptère qui, en piquant le dessous des feuilles du poirier, soit pour se nourrir, soit en- suite pour y déposer sa progéniture, provoque de petites gal- les ou excroissances brunes très nombreuses, qui détermi- nent la chute des feuilles et causent aux arbres envahis un préjudice notable. La société d'horticulture de Paris ayant reçu de M. Poiret l'annonce d'un procédé secret pour arriver à la'destruction de cet insecte, n’a pas cru devoir le recommander parce qu'il était secret, et voici quels ont été Les motifs invoqués par le rap- porteur. Cette notice est toujours utile, car, si elle ne fait pas con- naître le procédé de M. Poiret, elle en indique de suffisants, dont tout le monde peut tirer profit. M. Michelin, secrétaire du comité d'arboriculiure, a fait connaître que le comité, considérant le manque de renseigne- ments sur la composition du liquide de M. Poiret, et se ba- sant sur ce que la Société nationale d'horticulture s'est donnée de tout temps comme règle invariable de ne jamais décerner de récompense pour les procédés ou les substances dont la nature est gardée secrète, est d'avis qu'il n'y à pas lieu de ré- compenser l'inventeur du liquide destiné à faire périr le tigre et que tout ce qui peut être fait en sa faveur, c’est de don- ner à la mention de ce procédé la publicité du Journal de la Société d'hortieulture. 80 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Du reste, a ajouté M. Michelin, il n'est pas aussi difficile qu'on veut bienle dire de délivrer les arbres de l'insecte dont il s'agit. Il suffit, pour obtenir ce résultat, de projeter, sous les feuilles des poiriers attaqués, de l’eau pure ou mieux en- core de l'eau de savon, en faisant cette opération le soir et la renouvelant le lendemain matin. Sans doute, l'insecte pourra reparaitre l’année suivante : maïs on n'aura qu'à s’en débarrasser encore comme on l'a déjà fait. M. le secrétaire du comité d'arboriculture affirme que, dans son jardin, il ne voit jamais les poiriers souffrir des atteintes du tigre, grâce au procédé bien connu qu'il vient de rappeler. M. Aubrée à dit que, dans son jardin, un espalier de poi- riers soullrait beaucoup des atteintes du tigre. Sachant que cet insecte pond sur les branches de ces arbres, il a traité ceux-ci à l'eau bouillante, fin de janvier ou au commence- ment de février. Aujourd'hui, cet espalier est le plus beau de son jardin. M. Michelin reconnait que ce dernier procédé est excellent et s'emploie avec succès contre tous les insectes qui déposent leurs œufs sur les branches des arbres. Il est à sa connais- sance que M. Charollais, qui en fait usage, S'en trouve par- faitemeni. M. Jamin (Ferd.) à fait observer que les arboriculteurs con- naissent en général les bons effets produits par le traitement des arbres à l'eau bouillante pendant l'hiver, contre tous les parasites. La lutte contre les insectes. Un de ces jours passés, Miss Ormerod à lu un mémoire, devant l'Institut d'agriculture de South-Kensington, sur les dommages causés par les insectes et sur les procédés pour s'en garer. Il nous est impossible de le reproduire, parce que les ex- plications que la lectrice à données étaient accompagnées de dessins au tableau auxquels nous ne pouvons pas référer nos lecteurs, BULLETIN D'INSEGTOLOGIE AGRICOLE Si Mais nous en extrayons un passage qui ne Inanquerà pas de les intéresser, car il présente sous un jour et dans un rôle auxquels on n'est pas habitué dans notre monde agricole, les engrais et les cultures intensives. Après avoir énuméré les divers procédés par lesquels Les cultivateurs avisés se défont pendant l'hiver des œufs et larves qui doivent reproduire les myriades d'insectes, Miss Ormeérod se demande ce qu'il faut faire lorsqu'on à à lutter contre les insectes eux-mêmes, en pleine activité de Ileurs instincts dévorants. Il est difficile de songer aux insecticides autrement que dans l'usage limité des jardins. Pour la culture en plein champ. ce serait on inefficace, ou ruineux. C'est ici qu'intervient l'action bienfaisante des bonnes cultures et de l'emploi judicieux des engrais. Prenons pour exemple les plantes dont les feuilles sont dévorées par les insectes. Dans les attaques de ce genre, dit Miss Ormerod. si les plantes sont petites el faibles, la quantité de substance que linsecte détruit chaque jour est plus forte que celle que la plante remplace parle degré de rapidité de sa croissance, si bien que la plante s’'amoindrit chaque jour, s'étiole et meurt. Si cette situation précaire est corrigée par l'application in- telligente d'un engrais bien approprié à la plante et à la nature du sol, une pluie favorable peut entraîner à la racine une abon- dante matière fertilisante, et alors que se passe-t-il? La plante perdrait par exemple à concurrence d'un demi- pouce par jour de sa matière foliacée ; mais nous avons réussi à pousser sa végétation de manière qu'elle forme trois quart= de pouce dans le même temps. Dans cette situation, la plante gagne de vitesse l'insecte, son développement va plus vite que sa destruction. Dans cet appel aux forces fertilisantes du sol, elle utilise des matières- engrais qui seraient restées en surabondance. On voit par là qu'un certain excès d'engrais peut devenir très utile dans le eas Où il Sagira nôn seulement d'assurer le développement 83 BULLETIN. D'INSECTOLOGIE AGRICOLE normale d'une récolte, mais encore de remplacer la substance végétale dévorée par les insectes. C'est un aspect particulier de la question des engrais qu'il est intéressant d'étudier. La Couleuvre lisse (Coronella læris. Taurenti, vtv/pare.) PAR M.E. LESUEUR Celle couleuvre est ainsi dénommée par la finesse de ses écailles unies et de sa peau lisse au toucher. Elle à quelque ressemblance avec la Vipère. La tête est aplatie et recouverte par 9 plaques: le museau est :moins arrondi que dans les autres espèces; le ventre est garni par 174 plaques simples, transversales ; de l'anus à la pointe de la queue, par 58 paires de petites écailles doubles. Une ligne longitudinale, de couleur marron foncé, de 0"02, se trouve placée à la hauteur de l'œil, partant du museau et allant rejoindre une autre ligne de 0"01 un peu plus large; sur le corps se trouvent six rangées de petites taches d'un roux foncé, se détachant sur un fond fauve elair; une large tâche foncée formant un cœur se trouve sur le dessus de la tôte. La couleuvre lisse est vivipare; l'accouplement à lieu en avril et mai, la gestation est de 90 jours environ. Elle ne se trouve que sur les hauteurs, dans les endroits sees, rocailleux, le long des murs exposés au soleil où vivent des lézards, qui sont sa principale nourriture. Cette espèce à beaucoup de rapport avec les boas, serpents étouffeurs. Voici l'étude que j'en ai faite à ce sujet: elle en- roule et étouffe sa proie exactement comme les grandes es- pèces de boas. La couleuvre lisse, qui veut saisir un lézard, avance vers lui lentement, la tête repliée sur elle-même. Arrivée à quinze centimètres de sa proie, elle se détend d'un seul bond et prend le lézard derrière la tête ; en une seconde, sa proie est enroulée par de nombreux nœuds, qui forment une boule et qu'elle serre jusqu'à l’étouffement complet de sa BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 89 victime. Ensuite, elle se détend tout doucement. La mastica- tion s'opère en vingt minutes. La couleuvre lisse fait des portées de huit à dix couleu- vraux : ils sortent du ventre de leur mère, enveloppés dans une poche très mince appelé chorion. La petite couleuvre peree cette enveloppe pour sortir; elle se déroule lentement, puis, coupe avec ses dents une sorte de cordon ombilical qui lui est adhérent et le mange. Aussitôt dégagée de ses entraves, elle est en pleine vigueur, et si l'on cherche à l’agacer, elle se met aussitôt en défense et cherche à mordre. Les jeunes couleuvres sont de la grosseur d'un porte-plume (1 centimètre et demi de diamètre), et d'une longueur de 12 à 15 centimètres. La première année, elles se nourrissent de petitsinsectes et de jeunes lézards ; elles s’atta- quent même à des plus gros, en les prenant par la queue qui est très fragile et se casse; elles la mangent ensuite. Quoique mangeant des petits insectes dans son jeune àge, celte couleuvre, à l’'étal adulte, est très nuisible, car elle se nourrit spécialement de lézards qui, eux, sont utiles à l’agri- culture comme insectivores exclusifs: il faut la détruire. E. LESUEUR (Reproduclion interdite.) Société centrale d’Apicuilture ect d'Insectologie, SÉANCE DU 19 Mar 1883. — PRÉSIDENCÉ DE M. SIGAUT. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le secrétaire général entretient l'assemblée des dispositions à prendre pour l'exposition du mois de juillet prochain. Il dit qu'à cause de l'exposition des beaux-arts, actuellement au palais de l'Industrie, et qui ne fermera que le 22 juin, les tra- vaux ne pourront commencer que le 23. Mais l'entrepreneur s'est engagé à placer les tentures et les tables pour que l’ins- tallation puisse être achevée le 30 juin. Il ajoute qu'un terre- plein, entourée de grillages, permettra de recevoir, comme dans une exposition précédente, des appareils agricoles pro - 90 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE pres à la destruction ou à l'alimentation des insectes, tels que pompes à insecticides, tarares, etc. M. Millet appelle l'attention de l'assemblée sur les affections qui atteignent et décimeni les écrevisses. I dit qu'il faut at- tribuer ces affections aux eaux que les usines industrielles déversent dans les ruisseaux et les rivières. Il l'entretient en- suite des hannetons, très nombreux cette année dans nombre de cantons. Il déplore la chasse impitoyable que l'on fait au corbeau freux, qu'il ne faut pas confondre avec le corbeau or- dinaire; car le corbeau freux est un des plus grands destruc- teurs de hannelons adultes et de leurs larves (vers blancs), II regrelite qu’on l'ait empêché de nidifier sur les arbres élevés du jardin du Luxembourg. M. Hamet dit qu'on lui reproche d'en fagoter trop les branches, n'ayant pas à sa disposition les brindiiles qu'il trouve abondamment à la campagne pour construire son nid. M. Berthault, de la Roche-sur-Yon, communique ce qui suit: « J'avais une colonie loqueuse qui avait été mise de côté pour la détruire. Une forte ruchée l'avait pillée au mois de septembre dernier. Au mois de mars, avril, j'ai reconnu la trace non équivoque de loque dans ma belle ruchée : plateau sali de matières noirâtres, larves noirâtres, glutineuses, reje- tées par les abeilles, se collant au sable répandu au devant de la ruche, sous forme d'une petite boule. — J'ai pris un plateau neuf et ai répandu dessus à profusion de la solution suivante : Acide phénique cristallisé.. 4 2012404... 00 100 grammes AGO SNA EM «0 nsc ibn 1000 Puis j'ai placé la ruchée sur ce plateau. — J'ai répandu tout autour de cette colonie de l'acide phénique impur. — Les larves loqueuses ont continué pendant quelques jours, puis ont cessé. Il n’y en à plus trace depuis quinze jours, et ma ruchée est une de celles qui travaillent avec le plus d'ar- deur. L'acide phénique étant très volalil, à pénétré en vapeur ‘rz 's BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 04 dans toute la ruche. — C'est une guérison. Je vais conserver et observer cette colonie} pour savoir si cette ‘guérison sera définitive. Le professeur du Luxembourg relate les deux faits sui- _vanls : A la lecon de son cours, du samedi 5 mai, il montrait aux auditeurs les cadres encore inoceupés par les abeilles d'une ruche à deux étages de Berlepsch (ruche d'observation) et an- nonçait que les rayons de ces cadres commençant à vieillir seraient remplacés dans la leçon du 8. Mais, à cette date, un changement de temps était survenu : depuis le 6, une tempé- rature meilleure régnait et les fleurs des marronniers en plein épanouissement donnaient beaucoup de mielet de pol- len! Aussi, les rayons à remplacer avaient reçu du miel dans tous les points, et deux du milieu avaientreçu des œufs. Ces œufs se trouvaient sur tous les points des cellules, la plus grande partie était au fond, mais un certain nombre se trou- vait sur Pun des pans des cellules; il s’en trouvait même sur les bords. Le professeur pense que, pressée de pondre à cause des circonstances favorables et aussi parce que le miel allait envahir les cellules, la mère, pour ne pas perdre de temps, cest-à-dire pour pondre le plus possible, avait ainsi déposé des œufs sur divers points des cellules sans prendre le temps d'y plonger entièrement son abdomen. Il pense que, dans ce cas, les ouvrières descendent, peu après, les œufs dans le fond des cellules, c'est-à-dire transportent ces œufs à l'endroit con- venable. M. Saint-Pée dit que plusieurs fois il a déplacé des œufs, et qu'il n’a pu ensuite les fixer. M. Hamet lui demande depuis combien de temps les œufs qu'il déplaçait étaient pon- dus ? M. Saint-Pée répond qu'il ne sait pas au juste, depuis environ deux jours, pense-t-il. Le professeur dit que si l’on déplace un œuf qui vient d’être pondu, il conserve par l’un des bouts assez dela matière ag- glutinative dont la pondeuse l'a imprégné, pour être fixé à une autre place. Il ajoute que si, à l’aide d’une paille on tou- che par ce bout un œuf que la mère d'un essaim par transva- 92 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE sement vient de laisser tomber sur le plancher, il se colle à ce brin de paille. Il emploie ce moyen pour mettre sous les yeux de ses auditeurs des œufs ainsi recueillis. Ces œufs nou- veaux peuvent être fixés au fond d'une celiule. Pour lui, le dé- placement par les ouvrières des œufs fraichement pondus dans les cellules, ne fait pas de doute, mais il n’a pas constaté le fait de visu, il ne l’a constaté qu'après coup. Le deuxième fait qu'il a constaté à la même (séance le 8 mai),c'est une production extraordinaire de cire due à la miel- lée abondante du moment coïncidant avec un grand apport de pollen. Ne pouvant utiliser la cire qu'elles étaient obligees, contraintes de produire, les abeïlles l'ont déposée sur une des vitres latérales de la ruche (c'était une ruche d'observation, on l’adit) qui en était littéralement mastiquée. Le professeur ayant, le 8, remplacé l’un des cadres bâtis par un cadre muni d'un rayon gaufré, les abeilles avaient, le lendemain, enlevé ta cireemmagasinée sur la vitre pour allonger les cellules du rayon gaufré. Le professeur ne doute pas que cette cire que Les abeïl- les avaient été en quelque sorte contraintes de cracher n'eût été utilisée pour operculer du couvain et du miel. Il conclut que, par une miellée de printemps — nectar abondant étendu d'eau et température plutôt humide que sèche, avec cueillette abondante de pollen — les abeilies sont contraintes de pro- duire de lacire, et que cette production leur coûte très peu de miel. Il infère de là qu'amorcer avec une simple bande de rayon gaufré qui descend jusqu'en bas, vaut autant qu'em- plir entièrement le cadre. Il y a avantage à n’amorcer qu'avec une bande en triangle, parce qu'il y a diminution de frais d’a- vance. Il aioute que M. Delinotte, qui a amorcé le 6, avec des languettes en triangle et des morceaux emplissant entièrement le cadre, lui à assuré que les constructions ont marché aussi vite dans les premiers cadres que dans les derniers, les cir- constances de miellée et de température étant favorables. Mais il ne déduit pas de là que, dans la grande miellée de juin, ilne faille pas donner de la bâtisse entière.Gelle-ci, àce moment-là, aura au Contraire un avantage marqué sur la bâtisse gaufrée. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 93 M. Planchon offre pour la bibliothèquede la Société une no- lice bibliographique de Joseph Decaisne ; M. Maurice Girard offre une note sur des aberrations observées chez des atta- ciens asiatiques. Remerciements. Le secrétaire général présente, pour faire partie de la So- ciété : M. F. Pays, de Bois-d'Arcy près Saint-Cyr (Seine-et- Oise); M. Bruno Deuzenski, inspecteur d'apiculture à M. Var- sovie (Pologne); M. Mouvault, apiculteur à Herblay (Seine- et-Oise). Ces membres sont admis. La séance est ensuite levée. Pour extrait : MALESSARD. secrétaire. Hétermination d'insectes. Notre collègue, M. Jolibois, instituteur à Silly (Oise), a en- voyé à la Société deux boîtes d'insectes à déterminer pour son musée scolaire. Ce sont des coléoptères, la plupart du dépar- tement de l'Oise, certains du Midi de la France. Ces insectes ont été déterminés au muséum par M. G. Poujade, à qui nous adressons tous nos remerciements. (La Rédaction). Première boite. — Brachinus crepitans ; Feronia terricola: Harpalus serripes ; Anchomena parumpunctata : Helophorus: Dermestes lardarius ; Attagenus pellio ; Anthrenus ; Catops- ciste loïdes ; Sisyphus Schæiïteri ; Onthophagus Schreberi; Se- rica brunnea ; Athous longicollis ; Dolichopoda nobilis ; Cory- netes cœruleus; Ptinus fur ; Tenebrio obscurus ; Opatrum sabu- losum; Asida grisea ; Lagria hirta ; Omophlus lepturoïdes : Anoncodes amæna, Schaum; Rhynchites betulæ:; Mecinus: Calandra granaria ; Phytonomus punctulatus ; Phytonomus : Sitones ; Sitones; Plinthus caliginosus ; Bruchus pisi. Seconde boîte. — Polydrosus sericeus; Polydrosus ; Phyl lobius oblongus ; Otiorhynchus tenebricosus ; Otiorhynchus raucus; Cæœliodes didymus; Hesperophanes nebulosus, France méridionale ; Leptura livida; Pachyta collaris ; Crioceris duo-- decim punctata; Donacia affinis ; Donacia discolor ; Cryptoce- phalus bipunetatus ; Cryptocephalus violaceus ; Bostrichus stenographus ; Timarcha coriaria ; Chrysomela fastuosa ; Co- 94 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE laphus ater; Phralora vulgatissisma: Adimonia capreæ:; Ma- lacosoma lusitanicuim, France méridionale : Sphæroderma cardui ; Coccinella bipunctata, variété ; Larinus scolymi, France méridionale. Abeilles solitaires (Suite). Les mâles, très différents, sont bien loin d'offrir la même imagnificence. 1] sont plus nombreux et plus petits; leur ab- domen est fusiforme, notablement bombé; ils ont des anten- nes assez longues, dont le second article n'est pas pédiculé ; leur poil, jaune-gris et rose, laisse briller les bords posté- rieurs des anneaux du corps. Moœurs, habitudes et régime. — Comme leurs nombreux pa- rents, les femelles confient leur progéniture à quelque cavité qu'elles creusent dans la terre ou dans le mortier, qui sépare les moellons de nos murailles bien exposées au soleil, et ap- provisionnement leurs nids d’une énorme quantité de pollen qu'elle recueillent principalement sur les chicoracées. On ne voit ces abeilles à culottes que du milieu de juin à la fin d'août. LES ANDRENES (Andrena). — Caractère. — Les abeilles des sables (Andrena) ont une langue courte, lancéolée, qui ne se replie pas en arrière pendant le repos, mais se retire sur la face supérieure du menton. Westwood les oppose, sous le nom d'Acutilingues, à d'autres espèces alliées. Les palpes la- biaux sont uniques et formés de quatre articles ; ceux de la mâchoire inférieure sont composés de six articles. La cellule marginale de l'aile antérieure s’effile dans sa moitié postérieure et ne s'applique pas à l'extrémité arrondie de la nervure marginale. Des trois cellules sous-marginales, qui sont closes, la première atteint presque la longueur des deux autres réunies; la seconde, la plus petite, est presque carrée et reçoit vers son milieu la première nervure récur- rente; la troisième se rétrécit en haut et recoit la seconde ner- vure récurrente bien en arrière de son milieu. Chez la femelle, toute la surface externe des jambes posté- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 95 rieures jusqu à l'extrémité du tarse, ainsi que les côtés du mé- sothorax, sont pourvus de poils épais, pour la récolte du pol- len ; mais le premier article du tarse postérieur est court, dégarni de longs poils et par conséquent inutile pour mois- sonner. En dedans, sur les tarses, un poil épais et plus court constitue les brosses que nous avons déjà souvent citées; les femelles rentrent au logis, couvertes de pollen sur toutes ces régions. Les griffes sont armées, vers leur milieu, d'une pe- tite dent latérale ; il existe entre elles une languette membra- neuse très remarquable. L'abdomen est rétréei à sa racine; il est ovale, lancéolé ou elliptique. C'est lui qui permet de dis- tinguer aisément les sexes. Chez la femelle, il est plus aplati vers l'extrémité, c'est-à-dire vers le cinquième anneau, qui est muni d'une garniture de poils, la frange terminale re- couvran£é plus ou moins le sixième anneau, plus petit. Chez le mâle, l’addomen est plus étiré, sans perdre jamais la forme linéaire. Les antennes neles différercient guère de la femelle, car elles sont à peine plus longues: mais il y à, sur la face, une touffe de poils plus forte, et la lèvre supérieure est par- fois, dans toute son étendue, d'une coloration plus claire; ce- pendant jamais cette teinte claire n’est limitée au bord änté- rieur seul. Comme il ne récolte pas, ses poils sont bien plus rares, sur les jambes postérieures, que chezla femelle. D'après leur coloration et le revêtement de leur corps, les nombreuses espèces d'Andrènes (Smith en à relevé soixante- huit en Angleterre) peuvent se grouper de la façon suivante: Celles dont l'abdomen est de couleurs noire et rouge. Celles dont l'abdomen est uniformément noir, parfois à re- flets bleus, mais sans bandes. Enfin celles dont l'abdomen n'est pas absolument noir, et se trouve orné de bandes claires provenant du plus ou moins d'épaisseur de la fourrure. Cette dernière division comprend le plus grand nombre d'espèces, dont la plupart se ressem- blent beaucoup. Nous décrirons une espèce de chacun de ces trois groupes. Distributions géographiques. — Elles vivent dans la région 96 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE septentrionale et moyenne de la France, de l'Allemagne et de toute l'Europe, ainsi que dans le nord de l'Afrique. Murs, habitudes, régime. — Les abeilles des sables, qui comprennent les espèces suivantes, constituent certainement, au moins le tiers des abeilles sauvages qui recherchent les fleurs mellifères et dont le bourdonnement familier anime dès le printemps les prairies émaillées de fleurs. Les abeilles des sables ouvrent la danse. Ce sont ces Andrènes, dont le vol sauvage accompagne les abeilles domestiques plus cal- mes et plus réfléchies autour des chatons de saules, qui sa- vourent les fleurs des groseilliers à maquereau ainsi que les autres fleurs prémices de l’année et qui hésitent longtemps avant délire un domicile, afin de fêter par la bonne chère le réveil de la création vivante. Ce sont elles qui, sur les coteaux ensoleillés, au sortir de leur berceau, voltigent de trou en trou, et se pressent en masses, afin de préparer des colonies pour leurs descendants. J. KUNCKEL D’'HERCULAIS. (À suivre.) Exposition et congrès insectologique. L'exposition des insectes, qui ouvrira le 1°" juillet au palais de l'Industrie, promet d'être brillante. Les membres de la Société trouveront la carte d'entrée à laquelle ils ont droit au secrétariat, ou pourront se la faire délivrer au palais de l’In- dustrie. On leur rappelle que le congrès insectologique se tiendra dans la salle des conférences, le vendredi, 13 juillet, à 1 heure. Ils sont priés d'y assister. Les questions à trai. ter se trouvent dans le Bulletin n° 3, p. 41. Il pourra en être traité d’autres. —- Des conférences insectologiques auront lieu pendant la durée de l'exposition, les lundi, mercredi, jeudi et samedi, à 2 heures. Le Gerant : H. HAMET. CPP PPPPLPPS LL PS PP PSP DS PPS SELS PP LL PSS SPL PS SLR PSS S PPS LPS PP PPS PPS PPS PPS DRLPPPPPSIPIPPLPPS. .:p. de la Soc. de Typ. - NOIZETTE, 8, r. Campagne 4re. Par! N° 7. HUITIÈME ANNÉE Juillet 1883 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE. — Exposition des insectes de 1883. — Distribution des récompenses. — Rapport du secrétaire général. — Rapport sur l'insectologie généraie, par M. W. de FONTVIELLE. LILPSSPPPESLPSLIS "72 Exposition des Insectes de 1883 DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES Le 29 juillet, a eu lieu au palais de l'Industrie, salle des conférences, la distribution des récompenses de l'exposition des insectes de 1883. Se trouvent au bureau: M. Cernesson et M. Manier, membres du Conseil municipal de Paris. M. Henricy remplace le président absent. Sont à ses côtés MM. Maurice Girard, vice-président, de Liesville, Delinotte, de Fontvielle, Fallou, Millet, Ch. Joubert, Larbalétrier et Hamet secrétaire général. | M. le Président ouvre ja séance par l'allocution suivante : Messieurs et Mesdames, Avant d'aborder l'ordre du jour de ceute séance solennelle, ordre du jour qui se borne du reste à la lecture des rapports des différents jurys, à la proclamation des noms des lauréats, et à la distribution des récompenses, je crois devoir au ncem de la Société d'agriculture et d'insectologie générale, adresser des remerciements et des félicitations, d'abord aux organisa- teurs de celle exposition qui prend fin aujourd'hui même ; puis aux exposants venus de tous les points de l'horizon pour con- tribuer à sa valeur et en rehausser l'éclat ; enfin, et surtout— car je les aurais volontiers placés au premier rang, si l’inexo- 7 98 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE rable logique ou l’enchaînement des faits me l’eût permis, — surtout, dis-je, aux savants conférenciers dont l’enseignement, à la fois théorique et pratique, a attiré et charmé la foule dans cette salle. Je suis de ceux, aujourd'hui peu nombreux, qui ont vu nat- tre la société d’Apiculture et n’ont cessé de s'intéresser à ses développements, à ses progrès. Ses débuts ont été des plus modestes, mais je n'en tiens pas moins à l'honneur d’avoir présidé les deux premiers congrès d'apiculteurs en 1859 et 1861. Ils se sont tenus en plein vent, dans le jardin du Luxembourg près du rucher expérimental. C'est dans ce jardin qu'on a pu visiter nos premières expositions. Plus tard notre horizon s’est élargi par l’adjonction du vaste domaine de l’in- sectologie générale, et nos expositions suivantes, ainsi que nos congrès, ont eu lieu successivement au palais de l'Industrie au Pavillon du jardin du Luxembourg, et à l'Orangerie des Tui- leries. Si l'exposition actuelle laisse à désirer, si elle n’est pas ce que nous aurions désiré qu'elle fut, ce n’est pas la faute de ses organisateurs, qui r’ont manqué ni de zèle ni d'activité; on ne doit attribuerses défectuosités ou son insuffisance qu’à l'exigüité du local qui nous a été accordé, par suite d'un con- cours de circonstances défavorables. Monsieur le ministre de l’agriculture, dont nous avons reçu hier la visite, a cons- taté et déploré lui-même l'exigüité de ce local, et nous avons tout lieu de croire qu'à l'avenir nous serons moins à l’étroit. Comme compensation, notre congrès d'insectologie a eu une certaine importance. La question du phylloxéra, de ce destructeur de nos vignes, y a été surtout traitée avec une ampleur magistrale. Espérons qu'en continuant ces études avec persévérance nous arriverons à nous débarrasser de ce terrible ennemi et à régénérer nos vignobles, l’une des sources les plus fécondes de la richesse de Ja France. Dans son champ plus restreint, le congrès des Apiculteurs aeu aussi son utilité. Hélas! beaucoup de ceux qui ont pris part aux congrès et aux BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 99 expositions de la première heure ne sont plus de ce monde; d'autres ayant obtenu toutes les récompenses que peut décer- ner notre Société, se sont retirés de la lutte, satisfaits du repos qu'ils goûtent sur les lauriers conquis. Je constate cependant avec plaisir que quelques-uns de ces vétérans de nos premiè- res expositions nous sont demeurés fidèles. Ceux-là doivent être félicités doublement pour leur persévérance. Mais ceux que la mort a fauchés, de même que ceux qui s’abstiennent, sont heureusement remplacés par d’autres, jeunes et ardents, qui promettent de fournir une longue carrière. Enfin, Messieurs et Mesdames, l'autorité supérieure, qui s'est rendu compte des services que rend notre Société, nous est favorable, et, d'un autre côté, il est hors de doute que le public s'intéresse de plus en plus à nos expositions et à notre enseignement, qu'il comprend combien il est important de multiplier les insectes utiles et de détruire par tous les moyens en notre pouvoir les insectes qui causent tant de dégâts à nos récoltes. Notre enseignement est donc enfin apprécié comme il mérite de l'être. C’est pourquoi nous devons envisager l’a- venir avec confiance, et nous efforcer de faire de mieux en mieux. C'est pourquoi je vous ajourne tous à notre prochaine - exposition, désirant qu'aucun de vous ne manque à cel appel. Rapport du secrétaire général. Messieurs, votre secrétaire général vous doit, ainsi qu'à l'honorable assistance, une appréciation au moins sommaire de l'exposition actuelle que vous avez organisée sous le pa- tronage du Ministre de l’agriculture. Les rapports que vous allez entendre abrégeront sa tâche. Il doit d'abord constater que l’époque moins avancée en saison que nous avons prise cette fois, a quelque peu gêné des exposants qui n’ont pas été prêts et ont dû s'abstenir à cause des travaux pressants du moment. Il en a été ainsi dans les parties apicoles et séricicoles. Néanmoins la pre- 100 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE mière compte à peu près le même nombre de représentants qu'à notre exposition de 1880, et parmi lesquels beaucoup d'exposants nouveaux. Vous allez en juger par l'appel des lauréats de cette classe. Quant à la section séricicole, elle constate, hélas! le ma- laise qui existe et s’accentue de plus en plus dans la produc- tion dont nous a dotés Olivier de Serres. La classe la plus considérable et la mieux représentée est, ceite fois, celle de l'insectologie générale. Là presque toutes. les divisions de notre programme ont des représentants, et il en est qui brillent par l'intérêt qu'offrent les objets qu'ils ex- posent. Le rapporteur de cetie classe vous en fera ressortir les mérites. La classe de l’enseignement insectologique témoigne que des instituteurs entrent de plus en plus dans l'application des vues de notre Société : la divulgation des connaissances in- sectologiques, afin d'arriver à combattre efficacement les ra- vages que commettent les insectes nuisibles et quise chiffrent annuellement par près d'un milliard de francs. Ils exhibent des collections pratiques d'une grande importance, mais qui parfois, au point de vue de l'exactitude rigoureuse, iaissent à désirer que l'enseignement de l'entomologie appliquée soit rendu obligatoire dans les écoles normales primaires. Notre Société exprime vivement le désir que cette lacune soit comblée le plus tôt possible. Par nos expositions nous ne tendons rien moins qu à appe- ler l'attention de tous sur ce vaste champ trop peu exploré de l'insectologie, notamment de l’insectologie agricole. Les con- férences que nous donnops et qui ont eu lieu iei, et sur les- quels il sera fait un rapport, complètent autant que possible l’enseignement public que présentent nos expositions. Nous voudrions que cet enseignement fût plus complet; nous vou- drions pouvoir vous montrer vivants les insectes nuisibles ou du moins des spécimens — Comme nous vous montrons des insectes utiles, tels qu'abeilles et vers à soie. Nous vour- drions vous montrer vivants les insectes auxiliaires qu'il Ne, 14 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 1401 importe le plus de protéger, comme nous vous montrons des reptiles, des batraciens et un oiseau nocturne des plus utiles, la chouette. C'est ce que nous ne serons en mesure de réaliser que le jour où notre établissement du Parc de Montsouris sera orga- nisé. L'année dernière, le conseil municipal, dont deux des membres qui s'intéressent le plus à notre œuvre ont bien voulu nous honorer de leur présence — a voté en principe la somme nécessaire (38.000 francs) pour la construction des bâtiments d'installation à exécuter. Nous espérons que 1884 verra s'élever celte construction et que notre prochaine exposition, en 1885, pourra avoir lieu au Parc de Montsouris. Dans le cas où il ne pourrait en être ainsi et que nous de- vrions revenir daps le palais de l'Industrie, nous tâcherions que l'emplacement füt plus grand et mieux approprié que celui mis à notre disposition cette année. Nous modifierons aussi quelque peu l'époque de la tenue de cette exposition. Je ne vous dirai rien des deux congrès qui se sont tenus ici dans le cours de l'exposition. Je me permettrai seulement d'émettre une opinion personnelle qui n’est pas d'un flatteur: ils auraient pu être plus suivis, partant plus brillants. A cet endroit et sur cette manière d'enseigner publique- ment, nous ferions bien de jeter les yeux au delà de la fron- tière et de voir de quelle façon nos voisins nous devancent. Dans leurs nombreux congrès, les Belges et les Allemands sont 500 quand nous ne sommes que 50, et ils s'appesantis- sentsheures sur une question, quand nous en traitons 5 en une heure. Il est vrai que chez nos voisins les chemins de fer — qui ne sont pas monopolisés et dont les tarifs de trans- port ne sont pas aussi élevés que les nôtres — font une ré- duction de 50 p. 100 à toute personne qui va à un congrès. Chez nous, du train dont marchent les choses, nous ne ver- rons Cela que dans 75 ans, c’est-à-dire en 1958. J'aurais à vous présenter les travaux accomplis par notre Société depuis la dernière exposition. Ils sont consignés dans 102 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE son Bulletin. Elle continue de faire des recrues parmi les ins- tituteurs primaires, ce que lui fait bien augurer de l'avenir. En ce moment, elle fait appel à tous les exposants et les engage à nous Continuer leur concours en devenant nos col- lègues, en se faisant inscrire comme membres actifs. Permettez-moi, avant de terminer, d'exprimer un senti- ment de reconnaissance à la mémoire d’un de nos membres, le conférencier le plus écouté à notre exposition de 1880, le regretté M. Vianne, mort l’année dernière. Je termine en soumettant à votre bureau l'admission des membres dont les moms suivent : MM. Guérin, pharmacien, à Paris; M. Serpin, fabricant d'engrais insecticides à Clichy (Seine); de Meyer, chimiste à Paris; Bazire, fabricant de poudres insecticides à Paris ; Gam- bier, instituteur à Boulogne-sur-Seine ; Charles Boureau, né- gociant à Paris ; Blairet, publiciste à Bois-Colombe (Seine); Fauvelais, à Paris; Garnier, inspecteur des lignes télégraphi- ques à Paris; Lebel, naturaliste à Paris ; Caillas, employé de la ville, à Paris ; V. Méline à Asnières (Seine) ; Poulain, sur- veillant général de l'école normale primaire, à Paris ; Desobry, pharmacien à Paris ; Touery, herboriste à Paris. Je vous propose aussi d'accorder le titre de président hono- raire de la Société à M. de Liesville, qui, aux élections der- nières, s'est démis des fonctions de vice-président qu'il oc- cupait depuis la fondation de notre Société. Rapport sur l’Insectologie générale à lPExposition des Insectes de 1883. Membres du Jury: MM. Maurice Girard, président, Fallou, Millet et W. de Fontvielle, rapporteur (1). (1.) Membre adjoint pour les pompes et injecteurs, M. Larbalétrier. Le se- crélaire général, M. Hamet, a assisté aux opérations des jurys de toutes les classes, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 103 Dans le premier paragraphe de leur rapport de 1880, les membres du jury d'Insectologie générale, se félicitaient hau- tement d'avoir à constater un progrès incontestable dans toutes les branches de l'exposition de notre Société. Ils expri- maient en même temps la conviction que cet heureux résul- tat devait être considéré comme une conséquence du progrès de la raison publique et de l’affermissement de nos institu- tions nationales. Ce ne sont en effet que les peuples libres, qui s'occupent de l'étude de la nature et surtout de la branche qui traite des êtres dont la majeure partie sont invisibles, mais qui malgré leurs petites dimensions produisent des désastres d'une pro - digieuse étendue, dans lesquels les gens ignorants ne sont pas toujours seuls à voir le résultat du hasard, sinon de la colère d’une capricieuse divinité. Le patriotisme de nos prédécesseurs ne les a point induits en erreur. En effet nous sommes appelés comme eux à cons- tater dans l'exposition de 1883 une amélioration des plus re- marquables, qui coïncide avec l’apaisement des passions hostiles à la régénération de la France, et avec l'extension de la puissance de notre patrie dans ies régions lointaines dont elle a entrepris la civilisation. Cette foisle progrèsne se constate pas seulement par le nom- bre des vitrines ou les objets remarquables apportés dans nos galeries, mais par l’affluence du public et par les articles que la presse scientifique ou politique nous ont 2onsacrés. Enfin M. le ministre de l’agriculture, en visitant nos galeries, en compagnie de M. Tisserand et des principaux fonctionnaires de son administration, a bien voulu nous témoigner officielle- ment l'intérêt que le gouvernement de la République prend à nos efforts, et nous promettre que pour le prochain concours un emplacement plus vaste serait mis à notre disposition. En 1880,nous avions à décerner l'abeille d'honneur à M. Miot de Semur, par une exposition composée d’un nombre consi- dérable de vitrines représentant toutes les classes d'insectes qui rentrent dans le programme de notre Société. Les individus 104 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE étaient classés méthodiquement, parfaitement définis à côtédes spécimens des plantes attaquées parleur dévastation. M. Miot avait toujours placé l’insecte parfait et l’insecte était parfois accompagné de sa nymphe ou de sa larve. M. Miot a augmenté sa collection de trop d'objets nouveaux pour que nous puis- sions entreprendre de décrire la série de ces richesses, de ces annexes nouvelles, qui comprennent des types intéressants d'insectes nuisibles, d'insectes utiles, d'insectes comestibles et d'insectes d'ornement. Nous avons compris qu'il ne suffirait pas, en présence de tant d'efforts couronnés par un si heureux succès, d’ac- corder à M. Miot le rappel de la distinction dont il a été l’ob- jet l'an dernier. En conséquence, nous avons proposé au bu- reau de la Société, qui l’a accepté à l'unanimité, de créer en faveur de M. Miot une récompense exceptionnelle et de lui décerner un objet d'art, qui lui sera remis avec une lettre dans laquelle le passage du rapport relatif à son exposition sera intégralement reproduit. Quoique nous ne puissions plus désormais récompenser M. Miot, nous espérons qu'il continuera à contribuer comme par le passé à l'éclat de nos expositions. Nous sommes per- suadés qu'il comprendra que le devoir du gouvernement de la République commence peut-être au moment où nous som- mes obligés de nous déclarer impuissants. Nous avons décerné l'abeille d'honneur, c'est-à-dire la plus haute récompense dont nous puissions disposer réglemen- ‘tairement à M. Savard. En 1880, la collection de M. Savard offrait déjà un mérite si exceptionnel que le jury d'insectologie lui avait décerné la médaille d'or du ministre, malgré le petit nombre de cadres qu'ils nous avait envoyés. Cette année M. Savard a sensible- ment augmenté l'étendue de sa collection, sans cesser de res- ter fidèle aux principes d'ordre, de clarté, et d’exactitude qui lui avaient valu ses premiers succès et que nous propo- serons comme modèle aux débutants. Mais ce qui rend surtout sa collection remarquable, c’est BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 105 qu'il l’a accompagnée d’un grand nombre de jolies aquarelles représentant très exactement les principaux types d'insectes, avec une taille suffisante pour que tous les détails de l'orga- nisation des types qu'il a choisis se gravent admirablement dans l'esprit. C'est ce genre de travaux que le jury d'insectologie tient surtout à encourager. En effet, il faut bien se persuader que lentomologiste accompli doit manier le crayon, et au besoin le pinceau, pour fixer le détail des organes qu'il a découverts ou les étudier, à un nouveau point de vue. Qu'il nous soit permis deregretter qu'aucun artiste n'ait suivi cette année l'exemple qu'avait donné M. Méry qui nous à apporté en 1880 une toile représentant des abeilles et des poussins sebattant pour la conquête de quelques grains de raisin. Les êtres que Virgile a chantés et qui ont inspiré Mi- chelet, ne sont-ils pas dignes de servir de sujet à quelque peintre de genre ? Le jury de 1878 et celui de 1880 ont successivement appelé l'attention des exposants sur la nécessité de constituer des collections spéciales, dans lesquelles ils réunissaient soit les représentants d'un genre d'insectes utiles ou nuisibles, soit les divers types insectologiques d’un département ou même d'un canton. Nous avons la satisfaction de constater que cet appel réitéré à deux reprises différentes a été entendu et que nous avons à récompenser d'une façon distinguée plusieurs exposants ap- partenant à l’utile catégorie des spécialités. Le jury d'insectologie a décerné la médaille d’or du minis- tre à M. Masson, percepteur au Meux (Oise) pour une collec- tion d'insectes de l'Oise, choisis parmi ceux qui sont utiles ou nuisibles aux champs, aux jardins et surtout aux forêts. Cha- que insecte est soigneusement accompagné d'une note met- tant en lumière d’une façon concise, mais suffisante, ses habi- tudes, et indiquant en même temps les précautions qu'il faut prendre pour s’en débarrasser. La médaille de vermeil du ministère a été décernée à 106 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE M. Froville, instituteur à Épinay sur Orge (Seine-et-Oise) pour une collection d'insectes du département préparée avec un soin remarquable, et que nous ne pouvons mieux faire que de signaler comme exemple à toutes les personnes qui voudront se distinguer de la même manière en recueillant les mêmes êtres habitant le coin de la France auquel ils sont attachés. Le jury d'insectologie ne peut décerner ces deux récom- penses sans émettre le vœu de voir ces exemples suivis sur toutes les parties du territoire de la République; en effet, le moindre prix de ces collections n'est-il pas de réveiller l'amour de la nature chez ceux qui les forment et chez ceux qui les admirent, et d'apporter par conséquent un élément de résis- tance à la déplorable attraction qui précipite les populations rurales dans les centres urbains. Il serait à désirer que les communes les plus pauvres au point de vue budgétaire, et qui sont souvent les plus riches au point du vue entomologique, trouvent le moyen de favo- riser la formation de musées ou l'instituteur trouverait tou- jours les éléments de ses démonstrations. Ces Collections auraient d'autant plus de prix que lactivité de nos concitoyens n'est plus concentrée sur notre territoire continental et qu’un généreux mouvement d'expansion, com- parable à celui qui amena la création de nos établissements d'Amérique et des Indes, s’est enfin déclaré. Ne serait-il point à désirer, que des collections formées dans les différentes parties du globe où d’héroïques Français ont versé leur sang pour la gloire et la prospérité de la Patrie, vinssent attester que les citoyens de notre république por- taient dans les régions les plus éloignées l'amour de la science et le culte du progrès ! Comme nous l'avons déjà fait à plusieurs reprises, nous re- gretterons surtout que l'Algérie, qui a été depuis silongtemps déclarée partie intégrante de la République, ne nous ait rien envoyé. Elle aurait cependant le plus grand intérêt à appeler l'attention des inventeurs ingénieux qui abondent à Paris BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 107 sur les moyens de détruire les insectes spéciaux dont elle souffre, notamment les criquets voyageurs, vulgairement les sauterelles, dont il paraît que le gouvernement anglais est par- -venu à débarrasser radicalement l’île de Chypre en faisant dé- truire les œufs dans les lieux de ponte, et à propos desquelles le gouvernement des États-Unis vient de publier une enquête des plus intéressantes. Nous décernons une médaille d'argent du ministre à M. Rouanet Suquet, à Clermont (Hérault) pour son exposition spéciale du Colaspe de Luzernes du Midi de la France. Nous devons ajouter que cet exposant a joint à son cadre une ex- cellente brochure dont la lecture ne saurait trop être re- commandée. Nous l’engageons de plus à imiter ce qu'a fait en 1880 M. Rouvier, qui nous avait envoyé une magnifique collection de charançons de France et à qui nous avons accordé l'autorisation de faire photographier ses vitrines sous les auspices de la Société. Ce n’est point diminuer le mérite de M. Rouanet Suquet, mais plutôt l’augmenter, en regrettant que cet exposant n'ait point eu de nombreux rivaux, car si nous consultons les bibliographies spéciales, nous sommes frappés du déve- loppement que prennent à l'étranger les monographies, qui toutes supposent l'établissement préalable de collections for- tement spécialisées. Nous rappellerons à ce propos qu'en 1880 un de nos expo- sants avait eu l’heureuse idée de nous apporter une vitrine renfermant tous les ennemis d'un des végétaux les plus utiles, le chêne liège, et que malgré l'élévation de la récompense qui lui a été accordée, il n’a point eu d'imitateur. Nous es- pérons que l’insectologie sylvicole sera plus richement repré- sentée dans notre future exposition. Nous accordons une médaiile de première classe à M. Vail- lant, instituteur, à Margny, près Compiègne, pour son expo- sition. Nous ne pouvons nous empêcher de regretter que piu- sieurs échantillons laissent beaucoup à désirer. Nous espérons que la récompense élevée que nous lui donnons, l'engagera à 108 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE renouveler une partie de ces exemplaires et à augmenter ses descriptions. En lui décernant la médaille de 1"° classe, nous avons eu pour but non seulement de récompenser ses efforts, mais surtout d'exciter chez ses collègues et chez ses élèves, le: goût de l’histoire naturelle etle désir de former des collec- tions. Nous avons accordé la médaille d'argent grand module de la Société des agriculteurs de France à M. le D' Adolphe Blan- kenhorn, de Carlsruhe (duché de Bade) pour des {prépara- tions microscopiques qui ont été utilisées dans nos conférences, et des objets conservés dans l’acool relatifs au phylloxéra. Nous ferons remarquer qu'il existe en France une com- mission spéciale payée parle budget, pour s'occuper de la des- truction du phylloxéra, que cette commission a publié de nombreux travaux dont il n’y a point en ce moment à exa- miner la valeur, mais qui sont exécutés aux frais du trésor public. — Il y a à Paris d'habiles artistes qui ne craignent pas de rivaux dans l’art de disposer les objets d'histoire natu- relle pour le microscope. Le Phylloxéra nous cause des désas- . tres qui, si on les totalise, arrivent à un total supérieur au chiffre de l'indemnité payée aux Allemands; cependant c'est de l’autre côté du Rhin, que nous avons recu les seuls docu- ments que nous ayons pu montrer au public qui a fréquenté nos conférences et notre exposition, sur un ennemi des plus dangereux de notre richesse nationale. La distinction accordée à M. Blankenhorn doit donc être considérée non seulement comme une récompense à un savant éminent, mais comme un avis à nos plus éminents entomolo- gistes français. Nous avons décerné une médaille de vermeil petit module à M. Morel pour l’ensemble de son exposition, dans laquelle figurent des squelettes de petits animaux que des insectes ont dépouillés avec une netteté et une précision dépassant celle du plus habile préparateur d'anatomie. C’est encore à M. Morel que l’on doit une partie de l’expo- sition qui a vivement attiré l'attention du public. C'est BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 109 lui qui nous a envoyé l'oiseau de Minerve, qui, dans une ré- publique athénienne, ne saurait jamais être mal reçu. Cet oi- seau a été placé au milieu d’une série de cages où les petits rongeurs dont il se nourrit ont été réunis avec beaucoup de goût. Nous ne saurions que réitérer les conseils que nous avons déjà donnés à M. Morel, et à l’engager de continuer à nous apporter en spécimens vivants les petits êtres qui intéressent tous les penseurs et dont l'organisation compliquée sou- lève tant de problèmes différents ; car la création d'une ména- gerie d'insectes est un des buts que nous nous proposons d'atteindre, et rien n'est plus utile pour l'obtenir que le spec- tacle offert dans nos galeries, par des expositions du genre de celle que nous avons la grande satisfaction de récom- penser en ce moment. Qu'il nous soit cependant permis d'ajouter ceci: nous espéronsqu'en rentrant plus directement dans le cadre d'Insectologie, un de nos exposants les plus anciens et les plus méritants nous donnera l’occasion de ré- compenser d'une façon plus complète encore ses travaux et ses succès. Nous avons le plaisir de décerner une médaille de pre- mière classe à M. Maillet, instituteur à Faverney, qui avait été déjà récompensé en 1880 par nos collègues de la section d'enseignement, mais dont l'exposition, quoique peu nom- breuse, offre un véritable mérite scientifique et présente une série d'échantillons bien remarquables de la faune insectolo- gique du département de la Haute-Saône. En 1880, la section de l’enseignement avait recommandé cel exposant à M. le ministre de l'Instruction publique pour les palmes académi- ques, nous avons quelques raisons pour croire que nous serons mieux écoutés cette fois. M. Wallès de Paris nous a représenté une collection d'insec- tes que nous avions déjà récompensée en 1880. Mais il ya ajouté des objets nouveaux et il l’a surtout enrichie d'une série de tableaux explicatifs qui sont consacrés chacun à un insecte, et qui donnent une idée très exacte de son organisa- 110 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE tion ainsi que de sa vie. Une médaille de 1° classe a récom- pensé les livres de M. Wallès et les efforts qu'il a faits pour suivre no0S avis. Nous accordons la même récompense à M. Lesueur, de Paris, pour une collection de reptiles et de batraciens vivants qui ont attiré l'attention des visiteurs et qui ont contribué au succès de notre exposition. Une des cases des insectivores de M. Lesueur à été le théâtre d'une éclosion fort intéressante de mouches. mais dont la malheureuse grenouille a été, si nous ne nous trompons, victime. Peut-être, écrasé par le nombre, cet infortuné batracien a-t-il succombé aux ennemis dont il devait triompher ? Ce n’est pas la première fois que nous sommes appelés à enregistrer les succès de M. Lesueur qui, se livrant à l'éduca- tion des animaux vivants, arrivera, s'il persévère, à conquérir les plus hautes distinctions dont nous puissions disposer. Nous accordons une médaille de seconde classe à M. Louis Chevalier, de Chatou, pour une collection qui n’est point irré- prochable. Mais M. Louis Chevalier est un homme d'initiative et si sa collection laisse à désirer au point de vue de la régu- larité, de la disposition et de la conservation des sujets, elle indique chez l'exposant une véritable intelligence des moyens de faire prospérer l'insectologie. M. Louis Chevalier nous a apporté des rondins de bois attaqués par des scolytes qui étaient vivants et dont on a pu parconséquent étudier les .mœurs. On à vu ces animaux sortir de la tanière qu'ils s'étaient creusée, rentrer chacun dans la sienne, et respecter le droit de propriété avec une fidélité dont les disciples de Louise Michel ne seraient pas toujours capables. M. Louis Chevalier nous a montré une petite mouche qui dévore les punaises, et qu'il voudrait acclimater dans nos appartements, elle jouerait vis-à-vis de ce dégoûtant parasite le rôle que le chat joue vis-à-vis des souris. M. Louis Chevalier est au nombre des chercheurs qui pen- sent qu'il n’est point impossible de découvrir le Lion du phylloxera. I] a accompagné son exposilion d'un catalogue des BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 111 insectes qu'il a présentés. C'est une excellente habitude que nous aimerions.à voir se propager, de même que celle de constituer un herbier des plantes attaquées par les insectes. Ces deux pratiques qui tendent à se répandre et dont M. Miot lui-même a donné l'exemple ne sauraient être trop énergi- quement recommandées à nos futurs exposants. De même qu'à M. Chevalier, nous accordons à MM. Dorléans frères une médaille de seconde classe. Ces deux jeunes gens nous avaient déjà présenté en 1880 la collection que nous ré- compensons aujourd'hui. Mais, en 1880, nous accordions un encouragement à de bonnes intentions, aujourd'hui nous cons- tatons des succès réels ; nous sommes heureux de voir que notre indulgence a produit de très heureux effets. Nous récompenserons d’une médaille de seconde classe M. Cazet, instituteur à Villeneuve, près Semur (Côte-d’or), qui nous a présenté une collection d'insectes donnant prise à la critique. Mais cet exposant a eu l'heureuse idée de nous apporter un croquis représentant les galeries conduisant à un nid de courtilière. Quoique le croquis ne soit pas exécuté lui-même d’une façon très artistique, il nous a permis de donner à l’auteur la récompense que nous avons la satisfac- tion de lui décerner. | Nous avons décerné une médaille de seconde classe à M. Charles Leprevost, à Paris, pour une collection estimable d'insectes de France, et à M. Chrétien, de Paris, pour une col- lection de chenilles soufflées. M. Chrétien a eu l’heureuse idée d'employer des produits tinctoriaux pour conserver la couleur de ses pensionnaires et complèter l'illusion. M. Bravet, de Paris, reçoit une médaille de seconde classe pour une exposition d'insectes aquatiques qui est fort inté- ressante, mais que nous aurions désirée plus nombreuse. Il serait également à souhaiter que les exposants d'insectes vi- vants profitassent de l’ingénieuse invention de M. Pouget dont il sera question dans la section des instruments d'optique. En organisant leurs cases de la sorte ils produiraient des effets dont ils ne se doutent même pas. Ils pourraient ainsi accrocher 112 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE avec des chaines près de leurs cases ou de leurs aquariums de grosses taupes mises à la disposition du public, comme nous l'avons vu faire dans quelques musées d'anatomie. M. Guérin, de Paris, nous a apporté une magnifique collec- tion d'animaux tinctoriaux et pharmaceutiques dont il a fait cadeau à la Société. Cette collection est accompagnée d’un cadre renfermant des figures en cire d’une exécution parfaite représentant les trichines et les ténias dans leur état naturel et avec un gros- sissement qui va jusqu’à 300 fois. Les parasites de cet ordre rentrant directement dans le cadre de notre exposition, nous ne pouvons que signaler l'extrème intérêt avec lequel nous les avons examinés. Nous ajouterons que l'impuissance dans laquelle nous sommes de récompenser de si magnifiques objets d’art scien- tifiques, estun des arguments que le jury d'insectologie géné- rale compte employer auprès de la Société pour obtenir que le cadre des expositions soit agrandi de manière à contenir tous les êtres nuisibles dont le microscope a appris à connai- tre l'existence, et dont le rôle dans l'économie publique et privée est maintenant établi par des recherches dont la Chambre des députés vient de constater officiellement le succès. Il faut que dorénavant nos galeries puissent offrir à l'admiration publique les travaux des savants qui recherchent les agents de propagation des épidémies qui nous déciment, jusque dans l'air que nous respirons et dans l’eau que nous buvons. Il faut encore que les visiteurs puissent comprendre les transformations étranges des parasites qui attaquent de tant de manières différentes les personnes et les animaux. Notre rôle serait en effet incomplet si nous ne parvenions à populariser des découvertes d’un ordre siélevé parce qu'elles ne rentrent pas directement dans le domaine de l’in- sectologie. | (4 suivre.) Le Gerant : H. HAMET. LPS PPT LPS PR RS SSP RL LS PPS ST PR PPS ::*p. de la Soc. de Typ. - NOIZESTTE, 8, r, Campagne Âre, Part PPS PSI SSSS PSS SSL PP LL IE PRRRRS SPP PS ELA É N° 8. HUITIÈME ANNÉE Août 1883 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE - SOMMAIRE. — Liste de l'insectologie à l'exposition des insectes de 1883. — Rapport sur l'insectologie générale, par M. W. de FONTVIELLE. — La lépisme du sucre, par M.E. Savarp. — L'araignée séricigène, par M. LÉON RAGoN. RIRE PPS PSE PP DL PPS LS TPS PPS PPS LS PRIS IE Liste des lauréats de l’insectologie à l’exposition des insectes de 1883 Section d'insectologie générale. Entomologie appliquée aux insectes utiles et nuisibles. M. Mior, de Semur (Côte-d'Or), — très belle collection d'insectes utiles et nuisibles de tous pays, avec spécimens de dégâts, coliection aug- mentée de sujets nouveaux. — Un objet d'art. M. SAVARD, de Paris, — collection d'insectes utiles et nuisibles de la France, avec spécimens de dégâts, collection augmentée d'échantillons récents et de nouvelles aquarelles. — Abeille d'honneur. M. Masson, percepteur à Meux (Oise). — collection d'insectes de l'Oise, utiles ou nuisibles aux champs, aux jardins et surtout aux forêts. — Médaille d'or du ministre de l'agriculture. M. FROVILLE, instituteur à Epinay-sur-Orge (Seine-et-Oise), — collec- tion scolaire d'insectes du département. — Méduille de vermeël du mi- nistre de l'agriculture. M. Emie RENAULT, de Paris, — vélins d'insectes lépidoptères et de chenilles. — Méduille d'argent du ministre de l'agriculture. M. ROUANET-SUQUET, à Clermont (Hérault), — exposition spéciale avec brochure à l'appui de toute l'étude du colaspe des luzernes du Midi de la France. — Médaille d'argent du ministre. M. le D' ADOLPHE BLANKENHORN, de Carslruhe (Allemagne), -— prépara- tions microscopiques et opjets dans l'alcool relatifs au phylloxéra et à ses insectes destructeurs. — médaille d'argent g. m. de la Société des agriculteurs de France. j (à * 114 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Médaille de 4° classe (1). M. MarLLeT, instituteur à Faverney (Haute- Saône) — collection scolaire des insectes du département. Cet instituteur sera proposé de nouveau au ministre de l'instruction publique pour les palmes académiques. id. M. WALLES, de Paris, — collection d'insectes déjà exposée en 1880, augmentée et enrichie de tableaux explicatifs nouveaux. id. M. E. LESUEUR, de Paris, — collections de reptiles et batraciens vivants et dans l'alcool, animaux insectivores utiles à l'agriculture. M. LEBEL, de Paris, pour ses collections de batraciens en tableaux. Médaille de vermeil p. m. M. MorEL, de Paris, pour l’ensemble de son exposition : squelettes façonnés par les insectes corrodants, etc. Médaille de 2e classe : M. Louis CHEVALIER, de Chatou (Seine-et-Oise), — collection d'insectes utiles et nuisibles. id. MM. Dorléans frères, de Paris, — collection d'insectes utiles et nuisibles de la France et un spécimen de dégât, collection présentée en 1880, mais considérablement augmentée depuis. ; id. CAZET, instituteur à Villeneuve près Semur (Côte-d'Or), — collec- tion scolaire d'insectes utiles et nuisibles. id. M. CHRÉTIEN, de Paris, —collection de chenilles soufflées. M. Ch. LEPREVOST, de Paris, — collection d'insectes de France. M. HUCHENARD, de Paris, — préparation d'un cadre ornemental de lé- pidoptères. ; id. M. BRAVET, de Paris, exposition d’un aquarium d'insectes vivant dans les eaux douces. id. M. GUÉRIN, de Paris, exposition d'insectes tinctoriaux et pharmaceu- tiques. Rappel de médaille de 2° classe: M. Hourx à Mer (Loir-et-Cher), col- lection d'insectes utiles et nuisibles. Médaille de bronze du ministre : M. sorx801s, instituteur à Silly-le-Long (Oise). Méduilles de bronze de la Sociélé: M. souLouMiAc, de Paris, pour cadre ornemental de Lépidoptères ; M. Paul BERTON, de Paris, pour cadres orne- mentaux de divers insectes ; M. le R. P. LEROY, missionnaire, pour vitrines d'insectes apportés du Zanzibar ; M. Louap, de Paris, pour cadre ornemen- tal de Lépidoptères ; M. MITRAULT, de Paris, pour cadres d'insectes de di- verses provenances; M. CARLIER, de Paris, pour insectes aquatiques; M. GUYON, de Paris, pour ses boîtes et épingles à insectes ; M. PENOT, de Paris, pour ses appareils de chasse des insectes, ses cartons et boîtes, etc. Médaille de bronze p. m. : M. MEUNIER, de Paris, pour ses vitrines d’in- sectes utiles et nuisibles. 1. Médaille de 1° classe, assimilée à Or ; 2° classe, à Argent. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 115 Mention honorable M.J. LEGAY, de Paris, pour ses vitrines d'insectes. id. M. pAY, de Saint Cyr-l'École, pour ses recherches sur le phylloxéra. 2e SECTION. APPAREILS ET MATIÈRES SERYANT A LA DESTRUCTION DES INSECTES. MATIÈRES INSECTICIDES. Médaille de 1e classe: M. BAZIRE, de Paris, pour sa poudre Desille Médaille de 2 classe : M. RAZZIA, de Paris, pour sa poudre de Pyrètre id. M. TOUERY, de Paris, pour sa poudre monténégrine id. M. de MEYER, de Paris, pour l'ensemble de son exposition. id. M. ROSEAU, de Paris, pour sa poudre insecticide. id. M. PELLETIER, de Paris, pour ses pièges à mouche et ses appareils divers pour la préservation des plantes contre les insectes. id. MAISON AMÉRICAINE, de Paris, pour son papier conservateur. Médaille de bronze du ministre : M. Zanperoni, de Venise (Italie) pour ses pastilles combustibles contre les moustiques. Rappel de méduille de 2 classe: M. BOURGEOIS, de Paris, pour ses papiers tue-mouches Daubin. 3 SECTION. ENGRAIS INSECTICIDES. Médaille de Le classe : M. SERPIN, de Paris, pour ses engrais à base de goudron. id. M. DUBREUIL, de Gouern près Paimpol (Côtes du Nord), pour ses en- grais de résidus de la fabrication de l’iode par le warech. Médaille de 2° classe : M. SCHUBLER, de Paris, pour ses engrais insec- ticides. Æ CONSERVATION DES MATIÈRES PUTRESCIBLES. Diplôme d'honneur: M. PENNES, de Paris, pour son emploi du vinaigre salicylé pour usage externe antiseptique. Médaille de 1'e classe : M. TUREGKI, de Paris, pourses procédés de con servation des peaux. Médaille de 2° classe : M. DESOBRY, de Paris, pour son thymol antimias- matique. id. M. Clostre, de Paris, pour le phénol-bobœuf. Méduille de bronze : M. PUILLE, de Paris, pour son préservatif contre les insectes qui attaquent les livres. De SECTION. POMPES ET INSUFFLATEURS D’INSECTICIDES. Médaille de 1'e classe : M. HAZARD, de Paris, pour sa pompe simplifiée. sans engrenage ni piston. 116 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE id. M. Dufour, de Paris, pour ses pulvérisateurs à main. id. petit module: M. Drouot, de Boulogne (Seine), pour sa pompe per- fectionnée. Mention honorable : M. Brion, de Verdun (Meuse) pour son pal injec- teur. G+ SECTION. INSTRUMENTS D’OPTIQUE Diplôme d'honneur : M. MUIRAND, de Paris, pour ses instruments d'opti- que propres à l'étude des insectes. Méduille de re classe : M. Malet, de Paris, pour ses instruments d'op- tique à bon marché. Rappel de médaille de 4re clusse : M. PoUzET, de Genève pour ses ins- truments d'optique. Médaille de bronze : M. DESAIX, de Paris, pour ses petits 1miCroscopes. 7° SECTION. OBJETS DIVERS Médaille de Are classe : M. Guillaumin, de Paris, pour sa collection de coquillages terrestres et fluviaux. Médaille de 2° classe : M. Boureau, de Paris, pour sa collection d’escar- gots comestibles, de diverses provenances. Médaille de bronze : M. Ravenet, de Paris, pour ses peignes perfec- tionnés M. RAVENAC, de Paris, pour ses échelles à écheniller. Liste des lauréats de la sériciculture. Rappel. d'ubeille d'honneur : M la baronne DE PAGES, de Paris, pour ses spécimens de papillons, cocons et soies exposés. Médaille de vermeil de la Société nationale d'encouragement à l'ai culture : M. J. FALLOU, de Champrosay (Seine-et-Oise), pour sa collection d'Attaciens séricigènes, papillons et cocons; éducation à l'air libre de: l'Attacus Pernyi (Ver à soie du chêne) dans la forêt de Sénart. Médaille de 1re classe : M. RAMÉ, de Paris, pour sa collection des Atta- cus cynthin et Pernyi et de Sericariu mori, avec cocons et soies grèges. Médaille d'argent du Ministre de l'agriculture : M. caILLAS, de Paris-Au- teuil, pour sa magnanerie scolaire et de vidoir. Médaille de bronze du Ministre : M. LÉON RAGON, pour ses COCons à œufs d'araignée séricigène, utilisables pour les lunettes astronomiques et télescopes. , Méduille de bronze de la Société : M. HENRI TOUAILLON, élève du lycée Charlemagne, pour son éducation de vers à soie du mûrier. ON -r = AR nl ln er, BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 117 Rapport sur l’insectologie générale à l'exposition des inscetes de 1883. (Suite) Nous avons accordé un rappel de médaille de seconde classe à M. Houry pour une collection d'insectes utiles et nui- sibles qui nous ont déjà été apportés, et à M. Jobay une mé- daille de bronze pour une collection nouvelle, mais à propos de laquelle nous n'avons aucune observation particulière à présenter. Nous ne pouvons plus heureusement terminer la nomen- clature des récompenses accordées à l’insectologie proprement dite qu’en annonçant que nous avons accordé une médaille de bronze à M. le R. P. Leroy pour une série très remarquable d'insectes apportés de Zanzibar. La récompense que nous ac- cordons aurait été beaucoup plus élevée si M. Leroy avait pris la peine d'effectuer la classification et la détermination de ces êtres extrêmement remarquables par leur couleur, par leur volume et par leur beauté. Heureusement M. Leroy a eu l’idée de traiter avec plus d'attention l’objet peut-être le plus curieux que montre notre exposition : nous voulons parler de la fameuse mouche Tzet- Tsé qui constitue à elle seule le principal obstacle à la civili- sation de l'Afrique orientale. Cette mouche était elle-même accompagnée d'un traité fort intéressant, qu'un grand nombre âe personnes ont lu avec le plus vif intérêt, et qui nous apprend que la piqüre de cette mouche, mortelle pour tous les animaux domestiques, n’est que douloureuse pour l’homme dont ils sont les auxiliaires. N'y aurait-il pas à appliquer la méthode de M. Pasteur à la protection des bœufs et des chevaux et à trouver un vaccin spécial contre une affection charbonneuse spéciale? C'est une question que nous nous contentons de poser, mais dont la solution rendrait à la civilisation un des pays les plus riches du monde entier. En 1880 les insectes ornementaux étaient richement repré- 118 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE sentés par une bijouterie spéciale. D'habiles artistes nous avaient apporté ies merveilleux objets qu'ils ont constitués en utilisant les couleurs véritablement ravissantes de certains coléoptères des régions tropicales. Nous regrettons de ne pas avoir vu figurer dans nos galeries une industrie si éminem- ment parisienne, et que nos visiteurs avaient si bien appré- ciée. En revanche nous avons cette année un nombre plus consi- dérable de cadres ornementaux, dans la composition desquels les exposants ont développé un art et un goût que nous regret- tons de ne pouvoir mieux récompenser, mais notre exposi- tion a surtout pour but d'encourager l'étude des mœurs et des habitudes des insectes, ainsi que l’art de les reconnaître et de les classer ; nous nous écarterions donc trop du but de notre institution, si nous réservions nos grandes récompenses à ce genre, estimable cependant, de travaux. En conséquence nous avons accordé des médailles de 2° classe, grand module, à M. Huchenard, de Paris, pour des lépidoptères qu'ila chosis dans les environs ; des médailles de bronze à M. Souloumiae, de Paris, pour cadre ornemental de lépidoptères de différentes provenances ; à M. Paul Berton, de Bordeaux, pour cadre or- nemental d'insectes de différentes classes; à M.Souap, de Paris, pour cadre ornemental de lépidoptères. Nous espérons qu'en- couragés par les premiers succès, les divers lauréats ne se bor- neront point à exercerleur talent dans une spécialité que nous regrettons de ne pouvoir mieux encourager. Avant de quitter l'insectologie proprementdite, nous devons récompenser à titre de collaborateurs quelques exposants qui nous ont prêté un utile concours, mais qui ne rentrent pas d'une façon directe dans le cadre de notre exposition. En conséquence nous avons accordé une médaille de 1°° classe à M. Lebel, de Paris, pour sa collection améliorée et augmentée de grenouilles en tableau ; quoique ces vitrines soient tout à fait accessoires, nous ne craignons pas de dire que notre exposition serait incomplète, si M. Lebel n'y figurait, car nos visiteurs ont pris l'habitude d'aller se divertir, en De Fo BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 119 présence des charmants tableaux qu'ilnous montre, et nous sommes persuadés que surtout en France, il ne faut jamais perdre de vue les préceptes du poète, et négliger de mêler, comme il le recommande, l’utile à l'agréable. Nous décernons une autre médaille de 1" classe à un col- laborateur distingué, M. Guiliaumin, auteur d'une remar- quable collection de coquilles dans la composition de laquelle il a fait preuve d'une science et d’une exactitude qui pourrait servir de modèle à plusieurs de nos lauréats. Nous accordons au même titre une médaille d'argent à M. Boureau pour l'emploi ornementatif de coquilles de lima- çons enchâssées dans un meuble rustique. Qu'il nous soit permis de regretter l'absence de l'appareil de démonstration de M. Marey pour établir les lois du vol des insectes, et des pièces d'anatomie plastique du docteur Au- zoux. Nous signalerons encore parmi les lacunes, celle de la photographie employée au grossissement des insectes. Mais avant de passer à l'examen d’une autre section, le Jury d’insectologie doit rendre justice à un homme qui s'est mis hors concours à double titre pour son exposition, par ce qu'il lui appartient ainsi qu'au bureau de la Société, sans vouloir parler de notre collègue et ami M. Millet, auteur des nichoirs artificiels et de la collection d’estomacs d’oiseauxinsectivores, qui est un des plus beaux ornements de cette exposition, et qui est le résultat de trente-cinq années de travaux. On peut dire que par cetie création M. Millet a modifié complètement l'opinion publique et créé en faveur des oiseaux insectivores un courant puissant qui a largement profité à l’agriculture et qui a permis à la Société protectrice des animaux d'étendre son action tutélaire sur les auxiliaires les plus gracieux et les plus utiles que la nature ait pu nous donner. Heureusement les nombreuses conférences si bien suivies que M. Millet a faites dans cetle salle et dont la dernière séance a été honorée de la présence du ministre de l’agriculture, nous permettent d'accomplir un devoir de justice scientifique, en 120 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE décernant, en souvenir de ces services exceptionnels un di- plôme d'honneur à M. Millet. Depuis quelque temps la sympathie publique a été acquise à l’industrie trop longtemps dédaignée ou ridiculisée par des sceptiques des produits insecticides. Il faut avouer que la menace d'une visite du choléra, contre lequel de sages mesures préventives arriveront certainement à nous protéger, est venue donner à ces recherches utiles une véri- table opportunité. Dans le rapport de 1880 les produits insecticides ne figu- raient que d'une façon tout à fait accessoire. En effet les exposants ne nous avaient apporté que des substances con- nues, appréciées depuis longtemps, et dont il était Pris con- séquent inutile de d'écrire les effets. Nous ne nous étendrons pas plus que nous ne l'avons fait il y a trois ans, sur les exposants de cette classe intéressante qui exploitent les produits du Pyrètre; nous nous bornerons à dire qu'on a constaté encore une fois, chez tous les concur- rents, un progrès réel dans le diminution des prix et la meil- leure qualité des produits, ainsi que dans l'augmentation des centres de production. Nous avons accordé dans là classe des natières insecticides une médaille de première classe à la maison Desille si avantageusement connue par son ancienneté et l'étendue de sa clientèle. Des médailles de seconde classe ont été accordées à M. Raz- zia, de Paris, pour sa poudre de Pryrètre ; à M. Touery, de Paris, pour sa poudre montenégrine ; et à M.de Meyer,de Paris, pour l’ensemble de son exposition, dans laquelle figure un insecticide liquide, un ballon tue-mouche et un encaustique insecticide, sur lequelnous demandons la permission d'appeler l'attention. En effet nous croyons que l’idée de mélanger un insecticide avec la matière qui donne le brillant aux meubles et aux planchers est parfaitement d'accord avec ce que l’en- tomologie nous apprend des mœurs des parasites les plus redoutables et les plus répugnants qui se mettent dans les BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE TA rainures de nos parquets et dans les interstices de nos bois de lits. Cet exposant aurait certainement obtenu une récompense d'un ordre plus élevé, si Fépoque relativement récente de l'invention avait permis de faire des essais sur une échelle beaucoup plus étendue. Nous avons accordé une récompense du même ordre (mé- daille de seconde classe) à M. Roseau, de Paris, pour sa poudre insecticide, à base d'infusoires, dans la préparation de la- quelle il emploie d’une façon très heureuse les plus petits êtres de la création ; à M. Pelletier, de Paris, pour ses pièges à mouche et ses appareils divers pour la préservation des plan- tes contre les insectes ; à M. Pénot, de Paris, pour ses appa- reils de chasse et de récolte des insectes, ainsi que des car- tons et des boîtes à insectes.De même à M. Guyon, de Paris. Rappel de médaille de 2° classe à M. Daubin, de Paris, pour ses papiers tue-mouches. Médaille de bronze du ministère à M. Zamperoni (Italie) pour des pastilles combustibles destinées à protéger contre les moustiques. Heureusement ses insectes désagréables sont trop peu connus à Paris pour que nous ayons pu faire l’'é- preuve par nous-même de cette fumigation ; nous la recom- mandons à nos compatriotes d'Algérie. Nous ferons remar- quer que cette manière de tuer les insectes nuisibles fait in- volontairement songer aux sacrifices que les prêtres païens recommandaient pour arrêter les épidémies. Ne dirait-on pas que la superstition a eu comme l'intuition des moyens que la science pouvait employer plus tard avec succès. Ce n’était pas à la suite d’une connaissance réelle de l'effet toxique des fumigations qu'ils en recommandaient l'emploi. Nous avons voté le rappel d'une mention honorable en faveur de M. Pay, de Saint-Cyr-l'École, exposant très recommandable par le zèle avec lequel, malgré une infirmité redoutable, il continue à s'occuper de la question du phylloxéra et sur lequel nous appellerons la bienveillance de l'administration. Une idée encore bien nouvelle et qui fait son chemin à grands pas, c’est d'incorporer la matière insecticide dans un engrais EE. 122 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE favorable au développement de la plante que l’on a l'intention de protéger. C'est pour nous un devoir de constater qu'un grand nombre d'exposants nous ontapporté des produits fort intéressants en eux-mêmes, et plus encore peut-être par les méthodes nouvel- les doni certaines sont une première et heureuse application. Nous avons accordé une médaille de 1°° classe à M. Serpin, de Paris, pour ses engrais à base de goudron qui exhalent au loin leur odeur caractéristique et sont fabriqués en grande quantité. M. Serpin a en outre eu l'heureuse idée de nous envoyer une exposition très complète dans laquelle on voit des échantillons de toutes les substances qu'il emploie pour insecticider l’'engrais luiservant de substratum. Nous avons ac- cordé la mème distinction à M. Dubreuil,de Gouern, près Païm- beuf pour ses engrais provenant de résidus de la fabrication de l’iode parles varechs. Les résidus qui possèdent une puis- sance insecticide reconnue sont réduits en farine. Cette pré- caution en permet la facile assimilation par les plantes. M. Dubreuil fabrique également une farine beaucoup plus fine encore, qui permet d'employer pour l'arrosage ou même la pulvérisation horticole l'eau dans laquelle la farine Du- breuil a été delayée. L’extrème abondance des varechs, que des navires spéciaux vont maintenant cueillir sur les prairies marines, promet un débouché illimité à cette nouvelle industrie. Nous n'avons pas besoin d'appeler d’une façon spéciale l'importance des ser vices que l'invention de M. Dubreuil rend aux arts chimiques en faisant entrevoir l'époque où une substance aussi utile que l'iode pourra être produite à bon marché. M. Schubler, de Paris, médaille de seconde classe pour ses engrais insecticides qui sont tous parfaitement incorporés, et qui donnent une substance excessivement assimilable. Nous devons ajouter que M. Schubler nous a fait remettre des certificats très honorables ; mais ils nous sont parvenus d'une façon trop tardive pour que nous puissions nous pro- noncer expressément sur leur valeur. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 123 Nous arrivons maintenant à la classe des exposants qui se sont proposé la conservation des matières putréfiables dont le role des insectes est de s'emparer, de sorte que tous les pro- duits qu'ils emploient doivent être rangés dans la classe des insecticides. Le Jury d'insectologie accorde un diplôme d'honneur à M. Pennès,de Paris,pour son emploidu vinaigre salycilé, à l’u- sage externe antiseptique. | Les visiteurs de notre exposition ont tous remarqué une magnifique vitrine dans laquelle se trouvent des viandes de mammifères, des pièces anatomiques et des crustacés admi- rablement conservés par un procédé fort ingénieux, et quine donne prise à aucune critique, tant que les produits salycilés ne sont point destinées à l'alimentation. Nous avons accordé une médaille de 1"° classe à la Société américaine pour la conservation des fourrures à l’aide d'un procédé des plus simples. Il consiste à placer dans les boîtes où l’on veut serrer des vêtements susceptibles d'être dévorés par les insectes, des papiers goudronnés avec les résidus de la fabrication du gaz dont M. Serpin, Schubler, ete. ont fait déjà un usage des plus heureux à l’aide de leur incorporation des matières pulvérulentes. Nous avons donné une médaille de 1'e classe à M. Turecki dont l'exposition mérite une mention particulière. M. Turecki a imaginé unliquide à très bon marché dont la tonne revient à 30 francs, et dont on consomme des quantités insignifiantes pour conserver les peaux. Avec le procédé de M. Turecki, les cuirs verts n'auraient plus cette odeur répu- gnante qui infecte les docks, où l’on reçoit par exemple les envois de l'Amérique du Sud, M. Turecki a exécuté à l'exposition même de très belles ex- périences à l’aide de peaux de lapin qui se conservent de la façon la plus absolue. Il a même remis en quelque sorte à neuf des peaux dont la putréfaction avait commencé à s'em- parer. Le procédé employé par M. Turecki est purement et simple- 124 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE x ment l'immersion dans son liquide qu'il forme à l’aide de la dissolution d'un sel facile à transporter à l’état sec. Cet expo- sant est un homme de science peu habitué aux spéculations industrielles, qui serait désireux de trouver un associé plus entendu que lui. Puisse le certificat que nous lui donnons de grand cœur et les spécimens nombreux qu'il a à sa disposition lui permettre de trouver l'aide qu'il désire ; c’est avec une grande satisfaction que nous apprendrons qu'il a réussi. M. Bobeuf, de Paris, dont le phénol a trouvé des applications si multiples, a recu une médaille de 2° classe ainsi que M. Désobry, de Paris, pour le Thymol, substance anti-miasma- tique qui figure pour la première fois dans nos galeries. Sans être aussi suave que le prétendent certaines personnes, l'odeur du Thymol n'est pas réellement repoussante, lorsqu'il n’est pointemployé en trop grande abondance. Nous devons signaler cet exposant pour un pas fait dans la recherche d'odeurs qui soient agréables à l’homme et mortelles pour les insectes. Il faut espérer en effet que l’on finira par donner raison à l'empirique qui, dans la chanson bien connue où il célèbre les vertus de son spécifique, s'écrie : C'est le vrai parfum des bouches Flaitant tous les odorats, Il tue à vingt pas les mouches Et donne la mort aux rats. Nous avons donné une médaille de 1re classe à M. Hazard, de Paris, pour sa pompe, sans engrenages ni piston, qui fonc- tionne très bien et qui est réduite à ee que l’on peut considé- rer Comme le comble de la simplicité. En effet, sa pompe se compose d'un simple tube en caoutchouc sur lequel viennent rouler alternativement deux galets. Une médaille d'or, petit module, à M. Drouat, de Boulogne, pour sa pompe perfectionnée à air comprimé. La partie supé- rieure est un réservoir dans lequel on comprime l'air avec une pompe, de manière à lui donner une pression qui peut aller BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 125 jusqu'à 4 ou 5 atmosphères. Il résulte de cette disposition in- génieuse qu'un jet de liquide insecticide peut aller atteindre les insectes xylophages jusqu'au sommet des arbres les plus élevés. C'est une véritable artillerie de campagne destinée à foudroyer les parasites habitant les dernières branches de nos géants forestiers. | Une médaille de 1"° classe, petit module, à M. Dufour, de Paris, pour ses insufflateurs fort ingénieux dans lesquels le pouvoir mécanique de l'air comprimé à l’aide d’une boule de caoutchouc produit le meilleur effet. Cet insufflateur ne peut pas seulement servir à détruire les insectes, mais à arroser les appartements avec de l’eau pure ou de l’eau parfumée. Les dames peuvent en faire usage avec avantage pour asperger leur visäge, leurs mains avec de l’eau de Cologne, et même avec de la poudre de riz. Il est bien à regretter pour M. Du- four que la mode d'employer la poudre, comme nos arrières grands-pères, ne revienne pas, il ferait en peu de temps une fortune considérable, et on pourrait lui promettre la pratique des membres de la Société d'apiculture et d'insectologie. Une médaille de bronze a été décernée à M. Brion, de Ver- dun, (Meuse) pour son pal injecteur, instrument très recom- mandable par sa simplicité, sa rusticité et son bon marché. Nous avons accordé une médaille de bronze à M. Guyon, de Paris, et une autre à M. Penot, de Paris, pour leurs boites, leurs épingles, leurs appareils à prendre les insectes. Ces instru- ments simples sont nécessaires, et sans eux il ny a pas d’in- sectologie ; à M. Ravenac, de Paris, pour ses échelles pro- pres à l'échenillage, genre d'invention dont on s'était trop peu préoccupé jusqu'aprésent et qui n'est pourtant pas sans importance, car la peine que l’échenilleur met à atteindre l'insecte qu'il poursuit se traduit par un surcroit de dépenses, et compte par conséquent dans les frais généraux de l’ex- ploitation agricole. Nous donnons à M. Ravenet, de Paris, une médaille de bronze pour la fabrication d'un peigne remarquable par sa souplesse et qui permet d'atteindre sûrement sans écorcher 126 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE le patient, les parasites de tous les animaux domestiques; le peigne perfectionné est d’un excellent usage pour l'homme lui-même. | M. Ravenet obtient cet effet d’une façon très simple. Ses peignes sont fabriqués à l’aide d'une machine qui dé- coupe très régulièrement les dents de plusieurs peignes, et le procédé de fabrication est le même, qu'il s'agisse d'ivoire, de corne, de bois ou de celluloïde. Mais les dents des peignes découpés à la mécanique sont dures; il faut pour les assouplir, les finir et les sculpter à la main en arrondissant les angles. C’est ce que M. Ravenet fait d'une façon très remarquable. (A suivre.) NOTA. — La liste des lauréats de l’enseignement sera publiée, le mois prochain. La Lépisme du sucre. (Lepisma sacecharina, LINN.) PAR M. E. SAVARD Un insecte dont on peut être curieux de savoir le nom est un petit animal allongé, un peu déprimé, brillant comme l'argent, dont le corps est terminé par trois soies, qui court avec agilité et que l’on rencontre souvent dans les maisons, prin- cipalement dans les endroits obscurs, qui se cache dans les fentes des chassis qui restent fermés ou qu’on ouvre rare- ment, sous les planches un peu humides, dans les armoires, dans les boites à insectes qui ne sont pas bien fermées, dans les boites à sucre, etc., et de savoir si ce petit animal est nui- sible ou non. Si on le regarde avec soin, on reconnaît que son corps est couvert de petites écailles argentées, brillantes ; que ses deux antennes sont sétacées et fort longues; que sa bouche est composée d'un labre, de deux mandibules presque mem- braneuses ; de deux machoires portant chacune un palpe de cinq ou de six articles, et d’une lèvre à quatre découpures, munie de deux palpes de quatre articles ; que les yeux sont BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 127 très petits, fort écartés et composés d'un petit nombre de grains ; que le thorax est formé de trois segments; que lab- domen se rétrécit peu à peu vers son extrémité postérieure et porte de chaque côté du ventre une rangée de petits appen- dices placés sur un court article et terminés en pointes soyeuses ; les derniers sont plus longs ; que de l'anus sort une espèce de stylet écailleux, comprimé et de deux pièces, et en- suite les trois soies articulées qui se prolongent au-delà du corps ; que les six pattes thoraciques sont courtes et que leurs hanches sont longues. La faiblesse des mandibules de ce petit animal ne lui per met pas de ronger les corps durs, et l'on peut douter qu’il entame le sucre. fl est problable qu'il se nourrit de subs- tances molles, de petits insectes qui ressemblent à des Poux et qui sont des Névroptères, du genre Psocus, privés d’ailes que l’on trouve dans les lieux qu’il habite, ou de petits Po- durelles, qui sont d’autres insectes à corps mou, dont Pab- domen est terminé par deux filets qui se replient en-dessous du ventre et qui leur donnent la faculté de sauter, et peut- être aussi de végétations parasites qui croissent sur le bois humide. Ce petit animal est rangé dans la classe des insectes, dans l’ordre des Thysanoures, dans la famille des Lépismènes et dans le genre Lepisma. Son nom entomologique est Le- pisma saccharina, et son nom vulgaire Lépisme du sucre; on le nomme aussi quelquefois Petit Poisson d'argent. On pense que cet insecte est originaire d'Amérique. Linné dit qu'il habite dans les sucreries de ce pays, qu'il a été trans- porté en Europe par les vaisseaux du commerce et s'est en- suite répandu partout, il ajoute qu’il mange les livres et les vêtements, ce qui parait douteux d’après la remarque, faite par Latreille, sur la faiblesse de ses mandibules, Lepisma saccharina, Lin. — Longueur, 8 mill. Le corps est couvert de nombreuses écailles d’une couleur argentée un peu plombée, sans taches; la tête est tronquée en avant; les an- tennes sont un peu moinslongues quele corps ; les filets de la queue sont au nombre de trois, égaux en longueur et sont 128 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE légèrement tachés de ferrugineux; les six pattes sont argen- tées et le dessous du corps est blanchâtre. E. SAVARD L'araignée sérigène L'araignée Sérigène que l’on rencontre dans nos pays est d'un aspect assez agréable, malgré l’aversion que d’ordinaire nous avons pour les sujets de cette famille. La tête et le corselet, à l'exception des teintes, différent peu des formes de l'espèce commune ; mais la partie posté: rieure du corps en est beaucoup plus volumineuse et striée de raies transversales alternativement jaunes et noires d’un bel effet. L'araignée atteint son entier développement vers la fin de juillet, c'est alors qu'elle commence à filer jusqu'en septem- bre. Elle dépose son cocon dans les hautes herbes qui l'envi- ronnent, sur le bord des chemins peu fréquentés ou dans de mauvaises prairies naturelles non dépouillées de leurs ré- coltes. Il est à remarquer que sujets et produits sont d’au- tant plus gros qu'ils proviennent de contrées où les terrains calcaires dominent. | L'éclosion a lieu souvent en octobre ou novembre, et, dans ce cas,les jeunes araignées restent prisonnières jusqu'au prin- temps suivant, où elles parviennent à percer le cocon, d’ail- leurs fort avarié par les intempéries auxquelles il est resté exposé. Il est facile à comprendre que beaucoup d’entre elles doivent périr dans ces conditions défavorables ; aussi les sur- vivantes sont-elles d’une rusticité à toute épreuve. Elles se nourrissent d'insectes auxquels elles donnent la chasse. Les cocons à œufs des araignées sont dus à une soie diffé- rente de celle des toiles. Là se bornent les renseïgnéments que je puis fournir sur cet articulé. Je tiendrai d'ici peu la Société au courant du ré- sultat de mes modestes observations. LEON RAGON. Le Gérant : H. HAMET. Imp. de la Soc. de Typ.- NolZETTE, 8, r. Cam*agne-Première. Paris ét tie cd CR mt ab de à De Fon POSTE NT No 9. HUITIÈME ANNÉE Septembre 1883 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SPP SES SSSR PDT SDL SSD SSD PDT SDS ST SP DSP PSS SSL PSS LPS SSP S PPS PLIS SOMMAIRE. — A quoi sert l'insectologie agricole, parM. P. JOIGNEAUX. — Rapport sur l’insectologie générale à l'exposition des insectes de 1883, par M. W. de FONTVIELLE (fin). — Liste des lauréats de l’enseignement insectologique. — La couleuvre à collier, par M. E. LESUEUR. — La puce chique, par M. E. Savarp. — Destruction de la colasne noire, par M. J. ROUANET. LLLLSSPPLIPSS PIS SSI II RP PSP SL LPS PS SSD PTS DS PPS PSS LL PL LL SSL DL LL DT LS PSP PLIS S A quoi sert l'insectologie agricole. L'étude des insectes a une importance considérable, et c’est pourquoi la Gazette y pousse de toutes ses forces. Il est bon de connaître ses amis et ses ennemis, afin de ne pas tirer sur les premiers et de savoir au juste où se tiennent les seconds, pour les déloger ou les empoigner au besoin. Quand on ne sait rien de leurs allées et venues, rien de leurs habitudes, c'est-à-dire de leurs mœurs, de leur façon de vivre, on se trouve à peu près dans la situation du policier qui ne possède aucun renseignement sur les malfaiteurs de profession. Nous faisons donc très grand cas des hommes de science qui ont l'œil ouvert sur les pillards de nos récoltes, qui les filent en quelque sorte, les espionnent du matin au soir, heure par heure, nous les montrent du doigt et nous appren- nent par quelle ruse de guerre ou par quelle violence on peut s'en défaire. C’est après qu Audouin eut observé la pyrale de la vigne et indiqué ses repaires que l'idée de les échauder vint à l’es- prit d’un vigneron de Romanèche. Il y a une quarantaine d'années, un insecte de rien qu'on nomme vulgairement aiguillonnier, détruisit du côté de Bar- bezieux, le quart à peu près de la récolte des blés. Vous pen- 9 1430 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE sez bien que ce fut une désolation dans l'endroit. On n'avait pas vu l'insecte; on savait seulement que le coupable per- çait le chaume un peu au-dessous de l'épi, à l'époque de la floraison, que l’épi devenait stérile ou tombait sous un coup de vent. Là-dessus, les insectologistes se mirent de faction, observèrent de près l'ennemi, virent sa larve descendre dans l'intérieur de la tige, broutant la moëlle, perçant les nœuds, arrivant à quelques centimètres du collet et s'y bâtissant une coque pour passer l'hiver. Il n'était pas nécessaire d'en apprendre davantage ; l'aiguillonnier ne pouvait plus échap- per au cultivateur ; il n’était plus en sureté dans son logis. Et, en effet, pour le tenir, il suffisait de moissonner près de terre et de l'emporter avec les gerbes. Faute d'humidité, il périt immanquablement. À présent, c'est fini, on n’en a plus peur; morte la bête, mort le venin. fl existe encore un peu partout, et notamment dans les Vos- ges,un méchant petit insecte qui fait un mal énorme aux blés, qui réduit la récolte d'un cinquième au moins. A l’épo- que de la maturité, on est tout surpris de voir des épis droits qui n'ont pas eu la force de graîner. Le coupable est appelé le ver de la tige du blé. Ce ver est la larve d’une mouche à quatre ailes, dont le vrai nom est cèphe pygmée. Ce cèphe travaille à couvert dans l'intérieur du chaume et ne met ja- mais le nez à l'air. Aussi, les cultivateurs ne le connaissent que par ses dégâts. Mais patience, on en viendra à bout comme de l'autre. Le malfaiteur en question a le commissaire à ses trousses, et ce commissaire est M. le docteur Crussard, un insectologiste exercé et patient. Dans une conférence faite au comice agricole de Neufchà- teau, le 15 avril dernier, M. Crussard à raconté que, dès la se- conde moitié de juin (et un peu plus tôt sans doute, en des climats moins rudes), on découvre sur les tiges touchées, mais en yregardant de très près, le petit point où la mouche a pondu son œuf. C'estle plus ordinairement sur le deuxième nœud au-dessus des racines. Notre curieux observateur a x fendu la tige avec précaution à cet endroit et a découvert la sn 1.4 7. ! BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 131 petite larve brune de l'insecte. Elle avait de 1 à 2 millimètres de longueur. Vers la fin de juin, elle avait rongé la plus grande partie du nœud. De là, le ver monte et attaque succes- sivement les nœuds supérieurs, laissant derrière lui une pous- sière grise. Dans la seconde quinzaine de juillet, Le petit voya- geur a dépassé le dernier nœud et s'approche de la base de l'épi ; mais là s'arrête sa promenade ascendante, et soit qu'il se trouve gêné, soit pour une autre raison, il tourne bride et descend la tête en bas vers l'endroit d’où il est parti. Alors, le ver est d’un blanc jaunâtre et long de 8 à 12 millimètres. À l’époque de la maturité des épis, on rencontre le cèphe pygmée dans les nœuds inférieurs, et enfin il s'arrête dans l'entrenœud radiculaire, un peu au-dessous du sol. C'est là qu'il s'enveloppe d'un cocon de soie afin de passer chaudement l'hiver. Au printemps, par une température douce, la nymphe du cocon devient une mouche «longue de 1 centimètre, svelte, délicate, à quatre ailes fines, transparentes avec des nervures noires, portant en tête deux longues antennes déliées, le corps noir luisant avec plusieurs bandes jaunes en travers de l'abdo- men». Dans les Vosges, on la voit voltiger parmi les blés vers le 15 mai. Pas n'est besoin d’en dire plus long. M. le docteur Crussard a attrapé du premier coup la bonne piste, et du moment qu'il a eu découvert la retraite hivernale de l’insecte, il ne lui res- tait plus qu'à conseiller aux cultivateurs d'enlever les éteules d’un coup d'extirpateur, d'en former des tas et d'y mettre le feu. C'est ce qu'il a fait, et nous espérons bien que le conseil sera suivi. Nous l'avons dit souvent : un des meilleurs moyens de dé- truire les insectes nuisibles, c’est le feu dans les éteules qui détruit du même coup beaucoup de mauvaises graines. Dans nos jardins, sous nos arbres fruitiers, il se trouve, très peu enterrées, un nombre prodigieux de larves qui hivernent. Est-ce qu'on ne découvrira pas un moyen expéditif de les exter- miner par le feu, ne fût-ce qu'une fois tous les Lrois ou qua- tre ans? Il y a l'écobuage ; il y a l'huile lourde des usines à 132 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE gaz, il y ale pétrole; ne pourrait-on pas en tirer parti sur la terre remuée superficiellement et ramassée par petits tas? C’est à cela que devrait s'exercer sans relâche l'imagination des chercheurs. P. JOIGNEAUX. (Extrait de la Gazette du village.) Rapport sur l’insectologie générale à l'exposition des insectes de 1883. (Fin. V. p. 117.) A notre prochaine exposition nous lui avons conseillé de revenir avec des peignes dont une moitié soit brute, et l’autre à demi façonnée. Ce sera un excellent moyen pour démontrer toute l'importance de la préparation dernière qu'il fait subir aux objets sortant de ses magasins. Nous ne pouvons faire autrement que de mentionner l’ex- position de M. Puille: elle intéresse tout particulièrement Les bibliophiles. [l présente une poudre, une dissolution et un en- caustique qui détruisent les insectes ravageurs des livres, en dedans et en dehors. Nous lui accordons une médaille de bronze espérant qu'à uotre prochaine exposition nous pourrons lui offrir davantage, parce quil nous donnera la physiographie de l’engeance nui- sible aux bibliothèques. En terminant la revue des moyens divers employés pour nous débarrasser des insectes, nous sommes obligés d'ex- primer le regret de voir queles tentatives faites pour po- pulariser l'usage alimentaire des insectes aient fait si peu de progrès, et que sous ce point de vue encore nous soyons si en arrière des Chinois, et même il faut bien le dire des sin- ges qui, comme M. Millet nous l’a très spirituellement rap- pelé, vont jusqu'à manger leurs poux. Nous ne croyons pas qu'il faille aller jusque-là, mais nous ne pensons pas qu'ilsoitraisonnable de perdre de vue, au moins en insectologie, cette parole de l'empereur romain qui disait que le cadavre d'un ennemi n'a jamais senti mauvais. Nous BULLETIN D’INSEUTOLOGIE AGRICOLE 133 croyons donc qu'il manquera toujours quelque chose au banquet de la Société d'insectologie tant qu'il n'y aura pas au moins de la farine de sauterelles, et une friture de vers blancs. La classe des instruments d'optique renferme encore cette année plusieurs exposants fort intéressants et qui ont à nos yeux le grand mérite d’avoir suivi les avis que nous leur avons donnés. Nous donnons à M. Mirard, de Paris, un diplôme d'hon- neur pour ses instruments d'optique. Nous signalerons sur- tout ses microscopes à platine mobiles, qui sont fort utiles pour les démonstrations par le professeur d'entomologie. Cet exposant a imaginé cette année une petite crémaillère fort simple qui permet de changer le centre de la rotation, de sorte que le microscope vient répondre successivement sur plusieurs points du périmètre. Le perfectionnement permet de placer sur une platine de dimensions très faibles (trente centimètres de diamètre) jusqu'à 36 préparations, ce qui doit suffire pour la leçon la plus chargée. Nous avons donné à M. Malet une médaille de première classe, grand module, pour un genre d'instrument dont nous ne saurions trop faire l'éloge; car, ainsi que nous l’avions dit dans le rapport de 1880, il est le moyen le plus efficace de po- pulariser le but les études insectologiques. Si nous ne ucus refusons jamais à reconnaitre les mérites de ces instruménts destinés à permettre les découvertes de la science transcendante, nous ne cachons point notre pré- dilection pour ceux qui sont destinés à être mis dans les mains des travailleurs. En effet, nous sommes persuadés que c'est en s’initiant eux-mêmes aux merveilles de l'insectologie, qu'ils reconnaïitront la vanité des déclamations grossières à l’aide desquelles des ambitieux de bas étage, aussi ignorants que grossiers, cherchent à exploiter les plus déplorables illu- sions et à perpétuer les plus déplorables malentendus. Sans avoir été condamné à augmenter le prix de ces char- mants appareils, M. Malet est parvenu à en faire un petit 134 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE iaboratoire d’'entomologie ambulante, que chaque promeneur peut emporter dans sa poche et qui ajoute prodigieusement au charme de chaque excursion. On sait que le microscope dont le principe a été indiqué par lord Stanhope, a été fabriqué pour la première fois par M. Dagron, l'habile photographe auquel on doit les cor- respondances microscopiques du siège de Paris. Cet instrument dont le principe est des plus simples se recommande surtout parce qu'il n'exige d'autre manœuvre que de coller les objets à grossir sur la face plane destinée pour les recevoir. Les observateurs se plaignaient de manquer de lumièré. M. Malet vient de résoudre cette difficulté à l’aide d’un ex- cellent miroir plan. Nous espérons que l'envers pourra bién- tôt servir à recevoir un miroir concave dont les effets seront encore plus puissants. L'autre extrémité du tube qui sert de support au Stanhope a été pourvue d’une loupe d’un fort grossissement. Une épingle sur laquelle lesinsectes peuvent être piqués, a été placée, à l’aide d’une disposition des plus simples et des plus commodes, à la distance de la lentille la plus con- venable pour l'inspection. Enfin la lentille, qui sert à cette étude peut être associée à une autre de manière à constituer une loupe double du genre, correction qui à elle seule coûterait autant que le petit arsenal optique mis en vente par M. Malet. Il reste encore à disposer un emballage plus commode qu'une boîte, de telle sorte que tout l’ensemble puisse se placer dans le gousset en y comprenant les épingles et les accessoires nécessaires pour l'étude sommaire de la ré- colte insectologique. Rappel d'une médaillé de 1e classe à M. Poujet, de Genève, pour ses instruments d'optique. Nous avons remarqué dans la vitrine de cèt exposant ‘üne case à insectes dont le plafond est formé par üne grosse loupe. : à BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 135 L'idée est. excellente et nous n'avons à exprimer qu'un regret, c'est que l’on n'ait pas songé à placer quelques ani- maux dans l'intérieur de cette petite prison; nous sommes certains que l’ingénieuse invention de M. Poujet,qui a passé à peu près inaperçue, aurait obtenu un très grand et très lé- gitime succès. Nous pensons que l'inventeur saura mieux faire valoir son œuvre la première fois qu'il nous lasoumettra. Nous avons accordé une médaille de bronze à M. Desaix, de Paris, pour ses petits microscopes qu'un si grand nombre de visiteurs ont tenu à emporter comme un souvenir de notre exposition. Nous regrettons d'avoir à terminer un rapport où nous ac- cordons tant d'éloges si justement mérités en signalant quelques oublis. Mais il nous est impossible de ne pas insis- ter sur l'intérêt qu'offrirait une collection de petits insectes ou d'organes de ces animaux disposés comme le sont les pho- tographies microscopiques du système d’Agron. Qu'il nous soit permis de demander aux spécialistes s'il ne serait pas possible, sans trop de dépense, de disposer ainsi les insectes fossiles qui se trouvent emprisonnés dans l’am- bre, de sorte qu'en façonnant la surface de la matière gom- meuse où ils ont trouvé la mort, il y a un si grand nombre de siècles, on arriverait à mettre mieux en évidence les détails de leurs organisations et les analogies qui les rapprochent des insectes analogues vivant sur les conifères de nos forêts contemporaines. En effet, un des moindres avantages de l’ étude des insec- tes n'est-il pas de mettre en évidence la puissance et l'intelli- gence divine du pouvoir organisateur des mondes, qui nous a créés sans doute afin que nous puissions admirer librement son œuvre, et, en suivant les sublimes intérêts de notre na- ture, travailler au bien de l'humanité, ainsi qu’à la gloire de notre Patrie (1). 1. Les Lauréats qui désireront plusieurs exemplaires de ce rapport tiré à part, les trouveront, au prix de 50 cent., au Secrétariat. — Par erreur le nom de M. H. Jeckel a été omis comme membre du jury. 136 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Liste des lauréats de l’enseignement insectologique. Médaille de 4re classe et prime de 25 francs. M. PATTE, instituteur à Élincourt (Oise). Rappel de médaille de 1re classe et prime de 25 francs. MM. LAVENNE, inst. à Offange (Jura). Marquis, inst. à Chevillé (Sarthe). SINGLAS, inst. à Châteaudun (Eure-et-Loir). Médaille de bronze et prime de 25 francs. M. DESNOULLET VARLET, inst. à Arleux (Nord). Rappel de médaille de {re classe. MM. CLERG, inst. à Pontarlier (Doubs). DELARUELLE, inst. à Dieudonné (Oise). 4 GRANDFONT, inst. à Thaumiers (Cher). HuMBERT, inst. à Raddon et Chapendu (Haute-Saône). MAvRé, inst. à Noiseau (Seine-et-Oise). Mouror, inst. à Chenicourt (Meurthe-et-Moselle). VAILLANT, inst. à Margny-lès-Compiègne (Oise). Médaille de vermeil. — M. CaRLIN, inst. à Humbécourt (Haute-Marne). Médaille d'argent du Ministre. — M. DALLEMAGNE, à Pautaines (Haute- Marne). Médaille de 2° classe q. m. MM. Bipa, inst. à Mignavillers (Haute-Saône). MESNARD, inst. à Quesnel-Aubry (Oise). Médaille de 2° classe p. m. MM. GERY, inst. à Cirfontaine (Haute-Marne). Picon, inst. Champfronier (Ain). ROCHAIX, inst. à Belley (Ain). Médaille de bronze p. m. MM. DURINGER, inst. à Beauquesne (Somme). LE RICHE, inst. à Gezaincourt (Somme). PEGQUET, inst. à Vendin-le-Viel (Pas-de-Calais). PELLETIER, inst. à Sainte-Croix (Seine-Inférieure). BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 137 Médaille de bronze p. m. MM. LENÈVRE, inst. à Saint-Aubin-Clermont (Oise). MUXERET, inst. à Cusance (Doubs). Une médaille de bronze p. m. a été donnée pour être distribuée à l'un des élèves des écoles de MM. Marquis, Patte, Desnoullet-Varlet, Lavenne, Dallemagne et deux pour l’école de M. Carlin, aux élèves Dumay et Dodeux. — Seront proposés au ministre de l'Instruction publique pour les pal- mes d'officier d'Académie M. Marquis à Chevillé, et M. Maillet, inst. à Faverney (Haute-Saône), médaille de 1'e classe dans la section d'insecto- logie générale. 2° SECTION. Livres, Mémoires, Journaux. Diplôme d'honneur : à la maison Hachette, de Paris, pour ses Bons- points insectologiques, l’Insecte de Michelet, etc. — Maison J. B. Baillière et fils, pour son ouvrage les Insectes de M. Kunckel d'Herculais. — M. Germer-Baillière, de Paris, pour les ouvrages de Lubbock sur les fourmis, les abeilles et les guêpes. Médaille de 1"° classe, à M. Peragallo, de Nice, pour les deux ouvrages l'Olivier ses amis et ses ennemis, et le Chéne (manuscrit). Rappel de médaille d'argent du ministre, à M. Clément, naturaliste à Paris, pour ses dessins d'insectes. Médaille de 2° classe, à M. Ernest Olivier, des Ramillons (Allier), pour sa Faune de, l'Allier ; à M. Edmond André à Beaune (Côte-d'Or), pour ses spécimens des Hymenoptères d'Europe et d’Algérie. Médaille de bronze du ministre, à M. Dusuzeau, à Lyon, pour son Économie nouvelle des élevages des vers à soie et son Rapport et la Note d'un magnanier. Médaille de bronze de la Société g.m. à M. Victor Rollat à Perpignan, pour mémoires sur {es Maladies des vers à soie et l'Embryologie. — À M. Dubois, à Limoges, pour son ouvrage Les hôtes du jardin. — À M. Paul Francezon, à Alais (Gard), pour ses Notes sur étude de la soie. Mention honorable, à M. Arthur Daguin, à Nogent (Haute-Marne); pour ses Notes entomologiques (manuscrit). — À. M. BUREAU fils, à Arras, pour Rapport sur les vers à soie exotiques. P. S. La liste des lauréats de l'apiculture a été tirée à part et se trouve dans l’Apiculteur d'août. 138 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE La Couleuvre à collier (7ropidonotus natrix, Linné.) Ovipare , PAR M. E. LESUEUR La couleuvre à collier est très commune en France et des plus faciles à apprivoiser ; elle éprouve même de l'attachement pour la personne qui a l'habitude de la prendre et de lui don- ner sa nourriture. La tête est recouverte par 9 grandes plaques, le ventre par 164 plaques simples transversales et, de l'anus à la pointe de la queue, par 52 paires de petites plaques doubles. La queue est très effilée ; une couleuvre de 1 mètre a 20 centimètres de longueur de queue ; le dos est recouvert d’écailles ovales re- levées par une arête. Quand on excite cette couleuvre, les écailles de son dos se relèvent sur toute la longueur et for- ment une ligne très marquée, et cela accompagné de siffle- ments. Sa longueur extrême est de 1 m. 30. La tête porte un museau arrondi; cette tête s’aplatit lé- gèrement quand le serpent prend de la grosseur. La gueule est garnie de deux rangées de petites dents très effilées et placées verticalement de façon à retenir la proie; ie der- rière de la tète est marqué de deux taches d'un jaune clair suivies de deux autres taches noires placées en dessous et formant un collier. La couleur est d'un gris cendré, marqué de traitsnoirs et irréguliers sur les côtés; la couleur des mâles est généralement plus foncée. La saison des amours est fin avril et mai; la température doit être supérieure à 20 degrés. Au moment de l’accouplement, le mâle et la fe- melle sont têteà tête, l'enlacement n'a lieu qu'à partir du milieu du corps, la mâle seul fonctionne en passant et re- passant sur les parties génitales de sa femelle à une minute d'intervalle ; l’action fécondante dure de 30 à 40 minutes, ré- pétée trois jours de suite et au soleil. Au printemps, les serpents sortent de leur long engourdis- sement hivernal, réparent leurs forces perdues par un jeûne de six mois, et commencent à changer de peau. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 139 Quand une couleuvre approche de son dépouillement, ses yeux se couvrent d'une taie blanchâtre, c'est simplement la cornée de l'œil qui est détachée. Dans ce moment, elle est pa- resseuse, lente dans ses mouvements et facile à prendre, re- cherche l’eau afin de prendre des bains qui faciliteront son dépouillement. Ensuite, elle se frotte le museau dans l'herbe ou dans la mousse, afin de détacher la peau de satête, puis, passe sous une pierre, ou entre des racines, afin de se dépouil- ler complètement. Revêtu de sa nouvelle robe, le mâle cherche une femelle l'appelant le soir par des sifflements répétés. La gestation est de 90 jours. Les œufs sont gros comme ceux du pigeon et d'un blanc parcheminé. La ponte est généralement de 28 à 30 œufs soudés ensemble et en grappe; lacouleuvre les dépose dans les trous des vieux murs ensoleillés, dans les fumiers en fermentation où les œufs reçoivent une chaleur douce qui en facilite l’éclosion laquelle a lieu 40 jours après la ponte; cette couleuvre se nourrit de crapauds, grenouilles, couvées d'oiseaux, sala- mandres, mulots, et de hannetons, fait que j'ai pu constater cette année. On la trouve souvent près des mares, des étangs où elle vient chercher sa nourriture; elle nage avec facilité et poursuit sa proie jusqu'au fond de l'eau; la grenouille poursuivie plongé jusque dans la vase et brouille l’eau avec sés pattes afin de dépistér son ennemie. La mastication de la couleuvre s'opère lentement, par le jeu des mâchoires qui avancent de gauche à droite et de droité à gauche, jusqu'à l’'éngloutissement de sa proie. Après, elle s'enroule pour di- gérer. On la trouvé généralement lé long des vieux murs troués, crevassés, exposés au soleil, qui bordent bois et forêts. Elle est insectivore dans son jeune âge,et les quelqueshan- ñetons qu'elle mange à l’état adulte ne compensent pas le mal qu'elle fait en détruisant les crapauds, grenouilles et oiseaux qui sont des insectivores de premier ordre, et par conséquent utiles à l’agriculture, 140 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Il faut la détruire. Peut-être les hannetons proviennent-ils parfois des crapauds ingérés par le serpent. E. LESUEUR. (Reproduction réservée.) (À suivre.) La puce chique (Pulex penetrans, Linn.) PAR M. E. SAvARD Cette espèce est de l’ordre des Aphaniptères ou suceurs, ‘aplatie, brune, avec une tache blanche sur le dos, elle est ar- mée d'un bec pointu très fort, raide, pourvu de trois lancettes. C'est à l’aide de cet instrument que la femelle attaque l'homme. La Chique n’est autre chose qu'une espèce particulière de puce à laquelle les naturalistes ont imposé le nom de péné- trante, qu'elle mérite à tous égards. Elle est commune dans les parties chaudes de l'Amérique et principalement au Bré- sil. Les Espagnols l’appellent Pigus, et les Portugais Bicho dos pes (1), les Mexicains la nomment Nigua. Son bec est de la longueur de son corps, c’est à l’aide de ce stylet aigu, que l'insecte perce, dit-on, les chaussures et les vêtements de toutes sortes. Elle se fixe alors à la peau, et s'enfonce dans les chairs, sous les ongles des pieds; les autres parties du corps ne sont pas épargnées par ces dangereux insectes, même le pourtour de l'anus. Là, cachée dans un petit canal, son abdomen se gonfle en une vésiculé sphérique, dans laquelle sont ren- fermés ses œufs. Au bout de quelques jours, cette vésicule a pris le volume d’un petit pois. Beaucoup de personnes éprouvent une douleur semblable à la piqûre d'une aiguille, lorsqu'une chique cherche à entrer dans les chairs ; d’autres ne s’en aperçoivent pas ; cela dépend beaucoup de la partie attaquée. Il est très difficile d'extraire l'insecte dans le premier moment, à cause de son extrême pe- titesse ; il vaut donc mieux attendre deux ou trois jours, avant 1. Insecte des pieds BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 141 de procéder à cette petite opération. Quand on veut l’exécu- ter, on a recours à des enfants dont les excellents yeux aper- çoivent facilement le point rouge de la peau, par lequel la chique s’est introduite et qui cherchent à l’extraire. Ils s’ai- dent avec une aiguille en élargissant la voie, enlèvent bientôt la vésicule dans laquelle toute la lignée se trouve réunie. Aussi les petits opérateurs renommés pour leur adresse en ce genre sont-ils singulièrement recherchés, cajolés et récom- pensés par les nègres des plantations. Approchée d’une bou- gie allumée, elle éclate comme un grain de poudre ; mais si la vésicule s'est rompue avant son extraction, l'opération devient elle-même une cause nouvelle de douleurs, par la dis- persion des petits dans la peau. Cette puce américaine produit évidemment une liqueur empoisonnée, carla place d’où on l’a extraite, elleet ses petits, s'enflamme parfois, et la gangrène s’y met promptement. On conseille de remplir avec du tabac en poudre, de la cendre ou de l'huile la cavité que les chiques ont laissée après leur ex- traction. Lorsqu'on néglige de les extraire, il peut en résulter des accidents très graves. On voit en Amérique beaucoup de nè- gres qui, faute d'avoir pris cette précaution, sont attaqués d'ulcères tenaces et quelquefois mortels ; d'autres ont les doigts des pieds mutilés par suite de nécrose et de chüûte des phalanges : d’autres enfin présentent des engorgements ingui- naux. Une extrème propreté peut seule préserver des chiques; il faut donc avoir soin de se faire examiner les pieds tous les deux jours par les enfants dont il est question plus haut, et veiller à ce que l'habitation soit entretenue dans un état de netteté parfaite. E. SAVARD. Destruction de Ia colaspe noire et de ses larves. PAR J. ROUANET MESSIEURS, « Le bon Dieu a fait le monde, disait un rèveur allemand, mais le diable a fait l'insecte. » 142 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE Ce n'est certes pas au sein d'une Exposition où les insectes utiles tiennent une si grande et si intéressante place que pour- rait se justifier cette malédiction. Néanmoins, touten protes- tant au nom de ces nombreuses familles aïlées, dont l’activité prodigieuse et l'habileté incomparable nous dotent de pro- duits merveilleux; au nom de ces précieux auxiliaires qui, dans la grande œuvre d'épuration du globe, nous prêtent leur concours plein de zèle et de désintéressement, personne n'0- sera prendre la défense des insectes nuisibles, et il ne nous fera point de peine d'attribuer à cette création diabolique les ennemis multiples de nos vignes et de nos champs. Car c’est une loi naturelle et trop de fois vérifiée, que tout végétal utile subit les attaques d'un ou de plusieurs para- sistes, et que l’agriculteur doit, chaque jour, lutter pied à pied contre un ennemi souvent insaisissable qui vient lui disputer le fruit de ses labeurs et dévaster avec une voracité impitoyable, ses moissons le plus chargées d’espérances. A côté des peintures chatoyantes et attendries de l'œuvre de Michelet sur l’insecte se glisse parfois un nuage obscur, et cei éblouissement de la nature féconde, ces lueurs, ces poésies, sont assombries par une sinistre apparition : l’insecte nuisible. Je me propose ici, Messieurs, de vous entretenir d'un de ces fléaux de nos champs, d’un de ces nombreux ennemis de nos récoltes, qui laissent sur leur passage des traces si pro- fondes et n'ont ici-bas d'autre mission que la ruine de nos cultures. Mais, avant de vous décrire ce parasite et pour que vous compreniez toute l'importance des pertes qu'il nous cause, je dois vous exposer brièvement la situation de notre agricul- ture méridionale. | Complétement atteintes par le phylloxera, ravagées par cet insatiable puceron, ruinées presque par la subite disparition des vignobles, nos contrées ont dû chercher dans la culture des céréales et des fourrages un moyen de subsister qui leur permit d'attendre le retour — si désiré — de nos vignes pro- ductrices. C’est ainsi que, dans notre plaine de l'Hérault, aux BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 143 vignes se perdant dans l'horizon, à cette immensité de ver- dure intense dont la fertilité apportait à toutes les classes, avec le jus bienfaisant du raisin, une situation aisée et tranquille, à tous ces trésors de la terre ont succédé maintenant des cul- tures nouvelles qui augmentent les labeurs du paysan, don- nent un rendement médiocre et sont impuissantes à réparer les ravages du phylloxera. Aussi avons-nous vu, dans quelques années, la valeur des terrains diminuer d’une façon notable, notre population émi- grer devant l'invasion de ce nouvel ennemi, en un mot une crise générale jeter le marasme dans les affaires et la misère dans la classe laborieuse du peuple. Étant donné cette situation intéressante à plus d’un point, vous serez facilement convaincus, Messieurs, que les insectes nuisibles aggravent un mal déjà profond, et que leurs rava- ses sont, pour l’agriculture, une nouvelle perte qui s'ajoute aux premières et compromet de plus en plus l'existence de toute une région. Après que lephylloxera, malgré une lutte acharnée, eut dé- truit toutes nos vignes, nous assistâmes à l'invasion de nou- veaux parasites. Nos céréales eurent les charançons, les alueites, les céeydo- mytes ;les pommesde terre eurent le doryphora; enfin les four- rages eurent les agromyses, le bombyx etles colaspes. Cest de ces derniers fourrageurs, spéciaux à la luzerne, qu'il sera question dans ce modeste Mémoire. Les colaspes ont envahi tout le Midi; leurs ravages peuvent, chaque an- née, se chiffrer par des sommes fabuleuses. C'est aux amis de .de l’agriculture à s'émouvoir de ce mal, dont les proportions -sont inquiétantes. A vous, Messieurs de la Société d'insecto- logie, d'encourager les efforts de ceux qui cherchent à arrêter leurs ravages. Autrefois, — pendant le beau temps de la prospérité des vignes, — on parlait fort peu dela colaspe dans nos pays du Midi. Les luzernes n'étaient pas encore cultivées comme pro- duit de rendement; car à peine possédait-on un lopin de \ 144 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE terre, qu'il ne tardait pas à voir fleurir quelques souches de plants indigènes. Or on m'’accordera que la multiplicité des parasites d’un végétal dans un pays est en raison directe du dé- veloppement de la culture de ce végétal. C'est une loi insecto- logique qui se vérifie tous les jours, par exemple pour les Criocères de l'asperge, à Argenteuil. Donc à cette heureuse époque, les co/aspes pullulaient moins ici, d'ailleurs le cultivateur, s'il avait quelques ares de lu- zerne, — à peine la provision de son cheval ou de sa mule, — se préoccupait fort peu de ces voraces pillards, les dommages qu'ils pouvaient causer étant faibles et la compensation si près. Aujourd'hui les temps sont bien changés ; les luzernes font partie des plus importantes cultures de nos départements mé- ridionaux, et plus de 10.000 hectares de vignes, autrefois pros- pères, sont devenus des luzernières à rendement bien incer- tain. Voilà pourquoi on a vu les ‘propriétaires s’'énouvoir des ravages de la coaspe et lutter par tous les moyens contre leur nouvel ennemi. Il L'invasion d’une luzerne par les larves de la colaspe pré- sente des symptômes appréciables par l'œil le moins exercé, De loin, sur le vert intense des tiges, apparaissent des tâà- ches jaunâtres, comme flétries. Localisées parfois à quelques mètres carrés seuiement, elles peuvent avoir une étendue plus considérable et occuper même toute la pièce de terre. Pénétrez dans la luzerne ; sur les tiges, vous remarquerez sans peine des milliers de petites larves noires qui, affairées et remuantes, dévorent les feuilles avec avidité. Leur nombre est parfois infini, — j'en ai compté jusqu'à vingt-cinq sur une seule tige de luzerne, —-- et il est navrant de constater l'empressement fiévreux qu'elles déploient dans leur sinistre besogne. (A suivre.) Le Gérant : H. HAMET. LPS PDP LD PSS PS LIL SDL LPS PDT PSI PI n RAI APN PAPERS IS lmp. dela Soc. de Typ. - No1zETTE, 8, r. Campagne-Première. Paris. Le - - N, 10. | HUITIÈME ANNÉE Octobre 1883 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE. — La mouche du fromage, par M. E, SAVARD. — La couleuvre à collier, par M. E. Lesueur. — Les Nécrophores. —Les Trochisques in- secticides du D' Zampironi, par M. P. Cu. JouBerT. — Note sur la puce pénétrante. — Société centrale d'apicuiture et d'insectologie. Séance de juin 1853. — Desteuction de la colaspe noire, par M. J. RouANE". La Mouche du fromage. (Piophila casei, Laiceille), par M. E. Savard. Il n’est personue qui n’ait remarqué, lorsque le fromage est sec ou qu'il commence à se dessécher, qu'il est exposé à être envahi par des petits vers blancs qui le rongent ; ils s’y voient quelquefois en si grand nombre qu'il semblent le faire remuer ; ils y fourmillent et y ceeusent des trous irréguliers plus ou moins profonds dans lesquels ils habitent plusieurs ensemble. Ce qui fait que, dans cet état, le fromage devient pour nous un objet dégoûütaot, quoiqu'il n'ait pas contracté de mauvaise odeur, qu'il n'ait pas changé de couleur et qu'il ne soit pas altéré dans sa qualité; mais la difficulté est de le débarrasser de tous les vers qu'il coniient et la crainte d'en manger nous oblige ordinairement à le jeter dehors. Le ver ou la larve que produit la mouche du fromage n’a rien de remarquable dans sa forme; elle ressemble à celle des autres Muscides. Elle est blanche, conique, extensible, molle, glabre et apode, formée de onze segments ; sa bouche est armée d'un double crochet ayant la grosseur d’un cheveu. Ce qui la distingue de beaucoup de larves qui lui ressem- blent, c’est la faculté qu’elle possède de sauter et de s'élever quelquefois à la hauteur de 15 centimètres. Pour exécuter cette opération, elle se dresse sur sa partie postérieure et se L 10 , 146 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE tient dans cetie position à l’aide de quelques tubercules qui sont autour du dernier änneau de son corps; alors elle se courbe et forme une espèce de cercle, et, amenant sa tête sur sa queue, elle enfonce les deux crochets de sa bouche dans deux sinuosités qui sont à la peau du dernier anneau et les tient ainsi fortement accrochés. Toute cette opération est faite en un instant. Pour lors, cet insecte se contracte et se redresse vivement et préstement, à tel point que les crochets font un peu de bruit en sortant des enfoncements dans les- quels ils élaient retenus. Ce mouvement brusque faisant frapper fortement le corps sur le plan de position, fait re- bordir l’insecte ; il saute souvent très haut par ce Mmouve- ment élastique. Cette larve ayant pris tout son accroissement, quitte le fromage dans lequel elle a vécu et se réfugie dans un abri, où elle sé transforme aussitôt en pupe, et une quiozaine de jours après en insecte parfait. Le Diptère qu'elle produit est classé dans la famille des Athéricères, dans la tribu des Muscides, la sous-tribu des Pio- philides, et dans le genre Piophila. Son nom entomologique est Piophila casei, et son nom vulgaire : Mouche du froage. On préserve les fromages de l'atieinte de ces mouches en les plaçant dans des garde-man- sers en toiles métalliques ou en les tenant sous des cloches en verre ou en toile métallique, de manière à empêcher les mouches de venir pondre leurs œufs à la surface des fromages. Si un fromage contient des vers, on pourra lé laver avec du vinaigre ou avec dé l’eau-de-vie, ou simplement avec du lait doux ; en répétant au besoin cette opération, on le dé- barrassera de ces vers. Piophila casei,Tatr. longueur, 3 millimètres. Elle ést noire, luisantg ; la face, une partie du front et les antennes sont fauves ; celles-ci sont courtes, couchées sur la face, à troi- sième article noirâtre à l'extrémité et au bord extérieur, et surmonté d'une soie simple ; le sommet de la tête et le cor- selet sont noirs ; l’écusson est triangulaire, convexe, de la même couleur que ce derniér ; l'abdomen est oblong, un peu BULLETIN D “INSÈCTOLOGIE AGRICOLE 147 déprimé, de la. largeur du thorax ; un peu plus long que la tête et ce dernier réunis et noir ; les pattes sont fauves, avec l'extrémité des cuisses et les tarses antérieurs noirs et un anneau noir aux cuisses postérieures ; les ailes sont hyalines et dépassent l'abdomen ; la nervure médiastine est double et s'étend jusqu'à l'extrémité ; les nervures transversales sont éloignées. E. SAVARD. La couleuvre à collier (77opidonotus nairix, Linné), OVIPARE; Variété, espèce naine de Fontainebleau. PAR M. E. LESUEUR, Get:e jolie petiie couleuvre paroii, à Sreare vue, pareille à la couleuvre à collier commune ; cependant, en l’'examinant avec attention, l’on s'aperçoit tout de suite que ses écailles sont beaucoup plus fines; la tête plus foncée et plus. plaie ; son encolure est très e‘ülée, les deux taches d’un jaune elair du collier dans l'espèce commune sont d’un jeune vif dans celle-ci. - Cetie couleuvre que j'ai prise en 180 Dés des forêt de Fontainebleau, en compagnie de M. Bravetfis, avait à cette époque une longueur de 0 m..5; voici trois années que je l'ai chez moi très vivace, mangeant bien, changeant de peau régulièrement. Elle n’a point grossi et ne s'est pas allon- gée depuis le moment ou je l'ai prise. 3 . Son ventre-est garni par 198 plaques simples, 4 dé -plus que dans une couleuvre de.4 m. 10, et, des-pariies géaitales à la pointe de la queue, par 54 plaques doubles, seulement 16 plaques en moins que dans l'espèce commuae. aUr J'affirme done que cette petite couleuvre est probablement une variété nouvelle qui a été confondue jusqu'à ce jour avec les couleuvres à collier communes. Nora : Dans.mon dernier: article sur la couleuvre à A ne paru dans le 9°%° bulleiin de 1883, il y a à joindre les obser- vations suivantes : 148 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 1° Que la couleuvre à collier pond jusqu'à quarante œofs ; ils sont placés sur deux rangs dans l'intérieur du corps ; 2 Que l’accouplement a lieu deux fois par année au printemps et à l'automne; 3° Que la longueur des mâles ne dépasse point 0 m. 80 et qu'une couleuvre femelle de 1 m. 20 peut être iécondée par un mâle de 59 centimètres. E. Lesusoe. (Reproduction réservée.) Les Nécrophores. Dès qu'un petit cadavre de mammifère ou d'oiseau, comme un mulot, une musaraigne, une taupe, est abandonné gisant dans une allée ou dans une clairière de bois, ou bien une grenouille ou un poisson sur le bord d'un ruisseau, bientôt arrive en volant une troupe funèbre, les Nécrophores ou Fossoyeurs, attirés par l’odorat. Ces Coléopières semblent préposés à la salubrité aimosphérique. Leurs antennes se terminent par une massue renflée ; lors du vol les élytres sont relevées au-dessus du dos et se touchent par leur surface supérieure, les pattes intermédiaires sont ramenées en avant et relevées au-dessus du thorax, les autres pattes restent écartées et pendantes (1); les femelles surtout entourent le petit cadavre ; s'il est trop lourd, elles vont chercher des aides de leur espèce, en leur apportant sans doute des effluves odorantes de leur proie. La terre est creusée au-dessous de l'animal, au moyen des larges pattes de devant des Nécrophores, pareilles à des bèches. Le petit cadavre s'enfonce peu à peu, parfois à 30 centimètres au-dessous du sol. Après ce travail acharné, la troupe festine et les femelles pondent leurs œufs. Le diner des pères servira aux fils, c’est-à-dire aux larves qui sortent des œufs et dépècent la proie avec leurs puissantes mandi- bules. Elles ont six paties très courtes, car elles ont à peine besoin de se mouvoir. Outre deux grandes espèces noïres, la 1. Observation de M. G. Pouj:.de ({a R’daction). BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 149 plupart des Nécrophores ont les élytres bigarrées de noir et de fauve vif, par bandes dentelées. Telle est l'espèce la plus commune, le Nécrophore enterreur. Sa larve est blanche, à tête cuirassée d'un brun clair, à douze anneaux munis sur le dos d'écussons dentelés brunâtres. Elle se change, dans une cavité terreuse, en une nymphe jaune, présentant, repliés en dessous, les appendices de l’adulie. (Exirait des bons points instructifs. Paris, Hachette et C*°.) ERRATUM. — Parmiles notes durapportsur l’insectologie gé- nérale, quelques-unes ontété égarées. — Dès que nous avons eu connaissance de ce fait, nous nous sommes empressés d'y remédier de aotre mieux, malgré cela quelques exposants ayant été oubliés nous réparons cet oubli en publiant l’arti- cle qui les concerne. M.Ramé, de Paris, qui a tenu, quoique membre du jary de l’enseignement, à exposer dans cette section, nous montre l’'Aétacus Piri sous ses diverses formes depuis l'œuf jusqu'à l’insecte parfait ; ce qui frappe surtout dans cette partie de l'Exposition c’est la disposition ingénieuse qui fait voir l'inseete disséqué avec les indications très claires de chaque pièce. — Du reste ce travail a été fait en vue du Musée sco- laire de la mairie du XVI° arrondissement. — Dans cette section, M. Ramé se trouve hors concours ; les autres mairies ou leurs musées scolaires seront jaloux de l’heureux XVI° arrondissement. Nommé membre du jury à l'exposition d'Amsterdam, M. Ramé n'a pu remplir ses fonctions de juré, mais il a tenu à rester titulaire afin de ne priver personne d'une récompense qui aurait pu lui être aitribuée et qu'il a hautement méritée. (Note de la Rédaction.) Les trochisques insecticides. De M. le docteur Zampironi, de Venise (Ital:e.) Dans tous les pays bas, marécageux, sillonnés de cours d'eau, l'espèce humaine, surtout en été, est continuellement 150 BULLETIN D’INSECTCLOGTE AGRICOLE assaillie par un petit diptère connu sous le nom de moustique où de cousin, Culer pipiens des entomologistes, et quel- ques autres espèces. Avides de notre sang, les cousins nous poursuivent partout, ils entrent dans nos habitations, parti- culièrement lesoir, s'annoncent par un bourdonnement aigu et agaçant. Ils percent notre peau, que nos vêtements ne peuvent souvent protéger, et enfoncent les soies très fines et dentelées qui garnissent l'extrémité de leur suçoir ; à mesure que ces soies pénètrent dans la chair leur fourreau se replie et forme un coude, c’est alors que l'insecte distille dans la plaie une liqueur vénéneuse qui devient la cause d'une gräude irritation ét d'une enflure plus ou moins considérable et toujours douloureuse. d On à observé que nous ne sommes tourmentés que par les cousins femelles, les mâles, paraît-il, sont inoffensifs. Si leur piqüre est désagréable dans le midi, elle ne l’est pas moins dans le nord. Nous en -avons souffert au mois d'août dérniér, lors de notre visite à l'exposition d'Amsterdam, qui comme Veuise, est le pays des canaux dont le courant est à peine sensible. LR RARES Pour se garantir des attaques de ce diptère incommode on fait usage de cousinières où de moustiquaires, rideau de gaze dont on le lit, en vue d’' Rs l'insecte d'arri- ver jusqu'à vous. Lorsqu'on est piqué, on calme la démangeaison au moyen de vinaigre ou d’alcali volatil dilué. Dans certains pays, les habitants se mettent à l'abri des cou- sins, soit en s'enduisant le corps de matières grasses, soit en brûiant des herbes fraiches, de manière à s'envelopper d'un nuage épais de fumée. Tous ces procédés, en dehors de la cousinière, ne sont pas applicables pour des personnes habituées à un confortable re- latif et la cousinière elle-même n’est pas exempte d'inconvé- nients et d'imperfections. M. Zampironi qui habite un pays réellement aquatique, a cherché et a trouvé le moyen de se garantir de la piqüre des BULLETIN D’INSECTOLOGIÉ AGRICOLE 151 cousins : il a inventé un trochisque insecticide auquel il donnelenom defidibus inseciijuge. Voïci, à l'égard de ce nou- veau produit, comment s'exprime M. le professeur Pagenste- cher, de l'université d'Heidelberg : « On emploie à Venise contre les cousins, certaines pyra- mides fumantes, qui à l'odeur et à l'aspect semblent fabri- quées avec de la poudre insecticide de Perse, mélangée avec quelque autre substance qui en rend l’embrasement rapide et complète la combustion. « Le soir, dans la chambre à coucher, après avoir fermé les fenêtres, on allume une de ces pyramides et la tranquillité est assurée pour la nuit. « La boîte contient vingi-cinqpièces et coûte 75cent.au détail. « Les trochisques de M. Zampironi pèsent chacun environ 4 grammes ; une fois allumés ils brûlent complètement en quelques minutes. L'effet se produit lentement et continue à se développer même après la combustion. « Sous l'action de la fumée, les cousins commencent bien vite à s'assoupir et maintiennent leur vol moins élevé. Une demi-heure après le commencement de l'expérience, on en recueille à terre 33 p. 100 de la quantité sur laquelle on agit, ils gisent sur leur dos en agitant les pattes ; la force des muscles, la volonté et la sensibilité se trouvent paralysées. « Dix-huit heures après l'expérience, on en trouve sur le plan:her de la chambre laissée fermée un autre tiers gisant sur le dos, incapables de reprendre leur vol; ceux qui ont survécu, n'ont plus, jusqu'à qu'ils aient été exposés à l'air frais, aucune vivacité. » Il y avingtans que le docteur Zampironi a fait sa découverte et qu'il fabrique ses trochisques. JL à obtenu à Milan le prix d'invention, à Venise le prix de création; à Paris, cette année, la Société d'insectologie lui a décerné la médaille de bronze du ministère. Il a, de plus, reçu des éloges justement mérités de la: presse italienne et étrangère. Aussi à Venise, personne ne rentre le soir sans être muni d'un trochisque, qui lui assure une nuit tranquille, Mais là ne se borne pas la propriété des 152 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE trochisques de M. Zampironi ; nous leur en avons découvert une que l'inventeur lui-même paraît ignorer : Un de nos sociétaires se plaiguait devant nous des dégâts occasionnés par ce petit lépidoptère si connu sous le nom de teigne, qui dévorait ses vêtements de drap, ses tapis et ses pelleiteries. Sans y attacher d'importance, nous lui conseil- lâmes d'essayer les trochisques de M. Zampironi, de réunir tous les objets attaqués dans uu cabinet, de les suspendre à des cordes et de faire brûler deux, trois trochisques, après avoir bien fermé les ouvertures. Quelne fut pas son étonne- ment le lendemain de trouver sur le plancher plus d’une centaine de teignes mories, qu'il s'empressa de nous appor- ter. Aumilieu de cette hétacombe nous reconnûmes facilement la teigne du drap, T'inea sarcrüella, la teigne des pelleteries, Tinea peilionella et la teignedes tapisseries, Trea tapezana. Le hasard en cette circonstance nous avait admirablement servi et nous sommes heureux d’avoir découvert dans les tro- chisques de M. Zampirooi une propriété qui nous paraît ap- pelée à rendre de grands services. G. Ch. JOUBERT. Note sur la Face pénétrante. Dans le Pulle/;n de septembre 1883 se trouve un intéres- sant travail de M. E. Savard sur la Puce pénétraote ou chique, si fréquente dans toute l'Amérique chaude et avec laquelle nos soldats ont fait connaissance dans la funeste expédition du Mexique. Nous représenions cet in- secte d’après une figure tirée des Wé- _tamorphoses des insecies de M: Mau- rice Girard ; Paris, Hachette et Ci. 1884, Ge édition, et pour laquelle nous adres- Sons nos remercîments aux éditeurs. La puce pénétrante a été introduite _ = par an malheureux hasard depuis quel- T "Fig. 11 Pucelchique, = : k È : Péce pénétaoie ou{ chique dues années sur la côte occidentale grossie. d'Afrique et cause de sérieux accidents aux peuplades nègres, même à une assez grande distance BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 153 des côtes. Les médecins des hôpitaux d'Europe ont eu plu- sieurs fois à traiter des sujets, arrivant des pays chauds d’A- mérique et porteurs d'ulcères causés par la chique. Elle peut atiaquer aussi des animaux domestiques, notamment des singes élevés aux colonies dans les maisons. (La Rédariion.) Société centrale d’apiculture et d’insectologie. Séance du 20 juin — Prés deace de M. He:ricy. L'assemblée s'occupe de diverses questions concernant l’ex- position des insectes. M. Hamet propose que, pour la pariie apicole, les exposants soient appelés à désigner les premiers lauréats. M. Henricy dit que le règlement s'oppose à cette innova- tion. M. Hamet répond que l'assemblée qui a établi le règle- ment est apte à le modifier. Après une discussion animée, la majorité est contraire à cette proposition. Le même obtient que les élèves des écoles soient admis à visiter l'exposition les mercredis etjeudis moyennant10 centimesseulement d'entrée. Le secrétaire général rappelle qu'aux expositions précéden- tes une souscription voloniaire était ouverte pour augmenter le nombre des récompenses et qu'il faut maintenir ce précé- dent. M. Savard appuie cette proposition, et souscrit pour 20 francs. M. Bourg, d'Erquery (Oise), adresse une souscription de 10 francs. Remerciemenis. Dans la correspondance se trouve le document suivant : « Chaque année, courant avril, je faisais la visite générale de mon rucher, taillant ce qui me paraissait défectueux des rayons, mais avec une certaine réserve, et souvent les abeilles taillaient encore après moi. Geite année, 20 avril, après avoir lu l’iniéressant article du D' Krasicki, je taïllai mes ruches rigoureusement jusqu'aux premières barrètes et même plus loin, selon que les rayons étaient plus vieux. La miellée ar- rive, je fis mes essaims par transvasement total et permuta- tion de la ruche forcée avec une autre ruchée. 154 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE « C'est alors que j'eus la satisfaction de voir l’activité extra- ordinaire de mes abeilles qui remplirent promptement leur ruche de nouveaux rayons et de miel, pendant que celles de mes voisins restaient immobiles en peloies énormes autour de l'entrée de leur habitation. Aujourd'hui mon petit rucher de 75 ruches est dans les meilleures conditions. Plusieurs ru- chers dont la direction m'était confiée, et traités comme le mien, obtinrent le même résultat. » Relativement à la faculté qu'ont les abeilles dans certaines circonstances de produire de la Cire sans presque de dépense de miel, M. Hamet cite ce qui se passe dans la Beauce aux deuxièmes coupes. Par certaines années les chasses bâtissent des rayons à moitié et même aux deux tiers de leur ruche, sans que les fleurs donnent, pour ainsi dire, de miel. La preuve c'est que les souches à côté, avec ou sans provisions, ne prennent pas seulement 500 grammes de poids pendant la floraison de cetle deuxième coupe. Il est d’autres années, avec floraison également pauvre en miel, où les bâtisses des chasses n’atteignent pas le quart de la ruche. Bien entendu que dans ces deux cas, les chasses n’emmagasinent pas de miel : elles ne façonnent que de la cire et élèvent quelque couvain, souvent peu. Les souches à côté, ou du moins celles sans provisions, n’en élèvent pas davantage. Les expériences de cabinet ne sauraient, ajoute-t-il, infirmer ces faits. Le professeur du Luxembourg signale le fait suivant comme se présentant rarement, surtout sur les colonies indigènes. A sa leçon du 14 juin, au parc de Montsouris, un essaim pri- maire d’abeilles carnioliennes sortait vers 2 heures et rentrait quelques minutes plus tard. Peu après, le professeur entendit le chant de éuui. Il fit un essaim artificiel par trans- vasement, pour s'assurer s’il n'avait pas affaire à une colonie ayant édifié des « cellules de sauveté ». Il n’en était rien: il trouva des cellules maternelles ordinaires garnies de couvain. Après l'extraction de l’essaim artificiel, la souche continua de: chanter et, deux jours après, elle donna un essaim secondaire. Sont admis membres de la Société : MM. Mouvault, apicul- BULLETIN D''NSECTOLOGIE AGRICOLE 155 teur à Herblay ; Bruno Dluzewski, inspecieur d’apiculture à Varsovie ; Charles Usquin, à Paris; F. Pays, à Bois-d'Arcy. — La séance est ensuite levée, Destruction de la colaspe noire et ses larves. | pAR J. ROUANET (1) D'autres fois, l'invasion du champ commence par un seul côté, sur toute la longueur du champ par exémiple, et, s'avau- çant en ligne droite, abandonaant la partie ratagée pour por- ter plus loin leur avidité jébrilé, elles ne tardent pas à ron- ger complètement toute la luzernière. Dans cés conditions, leur marche est très rapide ; je puis citer, entre autres faits, le cas d'une luzerne d'environ 20 ares qui, aû matin du 25 mai devuier, était superbe dé végétation, sans lä moindre trace de larves, et qui, à 1 heure du soir du même jour, était dévorée sur 4 ares Comme par un troupeau de moutons. Il n’est que trop vrai, en effét, que, lorsque l'invasion est nombreuse, si un remède efficace n’ést pas appliqué immé- diatement, le mal est irréparable et la coupe sur pied est per- due sans espoir. | Vous aurez, Messieurs, une idée exacte des intérêts compro- mis par ce parasite en examñinant attentivement les divers échantillons de luzerne qui figurent dans'la salle de l’exposi- tion (2% division, 4° classe), à la partie qui m'a été réservée. Vous y trouverez d'abord des tiges de luzerne tout à fait in- tacies et sans le moiadre dégât. À côté, vous remarquerezune luzerne déjà atteinte et se trouvant à la première période de l'invasion ; quelques feuilles sont déjà rongées, d’autres n'ont encore que des dentelures ou des trous creusés par les man- dibules puissantes de la larve. Enfin un troisième spécimen vous présente une lu’erne complètement envahie et dévastée ; il ne reste plus que la tige et quelques débris fibreux où Jon a de la peine à retrouver les feuilles. Ces échantillons vous donneront, sur les dégâts causés par 1, Suite V. page 141. 156 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE ce petit avimal, une idée que complèteront quelques chiffres. Sur une superficie totale d'environ 620.000 hectares, le département de l'Hérault en a bien 10.000 en luzerne. Chaque coupe donne une moyenne de 70 quintaux par hectare: soit donc 700,000 quintaux en tout. Cette quantité de luzerne représente, à raison de 4 francs le quintal, la somme de 2.800.000 francs. Les ravages de la colaspe, comme je l’expliquerai plus loin, compromettent la seconde coupe, qui est, dans nos pays, la plus belle. La première, en effet, est souvent dépréciée par l'envabissement de la cuseute, de la fausse ivraie et des autres parasites végétaux. La troisième a toujours à souffrir de la sécheresse de nos étés, et ne donne le plus souvent du rende- ment que comme produisant la graine. C'est donc toute une coupe qui est en danger de périr sous la dent des colaspes ; et, réduirait-on la perte à 50 p. 100 c’est toujours un mill'on et demi de ravages irréparables pour un seul département. Vous voyez, Messieurs, quels intérêts sont engagés dans l'œuvre de destruction des co/aspes. Ce parasite porte, dans le langage populaire, un nom typi- que dont l’étymologie est fort curieuse. Les paysans appellent les larves des colaspes baboi'es, mot dérivé du vieux celie Babaou, qui est resté dans nos patois méridiouaux pour dési- gner un être nuisible, malfaisant ; baboï:e, c'est-à-dire épou- vaniail, fléau dont l'apparition annooce des pertes à éprouver et dont le nom seul évoque la peur. II Disons maintenant quelques mots sur l’entomologie et la biologie de la colaspe noire. C'est le Colaspidema oirum des naturalistes. L’insecie parfait se montre en avril, lorsque les rayons du soleil commencent à pénétrer la terre, où ils le réveillent de son sommeil hivernal. BULLETIN D''NSECTOLOGIE AGRICOLE 157 Ce coléopière est d’un noir brillant. avec une fine pubes- cence sur les côtés et sous l’addomen. Son corps a 5 milli- mètres ; il est ovalaire. Sa {ôte est large, verticale ; les anten- nes sont grèles et roussätires à leur insertion ; les cinq derniers articles sont plus gros et plus noirs. Le corselei est court. lé- gèrement marginé. Les élytres, lacges à leur base, s'atiénuent insensiblement jusqu'à leur milieu, pour fvir plus repide- ment vers le pygidium. Quant on veui Le saisie sur une tige, l’insecte se laisse tomber à terre, ramasse ses paites et fait le mort. Si on le prend en- tre les doigis, il exsude une liqueur jaunäire et gluante, comme tous ses congénères de la famille des Chrysomeéliens. La femelle ne diÿère du mâle que par son abdomen tes- tacé, qui devient éaorme. Le volume de son corps est le triple de celui du mâle. Les paysans distinguent partaitement les deux individus à cette particularité: quand, dans une luzerne, ils voient beaucoup de mères, comme ils les appellent, leur appréhension est grande. Les accouplements ont lieu généralement dans les premiers jours du mois de mai; c’est le moment où le mal s'aggrave, car l’insecte parfait cause des ravages iaappréciables à côté de ceux de sa larve qui va naître. Les femelles, au moyen d’une sécrétion ag2lutiaante dont elles les enveloppenc, accrochent leurs œuïs aux tiges de la luzerne ou les cachent dans les replis de l'insertion des feuil- les. Ce sont de petits corps ovalaices, de couleur orangée, avec un point noir à l'une des exirémités. La fécondité des femelles est prodigieuse ; elle seule explique ces nuées delar- ves qui se précipitent sur nos champs pour les dévorer. Il est impossible de fixer une date précise pour chacune des métamorphoses de la colaspe. Vous n'ignorez pas, Mes- sieurs, l'influence que la saison apporte dans l’époque des di- verses phases auxquelles sont sujets les insectes. Or, depuis quelques années, et de l’aveu de tous les cultivaieurs, nous n'avons plus cette régularité des saisons qui était le propre de nos climats méridionaux. Les retours brusques des frimas, 158 BULLETIN D NSECTOLOGIE AGRIGOLE aussi bien que les chaleurs trop précoces, nuisent sengible- ment aux produits, du sol et font varier, par conséquent, le moment des accouplements et de la ponte des animaux d’or- dre intérieur. ,. Cinq ou six jours. d'un Dog soleil de a ps su tisent.à à l'éclosion des lacves. Immédiatement, celles-ci commencent leur sinistre besogne avec une ardeur qui ne se démentira plus de.trenie à quaranie jours. . Les larves de la colaspe sont complètement. noires, -héris- sées de poils courts. Leur tête, armée de deux mandibules très acérées, est pourvue de deux antennes. rudimentaires, et les dix segments de leur abdomen porient de peiiis moi- gnons noirs.et luisants. Non conientes destrois paires de pas- tes dont elles sont pourvues, elles se servent fort adroitement de la flexibiliié de leur corps, s’accrochant par les desaiers sezmenis à une feuille qu'elles veuleni quiuer pour saisie de leurs pattes la feuille voisiae. Au moindre choc.contre la tige, elles \échent prise, se rou- lent en boule et salissent avec une liqueur jaunâtre, les doigts qui les saisissent. Leur corps est huileux et sécrète un à: liquide Re à ta- pisser l'intérieur de la demeure nymphale qu'elles se bâti- ront bientôt. Les larves sont l'ennemi Le que le Me à doit surtout combattre pour sauver ses récoltes ; leur multi- tude fait leur force ; leur avidité est terrible, et il faut la con- jurer à tout prix. F sh: ses IciDo IS I edliéne La luzerne a bien d'autres parasites ; mais les. dommages causés par les charançons, par les bombyx ou leurs larves, ne sont rien à côté des pertes énocmes que les colaspes imposent chaque année à notre agriculiure. Souvent, pour se débarrasser de ces yilains hôies, ns pros prictaire n'attend pas la -maturiié de sa luzerne et la coupe avantterme. Vous verriez alors les larves se réanir par bandes compactes, quitter le. champ.où le fourrage leur est enlevé, et, traversant les haies, les chemins, les fossés, se presser, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 159 d'un commun accorû, vers une luzerne encore debout. Mal- heur alors au voisin ; car, s'il n'arrête pas subitement l'inva- sion, il peut renvoyer ses faucheurs : les larves faucheront pour eux. La colaspe vit, à l’état de larve, environ un mois, pendant lequel elle mange sans {rève, sans relâche, couvrant de ses excréments les tiges et les feuilles. Cette période écoulée et les derniers jours de juin arrivés, elle disparaît et cesse ses ravages. Une opinion généralement admise dans nos campagnes veul que le jour de la Saint- Jean, le 24 juin, toutes les larves disparaissent absolument. C'est un préjugé d'ignorants; néanmoins une justification partielle en est possible. Vers le 24 juin, en effet, les larves venues dans des conditions normales, — toutes celles dont la saison a favorisé l’éclosion, — sont à terme et ne tardent pas à subir leur nouvelle métamorphose. Elles disparaissent, c'est-à-dire qu’elles mettent fin à leurs déprédations, pour se préparer à passer l'automne et l'hiver dans le jeûne, et, dans ce but, soit qu’elles s’accrochent aux branches des haies, qu ‘elles S ‘enfon- cent dans les troncs pourris des vieux saules, soit qu ‘elles Ca chent leur nouvelle demeure sous les pierres ou sous. les mottes de terre, elles n'en deviennent pas moins invisibles. Cette date, assignée d'une manière si précise par ‘la croyance populaire, ne saurait être admise définitivement, précisément à cause de la température moyenne des mois précédents, température qui sert évidemment de base aux époques de transformation. | Lise ER La métamorphose des larves ne dépasse guère la première semaine de juillet ; de sorte que, les ravages cessant, la troi- sième coupe est toujours indemne. En somme, c'est toujours la seconde coupe qui, en peu de jours, est compromise, si- non totalement, du moins en très grande partie. IV Tels sont, Messieurs, ces insectes terribles dont la voracité fait dans nos luzernes de si grands ravages ; tels sont les en- 160 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE nemis contre lesquels l’agriculteur doit lutter par tous les moyens à sa disposition. Avec eux, nous ne pouvons compier, Comme auxiliaires, pas plus sur leurs enaemis naturels que sur les agenis aimos- phériques. D'aucuns ont prétendu, il est vrai, que, plus l'hiver est ri- goureux, moins il y a de coiaspes au priotemps suivant: ce qui aurait pu ranger le froid au nombre des destructeurs na- turels de parasites. Mais n'oublions pas que le même langage avait été tenu à propos du phylloxera, et que les viticulteurs sepientrionaux se félicitaient déjà des rigueurs de leur climat, espérant éviter, ou tout au moins retarder, l'invasion de leurs vignes. Il n’en arien été. D'ailleurs, il est fort bien prouvé que les insectes résistent facilement à l’action du froid; que le phylloxera, notamment, vit aux États-Unis. sans souffrie des rudes hivers de ce pays. « On a vu, dit à ce propos Maurice Girard, des chenilles de Coliades et de Piérides, congelées au point de sonner sur le marbre comme un métal, revenice à la vie au printemps. Les œufs de vers à soie, ajouie ce savant en- tomologisie, venant par caravaues du Japon et de la Chine, à travers les steppes er de la ane supportent sans dar- ser des froids de — 25°. Dans le cas de la ess par conséquent, nous ne pouvons beaucoup compier sur les agents aumosphériques. Regardons-nous comme auxil'aires appréciablesles oiseaux et les insectes carnassiers ? (A suivre.) Préservaiif conire les mouches. — C'est à l'odeur de l'huile de laurier que l'on doit cet avantage. Cette huile dort l'odeur, quoique un peu forte, n’est pas iosupporiable, fait fuir les mouches, et elles n'osent approcher des murs ou des boise- ries qui en ont été froiiés. On garancit par le même moyen les dorures et les cadres. Le Gérant : H. HAMET. LEEDS PPT RD D PP PT SDS D PDP SSD PSS PSS PTS PPS SP SDL ST SL SLT LL TT PT SP PS PS PPT Imp. dela Soc. de Typ. - NolzETTE, 8, r. Campagne-Première. Paris. NA, HUITIÈME ANNÉE Novembre 1883 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE IRIS PSS SSD TS SSL SSL TS SSL ES LL PDT SL LS EDS LT SL DT LR SES SELS S LT SP PSS PSS PS SPL PSS SE DPI SOMMAIRE. — Les Microbes.— Les insectes ennemis de la rave, par M. DizLON. — L'attacus de l’ailante, par M. RAME. — Destruction de la colasne noire suite) par M. J. ROUANET. PPS PS PLS I PPSS SSSR P PS SP LS SSSR SP RT SPL SR LPS LPS PPS ESP SSI Les Microbes (1) La mode est aux microbes et aux bactéries. Il n’est pas de jour où l’on n’entende parler des germes de l'atmosphère, des mias- mes d'une épidémie, etla menace du choléra suspendue sur nos têtes comme l'épée de Damoclès donne au sujet un regain d'actualité. Que sont donc ces fameux et insaisissables germes, qui les a vus, comment sont-ils faits, peut-on reconnaitre Les nuisibles et les separer de ceux qui sont inoffensifs ? Autant de questions auxquelles je vais tâcher de répondre plus ou moins. J'aime autant l'avouer tout court en commençant: ce quel’on sait est bien peu de chose comparé à ce qu'on ignore encore. Il ne faut pas être bien grand clerc pour préférer respirer l’air des champs plutôt que celui d’une salle d'hôpital; mais la difficulté commence lorsqu'il s’agit d'expliquer en quoi le premier diffère du second. Cependant, ces germes, chacun Îles a vus. En effet, qui n’a pas remarqué lorsqu'un rayon de soleil filtre à travers des rideaux un peu fermés ou toute autre ouverture étroite, dans un appartement sombre, qui n'a pas remarqué que le passage de la traînée lumineuse est accusé par des myriades de corpuscusles légers qui flottent en suspension dans l'air. C'est 1. Les Microbes ne sont pas des insectes, mais des productions d'organi- sation très inférieure. Le puissant intérêt qu'ils présentent a motivé l'impres- sion de cette note. (La Rédaction.) 11 162 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE de la poussière, dit-on, et l’on ne s’y arrête pas davantage. On atort, car tout le secret des microbes, des maladies infec- tieuses et de leurs remèdes, est peut-être contenu dans ces atomes légers. Mais les savants ont essayé de faire parler cette fine poussière et la matière s’est déjà laissé arracher plus d'une réponse. Sans vouloir ici rabaisser le mérite de personne, je pensen’être pas contredit en avançant que le nom de M. Pasteur prime tous les autres dans ces questions. Le premier il a ouvert le sillon et la moisson est déjà riche et féconde. Tout d’abord il fait voir qu'un air absolument pur, privé de tout germe, est complétement incapable de développer une fermentation, une moisissure, un vibrion, une apparence quelconque de vie dans les substances Les plus altérables, à la seule condition que ces matières soient également privées de germes. Ce fut une controverse célèbre qui aboutit à la ruine de la doctrine des générations spontanées. Ilme serait impos- sible de redire ici toute l’ingéniosité dépensée par les savants qui prirent part à ce tournoi scientifique. A l’origine M. Pasteur portait au rouge l'air qui devait servir à ses essais. On lui contesta le droit d'agir ainsi en prétendant qu'il altérait les propriétés de l'air. Il se borna alors à laisser arriver lentement l'air sur ses infusions altérables par des chemins sinueux et à travers des tampons de ouate. Puis on lui reprocha destériliser ses liquides par l'ébullition prolongée ; il répondit en puisant les liquides dans les végé- taux ou les animaux directement, sans leur permettre d’avoir le moindre contact avec l’air ou des corps capables d'y amener des germes ; mais que de précautions pour en arriver là! Plus tard M. Tyndall aaussi montré que du moment où un rayon de lumière n'illumine plus la poussière dans une masse d'air (et dans ce cas le rayon lui-même n’est plus visible ) cet air est pur etincapable de provoquer les phénomènes de putréfaction ou de fermentation. On transporta des tubesremplis d’infusions altérables comme des bouillons, des extraits de poisson, etc., sur les montagnes, dans les Alpes par exemple, où ils furent ouverts, tandis que } % d L L l j | L L { 4 L BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 163 d'autres étaient ouverts dans le laboratoire du professeur, dans des greniers à foin, etc. Les tubes refermés et replacés dans les mêmes conditions, on vit ceux qui avaient été ouverts dans un air relativement pur se conserver presque tous sans altération, tandis que les autres se troublaient et fourmillaient de bactéries. Ce fut le premier pas : sans germes préexistants, aucun développement de germes ni de vie d'aucune sorte. Le deuxième pas fut fait par l'étude des fermentations, qui démontra que chaque genre de fermentation a son ferment spécial aussi caractérisé que n'importe quelle espèce végétale ou animale supérieure. Enintroduisant dans un liquide conve- nableet dans les conditions requises tel ferment déterminé, on provoque à coup sûr telle fermentation. Ainsi le ferment du vin réside habituellement à l'extérieur du raisin et se trouve par là introduit dans la cuve, tandis que si l'on prend du jus de raisin pur et qu'on l'expose dans un air pur, il ne se produit ni fermentation ni vin. Or, les ferments ont avec les autres microbes ce caractère commun de se reproduire avec une rapidité prodigieuse et d'envahir complètement le liquide de culture lorsqu'ils y trouvent les conditions requises. De là sont nées les ingénieuses méthodes de culture de M. Pasteur, qui par ensemencements successifs a réussi à isoler plusieurs espèces de germes et à les cultiver à l’état pur pendant plusieurs générations. Jusque-là tout n’était que confusion à cause de l'extrême multiplicité des germes. Depuis lors on marche régulièrement et sûrement. On a pu étudier ces corpuscules au microcospe, définir leurs for- mes, leurs modes de reproduction et leurs conditions d’exis- tence. : C'est ainsi qu'on à découvert qu'entre les bactéries et leurs germes il y a de grandes différences de résistance, et que là où celles-là périssent, les germes se conservent et reprodui- sent les bactéries avec toutes leurs propriétés. C’est ainsi en- core qu'on à mis hors de doute la relation qui existe entre 164 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE certaines maladies et le développement de ces êtres infini- ment petits dans l'organisme. La puissance des effets s'explique malgré la petitesse de la cause et par le pouvoir de reproduction réellement prodigieux des êtres en question. Citons parmi les mieux caractérisés le microbe du choléra des poules, la bactérie du charbon et le vibrion septique. On a voulu généraliser et voir des microbes dans toutes les maladies contagieuses, mais jusqu'ici on n’a réussi à démontrer l'existence d'un microbe spécifique que pour un nombre fort limité d'entre elles. Cependant ce n’était pas grand'chose d'avoir découvert la nature du mal si en même temps on n’y trouvait le remède, et c'est dans cette voie qu a été faite, selon moi, la plus belle découverte. On s’est aperçu que ces êtres infiniment petits sont très exigeants quant aux conditions de leur développe- ment : il suffit de la présence ou de l'absence d'un élément en quantités infinitésimales pour le favoriser ou l’entraver complètement. Tel germe demande la présence de 1/500 000 de zine, sinon il ne se développe plus. Tel autre est arrêté par 1/500 000 de sublimé corrosif; celui-ci ne peut supporter 1/1600 000 de nitrate d'argent, De là l'emploi des substances dites antiseptiques et en particulier de la belle méthode de Lister pour le pansement des plaies, grâce à laquelle ont réussi tant d'opérations autrefois meurtrières dans l’atmos- phère des hôpitaux. On empèche simplement l'air d'avoir accès sur les surfaces vives sans avoir traversé des pansements à l'acide phénique ou au chlorure de zinc. Mais on a été plus loin. Lorsqu'un microbe s'est développé dans un organisme, il semble, au bout d'un certain temps, qu'il ait épuisé sa capacité de reproduction, comme s’il avait enlevé au milieu un des éléments indispen- sables à son existence. En un mot, le microbe ne récidive pas, et si l'être vivant qui l'a nourri a résisté aux troubles occa- sionnés par sa présence, il devient réfractaire pour un nou- veau développement de ce microbe. Il s'agissait donc de trou- ver le moyen de faire résister un animal à la première inva- ts Dis Li e. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 165 sion du parasite pour le mettre à l’abri de ses atteintes. Ce moyen, M. Pasteur l'a encore trouvé. Il a, par des cultures successives, dans des conditions défavorables, atténué la vi- rulence de certains germes, puis il les a inoculés aux sujets en expérience, qui n'en ont éprouvé que des troubles passa- gers et qui se sont ensuite montrés rebelles à des inoculations du même germe dans toute sa force, alors que des animaux témoins succombaient en quelques heures. De là ces fameu- ses vaccinations anticharbonneuses qui ont fait tant de bruit récemment et qui sauvent déjà aujourd'hui tant de bétail. Il y a espoir que, par ces inoculations, on arrivera à faire disparaître complètement le charbon de la liste des maladies qui nous menacent. Peut-être aussi est-ce par suite d'une inoculation lente et inconsciente que s'atténuent peu à peu les épidémies dans une même localité. D'autres études sont en cours sur le typhus du cheval et la rage, et ce n'est pas trop attendre du génie de M. Pasteur que d'espérer un remède à ces deux maladies remarquables par notre impuissance ac- tuelle à les combattre. On le voit, la question des germes et des miasmes est en train de s’éclaircir, et nous pouvons maintenant dire un mot d’un autre genre de recherches. Le microscope, impuissant à l'origine pour débrouiller ce chaos, reprend ses droits, et de- puis quelques années on étudie directement les poussières de l'air à l'observatoire de Montsouris. Voici comment on Sy prend pour recueillir et examiner les insaisissables corpus- cules. On aspire des volumes d'air mesurés à travers les ap- pareils où le courant gazeux frappe des surfaces enduites de glycérine. La moitié environ des poussières atmosphériques est ainsi saisie et fixée dans une goutte de glycérine, puis on examine la récolte au microscope. C’est tout un monde: l'air de nos appartements montre des débris de tissus, celui des rues, des débris de fer, de houille, de pierres: à la campagne ce sont des fibres végétales, des fragments de duvet, d'écail- les, des œufs d'infusoires, des grains d'amidon, beaucoup de 166 BULLETIN D'INSÉCTOLOGIE AGRICOLE pollen, de spores de cryptogames, de petites algues, des levu- res, etc. Les spores dominent et peuvent atteindre 200.006 par mètre cube en été, peu de temps après la pluie. Au con- traire les matières inertes disparaissent après une pluie sé- rieuse. On s'en aperçoit bien à la pureté de l'atmosphère. Si l'on pense que ces spores sont les graines d'une fouie de moi- sissures et de végétaux inférieurs, on s'étonne que leur intro- duction journalière dans nos poumons ne produise aucun dérangement appréciable. Le terrain sans doute n’est pas fa- vorable. Quant aux bactériens, leurs dimensions, qui ne dépassent pas quelques milliémes de millimètre, et leur transparence en rendent l'étude fort difficile au microscope. Lesuns sont glo- buleux, les autres sont des batonnets courts, mobiles ou im- mobiles : il y en a de rameux et de flexueux. Au lieu de les compter, Ce qui serait presque impossible, on ensemenceavec l'air à essayer des infusions dans lesquelles la vie des bacté- ries se révèle par un trouble caractéristique au bout de peu de temps. C'est en été et par les temps secs qu'on compte le plus de bactéries. Mais de fortes chaleurs continues affaiblissent leur vitalité. Tandis que dans le parc de Montsouris on n’en trouve pas cent en moyenne par mètre cube, l'air de la rue de Rivoli en contient un millier. Dans les cimetières on n'en a compté que deux fois autant qu'à Montsouris, mais dans les hôpitaux, au contraire, on rencontre jusqu'à 7.500 bactéries par mètre cube, et en hiver, alors qu'on n'ouvre pas les fenê- tres, jusqu à 19.C00 ! L'atmosphère des égoûts n’est pas aussi chargée qu'on pour- rait le croire {8 à 900) à cause de l'humidité qui empêche les germes de se mettre en suspension, mais l’eau elle-même n'y perd rien. On n'y trouve que 20 à 30 millions de microbes par litre, et 30 milliards lorsqu'elle est putréfiée. Et dire quil y a des gens qui se baignent dans la Seine en dessous de Paris et qui peut-être en boivent de l'eau ! On l'a dit et le mot est juste: l'air est plus meurtrier que BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 167 le glaive. L'Égypte en sait quelque chose. La devise de l’hy- giène moderne devrait être : Guerre au microbe. (Extrait du journal: les Récréations utiles au presbytère, 2 novembre 1883. Pontarlier, Doubs.) Imsceies cnnesmis de ln Rave. PAR M. DILLON. La rave cultivée (Brassica rapa. Lin.) est une plante con- nue depuis les temps les plus reculés ; c’est une des nom breuses variétés du genre chou et qui à plusieurs sous- variétés : 1° le navet rouge ; 2° la rave oblongue ; 3° la rave oblongue à tête verte. Les raves demandent un sol humide et léger et une fu- mure abondante. Leur culture à beaucoup d'analogie avec celle des navets. La rave sert plus dans les aliments qu'en médecine; dans ce dernier cas on la dit adoucissante et antibilieuse ; dans le premier cas elle produit des flatuosités et est de difficile di- gestion. Elle est attaquée par : LE PUCERON DE LA RAVE (aphis rapæ. Curtis). Ce puceron a beaucoup de rapport avec celui du chou, et l’on pourrait le considérer comme une variété. Il est d’un vert jaunâtre et légèrement farineux. Les ailes du mâle sont transparentes. Il vit en familles nombreuses sur le revers des feuilles des raves, depuis le mois de juillet jusqu'en novem- bre. Il suce la sève des feuilles et fait beaucoup de tort à la plante. Pendant le mois de juillet il est très abondant sur les feuilles de turneps. Destruction. Employer les arrosages insecticides dirigés de bas en haut avec un instrument coudé ; aussi de la poudre de pyrèthre de Vicat et la répandre avec un soufflet à tube recourbé. Les pucerons ont pour parasites plusieurs espèces d'insec- tes dont diverses Æémérobes où Chrysopes dont les larves sont Surnommées les Lions des pucerons, et, en outre, par les + 168 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE larves des Coccinelles, Coléoptères appelés vulgairement Bêtes à bon Dieu, Bètes à la Vierge et Marmottes. L’ALTISE A PATTES NOIRES (al{ica nigripes. Panzez). Ce petit coléoptère n'aqu'un millimètre et demi de longueur. Ilestd'un vert bronzé brillant et finement ponctué. Ses pattes sont noires. Dès les premiers jours du printemps la femelle dépose ses œuls sur les revers des feuilles des raves; peu après ils éclosent, et la petite larve se nourrit du parenchyme des feuilles. Parvenue bientôt à toute sa taille, elle se chrysalide. Quinze jours après l'insecte paraît et fait à la plante beau- coup de tort en la perçant d'un grand nombre de petits trous. Elle attaque également les navets et les radis. Destruction. Faire des arrosages avec une solution de sa- von noir, également avec une solution concentrée de sel de morue. Répandre sur la plante de la sciure de bois impré- gnée d'une petite quantité d'huile lourde de gaz ; répandre également de la poudre de pyrèthre de Vicat. On doit faire ces opérations aussitôt queles premières feuilles commen- cent à paraitre. Nous allors indiquer ici les noms des Altises Les plus re- doutées des jardiniers : 1° A/ise des bois ; 2°T Altise potagère ; 3 l'Élégante; 4 des, Choux: 5° la Mélène : & la Noire; 7° la Pointillée:; & T Atricille : 9 Y Exolète : 10° celle à Pattes noires. Nota. Tous ces petits insectes sont vulgairement appelés : Puces des jardins, Tiquets. Poux de terre et Alirettes. Autres ennemis de la rave :le Ver gris ou Ver court, ronge les racines en août jusqu'en automme. L'Écaille fuligineuse attaque les feuilles en juillet et octobre. La Pentatome pota- gère, (Strachia oleracea. Linn.) attaque les feuilles de mai jusqu'en août. Nota. Nous devons faire observer que cette plante et autres peuvent encore être attaquées par des insectes qui nous sou inconnus. De même ceux que nous signalons comme ennemis d'une plante quelconque, peuvent bien aussi faire la guerre à d’autres végétaux que nous ne connaissons pas. DILLON. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 169 Atiacus de l’ailante ORDRE DES LÉPIDOPTÈRES (MÉTAMORPHOSES COMPLÈTES) Lépidoptères hétérocères. — Tribu des Attaciens. G. ATTACUS Attacus cynthia, Drury, vera, Guérin Méneville. PAR M. A. RAME Introduit en France en 1858 par Guérin Méneville, qui de- puis ce temps l’a élevé au bois de Vincennes, pendarmt quel- ques années, ce lépidoptère est très répandu maintenant dans Paris, sur les boulevards extérieurs et les nouvelles avenues qui ont été garnis d'arbres et que l’on a plantés de l’ailante ou faux vernis du Japon qui prospère rapidement, même dans d'assez mauvais sols. Le papillon de l'ailante a ordinairement 0",145 d'enver- gure, certains sujets ayant jusqu'à 0", 160. <<. RE = —_ e ES Figure. 12. Papillon du ver à soie de l’ailante. Ce papillon de l'ailante est, comme on en peut juger par la figure, un magnifique lépidoptère, qui rappelle en plus pe- Lit l'Atfacus Atlas. Ses ailes brunes, nuancées de jaunûtre, sont traversées par deux bandes blanches et portent une tache arquée blanche bordée de noir antérieurement et de jaune 70 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE au-dessous, puis sur le disque une petite tache blanche en forme de rein, et vers l'angle supérieur une petite tache en forme d'œil. La cheniile de lAffacus cynthia, lorsqu'elle atteint son dé- veloppement, est longue de 70 à 80 millimètres; elle est d'un beau vert émeraude, avec la tête, les pattes et le der- nier segment de l’abdomen d’un beau jaune d'or, et porte sur chaque anneau des tubercules en forme d’épines dont l'extrémité est d’un beau bleu d'outremer ; elle est en outre couverte d'une secrétion cireuse, destinée à la garantir de la pluie et de la rosée, et sur laquelle l’eau ne peut se fixer. Arrivée au moment de sa transformation, cette chenille se file un cocon un peu dans le genre de celui des Paons de nuit, c'est-à-dire ayant une ouverture en sorte de nasse pour la sortie du Papillon, mais différent sur deux points : Le la chrysalide est toujours plus petite ; 2° elle n’est presque ja- mais nue, la chenille à le soin de replier une feuille de l’ailante de telle façon que souvent on la croirait cousue. Avant de commencer à filer, la chenille a le soin minutieux d’attacher sa feuille après la branche avec plusieurs brins de soie, de façon que, lors de la chute des feuilles, son cocon reste suspendu, quoique la feuille se trouve détachée de l'arbre. : Ces cocons sont difficiles à dévider à cause de l'ouverture naturelle ménagée à la pointe, ce qui empêche de les dévi- der en soie grége au moyen des appareils employés pour la filature des cocons fermés du ver à soie du ‘“murier, à moins de les modifier comme l'a fait Christian Le Doux. On peut voir au Conservatoire des arts et métiers, tous les appareils et ustensiles servant au dévidage et au tissage de la soie, et même à une partie de l’élevage. Il parait que les Chinois possèdent un moyen pratique de dévider ces socons; mais il faut reconnaître que la soie qu'ils en tirent peut bien être devenue assez solide eu égard à la force que la chenille peut prendre sous le climat d’un tel pays. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 174 Bien que l’on n'obtienne en France le dévidage habituelle- ment qu'à l'état de bourre de soie par le cardage, il paraît qu’en cultivant cet Affacus avec soin, on peut en obtenir une matière soyeuse, recherchée et assez rémunératrice pour la sériciculture ; on la nomme aëlantine. Cependant, quoiqu'en disent certains auteurs, on ne trouve pas cette soie dans le commerce, ce qui prouverait surabon- damment qu'elle ne doit pas être d’un suffisant rapport pour qu'on ait donné suite à cet élevage. J'ai récolté de nombreux cocons pris sur des arbres d'une avenue de Paris ; c’est assez dire que là les chenilles ont vécu en pleine liberté et n'ont par conséquent pas dû manquer de nourriture; l'hiver, qui n'a pas été rigoureux du tout, n’a pu leur nuire. Néanmoins j'ai constaté dans presque toutes les éclosions de juin, un dépérissement complet dans l'espèce. D'abord beaucoup plus de mâles que de femelles 75 p. 100 de mâles contre 25 p. 100 de femelles. Les individus sont petits et paraissent atrophiés, le développement se fait régulière- ment, mais les ailes sont incomplètes, les membranes ce- pendant sont assez solides, on pourrait presque dire l’ossa- ture ainsi que l'on en peut juger par les huit exemplaires que je présente. La ponte n’est pas régulière ; elle se fait par saccades, les œufs sont déposés tantôt en un bloc, tantôt éparpillés— leur forme est celle de l'œuf de pigeon, 0%, 015 sur 0w, 010 — Beaucoup sont mauvais etse dégonflent au bout du deuxième jour, ceux qui paraissent pleins semblent avoir cependant été groupés avec plus de soins, et réunis en petits tas ; leur aspect est plus particulièrement verdâtre, moucheté çà et là de petits points bruns. D'où je conclus que ce lépidoptère, qui est quelquefois un sujet de frayeur pour les habitants chez lesquels il s’in- troduit, attiré par les rayons lumineux (1), ne pa: ait pas de- (1) Certaines personnes prennent ces papillons pour des chauves-souris, e comme ils font beaucoup de bruit, ils causent quelquefois de réelles frayeurs. 17% BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE voir rendre les services séricicoles que l’on espérait et que s'il n’est pas positivement nuisible, son utilité ne paraît pas suffisamment démontrée et que son classement devrait être parmi les neutres. | A. RAME. Destruction de la colaspe noire et de ses larves. PAR J. ROUANET (Suite.) Je ne crois pas que l'invasion colaspienne puisse jamais être combattue, encore moins arrêtée par ce genre de défenseurs. Malgré que de nombreuses larves seront la proie des insecti- vores ailés, malgré que les carabesetles cicindèles feront.dans leurs rangs un grand nombre de victimes, ce n’est pas là que ‘sera jamais le salut, et, à mon humble avis, c’est aux pro- duits chimiques que nous devons demander une intervention salutaire, une guérison définitive. Les propriétaires sont longtemps restés perplexes devant l'invasion de leurs luzernes, ne sachant ce qu'ils opposeraient à ce fléau ruineux. Le remède le plus logique leur paraissait consister en la cueillette des larves à la main. Cette opération, étant donnée la multiplicité des colaspes, est inefficace et dispendieuse; elle nécessite un personnel assez nombreux, qui augmente … en pure perte les frais d'exploitation d'un champ. On n'arri- vera jamais, dans une luzerne envahie, à ramasser toutes les colaspes ; chaque jour voit de nouvelles éclosions, chaque jour des myriades d’ennemis nouveaux, nés sur place ou ve- nus des voisins, remplaceront ceux enlevés la veille. Quelques agronomes ont préconisé la méthode sui- vante: Retarder la fauchaison de la première coupe jusqu’au — T1 y a quelques années un de ces lépidoplères étant entré dans la chambre d'une femme ägée de quatre-vingt-quatre ans, elle eut tellement peur que l'on craignit de la perdre. Elle dut prendre le lit et ne put se rétablir qu'a- près huit jours de repos. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 178 20 ou 25 mai. A cette époque, disaient-ils, les larves viennent d’éclore, et, la luzerne étant enlevée, les jeunes larves, trop petites pour pouvoir émigrer:et ne trouvant pas sur place le végétal qui leur est nécessaire, mourront de faim. Si la ponte se faisait à une époque mieux déterminée, cette méthode serait évidemment la plus pratique. Mais n'oublions pas, Messieurs, qu'il n'y à pour les métamorphoses de la co- laspe aucune date fixe et invariable ; je lai montré plus haut. J'ajouterai aux explications qui précèdent à ce sujet, que le 15 juin, le 20 même, j'ai ramassé des femelles qui n'avaient pas encore pondu ; de même qu'il m'est encore arrivé de ren- contrer, avant le 20 mai, des milliers de larves déjà adultes et déjà occupées à leur sinistre besogne. Cette méthode peut, en outre, compromettre l'état de la première coupe, si l'on attend pour la faucher une époque fixée d'avance, au lieu d'être fondée sur la maturité des luzernes. Par sa mise en pra- tique, on risquerait une mévente du fourrage pour obtenir un résultat tout à fait incertain, et la destruction des jeunes larves ne saurait être prouvée d’une manière concluante. V Je crois avoir démontré que c’est aux agents chimiques que nous devons avoir recours pour l’extermination définitive de parasites si nombreux et si acharnés. Plusieurs substances ont été essayées contre les larves para- sites, contre celles de la colaspe, comme contre celles des autres coléoptères nuisibles à l'agriculture. On connait, notam- ment, les expériences que M. E. Pelouze faisait exécuter, dès 1868, contre les a/tises et leurs larves, avec un mélange de naphtaline et de sable. Le succès n'en était pas complet, de l'a- veu même du savant chimiste; car le cultivateur devait faire la part du feu et, pour sauver une partie de sa récolte, — il s’a- gissait de choux et de colza, — sacrifier certaine étendue de son Champ qui n’était pas traitée et recevait tous les parasites chassés des autres points. 174 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Dans son mémoire, M. E. Pelouze coneluait en ces termes: « Dans les expériences que nous avons indiquées, nous ne nous sommes servi de la naphtaline qu'à cause de son bon marché et des propriétés antiseptiques qu'elle possède. Nous croyons que des essais analogues pourront être entrepris efficacement avec les matières les plus diverses ; nous som- mes persuadé qu'on pourra arriver à éloigner les insectes, à les rejeter dans une petite portion du champ, où onles réu- nira ainsi pour mieux les détruire, en employant des subs- tances qui agissent non seulement comme nous venons de l'indiquer, mais aussien cédant aux végétaux une partie de leurs éléments: le succès de plusieurs engrais nous paraît dû à une double action de ce genre. « Le naturaliste qui rechercherait quelles sont les matières qui, contrariant dans leurs habitudes, dans leur alimenta- tion ou dans leur reproduction, les insectes les plus com- muns, leur inspirent une véritable répulsion et tendent à les éloigner, sinon à les détruire, ne se livrerait certainement pas à un travail stérile; car l’agriculteur, renseigné sur ce point, ne tarderait pas, enemployant judicieusement les subs- tances qui lui auraient été indiquées, à augmenter lé pro- duit des récoltes, sur lesquelles les insectes prélèvent an- nuellement une si large part. » La destruction successive d’une espèce nuisible étant le but cherché, ce n’est pas à des insectifuges qu'il faut recourir ; le mal ne serait alors que. déplacé à l’avantage de celui qui em- ploierait le produit préconisé et au détriment du voisin qui ne pourrait user du même produit. Pénétré de cette idée et m’appuyant surles résultats acquis à la science, sachant d'autre part qu'un dégagement d’ammo- niaque nuit puissamment aux insectes et favorise en même temps la bienvenue des fourrages, je me suis proposé de fa- briquer une poudre contenant la naphtaline et l’ammoniaque en doses suffisantes pour provoquer non pas la fuite, maïs bien la mort des colaspes à l’état de larve. J'ai choisi cet état comme donnant plus de prise aux agents DEP 4h) RENE VERS Fe BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 175 toxiques : lalarve à une organisation plus élémentaire que l’in- - secte parfait et,'de plus, elle ne peut se dérober, comme lui, au moyen de ses ailes, à l’influence d’une substance quelconque. L'emploi, comme insecticide, des nombreux composé prove- nantde la distillation de la houille n’est pas chose nouvelle. M. Balbiani a même appliqué l’un de ces produits contre le phyl- loxera à sa période aérienne. Mais le succès de ces substances dépend surtout de leur association à d’autres agents qui con- centrent leurs effets délétères et viennent à bout de l’insecte. Il fallait de plus songer à un prix de vente peu élevé, afin que le cultivateur le plus humble püût, aussi bien que le gros pro- priétaire, recourir à tous ces agents sans s'imposer de nou- velles charges. Le problème était donc celui-ci : Fabriquer une poudre d'un prix peu élevé, d'un emploi facile, dégageant des quz assez toxiques pour tuer les larves en peu de temps et arriver ainsi à la destruction successive de ces parasites. Les résultats de mes expériences m'ont amené à la fabrica- tion de la poudre insectieide que j'ai l’honneur, Messieurs, de soumettre à votre examen. L'accueil bienveillant que l’agri- culture méridionale a fait à ce produit me persuade qu'il ré- pond complètement au désideratum du cultivateur et tous les propriétaires qui en ont fait un essai cette année sont unani- mes à proclamer son efficacité. Réduite, par le blutage, en poudre très fine, ma powdre in- secticide des luzernes dégage une forte odeur âcre et toxique où l’on retrouve l’ammoniaque et les huiles lourdes de la houille. Elle contient ces deux agents en doses inoffensives pour les bestiaux qui mangeront la luzerne traitée, sans dan- ger pour les cultivateurs qui opèreront, mais délétère pour les colaspes-larves, dont elle produit l'asphyxie. L'effet n'est pas immédiat, ou du moins la larve ne meurt pas instantané- ment. À peine la poudre est-elle répandue sur la luzerne que l’insecte cesse de manger ; puis peu à peu il lâche-prise, tombe à lerre où il va mourir dans quelques heures. On applique cette poudre insecticide des luzernes de diver- 176 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE ses manières, suivant le mal à combattre, suivant l’intensi.é de l’invasion. Elle peut s'employer comme moyen préventif aussi bien que comme moyen euralif. NI J'ai exposé plus haut les divers cas qui peuvent se présenter dans l'invasion d’une luzerne par les larves de la colaspe noire. 1 La luzerne peut être comlèptement envahie et le mal déjà grand. Pour mettre fin au désastre quile menace, le cul- tivateur doit se hâter d'opérer, car un jour de retard ou dhé- sitation lui est d’un préjudice énorme. Dans ce premier cas, saupoudrer fortement et sur toute son étendue la luzerne en- vahie, sans négliger un seul point où pourrait se préparer un nouveau foyer d’invasion. La manœuvre est celle des semail- les, celle du semis du plâtre. Vingt-quatre heures après l’opé- ration, trente-six au plus tard, l’effet est sensible, et, si une journée de soleila aidé le dégagement toxique, le sol sera jon- ché de larves mortes, toutes recroquevillées sur elles-mêmes. À ce propos, j'ai constaté un fait curieux; les larves ne meurent précisément pas sur place ; généralementc'est dansles trous, les sillons, les légers enfoncements du terrain, que vont s'entasser, pour mourir, les larves traquées par ma poudrein- secticide. Ce détailestessentiel à connaître. [lest arrivé, en effet, que beaucoup d’expérimentateurs, tout en constatant que ce produit avait sauvé leurs luzernes et les avait délivrés des ra- vages des Colaspes, ignorant cette particularité, croyaient à une simple fuite. Sur mes indications, ils cherchèrent non pas directement au pied des tiges traitées, mais à quelques pas dans les ornières ; dans les trous, que les pas, des culti- vateurs, les sabots des chevaux ou les roues des charrettes, laissent toujours dans un terrain meuble ; ils ne manquèrent pas, dès lors, de me rendre justice et de constater la mort des insectes et leur destruction définitive. (A suivre.) Le Gérant : H. HAMET. PPS SPP PSP ERP LS PPS SSD PE LPS Imp. dela Soc. de Typ. - NoizeTTE, 8, r. Campagne-Première, Paris. LISIIT “ANR, 2.2 FR M, d N° 12. HUITIÈME ANNÉE Décembre 4883 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE COOL RR OASIS LS SOS TOI LT TILL IIA LILAS LD ALS SLR LALAL ASIA LAID DTLDLL LL LOL LLLLLLLLALS LS À SOMMAIRE. — Destruction de la Colaspe noire (fin), par M. J. ROUANET. — Bibliographie, par M. MAURICE GIRARD. — Société centrale d'apiculture - et d'insectologie. — Le Bombyx neustrien. — Le Procris mange-vigne, par M. Ep. JANSSEN. — Insectes ennemis du cresson alénois, par M. DiL- LON. — Table des matières et des gravures. Destruction de la Colaspe noire et de ses larves, PAR M. J. ROUANET. (Fin.) Pour répandre sur les luzernes cette poudre insecticide, il faut choisir un jour calme; le moindre vent disperserait la poudre inefficacement. Quoique la pluie survenant après le semis ne saurait nuire à la réussite, à condition toutefois qu'elle serait légère et qu’elle ne laverait pas la luzerne, en- traînant avec elle toute la poudre répandue, un beau soleil est toujours préférable pour l’opération. D'abord, avec la cha- leur, les gaz toxiques se dégagent plus activement; de plus, - . par un beau temps toutes les larves sont en place, occupées à fourrager avidement et l’on est plus sûr de les atteindre que si le mauvais temps les obligeait de s'abriter sous les pierres où sous les mottes de terre. Dans le cas extrème d’une invasion totale, la dépense du traitement par la poudre insecticide est de 30 à 40 francs par hectare. La dose à administrer, 150 à 200 kilos, est exigée par la multitude des larves et l’urgence d’un traitement rapide. Notez néanmoins, Messieurs, que les 70 quintaux de four- rage que vous récoltez en moyenne par hectare vous dédom- mageront amplement de la dépense, et que, là où vous au- 12 178 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE riez une perte totale de 280 francs, vous avez au contraire une recette de 240 francs. 2° Un deuxième cas se présente souvent : La luzernière n’est envahie que sur certains points, qui se distinguent de bonne heure parla teinte flétrie de leurs feuil- les. Ces points s'agrandissent tous les jours et deviennent ra- pidement de grandes plaques, qui ne tarderaient pas à occu- per tout le champ. Le cultivateur devra, dans ce cas, poudrer chaque partie at- taquée sur une surface double du foyer d’invasion. Un hec- tare traité de cette manière demande, en main-d'œuvre ou achat, une dépense de 20 à 25 francs. 3° Enfin je dois parler, — et je voudrais concentrer l’attention des cultivateurs sur ce cas, — des luzernes encore indemnes. Le cultivateur oublie souvent que prévenir c'est quérir. I] se croit tout à fait abrité parce que, par exemple, il n’aurapas vu de mères, parce que les Colaspes ne se sont pas encore mon- trées chez lui. Mais un jour viendra où, soit celles d’un voi- sin qui fauche avant lui, soit les jeunes larves écloses dans son champ commenceront leur attaque, et, alors qu’une légère mesure préventive aurait tout conjuré, il lui faudra recourir à un traitement bien plus dispendieux. Il n’avait, pour cela qu'à poudrer fortement les bords de son champ sur 2 mètres environ de largeur ; il établissait ainsi une espèce de cordon sanitaire qu'aucune larve ne saurait franchir. Pour l’intérieur, pour les larves écloses au milieu du champ, on n’a qu’à sur- veiller sa luzerne, et, dès qu'on aperçoit une seule Colaspe, poudrer le point attaqué en observant les préceptes recom- mandés dans le deuxième cas, Les propriétaires qui, sur mes conseils, ont opéré de cette manière, certifient que 10 à 20 francs de dépense leur ont suffi pour un hectare. En somme, et quel que soit le degré d'invasion, cette pou- dre insecticide présente toujours de grands avantages. | D'ailleurs, la somme d'intérêts engagés dans cette question est trop grande, les ravages causés par les Colaspes sont trop BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 179 frappants, pour que vous n’accueilliez pas avec bienveillance un produit destiné à’aider notre agriculture méridionale dans la crise qu’elle traverse. Les résultats obtenus avec ma poudre insecticide des lu- zernes sont incontestables ; les expériences ont eu pour té- moins des milliers de personnes, et je tiens à la disposition des intéressés une série de pièces originales, appréciations, comptes rendus d'expériences, certificats, où l’on trouve les témoignages d'agriculteurs émérites dont la sincérité ne sau- rait avoir été surprise. La Société centrale d’apiculture et d’insectologie a dans son programme la propagation des connaissances relatives à la destruction des insectes nuisibles. C'est pourquoi j'ai cru qu'il était de l’intérêt général de m'adresser à votre exposition pour faire connaître un produit qui, par la destruction suc- cessive des Colaspes, pourrait, une fois généralisé, rendre de grands services à l’agriculture. Je n’ai plus, Messieurs, qu'à recommander ces modestes lignes à votre bienveillante attention, persuadé que votre ap- probation et vos suffrages ne manqueront pas à cet utile pro- duit, et qu’en présence des résultats obtenus par l'expérience, vous lui accorderez la seule sanction quilui manque à ce jour: le témoignage de la scienee. JULES ROUANET. a Bibliographie. Camille Jourdheuille : Catalogue des Lépidoptères du depar- tement de l'Aube, Troyes, 1883 (extrait des Mémoires de la Société académique de l'Aube). Notre Bulletin a signalé à plusieurs reprises le grand inté- rêt qui s'attache aux catalogues des faunes locales, encore bien trop restreints en nombre, et qui permettront d'établir un jour, d'une manière précise, la faune de la France. Le catalogue départemental le plus récent est celui que vient de publier pour l'Aube M. Camille Jourdheuille, et qui comprend 180 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 1.378 espèces de Lépidoptères, en dehors des variétés locales et des variétés accidentelles. Cet entomologiste a surtout une réputation très méritée pour l'étude des Microlépidoptères, c'est-à-dire de ces papillons presque tous de petite taille, qui nous offrent des espèces très nuisibles, compensant leur fai- blesse organique par leur multitude et par la difficulté d’éche- niller leurs larves si minimes. Ces Microlépidoptères se sub- divisent en Pyralides et Crambides, ces derniers comprenant deux fléaux des! ruches d’abeilles, la grande et la petite Gal- lérie de la cire; en Tortricides, dont les chenilles roulent les feuilles où elles se réfugient, ou les assemblent en paquets, ou rongent les bourgeons; en Tinéides, qui attaquent un grand nombre de légumes, en outre nos provisions, nos vêtements et des objets manufacturés, puis en autres groupes peu im- portants sous le rapport de l’entomologie appliquée. Nous trouvons deux notes pleines d'intérêt au point de vue des études de notre Société et nous croyons utile de les résumer : 1° Sur Æphestia elutella, Hubner, de la famille des Phy- cides parmi les Pyralides : c’est le petit papillon d'un gris jaunâtre et parfois de couleur argileuse que nous a montré notre collègue, M. J. Fallou, et dont les chenilles avaient dé- voré chez lui, pendant le siège de Paris, Les petits fours con- tenus dans une boite vitrée, dont le couvercle était tout terni par un réseau épais de leurs fils de soie. Ce nuisible insecte est très commun dans tout le département de l'Aube. Dange- reux ennemi des produits alimentaires, il s'attaque surtout à l'état de chenille à nos fruits secs de conserve, figues, pru- neaux, raisins, etc., sans dédaigner les débris de pain et de biscuit, et vit simultanément avec Asopia farinalis, Linné, dans les manutentions. Le papillon vole dans les maisons et magasins du mois de juin au mois d’août,et varie beaucoup pour la taille. . La chenille ravage nos approvisionnements militaires en s'introduisant dans les caisses de biscuits qu’elle ronge en les couvrant de soie, ce qui les rend absolument répugnants pour éhithéobhees ss : 2.0. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 181 les hommes. La manutention de Troyes a été particulièrement envahie, malgré les soins extrêmes des officiers directeurs qui poussent la précaution jusqu'à faire, tous les ans, dé- clouer les caisses, brosser les biscuits, enlever ceux qui pa- raissent attaqués, passer les bois au feu et reclouer. M. C. Jourdheuille pense qu'il serait possible de soustraire com- plètement à l'insecte tous les produits fabriqués aux époques ou les éclosions de l'adulte et les pontes sont terminées, c’est- à-dire du 1° septembre au 10 mai. Il suffirait de placer les biscuits, immédiatement après leur fabrication pendant celte période, dans des caisses étanches. Les produits manufacturés pendant le reste du temps, soit pendant trois mois et demi, pourraient être livrés à la consommation courante, mais ne devraient jamais être conservés d’une année à l’autre. 2° Relativement au ÆRetinia buoliana, Schiffermuller, un des Tortricides qui attaquent spécialement les arbres résineux. On trouve cet insecte en juin aux Riceys, à Bar-sur-Aube, à Clairvaux, probablement partout où on a planté du pin syl- vestre ; le pin laricio et le pin noir d'Autriche sont rarement atteints. La chenille vit en avril et mai dans les bourgeons et s'y chrysalide; le bourgeon se développe néanmoins; mais, miné par la chenille, il tombe au moindre vent, ce qui nuit beaucoup à la croissance de l'arbre. Ce sont les arbres de 7 à 12 ans qui ont le plus à souffrir; les semis naturels semblent être à l'abri des ravages de cet insecte. Cette espèce a notam- ment fait de grands ravages aux Riceys, près de Troyes, de 1850 à 1865, dans les plantations de pin sylvestre. Une des propriétés de M. CG. Jourdheuille, de 100 hectares environ, a été singulièrement maltraitée par cet insecte, qui l’a ravagée pendant sept à huit années. Plus des trois quarts de la pro- priété, surtout les parties exposées au midi, ont été atteints. Presque tous les arbres étaient déformés et le moment de l'exploitation s'est trouvé retardé d'au moins septans ; de plus, la plus grande partie des arbres était impropre à l'emploi qui lui était destiné : la fabrication des perches à houblon. Depuis quelques années l'insecte paraît être devenu plus rare, et les 182 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE nouvelles plantations exécutées aux environs de Troyes depuis 1870 semblent relativement indemnes. Des observations particulières permettent à M. C. Jour- dheuille d'affirmer que l'usage répandu maintenant de faire en hiver la cueillette du bourgeon estun des meilleurs moyens de contrarier la multiplication du Retinia buoliana et d'en atténuer les ravages. La femelle pond ses œufs, au commen- cement de juillet, dans les jeunes bourgeons destinés à se dé- velopper l’année suivante ; elle choisit toujours le bourgeon terminal, ou ceux de la dernière couronne, qui sont les plus vigoureux. L'œuf éclôt à la fin de l’été; la jeune chenille ronge le bourgeon partiellement; elle continue à croître au prin- temps, en même temps que le bourgeon commence à pous- ser. Mais celui-ci, en partie rongé à la base, ne tarde pas à se rompre ou à s'incliner sous le vent, pendant que la chenille, parvenue à sa grosseur,se chrysalide à la base de ce bourgeon pour donner le papillon vers la fin de juin. La cueillette du bourgeon fait tomber tous ceux de la couronne principale, et par suite toutes les jeunes chenilles qu'ils peuvent renfermer. Elle ménage, il est vrai, celles qui peuvent exister dans le bourgeon terminal; mais l’ébourgeonnement produit sur celui-ci une action des plus énergiques : il croit avec une vi- gueur incomparablement plus grande, facile à constater dans toutes les plantations où l’on fait cette opération. Sous l’action de la sève refoulée, il grossit beaucoup plus, et M. CG. Jour- dheuille a pu constater à la vue que presque toujours il con- servait assez de force pour résister au vent, alors même quil était attaquépar les chenilles. Il r'hésite donc pas à conseiller é bourgeonnement, quand même qu'on n’y trouverait pas le profit pécuniaire bien connu des sylviculteurs. Espérons que la publication de l’excelient Catalogue de M. C. Jourdheuille sera un stimulant pour les entomologistes, et que nous verrons apparaître de nouveaux catalogues de faunes départementales pour les divers ordres de la classe des sectes. MAURICE GIRARD. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 183 Société centrale d’apiculture et d'inscectologice. Séance du 17 octobre 1883. — Présidence de M. HENRICY. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le Secrétaire général demande que les procès-verbaux des séances soient à l'avenir publiés comme primitivement dans le plus prochain Bulletin. Cette demande est admise (1)... — Le Secrétaire général fait part de la mort de M. Bailly, membre du conseil d'administration de la Société. L'assem- blée est unanime à exprimer les regrets qu'elle éprouve de la perte de ce membre dévoué, et décide qu'une lettre de condoléance sera adressée à sa famille par le secrétaire de la Société. — M. le Ministre de l'instruction publique adresse à la Société le programme du congrès de la Sorbonne des sociétés savan- tes en 1884, et demande que notre Société délègue un membre pour assister à ce congrès. L'assemblée décide qu'elle s'occu- pera de cette nomination dans une prochaine séance. — M.le Secrétaire général présente une réclamation de M. Larbaletrier, qui est renvoyée à l'examen de la commission des comptes. — M. Savard écrit au Secrétaire qu'il veut se rendre de plus en plus utile à l’enseignement de l'insectologie et que, dans ce but, il prépare des collections scolaires d'insectes qu'il mettra gratuitement à la disposition desinstituteurs qui en feront la demande et que la Société lui signalera. Ayant acquis un cer- tain nombre de collections de bons points entomologiques, édités par la maison Hachette, il se propose de les donner aux élèves qui s'appliqueront à l'étude des insectes. L'assemblée félicite vivement M. Savard pour les libéralités qu'il se pro- pose de faire dans le but de propager les connaissances insec- tologiques et lui vote des remerciements anticipés. — M. Berthault, de la Roche-sur-Yon, envoie une abeille 1. Suit une délibération administrative qui n’est pas en conformité des statuts (art. 11), et qui est infirmée à la séance de novembre. Le Secrétaire général. 184 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE lisse, noire et effilée, mise à mort par les ouvrières. M. Hamet dit qu'on rencontre de ces abeilles dans le cours de l'été, principalement à la fin, mais plus dans certaines ruches que dans d’autres. Il pense que ce sont des abeilles fatiguées, usées, malades. «Il se peut, ajoute-t-il, que leur maladie ait une autre cause que l'épuisement, c’est-à-dire que cettecircons- tance pathologique. De là leur mise à mort par les ouvrières valides. Huber a observé les abeilles défectueuses et, les ayant trouvées plus nombreuses dans certaines ruches que dans d'autres, a pensé qu'elles pouvaient être pondues par des mères défectueuses elles-mêmes. Ses expériences à cet égard n'ont pas été concluantes. Il a pensé aussi que ces abeilles étaient mises à mort parce qu'elles pouvaient avoir des- ovai- res développés. On sait qu'ileut recours à M'° Jurine, habile à disséquer les insectes, et que celle-ci découvrit (ce qui avait échappé à Swammerdam) que toutes les ouvrières ont deux ovaires rudimentaires plus ou moins développés. De là, la pos- sibilité de pondre chez les ouvrières. C'était en 1812 ou 1813. » — M. Viaut, de Villy (Yonne), soumet la question suivante : « La loque n’aurait-elle pas souvent pour cause l'emploi de plateaux sur lesquels ont séjourné des populations mortes qui y sont corrompues, et qui ont imprégné ce plateau de l'odeur désagréable que tous les apiculteurs connaissent ? » M.Asset pense que la putréfaction de cadavres d'abeilles sur un plancher peut être une cause de loque qui s'inocule à ce plancher. M. Saint-Pée répond qu’en Normandie on laisse mourir les colonies pauvres dont les cadavres d’abeilles tom- bent sur le plancher et y séjournent parfois assez longtemps — plusieurs mois, — et que la loque est inconnue dans les lo- calités où cela se passe. M. Hamet dit qu'il peut en être ainsi pour les ruches où les abeilles tombées ne sont pas mouillées et se décomposent à la longue : elles sèchent et moisissent plutôt qu'elles ne pourrissent. Cela peut arriver sur les ruches en paille de petite dimension de la Normandie, qui sont gé- néralement bien closes. Mais il peut en être autrement pour des ruches de grande capacité que l'humidité peut atteindre et BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 185 surtout dans une région où règne une prédisposition au déve- loppement de la loque. Il pense que les cadavres humides qui se décomposent sur le plancher peuveut donner naissance au mycoderme de la loque. « En tout cas, ajoute-t-il, l'hygiène recommande de ne pas laisser les cadavres amoncelés sur les planchers et, quand ils s'y sont décomposés, de laver ces plan- chers au carbonate de potasse avant de s’en servir pour d'au- tres ruches. » — Votre vice-président, M. Maurice Girard, a offert l'année dernière à notre Société le premier fascicule de sa Zoologie (1), destinée aux Écoles normales primaires et aux instituteurs et institutrices, afin de leur offrir des sujets de lecons de choses, en leur présentant une étude détaillée et avec des figures exactes des animaux qui vivent en France et qui sont en général si mal connus, même dans les campagnes. L’au- teur a fait hommage à la Société, dans la séance du 17 octo- bre 1883, du ?° fascicule, complétant le premier volume, renfermant les mammifères et les oiseaux. Il n’intéresse l’in- sectologie que d'une manière indirecte, en raison des oiseaux insectivores et de la protection due à leurs nids, ce qui doit être recommandé à la constante sollicitude des instituteurs. Il faut remarquer toutefois que les oiseaux ne sont pas les seuls destructeurs des insectes; ils partagent ce rôle avec cer- tains reptiles, avec tous les Batraciens et avec beaucoup d'in- sectes carnassiers, principalement les Entomophages inter- nes (Hyménoptères et Diptères), qui pondent leurs œufs dans les corps ou sur les corps des larves et des chenilles, de fa- çon que leurs larves se repaissent des tissus internes et amè- nent une destruction radicale des sujets qui les contiennent. M. Maurice Girard fait en outre hommage à la Société des ae et 4° séries de ses Bons Points instructifs d'entomologie, accompagnés par les lithochromies dues à l’habile pinceau de notre collègue, M. A. Clément. Les sujets de ces bons points sont les suivants : 1. Paris, Delagrave. 136 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 3° série : Chrysomèle de l'oseille; mouche des olives: crio- cère de l’asperge ; fourmi-lion ; hylotome des rosiers ; mé- lanthie ondée ; teigne de l'ail et du poireau ; téléphores; bombyx neustrien, adulte, chenille, cocon, œufs; dytique bordé, adulte et larve; piéride de la rave, papillon, chenille, chrysalide; charançon des noisettes, adulte et larve. 4° série : Bombyx du chêne, mâle et chenille; bombyx du chêne, femelle et cocon; sarcopte de la gale humaine; volu- celle à bandes; cerf-volant et biche; larve et nymphe du cérf- volant; grande sauterelle verte; criquet à bandes; noctuellepst, adulte et chenille; carabes (auratus et larve, monilis); grand Capricorne, adulte, larve, nymphe. — Le Secrétaire annonce la démission de M. Vicat comme membre de la Société, et présente les membres nouveaux suivants : MM. Maréchal, au Creusot (Saône-et-Loire); Patte, insti- tuteur à Élincourt-Sainte-Marguerite (Oise); Damerval, insti- tuteur à Bracqueteuil (Seine-Inférieure) ; Ch. Bouche, insti- tuteur adjoint à l’école de Bouquemant,de Chalons-sur-Marne (Marne). — L'’admission de ces membres est prononcée, et la séance est levée. Pour extrait : DELINOTTE, Secrétaire. Le Bombyx neustrien. Les Bombyciens présentent des papillons à corps très velu, à ailes assez robustes et bien charpentées, à antennes bien pectinées, surtout chez les mâles, c’est-à-dire dont la tige est munie de larges barbules de chaque côté. On ne voit jamais ces papillons se poser sur les fleurs, car ils manquent de la spiritrompe destinée à sucer le nectar et ne prennent pas de nourriture. Les mâles de la plupart des espèces volent avec vivacité, souvent même en plein jour, les femelles restant sédentaires. Au repos, les ailes supérieures recouvrent plus ou moins complètement les inférieures. Une espèce commune et très nuisible est le Bombyx neus- trien, qui est de toute la France et pas seulement de la Nor- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 187 mandie ou Neustrie. Le mâle est d'un jaune terne, avec les ailes supérieures traversées par deux lignes brunâtres ; la femelle, qui est plus grande, offre sur ces ailes une bande médiane dun brun plus ou moins rougeâtre. Les franges des ailes sont blanchâtres, entrecoupées de brun. La femelle pond au mois de juillet une spirale très serrée d'œufs gris, collés sur une couche d'enduit brunâtre, formant une bague autour d'une branche. Ces œufs passent l'hiver et donnent Vi : mâle et femelle, chenilles, bagues d'œufs. naissance au printemps à de petites chenilles, qui vivent en commun sous une tente de soie. Parvenues en juin à toute leur taille, elles se dispersent sur les feuilles. La chenille est alors dite /a livrée, ses bandes ressemblant à des galons de laquais. Sur le dos règne une ligne blanche, et de chaque côté sont trois bandes d'un fauve rouge, avec une ligne noire entre les deux de dessus et une bande bleue plus large avant la bande rouge la plus basse. Elle file un cocon ovale, d'une soie blanche et claire, et y devient chrysalide entourée d'une poussière jaune comme de la fleur de soufre. Il faut ramas- ser cette funeste chenille sur les feuilles des arbres fruitiers. (Extrait des Bons Points instructifs. Paris, Hachette et C°.) 188 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Le Procris mange-vigne (]) (Procris ampelophaga), PAR M. ED. JANSSEN. Les chenilles de ce papillon excessivement rare en France, et, par suite très peu connu, ont été trouvées dans un vigno- ble de la commune du Villars, par M.Laugier, directeur de la station agronomique de Nice, délégué de l’Académie des sciences, au cours d’une tournée d'inspection faite en mai 1883, avec M. Max Cornu, inspecteur général de la viticulture et de la sériciculture. Dans son rapport inséré dans le Bulletin de la Société d'agriculture des Alpes-Maritimes, M. Laugier a publié une note sur le Procris ampelophaga (Zygenidæ), ainsi que le résumé de ses observations. De notre côté, comme membre de la commission d'insecto- logie de la Société, nous avons fait des recherches sur ce nou- veau ravageur de la vigne et recueilli quelques renseigne- ments sur le « Procris mange-vigne » dans le Tyrol et la Basse-Autriche, où il exerce surtout ses ravages. Voici d’abord, d’après ces renseignements, et ceux que M. Laugier nous a communiqués, la description du Procris mange-vigne à l’état de papillon, de chenille et de chrysalide. Dans son état parfait de papillon, le Procris mange-vigne a de 12 à 14 millimètres de long, et environ de 20 à 23 milli- mètres d'envergure. Ses ailes antérieures sont d'un brun rougeûtre, légèrement bronzées et parfaitement uniformes ; les ailes postérieures sont de la même couleur, mais un peu plus foncées. Le corps est d’un vert émeraude foncé à reflets métalliques. La tête et les antennes pectinées chez le mâle seulement, comme chez le mâle du ver à soie, et dentées chez la femelle, sont d'un bleu verdâtre foncé, à reflets métalli- ques. La chenille à de 20 à 22 millimètres de long. Sa couleur est jaune pâle, tirant sur le gris. Elle présente cinq lignes noires 1. Bulletin de la Société d'agriculture des Alpes-Maritimes. LS BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 189 longitudinales ; la ligne dorsale est très étroite; les deux lignes à droite et à gauche de la ligne dorsale sont beaucoup plus larges que les deux lignes extrêmes. La tête et le corps sont de couleur brun-noirâtre. Le corps est couvert de poils très longs, réunis par toufles isolées de la couleur générale du corps. Cette chenille file une coque de soie blanche, sem- blable à un cocon de ver à soie, dans laquelle elle se méta- morphose. La chrysalide est de forme ovalaire, sa couleur est d'un jaune brun. Voici les moyens dont on se sert dans la Basse-Autriche et dans le Tyrol pour la destruction du Précris mange-vigne. Le premier est fondé sur l'attraction que la lumière exerce, la nuit, sur ce papillon, ne voltigeant que dans un rayon fort limité et ne s'élevant que fort peu au-dessus de la vigne qu’il ravage. En divers points du vignoble, on allume, à la tombée de la nuit, des feux de broussailles. On doit choisir de préférence les petits monticules que le vignoble peut pré- senter pour y faire les feux, qui n’ont pas besoin d'être consi- dérables. Quelques fagots de broussailles ou de bois suffisent. La durée des feux doit être d’une heure environ. On les ré- pète pendant trois ou quatre jours de suite.8 ou 9 feux sont nécessaires pour chaque hectare de vigne. Un deuxième moyen consiste dans l'emploi d’un lampion allumé, et placé dans un verre reposant lui même dans un plat posé à terre et contenant de l'huile, n'importe la- quelle. Attiré par la lumière, le Procris mange-vigne viendra frap- per des ailes le verre et sera précipité dans l'huile du vase où il sera très vite asphyxié. Il ne faut pas croire que l'effet de la flamme ait pour but de brûler le papillon; elle n’a que celui de l’attirer dans le piège. On parvient ainsi à détruire un grandnombre de papillons, Pour détruire les chenilles on emploie, dans le Tyrol et la Basse-Autriche, le moyen suivant. Dans le courant du mois d'avril, ou au plus tard vers les premiers jours du mois de mai, on badigeonne les ceps de vigne que l’on soupçonne ha- _ 190 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE bités par la chenille à l’aide d’une brosse, en employant un mélange ainsi Composé : Fan ‘ordinaire "PURES TER Or ST STORE Chaux: IVe PO MER Re > à OR ÈS Naphtalne M ER QU ae Me rien RE COS L ESS Ep. JANSSEN. Insectes cnnemis du Cresson alénois, PAR M. DILLON. Le cresson des jardins ou alénois (Nasturtium hortense, Linn.) est une plante de là famille des crucifères; elle est annuelle; sa patrie est inconnue, vulgairement, on la nomme encore Passerage, Nasitor et Nascitar. Ses feuilles inférieures entrent dans la composition de la salade. Dans certains pays où en frotte des morceaux de pain sur lesquels on répand du sel pour les manger. Ses propriétés médicinales sont apéritives Cette plante est attaquée par le petit papillon du chou (Pieris rapæ, Linn.). Ce papillon à 52 millimètres d'envergure ; il est blanc. Les ailes supérieures ont l'extrémité noire; les infé- rieures du mâlesont marquées d'une tachenoire et celles de la femelle, de deux taches également noires. La femelle de ce Lépidoptère dépose ses œufs sur le revers des feuilles du cresson, des choux et autres plantes. Dans les mois de mai et juinilséclosent; les petites chenilles rongent les feuilles pour senourrir. Parvenues à toute leur taille, elles sont de la grosseur d’une plume de corbeau; alors elles se transforment en chrysalides. Les papillons se montrent en au- tomne ; c'est la deuxième génération ; celle-ci passe l'hiver en chrysalide et se montre insecte parfait dans les mois de mai et juin de l’année suivante. Destruction. — Mêmes moyens, que pour le grand papillon du chou. (Seront ‘donnés prochainement.) Autres ennemisjdu cresson: l’Altise du navet, qui ronge les feuilles en mars et mois suivants ; la Noctuelle compagne, qui ronge les feuilles en mars et avril. DILLON. Le Gérant : H. HAMET. danite mmté- bc es : 2e fi TABLE DES MATIÈRES A: MBBIIESSONAITÉS 5." 22 RENE de CE 29, 47, 63, 78, 94 Done edculottes hérissbes 000. us. ir EUIOVLNSEIL RSR 18 AAIEMUBECe-DOis : "2 Le D lets. date out 31, 47, 63, 78 ARTE (SM EL UP RTE RU Re 94 Antophores (les) des murailles . : ”. . . « . - . . : . ts Nes 29 DUT ADP NGTICID ONE. LE mia edee © eue au tet 2-10 ee CIE eDES 128 BTACUSde L'alantes eee, DR TEA ANT ST 169 B ÉRBDOBTAPIE ee. van are ef ete NOTONS 06 EIOMNIE PI 179 HO OYSMITENS ETIENNE eur ee ends Me RD ds nn er mar Lee MC ee 187 C Catalogue des Lépidoptères de l'Aube. . .. . . . . à. +... 4. . 179 MINLONARDADTOS ALAUÉES. 8 ee de 8 0 ee ne de ete à ISO ET DIE) 39 Colapse noire de la luzerne, destruction. . . . . . . 141, 155, 172, 1177 RD PROS SO Re dia nn eu sat aan cos SUD) à 88 COUIBAMrE A CoOIEr 2. CU 138, 147 u D HÉlenunanon d'insectes es à die lee Lan mfmo ti dat Mie pat als 16, … 93 Destruehon,des Hannetons 2-0": . 20. 2. 51 E HHCOTÉBIONPICODNE Ms LRU an UT ete ne RENE 30 Exposition des insectes, distributions des récompenses. . . . . . . 97 H Hmnetons(les) destruction... UN. ni lens 49, 51 HERISSON IE) PA A es rer Dee Ma dress cie et fe 26 I ARN ENT DE LUS AU ES LME TEE ME ER NT NUENE At 1 IHSECLESSNUISIDIeS AE CROUX EE CM MINUTE, SUN AUIn, 4% MSOCIES ENNEMIS dUMraAdIS 2, 2 1 us laser 29) MEST 54 — — DORA AT ANORENE SA ANN Ne es ee 168 = — AL CLESSOMAlÉTOIS RAS EIRE EEE 190 Insecticides. Vapeur du jus de tabac. : . ... 1.5. © . . 0 57 HSechvorest(ordrel des) Et M Le NN TRE 26/11 83 Bsectologie agricole utilité. 20200. NCA Ent 129 K Kermès de l’oranger, du myrte et du laurier-rose. . . . . . . . . . 59 L RSRVe SAIS) ATUBSITES ME MT Ms 2 ia Te Ch Qle 71 Bépisme (la). du suCre.-2:... - 1. eo coli SR CAM Enr 126 Liste des lauréats de l’insectologie. . . . . . . . . : +... : …. 113 — — dela SÉrICICulUTe 2 5.2 CRETE Se 116 el — de l’enseignement insectologique.. . . . . . 136 Loi belge sur les oiseaux insectivores .24. 11.04 hat Le #00 re 2 PHHIPICONINE les INSeCLES M CCC RME Juurrol 86 M Micrahesi(es) 1.0... TU en M re AE Re cre 161 Mouche dela betterave... : . . : . .. . al de ae DE VAR 83 =) NU OM ABR SAS rnnnee tee are net Pal 2660 aid. . 145 192 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE N Néerophores/(les) : + +... + + 412 à e Ne NERO 148 0 Ordre des insectlivOres). 220.222 EN CN ORAN RENE 26,183 1 Papillons (les) blancs et leurs énnemis. . . . . . . . . . .,: . . . 23 Procris Mange-vigne. Mere ci re NICE 158 PÜce CHIQUeL. hou Re 27 des ee See RARE 140, 152 Q Questions apicoles et séricicoles. . . . . . . . . . ...... .i1 siacitar R Rapport du Secrétaire général PARA dé2883). 2. MR 93 — SUTMAMNSECLOlO ie ANS OEMRE TON EC ANUEE 102, 117, 132 Rédure (le) MASQUÉEr 2. 0 eur 0 creer CU COUP NAEMENNSS 81 Reptiles (les)fde france’... 1 20. METRE 65 Rouget (le)... er De trio ou At tonte MR OCRNRES 1 S | Sarcopie (le) de la gale.. te M mare eee RE 68 Séances de la Société centrale d’apiculture et d'insectologie, 19, 41, 55; 11, ‘13,89; °155/ti88 Swammerdam, biographie. . . . . . . . . . . . . s se: dec TÈ Taupe TE ER een Tele Me ve dome dot oi CES CC TONNERRE 33 Mere (lo}dupoiriert. Nes 401 PMR EN NN 85 Mrochisques (les)’insecticides#. 7.6.7. A2. AMOENIEISNErR EPA 149 V Ninère (la) en. detrneue Sen eut ie etre ie tee ASPIRE sets 008 X Xÿlocopes{(les)44 sur RO rte tee GR EOME 31, 47, 63, 78 FIGURES Portrait de lan Swammerdam.". "1505/4609 eut SRI er 16 Ée hérisson; d'Europe :,:.-. .:.. .Æ............ 29h OIMI0 MORE 21 Mächoire/supérieure- du hérisson... MINE ONE 28 Ha taupe diEurope. et ue NES NC RER 51 2 SL NN Machoire dela /tatipe 2: eipae Éa cles 34 Pattes de TEtAU pe 2 ie à Ce ss ES A RO TO CRE 39 Habitationideïla taupe... 10 HN "ae NN ENRENRS 31 Piège-Cloux à hannetons. . : à + . + +. + : 79128 CALE ERNST — l'un: des miroirs: 7 2.50 2: cie de 4er POP INEESRSE 53 Sarcopte de la gale..… +: ,- à: + 4 + 2001090 94 AIRNESS 69 Abeille à culottes hérissées. #0 8 DONS RE DA PET UE 7 PuCechiques."i..> 294 RISOURETENE ICSINMONSIONMEER QE ESS 152 Papillon;du Ver à soie-de d’ailante: 5 210XH00eURUDNe I EL ie 169 Le Bombyx”neustrien. : : : + : :. : ;., 5 7 2747900, FOR MAIRES 187 Imp. de la Soc, de Typ. - No1z&TTE, 8, r. Campagne-Première. Paris. L L É NSECTOLOGIE AGRICOLE BULLETIN DNSECTOLUUE AGRICOLE JOURNAL MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’APICULTURE ET D’INSECTOLOGIE ENTOMOLOGIE APPLIQUÉE PARIS AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, 67, RUE MONGE, 67 AU # Li hs. Ill (1 HIUUJOTONZ (C'TA #8 F4 RFA : 3 FT ATTNTD " { eg?! _ OL C [HA OM AU F0 TON 0e 41 HT TEE N° 1. NEUVIÈME ANNÉE Janvier 1884 BUEFETIN RE RE RE PES PES PE PES LS SL PSS PPS PSS PPS PPS PS SOMMAIRE. — La couleuvre d'Esculape, par M. E. LESUEUR. — Le Cha- rançon des navets, par M. E. SAvar»D. — Société centrale d’apiculture et d'insectologie. Séance du 23 novembre 1883, M. HENRIGY, président. Le Frelon, par M. A. HUMBERT. — Les parasites des oiseaux, par M. le Dr P. Jouix. RS SN DA AA A A AA A D an A nn a NT TE La couleuvre d'Eseulape (Coronella Æseulapi) Ovipare. PAR M. E. LESUEUR. Cette couleuvre est une des plus grandes que nous ayons en France. Sa longueur extrème est de 1 m. 80; sa tête presque ronde est allongée et recouverte par neuf grandes plaques, le dessus de son corps est vert olive foncé, le ventre jaune soufre; sur quelques-unes, trois bandes lon- gitudinales foncées se trouvent sur toute la longueur du dos, le ventre est recouvert par 224 plaques simples, et des parties génitales à la pointe de la queue (qui est très effilée) par 45 paires de plaques doubles. La grande longueur de cette couleuvre, provient de l’habi- tude qu’elle a de beaucoup voyager et de serpenter sur les arbres, à la recherche des jeunes couvées d'oiseaux dont elle est très friande. Cette espèce diffère en plusieurs points de la couleuvre à collier : 1° elle ne se cantonne que dans les grandes forêts, tan- tôt dans un endroit tantôt dans un autre, se loge dans le trou des vieux arbres ef sous les roches. 2° Quand elle se trouve sur un arbre, il est difficile de la prendre, s’il s’en trouve d’autres à proximité, car elle se sus- _pend par la queue au bout d’une branche, prend son élan et 1 ps (Te 1 va rejoindre les branches de l'arbre voisin. Cette couleuvre est ovipare, son œufest blanc; l'enveloppe fortement parchemi- née et de la grosseur d'un gros œuf de pigeon; la forme en est cylindroïde, de 4 centimètres de long. La ponte de cette couleuvre, que les nombreux visiteurs de l'Exposition des insectes ont pu voir cette année au palais de l'Industrie, diffère complètement de celle de la couleuvre à collier, qui pond ses œufs d'une seule fois et soudés eu | grappe. La ponte de la couleuvre d'Esculape est irrégulière et intermittente ; elle pond un ou deux œufs, tous les deux ou trois jours. La durée de là ponte est d'un mois environ pour 15 œufs: ce nombre restreint d'œufs pour une aussi lon- gue couleuvre s'explique facilement. Le reptile serpentantau- tour des arbres, les œufs se trouvent placés les uns à la suite | des autres afin de conserver au corps sa souplesse ; il n'en est pas de même de la couleuvre à collier dont les œufs sont placés sur deux rangs et soudés ensemble, ce qui rend cette couleuvre lourde et paresseuse dans ses mouvements. La couleuvre d'Esculape dépose ses œufs dans les nids de pies, de corbeaux et dans les troncs des vieux arbres; l'éclo- sion à lieu de 40 à 50 jours environ après la ponte. Certains auteurs attribuent à ce serpent une douceur quil 2 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE ne mérite pas. Cette couleuvre mord avec facilité et fortement, au point de faire saigner; elle est d’une grande force musculaire, s’enroule et se noue autour du bras et le rend tout violacé. Voici du reste une anecdote, quinous donneraune idée de cette force muscu- laire ; cette année à l'Exposition des insectes, un médecin cau- sait avec moi decette couleuvre et me racontait qu un jour en chassant dans les montagnesdes Pyrénées, son chien dechasse, un épagneul, fut poursuivi par une grande couleuvre d'Escu- lape, qui se jeta sur lui, s'enroula autour de son cou et l'étran- gla complètement en quelques minutes. Il est difficile de conserver ces couleuvres en captivité pour plusieurs causes: 1° un grand espace leur est nécessaire pour pouvoir se mouvoir ; en les conservant dans une BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE a boîte étroite, elles sont fatalement vouées à une mort cer- taine. 2° La difficulté de leur procurer de jeunes couvées d'oiseaux ou de jeunes nichées de rats ou souris, fait qu’elles ne peu- vent prendre aucune nourriture ; elles meurent presque tou- jours de langueur et d’inanition. Je n'ai pu jusqu'à présent en conserver vivantes que pendant deux années : il faudrait pour bien les étudier avoir de grandes serres avec des arbres et des petits rochers, afin que tout en étant en captivité elles puissent se croire libres. Cette couleuvre est très nuisible à l’agriculture en détrui- sant les oiseaux ; il faut l’exterminer. (A suivre.) E. LESUEUR. (Reproduction réservée. ) Dans notre numéro d'octobre 1883, par suite d’une erreur typographique, page 147, 10e-ligne, au lieu de : une couleuvre dem S cent.; Zsez: 0 m..5b0:cent. Le Charancon des mavets (Ceutorhynchus sulcicollis, Lin.) PAR M. E. SAVARD Le navet, Brassica Napus (crucifères), bisannuel, indigène, soumis de temps immémorial à la culture, et facilement mo- difiable dans sa saveur et ses caractères extérieurs par le sol et le climat; le navet présente un grand nombre de variétés souvent peu déterminées. On sème des navets depuis la mi- juin jusqu’à la mi-août. Dans les terres légères, on peut se- mer les espèces hâtives jusqu'au commencement de septem- bre,de même que des semis faits en mai ou au commencement de juin réussissent quelquefois, si la température est humide et peu chaude. Quelques jardiniers, pour avoir des navets d'été, risquent des semis dès mars et avril, mais il est rare qu'ils ne montent pas, même en employant de la graine vieille, ce qui est essentiel. Les navets tendres seuls, notamment celui des 4 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Vertus, et les plats hâtifs, blancs ou rouges, conviennent pour ces premiers semis. On sème sur la terre fraîichement remuée, clair et à la volée, autant que possible par un temps pluvieux ou Couvert ; après quoi les soins consistent à sarcler et à éclaircir. Lorsqu'au printemps les navets montent en graine, leurs pousses vertes, bouillies et mangées avec la viande ou assai- sonnées au beurre, sont un bon légume ; on en fait beaucoup d'usage en Angleterre sous le nom de éwrnip tops. Blanchies à la cave ou dans une serre à légumes, elles sont encore plus tendres et plus douces ; elles sont en hiver d’une grande res- source, faciles à se procurer, et ont, sur les autres primeurs, l'avantage que tout le monde peut en jouir, puisqu'elles ne coûtent que la peine de les cueillir, les navets qui ont fourni ces produits n'étant pas perdus pour cela. Ces jets de navets ont besoin, avant leur cuisson, d’être blanchis à une première eau bouillante, pour perdre leur amertume naturelle. Les pousses printanières du colza et de la navette sont aussi em- ployées comme légumes dans quelques pays. On a souvent l’occasion de remarquer, lorsque l’on arrache des navets dans les champs, pendant l'été et l'automne, que la partie supérieure de la racine voisine du collet est couverte de tubercules plus ou moins gros ou saillants, d’une forme simple ou compliquée, ordinairement très irrégulière, qui donnent à cette racine une apparence galleuse. Si on ouvre ces excroissances avec un couteau, on voit que le centre est vide et forme une cellule qui contient un petit ver. Lorsque la galle est simple, elle ne contient qu'une cellule et une seule larve, mais lorsqu'elle est compliquée et formée de plu- sieurs galles voisines qui se sont pénétrées, elle renferme au- tant de cellules qu'il y a de galles et autant de larves qu'il y a de cellules, chaque larve vivant à part sans troubler ses voi- sines. Ces vers, qui se trouvent ordinairement en nombre considérable sur la même racine, l’altèrent profondément et en consomment une partie pour leur nourriture ; lorsqu'on veut en faire usage pour la cuisine, on est obligé d'enlever les BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 5 tubercules, d'extraire les larves et de creuser les cellules pour les nettoyer et atteindre la substance vive, ce qui cause une perte notable. La larve ayant pris toute sa grandeur vers la fin de l'automne, a 4 millimètres de longueur ; cette larve est blanche, presque cylindrique, couverte de rides transversales et privée de pattes; sa tête est ronde, en partie cachée dans le premier segment du corps, et armée de deux mandibules ; elle se tient courbée en cercle dans sa cellule et peut s’y re- tourner au moyen de petits mamelons qu'elle fait sortir de son ventre et de ses côtés. Lorsqu'elle n’a plus besoin de manger elle perce sa celluleet s'enfonce dans la terre, où elle se construit une coque sphérique avec des parcelles menues de terre qu'elle agglutine autour d'elle. Cette coque est très grossière à l'extérieur, mais elle est lisse et unie à l'intérieur. La larve y passe l'hiver et le prin- temps, se change en nymphe dès les premiers jours du mois de juin, et en insecte parfait au commencement de juillet. La longueur de l’insecte est de 3 millimètres, noir, couvert en dessus d'une pubescence d'un gris jaunâtre et en dessous de petites écailles grises ; les antennes sont coudées, noires, de douze articles, dont lestrois derniers en massue ; le rostre est long, filiforme, menu, arqué, appliqué contre la poitrine dans le repos ; la tête et le corselet sont ponctués ; ce dernier est plus étroit en avant qu'en arrière, arrondi sur les côtés et porte un sillon longitudinal sur le dos; les élytres sont ovalaires, plus larges à la base que le corselet, deux fois aussi longues, avec dix stries sur chacune, arrondies à l'extrémité ; les cuisses sont renflées ; les postérieurs sont armées d’une petite dent à leur extrémité; tout l’insecte est noir. Aussitôt qu'il est sorti de terre et qu'il s'est mis en liberté, il se porte sur les navets où il s’accouple. La femelle fécon- dée descend de la plante, se glisse entre la terre et le haut de la racine pour faire sa ponte ; elle perce celle-ci avec son rostre et introduit un œuf dans la blessure : elle fait autant de piqûres qu'elle a d'œufs à déposer, les plaçant dans le (9) BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE voisinage les uns des autres ou à quelque distance isolément. Il sort de chaque œuf une petite larve qui ronge autour d'elle et provoque un afflux de sève autour du point blessé, ce qui engendre une excroissance ou galle. Le même insecte se porte sur les choux dont les racines sont très souvent difformes et chargées d'une multitude d’ex- croissances plus ou moins grosses amoncelées les unes sur les autres ; mais comme il n’altère pas les feuilles que nous employons à notre usage, il nous cause moins de préjudice que lorsqu'il attaque les navets. Il envahit aussi les racines de la moutarde des champs (sinapis arvensis) appelée cendre dans nos villages et ne paraît pas nuire à cette mauvaise plante qui infeste les cultures. Il n’est pas facile de se défaire d’un insecte aussi générale- ment répandu. On en diminuerait cependant le nombre si l'on avait soin de brûler toutes les racines de choux tuber- culées, lorsqu'on arrache cette plante en automne, et de net- toyer de leurs larves les racines de navets que l’on arrache pour les conserver. On connaît deux parasites du charançon des navets. Tous deux font partie de la tribu des Ichneumoniens et de la sous- tribu des Braconites, mais l’un entre dans le genre Sigalphus, et l'autre dans le genre Z'aphœus. Les femelles de ces linsec- tes descendent des choux jusqu'au collet de la racine, s'insi- nuent entre la racine et la terre jusqu'aux galles qu'elles per- cent avec leur tarière et parviennent à loger un œuf dans la larve que renferme la galle. Cet œuf donne naissance à une larve d'Ichneumonien qui dévore celle du Charançon, se change en nymphe dans son habitation et s’en échappe sous la forme d'insecte parfait après sa dernière métamorphose. Le premier de ces parasites est le Sigalphus pallipes. La longueur de cet insecte est de 3 millimètres. I1 est noir, les antennes sont noires et de la longueur du corps; la tête et Le corselet sont noirs, luisants ; l'abdomen tient au corselet par un pédicule très court; il est de la longueur et de la largeur de ce dernier, ovalaire, formant une carapace divisée en trois BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE * segments dont les deux premiers sont finement striés en long, et le dernier presque lisse et arrondi au bout ; les pattes sont rougeâtres, pâles: les cuisses sont tachées de brunen dessus; l'extrémité des tibias postérieurs et leurs tarses sont noirs, la tarière de la femelle est de la longueur de l'abdomen: Îles ailes sont hyalines, dépassant un peu l'extrémité de l'abdo- men, avec le stigma noir et les nervures testacées. Le deuxième parasite du Charançon à cou sillonné est le Taphœus affinis. Get insecte est noir, luisaut; les antennes sont noires et de la longueur du corps qui est de 3 millimè- tres, avec les deux premiers articles roussâtres en dessous; les mandibules sont roussâtres, la tête est noire ; le corselel noir, luisant, ayant les sutures bien marquées, de la largeur de la tête ; l'abdomen est très courtement pédiculé, ovalaire, terminé en pointe obtuse, de la longueur et de la largeur du thorax, noir luisant, les pattes sont d’un fauve jaunâtre, la tarière de la femelle est un peu plus longue que l’abdomen; les ailes sont hyalines, dépassant l'abdomen, à stigma noir et nervures brunes. Moyens de destruction. On conseille, comme moyen à em ployer contre le Charançon, l’écrasement des nymphes par un roulage pesant, moyen très usité chez les Anglais. Il faut pour cela saisir l'époque où ces insectes sont sous la forme de nymphes, au mois de décembre ou janvier. La nymphe est molle et délicate, la plus légère pression peut la tuer; lorsque la larve est attachée aux racines, l’insecte parfait ca- ché dans les feuilles de la plante échappe plus facilementaux moyens de destruction. E. SAYARD. Société centrale d’apiculture eé d’insectologie Séance du 21 novembre 1883. — Présidence de M. Henricy. Le secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la dernière séance. Après lecture, il fait remarquer que la déli- bération administrative qui vienten tête se trouve être sans effet, ayant été prise contrairement à l’article 10 des statuts 8 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE L'assemblée se rend à cette évidence et adopte le reste du procès-verbal. M. Ramée, donne lecture d'un extrait du Moniteur officiel du Commerce, faisant connaître la situation de la sériciculture ou du moins du tissage des soies dans quelques localités des départements de Saône-et-Loire, du Gard, et de Vaucluse, et qui indique aussi le chiffre des exportations de cocons du Japon, de l'Italie, de la Turquie et de la Roumanie.— Le prési- dent remercie M. Ramée de sa communication; et il fait remar- quer à l'assemblée, que l'éducation des vers à soie du müûrier est une industrie qui va s'amoindrissant dans nos départements où elle était prospère autrefois, lorsque les pays étrangers, le Japon surtout, ne nous faisaient pas de concurrence. Il ajoute que la lutte est toujours en faveur des pays où la main d'œu- vre est au prix le plus bas. Toutefois nos manufactures de soieries de Lyon et du Gard, ajoute-t-il, n’en continuent pas moins de produire les belles soieries qu'on imite diffici- lement. M. Ramée signale aussi les prises de brevet, qu'il a relevées, pour des moyens de destruction du phylloxera. Un membre fait remarquer que les possesseurs de vignes phylloxerées ont raison de s'occuper plus de remplacer les vignes atteintes par des vignes américaines que de chercher à les guérir. M. Humbert, instituteur à Raddon (Haute-Saône) envoie un mémoire sur le frelon. Lecture en est donnée. M. Hamet fait remarquer que le passage dans lequel l’auteur dit que « à l’in- verse des abeilles, les frelons ne vivent pas en monarchie, » est doublement erroné, parce que les abeilles ne vivent pas plus en monarchie que les frelons ne vivent en république : ces insectes vivent en famille. Il est vrai, ajoute-t-il, « que des au- teurs donnent une reine aux abeilles (les anciens leur don- naient un roi), mais c'est une reine qui n’en a pas les attri- buts. Ceux qui se servent d'un vocable exact, l'appellent mère ou femelle développée. M. Hamet signale ce fait: il y a quelques jours il recom- mandait les ruches en paille à un apiculteur qui lui répondait BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 9 « Elles ne peuvent être employées dans ma localité de forêt où les renards sont abondants,parce que ces amateurs de miel les percent et les dévalisent. Il y a plus, si l’on asoin d'enchaî- ner et de bien fixer les ruches en planches, ils les renversent et les récoltent entièrement. » Il résulte de cette communica- tion que le renard est un ennemi dangereux des abeilles dans les localités où il est abondant. M. Henricy annonce que des occupations qui le retiennent et l'empêchent à l'avenir d'assister aux réunions, le contrai- gnent de donner sa démission de vice-président de la Société. L'assemblée lui témoigne les regrets qu’elle éprouve de cette détermination. Le secrétaire présente pour faire partie de la Société: MM. Jules Rouanet, professeur de chimie à Clermont-l'Hérault (Hérault) et M. Vallon, cirier apiculteur à Vals (Haute-Loire) L’admission de ces membres est prononcée. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Pour extrait : DELINOTTE, secrétaire. Le Frelon PAR M. A. HUMBERT C'est un insecte moins commun que la guèêpe, mais beau- coup plus dangereux. Il porte le même nom latin Vespa (d’où le mot patois vépre, employé pour désigner la guêpe commune). Le Frelon(Vespa crabro) est connu dans la plupart des pro- vinces sous le nom vulgaire de graivaulon. Il appartient à l’ordre des hyménoptères et à la famille des diploptères ayant au repos l’aile supérieure pliée en long, suivant le grand axe de son ellipse. C'est une grande guëpe de 32 millimètres de long environ, plutôt plus que moins; la tête est de couleur ferrugineuse, les lèvres jaunes, le corselet noir ; l'abdomen qui tient au corselet par un très grèle, mais court pédicule, est rayé de bandes jaunes et noires, alternativement. Son nid est souvent construit dans un trou de mur, mais 10 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE encore plus souvent dans les cavités d’un arbre ou d'un vieux poteau, dans l'intérieur d’un grenier, d'une cheminée, dans les chaumes d’une toiture. Quelques-uns le font aussi, mais rarement, comme ceux des guèêpes, dans les sillors, sur le revers d’un fossé ou le ta- lus d'un chemin. Malheur à l'imprudent enfant qui va les fourgonner dans leur retraite ! Le nid des Frelons, formé d'une matière très friable, est de l’ap- parence du carton, et présente plusieurs gà- teaux cellulaires su- Lerposés. Ce sont des fragments de vieilles écorces malaxées avec de la salive. De même que la ru- che des abeilles, le guêëpier n'est ni une monarchie, ni une ré- —* publique, mais une fie. 1600 frejous D. association d'insectes se partageant la fonc- tion de reproduction. Il y a trois'sortes d'individus: les mâ- les, les femelles et les neutres, travailleurs qui sont chargés principalement de l’approvisionnement de la communauté sans que les autres, toutefois, se privent de butiner. Toutes les femelles pondent à la fois, d'avril à septembre. Le frelon est pour les abeïlles ce que l’épervier est pour les petits oiseaux. Il les poursuit dans les champs et les dévore. Les ravages ne s'exercent que durant l'été pour les abeilles. Le frelon est aussi un ravageur de nos jardins et de nos ver- 1. Figure empruntée à la publication dé la maison J. B. Baïllière et fils : les Insectes. Remerciements. BULLETIN D'INSÉCTOLOGIE AGRICOLE 11 gers, à l'époque automnale. Il se jette gloutonnement sur presque tous les fruits sucrés, pommes, poires, grappes de raisin : illes dévore aussi bien la nuit que le jour et, lorsqu'il est pressé par son vorace appétit, il s'attaque même aux fruits qui ne sont pas arrivés à une complète maturité. Combien de fois, dans nos vergers, n’avons-nous pas vu des poires d’un agréable aspect d'un côté et de l’autre, rongées jusqu'au cœur. C'étaient les dégâts du frelon et de sa congénère la guêpe. Le frelon, bien qu'insecte nuisible, malfaisant, nous est d'une certaine utilité en faisant la guerre aux mouches et aux moucherors. Sa piqüre est des plus douloureuses. Un dicton populaire fort accrédilé chez nos campagnards, prétendque sept piqüres de frelons seraient suffisantes pour occasionner la mort; nous croyons que celie estimation est inférieure à la réalité et qu'il en faudrait au moins douze, bien que nous ne désirions pas en faire personnellemeut l'expérience. Des accidents terribles sont survenus à toute les époques ; en voici deux tout récents : Un jeune enfant se rendait à l’é- cole en croquant à belles dents une grosse poire ramassée sous un arbre voisin, lorsqu'il jeta un cri. Un frelon, dissi- .mulé dans l’excavation qu'il avait creusée dans la poire, ve- nait de le piquer à la voûte palatine qui enfla immédiatement. Des soins intelligents ne lui firent aucun bien et quelques heures après il expirait entre lés bras de ses parents désolés. Voici l’autre fait, plus récent encore : A Hirel, commune du littoral breton, un cultivateur labou- rait son champ. Tout à coup ses chevaux se cabrent, et, cas- sant tout, s’enfuient à travers champs, affolés et furieux. Le malheureux laboureur lui-même pousse un cri terrible et ne ne peut que crier : « Je suis perdu !»> Il se roule sur la terre où il reste étendu sans vie. La charrue, en déchirant le sol, avait éventré un nid de fre- lons, une /rigonnière, comme on dit dans le pays. Furieux, _ces insectes se sont collés sur les chevaux et sur le malheu- reux qui a péri presque sous le coup. 12 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Quelle fin lamentable ! Et combien d’autres exemples. Les moyens de détruire les frelons ne sont pas nombreux ; en voici quelques-uns : : Quand on sait où est le nid, on attend la nuit complète pour l’attaquer; c’est le moment où tout le monde est rentré dans la frelonnière. On gâche alors du plâtre fin et on s’en sert pour boucher hermétiquement tous les trous. Les frelons meurent de faim. Si le nid est en terre, il n'y a qu'un moyen, l’eau bouil- lante, et encore, cela ne réussit pas toujours, surtout quand le nid est sur le talus d’un fossé ; alors le logement n’est pas au-dessous de l'orifice, il est au-dessus et l’eau ne pourrait envahir tout le local; on y supplée alors en introduisant dans le trou une mèche soufrée et allumée: on recouvre le tout d’un vase quelconque pouvant servir à cet usage. Voilà les moyens les plus efficaces. Il en est encore un qui consiste à introduire dans le nid de l’eau froide chargée « d'huile lourde, de benzine ou de goudron de gaz. | Le meilleur préservatif, pour les grappes de raisin, serait de mettre un sac de papier autour des grappes que l’on veut protéger, ce qui se fait par beaucoup de personnes, d’ailleurs. Les remèdes à appliquer contrela piqûre isolée sont l'amno- niaque, la benzine, le jus de cerfeuil, le vinaigre et l'acide phénique. | ALBIN HUMBERT, Instituteur à Raddon (Haute-Saône). Les parasites des oiseaux | Nous croyons utile de reproduire l'étude des us parasites de toutes les sortes dont les oiseaux, et tout parti- culièrement les oiseaux de basse-cour, sont universellement atteints, étude que nous empruntons au Poussin (1). 1. Le Poussin, revue hebdomadaire, organe des éleveurs de volaille ; 10 francs par an ; E. Lemoine, directeur, à Crosne (Seine-et-Oise). . BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 13 I. Les naturalistes s'accordent à dire qu'il n’y a pas, dans la création, d'êtres qui nourrissent autant de parasites, tant sur la peau que dans les profondeurs de l'organisme; en outre, ce n'est pas, comme le plus souvent, une espèce d'insecte ou de ver qui afflige l'oiseau, mais toujours une variété plus ou moins nombreuse. Il est vrai que l’action nuisible de ces parasites, n’est heureusement pas en rapport avec leur quan- tité; mais il n’est pas moins exact que, par leur présence seule, ces hôtes désagréables provoquent des troubles dont Panimal qui les subit, finit à la longue, par ressentir de sérieuses atteintes. Il est donc indispensable de connaître à la fois les moyens de s'assurer de la présence des parasites, et les procédés à employer pour en débarrasser les animaux. C’est ce dont nous allons nous occuper : nous placerons en tête de ces études, celle qui a rapport aux parasites vivant à la surface du corps, réservant pour un article ultérieur l'étude des entozoaires, c’est-à-dire ceux qui se développent et vivent à l'intérieur de l'organisme. Les différentes espèces que l’on trouve sur la peau des oiseaux appartiennent toutes à la classe des insectes. On a coutume de les désigner, dans les campagnes, sous le nom général de Poux, qui résume toutes les espèces dans l’esprit des éleveurs. Cette confusion est loin d'être admise par la plupart des naturalistes ; en effet il suffit de considérer la con- formation seule de la bouche de ces divers insectes pour con- cevoir la différence qui les sépare. Les poux sont armés de véritables suçoirs, qui pénètrent dans la peau et aspirent la goutte de sang dont se nourrissent ces animaux ; les autres au contraire, comme nous allons le voir plus loin, ne se nourris- sent que de débris d'épiderme etn’entament jamais la peau. Il est donc très important d'établir cette distinction. Ces diverses sortes de parasites présentent de grandes va- riétés de dimension ; les uns sont à peine visibles à l'œil nu, les autres atteignent et dépassent même la taille des poux dont l’homme est affecté. Ils ont en général trois paires de pattes et un corps aplati divisé en tête, corselet et ventre; 14 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE mais on leur trouve au lieu de trompe, comme aux poux de l'homme, deux petites dents écailleuses et mobiles, placées au milieu du dessous de la tête, à la hauteur des antennes. Ils se reproduisent avec une extrême facilité, et sans subir de métamorphose. Ils sont d'une infinie variété, et parfois on tronve sur la même volaille douze espèces différentes et même davantage. Leur action nuisible, les troubles qu'ils amènent chez l’ani- mal envahi diffèrent naturellement selon les espèces et la taille des insectes. Les plus insupportables et les plus dange- reux sont les poux véritables, en ce qu'ils entament la peau avec leur stylet et sucent le sang qui coule de la piqûre, à l’aide de leur trompe. — Si petite que soit la quantité de sang ainsi soustraite, le dommage causé peut finir par devenir sérieux lorsque ces insectes se multiplient : ce qui arrive très rapidement, en outre, les démangeaisons que causent les pi- qûres sont beaucoup plus fortes que celles produites seule- ment par les migrations des autres parasites. Ceux-ci appar- tiennent exclusivement à la famille des Æicins. et affectent tout spécialement les animaux de basse-cour. Dans certains cas, comme chez la poule de Padoue, ils atteignent des di- mensions importantes. Rien que sur la poule domestique commune, on en compte aisément sept espèces, et cinq surle pigeon. Bien qu'ils soient armés de deux écailles tranchantes, ils n'entament jamais la peau et ne sont nuisibles que par les démangeaisons qu'ils produisent en se mouvant à la surface de la peau et entre les plumes. Ils vivent exclusivement sur les oiseauxet quelques mammifères, aucun n'attaque l’homme directement ; s'ilest par hasard transporté sur son corps, il ne s'y développe pas et finit de lui-même au bout d'un temps plus ou moins long. De même il quitte le corps d’un oiseau dès que celui-ci meurt. On les voit alors courir avec agitation et on les aperçoit autour des yeux, à la base du bec, empres- sés de quitter la place. Si faible que soit le danger qui puisse résulter de la pré- sence de ces insectes, il importe cependant d'en débarrasser 3 | | + BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 15 les volailles ; les démangeaisons qu'ils occasionnent ne tar- dent pas à tourmenter l'animal outre mesure, à le rendre triste, à lui ôter son sommeil, à contribuer, en un mot, à alté- rer Sa santé. : Il suffit, en général, de faire usage du procédé suivant : on mêle de la poudre de pyrèthre fraîche au sable et à la terre dans laquelle les volailles aiment à se poudrer, ou encore on insuffle de cette poudre au fond des plumes. On a conseillé également la fleur de soufre, qui est en effet excellente à ce point de vue. Il arrive fréquemment que, en se secouant, les animaux font tomber la poudre dont leur corps est imprégné : on peut alors employer le moyen suivant : on délaye un peu de savon noir dans une petite quantité d'eau, on enduit de ce mé- lange Le fond des plumes, la surface de la peau, et on insuf- fle par-dessus la poudre de pyrèthre et de staphysaigre frai- che ; de cette façon, la poudre est agglutinée et a tout le temps de produire son effet. M. Mégnin recommande cette façon de faire surtout pour les pigeons, qui conservent ainsi le médicament dans le vol le plus rapide. Nous arrivons maintenant à une autre catégorie de parasites de la peau, dontles effets plus dangereux demandent plus d'at- tention. Nous voulons parler des acariens arachnides et non in- sectes, qui sont en même temps beaucoup plus nombreux que lesricins ; les uns vivent sur la surface extérieure de la peau, les autres dans le tissu cellulaire situé entre les muscles, d’autres dans les sacs aériens. Uneespèce surtout constitue la véritable gale des oiseaux, sur laquelle nousalloss nous arrêter. — n'y a pas bien longtemps quel'on connaît la véritable cause de cette maladie si répandue; on avait bien remarqué qu'il se dévelop pait sur les poules une affection caractérisée par une exubé- rance de la sécrétion écailleuse de l’épiderme des pattes, qui rendait ces organes énormes et difformes. M. Laboulbène l’avait décrite comme une ichtyose, semblable à celle de l'homme. Ce n’est qu'en 1860 qu'à l’instigation de M. Reynal, le professeur Robin étudia cette maladie et on détermina la 16 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE nature sur tous les oiseaux. Les symptômes se présentent dans l’ordre suivant: le début de la gale est annoncé par un soulèvement des écailles de l’épiderme des pattes, dû à l’ac- cumulation d'une matière blanchâtre, farineuse, distribuée en petits mamelons bourgeonnants; c’est au niveau des lar- ges écailles quirecouvrentle devant dutarse et le dessus des doigts, que l'animal producteur de la gale, le sarcopte, com- mence son travail de mineur. [Il débute généralement sur la grosse articulation tarso-digitale, s'étend ensuite aux autres articulations des doigts et finit par envahir toute la surface des pattes. Celles-ci ont alors l'aspect d'un manchon inégal, rugueux, plus épais en avant etau niveau des articulations où se produisent des crevasses, à travers lesquelles suinte par- fois un peu de sang. La démarche de l'oiseau éprouve une gène considérable, la flexion et l'extension des doigts devien- nent difficiles, bornées, et l'animal ne peut bientôt plus mar- cher qu’en boitant d'une façon qui témoigne une vive dou- leur. Dans les premiers temps, l'oiseau ne semble pas se préoccuper de l'affection naissante. Il conserve son appétit, il est gai et dort bien, mais au bout d'un certain temps le sommeil devient rare, il est agité, tourmenté par les déman- geaisons, la difficulté de la marche ; il maïgrit, perd l'appétit et meurt épuisé, dans une sorte de langueur. Tous ces symp- tômes évoluent en cinq ou six mois. D’ P. JouUIN. (A suivre.) La maison J.-B. Baïllière publie, depuis le mois de décem- bredernier,un journal danslequella science est rendue acces- sible à tous. Les articles sont rédigés par des hommes ayant fait leurs preuves. Tout ce qui est nouveau en fait de science appliquée à l'industrie est consigné dans cette publication. Le Gérant : H. HAMET. Imp. de la Soc. de Typ.- NolzETTE, 8, r. Campagne-Première. Paris. as Ass doit À | | k J | | ; | N° 2. NEUVIÈME ANNÉE Février 1884 BULLETIN . D'INSECTOLOGTE AGRICOLE SOMMAIRE. — Insectologie industrielle. Les cochenilles tinctoriales et leurs produits, par J. A. MEUNIER. — Un insecte nuisible à la bet- terave, par M. E. Savarp. — Note sur les cocons à œufs des araignées et sur leur usage dans les instruments astronomiques. — Société-cen- trale d'apicuiture et d'insectologie, séance de décembre 1883. La couleuvre vipérine, par M. E. LESUEUR. — Puissance musculaire des insectes, par M. J. Rouanet. PE tt te a INSECTOLOGIE INDUSTRIELLE Les cochenilles tinctoriales et leurs produits PAR M. J. A. MEUNIER Si nous nous permettors d'écrire ces lignes, c’est que nous nous sommes aperçus que cette partie d'Entomologie a été bien peu remplie à l'Exposition des insectes de 1883. Nous en avons recherché la cause et nous avons trouvé qu'une grande lacune existait dans la bibliographie entomologique, qui ne possède aucun traité spécial de l'emploi industriel des insectes, des produits qu'ils fabriquent etde ceux quel'art sait en tirer. Cependant, si l'insectologie agricole a un charme et une utilité que nous ne pouvons contester, l'insectologie industrielle, elle aussi, a son mérite, et on pourra se rendre compte de son importance par l'exemple qui suit. Les îles Canaries, à elles seules, ont exporté de 1872 à 1875. le poids respectable de 2.640.272 kilogrammes de coche- nille (1), d'une valeur approximative de 40 millions de francs, et représenté par 350 milliards d'insectes (2). Et les îles Cana- ries ne sont pas seules à cultiver la cochenille. 1. Voir le Bulletin du mois de mai 1878, page 66. 2. La France en consomme encore, malgré le rouge d’Aniline, 490 mille kilogrammes, environ, par an. it 18 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Le nombre des noix de galle qui sont introduites en France, est tout aussi important. A quoi servent donc toutes ces coche- nilles, toutes ces noix de galle, et la cire et la soie, la cantha- ride, etc. Voilà ce que nous voulons vous dire. Nous laisserons à de plus savants que nous le soin de décrire la vie et les mœurs des insectes, nousneles traiterons, nous, qu'aux points de vue chimique, pharmaceutique, artistique et industriel. [. — LA COCHENILLE TINCTORIALE. — (Coccus cacti). La cochenille était autrefois une des richesses des colonies espagnoles, qui, seules, en conservaient le monopole. Un jour, un entomologiste français, Thiery de Menouville, voulut af- franchir son pays de ce tribut, il communiqua ses vues au ministère qui lui fit des promesses encourageantes, mais ne lui donna aucun moyen d'exécution. Thiery partit donc seul, et à ses frais, en 1776 pour le Mexique, poursuivant son projet avec constance, réduit, pour ainsi dire, au rôle d'aventurier ; il fallait tromper l'œil vigilant de gardien d'une nation jalouse, observer en secret la culture de cet insecte, s’en procurer ainsi que la plante nourricière, risquant chaque jour sa vie et sa liberté. Enfin, il parvint à en obtenir des deux espèces, et, non sans de grandes difficultés, il put arriver à Saïnt-Do- mingue, alors colonie française. Désormais, la cochenille était libre, et aujourd'hui on la récolte, non seulement en Amérique, son premier berceau, mais encore aux îles Canaries où l’on chercha à la naturaliser en 1827 ; les premiers essais eurent d'heureux résultats, mais il fut impossible de vaincre la défiance d'un peuple qui voyait détruire les cactées qui lui produisaient une de leurs denrées ordinaires, la figue de Barbarie. Heureusement, ce que les habitants ne voulu- rent point faire, la nature le fit; l’insecte se prononça de lui- même, et en 1833 La culture en fut reprise pour ne plus ces- ser ; en 1834 on en transporta quelques pieds à Malaga, de là à Valence, à Cadix ; partout la culture réussit à merveille. Enfin, aujourd'hui, on la cultive avec succès en Algérie, au Maroc et même en Corse. BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 19 Dans le commerce on connaît quatre sortes de cochenille, dont quelques-unes offrent plusieurs variétés ; ce sont : 1° la cochenille de Honduras, qui nous arrive par l'Angleterre et est très estimée chez nous; il y a la cochenille noire ou zacca- tile, qui vaut de 18 à 20 francs le kilogramme: la cochenille grise, nommé aussi jaspée ou argentée, celle-ci ne vaut que 17 à 18 francs; et enfin la cochenille rougeâtre, qui est la moins estimée des trois et ne vaut que 15 à 16 francs. Ces cochenilles nous arrivent en sacs ou surons, recouverts d'un jonc et d'un cuir, pesant ordinairement de 79 à 80 kilog. 2° La cochenille de Vera-Cruz, qui nous arrive directement par Bordeaux ou le Havre en sacs de 80 à 100 kilos: ies prix sont à peu près les mêmes que ceux de la cochenille de Hon- duras. 3° La cochenille des Canaries, qui nous vient par Marseille en petits sacs de 25 à 30 kilos ; l’argentée vaut 20 francs, la noire, 18 ; ces espèces sont toujours bonnes. 4° Enfin, la cochenille de Java qui nous est envoyée par la Hollande ; elle est renfermée dans des boîtes de fer-blanc placées dans des caisses de bois : chaque caisse pèse de 40 à 60 kilos. Cette sorte est la moins estimée et vaut toujours de 1 fr. 50 à 2 francs de moins par kilo que les variétés du Mexique. Toutes les sortes de cochenilles que nous venons d’énumérer ne sont que commerciales ; pour l’entomologiste elles se ré- duisent à une seule espèce ; la cochenille tinctoriale (Coccus cacti) qui peut se diviser en deux variétés : la cochenille mes- téque (Coccus cacti v. domestica) et la cochenille sauvage (Coccus cacti v. silvestris.) Maintenant que nous avons opéré le transit de nos coche- nilles, laissons-les un instant se reposer d'un si long voyage, et retournons aux pays de leur naissance; car nous croirions notre étude incomplète si nous ne disions quelques mots de leur récolte. L'endroit où se récolte la cochenille se nomme nopalerie, du nom des Nopals ou Cactées qui sont les plantes nourricières. 20 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE On choisit, de préférence, des Cactées à parenchyme fin et à feuilles charnues (1) peu épineuses sur lesquelles on pose les femelles ou grand'mères en octobre, elles restent jusqu’au mois de mars avant d’avoir reproduit assez abondamment; à cette époque, on dépose les jeunes ou mères sur des Cactus encore vierges, celles-ci restent jusqu'en juillet avant de se reproduire, et cetle nouvelle génération est, à son tour, por- tée sur d'autres Cactus, vierges d'insectes aussi : c’est environ trois mois après que se fait la grande récolte d'exportation ; pour cela, on râcle les feuilles ou raquettes des Cactus avec un couteau de bois sans tranchant, assezsemblable à nos coupe- papier, l’insecte tombe sur une tendue 4d hoc, onles ramasse, puis on les fait périr en les desséchant au four, où en leur faisant subir une légère ébullition dans l'eau; mais cellesqui subissent cette immersion, ont moins de valeur sur le marché; ce sont celles que l’on nomme cochenilles rougeûtres. Si l’on veut bien nous le permettre, nous allons, mainte- nant, retourner chez le Droguiste ou nous avons laissé nos insectes dans leurs surons; nous en laisserons une grande partie qui sontlà pour être vendues telles aux teinturiers et que nous reviendrons chercher plus tard: pour le moment, nous allons étudier l'emploi de l’autre partie; d'abord chi- miquement, puis industriellement. D'après l'analyse que MM. Pelletier et Caventou ont faite en 1818, la cochenille contiendrait : 1° une matière colorante rouge qu'ils ont nommée Carmine et qu'ils ont obtenue en traitant la cochenille pulvérisée par l'éther pour enlever le corps gras, puis en reprenant le résidu par l'alcool, pour dis- soudre la matière colorante et en la faisant cristalliser ; 2° une matière azotée ; 3° une matière grasse formée de stéarine et d’oléine ; 4° d’un acide odorant auquel ils n’ont pas donné le nom ; 5 des sels suivants : phosphate et carbonate de chaux, chlorure de potassium. Depuis on a reconnu que la Carmine n’était par un alcaloïde, mais bien un acide, qui pouvait bien 1. Prétendues feuilles qui sont réellement des tiges déformées et aplaties. (La Réd.) BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE e1 s'unir aux bases, que M. de la Rue a débarrassé de ses impu- retés et auquel il a donné le nom d’acide carminique (C8 Hs O') (1). Pour préparer cet acide, on épuise la cochenille pul- vérisée, par l’eau bouillante ; la solution, concentrée par l’éva- poration, est précipitée par le sous-acétate de plomb, légère- ment acidulé et qu'on évite d'employer en excès ; on lave le dépôt formé avec de l’eau distillée et on le décompose par l'hydrogène sulfuré ou acide sulfhydrique qui précipite le sulfure de plomb que l’on sépare par décantation, puis on évapore la liqueur rouge qui laisse un résidu dont on extrait l'acide carminique au moyen de l'alcool absolu. Le prix, trop élevé, de cet acide empêche de l’employer en teinture ; on préfère les bains de cochenilles comme on le verra plus loin ; mais il est la base de toutes les couleurs carmini- ques dont nous allons nous occuper. Parmi les produits tirés de la cochenille, le Carmin est, sans contredit, le plus utile et le plus employé; c’est avec fui que l'on fait en peinture de si jolies nuances, qu'on colore les fleurs artificielles, Les liqueurs, les bonbons, etc. $a préparation, dit Bouillet, fut découverte, par hasard à Pise, par un moine franciscain en faisant un médicament, mais il la tint secrète et ce n'est qu'en 1656 que le chimiste Homberg la fit connaître : on l'obtient en précipitant une solution faite à chaud de cochenilles pulvérisées par le sulfate double d’alu- mine et de potasse ou alun du commerce, ou avec du bitar- trate de potasse (crème de tartre): pour l'avoir bien beau et bien pur, on choisit une bonne qualité de cochenille et l’on filtre la liqueur bouillante avant de précipiter ; c’est le carmin n° 40; les autres, selon leurs degrésde pureté portent les n°* 16 et 32, et encore, dans le commerce, le trouve-t-on sophisti- qué avec du sulfure rouge de mercure ou vermillon ; nous en avons trouvé en contenant 10 p. 100. La peinture à l'huile se prépare en broyant le carmin avec de l'huile d'œillette ou pavot, 1'e qualité; en y mêlant d’autres 1. Certains auteurs donnent encore à l'acide carminique le nom de car- mine, carméine, cochenilline ou coccine. 22 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE couleurs on obtient différentes nuances telles que rose, violet, lilas, etc., on obtient la couleur pensée en mêlant du carmin avec du bleu de Prusse. Les mêmes nuances peuvent se préparer pour l’aquarelle: pour cela on broie les poudres avec de l’eau dans laquelle on a fait dissoudre de la gomme arabique ; lorsque la pâte est bien homogène et d'une consistance voulue, on la met dans les moules que l’on porte ensuite au séchoir. Le pastel se fait en triturant ensemble les poudres avec du tale pulvérisé ou du carbonate de plomb (Céruse), avec une eau gommeuse : ou roule la pâte en petits cylindres que l’on fait sécher à l'air. J.-A. MEUNIER. (A suivre.) Uu insecete nuistble à la betterave (S#pha opaca Tinn.) PAR M. E. SAVARD Betterave, (beta vulgaris, Linn.). Jusque vers la fin du siècle dernier, ia Betterave n'a été pour la France, qu'une racine potagère d'un ordre secondaire ; mais depuis son application à la nourriture du bétail, puis plus tard, à la fabrication du sucre, on en fait une plante agricole de premier ordre. Dans l’origine, la seule variété cultivée en grand et qui l’est encore aujourd'hui plus qu'aucune autre, a été la Betterave cham- pèêtre, appelée aussi Disette et Betterave sur terre parce que son collet s'élève au-dessus du sol quelquefois de presque la moitié de sa longueur. La betterave demande une terre saine, bien préparée, et qui ait été fumée, pour le mieux, avant l'hiver. On sème de la fin de mars en mai, quelquefois à la volée, Le plus souvent en lignes distantes de 0 m.40 au moins si l’on doit faconner à la binette à main, ou de 0 m. 65 environ si ce doit être avec la houe à cheval; les plantes de O0 m. 30 de distance. 40 sur le rang. On met 2 ou 3 graines à chaque place, pour BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 23 ne laisser ensuite que le meilleur plant.(Les semeurs mettent presque toujours plus de trois graines, ce qu'il faut tâcher d'éviter, car c’est un grand inconvénient.) Dès que les feuil- les ont un peu de consistance, on procède à l'éclaircissage, qui est suivi immédiatement d'un binage complet. Cette fa- çon est la plus importante et veut être faite avec soin. Les bi- nages et sarclages subséquents sont beaucoup plus faciles ; mais il est essentiel de les donner à point et de ne pas laisser les mauvaises herbes s’enforcir ni la terre se croûter. On doit éviter de butter, surtout dans la jeunesse des plantes. La betterave peut aussi être semée en pépinière, et replan- tée ensuite à demeure dans les champs. Cette méthode, recommandée par Mathieu de Dombasle, est aujourd'hui pratiquée par beaucoup de cultivateurs et tend à faire des progrès. Pour y réussir, il est essentiel de soigner sa pépi- nière de manière à obtenir du plant vigoureux, et de ne mettre celui-ci en place que lorsqu'il est déjà d’une certaine force et que les racines ont au moins la grosseur d'un fort tuyau de plume. Le plant doit être bien appuyé; l'extrémité de la racine ne doit pas être recourbée au fond du trou. Pour évi- ter cet inconvénient, on a donné à la Société centrale d'agri- culture un très bon mémoire sur cette culture, qui conseille le retranchement du pivot avec l’ongle : on le pratique depuis plusieurs années, et des expériences comparatives ont dé- montré qu'il n’en résultait aucun désavantage. Sur la fin de l'été, quand les betteraves ont acquis à peu près tout leur développement, on récolte les feuilles successivement en ne prenant que celles du bas, laissant toujaurs un bouquet bien fourni au centre ; l’effeuillage un peu forcé nuirait beaucoup au grossissement des racines. Ce n’est que dans les jours qui précédent l’arrachage que l’on peut récolter les feuilles en masse si l’on en a besoin pour les vaches. Alors on coupe le collet un peu au-dessous de l'insertion des premières feuil- les. Si cette opération n'a pas été faite sur pied, on y procède à mesure de l’arrachage, qui a lieu d'octobre à novembre, avant les fortes gelées. Après avoir laissé ressuyer les racines, 24 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE on les serre dans un lieu sain, ou dans une fosse ou des tranchées garnies et recouvertes de grandes pailles, et que l’on défend le mieux possible contre la gelée et l'humidité. Le semis en lignes emploie environ 3 kilog. de graines par hectare, celuià la volée 4 à 5 ; si l’on doit transplanter, ? kilog. à 2 kilog. et demi de graine fourniront le plant nécessaire pourun hectare, en comptant sur le pied de 4 à 500 grammes de graine par are de pépinière et de 5 ares de pépinière par hec- tare de plantation. La betterave, qui nous est si utile et que les fabricants de sucre mettent aujourd'hui en grand intérêt à obtenir äes meilleures races possibles de cette plante, est exposée aux atteintes des insectes; car, parmi les coléop- tères il existe une tribu qui, sans présenter les caractères homogènes des Scarabéiens, des Carabiens et autres, ont cependant un aspect par- ticulier et divers caractères qui ne permettent pas de les confondre. Nous n'avons à décrire dans cette tribu qu'un insecte de la famille des Silphides, peu nombreuse du reste en espèces, peu nom- breuse aussi en genres. Le genre Sitphe est le type de la famille des Silphides. On en connaît une cinquantaine d'espèces, la plupart européen- nes, le plus souvent de couleur noire, vivant sur des cadavres d'animaux ; on les rencontre fréquemment aussi courant par les chemins secs et arides. Le Silphe obscur est Le plus com- mun du genre ; il est long de 6 à Slignes, d'un noir obscur, finement ponctué avec trois côtes et une petite bosse sur les élytres. La larve de cette espèce se rencontre communément dans notre pays; elle est noire, fortement aplatie, brillante, avec la tête arrondie et tous les anneaux du corps très distincts, ayant leurs angles postérieurs très aigus. Le deuxième an- Fig. 2.— Silpha opaca grossi. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 25 neau supporte une paire de petits prolongements coniques. Cette larve court avec beaucoup de vitesse, de mème que toutes celles des Silphes, et les différences qui existent entre les différents genres de larves sont très légères et consistent surtout dans la forme plus ou moins large ou plus ou moins étroite de leur corps. Dans une de mes chasses, fin juillet, à Saint-Germain-en- Laye, M. Daniel, cultivateur, me donnait un insecte que jere- connus pourêtre le Si/pha onaca. «T'aï, me ditl, trouvé dans mon champ un insecte nuisible à la Betterave : dans la durée de 8 jours, j'en ai ramassé la contenance d'un litre et quel- que tempsaprès jen’en rencontrais que fort peu. » 11 y a trois ans M. Daniel l'avait remarqué, mais en si petite quantité qu'il n'y fitpas attention parce que l'année suivante, il ne l'avait pas revu. Quand cet insecte, qui n’attaque que les feuilles de la betterave sans toucher à la racine, se montre au mo- ment de la levée, ses ravages sont considérables: des champs ont été entièrement dévorés. Cet insecte a déjà été observé plusieurs fois ; il appartient à une espèce du genre Silphe qui dévore les jeunes feuilles des plantes et qui a été déjà signalée en Allemagne, en Suède et enfin en France, où elle s'attaque aux folioles des betteraves qui viennent de lever. Les jeunes feuilles attaquées par le Silpha opaca, ainsi que tous les très jeunes organismes des plantes, sont très riches en matières azotées et se rappro- chent ainsi, jusqu'à un certain point, de la composition des matières animales. Les Silphes sont en général carnassiers, mais l'espèce dé- signée sous le nom de S#/pha opaca mange les jeunes feuilles de betteraves et d'autres végétaux. Comme moyen de destruction on a recours à l'emploi du rouleau pour détruire les insectes ou au moins atténuer les ravages qu'ils produisent. E. SAVARD. 26 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE Note sur les cocons à œufs des araignées et sur leur usage dans les instruments astronomiques. Les araignées possèdent à la région terminale de l'abdomen plusieurs paires de glandes à soie, terminées par des filières percées d'un grand nombre de trous microscopiques par les- quels sortent des filets de matière visqueuse qui se solidi- fient aussitôt à l'air et forment en s’accolant des fils de gros- seur variable. De ces fils soyeux les uns servent à la chasse des insectes, soil sous forme de toiles variées, soit en en:açant les victimes sur lesquelles s’est jetée l'araignée ; d’autres, pro- duits par des filières spéciales, servent à faire des cocons dans lesquels sont pondus les œufs et où naissent les jeunes arai- gnées. Quelques espèces appartenant aux Lycoses ou araignées vagabondes, portentces cocons à œufs attachés sous le ventre et courent avec Le fardeau de leur progéniture ; les petits grim- pent après leur éclosion sur le dos de la mère. En général les cocons à œufs restent déposés à poste fixe en diverses places. A la dernière Exposition âes insectes, M. Léon Ragon, a pré- senté des cocons à œufs, d'une espèce qu'il appelle Araignée sérigène (voir Bulletin insect. agricole, 1883, p. 128). Gette arai- gnée est du genre Vephila, Leach, de le tribu des Épéiriens, constituée par des Araignées à gros abdomen qui tendent en- tre les branches de vastes toiles orbiculaires à fils concentri- ques. L'espèce est le Nephila fasciata Olivier ou Nephila Brunnichi Scopoli, l'Épeire fasciée de Walckenaër, la seule espèce européenne du genre, une des plus grandes et des plus belles araignées de notre pays, ayant l'abdomen d'un jaune très vif, relevé par de petites lignes transversales blan- ches et noires. Elle est commune dans le midi de la France et de l'Europe, existant même aux environs de Paris, mais très rare. Son cocon à œufs est suspendu verticalement aux herbes ou aux branchages; de 25 millimètres de longueur en- viron, en forme de ballon ovoïde, tronqué supérieurement à son petit bout, qui est fermé par un opercule, extérieure- BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 27 ment garni de taffetas assez solide, panaché de petits traits noirs sur un fond grisâtre, simulant un peu un petit melon. M. J. Fallou a fait voir à la Société plusieurs de ces beaux co- cons, qu'il a recueillis sur les côteaux boisés qui font face à la mer entre Cannes et le golfe Juan (Alpes-Maritimes), et qui se trouvent le plus souvent dans les touffes de bruyères. Le genre Epeira, Walckenaër, proprement dit a, au con- traire, de nombreuses espèces en France. La plus connue, dite Araignée des jardins, Porte-Croix, Croir de saint Denis, redoutée avec raison des apiculteurs, tend ses vastes toiles daps les ailées des jardins et aussi entre les arbustes d'agré- ment et fruitiers. Cette Épéire diadème (Epeira diadema) est extrèmement commune en France, dans les jardins de Paris même. Sa couleur est le jaune très varié, plus ou moins gri- sâtre, ou rongeâtre ou noirâtre, avec l'abdomen orné en long et en son milieu de petites taches blanches disposées en croix. Elle à tout son développement au mois de septembre et pond en octobre un grand nombre de gros œufs, sphéroïdes et jaunà- tres, entourés d’un cocon aplati, àcontour circulaire, fait par une bourre de soie épaisse, serrée et d'une couleur jaune d'or. Ce cocon où les œufs passent l'hiver est placé sous une pierre ou un toit, sous Le rebord d'un pot à fleurs, dans un trou de mur bien abrité, ete. Ce cocon, plongé dans l’eau bouillante saturée de gomme et de savon, se dévide facilement et donne une soie pelucheuse d’un jaune doré. Les fils des cocons à œufs des araignées, notamment ceux de l'Épeire diadème ou grosse araignée des jardins, sont beau- coup plus fins que ceux du cocon du ver à soie et ont reçu un usage scientifique fort important, inconnu à la plupart des entomologistes. Dans les instruments astronomiques, lu- nettes ou télescopes, l'astre observé, le plus généralement une étoile, vient former son image dans le plan focal de l’ob- jectif. Dans ce plan, sur un châssis de cuivre, on tend deux fils de cocon d’araignée, l’un horizontal, l’autre vertical, dont le croisement diffère aussi peu que possible d'un point géo- métrique. La ligne qui joint ce point au centre optique de 28 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE l'objectif est ce que les astronomes appellent l’axe optique de leur instrument. Dans la pratique on met plusieurs fils horizontaux et verticaux, parce que le passage de lastre à un seul croisement serait insuffisant pour constituer une obser- vation précise. Le fil idéal qui occuperaït la position moyenne des fils verticaux par son intersection avec le fil idéal moyen des fils horizontaux remplace le point de croisement de deux fils isolés. Dans les instruments méridiens on met, le plus ordi- nairement et au moins, cinq fils verticaux et un fil horizontal. Tous ces fils sont fixés sur un châssis immobile; mais, pour certaines observations, telles que détermination de dia- mètre apparent de planète ou de comète, distance d'étoiles doubles, position d'étoiles circumpolaires dont le mouvement apparent est trop lent pour qu'on ait le temps d'attendre leurs passages successifs aux fils fixes, on a besoin de fils d'araignée mobiles au moyen d'une vis micrométrique. A cet effet, un second châssis, glissant sur le premier qui est fixe, porte un ou plusieurs fils, soit horizontaux, soit verticaux, etest entraîné par le mouvement de la vis. Les fils de chaque châssis sont placés sur les faces conjointes, de sorte que les uns comme les autres sont sensiblement dans le plan focal de l'objectif, sans toutefois qu'il y ait contact entre eux et par suite rupture. Cette condition au reste est difficile à bien réaliser par le constructeur. Un simple grain de poussière in- terposé les casse. Par ce moyen on comprend qu'on puisse enfermer entre deux fils parallèles, l'un fixe, l’autre mobile, la distance qu'on veut évaluer. Ces doubles fils servent surtout dans les instru- ments équatoriaux. Les microscopes micrométriques, en usage pour évaluer la seconde d'arc sur les cercles divisés, sont aussi munis de fils de cocon d'araignée portés par un châssis mo- bile au moyen d'une vis micrométrique. Il y à des réticules de lunettes qui comportent jusqu'à 16 fils verticaux fixes et un mobile, en tout 17, et 6 fils horizontaux mobiles et 3 fixes, en tout 26 fils d’araignée, chacun de 14 centimètres de long. (La RÉDACTION.) BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 24 Société centrale d’apiculture et d’insectologie. Séance du 19 décembre. -— PRÉSIDENCE DE M. MAURICE GIRARD Le Procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. E. Savard présente des Si/pha opaca (Goléoptères) qui ont dévoré des betteraves à Saint-Germain-en-Laye, au bas du côteau, près du Pecq. Il donnera une note détaillée sur ce sujet intéressant. M. Maurice Girard, annonce une note sur les cocons à œufs des Araignées et leur usage pour les appareils astronomiques. M. A. Meunier, offre de donner pour le Bulletin le cours des produits tirés des Insectes, les moyens de se les procurer et le cours des produits insecticides. — Accepté, avec remer- ciements de la Société. Le Président, prie M. J. Fallou, de vouloir bien donner pour le Bulletin une note sur les éducations d'Affacus Pernyi quil a faites en 1883 dans la forêt de Sénart. Ouvrages offerts, avec remerciements de la Société: Compte rendu sur une éducation de l’Affacus Pernyi, par M. Fallou; sur un Lépidoptère hétérocère séricigène, par le même; note sur diverses variétés de lépidoptères, par le même; remar- ques sur les mœurs dela Superda scalaris Linn., observée à Champrosay, par le même. Bors points instructifs, séries 5 et 4, édités par la maison Hachette. M. Desobry, présente pour faire partie de la Société, M. Guil- lot, employé de commerce. Le secrétaire général présente M. Gambier, instituteur à Boulogne-sur-Seine. L'admission de ces membres est prononcée. La séance est ensuite levée. Pour extrait : le Secrélaire : DELINOTTE. La Couleuvre Vipérine (7ropidonotus viperinus, Schlegel.) PAR M. E. LESUEUR. Cette Couleuvre est ainsi dénommée, d’après sa grande res- semblance avec la Vipère. Comme dans cette dernière, une 30 BULLETIN D'INSECFOLOGIE AGRICOLE petite chaîne en zig-zag se trouve sur toute la longueur du dos, qui est de nuance fauve claire; entre chaque dentelure sur les côtés, existe une tache ronde, d'un marron foncé, ayant un point clair. La conformation de la tête est petite et légèrement arrondie, elle est recouverte par 9 plaques, le ventre est garni par 172 plaques transversales et de l'anus à la pointe de la queue, qui est très effilée, par 46 plaques doubles. Le ventre est marqueté de taches blanches et noires, comme celui de la couleuvre à collier ; la longueur du serpent est de 60 centimètres. C'est une espèce méridionale, qui ne se trouve pas au-dessus de Fontainebleau. Je ne puis rien dire sur ses mœurs et sà reproduction, n'ayant pu jusqu’à présent en posséder de vi- vantes. Ilsemblerait à l'aspect que la Couleuvre Vipérine, est le pro- duit d'un croisement de la Vipère avec la Couleuvre à coilier; les taches du ventre ont des analogies: il en est de même en plusieurs points de la Couleuvre lisse : 1° elle est vivipare, 2° sa tête est aplatie et l’encolure effilée ; 3° la manière de s’enrouler et de tenir sa tête en défense, c'est-à-dire repliée sur elle-même. D'après tous ces points de ressemblances éta- blis, on serait ports à croire, que la Couleuvre Vipérine, ainsi que la Couleuvre lisse, sont des croisements vipérins. La den- tition, les crochets et la glande à venin de la Vipère sont une incontestable différence. (À suivre.) E. LESUEUR. (Reproduction réservée.) Puissance musculaire des insectes Par M. Jures Rouaxer. L'observateur qui étudie pour la première fois le monde des insectes est frappé de la puissance musculaire que pos- sèdent ces petits êtres. La nature semble avoir été pareimo- nieuse, sous ce rapport, envers les grands animaux, alors BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 31 qu'elle s'est montrée prodigue pour les plus petits, et plu- sieurs auteurs, attendris devant l’œuvre admirable de la na- ture, ont vu dans cette disproportion, comme une compen- sation à l’exiguïté de la taille et à l'infériorité des espèces. Il est vrai de dire qu'un premier calcul, fondé sur des expé- riences nombreuses et appuyé sur l'autorité de savants tels que Plateau, de Lucy et tant d'autres, a conduit à des résul- Lats surprenants, à des chiffres qu'on peut qualifier de formi- dables. Les études de Straus-Durkheiïm sur l'anatomie du han- neton, celles de Lyonnet sur l'anatomie de la chenille du saule, furent une révélation sur ce sujet. Plateau, par ses re- cherches, acheva de dévoiler la puissance de l'énergie des insectes, et ces petits êtres, qui avaient longtemps été regar- dés comme déshérités, apparurent sous un jour nouveau, menacèrent même de ternir l’auréole de roi que l’homme revendiqua de tout temps pour sa tête. L'amour-propre de l'espèce humaine fut singulièrement atteint par cette décou- verte : l’homme plus faible que la puce. Ceci avait bien l'air d'un paradoxe. Cependant cette consé- quence était tirée de l'observation directe et du calcul minu- tieux d'hommes compétents ; elle découlait d'expériences en tous points conformes aux lois de la méthode scientifique. Socrate, le premier, et c'est Aristophane qui nous le raconte, remarqua qu'une puce avait sauté de son crâne sur les sourcils de son disciple Chérophon. L'idée lui vint alors de mesurer l'amplitude de ce saut. S'étant emparé de l’in- sécte agile, il chaussa ses pattes de derrière avec de la cire et put évaluer par ce moyen la distance parcourue. Plus tard cette curieuse question a été reprise et il est démontré que la puce qui saute se porte à deux cents fois sa longueur. Si maintenant nous comparons le poids de la puce à celui du cheval, par exemple, et que nous supposions à notre coursier une puissance musculaire proportionnelle à celle de l’insecte, il semblerait que le cheval devrait, d’un bond pro- digieux, franchir les plus hautes montagnes du globe. La différence des masses empêche tout à fait cette comparaison. 32 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Continuons les rapprochements et notre surprise augmen- lera. Les fourmis font sur un terrain uni 0",04 par seconde. L'homme, à puissance égale, devrait parcourir huit lieues à l'heure, s’il n’y avait la question des masses. Certains insectes volent avec une grande rapidité : Les taons suivent et dépassent les meilleurs chevaux lancés au galop; les libellules peuvent accompagner un train lancé à toute va- peur. Si l'homme était doué d'une vitesse proportionnelle à sa taille et à selle de ces insectes, il ferait six lieues à la minute, soixante fois plus de chemin qu'un train express, toujours si on ne tient pas compte des masses. Une petite bête aux couleurs métalliques, la donacie, traîne près de cent fois son poids. A ce compte nous devrions jon- gler avec des poids de 6.090 kilos et le cheval traînerait une charge de 30.000 kilos, sauf la question de masse. Encore un exemple frappant. Les termites ou fourmis blanches se construisent des terriers solides composés de parcelles de bois agglutinées avec une matière gommeuse qu'elles secrètent. Ces nids ent mille fois la longueur de leurs maccns. Nous devrions done avoir des monuments hauts de 1.500 mètres. L'énormité de tous ces chiffres nous étonne à bon droit et nous songeons, en écoutant ces conclusions étranges, aux merveilles que nous pourrions construire si nous étions doués d'une telle énergie ou si nous pouvions asservir à notre usage des animaux ayant une force proportionnée à celle des moindres insectes. Pour si merveilleux qu'ils paraissent, ces résultats semblaient définitivement acquis et, en présence de ces calculs amenés logiquement par des expériences irréprochables, on en venait presque à con- clure à la supériorité de l'insecte sur l'homme. (A suivre.) JULES ROUANET. LIDIL DD LIS Dot esesereitass Le Gérant : H. HAMET. imp. de la Soc. de Typ. NoizeTre, 8, r. Campagne-Première. Paris. N° 3. NEUVIÈME ANNÉE Mars 1884 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE. — Insectologie industrielle. Les cochenilles tinctoriales et leurs produits, par J.-A. MEUNIER (fin). — Puissance musculaire des insectes, par M. J. ROUANET (fin). — Société centrale d'apicuiture et d'insectologie, séance de janvier 1884. — Le chalicodome des murailles, par M. J. KUNCKEL D'HERCULAIS. — Les phalènes. — L'altise de la jus- quiame, par M. E. SavaRD. PRPPIRI INSECTOLOGIE INDUSTRIELLE Les cochenilles tinctoriales et leurs produits PAR M. J.-A. MEUNIER (Suite et fin.) Un autre produit de la cochenille, est la Laque carminée : on l’obtient en faisant bouillir des cochenilles pulvérisées dans une faible dissolution de carbonate de soude et en précipi- tant avec l’alun comme pour le carmin ; quelquefois on em- ploie les résidus de cochenille ou ceux qui restent sur le filtre lorsqu'on à fait du carmin fin. La laque carminée s'em- ploie aux mêmes usages que le carmin, mais en donnant une nuance tirant légèrement sur le violet ; on la trouve quelque- fois, dans le commerce, sophistiquée avec du bois de Brésil que l’on à mis dans la dissolution de carminate de soude. Dans la confiserie et dans la distillerie on emploie un car- min d'une consistance de sirop ; on le prépare en faisant un mélange de : carmin, 120 grammes, ammoniaque, 30grammes et sirop simple, 3 litres. On l’obtient plus liquide en faisant bouillir ensemble 30 grammes de cochenilles avec 30grammes de bitartrate de potasse (Crème de tartre) dans 250 grammes d'eau et en ajoutant dans la liqueur chaude 30 gram- mes de sous-carbonate de potasse (Se/ de tartre) et 30 gram- ex 1) 34 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE mes d'alun ; on passe et on conserve la liqueur dans des flacons bien bouchés. On emploie aussi un autre carmin, dit carmin végétal, en pâte ; mais il a besoin d’être préparé avec beaucoup de soins, voici sa préparation d'après M. Guillon : BOIS Aer BTÉSN ETES PSS Eee 500 gr. CGochenilles pulvérisées.::.::.1.. 440141 16 » Alun et sel ammoniac. . . . . . . ... 24 » Chlorure de sodium (se de cuisine). . . 125 5 Acide.azotique: 440: ne 1. ete) el ailta à 440 » Étain: incisést. 0 M PORTRAIT On fait la décoction du bois et de la cochenille, on ajoute les sels et la dissolution d'étain, on agite, on laisse reposer, on décante et on lave le dépôt jusqu'à ce que l’eau de lavage ne réagisse plus sur le papier de tournesol, et on conserve dans des pots de faïence ou des flacons à large ouverture en recouvrant la surface de la pâte d'une légère couche d'al- cool. C'est ce carmin qui sert dans La charcuterie, dans la £on- fiserie commune, pour teindre la chapelure, etc. On se sert aussi, très souvent, sous le nom d'encre Carmi- née, d'un liquide que l’on prépare de différentes manières dont voici les deux plus simples, el qui produisent la meilleure encre : 1° On fait dissoudre du carmin dans l’ammoniaque, on laisse évaporer l'excès d’alcali et on ajoute dans la dissolu- tion un peu de gomme arabique ; 2° En suspendant dans une décoction de cochenilles, additionnée d’un peu de crème de tartre, un morceau d’alun pur qu'on ne retire que lorsque la liqueur a acquis le degré d'intensité que l’on désire. Nous avons dit plus haut qu'en teinture on employait la cochenille à l’état d'insecte ; on emploie aussi, pour teindre en rose sur soie et sur laine, un produit que l’on trouve tout pré- paré chez le droguiste, c’est la cochenille ammoniacale, que l’on obtient en faisant un mélange de cochenilles réduites en poudre et d'ammoniaque liquide, au bout de vingt-quatre heures, lorsque la matière forme pâte, on la renferme à l'abri BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 39 du contact de l'air où elle se dessèche, pour la dissoudre en- suite dans l'eau selon les besoins. Nous ne pouvons donner la formule de tous les produits fa- briqués à base de cochenille, cependant nous allons, pour plaire à nos jeunes lectrices, donner celles de différents ob- jets de toilette en commençant par le fard que l'on peut facilement faire chez soi, en faisant un mélange intime de sous-azotate de bismuth et de carmin fin, ou, plus communé- ment en mélant du carmin soit avec de la poudre de riz, soit avec du tale pulvérisé. L'électuaire dentifrice ou pâte pour les dents, d'après le Codex, est un mélange de corail rouge, d'os de sèche, de can- nelle, de cochenille, d'alun et de miel blanc, auquel on ajoute quelques gouttes d’une huile volatile. On obtient une bonne poudre dentifrice en triturant ensem- ble 30 centigrammes de carmin avec 120 grammes de tale, 30 grammes de crème de tartre et 15 gouttes d'essence de men- the. On peut aussi la préparer par le mélange de 150 gram- mes de tartre acidule de potasse, 10 grammes d’alun calciné, 8 grammes de cochenilles pulvérisées et 20 gouttes d'essence de citron. Enfin l’Opiat, pour les gercures des lèvres, en fondant au bain-marie 100 grammes d'huile d'amande douce, 50 gram- mes de cire blanche, 50 centigrammes d'essence de rose et 75 centigrammes de carmin fin. Aujourd'hui, la cochenille et le carmin ne sont plus em- ployés dans la médecine, que pour colorer les pommades, on- guents, liqueurs, etc. En Allemagne, on emploie, dit-on, la cochenille à la dose de 10 grammes dans 90 grammes de su- cre fondu dans un véhicule approprié contre la coqueluche. Nous allons, maintenant, dire quelques mots sur l'emploi de la cochenille en teinture ; on s'en sert généralement pour teindre la soie et la laine (1) en rouge cramoïsi, en écarlate ou en rouge groseille, souvent on la mêle à d’autres couleurs 4. Sur coton, on n’emploie la cochenille que pour impression. 36 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE pour en varier les nuances; le rose et les couleurs mauves s'obtiennent avec la cochenille ammoniacale. Pour teindre, comme la cochenille n’est pas une teinture, mais seulement une couleur, on est obligé de mordancer, sait la cuve, soit le lissu ; généralement en mordance avec le chlorure d’étain pour le cramoisi fin, avec le bitartrate de po- tasse pour obtenir l’écarlate, et l’alun pour la nuance gro- seille. Malheureusement l’eau, la rouille, tachent ces nuances, les alcalis les rendent violettes (1). Ces dernières taches peu- vent s’enlever de l’écarlate avec l'acide citrique. C'est aussi avec la cochenille que l’on teint le maroquin en rouge eten violet. Pour cela, les peaux sont cousues deux par deux, la chair en dedans, puis elle sont passées successi- vement dans un bain de chlorure d'étain et dans un bain de cochenille ; pour avoir le violet, ou pratique la même opéra- tion sur les peaux bleues, l'opération terminée on les tanne avec le Sumnac. Nous ne nous étendrons pas d'avantage sur l’art du teintu- rier, mais nous y viendrerons en parlant de la cochenille laque et de différents Kermès. J.-A. MEUNIER. Puissance musculaire des insectes PAR M. JULES ROUANET. (Suite et fin.) Aujourd'hui nous revenons un peu sur ces conclusions hu- miliantes pour notre orgueilleuse nature. Le scalpel et la loupe à la main, aidés de nos micromètres et de nos chronomètres, nous reprenons les observations et nous cherchons à ces anomalies une explication logique et raisonnée. 1. Depuis quelques années, les couleurs d'aniline s'emploient avec succès ; mais si elles n’ont jamais produit de couleurs aussi vives et aussi fraiches, sauf pour le violet, elles ont l'avantage d'offrir moins de difficultés dans Jeurs applications et aussi d'être plus solides et surtout de beaucoup meil- leur marché, BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 37 Il ne suffit pas, en effet, de comparer la force musculaire déployée au poids, à la taille ou au volume de l'animal. C'est surtout la massequ'il faut considérer et non pas seulement un de ses éléments variabies. Le travail étant toujours pro- portionnel à la masse, l’homme qui saute un obstacle de 60 centimètres effectue un travail supérieur à celui de la puce exécutant un saut d'égale hauteur. Et quand on aura pris en considération la masse, ne faudra-t-il pas encore te- nir compte du temps nécessaire à l'insecte pour produire le travail ? Rationnellement on peut admettre que lorsqu'une fibre musculaire quelconque est appliquée à un effort, le chemin parcouru par le poids est proportionnel à la longueur de la fibre ; mais que sila puissance de l'effort augmente, l'exten- sion diminue, ce qui fait que plus l'animal est petit, plus il développe de grands efforts, perdant en vitesse ce qu'il gagne en force. A l'appui de ces argumentations destinées à contrôler les résultats acceptés jusqu'à ce jour, un savant belge, M. Del- beuf, met en présence deux hommes, un nain et un géant, l’un pesant 13 grammes avec une taille de 0", 10, l’autre pe- sant 13.000 kilos et mesurant 10 mètres. Le géant soulèvera un poids de 10.000 kilos, le nain de- vrait mathématiquement ne soulever que 10 grammes. L’ex- périence prouve au contraire qu'il porte à ses épaules un poids de 1 kilogramme, soit 75 fois son poids. Cela parce que la distance de l'épaule au sol est plus petite pour lui et que ce qu'il a de moins en distance, il le gagne en poids. Le nain sautera des obstacles d'un mètre; le colosse de- vrait franchir une barrière de 100 mètres. Pas du tout, 5 ou 6 mètres au plus seront assez pour lui, et, si nous compa- Tons Sa masse à celle de son petit émule, nous trouverons que, tout bien calculé, ils ont élevé leur centre de gravité à des hauteurs égales. Dans tous les exercices qu'ils feront ensemble, le lillipu- tien semblera avoir l'avantage ; maïs si on tient bien compte 98 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE de la masse ébranlée et des chemins parcourus, on verra clairement que leurs puissances musculaires sont à peu près égales. Il faudra donc changer les conclusions qui se déduisent des comparaisons précédentes et compléter les mesures, les modifier en introduisant, dans l'évaluation des énergies, tous les éléments nécessaires. On verra alors que la nature ne nous a pas été maràtre et que, sous le rapport de la force muscu- laire relative à sa taille, l’homme n'est pas indigne de la place que sa vanité et son orgueil n’ont jamais manqué de lui assigner dans l'échelle zoologique. JULES ROUANET. Société centrale d’apiculture et d’'insectologie. Séance du 16 janvier 1884. — Présidence de M. Maurice Girard. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le secrétaire général fait part des dégâts que des renards ont occasionnés dans le rucher du parc de Montsouris, dans la nuit du 13 au 14 courant. M. Ramé présente une note biographique sur notre regretté collègue M. Millet qui sera publiée. M. Hamet entretient ensuite l'assemblée d'ouvrières pon- deuses en présence d’une abeille mère en bonnes conditions ; il fait quelques remarques sur la parthénogénèse, M. Mau- rice Girard ajoute que la parthénogénèse ne saurait être niée : elle existe chez plus de trente espèces d'insectes. — M. Savard communique une note sur les Si/pha opaca dont l'in- sertion au Bulletin est demandée. — M. J. Fallou annonce une note prochaine sur le ver à soie du chêne de la Chine, élevé dans la forêt de Sénart. — M. Maurice Girard lit un mémoire sur les cocons à œufs des araignées et leur usage pour les instru- ments astronomiques {V. Bulletin p. 26). —M. Lesueur pré- sente des œufs du lézard des murailles (Lacerta muralis) en comparaison avec les œufs du Lacerta viridis que montre M, J. Fallou. * ds Élèi < BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 39 M. Hæpli. de Milan, offre à La Société un exemplaire de son catalogue n° 17 sur l’entomologie. Remerciements. On procède au renouvellement des membres sortants du bureau et du conseil d'administration. Doivent être renouve- lés : le président, M. Marmottan, ancien député de la Seine, maire du XVI° arrondissement. M. Henricy, vice-président démissionnaire ; MM. Delinotte et Malessard, secrétaires des séances, et comme membres du conseil d'administration, MM. Saint-Pée, Vienney et Bailly, décédé. M. Marmottan est réélu président; M. Malessard est élu vice-président en remplacement de M. Henricy ; M. Delinotte est réélu 1° se- crétaire des séances; M. Fournier est élu 2° secrétaire des séances. Sont réélus membres du conseil d'administration, MM. Saint-Pée et Vienney ; est élu M. Asset en remplacement de M. Bailly; Le bureau se compose donc, pour 1884, de MM. le D'Marmottan, président ; Vignole, assesseur ; Maurice Girard et Malessard, vice-présidents ; Hamet, secrétaire géné- ral; Delinotte et A. Fournier, secrétaires des séances ; Sigaut, trésorier ; Pillain, archiviste. M. J. Fallou est nommé vice-président de la section d'insec- tologie, en remplacement de M. Millet, décédé, et M. Ramé est nommé secrétaire adjoint de la section de sériciculture. La séance est ensuite levée. Pour extrait: DELINOTTE, secrétaire. Le ehalicodome des murailles. PAR M. J. K:NCKEL D'HERCUIAIS. Les chalicodomes (1) sont des Hyménoptères de l'Europe. On en compte trois espèces en France. Caractères. Les mandibules portent quatre carènes et qua- tre dents ; les palpes maxillaires comptent deux articles ; la langue ou lèvre inférieure, très longue, est accompagnée de palpes de deux articles. Les ocelles sont disposés en ligne courbe. Les antennes des mâles sont un peu plus longues 1, D'un mot grec qui signifie maison en cailloutage, / 40 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE que celles des femelles. — Les ailes ont une cellule radiale ar- rondie à son extrémité portantun commencement d'appendice. — Les tarses sont terminés par des crochets simples chez les femelles et bifides chez les mâles. — L’anus a son bord postérieur dentelé en scie. Maœurs, habitudes, régime. — Après qu’au mois de mai, les Abeilles (fig. 3) sont sorties de leur nid par un trou arrondi et se sont accouplées en voltigeant et en bourdonnant, la femelle commence à construire; elle met alors en jeu ses dispositions naturelles pour la maçonnerie, car ses demeures sont fixées contre les pierres ou les cailloux roulés. contre les parois extérieures solides des maisons qui ne sont recouvertes d'aucun enduit, jamais sur des parois argileuses comme en choisit l'hirondelle domestique pour y établir son nid; ou bien sous les tuiles qui font saillie au bord d’un toit ; ou bien encore autour des branches d'arbre. Les matériaux de construction consistent en grains de sable fins reliés si fermement à l’aide de la salive, qu'il faut employer une cer- taine force et se servir d'un instrument pointu fortement trempé lorsqu'on veut ouvrir une cellule. Dans une petite excavation quelconque, que l'abeille découvre parmi ces pierres, sans longues recherches, elle construit dans le plus bref délai une cellule, qui se tient debout, et dont la forme est celle d'un dé à coudre, un peu rétréci en haut. A l’intérieur la cellule est polie ; à l'extérieur, elle est ru- gueuse, et l’on peut distinguer les grains de sable. Sitôt que la cellule est avancée au point de se rétrécir vers le haut, elle est remplie d'une pâtée de miel, et pourvue d'un œuf; alors, aussi rapidement que possible, elle est fermée par un cou- vercle qui répond exactement au plancher, et son aspect rap- pelle la chrysalide d’un papillon. Cette mesure de sûreté doit être exécutée le plus vite possible, car de nombreux essaims sont aux aguets, méditant quelque mauvais coup. A côté de la permière cellule, s'en élève une seconde dont la paroi postérieure se trouve dans l'angle formé par le mur BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 41 et la paroi de la première cellule. Ainsi s'édifie, peu à peu, une réunion de cellules plus ou moins nombreuses, tantôt accotées, tantôt superposées et disposées sans ordre, tantôt parallèlement entre elles, et tantôt obliquement. Leur nom- bre dépend de la saison, des dérangements variés auxquels la femelle architecte est exposée. Elle n’a point de foyer pour elle-même, la place libre où elle accote ses cellules ne lui offre aucun abri. En général on ne trouve jamais plus de dix cellules réunies. Leur surface extérieure ondulée est po- lie grossièrement, de sorte qu'à la fin le nid ressemble, à s'y méprendre, à ces pelottes de boue que les enfants jettent contre les murs, et qui se sont séchées. EE D. 2 EAESS ; Une seule femelle suffit pour édifier ces groupes de cellules, qui sont terminées au commencement de juillet, quand l’ar- chitecte disparaît. A d’autres places, dans le voisinage, travail- lent d'autres abeilles, car on rencontre ces « enduits » en grand nombre... Mais ces abeilles n’ont aucun instinct d’as- sociation; d'après Réaumur, au contraire, elles seraient en hostilité fréquente. : La larve, dont l’aspect ne présente rien de particulier, croît rapidement, se tisse une coque transparente, devient nym- 42 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE phe, puis abeille, mais à des époques différentes. Elles appa- raissent au commencement de juillet. Sur la figure 3, les trous arrondis de la partie supérieure re- présentent les orifices de sortie forés par les abeïlles écloses ; à la partie inférieure est représenté le nid brisé pour montrer à découvert les cellules isolées, ainsi qu'une larve et les im- mondices qu'elle laisse après elle (1). J. KUNCKEI, D’'HERCUIAIS. Les Phalènes Linné désignait primitivement sous le nom de Phalènespres- que tous les lépidoptères nocturnes: aujourd'hui on a formé une famille (Phalénides) des lépidoptères qui ont pour carac- tères principaux : un corps grêle, des ailes grandes relativement au corps, d'une consistance délicate, toujours dépourvues de ces taches plus ou moins réniformes appelées {aches ordinai- res que l’on voit chez presque tous les lépidoptères nocturnes de la famille des Noctuélides; une tête assez petite munie d'antennes le plus souvent filiformes, quelquefois pectinées chez les mâles seulement, une trompe nulle ou très courte. Mais ce qui caractérise surtout celte famille, divisée en un certain nombre de tribus, subdivisées elles-mêmes en une grande quantité de genres, ce sont les chenilles. Il est impos- sible de les confondre avec celles des autres familles à cause de ieur marche bizarre. Les chenilles des autres lépidoptères ont (sauf celles des noctuélides du genre Plusie auxquelles il manque deux paires de pattes membraneuses) trois paires de pattes écailleuses dites vraies pattes parce que ce sont celles qui restent chez le papillon, et cinq paires de pattes membraneuses ou fausses pattes. Celles des phalénides n'ont que deux paires de fausses pat- tes, l’une située au neuvième segment et l’autre au dernier; de sorte qu'elles sont très éloignées des pattes écailleuses. Il 1. Extrait des merveilles de la nature (les Insectes), ainsi que les figures, Paris, J,-B. Baillière et fils, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 43 en résulte que pour avancer elles rapprochent leurs pattes postérieures de leurs antérieures et forment une boucle de la partie médiane de leur corps, puis s'étendent alternati- vement; elles semblent ainsi mesurer la place sur laquelle elles marchent, ce qui leur a fait donner les noms caracté- ristiques d'arpenteuses et de géometres. Elles sont toujours cylindriques, nues et sans épine. Leur attitude pendant le repos est aussi très remarquable: la plupart ont les segments d’une grande rigidité et elles se tiennent raides, immobiles, seulement cramponnées par leurs pattes postérieures au pétiole d'une feuille ou sur une branche. Elles sont souvent de la couleur de ces branches, de sorte qu'il est très facile de les confondre avec; lorsqu'elles sont dérangées elles se laissent tomber, mais en même temps elles sécrétent de la soie et se trouvent préservées de la chute par leur fil, qui leur sert en même temps d'échelle pour remonter d'où elles sont descendues lorsqu'elles jugent le danger passé. Les chenilles des Phalénides vivent peu sur les graminées mais bien sur les arbustes et surtout sur les arbres forestiers qu'elles dépouilient quelquefois de leurs feuilles ; quelques- unes se nourrissent des arbres fruitiers et sont souvent très nuisibles. La transformation en chrysalide se fait presque toujours dans la terre, ou à la surface dans les mousses ou brindilles et dans une sorte de coque plus ou moins lâche formée de soie et de débris de plantes environnantes. Citons en première ligne comme préjudiciable la Phalène hyémale (Lareutia brumata Linné), vilain papillon de vingt- cinq miilimètres d'envergure d'un gris roussâtre avec quelques lignes vagues, festonnées, traversant les ailessupérieures; image vivante de la saison brumeuse pendant laquelle il éclot. En effet c’est pendant les mois de novembre et décembre que l'on voit dans les bois et les jardins voler à la tombée de la nuit, même pendant la gelée, ce lugubre lépidoptère en quête de sa non moins triste femelle pourvue d'imperceptibles moignons 4% BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE d'ailes et ayant plutôt l'aspect d’une araignée que d’un papil- lon. Elle est là sur quelque tronc ou cramponnée à quelque rameau parmi les feuilles roussies, attendant le seul but pour lequel elle est parvenue à l'état parfait: la propagation de son espèce. Aussitôt la fécondation opérée elle dépose ses deux cents cinquante œufs d'un vert clair par petits groupes de quatre à six, à la base des bourgeons. Au mois d'avril ou de mai éclosent les chenillettes sur les arbres des forêts et sur les arbres fruitiers; elles s'introdui- sent dans les bourgeons qu'elles détruisent, puis successive- ment passent aux feuilles et aux fleurs qu'elles rongent après les avoir liées avec des fils de soie pour se cacher dans l’inté- rieur du paquet. Vers la fin de juin elles ont acquis toute leur croissance, qui est de 12 à 15 millimètres ; elles ne sont pas très effilées mais plutôt raccourcies pour des chenilles de géomètres, d'une couleur verte plus ou moins intense et même jaunâtre avec trois lignes blanchâtres de chaque côté de la ligne dorsale qui est d'un vert plus foncé que le reste. Elles entrent en terre à cinq ou six centimètres pour se transformer en chrysalide sans faire de cocon. Lorsque ces chenilles abondent, elles dépouillent complè- tement les arbres de leur feuillage; on peut prévenir leurs ‘ravages à la fin d'octobre ou en novembre en appliquant au pied des arbres fruitiers à l’aide d’un pinceau un cercle de goudron ou de matière résineuse empêchant les femelles de grimper dans les branches. La nature, qui a souvent mis le remède à côté du mal, a créé entre aulres pour diminuer l'abondance de cette chenille un petit hyménoptère ichneumonien, noir, assez luisant, long de trois millimètres, du genre »#crogaster (M. sessiils Spinola). Il pond un œuf sur le corps de sa victime, la larve qui en sort se nourrit de la substance de la chenille, la fait périr et se file à côté d'elle un petit cocon blanc d'où éclot l'insecte parfait au commencement de juin. Une mouche noirâtre rayée de gris appartenant au genre BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 45 Masicera (Tachinaire) altaque également cette chenille et sort de la chrysalide à la place du papillon. (A suivre.) L'Altise de la Jusquiame (Aléica hyoscyami, Linn., sous genre Psylliodes). PAR M. E. SAVARD. Jusquiame (Hyoscyamus niger, Lin. famille des Solanées). LaJusquiame serencontre dans toute l’Europe; elle setrouve sur le bord des chemins, ets’éloigne peu deslieux habités. C'est un poison redoutable; respirées trop longtemps, ses émana- tions produisent la stupeur, des tremblements convulsifs, un assoupissement léthargique, le délire, etc. Vous reconnaissez l'influence fatale de cette plante, à une constriction doulou- reuse de la gorge. Ne croyez pas que ces accidents soient ex- ceptionnels ; ils sont malheureusement trop fréquents ; cette plante dont les graines ont sans doute été semées en Europe par les bohémiens du moyen âge, qui s’en servaient pour leurs sortilèges, aime les lieux incultes, les décombres, et souvent des voyageurs ou des ouvriers fatigués ont subi son influence mortelle en se livrant imprudemment au sommeil dans les lieux occupés par cette plante. Des personnes qui, ayant pris les feuilles de la Jusquiame pour celles du pissen- lit et les ayant mangées en salade, ou qui en ont confondu la racine avec le panais, ont été en proie à un délire furieux : à l'œil hagard, à la respiration gènée, peu à peu succédait la paralysie des membres inférieurs. Si je commence par vous faire le tableau des maux que cette plante sinistre peut causer, c'est pour vous prémunir contre toute tentation de goûter, de froisser même les feuilles, et de la respirer trop fortement, car je vous parle par expé- rience. La plante répand autour d'elle une odeur forte, vi- reuse, désagréable ; sa saveur est nauséabonde. De la famille des Solanées, si féconde en poisons subtils, en 46 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE médicaments efficaces, la Jusquiame noire de nos pays a reçu le nom de yoscyamus niger (À). Elle tire ce nom du goût qu'ont les porcs pour cette plante. Ce genre présente plusieurs espèces : l’une à fleurs blan- ches (4. albus ), qui doit ses propriétés plus actives au cli- mat du midi, mais absolument identiques à celies de la Jus- quiame noire, l’autre (4. Datura), dont les semences, infusées après torréfaction, comme celles du Caféier, procurent aux Arabes et aux Orientaux une boisson délicieuse qui accélère la circulation du sang, aide la digestion, cause une agréable chaleur dans l'estomac, exalte les facultés intellectuglles, stimule enfin tous les organes de l'économie animale. C'est avec cette boisson que les Égyptiens se procurent ces songes heureux qui font oublier un instant les misères d'ici- bas. Une autre espèce à fleurs noirâtres (7. niger), a reçu les noms vulgaires de Jusquiame, Jusquiame noire, potelée, de Hannebane, de Careillade, d'Herbe aux engelures, d'Herbe des morts, d'Herba appotlinaris. Cette plante aime les en- droits pierreux, les champs en friche et surtout les terrains remués. Sa racine pivotante, blanchâtre, bisannuelle, donne naissance à une tige épaisse, raide, haute de quelques déci- mètres, qui étale des rameaux d'un vert pâle; partout elle est couverte de poils mous. A voir ses fruits anguleux, si- nués, à lobes triangulaires, on croirait apercevoir lies feuilles de certains chardons ; mais approchez et touchez-là, et vous sentirez des feuilles molles, douces, mais de ce froid vis- queux, présence certaine d'un poison; celles qui avoisinent la racine ont un long pétiole et s'étalent en rosette, tandis que les caulinaires alternes, dépourvues de pétiole, embras- sent la tige. Les fleurs sont attachées immédiatement à la tige et présentent des grappes courtes d'un même côté, presque roulées en crosse vers le haut. Elles sont d’un jaune sale, en forme d’entonnoir, veinées de pourpre à la gorge et d’un réseau de lignes noirâtres. Le calice est grand, velu, en clo- 1. De deux mots grecs qui signifient fève de pourceau. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 47 che, à cinq lobes aigus et après la floraison ; alors les cinq lobes aigus deviennent presque épineux. On y voit cinq éta- mines insérées sur le tube de la corolle, alternant avec les cinq lobes de celle-ci et inclinant leurs filets. Le style a un stigmate en tête. Le fruit est une capsule operculée, à deux loges ou pyxide, présentant des graines nombreuses, petites, grisâtres, sillonnées de beaucoup de ponctuations. La plante tout entière est d'un aspect repoussant à l'œil : à peine la touche-t-on, qu'on est tenté de la jeter à terre. Son odeur vireuse dénote ses propriétés délétères. La Jusquiame, que nous trouvons souvent sous nos pas, est vénéneuse dans toutes ses parties; on ne peut même la respirer longtemps sans sentir les indices du narcotisme. Ce- pendant, que d'imprudents moissonneurs, harassés de fati- gue, s’endorment dans la cour des fermes en se faisant un oreiller de cette plante douce au toucher! Mais, au réveil, leur tête est lourde, et quelquefois ils sont pris de vertige. Dans le voisinage des habitations, il est pru- dent d’extirper la Jusquiame. Pour tout père de famille qui tremble pour ses enfants, c'est un devoir. Les racines, blanchâtres, grosses comme le doigt, ont un faux air de famille avec les panais de petite espèce et avec celles de la chicorée et donnent lieu à des erreurs funestes ; on à fait des expériences sur des chiens qui ont éprouvé des symptômes d'empoisonnement, sans toutefois y succomber. Je ferai remarquer: 1° ‘que toutes les plantes nuisibles à l'homme ne le sont pas toujours pour les animaux, qui quelquefois les mangent impunément et souvent avec plaisir ; 2 que les racines sont plus vénéneuses dans les climats chauds que dans ceux du Nord ; 3° que comme la plante est bisan- nuelle, sa racine n’a acquis toutes ses propriétés malfaisantes qu'à la seconde année, et les jeunes pousses sont moins re- doutables la première année ; 4° que la plante, à l’état sec, est presque inoffensive ; 5° qu'à l’état cultivé (dans les jardins), elle n’est pas aussi nuisible ; 6° que ses propriétés sont plus développées dans l'été que dans toute autre saison. 43 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Les feuilles et les jeunes pousses sont caractérisées par une odeur fétide, par une saveur mucilagineuse, âcre, qui vous prend à la gorge; mais à l'état de dessication, telles qu'elles se trouvent dans les officines, elles sont inodores et insipides, quelquefois on les a prises pour celles du pissenlit et des accidents graves sont survenus. On à vu aussitôt le malade avoir l'œil hagard, la pupille di- latée, souvent même il en est résulté une paralysie des mem- bres inférieurs. Lessemences sont, de toute la plante, la partie la plus véné- neuse, il en faut peu pour causer l’épilepsie et même la mort. L'empoisonnement par la Jusquiame présente les symptô- mes suivants, par gradation, d'après la dose absorbée. Le sujet est pris de vertige subit, et comme un maniaque, il fait-des gestes bizarres, des illusions fantastiques égarent son ima- gination et le délire s'empare de lui, des symptômes exté- rieurs se font jour simultanément, la pupille de l’œil se di- late outre mesure, la face se bouffit, la bouche se tord, quelquefois la parole expire, les membres se raidissent, une forte constriction à la gorge se joint à une ardeur brülante de la bouche, puis surviennent les tremblements convulsifs, la stupeur, l’assoupissement léthargique et tout se termine par la mort. Dès que l'on croit à un empoisonnement par la Jusquiame, le premier soin auprès du malade est de le faire vomir, avec purgation, pour chasser la substance toxique, puis de don- ner de l’eau iodurée afin de neutraliser la dose du poison que les vomissements n'auraient pas fait évacuer, car l’iode et ses combinaisons sont incompatibles avec la Jusquiame ; enfin, on termine, pour calmer, par des boissons froides. Orfila à remarqué que la Jusquiame n'irritait nullement l'estomac, mais agissait sur l’encéphale par la circulation. (A suivre.) PPS SSD PS ES PT DS DE TPE LP DT LLC LPS PPT TL SDS DS PT RES P PSE PPT PRE Le Gérant : H. HAMET. LL PRESS LS SLR PSP PPS LPS SPL LR SSL PS SPP PS LL SPLIT RS RARNA APPART imp. de la Soc. de Typ. - NoizaTTe, 8, r. Campagne-Première. Paris, N° 4. NEUVIÈME ANNÉE Avril 1884 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE LIPIRIPSIIRAT ARARRNIINANNr| SOMMAIRE : L'Altise de la Jusquiame (fén), par M. E. SAYARD. — La Couleuvre verte et jaune parM. E. LESUEUR. — Les Phalènes (fin). — Société d'agriculture et d'insectologie: séance de février 1884. — Détermination d'insectes, — Note sur les fourmis. — Anecdotes sur le Frelon, par M E. LESUEUR. L'Altise de la Jusquiname. Néanmoins, comme les plus grands poisons végétaux, cha- que partie de celte plante a trouvé ses utilitésen médecine el dans l’économie doiestique. Les racines, mises dans les greniers, en écartent les ani- maux rongeurs. On à même remarqué dans les endroits où pousse la Jus- quiame, que dans un rayon de dix mètres, on ne trouve ni taupes ni mulots. Les feuilles fraîches, appliquées sur les tempes, guérissent, non tous les maux de tête, mais les douleurs nerveuses qui résultent de la tension du péricrâne. Bouillies avec du lait, elles dissipent les engorgements des mamelles et soulagent les douleurs rhumatismales invété- rées. La médecine française etsurtout la médecine allemande emploient avec succès les préparations de la Jusquiame pour combattre les névralgies, pour guérir la coqueluche, les asthmes et surtout pour préserver de la scarlatine, quand règne cette épidémie; dans l'hypertrophie de rate, souvent en collyre dans les ophtalmies douloureuses. Dans le commerce, on vend des graines d’Awemi majus pour de la Jusquiame, Quand après avoir expérimenté plusieurs fois avec soin, vous voyez qu'elle n’a amené aucun soulage- ment, ne dites pas comme certains médecins. qui prétendent 50 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE que cette plante est trop préconisée, et qui n’ont seulement pas eu la précaution de voir si la préparation qu'on leur livre était bien faite avec de la Jusquiame fraiche, cueillie dans sa seconde année en été, etc. L'insuccès provient peut-être d’une mauvaise préparation de la plante, du moment inopportun de la récolte, etc. Du reste, la pharmacie s’en sert dans les pilules de Méglin, dans l’onguent populeum: elle guérit Les maux d'oreille, en effet, le baume tranquille est connu de tous pour calmer les douleurs d'oreille. L La plupart des animaux évitent la Jusquiame, à l'exception des chevaux, des moutons, des chèvres, des vaches el des cochons. Elle est funeste aux poissons, et on punissait autre- fois sévèrement en Angleterre tous ceux qui étaient surpris à en jeter dansles étangs. Peu d'insectes l’attaquent ; cependant l'entomologiste est susceptible de rencontrer sur cette plante une punaise odorante, le Therapha hyoscyami, Linn. L’Altica Hyoscyami de la jusquiame, du sous-genre Psyl- liodes, ronge le parenchyme de la silique sans perforer et en respectant la lame épidermique qui en constitue l’endocarpe ou membrane intérieure. L'épicarpe ou pellicule externe, et le tissu cellulaire vert qu'on nomme mésocarpe sont seuls intéressés: quelquefois lessiliques sont déformées par suite de ces lésions ; mais sou- vent aussi la plaie séchée et d’un gris jaunâtre atteste seule le passage de l’A/fise et Le fruit parait n’en avoir éprouvé aucun dommage important. Cette Altise est de toute l'Europe et d'Al- gérie. L’A/tise de la Jusquiame a la bouche composée d’un labre presque demi-circulaire avec une échancrure médiane ; d'une paire de mandibules triangulaires, fortes et terminées par quatre dents acérées. Près de l’angle interne de la face inférieure, naît un organe pédiculé qui se renfle en un appen- dice ovale couvert de poils, les mâchoires sont médiocres, munies de leurs palpes et terminées par un double prolonge- ment hérissé de dents fines et crochues. La languette est allongée, munie de deux palpes très courts. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE o1 Les Alfises sont des insectes dela tribu des Chrysoméliens ; on lesreconnaît facilement àleurs cuisses trèsrenflées qui leur permettent d'exécuter des sauts très considérables. Ces insec- tes sont de petits coléoptères ornés de couleurs brillantes. Les jardiniers leur donnent le nom de Tiquets ou puces des jardins. Ce sont, en effet, des insectes qui, à l'état de larves comme à celui d'insecte parfaits, vivent aux dépens des vé- gétaux, leur font beaucoup de tort parce qu’ils se multiplient prodigieusement. Si le printemps est chaud, l'Aise S'accouple d'Avril en Septembre. Pendant cette période les œufs sont déposés par la femelle sur le revers des feuilles. Les œufs sont très pe- tits, lisses, participant de la couleur de la feuille. Ils éclosent au bout de dix jours et les petites larves com- mencent immédiatement à manger sous la pellicule inférieure et à former des galeries tournantes dont la pulpe détachée les nourrit. Les galeries sont assez visibles à l'œil nu lorsque les larves les ont abondonnées et que les pellicules sont devenues blanches et décolorées; mais dans leur premier âge on les découvre difficilement ; il faut regarder la feuille de très près et l’exposer à la lumière pour les apercevoir. Les larves sont pâles ou d'une couleur jaune doré, char: nues, cylindriques, avec six pattes peclorales et un mamelon anal. La tête est pourvue de deux mâchoires et de grands yeux bruns ; le premier segment portant des taches noirâtres. Elles ent pris toute la nourriture dont elles ont besoin en six jours environ, et alors elles sortent de leurs galeries pour s’enterrer à la profondeur de 5 centimètres aux plus, choisis- sant un emplacement près de la racine, où les feuilles des turneps les protègent contre la sécheresse et l'humidité. Elles se changent dans la terre en chrysalides immosiles qui arrivent à leur maturité dans une quinzaine de jours au bout desquels l’insecte parfait sort de terre et prend son essor. Les Altises étant très nuisibles dans les potagers et quel- quefois dans les grandes cultures, on doit recouvrir d'une lé- gère couche de cendre lessivée lesisemis de choux, de na- b2 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE a+ _ vets, etc. On recommande d'arroser les plantes envahies par ces insectes avec un liquide formé d'un mélange de I k. 250 gr. de savon noir, 1 k. 250 gr. de soufre, 1 kil. champignors de bois ou de couche et 60 litres d'eau. On met d'abord dans 39 litres d'eau le savon et les champignons concassés, on fail bouillir dans 30 litres d’eau le soufre renfermé dans un sachet de toile; on mélange les deux liquides qu'on laisse fermenter jusqu'à ce quil s'en élève une odeur infecte, et on arrose. Une autre recetie consiste à recouvrir les semis d'une légère couche de sciure de bois, imprégnée de goudron de houille appelée coaltar (coal-{ar), dans la proportion de 2 0/0 de gou- dron mesuré en poids. Pour 100 kil. de seiure on emploie 2 kil. de coaltar. On mélange exactement eton répand la sciure sur les semis dans les jardins ou dans les champs infestés. M. E. Pelouze a obtenu un grand succès pour écarter les Al- iises en répandant à la volée un mélange de sable et de naphtaline brute. M. Vicat prépare une poudre naphtalinée analogue pour les agriculteurs. DIAGNOSE Corps ovalaire ou elliptique, bronzé brillant, souvent at- ténué en arrière. Tête arrondie, inclinée, rarement verticale ; carène frontale variable, plus ou moins déprimée. Yeux grands, oblongs, presque ovalaires, médiocrement saillants. Labre obtus ou à peine sinué. Mandibules à 4 ou 5 dents. Palpes maxillaires assez grèles, 3° articie obconique, élargi à l'extré- mité, 4° conique, oblong, un peu plus étroit à la base que le 3° et 2 fois aussi long. Antennes de 10 articles, atteignant ordinairement le milieu du corps,quelquefois plus courtes,sur- tout chez les mâles, assez écartées à leur base qui est rappro- chée des yeux; articles un peu comprimés, s'élargissant et grossissant vers l'extrémité, le 2° obconique, étroit, le 4 ordi- nairement fe plus long de tous. Prothorax atténué en avant, très convexe, coupé droit au bord antérieur, très déclive sur les côtés; bord postérieur légèrement sinué aux épaules, ayant quelquefois une ou deux petites impressions de cha- que côté de l'écusson Éecusson médiocre, en triangle arrondi, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE DD lisse. Élytres un peu plus larges à la base que le prothorax, ayant leur grande largeur après les épaules, puis atténuées graduellement jusqu'à l'extrémité, à stries ponctuées régu- lières ; presque toujours des ailes. Prosternum étroit entre les hanches antérieures, convexe au légèrement caréné, élargi ensuite; cavités colyloïdes complètement fermées.Cuisses pos- térieures très grosses, profondément canalculées en detlans; jambes postérieures arquées et sillonnées dehors pour rece- voir le tarse ; bord externe du sillon formant, après le milieu, une échancrure précédée d'un angle dentiforme, et après l'insertion du tarse la jambe prolongée presque en forme de cuillère étroite, les bords du prolongement finement den- tés. Tarses postérieurs insérés avant l'extrémité des jambes, près de l'échanerure : 1° article presque aussi long que la moitié de la jambe, la 2 moitié du 1°, le 3° très court, large, bilobé; crochets petits, grèles, plus ou moins dentés à la base. Les Altises, d'une manière générale, vivent sur des plantes très variées, mais notamment sur les Solanées, la Jusquiame, les Carduacées et les Crucifères; quelques-uns ravagent les champs de colza. Elles sont répandues dans toute l'Europe, mais sont surtout nombreuses dans les parties méridionales. E. SAVARD. La Couleuvre verte et jaune Zamenis viridiflavus, Wagler. PAR M. E. LESUEUR. Cette élégante et jolie couleuvre est une de nos plus lLelle comme nuance et comme forme ; elle atteint jusqu à deux mètres de longueur. Elle est commune dans les départements du Midi de la France, de la Bretagne et de l'Yonne jusqu'au Sud, manquant aux environs immédiats de Paris. La tèle de cette couleuvre est forte, légèrement aplatie sur le dessus, l'encolure est fine, Pœil noir et vif, le museau 54 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE légèrement carré ; la queue est très effilée. Neuf grandes pla- ques recouvrent le dessus de la tête, le ventre est garni par 170 plaques simples transversales, et, de l’anus à la pointe de la queue, par 76 plaques doubles. Le dos est d’un noir verdâtre, strié, pointillé de jaune ; sur le dessus de la tête se trouve également un semis de petits points jaunes formant des arabesques. Les côtés sont marqués de points jaunes placés en triangles jusqu'à l'anus, la queue est couverte de petits traits jaunes formant des lignes longitudinales très rapprochées, le ventre est jaune soufre corame celui de la couleuvre d'Esculape. Ce serpent se tient toujours en défense la tête repliée sur elle-même, même au repos, ce qui indique quil n’est point d'une douceur parfaite, et qu'il n'y a pas a s’y fier. La tête suit les mouvements que l’on fait pour en approcher.Son œil, au- dessus duquel il existe des traits noirs dentelés, lui donneun aspect menacant. Du reste elle ne trompe pas son monde et je me rappellerai toujours une de ces couleuvres que j'avais chez moi. Voulant la mesurer, elle me mordit le doigt avec acharnement en enfonçant à plusieurs reprises ses dents dans la chair sans lâcher prise. Cette couleuvre mesurait 1 m. 80 et m'avait été envoyée de Digne (Basses-Alpes), par M. de Lamonta, qui savait que cela me ferait grand plaisir. Dans cette zone méridionale, l'espèce existe en abondance. On les trouve généralement dans les sources chaudes qui sont dans ces contrées, et où elles viennent se baigner et cela en telle quantité que souvent la surface en est couverte. Cette couleuvre estovipare, se nourrit, comme la couleuvre d’Esculape, d'oiseaux, de mulots, de salamandres terrestes et aquatiques, l’on m'a assuré aussi qu'elle dévastait les étangs en mangeantles poissons. Sous tous ces rapports elle est très nuisible ; il faut la détruire. (A suivre.) Reproduction réservée. E. LESUEUR. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 90 Les Phaleènes. La Phalène effeuillante (Hybernia defoliaria Lin.) a été nommée ainsi parce que sa chenille dépouille souvent com- plètement les arbres de leurs feuilles. C’est un papillon assez joli, de 40 à 45 millimètres d'envergure, à ailes supérieures assez aiguës variant beaucoup pour le fond de la couleur. Le plus ordinairement elles sont d’un jaune plus ou moins roux pointillé de noirâtre, avec deux bandes transversales ferrugi- neuses bordées de noir dont l’une à la base et l’autre sinuée placée au delà du milieu; entre ces deux bandes est un point noirâtre qui existe chez toutes les variétés. Les ailes infé- rieures sont d’un gris blanchâtre avec un point central obscur. Il y a des individus complètement roux chez lesquels la bande basilaire a disparu. Les antennes du mâle sont pec- tinées. La femelle est complètement dépourvue d'ailes et ressemble encore plus à une araignée que celle de l'espèce précédente. Elle est pourvue d'un gros ventre jaunâtre avec trois rangs de points noirs sur le dos. Cette espèce vole en novembre et décembre à la tombée de la nuit dans les bois, les pares et les jardins fruitiers ; pen- dant le jour elle se tient appliquée sur le tronc des arbres. Quelques individus reparaissent au printemps suivant. Les œufs sont pondus à la base des bourgeons et les chenilles naissent en même temps que les premières feuilles. Vers la fin de mai ou en juin, elles sont parvenues à leur taille, qui est de 25 à 30 millimètres ; fluettes, cylindriques, elles sont ordinairement d’un brun marron plus ou moins clair sur le dos, avec une bande latérale d’un jaune citron, marquée sur chaque segment d'une tache de rouille avec un petit point blanc dans le milieu. Pendant le repos elles ont une attitude singulière : cramponnées seulement par leurs quatre pattes postérieures, elles se redressent en ayant la partie médiane de leur corps courbée en are. Elles se chrysalident au pied des arbres à la surface de la terre dans une cellule tapissée d'un peu de soie. 00 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Les dommages que cetie chenille cause aux arbres frui- tiers et autres en les dépouillant de leurs feuilles sont parfois considérables. Il est surprenant de ne pas trouver le papillon plus abondamment vu la grande quantité de chenilles ; il faut croire que les oiseaux et autres animaux carnassiers en font une prodigieuse consommation, sans compter les maladies ; jusqu'à présent on n'a pas signalé de parasite spécial à cette espèce. Les moyens de défense contre cette Phalène sont les mêmes que pour la Phalène hyémale, c'est-à-dire consistent à en- duire le bas des arbres d’une substance gluante empêchant les femelles de grimper dans les branches pour y déposer leurs trois ou quatre cents œufs. Fig. 4. Phaïène défeuillante, Fig. 5. Phalène défeuillante, male. femelle. Une jolie Phalène blanche tachée de noir vit sur les groseil- liers, pruniers, amandiers, aubépines, etc., ses dégâts sent ordinairement insignifiants; cependant, en certaines années, elle est tellement abondante qu'elle dépouille entièrement les eroseilliers de leurs feuilles.Gette espèce est ia zerenegros su- lariata Lin. ; les ailes chez les deux sexes ont 45 millimètres d'envergure et sont d’un blanc légèrement jaunâtre, les su- périeures marquées de deux bandes d'un jaune fauve entou- rées de gros points noirs, une basilaire et l’autre un peu au delà du milieu ; entre ces bandes existe une tache sous-cos- tale et quelques autres points noirs, puis sur la frange uné rangée de points noirs également. Les ailes inférieures ont de gros points marginaux et quelques petites taches noires épaisses. Le corps est jaune fauve taché de noir. Ce papillon éclot fin juillet et août; il dépose ses œufs sur = BULLETIN D'INSÉCTOLOGIE AGRICOLE 54 les arbustes et la chenille éclot en septembre. Elle passe l'hiver engourdie dans les feuilles sèches tombées à terre ; au printemps elle dévore les premières feuilles jusque vers le milieu de juin. Ses couleurs ressemblent beaucoup à celles du papillon: le fond est blanc de crème avec les trois pre- miers anneaux d’un jaune fauve, sur le dos est une série de taches inégales noires et sur chaque eôté sont deux rangs de petits points noirs. La chrysalide, est brune avec les incisions jaunes, maintenue dans une feuille ou entre les rameaux par des fils de soie. Fig. 6. Chenilles de la phalène du sureau pour montrer la marche _et la station des arpenteuses. Le moyen de prévenir les ravages de cette espèce consiste à ramasser, pendant l'hiver, les feuilles tombées des groseil- liers pour les brüler avec les chenilles qu'elles renferment. Les forêts de pins el de sapins sont quelquefois ravagées par la Fidonia piniaria L., dont les deux sexes volent très ra- pidement en plein jour et au grand soleil pendant le mois de juin et même plus tôt. Le mâle a 34 millimètres d'envergure, il est brun avec trois grandes taches irrégulières d'un jaune blanchâtre sur le milieu de chaque aile ; ces taches sont sa- 8 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE (D) blées de brun sur les bords, la frange est jaunâtre entrecoupée de brun. Les antennes sont fortement pectinées. La femelle est un peu plus grande avec les mêmes taches que le mâle, mais ayant le fond des ailes entièrement roux. La chenille éclot dans le mois de juillet ; elle est verte avec cinq raies longitudinales blanchâtres et jaunâtres. Elle ne mange que la partie basilaire des feuilles de pin, de sorte qu'elle gaspille plus qu'elle ne consomme. En octobre, ces chenilles sont arrivées à leur taille; elles descendent alors de l'arbre et se dispersent autour sous la mousse pour se chrysa- lider et passer l'hiver sous ce dernier état. Le colonel Goureau conseille, comme moyen à employer pour en diminuer le nombre, de mener un troupeau de pores sous les arbres, afin, qu’en fouillant la terre, ces ani- maux mangent les Chrysalides cachées.à une petite profon- deur. Cette espèce est attaquée par six Ichneumonides selon Ratzeburg. trois Anomalon, deux Zchneumon etun Glypta. Seciété centrale d'apiculture d’insectologie, Séance du 20 février 1884. — Présidence de M. Maurice Girard, L'assemblée s'occupe des règlements de comptes de l’année 1883. L’encaisse du trésorier, M. Sigaut, a été de 10.797 fr. 45 etles dépenses de 5.073 fr. 85, plus une facture en litige à payer s'élevant à environ 4.000 francs. Reliquat 1.721 fr. G0. Le secrétaire générala encaissé 1210 fr. 70 et dépensé 1041 fr. 45. Reliquat 169 fr. 25. La caisse de la Société possède donc, au 1 janvier 1884, 1.890 fr. 85. Une commission de trois mem- bres, composée de MM. Ramé, Saint-Pée et Savard, est char- gée d'apurer ces comptes. M. Soehnlin appelle l'attention sur les Rouge-queue ou fauvettes Tithys, insectivores voisins des Rouge-gorge et des Rossignols, venant près des maisons et des ruches et qu'on accusait de manger les abeilles; d'après une correspondance du numéro de décembre du Jardin d'acclimatation de Franc- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 59 fort, ils ne mangeraient pas les abeïlles, mais d'autres insec- tes. M. Asset dit qu'il n’a jamais vu cet oiseau près de ses ruches ; il pense même que le rossignol des murailles ne tou- che pas aux abeilles. M. Hamet assure que le rossignol des murailles prend une certaine quantité d’abeilles près des ruches, où il se tient presque constamment au moment des nichées, depuis juin jusqu'en août. Quant à la fauvette Tithys, il ne saurait dire si elle prend des abeilles. Le rouge- gorge, dont la famille est voisine, en consomme,mais générale- ment à l'état de cadavre. M. Hamet fait une communication surles qualités du miel. M. Morot, jardinier en chef de l'École nationale d’agricul- ture de Grand-Jouau, par Nozay (Loire-Inférieure) a consulté la section d’apiculture de notre Société sur la question sui- vante. Il a reçu deux ruches d’abeilles, qu'il a placées pour la commodité de l'observation, dans une chambre située au dessus du rez-de-chaussée et exposée à l'Est; à quelques mètres de la fenêtre se trouve une ligne d'arbres fruitiers. M. Morot demande s’il peut avec avantage laïsser les abeilles dans cette chambre ou s'il doit les transporter dehors. Il lui a été répondu que les abeilles ne sont jamais mieux que si les ruches sont en pleine liberté; cependant il n'y a pas d'inconvé- nient sensible à les laisser dans une chambre dont l’exposi- tion est bonne, pourvu que l'entrée des ruches soit tout con- tre la fenêtre {oujours ouverte, afin que les abeilles ne puissent s'égarer dans la chambre en volant et tournant derrière les ruches, ce qui leur imposerait une fatigue inutile et préjudiciable à leur travail. Au nom de M. J. Fallou, une présentation est faite d’un tapis naturel d’une belle scie d'un blanc grisâtre, constituée par la filature des chenilles de Petit Paon de nuit (Attacus carpini, Linn.), soie qu'elles n'ont pas incrustée d’une gomme brunâtre, comme elles le font pour le cocon quand elles en terminent la filature. Sont présentés pour faire partie de la Société : M. Prillieux, professeur à l’Institut agronomique et M. Wavelet, président CO BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE de la section agricole du Pas-de-Calais. L'admission de ces membres est prononcée et la séance est ensuite levée. Pour extrait: DELINOTTE, secrétaire. Eétesanminmadion d'insectes. Notre collègue, M. Maillet, instituteur à Faverney (Haute- Saône) et lauréat de nos expositions, animé du plus grand zèle pour l’enseignement insectologique, a adressé au secré- tariat de la Société, trois boîtes d'insectes recueillis aux envi- rons de sa commune et faisant partie de son musée scolaire. Nous lui en remettors la détermination. Première boîte. Lagria hirta, Cryptorhynehus lapathi. Eri- rhinus bimaculatus, Phytonomus punetatus, Rhynchites populi, Magdalinus memnonius,Phyllobius alneti, Adimonia capreæ, Mononychus pseudacori, Cionus scrophulariæ®, Adi- monia rustica, Chrysomela subferruginea, Byrrhus pilula, Chrysomela polita, Cryptocephalus hypochæridis, Cryptoce- phalus aureolus, Chrysomela fucata, éd. lepida?447. hæmoptera, Phratora vitellinæ, Agelastica halensis, Cryptocephalus viola- ceus, Luperina viridipennis, Haltica fuscicornis, Cryptocepha- lus Morxi, Coccinella impustulata, éd. 14 punetata, id. bipunc- tata, var., Sphœroderma cardui, Chrysomela luctuosa, 14. geminata, Gonioctena viminalis, Erirhinus. Haltica fuscipes, Corynetes cœruleus, Agelastica alm,Cassida rubiginosa, Rhynchites betuleti, Mordella, Timarcha coriaria, Agabus, Haltiea flexuosa, ?4. helxines, #4. Notiophilus biguttatus, Bari- dius Talbum, Hydroporus palustris, Trechus minutus, Bem- bidium lampros, Haltica fuscicornis, Sitones inops, Apion, Dolopius marginatus, Meligethes, Anthrenus pimpinell®, #d. varius, Geutorhynchus pollinarius, Cymnetron teter, Cæliodes didymus, Anobium striatum, Clivina fossor, Bembidium ustulatum, éd. siculum, Helodes aucta, Gereyonhœæmorrhoum, Aphodius pusillus (tous les insectes qui précèdent sont les Coléoptères). — Syrphus ribesü, Scatophaga stercoraria, mâle, ëd. femelle, Eristalis tenax. Chrysotoxum areuatum, En mit elié PR: za 5 0 SRE BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 61 (Diptères).— Harpactor annulatus,Stenocephalus nugax, Pen- tatoma verbasci, Strachia oleracea (Hémiptères hétéroptères), — Ophion, Anomalon circumflexum, Megachile centuncularis) Ichneumon sarcitorius, mâle, Bombus agrorum, mâle, Bom- bus pratorum, Megachile, #4. argentata, Macrophya rustica. femelle, #7. mâle, Tripoxylon figulus, Fœnus affectator, Bombus sylvarum, Cimbex variabilis, Polistes biglumis, Odynerus parietum, Eumenes pomiformis, Halictus (Hymé- noptères). Deuxième boîte. Meloe autumnalis,Meloe proscarabœus,id. brevicoilis, àd. violaceus, id. scabrosus (Coléoptères). — Andrena rosæ, Tenthredo viridis, Ichneumon leucocerus, femelle, Eumenes pomiformis, Ichneumon, Eurylobus dirus, Priocnemis fuscus, Ichneumon, Pimpla examinator, Pompi- lus viaticus, Prioenemis variegatus, Ichneumon ? éd. ? Tenthredo, Andrena Hessæ, Grabro (Hymenoptères). —Xylota segnis. Chrysops cœcutiens, Volucella plumata, Echinomyia fera, Volucella pellucens, Asilus (Diptères). — Glomeris mar- ginatus (Myriapodes). Troisième boîte. Amara montivaga, Calathus cisteloides, Stomis pumicatus, Harpalus azureus. Lebia cyanocephala. Brachinus explodens, Feronia ovoidea, Anchomenus micans, Feronia, Anchomenus thoracicus,Tillus unifasciatus, Colym- betes hœæmatodes, Serica brunnea Feronia parumpunctata, Feronia vulgaris, Helophorus aquaticus, Hister carbonarius Saprimus nitidulus Histerquadrimaculatus, Hydrobius fus- cipes, Aphodius bi-maculatus, var niger, #4. immundus, #4. hœmorrhoïdalis , Pyrrochroa satrapa, Athous, Agriotes ustu- latus, Limonius nigripes ?, Agriotes sputator, Golymbetes fuscus, Acilius sulcatus, [lybius fenestratus, Hydaticus transversalis, Colymbetes pulverosus, Callidium femoratum, Leptura cincta, Œdemera podagraria, Tetrops prœusta, Strangalia aurulenta, #4. attenuata, Donacia discolor, #4. linearis. Oberea oculata, td. linearis, Saperda carcharias, Agrilus biguttatus, Luperus rufipes, Anthonomus dru- parum, Sitones lineatus, Phytonomus variabilis, Phyllo- 62 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE bius oblongus, Phyllobius (très frotté, indéterminable), Lari- nus, Mecinus, Phytonomus punctatus (frotté), Otiorhynchus ligneus, Otiorhynchus ligustici. Hylobins fatuus, Haltica oberacea, Haltica. Erirhinus acridulus, Rhynchites æquatus, Rhynchites ophtalmicus, Rhynchites Bacchus, Hylobiusabie- tis, Cytilus varius, Byrrhus, Lina tremulæ, Agelastica halen- sis, Chrysomela varians, Coccinella ? Mordella fasciata, Tany- mecus palliatus, Omosita colon, Haltica transversa, Helophorus, Helodes phèllandrii, Psylliodes, Luperus flavi- pes, Apion hœmatodes, Phytonomus rumicis, Anthocomus equestris, 24. fasciatus, ‘tous les insectes de cette boîte sont des Coléoptères). Note sur les KFoursmis. Ensevelissement des morts (traduit de l'allemand de la Gazette de Zurich, numéro du 18 janvier 1884). Pline dit dans son histoire naturelle, que les fourmis sont les seuls animaux qui enterrent leurs morts. Longtemps on prit cette nouvelle pour un conte, mais, depuis des observa- teurs tels que Lubbock, Farren, etc, etc., l'ont affirmée. M. Farren raconte par exemple, que dans une de ses fourmi- lières existe un lieu d'inhumation, où il vit comment quelques fourmis enterraient leurs morts et les couvraient de terre. Une des fourmis était très affligée et essayait de déterrer les corps, maisles efforts unis des ouvriers jaunes étaient plus que suffisants pour anéantir ceux de la désolée. Le lieu d'inhumation fut alors changé en une vaste voûte, et la salle mortuaire et le corridor qui y conduisaient furent tout à fait fermés. Cette interdiction soigneuse du lieu d'inhu- mation prouve de la haute intelligence de ces petits êtres, qui paraissent avoir reconnu la mauvaise influence des vapeurs malsaines qui s’exhalent des corps en décomposition. M°e Hatton note des choses encore plus curieuses. Elle à assisté à un enterrement solennel. Les fourmis s'avançaient lentement deux à deux vers le lieu d'inhumation, deux por- taient toujours un compagnon mort, puis venaient deux sans BULLETIN D’'INSECTOLOGIÉ AGRICOLE 63 fardeau, ensuite de nouveau deux avec un mort et ainsi de suite. De temps en temps les porteurs s'arrêtèrent et posèrent le corps mort, qui fut alors relevé par les deux suivants, et en se rechangeant ; de cette manière elles arrivèrent près d’une place sablonneuse près de la mer. Le corps de la suite, c’est-à-dire, les animaux réunis de 14 suite, se mirent à creuser des trous dans la terre où on dépose toujours une fourmi (morte) puis les trous furent comblés. Mais d'après Farren les soucis des fourmis pour les vivants sont plus grands que leur respect pour les morts. Un jour il trouva une fourmi ouvrière qui sortait une morte de son nid pour l’enterrer et qui posa son fardeau un moment pour se reposer. En regardant autour d'elle, elle aperçut une larve sans secours, couchée par terre, qui devait avoir été oubliée par quelque hasard. Aussitôt elle quitte le corps mort de son camarade et emporte promptement le petit trouvé dans la fourmilière. Nota. Nous n'avons pas à constester des faits observés, mais seulement leur interprétation. On est trop porté à multiplier et à exagérer les actes intellectuels chez Les fourmis. La plupart reviennent probablement à des sensations olfac- tives ; ainsi l’ensevelissement des morts et ces faits quidécou- lent des expériences de S. John Lubbock (fourmis, abeilles et guëêpes; 2 vol. in 8°, Paris, 1883, Germer Baillière), sur des fourmis de même espèce, les unes amies, s'accueillant avec une apparence de tendresse, ou ennemies, se jetant à l'eau. Il y à là sans doute une question d'odeur agréable ou répu- gnante. (La Redaction.) Anecdotes sur le Frelon Vespa crabro, Linn. PAR M. KE. LESUEUR Il y aura quatre années en septembre prochain, en chas- sant des reptiles dans la forèt Saint-Germain, j'entrai dans 64 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE une vieille cabane de bücheron abandonnée, sorte de hutte, faite de terre et de troncs d'arbres; une porte à moitié démolie en fermait l'entrée, l'intérieur était obscur, une couche épaisse de fougères et d'herbes sèches jonchait le sol. La curiosité est une belle chose ! j'entrai donc, soulevant les feuilles et les herbes, cherchant un reptile quelconque, quand soudain un sifflement rapide se fit entendre au dessus de moi, J'enflamme une allumette, afin de voir à qui j'avais à faire, quand en me retournant je me trouvai en face d'un immense nid de Frelons, suspendu à la voûte ; je crus prudent de sor- tir; mais me promettant d'y revenir et de le prendre si faire se pouvait. À Paris, je parlai de ma découverte à quelques. amis ; un seul se proposa de m’accompagner, ce fut M. Morel, membre de notre Société, l'aventure lui parut piquante (sans jeu de mots) ; aller enlever en plein jour un nid de frelons, il y avait danger, car une seule piqüre à la tempe ou aux lèvres a suffi quelquefois pour donner la mort. Nous primes jour et après avoir discuté les meilleurs moyens à employer pour les asphyxier, nous nous arrêtâmes à ce moyen, acide sulfurique mélangé de rognures de zine, devant produire une vapeur suffocante. Le jour convenu, M. Morel et moi, nous partimes empor- tant nos masques et des gants destinés à parer autant que possible aux piqüres de nos adversaires, puis un grand sac de voyage contenant une petite pharmacie, ainsi que le flacon d'acide sulfurique rectifié. (A suivre.) Les gravures n°s 4, 5, 6 sont tirées des Métamorphoses des insectes de M. Maurice Girard, 6e édit. Paris, (884, Hachette et Ce. — Remerciments aux éditeurs. (La Rédaction). PRRPPPPPSE N AARNNTS AA AA AA a SA A AS na ee PAPAS LS PES PPS PISE LÉS SSP PPS SLT SSP LE LL EDEN Le Gérant : H. HAMET. PLPPDPLLPLLPL PSS SPRL DLL SSP EPS I LL PL LL DLL LL LT PL LPS LL SL PPS PSLPL SL SLILS PT PL LP LE PLIS LPS SDPPLLPLÉPOPEL Tmp, de la Soc. Typ.-Noizette, 8, rue Campagne-Première. Paris. N° 5. NEUVIÈME ANNÉE Mai 1884 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE PNR RRRDT LTD TD TE PSP ES LE DS LTD LE LP D D ESS S SPP PSS DR RT SOMMAIRE : La Vrillette damier, par M. E. SAvARD. - Lettre relative à la Cochenille, par M. DÉsoBry. — Note sur l'éducation des vers à soie du chêne du nord de la Chine, par M J. FALLOU. — Maladies des vers à soie du chêne, par M. Ramé. — Société centrale d'apiculture et d'in- sectologie : Séance de mars 1884. — Riley et l'entomologie agraire aux États-Unis. La Vrillette damier. (Anobium tessellatum, Fabricius.) PAR M. E. SAVARD. Chêne, genre Quercus (fam. des Cupulifères Linn.). Le Chêne est un de nos grands arbres (1) forestiers, dont les nombreuses et belles espèces sont principalement répandues en Europe et dans l’Amérique du Nord. Le Chêne, qui est le roi de nos forêts, a formé autrefois le peuplement de la Gaule; c’est l'arbre, sous les sombres om- brages duquel les Druides se réunissaient, sur les rameaux duquel ils coupaient avec tant de solennité le Gui, cette plante mystérieuse. Le Chêne est resté le symbole de la force, du courage, et ses rameaux, tressés en Couronnes, sont aujour- d'hui, comme autrefois à Rome, le signe de la valeur. Le Chêne offre aussi des fruits alimentaires qui, plus d’une fois, ont prévenu la disette. Le bois de ce bel arbre n’acquiert qu'avec le temps les qua- lités de force et de solidité qui lui sont propres. La partie du 1. Arbre, ARBOR. Végétal dont la tige est ligneuse, acquiert de grandes dimensions, et ne se ramifie qu'à une certaine hauteur du sol. Ceux des végé- taux ligneux qui n’acyuièrent jamais de si grandes dimensions et quise rami- fient dès la base sont appelés arbrisseaux. 5 66 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE bois des jeunes arbres et celle des vieux arbres, la plus ré- cemment formée, qui se trouve sous l'écorce et à la circonfé- rence, est blanchâtre, tendre, peu durable. Cette partie du jeune bois a reçu le nom d'aubier (2). Elle ne prend qu après plusieurs années la couleur brune et la consistance du bois parfait, qu'on nomme cœur. Le Chêne devient alors le plus recherché et le meilleur des bois pour les constructions civi- les et navales, pour la charpente, la menuiserie, la tonnel- lerie, la fabrication du merrain, du bardeau, du treillage, des échalas et des lattes. Au mérite de la force et de la solidité, il joint celui du vo- lume, et nul arbre indigène ne peut offrir aussi bien que lui ces énormes pièces, de proportions tout exceptionnelles, si précieuses pour la marine, et qui sont également indispen- sables à la construction des usines, des moulins et des pres- soirs. L'écorce des Chênes renferme les acides gallique ét tanni- que, et est douée par conséquent de propriétés astringentes ; elle renferme, en outre, une substance extractive amère (gwer- cine), et quelquefois une matière colorante. L'écorce de nos Chênes indigènes (Quercus Robur (RoUYRE), peduncula, Cer- ris, etc.) constitue un médicament astringent usité. On faït une grande consommation de ces écorces réduites en poudre, sous le nom de fan, pour la préparation ({annage) des Cuirs ; après qu'on en à fait usage, on l’emploie à former des couches qui donnent une chaleur assez forte et soutenue, que l’on applique aux cultures forcées et aux serrés chaudes. Quelques espèces méridionales, les Q. Suber, Ilex (VEUSE), Ægqilops, Esculus, etc., produisent des glands presque dé- pourvus d'âcreté, plus ou moins comestibles. Ces glands, et mème ceux de nos Chènes communs, étant torréfiés, pulvé- 2. Aubier, ALBURNUM. Couche ligneuse qui, dans les plantes ligneuses de l'embranchement des Dicotylédones, s'est formée dans le courant de l'année précédente, et qui n’a pas encore acquis la dureté des couches formées anté reurement. L'aubier est, en général, d’une couleur moins foncé que les cou- ches plus anciennes. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 67 risés et infusés dans l’eau bouillante, fournissent une boisson tonique d’une saveur assez agréable, analogue au café, dont elle r’a pas les qualités excitantes. Le Chêne, qui nous est d'une si grande utilité, est atteint par les Vrillettes, petits Coléoptères de forme cylindrique, de couleur sombre, dont la tête se retire dans le corselet, plus ou moins relevé en bosse, comme dans un capuchon ; on les rencontre fréquemment dans les maisons, grimpant contre les croisées, dans l’espérance de s'échapper ; elles sont trom- pées par la transparence du verre dont elles n’ont pas d'idée et agissent comme tous les insectes renfermés dans les appar- tements qui s'élancent contre les vitres et frappent les glaces de leur tête croyant ne pas rencontrer d’obstacle dans leur vol. Ces Vrillettes,que l’on voit au commencement du printemps, sortent des meubles, des boiseries, des tablettes, des chaï- ses, etc., qui garnissent les habitations, meubles dans lesquels les larves ont vécu et subi leurs métamorphoses; ce sont ces larves qui percent les petits trous ronds que l’on y remarque et qui produisent la poussière qui sort de leur ouverture, connue sous le nom de vermoulure. Après un certain temps d’un travail presque incessant, elles mettent ces objets hors de service ; elles attaquent aussi les charpentes des maisons, surtout celles qui sont en sapin dont la fibre est plus tendre et plus facile à percer; elles pulvérisent les planches en sa- pin et en peuplier. Quand elles se jettent sur le chêne, c’est pour se loger dans l’aubier, le ronger et le pulvériser ; mais elles respectent le cœur qui paraît trop dur pour leurs dents; c’est donc à l’état de larves que les Vrillettes sont le plus nui- sibles et qu'elles peuvent causer le plus de dégâts ; les insec- tes parfaits y contribuent aussi pour leur part. Les larves des différentes espèces de Vrillettes se ressem- blent presque entièrement ; elles sont blanchâtres, cylindri- ques, courbées en arc à leur extrémité postérieure, comme celles des hannetons, molles couvertes de petits poils fins isolés, clair-semés; elles sont formées de douze segments, sans comp - 68 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE ter la tête qui est arrondie, écailleuse, brune, armée de deux fortes mandibules dentées au côté interne, propres à ronger le bois ; les troissegments thoraciques sontun peu renflés et por- tent chacun une paire de pattes écailleuses tri-articulées; le dernier segment est un peu plus grand que les précédents et arrondi à l'extrémité; tous portent sur le dos des spinules nombreuses, brunes, qui servent aux mouvements qu'elles exécutent dans leurs galeries ; elles ressemblent, en petit, aux larves des hannetons. Elles se liennent couchées sur le côté lorsqu'elles sont hors de leurs habitations ; mais elles sont privées d'antennes apparentes, organes très visibles chez les larves de hannetons. Les larves des Vrillettes peuvent se retourner dans leurs galeries dont le diamètre ne semble guère plus grand que celuide leur corps. Pour exécuter ce mouvenient, elles se rou- lent en cercle, mettant leur tête contre l'extrémité de l’abdo- men, puis elles impriment un mouvement imperceptible de contraction aux anneaux de leur corps, mouvement qui leur permet de se retourner en roulant sur elles-mêmes ; les spi- nules dont les segmenis sont armés sont courbées en arrière; pendant le mouvement celles des derniers segments se trou- vent fixées contre les parois de la galerie, tandis que celles des premiers segments glissent contre ces parois. Ceslarves rongent le bois pour se nourrir et en arrachent les fibres qu'elles broient et avalent, qu'elles digèrent et qu’elles rendent en petits grains ronds blanchâtres, quisont leurs ex- créments ; elles approfondissent leurs galeries pour se pro- curer la substance nutritiveet les tiennent de même diamètre dans toute leur étendue. Lorsqu'elles ont pris leur entier accroissement et qu’elles sentent venir le moment de la métamorphose en nymphe, elles lLapissent de quelques fils de soie le fond de leur galerie et s'y tiennent en repos: c'est là qu'elles se changent en nymphes et ensuite en insectes parfaits. Il est à remarquer que ces larves, dont le corps est mou et rempli de matières humides, ne mangent que du bois très sec et ne boivent pas, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 69 ce qui semble indiquer que, par l’action de la vie, il se fait dans le corps de la larve des décompositions et des recompo- sitions chimiques au moyen desquelles le bois sec est converti en matières liquides. Les insectes, après leur dernière méla- morphose, sortent de leurs galeries et prennent leur essor : mais la femelle rentre bientôt dans le bois et s'accouple avec le mâle qui reste dehors. Les deux sexes ont un moyen de s'entendre au temps de leurs amours et de s'appeler l’un l’autre; ils produisent un petit bruit, semblable au mouvement accéléré d'une montre, que l’on appelle 2orloge de la mort. Ge bruit est le résultat de coups que l'insecte frappe avec son vertex sur le bois où il se tient en élevant et en abaïissant successivement son corps il se hausse surses pattes et frappe le bois avec sa tête comme avec un marteau. Mulsant (Lettres à Julie sur l Entomologie) dit qu'on devrait plutôt l'appeler horloge de l'amour. Ces insectes font partie de la famille des Serricornes, de la section des Malacodermes, de la tribu des Ptiniores et du genre Anobium. On leur a donné le nom de Vrillettes à cause des petits trous ronds et droits qu'ils percent dans le bois sec comme le ferait une petite vrille. L’Anobium tessellatum, Fabr. est l'espèce la plus grande de nos environs: elle porte le nom vulgaire de Vri/lette damier, Vrillette marquetée: salarve vit dans les charpentes de chêne dont elle ronge l'aubier, et dans les morceaux et branches de chêne secs, comme pieux, poteaux, claies, fagots, etc. ; elle y perce des galeries droites, cylindriques, dirigées dans le sens des fibres du bois ; elle se creuse une cellule au fond de sa galerie dans laquelle elle se métamorphose en nymphe, puis ensuite en insecte parfait qui sort dans le mois de juin; la jarve attaque aussi le sapin et les bois blancs. I est très vraisemblable que l'accouplement de cette espèce, s'opère de la même manière que celui de lAnobium abictrs, c'est-à-dire que la femelle se lient dans la galerie qu'elle a creusée ; le bout de l'abdomen au milieu de l'entrée et la tête vers le fond. et que le mâle est placé en dehors sur le bois 70 BULLETIN LD’INSECTOLOGIE AGRICOLE les deux corps formant un angle droit, le mâle paraissant sus- pendu au bout de l'abdomen de la femelle. Anobium tessellatum, Fabr. — Longueur, 7 millimètres ; largeur, 3 millimètres. Brun et ponctué ; les antennes sont filiformes, testacées, très allongées et épaisses, le tête est brune, enfoncée dans le corselet : celui-ci est court, bombé, peu élevé, brun, mélangé de duvet jaunâtre formant des ta- ches ; l'écusson est petit, couvert de poils jaunâtres ; les ély- tres sont convexes, cylindriques, quatre fois aussi longues que le corselet, arrondies à l'extrémité, brunes, tachées de jau- nâtre ; les ailes sont pliées et cachées sous les élytres. E. SAVARD. Lettre relative aux Cocheniiles. Monsieur le Secrétaire général, Après avoir lu attentivement les intéressants articles écrits par M.J. A. Meunier sur les cochenilles tinctoriales et leurs produits, je me permeltrai de lui signaler quelques erreurs qui se sont glissées dans ses études publiées dans le Bulletin d'Insectologie : 1° Les prix sont indiqués au moins au double de ceux cotés couramment ; 2° Pour la préparation des couleurs à l'huile, c'est l'huile de lin rendue siccative par sa cuisson avec de la litharge et du borate de manganèse que l’on emploie et non l'huile d'œillette ; 3 Les fards (Sticks Fards) en usage maintenant sont faits de corps gras diversement colorés ; le rouge, par exemple, de- vrait être à peu près exclusivement coloré au moyen du car- min, mais à notre grand regret nous savons que les qualités courantes doivent leur nuance à l'emploi du vermillon, qui est préjudiciable à la beauté de la peau. Les fards en poudre sont aujourd'hui à peu près délaissés, si ce n’est toutefois pour rendre plus vif le coloris des pom- mettes de la face : on les prépare en triturant et tamisant BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 71 1 gramme de carmin avec 50 ou 109 grammes de carbonate de magnésie, suivant la teinte que l’on désire obtenir. Les poudres de riz, Veloutine, Duvetine, etc., ne sont pas des fards à proprement parler. On les obtient en mélangeant en proportions variables des poudres d'amiden de blé, de tale, de sous-azotate de bismuth, d'oxyde de zinc et de carbonate de magnésie, que l’on nuance avec du carmin pour les pou- dres roses : ensuite on les parfume selon le désir. M. Meunier donne une formule d’opiat dentrifice comme inscrite au Codex: or celte formule ne figure ni dans le Co- dex de celle année, ni dans l'édition précédente. On ne la retrouve que dans l'édition antérieure, pour celte raison que les poudres de Corail et d'os de Seiches sont à peu près ban- nies de la thérapeutique actuelle. Le Codex paru dernièrement nous donne la formule sui- vante pour l’opiat Gentrifice : Bitartrate de potasse (crème de tartre) porphyrisé. 4100 » Sucre de lait porphyrisé «4 . 4 : - ,. de: H1191001q» éécmammiadOaroue abuse 10% O 20 Essence de menthe. | PRINCE HET 0 30 Nreliblaneris 4 Lift JL LEROULG 1501> Glacédine he Hits p gun nn RS ao 0 >» Le cérat rosat, improprement désigné sous le nom d'opiul par M. Meunier, se prépare bien comme il le formule, mais seulement à la dose de 0,50 de carmin, car 0,75, comme il l'in- dique, suffirait presque pour obtenir un fard! Enfin, quant à la potion contre la coqueluche, elle ne s'em- ploie pas seulement en Allemagne, car, personnellement, jai eu l'occasion de la préparer trois fois. Cependant j'ajouterai que j'ai bien peu de confiance dans les résultats favorables que l'on est en droit d'espérer. L. DESOBRY, pharmacien. 72 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Note sur l’édacation!fdu ver à soie da chène da nord de la Chine, Attacus Pernyi, Guérin-Méneville PAR M. J. FALLOU. Les maladies persistantes qui frappent depuis bien des an- nées, principalement en Europe, les diverses races de vers à soie, ont amené la question des espèces succédanées, qui, par cela même, est devenue digne du pius haut intérêt. C'est ainsi que desitentatives ont été faites pour introduire en Europe de nouveaux Attaciens asiatiques et américains propres à produire la soie. Depuis environ trente-cinq années, d'éminents RU, 2 et beaucoup d’éleveurs ont tenté l’acclimatation de ces pro- ducteurs de soie, dont plusieurs peuvent vivre maintenant aux dépens de nos vegétaux indigènes. Parmi ces Attaciens plusieurs sont actuellement acclimatés en Europe, soit en France, soit en Espagne, soit dans d'autres contrées, et ont donné des résultats aussi satisfaisants que pouvaient l’espé- rer les éducateurs qui s'occupèrent de cette importante ques- tion. Néanmoins la réussite de propagation et d’acclimatation de ces insectes séricigènes, surtout élevés en plein bois, laisse encore à désirer. Nous ne saurions donc trop stimuler le zèle des éleveurs, non pas à titre de pure curiosité, mais à celui d'intérêt natio- nal, leur recommander de ne pas se décourager si dès les premiers débuts de tentative d'éducation ils n’obtiennent que des succès médiocres ; car en persévérant et en observant avec attention, ils peuvent avoir l'espérance deles obtenir plus complets. M'étant livré depuis quelque temps à l'éducation en plein air de divers Attaciens exotiques, particulièrement de l’Aéta- cus Pernyi connu pour la qualité supérieure de sa soie, je vais essayer de donner ici les moyens que j'ai employés et qui m'ont le mieux réussi. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 73 es DS IS \\ il à Lo RSS | N 1 É | Fig. 7. Chenilles de l'Aftacus Pernyi à différents âges et cocon. 74 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE Lorsque l’on voudra se livrer à l'éducation du ver à soie du. chène du nord de la Chine, une des conditions essentielles sera celle d'obtenir des producteurs reconnus, autant que pos- sible, exempts de maladies héréditaires. L'état d'œuf, et celui de cocons, étant les états les plus faciles à se procurer, nous aborderons d'abord la question des œufs, en indiquant les conditions nécessaires que nous connaissons pour leur traitement. Quand un éducateur recevra des œufs de n'importe quel pays, il devra aussitôt leur faire subir un bon lavage à l’eau simple (1). Gerte opération a pour but d'enlever les corpuseules déposés sur leur surface extérieure par les papillons femelles au moment de la ponte. Après ce lavage, ils seront déposés et étalés dans des boîtes bien aérées, et non amoncelés lès uns sur les autres, ce qui nuit toujours à l’éclosion des chenilles. Les cocons devront être conservés dans un lieu sec à l'abri de la gelée. Suspendus verticalement par leur pédoncuie, ainsi que!les chenilles les placent aux branches, et non attachés par le milieu et fixés horizontalement. Cette dernière manière de les préparer est très nuisible à la sortie des papillons ; elle provoque des avortements, et les sujets qui en éclosent sont le plus souvent mal conformés et impropres à la reproduction. Dans son pays natal, cette espèce d’Attacien est bivoltine, c'est-à-dire quelle a deux générations dans la même année : mais, sousnotre climat, la seconde n'ayant lieu qu'en automne, elle réussit mal, attendu que les chênes perdent leurs feuilles souvent avant que les chenilles puissent arriver à filer leurs cocons. Il est donc très important de chercher à n'avoir qu'une seule génération par an, ce que l'on peut espérer en retardant l’éclosion des papillons; nous avons déjà obtenu quelques bons résultats en plaçant au premier printemps nos cocons dans un endroît sec à basse température. C'est par ce procédé que nous sommes parvenus à constater le retardsui- 1. Ce moyen m'a été recommandé par M. Balbiani, professeur au Collège de France. 4 Note de l'auteur.) nn. PES FR / BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 5) vant, en 1881, 1882... Ce n'est que de la plus petite partie des cocons que sont sortisles papillons ies mêmes années, ils sont éclos à de grands intervalles, de la fin d'août au mois d'octobre ; le plus grand nombre de papillons ne sont éclos en 1882 que dans le courant de mai, en 1883 l’éclosion n'a eu lieu que du 8 au ?1 juin, soit plus d'un mois plus tard qu'en l'année 1880. Ainsi, dès le mois de mai, il faut surveiller l’éclosion des papillons et dès leur sortie les placer dans un endroit clos mais le plus spacieux possible, afin qu'ils puissent prendre leur essor, s'y accoupler et y déposer leurs œufs; lorsqu'on les aura recueillis,ils seront aussitôt lavés et placés ainsi qu'il est indiqué plus haut. La phase de cet Attacien à l’état d'œuf est d'environ trois semaines. Dès que les chenilles sortiront des œufs on mettra des feuilles de chêne fraîches dans la boîte, les chenilles s'y pla- ceront ei les feuilles seront transportées avec leurs habitants et fixés aux chênes qui devront servir à leur nourriture. Un autre procédé pour placer les œufs sur les arbres est aussi employé avantageusement au Japon pour une espèce vosine : les œufs sont fixés à l’aide d’une colle faite avec de la farine de sarrazin sur le milieu de bandes de calicot ou d’une autre étoffe analogue, de 15 centimètres de long sur un centimètre de large ; on colle environ dix œufs sur chacune de ces bandes, que l’on attache aux branches des chênes, de telle sorte que les œufs se trouvent placés en dessus et non pas contre l'écorce de la branche, et qu'ils soient toujours exposés de manière à éviter les rayons du soleil. Aussitôt écloses, les chenilles savent parfaitement choisir les feuilles qui leur conviennent. D'après mes expériences, je conseillerai à ne pas en réunir un grand nombre sur le même arbre; vingt à trente suffiront pour un buisson d’un mètre cube. En plein air comme en plein bois,les chênes devront tou; jours être abrités, afin de protéger les chenilles contre leurs nom- 76 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE breux ennemis (1), tels que oiseaux de jour et de nuit, chau- ves-souris, guêpes, frelons, libellulines, fourmis, etc., etc. Les moyens d'abris sont très facultatifs, la toile métallique, oulestoiles clairesde toute matière textile peuvent être utilisées" avec avantage ; en 1883, j'ai à cet effet expérimenté une sortes de cabane assez commode. Elle se compose de cinq châssis en bois très léger, garnis de” toile claire, faciles à transporter d’un buisson de chêne à un autre. Ces châssis peuvent se réunir en un cube, en quelques” minutes, au moyen de pitons placés à chaque angle, et fixés, en terre par quatre tringles en fer léger ; la couverture est réunie aux quatre côtés par des pitons et des crochets. Ce que je viens de dire ne concerne que les éducations en plein bois ; on peut aussi élever ces vers sur des branches” coupées, que l’on place dans des vases à ouverture étroite, tels que carafes, bocaux, etc.,etc.,remplis d'eau. Cette eau doitêtre changée tousles jours, et les vases bien rincés; avec ce procédé il faudra bien avoir soin de ne laisser aucune ouverture entre les tiges et les bords du vase, afin que les vers ne puissent entrer dans les vases et s’y noyer. Leur phase à l’état de chenille dure de quarante à cinquante” jours. Cette espèce subit quatre mues ou sommeils, et change chaque fois de peau ; pendant cette période il faut s'abstenir de les déranger ; en le faisant, on risque de les faire périr. Quand le temps est chaud et surtout sec, on devra arroser les feuilles de chênes au moyen de pulvérisateur ou d'arrosoir a pomine percée detrous très fins. | Lorsque les chenilles auront filé leurs cocons, il faudra sem garder d'y toucher avant une quinzaine de jours, car avantce temps la chrysalide peut ne pas être bien formée. Les cocons peuvent n'être récoltés qu'en automne. Quant àn ceux que l'on réserveracomme reproducteurs, ils devront rester attachés aux branches. Celles-ci seront coupées ai moins à dix centimètres au-dessous du cocon, de manière à ce que. L 1. Des abris deviendraient inutiles si l’on pouvait occuper un gardien pour les Î éducations. e ] À À ‘ BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE AT la branche portant ce cocon puisse être placée verticalement, fixée dans des planchettes percées de trous, faciles à transporter. Avec cemoyen, les coconsse trouveront dansune posenaturelle et les papillons pourront en sortir, et se développer comme en liberté ; puis ces cocons seront tenus durant l'hiver dans un lieu sec et froid. JULES FALLOU. Nota. — La figure qui accompagne cet article provient de la Société d'Acclimatation. — Remerciments. (La Rédaction.) Maladies des vers à soie en Chine PAP M. A. RAMÉ La sériciculture subit une crise en ce moment. La récolte de la soie dans les principaux districts de la Chine a diminué de quatre millions de kilogrammes, c’est-à-dire de plus de moitié. Des expériences faites à Milan sur des cocons et des graines venant d'Asie prouvaient que la pébrine et la flacherie étaient la cause à peu près certaine de la diminution toujours crois- sante de la production chinoise. L'ingénieur Susani, spécialiste italien bien connu, dit que, s'étant procuré des cocons secs de la récolte de 1882 provenant de cinq localités différentes de la Chine, et en ayant examiné les chrysalides, il avait pu constater que non seulement {a pébrine et la flacherie, mais aussi la « bobrite-bassiana », (calcino muscardine) faisaient certainement des ravages dans les éducations chinoises ; qu'ayant ensuite examiné des graines récentes de même origine, il les avait trouvées si corpusculeuses (corpuscolosi) qu'il n'y avait aucun doute pour lui que les éducations que l'on tirait en Chine, de pa- reilles graines, devaient être réduites de moitié par la pé- brine. L'Italie se trouve donc actuellement le pays où l’on fait le meilleur élevage du ver à soie. Cependant la sériciculture est appelée à se développer et à prospérer dans l’état de Californie, dont le climat est toujours 78 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE égal et où le mürier croît avec une telle rapidité dans certaines régions que l'élevage du ver à soie ne tardera pas à devenir une des branchesles plus importantes de l'industrie locale. à Aucune des maladies dont le ver à soie a été atteint em Europe, n’a été signalée en Californie. La soie obtenue ne IE cède en rien, paraît-il, à celle produite dans les districts 16s plus renommés duJapon et de l'Asie-Mineure. Nous étudierons les différents cas selon leclimat des divers pays, quelles peu-« vent être les causes de ces états de maladie, et nous en rendrons compte dans un autre article A. RAMÉ, Secrétaire adjoint de la section de sériciculture. Société dapiculture et dinscetologie Séance du 19 mars 1884, présidence DE M. MAURICE GIRARD. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. L'échange est accordé du bulletin d'insectologie avec le bul- letin de la Société d’études scientifiques d'Angers. M. E. Lesueur montre un bel échantillon vivant de la Cou- leuvre d'Esculape et remet des articles relatifs à la Couleuvre d'Esculape et à la capture d'un nid de Frelons. M. Désobry annonce un article rectificatif sur les coche- nilles et des formules plus récentes relatives aux produits dérivés. M. Ramé remet un article sur les maladies des vers à soie en Chine et M. Maurice Girard une détermination d'Insectes faisant partie du musée scolaire de notre collègue M. Maillet, instituteur à Faverney (Haute-Saône), et un article traduit de l'allemand sur les mœurs des fourmis au sujet de l’ense- velissement de leur morts. M. Turecki entretient la Société de son procédé pour la conserva.ion des peaux avec leurs poils, de façon qu'elles n'aient plus à redouter les attaques des insectes, et montre des échantillons de ces peaux conservées. La Société décide qu'elle fera tous ses efforts pour encourager les travaux de M. Turecki et l'aider à en obtenir la juste rémunération. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 79 M.Maurice Girard fait hommage à la Société, de la sixième édition de son livre, les Métamorphoses des Insectes, ouvrage couronné par l'Académie française, Hachette et compagnie, Pa- ris, 1884. Outre de nombreuses améliorations de détail, cetie édi- tion contient une étude du Puceron lanigère du pommier d'après les travaux de M.J. Lichtenstein,de nouvelles figures, dues à notre collègue M. A. Clément, relatives au ver à soie du mûrier et à la méthode de grainage cellulaire de M. Pasteur, appelée à rendre de nouveaux services en raisor des épizooties qui règnent en Chine sur cet utile insecte et qui obligeront le commerce à recourir encore aux éducations euro- péennes. M. Trubert présente, pour faire partie de ia Société, M. Bor- dier, horticulteur à Auneau (Eure-et-Loir). L’admission de ce membre est prononcée. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Pour extrait : DELINOTTE, secrétaire. Riley et l’entomologie agraire (1) aux États-Unis Parmi les nombreux savants de nos jours qui appliquent leur science aux choses de l’agriculture, il est peu de physio- nomies aussi sympathiques que celle du jeune entomologiste de l'État, attaché au département de l’agriculture à Washing- ton, le professeur G. V. Riley. Ce n'est pas un étranger pour nous, Car nous avons eu le plaisir de recevoir déjà deux fois sa visite en 1871 et 1875. Plus qu'aucun de ses collègues, j'ai pu apprécier toutes ses qualités, et au moment où nous pouvonsespérer le voir arri- ver pour la troisième fois, on me pardonnera, je pense, de dire quelques mots de Riley et de son œuvre, spécialement en ce qui touche les intérêts de la viticulture. Comme beau- 1. C'est à dessein que j'emploie le mot agraire au lieu d'agricole, parce que ce lerme me parait mieux rendre ma pensée. Si c’est un néologisme, j'en demande pardon aux lecteurs. 1 É L' * 80 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE coup de célébrités de la jeune Amérique, Riley naquit en Eu- : rope, à Londres, en septembre 1843, et fut élevé jusqu'à onze ans dans son pays, puis passa trois ans au collège de St-Paul, à Dieppe, el trois ans dans une école particulière de Bonn sur les bords du Rhin. Dès son enfance il eut la passion de l’his- toire naturelle et une facilité extrème pour reproduire par le crayon et le pinceau les images de ce qu'il voyait. La perte prématurée de son père laissant à sa charge un petit frère encore à l'école, développa chez le jeune Riley un sentiment de responsabilité et de confiance en lui-même qui donna un tour pratique à ses idées d'avenir, en lui inspirant la conviction que l'éducation classique ne lui suffisait plus et qu'il fallait y joindre l'étude active de la vie pratique. C'est ainsi qu’à l’âge de dix-sept ans, avec cet amour d'aven- tures, d'institutions libres, de colonisation agricole, qui ac- compagne souvent les natures artistiques, Riley s'embarqua pour New-York. où il arriva avec beaucoup d’espérances et peu de ressources. Hardi pionnier, il alla s'établir fermier dans l'État de l’'Illi- nois. Amant enthousiaste de la nature, travailleur ardent et pas- sionné, il occupa bientôt une des premières places parmi les farmers du pays. Mais, sous l'impulsion de son activité fébrile, corporelle et intellectuelle à la fois, sa santé, toujours assez frêle, s’altéra et lui imposa au moins le repos corporel. Abandonnant la charrue pour la plume, il se fit rédacteur du journal /a Prairie farmer et commença dès lors ses belles et importantes études sur l’agriculture et plus spécialement sur l'Entomologie agraire, vaste champ d'exploitation dont il sut bientôt faire apprécier l'importance et sur lequel il devait se rendre si célèbre et siutile à son pays d'adoption. Car, devenu citoyen américain, il servit dans les rangs des volontaires de l'Illinois en 1864 et ne reprit le cours de ses utiles travaux, d'une manière sérieuse qu en 1868. (A suivre). - PRIS LL TRS PS LPS SPP PSS PTT Le Gérant : H. HAMET. Imp. de la Soc. Typ.-Noizette, 8, rue Campagne-Première. Paris. 4 N° 6. NEUVIÈME ANNÉE Juin 1884 BULLETIN D'INSECTOLOGTE AGRICOLE SOMMAIRE : Le Callidie sanguin, par M. E. SavaRD. — Société centrale d'apiculture et d’insectologie : Séance d'avril 1884. — Anecdotes sur le Frelon, par M. E. LESUEUR. — Compte rendu des séances du con- grès des sociétés savantes en 1884, par M. A. RAME.— La cochenille are et ses DE par J. A. MEUNIER. Le Callidie sanguin. (Callidium sanguineum, Fab.) PAR M. E. SAVARD On voit souvent courir au milieu des maisons, dans les ap- partements, un fort bel insecte coléoptère longicorne, d’une forme un peu allongée, d’une riche couleur rouge, portant de longues antennes ; il est très printanier, car il se montre dès le mois de mars. Cet insecte sort des bûches de chêne destinées au feu et il s’en échappe quelquefois au moment où on les met dans le foyer ; si on examine ces bûches, on y re- marque des trous ovales qui traversent l'écorce et qui s’y trouvent en plus ou moins grand nembre. Si on enlève celle- c1,on s'aperçoit qu'il règne un grand désordre, tant à sa sur- face interne qu’à la surface extérieure du bois ; on y voit des sillons où des galeries imprimées dans le bois et dans l’é- corce, remplies de poussières noirâtres, pressées, dans les- quelles, on trouve des larves qui en sont les légitimes habi- tants. Chacune d'elles occupe une galerie distincte pleine de ver- woulure, excepté dans unesorte de chambre remplie par l’in- secte ; lesgaleries n’ont pasune formerégulière ; elles varient pour la longueur, la largeur et ladirection qui est rarement droite, inais qui serpente d’une manière irrégulière. Eiles sont dirigées dans le sens des fibres et se terminent ordinai- G + cé RÈ BULLETIN D 'INSECTOLOGIE AGRICOLE rement par un trou de forme ovale qui s'enfonce oblique- ment dans le bois, à la profondeur d’un centimètre ; les dimen- sions de cet ovale parfait sont de 4 à 5 millimètres sur 3 mill- mètres. Il correspond exactement au trou que lon «à remarqué sur l'écorce. Il y a des büches tellement rong'ées par les larves que la première couche de l’aubier a presque entièrement disparu et que l'écorce, qui ne touche plus au bois que par un petit nombre de points, s’en sépare ou tombe sous le plus léger effort. Les larves qui habitent les galeries vivent de bois sec : elles en détachent les fibres avec leurs mandibules robustes et den- tees, les mastiquent avec leurs mâchoires et les avalent ; elles les digerent et en rendent les parties grossières, impropres à la nutrition, sous la forme de poussière brune ou de ver- moulure ; elles grandissent lentement et mettent au moins deux ans pour parvenir à leur croissance entière, car on en voit en même temps de très petites et d’autres qui paraissent arrivées à leur taille complète. Lorsque cette larve est par- venue à toute sa croissance, à la fin de février ou au com- mencement de mars, elle creuse un trou ovale dans le bois et s’y enfonce pour attendre le moment de sa métamorphose en uymphe et ensuite en insecte parfait ; celui-ci, après s’être raffermi, perce l’écorce qui le couvre, y pratique un trouovale d’une dimension égale à celle de son corps et prend son essor. La larve, au moment de sa métamorphose, a 14 millimètres de long: ; elle est d’un blanc légèrement jaune, un peu dé- nrimée, c’est-à-dire moins épaisse que large, formée de treize segments sans compter la tête qui est petite, cachée en partie, dans le premier segment. On y distingue deux fortes mandi- bules brunes, un labre, des palpes et des poils roux qui en= tourent la bouche ; on y voit aussi deux petites antennes. Le premier segment est très grand par rapport aux autres, lui- sant, et portant deux taches écailleuses jaunâtres ; il recouvre la tête en dessus et lui est adhérent ; les deuxième et troisième segments sont très petits ; letreizième ou dernier est un simple on Dé pain j'u Gi tés où HÉSR e nd OS GS, CS Sn de nd a de BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 39 bouton que l’on doit, peut-être, regarder comme un appendice du douzième, auquel cas il n’y aurait que douze segments comme dans les larves de la plupart des insectes. Cette larveest pourvue de six pattesthoraciques,presque im- perceptibles, impropres à la marche ; ellesemeuten rampant. Les entomolog'istes peuvent nourrir ces larves dansla fa- rine ; ils parviendront ainsi à observer les phases de leur existence. On trouve cet insecte depuis le mois de mars, jusqu'à la fin de mai. Il s’accouple dès sa naissance, et la femelle fécondée va pondre ses œufs sur l'écorce du bois du chêne sec, les plaçant dans les fissures et les crevasses qu'elle rencontre, sous l'écorce soulevée des extrémités des bûches. Les petites larves qui en sortent s’introduisent entre l'écorce et le bois, et y creusent chacune une galerie pour se loger et pour vivre. On rencontre également les insectes à état parfait dans les forêts, sur le tronc vermoulu des vieux arbres, et dans les chantiers de bois où je l'ai trouvé. Le vol des Callidies est rapide et soutenu. Quand on veut les saisir ou les inquiéter, ils font entendre un bruit particu- lier produit par le frottement du thorax sur l’écusson. L’insecte parfait est un Coléoptère de la famille des Long'i- cornes, de la tribu des Cérambyciens et du genre Callidiwm. Son nom entomologique est Callidium sanguineum et son nom vulgaire Callidie sanguin; c’est la Lepture veloutée. couleur de feu, de Geoffroy. On ne connaît aucun moyen de s'opposer aux dégâts pro- duits par cet insecte, si ce n’est celui d’écorcer le bois de chêne en l’abattant et de ne mettre dans le bûcher que du bois dépouillé de son écorce. La méthode d'écorcer le bois de chène en le coupant a le double avantage du produit de l'écorce et de l'éloignement du Ca/lidium. Cet insecte n’attaque pas les autres essences de bois. Dans l’ordre général de la nature, le Callidium sanguineum joue un rôle important: il contribue à faire tomber l'écorce des chênes sur pied ou abattus par les ourag'ans pour accélérer la décomposition du bois et sa réduction en terreau. 90 BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE Callidiun sanguineum. Longueur, 9 millimètres. Les an- tennes sont noires, filiformes, de la long'eur du corps ; la tête est noire, avec une petite tache rouge au milieu ; le corselet est arrondi, déprimé, tuberculé, couvert d’un duvet roug'e sanguin, quelquefois noirâtre ; les élytres sont plus larges que le corselet, cinq à six fois aussi longues, à côtés parallèles, arrondies, au. bout, d’un beau rouge sanguin velouté ; le dessus du corps est noir ou brun ; avec l'extrémité de l’abdomen rouge-brun ; les pattes sont noires, velues, à cuisses renfilées ; le corps est généralement déprimé, ayant dans sa coupe la forme elliptique, ce qui explique pourquoi les trous que l’in- secte perce dans l’écorce pour se mettre en liberté sont ovales. La belle couleur rouge de ce Coléoptère se ternit sur les sujets secs conservés en collection. E. SaAvaRD. Sociéte centrale d'Apiculture et d'Insectologie. SÉANCE DU 16 AVRIL 1884. — PRÉSIDENCE DE M. MAURICE GIRARD Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.— Le secrétaire annonce que le mémoire Belloir resté en litige est, par suite de rabais, établi à 3.600 fr. — Le trésorier est autorisé à verser cette somme. M. Dermigny, président de la Société d'horticuiture de Péronne, communique la note suivante concernant la des- truction des nids de g'uëpes et de frelons : « Je conseillerai à ceux qui veulent détruire des nids de guèpes et de frelons, l'emploi du chloroforme ou tout simplement les fumigations de tabac ; l’une et l’autre méthode réussissent très bien. J'ai chez moi un nid de guèpes obtenu par insuffiation de vapeurs de tabac dans le nid, situé sous terre, et un autre nid de frelons asphyxiés par le chloroforme. Le nid de frelons (Vespa crabro, Linn.) était situé dans un pigeonnier aban- donné. L’ayant couvert, au-dessus et tout autour, avec une : toile très épaisse, je plaçais au-dessous du nid une assiette contenant 100 grammes de chloroforme ; je chauffais douce- BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 91 ment pour que l’évaporation füt plus rapide. Dix minutes après, j’enlevais toile et vase et je m'emparais promptement du nid, que je secouais vivement au-dessus d’un seau d'eau chaude, pour y faire tomber tous les insectes libres asphy- xiés ; j'emportais le nid chez moi, et le lendemain je procé- dais à l'examen des alvéoles. Ce nid était formé de dix rayons superposés, comprenant 750 alvéoles, dont chacun contenait un sujet; presque tous les alvéoles étaient opereulés ; sur les 750 sujets, 53 étaient pourvus d’ailes et paraissaient prêts à sortir ; les autres étaient à différents termes ; sortis des alvéo- les, ces insectes meurent peu de temps après leur exposition à l'air. Cette capture a été faite Le 15 octobre 1883. » Un membre ajoute que pour la destruction des nids de œuêpes en terre l'emploi du pétrole est efficace et à la portée de tous. Le secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Philippe qui demande un blâme contre l’un des membres de la société. Renvoi au conseil d'administration qui est chargé de pré- senter un rapport. M. Maurice Girard entretient l'assemblée, ainsi que M. J. Fallou, de divers détails concernant le Ver à Soie du chêne de la Chine, Aftacus pernyt, G. Mén, sur les éducations à air libre duquel M. J. Fallou a donné un mémoire publié dans le précédent bulletin. M. Meunier Bonnet, de Blois, communique à la Société la remarque qu'il à faite, il y a longtemps, et qu'il a été à même de contrôler nombre de fois. C’est que les abeilles désertent les ruches sur lesquelles les chiens ont uriné. Si on loge, dit-il, un essaim dans une ruche qui sent l’urine de chien, cet essaim déserte immédiatement à moins que ce ne soit en temps de miellée; il y bâtit alors des rayons et y em- magasine du miel; mais un peu plus tard, il finit par déserter sa ruche garnie de provisions. De même,sides chiens vont uri- ner sur une ruche qui loge une colonie de plusieurs années, cette colonieémigrera tôt ou tard à cause de l’odeur de cette urine. Le professeur du Luxembourg dit qu’en effet certaines 32 “BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE odeurs déplaisent aux abeilles, les irritent ou les repoussent. Il ignorait que celle de l'urine du chien fût du nombre. M. Hamet entretient l'assemblée du pillage latent, accident très rare que nombre d’apiculteurs n’ont pas été à même de voir, et dit qu’il l’a constaté cette année à une époque hà- tive où il ne pensait pas que cela pût avoir lieu; car c’est au moment de la principale miellée, en mai et juin, qu'or le constate, ou du moins qu'il l’a observé trois ou quatre fois depuis plus de cinquante ans qu’il à presque constamment vécu près des abeilles. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Pour extrait : DELINOTTE, secretaire, Ancedotes sur le Frelon. Vespa crabro, Linn. PAR M. E. LESUEUR. (Suite et fin.) Le court trajet en chemin de fer jusqu'à Maisons-Laffitte “effectua rapidement, puis, d'un pas alerte nous nous diri- geämes vers la forèt en traversant le parc de Maisons; pen- dant le trajet, M. Morel, voulant porter mon sac qui était lourd, s'aperçeut que le fond était entr'ouvert et mouillé; j'ou- vre le sac, il était complètement inondé. Cétait le flacon d'acide sulfurique, quoique bouché à l'émeri et bien ficelé, qui avait éclaté danse le sac et avait brûlé tout ce qui se trou- vait dans l’intérieur; le cuir du sac, réduit à l'état d'amadou, avait ensuile brûlé mon paletot et une jambe de mon pan- lalon ; fort heureusement pour moi que le liquide corrosif ne traversa point l'étoffe et ne me fit que des dégâts matériels : il ne nous restait rien pour asphyxier nos redoutables enne- is. Enfin, nous étions arrivés et quand même décidés à les cormbattre. Nous mimes nos masques el nos gants, et, armés de os filets, nous approchâmes de la hutte après avoir convenu de nous porter mutuellement secours au cas où l’un de nous serait en danger. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 93 J'entre le premier, suivi de M. Morel. Aussitôt un bourdon- nement étourdissant se fit entendre, nous nous trouvâmes environnés par plus de cinq cents frelons qui se jetèrent sur nous avec acharnement; ieur choc sur nos masques avait la violence d’une balle de:terre glaise, lancée par une sarhacane, nos vêtements en élaient couverts; M. Morel, les écrasait sur moi ainsi que moi sur lui; nous enlevâmes à plusieurs reprises quatre plateaux de différentes grandeurs dont un mesurait 25 centimètres de large, tous garnis de leurs cellules ainsi que de jeunes larves écloses ; après une lutte de trente minutes, la victoire nous resta définitivement. L'endroit était désert, fort heureusement pour nous, car avec notre accoutrement i'on aurait pu nous prendre pour des bandits. Rentrés à Paris, je déposai les plateaux dans une boite grillagée et me fis le nourricier des jeunes larves, leur don- nant du bout du doigt de l’eau sucrée mélangée de miel qu'elles prenaient avec avidité. Je vous assure que cela était très amusant de les voir se développer ; quelques frelons entièrement formés venaient sur mon doigt manger le miel dont il était enduit sans me faire aucun mal. Quinze jour: après, j'avais chez moi un essaim complet, des mâles, des femelles et des neutres, que je nourrissais alors de fruits, de sucre et d'eau miellée. Dans ma nouvelle colonie, il y avait pendant le jour une activité continuelle, ils commencèrent à réparer leur nid el donnaient eux-mêmes la miellée aux quelques larves qui restaient à se former. Une des remarques intéressantes que je fis, ce fut laccou- plement: à ce moment la femelle devient coquette, fait sa ioilelte, se détire les ailes, puis S'aplatit sur la branche où elle se trouve, les parties sexuelles s'agitent ; elle attend !... le mâle vole autour d'elle et lui donne à manger, puis S'em- parant de sa femelle, le contact à lieu, ils S'envolentensemble pendant la fécondation qui dure deux minutes. Les nids de frelons sont comme les eitadelles, il y à tou- jours un frelon de planton prêt à donner l'alarme à la pre- 94 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE mière alerte ; si par hasard vous rencontrez des frelonnières, gardez-vous de les exciter, il y à danger. L'accouplement ci-dessus démontré a été de même remar- qué par M. Morel, il y a quelques années pendant l'exposition des insectes et il le fit voir à M. Hamet. secrétaire général de notre Société. E. LESUEUR. Compte rendu des séances DU CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES lenu à la Sorbonne les 15,16 ct 17 avril (Section des sciences naturelles. Par M. A.Ramé,délégué de la Société centrale d'Apiculture et d'Insectologie. Bien des questions ont été traitées et toutes certainement très intéressantes, mais je ne vous citerai que celles qui ont rapport à l’Insectoiogie et plus particulièrement certaines communications faites par des savants naturalistes. | La première séance à eu lieu le 15 avril et a été ouverte à 2 heures et demie, sous la présidence de M. de Quatrefagres, assisté de MM. Duvergier et Cocteau. M. Cocteau, de la Société des sciences naturellesde l'Yonne, fait part de la continuation de ses études sur les Echinides jurassiques, dont 48 planches nouvelles représentant des espèces inédites ont été imprimées. M. Raveret-Wattel donne quelques détails sur la faune ichthyologique de la France et sur les essais de repeuplement qui devraient être faits. — Une carte dressée avec beaucoup de soins indique la relation constante qui existe en France en- trelaconstitution du solet la nature des poissons vivant dans certaines eaux. M. le docteur Lemoine, professeur à l’école de médecinede Reims, fait unecommunication sur le simædosaure, reptile nouveau, dont il a recueilli la presque totalité du squelette dans les terrains tertiaires inférieurs des environs de Reims (séance du 16 avril). M. le docteur Lemoine donne quelques détails sur le déve- loppement des œufs du phylloxéra du chêne et sur l’organi- sation particulière de cet insecte. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 95 Les œufs de cet insecte sont tellement durs qu'ils peuvent résister à tout, et peuvent se développer dans l’eau. Une grande quantité de dessins, faits par ce savant obser- vateur, présentent une étude approfondie sur les mœurs et la vie de cet insecte, sur ses diverses transformations et sur sa formation interne. Le docteur Lemoine à écrit en 1883 une étude des recher- ches sur le développement des podurelles, brochure de 50 pages avec 3 planches comprenant 60 figures. M..le docteur Trouessard,directeur du musée d'Angers, fait en son nom et en celui de M. ?. Mégninune communication sur le groupe des Sarcoptides plumicoles (acariens parasites des oiseaux), qu'ils étudient en commun depuis plusieurs années. Le nombre des espèces connues de ce groupe ne dépassait pas soixante, décrites par divers auteurs, de 1818 à 1882. La collection du musée d'Angers en possède aujourd’hui plus de cent cinquante, sans compter de nombreuses variétés, el le nombre des genres est plus que doublé, La publication de ces types nouveaux commencée dans le journal de Microgra- phie, et le Naturaliste, exigera plus d'une année. En atten- dant, les auteurs font connaître les principaux points qui ressortent de cette étude. La morphologie des Sarcoptides plumicoles présente un œrand intérêt en raison de la grande variété de leurs formes extérieures. Le polymorphisme sexuel est poussé ici plus loin que dans aucun autre groupe zoologique, et les orne- ments épidermiques qui caractérisent l’un ou l’autre &es sexes sont souvent d’une grande élégance. Ce polymorphisme est encore compliqué par de nombreuses mues qui sont de véri- tables métamorphoses, et les formes larvaires et nymphales différent extrêmement des formes adultes. Enfin chez beau- coup d'espèces il existe plusieurs formes de nymphes, et chez quelques-unes même deux formes de mâles ou de femelles adultes. La recherche des conditions physiques et physiolo- giques, auxquelles se rattache ce polymorphisme présente un grand intérêt zoologique; et rend l'étude des mœurs de 96 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE ces animaux microscopiques trés attrayante, malgré les difficultés multiples qui sont la conséquence de leurpetite taille et de leur condition de parasites. Mais cette condition même leur donne une grande impor- tance au point de vue de la théorie transformiste. On peut suivre en effet sans effort les transformations d’une même espèce sous l'influence des modifications qui résultent de son habitat sur les différents types d’une même famille or- nitholog'ique. On passe ainsi par des nuances souvent in- sensibles d’une variété, d’une espèce, et même d’un genre à l’autre, et l’on peut dire que l’on assiste, à la lettre, à la jor- nation des espèces. À côté des Sarcoptides, les oiseaux nourrissentles Acariens d’une autre famille, celle des Cheylétides. Une des formes les plus intéressantes de ce groupe est le Cheylurus socialis, tÿpe d'un nouveau genre remarquable par le développement des pattes postérieures chez le mâle, caractère qui n’avaitpas encore été signalé dans ce groupe, bien qu'il soit très commun dans la famille voisine des Sarcoptides. L'auteur met sous les yeux de l'auditoire des dessins repré- sentant les principaux types, dont il vient de parler, ainsi que des photographies microscopiques exécutées, d’après ses préparations, par M. P. Chanay, membre de la Société lin- néenne de Lyon. M. P. Mégnin, délégué de la Société zoologique de Franceet de la Société de biologie, donne des exemples intéressants de l'application de l'entomologie à la médecine légale. À différentes reprises, on à trouvé, soit dans des greniers, soit dans des caves, soit dans des placards, enfermés dans des caisses ou grossièrement enveloppés dans des linges, dans du papier ou dans du carton, des cadavres plus ou moins desséchés d'enfants. Ces cadavres une fois envoyés à la morgue, ils'agissait de rechercher, si c'était possible, les causes de la mort , tout au moins l’époque à laquelle remonte cette mort. M. le professeur Brouardel,ayant remarqué queces cadavres BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 97 sont ordinairement couverts d’une poussière artificielle, com- posée à peu près entièrement de dépouilles d'insectes et de leurs déjections, s’est adressé à M. P. Mégnin pour savoir si on ne pourrait pas, par le moyen de ces restes, et connais- sant les mœurs'et les métamorphoses des êtres dont ils pro- viennent et le temps nécessaire à leurs évolutions, apprécier approximativement le temps écoulé depuis l'invasion des in- sectes, c’est-à-dire depuis l’époque de la mort du sujet. S'étant attaché à cette étude, M. P. Mégnin est arrivé à des résultats qui l’autorisentà dire quela médecine légale peut maintenant avoir recours, dans certaines circonstances données, à l’entomologie, qui lui donnera des renseigne- ments aussi certains que ceux qu'elle tire de la pathologie humaine, pour fournir aux tribunaux, dans certaines ques- tions criminelles, les éléments de jugements pour l’applica- tion de la loi. A Lorsqu'un cadavre est exposé à l'air libre, ou plutôt lorsqu'il n’est pas enfermé dans un récipient hermétiquement clos, comme une bière bien clouée ou un cercueil de plomb bien soudé, il est rapidement envahi par une foule d'insectes qui viennent pondre à sa surface et surtout à l’entrée de ses ouvertures naturelles ; les larves sorties de ces œufs le pénètrent en tous sens pour se nourrir de ses humeurs et ac- tivent ainsi la décomposition. C’est de cette facon qu'agissent de nombreux diptères du groupe des sarcophagiens et quelques coléoptères dont les adultes concourent avec leurs larves à la destruction des cadavres,comme les si/phes et les Aisters.Ces insectes avec leurs larves, et celles des diptères susnommés que l’on connaît sous le nom vulgaire d’asticots, suffisent pour absorber à peu près entièrement les humeurs liquides du cadavre et l’amener presque à l’état de squelette, imbibé encore d'acides gras que l’on connaît sous le nom de gras de cadavres C’est à ce moment qu’arrive une nouvelle escouade de travailleurs qui vivent exclusivement de ces matières grasses: JS BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE ce sont les corynètes, les dermestes, fig. 8. et de petits diptères comme les phora. les lonchæw. Fig. $, Dermeste. Larve, lnsecte parfait. ele, Le rôle de ceux-ci étant terminé et le cadavre réduit à l'é- tat de momie, les parties organiques sèches, les tendons, Ja peau, les parties musculaires en sont attaquées par une troi- sième série de travailleurs de la mort, constituée par les authrénes et des acariens détriticoles des genres /yroglyphus. glyciphaqus, trachynotus, qui se montrent alors par myriades et font disparaître tout ce qui reste de matière organique. la remplacant par une matière pulvérulente qui recouvre les os et qui est entièrement composée des dépouilles des arti- culés, de celles de leurs nymphes hypopiales et de leurs déjections. L'invasion des cadavres par séries successives de travail- leurs est parfaitement régulière, comme des études déjà nombreuses ont permis de le constater. D'un autrecôté, ilest très facile, au moyen du nombre des dépouilles et connais- sant le temps employé par chaque métamorphose, d'apprécier très approximativement la longueur de chaque période pen- dant laquelle une série d'insectes a travaillé. C'est en s'appuyant sur ces données que dans plusieurs cas dont le nombre s'élève jusqu'à présent à six, M. Mégnin est arrivé à déterminer d'une manière suffisamment exacte l’é- poque de la mort des sujets soumis à son examen. M. Mégnin prépare un mémoire spécial dans lequel il don- nera des renseignements très complets sur les insectes des cadavres humains dont il a étudié les mœurs et les habitudes, et démontrera, par des exemples, l’application qu'il a faite BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 99 de ces connaissances dans des cas d’expertises, où ces «educ- tions ont été parfaitement confirmées par les aveux des mères coupables qu’on avait fini par arrêter. M. Még'nin a ensuite présenté, de la part de M. Drouet, un travail sur les Unionides d'Italie. M. Bertheraud, de la Société climatologique d'Alger, à étu- dié au point de vue de l'hygiène le champignon toxique de la morue sèche et s'étend sur les inconvénients que peut produire dans l’alimentation l'emploi d’un aliment altéré et malsain. Séance du 17 anrél, PRÉSIDÉE PAR M. H. MILNE-ED WARDS. M. Maunoir lit un rapport important surles missions g'é0- graphiques du ministère de l'instruction publique. — Tous les courageux explorateurs ont rapporté des collections d'histoire naturelle très remarquables, qui seront bientôt placées au muséum, où il sera facile de les visiter : Cap Horn, isthme de Malacca, île de Palouan, Cochinchine er Indo-Chine, le Tong-King, Tunisie, ete., etc. M.Maurice Girard présente un travail de M. Ernest Olivier sur la faune du Doubs. (Vertébrés.) M. Grandidier, dans une étude géographique d’un très œrand mérite, cite parmi les productionsnaturelles de l’île de Madag'ascar une partie spéciale à la sériciculture, ils’exprime ainsi : On à souvent parlé de la soie qui, dit-on, pouvait ètre ré- coltée en abondance dans les forêts de Madag'ascaret devenir l’objet d’un commerce important. On trouve assez souvent en effet pendus aux arbres des bois, des nids ou immenses poches soyeuses remplies de cocons dus aux Bombyx Rada- ma et Diég'o ; mais ces cocons ne sont pas susceptibles d’être dévidés, et on ne peutqueles convertir en filoselle, ou bourre qu’on file à la quenouille et qui n’a pas grande valeur. Il y à encore une autre chenille que les Hovas élèvent, le ver de l'Ambrevate, qui fournit aussi de la soie : mais cette soie, qui 100 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE du reste ne se dévide que très difficilement et qui ne peut guère être employée que sous forme de filoselle, n’a pas le brillant de la soie de Chine et n’est guère remarquable que par sa solidité. Il est vrai qu’on pourrait en certains endroits planter des maûriers et y élever notre ver à soie ordinaire, mais ce neserait probablement chose ni très facile ni tres profitable. M. l'abbé Maze communique diverses observations sur les hannetons, et cite entre autres destructeurs de ce terrible co- léoptère, le chat domestique qui, dit-il, est très triand des mans Où larves de hannetons, et qui, très attentivement, suit la bêche du jardinier pour capturer et même déterrer ceux qui se trouvent à sa portée et s’en faire un suceulent re- pas. à J'ai pensé, Messieurs, que le compte rendu du Congrès en ce qui touche plus particulièrement à notre société pourrait avoir pour vous quelque attrait, et je serai le premier satis- fait si j'ai pu un moment captiver votre attention. A. RAME, Secrétaire adjoint de la section de séricicultute, Délégué au Congrès des sociétés savantes. INSECTOLOGIE INDUSTRIELLE La Cochenille laque et ses produits PAR M. J.-A. MEUNIER. La Cochenille laque (C'occus ou plutôt Æermes lacca) esl un insecte qui vitaux dépens de plusieurs arbres des Indes orientales et de la Chine, notamment du Figuier des Indes (Ficus Indica), du Figuier des Pagodes (Ficus religiosa), du Jujubier cotonneux (Rhamnus jujuba), du Croton portelaque (Croton lacciferum), etc. Les femelles qui, comme les Coche- nilles tinctoriales, sont seules parasites, se tiennent sur les petites branches qu'elles piquent lorsque vient le moment de la ponte, et font, par ces ouvertures, exuder de l'arbre un sue laiteux qu'elles modifient par leur salive et dans lequel elles BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 101 déposent leurs œufs : peu à peu ce suc s'épaissit et change de couleur. De blanc qu'il était il devient rouge brun, tant par les larves qu'il renferme que par la salive des mères.On fait la récolte de ce suc deux fois par an, en mars et en octobre. c'est-à-dire avant la sortie des jeunes insectes. Elle se fait en cassant les branches qui en sont chargées: puison les fail sécher au soleil. C'est cette matière que l’on nomme Gonme laque où Résine laque (1) ; elle nous arrive presque toujours par voie anglaise et sous trois formes, différentes en qualités. Ce sont : 1° la gomme laque en branches; ?° la gommelaque en grains et 3° celle en écailles blondes ou de couleur cerise (2). La laque en branches se présente généralement sous forme de rognons, de Là 7 centimètres de longueur, sur 1 à ? de diamètre, d'un rouge brun, demi transparent, terreux en dessus,chargés d'insectes et laissant voir dans leur cassure des cellules aussi rapprochées que le sont les alvéoles des abeilles. La laque en grains est de la laque en branches, dépourvue d'in- sectes, cassée et passée à l'eau tiède pour la débarrasser de ses impuretés; elle se présente en petits morceaux d’un jaune brun variant de la grosseur d'un grain de millet à celle d'un pois. La laque en écailles est celle qui à été fondue et coulée soit sur ut tronc uni de Bananier, soit sur une pierre plate, Tan- tôt elle conserve encore une grande partie de matière colo- rante, c'est la gomme laque cerise; son épaisseur varie de 1 à 5 millimètres ; elle vaut environ 5 francs le kilogratnme. Tantôt elle n’en contient plus que la vingtième partie, c'est ia gomme laque blonde, c'est celle qui rend le plus de services dans l’industrie : elle se vend de 6 à 7 francs le kilogramme. On connait bien encore deux sortes de gomme laque, la gomme laque blanche et celle en bälon ; mais comme elles subissent une préparation, nous en parlerons plus tard. 1. Du persan Lak qui veut dire teinture rouge. 2. M, Louis Figuier, dans son Histoire des tnsectes, cite uüe quatrième sorte dé gomme laque en fils rougeàtres et feutrés. Nous n'avons trouvé aucun com- merçant qui lînt cet article. 102 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Il y à environ quarante ans, la gomme laque était d'un usage fréquent en médecine comme tonique et astringent ; pulvérisée on l’employait comme dentifrice. Aujourd'hui elle est complètement abandonnée du Codex. Cependant en disso- lution dans l'alcool elle est d’un grand usage dans les ateliers d'ébénisterie comme hémostatique. Propriétés chimiques. — L'analvse qualitative de la Coche- uille laque ne présente aucune différence de celle faite de la Cochenille tinctoriale ; l'analyse quantative, seule, n’a pas donné le même résultat: c'est-à-dire que les éléments sont les mêmes dans l’une comme dans l’autre de ces Cochenilles, mais en quantité variable. L'analyse de 14 gomme laque à donné, d'après Hatchett, les résultats suivants pour les différentes sortes de laques : Laque Laque Laque en branches. en grains. en écailles. Matière colorante. 10 » 25 0 5 Cinearer EN eat 6 » 4 5 4 » Glbéenegche MLEUX ri 25 2:8 Corps étrangers. . 6 > » > » RÉSIME. (ee te tel 68 » 88 D 90 9 PERE een MIRE 4 » or5 18 100 » 100 >» 100 » En raison de la résine que contient la laque, l'eau à très peu d'action sur elle ; cependant l’eau froide dissout plus de sa Matière colorante que l’eau chaude; les liqueurs alcalines ou acidulées la dissolvent presque complètement à chaud: l’alun en avive la nuance ; la gomme laque se dissout entière- ment dans l'alcool. (A suivre.) Le Gérant : H. HAMET. hop. de Ja Soc. Typ.-Noiïizette, 8. rue Campagne-Première, Paris. N° 7. NEUVIÈME ANNÉE Juillet 1884 EE EEE ————_—_—_—_—2Î2—…—…—…"…—"—"— .…"…"…"…"—" — — —…"— BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE LPPPIPI SP LPIPIPIIP SSP III SSS POUR TRS ATARI LAD ADSL ALIATL LISA ADA SALES SOMMAIRE : La cochenille lague et ses produits, (Suite) par M. J. A. MEUNIER. — Société d’apiculture et d'insectotogie, Séance de mai 1884 -— La sésie apiforme, par M. E. SAvARD. — Riley et l'entomologie agraire aux États-Unis (Fin).— Destruction des fourmis et danger des mouches. INSECTOLOGIE INDUSTRIELLE La Coehenille laque et ses produits PAR M. J. A. MEUNIER. Propriétés physiques.— D'après la théorie de M. Faraday, la gomme laque présenterait un pouvoir inducteur double de celui de l'air, c'est-à-dire qu'elle contiendrait une quantité double d'électricité. C’est du reste, partant de ce principe que la gomme laque conservait bien l'électricité, que Volta a construit, avec cette matière, un électrophore, l’une des ma- chines électriques les plus simples. Cet appareil se compose: 1° d'un gâteau de gomme laque circulaire de 20 à 30 centi- mètres de diamètre et de 3 à 4 d'épaisseur, coulé sur un pla- teau de bois ; 2° d’un disque de bois de même grandeur recou- vert d’une feuille d’étain et muni d'un manche isolant en verre. Pour obtenir de l'électricité au moyen de cet appareil on commence par bien sécher les deux pièces en les chauf- fant légèrement, puis on bat la gomme laque avec une peau de chat assez fortement, ce qui lui communique l'électricité négative. Posant alors le disque de bois sur la gomme laque, celle-ci, qui est un corps très mauvais conducteur, conserve son électricité négative et, par son influence, attire le fluide positif vers la face qui est en contact avec elle. Touchant donc la feuille d’étain avec le doigt, c’est le fluide négatif qu'on enlève et le disque de bois se trouve électrisé positivement. 104 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE En effet, si on l’enlève d’une main par le manche isolant, et si on lui présente l’autre main, il jaillit une vive étincelle. Dans un air sec, l'électrophore, une fois électrisé, peut con- server son pouvoir pendant plusieurs mois, sans avoir besoin d’être battu de nouveau avec la peau de chat. C'est cet appa- reil qui est employé en chimie dans les analyses, pour faire détonner les mélanges gazeux dans l'eudiomètre au moyen de l’étincelle électrique. C’est aussi avec la gomme laque que l’on obtient l’électri- cité dans l’électromètre condensateur de Volta, autre appareil beaucoup plus sensible que l’électrophore, mais d'un usage moins fréquent. Usages industriels. —Ta gomme laque en branche est prin- cipalement employée pour la teinture à cause de la grande quantité de principe colorant qu'elle renferme, tant par la salive déposée par les Cochenilles mères que par les insectes qu'elle contient. On lui donne, dans le commerce, le nom de Nick-lah et de Lac-dye, elle vaut de 6 à 7 francs le kilo- gramme ; celle qui contient le plus d'insectes a plus de valeur. Bien que cette substance soit connue de temps immémorial en Asie, il n’y a guère que deux siècles que l'Europe en fait usage. Pour teindre avec cette matière il faut la broyer, ensuite on la met en contact avec l'acide sulfurique ordinaire, puis on verse dessus de l’eau bouillante et on filtre la liqueur. La résine précipitée reste sur le filtre, et on se sert de la partie liquide pour teindre en rouge la soie et la laine. Comme la matière colorante entraîne toujours une petite quantité de résine on peut la fixer sur les tissus sans mordant. A cause de l'acide sulfurique, on ne peut obtenir que des rouges plus sombres, mais plus solides, que ceux des Cochenilles tinetoriales ; la boue, la sueur, l'urine, ne les tachent pas aussi facilement. C'est avec cette teinture que l’on fait les beaux maroquins du Levant, dont on avive la nuance par l’alun. La matière colorante de la laque en branches est aussi em- ployée en peinture sous les noms de laque rouge végétale et BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 105 laque-laque; on l'extrait exactement comme il a été dit pour la laque carminée avec laquelle elle à beaucoup d’analogie, en ayant soin, cependant, d'enlever la résine avant de préci- piter. La gomme laque en grains et celle en écailles ne sont plus employées pour leur principe colorant, mais seulement pour celui gommo-résineux. Nous ne pouvons, dans ce petit mé- moire, analyser les multiples usages de ces produits ; cepen- dant nous allons citer les principaux en commençant par la cire à cacheter, dont voici une des nombreuses formules : on fait fondre dans un vase de cuivre et sur un feu doux 48 par- ties de gomme laque blonde en écailles, et on y mélange suc- cessivement les matières suivantes: 12 parties de térébenthine ; 1 _ baume du Pérou ou de benjoin, 36 — vermillon ou autre couleur fine, en ayant soin de remuer la dissolution sans interruption jus- qu'à ce que la coloration de la masse soit bien uniforme. On coule alors sur une table de marbre dégourdi, jusqu’à ce que celte masse devenue une pâte assez ferme pour être divisée en petits bâtons tels qu'on les trouve dans le commerce, le luisant se donne en passant légèrement ces bâtons sur la flamme de l'alcool. Pour avoir la cire dorée on mêle dans la pâte, quand elle est en fusion, du mica réduit en poudre. On supprime alors la matière colorante (1). Dans diverses professions on emploie la gomme laque en bâtons de toutes les couleurs. Cette gomme laque, qui est ven due très bon marché (5 centimes le bâton; 4 francs le kilc: gramme),est presque toujours sophistiquée avec de la résine et du blanc d'Espagne ; les teintes se donnent avec du blanc de céruse, du chromate de plomb, de l’ocre rouge et jaune, du minium, de la terre de Sienne, du bleu de Prusse ou 4. Cette formule est celle de la cire fine; la commune obtient la cire grossière de la même manière, mais avec 3 parties de colophane, 1 de blanc d’Espagne et 1 de minium. 106 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE d'outremer, du sous-acétate de cuivre, du noir de fumée,etc. ; elle est principalement employée dans l’ébénisterie et la mar- queterie pour boucher les nœuds et les fentes des bois, dans la bijouterie, pour remplir les bijoux creux, pour coller les pierres précieuses et même les imiter dans la bijouterie en faux. Nous avons eu dans les mains une bague dont le chaton était en gomme laque bleue et qui imitait parfaitement le la- pis-lazuli. C'est aussi avec cette gomme laque que l'on colle les tampons dans les clefs des instruments de musique. Pour recoller la porcelaine, on fait usage d’une gomme laque tout à fait pure et entièrement privée de sa matière co- lorante ; elle se présente dans le commerce tout à fait blanche, d'un aspect de pâte de guimauve à s'y tromper. Nous nous souvenons, alors que nous portions encore des pantalons à mi-jambes, avoir été victime de cette. f'umisterie, ce qui a fauli nous coûter plusieurs dents. Voici comment on pré- pare cet ingrédient ; on réduit de la gomme laque blonde en poudre et on la soumet à un courant de chlore qui lui enlève les dernières traces de principe colorant. Lorsqu'elle est bien blanche, on la fait fondre au bain-marie et quand elle forme une pâte bien homogène, on l'étire entre les doigts, comme font les camelots ambulants lorsqu'ils préparent des berlin- gots. Quand on en a fait un fil de 7 à 10 millimètres de dia- mètre, on la roule en spirale ou on la coupe en petits bâtons ; chaque bâton vaut dix centimes, le kilogramme vaut 8 à 10fr. Cette gomme laque sert aussi à préparer les vernis incolores pour le bois blanc et les chapeaux de paille. Puisque nous venons de nommer le vernis, nous allons en dire quelques mots. C’est un produit assez sérieux pour ne pas le passer sous silence. Chaque profession, nous dirons même plus, chaque atelier, possède un vernis spécial mais qui varie peu des formules que nous allons donner. Dans l’a- meublement on se sert de deux sortes de vernis: celui au pinceau, qui est pour être poncé, et celui au tampon. Voici comment se font ces deux vernis: BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 107 Vernis à poncer 4 Vernis au tampon. 500 parties de gomme la-| 6 parties g. 1. en écailles pulvérisées. queblonde en écailles.| 3 — de sandaraque. 1.000 parties alcool à 90°.| 4 — térébenthine de Venise. 60 — alcool. La dissolution de ces vernis s'opère dans un matras fermé avec une vessie. Pour appliquer le vernis au tampon sur une pièce bien polie, on prend un tampon de toile à gros fils et déjà usée, on l’imbibe légèrement de quelques gouttes d'huile de lin, puis de vernis, et l’on frotte sur la partie à vernir tou- jours en long, sans appuyer ni trop fort ni trop doucement jusqu’à ce que le tampon fasse entendre un petit clique-cli- que, alors on n'appuie plus que très légèrement. (A suivre.) Société d’apiculture et d’iusectologie Séance dû 21 Mai 1884. — PRÉSIDENCE DE M. RAMÉ. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Notre collègue, M. Frédéric Breignet, de Marmande (Lot- et-Garonne), demande qu'on lui écrive où il pourra se pro- curer des Attacus cynthia vera, G. Mén. (Ver à soie de lai- lante), À. Luna, (Ver à soie américain), À. yama-maï, G. Mén. (Ver à soie du chêne du Japon). Nous espérons que des réponses seront faites par des lecteurs du Bulletin. M. Maurice Girard entretient l’Assemblée des ravages cau- sés aux boutures de vignes, à Tarascon-sur-Rhône, par le Peritelus griseus, charançon fracticorne ; cet insecte poly- phage a fait beaucoup de tort, dans ces dernières années, aux bourgeons des mûriers des environs de Paris ; ilest si- gnalé par M. Géhin, de Metz, comme dévorant,en Lorraine, les bourgeons des poiriers et pommiers. M. Maurice Girard montre ensuite des feuilles de tilleul, envoyées de Saintes (Charente-Inférieure) et dont le parenchyme a été détruit, en larges plaques, par les chenilles d’un microlépidoptère. M. E. Savard présente un sujet de la Sésie apiforme (7ro- chilium apiforme, Linn.), Lépidoptèreressemblantà une gué- 108 BULLETIN D'INSÉCTOLOGIE AGRICOLE pe frelon et dont la larve vit dans le trone des peupliers, et remet une note au sujet de cet insecte nuisible. M. E. Lesueur parle du Kermès (Aspidiotus neriüi,Bouché), formant des plaques adhérentes sous les feuilles des lauriers roses cultivés en pots et contre lequel il faut employer des lotions à l'alcool ou au jus de tabac, ou bien la submersion complète de l’arbuste pendant plusieurs jours. L'assemblée apprend,avec beaucoup de plaisir, les récom- penses accordées à deux de ses membres par la Société d’ac- climatation de Paris : médaille de première classe à M. E. Sa- vard, pour ses travaux sur les insectes nuisibles et pour ses dons de petites collections d'étude aux écoles primaires de la banlieue; médaille de deuxième classe à M. E. Lesueur, pour ses travaux sur les reptiles insectivores. M. Ramé donne un compte rendu des questions insectolo- giques qui ont été traitées à la réunion des sociétéssavantes. (voir au Bulletin). M. Hametentretient l’assemblée de quel- quesparticularités de l’essaimage actuel. Il dit que lesabeilles qui composentles essaims,ordinairement très bénignes,sont cette année très irritables. Il communique sur ce fait un avis conforme de M. J. Garnier, du Var, qui lui écrit: « Les abeilles sont très méchantes cette année. Je n’avais jamais eu besoin de gants jusqu'ici. Expédiez-m'en une paire par retour du courrier. » Il ajoute que les essaims ont aussi une tendance à se fixer au faîte des arbres et voire mème à s'éloi- gner dans une proportion plus grande qu’en année ordinaire. Les essaims recherchent aussi les bâtisses vides pour s’y lo- ger. Le professeur rend compte de l’évolution d’un essaim qui, le 11 mai, alla se loger directement dans une bâtisse, mise de côté sur un banc, à l'ombre sous un prunier. La ru- che d’où sortit cet essaim faisait assez fortement la barbe; la température était élevée (25° à l'ombre). Depuis quelques heures des ouvrières visitaient ia bâtisse en réserve. Tout à coup, vers midi, les abeilles de la barbe se détachent et émi- grent au loin dans toutes les directions, tellement qu’on ne sait plus où elles sont passées. Mais au bout d’une minute BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 109 et demie environ, un certain nombre reviennent près de leur ruche et y rentrent. Une demi-minute après, l’essaim, cette fois, se met à sortir avec une précipitation peu commune et va se loger directement, sans se balancer en l'air, dans la bâtisse en question et, le reste de la journée, il travailla ac- tivement. Plusieurs correspondans font part de la situation de leurs ruches. La plupart nourrissent des espérancesassez grandes : l’essaimage est en train et la miellée ne tardera pas à don- ner. Dans la semaine du 11 au 17 les ruches ont pris du poids, là où les fleurs étaient abondantes. M. Asset dit que chez lui il y a longtemps que le marronnier n’à donné autant que cette année. Le secrétaire présente, pour faire partie de la Société, M. Sevalle, à Paris, et M. Vis (Alphonse), à Brimeux(Pas-de- Calais). L’admission de ces membres est prononcée. — La séance est ensuite levée. Pour extrait, l’un des secrétaires : DELINOTTE. La Sésie apiforme (Sesta apiformis, Linn, Trochilium apiforme, Linn.) PAR M. E. SAVARD. Peuplier, genre POPULUS, famille des Salicinées (1). Les Peupliers surpassent tous les arbres de nosclimats par la rapidité de leur croissance; il en est qui atteignent, en 25 ou 30 ans, une hauteur de 25 à 30 mètres. Dans quelques espèces, les fruits contiennent un duvet blanc, cotonneux, très abon- 1. Les caractères essentiels de la famille des Salicinées sont les suivants : Fleurs unisexuées, dioïques, les mâles et les femelles disposées en chatons cylindriques, réduites aux étamines (2-12 ou plus) ou aux carpelles, chaque fleur étant placée à l’aisselle d’une bractée qui joue le rôle d’un périanthe monophylle, et étant pourvue d’une à deux glandes nectarifères cylindriques ou d’une sorte de disque charnu entourant l'ovaire, ou donnant insertion aux étamines. Ovaire à 2 stigmates, composé de 2 carpelles soudés incom- plètement, biloculaire, pluriovulé, à ovules ascendants, réfléchis. Fruit petit, capsulaire, s'ouvrant du sommet à la base (par la séparation des deux ear- pelles), à valves s’enroulant en dehors. Graines très petites, entourées de longs poils soyeux, dépourvues de périsperme, à embryon droit, 110 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE dant; on a essayé de le filer ou de le convertir en papier, mais il n’a pas l’élasticité nécessaire pour être d’un bon usage. Comme combustible, le bois de peuplier donne un feu clair et de peu de durée; mais il est excellent pour chauffer les fours. L’écorce de certains Peupliers est douée d’amertume; on à extrait de la salicine des PopuLuS TREMULA (le tremble) et ALBA (Blanc de Hollande). Les écailles qui enveloppent les bour- geons de Peupliers au premier printemps sont recouvertes d'une substance visqueuse balsamique dont la saveur est amère et aromatique. Ce suc résineux entre dans la prépa- ration de l’onguent populeum. Il est des Lépidoptères, singuliers par leur aspect sous la forme de papillons, remarquables par leurs habitudes sous la forme de chenilles, qui constituent le genre des Sésies {Sesia), avec des subdivisions, ainsi Trochilium, genre Sesia qui, à luiseul, est presque une petitefamille entière (famille des Sé- siides). Certains chasseurs d'insectes, dontl’œilest peu habitué aux distinctions entre des objets ayant entre eux une vague analogie, prennent souvent les Sésies pour des espèces d'Hyménoptères assez voisines des Guêpes,des Philanthes,des Sphex, des Scolies, etc. C’est la même faille, la même livrée, seulement les couleurs sont plus vives. (Trochilium apiforme, Linn.) De 37 à 40 millimètres. Ailes transparentes; supérieures avec les nervures, les bords, etune tache discoïdale d’un brun ferrugineux en dessus, plus clair en dessous. Chez les individus qui viennent d’éclore et qui n’ont pas volé, ces mêmes ailes sont saupoudrées d’écailles très fugaces, d’un brun clair. Inférieures sans aucune tache. Frange d’un brun obscur de part et d'autre. Tête jaune avec une tache blanche sur le côté interne des yeux, et un crois- sant jaune sur le côté externe. Antennes noires, avec le des- sous ferrug'ineux. Thorax d’un noir brun, avec quatre taches jaunes. Abdomen jaune, avec les premier et quatrième anneaux noirs et garnis d’un duvet brun, tous les autres bordés de noir. La femelle diffère du mâle en ce qu’elle est plus grande, …: ie BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 111 1 avec l'abdomen plus gros et sans brosse à l'extrémité. On trouve souvent plusieurs des chenilles de cette espèce dans le même arbre. Les Sésies, aux antennes en fuseau, crénelées surtout chez les mâles, et aux jambes de derrière fortement éperon- nées, volent en plein jour; leur vol est horizontal, rapide pour les mâles, qu'il est difficile à prendre au filet; j'a! pris ce mâle à Bois-le-Roi, carrefour du Berceau. Souvent elles se posent sur des arbres ou des arbustes ; elles viennent y déposer leurs œufs, œufs très petit et de formes arrondies. Leurs che- nilles, au corps allongé, pres- que cylindrique, vivent dans l'intérieur des troncs d’ar- bres, des branches, et dévas- tent les jeunes plantations de peupliers. Fig. 9. Sésie apiforme. Pâles et décolorées, comme des êtres qui ne doivent pas s’exposer à la lumière, on lesreconnaît facilement pour des larves lignivores. La plupart des Sésies sont de petite taille, mais la plus commune dans notre pays est aussi la plus grosse. C'est la Sésie apiforme (Sesia apiformis où Trochilium apiforme) que l’on voit souvent depuis la fin de mai jusqu’à la mi- juillet volant près des peupliers, courant avec rapidité sur les troncs. Peut-être vient-elle d’éclore ou cherche-t-elle à opérer sa ponte. Ses œufs sont déposés sur l’écorce, à peu de distance du pied ; aussitôt que les petites chenilles sont écloses, elles se mettent à ronger le bois, elles pénètrent à l’intérieur, où chacune creuse sa galerie. La vie de ces chenilles paraît être assez longue, deux an- nées ; parvenues à toute leur taille elles finissent par établir dans un tronc des loges très spacieuses," au grand dom- mage de l’arbre. Cependant, on remarque que ceslarves semblent n’attaquer 112 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE exclusivement que des peupliers qui ont déjà souffert ; la sève en abondance d’un arbre sain leur serait sans doute nuisible, Il est intéressant d'observer la chenille de la Sésie apiforme dans ses caractères ; de remarquer combien tout en elle est parfaitement adapté à son genre d’existence, de constater que, pour sa vie, illui serait impossible d’être soumise à d’autres conditions. Ses pattes écailleuses sont plus petites que chez la plupart des autres chenilles ; un peu grandes, elles seraient pour elles fort gênantes pour circuler dans une étroite galerie. Les pattes membraneuses sont même très courtes et ne sont pas conformées pour saisir, mais bien pour prendre la plus forte adhérence possible sur une large surface ; leurs épines sont très acérées et forment une couronne compléte. La tête de cette chenille est recouverte d’un tégument rou- geâtre fort dur, car elle est obligée de faire un effort consi- dérable pour que ses mandibules puissantes puisent entailler le bois. Le labre, n'ayant rien à maintenir, ne présente au- cune échancrure. Le corps tout entier de l’insecte a une peau molle avec de petits tubercules et des poils rares, propres à rendre l’animal très sensible à tous les contacts Le peu de soie que sécrète la chenille de la Sésie apiforme n’est pas en quantité suffisante pour consolider la chrysalide, capable de la bien protéger contre les intempéries. Aussi, pour que sa coque possède toute la résistance indis- pensable, elle agglut're de la poudre de bois, ce qui rend la coque rugueuse à l'extérieur, et parfaitement lisse à l’inté- rieur. En général la chrysalide à la forme des chrysalides noc- turnes, mais elle est tout autrement armée que la plupart d’entre elles ; cette armure n'est pas pour elle un vain orne- ment, car cela lui permet d'exécuter un mouvement de pro- œression. Après sa naissance,le papillon ne pourrait traver- ser à nu une galerie sans lacérer son corps et ses ailes contre les rudes parois. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 113 Avec les épines de ses anneaux la chrysalide se hisse peu à peu jusqu’à l’orifice de la galerie, de sorte que le pa- pillon éclot à l'air libre. On peut remarquer que l'enveloppe est garnie d'une ran” gée d’épines sur chaque anneau de l’abdomen, et de fortes pointes à l'extrémité, ce qui l'empêche de glisser facilement sur le bois, de sorte que l’insecte arrive ainsi protégé par la rude peau de chrysalide jusqu’à la sortie de sa galerie. Enfin quand il est parvenu ainsi au dehors, il se débarrasse com- plètement; le voilà en liberté. Son enveloppe de chrysalide, ouverte par le dos, reste ordinairement attachée à l'endroit même où elle est devenue inutile, et on voit comme deux valves rejetées de part et d'autre. Nous ferons remarquer que cette espèce, par la forme des parties et leur coloration et par sa taille, ressemble peu à une abeille, malgré son nom d’apiforme, mais beaucoup plus à un Frelon (1). E. Savarn Riley et l'entomologie agraire aux États-Unis Suite. Cette année-là, quoique encore bien jeune (il avait vingt- cinq ans),il avait tellement su persuader aux agriculteurs que la lutte contre les insectes ennemis de nos récoltes était indis- pensable aux propriétaires comme aux fermiers, que l'État du Missouri « créait les nouvelles fonctions d'Entomologiste de l'État » et appelait Riley à les remplir. Se mettant de cœur et d'âme à la tâche entreprise, Riley publia alors pendant neuf années consécutives ces admirables rapports si connus de tous ceux qui ont souci de l’agriculture et de ses progrès. Chacun sait, en effet, d'une manière générale, que le monde des insectes nuisibles cause un dommage immense à la ri- chesse agricole, mais il n'y a que les spécialistes qui savent 1. Les gravures 8 et Q sont tirées des Métamorphoses des Insectes de M. Maurice Girard, 6e édition. 1884, Hachette et Cie, — Remerciments aux éditeurs. (La Rédaction). 114 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE ce que peuvent ces myriades de déprédateurs et combien de millions de dollars ils prélèvent chaque année sur les produits de l’agriculture en Amérique. Que ne puis-je citer ici le tableau saisissant que Riley sou- mettait, en 1877, à l’université de Washington, par lequel il prouvait par des chiffres authentiques que la chenille du co- ton (army worm) coûtait aux États du sud 20 millions de dol- lars en une semaine; que la chrysomèle des pommes de terre (Doryphora 10 — lineata) empêchait à peu près la culture de cette solanée dans les États de l’ouest, jusqu’à ce qu’on apprit à combattre ce fléau; que la mouche de Hesse (Cecidomyia destructor) ruinait des hectares entiers de blé et que 50 mil- lions de dollars ne suffiraient pas à couvrir les pertes occa- sionnées par les sauterelles de 1873 à 1875!!1 Certes, Riley comme tout entomologiste sérieux, ne croyait pas à la possibilité de détruire complètement un insecte, mais il a démontré qu'il est possible et pratique de sauver une bonne partie des récoltes. Aussi est-il parvenu à faire partager ses idées aux législa- teurs de ces pays et, en 1878, il était appelé à Washington _ pour être attaché au ministère de l’agriculture aux appointe- ments de 1.900 dollars. Le congrès de la nation ajoutait à cette somme un millier de dollars pour frais de bureau et recher- ches et votait, de plus, 10.000 dollars pour investigations en- tomologiques utiles au pays, Dire le travail que firent Riley et les savants collègues qui lui furent adjoints pour l'étude des ravages des sauterelles par exemple (MM. Packard et Cyrus Thomas) serait un travail beaucoup trop long pour un article de journal. Bornons-nous à renvoyer le lecteur au magnifique volume de 786 pages, orné de cartes, planches et gravures sur bois (Report on the Rocky mountain locust) dans lequel le fléau est étudié à fond, poursuivi jusque dans son berceau, et où les moyens de l'é- touffer dans son germe ou de Le combattre, s'il a déjà acquis quelque développement, sont admirablement expliqués. Passons sur les centaines d'articles touchant tels ou tels BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 115 insectes nuisibles aux cultures agricoles, horticoles ou viti- coles des États-Unis qui parurent dans divers recueils, pour ne plus parler de Riley que comme notre collègue en phyl- loxera ; car c’est ici surtout que nous tous et surtout celui qui signe ces lignes, avons eu à le consulter et à prendre ses excellents conseils. C'est grâce à lui que, dès l’année 1869, je pus, le premier, constater l’origine américaine du phylloxéra et attester, son identité avec l’insecte américain décrit par Asa Fitch de New- York sous le nom de Pemphiqus vitifoliæ. C'est par Riley que je reçus les communications des travaux d'Engelmann, et qu'avec mon beau-frère le professeur Planchon, nous parlâ- mes pour la première fois des Concord, des Taylor, des Clinton, des Herbemont, ces cépages de la première heure qui se sont tellement multipliés depuis, que l’énumération seule des variétés remplirait plusieurs pages. Les nombreuses études de Riley sur le phylloxéra, dont je Îis largement usage dans mes publications sur cet ennemi et dont je copiai les dessins dans mon tableau biologique de l'évolution de l'insecte (1), avaient appelé sur le savant amé- ricain l'attention de la société centrale d'agriculture de l'Hé- rault et du gouvernement de la République française. En 1873 une médaille d’or grand module lui fut envoyée comme mar- que d'appréciation de ses travaux sur l’auteur de nos désas- tres viticoles. Je ne puis résister au plaisir de traduire la let- tre, pleine de sentiments élevés, par laquelle Riley exprima sa reconnaissance au représentant de la France. Il disait : « La science donne par elle-même, à ceux quila cultivent « et qui font des découvertes utiles, des récompenses plus « précieuses et plus durables qu'un gage quelconque; cepen- « dant, je recois avec reconnaissance le témoignage d'estime «que vous m'envoyez au nom de la République française, 1. Les dessins seuls sont de Riley ; la théorie de l'évolution en elle- même m'appartient en propre et n’a même pas le complet assentiment de Riley, ni de beaucoup d'autres savants. 116 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE « parce que cela prouve que, tout en m'efforçant, comme ser- « viteur de l'État du Missouri, de faire tout ce que je puis « dans l'intérêt de son agriculture, les efforts ont été appréciés «< ailleurs. Cela montre que la science, vraie interprète des « mystères dela nature et puissant levier de la civilisation et « du progrès, n’est pas une chose locale, maïs qu’elle répand « ses rayons sur toutes les nations. Cela prouve que la décou- «< verte d'un fait quelconque tendant à augmenter le confortet «< les convenances de l'existence humaine, ou, comme le dit « Bacon, lumanis commodis inservire, n'appartient pas à un « État isolé, mais au monde entier. « RILEY. « Saint-Louis, 23 février 1874. » Chez Riley, l'observateur patient des mœurs et des méta- morphoses des insectes est doublé d’un agriculteur pratique, cherchant toujours le remède après avoir constaté le mal. C'est ainsi que nous trouvons dans ses rapports, à côté ou à la suite de l’histoire des insectes nuisibles, l'étude détaillée des expériences faites avec plus ou moins de succès pour les combattre ; c’est ainsi qu'il est arrivé à trouver dans diverses substances insecticides des moyens très pratiques d’atténuer, dans de notables proportions, le mal occasionné aux vastes cultures des États-Unis par les principaux insectes dont j'ai parlé plus haut. Je n’'énumérerai pas ces divers remèdes ; cela me conduirait trop loin. Mais je crois pouvoir, sans manquer à ce que je dois à la sincère amitié dont m'honore Riley, faire pressentir à notre Société d'agriculture et aux viticulteurs qui ont encore des vignes à défendre que Riley croit avoir trouvé contre le phyl- loxéra un remède supérieur à tous ceux qui ont été employés jusqu’à ce jour, y compris le sulfure de carbone; il m'écrit lui-même : « Je considère ceci comme la plus grande découverte que j'aie faite. »(Zconsider it the greatest discovery I have made.) Je ne suis, certes, pas suspect d'un grand amour pour les insecticides, et, après avoir vu, comme membre de la Com- BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 117 mission du phylloxéra, les quelques centaines d'insuccès des remèdes infaillibles que nous avons essayés au Mas de las Sorres, je suis devenu très sceptique. Mais il y a tant de bonne foi, tant de franchise dans tout ce qu'écrit Riley; il avoue si naïvement ses insuccès, quand il en éprouve ; il raconte si scrupuleusement toutes les précautions dont il s’entoure, pour constater les bons effets d'un remède, que, quand il me dit : « J'ai trouvé » je suis tout prêt à le croire... cependant, j'aimerais à voir. Riley ne met pas la lumière sous le boisseau et n’a pas pris de brevet d'invention ; il me dévoile tout au long son remède, et j'en ai déjà dit quelques mots à la Société d'agriculture. Son coût est minime, son application des plus simples, sur- tout en employant quelqu'un des instruments déjà si perfec- tionnés dont se servent les viticulteurs du Bittérois et de l'Aude. (Geux-là sont heureux ; ils ont encore des vignes à dé- fendre |) Enfin si, comme je l'espère, notre éminent confrère amé- ricain peut obtenir un congé, il viendra nous voir, et je veux et dois lui laisser le plaisir de nousexpliquer lui-même, et d'appliquer sous nos yeux ce remède, qui, depuis deux ans qu'il l’a soumis à un contrôle attentif, lui donne les résultats les plus merveilleux. C’est en même temps un poi- son actif pour le puceron et un engrais énergique pour la vigne. Certes, Riley sera toujours bien reçu à Montpellier, comme savant entomologiste et sympathique collègue; mais, s'il nous apportait le remède sûr pour le phylloxéra, il serait acclamé ; et, nous le savons déjà par sa première lettre, les bénédictions des viticulteurs, dont il sauverait les récoltes, sont plus précieuses pour lui que l'argent et les récompenses des gouvernements. Jules LICHTENSTEIN de Montpellier. (Extrait du Messager agricole du Midi, numéro du 10 avril 1884.) Nota. — Le remède que M. Riley considère comme efficace 118 . BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE contre le phylloxéra consiste dans le traitement des vignes attaquées par un mélange composé d'un quart de litre de pé- trole et trois quarts de litre d'émulsion de savon ou de lait dans dix litres d'eau. Nous publions cette formule afin d'en- gager les viticulteurs à des essais. (La Rédaction.) Destruction des Fourmis et danger des Mouches TRADUIT DE L'ALLEMAND DELA Gazette de Zurich. Notre abonné M. Waldher (Walner), à Wasselonne, dans les Vosges, nous communique un moyen très sûr contre les Four- mis. Notrelaboratoire botanique est situé à côté du jardin, du- quel pénétraientà travers le mur à différents endroits des foules de Fourmis noires qui se propageaient bientôt. On déposa alors à chaque ouverture 10 à 20 grammes de chlorure de chaux froid. L'effet était presque instantané. Dans le plus bref délai, même le dernier retardataire avait disparu. Les fourmis ont - l’odorat très développé et sont très sensibles pour des odeurs fortes. Par précaution, on laissa le chlorure encore pendant quelques jours. Ge procédé fut répété pendant plusieurs étés, toujours avec le même succès. En plein air ce moyen pourrait aussi être bon, mais avec beaucoup de précaution pour ne pas nuire aux plantes. — Je serais enchanté d'apprendre l'avis des experts! Dans la Gazetta degli Ospitali, le D' Grassi se rend attentif à l'importance des mouches qui, en voltigeant d'un malade vers les personnes bien portantes, peuvent leur donner des maladies telles que le typhus, etc. — Ainsi il est prouvé que les maladies des yeux en Egypte chez les petits enfants sont produites par des mouches allant d’un enfant à l’autre. La Rédaction. Dans sa dernière séance la Société a reporté à 1886 la pro- chaine Exposition des Insectes. PINS I Le Gérant : H. HAMET. Imp. de la Soc. de Typ.-Noizette, rue Campagne-Première. Paris. HÉROS N°8. NEUVIÈME ANNÉE Août 1884 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE PPPIPLSLPPIPSPPIPIS 1. — Le puceron lanigère, par M. MAURICE GIRARD. — Il. Les insectici- des, par M. RILEY. — III. Société d'apiculture et d'Insectologie, séance du 18 juin 1884. — IV. Musée scolaire de Saint-Beury, par M. H. Mar- LOT. — V. La cochenille laque et ses produits (fin), par M.J. A. MEu- NIER. ERP PEP IPS IS RSS IPS PPS PPS PTE LS LL LL DES SL LL SSL ESS LD LES PLIS Le puceron lanigère. (1) Un type spécial et qui conduit au phylloxéra nous est offert par le puceron lanigère du pommier, du genre Schizoneura D RE 1 Ë ci . us Fig. 10. Branche de pommier avec pucerons et nodosité. On dit, mais sans certitude, que ce funeste insecte nous vient d'Amérique et a été introduit en France, à la fin du 1. Voir 4'e année du Bulletin, p. 30; vue, p. 21. 120 BULLETIN D'INSÈCTOLOGIE AGRICOLE dernier siècle, avec des pommiers du Canada. Les piqüres de son rostre produisent sur les écorces des branches et sur les racines des boursouflures morbides ou galles ligneuses, qui amènent d'abord la suppression des fruits, puis bientôt la mort de l'arbre. Sous la forme la plus habi- tuelle, ce puceron, de2mm.5 de longueur, privé d'ailes, est ovoïde, d’un rouge violacé, tachant en rouge les doigts qui le pressent. Il est pourvu d'un long rostre, d'antennes minces, de pattes grêles, portant de chaque côté du septième anneau Fig. 11. I. Aptère ordinaire; [T. femelle, aïles et œufs; III. Sexué mâle; IV. Sexué femelle,avec œuf unique. deux pores tuberculeux, manquant à l'extrémité du corps des deux cornicules qu'on voit chez les vrais pucerons, comme le puceron vert du rosier. Tout le corps de l’insecte est couvert de longs flocons de filaments de cire blanche, qui semblent une toison laineuse, empêchent le corps d’être mouillé par l’eau. Ces pucerons lanigères se reproduisent par des petits vivants, suçant les tiges pendant la belle saison, se réfugiant en hiver sur les racines. Si l'hiver est doux, ils se contentent de se retirer contre la muraille sur les pommiers en espalier. D'après l'observation de M. J. Lichtenstein, de Montpel- lier, il y a deux phases de migration, où le puceron, toujours rougeâtre et long de 2mm5, prend quatre ailes très fines, avec une épaisse nervure près de la côte, et va se porter sur d’au- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 121 tres pommiers où il pond des œufs d’où naissent des aptères vivipares. En outre, il y a des sexués très petits, ne mangeant pas, sans ailes et sans rostre. Le mâle n’a que Omm5 de long. La femelle, de 1Imm de long, est entièrement remplie par un œuf unique qu'elle pond en automne sur les écorces ; il passe l'hiver et donne au printemps un puceron lanigère, sans ailes et vivipare, renouvelant les funestes colonies. On détruit Le puceron lanigère par des lavages à l'alcool, ou mieux en induisant d'huile le pommier en totalité (1). Les insecticides. PAR M. RILEY Voici les principaux passages de l’intéressante communi- cation faite à la Société d'agriculture de l'Hérault, par M. Ri- ley, le savant entomologiste américain. « En essayant de vous exposer le résultat de mes travaux, je me sens très embarrassé, à cause de la difficulté qu'on a toujours à s'exprimer dans une langue étrangère. Je suis en Europe par suite de l'intérêt que prend notre ministre de l’agriculture à Washington à tout ce qui peut faire avancer l’agriculture. Je crains que vous n'ayez conçu de trop grandes espérances sur ma visite, en pensant que je puis vous débarrasser com- plétement du fléau qui dévaste vos vignobles. Il ne nous est pas donné d’anéantir un insecte qui s'est tellement propagé. Au contraire, je crois aujourd'hui ce que j'ai toujours cru, c'est qu'il vaudrait mieux avoir un vignoble dont les racines résisteraient au phylloxéra, que d'appliquer même les meil- leurs insecticides à un vignoble malade. Je n'ai donc nullement l'intention de vous engager à vous arrêter dans la voie où vous êtes si vaillamment engagés tous, 1. Cet article, avec ses figures, forme une partie nouvelle de la 6€ édition des Métamorphoses des Insectes. Paris, Hachette et Cie, 1884, de M. Mau- rice Girard, ouvrage couronné par l’Académie française. Il contient l’indica- tion de découvertes importantes et récentes de M. J. Lichtenstein. 122 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE depuis le plus petit jusqu'au grand, pour la reconstitution de vos vignobles par les plantations américaines et les greffages. Mais, dans quelque cas, et pour lutter contre le fléau au com- mencement, un insecticide satisfaisant peut devenir extrème- ment important. Je vous demanderai la permission de vous entretenir de ce que j'ai déjà dit en Amérique sur quelques insecticides d’ap- plication générale, que j'ai trouvés les plus satisfaisants chez nous, et qui m'amèneront à ce que j'ai à dire sur le phylloxéra. Parmi les mille substances recommandées comme insecti- cides, on peut citer : la chaux, le soufre, la suie, les cendres de bois, le sublimé corrosif, le naphte, la naphtaline, la téré- benthine, l’alun, l'acide carbonique, le bleu de potasse, le bleu de vitriol, l'ammoniaque, les alcalis, la benzine, le wi- naigre, l'acide sulfurique, le quassia, le vitriol (le sulfate de cuivre), l'eau chaude, etc., etc. La plupart de ces substances peuvent être employées avec succès, soit sèches, soit en liquides, soit enfin vaporisées ; mais les trois insecticides les plus utiles, d’une application générale chez nous, étaient : le {abac, l'éllébore blanc et le savon. On s’est servi longtemps du tabac en liquide et du tabac en fumée contre les aphides ou pucerons et autres insectes déli- cais; son emploi sous l’une ou l'autre forme est reconnu comme étant d'une grande utilité. La vapeur de nicotine est aussi très efficace partout où elle peut être renfermée dans un espace déterminé, tel que les serres. Aussi suis-je d'avis, d'après mes expériences, que la va- peur qui s'élève graduellement des tiges du tabac mises dans un sol suffisamment humide, autour d'une vigne attaquée par les phylloxéras, les tuerait tous. L’ellébore blanc, sec ou en liquide, est depuis longtemps reconnu comme un des insecticides qui donnent les résultats les plus satisfaisants contre les larves des tenthrédiniens con- nues sous le nom de fausses chenilles, dont la chenille du gro- seillier (Nernatus ventricossus) estun type familier,tandis que le savon en solution forte tue les aphidiens et autres espèces BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 123 à peau délicate : et, quand on s’en sert comme peinture sur les trones d'arbre, c’est un excellent répulsif contre différents coléoptères dont les larves rongent le bois. » « Maïs j'ai eu l'honneur d'introduire trois autres insecticides dont on se sert le plus en Amérique, paree qu'ils donnent les résultats les plus satisfaisants et surpassent en importance tous les précédents. Ce sont : 1° les substances arsénicales ; 2° le pétrole et 3° le pyrèthre. Les premiers agissent sur l'estomac et produisent de l'effet principalement sur les insectes à mandibules. Le deuxième et le troisième agissent par contact, et par conséquent sont d'une application plus générale. Les substances arsenicales peuvent être employées sans danger avec de propres instruments d'arrosage et sont les in- secticides les plus importants pour débarrasser toutes sortes de plantes des insectes rongeurs. L'arsenic peut être préparé dans la proportion de3 grammes d'arséniate de soude et 12 grammes de dextrine dissous dans 4 litres d’eau, et ce mélange délayé dans la proportion d’envi- ron 30 grammes sur 40 litres d'eau. Une autre formule serait 350 grammes d'arsenic et 350 grammes de sel de soude, dissous dans 4 litres d'eau bouil- lante et délayée dans la proportion d'un litre sur 150 litres d’eau. Les qualités principales de l’arsenic sont le bon mar- ché et la solubilité. Par contre ses défauts sont sa couleur blanche, qui le fait prendre pour une substance inoffensive de la même couleur ,et sa tendance à brüler la plante. Le vert de Paris (arséniate de cuivre) ou vert de Scheele, a été plus ex- tensivement employé qu'aucune autre composition arsenicale, et, tout bien considéré, c’est un des insecticides qui donnent les résultats les plus satisfaisants. On s’en sert mélangé à sec avec diverses substances, telles que, cendres, plâtres, farine, etc., dans la proportion d'une partie du vert (s'il est pur) à 25 et jusqu'à 100 parties de l’autre corps. La farine comme mélange a l'avantage de le 124 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE rendre plus visqueux et durable. En suspension liquide le vert de Paris peut être employé dans la proportion de 350 grammes dans 150 à 400 litres d'eau. Le liquide doit être constamment remué, et, si l’on y ajoute un peu de dextrine ou autre substance, cela a l'avantage de lui donner de la viscosité. Nous employons aussi une autre composition arsenicale, qui est un résidu provenant de la fabrication des couleurs aniliques, et connue chez nous sous le nom de London purple. Il est aussi efficace etil a sur le vert de Paris le grand avan- tage d'être beaucoup meilleur marché(ne coûtant en moyenne que 30 centimes la livre); de couvrir deux fois autant de surface (poids pour poids); d'être plus soluble, moins vénéneux, plus visqueux et plus durable dans ses effets. De plus, il est d’une couleur bien déterminée, de sorte que, quand il est employé avec intelligence, il est préférable sous tous les rapports. Le suivant en importance, et d’une valeur toute spéciale contre tous les insectes suceurs, est ie pétrole. Le mérite, comme insecticide, de toutes les huiles en gé- néral, est connu et apprécié depuis longtemps. Mais la difficulté de leur application pratique, de façon à ne pas nuire aux plantes, a retardé longtemps son emploi. Ce n’est que dans ces derniers trois ans, à la suite de nom- breux essais que j'ai dù faire pour défendre toutes sortes de plantes que je suis arrivé à trouver un mode d'emploi satis- faisant. Il consiste à préparer une émulsion soluble dans l’eau, et pouvant alors être projetée en arrosage ou pulvérisation assez atténués pour tuer les insectes sans nuire au végétal. Une émulsion ressemblant au beurre peut être produite en quelques minutes, en remuant, au moyen d’une pompe à dou- ble effet, deux parties de pétrole et une partie de lait dans un récipient quelconque. Les liquides peuvent être à 30 degrés C. Une émulsion également bonne peut être faite ainsi qu'il suit : BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 125 - Pétrole, 8litres ; Savon ordinaire, 175 grammes ; Eau, 4 litres. Chauffez le mélange de savon et d’eau, et ajoutez le tout bouillant au pétrole. Remuez le mélange au moyen d’une pompe à double effet et à pulvérisateur pendant cinq ou dix minutes. L'émulsion, quand elle est complète, forme une crème qui s'épaissit en refroidissant et adhère sans onctuo- sité à la surface du verre. Délayez le tout avec de l’eau froide avant de vous en servir au degré que l'expérience indiquera. L'expérience seule peut indiquer, dans la plupart des cas, les proportions les plus convénables dans lesquelles doit se faire la solution de l’émulsion de pétrole dans l’eau. On doit se guider sur la nature des végétaux qu’on a à défendreet de l’insecte qu'on à à anéantir. En règle générale, de douze à vingt parties d’eau et davan- tage, sur une partie d'émulsion, formeront une solution con- venable pour la plupart des cas, en augmentant la proportion d'eau selon la partie plus ou moins sensible de la plante que l’on veut débarrasser des pucerons : racines, troncs, feuilles, fleurs, — ou l'espèce d'insecte : pucerons à peau molle, ou cocciens à bouclier solide. Cette question de l'application pratique de l'insecticide me conduit à vous parler des instruments qu'il faut em- ployer. On aura déjà compris par ce qui précède que les insectici- des principaux sont applicables en liquide, et comme les li- quides ont un avantage sur les poudres, les instruments pour réduire en atomes et disséminer les liquides constituent la plus importante des machines à insecticide. Les desiderata dans un tel diviseur sont: régularisation du débit, avec la plus grande puissance et le moins de chance d’obturation; facilité de nettoyage prompt ou démontage des pièces, bon marché, simplicité et facilité d'ajustement dans toute position. Je me contenterai d'indiquer l'instrument que nous avons trouvé le plus satisfaisant et qui répond à tous ces besoins. 126 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE L’instrument consiste simplement en une petite boîte cir- culaire d'environ un centimètre et demi de diamètre sur un demi-centimètre de hauteur intérieurement, dans laquelle on force le liquide par une entrée latérale ou tangente. Ce liquide tourbillonne avec une incroyable vitesse centrifuge dans sa course cireulaire, et s'échappe par un orifice central] ménagé au centre du couvercle ide la petite boîte, qui est pourvu d’une vis et rendu ainsi mobile. « Le pyrèthre (Pyretrum roseum du Caucase) est connu depuis longtemps comme possédant des propriétés insecti- cides fort remarquables, mais n'avait été employé que sous la forme de poudre pour détruire les insectes de nos maisons. En 1878, nous l'avons employé en mélanges liquides contre les ennemis de nos récoltes, et j'ai obtenu des résultats re- marquables. Il n’agit cependant que par contact immédiat, et, comme son action est passagère, les insecticides arseni- caux auront toujours plus de puissance. Mais le pyrèthre est parfaitement inoffensif, et peut être employé sans danger pour les plantes les plus délicates. L’effet de cet agent est étonnant contre les petits organismes. «Jusqu'à présent je vous ai parlé des insecticides généra- lement employés au-dessus du sol. Pour les #nsecticides sou- terrains, ceux dont on a été le plus satisfait chez nous, jus- qu'à présent, contre les insectes nuisibles aux racines, ont été le sulfocarbonate de potassium, le sulfure de carbone, et la naphtaline. | Sur ceux-là, vous êtes fixés, car nous ne savons à leur sujer que ce que nous avons appris de vous. Mais, voyant par expériénce l’efficacité du pétrole comme insecticide, j'eus l'idée, il y a quelque temps, d'essayer sa valeur contre quel- ques espèces souterraines et spécialement contre le phyl- loxéra. J’ai été aussi surpris qu'enchanté des résultats que jai obtenus; je puis vous dire que j'ai la ferme conviction que nous vous avons, dans l’émulsion du pétrole, un remède contre les insectes souterrains qui, pour nous, en Amérique, est supérieur à tous les insecticides dont j'ai parlé plus haut. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 127 Atténuée seulement par deux ou trois fois son volume d’eau, cette émulsion n’a aucune action nuisible sur les raci- nes de la vigne; tandis que son action bienfaisante se fait sentir et qu'elle tue le phylloxéra, et {ce qui est encore plus important) peut détruire les œufs,même en solution très faible. L'usage de cet insecticide est absolument sans danger, et son influence dans le sol dure longtemps. Je vous recommande tout simplement un remède que vous n'avez pas encore essayé en France, convaincu qu'il est moins dangereux que le sulfure de carbone, plus efficace que le sul- focarbonate de potassium, et qu'au lieu de faire du tort aux racines de vos vignes, il serait plutôt un engrais ; puisque la chose la plus surprenante dans mes expériences a été l’in- fluence favorable que cette émulsion exercçait sur les racines,en faisant sauter les parties d’écorce brunes ou mortes et acti- vant vigoureusement la pousse de nouvelles radicelles. L'em- ploi pratique se fera comme pour les sulfocarbonates, avec cette différence, peut-être, qu'il faudra deux ou trois fois plus de l’émulsion indiquée que du sulfocarbonate dans la même quantité d’eau, c’est-à-dire 3 ou 400 gr. d'émulsion pour 40 litres d'eau. Du reste, le principe une fois connu, je suis convaincu, par ce que j'ai vu à votre École expérimentale, que vous pourriezbientôt être fixés pour ce qui concerne tous ces détails d'application. Il en sera pour cette question des émul- sions de pétrole ce qu'il en à été pour les vignes américaines résistantes au phylloxéra, que j'ai indiquées il y a déjà qua- torze ans et que vous connaissez aujourd'hui aussi bien et mieux que nous, grâce à vos études et à votre expérience. Je ne viens pas, Messieurs, me poser en sauveur infaillible de vos vignobles, je viens en collègue dévoué vous dire : Ilme semble que vous pouvez ou que nous pouvons réussir de cette manière. Je vous apporte mes idées et le fruit de mon expérience, je réclame les vôtres pour les États-Unis, et nous tâcherons ensemble de rester vainqueurs dans notre longue lutte contre nos petits ennemis. » (Extrait de la Semaine agricole, numéro du 3 août 1884.) 128 BULLETIN D’INSECTOLOGIÉE AGRICOLE Société centrale d’apiculture et d'insectologie. Séance du 18 juin 1884.— PRÉSIDENCE DE M. MAURICE GIRARD. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière séance qui est adopté. Il donne ensuite lecture d’une lettre de M. le ministre de l'instruction publique qui demande quel- les sont les questions que la Société désirerait voir figurer au programme des sociétés savantes en 1885. L'assemblée pro- pose les questions suivantes : 1° examiner et discuter la ques- tion soulevée à propos de la fécondation de la femelle déve- loppée des abeilles ; 2° examiner et discuter la question des températures hivernales et leur durée plus ou moins longue sur la conservation des insectes ; 3° discuter la question de l’acclimatation en France du ver à soie de l’Ailante (Attacus Cynthia Vera, G. Mén.), examiner si cette espèce ne dégénère pas ; étendre la question à d'autres espèces séricigènes. M. le ministre de l’agriculture annonce que l'allocation de la société pour l’année courante a été portée à 2.000 francs. De vifs remerciements sont votés à M. Méline, ministre de l’agriculture. M”° la baronne de Pages communique une note sur lapi- culture pastorale en Hollande. Elle dit qu’elle a été à même de voir des ruchers établis sur des bateaux qui suivaient les bords des rivières pour aller d'un pacage à l'autre. M. le président remercie M”° de Pages de son intéressante communication et ajoute que le transport des abeilles par eau a eu lieu de temps immémorial sur le Nil. M. Maurice Girard présente une chenille blanche, à tête brunâtre, provenant du moulin de l'Ancre, à Lodelinsart près Bruxelles (Belgique), appartenant à M. Brisack-Lardinoïs, qui se trouve par millions dans les farines qu'elle dévore et rem- plit de ses toiles de soie. Elle donne un petit papillon gris, avec quelques points noirs, de la famille des Phycides et d'une espèce récemment décrite en Allemagne : Éphestia Kuhniella, Zeller, 1879. Cette espèce nuisible a été envoyée BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 129 au Muséum, provenant de farines de Narbonne. Elle est très probablement d’origine américaine et transportée par le com- merce des grains. C'est à ce même genre Éphestia qu'appar- tient une espèce, Æ. elutella présentée autrefois à la Société par notre collègue M. Jules Fallou. Les chenilles de cette espèce dévoraient chez lui une caisse de petits fours, pendant le siège de Paris et après, et avaient couvert le vitrage de cette caisse d'une couche presque opaque d’un réseau de fils de soie. Notre collègue, M. Bertrand, instituteur à Martincourt par Noriant-aux-Prés (Meurthe-et-Moselle), a adressé à la Société une forte chenille provenant du tronc d’un pommier. C’est une chenille de Cossus (Cossus Cossus, Linn., Cossus ligni- perda, Fabr.) principalement commune dans les saules (/a Chenille du saule de Lyonnet) et les ormes, perforant lesar- bres de ses galeries, les affaiblissant et ies prédisposant aux attaques des Scolytiens. Enfin M. Maurice Girard montre à l'assemblée un échan- tillon de cire blanche et luisante, employée dans l’industrie pour donner du brillant aux marbres, et qui lui a été remis par M. Renard, négociant en produits chinois. Cette cire pro- vient d’une cochenille de Chine, l'Ericerus Pe-la, envelop- pant les rameaux des Liqustrum, des Hibiscus, des Celas- trus, etc., d’une couche abondante de matière cireuse blanche qu'il est facile de recueillir. — M. Ramé communique des informations sur l’état de la récolte séricicole en Italie. M. Savard présente des notices entomologique qui seront reproduites au Bulletin. M. Hamet entretient l'assemblée de plusieurs observations de circonstance : 1° Il dit que la production de la cire, ou du moins à Paris et les environs, est cette année — jusqu'à ce moment — aussi lente et aussi difficile aux abeilles qu'elle était précipitée et facile l’année dernière. Il attribue cet état de choses à la température et aux circonstances hygrométri- ques, 2 Il signale l'émission d'un essaim produit la veille de 130 BULLETIN D'INSÉCTOLOGIE AGRICOLE ce jour par un essaim artificiel du 10 mai dernier, lequel es- saim artificiel logé dans une ruche jaugeant une trentaine de litres n’a descendu sa bâtisse qu'aux deux tiers de la ruche. C'est la première fois qu'il voit, dit-il, un essaim n'ayant pas rempli sa ruche de bâtisse. Il ajoute que l’essaim vierge est rentré et que, ce matin même, un essaimage artificiel par transversement a été opéré sur cette ruche. Pendant l'opération l’une des jeunes mères au berceau en est sortie et s’est jointe à l’essaim. 3 Étant près d’une ruche qui a donné il y a huit jours un essaim secondaire qui est rentré — le mauvais temps a été une cause, — il vit des abeïlles qui poursuivaient une jeune mère, laquelle put se dégager et s'envoler. Cette mère n'est pas rentrée. Il fait remarquer que cette jeune mère n’au- rait pas manqué de se joindre à un essaim s'il en était sorti un dans ce moment. Elle aurait pu y occasionner quelque trouble, empêcher que ledit essaim restât dans la ruche dans laquelle on l'avait logé. Ignorant la présence de cet intrus, l’apiculteur aurait fait des conjectures improbables. Il ajoute que cette jeune mère a dû entrer dans quelque ruche où elle a trouvé la mort, et fait remarquer à ce sujet que, quand on voit entrer une mère dans une ruche à l'époque de l’essai- mage, on ne peut pas assurer que ce soit une mère qui vient de chercher à se faire féconder. De même, quand on trouve à l'entrée d’une ruche une mère tuée, on ne peut pas assu- rer qu’elle appartienne à cette ruche. — L'assemblée est appelée à délibérer sur la date de l’expo- sition prochaine des insectes. Elle décide que cette exposition sera reportée à 1886. Mais elle arrête qu'il sera ouvert en 1885 un concours entre les instituteurs qui enseignent l'insectolo- gie etleurs élèves, concours qui sera fermé le 1‘ octobre 1885. Une somme de 500 francs sera consacrée en primes, médail- les et livres à distribuer aux lauréats. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Pour extrait : Le secrétaire, DÉLINOTTE. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 131 Musée scolaire de Saint-Beury Les musées scolaires sont appelés à rendre de grands ser- vices dans les écoles de villages, et on ne peut trop encourager les instituteurs qui contribuent à leur création. De ce nombre est M. Cazet, instituteur à Saint-Beury, canton de Vitteaux. Au concours régional de Dôle, il a obtenu le 2° prix (médaille d'argent), pour ses collections d'insectes et de fossiles. Il était déjà lauréat dans plusieurs concours agri- coles pour ses expositions d'insectes utiles, auxiliaires ou nuisibles aux cultures. Il possède une jolie série de minerais et de fossiles des terrains de l’Auxoiïis, parfaitement détermi- nés. M. Cazet a découvert lui-même, à Saint-Beury, des ins- truments en silex. Ce sont de petites hachettes polies, dont une en jade, matière très rare comme gisement en Europe. Plusieurs pointes de flèches, du travail le plus délicat, indi- quent que le sol de Saint-Beury a été parcouru par les popu- lations de la fin de l’âge de la pierre. A Villeneuve-sous-Charigny, où M. Cazet a enseigné pen- dant plusieurs années, il a découvert aussi, soit à la surface du sol; soit dans les exploitalions des phosphates, de nom- breux silex tfaillés. Ces derniers sont particulièrement inté- ressants. Ce sont des sortes de haches grossières ou disques, mais d'une époque bien plus ancienne que ce qu'il a trouvé jusqu'à ce jour à Saint-Beury. Une collection de ce genre, et la nature des recherches de M. Cazet sont des plus utiles à l'enseignement, et ne peuvent donner que de sains principes d'observation, en sollicitant la curiosité enfantine avide de tout connaître et de tout savoir. Le petit paysan, appelé de bonne heure à courir les prés, les champs, les vignes, gardeur de bestiaux ou berger, trou- vera un insecte, une plante, un silex, un fossile lui parais- sant intéressant; mille questions se présenteront d'elles- mêmes à son esprit ; il se rappellera avoir vu pareille chose dans la collection scolaire et apportera l’objet avec orgueil à l'instituteur. Celui-ci lui donnera les détails les plus instruc- 132 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE tifs, qui contribueront à élever l'intelligence de l'enfant et à lui faire aimer et trouver toutes sortes de distractions dans le village qu'il habite, et où tant d’autres n'ont que la seule dis- traction du cabaret. En Suisse, de petites excursions sont organisées pour les enfants. Nous avons vu, l’année dernière, à Lausanne, un maître et une maîtresse d'école d’une des communes du can- ton, à la tête de leurs élèves, faire la visite des monuments et des curiosités de la ville, et surtout des collections scienti- fiques. Les directeurs de ces établissements, avec une com- plaisance admirable, allaient au-devant des pourquoi des visi- teurs et Les rendaient attentifs à toute chose. Chacun sait que, dans ce pays, le niveau de l'instruction est très élevé. De semblables excursions d’un bout à l’autre de la France rendraient de réels services à l'instruction. Elles seraient le complément des bibliothèques et des musées scolaires. A notre connaissance, la société d’émulation de Beaune seule fait voyager les élèves des écoles communales, et c'est un exemple qui devrait être suivi. HIPPOLYTE MARLOT. INSECTOLOGIE INDUSTRIELLE La Cochenille laque et ses produits (7), PAR M. J. A. MEUNIER Voici un autre vernis qui remplit le même but et qui est employé dans la maison Lefèvre Bié, fabricant d'instruments de musique, autant renommé pour sa fabrication que pour la justesse de ses instruments (1). On laisse macérer à froid et pendant huit jours environ un mélange de: Gomme laque blonde en écailles, pulvérisée. 70 gram. Ben join pulvérisé. . 912 AWMEMIOPDONN AMGOMES Camphre. . . .. LETTRE CPELENE À LE RARES ADO 901 10e ELU AL LR RME 1. Le vernis pour violons est un secret. C’est lui qui fait la richesse du fa- bricant. BULLETIN D'INSÉCTOLOGIE AGRICOLE 133 Le vernis pour la conservation des grilles, galeries, bal- cons, etc., est un mélange de : 60 parties de gomme laque blonde en écailles. 69 — sandaraque. 120 — résine blanche. 120 — térébenthine de Venise. 120 — verre pilé. 1.000 — d'alcool à 90°. Enfin nous allons terminer par le vernis dit nutritif, parce qu'il donne, tant aux métaux qu'aux bois, l'aspect des métaux précieux ; c'est un mélange de: 120 parties de gomme laque en grains. 120 — sandaraque ou de mastic. 15 — sang-dragon. 2 — curcuma. 150 — verre pilé. 60 — térébenthine de Venise. 980 — essence de térébenthine. Un autre produit dans lequel la gomme laque entre pour une grande part et qui est employé pour le calfeutrage des navires, c'est la glu marine, quise fait de la manière suivante : On laisse macérer dans des vases clos et pendant trois ou qua- tre jours du caoutchouc en contact avec de l'huile de goudron ou de naphte; après ce temps on décante la liqueur et on y ajoute environ trois fois son poids de gomme laque ; on fait dissoudre le tout sur le feu, en ayant soin de prendre un véhi- cule trois ou quatre fois plus grand qu'il ne le faut pour con- tenir la matière ; par le refroidissement la masse se solidifie ; pour s’en servir on la liquéfie à 120° environ. Nous allons terminer en donnant quelques renseignements sur l'emploi de la gomme laque cerise en écailles. C’est spé- cialement dans la chapellerie qu’elle trouve son utilité. Nous ne pouvons mieux faire que laisser parler la personne de qui 134 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE nous tenons ces renseignements (1). « Lorsque la chausse de feutre nous est livrée, nous a-t-il dit, nous la plaçons sur une forme de bois, et, à l’aide d'un outil, nous l’obligeons à en prendre les contours. On en relève les bords, enfin on donne au chapeau la forme qu'il doit avoir. Quand il est dans cet état, bien séché et poli avec la manicle, on le porte au teinturier qui le trempe dans une dissolution aqueuse des substances suivantes : bois de campêche, gomme adragante, noix de galle, vert de gris et sulfate de fer; puis, rendu chez nous, nous le rendons dur et imperméable en le trempant dans une dissolution de gomme laque cerise, de résine et d'al- cool, et enfin nous lui donnons le luisant avec un vernis com- posé de gomme laque et d'alcool. Pour les chapeaux de soie, nous prenons une carcasse en toile que nous apprêtons en la trempant dans un apprêt composé de gomme laque cerise, d'ammoniaque et d'eau. Lorsqu'elle est bien sèche sur une forme, nous la badigeonnons d'une couche du même ingré- dient, puis, après un nouveau séchage, nous l’enduisons d'un vernis comme il est dit, pour le feutre et pendant quil est humide, nous collons la peluche de soie noire que nous roulons en spirale autour de la carcasse et si bien ajustée qu'on n’en peut voir les joints. Enfin on l’enduït d'une autre couche de vernis très faible, en gomme laque, et sur lequel nous passons le fer. Pour les chapeaux de paille on ne leur donne qu'une couche de vernis incolore, fait de gomme laque blanche et d'alcool. » J. A. MEUNIER. 1. M. Simon Deitz, chapelier, auquel nous adressons nos remerciements. ERRATUM. — Lire page 21 ligne 29 : le carmin porte dans . lecommerce les numéros 40, 30, 20, 16, 12, 10, 8et 6. — P.35, ligne 12: lire ancien Codex pour Codex. RP PPL SP PS PSS PPS LS PPS TE LT SPL SDS LPS STI PS PS LE LL PPT LS DSL PSS PS LPS PI PI ITS Le Gérant : H. HAMET. PS RARE Imp. de la Soc de Typ.-Noizette, rue Campagne-Première. Paris. N° 9. NEUVIÈME ANNÉE Septembre 1884 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Le callidie variable, par M. E. Savarp. — Le lézard vert et le lézard gris, par M. E. Lesueur..— Notice nécrologique sur M. MILLET, par M. RAMÉ. — Sur les fourmis et le ver à soie de l’Ailante. — Note sur la sériciculture; extrait du rapport du vice-consul de France à Phila- delphie. Le callidie variable (Callidium variabile, Fab.) PAR M. E. SAVARD. Hêtre (Fagus sylvatica, famille des cupulifères. Lin.). Arbre magnifique qui ne cède qu'au chêne le premier rang dans nos forêts. Peut-être même l’'emporte-t-il sur lui, comme arbre pittoresque, par son port plus gracieux, par sa cime mieux fournie, par son feuillage lisse et d'un vert gai, qui se montre beaucoup plus tôt que celui du chêne et prend en au- tomne les teintes les plus riches. Cet arbre a surtout sur le chêne l'avantage de réussir dans les sols médiocres, sur les coteaux calcaires et crayeux, où celui-ci refuse de croître. Il supporte aussi beaucoup mieux la transplantation. Dans nos forêts du Nord et du Centre il forme de magnifiques fu- taies, où l’on voit filer jusqu'à la hauteur de 20 ou 25 mètres des tiges d'une grosseur presque uniforme, sans aucune ra- mification. Isolé ou en groupe, le hêtre s'élève moins, mais il acquiert une grosseur de tronc et une ampleur de cime sou- vent remarquables. Planté jeune, en ligne, à des distances rapprochées, et sou- mis à une taille sévère, le hêtre peut servir à composer de grossières haies vives. Le bois du hêtre, quoique d’un grain fin et serré, a la fibre courte et est sujet à se tourmenter en séchant ; il n'est pas, 130 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE comme celui du chène, propre à la menuiserie, à la charpente et aux constructions navales. Lorsqu'il est encore vert, ce bois offre autant de ténacité que celui du chêne dans les mêmes conditions, mais il la perd rapidement ; on l'emploie toutefois à des usages si divers et si étendus qu'il doit être regardé comme un bois de première utilité : il fournit aussi un excellent combustible. Les amandes de son fruit à trois angles, enfermées dans une enveloppe hé- rissée, renferment une huile grasse (huile de faine). Cette huile, dont on se sert dans le Nord, cause quelquefois des vertiges ; le péricarpe des fruits renferme une substance nar- cotique. Beaucoup d'oiseaux et d'animaux recherchent ces fruits avec avidité. On multiplie facilement le hêtre par les semences, qui sont très abondantes, et qu'on sème à l'automne en rigoles reéou- vertes de feuilles, ou au printemps après les avoir stratifiées pendant l'hiver. Ce genre esi peu nombreux en espèces : il en renferme deux principales. L'une appartient à l’ancien continent et se retrouve en Amérique ; car le À. Americana ne présente, pour ainsi dire, aucun caractère qui le distingue de celui d'Europe. L'autre espèce, F. Ferruginea, originaire de l'Amérique du Nord, n’en est probablement aussi qu'une variété. — On en doit dire autant du #. Caroliniana et du F. latifolia, égale- ment originaires de l'Amérique du Nord. C'est sous l'écorce du hêtre que j'ai trouvé la larve du Cat- lidium variabile. Get insecte a la même taille, la même forme et les mêmes mœurs que le Callidium sanquineum. La larve vit dans Le bois sec et ressemble à celle de ce dernier ; elle s'éta- blit quelquefois dans les cercles en chêne. En 1847, on s'aper- çut à Cherbourg que les cercles des barils à poudre de l’un des magasins de la guerre étaient réduits en poussière par cet insecte, en compagnie de l'Anobium striatum. Ces barils étaient renfermés dans d'autres barils appelés chapes, comme on le fait toujours dans l'administration de la guerre pour garantir la poudre de l'humidité, ce qui n'avait pas empêché BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 131 les insectes de s'établir et de se propager dans les cercles. On fut obligé de transvaser les poudres, ce qui est toujours une opération dangereuse, afin de réparer les barils et de les cer- cler à neuf. Il est vraisemblable que ces insectes, ou leurs larves ou leurs œufs, existaient dans les cercles au moment où les barils ont été enchapés. La larve du Callidium variabile est blanchâtre, molle, un peu déprimée, allant en se rétrécissant légèrement depuis le premier segment, qui est le plus gros, jusqu'à la queue. Elle est formée de treize segments, non compris la tête, qui ne montre en dehors que le chaperon, le labre et les mandi- bules ; le reste paraît enchâssé dans le premier segment. Le dernier anneau est un petit bouton que l’on pourrait regar- der comme un appendice du précédent; elle est pourvue de six pattes thoraciques, rudimentaires, presque imperceptibles c'est avec ses fortes mandibules qu'elle ronge le bois sec dont elle se nourrit. On la trouve dans les sillons qu'elle trace, partie dans l’aubier, partie dans l'écorce, et qu'elle remplit de vermoulure laissée derrière elle, à mesure qu'elle avance. Comme elle reste toujours couverte, elle s'enfonce d'autant plus dans l'aubier que l'écorce est moins épaisse ; elle emploie deux ans à prendre son entière croissance et se change en nymphe dans une cellule qu’elle creuse à l'extrémité de la galerie. L'insecte parfait se montre pendant le mois de juin. Il est de la famille, de la même tribu et du même genre que le précédent. Son nom eniomslogique est Callidium variabile, et son nom vulgaire Callidie variable, nom qui lui a été donné à cause des couleurs différentes qu'il présente d'un individu à un autre. Callidium variabile. — Longueur, 12 millimètres. Le COTpS est déprimé ; les antennes sont d'un brun clair, avec l'extré- mité de chaque article d’un noir bleuâtre ; la tête est noire, les mandibules et les pattes sont fauves ; le corselet est dé- primé, arrondi, d’un rouge jaunâtre, ayant ordinairement une tache noire au milieu ; les élytres sont plus larges que le 132 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE corselet, cinq fois aussi longues que ce dernier, à côtés paral- i lèles, arrondies au bout, d’un bleu obseur, très finement cha- grinées ; l'abdomen est noir, avec l'extrémité roussâtre; les pattes sont roussâtres, légèrement velues; les cuisses sont renflées en massue noirâtre. Cette espèce présente deux va- | riétés, savoir : | 1° Callidium praeustum. — Le corps est entièrement d’un roux testacé, avec l'extrémité des élytres d’un bleu violacé. 2 Callidiur testaceum. — Te corps est entièrement d'un roux testacé sans aucune tache. Aussitôt après sa naissance cet insecte s'accouple et la femelle va déposer ses œufs isolé- ment sur le bois de hêtre ou de chène sec couvert de son écorce, qu elle trouve à sa portée. | Il est vraisemblable que les autres espèces du genre Ca/- lidium, telles que les : €. luridum, Fab., C. bajulus, Fab. C. alni, F., etc... se développent également dans le bois sec et sont des insectes nuisibles à l’économie domestique. On à signalé plusieurs fois, comme un fait extraordinaire, des lames de plomb qui ont été perforées par des insectes. Ce fait est parfaitement exact et n'a rien de surprenant pour celui qui connaît un peu les mœurs de certains insectes. Lorsqu'une feuille de plomb est appliquée sur une planche ou sur une pièce de bois et qu'elle recouvre la cellule conte- nant une larve ou une nymphe de Callidium, il arrive, après la transformation de cette dernière en insecte parfait, que celui-ci cherche à se mettre en liberté ; il ronge avec ses fortes mandibules le bois qui le sépare du plomb et ensuite le plomb lui-même pour se faire une ouverture elliptique par laquelle il s'échappe. D’autres insectes agissent de même, tels que : l’Apate capucina, Fab., coléoptère xylophage dont la larve vit dans le chène; le Sirex gigas, Lal., très grand hyménoptère qui se développe dans le sapin. Ce n’est pas pour manger le plomb que les insectes l’entament ; ils n'avalent pas les fragments qu'ils détachent : c'est seulement pour le vercer et se mettre en liberté qu ils l'attaquent et le rongent- E. SAVARD. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 133 Le lézard vert La certa viridis, Gesner. (ovipare) PAR M. E: LESUEUR. Le lézard vert est de toutes les espèces françaises le plus élégant comme forme et comme nuances; le dessus de son corps est recouvert de petites écailles de diverses couleurs d'un vert émeraude, pointillé de jaune d’or et piqueté de points noirs. Par un beau soleil, les ondulations de son corps font res- sortir toutes ces nuances pareilles à des pierreries les plus éclatantes. La tête du mâle est forte, brunâtre et piquetée de jaune : elle est recouverte de larges plaques polygonales ; le collier est très marqué, les côtés sont teintés de bleu, les mâchoires sont garnies de petites dents fines, placées verticalement ; les pattes de devant sont musculeuses et tra- pues, l’encolure est longue; il porte la tête avec majesté. Les pattes de derrière sont grandes et fortes, elles ont une étendue de soixante millimètres. [1 saute avec facilité de hautes bruyères. L'œil est noir et le regard fixe: les tym- pans sont ovales et développés, les mâchoires ont une ou- verture de vingt-cinq millimètres, le ventre est jaune clair, glacé de vert; il est garni par six séries de plaques longitudi- nales et transversales. Sa longueur extrême estde trente-cinq centimètres ; en Algérie il dépasse cette longueur. La queue compte pour les deux tiers de cette longueur ; elle est brunâ- tre et effilée. Ce lézard se trouve dans les forêts sablonneuses parmi les rochers et les bruyères ; ilest commun dans les régions méri- dionales ainsi que dans la forêt deFontainebleau, où ilabonde. Il ne s'étend pas au nord, et paraît jusqu'à présent ne point dépasser cette limite. Le lézard vert se terre dans les trous et sous les roches ; il est excessivement vif et difficile à prendre ; il se bat contre les 134 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE serpents en se jettant d'un bond sur eux pour les étrangler. J'ai vu ce fait se produire chez moi et ce n’est qu'avec beau- coup de difficulté que je pus faire lâcher prise au lézard, qui aurait infailliblement étranglé ma coulœuvre. Sa morsure n'est point dangereuse, et, si vous le chassez, prenez-le derrière la tête, afin d'éviter d'être mordu. A l'approche de l'hiver il garnit son gîte de feuilles et d'herbes sèches, il en bouche l'orifice. I passe six mois à hi- verner dans son trou sans prendre aucune nourriture. L'épo- que de la reproduction et du dépouillement sont les mêmes que pour le lézard gris, avec la seule différence que son œuf est le double en grosseur. Ce lézard consomme beaucoup d'insectes, de sauterelles, de grillons et de coléoptères ; il monte aussi dans les arbres pour manger des œufs d'oiseaux ; malgré cela il est plus utile que nuisible, ne le détruisez pas. En captivité ; le mâle mange les œufs pondus par la femelle. Le lézard gris. (Lacerta muralis, Laurenti, ovipare). Le lézard gris est un des sauriens les plus communs et des plus utiles ; on le trouve partout, le long des murs qui en- tourent les bois, les champs, les jardins et les habitations : il n’est point farouche el s’apprivoise facilement. La conformation de la tête est triangulaire et recouverte de grandes plaques polygonales ; les yeux sont noirs et d'une douceur extrême. Le museau est légèrement arrondi, les membranes du tympan sont ovales, ayant cinq millimètres d'ouverture, l'extérieur des mächoires est garni par de larges écailles. Les dents sont très petites, à peine visibles et recour- bées en arrière; la langue est plate, échancrée et effilée : elle est garnie de petites aspérités. À l’extrémité des pattes des deux paires existent cinq doigts déliés, inégaux, garnis d'on- gles fins et recourbés, qui lui servent à grimper et à se tenir en équilibre sur la surface des murailles les plus unies. Les BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 195 pattes de derrière sont plus fortes et plus grandes que celles du devant, ce qui lui permet de sauter et de courir avec vi- tesse ; à l'intérieur des cuisses, se trouvent quelques tuber- cules. Le ventre est recouvert par six séries de plaques lisses et plates, placées en quinconces; sous le cou se trouve un collier de sept à neuf écailles formant un petit pli. Le lézard gris peut atteindre une longueur de 18 à 20 centimètres; la queue est ur peu plus longue que le corps, elle est conique, effilée et garnie par des écailles carénées disposées, en verti- cilles. Les vertèbres du corps sont disposées de telle façon qu'il peut se mouvoir en tous sens; celles de la queue sont d'une extrème fragilité. Quand on le prend par cet endroit, souvent elle se casse et reste dans la main. Voici une expé- rience que j'ai souvent faite. Vous prenez une queue de lé- zard cassée depuis quelques heures, elle est complètement inerte; vous la placez dans votre main. Quelques instants après, vous la verrez remuer. Les queues de lézards réduites en poudre ont, paraît-il, d'autres propriétés ; et les gens su- perstitieux attachent autant de valeur à une queue de lézard, qu'à un bout de corde de pendu. Le lézard gris porte sur le dos trois bandes grises, brunes ou de couleur marron ; les bandes des côtés sont ocellées de taches d'un marron foncé, au milieu desquelles se trouve un point clair. Sur la bande du milieu les taches foncées sont iné- gales; une ligne de petits traits clairs forme le milieu de cette bande sans se continuer sur la queue. Le ventre est d’un blanc verdâtre, quelquefois piqueté de points noirs. Ce lézard change de peau trois fois pendant la saison d'été, cette peau s’enlève par pellicules ; il se sert pour cette opération de ses griffes et de sa gueule. La saison de l’accouplement est au printemps, l’action f6- condante s'opère au soleil et d'une manière rapide; elle se renouvelle pendant plusieurs jours. Les mâles sont très volages ; il arrive parfois qu'ils se bat- tent et se mordent entre eux pour une femelle. Pendantcette lutte, la femelle se chauffe au soleil, prenant des poses gra- 136 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE cieuses et ne s'occupe qu'indifféremment du combat dont elle est l’objet, certaine que sur les deux elle en aura un; cela lui suffit. L'on distingue le mâle de la femelle de plusieurs manières: 1° La tête äu mâle est plus forte ; 2° Les couleurs sont plus foncées ; 3° Les parties génitales sont doubles et s’observent facile- ment à l’époque des amours; 4° Par la queue qui est plus plate; celle de la femelle est ronde. Six semaines après la fécondation, la femelle pond de sept à onze œufs ovales de la grosseur d'un pois ; l'œuf fraîchement pondu a la surface molle, elle se parchemine quelques jours après el prend une teinte blanchâtre. La femelle dépose ses œufs dans les trous des vieux murs crevassés exposés au soleil de midi; elle sait aussi les mettre sous les clocheset châssis des- tinés à l’agriculture où les œufs reçoivent une chaleur favo- rable à leur éclosion, qui a lieu de douze à quinze jours après la ponte. Lelézard gris est très craintif; le moindre bruit lui fait rega- gner son trou avec vitesse. Cependant si vous n'avez pas d'in- tentions hostiles à son égard, restez près de l'endroit où il se trouve, vous le verrez quitter sa retraite et sortir sa petite tête en vous regardant; après cet examen, s'il vous accorde sa con- fiance, il sortira entièrement, se promènera sur la muraille ensoleillée, jouant et courant après des insectes. Il s'appri- voise facilement, s’aplatit dans votre main dont la chaleur lui est agréable ; il aime aussi à entendre la musique et boit avec avidité la salive que l’on lui donne au bout du doigt. C'est le cas de répéter ; le lézard est l'ami de l’homme. Le lézard gris est d’une grande utilité pour l’agriculture, se nourrissant spécialement d'insectes de diverses natures; il mange aussi des vers de terre. Ne le détruisez pas et propagez-le dans vos jardins. (A suivre.) E. LÈSUEUR. Reproduction réservée. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE loi: Notice mécrologique sur M. Millet, PAR M. A. RAMÉ. L'année qui vient de finir a cruellement marqué son pas- sage en enlevant à la France quelques-uns de ces hommes W illustres qui s’immortalisent par leurs cœurs, par leurs vertus ou par leur dévouement au pays. La nouvelle année, qui paraîtne pas devoir être en retard, a déjà fait de grands vides dans les rangs de la science. Il est des hommes qui pour n'être pas au premier rang n'en 138 BULLETIN D’INSECTOLOGIÉ AGRICOLE ont pas moins rendu des services éminents sous diverses for- mes. Chacun a du reste sa tâche ici-bas et quelquefois d'obs- curs pionniers de la science ont donné à la France, si ce n’est une part de gloire, du moins une part de cette prospérité que chacun goûte amplement sans jamais se douter du labeur infatigable qu'il a fallu dépenser pour procurer à tous quelques moments de satisfaction, de tranquillité, de douce quiétude. La science parfois obscure de l’histoire naturelle occupe souvent les chercheurs, les esprits patients et infatigables à la recherche des solutions qui permettent de trouver les remèdes à bien des maux. Reboiser les forêts, c’est-à-dire procurer le plaisir et la satisfaction des promeneurs, est peu de chose, mais lorsqu'il s'agit d'éviter des inondations, de prévenir des épidémies, c'est à certes un travail profond qui demande une patience à toute épreuve et des connaissances approfondies de la matière. Chercher à détruire les oiseaux nuisibles et à préserver les utiles, découvrir les insectes nuisibles et protéger l'existence de ceux dont l'utilité est constatée par de longues recherches, voilà certes des travaux qui militent en faveur des hommes que rien ne saurait lasser pour arriver à cette solution : le bien-être de l'humanité. Louis-César-Auguste Millet, ancien inspecteur des forêts, est décédé le lundi 14 juillet 1884 après une très courte mala- die que rien ne laissait prévoir. Millet était un de ces hommes que rien ne lasse et ne sau- rait décourager : ses nombreux travaux l’attestent. Né à Givet, dans les Ardennes, le 5 septembre 1810, Millet obtenait au collège royal de Reims,où il fit ses études, de bril- lants succès universitaires. Entré à l’École forestière le pre- mier de la huitième promotion, il s’y maintint toujours au même rang et sortit en 1833 avec le n° 1. Il s'occupa tout d'abord de géologie et de minéralogie en visitant les régions classiques, et celles plus tourmentées des Alpes et des Pyrénées, et collabora avec M. d'Arcbiac à la carte géologique du département de l'Aisne. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 139 La pisciculture absorba ensuite tous ses instants : observa- teur très pratique, il lutta longtemps contre les théories de M. Coste. A la suite d'études suivies qui durèrent de longues années, il fut nommé chef du service de la pêche à la direction des eaux et forêts. Garde général stagiaire à Colmar, 16 janvier 1834, il passait peu après en titre à Champagne, 20 avril de la même année. Puis de là, le Ministre, appréciant ses capacités, le fit venir au ministère. Attaché d'abord à la direction générale des eaux et forèts, 5 avril 1839, ensuite inspecteur à Villers -Cotterets (Aisne), 12 juillet 1848, inspecteur à Laon, 14 octobre 1849, enfin attaché àla direction, 31 août 1852, après avoir rendu de longs et éminents services, il prit sa retraiite le 23 décembre 1873 au bout de trente-neuf années consécutives employées au service de l'État. | Il se reposait, en continuant ses études, dans les diverses branches de l’histoire naturelle. Observer la nature avec persévérance, réflexion et une patience extraordinaire a toujours été sa qualité prédominante au point de vue scientifique. Il était avant tout l'ennemi des théories, quand elles ne reposent pas sur des faits d'observation sérieusement con- trôlés. Les brochures qu'il à publiées sont trop nombreuses pour en faire ici la nomenclature. En 1870 il fit paraître une étude spéciale qui fut l'objet d’une récompense de la Société d'accli- matation. (La culture de l’eau.) Tout récemment encore le Ministre de l’agriculture l'avait chargé d’une mission ayant pour objet d'étudier les causes de la mortalité des écrevisses, études que la mort est venue interrompre. Depuis de longues années il s’occupait de la question si importante des animaux utiles ou nuisibles à l’agriculture. En juillet 1883, à l'exposition d'apiculture et insectologie de la Société dontil était vice-président, ses vitrines très appréciées dénotaient des analyses très approfondies sur l’ornithologie. 140 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE Les conférences, faites pendant la durée de cette exposition, avec une parfaite méthode, démontraient combien ce savant s'était plu à étudier la nature jusque dans ses moindres détails. Ses observations météorologiqueset agricoles publiées par diverses sociétés savantes auxquelles il était affilié, tout enfin dans les études qu'il a laissées ne font que rendre plus grande encore la perte éprouvée par Les diverses associations qui avaient su appréciér ses mérites sérieux et ses savants travaux. De nombreuses récompenses ont couronné ses travaux : — 6 médailles de bronze,8 médailles d'argent, 10 médailles d’or, plusieurs médailles et diplômes d'honneur attestent la valeur de ses recherches. Il était membre et correspondant de plus de trente sogiétés scientifiques de France et de l'étranger, ayant rapport à l’his- toire naturelle. Nous remarquons entre autres la société d'apiculture et d’insectologie dont il était vice-président, la Société d'acclimatation, la Société protectrice des animaux. Le vide laissé par la mort de cet infatigable chercheur est certainement bien grand; mais que ceux qui ont suivi ses doctrines imitent son exemple. En faisant des études sérieuses et approfondies, ils ne pourront pas remplacer celui qui n'est plus ; mais en rendant service à l'humanité ils auront rempli un devoir : tout homme ici-bas doit avoir à cœur de devenir utile, surtout à son pays. A. RAME, Secrétaire adjoint de la section de sériciculture. NoTe. — Il faut citer parmi les ouvrages de M. Millet : La culture de l'eau. Tours, Mame et fils, éd., 1870. — Les pors- sons. Tours, Mame et fils, 1881. — Ces deux ouvrages sont richement illustrés. — Nombreuses notes sur les oiseaux insectivores avec listes des insectes contenus dans leurs esto- macs. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 141 Sur les fourmis cé sur le ver à soie de l'ailante. La lettre suivante de notre collègue M. Frédéric Breignet a été adressée de Marmande (Lot-et-Garonne) à notre vice- président, M. Maurice Girard : « Monsieur et honoré maître, < Je lis dans lenumérode juillet du« Bulletin d'Insectologie agricole » page 118, un article relatif à la destruction des Fourmis par le chlorure de chaux. « Voulez-vous me permettre de vous présenter un autre moyen dont je garantis l'efficacité absolue. « Lescages dans lesquelles j'élève mes chenillessont placées près d'un vieux mur. En 1883, des fourmis noires établirent leur nid contre le mur et non loin de cages qu elles envahi- rent bientôt. Lorsque je m'en aperçus, elles avaient déjà fait plusieurs victimes. J'eus alors l’idée d'entourer les cages d'un cercle de sel de cuisine. « J'en répendis sur le sol assez pour que mes larrons ne pussent passer à travers les grains de sel. « Non seulement elles ne s'approchèrentplus des cages, mais elles abandonnèrent leur nid. « Au mois de mai dernier, une autre colonie de fourmis s'établit au même endroit que l’année précédente, j'usai du même moyen et réussis aussi bien. Je n'ai plus revu, depuis cette époque, l'ombre d'une fourmi autour de mes cages. « Peut-être mon observation pourra être utileà quelques col- lègues.Aussi ai-je cru devoir vous la soumettre. « Trop souvent, hélas ! on est exposé à perdre des espèces fort rares (c'est ce qui m'est arrivé), ne sachant où mettre jies cages pour les garantir des fourmis qui sont très friandes de chenilles. « Manquant de feuilles d'Ailante, j'ai nourri pendant plu- sieurs jours des chenilles d'Atfacus Cynthia avec des feuilles de Melia Azédarach. ‘ « A défaut d’Ailante, on pourrait peut-êtreleur donner celie 142 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE nourriture; mais j'ignore quel serait le résultat, car ayant maintenant de l’Aïlante, j'ai abandonné l’autre plante, ne vou- lant pas m’exposer à perdre peut-être le très petit nombre de chenilles que j'ai. « Veuillez agréer, etc. >» Le ver à soie de l’ailante a été nourri avec des feuilles de lilas et amené à produire de bons cocons par Christian Le Doux, qui a plusieurs fois annoncé cet heureux résultat à la Société d’Acclimatation de Paris. (La Rédaction.) Note sur Ia sériciculiture Extrait d'un rapport du vice-consul de France expédié de Philadelphie le 27 mai 1884. Il existe à Philadelphie une association de dames dite < iwomens silk culfure association > qui date de 1880 et, qui ainsi que son nom l'indique, a pour objet le développement de la sériciculture aux Etats-Unis, où cette industrie était tout- à-fait inconnue, ou du moins dédaignée, il y a peu d'années encore, Poursuivant son but avec beaucoup d'intelligence et d'acti- vité la l’assertion de Bose, non seulement pour l'abeille mais pour tous les apidés, pour nombre de lépidoptères et autres insectes. Cet observateur patient s’est livré pendant une suite d'années à des expé- riences qui ont établi d’une manière irréfutable que les in- sectes et aussi d'autres éléments concourent dans une large mesure à croiser la fécondation des plantes et-par là, à en augmenter la grainaison et, en même temps, à fortifier les espèces. Il est vrai que la fécondation croisée, aidée par les insectes, modifie certaines espèces et créé des hybrides qui, parfois, constituent des variétés avantageuses. Darwin donne une liste de plantes qui, lorsque les insectes en demeurent écartés, restent complètement stériles ou pro- duisent moins de la moitié du nombre des graines des plantes vivant à découvert, et, pour chaque plante, il s’est livré à des expériences qui ne laissent aucun doute. Tout son ouvrage est d’ailleurs à consulter d’un bout à l’autre. Nous pensons être agréable aux admirateurs des travaux de Darwin, en reproduisant le portrait de ce chercheur distingué. | H. HAMET La Mélanthie ondée, Dansles jardins des villes comme dans ceux des campagnes. dumois de mai au mois d'août, on trouve communément, ca- chée pendant Le jour sous les rebords des murailles, dans les encoignures des fenêtres,sous les feuilles, sur les troncs d’ar- bre,sur les palissades, ete., une petite Phalène, de 20 à 25 mill- d'envergure, ayant les ailes d'un gris blanchâtre, parfois un peu rosé, traversées par de nombreuses lignes ondulées d'un gris plus foncé ; les antérieures, quisont plus blanches que 1. C. Reinwald et Cie, éditeurs. Paris, 4877. | BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE an les postérieures,ont à leur base une tache noirâtre, au centre une bande de lamême couleur, et, près du sommet, une tache assez petite également noirâtre. Cette Mélanthie ondée, im- mobile pencant le jour, vole de tous côtésau crépuscule. Les chenilles sont de celles dites arpenteuses,car elles n'ont que dix pattes, ce qui les force en marchant à faire la boucle ou le compas ; souvent elles se tiennent dressées des heures entières sur leurs pattes de derrière, ressemblant à des petites branches. Leurs couleurs varient beaucoup: il en est de gri- sâtres, de jaunâtres, de brunâtres, avec des lignes et des taches noires. Au milieu de l'été et au début de l'automne, pour une seconde génération, elles descendent des plantes sur le sol, et, dans un léger tissu de soie deviennent des chrysalides oblongues, lisses et luisantes, d’un brun clair. Ces chenilles dévorent les feuilles des capucines dans les jardins, celles des choux dans les potagers, celles du cochléaria dans les bois. Extrait des bons points instructifs d’entomoloqie, Paris, Ha- chette el Cie, 79, boulevard Saint-Germain. Le groseillier et les insectes ses ennemis.. Par M. ALBIN HUMBERT. (Suite et fin.) Ce qu'il y a encore de remarquable dans cet insecte c'est que, quand la chenille a atteint toute sa croissance, elle des- cend en terre à quelques centimètres de profondeur en se suspendant à un fil ; là elle se transforme en nymphe après avoir construit un cocon soyeux et au sec ; puis au bout. de vingt jours l'insecte sort à l’état parfait et pond de nouveau sur le même groseillier généralement, ce qui fait que celui-ci a à subir une seconde dévastation. Les moyens de destruction ne sont pas nombreux ; ils con- sistent simplement à cueillir les feuilles sur lesquelles la mouche a déposé ses œufs et à les brûler, ou bien à prendre une par une les feuilles après lesquelles sont collées les faus- ses chenilles et à les détruire. C'est peut-être un peu long, mais c'est très efficace. 28 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Ajoutors que le Nematus s'adresse non seulement aux gro- seilliers épineux, mais qu'il ravage aussi les variétés blanche et rouge. 20 L'aphis ribis. — Get insecte, assez nuisible et fréquent, de l’ordre des hémiptères et de la famille des aphidiens, atta- que les feuilles et les pousses durant l'été. Au moment des ravages, l'insecte est un puceron vert; les feuilles crispées et rongées décèlent sa présence. Les moyens de destruction sont peu nombreux et peu efficaces. La famille à laquelle appartient l’aphis ribis est très nuisi- ble à l’agriculture. Les mâles seuls portent généralement quatre ailes membraneuses, diaphanes ; chez tous, les tarses sont de deux articles, les antennes de sept articles et très-lon- gues. Leur tête est petite et ne présente point d’ocelles, l'ab- domen est terminé par deux espèces de tuyaux par lesquels coule un liquide sucré et qui servirait même à l'alimentation des petits !! En automne, on rencontre des mâles et des femelles ; les femelles déposent des œufs. Les petits qui en résultent au printemps sont tous femelles hermaphordites et au bout de dix jours elles mettent au monde 90 pucerons vivants : ce sont encore des femelles fécondes. Une dizaine de générations se suecccèdent ainsi durant l'été. De la dernière génération vivipare seulement il sort des mâies et des femelles et, pour clore la belle saison, celles-ci déposent des œufs 3° Le Chelonia purpurea. — Get insecte lépidoptère noc- turne est nuisible aussi à la vigne ; il est peu dangereux et peu commun. C'est un papillon de nuit de 5 cent. 1/2 d'en- vergure, à écailles pourprées des ailes et du corps. La chenille attaque les feuilles du groseillier en juilletet en août ; elle est noire, à trois raies blanches, à six pattes ; elle est très vive, se laisse tomber au son de la voix et se cache, de sorte qu'il est difficile de la voir et delasaisir. Voici un procédéemployépour la destruction de ce lépidoptère, bien que nousne puissions en garantir l'efficacité, nel ayant pas expérimenté nousmême:On BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 29 prend un tonneau défoncé eton enduit la paroi intérieure de goudron,puis on place pour la nuitune veilleuse alluméedans le fond. Les papillons nocturnes ou erépusculaires viennent presque tous voltiger autour de la veilleuse et ne manquent pas de se coller contre le goudron dans lequel ils périssent. 4° Le Sesia tipuliformis. — Egalement lépidoptère et de la famille des anciens crépuseulaires. Celui-ci s'attaque à la moelle des rameaux, en avril, et sa présence est indiquée par les feuilles flétries et jaunissant et par les branches creu- sées intérieurement et brunissant. A l’état parfait, c'est un petit papillon aux ailes transparentes à franges grises et ner- vées de noir ; le corps est noir avec collier et cercles jaunes, la tête est noire également. La chenille a soin de ménager à l'extrémité de la branche un trou par où sortira le papillon ; cette chenille, dont l'œuf a été pondu à l'extrémité des ra- meaux entre dans la moelle et descend dans la branche en la creusant. Elle à seize pattes. Pour le procédé de destructions nous ne pouvons indiquer que celui employé pour le chelonia purpurea. Mentionnons encore, avant de terminer ce petit travail, la punaise grise qui se tient souvent parmi les groseilliers et empeste leurs fruits. Il en est de même de la punaise verte. Enfin n'oublions pas la phalène du groseillier,et sa chenille (Abrazxas grossulariae). ALBIN HUMBRERT. Instituteur a Raddon (Haute-Saône). La destruction de l'œuf d'hiver du phylloxéra. Par M. BALBIANI. Sur un certain nombre de vignes, on avait même essayé un badigeonnage complet, bourgeons et surfaces de taille com- . pris, avec le mélange chauffé, quoiqu'on eût peu d'espoir de ne pas provoquer des accidents graves, tant étaient défavora- bles les conditions de l'opération : celle-ci avait dû être retar- dée jusqu'au milieu de février, les bourgeons commençaient à s'entr'ouvrir — l'expérience était faite dans le Midi — et les 30 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE vignes, qui venaient d'être taillées, présentaient des surfaces de section encore toutes fraîches. Malgré cela, les accidents se réduisirent à quelques bourgeons lués, mais qui furent promptement remplacés par la pousse des yeux latents à la base des coursons, de manière qu'au fort de la végétation, ces vignes ne firent aucune tache sur la belle apparence du reste. Bien différents furent les résultats obtenus avec les mélan- ges liquéfiés par la térébenthine ou une dose plus forte (15 0/0) d'huile lourde. On peut réellement qualifier de dé- sastreux les effets qu'ils produisirent sur les vignes décorti- quées : sur la plupart des pieds, un grand nombre de bour- geons furent atteints et désorganisés jusqu’au centre, d’autres ne fournirent que des pousses chétives ; quelques ceps furent même entièrement détruits et durent être plus tard recépés ou arrachés. On put se rendre compte de la cause de ces acci- dents en examinant des coupes longitudinales ou transver- sales du bois: l'huile lourde ÿ avait pénétré plus ou moins profondément, en brunissant le tissu sur son passage, et son odeur se percevait encore longtemps après. L’infiltration s'était principalement produite sur les parties où la décorti- cation avait été plus complète, et s'avançait sur certains points jusqu'à la moelle : l'intoxication avait été absolue. Des accidents, moins nombreux et moins intenses, mais assez graves néanmoins encore, se produisirent aussi sur les ceps décortiqués badigeonnés avec le mélange à un dixième d'huile lourde,qui avaitétéspécialementrecommandé,et qu'on avaitsimplement chauffé pour le rendre plus fluide. Il devenait dès lorsévident que, pour les vignes décortiquées tout au moins — et les neuf dixièmes des vignes à traiter doivent être sou- mis à celte décortication préalable, — les mélanges de coaltar et d'huile lourde sont nuisibles et présentent en outre des difficultés d'application qui n'ont pu être surmontées dans la pratique. Nous avons d'autant plus lieu de regretter ce ré- sultat que nous avons acquis la preuve, par nos expériences faites en grande culture, qu'ils constituent d'excellents toxi- han RO à BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE 31 ques pour l'œuf d'hiver ; cette action, rendue probable déjà par nos expériences faites dans le laboratoire sur les œufs or- dinaires des racines, a été pleinement confirmée par un essai direct sur les œufs d'hiver, fait sur une vaste échelle, dont nous allons actuellement rendre compte. Dans les instructions pratiques rédigées à l’occasion de nos essais, nous avions proposé une expérience qui devait être un contrôle certain de l’action exercée par les badigeonnages sur l'œuf d'hiver. Elle consistait à choisir une vigne portant habi- tuellement des galles phylloxériques, à en badigeonner un certain nombre et à laisser les autres intactes afin de servir de témoins. Il est reconnu que les insectes des galles ont pour origine les phylloxéras issus des œufs d'hiver; si donc tous les œufs d'hiver ont été tués par le badigeonnage, les galles ne doivent pas se présenter l’année suivante. Une vigne de iparia, au domaine de la Paille, près de Montpellier, se trouvait précisément dans les conditions vou- lues pour faire cette expérience. Cette vigne, formée de jeunes plants de quatre ans, se couvrait chaque année de nombreu- ses galles phylloxériques, Au mois de février 1883, une moitié de la vigne fut badigeonnée avec le mélange de coaltar à 1/10° d'huile lourde, l’autre moitié fut laissée sans traitement. Malheureusement, ce premier essai échoua. On s'attendait, au printemps, à voir apparaître des galles dans la partie non traitée tandis que la partie traitée n’en présentait point. Or, il n’y eut de galles dans aucune des deux parties : l'année 1883 n'était pas favorable à la production des galles phylloxériques. Là, où d'habitude on voyait apparaître un plus ou moins grand nombre de ces excroissances sur la vigne, — Comme dans notre champ d'expérience, par exemple, — il n'y en eut point ou presque pas. C’est ce qu'on remarqua, notamment sur les vignes de M. Laliman, à Bordeaux, vignes renommées | pour l'abondance et la régularité d'apparition des galles dont elles se couvrent chaque année. On reconmença l'expérience dans les mêmes conditions, dans l'hiver de 1883-1884, et cette fois elle fut couronnée du 32 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE succès le plus complet. M. Henneguy, qui visita la vigne dès le 10 avril, constata dans le lot nontraité des galles nombreuses, presque chaque cep en présentant quelques-unes, jusqu'à cinq ou six parfois sur une même feuille. Au contraire, dans le lot traité, pas une galle ne put être découverte, malgré les recherches assidues. Cette différence entre les deux lots était surtout saisissante lorsqu'on examinait les vignes placées de chaque côté de la ligne de séparation : ici, des galles nom- breuses, là, absence totale de galles sur toute la longueur de cette ligne. Ce remarquable résultat ne prouve pas seulement la possi- bilité de tuer tous les œufs d'hiver déposés sur les ceps, il met ainsi à néant les objections qui ont été faites contre l'utilité pratique de cette destruetion. On a prétendu que les œufs d'hiver n'étaient pas tous pondus sur les souches, que les pieux, les plantes autres que la vigne, le sol lui-même pouvaient en recéler quelques-uns, et que dès lors la destruc- tion des œufs qui se trouvent sur les vignes est inutile, puisqu'elle laisse subsister et éclore ceux dèposés ailleurs. Remarquons d'abord que les œufs qui ont pu être rencon- trés dans les circonstances que nous venons de rappeler — si toutefois il n'y à pas eu erreur de la part des personnes qui les ont attribués au phylloxéra — peuvent être considérés comme des œufs égarés de leurs lieux de ponte naturels, comme on en trouve chez tous les insectes, et, sont par consé- quent,infiniment rares comparativement aux œufs pondusdans leur lieu d’élection, c'est-à-dire sous les écorces des vignes. (A suivre.) PRE PL L PPS P RS PPS PELLE PPT PPS EPP SSP I PSS PSS PP LIST EL LL PI SL PL LL LS LL TILL PE EP PP Le Gérant : H. HAMET. LES PPPS PPS SSI TI PPPPIPIPSP PPS PPPPPIII “Imp. de la Soc. de Typ.-Noizette, rue Campagne-Première. Paris. N° 3. | DIXIÈME ANNÉE Mars 1885 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE RTL LL LP PDP SEL E P LT SL SET SOMMAIRE : Observations sur le Dacus oleæ et ses parasites (fin), par M. E. LauGiER. — La Notonecte glauque, par M. E. SAvarD. — Société centrale d'apiculture et d'’insectologie. Séance du 21 Janvier 1885.— Les Lézards, par M. À HUMBERT. — Les plantes repiquées et les insectes nuisibles. — La destruction de l'œuf d'hiver du phyl- loxera, par M. Balbiani. — Épeire diadème. Observations sur le Dacus oleæ et ses parasites Par M. E. LAUGIER, directeur de la station agronomique de Nice (suite et fin). S'il est difficile d'appliquer ces observations sur des insectes en captivité à ce qui peut avoir lieu à l’état de liberté, il paraît du moins permis de penser que les facultés de reproduction doivent diminuer rapidement avec l’âge des Dacus oleæ, dont la durée de l'existence, dans les conditions Les plus favorables, ne paraît pas devoir dépasser cinq ou six mois. On conçoit donc aisément, à priori, que dans les régions où la cueillette est terminée dans les premiers jours de février, la reproduc- tion du Dacus oleæ soit enrayée d’une année à l’autre par la cueillette hâtive et que les essaimages de Dacus proviennent de régions où la cueillette se prolongejusqu'en maïet juin. Nous avons pu, du reste, constater la réalité de ces essaimages sur des oliviers isolés situés dans le champ d'essai de la Station agronomique de Nice, à plus de deux kilomètres de toute plantation d'’oliviers et qui ne portaient pas de fruits depuis deux ans. Si donc toutes les olives sont cueillies lorsque se dévelop- peront, au commencement du printemps, les Dacus oleæ pro- venant des olives véreuses tombées à l'automne ou au £com- mencement de l'hiver sur le sol, de telle sorte que ces Dacus ne puissent trouver d'olives pour y déposer leurs œufs, on pourra négliger leur influence sur la réinvasion. Les observations en grande culture confirment ces faits 34 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE dans les Alpes-Maritimes. On remarque que les années où la récolte est complètement détruite, suivent toujours une bonne ou une demi-récolte, qui s'est prolongée jusqu'en juin dans la plupart des communes. Tandis qu’au contraire, une récolte complètement détruite,où le nombre des Dacus était maximum en automne et où il ne restait plus ou très peu d'olives sur les arbres au printemps, toutes les olives véreuses étant tom- bées en automne et au commencement de l'hiver, est suivie presque toujours d'une récolte relativement satisfaisante. Mais si, lors de l’essaimage des Dacus provenant des olives tombées sur le sol, il reste des olives sur les arbres, la repro- duction de ces Dacus pourra avoir lieu et viendra accroître le nombre des insectes provenant des larves ou des œufs qui ont hiverné dans les olives piquées restées sur les arbres. . Nous devons donner ici quelques conclusions auxquelles nos observations nous ont conduit : 1° Le Dacus oleæ, dans les Alpes-Maritimes comme dans la Ligurie, accomplit normalement le cours de ses transforma- tions (larve, nymphe, insecte parfait) dans l'olive restée sur l'arbre. 2 Trois générations de Dacus se succèdent normalement de l’été à l'hiver. A. La première génération a lieu de mi-juillet à mi-août, la seconde du 15 août à fin septembre, la troisième de fin sep- tembre à novembre. B. Une partie des larves et des nymphes provenant de la troisième ponte est arrètée dans son évolution par les pre- miers froids et hiverne généralement jusqu'au printemps (quelques Dacus essaiment au courant de l'hiver si la tempé- rature est très douce). C. Les œufs provenant de la ponte des insectes précoces de la troisième génération, hivernent généralement dans les olives restées sur les arbres jusqu'au printemps, à moins que la température très douce ne détermine l'évolution d’une partie d’entre eux. D. Un nombre restreint des mouches développées à la fin Re né is on ‘ét. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 39 d'octobre ou au courant de l'hiver, hiverne dans les creux des trous d’oliviers ou de murailles. E. Chaque larve, pour arriver à son complet développement, ronge environ le tiers de la pulpe. Pour la première généra- tion d'août, on ne trouve que très rarement plus d’une larve dans une olive. Pour la deuxième et la troisième génération, il est assez fréquent de trouver deux larves dans la même olive et même trois. Une même olive peut recevoir successivement trois larves. Les deux premières rongent les deux tiers inférieurs de l’olive et jamais leurs galeries ne se rapprochent du pédoncule. La troisième larve, ‘pour se nourrir, ébranle les attaches du pédoncule. De là, la chute de l'olive. Généralement la larve sort dans les trois ou quatre jours qui suivent la chute de l'olive et va se nymphoser sous une motte de terre ou dans les fissures du sol, pour échapper très probablement à la fer- mentation ou aux moisissures qui envahissent rapidement les olives sur un sol humide et à la suite des pluies d'automne. Il en est de même avec les olives cueillies, dans les salles des moulins où la fermentation s'établit par suite de l’entasse- ment. Mais si les olives sont mises à l’abri de l'humidité et de la fermentation, les larves se développent dans l’olive sans en sortir, en général. Une autre cause de la sortie des larves des olives tombées, est la présence des larves (en grand nombre) des hyménoptères parasites du Dacus oleæ. La larve ne sort pas des olives restées sur l'arbre. Ou elle y périt sous l'action des larves des parasites, et alors on trouve son cadavre dans la galerie ; ou elle s'y transforme en nym- phe, dont on trouve constamment l'enveloppe à la suite de la sortie de l’insecte ailé. En résumé, ce n'est qu'exceptionnellement que la larve se transforme en nymphe en dehors des olives, et notamment dans le cas d'olives tombées à terre ou cueillies et accumulées dans les greniers avant l'extraction de l’huile dans les moulins. Le temps nécessaire à l'évolution complète du Dacus, est d'autant plus long que la température est plus froide. Cette 36 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE évolution s'arrête lorsque la température moyenne tombe au-dessous de 12° c. 3° Les larves et les nymphes de la troisième génération et par œufs (provenant de la ponte des insectes précoces de troisième génération, développés à la fin de l'automne) qui ont hiverné dans les olives restées sur les arbres, évoluent successivement au printemps et les Dacus qui en proviennent sortent successivement jusqu'en juin de l'olivier : A. Aux œufs de quatrième génération déposés à la fin de l'automne viennent se joindre des œufs également de qua- trième génération déposés dans les olives, surtout au prin- temps sur les arbres. ; I. — Par les Dacus de troisième génération provenant des nymphes, ou des larves qui ont hiverné dans les olives res- tées sur les arbres et dont la ponte a lieu d'avril à mai. L'ensemble de ces œufs donne naissance à la quatrième génération de printemps, dont tous les insectes parfaits se développent au printemps soit normalement sur les olives avant la cueillette, soit dans les salles de moulins avant l’ex- traction de l'huile. II. — Par le petit nombre de Dacus, provenant des nym- phes qui ont hiverné dans le sol, ou les creux d'arbres, et par suite des olives tombées à l'automne. NII. — Par les Dacus, qui ont pu, en très petit nombre, hiverner soit dans les trous d'arbres en plein air, soit dans les greniers et les salles de moulins où ils se sont successive- ment développés au fur et à mesure de la cueillette pendant l'hiver. IV. — Lorsque la cueillette se prolonge jusqu'en juillet, une cinquième génération provenant de la ponte, en fin mai, des insectes les plus précoces de quatrième génération peut avoir lieu. 4 Lesolives de la nouvelle récolte sont piquées vers le milieu de juillet pour les localités les plus chaudes du littoral par les Dacus de quatrième génération (et peut-être de la cinquième génération, pour les années où la cueillette se . : . BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 67 prolonge jusqu'au commencement de juillet), dont la ponte recommence le cycle des générations d'été sur la nouvelle récolte. 5° Les premières pontes suivent le degré de développement de l'olive. Elles sont beaucoup plus précoces dans les localités chaudes du littoral où elles se produisent à des dates varia- bles, suivant la précocité du développement des olives et très peu de jours après la liquéfaction du noyau. En 1882, nous avons suivi avec le plus grand soin, dans des propriétés des environs de Nice, l'apparition de la première ponte. Le 14 juillet, presque simultanément sur plus de la moitié des olives, nous avons constaté les premières piqûres provenant des pontes. Le 12 août, les Dacus les plus précoces commençaient à sortir des olives à l’état d'insectes parfaits. Il en était de même à Gênes et à Port-Maurice. Or, en 1882, la cueillette dans les communes de la partie montueuse du département (cantons de Breil et de Levens, surtout), ainsi que dans celles de la province de Port-Maurice s'était prolon- gée jusqu'en juillet. Sur le littoral, la cueillette avait été ter- minée dans la deuxième quinzaine d'avril dans les Alpes-Ma- ritimes, dans la deuxième quinzaine de mai dans la province de Port-Maurice.Il est très probable que les Dacus provenant des communes de la partie montueuse étaient venus se join- dre à ceux du littoral, ce qui accroissait d'autant l'intensité de la première infection. 6° Pour la première génération de 1882, les insectes parasi- tes hyménoptères que nous avons signalés en Vaucluse ont été très abondants. Ainsi dans la commune de Grasse, dans celle de Nice, sur 100 olives prises au hasard le 10 août, il y en avait de 40 à 70 p. 100 dans lesquelles la larve morte du Dacus était remplacée par la nymphe des parasites. Nous avons constaté des faits semblables à Port-Maurice le 15 août. Mais, si les hyménoptères parasites, en diminuant de 40 à 70 p. 100 le nombre des Dacus, ralentissaient ainsi l'invasion, ils n’ont pu l'empêcher d'être complète vers la fin d'octobre. Seulement, et ce fait est {rès important, tandis qu’en 1880 le 38 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE nombre des parasites était très faible relativement, les dépar- tements voisins (Var, Vaucluse, etc.) étaient envahis en sep- tembre eten octobre. En 1882, le Var seulement et en partie les Bouches-du-Rhône ont été envahis et bien moins qu'en 1880. L'action des parasites aurait donc empêché en grande partie la diffusion du Dacus. 7° Dans les départements voisins (à partir de l’arrondisse- ment de Toulon), où la cueillette est terminée en janvier, février, le Dacus oleæ paraît n'avoir qu'une seule génération. Ce n'est qu'en octobre que l’on trouve en général des larves dans les olives et la deuxième génération, lorsqu'elle a lieu, ne peut se développer par suite de l’abaissement plus consi- dérable et plus rapide de la température. Aucune olive ne restant sur les arbres au printemps, la génération de prin- temps ne peut avoir lieu. Le Dacus à l'état d'insecte parfait est peu ou pas connu. De là des erreurs nombreuses de la part des observateurs qui ont écrit dans les régions où la cueillette est hâtive. D'une manière générale, l'invasion, faible dans les départe- ments de Vaucluse. Hérault, etc., coïncide avec une invasion complète dès septembre dans les Alpes-Maritimes, d'où les Dacus, poussés par l'instinct de la reproduction,essaiment de proche en proche. 8° En résumé, la présence des olives au printemps de avril à juin sur les oliviers, est la cause directe des réinvasions. Ces réinvasions sont plus ou moins fortes, suivant que le nombre des olives est plus ou moins grand, que la cueillette tardive s’est prolongée plus longtemps et par un plus grand nombre de parasites, par suite d'une intensité inégale des ravages dans les diverses localités du littoral et de la partie montueuse; très faibles où nulles, si l'invasion complète surtout l’année précédente avait déterminé la chute, à la fin de l’automne, de toutes ou de presque toutes les olives (comme en 1880) sur tous les points. % Causes naturelles qui agissent pour limiter le dévelop- pement du Dacus. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 39 Les pluies prolongées paraissent agir puissamment à l'au- tomne pour entraver la reproduction. Maintenus dans une atmosphère très humide, les insectes parfaits meurent très rapidement pour la plus grande partie, les accouplements paraissent suspendus. C’est là ce qui résulte de l'observation directe. Il nous a semblé reconnaître sur de nombreux individus morts dans une atmosphère humide, la présence d'une végétation cryptogamique et nous nous pro- posons de renouveler nos observations à ce sujet. Les olives mouillées et prématurées sur la terre, dans une atmosphère très humide, moisissent ou fermentent très rapi- dement et les nymphes maintenues assez longtemps, dans la terre très mouillée, périssent pour la plupart. Les grands froids capables de porter atteinte à la végétation de l'olivier, paraissent seuls avoir une efficacité pour diminuer les ravages de l'insecte. Nous pensons qu'ils agissent surtout pour supprimer les possibilités de reproduction du Dacus, lorsque les olives sont assez gravement atteintes. (Bulletin de la Société d'agricult. des Alpes-Maritimes. Année 1884.) SPLPPP ITS IILIS IIIe La Notonecte glauque (Notonecta glauca, Linn.\ HYDROCORISES PAR M. E. SAvaRD. On trouve très communément aux environs de Paris, dans les fossés, les réservoirs, les eaux dormantes, la Nofonecte glauque, de l'ordre des hémiptères et que Geoffroy appelle la grande punaise à avirons. Son corps est oblong, étroit, rétréci postérieurement, convexe en dessus, plat en dessous, offrant sur les côtés, et à l'extrémité, des cils qui, en s'éta- lant, soutiennent l'animal sur l’eau. Sa tête est grande et d'un gris un peu verdâtre, et porte de chaque côté un œil volumineux d'un brun clair. Son corselet est grisâtre, ses élytres d'un gris verdâtre, ses ailes membraneuses blanches. Les quatre pattes antérieures sont assez courtes, mais les pos- L_ IQRE BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE térieures, presque doubles, sont munies de longs cils et res- semblent à des avirons. Aussi c’est à l’aide de celles-ci que l'animal nage ; et il le fait d'une singulière manière, en se plaçant sur le dos, et ordinairement dans une position incli- née. Quand la punaise aquatique se traîne, au contraire, sur la vase, ce sont ses pattes antérieures qui fonctionnent, les pos- térieures ne faisant que traîner. C'est ordinairement vers le soir ou dans la nuit qu'elle sort de l'eau, pour marcher ainsi et pour s'envoler, si elle veut passer d'un marais à l’autre. Cet insecte san- guinaire ne vit que de rapines; il est des plus carnassiers. Les insec- tes qu'il att:que meurent bientôt après avoir été piqués. De Géer perse que la punaise d'eau verse dans la plaie une humeur verii- meuse. Les punaises d’eau s'emparent d'insectes beaucoup plus gros et en apparence plus forts qu'elles; ce sont les larves des éphémères non carnassières, et les cloportes aquatiques qui sont le plus exposés à leurs ravages. Elles ne s’épargnent pas d'ailleurs entre elles, et s’entre-tuent quand elles le peuvent. L'instrument avec lequel la MVotonecte pique si fortement qu'elle cause une assez vive douleur, se compose d’un bec très fort et très long, conique, formé de quatre articles. Le suçoir est composé d'une pièce supérieure, courte, aiguë, et de quatre soie fines et pointues. C'est au mois de juillet que l’accouplement a lieu, la femelle de la punaise à avirons pond un grand nombre d'œufs oblongs cylindroïdes, non tronqués et jaunâtres qu'elle dépose sur les tiges et les feuilles des plantesaquatiques. Les œufs éclosent et les petits se mettent aussitôt à nager comme leur mère, sur le dos, le ventre en haut. M. Léon Dufour dit à ce sujet: « La région dorsale est relevée en dos d'âne ou en carène ar- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 4] rondie et revêtue d'un velouté qui le rend imperméable, des franges fines et nombreuses qui garnissent soit les pattes pos térieures, soit les bords de l’abdomen et du thorax, soit enfin en double rangée une légère crête médiane de la paroi ven- trale et qui s’étalent ou se ploient au gré de l'insecte comme de véritables nageoires, favorisent cette attitude de supina- tion et la justesse des mouvements natatoires dela Nofonecte. Puisque la nature, qui semble souvent se faire un jeu peut produire des exceptions bizarrres attestant l’immensité deses ressources, avait condamné cet animal à passer sa vie dans une posture renversée, il fallait bien.pour le maintien deson existence, qu'elle lui donnât une organisation en harmonie avec cette attitude. C'est aussi dans ce but que la tête est in- clinée sur la poitrine, que les yeux de forme ovalaire peuvent exercer la vision de haut en bas ; que les pattes antérieures ainsi que les intermédiaires, agiles et arquées, uniquement destinées à la préhension, peuvent se débander en quelque sorte à la faveur des hanches allongées qui les fixent au corps et accrocher solidement leur proie avec les griffes robustes qui terminent leurs tarses. M. Brullé dit que les larves arri- vent à leur état parfait dans le courant de l’été et que leur vie se prolonge rarement jusqu'au printemps suivant. » On ignore, ajoute-t-il, s'il y a deux générations dans la même année, mais on peut le supposer avec quelque raison, car d'après les observations de Roesel, les œufs éclosent au bout d'une quinzaine de jours 6f la femelle vit après la ponte presque jusqu'à l'époque du développement complet des jeunes Notonectes, E. SAVARD. Société d'Apiculture et d'Insectologie Séance du 21 janvier 1885. Présidence de M. MAURICE GIRARD. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le trésorier Sigaud rend compte de l’état financier de la Société : Restant en caisse au 31 décembre 1884. 5.726 fr. 60 Dépensé dans l’année : ......... 5.368 60 DITOPENCEN LE au sn 368 fr. >» 42 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE Reste en caisse avec les recettes particulières 2.870 francs. M. Ramé est nommé membre de la commission de publi- cation en remplacement de M. Pillain. Une commission composée de MM. Rämé, E. Savard et Saint-Pée est nommée pour la vérification des comptes. M. Fallou offre un tirage à part sur divers Bombyciens séricigènes, extrait du Bulletin de la société d’acclimatation pour 1884. — Remerciments. Des questions sont proposées par le ministère de l’instruc- tion publique pour le congrès des sociétés savantes en 1885. : Une commission est nommée pour préparer les réponses qui seront soumises à l'examen de la Société avant d'être en- voyées au Ministre. Elle sera formée de MM. Malessard, Ramé, Vienney, Maurice Girard, Jules Fallou et Glatigny. Un jury est nommé pour les médailles à décerner pour l’apiculture à la suite du concours général au Palais de l'Indus- trie en 1885. Sont nommés : MM. de Layens, Hamet, Saint- Pée, Vignole et Sigaud. Diverses communications apicoles sont adressées à la Société. M. Maurice Girard rappelle que des travaux nouveaux vien- nent d'être faits par M. Carlet sur les venins des hyménop- tères. M. Lesueur montre le lézard ocellé vivant et promet une description sur ces espèces de lézards. Membre reçu : M. Alfred Marouan, pharmacien, 52; rue Croix-Nivert, présenté par M.J.-A. Meunier. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Le secrétaire : DELINOTTE. Les lézards Nous sommes en plein hiver. La terre est gelée dans sa couche supérieure, sa surface est couverte de neige. Lorsque nous passons près des vieux murs, près des murgers, près des amoncellements rocailleux, près des vieilles souches, nous ne sommes plus distraits par la fuite précipitée des BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 43 lézards qui se chauffaient au soleil ou qui recherchaient leur nourriture. C'est qu'ils sont retirés au fond de leurs trous pour y passer l'hiver dans un état complet d'engourdissement. Le lézard (Lacerta), de l'embranchement des vertébrés, de la classe des reptiles et de l’ordre des sauriens, est un petit animal très vif, très alerte, d'un aspect agréable. Ses petits yeux sont très vifs et lui donnent une apparence craintive et timide ; sa queue est longue et très épaisse à sa base ; elle a une propriété singulière qui n'existe, croyons-nous, Chez aucun autre animal, c’est de repousser lorsqu'elle a été déta- chée par une cause quelconque. Il arrive quelquefois qu'elle . repousse en exécutant une déviation, ce qui donne au rep- tile une forme bizarre. Les sauriens, à l’ordre desquels ap- partient le lézard, ont quatre membres courts et trapus dont les doigts sont armés d'ongles ou de griffes; leur peau est chagrinée ou écailleuse, et très souvent verte, grise ou jau- nâtres. Leurs têtes sont mobiles, ce qui leur permet des mou- vements d'élévation ou d'abaissement pour exécuter les fonc- tions de la respiration. L'ordre des sauriens est composé de six familles, dont les principaux types sont : le crocodile, le caiman, le caméléon, le lézard proprement dit et l’orvet, ce dernier plus particulièrement connu dans les campagnes sous le nom de bone, boîne, uvet ou serpent de verre.Ce - nom lui a été donné à cause de l'extrême fragilité de sa queue qui se brise au premier choc. Mais revenons à nos lézards. Le lézard est un animal à sang froid, c’est-à-dire que sa chaleur intérieure n’est pas toujours à la même température, mais qu'elle subit toutes les variations de la température extérieure. En été, le lézard se nourrit d'insectes, de loches, de vers, de petits œufs. L'hiver, lorsque les arbres sont couverts de givre, lorsque les feuilles crient sous les pas le long du chemin, il n’y à plus d'insectes, plus de vermisseaux. Aussi, que devient le lézard ? Dès la seconde quinzaine d'octobre, le lézard se retire dans son trou qui, l'été, ne lui avait guère servi que les jours de 44 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE pluie, car le lézard aime passionnément la chaleur du soleil. Une fois installé dans son trou, dans le fond d'une crevasse, sous les grosses racines d'une vieille souche, dans le creux d'un rocher, il s'engourdit. Il continue de vivre sans manger, gardant une immobilité absolue, raide, froid, les mâchaires serrées, les yeux fermés. Il est en léthargie, engourdi, dans son sommeil d'hiver. C’est l'hibernation. Les lézards sont des animaux hibernants ; ils partagent cette faculté avec d’autres animaux : &’est ainsi que la mar motte, le hérisson, le loir et la chauve-souris sont sujets au même phénomène. Auretour du printemps, le lézard se ranime ; sort de sa léthargie profonde ; il retrouve la sensibilité, l’activité, la douce chaleur solaire. et une quantité d'insectes et d'œufs qui l’aideront à passer sans privations la saison estivale. Lors- que l'été sera revenu, nous verrons encore sur les murs les lézards s'étendre au soleil, courrir et sauter. Depuis iongtemps, le lézard a la réputation d'être l’ami de l'homme. Il est ovipare en général et ses œufs éclosent très peu de temps après la ponte. Il y à un grand nombre d'espèces de lézards ; maïs il n’en existe guère que quatre dans notre région. Nous allons faire la description sommaire de chacun d'eux: 1° — Le Lézard vert (Lacerta viridis), de couleur verdä- tre. On le rencontre principalement sous les pierres, dans les sols calcaires, dans les vignes, dans les forêts, dans les lieux jouissant d'une bonne exposition solaire. 2 — Le Lézard gris / Lacerta muralis), le plus commun ; on le rencontre sur les rocailles, les murgers. Les remparts gallo-romains d'Autun (Augustodunum) sont aujourd'hui percés d'une multitude de trous dans lesquels fourmillent les lézards gris. Il en est de même dans les anciens murs de Vienne (Vienna) en Dauphiné. Le vieux château de Montaigu, à l'Est de Vesoul, en est abondamment peuplé ainsi que les ruines de Mandeure (Epomanduodurum) dans le Doubs. 9° — Le Lézard vivipare (Lacerta vivipara) est d'un brun BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 45 verdâtre ; ses tempes sont revêtues d’écailles ayant toutes la même forme. Il est en général assez commun. 4 — Le Lézard des souches (Zacerta stirprum) très commun dans les pays de plaines et sur les collines peu élevées. On Le trouve dans les haies, les jardins, les terrains rocailleux, sur le bord des fossés. Souvent aussi on le trouve dans les endroits humides. C’est un des plus beaux lézards de nos pays, bien qu'il soit plus trapu et moins alerte que ceux des autres espèces. Sa couleur varie : tantôt elle est rousse, bigarrée de noir, tantôt elle est jaunâtre ; son ventre est d'une belle couleur jaune avec de petits points noirs clairsemés. La femelle de ce lézard se reconnaît aisément par son ventre de couleur brune el ses flancs présentant une ou deux raies blanches pointillées de noir. Le lézard des souches est connu vulgairement dans les campagnes sous le nom patois de croichatte et de aidian. Le lézard, en détruisant les insectes nuisibles, rend d’im- portants services à l’agriculture. Il est absolument inoffensif, bien que certains ignorants aillent jusqu'à dire qu'il est veni- meux. Aussi, nous terminerons en le recommandant à la pro- tection de tous. ALBIN HUMBERT. Les plantes repiquées et leurs insectes nuisibles (1) Depuis que nous nous occupons de culture et que nous ob- servons de près ce qui se passe autour de nous, les larves d'insectes, et notamment celles des élatérides ou vers jaunes, nous donnent beaucoup de besogne et beaucoup d'inquiétude. Nos plantes repiquées sont surtout en butte à leur voracité; à peine touchent-elles aux plantes semées à demeure. Pour- quoi cela? Pourquoi les unes les affriandent-elles plus queles autres ? On nous dit: « Les végétaux destinés au repiquage sont élevés d'habitude sur couche chaude ou tiède, croissent avec 1. Gazelle du Villuge. 46 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE rapidité, ils sont, par conséquent, plus tendres que ceux levés en pleine terre, dans les conditions ordinaires, et doivent pa- raître plus délicats aux larves.» A ceci nous répondons que des plants de pépinières communes, c’est-à-dire formés em pleine terre, n’ont pas été plus épargnés que des plants de couche ; que des rutabagas, dés betteraves, des laitues et des courges transplantés sont devenus la proie des larves, tandis que les sujets maintenus dans les pépinières n’ont point souf- fert. On nous dit : « Comme on repique sur un sol fraichement remué, les larves ont moins de peine à s'y faire passage que dans un sol foulé ou tassé. » Cette raison, bonne en apparence, ne nous paraît pas plus admissible que la précédente. Vous pouvez biner à toute profondeur des plantes semées à.de- meure, et vous n'aurez pas plus à souffrir des larves après qu'avant. On nous dit encore : « Les plantes destinées à la transplan- lation ont été semées presque toujours en terre richement fumée; donc, il y à lieu de croire que l’humus attaché aux racines, après la plantation, attire les larves aux points des repiquages. » Gette explication ne nous semble pas satisfai- sante. Si les larves en question n'étaient attirées queparl’hu- nus, certains semis faits à demeure sur de l'excellent terreau seraient immanquablement compromis chaque année. Or, il n'en est rien. Cherchons donc une autre raison. Pour notre compte, nous sommes tenté d'attribuer la prédilection des larves d'insectes pour les plantes repiquées à la pourriture de quelquesracines endommagées et à l’état de maladie qui suit la transplanta- tion. Nous ne disons pas, avec les naturalistes, que les larves d'élatérides, par exemple, ne s'attaquent qu'aux végétaux en décomposition, car nous avons par devers nous la preuve con- traire ; mais nous reconnaissons volontiers que la pourriture des racines les attire, et qu’elles recherchent non cette pour- riture, mais les parties vivantes des plantes maladives. Ce ne sont pas les insectes des morts, ce sont les insectes de ceux BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 47 qui souffrent, et Dieu sait s’ils abondent en certaines années. Pour les éviter le plus possible, il convient de bien choisir son moment pour les repiquages, afin que les plantes souf- frent à peine de cette opération. Malheureusement, ne choisit pas qui veut. Une température douce et un temps pluvieux, voilà d'excellentes conditions pour réussir, pour hâter la re- prise des végétaux transplantés. P. JOIGNEAUX. La destruction de l'œuf d'hiver du phylloxéra Par M. BALBIANI. En outre, il paraît résulter des observations de M. Boiteau, que l'insecte, issu de l'œuf d'hiver ne descend pas aux racines, sur lesquelles il ne peut vivre, mais monte sur les feuilles pour y former une galle, et que ce sont ses descendants seu- lement qui, après un certain nombre de générations, vont aux racines pour y fonder des colonies durables. Admettant l’exac- titude de cette observation, et supposant, d'autre part, quil y avait de ces œufs égarés dans notre vigne de la Paille, au moment du badigeonnage, il faut conclure que les insectes éclos de ces œufs n'ont pu monter aux feuilles et sont morts de faim, puisque, dans toute la partie traitée, d’une superfi- cie de plusieurs ares, de notre champ d'expérience, pas une seule galle n'a pu être trouvée par les personnes les plus ha- bituées à ce genre de recherches. On n’a donc pas dès lors à se préoccuper de ces œufs, et il importe seulement de détruire ceux qui sont placés sur les vignes, et qui, en don- nant naissance à des insectes capables d'y trouver leur sub- sistance, constituent seuls un danger pour celles-ci. L'expérience de la Paille éclaire aussi une question de l’évolution du phylloxéra, sur laquelle planait encore une certaine obscurité: je veux parler de l'origine des œufs d'hiver. On connaît depuis longtemps la relation existant entre ces œufs et les essaims ailés qui sortent du sol des vignes phylloxérées, mais quelques observateurs avaient pensé et j'étais de ce nombre — que les phylloxéras galli- 48 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE coles pouvaient eux-mêmes se métamorphoser en ailés et faire souche de sexués et d'œufs d'hiver, ou bien pondre directement, à l’état de larves, sur les ceps, des œufs d'où naissent des sexués et des œufs d'hiver. La comparaison avec le phylloxéra du chêne, où les œufs d'hiver ont cette double origine, autorisait par analogie cette manière de voir. Cette question n’a pas un simple intérêt théorique, elle a aussi une importance pratique assez consi- dérable, car, s’il était prouvé que les larves peuvent sortir de leurs galles pour déposer directement sur la souche leur progéniture sexuée, l'utilité de la destruction des galles serait évidente. En effet, les œufs d'hiver qui dérniveraient des individus gallicoles seraient spécialement destinés à régéné- rer sur place les colonies souterraines, et ne pas s'opposer à leur production serait hâter la ruine du vignoble. (A suivre.) Epeire diadème. Araignée porte-croix. Si les araignées ne sont pas des insectes, dans le sens actuel du mot, ce sont des insectivores. Parmi elles, on remarque l'araignée porte-croix, ou Epeire diadème. Elle tisse entre les arbustes de grandes toiles offrant des conférences concentri- ques, tendues par d’autres fils en rayons et près desquelles l’araigpée reste à l'affût. Le fond de la couleur est d’un jaune grisâtre, l'abdomen orné de petites taches blanches disposées en croix. Les mâles sont plus petits que les femelles. En octo- bre, la femelle pond des œufs jaunâtres enveloppés dans un cocon ovoide d'une soie serrée, épaisse, et d'une couleur jaune dorée. Les œufs passent l'hiver et éclosent à la fin du printemps : lespetites araignées d'un jaune uniforme, restent environ un mois en société, formant avec leurs fils un gros flocon fourmillant d'araignés. A la fin de l'été, les fils émis par ces petites araignées et celles d'espèces voisines, et blanchis par la rosée, recouvrent tous les objets et flottent au vent; ce sontles f#/s de la Vierge. L'Epeire est une des araignées qui détruisent le plus d’abeilles en été. PDP PLIS LE DSL LL EDIT SI » / AS nr A nr re RES, PLIS PT LS SDL LP LL PL LL LATE Le Gérant : H. HAMET. PSP RSS PP SDS PL PS SELS SLT LL PL PSS LL ST DT PRE Ar LELIPDP PPS LP PL D PPS SE PLE SI -inp. de la Soc. de Typ - Noiz-3 T2. S.r Cam agne Première, rar. N° 4 DIXIÈME ANNÉE Avril 1885 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : L'Hippobosque du cheval, par M. E. SavarD. — Le Lézard ocellé, par M. LEsuEuR.—Société centrale d'apiculture et d’insectologie. Séances de févrior el mars 1885.— Le Sphinx atropos, par M.HAMET. — L'Anthonome des fleurs du pommier, par M. E. BONCENNE.— Les Attaciens séricigènes de Madagascar. — La Mouche domestique, par M. E.SAvVARD. LL SLT SD LEP SLT PE LPS LS SL LS SSL LS SDS SP SLR LL LL LS PPS SL LS RS PS LS SL L'Hippohosque du cheval (la Mouche Araignée) (Hippobosca equina. Linn.) ? Par M. E. SAvARD. Cet insecte que l'on appelle Hippobosque du cheval est une mouche à deux ailes dont la forme et l'organisation diffèrent de celles des autres diptères. Elle à le corps plat, la peau co- riacée, les antennes d’un seul article en tubercule, avec une soie apicale. Elle ne possède pas de trompe labiale, mais un suçoir de deux soies, accompagnées de deux palpes formant gaine ; ses pattes sont écartées, ses tarses formés de quatre articles terminés par deux crochets bilobés. Ces insectes se fixent en assez grand nombre sur les parties du cheval les moins défendues par les poils, le plus souvent sous le ventre, entre leurs cuisses postérieures et sous la queue. Sans leur nuire beaucoup, ils les importunent assez pour les inquiéter. L’âne surtout les craint beaucoup. On les rencontre encore quelquefois sur les bêtes à cornes et sur les chiens. Ils courent plutôt qu'ils ne volent, et vont soit en avant, soit de côté. La femelle pond une sorte d'œuf aussi gros que le ventre de sa mère et de cette espèce d'œuf, sans autre métamorphose, sortl'insecte parfait. A sa naissance,cet œuf est d'un blancdelait, avec une grande plaque noire luisante à l’un des bouts : il est rond et plat comme une lentille, échancré et comme muni de deux cornes à l'extrémité où se trouve la plaque. Gette plaque 4 50 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE seule est dure, le reste de l'enveloppe est mou; mais dès le lendemain de la ponte elle devient coriace et d’un noir luisant. L'œuf a 3 millim. de diamètre sur un peu moins d'épaisseur. Cet œuf ou cette coque n’est que la peau de la larve qui a passé à l'état de pupe dans le ventre de la mère. L'insecte parfait, venant à quitter son enveloppe oviforme, la laisse au fond de sa dépouille de nymphe. On doit conclure de ces faits que l'œuf proprement dit éclôt dans le ventre de la mère et que la larve s'y nourrit. On ne sait où la femelle dépose naturellement ses pupes et quels soins elle prend pour leur conservation. L'insecte fait partie de l'ordre des Diptères, de la famille des Pupipares (il est plus exactement vivipare), de là tribu des Coriacés, et du genre Æ/ippobosca. Son nom entomologi- que est Aippobôsca equina ei son nom vulgaire Hippobosque du cheval, Mouche-araignée. Il se trouve en été sur les chevaux, les mulets, Les ânes, les bœufs et chiens, dont il suce le sang, et peut aussi piquer l'homme. On ne connait pas d'autre moyen de débarrasser les animaux de ces insectes incommodes que de leur faire la chasse, de les chercher sur leur corps, de les prendre et de les écraser. En tenant ses bètes proprement, en les étrillant souvent, en les brossant et les époussetant, on empêche les insectes de s'établir sur eux, de s'y multiplier, et on en chasse ceux qui s y sont accidentellement attachés. On ne doit pas négliger de tenir les étabies et écuries dans un état de pro- preté constant et de bon entretien, ce qui est essentiel, non seulement contre la vermine, mais encore pour la santé des anhnaux qui les habitent. Le nom de Mouche-araignée est donné à cet insecte par Réaumur, à cause de ses pattes écar- tées qui élèvent son corps, ce qui lui donne une grossière ressemblance avec une araignée. Hippobosca equina. — Longueur, S millim. depuis la tête jusqu’à l'extrémité des ailes. La tête est jaune et saillante, marquée d'une tache brune sur le vertex,séparée du corselet; les antennes sont très courtes, à peine distinctes, insérées au BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE ol côté antérieur de la tête, formées de deux articles, le premier en tubercule, le deuxième sétacé ; les yeux sont noirâtres ; le suçoir est allongé et sa gaine courte; le corselet a le dos noirà- tre, avec une grande tache aux épaules et une autre posté- rieure terminée en pointe, d'un blanc jaunâtre; l’écusson est de la même couleur ; l'abdomen est d'un jaune obscur, avec quelques taches brunes ; le dessous du corps est d'un jaune pâle; Les pattes sont de cette dernière couleur, avec quelques bandes brunes et les crochets des tarses bifides; les ailes sont oblongues, arrondies à l'extrémité, un peu roussâtres, ayant des cellules qui s'étendent jusqu'au milieu. E. SAVARD, Le Lézard ocelié (Lacerta ocellata, Daüdin) par M. E. LESUEUR. - Le lézard ocellé est le plus grand des lézards que nous ayons en France. Sa longueur extrème est de 50 centimètres ; il est commun en Algérie, se trouve aussi en Espagne, en Italie ainsi que dans le midi de la France. La tête, de forme triangulaire, est très forte, allongée; elle est recouverte par de grandes plaques polygonales; l'œil est rond et saillant, il fixe les personnes qui en approchent et, si on l’excite, il cher- chera à sauter sur votre main pour vous mordre; ses mà- choires ont une ouverture de 35 millimètres, elles sont gar- nies de deux rangées de petites dents très fines et placées verticalement en arrière; la langue est large, fourchue et terminée par deux petites pointes, les tympans sont très ouverts, le ventre est gros, légèrement ballonné, il est d'un blanc verdâtre et recouvert par de grandes plaques longitu- dinales et transversales, elles sont séparées au milieu du ventre par une ligne longitudinale de petites écailles allant des parties génitales à la naissance du cou. Le dessus de son corps est de nuance grise avec reflets fauves ou verdâtres, suivant la saison ou la température; il est tacheté ou ocellé de noir; sur les côtés existe une ligne D BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE E longitudinale de grandes taches bleues arrondies; entre ces taches et au-dessus se trouvent quelques points bleus ; Les pattes sont fortes, trapues et terminées par cinq ongles recourbés : la queue, composée de nombreuses articulations, a presque les deux tiers de la longueur totale de l'individu. Ce lézard, que l’on trouvait dans la forêt de Fontainebleau y a un demi-siècle, a, je crois, complètement disparu de notre zone tempérée; il est aussi moins commun qu'autrefois dans les régions méridionales de la France ; cela tient, je crois, à deux causes : 1° au refroidissement de l'atmosphère et du sol; 2 au déboisement, qui, en laissant à découvert de grandes surfaces de terrains, permet aux carnassiers de faciles cap- tures, ensuite, force les lézards à émigrer dans d'autres con- trées plus solitaires et plus chaudes. Le lézard ocellé se trouve dans les forêts arides, sablôn- neuses, ensoleillées, dans les roches et dans les fourrés ; l'hiver il se terre dans un trou qu'il garnit d'herbes sèches ou de mousse. Au premier soleil du printemps il approche son nid près de l'entrée de son trou et passe le bout de son museau pour respirer, si la température est favorable. Ce lézard est d'une grande force musculaire, il est difficile de le tenir d'une main, car en se débattant il vous déchire les chairs avec ses pattes de derrière dont les griffes sont pointues comme des aiguilles: il se bat contre les serpents ei leur fait une guerre acharnée, saute au museau des chiens qui le poursuivent : sa morsure est inoffensive. Le lézard ocellé se nourrit d'insectes de toutes natures ; en prenant de la force et de l’âge il y joint une nourriture plus substantielle en mangeant de jeunes mammifères, tels que mulots,rats, souris,ete., etc. Le lézard ocellé d'Algérie diffère de celui du midi de la France par la nuance de son dos, qui est d'un brun verdâtre et couvert d’arabesques jaunes. Certains Arabes se nourrissent de sa chair, qui, paraît-il, est très bonne. Le lézard ocellé est insectivore ; ne le détruisez pas. (A suivre.) E. LESUEUR Reproduclion interaite 2 — = BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE D3 Société centrale d’apiculture et d'insecctologie Séance du 18 février 1885, — Présidence de M. Sigaut. Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière séance qui est adopté. Le secrétaire général fait part de la perte regrettable de M. de Liesville, vice-président honoraire de la Société, mort le 1° février. Il rappelle les services qu’a rendus ce membre dévoué qui faisait partie de la Société depuis sa fondation. Lorsqu'à l'Exposition universelle de 1855, uneliste d'adhésion pour la formation d'une société d'apiculture fut mise en évi- dence, M. de Liesville, qui n'avait alors que 19 ans, s'y inscri- vit des premiers. Depuis il a pris une part très grande à l’or- ganisation de toutes nos expositions. La partie qui Pattirait le plus était celle de l'enseignement insectologique. Ses rapports sur les concours de cet enseignement montrent qu'il en com- prenait toute l'importance. M. de Läiesville était d’une délica- tesse et d'un dévouement que tous ses collègues se rappelle- ront. L'assemblée témoigne les regrets les plus vifs de la perte de ce membre fondateur, dont le nom restera inscrit dans les archives de la Société et ne s’effacera pas de la mé- moire de ceux qui l'ont connu. La Commission des comptes de l'exercice dernier pré- sente les chiffres exacts des recettes et des dépenses de 1884 (Voir procès-verbal de janvier dernier). M. J. Rouanet, de Clermont-l'Hérault, écrit ce qui suit: « Voicice que je trouve dans mes notes d'insectologie.Je vous le communique comme complément à la lettre que vous a adressée, le 30 septembre dernier, M. Cazet, instituteur à Saint-Beury. « Le 16 octobre, les sentiers pullulent de T'imarcha, char- gés d'œufs et creusant des trous sous les pierres. — Nom- breuses Chrysomela Banksü.— Une mante femelle, abdomen plein d'œufs. « 28 octobre, nombreux Z'narcha. » « J'avais noté ces rencontres commerésultat d'éclosiox, inso- Ütes au commencement d'automne. Mais, le 11 janvier, j'ai 54 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE encore rencontré le Tèmarcha tenebricosa. Je me demande ce qu’il faut penser de ce fait. Voilà un insecte qui se montre des premiers à l’état parfait: je l'ai recueilli au mois d'avril presque tous les ans. Son apparition en plein hiver n'indique- rait-elle pas plusieurs ou, tout au moins, deux générations ? « J'ai en effet vu des accouplements en mai et en octobre. » M. Fallou dit avoir observé également des éclosions au printemps et d’autres en automne, relatives à des Timarcha (Chrysoméliens). Il est à désirer que M. Rouanet soumette à la Société les espèces de T'inarcha et d'autres Chrysoméliens qu'il observe au printemps et en automne, afin qu'on puisse s'assurer si on a affaire aux mêmes espèces. En outre ces espèces dun pays très méridional sont-elles bien déterminées ? M. Ramé donne lecture d'un compte rendu du guide pra- tique de l'£Entomologie agricole,par H. Gobin, dont un exem- plaire a été envoyé à la Société par l’éditeur J. Heizel et Ce. M. Hamet donne lecture du rapport sur les produits agri- coles au concours général du Palais de l'Industrie. Ce rapport est adopté et l'impression en est demandée. Sontprésentés pour faire partie de la Société : MM. de Gines- tous fils, 45, rue Madame, à Paris, section de sériciculture ; Boulangé, à Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise); Vallon, cirier à Väls (Haute-Loire) ; Giovanni Rolli, de Zara (Italie), les trois derniers de la section d’apiculture. L’admission de ces mem- bres est prononcée. La Société désigne M. Ramé pour la représenter au Congrès des délégués des sociétés savantes à la Sorbonne, du S au 11 avril prochain. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Pourextrait: Le secrélaire, DELINOTTE. Séance du 18 mars 14885, — Présidence de M. Maurice Girard. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, M. Ramé communique une lettre du vice-consul de France BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE DD à Phiadelphie exprimant des craintes sur l'avenir de la séri- ciculture aux États-Unis (voir au Bulletin). M.Glatigny annonce qu'il soumettra à l'examen de la Société, dans la prochaine séance, des spécimens d'étiquettes bota- niques sur piquets de fer. M. Hamet montre un appareil à coller les rayons gaufrés de cire, présenté par M. Delinotte et venant du canton de Fribourg (Suisse); il promet une note à ce sujet. M. J. Fallou présente à la Société des échantillons de tissus de soie à très bon marché provenant de la Chine et qui ali- mentent déjà nos grands magasins de nouveautés; probable- ment c'est l'Affacus Pernyi, Guérin-Méneville, qui produit cette soie. Membres reçus : MM. Porcher, naturaliste à Saint-Pierre- des-Corps (Indre-et-Loire); J. Morand, étudiant en médecine vétérinaire, à Lyon; W. Kauffmann, banquier à Paris; Gallaïis, instituteur à Tigery (Seine-et Oise) ; Denervaux, instituteur à Maïzières, près Romont (Suisse); A. Dorotte Roblot, agricul- teur à Beine (Yonne); Léon Biot, à la ferme de Fyé, près Cha- blis (Yonne); les quatre premiers dans la section d'insectologie générale et les trois derniers dans la section d'apiculture, L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Le Secrétaire des séances, DELINOTTE. Le Sphinx-atropos ou papillon tête-de-mort Par M, H. HaMmer. Le sphinx Acherontia Atropos, Linn. estun grand papillon crépusculaire qui paraît vers la fin de l'été ; il est si gros que, dans l'obscurité, on le confond avec la chauve-souris. Ce pa- pillon, qu'on appelle fete de mort, ire son nom de la tache qu'ii a sur le corselet, laquelle représente une tête de mort. Il fait entendre un son aigu et plaintif qui jette les abeilles dans l’'épouvante. Lorsqu'elles l’aperçoivent, elles se groupent en masse à l'entrée de la ruche pour l'empêcher d'y pénétrer. C’est dans le même butqu'on les voitsouvent, dans les locali- a 56 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE tes où se trouve ce papillon, construire à l'entrée des contre- forts en propolis afin de rétrécir le passage. Ce lépidoptère est un ennemiredoutable des abeilles dans le Midi et par les années papillon téte-de-mort. Sphinx-alropos, (Fig. 5. sèches. On lerencontre peu au nord de Paris. Il entre dans les ruches sans trop en craindre les habitants, et s’y gorge de miel. On en a saisi dont l'abdomen en contenait 50 grammes. Il est BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 97 plus commun en France depuis qu'on y a importé la pomme de terre, de la feuille de laquelle sa chenille se nourrit. Le moyen d'en préserver les ruches consiste à rétrécir leur entrée vers la fin de l'été. H: HAMET. L'Anthonome des fleurs du pommier La larve du charancon du pommier (anthonomus pomorum, Linn. fait en cette saison de grands ravages dans les vergers du Centre et de l'Ouest. Les fleurs dont les arbres sont couverts ne peuvent se développer, leurs pétales meurent, se dessè- chent et prennentune teinte ferrugineuse. Ces fleurs qui, seion l'expression du D' Boisduval, ressemblent à des elowsde girofle, sont nabitées par un petit ver blanc qui s'y lient caché et ronge les organes de la fructification. Beaucoup de jardiniers partisans, sans le savoir, des générations spontanées, croient que celle vermine est engendrée par des vents qu'ils appellent roux, lesquels, disent-ils, soufflent du nord-ouest et appor- tent les germes de ces vers. Cette explication des fleurs rous- ses et des vers qu'elles renferment est entièrement inexacte, parce que le vent n'a pas de couleur et qu'il ne transporte pas ies œufs des insectes pour les déposer dans des fleurs qui ne sont pas encore épanouies. L’Anthonome du pommier, un peu plus gros que celui du poirier, est brun et couvert d'un duvet grisàätre ; ses élytres, d'un roux obscur, sont marquées à l'extrémité d'une tache blanche entourée de noir. Il a 5 à 6 millimètres de longueur en y comprenant son bec ou rostre. Dès les premiers jours de printemps, lorsque les bour- geons des pommiers commencent à se développer et que les fleurs se montrent en boutons, la femelle de l'Anthonome choisit un bouton qu'elle perce avec son rostre affilé et intro- duit à la base du pistil un œuf destiné à reproduire une larve de couleur blanche et de forme allongée. L'insecte va de fleur en fleur, jusqu'à ce que sa ponte soit achevée et ne dépose jamais qu'ur seul œuf dans chaque bouton. La bles- 98 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE sure de la fleur n'arrête point d'abord son développement, mais la corolle, prête à s'ouvrir, se présente sous la forme persistante d'une petite boule et finit par se flétrir. La larve, renfermée dans l'intérieur, se nourrit du pistil et des éta- mines, se transforme en nymphe et en insecte parfait qui abandonne bientôt son berceau. L'’ovaire, resté sans féconda- tion, se dessèche et tombe. Le charançcon du pommier se conserve pendant l'été et l'automne; il passe l’hiver dans l’engourdissement pour se réveiller et s’accoupler vers la fin d'avril. Caché sous la mousse, sous les feuilles ou dans quelque crevasse, il résiste aux froids les puis rigoureux. Il y a peu de chose à faire pour se préserver des ravages de cet insecte ; on a conseillé d'enlever les fleurs rousses des pommiers et de les brûler. Ce moyen, qu'on peut essayer dans un jardin où il ne se trouve que quelques arbres, de- viendrait impraticable dans un verger d'une grande éten- due. Mais, si nous en croyons le colonel Goureau, les antho- nomes du pommier ont des ennemis naturels qui en détrui- sent beaucoup lorsqu'ils sont eux-mêmes en assez grand nombre. Le premier est un ichneumonien du genre Pémpla ; il pond ses œufs dans ia larve de notre charançon et les vers qui sortent des œufs mangent ces larves. Un deuxième para- site du même charancon est encore un ichneumonien, mais de la division des hraconites. Il agit comme le Pimpla, c'est- à-dire qu'il pond ses œufs dans les larves de l’anthonome renrermées Gans les fleurs non épanouies du pommier, les petites larves sorties des œufs dévorent intérieurement celles qui les portent dans leur sein et les font mourir avant qu’elles aient pu se transformer en insecte parfait. On doit done mé- nager ces deux Ichneumoniens avec le plus grand soin et se bien garder de les tuer lorsqu'on les voit voltiger au-dessus des fleurs des pommiers ou des poiriers. E. BONCENNE (1). 4, Jouraal d'agriculture et d'horticulture de l'Ouest à Nantes, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 59 Les Attaciens séricigènes de Madagasear La section d'entomologie de la Société nationale d'acclima- tation a tenu, le 31 mars dernier, sa quatrième séance an- nuelle. M. le Secretaire a donné lecture d'un très intéressant travail sur les Attaciens séricigènes de Madagascar, dû au R. P. Camboué, missionnaire français. Dans ce mémoire, l’auteur décrit avec enthousiasme les richesses zoologiques et botani- ques de la grande île qu'il explore avec tant de zèle. Hnous entretient longuement au sujet des principaux Atta- ciens séricigènes de ce pays, parmilesquels plusieurs fournis- sent une soie utilisable, et leurs chrysalides grillées dans la graisse sont un mets friand.. pour les Malgaches. Les indigè- nes, adonnés pour la plupart aux croyances superstitieuses voient dans les métamorphoses de ces Lépidoptères Les trans- formations de leurs ancêtres ; aussi ils nomment ces insectes LO-LO, ce qui signifie : Esprit ou revenant. Parmi les Vers à soie de Madagascar, une des espèces les plus importantes, au point de vue utilitaire, est le Borocera Madagascariensis (Boisduval). Cest le Bibindandy des Mal- gaches. On élève ces insectes sur le Cytisus cajanus, le Tapia edit- lis, le Goyavier et quelques autres végétaux. Une autre espèce, le Safurnia suraka, est utilisée et élevée par les naturels de l'île. La soie en est plus grossière, et on la mêle au coton pour la confection d'une étoffe appréciée, qu'ils nomment Lambarana. Mais, comme il est dit plus haut, le Borocera est, sans con- tredit, le séricigène par excellence du pays. Les cocons recueillis, les Malgaches les font bouillir dans de l'eau mêlée de cendres, pour les débarrasser de leur en- duit gommeux et de nombreux piquants, qui ne sont pas sans offrir quelque danger pour la mise en œuvre. Ensuite, ils les lixent aux parois de leurs cases, en plein soleil; après quoi, il ne reste plus qu'à procéder au filage et au tissage, Ces deux 60 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE opérations se pratiquent d'une facon tout à fait primitive: elles sont décrites dans Pagt ans à Madagascar, par les RR. PP. de la Vaissière et Abinal. Bien qu'obtenues par des procédés aussi élémentaires, les soieries de Borocera Sont fort estimées, mème des Européens. Elles n'ont pas tout le brillant des étoffes de soie fabriquées à Lyon, mais elles se font remarquer par leur solidité. Les Malgaches enveloppent leurs morts dans ces étoffes, qu'ils nomment Lambas : on a retrouvé, après de nombreuses an- uées, de ces linceuls dans un état de conservation parfaite. Le R. P. Camboué pense qu'il y aurait peut-être intérêt à tenter l'élevage de ce bombycien dans la région méditerra- néenne el dans nos colonies. A ce propos, la section exprime l'opinion que le climat de l'Europe ne conviendra pas plus à l'éducation de cette espèce qu'à celle des bombyciens simi- laires qui ont été essayés bien souvent et sans succès chez nous. Pour nos colonies intertropicales c'est tout différent; il pourra bien y avoir là une source de richesse pour l’avenir. Toutefois, après avoir fait valoir éloquemment les qualités de la soie en question, le P. Camboué avoue que le Sericaria mori (ver à soie du müûrier) est depuis quelques années élevé à Madagascar, et que le produit qu'il fournit est préféré, même des indigènes, à celui du Borocera. Le Sericaria mori réussit très bien là-bas; on en obtient quatre générations annuelles. Les müriers y végètent parfaitement, et inême, ajoute le P. Camboué, dans les conditions les plus défavorables. En terminant, l'auteur du remarquable travail, dont nous regrettons de ne pouvoir donner ici qu'une trop courte ana- lyse, nous fait remarquer que nos fabriques françaises con- somment 250 millions de soie par an; la moitié de cette soie environ nous vient de Chine par l’entremise de l'Angleterre. [1 serait superflu de faire ressortir les avantages que la France retirerait de la possession de la grande île africaine qui pour- ait rapidement lui fournir tous les produits séricigènes et beaucoup d'autres dont elle a besoin, et lui permettrait de s'adresser de moins en moins à l'étranger. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 61 M. le Secrétaire a donné ensuite lecture d'un article inti- tulé : a Sériciculture, paru dans le Petit Moniteur du 20 mars dernier, et signé: comte de Retz. La décadence de la produc- tion de la soie, en France, y est décrite en termes émus, avec chiffres à l'appui, malheureusement trop éloquents. Nous n’en extrairons que les renseignements comparatifs suivants, qui suffiront au lecteur pour apprécier la rapidité de cette décrois- sance : En 1852-1853-1854, la moyenne du rendement en cocons était de 23 millions de kilogrammes vendus 105.5C0.000 francs environ (Rapport de J.-B. Dumas, en 1857, à l'Académie française). En 1882-1883-1884, la production n’est plus que de 7.851.920 kilogrammes de cocons, vendus 29.837.296 francs. Ces chiffres se passent de commentaires. Les espérances formulées par le R. P. Camboué sur l'avenir de Madagascar, pour la production de la soie destinée à l'exploitation fran- çaise, n'en offrent que plus d'intérêt. Ayons comme lui con- fiance en l’avenir, et souhaitons que les efforts de nos glo- rieux soldats soient bientôt couronnés de succès (1). La Mouche domestique (Musca domestica, Tinn.) Tout le monde sait combien la Mouche domestique est commune et incommode dans les appartements. Elle suce la sueur des hommes et des animaux, les liquides que renferme la viande, les provisions de ménage, les fruits, etc. ; elle aime surtout les matières sucrées. Elle tache de ses excréments et salit les meubles, les boiseries, les plafonds, les glaces, les rideaux etc. C'est un de nos parasites les plus nuisibles. Elle se multiplie en quantité prodigieuse dans certaines années, et c’est vers la fin de l’été qu'on en voit le plus. Elle provient d'une larve qui vit et se développe dans ïe fumier chaud et humide. Elle ressemble aux larves des autres 1. Bulletin de la Société d'acclimatation. 62 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE mouches proprement dites. Elle est blanche, de forme coni- que, molle, glabre, apode, formée de onze segments ; elle peut s’allonger el se raccourcir à volonté ; sa tête, située au petit bout, est conique, de forme variable, susceptible de ren- trer dans le premier segment; elle est terminée par deux pe- tites pointes mousses, membraneuses, et la bouche, placée entre elles etun peu au-dessous, renferme une espèce de crin noir terminé par un crochet au bout antérieur et qui se prolonge à l'intérieur dans le premier segment; ce erin est double et tient à la partie supérieure du tube buccal. A la partie postérieure de ce premier segment, de chaque côté en dessus, se trouve un stigmate en forme de petite crête à six dentelures. Le dernier segment est tronqué obliquement et présente, sur la troncature, deux petits disques bruns, un peu saillants, dans lesquels s'ouvrent les orifices respiratoires : ce sont les stigmates postérieurs. La larve de ce diptère se nourrit des matières qu'elle trouve dans le fumier chaud. Lorsqu'elle est parvenue à toute sa taille, dans le mois de juillet et celui d'août, elle se transforme en pupe dans lelieu où elle a vécu et ne tarde pas à paraître sous la forme de mouche. Aussitôl après sa naissance, celle-ci s'accouple. Dans celte opération, la femelle introduit dans le corps du mâle sa vulve, qui s'allonge en forme de cône ; la femelle étant fécondée va pondreses œufs dans le fumier. Ces insectes périssent aux premiers froids de l'automne. Il reste cependant un assez grand nombre d'individus, proba- blement des femelles écloses tardivement et tardivement fé6- condées, qui n'ont pas fait leur ponte et qui passent l'hiver engourdies, cachées dans les cheminées, les lieux les plus chauds des maisons, les caves, etc.; elles se raniment au printemps pour aller pondre sur les fumiers. La mouche com- mune se jette aussi sur les animaux lorsqu'elle vit dans les champs et sur ceux de la ferme, lorsqu'ils rentrent du travail. Ces derniers sont exposés aux attaques d'autres espèces du même genre, qui les tourmentent beaucoup pendant leurs travaux. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 63 On n'a pasencore signalé les parasites de la Mouche domes- tique. Les Araignées en détruiraient un grand nombre si on leur permettait d'habiter les appartements. Les poules, en grattant autour des fumiers et autour des étables, découvrent les larves et les pupes et les avalent ; mais ces moyens naturels ne sont pas suffisants pour nous délivrer de ces insectes, si nombreux et si féconds. A défaut de moyens naturels, on a recours à l’industrie, qui parvient à en diminuer le nombre, si ce n'est à nous en débarrasser. On les empoisonne avec de l’eau sucrée dans la- quelle on mélange un peu d’'arsenic, désigné sous le nom de mine de plomb. Au lieu darsenic, dont l'emploi est dangereux et la vente défendue, on se sert d’eau de savon placée dans un vase re- couvert de papier percé d'un trou assez grand pour le pas- sage d'une mouche. Ces insectes entrent en foule dans le vase, goûtent la liqueur et meurent presque à l'instant. Pour garantir des mouches quelques parties d'un appartement, on n'a qu'à employer l'huile de laurier dont ces insectes ne peu- vent supporter l'odeur. Depuis longtemps les bouchers de Gand en frottent, dans ce but et avec un grand succès, les fe- nêtres. Les meubles, les tableaux, etc., se lavent avec de l'eau dans laquelle on a fait infuser de l'ail pendant quatre ou cinq jours. Par ces procédés ou d’autres, on parvient à éloi- ener les mouches ou à en détruire un grand nombre. On leur tend aussi des pièges en suspendant au plafond ou aux murs des petits balais de bruyère, de genèt, dans lesquels elles viennent se réfugier pendant la nuit pour dormir, et le len- demain matin, avant leur réveil, on secoue ces balais sur le feu. Mais comme cet insecte vient du dehors et entre dans les habitations ouvertes dans lesquelles il trouve des aliments comme cuisines, salles à manger, etc., il est presque impos- sible de s'en débarrasser ; on ne s'en garantit que dans les chambres tenues fermées pendant le jour et dans lesquelles elles ne trouvent rien à sucer. Un moyen très efficace et qui tend chaque jour à se propa- 64 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE ger consiste dans l'emploi de papiers {we-mouches,imprégnés à l'avance d'une décoction sucrée de Quassia amara. Ges pa- piers, étendus sur une assiette et entretenus constamment humides, sont de véritables hécatombes de mouches; ils dé- truisent également les guêpes, cousins ét autres petits insectes attirés par la matière sucrée. Ce diptère fait partie de la famille des Athéricères, de la tribu des Muscides, de la sous-tribu des Muscies, et du genre Musca. Son nom entomologique est Musca domestica, et son nom vulgaire, Mouche commune, Mouche domestique. Musca domestica, mâle. — Longueur, 6 mill. Il est noir cendré ; les antennes sont noires, descendant jusqu'à l'épis- tôme, à troisième article triple du deuxième, surmonté dun style plumeux des deux côtés; le front est étroit et noir; la face est noire, les côtés de cette dernière sont d'un blanc jau- nâtre ; les yeux sont d’un rouge brun; le corselet est noir, rayé de cendré ; l'abdomen est d'un jaune diaphane, à reflets d'un blanc grisâtre et rayé de noir; les paltes sont noires; les ailes hyalines à base un peu flavescente; la première cel- lule postérieure est entrouverte un peu en avant le sommet de l'aile ; sa nervure transverse est droite ou presque droite. Femelle. Elle est un peu plus forte que le mâle; le front est noir, plus large que chez le mâle ; les antennes, la face, les pattes sont noires; les côtés de la face sont d'un brun blanchâtre, quelquefois un peu flavescents; le corselet est rayé de gris cendré ; l'abdomen est noir, couvert d'un duvet soyeux grisàtre et à reflets et l'on voit une ligne transverse pâle à la base du deuxième segment. E. SaAvARD. PPT PT LT PT TT TT TS ST TS TPS TS RTS ST TT PT PR SLT ET LT TT LL LT Le Gérant : H. HAMET. PSP I LPS SSP S IIS np. de la Soc. de Typ.- No1zeTTE, 8, r.Campagne-Premiére. ruris. N°5 DIXIÈME ANNÉE Mai 1885 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Bruche de la vesce, par M. E. SAVARD (gravure). — Rap- port sur les produits apicoles au concours général du Palais de l’In- dustrie, par M. H. HAMET. — Procès-verbal de la séunce du 15 avril 1885. — Elevage des vers à soie en Italie, par M. A. RAMÉ. — Lasio- campe du pin, par M. E. SaAvarD. — Bombyx disparaie. ARRARIS La Bruche de la vesce (Bruchus nubilus, Linn.) PAR M. E. SAVARD Vesce (de Vesca, nourriture); Viscia sativa famille des Lé- gumineuses-P apilionacées (1) (Lin.). La vesce est un très bon fourrage annuel, propre à utiliser les jachères, et offrant plu- sieurs autres avantages considérables, dont un des principaux est de pouvoir être semé jusqu'en juin sur les terres fortes et fraîches, et d'offrir ainsi une ressource pour parer au manque de fourrage quand la récolte des prés s'annonce mal. Il existe deux variétés principales de vesce; celle de printemps, quise sème de mars en mai, et quelquefois jusqu'en juin, et celle d'hiver, qui se sème en automne. L'une et l’autre aiment les bonnes terres plutôt fortes que légères; cependant, une humidité un peu considérable, en hiver, exposant souvent la vesce d'hiver à périr, elle s’'accom- mode mieux que celle de printemps d'un terrain léger et sec; cette dernière, au contraire, aime beaucoup ia fraîcheur, sur- tout pour les semis tardifs. Il faut recouvrir la graine avec soin et aussitôt semée, pour la préserver des pigeons qui en sont avides. On coupe le fourrage quand il est en fleur, ou quand une 1. Papilionacées, famille de plantes discotylées dialypétales, à ovaire libre appartenant à la classe des légumineuses. La famille des Papilionacées est une des plus importantes du règne végétal; les nombreuses espèces de cette famille sont répandues avec profusion dans toutes les contrées du globe. 66 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE partie des gousses commence à mürir, ou enfin après leur en- tière maturité si l’on tient plus à la graine qu’au fourrage. La vesce est très bonne à la nourriture des volailles, et à donner en vert à l’étable ou à faire pâturer, mais avec toutes les pré- cautions nécessaires pour les fourrages fort succulents et nourrissants; donnée trop fraîche ou en trop grande abon- dance, elle n'est pas moins dangereuse que le trèfle. La quan- tité de semence est de 24 à 26 décalitres par hectare. Il est bon de semer avec les vesces un peu d'avoine ou de seigle pour les soutenir. La Bruche de la vesce est un coléoptère de la famille des Curculionides et du groupe des Bruchites ; l’insecte parfait se trouve tout formé dans les vesces dès le 15 août et c’est alors qu'il commence à en sortir pour serépandre dans la campagne. La femelle doit passer l’automneetl'hiver pour venir pondre, au printemps,sur les jeunes gousses de vesces,ce qui exige que plusieurs femelles se cachent dans les abris, et survivent aux rigueurs de la saison froide. Il est probable que des individus tardifs restent dans les semences pendant l’hiver et ne pren- nent leur essor qu'au printemps, pour assurer la conserva- tion de l'espèce. On ne trouve qu'une seule larve dans la même graine, dont elle consomme presque toute la substance farineuse pour sa nourriture et sa croissance. La larve grandit assez rapidement puisqu'elle accomplit toutes ses évolutions, c'est-à-dire ses changements en nymphe et en insecte parfait, dans la durée de trois à quatre mois. La Bruche de la vesce se comporte à l’égard de cette graine comme la Bruche du pois à l’égard de ce légume. Toutes les Bruches ont les mêmes mœurs, et si l’on observe des différences entre elles, c'est dans l’époque de l'apparition de l'insecte, dans le temps de la ponte, qui est celui où la fleur tombe et où la gousse commence à se montrer et dans le moment où la larve a ac- quis toute sa croissance, qui coïncide avec celui de la maturité de la semence. L'espèce qui attaque la vesce a reçu le nom de Bruchus nubilus. Sa longueur est de 2? mil. 1/2. L'insecte est noir, BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 67 ovalaire ; la tête est noire, penchée, rétrécie en arrière, les antennes sont formées de onze articles, les cinq premiers me- nus et fauves, les autres plus gros et noirs; le corselet est noir, convexe, arrondi sur les côtés, bisinué en arrière, cou- vert d'une pubescence caduque, avec une tache de poils blanchâtres devant l’écusson. Les élytres sont noires, plus larges que le corselet, près de deux fois aussi longues, en carré dont les angles sont arrondis, striées et marquées de taches de poils blanchâtres, courts et serrés. Les pattes anté- rieures sont fauves avec la base des cuisses noires, les autres sont noires avec les jambes et les tarses moyens fauves. Fig. 6. — Bruche du pois et pois percé (espèce très voisine de la Bruche de la vesce.) Cet insecte ne fait aucun mal aux fourrages, car il n’attaque que les semences; en les faisant manger en vert on détruit une multitude de larves, et l'espèce ne se trouve plus que dans la partie de la prairie conservée pour graines. Destruction. — Le moyen de combattre les Bruches et de les détruire en partie consiste à passer au four les graines in- festées aussitôt après la récolte, ce qui fera périr les larves qui s'y trouvent et même les insectes parfaits, s'ils sont déjà transformés. On devra mettre à part celles de ces graines qu'on destine à la semence et on ne les passera pas au four, mais on lés soumettra à l'épreuve de l’eau. De cette manière on parviendra à détruire les Bruches de sa récolte ; mais si les voisins ne prennent pas les mêmes précautions, les insectes nés dans leurs jardins ou sur leurs terres viendront bientôt chez vous et rendront vos soins inutiles. La Bruche de la vesce a un ennemi naturel qui tend à mo- dérer son excessive multiplication; c'est un petit parasite de Pordre des hyménoptères, de la famille des pupivores, de la 68 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE tribu des chalcidites et du genre pteromalus, dont le nom est pteromalus varians. La femelle pond ses œufs dans les larves de la Bruche, un dans chaque larve, ce qui ne l'empêche pas de grandir malgré ses transformations. Elle se trouve rem- placée dans sa cellule par la nymphe de ce parasite qui sort de la graine à l’état parfait dans le temps où aurait dû éclore Ja Bruche. E. SAVARD. Rapport sur les produits apicoles au concours général dernier du Palais de l'Industrie. Messieurs, F Dans votre séance du mois dernier, vous avez nommé une commission de cinq membres chargée de vous faire un rap- port sur les produits apicoles qui seraient présentés au con- cours général du Palais de l'Industrie et d'appeler l'attention de la Société sur les ex posants qui mériteraient d’être encou- ragés. Je vous présente ce rapport. Votre commission a d'abord posé des jalons : elle a pensé que l'objectif de notre Société est que les concours généraux soient avant tout des débouchés aux producteurs et des sor- tes de marchés où les consommateurs soient mis à même de pouvoir se fournir sans payer de prime aux intermédiaires, primes qui élèvent le prix des denrées et, par là, en dimi- nuent la consommation. Partant de là, votre commission a dû noter et féliciter par- ticulièrement les producteurs importants de la région de Paris qui ont exhibé des produits à bas prix, relativement à ceux des intermédiaires. En conséquence, elle a placé en première ligne un producteur émérite, M. E. Beuve, de Creney (Aube), qui cultive un millier de ruches et qui présente des pro- duits de bonne qualité et à bon marché. Elle vous propose d'accorder un objet d'art, à l'achat duquel un exposant de lui-même s’est offert de concourir. BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 69 Votre commission a pensé qu'elle devait aussi mentionner particulièrement la société d’apiculture d'Eure-et-Loir qui a exhibé les produits collectifs de plusieurs de ses membres de la Beauce. Il est bon que les sociétés apicoles régionales s’affirment dans tous les concours dans lesquels l'attention publique peut être appelée sur l’apiculture. Elle propose que vous lui accordiez une médaille de vermeil. Elle a ensuite mis au même rang, quoique à mérites diffé- rents, plusieurs exposants intelligents dont les produits sont bien présentés et offerts à prix raisonnables, ou dont l'inven- tion est appelée à rendre de bons services. C'est ainsi qu'elle vous propose d'accorder une médaille de nickel, grand mo- dule : à M. Chaut, de Patay (Loiret) et à M. Trubert, de Grou- ville (Eure-et-Loir), pour l'ensemble de leurs expositions et pour la méthode entendue qu'ils emploient; à M. Philippe, de Saint-Amond (Manche), pour sa cire bien épurée et bien coulée ; à M. Norbert Rosapelly, de Vicq-Bigord (Hautes-Py- rénées), pour ses miels et lemouvement qu'il imprimeautour de lui; à M. A. Leroy, d'Amiens (Somme), pour les boîtes américaines de supplément qu'il propage et pour celles gar- nies qu'il expose ; à M. Bourgeois, de Paris, pour sa chau- dière à fondre la cire à la vapeur, et pour son extracteur à bon prix. Elle vous propose d'accorder une médaille de nickel, petit module, à M. Malezé, de Nogentel (Aisne), pour les beaux miels qu’il expose et pour sa manière intelligente de les obte- nir; à M. Boulongé, de Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise), pour l'ensemble de son exposition et pour la disposition artistique de son rucher agreste ; à M. Couturier, de Juvisy (Seine-et- Oise), pour ses miels en rayons. Votre commission n'a pas eu à comparer les qualités des miels exposés, chose difficile, même pour les connaisseurs les plus experts, puisque ces qualités sont relatives. Mais appelée à cataloguer les cires, dont la préparation saute aux yeux de tous les connaisseurs, elle eût ainsi classé les expo- sants : 1° catégorie, n° 1, M. Philippe; n° 2, M. Beuve; n°3. 70 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE M. Leroux ; n° 4, M. Vallon. Ne considérant que l’épuration et sa qualité propre au blanc, la cire de ce dernier füt venue des premières. 2° catégorie, n° 1, M. Turbert; n° 2, la société d’apiculture d'Eure-et-Loir; n° 3, M. Fournier. Votre commission ne s’est pas arrôtée à l'exposition de ce dernier. En voici les motifs : l’année dernière, ledit expo- sant a présenté ses produits sous deux noms différents, afin d'enlever des distinctions à ses voisins, ce qui n’est pas déli- cat. Gette année son lot de cire étant au-dessous de 100 kil., ne peut en vertu du programme ministériel figurer dans la première catégorie. Cependant il y figure et obtient la mé- daille d’or, quoique cette cire laisse à désirer sous le rapport de l'opération et du coulage. Gette médaille d’or n'aurait- fs pas été soustraite à l'exposant qui la méritait ? = Pour les exposants dont le jury officiel a médaillé les pro- duits, votre commission s’est plus arrêtée à leur mérite apicole qu’à celui des produits qu'ils exhibent. Et à ce titre elle a confirmé les distinctions obtenues par MM. Asset, Bertrand, Chevreau-Blin, Forey, V. Foy, Javouhey, Leroux, Leydet, Petit, Vallonet Verger ; ce qui ne veut pas dire qu'elle eût établi le même classement. A titre d'encouragement elle vous mentionne les exposants algériens : Ahmed-ben-Mohamed, Mohamed ben-Ali-Bou- Kercha, nègre de Bone, Mohamed-ben-Ahmed-el-Isserie, Saïd ben-Bellil et Hamed-ben-Chalabi. Mais elle ne pense pas que les miels algériens aient raison de venir se présenter sur le marché de Paris. D'ailleurs la plupart de ces exposants possèdent peu de ruches. Comme appréciation générale, votre commission a cons- taté queles modifications apportées au programme ont amené plus d'exposants que par le passé. Elle pense que mieux observé ce programme donnera de bons résultats, surtout s’il est interprété et appliqué par un jury compétent. Les membres de la commission : MM. DE LAYENS, président ; MALESSARD, en remplacement de M. Vignole, retenu ; SAINT- PÉE, SIGAUT, et HAMET, rapporteur. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 7 Société centrale d'apiculture et dinsectologie. Séance du 15 Avril 1885 .— PRÉSIDENCE DE M.MAURICE GIRARD. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. D'après la demande de M. le Préfet de la Seine, il lui sera adressé un compte rendu moral et financier de l’année 1884 pour la Société centrale d'apiculture et d'insectologie, avec la collection des années parues de ses Bulletins. M. Saint-Pée est nommé trésorier adjoint, en raison de la maladie de M. Sigaut, trésorier. Une note sur la burette à coller les rayons de cire est adressée par M. Delinotte. Lecture est donnée d'un article sur les trois Pucerons du pêcher extrait de la Revue horticole des Bouches-du-Rhône. La Société décide la reproduction au Bulletin de cet article. Communication est faite à l’assemblée de bourgeons de poirier attaqués par la larve d'un Charançon qui les roussit etempèche leur développement. Cet insecte Coléoptère, à res- tre très grèle, est fauve avec l'extrémité terminale blanchà- tre par pubescence; c’est l'Anfhonomus pomorum (Linné),qui sort du bourgeon par un trou rond et hiverne dans des abris; puis la femelle pond au premier printemps sur les jeunes bourgeons à fruit. On ne peut songer à atteindre cet Antho- nome adulte, qui est très petit et vole bien. On n'a d'autre ressource que de couper et brûler les bourgeons roussis, afin de diminuer la race funeste, à condition encore que cette pra- tique s'étende sur tous les poiriers à assez grande distance. M. Ramé montre des débris de diverses matières trouvés dans les estomacs des corbeaux choucas par feu notre collè- gue Millet. Il promet prochainement le compte rendu du congrès des Sociétés savantes, où il était délégué de la Société. Lecture est donnée d'une lettre de M. D. Lamarle, de Caracas (Vénézuela), au sujet des Acridiens dévastateurs qui ont reparu dans le pays en abondance. Cette lettre sera Hero duite par extrait au Bulletin. 72 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Est présenté à la Société Le papier chimique insecticide de la maison américaine (35, boulevard des Capucines), ainsi qu'un prospectus des cartonnages à insectes de M. Henri Guyon, 54, rue Chapon,faits avec beaucoup d'habileté ; ce sont deux exposants de notre dernière Exposition des Insectes. M. E. Savard remet une note sur la Bruche de la vesce, qui sera imprimée. M. Maurice Girard parle d'une lettre qu'il areçue de M. de Larclause, directeur de la ferme école de Montlouis, par Saint- Julien-l’Ars (Vienne), au sujet d'insectes quiravagent l’avoine. Les insectes adressés ne sont pas parvenus, par suite d’un emballage défectueux. Membre admis : M. l'abbé Sabatier, à Saint-Germain-l’ pos (Puy-de-Dôme), pour la section d'apiculture. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée Le Secrétaire, DELINOTTE. Élevage des vers à soie en Italie PAR M. A. RAME. Les graines,qui forment depuis cinq ou six ans la base dela productionséricicole dans les provinces méridionales de l'Italie, sont d'origines diverses, savoir: de la Toscane, de la Briance, du Var, des Pyrénées, de la Corse, et quelque peu d'Algérie. Ces graines sont vendues ou données à produit aux éduca- teurs, et livrées en boîtes qui portent les noms d'origine. Les susdites graines entrent pour les 5/6 dans la produc- tion de ces provinces, et le sixième restant est dû à quelques producteurs qui les font eux-mêmes. Ces dernières graines pourraient donc être appelées indigènes, mais elles sont loin de valoir l’ancienne qualité indigène, dite « Leccese ». En effet, cette dernière était uniformément composée de cocons jaunes et blancs, de moyenne grosseur, bien formés, bien divisés au milieu, chargés de soie et d’une trame très fine, tandis que les produits actuels ne réunissent pas toutes ces qualités. Les éducateurs de ces provinces, auxquels les graines de l'Italie septentrionale et de France sont vendues ou données BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 73 à produit, ne peuvent savoir si elles proviennent d'une race pure ou présumée telle. On les leur livre comme bonnes et faites selon le système Pasteur. Les cocons qui proviennent de ces graines sont d'une qualité généralement satisfaisante, mais ils sont un peu mêlés. C'est la race des Pyrénées qui a donné avec les cocons la trame la plus fine, et ressemblant le mieux aux Cocons indigènes. Quant aux graines fabriquées par les éducateurs eux- mêmes, elles ne peuvent plus être de race pure ni présu- mée pure, attendu que, depuis l'invasion de l'épidémie, c’est- à-dire depuis 1857, il a été importé successivement dans ces provinces des graines de Macédoine, du Caucase, du Portu- gal, de la Chine, du Japon, et depuis cinq à six ans, les graines cellulaires du nord de l'Italie, de la France, etc., etc. Les graines faites aujourd'hui dans ces provinces sont donc forcément le produit de l'amalgame que je viens d'indiquer. Il n’est pas d’ailleurs douteux que peu à peu et avec le temps, la race propre à cette région ne se constitue, grâce au climat, à la feuille, à l'air, à l’eau et au milieu. La race est annuelle à cocons jaunes et peu de blancs, mais exclusivement race annuelle. Pendant deux ou trois ans ona eu, avec l'importation des premières graines de Chine, des bivoltins, des trivoltins et des polyvoltins; mais ils n’ont pas réussi pour diverses causes un peu longues à énumérer et ils ont été complètement abandonnés. Le nombre des mues du ver est de quatre. La couleur de la robe de la chenille aux différents âges est la suivante : vert très foncé, de la naissance à la sortie de la première mue ; vert couleur de feuille de mürier, de la seconde mue à la quatrième, et plus blanchâire à mesure que le ver s'appro- che du moment de la montée. Vue d'ensemble une chambrée paraît de couleur uniforme : mais en la détaillant, on reconnaît facilement des différences plus ou moins sensibles de couleur et de forme des vers. : Lorsque la chambrée est au bois, si on examine les cocons à mesure qu'ils terminent leur travail intérieur, on trouve 74 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE que les cocons manquent généralement d’uniformité, ce qui prouve que les races ne sont plus pures. Les bacophiles, qui suivent avec attention au microscope la marche des éducations, prétendent voir ces différentes particularités. On sait qu'à une LU de 8 es les graines com- mencent à fermenter et qu'à 16/18 degrés de chaleur, elles éclosent naturellement. Comme il arrive souvent, dans cette contrée, que ces condi- tions climatériques se présentent du 21 au 31 mars, les mises en incubation commencent à cette époque, pourvu que la vé- gétation soit assez avancée à cette même époque; si l’état de la végétation ne coïncide pas, les éducateurs retardent les éclosions autant qu'ils peuvent. | Pour être dans le vrai et dans la moyenne des saisons, F faut donc que les éclosions commencent dès les premiers jours d'avril dans toutes les localités de plaine et de littoral, de 12 à 18 jours après, dans les positions élevées selon leur degré d'altitude. La durée pour les races jaunes et blanches, si l'éducation marche régulièrement, est de 42 jours jusqu’à la montée, plus 7 à 10 jours pour la fabrication du cocon. Il y à à Naples et dans les provinces voisines, le mürier blane, dans les Abruzzes également. En Calabre au contraire, on cul- tive en égale proportion le mûrier blane et le mürier noir ; de sorte que les vers, à Naples, dans les environs et dans les Abruzzes, ne mangent que le müûrier blanc, tandis qu'en Calabre ils sont nourris, dans les deux outrois premiers âges, avec le mûrier blanc, plus tendre que le noir; puis avec le noir jusqu'à la montée. Ce point est important à noter, car cette différence de nour- riture se retrouve en mérite dans la soie; en effet, la soie grège produite à Naples, tout en étant fort belle, est moins nerveuse et plus duveteuse que celle des Calabres, laquelle est très estimée, lorsqu'elle est bien tirée, par les meilleures manufactures de Lyon. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 10 Les müriers croissent partout dans ces provinces. En terre de labour, par exemple, où la terre est forte, ils viennent très beaux. Ils sont moins grands dans les terrains argileux, mais ils y sont tout aussi bons, meilleurs peut-être, comme qualité de feuille. Leur véritable place est la colline. Les éducateurs de ces provinces, pour les 9/10, sont des paysans s'appliquant fort peu aux règles que dicte la science. Ils n’ont pour eux que leur expérience, et en matière de nour- riture des vers, ils cueillent eux-mêmes les feuilles, les déta- chent de l'arbre feuille par feuille ou en petits rameaux et les donnent tels quels aux vers. On peut citer l'an passé (1883) comme ayant donné une bonne récolte. La moyenne de cocons frais, obtenus par chaque once de 25 gramnes de graines, a été de 32 kilog. Cette année- ci (1884) de récolte inférieure, la moyenne sera de 16 à 27 kilog. Autrefois avec les races puces de cette contrée, 12 kilog. de cocons frais donnaient un kilog. de soie cuite et purgée, comme toute bonne soie doit l'être. Aujourd'hui, avec les races mélangées, comme elles le sont, et avec des cocons par trop informes, lefileur qui croirait pouvoir obtenir un kilog. dé soie avec moins de 12 1/2 à 13 kilog. de cocons frais se trom- perait. I n’y a qu'une seule éducation avec les graines dont il a été parlé. Avec les graines de Chine on faisait 3 et 4 éduca- tions diverses, mais on ne les emploie plus ; avec les japonaises il y en avait deux dans ces provinces ; elles ont été également abandonnées. A. RAMÉ. Lasiocaumpe du Pin Lasiocampa Pini (Linn. God. Nocturne, Hétérocére. par M. Ë. SAyaRp. Pins, Espèces du genre Pinus, famille des Abiétinées, Linn. Les arbres de cette famille ; Pins, Sapins, Mélèzes, ete, forment, principalement dans l'hémisphère boréal et surtout 76 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE vers le Nord, de vastes forêts; ils se plaisent aussi dans les pays montagneux. Ils sont d’une extrême importance comme bois de construction et de chauffage. Le suc résineux qu'ils renferment en abondance contient une huile volatile très odorante, une résine et de l'acide succinique. Le Pin sylvestre est le plus répandu et aussi Le plus utile ; cet arbre est le plus rustique des Pins et il se contente des sols les plus pauvres. On en a vu vivre assez pour donner des cônes et des graines. Eievé en futaie dans un bon terrain, il forme un arbre de 20 à 30 mètres avec un tronc droit, sans nœuds et tenant bien sa grosseur ; sa cime pyramidale tant qu'il continue à s'élever, devient plate et élargie quand il arrive au terme de sa croissance. Son aspect et ses dimen- sions varient d'une façon considérable, suivant la nature du sol et du climat où il se développe ; de là viennent les différences frappantes qu'on voit entre les Pins sylvestre des plaines et ceux des hautes montagnes, entre ceux du Nord et ceux du midi de l'Europe. Les Pins ont des propriétés médicinales qu'il est bon, dans le cas échéant, de mettre à profit ; la téré- benthine est une substance demi-liquide, visqueuse, d’une odeur résineuse, forte et pénétrante, d’une saveur amère et âcre, insoluble dans l’eau, mais soluble dans l'alcool, l’éther et leshuiles, qui découle, sous forme de suc résineux volatil, soit spontanément, soit d'incisions faites aux Pins, Sapins, Mélèzes. Il suinte des feuilles du Mélèze, vers le mois de mai ou de juin,une sécrétion sous la forme de petites graines arron- dies et jaunâtres, un peu visqueuses et qui s'écrasent sous les doigts, sécrétion connue en médecine sous le nom de manne de Briançon ou manne de Mélèze. On administre la térében- thine en pilules, en collyre. C'est généralement dans les con- trées que baigne l’Adriatique que l’on prépare la térébenthine. Voici comment on procéde : on perce le Mélèze, avec une tarière, dans la base du tronc, sur le côté qui regarde le bas de ces montagnes jusqu'au centre de l'arbre. On ferme le tronc avec un bouchon de bois qu'il faut enfoncer avec force. C'est dans ce vide que s'amasse la lérébenthine; à l’au- BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 14 tomne, on l'extrait à l’aide d’un fer, puis on rebouche et on recommence l’an suivant. La térébenthine, distillée avec de l’eau, fournit l'huile de térébenthine, matière médicamen- teuse active, qui a de nombreux empiois dans les arts ; Le ré- sidu constitue la colophane, substance qui entre dans la com- position de plusieurs onguents excitants, dits maturatfs. La distillation à sec de la térébenthine produit ia poix liquide ; cette substance, épaissie par évaporation, constitue la poix de Bourgogne. L’écorce du Pinus maritima et du P. Cembrarem- ferme une assez grande proportion de tannin. — Les graines (amandes) du P. Cembra et du Pinus Pinea (Pin d'Italie, Pin- Pignon) sont comestibles ; elles ont un goût de noisette uni à une légère saveur résineuse. Le goudron est un produit résineux qu'on obtient en brülant les bois des Pins que les incisions ont épuisés ? C'est encore un des médicaments que nous offre cet arbre précieux, et l’eau de goudron est mise en usage dans les catarrhes pulmonaires, qu'elle adoucit, en même temps qu'elle augmente l’appétit et favorise la sortie des urines. Les ailes supérieures de Lasiocampe du Pin sont d'un gris cendré, ou d'un gris brunâtre ou ferrugineux (1), avec deux bandes grises, transversales, assez larges, dont la médiane précédée d’un point blane, et la terminale bordée intérieure- ment par une ligne flexueuse d'un brun foncé. Outre cela, la côte est souvent saupoudrée de gris, et la frange est entre- coupée de ferrugineux et de blanchâtre. Ailes inférieures d'un brun tanné avec la frange grisâtre. Le thorax et les an- tennes sont de la couleur des inférieures. Femelle offrant les mêmes dessins que le mâle, mais variant beaucoup pour la couleur des ailes supérieures, qui sont tantôt d'un ferrugineux plus ou moins foncé, avec les deux bandes grises, ou d’un gris jaunâtre ; tantôt ferrugi- neuses avec les bandes à peine marquées ; et tantôt d'un 1. Ferrugineux, ferruginosus, fcrrugineus. Couleur de fer un peu oxydé, d'un noir roussâtre. Couleur de vanille, d'un brun rougeàtre, s'exprime par le mot rubiginosus. 78 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE gris cendré, avec la ligne médiane et la ligne coudée à peine indiquées, elle est, en outre, beaucoup plus grande que le mâle. La chenille diffère beaucoup non seulement d'un individu à l'autre, mais encore suivant qu'elle est plus on moins avancée en âge, et nous aurions fort affaire si nous voulions entrer dans le détail de toutes ses variétés. Nous nous borne- rons donc à la décrire telle qu'on la rencontre le plus ordinaire- ment, lorsqu'elle est parvenue à toute sa taille. Le fond de sa couleur est d’un gris brun, finement pointillé de noirâtre, et marbré de roux et de blanchâtre à certaines places. Les deux incisions ou colliers qu'on remarque dans toutes les chenil- les de ce genre, sont ici d'un bleu foncé, et séparées l’une de l'autre par une grande tache blanchâtre. Une seconde tache de la même couleur, et bordée de noir, couvre une partie du dos des septième et huitième anneaux. Chacun des autres anneaux est marqué sur le dos d’une tache ferrugineuse bordée de noir, et ayant plus ou moins la . forme d'un losange. Une raie noirâtre, ondulée, règne le long et de chaque côté du corps, depuis et compris le quatrième anneau jusqu'au onzième inclusivement. Sur celte raie sont placés les stigmates, qui sont d'autant plus apparents, quoi- que petits, qu'ils sont d’un roux ferrugineux. Le tubercule du onzième anneau est peu saillant et surmonté dun pin- ceau de poils qui sont bleuâtres à leur origine. Les appen- dices pédiformes, qui sont très prononcés dans les autres espèces du même genre, sont remplacés dans celle-ci par des tubercules à peine saillants, garnis de poils blanchâtres. Le dessous du corps est d'un gris roussâtre clair, avec des taches d'un brun plus ou moins foncé entre chaque paire de pattes membraneuses. Cette chenille vit sur différentes espèces de P27, mais principalement sur le Pin sylvestre (Pinus sylvestris), qui croît non seulement dans le nord de l'Europe, mais dans les parties montagneuses du centre et du midi de la France; aussi y est-elle plus commune qu'ailleurs, principalement BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 79 dans les environs de Lyon. Comme toutes celles du même genre, elle sort de l'œuf à l’arrière-saison, passe l'hiver dans quelque trou ou sous l'écorce de lParbre qui l’a vue naître, sort de sa retraite pour manger chaque fois que la tempéra- ture se radoucit, et continue de croître jusqu'à la fin de mai, époque à laquelle elle a acquis ordinairement tout son déve- loppement. Elle ne tarde pas alors à se renfermer dans un cocon qu'elle file entre des feuilles ou sous l'écorce du Pin. Ce cocon est de forme allongée, bien fourni dans le milieu, de soie roussâtre, entremêlée de ses poils, mais dont les deux bouts sont d'un tissu plus clair ; celui du côté de la tête reste comme ouvert. La chrysalide, assez allongée et arrondie à ses deux extrémités, est d'un brun noirâtre, avec les jointures des anneaux ferrugineuses. L'insecte parfait éclot au bout de trois ou quaire semaines, c'est-à-dire à la fin de juin ou au commencement de juillet. il est commun dans les environs de Bordeaux ; en Alsace, dans les forêts de Hagueneau et de Gendertheim ; dans les Vosges ; en Auvergne ; dans les montagnes du Jura, et pro- bablement dans d’autres localités où il existe des plantations de Pins. La Lasiocampe du Pin ne varie pas moins sous la forme de papillon que sous celle de chenille, et les deux sexes diffé- rent beaucoup entre eux. Gette espèce paraît répandue dans toute l’Europe. E. SAVARD. Le Bombyx disparate PAPILLONS MALE, FEMELLE ET ŒUFS Les Bombyciens sont un groupe de papillons prétendus à tort nocturnes, ayant les deux sexes, à pièces de la bouche ru- dimentaires, ne prenant pas de nourriture et périssant après : la ponte des œufs. Une des espèces les plus nuisibles dont les chenilles dé- truisent les ormes, les chênes, les tilleuls, les arbres frui- tiers, très commune dans toute la France, est le Bombyx 80 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE disparate, ainsi appelé à cause de la grande disproportion de taille qui existe entre les mâles et les femelles, car certains individus de ces dernières équivalent en poids au moins à cinq ou six mâles. Le mâle, d'environ 40 millimètres d’en- vergure, à les antennes brunes et bipectinées, le corps d’un brun sale avec les derniers anneaux de l'abdomen marqués de noir, les ailes supérieures d'un gris cendré ou brunâtre, plus clair au milieu, avec quatre lignes noirâtres, trans- verses et en zigzag, souvent une tache noire arrondie vers le milieu, des points noirs sur le bord, la frange plus claire, entrecoupée de brun, les ailes inférieures d’un brun sale, obscurci sur les bords. Le mâle vole rapidement à l’ardeur du soleil, venant de très loin chercher la femelle. Celle-ci, lourde et paresseuse, reste immobile sur les troncs d'arbre ; elle à les antennes noires et grenues et un long et gros abdomen, terminé par une forte touffe de poils roux et soyeux. Ses ailes ont les mêmes dessins, que chez le mâle, sur un fond blanc grisätre ou jaunâtre. Elle pond un grand nombre d'œufs, d'un gris luisant un peu rosé, de deux gros- seurs, les plus petits devant donner des mâles, les plus gros des femelles, et les recouvre, comme protection pour l'hiver, des poils roux qu’elle arrache de son abdomen. On dirait des tampons ovales d'amadou sur les troncs des arbres. Il faut les recouvrir de goudron pour détruire ces œufs fu- nestes. Extrait des bons points instructifs d'entomologie, Paris, Hachette et Cie. Nora. Les figures 5 et 6 sont tirées des métamorphoses des insectes, 6e édition, de M. Maurice Girard, 1884, Paris, Ha- chette et Cie. Remerciments aux éditeurs. Le Gérant : H. HAMET. imp. de la Soc. de Typ.- No1zeTTe, 8,r.Campagne-Première. Puis. N° 6 DIXIÈME ANNÉE Juin 1885 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Les pucerons des pêchers par M. PAUL GiRAuD». — Séance du 20 mai 1885 de la Société centrale d'apiculture et d'insectologie. L'aglia tau du hêtre par M.E. SAvarD. — La Trichie française. — La Cicindèle champêtre (gravures). — Le puceron du blé par M. E.SAVARD. Les pucerons des pêchers. Trois espèces de pucerons attaquent les pèchers : les noirs, les gris et les verts; ce dernier est le plus nuisible. Le puceron noir pose ses œufs sur Les rameaux, du côté de l'abri; un léger badigeonnage l’hiver en débarrasse nos arbres. Il fait beaucoup de mal aux jeunes plantations de l’année, et amène quelquefois la mort de l'arbre. Il faut le combatre par des insecticides liquides, comme ils pourraient faire couler la fleur dans les arbres en produit, il faut les remplacer par ceux en poudre. La cendre de bois tamisée suffit souvent pour di- minuer le mal. Ce puceron nait au début de la végétation et disparaît avec les chaleurs; il attaque seulement les arbres abrités, et, s’il est combattu à temps, il ne nuit pas à la fructi- fication. Le puceron gris vient après le noir. Il vit dans toutes les positions, même dans les vergers de la Crau venteuse. Il n'attaque que les extrémités des bourgeons bien développés, et fait enrouler les feuilles. L’insecticide a peu d'effet sur lui : on ne peut le combattre qu’en coupant et brûlant les extrémi- tés attaquées. Le puceron vert est un véritable fléau pour le pêcher. Mal- gré une surveillance assidue, je n’ai pu savoir encore où ses œufs passent l'hiver. Les arbres isolés comme ceux d’espalier et de jardin fruitier sont attaqués une année et ne le sont pas l’autre. Il y a des régions quil’ignorent ; je n’en ai jamais 82 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE vu dans les jardins qui avoisinent la Vierge-de-la-Garde, le chemin de la Corniche; il pullule à Saint-Louis, Montalivet, Saint-Just, Saint-Barnabé (1). Il y a des années où il fait très peu de mal, d’autres où le dommage est considérable. Il ne pazaît qu'avec les fortes chaleurs; les œufs éclosent en très petit nombre au-dessous de l’avant-dernière feuille de la pousse. On arrête le mal en enlevant cetle feuille, ou même la partie supérieure; mais si les arbres ne sont pas l'objet d’une surveillance presque quotidienne, la propagation de cet insecte se fait avec une rapidité surprenante : l'arbre est promptement et entièrement envahi, et le jardinier en est prévenu par les myriades de mouches et de fourmis qui viennent se repaitre de la matière sucrée produite par ces pucerons. & Les arbres, ies plantes qui sont auprès du pêcher attaqué sont salis parune matière noirâtre, ainsi que les fruits, ceux- ci mürissent généralement, mais ils sont mauvais, moins gros et se vendent très mal. Quand l'arbre est épuisé par cette légion de suceurs, il laisse tomber une grande partie de ses feuilles, et si de nou- velles repoussent, après un arrosage ou une pluie, elles sont le plus souvent attaquées par de nouvelles générations de pucerons. La propagation de l'arbre envahi à ceux encore sains se fait par des essaims de pucerons verts ailés, par le rappro: chement des arbres et par l'émigration des colonies, chemi- nant sur la terre d'un arbre à l’autre. — L'arbre épuisé meurt quelquefois; s’il vit, il n'a pas eu la force de produire des boutons à fruit, et sa récolte est nulle l’année suivante. Je vous ai fait connaître le mal, passons aux remèdes : le premier est une surveillance assidue et l’ablation des feuilles et des rameaux attaqués. Si le mal a fait des progrès, il faut recourir aux insecticides, pour débarrasser l'arbre de ses ennemis, et surtout pour empêcher la propagation du mal. Aux Etats-Unis, où cet insecte fait de grands ravages, on 1. Localités aux portes de Marseille. BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 33 emploie les dissolutions d’arsenic, celle de pétrole et savon, et celle d'acide phénique. On les emploie à l’aide d'un pulvé- risateur, dont le célèbre entomologiste Riley a donné le mo- dèle à son dernier voyage. et que l’on trouve à Montpellier et Villefranche. L'insecticide de Fichet, chimiste à Vincennes, donne un très bon résultat : employé au quarantième, il ne nuit ni aux feuilles ni aux fruits, et tue tous les pucerons qu'il atteint; ilexige deux applications dans la même journée, mais son prix de 2? fr. le kil., soit de 5 cent. le litre, est très élevé, et je le remplace, pour les grands arbres, par l'acide phénique du commerce au centième, amélioré par du savon noir à base de potasse, qui est lui-même un assez bon insec- ticide. Je crois prudent, dans les plantations importantes, de sépa- rer chaque pêcher par un poirier ou un abricotier ; la propa- gation sera moins facile, et lorsque le pêcher aura terminé son existence, le terrain restera complanté en poiriers ou en abricotiers vigoureux. C’est le mode de plantation le plus usité en Provence, et j'y suis revenu après plusieurs essais faits sur une assez grande échelle. PAUL GIRAUD (1). Société centrale d’apiculture et d’insectologie. Séance du 20 mai 1885. — Présidence de M. Malessard. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — À propos du procès-verbal de la dernière séance, M. Ramé rappelle que la collection de feu Millet a été ravagée par un coléoptère, probablement le Dermeste du lard, fléau cosmo- polite. M. Maurice Girard adresse à la Société l'expression de ses regrets de ne pouvoir assister à la séance pour cause de ser- vice public et lui communique les faits suivants d'entomo- logie appliquée : 1. Revue horticole des Bouches du Rhône. — Voir destruction des puce- rons, {er année du Bulletin, p. 121 ; 4 année, p. 48; 1° année, p. 130, 84 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 1° A l’école d'agriculture de Grignon (Seine-et-Oise), dans la dernière semaine d'avril 1885, un très vaste champ de vesce. a été complètement envahi par un charançon aptère et poly- phage, l'Ofiorhynchus liqustici, Linn. Les semis récents étaient menacés de destruction. On a profité de la connais- sance des mœurs de cet insecte pour apporter un grand soulagement au mal. Ge charançon nocturne s'enfouit enterre pendant le jour. On a labouré, puis hersé une large bande de terrain tout autour du champ de vesce, de manière à le bor- der d’une bande de grumeaux de terre meuble. Les Otio- rhynques se sont réfugiés en nombre immense dans l'abri qu'on leur avait ainsi préparé; alors on les a écrasés au moyen d'un fort rouleau compresseur. On a répété à plusieurs reprises l’action de la herse, puis du rouleau, et l’on a ainsi anéanti la majorité des charançons. ÿ 2° M. Alphonse Levieil, horticulteur à Saint-Maur-les-Fos- sés (Seine), m'a fait connaître qu’au mois de mars dernier on avait engraissé un jardin maraîcher du pays avec du fumier de vache frais sortant de l’étable. En fouillant la terre au commencement de mai, on a trouvé aux endroits où les bouses ont été enfouies une quantité énorme de petites larves re- courbées et avec un paquet stecoral terminal, ressemblant à de très jeunes vers blancs. Ges larves m'ont été envoyées. J'ai reconnu qu'elles ne sont pas des vers blancs très jeunes, les hannetons de l’année n'ayant du reste pas encore fait leur ponte complète. Ces petites larves sont des coprophages, peut-être des géotrupes, larves qui ne vivent que de bouses et de terreau et sont inoffensives pour les racines des légu- mes. J'ai donc pu rassurer M. Levieil. 3° J'ai reçu de M. de Larclause, directeur de la ferme école de Montlouis, près Saint-Julien-l'Ars (Vienne), un nouvel envoi de nymphes des insectes qui ravagent l’avoine dans ce pays. Il n'y avait pas d'adultes. On a pu reconnaître une nymphe de Cêphe, qui n'est pas une Cécidomyie (Diptères) mais un Hyménoptère à quatre ailes du groupe des Porte-Scie (Tenthrédiniens). BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 85 40 Il m'a été adressé pour la Société, par M. E. Molevre, attaché au laboratoire d'entomologie du Muséum, un impor- tant mémoire très étudié sur les Pentatomes, ou Punaises des bois et des jardins. Ce travail inédit paraîtra dans notre Bulletin. On pourra aussi reproduire, du même auteur, un long travail sur les Insectes et les Crustacés comestibles qui vient d'être récompensé par la Société d’acclimatation. M. Ramé communique une larve qui attaque les feuilles du cerisier. Cette larve est à étudier. Le secrétaire général donne lecture d’une étude sur l’Antho- nome des fleurs du poirier, dont la reproduction dans le Bul- letin est demandée. Le professeur du Luxembourg communique les remarques qu'il a faites relativement à l’eau que les Abeilles recueillent à l’époque de l'éducation du couvain. « Il semble, dit-il, que les abeilles n’attachent pas bien une grande importance à la qualité de l’eau: elles utilisent la corrompue, aussi bien que la pure, sans qu'il en résulte aucun inconvénient pour elles et pour leur couvain,; elles prennent indistinctement les eaux de mare, de rivière et de source, les eaux salées et les eaux douces ; on les voit rechercher les eaux ammoniacales des fu- miers et des urines qui sortent des étables. Dès qu'elles ont adopté un abreuvoir, elles continuent d’y aller lors même qu'on y change la nature du liquide. Cependant, après une pluie dans la journée, elles vont en grand nombre sucer les feuilles et les herbes mouillées, et sont peu nombreuses aux stations habituelles. M. Asset dit qu'il est à même d'en voir prendre l’eau de savon sortant des lavoirs. M. Hamet ajoute que, depuis l'année dernière, il est venu s'établir près de son rucher de Meudon un établissement de bain dont l’eau des baignoires est versée dans la rue, où ses abeïilies ont pris l'habitude d'aller s’abreuver; mais il a remarqué au'elles évi- tent de prendre l’eau sulfureuse. M. Daclin, de Villefranche, communique le fait suivant: «J'ai eu, le 20 avril, un essaim d’abeilles italiennes, et, chose 86 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE singulière, l’ancienne mère est partie sans avoir pondu de futures mères. L'année passée, une souche n’a donné son essaim secondaire que seize jours après la sortie de l’essaim primaire. Un membre fait remarquer que le correspondant aurait dû attendre pour se prononcer dans le premier cas: il aurait probablement constaté la présence d'une jeune mère née au moment de la sortie de l’essaim ou née après, et, dans ce cas, pondue dans une cellule qu'il n’a pas découverte. L'assemblée s’entretient de l'exposition des insectes de l’an- née prochaine. On discute d'abord l’époque, et la majorité penche pour le mois de juillet. On s'occupe ensuite du lieu, et l’on pense au Palais de l'Industrie, mais avec un emplace- ment plus grand qu'en 1883. Des membres, qui ont vu les préparatifs de l’exposition d'horticulture qui ouvre aujourd'hui au pavillon de la Ville de Paris, derrière le Palais de l'Indus- trie, pensent que cet endroit est préférable au Palais de l'Industrie. Sa vaste salle au rez-de-chaussée permet de donner beaucoup de place aux installations et de rendre celles-ci plus agréables par l'intercalation de fleurs et de plantes d'agrément entre les sections de produits et d'appareils. Une enceinte extérieure permettra de réunir là des ruches avec abeilles vivantes. Plusieurs membres insistent pour qu’une salle spéciale soit destinée aux instruments mis à l’essai et qui, pendant le cours de l'exposition, pourront fonc- tionner pour l’enseignement des visiteurs. Dans cette salle seront divers mellificateurs fonctionnant, presses à miel, extracteurs, machines à rayons gaufrés, alambics, ete. Il est décidé que, dans une prochaine séance, on nommera une commission chargée de reviser le programme de la dernière exposition, et de le modifier au besoin. L'assemblée renouvelle le vœu que la demande d'un microscope soit adressée au Ministre de l'Agriculture. Cet instrument devient indispensabie à la Société dans les conférences qu'elle peut faire donner à Paris et en province. L'ordre du jour étant épuisé, le séance est levée. Pour Extrait: DELINCTTE, secrétaire. BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 87 L'Aglia au du Hêtre (la Hachette) (Agliu tau, Godart) genre Aglia, Hubner. PAR M. E. SAVARD. Hêtre (Ffagus silvatica, famille des Cupulifères, Linn.) Ce bel arbre forme de vastes forèts dans le centre et le nord de l’Europe. Les amandes de son fruit renferment une huile grasse (huile de faîne). Cette huile, dont on se sert dans le Nord, cause quelque- fois des vertiges ; le péricarpe des fruits renferme une subs- tance narcotique. L’Aglia tau du Hêtre à 60 à 65 millim. les ailes sont d’un jaune-fauve, avec une bordure marginale et le bord interne des supérieures, noirâtres. Les quatre aïles sont, en outre, ornées d'un œil discoïdal, noir et chatoyant en bleu, dont la prunelle est blanche et à peu près semblable à un T grec ou à une hachette. Corps du même jaune que les ailes. Antennes ferrugineuses. Femelle plus grande {80 à 90 millim.) d'un jaune-d'ocre pâle, avec la bordure marginale. L'espace marginal est sau- poudré d'atômes noirâtres, et l'angle apical maculé de blan- châtre. Les yeux sont comme chez le mâle. La chenille de ce beau Lépidoptère est fort différente, sui- vant qu'elle est jeune ou adulte, et c’est je crois, le seul exemple, chezlles espèceseuropéennes, d’une chenille épineuse dans sa jeunesse qui devienne nue en grossissant. Nous allons la décrire successivement à ses différents âges. Elle est atténuée à ses extrémités, d’un vert jaunâtre, avec la stigmatale bien distincte, d'un jaune clair. Les trois premiers anneaux sont marqués de quatre lignes lon- gitudinales, continues, et les suivants, jusqu’au onzième, chacun de deux traits obliques du même jaune. Le premier anneau, qui est bordé extérieurement de la même couleur, porte deux longues épines dirigées en avant et hérissées de petites pointes ; la base de ces épines est jaune, la tige d’un rouge clair et le sommet d'un ferrugineux foncé. Le troisième 88 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE anneau présente deux épines semblables, mais plus longues, implantées sur la région dorsale, et dirigées en arrière ; enfin le onzième en offre une plantée verticalement sur le vaisseau dorsal, et de la même longueur que celle du cou. La base de toute ces épines est environnée du jaune. Le clapet anal est terminé par une pointe rougeâtre ; la tête et les pattes sont vertes. Parvenue à un âge adulte, cette chenille change complète- ment de forme. Elle est alors courte et ramassée dans l’état de repos; ses anneaux sont très-renflés sur le dos, et séparés par des incisions profondes ; le troisième est très élevé, bi- fide, et tous les autres, jusqu’au onzième inclusivement, sont également divisés par une espère de sillon longitudinal, ou l'on aperçoit la vasculaire plus foncée que le reste du dos. Tout le corps est d'un beau vert, et parsemé de points sail- lants jaunâtres, qui le font paraître chagriné. La stigmatale est très distincte, nettement arrêtée, saillainte, jaune, et elle se continue sur le cou et sur le clapet anal, de sorte qu'elle fait complétement le tour de la chenille, qu'elle divise pour ainsi dire en deux parties. À partir du troisième anneau jus- qu'au onzième, on aperçoit une série de traits obliques, du mème blanc-jaunâtre que la stigmatale. Les stigmates, situés au-dessus de cette dernière, sont très-visibles et d’un rouge orangé. La tête est globuleuse, hispide, verte, avec deux taches rousses près des mandibules. Les vraies pattes sont vertes, avec les crochets rouges ; Les fausses sont grosses, saillantes, et de la couleur du ventre, sur lequel les points sont plus petits et moins élevés que sur le dos. Cette chenille vit sur plusieurs arbres forestiers, principale- ment sur le hêtre, le chêne, le charme, le bouleau, le tilleul, etc. On la trouve vers le commencement de juin; mais elle est encore très-jeune, et elle ne parvient à toute sa taille que vers le milieu ou même la fin de juillet. A cette époque, elle se retire à la surface de la terre, entre des mousses et des dé- bris de végétaux qu'elle attache avec de la soie, et elle sy Ds) BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 89 change en une chrysalide grosse, courte, d'un brun foncé soupoudré de grisâtre, et dont l'anus est terminé par un faisceau de pointes recourbées. L’insecte parfait éclot dès la fin de mars ou dans le courant d'avril. Quoiqu'il soit commun dans certaines forêts, on a souvent quelque peine à trouver sa chenille. Ce n'est guère cependant qu'en élevant cette dernière qu'on peut se procu- rer aisément la femelle, qui ne vole pas ; elle est immobile contre le tronc des arbres, ou sur la terre dans les feuilles sèches. Le mâle vole en plein soleil avec beaucoup de rapi- dité et en si grand nombre, qu'on parvient toujours à en saisir quelques-uns. E. SAVARD. La Trichie francaise Les Trichies font partie de ces Coléoptères qu'on nomme Scarabées de fleurs, car, à l’état parfait, la plupart des es- pèces vivent sur les fleurs, dont elles dévorent le pollen qu’elles savent récolter à l’aide des pinceaux de poils dont sont munies leurs mâchoires. Les antennes sont courtes, ter- minées par une petite massue de trois articles, le corps assez épais et court, un peu aplati en dessus, les élytres à peine plus longues que larges, plates, tronquées obliquement à leur extrémité, ne recouvrant pas tout l'abdomen, dont une grande partie reste à découvert, le corselet plus étroit que les élytres et rétréci vers le sommet, les pattes assez grêles. Les Trichies ne volent pas comme les Cétoines vraies, les élytres restant appliquées contre le corps. Elles volent, les élytres à demi-relevées et les ailes inférieures membraneuses étalées. Nous avons en France deux espèces de Trichies très voi- sines l’une de l’autre, se trouvant sur les fleurs des Chardons et des Fenouils et dans les jardins sur les Roses épanouies, s'endormant au milieu de la fleur embaumée. Elles ont le corselet noir, à bordure jaune et couvert de poils jaunes, les élytres d’un gris jaunâtre, avec trois bandes d’un noir de ve- lours. Dans la Trichie française, la plus petite des deux espè- 90 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE ces et la plus Commune aux environs de Paris, la première barde noire des élytres est incomplète et plutôt à l’état de tache que de bande. Les Trichies pondent leurs œufs dans les bois pourris, et leurs larves s'y façonnent des galeries où elles vivent trois ans. Ces larves, à tête roussâtre, à corps d’un blanc grisâtre, ressemblent aux Vers blancs du Hanneton, avec des pattes plus sourtes et le sac à excréments du bout de l'abdomen moins gonflé. Elles s’entourent d'une coque de parcelles de bois et s'y changent en nymphes blanchâtres, ayant les pattes et les fourreaux des ailes repliées en dessous, sous une peau commune. Les Trichies sont nuisibles dans le midi de le France en dévorant les anthères des arbres à fruit, ce qu empêche les fruits de nouer. s Extrait des bons points instructifs d'entomologie, Paris, Hachette et C*. La Cicindéèle champêtre Les Cicindèles sont des Coléoptères, carnassiers de proie vivante. Ils ont une grosse tête, de longues antennes, des yeux très développés, un corselet en cœur, un corps svelte et allongé, avec de robustes et longues pattes, instruments d'une course rapide. Ces beaux insectes cherchent à mordre avec leurs mandi- bules en tenailles, quand on les saisit, mais sans pouvoir entamer la peau, ré- pandant une forte odeur de rose ou de jacinthe, bientôt mêlée d’une odeur âcre, due à une salive brune qu'ils dégorgent. Linné appelle Tigres des insectes ces bienfaisant auxiliaires qui protègent nos champs et nos forêts, en détruisant une foule d'insectes nuisibles. Les Cicindèles courent seulement sur les sols secs par les temps couverts, volant en outre, dès qu'il fait du soleil, ën changeant constamment de direc- Fig. 7. Cicindèle. champêtre. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 91 tion, mais se posant bientôt sur la terre, pour s'envoler de nouveau à l'approche de l'observateur. Fig. 8. Larve de Fig. 9. Tron d’affût la cicindèle champêtre. de cette larve, L'espèce la plus commune, dans les bois et les champs de toute la France, pourvu que le terrain ne soit pas humide, est la Cicindèle champêtre, d’un beau vert, avec les pattes et les antennes ferrugineuses. Il y a d'ordinaire cinq points blancs sur chaque élytre, pouvant devenir moindres en nom- bre ou même nuls. Le dessous est d’une éclatante nuance de rouge cuivreux. Fig. 10. Nvmphe de la Fig. 11. La même cicindèle champêtre (dessous). en dessus. L'adulte est un puissant chasseur, s’élançant avec férocité sur la proie, en dédaignant toute ruse. La larve, au contraire, à pattes courtes, se tient en embuscade dans un trou vertical du sol sablonneux, ne laissant sortir, outre la tête, que son 92 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE premier anneau roussâtre et corné, formant ainsi un pont- levis perfide à l'entrée du trou daffût. Il cède sous l’insecte imprudent qui passe au dessus; celui-ci tombe au fonds du puits meurtrier, où la larve le déchire avec ses mandibules acérées. Extrait des bons points instructifs d'entomologie, Paris, Hachette et Cie. Nota. Les figures relatives à la Cicindèle champêtre sont tirées des métamorphoses d s insectes de M. Maurice Girard, G° édition 1884, Paris, Hachette et Cie. — Remerciements aux éditeurs. Le Puceron du Hlé. (Tribu des Aphidiens, Linn.) F PAR M. E. SAVARD. Les variétés les plus hâtives entre les Blés de mars peuvent être semées jusqu'à la mi-avril: quelquefois même elles réussissent faites au commencement de mai. Mais celte épo- que tardive ne doit être considérée que comme exceptionnelle el incertaine; il faut semer en mars toutes les fois qu'on le peut. Depuis plusieurs années, on a recommandé, sous le nom de dés de mai, divers froments pouvant, disait-on, être semés dans ce mois avec un entier succès. Des essais compa- ratifs nous ont prouvé que ce n’était que des blés de mars déjà connus, et l'on est fondé à regarder le nom de Blé de mai comme une véritable exagération, ou au moins comme une désignation impropre; on obtient des épis mûrs, une fraction de récolte, mais souvent très faible, et toujours d'au- tant moindre que le semis a été plus tardif. Dans le cas tou- tefois, volontaire ou forcé, où l’on aurait des blés à semer en mai, les espèces que, d’après de nombreux essais, nous re- gardons comme pouvant se prèter le mieux à cette époque tardive sont : le lé de mars barbu ordinaire, celui de Tos- cane, le rouge carré de Sicile, le Blé de rnars rouge barbuet selui de Victoria. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 93 La carie ayant, depuis quelques années, infesté les récoi- tes de froment à un degré plus qu'ordinaire, même dans les cantons où le chaulage est habituel, il nous paraît utile de donner ici le mode de préparation des semences, et dont on a constaté l'efficacité par de nombreuses expériences. Ce pro- cédé est basé par l'emploi simultané de la chaux et du sul- fate de soude, substance abondante, à bas prix dans le com- merce, el qui n’est aucunement nuisible. La proportion de sulfate de soude, par hectolitre de grain, est de 650 grammes, que l’on fait dissoudre dans environ 8 litres d'eau. Ainsi, autant d'hectolitres de grain à préparer, autant de fois 650 grammes de sulfate et autant de fois 8 litres d’eau. On fait dissoudre le sulfate la veille du chaulage, ou, si l'on veut, plusieurs jours à l'avance, cette dissolution se conser- vant presque indéfiniment sans altération. On verse l’eau sul- fatée peu à peu sur le grain, en le remuant à mesure avec la pelle, pour qu'il soit imprégné bien uniformément. Lorsqu'il est complètement saturé et que l’eau commence à s'écouler autour du tas, on y répand tout de suite et pendant qu il est encore humide, de la chaux en poudre que l’on vient de faire éteindre au moment de l'opération; on continue de remuer avec la pelle, ajoutant successivement de la chaux jusqu'à ce que chaque grain en soit bien imprégné et pra- liné, comme dans un chaulage ordinaire. La quantité de chaux absorbée par 1 hectolitre de grain est environ 4 kilo- grammes. Le puceron du Blé appartient à l’ordre des Hémiptères, insectes chez lesquels on remarque une bouche formée de pièces constituant un suçoir. Les Hémiptères vivent en général du suc des végétaux; cependant beaucoup d’entre eux sucent d’autres insectes et même le sang de l'homme et des animaux. On compte parmi eux tous les insectes connus sous le nom vulgaire de punai- ses; ils ont des métamorphoses incomplètes. Au sortir de l'œuf, ils ressemblent complètement aux adul- tes, seulement ils sont privés d'ailes. Ils n’en acquièrent des 94 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE rudiments qu'après plusieurs mues; ils sont considérés alors comme nymphes; ils sont insectes parfaits après un dernier changement de peau. Les pucerons propres rentrent dans la tribu des Aphidiens; ils ont des antennes composées de sept articles et un abdo- men ayant à l'extrémité deux petits tubes ou cornicules. Ces insectes offrent une particularité très remarquable dans leur mode de génération; ces pucerons, qui sont ovipares à une certaine époque, sont vivipares pendant une grande par- tie de l’année. Les espèces de pucerons sont nombreuses; mais le Puce- ron vert et le Puceron noir forment les deux groupes les plus tranchés, et c’est dans la dernière espèce qu'il faut ranger le Puceron du Blé. F Ces insectes vivent en troupes compactes à peu près sur toutes les plantes. Ils se tiennent à la partie inférieure des tiges, pour être protégés de la pluie; suçant le suc des plantes, et y détermi- nant fréquemment des excroissances considérables très nuisibles aux végétaux. Les Pucerons propres, du genre Aphis et des genres voi- sins, qui portent au bout de l'abdomen deux petites cornes, distillent contuellement la sève qu'ils ont absorbée et la ren- dent en liquide légèrement sucré qu'ils éjaculent par l'anus. C'est comme des outres qui absorbent la sève, l’élaborent et la rejettent au profit des Fourmis qui en sont très friandes. Les Pucerons mettent leurs petits au monde vivants, exception remarquable à la loi générale qui gouverne à cet égard les insectes. Si l’on regarde un groupe avec attention, on en observe plusieurs qui expulsent par leurs anus de petits corps verdâtres. Ce sont de petits pucerons qui sortent du ventre de leur mère, mais dans un sens différent de celui des autres animaux, c’est-à-dire que la région anale sort la pre- mière. L'accouchement entier ne dure pas plus de six à sept minutes. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 95 La fécondité des mères puceronnes est prodigieuse. Ont-elles une fois commencé à mettre bas, elles semblent ne faire plus autre chose; elles jettent de quinze à vingt pe- tits dans une journée, et tout le reste de leur vie jusqu'à l'hiver se passe dans ce pénible travail. Si l’on prend une de ces mères et qu'on la presse doucement, on fait sortir de son ventre encore un plus grand nombre de Pucerons de plus en en plus petits, qui filent comme des grains de chapelet. Dès que le petit puceron est né, il commence à sucer les feuilles. Nouvelle et étrange particularité! Ces petits sont tous des femelles qui mettront au monde d’autres femelles sans s'être accouplées avec un mâle, lesquelles produiront sans accou- plement de nouvelles femelles fécondes, ainsi de suite pen- dant neuf ou dix générations qui se succéderont durant le printemps, l’été et l'automne; mais la dernière génération pond des œufs qui passent l'hiver sur les arbres et les plantes, et qui éclosent au printemps suivant. Ces œufs proviennent de mäles et de femelles qui s’accouplent une seule fois. Il n’y a donc qu'un seul accouplement qui féconde la femelle et toutes celles qui sortiront d'elles pen- dant une succession de neuf ou dix générations. On a calculé qu une seule femelle était dans une seule année la souche de 100,000 individus. Si les Pucerons n'étaient pas soumis à de nombreuses cau- ses de destruction ils auraient bientôt étouffé la végétation. Mais leurs ennemis sont nombreux et les détruisent en grand nombre. Il est bon de les faire connaître, afin qu'on les res- pecte puisqu'ils nous rendent service. Au premier rang se placent les larves d’une mouche du genre Syrphe. La bouche de ces larves consiste dans un sim- ple tube qui renferme deux soies écailleuses, de la grosseur d'un crin, avec lesquelles elles percent les pucerons, les enlè- vent en l'air par un mouvement de tête semblable à celui d'une poule qui boit, et les sucent. Elles rejettent la peau vidée et percent un nouveau puceron qu'elles sucent de même et continuent ainsi sans interruption. 96 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Elles nettoient en peu de temps une branche chargée de cette vermine, sans qu'il en reste un seul. Elles les mangent ou plutôt elles les boivent plus vite qu’ils ne se reproduisent, malgré leur fécondité. Parvenus à leur complet développe- ment, les Syrphes se transforment en jolies mouches, de forme élégante et de couleur luisante. En second lieu viennent les larves de petits Coléoptères fort connus, auxquels on donne les noms vulgaires de Bête-à- Dieu, et dont le nom entomologique est Coccinelle. Elles vivent en général de Pucerons qu’elles saisissent avec leurs pattes de devant et portent à leur bouche. Comme elles sont voraces, elles ne s'épargnent pas entre elles et s'entre-man- sent quand elles peuvent S’attraper. D’autres insectes ne se nourrissent pas eux-mêmes de Pucerons, mais ils les pren- nent dans leurs dents et les emportent dans leurs nids pour leurs petits. Les femelles établissent leurs nids dans une galerie creusée dans la terre ou dans le bois mort ou dans la moelle des branches sèches, comme le sureau et la ronce. Elles empilent des Pucerons dans le fond de la cellule en nombre suffisant et pondent un œuf dessus, puis elles fer- ment la cellule avec une cloison de terre où de moelle; elles approvisionnent de même une seconde et une troisième cellule et tant qu’elles ont d'œufs à pondre. Chaque œuf coûte Ja vie à vingt Pucerons au moins et plus. E. SAVARD. Note de la Rédaction. — Un puceron souterrain, le Rhizo- bius radicum, Kirby, vit en nombreuses familles sur lesraci- nes des Graminés et les fait souvent périr; cet insecte, ainsi que les espèces voisines, sont pris par beaucoup de personnes pour des Phylloxéras, et de là ces paniques qui font croire que le Phylloxéra a passé des racines de la vigne à celles du blé. PERS E REP E SSP DEEP PES PE PPT PTE LIT IS Le Gérant : H. HAMET. PROD R ESA OL ELLE LAS ILA ATOS LAID LOL EL AL LLILLLLISS np. dela Soc. de Typ.- NoizeTTe, 8, r. Campagne-Première, Paris. N°, 7 DIXIÈME ANNÉE Juillet 1885 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Le Prurigo du rouget, par M. E. SAVARD. — La T'ordeuse verte. — Abeilles solitaires : La Mégachile du Rosier par M.J. KUNKEL D'HERCGULAIS. — Sériciculture en 1885. Renseignements et mercuriales. — Société centrale d'apiculture et d’insectologie. Séance de juin 1885. — Destruction de l'œuf d'hiver du Phylloxera (suite) par M. BALBIANI. — Le grand Paon de nuit,papillon et cocon. Le Prurigo du Rouget Par M. E. SAvaRp. Les habitants des campagnes, surtout du centre et de l’ouest de la France, connaissent parfaitement les effets de la larve du Trombidion connue sous le nom de Rouget et qu'ils nomment Aottat, Aoûti, Vendangeur,etc., à cause de l’épo- que de l’année où elle se rencontre. Il attaque surtout les personnes qui ont la peau fine et délicate, et semble préférer les jambes et la partie interne des cuisses, bien qu'il se porte aussi sur les bras et la poitrine. Quand on traverse les jachères où ces Acariens abondent, ou bien quand on se dé- pouille d'une partie de ses vêtements, sans précaution, dans les bois ou dans les parcs, surtout lorsqu'on s'étend négli- gemment sur l'herbe, on est souvent assailli par eux. Ils che- minent assez vite, car ils montent des jambes à la tête en peu de temps; ils se trouvent arrêtés en route par les jarretières ou par la ceinture et alors ils se fixent à l'endroit de l'obstacle. C'est à la base des cheveux et des poils follets du corps et des membres que les Rougets plantent leurs rostres, et ils se réunissent souvent plusieurs sur le même point. Constant Duméril trouva un jour à la base d’un cheveu chez un jeune enfant plus de douze Rougets agglomérés. Il pensait que les Rougets s'attachaient avec les ongles et qu'ils insinuent leur suçoir sous l'épiderme, mais que ce sont principalement les on- 7 98 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE gles des pattes qui font naître l'inflammation que l’on éprouve. Gruby a constaté, comme on l’a fait ensuite, que les Rougets pénètrent avec le rostre dans les canalicules sudoripares et sébacés ; ils s’y fixent fortement, leur corps restant en dehors sous forme d'un petit point rouge. Les Rougets occasionnent des démangeaisons vives, brû- lantes, qui empêchent de dormir. Latreille les comparait à celles de la gale, ce qui prouve que ces animalcules ont aussi une salive irritante. La peau se gonfle, devient rouge, et quel- quefois même violacée au point piqué parles Rougets, et ilse forme de petites taches irrégulières assez grandes pour la taille des parasites, puisqu'elles ont parfois près d'un centi- mètre de diamètre ; mais ces taches sont toujours discrètes et présentent parfois un point central saillant appréciable. Cette affection est donc bien un pruwrigo etne peut être appe- lée Eruthème, ainsi que le voulait Gruby, qui nomme cette affection Zrythème automnal. Quelquefois, mais très excep- tionnellement, l’affection en question est cependant plus qu'un prurigo, car Moser cite un cas d'inflammation papu- leuse et vésiculeuse avec des démangeaisons dues à ce parasite. Le journal la Santé publique, du 1° mai 1872, rapporte l'histoire d’un méfait de cet Acarien digne d’être reproduit : « Un grand émoi se manifesta, il y a quelque temps, par une bien petite cause, dans une commune du canton de Créon, riveraine de la Garonne. Le boulanger ayant reçu un certain nombre de sacs de blé d’un négociant de Bordeaux, les avait fait décharger par cinq hommes, par un temps très chaud et orageux. Dès les premiers sacs déchargés, les ouvriers éprou- vèrent une vive démangeaison sur le cou, sur les épaules et les bras, où les sacs avaient porté; puis une éruption de boutons rouge un peu pointus et acuminés el accumulés sur certains points y succéda. Cette éruption se généralisa sur tout le corps pendant le nuit et amena de la fièvre avec insomnie, agitation et soif ardente. « La peur s'empara des malades et de leurs familles. On crut à un empoisonnement ; le boulanger, ou du moins son grain, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 99 était déjà accusé. La justice fut saisie, et M. Perrens, éhimiste, assisté de M. le docteur Lafargue, médecin-expert près les tribunaux de Bordeaux, furent chargés de rechercher les causes de ces accidents qui, après quelques jours, étaient disparus sans traitement spécial. « Un échantillon du froment sain montra un grain pas très gros, d'une couleur dorée sans odeur particulière. Il conte- nait quelques graines noires, peu de poussière, un petit cha- rançon et d'autres petits insectes morts, quelques grains étaient rongés et comme avariés. « Au microscope l'examen le plus attentif ne découvre. rien dans les débris de l'épiderme, mais dans les poussières des criblures on observe, seuls et dégagés ou bien enchevêtrés dans des débris d'épiderme un certain nombre d'insectes morts, ayant tous les caractères de l’insecte décrit en 1850 sous le nom d'Acarus tritici. C'est la mite du blé, insecte micros- copique analogue à l'Acarus scabiei qui, sur la peau de l'homme, donne la gale. C'était là le corps du délit et l'analyse chimique ne découvrit aucune autre substance malfaisante. « Ce n'est pas d’ailleurs la première fois que de pareils accidents se montrent. Il a parfois suffi à des paysans de se reposer contre des meules de blé ou de s’y abriter pendant des orages pour voir celte éruption apparaître. On l’a même désignée sous le nom de fiévre de grain, de même qu'on appelle févre de foin l'enchiffrènement fébrile spécial qui atteint certains individus pendant la fenaison ; maïs la cause restait ignorée. Des accidents semblables s'étant développés à Moissac en juin 1850, dans des circonstances identiques, les savants se mirent à l'œuvre et c'est ainsi que M. Lagrèze-For- sal, naturaliste, et M. Montané, pharmacien, découvrirent cet insecte et en donnèrent une description détaillée dans un mémoire publié par laSociété des sciences de Tarn-et-Garonne. « Ainsi expliquée,cetie éruption est sans importance, mal- gré son acuité, et ne doit inspirer aucune crainte. De grands bains tièdes prolongés font disparaître la démangeaison ainsi que l’éruption. » 00 PE BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE La description du mémoire dont il est question ci-dessus, et que nous nous sommes procuré, s'appliquant parfaitement au Rouget,c'est donc au prurigo du Rouget que se rattache l'af- fection nommée fièvre de foin, fièvre de grain et le prétendu A carus tritici n’est donc autre que cette larve de Trombidion. Le Rouget ne serait pas particulier à l’Europe, ou plutôt il aurait un analogue exotique qu'on rencontrerait en Amérique, si l'on en juge par la communication faite à l'Académie des sciences le 29 juillet 1867 par M. Chevreul, au nom de M. Le- maire, et que nous transcrivons textuellement. « Il existe au Mexique un petit insecte appelé par les Indiens Thalsahuate. Cet insecte vit dans le gazon. Il attaque l'homme et se fixe presque toujours aux paupières, aux ais- selles, au nombril et au bord libre du prépuce. Sa présence est annoncée par la démangeaison, puis surviennent de la rougeur et du gonflement et quelqueïois de la suppuration. Ces phénomènes morbides durent ordinairement six jours et restent toujours locaux, ce qui paraît indiquer que l'insecte ne s'y multiplie pas. Il suffit en effet de l'enlever pour que les phénomènes morbides cessent. Les Mexicains se servent leplus souvent pour cela d'une aiguille ou d’une tige de graminée. « Cette maladie pour laquelle les Mexicains ne réclament point les soins d’un médecin, est très commune dans les terres tempérées et inconnue dans les terres chaudes. Je tiens tous ces renseignements de M. et M°° L. Biard qui ont habité le Mexique pendant longtemps. Mr° Biard qui a été élevée dans les terres chaudes n’en avait jamais vu avant son arrivée à Orizaba. Je n'ai rien trouvé dans les ouvrages de médecine et d'histoire naturelle que je possède, qui aït pu m'éclairer sur l’histoire de ce petit animal; il me paraît inconnu des médecins français. J'arrive maintenant au fait constaté. « Samedi dernier (45 juillet), M”° Biard me présenta sa fille âgée de quatre ans qui se plaignait d’une assez vive déman- geaison à la paupière de l'œil gauche; jy constatai entre les cils un peu de rougeur et de gonflement dans une étendue BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 101 de 5 à 6 millimètres. Pensant alors, d'après les renseigne- ments qui me furent donnés, que ces effets pourraient bien être ceux du Z'halsahuate, et me rappelant que M. Biard avait reçu plusieurs caisses du Mexique, que des nattes el autres objets qu'elles contenaient avaient séjourné assez long- temps à côté de la pelouse de leur jardin où jouent constam- ment leurs enfants, je cherchai à découvrir le petit insecte. Alors, nous aidant d’une loupe, nous découvrimes le Thal- sahuate, fixé entre deux cils et placé au centre de la rougeur dont j'ai parlé. Sa forme est oblongué et d'un jaune orange très vif. M. et M°”° Biard le reconnurent très bien. Je désirai le recueillir pour le déterminer, je le laissai tomber et il nous fut impossible de le retrouver. IlLest probable qu'il en existe d’autres et nous serons assez heureux pour nous en procurer et pour pouvoir l’étudier. « De tout ce qui précède il résulterait un fait important, qu'un très petit insecte qui, au Mexique, produit une maladie de peau, a pu être importé en France, sans doute à l’état d'œuf, par des collections d'objets inanimés et y reproduire cette maladie inconnue (?) en France. » Par ce que nous avons dit plus haut on à pu voir que le prurigo de notre Rouget est exactement la même maladie que celle que produit le Thalsahuate et que tout ce que l’on dit de celui-ci s'applique à selui-là, Or, comme les rougêts sont très communs en France, surtout aux environs de Paris à l'époque où le fait ci-dessus raconté s’est passé, rien ne prouve que ce n'était pas un rouget indigène qui s'était atta- ché à la paupière de la petite fille de M. Biard. Cette hypo- thèse est même infiniment plus probable que celle de l’im- portation du rouget exotique, le T'halsahuate. TRAITEMENT.— Le prurigo du Rouget s'éteint toujours spon- tanément et assez vite. Cependant, si l’on veut se débarrasser rapidement de ces parasites, une friction de benzine aux en- droits où ils sont fixés les tue rapidement. Il suffit ensuite d’un bain simple ou de lotions d’eau acidulée avec du vinai- gre pour calmer l’irritation qui persiste encore. Quand le + 102 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Rouget est fixé à des parties délicates, comme les paupières, il faut l’extraire avec la pointe d’une aiguille. E. SAvaRD. La Tordeuse verte On désigne, sous le nom général de Tordeuses, un grand nombre de petits papillons dont les chenilles ne vivent pas à découvert sur les feuilles, mais enroulent celles-ei en tuyau, imitant un cylindre ou un cône, au moyen de fils de soie. La chenille réside dans cet abri où elle trouve, en outre, la nour- riture, Car elle ronge peu à peu le parenchyme des feuilles du cornet qui la protège. Une espèce de ce groupe, commune dans les bois de toute la France, est la Tordeuse verte. Le papillon, d'environ 20 millimètres d'envergure, pareil dans les deux sexes, pré- sente les àiles supérieures d’un joli vert uni, les inférieures d'un gris cendré, la frange des quatre ailes blanchâtre, leur dessous d’un blanc luisant, la tête, les antennes et les pattes d’un vert jaunâtre, le thorax du même vert que les ailes supérieures, l'abdomen gris comme les inférieures. Au repos, les ailes supérieures recouvrent le corps et les ailes inférieures comme un double toit ; l'aspect que prend alors l'insecte explique le nom de Chape verte que lui donnaient les anciens auteurs, La chenille, d'un vert assombri, à tête et pattes du thorax noires, avec des petits points noirs porlant chacun un poil noir, roule en cornet les feuilles de diverses espèces de chênes, se laissant prendre à un long fil de soie si on secoue les branches. Au mois de mai elle se change en Chrysalide dans la feuille roulée, produisant le papillon à la fin de ce mois ou au commencement de juin. On voit reparaître quelques papillons en septembre ; beaucoup de chrysalides de la seconde génération passent l'hiver. Les oï- | seaux insectivores sont les grands destructeurs de cette fu- nesteespèce,surtoutles Fauvettes,qu'il ne faut jamais dénicher. (Extrait des bons points instructifs d'entomolog ie, Paris, Hachette et C°.) BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 103 Abeilles solitaires. — La Mégachile du rosier. Caractères. — Cette abeïlle tapissière commune est mé- langée de noir sur le milieu du corps. Avec l’âge, les poils grisonnent, surtout chez le mâle qui est le moins occupé. L'abdomen, presque ras, n’est orné que de quelques touffes grisâtres, à la partie antérieure; et les bords postérieurs des deuxième, troisième, quatrième et cinquième anneaux, portent des bandes blanches souvent interrompues. Le ventre est couvert de poils récolteurs d’un brun rouge: il n’est pas échancré, seulement le segment dernier article porte chez le mâle de très petites dentelures. Distributions géographiques.—D'après Smith, cette espèce ne se rencontre pas seulement en Europe; mais on la trouve aussi dans le Canada et vers la baie d'Hudson. Maœurs, habitudes, régime. — A la fin de mai, au commen- cement de juin, on voit paraître ces abeilles. Comme toujours dans la vie, les sexes se trouvent bientôt réunis, et après l’ac- couplement, la femelle entreprend ses travaux. Je laisse de côté la question de savoir si cette espèce nidifie exclusive- ment dans le vieux bois, ou si elle établit aussi ses cellules dans la terre; on à trouvé des cellules dans ces deux condi- tions, il est possible qu'elles appartiennent à deux espèces différentes. La cavité, pour mieux dire, le tube du nid, #g. 13, avait été foré par une chenille des saules (cossus ligniperda), et remis en état, plus tard, par les Mégachiles. Ailleurs elles se servent d'un trou de souris abandonné, pour en faire leur demeure. Bref, toute cavité pratiquée avant elles peut être aménagée avec une grande perfection et adaptée à leurs besoins. Le prin- cipal ouvrage consiste dans la construction des cellules. En toute hâte, l'abeille s'envole vers quelque feuille de rosier où elle se pose, fig. 12, et elle découpe un lambeau de grandeur convenable. En faisant sa dernière morsure, elle le roule en cornet entre ses pattes et disparaît avec lui dans le lointain. Si ce magasin de matériaux lui plait, elle y revient 104 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 4 * œ el & & Le] = el (© bi a el ( = 4 0 de i s 5 D ee | = Q A Le) \ œ = (ue) = > a ee cs & el 8 (E) ER 2 ; LOL L=) mn SEEN 8 La Ê (eo) ee) cs É £, = sa El CE [Av] ce) oœ HV] = bientôt pour faire de nouvelles emplettes. Les lambeaux ; transportés et roulés, sont relâchés et s'appliquent, suivant leur élasticité, contre les parois. Elle en dispose d'abord trois bd fils di BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 105 ou quatre plus grands, #9. 14; puis elle forme une seconde couche, avec des lambeaux rétrécis à une de leurs extrémi- tés. Le bord dentelé de la feuille est placé en dehors, le bord découpé par l'abeille est dirigé vers l’intérieur. Dans cette gaine, elle dispose une troisième couche de lambeaux égaux fig. 15-16, dont la surface vient boucher les interstices, et terminer ainsi le dé à coudre /q. 17. Après l’avoir rempli de miel et pourvu d'un œuf, elle l’'obture avec une pièce tout à fait circulaire, #g. 18, sur laquelle s’appliquera le plancher à la cellule suivante, de façon à former une chaîne creuse. Réaumur, que l'on trouve toujours à citer quand il s’agit de mœurs bien observées, nous fournira une anecdote cu- rieuse sur l’Abeille du rosier. < Dans les premiers jours de juillet 1736, dit-il, le seigneur d'un village proche des Andelys vint voir M. l'abbé Nollet, accompagné, entre autres domestiques, d'un jardinier qui avait l’air fort consterné. Il s'était rendu à Paris pour annoncer à son maître qu on avait jeté un sort sur sa terre. Il avait eu le courage, car il lui en avait fallu pour cela, d'apporter les pièces, qui l'en avaient convaincu ainsi que ses voisins, et qu'ilcroyait propres à en convaincre tout l'univers. Il prétendait les avoir produites au curé du lieu, qui n’était pas éloigné de penser comme lui. À la vue des pièces, le maître ne prit pourtant pas tout l’effroi que son jardinier avait vouiu lui donner; s’il ne resta pas absolument tranquille, il jugea au moins qu'il pouvait n’y avoir rien que de naturel dans le fait, et il crut devoir consulter son chirurgien; celui-ci, quoique habile dans sa profession, ne se trouva pas en état de donner des éclaircissements sur un sujet qui n'avait aucun rapport avec ceux qui avaient fait l'objet de ses études; maisilindiqua labbé Nollet comme très capable de décider si l’histoire na- turelle n'offrait point quelque chose de semblable à ce qu'on lui présentait. Ce fut donc sa réponse, qui valut à M. l'abbé Nollet une visite, qui a servi à m'instruire. Le jardinier ne tarda pas à mettre sous ses yeux des rouleaux de feuilles, qui, selon lui, ne pouvaient avoir été faits que par une main 106 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE d'homme et d'homme sorcier. Outre qu'un homme ordinaire ne lui semblait pas capable d'exécuter rien de pareil, à quoi bon les eût-il faits, et dans quel dessein les eût--ils enfouis dans la terre de la crête d'un sillon? Un sorcier seul pouvait les avoir placés là pour les faire servir à quelque maléfice. L'abbé Nollet certifia au brave homme que ces jolis ouvrages étaient faits pour des insectes et comme preuve, il tira un gros ver de ces rouleaux. Dès que le paysan l’eût vu, son air sombre et étonné disparut ; un air de gaieté et de contentement se répandit sur son visage, comme s’il venait d'être tiré d'un affreux péril. » La larve en se développant se tisse une coque, et tout sem- ble rester, jusqu'au printemps prochain, dans l’état où la mère l’a laissée en mourant. A cette époque, tout se passe comme nous l’avons décrit pour les Xylocopes, avec cette seule différence que la sortie commence par les cellules supé- rieures. Bien que l’on puisse fréquemment saisir les Mégachiles, le mâle surtout, sur quelque fleur, il faut une chance particu- lière pour découvrir son nid; car nous n'avons pas la souplesse des indigènes de la Nouvelle-Hollande, pour suivre à la course une mère nidifiante reconnaissable à la feuille qu’elle emporte et qui à travers champs vous conduirait droit à sa demeure; nous devons nous reconnaître impuissant à employer ce pro- cédé dont ils usent avec succès pour trouver les nids pleins de miel des Trigones. J. KUNCKEL D'HERCULAIS. Merveilles de la nature. (Insectes) — Nous devons à l'obligeance de MM. J. B. Baïllière et fils, les éditeurs de ce remarquable ouvrage, l'offre des figures ci-dessus. — Remerciements. (La Rédaction.) Sériciculture en 1855. RENSEIGNEMENTS ET MERCURIALES. Soies. — Il résulte des renseignements reçus jusqu'à ce jour sur la récolte des cocons en Europe, que, tout en restant supérieure en quantité et plus encore en qualité à celle de RL — . BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 107 1884, elle n'aura pas l'éxubérance à laquelle on s'attendait; en Italie comme en France, les marchés de cocons ont fini, ou finissent brusquement. Cependant, dit le Bulletin des Soies, les producteurs, surtout les producteurs italiens, n’en restent pas moins ardents à la vente, et les offres qu'ils prodiguent à la fabrique n'ont d'autre effet que de rendre celle-ci plus réservée, plus rebelle à des achats de provision. Les prix ont très peu varié en France sur les marchés de cocons, et pour les beaux cocons jaunes, le cours moyen gra- vitera, à quelques centimes près, autour de 3.50 à 3.55 dans les Cévennes, de 3.25 dans la vallée du Rhône. On a payé pendant cette dernière semaine : à Alais, Saint- Ambroise, Saint-Hippolyte, 3.50, 3.55 et 3.60; Ganges, 3.60; Valréas, 3 à 3.25; Apt, 8.25 et 3.35. En Italie, les apports sur les marchés ont été moins impor- tants qu'on ne Les attendait, et, dans la Lombardie notamment, la récolte laisse des déceptions pour les races jaunes. Les derniers prix indiqueraient plutôt une légère amélioration. On a payé pendant ces derniers jours : Pise. 2.90 à 3.20; Pesaro, 3.10 à 3.40 ; Forli, 2.85 à 3,20 : Recanati, 2.70 à 3.05; Reggio-Emilie, 3.10 à 3.30 ; Meldola, 2.90 à 3.30; Forli, 2.95 à 3.19. En Lombardie, la tendance est à la nausse. Les prix les pius bas ont été pratiqués dans la Vénétie. Cocons jaunes Menton, 2.80 à 3.10; Cremone, 2.80 à 3.10; Vicence, 2.60 à 2.90; Brescia, 3 à 3.50; Milan, 3.40 à 3.50. En Piémont, les marchés sont dans leur plein : Alexandrie, 8 à 3.50 ; Canelli, 2.90 à 3.20; Fossano, 3 à 3.40: Jorci 3 à 8.40 ; Novi, 3.10 à 3.50; Salucco, 3.40 à 3.70; Voghera, 3.40 à 3.80 ; Turin, 3.30 à 3.50; le tout, pour cocons jaunes supé- rieurs. Le tableau des importations de soies étrangères en France, pendant le mois de mai dernier, révèle un fait qui peut, jusqu'à un certain point, expliquer la dépréciation des cocons à laquelle on assiste. Ges importations se sont élevées, défal- cation faite des exportations, à 382,370 kilog. de soies grèges 108 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE etouvrées, contre 300.300 kilog. pendant le mois correspondant de 1884. La presque totalité de ces soies vient s'offrir à Lyon ; or, pendant le mois de mai, le mouvement de la condition des soies n'a pas dépassé 316,955 kilog. en 1885, alors qu'il avait atteint 373.796 kilog. en 1884. Les apports ont donc augmenté de 82,000 kilog. ou 27 0/0, tandis que la vente a fléchi de 57.000 kilog. ou 15 0/0. Cesimportations de matière première ne pouvaient que peser lourdement sur les cours,et depuis lors les bas prix payés pour les cocons ont encore alourdi les affaires. Les exportations de soieries, à Lyon, pendant le mois de mai, se sont élevées au même chiffre que l’année dernière, onze millions de francs en chiffres ronds. Société centrale d'apiculture et d'insectologie. Séance du 17 juin 1885.— Présidence de M. A. RAMÉ. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. J. Fallou fait part de la lettre suivante qu'il a reçue de M. Masson, des Meux (Oise). « J'ai recours à votre obligeance habituelle et viens vous prier de vouloir bien signaler à la Société centrale d’'Insectologie, un nouveau méfait que je relève à la charge du Rhynchites conicus (Lisette ou coupe- bourgeons). J'avais cru jusqu'à ce jour que ce petit malfaiteur coupait indistinctement les jeunes branches des arbres frui- tiers (Poiriers et autres) et que là se bornaient ses dégâts; il étend malheureusement le cercle de ses vpérations bien au delà, et ce sont les poires déjà formées qu'il attaque, comme j'ai pu m'en convaincre par moi-même, à plusieurs reprises. Je vous adresse, comme pièce à conviction, le corps même du délit consistant en une jeune poire qui porte la trace évi- dente de son passage; ce trou, où il a déposé son œuf, se trouve à 13 millimètres de la rupture produite par son inci- sion. « Je pense qu'il convient pour arrêter son développement ultérieur, de recueillir puis de brûler les scions et fruits tom- bés sur le sol facilement reconnaissables aux petites incisions faites sur la tige. » BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 109 M. J. Fallou ajoute : « Depuis le reçu de la lettre de notre collègue j'ai eu l’occasion de vérifier les dégâts que produit ce Rhynchite aux petites poires. J'ai pu détruire bon nombre de cette lisette en leur faisant la chasse de bon malin, de 5 à 6 heures; dans le courant de la journée on ne la retrouve plus. » M. Ramé communique le résultat des éclosions de l’Affacus Cynthia qu'il cultive. M de Pages dit que ce ver à soie est très rustique, mais qu’il n’a pas d'avenir, sa soie n'étant pas rémunératrice. M. Saint-Pée appelle l'attention de l'assemblée sur l’em- preinte que la Société a fait faire pour son abeille d'honneur. Il dit que le détenteur de cette empreinte fabrique des abeil- les pour le compte des particuliers, sans en demander l'autorisation à qui de droit. Il insiste pour que la Société fasse l'acquisition de cet objet comme il en a été convenu ver- balement avec le fabricant. L'assemblée autorise M. Saint- Pée et le Secrétaire général à conclure le marché en ques- tion. M. Hamet rend compte de la manifestation de la société d'apiculture d'Eure-et-Loir au concours régional de Chartres et dit que cette société a montré là toute sa vitalité. Il propose qu'une médaille de melchior grand modèle soit donnée par la Société centrale au trésorier de la société d’Eure-et-Loir M. Appay, qui sous le rapport de l'exactitude, peut servir de modèle aux trésoriers des autres sociétés. Cette proposition est acceptée. M. Maurice Bellot confirme la remarque qu'a signalée M. Daclin, le mois dernier, relativement à la sortie d’essaims primaires, sans que la mère ait déposé d'œufs dans les cellu- les maternelles. Il dit: « J'ai constaté — ce que j'ai été à même de faire en 1871 et autres années de miellée abondante — que des essaims sont sortis sans qu'il y ait de mère au berceau ; quand la ruche est entièrement remplie de miel et de couvain, la mère, ne pouvant plus pondre, se dispose, de concert avec les ouvrières, à former un essaim. J'ai eu il y à quelques années un fort essaim qui était logé dans une petite ruche complètement bâtie, qui a essaimé naturellement dix jours après et sans laisser de mère au berceau. J'ai la cer- 110 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE titude que cela arrive souvent et je comprends que la même chose soit arrivée à M. Daclin. >» M. Asset pense que cela peut arriver quand la miellée est abondante, mais il croit que le fait est assez rare chez les abeilles indigènes, que la venue d'une miellée abondante ne surprend pas comme elle peut surprendre les abeilles étrangères. M°° la baronne de Pages, qui vientde passer quelque temps dans le Vaucluse, signaie l’état arriéré de l’apiculture dans tout le Midi qu'elle à visité. La ruche y est primitive; c’est une sorte de boîte en planches à laquelle n’est pas même ménagée une entrée pour les abeilles, ruche qu'on établit en plein air et qu'on abrite mal des rayons ardents du soleil. Quant à la manière de récolter, on ne connaît que l'étouffage. Autrement on ne donne aucun soin aux abeilles; quand le miel est abondant on en prend à satiété, et quand il man- que les ruchers s’'amoindrissent et disparaissent. Ce qu'il faudrait, pense-t-elle,pour faire sortir les gens de la campa- gne, plongés dans l’apathie et dans la routine, serait la dé- monstration sur place de méthodes avantageuses, démonstra- tions faites par des praticiens éclairés et non par de beaux messieurs, des poseurs, avides de traitements. — M. Hamet répond que c’est aux conseils généraux qu'incombe la tâche de faire changer cet état de choses préjudiciable à l'intérêt général. M. Ramé demande que dans la prochaine séance l’assem- blée se prononce sur la date de l'exposition des insectes l’an- née prochaine. L'ordre du jour étant épuisé la séance est levée. L'un des secrétaires : DELINOTTE. La destruction de l'œuf d'hiver du phyliloxera Par M. BALBrANI (Suite). Heureusement les galles sont rares sur les vignes indigènes, et aucune observation digne de confiance n’est venue démon- trer jusqu'ici que les choses se passent comme nous l'avons supposé. L'expérience de la Paille conduit même à une con- clusion toute différente. Il suffit, en effet, de se rappeler que, BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 11l dans l’année qui précéda cette expérience, il n'y eut de galles nulle part dans la vigne; par conséquent, les galles si nom- breuses qu'elle présente actuellement dans sa partie non traitée sont sans relation avec des galles antérieures, et ne peuvent avoir dès lors pour origine que les essaims d'ailés qui se sont échappés du sol de la vigne ou plus probablement des vignes environnantes (1). Ges essaims devaient être nom- breux, si l’on en juge par l'abondance des galles primitives qui ont apparu l'année suivante, chacune de celles-ci étant le produit individuel d'un insecte sorti d'un œuf d'hiver, et nous ayons vu qu'il y avait quelquefois jusqu'à cinq ou six galles sur une même feuille (2). Tels sont, monsieur le Ministre, les résultats que nous avons obtenus dans nos expériences de badigeonnage des vignes avec les mélanges de coaltar et d'huile lourde. La con- clusion à tirer de ces expériences, c'est que ces mélanges, excellents pour tuer l'œuf d'hiver, exposent la vigne à de graves accidents et présentent en outre des difficultés d'ap- plication qui rendent leur emploi à peu près impossible dans la grande pratique. Il a fallu, par conséquent, se livrer à de nouveaux essais pour trouver d’autres substances qui n'eus- sent pas ces deux derniers inconvénients. tout en étant des toxiques pour l'œuf d'hiver. Nous croyons que le mélange suivant réalise ces conditions : Hudelourde re AN ITE TO TCNRE 20 parties Naphtalinelbruter "Re CT 30 — CAUSE VERS use cite Re PAMAOQEE DATE NDLR VEN QUE AA MALO NU eN sie e 0e UE (A suivre.) 4. Je dis plus probablement, parce que j'avais constaté la rareté des phyl- loxéras sur les racines des vignes de la Paille — je rappelle que ce sont des riparia — l'année précédant celle de l'expérience, tandis que tout autour se trouvaient de nombreuses vignes phylloxérées, tant indigènes qu'américaines. 2. Il n’est pas douteux que les premières galles constatées sur ces vignes ne fussent des galles primitives, d'abord en raison de l’époque peu avancée de l’année où elles furent aperçues (10 avril), ensuite toutes ces galles renfer- maient un insecte qui n'était pas encore arrivé à toute sa grosseur, et qui n'avait pas encore commencé à pondre ou n'avait pondu qu'un petit nombre d'œufs dont aucun n'était éclos. 11% BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Le grand Paon de nuit PAPILLON ET COCON. Ce papillon, le plus grand qui existe en Europe, manque à partir du nord de la France. C'est une espèce dépourvue de trompe et ne prenant pas de nourriture. Le mâle, de 110 à 120 millimètres d'envergure, a les antennes fortement bipec- tinées et d’un jaune bruni, le thorax brun, avec un collier antérieur d'un blanc roussâtre. Les quatre ailes sont d'un gris plus ou moins roussâtre, bordées de blanc grisâtre, les antérieures arrondies au sommet, avec les espaces termi- naux d’un blanc jaunâtre au sommet, d’un brun noirâtre à l’ex- trémité inférieure, ce qui a lieu aussi aux ailes de la seconde paire. Sur le disque de chacune, et de là vient le nom de l'espèce, est un œil enfermé dans un cercle noir, avec la pru- nelle en croissant et presque transparente; l'iris est entouré, du côté du corps de l'insecte, d’un arc blanc, embrassé, lui- même extérieurement, par une demi-circonférénce d'un rouge pourpre. Extérieurement à ces yeux serpentent, sur les ailes, deux lignes obliques et multianguleuses, noirâtres, lavées de rougeûtre. Les anneaux de l'abdomen sont d'un gris cendré un peu jaunâtre. La femelle, encore plus grande que le mâle, est pareille à lui, avec les antennes seulement bi-ciliées. Ces grands papillons éclosent au début du mois de mai de chrysalides brunes, qui ont passé l'automne et l'hiver dans des cocons bruns et allongés, dont la soie est abondante, mais trop incrustée de glu tenace pour qu'on puisse les dé- vider. Le bout appointé est ouvert naturellement pour la sortie du papillon, les fils étant repliés sur eux-mêmes à l’in- térieur. (Extrait des bons points instructifs d’entomologie, Paris, Hachette et Cie). PPLPPS LS PPPII Le Gérant : H. HAMET. np. de la Soc. de Typ.-Norzr1TE, 8,r Campçagne-Première, Pure. N. 8 DIXIÈME ANNÉE Août 1885 | BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Utilité des insectes. — Les Nématodes de la betterave par M. LADUREAU. — La vérité sur les rouleurs de boules (avec figure). — Destruction de l'œuf d'hiver du Phylloxéra (/in) par M. BALBIANI. — Le grand Paon de nuit. — La Chrysorrhée. UTILUMÉ DES INSECTES Le journal La Dépêche, qui se publie à Lille, a inséré un excellent article anonyme sur l'utilité de certains insectes dont la conservation est recommandée. Nous sommes heureux de le reproduire, < Parmi les insectes utiles, les uns s’attaquent exclusivement aux animaux nuisibles, les autres contribuent à la purification de l'atmosphère en vivant de détritus divers, d'autres enfin nous gratifient de certains produits utilisés dans l’alimenta- tion, dans la pharmacie ou dans l'industrie. C’est, surtout, chez les insectes que les savants appellent coléoptères, et aui ont les ailes antérieures transformées en étuis solides, peu propres au vol,mais protégeantefficacement le corps, que nous trouvons essentiellement les espèces utiles. Les cicindèles sont très communes dans les campagnes; leur corps est d'un beau vert métallique. Elles vivent surtout dans les endroits secs et sablonneux, et elles se nourrissent exclusivement d'insectes vivants. Les carabes exhalent, lorsqu'on {es approche, un liquide noir et fétide; ils craignent la lumière. Ils font une guerre acharnée aux limaces et aux chenilles. Le carabe doré ou jardinière est très répandu dans les jardins, où il fant favoriser sa multiplication en lui ména- geant des abris par de petits tas de pierres ou de mousse, au pied des arbres, le long des murs. Dans les environs de Paris, on rencontre beaucoup le calo- some sycophante, qui vole sur les arbres pour faire la chasse 114 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE aux chenilles. Ses ailes antérieures ou élytres sont ornées des plus brillantes couleurs métalliques.C'est principalement lors- qu'il est encore à l'état de ver qu'il est redoutable pour les che- nilles. Il sait se placer à merveille pour que la proie ne lui manque pas: il s'établit dans un nid de chenilles procession- naires et il se rassasie à son gré. Le célèbre Réaumur, qui a étudié les mœurs de ces insectes, en a vu quelquefois qui étaient bien punis de leur gloutonnerie. Il a constaté que,lors- qu'ils sont hors d'état de pouvoir se remuer, ils étaient attaqués par d’autres vers de leur espèce encore assez jeunes et assez petits, qui leur perçaient le ventre et quiies mangeaient. Rien ne mettait ces jeunes vers dans la nécessité d'en venir à une telle barbarie, car ils attaquaient aussi cruellement leurs camarades lorsque les chenilles ne leur manquaient pas. Les nécrophores fossoyeurs se réunissent par troupes autour des cadavres de petits animaux; ils les ensevelissent dans des fosses qu il creusent par-dessous, et les recouvrent de terre. Ils pondent leurs larves dans ces petits cadavres : ces larves dévorent le cadavre et contribuent ainsi à la salubrité de l'atmosphère. Ges fossoyeurs montrent un instinct admira- ble dans leurs travaux ; ils font même preuve d’une certaine intelligence, car ils savent surmonter les obstacles et modifier leurs procédés suivant les circonstances ; le fait suivant en témoigne : Un entomologiste avait fixé le corps d’une taupe à un bâton fiché en terre. Les nécrophores ne tardèrent pas à arriver, et comme le terrain était favorable, ils se mirent aussitôt au tra- vail; mais ils avaient beau creuser, la taupe, retenue par un cordon au bâton, ne descendait pas. Un des fossoyeurs sortit alors du trou et se mit à explorer le corps et les environs de la fosse ; il arriva au bâton et reconnut sans-doute que c'était ce qui empêchait le corps de descendre; car, étant retourné en toute hâte vers ses compagnons, il les amena près du bâ- ton, et tous, de concert, se mirent à creuser au pied, jusqu à ce qu'il fût tombé. Dès lors ils reprirent leur travail et menè- rent à bonne fin leur entreprise. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 115 Les lampyres, à l’état de larves, sont phosphorescents ; ils sont dits alors vers luisants- Les femelles principalement ré- pandent de la lumière. Il faut les recueillir avec soin dans les herbes, sous les haies et les buissons, et les apporter dans les jardins. Inutile de s'occuper des mâles, ailés et nocturnes,qui viendront d'eux-mêmes, attirés par la lueur des femelles. Ces insectes vivent de limaces, de colimaçons et de chenilles. Les coccinelles ou bêtes à bon Dieu, se reconnaissent faci- lement à leur petit corps globuleux, aux élytres rouges ou jaunes, avec points noirs. Ordinairement, les enfants ramassent ces insectes et les laissent mourir de faim dans des boîtes, où ils les renferment avec des feuilles ou du pain. Ils ne savent pas que les cocci- nelles ne se nourrissent que de pucerons etde petites chenilles et qu'il est avantageux de les porter dans les jardins, sur les arbres chargés de pucerons, et suriout sous les cloches à primeurs, les châssis vitrés et dans les serres, où ils rendront de grands services. Les libellules, vulgairement appelées demoiselles, sont de beaux insectes, à formes très élégantes ; les ailes présentent, par la dispersion de la lumière, mille nuances variées. Elles chassent les insectes vivants et les déchirent entreleurs man- dibules. Il faut respecter ces insectes et ne pas les détruire. L'ichneumon se rend utile d'une façon bien curieuse. La femelle, munie d’une tarière ou tube de ponte plus ou moins longue, introduit ses œufs dans le corps d’un grand nombre de chenilles. L’insecte attaqué continue à vivre, mais il est rongé en dedans et meurt sans postérité. Les ichneumons courent sans cesse sur les murs,les troncs d'arbre, les fleurs ; la plupart échappent à l'attention par leur petitesse, et ce sont pourtant nos plus utiles auxiliaires. Les insectes utiles à cause des produits que nous en reti- rons sont les abeilles, les cynips, les cantharides et les vers à soie. Les abeilles vivent en société; elles forment des essaims composés d’une femelle ou reine, de sept à huit cents mâles 116 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE ou faux-bourdons et de quinze à vingt-cinq mille neutres ou ouvrières. Ces essaims:habitent les creux des arbres et des ro- chers.On leur construit des habitations ouruchesdeformestrès variées. Les ouvrières pompent au fond des corolles des fleurs leliquide sucré des glandesremplies de nectar. Avec ces prin- cipes, elles produisent le miel et la cire. La cire sert à la confection des cellules ou alvéoles. Un alvéole représente un godet de forme hexagonale. Chacun d’eux loge les œufs, les larves et les provisions de pollen et de miel destinées au be- soin de la colonie, Il ne saurait exister à la fois plusieurs reines dans une même ruche. Dès qu'une jeune femelle se prépare à sortir de sa cellule, après avoir achevé ses métamorphoses, l'ancienne reine s'efforce de latuer.N'y pouvant réussir àcause dela résis- tance des ouvrières, elle quitte la ruche à latête de la popula- tion, et va fonder une nouvelle colonie, La reine qui l’a rem- placée, émigre bientôt à son tour et cède la place à une autre femelle. Quatre essaims successifs se séparent ainsi. On se rend maître de ces essaims en leur offrant des ruches neuves, enduites de miel à l’intérieur. Les piqüres d’abeilles provoquent une assez vive inflamma- tion. Il faut avoir soin d'extraire l’aiguillon de la plaie et de pratiquer ensuite des lotions d’eau vinaigrée, d'eau salée ou d’eau mélangée avec quelques gouttes d’alcali. Les cynips font des entailles sur les différentes parties des végétaux, y déposent leurs œufs, et la larve, en se dévelop- pant, attire la sève vers ia partie blessée. Il se forme alors une excroissance ou galle. Les galles d’une espèce de chêne exotique renferment une matière colorante qui sert à la préparation de l'encre ordinaire et dans la teinture en noir. Au mois de mai et au mois de juin, les cantharides pullu- lent sur ies frênes, les lilas, les sureaux. En les écrasant dans un mortier, elles forment une poudre vésicante qui est l'objet d’une grande corsommation dans la pharmacie. Le bombyx du müûrier est le seul papillon utile. La chenille, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 117 ou ver à soie produit la soie, qui est l'objet d’une industrie et d’un commerce considérables. Dans quelques départements, tels que le Gard, le Vaucluse, la Drôme, l'Ardèche, etc., on élève les vers à soie dans des magnaneries. Cette éducation ne peut se faire que dans les pays où le müûrier prospère. Tels sont les principaux insectes utiles. Relativement au- nombre d'espèces que cette classe renferme, celui des indivi- dus qui sont nos auxiliaires est peu nombreux. Les mématodes de Ia betterave PAR M. LADUREAU-. M. Ladureau, directeur du laboratoire central agricole de Paris, nous adresse la communication suivante : | Un des plus terribles ennemis de la betterave, le néma- tode, vient de faire de nouveau son apparition dans nos cultures. Je lai rencontré en assez grande quantité dans plusieurs champs de betteraves appartenant à M. Tétard, cultivateur et fabricant de sucre à Gonesse ; il y avait été signalé déjà l’année dernière par M. Aimé Girard, le savant professeur du Conser- vatoire. C'est en prélevant dans ce pays des betteraves desti- nées à l’analyse que nous l'avons reconnu. M. Tétard du reste connaissait sa présence et paraît en être assez effrayé. Il est certain que les dégâts que cause cette espèce de phylloxéra de la plante saccharifère sont graves, et peuvent même com- promettre toute une récolte si ce fléau s'étend. Mais jusqu'ici, heureusement, le mal est localisé, et dans le but d'en em- pêcher l'extension, M. Tétard essaye de circonscerire les places atteintes et de les séparer du reste de ses cultures avec des fossés de 80 centimètres de profondeur. Nous verrons plus tard ce que vaut ce système. Pour le moment lé nématode se manifeste sur la betterave de la manière suivante : on voit dans un champ où l'apparence est belle et le feuillage épais et touffu, des places de couleur gros vert foncé, où les pieds sont plus clair-semés et les feuilles plus étalées sur le sol. Si l'on arrache ces betteraves, qui ne paraissent cependant pas 118 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE encore malades, on remarque qu'elles sont petites, chétives, à peine développées, et munies d'un chevelu extrêmement abondant, sur lequel grouillent une quantité de petits points blancs qu'on pourrait prendre pour des grains de semoule. Ils sont très visibles à l'œil sur toutes les radicelles, et sous la loupe ou le microscope, ils ont la forme d’un citron muni d'une sorte de bouche aux deux extrémités. D'un côté, se trouve la bouche-suçoir, par laquelle cette horrible bête suce les sucs de la plante, absolument comme le phylloxéra. Lors- qu'on écrase un de ces animaux sous le champ du micros- cope, on en voit sortir des myriades d'œufs allongés. Com- ment se meut-il à travers la terre, se rend-ii d’une racine à la voisine? Cest ce qui est difficile de dire, car cet annelé n’a pas de pattes ni d'organes de locomotion. D'ou vient-il? Nul ne le sait encore. Il est certain qu'il n’est pas introduit dans le sol par les graines de betteraves, car, sans cela, toute la culture semée avec les mêmes graines serait attaquée; or, il n'y en a que des parties isolées au milieu d'un ensemble encore sain et sur lequel on n’en trouve point de trace. Quoi qu'il en soit, dès qu'il attaque une racine, celle-ci commence par développer un chevelu abondant, comme pour se défendre, en augmentant les moyens de s’alimenter dont elle dispose; bientôt les feuilles jaunissent, s’atrophient, se fanent, et la betterave meurt, ainsi que ses feuilles. Le tout forme une sorte de pourriture noirâtre. Comment peut-on lutter contre cet étrange ennemi, si faible en apparence, si redoutable en réalité? C'est ce que nous ne Savons pas encore. M. Aimé Girard, qui l’a observé l'an dernier à deux mètres sous le sol dans ses cultures artificielles, à Joinville-le-Pont, et qui a essayé de le combattre par une dose asphyxiante de sulfure de carbone, soit 1000 kil. à l’hectare, dose capable d’asphyxier tous les phylloxéras du monde, l’a vu résister à ce traitement pendant que tous les autres animaux étaient tués ou chassés. Il est donc nécessaire de chercher un autre insecticide. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 119 M. Ladureau propose d'essayer la naphtaline brute et les dérivés odorants du goudron de houille. Peut-être aurons- nous— dit-il — plus de chance que M. Girard ? En attendant, il conseille aux cultivateurs qui remarquent sur leurs champs les caractères signalés ci-dessus, d'y arracher quelques bette- raves, et d'en étudier attentivement les radicelles. S'ils y trou- vent des nématodes, il les prie de les lui signaler, et les en- gage à arracher tout de suite toute la partie du champ atteinte, jusqu'au de là de la tache nématodée. S'ils ne prennent pas cette précaution, non seulement ils n’auront pas de récolte à l'endroit atteint, mais ils risquent fort de voir celle de leur champ entier sérieusement compromise, surtout si le temps sec et chaud que nous avons depuis deux mois, temps essen- tiellement favorable au développement de ces annelés, conti- nue encore quelques semaines. M. Ladureau va entreprendre l'étude des mœurs et du mode de vie de ce singulier animal, et il rendra compte plus tard au monde agricole et savant des faits qu'ils aura observés. La vérité sur les rouleurs de boules. Une erreur étrange a régné jusqu'à ce moment même au sujet des Scarabées des fientes qu'on nomme les Pilulaires ou Rouleurs de boules, remarquables par leurs singulières mœurs. [ls façonnent des boules ou grosses pilules avec des excréments, les roulent à reculons le plus souvent avec leurs pattes de derrière allongées et arquées et finalement les enfouissent plus ou moins profondément dans des trous en terre, ou naturels ou creusés par l’insecte. La science en est encore à quelques-uns des préjugés ayant cours du temps des Pharaons. La pilule cahotée à travers champs contient, croyait-on, un œuf. C'était un berceau où la future larve devait trouver à la fois Le vivre et le couvert. Les parents la roulaient sur le sol accidenté pour la rendre plus ronde, et, quand par les chocs, les cahotements, les chutes le long des pentes, elle était complètement élaborée, l’enfouissaient et l’abandonnaient à la chaleur de la terre ensoleillée. 120 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Une première éducation aussi brutale pour un œuf et pour une larve bien molle et tendre lors de son éclosion était peu probable. En réalité les boules de fiente, objets de la gour- mande sollicitude des Pilulaires, sont des amas grossiers de nourriture fabriqués à la hâte, sans siructure interne déter- minée. Si on ouvre ces boules, soit celles roulées, soit celles enterrées, on ne trouve jamais d'œuf à l'intérieur. Très sou- vent on voit deux Pilulaires associés à la même boule et paraissant réunir leur travail pour la mouvoir. Gela avait fait croire aux efforts combinés du mâle et de la femelle en vue d'assurer le sort de la progéniture commune. L'erreur était facile à commettre, car les sexes des Pilulaires ne se dis- tinguent pas à l'extérieur. Il faut une dissection interne, qui fait reconnaître que très souvent les deux Scarabées occupés à la même boule sont de même sexe. L’associé à la besogne du constructeur de la boule n'est autre chose qu'un pillard cherchant à s'approprier le travail d'autrui, et non une pro- géniture étrangère dont il n'aurait que faire, un convive improvisé et nullement un camarade apportant un concours généreux et désintéressé. Il y a là un de ces actes de paresse intelligente dont les Insectes sont coutumiers. Le but est ici de se nourrir avec le moins de mal possible. Les larves sorties des œufs se repaissent de la fiente des boules comme les adultes. M. G. Poujade a lu dernièrement à l’une des séances de la Société entomologique de France, la note suivante sur la vie et les habitudes des Afeuchus. Au mois de mai 1884, j'étudiai à Palavas (Hérault) les mœurs de l’Afeuchus semipunctatus,en me rappelant lesinté- ressantes observations que M. H.Fabre fit sur l'A. sacer. (Sou-- venirs entomologiques, Ch. Delagrave, 1 vol. in-12, Paris). Je constatai, comme ce savant observateur, que les amas de ma- tière stercoraire que ces insectes détachent de la masse à l’aide despattes antérieurs etramènententre leurs quatre jambes pos- térieures qui,par leur courbure,les convertissent grossièrement en pilules, roulées ensuite à reculons, sont de simple provi- BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 1921 sions qu'ils vont enfouir dans le sable, probablement pour les soustraire à l’action desséchante du soleil, et s'en nourrir s | ni . |) f. Re ! | | Il 22. — Scarabées sacrés roulant leurs boules. Gravure des Mélamorphoses des insectes, Paris, Hachette et Cie. (Remerciements) Mis nd | | j je a i Le ji l 4 DS il Ï fl il UE tranquillement. Ces boules varient de la grosseur d’une petite noisette à celle d’une grosse noix. Je me suis amusé, comme M. H. Fabre, à ficher en terre, à l’aide d'un bout de bois, la pi- lule, pendant que l’insecte la roulait : après avoir vainement 122 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE poussé cette pilule qui, au lieu de rouler, pivotait sur son axe, l'animal monta dessus, regardant par-ci par-là, avec inquiétude, puis se mit dessous, la soulevant aveclechaperon, le dos, les pattes postérieures, jusqu'à ce qu'il l'eût détachée du pieu, ensuite il la voitura de nouveau, après avoir réparé grossièrement le dommage avec ses pattes antérieures. Il est PT de voir l'animal, quand il a trouvé un endroit propice à l’enfouissement de sa boule, fouiller d’abord le sol avec les râteaux de ses pattes antérieures, puis, chargeant son chaperon qui fait l'office de pelle, se retourner pour jeter des déblais en arrière, absolument comme un terrassier. C’est de grand matin, jusque vers trois heures de l’après- midi, que j'ai vu ces Afeuchus faire leurs évolutions, ii ce temps ils sont à peu près tous enterrés. F Je n'ai pas vu chez l'A semipunctatus deux individus à la fois sur la même boule comme chez le sacer; mais fréquem- ment, pendant qu'un individu cheminait en poussant en arrière sa pilule, arrivait un autre qui se postait devant lui, presque nez à nez et le suivait; alors de vigoureux coups de chaperonenvoyaient promener l'intrus, qui ripostait en jouant des bras ; la lutte dégénérait ensuite en véritable pugilat; provoqué et provoquant roulaient sur le sable, s'étreignant poitrine contre poitrine, et faisant grincer leurs articulations jusqu'à ce que le plus heureux reprit la pilule, si toutefois entre temps elle n’avait pas été enlevée par un troisième. Désirant les étudier, j'en rapportai à Paris une douzaine d'individus que j'installai en plein air dans un vaste pot à fleurs rempli de terre légère et couvert d’un grillage métal- lique. Je leur fournis les matières nutritives, et ils en firent des pilules tout aussi bien qu’en liberté. Le 3 juillet, je cons- tatai un accouplement qui dura environ une demi-heure ; je mis le.couple à part dans un autre pot, espérant avoir une ponte ; mais pas plus heureux que M. Fabre, je ne vis la fameuse pilule à œufs; ils périrent au bout d'un mois et demi environ, après s'être unis encore une fois le 5 juillet, et sans me livrer leur secret. Les autres individus vécurent BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 123 les uns jusqu’à .la fin de l'hiver, et les cinq derniers sont morts tous à la fois le 4 juin de cette année, et seraient pro- bablement encore en vie s'ils n'avaient pas été tués, comme je le suppose, par le soleil trop ardent auquel! ils ont étéexposés; ils ne trouvèrent assurément pas l'ombre et la fraîcheur né- cessaires dans l’étroit espace où ils élaient enfermés. En effet, le matin même, ils volaient, cherchaient à s’accoupler, rou- laient leurs pilules, se battaient même avec autant d’ardeur qu'autrefois. Ils sortirent de terre tous les jours de beau temps jusqu'à l'hiver, pendant lequel ils s'engourdirent; quelques individus cependant se montraient en se traînant péniblement, dès que la température s'élevait à 12 degrés centigrades. (Bulletin soc. entomologique de France, 1885.) La destruction de l'œuf dhiver du phylloxéra (#7). Pour préparer ce mélange, on dissout la naphtaline dans l'huile lourde, on verse celle-ci sur la chaux préalablement humectée avec une petite quantité d'eau pour l’échauffer et la faire foisonner, et on ajoute le reste de l’eau en re- muant constamment le mélange. Sous l'influence de la cha- leur dégagée par la chaux hydratée, l'huile lourde s’incorpore intimement à la chaux, et il en résulte un mélange homo- gène d’une stabilité presque indéfinie (1). Afin d’éprouver l’action de ce mélange sur l'œuf d'hiver, j'ai employé le même dispositif que dans mes précédents essais avec les mélanges coaltarés (2). 4. En proposant ce nouveau mélange, je n'ai pas la prétention d’avoir trouvé quelque chose de bien nouveau ni de bien original. Depuis longtemps, on se sert de préparations plus ou moins analogues comme agents insectici- des Dans quelques provinces de l’Autriche, on emploie, paraît-il, un mélange de chaux, de naphtaline et d’eau pour débarrasser des insectes la vigne et les arbres fruitiers. Récemment, M. Boïiteau a préconisé et employé avec succès contre l’œuf d'hiver du phylloxéra un mélange de chaux, d'huile lourde et d'eau. J'abandonne donc à qui voudra la priorité de l'invention de pareils mélanges, mais je crois être le premier à avoir démontré par des expérien- ces directes leur action toxique sur les œufs du phylloxéra. Si d’autres s’en sont loués, je n’en suis que plus heureux de pouvoir invoquer leur témoignage. 2. Voir mon rapport au Ministre de l’agriculture dans le Journal officiel du 20 septembre 1882. 12: BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Des œufs du phylloxéra des racines ont été placés sous des écorces qu'on à badigeonnées avec le mélange dont nous ve- nons de donner la formule. Ce mélange, ayant l'eau pour véhicule, ne pénètre pas les écorces comme font les mélanges de coaltar et d'huile lourde, mais la chaux forme, en se des- séchant, un enduit qui reste adhérent aux écorces et retient la naphtaline et l'huile lourde, dont les vapeurs traversent les écorces et asphyxient les œufs placés dessous. L'action est par conséquent plus lente que celle des mélanges de coaltar et d'huile lourde, qui agissent non seulement par leurs vapeurs, mais aussi par contact direct en imbibant les écorces. [l en résulte que le temps nécessaire à la production des effets toxiques varie suivant les facilités que trouvent les vapeurs pour traverser les écorces, facilités qui dépendent surtout de la constitution physique de celle-ci. Lorsque, comme dans les vieilles vignes, l'écorce présente desfissures nombreuses,qu'’elle est remplie de petites cavités ou canaux intérieurs qui résultent de destructions locales du tissu subéreux, et lui donnent une structure presque spon- gieuse (1), il suffit d’une exposition de cinq à six jours pour que la plupart des œufs soient tués ; avec des écorces jeunes, d'un tissu neuf, plus ou moins serré, sans fissures, l’action toxique demande une durée d'exposition plus longue. Dans la pratique, cette question de durée n’a pas beaucoup d'impor- tance, les œufs séjournant plusieurs mois dans les écorces, et le dégagement des vapeurs toxiques continuant beaucoup au delà du temps nécessaire pour les tuer dans le laboratoire. Une autre cause qui, en activant ou ralentissant l'émission des vapeurs, influe aussi sur la rapidité de leur action mor- telle, est la température. Pour me rapprocher des conditions de la pratique agricole — les badigeonnages devant se faire en hiver — j'ai placé les écorces badigeonnées dans des caves où la température se maintenait sensiblement à 14° centi- grades. En retardant l’éclosion des œufs, cette température 1.C'est dans ces canaux ou galeries intérieures de l'écorce que sont souvent iogés les œufs d'hiver. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 125 relativement basse donnait au toxique le temps d'agir sur l'embryon à travers les enveloppes de l'œuf, qui était géné- ralement tué dans une durée de dix à douze jours, à quel- ques rares exceptions près. On obtiendrait facilement des mélanges plus énergiques et d’une action plus rapide en aug- mentant la proportion d'huile lourde ou de naphtaline, et diminuant celle de l’eau servant de véhicule. Ces mélanges forment des enduits plus épais à la surface des écorces et donnent lieu à un dégagement plus abondant de vapeurs toxiques. Tel est le suivant, que j'ai étudié d’une manière plus particulière : EuleMlouR de ere bin) ve sf 30 parties. NaphaneLIC EURE ere Ce 30 — CRATEMIN CRE PANIER LM 26 A 100 — LB ETS rer a EN SEP ER 300 — Des œufs ont été soumis, pendant huit jours, à la tempé- rature de 14°, à l'action de ce mélange. Dans une première expérience, il y eut 26 œufs tués sur 28 ; dans une deuxième expérience, tous les œufs, au nombre de 43, furent tués. Les deux œufs survivants de la première expérience s'expliquent par ce fait que la lamelle d’écorce était prise sur une vigne jeune, qu'elle était d’un tissu serré et exempte de fissures, moins pénétrable par conséquent aux vapeurs que l'écorce de la deuxième expérience, qui provenait des couches exfo- liées d’une vigne âgée. Des deux mélanges à la chaux dont j'ai donné ci-dessus la formule, le premier est le seul dont l’action sur la vigne ait été vérifiée. Les essais ont été faits sur une vaste échelle, au cours de l'hiver dernier. {ls ont eu lieu à la fois sur un grand nombre de points : dans les vignobles de MM. de Lañitte, de Peyrelongue, et Ginet, dans le département de Lot-et-Ga- ronne, chez M. Ernest Mabille, à Nazelles, près d’Amboise, et enfin chez M. le docteur Doutrebente, à Blois (1). 1. Dans cette dernière localité, les badigeonnages ont été effectués sous la direction de M. Tanviray, professeur départemental d'agriculture. Je saisis ici l'occasion de remercier toutes les personnes qui, dans ces expériences, m'ont prêté ou offert leur obligeant concours, notamment les propriétaires de vignobles nommée plus haut, 126 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE A Paris même, je faisais badigeonner sous mes yeux, avec le même mélange, des jeunes plants de quatre à cinq ans. Les vignes étaient décortiquées ou non, et les badigeonnages ont été pratiqués sur toute leur surface, y compris les bour- geons et les sections de taille. Nulle part il ne s’est produit le moindre accident, et, suivant les expressions de M. de Lafitte, rendant compte de ses essais au comité central du phylloxéra de Lot-et-Garonne (séance du 19 juillet 1884),« à la pousse,pas un bourgeon n'est resté en arrière ». Quant à la question éco- nomique, le même expérimentateur estime que le traitement ne reviendra pas à plus de 40 francs pour 5.000 souches (1). Pour conclure d'une manière définitive à la valeur pratique des badigeonnages avec le mélange calcaire, — leur action inoffensive sur la vigne étant bien établie par les faits dont je viens de rendre compte, — une dernière expérience resterait à faire : c’est un essai de contrôle sur les vignes portant des galles, analogue à celui fait avec tant de succès, à l’aide du mélange coaltaré, sur les vignes de la Paille. Je me propose de faire cet essai l'hiver prochain sur ces mêmes vignes. Si, comme il ya tout lieu de l'espérer, le résultat est le même avec le nouveau mélange qu'avec l’ancien, nous serons en pos- session d’un moyen qu'on pourra employer en confiance au traitément de nos vignes, car il réunira : efficacité, bon mar- ché et absence de danger pour la plante. Je ne pense pas, toutefois, qu'il soit nécessaire d'attendre cette dernière épreuve pour nous en servir. Ce sera d’abord une année de gagnée pour le traitement; puis, le remède n'étant ni coûteux, ni dangereux pour la vigne, les viticulteurs pourront se familiariser avec son em- ploi en badigeonnant dès l'hiver prochain leurs vignes. Des instructions détaillées sur le mode de préparation et d'emploi du mélange sont données ci-dessous. Il appartient à votre administration, monsieur le Ministre, 1. Il s'agit ici de grosses souches, dont environ 5.000 forment un hectare, suivant le mode de plantation usité dans le Midi. La.dépense ne doit pas être beaucoup plus élevée, lorsque la même superficieporte un nombre de souches . plus considérable, comme en Bourgogne et ailleurs, car celles-ci sont beau- coup moins fortes que les souches du Midi. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 127 d'examiner s’il n’y aurait pas lieu de prescrire les badigeon- nages comme complément des traitements officiels, particu- lièrement dans des conditions où leur influence sur la marche duphylloxéra pourra être reconnue d'une manière plus certaine. Personnellement, je vous remercie de m'avoir fourni les moyens de soumettre à la vérification expérimentale la plus large mes idées théoriques sur l'évolution du phylloxéra, et de m'avoir permis ainsi de prendre une part modeste à la lutte dont le salut d'une de nos principales richesses natio- nales est le prix. Agréez, monsieur le Ministre, etc. G. BALBIANI. Le grand paon de nuit CHENILLES (Bons poiüts instructifs, Hachette et Cie.) La chenille du grand Paon de nuit vit sur différents arbres, principalement l’orme et le poirier, l’amandier, le prunier, le frêne et le platane. Elle se développe du mois de juin à la première quinzaine d'août, elle jile un grand cocon brun très incrusté, placé sous une corniche de mur, dans les fentes des écorces, au pied des arbres, parmi les mousses ou les herbes sèches. Parvenue à toute sa grosseur et longue de plus de 80 millimètres, sa peau est d'un joli vert pomme, avec des tubercules élevés, de la même couleur, dont la tête renflée et arrondie est d’un beau bleu de turquoise; chacun est surmonté de sept poils noirs disposés en rosace, celui du centre, beaucoup plus long que les autres et cerminé par une petite massue. Les stigmates ou orifices respiratoires sont blancs et entourés de noir : au-dessous d'eux règne, tout le long du corps, une bande d’un vert jaunâtre, plus claire que le reste du corps. Les pattes écailleuses sont d'un rougeâtre un peu ferrugineux, ainsi que la couronne des pattes membraneuses, et le dernier segment se termine par un clapet anal d'un rouge brun. Plus jeune, cette chenille est d'un aspect très différent de celui que nous venons de décrire, car elle est d’un brun foncé, 128 BULLETIN D’INSECTULOGIE AGRICOLE avec des tubercules d'un rouge vif. Aux divers changements de peau, ces tubercules sont successivement jaunes, roses, lilas et enfin bleus, en même temps que la couleur du fond s'é- claireit peu à peu, jusqu'à ce qu'elle devienne verte. Cette chenille n’est jamais assez commune pour devenir nuisible. La chrysorrhée (Bons poiuts instruclifs, Hachette et Cie.) Get insecte des plus nuisibles, du genre Liparis, est, à l'état adulte, un papillon dépourvu de trompe et ne prenant pas dé nourriture. La couleur des ailes est blanche ainsi que celle du thorax ; les antennes jaunes sont pectinées chez le mâle, en dents de scie chez la femelle. L’abdomen, dans les deux sexes, se termine par des anneaux d'un brun obscur, avec un pinceau étalé de poils d’un brun fauve chez le mâle,.et un gros bourrelet de poils de même couleur dans la femelle. Celle-ci pond en juillet, sur une feuille ou sur une branche, une longue traînée d'œufs, qu'elle recouvre de la bourre soyeuse qui termine son abdomen, afin de les protéger con- ire la pluie et la fraîcheur nocturne. Ces œufs donnent en septembre et octobre de petites chenilles qui grimpent aux sommités des arbres et réunissent en paquet les feuilles ter- minales assemblées par des fils de soie et s’y établissent par petites sociétés dans des logettes où elles passent l'hiver en- gourdies. En décembre et janvier, il faut couper avec soin ces bourses à chenilles, ne pas les laisser sur le sol, les ramasser toutes et les brûler. Aux premières chaleurs du printemps, les chenilles sortent des bourses et rongent les feuilles des arbres fruitiers, des arbres d'avenues et de forêts. A toute leur taille, en juin, elles sont noirâtres, couvertes de tuber- cules d'où partent des aigrettes de poils roussâtres, des points fauves sur les trois premiers anneaux, sur les autres, deux rangées de taches blanches séparées par deux lignes rouges et deux vésicules d'un rouge vif sur les anneaux 9 et 10. Elles se changent dans un très léger cocon en chrysa- lides brunes, recouvertes d'un duvet roussâtre. Le Gérant : H. HAMET. np. de la Soc. de T yp.- NoIZETTE, 8, r.Campagne-Première. Paris, N° 9 DIXIÈME ANNÉE Septembre 1885 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Note sur un Acarien utile, par M. P. MÉGNIN. — Les pen- tatomes. par M, L. MOLEYRE. — Les vrillettes, par A. LESNE. — Éle- vage des vers à soie en divers pays, par M. A. RAMÉ. — Vers à soie de l'ailante. La puce de l'homme. La teigne du lilas. Note sur un Acarien utile Le Sphæœrogynà ventricosa Newport. PAR M. PAUL MÉGNIN. Il est un groupe d'êtres microscopiques, que l’on regarde généralement comme étant tous malveillants, et dont le nom seul éveille une sensation de prurit, de démangeaison : nous voulons parler des Acariens, dont le plus connu est l’Acarus de la gale, le Sarcoptes scabiei. Nous avons pourtant déjà montré, dans divers travaux et dans un ouvrage spécial (1), que les Acariens sont loin d'être tous dangereux et que, sur trois ou quatre cents espèces actuellement connues, il n'y en a guère qu'une dizaine qui peuvent, par l'inoculation d’une salive venimeuse spéciale, provoquer le développement d'affections cutanées psoriques, soit chez l'homme, soit chez les animaux. Tous les autres sont des Acariens indifférents et inoffensifs, vivant, soit sur des végétaux, soit dans les dé- tritus de matières organiques en état de décomposition lente, soit enfin au fond des poils des petits mammifères ou dans les plumes des oiseaux, mais sans leur faire aucun mal, au contraire, car ils les débarrassent es produits de la sécré- tion cutanée dont ils vivent. Certains de ces Acariens, faux parasites, qui habitent au fond des poils ou des plumes sont, cependant carnassiers, mais c’est aux dépens d'autres Aca- riens avec lesquels ils cohabitent et à qui ils font la chasse : 1. Les parasites el les maladies parasitaires, 1 vol. avec atlas. Paris, 1880. G. Masson. 130 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE témoin celui que nous avons nommé le Cheyletus parasiti- vorax, qui vit au fond des poils des Lapins, où il chasse à courre le Listrophorus gibbus, autre parasite inoffensif du même rongeur. Ge sont donc, à certains égards, des Acariens utiles ; aussi en avons-nous fait une nouvelle catégorie sous le nom de parasites auxiliaires. On a signalé à différentes reprises des Acariens vivant à côté du Phylloxéra, sur les vignes malades, en les regardant comme des envoyés providentiels chargés, pour obéir à une loi d'harmonie, de la destruction du terrible parasite de la vigne. Malheureusement rien n’est venu encore confirmer cette hypothèse, et nos éludes spéciales nous ont permis de reconnaître que ces prétendus parasites du Phylloxera sont simplement ses commensaux, vivant des sucs altérés de la vigne, tuée ou rendue malade par le néfaste puceron souter- rain. Il existe cependant un Acarien qui pourrait remplir ce rôle, indûment attribué aux Gamases et aux Tyroglyphes que l’on trouve sur les racines des vignes phylloxérées, car c’est un ennemi-né d'un grand nombre d'insectes nuisibles, et surtout de leurs nymphes et de leurs larves. Nous venons de l’étudier avec M. le professeur Laboulbène (1), et il est vraiment aussi intéressant par ses mœurs et sa manière de vivre que par les services qu'il rend. Voici dans quelle circonstance il nous a été donné de faire l'étude de cet Acarien. Le chêne vert, dans le Midi, est attaqué par un coléoptère du groupe des Buprestides, le Coræbus bifasciatus, dont la larve perfore le bois en tous sens et finit par amener la mort du végétal. A différentes reprises on avait trouvé des nym- phes de cet insecte nuisible, mortes dans leurs galeries er portant à la surface du corps de petites productions sphé- riques jaune orangé, et on les avait prises pour des œufs de Coræbus. M. le professeur Laboulbène ayant reçu de ces nymphes mortes, portant de ces corpuscules, prit d’abord 1. Journal de l' Anatomie, fasc. 1. Paris, 1885. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 131 ceux-ci pour des Champignons dont ils avaient en effet toute l'apparence ; mais un examen plus attentif, aidé du micros- cope, lui fit reconnaître que ces corpuscules possédaient, sur un point de leur surface, une tête, un thorax et des pattes, par lesquels ils adhéraient à la nymphe du Coræbus ; c'était, en un mot, une espèce d'Acarien qu'il me demanda d'étudier avec lui, et cette étude nous montra que les corpuscules en forme de Champignon n'étaient en réalité que l'abdomen extraordinairement dilaté en vésicule et rempli d'œufs ou d’embryons dudit Acarien, fixé par son rostre sur la nymphe de l’insecte aux dépens de laquelle il vit et dont il détermine la mort par épuisement. Dans le cours de notre étude et en faisant des recherches bibliographiques pour savoir si cet Acarien était ou non connu, nous avons appris qu'il avait déjà été vu en Angleterre, en Amérique et même en France, mais peu ou très incom- plètement étudié. Newport, en Angleterre, en faisant ses belles recherches sur les Mellifères (1850), avait rencontré cet Acarien sur une larve de Monodontomerus, parasite elle-même del’Antophora retusa : il rendait à celte Abeille le service de la débarrasser d'un ennemi ou tout au moins d'un commensal gênant. Frappé du développement extraordinaire de l'abdomen de cet Acarien, Newport l'avait nommé Aeteropus ventricosus ; mais il en fit une description très incomplète, se demandant s'il n'était pas parthénogénétique, n'ayant pas vu de mâle parmi les nombreux spécimens de femelles qu'il avait sous les yeux, et dont l’abdomen était bourré de jeunes prêts à naître comme chez les femelles aptères des pucerons. M. Lichtenstein, à Montpellier, avait vu, en 1868, cet Acarien extraordinaire envahir ses boîtes d'élevage d'insectes, faire avoftér toutes ses éducations et, pendant six mois, apporter la plus grande perturbation dans ses études entomologiques en lui tuant tous ses sujets. Sans le décrire et croyant à une espèce nouvelle, M. Lichtenstein avait nommé provisoire- ment cet ennemi des insectes Phry/sogaster larvarum. 132 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Enfin Webster, en Amérique, en 1882, reconnaissait les grands services que rend cet Acarien aux Blés envahis par les Teignes en faisant un véritable carnage des larves de ces nuisibles micro-lépidoptères. Si cet Acarien rend à nos greniers le service de les débar- rasser des larves de la Teigne des blés, il a cependant quel- quefois des inconvénients : quand il n’a plus de proie à dévo- rer, il se jette parfois sur les hommes occupés à manipuler le Blé qui a été teigneux et cause par ses morsures des déman- geaisons très vives et insupportables. Ce fait s’est produit à Bordeaux et à Moissac, près Montauban, en 1850; heureuse- ment qu'un simple bain de rivière suffit pour calmer ces dé- mangeaisons. “ Dars l'étude complète que nous avons faite de cet Acarien, nous avons reconnu que c'était par suite d’une erreur d’obser- vation que Newport lui avait attribué le nom d’ÆZeteropus. Ce nom, du reste, ne pouvait être conservé, non plus que celui de Physogaster, parce qu'ils ont déjà été donnés à un grand nombre d'insectes. Nous avons pensé, M. Laboulbène et moi, à créer pour lui legenre Sphærogyxa, caractérisant le point le plus saillant de l’organisation de cet Acarien, et nous lui avons conservé le nom spécifique donné par Newport, en sorte qu'il porte actuellement le nom de Sphærogyna ventri- cosa; quant à sa description, nous l'avons donnée complète dans le Journal d'anatomie de M. le professeur Robin (1885). Nous terminerons cette note en disant que, par l’organisation du rostre, qui comprend des mandibules styliformes et des palpes maxillaires à trois articles, dont le terminal est muni d'un crochet ravisseur, et par ses pattes réparties en deux groupes, composées chacune de cinq articles, terminées par des crochets, simples dans la première paire et dou- bles dans les autres, où ils sont accompagnés d'une caroncule spatuliforme, il doit être rangé dans la tribu des Cheylétides et au voisinage du genre Picobia de Haller. Cet Acarien est remarquable par la rapidité avec laquelle il se développe et se multiplie : la femelle a son abdomen BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 133 énorme, qui a centuplé de volume, bourré d'œufs et d’em- bryons qui sont nourris et se développent au moyen des sucs des victimes aspirés par leur mère ; ces embryons deviennent les uns des mâles, les autres des femelles, qui sont adultes en sortant de leur gynécée et qui se fécondent immédiatement, sans passer par les phases larvaires et nymphéales que pré- sentent les autres Acariens. Ainsi s'explique la multiplica- tion rapide de ces parasites quand la nourriture abonde. Reste à trouver le moyen d'arriver à le mettre en contact avec le Phylloxéra, dont il deviendrait un agent de destruc- tion des plus efficaces. P. MEGNIN. Rédacteur en chef de l'Eleveur. (Extrait du Bull. Soc. d’acclimatation, 1885.\ Les Pentatomes (Pentatomidæ Auct., Coniscutes Amyot et Serville). HÉMIPTÈRES HÉTÉROPTÈRES PAR M. L. MOLEYRE. Tout le monde connaît ces insectes sous le nom de « Pu- naises de bois ». Mais ce n’est pas une qualité recommanda- ble qui les a imposés à l'attention du vulgaire. Dans la classe des insectes parmi tant de milliers d'espèces inaperçues pour tout autre que le naturaliste, si les Pentatomes sont généra- lement connus, c’est qu'ils ont la faculté d'exhaler une odeur infecte et en même temps aussi persistante que celle des plus suaves essences. Précisément parce qu'elle est désagréable, cette odeur rend aux Pentatomes d'immenses services, car si elle est répugnante pour l'homme elle ne l’est probablement pas moins pour les oiseaux insectivores, et les Pentatomes aiment mieux sans doute inspirer un profond dégoût à leurs ennemis uaturels que tenter leur voracité ou leur gourman- dise. Ils ont d'ailleurs le choix entre ces deux alternatives. « Saisissez avec une pince le Pentatome gris (Rhaphigaster griseus Fabr.), nous dit Léon Dufour, et plongez-le dans un verre rempli d'eau claire; armez votre œil de la loupe, et vous verrez s'élever de son corps d'innombrables petites bulles qui, 134 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE en venant crever à la surface, exhalent à l'instant cette effluve qui affecte si désagréablement l’odorat. Mais, dit le même au- teur, si l’on s'approche assez de l’insecte pour le flairer sans en être aperçu, on ne sent aucune mauvaise odeur. » Voiei d’ail- leurs à l'appui de cette assertion une petite expérience que je crois inédite. Sur quelques grands Pentatomes exotiques desséchés et conservés depuis longtemps en collection, en enfonçant une fine épingle dans le canal excréteur de la glande odorifique, j'ai pu constater plusieurs fois que la sé- crétion avait encore sinon toutes ses propriétés, au moins une odeur très pénétrante, ce qui fait grand honneur à l'im- perméabilité du réservoir, et surtout au système de bouchage dont dispose l'insecte. L'appareil odorifique des Pentatomes est encore plus cu- rieux à étudier si l’on suit les diverses phases de son déve- loppement à partir du moment où l'insecte sort de l'œuf. A ce moment le Pentatome, par sa forme convexe et ramassée, sa coloration presque toujours sombre, ressemble à une petite araignée qui n'aurait que six pattes ; mais dans cet état larvaire, comme cela se voit pour tous les insectes dits « à métamorphose incomplète », la plupart deses organes sont bien développés et diffèrent peu de ce qu'ils seront chez l'adulte. A mesure que la larve grandit, ses couleurs s’éclair- cissent et il devient alors de plus en plus facile d’apercevoir à la face dorsale de l'abdomen, entourée d'une tache obscure, la double ouverture de chaque poche odorifique. Mais après la &ernière mue, l’insecte est pourvu d’un écusson très développé et de deux paires d'ailes abritant au repos la face supérieure de l’abdomen.Dans ces conditions des glandes dorsales seraient bien empêchées de fonctionner; aussi se sont-elles atrophiées et il s’est formé en même temps dans la région ventrale une glande unique douée des mêmes propriétés et remarquable également par sa belle couleur rouge ou orargée. Ge nouvel alambic est logé dans la base de l’abdomen et s'ouvrant à la face inférieure du métathorax par deux orifices entourés d’une sorte de cicatrice qu'on aperçoit facilement entre les pattes BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE RS médianes et postérieures, l’insecte peut émettre sans obstacle ses fusées de mauvaise odeur. Tout le monde est à même d'observer, au moins en ce qui concerne la position des ori- fices, cette curieuse substitution, mise en évidence pour la première fois par M. Künckel d'Herculais, car les larves de Pentatomes vivant au grand jour comme les adultes, ne sont pas plus difficiles à rencontrer et elles supportent assez bien la captivité. Le nom de Pentatome, tiré du grec, vient de ce que ces insectes ont cinq articles aux antennes. C'est ordinairement à la fin de l'été que les Pentatomes deviennent insectes parfaits, et dans cet état nombre d'espè- ces peuvent passer l'hiver engourdis dans des cachettes d’où ils ne sortent qu’au printemps pour effectuer leur ponte. Une des plus communes de notre pays, la punaise grise, est dans ce cas. Cette espèce, couverte en dessus de points enfoncés entourés chacun d’une tache brune, semés irrégulièrement sur un fond jaunâtre, paraît d’un gris tirant plus ou moins sur le brun. Elle se tient la plupart du temps sur les écorces dont la couleur obscure se confond avec la sienne, échappant ainsi, dans bien des cas, à la vue de ses ennemis, tandis qu’une autre espèce également bien connue, la « punaise verte » (Palomena viridissima), évite les mêmes dangers ense tenant habituellement sur les parties vertes des plantes. Il est moins facile d'expliquer les couleurs vives et bario- lées du Pentatome orné (Sfrachia ornata Linn.) et d'autres espèces du même groupe (S. festiva Linn., picta H.-Scheffer, oleracea Linn.), qui vivent sur diverses crucifères où il n’est pas rare d'en rencontrer de véritables troupeaux. Léon Dufour à qui l’on doit de nombreuses études sur l'anatomie des Hémiptères, n’a jamais observé chez le Pentatome orné la plus faible odeur, et pourtant cet insecte est pourvu d'une glande assez développée. Doit-on supposer que le produit de cette glande sans odeur appréciable pour nous peut affecter désagréablement l'organe olfactif des oiseaux insectivores ? Cela ne me paraît guère vraisemblable. Je croirais plutôt que cette sécrétion peut agir surles sens du goût et donner à 136 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE l'insecte une saveur désagréable. Dans ce cas, les couleurs vives des Strachia auraient pour elles le même genre d'utilité que les dessins et les annulations de couleurs tranchées pour tant d'Hyménoptères, ou les teintes vives de certaines che- nilles. Ce seraient des « couleurs prohibitives » avertissant et tenant en respect les oiseaux expérimentés qui ont déjà dégusté de ces insectes et se soucient peu de renouveler l'aventure. Les Strachia étant généralement abondantes, les quelques individus prélevés par de jeunes oiseaux pour ces expériences de dégustation ne peuvent compromettre la con- ser vation de l'espèce, et l’on s'explique ainsi que ces insectes ornés de couleurs qui semblent faites pour attirer l'attention puissent vivre à découvert dans des conditions qui seraient sans doute fatales à d’autres Pentatomes. .$ Un mot encore sur ces Sérachia, importantes à étudier parce que plusieurs de leurs espèces peuvent causer quelque dom- mage à nos crucifères cultivées. Leurs œufs ont la forme d’un petit tonneau. A chaque extrémité on voit ordinairement une annu- lation obscure qui figure une rangée de cercles, et un point noir figurant la bonde complète la ressemblance. Comme tous les S 23, Pentatome œufs de Pentatome, ils sont pondus debout, les uns à côté des autres, collés par une de leurs extrémités à la face inférieure des feuilles, et agglutinés mutuellement par une sécrétion dont ils sont enduits à la sortie de l’oviducte. On trouve d'ailleurs bien d'autres particularités curieuses dans les œufs des Pentatomes. Les uns ont des reflets dorés ou opalins, d’autres sont pourvus à leur extrémité libre, véri- table couvercle que le jeune insecte n’a qu'à pousser pour sortir, aussitôt qu'il se sent assez fort, d'une sorte de levier latéral qu'on pourrait comparer à une serrure ou mieux encore à un verrou . Très souvent aussi la fente du couver- cle est protégee par une rangée circulaire d'épines ou de crochets. 1. Figure communiquée par ies éditeurs Hachette et Cie. — Remerciements. BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 137 Cette conformation se trouvera par exemple sur les œufs d'une espèce peu répandue dont j'ai souvent observé la ponte. C'est la punaise bidentée (Picromerus bidens Linn.), ainsi nommée à cause des épines robustes qui arment son corselet de chaque côté. Dans le même groupe de Pentatomes, tout différent de celui des Sfrachia, la punaise à pieds roux (Tro-= picoris rufipes Linn.), pourrait être considérée comme un insecte utile, car il n’est pas rare de voir cette espèce, parfois très abondante, s'attaquer à des chenilles vivantes. Celle-là se reconnaît à première vue par la forme de son corselet prolongé de chaque côté en éperon de navire, par la couleur rousse de ses pattes, la tache de même couleur qui termine son écusson et aussi (on pourrait dire « à vue denez») à son odeur particu- lièrement infecte. J'ai observé également des habitudes car- nassières chez une petite espèce du même groupe, remar- quable par sa couleur d'un bleu d'acier virant parfois au vert métallique, la punaise bleue (Zicrona cærulea Linn.). Il existe sans doute une relation entre de telles mœurs et la conformation particulière du rostre qui est chez ces Asopides Pendulirostres (Am. et Serv.) beaucoup plus robuste et plus mobile que chez les autres Pentatomes, Mais à une immense majorité les nombreux Hémiptères qu'on réunissait autrefois dans la famille des Pentatomides se nourrissent de sucs végétaux. Aussi les espèces qui s’atta- quent aux plantes utiles peuvent-elles causer un tort consi- dérable aux cultivateurs négligents et aux autres une perte de temps sérieuse. Mais on comprend que ces insectes de taille moyenne, faciles par conséquent à apercevoir, effec- tuant à découvert leur ponte qui n’est jamais très abondante, peuvent être détruits sans trop de peine, et comme ils se con- tentent de sucer les feuilles, ce qui affaiblit sans doute les plantes mais les fait rarement périr, ils ne peuvent devenir réellement nuisibles que si des circonstances particulières ont favorisé exceptionnellement leur muitiplication. Il est vrai que cette dernière observation s'appliquerait aussi bien aux insectes les plus désastreux, mais même dans ces condi- 138 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE tions il est impossible que les Pentatomes deviennent jamais un fléau, comme certains représentants du même ordre appar- tenant à une autre subdivision, celle des Homoptères. L. MOLEYRE. Les Vrillettes I] n’est personne qui n’ait eu àse plaindre des dégâts causés dans les vieux meubles par ce petit insecte qui s'attaque aux bois, les perce de petits trous ronds comme s'ils avaient été faits avec une petite vrille. De petits amas de poussière en fine vermoulure jaunâtre tombée de ces trous décèlent la pré- sence de ces insectes. Ce sont le plus souvent depetits coléop- tères du genre Anobium et que l’on nomme vulgairement vrillettes. 4 Cest au printemps qu'on pourrait les trouver, rampant le long des fenêtres, sur les charpentes et autres boiseries ; mais leurs couleurs sans éclat et l'habitude qu'elles ont de rentrer au moindre bruit leur tête et leurs antennes sous le corselet, d'appliquer leurs pattes contre le corps, de sorte qu'elles res- semblent à un corps inanimé, rend leur recherche plusdifficile. Pendant la nuit, les adultes s'appellent en frappant à petits coups avec la tête contre les parois sèches et sonores des boise- ries. Ces bruits secs, quise font entendre dans nos nuits d'in- somnie, ont valu aux vrillettes le nom d’horloges de la mort. La femelle dépose ses œufs dans les fentes et les crevasses du bois. Il en sort un petit ver blanc, mou, allongé, ayant six petites pattes courtes. Sa tête est écailleuse et se termine par deux mâchoires en forme de pinces fortes et tranchantes, qui lui servent à ronger le bois dont elle doit se nourrir, et qu’elle rend en poussière fine. A mesure qu'elle se développe, elle agrandit sa demeure et lorsqu'elle aacquis tout son développement, elle tapisse de quel- ques fils de soïe le fond du trou qu'’elles’est creusé, s'y change en nymphe et en sort plus tard sous la forme d'insecte parfait. Et ce n’est pas seulement dans les maisons qu'on trouve cette larve, on la rencontre dans les champs,les jardins, partoutoù il BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 139 yaduboïssee pouvant luiservir d'asile et lui fournir un aliment. Aussi, quelques précautions que l’on prenne, ces insectes s’in- troduisent partout sous la forme de poutres, planches, meubles ou tous objets en bois,et aucun marchand ne pourrait ré” pondre de livrer des bois nonattaquésparles vrillettes, à moins que ces bois n'aient été injectés par divers procédés tels que celui du docteur Boucherie, parexemple, mais dont le prix de revient est trop élevé. C'est pour cela qu'à la longueles vrillettes peuvent amener la chute des vieilles poutres dans les maisons. Il est très difficile de se débarrasser de ces insectes, de les atteindre dans leurretraite; on arrive cependant à lesdétruire par un dégagement réitéré d'acide sulfureux. A cet effet, on ferme exactement toutes lesouvertures, on allume un fourneau au milieu de la pièce, on jette par-dessus de la fleur de soufre et on se retire promptement en fermant la porte. Au boutde six heures, on ouvre avec précaution portes et fenêtres pour éviter la suffocation ; les insectes vivants ont été atteints, mais les œufs restent et il faut renouvelerl'opé- ration à plusieurs reprises. Remarquezquel'acide sulfureux attaque les dorures, l’ar- gent et le cuivre ainsi queles étoffes qu'il décolore. Le procédé, en somme, n'est pas toujours applicable. (Gazette du Village.) À LESNE. Éducation de vers à soie en divers pays | ELEVAGE EN RUSSIE PAR M. A. RAME. La culture de la soie est de temps immémorial une des branches de l’économie domestique de quelques localités; dans le gouvernement d'Élisabethpol (Noucka-Arech-Ghéo- gtschaï) elle constitue l'occupation principale de la popula- tion. Mais les moyens sont restés barbares. Les éducations se font dans l'air empesté des étables sou- terraines, et la litière, qu'on ne change jamais, forme à la fin de la saison un véritable fumier. 140 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Avant la maladie des vers à soie, Moscou était le seul débouché du Caucase. Vers 1860, lorsque le mal se fut étendu à toute l'Europe, les Français arrivèrent en foule, achetant la soie sous toutes ses formes et s'occupant surtout de la fabri- cation des « graines », dont il fut exporté en une seule année pour près d’un million et demi de roubles. L’exportation de la soie même allait à 2 1/2 millions. En 1865 la maladie arriva au Caucase et sévit presque par- tout à la fois avec une grande violence jusqu’en 1870. Cette année-ci la récolte n’est pas très bonne et les cocons frais se vendaient sur les lieux de production 17 k. le pound. On s’est, pendantla maladie, un peu détourné de la sérici- culture; bon nombre de mûriers ont été coupés à cette épo- que; mait c’est là encore une des grandes ressources du pays et le temps reviendra peut-être où chaque paysanne arrivait au marché avec quelques écheveaux de soie, fruit de quelques semaines de travail. A Larnaca (Turquie d'Asie), l'élevage du ver à soie est très négligé. Les cocons sont très beaux et proviennent de graines de France et du Japon. On ne trouve pas le placement de cet article, quoique la production n'ait dans ce pays rien à redouter soit des parasites, soit de l’intempérie des saisons. Au Cambodge et en Cochinchine française on élève ainsi le ver à soie du müûrier et c'est une grande source de revenu pour ces pays. Le climat des provinces du centre de la Chine ne con- vient pas aux vers à soie du sud et un essai de transplanta- tion dans le Ssen-Tch'ouan de vers à soie de Hou-tchéou (Tche- Kiang) n’a pas été couronné de succès. ELEVAGE AUX ETATS-UNIS. L'industrie séricicole. — On s'intéresse vivement dans toute l'Amérique à la culture de la soie et le Bureau californien pour la propagation de cette industrie a publié récemment un rapport contenant des renseignements sur l'élevage des vers à soie aux Etats-Unis. BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 141 Le rapide développement de la fabrication de la soie serait une raison suffisante, pour que toute facilité soit donnée à la production de la matière brute. En 1850, il y avait seule- ment 29 manufactures de soie aux Etats-Unis, tandis qu'ac- tuellement il y en a 388. — Toutefois la Californie est le seul Etat qui se soit occupé sérieusement de cette industrie ; les Etats du Sud et du Centre sont plus particulièrement propres à l'élevage du ver, notamment le Mississipi et le Missouri. M. Wrotnowski quihabite Bâton-Rouge dans la Louisiane, et qui était autrefois propriétaire d’une magnanerie dans le Puy-de Dôme, a la meilleure opinion des vers à soie élevés dans la Louisiane sur des feuilles de Morus multicaulis. Il pense que cette espèce de müûrier est la meilleure et la plus salutaire pour les vers. Pour lui, elle produit les meilleurs cocons et la plus belle qualité de soie. Le müûrier du Caucase a été importé à Nébraska des colonies allemandes de la Russie méridionale, et on parle beaucoup d'arbres de cette espèce qui ont atteint en six ans la hauteur de 16 pieds avec un diamètre dé 8 pouces. La culture de la soie a été bien vite entreprise par des associations de femmes. Il en existe dans l’Alabama, la Californie et à Philadelphie (1). On fait un commerce considérable de cocons à Corinthe (Mississipi) et à Memphis (Tennessee.) A RAMÉ, Vice-Président de la section de Sériciculture. Le ver à soie de lailante CHENILLE ET COCON. Le ver à soie de l’ailante, complètement acclimaté en France aujourd’hui, vit à l’état de chenille sur l’aitante glan- duleux ou faux vernis du Japon. Sa chenille peut aussi se nourrir des feuilles de beaucoup d'autres plantes, ainsi le ricin, le chardon à foulon, le lilas, etc. La chenille, parvenue à toute sa grosseur, est longue de 65 à 80 millimètres; elle est d’un beau vert émeraude, saupoudré d’une efflorescence 1. Nous avons parlé précédemment de cette dernière dans un article relatif à l'Exposition de la Weimens’Silk culture Association. 142 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE cireuse blanche, destinée à l'empêcher d’être mouillée, avec des points noirs épars sur les segments ; ceux-ci portent de longs tubercules, verts comme le corps et bleus à l'extrémité. La tête, les pattes et le dernier segment sont d’un beau jaune d'or. À la fin de Mai ou au commencement de Juin dans no- tre climat, cette chenille est prête à filer son cocon, sous une foliole d’ailante ou sous deux ou trois folioles réunies à la tige principale par un faisceau aplati de fils de soie, afin que le cocon ne tombe pas à la fin de l'hiver, époque de la chute des feuilles. Ce cocon est allongé, d'une couleur grise plus ou moins fauve, avec l’extrémité supérieure naturellement ou- verte pour l’éclosion du papillon issu de la chrysalide brune qui y est contenue ; pour cela la chenille a eu soin, en rame- nant la tête en sens inverse, de replier les fils sur eux- mêmes, car ils ne sont nullement coupés. Il y a une seconde génération de chenilles, qui filent à la fin de Septembre un cocon passant l'hiver avec sa chrysalide. Ordinairement, on carde ces cocons et on en obtient une jolie et solide filoselle grise, dite ailantine, formant en grande partie les foulards en soie grège. Dans le dernier bulletin de la Société entomologique de France, M. G. Poujade a fait la communication suivante : L'Aftacus Cynthia, Drury, devient de plus en plus polyphage, à telpoint qu'après avoir été considéré comme insecte utile, il menace de devenir un fléau pour les jardins, Ces jours derniers, M. Verlot, chef de l'Ecole de botanique du Muséum, me fit voir des plantes de familles différentes sur lesquelles ont été trouvées un certain nombre de chenilles de ce Lépidoptère qui, en dépit des facultés qu'on leur a prêtées de discerner les affinités botaniques, s’en nourrissent parfaitement. Ces plantes étaient : Laurus camphora, Elæodendron orientale et deux ou trois espèces de Rhus, du Cap. M. Verlot à vu, dans un autre jardin, l’Acer pseudoplatanus dévoré également par cet insecte: BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 148 La puce de l’homme On met souvent ensemble, dans le langage vulgaire, les Punaises, les Poux et les Puces, insectes tout trois très désa- gréables pour l’homme. Leur seule ressemblance est d'offrir un rostre en lancelles aérées, au moyen duquel ils percent la peau et font couler le sang qui leur sert de nourriture, pré- férant la peau des femmes et des enfants à celle de l'homme fait, qui est trop dure. Les Puces de tous les animaux ont des pattes propres au saut, surtout les postérieures. La Puce de l’homme, dite Puce irritante, est plus grosse que celle du Chien et celle du Chat, le mâle étant notablement plus petit que la femelle. Les Puces humaines devieñnent énormes sur les plages sablonneuses de la Méditerranée. Le fait très important par lequel elles diffèrent tout à fait des Poux et des Punaises, c'est que ces derniers insectes n'ont que des changements de peau et pas de métamorphoses vé- ritables, sauf des rudiments d'ailes supérieures acquis par la Punaise des lits. Les Puces, au contraire, ont des méta- morphoses complètes. Des œufs qu'elles pondent dans nos vêtements, dans la poussière et dans les fentes des planchers, naissent des larves en forme de vers allongés et poilus, blan- châtres, aveugles et sans pattes. Elles se tortillent comme des petits serpents. Sur la tête est un tubercule corné qui leur sert à fendre la coque de l’œuf, comme le tubercule trièdre du bec du petit Poulet ouvrant la coquille. Ces larves ont la bouche conformée pour broyer et non pour sucer. Elles vivent de sang desséché et de divers insectes morts ; on voit se colorer leur tube digestif central, qui tranche par la transparence des tissus. La larve se file un petit cocon de soie mêlée de poussière et s'y change en une nymphe ayant les pattes couchées en dessous, qui deviendra une Puce sau- teuse. On se procure aisément les œufs, larves et cocons à nymphe de la Puce du Chat, voisine de celie de l'Homme, en peignant un Chat angora au-dessus d’une feuille de pa- pier. 144 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE La Teigne du lilas La Teigne du lilas fait partie du genre Gracilaire, nom tiré de l'adjectif latin qui veut dire grêle, à cause de l'extrême délicatesse des papillons qui le composent. Ce pêtit papillon a les ailes supérieures d'un gris de poussière, avec six bandes blanchâtres interrompues, les ailes inférieures grises, très étroites, ressemblant à des plumes; les quatre ailes sont bordés de franges grises, très longues, faisant saillie en forme de peignes lorsque, au repos, ces ailes recouvrent le corps à la façon d'un toit. La tête porte deux longues an- tennes, pareilles à des fils. La chenille, munie de seize pattes, blanchâtre ou d’un vert blanchâtre, se laisse pendre à un fil de soie, qui lui sert à descendre d’une feuille, ou à remonter. Elle attaque et défi- gure, dans les jardins, les feuilles du lilas commun et du lilas de Perse, se portant en outre sur le frène, le troène, le fusain, parfois l'aubépine. Elle vit sur chaque feuille par pe- tites sociétés d'une vingtaine d'individus. Ces chenilles sont des mineuses de feuilles, rongeant d'abord l’épiderme supé- rieur, puis le parenchyme qui est en dessous. L'épiderme inférieur respecté brunit peu à peu, de sorte que la feuille se couvre de larges taches d'un gris rougeâtre ; plus tard, ces chenilles replient le bout de la feuille, au moyen de fils de soie, dans la sens de sa longueur. On dirait que les feuilles ont été calcinées. A la fin de leur vie, ces chenilles quittent les feuilles et se changent en chrysalides, en fuseau d'un brun jaunâtre, contenues dans de très minces cocons, entre les feuilles desséchées, dans les gerçures des écorces ou en terre. Au début du mal, il faut couper et brûler les feuilles de lilas tachées. Ces trois articles sont tirés des bons points instructifs d'entomologie, Paris, Hachette et Cie. Le Gérant : H. HAMET. PPPPIPIPPPIPTÉSPPI np. de la Soc. de Typ.- No1zeTTE, 8, r.Campagne-Première. Fur. N° 10 DIXIÈME ANNEE Octobre 1885 | BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE SOMMAIRE : Éducations d'Attaciens séricigènes, par À. WAILLY. (A Sui- vre). — La Punaise des lits, par M. #. SAVARD (avec figure). — Société centrale d'apiculture et d'insectologie, procès-verbal du 21 juillet 1885. — Une soie nouvelle en Amérique. — Le pentatome des framboises par M. E. SAVARD. A Educations d’attaciens séricigènes FAITES A NORBITON-SURREY (ANGLETERRE) EN 1884 Par M. Alfred Wailly. Travaillant depuis quelque temps à la rédaction d'un cata- logue raisonné des Attaciens asiatiques et américains, je ne puis vous envoyer qu'un rapport très succinct des éducations de l’année 1884. Comme les années précédentes, j'ai fait ou tenté l'éducation de plusieurs des principales espèces sérici- gènes : T'elea polyphemus, Platysamia cecropia, P. ceanothi (Californica), Callosamia promethea et Actias luna, de l’'Amé- rique du Nord; Aétacus Cynthia, Antherœa Pernyi, À. Roylei- Pernyi, A. mylitta, Attacus atlas et Cricula trifenestrata, d'origine asiatique. Je vais maintenant cuivre ces espèces dans l’ordre donné ci-dessus, et indiquer le plus brièvement possible les résultats obtenus. Telea polyphemus. — Éclosions des Papillons du 18 avril au 18 mai, en 1883, elles avaient eu lieu du 24 mai au 25 juin; une vingtaine de Papillons en tout ; aucun accouplement. Les cocons étaient tous petits et de mauvaise qualité. Platysamia cecropia. — Éclosion des Papillons du 13 avril à la fin de juin. Nombreux accouplements. Élevage de quel- ques Chenilles, seulement dans le but de les comparer avec celles de Platysamia ceanothi. Platysamia ceanothi (Californica). — Dans mon rapport pour l’année 1880 se trouve une courte description de celie espèce, provenant de la Californie, et qui est très rapprochée de 146 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE cecropia et de Gloveri. En 1880, j'obtins deux accouplements et élevai les Chenilles sur le Saule jusqu'au troisième âge ; mais elles périrent quelques jours avant d'avoir atteint le quatrième âge. En 1884, avec une. vingtaine de cocons qui me donnèrent de magnifiques Papillons, éclos du 22 mai au 13 juillet, il me fut impossible d'obtenir un seul accouple- ment ; mais une femelle ceanothi et un mâle cecropia S'ac- couplèrent le 5 juin, et un autre accouplement, également entre femelle ceanotht et un mâle cecropia, eut lieu le 22 juin. La première femelle pondit 229 œufs, la seconde 228. Ces œufs, tous bien fécondés, commencèrent à éclore, ceux du premier accouplement, le 26 juin, ceux du second, le 6 juillet. Un troisième accouplement avait eu lieu le 8 juin, entre un mâle ceanotht et une femelle cecropia, mais il n'y eut pas d'éclosions de larves. Lorsque les accouplements de ceanothi et de cecropia eurent lieu, il y avait dans Les cages des mâles et des femelles ceanothi, Les cages étaient dans une chambre. D'après ce que j'ai observé plus tard, je suis porté à croire que des ac- couplements de ceanothi entre eux auraient eu lieu si j'avais placé les cages à l'air libre; ceanothi, comme certaines autres espèces, s'accouple difficilement en chambre. Le cecropia est une espèce robuste et moins difficile sous le rap- port du local. Il est, je crois, préférable de toujours placer les cages à l'air libre, à moins que le temps ne soit par trop froid. Il y à des difficultés à surmonter pour arriver à un par- fait succès. Certains éducateurs affirment que, lorsque les accouplements ont lieu à une température au-dessous de 16 degrés centigrades, les œufs ne sont pas fécondés, ou le sont mal, ou en partie seulement. En chambre, les papillons de la plupart des espèces, par suite du manque d'air ou de la grande chaleur, voltigent continuellement et se brisent les ailes contre les parois de la cage, d'où ils cherchent à s'échapper, et ils refusent de s'accoupler. A l'air libre, ily a à craindre des accidents pour les cages et les papillons, à Wioins qu'on n'ait un local spécial ; les Chats peuvent ren- BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 147 verser les cages ou en déchirer les parois. Enfin, il y a à se garer des accidents. Une fois un accouplement accompli à l'air libre, il serait, je crois, préférable de rentrer la cage, si la froidure de la nuit est à craindre. Mes papillons 2ylitta se sont très bien accouplés à l'air libre, tard dans la soirée, et les œufs étaient tous parfaitement fécondés, les Papillons étant restés toute la nuit dehors. L'éclosion des œufs provenant du premier accoupiement, celui du 5 juin, eut lieu à partir du 26 juin, et celle des œufs provenant de l'accouplement du 22 juin eut lieu à partir du 6 juillet. La différence principale qui existe entre les chenilles de l'hybride ceanothi-cecropia et celles de cecropia, c'est qu'au troisième et au quatrième âge, celles de l’hybride ont dix tubercules rouges sur le dos, tandis que les chenilles de cecropta n'en ont que quatre. Une partie des chenilles de l’hybride avaient, au quatrième âge, tous les tubercules dor- saux de la même couleur, comme les chenilles de Platysa- mia Gloveri. Ces chenilles d'hybride, élevées d'abord en chambre jusque vers la fin du deuxième âge, furent ensuite placées sur des branches de Pommier et sur un Saule dans le jardin, et recouvertes d’un manchon de mousseline. Malheureusement, elles furent toutes détruites par des Perce-oreilles qui s’in- troduisirent dans les manchons. Plusieurs de mes correspon- dants ont réussi à élever cet hybride, et ils m'ont envoyé quelques cocons. Le cocon de ce nouvel hybride à la forme de celui de Ceanothi ; mais il est un peu plus gros et d'une couleur moins foncée. Le Papillon de cet hybride ressemblera:t-il à Gloveri, qui tient le milieu entre ceanothi et cecropia ? Sa naissance, que j'attends au mois de mai ou de juin, sera pour moi du plus grand intérêt; j'espère que ceux de nos collègues qui ont élevé l'hybride nous feront convaître le résultatde leurs éducations. Callosamia promethea. — Comme les années précédentes, je reçus en 1884 une grande quantité de cocons de cette 1438 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE espèce, dont les éclosions de Papillons commencèrent le 23 mai et se terminèrent le 17 juillet. J'eus un très grand nombre d'accouplements et élevai les Vers en plein air, sur les Lilas, avec la plus grande facilité. Les Vers commencèrent à filer leurs cocons à partir du 25 septembre. Actias luna. — Avec une grande quantité de cocons, je n'obtins qu'un seul accouplement, qui eut lieu le 14 juin. La plupart des œufs de cette ponte étaient mauvais, et les quel- ques chenilles écloses périrent en quelques jours. Les cocons, au nombre de quatre-vingts à peu près, étaient tous petits et faibles, et provenaient évidemment d'une éducation en capti- vité mal dirigée ou négligée. Le 1‘ août, je reçus de Brooklyn vingt-trois magnifiques cocons Luna de la seconde génération ; treize Papillons avaient éclos et péri pendant la traversée et deux cocons étaient morts. Des huit cocons restants, j'obtins de robustes papillons et trois accouplements, un mâle s'étant accouplé deux fois. L’éclosion des papillons eut lieu dès le jour même de l’arrivée des cocons, le 1% août, et elle se termina le 6 du même mois. Le premier accouplement eut lieu le 3, le deuxième le 5 et le troisième le 7 août. Les Chenilles provenant du premier accouplement, écloses le 13 et le 14 août, commencèrent à filer le 28 septembre, et le 18 octobre l'éducation fut terminée. Les Chenilles élevées dans la maison, sous cloches et sur des feuilles de noyer, profitèrent remarquablement bien, et il n’y eut aucun accident ni aucun cas de maladie. J'obtins une quarantaine de cocons avec soixante œufs à peu près que je m'étais réservés pour cette éducation. Les cocons sont beaucoup plus gros que ceux que j'ai reçus en premier lieu d'Amérique. Attacus cynthia (Ver à soie de l'Ailante). — En 1884, je ne recus qu'une vingtaine de ces cocons, qui me furent envoyés des États-Unis. L'éclosion des papillons eut lieu du 28 juin au6 juiliet. Avec vingt papillons, j'obtins onze accouplements, quelques-uns des mâles s'étant accouplés deux fois. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 149 L'éducation d'un certain nombre de chenilles eut lieu, en 1884, exclusivement sur le Lilas, et elle réussit parfaitement bien ; les premières commencèrent à filer le 21 septembre. Antheræa Pernyi.— Le 20 mars 1884, je recus une cin- quantaine de beaux cocons Pernyt de M” Turpin, dont les éducations de séricigènes, bien dirigées, ont eu un grand suc- cès. M”° Turpin seule a réussi à conserver mon hybride de Roylei-Pernyri, et cette année-ci (1885) un nouvel envoi m'a été fait de cocons des deux espèces. En 1884, je reçus en outre des œufs et des cocons Pernyi d'Espagne. Les cocons envoyés par M"° Turpin arrivèrent chez moi en partie éclos, par suite des chaleurs anormales survenues à cette époque, et les éclosions continuèrent jusqu'au 23 mai. J'eus un grand nombre d'accouplements, et les œufs que je m'étais réservés pour l'éducation de ce précieux séricigène, éclos vers le 15 mai, me donnèrent une quantité de magnifiques cocons dans la dernière quinzaine de juillet. Les Vers furent élevés sur des branches de chêne coupées et en chambre. Hybride de Roylei-Pernyt. — En se reportant à mon rap- port de décembre 1884 du Bulletin de la Société, on verra que je parle de la dégénérescence, due à diverses causes, de cet hybride, et enfin de son extinction. Maïs grâce aux soins de M” Turpin, il avait tous les ans été élevé avec le plus grand succès dans le département des Landes. En 1885, comme je l'ai dit, je reçus avec des Pernyi un certain nombre de cocons de mon hybride Roylei-Pernyi, grâce à l'obli- geance de M"° Turpin. Ces cocons, dépourvus ainsi que je le mentionne dans mon rapport précédent, de l'enveloppe remarquable qui les caractérise, furent mélangés par moi avec les cocons Pernyi, les ayant pris pour ces derniers. Je ne remarquai pas alors de différence, mais cette année-ci (1885), je trouve que les cocons de l’hybride sont blancs, ceux de Pernyi étant, comme l'on sait, de couleur brune. Les Papillons, en 1884, avaient aussi maintenu leur nuance de couleur, qui est plus légère que celle de Pernyi. (À suivre.) 150 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE La punaise des lits (Cimex lectularius TLinné, avec figure.) PAR M. E. SAVARD. La Punaise des lits est très incommode pour les personnes qui habitent les maisons dans lesquelles elle s’est établie; l'odeur de ces insectes est due à un fluide sécrété par une giande piriforme rougeûtre placée au centre du métathorax et aboutissant entre les pattes postérieures. Les punaises pondent vers le milieu de mai; leurs œufs sont oblongs, blancs et s'ouvrent par un opercule qui donne sortie à la larve. Les larves ne diffèrent de l’état parfait que par leur petitesse, par l'absence d'élytres rudimentaires et par une teinte plus pâle. Elles subissent quatre mues avant de devenir adultes. Les punaises sont des insectes noctambules qui, pendant ie jour, se cachent sous les papiers des tentures, dans les fis- sures des murailles,des boiseries, dans les plis des rideaux, ete. Elles abondent quelquefois dans les pigeonniers, dans ies nids d'uirondelles, et certains auteurs ont cru y voir des espèces particulières qu'ils ont décrites sous le nom de Cimexz columbarius et Cimex hirundinis: mais nous nous sommes assuré que c’est bien la même espèce que celle des lits (1). Les punaises sont surtout abondantes dans le centre de l'Europe, et la France se trouve trop bien partagée sous ce rapport. On sait à quel degré ces insectes se sont multipliés à Paris, à tel point qu'il ne me paraît pas probable qu'une mai- son bâtie depuis trois ou quatre ans n’en recèle en quantité plus ou moins considérable. Mais la ville de France qui, selon toute apparence, nourrit le plus de punaises, c’est Lyon. Par contre, les punaises sont rares dans les campagnes, surtout dans l’est. Les punaises supportent le jeûne pendant très longtemps, 1. M. Signoret a décrit sousle nom de punaise arrondie une deuxième espèce qui vit dans l’île de la Réunion, et M. Edouard Eversman, une troi- sième espèce de punaise ciliée qui vit dans les maisons de Kasan. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 151 aussi en trouve-t-on dans les locaux inhabités depuis plu- sieurs mois. L. Dufour conserva trois individus vivants dans un verre pendant plus d'une année. Audouin en garda un vivant dans une boîte pendant deux ans. Il est probable aussi que dans les lieux que n’habite pas l’homme, les punaises, à l'instar de leurs voisines les réduves, vivent du sang d’autres insectes, Dans tous les cas, celles qui vivent :dans les nids d'hirondelles et dans les pigeonniers se sustentent aux dépens de ces oiseaux, bien que certains auteurs regardent les pu- naises comme exclusivement parasites de l’homme. Les punaises, comme nous l'avons déjà dit, sont des in- sectes nocturnes; pendant la nuit, elles sortent de leurs re- traites et se dirigent vers les personnes ou les oiseaux endor- mis, avec une sûreté d'instinct qui indique un appareil olfac- tif des plus délicats; en effet, on a beau éloigner les lits des murailles, les punaises suivent le plafond, et, parvenues au- dessus du lit, elles se laissent tomber. La piqûre que fait la punaise s'accompa- gne de rougeur, d’une légère tuméfac- tion et d'une vive douleur; ces effets sont dus à la salive irritante que l'in- secte inocule et qui a pour but de pro- voquer l’afflux du sang autour du point piqué, comme celle des cousins et des Fig. 24. La punaise deslits. Simulies. L’absorption du sang se fait au moyen du jeu alternatif des stylets mandibulaires et maxillaires, ce qui fait monter le sang dans l'æsophage, à peu près comme l'eau dans une pompe à chaîne. Les punaises meurent en grande partie pendant l'hiver, mais il en reste un certain nombre qui passent la mauvaise saison engourdies dans les fissures des boiseries ou dans les chambres chauffées. D'ailleurs, elles se conservent par les œufs qui résistent au froid et éclosent au printemps. La punaise fait partie de l’ordre des Hémiptères, du sous- ordre des Hétéroptères, de la famille des Géocorises, de la 152 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE tribu des Aradiens et du genre Cimex. Son nom entomolo- gique est C?mex lectularius, et son nom vulgaire Punaise des lits, ou simplement Punaise. Cimex lectularius, longueur, 4-5 mill. Le corps est d'un brun ferrugineux rougeâtre, très déprimé, à peine plus long que large, presque rond; les antennes sont sétacées, compo- sées de quatre articles dont le deruier est long et délié; le corselet est fort court, très échancré en devant, arrondi sur les côtés, rétréci en arrière, finement granuleux, avec quel- ques poils brunâtres; l’écusson est triangulaire, large à la base : les pattes etles antennes sont de la couleur du corps; les élytres et les ailes manquent complètement; parfois ce- pendant on a rencontré des punaises de lit ailées. DESTRUCTION DES PUNAISES. — On emploie, pour détruire les punaises des procédés spéciaux dont voici la recette : On fait dissoudre 15 grammes de térébenthine dans de l’esprit- de-vin, 4 grammes de sublimé corrosif dans le même liquide, puis encore 15 grammes de camphre dans l’esprit-de-vin. Quand ces trois dissolutions sont faites, on mélange le tout dans un vase et l’on y ajoute une pinte d’eau pure, en ayant soin de remuer continuellement. Chaque fois que l’on veut faire usage de cette préparation, il faut avoir soin de remuer le vase dans lequel on la conserve. Pour détruire les punaises, on démonte les lits et on lave les fentes et les creux avec la liqueur indiquée, en se servant d’un pinceau qui puisse l'in- troduire partout; les insectes et les œufs périssent sur-le- champ. A défaut de cette liqueur, dont le maniement n’est pas sans danger, on peut se servir d'essence de térébenthine ou de benzine dont l’effet sera probablement le même. Si les punaises se tiennent cachées derrière une boiserie et qu'on ne puisse les atteindre avec la liqueur insecticide, on prépare un mastic fait avec de l’ail et du blanc d'Espagne broyés ; on y ajoute un peu d'essence de térébenthine qu'on aura fait dissoudre dans de l’esprit-de-vin ; on introduit alors un peu de poudre de camphre et d'essence de térébenthine dans les trous, on les mastique et on les bouche hermétiquement avec BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 153 cette composition de manière que les punaises ne trouvent aucune issue pour sortir. On à recommandé pour la destruction des punaises, de faire brüler du soufre dans les appartements infestés, en ayant soin de tenir les portes et les fenêtres fermées, les cheminées très exactement closes et d'y laisser la vapeur d'acide sulfu- reux pendant vingt-quatre heures; cette vapeur les tue immédiatement. On pourrait essayer la benzine répandue dans l'appartement ou placée dans des vases découverts en prenant la même précaution de tenir toutes les ouvertures fermées. Elle produirait le même effet. La projection à l’aide d'un soufflet de poudre de pyrèthre de Vicat dans tous les points suspects, paraît le meilleur moyen à opposer à l’envahissement des punaises ; on pourrait employer aussi, comme pour les charançons, les fumigations sulfhydriques. La passe-rage (ZLepidium rurale) passe depuis longtemps pour avoir la propriété de tuer, ou tout au moins d’éloigner les punaises; celte plante, déposée sous un lit infesté de punaises, ne tarde pas à se couvrir de ces insectes qui s'éni- vrent de ses sucs ou de son essence, comme les chats sur la valériane ; alors il est facile de les tuer en jetant les plantes, ainsi couvertes de ces parasites, dans le feu ou dans l’eau bouillante. La punaise à masque ou Réduve est un ennemi de la pu- naise des lits, capable de la faire disparaître des apparte- ments, et mérite d'être connue. C’est un Hémiptère de la tribu des Réduviens et du genre Reduvius, dont le nom ento- mologique est Reduvius personatus, sa larve se cachant sous des enduits poussiéreux. E. SAVARD. Société centrale d'apiculture et d’insectologie Séance du 21 juillet 1885. — Présidence de M. Maurice Girard. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. H. Hamet communique les deux notices nécrologiques qui suivent : 154 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Les deux personnes dont nous inscrivons la mort étaient deux amis dévoués de l'apiculture et deux amis personnels que nous regrettons beaucoup. Le mois dernier, M. Cayatte, en nous envoyant une commu- nication sur l'état de son rucher, nous annonçait que l'indis- position dont il souffrait depuis quelques mois avait disparu, et qu'il allait pouvoir nous donner quelques études que la maladie l'avait forcé d'interrompre. C’est en 1868 que M. Gayatte a commencé un enseignement apicole qu'il a continué depuis: Il publiait alors une plaquette ayant pour titre l'Histoire de mon rucher. L'année suivante, il publiait un traité ayant pour titre :la Ruche de l’instituteur et du presby- tére, qu'il a autographié lui-même. En 1879, il faisait paraître un supplément à son‘raité, et, dans ces derniers temps, il pré- parait une deuxième édition de son travail, entièrement re- fondu. Hélas ! la mort Le surprit trop tôt pour que nous pus- sions profiter de ses travaux inachevés. M. Cayatte était un des principaux lauréats de la Société centrale d'apiculture et d'insectelogie. Primes dans plusieurs concours pour ensei- gnement apicole, et Abeille d'honneur en 1880. En 1883, à la dernière exposition des insectes, M. Cayatte improvisait une conférence sur divers points de l'histoire naturelle des abeilles, qui fut très goùtée de ses auditeurs. Il est fâcheux qu'au lieu de mettre à la retraite des instituteurs qui ont des aptitudes spéciales et un goût particulier pour les propager, le ministre de l'instruction publique n’en fasse pas des pro- fesseurs ambulants. Il prolongerait ainsi l'existence de ces hommes éminemment utiles. M. Cayatite est mort presque subitement, revenant de son rucher, composé d'un demi-cent de ruches qui vont être dispersées. — M. Sigaut fut un membre des premiers moments de la Société centrale d'Apiculture. En 1859, il prenait part au congrés du Luxembourg, où il amenait ses jeunes enfants pour leur donner une idée des gens qui s'occupent des abeilles: Depuis il n’a laissé passer aucune exposition sans y BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 155 prendre une part active, el y a obtenu successivement toutes les distinctions, y compris l’Abeilie d'honneur.Xn dernier lieu, il exposait ses produits hors concours. Son établissement de Gentilly est un modèle de fabrique de pain d'épice qui n’a point de similaire sous le rapport de l'agencement. M. Sigaut avait le génie de sa profession qu'il exerçait passionnément. Depuis douzeans, M.Sigaut était trésorier de la Sociéte cen- trale d'apiculture et d'insectologie et il était un des membres les plus exacts aux réunions. Au mois de février dernier, quoique très souffrant, il remplissait les fonctions de membre du jury de la Société au Palais de l'Industrieet présidait encore la séance du mois. Sa maladie remontait à plusieurs années. A la dernière exposition des insectes, en 1883, on peut dire c'est lui qui a le plus rempli les fonctions de commissaire général, et tous les exposants ont eu à se féliciter de son aménité et de sa bienveillance. Sa mort est une grande perte pour la Société, dont il remplissait avec zèle et dévouement une bonne partie de la besogne administrative. — M. Maurice Bellot nous envoie cette note sur les mœurs douces de l'abeille chypriote et sur les avantages des croise- ments : «Je suis très satisfait des abeilles chypriotes etsyriennes que m'a envoyées M.Benton; elles sont remarquablement belles et actives. Contrairement à ce qu'en disent quelques apiculteurs, l'abeille chypriote n’est pas méchante, itlui fautseulement un peu plus de fumée quand on ouvre sa ruche par un mauvais temps ; mais elle est plus douce que l'abeille commune. L'abeille chyprioteestplusjauneen dessous du corpsetsurles côtés que l'itañienne ; elle a la pointe de l’abdomen noir. Les ÿaux- bourdons sont très jaunes etil n° y ena pas de noirs Cormmme chez les italiennes. Plusieurs éleveurs fournissent des mères vieilles ou qui ne sont pas bien de la pure race demandée. Ils se font du tort, car si l’on n’est pas très satisfait d'une pre- mière acquisition, on est tenté de ne pas recommencer. «La supériorité de plusieurs races est bien prouvée; il est surtout d'une grande utilité de posséder dans son rucher 156 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE quelques colonies d'abeilles étrangères très fortes et vigou- reuses pour obtenir des croisements ; car l’abeille, comme les semences, a d'êtrebesoin changée ou améliorée. C’est une nécessité dont on ne se fait pas assez une idée. Les premiers croisements sont d'ordinaire aussi productifs que l'espèce pure; souvent on obtient une abeille plus robuste et plus ac- tive. En cette saison le transport des mères à grande distance se fait très bien, et on fait facilement accepter ces mères. Mais si l’on n'est pas sûr de cette opération, il est préférable de de- mander un essaim, qui s'expédie tout aussi bien qu'une mère et on le loge dans une ruche garnie de provisions sil'on craint que les abeilles n’en récoltent pas assez pour leur existence.» M. Hamet ajoute ce qui suit à la note de M Bellot : sf Nous avons obtenu, à Montsouris, la race pure d'une colo- nie fortement métisse. C'était une petite colonie, logée en ru- chette, que M. Bellot a envoyée à l'Exposition des insectes en 1883. L'année dernière la colonie a donné tardivement, fin juillet, un essaim primaire lorsqu'il n’y avait plus de mâles chez les abeilles indigènes. La jeune mère de la souche a été fécondée par un mâle caractérisé de sa ruche et, depuis ce temps, pond des chypriotes de toute beauté. Nous constatons que ces abeilles sont très douces. Madame la baronne de Pages promet une note de séricicul- ture ; M”° de Pages est déléguée de notre Société près de l'Exposition du travail. M. E. Savard remet deux notes qui seront imprimées sur le prurigo du Rouget et sur la Punaise des lits. Me Doüé, de Cholet (rue Nationale), Maine-et-Loire, fait connaître que depuis deux ans, un clos de vignes qu'elle possède à la Possonnière, près d'Angers, est envahi par de très nombreux insectes, dévorant les feuilles, les racines et même l'écorce de la vigne. Pendant le jour ils restent en- fermés sous terre, attaquant les racines ; ils sortent à la nuit suivent les branches et rongent alors les feuilles et l'écorce. M°° Doüé a essayé contre eux l’année dernière, mais sans BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 157 arriver à les détruire, un mélange de 9/10 eau et 1/10 essence de pétrole, puis de la chaux vive, du sable, de la cendre. L'insecte funeste envoyé par M"° Doüé est un Charançon nocturne qui attaque beaucoup de végétaux, l'Otiorhynchus sulcatus, Fabricius. Le ramassage pendant le jour est le meilleur moyen à employer contre les Charançons de ce genre. M. Delinotte remet une vieille coquille d'Æelir pomatia Escargot de vigne), remplie par une nidification d'Hymé- noptère, probablement d'Osmie, fermée par un tampon deterre et de mousse, et trouvée dans un vignoble près de Chäblis. Ce n'est qu'au printemps prochain, à l'éclosion, qu'on pourra donner à la Société le nom de l'espèce. M. H. Hamet entretient l'assemblée d’Abeilles et de Bour- dons quiont été tués au Luxembourg par du nectar narcotique des fleurs du tilleul argenté. M. Balbiani, professeur au collège de France, offre à la Société le Phylloæéra du chène et le Phylloxéra de la vigne. Paris, Gauthier-Villars, 1884, in 4°, études d'entomologie agricole, mémoire accompagné de fort belles planches gravées. — Remerciments. Notre collègue, M. G. de Layens, fait parvenir à la Société une brochure ayant pour titre les Abeilles, qui est appelée à rendre des services, ainsi que le font tous les livres populaires à bon marché ; texte raccourci, mais expliqué par de nom- breuses figures. Prix : 25 centimes, Paul Dupont, éditeur. M. le Secrétaire général est invité à demander à la chambre de commerce de Lyon un ouvrage sur la soie, publié sous ses auspices, et à réclamer pour la Société au Ministère de l'agriculture les Études sur les Vers à soie par M. Maillot, de Montpellier. La Société décide que l'Exposition bisannuelle des insectes aura lieu au mois de septembre 1886. | Membres présentés et admis, tous deux pour l’apiculture : M. Giovanni Rolli, de Zara (Dalmatie). M. Martin, de Cruzi-le-Chatel (Yonne). 158 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE M. Delinotte appelle l'attention sur les remarques de ce dernier apiculteur relativement à l'essaimage artificiel ; il sera invité à les communiquer à la Société. Une soie nouvelle en Amérique Depuis quelque temps, l'attention du monde industriel en Amérique se porte sur unenouvelle espèce de ver à soie, décou- verte en 1880 par le docteur Guzman, de San-Salvador, dans les forêts des Cordillères. Ayant remarqué des sacs pendus aux branches de certains arbres, il ouvrit un de ces sacs, et en l’'examinant avec attention, il vit que c'étaient des cocons remplis d'une soie très fine et très longue. Le département de l’agriculture, frappé de cette découverte, envoya au docteur Guzman le matériel nécessaire pour mou- liner ces soie, et le résultat de cet essai fut très favorable. Les poches soyeuses ont une longueur variant de 35 à 70 centimètres. L'arbre qui les porte est le {ecoma sideroæylum, espèce de jasmin très commune dans les forêts de l'Amérique centrale. Le congrès de San-Salvador a octroyé au docteur Guzman le privilège d'exploiter sa découverte pendant cinquante années Les journaux des États du sud et du Mexique poussent le public à la recherche de cette nouvelle soie et des moyens de la multiplier par la culture de l'arbre qui la produit, On ne doute pas du succès de cette culture dans les colonies qui vont s'établir le long du prochain canal de Panama. Un journal américain publie deux lettres importantes sur cette soie. La première, du docteur Lorin Blodget, dit que les fibres de cetle soie, vues au microscope, sont « cylindriques, trans- cides et belles, ressemblant aux {ussahs de l'Inde. » La seconde lettre, du professeur Déau, dit que le sac ayant près de deux pieds de long contient une grande quantité de soie dépourvue de gomme; l'intérieur est de nuance écrue, et l'extérieur couleur de crème. » BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 159 Les journaux des Etats-Unis font espérer que sa production en grand donnera un essor indéfini à la prospérité de l'agriculture et des industries des soies. On sait que chez les Américains il n’y a jamais loin de la parole à l'action. C'est une nouvelle rivalité qui se prépare pour notre sérici- culture et pour les fabriques de Lyon et de Saint-Étienne. Nous engageons les représentants de deux branches de la richesse nationale, si gravement menacées, à ne pas s'endor- mir sur cette découverte. Si la nouvelle soie a Les mérites exceptionnels qu'on lui attribue, il serait temps d'en essayer la production avec la culture du {ecoma dans nos résions dont le climat la comporte, notamment en Corse et en Algérie et peut-être aussi dans nos départements du Midi. Avis à qui de droit. (Gazette des campagnes.) Le Pentatome des Frambhoises Par M. E./SAVARD. Framboisier (Rubus idœus, famille des Rosacées (1). Arbuste indigène, traçant, à tiges bisannuelles. On distingue plusieurs variétés de Framboisiers, parmi les- quelles il faut citer le F. à fruits jaunes du Chili, ainsi que sa variété à fruits blancs ; le F. à gros fruits blancs ; celui à fruits couleur de chair, celui à fruit rouge, allongé, très gros, appelé F. Gambon; celui des deux saisons à fruits rouges, vulgairement appelé Framboisier des Alpes ; enfin celui des quatre saisons à gros fruits rouges. Ces deux dernières va- riétés donnent des fruits jusqu aux gelées. On cultive encore assez communément le F, Falstoff, d'origine écossaise, et Le F. Belle de Fontenay, tous deux à gros fruits et remontants. Le Framboisier effritant la terre et nuisant aux autres plantes, doit être cultivé à part et changé de place au plus tard tous les quatre ou cinq ans, afin de conserver à son fruit tout son volume. Il peut cependant occuper plus longtemps la même place, au moyen d'engrais qu'on lui donne à l’au- 1. Rosacées, se dit d'après la corolle à tube très court et à limbe étalé. 160 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE tomne. Il n’est pas difficile sur le terrain, quoiqu'il préfère up sol frais et une exposition demi-ombragée. On le multi- plie par drageons, qu'on plante depuis novembre jusqu'en mars. En février, on retranche les brins morts qui ont donné fruit ; on taille les nouveaux à Om. 70 ouim., afin de les faire ramifier; et on laboure. Le Framboisier, commun dans les forèts, est classé au nombre des aliments tempérants (1) et rafraîchissants. On en prépare des sirops et des conserves sucrées. Les Pentatomes, qui se composent de plusieurs genres, comprennent les Punaises des bois. On les trouve sur les plantes et sur les arbres. Leur vol est prompt, mais de courte durée. j Le Pentatome gris est commun Gans toute l'Europe. On rencontre ces punaises en automne sur les framboises, auquelles elles communiquent leur mauvaise odeur, et sur les bouleaux et les ormes. On les trouve encore en quantité sur le Bouillon-blanc, lorsque cette plante est en fleur. La tête et le corselet sont, en dessus, d'un brun grisâtre, quelquefois légèrement pourpré. La partie écailleuse des étuis a une teinte de pourpre, mais leur partie membraneuse est brune. Toutes ces parties sont couvertes de points noirs, qu'on ne peut voir qu'à la loupe. Les ailes sontnoirâtres. Le dessous de tout le corps el les pattes sont d’un gris clair un peu jau- nâtre, avec un grand nombre de petits points noirs. Le ventre est tout noir en dessus; mais ilest bordé de taches noires et de taches blanches alternatives. Les entomologistes auront certainement rencontré cet insecte ou le rencontreront un jour, en cueillant des framboises. (À suivre.) E. SAVARD. 41. Tempérantes, substances acidulées qui rafraichissent les organes et sont employées à l’intérieur et l'extérieur comme antiphlogistiques. Le Gérant : H. HAMET. MUNIE EIRE ERREUR EEE EEE E EE EE EEE CEE ESC ECC CCE np. dela Soc. de Typ.- NoiZeTTE, 8, r.Campagne-Première. Par. No 41 DIXIÈME ANNÉE Novembre 1885 | BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE LPPILPIPPISSSS SPP PL SSL LPS SL LS PS PIIIS SOMMAIRE : Le Pentatome, des framboises, par M. E. SavarD. (Fin.) — Séance de la Société centrale d'apiculture et d'insectologie du 21 octobre 1885. — Les Fourmis, par M. MAURICE GIRARD (avec trois figures). —Éducations d'Attaciens séricigènes, par A. WaAILLy. (Suite.) — Note sur l'Anobium paniceum, par M. E. SAVARD. Le Pentatome des Framboises Par M. E. SAvVARD. (Fin.) Le Pentatome gris, marqué de noir, de jaune et de rouge, se trouve dans toute l’Europe, dans les champs cultivés et les jardins. Cette espèce, ainsi que la plupart de celles qui entrent dans le groupe que nous signalons, est pourvue d'un organe odo- rifique dont on ne ressent les effets que si l’insecte est irrité ou menacé de quelque danger. Si on le flaire sans s’en être aperçu, on ne sent aucune mauvaise odeur, mais si vous sai- sissez avec une pince le Pentatome, plongez-le dans un verre rempli d'eau claire ; armez votre œil de la loupe et vous verrez s’élever de son corps d'innombrables petites bulles, qui en venant crever à la surface exhalent à l'instant cette effluve qui affecte si désagréablement l’odorat. Cette vapeur essen- tiellement âcre exerce sur les yeux, quandelleles atteint, une action irritante très prononcée. Lorsqu'on tient entre les doigts un de ces insectes vivants, de manière à ne point boucher les orifices odorifères et à diriger vers un point déterminé de la peau les fusées de cette vapeur, on voit qu'ii en résulte une tache ou brunâtre ou rutilante, que les lotions répétées n’en- lèvent pas d’abord et qui produit dans le tissu cutané une altération analogue à celle qui succède à l'application d’un acide minéral. L'odeur repoussante exhalée par diverses espèces du groupe des Pentatomes est due à un fluide, sécrété par une glande 162 BULLETIN D'INSECTULOGIE AGRICOLE unique, piriforme, iaune ou rouge, qui occupe le centre du corselet et aboutit entre les pattes postérieures. Le Pentatome gris offre à l'observateur des mœurs inté- ressantes ; la femelle de cette espèce est un modèle de solli- citude maternelle, vertu rare chez les Punaises. On la voit conduire ses petits de feuille en feuille, comme une poule ses poussins ; on en voit toujours de 30 à 40 autour d'elle; elle les guide, les défend, et ne les abandonne pas aussi long- temps qu'ils ont besoin de ses soins. Lorsque ses petits s'éloignent ou courent quelque danger, la mère bat des ailes avec rapidité pour les rappeler ou pour éloigner les ennemis. Parmi ceux-ci, le plus à craindre est le mâle même de l’es- pèce, qui ne cherche qu'à détruire les petits. Rien n'est curieux comine de voir la ruse et l'énergie que déploie Ta femelle pour s'opposer aux projets sanguinaires du mâle, et donner à ses petits le temps de se cacher, ce qu'ils font en s’éparpillant sous les feuilles. Plusieurs espèces de Pentatomes sont nuisibles aux agri- culteurs. Mais d’autres attaquent les insectes destructeurs, et doivent être épargnées avec soin. Nous citeroms, sous ce rap- port, le Pentatome bleu, Zicrona cærules, qui tue les A/tises de la vigne. E. SAVARD. Société centrale d’apiculture et d’insectologie Séance du 21 octobre 1885, — Présidence de M. Matrice GIRARD. Le procès-verbal de la séance précédente est lu ét adopté. M. Saint Pée a obtenu à titre gracieux la matrice de l’écus- son sur lequel est établie l’Abeille d'honneur de la Société ; remerciements de ia Société. M. E. Savard présente des Notes ou des Mémoires sur di- vers sujets d'Entomologie (1), travaux dont la Société décide l'insertion au Bulletin. Il reçoit les félicitations de l’Assem- blée à l’occasion de la médaille d'argent qui lui a été décer- née par la Société centrale d’horticulture à la suite de son L Anobium paniceum, Limenitis Sibylla, Deilephila nerii, Acronyeta aceris, Chelonia pudica, Pentaloma griseum. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 163 exposition de mai 1885, pour ses collections d'Entomologie appliquée à l'horticulture. A l’occasion du concours ouvert jusqu'à la fin de cette an- née pour les travaux des instituteurs et de leurs élèves, une commission est nommée pour examiner les travaux présen- tés ; elle se compose de MM. Hamet, Saint Pée, Savard et Maurice Girard. Communication est donnée d’une lettre de M. Abel Pillon, propriétaire de ls ferme de Ben Salah, par Oued el Alleug (province d'Alger), où il se plaint du tort énorme que des fourmis font aux récoltes des céréales, des vignes et des oran- ges. Il est probable qu'il s'agit des Altes ou fourmis moisson- neuses (A{ta barbara ou structor). On ne peut qu'engager M. Pillon à rechercher les fourmilières et à les détruire par des injections de pétrole. Un horticulteur de Bois-Colombes(Seine), M.ErnestBohnhof, fait connaître qu'à Bois-Colombes et à Colombes les cerisiers sont détruits par la chenille du Cossus gâte-bois (Cossus li- gniperda, Fabricius) et demande ce qu'il conviendrait de faire en celte circonstance. L'emploi des insecticides est fort diffi- cile vu la grande profondeur des galeries où cette funeste larve ronge les tiges des ormes, des saules, des peupliers, des cerisiers, etc. On a conseillé d'introduire par le trou d'entrée de la galerie, reconnaissable aux tampons de sciure de bois mouillée de sève qui en sortent, un long fil de fer recourbé au bout en crochet et de fourgonner de manière à tuer la chenille du Cossus ou de la harponner et la tirer au dehors. On recommande aussi d'écraser les gros papillons gris de cette espèce qui éclosent au mois de juillet et, pen- dant le jour, se tiennent au repos, immobiles sur les troncs. M. Lesueur dit avoir tué des chenilles de Cossus dans des cerisiers en introduisant du tabac à chiquer dans les trous d'entrée des galeries bien débourrés, la sève dissolvant peu à peu la nicotine qui descend jusqu à la chenille, M. Hamet fait part de la mort de M. Piliain, archiviste ho- noraire, qu'une paralysie retenait au lit depuis longtemps. 164 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE M. Pillain a été le traducteur du texte de /’Anatomie et physiologie de l'abeille par Michel Girdwoyn (1876), et a communiqué plusieurs Notes sur la « Botanique Agricole » offrant un certain intérêt. — L'Assemblée exprime ses senti- ments de regrets de la perte de ce membre dévoué à notre Société. M. Dennler, membre de la Société d’apiculture d’Alsace- Lorraine, offre au bureau de la Société centrale dix exem- plaires de sa brochure portant pour titre: Le Miel et son usage comme aliment et comme médicament. Remercie- ment à l’auteur. Sont admis comme membres de la Société : 1° pour la sec- tion d’Apiculture, MM. l'abbé Delépine, à Boussy-St-Antoine (Seine-et-Oise); Naijon,instituteur à Hauteroche (Côte-d'Or); Goytinos, instituteur à Souraïde(Basses-Pyrénées); 2° pour la section d’'Insectologie générale, M. Dupuis, à St-Lucien, près Beauvais (Oise). L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Le secrétaire : DELINOTTE. Les Fourmis PAR M. MAURICE GIRARD. Extrait des bons points instructifs d'entomologie, Paris, Hachette er Cre, LA FOURMI ROUSSE Les Fourmis sont des insectes hyménoptères, offrant quatre ailes très longues dans les mâles et aussi, très momentané- ment, dans la femelle, où elles sont faiblement articulées et se détachent facilement. Comme les femelles ne savent pas construire de nids, ni nourrir et élever les larves qui éclo- sent de leurs œufs, elles sont aidées par des Fourmis bien plus nombreuses et plus petites qu'elles, qu'on appelle les ou- vrières ou neutres, servant d'architectes pour les fourmi- lières, de nourrices pour les larves, de butineuses allant récolter les provisions au dehors. Ces ouvrières sont des femelles habituellement stériles, offrant les organes de la reproduction avortés. Cette fonction est donc dévolue non BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 165 plus à deux individus seulement, comme dans le cas le plus habituel, maïs à trois. Dans les Fourmis proprement dites, les ouvrières et les neutres ont du venin défensif, qui est de:l’acide formique, mais manquent d’aiguillon pour l'introduire. Le pédicule de l'abdomen n'a qu'un seul article. Les nymphes sont tantôt contenues dans un cocon, tantôt nues. Un des meilleurs types de ce groupe est la Fourmi rousse, qui a le corselet d'un rouge fauve assez vif ainsi que les pattes, tandis que la tête et le thorax plus large sont d'un brun noir. La fourmilière, commune dans les bois, est constituée par un monceau en très large cône de branchettes accumulées. Si on la bouleverse, il s'en échappe de l'acide formique que les ouvrières éjaculent avec force, en se dres- sant sur leurs pattes postérieures et recourbant l'abdomen sous lethorax. Dans ces nids sont des larves, en forme de vers blancs et dodus, sans pattes, incapables de manger seules, à qui les ouvrières dégorgent de la miellée dans la bouche. Elles se filent des cocons de soie blanche et deviennent des nymphes aux yeux noirs, avec les antennes et les pattes repliées en dessous. Les larves et les nymphes sont les prétendus œufs de Fourmis qu'on récolte pour nourrir les jeunes Faisans. Au mois de juin, sortent de la fourmilière des essaims qu'emporte le vent, et qui sont formés des mâles et des femelles ailés. Bientôt les femelles retombent, perdent leurs ailes et sont recueillies et entraînées dans la fourmilière par les ouvrières. LES FOURMIS AMAZONES fl existe des fourmilières dites mixtes parce que l'on y trouve des Fourmis de plusieurs espèces. L'espèce principale s’y rencontre représentée , comme dans les colonies simples, par une ou plusieurs femelles fécondes, par des neutres, et, en outre, à certaines époques, par des mâles et femelles ailés. A l'espèce principale sont associées une ou plusieurs autres espèces, sans mâles ni femelles, formées seulement d'ou- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Fig, 25. Pillage d’un nid de noir-cendrées par les amazones, vrièreset servant de construc- teurs et de nourrices sur lieux à l'espèce principale. Ce sont des auxiliaires et non des es- claves, car ces ouvrières étran- gères restent soumises aux lois immuables de l'instinet, chacune accomplissant une besogne invariable, sans rien qui rappelle la capricieuse dé- pendance des serviteurs dans les sociétés humaines. L'exemplele plus remarqua- ble de Ces associations nous est fourni par le Polyergue roux, dont les longues man- dibules acérées et pointues sont incapables non seule- ment de creuser des galeries, mais même de donner à manger à l'insecte. Le Polyergue sollicite ses ouvrières auxiliaires, qui sont des Fourmis tué nn RS, BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 167 brunes. Il les frappe de ses antennes et elles lui dégorgent la liqueur sucrée contenue dans leur jabot, comme elles le font à ses larves, qui périraient également sans ces nour- rices étrangères. Les Polyergues font des expéditions de chasse qui leur ont valu le nom de Fourmis amazones. Ils envahis- sent les fourmilières des Fourmis brunes, malgré leur résis- tance, leur poignardant au besoin le cerveau avec leurs man- dibules pointues. Ils n’emportent pas les Fourmis adultes, qui sauraient se sauver et regagner leurs anciens domiciles, mais des nymphes d'ouvrières dans leurs cocons. Les sujets qui éclosentn'ontaucun souvenir importun, creusent les gale- ries, soignent et nourrissent larves et adultes des Polyergues. Il n'y a là aucune contrainte mais une simple obéissance à l'instinct, qui trompe les auxiliaires au point de leur faire croire qu'ils sont dans leur propre fourmilière. LES FOURMIS ET LES PUCERONS. Les Fourmis ont de fréquentes relations avec un grand nombre d'espèces d'animaux articulés. Tantôt celles-ci vivent À.L, Ciunent Fig. 26. Fourmis occupées à traire les pucerons. en commensales, en hôtes de la maison, dans la fourmilière, tantôt les Fourmis savent les chercher etles trouver au dehors. 168 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE Les insectes de prédilection des Fourmis sont les Pucerons pro- prement dits, surtout ceux pourvus de cornicules à l'extré- mité de l'abdomen, car les Fourmis ne recherchent pas le Puceron porte-laine du pommier ni les diverses espèces de Phylloxéras. Linné a appelé les Pucerons Îles Vaches des Fourmis, et Huber, à qui on doit les premières observations Fig. 27. Fourmi jaune et ses pucerons de racines (figures grossies). exactes à ce sujet, écrit: « On n'aurait pas deviné que les Fourmis fussent des peuples pasteurs ! » On voit la Fourmi frapper un Puceron avec ses deux antennes, comme elle frappe le chaperon d'une autre Fourmi pour lui demander à manger. Le Puceron fait alors sortir de son anus une gout- teleilte d'un liquide sucré et transparent, qui est aussitôt léché par la Fourmi, dont le ventre se gonfle quand elle a tété de la sorte plusieurs Pucerons, et qui dégorge ensuite la ma- tière sucrée à d'autres Fourmis et aux larves. Les Pucerons sont ainsi excités à une sécrétion sucrée plus abondante, probable- ment au détriment des plantes qu'ils épuisent davantage. Cette attraction puissante explique les continuels voyages BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 169 de beaucoup d'espèces de Fourmis sur les herbes, les ar- bustes et les arbres; pour se repaître des sécrétions de leur bétail, les Fourmis grimpent sans cesse sur les rosiers, les poiriers, les pommiers, les pêchers, ies orangers, etc., et nullement pour les fruits qu'elles n’entament jamais quand leur enveloppe est saine. On connaît les Pucerons verts du rosier visités souvent par la Fourmi rousse, celle qui amon- celle des cônes de branchettes dans les allées des bois et qui n'élève jamais de Pucerons dans sa fourmilière, comme le font d’autres espèces mettant ainsi leurs Vaches à l’étable ; d'autres encore savent transporter leurs Pucerons sur la plante nourricière, aux endroits les plus propices. LES FOURMIS MOISSONNEUSES On a reconnu que les Fourmis des régions tempérées froides de l'Europe s’engourdissent en hiver, et que beau- coup périssent si le froid est rigoureux, de sorte qu'elles n'ont pas à faire de provisions qui leur seraient inutiles. Cependant les légendes antiques, telles que les proverbes de Salomon et les fables d'Esope, célèbrent la prévoyance des Fourmis, qui savent amasser pendant la moisson des réserves d'aliments destinées à leur faire passer la mauvaise saison sans mourir de faim. Les deux assertions se concilient parfaitement : ce qui est vrai pour les Fourmis du nord de l'Europe cesse de l’être pour certaines espèces du midi, et surtout des régions tropicales. Nous avons deux espèces du genre Atte, dans le tiers méridional de la France, en Suisse, en Corse et en Algérie, qu'on nomme à juste titre Fourmis moissonneuses, Car elles font en automne dans 1eurs fourmi- lières, de vrais greniers où elles emmagasinent des fruits de céréales, des capitules de Composées, des graines de plantes potagères et d'ornement, de sorte qu'elles nuisent souvent beaucoup aux jardins en détruisant les semailles. Une des deux espèces remonte par places jusqu'au centre de la France. Ces Attes ont des mâles noirs, des femelles et des ouvrières variant du jaune terne au brun noirâtre, certaines 170 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE ouvrières bien plus grosses que les autres, remarquables par leur énorme tête. Les Attes sont du groupe des Myrmiques, présentant un aiguillon chez les femelles et les ouvrières ou neutres, le pédicule de l'abdomen muni de deux articles ou nœuds, les nymphes toujours nues, car les larves ne se filent pas de cocons. Au printemps les graines des magasins servent à nourrir les Attes; alors qu'une partie de leur ami- don se transforme en sucre par la germination. L'abondance de ces Attes rend presque impossible en Corse la culture du trèfle incarnat. Note. Ta figure de la Punaise des lits, n° 10, est tirée des Métamorphoses des Insectes, de M. Maurice Girard, 6° édit., Paris, Hachette et Ce, et les trois figures sur les Fourmis de l'ouvrage de M. Ernest André, intitulé les Fourmis, Paris, Ha- chette et Cie, 1885, — Remercîments aux éditeurs. Éducations d'Attaciens séricigènes FAITES A NORBITON-SURREY (ANGLETERRE) EN 1884 Par M. Alfred Waiïlly (Suite). L'éclosion des Papillons hybrides eut lieu en même temps que celle des Papillons Pernyi, et il y eut des croisements entre les deux espèces. Les croisements avaient-ils déjà eu lieu l’année précédente, et avaient-ils ainsi rapproché l'hy- bride du type Pernyi? C'est ce qu'il me reste à savoir. Le premier accouplement que je remarquai entre deux Papillons hybrides (que je reconnaissais à leur couleur plus légère) eut lieu le 26 avril, et j'élevai les Vers provenant de cet accouplement. L’éclosion des œufs eut lieu le 22 mai, et j'obtins les premiers cocons le 24 juillet. Ces cocons, placés à la cave, se sont parfaitement bien conservés, et il n'y eut aucune éclosion pendant l'automne ; il en a été de même de mes cocons de Pernyi. Les Chenilles furent élevées sur les petits chênes de mon jardin aussitôt après leur éclosion ; mais plus lard, au quatrième et surtout au cinquième âge, BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 171 je fus obligé de les élever, sur branches coupées, dans la maison. Je n'en laissai que quelques-unes sur les petits chènes, qui furent presque entièrement dépouillés de leur feuillage. L'éducation fut des plus heureuses ; les cocons sont de même grosseur que ceux de Pernyi, mais la soie est plus blanche, En mars dernier (1885), je remarquai à la cime d’un poirier une agglomération de feuilles sèches, les seules qui fussent restées sur l'arbre, Au moyen d'une échelle et d'un râteau, j'amenai la branche à moi et trouvai au milieu de ce tas de feuilles un énorme cocon blanc, un cocon de mon hybrides. Le poirier sur lequel se trouvait ce cocon est à côté des petits chênes ; c'est un des arbres recouverts du grand châssis que j'ai dans mon jardin, Il est à présumer que la chenille hybride qui a formé ce cocon a vécu sur le poirier ; qu'après être tombée ou après avoir quitté le petit chêne sur lequel elle se trouvait, elle a grimpé jusqu'à la cime du poirier quelque temps avant de se transformer, et qu'elle s'est fort bien ac- commodée des feuilles du poirier.. Il est probable qu'on découvrira que certaines espèces, considérées jusqu'à présent comme « monophages », sont en réalité « polyphages >», ou du moins peuvent le devenir. L'Attacus cynthia, Ver à soie de l’Aïlante, qui avait été, je crois, considéré comme vivant exclusivement sur l’ailante, vit parfaitement bien sur le cytise, le lilas, le cerisier, etc. Élevé sur le ricin à l’état de captivité, dans l’Assam et autres pays, il prend le nom d'Atfacus ricini. Mis en liberté, l’Atta- cus ricini redevient l'Affacus cynthia, selon l'opinion de cer- tains sériciculteurs de l’Assam. M. Clément a déjà cité le fait que le Pernyi pourrait s'élever sur le prunier. Un autre fait, si toutefois le résultat définitif est satisfai- sant, qu'il serautile de connaître, c’est que le Yama-mai, Ver à soie du Chène du Japon, considéré comme essentiellement « Ionophage », peut se nourrir de feuilles d'aubépine aussitôt après son éclosion. Un de mes correspondants de Londres, M. Weniger, m'écrit en date du 14 avril 1885 : « Mes 172 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE chenilles de Yama-mai sont écloses ; je les nourris sur l’au- bépine, qu'elles mangent bien. >» Mes ‘chenilles Yama-mai, écloses à partir du 21 avril, après quelques journées de grande chaleur et alors que je ne pouvais trouver des bour- geons de chêne assez développés, mangent aussi de l’aubé- pine, mais elles préfèrent le charme, que je leur ai donné avec l’'aubépine, par prudence, avant de me mettre à la recherche des bourgeons de chène précoces. J'ai actuelle- ment (25 avril) des bourgeons de chêne bien développés, et j'ai discontinué l’aubépine, ayantlaissé pendant deux jours le charme, que les Chenilles m'ont semblé attaquer aussi bien que le chêne ; mais on ne peut rien affirmer sans connaître le résultat définitif. P Si M. Weniger réussit à bien élever ses Yama-maï jusqu'à ce qu'il puisse trouver des feuilles de chêne, si l'éducation continuée plus tard sur feuilles de chêne a un succès complet, alors une des difficultés dans l'éducation de cette espèce aura été surmontée, celle de l’éclosion des Vers avant le dévelop- pement des bourgeons de chêne, dont beaucoup d'éducateurs se sont plains. Ayant de nouveau écrit à M. Weniger au sujet de son éducation de Fama-mai sur l'aubépine, j'ai reçu, en date du 20 avril 1885, la communication suivante : « Mes Y'ama-maï se portent à merveille. Je les nourris toujours sur l'aubépine, et je me garderai bien de les changer de nourriture. Aujour- d'hui 30 avril, les Chenilles sont dans le sommeil, pour passer demain à leur cinquième âge. Elles ont deux pouce: de long sur un demi-pouce d'épaisseur. L'éducation a eu lieu comme suit : éclosion des Chenilles, le 13 avril, en plein air. » Ren- trées et élevées dans la petite serre chaude dont je parle dans cet article, il donne le résultat obtenu jusqu'au 30 avril, et qui est remarquable. « Première mue, du 18 au 19 avril, vingt-deux heures de sommeil ; deuxième mue, du 22 au 23, vingt-trois heures de sommeil ; troisième mue, du 25 au 26, vingt-quatre heures et demie de sommeil; quatrième raue, le 30 avril. » BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 175 M.Weniger a obtenu en mai de lourds et beaux cocons de ses Chenilles Yama-Maï, élevées exclusivement sur l’aubépine. M. Weniger parle des éducations des autres espèces de Lé- pidoptères dans sa petite serre chauffée au pétrole, qui sem- blerait être salutaire aux Chenilles, car il n’a jamais eu aucun cas de maladie, et c’est ce qui me semble le plus extraordi- uaire. Dans mon rapport anglais, récemment publié dans le Journal de la Société des Arts, de Londres, je donne quelques détails sur le curieux système adopté par M. Weniger pour ses éducations de Lépidoptères, et la réussite extraordinaire qu'il a obtenue. Il élève ses Chenilles dans une grande caisse en verre, une serre en miniature chauffée avec une lampe à pétrole sur laquelle repose une soucoupe remplie d'eau. Les Chenilles, maintenues à une température uniforme de 25 de- grés centigrades à peu près, vivent dans une atmosphère chargée de vapeurs d’eau et de pétrole, et là, au lieu de périr de maladie, elles profitent avec une rapidité extraordinaire. J'y ai vu les Chenilles de l’'Antheræa mylitta, écloses sept jours après la ponte des œufs, arrivées à leur dernier âge au bout d'un mois. L'Attacus atlas a été élevé de même, et, quatorze jours après la formation des cocons, eut lieu l'éclo- sion des papillons ; mais il n'obtint aucun accouplement. Plusieurs espèces délicates et difficiles ont été élevées de celle manière avec le plus grand succès. Il y a ici un fait qui, je crois, mérite d'être relaté. Les Che- nilles d'Antheræa mylitta et de Ceratocampa imperialis, espèces considérées comme ayant six âges, et qui ont en réalité six âges lorsqu'elles sont élevées dans des conditions normales, n’ont eu que cinq âges élevées dans cette atmo- sphère chaude et humide. Il n’y a eu, m'a affirmé M. Weni- ger, aucune erreur de sa part sur le nombre des âges ; aucun n’a été oublié. Mon correspondant de l’île de Ceylan, qui élève depuis plusieurs années l’Antheræa mylitta, affirme également, dans un article qu'il a publié dans un journal de Colombo, et que 174 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE j'ai lu dernièrement, que la race mylitta qu'il élève n’a qué cinq âges ; et là aussi, dans l’île de Ceylan, c’est une atmo- sphère chaude et humide. Platysamia cecropia, lui aussi, a six ages, mais ne pour- rait-il pas n’en avoir que cinq seulement, élevé dans les mêmes conditions ? Ne pourrait-on conclure de ces faits que cer- taines espèces de lépidoptères peuvent avoir plus ou moins d'âges selon les circonstances ou selon le milieu où elles sont élevées ? De nouvelles expériences seront faites à ce sujet, que je soumettrai à la Société. Antheræa mylitta. — T’éclosion des papillons de cette espèce commença le 20 juin et se termina le 21 octobre. J'eus une grande quantité de gros et magnifiques papillons, qui tous cette année refusèrent de s’accoupler en chambre. Enfin, le 19 août, je plaçai le soir une cage contenant un couple de papillons sous un arbuste dans un massif du jardin, malgré les accidents à craindre pour la cage et les papillons ; l’accou- plement eut lieu ; un deuxième eut lieu le 22, un troisième le 23 août, enfin un quatrième eut lieu Le 14 septembre, tou- jours dans les mêmes conditions. Je reconnus alors la véri- table cause de l'insuccès que j'avais eu préalablement ; c'était d'avoir laissé les cages dans une chambre au lieu de les mettre à l'air libre. L'air frais, au lieu de les affaiblir, leur donnait au contraire de la vigueur et ils s’accouplaient sans se dé- battre. La saison étant alors trop avancée pour avoir chance d'élever cette espèce sans chaleur artificielle, j'envoyai les œufs, à l'exception de quelques-uns, en Amérique et en Es- pagne. Le 23 août, j'en envoyai jusqu’en Géorgie et l’éclosion des larves eut lieu le 6 septembre, le lendemain de l’arrivée des œufs. Mon correspondant réussit à élever Les larves sans aucun accident ; mais ayant été obligé de s’absenter pendant quinze jours, il les laissa à la charge d'une personne qui les négligea, et à son arrivée mon correspondant les trouva toutes mortes. Chez moi, les œufs pondus le 20 août commencèrent à éclore le 10 septembre, et ceux de la ponte du 23 août com- BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 175 mencèrent à éclore le 13 septembre ; je n’en tentai nullement l'éducation, c'eût été peine perdue. Un de mes correspondants d'Espagne, M. Gabriel Segin, vice-consul britannique, m'a envoyé un rapport très détaillé de ses travaux, que j'ai inséré ir extenso dans mon rapport anglais. Le succès relatif qu'il a obtenu fait espérer qu'il réussira à acclimater ce séricigène en Espagne. Avec 30 co- cons que je lui envoyai, il obtint 29 papillons, du commen- cement du mois de juin jusqu'au 3 septembre. Il eut 3 accou- plemenis, un le 31 juillet, un autre le 13 août, un troisième le 14 août. M. Segin a obtenu 32 cocons de l'éducation des Vers prove- nant du premier accouplement, à l'air libre sur le chêne, succès remarquable si l’on considère le nombre de Vers qui périssent au premier âge, et par suite des attaques de leurs nombreux ennemis. Par suite d’un grand changement de température, les Vers provenant des deux derniers accouplements périrent tous au dernier âge, au moment où ils auraient dù filer leurs cocons, le 14 et le 15 novembre. Hybride mylitta-Pernyi. — Outre les 3 accouplements de mylitta, M.Segin obtint l'accouplement d'un mâle mylitta avec une femelle Pernyi, et l'accouplement d'un mâle Pernyi avec une femelle »ylitta. Les œufs de l’accouplement mylitta mâle et Pernyi femelle furent parfaitement bien fécondés ; ceux du second n’eurent aucun succès, les quelques chenilles qu'il obtint ayant péri quelques jours après l'éclosion. Les chenilles de l'hybride »ylitta-Pernyi élevées, comme celles de Pernyi et de mylitta, à l'air libre sur le chêne, four- nirent de magnifiques cocons ressemblant à ceux de Pernyi, mais à soie plus blanche. M. Segin a obtenu 100 cocons de ce nouvel hybride, et il m'en a envoyé 30. J'attends de jour en jour l'éclosion de ces nouveaux papillons. Je reçois, en date du 18 avril 1885, une nouvelle commu- nication de mon correspondant d'Espagne, M. Segin, qui m'annonce l'éclosion de 3 papillons de l'hybride #ylitta- 176 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE Pernyi : un mâle éclos le 10 avril, d'un rouge foncé, mais différant d'une manière sensible des Papillons #ylitta ; le 14 a lieu l’éclosion d'un papillon femelle différant d'une ma- nière encore plus sensible des deux types producteurs. L’é- closion du troisième papillon, qui est encore une femelle, eut lieu le 15 avril ; cette femelle ressemble à la première. Ces éclosions régulières donnent chance à mon correspondant et à moi aussi d'obtenir un certain nombre d’accouplements. (À suivre.) Note sur LAnobium paniceum, Linné. Coléoptère pentamère, PAR M. E. SAVARD. Parmi mes continuelles recherches sur les insectes, dont j'ai donné une note dans le Bulletin, sur l'Anobium pani- ceum (1), j'ajouterai ce qui est le résultat des observations que j'ai été à même de faire depuis sur ce Coléoptère, quiest de la famille des Serricornes. J'ai eu occasion de me procu- rer des échantillons de dégâts commis par cet insecte ; c’est une espèce que l’on rencontre souvent dans les maisons, dont la larve est avide de substances amylacées, ainsi que l'insecte parfait. C’est dans des racines de chicorée sauvage (Chicorium Intibus), qui étaient en conserve depuis six mois, que j'ai trouvé l’insecte qui nous occupe. J'ai examiné ces racines à la loupe, dont une grande quantité sont percées et ont produit par les ravages de ce Coléoptère une poudre fine que j'ai retrouvéé au fond du vase qui les contenait. De même, dans la racine d’angélique (Angelica archangelica), je ren- contrais l’Anobium paniceum dont je constatais également les dommages, avec cette différence que la poudre est moins fine et que quelques-unes de ces racines ont été cou- pées par l’insecte. Voilà, je crois, qui intéressera également tous ceux de mes collègues qui s'occupent spécialement d'insectologie. E. SAVARD. 1. Voir le Bulletin du {1e janvier 1881. Le Gérant : H. HAMET. imp. de la Soc. de Typ.- No1zeTTe, 8, r.Campagne-Première, Paris, Re Sn ee ui N° 12 DIXIÈME ANNÉE Décembre 1885 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE PAPIPIPPINI SOMMAIRE : Exposition des insectes de 1886. Règlement. Programme. — Tables des matières et des figures. Exposition des Insectes de 1886. La Société centrale d’apiculture et d'insectologie poursuit l'enseignement public qu'elle a créé par ses expositions bisannuelles d'insectes utiles et de leurs produits, et d'insectes nuisibles et de leurs dégâts. C'est en 1885 que devait avoir lieu sa huitième exposition bisannuelle d'insectologie ; mais à cause de l'exposition universelle projetée en 1889, elle a allongé d’une année la date de son exposition future, afin que le même intervalle existât entre la grande manifestation de 1889. Cet ajournement donne aux exposants plus de temps pour se recueillir et pour préparer des matériaux. La Société fait dès maintenant appel à tous ses membres et à tous les lecteurs de son Bulletin pour qu'ils se mettent en mesure de figurer, avec distinction pour eux et avec pro- fit pour le public, à l'exposition de 1886. Elle a pris des mesures pour que l'emplacement ne manque pas, comme cela est arrivé en 1883, dans le coin du Palais de l'Industrie où son exposition était reléguée. La Société poursuit le projet d'organisation d’une École d'entomologie appliquée au Parc de Montsouris, où la ville de Paris lui a fait une concession de terrain. Un plan de cons- truction comprenant musée, salle de conférences, etc., a été soumis au Conseil municipal de Paris, qui devra le mettre à exécution lorsqu'il aura réalisé l'emprunt qu'il poursuit pour le moment. Le Secrétaire général. Le ne REGLEMENT ET PROGRAMME DE L'EXPOSITION DES INSECTES UTILES ET DE LEURS PRODUITS DES INSECTES NUISIBLES ET DE LEURS DÉGATS Par les soins de la Société centrale d'Apiculture et d’Insectologie SOUS LE PATRONAGE DU MINISTRE DE L'AGRICULTURE QUI AURA LIEU EN 1886 A PARIS né 2 D ee CS La Société centrale d’apiculture et d’insectologie poursuit les éxhibi- tions d'insectes utiles et d'insectes nuisibles qu'elle a inaugurées en 1866, au Palais de l'Industrie, à Paris. Sa prochaine exposition bisannuelle des insectes (la huitième) aura lieu en septembre 1886. Par ses exhibitions et son enseignement, la Société centrale d'apicul- ture et d’insectologie cherche : d’une part, à préconiser les meilleures méthodes pour propager les insectes utiles, les préserver de toutes maladies épidémiques et tirer le plus grand profit de leurs produits ; de l’autre, à étudier les insectes destructeurs de nos cultures, de nos jar- dins, de nos forêts, de nos vergers et de nos constructions, et s'efforcer par tous les moyens dont la science et l'observation disposent d’atténuer leurs ravages, et de les faire eux-mêmes disparaître. Comme auxiliaires de ses efforts, la Société signale les parasites que la nature prévoyante place toujours à côté des êtres malfaisants pour empêcher qu'ils ne se développent outre mesure ; elle recommande la conservation des petits mammifères, des reptiles et des oiseaux qui se nourrissent d'insectes nuisibles et contribuent, de cette manière, à la conservation de nos récoltes. Le programme de l'Exposition de 1883 comprenait cinq divisions, qui ont été conservées, mais la quatrième a été mise hors cadre. La pre- mière embrasse tous les insectes utiles rangés en six classes. Chaque espèce, autant que possible, doit être présentée à ses divers états d'œuf, de larve, de chrysalide et d'insecte parfait. En cas d’affections morbides, on devra exposer des sujets ayant la maladie à ses différentes périodes. BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 179 Il en sera de même des produits que l’on en retire ; on les exhibera à leurs divers degrés de transformation. Chaque série d'insectes devra être accompagnée des végétaux dont elle se nourrit. Les mémoires, mono- graphies et autres documents imprimés ou manuscrits relatifs à chaque espèce figureront également à l'exposition, quand bien même ils ne seraient point accompagnés de collections. En outre, les concurrents sont invités à joindre à leurs échantillons une note sur leurs méthodes d’édu- -Cation, en indiquant le prix de revient de leurs produits et les prix aux- quels le commerce les achète. On indiquera aussi les dommages causés par les maladies. — Les pertes que la sériciculture seule éprouve par suite de la gattine s'élèvent, depuis 1854, à plus de 60 millions par année. La seconde division est consacrée aux insectes nuisibles, qui forment dix classes. Ici deux voies s'offraient à la Société. Fallait-il classer les insectes nuisibles d'après les familles et les espèces, abstraction faite des végétaux qui les nourrissent, ou bien fallait-il prendre pour base de la classification les plantes elles-mêmes qu'il s'agit de protéger, et consi- dérer à part chacune des espèces qui les dévorent ? La Société a préféré cette dernière classification, qui n’est point scientifique, il est vrai, mais qui est plus facile à saisir de la part des praticiens et se prête beaucoup mieux à leurs recherches. Les six premières classes de la seconde divi- sion embrassent donc tous les végétaux employés dans nos cultures, y compris les arbres fruitiers et forestiers. La septième classe est spéciale aux insectes qui attaquent les bois employés dans les constructions; la huitième, aux insectes destructeurs des matières organiques sèches, les crins, plumes, laines, etc; la neuvième, aux parasites de l'homme et des animaux domestiques. Enfin la dixième classe comprend les insectes nuisibles à la pisciculture. Ce qu'il y a de particulier à dire de cette division, c’est que bon nom- bre de destructeurs dont elle est formée sont presque microscopiques, et que, parfaitement décrits et classés par les entomologistes, on ignore encore les mœurs et les transformations de quelques-uns, chose la plus essentielle à connaître. lei, comme pour les insectes utiles, les collections devront, autant que possible, offrir des sujets à leurs divers états d'œuf, de larve, de chry- salide et d'êtres parfaits. A côté de chaque destructeur on placera les végétaux qu'il dévore, afin que l’on ait un tableau fidèle de ses dégâts. Les notes explicatives insisteront principalement sur les diverses trans- formations que subit l'espèce et quel serait, à travers toutes ces méta- 180 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE morphoses, le moment le plus opportun pour la saisir et la détruire. En l'absence de collection, les mémoires sur l’histoire naturelle de chaque insecte sont également admis à concourir. Mais dans les travaux qu'ils nous destinent, les entomologistes devront moins s'appliquer à la des- cription des espèces, qui est à peu près connue, qu'à la recherche des mœurs et des métamorphoses restées un mystère, et qui sont les seules utiles à connaître au point de vue agricole. Il est à désirer que la science ne s'occupe pas seulement de la théorie, mais surtout des applications utiles. x Les pertes que les insectes nuisibles causent à l'agriculture chaque année se chiffrent par des centaines de millions. Il nous suflira de rap- peler la cécydomye et l'alucite pour les céréales ; le phylloxera, la pyrale et l'eumolpe pour la vigne ; le dacus pour l'olivier, etc. La troisième division comprend tous les AUXILIAIRES : d'abord les insectes carnassiers, tels que carabiques, staphylins, etc., qui font ne guerre sans relàche aux innombrables pucerons, papillons, etc. ; puis les mammifères, les reptiles et les oiseaux insectivores. Ici nous inno- vons : NOUS OUVRONS DES CONCOURS pour les animaux vivants de cette utile division ; nous CRÉONS DES PRIMES pour les bandes les plus com- plètes et les sujets les plus présentables. C'est une ménagerie de ces animaux qui ont tous besoin de protection et de multiplication, que la Société d'apiculture et d'insectologie veut montrer, s'il est possible, au public. On peut remarquer que le mot INSECTES, dans le sens de notre expo- sition, est entendu comme le comprenait Linné, c’est-à-dire les Anné- lides actuels, renfermant les Insectes proprement dits, les Myriapodes, les Arachnides, les Crustacés, les Annélides et les Helminthes. Une quatrième division hors cadre est formée d'animaux différents des insectes, puisqu'ils appartiennent aux Mollusques, mais que les agri- culteurs sont habitués à confondre avec les insectes nuisibles, et par les ravages et par les moyens employés à leur destruction; ce sont les Limaces et les Escargots. — Une division complémentaire réunira tout ce qui a trait aux arts et aux industries dans lesquels les insectes figurent. Pour que les expositions donnent tout ce qu'on doit attendre, il ne suffit pas de réunir les produits et de rapprocher les hommes, il faut encore que ces derniers puissent conférer, enseigner et s'instruire mu tuellement. C’est ce qui a eu lieu à chacune de nos expositions : des conférences publiques y ont été faites et des questions d'insectologie, posées à l'avance, ont été traitées en congrès. — Aux dernières expo- BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 181 sitions nous avons ajouté — et nous comptons les renouveler — des projections oxhydriques des insectes microscopiques et de leurs dégâts. C'est ainsi que la plupart des visiteurs ont pu faire connaissance avec le redoutable phylloxera. La Société centrale d'apiculture et d’insectologie fait appel aux entomo- logistes français et étrangers, aux agriculteurs et à tous ceux que la ques- tion desinsectes intéresse, pour les engager à préparer, dès maintenant, des éléments qui rendront instructive et brillante son Exposition de 1886. REGLEMENT $S 1. — Durée et objet de l'Exposition. ART. der. — Du 1% au 30 septembre 1886, aura lieu à Paris, par les soins de la Société centrale d’apiculture ei d’insectologie, une exposi- tion : 1° des insectes utiles ; 2° de leurs produits bruts et en premières transformations ; 3° des appareils et instruments employés à la prépa- ration de ces produits ; 4° des insectes nuisibles, ainsi que des divers precédés de destruction; 5° de tout ce qui a trait à l’insectologie. ART. 2. — Les exposants des colonies et des pays étrangers seront admis. Ils pourront se faire représenter, ainsi que les exposants français. S 2. — Admission, réception, installation et enlèvement des objets. ART. 3. — Les personnes qui désirent prendre part à cette Exposition de- vront en faire la déclaration avant le 1e" août prochain. Cette déclaration sera adressée franco au Secrétariat de la Société, rue Monge, 67, à Paris. ART. 4. — Les exposants devront joindre à leur déclaration ou demande d'admission : 1° la liste des objets qu'ils désirent exposer ; 2° l'empiace- ment superficiel qu'ils peuvent occuper ; 3 une note explicative indi- quant les procédés de production, les divers emplois, enfin tous les détails qui peuvent être utiles pour le jury et les visiteurs. ART. 5. — Les exposants de produits, d'appareils et d'instruments, sont invités à indiquer, autant que possible, le prix de vente. ART. 6. — Les objets d'exposition devront être envoyés avant le 25 août, et installés avant la veille du jour de l'ouverture. Ils seront adressés franco au Commissaire de l'Exposition. ART. 7. La Société centrale d’apiculture et d'insectologie fera des dé- marches près les compagnies des chemins de fer pour qu'il soit fait une remise de 50 p. 100, c'est-à-dire pour que le retour ait lieu franco. 182 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE ART. 8. Les frais généraux d'installation pour tout ce qui a trait à la science et à l’agriculture seront supportés par la Société ; mais les expo- sants auront à leur charge les frais de montres et de vitrines spéciales qu'ils voudraient établir. En outre les exposants marchands auront à payer 4 francs le mètre d'étendue. ART. 9. L'enlèvement des objets exposés ne pourra se faire que le len- demain de la fermeture de l'Exposition et sous la surveillance de la Com- mission d'organisation ou du Commissaire, son représentant. $ 3. — Commission d'organisation et surveillance de l'Exposition. ART. 10. Une Commission d'organisation, nommée par le Conseil d’ad- ministration de la Société et constituée en Jury d'admission, est chargée d'examiner préalablemeni tous les produits présentés. — Cette Commis- sion a le droit de refuser tous les objets qui lui paraîtraient ne pas avoir de rapport au but de cette exhibition. — Elle fixera, en les modifiant, s'il est nécessaire, les dimensions de l’espace demandé. Les exposants seront tenus de se conformer à toutes les mesures d'ordre ou de disposition qui leur seront indiquées par la Commission à organisation. ART. 11. Le secrétaire général de la Société est le délégué de la Com- uussion d'organisation. I] sera chargé de la direction de l'Exposition. Il lui sera adjoint un commissaire général chargé de l’organisation des salles. S 4. — Jurys. ART, 42. Il sera nommé des Jurys spéciaux pour chaque classe (Api- culture — Sériciculture — Insectologie générale — Enseignement). La moitié des membres du Jury seront désignés par le Conseil d’adminis- tration de la Société, et l’autre moitié par les exposants présents le jour de l'ouverture. — Le Secrétaire général fera partie de droit de chaque Jury, qui aura à désigner son président et son rapporteur. ART. 13. L'acceptation des fonctions de Juré prive, sans exception, du droit de concourir, mais non du droit d'exposer. ART. 14. En cas de réclamations motivées de la part des exposants, les décisions des Jurys pourront être infirmées par le Conseil d'administra- tion de la Société. $S5. — Des Récompenses. ART. 15. Les récompenses consisteront en : Abeilles d'honneur, diplô- mes de mérite, médailles d'or et d'argent du Ministre, médailles de pre- BULLETIN D'INSECTULOGIE AGRICOLE 183 mière, deuxième et troisième classe de la Société. Les médailles de 1re classe en bronze doré sont assimilées à l'or; celles de 2: classe (bronze argenté) à l'argent. Il pourra en être accordé en nickel et melchior. L’at- tribution en sera laissée à la disposition du Jury qui, dans chaque classe, pourra donner tel ordre de distinction qu'il jugera nécessaire. ART. 16. Le Conseil d'administration déterminera le nombre maximum des médailles qui pourront être données dans chaque classe. ART. 17. Pour tout ce qui n’est pas prévu au présent règlement, le Conseil d'administration devra statuer, à la majorité des voix, selon l’article 11 des statuts de la Société. ARTICLE ADDITIONNEL. Un concours est ouvert entre les instituteurs qui enseignent l'insectologie (culture des insectes utiles, protection des auxiliaires, et destruction des insectes nuisibles). Le concours sera fermé le 20 août. Des primes en argent (100 — 50 — 25 fr.), des livres et des médailles seront donnés aux plus méritants. Les concurrents devront envoyer des travaux d'élèves qui pourront eux-mêmes être récompensés. Ces travaux figureront à l'Exposition des Insectes de 1886. — Un congrès d'insectologie générale et un congrès d’apiculture auront lieu pendant le cours de l'Exposition, dans la salle des conférences. Les intéressés sont priés de faire connaître les questions qu'ils pourraient avoir à traiter ou qu'ils désireraient y voir discuter. Adresser au secréta- riat de la Société, rue Monge, 67. Commission d'organisation : MM. DE HÉRÉDIA, député de la Seine, président ; Maurice GIRARD, se- crétaire du conseil d'administration de la sociélé d’acclimatation, vice- président; MALEssARD, vice-président ; H. HAMET, secrétaire général J. FALLOU, vice-président de la section d'insectologie ; Frédéric DE BpuL- LENOIS, président de la section de séricicuiture ; RAME, vice-président de ladite section; DELINOTTE et SEVAL, secrétaires de la section d’apicul- ture ; W. DE FONTVIELLE, Ch. JOUBERT et E. SAVARD de la section d'insec- tologie ; baronne pe PAGES de la section de sériciculture ; SAINT P&e, trésorier. Le Président de la Société Le Secrétaire général, d'apiculture et d'insectologie, H. HAMET, HÉRÉDIA (DE), Professeur d'apiculture au Luxembourg Député de la Seine PROGRAMME DE L'EXPOSITION DES INSECTES UTILES ET DE LEURS PRODUITS | DES INSECTES NUISIBLES ET DE LEURS DEGATS OBJETS QUI FIGURENT A L'EXPOSITION PREMIÈRE DIVISION INSECTES UTILES 1: CLASSE INSECTES PRODUCTEURS DE CIRE ET DE MIEL 1° Abeilles et leurs produits, bruts et fabriqués. 2 Appareils propres à la culture des abeilles (les ruches de tous les systèmes, etc.) 32 nn) employés pour la préparation des produits (mello-extracteur, pres- ses, etc.). 4° Exemples des maladies qui atteignent les abeilles (loque, etc., moyens cu- ratifs ; les ravages qu'occasionnent dans les ruches certaines espèces d'insectes (fausse teigne ou gallérie, sphinx tête-de-mort, etc.). 5 Mammifères, oiseaux, reptiles, etc. qui attaquent les abeilles. Appareils et moyens propres à détruire ceux-ci. 6 Herbiers apicoles. 7, Ouvrages et mémoires manuscrits ou imprimés sur l'Apiculture. 8° Exemples de domestication des différents insectes producteurs de cire ou de miel. — Collection des espèces et de leurs produits. 1° MÉLIPONES ET TRIGONES. 29 GUÈPES MELLIFÈRES. 3° FOURMIS MELLIFÈRES. — On connaît depuis quelquesannéesune fourmi du Mexique qui produit du miel que l’on utilise dans le pays. 40 INSECTES HÉMIPTÈRES producteurs de cire. On suppose que le pela des Chinois est une eire qui provient d'un insecte de la classe des Hé- miptères : Coceus ceriferu. Echantillons des produits. 5° Cire des Andaquies, du Japon, etc. 6o Echantillons de matièresanalogues : cire de carnauba, de palmier, de myrica cerifera gale (espèce indigène), etc. 7° Essai d'analyse de cires mélangées à ces matières, de cérésine (cire minérale), de cire de palmier, de carnauba, etc. (cires végétales). Echantillons. 2: CLASSE INSECTES PRODUCTEURS DE SOIE 4° Collection de vers à soie appartenant aux différentes espèces et races. 2° Produits, — cocons, soies grèges, soies moulinées. 3° Sujets atteints de maladies, moyens curatifs. 4° Appareils propres à l'éducation des vers et à la préparation des produits. Modèles plans ou dessins. de Culture des végétaux servant à leur nourriture. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 185 6o Sujets relatifs aux essais d’acclimalation de nouvelles espèces (Attacus du chêne, du ricin, de l’ailante, etc.). Fat des insectes à l'état de ver ou de chenille et à l'état de apillon. Collections des produits : cocons, soie cardée et filée, soie dévidée et moulinée. 1° Mammifères, oiseaux et insectes ennemis des vers à soie. Appareils et moyens propres à les détruire. 8 Expériences sur la valeur séricisène des feuilles des müûriers qui croissent dans divers pays. 99 Ouvrages manuscrits ou imprimés relatifs à l'éducation des différents vers à soie, à la production de la soie, etc, 3° CLASSE INSECTES TINCGTORIAUX 1 © pe ipns desinsectes pouvant être employés pour la teinture. Cochenilles, etc. 19 Kermès animal, du chêne coccifère. Coccus ilicis. 2° Cochenille du nopal, Mestèque ou Sylvestre. Coccus cacti. 30 Cochenille laquée. Coccus lacca. 2° Appareils propres à la récolte et à l'éducation des insectes, ainsi qu'à la pré- paration et à l’utilisation des produits. 3° Produits naturels et fabriqués. Cochenille, Kermès, Laque, Lac-Lack, Lac- dye, etc., Nopals, Figuiers, Chêne, Croton, etc. 40 Culture des végétaux propres à nourrir les cochenilles. 5° Diverses espèces de Cynips et leurs noix de galle. 6° Essais d'utilisation des galles qui croissent sur nos végétaux indigènes (pom- mes de chêne, etc.), ou de différentes gallesexotiques qui ne seraient pas encore employées dans l'industrie. 7° Ouvrages et mémoires sur les insectes tinctoriaux, sur ‘eur élevage et sur leurs applications dans les arts, l'industrie, etc. 4: CLASSE INSECTES COMESTIBLES = o OEufs d'Hémiptère (Notonecte et Corise) du Mexique, avec lesquels on fabri- que le pain nommé hautté. 2° Calandre palmiste (Cureulio palmarum Linn.) et sa larve ou ver palmiste. 3° Criquets divers que les indigènes mangent en Afrique, en Australie, etc. 4 Le Larine nidifiant (Larinus nidificans Guid.) et son nid enduit de Trehata ou sucre des nids des Persans. 5° Chrysalides comestibles, rurycanthes comestibles, etc. 6o Notices sur ces insectes. 5° CLASSE INSECTES EMPLOYÉS COMME AMORCES DE PÈCHE 1° Criquets salés pour la pêche du hareng et de la sardine. e 2 Locustes et Criquets, Semblides, Phryganes, larves et fourreaux d'Ephémères, chenilles, papillons et mouches servant d’amorces de pêche. 3° Lombrics et vers de vase. 4° Mouches artificielles servant à la pêche. à 5° Pagures pour la pêche des Squales à la ligne de fond ; Arénicoles ou vers de sable. 186 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 6° CLASSE INSECTES EMPLOYÉS EN MÉDECINE 1° Cantharides, mylabres, maloës. 2° Produits préparés, cantharidines. 3 Notices et monographie sur ces insectes et sur leurs applications. 7° CLASSE INSÉCTES EMPLOYÉS COMME ORNEMENT g 1° Insectes en cadres pour ornements; tableaux ; peintures, etc. 2° Insectes montés en bijouterie et pour parure. Insectes phosphorescents (pyrophères, etc.). DEUXIÈME DIVISION INSECTES NUISIBLES 1'° CLASSE INSECTES QUI ATTAQUENT LES CÉRÉALES 1° Collections des insectes qui attaquent les plantes sur pied, ou des dessins représentant ces mêmes insectes. Saperde ou Aiguillonnier. — Thrips des céréales. — Puceron du blé. — Noctuelle du blé. — Alucite des céréales. — Cèphe. — Cécidomyie du froment. — Oscine dévastante. — Chlorops de l'orge, etc., etc., etc. 2 Collections de leurs parasites. 3° Collections des altérations produites sur les végétaux par ces insectes. 4° Collections des insectes qui attaquent les céréales dans les greniers. Calandre ou charançcon du blé. — Teigne des grains, — Calandre ou cha- rançon du riz, etc., etc. 50 Collections des altérations produites par ces insectes. 60 Appareils et moyens propres à les détruire, notices, etc. 2° CLASSE INSECTES NUISIBLES A LA VIGNE 4° Collections des insectes sous leurs différents états de larves, de chrysalides et d'insectes parfaits, ou des dessins représentant ces mêmes insectes. Travaux et études sur le Phylloxera vastatriæ.-—Pyrale de la vigne. — Cochylis de ia vigne — Tordeuse hépatique. — Procris mange-vigne. — Euchlore de la vigne. — Rhynchites, vulgairement urbecs, bêches — Ecrivain ou Eumoipe de la vigne, connu également sous le nom de gribouri. Altise, connue sous les noms vulgaires de babo, pucerolle, de puces des jardins. — Vespère ou capricorne de la vigne. — Coche- nille de la vigne, etc., etc. à IS : 2° Instruments et moyens propres à la destruction des insectes nuisibles à la vigne. 30 Altérations produites sur les plantes par ces insectes. 4° Mémoires sur ces insectes. Collections. BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE 187 3° CLASSE INSECTES NUISIBLES AUX PLANTES INDUSTRIELLES 1 Aux pommes de terre. Doryphora. — Vers gris. — Vers blancs. — Teigne de la pomme de terre. 20 Aux plantes saccharifères. 1° BETTERAVES : Mouche de la betterave. — Casside nébuleuse. — Tau- pins. — Vers gris, etc., etc. Ro CANNE A SUCRE : Borer de la canne à sucre. 80 Aux plantes oléagineuses. 1° CozzA : Altise. — Charançon. — Puceron, etc., etc. 20 Orrvier: Mouche des olives. — Scolyte de l'olivier. — Mineuse des feuilles de l'olivier. — Mineuse des noyaux de l’olive.s — Psylle de l'olive. — Gallinsecte de l'olivier. — Thrips de l'olivier, etc., etc. 3 Pavot: Charançon du pavot. — Puceron du pavot. — Mouche du pavot, etc. 4° Aux plantes textiles. 1° CHANVRE : Altise du chanvre. — Teigne du chanvre., etc., etc. 20 LIN: Altise. — Phalène du lin. 80 Corox : Noctuelle du coton. — Gallinsecte du coton, etc. 5° Aux plantes tinctoriales. 1° GARANCGE. 2° PASTEL. 30 INDIGo. 6° Au houblon. 1° Au chardon à foulon. 8° Au tabac, etc. 90 Altérations produites sur ces végétaux par les insectes destructeurs. 10° Notices et travaux sur ce sujet, 4° CLASSE INSECTES NUISIBLES AUX PLANTES FOURRAGÈRES, POTAGÈRES, ORNEMENTALES, ETC. lo À la luzerne, au trèfle, au sainfoin et autres fourrages. Mouche ou agromyze pied noir. Colaspe noir. Bombyx de la luzerne. — Apion du trèfle. — Bombyx du trèfle. — Puceron du sainfoin. — Cha- rançons des luzernes, etc. 2° Chou, moutarde et autres crucifères. Altise. — Papillons du chou. — Mouche du chou. — Tipule potagère. — Puceron du chou, etc. 3 Pois, fèves, lentilles et autres légumineuses. Bruche du pois.— Teigne des pois verts. — Noctuelle potagère. — Bruche de la fève. — Puceron de la fève. — Bruches de la lentille. — Bruche des haricots. 4° Asperges, artichauts, fraisiers, salades et autres plantes. Criocères de l’asperge ; puceron des racines. — Casside verte, etc. 5° Plantes d'ornement, rosiers, dahlias, cinéraires, héliotropes, géraniums, tulipes, lis. Pucerons, tenthrèdes, criocères, altises, etc. 60 Plantes de serre, cactus, orchidées, etc. Thrips, cochenilles, kermès, etc. 1° Rosiers, tenthrèäes, pucerons, etc. 80 CHPADIÉRRS et autres cryptogames comestibles, diptères des champignons et truffes. 188 BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 0" CLASSE INSECTES NUISIBLES AUX ARBRES FRUITIERS ET AUX FRUITS 4° Aux pommiers. Scolvtes du pommier. — Charançons des pommiers. — Puceron lani- gère. — Bombyx livrée. — Yponomeutes du pommier. — Carpocapse, etc. 2° Aux poiriers. Charançon du poirier. —"‘Tigre. — La Larve-limace, etc. 3° Aux néfliers. 4° Aux cerisiers. Tenthrède du cerisier. — Pyrales des cerises, etc. 5° Aux pruniers. Scolyte du prunier. — Bostriche du prunier. — Charançon du prunier. Carpocapse, etc. — Puceron du prunier. — Pyrale du prunier, etc. 6° Aux abricotiers. Charançon des abricotiers. — Carpocapse, etc. 7e Aux pêchers et brugnonniers. «8 Puceron du pêcher. — Teigne du pêcher, etc. 8° Aux amandiers. 90 Aux groseilliers et cassis. Mouche à scie du groseillier, etc. 10° Aux orangers, citronniers. — Cocciens, Fumagine, etc. {le Aux figuiers. 12° Aux noyers. 43° Myriapodes nuisibles aux fruits. Collections de ces insectes. LE dons des altérations produites sur les végétaux par les insectes destruc- eurs. Notices et monographies sur ce sujet. 6° CLASSÉ INSECTES NUISIBLES AUX ARBRES FORESTIERS ET D’ALIGNEMENT A . Essences feuillues . 4° Aux chênes. 2 Aux ormes. 3° Aux hôtres. 4 Aux peupliers et aux bouleaux. 0° Aux pins et autres arbres. Scéytes. — Bostriches. — Charançon. — Capricornes. — Pucerons. — Ker- mès. — Bombyx. — Noctuelles. — Tordeuses. — Buprestes, etc. B. Essences resineuses . Pins, sapins, mélèzes, etc. Bostriches. — Charancons, Lophyres, Bombyx. — Tordeuses, etc. Notices et monographies sur les ravageurs forestiers. Collection de bois rava- gés. Etudes spéciales sur le Ver blanc, sur le Bombyx processionnaire, sur le Corœæbus bifasciatus : procédés et appareils pour les détruire. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE 189 7° CLASSE INSECTES QUI ATTAQUENT LES BOIS EMPLOYÉS DANS LES CONSTRUCTIONS 1° Les Termites sous leurs différents états. 2° Altérations produites par les Termites. 3° Les Vrillettes (Anobium), les Rhyncoles, les Lyctes, etc. 4° Collections des altérations produites par les Vrillettes, les Rhyncoles. 50 Les Limexylons qui attaquent les constructions navales. 6° Notices et moyens de destruction. 7 Echantillons des bois ravagés par le Limexylon naval. 8° CLASSE INSECTES DESTRUCTEURS DES MATIÈRES ORGANIQUES SÈCHES, ET DES PROVISIONS DE NOS DEMEURES 1° Insectes qui détruisent les matières premières : laine, crin, plumes, étoffes fourrures, etc. 2° Insectes qui détruisent les collections d'histoire naturelle, les livres, etc. 3° Dégâts produits par ces insectes ; moyens de destruction. 4° Tableaux comparatifs de ces insectes et autres pouvant servir à reconnaitre la provenance de certains produits (Laines, crins, cotons, etc.), chaque pays ayant ses espèces particulières. — Notices. 9° CLASSE INSECTES CARNASSIERS NUISIBLES A LA PISCICULTURE Dytiques, Hydrophiles, Libellules, Nèpes, Ranâtres, Notonectes, etc. 10° CLASSE PARASITES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX DOMESTIQUES De l'homme. Du bœuf. Du cheval. Du mouton. Du porc. Des poules. Des pi- geons, etc. (Cousins. — OEstres. — Acariens, etc.) Moyens de destruction. — Insecticides. 11: CLASSE ANNELÉS, ENTOZOAIRES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX Ténias, Trichine, Ascarides, Oxylures, Ligules. — Notices, dessins et monogra- phies à ce sujet. TROISIÈME DIVISION LES AUXILIAIRES 1" CLASSE COLLECTIONS 10 Insectes carnassiers (carabiques, staphylins, etc.). 2° Insectes parasites et destructeurs des chrysalides (ichneumons). 190 BULLETIN D’'INSECTOLOGIE AGRICOLE 3° Insectes destructeurs de Limaces et de Colimaçons. 4 Myriapodes utiles. 5, Arachnides. 6 Mammifères, oiseaux, reptiles insectivores, batraciens. ; Taupes,Chauves-Souris, Hérissons, Chouettes, Becs-fins, Hirondelles, Engou- levents, etc., Lézards, Crapauds, Grenouilles, Salamandres, Tritons, etc. 2° CLASSE ANIMAUX VIVANTS 1° Insectes et auxiliaires vivants : 2 Reptiles, oiseaux insectivores vivants. 3° Aquariums de batraciens, d'insectes aquatiques etd'annélides. 4 Arachnides vivants. 9° Crustacés : Écrevisses, Homards, Langoustes, Crabes, etc. 3° CLASSE INSTRUMENTS DIVERS L Nichoirs artificiels et moyens de propagation ou de défense des oiseaüx in- sectivores. 2° Instruments d'optique pour l'observation des insectes, etc. 3° Préparationsmicrographiques. 4o Instruments pouvant être utilisés à la destruction des insectes ; Pompes, Instruments de culture à main, Pals à insecticide, :chenilloirs, Coutelle- rie, Pièges, etc. ©, Engrais insecticides, poudres toxiques. Go DUDPRES . manuscrits traitant des insectes en général et de leurs pro- uits, etc. QUATRIÈME DIVISION MOLLUSQUES (Hors cadre) MOLLUSQUES NUISIBLES A L'AGRICULTURE Limaces, Escargots, etc. Moyens de destruction des mollusques nuisibles à l'agriculture. — Mémoires, etc. Mollusques fluviaux et maritimes. DIVISION COMPLÉMENTAIRE INSECTOLOGIE APPLIQUÉE AUX ARTS ET A L'INDUSTRIE 4 Tableaux, peintures et sculptures d'insectes ou de leur habitat. 2 Objets divers où les insectes ont été pris pour modèles et pour ornement : bijoux, camées, parures, imitations, fantaisie, etc., etc. Les médailles seront accordées aux meilleures imitations de la nature. P.S.— A partir de juin on pourra se procurer, an secrétariat de la Société, rue Monge, 67, des feuilles pour les demandes d'exposition. Ces feuilles contiendront des renseignements sur le mode d'envoi, etc. TABLE DES MATIÈRES DU DIXIÈME VOLUME, ANNÉE 1885. PARLE (NOIO SUT UN). 2 MM cn eee ele io 129 REURdui NE... .. . Rs 2 ANT EN IDCEM 81 MnobiMEl)MDARICeUN. : ES A AN COLIN NN AA 176 AnbonomeMtbidéstteurs dUMPDOMMIEL 0... CT NUE 51 EAST EC AIDODIBRGLOIX 0 ++ eu cle see MM RS ENION 48 Attaciens (les) séricigènes de Madagascar. . ... . . .. .. . 4. 59 4 B HEC ANSMNSECUVOTES RM: L.0 0. 0 0 RU NE 8 Fees 6 ME CORRE TR INT: 23 BOMDNAdISDAL ATOS AMEN LE LU UD NN A ARRET 79 Éttdre OMG A CEE CORRE ER EE De TES 6: 66 : C COYS ORDER A) EME 0 ce 10 of Lee es Vous de eue ele l'en e te ee el 128 Cendelen (la) ChamMpeine MEN AMENER ANT RL 90 Goléontereibentantere nt. 10. en .0. 0er EME EU 176 Gorrespondance suriles sauterelles:. 2"... 4, EM ON EU 7 D Dacus oleæ (observations sur 16) 2 NOMME 1 33 j E Pducationsidattaciensiséricigènes. . . . . : M4 0.142, 40 145, 107 EnSéenemenNEA INR AVEUXS te UML ALUONT AMP ROIS 4 DOS CHACCUMNES ‘a°0 10 Ge 6) OR SE A ENT EE 48 FADOSNDONTESINSECLES AE TD. EU CRU 177 F Housnnisutles) Ma TOUEMIRIOUSSEN CR CT CRAN EE 164 ROURMISSATNIAAOILES SERRES EN CU. LMI RER Re 165 HOEBHSNESDUCELONS MAR CL CR IT 167 HOULMISMOISSONNEUSES MM NE 0. à ce à co ele CU 169 G CAN DAC ATELIERS NL. CIE 1120121 Groseilliers (insectes ennemis des). .:. . . . . 0... . 13, PA H bnohosque CAACREvAIN ES". 1. 000.1 NN PNR 49 Il Insectes dans la fécondation des plantes. . . ............. 24 Insectéstennemis desterosellliers MN NE ENE 13; 21 Insectes nuisibles aux plantes repiquées. . . . . ... .:. : . : ... .. 45 Insectes nuisibles aux fleurs des pommiers. . . . .. .. . . . . . . .. 51 IMAC IÉS TOTALE ET TL 5 PROONEEEONNRNEeERTER 113 DT MENU NRC PRIOR EE LUE PL): (: ARRET VOte 1 1E PASIOCAIDEL UN PI 0 Ce ce ee MT NN ONE 15 LR Véro ER RS Re ue ML E ee Colon io 42 era din e le CC A OA 51 M Mégachile (la) du rosier. . . .....:...........,..,..... 103 MA MeAIa)F'Ondulée ENS. NO REETR C Ae 26 Mouche (la) domestique. . . . . . . . . .. EE AE DR + ang QE 61 192 BULLETIN D’INSECTOLOGIE AGRICOLE N Nématodes: (les).de la betterave. AGEN Ne 417 NotoneCte (la) ‘elauque 1 us se Re ON NE REEE 39 2 O OEuf d'hiver du phylloxéra. . . . .!. . . . .. g ce 77 29; AT, MO URSS P Paoni(erand).de nuitée : 4: 240094 at ALU RENE 11214107 Parasites du, Dacus olem.s.. #9," 4e en QUE NE ft, 23 Pentatomes’ (les) 2 "54e 2.008 MNSPRUMIUCE Lai, GENE EN ESS AE 133 Pentatomes\(les)duframhoisier. 2 1417 AN NE 159, 462 Phylloxéra; iœutd'hivér te. 2. MBNeRSAEA UE, ON ENTER 29, AGO MAS Prosrammeide l'exposition de 1886%,. Le EE 178 Prune OU ETOUSEL RTE MM RER AE UE TE RENE PRES 98 Pucerdo Hommes ii A OEM EE ENTRE TA ET EE DE 143 BUCELON | AUPDIB ss Fu cn. ARE MSNM en NN See ER EE 92 Pucerons des PÊCHES: -. 000. PMR, NU EN M NE ER 81 Punaise-des HtBssene en 0p br NES SES AS 2e. CIRE 150 R : Rapport sur les produits agricoles au concours'général. , . . . , .. 63 Règlement de l'exposition de 1886.............., 4... 18 Rouleürs (les).de boules. 2 eat of 0H SUR RIION 19 S Sauterelles. — V. Correspondance. Séances de la Société. , .: .,, ... 12, 41, 53, 54, 71, 83, 108, 153, 162 Sériciculture, renseignement et mercuriale. . . . . ...... PAROLE ONE Soie nouvelle en AMEÉTIQUEN M. 2 M AISNE AMIE EME 158 Sphinx atropos, papillon tête-de-mort. .....:,.::,.,.,.. “Le 99 T Teiené du: lilas, 6 ee "ere AO MEN RER LL RPAEARS 1414 HOTdeUSE Vert RME EMTEC UN SN AR ENTER IE 102 Trichie (la) française... RP 08 1 Pad A 0 EI 89 V Ver à soie de; l'ailanté...… : SRE res OUEN 141 Versà soleenltalié. 62e ea ter re SR MC MEN RIS 72 — En RUSSIE MS NET PU Re MPEG 139 Vrillettes' (les). 22e ee OR fon arrete RON RUE ROUE 138 FIGURES Éauveile 'erise. à se se sd nee se. ncpoutcen HN O0 (EX CE OPNAQE 9 Troglodyte. AV. 2/82 RSR SR En UE Re NS EN RES 10 Ghaïrles Darwin’. "Semen ce AL OT RENE 25 Ea notonecte £lauque ts RM EL EN OIO NAN MONT. SERIE EN 40 Sphinx atropos, papillon tête-de-mort. . ...........,... 56 Bruche du poisMe st Jr. REMARQUE FE CON INNPES 67 La cicindèle champêtre, insecte, larve, nymphe. . . . ..... 91, 92 Mégachile du rosier, mouche, larve, nymphe. ...... QE RE RONE Scarabées sacrés roulant leurs boules. .….......,.,......: 1." 421 Pentatomie gris... … 2148 RUN ARRET ES ONE NRNe 136 Punaise des lits: à 0e SR ET PA TU SP EURE 151 Fourmis; (pillage: d'UN'NIQE: RSS CU, 166 Fourmis occupées à traire les pucerons. : , : : Me + se Alta 167 Fourmi jaune et les pucerons de racines. . . . . Bic à «OCR 168 ose Le Gérant : H. HAMET. LPSLPIS DDR SDS SSL PPS LS PPL ITS imp. de la Soc. de Typ - NorzeTTE, 8,r.Campagne-Première, Pa:5, BULLETIN | D'INSECTOLOGIE AGRICOLE JOURNAL MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D'APICULTURE & D'INSECTOLOGIE ENTOMOLOGIE APPLIQUÉE 6° ANNÉE, N° 9. — Septembre 1881. —505— . Prix de l'abonnement : © francs par an Années parues, brochées : 3 francs. L'abonnement est de 5 fr. pour MM. les Instituteurs, Professeurs, Ministres des religions, Présidents de Sociétés agricoles ct scientifiques, Elèves des écoles publiques, et. pour les Bibliothèques scolaires et communales, —Adresser une valeur (mandat de poste) au Secrétaire de la Société, : —-36<— FARIS, AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, 67, RUE MONGE (59 ancien) | oo AVIS ESSENTIEL MM. les abonnés sont priés d'envoyer leur renouvellement d'abonnement, par un mandat de poste, à l'adresse de M. Hawer, rue Monge, 67, à Paris. jose LE Nos sociétaires sont priés de recruter des adhérents etée nous envoyer l'adresse des personnes qui pourraient s’abon- ner au Bulletin. — Les cinq premières années, brochées, sont fournies pour 12 francs aux abonnés nouveaux; une année seule, 3 francs. PPS REP LE PL P CELL | BUREAU DE RENSEIGNEMENTS INSECTOLOGIQUES Le Bureau de renseignements insectologiques ouvert à Paris par la Société centrale d’apiculture et d’insectologie, répond à toutes les questions insectologiques qui lui sont adressées, détermine les insectes qui lui sont soumis, la, nature des dégâts qu'occasionnent les nuisibles, indique les moyens de les combattre. etc. — Lorsque le renseignement ne comporte qu’une simple réponse, le demandeur doit ajou- ter dans sa lettre un timbre-poste pour l'affranchissement de la réponse. Si la demande nécessite des recherches et des dépenses de temps, le demandeur doit ajouter un mandat de 5 francs. — Adresser au secrétariat de la Société. Di PR SUR ES RE … Comité de rédaction du Bultetin : MM . Maurice GIRARD, l) H. Hamer, P.-Ch. JOUBERT, X.. et Aug. PILLAIN. si Le Gomité de rédaction laisse aux auteurs la responsabilité ‘a de leurs théories pérsonñelles. * À | PP PP EPP PEER … * Les réunions de la Société centrale d'apiculture et d’insec- tologie ont lieu Île troisième mercredi de chaque mois, à 2 heures, au pavillon du jardin du Luxembourg. ire ours des réunions pour la Session de 1884-1882 LE A Mercredi 16 novembre 4881; mercredi 21 décembre; mer- . credi.18 janvier 1882; mercredi 21 février ; mercredi ad mars P mecredi 18 avril; mercredi 16 mai: méreredi 18juin. | DUNCAN BL PA GE à RU ALU CS ge Si à LE LD A SA PT) OMS Lead ET He La L'ANNÉE: 1881. | "MM. Président. . . . . . Le docteur MARMOTTAN, député de la Seine. “DE LIESVILLE. RE . EC Hexmiey, ex-membre du Conseil munici- | | pal de Paris. _Assesseur : + + 4 VIGNOLE, président de la Société de l'Aube. Secrétaire général . : D HAMEr, professeur au Luxembourg- ELINOTTE. Secrétaires des séances. MA Ré En | Emile Beuve, à Troyes. Secrétaires. Correspon- Dumont LEGUEUR, à Amiens. dants re s ho- ? Le RICHE (de la Somme). noraires).. … 2 | FAURE-POMIER, à Brioude. UE | Docteur BourGeors, à Beauvais. Trésorier . - : + +: SIGAUT. Archiviste. . . .*:"2 GYPILLAIN. et du conseil ajoutés au bureau : MM. SaINT-PÉE, Buse et VIENNEY, | BUREAU PROVISOIRE DE LA SECTION D "INSECTOL-OGIE. Président. . .... + M. DE LA SICOTIÈRE, sénateur. Vice-président... - Maurice GIRARD. | s Secrétaire. . … . :P. Ch. JouBERT. Secrétaire adjoint . . . 1Ë4 LESUEUR. BUREAU PROVISOIRE DE LA SECTION DE SÉRICICULTURE. Président . . . . . . M. le marquis DE GINESTOUS. Vice-président. . . -) Frédéric be BouLLENOIS. Secrétaire. . . . qu la baronne DE PAGES. DRE TEUE Journal des cultivateurs d'Abeilles (25° année) sous la direc- tion de M. H. Hamer, professeur d' apiculture au. Luxembourg, 6fr. par an. Rue Monge, 67, ancien. 59, à Paris. ..: Cours pratique. d'apiculture, par M. H. Hamet, 1 vol. in-18 _jésus, avec 140 fig. Prix : 3 fr. 50. "Calendrier apicole, par MM. ous el Collin: Prix : 50 cen- times. K Librairie BOUCHARD- HUZARD, rue de l’Éperon, 5. Conseils aux nouveaux éducateurs de Vers à soie, par M. Frédéric de Boullenois. 1 vol. in-8° avec planches et gra- vures. Prix : 4 | 2 Librairie HACHETTE, Loulesatd Saint-Germain, 79. Les Métamorphoses des insectes, par M. Maurice GiRARD (Bi- | bliothèque des FN ADR 5° édition, 402 RE dans le 7 texte. Prix :2fr | Société centrale d’apiculture et d’inseetologie "+ \ EXTRAIT DES STATUTS ART. 4. — Toute personne, sans distinction de rénidte et de nationalité, peut être reçue membre titulaire et corres- pondant, en en faisant le demande par écrit, en adhérant aux _ Statuts de la Société et en s’engageant à suivre ses travaux. Les demandes d'admission doivent être adressées au secré- taire général, qui les réfère au bureau de la Société. La cotisation annuelle est de 5 fr. (3 fr. pour les institu- : teurs). Elle donne doit à la réception gratuite du Bulletin de a Société (Bulletin d'insectologie agricole). ART. 5. — Les membres litulaires reçoivent, après Leur admission, un diplôme dont le coût est de 5 fr. Ce DIRE est remis gratis aux membres honoraires. Art. additionnel. — Le titre de membre fondateur est donné à ceux qui versent annuellement 10 fr. de cotisation, ou une cotisation de 50 fr., une fois pour tout. LES INSECTES | La librairie J. B. Baillière et fils, 19, rue Hautefeuille bre le boulevard Saint-Germain), vient d éditer sous le titre de: les Insectes, par A. L. Brehm, une publication qui mérite -d’attirer l'attention de ceux qui désirent s'initier aux mœurs -des insectes. Elle se composera de 200 livraisons en 20 séries avec 40 planches, sur papier teinté et 1,500 dessins intercalés dans le texte. 11 paraît 2 livraisons par semaine, à 10 cen- times la livraison. On peut s'abonner pour 6 mois moyennant | 8 fr. ou 16 fr. pour un an. .. AVIS. — Première réunion pour à session 1881 188, mercredi 16 novembre. è AVIS AUX ABONNÉS jo La quittance des abonnés en seb leur sera Yréentée par le facteur, et il y sera ajouté 00 centimes are Ps : PARIS. — TYP. RINUY, 41, RUE DAVY. BULLETIN D'INSECTOLOGIE AGRICOLE | JOURNAL MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D'APICULTURE & D'INSECTOLOGIE ENTOMOLOGIE APPLIQUÉE « s M pt 7 ANNEE N° 45 Avri-Mai 4882 Ho: En Années parues, brochées : 5 francs Il } L'abonnement est de & fr. pour MM. les Instituteurs, Professeurs, Ministres des religions , Présidents de Sociétés agricoles ct scientifiques, Elèves des écoles publiques, et pour les Bibliothèques scolaires et communales. —Adresser une valeur (mandat de poste) au Secrétaire de la Société. —5S<— _ PARIS, AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, 67, RUE MONCE (59 ancien) | Prix de l'abonnement : :3 francs par an | k AVIS ESSENTIEL MM. les abonnés sont priés d'envoyer leur renouvellement | di d'abonnement, par un mandat de poste, à Fa pere de: M. Hawer, rue Monge, 67, à Paris. Nos sociétaires sont priés de recruter des a et de nous envoyer l'adresse des personnes qui pourraient s’abon- ner au Bulletin. — Les six premières années, brochées, sont fournies pour 15 francs aux abonnés nouveaux; une année seule, 3 francs. : J BUREAU DE RENSEIGNEMENTS. INSECTOLOGIQUES Le Bureau de renseignements insectologiques ouvert à. Paris par la Société centrale d'apiculture et d'insectologie, répond à toutes les questions insectologiques qui lui sont adressées, détermine les insectes qui lui sont soumis, la nature des dégâts qu'occasionnent les nuisibles, indique les moyens de les combattre, etc. — Lorsque le renseignement ne comporte qu'une simple réponse, le demandeur doit ajou- ter dans sa lettre un timbre-poste pour l’affranchissement de la réponse. Sila demande nécessite des recherches et des dépenses de temps, le demandeur doit ajouter un mandat de 5 francs. — Adresser au secrétariat de la Société. £ 14, Comité de rédaction du Bulletin: MM. Maurice GIRARD, H. Hamer, P.-Ch. JouserT, X... et Aug. PILLAIN. Le Comité de rédaction se aux auteurs la responsabilité 7 de leurs théories personnelles. Les réunions de la Société centrale d'Apiculture et d’Insec- tologie ont lieu le troisième mercredi de chaque mois, a 2 heures, au pavillon du jardin du Luxembourg. LES NUMÉROS DE JUIN ET DE JUILLET PARAITRONT ENSEMBLE. “Re DE LA socIÉTÉ CENTRALE D'APICULTURE ET D” INSECTOLOGIE. mPrésient.… :. Vice-Présidents. . . .) CO. Henriey, ex-membre du Gonseil Assesseur . . . . . . . ViGNoxe, président de la Société de Secrétaire général . . POUR L'ANNÉE 1882 : ; MM. Seine. {DE LIESVILLE. \ municipal de Paris. l'Aube. Secrétaires des séances DELNOTTE et MALESSARD. Br arier NN 7. SICAUT) ATCRIDESLE NL NN CCS PrELAIN. Membres du conseil ajoutés au bureau : MM. SAINT-PÉE, Barezy et VIENNEY. BUREAU DE LA SECTION D’INSECTOLOGIE Président. . . : :. . Maurice Girarr. Vice-Président. . . . M. MILLET. Secrétaire... P.-Ch. JOUBERT. Secrétaire adjoint . . E. LEsueur. BUREAU DE LA SECTION DE SÉRICIQULTURE tent. ... +. . «+ M. le marquis DE GINESTOUS. Vice-Président . . . . Frédéric pe Bourenors. Secrétaire... . . . . M" la baronne pe PAcss. NOTA. PROCHAIN, MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ (suite. Voir couverture 1878). Ÿ MM. Renard Dubois, à Paris. A. ‘Leguay, à Landeichamps (Ardennes). A. Prosper Guyot, à Paris, J, Pietro Pilau, à Bologne (Italie). S. À. Faiile, à rene (Haute-Marne). A. Maurice Mailé lé, à Versailles (Seine-et-Oise). I. Antique, à Paris. I. Gilbert Régnier, à Rhèges (Aube). A. : J. Chicanaux, instituteur à Tampot (Vosges). I. A. Jacquelin, à Sévres (Seine-et- Ge). A. Luis Cabello et Ybanez, à Barcelone (Espagne). I. Eréd. Martin, instituteur à Saint-Morillon (Gironde). I. Dellas, instituteur à Beautiran (Gironde). I. Virolleau, instituteur à Cabanac (Gironde). I. Lescuyer, à Saint-Dizier (Haute-Marne). I. D: Thomas, à Tauzier (Tarn). I. Cuelorf, instituteur à Pouilloux (Saône-et-Loire). I Fortepaule, instituteur à Bray LEE 1 Bourg, à Erquery (Oise). A. \ Petit, à Paris. A. Ds Roussaux, à Noisiel (Seine- -et-Marne). A. _E. Demogeot, instituteur à Fays (Haute-Marne). A, J. Burnet, instituteur à Flumet (Savoie). I. (A suivre). ... Le docteur MarmorTan, député de la M. Hamer, professeur au Luxembourg. — LA LISTE DES MEMBRES NOUVEAUX SERA DONNÉE LE MOIS “rt n. Société centrale ie à culture et d'insectologie OT Tv de EXTRAIT DES STATUTS ; ART. 4. — Toute personne, sans distinction de résidence et de nationalité, peut être reçue membre titulaire et. Ccorrespon- _dant,enen faisant la demande par écrit, en adhérant aux sta- tuts de la Société et en s’engageant à suivre ses travaux. £ Les demandes d'admission doivent être adressées au Secré- taire général, quiles réfère au bureau de la Société. : La cotisation annuelle est de 5fr. (3 fr. pourles institu- teurs). Elle donne droit à la réception gratuite du Bulletin de la Société (Bulletin d'insectologie agricole.) ART. 5. — Les membres titulaires reçoivent, après leur admission, un diplôme dont le coût est de 5 fr. Ce diplôme est remis gratis aux membres honoraires. Art. additionnel. — Le titre de membre fondateur est Tonee) à ceux qui versent annuellement 10 fr. de cotisation, ou une. cotisation de 50 fr., une fois pour tout. ERP YU ” LI L 0 LES INSECTES | La librairie J.-B. Baiïllière et fils, 19, rue Hautefeuille (près le boulevard Saint-Germain), vient d'éditer sous le titre de : Les Insectes, par A. L. Brehm,une publication qui mérite d'attirer l'attention de ceux qui désirent $ initier aux mœurs desinsectes. i Elle se composera de 200 livraisons en 20 séries avec 40 plan- ches sur papier teinté et 1.500 dessins intercalés dans le texte. . I paraît 2 livraisons par semaine, à 10 centimes la livraison. On peut s'abonner DOUX 6 mois PUR 8 fr., ou 16 fr. pour un an. L'APICULTEUR Journal des cultivateurs d’abeilles (25° année), sous la direc- tion de M.H.Hawer, professeur d'apiculture au Luxeml ourg, 6 fr. par an. Rue Monge, 67 (ancien 59), à Paris. Cours pratique d’apiculture, par M.H. Hamet, 1 vol. in-18 jésus, avec 140 fig. Prix : 3 fr. 50. Calèndrier apicole, nas MM. Hamet et Collin. Prix: 150 cen- times. | 'H Librairie BOUCHARD-HUZARD, rue de id 5. Conseils aux mouveaux éducateurs de vers à soie, par À M. Frédéric de Boullenois. { vol. in-8°, avec planches et sta vures. Prix : 4 fr. Librairie HACHETTE, boulevard SE 79. Les Métamorphoses des insectes, par M. Maurice Grirarn (Bibliothèque des merveilles). 5° édition, 402 “ienétins Ne le texte. ‘Prix ir 95; | Im®. dela Soc. de Typ. - No1zeTTE, 8, r. Campagne-Première. Paris. OS SRE S ID INSECTOLOGIE AGRICOLE JOURNAL MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ, CENTRALE D'APICULTURE & D'INSECTOLOGIE ENTOMOLOGIE APPLIQUÉE 60 Las 7° ANNEE, N° 8-9 — Août-Septembre 1882 D DE Prix de l'abonnement : © francs par an Années parues, brochées : 3 francs. L'abonnement est de 5% fr. pour MM. les Instituteurs, Professeurs, Ministres des religions , Présidents de Sociétés agricoles et scientifiques , Elèves des écoles publiques, et pour les Bibliothèques scolaires et communales. —Adresser une valeur (mandat de poste) au Secrétaire de la Société, —570<— PARIS, AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, 67, RUE MONGE (59 ancien) AVIS ESSENTIEL MM. les abonnés sont priés d'envoyer leur renouvellement d'abonnement, par un mandat de poste, à l'adresse de M. Hawer, rue Monge, 67, à Paris. - Nos sociétaires sont priés de recruter des adhérents et de nous envoyer l'adresse des personnes qui pourraient s'abon- ner au Bulletin. — Les six premières années, brochées, sont fournies pour 15 francs aux FARPAUEE nouveaux; une année 4 seule, 3 francs. BUREAU DE RENSEIGNEMENTS INSECTOLOGIQUES Le Bureau de renseignements insectologiques ouvert à Paris par la Société centrale d’apiculture et d'insectologie, répond à toutes les questions insectologiques qui lui sont adressées, détermine les insectes qui lui sont soumis, la nature des dégâts qu’occasionnent les nuisibles, indique les moyens de les combattre, etc. — Lorsque le renseignement ne comporte qu'une simple réponse, le demandeur doit ajou- ter dans sa lettre un timbre-poste pour l'affranchissement de la réponse. Si la demande nécessite des recherches et des dépenses de temps, le demandeur doit ajouter un mandat de 5 francs. — Adresser au secrétariat de la Société. Comité de rédaction da Bulletin: MM. Maurice GIRARD, H. Haner, P.-Ch. JouserT, X... et Aug. PILLAIN. Le Comité de rédaction laisse aux auteurs la responsabilité : de leurs théories personnelles. Les réunions de la Société centrale d'Apiculture et d'Insec- tologie ont lieu le troisième mercredi de chaque mois, à 2 heures, au pavillon du jardin du Luxembourg. — Lesréu- nions de cette année auront lieu le 18 octobre, 15 novembre et 20 décembre. t- LES NUMÉROS D'OCTOBRE ET DE NOVEMBRE PARAITRONT ENSEMBLE. } BUREAU DE LA SOCIÉTÉ CENTIALE D'APICULTURE ET D'INSECTOLOGIE POUR L'ANNÉE 1882 MM. PrÉRIDENT LR. |. Le docteur MAaRMoTTAN, député de ,a * Seine. DE LIESVILLE. C. Hexricy, ex-membre du Conseil Vice-Présidents. . . . l municipal de Paris. Assesseur . . . . . . . VIGNOLE, président de la Société de l'Aube. Secrétaire général . . M. Hawer, professeur au Luxembourg Secrétaires des séances DELINOTTE et MALESSARD. ASE 5 1. VO SIG AUT. Archiviste ....... C. PILLAIN. Membres du conseil ajoutés aw bureau : MM. Sant-Pée, Baïczy et VIENNEY. D. BUREAU DE LA SECTION D’INSECTOLOGIE Président TE EE Maurice GIRARD. Vice-Président. . . . M. MiLLEer. Secrétaire... . . .…... P.-Ch. JourerT. Secrétaire adjoint . . KE. LESUEUR. BUREAU DE LA SECTION DE SÉRICICULTURE Président. . . . ».. + M.le marquis nE GINESTOUS. Vice-Président . . . . Frédéric DE BoULENOIS. Secrétaire. ... 1. M”° la baronne DE PAGES. NOTA. — LA LISTE ES MEMBRES NOUVEAUX SERA DONNÉE À LA FIN DE L'ANNÉE. LES PARASITES ET LES MALADIES DE LA VIGNE | ; PAR ED. ANDRÉ (Publication de la Société scientifique de la Jeunesse) OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES Prix franco: 4 Fr. = Chromo-Lithographies apicoles 5 Jolies planches coloriées (30 centim. sur 20), fort papier, représentant l’Abeille italienne grossie, le Faux-Bourdon, la Mère, les Organes intérieurs, les Organes de la bouche : 50 c. franco ; 2 fr. les 5. — Bureau du Bulletin. Société centrale d’apiculture et d'inseetologte EXTRAIT DES STATUTS ART. 4. — Toute personne, sans distinction de résidence et de nationalité, peut être reçue membre titulaire et correspon- dant, en en faïsant la demande par écrit, en adhérant aux sta- tuts de la Société eten s ‘engageant à suivre ses travaux. Les demandes d'admission doivent être adressées au Secré- taire général, qui les réfère au bureau de la Société. La cotisation annuelle est de 5 fr. (3 fr. pour les institu- teurs). Elle donne droit à la réception gratuite du Bulletin de la Société (Bulletin d'insectologie agricole.) : ART. 5. — Les membres titulaires reçoivent, après leur admission, un diplôme dont le coût est de 5 fr. Ce cipionee est remis gratis aux membres honoraires. Art. additionnel. — Le titre de membre fondateur est donné à ceux qui versent annuellement 10 fr. de cotisation, ou une cotisation de 50 fr., une fois pour tout. } LES. INSECTES La librairie J.-B. Baillière et fils, 19, rue Hautefeuille (près le boulevard Saint-Germain), vient d'éditer sous le titre de : Les Insectes, par A. L. Brehm, une publication qui mérite d'attirer l'attention de ceux qui désirent s'initier aux mœurs desinsectes. Elle se composera de 200 livraisons en 20 séries avec 40 plan- ches sur papier teinté et 1.500 dessins intercalés dans le texte. Il paraît ? livraisons par semaine, à 10 centimes la livraison. On peut s'abonner pour 6 mois moyennant 8 fr. , ou 16 fr. Po | un an. | L'APICULTEUR _ Journal des cultivateurs d’abeilles (25° année), sous la direc- tion de M.H.Hawer, professeur d'apiculture au Luxembourg, | 6 fr. par an. Rue Monge, 67 (ancien 59), à Paris. Cours pratique d’'apiculture, par M.H. Hamet. 1 vol. in-18 | jésus, avec 140 fig. Prix: 3 fr. 50. Calendrier apicole, par MM. Hamet et Collin. Prix: 50 cen- times. | J Librairie BOUCHARD-HUZARD, rue de a 5 Conseils aux nouveaux éducateurs de vers à soie, par. M. Frédéric de Boullenois. 1 pe in-8°, avec planches et Er vures. Prix : 4 fr. Librairie HACHETTE, boulevard Ent Gers 7m. “<° Les Métamorphoses des insectes, par M. Maurice GIRARD (Bibliothèque des merveilles). 5° édition, 402 nt: dans le texte. Prix:2 fr. 25. 412 Imp. de la Soc. de Typ- - No1zETTE, 8,r. Campagné-Première. Paris. BCE LETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE JOURNAL MENSUEL. DE La _. TÉ CENTRALE D' APICULTURE & D'INSECTOLOGIE ENTOMOLOGIE APPLIQUÉE | | - DE Prix de l’abonnement : 2 francs par an Années parues, brpchéteh 3 francs. L Ébote tnt est de 3 fr. pour MM. les Instituteurs, Professeurs, Ministres des _reli igious , Présidents de Sociétés agricoles et scientifiques, Elèves des écoles publiques, et pour les Bibliothèques scolaires et communales, —Adresser une valeur (mandat de poste) au Secrétaire de la Société, —"2<— PARIS, AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, 67, RUE MONUE (59 ancien) | { 7° ANNEE, N° LOT — Octobre-Novembre 1882 AVIS ESSENTIEL = MM. les abonnés sont priés d'envoyer leur renouvellement d'abonnement, par un mandat de poste, à l'adresse de M. Hawer, rue Monge, 67, à Paris. Nos sociétaires sont priés de recruter des adhérents et de nous envoyer l'adresse des personnes qui pourraient s'abon- ner au Bulletin. — Les six premières années, brochées, sont fournies pour 15 francs aux abonnés nouveaux; une année seule, 3 francs. BUREAU DE RENSEIGNEMENTS INSECTOLOGIQUES Le Bureau de renseignements insectologiques ouvert à, Paris par la Société centrale d’apiculture et d'insectologie, répond à toutes les questions insectologiques qui lui sont adressées, détermine les insectes qui lui sont soumis, la nature des dégâts qu'occasionnent les nuisibles, indique les moyens de les combattre, etc. — Lorsque le renseignement ne comporte qu'une simple réponse, le demandeur doit ajou- ter dans sa lettre un timbre-poste pour l’affranchissement de la réponse. Si la demande nécessite des recherches et des dépenses de temps, le demandeur doit ajouter un mandat de 5 francs. — Adresser au secrétariat de la Société. Comité de rédaction du Bulletin: MM. Maurice GIRARD, H. HAmeT, P.-Ch. Jouserr, X... et Aug PILLAIN. Le Comité de rédaction laisse aux auteurs la responsabilité de leurs théories personnelles. Les réunions de la Société centrale d’Apiculture et d’Insec- tulogie ont lieu le troisième mercredi de chaque mois, à 2 heures, au pavillon du jardin du Luxembourg. — Les réu- nions de cette année auront lieu le 18 octobre, 15 novembre et 20 décembre. La réunion de décembre et celle de janvier, auront lieu * chez M. Fallou, rue des Poe 10, à 8 heures précises du soir. BUREAU DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’APICULTURE ET D'INSECTOLOGIE POUR L'ANNÉE 1882 MM. Président). Le docteur MARMoTTAN, député de la Seine. DE LIESVILLE. Vice-Présidents. . . on Henricy, ex-membre du Conseil municipal de Paris. MSN NOR IE «: ViGNoLr, président de la Société de l'Aube. Secrétaire général . . M. Hauer, professeur au Luxembourg Secrétaires des séances DELINOTTE 6t MALESSARD. Presortens Sri PISIGÂUT. Archiviste :. : ... .. C. PILLAINN. Membres du conseil ajoutées au bureau : MM. SaintT-Pée, Baïzzy et VIENNEY. BUREAU DE LA SECTION D’INSECTOLOGIE Président. . . . . . . Maurice GIRARD. Vice-Président. . . . M. MILLET. Secrétaire. . . . . ... P.-Ch. JouBErt. Secrétaire adjoint . . KE. LESUEUR. BUREAU DE LA SECTION DE SÉRICICULTURE Présidents ot nrj aqn M. le marquis DE GINESTOUS. Vice-Président . . . . Frédéric DE BOULENOIS. SOCTÉIUITE. se se tte M°° la baronne DE PAGES. NOTA. — LA LISTE ES MEMBRES NOUVEAUX SERA DONNÉE À LA FIN DE L'ANNÉE. LES PARASITES ET LES MALADIES DE LA VIGNE PAR ED. ANDRÈÉ (Publication de la Société scientifique de la Jeunesse) OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES Prix franco : 4 Fr. Chromo-Lithographies apicoles 5 Jolies planches coloriées (30 centim. sur 20), fort papier, représentant l’Abeille italienne grossie, le Faux-Bourdon, la Mère, les Organes intérieurs, les Organes de la bouche : 50 c. franco ; _ £fr. les 5. — Bureau du Bulletin. “ Société centrale dapiculture et d’insecto!ogie EXTRAIT DES STATUTS ART. 4. — Toute personne, sans distinction de résidence et de nationalité, peut être reçue membre titulaire et correspon- dant, en en faisant la demande par écrit, en adhérant aux sta- tuts de la Société eten s ’engageant à suivre ses travaux. :. Les demandes d'admission doivent être adressées au Secré- taire général, qui les réfère au bureau de la Société. La cotisation annuelle est de 5 fr. (3 fr. pour les institu- teurs). Elle donne droit à la réception gratuite du Bulletin de la Société (Bulletin d'insectologie agricole.) ù ART. 5. — Les membres titulaires reçoivent, après. jeur admission, un diplôme dont le coût est de 5 fr. Ce diplôme est remis gratis aux membres honoraires. Art. additionnel. — Le titre de membre fondateur est donné à ceux qui versent annuellement 10 fr. de cotisation, . ou une cotisation de 50 fr, une fois Por toute S PPPSS PS LES INSECTES. La librairie J.-B. Baïllière et fils, 19, rue Hautefeuille des le boulevard Saint-Germain), vient d’ éditer sous le titre de : Les Insectes, par A. L. Brehm,une publication qui mérite d'attirer l'attention deceux qui désirent s'initier aux mœurs desinsectes. Elle se composera de 200 livraisons en 20 séries avec 40 plan- ches sur papier teinté et 1.500 dessins intercalés dans le texte. . Il paraît 2 livraisons par semaine, à 10 centimes la livraison. On peut s'abonner ROUE 6 mois moyennant 8 fr.,ou 16 fr. pour un an. pa ; ATOZ A da Journal des cultivateurs d’abeilles (25° année), sous la direc- tion de M.H.Hamer, professeur d'apiculture au Luxembourg, 6 fr. par an. Rue Monge, 67 (ancien 59), à Paris. Cours pratique d'apiculture, par M.H. Hamet 1 vol. in-18 jésus, avec 140 fig. Prix: 3 fr. 50: Le Calendrier apicole, par MM. Hamet et Collin. Prix: Lu cen- times. 24 Librairie BOUCHARD-HUZARD, rue de l'Éperon, 5. Conseils aux nouveaux éducateurs de vers à soie, par M. Frédéric de Boullenoiïs. 1 vol. in-8°, avec planches et. gra- vures. Prix : 4 fr. Dos HACHETTE. boulevard SE 79. Les Mélamorphoses des insectes, par M. Maurice GIRARD (Bibliothèque des merveilles). 5° édition, 402 vignèttes dans le texte: Prix :2 fr. 25. | 1 que Imp delaSoc. de Typ. - NorzETTE, 8, Ca Dante Pre ETES * EVA INEESS BULLETIN || D'INSECTOLOGIE AGRICOLE | | DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE D'APICULTURE & D'INSECTOLOGE | | ENTOMOLOGIE APPLIQUÉE 9* année, N° 4. — JANVIER 4884 Prix de l'abonnement : % francs par an Années parues, brochées : 5% francs _ L'abonnement est de 33 fr. pour MN. les Instituteurs, Professeurs, Ministres des religions , Présidents de Sociétés agricoles ct scientifiques, Elèves des écoles publiques, et pour les Bibliothèques scolaires et communales. —Adresser une valeur (mandat de poste) au Secrétaire de la Société. —es— _ | PARIS, AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, 67, RUE MONGE, 67 L' _n ANS ESSENTIEL MM. les abonnés sont priés d'envoyer leur nee Et d'abonnement, par un «mandat de poste, à l'adresse de M. Hauer, rue Monge, 67, à Paris. Nos sociétaires sont priés de recruter (les adhérents et de. nous envoyer l'adresse des personnes qui pourraient s'abon- ‘ner au Bulletin. — Les sept premières années, brochées, sont fournies pour 17 francs aux abonnés nouveaux; une année seule, 3 francs. BUREAU DE RENSEIGNEMENTS INSECTOLOGIQUES Le Bureau de renseignements insectologiques ouvert à Paris par la Société centrale d’apiculture et d'insectologie, # répond à toutes les questions insectologiques qui lui sont adressées, détermine les insectes qui lui sont soumis, la nature des dégâts qu'occasionnent les nuisibles, indique les moyens de les combattre, ete. — Tiorsque le renseignement ne comporte qu'une simple réponse, le demandeur doit ajou- ter dans sa lettre un timbre-poste pour l’affranchissement de la réponse. Si la demande nécessite des recherches et des dépenses de temps, le demandeur doit ajouter un mandat de " 5 francs. — Adresser au secrétariat de la Société. Roi: { Comité de réa du Bulletin : MM. Maurice Ganann, | H. Hawer, P.-Ch. Jouserr, X.. et Aug. PILEAIN. à Le Comité de Mie laisse aux auteurs la responsabilité de leurs théories personnelles. 3 | 1 re o%+ 4 .. 19] i a. Jours des réunions. Les réunions de la Sociéié auront lieu en février, le 20 à 2 heures et demie, chez M. Fallou, rue des Poitevins, 10. Les autres réunions suivantes auront lieu au pavillon du jardin du Luxembourg à 2 heures et demie, les 19 mars, 16 avril, 21 mai, 18 juin et 16 juillet. Tout mem bre peut y assister, lors même qu'il n'aurait pee reçu de con- vocation. Rr ta # * A L * " . BUREAU DE LA SOCIÈTÉ CENTRALE D’APICULTURE ET D'INSECTOLOGIE M POUR L'ANNÉE 1884 Président . . . . . .. Le docteur MARuoTTAN, ancien député de la Seine, maire du 16° arr., TUC Desbordes-Valmore, 31. { MAURICE GIRARD, rue Gay-Lussac, 28. Vaice-Presidents.. .: 27 | t JA MALESSARD, rue Breguet, 6. Assesseur . . . . . . . VIGNOzE, président de la Société d’api- ! culture de l'Aube. Secrétaire général . . M. Hamer, professeur au Luxembourg. Secrétaires des scances DELINOTTE et A. FOURNIER. Presortentniie LU CUT SIGATT: PROCHES TE NN TR Ne . C. PHEAIN. Membres du conseil ajoutés au bureau : MM. SaiNtT-Pée, VignNEY et ASSET. BUREAU DE LA SECTION D’INSECTOLOGIE President. . . . . . . Maurice GirARD. LU Vice-Président. . . . M. FALLOU. Secrétaire. . : . . .. P.-Ch. JouBErT. Secrétaire adjoint . . KE. LESUEUR. BUREAU DE LA SECTION DE SÉRICICULTURE Président. . : .:. . . M. le marquis DE GINESTOUS. Vice-Président . . . \ Frédéric nE BOULLENOIS. SÉCHÉES de ele M°°-la baronne DE PAGES, Secrétaire-adjoint. . . RAME. NOTA. — VOIR LE NUMÉRO DE DÉCEMBRE 1882 POUR LA LISTE DES MEMBRES ACTIFS DE LA SOCIÉTÉ. ' LES PARASITES ET LES MALADIES DE LA VIGNE | PAR ED. ANDRÉ (Publication de la Société scientifique de la Jeunesse OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES Prix franco : 4 Fr. AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, RUE MONGE, 67 SCIENCE ET NATURE Revue internationale illustrée des progrès de la Science et de l’Indus- trie paraissant tous les samedis. Prix : 20 francs pour Paris et 24 francs pour les départements. Union postale : 4 france en plus. Eibrairié: 125 BAILLIÈRE et fils, 19, rue Hautefeuille d PARIS. 112 ‘ « Ê CES Société centrale d'apieutture et dinsectolosie 4 EXTRAIT DES STATUTS 0 ART. 4. — Toute personne, sans distinction de bare et. de nationalité, peut être reçue membre titulaire et correspon- dant, en en faïsant la demande par écrit, en adhérent aux sta. ee tuts de la Société eten s ’engageant à suivre ses travaux. Ne 2 Les demandes d° admission doivent être adressées au Secré- taire général, qui les réfère au bureau de la Société. sie PE La cotisation annuelle est de 5 fr. (3 fr. pour les institu- teurs). Elle donne droit à la réception gratuite mere de. la Société (Bulletin d'insectologie agr icole: it 4, ART. 5. — Les membres titulaires reçoivent, ‘après leur admission, un diplôme dont le coût est de 5 fr. Ce diplôme est. remis gratis aux membres honoraires. Art. additionnel. — Le titre de membre fondateur est donné à ceux qui versent annuellement 10 fr. de cotisation, où une | cotisation de 50 fr., une fois pour tout. |: 21: AGEN LES INSECTES La librairie J.-B. Baillière et fils, 19, rue Hautefeuille en le . boulevard Saint-Germain), vient d'éditer sous le titre de : Les Insectes, par A. L. Brehm, une publication qui mérite d’ attirer F attention de ceux qui désirent s'initier aux mœurs des insectes. Elle se composera de 200 livraisons en 20 séries avec 40 plan- ches sur papier teinté et 1.500 dessins intercalés dans le texte. Il paraît 2 livraisons par semaine, à 10 centimes la livraison. On peut s'abonner pour 6 mois moyennant 8 fr., ou à 16 fr. pour un an. PNEUS à Ko À L'APICULTEUR | 1 |“ : Journal des cultivateurs d'abeilles (25° année), sous la on tion de M.H.Hamer, professeur d'apiculture au Luxembourg, 6 fr. par an. Rue Monge, 67 (ancien 59), à Paris. Cours pratique d'apiculture, par M.H. Hamet, Î vol. in: jésus, avec 140 fig. Prix : 3 fr. 50. or Calendrier apicole, par MM. Hamet et Gollin. Prix: : 50 cen- times. Librairie BOUCHARD-HUZARD, rue Pr ETES Conseils aux nouveaux éducateurs de vers à soie, r M. Frédéric de Boullenoîs. 1 vol. in-8?, avec “planches et Ta- vures. Prix : 4 fr. s Rd Librairie HACHETTE, boulevard Saint-Germair Les Métamorphoses des insectes, par M. Maurice Gr (Bibliothèque des ice 5° édition, 402 Ed le texte. Prix:2fr. 25.. + ï a — | ass 1 Imp delaSoc. de Typ.- No1zeTTE, 8;r. PS ERA F 1 4 * VE Ce MC ue ts Le SUPRS sn of! 0% rt BUL LE ; en ie h. 9229 1£ 0,9% | AOITE 911 ER dE DIS [ sitio JOURNAL MENSUEL '# ofy DE LA 1 SOCIÉTÉ GENTRALE D'APICULTURE & D'INSECTOLOGE D) 5 aa! 19 PEREUNIAN gere LA IFRS TE À VS à 09 année, N° 2-3 — FEVRIER-MARS 184 1 s = : | | _ Prix de l’abonnement : 35 francs par an | LACET CET Années parues, brochées : 3 francs Î | L'abonnement est de 2 fr. pour MM. les Instituteurs, Professeurs, Ministres des religiuus , Présidents de Sociétés agricoles cet scientifiques, Elèes des écoles publiques, et pour les Bibliothèques scolaires et communales, —Adresser une valeur (mandat de poste) au Secrétaire de la Société, —"®S— | | | _ PARIS, AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, 67, RUE MONCE, 67 ÿ JTovuo 2: pige ARS EER | ENTOMOLOGIE APPL IQUÉE Nr + AVIS ESSENTIEL | MM. les abonnés sont priés d' envoyer]leur renouvellemer it. d'abonnement, par un mandat de poste, à ge. de M. Hawer, rue Monge, 67, à Paris. < à F3 } Nos sociétaires sont-priésydeyre gruiens x à I été T1 Ë nous +envoyer l'adresse Éndpt d: ûr ner au Bulletin. — Les huit premières années, brochées, sôf 7 fournies pour 18 francs aux pe nouveaux ; une année ke : Te L % 1} seule, 3 francs. ET eMTEMS: I AY JO % 4 A TM AE : he . “BUREAU DE RENSEIGNEMENTS météo ï 02 Le Bureau de renseignements | -insectologiques ouvert à Paris par la Société centrale d'apiculturéet d'insectologie, répond à toules les questions insectologiques qui lui sont adressées ; détermine les insectes qui lui sont soumis, | a. ag nature des dégâts qu’ ‘occasionnent. “les nuisibles ; indique les moyens de les combattre, etc. — Lorsque le. renseignement | ne comporte qu'une simple réponse; le dé nandeur doit ajou- | ter dans sa lettre un timbre-poste pour A l'affranchissement de || la réponse. Si la demande nécessité des recherches et des FA dépenses de temps, lé demandeur d L'ajou 7 un mandat de + 5 francs. — Adresser au secrétariat e la-Société. Nu à 1 Ve Eh D } Y 10 à | au) 17 * D er. vr RSS / De ( n'a J. 1 Comité de rédaction du Butte : ! : MM. Maurice Gran, HEIN f H. HAMET, P.- -Ch. Jouer, 7 6 LS Aug. PILLAIN. pen | Le Comité de rédaction aise auxcauteurs Ja, responsabilité 14 1 de leurs théories frere ‘A AO yat +de ‘ 4 AB FOQTES nomennods'f eb xi14 Jours ae. réunions. Lesréunionsdeda. Société not er lieu au pavillon du jardin du Luxembourg à? heuresetdemie 14 les 19 mars, 16 avril, 21 mai, 1$ juin et 16 juillet. Tout mem- ; bre peut y assister, lors même qu’il n'aurait pas “reçu de con. CAT mn mn vocation. a | 2100 FU à ' VND. À 1 + mare PAT CNY Où TA nt. d À LA J 2 . : 5% * SP "4 ar LA les Re en retard pour la cotisation. Vice-Presidents. BÜREAU DE LA SOCIÉTÉ pi a ET D'INSECTOLOGIE POUR L'ANNÉE 1884 - Président Boris quite docteur AR ur ancien député de la Seine, maire du 16° à arr... rue Desbordes-Valmore, 31. Mdr {MAURICE GIRARD, rue Gay-Lussac, 28. ‘td. MALESSARD, rue Bregurt, 6. : - Assesseur . . . . ... ViGNorr, président de la Société d’api- DD SEE 1 : noGullure de l'Aube. Secretaire general. . H. Hauer, professeur au Luxembourg. Secrétaires des séances DEUNOTTE et À. FOURNIER. Frésmriern 1.0 © et.1- SIGAUT. | Rene RL. Ce DALAIN. és Membres du conseil ajoutés aw bureau : MM. SAINT-PÉE, Vienne et ASSET. AS BUREAU DE LA SECTION D'INSECTOLOGIE RACE Président . .%..:, Maurice Girarr. F Vice-Président... .". M. FALLOU. ISceidireontl ar: Be Cho JourBRrs 4 1 amtur | sine adjaints LE. PRsMEUR | | | BUREAU DE LA SECTION DE SÉRICICULTURE Président... ... . . . M.le marquis ne GINESTOUS. Vice-Président . . . . Frédéric De BOULLENOIS. Secrétaire. . .. . M" la baronne.r DE PAGES. 180 1 Secrélaire adjoint. D'ITRAME. y} 1 NOTA. — VOIR LE NUMÉRO DE DÉCEMBRE 1882 POUR LA LISTE DES MEMBRES ACTIFS DE LA SOCIÉTÉ. PPPPPPI IS DRAP LPS " LES PARASITES ET LES MALADIES DE LA VIGNE PAR ÉD. ANDRÉ (Publication de la Société scientifique de la Jeunesse) OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES Prix franco: 4 fr. AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, RUE MONGE, 67 _ SCIENCE ET NATURE Revue internatiorale illustrée des progrès de la Science et de l'Indus- iTIe; paraissant tous les samedis. us 20 francs peur Paris et 24 jan pour les départements. Union postale : 4 franc en plus. Librairie J.-B. BAILLIÈRE et fils, 19, rue Hautefeuille, à Paris. .… Jnsectes, par A. L. Brehm, une bouton c To Soctété centrale me ts et d EXTRAIT DES STA Arr. A. — Toute personne, sans “dist tinctio us üù ETEN peut être reçue membre titulaire et € dant, en en faisant la demande par écrit, en adhérent au _tuts de la Société et en s'engagent à suivre ses ra T Res demandes d admission doivent être adressée: à _laire général, q qui les réfèré au bureau de la Socié , ‘La cotisation annuelle est de 5fr. (3 fr. poui teurs). Elle donne droit à la réception gratuite ‘la Société (Bulletin. d'insectologie agricole. Je ART. 5. — Les membres titulaires admission, un diplôme dont le coû est de 5fr. remis gratis aux membres honoraires. Ari. additionnel. — Le titre de membre fondate à ceux qui versent annuellement 10 fr. de côtis cotisation de 50 fr., une fois por tout, Ÿ boulevard Saint ane "SOL attention . ceux qui désirent S initier aux Hiœur S de che sur papier teinté et He 000 dessins inteñcalés Il paraît 2 livraisons par semaine, à 10 ce S On peut s'abonner pour 6 mois HORARAER | FR | un de, ST JE £ cg a} Hi tiy .L A PIGUI RURAt Journal des cultivateurs d'abeilles (25° nn sous tion de M.H.Hamer, professeur d apiculture au L 6 fr. par an. Rue Monge, 67 (ancien 59); 4 Paris, 4 Cours pratique d’apiculture, par M.H. Hamet. jésus, avec 140 fig. Prix: 3 fr. 50. | Calendrier aprcole, par MM. Hamet et Collin. P times. LR a a Dénsel ht aux mouveaux eateurs M. Frédéric de Boullenots. vures. Prix: ., Fe. ! f: _ Librairie. HACHETTE, os re Get | Feb Métamor phoses des. insectes, . par M. (Bibliothèque des merveilles) D" édition, . vignettes le textes Prix 241985 PES à i sn È di \ MOLRE 2 PU LOU sr os A eur ee | . |, È BULLETIN à || D'INSECTOLOGIE AGRICOLE | CHOUPNAL MENSUEL DE LA . LSOCIÉTÉ GÉNIRALE D'APICULTURE € D'INSECTOLOGE | | Ce ENTOMOLOGIE APPLIQUÉE 9° année, N°° 4-5 — AVRIL-MAI 1884 * : Fe - F “ » 2. z Prix de l'abonnement : à francs par an | Années parues, brochées : % francs L'abonnement est de 3 fr. pour MM. les Instituleurs, Professeurs, Ministres des _ religwuns, Présidents de Sociétés agricoles et scientifiques, Elèes des ecoles publiques, et pour les Bibliothèques scolaires et communales. —adresser | -: une valeur (mandat de poste) au Secrétaire de la Société, | . VAR TTL L À AVE N 5 £ À AVR mn ts eg nm nn ne AA Re AP SA LT | | PARIS, AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, 67, RUE MONGE, 67 : AVIS ESSENTIEL MM. les abonnés sont priés d'envoyer leur renouvellement d'abonnement, par un mandat de poste, à l'adresse de M. Hamer, rue Monge, 67, à Paris. Nos sociétaires sont priés de recruter des adhérents et de nous envoyer l'adresse des personnes qui pourraient s'abon- ner au Bulletin. — Les huit premières années, brochées, sont fournies pour 18 francs aux abonnés nouveaux; une année seule, 3 francs. BUREAU DE RENSEIGNEMENTS INSECTOLOGIQUES Le Bureau de renseignements insectologiques ouvert à Paris par la Société centrale d'apiculture et d'insectologie, répond à toutes les questions insectologiques qui lui sont adressées ; détermine les insectes qui lui sont soumis, la nature des dégâts qu'oceasionnent les nuisibles ; indique les moyens de les combattre, ete. — Lorsque le renseignement ne comporte qu'une simple réponse, le demandeur doit ajou- ter dans sa lettre un timbre-poste pour l’affranchissement de la réponse. Si la demande nécessite des recherches et des dépenses de temps, le demandeur doit ajouter un mandat de 5 francs. — Adresser au secrétariat de la Société. Comité de rédaction du Batletim: MM. Maurice GIRARD, H. Hamer, P.-Ch.JourerT, X... et: Aug. Pizza. Le Comité de rédaction laisse aux auteurs la responsabilité de leurs théories personnelles. + Jours des réunions. — Les réunions de.la Société auront lieu au pavillon du jardin -du Luxembourg à 2 heures et demie les 49 mars, 16 avril, 21 maï, 18 juin et 16 juillet. Tout mem- bre peut y assister, lors même qu'il n'aurait pas reçu de con- vocation. Fe AVIS. — I] sera disposé incessamment sur les abonnés et les membres en retard pour la cotisation. IEC 40 Haras | nv [ LA LA SOCIÉTÉ CENTRALE ÿ APIGULTIRE ET D INSELTOLACIE | POUR L "ANNÉE 1884 - Président .‘. .. ne docteur M ARMOTTAN, ancien député LE RGEN IR SENS de la Seine, maire du 16° arr., rue ent ; Desbordes- Valmore. 84. * ; {MAURICE GIRARD, rue Gaÿ-Lussac, 28. … Pice-Présidents. .. ‘JT. MALESSARD, rue Breguet, 6. _Assesseur . .. . . Viexoze, président de la Société d'api- | PEYRE L ê culture de l'Aube. : : Sr D ue géneral . H. HAMET, professeur au Luxembourg. | . Secrétaires des séances DeuNoTTe et A. CR eo | Trésorier. : . . . : SIGAUT. ; © Archiviste ie “CE PiLrANN. Membres du. done ajoutés aw bureau : MM. SaINT-P£e, NENNET et ASSET. © BUREAU _ se SECTION D” INSECTOLOGIE | Président LP ÈS el 5 à . Maurice GIRARD. . Vice-Président . Fe M. FALLOU. Fa He 2 Shore Se - P.-Ch. JouBERT. : TRE rie ‘adjont : mie LesuEuR. , ÉCRRS 25 FPS AS 3 | v; ; BUREAU DE LA SRLRION DE SÉRICICULTURE De nie Fa fe Loc le marquis DE Gixesrous. À Vice-bééiident.. …. Frédéric ne BOULLENOIS. HNeréaires nn sie M la baronne 1 DE PAGES. ss étaire adjoint. : RAMÉ.. | NOTA. as VOIR LE NUMÉRO DE DÉCEMBRE 1882 POUR LA LISTE DES | MEMBRES ACTIFS DE LA SOCIÉTÉ ES P. RASITES | ET LES MALADIES DE LA VIGNE Be: PAR, ne ANDRE ea 1 < (Publication de ju Société, soifique. de La Jeunesse). ; : FouvraGE oRNÉ DE GRAŸURES- Prix franco Fe 4 fr. Aer | SCIENCE ET ie | Revue c intematianäte illustrée, de progrès de la Science ec de l'indus- SA: | nie por 1ës séparent! * Ne Te de A Den Union postale : 1 franc en plus. oo. 5 | Librairie J. Fe: DAILLIÈRE et as 19, Le Hautef feuite. à PARIS. ANS Société centrale d'aptenttare et ins EXT R A I à DES STA \T UTS Ant. 4. — Toute personne, sans distinction de me à a de na Sonate, peut être reçue membre titulaire et corresp dant, enen faisant la demande Fa on en Eu se aire né, qui les rélre : au bur eau “6 w is La cotisation annuelle est de 5fr. (3 fr. pour les institu- teurs). Elle donne droit à la réception gratuite du . et la Société (Bulietin d'insectologie agricole.) ART. 5. — Les membres titulaires reçoivent, admission, un diplôme dont le coût est de 5 fr. Ce remis gratis aux membres honoraires. Art. additionnel. — Le litre de membre fondate à ceux qui versent annuellement 10 fr. de cotis ti cotisation de 50 fr., une fois pour tout. Res = Fe ones DAS Pr Sas ed RE Ce nt d' éditer sous Te 1 Insectes, par A. L. Brehm, une publication qui mérite d'attirer l'attention de ceux qui désirent s'initier aux mœurs desins Elle se composera de 200 livraisons en 20 séries avec 4 plan ches sur papier teinté et 1.500 dessins intercalés dans lei Il paraît 2 livraisons par semaine, à 10 centime livrai : On peut s'abonner pour 6 mois “home 8 fr. .,0 É un an. 3 . APICULTEUR Journal des cultivateurs d’abeilles (25° année), ot irec- tion de M.H.Hauer, professeur d' apiculture : au Luxembo 6 fr. par an. Rue Monge, 67 (ancien 59), à Paris + Cours pratique d’apiculture, par MH. Hame jésus, avec 140 fig. Prix : 2 fr. 50. Calendrier eur Dee MM. Hamet € el Colin ix times. ne : Librairie BOUCHARD-HUZARD, rue de l' ré eron, À Conseils aux nouveaux éducateurs de M. Frédéric de Boullenois. { He in, on “as | res. pe 4 Fr. à x AA ART bé di 23 airie HACHETTE, boulevard TRTE Ge _. HAS ‘nmorphoses des insectes, par M. Maurice ( RARD des merveilles}. ot édition; 02 = Le 25. à . BULLETIN D INSECTOLOGIE AGRICOLE | JOURNAL MENSUEL DE LA socéré CENTRALE D' ea à :. INSECTOLOGIE | ENTOMOLOGIE APPLIQUÉE spy || é S4 . LOLETTETS LI a , | © 9° année, N°6-7. — JUIN-JUILLET 1884 | . Prix de l'abonnement: ÿ francs par. an À | ï. _ Années parues, brochées : 3 francs. L'abonnement est de 3 fr. pout MM. les Instituteurs, Professeurs, Ministres des _ religiuns , , Présidents de Sociétés agricoles et scientifiques, Elèves des - écoles publiques, et pour les Bibliothèques scolaires etcommunales, —Adresser = une- valeur (mandat de poste) au Secrétaire de la Société, PARIS, AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, 6 67, RUE MONGE, 67 i “ LEE DR la cotisation. ex MM. les abonnés sont priés. d'envoyer leur enou d'abonnement, par un mandat de ES 7 Hamer, rue a 67, àParis per au Bulletin. Ares uit MAMA TA ar fournies pour 18 francs aux abonnés PRÉ seule, 3 francs. 7 dépenses de temps, le sn doit ajoutés un | ma 5 LE — Adresser à au secrétariat de ii Société. E - 2 + Ru” Comité de rédaction du Bulletin: Ma. Met ur rice Gran, H. Hamer, P. -Ch. Jouserr, x. et Aug Res Le Comité de HAadion lisse s aux auteurs k À _de leurs théories personnelles. PSP RTS 2% 0 2, 5" AR % Lei J ours des réunions. — L. es réunions sde la _ lieu au AIO qe EURE au Luxenib vocation. Re Se à : ATALIC # Ë + g: \t 2 an te … AVIS. — ne est d'afpae sur les abonnés a CA 4 at we LA SOCIÉTÉ CENTRALE D’ APCULTURE RED'HSECTOLGGIE RE * POUR L'ANNÉE LRO reg PS Soupe Ni MM. ELE HA Président . . . : : .. Le docteur MoN ancien député EN ho de la Seine, maire du 16° art;, rue Desbordes-Valmore, 31. _ { MAURICE GIRARD, rue Gay-Lussae, 28. Vice- = jésidents. 7 ‘93. MALESSARD, rue Breguet, 6. Assesseur . D PUON ES VIGxoLr, président de la Snciété d' api- ae RE culture de l'Aube. Réréaire general . H. HaMET, professeur au Luxembourg. : Secrétair es des séances DELINOTTE et A. FOURNIER. PrésOrier. . . : . :. SIGAUT. MArcumiste 6. « OC: PIELAIN. - . Membres du conseil ajoutés aw bureau : MM. SainT-Péer, A et ASSET. té ie + BUREAU DE LA SECTION D "ENSECTOLOGIE _ Président. . Eh Matrice GRARD. à den. ss Mi: FALLOU. Secrétaire. . . . . « . P.-Ch. JouBERT. Secrétaire adjoint . . E. LESUEUR. En SECTION DE SÉRICICULTURE Président. . ..... M.le marquis DE GINESTOUS. Vice-Président . . . . Frédéric DE BOULLENOIS. Secrétaire. . . . . . . M°° la baronne pe Pacrs. Secrétaire adjoint. . . RAMÉ. NOTA. — VOIR LE NUMÉRO DE DÉCEMBRE {882 POUR LA LISTE DES _ MEMBRES ACTIFS DE LA SOCIÉTÉ. re LES PARASITES ET LES MALADIES DE e VIGNE | PAR Ep. ANDRE 5 de la Société scientifique de la Jeunesse.) OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES Prix franco : 4 francs AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, RUE MONGE,67 DESTRUCTION INFAILLIBLE | Des Punaises, Puces, Poux, Mouches, Cousins, Cafards, & ASS a Mites, Fourmis, Chenilles, Charançons, ete Le kilogramme, 13 fr, ; 100 grammes, par la poste, 1 fr.95. — _E. Garzy, fabricant, rue Bugeaud, à Lyon. ART. 4. — Toute personne, sans Aainicton er résiden de nationalité, peut être reçue membre titulaire et c Sp: dant, en en faisant la demande par écrit, en adi tuts de la Société et en s'engageant à suivre ses Les demandes d admission doivent être adres a taire général, qui les réfère au bureau de la Société. - La cotisation annuelle est de 5 fr. (3 fr. pour les instit teurs). Elle donne droit à la réception gratuite dh Bulle la Société (Bulletin d'insectologie agricole.) Arr. 5. — Les membres titulaires reçoivent admission, un diplôme dont le coût est de 5 fr. { remis gratis aux membres honoraires. He Art. additionnel. — Le titre de membre fondatéur est donné : à ceux qui versent annuellement 10 fr. de. Poe ou une cotisation de 50 fr. une fois pois tout. à. La librairie J.-B. Baillière etfils, 19, rue ee à boulevard Saint-Germain), vient d' éditer sous 1e. titre de ue Insectes, par A. L. Brehm,une publication qui mérite € r attention deceux aie désirent s SAMereS aux mœurs desin Il par ait 2 er a par semaine, FA 10 cime . On peut s'abonner pour 6 mois is moyennant ” fr. fi -un LR Le APICULT ae Journal des Cultivaisurs d'abeilles (25° année), sous sai ir tion de M.H.Haner, professeur .d’ apiculture au Luxembourg, 6 fr. par an. Rue Monge, 67 (ancien si à Paris. SRE Cours pratique d'apicultur e, par. M. d Hamet, 4 vo jésus, avec 140 fig. — Prix: 3 fr. 50. Gale drionapical,) par MM. Hamet et Gollin. Pri times. + Conseils AUX. ROUVEAUT DT es de mr M. Frédéric de Boullenois. # vol. in-8°, avec planches f 29 f € LEE + srab © an iL it ee Fo MENSUR LE DE LA } EE &DINSECTOLOGE | | MÉAAT) DUB a prasil EEE SA EE ee Prix de l'abonnement | Années pan Broches AVIS ESSENTIEL MM. les abonnés sont priés d'envoyer leur renouvellement d'abonnement, par un mandat de poste, à l'adresse de M. Hamer, rue Monge, 67, à Paris. Nos sociétaires sont priés de recruter des adhérents et de nous envoyer l'adresse des personnes qui pourraient s’abon- ner au Bulletin. — Les huit prémières années, brochées, sont fournies pour 18 francs aux abonnés nouveaux; une année seule, 3 francs. BUREAU DE RENSEIGNEMENTS INSECTOLOGIQUES Le Bureau de renseignements insectologiques ouvert à Paris par la Société centrale d’'apiculture et d’insectologie, répond à toutes les questions insectologiques qui lui sont adressées ; détermine les insectes qui lui sont soumis, la nature des dégâts qu'occasionnent les nuisibles : indique les moyens de les combattre, etc. — Lorsque le renseignement ne comporte qu'une simple réponse, le demandeur doit ajou- ter dans sa lettre un timbre-poste pour J’affranchissement de la réponse. Sila demande nécessite des recherches et des dépenses de temps, le demandeur doit ajouter un mandat de © francs. — Adresser au secrétariat de la Société. Comité de rédaction du Balletin: MM. Maurice GIRARD, H. Hammer, P.-Ch:Jouserr, X... et Aug. Pirrann. Le Comité de rédaction laisse aux auteurs la responsabilité de leurs théories personnelles. Jours des réunions. — Les réunions de la Sociélé auront lieu au pavillon du jardin du Luxembourg à 2 heures et demie pour les derniers mois de l'année courante :Jes mercredis 22 octobre, 19 novembre et 17 décembre. Tout membre peut y assister, lors même qu'il n'aurait pas reçu de convocation. AVIS. — Il est disposé sur les abonnés et les membres en retard pour la cotisation. | il _—— POUR L'ANNÉE 1884 | Le docteur MARMOTTAN, ancien député de la Seine, maire du 16° arr., rue: Desbordes-Valmore, 31. .{ MAURICE GIRARD, rue Gay-Lussae, 28. «1 TJ. MALESSARD, rue Breguet,:6: *:711 . VIGNOLE, président de la. Société d ue US puni ycukure de FAube. Ph Secrétai e général . . H: HAMET, professeur au Luxembourg | ee Secrétaires des scances. DELINOTTE et À. FOURNIER. rer SIGAUT. Eee | see at ee CR OPIDTAIN ru mit Ÿ Membres du. conseil. ajoutés au bureau : MM. SAINtT-Pée, | Co Ver et ASSET. BURBAU DE TA SEGTION D’INSECTOLOGIE es Président - - “Maurice GIRARD. : io Pt M. FALLOU. Secrétaire. .: .. HE -Ch. JouRERT. ss Bey satre adjoint £. LESUEUR. ss RAR : Hizul BUREAU DE LA SECTION DE SÉRICICULTURE Éproiéht pe M. le marquis DE GINESTOUS. 4e Vice-Président . rs Secrétaire. 5. Secrétaire aan . Frédéric pe BOULLENOIS. .. la baronne ne Pars. " > = Nora. — VOIR LE NUMÉRO DE DÉCEMBRE 1882 POUR LA LISTE DES ES MEMBRES ACTIFS. DE LA SOCIÉTÉ. | OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES LrBURE es Prix! franco : 4 francs ; : 12 fr. : à 100 a par la poste 4 fr. 95. . : De E CR fabricant, rue + Bugeaud. à . DAMES Société centrale d'apiculture ct d’insectologte AAA EXTRAIT DES STATUTS AnrT. 4. — Toute personne, sans distinction de résidence et de nationalité, peut être reçue membre titulaire et correspon- -dant, en en faisant la demande par écrit, en adhérant aux sta- tuts de la Société et en s’en gagearnt à suivre ses travaux. Les demandes d admission doivent être adressées au-Secré- laire général, qui les réfère au bureau de la Société. La cotisation annuelle est de 5 fr. (3 fr. pour les institu- teurs). Elle donne droit à la réception gratuite du Bulletin de la Société (Bulletin d'insectologie agricole.) ART. 5. — Les membres titulaires reçoivent, après leur admission, un diplôme dont le coût est de 5 fr. Ge diplôme est remis gratis aux membres honoraires. c Art. additionnel, — Le titre de membre fondateur est donné à ceux qui versent annuellement 10 fr. de eotisation, owwne cotisation de 50 fr., une fois pour tour. RAT: LES INSECTES La librairie J.-B. Baillière et fils, 19, rue Hautefeuille (près lé boulevard Saint-Germain), vient d'éditer sous le titre de : Les Insectes, par A. L. Brehm, une publication qui mérite d'attirer l'attention deceux quidésirent s'initier aux mœurs desinsectes. Elle se composera de 200 livraisons en 20 séries,avec 40. plan- ches sur papier teinté et 1.500 dessins infercalés dans le texte, I paraît 2 livraisons par semaine, à.10 centimes la livraison. On peut s'abonner pour 6 moïs moyennant 8 fr.,ou 16 fr. pour un an. L'APIGUL TEUR Journal des cultivateurs d'abeilles (25° année), sous la direc- tion de M.H.Hawer, professeur d'apiculture au Luxembourg, 6 fr. par an. Rue Monge, 67 (ancien 59), à Paris. Cour pratique d'apiculture, par M.d. Hamet. 1 vol. in-18 jésus,-avec 140 fig. — Prix : 3 fr. 50. Calendrier äpicote, pe MM. Hamet et Collin. Prix: — 50 cen- times. Librairie BOUCHARD HUZARD-rue dé l'Éperon, 5. Conseils: aux nouveaux éducateurs: de vers à soie, par M. Frédéric de Boullenots. 4 vol. in-8°, avec planches et gra- vures. — Prix: 4 fr. Librairie HACHETTE, boulevard Saint-Germain, 79. Les' Métamorphoses des insectes, ouvrage couronné par l'Académie:française (Bibliothèque des merveilles) 6° édition, avec 416 vignettes daus le texte. — Prix : 2 fr. 2 CRE fs tre - Ce T> Ho; ‘ETT 2,8 rCiraoméPremiife/Piris. ‘BUL LETIN. NSECTOLOIE AGRICOLE | Shure LT 7uS PARA 5 2 JOURNAL MENSUELS ebar eu DE LA so GENIR AL D'APICULTURE & D INSECTOLOGIE + | ENTOMOLOGIE APPLIQUÉE cg année, Le 10- A. — [OCTOBRE-NOVEMBRE CT ltd er LT4 fes 17 51 A - RDS — | HQE a Pix | de l’ahonnement : à francs pal bn LEFT es _ Années parues, on 3 francs. . se Ds L'abonnement est de 3 fr. pour MM. les Motitéents Professeurs, Ministres des | a religions , Présidents de Sociétés agricoles et scientifiques , Elèves des l e écoles publiques, et pour les Bibliothèques scolaires et communales. —Adresser | SUR une valeur (mandat de poste) au Secrétaire de la. Société. u nuire sé , Ne - ; re 117 AS AR he 77 AVIS ESSENITEL MM. les abonnés sont priés d'envoyer leur renouvellement d'abonnement, par un mandat de poste, à l'adresse de M. Hawer, rue Monge, 67, à Paris. Nos sociétaires sont priés de recruter des ädhérents et de nous envoyer l'adresse des personnes qui pourraient s’abon- ner au Bulletin. — Les huit premières années, brochées, sont fournies pour 18 francs aux abonnés nouveaux; une année seule, 3 francs. SOIN PLPP PSP BUREAU DE RENSEIGNEMENTS INSECTOLOGIQUES Le Bureau de renseignements insectologiques ouvert à Paris par la Société centrale d’apiculture et d'insectologie, répond à toutes les questions insectologiques qui lui sont adressées ; détermine les insectes qui lui sont soumis, la nature des dégâts qu'occasionnent les nuisibles ; indique les moyens de les combattre, etc. — Lorsque le renseignement ne comporte qu'une simple réponse, le demandeur doit ajou- ter dans sa lettre un timbre-poste pour l’affranchissement de la réponse. Si la demande nécessite des recherches et des dépenses de temps, le demandeur doit ajouter un mandat de & francs. — Adresser au secrétariat de la Société. Comité de rédaction du Bulletin: MM. Maurice GIRARD, H. Hawer, P.-Ch. JouserT, X... et Aug. PrLLAIN. Le Comité de rédaction laisse-aux auteurs la responsabilité de leurs théories personnelles. Jours des réunions. — Les réunions de la Société auront lieu les mercredis 17 décembre, 21 janvier 1885, et 21 février à 2 heures précises, chez M. Fallou, rue des Poitevins, 40. Tout membre peut y assister, lors même qu'il n'aurait pas reçu de convocation. _ Vice-Présidents. DUT DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE p’ APCULTURE FT D INSECTOLOGIE POUR L'ANNÉE 1884 MM. = Président .- «4... Le docteur MARMOoTTAN, ancien député de la Seine, maire du 16° arr., rue Desbordes-Valmore, 31. { MAURICE GIRARD, rue Gay-Lussac, 28. ‘1 3. MALESSARD, rue Breguet, 6. - AoASSesseur 11), 1: VIGNOLE] président de la Société d'api- PASSE culture de l'Aube. Secrétaire géneral . . H. HAMET, ne au Luxembourg. Secrétaires des séances DELINOTTE et. Pressure: 5) 11 C1 ISIGAUT. Arehiviste. 1. 4, + OPEXIN Membres du conseil ajoutés au bureau : MM. SainT-Pées, . Viexxey et ASSET. BUREAU DE LA SECTION. D'INSECTOLOGIE - Président... .1."%77 Maurice Gran. Vice-P) ésident - tn MGR ALLOU:, _ Secrétaire. . . : :. . P.-Ch. JouRERT. Dore re . E. LESUEUR. BUREAU DE LA SECTION DE SÉRICICULTURE Pidbnr 1 VAR M... Vice-Président SEE Frédéric p5 BOULLENOIS. Secrétaire. . . .... M°° la baronne pe PAGes. Seerétaire adjoint. . . RAME. NOTA. — VOIR LE NUMÉRO DE DÉCEMBRE 1882 POUR LA LISTE DES MEMBRES ACTIFS DE LA SOCIÉTÉ. “is PARASITES ET LES MALADIES DE LA VIGNE | PAR Ep. ANDRÉ | (Publication de la Sono scientifique de La Jeunesse. ) BE: OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES | Prix franco : 4 francs AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, RUE MONGE, 67 ae ai ‘ouvrage rédigé conformément au programme officiel 33 RS ONE BE dE FR AMEN RRETONE : Fe MAURICE GIRARD Prix : le fascicule de 380 pages avec fig. . SES ne ...8fr. Librairie Ch. Delagrave, rue Souffot, 15, Paris, Sr : AAA dt pie we DR nés Ge ME A Société cent rale | dem emo et. EXTRALT DES STATUTS de na Honalité, peut être reçue ere titulaire et correspon- dant, en en faisant la demande par écrit, en adhérant aux sta tuts de la Société et en & ‘engageant à suivre ses trava Les demandes d'admission doivent être adressées a taire général, qui les réfère au bureau de la Société. Fa =, La cotisation annuelle est de:5 fr. (3 fr. pour les. institu= 36 teurs). Elle donne droit à la réception gratuite fe Bulletin de Fe: la Société (Bulletin d'insectologie agricole: re 2 PATES ART. 5. — Les membres titulaires reçoivent, “après. lon: : admission, un diplôme dont le coût est de 5 fr. Ce ne est à remis gratis aux membres honoraires À TONESS APS Art. additionnel. — Le titre de membre fondateur est. donné à ceux qui versent annuellement 10 fr. de CORSA En ou 1e $ cotisation de 50 fr. une fois joe toui. ee enr ES EI. LES INSECTES ne La librairie J.-B. Baillière. et fils, 49; rue Hautetoutilé (NS 4 boulevard Saint-Germain), vient d' éditer sous le titre de: les Insectes, par A. L. Brehm,une publication qui mérite d'attirer l'attention deceux qui désirent ‘initier aux mœurs des insectes. Elle se composera de 200 Hvraisons en 20 séries,avec 40 plan- La ches sur papier teinté et 1.500. dessins i intercalés ‘dans le texte. % Ilparaît 2 livraisons par semaine, à 40 centimes la livraison. De : Onpeuts ‘abonner PouE 6 mois moyennant { SAT que 16 NA RoËE -UR.- : DS ; = Û rl: - E A PICULTEUR | Jour ou des cultivateurs d'abeilles (25° année), 0 tion de M.H.Hawer, professeur d° apiculture au Lux 6 fr. par an. Rue Monge, 67, (ancien 59), à Paris. Cours pratique d'apiculture, par M. Le Hamet. jésus, avec 140 fig. — Prix: 3 fr. 50. De PAUSE Calendrier apicole, pat MM. Hamnet et Collin. Prix: — 50 en times. * tes Librairie BOUCHARD-HUZARD, rue de l'É on Re . 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